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Full text of "Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des sciences"

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COMPTES  RENDUS 


HEBDOMADAIRES 


DES  SÉANCES 
DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


PARIS.    —   IMPBIMERIE   GAUTHIER-VILLARS,    QUAI   DES   GRANDS-AUGUSTINS,    55. 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES  SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES 

PUBLIÉS, 

CONFORMÉMENT  A  UNE  DÉCISION  DE  L'ACADÉMIE 
PAR   MM.    LES    SECRÉTAIRES   PERPÉTUELS. 


TOME  CENT  TRENTE -CINQUIEME. 

JUILLET  —  DÉCEMBRE  1902. 


r^OQQ.^^^ 


PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES, 

Quai  des  Grands-Augustins,  55. 

1902 


COMPTES  RENDUS 

DES    SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 


SÉANCE  DU   LUNDI    7  JUILLET   1902, 

PRÉSIDENCE  DE  M.  ROUQUET  DE  LA  GRYE. 


MÉMOIRES  ET  COMMUIVICATIOIVS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE.  L'ACADÉMIE. 

M.  le  Président  rappelle  à  l'Académie  la  perte  douloureuse  quelle 
vient  de  faire  dans  la  personne  de  M.  Paye,  Membre  de  la  Section  d'Astro- 
nomie, dont  les  obsèques  ont  eu  lieu  aujourd'hui  même. 

La  séance  sera  levée,  en  signe  de  deuil,  immédiatement  après  le 
dépouillement  de  la  Correspondance,  et  l'élection  qui  doit  avoir  lieu. 


ÉLECTROCHIMIE.   —  Sur  la  relation  entre  V intensité  du  courant  voltaïque 
et  la  manifestation  du  débit  électrolylique ;  par   M.  Berthelot. 

«  Les  expériences  que  j'ai  publiées  sur  cette  relation  se  rapportent  à 
des  piles  dont  la  force  électromotrice  est  considérable  et  surpasse  de 
beaucoup  celle  qui  est  nécessaire  pour  électrolyser  l'eau  acidulée.  C'est 


6  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

pourquoi  il  me  paraît  utile  d'en  présenter  quelques-unes  concernant  des 
piles  dont  la  force  électromotrice  ne  surpasse  que  de  très  petites  quantités 
la  force  contre-électromolrice  du  voltamètre.  J'ai  choisi  comme  élément 
fondamental  un  élément  dans  lequel  le  vase  poreux  intérieur  renfermait 
So'^'^'de  soude  (NaOH  =  5^),  additionnée  d'un  cinquième  de  son  volume  de 
pyrogallol  (C®  H®0^  =  5');  tandis  que  le  vase  extérieur  contenait  sSo'^™'  de 
chlorure  de  sodium  (NaC!  =  5'),  additionné  d'un  cinquième  de  son  vo- 
lume d'eau  oxygénée  (H^O'  —  5'). 

»  I.  J'ai  opéré  d'abord  avec  2  éléments,  et  j'ai  mesuré  la  force  électro- 
motrice, l'intensité,  et  l'action  électrolytique  ;  puis  j'ai  répété  les  mêmes 
essais  avec  un  seul  élément.  Le  tout  à  une  température  voisine  de  25". 

))    11^24'".  Force  électromotrice  :  o"'"'*,  86  x  2  =  i^°",72. 

))  ii'*25"^.  Le  courant  a  été  fermé  sur  une  résistance  extérieure 
R  =  54000  ohms. 

))    11^26™.  Déviation  en  divisions  de  l'échelle  :  n  =  53^^,5. 

»  Cette  déviation,  mesurée  de  minute  en  minute,  est  demeurée  tout 
à  fait  constante.  A  ii^3o™,  on  mesure  la  force  électromotrice  : 

o^"i*,85  X  2  =  i*'«it,  70. 

On  ouvre  alors  le  circuit,  puis  on  le  referme  sur  le  voltamètre. 

))  Voltamètre  àSO'H^  étendu;  o"^,'j6o.  Rien.  Pression  réduite  à  o'",oo8  : 
Électrolyse  lente,  mais  nette  au  bout  de  2  minutes. 

))  Voltamètre  avec  pyrogallol;  o"',76.  Électrolyse  notable,  avec  déga- 
gement d'hydrogène. 

»   La  force  électromotrice  mesurée  ensuite  :  o'^°'',85  X  2  =  i^'^'^'yo. 

))f  On  voit  que  cette  pile  s'est  comportée  comme  d'intensité  sensiblement 
constante  pendant  la  durée  des  essais. 

»  D'après  la  déviation  du  galvanomètre  et  la  force  électromotrice  de  la 
pile,  la  résistance  intérieure  de  celle-ci 

1,70x2000000       ^,  ^^      , 

p  =  — - — ^-5—^ 54000  =  y55o  ohms; 

d'où  l'on  conclut 

i  =  o^™P,ooooi; 

dégagement  d'hvdrogène  par  minute  dans  le  voltamètre  :  o™^,  000  006;  pour 
un  voltage  calculé  de  :  i ,  70  —  i ,  60  ^  0^°^*,  i . 

»  Le  voltage  réel  est  un  peu  plus  fort,  la  force  électromotrice  nécessaire 
pour  décomposer  l'eau  acidulée  étant  comprise,  en  réalité,  entre  i^"'S5 


SÉANCE    DU    7   JUILLET    1902.  7 

et  i^°^*,6;  par  suite  le  dégagement  calculé  d'hydrogène  est  compris  entre 
o™^,  000  01 2  et  o™s,ooooo6. 

»  Observons  d'ailleurs  que  la  limite  trouvée  par  expérience  dans  le 
voltamètre  avec  2  daniells,  sous  une  pression  de  o'^jOoS,  répond,  comme 
je  l'ai  indiqué,  expressément,  à  o"^, 000014  par  minute  pour  un  dégage- 
ment très  net,  et  à  une  valeur  à  peu  près  moitié  moindre,  0^^,000007, 
pour  le  point  où  le  phénomène  commence  à  être  visible. 

»  D'après  ces  indications,  on  ne  doit  apercevoir  aucun  dégagement 
sous  la  pression  o"',  76  (dégagement  limite  0"^^, 000  87  )  ;  mais  on  doit  aper- 
cevoir un  dégagement  d'hydrogène,  faible  et  lent,  à  pression  réduite  ;  c'est 
exactement  ce  que  l'expérience  a  montré. 

»  En  opérant  l'électrolyse  avec  un  voltamètre  à  SO*H^  renfermant  du 
pyrogallol,  le  voltage  calculé  sera  1,7  —  0,8  =  o^'^^Sg. 

»  t'=z  o"'"P,oooo9  répond  à  un  dégagement  d'hydrogène  de  0^^,000054 
par  minute;  la  limite  d'un  dégagement  d'hydrogène  très  net  étant 
0,000087,  ^^  celle  d'un  dégagement  lent  :  o"'^, oooo43.  Nous  sommes 
donc  bien  dans  les  limites  d'une  électrolyse  mjinifeste  •  l'expérience  et  le 
calcul  concordent. 

»  II.  Voici  maintenant  les  expériences  faites  avec  un  seul  élément,  sem- 
blable à  ceux  de  la  pile  précédente. 

»    it\33".  E  =  o^°'S87. 

))   ii*'34".  Courant  fermé.  Résistance  extérieure,  R  =  54ooo  ohms. 

))  11^35'".  n  =  2,']^^^ , 3 .  —  Cette  déviation,  mesurée^de  minute  en  mi- 
nute, reste  identique  jusqu'à  11 '^39'^. 

»  Alors  E  =  o^°'*',82.  Courant  ouvert,  puis  refermé,  E  remonte  à  o^°'S87; 
puis,  après  les  essais  d'électrolyse,  o^°^*,83. 

»  J'adopterai  pour  le  calcul  cette  valeur  o^°'S  83. 

»   On  en  déduit  : 

-~  2000000  —  54000  =  6080  ohms  =  p. 

Ce  chiffre  surpasse  un  peu  ^^—  =  4775,  qui  répondait  aux  deux  éléments 

ci-dessus  réunis. 

))  Il  n'y  a  pas  lieu  de  se  préoccuper,  cette  fois,  de  l'électrolyse  de  l'acide 
étendu  seul,  E  étant  insuffisant. 

»  L'expérience  d'ailleurs  n'a  rien  donné,  même  à  pression  réduite. 


8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Mais,  pour  le  voltamètre  avec  pyrogallol, 

.,       o,83  —  0,80  „„„  , 

équivalant  à  un  dégagement  d'hydrogène  par  minute  de  o™s,  oooooSo, 
quantité  de  peu  inférieure  à  la  limite  d'un  débit  bien  net,  soit  o™^,  ooooo36, 
sous  pression  réduite,  mais  supérieure  à  la  limite  extrême,  o™^,  0000018. 

»  En  fait,  les  essais  d'électrolyse  au  moyen  du  voltamètre  renfermant 
du  pyrogallol  n'ont  rien  fourni  sous  la  pression  o",'76;  tandis  que,  sous 
une  pression  réduite  à  0^,007,  il  s'est  produit  un  lent  dégagement  de 
bulles  gazeuses.  Il  y  a  donc  concordance  entre  les  prévisions  du  calcul  et 
l'observation,  même  pour  ces  limites  extrêmes,  répondant  à  un  excès  de 
force  électromotrice  de  0^°'*,  o3  seulement. 

»  Observons,  en  outre,  que  cette  limite  suffit  pour  déterminer  une 
électrolyse  visible;  ce  qui  fournit  d'ailleurs  un  nouveau  contrôle  pour 
l'exactitude  des  mesures  employées  dans  le  calcul  des  phénomènes.  » 


MÉCANIQUE  CÉLESTE.  —  Propriétés  d'une  certaine  anomalie  pouvant  rem- 
placer les  anomalies  déjà  connues  dans  le  calcul  des  perturbations  des  petites 
planètes  (^).  Note  de  M.  O.  Callandreau. 

«  J'ai  en  vue  l'étude  qualitative  des  perturbations  d'une  petite  planète 
du  type  d'Hécube  par  Jupiter,  au  moyen  des  méthodes  de  Laplacedéjà  uti- 
lisées dans  un  travail  antérieur  (^). 

»  Il  y  a  d'abord  à  obtenir  l'expression  de/dans  (9). 

»  On  passera  de  l'intégrale 


de  l'équation  réduite 


z=  X  =^  p  sin  (X.  -\-  q  cos  a 


(')  Voir  les  Comptes  rendus,  t.  CX'XXIV,  p.  1478. 

(^)  Sur  quelques  cas  de  comniensurahilitè .  .  .  (Annales  de  l'Observatoire  de 
Paris,  t.  XXII).  Il  paraît,  d'après  les  Mémoires  des  Œuvres  complètes,  que  Laplace 
s'est  servi  de  cette  méthode  pour  prévoir  la  forme  des  résultats,  quitte  à  arriver  ensuite 
à  ceux-ci  de  la  manière  la  plus  directe  (voir  en  particulier  le  t.  XI,  p.  58,  i[\%,  248). 


SÉANCE    DU    7    JUILLET    1902. 

à  l'équation  (9),  en  déterminant  p,  q  par  les  équations  différentielles 


(,o) 


dp  

d'j. 

dq  

d% 


m'  j/cosxdoL, 
m'  1/  sinccdoi. 


Comme  il  s'agit  surtout  d'une  étude  qualitative  pour  connaître  la  forme  de 
la  solution  ou  choisir  la  valeur  numérique  à  attribuer  à  9'^+  fp'^  (la  con- 
stante arbitraire  dans  l'intégrale  de  Jacobi  étant  supposée  déjà  connue), 
l'énumération  des  termes  utiles  dans  /,  c'est-à-dire  ceux  qui  peuvent  pro- 
duire dans  p,  q  des  inégalités  séculaires  ou  à  longue  période,  est  limitée 
aux  premiers  termes;  l'excentricité  de  l'orbite  de  Jupiter  est  négligée;  l'ar- 
gument à  petit  diviseur  est  désigné  par 


0  =  a 


"'/(^'y 


du 


d'ordre. 


Termes 
de/. 

1 sin(fa  4-  iO) 

2 «ç'  cos(ia  +  /0) 

3 co"  sin(fa  +  t©) 

k cp'cfi"cos(ia  +  iQ) 

5 cf'2sin(ia+  i0) 


Valeurs  utiles 
de  i. 

=  2 

=  2 

=  1,3 

:zzi,3 


»  Une  première  remarque  est  évidente  :  Si  /  ne  contient  que  x  =  <p',  et 
si  les  termes  m'^  sont  négligés. 


COS  y.  =  — ^ 
dq 


siiio. 


dp 


et  les  équations  différenlielles  s'écrivent 


dp 
d'x 


dq 


dq^  __       £F 
d'j.  dp 


F  =  f/Vcû'. 


»   A  cause  de  9"-  =  9-  +  <p"-  —  <p'^,  la  présence  de  puissances  paires  de  9" 
dans  /  donne  un  résultat  analogue  ;  il  suffit,  lorsqu'on  néglige  m!'\  de 

multiplier  les  dérivées  partielles  de  la  forme—  ^'  +  j-  par  des  puissances 

de/?--f-^\ 


G.  R.,  1902,    2'  Semestre.  (T.  CXXXV,  N"  1.) 


lO 


ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 


»  Le  calcul  direct  pour  chaque  terme  du  Tableau  ci-dessus  montre  que 
les  parties  utiles  correspondantes  des  équations  différentielles  sont  telles 
que 


r) 


dq 


d'ordre. 
1. 
2. 
3. 
k. 
5. 


»  Soit  posé 


p  COS0  +  q  sine 
(p'2  —  q'^)  COS2  0  +  ipq  sinji© 
(jo^  —  ^2  ^  ÇQ5  2  0  +  2pq  sin  1 0 
(^8_3^^2)cos30  +  (3/>2g  — ^3)  sin30 

{p^  4-Ç'*)(/>cos0  4-  7  sin0) 


u  =pcosQ  -h  ^  sine  =  ecos(0  -I-  cy), 
{'  =  p  sin0  —  ^ros0  =  e  sin(6  +  ct); 


F,- 


2(/J>  COS0  +  ^  sin0) 


les  équations  différentielles  pour  u,  v  sont  de  la  forme 

_        d^ 

(") 


i  du 
do. 

d^ 

\  doL 


(u^ 


^   av 


d<è  <?F        ,    2         ON  dV, 

dd  ou       ^  au 


elles  ne  sont  pas  canoniques,  mais  on  en  déduit  une  intégrale  approchée 

(12)  WiuyV-)  —  A, 

comme  si  le  système  était  canonique,  en  observant  que  la  partie  principale 
de  -r-  dépend  de  cp'^  +  9"^  ou  de  u^  -\-v^\  et  la  courbe  représentée  par  l'é- 
quation ci-dessus,  où  h  résulte  des  observations,  permet  de  reconnaître  s'il 
s'agit  du  cas  ordinaire  ou  du  cas  exceptionnel  de  la  libration. 

»  Cette  question  se  trouve  traitée  dans  le  Mémoire  cité,  mais  d'une 
naginière  moins  simple. 

»  L'idée  est  naturelle  d'utiliser  l'intégrale  (12)  et  l'intégrale  de  Jacobi 
comme  point  de  départ  des  approximations.  Toutefois  les  essais  que  j'ai 
faits  naguère  dans  ce  sens  au  moyen  de  nombres  empruntés  à  la  Thèse  re- 
marquable de  M.  Simonin  (voir  les  Tableaux  des  pages  67  et  78)  m'ont 


SÉANCE   DU    7   JUILLET    1902.  II 

montré  que  les  variations  relatives  de  H  étaient  en  moyenne  de  ^,  trop 
forts,  il  semble,  pour  que  l'idée  soit  avantageuse  en  pratique.  L'hypothèse 
d'une  ellipse  mobile  a  servi  de  point  de  départ  dans  presque  tous  les  tra- 
vaux récents  et  se  trouve  justifiée  par  l'expérience. 

»   J'ajouterai,   parce  qu'elle  se  relie  naturellement  à  ce  qui  précède, 
une  remarque  sur  le  cas  particulier  où  /,  périodique  et  de  période  27c  par 

rapport  à  a,  ne  contient  pas  -j-»  cas  qui  comprend  la  plupart  des  exemples 

traités  dans  le  Chapitre  I  du  Mémoire  déjà  cité.  L'application  de  la  méthode 
ordinaire  d'approximations  successives  a  conduit,  on  l'a  constaté,  à  des 
systèmes  canoniques,  par  suite  à  des  intégrales.  Or  il  y  a  là  un  fait  général 
qui  résulte  des  premiers  principes  de  la  Théorie  des  invariants  intégraux 
de  M.  Poincaré.    » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  le  développement  des  /onctions  analytiques 
en  série  de  polynômes.  Note  de  M.  Paul  Painlevê. 

«  1.  Soit  y(s)  une  branche  de  fonction  analytique,  holomorphe  à 
l'origine,  et  définie  dans  le  voisinage  par  une  série  de  Mac-Laurin 

(■)     /(=)=/(o)  +  f/'(o)  +  f;^/"(o)+...+i^/""(o)+.... 

»  Représentons  par  a  Vétoile  d' holomorphie  attachée  au  développe- 
ment (i),  c'est-à-dire  l'ensemble  des  points  z  du  plan  qu'on  peut  atteindre 
sur  une  demi-droite  issue  de  l'origine,  sans  rencontrer  de  singularités  de 
la  fonction  f{z)  (prolongée  analytiquement  le  long  de  la  demi-droite)  : 
les  points  du  plan  qui  sont  exclus  de  l'étoile  sont  distribués  sur  des  demi- 
droites  L  issues  de  points  singuliers  de/(z)  et  menées  en  sens  inverse  de 
l'origine. 

»  D'après  un  beau  théorème  de  M.  Mittag-Leffler,  on  peut  former  une 
série  de  polynômes  lPn(^z'),  où 

(2)  p„(.)=i^;-v'=^<"+(£:-;^/|-''(o)c>...+^<'+/(o)cr. 

qui  converge  vers  f{z)  dans  toute  l'étoile  a. 

»  Appelons,  avec  M.  Borel,  série  M  une  telle  série.  Les  coefficients  Cy" 
sont  numériques  [indépendants  de /(o), /'(o),  ...];  ils  peuvent  être 
choisis  d'une  infinité  de  manières.  Sur  les  semi-droites  exceptionnelles  L, 


12  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

la  série  diverge  en  général  (mais  peut  parfois  être  convergente ).  Par 
exemple,  si/(^)  est  uniforme  et  méromorphe  dans  tout  le  plan,  la  repré- 
sentation de  M.  Mittag-Leffler  est  en  défaut,  non  seulement  aux  pôles 
mais  sur  toutes  les  demi-droites  L  (issues  des  pôles). 

»  M.  H.  von  Koch  a  montré  récemment  que,  moyennant  un  choix  conve- 
nable des  coefficients  c]"\  la  série  2P„(^)  converge  encore  et  repré- 
sente /^(^)  sur  toutes  les  demi-droites  L  qui  ne  renferment  que  des  pôles.  En 
particulier,  si  f(z)  est  méromorphe  dans  le  plan,  la  série  converge  quel  que 
soit  z,  sauf  aux  pôles. 

»  Pour  comprendre  combien  ce  résultat  est  remarquable,  il  suffit  de 
songer  que  la  série  2 P„ (s)  ne  peut  converger  uniformément  sur  un  contour 
fermé  sans  converger  uniformément  dans  toute  l'aire  intérieure.  Appliquée 
à  une  fonction  méromorphe,  le  développement  de  M.  von  Koch  converge 
uniformément  dans  toute  aire  fermée  qui  n'a  pas  de  points  communs  avec 
les  demi-droites  D,  ainsi  que  sur  tout  segment  (dénué  de  pôles)  d'une  de 
ces  droites  :  mais  sur  une  circonférence  décrite  d'un  des  pôles  comme 
centre,  la  série  com^erge  sans  converger  uniformément. 

»  M.  von  Koch  déduit  son  théorème  de  certaines  propriétés  de  l'expo- 
nentielle. Par  une  voie  toute  différente,  j'étais  parvenu  au  même  résultat 
en  même  temps  qu'à  d'autres  propositions  qui  entraînent,  au  sujet  des 
développements  de  Mittag-Leffler,  des  conséquences  que  je  crois  neuves 
et  intéressantes.  Ces  propositions,  que  je  me  bornerai  ici  à  énoncer  synthé- 
tiquement  sous  leur  forme  la  plus  brève,  découlent  presque  immédiate- 
ment d'une  généralisation  que  j'ai  donnée  du  théorème  de  Mittag-Leffler 
{Comptes  rendus,  mai,  juin  1899). 

»  2.  Introduisons  avec  M.  Fredholm  le  polynôme 

(3)  Q„(x)  =  x(x-+-i)(x  +  2)...(^-H^-i)^r+E;f^,^«-' ■+-...+ e;"':^; 

remplaçons-y  les  V  par  y! /'{7.(a[7.  -h  sy-\  puis  les  \iJ^  par  ^   -^   ,     S  et  soit 
Rre(s»  ^y  s)  le  polynôme  en  z  ainsi  obtenu;  posons  enfin 

(4)  K,(^)  =/(o)  -t-  ^R,(^,  /•,  s)  +  ^R,(z,  r,  s) +...+  -  R„(s,  r,  5), 
avec 

(5)  h  =  i-'  r=^(i--L:\ 


log/i\/log/i 


SÉANCE    DU    7    JUILLET    I902.  l3 

»  Le  polynôme  Kn(z),  quand  n  croît  indéfiniment,  tend  vers/(^)  à 
l'intérieur  de  l'étoile  a.  Si  l'on  veut  encore,  posons  n„^R„— R„_,, 
n„  =  Kp  =/(o)  ;  les  n^  sont  des  polynômes  de  lajorme  {i)  et  la  série 

(S)  no(.-)  +  n, {z) .+-...+  n„(^)  +  . . . 

converge  uniformément  vers/(z.)  dans  toute  aire  intérieure  à  l'étoile  a.  Mais, 
de  plus,  elle  converge  sur  toute  droite  L  qui  ne  renferme  que  des  pôles. 

»  Précisons  les  propriétés  de  cette  série  S.  Soit  s,  =  po(cos9o  +?sinô(,) 
un  point  d'une  demi-droite  L,  et  admettons  qu'entre  les  deux  demi-droites 
60  et  60  -h  A  (A  >  o)  il  n'y  ait  pas,  à  l'intérieur  du  cercle  |  2  |  <  p^,  de  sin- 
gularités (le  f(z);  la  fonction /(s)  est  alors  holomorphe  dans  le  secteur 
de  cercle  ainsi  défini  D;  si,  au  point  ^0  f^"  contour  de  D,  elle  est  encore 
holomorphe  et  prend  la  valeur  /,,  nous  dirons  que  la  valeur  de  /(z)  à 
gauche  de  L  est  holomorphe  pour  -  =  ^0  et  égale  à  /,  ;  quand  tous  les 
points  ^0  d'un  segment  de  L  satisfont  aux  conditions  précédentes,  nous 
dirons  que  ce  segment  est  régulier  pour  f{z)  à  gauche  de  L. 

»  Puisque  z^  est  sur  une  demi-droite  exceptionnelle  L,  la  fonction  f{z), 
holomorphe  dans  le  secteur  D,  présente  au  moins  un  point  singulier,  sur 
la  droite  G»,  entre  o  et  Zq.  Représentons  par  S  la  distance  d'un  points  à 
cette  droite,  et  supposons  que  dans  D  on  ait  : 

1 
|/(^)|<e^^'         (^  entier  positif)     ('). 

»  Dans  ces  conditions,  la  série  S  converge  pour  z  =Z(^  et  représente  /«; 
elle  converge  uniformément  sur  tout  segment  de  L  (entre  o  et  ^0)  régulier 
pour  f(z)  à  gauche  de  L.  En  particulier,  si  la  demi-droite  L  ne  renferme 
que  des  points  singuliers  algébriques  de/(z),  la  série  S  converge  tout  le  long 
de  L  {sauf  peut-être  aux  points  singuliers)  et  représente  la  valeur  de  f{z)  à 
gauche  de  L. 


(')  Il  est  loisible  de  remplacer  l'inégalité  précédente  par  une  inégalité 

où  cp'est  une  fonction  donnée  qui  croît  avec  -r  aussi  vite  que  l'on  veut.  Il  faut  alors, 

dans  les  égalités  (5),  remplacer  0ôgn  par  une  fonction  de  n  qui  croît  plus  lentement 
avec  n. 


l4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

))  3.  Si,  dans  les  égalités  (5),  on  change  le  signe  de  i,  tons  les  résultats 
précédents  subsistent,  à  cela  près  qu'il  faut  introduire  la  valeur  de  f{z)  à 
droite  de  L  au  lieu  de  la  valeur  à  gauche. 

»  D'après  cela,  représentons  par  S,  la  série  déduite  de  S  en  changeant  i 
en  —  i  dans  les  égalités  (5),  et  par  2S2,  liS.^  les  séries  obtenues  en  ajou- 
tant et  en  retranchant  terme  à  terme  les  séries  S  et  84.  Pour  plus  de  clarté, 
plaçons-nous  dans  le  cas  011  la  fonction/(s)  définie  par  (ï)  est  algébrique, 
et  (^0  désignant  un  point  d'une  demi-droite  L)  appelons  /g(zo)  el/^Çz^,) 
les  valeurs  de  /(z),  pour  z  =  z^^,  à  gauche  et  à  droite  de  L.  Les  séries  S, 
S^,  S2  sont  des  séries  (M);  elles  convergent  dans  tout  le  plan  [sauf  aux 
infinis  de/i^s)];  elles  convergent  uniformément  dans  toute  aire  intérieure  à 
l'étoile  a,  ainsi  que  sur  tout  segment  de  demi-droite  L  dénué  de  points  singu- 
liers; elles  représentent  y"(^)  dans  l'étoile  oc;  sur  les  demi-droites  L,  les 
trois  séries  S,  Sj,  83  convergent  respectivement  vers 

M^h   M^)'  ^-^- 

Quant  à  la  série  83,  ses  termes  ont  encore  la  même  forme  que  ceux  d'une 
série  (M);  elle  converge  de  la  même  manière  que  les  précédentes,  mais 

elle  est  égale  à  zéro  dans  toute  l'étoile  y,y  et  à  ^-^ — r^  sur  les  demi-droites  L. 

j_ 
»   4.  Appliquons  ces  généralités  à  la  fonction  (i  —  s)^  La  série  82  con- 

verge  dans  tout  le  plan  :  elle  représente  (1  —  3)"^  quel  que  soit  5,  sauf  sur  la 
demi-droite  réelle  (\ ,  +ao),  ou  elle  est  nulle.  La  série  83  converge  au  con- 
traire vers  zéro  dans  tout  le  plan,  sauf  sur  la  même  demi-droite  où  elle  est 

égale  à  sjx  —  i.  8oit  de  même  f  {z)  =  (i  —  3)'  ;  les  séries  8,  S, ,  85  con- 

vergent  vers  (i  —  zy  dans  tout  le  plan;  sur  la  même  demi-droite 
(1,  H- go),  elles  ont  respectivement  pour  valeur 


quant  à  83,  elle  converge  vers  zéro,  sauf  sur  la  même  demi-droite,  où  elle 

tend  vers  —  ^(x  —  i)'\ 

i 
»   8oit  encore  /(.s)— ^      ,   '       Ji  —  ^V, /?,  ^désignant  des  entiers 


ité  , 


positifs  quelconques  et  a^^^  la  quantité  (  cos  -^  -f-  isin  ^  V  Les  branches  de 


SÉANCE    DU   7    JUILLET    1902.  l5 

/"(s)  sont  tontes  holomorphes  dans  la  circonférence  T  de  ra\on  r  et  de 
centre  O,  et  à  l'extérieur  de  cette  circonférence  (qui  est  une  coupure  essen- 
tielle de  toutes  ces  branches).  La  série  S^  converge  dans  tout  le  plan,  repré- 
sente/(z)  dans  r,  et  coïncide  à  l'extérieur  de  T  avec  une  infinité  de  fonc- 
tions analytiques  distinctes;  sur  chaque  demi-droite  issue  de  l'origine  et 
extérieure  à  r,  83  représente  une  fonction  holomorphe  (le  long  de  la 
demi-droite),  mais  cette  fonction  change  quand  la  demi-droite  pivote 
autour  de  l'origine,  et  les  diverses  fonctions  ainsi  représentées  ne  sont  pas 
les  branches  d'une  même  fonction  analytique.  En  particulier,  83  coïncide 
sur  certaines  demi-droites  avec  une  branche  de  chacune  des  fonctions 
obtenues  en  supprimant,  dans  f(z),  un  quelconque  des  termes 


ip'  +  g'r 


»  5.  La  plupart  des  auteurs  qui  ont  écrit  sur  les  séries  (M)  ont  admis 
implicitement  que,  si  elles  convergent  (en  dehors  de  l'étoile)  en  des 
points  z  où  f(z)  existe  encore,  elles  représentent  y(^)  (ou  une  de  ses 
branches).  M.  Borel  a  même  eu  l'idée  ingénieuse  et  hardie  de  se  servir  des 
séries  (M)  pour  étendre  les  fonctions  analytiques  au  delà  de  leurs  hgnes  sin- 
gulières, et  il  a  formé  des  exemples  où  cette  extension  apparaît  comme 
naturelle.  Il  est  clair  qu'une  telle  idée  n'est  admissible  qu'à  condition  de 
ne  jamais  entrer  en  contradiction  avec  le  prolongement  analytique  clas- 
sique :  or  nous  venons  de  former  des  séries  (M)  qui  convergent  sur  tout 

1 
l'axe  réel  et  représentent  (  i  —  x^  pour  x  <^i  et  zéro  pour  ^\>  i .  Cela  ne 

signifie  point  que  l'idée  de  Mr  Borel  doive  être  abandonnée,  mais  que, 
pour  la  poursuivre,  il  sera  nécessaire  d'imposer  qqx  séries  (M)  certaines 
restrictions. 

»  6.  Les  résultats  énoncés  dans  cette  Note  s'étendent  immédiatement 
anjc  fonctions  de  plusieurs  variables,  soit  de  trois  variables  z,u,v  :  d'après 
le  principe  général  que  j'ai  énoncé  {Comptes  rendus,  loç,  cit.),  il  suffit  de 
remplacer  z,  u,  v  par  zt,  ut,  vt,  de  développer  en  série  (M)  la  fonction 
de  t  ainsi  obtenue  et  de  faire  t  =  1.  Ep  particulier,  une  fonction  méro- 
morphe  de  s,  u,  ç  est  représentable  par  une  gérie  de  polynômes  [de  l'es- 
pèce (M)],  soiL5P«(2,  u,  ç^),  pour  toute  valeur  de  z,  u,  (^(saqf  aux  pôles).  » 


l6  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 


PATHOLOGIE.  —  Traitement  local  des  localisations  du  rhumatisme, 
par  M.  Ch.  Bouchard. 

K  Dans  le  courant  de  ces  deux  dernières  années,  je  me  suis  attaché  à 
faire  le  traitement  local  des  maladies  locales  ou  même  des  maladies  locali- 
sées, en  injectant  dans  le  lieu  affecté  d'un  mal  déterminé  les  médicaments 
qui,  par  l'ingestion  ou  par  les  autres  modes  d'administration  des  médica- 
tions générales,  ont  été  reconnus  efficaces  pour  ce  mal  déterminé. 

»  J'étais  encouragé  dans  cette  voie  par  les  résultats  heureux  obtenus  par 
les  oculistes  quand  ils  injectent  dans  l'œil  ou  près  de  l'œil  les  médicaments 
qui,  donnés  par  le  tube  digestif,  ne  seraient  pas  efficaces.  Je  m'y  trouvais 
confirmé  encore  par  les  effets  énergiques  produits  dans  le  traitement  de 
certaines  affections  des  centres  nerveux  quand  on  porte  directement  le 
médicament  soit  dans  la  cavité  arachnoïdienne,  soit  même  dans  le  tissu  de 
l'encéphale. 

»  C'est  du  traitement  local  des  manifestations  locales  du  rhumatisme 
que  je  veux  parler  aujourd'hui,  en  me  limitant  à  l'action  d'un  seul  médica- 
ment :  le  salicylate  de  soude.  J'ai  utilisé  la  solution  aqueuse  de  salicylate 
de  soude,  d'abord  à  3  pour  loo  parce  que,  à  ce  titre,  elle  a  le  même  point 
de  congélation  que  le  sang  humain  (— o°,56)  et,  pour  cette  raison, 
est  considérée  comme  ayant  même  tension  osmotique.  Mais  je  me  suis 
assuré  qu'on  pouvait  sans  inconvénient  employer  des  solutions  plus  con- 
centrées. Je  me  suis  arrêté  à  la  solution  à  5  pour  loo,  qui  n'est  encore  ni 
douloureuse  ni  nuisible  pour  les  tissus.  Inutile  de  dire  que  toutes  les  pré- 
cautions antiseptiques  étaient  prises. 

»  Je  n'ai  trouvé  aucun  avantage  à  injecter  en  un  seul  point  des 
quantités  inférieures  à  i"""'  ni  supérieures  à  2*""',  mais,  quand  l'étendue  de  la 
lésion  me  paraissait  réclamer  une  quantité  de  médicament  plus  grande  ou 
répandue  sur  un  plus  grand  espace,  je  multipliais  les  piqûres  et  j'en  ai  pu 
faire  deux,  trois,  quatre  sur  la  même  lésion,  dans  une  même  séance. 

»  Souvent  la  médication  a  été  bornée  à  une  seule  séance;  on  en  a  fait 
deux  ou  plusieurs  à  des  intervalles  de  i,  2,  3  jours,  par  prudence,  en  vue 
d'empêcher  une  rechute,  ou  par  nécessité,  quand  la  lésion  locale  n'avait 
pas  cédé  totalement  à  la  première  piqûre. 

»  Le  médicament  a  été  introduit  toujours  et  exclusivement  dans  le  tissu 
cellulaire  :  en  plein  foyer  morbide,  si  le  tissu  cellulaire  était  seul  ou  prin- 


SÉANCE    DU    7    JUILLET    rg02.  I7 

cipalement  affecté,  ou  flans  le  pins  proche  voisinage  de  la  partie  lésée, 
séreuse  articulaire  ou  tronc  nerveux.  Je  n'ai  fiiit  les  injections  ni  dans  les 
cavilés  articulaires,  ni  dans  l'épaisseur  des  nerfs. 

»  En  cas  de  foyeis  morbides  multiples,  on  a  fait  le  traitement  isolé  et  suc- 
cessif de  chaque  foyer,  sauf  dans  le  cas  de  lésions  très  nombreuses.  On  a 
pu  alors  apphquer  simultanément  le  traitement  à  deux  ou  trois  foyers.  On 
a  toujours  limité  le  nombre  des  centimètres  cubes  injectés  en  une  seule 
séance  de  manière  que  la  totalité  d'i  salicylate  introduit  ne  j)ût  pas 
être  considérée  comme  ayant  exercé  une  action  générale  sensible. 

»  D'adleurs,  on  s'est  abstenu  systématiquement  d'administrer  à  l'inté- 
rieur le  salicvlate  ou  tout  autre  médicament  de  même  ordre  en  môme 
temps  qu'on  poursuivait  la  médication  locale,  sauf  dans  les  cas  de  rhuma- 
tisme articulaire  aigu  en  période  envahissante.  On  n'a  pas  renoncé,  dans 
ces  cas,  à  tout  traitement  local,  mais  on  l'a  réservé  d'ordinaire  pour  celles 
des  articulations  qui  étaient  le  plus  douloureuses. 

»  En  dehors  du  rhumatisme  articulaire  aigu,  où  le  traitement  local  n'a 
trouvé  son  emploi  que  d'une  façon  accessoire,  on  a  appliqué  la  méthode 
aux  arthrites  persistantes,  reliquat  d'un  rhumatisme  aigu,  au  rhumatisme 
sul)aigu  ou  chronique  primitif,  au  rhumatisme  partiel  subaigu  ou  chro- 
nique, aux  névrites  rhumatismales  et  même  à  celle  du  zona.  A  titre  d'essai 
l'on  a  employé  la  méthode  dans  certains  cas  de  rhumatisme  blennorrha- 
gique.  Je  donne,  à  titre  d'exemples,  un  court  résumé  tie  quelques  observa- 
tions. 

»  I.  Rhumatisme  partiel  subaigu  tendant  à  la  chronicité.  —  C'est  ma  première 
observation.  Homme  de  35  ans.  Arthrite  du  genou  droit  depuis  plus  de  2  mois. 
Est  traité  dans  l'tiôpital  depuis  6  semaines  par  le  salicyiate  de  soude,  l'antipvrine,  le 
sulfate  de  quinine,  Fiodure  de  potassium.  Localement,  on  a  eu  recours  au  salicvlate 
de  méthyle,  à  la  teinture  d'iode,  aux  pointes  de  feu,  à  la  compression.  Pendant  les 
6  semaines  employées  à  ces  divers  traitements,  le  malade  a  dû  garder  le  lit  en  raison 
de  la  douleur.  Le  genou  est  tuméfié,  la  rotule  est  soulevée,  les  mouvements  sont  très 
limités.  J'injecte  au  voisinage  du  cul-de-sac  supérieur  et  antérieur  de  la  synoviale 
©•^"'jS  de  solution  de  salicylate  de  soude  à  3  pour  100.  Le  lendemain,  aucune  modifi- 
cation, aucun  elTet  de  l'injection  ;  je  fais  alors  deux  piqûres  de  2*^'"' de  la  même  solution 
en  dehors  et  en  dedans  de  la  jointure.  Le  soir,  à  sa  contre-visite,  l'interne  ne  trouve 
pas  le  malade,  qui,  ne  souffrant  plus,  s'est  levé  et  est  descendu  au  jardin.  Le  lendemain 
je  ne  constate  ni  douleur,  ni  tuméfaction,  ni  épanchement  ;  les  mouvements  sont  libres. 
Le  malade,  à  ma  prière,  est  resté  encore  plus  de  r5  jours  à  l'hôpital  sans  récidive. 

»  II.  Rhumatisme  polyarticulaire  apyrétique.  —  Femme  de  36  ans.  Depuis  3  mois, 
douleur  du  genou  droit;  depuis  2  mois,  douleur  et  gonflement  du  genou  gauche  et 
du   pied  gauche.   A   l'entrée,  les   deux   genoux  sont   tuméfiés,  avec  choc   rotulien   et 

C.  R.,  190a,  2«  Semestre.  (T.  CXXXV,   N»  1.)  ^ 


l8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

mouvements  rendus  impossibles  par  la  douleur,  surtout  adroite;  le  pied  gauche, 
également  immobilisé  par  la  douleur,  est  rouge  et  très  tuméfié.  Rien  aux  autres  arti- 
culations ni  au  cœur.  Pas  de  fièvre.  Je  donne  à  l'intérieur,  chaque  jour,  5s  de  sali- 
cylate  de  soude.  Au  bout  de  4  jou's,  le  seul  changement  est  une  aggravation  de  la 
douleur,  malgré  les  applications  de  salicylate  de  méthjle  qu'on  a  ajoutées  au  traite- 
ment interne.  Après  2  jours  d'interruption  de  la  médication  générale,  on  supprime 
aussi  les  applications  de  salicylate  de  méthyle  et  l'on  injecte  i*"""'  de  solution  de  sali- 
cylate de  soude  à  5  pour  100  dans  chaque  genou. 

»  Le  lendemain,  la  douleur  est  nulle  à  gauche;  elle  est  seulement  atténuée  à  droite. 
On  injecte  de  nouveau  i*""'  dans  le  genou  droit  et  autant  dans  le  pied  gauche.  En 
quelques  heures  toute  tuméfaction  disparaît  dans  ces  deux  jointures  ;  les  mouvements 
du  pied  gauche  sont  libres.  Les  mouvements  spontanés  du  genou  droit  se  font  avec 
une  assez  grande  amplitude,  mais  quand  on  cherche  à  les  compléter,  soit  en  flexion, 
soit  en  extension,  on  réveille  la  douleur. 

»  On  ne  pratique  plus  désormais  d'injections  que  dans  le  genou  droit,  à  des  inter- 
valles de  2  ou  3  jours;  la  douleur  s'éteint  et  les  mouvements  se  rétablissent  complète- 
ment. Le  genou  et  le  pied  gauches  restent  normaux. 

»  IIL  Rhumatisme  polyarticulaire  aigu  fébrile  récidivant.  —  Femme  de  48  ans. 
A  eu  quatre  attaques  de  rhumatisme  aigu,  la  première  à  18  ans,  la  quatrième  à  44  ans. 
Cette  femme  est  admise  à  l'hôpital  pour  une  cinquième  attaque  qui  cède  en  5  jours 
au  salicylate  de  soude  administré  à  la  dose  de  5s  par  jour. 

»  9  jours  après,  les  douleurs  articulaires  reviennent  avec  une  fièvre  qui  donne  une 
température  de  89°  au  rectum.  Les  poignets,  les  hanches  et  les  genoux  sont  surtout 
douloureux.  On  reprend  le  même  traitement,  qui,  en  8  jours,  fait  tomber  la  fièvre 
et  disparaître  les  fluxions  articulaires.  On  continue  sans  interruption  à  administrer  le 
salicylate  de  soude  à  l'intérieur.  Cependant,  22  jours  après  la  seconde  guérison  appa- 
rente, nouvelle  rechute  :  gonflement,  rougeur,  douleur  vive  à  la  face  dorsale  du  pied 
gauche.  On  y  injecte  i*^""'  de  solution  de  salicylate  de  soude  à  5  pour  100.  L'améliora- 
tion est  immédiate.  Dans  l'espace  de  i  heure,  le  gonflement,  la  rougeur  et  la  douleur 
ont  disparu. 

»  De  nouvelles  fluxions  se  produisent  à  la  facedorsale  des  mains,  au  cou,  au  genou, 
toutes  poursuivies,  à  mesure  qu'elles  se  produisent,  par  le  traitement  local. 

»  Le  dix-neuvième  jour  de  cette  rechute,  un  torticolis  très  douloureux  et  une  dou- 
leur vive  de  l'épaule  droite  se  produisent  encore  et  sont  réprimés  immédiatement  par 
les  injections.  Ce  sont  les  dernières  manifestations. 

»  Bien  que  le  traitement  général  se  soit  montré  impuissant  à  empêcher  le  retour 
des  fluxions  articulaires,  il  a  été  maintenu.  Peut-être  a-t-il  épargné  les  séreuses.  Le 
traitement  local  s'est  montré  partout  immédiatement  efficace,  aucun  foyer  guéri  par 
l'injection  n'a  récidivé. 

»  \S .Rhumatisme polyarticulaire  aigu.  —  Homme  de  55  ans.  A  eu  un  rhumatisme 
articulaire  aigu  à  l'âge  de  16  ans.  Il  entre  à  l'hôpital  avec  un  sentiment  général  d'acca- 
blement, des  douleurs  vagues  dans  les  membres,  des  œdèmes  disséminés.  C'est  un 
artério-scléreux  ;  il  y  a  un  bruit  de  galop,  la  tension  artérielle  est  élevée  (28);  l'urine 
donne  un  nuage  d'albumine.  Il  s'améliore  sous  l'influence  du  repos  au  lit  et  du 
réeime  lacté. 


SÉANCE    DU    7    JUILLET    I902.  IC) 

»  9  jours  après  son  entrée  à  l'hôpital,  il  est  pris  brusquement  à  la  main  gauche 
d'une  très  vive  douleur  que  le  moindre  contact  exaspère,  le  poignet  est  immobilisé,  le 
dos  de  la  main  est  tuméfié  et  d'un  rouge  vif. 

»  Le  lendemain,  l'état  ne  s'étant  pas  modifié,  on  injecte  à  la  face  dorsale  de  la  main 
2cm»  d'une  solution  de  salicylate  de  soucie  à  5  pour  100.  Pas  de  traitement  interne. 
Pendant  une  demi-heure  après  l'injection,  cuisson  assez  vive,  puis  la  douleur  s'amende  ; 
24  heures  après  l'injection,  l'amélioration  est  très  nette,  mais  il  reste  un  peu  de  douleur 
à  la  pression.  On  pratique  une  seconde  injection;  le  jour  suivant,  disparition  de  tous 
les  phénomènes  inflammatoires. 

»  2  jours  plus  tard,  douleur  au  genou  gauche,  plaque  tuméfiée,  d'un  rouge  très 
vif,  en  avant  de  la  rotule.  On  y  pousse  une  injection  de  2*="'.  i  heure  après,  la 
douleur,  la  tuméfaction,  la  rougeur  ont  disparu.  Rien  de  nouveau  ne  s'est  produit 
depuis. 

»  V.  Sciatique  double.  —  Homme  de  29  ans.  A  eu,  il  y  a  8  ans,  les  fièvres  de  Mada- 
gascar. Depuis  10  jours  il  souffre  de  douleurs  dans  le  membre  inférieur  droit  et 
depuis  quelques  jours  dans  le  membre  gauche.  Ces  douleurs  ont  les  caractères  et  assez 
exactement  les  foyers  des  douleurs  sciatiques. 

»  Dès  l'entrée  on  fait  un  siphonage  au  chlorure  de  méthyle  sur  la  partie  postérieure 
de  la  cuisse  droite.  La  douleur,  momentanément  calmée,  reprend  le  soir  même.  On 
administre  alors  successivement  2s  d'antipyrine,  puis  3s  de  salicylate  de  soude,  puis 
2?  de  salipyrine,  chaque  médicament  pendant  une  période  de  3  jours,  chacun  sans  le 
moindre  résultat.  On  revient  pendant  3  jours  au  salicylate  de  soude,  cette  fois  à  5s 
par  jour. 

»  Après  l'insuccès  de  la  réfrigération,  après  i5  jours  consacrés  sans  profit  aux. 
divers  traitements  généraux,  je  fais  injecter  i*™'  de  solution  de  salicylate  de  soude 
à  5  pour  100,  à  la  partie  externe  de  chaque  genou.  Le  malade  a  pendant  une  demi- 
heure,  une  sensation  de  chaleur  au  niveau  des  piqûres;  au  bout  de  i  heure  toute 
douleur  des  genoux  a  disparu.  Il  a  encore  des  douleurs  vives  aux  pieds  et  à  la  face 
postérieure  des  cuisses. 

»  48  heures  après  les  premières  injections,  on  en  fait  deux  autres  à  la  partie  posté- 
rieure des  cuisses;  elles  sont  suivies  aussitôt  de  disparition  des  douleurs.  Mêmes 
effets  de  soulagement  immédiat  pour  des  injections  pratiquées  les  jours  suivants  aux 
lombes  et  à  la  face  dorsale  des  pieds. 

»  Après  iJ  jours  de  traitemement  général  absolument  inefficace,  i5  jours  de  traite- 
ment local  ont  amené  la  guérison.  Ce  traitement  local  a  consisté  en  neuf  injections 
de  1*^™'  chacune,  soit,  en  tout,  ^^"^  distribués  dans  les  divers  foyers,  une  moyenne 
de  3*'B  de  salicylate  de  soude  par  jour,  alors  que  5s  donnés  par  la  bouche  se  montraient 
impuissants, 

»  VI.  Névralgie  intercostale  suite  de  zona.  —  Femme  de  58  ans,  diabétique, 
obèse,  légèrement  albuminurique.  A  eu,  il  y  a  6  semaines,  un  zona  intercostal  gauche 
très  violent. 

»  La  douleur  du  nerf  sous-jacent  à  l'éruption  persiste  très  pénible  ;  elle  est  constante, 
avec  exacerbations  surtout  nocturnes. 

»  Je  fais  faire  une  première  injection  de  2'="'"  de  solution  de  salicylate  de  soude  à  5 
pour  100,  près  de  la  colonne,  à  proximité  de  l'émergence  du  nerf  malade. 


20  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

»  La  malade  dort  la  moitié  de  la  nuit,  ce  qu'elle  n'avait  pas  fait  depuis  5  semaines; 
elle  ne  sent  plus  que  quelques  douleurs  au  voisinage  du  sternum. 

»  Le  lendemain,  nouvelle  injection  de  2"^^  à  la  partie  antérieure,  à  la  suite  de 
laquelle  il  n'y  a  plus  que  des  douleurs  insignifiantes. 

>y  On  pratique  une  troisième  injection  sur  la  partie  moyenne  du  nerf.  Toute  douleur 
cesse  définitivement. 

»  Je  me  borne  à  la  courte  relation  de  ces  six  cas.  J'en  pourrais  joindre 
beaucotjp  d'autres  recueillis  par  moi  ou  par  mes  collègues  Le  Noir  et  Claude 
et  par  mon  interne  Balthazarfi,  toutes  démontrant,  tantôt  la  guérison  com- 
plète et  durable  des  manifestations  locales  du  rhumatisme,  tantôt  le  sou- 
lagement immédiat  des  douleurs,  la  maladie  résistant  quoique  indolente, 
puis  reprenant  son  caractère  douleureux  de  3  à  i4  jours  après  la  cessation 
des  injections.  Dans  le  rhumatisme  blennorrhagique,  on  a  eu  la  sédation 
de  la  douleur,  mais  la  maladie  n'a  pas  été  entravée. 

»  Dans  la  majorité  des  cas,  un  foyer  morbide  est  arrêté  et  comme  dé- 
truit par  une  seule  injection  et  les  foyers  successifs  peuvent  être  successi- 
vement annihilés.  C'est  la  guérison  si  le  rhumatisme  n'est  pas  en  période 
envahissante.  Mais,  s'il  s'agit  d'un  rhumatisme  en  phase  de  généralisation, 
le  traitement  local  n'améliore  pas  l'état  général,  n'empêche  pas  la  produc- 
tion de  nouvelles  déterminations  sur  les  jointures,  sur  les  séreuses,  jjeut- 
étre  sur  les  viscères.  Les  localisations  sont  réfrénées,  la  maladie  continue 
à  marcher.  C'est  le  traitement  général  seul  qui  pourra  empêcher  la  multi- 
plication des  foyers  ou  la  récédive  de  la  maladie.  Mais,  quand  on  pratique 
le  traitement  général,  l'efficacité  locale  du  traitement  local  reste  encore 
évidente.  En  effet,  si  l'on  poursmt  par  les  injections,  sur  un  seul  côté  du 
corps,  toutes  les  fluxions  qui  s'y  produisent,  sans  toucher  à  l'autre  côté,  la 
maladie  évolue  avec  ses  symptômes  généraux  et  avec  les  fluxions  qui  per- 
sistent ou  se  multiplient  sur  le  côté  du  corps  qui  n'est  pas  traité  locale- 
ment. On  se  trouve  alors  en  présence  d'une  sorte  de  rhumatisme  à  forme 
hémiplégique. 

»  Qu'un  médicament  à  action  générale  soit  introduit  par  une  voie  ou 
par  une  autre,  qu'il  soit  déposé  sous  la  peau  loin  ou  près  d'un  foyer  morbide, 
il  peut  influencer  également  le  travail  qui  s'y  accomplit. 

»  Mais  le  propre  de  cette  méthode  c'est  de  limiter  le  médicament  à  la 
partie  qui  le  réclame  et  de  ne  pas  le  répandi^e  dans  le  reste  de  l'organisme, 
oîi  il  n'a  que  faire  et  oii  il  pourrail  être  nuisible.  Il  me  semble  que  2""'' de 
la  solution  à  5  pour  loo,  soit  10*^^  de  salicylate  de  soude,  introduits  par  une 
seule  piqûre  n'exercent  guère  une  action  eflicace  et  très  rapide  que  dans 
un  rayon  de  S'^'".  Plus  tard  la  diffusion  portera  le  médicament  plus  loin. 


SÉANCE    DU    7    JUILLET    1902.  21 

Je  me  représente  le  théâtre  de  l'action  thérapeutique  dans  la  première 
demi-heure  comme  une  demi-sphère  de  ô'^^^de  diamètre  représenta  tit  à  peu 
près  5o^  de  tissu  vivant. 

»  Le  médicament  s'y  trouve  dans  la  proportion  de  2  pour  1000,  ce 
qui  est  énorme,  malgré  l'exiguïté  de  la  dose.  Pour  qu'il  fût  apporté  au  tissu 
malade  diins  cette  même  proportion  par  les  procédés  d'introduction  des 
médications  générales,  il  faudrait  introduire  par  la  bouche,  chez  un  homme 
de  70''^,  en  une  seule  fois,  i4o^  de  salicylatede  soude,  pluseurs  fois  la  dose 
mortelle.  Encore,  malgré  l'énormité  de  la  dose,  le  tissu  malade,  vu  la  lenteur 
de  l'absorjjtion  gastrique  et  la  rapidité  de  l'élimination  rénale,  ne  rece- 
vrait-il pas  autant  du  médicament  que  quand  on  y  dépose  directement 
10^^  de  la  substance. 

))  Je  résume  en  deux  mots  les  avant  iges  de  la  méthorle  que  je  propose  : 
Verser  le  médicament  dans  le  point  seulement  où  il  est  utile,  à  la  dose  où  il  est 
utiie^  épargner  le  reste  de  l'économie.    » 


NOMINATIONS. 

L'Acaflémie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un 
Membre  de  la  Section  d'Anatomie  et  Zoologie,  en  remplacement  de 
M.  Filhol,  décédé. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  52, 

M.  Bouvier  obtient 89  suffrages 

M.  Houssay  »  8  » 

M.  Henneguy  »  4  » 

M.  R.  Blanchard     »  i  » 

M.  Bouvier,  ayant  obtenu  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est  [)ro- 
clamé  élu. 

Sa  nomination  sera  soumise  à  l'approbation  du  Président  de  la  Répu- 
blique. 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Président  annonce  à  l'Académie  que,  en  raison  de  la  fête  du 
i4  Juillet,  la  séance  de  lundi  prochain  sera  remise  au  mardi  i5. 


22  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

M.  le  Secrétaire  PERPÉTUEL  annonce  à  l'Académie  que  le  Tome  XXXII 
(2*  série)  des  «  Mémoires  présentés  par  divers  savants  à  l'Académie  des 
Sciences   «   est  en  distribution  au  Secrétariat. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  un  Volume  intitulé  :  «  The  norwegian  north  polar  Expé- 
dition, 1893-189(3.  Scientific  results.  Volume  Itl   w. 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  un  groupe  nouveau,  d'ordre  fini,  linéaire 
à  quatre  variables.  Note  de  M.  Léon  Autoxne,  présentée  par  M.  C. 
Jordan. 

«  Conservons  les  définitions  et  notations  employées  dans  mes  Commu- 
nications précédentes,  dont  la  plus  récente  est  du  17  mars  1902.  La 
méthode  générale  exposée  dans  ces  Notes  m'a  permis  de  construire  effec- 
tivement un  groupe  G,  quaternaire,  régulier,  d'ordre  fini,  indécom- 
posable. 

»   Voici  quel  est  ce  groupe  G,  que  je  crois  nouveau. 

»  G  est  isomorphe  au  groupe  alterné  V  entre  cinq  lettres,  dérivé  des 
trois  permutations 

^  =  (01234),         |5  =  (o)(i4)(23),         C  =  (o)(i2)(34). 

«  Il  y  a  hémiédrie.  A  la  substitution  unité  de  F  correspondent  dans  G 
les  deux  substitutions  singulières 

(y  -^  I,  2,  3,  4). 


\oc, 


H- 


»   G  provient  des  trois  substitutions  A,  B  etC,  qui  correspondent  respec- 
tivement à  ^,  |5,  €  : 


A  = 


X, 

■î'o 

X., 
X, 


x^ 

-X, 

—  X,, 

Xo 


--  u, 


où  l'on  a 


SÉANCE    DU    7    JUILLET    1902.  28 


P=E, 


5  »     "       5 


5    '  '-  ~       5      '  -^   "^ 


U  est  réelle,  symétrique,  orthogonale. 
»   On  a  les  relations 

A=^=[,  B-=:C-=-i,  BC  =  CB,  AB  =  BA% 

CAC  =  -  A^CA\         CA^C  =  -  £,  îoA^BGA% 

CA^C=:       ACA,  CA^C:.^      £,£.A='BCA% 

au  moyen  desquelles  on  vérifie  que  l'expression  générale  des  substitutions 
dérivées  de  A,  B  et  C  est 

±B^AP(7A^ 

S  ou  T  =  o  ou  i;  p  et  cr^o,  i,  .  .  . ,  4(nfiod5),  G  a  donc  bien  120  substitu- 
tions, r  en  contenant  60. 

»  Il  y  a  plusieurs  manières  de  construire  le  groupe  G,  car,  outre  le 
double  signe  de  Si  et  t.,,  il  y  a  plusieurs  façons  de  disposer,  dans  la  cano- 
nique A,  les  racines  cinquièmes  primitives  de  l'unité.  » 


PHYSIQUE.  —  Sur  l' éleclrolyse  de  l'azotate  d'argent.  Note  de  M.  A.  Leduc, 

présentée  par  M.  Lippmann. 

»  I.  On  dit  généralement  qu'un  bain  d'azotate  d'argent,  primitive- 
ment neutre  par  exemple,  devient  de  plus  en  plus  acide  à  mesure  qu'on 
en  poursuit  l'électrolyse,  avec  anode  soluble,  bien  entendu.  MM.  Rodger 
et  Watson  prouvent,  au  contraire,  que  l'acidité  du  bain  diminue  par 
l'usage.  La  contradiction  n'est  qu'apparente  :  le  résultat  dépend  des  con- 
ditions. 

»  1.  Lorsqu'on  opère  avec  anode  de  platine,  en  solution  suffisamment  concentrée, 
on  voit  se  former  sur  l'anode  des  cristaux  bruns,  octaédriques  ou  aiguillés,  suivant 
les  circonstances.  Ce  corps  a  été  pris  autrefois  pour  du  peroxyde  d'argent;  M.  Ber- 
thelot  lui  attribue  la  formule  4Ag20^,  uAgAzO^,  H^O.  Il  se  produit  en  même  temps 


24  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

de  l'acide  azotique  libre.  Mais,  lorsque  l'acide  a  atteint  une  certaine  concentration,  il 
réagit  sur  ce  composé  avec  dégagement  d'oxygène. 

»  Mettons  fin  à  l'expérience  et  abandonnons  le  voltamètre  à  lui-même  :  le  produit 
brun  finit  par  disparaître,  et  le  résultat  final  est  le  même  que  s'il  y  avait  eu  simple- 
ment réaction  secondaire  de  AzO'  sur  l'eau.  Mais  il  faut  bien  noter  que  les  choses  ne 
se  passent  pas  aussi  simplement  en  réalité  ;  car  on  n'aperçoit  aucun  dégagement  gazeux 
au  début  de  l'éleclrolyse. 

»  2.  1^'acide  produit  de  cette  manière,  ou  préexistant  dans  le  bain,  est  électrolysé 
en  même  temps  que  l'azotate.  L'hydrogène  qui  se  porte  à  la  cathode  ne  se  dégage  pas. 
Il  résulte  de  mes  expériences  qu'il  ne  se  dilTuse  pas  non  plus  dans  le  liquide,  et  qu'il 
n'est  pas  absorbé  d'une  manière  appréciable  par  le  dépôt  cathodique,  contrairement  à 
ce  que  j'ai  constaté  sur  l'or  dans  d'autres  conditions.  11  est  complètement  absorbé  par 
les  réactions  secondaires  suivantes  : 

2A.gAzO»+ioFl  =z  AzH^AzO^H-  311^0  +  Ag^ 
2H  AzO^-h    8H=:AzH*Az03+3H20. 

»  3.  Anode  soluble.  —  Si  la  densité  du  courant  au  voisinage  de  l'anode  est  suffisam- 
ment faible  (^0,002  C.G.S.  par  exemple,  en  bain  de  concentration  normale),  il  ne  semble 
point  se  produire  à  l'anode  autre  chose  que  la  réaction  classique  (Ag-t- AzO^  =  AgAzO^). 

»  Mais,  si  la  densité  augmente,  les  réactions  envisagées  plus  haut  se  produisent  avec 
une  intensité  croissante.  Il  en  résulte  une  acidification  du  bain  d'autant  plus  rapide  que 
celui-ci  est  plus  étendu  et  la  température  plus  élevée.  On  constate  en  même  temps  que 
le  bain  s'appauvrit  en  azotate. 

»  4.  A  la  cathode,  l'acide  se  détruit  comme  plus  haut,  de  sorte  qu'il  s'établit  un 
état  d'équilibre  dans  lequel  Vacidité  du  bain  prend  une  certaine  valeur  limite  que 
l'on  rend  aisément  très  faible. 

»  Si  le  bain  était  primitivement  neutre,  il  devient  légèrement  acide,  à  moins  que  la 
densité  anodique  ne  soit  suffisamment  faible.  L'introduction  d'oxyde  d'argent  dans  le 
bain  retarde  évidemment  l'apparition  de  l'acide. 

»  Si  le  bain  est  primitivement  acide,  et  si  son  acidité  est  supérieure  à  ladite  limite, 
elle  diminue,  comme  dans  les  expériences  de  MM,  Rodger  et  Watson. 

»  Je  donnerai  quelques  détails  dans  un  Mémoire  plus  étendu. 

»  II.  On  dit  couramment  qu'il  y  a  corrosion  du  dépôt  calhodique  par  le 
bain  d'azotate  d'argent,  comme  cela  semble  bien  établi  en  ce  qui  concerne 
le  cuivre,  surtout  en  bain  acide  et  en  présence  de  l'air. 

»  Ainsi,  MM.  Schuster  et  Crossley  trouvent  un  dépôt  d'argent  un  peu  plus  lourd  en 
opérant  dans  le  vide  et  un  peu  moins  lourd,  au  contraire,  lorsqu'ils  opèrent  en  présence 
de  l'oxygène.  Le  premier  point  a  été  confirmé  par  M.  Myers,  qui  estime  à  liiHi  ^^  ^^~ 
ficit  d'argent  dans  un  voltamètre  non  privé  d"air;  mais  ses  observations  en  présence  de 
l'oxygène  sont  en  contradiction  avec  les  précédentes. 

»  Les  masses  d'argent  pesées  par  les  div^TS  savants  qui  ont  traité  ces 
questions  sont  trop  faibles,  et  c'est  à  cela  qu'il  faut  attribuer  les  résultats 


SÉANCE    DU    7    JUILLET    ig02.  25 

contradictoiresqiie  j'ai  eu  l'occasion  d'enregistrer(').  Voici  une  expérience 
bien  sinnple  qui  suffit,  à  prouver  que  cette  prétendue  corrosion  n'existe  pas. 

»  Après  avoir  pesé,  avec  les  précautions  convenables,  l'argent  déposé  sur  la  capsule 
formant  la  cathode,  séché  dans  le  vide,  à  la  température  ordinaire,  je  remets  dans  celte 
capsule  le  bain,  neutre  ou  légèrement  acide,  où  s'est  formé  ce  dépôt,  et  je  l'y  laisse 
séjourner  jusqu'à  19  heures;  puis  je  décante,  je  lave  et  je  sèche  comme  précédemment- 
I^e  résultat  de  ces  opérations  a  été  négatif  :  la  masse  du  dépôt,  voisine  de  3o8,  n'a  point 
varié  d'une  manière  appréciable. 

»  III.  Polarisation  du  voltamètre  à  azotate  d'argent.  —  A  celte  occasion, 
j'appellerai  l'attenlion  sur  le  procédé  ima£(iné  par  M.  Gore  pour  corriger 
ses  résultats  de  la  corrosion  cathodique  dans  l'électrolvse  du  cyanure  double 
d'argent  et  de  potassium,  ou  du  sidfate  de  cuivre.  L'auteur  détermine  la 
perte  de  masse  d'une  lame  de  même  métal  que  le  déj)ôt,  isolée  dans  le  bain 
pendant  que  le  courant  passe. 

»  Or,  d'une  part,  si  la  lame  est  épaisse  et  le  courant  suffisant,  celui-ci 
la  traverse,  et,  comme  le  gain  du  côlé  calhode  n'égale  jamais  la  perte  du 
côté  anode,  on  ne  mesure  pas  ainsi  la  corrosion. 

»  D'autre  part,  si  l'on  rem[)lace  la  lame  par  un  fil  fin,  et  si  le  courant  est 
suffisamment  faible,  on  ne  constate  plus  aucune  altération,  quelle  que  soit 
la  durée  de  IVxpérieiu^e.  Cette  observation  m'a  conduit  à  penser  que  la 
force  contre-éleclromolrice  d'un  voltamètre  à  azotate  d'argent,  que  l'on 
suppose  généralement  très  faible  ou  même  nidle,  n'est  pas, en  ré  dite,  négli- 
geable. Il  résulte  d'expériences  qui  seront  décrites  ailleurs  que  cette  Jorce 
éltctromolrice  est  voisine  de  o,o3  volt  (-).    » 


ÉLECTRICITÉ.  —  Sur  Taclion  delà  self-induction  dans  la  partie  ultraviolette 
des  spectres  d'étincelles.  Note  de  M.  £ugè\e  Néculcéa,  présentée  par 
M.  G.  Lippmann. 

«  Nous  avons  étudié,  dans  notre  précédente  Communication  (^Comptes 
rendus,  Su  juin  1902),  le  caractère  des  raies  i\\\  plomb  et  du  zinc  dans  la 
région  ultra-violette  comprise  entre  >.  =  2700  et  "X  =:  2000.  Nous  deman- 
dons la  permission  de  nous  occuper  aujourd'hui  des  caractères  des  raies 
du  spectre  de  Tétain. 

(')  Rapport  sur  Véquivalent  électrochimique  de  l'argent,  présenté  au  Congrès 
international  de  Physique,  réuni  à  Paris  en  1900. 

(^)  Voir,  à  ce  sujet,  G.  di  Ciommo,  Nuovo  Cimento,  4°  série,  t.  Xll,  p^  268. 

C.  R.,  1902,  a»  Semestre.  (T.  CXXXV,  N"  1.)  4 


26 


ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 


Étain. 
»  (Cliché  n"  i44).  Le  spectre  de  l'étain  clans  cette  région    ultra-violette  est  carac- 
térisé par  des  raies  assez  fortes  comme  intensité  et  en  général  nébuleuses.  Les  groupes 

i   2657,9 
les  plus  caractéristiques  sont  le  triplel  '  2643,2,   qui   est   très   intense,    ensuite   le 

(  263 I ,5 

doublet  S  ^^^^'^  et  la  raie  2355, o;   toutes   ces   raies    possèdent  presque    la    même 

l  2421 ,8 
intensité  et  rien   ne    pourrait  faire    soupçonner    leur    différence    de    caractère    qui 
est  accusée  avec  la  plus  grande  netteté  par  la  self-induction   :  la  moindre  self-induc- 

(  2657,9 
tion    fait,    en    effet,    disparaître    complètement  le   triplet  j  2643,2    pendant    que    le 

(  263 I ,5 

doublet      ^^^9'      g^  j^   j-^ig    commencent    par    diminuer  graduellement  d'intensité, 

I  2421 ,8 
présentent  un  minimum  et  augmentent  ensuite  d'intensité.  Ce  sont  là  des  raies  qui, 
bien  que  leur  intensité  et  leur  aspect  paraissent  identiques,  possèdent  des  caractères 
essentiellement  différents. 

»  Voici  d'ailleurs  les  raies  les  plus  caractéristiques  de  ce  métal  avec  la  description 
des  changements  qu'elles  éprouvent  de  la  part  d'une  self-induction  graduellement 
croissante.  Nous  donnerons  les  longueurs  d'onde  d'après  Hartley  et  Adeney.  Les 
constantes  électriques  de  l'étincelle  étudiée  sont  les  suivantes  :  coupure  dans  le  secon- 
daire de  2™™;  capacité  du  condensateur  r=  o,oo4i3  microfarad.  Selfs  variant  de 
o", 000 602  ào",o4i9i' 

La  raie  2664,9         nébuleuse,  assez  intense;  disparaît  avec  une  self  de  o", 000602  (^). 
2660,2         fine  et  intense,  diminue  graduellement  avec  self  croissante,  pré- 
sente min.  pour  o^,o2543. 


2657,9 
2645,4 
2643,2 
263 I ,5 

2617,9 
2593,6 
2591,7 
2670,5 
2545,6 
253o,8 
2495,0 
2488,0 
2482,9 
2455,5 

2449,4 
2445,2 
2436,4 
2433,3 


le  triplet  (très  intense)  ainsi  que  la  raie  2643,2  (nébuleuse)  dis- 
paraissent complètement  avec  o", 000602. 

assez  intense,  disparaît  complètement  avec  o", 000602. 

fine  et  intense,  présente  min.  pour  o°,o2543. 

faible  et  nébuleuse,  disparaît  complètement  avec  o",  000602. 

fine,  légèrement  nébuleuse  et  intense,  présente  m.in.  pour  o",02543. 

fine,  intense,  présente  min.  pour  o", oi3  85. 

fine,  très  faible,  disparaît  avec  o", 000602. 

fine,  min.  pour  o",oi385. 

nébuleuse  très  large,  disparaît  complètement  avec  o", 000602. 

fine,  min.  pour  o",oi385. 


suite  de  raies  fines,  ou  nébuleuses,  qui  disparaît  complètement  avec 
o",  000602. 


SÉANCE    DU    7    JUILLET    1902.  27 

)  nébuleuses,  mais  nettes  et  intenses,  présentent  min.  pour  o",o2543 
i       et  deviennent  très  fines  et  nettes. 

nébuleuse,  mais  nette,  disparaît  avec  o",  00689. 

très  faible,  disparaît  avec  o", 000602. 

faible,  disparaît  avec  o", 000602. 

fine,  mais  faible,  diminue  brusquement  d'intensité,  mais  ne  dispa- 
raît complètement  qu'avec  o", 026 43. 

beaucoup  plus  forte  que  la  précédente,  mais  disparaît  plus  vite 
(o",  00689). 

nébuleuse,  mais  très  intense,  présente  c?e«:r  min.  :  pour  o**, 000602 
et  pour  0^,02543. 

nébuleuse,  mais  plus  nette  que  la  précédente;  présente  trois  min. 
avec  o", 000 602,  0^,00689  et  o",o2543. 

nébuleuse,  mais  moins  nette  que  la  précédente;  deux  min.:  pour 
o''*,  000602  et  0^,01 3  85. 

fine;  min.  pour  o",  000602. 

nébuleuse  et  intense  ;  deux  min.  pour  o"",  000602  et  pour  o",  02543. 

nébuleuse  et  faible;  disparaît  avec  o", 000602. 

très  fine;  disparaît  avec  o", 000 602. 

nébuleuse,  mais  intense;  deux  min.:  pour  o", 000602  et  o",oi385. 


La  raie  2429,3 
2429, 8_ 
2408,0 
2393,7 
2382,3 
238i , I 

2368,3 

2355,0 

2335,3 

23i7,9 

2288,1 
2270,0 
2268,6 
2267, 1 
2247,0 
2229,6 

2221 .5 
2210, I 
2199,2 
2195,0 
2119,3 

2 1 1 3 . 6 

»  En  résumé,  avec  une  self-induction  de  l'ordre  de  o",  04191,  le  spectre 
d'étincelle  de  Fétain  ne  possède  dans  la  région  "X  =  2700  à  1  ^  2000  que 
les  raies  suivantes  qui  sont  toutes  fines  et  nettes:  2660,2;  2598,6;  2570,3; 
2545,6;  2495,0;  2482,9;  2429,3;  2421,8;  2355,0;  2335,3;  2317,9; 
2288, 1  ;  2270,0;  2247,0. 

»  Ajoutons  enfin  que  les  lon^^ueurs  d'onde  que  nous  donnons  ici  ne  sont 
pas  mesurées  directement,  mais  seulement  identifiées  avec  celles  de  HartlcY 
et  Adeney.   m 

ÉLECTRICITÉ.  —  Nouvelles  recherches  sur  les  courants  ouverts.  Note 
de  M.  V.  Crémieu,  présentée  par  M.  H.  Poincaré. 

«  M.  Pender  (')  a  fait,  à  mes  expériences  sur  la  convection  électrique, 
l'objection  suivante  :  les  disques  dont  je  me  servais  étaient,  dans  la  plu- 


disparaissent  toutes  avec  o", 000602. 


(')  Phi  t.  Ma  g.,  août  1901,  p.  179. 


28  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

pari  des  cas,  recouverts  de  couches  diélectriques  destinées  à  éviter  les 
étincelles;  M.  Pender  pense  que  ces  couches  devaient  entraîner  des 
charges  égales  et  de  sens  contraire  à  celles  communiquées  aux  disques 
tournants. 

»  Pour  répondre  à  cette  objection,  j'ai  entrepris  de  nouvelles  expé- 
riences dans  lesquelles  j'ai  cherché  à  réaliser  les  conditions  théoriques 
d'une  expérience  de  conveclion  correcte,  c'est-à-dire  certitude  expéri- 
mentale : 

»    1°  Qu'on  entraîne  une  charge  avec  son  support  pondérable; 

»  2°  Que  seule  celte  charge  peut  agir  sur  les  appareils  destinés  à  dé- 
celer les  effets  magnétiques  dus  à  son  mouvement; 

))  3**  Qu'aucune  perte  appréciable  de  charge  ne  se  produit  pendant  ce 
mouvement. 

»  Un  disque  circulaire  d'ébonite,  de  6™""  d'épaisseur,  24'^'"  de  diamètre,  porte,  fixés 
sur  sa  périphérie,  i8  secteurs  en  micanite  de  i""™  d'épaisseur,  séparés  les  uns  des 
autres  par  2*^""  dair  et  parfaitement  isolés  sur  l'ébonile.  Le  tout  forme  une  sorte  de 
roue  à  ailettes  planes,  d'un  diamètre  total  égal  à  Sc^""  et  qui  tourne  dans  un  plan  hori- 
zontal. 

»  Les  secteurs  de  micanite  sont  dorés,  sur  leurs  deux  faces,  sur  une  largeur  de  d"""^ 
à  partir  de  la  périphérie. 

»  En  un  point  de  leur  circonférence,  ces  secteurs  viennent  passer  entre  deux  sec- 
teurs métalliques  fixes,  reliés  à  une  source  électrique;  en  même  temps,  ils  touchent 
un  balai  A,  relié  au  sol,  et  se  chargent  par  influence. 

»  Ils  quittent  ensuite  les  secteurs  fixes  et  tournent  à  l'air  libre.  Après  trois  quarts 
de  tour,  ils  renconlrent  un  balai  B,  relié  au  sol,  sur  lequel  ils  se  déchargent.  Un  gal- 
vanomètre interposé  entre  A  ou  B  et  le  sol  permet  de  mesurer  les  charges  prises  et 
abandonnées  par  les  secteurs. 

»  Les  secteurs  mobiles  chargés  viennent  défiler  à  8™'"  en  dessous  d'un  système 
astalique  très  sensible  protégé  par  un  tube  de  verre  recouvert  de  papier  d'étain  relié 
au  sol. 

»  A  S"*™  en  dessous  et  parallèlement  au  plan  des  secteurs,  on  a  placé  une  nappe 
conductrice  témoin  dans  laquelle  on  peut  envoyer  les  charges  appelées  en  A  ou 
récoltées  en  B,  ce  qui  permet  de  comparer  l'action  de  la  même  quantité  d'électricité 
agissant  par  convection  et  par  conduction. 

»  Pour  qu'on  puisse  renverser  le  sens  de  la  rotation  du  disque  en  faisant  toujours 
passer  sous  le  système  astatique  des  secteurs  chargés,  le  balai  B  peut  être  fixé  dans 
deux  positions  diflférentes,  symétriques  par  rapport  au  diamètre  passant  par  A. 

»  On  peut  ainsi  faire  dans  les  deux  sens  des  courants  ouverts.  Si  l'on  supprime  le 
balai  B,  on  réalise  la  rotation  continue  d'une  charge  permanente,  ou  forme  Rowland- 
Maxwell. 

»   Cette  méthode  a  l'inconvénient  de  ne  permettre  de  réaliser  que  des 


SÉANCE    DU    7    JUILLET    1902.  29 

débits  relativement  petits,  par  rapport  à  ceux  aiie  l'on  calcule  dans  le  cas 
de  disques  tournant  entre  des  armatures  fixes  reliées  au  sol. 

»  Les  débits  maximum  mesurés  ont  été  de  .^ „  ^ „ ^  de  coulomb  par  seconde,  qui  au- 
raient dû  produire,  dans  la  position  la  plus  favorable,  une  force  magnétique  de  l'ordre 
de  5  X  lo-^C.G.S. 

»  Le  système  asiatique  est  formé  de  deux  groupes  composés  chacun  de  sept  aimants 
cylindriques  de  16"^'"  de  long  fixés  à  o™,io  l'un  de  l'autre,  sur  une  lame  de  mica  doré. 

Moment  magnétique  M  de  chaque  groupe 20  C.G.S. 

Période  d'oscillation  dans  l'air  t^ o^,  8 

Période  d'oscillation  du  système  complet  dans  l'air  t^. .      10* 

Rapport  --  (K  moment  d'inertie)  de  chaque  groupe.  .  .     0,001 5 

Coefficient  de  réduction  -\ 0,0064 

On  voit  que  le  couple  maximum  agissant  sur  le  système  aurait  été  de  io~*  environ. 

»  Grâce  au  concours  de  M.  Jean  Javal,  j'ai  pu  faire  de  nombreuses 
séries  d'expériences.  On  ne  peut  opérer  qu'après  que  la  circulation  des 
voitures  a  cessé,  c'est-à-dire  de  i^  à  5*^  du  matin. 

»  On  observait  simultanément  le  gnlvanomètre  de  mesure  des  débits  et 
le  système  asiatique. 

»  Les  résultats  sont  les  suivants  : 

»  Le  système  asiatique  reçoit,  en  général,  au  moment  de  la  charge  ou  de  la 
décharge  des  secteurs  mobiles,  des  impulsions  qui  sont  le  plus  souvent  dans  le  sens 
prévu  pour  refifet  magnélique  de  la  convection. 

»  Souvent  aussi  ces  impulsions  sont  suivies  de  déviations  peemanentes  dans  le  sens 
prévu. 

»  Très  nettes  au  début  d'une  série,  les  déviations  et  impulsions  vont  toujours  en 
diminuant  et  finissent  par  s'annuler,  sans  que  les  débits  mesurés  présentent  des 
variations  correspondantes. 

»  Il  n'existe  aucun  rapport  entre  la  grandeur  des  déviations  du  système  asiatique 
et  celle  des  débits  mesurés. 

»  Le  maximum  de  déviation  permanente  obtenu  a  été  de  6™™;  la  moyenne  générale 
est  un  peu  inférieure  à  2"™. 

))  En  envoyant,  dans  un  sens  convenable,  le  débit  des  balais  dans  la  nappe  témoin, 
on  soumet  le  système  asiatique  à  la  résultante  des  actions  en  sens  inverse  du  disque  et 
de  la  nappe.  Les  efifets  du  disque  étant  indépendants  des  débits,  on  obtient  alors  des 
déviations  dans  le  sens  du  disque  si  le  débit  est  faible,  en  sens  inverse  s'il  est  fort. 

»  Les  valeurs  de  v  calculées  d'après  les  déviations  obtenues  peuvent,  par  suite,  être 
nulles,  négatives  ou  infinies;  dans  certains  cas,  elles  concordent  même  avec  la  valeur 
théorique. 


3o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Les  effets  obtenus  sont  les  mêmes,  que  l'on  supprime  ou  non  le  balai  B. 

»  Leur  grandeur  ne  varie  pas  tant  que  le  système  asiatique  est  au-dessus  de  la 
dorure  chargée,  quelle  que  soit  sa  position  relativement  à  l'axe  de  rotation.  Ils  s'an- 
nulent dès  que  le  fond  de  l'écran  électrique  qui  protège  le  système  n'est  plus  au- 
dessus  de  la  dorure. 

»  Si  l'on  change  le  sens  de  rotation  du  disque  sans  déplacer  le  balai  B,  les  secteurs 
mobiles  ne  sont  plus  chargés  en  passant  sous  le  système  astatique  ;  cependant  les 
déviations  conservent  quelquefois  leur  grandeur,  mais  leur  sens  est  changé. 

))  Pour  toutes  ces  raisons,  les  déviations  observées  ne  paraissent  pas 
dues  à  l'effet  magnétique  de  la  convection  électrique.    » 


ÉLECTRICITÉ.  —  Sur  la  nature  du  cohéreur.  Note  de  M.  J.  Fényi. 

«  En  faisant  des  expériences  sur  la  construction  du  cohéreur,  j'ai  été 
conduit  à  des  résultats  qui  me  paraissent  intéressants,  aussi  bien  pour  les 
applications  que  pour  la  théorie. 

»  Si  l'on  dispose  parallèlement  quatre  cohéreurs  formés  d'aiguilles  d'acier,  de  ma- 
nière que  le  courant  passe  simultanément  par  les  quatre  points  de  contact,  le  système 
fonctionne  tout  à  fait  comme  une  seule  paire  d'aiguilles.  Il  ne  fonctionne  plus  avec 
précision,  si  le  potentiel  de  la  pile  dépasse  environ  o^°^*,  25;  avec  le  potentiel  de  i  volt, 
il  cesse  tout  à  fait.  Au  contraire,  si  l'on  réunit  les  quatre  cohéreurs  en  série,  on  peut 
les  insérer  dans  le  circuit  d'un  élément  de  Meidinger,  sans  qu'il  soit  nécessaire  d'affai- 
blir le  potentiel  par  un  circuit  secondaire.  En  disposant  six  cohéreurs  en  série,  on  peut 
les  insérer  dans  le  circuit  d'un  élément  Leclanché,  dont  le  potentiel  est  de  i^°'*,5. 
En  prenant  même  deux  ou  trois  éléments  Leclanché  en  série,  on  peut  insérer  un  tel 
cohéreur  en  batterie  dans  leur  circuit,  si  l'on  augmente  le  nombre  des  cohéreurs 
simples  à  raison  de  trois  ou  quatre  pour  i  volt  de  potentiel  du  circuit. 

»  Ces  résultats  s'expliquent  par  une  propriété  curieuse  du  cohéreur  à 
aiguilles,  d'affaiblir  le  potentiel  à  chaque  point  de  contact,  d'environ 
qvou  25^  et  cela  indépendamment  de  la  grandeur  de  la  tension  absolue,  au 
moins  dans  certaines  limites.  On  comprend,  en  effet,  que  le  cohéreur 
simple,  quoique  pratiquement  isolateur,  laisse  passer  un  courant  qui  n'est 
pas  tout  à  fait  nul;  ce  courant,  presque  infiniment  petit,  suffit  pour  établir 
une  distribution  du  potentiel  dans  le  circuit,  d'après  les  résistances. 
Ensuite,  à  chaque  point  de  contact  s'établit  un  quantième,  selon  leur 
nombre.  Cette  possibilité  de  transmettre  un  courant  d'une  tension  notable 
ne  s'explique  pas  par  un  accroissement  de  résistance  par  suite  de  la  pré- 
sence du  cohéreur  simple,  qui  représente  de  2  à  i6  ohms.  Car  on  a  beau 


SÉANCE    DU    7    JUILLET    1902.  3l 

affaiblir  le  courant  d'une  pile  Leclanché  unique,  en  insérant  une  résis- 
tance de  2000  ohms,  le  très  faible  courant  passe  néanmoins  par  un  cohé- 
reur  simple,  et  ne  se  rompt  pas  par  des  chocs. 

»  La  propriété  d'un  cohéreur  à  un  seul  point  de  contact  peut  expliquer, 
en  quelque  sorte,  le  fonctionnement  du  cohéreur  usuel  à  limailles,  ou  à 
débris  de  charbon.  Les  petits  morceaux  de  métal  se  placent  à  la  suite  l'un 
de  l'autre,  en  une  sorte  de  série  :  ce  sont  eux  qui  affaiblissent  progressi- 
vement la  tension  électrique,  selon  leur  nombre,  et  l'on  peut,  en  effet, 
insérer  le  cohéreur  à  limailles  dans  le  circuit  d'un  élément  Leclanché. 
D'autres  particules  forment  des  contacts  parallèles  et  ne  fonctionnent 
qu'en  diminuant  la  résistance. 

»  Mais  ce  qui  constitue  une  différence  importante  entre  le  cohéreur  en 
batterie  et  le  cohéreur  à  limailles,  c'est  que  le  premier  permet  un  réglage 
rationnel.  Tout  est  alors  mesurable  ;  on  connaît  le  nombre  des  contacts, 
on  peut  essuyer  les  aiguilles,  varier  et  mesurer  la  pression  entre  0^,2  et  6^. 
Au  contraire,  les  conditions  du  cohéreur  à  limailles  sont  tout  à  fait  incon- 
nues, et  variables  selon  les  hasards  du  choc.  On  ne  sait  pas  combien  de 
particules  se  succèdent,  combien  se  sont  rangées  parallèlement.  En  outre, 
les  morceaux,  très  irréguliers,  se  touchent  par  des  points  plus  ou  moins 
aigus,  exercent  des  pressions  très  diverses  par  unité  de  surface,  et  ces 
pressions  peuvent  surpasser  les  limites  admissibles.  On  s'explique  ainsi 
comment  les  cohéreurs  à  limailles  se  montrent  fort  capricieux,  tandis  que 
les  cohéreurs  à  aiguilles  fonctionnent  d'une  manière  infaillible. 

»  Il  n'est  aucune  des  conditions  du  cohéreur  à  limailles  qu'on  ne  puisse  réaliser 
avec  des  cohéreurs  à  pointes,  en  les  disposant  convenablement.  Une  combinaison 
semblable  a  d'ailleurs  été  proposée  par  M.  Bosse.  Ainsi  s'explique  aussi  la  pratique 
prescrits,  de  prendre  des  limailles  lourdes  et  de  les  cribler  pour  leur  donner  une  égale 
grosseur.  On  ne  voit  pas  d'abord  pourquoi  des  morceaux  égaux  conviendraient  mieux 
que  des  morceaux  inégaux,  qui  semblent  même  plus  sensibles  à  l'ébranlement.  L'effi- 
cacité du  criblage  des  limailles  lourdes  est  due  à  ce  que  les  points  trop  fins  deviennent 
obtus. 

»  Dans  la  pratique  de  la  télégraphie  sans  fil,  on  dit  aussi  qu'on  ne  doit 
insérer  le  cohéreur  que  dans  le  circuit  d'un  seul  élément  Leclanché,  et 
que  le  courant  ne  doit  pas  dépasser  un  millième  d'ampère.  Mon  installa- 
tion ne  me  permet  pas  de  faire  des  expériences  de  télégraphie  sans  fil  à 
grandes  distances;  mais  les  expériences  jfiiites  dans  le  laboratoire,  avec 
mon  cohéreur  en  batterie,  m'ont  montré  qu'on  peut  l'insérer  dans  le  cir- 
cuit de  trois  éléments  Leclanché  en  série,  sans  autre  résistance,  et  que  le 


32  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

cobérenr    fonclionne   alors    régulièrement,    quoique   le   courant    soit  de 
l'ordre  d'un  dixième  d'ampère. 

»  J'ai  profité  de  celte  propriété  des  cohéreurs  à  aig^uilles,  de  fonctionner 
avec  un  courant  d'une  intensité  notable,  pour  disposer  des  appareils  d'une 
simplicité  surprenante. 

»  Si  l'on  place  un  cohéreur  à  6  points  sur  un  appareil  à  sonnerie  convenable,  et  si 
on  les  insère  tous  deux  en  série  dans  le  circuit  d'un  élément  Leclanché,  on  constate 
qu'une  petite  étincelle  électrique  excite  le  cohéreur;  la  sonnerie  retentit,  ébranle  le 
cohéreur  et  se  tait  ensuite  immédiatement. 

»  Si  l'on  insère  un  récepteur  de  Morse  pnrallèlement  avec  la  sonnerie,  on  obtient 
un  appareil  qui  peut  servir  à  démontrer,  dans  le  laboratoire,  le  principe  de  la  télégra- 
phie sans  fil. 

»  En  réunissant  le  cohéreur,  des  deux  côtés,  avec  la  terre  et  avec  un  conducteur 
isolé  très  long,  on  obtient  un  appareil  qui  signale  les  tempêtes  lointaines.  Si  l'on 
insère,  en  outre,  dans  cet  appareil,  parallèlement  avec  la  sonnerie,  un  électro-aimant 
enregistreur  sur  un  mouvement  d'horlogerie,  on  obtient  un  appareil  enregistreur  des 
décharges  électriques,  dans  ratmos|>hère,  pour  les  études  météorologiques. 

»  Les  expériences  que  j'ai  faites  sur  la  sensibilité  de  ces  appareils  m'ont  montré 
qu'elle  est  essentiellement  déterminée,  par  la  longueur  du  conducteur  isolé,  qui 
remplace  l'antenne.  Un  petit  appareil  avec  un  conducteur  de  36o'"  donnait  simulta- 
nément dix  fois  plus  d'indications  qu'un  autre  dont  le  conducteur  était  de  26™.  ». 


PHYSIQUE.  —  Action  dissociante  des  diverses  régions  du  spectre  sur  la  matière. 
Note  de  M.  Gustave  Le  Box  (*). 

«  Dès  le  début  de  mes  recherches  sur  le  mode  d'énergie  auquel  j'ai 
donné  le  nom  de  lumière  noire,  j'ai  énoncé  il  y  a  5  ans  {j^)  que  les  ef- 
fluves qu'émettent  les  corps  frappés  par  la  lumière  étaient  de  même  nature 
que  les  rayons  uraniques  généralement  considérés  aujourd'hui  comme 
identiques  aux  rayons  cathodiques  et  constitués  par  des  éléments  d'atomes 
dissociés  porteurs  de  charges  électriques. 

»  Étendant  le  cercle  de  ces  recherches,  j'ai  montré  plus  tard  (*)  que  les 
mêmes  elfluves  se  manifestaient  dans  un  grand  nombre  de  réactions  chi- 
miques, et  j'ai  pu  conclure  que  cette  production  d'effluves  sous  des  influences 


(*)  Cette  Note  avait  été  présentée  à  l'Académie  dans  la  séance  du  9  juin  dernier. 

(*)  Comptes  rendus,  mai  1897,  P"  ^9^' 

(*)  Comptes  renduSy  avril  1900,  p.  894,  et  Revue  scLentiJiqaSy  1900,  p.  452. 


SÉANCE   DU    7    JUILLET    I902.  33 

fort  diverses  constituait  un  des  phénomènes  les  plus  répandus  dans  la 
nature. 

»  Depuis  cette  époque,  divers  auteurs,  Lénard  notamment,  sont  arrivés 
également  à  cette  conclusion  que  les  métaux  frappés  par  la  lumière  en- 
gendrent des  rayons  cathodiques  déviables  par  l'aimant. 

»  J'ai  repris  récemment  mes  anciennes  expériences  et  essayé  de  déter- 
miner l'énergie  de  dissociation  produite  sur  les  corps  par  les  diverses 
régions  du  spectre  et  mesurer  l'activité  des  substances  soumises  à  leur 
action. 

»  Les  corps  soumis  à  l'expérience  sont  disposés  en  lames  inclinées  de  45** 
à  une  certaine  dislance  au-Hessus  du  plateau  d'un  électroscope  et  sans  au- 
cune relation  avec  lui.  Lorsque  ces  lames  sont  frappées  par  la  lumière, 
elles  émettent  des  effluves  qui  déchargent  l'électroscope,  à  la  condition 
qu'il  ait  reçu  une  charge  positive.  Dans  l'expérience  ainsi  disposée,  on 
voit  qu'un  corps  non  électrisé  (')  émet,  sous  l'action  de  la  lumière,  des 
effluves  capables  de  décharger  un  corps  électrisé.  C'est  ce  que  j'avais  établi 
il  y  a  5  ans. 

»  Les  sources  lumineuses  employées  ont  été  :  le  Soleil,  pour  les  radiations 
dont  le  spectre  s'étend  jusqu'à  o"^,  295,  et,  pour  les  radiations  allant  jusqu'à 
oi^,  i85,  les  étincelles  d'un  condensateur  éclatant  entre  des  électrodes 
d'aluminium  placées  dans  une  boîte  fermée  par  une  lame  de  quartz  recou- 
verte d'une  toile  métallique  reliée  à  la  terre  afin  de  se  mettre  à  l'abri  de 
toute  influence  électrique. 

»  Pour  rendre  les  expériences  comparatives,  les  corps  sur  lesquels  devait 
agir  la  lumière  étaient  tous  taillés  en  lames  carrées,  deo™,io  décote,  placées 
à  20*^°^  au-dessus  de  l'électroscope,  dont  le  bouton  est  remplacé  par  un 
plateau  ayant  même  surface.  Ce  plateau  était  naturellement  disposé  de 
façon  que  les  rayons  émis  par  la  source  lumineuse  ne  pussent  tomber  à  sa 
surface. 

»  Pour  séparer  les  diverses  régions  du  spectre  et  déterminer  l'action  de 
chacune  d'elles,  on  interposait,  entre  la  lumière  et  les  corps  frappés  par 
elle,  divers  écrans:  cuve  de  sulfate  de  quinine,  verre  épais,  verre  deo"'",  r, 
mica  de  o™™,ooi,  quartz,  sel  gemme,  etc.,  dont  on  avait  d'abord  déter- 
miné la  transparence  pour  les  diverses  radiations  du  spectre,  par  des  pho- 
tographies faites  au  spectroscope. 


(')  Dans  les  expériences  de  déperdition  électrique  à  la  lumière  ultra-violette,  les 
corps  sont,  comme  on  le  sait,  en  relation  avec  l'électroscope  et  chargés  négativement. 

G.  R.,  1902,  2«  Semestre.  (T.  CXXXV,  N"  1.)  5 


34  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  En  opérant  comme  il  vient  d'être  dit,  c'est-à-dire  en  interposant 
divers  écrans  entre  les  rayons  lumineux  et  le  corps  sur  lequel  ils  doivent 
agir,  on  constate,  d'après  la  rapidité  de  décharge  de  l'électroscope,  la  quan- 
tité d'effluves  émis  par  chaque  corps  suivant  les  régions  du  spectre  aux- 
quelles il  est  soumis.  On  trouve  ainsi  que  les  divers  corps  ont  une  sen- 
sibilité très  différente  pour  les  diverses  radiations. 

))   Voici  du  reste  les  résultats  obteuns: 

»  1°  Corps  sensibles  aux  radiations  comprises  dans  le  spectre  solaire,  c  est- 
à-dire  ne  dépassant  pas  o!*,  2g5.  La  plupart  des  corps  sont  sensibles,  mais 
dans  des  pj^oportions  extrêmement  différentes.  La  sensibilité  peut  varier, 
en  effet,  entre  20°  de  décharge  de  l'électroscope  en  5  secondes  jusqu'à  1° 
seulement  en  2  minutes,  soit  environ  5oo  fois  moins  pour  les  derniers. 

»  En  représentant  par  1000  l'action  des  corps  les  plus  sensibles,  on  ob- 
tient, d'après  le  temps  nécessaire  pour  décharger  du  même  nombre  de 
degrés  un  électroscope  chargé  positivement  et  dont  les  feuilles  d'or  ont  été 
portées  au  même  potentiel,  les  chiffres  suivants  : 

»  L'étain  amalgamé,  le  cuivre  amalgamé,  le  zinc  amalgamé  donnent  des 
décharges  représentées  par  1000.  V aluminium,  le  magnésium,  le  zinc,  le 
plomb  amalgamé,  le  mercure  contenant  ^~  de  son  poids  d'étain,  des  dé- 
charges comprises  entre  1000  et  4o.  L'or,  le  cobalt,  le  mercure  pur,  l'étain, 
le  carton,  le  bois,  les  sulfures  phosphorescents,  etc.,  une  décharge  représentée 
par  I. 

»  Pour  les  corps  à  faible  décharge,  c'est-à-dire  ceux  mentionnés  à  partir 
de  l'or,  on  n'observe  généralement  d'effet  que  quand  les  rayons  solaires 
contiennent  la  région  du  spectre  allant  de  M  à  U,  région  qui  disparaît  sou- 
vent, même  quand  le  temps  est  très  clair,  comme  je  l'ai  constaté  par  de 
nombreuses  photographies  faites  au  spectroscope. 

»  Si  l'on  recherche  comment  se  répartit  l'énergie  des  diverses  régions 
du  spectre  solaire  sur  les  corps  très  sensibles,  comme  l'étain  amalgamé  ou 
l'aluminium,  on  trouve,  en  représentant  par  loo  l'énergie  totale  : 

Énergie  des  radiations  allant  jusqu'à  X=.oH-,4oo  ôpourioo 

Énergie  des  radiations  allant  de         >.  =  o!^,4oo  à  X  =z  36o       9  pour  100 
Énergie  des  radiations  allant  de  X  =:oS^, 36o  à  X  =  296     85  pour  loo 

»  On  peut,  par  divers  artifices,  sensibiliser  certains  corps  pour  des 
régions  où  ils  sont  insensibles.  Le  mercure  et  l'étain,  par  exemple,  sont 
des  corps  fort  peu  sensibles.  U  suffit  cependant  tl'ajouter  au  premier  ^7^  de 
son  poids  du  second  pour  le  rendre  trèsisensible  pour  la  région  de  l'ultra- 


SÉANCE    DU    7    JUILLET    1902.  35 

violet  comprise  entre  1  =  0^^,360  et  1  =  o^^,  295.  Le  mercure  ainsi  préparé 
est  un  réactif  excellent  pour  étudier  les  variations  de  Tultra-violet  suivant 
l'heure,  le  jour  et  les  saisons.  Si  la  quantité  d'étain  ajoutée  s'élève  à 
I  pour  F  00,  le  mercure  devient  sensible  pour  tout  le  reste  du  spectre. 

»  L'heure,  la  saison,  la  nature  du  nettoyage,  lont  varier  sensiblement  la 
rapidité  de  la  décharpje.  Le  détail  de  nos  expériences,  leur  technique  et  les 
propriétés  des  effluves  qui  se  dégagent  seront  exposés  prochainement  dans 
un  Mémoire  publié  par  la  Revue  scientifique. 

))  2"  Corps  ne  devenant  très  sensibles  qu  aux  radiations  dont  la  longueur 
d'onde  est  inférieure  à  0^^,293  :  Cadmium,  étain,  argent,  plomb,  etc. 

»  3"  Corps  ne  devenant  très  sensibles  quaux  radiations  dont  la  longueur 
d'onde  est  inférieure  à  \  =  0^,2^2  :  Or,  platine,  cuivr(>,  ier,  nickel,  sub- 
stances organisées,  composés  chimiques  divers  (sulfate  et  [)hosphate  de 
soude,  chlorure  d'ammonium,  etc.).  Après  les  métaux,  les  corps  les  plus 
actifs  sont  le  noir  de  fumée  et  le  papier  noir.  Les  moins  actifs  sont  les 
corps  organisés  vivants,  teuilles  et  plantes  notamment. 

))  Tous  les  effluves  qui  se  dégagent  sous  l'action  de  la  lumière  dans  les 
conditions  qui  viennent  d'élre  exposées  présentent  les  plus  étroites  ana- 
logies avec  les  émissions  décrites  sous  le  nom  de  radio- activité  de  la 
matière.  Leur  production  semble  donc  bien,  comme  j'ai  été  seul  à  le  sou- 
tenir pendant  longtemps,  un  cas  particulier  d'une  loi  très  générale  (').  La 
loi  générale  serait  que,  sous  des  influences  fort  diverses,  les  atomes  de  la 
matière  peuvent  subir  une  dissociation  profonde  et  donner  naissance  à  des 
effluves  possédant  des  propriétés  fort  différentes  de  celles  des  corps  d'où 
ils  émanent.    » 


PtlYSIQUE.   —   La  lumière  noir-e  et  les  phénomènes  actino-électriques . 
Note  de  M.  Gustave  Le  Bon. 

«  Dans  une  Note  insérée  aux  Comptes  r^endus  du  25  juin  1902,  M.  Nodon 
annonce  que,  «  lorsque  des  radiations  lumineuses  sont  projetées  sur  une 
»  lame  mince,  elles  tlonnent  naissance,  sur  la  face  non  éclairée  de  cette 
»  lame,  à  des  radiations  analogues  aux  rayons  X  et  aux  rayons  du  radium  w. 
Ces  radiations,  ajoule-t-il  plus  loin,    «  possèdent  la  propriété  de  traverser 

»   avec  facdité  les  métaux  en  lame  mince Elles  déchargent  les  corps  éltc- 

»   trisès  )),  etc. 

(^)   Comptes  rendus,  mai  1897,  p.  896. 


36  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

»  Il  me  suffira  de  reproduire  quelques  passages  des  Notes  insérées  il  y 
a  5  ans  dans  les  Comptes  rendus,  pour  montrer  que  ces  résultats  sont 
absolument  identiques  à  ceux  que  j'ai  fait  connaître  à  propos  de  la  lumière 
noire. 

«  Les  radiations  obscures  engendrées  paila  lumière  tombant  à  la  surface  des  corps 
»  déchargent  Vélectroscope.  Elles  traversent  les  écrans  électriques....  Ces  radiations 
»  se  rapprochent,  par  quelques-unes  de  leurs  propriétés,  des  rayons  X,  mais  elles  en 
»  diffèrent  par  plusieurs  points  fondamentaux.  . . .  S'il  est  vrai,  comme  je  tente  de  le 
»  démontrer  depuis  longtemps,  que  toutes  les  fois  que  les  corps  sont  frappés  par  la 
»  lumière  ils  engendrent  une  forme  particulière  d'énergie,  il  s'ensuit  que  ce  mode 
»  d'énergie,  si  peu  connu  encore,  se  trouve  être  pourtant  un  des  plus  répandus  dans 
»  la  nature.  »  {Comptes  rendus,  mars  1897,  p.  755.) 

))  M.  Nodon  a  donné  aux  radiations  qu'il  croit  avoir  découvertes  le  nom 
de  rayons  radio-actiniques .  Elles  sont  identiques,  comme  on  le  voit,  à  celles 
que  j'ai  désignées  sous  le  nom  de  lumière  noire.    » 


THERMOCHIMIE.  —  Sur  l'hydratation  de  l'oxyde  de  zinc. 
Note  de  M.  de  Forcrand. 

«  Pendant  longtemps  on  a  enseigné,  d'après  Thomson  ('  ),  que  la  cha- 
leur d'hydratation  de  l'oxyde  de  zinc  était  négative, 

ZnO  sol.  -f-  H^O  liq.  =  Zn  (OH)^  sol.  -  2^^!,  ^5  (^). 

»  M.  Massol  (^)  a  repris,  il  y  a  quelques  années,  cette  détermination. 
En  dissolvant  séparément  dans  un  même  acide  (malonique)  un  oxyde  pré- 
cipité desséché  à  100"  [supposé  Zn(OH)'^]  et  un  oxyde  précipité  desséché 
à  25o°  (supposé  anhydre),  il  a  trouvé 

ZnO  sol.  -h  H^O  liq.  =  Zn(OH)-  sol.  +  4^»',  32. 
La  différence  avec  le  résultat  de  Thomsen  est  de  7^*',  07.  J'ai  cherché  à 


(*)   Therm.  Untersuchungen,  t.  III,  p.  27^. 

(2)  En  réalité,  ce  nombre  devrait  être  ramené  à  — i^''S97)  d'une  part,  parce  que  la 
chaleur  de  formation  de  l'eau  est  -h  69*^^'  et  non  pas  -h  68'^''*,  36,  et,  de  l'autre,  parce 
que  la  moyenne  des  déterminations  (connues  avant  les  expériences  de  Thomsen)  delà 
chaleur  d'oxydation  du  zinc  est  -i-  85^''^',  29  et  non  pas  -+-  85'^'*',  43,  comme  il  l'admet. 
Néanmoins,  même  avec  cette  correction,  la  chaleur  resterait  négative. 

(^)  Bulletin  de  la  Soc.  chim.,  t.  XV,  1896,  p.  (lo^. 


SÉANCE    DU    7    JUILLET    1902.  87 

élucider  cette  question  en  préparant  des  échantillons  d'hydrates  d'oxyde 
de  zinc  par  trois  procédés  différents. 

»  I.  Hydrate  cristallisé.  —  C'est  Runge  qui  Ta  signalé  le  premier,  et  J.  Nicklés 
l'a  étudié  plus  tard,  en  i853  (*).  C'est  le  seul  procédé  qui  donne  le  véritable  hydrate 
Zn(OH)^ 

»  Cet  hydrate  cristallisé  se  dissout  dans  l'acide  sulfurique  étendu,  en  dégageant 
-1-23''*,  o5.  Et,  comme  l'oxyde  anhydre  qu'il  donne  lorsqu'on  le  chauffe  à  I25°  dégage 
H-25'^"';24  (^),  on  a 

ZnO  S0I.+  H^O  liq.  =  Zn(0H)2  cristallisé +i^^\  19 

soit,  à  partir  du  H^O  solide  :  — o^^^^yô  (^). 

»  II.  Hydrate  amorphe  préparé  par  voie  humide.  —  On  l'obtient  par  la  méthode 
bien  connue  :  action  de  la  potasse  sur  un  sel  de  zinc  dissous.  Après  lavage,  le  préci- 
pité est  étalé  sur  des  plaques  poreuses,  sous  cloche,  en  présence  d'anhydride  phospho* 
rique.  L'analyse  permet  de  suivre  chaque  jour  les  progrès  de  la  dessiccation. 

»  A  partir  de  4)5H20  environ,  la  masse,  d'abord  pâteuse,  peut  être  pulvérisée.  Un 
échantillon,  dont  la  composition  était  ZnO  -t-  4,63  H^O,  a  donné  -f-  17^^1,92  par  disso- 
lution dans  l'acide  sulfurique  étendu.  Peu  à  peu  on  arrive,  à  froid,  à  deux,  limites  de 
déshydratation  différentes  : 

»  Si  l'on  opère  sur  de  petites  quantités,  la  limite  correspond  à  ZnO  -+-  i,66H^O,  et 
elle  est  atteinte  en  quelques  jours. 

»  Si  la  masse  est  plus  considérable  et  par  suite  l'épaisseur  de  la  couche  plus  grande, 
la  limite  conduit  à  ZnO -l- i  ,3i  H^O,  et  il  faut  près  d'un  mois  pour  l'atteindre,  mais 
on  n'obtient  jamais  l'hydrate  normal  Zn(OH)'. 

»  La  chaleur  de  dissolution  de  Zn  O  -f-  i ,  66  H*  O  est  H-  1 8*^''^,  48. 

»  Ce  même  corps,  chauffé  à  160°,  dans  un  courant  d'air  sec,  et  jusqu'à  poids  constant, 
contient  encore  Zn  O -f- i  ,28  H^O,  et,  dans  cet  état,  sa  chaleur  de  dissolution 
est  4-  i8cai,6i. 

»  L'échantillon  Zn  O  -h  i  ,3i  H^O ,  chauffé  de  la  même  manière,  à  160°,  a  donné  un 
hydrate  Zn  O  -f- 1 ,09  H-0  dont  la  chaleur  de  dissolution  est  H-  18^^',  83. 

»  Il  s'agit  évidemment  ici  d'hydrates  d'oxydes  condensés,  et  de  plus  en  plus  con- 
densés, tels  que  : 

Zn^O^SH^O,         Zn»0^4H-0,         Zn^O^.SH^O     (^), 


(*)  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  3«  série,  t.  XXII,  i853,  p.  3i. 

(^)  Comptes  rendus,  t.  XXXIV,  p.  1248  et  i544' 

(')  Ce  qui  correspond  bien  à  126"-  pour  la  température  T'  de  dissociation,  car  on 
a  :  0,76  X  33  =  25°, 08. 

{'*)  J'ai  précisément  obtenu  des  formules  et  des  limites  analogues  avec  les  hydrates 
du  peroxyde  de  zinc  {Comptes  rendus,  t.  XXXIV,  p.  601).  Et,  dans  son  étude  des  sul- 
fures précipités,  Souchay  a  signalé  les  composés  suivants  : 

Zn'S^.H^O,         Zn^S*.  2H2O,         Zn^S^H^O. 


38  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

et  si  leur  chaleur  de  dissolution  dans  l'acide  sulfurique  étendu  est  sensiblement  la 
même,  c'est  que  la  déshydratation  progressive  est  accompagnée  d'une  polymérisation 
exothermique. 

»  Les  hydrates  précédents,  chauffés  à  260°,  deviennent  Zn  0  +  0,89  H- 0  (peut-être 
Zn^O*+  2  H-0)  qui  résiste  ensuite  même  à  une  température  de  4oo°,  maintenue  pen- 
dant plusieurs  heures.  La  chaleur  de  dissolution  de  ce  corps  est  28^^', 28. 

»  Bien  plus,  ce  dernier  hydrate  ne  perd  que  la  moitié  de  l'eau  qu'il  contient  lors- 
qu'on le  maintient  pendant  une  heure  au  rouge  dans  un  courant  d'air.  Ce  n'est  qu'au 
rouge  vif  qu'il  devient  de  l'oxyde  anhydre  Zn  O,  lequel  dégage  +  23*^^1,91  en  se  dis- 
solvant dans  l'acide  sulfurique. 

»  L'affinité  pour  l'eau  de  ces  oxydes  condensés  (acides  métazimiques)  est  tout 
à  fait  extraordinaire. 

»  Évidemment,  chacun  des  nombres  précédents  retranchés  de  +23^*^,91  exprimera 
la  chaleur  dégagée  par  la  fixation  d'une  certaine  quantité  d'eau  sur  Zn  O  calciné. 
Ainsi  :  +28,91  —  1 8, 88  =  5,8  pour  i  ,09  H-0,  soit  +  4)66  pour  H^O ;  de  la  même 
manière  :  +28,28  —  i8,6i  =  4)62  pour  le  passage  du  ZnO+o,89H20  à 
ZnO  +  1 ,28  H-0,  soit  +  5, 19  pour  H^O.  Et  ces  nombres  sont  en  effet  assez  voisins 
de  celui  qu'a  obtenu  M.  Massol  (+4,82)  en  se  plaçant  précisément  dans  ces  mêmes 
conditions.  Mais  on  conçoit  qu'il  est  impossible  de  leur  attribuer  une  signification 
précise,  à  cause  du  changement  de  polymérisation. 

»  HL  Hydratation  de  l'oxyde  calciné.  —  L'oxyde  anhydre,  dont  la  chaleur  de  dis- 
solution est  +28,91,  exposé  à  l'aie  humide,  absorbe  de  l'eau,  d'abord  assez  vite 
jusqu'à  0,20  H-0,  puis  de  plus  en  plus  lentement.  On  retrouve  alors,  par  cette  opé- 
ration inverse,  les  hydrates  condensés  précédents.  Ainsi,  j'ai  obtenu  un  corps 
ZnO +  0,82  H-0  dont  la  chaleur  de  dissolution  est  +20*^*',i5.  On  pourra  dire  en- 
core que  28,91  —  20,  i5  =:+  3,76  pour  0,82  H-0,  soit  +  4^*',  58  pour  H"^0,  en  cal- 
culant proportionnellement,  ce  qui  est  encore  un  nombre  bien  voisin  de  celui  de 
M.  Massol,  mais  sans  qu'on  puisse  davantage  s'attacher  à  sa  valeur  absolue,  et  pour 
les  mêmes  raisons  que  plus  haut. 

»  Conclusions  —  L'oxyde  anhydre,  préparé  à  i25°,  qui  est  vraisembla- 
blement le  moins  condensé,  se  transforme  en  hydrate  cristallisé  normal 
Zn(OH)-  en  dégageant  +  1^^^,  19  à  partir  de  H^O  liq.  C'est  le  seul  résultat 
qui  me  paraisse  avoir  une  signification  précise.  Il  s'éloigne  à  la  fois  de 
celui  de  Thomsen  et  de  celui  de  M.  Massol. 

»  L'oxyde  anhydre  condensé,  préparé  au  rouge  vif,  donne  un  certain 
nombre  d'hydrates  de  condensation  différente.  La  valeur  moyenne  qui 
correspond  à  1™°'  d'eau  fixée  serait  comprise  entre  4^'*',5  et  5^*'. 

))  Les  plus  hydratés  parmi  ces  derniers  hydrates  perdent  de  l'eau  pro- 
gressivement lorsqu'on  les  chauffe,  en  s'éthérifiant  et  en  donnant  des  acides 
métazinciques  de  plus  en  plus  stables  et  de  plus  en  plus  polymérisés. 

»  La  condensation  de  nZn  (OH)-  et  sa  transformation  en  (ZnO,  H^O)" 
dégage  environ  n  x  3*^^', 80. 


SÉANCE    DU    7    JUILLET    1902.  89 

»   La   chaux,   et  probablement  beaucoup  d'autres  oxydes  métalliques, 
donnent  lieu  à  des  phénomènes  analogues.  » 


CHIMIE   ORGANIQUE.  —  Propriétés  oxydantes  d' un pyrariol. 
Note  de  M.  R.  Fosse,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

«  Dans  des  publications  précédentes,  nous  avons  établi  que  les  hypo- 
chlorites  et  bromites  du  pyranoxonium  possédaient  la  propriété  d'oxyder 
l'alcool  en  aldéhyde  et  de  se  transformer  en  dérivé  pyranique  avec  forma- 
tion d'hydracide. 

))  M.  Haller  et  moi  avons  attribué  à  ces  corps  la  formule  générale 
suivante,  dans  laquelle  X  est  un  halogène  (Cl  ou  Br)  : 

CH 


o~x 

))  Nous  avons  également  montré  que  ces  corps  peuvent  fixer  encore 
2"*^  d'halogène  pour  donner  des  dérivés  trihalogénés  auxquels  nous  attri- 
buons les  formules  suivantes  : 


CH 


O 


Br  -  Br 


Br 


CH 


O 

I 

I-I-I 


»  Nous  nous  étions  proposé  de  préparer  l'hvpoiodite  de  dinaphto- 
pyranoxonium.  Par  analogie  avec  l'une  des  préparations  données  par 
nous  pour  les  hypochlorite  etbromite,  nous  avons  fait  réagir  l'acide  iodhy- 
drique  sur  le  dinaphtopyranol,  pensant  réaliser  la  réaction  suivante  : 


Ciopjc 


CHOH 
O 


;C'«H''^-HI  =  C'"H« 


CH 

I 
•O    - 


;C<0JJC^H2Q^ 


I 


»   Nous  avons  été  très  surpris  d'obtenir,   non  pas  l'hypoiodite   désiré, 
mais  le  tniodure  d'oxonium. 


40  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Pour  la  formation  de  ce  triiodure,  il  fallait  admettre  que,  même 
vers  5o°,  l'acide  iodhydrique  peut  perdre  rapidement  de  l'hydrogène, 
ainsi  que  le  montre  l'équation 

/CHOH\  /CH\ 

(i)  C'«H<  ^"^"  ;C'«H«+  3HI  =  C'm\      I      >C"'H«4-  H^O  -+-  H^ 

^  ^  \    o    /  \  o  / 

I 

»  Or  il  ne  se  forme  pas  la  moindre  bulle  gazeuse.  En  étudiant  de  plus 
près  la  réaction,  nous  avons  découvert  la  formation  d'un  produit  de  réduc- 
tion :  le  dinaplitopyrane.  Les  deux  atomes  d'hydrogène  disponibles  se 
portent  sur  une  molécule  depyranol,  qui  se  transforme  en  pyrane  d'après 

de  sorte  que  l'action  de  HI  intéresse  deux  molécules  de  pyranol,  dont  l'une 
se  iode  et  l'autre  se  réduit,  d'après  l'équation  (3),  somme  de  (i)  et  (2), 

i  \  o  /  \  o  / 

»  On  voit  que  le  dinaphtopyranol  se  conduit  comme  un  oxydant  vis-à-vis 
de  HI;  nous  démontrons,  par  un  autre  exemple  très  curieux,  les  propriétés 
oxydantes  de  ce  corps. 

»  Action  du  dinaphtopyranol  sur  le  diphénopyranol.  —  On  chauffe,  au  reflux,  à 
l'ébullltion,  une  solution  acétique  équimoléculaire  de  ces  deux  corps.  La  solution, 
d'abord  rouge  foncé,  se  décolore  peu  à  peu.  Par  refroidissement,  on  obtient  des 
aiguilles  de  dinaphlopyrane,  caractérisé  par  sa  forme  cristalline,  son  point  de  fusion 
et  celui  de  son  picrate.  Par  précipitation  de  la  solution  acétique,  on  obtient  de  la 
diphénopyrone  ou  xanthone. 

»  On  voit  donc  que  le  dinaphtopyranol  s'est  réduit  en  dinaphtopyrane,  en  oxydant 
le  diphénopyranol  en  diphénopyrone.  La  curieuse  réaction  de  ces  deux  pyranols  se 
formule  d'après  : 

C'o  h«<^^"^^")g'o H«  4-  c«  h*<(^"q^")g»o  h« 

=  H^ O  4- G'o H«((^^^'^Oo H6  _(_  G« H*<^^^C« H*. 


SÉANCE    DU    7    JUILT.ET    I9(i2.  /[  I 

»  Eti  résumé,  de  même  que  les  sels  de  pyranoxonium  possèdent  des 
propriétés  oxydantes,  ainsi  que  nous  l'avons  montré,  de  même  le  dinaphlo- 
pyranol  jouit  d'un  certain  pouvoir  oxydant.    » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Condensation  du  iiitrométhane  avec  les  aldéhydes 
aromatiques.  Note  de  MM.  L.  Bouveault  et  A.  Wahl,  présentée  pur 
M.  A.  Haller. 

«  Nous  avons  indiqué,  dans  une  Note  récente  (Comptes  rendus,  t.  CXXXIV, 
p.  ii45),  que  le  nitrosLyrolène,  réduit  par  l'amalgame  d'aluminium  ou  par 
le  zinc  et  l'acide  acétique,  est  transformé  en  l'oxime  de  l'aldéhyde  phényl- 
acétique.  Après  avoir  montré  que  cette  réaction  est  également  applicable 
aux  dérivés  nitrésgras  non  saturés  (Com^ptes  rendus,  t.  CKXXIV,  p.  1226), 
nous  avons  cherché  à  généraliser  cette  curieuse  transformation,  mais  nous 
nous  sommes  heurtés  à  la  difficulté  de  préparer  les  homologues  supé- 
rieurs du  nitrostyrolène. 

»  L'action  du  chlorure  de  zinc  sur  le  mélange  de  nitrométhane  et  d'al- 
déhyde benzoïque,  qui  donne  aisément  le  nitrostyrolène,  fournit  surtout 
des  produits  de  décomposition  goudronneux  quand  on  remplace  l'aldé- 
hyde benzoïque  par  une  autre  aldéhyde  aromatique  (B.  Priebs,  Lieb.  Ann., 
t.  CCXXV,  p.  35o;  C.  Posner,  D.  chenu  G.,  t.  XXXI,  p.  656). 

»  M.  J.  Thiele  (Z).  chem.  G.,  t.  XXXH,  p.  l'^^i)  a  réussi  à  obtenir  des 
nitrostyrolènes  substitués  en  opérant  cette  condensation  au  moyen  de 
potasse  alcoolique.  Nous  avons  répété  ses  expériences;  mais,  n'étant  pas 
satisfaits  des  rendements  obtenus,  nous  avons  substitué,  dans  sa  méthode, 
le  méthylate  de  sodium  à  la  potasse  alcoolique. 

))  On  dissout  dans  l'alcool  méthylique  absolu  le  mélange  équimoléciilaire  d'aldéhyde 
aromatique  et  de  nitrométhane  et  l'on  place  la  solution  dans  un  mélange  réfrigérant; 
on  y  ajoute  ensuite  en  plusieurs  fois  une  molécule  de  méthylate  de  sodium  dissous 
dans  l'alcool  méthylique.  Il  se  précipite  avec  un  rendement  presque  intégral  un  com- 
posé blanc  cristallin  qui  est  essoré  et  lavé  à  l'alcool  absolu.  Ce  produit,  que  nous  avons 
isolé  et  analysé,  est  un  produit  d'addition  de  l'aldéhyde  et  du  nitrométhane  sodé  formé 
suivant  l'équation 

RCHO+CH^=zAz/^^,    =:RCH(OH)-CH  =  Az/^^,   . 

XOJNa  \OINa 

»  Ces  sels  sont  très  solubles  dans  l'eau,  qui  ne  les  dissocie  pas;  les  acides  les  décom- 
C.  K.,  1902,  2«  Semestre.  (T.  CXXXV,  N"  1.)  ^ 


42  ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

posent  en  meltant  en  liberté  l'alcool  nitré  correspondant 

R.  CH  OH  -  CH  =  Az^^  ^,    +  HX  =  R.  CH  ÔH  -  CH^  -  AzO^  +  Na  X. 

\0  IN  a 

»  Au  moment  de  sa  formation,  et  en  proportion  variable  suivant  les  cas  particuliers, 
cet  alcool  nitré  se  déshydrate  en  fournissant  le  nitrostjrolène  cherché  : 

R  CH  OH  -  GH^—  Ai;  O*  ==  H' O  +  R.  CH  =  CH  —  Az  O^ 

»  Pour  obtenir  immédiatement  une  déshydratation  intégrale,  nous  traitons  le  sel 
de  sodium  par  une  solution  bouillante  de  chlorure  de  zinc  anliydre  dans  l'acide  acé- 
tique crislallisable.  Après  3  ou  4  heures  d'ébullition,  le  liquide  est  refroidi  et  versé 
dans  l'eau;  le  nilrostyrolène  se  précipite  cristallisé  avec  de  très  bons  rendements. 

»  Nousavons  appliqué  cette  méthode  aux  condensations  du  nitrométhane 
avec  les  aldéhydes  anisique,  pipéronylique,  ortho-nitrobenzoïque  et  avec 
le  furfurol,  et  nous  avons  réduit  dans  les  conditions  indiquées  les  nitrosty- 
rolènes  ainsi  obtenus. 

»  he parainélhoxy-(.o-nitrostyrolène  (ou  anisylidène-nilrométhan-  ) 
CH^O  -  C«H^  — CH  r=  CH  -  AzO^ 

forme  de  magnifiques  aiguilles  jaunes,  d'odeur  faible  assez  agréable,  fondant  à  87°.  Sa 
réduction  par  le  zinc  et  l'acide  acétique  donne  la  p.-mélhoxy-phénylacétaldoxUne 
CH^O.  C'^  H*  — CH^  — CH  — AzOH,  qui  constitue  deâ  feuillets  incolores  fondant  à  \\i°. 
Nous  n'avons  pu  jusqu'ici  eti  régénérer  l'aldéhjde  correspondante.  Le  pipéronyli- 
dène-nitrométhane  CH-0-.  C^H*  —  CH  -=  CH  —  AzO^  cristallise  en  aiguilles  jaunes 
fondant  à  iSg";  la  réduction  le  transforme  en  Voxime  de  V aldéhyde  homopipérony- 
lique  CH-0^C«H3— CH2— CH— .  AzOH.  Feuillets  incolores  fondant  à  120°.  Le 
furfurylidène  nitrométhane  cristallise  dans  l'alcool  en  magnifiques  cristaux  jauhés 
fondant  à  74°  et  bouillant  à  iSS*»  soUs  20*""*;  ils  possèdent  une  odeur  de  c&rinelle  et 
provoquent  sur  la  peau  une  sensation  de  brûlure.  Sa  réduction  fournit  avec  de  mauvais 
rendements  Voxlme  de  Vhomofurfarol  C^H'^O  —  CH^ — CH^AzOH  en  longues 
aiguilles  incolores  fondant  à  Gi^-ôa"  et  distillant  à  iàC-iSo"  sous  35'"'".  Ce  corps 
s'altère  spontanément  même  en  tube  scellé  et  à  l'obscurité. 

»  L'alcoolnitré  AzO-— CM!*— CH(OH)  —  CH^.AzO-  obtenu  en  parlant  de  laklé- 
hyde  o.-nilrobenzoïque  est  beaucoup  plus  stable  que  les  autres  composés  du  même 
genre  dont  nous  venons  de  parler;  son  sel  de  sodium  est  jaune,  le  chlorure  de  zinc  ne 
le  déshydrate  pas;  on  y  arrive  cependant  en  le  distillant  dans  le  vide  :  il  se  décomposa 
alors  en  eau  et  ortho-co-dinitrostyrolène  qui  bout  vers  200°  sous  20"^'"  et  cristallise 
aussitôt.  L'alcool  l'abandonne  sous  forme  de  belles  aiguilles  jaunes  fondant  à  io6°-i07°. 
Ce  corps  a  déjà  été  obtenu  en  petite  quantité  par  Priçbs  dans  la  nitration  de  l'oj- 
nitrostyrolèiie  et  par  Posner  dans  l'action  condensante  du  chlorure  de  zinc  sur  le 
mélange   de   nitrométhane   et  d'aldéhyde   orthonilro-benzoïque.    La    réduction    dans 


SÉANCE    DU    7    JUILLET    I902,  43 

diverses  conditions  de  ce  dinitrostyrolèoe  el  de  l'alcool  correspondant  u"a  fourni  que 
des  produits  goudronneux.   » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  De  V action  des  sels  diazoïques  sur  la  desmotroposan- 
tonine  et  V acide  desmotroposantoneux .  Note  de  MM.  E.  AVedekin» 
et  Oscar  Sciimidt,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

«  Il  y  a  quelques  années,  l'un  de  nous  (')  a  indiqué  que  l'acide  santo- 
nique  se  combine  avec  les  sels  diazoïques  en  solution  alcaline  en  donnant 
naissance  à  des  substances  d'une  couleur  rouge  jaunâtre,  contenant 
4^*  d'azote.  Il  a  supposé  qu'il  s'agissait  de  corps  diazoïques,  dont  la  con- 
stitution n'est  pas  encore  éclaircie,  parce  que  ces  combinaisons  sont  assez 
instables  et  difficiles  à  purifier. 

»  A  cause  de  ces  difficultés,  nous  nous  sommes  proposé  d'étudier 
l'action  des  sels  diazoïques  sur  un  autre  isomère  de  la  santonine  :  la  desmo- 
troposantonine,  qui  a  été  découverte  par  Andreocci  (  ^  ).  Ce  savant  explique 
de  la  façon  suivante  la  transposition  par  l'acide  chlorliydrique  de  la  santo- 
nine en  desmotroposantonine  : 


CO^ 


CH' 

.  O  -  HG  -^^C/ 

GH-HC 
I 
OW  GH2 


I 
G 


/ 
G 
I 
GH^ 


GO 


G0( 


GH 

3 

GH2     G 

0  -  HG  ^^G^  Vh 

GH  — HG 

1 

II 

G -OH 

GH^*           GH*      G 

GH 

3 

Sanlonine. 


Desmotroposantonine. 


»  Évidemment,  la  desmotroposantonine  est  la  forme  énolique  de  la  san- 
tonine. La  desmotroposantonine  ne  se  combine  pas  avec  l'hydroxylamine, 
tandis  que  la  santonine  donne  facilement  une  oxime.  Nous  avons  réussi 
à  combiner  la  desmotroposantonine  avec  les  sels  diazoïques  et  nous  avons 
obtenu  des  corps  bien  cristallisés  et  très  stables.  Au  contraire,  la  santonine, 
qui  ne  contient  pas  un  noyau  benzénique,  ne  se  combine  pas  avec  les 
diazoïques,  ce  qui  confirme  la  formule  établie  par  le  savant  italien. 


(')  E.  Wedekind,  Berichte  der  deutsch.  ehem.  Gesellschaft,  t.  XXXI,  p.  1680. 
C^)  Gazetta  chimica  italiana,  t.  XXIH,  2®  série,  p.  469. 


44  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Il  est  curieux  de  constater  que  cette  réaction  se  fait  facilement  avec  un  rende- 
ment à  peu  près  théorique,  tandis  que  le  /^.-diméthylnaphtol  p,  dont  la  constitution 
ressemble  beaucoup  à  celle  de  la  desmotroposantonine,  dont  on  le  retire,  ne  se  com- 
bine pas  avec  les  diazoïques  (').  Or,  le  diméthylnaphtol  suit  la  règle  (-)  d'après 
laquelle  les  naphlols  p  ne  donnent  de  combinaison  avec  les  sels  diazoïques  que  dans  la 
position  a  voisine.  Puisque  cette  dernière  est  occupée  par  le  groupe  méthyle,  le  dimé- 
thylnaphtol  p  ne  donne  pas  de  corps  azoïques.  D'autre  part,  la  facilité  avec  laquelle 
la  desmotroposantonine  donne  des  corps  azoïques  ne  peut  être  expliquée  que  par 
l'existence  d'un  seul  noyau  benzénique.  L'autre  étant  hydrogéné,  la  desmotroposan- 
tonine se  comporte  comme  un  dérivé  du  phénol  et  non  du  naphtol.  Aussi  le  produit 
de  la  réduction  de  la  desmotroposantonine,  l'acide  desraotroposantoneux^  qui  ne  pos- 
sède plus  de  chaîne  lactonique,  se  combine  avec  les  sels  diazoïques  et  donne  des  com- 
binaisons beaucoup  plus  solubles  dans  les  alcalis  caustiques.  A  cause  de  la  stabilité  de 
ces  corps  azoïques,  il  n'est  pas  possible  que  la  combinaison  avec  les  diazoïques  se 
fasse  dans  la  chaîne  grasse. 

»  Pour  ces  raisons,  nous  attribuons  les  formules  suivantes  aux  corps 
mentionnés  : 

I  I 

CW-      G  CH=     G 


.0  — HG^    ^G 

C0(  Il 

\GH  — HG        G, 


G-Âzr=Az  — Ar  H^G^    '^G'^^GHAz^Az-Ar 


G. OH,  HOOG-HG-HG 


G 


GOH. 


1  \/    \^    ■       '  I  \/ 

CH  GH^      G  CH3       GH'-      G 

I  t 

cm  cm 

))  La  préparation  de  ces  matières  colorantes  s'effectue  toujours  de  la 
même  façon.  Nous  choisissons  pour  exemple  la  préparation  de  l'anilinazo- 
desmotroposantonine. 

»  37S  de  desmotroposantonine  sont  dissous  dans  un  excès  de  soude  ;  on  refroidit 
avec  de  la  glace,  on  y  ajoute  une  solution  diazoïque  préparée  avec  i4^  d'aniline,  i  isde 
nitrite  de  sodium  et  environ  Se  d'acide  chlorhydrique  concentré.  La  solution  rouge  est 
acidifiée  après  i5  minutes;  le  précipité  qui  se  forme  est  encore  lavé,  séché  et  cristal- 
lisé dans  le  benzène. 

);  De  la  même  façon,  nous  avons  obtenu  les  combinaisons  azoïques  de  la 
/?.-toluidine,  de  l'orlhonitraniline,  de  la/?.-nitraniline,  de  l'acide /î.-amino- 
benzoïque,    de   l'acide  sulfanilique  et   de  la  tolidine.    Ce   sont  tous  des 


(')  E.  Wedekind,  Berichte  der  deutsch.  chem.  Gesellschaft,  t.  XXXI,  p.  1675. 
(-)  R.  NiETZKi,  Chemie  der  organischen  Farbstoffe,  2.  Aufl.,  p.  47- 


SÉANCE    DU    7    JUILLET    1902.  45 

corps  bien  cristallisés,  de  couleur  jaune  ou  rouge  et  qui  fondent  au-dessus 
de  260". 

»  A-vec  l'acide  desmotroposantoneux,  nous  avons  préparé  les  combinai- 
sons azoïques  de  l'aniline  et  de  la  ^.-toluidine.  Ces  substances  fon^lent 
environ  5o°  plus  bas  que  les  précédentes.   » 


CHIMIE  INDUSTRIELLE.  —  Sur  une  nouvelle  preuve  de  la  résistance  cellulaire 
des  saccharomyces,  et  sur  une  nouvelle  application  de  cette  propriété  à 
l'industrie  de  la  distillerie.  Note  de  M.  Henri  Aixiot,  (Extrait.) 

«  Jusqu'ici,  les  mélasses  de  distillerie  devaient  être  soumises  à  l'opé- 
ration du  dénitrage  avant  leur  mise  en  fermentation  qui,  pratiquement, 
eût  été  à  peu  près  irréalisable  sans  cela.  Le  dénitrage  consiste  à  diluer  la 
mélasse,  l'additionner  d'acide  sulfurique,  puis  la  porter  à  l'ébullition  et 
même  insuffler  de  l'air  d'après  le  procédé  Barbet,  opération  qui  fait 
disparaître  l'acide  nitrique  et  les  acides  volatils. 

»  J'ai  eu  l'idée  d'éviter  cette  phase  du  travail,  en  préparant  des  cultures 
pures  d'un  ferment  acclimaté  à  tous  les  antiseptiques  contenus  dans  les 
moûts  de  mélasse  industriels.  Mais,  comme  ils  forment  un  ensemble  com- 
plexe, j'ai  pensé  que  je  les  capterais  tous,  en  recueillant  toutes  les  vapeurs 
chassées  par  le  dénitrage  et  en  ajoutant,  à  une  culture  d'une  race  de 
levure  de  vin  très  vigoureuse,  des  doses  progressives  du  liquide  nauséa- 
bond recueilli. 

»  On  prend  une  cei'taine  quantité  de  mélasse,  additionnée  de  son  poids  d'eau  et 
de  4^  d'acide  sulfurique  par  litre,  et  on  l'introduit  dans  un  alambic.  On  distille  de 
manière  à  obtenir  un  volume  de  liquide  d'environ  le  cinquième  de  la  masse  mise 
en  distillation.  On  se  sert  de  ce  liquide,  en  l'ajoutant  par  petites  portions,  à  quelques 
heures  d'intervalle,  à  une  culture  de  levure  pure  dans  un  moût  sucré  nutritif  quel- 
conque utilisé  dans  les  laboratoires.  L'accoutumance  de  la  levure  s'effectue  sans  dif- 
ficultés, en  maintenant,  bien  entendu,  la  culture  à  une  température  suffisante  (de  20° 
à  25°  C). 

»  La  petite  quantité  de  culture  de  levure  initiale,  dont  il  suffît  de  l'pour 
une  grande  distillerie  fermentant  plus  de  looo'''  de  moijt  par  jour,  ayant 
seule  besoin  d'être  acclimatée,  l'opération  se  réduira  à  distiller  préalable- 
ment 25os  à  3ooS  de  mélasse  additionnée  d'acide  sulfurique,  pour  obtenir 
les  produits  volatils  antiseptiques  à  la  présence  desquels  on  accli- 
matera les  quelques  cellules  du  ferment  initial  qui,  cultivées  ultérieure- 


46  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

ment  dans  un  appareil  propagateur  de  levure,  conserveront  la  propriété 
acquise  pendant  un  temps  suffisant  pour  que  la  fermentation  industrielle 
puisse  se  terminer. 

))  En  opérant  comme  je  l'indique,  j'ai  pu  effectuer  deux  essais  qui  ont 
confirmé  mes  prévisions.    » 


CHIMIE  ANIMALE,  —  Sur  les  principes  actifs  du  venin  de  crapaud  commun 
(Bufo  vulgaris  L.).  Note  de  MM.  C.  Phisalix  et  Gab.  Bertrand,  pré- 
sentée par  M.  ïlouîf. 

«  Nous  avons  montré  antérieurement  que  la  grenouille  est  un  bon 
réactif  du  venin  de  crapaud.  Elle  succombe  à  l'injection  de  très  petites 
doses  et  présente  un  ensemble  caractéristique  de  symptômes  :  de  la  para- 
lysie, débutant  parle  train  postérieur,  du  rétrécissement  de  la  pupille,  le 
ralentissement  et  l'arrêt  du  cœur  en  systole  ('). 

»  Nous  avons  signalé  en  même  temps  l'existence  de  produits  alcaloi- 
çliques  dans  le  venin,  en  faisant  toutefois  remarquer  que  c'était  à  d'autres 
produits,  de  nature  encore  inconnue,  qu'il  fallait  rapporter  presque  toute 
l'activité  de  cette  sécrétion. 

»  Ayant  réussi,  depuis,  à  nous  procurer  une  assez  grande  quantité  de 
crapauds,  nous  avons  repris  l'étude  de  la  composition  chimique  du  venin, 
que  nous  avions  à  peine  ébauchée. 

»  Deux  méthodes  nous  avaient  servi,  dans  nos  premières  recherches, 
pour  nous  procurer  le  venin.  Au  début,  nous  exprimions  les  glandes  paro- 
tides des  animaux  placés  dans  l'eau  distillée.  Puis,  comme  cette  méthode 
ét^it  longue  et  désagréable,  nous  avons  opéré  autrement  :  les  crapauds, 
préalablement  chloroformés,  étaient  écorchés  et  les  peaux  mises  dans  le 
vide  sur  l'acide  sulfurique.  Lorsque  ces  peaux  étaient  sèches,  on  les  épui- 
sait de  leurs  matières  grasses  par  le  sulfure  de  carbone,  puis  on  les  faisait 
macérer  dans  l'alcool  à  g5  pour  loo.  Celui-ci  se  chargeait  de  tous  les  pria- 
cipes  toxiques. 

V  Mais,  comme  nous  l'avons  reconnu  ensuite,  cette  seconde  niéthode, 
qui  permet  de  traiter  facilement  de  grandes  quantités  de  crapauds,  est,  en 
réalité,  bien  inférieure  à  la  précédente,  au  point  de  vue  de  l'analyse  im- 


(1)  Il  s'agit  de  fiana  tempo/aria  et  de  Bufo  vulgaris.   Voir   Comptes  rendus, 
t.  GXVI,  1893,  p.  1080,  et  Archives  de  Physiologie,  5«  série,  t.  V,  1898,  p.  5ii. 


SÉANCE    DU    7    JUILLET    Î902.  /,7 

médiate  du  venin;  l'alcool  dissout,  en  effet,  non  seulement  les  principes 
toxiques  qu'on  recherche,  mais  encore  d'autres  substances,  provenant  des 
parties  non  glandulaires  de  la  peau,  qui  viennent  souiller  l'extrait  alcoo- 
lique. L'analyse  est  rendue  plus  difficile  et  les  résultats  qu'elle  donne 
restent  incertains.  Aussi  sommes-nous  revenus,  dans  nos  nouvelles  expé- 
riences, à  la  méthode  primitive,  c'est-à-dire  à  l'extraction  directe  du  venin. 
Nous  avons  pratiqué  celle-ci  sur  5oo  crapauds  environ. 

»  Nos  recherches  ne  sont  pas  encore  définitives  ;  mais,  à  cause  d'une 
publication  récente  de  Faust  sur  le  même  sujet  (  '  ),  nous  croyons  devoir  en 
donner  dès  aujourd'hui  les  principaux  résultats;  ils  ne  sont  d'ailleurs  pas 
tout  à  fait  d'accord  avec  ceux  de  Faust. 

»  En  faisant  macérer  des  peaux  de  crapauds  dans  l'alcool,  cet  expéri- 
mentateur a  extrait  deux  substances  :  labufonine  et  la  bufotaline,  capables 
toutes  deux  d'arrêter  le  cœur  en  systole;  il  les  considère  comme  les  prin- 
cipes actifs  du  venin. 

M  Cette  conclusion  nous  paraît  cfitiqiiable.  La  méthode  employée  par 
Faust  enlève  à  la  peau  du  crapaud,  comme  nous  l'avons  indiqué  au  sujet 
de  nos  propres  recherches,  des  substances  qui  n'ont  aucun  rapport  avec 
le  venin.  C'est  ce  qui  explique  l'existence  du  corps  décrit  par  lui  sous  le 
nom  de  hujonine  et  que  nous  n'avons  pu  retrouver  dans  le  venin  extrait 
directement  des  glandes  (^). 

))  En  outre,  les  résultats  de  Faust  ne  rendent  pas  compte  de  tous  les 
caractères  physiologiques  du  venin,  car  la  bufotaline  arrête  les  mouvements 
du  cœur,  mais  ne  présente  aucune  action  manifeste  sur  le  système  nerveux 
central. 

»  Nous  arrivons  à  extraire  ei  à  séparer  les  constituants  actifs  du  venin  de  crapaud 
de  la  manière  suivante  :  la  tête  des  batraciens  étant  maintenue  dans  l'eau,  on  exprime 
avec  les  doigts  ou  à  l'aide  de  pinces  le  contenu  des  glandes  parotides. 

»  On  obtient  de  la  sorte  un  liquide  lactescent,  à  réaction  acide,  qu'on  fdtre  à  la 
bougie  de  porcelaine  et  qu'on  évapore  à  consistance  d'extrait.  Pendant  celle  évapora- 
tion,  il  se  sépare  une  substance  peu  soluble,  sous  la  forme  d'une  pellicule  blanche, 
qu'on  enlève  au  fur  et  à  mesure  de  sa  formation.  On  lave  cette  substance  à  l'eau  dis- 
tillée, puis  on  la  redissout  dans  l'alcool  absolu  ou  le  chloroforme.  Il  se  sépare  alors 
un  peu  de  matières  albuminoïdes,  et  le  liquide,  rendu  limpide  par  filtration,  est  éva- 
poré complètement  à  sec. 


y)   Ueber  Bufonin  and  Bufotalin,  35  pages.  Leipzig,  Hirschfeld,  igo2. 
(-)  L'un  de  nous  reviendra  sur  la   nature  de  cette  substance  qui  ne  possède,  lor: 
qu'elle  est  pure,  aucun  pouvoir  toxique. 


/j8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Le  corps  obtenu  de  celle  façon  est  un  des  principes  actifs  du  venin,  celui  qui  agit 
sur  le  cœur  de  la  grenouille  et  l'arrête  en  systole.  Il  se  présente  sous  l'aspect  d'une 
résine  transparente,  presque  incolore,  dont  la  composition  centésimale  répond  à  la 
formule  G'i«H'7»0^\  (  Trouvé  :  C,  71,21;  H,  8,67.  —Calculé  :  G,  71,48;  H,  8,55,) 

»  Malgré  cette  composition,  différente  de  celle  trouvée  à  la  bufotalino 
par  Faust,  nous  croyons  avoir  affaire  absolument  au  même  principe.  L  • 
bufotaline  de  Faust  était  souillée  par  un  corps  acide,  car  la  nôtre  est  tout  à 
fait  neutre. 

»  La  bufotaline  pure  est  très  soluble  dans  l'alcool,  le  chloroforme,  l'acétone,  l'acé- 
tate d'élhyle  et  l'acide  acétique  ;  moins  soluble  dans  l'éther,  très  peu  dans  le  tétra- 
chlorure de  carbone,  insoluble  ou  presque  insoluble  dans  le  sulfure  de  carbone,  le 
benzène  et  l'éther  de  pétrole.  Lorsqu'on  ajoute  de  l'eau  à  sa  solution  alcoolique,  elle 
se  précipite  en  donnant  une  émulsion  blanche  qui  finit  par  se  dissoudre  dans  un  grand 
excès  d'eau.  C'est  la  solution  aqueuse  ainsi  obtenue  qui  a  servi  aux  expériences 
physiologiques.  Bien  que  très  diluée,  elle  a  une  saveur  fortement  amère  et  laisse  sur 
la  langue  une  sensation  spéciale  1res  persistante. 

»  Le  second  principe  actif  du  venin,  celui  qui  agit  sur  le  système  ner- 
veux et  détermine  la  paralysie,  reste  dans  l'extrait  aqueux  d'oij  l'on  a 
séparé  le  poison  cardiaque. 

»  Il  renferme  encore  une  certaine  quantité  de  celui-ci  et  quelques  autres  substances, 
parmi  lesquelles  une  matière  albuminoïde  et  du  chlorure  de  sodium.  Pour  le  purifier, 
on  le  reprend  par  l'alcool  à  96°;  la  solution  filtrée  est  distillée,  et  le  résidu,  dissous 
dans  l'eau,  est  déféqué  par  le  sous-acétate  de  plomb  et  l'hydrogène  sulfuré.  On  ob- 
tient de  la  sorte  une  solution  peu  colorée  qu'on  épuise  successivement  par  le  chloro- 
forme, pour  extraire  le  reste  de  bufotaline,  et  par  l'éther,  qui  enlève  presque  tout 
l'acide  acétique. 

»  Ce  nouveau  principe,  que  nous  appelons  bufoténine,  se  trouve  dans  le 
résidu  de  la  solution,  évaporée  à  sec  dans  le  vide. 

))  En  résumé,  le  venin  de  crapaud  commun  doit  son  activité  à  la  pré- 
sence de  deux  substances  principales  :  la  bufotaline,  de  nature  résinoïde, 
soluble  dans  l'alcool  et  peu  soluble  dans  l'eau,  et  la  bufoténine,  très 
soluble  dans  ces  deux  dissolvants.  Injecté  à  la  grenouille,  il  amène  l'arrêt 
du  cœur  en  systole,  à  cause  de  la  première  substance,  comme  cela  a  été 
reconnu  d'abord  par  Faust;  la  paralysie  est  provoquée,  au  contraire,  par 
la  bufoténine.    » 


SÉANCE   DU    7    JUILLET    1902.  ^g 


CHIMIE  ANIMALE.   —  Sur  la  nature  de  la  bufomne. 
Note  de  M.  Gabriel  Bertrand,  présentée  par  M.  Roux. 

«  On  a  vu,  dans  une  Note  que  j'ai  publiée  avec  M.  C.  Phisalix(*),  que  le 
venin  du  crapaud  doit  sa  toxicité  à  deux  substances  principales  :  la  bufo- 
taline,  arrêtant  le  cœur  de  la  grenouille  en  systole,  absolument  comme  la 
digitaline,  et  la  bufoténine,  que  son  action  paralysante  rapproche  jusqu'à 
un  certain  point  du  curare. 

»  Faust,  d'après  un  Mémoire  récent  ('),  a  déjà  obtenu  la  première  de 
ces  substances,  mais  à  l'état  impur.  La  seconde  lui  a  échappé,  mais,  par 
contre,  il  a  décrit  un  autre  corps  cristallisé,  fusible  à  -h  i^oP,  auquel  il  a 
donné  le  nom  de  hufonine. 

»  D'après  lui,  ce  nouveau  corps  répondrait  à  la  formule  C^^H^^O". 
Facilement  soluble  dans  l'alcool  chaud,  le  chloroforme  et  le  benzène,  il  se 
dissout  difficilement  dans  l'éther,  très  peu  dans  l'alcool  froid  et  dans  l'eau. 
Avec  le  chloroforme  ou  l'anhydride  acétique  et  l'acide  sulfurique,  il  donne 
à  peu  prés  les  réactions  colorées  de  la  cholestérine;  mais,  au  contraire  de 
cette  substance,  il  peut  être  évaporé  à  sec  avec  de  l'acide  chlorhydrique 
et  du  perchlorure  de  fer  sans  fournir  aucune  coloration.  Enfin,  la  bufo- 
nine  posséderait  la  même  action  physiologique  que  la  bufotaline,  mais  à 
un  degré  très  faible,  vraisemblablement,  ajoute  Faust,  à  cause  de  sa  dif- 
ficile solubilité. 

»  Comme  j'en  ai  déjà  fait  la  remarque  avec  M.  C.  Phisalix,  la  hufonine 
n'existe  pas  dans  le  venin  du  crapaud  extrait  directement  des  glandes.  Elle 
tire  son  origine  des  autres  parties  de  la  peau,  et  la  confusion  de  Faust  pro- 
vient de  la  méthode  employée  par  lui  pour  l'étude  du  venin. 

»  Cette  méthode  consiste,  en  effet,  à  faire  macérer  les  peaux  entières  des  crapauds 
avec  de  l'alcool  à  96°.  Après  plusieurs  semaines,  on  évapore  la  solution  pour  chasser 
l'alcool,  et  l'on  reprend  le  résidu  par  l'eau.  La  partie  insoluble,  recristallisée  dans 
l'alcool  chaud,  constitue  la  hufonine  (^). 

»  J'ai  obtenu  la  même  substance,  non  seulement  par  la  méthode  de  Faust,   mais 


(*)  Voir  ci-dessus,  p.  46. 

(*)  Ueher  Bufonin  und  Bufotalin,  brochure  de  35  pages.  Leipzig,  Hirschfeld, 
1902. 

(*)  Comme  la  bufotaline  est  très  peu  soluble  dans  l'eau,  une  certaine  quantité  doit 
se  précipiter  aussi  quand  on  reprend  l'extrait  alcoolique. 

C.  R.,  190a,  2*  Semestre.  (T.  CXXXV,  N°  1.)  7 


5o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

mieux  encore  en  épuisant  les  peaux  desséchées  dans  le  vide  par  le  sulfure  de  carbone. 
L'extrait  sulfocarbonique,  placé  dans  un  endroit  froid,  se  prend  peu  à  peu  en  une 
bouillie  cristalline.  On  essore  à  la  trompe  et  l'on  purifie  la  partie  solide  en  la  recristal- 
lîsant  plusieurs  fois  à  l'aide  de  l'alcool. 

»  11  m'a  fallu  i^oo  crapauds  pour  obtenir  7^  de  cette  substance  que  j'ai  pu  identi- 
fier ensuite  avec  la  cholestérine  ordinaire. 

»  Ce  n'est  cependant  pas  sans  quelques  difficultés  que  je  suis  arrivé  à  ce  dernier 
résultat.  Le  produit  extrait  des  peaux  de  crapauds  retient  avec  persistance  une  petite 
quantité  de  substances  étrangères,  principalement  des  graisses,  pour  lesquelles  il  est 
un  très  bon  dissolvant,  même  à  l'état  solide.  Ces  substances  modifient  d'une  manière 
sensible  ses  propriétés  physiques  et  ses  réactions  colorées,  et,  comme  cela  est  arrivé 
peut-être  dans  d'autres  cas,  on  croit  qu'il  s'agit  d'un  corps  différent  de  la  choles- 
térine. 

»  En  prenant  de  l'alcool  d'un  titre  relativement  faible,  à  90  centièmes,  on  arrive 
déjà  à  une  purification  avancée.  Cet  alcool  dissout  à  peine  les  matières  grasses  et  les 
sépare  au  mieux  de  la  cholestérine  qu'on  retrouve,  après  une  série  de  cristallisations, 
avec  ses  principales  constantes  physiques  :  point  de  fusion,  solubilité  et  pouvoir  rota- 
toire. 

»  Ce  point  acquis,  on  peut  opérer  la  purification  d'une  manière  beaucoup  plus  rapide 
en  traitant  le  produit,  grossièrement  purifié,  parla  potasse  alcoolique.  Dans  une  expé- 
rience conduite  quantitativement,  on  a  chauffé  2s,  84  de  produit,  déjà  cristallisé  deux 
fois  dans  l'alcool  à  96°,  avec  io'='"M'alcool  et  os,  5  de  potasse.  Après  10  minutes  d'ébul- 
lition,  on  a  évaporé  à  sec  au  bain-marie,  repris  le  résidu  par  l'eau  et  épuisé  l'émulsion 
par  l'éther,  dans  une  boule  à  robinet.  L'éther,  filtré  et  distillé,  a  laissé  2^,  24  de  résidu. 
Celui-ci,  recristallisé  dans  un  peu  d'alcool,  a  donné  finalement  28,22  de  cholestérine 
blanche,  nacrée,  fondant  à  i48o  (au  bloc  Maquenne). 

»  D'autre  part,  la  solution  alcaline,  acidulée  par  l'acide  chlorhydrique,  évaporée  à 
sec  et  épuisée  par  l'éther,  a  abandonné  à  celui-ci  os,  07  de  substances  ayant  l'aspect  et 
les  principaux  caractères  des  acides  gras. 

»  Si  l'on  tient  compte  du  poids  moléculaire  de  la  cholestérine  et  des  chiffres  de 
rendements  donnés  par  cette  expérience,  on  voit  qu'on  avait  bien  affaire  à  de  la  cho- 
lestérine, légèrement  impure,  et  non  à  une  combinaison  définie  de  ce  corps. 

»  J'ai  comparé,  pour  plus  de  certitude,  la  cholestérine  des  peaux  de  crapauds  avec 
celle  extraite  des  calculs  biliaires  de  l'homme  et  purifiée,  elle  aussi,  avec  grand 
soin. 

»  Les  analyses  élémentaires  ont  donné  des  résultats  concordants  : 

Cholestérine  Cholestérine 

du  crapaud.  biliaire. 

Carbone 84, o3  84,16 

Hydrogène 12,12  12,  i5 

»  Les  déterminations  du  point  de  fusion  (au  bloc  Maquenne),  de  la  solubilité  (dans 
l'alcool  à  90°)  et  du  pouvoir  rotatoire  (dans  le  chloroforme)  ont  donné  les  mêmes 
chiffres  : 


SÉANCE    DU    7    JUILLET    1902.  5l 

Cholestérine  Cholestériae 

du  crapaud.  biliaire. 

Point  de  fusion +  i48°  +  i48° 

Solubilité  {t=:-+-  i8°-i9°) 0,44  pour  100  0,42  pour  100 

(«)d  à  +  25°  (concentration  :  2  pour  100) —  37°3o'  — 37°3o'(*) 

»  Enfin,  toutes  les  réactions  colorées,  y  compris  celle  à  l'acide  chlorhydrique  et  au 
perchlorure  de  fer,  ont  été  absolument  identiques. 

»  Il  faut  conclure  de  là  que  la  bufonine  de  Faust  n'est  pas  un  principe 
immédiat  nouveau  :  c'est  tout  simplement  de  la  cholestérine  ordinaire, 
lévogyre,  souillée  par  diverses  impuretés,  parmi  lesquelles  un  peu  de  bufo- 
taline  lui  donne  une  certaine  activité  sur  le  cœur  de  la  grenouille.   » 


CHIMIE  VÉGÉTALE.  —  Influence  de  C acide  suif ocyanique  sur  la  végétation 
de  /'Aspergillus  niger.  Note  de  M.  A.  Fernbach,  présenté  par  M.  Roux. 

«  J'ai  eu  l'occasion  d'observer  à  plusieurs  reprises  la  végétation  de 
V Aspergillus  niger  sur  un  liquide  Raulin,  son  milieu  de  culture  habituel, 
dans  lequel  avait  été  introduit  accidentellement  du  sulfocyanate  d'ammo- 
niaque, sel  qui  se  trouvait  comme  impureté  dans  le  nitrate  d'ammoniaque 
ayant  servi  à  la  préparation  du  liquide. 

»  L'effet  du  sulfocyanate  reste  d'abord  insensible,  si  l'on  se  contente 
d'un  examen  superficiel,  comme  celui  de  l'aspect  général  de  la  culture. 
Comme  le  démontrent  les  chiffres  indiqués  plus  loin,  le  développement 
du  mycélium  de  la  moisissure  est  à  peu  près  normal  jusqu'au  moment  où 
commence  habituellement  la  fructification.  A  partir  de  ce  moment,  le 
mycélium  semble  rester  inerte  :  on  ne  voit  pas  apparaître  de  spores,  et  la 
végétation  se  maintient  dans  cet  état  pendant  un  temps  d'autant  plus  long 
que  la  dose  de  sulfocyanate  est  plus  considérable. 

»  Voici  une  série  d'expériences  faites  comparativement  avec  le  liquide  Raulin  nor- 
mal, et  ce  même  liquide  additionné  de  doses  croissantes  de  sulfocyanate  d'ammo- 
niaque. Les  cultures  ont  été  faites  dans  des  fioles  à  fond  plat,  renfermant  chacune, 
dans  55*^™'  de  liquide  Raulin,  28,2  de  sucre  et  ensemencées  autant  que  possible  avec  le 
même  nombre  de  spores.  Au  bout  de  69  heures,  on  a  déterminé  la  quantité  totale  de 
sucre  consommé,  et  le  poids  de  la  récolte  obtenue. 

I.  II.  III.  IV. 

e  g  g  g 

Dose  de  sulfocyanate  par  litre 0,0  0,1  0,2  o,5 

Sucre  consommé 2,2  2,0  i  ,85  i  ,47 

Poids  de  plante 1,024  0,807  0,721  0,621 

Rapport  du  poids  de  plante  au  sucre  consommé.     o,5i  o,4o  Oj^g  o,4i 

(*)  Rapporté  au  produit  fondu,  c'est-à-dire  déshydraté. 


52  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

»  Au  momeol  où  4'expérience  a  été  arrêtée,  la  fructification  était  normale  dans  le 
vase  I;  le  noircissement  ne  s'était  produit  que  sur  les  bords  dans  la  fiole  II;  il  était 
très  discret  sur  la  fiole  III,  et  n'existait  pas  dans  la  fiole  IV,  qui  est  restée  au  même 
état  pendant  6  jours. 

»  Comaie  on  le  voit,  la  présence  du  sulfocyanate  d'ammoniaque  ne 
gêne  pas  d'une  manière  sensible  le  développement  du  mycélium,  et  ne  se 
traduit  que  par  une  utilisation  un  peu  moins  bonne  du  sucre,  qui  reste 
d'ailleurs  à  peu  près  la  même  pour  les  diverses  doses  de  sulfocyanate 
étudiées. 

»  Le  seul  fait  remarquable  est  l'arrêt  de  la  fructification,  qui  ne  com- 
mence à  apparaître,  comme  j'ai  pu  m'en  convaincre,  que  lorsque  le  liquide 
ne  donne  plus  la  réaction  du  sulfocyanate,  c'est-à-dire  lorsque  la  moisis- 
sure est  parvenue  à  éliminer  ce  sel,  vraisemblablement  par  oxydation. 

»  Ce  retard  apporté  à  la  fructification  mérite  d'autant  mieux  d'être 
signalé  qu'il  est  en  opposition  avec  l'effet  observé  le  plus  généralement 
dans  l'action  des  substances  gênantes  sur  le  développement  des  êtres  infé- 
rieurs et  en  particulier  des  moisissures  :  celles-ci,  au  contraire  de  ce  que 
nous  venons  de  constater,  traduisent  le  plus  souvent  leur  gêne  par  une 
diminution  très  sensible  du  poids  de  mycélium,  et  par  une  augmentation 
de  la  rapidité  avec  laquelle  elles  produisent  leurs  spores,  c'est-à-dire  leurs 
formes  de  résistance.   » 


PHYSIOLOGIE  EXPÉRIMENTALE.  —  De  V  influence  de  la  choline  sur  les  sécrétions 
glandulaires.  Note  de  M.  A.  Desgrez,  présentée  par  M.  Bouchard. 

«  Dans  les  recherches  que  nous  avons  faites,  M.  Zaky  et  moi,  relative- 
ment à  l'influence  de  la  choline  et  de  la  bétaïne  sur  les  échanges  nutritifs, 
ces  bases  nous  ont  paru  exercer  une  action  excitante  sur  les  sécrétions 
salivaire  et  rénale.  On  sait,  d'autre  part,  depuis  longtemps,  que  la  pilocar- 
pine  présente  une  action  analogue  avec  une  intensité  toute  particulière  et 
que,  de  plus,  la  sécrétion  pancréatique  qu'elle  détermine  est  douée  d'une 
activité  protéolytique  manifeste.  Comme  la  pilocarpine  et  la  choline  ren- 
ferment un  commun  groupement  de  triméthylamine  [Az(CH^)'],  comme 
elles  se  dédoublent  l'une  et  l'autre,  à  chaud,  par  action  de  l'eau  seule, 
avec  production  de  cette  base,  j'ai  pensé  que  ces  analogies  de  constitution 
chimique  et  de  facile  décomposition  pouvaient  entraîner  une  analogie 
d'effet  physiologique,  c'est-à-dire  que  la  choline  devait  bien  réellement 
exercer,  à  la  façon  de  la  pilocarpine,  une  influence  marquée  sur  les  phé- 


SÉANCE    DU    7    JUILLET    I902.  53 

nomènes  sécrétoires.  L'intérêt  de  cette  question  réside  non  seulement 
dans  la  démonstration  de  l'action  d'un  groupement  chimique  défini  sur  un 
ordre  de  phénomènes  physiologiques,  mais  encore  dans  ce  fait  que,  lacho- 
line  étant  une  base  très  répandue  dans  l'organisme,  il  importe  de  déter- 
miner exactement  les  divers  rôles  qu'elle  peut  y  remplir. 

»  Les  premières  expériences  que  j'ai  faites  sur  le  lapin  et  le  chien  ont  justifié  mes 
prévisions  et  montré  que  la  choline  injectée  par  voie  intra-veineuse,  à  des  doses  variant 
entre  os,oo2  et  os,oi5  par  kilogramme  d'animal,  augmente  tout  à  la  fois  les  sécrétions 
salivaire,  pancréatique,  biliaire  et  rénale. 

»  Grâce  à  l'obligeant  concours  de  M.L.  Camus,  chef  des  travaux  physiologiques  à 
la  Faculté,  j'ai  pu  inscrire  les  phénomènes  et  conserver  une  mesure  exacte  de  l'in- 
fluence de  la  choline  sur  les  sécrétions  précédentes.  Les  animaux  recevant,  par  voie 
intra-veineuse,  o§,  10  de  chloralose  par  kilogramme,  étaient  ainsi  anesthésiés  en  un 
temps  variant  entre  20  et  3o  minutes.  On  isolait  ensuite  les  divers  canaux  excréteurs 
et  prenait,  s'il  y  avait  lieu,  une  inscription  de  la  sécrétion  normale.  La  choline  in- 
jectée produisait  son  efl"et  en  une  demi-minute  ou  une  minute  au  plus,  simultanément 
j^our  les  sécrétions  pancréatique  et  biliaire,  avec  un  léger  retard  pour  la  sécrétion 
salivaire,  au  contraire  avec  un  retard  très  marqué  pour  la  sécrétion  rénale. 

»  L  Sécrétion  salivaire.  —  La  salive  mixte  produite  par  injection  de  choline  devient 
tellement  abondante  chez  le  lapin  qu'elle  peut  entraîner  l'asphyxie  de  l'animal 
endormi.  Chez  le  chien,  on  a  enregistré  la  sécrétion  éliminée  par  le  canal  de  War- 
thon  ;  tandis  qu'elle  était,  normalement,  de  i  goutte  en  3  ou  4  minutes,  elle  s'est  accrue 
de  38  à  /40  gouttes,  dans  le  même  temps,  sous  l'influence  de  os,oi  de  choline  par  kilo- 
gramme d'animal. 

»  II.  Sécrétion  pancréatique.  —  A  été  prise  sur  le  canal  de  Wirsung,  après  liga- 
ture préalable  du  canal  accessoire  de  Santorini.  Cette  sécrétion,  qui  ne  coulait  pas 
normalement,  a  donné  de  8  à  10  gouttes  de  suc,  en  4  minutes,  avec  la  même  dose  de 
base  que  précédemment.  Quant  à  l'activité  protéolytique  du  suc  ainsi  obtenu,  elle  s'est 
montrée  sensiblement  égale  à  celle  du  suc  fourni  parla  pilocarpine;  3*"°'  de  ce  suc 
ont  dissous,  en  24  heures  et  à  37°,  0^,70  d'albumine  d'œuf  coagulée;  avec  le  même 
volume  de  suc  sécrété  après  injection  de  pilocarpine,  0^,70  d'albumine  coagulée  ont 
été  dissous  en  20  heures. 

»  III.  Sécrétion  biliaire.  —  A  été  prise  sur  le  canal  cholédoque,  après  ligature  du 
canal  cystique,  afin  d'éviter  l'influence  de  contractions  possibles  de  la  vésicule  biliaire. 
Cette  sécrétion  est  toujours  accrue  par  la  choline,  quoique  de  façon  inégale  suivant 
les  animaux.  Tandis  qu'elle  ne  dépasse  pas  normalement  8  à  10  gouttes  en  6  minutes, 
elle  atteint,  chez  le  chien,  18  à  24  gouttes,  dans  le  même  temps,  avec  os,oi  de  choline 
par  kilogramme  d'animal. 

»  IV.  Sécrétion  rénale.  —  Pour  une  chienne  pesant  i5''8  et  n'ayant  reçu  en  tout 
que  oe,02  de  choline,  on  a  eniegistré  séparément  les  sécrétions  fournies  par  chacun  des 
deux  reins.  Voici  la  somme  des  résultats  inscrits  après  une  première  injection  : 
en  36  minutes,  167  gouttes  pour  le  rein  droit,  198  gouttes  pour  le  rein  gauche,  alors 
qu'à  l'état  normal  le  premier  donnait  84  gouttes  et  le  second  96  gouttes  dans  le  même 


54  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

temps.  A  la  suite  d'une  deuxième  injection  de  la  même  dose,  ces  différences  se  sont 
encore  accentuées  :  le  rein  droit  a  donné  [\o\  gouttes,  le  rein  gauche  478  gouttes  en 
54  minutes.  Normalement,  ils  eussent  inscrit  :  le  premier  126  gouttes,  le  second 
i44  gouttes  dans  le  même  temps. 

»  Sous  l'influence  de  doses  très  faibles  de  choline,  la  sécrétion  rénale  peut  donc 
varier  du  simple  au  double  ou  même  au  triple.  A  noter  qu'elle  apparaît  plus  tardive- 
ment que  les  précédentes  et  se  prolonge  plus  longtemps. 

»   L'examen  des  urines  ainsi  éliminées  a  donné  : 

Azole  total  NaCl                                               A 

pour  1000.  pour  1000.                  A.                        6 

g  g  o       ,                     o 

1°  Urine  normale 8,67  i3,42  i,85                1,76 

2°   Urine  du  rein  droit..  .        8,46  6,82  i,5i  1,87 

3°  Urine  du  rein  gauche.       7,88  6,88  i,3o  1,42 

»  Les  modifications  de  la  sécrétion  rénale  ne  consistent  donc  pas  seulement  en  un 
accroissement  de  l'activité  glomérulaire,  fait  qui  pourrait  ne  dépendre  que  de  varia- 
tions des  conditions  de  la  circulation  sanguine,  mais  elles  se  traduisent  également  par 
une  augmentation  très  marquée  de  l'activité  des  épithéliums. 

»  Conclusion.  —  Bien  qu'elle  constitue  un  produit  avancé  du  dédouble- 
ment des  albumines,  la  choline  ne  peut  donc  pas  être  considérée  comme 
inutile  à  l'organisme  qui  la  produit  ou  qui  la  reçoit.  Ce  n'est  pas  un  déchet, 
au  sens  absolu  du  mot.  J'ai  déjà  montré,  avec  M.  Zaky,  qu'elle  exerce  une 
influence  favorable  sur  les  échanges  nutritifs  et  contribue,  en  particulier, 
à  la  rétention  du  phosphore.  Les  expériences  précédentes  établissent,  en 
outre,  qu'elle  agit  par  son  groupement  triméthylamine,  identique  d'ailleurs 
à  celui  de  la  pilocarpine,  pour  provoquer,  comme  cette  dernière,  une 
action  favorisante  marquée  sur  les  sécrétions  externes.   » 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Disparition  deS  èthers  dans  le  sang  in  vitro. 
Note  de  MM.  Maurice  Doyon  et  Albert  Morel,  présentée  par 
M.  A.  Chauveau.  (Extrait.) 

«  I.  M.  Hanriot  avait  annoncé  une  démonstration  péremptoire  de  l'ac- 
tion de  sa  lipase  sur  les  graisses  neutres  naturelles,  action  que  M.  Arthus 
venait  de  contester.  M.  Hanriot  émulsionnait  de  l'huile  avec  du  carbonate 
de  soude;  le  mélange  additionné  de  sérum  et  placé  à  Tétuve  devenait 
acide.  L'auteur  concluait,  de  ce  fait,  à  une  saponification  de  l'huile.  Nous 
avons  démontré  que  l'acidité  est  due,  dans  ces  conditions,  à  l'action  des 


SÉANCE    DU    7    JUILLET    1902.  55 

microbes  s'exerçnnt,  principalement  sinon  exclusivement,  sur  le  sérum; 
la  présence  de  l'huile  n'est  pas  nécessaire.  La  réaction  d'un  mélange  dé- 
pourvu de  microbes  ne  varie  pas. 

M  II.  Aujourd'hui  M.  Hanriot  invoque  une  action  qui  s'exercerait  sur 
les  graisses  naturelles  du  sang  :  il  entreprend  d'en  demander  la  preuve, 
non  plus  à  ses  propres  expériences,  mais  aux  nôtres.  Il  faut  distinguer 
deux  cas  :  le  cas  du  sérum  proprement  dit,  c'esL-à-dire  débarrassé  de  glo- 
bules; le  cas  du  sang  ou  des  sérums  plus  ou  moins  chargés  de  globules. 

»  1.  Dans  le  cas  du  sérum  vrai,  centrifugé,  sans  globules,  notre  Note 
établit  qu'il  n'y  a  pas  d'action  lipasique  appréciable.  L'extrait  éthéré  ne 
varie  pour  ainsi  dire  pas;  il  n'y  a  pas  sensiblement  d'acides  gras;  pas  de 
saponification.  Les  chiffres  sont  les  suivants  : 


Acides 


organiques 

gras 

combinés 

combinés 

orga- 

Extrait 

à  Tétat 

à  l'état 

niques 

éthéré. 

d'éthers. 

de  savons. 

libres. 

Glycérine. 

3,96 

2,95 

0,29 

0,53 

néant 

3,85 

2,78 

0,29 

0,53 

néant 

Immédiatement  après  la  saignée.     3,96 
Après  i44  heures  à  S'y" 3,85 

»  Cette  expérience  contredit  nettement  la  préexistence  d'une  lipase 
dans  le  plasma. 

»  2.  Deux  autres  expériences  de  la  même  Note  se  rapportent  :  l'une  au 
sang  total  du  chien,  l'autre  à  un  sérum  de  cheval  chargé  de  globules, 
ayant  séjourné  des  temps  différents  à  l'étuve.  Il  se  produit,  dans  ces 
liquides,  des  actions  que  beaucoup  de  physiologistes  tendent  à  attribuer 
aux  globules,  car  elles  ont  lieu  dans  le  sang  total;  encore  dans  les  sérums 
globulaires;  elles  font  défaut  dans  le  sérum  sans  globules. 

»  Parmi  ces  réactions,  il  y  a  celles  que  nous  avons  indiquées;  l'extrait 
éthéré  diminue  dans  le  sang  conservé  aseptiquement  à  37°;  il  n'apparaît 
pas  des  quantités  d'acides  gras  (libres  ou  combinés)  ni  de  glycérine  équi- 
valentes. L'action  qui  fait  disparaître  les  graisses  n'est  donc  pas  une  sapo- 
nification; le  processus  est  autre.  Le  nouvel  exemple  que  nous  publions 
vient  à  l'appui  de  nos  premières  conclusions. 

»  Du  sang  défibriné  de  chien  (en  digestion)  est  réparti  en  plusieurs 
échantillons;  ces  échantillons  sont  flosés  à  des  intervalles  déterminés; 
avant  chaque  dosage  on  recherchait  la  présence  des  microbes;  tous  ces 
échantillons  sont  restés  stériles,  sauf  le  sang  conservé  en  tube  scellé. 


56 


ACADEMIE   DES   SCIENCES. 


Acides 


Immédiatement  après 
la  saiffnée 


Échantillons    au    con-1  Après   48  h.,  à  Sy* 


tact  de  l'air. 


96 
i44 
192 


organiques 

gras 

combinés 

combinés 

Extrait 

à  l'état 

à  l'état 

organiques 

éthéré. 

d'éthers. 

de  savons. 

libres. 

Glycérine 

Pour  1000. 

Pour  1000. 

Pour  1000. 

Pour  1000. 

Pour  looc 

s 
6,7 

4,982 

0,620 

0,20 

Néant. 

3,8 

2,35o 

o,6o3 

0,29 

Néant. 

3,3 

1,917 

0,780 

0,32 

Néant. 

2,4 

1 ,25o 

o,84o 

0,45 

Néant. 

1,6 

0,70 

0,960 

0,62 

Néant. 

Échantillon     conservé 
en  tube  scellé  après  1 
avoirété  soumispen- >  Après  192  h.,  à  37°. 
dant  2  h.  au  vide  de 
la  trompe  (à  i5°).     / 


6,1 


0,49       Néant. 


»  En  regard  de  cette  lipase  hypothétique,  qui  ne  peut  agir  sur  les  graisses 
vraies  en  présence  de  l'eau  ni  en  l'absence  d'oxygène,  il  convient  de  placer 
la  lipase  réelle  du  pancréas,  dont  l'action  est  si  nette  et  si  facile,  même  dans 
le  vide  de  la  trompe.  » 


PHYSIQUE  BIOLOGIQUE.  —  Inhibition  produite  par  voie  d'interférence  sur  la 
rétine.  Note  de  M.  Adg.  Charpentier,  présentée  par  M.  d'Arsonval. 

«  Dans  diverses  Notes  communiquées  à  l'Académie  en  1891  et  1896, 
j*ai  montré  que  chaque  excitation  lumineuse  détermine  dans  l'appareil 
rétinien  un  double  processus  oscillatoire,  qui  se  transmet  à  distance  dans 
des  conditions  que  j'ai  pu  déterminer  expérimentalement.  J'ai  pensé  qu'en 
partant  de  ce  fait  il  serait  possible  de  produire  sur  la  rétine,  comme  je  l'ai 
déjà  fait  sur  le  nerf  moteur,  des  phénomènes  d'influence  d'une  excitation 
sur  une  autre  plus  ou  moins  éloignée. 

))  L'un  des  deux  processus  rétiniens  se  transmettant  également  dans 
toutes  les  directions  perd  très  rapidement  de  son  intensité,  et  il  n'est  guère 
possible  de  songer  à  lui  pour  réaliser  ces  phénomènes  d'influence  à 
distance.  Mais  dans  le  second,  la  propagation  s'opère  en  ligne  droite,  donc 
sans  perte  trop  grande,  dans  la  direction  du  point  de  fixation,  et  de  plus 
on  peut  tirer  parti  du  trait  le  plus  apparent  de  cette  réaction  oscillatoire,  la 
production  de  la  bande  noire,  qui  n'est  que  la   première  phase  négative  de 


SÉANCE    DU    7    JUILLET    1902.  5^ 

roscillatfon  rétinienne.  La  fréquence  de  cette  dernière  étant  d'environ 
36  par  seconde,  la  bande  noire  connmencera  à  se  produire  environ  ^r  de 
seconde  après  le  début  de  l'excitation  et  se  propagera  avec  une  vitesse 
connue  d'après  d'autres  expériences.  Si  donc  une  excitation  naît  à  un 
instant  donné  en  un  point  delà  rétine,  l'influence  affaiblissante  de  la  bande 
noire  se  fera  sentir  sur  une  seconde  excitation  produite  en  un  autre  point 
après  un  temps  parfaitement  déterminé  et  augmentant  proportionnellement  à 
la  distance  des  deux  points  excités.  C'est  en  effet  ce  qu'on  observe  en  se 
plaçant  dans  certaines  conditions.  (Je  néglige  volontairement  la  première 
phase  de  renforcement,  dont  j'ai  observé  aussi  la  transmission  à  distance, 
mais  qui  est  moins  facile  à  étudier.) 

»  Cette  expérience  nous  fournit  donc,  d'une  part,  une  confirmation  de 
nos  précédentes  recherches;  mais,  en  outre,  elle  nous  permet  de  déter- 
miner, par  une  nouvelle  méthode,  et  la  fréquence  et  la  vitesse  de  propa- 
gation radiale  des  oscillations  rétiniennes. 

»  Remarquons  l'analogie  de  cette  méthode  avec  celle  qui  nous  a  servi 
précédemment  à  mesurer  la  vitesse  de  propagation  de  l'excitation  uni- 
polaire dans  le  nerf  (note  du  26  juin  1899).  On  produit  deux  excitations 
brèves  en  deux  points  séparés  par  une  distance  /  sur  la  rétine  (comme  sur 
le  nerf)  ;  on  cherche  après  combien  de  temps  t  lu  seconde  doit  se  produire 
pour  être  influencée  par  la  première.  L'influence  partie  du  premier  point 
s'étant  produite  après  un  temps  k  et  s'étant  propagée  avec  une  vitesse  Vy 
on  a 

7       l 

V 

))   On  répète  l'expérience  pour  une  nouvelle  distance  /'  des  deux  points 
excités,  et  l'on  trouve  un  nouvel  intervalle  de  temps  t'  dont  la  valeur  est 

t'  =  k  -\-  -■ 

V 

»   On  tire  de  là 

»   On  peut  aussi  calculer  k,  qui  est  égal  à    . — -p—;  cela  représente,  dans 

le  cas  actuel,  la  durée  de  la  demi-période  oscillatoire,  après  laquelle  se 
produit  la  bande  noire  dont  nous  apprécions  l'effet  à  distance.  Cet  effet  se 
manifeste  par  l'obscurcissement  d'une  seconde  excitation,  quand  les  con 
ditions  de  distance  et  de  temps  établies  ci-dessus  sont  réalisées. 

C.  R.,  1902,  2*  Semestre.  (T.  CXXXV,  N°  1.)  ^ 


58  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Cette  mélhode,  facile  à  concevoir  en  principe,  est  plus  difficile  à 
mettre  en  pratique.  Il  faut  d'abord  que  la  seconde  excitation  soit  très 
faible,  pour  qu'on  puisse  juger  de  l'arrivée  de  la  bande  noire  par  extinc- 
tion ou  quasi-extinction.  Sa  durée  ne  doit  pas  dépasser  celle  de  la  réaction 
négative,  soit  yV  de  seconde,  et  il  est  préférable  de  la  rendre  plus  faible 
encore. 

»  De  même  il  est  bon  de  ne  pas  faire  dépasser  à  l'excitation  initiale 
(beaucoup  plus  intense)  la  durée  d'une  oscillation  rétinienne,  soit  j^  de 
seconde.  Il  est  facile  d'obtenir  ces  deux  excitations  par  deux  secteurs  de 
largeur  convenable  qui  passeront  devant  deux  petites  fenêtres  fixes  prati- 
quées dans  un  large  écran  noir.  Les  deux  secteurs  pourront  être  écartés 
plus  ou  moins  l'un  de  l'autre  pour  faire  varier  l'intervalle  de  temps  entre 
les  deux  excitations.  Je  n'ai  pas  eu  jusqu'ici  les  moyens  de  réaliser  cette 
variation  d'une  façon  continue,  aussi  dans  une  première  série  d'expériences 
j'ai  opéré  par  tâtonnements  successifs  en  achevant  le  réglage  par  de  petits 
changements  de  la  distance  de  l'œil  et,  par  suite,  de  l'intervalle  rétinien 
des  points  excités.  Après  une  première  détermination  on  répète  l'expérience 
en  regardant  à  oeu  près  à  la  même  distance  deux  autres  fenêtres  semblables 
un  peu  plus  écartées  et  pour  lesquelles  on  a  établi  par  tâtonnements  un 
autre  intervalle  de  temps  convenable.  On  doit  fixer  la  seconde  fenêtre  ou 
un  point  assez  voisin  situé  sur  la  droite  qui  la  joint  à  la  première.  Il  y  a  en 
outre  des  détails  d'expérience  assez  délicats  sur  lesquels  je  ne  puis  insister. 

))  J'ai  obtenu,  comme  résultat  moyen  de  i8  déterminations,  yi*" 
par  seconde  pour  la  vitesse  de  propagation  de  la  réaction  négative,  et 
33  périodes  par  seconde  pour  la  fréquence  de  l'oscillation,  ce  qui  concorde 
suffisamment  avec  les  résultats  de  mes  précédentes  méthodes.  » 


BIOLOGIE.  —  Sur  l' autorégulation  par  l'acide  carbonique  du  fonctionnement 
énergélique  des  organismes.  Note  de  M.  Raphaël  Dubois. 

«  Dans  mon  Livre  sur  le  Mécanisme  de  la  thermogenèse  et  du  sommeil 
chez  les  Mammifères  (voir  principalement  p.  246-247  et  267)  et  dans 
diverses  publications  antérieures  et  postérieures,  j'ai  montré  que,  seule, 
l'accumulation  de  l'acide  carbonique  dans  l'organisme  peut  a  expliquer 
»  d'une  manière  satisfaisante  le  cycle  du  travail,  de  la  fatigue,  du  sommeil 
),  et  du  réveil  ».  Par  de  nombreuses  expériences  j'ai  prouvé  que  le  som- 
meil des  aninuiux  et  des  végétaux  est  une  autonarcose  carbonique,  résultant 


SÉANCE    DU    7    JUILLET    I902.  ,  Sg 

de  leur  fonctionnement  périodique  alternativement  diurne  et  nocturne,  et 
que  le  sommeil  hivernal,  lui-même,  n'est  qu'une  exagération  de  l'état  de 
sommeil  ordinaire.  L'étude  approfondie  des  animaux  hivernants  m'a  permis, 
en  outre,  de  mettre  en  lumière  l'influence  frénatrice  de  l'acide  carbonique 
sur  la  calorification,  et  d'établir  que  l'acide  carbonique  constitue  le  plus 
admirable  des  régulateurs  thermiques  (  *  ). 

»  On  sait,  en  effet,  que  son  pouvoir  antithermique  est  considérable;  or, 
comme  sa  {)roduction  augmente  précisément  en  même  temps  que  les  causes 
d'hyperthermie,  telles  que  le  travail  musculaire  ou,  d'une  manière  générale, 
proportionnellement  aux  oxydations,  lesquelles  présentent  les  plus  impor- 
tants des  phénomènes  exothermiques  et  exoénergétiques,  il  en  résulte  une 
admirable  compensation  automatique.  Cette  dernière,  par  sa  généralité  et 
par  son  intensité,  laisse  bien  loin  derrière  elle  tous  les  mécanismes  de 
régulation  thermique,  dont  il  est  question  dans  les  Traités  de  Physiologie 
anthropologique. 

»  Chacun  connaît  les  étroites  relations  qui  relient  le  travail  à  la  calori- 
fication, à  la  fatigue,  et  l'influence  de  cette  dernière  sur  le  sommeil;  mais, 
en  outre,  on  peut  prouver  expérimentalement  que  la  fatigue  est  obtenue 
par  l'acide  carbonique  agissant  directement  sur  l'économie,  alors  même 
que  celle-ci  n'a  pas  épuisé  ses  réserves  de  potentiel  énergétique.  Pour 
cela,  il  suffit  de  surcharger  lentement  de  CO^  l'organisme,  en  respirant  des 
mélanges  de  CO-  et  d'air  ou,  mieux,  de  CO"  et  d'O,  pour  écarter  toute  in- 
fluence anoxémique.  Au  bout  d'un  temps  variable  avec  les  proportions 
du  mélange  gazeux  et  l'état  du  sujet,  il  survient  une /a^yY^e  telle  que  le 
sujet  a  la  plus  grande  peine  à  se  tenir  debout  et  à  marcher,  comme  s'il  avait 
fait  une  marche  forcée .  C'est  la  fatigue,  que  tout  le  monde  connaît,  et  pour- 
tant CO-,  loin  d'avoir,  dans  ce  cas,  provoqué  un  épuisement  des  réserves, 
a,  bien  au  contraire,  ralenti  leur  consommation,  ainsi  que  l'indique  la 
sensation  de  froid  et  la  tendance  à  l'hypothermie  qui  suit  son  inhalation 
prolongée.  Il  y  a  donc,  en  même  temps,  économie  par  frénation  des  dé- 
penses et  production  d'une  sensation  de  fatigue  intense. 

»   Comment  peut-on  expliquer  cette  autofrénation  énergique  par  CO^  ? 

»  Si,  au  lieu  d'air,  on  fait  passer  avec  la  vitesse  d'une  bulle  par  seconde 
un  mélange  à  parties  égales  d'air  et  d'acide  carbonique,  dans  une  solution 
d'hydroquinone  titrée  contenant  de  la  laccase,  on  remarque  une  diminu- 
tion considérable  de  l'.îclioîi  de  l'oxydase. 


(')  Voir  loc.  cit.,  p.  263. 


6o  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

»  Il  est  possible  que  cela  tienne  uniquement  à  ce  que  CO-  agit  sur  la  lac- 
case  par  sa  fonction  acide,  mais  il  ne  faut  pas  oublier  qu'il  est  aussi  un  anes- 
thésique  très  général  pour  le  bioprotéon  ou  substance  vivante.  J'ajouterai 
que,  d'après  mes  expériences,  ce  n'est  pas  sur  le  pouvoir  glycolytique  du 
sang  que  son  action  paraît  s'exercer. 

»  En  résumé,  ce  qu'il  importe  surtout  de  noter  c'est  que  Vacide  carbo- 
nique produit  la  fatigue,  même  en  présence  de  réserves  énergétiques  abondantes, 
et  qu'il  est  le  plus  général,  le  plus  important  et  le  plus  merveilleux  autorégula- 
teur des  phénomènes  bioénergétiques  :  travail,  biolhejmo genèse,  bioélectro ge- 
nèse, biophoto  genèse  et,  principalement,  de  tous  ceux  dans  lesquels  l'oxygène 
intervient. 

»  L'acide  carbonique  est  le  contrepoids  de  l'oxygène,  qui  provoque  sa 
formation  dans  le  bioprotéon.  Dans  les  organismes,  il  sert  à  empêcher  les 
dégagements  exagérés  de  potentiel,  de  même  qu'il  est  employé  commu- 
nément à  combattre  les  incendies,  mais  toutefois  par  un  mécanisme  qui 
n'est  pas  identique  dans  les  deux  cas.  Il  est  temps  de  cesser  de  considérer 
CO^  comme  un  simple  déchet,  inutile,  sinon  nuisible.  » 


ZOOLOGIE.    —    Influence   de  la  température  sur  le  développement  parthé- 
jiogénëtique.  Note  de  M.  C.  Viguier,  présentée  par  M.  Edmond  Perrier. 

«  Depuis  que  j'annonçai  la  parthénogenèse  naturelle  des  Sphœrechinus, 
Toxopneustes  et  Arbacia  (^Comptes  rendus,  20  juin  1900,  et  publications  sub- 
séquentes), elle  n'a  été  affirmée  pourjCes|animaux  que  par  Ariola  (/Ir^ac/a, 
in  Società  Ligustica  di  Scienze,  Gênes,  1902).  Mais  cet  auteur  n'a  vu  que 
ce  qu'il  appelle  «  un  principio  di  divizione  partenogenetica,  che  e  inferiore 
allô  stadio  dimorula  »  et  qui  correspond  à  ce  que  je  nomme  segmentations 
irrégulières  ou  fausses  segmentations.  Les  figures  de  sa  planche  IX  sont 
démonstratives  à  cet  égard.  Quant  à  moi,  je  n'ai  jamais  parlé  de  parthéno- 
genèse que  lorsque  j'obtenais  des  larves  régulières  et  actives.  Les  Arbacia 
de  Napies  sont  donc,  à  cet  égard,  moins  favorables  à  l'élude  que  ceux 
d'Alger;  ou  plutôt  Ariola  n'étudia  qu'un  troj)  petit  nombre  de  sujets. 

»  J'avais,  en  1901,  repris  ce  travail  sur  les  Toxopneustes  el  les  Arbacia 
seulement;  obtenant  des  plutei  pour  les  premiers,  et  seulement  des  gas- 
trulas  pour  les  seconds. 

»  Aussi  A. -P.  Mathews  (Am.  J.  ofPhys.,  t.  VI,  p.  i5i)  attribue-t-il  mes 
résultats  moins  favorables  de  1901  à  ce  que  l'eau  de  mes  expériences  était 


SÉANCE    DU    7    JUILLET    1902.  61 

mieux  stérilisée;  les  développements  signalés  par  moi  comme  parthénogé- 
nétiques  étant  dus,  suivant  lui,  comme  suivant Loeb(/lm.  J.of.  Phys.,  t.  V, 
p.  434)»  à  une  fécondation  involontaire  des  œufs  témoins. 

»  J'ai  d'autant  plus  lieu  de  m'étonner  de  cette  assertion  que,  si  des  œufs 
témoinsétaient  involontairement  fécondés,  ils  devraient  avoir  un  dévelop- 
pement semblable  à  celui  des  œufs  volontairement  fécondés.  Le  fait  même 
qu'ils  évoluent  autrement,  fait  que  j*ai  signalé  dès  le  début,  montre  que 
leur  nature  est  différente. 

»  J'avais,  du  reste,  dit  expressément,  dans  ma  Note  (  Com/>;e5  rendus^ 
10  juin  1901),  que  la  température  me  paraissait  surtout  jouer  un  rôle;  et 
Mathews  aurait  dû  connaître  cette  Note. 

»  J'ai  repris  une  troisième  fois,  cette  année,  ces  études  sur  leSph.,  le  Toa;.  elVArb., 
et  le  Service  météorologique  de  l'Algérie  a  bien  voulu  me  communiquer  ses  feuilles 
de  1900,  1901  et  1902. 


Nombre  d'heures  au-dessus  de  3o° 

»  25° 

»  20" 

»  i5° 

Nombre  d'heures  au-dessous  de  i5° 

Total .... 

))  Les  conditions  de  ce  mois  de  mai  ont  donc  été  plus  défavorables  encore  qu'en  1901  ; 
et  je  ne  dois  d'avoir  obtenu  des  résultats  probants  qu'à  ce  que  j'ai  pu  suivre  mes 
expériences  jusqu'au  9  juin.  La  température  ne  se  releva  définitivement  qu'à  partir  du 
27  mai,  et  les  10  premiers  jours  de  juin  donnent,  pour  2^0  heures  :  3o  minutes  au-dessus 
de  35°,  4  heures  au-dessus  rie  3o°,  i5  heures  au-dessus  de  25°,  i33  heures  au-dessus 
de  20°;  et  87  heures  3o  minutes  au-dessus  de  i5°,  o  au-dessous. 

»  Je  publierai  les  courbes,  et  celles  des  mois  d'avril. 

»  J'ai  fait  cette  année  i4  cultures  de  Sphœiechinus  (1129)  du  17  avril  au  6  juin 
(les  cultures  sont  toujours  indiquées  ici  par  leur  date  d'origine). 

»   Pour  les  Toxopneustes,  12  cultures  (io6ç))  du  i"""  mai  au  6  juin. 

»   Pour  les  Arbacia,  12  cultures  (1769)  du  3o  avril  au  7  juin. 

))  Total  39^9,  des  3  espèces;  et,  pour  les  3  années,  7i3q  comptées,  plus  un  cer- 
tain nombre  non  compté  en  1900. 

»  Si  l'on  tient  compte  de  la  température,  les  lésultats  des  3  années  concordent  tout 
à  fait. 

»  Les  7  premières  cultures  de  Sphœrechinus,  du  17  avril  au  16  mai,  ne  m'ont  rien 
donné.  La  température  monte  brusquement  le  19,  et  la  culture  du  21  donne  des  larves 
rares,  qui  s'arrêtent  au  stade  blastula;  le  23,  j'obtiens  des  blastulas,  des  gastrulas,  et 
des  plutei   fort  rares.  Le  thermomètre  avait  de  nouveau  baissé;  et,  pour  la  culture 


Mois  de  Mai  . 

1900. 

igoL 

1902. 

Il 

h 

h 

2 

0 

0 

36 

5 

I  I 

25o 

127 

lOI 

/il2 

5i7 

4i5 

44 

95 

217 

744 

744 

744 

62  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

du  23,  je  ne  trouve  que  2  plutei;  pour  celle  du  3o,  que  de  rares  blastulas  peu  actives. 
La  température  remontant  à  partir  du  27,  la  culture  du  3i  donne  des  plutei  à  grands 
bras  et  des  larves  à  tous  les  états,  toutes  très  actives.  Une  légère  baisse  se  produit  à 
partir  du  i*""  juin  :  la  culture  du  5  ne  donne  que  quelques  plutei,  et  celle  du  6  rien. 

»  Toxopneustes  :  2  et  7  mai,  rien;  9,  une  seule  blastula  immobile;  i4,  des  blastulas 
mobiles  très  actives;  16,  rien;  21,  plutei  de  tous  âges;  23,  quelques  très  grands 
plutei;  28,  rien;  3o,  une  seule  blastula  très  active;  5  juin,  grands  plutei  très  actifs; 
6,  rien. 

»  Arbacia  :  3o  avril,  segm.  4  ;  7  mai,  début  de  l'invagination  gastrulaire  ;  16,  une  blas- 
tula très  jeune;  21,  des  blastulas  très  petites  et  très  rares;  22,  des  gastrulas;  28,  des 
gastrulas;  3o,  une  seule  blastula;  5  juin,  des  plutei  très  actifs;  6  et  7  juin,  des  plutei 
à  grands  bras,  ces  derniers  très  en  avance  sur  les  fécondés  de  même  origine. 

»  Les  états  indiqués  ci-dessus  sont  les  états  les  plus  avancés  observés 
chez  les  parthénogénétiques  naturels.    » 


ZOOLOGIE.  —  Sur  révolution  des  formations  branchialea  chez  le  Lézard 
et  l'Orvet.  Note  de  MM.  Prexant  et  Saint-Remy,  présentée  par 
M.  Edmond  Perrier. 

«  Le  développement  des  dérivés  branchiaux  des  Sauriens  a  été  suivi, 
chez  les  Lacerla,  par  de  Menron,  van  Bemmelen,  Maurer.  Nous  avons 
reconnu,  sur  'es  L.  agiiis  elL.  viridis,  l'exactitude  générale  des  données  de 
Maurer  (Morph.  Jahrb.,  t.  XXVII);  son  désaccord  avec  la  {)kipnrt  des  au- 
teurs sur  le  nombre  des  fentes  tient  à  ce  qu'il  ne  compte  pas  la  fente  buc- 
cale, dont  le  caractère  de  fente  branchiale  est  bien  prouvé  par  ce  fait  que, 
chez  les  Couleuvres,  elle  donne  un  dérivé  identique  à  celui  de  la  fente 
suivante,  il  y  a  donc,  chez  les  Lacerta,  cinq  fentes  branchiales  dont  la 
première  ne  fournitaucune  ébauche,  et  les  quatre  fentes  de  Maurer  doivent 
être  reculées  d'un  rang. 

»  Nous  avons  étudié  également  l'Orvet,  qui  appartient  à  un  autre  sous- 
ordre.  Il  s'y  développe  les  mêmes  organes  que  chez  les  Lacerta;  mais,  par 
suite  de  la  suppression  de  la  dernière  fente,  ces  organes  se  constituent 
respectivement  aux  dépens  de  la  fente  précédente,  de  la  façon  suivante  : 

»  1''^  fente.  —  Elle  ne  forme  aucune  ébauche;  elle  présente  au  début  un  organe  sen- 
soriel dorsal  qu'on  observe  aussi  chez  le  Lézard  et  la  Couleuvre. 

»  11^  fente.  —  Elle  émet  une  très  petite  évaginalion  dorso-interne,  dont  l'épithélium 
prend  un  développement  considérable  et  s'allonge  pour  former  en  arrière  un  volu- 
mineux bourgeon  plein,  qui  devient  le  thymus  antérieur.    tJn  pédoncule  grêle  ra(- 


SÉANCE    DU    7    JUILLET    1902.  63 

tache  encore  quelque  temps  cette  ébauche  au  pharynx  et,  quand  il  se  détruit,  il  laisse 
sa  base  implantée  dans  l'épithélium  pharyngien,  où  elle  devient  un  petit  nodule  d'élé- 
ments lymphoïdes,  d'importance  très  variable,  qu'on  retrouve  chez  des  embryons  très 
avancés. 

»  Il l^  fente.  —  Elle  donne  naissance  également  à  une  petite  évagination  dorso- 
interne  dont  l'épithélium  s'allonge  et  se  renfle  en  massue  pour  former  l'ébauche 
pleine  du  thymus  postérieur,  organe  qui  fait  suite  au  premier  et  n'en  difi'ère  que  par 
le  volume.  Ventralement  la  fente  se  creuse  et  émet  un  cordon  épithélial  plein  qui  dis- 
paraît de  bonne  heure,  mais  est  intéressant  par  son  analogie  avec  le  bourgeon  thy- 
mique  des  Mammifères.  Dans  cette  région,  la  feule  s'isole  de  l'épithélium  tégumentaire, 
du  pharynx  et  de  l'ébauche  thymique  et  se  développe  en  une  ébauche  creuse  qui  de- 
vient une  glandule  parathy inique  {corpuscule  épithélial)  située  contre  la  partie 
postérieure  et  ventrale  de  ce  thymus. 

»  IV^  fente.  —  La  portion  proximale  de  la  fente,  isolée  de  l'épithélium  tégumen- 
taire, épaissit  beaucoup  sa  paroi  et  devient  une  ébauche  creuse  qui  peut  être  comparée 
à  la  glandule  parathymique  :  mais  elle  se  détruit  par  régression  et  disparaît  complè- 
tement de  bonne  heure. 

»  V^  fente.  —  Elle  s'est  montrée  réduite  à  une  sorte  de  petite  évagination  du  pha- 
rynx chez  nos  plus  jeunes  embrj'ons  mesurant  10"'™  de  longueur;  elle  n'est  bientôt 
plus  représentée  que  par  un  jjelit  bouton  et  ne  tarde  pas  à  disparaître. 

»  Evagination  post-branchiale.  —  Elle  se  forme  à  l'origine  des  deux  côtés,  mais 
bientôt  celle  du  côté  gauche  régresse  et  disparaît  complètement,  sauf  de  rares  excep- 
tions ;  celle  de  droite  seule  se  développe  en  une  glande  qui  atteint  son  maximum  dans 
le  jeune  âge  et  régresse  chez  l'adulte.   » 


ZOOLOGIE.  —  Contributions  à  L'étude  anatomique  du  Rhabdopleura 
Normani  Allm.  Note  de  MM.  A.  Conte  et  C.  Vaney,  présentée  par 
M.  Alfred  Giard. 

«  Au  cours  de  la  campagne  du  Caudan,  dans  le  golfe  de  Gascogne, 
M.  le  professeur  R.  Rœhler  a  rencontré,  sur  des  branches  de  Lophohelia 
proliféra  Pallas,  de  nombreuses  colonies  de  Rhabdopleura  Normani  Allm. 
Ge  sont  ces  matériaux,  mis  obligeamment  à  notre  disposition  et,  pour  la 
plupart,  dans  un  état  de  parfaite  fixation,  qui  nous  ont  permis  de  reprendre 
toute  l'étude  de  l'anatomie  et  du  bourgeonnement  de  cette  curieuse  espèce. 
Malgré  les  recherches  d'Allman,  Sars,  Ray-Lankester  etFowler,  l'anatomie 
n'en  est  qu'imparfaitement  connue  et  Fowlei-,  qui  en  précise  les  affinités, 
reconnaît  n'avoir  eu  en  main  que  des  matériaux  d'une  conservation  impar- 
faite. 

»  La  paroi  du  corps  de  l'animal  présente  une  cuticule,  surtout  bien  visible  chez  les 
formes  en  dégénérescence.  Le  pédoncule  s'insère  tout  à  fait  en  avant,  en  un  point  d'où 


64  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

divergent  le  corps  proprement  dit,  répistome  et  les  deux  bras.  Les  fibres  musculaires 
de  ce  pédoncule  se  prolongent  dans  les  bras  et  dans  Tépistome. 

»  L'épistome  présente  de  grosses  taches  pigmentaires  dont  le  groupement  en  un 
point  a  fait  considérer  cette  région  comme  pourvue  d'un  organe  visuel;  cette  hypo- 
thèse ne  peut  être  admise,  la  disposition  et  le  nombre  des  taches  pigmentaires  variant 
avec  les  individus. 

»  Le  tube  digestif  présente  la  disposition  et  les  caractères  observés  par  Ray-Lan- 
kester.  En  ce  qui  concerne  les  organes  génitaux,  cet  auteur  a  signalé  un  testicule 
dont  l'existence  a  été  depuis  niée  par  Fowler.  Nous  avons  retrouvé  cet  organe  dans  un 
grand  nombre  d'exemplaires;  il  a  exactement  la  forme  allongée  figurée  par  Ray-Lan- 
kester,  mais  nous  n'avons  pas  constaté  l'existence  d'un  pore  génital  mâle.  Nous  avons 
pu  observer  la  spermatogenèse;  toutefois,  les  spermatozoïdes  de  nos  échantillons  n'ont 
pas  tout  à  fait  la  forme  représentée  par  ce  savant  :  ces  spermatozoïdes  sont  de  petits 
bâtonnets  légèrement  effilés  à  une  extrémité.  Le  testicule  lui-même  provient  d'une 
difi"érenciation  de  l'extrémité  antérieure  du  pédoncule;  celle-ci  se  produit  sur  une 
longueur  presque  égale  à  celle  du  corps  de  l'animal;  la  portion  axiale  de  cet  organe 
seule  se  dinférencie  et  elle  est  entourée  par  une  membrane  d'enveloppe  formée  de  la 
portion  périphérique  du  pédoncule.  Quant  à  l'ovaire,  il  était  totalement  inconnu. 
Nous  avons  rencontré  sur  de  nombreux  individus  et  à  la  base  du  pédoncule  des  ovules 
en  voie  de  développement;  ceux-ci  se  forment  aussi  aux  dépens  de  la  portion  axiale 
du  pédoncule,  mais  à  l'extrémité  opposée  à  celle  où  se  développe  le  testicule.  En  ce 
qui  concerne  la  sexualité,  il  paraît  y  avoir  un  hermaphroditisme  successif  avec  proto- 
gynie  ;  les  individus  pourvus  d'un  testicule  bien  développé  sont  en  dégénérescence. 

»  L'espace  compris  entre  la  paroi  du  corps  et  l'intestin  est  occupé  par  un  tissu 
formé  de  travées  cellulaires;  ce  tissu  se  continue  sans  aucune  interruption  dans 
l'épistome  et  les  bras;  les  subdivisions  indiquées  par  Fowler  n'existent  pas.  Tout 
l'espace  ainsi  occupé  par  ce  tissu  a  été  considéré  comme  la  cavité  générale  :  une 
semblable  homologation  ne  peut  être  admise  surtout  chez  un  être  aussi  aberrant 
et  seule  la  connaissance  de  son  développement  embryonnaire  pourra  permettre  de 
résoudre  cette  question  ;  mais  nous  pensons,  qu'en  l'état  actuel  il  n'y  a  pas  lieu  de 
baser,  sur  ce  caractère,  les  affinités  du  Rhabdopleura.  Nous  avons  vainement  cherché 
les  canaux  excréteurs  et  les  pores  collaires  signalés  par  Fowler  et  représentés  par  cet 
auteur  dans  des  coupes  histologiques  schématiques. 

«  Un  dernier  point  important  nous  reste  à  examiner,  c'est  celui  de  la  présence  d'un 
organe  identifié  par  Fowler  à  une  notochorde  et  qui  a  conduit  cet  auteur  à  réunir 
celte  espèce  dans  le  groupe  des  Hémichordés,  avec  le  Balanoglossas  et  le  Cephalo- 
discus.  Nous  avons  été  assez  heureux  pour  retrouver,  tant  sur  des  individus  in  toto 
que  sur  des  coupes  en  série,  l'organe  décrit  comme  chorde  dorsale,  mais  il  n'existe 
pas  sur  tous  nos  échantillons.  Nous  avons  pu  constater  que  cette  prétendue  chorde 
n'était  autre  chose  que  l'extrémité  antérieure  du  pédoncule;  celle-ci  va  donner  nais- 
sance au  testicule  et  elle  off"reau  cours  de  sa  transformation  une  structure  identique  à 
celle  signalée  par  Fowler  pour  la  notochorde. 

»  En  résumé,  de  cette  étude  anatomique  du  Rhabdopleura  Normani  Ali  m. 
résultent  les  conclusions  principales  suivantes  : 


SÉANCE    DU    1    JUILLET    î(J0  2.  6*) 

»  1**  Le  testicule  et  l'ovaire  j)roviennent  de  diCféreRciations  des  deux 
extrémités  du  pédoncule; 

»  Q.""  L'espace  compris  entre  la  paroi  du  corps  et  les  organes  internes  est 
occupé  par  un  tissu  conjonctif  trabéculaire;  il  n'est  pas  subdivisé  par  des 
septums  et,  en  l'état  actuel,  il  ne  peut  pas  être  homologué  à  une  cavité 
générale; 

))    3°  Il  n'v  a  pas  de  notochorde. 

M  Dans  une  Note  ultérieure,  nous  nous  proposons  d'examiner  en  détail 
le  bourgeonnement  et  les  affinités  de  cet  animal.  « 

ZOOLOGIE.  —  Sur  la  cause  des  colorations  changeantes  des  téguments. 
Note  de  M.  le  D'"  H.  Mandoul,  présentée  par  M.  Alfred  Giard. 

«  Certaines  couleurs,  telles  que  les  irisations  des  coquilles,  des  écailles 
des  Poissons,  des  ades  des  Insecles,  les  teintes  chatoyantes  et  les  reflets 
métalliques  des  Insectes,  des  plumes  des  Oiseaux,  se  distinguent  pnr  leur 
éclat  et  leur  variabilité.  Des  opinions  diverses  ont  été  émises  sur  le  méca- 
nisme de  leur  production.  Les  uns  (Gadow,  Krukenberg)  les  attribuent  à 
des  phénomènes  de  dispersion  (par  les  prismes  ou  les  réseaux);  Bi  ùcke  les 
considère  comme  dus  à  des  phénomènes  de  lames  minces.  Aucun  n'a 
donné  la  preuve  de  son  assertion.  J'ai  pu  me  convaincre,  par  l'étude  de 
ces  colorations  à  l'aide  de  moyens  rigoureux  d'investigation,  que  c'est  aux 
phénomènes  d'interférence  par  les  lames  minces  qu'elles  doivent  être 
rattachées. 

»  L'aspect  de  ces  colorations  (poils  de  V Aphrodite  aculeata,  corpu'lle 
d'Haliotis  tuberculata,  aile  de  Morpho  Cypris;  plumes  de  la  gorge  du  Pigeon, 
du  Sifilet,  du  Rubis-topaze,  du  Douinate  confère,  du  Couroucou  resplen- 
dissant, du  Paon,  etc.)  rappelle  celui  des  couleurs  des  lames  minces  de 
Newton  d'ordre  [)lus  ou  moins  élevé,  c'est-à-dire  correspondant  à  des 
épaisseurs  de  lame  plus  ou  moins  grandes.  L'observation  directe  montre,  en 
outre,  que  ces  teintes  changent  avec  l'incidence,  fait  bien  connu  pour  les 
couleurs  des  lames  minces. 

»  La  comparaison  des  spectres  de  ces  colorations  et  des  spectres  donnés 
par  les  teintes  des  lames  minces  permet  d'établir  entre  elles  un  nouveau 
rapprochement.  (iMéthode  des  spectres  cannelés  de  Fizeau  et  Foucault.) 

»  D'ailleurs,  ces  couleurs  ne  montrent  pas  de  dichroisme  véritable 
(examen  à  la  loupe  dycliroscopique  d'Heidinger),  sauf,  peut-être,  celles 
de  certains  Coléoptères.  On  ne  peut  extraire  de  pigments  ayant  ce  carac- 
tère, et,  enfin,  la  teinte  disparait  à  la  lumière  transmise. 

G.  R.,  icjo;,  2=  Semestre.  (T.  CXXXV,  N°  1.)  V) 


66  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

))  L'examen  microscopique  des  téguments  montre  que  l'on  a  affaire, 
dans  tous  ces  cas,  à  une  structure  lamelleuse  (les  lames  ayant  des  dimen- 
sions de  l'ordre  de  la  longueur  d'onde)  :  lamelles  de  la  couche  nacrée  des 
coquilles  ;  cuticule  mmce  des  Vers,  des  Insectes,  des  barbules  de  plumes  ; 
lames  de  guanine  et  de  guanate  de  chaux  (Poissons,  Amphibiens).  La  cou- 
leur des  lames  dépend  de  leur  nature,  de  leur  épaisseur  et  de  l'incidence 
sous  laquelle  on  les  examine.  La  présence  d'un  écran  pigmentaire  noir, 
sous-jacent,  est  une  condition  favorable  à  la  manifestation  de  ces  colora- 
tions. Je  n'ai  jamais  trouvé,  dans  tous  ces  cas,  une  vraie  structure  réticulée 
(réseau  physique)  permettant  la  production  du  phénomène  des  réseaux, 
comme  certains  auteurs  l'ont  avancé.  Ce  phénomène  nécessite,  en  effet, 
un  système  de  stries  très  régulières,  très  fines,  et  dont  les  dimensions  et 
l'écartement  soient  de  l'ordre  de  la  longueur  d'onde  (5o,  loo,  200, 
3oo  stries  par  millimètre). 

»  La  distribution  de  la  coloration  à  la  surface  du  corps  apparaît  sou- 
vent comme  étant  déterminée  par  les  rapports  que  les  diverses  régions 
présentent  avec  le  milieu.  C'est  ainsi  que,  chez  les  Oiseaux,  les  couleurs 
de  structure  se  localisent  de  préférence  sur  les  plumes  de  revêtement 
(gorge,  cou,  tète).  La  fonction  de  ces  plumes  leur  permet,  en  effet,  de 
présenter  une  structure  éminemment  favorable  à  la  production  de  ces  cou- 
leurs (élargissement  de  la  barbule,  disparition  des  crochets,  lame  cuticu- 
laire  mince  et  écran  pigmentaire  sous-jacent  bien  développé).  » 

ÉCONOMIE  RURALE.  —  Sur  un  nouveau,  procédé  pour  la  destruction  de  la 
pyrale  et  d'autres  insectes  nuisibles.  Note  de  MM.  Vermorel  et  Gastine, 
présentée  par  M.  Joannes  Chatin. 

«  Malgré  l'application  généralisée  de  l'ébouillantage,  les  ravages  de  la 
pyrale  se  sont  notablement  étendus,  cette  année,  dans  le  Beaujolais.  Il  est 
manifeste  que  la  méthode  de  Raclet  est  insuffisante  ou  incertaine  dans  ses 
effets,  par  suite  des  ddflcultés  d'application. 

»  En  présence  de  cette  insuffisance,  nous  avons  organisé,  à  la  Station 
viticole  de  Villefranche,  une  série  d'expériences,  en  vue  de  détruire  cet 
insecte  pendant  la  période  même  de  ses  ravages. 

»  Les  pulvérisations  avec  des  liquides  insecticides,  solutions  ou  émul- 
sions  savonneuses  de  pyrèlhre,  de  nicotine,  de  pétrole,  de  poisons  végé- 
taux divers,  de  SLdfure  de  carbone,  sels  de  cuivre,  etc.,  dont  l'énomération 
serait  trop  longue  à  fournir,  ne  nous  ont  donné  aucun  résultat.  Protégées 
par  les  toiles  qu'elles  tissent  entre  les  feuilles,  en  repliant  ces  dernières, 
les  pyrales  sont  parfaitement  à  l'abri  des  liquides  les  plus  pénétrants. 


SÉANCE    DU    7    JUILLET    1902.  67 

»  Abandonnant  cette  voie,  nous  avons  eu  recours  aux.  gaz  et  aux  vapeurs  toxiques  : 
gaz  cyanhydrique,  sulfureux:  hydrogène  sulfuré;  vapeurs  de  nicotine,  de  sulfure  de 
carbone,  etc.,  en  opérant  sous  des  cloches  coniques  en  métal  dont  nous  recouvrions 
les  souches  en  olUurant  la  base  des  cloches,  reposant  sur  le  sol,  par  un  peu  de  terre 
ramenée  sur  leurs  parois.  A  l'intérieur  des  cloches  on  dégageait  des  doses  croissantes 
de  ces  gaz  ou  vapeurs;  on  faisait  varier  le  temps  de  leur  contact  en  observant  les 
effets  sur  les  pyrales  et  sur  la  vigne. 

»  Le  gaz  cyanhydrique  attaque  violemment  la  végétation,  même  à  doses  minimes, 
sans  tuer  toutes  les  pyrales.  Le  gaz  sulfureux  détruit  bien  la  pyrale,  mais  aussi  les 
feuilles  des  vignes.  La  nicotine  affecte  la  vigne,  tout  en  n'offrant  qu'une  action  insuf- 
fisante sur  la  pyrale.  Le  sulfure  de  carbone  est  dans  le  même  cas  :  de  forts  dosages 
sont  nécessaires  pour  atteindre  la  pyrale;  mais,  dans  ce  cas,  les  feuilles  de  la  vigne 
sont  tuées  et  se  dessèchent.  De  plus,  un  grand  nombre  des  pyrales,  paraissant  mortes 
après  l'opération,  ne  sont  qu'anesthésiées  et  se  rétablissent  en  quelques  heures.  Le 
chloroforme  offre  les  mêmes  inconvénients  encore  aggravés.  L'hydrogène  sulfuré  agit 
beaucoup  mieux;  à  la  dose  de  5  à  7  pour  100  en  volume  dans  l'atmosphère  de  la 
cloche,  la  vigne  ne  souffre  pas  pour  des  expositions  d'une  durée  d'une  demi-heure; 
beaucoup  de  pyrales  sont  empoisonnées.  L'action  insecticide  reste  toutefois  insuffi- 
sante, car  elle  épargne  les  pyrales  les  mieux  renfermées  dans  leurs  toiles.  Ces  pro- 
cédés chimiques,  même  combinés  entre  eux,  n'offrent  pas,  en  résumé,  une  solution 
satisfaisante. 

»  Nous  avons  eu  recours  alors  à  un  procédé  entièrement  nouveau  :  l'ac- 
tion (le  la  chaleur,  que  des  expériences  de  laboratoire,  effectuées  par  M.  le 
D*"  Dewitz,  à  la  Station  viticole  de  Villefranche,  nous  avaient  démontré  très 
efficaces  contre  nombre  d'insectes.  Les  pyrales,  exposées  à  une  tempéra- 
ture de  48*'  à  5o°,  meurent  au  bout  de  3  à  4  minutes.  Elles  sont  tuées  bien 
au-dessous  de  ces  températures,  à  4^°C.,  si  l'exposition  dure  plus  long- 
temps, 10  minutes.  Vers  4o°C.  elles  s'agitent  désespérément  et  sortent  de 
leur  retraite,  ce  qui  assure  mieux  l'effet  de  la  température  destructive. 
Enfin,  point  capital,  les  organes  foliacés  de  la  vigne  résistent  à  la  tempé- 
rature de  5o°C.,  à  la  condition  qu'elle  soit  maintenue  peu  de  temps. 

»  Ceiéluvcfge  à  température  et  à  durée  limitée  constitue  notre  procédé  de  destruc- 
tion de  la  pyrale.  Il  est  applicable  à  la  cochylis,  qui  se  comporte  comme  la  pyrale. 
Pour  d'autres  insectes,  il  y  a  lieu  de  fixer  par  des  recherches  complémentaires  les 
températures  limites  convenables;  mais  le  procédé  peut  d'ores  et  déjà  être  considéré 
comn^e  général  et  applicable  aux  parasites  des  plantes  agricoles  et  horticoles.  Pour 
un  insecte  aussi  bien  protégé  que  la  pyrale,  le  problème  particulièrement  délicat  était 
d'atteindre  sûrement  le  parasite  en  respectant  la  végétation. 

»  Les  appareils  dont  nous  nous  sommes  servis  sont  les  mêmes  cloches  coniques  en 
métal  plus  haut  signalées.  Nous  avons  employé  la  vapeur  d'eau  produite  par  ces  chau- 
dières portatives  que  jDOSsèdent  tous  nos  vignerons. 

))  Cette  vapeur  est  tout  d'abord  amenée,  par  un  tube  flexible,  dans  une  boîte  circu- 
laire très  aplatie,  sorte  de  plateau  discoïde  à  doubles  parois  écartées  l'une  de  l'autre 


68  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

de  1"^"^  La  paroi  supérieure  esl  percée  circulairement  de  petits  trous  pour  la  sortie  de 
la  vapeur.  Ce  plateau  est  échancré,  suivant  l'un  de  ses  rayons,  afin  qu'on  puisse  le 
placer  au-dessous  de  la  souche  dont  le  tronc  vient  occuper  l'échancrure  vers  le  centre 
du  disque.  On  place  la  cloche  conique  sur  ce  disque  creux,  puis  on  injecte  la  vapeur 
d'eau  et  l'on  observe  un  thermomètre  placé  au  sommet  de  la  cloche. 

»  Lorsque  la  température  arrive  à  5o°-52°  au  maximum,  on  arrête  la  vapeur.  On 
laisse  la  cloche  en  place  pendant  4  à  5  minutes,  puis  on  la  retire  aussitôt  ce  laps  de 
temps  écoulé. 

»  Les  pjrales  surprises  par  la  chaleur,  qui  se  répartit  assez  vite  et  assez  uniformé- 
ment dans  la  cloche,  sortent  de  leurs  nids  et  viennent  en  se  débattant  tomber  sur  le 
disque  distributeur  de  vapeur.  Elles  sont  instantanément  détruites  par  la  temj)érature 
de  100°  G.  qui  règne  sur  ce  disque.  Celles  qui,  au  cours  de  leur  chute,  sont  demeu- 
rées sur  les  feuilles  ou  qui  n'ont  pu  sortir  de  leurs  abris,  sont  échaudées  sur  place. 
Dans  des  vignes  fortement  pjralées,  c'est  par  centaines  sur  chaque  souche  et  principa- 
lement sur  le  plateau  que  l'on  peut  recueillir  les  py raies  brûlées  vives,  tordues  et  en- 
roulées sur  elles-mêmes. 

»  Si  l'on  dépasse  la  température  limite  ou  le  temps  utile  pour  réaliser  ces  eOets,  on 
peut  brûler  les  pousses  tendres  de  la  vigne,  qui  brunissent  immédiatement.  C'est  un 
dommage  peu  appréciable  qui  correspond  à  un  rognage  ou  pincage.  Ces  brûlures  sont 
surtout  produites  par  le  contact  du  sommet  de  la  cloche. 

»  Employé  avec  les  soins  convenables,  ce  procédé  est  radical  contre  l'insecte  et 
inofTensif  pour  les  vignes.  Dans  la  pratique,  l'observation  du  thermomètre  est  rempla- 
cée par  l'emploi  plus  facile  et  plus  sûr  d'un  avertisseur  thermique  qui  signale  à  la  vue 
et  à  l'ouïe  le  moment  où  il  faut  supprimer  linjection  de  la  vapeur.  Avec  une  chau- 
dière suffisante  ])our  alimenter  simultanément  plusieurs  cloches  d'étuvage,  on  arrive, 
à  l'aide  d'une  petite  équipe  de  deux  à  trois  personnes,  à  conduire  ce  travail  d'étuvage 
d'une  manièie  rapide  et  économique. 

»  En  hiver,  nous  nous  proposons  d'employer  le  même  SAStème  d'étuvage,  mais  alors 
à  haute  température,  ioo°  C,  pour  remplacer  l'ébouillantage  suivant  la  méthode  de 
Raclet.  Le  plateau  distributeur  de  vapeur  est  remplacé  par  un  tube  circulaire  disposé 
à  la  base  intérieure  de  la  cloche  d'étuvage.  Nous  comptons  atteindre  ainsi  bien  plus 
sûrement  la  temj^éralure  de  go°  nécessaire  pour  détruire  les  larves  dormantes  de  la 
pyrale,  et  surtout  éviter  les  manques  qui  se  produisent  forcément  avec  l'ébouillantage. 

»  Nous  croyons  devoir  attirer  raltenlioii  stir  l'emploi  de  ces  nouvelles 
méthodes  purement  physiques,  qui  semblent  offrir  un  grand  intérêt,  non 
seulement  contre  la  pyrale  et  la  cochylis  de  la  vigne,  mais  encore  contre 
Yeudemis  et  nombre  de  parasites  des  piaules  cultivées.  » 


GÉOLOGIE.  —  Sur  la  présence  de  l' étage  aptien  dans  le  sud-est  de  r Afrique. 
Note  de  M.  W.  Kiliax,  présentée  par  M.  Marcel  Bertrand. 

«  Au  commencement  de  cette  année,  M.  le  professeur  Gottsche.  conser- 
vateur du  Musée  d'Histoire  naturelle  de  Hambourg,   voidut  bien,  sur-   ma 


SÉANCE    DU    7    JUILLET    1902.  69 

demande,  me  confier  quelques  échantillons  de  fossiles  crétacés  recueillis 
en  1899  par  M.  Ackermann  aux  environs  de  la  haie  de  Delagoa,  sur  la 
côte  orientale  de  l'Afrique  du  Sud.  L'étude  de  ces  matériaux  m'a  permis 
de  reconnaître  une  iaunule  aptienne  nettement  caractérisée  dont  la  pré- 
sence dans  l'Afrique  australe  me  semble  assez  intéressante  pour  être  signalée 
dans  une  note  préliminaire. 

Voici  la  liste  des  fossiles  que  contiennent  les  récoltes  de  M.  Ackermann  : 

»  1.  Acaiithoceras  {Parahopliles)  Abicin  Antli.  %\\.  var.  africana  Kilian,  forme 
intermédiaire  entre  Ac.  Abiclii  A.n\.\\.  sp.  et  Ac.  Ala/ti/ii  cVOvh.  sp. 

»  2.  Acanthoceras  {Paralioplites)  Martini  d'Orb.  sp.  var.  Gottschei  Kilian;  assez 
abondante.  Cette  forme,  qui  peut-être  constitue  une  espèce  distincte,  diffère  du 
type  de  Ac.  Martini  pur  une  série  de  caractères  secondaires. 

»  3.  Acanthoceras  Albrechti  Austriœ  Uhlig.  Un  échantillon  typique,  conforme 
aux  figures  et  aux  échantillons  des  Karpatheset  du  Bedonlien  des  Basses-Alpes. 

•»  k.  Appeiia  Nisus  d'Orb.  sp.  Un  échantillon  très  net. 

»  5.  Ancy laceras  sp.  Gros  fragment  de  spire  qui,  par  ses  cloisons  très  bien  conservées 
et  par  son  ornemenlalion^  se  rattaclie  au  groupe  de  A/icyl.  Hilhi Sow.  {=: BoiX'erbanki 
Sow.),  mais  que  son  état  incomplet  empêche  de  déterminer  spécifiquement. 

»  6.  Ancyloceras  sp.  ;  cette  forme,  qui  existe  aussi  dans  VAptien  de  Lieoax  (Basses- 
Alpes),  sera  décrite  sous  le  nom  à.' Ancyloceras  Ackernianni  n.  sp.  Cette  espèce  se 
rattache  au  groupe  aptien  de  Ancyloceras  (  Amnionitoceras)  Ucetiae  Dumas. 

»  7.  Haniites  Royerianas  d'Orb.  Fragments  très  nets. 

»  8.   Gastropodes.  Moules  peu  déterniinables. 

»  9.  Pélécypodes  divers  des  genres  Ostrea,  Anoniia,  Pinna,  Cardiiun,  etc.  J'y  ai 
reconnu  Anoniia  lœvigata  Sow.  et  Pinna  sp.  Robinaldina  d'Orb.,  formes  du  Crétacé 
inférieur. 

»   10.    Teredo  sp.  Nombreux  moules  de  cavités  creusées  par  des  tarets. 

»   11.  Bois  fossile  abondant,  dont  un  morceau  criblé  de  perforations  de  Teredo. 

»  Le  caractère  de  cette  faune  est  nettement  aptien;  tous  les  Céphalo- 
podes susmentionnés  sont,  en  effet,  soit  des  espèces  qui  se  rencontrent  à 
ce  niveau  en  Finance,  soit  des  formes  très  voisines  qui  caractérisent,  chez 
nous,  soit  la  zone  à  Ancyloceras  Matheroni  et  Acanthoceras  Martini,  soit  le 
Gargasienà  Oppelia  nisus  et  Hoplites furcatus  (=  Dafrenoyi). 

»  C'est  la  première  fois,  à  ma  connaissance,  que  l'on  signale  la  présence 
de  l'étage  aptien  dans  l'Afrique  australe. 

»  Il  importe  également  d'attirer  l'attention  sur  le  cachet  européen  de 
cette  faune  aptienne  du  sud  de  l'Afrique,  dont  les  principaux  éléments,  et 
en  particulier  les  Ammonitidés,  appartiennent  non  seulement  à  des  espèces, 
mais,  quelques-unes  même,  à  des  variétés  qui  se  rencontrent  en  France, 
tandis  que  le  cachet  fa  unique  de  la  formation  néocomienne  d'Uitenhage 
décrite  par  Krauss,  Sharpe,  Neumayr  et  Holub  de  la  môme  région,  s'éloigne 


70  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

beaucoup,  au  pointde  vue  paléontologique,  de  celui  des  dépôts  néocomiens 
de  même  âe^e  de  l'Europe.  Celte  remarquable  uniformité  de  la  faune  aptienne 
a  été  déjà  remarquée  dans  des  régions  fort  éloignées  les  unes  des  autres; 
elle  s'observe  (*)  non  seulement  pour  le  sud-est  et  le  nord  de  la  France,  mais 
aussi  pour  l'Angleterre,  le  Hanovre  (Alaus),  la  Russie  (Saratow);  on  con- 
naît, en  outre,  l'aptien  à  Céphalopodes  dans  le  Caucase,  dans  l'Hindoustan, 
à  Ukruhill  (Rutsch),  où  les  couches  à  Acanthoceras  Martini  sont  connues 
depuis  longtemps,  dans  le  Daghestan,  en  Perse,  sur  la  frontière  du  Louristan 
(^Ac. Martini),  et  au  nord  d'Ispahan  (MM.  Douvillé  et  de  Morgan),  etc.  ;  en 
Afrique,  il  existe  en  quelques  points  de  l'Algérie,  au  pays  des  Somalis 
(faune  décrite  par  M.  Mayer-Eymar),  dans  l'Afrique  orientale  allemande 
(MM.  Bernhardt  et  G.  Mùller),  à  Mombaz  (Ostrea  aquila,  O.  macroptera), 
et  à  Madagascar  (où  Ac.  il/ar/m?  a  été  signalé  d'après  M.  de  Grossouvre). 

))  Le  contraste  entre  les  faunes  de  Céphalopodes  des  régions  méso- 
géennes  et  celles  des  autres  contrées  s'atténue  donc  momentanément  d'une 
façon  frappante  à  l'époque  aptienne;  en  même  temps  qu'à  cet  étage 
correspond,  dans  beaucoup  de  régions,  une  transgressivité;  cette  trans- 
gression paraît  s'étendre  jusqu'au  Texas,  où  les  Sables  de  Trinity,  formant 
la  base  de  la  série  crétacée  marine,  ont  fourni  Hoplites  furcatus  Sow. 
(^Dufrenoyi  d'Orb.)  bien  reconnaissable,  que  j'ai  récemment  pu  déterminer 
et  étudier,  grâce  à  l'obligeance  de  M.  le  professeur  Frech,  dans  les  collec- 
tions de  l'Université  de  Breslau.  Cette  distribution  cosmopolite  de  quelques 
Ammonites  caractéristiques  rappelle  ce  qui  s'est  passé  pour  le  Callovien, 
et  conduit  à  conclure,  après  MM.  Suess  et  Haug,  que  l'époque  aptienne 
paraît  avoir  correspondu  à  une  période  de  transgression  facilitant  l'échange 
des  éléments  fauniques  entre  les  divers  géosynclinaux  et  préludant  à  celles 
plus  importantes  encore  de  l'Albien  et  du  Cénomanien.  Quant  à  la  nature 
élastique  et  littorale  des  grès  aptiens  de  Delagoa-Bay,  elle  ne  fait  que  con- 

(*)  Si  l'on  fait  abstraction  d'un  petit  nombre  d'esjDèces  mésogéennes  dérivant  des 
formes  barrémiennes  de  la  région  méditerranéenne,  telles  que  Phylloceras  Guettardi 
d'Orb.  ?,^.,Phyll.  GoretiYaX..,  Tetragonites  Duvali  à''Orh.,  Puzosia  Emerici  à^Orh. 
et  formes  voisines  qui,  dans  certaines  parties  à  faciès  vaseux  du  sud-est  de  la  France 
(notre  type  colonial  de  l'aptien  supérieur)  et  d'Algérie  (Djebel  Cheniour)  se  mon- 
trent au  sommet  de  l'étage  localement  associées  aux  types  aptiens  habituels,  l'aptien 
à  Céphalopodes,  et  surtout  l'aptien  inférieur,  conserve  partout  les  mêmes  caractères 
paléontologlques,  et  se  trouve  toujours  caractérisé  par  les  mêmes  groupes  d'espèces, 
du  reste  peu  nombreux  (groupe  iV Acanthoceras  Martini;  groupe  de  Hoplites  Des- 
hayesi;  groupe  de  Hoplites  furcatus  {Dufrenoyi)\  groupe  d'Ancyloceras  Afat/ie- 
roni,  etc.);  on  le  retrouve  en  Amérique,  à  Bogota  (Acanth.  Martini)  et  au  détroit 
de  Magellan  avec  Ancyloc.  Matheroni, 


SÉANCE    DU    7    JUILLET    1902.  n£ 

firmer  la  conclusion  précédente  et  permet  de  voir  dans  ces  assises  les  traces 
d'un  retour  offensif  de  la  mer  sur  le  bord  occidental  du  continent  africano- 
brésilien.  » 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Sur  l'éruption  volcanique  du  8  mai  à  la  Martinique. 
Note  de  M.  Thierry,  présentée  par  M.  de  Lapparent. 

«  Le  8  mai,  dès  le  matin,  je  me  trouvais  dans  la  région  du  Morne  Rouge, 
à  3^"^  environ  du  cratère  à  vol  d'oiseau.  Rien  ne  gênait  la  vue;  l'air  était 
profondément  pur,  à  la  suite  d'un  orage  épouvautable  qui  avait  eu  lieu 
pendant  la  nuit. 

»  La  colonne  de  fumée  du  volcan  se  découpait  nettement,  et  c'était  un  spectacle  mer- 
veilleux à  voir,  d'autant  plus  que  ce  matin-là  la  fumée  n'avait  pas  son  aspect  accoutumé. 
Habituellement  la  fumée  sortait  sous  la  forme  de  nuages  plus  ou  moins  gris,  tandis 
que,  le  matin  du  8,  elle  était  tout  à  fait  blanche,  quoique  épaisse  et, comme  argentée, 
avec  des  sillons  couleur  vieil  argent  qui  faisaient  ressortir  davantage  encore  la  blan- 
cheur et  l'opacité  du  nuage.  C'était  comme  un  immense  chou-ileur  sortant  du  gouflTre 
et  s'élevant  dans  l'air. 

»  Cette  sorte  de  fumée  m'a,  depuis,  paru  caractéristique  des  grosses  éruptions.  Je 
l'ai  revue  le  20  mai,  du  Gros  jMorne  où  je  me  trouvais,  et,  le  26  mai,  du  Morne  Rouge 
où  j'étais  revenu  pour  quelques  instants  ;  or  le  20  et  le  26  nous  avons  eu  des  éruptions 
terribles. 

»  En  regardant  la  montagne,  je  vis  d'abord,  sur  la  coulée  de  la  Rivière  Blanche, 
toute  une  série  de  colonnes  de  fumée  allant  du  sommet  de  la  montagne  à  la  mer  et 
qui  paraissaient  sortir  d'autant  de  petits  cratères.  Ces  colonnes  de  fumée  provenaient 
sans  doute  d'un  écoulement  de  boue  chaude  survenu  pendant  la  nuit  et  qui  aurait 
suivi  la  même  voie  que  celui  qui,  trois  jours  avant,  avait  englouti  l'usine  Guérin. 

»  On  avait  tellement  raconté  partout  que  la  montagne  s'ouvrait  de  toutes  parts  et 
que  de  nouveaux  cratères  se  formaient  en  divers  points,  que  ma  première  impression, 
en  voyant  cette  série  de  colonnes  de  fumée,  fut  que  la  vallée  de  la  Rivière  Blanche 
n'était  plus  qu'une  suite  de  cratères. 

»  Je  comptai  ces  colonnes  de  fumée  et  j'en  notai  très  distinctement  6,  avant  d'arri- 
ver au  vrai  cratère,  sur  lequel  je  venais  seulement  de  fixer  les  yeux  pour  compter  7, 
lorsque  je  vis  une  gerbe  de  rochers  sortir  du  cratère,  projetés  à  une  hauteur  approxi- 
mative de  So""  à  100'"  au-dessus  de  la  crête  de  la  montagne  et  prendre,  en  retombant, 
la  direction  du  bord  de  la  mer  du  côté  de  Saint-Pierre,  enjambant  la  crête  de  la 
colline  qui  sépare  la  vallée  de  la  Rivière  Blanche  delà  vallée  de  Saint-Pierre. 

»  En  même  temps  un  bruit  formidable  se  fît  entendre,  et,  sur  les  côtés  de  la 
gerbe  ou  de  la  fusée  dont  je  ne  pouvais  plus  voir  le  centre  qu'emplissait  une  fumée 
épaisse,  je  vis  encore  d'énormes  rochers  qui,  suivant  toujours  la  même  direction, 
filaient  sur  Saint-Pierre  avec  une  vitesse  énorme,  laissant  derrière  eux  une  sorte  de 
traînée  qui  se  profilait  en  noir  sur  la  blancheur  extérieure  du  nuage. 

»   Terrifié,  je  sortis  dans  la  rue  et  j'allai  ainsi  pendant  ioo™  environ,  quand  je  vis. 


72  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

par  un  inlervalle  entre  deux  maisons  et  à  une  distance  qui  me  parut  fort  rapprochée, 
un  énorme  nuage  gris  roux,  descendant  jusqu'à  terre,  qui  s'avançait  sur  nous  comme 
une  muraille  et  tellement  sillonné  d'éclairs  que  ces  éclairs  formaient  comme  un  ré- 
seau ininterrompu  à  mailles  serrées.  Comme  bien  vous  vous  l'expliquez,  ma  curiosité 
céda  à  l'inslinct  de  conservation,  et  je  fis  volte-face  pour  aller  du  côté  de  ma  maison 
et  rejoindre  les  miens. 

»  En  cours  de  route,  après  loo™  de  cette  marche  très  accélérée,  en  passant  devant 
la  gendarmerie,  je  regardai  le  cratère;  il  fumait  toujours,  comme  à  l'ordinaire,  mais 
ne  projetait  plus  rien.  Immédiatement  au-dessous  du  cratère  la  montagne  s'éclaircis- 
sait.  Aussi  j'estime  que  la  projection  de  la  trombe  meurtrière  n'a  pas  duré  plus  de 
2  à  3  minutes,  si  même  elle  a  duré  ce  temps-là,  et  non  pas  un  quart  d'heure,  comme  on 
l'a  dit. 

»  En  somme,  il  n'y  a  eu  ni  feu  proprement  dit,  ni  lave  incandescente 
projetée  le  8  mai;  il  y  a  eu,  d'après  ce  que  j'ai  vu,  une  quantité  énorme  de 
rochers  incandescents  qui  sont  partis  comme  la  décharge  d'un  canon. 

»  En  ce  qui  concerne  les  transformations  de  l'île,  les  affaissements  de 
2000™  à  3000°^  Signalés  au  large  du  Prêcheur  ne  paraissent  pas  s'être  pro- 
duits. On  a  dit  aussi  que  la  crête  de  la  montagne  s'était  affaissée  et  que 
l'ensemble  avait  diminué  de  3oo™  au  moins  de  hauteur.  Je  ne  le  crois  pas, 
car  les  anciens  points  culminants,  en  j)articulier  le  Morne,  la  Ooix,  se 
voient  encore  des  mêmes  points  d'observation.  Mais  le  sommet  de  la  mon- 
tagne a  entièrement  changé  de  forme,  par  suite  de  l'accumulation  des 
cendres  et  des  pierres  autour  du  cratère  en  activité.  Au  lieu  d'être  terminée 
par  un  pic,  la  montagne  présente  maintenant,  au  sommet,  la  forme  en  en- 
tonnoir classique,  ébréché  du  côté  de  Saint-Pierre. 

))  D'autre  part,  un  second  cratère  s'est  formé  au-dessus  de  l'Ajoupa- 
Boudlon,  au  Weu  dit  le  Tria  non.  Ce  nouveau  cratère  a  déjà  plus  de  lOo'" 
de  lon^  et  5o^  de  large;  ces  jours  derniers,  il  fumait  comme  le  cratère 
principal  au  début  de  l'éruption. 

»  Je  ne  pense  pas  que  quelqu'un  se  soit  trouvé  mieux  placé  que  moi 
pour  observer  les  phénomènes  du  8  mai,  surtout  ayant,  au  moment  exact, 
les  yeux  fixés  sur  le  cratère.  Les  quelques  rares  blessés  restants  se  trouvaient 
sur  les  confins  de  la  zone  meurtrière  et  ne  peuvent  fournir  de  renseigne- 
ments détaillés,  tant  ils  ont  été  terrifiés  et  tant  le  coup  a  été  subit  :  un 
grand  bruit,  des  nuages,  du  feu,  c'est  tout  ce  qu'ils  ont  vu  et  entendu.  » 

F^a  séance  est  levée  à  4  heures  un  quart. 

G.  D. 


ACADÉMIE   DES   SCIENCES 

SÉANCE  DU    MARDI   15  JUILLET   1902. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  BOUQUET  DE  LA  GRYE. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

M.  le  MixisTRE  DE  lTxstiîuction  publique  et  des  Beaux- Arts  adresse 
l'ampliation  du  Décret  par  lequel  le  Président  de  la  République  approuve 
l'élection  de  M.  Schiaparelli,  comme  Associé  étranger,  en  remplacement  de 
M.  Nordenskiold. 

Il  est  donné  lecture  de  ce  Décret. 

M.  le  3Î1NISTRE  DE  l'Instruction  publique  et  des  Beaux-Arts  adresse 
l'ampliation  du  Décret  par  lequel  le  Président  de  la  République  approuve 
l'élection  de  M.  Bouvier,  dans  la  Section  d'Anatomie  et  Zoologie,  en  rem- 
placement de  M.  Filhol. 

Il  est  donné  lecture  de  ce  Décret. 

Sur  l'invitation  de  M.  le  Président,  M.  Bouvier  prend  place  parmi  ses 
Confrères. 


ASTRONOMIE.  —  Sur  la  structure  et  V histoire  de  Vècorce  lunaire:  observations 
suggérées  par  le  cinquième  et  le  sixième  fascicule  de  V  Atlas  photographique 
de  la  Lune,  publié  par   l' Observatoire  de   Patois;   par   MM.    Lœwy    et 

P.    PUISEUX. 

«   En  étudiant  les  parties  de  notre  satellite  qui  sont  voisines  du  bord,  les 
séicnographes  ont  trouvé  de  grandes  difficultés  à  y  définir  des  objets  nets, 

C.  R.,  1902,  -i'  Semestre.  (T.  CXXXV,  N»  2.)  lO 


74  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

susceptibles  de  mesures  précises  et  d'une  identification  certaine.  Il  en  est 
résulté  dans  les  Cartes  et  dans  les  descriptions  des  lacunes  signalées  par 
les  auteurs  eux-mêmes.  L'origine  de  ces  difficultés  réside  à  peu  près  unique- 
ment dans  un  éclat  excessif,  qui  noie  tous  les  objets  dans  une  blancheur 
confuse  et  supprime  la  perception  des  faibles  différences  de  teinte.  Le 
même  effet  se  produit  dans  les  images  photographiques,  quand  on  adopte 
pour  les  régions  du  bord  le  temps  de  pose  reconnu  nécessaire  pour  donner 
une  image  du  terminateur.  On  peut,  dans  une  certaine  mesure,  considérer 
cette  absence  de  détails  dans  les  parties  claires  comme  favorable  à  l'effet 
artistique  d'une  image  d'ensemble.  Mais,  si  l'on  veut  condenser  dans  une 
même  feuille  la  plus  grande  somme  possible  de  renseignements,  on  doit 
viser  à  obtenir  une  représentation  uniformément  détaillée.  Nous  avons  en 
conséquence  adopté,  aussi  bien  pour  les  agrandissements  que  pour  les 
clichés  directs,  des  dispositions  qui  font  varier  la  durée  de  la  pose  suivant 
l'intensité  lumineuse.  On  arrive  ainsi  à  des  images  riches  en  détails  jusque 
vers  les  bords,  et  l'on  conserve  des  linéaments  précis  à  des  objets  rarement 
accessibles  à  l'observation  oculaire. 

»  Cette  manière  d'opérer  s'imposait,  en  particulier,  pour  la  planche  XXX 
de  notre  Atlas,  qui  conduit,  en  suivant  le  bord  oriental,  du  pôle  Sud  à  la 
mer  des  Humeurs  et  à  Gassendi.  Nous  y  remarquons,  à  la  limite  de  la  partie 
visible,  les  excroissances  des  monts  Dorfel,  attestant  l'énergie  des  forces 
qui  ont  déformé  la  calotte  australe.  La  mer  des  Humeurs  manifeste  la  dis- 
position concentrique,  déjà  reconnue  et  commentée,  d'une  série  de  veines 
saillantes  et  d'une  série  de  crevasses  ouvertes.  De  même  que  la  région  de 
Gutenberg  dans  l'hémisphère  opposé,  cette  zone  offre  un  certain  nombre 
de  plaines  déprimées,  à  la  fois  très  sombres  et  très  unies,  ce  qui  a  fait  penser 
à  Màdler  qu'il  s'y  produisait  une  réflexion  spéculaire.  Nous  croyons  que 
cette  manière  de  voir  doit  être  abandonnée,  et  que  ces  deux  caractères 
associés  sont  l'un  et  l'autre  la  conséquence  d'une  solidification  récente. 

»  Revenant  avec  la  planche  XXXI  à  l'hémisphère  ouest,  nous  recon- 
naissons que  la  mer  du  Nectar,  cn^culaire  à  première  vue,  s'encadre  dans 
des  cassures  rectilignes  qui  dessinent  un  parallélogramme.  La  partie  cen- 
trale et  déprimée  se  divise  en  zones  bien  distinctes.  Allant  de  l'extérieur 
au  centre,  on  trouve  d'abord  une  terrasse  d'altitude  intermédiaire  formant 
un  socle  continental,  puis  une  ceinture  de  taches  sombres  indiquant  les 
bassins  les  plus  profonds.  Le  premier  trait,  commun  aux  mers  du  Nectar, 
des  Crises  et  des  Humeurs,  manque  à  la  plupart  des  autres.  Il  semble  que, 
sur  les  mers  lunaires  comme  sur  les  mers  terrestres,  la  disposition  des 


SÉANCE    DU    l5    JUILLET    1902.  ^5 

fosses  océaniques  en  ceinture  est  en  règle,  mais  que  l'existence  d'un  socle 
continental  n'a  rien  de  nécessaire.  Nombreux  sont  les  exemples  de  cirques 
contrariés  dans  leur  développement  par  im  obstacle  extérieur,  de  simili- 
tudes de  plan  entre  les  enceintes  polygonales  d'une  même  région.  Le 
retour  fréquent  de  ces  deux  faits  est  une  très  forte  raison  pour  regarder  la 
limite  des  cirques  comme  déterminée  par  la  résistance  interne  de  la  croûte 
plutôt  que  par  un  projectile  venu  du  dehors.  La  même  conséquence  se  tire 
de  la  distribution  des  petits  cirques,  et  de  leur  préférence  constante  pour 
les  lignes  en  relief. 

»  On  observe,  du  reste,  une  tendance  analogue  dans  les  formations  plus 
vastes.  Ainsi  la  planche  XXXII,  extraite  du  même  cliché  que  la  précédente, 
fournit  bien  des  exemples  d'arêtes  venant  s'appuyer  extérieurement  sur 
une  enceinte  et  alignées  sur  son  centre.  Cette  feuille  a  été  pour  nous 
l'occasion  d'étudier  avec  quelque  détail  les  apparences  successives  d'une 
même  tache,  depuis  le  lever  jusqu'au  coucher  du  Soleil.  Notre  examen  a 
porté  sur  un  plateau  bien  limité,  de  forme  ovale,  voisin  de  Vitruve  A  et 
mesurant  à  peu  près  270'^™  de  superficie.  Très  sombre  au  début  par  rapport 
à  la  plaine  voisine,  ce  plateau  se  confond  avec  elle  sous  une  illumination 
méridienne,  et  se  remontre  ensuite  sous  forme  de  tache  claire  de  plus  en 
plus  apparente.  Les  contours  de  ce  plateau  restent  d'ailleurs  invariables; 
aucune  ombre  ne  s'y  forme  et  son  inclinaison  générale  ne  peut  être  que 
très  faible.  Il  est  donc  difficile  d'échapper  à  cette  conséquence  qu'un 
changement  périodique  s'accomplit  ici  sous  l'influence  des  rayons  solaires. 

»  Ramenés  avec  la  planche  XXXIII  à  la  partie  centrale  et  à  l'hémisphère 
oriental,  nous  retrouvons  les  réseaux  de  traits  rectilignes,  soit  en  creux, 
soit  en  relief,  que  cette  même  région  avait  montrés  sous  l'éclairement 
opposé.  Aux  deux  directions  ainsi  associées  correspondent,  dans  les  cirques 
polygonaux  voisins,  des  côtés  d'orientation  concordante.  Des  taches 
sombres  et  des  auréoles  claires  apparaissent  à  des  distances  du  termina- 
teur  où  l'observation  oculaire  semble  incapable  de  les  montrer.  De  nou- 
veaux exemples  viennent  confirmer  que,  sur  le  trajet  des  traînées  diver- 
gentes, les  arrêts  brusques  et  les  lacunes  se  produisent  à  la  rencontre  de 
bassins  déprimés,  et  les  recrudescences  à  la  traversée  des  montagnes. 

»  La  planche  suivante  (XXXIV)  doit  un  aspect  particulièrement 
attrayant  au  contraste  de  plaines  sombres  et  de  montagnes  très  hautes  et 
très  photogéniques.  Le  groupe  des  Apennins,  placé  ici  en  pleine  lumière 
est,  de  tous  les  massifs  saillants  de  la  Lune,  le  mieux  délimité  et  le  moins 


76  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

dégradé  par  des  formations  ériiptives.  Aussi  y  reconnaît-on  avec  facilité  la 
division  en  compartiments  rectangulaires,  déjà  visible  avant  la  pleine 
Lune.  La  manière  dont  s'effectue  la  transition  de  la  région  montagneuse 
à  la  plaine  est  ici  particulièrement  intéressante  à  étudier.  On  voit  qu'il  n'y 
a  nulle  part  accumulation  de  plis  concentriques  sur  la  limite  des  mers,  pas 
davantage  entassement  de  dépôts  sur  leurs  bords,  mais  au  contraire 
rupture  et  disjonction  des  parties  périphériques  du  plateau.  Ces  fragments, 
dénivelés  par  un  mouvement  de  bascule,  sont  ensuite  entraînés  en  plaine. 
Après  un  charriage  de  So*^™  à  So*""*,  ils  montrent  encore  une  correspon- 
dance visible  avec  les  échancrures  de  la  bordure  montagneuse  dont  ils  ont 
fait  partie,  en  sorte  que  l'on  ne  saurait  guère  conserver  de  doute  au  sujet 
de  leur  origine. 

»  Avec  la  dernière  feuille  {PL  XXXV),  nous  atteignons  la  calotte 
boréale,  que  la  libration  présente  sous'un  angle  exceptionnellement  favo- 
rable. Nous  devons  à  cette  circonstance  de  pouvoir  ajouter  un  nom, 
celui  d'Endymion,  à  la  liste  peu  nombreuse  des  cirques  dont  le  fond  plat 
se  divise  en  bandes  parallèles  d'inégale  luminosité.  Aristote  présente  non 
moins  bien  à  l'étude  ses  sillons  divergents,  qu'un  examen  attentif  porte  à 
considérer  comme  des  produits  volcaniques  et  non  comme  des  travaux 
d'érosion. 

»  L'ensemble  des  documents  que  nous  venons  de  passer  en  revue 
tend,  à  ce  qu'il  nous  semble,  à  élargir  les  notions  reçues  au  sujet  des 
déformations  possibles  d'une  écorce  planétaire.  Tout  en  considérant  le 
refroidissement  séculaire  comme  le  facteur  principal  du  relief,  on  doit 
admettre  qu'il  peut  se  traduire,  suivant  les  cas,  par  des  effets  très  diffé- 
rents. 

»  Nous  constatons,  en  effet,  que  les  plissements  superficiels,  si  étendus 
et  si  multipliés  sur  le  globe  terrestre,  n'ont  sur  la  Lune  qu'un  rôle  effacé. 
D'un  pôle  à  l'autre,  ce  sont  les  étirements,  les  dislocations  que  l'on  y  voit 
prédominer. 

»  La  raison  de  cette  différence  peut  être  pressentie  si  l'on  prend  comme 
point  de  départ  un  remarquable  travail  publié  il  y  a  quelques  années  par 
M.  C.  Davison  et  dont  les  conclusions  ont  obtenu  l'assentiment  de  la 
plupart  des  géologues.  Nous  admettrons  avec  eux  que,  pour  un  globe  dont 
le  refroidissement  superficiel  est  achevé,  la  tendance  au  plissement  est 
localisée  dans  une  croûte  relativement  mince,  limitée  inférieurement  par 
une  couche  de   tension   nulle.  Au-dessous  la  tendance    à  l'étirement   se 


SEANCE    DU    13    JUILLET    1902.  .  -7-7 

manifeste,  passe  par  un  maximum  et  va  ensuite  en  s'atténnant  vers  le 
centre. 

»  Les  données  thermiques  actuellement  réunies  pour  le  globe  terrestre 
ont  permis  d'estimer  à  8*^™  la  profondeur  de  la  couche  de  tension  nulle, 
à  iio'"'^  celle  de  la  couche  d'étirement  maximum.  Ces  nombres  doivent,  si 
aucune  perturbation  extérieure  ne  survient,  croître  comme  la  racine 
carrée  du  temps  écoulé  depuis  la  solidification  superficielle. 

»  Les  mesures  de  température  du  globe  lunaire,  si  elles  étaient  possibles, 
conduiraient-elles  à  des  chiffres  analogues  ?  [1  y  a  tout  lieu  d'en  douter.  Si, 
en  effet,  on  suppose  qu'une  cause  de  refroidissement  plus  intense  se  fasse 
sentir  au  dehors,  la  couche  où  s'elTectue  la  déperdition  maximum  de  cha- 
leur se  trouve  ramenée  à  la  surface  et  la  tendance  au  plissement  sera 
entravée.  Il  faut,  pour  qu'elle  renaisse,  que  la  surface  parvienne  à  un 
nouveau  régime  d'équilibre.  Mais  pendant  longtemps  encore  les  plisse- 
ments seront  localisés  dans  une  écorce  très  mince,  et  totalement  masqués 
par  l'étirement  des  couches  sous-jacentes. 

»  Il  semble  donc  que  le  relief  lunaire  accuse  un  refroidissement  super- 
ficiel plus  rapide  que  celui  qui  serait  dû  à  la  déperdition  du  calorique 
interne.  Or  d'autres  indices  nous  ont  déjà  conduits  à  admettre  qu'à  une 
époque  reculée,  [postérieure  cependant  à  la  consolidation  de  la  surface, 
la  Lune  a  possédé  une  atmosphère  d'une  densité  très  appréciable,  et  que 
cette  atmosphère  a  disparu  par  la  suite.  Cette  disparition  a  eu  pour  consé- 
quence nécessaire  un  abaissement  de  la  température  moyenne,  abaissement 
général  et  indépendant  de  la  radiation  solaire.  Nous  pouvons  nous  faire 
une  idée  de  cette  chute  par  celle  qui  se  réalise  sur  notre  globe  entre  le 
niveau  de  la  mer  et  les  sommets  des  plus  hautes  montagnes. 

»  On  peut  entreprendre  d'analyser  plus  complètement  les  conséquences 
d'une  disparition  présumée  de  l'atmosphère.  Le  refroidissement  qui  en 
résulte  s'étendra,  cela  n'est  pas  douteux,  au  globe  tout  entier.  Mais  il  sera 
très  inégalement  réparti  suivant  les  latitudes.  Nous  savons,  en  effet,  qu'à 
la  limite  supérieure  de  l'atmosphère  la  distinction  des  climats  est  presque 
effacée.  La  zone  équatoriale  de  la  Lune  va  se  refroidir  incomparablement 
plus  que  les  calottes  polaires,  qui  n'avaient  déjà  plus  que  peu  de  chaleur  à 
dissiper  (hms  l'espace.  Elle  va  donc  subir  im  étirement  tendant  à  diminuer 
sa  courbure  et  formera  une  zone  affaissée.  Il  en  résultera  un  écoulement, 
dans  la  direction  de  l'équateur,  des  masses  liquides  qui  pouvaient  exister 
encore  à  des  latitudes  plus  hautes. 


^8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Or  la  prédominance  des  mers  dans  les  basses  latitudes,  la  submersion 
partielle  des  massifs  montagneux  de  la  région  éqùatoriale  sont  des  faits 
connus  de  longue  date  et  faciles  à  vérifier.  D'autre  part,  les  feuilles  de 
notre  Atlas  indiquent  en  grand  nombre  des  traces  de  courants  superficiels 
dirigés,  dans  les  deux  hémisphères,  des  pôles  vers  Téquateur. 

»  [ja  persistance  et  la  généralité  de  ces  traits  doivent  contribuer  à  nous 
faire  regarder  la  raréfaction  de  l'atmosphère  lunaire  comme  un  phéno- 
mène relativement  récent  et  qui  n'a  peut-être  pas  atteint  son  dernier 
terme.    » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Préparation  et  propriétés  d'un  siliciure  de  vanadium. 
Note  de  MM.  H.  Moissan  et  Holt. 

«  En  dehors  de  l'acide  vanadique  et  des  vanadates,  les  composés  du 
vanadium  ont  été  peu  étudiés  jusqu'ici.  L'un  de  nous  a  déjà  indiqué  l'exis- 
tence d'un  carbure  de  vanadium,  de  formule  CV ,  préparé  au  four  élec- 
trique ('),  Ce  composé  est  stable,  très  dur  et  est  attaqué  facilement  par 
l'acide  nitrique. 

»  Nous  avons  pensé  qu'il  était  utile  de  reprendre  l'étude  des  composés 
du  silicium  et  du  vanadium.  L'acide  vanadique,  duquel  nous  sommes 
partis,  a  été  préparé  soit  par  la  méthode  que  nous  avons  indiquée  précé- 
demment, soit  par  décomposition  au  moyen  d'une  élévation  de  tempéra- 
ture du  métavanadate  pur.  L'acide,  après  sa  préparation,  était  refondu  au 
moment  même  de  l'expérience,  dans  une  capsule  de  platine,  pour  le  priver 
complètement  d'eau.  Nous  devons  rappeler  que,  à  la  haute  température  du 
four  électrique,  ce  composé  est  très  volatil  ;  aussi,  dans  un  grand  nombre 
de  nos  expériences,  avons-nous  préféré  partir  de  l'oxyde  V^0%  qui  était 
obtenu  par  réduction  de  l'acide  vanadique  au  rouge  dans  un  courant 
d'hydrogène  pur  et  sec. 

»  Préparation  du  siliciure  V  Si^.  —  i**  Dans  une  série  d'expériences  préli- 
minaires, nous  avons  chauffé,  au  four  électrique,  de  l'acide  vanadique  avec 
des  proportions  variables  de  silicium.  La  masse  fond  avec  rapidité,  et,  en 
étudiant  ensuite  les  produits  obtenus,  on  reconnaît  facilement,  par  des  trai- 


(')  H.  Moissan,   Préparation  et  propriétés  du  carbure  de  vanadium  {Compte^ 
rendus,  t.  GXXII,  1896,  p.  1297). 


SÉANCE    DU    l5    JUILLET    1902.  rjg 

tements  avec  une  solution  alcaline  étendue,  que  l'on  se  trouve  en  présence 
de  différents  siliciures. 

»  Il  se  produit  un  équilibre  variable  avec  la  température  et  la  présence 
d'un  excès  plus  ou  moins  grand  de  silicium  fondu.  Pour  arriver  au  com- 
posé VSi^,  nous  avons  chauffé  un  mélange  d'oxyde  vanadique,  V-0',  avec 
un  peu  plus  de  cinq  fois  son  poids  de  silicium  |)ur  et  cristallisé.  La  réac- 
tion se  produit  selon  l'égalité  suivante  : 

2  V-  o»  +  1 1  Si  -=  4  vsi^  +  3  Si  o^ 

»  Dans  ces  conditions,  il  reste  dans  le  bain  en  fusion  un  excès  de  sili- 
cium, et  il  ne  se  produit  que  le  composé  VSi^  à  l'état  cristallisé. 

»  Ces  expériences  avaient  été  faites  avec  un  courant  de  600  ampères 
sous  5o  volts.  La  chauffe  ,  qui  durait  de  4  à  5  minutes,  était  assez  difficile 
à  conduire,  à  cause  de  la  grande  volatilité  des  composés  du  vanadium. 

»  Nous  avons  préféré  ensuite  employer  un  courant  plus  intense  et 
chauffer  moins  longtemps.  Dans  une  nouvelle  série  d'expériences,  nous 
avons  utilisé  un  courant  de  1000  ampères  sous  5o  volts  et  nous  n'avons 
chauffé  que  2  minutes. 

»  Le  culot  métallique  obtenu  dans  ces  conditions  est  traité  au  bain- 
marie  par  une  solution  de  potasse  à  10  pour  100  jusqu'au  moment  oîi  tout 
dégagement  gazeux  est  terminé.  Le  dépôt  cristallin  est  lavé  ensuite  par 
décantation,  puis  chauffé  au  bain-marie  avec  de  l'acide  azotique  à  5o  pour 
100  ou  de  l'acide  sulfurique  concentré.  Il  est  utde  de  renouveler  le  traite- 
ment par  la  potasse  et  par  l'acide  cinq  ou  six  fois,  afin  que  le  siliciure  soit 
tout  à  fait  pur.  Enfin,  dans  certaines  opérations,  on  sépare  quelques  petites 
lamelles  de  graphite  au  moyen  du  bromoforme.  Le  graphite  vient  nagera 
la  surface  de  ce  liquide  et  peut  être  enlevé  avec  rapidité. 

»  2.°  On  peut  encore  préparer  ce  siliciure  par  la  réduction  d'un  mé- 
lange de  silicium  et  d'acide  vanadique  par  du  magnésium  en  poudre. 

»  Pour  faire  cette  expérience  on  mélange  lo^  d'anhydride  vanadique, 
lo^  de  silicium  et  5^,5  de  magnésium  en  poudre  fine  exçmpt  d'huile  et  de  fer. 
Ce  mélange  était  allumé  par  le  procédé  de  Goldschmidt  en  l'additionnant 
d'une  petite  quantité  de  magnésium  et  de  peroxyde  de  baryum.  Lorsque  la 
réaction  est  bien  conduite  on  trouve,  au  fond  du  creuset,  une  masse 
de  siliciure  parfaitement  fondue,  que  l'on  traite  par  l'acide  azotique 
à  10  pour  100,  d'abord  à  froid,  puis  à  l'ébullition.  Le  produit  cristallisé, 
séparé  par  lévigation,  est  chauffé  ensuite  au  bain-marie  avec  une  solu- 


/^-  kl 


8o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

lion  de  potasse  à  lo  pour  loo.  Enfin,  le  résidu  est  lavé  et  séché,  puis 
traité  au  bain  de  sable  par  de  l'acide  sulfurique  concentré,  pour  atta- 
quer quelques  fragments  de  magnésie  fondue.  Ces  traitements  doivent 
être  répétés  jusqu'à  ce  que  les  réactifs  ne  produisent  plus  aucune  décom- 
position. 

»  Propriétés.  —  Ce  siliciure  se  présente  sous  forme  de  prismes  brillants 
à  aspect  métallique.  Il  a  une  densité  de  4^42,  raye  le  verre,  est  fusible  et 
volatil  au  four  électrique. 

»  Ce  siliciure,  semblable  en  cela  à  de  nombreux  produits  préparés  au 
moyen  du  four  électrique,  possède  une  grande  stabilité.  Il  est  insoluble  dans 
l'eau,  la  benzine,  l'éther,  l'alcool.  Nous  ne  lui  avons  trouvé,  comme  véri- 
table dissolvant,  que  le  silicium  en  fusion,  au  milieu  duquel  il  cristallise 
par  refroidissement,  ou  le  siliciure  de  cuivre  fondu. 

))  Les  solutions  de  potasse  et  d'ammoniaque,  les  acides  nitrique,  sul- 
furique, chlorhydrique  sont  sans  action  sur  lui.  Des  mélanges,  soit  d'acides 
nitrique  et  chlorhydrique,  soit  d'acides  nitrique  et  sulfurique  ne  l'attaquent 
pas.  Au  contraire,  l'acide  fluorhydrique,  même  étendu  et  froid,  l'attaque 
immédiatement. 

»  A  la  température  ordinaire,  le  siliciure  de  vanadium  n'est  pas  attaqué 
par  le  fluor.  Il  faut  même  le  porter  au  rouge  pour  que  la  décomposition 
se  produise;  il  l)rùle  alors  avec  incandescence,  en  fournissant  un  résidu 
brun  verdàtre.  Chauffé  dans  le  chlore,  la  réaction  se  produit  sans  dégage- 
ment de  lumière;  elle  fournit  un  liquide  brun  foncé  qui  se  solidifie,  à 
— 38°,  en  une  masse  cristalline  de  couleur  rouge.  Ce  liquide  est  immédia- 
tement décomposé  par  l'eau,  en  donnant  de  la  silice  hydratée,  une  solu- 
tion bleue  d'oxyde  de  vanadium  et  de  l'acide  chlorhydrique.  Ce  sont  les 
caractères  d'un  mélange  de  chlorure  de  silicium,  Si  CP,  et  de  chlorure  de 
vanadium,  VCP. 

»  Le  brome  attaque  ce  siliciure  sans  incandescence  au  rouge  et  fournit: 
un  sublimé  noir  amorphe,  du  bromure  VBr%  un  léger  sublimé  orange  dé- 
composable  par  l'eau  et  donnant  les  caractères  du  tribromure  de  vanadyle 
VO-Br%  et  enfin  un  résidu  jaunâtre  qui  reste  dans  la  nacelle  et  qui  pos- 
sède les  caractères  du  bromure  de  silicium  Si^Br^ 

»  La  vapeur  d'iode  fortement  chauffée  avec  ce  siliciure  de  vanadium  ne 
produit  qu'une  attaque  superficielle  et  sans  incandescence. 

»  De  même,  l'oxygène,  le  soufre  et  ll'hydrogène  sulfuré  ne  produisent 
qu'une  attaque  très  lente  à  la  température  de  fusion  du  verre. 


SÉANCE    DU    l5   JUILLET    1902.  81 

»  Le  siliciure  de  vanadium,  chauffé  dans  un  courant  de  qaz  acide 
chlorhydrique,  est  attaqué  sans  incandescence  et  produit  un  liquide 
incolore  bouillant  à  -f-  32",  qui  est  le  silicichloroforme,  un  sublimé 
verdàtre  qui  fournit  les  réactions  du  chlorure  VCP  et  un  résidu  brun 
rouge  très  déliquescent,  soluble  dans  l'eau  et  donnant  les  réactions  du 
chlorure  VCP. 

»  Quand  on  traite  ce  siliciure  par  de  la  potasse  en  fusion,  il  y  a  tout 
d'abord  un  vif  dégagement  de  gaz  et  il  se  produit  un  mélange  de  silicate  et 
de  vanadate  de  potassium.  Pour  être  complète  l'attaque  doit  être  assez 
longue.  Si  l'opération  ne  dure  que  quelques  minutes,  il  se  produit  tout 
d'abord  un  résidu  insoluble  riche  en  acide  vanadique.  La  soude  donne  des 
réactions  identiques. 

»   Le  gaz  ammoniac  à  1000"  ne  produit  qu'une  attaque  superficielle. 

»  Les  métaux  en  fusion  se  conduisent  différemment  au  contact  de  ce 
siliciure,  suivant  qu'ils  forment  plus  ou  moins  facilement  des  combinaisons 
soit  avec  le  silicium,  soit  avec  le  vanadium.  C'est  ainsi  que  le  cuivre 
fondu  décompose  complètement  une  petite  quantité  de  ce  siliciure  en  pro- 
duisant du  siliciure  de  cuivre  et  un  alliage  cuivre-vanadium.  Au  contraire, 
en  présence  de  l'argent,  il  ne  sera  que  partiellement  décomposé,  en  four- 
nissant du  silicium  et  du  vanadium  que  l'on  peut  ensuite  retirer  du  culot 
d'argent  métallique.  Avec  l'étain,  la  réaction  serait  identique. 

»  Analyse.  —  L'analyse  assez  délicate  de  ce  composé  ne  nous  a  pas  permis  de 
doser  le  silicium  et  le  vanadium  dans  le  même  échanlillon. 

»  Pour  doser  le  vanadium,  on  attaque  un  poids  déterminé  de  siliciure  par  l'acide 
fluorhydrique  pur  à  5  pour  100.  On  filtre  pour  séparer  le  silicium  insoluble,  puis  on 
évapore  à  sec,  après  addition  d'une  petite  quantité  d'acide  nitrique  pur.  L'acide  vana- 
dique ainsi  obtenu  est  fondu,  puis  pesé. 

»  Le  dosage  du  silicium  a  été  exécuté  en  attaquant  un  poids  donné  de  siliciure  par 
de  la  potasse  en  fusion.  On  reprend  par  l'eau,  on  additionne  d'acide  chlorhydrique  et 
l'on  évapore  à  sec.  Cette  opération  doit  être  reprise  trois  fois.  Enfin  la  silice  est  déter- 
minée par  la  méthode  ordinaire  en  évaporant  à  sec,  et  en  reprenant  par  l'acide  sulfu- 
rique  étendu. 

))  Nous  avons  obtenu  ainsi  les  chiffres  suivants  : 

1. 

Vanadium 47>98 

Silicium  combiné 5i  ,76 

Silicium  libre o,5o 

G.  R.,  1902,  Q»  Semestre.  (T.  CXXXV,  N°  2.)  I  ï 


Théorie 

2. 

3. 

pour  VSi*. 

48,25 

48, 3o 

47,80 

5i  ,60 

52,02 

52,20 

0,02 

néant 

» 

8a  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 


ZOOLOGIE.  —  Sur  la  coccidie  trouvée  dans  le  rein  de  la  Rana  esculenta  et 
sur  V infection  générale  quelle  produit.  Note  de  MM.  A.  Laveran  et 
F.  AIesnil. 

«  En  i854,  Lieberkùhn  (')  a  signalé,  dans  le  rein  de  grenouilles,  l'exis- 
tence de  kysles  dont  le  diamètre  atteignait  670^^,  renfermant  de  nombreux 
corpuscules  psorospermiques  avec  3-4  germes  falciformes  ;  cette  obser- 
vation a  été  confirmée  par  Solger  (cité  par  Bûtschli,  Bronns  Tierreich). 
Enfin,  Labbé  (^)  a  retrouvé  cette  coccidie  chez  une  seule  Rana  esculenta; 
il  se  contente  de  dire  que  «  les  kystes  pouvant  atteindre  jusqu'à  200^^  à 
3oof*  se  trouvent  dans  le  tissu  conjonctif  de  l'enveloppe  des  reins  de  la 
grenouille,  à  côté  des  capsules  surrénales  »;  chaque  kyste  donnerait  nais- 
sance à  un  nombre  illimité  de  sporocystes  ovalaires  avec,  tantôt  2,  tantôt 
4  sporozoïtes. 

»  Labbé  a  créé,  pour  cette  espèce,  le  ^exire  Hyaloklossia  {doni  la  diagnose 
est,  en  employant  la  terminologie  actuelle  :  coccidie  polysporocystée  di- 
ou  tétrazoïque;  sporocystes  ovalaires),  et  il  a  appelé  l'espèce  Hyaloklossia 
LieherkiXhni.  Disons  de  suite  que  les  véritables  ookystes  de  cette  espèce 
n'ont  jam^iis  plus  de  5of*  suivant  leur  grand  axe  et  ne  renferment  que  deux 
sporocystes  avec,  toujours,  quatre  sporozoïtes.  C'est  dorjc  une  coccidie  dispo- 
rocystée  tétrazoïque,  c'est-à-dire  une  Isospora  Schneider  (^)  (  =  Diplospora 
Labbé),  et  elle  doit  s'appeler  Isospora  Lieberkùhni.  Le  genre  Hyaloklossia, 
créé  à  tort  pour  cette  espèce,  doit  disparaître. 

»  Infections  naturelles.  —  En  mai  et  juin  de  cette  année,  les  deux  tiers 
environ  des  Rana  esculenta  petites  et  moyennes,  pèchées  à  Garches  et  à 
Bellevue  (Seine-et-Oise),  avaient  le  rein  parasité;  les  grosses  grenouilles 
étaient  toujours  indemnes. 

»  Les  plus  jeunes  stades  que  nous  ayons  observés  dans  les  reins  des  gre- 
nouilles  infectées  naturellement  étaient  des   macrogamètes    de   20^^    de 


(*)  LiEBERKÏJeN,  Miiller^s  Archiv,  i854,  p.  1-24. 

(-)  Labbé,  Archives  Zool.  expérim.,  (3),  t.  IV,  1896,  p.  535-536,  p.  612  {fig.  7)  et 
pLXVlII  {fig.  16-20). 

(')  Cette  acception  du  genre  Isospora  a  été  admise  successivement  par  Laveran, 
Mesnil,  Schaudinn,  R.  Blanchard. 


SÉANCE  DU  l5  JUILLET  1902.  83 

diamètre,  tels  que  ceux  de  la  ligure  i,  et  des  micro  gamétob  las  tes  constitués 
par  une  grosse  masse  protoplasmique  avec,  à  sa  surface,  de  nombreux 
noyaux.  Ces  noyaux  s'allongent,  et  il  se  constitue  des  microgamétes  dont  la 
partie  chromatique  a  io'*-i2'^de  long  et  dont  le  protoplasme  est  représenté 
par  une  mince  enclave  axiale  complètement  entourée  de  chromatine 
(/ig.  3).  Ces  éléments  portent  deux  cils  dont  la  longueur  est  environ  le 


'.^-^ 


Différentes  formes  de  Isospora  Lieberkiihni.  Gr.  loooD. 

double  de  celle  du  corps  et  qui  sont  probablement  insérés  tous  les  deux 
à  l'extrémité  antérieure. 

»  Les  macro  gamètes  arrivent  finalement  à  être  des  corps  ovoïdes  de  40^* 
environ  de  long  (^fig.  4)»  dont  souvent  une  face  est  presque  plane  ou 
même  légèrement  concave  ;  ces  corps  sont  bourrés  de  granulations  rondes 
ou  ovales  de  2^^  environ  de  diamètre,  extrêmement  réfringentes.  Ces  gra- 
ntdations  ne  se  teintent  ni  par  l'acide  osmique  (en  revanche  le  proto- 
plasme qui  entoure  les  granules  noircit  assez  fortement),  ni  par  l'éosine; 
dans  les  préparations  montées  dans  le  baume,  on  remarque  souvent  un 
petit  grain  central  très  léfringent  qui  se  colore  en  rose  par  la  safranine. 
Le  noyau  du  macrogamète  {fig.  4)aï'ï'ondi  renferme  unkaryosome  central 
assez  gros  et  de  petits  granules  de  chromatine  périphériques. 

»  Ces  divers  stades  se  rencontrent,  soit  inclus  dans  l'épithélium  canali- 
culaire,  soit  dans  la  lumière  des  canaux  urinifères,  parfois  encore  entourés 
des  restes  de  la  cellule  hôte. 


84  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  La  fécondation   et  toute  l'évolution  sporogonique  ont  lieu  dans  la 
lumière  des  canaux  du  rein. 

»  Le  macrogamète  qui  se  prépare  à  être  fécondé  subit  des  changements  nucléaires  ; 
le  noyau  prend  des  contours  irréguliers  et  émigré  vers  la  périphérie  de  la  cellule  ; 
son  karjosome  s'émlette  et  se  dissout  en  partie  dans  le  suc  nucléaire.  C'est  donc  un 
tel  noyau  que  le  microgamète  pénètre  ;  il  se  contracte  d'abord  {mi,  fig.  5),  puis  se 
décompose  en  filaments  chromatiques  extrêmement  ténus,  semblables  à  ceux  figurés 
par  Siedlecki  chez  Adelea  ovata.  En  même  temps,  le  noyau  fécondé  envoie  un  pro- 
longement qui  atteint  le  pôle  du  macrogamète  opposé  à  celui  par  où  a  eu  lieu  l'entrée 
du  microgamète.  Puis  les  chromatines  mâle  et  femelle  se  mélangent  intimement 
pendant  que  le  noyau  prend  cette  forme  en  fuseau  si  constante  chez  toutes  les 
coccidies,  à  ce  stade  ;  de  longs  filaments  chromatiques  remplissent  ce  fuseau  d'un 
bout  à  l'autre. 

»  C'est  à  cette  période  que  le  macrogamète  s'entoure  d'une  mince  membrane 
kystale.  11  se  produit  ensuite  une  contraction  du  protoplasme  ;  le  fuseau  nucléaire  se 
désagrège,  et  toute  la  chromatine,  passant  entre  les  granules  protoplasmiques,  vient  se 
réunir  à  un  pôle  de  l'œuf.  Puis  cette  masse  nucléaire  s'étire  et  l'on  arrive  à  avoir  deux 
noyaux  situés  aux  pôles  opposés  de  la  sphère  protoplasmique  et  réunis  par  un  mince 
trabécule  qui  finit  par  se  rompre  {fig.  6).  Chacun  de  ces  deux  noyaux  se  divise  à  son 
tour  par  le  même  processus,  et  l'on  a  alors  une  cellule  avec  quatre  noyaux  situés  aux 
quatre  sommets  d'un  carré  inscrit  à  son  intérieur.  A  ce  moment  se  produit  une 
constriction  équaloriale  et  l'on  arrive  au  stade  avec  2  sporoblastes  {fig-  7)  ellipsoïdaux, 
chacun  avec  2  noyaux  aux  pôles  opposés. 

»  Ces  sporoblastes,  qui  noircissent  fortement  par  l'acide  osmique,  se  transforment 
rapidement  en  spoiocystes.  Chaque  noyau  se  divise  en  deux  et  devient  le  centre  de 
formation  de  deux  sporozoïtes  qui  s'allongent  peu  à  peu  et  arrivent  à  se  croiser  avec  les 
deux  sporozoïtes  du  pôle  opposé.  Finalement,  on  a  {fig.  8)  des  sporocystes  ovoïdes  ou 
fusiformes,  de  25^-  à  3o!^  de  long,  renfermant,  à  l'intérieur  d'une  membrane  trans- 
parente, assez  résistante,  4  sporozoïtes  et,  d'un  même  côté,  un  reliquat  sphérique 
volumineux  où  l'on  retrouve  les  granulations  du  macrogamète;  dans  les  préparations 
fixées  à  un  liquide  osmique,  ce  sont  les  sporozoïtes  qui  deviennent  sombres,  le  reli- 
quat l'estant  clair.  Ces  sporocystes  dépriment  la  mince  membrane  du  kyste,  qui  se 
rompt  généralement. 

»  Les  sporozoïtes,  qui  mesurent  25!^  de  long,  ont  une  extrémité  antérieure  arrondie 
renfermant  le  noyau  (tache  claire  de  la  figure  9,  tache  colorée  de  la  figure  ro)  et  une 
extrémité  postérieure  plus  mince  et  effilée.  Isospora  Lieberkûhni  est  surtout  voisine 
de  7.  {Diplospora)  Laverani  Hag.,  à  membrane  kystale  mince  et  dont  les  sporo- 
cystes sont  à  pôles  semblables. 

»  li'infection  des  reins  de  nos  Rana  escidenta  était  généralement  très 
intense;  mais,  chez  une  grenouille  déterminée,  presque  toutes  les  coccidies 
étaient  au  même  stade  ou  à  des  stades  voisins.  Ainsi,  certaines  grenouilles 


SÉANCE  DU   j5  juillet   1902.  85 

ne  renfermaient  que  des  stades  allant  de  macrogamètes  et  miercamètes 
^presque  mûrs  à  des  ookystes  avec  noyau  en  fuseau;  chez  d'autres,  on  allait 
de  ce  dernier  stade  à  celui  de  formation  des  sporoblastes  ;  chez  d'autres 
encore,  on  observait  uniquement  des  stades  de  transformation  de  sporo- 
blastes en  sporocysles;  enfin,  plus  de  la  moitié  des  grenouilles  parasitées 
renfermaient  uniquement  des  sporocystes  mûrs,  sortis  de  l'enveloppe 
kystale. 

»  Lésions  rénales.  — Elles  sont  très  nettes.  Les  parasites  distendent  les 
parois  des  canalicules,  les  rompent  parfois,  et  le  rein  arrive  à  occuper  un 
volume  qui  peut  être  dix  fois  celui  du  rein  d'une  grenouille  de  même  taille. 
Dans  certains  canalicules,  les  macrogamètes  ou  les  ookystes  sont  si  nom- 
breux qu'ils  sont  pressés  les  uns  contre  les  autres  et  constituent  des  amas 
volumineux  entourés  par  les  parois  distendues  du  canalicule  rénal  (nous 
en  avons  mesuré  un  de  sSo^^  de  long);  ce  sont  évidemment  ces  masses  qui 
ont  donné  à  nos  devanciers  l'impression  d'énormes  kystes  coccidiens  pro- 
duisant un  grand  nombre  de  sporocystes.  Quand  de  pareils  amas  obstruent 
un  canal,  on  trouve  en  amont  des  cylindres  albumineux  avec  de  nombreux 
déchets  chromatiques. 

»  Le  parasite,  quand  il  est  dans  la  cellule  épithéliale  rénale,  amène 
d'abord  un  gonflement  notable  de  la  cellule  et  surtout  de  son  noyau,  puis 
une  atrophie.  La  desquamation  épithéliale  est  donc  importante;  mais  il  se 
produit  une  rénovation  intense.  Les  noyaux  des  cellules  nouvelles  se  pro- 
duisent par  karyokinèse;  on  voit  ces  noyaux  pressés  les  uns  contre  les 
autres,  et  souvent  même  il  se  produit,  dans  la  lumière  des  canalicules,  de 
petits  bourgeons  épithéliaux.  Beaucoup  de  noyaux  de  ces  cellules  épithé- 
liales  de  nouvelle  formation  ont  un  volume  double  ou  triple  de  ceux  des 
cellules  d'un  rein  normal.  Cette  réaction  épithéliale  est  accompagnée 
d'une  forte  réaction  conjonctive  et  l'on  a,  en  résumé,  une  néphrite 
aiguë  mixte. 

»  Infections  expérimentales.  —  Notre  étude  des  grenouilles  infectées 
naturellement  laisse  deux  questions  principales  sans  solution.  Par  quelle 
voie  se  fait  l'infection  du  rein?  Comment  a  lieu  l'auto-infection?  Nous 
avons  essayé  de  combler  ces  lacunes  en  réalisant  des  infections  expéri- 
mentales. 

»  Les  sporocystes,  mis  en  contact  avec  du  suc  intestinal,  éclatent  rapidement  et  les 
sporozoïtes,  devenus  libres,  manifestent  une  mobilité  assez  grande. 

»  Si  l'on  sacrifie  une  grenouille  20  heures  après  une  ingestion  de  sporocystes,  on 


86  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

trouve,  dans  l'intestin  grêle,  de  nombreux  sporozoïtes,  libres  et  mobiles  dans  la 
lumière,  ou  situés  à  l'intérieur  des  cellules  épilhéliales  (la  vérification  a  été  faite  sur 
coupes);  dans  ces  cellules,  les  sporozoïtes  sont  ramassés  et  vacuolaires  {fig.  ii). 

»  Chez  une  grenouille,  2/4  heures  après  une  ingestion  de  sporocysles,  le  sang  ren- 
fermait des  formes  variées  appartenant  incontestablement  au  cycle  évolutif  à^Isospora: 
macrogamètes  d'un  diamètre  moyen  de  ly!^-  i^fig.  i);  microgamétoblastes  avec  micro- 
gamètes déjà  filiformes,  mais  non  encore  mûrs;  autres  formes  avec  un  grand  nombre 
de  noyaux  conduisant  évidemment  soil  à  des  microgamètes,  soit  à  des  petits  corps  tels 
que  celui  de  la  figure  2,  que  nous  regardons  comme  des  mérozoïtes,  et  qui  se  trou- 
vaient libres  dans  le  plasma  sanguin,  comme  d'ailleurs  la  majorité  des  corps  précé- 
dents (1). 

»  Cette  grenouille,  sacrifiée  48  heures  après  le  début  de  l'expérience,  nous  à  mon- 
tré une  infection  généralisée  intense  à  Isospora  Lieherk'ùhni.  Les  organes  que  nous 
avons  étudiés  peuvent  se  ranger  ainsi,  en  suivant  l'ordre  décroissant  du  degré  d'infec- 
tion :  poumon,  rein,  corps  gras,  foie  et  rate,  intestin  grêle.  Le  sang  des  gros  vaisseaux 
renfermait  des  formes  analogues  à  celles  de  la  veille,  mais  bien  moins  nombreuses. 

»  Dans  tous  ces  organes,  tes  parasites  (macrogamètes  et  microgamètes,  mûrs  et 
non  mûrs,  mérozoïtes)  se  trouvaient  presque  uniquement  dans  les  capillaires  ou  les 
petits  vaisseaux,  libres  ou  le  plus  souvent  à  Vintérieur  des  cellules  endoLhéliales ; 
certains  nous  ont  paru  être  dans  l'épithélium  pavimenteux  qui  tapisse  les  alvéoles 
pulmonaires;  enfin,  de  très  rares  paraissaient  bien  être  dans  les  cellules  de  l'épithélium 
pulmonaire  cylindrique  cilié.  Dans  le  rein,  les  parasites  étaient  surtout  abondants 
dans  les  glomérules,  mais  il  y  en  avait  aussi  de  nombreux,  de  toute  taille  et  de  toute 
variété,  dans  les  espaces  intercanaliculaires  ;  il  n'y  en  avait  pas  un  seul  dans  les  cellules 
épilhéliales  ni  dans  la  lumière  des  canalicules. 

»  Cycle  évolutif  de  Isospora  Lieberkûhni.  —  Ces  faits  nous  per- 
mettent de  reconstituer  le  cycle  évolutif  de  la  coccidie  et  de  comprendre 
la  façon  dont  l'infection  du  rein  est  réalisée.  L'animal  ingère  des  sporo- 
cystes.  Les  sporozoïtes,  devenus  libres  dans  le  tube  digestif,  passent  vile 
dans  le  système  sanguin;  c'est  là  qu'ils  se  développent,  et  il  est  tout  naturel 
de  les  trouver  surtout  dans  les  organes  oii  le  système  capillaire  est  le  mieux 
représenté,  le  poumon  et  le  rein. 

»  Dans  le  rein,  les  parasites,  en  s'accumulant  dans  les  glomérules, 
amènent  la  rupture  de  la  iTiince  paroi  qui  sépare  les  capillaires  des  cana- 
licules; ils  deviennent  alors  libres  dans  les  canalicules.  Quanta  l'infection 
de  l'épithéliuu)  rénal,  elle  se  fait  sans  doute  par  des  mérozoïtes  jeunes,  et 
il  est  probable  que  ce  parasitisme  intra-épilhélial  n'a  pas  un  caractère  de 
nécessité. 


(*)  Quelques-uns,  en  effet,  étaient  dans  des  leucocytes  mononucléaires,  soit  entiers, 
soit  en  débris. 


SÉANCE  DU  l5  JUILLET  1902.  87 

M  Chez  les  grenouilles  infectées  naturellement,  le  rein  seul  renfermait 
des  parasites;  nous  n'avons  rien  trouvé  dans  les  autres  organes  ('  ).  C'est 
donc  par  suite  de  la  structure  particulière  du  rein  que  l'évolution  de  la 
coccidie  peut  arriver  à  son  terme  final  dans  cet  organe.  Les  parasites  qui 
se  sont  développés  ailleurs,  ou  bien  sont  peu  à  peu  charriés  au  rein,  ou 
bien  sont  résorbés  sur  place;  nous  avons  en  effet  noté  des  phénomènes 
phagocytaires  très  nets. 

»  En  résumé,  l'intérêt  principal  de  cette  étude  est  de  montrer  qu'une 
coccidie  typique  est  capable  de  produire,  par  voie  sanguine,  une  infection 
généralisée;  l'évolution  sporogonique  n'est  possible,  d'ailleurs,  qu'après 
que  le  parasite  a  franchi  les  parois  du  filtre  rénal.  « 


CHLMlE  ORGANIQUE.  —  Hydrogénation  directe  de  carhiires  acèlyléniques par  la 
méthode  de  contact.  Note  de  MM.  Paul  Sabatier  et  J.-B.  Sexderens. 

«  Dans  une  Note  publiée  récemment  {Comptes  rendus,  t.  CXXXIV, 
p.  II 27),  nous  avons  montré  que  notre  méthode  générale  d'hydrogénation 
directe  peut  s'appliquer  avec  succès  aux  carbures  éthyléniques,  qui  sont 
transformés  en  carbures  forméniques  correspondants  :  le  nickel  réduit  con- 
vient dans  tous  les  cas;  au  contraire,  avec  le  cuivre,  la  fixation  de  l'hydro- 
gène a  été  trouvée  limitée  aux  carbures  élhvléniques  a. 

»  Antérieurement  {Comptes  rendus,  t.  CXXVIII,  j).  1 173,  puis  t.  CXXX, 
p.  i559  et  1628,  et  t.  CXXXI,  p.  (\o),  nous  avons  indiqué  que  la  méthode 
s'applique  facilement  à  V acétylène,  qui  se  trouve  successivement  changé  en 
éthylène,  puis  en  élhane,  généralement  accompagné  d'une  certaine  pro- 
portion de  carbures  forméniques  supérieurs  :  le  nickel  agit  à  froid  et,  en 
présence  d'un  excès  d'hydrogène,  conduit  à  des  produits  exclusivement 
forméniques.  Le  cuivre  ne  réagit  qu'au-dessus  de  180**  et  transforme  assez 
vite  l'acétylène  en  éthylène,  la  transformation  finale  en  éthane  n'ayant  lieu 
que  bien  plus  lentement. 

»  M.  Ch.  Moureu,  qui  a  récemment  exécuté  d'importantes  synthèses  à 
partir  de  deux  carbures  acétyleniques,  Vheptine  a  et  le  phénylacétylène,  a 
mis  à  notre  disposition  une  certaine  quantité  de  ces  corps  :  nous  leur 
avons  appliqué  notre  méthode  d'hydrogénation.  , 


(*)  Il  nous  est  arrivé  parfois  de  trouver  une  ou  deux  spores  à  l'examen  du  poumon  ; 
nous  pensons  que,  si  l'évolution  sporogonique  peut  s'accomplir  dans  cet  organe,  c'est 
à  titre  tout  à  fait  accidentel. 


88  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

»   [.  Heptine  a.  —  L'hepline  a,  souvent  appelé  œnanthylidène,  bout  à  102". 

»  En  présence  du  nickel  réduit,  vers  170°,  l'hydrogène  employé  en  excès  transforme 
facilement  le  carbure  en  heptane  normal,  bouillant  à  98°, 6-99°, 5  (corr.),  de  densité 
d'^  =10,0708,  inattaquable  par  l'acide  sulfurique  concentré:  il  est  accompagné  d'une 
petite  proportion  de  carbures  forméniques  supérieurs. 

»  En  présence  du  cuivre  réduit,  l'hydrogénation  se  produit  bien,  à  200°  ou  au-dessus: 
mais  elle  est  beaucoup  plus  lente  qu'avec  le  nickel,  et  la  dose  des  carbures  de  molé- 
cule condensée  y  est  bien  plus  considérable. 

»  A  conditions  égales,  là  où  le  nickel  produit  une  transformation  totale  en  heptane, 
une  colonne  de  cuivre  de  même  longueur  fournit  un  mélange  d'hydrocarbures  que  le 
fractionnement  divise  en  trois  portions  distillant  respectivement  au  voisinage  de  100", 
de  260°  et  de  35o°. 

»  La  première  portion,  qui  passe  de  97°  à  100°,  possède  une  densité  r/^  =0,727  : 
elle  est  en  majeure  partie  formée  par  de  Vheptène  a  CHV\  bouillant  à  97°-99°  {dl  voi- 
sine de  0,789),  attaquable  par  l'acide  sulfurique  concentré  qui  le  transforme  partiel- 
lement en  polymères.  Elle  contient  aussi  une  certaine  quantité  à'heptane  normal 
CH^^  {dl  =:  0,708),  inattaqué  par  le  mélange  nitrosulfurique. 

»  La  deuxième  portion,  qui  passe  à  la  distillation  vers  260°,  possède  une  den- 
sité <ig  =0,798.  Elle  est  presque  entièrement  constituée  par  un  carbure  éthylé- 
nique  G**H^*,  bouillant  à  aSo"  (corr.)  :  c'est  un  diheptène  identique  à  celui  que 
fournit  la  polymérisation  de  l'heptène  par  l'acide  sulfurique  concentré.  Il  est  violem- 
ment attaqué  parle  mélange  nitrosulfurique. 

»  La  troisième  portion  bout  au-dessus  de  35o°  en  se  décomposant  partiellement;  sa 
densité  est  dl  =o,844-  Ce  carbure,  qui  est  vivement  attaqué  par  le  mélange  sulfoni- 
trique,  paraît  en  majeure  partie  formé  de  triheptène  C^*H'*^. 

»  Ces  détails  montrent  que  le  cuivre  [Dermet  de  réaliser  facilement  la 
première  étape  de  transformation,  passage  aux  carbures  éthyléniques,  mais 
qu'il  n'accomplit  que  lentement  la  deuxième  étape,  passage  aux  carbures 
forméniques. 

»  IL  Phénylacétylène.  —  Ce  carbure  bout  à  142". 

»  En  présence  du  nickel  réduit,  maintenu  vers  180°,  un  excès  d'hydrogène  agit  très 
aisément  :  l'hydrogénation  porte  à  la  fois  sur  une  branche  acétylénique  et  sur  le  noyau 
aromatique.  On  a 

C«H^-  C  =  CH  +  5H2  =  C«H".CH2.CIP. 

»  La  contraction  du  gaz  est  énorme.  Le  liquide  obtenu  est  très  peu  attaqué  par  le 
mélange  nitrosulfurique,  qui  lui  enlève  les  traces  de  carbures  non  saturés  :  après 
lavage  à  la  soude  et  dessiccation  au  chlorure  de  calcium,  il  se  présente  avec  une  odeur 
d'héliotrope,  et  il  est  constitué  par  de  V éthylcyclohexane  bouillant  à  i3o°,  accompa- 
gné d'une  petite  proportion  de  méthylcyclohexane  qui  bout  vers  100°. 

»  Le  résultat  atteint  est  donc  identique  à  celui  que  fournit  l'hydrogénation  directe 
de  l'éthylbenzène  ou  du  styrolène  en  présence  du  nickel  {Comptes  rendus,  t.CXXXII, 

p.   1254). 


SÉANCE  DU  l5  JUILLET  1902.  89 

»  On  pouvait  prévoir  que  l'emploi  du  cuivre  réduit  conduirait  à  des  résultats  dif- 
férents. En  effet,  nous  avons  trouvé  antérieurement  {Comptes  rendus,  t.  CXXXII, 
p.  566)  que  le  cuivre  est  incapable  de  provoquer  l'hydrogénation  directe  du  noyau 
iDenzénique,  tandis  qu'il  peut  agir  sur  la  branche  acétylénique.  L'expérience  vérifie 
qu'il  en  est  réellement  ainsi. 

»  Le  cuivre  étant  maintenu  de  190°  à  25o°,  la  fixation  d'hydrogène  se  produit.  Une 
certaine  quantité  de  métastyrolène  solide,  issu  d'une  formation  transitoire  de  styro- 
lène, se  produit  sur  certains  points  du  tube  à  métal.  On  recueille  un  liquide  un  peu 
jaune,  très  fluorescent,  qui,  soumis  au  fractionnement,  fournit  à  peu  près  parties 
égales  d'un  carbure  bouillant  au-dessous  de  j5o"  et  d'un  carbure  fluorescent  bouillant 
au  delà  de  3oo°,  avec  une  petite  quantité  de  carbures  non  volatilisables,  de  molécules 
très  lourdes. 

»  La  portion  volatile  au-dessous  de  iSo"  est  totalement  attaquée  par  le  mélange 
nitrosulfiirique  :  elle  ne  contient  pas  de  carbure  cyclohexanique.  Par  rectification,  on 
trouve  qu'elle  est  formée  presque  enlièremenl  à' éthv Ibenzène,  bouillant  à  i36°  (corr.), 
associé  à  des  traces  de  styrolène  C^H^CH  =  CH^,  et  toujours  accompagné  d'environ 
-^  de  toluène,  produit  avec  séparation  corrélative  de  méthane. 

»  La  portion  fluorescente  se  solidifie,  soit  spontanément,  soit  par  fractionnement, 
en  cristaux  incolores  volumineux,  qui  sont  essorés  par  compression  dans  du  papier  et 
purifiés  par  de  nouvelles  distillations  et  cristallisations.  Ce  sont  des  aiguilles  ou  des 
tables,  rectangulaires  ou  rhombes  (angle  voisin  de  67°, 5),  qui  atteignent  parfois  a'^'" 
de  côté  :  l'examen  optique  montre  qu'ils  dérivent  d'un  prisme  orthorhombique.  Ces 
cristaux  fondent  à  52°  et  bouillent  à  317°  (corr.).  Ils  sont  très  solubles  dans  l'alcool, 
l'élher  et  les  carbures. 

»  Le  composé  liquéfié,  ainsi  que  ses  solutions,  possède  une  magnifique  fluorescence 
bleue.  C'est  le  diphénylbutanex^^  : 

C«  H^ .  CH'î .  CH2 .  CH2 .  CH^ .  C«  H% 

identique  à  celui  qui  a  été  obtenu  par  Freund  {Berichte,  t.  XXIII,  p.  2858)  en  hydro- 
génant,  par  l'action  prolongée  de  l'acide  iodhydrique,  à  25o°,  le  diphényli^^-butène. 
»  Le  rendement  en  diphénylbutane,  symétrique  à  partir  du  phénylacétylène,  peut 
atteindre  la  moitié  :  cette  réaction  peut  donc  être  considérée  comme  une  méthode 
avantageuse  de  préparation  de  ce  carbure.  » 


RAPPORTS. 

Rapport  sur  des  expériences  faites  à  l'Observatoire  de  Montsouris, 
relatives  à  la  composition  de  Vair  atmosphérique. 

(Commissaires  :  MM.  Armand  Gautier,  Haller;  Ad.  Carnot,  rapporteur.) 

«  L'Observatoire  municipal  de  Montsouris  a  organisé  depuis  25  ans  un 
service  journalier  d'analyses  de  l'air  atmosphérique,  ayant  pour  objet  le 

G.  R.,  1902,  2«  Semestre.  (T.  CXXXV,  N"  2.)  '^ 


90  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

dosage  des  éléments  qu'il  contient  en  quantités  variables,  notamment  de 
l'acide  carbonique. 

»  Ces  dosages  ont  été  l'occasion  de  recherches  spéciales  commencées 
en  1895  et  continuées  depuis  cette  époque,  sous  la  direction  de  M.  Albert 
Lévy,  par  ses  collaborateurs  MM.  Henriot  et  Pécoul,  recherches  dont  les 
})remiers  résultats  ont  été  présentés  dans  des  Notes  insérées  aux  Comptes 
rendus  de  l' Académie  les  6  juin  et  i5  août  1898  et  auxquelles  se  rapporte 
une  nouvelle  Communication  de  M.  Henriet,  présentée  le  10  février 
dernier. 

»   Les  laits  énoncés  dans  ces  notes  peuvent  être  résumés  ainsi  : 

»  Lorsque  de  l'air  atmosphérique,  pris  à  Paris  ou  dans  la  péri[)hérie  de 
Paris,  a  été  soumis,  comme  il  est  d'usage  pour  retenir  l'acide  carbonique 
contenu,  à  l'action  d'une  solution  d'alcali  ou  de  baryte  placée  dans  plu- 
sieurs tubes  à  boules  et  qu'il  lui  a  cédé  la.  totalité  de  cet  acide,  c'est-à- 
dire  une  proportion  de  gaz  carbonique  voisine  de  3o^  pour  loo""' 
d'air,  il  peut  encore,  par  circulation  répétée  à  travers  du  mercure  et 
contact  prolongé  avec  l'alcali  ou  la  baryte,  lui  abandonner  une  nouvelle 
quantité  du  même  gaz,  quantité  très  variable,  pouvant  aller  depuis  4' 
jusqu'à  3o'  et  plus  pour  loo""'  d'air.  Ce  gaz  carbonique,  qui  assuré- 
ment ne  préexistait  pas,  ne  peut  s'être  produit  que  par  transformation 
d'un  autre  composé  carboné  volatil. 

»  L'Académie  a  jugé  que  ces  assertions  devaient  être  contrôlées  de  près, 
et  elle  en  a  confié  l'examen  à  une  Commission  composée  de  MM.  Armand 
Gautier,  Haller  et  Adolphe  Carnot. 

»  Cette  Commission  s'est  réunie  plusieurs  fois  au  laboratoire  de  M.  Albert 
Lévy  et  a  assisté  aux  expériences  suivantes  de  MM.  Henriet  et  Pécoul. 

»  De  l'air  atmosphérique,  prélevé  par  aspiration  sur  la  place  Saint- 
Gervais,  à  côté  du  laboratoire,  passe  bulle  à  bulle,  à  raison  de  1'  à  l'heure, 
à  travers  une  coionne  de  20*^"^  de  laine  de  verre,  destinée  à  retenir  toutes 
les  poussières  minérales  ou  organiques  qu'il  pouvait  renfermer.  Il  tiouve 
ensuite  trois  tubes  à  boules  contenant  une  solution  de  baryte  et  se  rend 
dans  un  ballon  jaugé,  où  l'on  a  fait  le  vide. 

»  Les  deux  derniers  tubes  d'eau  de  baryte  ne  servent  que  de  témoins 
et  conservent  leur  limpidité  et  leur  titre  primitif.  Le  titrage  de  l'eau  de 
baryte  du  premier  tube  avant  et  après  le  passage  de  l'air  fait  connaître  la 
quantité  de  gaz  carbonique  libre,  ou  préexistant  dans  l'air,  quia  été  ensuite 
reçue  dans  le  ballon. 

»  L'air  de  ce  ballon  e^t    aspire    dans    un    appareil  à   écoulement   de 


SÉANCE    DU    l5    JUILLET    I902.  9I 

mercure,  imaginé  par  M.  Pécoul  et  décrit  clans  les  Annales  de  V Observatoire 
de  Mnntsourîs  (t.  I,  p.  369);  il  traverse  bulle  à  huile  une  solution  tiirée  de 
baryte  de  volume  connu,  revient  au  ballon  et  circule  ainsi  d'une  manière 
continue  dans  l'appareil  pendant  un  laps  de  temps  de  il\  heures. 

»  Il  se  produit  alors  dans  l'eau  de  baryte  un  précipité  blanc,  que  la 
Commission  a  vérifié  être  bien  du  carbonate  de  baryum. 

))  A  la  demande  de  la  Commission,  de  nouvelles  expériences  ont  été 
faites  en  conduisant  l'air  :  d'abord  à  travers  de  la  laine  de  verre  htimectée 
d'eau  et  assez  fortement  tassée  dans  un  tube  de  verre,  sur  3o*^™  de  longueur; 
ensuite  dans  un  grand  barboteur  à  potasse  de  densité  i,3o  (A);  puis  dans 
un  tube  en  U  contenant  de  l'hydrate  de  baryte  cristallisé  en  petits  frag- 
ments transparents  et  humectés  d'eau,  sur  une  longueur  de  So*'"  environ 
(B);  enfin  dans  un  barboteur  à  eau  de  baryte  (C). 

))  A  la  suite  de  ces  appareils,  qui  ne  doivent  laisser  passer  aucune  trace 
de  poussières,  ni  de  gaz  carbonique,  l'air  est  reçu  dans  un  ballon  jaugé 
vide,  de  6^  environ  (O). 

»  De  là  il  est  dirigé  dans  l'appareil  circidus  de  M.  Pécoul,  où  la  Commis- 
sion a  vu  se  reproduire  les  phénomènes  déjà  mentionnés  plus  haut. 
»  La  Commission  a  constaté,  dans  ces  expériences  : 
»    i**  Que  la  solution  de  baryte  du  barboteur  (C),  placé  à  la  suite  des 
premiers  appareils  A  et  B,  était  restée  parfaitement  limpide  et  que  son  titre 
alcalin  était  identique  au  titre  primitif; 

»  2°  Que  l'air  du  ballon  D,  en  circulant  pendant  24  heures  à  travers  les 
tubes  à  mercure  et  dans  un  nouveau  tube  à  eau  de  baryte,  avait  donné 
dans  celui-ci  un  précipité  de  carbonate  de  baryum  dont  elle  a  constaté  la 
nature  et  la  proportion; 

»  3**  Qu'en  opérant  sur  de  l'air  prélevé  le  27  juin  sur  la  place  Saint- 
Gervais,  le  carbonate  de  barvum  formé  après  élimination  complète  du 
gaz  carbonique  préexistant  correspondait  à  21', 6  pour  looooo'  d'air; 

»  4**  Que  l'air  du  ballon  D,  après  avoir  circulé  de  nouveau  pendant 
24  heures  à  travers  de  l'eau  de  baryte  litrée,  n'y  produisait  plus  aucun 
trouble,  ni  aucun  changement  de  titre; 

»  5°  A  l'objection,  soulevée  par  l'un  des  membres  de  la  Commission, 
qu'il  pourrait  y  avoir  du  gaz  carbonique  retenu  par  adhérence  aux  parois 
intérieures  ou  dissous  dans  le  verre  du  ballon,  malgré  le  vide  qui  y  avait 
été  fait,  il  a  été  répondu  que,  ce  ballon  ayant  déjà  servi  à  l'expérience  pré- 
cédente, où  l'on  avait  constaté  l'absence  complète  de  gaz  carbonique  (con- 
ditions énoncées  au  4°)»  il  ne  pouvait  assinément  pas  non  plus  y  avoir  de 


g2  ACADEMIE   DES    SCIENCES. 

gaz  carbonique  adhérent  aux  parois  du  même  ballon,  après  qu'on  y  avait 

fait  le  vide. 

»  En  conséquence,  la  Commission  déclare  bien  fondées  les  observations, 
qu'elle  avait  été  chargée  de  contrôler,  et  ne  peut  qu'encourager  les  au- 
teurs à  poursuivre  leurs  recherches,  en  vue  d^une  explication  complète  du 
phénomène  qu'ils  ont  signalé.    » 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  mises  aux  voix  et  adoptées. 


MEMOIRES  LUS. 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —   Le  tir  des  fusées  paragrêle. 
Note  de  M.  E.  Vidal.  (Extrait.) 

«  Dans  le  courant  du  mois  de  juillet  1900,  j'ai  fait  à  l'Académie  une 
Communication  sur  l'emploi  des  fusées  d'artifice  contre  les  orages  en 
général,  et  contre  la  grêle  en  particulier.  Depuis  cette  époque,  des  expé- 
riences assez  nombreuses  exécutées,  soit  par  nous,  soit  par  des  observateurs 
disséminés  sur  divers  points  de  la  France,  sont  venues  confirmer  nos  pré- 
visions, et  les  fusées  paragrêle  ont  pu  faire  bonne  figure  au  Congrès 
international  de  Lyon,  à  côté  des  canons-tromblons  les  plus  perfectionnés. 

»  Les  résultats  obtenus  jusqu'à  ce  jour,  et  qui  sont  reproduits  dans  la 
brochure  que  j'ai  l'honneur  d'offrir  à  l'Académie,  ne  sont  pas  égale- 
ment concluants  au  point  de  vue  de  la  lutte  cotitre  la  grêle,  mais  pas 
un  seul  des  tirs  exécutés  n'a  été  suivi  d'insuccès,  et  tous  démontrent  l'ac- 
tion générale  des  fusées  sur  les  zones  supérieures  de  l'atmosphère. 

»  C'est  ainsi  que,  par  un  temps  clair  et  sans  nuages  apparents,  nous 
avons  involontairement  provoqué,  au-dessus  de  nos  têtes,  la  formation  d'un 
anneau  composé  de  plusieurs  couches  concentriques  de  vapeurs  conden- 
sées, qui  se  sont  brusquement  teintées  des  couleurs  de  l'arc-en-ciel  (voir 
obs.  n°  14)  (voir  les  expériences  imprimées  dans  notre  Rapport  au  Congrès 
et  à  sa  suite); 

»  Que  des  trouées  circulaires,  laissant  apercevoir  le  bleu  du  ciel,  ont  été 
produites  au  milieu  des  plus  sombies  nuées  (voir  obs.  n*'*  1,  !2,  5,  6,  19); 

»  Que  des  orages  ont  été  arrêtés,  déchirés,  coupés  eu  deux,  ou  disper- 
sés (voir  oIjs.  u°*3,  6,  ii,  15,  16,  21,  22); 

»  Que  les  décharges  électriques  ont  été  brusquement  suspendues,  ou 
bien  écartées  (voir  obs.  n''*  1,  7,  8,  9,  11,  12,  21); 


SÉANCE    DU    l5   JUILLET    1902.  98 

»   Que  les  vents  les  plus  violents  ont  été  apaisés  (voir  obs.  n°*  7,  10); 

»   Que  la  pluie  a  été  arrêtée  ou  modérée  (voir  obs.  n°*  13,  14); 

»  Et  qu'enfin  les  champs  défendus  par  les  fusées  ont  été  complètement 
préserves  de  la  chute  des  grêlons,  tandis  que  les  récolles  voisines  étaient 
détruites  (voir  obs.  n«*  1,  2,  3,  5,  11,  16,  17,  18,  19,  20). 

»  De  toutes  ces  observations,  je  n'en  développerai  qu'une  seule,  la 
dix-septième,  parce  qu'elle  indique  en  quelques  mots  les  résultats  ob- 
tenus par  les  fusées  contre  la  grêle  et  qu'elle  fait  partie  de  la  déposition 
de  M.  Etienne  Salomon,  de  Thomery,  au  Congrès  international  de  Lyon. 

»  Je  tiens,  dit  ce  viticulteur  éraérite,  à  confirmer  les  dires  de  M.  Vidal  sur  les  expé- 
riences de  fusées.  Je  suis  propriétaire  dans  Seine-et-Marne  et  j'ai  eu,  au  mois  de 
juin  dernier,  l'occasion  d'expérimenter  ce  procédé  contre  un  orage  qui  s'avançait  très 
menaçant  et  que  les  fusées  ont  très  bien  dissipé.  Tout  autour  de  la  surface  protégée, 
la  grêle  est  tombée  et  a  complètement  ravagé  les  champs  de  betteraves,  alors  que 
ma  pépinière  de  vignes  n'a  eu  que  des  dégâts  insignifiants. 

»  La  conclusion  est  évidemment  en  faveur  des  fusées,  auxquelles  j'ai  dû  reconnaître 
une  influence  incontestable.  Je  ne  cherche  pas  à  expliquer  comment  le  fait  s'est  pro- 
duit; je  cite  simplement  un  fait  que  j'ai  tenu  à  ajouter  aux  affirmations  du  D*"  Vidal 
qui,  je  le  sais,  a  fait  beaucoup  d'expériences  {Congrès  international  de  défense 
contre  la  grêle,  t.  I,  p.  3oo). 

»...  Suivant  qu'ils  sont  plus  ou  moins  éloignés  de  leur  point  de  forma- 
tion, qu'ils  sont  plus  ou  moins  denses,  qu'ils  sont  poussés  par  un  vent 
plus  ou  moins  fort  et  que  les  terrains  sont  plus  ou  moins  inclinés,  les 
nuages  chargés  de  grêle  sont  tantôt  très  élevés  dans  les  airs  et  tantôt  très 
bas,  ce  qui  explique  les  échecs  subis  dans  certaines  régions  par  le  tir  des 
canons;  ces  échecs  auraient  sans  doute  été  évités,  si  l'on  avait  méthodi- 
quement lutté  contre  les  orages,  et  si  l'on  avait  compris  que  les  postes 
destinés  à  préserver  une  plaine  fertile  doivent  souvent  être  échelonnés  à 
quelques  kilomèties  plus  loin,  sur  les  flancs  d'une  montagne.  Telle  ne 
paraît  pas  avoir  été,  jusqu'à  ce  jour,  la  tactique  suivie  par  les  syndicats  de 
défense  contre  la  grêle,  dont  les  batteries  sont,  en  général,  disposées  sim- 
plement de  façon  à  couvrir  la  plus  grande  surface  possible —    » 


CORRESPONDANCE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  un  Volume  de  ^\.S.-H.  Finne-Gronn,  intitulé  «  Abcl,  den 
store  malhematikers  slegt,  Christiania,  1899-1900.  « 


94  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Application  de  la  méthode  de  la  moyenne  aritli- 
mètique  aux  surfaces  de  Riemann.  Note  de  M.  A.  Korn,  présentée  par 
M.  Emile  Picard. 

«  J'appelle  transformation  de  Poincarè  correspondant  à  un  contour  s, 
fermé  dans  le  plan,  toute  transformation 

^  =  ^(X,Y),         7=j(X,Y), 

qui  définit  une  correspondance  uniforme  entre  les  points  intérieurs  d'un 
cercle  (dans  le  plan  des  X,  Y)  et  les  points  intérieurs  de  s  (dans  le  plan 
des  X,  y),  et  une  correspondance  uniforme  entre  les  points  extérieurs  du 
même  cercle  et  les  points  extérieurs  de  s,  sous  la  seule  supposition  que  les 
fonctions  X,  Y  et  x,  y  soient  continues  dans  tout  le  plan,  et  qu'elles 
admettent  des  dérivées 

()X       r;X       ^       aY_  d^       d^       dj^       dj^ 

â^"     dy'     ^'      âf'  W     f)Y'     r/x'      ^Y 

finies  et  inlégrables. 

»  On  peut  trouver  de  telles  transformations  pour  tout  contour  s  dont 
l'intérieur  est  simplement  connexe,  s'il  est  de  courbure  continue  (A.  Korn, 
Lehrbuch  der  Potentialtheorie,  2"  Vol.,  p.  3o2)  ou  un  composé  d'un 
nombre  fini  de  lignes  (')  de  courbure  continue  (A.  Korn,  Abhandlungen 
zur  Potentialtheorie,  n''  2,  p.  19).  Avec  la  connaissance  d'une  telle  transfor- 
mation, on  peut  démontrer  que  la  méthode  de  M.  Neumann  résout  le  pro- 
blème de  Dirichlet  pour  l'intérieur  et  l'extérieur  de  s,  en  supposant  les 
valeurs  limites /" de  la  fonction  harmonique  cherchée  continues  (ou  conti- 
nues par  intervalles)  (-). 

»  Il  est  facile  de  généraliser  ces  résultats  en  passant  du  plan  aux  sur- 


(')  A  pari  des  sommets  formés  par  ces  différentes  parties  du  contour,  toute  singu- 
larité est  exclue;  nous  excluons  aussi  les  pointes. 

(^)  Pour  les  contours  composés,  il  faut  encore  une  condition  supplémentaire  sur  f 
aux  environs  des  sommets  (qui  est  du  reste  toujours  remplie,  si  f  admet  des  premières 
dérivées  finies  et  intégrables). 


SÉANCE  DU  l5  JUILLET  1902.  gS 

faces  de  Riemann.  Par  une  représentation  conforme 

î  =  .f(=), 

r  —  l-^ir,,  z  =  x  ^  iy, 

on  peut  faire  correspondre  à  l'intérieur  de  s  une  partie  simplement  con- 
nexe d'une  surface  de  Riemann  limitée  par  un  contour  c  (bornons-nous, 
pour  plus  de  simplicité,  au  cas  que  les  fonctions  S  soient  algébriques);  en 
appelant  cette  partie  Vintérieur  de  a,  nous  pouvons  maintenant  résoudre 
le  problème  de  Diriclilet  pour  l'intérieur  de  <y  par  une  méthode  analogue  à 
celle  de  M.  Neumann,  puisque  chaque  fonction  harmonique  à  l'intérieur 
de  s  devient  par  la  transformation  1^=z^Çz)  une  fonction  harmonique  à 
l'intérieur  de  g  et  vice  versa.  Un  pareil  raisonnement  peut  être  fait  pour  des 
domaines  extérieurs. 

))  Il  va  sans  dire  que  les  fonctions  composant  les  séries  de  M.  Neumann 
n'ont  plus  pour  a  la  même  bignification  simple  que  pour  s. 

»  Nous  pouvons  maintenant  aussi  procéder  au  cas  où  l'aire  limitée 
par  a  n'est  plus  simplement  connexe;  en  ajoutant  au  contour  g  les  deux 
bords  de  certaines  coupures,  nous  pouvons  toujours  ramener  ce  cas  au 
cas  d'une  aire  simplement  connexe  avec  un  contour  dont  aucune  partie 
n'est  parcourue  deux  fois  sur  une  surtace  de  Riemann  un  peu  plus  compli- 
quée, et  nous  arriveions  ainsi  toujours  à  des  représentations  des  solutions 
du  problème  de  Dirichlet  en  forme  de  séries  analogues  aux  séries  de 
M.  Neumann. 

»  Personne  ne  se  servira  sans  doute  de  cette  méthode  pour  calculer  les 
valeurs  de  la  fonction  harmonique  en  question,  mais  ces  raisonnements 
ont  une  certaine  importance  pour  une  autre  raison  :  ils  permettent  de 
démontrer  un  grand  nombre  de  théorèmes  très  généraux  sur  les  fonctions 
harmoniques  et  leurs  dérivées;  je  ne  cite  comme  exemple  que  la  généra- 
lisation des  théorèmes  de  M.  Liapounoff,  qui  permettent  de  décider  dans 
quels  cas  les  fonctions  harmoniques  définies  par  les  valeurs  limites  / 
admettent  des  dérivées  normales.  » 


PHYSIQUE.  —  Sur  la  formai  ion  des  gouttes  liquides  et  la  loi  de  Ta  te.  Note  de 
MJVI.  Leduc  et  Sacerdote,  présentée  par  M.  Lippmaun. 

«  La  loi  de  Tate  dit  que  le  poids  des  gouttes  d' un  même  liquide  qui  s' écoulent 
à  l'extrémité  d'un  tube  est  proportionnel  au  rayon  de  l'orifice  de  ce  tube  (sup- 


96  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

posé  circulaire).  Pour  justifier  cette  loi,  on  a  l'habitude  de  faire  le  raison- 
nement suivant  (^  ). 

»  Lorsque  la  goutte  est  sur  le  point  de  se  détacher,  elle  présente  à  sa  partie  supé- 
rieure un  étranglement  ou  gorge  (^),  dont  le  rayon  r  est  peu  difTérent  de  celui  R  de 
l'orifice;  la  rupture  a  lieu  lorsque  le  poids  p  de  la  goutte,  limitée  au  cercle  de  gorge, 
l'emporte  sur  l'efTort  dû  à  la  tension  superficielle,  qui  s'exerce  verticalement  sur  le 
contour  de  ce  cercle;  le  poids  des  gouttes  est  donc  proportionnel  au  rayon  R  de 
l'orifice,  s'il  y  a  proportionnalité  entre  /'  et  R. 

»  Ce  raisonnement  est  inexact.  Si,  en  effet,  la  séparation  de  la  goutte 
avait  lieu  par  arrachement,  son  poids  aurait  à  surmonter  non  seulement 
l'effort  dû  à  la  tension  superficielle,  mais  aussi  celui  dû  aux  forces  de  cohé- 
sion qui  s'exercent  sur  toute  la  section  du  cercle  de  gorge.  L'expression  du 
poids  p  serait  donc  de  la  forme  :  p  =  Ar  -+-  B/'%  B  étant  très  grand  par 
rapport  à  A,  comme  cela  résulte  d'expériences  que  nous  avons  décrites 
précédemment  ('). 

»  Observons  d'ailleurs  que  la  formation  d'une  gorge  n'a  lieu  qu'avec 
des  tubes  de  quelques  millimètres  de  diamètre,  et  non  avec  des  tubes  fins 
ou  très  larges. 

»  En  réalité,  la  séparation  de  la  goutte  na pas  lieu  par  arrachement,  mais 
hien par  étranglement.  —  A  l'équation  différentielle  de  l'équilibre,  et  à  la 
condition  aux  limites  consistant  en  ce  que  le  raccordement  doit  avoir  lieu 
sur  une  circonférence  donnée,  correspondent  pour  la  goutte  une  infinité 
de  figures  d'équilibre,  toutes  comprises  entre  deux  formes  extrêmes,  dont 
l'une,  le  plan,  présente  un  volume  nul,  et  l'autre  un  volume  maximuiu. 

»  Quand  la  goutte  aura  atteint  cette  dernière  forme,  la  moindre  quan- 
tité supplémentaire  de  liquide  qui  y  pénétrera  lui  donnera  une  forme  qui 
ne  sera  plus  d'équilibre,  et  la  pression  extérieure,  l'emportant  sur  l'inté- 
rieure, étranglera  la  goutte  le  long  d'un  parallèle  bien  déterminé. 

»  Expérience.  —  La  justification  théorique  de  la  loi  de  Tate  ayant  ainsi 
perdu  toute  sa  valeur,  il  nous  a  semblé  nécessaire  de  soumettre  cette  loi  à 
une  nouvelle  étude  expérimentale. 

»  Nous  avons  opéré  sur  l'eau  et  le  mercure.  Il  est  clair  que,  dans  tous 
les  cas,  ce  que  nous  avons  désigné  sous  le  nom  cVori/ice,  c'est  le  cercle 


('  )  DuCLAUX,  Ann.  de  Ch.  et  de  Phys..  4^  série,  t.  XXI,  1870,  p.  386. 
(*)  DuPRÉ,  Ann.  de  Ch.  et  de  Phys.,  4*  série,  t.  IX,  1866,  p.  345. 
(^)  Leduc  et  Sacerdote,  Comptes  rendus^  t.  CXXXIV,  p.  589,  et  Journ,  de  Phys., 
4*  série,  t.  I,  1902,  p.  364. 


SÉANCE    DU    j5    juillet    1902.  97 

autour  duquel  le  liquide  se  raccorde  avec  le  verre,  c'est-à-dire  la  secLion  du 
canal  pour  le  mercure,  et  celle  du  verre  dans  le  cas  de  l'eau.  Le  diamètre  d 
de  Torifice  ainsi  défini  a  varié  pour  le  mercure  de  o'''°,o27  à  oT'^.Z'^'o,  et 
pour  l'eau  de  0*=™,  1 10  à  2*^",  5. 


ci 

E-.  e 

ow  ^  -6, 


Intervalle  dans  lequel  la  loi 
de  Tate  s'applique  sensiblement. 

»  Nous  avons  d'abord  vérifié,  comme  l'a  fait  M.  Duclaux|  pour  d'autres 
liquides,  qu'^  égaillé  de  diamètre  d'orifice,  les  poids  des  gouttes  de  mer  cure  et 
d'eau  sont  proportionnels  aux  tensions  superficielles  de  ces  deux Jiquides  :  le 
rapport  est  environ  6,3. 

M  Ceci  étant,  pour  examiner  la  valeur  de  la  loi  de  Tate,  nous  pouvons 
nous  servir  indifféremment  des  résultats  obtenus  avec  les  deux  liquides,  à 
condition  de  diviser  les  poids  de  mercure  par  6,3.  Voici  un  extrait  du 
Tableau  que  nous  avons  ainsi  formé: 


d. 

cm 
0,027 

o,o63 
o ,  n  o 
0,200 
0,340 

0,8/10 

i,48o 

2  ,010 


(eau] 


0,0190 
170 
162 
i48 
i46 
129 


-,  :  6,3  (  mercure). 
a 

o,o352 
216 
193 
175 


C.  R.,   1902,  2=  Semestre.  (T.  CXXXV,  N"  2.) 


i3 


gS  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»   Enoncer   la    loi  de  Tate,   c'est  dire  que    le   rapport  -    est  constant. 

L'inspection  de  ce  Tableau  montre  que  la  loi  de  Taie  s'applique  sensiblement 
pour  les  diamètres  moyens,  compris  entre  o'^^.S  et  i*'™,5,  mais  quelle  est  de 
moins  en  moins  vraie  à  mesure  qu'on  s'écarte  de  ces  limites. 

»  Remarques.  —  l!  faut  observer  que  c'est  à  peu  près  (uitre  ces  limites 
(0,33  cà  1,57)  qu'a  opéré  Tate  (' ),  et  que  d'ailleurs  son  nombre  relatif  au 
plus  petit  orifice  présente  déjà  un  écart  sensible  avec  sa  loi. 

»  Pour  des  orifices  de  diamètre  supérieur  à  2*^™,  le  poids  des  gouttes 
d'eau   est  sensiblement  constant   et  égal   à   0^,26.  Il  est  évident  que  le 

rapport  -.  tend  vers  zéro  lorsque  d  augmente  indéfiniment.  La  courbe  ci- 
jointe,  qui  représente  l'ensemble  de  nos  résultats,  semble  indiquer  que  ce 
rapport  augmente,  au  contraire,  indéfiniment  lorsque  <^  tend  vers  zéro.    » 


ACOUSTIQUE.  —  Sur  les  accords  binaires.  Noie  de  M.  A.  Guillemix, 
présentée  par  M.  J.  Violle. 

«  Représentation  géométrique  du  son  H.  —  Le  son  H,  centre  de  gravité 
des  accords  binaires  M  :  N,  défini  par  la  relation 

(a)  H(m  +  n)  —  2Mn  =  2Nw  ^=:  2mnF, 

peut  être  établi  comme  il  suit  : 

»  Le  son  aigu  M  étant  situé  sur  la  règle  A  à  la  hauteur  M,  je  marque  au- 
dessus  et  au-dessous  de  M  des  points  équidistants,  qui  représenteront  les 
sons  M  ±  cm.  Sur  la  règle  B,  parallèle  à  A,  je  marque  de  même  la  posi- 
tion de  son  grave  N  et  des  points  équidistants  (ils  sont  plus  rapprochés  que 

M 
les  précédents),   qui  figureront  les  sons  N=j=c/i.   L'accord  juste  ^  sera 

représenté   par   la   droite   MN;    les  accords  faux  ayant   nîéme  centre  de 

..     M±cm  .  .         ,  ,  1       j"     -, 

gravite,  -ï^7-:ii — ?  seront  représentes  par  les  droites  voisines. 

»  A  cause  de  la  similitude  des  triangles,  il  est  clair  que  toutes  ces  droites 
passent  par  un  même  point  H,  dont  la  hauteur  est  celle  du  son  H. 


(')  Tate,  Philos.  Magaz.,  4«  série,  t.  XXVII,  i864,  p.  176. 


SÉANCE  DU  l5    JUILLET  T902. 


99 


»  Signification  acoustique  du  son  H.    —    Des  équations   (x)  on    déduit 
facilement 


I         '  /  '  ' 

H  "^  2  \  M  ^  N 


ou  bien,  à  cause  de  la  formule  connue  Nt  =  i, 

'^.i=7("m+-^.n); 

d'où  cette  définition  :  le  son  H  est  celui  dont  la  durée  de  vibration  t^  est 
moyenne  arithmétique  entre  les  durées  de  vibration  Tj,  et  t^  des  deux  sons 
de  l'accord  M  :  N. 

»   Accords  binaires  normaux.    —    Je  désigne  ainsi  les  accords  dont  le 
centre  de  gravité  coïncide  avec  le  diapason  normal  A  =  434.3  : 


=  tierce  majeure, 


9-^ 


quinte, 


4 
3 
2 

5 

7-  =:  Sixte  majeun 

3 


octave 


-  =  douzième. 
I 


double  octave 


9^ 


10 

8 

■'""-3              •^"ij 

5a  _ 

5a 
T 

ou 

fa#^—  utUi, 

5 

4A 

3 

ou 

fa.,    —  ré,,, 

3a  . 
4  " 

3A 

2 

ou 

mi-,    —  mi,,, 

2A 

~3~ 

I 

ou 

réi    —  la,,, 

5a 

8 

2 

ou 

utii;, —  at^a, 

tOO  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

))  Il  y  a  d'autres  accords  dont  les  centres  de  gravité  ne  correspondent  pas  à  des  notes 
de  la  gamme;  exemple  : 

6         .             .                                             iiA     II  A 
-  ^  tierce  mineure 

5  12 


4  7A 

-rz:  quarte ^ 

8         .  .  i3a 

—  =  sixte  mineure — tt  • 

5  10        10 


10 
7A 
6  • 
i3a 


»  Propriété  de  la  série  des  sous-harmoniques.  —  Elle  donne  sans  calcul  la 
position  du  centre  de  gravité  d'un  accord  binaire  quelconque.  En  effet,  si 
l'on  considère  les  nombres  de  vibrations  N,  cette  série  est,  par  définition, 

I       I       1       I 

— >     — >     -jjj     75     •  •  •• 

1254 

»  Mais  si  l'on  considère  les  t,  qui  valent  ^j  elle  est 

1.  2.  3.  4.  5.        6.  7.  8.  9.  10. 

mi\       f)iii       la^       mi^       ut^     la^  ^fa'^       mi^       réi       uti 

»   On  voit  tout  de  suite  que  uto  est  le  centre  de  gravité  des  accords 

/«i — m«2  puisque  5  =1(6 -t- 4)) 
fa#i— la,  ))  =1(7  +  3), 
mil  —  ^^h  »         =2(8  +  2), 


»  Accords  ternaires  mineurs.  —  J'appelle  ainsi  tous  les  accords  formés 
par  les  trois  sons  N  :  H  :  M,  où  la  médiante  est  le  centre  de  gravité  des  sons 
extrêmes  : 

6:5:4     ou     Ia^  —  ul^  —  jni^, 

5  :  4  I  3       011      Utç,  —  772Ï2  —  1(^2^ 

4:3:2  ou  mi.y  —  la^  —  m^g, 
8:2:1  ou  la^  —  mi^  —  mi^, 
5  :  3  :  I     ou     w^2  —  ^<^2  ~  ^^^4» 


»   Accords  ternaires  majeurs.  —   Ce  sont  ceux  pour  lesquels  la  médiante 
a  son  nombre  de  vibrations  moyen   arithmétique  entre  les  nombres  de 


SÉANCE  DU    l5   JUILLET    1902.                                         loi 

vibrations  des  sons  extrêmes  M  et  N.  Tels  sont  : 

4  I  5  !  6     ou     ut^  —  mi^  —  50/3, 

3  !  4  '  5  ou     ^0/2  —  M/3  —  Tni^, 

2  ;  3  !  4  ou     uU  —  ^0/0  ~  ^^^3» 

112:3  ou       lU^    —  ZZ/o   —  -^^h^ 

I  *.  3  !  5  ou     z//,  —  soh  —  mi^. 


»  Remarque  I.  —  Les  deux  premiers  accords  de  ces  deux  listes  d'accords  sont  les 
accords  parfaits  mineur  et  majeur  des  musiciens,  qui  avaient  trouvé  en  fait  le 
centre  de  gravité  de  la  quinte. 

»  Remarque  II.  —  Les  deux  accords  inscrits  en  seconde  ligne  sont,  pour  nous,  de 
vrais  accords  mineur  et  majeur,  et  ne  méritent  pas  d'être  dits  des  renversements.  Ils 
sont  plus  consonants  que  les  accords  dits  parfaits  dont  on  les  fait  dériver. 

»  Remarque   III.  —    Les    accords  mi — la  —  do    et    mi  —  sol — do    doivent,    au 

contraire,  continuer  à  s'appeler  des  renversements,  puisqu'ils  ne  peuvent  figurer  sur 

aucune  de  nos  listes;  leur  médiante  n'est,  en  effet,  ni  le  centre  de  gravité  H,  ni  la 

M  +  N 
moyenne  •    » 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Sur  une  nouvelle  vapeur  organique  de  l'air 
atmosphérique.  Note  de  M.  H.  Henriet,  présentée  par  M.  Ad. 
Carnot. 

«  Nous  avons  montré,  M.  Albert-Lévy  et  moi  ('),  qu'on  obtenait  des 
résultats  très  différents  en  dosant  l'acide  carbonique  atmosphérique,  soit 
par  simple  passage  de  l'air  sur  un  alcali,  soit  par  maintien  de  l'air  et  de 
l'alcali  en  contact  très  prolongé. 

»  La  quantité  totale  d'acide  carbonique  que  l'on  obtient  ainsi  est  beau- 
coup plus  élevée  que  celle  de  l'acide  carbonique  normal.  L'excès  qu'elle 
présente  sur  ce  dernier,  et  qui  se  produit  aux  dépens  d'un  corps  carboné 
existant  dans  l'air,  peut  être  mis  nettement  en  évidence.  Il  suffit  pour  cela 
de  remplir  un  ballon  vide  de  gaz  avec  de  l'air  débarrassé  de  toute  trace 
d'acide  carbonique,  puis,  à  l'aide  d'un  appareil  à  mercure  dû  à  M.  Pé- 
coul  (")  et  qui  permet  de  faire  circuler  indéfuiiment  une  même  masse 


(1)  Comptes  rendus,  t.  GXXVII,  p.  353. 

(^)  Annales  de  l'Observatoire  de  Montsouris,  t.  I,  p.  Sôg. 


I02  ACADEMIE    DES   SCIENCES. 

gazeuse  dans  un  barboteur,  de  faire  passer  l'air  sur  une  solution  claire  de 
baryte,  pendant  24  heures.  Au  bout  de  ce  temps,  cette  baryte  présente  un 
précipité  très  net  de  carbonate  de  baryum. 

»  Ce  phénomène  dûment  constaté,  j'ai  poursuivi  ces  recherches  en  vue 
de  caractériser  le  corps  qui  le  produit. 

»  Je  résumerai  ici  très  brièvement  les  résultats  de  celte  étude,  qui  sera 
développée  dans  une  publication  ultérieure. 

»  Après  de  nombreux  essais,  j'ai  été  amené  à  mélanger  l'air  filtré  sur  du  coton  de 
verre  avec  de  la  vapeur  d'eau,  que  j'ai  condensée  ensuite  à  l'abri  de  toute  matière 
organique  et  que  j'ai  étudiée. 

»  L'eau  de  condensation  réduit  le  nitrate  d'argent  à  l'ébullition;  cette  réaction  n'a 
plus  lieu  si,  avant  d'ajouter  le  sel  d'argent,  on  évapore  à  sec  en  présence  d'acide  sul- 
furique.  Si  l'on  concentre  l'eau  condensée,  elle  ramène  alors  le  bichlorure  de  mercure 
à  l'état  de  calomel,  réduit  les  sels  d'or  et  le  permanganate  de  potassium,  ce  dernier 
seulement  en  solution  alcaline.  Or,  ces  caractères  sont  ceux  de  l'acide  formique. 

»  Avec  le  réactif  de  Nessler,  l'eau  de  condensation  ne  donne  pas  la  coloration  jaune 
brun  caractéristique  des  sels  ammoniacaux,  mais  un  louche  vert  jaunâtre  qui  se  pro- 
duit au  bout  d'un  temps  plus  ou  moins  long,  selon  le  degré  de  concentration  de  la 
liqueur.  Cette  réaction  a  lieu  beaucoup  plus  rapidement  si  l'on  chauffe  préalablement 
Feau  de  condensation,  soit  avec  un  peu  de  potasse  pure,  soit  avec  de  l'acide  chlorhy- 
drique.  Ce  fait  montre  que  le  corps  agissant  n'existe  pas  tout  formé  dans  l'eau,  mais 
prend  naissance  grâce  â  un  phénomène  d'hydratation. 

»  En  étudiant  l'action  des  sels  de  diverses  aminés  sur  le  réactif  de  Nessler,  j'ai 
constaté  que,  d'une  façon  générale,  leur  sensibilité  vis-à-vis  de  ce  réactif  est  très 
inférieure  à  celle  des  sels  ammoniacaux;  mais  ils  produisent  des  teintes  louches  et 
verdâtres,  semblables  à  celle  que  j'ai  observée  avec  les  produits  de  condensation. 

»  J'ai  donc  pensé  qu'il  devait  exister  une  aminé  à  côté  de  l'acide  formique.  Pour 
mettre  cette  aminé  en  évidence,  j'ai  comparé  la  coloration  fournie  par  le  Nessler  sur 
l'eau  de  condensation  telle  quelle,  à  celle  de  la  même  eau  traitée  par  le  procédé 
Kjeldhal.  Après  une  distillation  très  soignée,  j'ai  obtenu  une  teinte  beaucoup  plus 
intense  qu'avec  l'eau  brute.  Or,  pendant  l'action  de  l'acide  sulfurique,  le  mélange  n'a 
pas  noirci.  Il  est  donc  vraisemblable  que  l'azote  ammoniacal  obtenu  d'après  Kjeldhal 
provient  d'une  aminé. 

»  J'ai  cherché  ensuite  le  rapport  existant  entre  le  poids  de  l'acide  et  celui  de 
l'aminé.  Pour  ^o""""  d'eau  de  condensation,  j'ai  trouvé  un  poids  d'azote  égal  à  o™s,  i3 
et,  pour  le  même  volume  d'eau,  un  poids  d'acide  formique  qui,  calculé  en  azote,  est 
égal  à  0°^,  14.  Il  y  a  donc  équivalence  entre  l'acide  et  la  base. 

»  Cependant,  il  est  inadmissible  que  l'on  soit  en  présence  d'un  sel,  car  j'ai  montré 
plus  haut  que  l'aminé  ne  prend  naissance  que  grâce  à  un  phénomène  d'hydratation. 
Le  corps  dissous  dans  l'eau  de  condensation  me  semble  donc  être  une  amide  for- 
mique. 

»  Le  groupe  AzH^  de  cette  amide  pouvant  posséder  un  ou  deux  radicaux  monova- 
lents substitués  aux  deux  atomes  d'hydrogène,  il  fallait  rechercher  si  l'aminé  issue  de 


SÉANCE  DU  l5  JUILLET  1902.  Io3 

ce  corps  était  primaire  ou  secondaire.  A  cet  eflfet,  j'ai  évaporé  au  bain-marie,  en  pré- 
sence d'acide  chlorliydrique,  l'eau  de  condensation  de  100^  d'air  du  centre  de  Paris. 
Le  résidu  obtenu,  traité  par  la  potasse  et  le  chloroforme,  m'a  donné  d'une  façon  très 
intense  l'odeur  repoussante  des  carbylamines.  Une  seconde  expéiience  faite  dans  les 
mêmes   conditions   m'a  conduit   au   même   résultat.  Le  groupe  AzH-  est  donc  de  la 

forme  Azv 

))  De  l'ensemble  de  ces  faits  il  paraît  résulter  que  le  corps  existant  dans 
l'air  et  retenu  en  dissolution    dans  l'eau   de  condensation   est  une  for- 

miamide  monosubstituée   (HCOAz.        j;   de   nouvelles    expériences    en 

cours  permettront,  je  l'espère,  de  fixer  définitivement  la  véritable  nature 
de  ce  composé,  ainsi  que  celle  du  radical  R,  que  je  me  propose  de  déter- 
miner en  étudiant  le  chloroplalinaLe  de  l'aminé  correspondante. 

»  Si  maintenant  on  rapproche  des  résultats  obtenus  les  premiers  phé- 
nomènes observés,  on  voit  que  l'acide  carbonique  produit  résulte  de 
la  transformation  de  l'acide  formique,  qui,  dans  l'appareil  de  M.  Pécoul, 
subit,  au  contact  de  l'alcali,  de  l'air  qui  circule  constamment  et  des  oxydes 
de  mercure  qui  se  forment,  une  oxydation  complète.    » 


CHIMIE.  —  Sur  les  propriétés  et  la  constitution  des  peroxydes  de  zinc. 
Note  de  M.  de  Forcrand. 

«   J'ai  décrit  précédemment  (' )  quatre  peroxydes  de  zinc  qui,  d'après 
leurs  modes  de  préparation,  me  paraissent  être  des  composés  définis  : 

Zn3  0^+2H-0  ou  Zn^O^+aH^O-, 

Zn^O^+SH^O  ou  Zn3  03+2lPO'-+H2  0, 

Zn*0"  +  4H20  ou  Zn*0^ -t-SH^O^+H^O, 

ZnO-^+2,5H20  ou  ZnO    +    W'^O^+i.ôW'O     C). 

»   I.  Au  moment  oi^i  on  les  sépare  par  le  filtre,  ces  substances  sont  des 
précipités  gélatineux,  parfaitement  blancs,  dont  l'aspect  ne  diffère  pas  de 

(')   Comptes  rendus,  t.  CXXXIV,  p.  601. 

(^)  L'état  d'hydratation  de  ce  dernier  composé,  vu  son  extrême  instabilité,  est  un 
peu  incertain.  Il  est  possible  que  ce  soit  : 

Zn02+2H*0         ou         ZnO  +  tP02+H«0. 


Io4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

celui  du  proloxyde  hydraté  précipité.  Par  la  dessiccation  sur  plaques  po- 
reuses, ils  forment  une  poudre  assez  dense,  formée  de  très  petits  grains 
durs,  qui  cependant  ne  paraissent  pas  cristallins,  même  au  nucroscope.  Ils 
restent  parfaitement  blancs.  Les  trois  premiers  sont  inaltérables  à  l'air  sec 
ou  humide  et  ne  se  carbonatent  pas.  Le  dernier  perd  peu  à  peu  de  l'eau 
et  de  l'oxygène  dans  l'air  sec  et  passe  à  l'état  de  Zn^O^  -+-  2H-O. 

»  Lorsqu'on  chauffe  à  100**  le  composé  Zn^0^4-4H"0,  soit  à  l'air 
libre,  soit  en  vase  clos,  il  ne  cède  pas  d'eau,  mais  une  quantité  d'oxygène 
correspondant  à  la  différence  entre  Zn*0^  et  Zn^O%  et  devient 

Zn^O^-l-SH^O. 

»  Quant  aux  comj^osés  Zn^ 0^-1-3 H" O  et  Zn^O^H-2H^O,  ils  sont 
stables  l'un  et  l'autre  à  100°.  Si  on  les  chauffe  au-dessus  de  cette  tempéra- 
ture, en  vase  clos,  on  n'observe  aucun  phénomène  jusqu'à  190°  pour  le 
premier  et  210°  pour  le  second.  A  ces  températures  (*)  il  se  dégage 
brusquement  une  grande  quantité  d'eau,  qui  se  condense  en  hautdu  tube; 
après  refroidissement,  on  recueille  un  volume  d'oxygène  qui  corres})ond  au 
passage  de  Zn^O^  à  ZnO.  Le  résidu  solide  est  du  protoxyde  de  zinc  ZnO 
retenant  seulement  quelques  centièmes  d'eau. 

»  Si  l'on  chauffe  en  vase  ouvert  l'un  des  quatre  composés,  il  se  détruit 
brusquement  vers  200",  en  dégageant  à  la  fois  de  l'eau  et  de  l'oxygène,  et 
laisse  du  protoxyde  à  peu  près  anhydre;  la  réaction  est  faiblement  explo- 
sive. 

»  Tous  ces  corps  se  dissolvent  aisément  dans  l'acide  sulfurique  étendu, 
et  leurs  dissolutions  se  comportent  comme  des  mélanges  de  sulfate  de  zinc 
et  d'eau  oxygénée.  On  n'observe,  pendant  cette  réaction,  aucun  déga- 
gement d'oxygène  libre,  ce  qui  permet  de  faire  l'étude  thermique  de  ces 
composés. 

»  IL  J'ai  obtenu,  vers  +15*^,  pour  la  dissolution  de  chacun  de  ces 
peroxydes  dans  la  quantité  exactement  calculée  de  SO''fP  étendu 
(98s  =  4'),  les  nombres  suivants  : 


Cal 


Zn305+  aH^Osol.  +  SSO^HMissous H-  16, o4  x  3 

Zn^O^+SH^Osol.-hSSO^H^dissous -H  16,49  x  3 

Zn*0^-l-4H-Osol.  +  4SO*HMissous +i4,86x4 

ZnO^  +2H2OS0I.+    SO^H^dissous +i4,86 

(*)  M.  Kouriloff  avait  déjà  indiqué  que  le  produit  obtenu  dans  ses  expériences  se 
décomposait  un  peu  au-dessus  de  180°  (Ann.  de  Chim.  etde  Phys.,  6«  série,  t.  XXIll, 
p.  429). 


SÉANCE    DU    l5    JUILLET    1902.  lOD 

ce  qui  permet  de  calculer  les  chaleurs  de  formation  suivantes  dans  les 
deux  hypothèses  possibles  ('). 

M  Première  hypothèse.  —  Les  produits  obtenus  sont  de  véritables 
peroxydes  plus  ou  moins  hydratés  :  ZnO"-l-  mH^O  : 

Cal 

Zn303,2H20soI.+  02oaz  — Zn^OSaH^Osol —18,47x2  ou  —8,98x3 

Zn»0^3H20sol.^-0-gaz  =  Zn^0^3^POsoI —16,06x2  ou  —  10,71  x  3 

Zn*0^4H20sol.  +  03gazr=Zn*0^4H^Osol — i5,85x3  ou  —11, 88x4 

ZnO,    2H^Osol.+  0  gaz  =  Zn  OS2H^Osol —18, 64 

»  Seconde  hypothèse.  —  Il  s'agit  de  combinaisons  d'addition  formées 
par  l'eau  oxygénée,  soit  avec  le  protoxyde  anhydre,  soit  avec  les  divers 
protoxydes  hydratés  : 

Zn^O'sol.            +  2H^02  liq.  anhydre  =  Zn^O^,  2H-0'2soI +12,29x2  ou  +8,19x8 

Zn30%H20sol.+  2H20-            »           =Zn30^H20,2H20■^sol..  +12,24x2  ou  +8,i6x3 

Zu^OSH-^Osol.+  SH^O^            »           ~Zn*OSH20,3H^02soI..  +11,96x8  ou  +8,97x4 

Zn(OH)2sol.      +    H^O^            »'         =Zn(OH),H202soI +4,87 

»  m.  chacune  de  ces  hypothèses  peut  à  la  rigueur  se  défendre.  Cepen- 
dant, la  seconde  me  paraît  plus  probable  pour  plusieurs  raisons  : 

)i  i**  Aucun  de  ces  composés  ne  contient  moins  de  molécules  d'eau  que 
d'atomes  d'oxygène  actif; 

»  2°  Leur  stabilité  relative  s'explique  mieux,  tous  les  nombres  du 
second  Tableau  étant  positifs; 

»  ?>^  Il  existe,  en  fait,  une  grande  différence  de  stabilité  entre  le  second 
et  le  dernier  de  ces  composés,  l'un  ne  se  détruisant  qu'à  190°,  et  l'autre  se 
décomposant  déjà  à  froid.  Cette  différence  n'apparaît  guère  dans  le  pre- 
mier Tableau  (—  16,06  et  —  18,64),  tandis  qu'elle  est  manifeste  dans 
l'autre  hypothèse  (+12,24  et  +4,87).  Bien  plus,  l'écart  entre  les  deux 
nombres  (+7,37)  correspond  précisément  à  une  différence  de  stabilité 
de  200°  environ. 

»  Je  crois  donc  qu'il  faut  écrire  les  formules  de  ces  quatre  combinaisons 


(•)  Je  prends  comme  données  auxiliaires  les  nombres  suivants,  qui  résultent  d'an- 
ciennes expériences  ou  de  celles  que  j'ai  fait  connaître  récemment  pour  les  oxydes  de 
zinc  hydratés  et  condensés  :  chaleur  de  dissolution,  dans  l'acide  sulfurique  étendu, 
de  ZnO  :  +  23^=^1, 91  ;  de  Zn(0H)2  :  +  19c»!,  25;  de  ZnO,  2H2O  :  +i7Cai,92;  chaleur 
de  formation  de  l'eau  oxygénée  anhydre  liquide  :  —  21^3^,22  à  partir  de  O  gaz  et  de 
H^O  liquide.  Enfin  chaleur  de  dissolution  de  H^OMiquide:  +o^«',48. 

C.  R.,  1902,  2»  Semestre.  (T.  CXXW,  N°  2.)  l4 


Io6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

de  la  manière  suivante  : 

Zn^OSH^O  +  aH^O^      ou      OH-Zn-O  -  Zn  -  O  -  Zn  -  OH  +  aH^OS 
Zn^OSH^O  +  SH^O^      ou      OH-Zn-O-Zn-O  — Zn-0-Zn-0H  +  3IP0S 
ZnO,H20  +  H202  ou      OH  — Zn  — OH  +  H-OS 

les  oxydes  Zn^O%  H-O  et  Zn^O\  H^O  étant  des  acides  polyzinciques  ou 
métazinciques,  du  même  genre  que  les  hydrates  d'oxyde  condensés  que 
j'ai  étudiés  précédemment,  et  analogues  aux  sulfures  hydratés  Zn'  S%  H^O 
etZn^S%H^O. 

))  Cette  constitution  pourrait  sans  doute  être  rapprochée  de  celle  de 
l'acide  perchromique,  qui  serait  CrO%  H'O-  d'après  M.  Moissan,  ou  bien 
Cr20%  2H^O,  H-O^  d'après  M.  Berthelot,  en  écrivant  cette  dernière  for- 
mule 

Cr20%H^0H- 2H20- 

ou 

OH  -  CrO^  -  O  -  CrO^  -  OH  +  2H^0S 

c'est-à-dire  en  mettant  en  évidence  un  acide  métachromique  ou  dichro- 
mique  (l'acide  des  dichromates),  de  même  que  les  acides  métazinciques 
seraient  sans  doute  les  acides  de  certains  zincates  alcalins. 

»  Dans  tous  les  cas,  ces  peroxydes  de  zinc  hydratés  seraient  très  diffé- 
rents des  véritables  peroxydes  hydratés  de  calcium,  de  baryum,  de  lithium, 
de  sodium.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  l'acide  oxyisopwpylphosphinique.  Note 
de  M.  C.  Marie,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

«  Les  dérivés  éthérés  de  cet  acide  se  préparent  facilement  au  moyen 
des  lodures  alcooliques  et  du  sel  d'argent  neutre  que  j'ai  décrit  précédem- 
ment (^Comptes  rendus,  t.  CXXXIV,  p.  994)- 

»  Éther  méthylique  :  C^HeOPO^HCCH^)^  —  On  traite  le  sel  d'argent  finement 
pulvérisé  par  un  excès  d'iodure  de  méthyle  dilué  avec  de  l'étlier;  après  quelques 
heures  d'ébullition,  l'éther,  filtré  et  évaporé,  laisse  cristalliser  le  produit  en  beaux 
cristaux  limpides  et  fusibles  à  76".  L'analyse  et  le  dosage  acidimétrique  correspondent 
à  la  formule  de  l'éther  neutre. 

»  L'éther  éthylique,  préparé  comme  le  précédent,  est  liquide  et  répond  à  la  formule 
C3H6  0P03H(C2H«)^ 

»  Ces  étliers  ne  peuvent  être  distillés  sans  décomposition;   celle-ci  s'etl'eclue  avec 


SÉANCE  DU  l5  JUILLET  1902.  107 

perte  d'acétone  et  paraît  devoir  donner  naissance  à  des  composés  intéressants.  C'est 
ainsi  que  l'éther  éthylique,  maintenu  à  l'ébullition  dans  le  vide  jusqu'à  ce  que  le  point 
d'ébullition  s'élève  à  i3o°-i4o°  sous  20"""',  perd  de  l'acétone  et  donne  par  distillation, 
sans  formation  d'hydrogène  phosphore,  un  liquide  qui,  refroidi  dans  un  mélange 
réfrigérant,  se  prend  en  une  masse  cristalline  fusible  à  la  température  ordinaire. 

»  Le  produit  ainsi  obtenu  a  les  propriétés  suivantes  :  c'est  un  liquide  peu  mobile, 
d'odeur  éthérée,  soluble  dans  l'eau,  neutre  à  l'hélianthine  et  à  la  phtaléine  et  sapo- 
njfîable  progressivement  par  les  alcalis.  La  solution  du  produit  ainsi  saponifié  n'a 
aucune  des  réactions  des  acides  oxyisopropylphospliorique  ou  phosphoreux  avec  les 
sels  d'argent,  de  mercure  et  de  plomb;  mais,  après  ébullition  avec  un  excès  d'acide 
azotique,  même  très  étendu,  les  réactions  de  l'acide  phosphoreux  apparaissent  nette- 
ment, ce  qui  montre  que  ce  corps  doit  être  un  pyro  dérivé  susceptible  d'hydratation 
sous  l'influence  des  acides  étendus.  Les  titrages  acidimétriques  avant  et  après  l'ébul- 
lition conduisent  d'ailleurs  à  la  même  conclusion.  Je  n'ai  pu,  faute  de  matière, 
pousser  cette  étude  plus  loin  et  me  propose  d'y  revenir  ultérieurement. 

»  La  saponification  des  deux  éthers,  méthylique  et  éthylique,  décrits  plus  haut, 
a  lieu  très  nettement  en  deux  phases  :  dans  la  première,  l'alcali  ajouté  est  saturé 
presque  instantanément  et  ceci  jusqu'à  ce  que  la  quantité  correspondant  à  un  groupe 
éther  ait  été  utilisée;  puis  la  saponification  s'arrête  et  il  faut  alors,  pour  mettre  en 
évidence  la  seconde  fonction  acide,  ajouter  un  excès  de  base  et  faire  bouillir  pendant 
plusieurs  heures.  Ces  faits  indiquent  l'existence  probable  et  la  stabilité  d'acides  com^ 
parables  aux  acides  méthyl-  et  éthylphosphoreux,  et  je  me  réserve  de  les  étudier  plus 
complètement. 

»  Dérivé  benzoylé  de  l'acide  oa:yisopropylphosphiniqaeC^l{^{OC^}i^CO)PO^B^. 
—  Pour  démontrer  la  présence  d'un  OH  alcoolique  dans  cet  acide,  j'ai  essayé  de  pré- 
parer son  dérivé  benzoylé.  L'action  directe  du  chlorure  sur  l'acide  provoquant  sa 
décomposition  avec  départ  d'acétone,  j'ai  dû  effectuer  la  benzoylation  en  présence  de 
pyridine  pour  éviter  l'action  destructive  de  l'HCl  formé.  A  la  solution  de  l'acide  dans 
un  excès  de  pyridine  on  ajoute  peu  à  peu  un  léger  excès  de  chlorure  de  benzoylé  dis- 
sous dans  l'éther.  Après  réaction,  on  traite  par  l'eau,  on  chasse  l'excès  par  des  éva- 
poratjons  à  sec  successives  et  l'on  précipite  par  l'acétate  de  plomb.  Le  précipité 
obtenu,  lavé,  est  ensuite  mis  en  suspension  dans  l'eau  et  traité  par  l'H^S.  La  solution 
séparée  du  sulfure  de  plomb  et  concentrée  laisse,  par  refroidissement,  cristalliser  de 
belles  aiguilles  qui  représentent  le  corps  cherché.  Celui-ci  fonda  ro2°;  il  est  assez 
soluble  dans  l'eau,  surtout  à  chaud,  très  soluble  dans  l'alcool  et  très  peu  soluble  dans 
l'éther,  même  bouillant  (à  peine  i  pour  100). 

»  Cet  acide  correspond  à  la  formule  d'un  dérivé  monobenzoylé 

C3H«(OC«H5CO)P03H2; 

neutralisé  par  la   soude,   il  fournit  avec  AzO'Ag  un   précipité  blanc  cristallisé  qui 
représente,  d'après  son  analyse,  le  sel  neutre  d'argent  C*H6(OC«H«CO)P03Ag^ 

»   En   résumé,   les  formules  des  sels  et  des  éthers  et  l'existence  d'un 
dérivé  benzoylé  justifient  le  nom  donné  à  cet  acide  et  permettent  de  lui 


Io8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

attribuer  la  formule 

(CH^)2  =  C-OH 

0  =  P  =  (OH)^ 

»  C'est  le  premier  corps  d'une  série  nouvelle  d'acides  oxyphosphiniques 
qui  viennent  se  placer  à  côté  des  acides  oxyphosphiniques  préparés  par 
l'action  de  PCI'*  sur  les  aldéhydes  grasses  ou  aromatiques  (Fossek,  Mon. 
f.  CL,  t.  Y,  p.  627).    » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Nouvelle  méthode  de  préparation  des  éthers  ^-céto- 
niques-y.  substitués.  Note  de  M.  René  Locquin,  présentée  par  M.  A. 
Haller. 

«  Point  de  départ.  —  En  faisant  réagir  les  chlorures  des  acides  gras 
sur  les  éthers  acétylacétiques  sodés,  MM.  Bouveault  et  Bongert  ont  obtenu 
un  mélange  des  deux  dérivés  acylés  isomères  {Comptes  rendus,  t.  CXXXII, 
i9oi,p.  701). 

QW^ co\ 

»  Les  C.-acidylacétates  ^CH  —  CO-R',  traités  par  la  potasse 

aqueuse  ou  l'ammoniac  gazeux,  leur  ont  fourni  la  série  des  acidylacétates 
R  —  CO  —  CH  —  CO-R',  possédant  des  propriétés  analogues  à  celles  des 
acétylacétates  et,  entre  autres,  celle  de  remplacer  un  des  atomes  d'hydro- 
gène de  leur  groupe  CH-  par  un  radical  R''  quand  on  les  traite  par  un  mé- 
lange d'éthylate  de  soude  et  d'un  iodure  alcoolique  R"I. 

»  En  faisant  réagir  l'iodure  de  méthyle  sur  le  C.-butyrylacétylacétate  de 
méthyle  sodé,  en  solution  méthy [alcoolique,  ces  deux  savants  ont  obtenu, 
non  pas  le  méthylbutyrylacétylacétate  de  méthyle 

CH^-CO/    \CO-CH^ 

qu'ils  attendaient,  mais  son  produit  de  dédoublement,  le  méthylbutyrylacé- 

late  de  méthyle 

C=*H'  -  CO  -  CH  —  CO-CH' 

CH^ 
formé  par  suite  de  la  séparation  du  groupement  CO  —  CH'  ('  ). 


(')  Bongert,  Thèse  de  la  Faculté  des  Sciences  de  Nancy,  1901,  p.  4'» 


SÉANCE  DU  l5  JUILLET  1902.  lOû 

»  Si  ce  mode  de  formation  des  éthers  acidylacétiques-y.  substitués  peut 
être  généralisé,  il  constituera  une  réaction  importante,  parce  qu'il  permettra 
d'obtenir  en  une  seule  fois  ces  composés  sans  qu'on  soit  obligé  de  passer 
par  l'intermédiaire  des  éthers  acidylacétiques  non  substitués. 

»  M.  Bouveault  m'a  prié  d'examiner  comment  se  passait  cette  réaction 
en  partant  des  dérivés  C.-acidylacétylacétate  et  en  traitant  leurs  dérivés 
sodés  par  des  iodures  alcooliques  de  condensation  moléculaire  très  diffé- 
rente. J'ai  trouvé  que,  dans  tous  les  cas,  la  réaction  obéit  à  l'équation 
suivante  : 

(I)  \  =CFP— CO^G^H^H-Nal  +  R-CO  — CH  — CO-C^H» 

(  R' 

et  que  les  rendements  étaient  bons. 

»  Si  l'on  emploie  des  éthers  bromhydriques,  la  réaction  est  moins 
nette  et  moins  complète;  une  partie  du  produit  obéit  à  l'équation  : 

^  r'- CO/^^^  -  CO^'C^FP+  C-H^ONa  +  R'Br 

(")       {  ^RGO^C^H^  +  Nal  +  CH'-CO-CH-CO^G-H^ 

I 
R' 

»   Quant  aux  éthers  chlorhydriques,  ils  ne  réagissent  pas  en  général. 
»   J'ai  eu  soin  de  caractériser  tous  ces  éthers  [i-cétoniques  par  les  pro- 
duits de  condensation  qu'ils  donnent  avec  l'hydrate  d'hydrazine. 
»  Il  se  fait  des  pyrazolones  bisubstituées  suivant  le  schéma  : 


AzH2— AzH-  Az'2       ^G0 

+  G02C2H5=H20  +  C2H«Oh- 

R-C 


R  _  CO  -  CH  —  R' 


GH  — R' 


et  qui,  sauf  pour  les  radicaux  de  poids  moléculaires  élevés,  sont  très  bien 
cristallisées  et  très  caractéristiques. 

»  Mode  opératoire  suivi.  —  D'une  façon  générale,  il  est  avantageux  de  laisser  en 
contact  prolongé  et  à  froid  le  dérivé  G.-ac_ylé  à  employer  et  l'alcoolate  de  soude.  On 
ajoute  ensuite  l'iodure  alcoolique  et  l'on  chauffe  à  l'autoclave  entre  100°  et  1 10°  pendant 
6  heures  au  moins.  Après  refroidissement,  on  chasse  l'alcool  dans  le  vide,  on  reprend 
par  l'eau,  on  neutralise  s'il  y  a  lieu,  on  extrait  à  l'éther  et  l'on  rectifie  dans  le  vide. 


IIO  ACADEMIE    DES   SCIENCES. 

»  Les  éthers  ainsi  obtenus  sont  tous  incolores  et  liquides  à  la  températvire  ordi- 
naire. 

Réactions  effectuées  et  produits  obtenus. 

»  A.  Action  de  Viodure  d'éthyle  sur  le  C-caproylacétylacétate  d'éthyle,  — 
Nous  avons  préparé  le  G.-caproylaoétjlacétate  d'éthyle  en  partant  du  chlorure  de 
caproyle  et  de  l'éther  acétylacétique  sodé  suivant  le  procédé  de  MM.  Bouveault  et 
Bongert  {loc.  cit.).  On  atteint  un  rendement  de  60  pour  100. 

»  Le  G.-caproyIacétylacétate  d'éthyle  bout  à  i36°  sous  10™™  et  sa  densité  à  0°  est 
de  I ,082. 

»  Le  sel  de  cuivre  correspondant  est  violet,  soluble  dans  tous  les  réactifs  orga- 
niques, insoluble  dans  l'eau,  et  fond  à  53°. 

»  En  faisant  réagir  Fiodure  d'éthyle  sur  ce  dérivé  G.-acylé,  on  obtient,  avec  un 
rendernent  de  76  à  80  pour  100,  Véthylcaproylacétate  d'éthyle  bouillant  à  128°-! 29° 
sous  i3™™.  D*  =0,9325. 

»  La  pyrazolone  correspondante,  ou  Z-amyl  [^-éthylpyrazolone,  soluble  dans  l'al- 
cool, insoluble  dans  le  pétrole,  assez  soluble  dans  la  benzine  bouillante,  forme  des 
lamelles  brillantes  fondant  à  136°. 

»  B.  Action  du  bromure  d'éthyle  sur  le  O.-butyrylacétylacétate  d'éthyle.  — 
Il  se  fait  (suivant  les  schémas  II  et  I)  un  mélange  d' éthylacétylacétate  d'éthyle  et 
d^éthylhutyrylacétate  d'éthyle  (*)  qu'on  ne  peut  séparer  par  rectification. 

»  Ce  mélange,  traité  par  l'hydrate  d'hydrazine,  donne  les  deux  pyrazolones  corres- 
pondantes, inconnues  l'une  et  l'autre,  qu'on  sépare  par  cristallisation  fractionnée  dans 
l'éther  et  la  benzine. 

»  L'une,  identique  à  celle  que  l'on  obtient  en  partant  directement  de  l'éthylacélyl- 
acétate  d'éthyle,  est  la  2>-?néthyl,  t^-éthylpyrazolone.  Elle  est  soluble  dans  l'alcool, 
peu  soluble  dans  l'éther,  presque  insoluble  dans  la  benzine  bouillante,  et  cristallise  en 
paillettes  fondant  à  190°. 

»  L'autre  correspond  à  l'éthylbutyrj'lacétatej  c'est  la  Z-propyl^  [\-éthylpyrazolone; 
elle  est  plus  soluble  que  la  précédente  dans  les  mêmes  réactifs  et  fond  vers  i45°. 

»  C.  Action  de  Viodure  d'octyle  secondaire  sur  le  C-b  utyry  lacé  ty  lacé  taie 
d'éthyle.  — La  réaction  I  a  lieu  avec  les  iodures  secondaires  comme  avec  les  iodures 
primaires,  mais  le  rendement  est  moins  bon.  On  retrouve  du  butyrate  d'éthyle,  de 
l'alcool  caprylique,  etc.;  quant  au  caprylbutyrylacétate  d'éthyle 

CH^  —  (  CH2)2  _  CO  —  CH  —  CO^C^  IP 

CH»  —  CH  —  (CH^)^  —  CFP, 

obtenu  avec  un  rendement  de  45  pour  100,  il  bout  à  166°  sous  16™"".  DJ  ■=.  0,9347. 

»  La  pyrazolone  se  forme  difficilement;  elle  reste  liquide  et  bout  en  se  décomposant 
partiellernept  vers  270°  sous  30"*™,   » 


(*)  L'éthylbutyrylacétale  d'éthyle  (ou  butyrylbutyrate  d'éthyle)  a  déjà  été  préparé 
différemment  par  M.  Hamonet  \BL,  (3),  t.  II]  et  par  MM,  Moureu  et  Delange  \Bl.,  (3), 
t.  XXVIL 


SÉANCE    DU    l5    JUILLET    I902.  III 


PHYSIQUE  BIOLOGIQUE.  —  Résisdvités  électriques  de  sérurns  sanguins  patho- 
logiques et  cV épanchements  séreux  chez  l'homme.  Note  de  MM.  Lesage  et 
DoNGiER,  présentée  par  M.  Lippmann. 

«  Nous  avons  déjà  utilisé  l'appareil  d'Ostwald,  servant  à  mesurer  les 
résistances  électriques  des  solutions,  dans  l'étude  de  la  fermentation  lac- 
tique (')  et  dans  l'étude  du  sérum  sanguin  normal  chez  l'homme  et  chez 
divers  animaux  (-).  Nous  avons  annoncé,  en  particulier,  que  la  résistivité 
du  sérum  sanguin  normal  de  l'homme  oscillait  à  16°,  7  entre  100  et  io3  ohms. 
Les  recherches  que  nous  avons  poursuivies  chez  l'homme  sont  relatives  : 
1°  aux  sérums  pathologiques;  2"  aux  épanchements  des  séreuses. 

»  Les  malades  ont  été  observés  dans  le  service  de  l'un  de  nous  à  la 
Maison  municipale  de  Santé.  Les  mesures  ont  toutes  été  rapportées  à  la 
température  de  16^,7. 

L  —  Sérums  pathologiques  humains. 

»  a.  Dans  les  maladies  infectieuses  fébriles,  chez  l'adulte  (rougeole,  scarlatine, 
oreillons,  érjsipèle,  grippe,  pneumonie,  rhumatisme  articulaire  aigu,  rhumatisme 
blennorrhagique),  les  valeurs  de  la  résistivité  ont  varié,  comme  pour  le  sérum  normal, 
entre  100  et  io3  ohms.  Ces  résultats  ne  paraissent  pas  être  influencés  par  l'intensité 
de  l'infection,  par  l'état  thermique  et  par  la  période  de  la  maladie.  Exceptionnellement 
et  sans  cause  apparente,  quelques-uns  des  nombres  ont  atteint  io5  ohms  ou  sont  des- 
cendus à  98  ohms;  mais  il  est  juste  de  dire  que  la  grande  majorité  des  cas  relatifs  à 
une  même  maladie  a  fourni  des  valeurs  normales. 

»  h.  Dans  les  maladies  chroniques  (syphilis,  cancer,  diabète,  tabès,  neurasthénie, 
alcoolisme,  artériosclérose,  emphysème,  apoplexie,  affections  cardiaques,  albuminurie 
sans  accidents  urémiques),  les  valeurs  de  la  résistivité  sont  restées  normales  et  com- 
prises entre  100  et  io3  ohms. 

»  c.  L'urémie  et  surtout  la  fièvre  typhoïde  s'écartent  notablement  des  maladies  dont 
il  vient  d'être  fait  mention  ;  elles  accusent  une  augmentation  de  la  résistivité  du  sérum. 

»  Urémie.  —  Les  albuminuriques  sans  accidents  urémiques  fournissent  des  valeurs 
normales;  au  contraire,  dans  le  cas  d'accidents  urémiques,  avec  ou  sans  albumine, 
nous  avons  obtenu  des  nombres  plus  élevés,  108  ohms  et  même  il3  ohms.  L'accident 
urémique  paraît  être  en  relation  avec  cette  augmentation.  Ainsi,  un  malade  en  crise 
d'urémie  fournit  un  sérum  à  ii3  ohms.  On  le  traite  par  la  saignée;  les  accidents  uré- 
miques disparaissent  et,  2  jours  après,  le  sérum  redevient  normal  à  10 1  ohms. 

(*)  Comptes  rendus,  10  mars  1902. 
(■')  Comptes  rendus,  i4  avril  1902. 


112  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

»  Fièvre  typhoïde.  —  La  fièvre  typhoïde  se  place  tout  à  fait  à  part  des  maladies 
précédentes,  et  les  résultats  obtenus  sont  remarquables  par  leur  netteté.  D'une  manière 
constante  et  sans  exception,  nous  avons  observé  les  valeurs  comprises  entre  io6  et 
109  ohms  dans  les  cas  bénins,  109  et  112  ohms  dans  les  formes  moyennes,  11 2  et  1 18  ohms 
dans  les  formes  graves  (*). 

»  La  résistivilé,  observée  pendant  l'évolution  de  la  maladie,  augmente  à  mesure  que 
la  maladie  progresse,  passe  par  un  maximum  au  début  de  la  convalescence,  puis  tend 
à  devenir  normale.  11  ne  semble  pas  qu'il  y  ait  un  parallélisme  nécessaire  entre  l'élé- 
vation de  la  température  du  malade  et  l'élévation  de  la  résistivité  du  sérum. 

»  Voici  quelques  exemples  : 


A. 

B. 

C. 

10*  jour. . . 

•   109,5 

12" jour. . . 

1 13,3 

16"  jour.  .  . 

0) 

110,5 

16"  jour.  .  . 

118,0 

16*'  jour.  .  . 

1 16,6 

26*  jour. . . 

•   109,0 

28" jour. . . 

111,0 

36'' jour... 

.  108,5 

»  Comme  toutes  ces  observations  ont  été  prises  chez  des  malades  soumis 
au  régime  lacté,  on  ne  saurait  attribuer  à  l'alimentation  les  différences 
observées.  Par  exemple,  deux  albuminuriques,  l'un  avec  accidents  uré- 
miques,  l'autre  sans  accidents,  soumis  à  la  même  alimentation  lactée,  ont 
fourni  des  nombres  différents.  De  même,  chez  le  typhique,  l'abaissement 
de  la  résistivité  est  observé  pendant  la  convalescence,  alors  que  le  régime 
lacté  continue  à  lui  être  appliqué. 

II.  —  ÉPANCHEMENTS    SÉREUX. 

»  Les  valeurs  suivantes  de  la  résistivité  électrique  ont  été  obtenues  chez  des 
malades  fébricitants  ou  non  : 

(0  w 

Liquide  pleural  séro-fibrineux 95,7  â   102 

Liquide  articulaire  blennorrhagique 98 

Liquide  ascitique 89  à     90 

Liquide  céphalo-rachidien. 80  à     82 

»  La  coagulation  de  ces  liquides  par  la  chaleur  ne  change  pas  la  résistivité.  Ceci 
est  d'ailleurs  un  fait  connu;  les  albumines  ne  jouent  pas  de  rôle  appréciable  dans  la 
dissociation  ionique  des  solutions  salines. 

»  Il  y  a  lieu  de  remarquer  que  les  liquides  des  séreuses  pleurales  et  articulaires  ont 
une  résistivité  voisine  de  celle  du  sérum  normal.  Le  liquide  ascitique  a  une  résistivité 
un  peu  moindre  et  le  liquide  céphalo-rachidien  s'en  éloigne  davantage. 

»  Dans  le  cas  où  plusieurs  ponctions  ont  pu  être  faites  successivement,  à  quelques 
jours  d'intervalle,  nous  avons  noté  chaque  fois  une  décroissance  de  la  résistivité. 

(^)  Le  diagnostic  était  établi  par  l'observation  clinique  et  par  le  phénomène  de 
l'agglutination. 


SÉANCE  DU  ï5  JUILLET  1902.  ii3 


Exemples.  —  Liquide  ascitique. 

Première  ponction.         Deuxième  ponction.       Troisième  ponction. 
3  janvier.  11  janvier.  16  janvier. 

89''^  2  87*-  83"> 

Liquide  pleural. 
5  janvier.  11  janvier. 

98"  92"^ 


CHIMIE   BIOLOGIQUE.   —   La  zymase  de  /'Eurotiopsis  Gayoni. 
Noie  de  M.  Mazé,  présentée  par  M.  Roux. 

«  Dans  le  cours  de  mes  recherches  sur  l'assimilation  des  aliments  ter- 
naires par  les  végétaux  et  les  champignons,  j'ai  été  conduit,  à  différentes 
reprises,  à  admettre  l'existence  de  la  zymase  chez  les  cellules  aérobies,  et 
à  supposer  qu'elle  est  présente  exclusivement  dans  les  éléments  jeunes. 

»  Je  me  propose,  dans  cette  Note,  d'apporter  quelques  faits  destinés  à 
justifier  ces  déductions.  Mes  expériences  ont  porté  sur  Y  Eurotiopsis  Gayoni. 

»    La  question  à  résoudre  comporte  les  deux  propositions  suivantes  : 

»  i*^  Montrer  que  le  mycélium  développé  sous  forme  de  voile  superficiel, 
en  large  contact  avec  l'air,  renferme  de  la  zymase,  sans  qu'il  soit  néces- 
saire de  le  soumettre  au  préalable  à'des  conditions  de  vie  anaérobie  ; 

M  2°  Établir,  toujours  avec  des  cultures  aérobies,  que  la  quantité  de  zy- 
mase contenue  dans  l'unité  de  poids  de  mycélium  diminue  rapidement  avec 
l'âge  des  cultures. 

»  Le  moyen  le  plus  pratique  pour  atteindre  le  but  proposé  consiste  à 
fixer  la  diastase  en  soumettant  le  mycélium  au  moment  où  on  le  recueille, 
après  un  pressurage  rapide  entre  des  feuilles  de  papier  buvard,  à  l'action 
d'un  mélange  de  3  parties  d'alcool  absolu  pour  1  d'éther  suivant  les  indi- 
cations de  M.  Albert  (' ). 

»  Ce  traitement  fixe  la  zymase  en  tuant  le  mycélium;  le  champignon, 
réduit  ensuite  en  poudre  très  fine  et  placé  dans  une  solution  de  glucose  à 
3o  pour  100,  donne  naissance  à  un  dégagement  d'acide  carbonique  qui  se 
manifeste  au  bout  de  i  heure  à  35°  et  devient  bientôt  tumultueux,  mais  les 
quantités  d'acide  carbonique  et  d'alcool  recueillis  ne  sont  pas  comparables 
d'une  expérience  à  l'autre  parce  que  le  traitement  détruit  la  plus  grande 
partie  de  la  diastase. 


')  Berichle  der  d.  cli.  GeselL,  l.  XXXIII,  1900,  p.  8775. 
G.  H.,  190J,  -i'  Semestre.  (T.  CXXXV,  N"     3.) 


ID 


jl^  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  La  zymase  de  Y Euroliopsis  est  d'ailleurs  bien  plus  fragile  que  celle  de 
la  levure,  du  moins  en  apparence,  car  elle  ne  résiste  même  pas  à  une  des- 
siccation dans  le  vide  sec. 

))  Mais  le  mycélium  qui  a  été  traité  suivant  ce  dernier  procédé  ne  récu- 
père pas  sa  zymase,  lorsqu'il  est  placé  à  l'abri  de  l'oxygène,  dans  le  liquide 
Raulin  ordinaire,  et  pourtant  il  se  développe  facilement  an  contact  de  l'air. 
Cela  prouve  que  cette  diastase  exige,  pour  se  former,  la  vie  aérobie.  Voilà 
le  fait  intéressant  fourni  par  ces  procédés  qui,  sur  tous  les  autres  points 
visés,  ne  donnent  que  des  résultats  irréguliers. 

»  Pour  obtenir  des  chiffres  qui  traduisent  aussi  fidèlement  que  possible  la  quantité 
de  zymase  présente  dans  le  iTiycélium  à  un  moment  quelconque,  j'ai  placé  les  cultures 
développées  sur  milieu  Raulin  à  lo  pour  loo  de  sucre,  dans  des  solutions  de  sucre 
interverti  stérilisées,  réparties  dans  des  fioles  de  2oo<=™';  l'air  des  récipients  était 
enlevé  avec  soin  et  remplacé  par  de  l'hydrogène.  Le  dégagement  d'acide  carbonique 
commence  immédiatement  ;  ce  gaz  a  été  recueilli  sous  le  mercure. 

»  L'acide  carbonique  mis  en  liberté  dans  ces  conditions  mesure  la  quantité  de 
zymase  présente  dans  le  mycélium.  J'ai  montré,  en  effet  (*),  que  les  cultures  effec- 
tuées sur  milieu  alcoolisé  ne  dégagent  pas  d'acide  carbonique  lorsqu'on  les  prive 
d'oxygène,  bien  qu'on  ait  pris  la  précaution  de  les  laisser  en  présence  d'alcool.  Cela 
veut  dire  que,  si  les  cultures  sur  milieu  sucré,  traitées  de  la  même  façon,  produisent 
de  l'acide  carbonique,  celui-ci  doit  être  rapporté  exclusivement  à  la  fermentation 
alcoolique  du  sucre. 

»  J'ai  consigné  dans  le  Tableau  I  les  résultats  obtenus  en  soumettant  à  la  fermenta- 
tion des  solutions  de  sucre  interverti  de  concentration  variable  par  des  voiles  de 
24  heures.  Cet  essai  a  pour  but  de  fixer  la  dose  optimum  de  sucre  interverti  qui  con- 
vient à  la  zvmase.  Les  chiffres  inscrits  au  Tableau  I  expriment  les  volumes  de  gaz 
dégagés  en  24  heures,  évalués  sous  la  pression  normale  et  la  température  de  0°.  L'expé- 
rience a  été  réalisée  comme  celles  qui  sont  relatées  plusUoin,  à  la  température  de  So". 

Tableau  L 

Concentration     pour     too     de    la 

liqueur  sucrée 5  10  20  3o  4o  So 

CO-  dégagé  pendant  les  premières  1  ,  ,  ,  ^  » 

s    »      I  I  011)3  cm^  cm'  cm'  cm'  cm' 

24  heures 99,8         129,2         201,7         207,7  79,7  36,3 

CO^  dégagé  pepdant  les  deuxièmes 

24  heures 64  86,9         169,3         209,4  118,1  24,7 

CO^  dégagé  pendant  les  troisièmes 

24  heures 59  78,1  142, 5  172,8  u4>i  ^3,8 

CO^  dégagé  pendant  les  quatrièmes 

24  heures 45,8  67,2         i35,8  «  11 3, 7  23,4 

(')  Annales  de  l'Institut  Pasteur,  mai  1902. 


SÉANCE    DU    l5    JUILLET    1902.  Il5 

CO' dégagé  pendant  les  cinquièmes 

o    o      r  n  cm'  cm'  cm3  cm»  om^  ima 

24  heures 44,8  60,8  i33,2  161,4  ïi3,4  19,2 

GO^  dégagé  pendant  les   sixièmes 

24  heures 86,7  58,7  '29  i56,8  97,6  i5,6 

Poids  du  mycélium 259'"?, 4  317™?  289"g  307"^', 8  275'"s,3  207""?, 2 

Volume      maximum      dégagé      en 

24  heures  rapporté  à  i^ 384^""',  7  4o7'^°'^5  697'^■"^8  680""',  3  428='"%9  i75«-"',  i 

))  On  voit  que  la  dose  optimum  varie  entre  des  limites  très  étendues.  J'ai  adopté 
pour  les  expériences  qui  suivent  la  concentration  de  20  pour  100.  Les  résultats  réunis 
dans  le  Tableau  II  ont  été  fournis  par  des  voiles  d'âge  variable,  empruntés  à  des  cul- 
tures réalisées  sur  des  milieux  sucrés,  glycérines,  lactiques  et  alcoolisés. 


Tableau  II. 

Smre  iiileiTorii. 

Glïcérine. 

Acide  lactiqua. 

Alcool. 

3s  voi 

le=. 

1. 

2i    li. 

.',8  h. 

3. 

't. 

36  h. 

5. 
3  j.  iGh. 

6. 

7. 
3i. 

8. 

9. 

10. 
24  b. 

II. 
48  11. 

12. 

Age  di 

H- 

6j. 

5j 

cm' 

om' 

cm' 

cm  a 

cm» 

cm» 

cm' 

cm' 

cm' 

cm» 

cm' 

cm 

CO-  dégagé 

,    1*'' 

jour 

i4o 

46,4 

21,7 

10,8 

i3 

7 ,  ■" 

10,8 

i4,6 

9 

3 

6,1 

0 

» 

a' 

»     

i3o,7 

90,1 

3o,2 

23,1 

22,3 

i5,3 

32,8 

21,5 

«9,9 

3,8 

7,7 

» 

3= 

»     ..... 

111,2 

87,5 

33,7 

25,8 

24 

// 

26,9 

«9,9 

i4,7 

1/ 

)) 

/r 

)>     .... 

104,3 

83,3 

39 

25,2 

25,4 

11,4 

24,3 

16 

i3,3 

10,3 

)) 

5» 

>)     

ICI  ,6 

78,8 

40,7 

24,1 

24,4 

8 

23,2 

14,6 

10, 1 

» 

6° 

»     .... 

100,9 

74,1 

40,8 

21,1 

22,5 

6,6 

18,3 

// 

» 

7° 

»     

98,4 

69,1 

42,5 

19,8 

22,5 

5,1 

i3,a 

6,3 

» 

8= 

»     

94,2 

64,7 

46,7 

19,8 

21,5 

3,9 

12,8 

5,9 

» 

9" 

»     

92,2 

62,3 

46,7 

18,4 

20,5 

5,5 

» 

10' 

»     

89 

59 

45,6 

18,8 

20,7 

2,4 

» 

1 1° 
12" 

»     

»     

78,7 

70,5 

55,3 
55,2 

45,6 

44,6 

17,6 
18,3 

19,8 

20,4 

)) 

i3° 

»     

63,9 

49.8 

42,8 

17 ,6 

19,6 

» 

,4c 

»     

60,2 

48,6 

39,6 

17,5 

II 

» 

i.'j" 

»     

49,5 

45,3 

38,3 

16,5 

16,7 

» 

id- 

»     

36,8 

43,2 

16 

» 

17» 
18' 
19° 

»     

»     

»     

26,1 

i5,i 
6,1 

37,5 
32,3 

Poids,   en  1 

inilli 

gi'ammes, 

du  mycéli 
Volume  maî 

ium . 

2l5 

347 

446,6 

127,4 

195,6 

229,5 

363,9 

27', 7 

38i,i 

36,4 

i5g,3 

timu 

im,en  cen- 

timètres 

cubes,  de  CO- 

dégagé  en 

1  24! 

heures  par 

gramme  de  m 

ycélium. . 

65 1 

269 

i34 

201 

129 

66 

lOI 

79 

32 

io4 

64 

»  Ces  chiffres  montrent  que  les  cultures  jeunes  sont  les  plus  riches  en 
zymase;  la  diastase  se  détruit  rapidement  à  mesure  que  les  cultures  vieil- 
lissent; la  deuxième  partie  du  problème  posé  est  donc  démontrée. 

»  La  levure  cultivée  en  surface   sur   milieu  solide  donne    lieu    à    des 


Il6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

observations  de  même  ordre  que  les  précédentes;  mais  avec  elle  la 
question  se  complique,  en  raison,  sans  doute,  de  la  réserve  d'oxygène 
qu'elle  se  crée  pendant  la  vie  aérobie.  Avant  d'exposer  les  résultats  qu'elle 
m'a  fournis,  il  convient  de  préciser  ce  détail  important  (').    » 


CHIMIE.  —  Sur  la  guérison  de  la  casse  des  vins  par  l'addition  d'acide 
sulfureux.  Note  de  M.  J.  Laborde,  présentée  par  M.  Roux. 

«  Dans  une  précédente  Communication  (^),  j'ai  montré,  par  des  expé- 
riences assez  nombreuses  qui  ont  été  répétées  plusieurs  fois  depuis,  que 
la  guérison  d'un  vin  cassable  par  l'addition  d'une  quantité  minimum 
d'acide  sulfureux  exige  que  cet  acide  soit  à  l'état  libre,  c'est-à-dire 
oxydable  dans  le  vin  par  l'iode  à  froid,  et  exige  aussi  l'intervention  de 
l'oxygène  de  l'air,  lequel  paraît  être  le  principal  agent  de  destruction  de 
l'oxydase  et  non  l'acide  sulfureux,  comme  l'avait  supposé  tout  d'abord 
M.  Bouffa rd.  Cependant,  cet  auteur,  dans  une  Note  récente  (^),  main- 
tient sa  manière  de  voir  en  s'appuyant  sur  des  expériences  analogues  aux 
miennes  et  dont  les  résultats  sont  en  désaccord  avec  ceux  que  j'ai  indi- 
qués. M.  Bouffard  s'est,  dit-il,  placé  dans  les  mêmes  conditions  que  moi; 
j'ai  cependant  lieu  de  croire  que  ces  conditions  ont  été  assez  différentes, 
comme  je  le  montrerai  plus  loin, 

»  M.  Bouffard  m'oppose  aussi  des  résultats  basés  sur  la  précipitation  de 
l'oxydase  par  l'alcool  et  sur  la  réaction  qu'elle  fournit  avec  la  teinture  de 
gaïac. 

»  Par  exemple,  le  précipité  du  vin  cassable  non  traité  par  l'acide  sulfureux  agissant 
fortement  sur  le  gaïac  ou  sur  un  vin  sain,  tandis  que  le  précipité  du  vin  traité  est 
inactif  sur  le  gaïac  et,  encore  mieux,  sur  le  vin  non  cassable,  la  conclusion  est  que 
l'oxydase  a  été  détruite  par  l'acide  sulfureux. 

»  Je  ferai  remarquer  que  le  précipité  inactif  au  gaïac  contient  toujours  une  petite 
quantité  d'acide  sulfureux,  et  cette  même  quantité,  ajoutée  à  la  solution  du  précipité 
actif,  suffit  pour  le  rendre  inactif.  Cela  ne  prouve  pas,  il  est  vrai,  que  l'oxydase  n'est 
pas  détruite  dans  le  précipité  du  vin  sulfite,  mais  on  le  démontre  en  rendant  ce  préci- 


(')  Ma  Note  du  3  février  igo2  {Comptes  rendus)  renferme  un  erratum.  Tableau  II, 
au  lieu  de  (huiles  retirées  du  lot  n°  1),  lisez  (huiles  retirées  du  lot  réservé  pour  l'ana- 
lyse). Faire  la  même  correction  ligne  i3,  même  page. 

{"')   Comptes  rendus,  2/4  mars  1902. 

(^)  Comptes  rendus,  9  juin  1902. 


SÉANCE    DU    l5    JUILLET    1902.  11'^ 

pité  actif  en  éliminant  l'acide  sulfureux.,  soit  par  une  seconde  précipitation,  soit  par 
l'eau  oxygénée  (employée  convenablement)  suivant  le  procédé  de  M.  Dienert. 

»  A  plus  forte  raison  doit-on  obtenir  un  précipité  actif  sur  le  gaïac  et  sur  un  vin 
sain,  en  traitant  par  l'alcool  un  vin,  additionné  de  la  quantité  minimum  de  SO^  libre 
nécessaire  pour  le  guérir  à  l'air,  mais  conservé  sans  air  jusqu'à  la  disparition  de  SO- 
libre,  lui  laissant  la  faculté  de  casser  par  aération  :  l'expérience  montre,  en  effet,  que 
ce  précipité  est  aussi  actif  que  celui  du  vin  non  sulfite,  tandis  que,  dans  le  précipité 
du  vin  guéri  par  SO-  et  l'aération,  l'oxydase  paraît  détruite  comme  dans  un  témoin 
porté  à  l'ébullition. 

»  C'est  cette  dernière  partie  de  l'expérience  seulement  qui  doit  expliquer  le  résultat 
suivant  que  M.  BoufTard  croit  avoir  obtenu  dans  les  conditions  de  la  première  partie  : 
un  vin  traité  par  SO^,  ne  cassant  plus  et  donnant,  20  jours  après  le  traitement,  un 
précipité  inactif  au  gaïac  alors  qu'il  ne  contenait  plus  que  08,0012  de  SO^  libre  au  lieu 
de  os, 02.5  primitivement.  Le  soin  d'éviter  le  contact  de  l'air  paraissant  avoir  été  négligé, 
c'est  donc  probablement  l'aération  qui  avait  fait  disparaître  les  propriétés  de  l'oxydase 
et  non  l'acide  sulfureux. 

»  Enfin,  je  citerai  une  dernière  expérience  qui  continue  à  infirmer  l'hypothèse  de 
M.  Bouff"ard  :  si  l'on  traite,  à  l'abri  de  l'air,  un  vin  cassable  par  des  doses  variables 
de  SO^  et  que,  24  heures  après,  temps  laissé  à  SO^  pour  agir  sur  l'oxydase^  on  expose 
à  l'air  une  j^arlie  de  chaque  essai  tandis  que  l'autre  est  précipitée  par  l'alcool,  on 
constate  qu'un  ou  plusieurs  de  ces  précipités  bleuissent  le  gaïac,  bien  que  la  partie 
de  l'essai  correspondante  exposée  à  l'air  soit  exempte  de  casse. 

))  J'examinerai  maintenant  une  autre  hypothèse,  due  à  M.  Dienerl, 
d'après  laquelle  l'acide  sulfureux  serait  un  paralysant  et  non  un  destruc- 
teur de  l'oxydase. 

»  Avec  cette  hypothèse,  qui  est  opposée  également  à  celle  de  M.  Bouffard,  on  ne 
peut  expliquer  la  guérison  de  la  casse  qu'en  faisant  intervenir  l'oxydation  par  l'air 
pour  détruire  la  diastase  paralysée  ;  quant  au  cas  des  vins  cassables  sulfites  et  cassables 
encore  après  disparition  de  SO-  libre,  il  rentre  facilement  dans  l'hypothèse. 

»  Je  ne  crois  pas  cependant  que  les  doses  de  SO^  qui  guérissent  les  vins  cassables 
avec  l'aide  de  l'air  puissent  exercer  une  action  paralysante  bien  sensible  sur  l'oxydase. 
J'ai  montré,  en  effet,  antérieurement,  que  les  phénomènes  d'oxydation  par  l'air  sont, 
dans  un  temps  donné,  tout  aussi  énergiques  dans  un  vin  cassable  sulfite  que  dans  le 
même  vin  non  sulfite;  les  seules  différences  étant,  pour  le  premier  cas,  l'absence  de 
précipitation  de  la  couleur  et  une  production  de  CO-  un  peu  plus  grande.  D'autres 
expériences  m'ont  montré,  par  contre,  que,  toutes  choses  égales  d'ailleurs,  dans  les 
vins  sains  traités  par  SO-,  les  phénomènes  d'oxydation  par  l'air  sont  notablement 
moins  intenses  que  dans  les  mêmes  vins  non  sulfites;  de  sorte  que,  pour  les  vins  cas- 
sables, cette  différence  d'intensité  devrait  être  bien  plus  considérable  si  l'oxydase  était 
paralysée.  L'oxydase  restant  au  contraire  active  et  la  tnatière  colorante  étant  protégée 
de  l'oxydation  comme  elle  paraît  l'être  dans  un  vin  sain  sulfite,  cette  activité  se  porte 
davantage  sur  les  autres  éléments  oxydables  du  vin  qui  fournissent  un  surcroît  de  CO^. 

»   En  outre,   quand  on  étudie  l'action  paralysante  de  SO^  vis-à-vis  de  la  réaction  au 


Il8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

gaïac  des  liquides  de  culture  à\x  Botrytis  cinérea,  on  trouve  que  c'est  seulement  à  des 
doses  plus  de  vingt  fois  supérieures  à  celles  qui  guérissent  les  vins  les  plus  cassables, 
que  cette  action  paralysante  est  complète  ;  or,  il  est  difficile  d'admettre  que  ces  liquides 
de  culture  contiennent  vingt  fois  plus  d'oxjdase  que  ces  vins. 

»  En  somme,  les  résultats  qui  précèdent  me  permettent  de  maintenir 
fortement  ma  théorie  sur  la  guérison  de  la  casse  par  l'addition  de  SO'', 
théorie  que  je  développerai  de  la  manière  suivante  : 

»  Dans  les  vins  cassables,  la  matière  colorante  et  tout  ou  partie  de 
Toxydase,  deux  corps  colloïdes,  sont  intimement  unies  dans  une  sorte  de 
combinaison  soluble  à  l'abri  de  l'air,  mais  insoluble  au  contact  de  l'air  par 
fixation  d'oxygène.  L'introduction  de  SO"  romprait  cette  union  intime  des 
deux  corps,  mais  l'acide  sulfureux  libre  seulement,  qui  peut  se  fixer  sur  la 
couleur  et  former  obstacle  à  son  oxydation  trop  brutale. 

»  L'oxygène  de  l'air  absorbé  par  le  vin  se  répartissant  sur  les  éléments 
oxydables  de  ce  liquide  et  notamment  sur  l'oxydase  et  l'acide  sulfureux 
qui  sont  détruits  simultanéinent,  le  vin  se  trouve  guéri  de  la  casse,  après 
une  aération  suffisante,  si  la  quantité  de  SO^  libre  est  égale  ou  supérieure 
à  une  quantité  minimum  variable  avec  la  quantité  d'oxydase.   » 


MÉDECINE.  —  Recherches  sur  les  Calicides  de  V Algérie,  ^oie  de  M.  H.  Soulié, 

présentée  par  M.  A.  Laveran. 

«  L'opinion  émise  par  M.  Laveran,  depuis  plusieurs  années,  sur  le  rôle 
des  Culicides  dans  la  propagation  du  paludisme  a  été  confirmée  d'une 
manière  éclatante  par  les  recherches  de  Ronald  Ross,  de  Koch,  de  Grassi 
et  de  P.  Manson.  Il  était  indiqué  d'en  poursuivre  la  vérification  dans  un 
pays  palustre  comme  l'Algérie;  c'est  le  but  que  je  me  suis  proposé.  Je  résu- 
merai dans  cette  Note  les  premiers  résultats  de  mes  recherches. 

»  Je  me  suis  efforcé  d'abord  de  déterminer  si  toutes  les  régions  palustres 
étaient  habitées  par  des  moustiques,  et  de  savoir  à  quels  genres  et  à 
quelles  espèces  ils  appartenaient. 

»  Pour  avoir  la  répartition  des  moustiques  dans  les  centres  exposés  au 
paludisme,  j*ai  fait  appel  à  l'obligeance  de  mes  confrères  et  à  celle  de 
quelques  autres  personnes  qui  ont  bien  voulu  me  prêter  leur  concours. 
J'ai  envoyé  les  instruments,  avec  les  instructions  nécessaires  pour  la 
récolte,  dans  un  grand  nombre  de  points.  J'ai  reçu  des  échantillons  de 
34  localités:  27  proviennent  du  département  d'Alger,  4  de  celui  d'Oran, 


SÉANCE    DU    l5    JUILLET    1902.  jjq 

et  3  de  celui  de  Constantine.  Je  prie  mes  correspondants  de  vouloir  bien 
agréer  mes  sincères  remerciments  ('  ). 

»  Les  récoites  ont  commencé  au  mois  de  juillet  1901  et  se  sont  pour- 
suivies, avec  plus  ou  moins  de  régularité  et  de  succès,  depuis  lors.  Elles 
ont  été  abondantes  surtout  pendant  les  mois  de  septembre  et  d'octobre.  Le 
nombre  total  d'insectes  capturés  au  3i  décen)bre  dernier  était  de336i, 
comprenant  107  Anophèles,  3097  Culex  et  107  insectes  divers  (Diptères, 
Névroptères,  etc.). 

»  Je  n'ai  pas  pu  procéder  à  la  détermination  de  tous  les  moustiques  récoltés,  faute 
de  temps  et  faute  aussi  des  ouvrages  nécessaires.  J'ai  constaté  que,  parmi  les  Anophèles, 
A.  claviger  est  de  beaucoup  Vespèce  la  plus  répandue.  A.  Tablât  j'ai  trouvé  A.  clavi- 
ger  tX,  A.  superpictus  (Grashi),  Les  Culex  sont  représentés  par  un  grand  nombre 
d'espèces;  C.  pipiens  est  l'espèce  la  plus  commune.  On  s'explique  la  prépondérance 
des  Culex  par  les  conditions  moins  difficiles  exigées  pour  le  développement  de  leurs 
larves.  On  sait  que  ces  larves  peuvent  se  développer  dans  les  fosses  d'aisance.  A  Ma- 
rengo,  l'Ecole  des  Frères  ainsi  que  les  maisons  voisines,  à  Desaix,  l'Ecole  communale 
sont  rendues  presque  inhabitables  à  cause  du  grand  nombre  de  moustiques  qu'on  a- 
rencontre,  et  dont  la  multiplication  est  favorisée  par  des  fosses  d'aisance  défectueuses. 
A  Tipaza  il  existe  une  espèce  de  Culex  dont  les  larves  vivent  dans  l'eau  de  mer;  ces 
larves  trouvent  des  conditions  favorables  à  leur  développement  dans  les  creux  des  ro- 
chers érodés  par  les  vagues.  Le  nombre  des  moustiques  est  tel,  pendant  l'été,  que  les 
baigneurs  en  sont  fort  incommodés. 

))  Sauf  dans  quelques  rares  localités,  j'ai  trouvé  des  Anophèles  dans  toutes  les  ré- 
gions où  règne  le  paludisme;  il  est  probable  que  les  Anophèles  existent  dans  ces  loca- 
lités, mais  qu'ils  y  sont  beaucoup  plus  rares  et,  par  suite,  plus  difficiles  à  découvrir. 
Dans  une  ferme  voisine  de  Duperré,  le  Bou  Zehar,  dont  presque  tous  les  habitants  ont 
été  impaludés,  je  n'ai  rencontré  tout  d'abord  que  des  Culex  ;  un  dernier  envoi  ren- 
fermait un  seul  Anophèles  claviger ;  le  nombre  total  des  Culex  était  de  207. 

»  Tandis  que  les  Anophèles  se  sont  montrés  rares  dans  les  parties  basses  du  Tell, 
ils  ont  été  beaucoup  plus  nombreux  dans  les  centres  élevés  ou  dans  ceux  des  Hauts- 
Plateaux,  tels  que  Tablât  et  Vialar.  Les  moustiques  provenant  de  ce  dernier  village, 
très  éprouvé  par  le  paludisme,  appartiennent,  pour  la  majeure  partie,  au  genre  Ano- 
phèles. A  Maison-Carrée,  j'ai  trouvé  les  Anophèles  plus  nombreux  dans  les  parties 
basses  de  la  ville,  encore  exposées  à  la  malaria,  que  dans  les  parties  élevées;  le  quar- 
tier de  Belfort  m'a  fourni  une  abondante  récolte  de  moustiques  composée  presque 


(')  Localités  du  département  d'Alger:  Mustapha,  Maison-Carrée,  L'Arba,  Gué-de- 
Gonstantine,  Maison-Blanche,  Goléa,  Boufarik,  La  ChifTa,  Rouïba,  El-Biar,  Vialar, 
Tablât,  Marengo,  Desaix,  Tipaza,  Meurad,  Marceau.  Zurich,  Cherchel,"  Montebello, 
Bourkika,  El-Affroun,  Lavigerie,  Duperré,  Boghni,  Mirabeau,  Rebeval. 

Pour  Oran:  Relizane,  Mascara,  Tlemcen,  Aïn-Témouchent. 

Pour  Constantine:  Philippeville,  Oued-Marsa,  Bône. 


I20  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

uniquement  de  Culex.  Ce  quartier  est  très  sain;  les  malariqiies  qu'on  y  rencontre  ont 
contracté  les  fièvres  ailleurs. 

»  Les  expériences  suivantes,  réalisées  dans  le  courant  du  mois  d'octobre 
dernier,  tendent  à  prouver,  comme  d'autres  antérieures,  que  les  Calex  ne 
sont  pas  susceptibles  de  propager  le  paludisme. 

»  Dans  une  pièce  de  la  prison  de  l'Harrach  (Maison-Carrée),  j'ai  placé  quatre  mala- 
riques  dont  le  sang  contenait  de  nombreux  hématozoaires.  Après  quatre  jours,  ces 
malades  ont  été  remplacés  par  quatre  détenus  n'a}  ant  jamais  été  impaliidés,  et  dont 
le  sang  ne  contenait  pas  d'hématozoaires.  Des  mousselines  placées  aux  fenêtres  empê- 
chaient les  moustiques  qui  avaient  piqué  les  fiévreux  de  sortir.  Ces  hommes  ont  été 
laissés  cinq  jours  en  contact  avec  les  moustiques  emprisonnés  avec  eux.  A  la  fin 
de  l'expérience,  tous  les  moustiques  vivants  ont  été  capturés.  L'expérience  a  été 
recommencée  une  seconde  fois;  les  fiévreux  ont  été  remis  dans  la  salle  après  l'enlève- 
ment des  mousselines  et  laissés  quatre  jours  en  contact  avec  de  nouveaux  moustiques 
venus  du  dehors.  Les  fenêtres  ayant  été  de  nouveau  protégées,  on  place  quatre  hommes 
indemnes  de  fièvre  (dilTérents  de  ceux  qui  avaient  servi  à  la  première  épreuve)  dans 
cette  même  salle,  et  on  les  laisse  cinq  jours  sans  sortir  en  présence  des  moustiques 
qui  avaient  piqué  les  fiévreux  quelques  jours  avant.  Un  mois  après,  aucun  de  ces  huit 
hommes  n'avait  été  atteint  de  paludisme. 

»  Les  moustiques  capturés  après  la  première,  comme  après  la  seconde 
expérience,  étaient  tous  des  Culex pipiens ;  il  n'y  avait  pas  un  seul  Anophèles. 
Quelques-uns  de  ces  Culex  ont  été  disséqués.  J'ai  trouvé,  parmi  les  globules 
plus  ou  moins  altérés,  des  hématozoaires  parfaitement  reconnaissables, 
mais  je  n'ai  pas  assisté  à  la  transformation  des  croissants,  à  la  conjugaison 
des  flagelles  et  des  corps  sphériques  ;  je  n'ai  trouvé  ni  kystes,  ni  sporozoïtes. 
Quelques  autres  Culex  ont  été  soumis  à  des  coupes;  les  résultats  ont  été 
également  négatifs. 

»  Mes  investigations  m'ont  fait  connaître  un  certain  nombre  de  régions 
malariques  riches  eu  Anophèles.  Je  compte  reprendre  cet  été  mes  recherches; 
j'espère  qu'elles  me  permettront  d'élucider  quelques  questions  qui  n'ont 
pu  l'être  l'année  dernière.    » 


PATHOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  le  traitement  du  Black  Rot.  Note  de 
M.  A.  Pruxet,  présentée  par  M.  Gaston  Bon  nier. 

«  Les  méthodes  de  traitement  du  Mildiou  furent  appliquées  au  Black 
Rot  dès  son  apparition  en  France.  A  côté  de  quelques  succès,  il  y  eut  des 
échecs  retentissants,  et  l'efficacité  des  bouillies  cupriques  fut  mise  en  doute. 


SÉANCE  DU  l5  JUILLET  1902.  121 

En  réalité,  ces  bouillies  sont  efficaces,  mais  le  Black  Rot  est  une  maladie 
très  différente  du  Mildiou  :  elle  doit  être  traitée  tout  autrement. 

»  Les  caractères  particuliers  que  présente  le  Black  Rot  tiennent  au  mode  de  dissé- 
mination des  spores  d'été  ou  de  propagation  de  son  parasite.  On  sait  que  ces  spores 
se  développent  dans  des  pycnides  qui  se  forment  en  grand  nombre  à  la  surface  des 
lésions  de  Black  Rot.  On  sait  aussi  qu'à  leur  maturité  ces  spores  sont  englobées  dans 
un  mucilage  plus  ou  moins  oléagineux.  Quand  le  temps  est  sec,  le  mucilage  les 
retient  dans  la  cavité  des  pycnides;  quand  le  temps  est  humide,  le  mucilage  gonfle  en 
absorbant  de  l'eau  et  sort  par  l'orifice  des  pycnides  en  entraînant  les  spores.  L'eau 
permet  donc  seule  aux  spores  de  quitter  la  cavité  des  pycnides.  C'est  encore  l'eau  qui 
les  libère,  après  leur  sortie,  en  dissolvant  ou  dissociant  le  mucilage  qui  les  relient 
dans  sa  masse.  Si  l'eau  vient  à  manquer,  avant  leur  libération  complète,  elles  restent 
fixées  et  comme  collées  à  la  surface  des  corps  où  elles  étaient  parvenues. 

»  On  comprend  que  ce  processus  a  pour  résultats  :  1°  de  favoriser  la  conservation 
des  spores  qui  sont  maintenues  dans  la  cavité  des  pycnides,  lorsque  le  temps  est  sec; 
2°  de  favoriser  leur  accumulation  dans  les  lieux  où  elles  se  sont  formées;  3°  de  faire 
obstacle  à  leur  dissémination  à  de  grandes  distances.  Par  là  se  trouvent  expliqués  les 
caractères  propres  du  Black  Rot  :  ses  allures  endémiques,  sa  tendance  à  former  des 
foyers;  l'intensité  foudroyante  qu'il  présente  dans  ses  foyers,  lorsque  les  conditions 
atmosphériques  lui  sont  favorables;  la  lenteur  de  sa  propagation. 

»  Le  Black  Rot  se  propage  si  lentement  que,  pendant  la  première  année, 
tout  au  moins,  de  son  arrivée  dans  une  région,  il  ne  présente  qu'une  faible 
intensité.  Il  en  résulte  que  le  traitement  du  Black  Rot  n'a  pas  besoin  d'être 
appliqué  en  dehors  des  foyers  de  cette  maladie.  On  sait  qu'au  contraire  le 
traitement  des  maladies  à  allures  épidémiques,  à  propagation  rapide, 
comme  le  Mildiou  et  l'Oïdium,  doit  être  appliqué  chaque  année  dans  tous 
les  vignobles. 

»  Dans  les  foyers  de  Black  Rot,  le  parasite  envahit  au  printemps  les  pre- 
mières feuilles  de  la  vigne  et,  par  invasions  successives,  gagne  les  divers 
organes  au  fur  et  à  mesure  de  leur  développement.  Les  organes  végétatifs 
perdent  avec  l'âge  toute  réceptivité  pour  le  Black  Rot  et  ne  souffrent  géné- 
ralement que  fort  peu  de  ses  atteintes.  Les  fruits  peuvent  être  attaqués  à 
tout  âge,  et,  dans  les  vignes  non  traitées  ou  insuffisamment  traitées,  ils  sont 
chaque  année  plus  ou  moins  complètement  détruits.  Le  traitement  du 
Black  Rot  n'a  par  conséquent  pour  objectif  que  la  conservation  des  fruits. 
Les  invasions  primaires,  qui  sont  dues  aux  spores  formées  dans  les  organes 
de  conservation,  ont  lieu  avant  l'apparition  du  fruit;  le  fruit  n'est  donc 
exposé  qu'aux  invasions  secondaires,  qui  sont  dues  aux  spores  d'été  formées 
dans  les  pycnides  qui  se  sont  développées  sur  les  feuilles  et  les  axes  floraux 
à  la  suite  des  invasions  primaires. 

G.  R.,  190Î,  2«  Semestre.  (T.  CXXXV,  N»  2.)  16 


122  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

))  On  pourrait,  par  suite,  être  tenté  de  croire  que  les  invasions  pri- 
maires peuvent  être  négligées  et  que  tout  l'effort  du  traitement  doit  être 
dirigé  contre  les  invasions  secondaires,  en  vue  de  la  protection  directe  du 
fruit. 

»  Les  expériences  que  j'ai  faites  pendant  les  cinq  dernières  années  montrent  que 
cette  manière  de  procéder,  qui  est  très  coûteuse  et  présente  de  grandes  difficultés  à 
cause  du  développement  considérable  de  l'appareil  végétatif  à  l'époque  des  invasions 
du  fruit,  ne  donne  généralement  que  des  résultats  partiels  lorsque  les  étés  sont  secs,  et 
des  résultats  désastreux  lorsque  les  étés  sont  pluvieux.  Le  processus  de  la  dissé- 
mination des  spores  d'été  explique  aussi  ces  résultats.  L'eau  de  pluie  fait  sortir  les 
spores  des  pycnides  provenant  des  invasions  primaires  et  les  entraîne  ensuite;  elle 
coule  d'une  feuille  sur  une  autre,  glisse  le  long  des  pampres,  rejaillit  en  divers  sens, 
pénètre  les  grappes  les  plus  compactes  et  dépose  sur  son  passage  les  spores  dont  elle 
s'est  chargée  en  balayant  les  organes  blackrotés.  Ces  spores  se  fixent  d'autant  mieux 
qu'elles  sont  plus  ou  moins  imprégnées  de  mucilage,  c'est-à-dire  de  substance  collante. 
Or,  comme  il  est  impossible,  dans  les  conditions  de  la  pratique,  de  recouvrir  complè- 
tement de  bouillie  tous  les  organes  doués  de  réceptivité  pour  le  Black  Rot  et  particu- 
lièrement les  grains  de  raisin,  comme  les  spores  sont  entraînées  en  grandes  masses  et 
que  l'eau  qui  leur  sert  de  véhicule  assure  en  même  temps  leur  germination,  de  nou- 
velles infections  doivent  fatalement  se  produire. 

))  Toutes  les  expériences  que  j'ai  faites  pendant  ces  dernières  années 
montrent  d'une  façon  concordante  que  la  destruction  des  fruits  provient 
de  l'auto-infection  des  ceps  par  les  spores  formées  sur  le  feuillage  et  les 
axes  floraux  à  la  suite  des  invasions  primaires  et  que,  pour  sauvegarder  la 
récolte,  il  suffit  de  protéger  complètement  les  ceps  contre  les  invasions 
primaires. 

))  Les  spores  qui  produisent  les  invasions  primaires,  spores  qui  arrivent  sur  les  or- 
ganes par  l'intermédiaire  de  l'air,  existent  en  grand  nombre  dans  les  foyers  de  Black 
Rot,  lorsque  la  vigne  épanouit  ses  premières  feuilles;  on  peut  les  considérer  comme 
épuisées  après  la  floraison.  Le  traitement  du  Black  Rot  commence  donc  au  début  de 
la  végétation  de  la  vigne  et  se  termine  à  sa  floraison. 

»  Les  invasions  primaires  peuvent  être  au  nombre  de  deux  à  trois,  et 
chacune  doit  être  prévenue  par  un  traitement  spécial.  J'ai  montré  qu'une 
invasion  est  toujours  due  à  une  période  de  pluie  d'une  certaine  durée,  et 
que  les  traitements  isolés,  effectués  peu  de  jours  avant  une  période  de  pluie, 
préservent  seuls  entièrement  de  l'invasion  qu'elle  est  susceptible  de  produire. 
Dans  l'état  actuel  de  la  Science,  il  est  impossible  de  prévoir  avec  certitude 
les  périodes  de  pluie  susceptibles  de  produire  des  invasions.  Dans  les 
petits  vignobles,  on  peut  attendre  pour  traiter  que  le  temps  devienne 


SÉANCE  DU  (5  JUILLET  1902.  123 

incertain,  quitte  à  terminer,  s'il  y  a  lieu,  le  sulfatage  sous  la  pluie.  Dans 
les  grands  vignobles,  dont  le  traitement  exige  de  3  à  6  jours  ou  davantage, 
cette  méthode  est  difficilement  applicable. 

»  J'ai  déterminé  expérimentalement  la  durée  de  l'intervalle  maximum 
que  l'on  peut  laisser  entre  deux  traitements  successifs,  pour  prévenir  les 
invasions;  j'ai  trouvé  que  cet  intervalle  est  de  dix  Jours.  En  règle  générale, 
on  devra  donc  traiter,  chaque  10  jours,  depuis  le  début  de  la  végétation 
jusqu'à  la  floraison.  Mes  expériences  ont  été  faites  dans  les  foyers  particu- 
lièrement intenses  du  Bas-Armagnac  et  des  Landes,  avec  la  Folle  blanche, 
cépage  extrêmement  sensible  au  Black  Rot.  Avec  d'autres  cépages,  on 
pourrait  peut-être  espacer  un  peu  plus  les  traitements.  D'ailleurs,  les 
traitements  se  font  à  une  époque  où  ils  sont  faciles  et  peu  onéreux,  par 
suite  du  faible  développement  de  la  vigne. 

»  Il  faut  remarquer,  en  outre,  que  ces  traitements  ne  devront  pas  êti-e  répétés 
chaque  année  indéfiniment.  Les  foyers  de  Black  Rot  s'éteignent  lorsque  les  récoltes 
sont  préservées,  parce  que  le  parasite  ne  forme  pas  d'organes  de  conservation.  La 
plupart  des  foyers  qui  existaient  en  France  de  1896  à  1897  peuvent  être  considérés 
comme  pratiquement  éteints,  puisque  le  Black  Rot  ne  s'y  montre  plus  en  l'absence  de 
tout  traitement  spécial.  Il  y  a  tout  lieu  de  croire  que  les  foyers  actuels  du  Bas- 
Armagnac  et  de  la  Ghalosse  s'éteindront  à  leur  tour,  lorsque  la  méthode  que  je  viens 
d'indiquer  y  sera  rigoureusement  appliquée.   » 

GÉOLOGIE.   —  Sur  le   Gothlandien  inférieur  du  massif  armoricain.  Note 
de  M.  F.  Kerforne,  présentée  par  M.  de  Lapparent. 

«  Le  Gothlandien  inférieur  (Llandovery  et  Tarannon)  présente,  dans  le 
massif  armoricain,  des  modifications  de  faciès  qui  l'ont  fait  souvent  mécon- 
naître. Dans  le  sud  du  massif  et  particuhèrement  dans  l'Anjou,  le  Llando- 
very est  représenté  par  des  grès,  auxquels  succèdent  des  schistes  avec 
intercalations  de  phlanites  et  quelquefois  de  calcaires.  En  certains  points, 
les  phtanites  alternent  avec  des  ampélites.  En  dehors  de  cette  région  et 
de  ce  faciès,  ce  niveau  ne  paraissait  pas  être  représenté  jusqu'à  présent. 

»  Les  ampélites  du  célèbre  gisement  de  Poligné,  quoiqu'elles  présentent 
des  espèces  communes  avec  les  phtanites  de  l'Anjou,  étaient  rangées  à  un 
niveau  plus  élevé  :  le  Tarannon.  Je  viens  de  constatera  Poligné  la  présence 
àçi  Rastrites  Linnœi^3iYr.  et  de  Monograptus  lobiferus  M'Coy.  Ces  espèces 
montrent  que  tout  au  moins  une  partie  des  ampélites  de  cette  localité 
appartient  au  Llandovery. 


124  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Dans  le  nord  de  l*Ille-et-Vilaine,  le  Llandovery  est  représenté,  comme 
à  Poligné,  par  des  grès  avec  ampélites  intercalées.  Dans  la  carrière  exploi- 
tée au  Rocher  d'Andouillé,  j'ai  constaté  la  présence  de  quatre  zones  am- 
pélitiques  bien  distinctes.  La  première  contient  Mon.  lobiferus  M'Coy, 
Diplograptus  palmeus^^iTr.,  Mon.  cf.  nuntius  Barr.  et  appartient  au  Llan- 
doverv.  La  seconde,  séparée  de  la  première  par  des  grès,  contient  des 
espèces  complètement  différentes,  parmi  lesquelles  :  Mon.  crispas  Lapw. 
et  un  Diplograptus  différent  du  D.  palmeus  Barr.;  elle  paraît  appartenir 
au  Tarannon.  Au-dessus,  se  trouvent  encore  quelques  bancs  de  grès  peu 
épais,  puis  viennent  deux  zones  ampélitiques  du  Wenlock  :  la  zone  à 
RetioUtes  Geinitzi  Barr.  et  la  zone  à  Mon.  nccartonensis  Lapw.;  les  couches 
supérieures  ne  sont  pas  visibles. 

»  Dans  l'ouest  du  massif,  le  Gothlandien  inférieur  est  probablement 
représenté  par  les  grès  peu  épais  subordonnés  aux  ampélites  du  Wenlock; 
ils  ne  m'ont  fourni  aucun  fossile. 

»  Les  ampélites  du  Gothlandien  inférieur  paraissent  former  dans  les  grès 
des  bancs  sans  continuité,  s'effilant  aux  extrémités;  ces  lentilles  ampéli- 
tiques semblent  même  ne  pas  occuper  exactement  le  même  niveau  dans 
toutes  les  localités. 

»  Cette  intercalation  irrégulière  d'ampélites  au  milieu  de  sédiments  très 
détritiques  est  incompatible  avec  leur  ancienne  attribution  à  des  dépôts  de 
grande  profondeur.  Il  en  est  de  même  de  leur  composition;  elles  ne  sont 
pas  constituées  exclusivement  par  des  précipités  organiques  et  chimiques; 
le  quartz  élastique  n'est  pas  rare  dans  les  ampélites  de  Bretagne,  et  toutes 
contiennent  en  abondance  des  parcelles  de  mica  terrigènes.  » 


GÉOLOGIE.  —  Faits  nouveaux  ou  peu  connus,  relatifs  à  la  période  glaciaire. 
Note  de  M.  David  Martin,  présentée  par  M.  de  Lapparent. 

«  La  présente  Note  est  le  résumé  de  quelques-uns  des  résultats  que 
nous  exposons  dans  un  long  travail,  fruit  de  32  années  d'explorations  dans 
le  bassin  de  la  Durance  et  dans  celui  du  haut  Drac. 

»   1°  Le  creusement  de  la  vallée  de  la  Durance  comprend  deux  phases  :  a  ei  b. 

»  a.  Le  creusement  de  la  basse  vallée  (aval  de  Manosque)  date  de  la  fin  du 
Miocène. 

»  b.  La  partie  amont  est  pléistocène  et  antéglaciaire.  Le  creusement  jusqu'à  ôSo*" 
de  profondeur  de  cette  partie  a  été  précédé  et  suivi  de  phases  à  climat  doux  et  humide 


SÉANCE  DU  l5  JUILLET  1902.  125 

plus  tempéré  que  celui  d'aujourd'hui.  Ces  deux  phases  sont  caractérisées  par  la  faune 
et  la  flore  de  lufs  calcaires  édifiés  sur  le  thalweg  de  la  vallée  et  par  l'absence  de  tout 
ruissellement  torrentiel. 

»  2°  Les  glaciers  n'apparurent  donc  que  bien  longtemps  après  la  surrection  des 
grands  massifs  montagneux.  Car  le  climat  tempéré  dont  jouissait  la  vallée  pendant 
le  Pliocène  et  les  longs  débuts  du  Pléistocène  exclut  toute  idée  de  glaciers  sur  les 
Alpes  de  la  Duraiice. 

»  3°  Il  existe  deux  types  bien  définis  de  moraines  profondes  :  A  et  B. 

»  Le  type  A,  appartenant  aux  vallées  granitiques  (*),  a  un  faciès  torrentiel  :  vallées 
du  Pelvoux. 

Le  type  B,  à  argile  à  blocaux  des  auteurs,  est  uniquement  propre  aux  vallées  schis- 
teuses ou  calcaires  :  Queyras,  Uhaje,  Dévoluy,  etc. 

»  Les  migrations  transversales  du  glacier  ont  déterminé,  sur  la  vallée  confluente, 
l'interstratification  de  moraines  profondes  caillouteuses  (terrasses)  et  de  moraines 
argileuses. 

»  4°  Lors  de  la  retraite  des  glaciers,  les  eaux  de  ruissellement  des  croupes  émergées 
ont  provoqué,  sur  les  bords  des  glaciers,  la  formation  de  terrasses  adventives,  étagées 
sur  la  pente  des  vallées.  Assez  fréquemment  ces  terrasses  accidentelles  ont  été  recou- 
vertes de  blocs  ou  de  moraines  pendant  les  oscillations  des  glaciers  :  Terrasses  de 
Vaumeilh  (*)  coincées  à  Vaval  dans  du  glaciaire  homogène  et  d'une  seule  venue. 

»  5°  En  remaniant  les  alluvions  anciennes  à  éléments  altérés  de  Bellevue  et  les  car- 
gneules  poudreuses  et  rutilantes  d'Upaix,  le  glacier  donna,  à  l'aval,  aux  moraines  de 
Mison,  Sisteron,  un  aspect,  très  accentué,  de  haute  antiquité.  Cet  aspect  est  donc  tout 
à  fait  accidentel. 

»  6°  Le  phénomène  du  remontage  de  matériaux  opéré  par  le  fond  des  glaciers  sur  les 
contre-pentes  se  trouve  vérifié  parle  transport  de  spilites  jusqu'à  plus  de  Soc""  au- 
dessus  de  leur  gisement  dans  huit  vallées  latérales  envahies  par  l'aval  :  vallée  de 
Bréziers,  etc. 

»  7°  Les  amas  d'éboulis  de  pente  équilibrés  dans  le  glaciaire  sur  les  pentes  des 
escarpements  ensoleillés  au  pied  desquels  sont  venus  expirer  les  lobes  du  glacier 
fournissent  de  très  intéressants  renseignements  sur  le  taux  annuel  moyen  des  dépôts 
glaciaires.  (Crevasses  annuelles  entre  les  escarpements  rocheux  et  le  front  des  lobes  du 
glacier  :  Modard  d'Espinasse,  Piégut,  Bréziers,  etc.) 

»  8°  Au  début  les  glaciers  ont  d'abord  donné,  par  leurs  moraines  profondes,  un 
profil  en  U  à  leur  vallée.  Puis,  par  leurs  remaniements,  ils  ont  plus  ou  moins  rétabli  le 
profil  en  V  primitif.  Pendant  ce  déblaiement  et  au  fur  et  à  mesure  de  l'ablation,  ils  ont 
en  général  édifié  sur  leurs  bords  une  topographie  morainique  marquée  par  des  moraines 
frontales  et  latérales.  Celles-ci,  très  nombreuses,  sont  étagées  sur  les  pentes  et  indiquent 
une  ablation  continue  mais  intermittente  jusqu'au  fond  des  vallées.  Il  n'y  a  donc  eu 
ni  fusion  en  masse  ni  débâcle  finale  de  ce  fait. 


(')  Les  glaciers  sont  absolument  inaptes  à  transformer  en  argile  plastique  des  gra- 
nités non  déjà  kaolinisés;  c'est  une  simple  constatation. 

(  "^  )  Ces  terrasses,  quelle  que  soit  leur  altitude,  ont  leurs  éléments  inaltérés  et  présen- 
tent' à  leur  base  des  assises  inclinées  dans  divers  sens. 


126  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

»  En  revanche  les  moraines  frontales  sont  très  rares,  et  leur  existence  est  presque 
toujours  justifiée  par  une  topographie  spéciale  :  par  une  dépression  préexistante,  ou 
par  une  exposition  au  nord  d'un  escarpement  qui,  en  retardant  la  fusion,  a  permis  un 
arrêt  et  le  dépôt  des  moraines  frontales. 

»  9°  Il  n'existe  pas,  en  Durance,  de  cônes  fluvio-glaciaires.  Ceux  signalés  par 
MM.  Kilian  et  Haug  dans  le  Buëch  et  la  Luye  nous  paraissent  des  terrasses  advendves 
déterminées  par  le  glacier  principal  qui  barrait  ces  vallées  à  l'aval. 

»  10°  L'action  glaciaire  a  dû  favoriser  le  concrétionnement  des  cailloutis,  car  des 
poudingues  grossiers  et  très  caverneux  ont  reçu  des  polis  glaciaires  formant  miroir 
que  ne  pourrait  reproduire  l'art  humain  par  le  simple  effet  du  limage  le  plus  délicat. 

»  Conclusion.  —  Les  quelques  particularités  que  nous  venons  de  signaler 
suffisent,  croyons-nous,  pour  faire  entrevoir  la  valeur  des  raisons  qui 
étayent  notre  conviction  en  faveur  de  l'unité  de  la  période  glaciaire  dans  la 
vallée  de  la  Durance.  Nous  ne  serions  pas  surpris  que,  par  le  caractère 
général  de  quelques-uns,  les  faits  que  nous  exposons  eussent  une  portée 
dépassant  les  limites  de  notre  région.  » 


La  séance  est  levée  à  4  heures  un  quart. 

M.  B. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  g  juin  1902. 

Jubilé  de  M.  Albert  Gaudry,  9  mars  1902.  Paris,  imp.  Lahure;  i  fasc.  in-S". 
(Présenté  en  hommage  par  M.  Edmond  Perrier.) 

Poudres  et  explosifs.  Dictionnaire  des  matières  explosives,  par  le  D'"  J.  Daniel; 
Préface  de  M.  Berthelot,  Membre  de  l'Institut,  Paris,  V'"'  Ch.  Dunod,  1902;  i  vol. 
in-8°.  (Présenté  par  M.  Berthelot,  pour  l'un  des  concours  de  1902.) 

Etat-Major  général  de  la  Marine.  Service  hydrographique  :  Constantes  harmo- 
niques d' un  certain  nombre  de  ports  calculées  par  le  Service  des  marées.  Paris, 
Imprimerie  nationale,  1902;  i  fasc.  in-S".  (Présenté  par  M.  Hatt.) 

Le  Ricin  :  botanique,  culture,  industrie  et  commerce,  par  Marcel  Dubard  et 
Philippe  Eberhardt.  Paris,  A.  Ghallamel,  1902;  i  fasc.  in-8°.  (Présenté  par  M.  Bonnier.) 

Paléobotanique  :  Flore  fossile  des  terrains  houillers  du  Tarn,  par  Alfred  Caraven- 
Gachin.  Paris,  Masson  et  C'«,  J.-B.  Baillière  et  fils,  1902;  i  fasc.  in-8°.  (Hommage  de 
l'Auteur.) 

Photographs  of  stars,  star  clusters,  and  nebulœ,  by  Isaac  Roberts.  Londres, 
s.  d.;  2  vol.  in-4°.  (Hommage  de  l'Auteur.) 


SÉANCE  DU  l5  JUILLET  1902.  I27 

L'etere  e  la  materia  ponderahile  :  Teoria  meccanica  dei  principali  fenomeni 
Jisici;  con  18  figure  nel  testo,  per  Ing.  M.  Barbera.  Turin,  1902;  i  fasc.  in-8<'. 

Is  the  Moon  a  dead  planet?  bj  William-H.  Pickertng.  (Extr.  de  The  Century 
Magazine,  mai  1902.)  i  fasc.  in-8°. 

The  John  Crerar  library  si'enth  annual  Report,  for  the  year  1901.  Chicago, 
1902;  I  vol.  in-8°. 

Nova  acta  Regiœ  Societatis  Scientiarum  Upsaliensis;  ser.  III,  vol.  XX,  fasc,  1, 
1901.  Upsal,  Ed.  Berling,  1901;  i  vol.  \n-[\°. 

Abhandlangen  der  Kôniglich  preussischen  Akadeniie  der  Wissenschaften,  aus 
dem  Jahre  1901,  mit  7  Tafeln.  Berlin,  Georg  Reimer;  i  vol.  in-4°. 

Sitzungsberichte  der  Kôniglich  preussischen  Akadeniie  der  Wissenschaften  zu 
Berlin;  I-XXII,  9  Januar-24  April  1902.  Berlin,  Georg  Reimer;  12  fasc.  gr.-in-8°. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  16  juin  1902. 

Études  et  données  sur  l'Hydrologie  générale  de  la  France  au  point  de  vue  de 
l'annonce  des  crues,  publiées  par  M.  Georges  Lemoine,  avee  la  collaboration  de 
M.  Babinet.  Bassin  de  la  Garonne  et  de  l'Adour.  Paris,  Imprimerie  Nationale,  1902; 
I  vol.  in-4°.  (Présenté  par  M.  G.  Lemoine.) 

Bulletin  de  la  Commission  météorologique  du  département  de  la  Haute-Garonne  ; 
t.  I,  fasc.  1,  1901.  Toulouse,  E.  Privât,  1902;  i  fasc.  in-4°.  (Présenté  par  M.  Mascart.) 

Rapport  général,  présenté  à  M.  le  Ministre  de  V Intérieur  par  l' Académie  de 
Médecine,  sur  les  vaccinations  et  revaccinations  pratiquées,  en  France  et  dans  les 
Colonies,  pendant  l'année  1900.  Melun,  1901;  i  fasc.  in-i2. 

Douze  cent  mille  ans  d' humanité  et  Vâge  de  la  Terre,  par  l'explication  de  révo- 
lution périodique  des  climats,  des  glaciers  et  des  cours  d'eau,  par  L.  Rémond. 
Imprimerie  de  Monaco,  1902;  i  vol.  in-12. 

Nouvelle  théorie  céleste,  par  A. -A.  Humbert.  Marseille,  1899;  i  fasc.  in-12. 

La  fièvre  bilieuse  hémoglobinurique  observée  en  Grèce  :  Statistique,  étiologie, 
^/•aiVewert^,  par  le  D'^Jean-P.  Cardamatis  (d'Athènes).  Paris,  Maloine,  1902;  r  fasc.  in-S". 

Mémoires  de  la  Société  nationale  d' Agriculture,  Sciences  et  Arts  d'Angers; 
5"  série,  t.  IV,  année  1901.  Angers,  Germain  et  G.  Grassin,  1902;  i  vol.  in-8''. 

Bulletin  trimestriel  de  la  Société  de  l'Industrie  minérale;  4®  série,  1. 1,  2"  livraison, 
1902;  texte  et  allas.  Saint-Etienne;  i  vol.  in-8°  et  i  fasc.  in-4°. 

Catalogue  of  scientifîc  papers  (1800-1883).  Supplementary  volume,  compiled  bj 
the  Royal  Society  of  London;  vol.  XII.  Londres,  C.-J.  Clay  et  fils,  1902;  i  vol.  in-4''. 

The  American  Ephemeris  and  Nautical  Almanac  for  the  year  1906;  first 
édition.  Washington,  1901;  i  vol.  in-4°. 

Report  of  the  Astronomer  Royal  to  the  Royal  Observatory,  Greenwich^  read  at 
the  annual  Visitation  of  the  Royal  Observatory,  1902,  June  7,  by  W.-H.-M.  Christie. 
s.  L;  I  fasc.  in-4°. 

Memorie  del  R.  Observatorio  del  Collegio  Romano,  pubblicate  per  cura  del 
Direttore  Pietro  Tacchini;  série  III,  vol.  I-III.  Rome,  1899-1902;  3  vol.  in-4^. 

Berichte  ïtber  Land-  und  Forstwirtschaft  in  Deutsch-Ostafrica,  herausgeg.  v. 


128  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

kaiserlichen  Gouvernement  von  Deutsch-Ostafrica  Dar-es-Salâm  ;  Bd.  I,  Hefte  1,  2. 
Heidelberg,  1902;  2  fasc.  in-8°. 

Celeritas,  journal  sténographique  Duployer;  2^  année,  mai  1902.  Bruxelles;  i  fasc. 
in-4°. 


ERHATA. 


(T.  CXXXIV,  séance  du  23  juin  1902.) 

Note  de  M.  A.  Barillé,  Analyse  chimique  du  Piper  Famec/ioni  Heckel y  ou 
poivre  de  Rissi  (Haute-Guinée)  : 

Page  i5i4,  ligne  9,  au  lieu  de  : 

Cendres  insolubles 9)4o 

lisez  : 

Gendres  insolubles 0,94 

Page  i5i4,  lignes  8,  9  et  i4,  les  substances  : 

Extrait  alcoolique i9,25o 

»        aqueux 16,076 

Azote  total i  ,820 

ne  faisant  pas  partie  de  la  composition  centésimale,  figurent  par  erreur  dans  le  Ta- 
bleau. 


ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

SÉANCE  DU  LUNDI  21   JUILLET  1902. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  BOUQUET  DE  LA  GRYE. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

ÉLECT  KG  CHIMIE.  —  Actions  électrolytiques  manifestes,  développées  par  les 
piles  constituées  par  la  réaction  de  deux  liquides  renfermant  l'un  un  acide. 
Vautre  un  alcali;  par  M.  Berthelot. 

«  La  découverte  des  conditions  précises  qui  déterminent  la  limite  de 
visibilité  des  réactions  électrolytiques  m'a  conduit  à  reprendre,  à  ce  point 
de  vue,  l'étude  des  piles  fondées  sur  la  combinaison  d'un  acide  et  d'une 
base,  en  dissolutions  étendues.  J'ai  réussi  à  constater  que  ces  piles  sont,  en 
effet,  susceptibles  de  déterminer  des  électrolyses  visibles  et  continues.  Je 
vais  résumer  mes  nouvelles  expériences. 

»   1.   Acide  chlorhydrique  et  soude  ;  HCl  ■+-  NaOH. 

»  (a).   6  éléments  avec  vases  poreux, 

E  =  2^'^"%4o  initial;  r°^32  et  i^«'S58  finals. 

))  On  a  fait  agir  le  courant  sur  un  voltamètre  renfermant  de  l'acide  sul- 
furique  étendu  additionné  de  pyrogallol,  sous  une  pression  de  o™,oo2.  Il 
y  a  eu  dégagement  d'hydrogène  continu,  net,  quoique  faible.  On  a  mesuré 
simultanément  l'intensité,  en  plaçant  le  galvanomètre  sur  le  circuit,  sans 
autre  résistance  que  celle  de  l'instrument  (2o5  ohms).  On  a  trouvé  ainsi 
directement 

i'  =■ =  o^™P,ooooo3, 

2  000  000 

ce  qui  répond,  d'après  le  calcul,  à  un  dégagement  d'hydrogène  par  minute 
égal  à  o™^,oooooi  8. 

G.  R.,  190a,  2»  Semestre.  (T.  CXXXV,  N->  3.)  17 


t3o  académie  des  sciences. 

»  La  limite  de  sensibilité,  d'après  mes  études  préliminaires,  sous  une 
pression  de  o™,  oo5,  c'est-à-dire  un  peu  plus  forte,  était  comprise  entre 
o™^,ooooo3  et  o™^,oooooi5;  il  y  a  donc  accord  expérimental. 

»  (b).  Un  autre  essai  semblable,  fait  sous  une  pression  décuple  (o™,oi  8), 
a  fourni  un  résultat  négatif,  c'est-à-dire  non  visible,  conformément  à  ce 
qui  était  prévu  d'après  les  mêmes  études. 

»   Je  rappellerai  mes  essais  antérieurs  sur  l'acide  sulfurique. 

»  2.  Acide  salfarique  et  soude.  —  D'après  deux  expériences,  signalées 
dans  les  Comptes  rendus  (28  juin  1902,  p.  1472),  6  éléments  de  ce  genre, 
sans  vases  poreux,  dégagent  d'une  façon  continue  de  l'hydrogène  dans  un 
voltamètre  à  pyrogallol,  sous  une  pression  de  o™,oo5;  résultat  conforme 
d'ailleurs  à  la  limite  déduite  des  mesures  d'intensité. 

»  3.   Acide  lactique  et  soude  :  C'H*0'  H-  NaOH. 

»  (a)  6  éléments  avec  vases  poreux.  E  initial  =  2^°'^, 6;  final  1'*'°'*,  86. 
On  ferme  le  courant  sur  le  voltamètre  à  pyrogallol  et  le  galvanomètre 
(R  =  2o5  o''™^)  réunis.  Aussitôt  :  déviation,  4^'^^^;  pression  dans  le  volta- 
mètre, o™,oo5. 

»  Électrolyse  très  nette.  La  déviation  tombe  rapidement  à  33**'^; 
le  dégagement  gazeux,  sous  pression  de  o",  oo5,  devient  moins  actif, 
t' =  o^™P,  ooooi65,  correspondant  à  hydrogène  par  minute  :  o™, 000008  ; 
valeur  supérieure  à  la  limite  o,ooooo3.  A.  ce  moment  E  =  i^'*",86. 

w  Le  courant  est  refermé  de  nouveau,  sur  une  résistance  extérieure  de 
54000  °^™*.  Après  5  minutes  :  déviation,  18*^'^,  4.  E  =  1^°'*,  6. 

»  i' calculé  répond  à  o™^,  000004  d'hydrogène  par  minute.  Électrolyse 
visible.  On  voit  ici  la  décroissance  simultanée  de  l'intensité  et  du  débit 
électrolytique,  jusque  vers  la  limite  de  visibilité. 

»  (6)  12  éléments.  E  initial  =  4^°'*% 4 5  final,  3^°"%o  (12  éléments). 
Électrolyse  nette,  continue,  mais  faible,  dans  le  voltamètre  à  pyrogallol; 
pression,  8™,oo5.  Le  dégagement  n'est  pas  visible  sous  la  pression  o™,  760. 

»  L'intensité  a  été  déterminée  par  deux  procédés  :  d'un  côté,  I  mesurée 
sans  voltamètre  avec  R  extérieure  =  54000°^*"*.  Déviation  après  5  mi- 
nutes :  i6'^i^,5.  E=3,o.  Calcul  pour  E==3^°"*,  o  — 0^°'*,  8,  î'  =  o^'"p,ooooo6  7  ; 
débit  calculé  d'hydrogène  par  minute,  0°*^,  000004,  chiffre  supérieur  à  la 
limite  o,ooooo3. 

»  D'autre  part  :  i'  mesuré  directement,  avec  galvanomètre  interposé 
sans  autre  résistance  dans  le  circuit  : 

t' =  o^'^P, 0000062  (mesure  directe). 


SÉANCE  DU  21  JUILLET  1902.  l3l 

»   Débit  calculé  de  H  par  minute  :  o™^,ooooo3  7. 

»  Les  deux  valeurs  concordent  et  elles  assurent  un  dégagement  d'hydro- 
gène vers  la  limite  avec  le  voltamètre  à  pyrogallol,  sous  pression  réduite  : 
ce  que  l'expérience  a  vérifié.  Or  la  comparaison  des  deux  expériences 
exécutées,  l'une  avec  12  éléments,  l'autre  avec  6  éléments,  montre  que 
l'intensité  finale  n'a  pas  été  accrue,  au  contraire,  —  non  plus  que  le  débit 
de  l'hydrogène,  —  en  doublant  le  nombre  des  éléments.  C'est  là  une  obser- 
vation importante;  la  possibilité  d'un  semblable  maximum  est  facile  à  pré- 
voir d'après  le  calcul  de  I,  p  et  i'  et  la  décroissance  de  E;  mais  il  est  inté- 
ressant d'en  constater  la  réalisation  expérimentale.  On  va  confirmer  le  fait 
sur  d'autres  piles  analogues. 

.1   4.   Acide  oxalique  et  soude  :  C^H^O*  -h  NaOH. 

»   (a)  6  éléments  avec  vases  poreux,  E  initial  2''""%64;   final  2^°'^*,4- 

n  Courant  fermé  sur  le  voltamètre  (avec  pyrogallol)  et  le  galvano- 
mètre (R  =  205°^"°')  : 

»  Déviation  33**'''.  i'  =  o*™P,ooooi35  répond  à  H  par  minute  o"^, 000008. 

?  Liectrolyse  nette  et  continue,  sous  une  pression  de  o™,oo6. 

»  (b)  Autre  essai  avec  la  même  pile,  E  =  2"^°'*',  4;  ^n-^^U  l'^'^'SS. 

R  =  54000**^™%  déviation  après  5  minutes,  iQ**'^;  p  —  i35  5oo; 

-,      I     1,1,8  —  0,8  „  , 

i  calcule      .y.  r ="  o^™P, 000007 4, 

répond  à  H  par  minute  o™^,ooooo44- 

»  On  essaie  l'électrolyse  avec  le  galvanomètre,  la  résistance  dans  le  cir- 
cuit étant  2o5•^^™^  Déviation  12'*"'.  Mesure  directe  : 

i'  =  o^™P, 000006;  répond  à  H  par  minute  o™^,ooooo36. 

»  Electrolyse  nette,  faible  et  continue. 

»  (c)  12  éléments.  E  initial,  4  ^°'*%4- 

»  Courant  fermé  sur  le  voltamètre  (avec  pyrogallol)  et  galvanomètre 
réunis  : 
Déviation  21'*''^.  i'=ro^™P,ooooi  i  mesure  directe.  H  par  minute  o™^, 0000066. 

»  Electrolyse  nette  et  continue  —  les  résultats  ne  diffèrent  guère  de 
ceux  observés  avec  6  éléments  seulement.  Ceci  m'a  donné  l'idée  d'en  di- 
minuer le  nombre. 

»   (r/).  4  éléments. 

»  Le  courant  fermé  sur  le  galvanomètre  et  le  voltamètre  à  pyrogallol. 
Pression,  o™,oo6.  Déviation,  21'*'^.  Electrolyse  nette  et  continue  : 


l32  "  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

»  i'  =  o^™P,ooooi;  mesure  directe;  répond  à  H  par  minute  o™s,  000006. 

))  Ce  sont  à  peu  près  les  mêmes  résultats  qu'avec  12  éléments. 

»  (e).  2  éléments.  Déviation,  S'^'^.  i' y  mesure  directe  =o^™p, 00000 1 5. 
Pas  d'électrolyse. 

»  (/).  3 éléments.  Déviation,  12^'^.  i' mesuré  directement  =o^°^p, 000 006; 
répond  à  H  par  minute  o™s,ooooo36.  Électrolyse  nette  et  continue. 

E  =  i^°'S4i  =  0,47x3. 

»  La  limite  de  l'aptitude  électrolytique  est  ici  marquée  nettement  entre 
2  et  3  éléments. 

»   5.  Acide  acétique  et  soude  :  G^H*  O^  H-  NaOH. 

»  (a).  6  éléments.  Vases  poreux  :  à  5^  1 1,  E  =  2'^°'*%22;  croît;  à  5'' 26, 
2Toits  52  ou  0,42  X  6  initial;  E  final  =  2^"^^, 3^. 

»  Courant  fermé  sur  galvanomètre  et  voltamètre  à  pyrogallol.  Pression  : 
o™,oo2.  Électrolyse  nette  et  continue.  Déviation,  22*^'^. 

»  /' mesure  directe  =o^™P, 000014  ;  répond  à  H  par  minute  0^^,0000084. 

»   (b).  4  éléments.  Déviation,  10*^'^.  Électrolyse  plus  faible. 

i'z=  o^™P,ooooo5,         H  calculé  par  minute  =  o™s,ooooo3. 

»  (c).  3  éléments.  Déviation,  4'^^^.  H  par  minute  calculé,  o™^,  000  0001. 
Électrolyse  invisible. 

»  (d).  Élément  E  initial,  2^«i'%34;  E  final,  i^^'SS. 

))  Déviation  :  i6'^'^,5  après  5  minutes,  R  =  54ooo°*"°%  p  =  1 64000°^™% 

i'  =  ''Ir'"'^  =  o^^^P,  0000061 , 
164000 

H  calculé  par  minute,  o™s,ooooo36. 

»  Électrolyse  visible  sous  pression  réduite. 
»  6.  Acide  chlorhydrique  et  ammoniaque  :  H  Cl  +  AzH^. 
w   (a).  6  éléments,  vases  poreux.  E  initial  monte  de  i^'^'^ôS  à  i^^^^go; 
final,  r«\32, 

R=  54ooo°*'™^  Déviation  après  5  minutes,  4'''^' 
Calcul  de  î'=  o^'"P,ooooo2.  H  par  minute,  o™^,  0000012. 

»  Pas  d'électrolyse  visible  sous  une  pression  de  o™,oo3. 
»  {b).  6  éléments.  E  =2^'*''^,  02. 


SÉANCE   DU    21    JUILLET    1902.  1 33 

»  Aussitôt,  on  interpose  le  voltamètre  à  pyrogallol  et  le  galvanomètre. 
Pression,  o™,oo3. 

»  Déviation,  12*^'^  :  i' =  o^'^PjOooooe;  H  par  minute,  o™s,ooooo36. 

»   Electrolyse  nette,  quoique  faible. 

»  (c).  4  éléments.  Même  disposition.  E  =  o^°^\c)8.  Déviation,  S'^'^,  5. 
H  par  minute,  o™^, 0000016. 

»  Electrolyse  visible,  à  la  limite. 

»   (d).  3  éléments.  Rien. 

))  D'après  ces  expériences,  les  piles  fondées  sur  la  combinaison  d'un 
acide  et  d'une  base  possèdent  une  force  électromotrice  définie,  dévelop- 
pent un  courant  continu  d'une  intensité  mesurable,  et  sont  susceptibles 
d'électrolyser  l'eau  acidulée  et  additionnée  de  pyrogallol  d'une  façon  con- 
tinue et  visible  sous  pression  réduite,  en  en  dégageant  de  l'hydrogène.  » 


CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE.  —  Existence^  dans  V albumen  de  Vœuf  d'oiseau, 
d'une  substance  fibrinogène  pouvant  se  transformer,  in  vitro,  en  mem- 
branes pseudo-organisées .  Note  de  M.  Armand  Gautier. 

«  La  coagulation  ou  précipitation  des  divers  albuminoïdes  solubles,  par 
des  ferments  qui  les  insolubilisent  en  les  isomérisant  ou  les  dédoublant, 
est  un  phénomène  classique  :  la  caséase  ou  lab  précipite  la  caséine  soluble; 
la  fibrinase,  en  agissant  sur  le  fibrinogène,  la  myosinase,  en  modifiant  le 
myosinogène,  produisent  la  fibrine  et  la  myosine  ordinaires,  les  aggluti- 
nines  coagulent  certains  albuminoïdes  spécifiques,  etc.  Mais  les  matières 
ainsi  chimiquement  transformées  se  présentent  sous  forme  amorphe,  gra- 
nuleuse, ou  bien,  si  elles  offrent  quelque  semblant  d'organisation,  comme 
la  fibrine,  elles  se  sont  généralement  formées  au  sein  d'une  humeur  encore 
vivante,  telle  que  le  sang  au  sortir  des  vaisseaux.  Existe-t-il  des  ferments 
aptes  à  transformer,  en  dehors  de  toute  influence  cellulaire,  certaines 
substances  albuminoïdes  en  fibrilles,  que  la  cellule  vivante  n'a  plus  ensuite 
qu'à  disposer  suivant  les  lois  mystérieuses  de  son  développement?  Les 
faits  que  je  vais  faire  connaître  semblent  permettre  de  répondre  par  l'af- 
firmative à  cette  question.  Ils  établiront,  en  outre,  l'existence  dans  l'albu- 
men d'œuf  d'oiseau  d'une  substance  protéique  soluble,  analogue  au  fibrino- 
gène du  plasma  sanguin  et  au  myosinogène  de  la  fibre  musculaire. 

»  Il  y  a  plus  de  5o  ans  que  Melsens  observait  que  du  blanc  d'œuf  frais, 


l34  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

étendu  d'eau  et  privé  de  tout  corps  en  suspension  grâce  à  une  bonne 
filtration,  se  trouble  dès  qu'on  l'agite  ou  qu'on  fait  traverser  la  solution 
par  un  courant  de  gaz  quelconques,  secs  ou  humides  (').  Je  me  suis 
assuré  de  la  réalité  de  ce  singulier  phénomène;  il  se  produit  avec  l'hydro- 
gène, Fazote,  l'acide  carbonique  et  par  agitation  de  la  solution  albumineuse 
dans  l'air  ou  dans  le  vide. 

»  La  substance  qui  vient  ainsi  troubler  légèrement  le  blanc  d'œuf  se 
précipite  sous  forme  de  membranules  transparentes,  élastiques,  d'une 
épaisseur  de  7  à  ^^  de  millimètre.  On  y  distingue,  au  sein  d'un  substratum 
amorphe  granuleux,  des  sortes  de  fibrilles  de  i^,5  à  2^  de  diamètre,  droites 
ou  onduleuses,  libres  ou  réunies  entre  elles.  On  dirait  un  commencement 
d'organisation. 

»  Il  ne  faudrait  pas  croire,  avec  l'auteur  de  ces  premières  observations, 
que  la  matière  qui  se  membranise  ainsi  soit  l'ovalbumine  elle-même  et  que 
l'agitation  suffise  à  insolubiliser  l'albumine.  Je  me  suis  assuré  que,  après 
bonne  filtration  sur  papier,  l'albumine  brute  de  l'œuf,  étendue  de  2""°^  à 
3^°'  d'eau,  reçue  dans  un  vase  plein  d'azote  ou  d'acide  carbonique,  puis 
soumise  à  une  longue  agitation  mécanique  en  présence  de  boules  de  verre 
destinées  à  fouetter  la  matière,  ne  donne  jamais  un  dépôt  dépassant  o^,5 
à  0^,6  pour  100  grammes  d'albumine,  le  tout  calculé  à  l'état  sec;  le  reste 
refuse  ensuite  de  se  transformer.  La  matière  spéciale  que  fait  apparaître 
l'agitation  augmente  si,  immédiatement  avant  la  filtration,  l'albumen  a  été 
soigneusement  dilacéré.  Si  l'on  prend  au  contraire  des  œufs  bien  frais, 
qu'on  se  borne  à  faire  passer  leur  albumen  sous  très  faible  pression  à 
travers  une  toile  métallique,  qu'on  délaye  la  masse  dans  l'eau  et  filtre 
aussitôt,  la  matière  insolubilisée  ensuite  par  agitation  ou  passage  des  gaz 
est  minime.  Avec  dix  blancs  d'œufs  ainsi  .traités  je  n'ai  obtenu  que  o',3o  de 
membranules  pesées  sèches. 

»  La  substance  qui  se  sépare,  par  agitation,  de  l'albumine  brute  /iltrée 
dérive  elle-même  d'un  générateur  soluble  apte,  comme  on  le  verra,  à  être 
modifié  par  un  ferment  contenu  dans  les  loges  de  l'albumen,  et  la  matière 
précipitée  par  le  choc  ne  correspond  qu'à  la  partie  variable  de  cette  sub- 
stance génératrice  qui  avait  été  modifiée  avant  filtration  et  qui  était  restée 
en  solution,  comme  par  une  sorte  de  sursaturation  que  l'agitation  fait  cesser; 
mais  une  bonne  partie  de  la  substance  transformable  en  membranules. 


')   Ann.  de  Chimie  et  de  Physique,  3«  série,  t.  XXXIII,   i85i,  p.  i85. 


SÉANCE  DU  21  JUILLET  1902.  l35 

celle  qui  n'a  pas  encore  subi  la  modification,  reste  en  solution  malgré  l'agi- 
tation, et  propre  à  être  précipitée,  après  action  du  ferment,  ainsi  que  nous 
le  montrerons  plus  loin. 

»  La  matière  que  l'agitation  précipite  du  blanc  d'œuf  brut  filtré  est  un 
àlbuminoïde  qui  appartient  à  la  famille  des  fibrines.  L'analyse  m'a  donné 
pour  sa  composition  élémentaire  : 

G  =  52,85;       H  =  7,02;       Az  =  15,77;        Cendres:  i  "/o  environ  ('). 

))   A.  Wurlz  a  trouvé  pour  l'ovalbumine  : 

0  =  32,90;         H  =  7,2o;         Az=i5,8o 

»   Dumas  et  Cahours  ont  obtenu  pour  la  fibrine  du  sang  humain  : 

C  =  52,8,         H  =  7,o,         Az  =  i6,8,         ...; 

Chittenden  et  Gummin  ont  trouvé  pour  la  myosine  : 

0  =  32,82,         H  =  7,ii,         Az  =  i6,77,  .... 

»  La  matière  précipitée  par  l'agitation  de  l'albumen  étendu  et  filtré 
possède  d'ailleurs  toutes  les  propriétés  générales  des  albuminoïdes;  elle 
se  rapproche  tout  particulièrement  de  la  fibrine  du  sang  et  de  la  myo- 
sine. Comme  ces  derniers  corps,  en  effet,  mais  plus  lentement  qu'eux,  elle 
décompose  l'eau  oxygénée.  Elle  se  dissout  imparfaitement  dans  les  solu- 
tions étendues  de  sel  marin  et  de  nitre,  et  ces  solutions  coagulent  faible- 
ment à  chaud  lorsqu'on  en  sépare  l'excès  de  sel  par  dialyse.  Cette  sub- 
stance diffère  cependant  de  la  fibrine  du  sang  en  ce  qu'elle  se  gonfle 
difficilement  dans  l'ammoniaque  ou  le  carbonate  sodique  étendus.  Les 
membranules  dans  lesquelles  se  transforme  le  générateur  soluble  présen- 
tent, enfin,  l'état  fibrillaire  et  l'élasticité  de  la  fibrine,  et  l'on  a  vu  que, 
comme  pour  cette  dernière,  l'agitation  hâte  leur  précipitation. 

»  Il  existe  donc  dans  le  blanc  d'œuf  d'oiseau  une  globuline  soluble 
spéciale,  analogue  au  fibrinogène  et  au  myosinogène,  apte  à  passer  de 
l'état  soluble  à  l'état  insoluble,  comme  le  font  ces  substances  et  dans  les 
mêmes  conditions  apparentes,  et  il  nous  a  paru  très  probable  que,  comme 
pour  ces  substances  aussi,  l'agent  de  cette  modification  devait  être  un 
ferment  soluble. 


(')  Elles  étaient  formées  de  phosphates  et  de  chlorures  alcalins  avec  un  peu  de 
chaux,  et  de  magnésie. 


l36  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Il  ne  faudrait  pas  croire,  en  effet,  comme  Melsens,  que  l'agitation  des 
solutions  d'albumine  suffise,  ou  même  soit  nécessaire  pour  insolubiliser 
tout  ou  partie  de  cette  substance.  J'ai  pensé  que  le  choc  ou  le  battage  du 
blanc  d'œuf  agissaient  indirectement  surtout  en  dilacérant  les  loges  de 
l'albumen,  mélangeant  et  mettant  en  contact  intime  et  direct  toutes  les 
parties  du  protoplasma,  et  hâtant  ensuite,  mais  accessoirement,  la  forma- 
tion d'un  précipité  de  membranules  nouvelles  qui,  dans  le  blanc  d'œuf 
brut,  qu'on  ne  filtre  pas,  se  confondent  avec  les  membranes  préexistantes 
et  ont  pu  échapper  ainsi  à  l'observation. 

»  Les  expériences  suivantes  ont  pour  but  de  montrer  l'exactitude  de 
cette  opinion,  l'existence  du  ferment  modificateur  et  l'action  secondaire, 
mais  non  nécessaire,  de  l'agitation  ou  du  battage. 

»  Quatre  blancs  d'œufs  frais,  pesant  ensemble  i4os  à  l'état  humide, 
furent  directement  versés,  sans  agitation  ni  dilacération,  dans  quatre 
assiettes  plates  et  rapidement  séchés  à  38°  dans  un  courant  d'air  sec 
renouvelé.  La  matière  pesait  i8^,  52  à  l'état  sec.  On  la  porphyrisa  très 
soigneusement  au  mortier  d'agate  pour  détruire  les  membranes  préexis- 
tantes et  bien  mélanger  toutes  les  parties  du  protoplasma  primitif,  et  l'on 
divisa  cette  poudre  en  deux  parties  égales  de  9^,25  chacune.  La  première, 
A,  fut  versée  avec  précaution  dans  4oos  d'eau  froide  et  lavée  soigneu- 
sement au  centrifugeur,  sans  agiter,  pour  séparer  les  membranes  qu'on 
pesa  sèches.  On  trouva  : 

Parties  membraneuses  préexistantes  en  A  :  06,970. 

»  L'autre  partie  B  fut  également  versée  en  4oo*^*^  d'eau  (avec  addition 
de  2  gouttes  de  CS^  pour  éviter  toute  action  bactérienne)  et  laissée  7  jours 
à  l'étuve  à  Sg"  dans  le  but  de  permettre  l'action  du  ferment  insolubilisant, 
s'il  existait,  ferment  que  la  porphyrisation  très  exacte  avait  eu  pour  but  de 
libérer  de  ses  loges  membraneuses.  Après  7  jours  d'étuve,  on  traita  la 
partie  B  comme  A,  par  lavages,  centrifugation  et  dessiccation,  et  l'on 
trouva  : 

Parties  insolubles  préexistantes  ou  nouvelles  formées  en  B  :   16,0959. 

»  La  différence  B  —  A  =  0^,1259  indique  la  quantité  d'ovofibrinogène 
insolubilisé  pendant  l'étuvage. 

»  En  rapportant  à  loo^  d'albumine  brute  d'œuf  de  poule  calculée  sèche, 
on  voit  qu'il  s'est  fait,  dans  cette  expérience,  i^,  36  d'ovofibrine  nouvelle 


SÉANCE    DU    21    JUILLET    If)02.  l'^'j 

par  action  mutuelle  et  prolongée  des  diverses  parties  de  l'albumen,  et  sans 
que  le  choc  ou  l'agitation  aient  été  nécessaires.  C'est  une  quantité  dix  fois 
plus  grande  au  moins  que  celle  qui  se  forme,  par  agitation,  dans  le  blanc 
d'œuf  frais  brut  étendu.  La  différence  provient  ici  de  l'insolubilisation  à 
peu  près  totale,  par  le  ferment  mis  en  liberté,  de  l'ovofibrinogène  de 
l'albumen  pris  dans  sa  totalité. 

»  Dans  cette  expérience,  pour  0^,970  de  membranes  préexistantes,  il 
s'est  formé  o^,  1259  d'ovofibrine  nouvelle,  soit  une  augmentation  de  12,9 
pour  100  de  parties  insolubles. 

»  A  ce  commencement  de  démonstration  de  la  formation  de  celte  ovo- 
fibrine  par  coagulation  d'un  ovofibrinogène  dans  les  conditions  aptes  à 
favoriser  l'action  d'un  ferment  insolubilisant,  je  ne  pouvais  ajouter  ici  la 
preuve  tirée  de  la  disparition  de  l'activité  de  ce  ferment  lorsqu'on  fait 
agir  la  chaleur  qui  eût  coagulé,  dans  ce  cas  particulier,  la  totalité  de 
l'albumine  en  expérience.  J'ai  donc  été  obligé  de  recourir  à  une  démon- 
stration indirecte.  J'ai  pensé  que,  l'albumen  de  l'œuf  étant  naturellement 
alcalin,  cette  alcalinité  devait  être  une  condition  nécessaire  ou  du  moins 
très  favorable  de  l'action  du  ferment  membranigène,  et  que  cette  action 
devait  s'atténuer  ou  disparaître  si,  préalablement,  on  rendait  le  milieu 
légèrement  acide.  C'est  ce  que  l'expérience  a  confirmé. 

»  Six  blancs  d'œufs  frais  furent  directement  reçus  en  six  assiettes  aussi- 
tôt placées  dans  des  cloches  à  vide  à  4o°»  àe  façon  que  le  ferment  restât 
autant  que  possible  dans  ses  loges  membraneuses  et  sans  agir,  comme 
dans  l'œuf  intact.  Après  dessiccation  (i4  heures)  les  albumens  bien  secs 
furent  finement  porphyrisés  et  la  poudre  divisée  en  deux  parts  A  et  B  de 
poids  égaux.  On  versa  lentement  chacune  d'elles  en  4oo  centimètres  cubes 
d'eau  bouillie  et,  après  quelques  heures,  où  l'on  mélangea  suffisamment  et 
dissolvit  les  parties  solubles  en  agitant  le  moins  possible,  on  versa,  dans 
la  partie  A,  un  volume  d'acide  acétique  faible  titré  suffisant  pour  obtenir 
une  très  légère  acidulation  du  milieu.  La  partie  B,  au  contraire,  ne  reçut 
pas  d'acide.  Les  deux  flacons  A  et  B,  chacun  additionnés  d'une  boule  de 
naphtaline  pour  empêcher  toute  altération  microbienne,  furent  alors 
placés  6  jours  à  l'étuve  à  39*'  pour  laisser  agir  le  ferment  dans  ces  deux 
conditions  dissemblables.  Après  ce  temps,  le  flacon  B  reçut  le  volume 
exact  d'acide  acétique  dilué  qu'avait  reçu  A,  et  les  deux  mélanges  furent 
encore  laissés  ^S  heures  à  l'étuve  pour  assurer,  en  chaque  cas,  une  égale 
action  de  l'acide  ajouté.  A  et  B  furent  ensuite  centrifugés,  filtrés  et  lavés 

C.  R.,  1902,  2*  Semestre.  (T.  CXXXV,  N»  3.)  l8 


l38  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

soigneusement  pour  ne  conserver  que  les  parties  insolubles.  On  obtint 
après  dessiccation  : 

Parties  insolubles  de  B o, 58^2 

Parties  insolubles  de  A 0,4486 

Di/Térenee  :  B  —  A  =:  o,  i356 

»  Ainsi  dans  le  milieu  alcalin  naturel  de  l'albumen,  milieu  évidemment 
favorable  à  l'action  de  ses  ferments  naturels,  la  quantité  de  corps 
membraneux  insolubles  de  l'albumen  primitif  avait  été  augmentée  de 
24  pour  100. 

»  De  ces  expériences  je  tirerai  les  conclusions  suivantes  : 

w  i"  Il  existe  dans  l'albumen  de  l'œuf  de  poule  près  de  i,5  pour  100 
d'une  substance  soluble,  analogue  au  fibrinogène  ou  au  myosinogène,  apte 
comme  ces  dernières,  sous  les  influences  qui  favorisent  l'action  de  leurs 
ferments  spécifiques,  à  se  transformer  en  une  matière  insoluble  que  le 
choc  sépare  à  l'état  membraniforme,  ayant  les  propriétés  générales  des 
fibrines. 

»  2°  L'agitation  n'est  pas  nécessaire  à  la  formation  de  cette  substance  ;  elle 
constitue  seulement  une  condition  favorable  à  son  apparition  dans  l'albu- 
mine brute  filtrée;  le  choc  ou  l'agitation  en  séparent  la  partie  de  l'ovofi- 
brinogène  déjà  modifiée  par  le  ferment,  et  tenue  comme  en  état  de  sursa- 
luration  avant  cette  agitation,  par  un  phénomène  tout  semblable  à  celui 
qui  fait  plus  rapidement  se  concréter  la  fibrine  dans  le  sang  qu'on  soumet 
à  l'agitation. 

»  3°  L'humidité,  la  dissolution  dans  l'eau,  la  chaleur,  l'alcalinité  du 
milieu,  c'est-à-dire  les  conditions  qui  favorisent  l'action  des  ferments  cellu- 
lulaires  animaux,  favorisent  aussi  la  transformation  de  l'ovofibrinogène  en 
ovofibrine  membraniforme  ou  amorphe. 

»  4"  Dans  le  blanc  d'œuf  intact,  le  ferment  paraît  contenu  dans  les 
loges  membraneuses  de  l'albumen  et  être  ainsi  séparé  de  la  substance 
fibrinogénique  sur  laquelle  il  n'agit  dans  ces  conditions  que  très  lentement. 
Son  action  devient  plus  rapide  et  complète  si  l'on  dilacère  l'albumen  et 
détruit  par  battage  l'organisation  de  ses  membranes  naturelles. 

»  5**  Des  ferments  analogues  à  lafibrinase  ou  à  la  caséase  sont  certaine- 
ment répandus  dans  beaucoup  d'organes  et  tissus,  mais  celui  de  l'albumen 
d'œuf  d'oiseau,  et  sans  doute  aussi  de  bien  d'autres  protoplasmas  cellu- 
laires, est  remarquable  par  l'aptitude  qu'il  possède  de  transférer  une  sorte 
de  pseudo-organisation  à  l'albuminoïde  qu'il  insolubilise.  Il  ne  reste  plus 


SÉANCE  DU  2  1  JUILLET  1902.  iSg 

aux  forces  organisatrices  de  la  cellule  qu'à  disposer  cette  matière  fibrillaire 
suivant  les  lois  qui  règlent  les  formes  histologiques  de  l'élément  ou  du 
tissu.    » 


CHIMIE  ANIMALE.  —  Sur  l'acide  glycuronique  dans  le  sang  du  chien. 
Note  de  MM.  R.  Lépine  et  Boulud. 

K  Nous  insistons  de  nouveau  (voir  Comptes  rendus,  4  novembre  1901) 
sur  le  fait  que  le  sang  du  chien  à  l'état  de  santé  renferme  toujours  une  forte 
proportion  d'acide  glycuronique  conjugué.  Il  n'est  pas  rare  que  l'extrait 
de  sang,  tel  que  nous  le  préparons,  c'est-à-dire  sans  le  faire  bouillir  en 
présence  d'un  acide,  donne,  à  l'examen  polarimétrique,  o,  et  n'ait  qu'un 
pouvoir  réducteur  assez  faible,  tandis  qu'après  ébullition  en  présence  d'un 
acide,  on  a  une  déviation  à  droite  et  un  pouvoir  réducteur  qui  excède 
d'un  bon  tiers  celui  qui  existait  avant  le  chauffage.  11  est  à  noter  que  ce 
pouvoir  réducteur  est  souvent  plus  fort  que  celui  que  ferait  prévoir  le 
chiffre  (exprimé  en  glucose)  donné  par  le  polarimètre. 

»  En  soumettant  à  la  fermentation,  en  présence  de  la  levure  de  bière, 
un  de  nos  extraits  de  sang  normal,  on  constate  que  le  liquide,  après 
l'achèvement  de  la  fermentation,  dévie  toujours  à  gauche.  Si  alors  on  le 
chauffe  en  présence  d'un  acide,  on  a  une  déviation  à  droite  et  une  réduc- 
tion en  général  plus  abondante  qu'avant  le  chauffage. 

»  Si  l'on  traite  l'extrait  de  sang  normal  par  la  parabromophénylhydra- 
zine,  on  obtient  un  osazone  déviant  à  gauche  en  solution  pyridique 
(Neuberg). 

»  L'acide  glycuronique  est  plus  abondant  dans  le  sang  défibriné,  et 
ayant  séjourné  quelque  temps  à  l'air,  que  dans  le  même  sang  que  l'on  a 
fait  tomber  directement  dans  l'alcool  au  sortir  du  vaisseau. 

»  Le  sang  artériel  d'un  chien  asphyxié  (par  obstruction  des  narines) 
peut  renfermer  autant  d'acide  glycuronique  que  le  sang  artériel  normal. 
Dans  le  sang  d'un  chien  asphyxié  par  le  gaz  d'éclairage,  nous  n'en  avons 
pas  trouvé  (ce  sang  était  rutilant).  L'extrait,  pour  looo^  de  sang,  a  donné 
les  résultats  suivants  : 

»  Polarimètre  :  -h  i^j/j.  Pouvoir  réducteur  (en  glucose)  :  2^,26. 

»   Après  chauffage  en  présence  d'un  acide,  mêmes  valeurs. 

»  Le  foie  de  ce  chien,  une  demi-heure  après  la  mort,  renfermait  de 
l'acide  glycuronique. 


l4o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Le  sang  d'un  autre  chien,  asphyxié  à  la  fois  par  le  gaz  d'éclairage  et 
par  l'obstruction  des  narines,  donnait  les  valeurs  suivantes  : 

»  P  :+ o°, 2.  Pouvoir  réducteur:  i^,3o. 

»  Après  chauffage  en  présence  d'un  acide,  P  :  +  o°,5.  Pouvoir  réduc- 
teur :  i^,  20. 

»  Dans  ce  cas,  la  déviation  à  droite  est  notablement  plus  forte  après  le 
chauffage;  mais  le  pouvoir  réducteur  n'est  pas  augmenté.  Il  est  probable 
que  la  conjugaison  de  l'acide  glycuronique  était  ici  assez  fragile  pour  que 
l'ébullition  en  présence  de  la  liqueur  cuivrique  ait  détruit  cette  conjugai- 
son. On  sait  d'ailleurs  qu'il  y  a  des  acides  glycuroniques  conjugués,  doués 
d'un  pouvoir  réducteur. 

»  Nous  avons  eu  l'occasion  d'observer  un  grand  nombre  de  cas  de  ces 
faibles  conjugaisons.  En  voici  un  qui  appartient  à  un  chien  ayant  reçu  une 
petite  dose  de  nitrite  d'amyle  : 

))   P  :  0°.  Pouvoir  réducteur  :  i^,32. 

))  Après  chauffage  en  présence  d'un  acide,  P  :  4-  o°,5.  Pouvoir  réduc- 
teur :  i^,3o.  (La  légère  diminution  du  pouvoir  réducteur  dans  ce  cas  et 
dans  le  précédent  s'explique  par  la  destruction  si  facile  de  l'acide  glycu- 
ronique par  l'ébullition  en  présence  d'un  acide. 

»  L'augmentation  de  la  déviation  à  droite  coexistant  avec  l'augmenta- 
tion du  pouvoir  réducteur,  après  ébuUition  en  présence  d'un  acide,  ne 
suffit  d'ailleurs  pas  pour  qu'on  puisse  affirmer  dans  un  extrait  de  sang 
l'existence  d'acide  glycuronique.  Dans  des  cas,  exceptionnels  d'ailleurs, 
la  présence  de  glycogène  (ou  d'une  substance  analogue)  peut  amener  ce 
double  résultat.  Ainsi,  dans  le  sang  des  veines  sus-hépatiques  d'un  chien 
très  bien  nourri,  assommé  par  un  coup  de  maillet  sur  le  crâne,  nous  avons 
trouvé,  environs  minutes  après  l'assommement,  les  valeurs  suivantes  : 

»   P  :  -f- 1°,6.  Pouvoir  réducteur  :  4^>09- 

»  Après  chauffage  en  présence  d'un  acide  et  de  perchlorure  de  fer, 
P  :  -h  2°.  Pouvoir  réducteur  :  4^,28. 

»  Après  chauffage  prolongé,  en  présence  de  lo*""'  de  H  Cl,  pouvoir  ré- 
ducteur :  8^,44-   » 


SÉANCE    DU    21    JUILLET    I902.  I^I 


RAPPORTS. 


Rapport  sur  un  Mémoire  de  M.  Torres,  concernant  un  avant-projet  de  ballon 
dirigeable,  présenté  à  l' Académie  dans  la  séance  du  26  mai  1902. 

(Commissaires  :  MM.  Sarrau,  Cailletet;  Appell,  rapporteur.) 

«  M.  Torres,  dont  on  connaît  les  remarquables  travaux  sur  les  machines 
à  calculer  (*),  vient  de  présenter  à  l'Académie  un  Mémoire  Sur  un  avant- 
projel  de  ballon  dirigeable  à  quille  intérieure. 

»  La  Commission  désignée  pour  examiner  ce  Mémoire  s'est  occupée, 
non  du  côté  technique,  qui  n'est  pas  du  ressort  de  l'Académie,  mais  du 
côté  théorique  du  projet.  Elle  a  trouvé,  dans  le  travail  de  M.  Torres,  non 
seulement  la  description  d'un  type  nouveau  de  ballon,  mais  des  vues  théo- 
riques précisant  le  problème  général  de  l'Aéronautique. 

»  Voici  d'abord  l'idée  fondamentale  qui  a  conduit  l'auteur  au  type  qu'il 
préconise.  Il  semble  que  les  difficultés  présentées  actuellement  par  le  pro- 
blème de  l'Aéronautique  viennent  moins  de  l'insuffisance  des  moteurs  que 
du  défaut  de  stabilité  des  ballons.  L'auteur  met  en  évidence  les  causes 
d'instabilité  pour  un  ballon  actionné  par  une  hélice.  Quatre  forces  princi- 
pales agissent  sur  l'ensemble  formé  par  le  ballon  et  la  nacelle  :  le  poids  P 
du  système,  la  force  ascensionnelle  A,  la  force  propulsive  de  l'hélice/?,  et 
la  résistance  de  l'air  qui,  par  raison  de  symétrie,  peut,  dans  la  marche 
normale,  être  réduite  à  une  force  R.  Ce  sont  les  changements  dans  la 
grandeur  ou  dans  la  position  d'une  de  ces  forces  qui  produisent  les  pertur- 
bations dans  la  marche.  Il  est  inutile  de  rappeler  ici  les  précautions  habi- 
tuellement prises  pour  éviter  toute  variation  dangereuse  des  points  d'ap- 
plication des  forces  A  et  P;  la  grandeur  de  chacune  de  ces  forces  varie 
d'une  manière  continue  à  mesure  qu'on  consomme  du  pétrole  pour  ac- 
tionner le  moteur  et  qu'on  remplace  son  poids  par  de  l'air  introduit  dans 
le  ballonnet,  mais  elle  ne  subit  pas  de  variation  brusque,  sauf  au  moment 
oïl  l'on  jette  du  lest,  ce  qui  produit  sur  P  un  changement  de  peu  d'impor- 
tance. La  grandeur  et  la  position  de  la  résistance  de  l'air  sont  à  peu  près 
constantes  dans  la  marche  normale  à  une  vitesse  donnée  :  cette  force  peut 

(*)  Comptes  rendus,  t.  CXXX,  1900,  p.  472  61874;  Savants  étrangers,  t.  CXXXII, 
1901. 


l42  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

subir  des  variations  importantes  et  même  être  remplacée  par  une  force  et 
un  couple  dans  le  cas  où  des  oscillations  brusques  viendraient  à  se  pro- 
duire; elle  peut  donc  accentuer  les  oscillations,  mais  non  les  faire  naître. 
La  force  propulsive  p  a  un  point  d'application  fixe  ;  seulement  sa  grandeur 
est  sujette  à  des  variations  considérables;  d'abord,  chaque  fois  qu'on  ar- 
rête ou  qu'on  met  en  mouvement  la  machine,  p  subit  une  variation  brusque, 
tandis  que  la  vitesse  du  ballon  et,  par  suite,  la  résistance  R  varient  d'une 
manière  continue;  mais  ce  sont  là  les  cas  les  moins  importants.  Il  n'est 
nullement  nécessaire  que  l'hélice  s'arrête  tout  à  fait  pour  que  l'effort/? 
devienne  nul,  ou  même  négatif;  on  sait,  en  effet,  que  l'effort  de  propulsion 
dépend  non  de  la  vitesse  longitudinale  V  d'un  élément  de  l'hélice  par 
rapport  au  ballon,  mais  de  la  différence  V  —  Y  entre  cette  vitesse  et  la 
vitesse  V  du  ballon;  on  admet,  dans  la  pratique,  que  cet  effort  est  propor- 
tionnel au  carré  de  V  —  V  :  dans  les  essais  de  Dupuy  de  Lôme  et  dans  ceux 
du  colonel  Renard,  on  avait  à  peu  près  V  =  JV,  de  sorte  qu'il  suffisait  de 
diminuer  brusquement  V  d'un  quart  de  sa  valeur  pour  que  la  force  pro- 
pulsive s'annulât  momentanément;  cette  variabilité  de  p  est,  d'ailleurs, 
d'autant  plus  marquée  que  le  rapport  V:V'  est  plus  voisin  de  l'unité,  cas 
limite  dont  on  doit,  au  point  de  vue  du  rendement,  chercher  à  se  rap- 
procher autant  que  possible. 

»  Quand  l'hélice  est  fixée  à  la  nacelle,  les  deux  forces  horizontales  p 
et  R  ne  sont  pas  sur  une  même  horizontale  et  les  variations  brusques  de  p 
produisent  un  couple  de  renversement  dont  les  effets  sont  d'autant  plus 
grands  que  la  vitesse  est  plus  grande.  L'auteur  voit  dans  ce  fait  le  principal 
obstacle  à  une  marche  à  grande  vitesse.  Il  propose  alors  de  rendre  inoffen- 
sives les  variations  de/?  en  s'arrangeant  pour  que  la  ligne  d'action  de  cette 
force  coïncide  à  peu  près  avec  celle  de  la  résistance  R.  Dans  ce  but,  il  place 
l'hélice  à  la  partie  postérieure  du  ballon  lui-même  {Jig.  2).  Ce  n'est  certes 
pas  la  première  fois  qu'on  a  proposé  cette  solution,  mais  l'auteur  la  rend 
réalisable  par  un  dispositif  ingénieux  que  nous  allons  maintenant  décrire. 

»  Les  ballons  généralement  employés  sont  fusiformes  et  portent  une  na- 
celle soutenue  au  moyen  d'un  système  de  suspentes  :  quand  le  ballon  est 
allongé  comme  il  doit  l'être  pour  pouvoir  marchera  grande  vitesse,  on  est 
obligé  d'allonger  la  nacelle,  qui  constitue  une  sorte  de  poutre  de  longueur 
comparable  à  celle  du  ballon.  La  modification  proposée  par  l'auteur  se 
réduit,  en  principe,  à  mettre  à  l'intérieur  du  ballon  les  suspentes  et  la  poutre 
qui  forment  alors  une  quille  intérieure  rigide  allant  d'une  pointe  à  l'autre; 
la  nacelle  est  réduite  au  minimum  nécessaire  et  très  rapprochée  du  bal- 


SÉANCE    DU    2î    JUILLET    1902.  1 43 

Ion.  Voici,  sans  entrer  dans  de  longs  détails,  la  façon  dont  ce  dispositif  est 


réalise, 


»  Description  sommaire.  —  Le  ballon  est  cylindrique  dans  la  partie  centrale, 
affilé  aux  extrémités;  son  profil  a  la  forme  indiquée  {fig.  i);  il  est  formé  par  la 
juxtaposition  de  plusieurs  profils  semblables  à  celui  de  la  figure  i;  dans  chaque 
profil,  la  quille  ab  est  attachée  au  ballon  par  cinq  suspentes. 


Fii 


»  La  forme  du  profil  est  calculée  d'après  la  distribution  des  pressions  intérieures  et 
extérieures  et  des  tensions  des  toiles.  Au  bas  de  quelques-uns  de  ces  profils  se  trouve 
fixée  la  nacelle,  comme  le  montre  la  figure  i  ;  le  mouvement  est  transmis  de  la  nacelle 
à  l'hélice  par  un  câble  télédynamique  C  {fig.  2);  la  manœuvre  du  gouvernail  se  .fait 


Fig.  2. 


par  un  autre  câble  D.  Quand  la  machine  marche,  les  tensions  du  câble  C  sur  les 
poulies,  telles  que  P  et  Q,  produisent  un  moment  de  torsion  considérable  dont  il  faut 
se  préoccuper,  la  pointe  de  la  quille  étant  trop  faible  pour  y  résister;  nous  ne  pouvons 
pas  entrer  dans  le  détail  des  pièces  destinées  à  résister  à  cet  eflFort.  D'une  façon 
générale,  la  plupart  des  pièces  employées  travaillent  à  l'extension.  Quelques-unes 
seulement  travaillent  à  la  compression,  notamment  la  quille,  qui  doit  être  regardée 
comme  un  prisme  chargé  debout. 

»  Le  ballon  est  divisé  en  plusieurs  compartiments  par  des  cloisons  en  toile  per- 
méable; quatre  des  entre-profils  sont  munis  de  poches  à  air  symétriquement  placées 


l44  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

par  rapport  au  milieu  du  ballon;  ces  poches  sont  manœuvrées  par  un  distributeur 
d'air  que  i'aéronaute  commande  à  l'aide  d'un  robinet  à  trois  voies,  suivant  qu'il  veut 
monter,  descendre  ou  rester  à  la  même  hauteur;  en  outre,  une  espèce  de  coulisse 
commandée  par  un  pendule  répartit  l'air  automatiquement  entre  les  poches  d'avant  et 
d'arrière  pour  maintenir  l'horizontalité  du  ballon.  Pour  augmenter  la  stabilité  et 
prévenir  les  effets  des  courants  d'air  obliques  (ascendants  ou  descendants),  l'auteur 
prévoit  l'addition  d'un  poids  porté  par  deux,  suspentes  de  grande  longueur.  Enfin, 
pour  éviter  les  chances  d'incendie  par  le  moteur,  il  propose  d'envelopper  ce  dernier 
d'une  chemise  incombustible  en  amiante  et  de  conduire  par  un  tube  de  dégagement 
les  produits  de  la  combustion  à  l'arrière  du  ballon. 

»  Données  expérimentales  admises.  —  Pour  ses  calculs  l'auteur  accepte  les  données 
courantes.  Ainsi  il  admet  que  la  résistance  R  de  l'air  est  liée  à  la  vitesse  V  et  à  la 
maîtresse  section  S  par  une  relation  de  la  forme 

(i)  R  =  ASVS 

tout  en  faisant  des  réserves  sur  l'approximation  avec  laquelle  cette  formule  représente 
les  faits  et  sur  la  détermination  de  la  constante  k.  Il  prend  les  valeurs  généralement 
admises  pour  les  efforts  de  tension  que  peuvent  supporter  les  toiles  et  les  tirants; 
quant  à  l'effort  admissible,  par  millimètre  carré,  dans  les  pièces  comprimées,  il  ne 
le  considère  pas  comme  complètement  connu  et  le  fait  intervenir  dans  les  calculs  par 
un  coefficient  littéral  6,  de  façon  à  laisser  une  certaine  latitude  aux  constructeurs 
suivant  la  nature  des  matériaux,  et  la  forme  des  pièces. 

»  Marche  des  calculs.  —  Ces  données  étant  admises  et  le  type  du  ballon  étant 
défini,  l'auteur  admet  que  l'on  construise  divers  ballons  dont  les  formes  extérieures 
seront  géométriquement  semblables,  et  dont  les  grandeurs  seront  caractérisées  par  la 
valeur  d'un  certain  module  L,  égale  au  cinquantième  de  la  longueur  du  ballon.  Il  cal- 
cule en  fonction  de  L  et  du  coefficient  6  déjà  défini  tous  les  poids  qui  en  dépendent, 
excepté  le  poids  du  moteur  et  des  approvisionnements.  En  retranchant  le  poids  ainsi 
calculé  de  la  force  ascensionnelle  on  obtient  le  poids  n  dont  on  dispose  pour  le  moteur 
et  le  pétrole.  L'auteur  montre  que  le  ballon  peut  être  caractérisé  par  la  valeur  de  la 
quantité 

.    _  iU 

('^)  ?=^' 

dans  laquelle  i  représente  le  coefficient  de  rendement  de  l'hélice  et  de  la  transmission, 
S  la  surface  de  la  maîtresse  section  et  A"  le  coefficient  figurant  dans  la  loi  de  la  résistance 
de  l'air.  On  pourra  distribuer  le  poids  n  différemment  entre  le  moteur  et  le  pétrole, 
suivant  qu'on  veut  atteindre  une  grande  vitesse  pendant  un  temps  très  court  ou  une 
plus  petite  vitesse  pendant  un  temps  plus  long.  A  cet  égard,  l'auteur  montre  qu'il 
existe,  entre  la  vitesse  V  et  le  temps  t  pendant  lequel  on  peut  marcher  à  cette  vitesse, 
une  relation  de  la  forme 

....  I        '.2  I 

/i  V"*        mn 
où  m  désigne  le  nombre  de  kilogrammètres  qu'on  peut  produire  par  kilogramme  du 


SÉANCE  DU  21  JUILLET  1902.  l45 

moteur,  et  n  le  nombre  de  kilogrammes  de  pétrole  qu'il  faut  dépenser  pour  produire 
pendant  i  heure  i'^^™  à  la  seconde. 

»   On  peut,    comme    on   a   vu,  calculer  II   en  fonction   de   0  et  de  L;   on  a   alors 
d'après  (2), 

(4)  9=/(/.-,  /,  L,  6); 

portant  cette  valeur  de  n  dans  la  formule  (3)  ci-dessus,  on  obtient  une  relation  entre 

0,     L,     /,     /.,^    V,     t. 

»   Cette   relation   est  traduite  graphiquement  dans  les  monogrammes  {fig.  3)   qui 
donneront  des  indications  utiles  sur  la  marche  à  suivre  dans  les  expériences  et  sur  les 

Fig.  3. 


5000 


100. 

50 -t- 


100       90      80       70       60       SO       "fO       30 


k. 


meilleurs  moyens  à  employer  pour  améliorer  un  type  de  ballon  donné.  La  figure  3 
comprend  deux  monogrammes  :  l'un  (M)  à  triple  réglure,  avec  une  échelle  binaire,  cor- 
respond à  l'équation  (4),  et  l'autre  (N)  à  points  alignés,  correspondant  à  l'équa- 
tion (3).  Il  faut  remarquer  que  k,  i,  0  ne  sont  pas  de  véritables  variables,  mais  des 
paramètres  que  l'auteur  laisse  indéterminés  dans  de  certaines  limites,  car  leurs  valeurs 
expérimentales  ne  sont  pas  entièrement  déterminées.  On  commencera  donc  par  fixer 
les  valeurs  de  ces  trois  paramètres,  puis,  en  choisissant  le  module  L,  on  lit  sur  l'échelle 
du  monogramme  M  la  valeur  de  la  caractéristique  o.  On  reporte  cette  valeur  sur 
l'échelle  du  monogramme  N  et  celui-ci  donne  le  temps  t  pendant  lequel  on  pourra 
marcher  à  une  vitesse  V;  inversement,  en  se  donnant,  dans  des  limites  possibles, 
t  et  V,  on  peut,  en  remontant,  calculer  cp  et  L. 

»  Conclusions.  —  En  résumé,  le  travail  de  M.  Torres  constitue  une  con- 
tribution très  intéressante  à  la  théorie  des  ballons  dirigeables.  L'avant- 
projet  est  bien  étudié,  et,  tout  en  faisant  ses  réserves  sur  les  difficultés 

C.  R.,  T902,    2'  Semestre.  (T.  CXXXV,  N"  3.)  19 


l46  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

d'exécution  pratique,  la  Commission  estime  qu'il  y  aurait  intérêt,  pour  le 
progrès  de  la  Science,  à  ce  que  l'aérostat  de  M.  Torres  fut  expérimenté.   » 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  mises  aux  voix  et  adoptées. 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

M.  Odier  adresse  un  «  Essai  d'une  théorie  mathématique  des  conso- 
nances et  des  dissonances  musicales  ». 

(Commissaires  :  MM.  Mascart,  Violle.) 

M.  Senemaud  demande  l'ouverture  de  deux  plis  adressés  antérieure- 
ment par  lui,  et  y  joint  une  Note  complémentaire  :  ces  diverses  pièces 
sont  relatives  à  la  stabilité  des  appareils  aviateurs,  plus  lourds  que  l'air. 

(Renvoi  à  la  Commission  des  Aérostats.) 

CORRESPONDANCE. 

L'Académie  désigne  MM.  G.  Darboux  et  E.  Picard  pour  la  représenter 
aux  fêtes  du  centenaire  du  grand  mathématicien  N.-H.  Abel,  qui  auront 
lieu  à  Christiania  les  5-7  septembre. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  présente  à  l'Académie  deux  Volumes  portant 
pour  titre  :  «  International  Catalogue  of  scientific  literature,  first  annual 
issue;  D,  Chemistry,  Part  I,  et  M,  Botany,  Part  I  ». 

Ce  sont  les  deux  premiers  parus  du  grand  Catalogue  international  dont 
la  Société  royale  de  Londres  a  entrepris  la  publication,  avec  le  concours 
de  tous  les  pays  civilisés. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

1°  Trois  Volumes  portant  pour  titre  :  «  IV®  Congrès  international  de 
Chimie  appliquée,  tenu  à  Paris  du  23  au  28  juillet  1900.  Compte  rendu 


SÉANCE    DU    21    JUILLET    I902.  l/J^ 

in  extenso,  par  MM.  Henri  Moissan  et  François  Dupont  »,  (Présenté  par 
M.  Moissan.) 

1^  Un  Ouvrage  de  M.  Gino  Loria,  traduit  en  allemand  sous  le  titre  : 
«  Spezielle  algebraische  und  transcendente  ebene  Rurven,  Théorie  und 
Geschichte  ».  (Présenté  par  M.  Haton  de  la  Goiipillière.) 

3°  Un  Volume  intitulé  :  «  Die  Mechanik  des  Himmels,  Vorlesungen 
von  Carl-Ludwig  Charlier ,    erster  Band  ».  (Présenté  par  M.  H.  Poincaré.) 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Mission  de  la  Martinique.  Extrait  d'une  Lettre 
de  M.  Lacroix  à  M.  Michel-Lévy. 

«  I"  juillet  1902. 

»  ....  L'activité  du  volcan  est  minime  en  ce  moment;  nous  n'avons 
observé  aucune  éruption  importante;  de  temps  en  temps  le  cratère,  situé 
sur  le  revers  Sud-Ouest  de  la  Montagne  Pelée,  près  du  sommet,  lance  des 
colonnes  de  fumée  et  de  cendres  fines,  que  le  vent  dominant  rejette  dans 
la  direction  du  Prêcheur. 

»  Toute  la  partie  de  l'île  comprise  entre  l'îlot  de  La  Perle  et  Saint-Pierre 
offre  jusqu'à  la  mer  un  aspect  saisissant.  Toute  végétation  a  disparu;  plus 
d'arbres,  les  détails  du  sol  apparaissent  comme  dans  une  carte  en  relief,  qui 
serait  couverte  de  cendres  d'un  gris  clair.  Quand  on  est  dans  le  nuage  de 
cendres,  le  paysage  prend  l'aspect  de  celui  que  l'on  voit  à  travers  la  fumée 
d'un  four  à  chaux. 

»  Du  côté  Est  et  Nord,  la  végétation  a  repris  jusqu'à  l'altitude  de  5oo™ 
à  600™;  c'est  au-dessus  seulement  que  l'on  observe  cet  aspect  désolé 
qui  caractérise  le  versant  occidental. 

»  Nous  avons  séjourné,  la  nuit  dernière,  vis-à-vis  de  Saint-Pierre  et  nous 
n'avons  vu  sortir  du  cratère  que  de  vagues  lueurs.  Depuis  notre  arrivée, 
le  sommet  de  la  Montagne  Pelée  a  toujours  été  dans  le  brouillard;  nous 
avons  cependant  fait  l'ascension  avant-hier;  nous  sommes  arrivés  à  l'ancien 
lac  des  Palmistes,  sous  une  pluie  dont  vous  n'avez  pas  l'idée;  il  est  rem- 
blayé par  de  la  cendre  transformée  en  boue,  et  celle-ci  est  traversée  par 
une  fente  rectiligne  Nord  Ouest,  d'environ  i'"  de  profondeur,  qui 
paraît  servir  à  l'écoulement  des  eaux  dans  la  direction  de  la  Basse-Pointe. 
En  tout  cas,  celte  fente  n'émet  aucune  fumerolle. 

»  Grâce  à  une  éclaircie,  nous  avons  vu  plusieurs  autres  fentes  de  même 
nature.  Nos  nègres  ont  à  ce  moment  refusé  de  marcher;    nous  sommes 


l/jS  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

arrivés  peu  après  à  l'autre  bord  de  l'ancien  lac,  où  nous  avons  touché  un 
petit  piton  d'andésite  rouge,  à  la  cote  i25o'".  Il  est  probable  que  c'est  là 
un  reste  du  Morne  Lacroix;  mais  la  brume  était  alors  si  épaisse  qu'il  nous 
a  été  impossible  de  savoir  s'il  existait  des  sommets  plus  élevés. 

))  Nous  avons  été  arrêtés  par  un  à  pic  de  plusieurs  centaines  de  mètres, 
donnant  dans  le  cratère;  les  parois,  malgré  une  pente  de  près  de  60° 
jusqu'au  bord  même  du  gouffre,  sont  recouvertes  par  de  la  cendre  trans- 
formée en  boue,  atteignant  par  places  une  épaisseur  d'au  moins  80*^™. 
Nous  n'avons  pu  aborder  le  bord  du  gouffre  qu'en  entrant  là  dedans 
jusqu'aux  genoux. 

»  Cette  cendre  provient  certainement  d'éruptions  postérieures  aux 
grandes  explosions;  elle  recouvre  en  effet  les  grosses  bombes  que  l'on 
rencontre  ça  et  là  sur  l'emplacement  de  l'ancien  lac.  Des  bombes  de 
moindre  dimension  abondent  sur  les  parois  est  de  la  montagne,  jusqu'à 
une  altitude  d'environ  680™;  elles  sont  constituées  par  une  andésite  vi- 
treuse. 

»  On  nous  avait  parlé  d'un  nouveau  cratère  qui  se  serait  ouvert  auprès 
du  Camp  de  Trianon,  au-dessus  d'Ajoupa-Bouillon;  nous  n'y  avons  vu 
qu'un  très  profond  ravin,  anciennement  creusé  dans  les  tufs  andésifiques 
(rivière  Falaise),  et  qui  aurait  donné  à  plusieurs  reprises  de  forts  dégage- 
ments gazeux  dont  il  ne  reste  aucune  trace  aujourd'hui  ;  il  me  semble  que  les 
cendres  voisines  proviennent  du  grand  cratère. 

»  Les  seules  manifestations  actives  que  nous  ayons  pu  étudier  de  près 
sont  de  nombreuses  fumerolles,  sortant  des  vallées  des  rivières  Sèche  et 
Blanche,  et  de  l'embouchure  de  la  rivière  des  Pères.  Il  semble  que  ces  val- 
lées soient  d'anciennes  fractures  rouvertes.  Les  fumerolles  s'y  observent 
depuis  le  cratère  jusqu'à  la  mer;  les  unes  sont  intermittentes  et  émettent 
des  torrents  de  vapeur  d'eau  sortant  soit  du  lit  même  de  la  rivière,  soit 
des  talus  élevés  qui  l'encaissent  et  qui  sont  constitués  par  des  cendres  et 
des  blocs  charriés.  Alors  la  vapeur  constitue  des  volutes  blanches,  très 
denses,  qui  roulent  lentement  jusqu'à  la  mer,  d'oi^i  l'on  pourrait  croire  de 
loin  qu'elles  sortent. 

»  D'autres  fumerolles  sont  permanentes;  les  unes  à  too°  sont  riches  en 
hydrogène  sulfuré,  et  déposent  à  leur  émergence  de  nombreux  cristaux  de 
soufre;  les  autres,  à  une  température  supérieure  à  36o",  donnent  du  chlor- 
hydrate d'ammoniaque. 

»  Je  ne  vous  ai  pas  encore  parlé  de  Saint-Pierre;  l'aspect  de  cette  ville 
détruite  est  lugubre;   cette  nuit,  le  commandant  du  d' Assas  nous  a  fait 


SÉANCE    DU    2T    JUILLET    T902.  1^9 

passer  près  du  rivage  et  a  éclairé  les  ruines  avec  ses  projecteurs;  c'était  un 
spectacle  tout  à  fait  impressionnant.  Nous  avons  longuement  étudié  la 
ville  en  tous  sens;  le  quartier  du  Port  ne  fournit  plus  rien,  tout  a  été  rasé  ; 
le  quartier  du  centre  est  moins  entièrement  détruit,  mais  c'est  surtout  celui 
du  Mouillage  qui  fournit  d'utiles  indications.  La  plupart  des  murs  préservés 
ont  une  orientation  moyenne  N.-S.;  c'est  aussi  la  direction  des  arbres 
couchés,  du  phare  renversé;  c'est  celle  du  déplacement  horizontal  des 
pierres  du  cimetière. 

»  Il  n'est  tombé  à  Saint-Pierre  que  de  la  cendre  fine,  mêlée  de  petits  la- 
pillis,  et  en  quantité  relativement  peu  considérable.  On  n'y  observe  aucune 
bombe;  il  faut  donc  admettre  que  la  destruction  de  cette  ville  a  été  pro- 
duite par  des  dégagements  gazeux  à  haute  température,  provenant  directe- 
ment du  cratère  et  animés  d'un  rapide  mouvement  N.-S.  Je  ne  vous  parle 
pas  aujourd'hui  des  récits  des  rares  témoins  du  phénomène  ;  nous  cherchons 
à  dégager  la  vérité  de  ces  récits  contradictoires,  et  je  crains  qu'il  ne  reste 
beaucoup  d'incertitude  à  cet  égard. 

))  J'avais  pensé  pouvoir  tirer  d'utiles  renseignements  de  l'étude  des 
objets  métalliques  trouvés  dans  les  ruines  ;  malheureusement  l'incendie  a 
superposé  ses  effets  à  ceux  du  volcan  et  vient  beaucoup  compliquer  la  ques- 
tion; les  inondations  subséquentes  comblent  tous  les  jours  les  ruines,  dont 
l'aspect  change  rapidement.  S'il  n'y  a  pas  de  nouveaux  paroxysmes,  je  suis 
persuadé  qu'à  la  fin  de  l'année  nous  trouverons  tout  couvert  de  verdure. 

»  La  visite  de  Saint-Pierre  est  pénible  à  beaucoup  d'égards;  il  se  dégage 
de  ces  ruines  une  odeur  d'incendie  et  de  décomposition  cadavérique;  on 
marche  enveloppé  d'un  essaim  de  mouches,  dont  la  plus  grande  abon- 
dance indique  la  présence  de  cadavres  à  fleur  de  terre  ou  à  peine  recou- 
verts par  les  décombres.  La  décomposition  marche,  d'ailleurs,  très  rapide- 
ment, et,  lors  de  notre  dernière  visite,  nous  n'avons  plus  trouvé  de 
cadavres  à  chair  visible,  comme  le  premier  jour.  Ajoutez  à  cela  une  cha- 
leur torride,  augmentée  par  celle  des  incendies  qui  couvent  encore  çà  et 
là  :  un  dépôt  de  charbon  est  encore  incandescent  pendant  la  nuit. 

»  M.  Rollet  de  l'Isle  a  fait  de  nombreux  sondages,  d'où  il  résulte  que 
les  fonds  voisins  de  la  côte  n'ont  pas  changé  sensiblement;  il  poursuit 
ses  recherches  vers  le  nord. 

))  Les  pluies  torrentielles  ont  causé  de  terribles  ravages;  les  bourgs  du 
Prêcheur,  de  Sainte-Phdomène,  de  Basse-Pointe  ont  été  en  partie  détruits 
par  des  torrents  de  boues  et  de  blocs,  dont  l'accumulation  a  parfois, 
comme  à  Basse-Pointe,  changé  l'hydrographie  de  la  côte;  ils  semblent  dus 


l5o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

surtout  aux  pluies  abondantes  dans  la  région  haute  de  la  Montage  Pelée, 
couverte  par  les  projections  récentes  et  aujourd'hui  dépourvue  de  son 
revêtement  ordinaire  d'herbes  et  de  forêts. 

))  Les  tufs  et  les  conglomérats  jouentUe  rôle  dominant  dans  la  constitu- 
tion de  la  montagne. . .. 

»  Nous  avons,  M.  Giraud  et  moi,  fait  de  nombreuses  observations  géo- 
logiques; plus  des  trois  quarts  de  l'île  sont  en  tufs  ou  en  brèches;  il  y  a 
peu  d'affleurements;  le  pays  est  entièrement  cultivé  et  couvert  par  une 
luxuriante  et  admirable  flore  tropicale;  les  roches  superficielles  sont 
extrêmement  altérées.  ...» 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  la  généralisation  du  prolongement  analytique. 
Note  de  M.  Emile  Borel,  présentée  par  M.  P.  Painlevé. 

«  Les  remarquables  résultats  publiés  par  M.  Painlevé  dans  les  Comptes 
rendus  du  7  juillet  donnent  une  nouvelle  actualité  à  la  théorie  des  fonc- 
tions (M)  et  du  prolongement  analytique  généralisé;  il  ne  me  paraît  pas 
inutile  de  montrer  que  ces  résultats  non  seulement  ne  contredisent  en 
rien  les  idées  que  j'ai  émises  à  ce  sujet,  mais  encore  contribuent  à  faire 
espérer  que  ces  idées  pourront  conduire  à  une  théorie  plus  générale  que 
celle  de  Weierstrass  et  aussi  cohérente. 

»  Je  rappelle  d'abord  la  définition  que  j'ai  donnée  ('  )  à' une  fonction  (JA) 
sur  un  segment  AB  :  c'est  une  fonction  admettant  des  dérivées  de  tous  les  ordres 
en  tous  les  points  de  AB  et  telle  que  la  fonction  (M)  correspondant  à  un  point 
quelconque  de  AB  la  représente  sur  tout  le  segment.  Celte  définition  conduit 
naturellement  à  une  extension  de  la  théorie  du  prolongement  analytique  : 
cette  extension  n'est  jamais  en  contradiction  avec  la  théorie  classique.  Réser- 
vons d'abord  le  cas  d'une  ligne  singulière,  ouverte  ou  fermée;  j'ai,  depuis 
longtemps,  indiqué  que  toute  généralisation  de  la  théorie  du  prolongement 
conduirait  à  modifier  la  notion  de  l'uniformité,  c'est-à-dire  à  faire  regarder 
comme  non  uniformes  des  fonctions  uniformes  au  point  de  vue  classique; 
cette  remarque  a  même  été  l'origine  de  mes  recherches  sur  ce  sujet  (-). 

»  Considérons  maintenant  un  point  singulier  C,  isolé  sur  AB;  d'après  la 
définition  qui  vient  d'être  rappelée,  il  ne  suffit  pas  qu'un  développement 

(^)  Comptes  rendus,  t.  CXXX,  p.  m 5. 

(■'')  Comptes  rendus,  avril  1894,  et  Thèse  de  Doctorat. 


SÉANCE  DU  21  JUILLET  1902.  l5l 

relatif  à  un  point  de  AC  donne  une  série  convergente  sur  CB;  il  faut  aussi  que 
Ton  puisse  revenir  d'un  point  quelconque  de  CB  et  trouver  sur  AC  la  fonc- 
tion dont  on  est  parti;  il  faut  enfin  que  les  dérivées  existent  en  C  et  que 
le  développement  (M)  correspondant  représente  aussi  la  fonction  sur  ACB. 
Ces  diverses  conditions  ne  sont  pas  vérifiées  dans  les  exemples  que  donne 
M.  Painlevé.  Ces  exemples  ne  sauraient  donc  entraîner  aucune  restriction 
nouvelle  à  la  définition  des  fonctions  (M). 

))  Il  était  d'ailleurs  aisé  de  former  des  développements,  bien  moins  inté- 
ressants que  ceux  de  M.  Painlevé,  au  point  de  vue  de  la  théorie  générale 
des  fonctions,  mais  tout  à  fait  analogues  et  entraînant  les  mêmes  consé- 
quences au  point  de  vue  de  la  généralisation  du  prolongement  analytique. 
On  sait  en  effet  qu'en  remplaçant  les  droites  de  M.  Mittag-Leffler  par  des 
courbes  quelconques,  et  en  particulier  par  des  spirales  logarithmiques,  il 
est  possible  de  définir  les  diverses  branches  de  toute  fonction  non  uniforme  ; 
si/,,/o,  .  .  .,  4  désignent  n  de  ces  développements  et  si  l'on  pose 

/      \  P ^1./l  -^   Cl^fl-\-  .    .    .-^r-   Cl,iJ,i 

^     ^  "  flf,  H-  «2  +  .  .  .  +  «,j  ' 

on  obtient  un  développement  qui  représente  la  fonction  au  voisinage  de 
l'origine,  et  qui,  dans  certaines  régions  du  plan,  représente  une  combi- 
naison linéaire  des  n  branches  considérées.  Il  y  a  seulement,  en  général, 
des  lignes  de  discontinuité;  mais  en  choisissant  un  point  singulier  où  la 
fonction  reste  finie,  il  peut  y  avoir  continuité  sur  une  droite  issue  de  l'ori- 
gine et  passant  par  ce  point. 

))  On  pourrait  ainsi  concevoir  une  théorie  plus  étendue  que  celle  du 
prolongement  analytique,  et  dans  laquelle  on  étudierait  un  co/p5  de  fonctions 
comprenant  à  la  fois  les  diverses  branches  d'une  même  fonction  analytique, 
et  leurs  combinaisons  de  la  forme  (i);  d'ailleurs,  une  fonction  f  ne  serait 
dite  un  représentant  cojnplet  du  corps  que  si,  en  partant  de  f,  on  peut 
retrouver  toutes  les  fonctions  du  corps  :  c'est  ce  qui  a  lieu  visiblement,  au 
moins  pour  une  fonction  algébrique,  si  a,,  «2»  •  • .,  cin  sont  quelconques. 

»  Mais  revenons  à  la  généralisation  proprement  dite  de  la  théorie  du 
prolongement  analytique;  il  ne  suffit  pas  qu'elle  ne  soit  pas  en  contradic- 
tions avec  la  théorie  classique,  il  faut  aussi  qu'elle  ne  soit  pas  en  contra- 
diction avec  elle-même  et  surtout  qu'elle  ne  soit  pas  trop  compliquée. 
C'est  pourquoi  il  me  paraît  qu'on  sera  amené  à  faire  un  choix  parmi  l'infi- 
nité des  développements  (M)  possibles  :  ce  choix  sera  d'autant  plus  aisé 
que  ces  développements  auront  été  mieux  étudiés.  Il  se  présentera  des 


132  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

facilités  particulières  dans  l'élude  des  fonctions  (M)  uniformes  dans  une  ré- 
gion du  plan  :  c'est  sans  doute  par  elles  qu'il  y  aura  lieu  de  commencer. 
Les  résultats  obtenus  par  M.  Helge  von  Koch  et  par  M.  Painlevé  pour  les 
fonctions  méromorphes  permettraient  d'ailleurs,  sans  doute,  dans  cer- 
tains cas,  de  former  un  développement  donnant  la  valeur  de  ces  fonctions 
e/i  tous  les  points  où  la  fonction  a  une  valeur  finie.  Il  suffirait,  pour  cela,  de 
considérer  la  fonction 


î(-^)=i:ss 


A 


^  À^  À^  pa-\-qb-\-rc 

'        '  a  -h  b  -]-  c 

et  de  prendre  les  numérateurs  A^^^,.  assez  petits;  on  pénétrerait  ainsi  à 
l'intérieur  du  triangle  lacunaire  abc  :  il  y  aurait  lieu  d'y  étudier  la  conver- 
gence. Mais  la  non-uniformité  de  la  convergence  entraîne  de  graves  diffi- 
cultés, et  il  sera  sans  doute  préférable,  malgré  l'importance  et  la  beauté 
des  résultats  obtenus,  de  se  borner  d'abord  aux  séries  telles  que  la  conver- 
gence dans  une  aire  quelconque  entraîne  la  convergence  uniforme  dans  toute 
aire  intérieure.    » 


Observations  sur  la  Communication  précédente,  par  M.  P.  Painlevé. 

«  Les  restrictions  imposées  par  M.  Borel  aux  séries  (M)  qui  peuvent 
représenter  une  fonction  (M)  rendent,  en  effet,  peu  vraisemblable  qu'il 
puisse  se  présenter  une  contradiction  entre  ses  définitions  et  la  théorie  des 
fonctions  analytiques.  Je  crois  intéressant,  toutefois,  de  signaler  l'exemple 
suivant  :  j'ai  pu  former  des  séries  (M)  qui  convergent  pour  toutes  les  va- 
leurs réelles  de  la  variable  x,  ainsi  que  toutes  les  séries  dérivées  terme  à 
terme  et  qui  répondent  aux  conditions  suivantes  : 

M  1°  La  somme  F(a:)  de  la  série  est  continue,  ainsi  que  toutes  ses  dé- 
rivées, quel  que  soit  x  (et  ces  dérivées  s'obtiennent  en  dérivant  la  série 
terme  à  terme). 

))  1°  Si  l'on  forme  la  même  série  (M)  en  prenant  .Xp  comme  origine,  à 
l'aide  des  valeurs  F(x\,),  r'(j?y),  etc.,  la  série  ainsi  obtenue  jouit  des 
mêmes  propriétés  et  représente  encore  Y(x).  Il  n'y  a  d'exception  que  pour 
.Tq  =  i;  en  ce  point,  toutes  les  dérivées  de  F  {x)  sont  nulles  et  la  série  (M) 
correspondante  se  réduit  à  une  constante. 

»   3°  Pour  a;^i,  'P{x)  coïncide  avec  une  fonction  analytique  (holo- 


SÉANCE  DU  21  JUILLET  1902.  l53 

morphesur  l'axe  réel  sauf  pour  x  =  i):  pour  x^i,  F(^)  coïncide  avec  une 
fonction  analytique  toute  différente. 

»  Dans  cet  exemple,  les  conditions  de  M.  Borel  sont  remplies,  à  cela 
près,  circonstance  essentielle,  que,  pour  x^i  —  l,  la  condition  2°  est  en 
défaut. 

»  J'ajoute  que  la  remarquable  théorie,  ainsi  amorcée  par  M.  Borel,  ne  me 
paraît  pouvoir  sortir  du  domaine  purement  spéculatif  que  le  jour  où  l'on 
aura  formé  explicitement  une  série  (M)  telle  que  sa  convergence  en- 
traîne d'elle-même  les  conditions  énoncées  par  M.  Borel,  ainsi  qu'il  arrive 
pour  la  série  de  Taylor.  » 


ÉLECTRICITÉ.  —  Anomalies  présentées  par  la  charge  de  conaucteurs  isolés 
sur  des  dièleclriques  solides.  Phénomènes  magnétiques  particuliers  constatés 
au  voisinage  de  nœuds  d'oscillations  électriques.  Note  de  M.  V.  Crémieu, 
présentée  par  M.  H.  Poincaré. 

«  Au  cours  des  recherches  sur  la  convection  électrique  que  j'ai  résumées 
dans  une  précédente  Note,  j'ai  observé  les  deux  séries  de  faits  suivantes  : 

»  i**  Dans  ces  expériences,  des  secteurs  de  micanite  mobiles  dorés  sur 
les  deux  faces  se  chargeaient  par  influence  entre  deux  secteurs  fixes  et  l'on 
pouvait  mesurer  la  charge  prise,  puis  abandonnée  par  eux.  En  faisant  des 
séries  de  mesures  quand  on  charge  les  secteurs  fixes  successivement  -f-  et  —  , 
on  a  observé  que  les  débits  mesurés  sont  constamment  plus  forts  quand  les 
secteurs  mobiles  sont  chargés  positivement  que  lorsque  leur  charge  est 
négative. 

»  Dans  certaines  séries,  les  secteurs  de  micanite  étaient  entièrement 
dorés;  ils  étaient  isolés  les  uns  des  autres  par  l'air  et  le  disque  d'ébonite 
sur  lesquels  ils  sont  fixés.  La  dissymétrie  entre  les  débits  des  deux  signes 
atteint  alors  25  à  3o  pour  100  en  faveur  des  charges  positives. 

»  Dans  d'autres  séries,  les  secteurs  de  micanite  étaient  dorés  sur  5*^™  de 
large,  l'isolement  était  dû  à  la  micanite  même,  à  l'ébonite  et  à  l'air.  La 
dissymétrie  était  alors  de  75  à  100  pour  100  en  faveur  des  charges  positives. 

»  Enfin,  dans  certaines  conditions,  qui  n'ont  pu  être  encore  exacte- 
ment précisées,  la  dorure,  après  avoir  été  chargée  positivement  pendant 
un  certain  temps,  refuse  complètement  de  se  charger  négativement;  les 
débits  négatifs  deviennent  nuls. 

»   Ces  phénomènes,  qui  paraissent  dus  à  la  pénétration  des  charges,  se 

G.  R.,  1902,  2«  Semestre.  (T.  CXXXV,  N°  3.)  20 


l54  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

produisent  dès  les  premières  mesures  effectuées  même  avec  des  diélec- 
triques neufs.  Ils  paraissent  ne  se  produire  qu'à  partir  de  certains 
voltages,  4ooo  volts  pour  la  micanite,  beaucoup  pluâ  pour  l'ébonite. 

»  Lorsqu'on  fait  des  séries  de  mesures  en  élevant  graduellement  le 
potentiel  de  charge,  les  dissymétries  augmentent  avec  ces  potentiels  et 
sont  toujours  en  faveur  des  charges  positives;  mais,  si  l'on  vient  à  diminuer 
ensuite  les  potentiels,  on  constate  que  les  dissymétries  sont  en  faveur  des 
charges  négatives  et  du  même  ordre  de  grandeur. 

»  L'étude  de  ces  faits  est  rendue  extrêmement  difficile,  parce  que  les  phé- 
nomènes dépendent  en  partie  de  l'état  initial  des  diélectriques,  qu'il  est 
impossible  de  connaître. 

))  2°  Au  cours  des  vérifications  opérées  à  l'aide  de  la  nappe  témoin 
placée  sous  les  secteurs  mobiles,  le  phénomène  suivant  a  été  observé  : 

»  Imaginons  une  lame  métallique  L,  reliée  à  l'extrémité  d'un  conduc- 
teur C  sans  self-induction  et  de  faible  résistance,  dont  l'autre  extrémité 
est  au  sol.  Plaçons  au-dessus  de  la  lame  L,  supposée  horizontale,  un 
svstème  astatique  enfermé  dans  un  écran  électrique.  Si  nous  venons  alors 
à  décharger  un  condensateur  en  un  point  du  conducteur  €  intermédiaire 
entre  L  et  le  sol,  le  système  magnétique  placé  au-dessus  de  L  recevra  une 
violente  impulsion,  suivie  d'un  changement  de  zéro  très  notable  qui  dé- 
note une  véritable  démagnétisation  des  aiguilles  aimantées. 

»  Avec  des  systèmes  très  sensibles,  les  impulsions  ont  provoqué  plusieurs 
tours  complets  et  le  zéro  a  varié  de  i8o°. 

»  Si  la  lame  L  est  placée  verticalement,  en  avant  ou  en  arrière  du  sys- 
tème astatique,  celui-ci  reçoit  des  impulsions  d'un  caractère  différent.  JLe 
système  astatique  se  comporte  comme  s'il  recevait  un  choc  latéral;  on  ne 
constate  d'ailleurs  pas  de  changement  de  zéro  dans  ce  second  cas. 

»  Si  l'on  décharge  le  condensateur  sur  la  ligne  C  à  travers  une  forte 
résistance  liquide,  tous  ces  phénomènes  disparaissent.  Ils  disparaissent 
encore  si  l'on  interpose  un  très  large  écran  électrique,  relié  au  sol,  entre  la 
lame  et  l'écran  électrique  qui  contient  le  système  astatique.  Au  contraire, 
un  écran  de  faibles  dimensions  par  rapport  à  L,  et  relié  au  sol,  ou  un 
large  écran  isolé,  sont  sans  action  appréciable. 

»  Enfin,  si  l'on  relie  la  lame  L  à  un  deuxième  fil  dont  l'autre  extrémité 
soit  solée  et  loin  de  L,  le  système  astatique  ne  reçoit  plus  aucune  impul- 
sion. Ce  dernier  fait  semble  bien  démontrer  que  la  lame  L  doit  se  trouver 
à  un  nœud  de  vibration  pour  produire  les  effets  décrits. 

»  Il  semble  donc  bien  que  ces  phénomènes  présentent  un  caractère 


SÉANCE    DU    7.1    JUILLET    T902.  IJO 

hertzien.  Mais  leur  action  sur  des  aimants  permanents,  protégés  par  nu 
écran  électrique  fermé,  paraît  pour  le  moment  inexplicable. 

»  Il  semble  cependant  qu'on  puisse  déjà  en  tirer  une  conclusion  relative 
aux  expériences  de  convection  électrique. 

»  Dans  toutes  ces  expériences,  on  charge  et  décharge  brusquement  des 
corps  en  mouvement;  ces  mouvements  eux-mêmes  s'accompagnent  de 
variations  assez  brusques  dans  la  distribution  électrique.  Il  est  vraisem- 
blable que  ces  variations  et  ces  décharges  donnent  lieu  à  des  phénomènes 
de  l'ordre  de  celui  que  je  viens  de  décrire,  et  ceux-ci  pourront  agir  sur 
les  systèmes  magnétiques  ou  les  bobines  induites  placées  au  voisinage, 
même  à  l'intérieur  d'écrans  électriques. 

»  Il  est  impossible  de  tirer,  pour  le  moment,  de  ces  différents  faits,  des 
conclusions  définitives  au  sujet  de  l'effet  magnétique  de  la  convection 
électrique.  J'ai  cru  toutefois  devoir  les  signaler  dès  maintenant  à  l'atten- 
tion des  expérimentateurs  qui  ont  abordé  le  sujet. 

»  En  particulier,  les  dissymétries  observées  dans  la  charge  des  couches 
métalliques  déposées  sur  des  diélectriques  solides  montrent  combien  sont 
illusoires  les  calculs  basés  sur  la  capacité  géométrique  de  ces  couches,  et 
les  coïncidences  entre  les  résultats  de  pareils  calculs  et  des  prévisions 
théoriques.  » 


ÉLECTRICITÉ.  —  Sur  les  phénomènes  mécaniques  de  la  décharge  disruptîve. 
Note  de  M.  Jules  Semejîov,  présentée  par  M.  Lippmann. 

«  Il  V  a  lieu  de  se  demander  dans  quel  état  se  trouve  la  matière  trans- 
portée d'un  pôle  à  l'autre,  lors  d'une  décharge  électrique?  On  admet 
^^énéralement  que,  lorsqu'une  étincelle  jaillit  entre  deux  conducteurs,  les 
particules  matérielles  sont  arrachées  de  chaque  pôle  et  transportées  sur  le 
pôle  opposé.  Or^  j'ai  pu  me  convaincre  que  tel  n'est  pas  le  cas.  Comme  les 
phénomènes  qui  se  produisent  sur  les  deux  pôles  sont  d'espèces  diffé- 
rentes, nous  allons  les  analyser  chacun  séparément. 

))  Je  fais  passer  la  décharge  d'une  bobine  d'induction  entre  une  flamme 
de  2[az  et  une  solution  saline  renfermée  dans  un  tube  de  verre  de  o'"'",5 
à  I™'"  de  diamètre  intérieur.  Lorsque  la  solution  est  placée  au  pôle  néga- 
tif, les  particules  constituant  le  flux  anodique  arrivent  avec  une  grande 
vitesse  sur  la  surface  du  liquide  qui,  sous  l'influence  de  cette  chute,  jaillit 
du  tube  sous  forme  d'un  jet  lumineux.  Ce  jet,  qui  peut  atteindre  plusieurs 


l56  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

millimètres  de  longueur,  est  doué  d'un  éclat  considérable,  fait  dont  on  à, 
comme  on  sait,  tiré  un  grand  profit  pour  l'étude  spectroscopique  des  solu- 
tions salines.  J'ai  trouvé  que  la  direction  du  jet  dépend  de  l'angle  formé 
par  le  plan  de  l'orifice  du  tube  avec  l'axe  de  ce  dernier.  Quand  l'ouver- 
ture est  droite,  le  jet  lumineux  du  liquide  paraît  se  diriger  parallèlement 
à  l'étincelle.  Mais  si  l'on  taille  en  biseau  l'extrémité  du  tube,  le  jet  lumi- 
neux, tout  en  conservant  sa  base  au  point  d'aboutissement  de  l'étincelle, 
s'en  écarte  d'autant  plus  que  l'angle  d'incidence  de  l'étincelle  est  plus 
grand.  On  peut  en  conclure  que  le  flux  anodique,  en  se  réfléchissant  sur 
la  surface  du  pôle  négatif  liquide,  entraîne  avec  lui  une  partie  de  la  solu- 
tion saline,  sous  forme  de  jet  lumineux.  L'énergie  du  flux  anodique  sert 
de  la  sorte  à  la  production  du  travail.  Il  en  résulte  que  la  cathode  s'échauffe 
beaucoup  moins  que  dans  le  cas  où  il  n'y  a  pas  de  travail  produit.  Et,  de 
ce  fait,  le  liquide  du  pôle  négatif  n'entre  jamais  en  ébuUition;  par  contre, 
la  quantité  de  chaleur  dégagée  sur  une  cathode  solide,  où  il  n'y  a  aucune 
production  de  travail,  est  suffisante  pour  faire  fondre  une  aiguille  en  acier. 

»  La  réflexion  du  flux  anodique  sur  le  gaz  donne  lieu  au  même  phéno- 
mène que  dans  le  cas  des  liquides.  J'ai  déjà  signalé,  dans  une  Communica- 
tion antérieure  (*),  le  dédoublement  de  la  flamme  au  pôle  négatif,  et  j'ai 
donné  le  nom  de  reflux  cathodique  à  ce  phénomène.  On  peut  le  définir 
comme  un  entraînement  de  matière  par  le  flux  anodique  après  sa  réflexion 
sur  la  cathode. 

))  J'ai  observé  encore  un  autre  phénomène  secondaire,  accompagnant  la 
réflexion  du  flux  anodique  sur  la  cathode  liquide.  Il  consiste  dans  la  forma- 
tion, autour  de  la  cathode,  d'une  nuée  de  gouttelettes  microscopiques  volti- 
geant autour  de  l'étincelle  comme  la  poussière  dans  un  faisceau  de  rayons 
lumineux.  Une  lame  de  verre,  introduite  dans  cette  région,  se  recouvre 
d'une  buée  qui,  examinée  au  microscope,  se  présente  comme  une  multitude 
de  gouttelettes  toutes  de  même  ordre  de  grandeur  (quelques  centièmes 
de  millimètre).  Le  liquide  s'évapore  très  vite,  abandonnant  sur  le  verre 
des  cristaux  parfaitement  bien  formés.  Quand  le  liquide  faisant  office  de 
cathode  est  une  solution  de  NaCl,  on  aperçoit,  au  microscope,  sur  la  lame 
de  verre,  des  cubes  transparents  assemblés  en  anneaux  et  dessinant  ainsi 
les  contours  des  gouttelettes  évaporées;  à  l'intérieur  de  ces  anneaux  se 
trouvent  clairsemés  d'autres  cubes  de  plus  grandes  dimensions,  souvent 
munis  de  trémies.  Il  s'ensuit  que  le  liquide,  projeté  sous  forme  de  pous- 


(')  Comptes  rendus,  t.  CXXXIV,  p.  1200. 


SÉANCE    DU    21    JUILLET    1902.  rSy 

sière  en  dehors  du  tube,  n'est  pas  altéré.  La  cause  du  phénomène  en  ques- 
tion est  donc  purement  mécanique.  On  se  trouve  en  présence  de  quelque 
chose  d'analogue  au  nuage  qui  se  forme  au  bas  d'une  chute  d'eau.  Lorsque 
l'ouverture  du  tube,  contenant  la  solution,  est  perpendiculaire  à  l'axe, 
aucun  courant  d'air  extérieur  ne  venant  troubler  le  phénomène,  la  pous- 
sière liquide  se  dirige  vers  le  pôle  positif. 

»  Les  figures  I  et  II  représentent  le  chemin  que  prennent  ces  goutte- 
lettes, suivant  les  conditions  de  l'expérience.  L'étincelle  éclate  entre  deux 
tubes  de  verre  remplis  de  CuCP  et  disposés  horizontalement.  Au-dessous 


de  ces  tubes,  à  une  distance  de  quelques  millimètres,  dans  un  plan  hori- 
zontal, est  placée  une  lame  de  mica  dont  la  forme  et  les  dimensions  sont 
indiquées  sur  les  figures.  Les  extrémités  des  tubes  se  trouvent  juste  au- 
dessus  des  points  extrêmes  du  grand  diamètre  de  l'ouverture  destinée  au 
passage  d'une  petite  flamme.  Lorsque  la  flamme  se  trouve  en  communi- 
cation avec  le  pôle  négatif  {fig^  II),  la  poussière  liquide  se  dirige  vers  le 
pôle  positif,  contournant  la  flamme  et  déposant  des  cristaux  sur  la  lame  de 
mica,  où  elle  trace  ainsi  l'empreinte  de  son  trajet.  Sur  la  figure  I,  la  flamme 
est  positive  :  les  cristaux  se  déposent  à  droite  et  à  gauche  du  pôle  négatif, 
sans  manifester  de  tendance  à  dépasser  la  flamme.  Avec  la  solution  deNaCl, 
on  voit  la  courbe  correspondant  à  la  disposition  de  la  figure  2  se  fermer 
en  ellipse.  Les  sels  lourds  tracent  des  courbes  plus  ouvertes. 

»  Lorsqu'on  fait  passer  la  décharge  entre  une  flamme  et  une  solution 
saline  placée  (dans  un  tube  de  verre)  au  pôle  positif,  l'eau  s'évapore  très 
vite  et  il  pousse  sur  l'orifice  du  tube  un  champignon  de  sel  décomposé  par 
l'électrolyse  et  par  la  chaleur;  des  vapeurs  métalliques  se  produisent  et  la 


l58  ,    ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

flamme  se  colore  faiblement,  suivant  le  sel  employé.  Mais,  si  le  liquide 
s'écoule  goutte  à  goutte,  l'étincelle  jaillit  entre  la  flamme  et  chaque  goutte 
en  voie  de  formation.  Dans  ce  cas,  ni  l'étincelle  ni  la  flamme  ne  se  colorent 
jamais,  même  quand  on  se  sert  du  NaCl.  Avec  le  dispositif  décrit  plus  haut, 
j'ai  pu,  en  analysant  les  dépôts  cristallins  sur  la  lame  de  mica,  constater 
les  faits  suivants  :  si  l'on  fait  passer  la  décharge  entre  deux  sels  différents, 
par  exemple  entre  une  solution  de  CuSO''  au  pôle  positif  et  une  solution 
de  NaCl  au  pôle  négatif,  il  se  forme  sur  le  mica  un  dépôt  composé  exclu- 
sivement de  cristaux  de  NaCl,  si  l'écoulement  au  pôle  positif  est  constant. 
Mais,  dès  qu'on  arrête  cet  écoulement,  on  voit  se  déposer,  parmi  les  cris- 
taux de  NaCl,  des  globules  opaques  qui  communiquent  une  coloration 
bleue  à  une  goutte  d'ammoniaque.  La  matière  de  l'anode  même  n'est  donc 
transportée  que  si  réchauffement  du  pôle  positif  donne  lieu  à  la  produc- 
tion de  vapeurs  métalliques. 

))  Ces  faits  démontrent  qu'il  n'y  a  pas  d'arrachement  de  particules  du 
pôle  positif  et  que  la  matière  transportée  par  Tétincelle  vers  le  pôle  négatif 
provient  exclusivement  du  gaz  ou  de  la  vapeur  se  trouvant  au  voisinage 
immédiat  du  pôle  positif.  » 


ÉLECTRICITÉ.  —  Photographie d' lin  éclair  multiple .  Note  de  M.  Piltschikoff, 

présentée  par  M.  Mascart. 

«  J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  une  photographie  de  l'éclair, 
faite  le  1 1  mai  dernier  par  M.  Pedaeff,  au  nouvel  observatoire  météorolo- 
gique de  rUniversité  de  Rharkov. 

))  L'intérêt  particulier  de  cette  photographie  consiste  en  ce  qu'elle 
représente  un  éclair  multiple  avec  plusieurs  branches  qui  paraissent  être 
rigoureusement  parallèles.  Une  branche  A  de  l'éclair,  d'une  longueur  d'en- 
viron /j'"™.  traverse  la  plaque  dans  la  direction  horizontale;  elle  est  suivie 
sur  environ  33o™  (comptés  en  ligne  droite)  dans  sa  partie  gauche  par 
une  autre  branche  B,  et  dans  sa  partie  droite,  sur  environ  770™,  par  une 
nouvelle  branche  C.  Ces  deux  branches  B  et  C,  étant  bien  parallèles  à  la 
branche  A,  en  gagnant  le  milieu  de  la  plaque,  quittent  la  branche  princi- 
pale A  et  tombent  au  bas  de  la  plaque  (au  sol)  et,  ce  qui  est  plus  remar- 
quable, les  parties  descendantes  des  branches  B  et  C  sont  aussi  parallèles. 

»  Les  branches  A,  B  et  d'autres  sont  linéaires,  la  branche  C  est  un 
éclair-bande.' 


SÉANCE    DU    21    JUILLET    1902.  l5q 

»  La  distance  entre  les  branches  A  et  B  et  les  branches  A  et  C  dans  leurs 
parties  parallèles  est  au  moins  de'iô"";  entre  les  branches  B  et  C,  dans  leur 
partie  parallèle,  la  distance  est  au  moins  de  22"".  ;> 


PHYSIQUE.  —  Sur  la  biréfringence  magnétique.  Note  de  M.  Qvirino  Majohana, 

présentée  par  M.  Mascarl. 

«  Voulant  rechercher  dans  un  champ  magnétique  un  phénomène  ana- 
logue à  celui  de  Kerr  en  électrostatique,  j'ai  entrepris  des  expériences  en 
faisant  agir  un  champ  magnétique  sur  des  solutions  particulières  de  sub- 
stances magnétiques;  je  signalerai  d'abord  la  biréfringence  magnétique àans 
ïes  solutions  de  chlorure  ferreux  et  de  fer  dialyse. 

y>  Le  champ  magnétique  est  produit  par  un  électro-aimant  du  type  Weiss.  Les  pôles 
sont  garnis  d'expansions  linéaires  avec  un  entrefer  de  o™,oo8;  la  longueur  du  champ, 
normalement  aux  lignes  de  force,  est  de  o«",o7,et  l'intensité  peut  atteindre  tSooo  unités. 
Une  petite  cuvette  destinée  à  recevoir  le  liquide  est  fermée  par  des  plaques  de  verre 
de  la  meilleure  qualité.  La  source  de  lumière  est  une  lampe  électrique  à  filament  très 
brillant,  ou  bien  un  arc  voltaïque.  Entre  la  cuvette  et  l'analyseur  sont  placées  tïeux 
lames  de  verre  qui  peuvent  être  comprimées  par  des  vis  et  peuvent  tournef  séparément 
avec  leur  monture  autour  de  l'axe  optique  du  système.  L'une  d'elles,  C,  convenable- 
ment comprimée  et  tournée,  Compense  la  biréfringence  accidentelle  des  plaques  de  la 
cuvette;  l'autre,  C,  sert  à  mesurer  la  biréfringence  que  l'on  étudie,  autant  du  moins 
que  la  différence  de  marche  reste  inférieure  à  |  de  longueur  d'onde  du  jaune.  Pour 
des  valeurs  supérieures,  on  procède  comme  il  sera  indiqué  par  la  suite. 

»  Après  avoir  introduit  le  liquide  dans  la  petite  cuvette,  on  règle  le  système  des 
niçois  et  le  compensateur  G  de  façon  à  obtenir  l'obscurité.  Si  le  plan  de  polarisation 
est  parallèle  ou  normal  aux  lignes  de  force,  on  ne  voit  jamais  reparaître  la  lumière  en 
excitant  le  champ.  Mais,  si  ce  plan  est  dans  l'azimut  de  45°,  une  certaine  quantité  de 
lumière  reparaît  sous  l'influence  du  champ,  quand  le  liquide  est  actif.  On  peut 
l'éteindre  en  comprimant  le  compensateur  C  parallèlement  ou  normalement  aux 
lignes  de  force.  Ces  deux  cas  correspondent  à  la  manière  dont  se  comporte,  sous 
l'action  du  champ,  un  cristal  uniaxe  parallèle  aux  lignes  de  force,  respectivement 
positif  ou  négatif. 

»  La  solution  de  chlorure  ferreux,  de  récente  préparation  et  peu  concentrée, 
donne  souvent  une  trace  de  biréfringence  positive»  Pour  18000  unités,  la  différence  de 
marche  des  deux  rayons,  ordinaire  et  extraordinaire,  est  égale  à  -^^  ou  j-f^  de  lon- 
gueur d'onde. 

»  Le/e/-  dialyse  ou  oxyde  ferrique  colloïdal  présente,  dans  certains  cas,  des  phé- 
nomènes bien  plus  marqués.  Voici  les  différents  types  de  ce  liquide  : 

»  Premier  type.  —  Il  donne  une  biréfringence  positive  très  nette,  régulièrement 
croissante  avec  le  champ.  On  peut,  dans  tous  les  cas,  la  compenser  en  comprimant  le 


l6o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

compensateur  C  parallèlement  au  champ.  C'est  le  type  le  plus  commun,  et  les  prépa- 
rations ordinaires  récentes  en  fournissent  très  facilement  des  échantillons. 

»  Deuxième  type.  —  Biréfringence  de  même  ordre,  mais  plus  faible,  négative.  Ce 
cas  est  plutôt  rare;  je  ne  l'ai  rencontré  que  dans  des  échantillons  récents  de 
fer  Bravais. 

»  Troisième  type.  —  Biréfringence  d'abord  positive  ;  elle  s'annule  pour  une  certaine 
valeur  du  champ  (point  d'inversion),  pour  devenir  fortement  négative  avec  l'accrois- 
sement du  champ  {fer  Bravais  ou  Erba  ayant  au  moins  lo  années). 

»  Quatrième  type.  —  Biréfringence  faible,  ordinairement  positive,  unie  à  rotation 
bimagnétique.  Ce  type  est  également  assez  rare;  je  ne  m'en  occuperai  pas  pour 
le  moment. 

»  Le  liquide  du  premier  type,  à  la  densité  de  i,  002,  donne,  avec  le  champ  maximum 
(18  000  unités),  une  biréfringence  de  o,33  X  dans  le  rouge.  A  5ooo  ou  6000  unités,  le 
phénomène  est  inobservable. 

»  Pour  le  fer  Bravais  vieux  et  très  actif  (troisième  type),  le  liquide  fut  dilué  à  la 
densité  de  1,001,  parce  qu'il  a  un  grand  pouvoir  absorbant.  A  3ooo  unités,  la  biré- 
fringence positive  est  maximum  (0,6  X);  à  545o  unités,  point  d'inversion;  la  biréfrin- 
gence passe  à  des  valeurs  négatives  et  croît  rapidement  en  valeur  absolue. 

»  Le  compensateur  C  ne  pouvant  plus  servir,  on  le  remplace  par  un  spectroscope 
à  la  suite  de  l'analyseur.  On  observe  seulement  une  partie  du  spectre  d'absorption 
dans  le  jaune,  car,  pour  une  même  valeur  du  champ,  la  biréfringence  varie  avec  la 
couleur. 

»  En  augmentant  la  force  du  champ,  l'extinction  se  reproduit  chaque  fois  que  la 
différence  de  marche  passe  par  un  nombre  entier  de  longueurs  d'onde. 

»  De  cette  manière,  on  peut  faire  les  observations  suivantes  : 

Champ o     545o     85oo     10726     18075     i5ooo     17260 

Biréfringence o        o  X  2X  SX  4^  ^^ 

»  Tous  les  échantillons  de  fer  dialyse  que  j'ai  étudiés  rentrent  dans  ces  trois  cas;  je 
crois  que  la  variété  des  phénomènes  observés  doit  être  attribuée  à  l'âge  des  différents 
échantillons.  Il  est  certain  que,  si  l'oxyde  ferrique  colloïdal  n'est  pas  coagulé  et  est 
très  vieux,  il  présente  des  phénomènes  d'une  netteté  et  d'une  intensité  remarquables. 

»  Le  phénomène  de  l'inversion  rend  l'étude  des  lois  de  la  biréfringence 
assez  difficile.  Si  la  partie  positive  est  très  réduite,  on  peut  vérifier  avec  une 
bonne  approximation,  et  moyennant  le  spectroscope,  les  lois  suivantes: 

»  La  biréfringence  ^  est  :  1°  proportionnelle  à  l'épaisseur  /  du  liquide 
normalement  aux  lignes  de  force;  2*^  à  la  concentration  du  liquide,  ou  à 
l'excès  S  —  I  de  la  densité  par  rapp.ort  à  l'eau  sur  l'unité;  3°  au  carré  du 
champ  H;  4°  en  raison  inverse  du  carré  de  la  longueur  d'onde  X.  D'où  la 
formule 

,/(r:_l)H'-Xf, 


SÉANCE  DU  2  1  JUILLET  1902.  161 

dans  laquelle  k  est  une  constante  et  \^  la  longueur  d'onde  de  la  ligne 
jaune  du  sodium.  De  cette  manière,  les  biréfringences  sont  rapportées  à 
celles  qu'on  observerait  pour  la  couleur  jaune.  Pour  le  fer  Bravais  vieux, 
k=^  —  0,0000048.  Ce  n'est  là,  du  reste,  qu'une  valeur  approchée,  à  cause 
du  point  d'inversion. 

»  Les  mesures  effectuées  m'ont  conduit  à  ranger  parmi  les  liquides  inac- 
tifs ceux  pour  lesquels  on  a,  en  valeur  absolue,  Xr<[2.  io~*.   » 

CHIMIE.   —   Sur  le  poids  atomique   du  radium.  Note  de  M™"  Curie, 
présentée  par  M.  Mascart. 

«  En  concentrant  par  cristallisation  fractionnée  la  plus  grande  partie 
du  baryum  radifère  qui  était  à  ma  disposition,  je  suis  arrivée  à  obtenir  en- 
viron i*^^  de  chlorure  de  radium  parfaitement  pur,  ce  qui  m'a  permis  de 
faire  une  détermination  de  poids  atomique  du  radium. 

»  Il  résulte  des  expériences  qui  suivent  que  le  poids  atomique  du  radium 
est  225  (^),  avec  une  incertitude  ne  dépassant  probablement  pas  une 
unité,  le  radium  étant  considéré  comme  un  élément  bivalent. 

»  La  méthode  employée  consiste  à  doser,  à  l'état  de  chlorure  d'argent, 
le  chlore  contenu  dans  un  poids  connu  de  chlorure  de  radium  anhydre. 
Comme  expériences  de  contrôle,  j'ai  déterminé  le  poids  atomique  du 
baryum  par  la  même  méthode,  dans  les  mêmes  conditions  et  avec  la 
même  quantité  de  matière.  Les  nombres  trouvés  étaient  toujours  compris 
entre  iSy  et  i38.  J'ai  vu  ainsi  que  cette  méthode  donne  des  résultats  satis- 
faisants, même  avec  une  aussi  faible  quantité  de  matière.  ! 

»  Plusieurs  déterminations  ont  été  faites  avec  le  chlorure  de  radium  ;  après  chaque 
opération,  le  radium  était  ramené  à  l'état  de  chlorure  de  la  manière  suivante.  La  liqueur 
contenant,  après  le  dosage,  l'azotate  de  radium  et  l'azotate  d'argent  en  excès  était 
additionnée  d'acide  chlorhydrique  pur;  on  séparait  le  chlorure  d'argent  par  filtration; 
la  liqueur  était  évaporée  à  sec  plusieurs  fois  avec  un  excès  d'acide  chlorhydrique  pur. 
L'expérience  montre  qu'on  peut  ainsi  éliminer  complètement  l'acide  azotique. 

»  Les  pesées  étaient  faites  sur  une  balance  apériodique  Curie,  parfaitement  réglée, 
précise  au  vingtième  de  milligramme.  Cette  balance  à  lecture  directe  permet  de  faire 
des  pesées  très  rapides,  ce  qui  est  une  condition  essentielle  pour  la  pesée  des  chlorures 
anhydres  de  baryum  et  de  radium,  qui  absorbent  lentement  de  l'eau,  malgré  la  pré- 
sence de  corps  desséchants  dans  la  balance.  Les  matières  à  peser  étaient  placées  dans 

(')  En  adoptant  Cl  =  35,4  et  Ag=:  107,8. 

G.  R.,  1902,  i"  Semestre.  (T.  CXXXV,  N"  3.)  2  1 


l62  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

un  creuset  de  platine;  ce  creuset  était  en  usage  depuis  longtemps,  et  j'ai  vérifié  que 
son  poids  ne  variait  pas  d'un  dixième  de  milligramme  au  cours  d'une  opération. 

»  Le  chlorure  hydraté  obtenu  par  cristallisation  était  chauffé  à  l'étuve  pour  être 
transformé  en  chlorure  anhydre.  L'expérience  montre  que,  lorsque  le  chlorure  a  été 
maintenu  quelques  heures  à  ioo°,  son  poids  ne  varie  plus,  même  lorsqu'on  fait  monter 
la  température  jusqu'à  200°  et  qu'on  l'y  maintient  pendant  quelques  heures.  Le  chlo- 
rure anhydre  ainsi  obtenu  constitue  donc  un  corps  parfaitement  défini. 

»  Dans  toutes  les  mesures,  le  chlorure  était  desséché  à  i5o°. 

»  M.  Demarçay  a  bien  voulu  examiner  le  spectre  du  chlorure  de  radium  soumis  à 
l'analyse  et  me  donner  des  renseignements  précieux  sur  l'état  de  pureté  de  cette  sub- 
stance. 

»  Deux  séries  d'expériences  ont  été  faites.  La  première  série  a  été  faite  avec  un 
chlorure  de  radium  que  M.  Demarçay  considérait  comme  sensiblement  pur,  mais 
dont  le  spectre  présentait  cependant  encore  les  trois  raies  principales  du  baryum 
avec  une  intensité  notable.  Les  nombres  obtenus  dans  quatre  opérations  successives 
sont  les  suivants  : 

220,7,  223,0,  222,8,  223,1. 

»  J'ai  entrepris  alors  une  nouvelle  purification  du  produit  et  je  suis  arrivée  à  obte- 
nir une  matière  beaucoup  plus  pure.  M.  Demarçay  pense  que  ce  second  produit  ne 
contient  qu'une  «  quantité  minime  de  baryum,  incapable  d'influer  d'une  façon  appré- 
»  ciable  sur  le  poids  atomique  ». 

»  Voici  le  résultat  de  trois  mesures  faites  avec  ce  radium  parfaitement  pur  : 

225,3,  225,8,  224,0. 

»  Ces  nombres  donnent  une  moyenne  de  225.  Je  pense  que  ce  nombre 
est  exact,  à  une  unité  près. 

»  Le  chlorure  d'argent  du  dosage  était  toujours  radio-actif  et  lumineux. 
Je  me  suis  assurée  qu'il  n'avait  pas  entraîné  de  quantité  pondérable  de 
radium,  en  déterminant  la  quantité  d'argent  qui  y  était  contenue.  J'ai  con- 
staté également  que  le  poids  de  chlorure  de  radium  régénéré  n'avait  pas 
varié  dans  les  opérations. 

))  La  séparation  du  chlorure  de  radium  a  été  obtenue  par  cristallisation 
fractionnée  en  liqueur  chlorhydrique  du  chlorure  de  baryum  radifère  préa- 
lablement purifiée  avec  soin.  Quand  la  concentration  en  radium  est  assez 
grande,  les  cristaux,  d'abord  incolores  au  sein  de  la  solution,  deviennent 
jaunes  ou  roses  quelques  heures  après  le  dépôt.  Cette  coloration  disparaît 
par  la  dissolution.  Elle  semble  due  à  la  présence  simultanée  du  baryum  et 
du  radium,  car  les  cristaux  de  chlorure  de  radium  pur  ne  se  colorent  pas. 
On  peut  se  servir  de  cette  observation  pour  suivre  la  marche  du  fraction- 
nement. 


SÉANCE    DU    21    JUILLET    1902.  l63 

»   Le  chlorure  de  radium  pur  anhydre  est  spontanément  lumineux.    ' 
»  D'après  ses  propriétés  chimiques,  le  radium  est  un  élément  <le  la  série 
des  alcalinoterreux.  Il  est,  dans  cette  série,   l'homologue  supérieur  du 
baryum. 

»  D'après  son  poids  atomique,  il  vient  se  placer  également,  dans  le 
Tableau  de  Mendeleeff,  à  la  suite  du  baryum  dans  la  colonne  des  alcalino- 
terreux et  sur  la  rangée  qui  contient  déjà  le  thorium  et  l'uranium.   » 


CHIMIE.  —  Action  de  l'acide  chlorhydriqiie  sur  les  sulfates  de  sesquioxyde 
d' aluminium,  de  chrome  et  de  fer.  Note  de  M.  A.  Recoura. 

«  On  sait  que  les  sels  de  sesquioxyde  d'aluminium,  de  chrome  et  de  fer, 
lorsqu'ils  sont  dissous  dans  l'eau,  éprouvent,  surtout  à  chaud,  une  décom- 
position partielle  qui  a  pour  effet  de  mettre  en  liberté  une  partie  de  l'acide 
du  sel.  D'autre  part,  il  est  probable,  d'après  ce  que  l'on  sait  sur  ces  com- 
posés, que  les  trois  hydroxyles  des  bases  Al(OH)%  Cr(OH)^  et  Fe(OH)' 
ne  sont  pas  identiques  et  que  certains  d'entre  eux  peuvent  même,  dans  des 
circonstances  déterminées,  changer  de  fonctions,  comme  M.  Wyrouboff  l'a 
très  bien  mis  en  lumière  dans  son  Mémoire  Sur  la  constitution  des  composés 
du  chrome  (Bull.  Soc.  chim.,  3®  série,  t.  XXVIII,  p.  666). 

»  Dans  ces  conditions,  il  était  intéressant  de  rechercher  comment  se 
comporteraient  les  solutions  de  ces  sels,  quand  on  ferait  agir  sur  elles 
un  acide  différent  de  celui  du  sel  et  d'une  énergie  moindre.  Ainsi,  par 
exemple,  le  sulfate  de  sesquioxyde  de  chrome  dissous  abandonnant  sous 
l'action  de  la  chaleur,  ainsi  que  je  l'ai  montré,  une  partie  de  son  acide  sul- 
furique,  qui  devient  libre,  il  était  probable  que,  si  ce  dédoublement  s'opé- 
rait en  présence  d'un  autre  acide,  plus  faible  que  l'acide  sulfurique,  comme 
l'acide  chlorhydrique,  et  employé  en  grand  excéSy  le  ou  les  hydroxyles  de  la 
base,  devenus  libres  par  la  séparation  de  l'acide  sulfurique,  pourraient 
fixer  une  ou  plusieurs  molécules  d'acide  chlorhydrique,  et  donner  ainsi 
naissance  à  un  sel  polyacide  dans  lequel  les  hydroxyles  de  la  base  seraient 
saturés,  les  uns  par  de  l'acide  sulfurique,  les  autres  par  de  l'acide  chlorhy- 
drique. 

»  L'expérience  a  vérifié  ces  }3révisions.  Je  vais  faire  connaître  aujour- 
d'hui les  premiers  résultats  que  j'ai  obtenus  en  faisant  agir,  en  dissolution 
et  à  chaud,  l'acide  chlorhydrique  sur  les  sulfates  d'aluminium,  de  chrome 
et  de  fer. 


l64  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Avec  les  sulfates  d'aluminium  et  de  chrome,  j'ai  obtenu,  suivant  mes 
prévisions,  un  sel  poly acide  : 

Al,S0\Cl,6H-0     et     Cr,S0%Cl,6H=^0, 

tandis  qu'avec  le  sulfate  de  fer  j'ai  transformé  le  sulfate  ferrique  Fe^,  3S0* 
en  un  sulfate  acide  Fe-,3  SO%SO^H^,8H-0.  Je  vais  d'abord  décrire  le 
composé  chromique,  qui  présente  des  propriétés  fort  intéressantes. 

»  Chlorosalfate  de  chrome,  Cr,  S0*,C1,6H^0.  —  On  obtient  ce  composé  très 
facilement  de  la  façon  suivante.  A  50*=™' d'acide  chlorhydrique  fumant,  porté  à  l'ébulli- 
tion,  on  ajoute  6os  de  sulfate  violet  de  chrome,  qui  s'y  dissolvent  immédiatement  en 
donnant  une  liqueur  verte.  On  laisse  bouillir  un  quart  d'heure,  puis  on  abandonne  la 
liqueur.  Au  bout  de  quelques  jours,  elle  se  transforme  en  une  bouillie  cristalline,  qu'on 
essore  aussi  complètement  que  possible  et  qu'on  lave  ensuite  avec  un  mélange  d'al- 
cool et  d'acétone.  On  obtient  ainsi  une  poudre  verte,  très  soluble  dans  l'eau,  à  laquelle 
l'analyse  assigne  la  composition  Cr,SO^,  C1,6H^0  (*). 

»  On  remarquera  que  l'on  retrouve  dans  ce  composé  les  6™°*  d'eau  qui  existent  dans 
les  deux  chlorures  de  chrome,  le  chlorure  vert  et  le  chlorure  violet,  qui  ont  tous  deux 
pour  composition  GrCP,6H^0.  Ces  ^^^^  d'eau  sont  de  l'eau  de  constitution,  car, 
comme  je  le  montrerai  plus  loin,  le  départ  d'une  seule  de  ces  molécules  modifie 
profondément  les  propriétés  du  corps.  Il  y  a  lieu  de  noter  que,  tandis  que  le  chlorure 
vert  de  chrome  est  soluble  dans  l'alcool  et  dans  l'acétone,  ce  composé  y  est  insoluble. 
J'ajouterai  qu'il  faut  lui  attribuer  la  formule  moléculaire  GrSO*Cl,  et  non  pas  une  for- 
mule double  ou  triple,  ainsi  que  cela  résulte  des  mesures  cryoscopiques  exposées  plus 
loin. 

»  La  propriété  la  plus  intéressante  de  ce  corps  est  la  suivante  :  Le  chlore  qu'il  ren- 
ferme n'est  pas  précipitable  par  l'azotate  d'argent,  tandis  que  la  totalité  de  l'acide 
sulfurique  est  immédiatement  précipitable  par  le  chlorure  de  baryum.  L'expé- 
rience doit  être  faite  de  la  façon  suivante  :  A  une  solution  étendue  (i™oi  dans  35' 
environ)  qui  vient  d'être  faite  et  qui  est  refroidie  à  o°  et  acidulée  avec  de  l'acide  azo- 
tique, on  ajoute  la  quantité  équivalente  d'azotate  d'argent.  La  liqueur  reste  parfaite- 
ment limpide  pendant  plus  d'un  quart  d'heure.  Elle  louchit  ensuite  et  précipite  peu  à 
peu.  Si  l'on  opère  à  la  température  ordinaire  et  sans  addition  d'acide  azotique,  la 
liqueur  commence  à  précipiter  presque  aussitôt.  Car,  comme  tous  les  composés  com- 
plexes du  chrome  que  j'ai  décrits,  et  dans  lesquels  des  radicaux  acides  sont  dissimulés, 
celui-ci  est  assez  rapidement  transformé  par  l'eau.  Ainsi,  au  bout  d'un  certain  temps, 
la  dissolution  de  ce  corps,  qui,  au  début,  est  verte,  vire  au  violet,  et  elle  n'est  plus  alors 
qu'un  mélange  de  chlorure  violet  et  de  sulfate  violet,  comme  il  est  facile  de  le  véri- 
fier par  la  cryoscopie. 

»  Chlorosulfate  de  chrome,  Cr,  S0*,C1,5H2  0.  —  Le  sel  précédent,  qui  renferme 
graoi  d'eau,  maintenu  à  une  température  de  85°,  perd 'peu  à  peu  de  l'eau,  et  l'on  con- 

(')  Trouvé:  Crz=i,   SO*  =  i,oo3,  Glir=i,ooi,   H20  =  5,95. 


SÉANCE  DU  21  JUILLET  1902.  l65 

State  que,  quand  il  a  perdu  i"»''',  sa  dissolution  très  étendue  (1'"°'  dans  5oo'),  qui,  aupa- 
ravant, précipitait  par  le  chlorure  de  baryum,  ne  précipite  plus,  toutes  choses  égales 
d'ailleurs.  Elle  ne  précipite  pas  non  plus  par  l'azotate  d'argent.  Le  départ  de  \"'°^  d'eau 
a  donc  eu  pour  effet  de  faire  entrer  l'acide  sulfurique  dans  le  radical  complexe 
qui  renfermait  déjà  le  chlore  et  le  chrome.  Si  l'on  continue  à  chauffer,  toujours 
à  85°,  le  composé  continue  à  perdre  de  l'eau,  devient  plus  difficilement  soluble;  mais 
il  perd  en  même  temps  un  peu  d'acide  chlorhj'drique. 

»  Il  était  intéressant  de  déterminer  l'abaissement  du  point  de  congélation  des 
solutions  aqueuses  de  ce  composé.  On  sait,  en  effet,  que,  tandis  que  l'abaissement 
moléculaire  dans  l'eau  des  composés  non  électrolytes  est  )8,5,  les  électrolytes  ont  tou- 
jours un  abaissement  moléculaire  beaucoup  plus  élevé,  ce  que  l'on  explique  générale- 
ment par  la  dissociation  partielle  en  leurs  ions,  qu'ils  éprouvent  de  la  part  de  l'eau,  ce 
qui  a  pour  eflfet  d'augmenter  le  nombre  des  particules  actives.  Or,  le  composé  actuel 
ne  se  prêtant  pas  aux  doubles  décompositions,  il  était  à  présumer  qu'il  se  comporte- 
rait comme  les  non  électrolytes.  C'est  ce  que  l'expérience  a  pleinement  vérifié.  J'ai 
trouvé  pour  l'abaissement  moléculaire  du  composé  Gr ,  SO"*,  Cl,  51P0  le  nombre  18,8, 
c'est-à-dire  l'abaissement  des  non  électrolytes,  alors  que,  dans  les  mêmes  conditions 
de  dilution  (i™"i  dans  10'),  le  composé  à  6""°'  d'eau,  qui  est  dissociable,  donne  28,7  et 
le  chlorure  vert  de  chrome  CrCI^,6H-0  donne  [\0.  11  y  a  lieu  de  signaler  que  le  com- 
posé à  5™°'  d'eau  se  transforme  très  rapidement,  quand  il  est  dissous,  en  le  composé 
dont  l'acide  sulfurique  est  précipitable.  Ainsi,  au  bout  de  20  minutes  de  dissolution, 
l'abaissement  moléculaire  s'est  déjà  relevé  à  21,1  et  la  liqueur  précipite  partiellement 
par  le  chlorure  de  baryum.  Mais,  si  l'on  a  poussé  la  désh^'dratation  plus  loin,  par 
exemple  si  le  produit  a  perdu  2"'°'  d'eau,  sa  solution  est  alors  beaucoup  plus  stable; 
l'acide  sulfurique  y  est  dissimulé  pendant  beaucoup  plus  longtemps.  Je  reviendrai  plus 
tard  sur  la  constitution  de  ces  composés,  qui  aidera  à  fixer  celle  des  autres  composés 
complexes  du  chrome,  qui  préoccupe  actuellement  nombre  de  chimistes.   » 


CHIMIE.  —  Sur  les  mixtes  formés  par  le  soufre  et  le  phosphore  au-dessous 
de  100''.  Note  de  M.  R.  Boulouch,  présentée  par  M.  Georges  Lemoine. 

«  L'existence  des  sulfures  de  phosphore  de  Berzélius  P'  S,  P-S,  P-S''  a 
été  contestée  par  phisieurs  chimistes  qui  ont  considéré  ces  corps  comme 
de  simples  mélanges  de  soufre  et  de  phosphore  laissant  déposer  par  refroi- 
dissement, tantôt  du  soufre,  tantôt  du  phosphore. 

»  La  détermination  des  lignes  de  solidification  et  des  lignes  de  fusion 
de  mélanges  à  proportions  variables  de  ces  deux  corps  simples  permet 
de  définir  complètement  les  mixtes  qui  peuvent  prendre  naissance  par 
simple  contact  au-dessous  de  100". 

»  Courbe  de  solidification.  —  La  température  de  solidification  est  celle 
de  l'apparition  du  premier  cristal  pendant  le  refroidissement.  Comme,  en 


l66  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

opérant  en  tubes  scellés,  on  ne  peut  éviter  la  surfusion,  j'ai  dû  déterminer 
la  température  correspondant  à  la  disparition  du  dernier  cristal  pendant  le 
réchauffement. 

»  Si  l'on  porte  en  abscisses  le  rapport  du  poids  du  soufre  au  poids  total, 
et  en  ordonnées  la  température  de  solidification,  on  obtient  les  lignes PE, 
SE,  qui  se  coupent  au  point  E,  dont  les  coordonnées  sont  <7  (concentra- 
tion) =  0,228  et  6  =  9*^,8.  Tout  mélange  de  concentration  ^  <  a,  pris  à 
l'état  liquide,  abandonnera  le  long  de  PE  des  cristaux  a  isomorphes  du 
phosphore  blanc;  et  tout  mélange  de  concentration  ^  >  c  abandonnera  le 
long  de  SE  des  cristaux  ^  isomorphes  du  soufre  octaédrique.  Au  point  E, 
dans  les  deux  cas,  s'il  n'y  a  pas  surfusion,  le  liquide  restant  se  prendra  en 
masse,  formant  un  conglomérat  de  cristaux  a  et  ^  :  le  point  E  est  un  point 
d'eutexie. 

»  Mais  les  cristaux  [3  demeurent  facilement  en  faux  équilibre,  de  telle 
sorte  que  l'on  peut  déterminer  des  points  de  la  ligne  de  solidification  des 
cristaux  a  jusqu'à  —  20°  et  même  au  delà;  ces  points  se  placent  sur  le 
prolongement  de  la  ligne  PE.  Ainsi,  à  un  mélange  déconcentration  donnée 
correspondent  deux  points  de  solidification  souvent  fort  éloignés,  relatifs, 
l'un  au  véritable  équilibre,  l'autre  au  faux  équilibre  du  liquide  qui  peut 
donner  les  cristaux  ^. 

»  Courbe  de  fusion.  —  Les  cristaux  a  et  ^  ne  sont  pas,  comme  on  l'a  pré- 
tendu, du  phosphore  et  du  soufre  purs.  S'il  en  était  ainsi,  un  mélange 
quelconque  solidifié  contiendrait  toujours  un  peu  d'eutectique,  et  la  ligne 
de  fusion  (apparition  de  la  première  goutte  liquide)  serait  la  droite  AB 
passant  par  le  point  E  et  terminée  aux  deux  ordonnées  extrêmes.  Or  l'étude 
dilalométrique  des  solides  complexes  obtenus  par  refroidissement  montre 
que  la  ligne  de  fusion  se  compose  de  la  partie  AB  et,  en  plus,  du  côté  du 
phosphore,  de  la  ligne  PA  correspondant  aux  points  de  fusion  de  cris- 
taux mixtes   de  phosphore  et   de    soufre,    de    concentration    inférieure 

à  0,04. 

»  La  partie  EB  de  la  ligne  de  fusion  a  été  facilement  déterminée,  d'une 
façon  un  peu  grossière,  par  l'observation  directe.  Quant  à  la  partie  S'B, 
quelques  points  ont  pu  être  déterminés  par  l'observation  au  microscope  , 
et  le  point  le  plus  bas  par  la  détermination  pondérale  des  proportions 
relatives  de  liquide  et  de  solide  dans  un  mélange  de  composition  donnée. 

»  L'analyse  chimique  peut  difficilement  vérifier  les  résultats  précédents 
pour  la  ligne  PA;  mais  les  analyses  si  minutieuses  de  Berzélius  fournissent 
un  contrôle  précieux  pour  la  hgne  S'B,  carie  sulfure  P^o'-  constitue  des 


SÉANCE  DU  21  JUILLET  1902.  167 

cristaux  mixtes  non  homogènes  dont  la  composition  moyenne,  donnée  par 
la  ligne  S'B,  correspond  bien  à  la  formule  précédente. 


100 


00 


80 


70 


60 


40 


30 


20 


10 


10 




^ 

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\y 

0,2 


0,3 


0.4 


0,f> 


0,(i 


0,7 


0,8 


0,9 


»  Conclusions  :  i"  Il  n'existe  pas  de  sulfure  de  phosphore,  composé 
défini,  formé  au-dessous  de  100°; 

»  2P  Tl  existe  des  cristaux  mixtes  de  soufre  et  de  phosphore,  riches  en 
soufre,  isomorphes  du  soufre  octaédrique,  qui  peuvent  demeurer  facile- 
ment en  faux  équilibre  à  l'état  liquide  ; 


l68  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  3"  Il  existe  des  cristaux  mixtes  riches  en  phosphore,  isomorphes  de 
ce  corps,  et  que  l'on  peut  isoler  même  à  très  basse  température,  grâce  au 
faux  équilibre  des  précédents; 

»  4°  Il  existe  un  eutectique,  conglomérat  des  deux  espèces  de  cristaux 
mixtes,  contenant  0,228  de  soufre  pour  0,772  de  phosphore  et  qui, 
fondant  brusquement  et  complètement  à  la  température  de  9°, 8,  simule 
ainsi  un  composé  défini.   » 


CHIMIE.  —  Sur  la  précipitation  du  chlorure  et  du  bromure  cuivriques  par 
l'acide  sulfurique.  Note  de  M.  Georges  Viard,  présentée  par  M.  Georges 
Lemoine. 

«  Un  excès  d'acide  sulfurique  concentré  donne  avec  une  solution  de 
chlorure  cuivrique  un  précipité  jaune  brun  de  chlorure  anhydre,  avec  une 
solution  de  bromure  cuivrique  un  précipité  noir  de  bromure  anhydre.  I^es 
mêmes  précipités  se  produisent  en  ajoutant  un  excès  d'acide  sulfurique  à 
un  sel  cuivrique  quelconque  mélangé  soit  de  chlorure,  soit  de  bromure 
alcalin  ('  ). 

»  Chlorure  cuivrique.  —  L'acide  sulfurique,  ajouté  en  grand  excès,  précipite  à 
l'état  de  chlorure  anhydre  la  presque  totalité  du  sel  dissous  en  dégageant  quelques 
bulles  (HCl)  et  le  mélange  s'échauffe  fortement.  La  proportion  de  chlorure  décom- 
posé est  très  faible  si  l'on  ajoute  l'acide  peu  à  peu  pour  éviter  l'élévation  de  tempé- 
rature; il  ne  reste  alors  que  très  peu  de  cuivre  en  solution  :  en  versant  goutte  à  goutte 
2^°^  de  SO*H-  dans  1^°'  d'une  solution  de  chlorure  au  -j^  entouré  d'eau  froide,  une 
fois  le  précipité  déposé,  le  liquide  clair  ne  contenait  plus  par  gramme  que  o™s,65 
de  cuivre.  Aussi  cette  précipitation  par  SO*H^  en  excès  est-elle  une  réaction 
assez  sensible  du  chlorure  cuivrique  :  une  solution  à  -^  donne  après  quelques 
instants  un  précipité  jaune  appréciable. 

»  Quand  SO^H^  n'est  pas  en  excès  suffisant,  c'est  le  chlorure  hydraté  vert 
(CuCl'-i-  aH^O)  qui  se  précipite;  il  faut  que  la  liqueur  à  la  température  de  i5°  con- 
tienne plus  de  68,4  pour  100  de  son  poids  de  SO*  H-  pour  que  l'on  ait  du  chlorure 
anhydre. 

»  L'action  déshydratante  de  SO*H^  varie  d'ailleurs  avec  la  température  et  dans  le 
même  sens  que  celle-ci.  Aussi,  quand  on  précipite  du  chlorure  cuivrique  par  SO*H^ 
en  quantité  telle  que  la  teneur  de  cet  acide  soit  inférieure,  mais  pas  de  beaucoup, 
à  68,4  pour  100,  on  observe,  au  moment  où  on  le  verse,  la  précipitation  de  chlorure 


(')  Les  Traités  d'analyse  récents  sont  muets  sur  cette  réaction;  elle  avait  cependant 
été  signalée  sommairement  par  Gmelin  (  i844)  et  dans  V Analyse  qualitative  de 
H.  Rose  (18.59). 


SÉANCE    DU    21    JUILLET    1902.  169 

anhydre  jaune,  et  ce  n'est  qu'après  refroidissement  que  ce  chlorure  anhydre  se  trans- 
forme eu  chlorure  vert  hydraté  que  l'on  peut  retransformer  en  chlorure  jaune  en 
chauffant  modérément  la  liqueur.  Le  passage  du  sel  anhydre  au  sel  hydraté  par  refroi- 
dissement de  la  liqueur  après  qu'on  a  versé  SO^H^  se  fait  d'autant  plus  lentement 
qu'on  est  plus  près  de  la  limite  68,4-  Aussi  faut-il  abandonner  longtemps  le  mélange 
à  la  température  de  i5°  avant  de  savoir  si,  dans  l'état  d'équilibre,  c'est  le  sel  jaune  ou 
le  sel  vert  qui  persiste.  Ainsi,  pour  un  mélange  dont  la  teneur  en  SO^H-  était  68,1, 
les  cristaux  verts  ont  apparu  en  petite  quantité  au-dessus  du  sel  jaune  au  bout  de  i  jour 
et  ont  toujours  été  en  augmentant  aux  dépens  du  sel  jaune;  mais  ce  n'est  qu'au  bout 
de  i3  jours  que  tout  était  transformé  en  chlorure  hydraté  vert. 

»  Il  semblerait  donc  à  première  vue  que  SO^H^  n'attaque  pas  du  tout  à  froid  le 
chlorure  cuivrique,  et  cela  est  dit  dans  les  Traités  de  Gmelin,  Dammer,  etc.  Cette 
affirmation  est  trop  absolue  :  il  y  a  une  attaque  qui  s'arrête  vraisemblablement  quand 
la  teneur  du  liquide  en  H  Cl  atteint  une  certaine  valeur  qui  dépend  de  la  teneur 
en  SO^H^  et  est  toujours  très  faible.  Si  l'on  enlève  H  Cl  en  faisant  barboter  de  l'air 
dans  le  liquide,  l'attaque  continue  jusqu'à  destruction  complète  du  chlorure.  On  peut 
suivre  cette  action  en  faisant  passer  l'air  au  sortir  du  mélange  dans  AzO^Ag  et  l'on 
constate  ainsi  qu'elle  est  très  lente  :  pour  obtenir  la  réaction  complète  d'un  mélange 
de  2^°^  de  SO^H-  avec  i''"^  de  chlorure  à  ^,  il  a  fallu  faire  passer  environ  une  bulle 
par  seconde  pendant  une  douzaine  d'heures. 

»  H  va  sans  dire  que,  pour  éliminer  H  Cl  au  fur  et  à  mesure  de  sa  mise  en  liberté, 
au  lieu  de  faire  passer  de  l'air,  on  peut  placer  le  mélange  dans  le  vide  au-dessus  de 
potasse  caustique;  on  arrive  également  ainsi,  en  quelques  jours,  à  la  décomposition 
complète  du  chlorure. 

»  Le  chlorure  cuivrique  est  donc,  en  somme,  attaquable  à  froid,  mais  faiblement, 
par  SO*H^,  et  il  l'est  encore  assez  peu  même  à  chaud.  Si  l'on  chauffe  graduellement  la 
bouillie  jaune  obtenue  en  versant  un  grand  excès  de  SO^H^  dans  du  chlorure  cui- 
vrique, elle  se  dissout  complètement,  en  même  temps  qu'il  se  dégage  quelques  bulles 
de  H  Cl;  mais  la  quantité  de  chlorure  ainsi  décomposée  est  faible  si  l'on  cesse  de 
chauffer  aussitôt  la  dissolution  effectuée  et,  par  refroidissement  de  la  liqueur  verte, 
le  chlorure  non  décomposé  dissous  à  chaud  se  reprécipite.  On  peut  le  redissoudre  en 
chauffant  à  nouveau  et  répéter  ces  alternatives  de  dissolution  et  de  reprécipitation  un 
assez  grand  nombre  de  fois  avant  que  le  chlorure  soit  entièrement  décomposé. 

»  Le  chlorure  anhydre,  précipité  par  SO*H',  se  présente  au  microscope  en  très 
petits  cristaux  jaunes.  En  laissant  refroidir  lentement  la  dissolution  verte  de  CuCP 
dans  SO^H*,  elle  dépose  des  cristaux  arborescents  beaucoup  plus  volumineux,  mais 
assez  mal  formés.  Cette  cristallisation  du  chlorure  anhydre  dans  l'acide  sulfurique 
montre  combien  est  faible,  même  à  chaud,  l'attaque  par  cet  acide. 

»  Bromure  cuiçrique.  —  Les  réactions  sont  analogues  :  un  excès  de  SO^H^  préci- 
pite la  solution;  mais  ce  précipité  consiste  toujours  en  bromure  anhydre  noir,  et  jamais 
en  bromure  hydraté;  M.  Sabatier  a,  en  effet,  montré  (Comptes  rendus,  t.  CXVIII, 
p.  980)  que  ce  dernier  se  forme  assez  difficilement  et  est  instable. 

»  La  réaction  est  encore  plus  sensible  que  pour  le  chlorure  :  une  solution  de  CuBr^ 
à  -~  donne,  avec  un  excès  de  SO*H',  un  abondant  précipité  noir. 

»   La   grande    insolubilité  du    bromure   cuivrique   dans    une  liqueur  très   chargée 
C.  R.,  1902,  2»  Semestre.  (T.  CXXXV,  N"  3.)  ^^ 


170  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

de  SO^H^  permet  une  précipitation  presque  complète  :  en  ajoutant  à  1^°'  de  CuBr^ 
à  j^  2>">i  de  SO'ir-,  le  liquide  incolore  qui  surmonte  le  précipité  noir  est  exempt  de 
cuivre  et  ne  contient  qu'une  quantité  inappréciable  de  HBr. 

»  Le  bromure  cuivrique  est  cependant,  lui  aussi,  attaquable  à  froid  par  SO'' H-,  mais 
avec  une  extrême  lenteur.  En  recueillant  le  bromure  d'argent  précipité  d'une  solution 
de  AzO^Ag  par  l'air  qui  a  passé  dans  le  mélange,  on  voit  qu'en  supposant  la  vitesse 
d'attaque  constante,  alors  qu'elle  doit  évidemment  diminuer,  il  faudrait  faire  passer 
une  bulle  par  seconde  pendant  environ  1800  heures  pour  obtenir  une  décomposition 
complète. 

»  Même  à  chaud,  l'attaque  par  SO*H-  est  très  faible  :  on  peut,  en  chauffant  le  pré- 
cipité noir  avec  un  excès  suffisant  d'acide,  le  redissoudre  totalement  en  ne  dégageant 
que  peu  de  HBr;  on  obtient  ainsi  une  liqueur  faiblement  colorée  en  jaune,  qui  repré- 
cipite du  bromure  noir  par  refi'oidissement. 

»  Application  à  l'analyse  qualitaWe.  —  Ce  qui  précède  fournit  une 
distinction  commode  des  chlorures  et  des  bromures.  Le  mieux  est  de 
préparer  d'avance  un  mélange  de  1"^°'  de  sulfate  de  cuivre  à  -^  avec  10"*°' 
de  SO''H^.  En  versant  sur  ce  réactif  quelques  gouttes  du  sel  à  reconnaître, 
on  a  un  précipité  jaune  si  c'est  tin  chlorure,  noir  si  c'est  un  bromure.  On 
peut  ainsi  caractériser  une  solution  de  KCl  à  -^  ou  de  RBr  à  ■^. 

)>  Ces  précipités  se  produisent  également  en  versant  sur  ce  réactif 
quelques  gouttes  d'acide  chlorhydrique  ou  d'acide  bromhydrique;  ces 
acides  déplacent  donc  ici  l'acide  sulfurique  du  sidfate  de  cuivre,  comme 
dans  les  expériences  classiques  de  M.  A.  Colson  (^Comptes  rendus,  t.  CXXIV, 
p.  81)  où  HCl  gaz  décompose  SO^Cu  anhydre.    » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Etude  du  siliciure  de  céruim. 
Note  de  M.  Sterba,  présentée  par  M.  Henri  Moissan. 

«  La  première  indication  sur  le  siliciure  de  cérium  a  été  donnée  par 
M.  Ulik  (^),  qui  a  obtenu  accidentellement,  en  électrolysant  le  fluorure  de 
cérium  et  de  potassium,  un  corps  répondant  à  la  formule  Ce- Si. 

»  Nous  avions  étudié  les  produits  de  l'action  de  l'oxyde  de  cérium  sur 
le  silicium  à  la  température  du  four  électrique  de  M.  Moissan.  Des  mélanges 
à  différenles  proportions  des  deux  corps  nous  ont  donné  un  corps  bien 
défini  et  cristallisé  répondant  à  la  formule  CeSi^,  qui  se  forme  toujours 
lorsqu'on  fait  réagir  l'oxyde  de  cérium  sur  le  silicium  cristallisé. 


(^)  Chemisches  Cetitral-Blatt^  i865,  p.  io45. 


SÉANCE    DU    21    JUILLET    I902.  I^L 

»  Préparation.  —  Un  mélange  intime  de  172S  d'oxyde  de  cérium  pur  préparé  par 
le  procédé  indiqué  précédemment  (^)  et  de  85s,  2  de  silicium  pur  finement  pulvérisé 
était  placé  dans  une  nacelle  de  graphite,  chauflfée,  dans  un  tube  de  même  substance, 
au  four  électrique  de  M.  Moissan,   avec  un  courant  de  600  ampères  et  loo  volts  : 

»  La  réaction  commence  instantanément;  elle  est  terminée  quand  la  matière  est 
fondue, 

»  Le  culot  obtenu,  séparé  mécaniquement  et  d'une  façon  aussi  complète  que  possible 
de  la  scorie,  forme  des  morceaux  fondus  et  homogènes  d'un  poids  de  plusieurs 
grammes. 

»  Les  culots  concassés  sont  traités  au  bain-marie  par  une  solution  de  potasse 
à  5  pour  100  pour  enlever  le  silicium  libre. 

»  Toute  la  masse  est  formée  de  cristaux  microscopiques  d'une  couleur  d'acier.  Ces 
cristaux  sont  purifiés  par  lévigation  et  séchés  à  l'étuve  à  100°. 

»  Ces  cristaux  sont  très  cassants  ;  ils  donnent  une  poudre  noire  dont  la  densité,  prise 
dans  l'eau  à  17°,  est  de  6,67. 

»  Analyse.  —  L'analyse  qualitative  nous  a  indiqué  la  présence  du  cérium  et  du  si- 
licium avec  très  peu  de  carborundum  et  des  traces  de  fer. 

»  L'analyse  quantitative  a  été  elTectuée  de  la  manière  suivante  :  le  siliciure  a  été 
traité  au  bain-marie  plusieurs  fois  par  l'acide  chlorhydrique  et  étendu  pour  insolubi- 
liser la  silice  et  dissoudre  le  cérium.  La  silice  a  été  attaquée  par  l'acide  fluorhydrique 
et  le  résidu  a  été  pesé  comme  carborundum. 

»  Nous  avons  obtenu  les  chiffres  suivants  : 


Ce. 
Si  . 


Théorie 

I. 

II. 

m. 

IV. 

pour  CeSi=, 

7i'i7 

70,70 

70,81 

71,42 

71,16 

28,97 

28,60 

28,86 

28,67 

28,83 

»  Ces  chiffres  ont  été  obtenus  avec  des  siliciures  provenant  de  diflférentes  prépa- 
rations. La  quantité  de  carborundum  variait  entre  3,5  pour  100  et  6,64  pour  100. 

»  Ce  siliciure  de  cérium  se  présente  sous  forme  de  cristaux  microscopiques  opaques, 
de  couleur  d'acier  :  il  est  insoluble  dans  l'eau,  qui  ne  l'attaque  que  très  lentement, 
après  plusieurs  jours  de  contact  en  présence  de  l'air;  insoluble  dans  les  dissolvants 
organiques. 

»  L'hydrogène  n'agit  à  aucune  température;  le  fluor  agit  à  froid  avec  incandescence  ; 
le  chlore,  le  brome  et  l'iode  agissent  également  avec  incandescence,  mais  seulement 
après  avoir  été  chauffés. 

»  L'air  et  l'oxygène  n'agissent  pas  à  froid.  Au  rouge,  l'oxydation  se  fait  avec  incan- 
descence; projeté  dans  une  flamme,  le  siliciure  de  cérium  donne  de  brillantes  étin- 
celles. 

»  Le  soufre  et  le  sélénium  agissent  à  l'ébullition  avec  une  légère  incandescence; 
chauffé  avec  le  magnésium  dans  une  atmosphère  d'hydrogène,  il  donne  un  siliciure  de 
magnésium  qui,  attaqué  par  l'acide  chlorhydrique,  dégage  de  l'hj'drure  de  silicium 
spontanément  inflammable. 

(')   Comptes  rendus,  t.  GXXIV,  p.  i233. 


172  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  L'acide  chlorhydrique  gazeux  l'attaque  au  rouge  avec  une  légère  incandescence. 

»  Les  acides  chlorhydrique  et  fluorhydrique  en  solution  l'attaquent  et  dégagent  de 
l'hydrogène. 

»  L'hydrogène  sulfuré  le  transfornne  en  sulfure. 

»  La  vapeur  d'eau  est  décomposée  au  rouge. 

»  Les  acides  minéraux  agissent  comme  les  hydracides,  en  dégageant  de  l'hy- 
drogène. 

»  Les  solutions  d'acides  organiques  ne  réagissent  qu'à  chaud. 

))  L'hypoazotide  n'agit  à  aucune  température. 

»  Les  alcalis  en  solution  sont  presque  sans  action;  fondus,  ils  agissent  avec  incan- 
descence. 

»  L'ammoniaque  n'agit  pas  ;  le  gaz  ammoniac  agit  au  rouge. 

»  Le  siliciure  cristallisé  fond  au  four  électrique  en  une  masse  métallique  cristalline 
ayant  l'aspect  de  l'argent. 

»  Conclusions.  —  En  résumé,  nous  avons  obtenu  un  siliciure  de  for- 
mule CeSi^  différent  du  siliciure  de  M.  Ulik;  la  stabilité  assez  grande  de 
ce  corps  permet  sa  préparation  facile  au  four  électrique  de  M.  Moissan. 

»  Ses  propriétés  sont  différentes  de  celles  du  siliciure  de  calcium  ('); 
elles  le  rapprochent  des  siliciures  des  métaux  lourds.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Action  des  alcools  sur  les  dérivés  sodés  d'autres  alcools. 
Note  de  M.  Marcel  Guerbet,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

«  Dans  plusieurs  Communications  antérieures  (-),  j'ai  montré  que  les 
alcools  primaires,  chauffés  au-dessus  de  220^^  avec  leurs  dérivés  sodés, 
donnent  naissance  à  d'autres  alcools  deux  fois  plus  condensés  suivant  la 
réaction  : 

C«ji2«4-i  Qi£  _^  c^H^"-^'  O  Na  =  C2«H^«+'  OH  -1-  NaOH. 

»  Il  était  à  prévoir  qu'une  condensation  analogue  se  produirait  entre 
les  alcools  et  les  dérivés  sodés  d'autres  alcools  :  elle  se  produit,  en  effet, 
comme  je  vais  l'établir,  entre  les  alcools  éthylique  ou  propylique  et  le  dé- 
rivé sodé  de  l'alcool  œnanthylique;  elle  peut  être  formulée  : 

Qm  jj2/«+i  OH  -h  C"H-«+'  ONa  =  C'"+«h-("'+«)+*  OH  -4-  NaOH. 


(^)  Moissan  et  Diltheï,  Recherches  sur  le  siliciure  de  calcium  {Comptes  rendus, 
t.  CXXXIV,  p.  5o3). 

(2)  Comptes  rendus,  t.  CXXXII,  p.  207;  t.  GXXXIII,  p.  1220. 


SÉANCE    DU    21    JUILLET    1902.  jnS 

»  Condensation  de  V alcool œnanthylique  avec  l'alcool  éthylique.  —  Il  résulte 
des  recherches  de  M.  de  Forcrand  (^)  que  tous  les  alcools  primaires  dé- 
gagent une  quantité  de  chaleur  à  peu  près  constante  en  se  combinant  avec 
le  sodium.  Il  est  donc  permis  de  penser  qu'en  faisant  réagir  ce  métal  sur 
un  mélange  des  alcools  éthylique  et  œnanthylique,  on  obtient  un  mélange 
des  deux  alcoolates.  Si  l'on  chauffe  un  tel  mélange  en  présence  des  alcools 
correspondants,  la  réaction  habituelle  s'effectuera,  et  l'on  pourra  obtenir 
théoriquement  quatre  alcools  différents;  en  réalité,  on  obtient  surtout 
Valcool  nonylique  normal  CH^**0,  qui  résulte  de  la  condensation  de 
l'œnanthylate  de  sodium  avec  l'alcool  éthylique  : 

C^H'^ONa  -\-  CW  -  CH^OH  =.  C^H'^  -  CH^  — CH-OH  +  NaOH. 

))  Remarquons  que  cette  réaction  permet  de  passer  d'un  alcool  pri- 
maire à  son  homologue  supérieur,  plus  riche  que  lui  de  2^*  de  carbone. 

»  On  la  réalise  en  chauffant  en  tubes  scellés  à  280°  un  mélange  obtenu  en  dissolvant 
is,  20  de  sodium  dans  8s  d'alcool  œnanthylique  et  los  d'alcool  éthylique.  On  opère 
exactement  comme  il  est  dit  pour  la  préparation  de  l'alcool  dipropylique  (^)  :  il  se 
forme  de  l'hydrogène,  de  l'éthylène,  de  l'acide  acétique,  de  l'acide  œnanthylique  et 
des  alcools  que  la  distillation  fractionnée  permet  de  séparer. 

»  Les  alcools  mis  en  réaction  restent  inaltérés  pour  la  plus  grande  partie  :  ils  dis- 
tillent avant  175°;  on  obtient  ensuite,  en  partant  de  200S  d'alcool  œnanthylique  et 
après  quatre  rectifications  à  la  colonne  Le  Bel-Henninger,  4^  de  liquide  distillant 
entre  175°  et  190",  puis  20s  entre  190°  et  2i5°.  A  partir  de  cette  température,  le  ther- 
momètre monte  très  rapidement  jusqu'à  24o°,  tandis  que  quelques  gouttes  seulement 
passent  à  la  distillation.  Elles  sont  formées  surtout  d'alcool  diœnanthylique  j3C'^H^"0. 

»  La  fraction  190^-2 1 5°  est  rectifiée  de  nouveau  et  l'on  sépare  enfin  8s  d'un  alcool 
bouillant  à  2i2°-2i/4°(corr. ),  qui  présente  la  composition  de  Valcool  nonylique  nor- 
mal C^H-^O.  Il  se  solidifie  à  —  20°  et  ne  fond  plus  alors  qu'à  —  10°;  sa  densité  à  0° 
est  0,8891;  or  l'alcool  nonylique  normal  a  pour  densité,  à  0°,  o,84i5;  solidifié,  il  fond 
à  —  5°,  puis  entre  en  ébullition  à  2i3°,5(  corr.  ). 

»  Afin  de  compléter  l'identification,  j'ai  préparé  l'acide  correspondant 
à  l'alcool  que  j'avais  obtenu,  puis  j'ai  transformé  l'acide  en  amide.  Celui- 
ci,  purifié  par  cristallisation  dans  l'alcool,  fondait  à  9o''-92°,  alors  que 
l'acide  pélargonique  provenant  de  l'alcool  nonylique  normal  fournit  un 
amide  qui  fond  à  92*'-93''. 


(^)   Ann,  de  Chim.  et  de  Phys.,  6''  série,  t.  II,  p.  456. 
(^)  Comptes  rendus,  t.  CXXXIII,  p.  1220. 


174  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  C'est  donc  bien  l'alcool  nonyliqiie  normal  qui  s'est  formé  dans  la 
condensatioii  de  l'alcool  éthyliqne  avec  l'alcool  œnanthylique. 

»  Il  y  a  lien  <le  remarquer  que  l'élimination  de  l'eau  produite  dans 
cette  conciensation  s'effectue  aux  dépens  de  la  fonction  alcoolique  de  l'al- 
cool le  plus  riche  en  carbone. 

»  Condensalion  de  T alcool  œnanlhylîque  avec  V alcool propylique .  —  L'opé- 
ration, conduite  comme  dans  le  cas  précédent  et  effectuée  sur  loo*-'  d'alcool 
œnanlhyliqne  et  260^  d'alcool  propylique,  a  fourni  18^  d'un  alcool  bouil- 
lant à  221 ''-223°  (corr.),  répondant  à  la  formule  C*''H-''0. 

»  Cet  alcool  décyîiqne  a  pris  naissance  dans  la  réaction  : 

C^H^^^ONa  H-CFP-CH--  CH^  OH 
=  C^H'^-  (:H(CH')  ^-  CH-OH  +  NaOH. 

))  Il  s'est  produit  simultanément  à  peu  près  autant  d'alcool  dipropylique 
C^H^^'O,  que  la  distillation  fractionnée  permet  de  séparer  facilement. 

»  Comme  nous  le  verrcms  dans  la  snite,  cet  alcool  décylique  a  pour 
constitution  CH^»  -  (CH-)*^  -  CH  (CH"')  -  CH=^OH;  c'est  le  méthyl-^, 
nonylol-g;  il  est  liquide,  incolore,  huileux;  sa  densité  est,  à  0°,  0,8457 
er,  à  i5°,  o,8333. 

))  Son  éther  acétique,  liquide  incolore,  huileux,  à  odeui'  faible  de  citron,  bout  à 
238°-24o°;  il  a  pour  densité,  à  0°,  0,8812  et,  à  i5",  0,8705. 

»  Chauffé  à  25o°  avec  la  potasse  récemment  fondue,  cet  alcool  décylique  se  transforme 
en  acide  correspondant  C^''H-'*0^,  qui  est  liquide,  incolore,  possède  une  faible  odeur 
(le  suif  et  bout  à  26i°-265°  (corr.).  Sa  densité  à  0°  est  0,9127.  L'amide  correspondant 
cristallise  dans  l'alcool  en  belles  aiguilles  prismatiques  incolores,  groupées  en  étoiles, 
fondant  à  76°. 

))  Pour  établir  la  constitution  de  cet  acide,  je  l'ai  oxydé  avec  ménagement  par  le 
mélange  chromique,  et  j'ai  pu  isoler  des  produits  delà  réaction  une  acétone  qui  donne 
avec  le  bisulfite  de  soude  une  combinaison  cristalline.  Elle  répond  à  la  formule  G^ll'^0 
et  fournit  une  semicarbazone  qui  fond  à  118°  :  ce  sont  précisément  les  propriétés  de 
la  méthylheptylcétoiie  G'H'^ —  GO —  CH^  décrite  dernièrement  j)ar  M.  Thoms  ('). 

»  Il  se  produit  en  même  temps,  dans  l'oxydation  de  l'acide  décylique, 
les  acides  carbonique,  acétique,  œnanthylique  eX  capryfique ;  il  a  donc  pour 
constitution  : 

C'H''-  CH(CH=')  -CO-H. 


(')  Berichle  cl.  deutsch.  cheni.  Gescllschaft,  1901, 


SÉANCE    DU       i    JUILLET    1902.  !  73 

On  en  déduit  pour  l'alcool  correspondant,  la  formule 
C^îl'^  -  CH  (CH')  -  CH-OH, 

et  l'on  voit  que,  dans  la  réaction  qui  donne  naissance  à  cet  alcool,  l'élimi- 
nation de  la  molécule  d'eau  entre  les  deux  alcools  générateurs  s'effectue 
aux  dépens  de  l'oxhydryle  de  l'alcool  œnanthylique,  c'est-à-dire  aux 
dépens  de  la  fonction  alcoolique  de  l'alcool  le  plus  condensé,  comme  cela 
s'était  déjà  produit  dans  la  formation  de  l'alcool  nonylique  normal.    » 


CHIMIE  PHYSIQUE.  —  Elude  sur  la  distillation  simultanée  de  deux  substances 
non  miscibles.  Note  de  MM.  Eug.  Cuarabot  et  J.  Kocherolles,  présentée 
par  M.  A.  Haller. 

«  En  i863,  M.  Bertheloî  (^Ann.  de  Chim.  et  de  Phys.,  If  série,  t.  I, 
p.  384)  étudia  le  phénomène  particulièrement  intéressant  de  la  distilla- 
tion des  liquides  mélangés,  et  mit  en  lumière  des  faits  fondamentaux.  Il 
formula,  entre  autres  conclusions,  celles  que  voici  :  i**  deux  corps  bouil- 
lant simultanément  se  vaporisent  suivant  des  rapports  de  poids  déterminés 
par  le  produit  des  densités  de  vapeurs  multipliées  par  leurs  tensions 
actuelles  dans  les  conditions  de  l'expérience;  2°  deux  corps  n'exerçant 
aucune  action  réciproque  entrent  simultanément  en  ébuUition  à  la  tempé- 
rature à  laquelle  la  somme  de  leurs  tensions  maxima  fait  équilibre  à  la 
pression  qui  s'exerce  à  la  surface  du  liquide.  Le  cas  de  la  distillation  de 
deux  liquides  non  miscibles  était  ainsi  nettement  distingué.  MM.  Isidore 
Pierre  et  Puchot  (Ann.  de  Chim.  et  de  Phys.,  If  série,  t.  XXII,  p.  356,  et 
t.  XXIII,  p.  145)  en  reprirent  l'étude  en  1871.  Plus  tard,  M.  Naumann 
(i>,  chem.  GeselL,  t.  X,  p.  \f\'ii)  appliqua  à  la  détermination  des  poids  mo- 
léculaires une  formule  résumant  l'une  des  conclusions  de  M.  Berthelot 
(^loc.  cit.,  p.  387)  et  donnant  le  rapport  entre  les  poids  P  et  P'  de  deux 
substances  non  miscibles  distillant  simultanément.  Si  M  et  M'  sont  les 
poids  moléculaires  respectifs  des  deux  corps,  F  et  F'  leurs  tensions  de 
vapeur  à  la  température  à  laquelle  s'effectue  la  dilatation,  on  aura 

F  _    MF 

P'  ~  M^" 


»   Étant   donnée   l'importance    industrielle   de   la  distillation   avec    la 
vapeur  d'eau,  nous  avons  entrepris  une  série  d'études  sur  cette  question. 


176  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Après  avoir  constaté  expérimentalement  qu'un  accroissement  de  pression 
dans  un  appareil  distillatoire  peut  avoir,  dans  un  grand  nombre  de  cas, 
pour  effet  d'augmenter  sensiblement  le  rendement  en  essence,  nous  avons 
été  amenés  à  expliquer  ce  résultat  en  étudiant  les  variations  subies  par  le 

P 
rapport  p7  lorsqu'on  modifie  la  pression  à  la  surface  du  liquide,  c'est-à-dire 

lorsqu'on  fait  varier  la  température  d'ébuliition  simultanée  de  l'eau  et  d'un 
corps  non  miscible  à  l'eau. 

P 
»  Parmi  les  diverses  substances,  il  en  est  pour  lesquelles  le  rapport  =p    entre  le 

poids  de  ces  substances  et  le  poids  d'eau  qui  distillent  simultanément  est  inférieur  à 
l'unité;  d'autres  pour  lesquelles  ce  rapport  est  supérieur  à  i. 
»  Examinons  séparément  ces  deux  cas. 

P 

»   1°  Substances  pour  lesquelles  le  rapport -r^,  est  inférieur  à  l'unité.  —  Nous 

citerons  quelques  exemples  : 

»  Le  limonène,  C^^H^^  bout  à   57°,5  sous  12'"°"  de  pression  et  à  1760  sous  760'"™. 

^    1     <  t  .  t  P     i36  X  T2  P    i36  X  760     -, 

On  a  donc,  a  57%5.  p  =^  ^3  ^  ^3^^^  =^  0,68;  et  a  1760,  -  =  -^-^  =  0,84. 

P 

On  voit  que  le  rapport  —  augmente  avec  la  température.  De  même,  pour  le  géraniol 

et  l'eau,  on  trouve  0,08  à  110°  et  o,3i  à  280°;  pour  le  linalol  et  l'eau,  0,19386° 
et  0,60  à  198°;  pour  le  citronellol  et  l'eau,  0,11  à  118°  et  o, 34  à  226°;  pour  la  mé- 
thylhepténone  et  l'eau,  o ,  94  à  84°  et  o ,  97  à  168°.  Il  est  intéressant  de  noter  que,  dans  ce 

P    ,  

dernier  exemple,  la  valeur  du  rapport  -p^  étant  déjà  très  voisine  de  l'unité  pour  une 

température  de  84°,  ce  rapport  n'augmente  que  d'une  façon  insensible,  malgré  une 
élévation  de  température  de  84°.  Nous  nous  bornerons  à  ces  exemples  pour  montrer 
que  le  rapport  entre  le  poids  d'un  corps  et  le  poids  d'eau  qui  distillent  simulta- 
nément croît  avec  la  température  lorsqu'il  s'agit  d'un  produit  pour  lequel  ce  rap- 
port est  inférieur  à  l'unité. 

»  Efïectivement,  nous  avons  pu  vérifier  cette  loi  par  l'expérience,  en  soumettant  à 
la  distillation,  d'une  part  sous  pression  réduite,  d'autre  part  sous  pression  normale, 
de  l'eau  et  des  substances  non  miscibles  à  l'eau.  Nous  indiquerons,  pour  fixer  les  idées, 
les  résultats  que  nous  avons  obtenus  en  opérant  avec  le  linalol  et  l'eau.  Sous  200™" 
de  pression,  nous  avons  recueilli  i3s,  2  de  linalol  pour  loos  d'eau,  tandis  que,  sous  la 
pression  normale,  22s,  3  de  linalol  ont  distillé  en  même  temps  que  loo?  d'eau. 

P 

»   2°  Substances  pour  lesquelles  le  rapport  -^i   est  supérieur  à  l'unité.  —  Pour 

P 

le  pinène,  CTP^,  le  calcul  montre  que  le  rapport  p^  prend  les  valeurs  suivantes  : 

3,3o  à  0°;  2,49  à  10°;  1 ,95  à  20°;  1 ,66  à  3o°;  i  ,5i  à  4o°;  i  jSg  à  00°;  i  ,87  à  60°; 
1,32  à  70°;  i,3o  à  80°;  i,3o  à  ioo°;  i,3o  à  120°;  1 ,29  à  i4o°;  1,26  à  160°;  i,i4  à  200°. 


SÉANCE    DU    2  1    JUILLET    1902.  1 77 

»  Dans  le  cas  de  la  benzine,  G^IrP,  on   trouve  :  aS  à  0°;   12,7  à  5o°;  7,7   à  100°; 
5,3  à  i5o°;  3,9  à  200°;  3,2  à  25o°. 

»   Poussons,  pour  quelques  corps,  le  calcul  jusqu'au  voisinage  de  l'état  critique. 

P 

Dans  le  cas  de  l'isopentane,  C^H'-,  ^  =:  22.5,6  à  0°;  28,2  à  100°,  et,  enfin,  ce  rapport 

prend  des  valeurs  voisines  de  10,9  lorsque  la  température  est  voisine  de  188°,  tempé- 
rature critique  de  la  substance.  Pour  l'hexane  normal,  C^W^,  on  trouve  46,9  à  0°; 
II  ,5  à  100°,  et  des  valeurs  voisines  de  5  dans  le  voisinage  de  l'état  critique  qui  se  ma- 
nifeste à  235°.  Citons  encore  l'exemple  du  tétrachlorure  de  carbone,  CCI*,  pour  lequel 

P  ... 

•p7  prend  les  valeurs  :  61 ,7  à  0°;  i4,2  à  100°,  et  une  valeur  voisine  de  12  aux  environs 

de  283°,  température  critique. 

»  On  voit  que  le  rapport  entre  le  poids  cVune  substance  et  le  poids  d'eau  qui 
distillent  simultanément  décroit  lorsque  la  température  augmente,  s'il  s'agit  d'un 
corps  pour  lequel  ce  rapport  est  supérieur  à  l' unité. 

»  Nous  avons  soumis  cette  loi  à  diverses  vérifications  expérimentales.  L'essence  de 
térébenthine  et  l'eau,  par  exemple,  ont  distillé  :  sous  210™™  de  pression,  dans  la  pro- 
portion de  i23s  d'essence  de  térébenthine  pour  loos  d'eau;  sous  la  pression  normale, 
dans  la  proportion  de  102S  de  la  première  substance  pour  loos  de  la  seconde. 

»  Conclusion.  —  Les  deux  lois  que  nous  venons  de  faire  connaître 
peuvent  être  comprises  dans  l'énoncé  général  que  voici  :  Le  rapport  entre 
le  poids  d'un  corps  non  miscible  à  l'eau  et  le  poids  d'eau  qui  distillent  simulta- 
nément varie  dans  le  sens  qui  le  rapproche  de  l'unité,  lorsque  la  température 
croit  sans  atteindre  la  température  critique  de  l'une  des  deux  substances.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  un  nouveau  phénol  diio dé. 
Note  de  M.  P.  Brenans,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

«   J'ai  étudié  antérieurement  (')  deux  phénols  diiodés 

OH-C«H='Pi.2.4     et     OH  — C*'Hn^i.2.6. 

La  présente  Note  a  pour  objet  de  faire  connaître  un  isomère  nouveau,  le 
phénol  diiodé,  OH  —  CH^P  i.3.6,  que  j'ai  obtenu  en  partant  de 
l'orlhonitraniline.  En  mélangeant  des  solutions  de  chlorure  d'iode  et 
d'orthonitraniline  dans  Tacide  acétique,  j'ai  préparé  l'orlhonitraniline 
monoiodée,  C''H^(AzH^)  (AzO^)  (I)  1.2.4.  Le  dérivé  diazoïque  de  ce  der- 
nier corps  a  été  décomposé  au  moyen  de  l'iodure  de  potassium  et  a  fourni 


(')  Comptes  rendus,  L  CXXXII,  p.  83i;  t.  GXXXIV,  p.  357.    . 

G.  R.,  1902,  2«  Semestre.  (T.  CXXXV,  N°  3.)  ^^ 


iy8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

un  nitrobenzène  diiodé,  C*H='(AzO-)  (P)  i.3.6.  La  base  correspondante, 
Vaniline  diiodèe,  C''H='(AzH^)  (P)  1.3.6,  a  donné,  par  diazotation  et 
décomposition  du  diazoïque  en  présence  de  l'eau,  le  diiodophénol, 
OH—  CH^P  1.3.6.  Je  vais  indiquer  les  modes  de  production  et  les 
propriétés  de  ces  différents  corps. 

»  I.  OftTHOiVITRÂNlLINÊ  MONOIODÉE  C  H*(  Az  H^)  (  Az  O"  )  (  I  )  1  .  2  . 4-  —  Elle  a  été 
obtenue  en  versant  peu  à  peu,  en  agitant,  une  solution  acétique  de  23S,55  de  chlorure 
d'iode  (i'"°^)  dans  une  dissolution  de  20§  d'orthonitraniline  (i™°')  et  8os  d'acide 
acétique. 

»  La  réaction,  commencée  à  froid,  est  achevée  en  portant  la  température  vers  80", 
1  ou  2  heures;  il  y  a  dégagement  d'acide  chlorhydrique  et  dépôt  d'un  précipité 
cristallin.  On  verse  le  mélange  dans  2'  d'eau  bouillante,  on  entraîne  au  moyen  de  la 
vapeur  d'eau  utie  partie  de  l'acide  acétique,  un  peu  d'iode  et  de  l'orthonitraniline  qui 
n'ont  pas  réagi.  La  solution  fournit,  en  refroidissant,  358  à  36s  d'un  corps  cristallisé 
en  aiguilles  jaune  orangé.  Par  recristaliisation  dans  l'alcool  chaud,  celui-ci  s'est 
déposé  en  gros  prisnies,  fusibles  à  122°;  il  présente  les  propriétés  de  Vorthonitraniline 
iodée,  C®H-^(AzH^)  (AzO-)  (I)i.2.4,  déjà  obtenue  par  une  voie  différente  ('). 

»  II.  Nitrobenzène  diiodé  C''H^(AzO^)  (P)  i  .3.6.  —  Pour  transformer  l'ortho- 
nitraniline monoiodée,  G^H^(Az  H-)  (  AzO^)  (I)  i .  2  ./j,  en  nitrobenzène  diiodé, 
G^H^(AzO^)  (P)  1 .3.6,  je  dissous  262,4  d'orthonitraniline  iodée  dans  un  mélange 
froid  de  70'^"'  d'acide  acétique,  70*^"'  d'acide  sulfurique  et  yS*^^"^'  d'eau.  La  solution, 
refroidie  à  0°,  est  additionnée,  en  agitant  au  moyen  d'une  turbine,  d'une  solution  de 
7S  de  nitrite  de  soude  dans  So"^"'  d'eau  glacée. 

»  L'addition  terminée  après  i  heure,  j'y  ajoute,  en  refroidissant,  une  solution  de  l6t5,6 
d'iodure  de  potassium  dans  3o*^'"'  d'eau;  de  l'azote  se  dégage  et  il  se  dépose  un  j^ro- 
duit  cristallin,  jaune  foncé.  Le  mélange  est  porté  ensuite  lentement  vers  60°,  afin 
d'achever  la  réaction.  Le  précipité  total,  obtenu  après  refroidissement  et  dilution  du 
liquide,  est  lavé  au  bisulfite  de  soude,  puis  séché.  Pour  le  purifier,  je  le  dissous  dans 
l'alcool  chaud  et  je  fais  bouillir  i  heure  la  solution  avec  du  nôîr  animal.  La  dissolu- 
tion, filtrée  chaude,  abandonne  3os  d'un  corps  formé  de  fines  aiguilles,  jaunes,  fusibles 
à  io9°-iio°,  présentant  la  composition  du  nitrobenzène  diiodé  (Z^\i^{KzO^'){l^)\.Z,6. 
Ce  dérivé  est  peu  soluble  dans  l'eau  ;  il  est  plus  soluble  dans  l'alcool,  l'éther,  le  chloro- 
forme, le  benzène. 

»  III.  Aniline  diiodée  C'^H^(AzII-)  (I-)  i  .3.6.  —  Pour  transformer  le  nitroben- 
zène diiodé  1.3.6  en  aniline  diiodée,  on  mélange  à  froid  i5s  de  nitrobenzîéne  avec 
5(jcm3  d'acide  chlorhydrique;  on  ajoute  peu  à  peu  273,5  de  protochlorure  d'étain  et 
l'on  porte  le  tout  vers  So"*  pendant  2  heures.  Après  la  fin  de  la  réaction,  la  base  est 
mise  en  liberté  en  additionnant  lentement  le  mélange  de  lessive  de  soude  étendue.  On 
jette  le  précipité  sur  un  filtre,  on  le  lave,  on  le  sèche  entre  deux  feuilles  de  papier  à 
filtrer,  on  dissout  l'aniline  dans  l'alcool  et  l'on  filtre  la  solution.  La  liqueur,  concen- 
trée par  distillation,  est  portée  à  l'ébullition  avec   du  noir  animal  et   filtrée  de  nou- 

(^)  MicuAEL  et  Norton,  Deutsch.  chem.  GeselL,  t.  W^  p.  109* 


SÉANCE  DU  2f  JUILLET  T902.  I 79 

veau;  elle  abandonne  par  refroidissement  des  aiguilles  incolores,  à  odeur  de  naphta- 
line, fusibles  à  88°-89",  possédant  la  composition  d'une  aniline  diiodée  G''H^(AzH'-)(P). 
C'est  Tisomère  i.3.6.  Cette  base  distille  avec  la  vapeur  d'eau;  elle  est  soluble  dans 
les  solvants  organiques.  Ses  solutions  s'altèrent  à  la  lumière. 

»  IV.  Phénol  diiodé  OH  —  C^H^P  i.3.6.  —  Pour  l'obtenir,  je  dissous  5s  de 
l'aniline  diiodée  1.3.6  dans  un  mélange  tiède  de  aS'^'"' d'acide  acétique  et  de  SS*^""' 
d'acide  sulfurique  ;  en  refroidissant  la  solution  à  0°  et  en  agitant  à  l'aide  d'une  turbine, 
une  partie  de  la  base  se  dépose  sous  forme  d'un  précipité  très  divisé.  J'y  ajoute  is  de 
nitrite  de  soude  pulvérisé,  par  portions  de  oS,  10.  Après  i  heure  d'agitation,  le  mé- 
lange est  versé  lentenient  sur  loos  de  glace  pilée,  puis  la  température  est  portée,  peu 
à  peu,  vers  60".  Je  dilue  le  liquide  et  je  le  traite  par  un  courant  de  vapeur  d'eau.  Le 
phénol  diiodé  distille  en  aiguilles  incolores;  le  rendement  est  de  plus  de  3s.  Pour  le 
purifier,  je  le  dissous  à  chaud  dans  l'éther  de  pétrole;  la  solution  fournit  des  prismes 
aplatis,  fusibles  à  99°,  présentant  la  composition  d'un  phénol  diiodé ^  OH-^Ç^H^I-; 
c'est  l'isomère  i.3.6.  Ce  diiodophénol  est  un  peu  soluble  dans  l'eau,  l'éther;  il  est 
très  soluble  dans  l'alcool,  le  chloroforme,  l'acide  acétique,  le  benzène,  l'éther  de 
pétrole. 

»  Afin  de  caractériser  ce  phénol  diiodé,  j'ai  préparé  son  éther  acétique, 

CWO^—C^nn^  1.3.6 

en  maintenant  2  heures  à  l'ébullition  le  diiodophénol  avec  un  excès  d'anhydride 
acétique;  après  refroidissement,  j'ai  versé  la  solution  dans  l'eau.  Le  précipité  obtenu 
a  été  dissous  dans  l'alcool  méthylique;  par  évaporation,  l'éther  acétique  a  cristallisé 
en  prismes  allongés,  incolores,  fusibles  à  70",  présentant  la  composition  C^H^O^l-. 
Ce  corps  est  très  soluble  dans  l'alcool  méthylique,  l'acide  acétique,  le  benzène  et 
l'éther  de  pétrole.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  ~  Action  de  l'acide  nilreux,  en  solution  acide,  sur  les 
éthers  ^-cétoniques  a  substitués;  synthèse  des  homologues  de  l'acide  pyru- 
vique.  Note  de  MM.  L,  Bouveault  et  U.  Locquin,  présentée  par  M.  A. 
Haller. 

«  Om  sait,  par  les  travaux  de  V.  Meyer  et  de  ses  élèves,  que  l'acide 
nitreqx,  réagissant  sur  les  éthers  acétylacétiques  oc  substitués,  s'y  combine 
en  donnant  deux  réactions  absolument  différentes  qui  peuvent  être  repré- 
sentées par  les  équations  (I)  et  (II)  : 

(I)  CH='-CO      CH      CO-G-H' 

I  +AzOOH  =  CH=^-CO-H  +  R-  C-CO-C=^H% 

R  II 

AzOH 

(II)  CH^  — CO-CH-CO^C=^H^-hAzOOH  =  CH='-CO-C-R  +  CO-H-C'H«0. 

I  II 

R  AzOH 


l8o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»   V.  Meyer  admet  qu'il  se  forme  d'abord  un  nitrosé  vrai 

CH'-CO\     /AzO 

susceptible  de  s'hydrater  de  deux  manières  différentes  suivant  les  condi- 
tions. Mais  il  n'a  établi  ni  l'existence  de  ce  nilrosé  intermédiaire,  ni  les 
conditions  dans  lesquelles  il  faut  se  placer  pour  obtenir  à  volonté  l'un  ou 
l'autre  dédoublement! 

»  Dans  les  expériences  de  V.  Meyer,  Zûblin,  Wleiigel,  Gutknecht, 
Treadwell  et  Fûrth,  expériences  qui  se  font  en  liqueur  alcaline,  aqueuse  ou 
alcoolique,  les  réactions  (I)  et(II)  prennent  naissance  simultanément,  mais 
l'on  n'obtient  la  réaction  (1)  qu'avec  des  rendements  très  mauvais;  aussi, 
l'étude  des  acides  a  isonitrosés  et  de  leurs  éthers  est-elle  relativement  peu 
avancée. 

»  La  réaction  (II),  au  contraire,  a  été  mieux  élucidée,  d'abord  par  Wes- 
tenberger  et  ensuite  par  von  Pechmann  et  ses  élèves. 

»  Nous  nous  sommes  proposé  d'étudier  de  près  le  mécanisme  de  ces 
mêmes  réactions  et  de  déterminer  les  conditions  permettant  d'obtenir  l'un 
des  deux  dédoublements  à  l'exclusion  complète  de  l'autre. 

»  Nous  avons  fait  réagir  l'acide  nitreux,  non  pas  en  solution  alcaline 
comme  nos  devanciers,  mais  en  solution  acide,  et  nous  avons  constaté  que, 
dans  ces  conditions,  cest  toujours  la  réaction  (I)  seule  qui  prend  naissance. 

»  Mode  opératoire  suivi  et  résultats  obtenus.  —  On  peut  dissoudre  l'éther  p-céto- 
nique  dans  l'acide  chlorhydiique  aqueux  fumant  auquel  on  ajoute,  s'il  y  a  lieu,  de 
l'acide  acétique  cristallisable  pour  favoriser  la  dissolution.  Puis,  dans  le  liquide  main- 
tenu au-dessous  de  o°,  on  fait  tomber  goutte  à  goutte  et  en  agitant  une  solution  con- 
centrée de  nitrite  de  soude  en  quantité  calculée.  Cette  addition  terminée,  on  verse  sur 
l'eau  glacée,  on  agite  à  l'éther,  on  lave  la  solution  éthérée  au  carbonate  de  soude,  on 
évapore  l'éther  et  l'on  rectifie  le  produit  dans  le  vide. 

»  On  recueille  toujours  ainsi  un  mélange  de  l'éther  glyoxylique  substitué  et  de  son 
oxime.  La  formation  de  glyoxylate  substitué  s'explique,  car,  dans  les  conditions 
expérimentales,  l'oxime  formée  se  décompose  en  chlorhydrate  d'hydroxylamine  et 
éther  correspondant. 

»  Cette  décomposition  est  totalement  évitée  si,  au  lieu  d'opérer  en  solution  hydro- 
chlorhydrique,  on  opère  dans  l'acide  sulfurique  concentré.  Il  est  alors  avantageux  de 
remplacer  l'addition  de  nitrite  de  soude  par  celle  de  cristaux  des  chambres  de  plomb 
(sulfate  acide  de  nitrosyle)  préalablement  dissous  eux-mêmes  dans  deux  fois  leur  poids 
d'acide  sulfurique.  On  termine  l'opération  comme  précédemment.  Le  rendeaient  en 
éther-oxime  est  alors  intégral. 

»   11    est   à   remarquer,    en   outre,   que    le  doublement    a    toujours  lieu   suivant  le 


SÉANCE  DU  21  JUILLET  1902.  181 

schéma  (I),  quelle  que  soit  la  condensation  moléculaire  de  Féther  P-cétonique  employé, 
et  que,  dès  lors,  il  est  pratiquement  beaucoup  plus  avantageux  d'employer  simple- 
ment des  éthers  acétylacétiques  substitués  plutôt  que  des  éthers  acidylacéliques 
substitués  plus  complexes. 

»  Ainsi;,  en  partant  de  l'éthylcaproylacétate  d'éthyle  (dont  nous  avons 
récemment  indiqué  la  préparation)  on  obtient  la  même  oxime  d'éther 
glyoxylique  qu'en  partant  del'éthylacétylacétated'éthyle;  seulement,  dans 
'le  premier  cas,  le  lavage  au  carbonate  de  soude  enlève  de  l'acide  caproïque, 
tandis  que,  dans  le  second  cas,  il  enlève  de  l'acide  acétique.  Les  deux 
réactions  peuvent  s'écrire  ainsi  : 

CMiii  _  CO  —  CH  —  CO^C^HM 

+  AzOOII=:C2H5_C-CO^C2fP      \^  ^    .<-u  H. 

ou  )  Il  +  /  ou 

I  A7  OH  1 

CH'-  CO  -  CH  -  CO^C^H^  "^^^^  (  GH^C02H. 

C^Hs  I 

»  Ij  oxime  de  V étliylglyoxylate  d'éthyle  (^)  (ou  oxime  du  méthylpyruvate 
d'éthyle),  qui  prend  ainsi  naissance  dans  les  deux  cas,  bout  de  125"  à  i3o° 
sous  10°^™.  Elle  cristallise  en  aiguilles  blanches  solubles  dans  le  pétrole 
léger  en  fondant  à  58". 

»  En  chauffant  à  100°,  en  tube  scellé,  cet  éther-oxime  avec  une  solution 
alcoolique  d'acide  chlorhydrique,  on  le  transforme  complètement  en  mé- 
thylpyruvate. 

))    On  a  préparé  de  la  même  manière  : 

»  1°  En  partant  de  l'isoamylacétylacétate  d'éthyle,  Voxime  de  l'isoamylglyoxylate 
d'éthyle  (ou  oxime  de  l'isobutylpyruvate  d'éthyle) 

(CIP)-=  CH  —  (CH2)2—  C  —  CO^GMi^ 

II 
AzOH 

qui  est  assez  visqueuse  et  bout  à  1 14°  sous  12™°'.  D^  =  0,91 14. 

»  Uacide  correspondant  s'obtient  facilement  en  saponifiant  l'éther  par  la  potasse 
aqueuse.  Il  fond  à  160°  en  se  décomposant.  L'éthérification  est  d'ailleurs  aussi  aisée 
que  la  saponification.  Quant  à  Visocunylglyoxylate  d'éthyle  lui-même,  il  bout 
vers  io5°  sous  18"^™. 

»  2°  En  partant  de  l'octyl (secondaire)  acétylacétate  d'éthyle  (ou  caprylacétylacétate 

(^)  Cette  même  oxime  a  déjà  été  préparée  différemment  par  Lepercq,  qui  la  donne 
comme  fondant  à  5i°  {Bl.  (3),  11,  885]. 


i8:î  académie  des  sciences. 

d'éthyle),  nous  avons  obtenu  Voxime  de  l'octyl{secondaire)  glyoxylate  d'étliyJe  (ou 
oxime  du  méthyl-hexylpjruvate  d'éthyle).  Elle  bout  à  177°  sous  16™™,  D*  =  0.9859, 
et  a  pour  formule 

CH»—  CH  —  (  CH'-)'  —  CH^ 

AzOHr=:C-GO^C2fP. 

))  L'acide  correspondant,  d'aspect  stéarineiix,  fond  à  SS^^Sg". 

«  En  un  mot,  ces  réactions  sont  d'une  netteté  parfaite.  La  nitrosation^ 
en  liqueur  acide,  des  éthers  ^-cétoniques  a  substitués  pfir  un  radical  quel- 
conque, primaire  ou  secondaire,  fournit  exclusivement,  par  séparation  du 
radical  acide,  des  oximes  d'éthers  glyoxyliques  substitués.  De  là  un  moyen 
très  commode  de  préparer  un  grand  nombre  d'éthers  homologues  supé- 
rieurs des  pyruvales. 

))  Nous  nous  occupons  de  généraliser  cette  réaction.  » 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Méthode  permettant  de  séparer,  des  liquides  animaux 
ou  végétaux  complexes ,  la  plupart  de  leurs  matières  ternaires  et  plusieurs 
des  bases  qui  peuvent  les  accompagner.  Note  de  M.  S.  Dombrowski, 
présentée  par  M.  A.  Gautier. 

«  Lorsqu'on  traite  les  liquides  d'origine  animale  ou  végétale  par  l'acé- 
tate neutre  de  plomb,  ce  réactif  laisse  après  filtration  un  certain  nombre 
de  corps  azotés.  On  les  enlève  presque  entièrement,  comme  le  fait  M.  Arm. 
Gautier  ('),  par  l'acétate  neutre  de  mercure.  Après  filtration  et  séparation 
du  mercure  ajouté,  on  trouve  dans  cette  liqueur  la  plupart  des  corps  ter- 
naires et  quelques  rares  composés  azotés. 

»  C'est  cette  méthode,  qui  fait  le  sujet  du  présent  travail,  que  j'ai  étudiée 
et  perfectionnée  au  laboratoire  de  M.  A.  Gautier,  que  je  remercie.  Pour 
l'appliquer,  nous  nous  sommes  adressé  à  un  des  liquides  les  plus  com- 
plexes,  les  urines  normales. 

»  100'  d'urines  normales  sont  neutralisés  par  le  carbonate  de  potassium,  puis  pré- 
cipités par  l'acétate  neutre  de  plomb.  La  liqueur,  privée  de  plomb  par  CO^K-,  neu- 
tralisée, concentrée  dans  le  vide,  est  reprise  par  l'alcool  à  80°  à  froid.  On  obtient  ainsi 
un  résidu  A  et  une  solution  B. 

))  Résidu  A.  —  C'est  le  moins  important.  On  le  traite  par  l'acétate  de  plomb  pour 
précipiter  une  partie  des  chlorures,  puis  on  fait  digérer  avec  de   l'acétate  d'argent  qui 

(})  Comptes  rendus,  t.  CXXIX,  1899,  p.  701. 


SÉANCE    DU    2  1    JUILLET    I902.  1 83 

enlève  le  reste  du  chlore^  Lé  liquide  privé  du  chlore  est  traité  par  l'acétate  de  Hg 
en  présence  de  CO^K^  jusqu'à  ce  que  le  précipité  qui  se  forme  devienne  jaunâtre.  Ce 
précipité  contient  tous  les  corps  azotés  (urates  et  composés  puriques  en  particulier); 
dans  le  fîltratum,  on  ne  retrouve  plus  que  quelques  matières  minérales^ 

»  Solution  B.  ■ —  Cette  solution  est  alcoolique  distillée  dans  le  vide  :  le  résidu  est 
repris  par  l'eau  et  additionné  de  H^SO^  dilué  pour  transformer  en  sulfates  les  acétates 
produits  dans  les  réactions  précédentes.  Les  liquides  filtrés  réunis  sont  concentrés 
dans  le  vide.  Le  résidu  est  épuisé  à  chaud  par  l'alcool  à  80°. 

»  Dans  le  cas  des  urines,  cet  extrait  alcoolique,  évaporé  dans  le  vide,  est  congelé 
plusieurs  fois  pour  séparer  en  graùde  partie  l'urée. 

»  On  obtient  alors  des  eaux  mères  que  l'on  traite  en  solution  aqueuse  par  l'acétate 
neutre  de  mercure  en  présence  de  CO^K^  jusqu'à  nuance  jaune  du  précipité.  On 
sépare  le  meï"Gure  par  H^S,  on  transforme  les  acétates  en  siilfates  et  l'on  concentre  dans 
le  vide  pour  éliminer  l'acide  acétique. 

»  A  son  tour,  le  produit  de  la  concentration  est  soigneusement  extrait  par  l'alcool 
à  80°  à  chaud.  On  a  ainsi  Vextrait  alcoolique  C  contenant  les  corps  des  urines  so- 
lubles  dans  l'alcool  après  qu''on  a  eu  séparé  par  l'acétate  de  mercure,  l'urée,  la 
créatinine,  les  sels  ammoniacaux  et  d'autres  corps  asôtés,  ainsi  que  la  plupart 
des  principes  minéraux  déjà  séparés  en  grande  partie  par  l'acétate  de  plomb. 

»  Extrait  alcoolique  C.  —  On  distille  cette  solution  alcoolique  dans  le  vide  à 
consistance  de  sirop  épais,  qu'on  dissout  ensuite  dans  l'eau.  Pendant  cette  concëntra- 
tiori,  le  distillatum,  légèrement  coloré  en  jaune,  entraîne  des  traces  d'acides  azotique 
et  azoteux^  Cette  observation  nous  a  conduit  à  rechercher  et  à  trouver  les  azotates 
dans  le  produit  de  la  concentration.  Ces  Sels  se  retrouvent,  en  effet,  d'après  nos 
observations,  dans  toutes  les  urines  normales. 

»  La  solution  aqueuse  du  sirop  C  est  traitée  par  l'hydrate  de  baryum  en  solution* 
Le  dépôt  est  constitué  principalement  de  BaSO*j  d'hydrate  et  d'oxychlorùre  de  Mg* 

»  La  liqueur  contenant  les  composés  barytiques  solubles  dans  l'eau  est  alcaline 
et  dégage  une  odeur  fade  d'aminés.  On  l'évaporé  dans  le  Vide  à  basse  tertipérature  à 
consistance  sirupeuse,  en  recueillant  les  traces  des  bases  volatiles. 

»  Le  sirop  barytique  est  malaxé  avec  un  excès  d'alcool  à  g5°;  il  se  forme  un  pré- 
cipité poisseux,  tandis  que  l'alcool  se  charge  de  matières  bruries* 

»  Ainsi,  par  ce  moyen,  nous  divisons  le  groupe  des  composés  barytiques  solubles 
dans  l'eau  en  deux  sous-groupes  :  oc  et  (3,  l'un  soluble,  l'cJutre  insoluble  dans  l'alcool 
fort  à  froid. 

))  Les  sous-groupes  indiqués  sont  privés  de  baryte  par  l'acide  sulfurique  dilué 
et  soumis  à  la  dialyse  pendant  plusieurs  jours,  en  prenant  les  précautions  nécessaires 
pour  éviter  toute  fermentation. 

»  Les  liqueurs  dialysées  sont  réunies  et  concentrées  dans  le  vide  jusqu'à  formation 
de  cristaux.  On  les  sépare.  Ils  constituent^  dans  le  cas  des  urines,  un  acide  très  ana- 
logue à  l'acide  hippurique,  mais  en  différant  par  quelques  caractères.  Le  sirop  dont 
cet  acide  a  été  séparé  est  traité  à  froid  par  l'alcool  absolu.  Ce  traitement  donne  deux 
parties  : 

»  Une  soluble  ^j.^^  l'autre  insoluble  a^. 


l84  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Partie  i.'ï..  —  Concentrée  et  abandonnée  à  une  cristallisation  spontanée,  elle  laisse 
un  dépôt  cristallin.  Nous  avons  constaté  par  tous  ses  caractères  qu'il  est  formé  de 
jnannite. 

»  Le  sirop,  après  séparation  de  la  mannite,  contient  des  corps  réducteurs,  des  bases 
et  des  composés  qui  précipitent  par  l'acétate  de  cuivre  à  chaud. 

»  Pour  séparer  ces  derniers  corps,  on  fait  digérer  le  sirop  à  la  température  6o°-70° 
avec  du  carbonate  de  cuivre  bien  pur  et  en  petit  excès. 

»  On  filtre  à  chaud;  le  fdtratum  est  concentré  dans  le  vide  et  traité  alors  par 
l'alcool  absolu  qui  précipite  un  dépôt  floconneux  qu'on  sépare  par  centrifugation. 

»  Les  composés  ciwriques  aa-a  solubles  dans  falcool  sont  plus  abondants  que  la 
partie  insoluble  aa-6.  Nous  ne  nous  occuperons  dans  cette  élude  que  des  premiers. 

»  La  solution  de  ces  composés  privée  de  cuivre  contient  entre  autres  des  alcaloïdes, 
des  phénols  et  des  corps  réducteurs.  Ce  sirop  possède  une  réaction  acide  et  décom- 
pose les  carbonates. 

»  Extraction  des  alcaloïdes  du  sirop  aa-a.  — •  On  traite  ce  sirop  par  un  excès 
d'hydrate  de  baryum.  Les  basés  mises  en  liberté  sont  les  unes  solubles  dans  l'éther 
légèrement  alcoolisé,  les  autres  solubles  seulement  dans  l'alcool.  On  précipite  les  bases 
de  la  solution  éthérée  à  l'état  de  sels  doubles  de  platine  et  on  les  soumet  à  une  cris- 
tallisation fractionnée.  On  obtient  ainsi  deux  chloroplatinates.  La  majeure  partie  est 
constituée  par  du  chloroplatinate  de  cadavérine. 

»   Le  sirop,  après  extraction  par  l'éther  alcoolisé,  est  extrait  par  l'alcool. 

»  Les  bases  étant  accompagnées  de  corps  à  fonction  phénolique  également  solubles 
dans  l'alcool,  on  les  sépare  à  l'état  de  précipité  phosphomolybdique.  Le  précipité  est 
décomposé  par  la  baryte,  qu'on  élimine  dans  un  courant  de  CO'. 

»  La  liqueur  concentrée  est  extraite  par  l'alcool  et  les  bases  transformées  en  chlor- 
hydrates. On  précipite  la  solution  alcoolique  des  chlorhydrates  des  bases  par  le  chlo- 
rure de  platine.  On  obtient  ainsi  deux  chloroplatinates  différents,  dont  l'un  est  le 
chloroplatinate  de  la  base  C^H^^AzO^. 

»  Après  l'extraction  des  bases,  le  sirop  primitif  aa-a,  débarrassé  de  l'excès  de  baryte 
par  un  courant  de  CO^,  laisse  déposer  des  cristaux  d'azotate  de  baryum,  originaire 
des  azotates  normaux  des  urines  signalés  plus  haut. 

»  Après  séparation  de  ce  sel,  le  sirop  résiduel  est  décomposé  avec  précaution  par 
H^SO*  dilué.  On  obtient  un  sirop  clair  qui  rappelle,  par  ses  propriétés,  l'acide  glycu- 
ronique,  mais  ne  se  confond  pas  avec  lui. 

»  Partie  a[3.  —  Elle  contient  des  composés  qui,  à  l'état  de  combinaisons  barytiques, 
sont  solubles  dans  l'alcool  à  gS".  Après  élimination  de  la  baryte  et  dialyse,  ces  com- 
posés précipitent  par  l'alcool  absolu.  Ils  sont  facilement  solubles  dans  l'alcool  méthy- 
lique.  La  solution  méthylique  abandonnée  à  l'évaporation  à  l'air  dépose  encore  de  la 
mannite. 

»  Je  me  réserve  de  continuer  cette  étude.  Elle  m'a  permis  jusqu'ici  de  séparer  la 
presque  totalité  des  composants  de  l'urine  normale  à  l'état  cristallisé.  » 


SÉANCE    DU    21     JUILLET    1902. 


i85 


CHIMIE   ANIMALE.  —  Variations  de  l'iode  du  sang.  Note  de  MM,  E.  Gley 
et  P.  BouRCET,  présentée  par  M.  Arm.  Gautier. 

«  Nous  avons  montré  (')  que  l'iode  est  un  élément  normal  du  sang.  Il 
s'y  trouve  en  quantité  très  variable,  oscillant  entre  o™8^,oi3  et  o™s,ii2 
par  litre,  soit  de  i  à  10.  En  raison  même  de  ces  différences,  il  ne  paraît 
pas  facile  de  déterminer  l'importance  des  conditions  qui  peuvent  faire 
varier  cette  teneur.  Nous  avons  commencé  par  étudier  l'influence  de  la 
saignée.  Il  s'agit,  dans  ces  expériences,  de  saignées  très  abondantes, 
puisque,  pour  doser  l'iode  avec  une  exactitude  suffisante  dans  le  sang,  il 
faut  opérer  sur  Soo"""'  à  igoo'""',  5oo"°'  étant  le  volume  minimum  que  l'on 
doive  employer. 

»  Toutes  nos  expériences  ont  été  faites  sur  des  chiens  mâles.  Ces  ani- 
maux étaient  nourris  avec  une  soupe  de  pain  et  de  viande.  Le  sang  était 
pris  dans  une  artère  fémorale  ou  dans  une  carotide.  Après  la  seconde  sai- 
gnée, l'animal  était  sacrifié  par  section  du  bulbe;  on  enlevait  la  glande 
thyroïde  et  l'on  y  dosait  l'iode. 

»  Nous  résumons,  sous  forme  de  Tableau,  les  résultats  que  nous  avons 
obtenus  : 


Poids 

des 

animaux. 

kg 
26,700 

20,5oo 


Iode  du  sang  pour  1000. 
°  saignée  (^).         2"  saignée. 


mg 
0,098 

3 


{') 


0,00 
0,198 


Temps 

entre 

les 

2  saignées. 

j        h 
2 

2,19 


Poids 

des 

animaux 

lors  de  la 

2°  saignée. 


Poids 

de  la 

thyroïde 

fraîche. 

g 
2,625 

2,336 


Poids  sec. 
s 
0,77 
o,8i5 


Iode 

de  la 

glande. 

vue 
I 

0,264 


(')    Comptes  rendus,  18  juin  1900. 
(^)  Volumes  des  saignées  respectives  : 

Animaux.                                        i"  saignée.  2=  saignée. 

cm'  cm' 

1 55o  5oo 

2 5oo  55o 

3 5oo  5oo 

h .5oo  5oo 

5 5oo  5oo 

6 600  1000 

7 600  65o 

8 700  960 

(')  Ce  chiffre  est  tout  à  fait  exceptionnel.  L'animal  ne  présentait  rien  de  particulier. 
Il  arrivait  de  la  fourrière;  son  alimentation  antérieure  nous  était  donc  inconnue. 

C.  R.,  1902,  a«  Semestre.  (T.  CXXXV,  N°  3.)  24 


l86  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Poids 

Temps              des  Poids 

Poids            Iode  du  sang  pour  looo.                  entre           animaux  de  la                                    Iode 

des          —- —      ■■        — — ^ ^-                les             lors  de  la  thyroïde                                 delà 

animaux.       i"  saignée.             2*  saignée.         2  saignées.     2'  saignée.  fraîche.  Poids  sec.        glande, 

kg                       mg                                  mg                               ■-           h                kg  g                         g                          mg 

3 2i,5oo  0,066  0,029  3  22  2,27  0,700  o>i94 

4- 29  0,098  0,00  3  3,073  o,23f 

5 17,600  trace     (*)  trace    (')  "4  i6,3oo  1,069  0,3^2  0,628 

6 17  0,0275  0,00  16  i3,8oo  1,94  0,545  0,99 

7 20,5oo  0,0678  0,00  18  i9,5oo  3,72  Ï5195  2,o46 

8 3i  0,0942  0,00  21  28  0,745  0,241  0,528 

»  Il  résulte  de  ces  chiffres  que,  après  une  saignée  abondante,  l'iode  du 
sang  diminue  rapidement  et,  au  bout  de  quelques  jours,  disparaît  complè- 
tement. 

»  La  question  se  pose  alors  de  savoir  au  bout  de  combien  de  temps 
l'iode  peut  reparaître.  Nos  chiens  étaient  alimentés  avec  de  la  viande  et  du 
pain,  substances  qui  contiennent  très  peu  d'iode;  en  ajoutant  du  lait  à 
cette  alimentation,  on  verrait  sans  doute  l'iode  reparaître  plus  vite.  C'est 
une  recherche  à  faire.  Quoi  qu'il  en  soit,  dans  nos  expériences,  après 
20  jours,  il  n'y  avait  pas  encore  d'iode  dans  le  sang. 

»  Il  est  permis  de  supposer  que  la  glande  thyroïde  retient  fortement  tout 
ce  métalloïde.  En  effet,  la  teneur  des  glandes  de  nos  animaux  est  au 
moins  égale  à  la  teneur  moyenne  des  glandes  des  chiens  de  la  région 
parisienne.  Cette  teneur  moyenne  est  d'environ  o'"s,4  (moyenne  d'une 
vingtaine  de  dosages,  à  la  même  époque,  sur  des  chiens,  dans  les  mêmes 
conditions).  Si  l'on  prend  la  moyenne  des  huit  dosages  du  Tableau  ci- 
dessus,  il  vient  un  chiffre  de  o^^.'jiS;  toutefois  on  devrait  peut-être 
éliminer  du  calcul  le  chiffre  de  2"'s,o46 (chien  n°  7),  qui  est  exceptionnel; 
on  aurait  alors  comme  moyenne  des  sept  dosages  restants  o^^,534,  chiffre 
légèrement  supérieur  à  la  moyenne  ordinaire.  Il  semble  donc  que  la  glande 
non  seulement  retienne  fortement  son  iode,  mais  encore  s'empare  des 
faibles  quantités  qu'une  alimentation,  pauvre  en  ce  corps,  fait  passer  dans 
le  sang.    » 


(*)  C'est-à-dire  quantité  inférieure  à  j~  de  tniliigramnio. 


SEANCE    DU    21    JUILLET    1 


902.  187 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Propriétés  pharmaco dynamiques  de  certaines  semi- 
carbazides  aromatiques.  Note  de  MM.  Auguste  Lumière,  Louis  Lumière 
et  J.  Chevrottier,  présentée  par  M.  Marey. 

«  On  sait  que  les  semicarbazides  aromatiques  peuvent  être  représentées 
par  la  formule 

R  — AzH  — AzH  -CO  — AzH% 

dans  laquelle  R  est  un  radical  aromatique  monovalent.  L'étude  de  ces 
corps,  au  point  de  vue  de  leur  action  physiologique,   nous  a  permis  de 
constater  qu'ils  sont  doués  de  propriétés  antipyrétiques  fort  intéressantes. 
»   Nos  recherches  ont  porté  sur  les  semicarbazides  suivantes  : 

»  Phénylsemicarbazide,  C H*  —  AzH  —  Az H  —  CO  —  AzH"; 

/Rr 

»  Bromophénylsemicarbazide,  Q^H'^i    .     _.        ,    ^_       ^_,        ,    .-  • 
^       -^  \  Az  H  —  Az  H  —  CO  —  Az  H^  ' 

.,,  -r  1.     ,        •      1      .J    /-«Ti./OGH»     ou     OC^H^ 

»  Metoxy- et  ethoxyphenylsemicarbazide  C^H*C    ,    ^^        ,    ^^       ^^        ,    ^^„r 
^  ^r       J  \AzH  — AzH— CO  — AzH2' 

1»*'    u  •  •      1-     -1    r.«TT,/GO  — NH2  (i) 

»  Metabenzaminoseimcarbazide  C^H*\    .    ^^        .    ^t       ^^        »    ..„  \   • 

\AzH  —  AzH  —  CO  —  AzH2  (3) 

»  Pour  chacun  de  ces  corps,  nous  avons  déterminé  la  toxicité  par  les 
voies  intra-veineuse,  sous-cutanée  et  intra-gastrique;  l'action  sur  quelques 
grandes  fonctions  :  respiration,  circulation,  calorification,  nutrition,  puis 
le  pouvoir  antivégétatif  et  antiseptique.  Nous  avons  constaté,  en  premier 
lieu,  que  les  propriétés  éminemment  toxiques  des  hydrazines,  d'où  dé- 
rivent ces  semicarbazides,  sont  considérablement  atténuées  par  la  substi- 
tution du  groupement  CO  —  AzH^  à  l'un  des  hydrogènes  du  groupe  AzH^ 
qui  termine  la  chaîne  hydrazinique.  Nous  avons,  en  outre,  remarqué  que 
l'introduction  de  ces  corps  dans  la  circulation,  dans  l'estomac  ou  dans  le 
tissu  cellulaire  sous-cutané  des  animaux  fébricitants,  s'accompagne,  d'une 
manière  constante,  d'un  abaissement  de  la  température,  sans  aucun  autre 
phénomène  important. 

»  Nous  avons  donné  le  nom  générique  de  cryogénmes  aux  substances 
présentant  cette  fonction  antipyrétique,  caractérisée  par  le  groupement 
AzH  —  AzH  —  CO  —  AzH^  lié  à  un  radical  aromatique. 

»  Parmi  les  semicarbazides  que  nous  avons  étudiées,  la  métabenza- 
minosemicarbazide  nous  a  semblé  réunir  un  ensemble  de  propriétés  (sta- 


l88  ACADÉMIE    DES  SCIENCES. 

bilité,  solubilité,  facilité  de  préparation,  etc.)  qui  la  placeront  sans  doute 
au  premier  rang  des  antipyrétiques  de  cette  classe.  Aussi  résumerons- 
nous  les  principales  expériences  auxquelles  cette  substance  a  donné  lieu. 

»  Toxicité,  —  Un  lapin  de  2''?,  429  reçoit,  dans  la  veine  marginale  de  l'oreille,  Soo''™' 
d'une  solution  à  2  pour  100,  soit  2s,  47  par  kilogramme  de  poids  vif.  Sa  température 
descend  de  39°,  i  à  33",  8  et  l'animal  survit  à  cette  haute  dose  de  ce  produit.  La  respi- 
ration et  la  circulation  n'ont  subi  qu'un  faible  ralentissement  pendant  l'expérience, 
qui  a  duré  2  heures  25  minutes. 

»  Un  mois  après,  le  poids  de  l'animal  s'était  élevé  à  i^^^'joo. 

»  La  métabenzaminosemicarbazide  a  été  donnée  à  des  cobayes,  par  injection  sous- 
cutanée  et  intra-péritonéale,  à  des  doses  croissantes,  jusqu'à  ce,  5o  et,  par  ingestion, 
jusqu'à  2S  par  kilogramme  d'animal.  Tous  les  animaux  ont  survécu,  ont  augmenté  de 
poids  par  la  suite  et  n'ont  présenté,  comme  phénomène  anormal,  qu'un  abaissement 
irrégulier  de  la  température. 

»  Circulation,  respiration.  —  On  a  pris  des  tracés  du  pouls,  de  la  pression  caroti- 
dienne  et  de  la  respiration  sur  des  chiens,  dans  la  jugulaire  desquels  on  injectait  une 
solution  à  2  pour  100  de  benzaminosemicarbazide;  ces  tracés  ont  montré  que  le  pro- 
duit, à  la  dose  de  is  par  kilogramme,  ne  détermine  pas  de  modification  sensible 
dans  ces  fonctions. 

»  Nutrition.  —  La  nutrition  des  chiens  soumis  à  l'action  du  produit  administré  soit 
par  injection,  soit  par  ingestion,  n'a  paru  subir  aucune  variation.  Donné  pendant 
10  jours,  à  la  dose  de  is  par  jour,  pour  un  chien  de  10''^,  le  médicament  n'amène 
aucun  changement  ni  dans  l'appétit,  ni  dans  la  diurèse,  ni  dans  les  éléments  princi- 
paux de  l'urine. 

»  Pouvoir  antiseptique,  antivégétatif,  antifermentatif  et  réactions  diverses.  —  La 
benzaminosemicarbazide  ne  possède  que  des  propriétés  antiseptiques  insignifiantes. 
Le  bacille  de  Loeffler  végète  dans  des  solutions  à  i  pour  100  ainsi  que  l'actinomycose. 
Les  cultures  de  bacilles  suivants  :  coli,  subtilis,  Eberth,  staphylocoque  se  déve- 
loppent encore  dans  les  solutions  à  5  pour  100. 

»  Les  digestions  diastasique  et  pancréatique  ne  sont  entravées  par  la  substance  qui 
nous  occupe  que  d'une  façon  insignifiante. 

))  Le  sang  additionné  d'une  solution  de  benzaminosemicarbazide  ne  précipite  pas 
et  montre  les  bandes  de  l'oxyhémoglobine. 

»  La  solution,  saturée  du  produit,  n'est  pas  irritante;  instillée  dans  l'œil  elle  ne 
détermine  aucune  rougeur  de  la  conjonctive.  Les  injections  intra-musculaire  ou 
sous-cutanée  sont  bien  absorbées  et  ne  s'accompagnent  d'aucun  accident. 

»  Action  antipyrétique.  —  La  propriété  antipyrétique  caractéristique  des  semi- 
carbazides  aromatiques  se  manifeste  à  un  haut  degré  dans  la  métabenzaminosemi- 
carbazide, principalement  chez  les  animaux  fébricitants.  De  nombreux  cobayes  tuber- 
culeux, présentant  chaque  soir  des  températures  atteignant  39°,  5  à  [\o°,  ont  reçu  des 
doses  de  produit  variant  de  os,oi  à  os,  i  par  kilogramme  d'animal.  Sous  celte  influence, 
la  température  a  rarement  dépassé  38",  5.  L'expérimentation  clinique  montrera  si  celte 
propriété  ofl^re  la  même  constance  chez  l'homme  et  déterminera  les  autres  pyrexies 
qui  seront  justiciables  du  traitement  par  les  semicarbazides  aromatiques.  » 


SÉANCE    DU    21    JUILLET    1902.  189 


PHYSIOLOGIE.  —  Transmission  expérimentale  aux  descendants  des  lésions 
développées  chez  les  ascendants.  Note  rie  MiM.  A.  Charrin,  G.  Delaihare 
pt  Moussu,  présentée  par  M.  (l'Arsonval. 

«  La  transmission  des  caractères  acquis  a  été  souvent  discutée;  on  s'est, 
par  exemple,  demandé  si  des  lésions  provoquées  chez  la  mère  peuvent  se 
reproduire  chez  le  rejeton  :  tout  en  laissant  à  part  le  point  de  vue  morpho- 
logique pur,  nous  avons  réalisé  plusieurs  séries  d'expériences  qui  parais- 
sent trancher  le  débat  dans  le  sens  de  l'affirmative. 

»  Chez  des  lapines  et  des  cobayes  en  gestation,  après  laparotomie,  nous  avons 
aseptiqiiement  réalisé  de  très  larges  délabrements  du  foie  ou  des  reins.  Or,  quand,  au 
bout  d'un  temps  suffisant  (au  minimum  une  semaine),  des  femelles  ainsi  traitées  ont 
mis  bas,  nous  avons  observé,  chez  un  bon  nombre  de  leurs  descendants  nés  av.ant 
terme  ou  sacrifiés  au  moment  de  la  naissance,  d'indiscutables  lésions  des  glandes  hé- 
patique ou  rénale  (congestion,  hémorragies,  dégénérescence,  quelques  cylindres,  etc.)  : 
l'organe  malade  était  précisément  l'homologue  du  viscère  volontairement  détérioré 
chez  la  mère. 

»  Il  était,  dès  lors,  naturel  de  rechercher  l'explication  de  ces  résultats, 
bien  faits  pour  mettre  en  évidence  la  solidarité  organique,  la  possibilité  de 
transmettre,  à  l'appareil  fœtal  correspondant,  une  tare  imposée  à  l'un  des 
appareils  maternels. 

»  A  cet  égard,  il  est  nécessaire  de  rappeler  que,  sous  l'influence  de 
certains  processus  morbides,  des  sucs  ou  des  débris  et  jusqu'à  des  cellules 
entières  d'un  parenchyme  donné  passent  quelquefois  dans  la  circulation. 
En  dehors  des  embolies  connues  de  la  moelle  osseuse  ou  des  néoplasmes, 
Charrin  et  Levaditi  ont  décelé,  dans  les  capillaires  du  poumon,  des  cel- 
lules du  foie  et  du  myocarde,  tant  chez  une  typhique  atteinte  de  dégéné- 
rescence aiguë  de  ces  viscères  que  chez  un  cobaye  intoxiqué  par  la  trypsine; 
Maximow  et,  avec  lui,  divers  auteurs  ont,  du  reste,  enregistré  des  consta- 
tations analogues.  D'autre  part,  si  dans  une  économie  déterminée  on  fait 
pénétrer  des  éléments  anatomiques  ou  simplement  des  parcelles,  des 
extraits  de  ces  éléments,  au  sein  de  cette  économie  se  développe  bientôt 
une  substance  capable  de  détériorer  le  tissu  qui  a  fourni  ces  produits; 
c'est  ainsi,  en  particulier,  que  des  injections  répétées  de  cellules  micro- 
biennes, hépatiques,  rénales  ou  nerveuses,  etc.,  peuvent  faire  naître,  dans 
le  sang  des  animaux   qui  les   ont  reçues,  des  composés  respectivement 


iqo  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

microbicides,  hépatotoxiques,  néphroloxiques  ou  neurotoxiques  (' ),  etc. 
»  Ces  considérations  conduisent  à  se  demander  si  des  lésions  viscérales 
réalisées  chez  une  mère  ne  provoquent  pas,  en  quelque  sorte  par  de  véri- 
tables auto-injections  du  parenchyme  compromis,  la  formation  de  la  cyto- 
lysine  qui  correspond  à  ce  parenchyme  et  ne  retentissent  pas  à  l'aide  de 
cette  cytolysine  sur  l'organe  homologue  du  fœtus.  Pour  vérifier  cette 
hypothèse,  nous  avons  tenté  d'obtenir,  en  engendrant  des  cytotoxines 
maternelles,  des  altérations  localisées  chez  le  rejeton  sur  le  viscère  en 
rapport  avec  la  variété  de  ces  cytotoxines  expérimentalement  formée. 

»  Dans  ce  but,  à  une  série  de  femelles  pleines  (chèvre,  chiennes,  lapines),  par  voie 
sous-cutanée  ou  rarement  intra-veineuse,  nous  avons,  à  plusieurs  reprises,  administré 
des  extraits  de  foie  ou  de  rein  frais  empruntés  à  des  animaux  habituellement  d'espèce 
semblable.  Or,  assez  fréquemment,  quand,  huit  jours  au  moins  après  la  dernière  de 
ces  injections,  ces  femelles  ont  mis  bas,  nous  avons  constaté  que  les  détériorations 
portaient  avant  tout,  suivant  qu'on  avait  utilisé  des  éléments  hépatiques  ou  rénaux, 
sur  la  glande  biliaire  ou  urinaire  des  nouveau-nés  (^).  Nous  avons  même,  non  sans 
quelque  succès,  déterminé  des  dyscrasies  hématiques  fœtales,  en  faisant  pénétrer  du 
sang  défibriné  sous  la  peau  des  génératrices. 

))  De  l'ensemble  de  ces  recherches  se  dégagent  plusieurs  conclusions. 


(1)  Ces  poisons  cellulaires  se  forment  plus  aisément  lorsqu'on  introduit,  chez  un 
sujet,  des  principes  provenant  d'un  animal  d'une  autre  espèce  (hétérotoxines);  néan- 
moins, ils  se  développent,  quoique  plus  discrètement,  quand  on  ne  change  pas  d'es- 
pèce (isolysines),  et  leur  activité  se  maintient  même  si  l'on  soumet  (donnée  dans  notre 
cas  indispensable)  des  rejetons  à  l'influence  de  cytolysines  élaborées  chez  leurs 
ascendants.  La  discussion  porte  sur  les  propriétés  des  autocylotoxines ;  nos  expé- 
riences tendent  à  prouver  que  l'action  de  ces  corps  est  inconstante  et  dépend  de  l'état 
des  viscères  :  d'ailleurs,  cette  question  n'intéresse  pas  directement  l'objet  de  nos 
recherches. 

(2)  Nos  expériences  établissent  que  le  placenta  est  perméable  à  ces  cytotoxines; 
indispensable  dans  l'espèce,  cette  perméabililé  ne  pouvait  être  admise  a  priori, 
puisque  certains  albuminoïdes  sont  retenus.  —  Ces  expériences  montrent  aussi  que  la 
localisation  de  ces  lésions  n'est  pas  toujours  absolue,  exclusive;  la  glande  biliaire,  en 
particulier,  est  parfois  modifiée  en  dehors  de  la  mise  en  jeu  de  l'hépatotoxine,  qui 
semble  être  la  plus  active  de  ces  cylolysines.  Il  est  vrai  que  le  rôle  antitoxique  de 
cette  glande  biliaire,  joint  à  la  disposition  de  la  circulation  intra-utérine  qui  lui  im- 
pose le  premier  choc  des  poisons  maternels,  explique  peut-être  en  partie  cette  prédo- 
minance hépatique. 

Quoi  qu'il  en  soit,  les  efTets  obtenus  sont  variés,  car  on  enregistre  même  des  échecs 
complets;  cette  variété  dépend,  du  reste,  de  causes  multiples  (insuffisance  des  doses, 
des  survies,  des  lésions  réalisées;  défaut  de  résorption,  de  réaction,  etc.). 


SÉANCE    DU    21    JUILLET    1902.  igi 

En  premier  lieu  ,  des  caractères  acquis  par  la  mère  peuvent  être  transmis 
aux  descendants.  En  second  lieu,  cette  transmission,  cette  action  élective 
à  distance,  cette  induction,  vitale,  cette  influence  d'un  organe  d'ascendant 
sur  l'organe  homologue  du  rejeLon  s'exercent  grâce  à  des  substances  so- 
lubles  (').  En  troisième  lieu,  ces  résultats  expliquent  la  répercussion  de 
génération  en  génération  de  certaines  dystrophies  congénitales  qui  font 
que  dans  telle  famille  le  foie  est  débile,  tandis  que  dans  telle  autre  cette 
débilité  porte  sur  le  rein,  etc.  » 


PHYSIOLOGIE  EXPÉRIMENTALE.  — Sur  l' évolution  de  la  rondelle  crânienne 
détachée  par  le  trépan  et  immédiatement  réimplantée.  Note  de  MM.  V. 
CoRNiL  et  Paul  Coudray,  présentée  par  M.  Roux. 

«  On  croyait  autrefois,  et  cette  opinion  est  encore  affirmée  par  quelques 
travaux  assez  récents  (Ollier,  Mossé,  A.  Schmitt  ),  que  la  rondelle  crânienne 
détachée  par  le  trépan  et  réimplantée  ne  tardait  pas  à  faire  corj)s  avec  l'os 
voisin  et  continuait  à  vivre  au  même  titre  que  cet  os  lui-même.  A  l'œil 
nu,  en  effet,  il  est  facile  de  constater  cette  soudure,  qui,  dans  les  expé- 
riences, semble  complète  au  bout  d'un  mois  environ;  mais  l'étude  histo- 
logique  établit,  d'une  façon  certaine,  que  le  tissu  osseux  de  la  rondelle  est 
résorbé  et  remplacé  progressivement  par  de  l'os  nouveau. 

»  Cette  disparition  progressive  de  la  rondelle  a  été  annoncée  d'une  ma- 
nière générale  par  A.  Barth  (de  Marburg). 


(1)  Nos  travaux  étendent  encore  le  rôle  sans  cesse  croissant  des  produits  solubles 
d'origine  cellulaire;  déjà,  en  pareille  matière,  dans  ces  phénomènes  dits  héréditaires, 
Charria  et  Gley  ont  mis  en  lumière  l'intervention,  en  général  moins  étroitement  spé- 
cifique, des  sécrétions  bactériennes.  Toutefois,  en  dépit  de  l'importance  de  ces  produits 
solubles,  ces  processus  sont  trop  complexes  pour  admettre  un  unique  mécanisme. 

Ajoutons  qu'en  dehors  de  nos  conclusions  il  est  aisé  d'entrevoir  la  portée  de  nos  re- 
cherches. Aussi  poursuivons-nous  dans  la  même  voie  une  série  d'expériences;  les  unes 
tendent  à  préciser  la  part  des  éléments  mâle  et  femelle  dans  l'hérédité,  que  nous  envi- 
sageons également  chez  les  ovipares,  dont  l'œuf,  impressionné  dès  le  début  par  les 
cytotoxines,  échappe  ensuite  aux  influences  maternelles  directes;  les  autres  visent 
certaines  modifications  indûment  réputées  héréditaires.  En  outre,  avec  M.  Leri,  en 
injectant  des  doses  minimes,  uniquement  capables  de  troubler  le  fonctionnement  des 
appareils  sans  les  altérer  visiblement,  nous  nous  efForçons  de  provoquer  des  localisa- 
tions des  agents  morbifiques,  de  créer  des  prédispositions,  des  lieux  de  moindre  ré- 
sistance. 


192  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Nos  expériences  ont  porté,  comme  celles  de  A.  Barth,  surtout  sur  des 
chiens  et  sur  des  lapins.  Chez  le  chien,  nous  avons  examiné  le  processus 
de  réparation  depuis  3  jours  jusqu'à  6  mois.  Les  rondelles  du  trépan 
avaient  un  diamètre  de  7™'",  et  le  péricrâne  était  détaché  par  la  rugine. 

»  Déjà,  au  bout  de  3  jours,  les  éléments  vivants  de  la  rondelle  dégénèrent  :  les 
noyaux  cellulaires,  tant  dans  la  moelle  que  dans  les  canaux  de  Havers,  ne  se  colorent 
plus  ou  presque  plus,  et  ils  sont  atrophiés;  il  en  est  de  même  des  noyaux  contenus 
dans  les  ostéoplastes.  Inversement,  sur  le  bord  de  Tos  récepteur,  s'ébauche  un  travail 
de  réparation.  Là,  les  cavités  médullaires  renferment,  outre  de  nombreux  globules 
blancs,  des  cellules  de  tissu  conjonctif  hypertrophiées  et  multipliées.  Ce  processus  de 
réparation  est  évident  le  quatrième  jour  et  consiste  dans  la  néoformation  de  cel- 
lules de  tissu  conjonctif  au  contact  de  la  dure-mère  et  à  ses  dépens. 

»  Un  peu  plus  tard,  au  septième  jour,  les  parcelles  osseuses  traumatisées  par  le 
trépan  :  bords  de  l'os  récepteur,  petits  fragments  microscopiques,  sont  entourées  d'os- 
téoblastes  et  de  tissu  conjonctif,  tandis  qu'au  contact  de  la  dure-mère  il  existe  déjà 
une  couche  ostéoïde  nouvelle.  Sous  le  péricrâne,  on  trouve  aussi  un  tissu  conjonctif 
enflammé  riche  en  cellules. 

»  Au  huitième  jour,  le  néo-tissu  conjonctif  est  complet,  avec  ses  vaisseaux  capil- 
laires larges,  parfois  dilatés,  et  remplis  de  sang.  Entre  la  dure-mère  et  Vos  récepteur, 
ce  tissu  conjonctif  forme  des  bourgeons  fibro-vasculaires  qui  pénètrent  dans  les 
cavités  de  ce  dernier  os  en  produisant  des  lacunes  festonnées.  Ce  fait  est  surtout 
appréciable  à  la  partie  profonde  du  sillon  où  ce  tissu  conjonctif  creuse  des  aréoles 
dans  l'os  en  forme  de  petites  lacunes  de  Howship,  avec  des  cellules  géantes  à  5,  6 
ou  7  noyaux.  Ce  tissu  conjonctif  avec  des  cellules  géantes  (myéloplaxes)  existe  non 
seulement  en  ce  point,  mais  entre  les  petits  fragments  d'os  et  aussi  sous  le  péricrâne. 

»  Au  douzième  jour,  on  voit  également,  à  la  partie  profonde  de  la  rondelle,  des 
lacunes  osseuses  comblées  par  du  tissu  conjonctif.  De  même,  à  la  surface  de  la  ron- 
delle comme  dans  son  voisinage  immédiat  sous  le  péricrâne,  on  constate  un  grand 
nombre  de  lacunes  de  Hov^^ship,  creusées  par  les  vaisseaux  et  le  tissu  conjonctif. 

»  Nous  insistons  sur  l'existence  de  ces  lacunes  et  de  ces  cellules  géantes.  Ainsi  que 
Barth  l'a  indiqué,  ces  cellules  géantes  n'existent  pas  dans  toutes  les  préparations, 
mais  leur  absence  dans  quelques  points  ne  nous  semble  pas  suffisante  pour  invoquer 
un  mécanisme  spécial  et  exceptionnel  de  résorption,  les  cellules  du  tissu  conjonctif 
pouvant  suppléer  les  cellules  géantes  dans  cette  fonction. 

»  Au  dix-huitième  jour,  chez  le  chien,  nous  retrouvons  encore  les  lacunes  de 
Howship  sur  les  bords  de  l'os  récepteur  et  à  la  surface  de  la  rondelle,  ainsi  que  des 
cellules  géantes.  A  cette  époque,  la  néoformation  osseuse  est  très  avancée.  Le  sillon 
qui  sépare  la  rondelle  de  l'os  récepteur  est  encore  fibreux,  mais  l'os  dure-mérien  est 
très  étendu  et  organisé  ;  les  petits  fragments  osseux  sont  envahis  par  un  tissu  ostéoïde 
nouveau.  Dans  ce  tissu,  comme  dans  l'os  dure-mérien,  les  ostéoplastes  sont  gros,  avec 
des  cellules  volumineuses. 

»  Au  bout  de  vingt-six  jours,  la  réparation  osseuse  est  presque  complète.  Au 
centre  de  la  rondelle,  de  chaque  côté  du  trou  de  la  tige  du  trépan,  existe  un  tissu 


SÉANCE    DU    21    JUILLET    1902.  ig3 

ostéoïde  nouveau  qui  se  dirige  latéralement  en  éventail  pour  rejoindre  le  tissu  ostéoïde 
du  sillon,  tandis  que  l'os  dure-mérien  s'étend,  ainsi  que  l'os  sous-épicrànien.  La 
résorption  du  tissu  osseux  ancien  continue  à  se  faire;  on  retrouve  encore  les  lacunes 
de  Ilowship  et  les  cellules  géantes  dans  les  points  indiqués  précédemment. 

»  La  résorption  de  la  rondelle  n'est  cependant  pas  encore  achevée  au  bout 
de  trois  mois;  mais  il  n'en  reste  plus  qu'un  minime  fragment,  entouré  de 
fibres  musculaires  qui  ont  conservé  à  peu  près  leur  structure  normale.  Il 
est  à  noter  que  les  fibres  musculaires,  dans  beaucoup  de  cas,  s'enfoncent 
dans  le  sillon  à  une  profondeur  plus  ou  moins  grande.  Les  bords  de  ce 
qui  reste  de  la  rondelle  présentent  de  petites  échancrures  ou  lacunes  de 
How^ship.  Les  ostéoplastes  sont  vides,  quelques-uns  sont  agrandis. 

»  Au  bout  de  six  mois,  la  place  de  la  rondelle  est  indiquée  par  une  zone 
musculaire  avec  une  dépression  centrale  superficielle,  indice  d'une  atro- 
phie osseuse  au  niveau  de  l'ancienne  rondelle;  on  est  en  face  d'un  os 
nouveau,  présentant  un  système  complet  d'irrigation.  Des  canaux  de 
Havers,  étroits,  partent  de  la  surface  et  renferment  des  vaisseaux  prove- 
nant du  péricrâne  nouveau.  Ces  vaisseaux  se  continuent  avec  ceux  de  la 
dure-mère,  qui  reste  adhérente  au  niveau  de  cette  cicatrice  osseuse. 

»  Partout  on  trouve  de  l'os  nouveau,  avec  des  ostéoplasles  et  de  petites 
cellules  osseuses.   » 


MÉDECINE.  —  Les  moustiques  et  la  fièvre  jaune  à  la  Havane. 
Note  de  M.  André  PoiÉY.  (Extrait.) 

«  Aux  recherches  qui  ont  été  faites  et  publiées  à  la  Havane  et  aux  États- 
Unis  sur  la  fièvre  jaune,  j'ai  cru  devoir  ajouter  quelques  remarques  géné- 
rales au  double  point  de  vue  de  l'hygiène  publique  et  de  la  colonisation, 
qui  sont  l'objet  des  plus  vives  préoccupations  de  M.  Estrada  Palma,  Prési- 
dent de  la  République  de  Cuba. 

))  Un  laboratoire  d'expériences  et  d'inoculations  a  été  créé  sous  la  direc- 
tion d'un  médecin  distingué,  M.  Jean  Guiteras,  professeur  de  pathologie 
générale  et  en  particulier  de  pathologie  intertropicale  à  l'Université. 

»  Se  basant  sur  ses  études  sur  les  moustiques,  le  D^  Guiteras  avait 
pu  prévoir  que,  dans  le  court  espace  de  cinq  années,  l'épidémie  annuelle 
de  fièvre  jaune  disparaîtrait  complètement  à  la  Havane.  Aujourd'hui  sa  pro- 
phétie parait  être  en  pleine  voie  d'accomplissement.  En  même  temps,  il 
confirmait  la  théorie  émise  en  1880  par  le  D'  Ch.  Finlay  sur  la  transmission 

G.  R.,   1902,  2«  Semestre.  (T.  CXXXV,  N"  '6.)  ^^ 


194  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

de  la  fièvre  jaune  par  le  moustique,  ayant  pratiqué  des  inoculations  dès 
l'année  suivante. 

»  Au  mois  de  février  1901,  un  système  prophylactique  fut  établi  à  la 
Havane,  d'aj)rès  la  doctrine  de  Finlay,  alors  que  l'épidémie  de  1900  était 
terminée  et  pendant  l'été  de  cette  dernière  année  elle  disparaissait  complè- 
tement, car  on  n'enregistra  que  cinq  décès  dans  toute  la  Havane.  Depuis  le 
28  septembre  1901  jusqu'au  19  juin  dernier,  m'écrit  le  D""  Guiteras  «  il 
»  n'y  a  pas  eu  un  seul  cas  de  fièvre  jaune  à  la  Havane  ».  On  doit  encore 
tenir  compte  que  l'épidémie  annuelle  débute  précisément  au  mois  de  juin, 
en  dehors  des  cas  sporadiques.  C'était  la  première  fois  qu'un  fait  aussi 
remarquable  était  observé  à  la  Havane. 

»  On  n'est  pas  exactement  fixé  sur  le  nom  du  Culicide  cubain  qui  pro- 
page la  fièvre  jaune.  Le  D"^  Guiteras,  dit  Finlay,  l'appela  Culex  mosquito, 
croyant  le  reconnaître  dans  l'espèce  décrite  par  Robineau-Desvoidy.  La 
Commission  de  l'armée  des  États-Unis  adopta  le  nom  de  Culex  fasciatus, 
de  Fabricius.  Meigen  a  proposé  celui  de  Culeœ  taeniatus.  La  meilleure  des- 
cription serait  celle  de  Ficalbi,  qui  le  nomma  Culex  elegans.  D'après  Theo- 
bald,  le  moustique  cubain,  producteur  de  la  fièvre  jaune,  serait  \q  Stegomyia 
fasciata. 

»  L'identité  zoologique  du  moustique  de  la  fièvre  jaune  offre  une  cer- 
taine importance  dans  ce  sens  qu'il  n'existe  à  la  Havane,  par  bonheur, 
qu'une  seule  espèce  infectieuse.  Le  Stegomyia  fasciata  présente  une  autre 
particularité  :  c'est  qu'il  est  un  moustique  diurne,  et  non  pas  nocturne, 
comme  on  croit  à  l'étranger,  et  comme  l'est  le  moustique  du  paludisme  et 
de  la  filariose.  C'est  un  moustique  aux  ailes  courtes  et  débiles,  de  peu 
d'envolée,  sédentaire  dans  les  maisons  où  il  prend  naissance  et  où  il  habite 
de  préférence,  de  sorte  que  sa  propagation  est  très  limitée. 

»  Dans  une  désinfection  faite  à  l'hôpital  de  «  Las  Animas  »,  sur  820  mous- 
tiques de  différentes  espèces,  la  plupart  des  pungens,  le  D^  Guiteras  ne 
trouva  que  neuf  individus  du  genre  Stegomyia. 

))  Le  D"^  Guiteras  se  pose  la  question  de  savoir  quel  usage  le  Moustique 
peut  faire  du  sang  humain  qu'il  suce.  Il  doute  que  ce  sang  puisse  servir  à 
sa  nutrition,  attendu  que  le  mâle  ne  suce  jamais  le  sang,  et  que  les  deux 
sexes  peuvent  vivre  indéfiniment  sans  ingérer  une  goutte  de  sang.  Quoi 
qu'il  en  soit,  la  femelle  ne  pond  qu  après  quelle  a  piqué. 

»  La  durée  normale  de  la  vie  du  mousLique  offre  également  un  grand 
intérêt  au  point  de  vue  médical,  car  elle  nous  fournit  l'étendue  du  temps 
pendant  lequel  ce  Diptère  peut  propager  la  maladie  dont  il  est  infecté.  Dans 


SÉANCE  DU  2  1  JUILLET  1902.  195 

les  conditions  artificielles  de  nos  laboratoires,  dit  le  D*  Guiteras,  les  Ciili- 
cides  vivent  en  moyenne  de  3o  à  4^  jours,  et  fréquemment  encore  plus, 
mais  ce  savant  les  a  fait  vivre  jusqu'à  112  jours. 

»  Une  première  Commission  de  l'Armée  américaine,  composée  de 
MM.  W.  Reed,  J.  Carroll,  A.  Agramonte,  et  J.-W.  Lazear,  à  la  suite  de 
remarquables  expériences,  à  l'appui  de  la  théorie  de  Finlay,  a  pu  fixer 
l'espace  de  temps  écoulé  entre  le  moment  de  la  piqûre  infectieuse  et  la 
transmission  de  la  fièvre  jaune,  qui  fut  de  12  à  l'-j  jours,  dans  34  cas.  On 
trouva,  en  outre,  que  la  fièvre  jaune  est  également  transmise  par  l'inocu- 
lation directe  du  sang  provenant  des  malades. 

»  Ceci  me  suggère  l'idée  de  la  présence  d'hématozoaires  dans  cette 
endémie,  comme  dans  le  paludisme,  qui,  du  reste,  offre  les  plus  grands 
rapports  avec  la  fièvre  jaune. 

»  Le  D*^  Guiteras  observe  que  l'infection  du  moustique  n'affecte  ni  sou 
existence,  ni  la  durée  de  sa  vie. 

»  Il  est  démontré  que  le  paludisme  est  dû  au  développement  des  héma- 
tozoaires de  Laveran  (1880),  et  que  le  moustique  en  est  l'agent  propaga^ 
teur.  Il  est  encore  démontré  depuis  Patrick  Manson,  en  1884,  que  \di  fila- 
riose  est  également  transmise  par  le  moustique.  Mais  chaque  jour  on  apprend 
de  nouveaux  méfaits  de  ce  diptère,  au  nombre  desquels  le  D^'  R.  Blanchard 
comprend  la  lèpre,  V éléphantiasis  et  toutes  sortes  de  maladies  filariennes. 
»  Toute  découverte  scientifique  a  des  antécédents  de  priorité  remontant 
souvent  à  des  siècles  passés,  qui  sont  les  meilleurs  gages  de  la  certitude  des 
nouvelles  théories  émises.  C'est  ainsi  qu'en  1848  Josiah  Nott,  de  Mobile 
(Alabama),  émettait  l'opinion  que  les  moustiques  inoculent  le  paludisme 
et  la  fièvre  jaune.  En  i855,  La  Roche  attirait  l'attention  sur  l'épidémie 
meurtrière  de  fièvre  jaune  à  Philadelphie,  en  1797,  pendant  laquelle 
l'affluence  des  moustiques  fut  tellement  considérable,  qu'on  ne  l'avait 
jamais  observée.  Finlay  rapporte,  d'après  les  anciennes  chroniques,  que  la 
présence  des  moustiques  est  signalée  dans  tous  les  foyers  actuels  de  fièvre 
jaune.  On  peut  ajouter  qu'il  en  est  de  même  quant  au  paludisme.   » 


PHYSIOLOGIE.  —  V élaboration  du  zymogène  dans  les  glandes  gastriques 
de  /a  yï/?ereBerus.Note  de  M.  L.  Launoy,  présentée  par  M.  Edmond  Perrier. 

(c   Les  glandes  gastriques  de   la   vipère  appartiennent  au  type  mueo- 
peptique  de  Renault;  dans  cette  Note,  j'ai  laissé  volontairement  de  côté  les 


Ip^  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

cellules  muqueuses  situées  à  la  partie  antérieure  du  tube  glandulaire,  pour 
ne  considérer  que  les  cellules  g^ranuleuses  du  fond.  Cette  étude  a  été  faite 
sur  des  cellules  à  l'état  de  repos  et  des  celltdes  soumises  à  une  sécrétion 
expérimenlnle  par  injection  à  l'animal  de  chlorhydrate  de  pilocarpine. 

))  i"  Les  cellules  granuleuses  chez  l'embryon.  —  Au  moment  de  la  naissance,  les 
cellules  du  fond  sont  quadrangulaires,  basses,  à  noyau  volumineux  occupant  la  moitié, 
quelquefois  les  deux  tiers  du  corps  cellulaire;  ce  noyau  est  sphérique  ou  ellipsoïdal, 
tangent  à  la  basale  par  une  large  surface  dans  le  premier  cas,  par  un  sommet  de 
l'ellipse  dans  le  second,  le  grand  axe  de  celle-ci  étant  parallèle  à  l'axe  vertical  de  la 
cellule  ou  formant  avec  lui  un  angle  très  aigu,  rarement  on  observe  des  noyaux  ellip- 
tiques reposant  sur  leur  grand  axe.  A  l'examen  de  préparations  fixées  au  HgCl^  acé- 
tique et  colorées  par  l'hématoxyline  au  fer  suivie  du  mélange  de  Benda  ou  du  vert 
lumière,  on  trouve  des  noyaux,  d'ailleurs  en  petit  nombre,  englobés  dans  une  couronne 
d'ergastoplasme,  ce  sont  là  des  noyaux  en  stade  d'élaboration  que  caractérisent  encore 
un  nucléole  entouré  d'un  halo  clair  à  la  périphérie  duquel  sont  de  fines  granulations 
sidérophiles,  isolées  ou  en  plages,  des  masses  de  chromatine  et  un  réseau  chromatique 
fragmenté.  Sur  les  mêmes  préparations  dans  le  noyau  à  l'état  de  repos  absolu,  le 
nucléole  central  ou  périphérique  contigu  au  réseau  se  laisse  facilement  définir  des  gra- 
nulations nodales  ou  intra-caryoplasmiques.  Le  cytoplasme  présente  deux  sortes  de 
granulations  :  les  unes  petites,  serrées,  remplissent  à  peu  près  totalement  la  cellule,  elles 
prennent  les  colorants  plasmatiques;  les  secondes,  beaucoup  plus  volumineuses,  peu 
nombreuses,  réparties  à  l'extrémité  distale  de  la  cellule  en  deux  ou  trois  lignes  horizon- 
tales séparées  les  unes  des  autres  par  une  bande  étroite  d'hyaloplasme,  fixent  avec 
intensité  les  colorants  nucléaires.  Le  meilleur  moyen  de  différencier  ces  granulations 
consiste  à  surcolorer  les  coupes  par  le  bleu  de  Unna,  on  décolore  progressivement  par 
une  solution  d'alcool-gaïacol.  Dans  la  cellule  ainsi  traitée,  la  membrane  nucléaire, 
l'ergasloplasme,  les  graines  de  chromatine  et  le  nucléole  ont  une  coloration  bleu 
violet;  les  granulations  cytoplasmiques  ont  une  coloration  verte,  celte  métachromasie 
est  caractéristique  des  grains  de  zymogène. 

»  2°  Les  cellules  granuleuses  chez  l'adulte  (après  un  jeûne  prolongé,  sep- 
tembre 1901-mai  1902).  —  Ici  les  cellules  sont  hautes,  les  deux  épithéliums  du  tube 
glandulaire,  presque  en  contact,  ne  laissent  entre  eux  qu'une  lumière  très  étroite  ;  sur 
des  préparations  fixées  au  lindsay  et  colorées  au  magenta-lichtgrun,  on  distingue 
dans  la  cellule  granuleuse  trois  parties.  Tout  contre  la  lumière,  prêtes  à  être  évacuées, 
sont  deux  ou  trois  rangées  de  petites  granulations  colorées  parle  lichtgriin,  immédia- 
tement au-dessous  d'elles,  une  zone  claire  homogène  ou  très  finement  granuleuse  et 
enfin  la  zone  nucléaire.  Pour  intéressante  que  soit  la  constitution  du  noyau,  je  ne  dé- 
crirai ici  que  les  granulations  péri-nucléaires,  qui  surtout  sont  importantes;  elles  sont 
en  très  grand  nombre,  concentriques  au  pôle  supérieur  du  noyau,  quelquefois  appli- 
quées contre  la  membrane  nucléaire,  le  plus  généralement  séparées  d'elles  par  un 
espace  clair  sans  éléments  figurés,  chaque  granulation  est  séparée  du  cytoplasme  par 
un  petit  cercle  hyalin,  incolore;  ces  granulations  sont  colorées  par  le  rouge  magenta, 
la  safranine,  l'hématoxyline  au  fer  ;  elles  donnent  les  réactions  de  la  nucléine  et,  comme 


SÉANCE    DU    2i     JUILLET    1902.  I97 

les  granulations  décrites  dans  les  cellules  gastriques  de  Fembryon,  donnent  avec  le  bleu 
de  Unna  la  métachromasie  spéciale. 

»  Il  est  hors  de  doute  que  ces  granulations  à  zymogène  ont  une  origine  nucléaire; 
leur  mode  d'expulsion  du  noyau  dans  le  cytoplasme  semble  assez  complexe  et  sans 
doute  dû  au  jeu  de  forces  physiques;  jamais  je  n'ai  pu  mettre  en  évidence  une 
solution  de  continuité  dans  la  membrane  nucléaire,  ni  l'étranglement  des  expansions 
tubulées  que  l'on  rencontre  quelquefois  et  qui  renferment  un  grain  de  chromatine  ;  il 
est  assez  probable  que  l'on  a  affaire  dans  ce  cas  à  un  noyau  altéré. 

»  3°  Les  cellules  granuleuses  après  injection  de pilocarpine.  —  (o''s,o/4,  l'animal  a 
été  sacrifié  un  quart  d'heure  après  l'injection).  La  cellule  est  gonflée,  le  noyau  a  subi 
un  léger  mouvement  d'antéro-pulsion,  les  granulations  à  zymogène  sont  à  peu  près 
complètement  disparues,  le  cyloplasme  ne  renferme  que  des  granulations  prenant  les 
colorants  plasmatiques. 

»  Le  zymogène  a  été  transformé  en  ferment  soluble. 

»   En  résumé,  il  faut  conclure  de  ce  fait  : 

»  1°  La  formation  des  grains  de  zymogène  dans  les  cellules  gastriques 
de  la  vipère  est  complètement  indépendante  de  toute  action  réflexe  (selon 
le  sens  de  Pawlow)  ou  mécanique,  et  a  lieu  même  lorsque  le  tube  digestif 
a  été  laissé  dans  un  état  de  repos  absolu  par  privation  prolongée  d'aliments; 

))    2°  L'élaboration  des  grains  de  zymogène  est  endonucléaire  ; 

»  3**  La  tranformation  du  zymogène  en  ferment  s'accomplit  dans  le 
cytoplasme,  cette  transformation  est  seule  fonction  des  actions  réflexes, 
mécaniques,  des  excitants  physiques  ou  chimiques  agissant  sur  la  cellule.  » 


EMBRYOGÉNIE.  —  Sur  la  parlhéno genèse  artificielle.  Note  de  M.  C.  Yiguier, 
présentée  par  M.  Edmond  Perrier. 

«  Maintenant  que  la  question  est  définitivement  posée  sur  son  vrai  ter- 
rain, et  qu'on  ne  parle  plus  de  fécondation  (^fertilisation)  artificielle,  il  est 
intéressant  d'examiner  les  causes  actuellement  connues  qui  peuvent  déter- 
miner le  développement,  ou  un  commencement  de  développement,  d'œufs 
qui,  spontanément,  ne  se  développeraient  pas.  Les  principales  sont  : 

»  1°  Les  variations  de  température  auxquelles  on  expose  les  œufs 
pondus; 

»   2°  Les  excitations  mécaniques,  et  principalement  l'agitation; 

»  3°  Le  traitement  par  des  solutions  diverses,  que  l'on  suppose  agir  soit 
par  réactions  chimiques,  soit  par  variation  de  la  pression  osmotique,  ou 
même  par  action  catalytique; 

»  [\°  Ce  que  l'on  a  considéré  jusqu'ici  comme  des  fécondations  croisées, 


igS  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

tout  en  constatant  que  l'hybridation  est  exceptionnelle,  même  entre 
Oursins,  et  que  la  plupart  des  larves  ont  un  caractère  purement  maternel 
(Boveri,  Seeliger,  Driesch,  Morgan,  Vernon,  ce  dernier  croyant  qu'il  y  a 
toujours  quelques  vestiges  d'hybridation)  et  que  le  croisement  entre 
Oursins  et  Astéries  n'existe  jamais,  les  débuts  de  segmentation,  parfois 
observés  sur  les  œufs  ainsi  traités,  devant  être  attribués  à  la  parthénoge- 
nèse (von  Dungern,  Mathew^s). 

»  Sans  entrer  dans  la  discussion,  je  veux  seulement  ici  prendre  date 
pour  mes  observations. 

»  1°  A.  Uéléi'alion  de  température  n'a  aucune  action  sur  les  œufs  pondus.  Greeley 
(Âni.  J.  of  Phys.,  t.  VI,  p.  3o4)  l'a  constaté  après  moi  {Comptes  rendus,  lo  juin  1901) 
bien  que  ce  soit,  ainsi  que  le  montre  ma  Note  du  7  juillet  1902,  la  cause  la  plus  nette 
que  nous  puissions  reconnaître,  quand  elle  agit  sur  l'œuf  encore  dans  l'organisme  ma- 
ternel, pendant  sa  maturation. 

»  B.  Le  refroidissement  pendant  2  heures  entre  0°  et  5°,  qui  a  donné  des  résultats 
à  Greeley  pour  VAsterias  Forbesii  {Am.  J.  of  Phys.,  t.  VI,  p.  297)  et  à  Bataillon  pour 
les  Amphibiens  {Comptes  rendus,  21  avril  1902),  ne  m'a  rien  donné  chez  des  Oursins 
des  genres  AS/>/^a?rec/^^/^^<5,  Toxopneustes  et  Arbacia.  Du  reste,  Morgan  {Ârch.f. 
Enlw.  mech.,  t.  X,  p.  497);  <!"'  essaya,  après  O.et  R.  Hertwig,  l'action  du  refroidis- 
sement sur  les  œufs  à^ Arbacia,  n'a  pas  obtenu  de  segmentations  régulières,  mais 
quelques  fragmentations  qui  se  produisent  aussi  bien  sans  l'action  du  froid, 

»  2°  Vagitation,  qui  a  donné  des  résultats  à  Mathews  pour  VAst.  Forbesii  {Am. 
J.  of  Phys.,  t.  VI,  p.  142),  ne  m'a  rien  donné  chez  les  Oursins,  qu'elle  fût  faible,  ou 
au  contraire  assez  forte  pour  détruire  la  plupart  des  œufs.  Mathews  constate  du  reste 
(p.  ]5o)  que  les  Arbacia  ne  réagissent  pas  à  cette  excitation. 

»  Les  œufs  refroidis  ou  agités,  fécondés,  donnaient  toujours  des  larves, 

»  3°  Solutions  salines.  —  Il  a  été  trop  écrit  sur  le  sujet  pour  que  je  puisse  passer 

ici  la  question  en  revue.  Il  est  évident  que,  si  je  l'avais  pu,  j'aurais  expérimenté  toutes 

les  solutions  indiquées.  Ne  pouvant  y  songer,  j'ai  débuté,  comme  il  était  logique,  par 

20  ... 

essayer  la  solution  favorite  de  Lœb  :  MgCP-g-"  au  |  sur  le  type  Arbacia  qui  avait 

servi  à  ses  études.  Trois  ans  de  suite,  j'ai  constaté  qu'elle  tue  infailliblement  les  œufs 
des  trois  espèces  observées  par  moi;  et  Ariola  a  vérifié  le  fait  pour  les  Arbacia  de 
Naples  {Soc.  Ligustica  di  Scienze,  1902,  p.  12  ). 

»  Lœb  faisait  du  reste  subir  à  ses  sujets  un  traitement  qui  tuait  sûrement  tous  les 
miens  {Comptes  rendus,  i5  juillet  1901);  ce  qui  montre  que  les  Arbacia  méditerra- 
néens réagissent  autrement  que  les  siens. 

»  Ce  n'était  point  une  raison  pour  ne  pa?  essayer  une  autre  solution,  et  j'ai  traité 
NaCl- 1  «  à  10  pour  100  ou  i5  pour  100.  Je  n'ai  obtenu  dans  des  cultures  sans  parthéno- 
génétiques  naturels  que  :  Sph.  du  9  mai,  10  pour  100  rien;  i5  pour  100  :  i  division  en  2; 
Sph.  du  i4  mai,  10  pour  100  rien,  i5  pour  100  nombreuses  segmentations,  la  plupart 
irrégulières,  arrivant  à  des  blastulas  irrégulières,  sauf  2  régulières.  Tox.  du  2  mai, 


SÉANCE  DU  21  JUILLET  1902.  199 

10  pour  100  début  de  la   gastrula,  i5  pour  100  rien;  du  16  mai,  lo  pour  100  rien, 
i5  pour  100  nombreuses  blastulas  et  gastrulas  mobiles. 

»  Arb.  du  7  mai,  10  pour  100  :  i  blastula  ;  i5  pour  100  quelques  blastulas. 

»  Toujours  une  moitié  des  œufs  était  fécondée,  et  les  résultats,  trop  variables  pour 
être  exposés  ici,  montraient  une  action  inhibitrice  des  solutions  (conforme  aux  faits 
connus)  et  celte  action  inhibitrice  s'est  manifestée  sur  les  œufs  vierges  qui  donnaient 
des  parlhénogénéliques. 

»  4°  Fécondation  croisée  entre  oursins.  —  Dans  les  cultures  sans  parth.  :  Sph.Q 
du  9  mai  par  Toar.  d,  i  blastula  immobile;  Sph.  9  du  1/4  mai  par  Tox.  cf ,  des  gastrulas 
et  I  pluteus;  Tox.9  du  7  mai  par  Arb.  (3^  des  gastrulas;  Tox.9  du  9  mai  par 
Sph.d',  I  blastula  épaisse;  Arb. 9  du  7  mai  par  Tox.  cf,  des  gastrulas. 

»  Quand  les  cultures  ont  donné  des  parthénogénétiques  naturels,  l'hybridation  était 
très  rare,  comme  l'ont  constaté  mes  devanciers,  et  les  larves  avaient  presque  toutes  le 
caractère  maternel. 

»  La  température  s'élevant,  l'action  primitivement  excitatrice  est  devenue  inhibi- 
trice, et  le  fait  se  produisit  même  à  la  fin  {Arb.  du  7  juin),  pour  la  fécondation  par 
les  cf  de  même  espèce  (voir  Note  Comptes  rendus  du  7  juillet  1902). 

))  Solutions  salines,  fécondations  croisées,  et  même  fécondation  nor- 
male ont  donc  une  similitude  d'action  qui  s'accorde  avec  ce  que  disait 
Giard  {Comptes  rendus  de  la  Société  de  Biologie,  18  mai  1900).  Mais  je 
réserve  ici  toute  théorie  et,  du  reste,  les  tentatives  de  croisements  entre 
trois  espèces  d'Oursins  et  quatre  espèces  d'Astéries  n'ont  jamais  montré, 
à  moi  non  plus,  une  seule  segmentation.   » 

PHYSIQUE  BIOLOGIQUE.  —  Production  du  sommeil  et  de  l'anesthésie  générale 
et  locale  par  les  courants  électriques.  Note  de  M.  Stéphane  Leduc,  pré- 
sentée par  M.  d'Arsonval. 

«  On  emploie  un  générateur  de  courants  continus,  ayant  une  faible 
résistance  intérieure  et  permettant  d'augmenter  graduellement  la  force 
électromotrice  dans  le  circuit  (accumulateurs  ou  piles  avec  collecteur, 
réducteur  de  potentiel,  etc.) 

»  On  place  dans  le  circuit  un  interrupteur,  sans  self-induction,  donnant  de  i5o 
à  200  interruptions  par  seconde  et  un  milliampèremètre  dont  la  période  d'oscillation 
est  beaucoup  plus  longue  que  la  durée  d'interruption  du  courant;  dans  ces  conditions, 
lorsque  l'instrument  est  traversé  par  un  courant  intermittent,  l'aiguille  subit  une 
déviation  stable  qui  permet  de  comparer  les  intensités  de  courants  ayant  la  même 
intermittence  et  la  même  durée  de  passage. 

»  On  place  l'animal  dans  le  circuit,  en  mettant  sur  la  tête  rasée  une  cathode  formée 
de  coton  hydrophile  imprégné  d'une  solution  de  chlorure  de  sodium  à  0^,60  et 
recouvert  d'une   plaque    métallique;    une   large   anode   est  placée  sur  le  dos  rasé  de 


200  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

l'animal,  à  l'extrémité  postérieure  du  corps;  l'interrupteur  étant  en  marche,  on 
augmente  rapidement  la  force  électromotrice  dans  le  circuit  jusqu'à  la  production  de 
contractures  généralisées,  l'animal  tombe  sur  le  flanc,  la  respiration  s'arrête;  on 
ramène  alors  la  manette  du  collecteur  en  arrière  jusqu'à  ce  que  la  respiration  se  réta- 
blisse; pour  une  certaine  valeur  du  courant,  on  obtient  un  sommeil  tranquille  et 
régulier,  la  respiration  continue  sans  modification,  le  cœur  fonctionne  normalement, 
mais  toutes  les  fonctions  cérébrales  sont  supprimées;  l'animal,  chien  ou  lapin,  libre, 
sans  entraves,  reste  couché  immobile  dans  un  profond  sommeil,  les  muscles  sont  dans 
la  résolution;  l'animal,  si  on  le  soulève  par  un  pli  de  la  peau,  est  flasque  et  complète- 
ment inerte;  si  on  le  pince,  le  pique  ou  le  coupe,  il  ne  réagit  pas,  si  ce  n'est  par 
quelques  mouvements  réflexes. 

»  La  durée  du  sommeil  peut  être  très  prolongée;  nous  avons  plusieurs  animaux  qui 
ont  été  maintenus  endormis  bien  des  fois  pendant  plus  de  2  heures  consécutives  sans 
aucune  altération  de  leur  santé. 

»  Le  réveil  est  brusque,  subit;  aussitôt  le  courant  interrompu,  l'animal  se  met  sur 
les  pattes  et  gambade  joyeusement;  non  seulement  il  n'y  a  aucun  effet  consécutif, 
mais  les  chiens  semblent  aussitôt  après  le  réveil  plus  joyeux  et  plus  gais. 

»  L'établissement  du  courant  ne  semble  pas  provoquer  de  douleur,  car  les  animaux 
ne  profèrent  pas  un  cri;  en  dehors  tles  contractions  et  contractures  provoquées  par  le 
courant,  ils  ne  font  aucun  mouvement  de  défense  ou  de  fuite.  Si  l'on  établit  lente- 
ment le  courant  pour  ne  pas  dépasser  la  dose  nécessaire  et  éviter  la  contracture,  on  a 
une  période  de  contractions  cloniques,  d'agitation,  analogue  à  celle  que  donne  le  chlo- 
roforme; le  sommeil  est  alors  plus  long  à  obtenir,  et  l'opération  semble  plus  pénible. 

»  L'établissement  du  courant  donne  presque  toujours  lieu  à  l'évacuation  de 
l'intestin  et  de  la  vessie. 

»  Nous  avons  essayé  un  grand  nombre  de  courants  :  ce  sont  les  courants  ayant  de 
i5o  à  200  intermittences  par  seconde,  passant  pendant  le  minimum  de  temps  possible, 
avec  une  tension  de  12  à  3o  volts,  sans  self-induction  dans  le  circuit,  marquant  de  2  à 
10  milliampères  suivant  les  animaux,  avec  la  cathode  sur  la  tête,  qui  nous  ont  donné 
les  plus  parfaits  résultats. 

»  Eu  résumé,  avec  ces  courants,  on  peut  instantanément,  sans  douleur 
apparente,  réaliser  l'inhibition  complète  des  centres  cérébraux,  en  lais- 
sant intacts  les  centres  de  la  respiration  et  de  la  circulation  ;  on  obtient 
ainsi  un  sommeil  tranquille,  prolongé,  et  une  anesthésie  générale  com- 
plète; l'action  somnifère  se  règle  et  se  suspend  aussi  vite  que  l'on  peut 
agir  sur  le  courant  électrique;  le  sommeil  n'est  suivi  d'aucune  réaction 
consécutive. 

»  Anesthésie  locale.  —  La  cathode  du  même  courant  placée  chez  l'homme 
sur  le  trajet  d'un  nerf  sensible  ou  mixte  superficiel,  sur  le  médian  au  poi- 
gnet par  exemple,  donne  pour  une  certaine  intensité,  avec  une  forte  sen- 
sation de  fourmillement,  non  douloureuse,  une  anesthésie  complète  et 
absolue  de  la  région  innervée  par  le  nerf.  » 


SÉANCE    DU    21    JUILLET    I(j02.  20I 


ZOOLOGIE.  —  La  spermato genèse  chez  le  Cybister  Roeselii.  Note  de 
M.  D.-]\.  VoÏNov,  présentée  par  M.  Yves  Delage. 

«  En  étudiant  le  développement  des  éléments  sexuels  mâles  du  Cybister 
Roeselii  j'ai  trouvé  deux  spermatogenèses  différentes,  qui  donnent  deux 
sortes  de  spermatozoïdes  de  valeur  morphologique  et  probablement  biolo- 
gique différente.  Ce  dimorphisme  des  spermatozoïdes  est  sûrement  impor- 
tant pour  la  question  de  la  sexualité;  il  a  été  décrit  jusqu'à  présent  chez 
quelques  Mollusques  prosobrauches  (Paludina  vivipara,  von  Siebold, 
Auerbach,  Meves)  et  parmi  les  Insectes  chez  Pygaera  bucephala  (Meves) 
et  Slaphylinus  (Nils  Holmgren). 

»  Les  deux  processus  sont  distincts  et  ont  lieu  à  des  époques  différentes 
de  l'année;  cependant  on  trouve,  parmi  les  éléments  d'une  lignée  donnée, 
des  représentants  avortés  de  l'autre. 

»  Je  donne  dans  cette  Note  les  résultats  généraux  de  la  spermatogenèse 
normale  : 

»  On  trouve,  dans  le  testicule  très  long  et  enroulé  du  Cybister,  les  quatre  zones  ou 
phases  caractéristiques  pour  le  développement  des  spermatozoïdes  : 

»  La  zone  germinative,  contenant  les  spermatogonies  primitives,  se  trouve  à  l'extré- 
mité en  forme  de  caecum  du  testicule.  On  peut  distinguer  deux  régions  dans  cette 
zone;  l'une  tout  à  fait  terminale  où  les  éléments  sexuels  remplissent  complètement  la 
cavité  de  la  glande.  Ils  sont  disposés  irrégulièrement  et  sans  aucune  différenciation. 
Dans  la  région  suivante  apparaît  la  différenciation  des  cellules  sexuelles  en  spermato- 
gonies et  cellules  nutritives  ou  folliculaires.  Cette  différenciation  détermine  l'arrange- 
ment en  cystes  et  follicules,  qui  se  maintiendra  ensuite  tout  le  long  du  testicule. 

»  La  cellule  de  Verson  décrite  chez  d'autres  Insectes  n'existe  pas  ici. 

»  La  zone  d'accroissement  contient  les  spermatocytes  de  premier  ordre,  qui  passent 
par  trois  stades  successifs  : 

»  a.  Le  stade  de  synapsis  et  de  post-synapsis,  où  les  spermatocytes  sont  petits  et 
très  rapprochés  l'un  de  l'autre.  Le  corps  cellulaire  se  distingue  difficilement,  surtout 
dans  le  stade  de  synapsis.  On  y  voit  très  bien  le  nucléole  chromosomique  de  Montgo- 
mery  (1898)  qui  garde  son  individualité.  Le  centrosome  a  la  forme  d'une  granulation 
sphérique  assez  grande. 

»  b.  Pendant  la  télophase  les  spermatocytes  s'isolent  et  prennent  une  forme  pyra- 
midale. Le  noyau  est  excentrique,  la  substance  chromatique  et  le  cytoplasme  s'ac- 
croissent, et  les  centrosomes  se  divisent  en  quatre  granulations  groupées  en  deux 
paires.  La  chromatine  se  transforme  en  filaments  chromatiques,  qui  subissent  plus 
tard  une  division  longitudinale  évidente.  Le  nucléole  chromosomique  prend  la  forme 
d'une  tétrade  qui  garde  sa  position  périphérique  caractéristique. 

G.  R.,  1902,  2=  Semestre.  (T.   CXXXV,  N»  3.)  ^^^ 


202  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

»  c.  Pendant  la  période  de  repos  les  spermatocytes  de  premier  ordre  sont  caracté- 
risés par  la  position  centrale  de  leur  noyau  sphérique  et  l'acheminement  de  la  chro- 
matine  vers  la  forme  réticulaire.  Le  cytoplasme  est  différencié  en  deux  zones  :  Tune 
interne,  granuleuse  et  dense  qui  entoure  le  noyau;  l'autre  périphérique,  claire,  vacuo- 
laire  et  incolore.  Cette  dernière  donne  de  nombreux  prolongements,  d'aspect  pseu- 
dopodique,  qui  s'étendent  dans  la  cavité  folliculaire  {excrescences  hyalines  de 
Platner,  1886).  Cette  différenciation  du  cytoplasme  et  les  particularités  qu'il  présente 
donnent  aux  spermatocytes  l'aspect  amœboïde.  On  trouve  en  ce  moment,  dans  les 
spermatocytes,  deux  centrosomes  en  forme  de  V,  à  branches  très  longues,  pareils  à 
ceux  décrits  par  Meves  chez  quelques  Lépidoptères  (1897).  Le  cytoplasme  renferme 
des  corps  sphériques,  incolores  et  réfringents,  contenant  un  corpuscule  central  et  une 
granulation.  Je  pense  qu'on  pourrait  rapprocher  ces  corps  plutôt  des  pseudo-parasites, 
décrits  dans  la  cellule  cancéreuse  surtout  par  Sawtchenko  (iSgS)  et  Borrel  (1901), 
que  de  toute  autre  inclusion  spermatocytique.  Si  l'on  peut  homologuer  ces  inclusions 
avec  les  pseudo-parasites  des  cellules  cancéreuses,  et  si  l'on  admet  l'interprétation 
donnée  par  Borrel  à  ces  derniers,  nous  sommes  forcés  d'admettre  chez  cet  animal,  que 
l'idiosome,  après  avoir  traversé  une  évolution  atypique,  est  expulsé  du  corps  des  sper- 
matocytes. Pendant  la  première  division  de  maturation,  ces  corps  ne  se  trouvent  plus 
dans  les  cellules  séminales,  mais  en  dehors  et  à  côté  d'elles,  dans  la  cavité  folliculaire. 
Les  centrosomes  en  forme  de  V  sont  mobiles,  ce  qui  n'a  jamais  été  décrit,  et  les  extré- 
mités de  leurs  branches  sont  en  rapport  avec  les  corps  sphériques  inclus  dans  le  cyto- 
plasme. Les  centrosomes  sont  mobiles  non  seulement  pendant  la  prophase,  mais  aussi 
pendant  la  longue  période  de  repos.  Les  extrémités  de  leurs  branches,  au  lieu  d'être 
toujours  dirigées  vers  l'extérieur  de  la  cellule  et  en  contact  permanent  avec  la  mem- 
brane cellulaire,  comme  Meves  (1897,  ^QO^)  et  Korff(i9oi)  l'ont  décrit,  ont  différentes 
positions.  Elles  accompagnent  les  inclusions  sphériques  dans  leur  marche  vers  l'exté- 
rieur de  la  cellule.  Les  centrosomes  en  forme  de  V  doivent  être  considérés  comme 
descendant  des  formes  centrosomiques  granulaires  sphériques,  que  les  spermatocytes 
contiennent  dans  leurs  jeunes  stades. 

»  La  zone  de  maturation  est  caractérisée  par  la  grande  lapidité  des  deux  divisions 
successives,  de  façon  que  les  quatre  spermatides  sont  d'abord  unies  entre  elles.  La 
première  division  de  maturation  s'annonce  par  le  rapprochement  des  centrosomes  du 
noyau  et  par  une  différenciation  importante  du  cytoplasme.  Le  cytoplasme  se  con- 
dense autour  du  noyau  en  zone  dense,  compacte  et  granuleuse,  et  donne  par  différen- 
ciation les  fibres  périphériques  du  fuseau.  On  trouve  12  chromosomes  primaires  dans 
la  plaque  équatoriale  de  la  première  division,  12  chromosomes  fils  dans  la  plaque 
équatoriale  de  la  deuxième  division  et  6  chromosomes  dans  le  noyau  de  la  spermatide. 

»  Dans  les  deux  divisions  de  maturation  on  voit,  dans  chaque  cellule,  un  corpuscule 
chromatique,  qui  garde  une  position  excentrique  pendant  la  mitose  et  reste  en  dehors 
du  noyau.  Il  est  probablement  formé  par  les  divisions  du  nucléole  chromosomique 
(Montgomery)  des  spermatocytes  de  premier  ordre. 

»  Chaque  spermatide  possède  un  noyau,  un  corpuscule  chromatique  (nucléole  chro- 
mosomique), un  centrosome  en  forme  de  baguette,  qui  s'étend  de  la  paroi  nucléaire 
à  la  paroi  de  la  membrane  cellulaire  et  un  Nebenkern  très  développé. 

»  Le  Nebenkern  se  forme  des  fibres  périphériques  du  fuseau  qui  sont  ici  très  déve- 


SÉANCE  DU  21  JUILLET  1902.  2o3 

loppées.  En  ce  qui  regarde  donc  l'origine  du  Nebenkern,  je  ne  suis  pas  de  l'avis  de 
Meves.  » 


PHYSIOLOGIE  EXPÉRIMENTALE.  — •  SuT  le  rôle  de  la  rate  dans  la 
Jonction  hématolj tique.  Note  de  M.  Louis  Lapicque,  présentée  par 
M.  Alfred  Giard. 

«  J'ai  pensé  qu'on  pouvait  obtenir  la  démonstration  du  rôle  hématoly- 
tique  de  la  rate  et  presque  la  mesure  de  l'importance  de  ce  rôle  en  aug- 
mentant l'intensité  du  travail  hématolytique  à  accomplir.  Ceci  peut  se  réa- 
liser très  simplement  par  une  transfusion  :  on  sait  que  l'hyperglobulie 
ainsi  produite  est  de  courte  durée;  les  globules  surnuméraires  sont  donc 
détruits  dans  l'espace  de  quelques  jours.  Comment  cette  hématolyse 
est-elle  modifiée  dans  le  cas  de  splénectomie  préalable? 

»  Voici  le  résultat  d'expériences  que  j'ai  faites  en  ce  sens,  avec  M.  Calu- 
gareanu  : 

»  Nous  avons  choisi  le  chien  comme  sujet  :  le  sang  de  chaque  animal  était  examiné 
à  diverses  reprises  avant  toute  expérience,  afin  de  bien  connaître  sa  richesse  normale; 
les  globules  rouges  étaient  comptés  et  la  teneur  en  hémoglobine  déterminée  colorimé- 
triqueraent  sur  une  petite  prise  de  sang  faite  dans  l'artère  médiane  de  l'oreille.  La 
transfusion  était  pratiquée  aseptiquement  et  directement  de  l'artère  du  transfuseur  à 
la  veine  du  transfusé  ;  le  transfuseur  était  choisi  aussi  semblable  que  possible  au  trans- 
fusé et,  en  tout  cas,  du  même  sexe;  la  quantité  de  sang  injecté  a  toujours  été  de  35s 
à  4o^  p3ir  kilogramme,  c'est-à-dire  environ  la  moitié  du  sang  supposé  exister  chez  le 
sujet. 

»  Le  nombre  des  globules,  qui  était  d'environ  7  millions  par  millimètre  cube  avant 
la  transfusion,  arrive  le  lendemain,  ou  mieux  le  surlendemain  de  l'opération,  à  un 
chiffre  compris  entre  9  et  10  millions,  et  l'hémoglobine,  exprimée  en  milligrammes  de 
fer  par  centimètre  cube  de  sang,  passe  d'environ  0,45  à  un  chiffre  compris  entre  0,60 
et  0,70. 

»  Sur  un  chien  normal,  cette  proportion  considérable  se  maintient  sans  change- 
ment marqué  pendant  10  à  12  jours,  puis  rapidement,  en  3  ou  4  jours,  les  chiffres 
reviennent  à  la  normale. 

»  Sur  les  chiens  splénectomisés,  les  résultats  ont  été  très  divergents.  Notre  pre- 
mière expérience  ferait  attribuer  à  la  rate  un  rôle  de  premier  ordre  dans  cette  dispa- 
rition de  la  pléthore  expérimentale;  en  effet,  l'animal  présenta  une  richesse  globulaire 
dépassant  9  millions,  avec  une  teneur  en  hémoglobine  correspondante,  pendant  plus 
de  trois  semaines,  jusqu'au  moment  où  il  fut  sacrifié.  Mais  les  expériences  suivantes 
ne  confirmèrent  nullement  cette  indication;  en  effet,  le  retour  à  la  normale  commença 
le  dixième  jour  (Exp.  II),  le  sixième  jour  (Exp.  III),  le  dixième  jour  (Exp.  IV)  et  le 
quatrième  jour  (Exp.  V).  Il  serait  imprudent  d'établir  une  moyenne  sur  cinq  chiffres 


204  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

aussi  divergents;  d'ailleurs  il  y  aurait  probablement  lieu  de  mettre  à  part  le  résultat 
de  l'expérience  III  (faite  sur  le  même  chien  qui  avait  servi  peu  de  temps  auparavant 
à  l'expérience  II)  et  le  résultat  de  l'expérience  V  (faite  sur  un  animal  non  encore 
adulte).  Mais  on  peut  dire  que  la  splénectomie  n'a  pas  comme  conséquence  systéma- 
tique d'allonger  le  délai  au  bout  duquel  disparaissent  les  eflTets  de  la  transfusion. 

»  La  rate  serait  donc,  même  dans  le  cas  d'un  travail  hématolytique 
considérable  (destruction  en  quelques  jours  d'une  quantité  de  globules 
égale  à  près  de  la  moitié  des  globules  normaux),  facilement  vicariée  par 
d'autres  organes. 

»  Quels  sont  ces  organes?  Nous  pouvons  suivre  la  trace  du  travail  héma- 
tolytique supplémentaire  par  la  recherche  de  la  rubigine.  Diverses  séries 
d'expériences  que  j'ai  faites  au  cours  de  ces  dernières  années  m'ont  appris 
que  ces  granulations  d'hydrate  ferrique  si  faciles  à  caractériser  s'accumu- 
lent dans  les  organes  hématolytiques  à  la  suite  d'injections  de  sang  suivant 
une  locaHsation  régulière  qui  est  en  relation  avec  la  quantité  de  sang 
injectée;  on  observe  la  rubigine  dans  la  moelle  des  os  et  la  rate  à  l'exclu- 
sion du  foie,  si  les  injections  sont  peu  abondantes;  dans  la  moelle  des  os, 
la  rate  et  le  foie,  si  les  injections  sont  massives  (*).  Dans  nos  expériences 
actuelles,  la  quantité  de  sang  injecté  avait  été  intentionnellement  choisie 
dans  la  proportion  où  la  rubigine  commence  à  apparaître  dans  le  foie, 
c'est-à-dire  oii  l'ensemble  des  autres  organes  hématolytiques  est,  semble-t-il, 
à  la  limite  de  sa  puissance.  On  est  donc  en  droit  de  se  croire  dans  les  meil- 
leures conditions  pour  saisir  l'effet  de  la  suppression  de  la  rate. 

»  Les  chiens  normaux  ont  donné  des  résultats  semblables  à  ceux  de  mes  séries 
antérieures  (^)  :  la  moelle  osseuse  et  la  rate  sont  riches  en  rubigine;  pas  ou  très  peu 
de  rubigine  dans  le  foie;  pas  de  rubigine  dans  les  ganglions  lymphatiques. 

Les  chiens  dératés  montrent  beaucoup  de  rubigine  dans  la  moelle  osseuse,  un  peu 
dans  le  foie,  très  peu  dans  les  ganglions  lymphatiques.  Corrélativement,  les  dosages 
de  fer  montrent  une  légère  augmentation  de  la  teneur  du  foie  (o,33  et  o,25  contre 
G, 21  et  o,i8):  l'augmentation  du  fer  des  ganglions  lymphatiques  n'est  pas  appré- 
ciable (ganglions  rétro-péritonéaux,  o,  i5  et  o,  i4  contre  o,  i6  et  o,  i3). 

»  La  rate  a  été  vicariée  par  la  moelle  osseuse  à  laquelle  se  sont  adjoints 
le  foie  dans  une  faible  mesure  et  les  ganglions  lymphatiques  d'une  façon 
presque  insignifiante. 


(*)  De  plus,  dans  les  ganglions  lymphatiques  des  voies  efférentes,  l'injection  ayant 
été  faite  dans  le  tissu  conjonclif  ou  dans  une  séreuse. 

(^)  Exception  faite  pour  ce  qui  concerne  les  ganglions  lymphatiques,  les  injections 
ayant  été  faites  ici  directement  dans  les  veines. 


SÉANCE  DU  21  JUILLET  1902.  2o5 

»  En  résumé,  la  suppression  de  la  rate  n'apporte  que  des  changements 
peu  considérables  dans  la  fonction  hématolytique;  à  tel  point  qu'il  me 
paraît  inexact  de  dire  que  la  rate  est  vicariée  par  d'autres  organes.  Ces 
expériences,  qui  demandent  évidemment  à  être  complétées,  s'interprètent 
bien  mieux  si  l'on  dit  :  la  rate  est  une  portion  relativement  peu  importante 
d'un  vaste  système  hématolytique.    » 

CHIMIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  la  présence  de  la  lécithine  clans  les  végétaux.  Note 
de  MM.  ScHLAGDENHAUFFEN  ct  Reeb,  présentée  par  M.  Mûntz. 

«  La  lécithine,  qui  intéresse  à  juste  titre,  depuis  longtemps,  la  médecine 
au  point  de  vue  de  son  origine,  de  sa  composition  et  de  ses  applications 
thérapeutiques,  a  été  étudiée  également  par  les  savants  qui  s'occupent  de 
Chimie  et  de  Physiologie  végétales. 

»  Pareille  à  la  lécithine  du  règne  animal,  celle  du  règne  végétal  se  trouve 
généralement  dans  les  organes  ou  tissus  contenant  des  corps  gras  libres 
ou  combinés.  On  la  trouve  dans  l'extrait  éthéré,  chez  les  légumineuses,  à  la 
dose  de  0,26  à  0,61  pour  100  et,  dans  les  céréales,  de  0,10  à  0,18  pour  100 
et  exceptionnellement  de  0,69  pour  100  dans  l'avoine  (*).  Ces  nombres 
cependant  ne  s'accordent  pas  avec  ceux  de  Stellwaag  (^)  et  de  Schuize  et 
Steiger  (')  qui  sont  beaucoup  plus  élevés,  ainsi  que  le  montre  le  Tableau 
ci- dessous  : 

Lécithine  dans  les  végétaux. 

Stellwaag.  Schuize  et  Steiger. 

Nature  des  plantes.  Lécithine.  Phosphore.  Lécithine.  Phosphore. 

Blé 2,09              0,08  o,65  0,025 

Seigle 3,3i                0,127  0,57  0,022 

Orge 4,20               o,i63  0,74  0,028 

Avoine 2,87                0,1 14  »  » 

Lupins 4>5i               0,172  1,59  0,061 

Colza  (tourteau). .  .        6,99               0,268  »  » 

»  Ces  différences  peuvent  résulter  de  diverses  causes,  auxquelles  le  mode 
opératoire  et  la  préparation  de  la  solution  titrée,  employée  pour  le  dosage 
de  l'acide  phosphorique,  ne  sont  pas  étrangers. 


(')  Stellwaag,  Jahrsb.f.  agric.  Chem.,  1861-1862,  p.  67. 
("-)  Leitfad.  d.  Landw.  Futterungslehre,  4"  édition,  p.  288. 
(^)  Zeitsch.f.  phys.  Chem.,  L  XIII,  p.  365. 


2o6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Le  rôle  physiologique  de  la  lécithine  n'est  pas  encore  déterminé  d'une 
façon  certaine;  cependant  Stoiilasa('),  dans  un  Mémoire  présenté  à  l'Aca- 
démie des  Sciences  de  Vienne,  estime  qu'on  doit  l'envisager  comme  le 
véhicule  le  plus  approprié  pour  le  transport  du  phosphore  dans  la  plante, 
depuis  le  début  de  la  germination  jusqu'à  la  fin  du  cycle  de  la  vie  et  la 
maturation  complète  du  fruit. 

»  Pour  caractériser  la  lécithine  on  peut  préparer  un  extrait  éthéré, 
éthéro-alcoolique  ou  pétroléique  de  la  plante,  le  saponifier  par  la  potasse 
caustique  et  déterminer  dans  la  solution  alcaline  la  présence  de  choline, 
un  de  ses  produits  de  dédoublement,  ou  bien  incinérer  l'extrait  en  ques- 
tion en  présence  de  nitre  et  de  carbonate  de  soude,  reprendre  la  masse 
fondue  par  l'eau,  préparer  convenablement  cette  solution  et  y  déterminer 
la  quantité  d'acide  phosphorique  d'après  les  méthodes  classiques.  Le  poids 
de  l'acide  phosphorique  cionne  celui  du  phosphore  et  celui-ci,  à  son  tour, 
sert  à  calculer  la  quantité  de  lécithine  :  c'est  ainsi  qu'ont  été  établis  les 
Tableaux  cités  plus  haut  (-). 

»  Cet  acide  ne  peut  provenir  ni  du  phosphate  de  fer,  ni  de  phosphates 
alcalino-terreux  ou  alcalins,  puisque  ces  derniers  sont  insolubles  dans  les 
véhicules  dont  nous  venons  de  parler;  il  constitue  donc  une  partie  de 
l'acide  phosphorique  total  appartenant  aux  cendres.  C'est  pour  ce  motif 
qu'il  faut  lui  réserver  une  rubrique  spéciale  indiquant  son  origine  et  que 
nous  le  désignerons  sous  le  nom  à' acide  phosphorique  organique. 

»  En  partant  de  cette  idée,  nous  avons  calculé  le  poids  d'acide  phospho- 
rique total  qui  se  trouve  dans  les  cendres  provenant  de  loo  parties  de 
plante  sèche,  déterminé  d'autre  part  la  proportion  d'acide  phosphorique 
correspondant  à  l'extrait  pétroléique,  existant  par  conséquent  dans  la 
plante  sous  forme  de  glycérophosphate,  et  comparé  enfin  l'acide  phospho- 
rique organique  à  l'acide  total. 

»  Les  résultats  obtenus  sont  consignés  dans  le  Tableau  ci-dessous  : 

Rapport 

de   l'acide 

Noms  Cendres  Acide  phosphorique  organique 

des  pour  — — ^ — ^^- —         ib à  l'acide 

plantes.  loo.  minéral.      organique.  total.  total. 

Seigle 2,i6  o>739  Oj^gi  i,o3o  28,25 

Blé 2,22  0,869  o,i83  i,o4o  17,6 


(')  Voir  Revue  Se,  t.  LIX,  1897,  p.  279. 

(-)  KœxiG,  Metischl.  Nahr.  u.  Genussinittel,  Berlin,  1898,  t.  II,  p.  882. 


SÉANCE  DU  21  JUILLET  1902.  207 

Rapport 
de  l'acide 
Noms  Cendres  Acide  phosphorique  organique 

des  pour  — °  mimii  - — ==«•»— à  l'acide 

plantes.  100.  minéral.       organique.  total.  total 

Orge 2,42  0,557  0,878  0,980  40)0 

Avoine 3, 29  0,680  0,160  o,84o  19,1 

Pois 2,78  o,58i  0,2/jo  0,821  29,6 

Haricots 3,i3  o,652  0,187  0,889  22, 8 

Sarrasin 2,97  i,648  0,070  Ij7i8  ^,1 

Coton  (tOLirt.).  7,99  2,107  0,882  2,489  i5,8 

»  Les  chiffres  de  la  troisième  colonne  doivent  être  modifiés  à  leur  tour, 
puisque  nous  avons  constaté  qu'à  la  suite  de  l'incinération  avec  le  nitre  et 
le  carbonate  de  soude  certains  extraits  pétroléiques,  éthérés  ou  éthéro- 
alcooliques  fournissent  des  masses  fondues  souvent  incolores,  mais  fréquem- 
ment bleues  ou  vertes,  renfermant  par  conséquent  du  manganèse,  et  impar- 
faitement solubles.  En  jetant  sur  filtre  le  précipité  floconneux  on  remarque 
que  la  liqueur  qui  passe  est  complètement  incolore.  Convenablement 
préparée  elle  fournit  de  l'acide  phosphorique  provenant  de  la  lécithine. 

»  Mais,  quant  au  précipité  recueilli  sur  filtre,  il  renferme  un  peu  de 
carbonate  de  chaux,  du  bioxyde  de  manganèse  et  des  phosphates  de  chaux 
et  de  manganèse  :  les  deux  premiers  en  proportions  plus  ou  moins  consi- 
dérables selon  la  quantité  de  carbonate  de  soude  ajouté  au  nitre  potir 
opérer  l'incinération. 

»  Ce  résultat  expérimental  de  la  présence  de  ces  deux  phosphates  ter- 
reux et  métallique,  dans  ces  conditions,  nous  paraît  du  plus  haut  intérêt 
au  point  de  vue  du  rôle  que  joue  la  lécithine  dans  la  plante.  Il  ne  s'explique 
à  notre  avis  que  par  la  substitution  du  calcium  et  du  manganèse  en  lieu  et 
place  de  la  choline  et  de  la  névrine  et  à  la  formation  d'une  lécithine  spé- 
ciale, capable  de  se  dissoudre  dans  l'éther  de  pétrole,  ou  encore  d'un 
glycérophosphate  de  calcium  et  de  manganèse  soluble  dans  ce  véhicule  à 
l'état  naissant.  Le  poids  du  précipité,  ainsi  que  la  proportion  de  manganèse 
qui  s'y  trouve,  dépendent  nécessairement  de  la  nature  du  terrain.  Les 
plantes  originaires  du  Jura  qui  nous  ont  été  adressées  en  renfermaient 
plus  que  celles  de  même  espèce  de  provenance  alsacienne  ou  des  environs 
de  Nancy. 

»  Jusqu'à  présent  les  expériences  faites  avec  les  végétaux  les  plus 
divers  :  pavot,  fenugrec,  gousses  et  grains  de  pois,  seigle  en  pleine  flo- 
raison, nous  ont  fourni  des  résultats  identiques.  Nous  nous  proposons  de 


2o8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

les  étendre  à  d'autres  familles  en  opérant  dans  des  conditions  diverses  et 
sur  des  organes  variés  avant  et  après  la  maturation  complète  des  fruits.  » 


PHYSIOLOGIE    VÉGÉTALE.    —   Sur  la  conservation   du  pouvoir   germinatif 
des  graines.  Note  de  M.  L.  Maquenne,  présentée  par  M.  Dehérain. 

«  Dans  une  précédente  Communication  (')  j'ai  montré  qu'il  est  pos- 
sible de  faire  disparaître  toute  manifestation  vitale  chez  les  graines  par 
dessiccation,  et  j'ai  émis  l'hypothèse  que  les  dernières  traces  d'eau  qui  se 
dégagent  de  ces  organes  sous  l'action  du  vide  peuvent  provenir  d'une 
sorte  de  surmaturation,  c'est-à-dire  d'un  nouvel  état  d'équilibre  qui  s'éta- 
blirait entre  les  diastases  présentes  et  les  corps  qu'elles  ont  pour  office  de 
condenser.  Si  cette  interprétation  est  exacte,  on  doit  voir  les  graines  perdre 
plus  d'eau  quand  on  les  dessèche  lentement  à  froid  que  lorsqu'on  les 
porte  brusquement  à  une  température  capable  de  détruire  leurs  éléments 
diastasiques. 

»  C'est,  en  effet,  ce  que  j'ai  pu  constater  sur  différentes  espèces,  séchées 
comparativement  dans  le  vide,  à  40**,  et  dans  l'étuve  à  1 10^. 

»  On  avait  eu  soin,  au  préalable,  de  maintenir,  pendant  2  mois,  les  graines  dans 
un  flacon  bien  bouché,  à  l'abri  des  brusques  variations  de  température,  de  manière  à 
assurer  une  répartition  uniforme  de  Feau  hygrométrique  dans  toute  leur  masse;  c'est 
seulement  à  cette  condition  qu'il  peut  y  avoir  concordance  entre  les  dosages  efTectués 
sur  plusieurs  échantillons  différents  d'une  même  graine. 

»  Six  lots  de  2S  ou  4^  chacun  étaient  enfermés  dans  autant  de  tubes,  étirés  à  l'avance 
et  soudés  sur  une  lampe  en  verre  communiquant,  d'une  part,  avec  la  trompe  à  mer- 
cure, d'autre  part,  avec  un  gros  tube  rempli  de  baryte  anhydre. 

»  Un  bain-marie,  réglé  par  un  thermostat,  permettait  de  maintenir  les  graines, 
jour  et  nuit,  à  une  température  fixe  de  4o°. 

»  De  temps  en  temps,  on  détachait  l'un  des  tubes  et  l'on  en  pesait  le  contenu;  la 
dessiccation  a  été  considérée  comme  complète  lorsque,  sous  un  vide  voisin  de  celui  des 
ampoules  de  Rontgen,  deux  pesées  faites  à  une  semaine  d'intervalle  donnaient  sensi- 
blement la  même  perte.  Dans  certains  cas,  on  a  pu  conserver  quelques-uns  de  ces 
tubes,  qui  sont  ainsi  restés  sous  vide  depuis  l'hiver  1899-1900,  époque  à  laquelle  ces 
expériences  ont  été  entreprises. 

»  La  dessiccation  à  l'étuve  a  été  effectuée  suivant  la  méthode  ordinaire,  en  s'assu- 
rant  que  deux  pesées  faites  à  2  heures  d'intervalle  concordaient  à  moins  d'un  demi- 
milligramme  près. 


(')  Comptes  rendus,  t.  CXXXIV,  p.  1243. 


SÉANCE    DU    21    JUILLET    1902.  209 

»  Le  Tableau  suivant  donne  l'ensemble  des  résultats  que  nous  avons  ainsi  obtenus 

Ricin  (4s).         Panais  (tï).         Navet  (a^).  Blé  (as). 

Pour  inO.  Pour  100.  Pour  100.  Pour  100. 

Perte  à  l'étuve 5,78  8,97  6,65  12, 3i 

!i  jour 4  >oi                    "  "  " 

2  jours 6,57  (*)             »  »  » 

i5  jours »  9j  19  6,76  » 

Séjours »  6,5i  6,95  » 

4o  jours »                        »  »  12,20 

67  jours »                        »                        »  12,49 

»  On  voit  que  les  différences,  parfois  supérieures  à  o,5  pour  100,  sont 
toujours  dans  le  même  sens,  ce  qui  nous  semble  donner  un  sérieux  appui 
à  l'hypothèse  qui  nous  avait  servi  de  point  de  départ.  Quelle  que  soit  d'ail- 
leurs l'interprétation  que  l'on  donne  de  ces  résultats,  ils  montrent  d'une 
façon  irréfutable  que,  après  un  temps  suffisammentlong,  les  graines  arrivent 
à  se  dessécher  dans  le  vide  d'une  façon  complète,  sans  qu'il  soit  besoin 
d'atteindre  pour  cela  des  températures  incompatibles  avec  la  vie  normale. 

»  Dans  ces  conditions,  on  pouvait  prévoir  que  la  faculté  germinative  se 
conserverait  mieux  qu'à  l'air  libre  :  c'est  ce  que  nous  venons  de  vérifier 
sur  les  graines  de  panais  précédentes,  maintenues  sous  vide,  après  dessic- 
cation complète,  depuis  le  mois  de  novembre  1899. 

»  75  de  ces  graines  ont  fourni  37  germinations,  alors  que  celles  qui  étaient  restées 
dans  le  flacon  d'origine  n'en  donnaient  plus  une  seule,  et  que,  au  début  de  l'expé- 
rience, c'est-à-dire  à  la  fin  de  l'année  1899,  elles  en  avaient  donné  5i  pour  100. 

»  La  conservation  a  donc  été  aussi  parfaite  que  possible,  et  l'expérience  vient  aingi 
confirmer  l'exactitude  des  vues  que  nous  avons  précédemment  émises  sur  les  rapports 
qui  existent  entre  l'eau  hygrométrique  des  semences  et  rafl"aiblissement  progressif  de 
leur  faculté  germinative. 

»  Je  me  propose  de  répéter  les  mêmes  essais  avec  d'autres  espèces  de 
graines  choisies  parmi  celles  qui  s'altèrent  le  plus  vite,  et  je  ne  doute  pas 
que  l'on  arrive  de  cette  manière  à  les  conserver  intactes.  » 


(')    Pendant    les    deux    dernières    heures    on    a    laissé     monter   la    température 
jusqu'à  91"». 


G.  R.,  1902,  a*  Semestre.  (T.  CXXXV,  N"  3.) 


.2IO  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 


BOTANIQUE.  —  De  la  spécialisation  du  parasitisme  chez  /'Erysiphe  graminis. 
Note  de  M.  Em.  Marchal,  présentée  par  M.  Guignard. 

«  Les  Erysiphées  ont  été  considérées  jusqu'ici  comme  des  parasites 
polyphages  pouvant  se  développer  sur  des  hôtes  appartenant  à  des  genres 
distincts,  voire  même  à  des  familles  fort  différentes. 

»  Tel  est,  par  exemple,  X'Erysiphe  polygoni  T>C  qui,  d'après  Salmon  ('  ), 
se  rencontre  sur  un  grand  nombre  de  Composées,  Ombellifères,  Renoncu- 
lacées,  Rubiacées,  Crucifères,  Papilionacées,  Polygonées,  Scrophularia- 
cées,  etc. 

»  D'après  le  même  monographe,  VErysiphe  graminis  DC,  cependant 
déjà  beaucoup  moins  ubiquiste,  s'observe  sur  24  genres,  comprenant 
55  espèces  de  la  famille  des  Graminées. 

»  L'abondance  remarquable  avec  laquelle  s'est  manifesté  le  bianc  cette 
année  sur  nos  céréales  et  sur  diverses  Grariiinées  sauvages  m'a  permis 
d'étudier  ce  parasite  sur  un  assez  grand  nombre  d'hôtes  différents  et 
d'exécuter  des  essais  d'infection  réciproque. 

))  Voici  les  résultats  de  deux  séries  d'expériences  similaires,  effectuées 
en  mars  et  juin  1902  : 

»  Des  plantules  de  Froment  (de  mars),  d'Orge  (Chevalier),  de  Seigle  (de  Zélande) 
et  d'Avoine  (blanche  de  Belgique),  âgées  de  i5  jours  et  développées  dans  une  cage 
vitrée  stérilisée,  ont  été  infectées  respectivement  avec  des  conidies  recueillies  sur  ces 
quatre  céréales. 

»  C'est  ainsi  que  deux  cultures  de  Froment  ont  été  inoculées  à  l'aide  de  VErysiphe 
du  Froment;  deux  autres  avec  VErysiphe  du  Seigle;  deux  troisièmes  avec  celui  de 
l'Orge;  deux  quatrièmes  avec  celui  de  l'Avoine;  enfin  deux  cultures  témoins  ne  furent 
pas  inoculées. 

»  Immédiatement  après  l'infection,  afin  d'éviter  toute  contamination  par  des  spores 
étrangères,  chaque  culture  a  été  recouverte  hermétiquement  d'une  cloche  stérilisée. 

»  Après  i5  jours,  VErysiphe  s'était  abondamment  développé  uniquement  dans  les 
cultures  où  les  spores  avaient  été  empruntées  à  la  même  espèce  hospitalière;  aucune 
autre  ne  présentait  de  trace  de  parasite. 

»  L'infection  du  Froment  par  VErysiphe  de  l'Orge,  de  l'Avoine  et  du  Seigle  ;  celle 
de  rOrge,  de  l'Avoine,  du  Seigle  par  VErysiphe  des  trois  autres  céréales  n'ont  pas 
donné  de  résultats  positifs. 

(  ')  Salmon,  A  Monography  of  the  Erysiphaceœ  {Menioirs  of  the  Torrey  Bota- 
nical  Club,  vol.  IX,  1900). 


SÉANCE  DU  2f  JUILLET  1902.  211 

»  Le  Champignon  semble  donc  s'être  adapté  à  vivre  sur  chacune  de  ces  céréales  au 
point  de  constituer  une  race  physiologique,  une  forme  spécialisée  analogue  à  celles  que 
Eriksson  a  découvertes  et  si  bien  étudiées  chez  les  Urédinées  messicoles  et  notamment 
chez  le  Puccinia  graminis. 

»  Afin  de  rechercher  si  certaines  Graminées  sauvages  peuvent  servir  de 
support  aux  formes  spécialisées  de  X Erysiphe  des  céréales,  j'ai  exécuté  de 
nombreux  essais  d'infection  avec  VErysiphe  graminis  de  l'Orge. 

»  L'infection  a  fourni  des  résultats  positifs  sur  :  Hordeum  disdchon, 
hexastichon^  vulgare,  zeocriton,  trifurcatum,  nudum,  juhalum  et  murinum. 
Mais  elle  est  demeurée  sans  résultat  sur  : 

»  Anthoxanthurn  odoratuni,  Setaria  viridis,  Andropogon  Ischaemon,  Alope- 
ciirus  pratensis^  Phleum  pratense  et  Bœhmeri,  Agrostis  alba,  Miliurti  effusum, 
Aira  caryophyllea,  Deschampsia  flexuosa;  Avena  sativa,  orientalis  elfatua;  Tri- 
setum  Jlavescens,  Arrhenatherum  elatius,  Holcus  lanatus,  Kœhleria  cristata, 
Cynosurus  cristatus,  Melica  ciliata,  Briza  média;  Poa  anima,  nemoralis,  serotina, 
pratensis,  mutalensis,  trivialis;  Dactylis  glomerata;  Bromus  sterilis,  patulus, 
mollis,  racemosus,  secalinus,  arduennensis,  squarrosus  et  maciostachys;  Festuca 
riihra,  elatior,  gigantea;  Brachypodium  sylvaticum,  Lolium  perenne,  Elym-us 
arenarius,  Secale  céréale;  Triticum  vulgare,  Spelta  et  polonicum ;  Agropyrum 
repens,  caninum  et  giganteiim. 

»  Inversement,  l'infection  de  l'Orge  a  été  tentée  en  vain  avec  des 
conidies  recueillies  sur  les  Graminées  suivantes  :  Poa  annua  et  pratensis^ 
Agropyrum  repens  et  giganteam,  Holcus  lanatus,  Festuca  pratensis,  Bromus 
sterilis  et  mollis. 

»  Des  résultats  donnés  par  les  multiples  inoculations  croisées  effectuées 
dans  le  cours  de  cet  été  je  crois  pouvoir  conclure  à  l'existence  propre  de 
nombreuses  formes  spécialisées  chez  VErysiphe  graminis  et  notamment  des 
suivantes  : 

»  Erysiphe  graminis  f.  spéc.  Tritici,  sur  Triticum  vulgare,  Spelta,  polonicum, 
turgidum,  non  sur  Triticum  durum,  monococcum,  dicoccum. 

»  Erysiphe  graminis  f.  spéc.  Hordei,  sur  Hordeum  liexastichon,  vulgare,  trifur- 
catum, nudum,  jubatum  et  murinum,  non  sur  Hordeum  maritimum,  secalinum 
et  bulbosum. 

»  Erysiphe  graminis  f.  spéc.  Secalis,  sur  Secale  céréale  et  anatolicum. 

»  Erysiphe  graminis  f.  spéc.  Avenue,  sur  Avena  saliva,  orientalis,  falua  et  sur 
Arrhenatherum  elatius. 

»  Erysiphe  graminis  f.  spéc.  Poœ,  sur  divers  Poa,  notamment  P,  annua,  tri- 
vialis, pratensis,  cœsia,  mutalensis,  nemoralis  et  serotina. 

»  Erysiphe  graminis  f.  spéc.  Agropyri,  sur  les  Agropyrum> 


212  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

»  Erysiphe  graminis  f.  spec.  Bromi,  sur  divers  Bromus,  notamment  sur  B.  mollis 
et  sterilis. 

))  Un  examen  approfondi  a  montré  que  ces  diverses  races  spécialisées  ne 
diffèrent  anatomiquement  en  rien,  ni  par  la  forme  et  les  dimensions  des 
spores,  ni  par  les  caractères  du  mycélium,  des  suçoirs,  etc.  Elles  sont 
donc  morphologiquement  identiques,  comme  le  sont  les  formes  spécialisées 
des  Urédinées. 

»  Il  convient  de  remarquer  que  tous  les  essais  dont  je  viens  d'exposer 
les  résultats  ont  eu  comme  point  de  départ  la  forme  conidienne  de  V Ery- 
siphe graminis.  Comment  se  comportent  les  ascospores  des  diverses  races 
physiologiques  étudiées?  Contribuent-elles  à  fixer  d'une  façon  plus  pro- 
fonde, définitive,  dans  la  descendance,  l'étroite  adaptation  parasitaire 
acquise?  Ou  bien  permettent-elles,  ce  qui  est  moins  probable,  à  V Erysiphe 
graminis  d'étendre  son  aire  de  dispersion  sur  d'autres  hôtes?  De  nouveaux 
essais  feront,  j'espère,  la  lumière  sur  ce  point.    » 


HYDROLOGIE.  —  Sur  le  régime  hydrographique  du  Tidikell  (archipel  Touatien) , 
Sahara  central.  Note  de  M.  G.-B.-3I.  Flamand,  présentée  par  M.  de 
Lapparent. 

«  On  peut  poser  en  principe  qu'il  n'existe  pas,  dans  la  dépression  du 
Tidikelt,  de  nappe  d'eau  superficielle,  due  aux  précipitations  atmosphé- 
riques qui  sont  très  rares.  On  sait  que  celte  région  subit  de  longues  pé- 
riodes (10-20  ans)  sans  pluies;  seuls  des  trombes  et  des  cyclones  avec  pluies 
intenses  de  courte  durée  donnent  lieu  à  des  torrents  éphémères  aussi  vite 
épandus  qu'épuisés. 

»  La  première  opinion  formulée  sur  le  régime  des  eaux,  de  cette  région  est  celle  du 
célèbre  explorateur  G.  Rohlfs;  il  admet  une  nappe  souterraine  étendue  du  nord  au 
sud,  en  relation  avec  le  Tell,  alimentant  les  Feggaguir  (')  auxquelles  il  attribuait 
d'abord  une  direction  méridienne,  puis,  plus  tard,  une  direction  NE-SW. 

»  Après  lui,  M.  le  capitaine  Le  Chatelier  publiait  sur  le  régime  des  eaux  du  Tidikelt, 
d'après  les  renseignements  des  indigènes,  une  étude  très  remarquable,  où  se  trouve 
également  admise  l'origine  septentrionale  de  l'alimentation  des  Feggaguir.  D'autre 


(')  On  appelle  Feggaguir  ou  Foggarat,  sing.  Foggara,  des  galeries  souter- 
raines de  drainage  ou  de  captage,  à  regards  ou  évents,  et  non,  comme  on  le  dit 
parfois  à  ton,  des  puils  à  galerie. 


SÉANCE  DU  21  JUILLET  1902.  21 3 

part,  l'auteur  considère  deux  niveaux  d'émergence  de  la  nappe  issue  des  assises  cré- 
tacées du  Tadmaït  et  rejette  l'hypothèse  d'un  réservoir  artésien. 

»  Au  cours  de  ma  mission  à  In-Salah  (i 899-1900),  je  repris  celle  élude 
hydrologique  pour  le  Tidikelt  oriental  ;  mes  observations  sur  la  tectonique 
de  celle  partie  du  Sahara  central,  confirmées  par  les  documents  publiés 
dans  mes  précédentes  Communications,  me  conduisent  à  l'exposé  suivant  : 

»  La  dépression  du  Tidikelt  (altitude  i5o°>-3oo™;  Sjo'"  Hacl-Messaguem),  orientée 
Ef^NE-WWSW,  est  comprise  entre  la  Chebkha  crétacée  du  Tadmaït  au  nord  et  les 
plateaux  et  massifs  du  Mouydir  et  de  l'Adrar  Ahenet  au  sud;  elle  se  relève  un  peu 
vers  l'est.  Le  Tadmaït  est  une  vaste  cuvette  synclinale  (série  crétacée  et  Suessonien) 
dont  l'axe  est  dirigé  et  plonge  légèrement  nord-est.  Les  escarpements  sud  de  ce  pla- 
teau comprennent  la  craie  moj'enne  (partie  centrale),  la  craie  moyenne  et  supérieure 
à  l'est  (Dj.  el  Akhal,  Dj.  el  Abiodh)  en  couches  assez  fortement  relevées  vers  le  sud. 
Des  synclinaux  secondaires,  le  plus  souvent  normaux  au  front  du  plateau,  donnent  nais- 
sance, au  contact  des  argiles  et  des  calcaires  ceVioma«ie«5  (premier  niveau)  et  ^«ro- 
niens  (deuxième  niveau),  à  des  sources  à  faible  débit  (Aïn-Souf,  Aïn-Guettara,  etc.). 

»  Cet  ensemble  marno-calcaire  repose  sur  une  épaisse  série  de  grès  albiens  (grès 
à  dragées)  et  néoconiieiis  (grès  à  plaquettes  calcaires  jaunes)  plus  fortement  relevée 
au  sud  que  la  série  précédente.  Les  caractères  de  cette  zone  gréseuse  varient  suivant 
le  degré  d'érosion  :  1°  régions  de  Goiir  ou  de  Gautra;  2°  régions  de  pénéplaines  et 
de  plateaux  avec  couverture  partielle  du  sol  de  reg.  Cette  région  de  grès  infra-cré- 
tacés, d'altitude  plus  faible  que  le  Crétacé  supérieur,  s'étend  assez  loin  au  sud  des 
plateaux  crayeux.  Du  côté  de  l'est,  c'est  vers  la  latitude  de  Haci-Moungar  (un  peu  au 
nord  de  ce  puits)  que  leur  succèdent  les  grès  paléozoïques  amaranthes  et  verts.  La 
bande  des  grès  crétacés  est  dépourvue  de  points  d'eau. 

»  Les  grès  et  arkoses  paléozoïques  sont  disposés  en  plateaux  à  ondulations  méri- 
diennes; ils  forment  vers  le  sud  (Haci-Moungar,  Foggaret-Zoua)  une  falaise  parfois 
un  peu  atténuée,  au  pied  de  laquelle  se  montre  la  dépression  proprement  dite  du 
Tidikelt  ;  dans  l'ensemble,  ils  paraissent  se  relever  vers  le  sud  ;  des  puits  y  sont  creusés. 

»  Dans  cette  dépression  on  observe  une  série  de  chaînons  oro-tectoniques  paral- 
lèles, à  direction  méridienne  ou  subniéridienne,  c'est-à-dire  à  angle  droit  par  rapport 
à  la  direction  du  Tadmaït;  ce  sont  des  anticlinaux  à  axe  cristallophyllien  ou  cris- 
tallin et  des  synclinaux  paléozoïques  dévoniens  et  carbonifères  (Dj.  Aïn  Kahla,  El 
Khenig,  Oued  Chebbi);  ces  chaînons  relient  transversalement  le  Tadmaït  à  l'avant- 
pays  du  massif  central  Targui  {^). 


(*)  Cette  direction  méridienne  ou  subméridienne  paraît  se  manifester  en  dehors  de 
ces  régions  paléozoïques  du  Sahara,  et  même  jusque  dans  la  zone  tellienne,  et  cela  au 
travers  de  formations  géologiques  d'âges  très  divers;  comme  si  les  régions  où  elle  se 
montre  avaient  été  en  quelque  sorte  préparées  par  un  état  de  choses  antérieur.  Cette 
direction  se  révèle  nettement  dans  le  Sahara,  mais  devient  rare  vers  le  nord,  au  delà 
de  la  chaîne  atlantique  du  sud.  Exemples  :  vallées  de  l'Oued  Igharghar  et  de  l'Oued 


2l4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Les  terrains  paléozoïques  et  crétacés  sont  en  partie  recouverts  de  terrains  ter- 
tiaires (plateaux  tabulaires)  et  actuels  (dunes). 

Les  drains  souterrains  des  Feggaguir,  seules  ressources  en  eaux  de  ces 
oasis,  sont  établis  dans  le  socle  de  ces  plateaux  de  terrains  d'âge  divers; 
ils  n'ont  pas,  comme  on  l'a  autrefois  admis,  une  direction  NS,  mais  bien  EW; 
seules  les  oasis  ont  une  direction  méridienne,  étant  établies  sur  les  dépres- 
sions et  chebkhas  subméridiennes  qui  limitent  à  Test  lesdits  plateaux.  La 
température  des  eaux  vives  de  Feggaguir  est  assez  élevée  (26°, 9  :  moyenne 
de  16  observations  en  i5  jours,  au  regard  de  la  casbah  Bajonda  d'In-Salah, 
janvier  1900)  ;  la  composition  chimique  paraît  voisine  de  celle  de  la  cuvette 
N'goussa-Ouargla. 

»  De  ces  divers  faits  il  résulte  qu'on  ne  peut  admettre  l'alimentation 
souterraine  des  plateaux  à  Feggaguir  par  le  nord,  comme  cela  a  lieu  pour 
le  bassin  artésien  d'El-Goléah.  Il  faut  ici  admettre  une  nappe  venant  du 
sud  (Mouydir,  massif  Ahoggar  et  Taïtocq)  par  les  synclinaux  subméri- 
diens, nappe  assez  profonde,  artésienne,  remontant  par  les  fractures, 
comme  M.  Rolland  l'a  montré  pour  les  chriats  de  l'Oued  R'ir;  cette  eau 
imprègne  à  certains  niveaux  les  plateaux  supérieurs  et  donne  naissance  à 
la  nappe  des  Feggaguir. 

))  li'ascension  de  cette  ,  nappe  se  manifeste  encore  dans  les  sebkhas 
(behours  temporaires)  qui  deviennent  humides  à  certaines  époques. 

»  On  peut  donc  conclure  que  les  régions  sahariennes  à  Feggaguir  sont 
nécessairement  des  régions  à  régime  artésien.  Nous  en  avons  des  preuves  à 
l'oasis  d'El-Goléah  et  encore  dans  le  puits  récemment  exécuté  au  Tidikelt 
(Foggaret-Zoua)  et  dans  les  puits  ascendants  du  nord  du  Touat. 

»  Dans  la  région  qui  nous  occupe,  la  nappe  artésienne  (premier  niveau 
à  5o™)  sera  moins  importante  qu'à  l'Oued  R'ir;  la  création  de  puits  arté- 
siens, trop  nombreux,  poursait  troubler  l'équilibre  actuel  du  régime  des 
Feggaguir.  Ces  considérations  ne  s'appliquent  qu'au  Tidikelt  et  non  aux 
autres  parties  de  l'archipel  touatien  (Touat  Gourara),  dont  les  conditions 
hydrographiques  paraissent  différentes.    » 


Saoura  —  dôme  crétacé  de  la  Ghebkha  du  Mzab  et  vallées  de  l'Oued  Loua  et  de  l'Oued 
Zergoun,  —  Oued  Namous.  Dans  le  Tell  :  anticlinal  de  Tifrit,  vallées  de  Tifrit  et  Saïda, 
jambeau  liasique  de  l'Oued  el  Abd  (Tagremaret),  fragments  subméridiens  des  lam- 
beaux triasiques  et  liasiques  des  chaînes  atlantiques  sahariennes,  etc.;  Djebel  Kahar 
(monts  des  Lions,  auprès  d'Oran)  formé  de  schistes  et  poudingues  permiens,  etc., 
qui  accusent  très  sensiblement  cette  direction. 


SÉANCE  DU  21  JUILLET  1902.  21 5 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Sur  la  constitution  du  sol  sous-marin. 
Note  de  M.  J.  Thoulet.  (Extrait.) 

«  Le  tube  sondeur  Buchanan,  qui  sert  ordinairement  aux  grands  son- 
dages, découpe  dans  le  sol  sous-marin  un  boudin  d'une  longueur  de  16*=™ 
à  17*^™  environ.  J'avais  analysé  {Comptes  rendus,  5  mai  1902)  les  deux  ex- 
trémités d'un  certain  nombre  de  ces  boudins  provenant  de  la  campagne  de 
la  Princesse- Alice,  à  S.  A.  S.  le  Prince  de  Monaco,  dans  l'archipel  du  Cap- 
Vert,  en  1881.  J'avais  reconnu  que  leur  constitution  était  sensiblement  la 
même  sur  toute  leur  épaisseur. 

))  Grâce  à  certains  perfectionnements  apportés  à  la  construction  des  ap- 
pareils, le  Prince  a  pu,  en  Méditerranée,  le  i5  mai  dernier  (St.  1259,  par 
43°4i'N,  5°6'io"E,  et  6i5™  de  profondeur),  découper  dans  le  sol  im- 
mergé et  ramener  un  boudin  ayant  42"^™  de  longueur,  que  j'ai,  comme 
les  précédents,  analysé  à  ses  deux  extrémités. 

»  ...  L'analyse  et  l'observation  microscopique  sont  d'accord  pour  mon- 
trer que  pendant  le  temps,  probablement  très  long,  nécessaire  pour  le 
dépôt,  au  fond  de  la  mer,  d'une  couche  épaisse  de  42'^'",  la  constitution  du 
sol  n'a  pas  sensiblement  changé.  Cela,  bien  entendu,  sous  réserve  des 
changements  brusques  qui  s'accomplissent  quelquefois,  dans  cette  consti- 
tution, en  certaines  localités,  et  dont  l'étude  des  fonds  de  l'Atlantique 
nord  m'a  fourni  deux  exemples  frappants. 

»  Il  en  résulte  que  la  nature  des  couches  marines  dépend  bien  moins  de 
la  profondeur  que  des  conditions  de  tous  genres  et  des  phénomènes  s'ac- 
complissant  dans  les  portions  superficielles  des  eaux  sus-jacentes. 

»  Ces  lois  peuvent  s'appliquer  aux  couches  géologiques,  anciens  fonds 
de  mer  actuellement  inondés. 

»  J'ai  analysé,  comme  un  fond  marin  actuel,  un  échantillon  de  craie  pro- 
venant des  falaises  d'Étretat.  La  constitution  générale  de  cette  craie  offre 
une  ressemblance  remarquable  avec  celle  du  fond  méditerranéen.  La  seule 
différence  est  que  l'un  est  vaseux  et  l'autre  calcaire.  Il  semble  donc  qu'on 
soit  en  droit  d'en  tirer  les  conclusions  suivantes  : 

»  La  mer  au  fond  de  laquelle  s'est  déposée  la  craie  d'Etretat  présentait 
une  grande  ressemblance  mécanique  avec  la  Méditerranée  actuelle.  Mais 
tandis  que  cette  dernière,  au  moins  dans  le  golfe  de  Gênes,  est  entourée  de 
hautes  montagnes  constituées  par  des  roches  cristallines,  donnant  par  leur 


2r6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

destruction  des  grains  de  quarlz  anguleux  et  beaucoup  d'argile,  la  mer  cré- 
tacée, au  moins  dans  la  région  d'Étretat,  n'était  pas  bordée  de  hautes  terres 
à  roches  cristallines  et  se  trouvait  dans  des  conditions  climatériqiies  ana- 
logues à  celles  de  la  région  actuelle  de  l'archipel  du  Cap-Vert,  où  la 
richesse  du  fond  en  calcaire  dépasse  tout  ce  qu'on  peut  imaginer. ...» 

M.   FovEAU  DE  CouRMELLES  adrcssc  une  Note  portant  pour  litre  :  «  Des 
énergies  photochimiques  comparées  de  diverses  sources  lumineuses  ». 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  H.  Becquerel.) 

M.  EiMM.  Pozzi-EscoT  adresse  des  «  Recherches  sur  les  ferments  diasta- 
siques  de  V Eurotium  Orizœ  » . 

A  4  heures  et  demie  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  5  heures. 

G.   D. 


ERRATA. 


(Séance  du  -7  juillet  1902.) 

Note  de  M.  W.  Kilian,  Sur  la  présence  de  l'étage  aptien  dans  le  sud-est 
de  l'Afrique. 

Page  69,  ligne  i5  :  au  lieu  de  Appelia,  lisez  Oppelia. 

Même  page,  ligne  ïj  :  au  lieu  de  Hilhi,  lisez  Hillsi. 

Page  70,  ligne  7  :  au  lieu  de  iJkruhil,  lisez  Ukrahil, 

Même  page,  ligne  12  :  au  lieu  de  Bernhardt,  lisez  Bornhardt. 

Même  page,  ligne  33  (en  note)  :  au  lieu  de  type  colonial,  lisez-  type  oriental. 


ACADÉMIE   DES    SCIENCES 

SÉANCE   DU  LUNDI  28  JUILLET   1902. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  BOUQUET  DE  LA  GRYE. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE .  —  Sur  une  propriété  curieuse  d'une  classe 
de  surfaces  algébriques.  Note  de  M.  Emile  Picard. 

«  L'étude  des  iiitéorales  de  différentielles  totales  relatives  à  une  surface 
algébrique  me  préoccupe  depuis  longtemps,  mais  je  reste  encore  dans 
l'indécision  sur  la  nature  de  ces  intégrales  au  point  de  vue  de  leur  trans- 
cendance. Quoique  certaines  considérations  conduisent  à  présumer  que, 
pour  une  surface  arbitraire,  toute  intégrale  de  différentielle  totale  se 
ramène  à  une  combinaison  algébrico-logarithmique,  c'est-à-dire  à  une 
expression  de  la  forme 

(i)  2A;^.logR/,(^,  y,  .^)  -f-P(^,  y,  z), 

P  et  les  R  étant  des  fonctions  rationnelles  de  x,  y  et  z,  et  les  A  des 
constantes,  le  fait  reste  incertain.  Sans  rien  préjuger  à  ce  sujet,  je  veux 
indiquer  ici  une  propriété  des  surfaces  dont  toutes  les  intégrales  de  diffé- 
rentielles totales  se  ramènent  à  une  combinaison  algébrico-logarithmique. 
»  1.  Je  rappellerai  d'abord  un  théorème  général  relatif  aux  intégrales  de 
troisième  espèce  {Annales  de  r  Ecole  Normale,  .'901).  Soit  f  une  surface 
algébrique  à  singularités  ordinaires  ;  sur  cette  surface  on  peut  tracer  p  courbes 
algébriques  irréductibles  particulières 

telles  qu'il  n'existe  pas  d'intégrale  de  différentielle  totale  de  troisième  espèce, 
n'ayant  d'autres  courbes  logarithmiques  que  la  totalité  ou  une  partie  de  ces 
courbes  G,  mais  telles  quil  existe  une  intégrale  ayant  seulement  pour  courbes 

G.  R.,  1902,  2'  Semestre.  (T.  CXXXV,  N"  4.)  ^^ 


21  8  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

logarithmiques  une  (p  +  i  )'^'"^  courbe  quelconque  Y  de  la  surface,  el  la  totalité 
ou  une  partie  des  courbes  C. 

»  J'ajouLe  que  le  nombre  p  est  le  même  pour  toutes  les  surfaces  se  cor- 
respondant birationnellement  et  n'ayant  pas  de  courbes  exceptionnelles  ; 
sous  ce  point  de  vue,  il  peut  être  regardé  comme  un  invariant  pour  la  classe 
de  surfaces  algébriques  considérées. 

»  2.  Soit  maintenant  une  surface/",  pour  laquelle  toutes  les  intégrales  de 
différentielles  totales  sont  de  la  forme  (i);  désignons  toujours  par  les 
lettres  C  les  p  courbes  du  théorème  précédent,  et  soit  r  une  courbe  irré- 
ductible quelconque  Iracée  sur  la  surface.  Il  existe,  comme  nous  venons 
de  le  dire,  une  intégrale  de  différentielle  totale  ayant  pour  courbes  loga- 
rithmiques la  courbe  r  et  la  totalité  ou  une  partie  des  courbes  C.  Cette 
intégrale  est,  par  hypothèse,  de  la  forme  (i);  on  peut  supposer  que  les 
termes  logarithmiques  sont  réduits  à  leur  moindre  nombre,  c'esL-à-dire 
qu'entre  les  A  on  n'a  pas  de  relation  homogène  et  linéaire  à  coefficients 
entiers.  Dans  ces  conditions,  on  est  assuré  que  les  fonctions  rationnelles  R 
n'ont  d'autres  lignes  de  zéros  et  d'autres  lignes  d'infinis  que  la  courbe  r  et 
les  courbes  C. 

»  Ainsi,  une  des  fonctions  R,  au  moins,  est  nulle  ou  infinie  le  long  de  F, 
et  elle  a  comme  autres  lignes  de  zéros  et  d'infinis  la  totalité  ou  une  partie 
des  courbes  C,  avec  des  degrés  quelconques  d'ailleurs  (entiers)  de  multi- 
plicité. Il  existe  donc  certainement  une  fonction  rationnelle  n'ayant 
d'autres  lignes  de  zéros  et  d'infinis  que  la  courbe  irréductible  arbitraire  V 
de  la  surflice,  et  la  totalité  ou  une  partie  des  courbes  C.  J'ajoute  que  cette 
fonction  sera  unique,  ou,  plus  exactement,  que  deux  fonctions  ration- 
nelles possédant  cette  propriété  ont  deux  de  leurs  puissances  entières 
convenables  dans  un  rapport  constant. 

))  3.  Ceci  posé,  prenons  sur  notre  surface  p  -t-  i  courbes  irréductibles 
entièrement  arbitraires 

1  1  ,  1  2»  •  •  •  ■>  Ap_^_,  . 

))  On  peut,  d'après  ce  qui  précède,  former  une  fonction  rationnelle  R,, 
ayant  pour  ligne  de  zéro  la  courbe  T,  et  pour  lignes  de  zéros  et  d'infinis  la 
totalité  ou  une  partie  des  courbes  C.  Soient  de  même  R^,  ...»  Rp+i  des 
fonctions  rationnelles  analogues  correspondant  à  Fo,  ...,Fp^,;  formons 
le  produit 

J.      IV,     11.2     •  •  •  i«pH-l    > 

oii  les  ]x  sont  des  entiers  positifs  ou  négatifs.  On  peut  choisir  ces  entiers 


SÉANCE    DU    28    JUILLET    rgoa.  219 

(non  tous  nuls)  de  manière  que,  pour  la  fonction  rationnelle  F,  les 
courbes  C  ne  soient  plus  ni  lignes  d'infinis  ni  lignes  de  zéros.  La  fonction  F, 
ainsi  obtenue,  ne  se  réduira  pas  à  une  constante,  et  elle  aura  pour  lignes 
de  zéros  et  lignes  d'infinis  la  totalité  ou  une  partie  des  courbes  r. 

»  Nous  sommes  donc  ainsi  conduit  à  la  conclusion  suivante,  qui  est 
assez  curieuse  :  Étant  prises  sur  la  surface  p  -h  i  courbes  algébriques  irré- 
ductibles arbitraires,  il  existe  une  fonction  rationnelle  s' annulant  le  long  de 
certaines  de  ces  courbes,  devenant  infinie  le  long  des  autres  (^avec  des  degrés 
convenables  de  multiplicité),  et  ri  ayant  aucune  autre  ligne  de  zéros  ou 
d'infinis. 

»  Il  est  bien  entendu  qu'il  s'agit  ici  d'une  surface  dont,  par  hypothèse, 
toutes  les  intégrales  de  différentielles  totales  sont  du  type  (i). 

»  Pour  les  courbes  algébriques,  il  n'existe  évidemment  pas  de  proposi- 
tion analogue,  dans  laquelle  les  courbes  F  seraient  remplacées  par  des 
points;  pour  une  courbe  algébrique  non  unicursale,  on  ne  peut  évidem- 
ment pas  former  une  fonction  rationnelle  des  coordonnées,  dont  les  pôles 
et  les  racines  devraient  être  nécessairement  compris  parmi  des  points 
donnés,  les  degrés  de  multiplicilé  n'étant  d'ailleurs  pas  fixés  à  l'avance. 

»  4.  Les  résultats  précédents  conduiraient  donc  plutôt  à  présumer  que 
les  intégrales  de  différentielles  totales  ne  se  ramènent  pas,  en  général,  à 
des  combinaisons  algébrico-logarithmiques;  mais,  à  supposer  que  cela  soit 
possible,  nous  ne  pouvons  indiquer  une  surface  de  connexion  linéaire  égale 
à  l'unité  (c'est-à-dire  sans  intégrale  différentielle  totale  de  seconde  espèce 
de  nature  transcendante)  possédant  une  intégrale  de  troisième  espèce  qui 
ne  soit  pas  du  type  algébrico-logarithmique. 

»  On  peut  indiquer,  au  contraire,  de  nombreux  exemples  de  surfaces 
algébriques  pour  lesquelles  oh  est  assuré  que  toutes  les  intégrales  sont  du 
type  précédent.  Un  exemple  très  simple  est  fourni  par  la  surface  de 
Rummer;  pour  cette  surface,  le  nombre  p  est  égal  à  Funité,  et,  si  l'on  prend 
sur  la  surface  deux  courbes  algébriques  irréductibles  quelconques  F,  et  Fg, 
il  existe  une  intégrale  de  troisième  espèce  n'ayant  d'autres  courbes  loga- 
rithmiques que  ces  deux  courbes,  et  réductible  à  un  logarithme.  On  peut 
le  voir  de  suite  en  se  reportant  à  une  proposition  très  élégante  de  M.  Hum- 
bert,  d'après  laquelle  toutes  les  courbes  algébriques  tracées  sur  la  surface 
de  Kummer  sont  de  degrés  pairs,  et  si  2m  désigne  le  degré  d'une  telle 
courbe,  on  peut  le  long  de  cette  courbe  circonscrire  à  la  surface  une  sur- 
face de  degré  m  ne  la  coupant  pas  en  dehors  de  la  courbe  considérée. 


220  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»    Si  donc 

J\{x,y,z)  =  o         et        /o(^,J,  s)==o 

représentent  les  deux  surfaces  de  degrés  7n^  et  m.,  donnant  T,  et  T.,  la 
fonction  loi^arithmique 

peut  être  regardée  comme  une  intégrale  de  troisième  espèce  possédant  la 
propriété  demandée. 

»  Il  suffira  d'indiquer  ici  un  autre  exemple  assez  étendu.  La  surface 

5^  ==  a{y).x''  -H  b{y).x-  +  c{y).x  +  d(y), 

où  a,  h,  c,  â?sont  des  polynômes  non  spéciaux  en  y,  a  toutes  ses  intégrales 
de  différentielles  totales  qui  se  ramènent  à  une  combinaison  algébrico- 
logarithmique.    » 


OPTIQUE.  —  Réflexion  et  réfraction  par  un  corps  transparent  animé  d'une 
translation  rapide  :  équations  du  mouveînent  et  consépiences  générales.  — 
Note  de  M.  J.  Boussixesq. 

(c  I.  L'hypothèse  naturelle  qui  s'offre  à  l'esprit,  quand  on  pense  à  un 
cor|)s  animé,  dans  l'éther,  d'une  translation  rapide,  un  peu  coiiiparable 
pour  la  vitesse  à  la  propagation  de  la  luinière,  c'est  d'assimiler  l'éther  à  un 
fluide  beaucoup  plus  ténu  que  l'air,  et  le  corps  à  un  filet  à  larges  mailles 
qui  traverserait  ce  fluide  en  le  déj)laçant  à  peine.  Si,  en  même  temps, 
l'éther  vibre  lumineusement,  la  supposition  la  plus  simple  qu'on  puisse 
faire,  au  sujet  des  actions  exercées  sur  une  particule  d'éther  par  la  ma- 
tière pondérable  qui  !a  rencontre,  consiste  à  admettre  que  ces  actions 
comprennent,  premièrement,  une  partie  moyenne  sensiblement  de  même 
valeur  duiant  un  grand  nombre  de  vibrations  successives,  et  employée  à 
produire  la  petite  translation  de  la  particule,  c'est-cà-dire  les  déplacements 
des  situations  d'équilibre  ou  moyennes  de  ses  divers  points;  en  second 
lieu,  une  partie  alternativement  positive  et  négative,  ou  offrant  la  même 
périodicité  approchée  que  le  mouvement  vibratoire,  et  constituant  la 
résistance  qu'oppose  à  ce  mouvement  la  matière  pondérable. 

»   Or  on   sait  que  cette  résistance   est  analogue,  dans  les  corps  trans- 


SÉANCE    DU    28    JUILLET    J902.  221 

parents  en  repos,  à  celle  que  du  Bnat  n  signalée,  chez  les  fluides  où  oscille 
un  pendule  court,  comme  équivalant  à  un  accroissement  d'inertie  ou  de 
masse  du  corj)s  oscillant,  c'est-à-dire  qu'elle  est,  entre  toute  molécule 
pondérable  et  Féther  ambiant,  proportionnelle,  suivant  les  divers  sens, 
aux  excès  de  l'accélération  vibratoire  de  l'élher  sur  celle  de  la  molécule. 

»  Ce  sont  donc  les  dérivées  secondes,  par  rapport  au  temps,  des  dépla- 
cements vibratoires  relatifs  offerts  par  l'éther  entourant  une  molécule  qui 
déterminent  la  résistance  opposée  au  mouvement  vibratoire  par  cette 
molécule.  Il  faudrait,  en  particulier,  pour  annuler  d'iine  manière  continue 
la  résistance  au  mouvement  vibratoire,  rendre  les  déplacements  alterna- 
tifs (^^,T,,,'C,)  de  la  molécule  constamment  identiques  aux  déplacements 
analogues  (^,7i,"C)  de  l'éther  l'entourant  <2C/z<e//eme/i;  ou  ayant,  comme 
situation  moyenne,  sa  propre  situation  moyenne  actuelle  (^,7,3).  C'est 
dire  que,  si  la  molécule,  au  lieu  d'être  à  peu  près  en  repos,  vient  sans 
cesse  au  milieu  àun  nouvel  élher,  chaque  déplacement  vibratoire  ^,  -n 
ou  Z,  de  celui-ci  devra,  dans  le  calcul  de  sa  dérivée  seconde  en  t  dont  dé- 
pend la  résistance  de  la  molécule,  être  considéré,  à  mesure  que  t  varie, 
pour  la  série  des  points  de  l'éther  qui  ont  les  situations  moyennes  mêmes 
{x^y,  z),  sans  cesse  changeantes,  de  la  molécule. 

»  II.  Ainsi,  V^,  V^,  V-,  par  exemple,  désignant  les  trois  composantes 
de  la  vitesse  V  de  translation  de  la  molécule,  et  les  déplacements  vibra- 
toires E,,  rii,  ^,  de  celle-ci  étant  généralement  négligeables  à  côté  de  ^,  ti,  C 
les  dérivées  secondes,  en  /,  dont  les  composantes  de  la  résistance  au  mou- 
vement vibratoire  sont  des  tonclions  linéaires,  s'obliendi-ont  en  taisant 
croître  .v,  y,  z  de  Y^.(it,  Y^dt,  Y^dt,  chaque  fois  que  t  croîtra  de  dl. 
L'expression  symbolique  d'une  dérivation  y  sera  donc 

d        ^r     (l         -XT    '-^         17     d 
dl  ■"  dx  ■'  dy  dz 

et  celle  des  deux  dérivations  à  effectuer  par  rapport  ii  t  sera,  en  y  négli- 
geant les  carrés  et  produits  de  Y,,.,  Y  y,  V., 

d"  ^r       d^'  -j,       d"-  ^j      d^ 


dû"        '^     '^dxdt        '^     ydydt  -dzdt 

»  Par  suite,  si  l'on  se  borne  au  cas  d'un  milieu  homogène  isotrope,  la 
résista m-e  opposée,  par  la  matière  pondérable,  au  mouvement  vibratoire  de 
l'unité  de  volume  d'èther  aura  pour  composantes  respectives  suivant  les 


222  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

trois  axes,  en  appelant  p  la  densité  de  l'éther  et  A  un  coefficient  spécifique, 

^      \_        dl-  cl  a:  dt  ^      dy  dt  dz  dt 

»  Jointes  aux  composantes  de  l'action  élastique,  dont  les  fornnes  bien 
connues,  pour  le  mouvement  vibratoire  à  déplacements  ^,  ti,  C>  sont 


4^"(^'-^)-;7i:4^} 


OÙ  0  désigne  la  dilatation  cubique  -^ — ^  TT  '^  Tf-'  ^^^  composantes  donne- 

ront  les  forces  motrices  p  —  '  "  ?  suivant  les  trois  axes,  de  l'unité  de  vo- 
lume d'éther.  Transposons-les  dans  les  mêmes  membres  que  ces  dernières, 
et,  divisant  par  [j.,  appelons  w  la  vitesse  de  propagation  i /-  de  la  lumière 

dans  l'éther  libre,  N  l'indice  de  réfraction  y/i  +  A  de  la  substance  étudiée. 
Nous  aurons,  sous  leur  forme  la  plus  simple,  les  trois  équations  du  mou- 
vement vibratoire  de  l'éther  : 

»  IIT.  Rapportons  le  mouvement  à  des  axes  des  x^,  y^,  z,  animés  des 

trois  composantes  de  vitesse  (  i  —  iv5  )  ^x»  (  '  ""  n^  )  ^y  (  ^  ~  n^  )  ^^'  ^"' 
autrement  dit,  adoptons  les  quatre  variables  indépendantes  t,,  cc^,  y^,  z-, 
reliées  à  t,  x,  y,  z  par  les  formules 

[t,=l,        x,=x  -  (i-  ^jV^z,        y,  =y-  (i  —  ^k)V,7, 

Celles-ci  entraînent  les  formules  de  transformation 

d  d  d  d  d  d 

.  dx         dx^  dy         dy'i  dz         dz^ 

^    ^  '   d   d  /  1  \  /^j.     d  -\r     ^  ^r     ^ 

dt  ~  dr,~  y  ~  W)  \    -^^  "^  ^^  '^  ^dl[ 


SÉANCE  DU  28  JUILLET  1902.  223 

et,  par  suite,  très  sensiblement, 

d"'  /  I  \  f^       d^  d-  d'    \  d"^ 

^  -f-  2  (^i  --  j^  j  y  ^'dFdt  "^    ^dfdt  '^    '-'drdt)~  dt\' 

»  Les  seconds  membres  des  équations  (i)  garderont  leurs  formes,  tandis 
que  les  premiers  membres,  réduits  à  -^  — -  '  ,''  ?  se  trouveront  débarras- 
sés des  termes  en  Y^;,  V^,  V^^.  Donc,  conformément  aux  idées  de  Fresnel,  les 
vibrations  se  transmettent,  dans  Véther  du  corps  homogène  en  mouvement, 
comme  elles  le  feraient  si  ce  corps  et  son  éther  étaient  animés  ensemble  d'une 

translation  égale  à  la  fraction  i  —  -z^^  de  la  translation  effective  du  corps,  cas 

où  il  est  clair  que  les  ondes  éprouveraient  la  même  translation  partielle,  outre 
leur  mouvement  propre  de  propagation. 

»  En  particulier,  une  onde  plane  limitée  latéralement,  une  fois  née 
quelque  part,  se  propagera,  par  rapport  aux  axes  des  x^,  y^,  s,,  suivant  sa 
propre  normale  ou,  encore,  suivant  la  droite  qui,  dans  une  onde  spbérique 
grandissante  produite  au  même  instant  et  au  même  endroit,  joindrait  le 
centre  de  la  sphère  au  point  de  contact  de  l'onde  plane  considérée,  qui 
lui  serait  constamment  tangente.  La  construction  usuelle  d'Huygens  et 
de  Fresnel,  basée  sur  l'emploi  de  la  surface  courbe  d'onde,  relie  donc  la 
direction  de  chaque  rayon  à  celle  des  ondes  planes  correspondantes. 

»  IV.  Les  axes  précédents  des  or,,  j^,,  5,  sont  ceux  qui  conviennent  le 
mieux  à  l'étude  du  phénomène,  tant  qu'il  s'agit  d'un  milieu  homogène 
unique.  Mais,  dès  qu'il  y  a  réflexion  et  réfraction,  ou  que  deux  milieux  au 
moins  sont  à  considérer,  savoir,  par  exemple,  Téther  libre  et  le  corps 
transparent  animé  de  la  vitesse  translatoire  V  (à  composantes  V^,  Vy,  V^), 
des  axes  des  x' ,  y' ,  z'  liés  à  ce  corps  deviennent  indispensables,  surtout  si 
l'observateur  participe  à  la  translation,  comme  il  arrive  justement  dans  la 
plupart  des  expériences  faites  sur  le  globe  terrestre  et  où  il  n'y  a  pas 
d'autre  translation  à  considérer  que  celle  même  du  globe.  Alors  on  a,  pour 
remplacer,  dans  (i),  t,  x,  y,  z,  des  variables  t',  x',  y',  z'  définies  par  les 
formules 

(4)      t'  =  t,         x'=  X  ~Y,^t,         y  =zy  —  Yyl,         z'  =^  z  ~Y-t. 

»   Or,  celles-ci  donnent 

[± 

(  ^  )  \ 

^    ^  ^  d_ 

dt  ' 


d 

dx'' 

d 

dy  ~ 

d              d           d 
"dy''          dz  ~  dz' 

d 
dt' 

V     '^ . 
^  dx' 

d                 d 

ydy'         ^  dz' 

224  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

et,  par  suite,  à  des  termes  près  non  linéaires  en  V^.,  V^.,  V.,  que  nous 
négligeons, 

dt^  ^  -  ^  d.r  dt^  -^     ^  dy  'U    '     "     -dz  dû         dr- 

»  Les  équations  (i)  du  mouvement  deviennent  alors,  en  convenant 
d'effacer  finalement  les  accents  de  «',  x' ,  y',  z'  : 

]oj^-ldl'        K'Y'^dxdt^^'dydt^'dzdt)]^-'"^^^ 

\  ^        ,',-(.r,  r, .-) 

))  V.  Ces  formules  nous  seront  nécessaires  pour  établir  les  conditions 
spéciales  à  la  surface  séj)ara!ive  de  deux  milieux.  Mais  les  lois  qu'elles 
donnent  pour  un  pinceau  latéralement  limité  de  lumière,  se  propageant 
dans  chaque  milieu  en  pat  ticulier,  s'obtiennent  plus  simplement  en  obser- 
vant que,  par  rappoit  aux  nouveaux  axes  (liés  au  corps),  les  ondes  planes 
ou  courbes  se  trou\ent  emportées  en  sens  inverse  de  !a  translation 
effective    comme  les  axes  précédents  des  a;, ,  j,,  z^,  c'est-à-dire  avec  la 

vitesse  ^>  et  qu'il  suffit  ainsi  de  composer  le  mouvement  de  ces  précé- 
dents axes,  par  rapport  aux  nouveaux,  avec  la  simple  propagation  des 
ondes. 

»  Imaginons,  à  cet  effet,  que  la  source  lumineuse  soit  entraînée,  elle 
aussi,  avec  le  corps  transparent  et  l'observateur.  Il  est  toujours  permis  de 
le  faire  :  car  il  s'agit  surtout  de  suivre  chaque  ébranleinent  dans  sa  propa- 
gation, et  rien  n'emj)ôche  de  le  concevoir  produit,  au  moment  où  il  a  lieu, 
par  une  source  ainsi  entraînée,  qui  s'éteindrait  aiissitôt  après,  pour  être, 
au  besoin,  remplacée  par  d'autres  situées  de  même  aux  points  de  départ 
des  ébranlements  subséquents. 

»   Dans   ces   conditions,  pour  un  observateur  ainsi  mobile  placé   à  la 

source  d'une  onde  plaue  et  regardant  celle-ci  se  propager  sur  son  rayon, 

en  même  temps  que  se  propagera  une  onde  courbe  (fictive)  grandissante 

à  laquelle  elle  reste  constamment  tangente,  le  centre  de  l'onde  courbe  et 

le  rayon  lui-même  qui  en  émane  seront  vus  éprouver,  par  unité  de  temps, 

Y 
le  mouvement  de  recul  ^;  et  l'onde  plane,  qui  parcourt  en  môme  temps  le 

ravon,  sera  vue  suivre  la  diagonale  qui  joiut  la  source,  c'est-à-dire  l'obser- 
vateur, à  l'onde  plane  telle  qu'elle  lui  paraît  placée  après  une  unité  de 


SÉANCE  DU  28  JUILLET  1902.  225 

temps,   ou  effectivement   tangente   à  l'onde  courbe   considérée  après  la 

,  ,  y 

même  unité  de  tempsetayant  éprouve,  par  rapport  a  la  source,  le  recul  |^> 

en  sens  inverse  de  la  translation  V. 

»  C'est  évidemment  ceîte  trajectoire  apparente  de  l'ébranlement  qu'il 
conviendra  d'appeler  le /a/o/z/wmmeMiT,  pour  un  observateur  entraîné  avec 
le  système.  On  l'obtient  donc  en  menant,  comme  à  l'ordinaire,  à  une  onde 

courbe,  ici  sphérique  et  de  rayon  ^5  née  depuis  une  unité  de  temps,  le 

plan  tangent  parallèle  à  l'onde  plane  donnée,  puis,  d'après  ce  qui  précède, 
en  joignant  au  point  de  contact  non  pas  le  centre  de  figure,  mais  un  point 

situé  à  la  distance  ^rr^  de  ce  centre,  du  côté  où  se  fait  la  translation  effec- 

tive  V.  Ce  point  représente  la  source;  et  son  écart  d'avec  le  centre  de 
figure,  ou  ce  qu'on  peut  appeler  V excentricité  de  l'onde  courbe,  représente, 
comme  on  voit,  le  recul  éprouvé  par  cette  onde,  pendant  l'unité  de  temps 

qu'elle  a  mise  à  grandir  de  zéro  à  son  rayon  actuel  =7-  L'angle  que  fait,  au 

point  de  contact  de  l'onde  plane  et  de  l'onde  courbe,  le  rayon  lumineux, 
avec  la  normale  émanée  du  centre  de  figure,  constitue  Vaherration  du 
rayon.   » 


CHIMIE.  —  Réduction  des  dérives  nitres  par  la  méthode  d' hydrogénation 
directe  an  contact  de  métaux  divisés.  Note  de  MM.  Paul  Sabatier  et  J.-B. 
Sexberexs. 

«  Dans  une  Communication  antérieure  (^Comptes  rendus,  t.  CXXXIII, 
igor,  p.  32 1),  nous  avons  fait  connaître  que  notre  méthode  générale  d'hy- 
drogénation directe  convient  très  bien  dans  beaucoup  de  cas  pour  trans- 
former les  dérivés  nitrés  organiques  en  dérivés  aminés  correspondants  :  le 
nitrobenzène,  les  nitrotoluènes,  les  nitronaphlalènes  sont  ainsi  réguliè- 
rement changés  en  aniline,  loliiidines,  naphtylamines.  Nous  avons  décrit 
avec  détails  la  réaction  dans  le  cas  du  nitrobenzène;  nous  nous  occuperons 
aujourd'hui  du  cas  analogue  du  nitronaphtalène,  puis  de  celui  des  dérivés 
nitrés  forméniques,  nitromélhane,  nitréthane. 

»  Nitronaphtalène  a.  —  Le  nitronaphtalène  a  étant  solide  à  la  température  ordi- 
naire (il  fond  à  58°),  un  dispositif  spécial  permettait  de  chauffer  dans  la  vapeur  d'eau 
bouillante  et  de  maintenir  à  l'état  liquide  le  produit  nitré,  qui  pouvait  ainsi  être 
introduit  régulièrement  par  un  tube  capillaire  dans  le  tube  à  réduction, 

G.  H.,  1902,  2"  Semestre.  (T.  CXXXY,  N»     4.)  29 


226  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Avec  le  cuivre  réduit,  maintenu  entre  33o°  et  35o°,  un  excès  d'hvdrosène  donne 
lieu  à  une  transformation  totale  du  nitronaphtalène,  sans  production  appréciable 
d'ammoniaque  :  on  recueille  un  liquide  noirâtre,  qui  se  solidifie  spontanément  ou  au 
contact  d'un  cristal  de  naphtjlamine  et.  La  masse  cristalline  brun  rosé  ainsi  obtenue 
est  formée  par  de  la  naplitjdamine  a,  souillée  par  une  très  petite  proportion  de  pro- 
duits azoïques  et  de  goudrons. 

»  Ainsi  que  dans  le  cas  du  nitrobenzéne  et  des  nitrotoluènes,  l'hydrogène  peut  être 
remplacé  par  le  gaz  à  l'eau,  mélange  à  volumes  égaux,  d'hydrogène  et  d'oxyde  de 
carbone.  Ce  dernier  corps  intervient  dans  une  certaine  mesure  pour  effectuer  la  réduc- 
tion :  en  effet  les  gaz  dégagés  contiennent  une  quantité  notable  d'anhydride  carbonique 
produit  par  la  réaction. 

»  En  opéi-ant  à  la  même  température  avec  du  nickel  réduit,  la  formation  de  naphtyl- 
amine  est  accompagnée  d'une  réduction  plus  avancée,  analogue  à  celle  qui  a  été 
réalisée  pour  l'aniline  au-dessus  de  25o°  :  il  y  a  production  d'ammoniaque  et  de  tétra- 
hydrure  de  naphtalène  liquide  C*°  H'-,  ainsi  que  de  naphtalène  libre  provenant  de  la 
destruction  jDartielle  du  tétrahydrure. 

»  II.  Nitrométhane.  —  Eu  présence  de  nickel  réduit  maintenu  à  la  température  de 
i5o°  à  i8o°,  les  vapeurs  de  nitrométhane,  entraînées  par  un  excès  d'hydrogène,  sont 
facilement  réduites,  avec  formation  exclusive  d'eau  et  de  méthylaniine  qui  s'y  dissout  : 

CH3.N02+3H2=:CH3.NH2+2tPO. 

))   On  observe  une  forte  absorption  d'hvdrogène. 

»  La  méthylamine  a  été  caractérisée  par  ses  diverses  réactions  (notamment  par 
l'action  de  l'iode,  qui  fournit  un  précipité  rougeàtre  que  la  potasse  transforme  en 
iodoforme),  et  par  le  dosage  de  son  chloroplatinate  : 

D,   ,.  \  trouvé 4i  ,7 

Platine  Tjour  loo.  .  .  ,      ,  7 

/  calcule 4^  >3 

»  Il  n'y  a  pas  formation  sensible  d'ammoniaque;  les  gaz  qui  sortent  de  l'appareil  ne 
contiennent  que  de  la  méthylamine  et  de  l'hydrogène,  sans  méthane. 

»  Il  n'en  est  plus  ainsi  quand  le  nickel  est  chauffé  au-dessus  de  200°  et  surtout 
de  3oo".  Ainsi  à  320°,  la  production  de  méthane,  corrélative  de  celle  d'ammoniaque, 
est  fort  importante,  selon  la  réaction 

CH3.N02+  4H2=:  CH^-f-  NH^^H-  2H2O. 

»  Alors  la  méthylamine  recueillie  contient  beaucoup  d'ammoniaque. 

»   L'emploi  du  cuivre  réduit  conduit  à  une  réduction  moins  simple. 

»   Au-dessous  de  3oo°,  on  ne  constate  aucune  action  appréciable. 

»  Entre  3oo°  et  4oo°,  la  réaction  a  lieu,  accusée  par  la  formation  de  vapeur  d'eau 
et  par  la  contraction  du  volume  gazeux  :  mais,  quel  que  soit  l'excès  d'hydrogène,  elle 
ne  conduit  jamais  à  une  transformation  complète  en  méthylamine.  On  obtient  un 
liquide  aqueux  un  peu  brunâtre,  d'odeur  écœurante  rappelant  à  la  fois  la  pyridine  et 
l'acide  cyanhydrique,  dans  lequel  apparaissent  des  cristaux  incolores  peu  stables, 
solubles  dans  Teau,  peu  solubles  dans  l'éther,  qui  fondent  au-dessous  de  60°  en  déga- 
geant de  la  méthylamine.  Le  liquide  et  les  cristaux   ne  tardent  pas  à  noircir  en  se 


SÉANCE    DU    28    JUILLET    1902.  227 

décomposant  peu  à  peu,  et  déposent  une  matière  solide  noire,  insoluble  dans  l'eau, 
soluble  en  brun  dans  les  acides  concentrés. 

»  Ce  liquide  instable  peut  être  réalisé  directement  avec  des  propriétés  identiques, 
en  dissolvant  du  nitrométhane  dans  une  solution  aqueuse  de  mélhylamine  :  il  peut 
être  regardé  comme  contenant  à  l'état  de  dissolution  la  combinaison  d'addition  de 
méthylamine  et  de  nitrométhane,  due  à  la  fonction  acide  de  ce  dernier  corps.  Les 
cristaux  obsei'vés  sont  précisément  celle  combinaison,  dont  la  destruction  s'effectue 
spontanément  selon  un  mécanisme  très  complexe  sur  lequel  il  v  aura  lieu  de  revenir. 

»  in.  Nitréthane.  —  La  transformation  du  nitréthane  en  éthjîamine  se  produit 
facilement  sans  complications,  quand  on  l'effectue  au  moyen  d'un  excès  d'hydrogène 
en  présence  du  nickel  vers  200". 

»  Avec  le  nickel  maintenu  à  34o°,  la  production  d'éthylamine  se  complique  d'une 
certaine  formation  d'ammoniaque,  et  corrélativement  d'éthane  et  de  méthane  :  mais 
ce  phénomène  accessoire  est  moins  important  que  dans  le  cas  du  nitrométhane. 

»  Le  cuivre  réduit^  agissant  entre  3oo°  et  400°,  fournit  une  réduction  analogue, 
mais  plus  lente,  sans  perturbations  nolables  :  le  liquide  recueilli  est  une  solution 
d'éthylamine,  qui  contient  une  certaine  dose  de  nitréthane  dissous  et  se  conserve  à  peu 
près  incolore  sans  altérations  appréciables.  » 


MEMOIRES  PRESENTES. 

M.  E.  Delatour  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  Mémoire  relatif 
à  un  «  Appareil  de  pointage  ». 

(Renvoi  au  concours  du  prix  extraordinaire  institué  en  vue 
d'accroître  l'efficacité  de  nos  forces  navales.) 

M.  Bréchard  adresse  un  Travail  relatif  à  de  «  nouveaux  pantographes  ». 
(Commissaires  :  MM.  Hatt,  Laussedat.) 


M.  Odier   adresse  un  complément  à   son    précédent  Mémoire  sur  la 
théorie  des  consonances  et  des  dissonances  musicales. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Mascart,  VioUe.) 


CORRESPONDANCE. 

M.  SciïiAPARELLi,  nommé  Associé  étranger,  adresse  ses  remercîments 
à  l'Académie. 


228  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  le  Tome  I  des  «  Opère  matemaliche  di  Eugenio  Bel- 
trami  ». 


ASTRONOMIE.  —  Méthode  spectrale  capable  de  fournir  la  loi  de  rotation  encore 
inconnue  des  planètes  à  faible  éclat.  Vérifications  de  la  méthode.  Premiers 
résultats.  Note  de  M.  H.  Deslandres,  présentée  par  M.  Janssen. 

«  J'ai  indiqué  en  1895  (')  la  méthode  spectrale  dite  de  l' inclinaison,  qui 
décèle  avec  une  précision  notable  la  rotation  des  planètes  brillantes,  telles 
que  Jupiter,  Vénus,  Saturne  et  ses  anneaux.  Je  montre,  dans  la  Note 
actuelle,  qu'elle  peut,  avec  certaines  modifications,  être  appliquée  aux  pla- 
nètes d'éclat  plus  faible,  telles  qu'Uranus  etNeplune.  Ces  dernières  planètes, 
dont  la  rotation  n'est  pas  encore  déterminée,  ont  des  saL(^llites  qui  se 
meuvent  dans  le  sens  rétrograde,  alors  que  le  Soleil,  les  autres  planètes 
et  les  autres  satellites  tournent  dans  le  sens  direct.  Aussi  la  reconnaissance 
de  leur  rotation  a  une  importance  manifeste. 

»  La  mesure  de  l'inclinaison  des  raies  spectrales  est  relativement  facile 
avec  les  planètes  brillantes  dont  le  spectre  peut  être  obtenu  avec  un  appareil 
dispersif  à  fente  fine.  Elle  donne  la  différence  des  vitesses  radiales  aux 
extrémités  d'un  diamètre  planétaire  avec  une  précision  beaucoup  plus 
grande  que  la  mesure  classique  du  déplacement  linéaire. 

))   D'ailleurs,  au  moins  pour  les  planètes  extérieures,  la  différence  de 
vitesse  ainsi  mesurée  est  double  de  la  vitesse  réelle.   C'est   même  pour 
vérifier  cette  application  spéciale  aux  planètes  du  principe  de  Doppler- 
Fizeau  que  j'ai,  en  1895,  sur  le  conseil  de  M.  Poincaré,  commencé  ces 
recherches  spectrales.  L'expérience  vérifie  nettement  les  indications  de  la 
théorie.  Ainsi  pour  Jupiter,  dont  la  vitesse  linéaire  équatoriale  est  12'^'"  par 
seconde,  la  différence  de  vitesse  radiale  mesurée  aux  deux  extrémités  du 
diamètre  équatorial  est  de  48'^'".  Cette  propriété,  comme  je  l'ai  remarqué 
dès  le  début,  favorise  la  reconnaissance  de  la  rotation  par  le  spectre  ;  en 
effet,  peu  après,  Reeler  et  moi,  nous  avons,  par  cette  méthode,   décelé  la 
rotation  des  anneaux  de   Saturne  et  fourni  la  première  preuve  expéri- 
mentale de  leur  division  en  corpuscules.  Plus  tard,  en  1900,  Belopolski, 
avec  un  appareil  très  dispersif,  a  reconnu  la  rotation  de  Vénus. 

(  1  )  Recherches  spectrales  sur  la  rotation  et  les  mouvements  des  planètes  {Comptes 
rendus,  t.  CXX,  p.  417)  et  Recherches  spectrales  sur  les  anneaux  de  Saturne 
{Comptes  rendus,  l.  CXX,  p.  iio5). 


SÉANCE  DU  28  JUILLET  1902.  229 

»  Or,  les  appareils  précédents  sont  en  défaut  avec  les  planètes  Uranus 
et  Neptune,  de  grandeurs  égales  à  5,6  et  7,5.  Le  spectroscope  employé  à 
Paris  avec  le  grand  télescope  de  i™,  20  pour  Jupiter  et  Saturne,  et  le  spec- 
troscope organisé  à  Meudon  pour  les  vitesses  radiales  des  étoiles  avec  la 
grande  lunette,  ne  conviennent  plus  pour  les  étoiles  de  grandeur  supé- 
rieure à  4,  5.  De  plus,  avec  la  grande  lunette  de  Meudon  de  i6'°  de  distance 
focale,  l'image  d'Uranus,  au  foyer,  est  un  petit  cercle  de  Soo^^  (microns), 
alors  que  la  fente  ordinaire  du  spectroscope  a  seulement  3o^,  et  la  plus 
grande  partie  de  la  lumière  de  la  planète  ne  pénètre  pas  dans  l'appareil. 

»  Il  faut  nécessairement  employer  un  spectroscope  moins  dispersif,  et 
une  fente  plus  forte.  Or,  et  c'est  là  le  point  sur  lequel  je  veux  insister, 
lorsque  la  lumière  entière  du  cercle  planétaire  entre  dans  l'appareil  et 
concourt  à  la  formation  du  spectre,  la  méthode  de  l'inclinaison  donne 
encore  des  résultats  très  utiles,  quoique  inférieurs  en  précision. 

»  En  effet,  avec  une  dispersion  trois  fois  plus  faible,  les  principales 
raies  ou  bandes  du  spectre  solaire  sont  discernables  avec  une  fente  de  3ooî^, 
et  nettes  avec  une  fente  de  i5o(^.  De  plus,  si  l'on  applique  la  propriété 
géométrique  simple  des  corps  en  rotation  indiquée  dans  ma  Note  de  iSqS, 
le  disque  circulaire  de  la  planète  [en  [pointillé  (Jig.  1)],  a|)rès  le  passage 
de  sa  lumière  supposée  monochromatique  dans  le  spectroscope,  est 
déformé,  comme  l'indique  le  schéma  ci-dessous.  Le  cercle  est  remplacé  par 
une  ellipse  inclinée  [une  des  deux  ellipses  en  trait  plein  (/ig-  •)]  ^^  ^  ^^ 


Fii 


conçoit  que  cette  inclinaison  puisse  donner  le  sens  et  même  la  vitesse  de 
la  rotation. 

»   La  méthode  semble  donc   susceptible  de  donner  encore  un  résultat 
dans   ce    cas  difficile.  Avant  de  l'appliquer  à  Uranus,  je  l'ai  essayée  sur 


23o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Jupiter,  rimnge  de  Jupiter  étant  égale  ou  inférieure  à  l'image  d'Uranus 
donnée  par  la  grande  lunette  deMpudon.  Une  image  de  Jupiter,  large  de 
Sgo!^',  correspond  à  un  objectif  de  i™,5o  de  distance  focale;  mais  j'ai  em- 
ployé seulement  une  petite  lunette  de  o™,  55,  la  démonstration  étant,  à 
certains  égards,  plus  frappante  avec  une  très  petite  image  de  l'astre. 

»  Une  première  série  d'expériences  est  la  suivante  :  l'objectif  de  o™,55 
projette  une  image  de  Jupiter  sur  la  fente  largement  ouverte  d'un  petit 
spectroscope  â  un  prisme  de  60°,  dont  le  collimateur  et  la  lunette  ont  o™,  22 
et  o™,32.  De  plus,  l'ensemble  peut  tourner  autour  de  l'axe  commun  de 
l'objeclif  et  dn  collimateur.  On  fait  alors  trois  épreuves  successives  du 
spectre  sur  la  même  plaque  :  une  première  épreuve  avec  la  fente  et  l'arête 
du  prisme  parallèles  à  l'équateur  de  Ju|:)iter,  puis  une  deuxième  et  une 
troisième,  après  avoir  tourné  l'appareil  entier  de  90*^  et  de  180°.  Or  la  pre- 
mière épreuve  montre  les  raies  inclinées  dans  le  sens  déterminé  par  la 
rotation  connue  de  l'astre,  et  la  troisième  les  donne  inclinées  dans  le  sens 
opposé  (voir  les  deux  ellipses  à  trait  plein  de  la  figure  i). 

»  Dans  une  seconde  série  d'expériences,  les  résultats  sont  plus  nets.  On 
a  seulement  un  prisme  objectif  de  3o"  placé  devant  l'objectif  précédent 
de  o™,55,  l'ensemble  pouvant  tourner  autour  du  rayon  visuel  de  l'astre. 
Le  prisme  est  dans  la  position  dite  diminuante,  de  manière  que  le  cercle  de 
la  planète  est  remplacé  dans  le  spectre  par  une  ellipse  aplatie  dans  le 
sens  de  la  longueur  du  spectre,  ce  qui  favorise  beaucoup  le  relevé  des 
inclinaisons  (voir  la  figure  2  et  l'ellipse  centrale  en  pointillé).  Les  trois 
épreuves  successives  obtenues  comme  précédemment  ont  encore  les  mêmes 
particularités  indiquées  par  les  trois  ellipses  de  la  figure  2,  et  l'accord 
entre  les  inclinaisons  mesurées  et  calculées  est  satisfaisant  (^  ). 

»  En  résumé,  l'image  entière  de  la  planète,  soumise  à  l'analyse  spec- 
trale, offre  des  déformations  qui  peuvent  déceler  le  sens  et  jusqu'à  un  cer- 
tain point  la  vitesse  de  sa  rotation.  Même  avec  la  petite  lunette  employée 
pour  Jupiter  (3^"*  d'ouverture),  cette  méthode  spectrale  donne  probable- 
ment un  résultat  plus  net  sur  la  rotation  que  la  méthode  ordinaire  par  le 
mouvement  des  taches  sur  le  disque. 

»  Ces  essais  sur  Jupiter  ont  été  faits  dans  l'été  de  1901  avec  le  concours  de 


(')  Ces  deux  séries  d'expériences  ont  été  faites  non  avec  la  grande  lunette,  mais 
avec  l'équatorial  d'un  tjjDC  nouveau,  que  j'ai  fait  construire  pour  l'observation  de 
l'éclipsé  totale  du  Soleil  de  1900  (voir  Bulletin  astronomique,  1901,  p.  i5o).  Cet 
équatorial,  qui  a  été  remonté  â  l'Observatoire  sous  un  abri  roulant,  a  l'avantage  d'être 
un  support  commode  pour  toutes  sortes  d'instruments. 


SÉANCE  DU  28  JUILLET  1902.  23l 

MM.  Burson  et  Millochau.  Puis,  cette  année,  la  méthode  a  été  apjjliquée  à 
Uraiius,  et  a  donné  déjà  le  résultat  suivant  :  la  planète  tourne  dans  le  sens 
rétrograde.  Mais  les  détails  de  ces  recherches  seront  présentés  dans  une 
Note  prochaine.   » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  le  problème  de  Dirichlet  pour  des  domaines 
limités  par  plusieurs  contours  {ou  surfaces).  Note  de  M.  A.  Korn,  pré- 
sentée par  M.  Emile  Picard. 

«  Ni  pour  les  problèmes  dans  le  plan,  ni  pour  les  problèmes  dans  l'es- 
pace à  trois  dimensions,  on  n'a  besoin  des  transformations  de  M.  Poin- 
caré  pour  démontrer  la  méthode  de  M.  Neumann,  si  l'on  se  sert  d'un 
théorème  de  M.  Zarem^ba  (')  ou  plutôt  d'une  modification  de  ce  théorème 
que  j'ai  démontrée  récemment  (^);  il  est  tout  à  fait  indifférent  pour  cette 
démonstration,  si  le  domaine  en  question  est  limité  par  un  seul  contour 
(une  seule  surface),  ou  par  plusieurs  contours  (plusieurs  surfaces),  si  le 
domaine  est  sim])lement  connexe  ou  non,  pourvu  que  les  contours  (les 
surfaces)  soient  de  courbure  continue  (^). 

»  Quant  aux  problèmes  dans  le  plan,  il  est  facile  de  généraliser  cette 
démonstration  aussi  pour  le  cas  où  les  contours  sont  composés  d'un 
nombre  fini  de  lignes  de  courbure  continue  de  la  même  manière  que 
pour  les  domaines  limités  par  un  seul  contour,  en  démontrant  d'abord 
l'existence  d'une  transformation 

X  =  X(^,j),  Y  =  Y{x,y); 

X'^x(X,Y),         y=y(X,Y), 

qui  change  les  contours  composés  dans  le  plan  des  x,  y,  en  contours  de 


(1)  S.  Zaremba,  Bull,  de  Cracovie,  igoi,  p.  171. 

(2)  A.  Korn,  Abhandlungen  zur  Potenlialtheorie,  n°  5,  p.  aS.  Berlin,  1902. 

(3)  Dans  un  récent  Mémoire  {Math.  Ann.,  t.  LVI,  p.  49)  M.  E.-R.  Neumann  a 
appliqué  la  première  médiode  de  M.  C.  Neumann  aux  domaines  limités  par  plusieurs 
contours  (surfaces),  et,  par  une  heureuse  modification  de  la  démonstration  originale, 
il  est  arrivé  à  démontrer  la  méthode  pour  un  grand  nombre  de  cas;  quoique  ces  résul- 
tats ne  soient  pas  aussi  généraux  que  ceux  que  l'on  obtient  par  l'application  de  la 
méthode  citée  ci-dessus,  ils  permettent  souvent  de  calculer  assez  facilement  une 
limite  inférieure  pour  le  rayon  de  convergence  des  séries  de  M.  Neumann. 


232  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

courbure  continue  dans  le  plan  des  X,  Y,  tout  en  définissant  une  corres- 
pondance uniforme  entre  le  plan  des  x,  y  el  le  plan  des  X,  Y,  et  remplis- 
sant les  conditions  que  les  fonctions  X,  Y  et  ^,  y  soient  continues  dans 
tout  le  plan,  et  qu'elles  admettent  des  dérivées 

dX        âX       dY       6' Y       à  a:       dx        à  y        dy 
Tx'     ■^''     ^'     ^'     W     ^'     Jx'     TN 

finies  et  intégrables.  Avec  la  connaiss;ince  d'une  telle  transformation  ('), 
et  avec  la  remarque  que  pour  les  domaines  transformés  (qui  possèdent 
maintenant  des  contours  de  courbure  continue)  le  théorème  fondamental 
de  M.  Poincaié  concernant  le  quotient 


.ne 


d.r)  "^  \dy 


i\m^m¥ 


découle  du  théorème  de  M.  Zaremba,  la  démonstration  ne  présente  plus 
aucune  difficulté. 

))  Il  faut  encore  ajouter  une  remarque  sur  les  constantes,  par  lesquelles 
les  solutions  de  M.  Neumann  peuvent  différer  des  valeurs  limites/données 
quand  il  s'agit  d'un  domaine  extérieur  de  n  contours  (surfaces) ^< ,  s.,  —  s^. 
Comme  il  est  à  prévoir,  il  résulte  d'une  manière  tout  à  fait  rigoureuse  de 
ces  démonstrations  s'appuyant  sur  le  Mémoire  fondamental  de  M.  Poincaré 
(^Acla  math.,  l.  XX,  1896)  qu'à  chaque  contour  correspond  une  constante 
particulière,  et  que  l'on  peut  se  débarrasser  de  ces  constantes  à  l'aide  de 
potentiels  de /i  }3oints  respectivement  intérieurs  à  5.,  .?.,  ...,  .ç,^.    » 


PHYSIQUE  INDUSTRIELLE.  —  SuT  une  des  causes  d'explosion  des  chaudières 
à  vapeur  et  sur  le  moyen  de  la  pr évenir.  INote  de  M.  «I.  Fournie»,  présentée 
par  M.  Lippmann. 

«  La  raison  le  plus  souvent  invoquée  pour  expliquer  l'explosion  des 
chaudières  à  vapeur  repose  sur  la  formation  d'un  dépôt  calcaire  sur  les 
parois  internes  delà  chaudière,  par  les  eaux  d'alimentation  insuffisamment 


(*)    On   la  trouve  d'une  manière  absolument  analogue  au  cas   d'un   seul  contour 
(A,  KoRN,  Abhandlungen  ziir  Potentialtlieorie,  w°  2,  p.  19). 


SÉANCE    DU    28    JUILLET    1902.  233 

épurées.  Outre  cette  cause,  il  en  est  une  certainement  aussi  vraisemblable, 
due  à  l'inefficacité  des  soupapes  de  sûreté  employées  sur  ces  chaudières. 
Réglementairement,  la  section  du  canal  d'échappement  doit  être  assez 
grande  pour  parer  à  toute  éventualité  lorsque  le  clapet  est  ouvert  en  grand, 
c'est-à-dire  soulevé  à  une  distance  de  son  siège  au  moins  égale  au  quart 
du  diamètre  de  l'orifice  d'échappement.  Or,  dans  les  soupapes,  telles  qu'on 
les  emploie  actuellement,  la  hauteur  de  soulèvement  du  clapet  ne  peut 
acquérir  cette  valeur  que  moyennant  une  augmentation  dangereuse  de  la 
pression  dans  la  chaudièie. 

»  La  cause  de  cette  augmentation  parasite  de  la  pression  provient  unique- 
ment de  ce  que  ces  soupapes  ferment  en  sens  inverse  de  la  pression  dans  la 
chaudière. 

»  En  effet,  considérons  (fig.  i)  un  des  deux  types  de  ces  soupapes,  le 
plus  généralement  employé.  Quand  le  clapet  est  appliqué  contre  l'orifice 
du  canal  d'échappement,  la  pression  agit  sur  ce  clapet  en  tous  les  points  du 


cercle  déterminé  par  le  contour  de  l'orifice  du  canal  d'échappement.  Dès 
que  cet  orifice  est  démasqué  {fig'  2),  les  forces  qui  sollicitent  le  clapet  se 
répartissent  de  la  façon  suivante  : 

))  D'une  part,  la  pression  qui  agit  sur  la  face  interne  du  clapet  n'est 
plus  la  pression  dans  la  chaudière,  mais  celle  de  la  vapeur  partiellement 
détendue,  qui  est  nécessairement  moindre.  D'autre  part,  la  rorce  nécessaire 
pour  produire  le  soulèvement  du  clapet  augmente  d'une  façon  continue, 
puisque  la  tension  du  ressort  de  rappel  augmente  au  fur  et  à  mesure  que 
ce  clapet  est  refoulé  par  la  vapeur.  Ces  deux  causes  ajoutant  leurs  effets, 
les  accroissements  successifs  A,P,  AoP,  ...  de  la  pression  dans  la  chau- 
dière, correspondant  à  des  accroissements  égaux  de  l'orifice  d'échappe- 
menl,  augmentent  rapidement  suivant  une  loi  très  compliquée  dépendant, 
à  la  fois,  des  lois  de  l'écoulement  et  de  la  détente  de  la  vapeur  et  de  la  loi 
de  flexibilité  du  ressort. 

G.  R.,  1902,  2"  Semestre.  (T.  GXXXV,  N»  4.)  ^*^ 


234  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  De  ces  accroissements  anormaux  de  la  pression  dans  la  chaudière,  il 
résulte,  ainsi  que  cela  est  démontré  dans  la  pratique,  que  la  pression  né- 
cessaire pour  faire  ouvrir  en  grand  le  clapet  est  souvent  supérieure  de 
plusieurs  atmosphères  à  la  pression  pour  laquelle  ce  clapet  commence  à 
s'ouvrir.  L'équilibration  de  la  soupape  par  un  contrepoids  ne  fait  qu'atté- 
nuer la  grandeur  de  l'effet  parasite  considéré,  mais  ne  le  supprime  pas. 

»  Avec  une  soupape  fermant  dans  le  sens  de  la  pression,  c'est-à-dire 
du  dedans  au  dehors  de  la  chaudière,  comme  celle  que  j'ai  eu  l'honneur 
de  présenter  à  l'Académie  dans  sa  séance  du  i5  février  189^,  ces  inconvé- 
nients n'existent  pas  et  les  accroissements  de  pression  A,  P,  AoP,  .  . .  définis 
précédemment  sont  toujours  rigoureusement  égaux. 

«  En  effet,  soit  une  de  ces  soupapes  actionnée  par  im  organe  extérieur 
représenté  par  un  tube  manométrique  ordinaire  dont  l'une  des  extrémités 
est  en  relation  avec  l'intérieur  de  la  chaudière  et  dont  l'autre,  fermée  et  libre, 
peut,  sous  l'influence  d'une  augmentation  de  pression  dans  la  chaudière, 
faire  ouvrir  la  soupape  par  l'intermédiaire  d'un  levier  L.  Si  la  soupape  est 
fermée,  comme  l'indique  la  figure  3,  les  pressions  qui  agissent  sur  le  clapet 
sont  :  d'une  part,  la  pression  dans  la  chaudière;  d'autre  part,   la  pression 


atmosphérique  en  tous  les  points  de  la  surface  du  cercle  défini  par  le  con- 
tour de  l'orifice  d'échappement.  La  pression  dans  la  chaudière  augmentant 
jusqu'à  une  valeur  donnée,  l'extrémité  libre  du  tube  manométrique  fait 
ouvrir  la  soupape. 

»  Or,  il  est  facile  de  voir  {fig.  4)  qu*à  partir  de  cet  instant  la  pression 
atmosphérique  qui  agissait  précédemment  sur  le  clapet,  en  tous  les  points 
de  la  surface  du  cercle  défini  parle  contour  de  l'orifice,  est  remplacée  par 
la  pression  de  la  vapeur  partiellement  détendue,  c'est-à-dire  par  une  pres- 
sion plus  grande  qui  tend  à  refouler  le  clapet  vers  l'intérieur  de  la  chau- 


SÉANCE    DU    28    JUILLET    1902.  235 

dière  et,  par  suite,  à  augmenter  la  grandeur  de  l'orifice  d'échappement  de 
la  vapeur. 

»  Plus  le  clapet  est  refoulé,  plus  la  pression  de  la  vapeur  augmente  sur 
la  surface  du  cercle  considéré,  de  sorte  que  la  résidtante  des  pressions  qui 
tend  à  appliquer  le  clapet  contre  son  siège  diminue  au  fur  et  à  mesure 
que  l'orifice  d'échappement  augmente.  Il  résulte  de  là  que  l'effort  à 
exercer  sur  la  tige  du  clapet,  pour  démasquer  l'orifice  d'échappement, 
devient  de  plus  en  plus  petit  à  mesure  que  cet  orifice  grandit,  contraire- 
ment à  ce  qui  a  lieu  avec  les  soupapes  précédentes. 

»  De  plus,  l'élongation  de  l'extrémité  libre  du  tube  manométrique 
chargée  de  refouler  le  clapet  vers  l'intérieur  de  la  chaudière  est  propor- 
tionnelle à  l'accroissement  de  pression  (il  suffit,  pour  s'en  convaincre,  de 
remarquer  que  les  traits  de  la  graduation  d'un  manomètre  métallique  sont 
équidistants). 

»  Il  est  donc  parfaitement  prouvé  qu'avec  la  soupape  fermant  dans  le 
sens  de  la  pression  et  munie  d'un  tube  manométrique  comme  ressort  anta- 
goniste, une  même  augmentation  de  pression  dans  la  chaudière  produit 
toujours  un  même  accroissement  de  l'orifice  d'évacuation  de  la  vapeur. 

»  D'ailleurs,  en  choisissant  convenablement  les  dimensions  du  tube 
manométrique,  ainsi  que  le  rapport  des  bras  du  levier,  on  peut  rendre 
sensiblement  négligeable  la  différence  des  pressions  qui  corres])ondent 
respectivement  à  l'ouverture  en  grand  du  clapet  et  à  la  cessation  du 
contact  de  ce  clapet  avec  son  siège.  » 


PHYSIQUE.  —  Sur  le  dichroïsme  magnétique.  Note  de  M.  Quirixo  Majorana, 

présentée  par  M.  Mascart. 

«  Les  liquides  employés  pour  l'étude  de  la  biréfringence  magnétique 
ont  un  pouvoir  absorbant  très  fort  pour  la  lumière.  Il  était  à  prévoir  que, 
sous  l'action  du  champ  magnétique,  ce  pouvoir  devait  être  modifié  inéga- 
lement dans  les  différentes  directions  et  selon  l'azimut  de  polarisation. 
Dans  ces  expériences,  la  source  lumineuse  est  toujours  l'arc  voltaïque. 
Avec  un  liquide  actif  (fer  Bravais  vieux),  le  spectre  de  la  lumière  qui 
réussit  à  le  traverser  s'étend  du  rouge  au  vert,  le  reste  des  rndiations  étant 
absorbé.  Les  bords  de  la  région  lumineuse  sont  assez  nets,  surtout  celui 
du  vert. 

»   1.    Si,   comme  dans  les  expériences  de  biréfringence,  le  rayon  lumineux  traverse 


236  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

le  liquide  normalement  aux.  lignes  de  force,  sans  interposition  de  nicol,  la  partie  lumi- 
neuse du  spectre  devient  plus  brillante  et  plus  large  quand  on  excite  le  champ.  Cela 
arrive  toujours,  excepté  au  voisinage  du  point  d'inversion.  Le  phénomène  est  très 
marqué  pour  le  champ  de  18000  unités. 

»  2.  Observons  la  lumière  émise  par  la  cuvette  à  travers  un  nicol  dont  la  section 
principale  soit  parallèle  aux  lignes  de  force.  En  excitant  le  champ  jusqu'à  3ooo  unités 
(biréfringence  positive  maximum),  la  lumière  diminue  un  peu  et  l'étendue  du  spectre 
se  restreint.  Ce  phénomène  n'est  pas  bien  marqué,  car  il  correspond  à  la  biréfrin- 
gence [5=:o,6X.  Pour  des  champs  plus  intenses  que  celui  qui  correspond  au  point 
d'inversion  (biréfringence  négative),  et  mieux  pour  le  champ  maximum  (18000  unités), 
la  partie  lumineuse  du  spectre  s'éclaire  et  s'élargit  dans  une  mesure  considérable. 

»  3.  On  observe  comme  au  n°  2,  mais  en  plaçant  la  section  principale  du  nicol 
normalement  aux  lignes  de  force.  Pour  3ooo  unités,  oh  observe  augmentation  d'in- 
tensité lumineuse  et  élargissement  de  la  partie  lumineuse  du  spectre.  Pour  18000  unités, 
on  constate  le  contraire.  Ici  également  le  phénomène  est  peu  visible  dans  le  premier 
cas  et  très  net  dans  le  second. 

»  i.  Les  expériences  1,  2,  3  font  prévoir  que,  même  parallèlement  aux  lignes  de 
force,  on  devra  observer  des  changements  de  valeur  dans  l'absorption.  On  remplace 
les  expansions  linéaires  de  l'électro-aimant  par  d'autres  de. forme  conique  et  perforées, 
La  petite  cuvette  est  aussi  remplacée  par  une  autre  de  forme  cubique  de  [•=■"  d'arête. 
On  pourra  ainsi  observer  soit  normalement,  soit  parallèlement  au  champ. 

»  L'épaisseur  du  liquide  étant  moindre,  on  lui  donne  une  concentration  sept  fois  plus 
grande.  En  étudiant  ainsi  l'absorption  parallèlement  au  champ  et  sans  nicol  (inutile 
pour  raisons  de  symétrie),  les  phénomènes  sont  plus  simples.  Dans  le  cas  de  biréfrin- 
gence positive  ( 3ooo  unités),  on  a  accroissement  d'intensité  lumineuse  et  élargissement 
du  spectre  visible;  on  constate  le  contraire  dans  le  cas  de  biréfringence  négative 
(18000  unités).  Dans  les  deux  cas,  la  lumière  qui  sort  du  liquide  soumis  à  l'action  du 
champ  est  de  la  lumière  ordinaire. 

»  On  conclut  de  l'expérience  3  que  les  bords  du  spectre  de  la  lumière  traversant  un 
liquide  avec  biréfringence  positive  sous  l'action  d'un  champ,  et  normalement  à  celui-ci, 
sont  nettement  polarisés  dans  le  plan  des  lignes  de  force.  Ce  spectre,  en  effet, 
s'élargit,  et  l'élargissement  observé  avec  un  nicol  persiste  seulement  si  la  section  prin- 
cipale de  celui-ci  est  normale  au  champ. 

»  Pour  une  biréfringence  négative,  l'expérience  2  montre  que  les  bords  sont,  au 
contraire,  polarisés  dans  le  plan  normal  aux  lignes  de  force.  En  comparant  l'expé- 
rience k  avec  2  et  3,  on  déduit  enfin  que  :  pour  des  biréfringences  positives,  l'ab- 
sorption observée  parallèlement  aux  lignes  de  force  est  moindre  que  l'absorption 
subie  par  un  rayon  se  propageant  normalement  aux  lignes  de  force  et  dont  le 
plan  de  polarisation  soit  normal  à  ces  lignes.  Pour  des  biréfringences  négatives, 
elle  est  plus  forte. 

»  En  résumé,  ou  voit  que  ces  liquides  actifs  se  comportent,  dans  un 
champ  magnétique,  comme  les  cristaux  uniaxes  doués  de  dichroïsme.  Les 
variations  de  l'absorption  que  l'on  observe  dans  ces  cristaux,  suivant  les 


SÉANCE  DU  28  JUILLET  1902.  237 

différentes  directions,  correspondent  parfaitement  à  celles  que  nous  ve- 
nons d'étudier.  Il  faut  remarquer,  en  outre,  que  les  expériences  décrites 
permettent  d'affirmer  que,  tant  dans  la  biréfringence  i)ositive  que  dans  la 
négative,  dans  la  propagation  normale,  Vonde  la  plus  lente  est  toujours  celle 
qui  est  le  plus  absorbée. 

»  Si  le  liquide  présente  une  forte  biréfringence  négative,  sous  l'action 
de  1800  unités,  on  peut  faire  des  mesures  assez  précises  des  phénomènes 
d'absorption.  On  ajoute  au  dispositif  de  l'expérience  4  un  photomètre  Lum- 
mer  qui  sert  à  déterminer  le  rapport  tie  la  lumière  qui  traverse  le  liquide 
normalement  ou  parallèlement  au  champ,  le  spectroscope  étant  supprimé. 
La  source  de  lumière  employée  comme  terme  de  comparaison  est  consti- 
tuée par  une  flamme  constante,  voilée  par  un  verre  rouge,  de  façon  à  éga- 
liser autant  que  possible  les  teintes  des  deux  lumières.  Le  liquide  acquiert 
une  biréfringence  ^^  =  ii\  avec  un  champ  de  1800  unités.  En  représentant 
par  I  l'intensité  lumineuse  sans  le  champ,  on  a,  en  faisant  intervenir  l'ac- 
tion magnétique  : 

Intensité. 

Normalement  au  champ,  sans  nicol i  ,62 

»  »  avec  nicol,  section  princ.  parallèle  au  champ..  2,74 

))  »  »  )i  normale  »  ..  o,54 

Parallèlement  au  ciiamp,  sans  nicol  ...    o,aD 

))  De  sorte  que,  si  le  plan  de  polaiisation  des  radiations  est  parallèle  au 
champ,  celles  qui  se  propagent  parallèlement  aux  lignes  de  force  subissent  une 
absorption  égale  à  celle  qui  est  subie  nar  les  vibrations  qui  se  propagent  nor- 
malement aux  lignes  de  force.  Ce  résultat,  constaté  pour  des  biréfringences 
négatives,  est  aussi  très  probablement  exact  pour  des  biréfringences  po- 
sitives. 

»  Les  mesures  photométriques  qui  précèdent  confirment  le  fait  que  les 
phénomènes  présentés  par  les  cristaux  absorbants  sont  décrits  de  la  ma- 
nière la  plus  simple  en  leur  donnant  pour  caractéristique  le  seul  vecteur 
normal  au  plan  de  polarisation.    » 

PHYSIQUE.   —  Sur  l'équivalent   électrochimique   de   V argent. 
Note  de  M.  A.  Leduc,  présentée  par  M.  Lippmann(*). 

(c  Depuis  les  recherches  bien  connues  de  M.  Mascart,  de  M.  Kohlrausch 
Qt  de  Lord  Rayleigh  sur  l'équivalent  électrochimique  de  l'argent,  un  certain 

(^)  Voir  Comptes  rendus,  7  juillet  1902. 


238  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

nombre  de  savants  en  ont  repris  la  détermination.  Les  résultats  obtenus, 
notamment  {3ar  MM.  Potier  et  Pellat,  d'une  part,  et  par  MM.  Patterson  et 
Guthe,  d'autre  part,  sont  en  parfait  accord.  L'équivalent  électrochimique 
de  l'argent  serait,  d'après  eux,  0,01119c?,  au  lieu  de  0,01118,  nombre 
devenu  classique,  qui  est  la  moyenne  des  résultats  de  M.  Kohlrausch  et  de 
Lord  Rayleigh. 

))  MM.  Richards,  Collins  et  Heimrod  ont  comparé  les  masses  d'argent 
recueillies  simultanément  dans  trois  voltamètres  à  azotate  d'argent  diver- 
sement montés  :  l'un  conformément  aux  indications  de  Lord  Rayleigh,  le 
deuxième  semblable  à  celui  de  MM.  Patterson  et  Guthe,  et  le  troisième 
d'un  modèle  nouveau,  comportant  un  vase  poreux,  et  ils  ont  obtenu  dans 
ce  dernier  un  dépôt  un  peu  plus  faible  que  dans  le  premier  et  notablement 
plus  faible  que  dans  le  deuxième  (7^).  Si  l'on  donnait  la  préférence  à  leur 
mode  opératoire,  il  faudrait  donc  abaisser  l'équivalent  électrochimique  de 
l'argent  30,01117  environ. 

»  Enfin,  d'après  divers  auteurs,  la  corrosion  du  dépôt  cathodique  par  le 
bain  non  privé  d'air  amènerait  un  déficit  que  M.  Myers  évalue  à  ■^-~  envi- 
ron. L'équivalent  devrait  donc,  au  contraire,  être  majoré  d'autant,  de  sorte 
qu'il  pourrait  bien  dépasser  0,01 120.  Mais  j'ai  montré  que  cette  prétendue 
corrosion  n'existe  pas. 

))  Quant  aux  divergences  des  résultats  en  général,  elles  sont  dues,  pour 
une  bonne  part,  à  ce  que  les  masses  d'argent  pesées  par  les  divers  auteurs 
ne  dépassaient  pas  2^.  Certes,  il  est  facile  de  peser  une  pareille  masse 
à  T^j^  près;  mais  il  est  aussi  très  facile  de  laisser  échapper,  dans  les  déli- 
cates opérations  du  lavage  du  dépôt,  des  parcelles  d'argent  formant  plu- 
sieurs dixièmes  de  milligramme.  C'est,  évidemment,  ce  qui  est  arrivé  à 
M.  Kahle  lorsqu'il  a  cru  remarquer  que  ledit  lavage  à  l'eau  distillée  chaude 
faisait  perdre  au  dépôt  plusieurs  dix -millièmes.  Je  n'ai  jamais  rien  observé 
de  semblable  en  opérant  sur  So^  de  matière. 

»  J'ai  reconnu,  d'ailleurs,  que  la  masse  d'argent  déposée  par  un  coulomb 
dépend  d'un  certain  nombre  de  circonstances.  Je  me  contenterai  de  résumer 
ici  les  résultats  d'expériences  qui  seront  décrites  dans  l'un  des  prochains 
numéros  du  Journal  de  Physique. 

»  1.  Soit  un  bain  d'azotate  d'argent  primitivement  neutre,  de  concentration  normale 
et  à  la  température  ordinaire.  Nous  avons  vu  que,  si  la  densité  anodique  du  courant  est 
inférieure  à  0,002  C.  G.  S.,  il  ne  se  forme  point  d'acide  azotique  en  quantité  appréciable 
à  l'anode.  Dans  ces  conditions,  le  dépôt  d'argent  à  la  cathode  est  normal;  il  ne  dépend 
pas  de  la  densité  cathodique,  et  il  ne  change  pas  si  l'on  sature  le  bain  d'oxyde  d'argent. 


SÉANCE  DU  28  JUILLET  1902.  289 

»  2.  Si  la  densité  anodique  est  plus  forte,  la  concentration  moindre  ou  la  tempé- 
rature plus  élevée,  il  se  forme  à  l'anode  de  l'acide  azotique  dont  la  destruction  à  la 
cathode  entraîne  un  déficit  d'argent.  Il  est  facile  de  voir  qu'à  chaque  millio-ramme 
d'AzO^H  détruit  correspond  un  déficit  de  [^^^,87  d'argent. 

»  3.  Si  le  bain  est  primitivement  acide,  il  est  clair  que  le  déficit  s'exagère  pour  la 
même  raison. 

»  4.  La  basification  du  bain  au  moyen  d'oxyde  d'argent  (Patterson  et  Guthe)  a  pour 
effet  d'empêcher  la  formation  d'acide  libre  et,  par  suite,  le  déficit  d'argent.  Cette  pré- 
caution semble  devoir  être  efficace  avec  des  courants  de  densité  moj^enne,  tant  qu'il 
reste  de  l'oxyde  en  dissolution  ;  mais  celui-ci,  étant  peu  soluble,  s'épuisera  avant  la  fin 
de  l'expérience  si  l'on  recueille,  comme  je  le  conseille,  une  masse  importante  d'argent. 
Je  crois  plus  sûr  de  s'en  tenir  aux  très  faibles  densités. 

»  Je  compléterai  ces  renseignements  généraux  par  quelques  indications 
numériques  relatives  aux  cas  où  l'on  n'a  point  réalisé  les  conditions  spé- 
cifiées au  n°  1  pour  obtenir  le  dépôt  normal.  Il  se  produit  alors  à  la  cathode 
un  déficit  plus  ou  moins  important  qui  peut  dépasser  un  millième, 
peut-être  même  2  millièmes. 

»  1.  Influence  de  la  température,  entre  0°  et  4o°.  —  En  bain  neutre  normal,  avec 
anodes  de  iS*""',  cathodes  de  loC^""',  et  un  courant  de  0,9  ampère,  le  dépôt  d'argent 
diminue  de  3  à  4  millionièmes  par  degré.  Avec  des  anodes  de  4'^™%  5,  les  autres  condi- 
tions restant  les  mêmes,  la  diminution  atteint  8  à  9  millionièmes. 

»  L'effet  de  la  température  est  à  peu  près  le  même  avec  un  bain  acidulé  à  2?  par 
litre. 

»  D'après  Lord  Rayleigh,  le  dépôt  augmenterait,  au  contraire,  avec  la  tempé- 
rature. 

»  2.  Influence  des  densitéa  de  courant.  —  Avec  une  densité  anodique  o,oo5,  si  la 
densité  cathodique  passe  de  o,ooo3  à  0,001,  le  dépôt  ne  diminue  pas  d'une  manière 
bien  appréciable.  Avec  la  densité  anodique  0,02,  l'écart  dépasse  ^qq,)^  en  bain  normal 
neutre,  et  -çjîlvô  ^"  ^^^"  acidulé  à  2S  par  litre. 

))  3.  Influence  de  l'acidité  ei  de  la  basicité.  —  Expériences  avec  cathodes  de  100'"'' 
et  anodes  de  4*^""',^  : 

»  1°  Les  deux  bains  sont  normaux  en  azotate;  l'un  est  centinormal  en  acide.  Avec 
un  courant  de  i  ampère,  le  déficit  relatif  sur  la  cathode  dans  ce  dernier  est  de  rô-oQ"(rô 
(oS,  007  sur  3os), 

»   2°  Les  deux  bains  sont  demi-normaux  en  argent,  et  l'un  0,01  4  normal  en  acide 
le  déficit  atteint  la  même  valeur  pour  o,4  ampère. 

»  Remarque.  — JNous  avons  ici  la  clef  d'un  désaccord  entre  JNL  Kahle  et  MM.  Pat- 
terson et  Guthe.  Le  premier  trouve  que  le  dépôt  fourni  par  un  bain  frais  est  plus 
faible  que  celui  fourni  par  un  bain  usagé  dans  les  mêmes  conditions;  MM.  Patterson 
et  Guthe  trouvent  exactement  le  contraire.  Tandis  que  ces  derniers  partaient  d'une 
solution  basifiée  qui,  par  l'usage,  devenait  légèrement  acide,  M.  Kahle  partait  sans 
doute  d'une  solution  acide  dont  l'acidité  diminuait,  ainsi  que  je  l'ai  exposé. 


24o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  k.  Influence  de  la  concentration.  —  Les  deux  bains  sont  neutres  :  Tun  est 
normal,  l'autre  0,2  normal.  Avec  une  densité  anodique  de  o,  02,  le  dépôt  fourni  par  ce 
dernier  est  inférieur  de  plus  de  jôIto' 

»  Conclusion.  —  En  résumé,  la  masse  d'argent  déposée  à  la  cathode  par 
un  coulomb  dépend,  en  général,  de  plusieurs  circonstances.  Mais  il  semble 
que  l'on  puisse  atteindre  la  précision  de  7^^  dans  la  détermination  de 
l'équivalent  électrochimique  de  ce  métal  en  opérant  sur  un  bain  parfaite- 
ment neutre  ou  même  basique  au  début,  et  en  évitant  la  formation  d'acide 
à  l'anode,  comme  je  l'ai  indiqué,  » 


PHYSIQUE.  —  Argenture  du  verre  et  daguerréotype.  Noie  de  M.  Izarn, 
présentée  par  M.  J.  VioUe. 

«  I/argenture  des  glaces,  pratiquée  aujourd'hui  si  couramment  par  le 
procédé  au  sucre,  principalement  pour  les  miroirs  télescopiques  et  les 
réseaux  de  la  photographie  du  Ciel,  donne  généralement  des  résultats 
excellents,  mais  elle  exige  une  liqueur  relativement  riche  en  argent  et  la 
fabrication  spéciale,  pour  chaque  opération,  de  la  solution  réductrice,  à 
moins  que,  pour  en  conserver  une  provision,  on  n'y  introduise  une  quantité 
beaucoup  plus  grande  d'aîcool,  auquel  cas  elle  se  modifie  graduellement 
avec  le  temps,  en  devenant  de  plus  en  plus  active,  ce  qui  oblige  à  des  essais 
préliminaires  chaque  fois  qu'il  faut  l'emplover. 

»  J'ai  eu  l'occasion  récemment  d'essayer  ce  procédé  pour  le  daguerréo- 
type sur  verre;  la  méthode  daguerrienne,  par  ses  qualités  spéciales,  paraît 
destinée  à  s'introduire  de  plus  en  plus  dans  les  laboratoires  de  Physique, 
comme  suffiraient  à  le  prouver  les  belles  expériences  exécutées  dans  ces 
derniers  temps  par  M.  Colton  sur  les  réseaux  de  diffraction  et  les  ondes 
stationnaires.  Or,  ici,  la  substitution  du  verre  argenté  aux  anciennes 
plaques  s'impose  si  l'on  a  besoin  de  lames  d'une  planitude  rigoureuse,  et 
présente  d'ailleurs  toute  espèce  d'avantages.  Mais  j'ai  constaté  maintes 
fois  que  la  solidité  de  la  couche  sensible  est  ordinairement  très  précaire, 
que  cette  couche  se  soulève  ou  se  déchire  fréquemment  dans  le  passage  à 
l'hyposulfite,  les  lavages  et  surtout  le  virage  à  l'or.  Je  sais  bien  qu'on  a 
indiqué  divers  tours  de  main  pour  y  obvier,  mais,  pour  ma  part  du  moins, 
je  ne  les  ai  pas  trouvés  d'une  efhcacité  certaine. 

»  Au  contraire,  le  procédé  au  formol  indiqué,  mais  d'une  façon  extrê- 
mement sommaire,  par  MM.  Lumière,  ne  m'a  jamais  donné  jusqu'ici  que 


SÉANCE    DU    28    JUILf^ET    1Ç)(>2.  2'il 

de  la  satisfaction,  depuis  que  je  l'emploie  modifié  comme  il  va  être  dit. 
Eu  effet,  j'ai  pu  m'assurer,  par  des  essais  extrêmement  nombreux,  que  la 
technique  des  auteurs,  ou  celle  que  l'on  trouve  flans  divers  OuArages,  est 
bizarrement  infidèle,  ce  qui  tient  probablement  à  la  nature  différente  des 
divers  formols  que  fournit  le  commerce,  ou  à  leur  altération  graduelle.  Je 
commence  par  dire  que  le  mieux,  quand  on  le  peut,  est  de  n'opérer  que 
sur  des  glaces  neuves,  et  de  préférence  sur  les  glaces  argentées  du  com- 
merce dont  on  enlèvera  le  vernis  et  la  couche  d'argent.  Sinon,  il  faut  mettre 
en  œuvre  tous  les  procédés  de  nettoyage  connus,  et  si,  malgré  cela,  le  résultat 
persistait  à  être  défectueux,  rejeter  un  support  dont  la  surface  serait  irré- 
médiablement altérée.  Voici  maintenant  la  technique  que  je  préconise  :  en 
la  décrivant  très  minutieusement,  je  paraîtrai  peut-être  trop  long  et  trop 
méticuleux  à  certaines  personnes,  mais  je  suis  convaincu  que  m'en  sauront 
gré  toutes  celles  —  et  je  les  crois  nombreuses  —  qui  ne  comptent  plus 
leurs  insuccès  ou  leurs  demi-succès. 

»  Faire  une  solution  de  nitrate  d'argent  cristallisé  à  i  pour  100  exactement  préci- 
pitée par  Tammoniaque  pure;  en  mettre  dans  un  verre  la  quantité  jugée  nécessaire  et 
verser,  au  moyen  d'un  flacon  compte-gouttes  à  l'émeri,  dans  un  autre  verre,  le  nombre 
exact  de  gouttes  de  formol  commercial  (4o  pour  100)  à  déterminer  comme  ci-dessous. 
Verser  le  contenu  du  premier  verre  dans  le  second,  reverser  de  nouveau  dans  le 
premier  et  vider  enfin  le  mélange  ainsi  bien  effectué  dans  la  cuvette  où  doit  se  faire 
l'opération.  Comme  la  réduction  se  produit  très  vite,  —  et  il  le  faut  pour  la  bonne 
réussite,  —  on  devra  faire  ces  mélanges  très  rapidement,  de  façon  que  la  teinte  du 
liquide  ne  commence  à  se  modifier  que  lorsque  celui-ci  est  définitivement  dans  la 
cuvette.  On  balancera  d'ailleurs  celle-ci  fortement  et  continuellement.  L'opération 
ne  dure  guère  plus  d'une  minute. 

»  La  détermination  du  nombre  de  gouttes  de  formol  exige  un  essai  préliminaire  à 
chaque  fois  :  prendre,  dans  une  petite  cuvette  en  porcelaine  blanche  bien  neltoj^ée  et 
finalement  passée  à  l'ammoniaque  ordinaire  et  rincée  à  grande  eau,  une  certaine  quan- 
tité, i5'^°'',  par  exemple,  de  liqueur  argentifère,  et  y  faire  tomber,  en  balançant  conti- 
nuellement, 7  gouttes  de  formol  (');  le  mélange  doit  prendre  rapidement  une  teinte 
rose  violacé  de  plus  en  plus  foncée,  et  brusquement  il  apparaît  sur  les  parois  du  vase 
un  enduit  d'abord  irrégulier  de  couleur  successivement  rosée,  violacée,  bleue,  gris 
de  fer,  qui  prend  enfin  l'aspect  de  l'argent  poli  en  devenant  blanc  jaunâtre,  tandis  que 
le  liquide  à  peu  près  transparent  se  recouvre  d'une  couche  de  paillettes  métalliques 
qui  lui  donnent  un  aspect  huileux. 

»  L'opération  est  terminée  quand  le  liquide  presque  incolore  se  remplit  de  gru- 
meaux bien   visibles.  Si  la  quantité  de  formol  est  insuffisante,  le  liquide  devient  gris 


(')  Le  nombre  de  gouttes  dépend  évidemment  du  comple-gouttes  employé.  Le  poids 
du  flacon  que  j'emploie  diminue  de  oS  lorsqu'on  laisse  tomber  100  gouttes. 

G.   H.,   1902,  2»  Semestre.  (T.  CXXXV,  N"  4  )  *^ 


242  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

boueux  ;  si  elle  est  excessive,  les  phénomènes  précédemment  décrits  sont  plus  accélérés, 
la  couche  ne  devient  pas  métallique,  ou,  si  elle  le  devient  dans  le  cas  où  l'excès  serait 
très  faible,  elle  disparaît  sous  le  moindre  frottement  du  doigt.  Au  contraire,  quand 
l'opération  est  réussie  et  que  le  rinçage  final  à  grande  eau  est  effectué,  le  frottement 
le  plus  énergique  ne  l'entame  pas,  pourvu  que  la  cuvette  ait  été  bien  nettoyée,  passée 
à  l'ammoniaque,  puis  rincée,  et  que  le  doigt  lui-même,  pour  plus  de  précautions,  ait  été 
mouillé  aussi  par  de  l'eau  ammoniacale.  En  se  guidant  sur  ce  que  je  viens  de  dire,  il 
suffit,  après  un  peu  de  pratique,  de  deux  essais  au  plus  pour  pouvoir  ensuite  opérer 
définitivement  en  toute  assurance.  La  lame  de  verre  à  argenter  devra  toujours  avoir 
été,  pendant  les  passages  à  l'acide  et  à  l'ammoniaque,  frottée,  et  d'une  main  éner- 
gique, avec  une  pince  portant  un  tampon  de  ouate  hydrophile  imprégné  d'abord 
d'un  peu  de  rouge  d'Angleterre.  Elle  est  finalement  rincée  à  grande  eau,  ainsi  que  la 
cuvette  qui  la  contient,  en  ayant  soin  de  ne  pas  la  manipuler  avec  les  doigts  à  partir 
de  ce  moment,  mais  de  la  manœuvrer,  si  c'est  nécessaire,  avec  une  tige  de  verre. 

»  La  concentration  de  la  solution  argentifère  ne  m'a  pas  paru  influer  beaucoup,  à 
partir  de  o,5  pour  loo,  sur  la  quantité  de  formol  nécessaire,  de  même  que  sur  l'épais- 
seur de  la  couche,  qui  dépend  en  grande  partie  du  temps  qu'on  laisse  durer  l'opéra- 
tion. Pour  le  daguerréotype,  je  conseillerais  la  concentration  de  i  à  2  pour  100. 

»  J'ajoute,  en  terminant,  que,  lorsque  l'argenture  est  réussie,  on  peut, 
aussitôt  après  rinçage  à  l'eau  distillée  et  séchage,  procéder  au  polissage 
avec  peau  de  daiin  et  ronge  d'Angleterre,  polissage  desîiné  à  enlever  le 
voile,  d'ailleurs  très  faible,  qui  recouvre  le  mêlai.  Celui-ci  devient  rapide- 
ment très  dur,  qualité  très  précieuse  pour  le  daguerréotype  et  qui  rend  le 
polissage  beaucoup  plus  facile  qu'il  ne  l'était  pour  les  anciennes  plaques 
de  doublé,  dont  l'argent  est  au  contraire  très  mou.  Il  résulte  de  là  que,  si 
l'on  voulait  enlever  l'argent  avec  une  pointe,  soit  pour  écrire,  soit  pour 
tracer  des  traits  fins  sans  écaillures,  dans  le  cas,  par  exemple,  de  gravure 
aux  vapeurs  d'acide  flaorhydrique  ('),  il  faudrait  opérer  le  plus  tôt  pos- 
sible après  la  dessiccation  du  dépôt.   » 


CHIMIE.  —  Sur  la  prècipitalion  des  chlorures  et  bromures  de  cadmium,  de 
mercure  et  d'ètain  par  t  acide  sulfarique.  Note  de  M.  Georges  Viard, 
présentée  par  M.  Georges  Lemome.  (Extrait.) 

«   Un  excès  d'acide  sulfurique  concentré  précipite  de  leurs  solutions  les 
chlorures  et  bromures  de  cadmium,  de  mercure  et  d'étain  (au  minimum). 


(')  L'argent  protège,  en  eflet,  le  verre  de  l'attaque  des  vapeurs  et  remplace  avec 
avantage,  dans  la  gravure  sur  verre,  la  cire  habituellement  emjiloyée. 


SÉANCE    DU    28    JUILLET    I902.  o/jS 

On  ne  peut  donc  pns  caractériser  ces  sels  par  le  réactif  que  j'ai  indiqué 
précédemment  {Comptes  rendus,  21  juillet  1902)  :  le  mélange  de  sulfate  de 
cuivre  avec  SO*  IP  en  grand  excès,  qui  donne,  en  général,  un  précipité 
jaune  avec  les  chlorures,  noir  avec  les  bromures,  ne  fournit  que  des  pré- 
cipités blancs  avec  les  chlorures  et  bromures  de  Cd,  Hg  et  Sn  (au  mini- 
mum). 

»  Chlorure  de  cadmium.  —  La  précipitation  par  un  grand  excès  de  SO^H^  est 
encore  plus  sensible  pour  le  chlorure  de  cadmiuna  que  pour  celui  de  cuivre  :  une  solu- 
tion à  jfô'  donne  immédiatement  un  précipité  blanc  et  une  solution  à  j^  se  trouble 
au  bout  de  quelques  minutes. 

»  Avec  un  excès  suffisant  de  SO^H^,  la  précipitation  du  cadmium  peut  être  à  peu 
près  complète  :  en  versant  2^°^  d'acide  dans  i""'  de  chlorure  à  -pô,  le  liquide  filtré  sur 
du  coton  de  verre  ne  contenait  par  gramme  que  o™s,  i4  de  cadmium,  c'est-à-dire  moins 
de     •' 

"^    7000* 

»  Le  chlorure  de  cadmium  est  attaquable  à  froid  par  SO*  H-,  mais  moins  encore  que 
le  chlorure  cuivrique.  En  faisant  passer  de  l'air  dans  le  mélange,  cet  air  entraîne  de 
petites  quantités  de  H  Cl  qui,  recueillies  dans  du  nitrate  d'argent,  font  connaître  la 
quantité  de  Gd  Cl-  qui  a  été  décomposée.  L'expérience  comparative  suivante  montre 
que  l'attaque  est  d'autant  plus  lente  que  SO*  H-  est  en  moindre  excès  :  on  a  fait  passer 
le  même  courant  d'air  (environ  i  bulle  par  seconde)  pendant  i\  heures  dans  une  série 
de  trois  mélanges,  suivis  chacun  d'un  flacon  de  A-zO^Aget  contenant  respectivement, 
pour  20*^™'  de  chlorure  de  cadmium  à  y^,  10'^°'',  20"^™"  et  40'^'°'  de  SO*H"-,  ce  qui  corres- 
pond, en  chiffres  ronds,  à  des  teneurs  de  4^,  64  et  76  pour  100  en  SO^H^  Les  poids 
de  chlorure  d'argent  recueillis  ont  été  respectivement  i4"s,5,  i38™s,5  el4'25'"S,5,  cor- 

1        >  1     1 '  •  •       ,     5,5      52,8        162,4  ,       11  1         j     • 

respondant  a  la  decomposUion  de ,  et  ■  du  chlorure  de  cadmium  mis 

^  '  1000     1000  1000 

en  expérience.  Ainsi,  pour  une  teneur  de  70  pour  100  en  SO*H-,  l'attaque  est  environ 

trois  fois  plus  rapide  que  pour  64  pour  100  et  environ  trente  fois  plus  rapide  que  pour 

46  pour  100. 

»  Suivant  qu'on  précipite  à  la  température  ordinaire  une  solution  de  chlorure  de 
cadmium  par  un  excès  plus  ou  moins  grand  de  SO*  H'^  on  obtient  soit  le  chlorure 
anhydre,  soit  le  monohydrale  (GdCl--|-  H-0).  Ils  se  distinguent  nettement  au  micro- 
scope :  le  chlorure  anhydre  forme  de  petits  cristaux  grenus;  le  monohydrate,  de  fines 
aiguilles.  Ces  précipités  ont  été  analysés  en  y  dosant  le  chlore  et  le  métal.  Il  n'est 
guère  possible  d'avoir  des  analyses  concordant  d'une  manière  parfaite  avec  les 
chiffres  théoriques  pour  ces  corps  très  difficiles  à  débarrasser  de  la  liqueur  où  ils  se 
sont  formés  :  les  plaques  poreuses  n'absorbent  que  très  lentement  ces  liquides  très 
chargés  d'acide  sulfurique.  Comme  pendant  ce  temps  l'acide  attaque  peu  à  peu  le 
chlorure,  il  faut  abréger  le  contact  avec  les  plaques,  et  le  corps  à  analyser  retient  tou- 
jours une  certaine  quantité  de  liqueur  acide;  on  en  tient  compte  en  dosant  SO'H^ 
dans  le  précipité,  après  avoir  déterminé  la  composition  de  la  liqueur  acide. 

»...  Quand  l'acide  sulfurique  n'est  pas  en  assez  grand  excès  pour  précipiter  du  chlo- 
rure anhydre,  on  obtient  donc,  non  pas  le  sel  ordinaire  du  commerce  (CdCP  +-  2H^0), 


244  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

mais  le  monohydrate  (CdCP+H^O).  Pickering  a  montré  que  ce  monohydrate  se 
produit  en  faisant  cristalliser  à  chaud  la  solution  aqueuse.  J'ai  observé  qu'il  se  produit 
aussi  quand  on  expose  à  l'air  le  dihydrate,  qui  alors  s'effleurit  rapidement  en  devenant 
du  monohydrate.  Inversement,  du  chlorure  anhydre  abandonné  à  l'air  absorbe  de  l'eau 
jusqu'à  ce  qu'il  soit  devenu  du  monohydrate.  Enfin,  le  monohydrate  placé  dans  le  vide 
sec  à  la  température  ordinaire  se  transforme  à  la  longue  en  chlorure  anhydre. 

»  Bromui-e  de  cadmium.  —  Le  bromure  est,  comme  le  chlorure,  précipité  de  sa 
solution  par  un  excès  de  SO*H^;  d'après  les  analyses,  le  précipité  consiste  toujours 
en  bromure  anhydre,  tandis  que  le  sel  ordinaire  est  (CdBr'^n- 4H"''0).  L'acide  sulfu- 
rique  à  froid  n'attaque  pas  du  tout  ce  bromure  :  de  l'air  passant  pendant  plusieurs 
heures  dans  ce  mélange  ne  donne  aucun  précipité  dans  AzO^Ag.  ... 

»  La  précipitation  par  SO^H-  en  excès  est  un  caractère  très  sensible  du  bromure  de 
cadmium.  Une  solution  à  ^ou  donne  encore  un  précipité  appréciable.  Cette  grande 
insolubilité  dans  une  liqueur  très  chargée  de  SO*H'^  permet,  comme  pour  le  chlorure, 
une  précipitation  presque  complète  du  cadmium. 

»  Un  mélange  de  1^°'  de  sulfate  de  cadmium  à  -^^  avec  10'°'  de  SO*H'^  constitue 
donc  un  réactif  relativement  sensible  des  chlorures  et  des  bromures  donnant  un  pré- 
cipité avec  KCI  à  -^  et  KBr  à  ^^^  ;  mais,  les  deux  précipités  étant  blancs,  la  réaction 
ne  peut  servir  à  distinguer  les  chlorures  des  bromures. 

»  Chlorure  et  bromure  mercuriques.  —  Le  chlorure  mercurique  est  précipité  de 
sa  solution  par  un  excès  de  SO*H^  et,  si  cet  excès  est  suffisant,  il  ne  reste  que  fort  peu 
de  mercure  en  solution  :  avec  2^°'  d'acide  pour  r"'  d'une  solution  saturée  vers  20°,  le 
liquide  clair  surnageant  ne  contenait  plus  par  gramme  que  i'"s,o3  de  mercure.  Quelle 
que  soit  la  proportion  de  SO*H^,  le  précipité  consiste  toujours  en  chlorure  anhydre. 
»  Le  bromure  mercurique  est  aussi  précipité  de  sa  solution  par  un  excès  de  SO^H^; 
le  précipité  est  peu  abondant,  le  bromure  mercurique  étant  très  peu  soluble  dans  l'eau 
froide. 

M  Chlorure  et  bromure  stanneux.  —  La  i-éaction  fournie  par  un  mélange  de  sulfate 
de  cuivre  et  d'acide  sulfurique  en  grand  excès  est  encore  en  défaut  avec  les  chlorure 
et  bromure  stanneux,  qui  donnent  avec  ce  réactif,  au  lieu  d'un  précipité  jaune  ou 
noir,  des  précipités  blanc  jaunâtre  ou  blanc  violacé,  devenant  presque  aussitôt  blancs. 
Cest  que,  d'une  part,  SO*H^  précipite  les  chlorure  et  bromure  stanneux  de  leurs  solu- 
tions et  que,  d'autre  part,  ceux-ci  ramènent  à  l'état  de  chlorure  ou  bromure  cuivreux 
blancs  le  chlorure  ou  bromure  cuivrique  qui  avait  pu  d'abord  se  former.  » 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Sur  iamannite,  les  azotates  et  les  alcaloïdes  des  urines 
normales.  Note  de  iM.  S.  Dombrowski,  présentée  par  M.  A.  Gautier. 

«  Dans  un    précédent   Mémoire  (')  nous  avons  exposé  une   méthoile 
générale    qui    permet  de   retirer,  des    liquides  animaux  et  végétaux  ies 


(')   Comptes  rendus,  t.  CXXXV,  p.  1S2. 


SÉANCE  DU  28  JUILLET  1902.  245 

plus  complexes,  la  plupart  de  leurs  composés  ternaires  et  quelques  corps 
basiques  qui  les  accompagnent. 

»  Eti  appliquant  cette  méthode  aux  urines  normales  de  l'homme,  nous 
en  avons  séparé,  entre  autres,  des  azotates,  des  alcaloïdes  divers  et  de  la 
mannite. 

»  Azotates.  —  L'azotate  de  soude  existe  dans  toutes  les  urines  normales,  soit  que  ce 
sel  se  forme  directement  dans  l'organisme,  soit  qu'il  nous  vienne  de  l'alimentation. 
Nous  nous  sommes  assuré  que  les  azotates  n'existaient  pas  dans  les  réactifs  employés. 
Autant  qu'on  peut  l'apprécier,  on  trouve  ■?."-, 0  à  5s  d'azotate  de  soude  pour  100' 
d'urine. 

»  Les  azotates  avaient  été  déjà  signalés,  mais  non  dosés  dans  les  urines  normales,  par 
Wulffius,  Schonbein,  Rohmann  et  d'autres  auteurs  ('). 

»  Ptomaïnes  des  urines  normales.  —  Cadavérine.  —  Elle  se  trouve  dans  l'extrait 
éthéré  aa-a  légèrement  alcoolisé  avec  une  autre  base  qui  l'accompagne  (-). 

»  Les  chlorhydrates  de  ces  bases  cristallisent  bien,  mais  se  liquéfient  à  l'air.  Ils  sont 
solubles  dans  l'alcool  éthéré,  d'où  on  les  précipite  par  addition  de  chlorure  de  pla- 
tine. Les  chloroplatinates  sont  très  difficilement  solubles  dans  l'eau.  Après  élimina- 
lion  duchloroplatinate  d'ammoniaque,  la  solution  aqueuse,  suffisamment  concentrée, 
laisse  déposer  par  refroidissement  rapide  un  chloroplatinate  en  paillettes  rhombiques 
de  couleur  jaune  clair.  11  contient  36, 16  pour   100  de  platine. 

»  Les  solutions  mères  retiennent  un  autre  chloroplatinate,  qui,  après  une  longue 
purification,  a  été  obtenu  sous  forme  de  petites  aiguilles  prismatiques  d'un  jaune  rou- 
geâtre.  L'analyse  des  fractions  les  plus  pures  de  ce  chloroplatinate  a  conduit  à  la 
formule  C^H'<^Az-,  PtCl".   C'est  la  cadavérine  de  Brieger. 

»  La  présence  de  la  cadavérine  dans  les  urines  n'avait  été  signalée  que  dans  quel- 
ques cas  de  cystinurie  (^). 

»  Base  en  CH'^AzO'.  —  Cette  base  a  été  extraite  par  l'alcool,  après  enlèvement 
de  la  cadavérine  par  l'éther  légèrement  alcoolisé.  Il  reste  un  mélange  de  deux  bases, 
bouillant  vers  i4o°-i5o''  à  la  pression  ordinaire.  Ces  bases  donnent  des  chlorhydrates 
solubles  dans  l'alcool.  Leur  solution  alcoolique  traitée  par  le  chlorure  de  platine  donne 
un  précipité  médiocrement  soluble  dans  l'eau  froide,  qui  a  été  soumis  à  une  cristalli- 
sation fractionnée.  Il  se  dépose  un  chloroplatinate  sous  forme  de  cristaux  clinorhom- 
biques  d'un  jaune  rouge,  groupés  en  étoiles,  contenant  82,57  pour  100  de  platine. 

»  Des  eaux  mères  de  ce  sel  il  cristallise  un  chloroplatinate  en  aiguilles  affectant  la 
forme  de  feuilles  de  fougères.  Ces  cristaux  sont  assez  difficiles  à  obtenir. 


(^)   Neubauer  und  Vogel,  Analyse  des  Harns,  1898. 

{'^)  Mon  Comptes  rendus.  {Loc.  cit.,  p.  184.) 

(*)  Baumann  et  Udransky,  Ber.  d.  d.  ch.  G.,  t.  XXI,  1888,  p.  2744-2938.  — 
Stadthagen  et  Brieger,  Virch.  Arch.,  t.  CXV,  1889,  p.  490.  —  J.  Cam.hioge  et 
A.  Garkod,  Maly's  Jahr.f.  Thier-Chemie,  t.  XXX,  1900,  p.  904. 


246  ACADÉiMIE    DES    SCIENCES. 

»   L'analyse  de  !a  fraction  la  plus  pure  conduit  à  la  formule 

(GMr3AzO-,HCl)-Pta*. 

»  Cette  base  possède  une  composition  identique  avec  celle  que  E.  et  H.  Salkowski  (^) 
ont  trouvée  dans  les  produits  de  la  putréfaction  de  la  chair  musculaire  et  de  la 
fibrine.  Elle  constitue  peut-être  un  homologue  supérieur  d'une  base  en  C^H'^AzO- 
qui  accompagne,  d'après  Brieger,  la  cadavérine  dans  les  cadavres  abandonnés  à  une 
longue  putréfaction  (-). 

»  Mannite  des  urines  normales.  —  La  mannite  a  été  signalée  par  Ja(ré(")  dans  les 
urines  de  chiens  nourris  avec  une  grande  quantité  de  pain,  surtout  après  adminis- 
tration de  la  morphine. 

»  Je  l'ai  extraite  des  urines  normales  de  l'homme  en  quantité  approximative  de  as 
par  loo'.  Elle  cristallise  en  petites  aiguilles  orthorhombiques  incolores.  Elle  possède 
une  saveur  légèrement  sucrée  et  fond  entre  i64°  et  i65°.  [Température  de  fusion  de 
la  mannite  ordinaire  :  i65°  (Favre,  Landolt);  point  de  fusion  de  la  /.-mannite  :  166"; 
de  la  f.-mannile  :  170°.]  Elle  a  toutes  les  propriétés  de  la  mannite  ordinaire. 

»  Elle  n'offre  aucune  des  réactions  qui  caractérisent  les  sucres  réducteurs  ou  hydro- 
lysables. 

»  L'analyse  a  conduit  à  la  formule  C"H**0'"'.  J'ai  trouvé  :  G  =r  89,  i  2  ;  11=7,92; 
O  =  52,96  ;  au  lieu  de  G  =  39,56  ;  H  =:  7,69  ;  O  =:  02,7/4  que  demande  la  théorie. 

V  L'action  de  la  morphine  observée  par  Jaffé  semble  bien  établir  que  cette  mannite 
se  produit  directement  dans  les  tissus.  » 


CHIMIE  ANIMALE.    —    Essai  d'analyse  immédiate  du  tissu  nerveux. 
Note  de  M.  N. -Alberto  Barbieki,  présentée  par  M.  A.  Gautier. 

«  Si  Ton  traite  le  tissu  nerveux  [phosphore,  i,32  pour  lOO  de  tissu 
sec  (*)]  du  bœuf  de  la  manière  déjà  indiquée  (*),  on  a  trois  groupes  de 
substances  bien  distinctes,  savoir  : 

»  I.  L'ensemble  des  corps  solubles  dans  l'éther  (phosphore,  1,22 
pour  100); 

»  II.  L'ensemble  des  corps  solubles  dans  l'eau  éthérée  (phosphore, 
i,4o  pour  100); 

(1)  E.  et  H.  Salkowski,  B.  d.d.  cli.  G.,  t.  XVla,  p.  1192. 
C^)  A.  Gautier,  Toxines  microbiennes  et  animales,  p.  i36. 
( ')  ber.  d.  d.  ch.  G.,  t.  XVIa,  p.  i388. 

(^)  Tous  les  dosages  de  phosphore  sont  rapportés  à  la  substance  bien  séchée  à 
l'étuve. 

(»)   Comptes  rendus,  5  août  190. 


SÉANCE  DU  28  JUILLET  1902.  247 

»   III.    Le  résidu  (phosphore,  2,1  5  pour  100). 

»  Cette  marche  ne  m'a  pas  encore  permis  de  séparer  les  albumines,  les 
hydrates  de  carbone  et  les  giaisses,  c:\v  les  neuroalbumines  sont  toujours 
unies  à  la  cérébrine  et  à  l'homocérébrine;  les  hydrates  de  carbone,  sauf  le 
glycogène,  se  rencontrent  sous  la  forme  toute  particulière  de  cérébrosides, 
et  les  graisses  sont  plus  ou  moins  unies  à  des  principes  phosphores. 

»  On  filtre  I  el  l'on  évapore  au  liers  Féther.  Il  se  dépose,  dans  un  temps  variable, 
un  précipité  blanc  floconneux  que  l'on  sépare  par  filtration.  Ce  précipité,  ne  conte- 
nant pas  de  cérébrine,  est  complètement  soluble  dans  le  chloroforme  et  donne  o,56 
pour  100  de  phosphore. 

»  L'éther  qui  reste  est  ensuite  évaporé,  et  le  résidu  est  traité  par  un  excès  d'alcool 
absolu  bouillant  qui  laisse  indissous  un  corps  visqueux  très  adhérent  aux  récipients  et 
qui  contient  1,71  de  ])hosphore  pour  100  (nucléine?).  L'alcool,  additionné  de  potasse 
pure,  est  complètement  évaporé.  Le  résidu  est  dissous  dans  l'eau  distillée.  Par  filtra- 
tion à  la  trompe,  on  sépare  la  cholestérine  insoluble  dans  l'eau.  Cette  cholestérine 
fond  à  145°;   elle  se  colore  en  rouge  par  l'acide  sulfurique. 

»  Les  savons  de  potasse  sont  neutralisés  par  l'acide  sulfurique.  Les  acides  gras  sont 
repris  par  l'alcool  qui,  évaporé  au  liers,  dépose,  après  refroidissement,  une  deuxième 
cholestérine  qui  fonda  i38°  et  cristallise  en  aiguilles  très  fines  (érjthrocholestérine?). 
Par  cristallisation  fractionnée,  on  sépare  de  l'alcool  diff'érenls  acides  gras.  Les  eaux 
mères  des  savons  contiennent  des  acides  gras  volatils  et  un  corps  gras  qui  appartient 
probablement  à  la  série  acrylique  et  qui,  par  son  odeur,  rappelle  la  saumure  de  poisson. 

»  On  filtre  l'eau  éthérée  II  el  l'on  y  ajoute  200"^'  par  lilre  de  liqueur  d'une  solution 
au  Y^ôô  d'acide  chlorhydrique.  Il  se  forme  à  froid  un  précipité  blanc  floconneux  que 
l'on  sépare  par  filtration.  Ce  précipité,  analogue  à  la  caséine,  est  lavé  à  l'alcool  et, 
après  avoir  été  séché  dans  le  vide,  est  repris  par  l'alcool  absolu  bouillant  qui  lui  enlève 
la  cérébrine,  l'homocérébrine  elles  graisses  phosphorées  (0,79  pour  100  de  phosphore), 
l^a  caséine  renferme  o,65  pour  100  de  phosphore.  On  ajoute  à  la  liqueur  faiblement 
chlorhydrique  de  la  potasse  pure  et  l'on  sépare  un  résidu  d'alcali-albumine.  La  liqueur 
alcaline  filtrée  (0,92  pour  100  de  phosphore)  contient  en  outre  des  acides  gras  volatils 
et  des  corps  basiques. 

»  Le  résidu  lll  est  séché  à  l'étuve  et  traité  par  un  excès  d'alcool  absolu  bouillant. 
Il  se  sépare,  par  refroidissement,  la  cérébrine  et  l'homocérébrine.  On  réduit  l'alcool 
au  tiers  et,  par  refroidissement,  il  se  dépose  un  corps  blanc,  granuleux  (lécithine  et 
protagon?)  qui  conlient  1,91  pour  100  de  phosphore.  La  séparation  des  cholestérines 
et  des  graisses  se  fait  comme  dans  l'extrait  éthéré. 

»  Le  résidu  (phosphore,  1,22  pour  100),  complètement  épuisé  par  l'alcool,  est 
traité  par  une  solution  d'acide  sulfurique  au  77^;  on  fait  bouillir  pendant  12  heures. 
On  filtre  ('),  on  neutralise  par  l'eau  de  baryte,  on  sépare  le  sulfate  barylique  formé  et 
l'on  précipite  de  la  liqueur  par  l'alcool  un  corps  albuminoïde.   Enfin,  on  fait  bouillir 


('  )   La  liqueur  sulfurique  renferme  0,62  pour  100  de  phosphore. 


2^8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Je  résidu  avec  une  solution  de  soude  au  j^.  On  filtre.  La  liqueur  au  contact  de  l'acide 
acétique,  abandonne  un  corps  albuminoïde.  Ce  qui  reste  sur  le  filtre  est  formé,  en 
grande  partie,  de  kératine  (•).  » 


PHYSIOLOGIE  EXPÉRIMENTALE.  —  Sur  la  ligature  de  V exLrèmitè  appendi- 
culaire  du  cœcum  chez  le  Cercopithecus  cephus  Erxl.  Note  de  M.  Jean 
Maumus,  présentée  par  M.  Edmond  Perrier. 

«  Dans  une  première  série  de  recherches  (-  ),  je  me  suis  préoccupé  de 
faire  connaître  la  structure  et  le  mode  de  fonctionnement  des  caecums  des 
Oiseaux.  Actuellement,  me  basant  sur  mes  constatations  antérieures,  je  me 
propose  d'aborder  l'étude  de  l'appendicite  expérimentale  chez  le  Singe. 

»  Plusieurs  théories  ont  été  imaginées,  dont  la  plus  ingénieuse  assuré- 
ment est  celle  du  vase  clos.  Pour  tous  ceux  qui  acceptent  une  pareille 
explication,  la  cavité  appendiculaire  i)eut,  à  un  moment  donné,  s'obli- 
térera un  niveau  quelconque  de  son  trajet.  Dès  lors,  la  partie  sous-jacente 
se  trouve  transformée  en  une  cavité  close  où  les  microbes,  exaltant  leur 
virulence,  pourront  provoquer  l'inflammation  de  l'oro^ane. 

»  Bien  qu'un  certain  nombre  de  faits  cliniques  paraissent  légitimer  une 
telle  hypothèse,  j'ai  cru  utile,  néanmoins,  de  la  soumettre  au  contrôle  de 
l'expérimentation.  Déjà,  chez  les  Oiseaux,  j'avais  pu  pratiquer  sans  acci- 
dent la  ligature  des  cîecuriis,  et  je  dois  déclarer  que  dans  aucun  cas  l'animal 
ne  succombait  à  la  suite  d'une  pareille  opération.  Il  est  vrai  que  l'orga- 
nisme met  en  œuvre  un  certain  nombre  de  procédés  qui  assurent  sa 
défense  et,  chez  les  Oiseaux,  je  puis  en  signaler  trois  principaux  : 

»  1°  La  formation  de  nombreuses  adhérences  contractées  par  les  cœcums 
dans  le  but  d'enkyster  la  péritonite; 

»   2°  L'hypertrophie  du  tissu  musculaire; 

»  3"  L'apparition  de  nombreux  macrophages,  dont  le  rôle  a  été  si  bien 
étudié  par  le  professeur  Metchnikoff. 

»   Ces    mêmes   moyens    de    défense    s'observent    également    chez     le 


(')  J'ai  nourri  deux  chiens  uniquement  avec  du  tissu  nerveux  frais  de  bœuf.  Ils 
recevaient  en  tissu  nerveux,  chaque  jour,  comme  nourriture  exclusive,  les  -ç\^  de  leur 
poids  initial.  Au  bout  de  33  jours,  ils  avaient  perdu  environ  les  -^^^  de  leur  poids  ini- 
tial. Cette  expérience  sera  décrite  ultérieurement  avec  soin. 

(2)  J.  Maumi's,  I.es  cœcums  des  Oiseaitjc.  Thèse  de  la  Faculté  des  Sciences  de  Paris, 
1902. 


SÉANCE    DU    28    JUILLET    I902.  249 

Singe.  En  réalité,  les  Anthropoïdes  seuls  possèdent  un  appendice  compa- 
rable à  celui  de  l'homme;  mais  déjà,  chez  les  Cercopithèques,  cet  organe 
commence  à  faire  son  apparition  sous  la  forme  d'un  prolongement  digiti- 
forme  terminé  en  pointe,  qui  fait  suite  au  cœcum.  Mais,  en  attendant  de 
pouvoir  m'occuper  des  Anthropoïdes,  j'ai  cru  intéressant  de  faire  porter 
mes  recherches  sur  le  Cercopithèque  à  face  bleue  du  Congo  (Cercopithecus 
cephus  Erxl.). 

»  J'ai  pu  pratiquer  avec  succès  la  ligature  de  l'extrémité  appendiculaire  chez  cet 
animal.  Après  une  incision  longitudinale  de  4*^™  à  5^^"°  sur  le  flanc  droit  de  l'abdomen,  on 
recherche  tout  d'abord  le  caîcum.  Cela  fait,  on  débarrasse,  par  une  série  de  pressions 
légères,  l'extrémité  appendiculaire  des  matières  résiduelles  qui  s'y  trouvent  et  on 
l'isole  du  Cfecum  au  moyen  d'une  ligature  au  fil  de  soie,  ce  qui  détermine  une  cavité 
close.  On  suture  ensuite  en  bloc,  on  pose  un  pansement  sec,  et,  pour  mettre  l'animal 
dans  l'impossibilité  de  l'enlever,  j'ai  eu  recours  à  un  appareil  plâtré. 

»  Pendant  les  deux  jours  qui  ont  suivi  l'opération,  l'animal  est  abattu;  mais,  vers  le 
sixième  jour,  les  forces  reviennent  et  l'animal  semble  complètement  guéri,  présentant 
désormais  tous  les  signes  extérieurs  de  la  santé. 

»  Il  était  toutefois  intéressant  d'examiner  les  phénomènes  qui  avaient  pu  se  pro- 
duire dans  la  région  ligaturée.  Aussi,  au  bout  de  22  jours,  l'animal  est  sacrifié,  et,  à 
l'autopsie,  je  constate  que  le  feuillet  pariétal  du  péritoine  est  absolument  sain.  Quant 
à  la  portion  ligaturée,  elle  m'a  permis  de  faire  une  série  d'observations  que  j'avais  pu 
déjà  signaler  chez  les  Oiseaux  et  qui  montrent  par  quels  moyens  variés  l'organisme 
prépare  sa  défense. 

»  Je  remarque  tout  d'abord  que  le  ctecum  et  surtout  son  extrémité  appendiculaire 
ont  contracté  des  adhérences  avec  les  anses  intestinales  voisines.  Ces  tissus  de  néofor- 
mation mettront  les  régions  en  contact  avec  l'organe  ligaturé,  à  l'abri  de  toute  poussée 
inflammatoire  et  enkysteront  la  péritonite  si  celle-ci  vient  à  se  déclarer. 

»  C'est  également  à  un  procédé  de  défense  que  je  crois  pouvoir  attribuer  l'hyper- 
trophie du  tissu  musculaire.  L'examen  histologique  de  pièces  prélevées  au-dessus  de 
la  ligature  et  dans  la  région  inférieure  à  celle-ci  m'a  permis  d'observer  que  cette 
hypertrophie  tient  surtout  aux  fibres  circulaires  qui  ont  envahi  presque  complètement 
la  sous-muqueuse.  En  comparant  l'épaisseur  du  tissu  musculaire  au-dessus  et  au- 
dessous  de  la  ligature,  on  trouve  habituellement,  en  faveur  de  cette  dernière  région, 
le  rapport  de  10  à  6.  C'est  encore  là  une  barrière  opposée  aux  toxines  microbiennes. 

»  Une  autre  constatation  intéressante  à  signaler  résulte  de  l'examen  de  certains 
éléments  cellulaires  qu'on  n'observe  que  dans  la  portion  ligaturée.  Ce  qui  frappe  au 
premier  abord,  c'est  la  présence  de  leucocytes  parmi  lesquels  il  y  a  une  très  forte  pré- 
dominance de  cellules  à  noyaux  polymorphes.  Ces  éléments,  déjà  abondants  dans  la 
tunique  musculaire,  atteignent  une  densité  beaucoup  plus  accusée  dans  la  muqueuse, 
et  les  capillaires  qui  arrosent  cette  couche  en  renferment  un  nombre  considérable. 

f>  Mais  le  fait  qui  a  tout  spécialement  retenu  mon  attention  est  l'apparition  de 
nombreux  macrophages  qui  ont  envahi  tous  les  tissus,  depuis  la  séreuse  jusqu'aux 
couches    les  plus  internes.    Leur  répartition  semble  même  avoir  un  certain  rapport 

G.  R.,  1902,  2*  Semestre.  (T.  CXXXV,  N»  4.)  ^^ 


25o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

avec  celle  des  vaisseaux  sanguins.  Dans  tous  les  cas,  ils  sont  toujours  environnés  de 
leucocytes  à  noyaux  polymorphes.  Suivant  les  points  envisagés,  la  muqueuse  présente 
une  série  d'altérations  aboutissant  finalement  à  la  disparition  de  sa  structure  normale 
et  j'ai  pu  constater  que  cet  ensemble  de  modifications  paraissait  être  en  rapport  avec 
le  nombre  et  la  constitution  des  macrophages  :  ceux-ci  augmentant  en  même  temps 
que  les  lésions  des  tissus  environnants  sont  plus  accusées. 

»  Les  macrophages  ont  un  cytoplasma  irrégulier,  globuleux,  ne  dépassant  guère 
en  longueur  i5l^  à  i7f^.  Le  noyau,  unique  dans  la  plupart  des  cas,  est  toujours  pauvre 
en  chromatine. 

»  Les  plus  gros,  qui  peuvent  atteindre  et  même  dépasser  20^,  sont  formés  de  masses 
granuleuses  qui  se  fragmentent.  Leur  noyau  est  encore  plus  pauvre  en  chromatine  que 
dans  les  formes  précédemment  décrites  et,  parfois  même,  ce  dernier  élément  est  invi- 
sible. Les  macrophages  ainsi  constitués  sont  plongés  dans  du  tissu  de  sclérose  qui 
semble  tendre  à  se  substituer  à  eux.  J'ai  pu  également  observer  les  macrophages 
dans  leurs  divers  procédés  de  défense  de  l'organisme.  Occupés  à  détruire  les  bactéries 
qui  le  menacent  et  les  cellules  qui  peuvent  leur  donner  asile,  ils  m'ont  permis  de 
suivre  dans  mes  coupes  les  phases  diverses  de  leur  activité.  Certains  commencent  à 
englober  de  leurs  pseudopodes  les  microbes  pathogènes  et  les  cellules  dont  il  faut 
débarrasser  l'organisme;  d'autres,  au  contraire,  se  présentent  aux  derniers  stades  de 
la  phagocytose. 

»  Ces  faits  ne  s'observent  que  dans  la  portion  ligaturée  et  c'est  vainement  qu'on  en 
chercherait  la  moindre  trace  dans  la  région  qui  précède  la  ligature. 

»  De  l'ensemble  de  mes  expériences  sur  les  Oiseaux  et  sur  le  Singe,  il 
résulte  que  la  ligature  d'une  portion  de  l'appendice,  bien  que  déterminant 
un  vase  clos,  n'a  pas  nécessairement  une  issue  mortelle.  La  guérison  est 
obtenue  par  les  processus  de  défense  que  je  viens  de  faire  connaître.    » 


ZOOLOGIE.  —  La  sécrétion  interne  du  testicule  chez  l'embryon  et  chez  l'adulte. 
Note  de  M.  Gustave  Loisel,  présentée  par  M.  Bouvier. 

«  Comme  suite  à  nos  travaux  sur  la  spermatogenèse  du  Moineau,  nous 
avons  été  amené  à  entreprendre  une  nouvelle  série  de  recherches  sur  la 
sécrétion  interne  du  testicule,  qui  n'est  connue  jusqu'ici  que  par  ses  effets 
sur  l'organisme  adulte.  Nous  avons  étudié  sept  types  d'Oiseaux  :  Moineau, 
Serin,  Combasson  {Eypochœra  nitens),  Fondi  (^Fondia  madagascariensis). 
Canard,  Colin  de  Californie  et  Poulet,  et  quatre  types  de  Mammifères  : 
Cobaye,  Chien,  Chat,  Chauve-Souris;  les  testicules  ont  été  traités,  pendant 
8  jours  au  moins,  par  un  fixatif  fortement  osmiqué  :  liquide  de  Flemming, 
d'Hermann  ou  d'Altman,  par  exemple;  les  coupes  ont  été  montées  dans 
de  la  glycérine  gélatinée.  Voici  le  résumé  des  résultats  que  nous  avons 


SÉANCE    DU    28    JUILLET    I902.  231 

obtenus,  en  prenant  comme  exemple  un  type  d'Oiseau  et  plus  spécialement 
le  Fondi  et  le  Moineau. 

»  Chez  l'embryon,  la  même  sécrétion,  que  l'on  retrouve  dans  le  testicule  de 
l'adulte,  se  montre  déjà  dans  l'épithélium  germinatif  (*).  Elle  se  présente  sous  la  forme 
de  sphérules  noires,  contenues  dans  le  corps  cellulaire  d'un  très  grand  nombre  des  cel- 
lules qui  composent  l'épithélium.  Ces  sphérules  ne  sont  pas  formées  uniquement  de 
graisse,  car,  quand  on  les  traite  par  l'éther,  elles  laissent  à  leur  place  une  sphérule 
grisâtre  qui  disparaît  elle-même  au  bout  de  quelque  temps  dans  le  baume. 

»  Plus  tard,  quand  la  partie  interne  de  l'épithélium  germinatif  s'organise  en  glande 
sexuelle,  dite  indifférente,  nous  voyons  ces  sphérules  augmenter  de  nombre,  mais 
rester  toujours  isolées;  on  les  trouve  dans  le  protoplasma  des  petites  cellules  épithé- 
liales  {cellules  gerniinatives),  mais  surtout  dans  les  gros  éléments  appelés  ovules 
primordiaux.  (Peut-être  y  a-t-il  déjà  des  différences  sexuelles  dans  ces  organes;  en 
effet,  nous  n'avons  pas  toujours  retrouvé  les  sphérules  noires  dans  tous  les  embryons 
que  nous  avons  observés.) 

»  La  glande  sexuelle  embryonnaire  évolue  bientôt  suivant  le  type  mâle  ou  le  type 
femelle.  Dans  le  premier  cas,  que  nous  avons  seul  en  vue,  la  plus  grande  partie  de  ses 
éléments  forme  des  cordons  cellulaires  pleins,  les  futurs  tubes  séminipares;  les  autres 
restent  pour  former  les  éléments  conjonctifs  et  les  cellules  interstitielles.  Pendant  une 
partie  de  la  vie  fœtale,  le  testicule  ainsi  constitué  élabore  les  mêmes  sphérules  de 
graisse  dans  l'intérieur  des  tubes  séminipares,  de  même  que  dans  les  cellules  intersti- 
tielles, mais,  pour  ces  dernières,  beaucoup  moins  abondamment  chez  les  Oiseaux  que 
chez  les  Mammifères. 

»  Après  avoir  présenté  un  maximum,  cette  sécrétion  va  en  diminuant  de  plus  en 
plus,  ou  change  de  caractère,  en  approchant  de  la  naissance.  Pendant  le  jeune  âge  qui 
suit  cette  époque  (par  exemple,  chez  un  Passereau  de  notre  pays,  pendant  le  premier 
été  et  l'hiver  suivant),  le  testicule  présente  toujours  la  même  structure  de  glande 
interne,  mais  nous  n'avons  plus  trouvé  d'élaborations  graisseuses  à  son  intérieur.  Ceci 
s'explique  si,  comme  nous  le  pensons,  la  sécrétion  embryonnaire  avait  pour  rôle  d'ac- 
tiver le  développement  en  excitant  le  métabolisme  cellulaire  de  l'embryon.  C'est  en 
effet  ce  rôle  que  nous  observons  quand  cette  sécrétion  réapparaît,  an  début  de  la  pé- 
riode des  amours,  sous  la  même  forme  de  sphérules  noires  et  dans  les  mêmes  éléments 
cellulaires.  Mais,  alors  que  les  cellules  germinatives  continuent  à  élaborer,  les  ovules 
primordiaux  se  divisent  activement  pour  édifier  le  large  épithélium  stratifié  qui 
tapisse  l'intérieur  des  tubes  séminipares,  pendant  la  durée  delà  spermatogenèse.  C'est 
sans  aucun  doute  le  produit  de  ces  élaborations  du  testicule  qui  vont  amener  les  chan- 
gements bien  connus  de  l'organisme  mâle  à  cette  époque,  car  on  observe  une  concor- 
dance absolue  entre  l'abondance  des  sphérules  noires  dans  les  cellules  germinatives  et 
l'apparition  de  la  parure  de  noces  chez  le  Fondi,  par  exemple. 

»  Pendant  le  temps  que  dure  la  spermatogenèse,  les  cellules  germinatives,  placées 


(')  Voir  les  figures  données  dans  nos  Communications   faites   à  la  Société  de  Bio- 
logie {Comptes  rendus,  n°'  26  et  27,  juillet  1902). 


252  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

à  la  base  de  l'épithélium  séminifère,  gardent  leur  caractère  d'élément  sécrétoire.  Elles 
l'exagèrent  même  encore  à  cette  époque  et  acquièrent  alors  périodiquement  des  dimen- 
sions et  une  forme  spéciale  que  l'on  décrit  sous  le  nom  de  cellule  de  Sertoli.  Chez  les 
Mammifères,  ces  cellules  germinatives  hypertrophiées  continuent  à  élaborer  encore  de 
la  graisse,  en  même  temps  que  les  cellules  interstitielles;  chez  les  Oiseaux,  au  con- 
traire, du  moins  chez  le  Moineau,  nous  n'avons  plus  trouvé  de  graisse  pendant  l'été. 
Nous  avons  vu,  par  contre,  dans  les  cellules  de  Sertoli,  une  autre  substance  se  pré- 
sentant encore  sous  la  forme  de  sphérules  isolées,  les  unes  se  colorant  en  noir  par  l'hé- 
matoxjline  au  fer,  les  autres  se  colorant  en  bleu  par  le  ferrocyanure  de  potassium  ('). 
»  A  l'automne,  chez  les  Oiseaux,  le  testicule  rentre  dans  une  période  de  repos.  La 
sécrétion  morphologique  de  la  spermatogenèse  cesse  alors  complètement;  l'épilhélium 
spécial  du  printemps  disparaît  et  les  tubes  séminipares  reprennent  la  forme  de  cor- 
dons cellulaires  pleins.  Au  contraire,  la  sécrétion  chimique  continue  à  se  faire  dans 
les  cellules  germinatives,  mais  avec  beaucoup  moins  d'abondance  et  en  montrant  de 
nouveau  la  propriété  de  réduire  l'acide  osmique. 

»  En  résumé,  le  testicule  présente  deux  fonctions  sécrétoires  distinctes  : 
a,  une  sécrétion  chimique,  qui  est  primordiale  et  se  fait  par  le  mode 
interne;  b,  une  sécrétion  morphologique  qui  est  secondaire  et  se  fait  par 
le  mode  externe  (-). 

»  Par  sa  sécrétion  interne,  le  testicule  est  un  grand  destructeur  de 
graisse.  Ainsi  s'expliquent  certains  faits  d'observation  bien  connus  :  mai- 
greur plus  grande  chez  le  m.âle  que  chez  la  femelle,  exagération  de  cette 
maigreur  chez  le  mâle  à  l'époque  de  l'amour,  engraissement  et  inertie  rela- 
tive des  mâles  castrés.  » 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Les  kinases  microbiennes.  Leur  action  sur  le  pouvoir 
digestif  du  suc  pancréatique  vis-à-vis  de  l'albumine.  Note  de  M.  C. 
Delezenne,  présentée  par  M.  Roux. 

«  On  sait  depuis  longtemps  que  certaines  espèces  microbiennes,  et  spé- 
cialement celles  qui  sont  anaérobies,  sont  capables  d'attaquer  lentement 
les  matières  albuminoïdes  coagulées  et  de  leur  faire  subir  des  transforma- 
tions plus  ou  moins  analogues  à  celles  qui  se  produisent  sous  l'influence  de 


(')  Voir  notre  Mémoire  au  Journal  de  VAnatomie  et  de  la  Physiologie,  1902, 
p.  1 12-177,  ^vec  4  planches  et  10  figures. 

(2)  Pour  ce  qui  concerne  les  rapports  existant  entre  ces  deux  fonctions,  voir,  dans 
notre  Mémoire  du  Journal  de  VAnatomie  et  de  la  Physiologie,  le  rôle  que  nous 
attribuons  à  la  cellule  de  Sertoli. 


SÉANCE    DU    28    JUILLET    I902.       ^  253 

la  digestion  tryptique.  A  côté  des  microbes,  d'ailleurs  en  nombre  assez  res- 
treint, qui  digèrent  plus  ou  moins  énergiquement  l'albumine,  on  en  a 
trouvé  d'autres  qui  attaquent  nettement  la  gélatine,  parfois  même  la 
caséine,  mais  qui  sont  incapables,  dans  les  meilleures  conditions  d'expé- 
rience, de  faire  subir  une  transformation  appréciable  à  l'ovalbumine  coa- 
gulée. Les  essais  qui  ont  été  tentés  de  divers  côtés  pour  isoler  les  diastases 
des  uns  et  des  autres  ont  permis  d'obtenir,  en  s'adressant  aux  cultures 
filtrées,  des  produits  solubles  liquéfiant  la  gélatine,  mais  ils  n'ont  jamais 
permis  de  mettre  en  évidence,  d'une  façon  indubitable,  même  lorsqu'on 
s'adressait  aux  anaérobies,  des  ferments  capables  d'agir  comme  la  pepsine 
ou  la  trypsine  sur  l'ovalbumine  coagulée. 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  le  seul  fait  que  certains  microbes  sont  capables  de  digérer  len- 
tement l'albumine  a  mis  depuis  longtemps  les  physiologistes  en  garde  contre  l'ingé- 
rence des  infiniment  petits  dans  les  recherches  faites  sur  l'action  protéoljtique  des 
différents  sucs  digestifs. 

»  Quelques-uns  cependant  considéraient  ces  précautions  comme  inutiles  pour  les 
expériences  de  courte  durée  par  le  fait  que  les  microorganismes,  même  les  plus  actifs, 
mettent  toujours  un  temps  relativement  long  à  digérer  l'albumine. 

»  En  reprenant  l'étude  de  cette  question  à  propos  de  nos  recherches  sur  l'action 
protéolytique  du  suc  pancréatique,  nous  nous  sommes  assuré  qu'il  est  absolument 
indispensable,  pour  apprécier  l'action  digestive  propre  de  cette  sécrétion,  de  se  mettre 
dans  tous  les  cas  rigoureusement  à  l'abri  des  microorganismes.  Si  quelques-uns  de  ces 
derniers  sont  capables  de  fausser  les  résultats  en  intervenant  directement  à  un  moment 
donné,  beaucoup  d'autres  qui  ne  possèdent  pas  de  pouvoir  digestif  propre  vis-à-vis  de 
l'albumine  entrent  cependant  indirectement  en  jeu  grâce  à  leur  action  kinasique. 

))  On  peut  mettre  ce  fait  en  évidence  par  les  expériences  suivantes: 

»  Chez  un  chien  muni  d'une  fistule  pancréatique  permanente  on  pratique  le  cathé- 
térisme  du  canal  de  Wirsung  en  prenant  toutes  les  précautions  pour  obtenir  un  suc 
aseptique.  On  peut  y  arriver  en  lavant  soigneusement  l'orifice  du  canal  à  l'eau  bouillie, 
en  introduisant  une  canule  stérile  mise  en  relation  avec  un  récipient  également  stéri- 
lisé et  en  perdant  les  premiers  centimètres  cubes  qui  s'écoulent.  Malgré  ces  précau- 
tions, il  arrive  très  souvent  que  le  suc  renferme  encore  quelques  microorganismes 
venus  du  canal;  l'addition  de  toluol  suffit  d'ordinaire  à  en  empêcher  le  développe- 
ment, mais  il  est  préférable,  si  l'on  veut  avoir  la  certitude  d'opérer  dans  des  conditions 
rigoureusement  aseptiques,  de  filtrer  le  suc  pancréatique  sur  bougie,  aussitôt  qu'il  est 
recueilli.  La  bougie  Berkefeld,  qui  a  l'avantage  de  ne  pas  retenir  les  diastases,  donne 
à  cet  égard  les  meilleurs  résultats. 

»  Gomme  nous  l'avons  montré  précédemment  avec  M.  Frouin  ('),  les  sucs  de  fistule 
permanente  recueillis  par  cathétérisme  du  canal  de  Wirsung  ne  possèdent  pas  de 
pouvoir  digestif  propre  vis-à-vis  de  l'albumine,  mais  il  suffit,  pour  leur  conférer  ce  pou- 

(  ')  Comptes  rendus,  28  juin  1902. 


254  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

voir,  de  les  additionner  d'une  faible  quantité  de  suc  intestinal.  On  obtient  générale- 
ment le  même  résultat  en  les  laissant  se  cultiver  spontanément  ou  en  les  ensemençant 
avec  des  espèces  microbiennes  déterminées.  L'activité  de  ces  sucs  ne  doit  pas  être 
rapportée  cependant  aux  microbes  eux-mêmes,  puisque  les  cultures  faites  parallèlement 
dans  d'autres  milieux  se  montrent  toujours  incapables  d'attaquer  dans  le  même  temps 
un  cube  d'albuinine  identique  à  celui  que  l'on  a  introduit  dans  le  suc  pancréatique. 

»  D'autre  part,  tandis  que  les  produits  filtrés  des  cultures  sur  bouillon  ou  sur  pep- 
tone  n'agissent  en  aucune  façon  sur  l'albumine,  quels  que  soient  le  temps  de  la  diges- 
tion et  la  dose  de  filtrat  employé,  le  suc  pancréatique  dans  lequel  les  mêmes  mi- 
crobes se  sont  développés  montre,  après  filtration  sur  bougie,  un  pouvoir  protéoljtique 
des  plus  manifestes. 

»  Ces  faits  tendaient  à  démontrer  que  les  microbes  sécrètent  des  ferments  solubles 
ayant  les  mêmes  propriétés  que  l'entérokinase  et  pouvant  conférera  des  sucs  pancréa- 
tiques tout  à  fait  inactifs  une  action  digestive  évidente  vis-à-vis  de  l'albumine. 

»  Pour  résoudre  celte  question,  je  me  suis  adressé  tout  d'abord  soit  à  des  microbes 
isolés  de  sucs  pancréatiques  qui  s'étaient  spontanément  cultivés,  soit  à  des  espèces 
banales  dont  les  filtrats  ne  manifestaient  aucune  action  sur  l'ovalbumine  coagulée. 
Pour  que  les  expériences  puissent  être  répétées  avec  facilité,  je  ne  m'occuperai  ici  que 
de  ces  derniers  et  je  prendrai  comme  type  le  bacillus  subtilis.  Ces  microbes  étaient 
ensemencés  abondamment  sur  du  bouillon  peptoné  à  2  pour  100  réparti  en  couche 
très  mince  dans  des  boîtes  de  Roux,  Après  48  heures  à  3  jours  d'étuve,  les  cultures 
étaient  filtrées  sur  papier,  puis  sur  bougie  Berkefeld.  Ces  filtrats,  qui,  soit  dit  en  pas- 
sant, liquéfient  assez  facilement  la  gélatine,  se  montrent  toujours  impuissants  à  atta- 
quer l'ovalbumine  coagulée.  Même  après  5  et  6  jours  d'étuve,  on  n'observe  aucune 
trace  de  digestion.  Ajoutés  à  des  sucs  pancréatiques  inactifs  (sucs  de  fistule  perma- 
nente; sucs  de  sécrétine),  les  mêmes  filtrats  leur  confèrent  la  propriété  de  digérer 
très  rapidement  l'albumine;  chauffés  à  100°  pendant  lo  minutes,  ils  perdent  cette 
propriété. 

»  L'activité  des  filtrats  était  loin  d'être  toujours  la  même,  mais,  en  règle  générale,  il 
suffisait,  avec  le  subtilis,  d'ajouter  à  i«'"' de  suc  pancréatique  àQo^^\2  à  1*="'  de  filtrat 
pour  obtenir  la  digestion  complète  d'un  cube  d'albumine  de  os,  5o  en  l'espace  de 
2/4  heures  à  48  heures. 

»  J'ai  obtenu  des  résultats  à  peu  près  identiques  en  essayant  les  produits  solubles 
du  bacillus  mesentericus  vulgatus,  du  vibrion  de  Finkler-Prior,  d'un  des  microbes 
peptonisants  de  Flûgge  (n°  7),  de  plusieurs  bacilles  ou  microcoques  isolés  de  sucs 
pancréatiques  qui  s'étaient  spontanément  cultivés.  J'ajouterai  que  quelques  espèces 
pathogènes  m'ont  fourni  des  toxines  ayant  la  même  action,  mais  c'est  là  un  point  sur 
lequel  je  me  réserve  de  revenir, 

»  Certains  microorganismes  sont  donc  capables  de  sécréter  des  diastases 
ayant  les  mêmes  propriétés  que  l'entérokinase.  Ce  sont  ces  diastases  qui 
interviennent  pour  conférer  un  pouvoir  protéolytique  aux  sucs  pancréa- 
tiques primitivement  inactifs  et  qu'on  laisse  se  cultiver  spontanément. 

))   Dans  une  prochaine  Communication,  je  montrerai  que  le  venin  des 


SÉANCE    DU    28    JUILLET    1902.  255 

serpents  qui,  à  tant  d'égards,  mérite  d'être  rapproché  des  produits  solubles 
sécrétés  par  les  microbes  possède,  lui  aussi,  une  action  kinasique  des  plus 
manifestes.    » 


MÉDECINE  EXPÉRIMENTALE.  —  Nature  parasitaire  (Oospora)  de  certaines 
dégénérescences  calcaires,  de  quelques  tumeurs  inflammatoires  et  de  lésions 
spéciales  du  squelette.  Note  de  MM.  A.  Charrix  et  G.  Delamare,  pré- 
sentée par  M.  d'Arsonval. 

«  Dans  le  tissu  cellulaire  de  la  région  cervicale  antérieure  d'un  lapin, 
normal  à  d'autres  égards,  nous  avons  rencontré  un  parasite  dont  l'étude, 
à  divers  points  de  vue,  nous  a  paru  intéressante. 

»  Ce  parasite  vivait  d'une  vie  en  quelque  sorte  latente  dans  les  parois 
solides  assez  épaisses  d'une  tumeur  kystique  contenant,  dans  un  liquide 
clair,  quelques  hydalides;  il  se  présentait  sous  la  forme  de  grains  sphé- 
riques  ou  ovoïdes  associés  à  des  filaments,  grains  et  filaments  reproduits 
dans  des  cultures  ensemencées  avec  des  parcelles  de  cette  tumeur. 

»  Il  est,  en  effet,  facile  d'obtenir,  dans  les  milieux  usuels,  la  pullulation  de  cet  orga- 
nisme. Dans  le  bouillon,  par  exemple,  il  se  développe  sous  l'aspect  de  flocons  plus  ou 
moins  volumineux,  laissant  entre  eux  un  liquide  transparent;  sous  l'huile,  ce  déve- 
loppement est  discret.  Sur  l'agar,  il  forme  une  couche  grisâtre,  sèche,  qui  ne  tarde 
pas  à  se  recouvrir  d'une  poussière  blanche;  si  on  le  place  dans  les  conditions  habi- 
tuellement mises  en  œuvre  pour  réaliser  la  fructification  des  champignons,  des  conidies 
prennent  rapidement  naissance,  etc.  En  définitive,  l'ensemble  des  caractères  de  mor- 
phologie, de  culture,  etc.,  permet  d'affirmer  qu'on  est  en  présence  d'une  variété 
à''Oospora,  d'une  espèce  vraisemblablement  nouvelle,  voisine  de  VOospora  Gui- 
gnardi,  mais  en  différant  un  peu  par  la  formation  (^). 

»  En  dehors  de  ce  champignon,  dans  les  parois  conjonctives  du  kyste 
dont  nous  avons  pratiqué  l'ablation,  on  décelait  des  éléments  à  couches 
concentriques,  de  consistance  ferme,  dégageant  CO^  au  contact  de  l'acide 
acétique,  éléments  en  somme  identiques  aux  calco-sphérites  du  professeur 
Henneguy.  D'autre  part,  si  l'on  cultive  ce  végétal  sur  de  la  gélose  addi- 
tionnée de  carbonate  de  chaux,  on  obtient  un  égal  dégagement  de  CO^, 
principalement  en  faisant  agir  l'acide  sur  le  végétal  lui-même  plutôt  que 

(^)  M.  le  professeur  Radais  a  bien  voulu  étudier  en  détail  l'histoire  naturelle  de 
ce  parasite.  Nous  nous  bornons,  au  point  de  vue  botanique,  à  quelques  indications, 
car  nous  envisageons  surtout  le  rôle  de  ce  champignon  en  Médecine  expérimentale. 


256  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

sur  cette  gélose.  Il  semble  donc  que,  in  vitro  aussi  bien  que  dans  les  tissus, 
cet  organisme,  en  présence  de  ces  matériaux  calcaires,  provoque  la  forma- 
tion de  carbonate  de  chaux.  Par  suite,  en  rapprochant  ces  diverses  constata- 
tions, on  est  peut-être  en  droit  de  penser  que  certains  dépôts,  que  certaines 
dégénérescences  calcaires  opérées  dans  nos  organes  sont  sous  la  dépen- 
dance de  ce  champignon.  Cette  donnée  acquiert  quelque  importance  quand 
on  se  souvient  que  plusieurs  autres  végétaux  analogues,  dont  différentes 
espèces  se  rencontrent  dans  l'économie  humaine  où  cette  chaux  ne  manque 
jamais,  jouissent  de  cette  propriété  d'action  sur  ces  composés  calciques. 

»  La  virulence  des  cultures  de  ce  parasite  s'est,  en  général,  révélée 
nulle  ou  faible.  Introduit  par  toutes  les  portes  d'entrée,  notre  Oospora  n'a 
habituellement  occasionné  aucun  désordre  appréciable  et  a  disparu  grâce 
aux  procédés  usuels  de  la  défense.  Toutefois,  en  affaiblissant,  en  prépa- 
rant le  terrain,  spécialement  en  injectant  de  minimes  quantités  d'une  solu- 
tion d'acides  ('),  quantités  impuissantes  à  agir  seules,  nous  avons  vu  se 
développer  des  lésions  assez  disparates. 

))  Assez  souvent,  le  mal  s'est  limité  à  des  réactions  inflammatoires, 
ulcératives  ou  suppurées,  uniquement  localisées  aux  points  d'inoculation. 
Dans  un  cas,  cependant,  nous  avons  enregistré  l'évolution  d'une  pleu- 
résie et  d'une  péricardite  purulentes,  caractérisées  par  l'abondance  et  le 
volume  des  fausses  membranes;  mais  il  est  juste  de  mentionner  que, 
dans  ces  exsudats,  existait  une  véritable  symbiose,  constituée  dans  l'espèce 
par  l'association  d'un  staphylocoque. 

))  Chez  quelques  animaux,  particulièrement  au  niveau  des  pavillons 
auriculaires  des  lapins,  se  sont  formées  des  séries  de  nodules  sous-cutanés, 
fréquemment  abscédés  ;  la  structure  de  ces  productions,  que  leur  aspect 
aurait  à  la  rigueur  pu  faire  prendre  pour  des  tumeurs,  était,  du  reste, 
de  nature  purement  inflammatoire. 

»  Les  altérations  les  plus  intéressantes  que  ce  parasite  nous  a  permis  de 
réaliser  sont  assurément  celles  qui  ont  porté  sur  le  squelette.  Nous  avons, 
en  effet,  obtenu  différentes  modifications,  en  particulier  des  nodosités  cos- 
tales rappelant  de  loin  le  chapelet  thoracique  du  rachitisme;  or,  ces 
nodosités  renfermaient  VOospora  mis  en  évidence  par  les  cultures. 

»  De  l'ensemble  de  ces  constatations  on  est  autorisé  à  conclure  que  des 
parasites  de  l'ordre  de  ce  champignon  sont  capables  de  jouer  un  rôle  dans 

(')  is  d'acides  oxalique,  lactique,  acétique  dans  200*^""'  d'eau;  injections  répétées, 
sous  la  peau,  de  i''""'  à  a"^™". 


SÉANCE  DU  28  JUILLET  1902.  237 

la  production  de  certaines  dégénérescences  calcaires  ('),  dans  l'évolulion 
de  quelques  néoplasies  inflammatoires,  comme  aussi  dans  la  genèse  de 
dystrophies  osseuses  spéciales. 

»  Pour  obtenir  ces  dystrophies,  la  préparation  du  terrain  a  paru  indis- 
pensable. Aussi  est-on  en  droit  de  se  demander  s'il  finit  les  classer  dans 
le  groupe  des  maladies  humorales  et,  dans  l'espèce,  des  dyscrasies  acides, 
ou,  au  contraire,  dans  la  catégorie  des  processus  réputés  infectieux.  Ei 
définitive,  on  s'aperçoit  une  fois  de  plus  combien  sont  souvent  complexes 
les  conditions  nécessaires  à  la  réalisation  d'une  affection  déterminée  et 
combien  parfois  il  est  malaisé,  quand  l'évolution  de  cette  affection  est 
avancée,  de  préciser  quel  a  été  au  fond  son  point  de  départ,  quelle  est  en 
réalité  sa  nature,  sa  véritable  essence,  cellulaire,  humorale  ou  parasi- 
taire (").  » 

PHYSIOLOGIE  pathologique:.  —  Étude  comparée  de  i' hématolyse  par  les 
venins  chez  le  chien  et  le  lapin.  Note  de  M.  C  Phisai.ix,  présentée  par 
M.  A.  Chauveau. 

«  J'ai  montré  précédemment  (  ^  )  que,  si  l'on  mélange  du  sang  au  venin  de 
vipère,  les  globules  rouges  du  chien  sont  plus  facilement  détruits  que  ceux 

(')  Bien  entendu,  celte  pathogénie  n'e\clut  pas  rinlervention ,  suivant  les  cir- 
constances, de  mécanismes  multiples. 

(-)  Ces  questions  sont  d'autant  plus  intéressantes  que  les  modifications  de  terrain 
effectuées  dans  nos  expériences  peuvent,  au  besoin,  être  l'œuvre  des  cellules  d'un  or- 
ganisme troublé  dans  sa  nutrition  ou  son  fonctionnement;  l'acidification  des  plasmas 
ou,  mieux,  la  diminution  de  leur  alcalinité  relèvent,  suivant  les  cas,  soit  de  nos  élé- 
ments anatomiques  isolés,  soit  des  bactéries  agissant  aussi  séparément,  soit  encore  de 
ces  éléments  et  de  ces  bactéries  intervenant  de  concert. 

Cette  variété  d'agents  pathogènes  aussi  bien  que  ces  dyscrasies  acides  jouent, 
d'ailleurs,  un  rôle  dans  différents  processus  portant  sur  le  squelette,  en  particulier 
dans  l'ostéomalacie.  Si,  en  effet,  cette  affection  dépend  fréquemment  des  anomalies 
nutritives  ou  fonctionnelles  de  nos  propres  cellules  (ostéomalacie  de  la  grossesse,  etc.), 
des  recherches  encore  inachevées  de  Charrin  et  Moussu  tendent  à  montrer  que,  chez 
certains  animaux  (cachexie  osseuse  du  porc,  de  la  chèvre,  etc.),  ce  mal  est  de  nature 
parasitaire;  en  dehors  de  l'épidémicité  et  de  la  contagiosité,  du  reste,  complexes,  par- 
tiellement peut-être  de  cause  alimentaire,  ces  auteurs  ont  établi  son  inoculabilité  à 
l'aide  de  la  moelle  osseuse  et  isolé  des  germes  dont  les  cultures  ont  déjà  fourni  quelques 
curieux  résultats. 

(^)   Soc.  de  Biol.,  juillet  1902. 

C.  R.,  1903,  2»  Semestre.  (T.  GXXXV,  N»  4.)  ^^ 


258  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

du  lapin.  A  quoi  faut-il  attribuer  cette  différence  ?  Est-ce  à  une  variation  de 
la  résistance  propre  de  ces  éléments  ou  à  la  composition  chimique  du 
milieu  dans  lequel  ils  baignent?  Ces  deux  facteurs  interviennent  dans  le 
phénomène,  mais  le  second  beaucoup  plus  que  le  premier;  c'est  ce  que  la 
présente  Note  a  pour  but  de  démontrer. 

»  On  sait,  depuis  les  recherches  de  Flexner  et  Noguchi,  de  Calmette,  que  les  glo- 
bules de  chien,  lavés  à  plusieurs  reprises,  peuvent  être  mélangés  à  une  solution  de 
venin  sans  subir  la  moindre  hématolyse,  mais  dès  que  l'on  ajoute  une  goutte  de  sérum 
de  chien,  normal  ou  chaufTé  à  58°-6o°,  la  dissolution  des  globules  s'opère  en  lo  à 
i5  minutes.  J'ai  constaté  qu'avec  le  sérum  de  lapin  la  dissolution  est  moins  rapide; 
les  résultats  varient  suivant  que  le  sérum  a  été  chauffé  ou  non  chauffé.  Dans  le  pre- 
mier cas,  l'hématoh'se  se  fait  progressivement;  elle  est  complète  en  i  heure,  avant 
que  les  globules  aient  eu  le  temps  de  se  déposer,  tandis  que  dans  le  deuxième  cas  les 
globules  se  déposent,  et  c'est  à  peine  si,  au  bout  de  2  heures,  ils  commencent  à  être 
attaqués.  Il  existe  4onc  dans  le  sérum  de  lapin  une  substance  antihémolytique  qui  est 
détruite  par  le  chauffage. 

»  Cette  antihémolysine  naturelle  est  une  des  causes  qui  empêchent  la  dissolution  des 
globules  de  lapin  lavés,  quand  on  ajoute  du  sérum  de  lapin  non  chauffé  au  mélange  de 
ces  globules  et  de  venin.  Cependant,  quand  on  supprime  cette  antihémolysine  par  le 
chauffage,  le  sérum  ne  devient  pas  plus  hémolytique  pour  les  globules  de  lapin.  Il  n'en 
est  pas  de  même  si  Ion  emploie  du  sérum  de  chien.  Celui-ci,  après  un  ou  plusieurs 
chauffages  à  58°,  possède  la  propriété  de  dissoudre  les  globules-de  lapin.  Il  faut  en 
conclure  qu'il  contient  un  principe  sensibilisateur  plus  actif  que  celui  du  lapin. 

»  Ces  faits  corroborent  ceux  que  M.  Calmette  a  découverts;  ils  mon- 
trent, en  outre,  que  c'est  à  la  proportion  relative  d'antihémolysine  et  de 
sensibilisatrice  dans  le  sérum  qu'il  faut  attribuer  le  rôle  le  plus  important 
dans  l'action  hématolytique  des  venins. 

»  Toutefois,  la  résistance  propre  des  ^globules  intervient  aussi  dans  le 
phénomène.  Les  globules  de  lapin  sont  plus  résistants  que  ceux  de  chien. 
L'expérience  suivante  le  démontre  directement. 

»  Dans  deux  tubes  contenant,  le  premier  une  émulsion  de  globules  de  lapin,  le  se- 
cond une  émulsion  de  globules  de  chien  dans  le  venin  de  vipère,  on  ajoute  la  même 
quantité  de  sérum  de  lapin  chauffé;  or,  tandis  que  les  globules  de  chien  sont  dissous 
en  I  heure  3o  minutes  environ,  les  globules  de  lapin  résistent  et  se  déposent  au  fond 
du  tube.  C'est  à  peine  si,  au  bout  de  i5  à  20  heures,  on  observe  une  légère  hémohse. 

»  J'ai  répété  toutes  ces  expériences  avec  le  venin  de  cobra  et  j'ai  con- 
staté les  mêmes  phénomènes,  avec  cette  différence  que  l'hématolyse  est 
beaucoup  plus  rapide;  avec  le  sérum  de  chien,  elle  est  presque  instanta- 
née. Et  cependant,  quand  on  mélange  du  sang  de  chien  avec  le  venin  de 


SÉANCE   DU   28   JUILLET    Tg02.  259 

cobra,  les  globules  se  dissolvent  et  le  sang  se  coagule  en  1 5  ou  20  secondes, 
alors  qu'il  reste  incoagulable  avec  le  venin  de  vipère.  Le  seul  fait  de  la 
dissolution  des  globules  rouges  ne  suffit  donc  pas  à  expliquer  une  si  grande 
variation  de  coagulabilité.  Il  y  a  autre  chose.  En  effet,  tandis  qu'après  l'ac- 
tion du  venin  de  cobra  sur  le  sang,  ou  sur  les  globules  de  chien,  l'hémo- 
globine ne  paraît  pas  sensiblement  modifiée,  au  moins  pendant  plusieurs 
heures,  avec  le  venin  de  vipère,  elle  se  transforme  très  rapidement  en 
méthémoglobine.  Quelle  est  donc,  dans  le  venin  de  vipère,  la  substance 
dont  l'action  semble  si  comparable  à  celle  d'un  ferment?  Serait-ce  l'échid- 
nase?  L'expérience  justifie  cette  hypothèse. 

»  Après  qu'on  a  détruit  ce  ferment  par  un  chauffage  à  80°  ou  à  100°,  le  venin  de 
vipère  se  comporte  comme  le  venin  de  cobra  :  il  coagule  le  sang  et  dissout  les  globules 
lavés  sans  modifier  sensiblement  l'hémoglobine.  L'échidnase  agit  donc  comme  un 
ferment  oxydant  pour  transformer  l'hémoglobine  en  méthémoglobine,  et,  de  fait,  elle 
donne  avec  la  teinture  de  gaïac  la  réaction  des  oxydases,  qu'on  n'obtient  pas  avec  le 
venin  de  cobra. 

M  En  résumé,  le  venin  de  vipère  produit  des  effets  inverses  sur  la  coa- 
gulabilité du  sang  suivant  qu'il  est  inoculé  au  chien  ou  au  lapin,  et  cette 
différence  tient  à  une  variation  physiologique  de  l'espèce.  Chez  le  lapin, 
les  globules  rouges  sont  plus  résistants  que  les  globules  blancs,  et  le  sérum 
contient  en  excès  une  antihémolysine  très  active.  Les  globules  rouges  du 
chien  sont  moins  résistants  que  les  globules  blancs  et  plus  fragiles  que 
ceux  du  lapin.  Dans  le  sérum  du  chien,  c'est  la  sensibilisatrice  qui  prédo- 
mine. Enfin,  c'est  à  l'action  oxydante  de  l'échidnase  qu'est  due  la  transfor- 
mation de  l'hémoglobine  en  méthémoglobine.   » 


PHYSIOLOGIE  ANIMALE.  —  Sur  une  nouvelle  forme  de  la  sensibilité  tactile: 
la  trichesthésie.  Note  de  MM.  N.  Vaschide  et  P.  Rousseau. 

«  Les  présentes  recherches  ont  eu  pour  objet  de  déterminer  :  i°5«  la 
sensibilité  tactile  d^une  région  précise  de  la  peau  est  en  Jonction  du  nombre  des 
poils  comptés  dans  cette  région;  2^  s'il  existe  ou  non  une  sensibilité  périphé- 
rique spéciale  à  la  base  de  chaque  poil. 

»  On  provoquait  à  la  surface  de  la  peau  des  excitations  (méthode  Tou- 
louse-Vaschide)  en  faisant  porter  sur  un  point  déterminé,  souvent  à  la 
loupe,  des  aiguilles  dont  le  poids  variait  entre  ^^  de  gramme  et  o^,oo5. 
Les   sujets,   les    yeux   bandés,    tournant  le   dos    à   l'opérateur,   devaient 


26o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

répondre  par  oui  lorsque  l'excitation  donnait  naissance  à  une  sensation  ; 
pour  éviter  la  fatigue  de  l'attention,  et  une  sorte  d'autosuggestion,  un 
intervalle  de  8  à  lo  secondes  séparait  chaque  excitation.  Chaque  région  de 
la  peau  était  divisée  en  carrés  de  i"";  le  sujet  se  reposait  après  une  série 
d'expériences  portant  sur  quatre  carrés.  Le  membre  étudié  était  maintenu 
rigoureusement  immobile.  Les  recherches  ont  été  faites  à  deux  ans  de 
distance,  par  deux  observateurs  différents;  elles  ont  porté  sur  dix  sujets 
femmes  et  sur  deux  hommes,  âgés  en  moyenne  de  24  à  3o  ans;  on  étudia 
tour  à  tour  les  membres  inférieurs  et  les  membres  supérieurs. 

))  Nous  relatons  ici  surtout  les  expériences  méthodiques,  qui  confirment 
d'ailleurs  pleinement  nos  anciennes  observations. 

»  1,  a.  En  diverses  régions  et  sur  des  sujets  différents.,  la  sensibilité  tactile 
varie-t-elle  avec  le  nombre  de  poils? —  Nous  avons  été  amenés  à  conclure  en  faveur  de 
l'existence  d'une  sensibilité  tactile  étroitement  liée  à  l'existence  du  système  pileux. 
Nous  avions  pris  comme  région  pilifère  le  dos  de  la  main  et  nous  avons  circonscrit  la 
surface  étudiée  à  un  carré  de  4*^*"  de  côté;  la  surface  à  peu  près  imberbe  était  la  face 
inférieure  du  poignet,  à  2*=™  de  la  naissance  de  la  main.  La  sensibilité  d'une  région 
pilifère  semble  nettement  distincte  de  la  sensibilité  tactile  générale  de  cette  même 
région. 

»  b.  Pour  un  même  sujet  et  pour  une  même  région,  cette  sensibilité  est-elle  con- 
stante? —  Cette  sensibilité  existe;  mais,  en  raison  des  conditions  très  délicates  de 
l'expérience,  sa  constance  ne  s'exprime  pas  par  des  nombres  absolus,  mais  par  des 
moyennes  dont  la  formule  précise  serait  une  série  de  fractions  ayant  pour  dénomina- 
teur le  nombre  des  excitations  et  pour  numérateur  le  nombre  des  sensations  :  sujet  L., 
18  jui">  I;  7  juillet,  I;  etc. 

»  II.  Pour  déterminer  la  sensibilité  périphérique  à  la  base  d'un  poil,  à  la  loupe,  la 
méthode  employée  était  la  suivante  :  une,  deux  ou  trois  excitations  étaient  faites  à  la 
base  d'un  poil;  puis  une  série  d'excitations  périphériques  qui  s'éloignaient  graduelle- 
ment en  cercles  concentriques,  à  une  distance  de  o'^'^jS,  puis  de  i™™,  de  2"™,  etc. 
Voici  un  exemple  :  Sujet  M.  H...  (face  supérieure  du  poignet  à  4*""  de  la  main). 


Sensi^ 

bilité 

Sensibilité  à  1 

a  périphérie 

Carré. 

à  la  base 
-Nombre 

du  poil. 
Nombre  de 

de  la  base 

du  poil. 

^iiguUe. 

Nombre 

-Nombre  de 

-- 

— 

d'excitations. 

sensations. 

d'excitations. 

sensations. 

o,oo3 

V 

2 

2 

9 

4 

o,oo5 

VI 

2 

2 

9 

3 

o,oo5 

VI 

2 

I 

8 

2 

»  Il  existe  donc  une  sensibilité  très  vive  à  la  base  même  de  chaque  poil  ; 
la  sensibilité  périphérique  est  infiniment  moindre  et  diminue  à  mesure 
qu'on  s'éloigne  de  la  base  du  poil  choisi. 


SÉANCE    DU    28    JUILLET    1902.  26 1 

M  Réserves  faites  d'une  distraction  possible  du  sujet,  nos  recherches 
semblent  indiquer  que  cette  sensibilité  à  la  base  des  poils  est  constante 
pour  nne  région  donnée  et  un  même  sujet. 

»  Il  résulte  de  nos  expériences  qu'on  peut  affirmer  l'exibtence  d'une 
sensibilité  tactiie  spéciale  intimement  liée  à  l'existence  du  système  pileux, 
et  que  nous  proposons  d'appeler  sensibililé  trichesthësique  (0pi^=poil 
et  aJcOr.ci?  =  sensibilité).  Cette  sensibilité  est  bien  distincte  de  la  sensibilité 
tactile  régionale  et  parfois  en  rapport  inverse  relatif  avec  celle-ci.  Cette 
sensibilité  est  constante  et  nous  l'avons  retrouvée  à  peu  près  la  même  chez 
les  mêmes  sujets,  à  plusieurs  mois  d'iatervalle.  Ajoutons  encore  qne  les 
conditions  météorologiques  semblent  avoir  une  grande  influence  sur  l'état 
de  cette  sensibilité;  l'état  hygrométrique  de  l'atmosphère  la  modifie  parti- 
culièrement. Il  en  est  de  même  pour  les  conditions  physiques  et  surtout 
mentales  du  sujet;  à  ce  point  de  vue,  les  observations  cliniques  sur  les 
troubles  du  système  pileux  se  trouvent  confiriiiées  par  nos  recheiches;  le 
cas  publié  par  le  D^y.-P.  Ossipowest  extrêmement  instructif.  Cet  auteur  (') 
parle,  dans  son  travail,  d'une  sensibilité  tactile  siii  generis  et  cite  des  tra- 
vaux deW.v.  Bechterew  (^)  et  de  OssipowetK.  Noiszewski,  qui  ont  signalé 
également  cette  sensibilité.  Il  semble  tout  indiqué  qu'il  faut  accuser  une 
innervation  spéciale  des  poils,  dont  l'existence  est  confirmée  encore  par 
l'élude  de  la  sensibilité  des  poils  eux-mêmes.    » 

VITICULTURE.  —  Sur  la  possibilité  de  comballre  par  un  même  traitement 
liquide  le  mildew  et  Voidium  de  la  Vigne.  Note  de  M.  J.-M.  Guillox,  pré- 
sentée par  M.  Bouvier. 

«  L'application  des  bouillies  cupriques  pour  combattre  le  mildew  (Plas- 
mopara  viticola)  et  celle  du  soufre  pour  lutter  contre  l'oïuium  {Erysiphe 
Tuckeri)  constituent  deux  opérations  différentes  qui  nécessiîent  de  grands 
frais  de  main-d'œuvre.  J'ai  cherché  à  mélanger  le  soufre  aux  principales 
bouillies  cupriques,  de  façon  à  combattre  les  deux  maladies  avec  un  même 
traitement  liquide  et  à  diminuer  les  frais  de  culture  tout  en  rendant  le 
soufre  adhérent. 


(  '  )  V.-P.  Ossipow,  Ein  Fait  von  angeberenem  partiellen  Ilaarmangel  in  Bezie- 
hung  zur  Haarempfindlichkeit  {Neurologisches  Cenlrahlatt,  1901,  p.  655-60-). 

(^)  Von  Becutekew,  Bas  etecktrische  Trichàstesinneter  und  die  sog.  Haaremp- 
findlichkeit des  Kôrpers  {Neurologisches  Cenlralblatt,  1898,  p.  io32-xo35). 


262  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  D'une  façon  générale,  si  l'on  jette  du  soufre  (sublimé  ou  trituré)  dans 
une  bouillie  bordelaise  ou  bourguignonne,  il  reste  à  la  surface  et  ne  se 
mélange  pas  ;  il  faut,  pour  faire  mouiller  le  soufre,  opérer  de  la  façon  sui- 
vante : 

»  A.  Bouillie  bordelaise.  —  La  bouillie  bordelaise  se  prépare  comme  d'habitude; 
seulement  la  chaux  est  préalablement  malaxée  avec  le  soufre  avant  d'être  versée  dans 
la  dissolution  de  sulfate  de  cuivre.  2''?  de  chaux  peuvent  se  mélanger  à  lo'^s  et  plus  de 
soufre  (3''s  suffisent).  La  bouillie  bordelaise  soufrée,  expérimentée  par  les  méthodes 
que  nous  avons  indiquées  ('),  n'est  pas  modifiée  dans  son  adhérence. 

»  La  bouillie  bordelaise  soufrée  est  un  peu  moins  adhérente  lorsqu'on  lui  ajoute 
0,25  pour  100  de  colophane  ou  i  pour  100  de  mélasse.  Une  addition  de  o,3  pour  100 
de  gélatine  modifie  peu  les  choses. 

»  B.  Bouillie  bourguignonne.  —  On  procède  à  sa  préparation  comme  pour  la 
bouillie  bordelaise  :  le  soufre  est  mélangé  au  carbonate  de  soude.  Seulement  le  soufre 
n'est  pas  entièrement  mouillé:  en  ajoutant  os,  26  de  colophane  (^)  le  mélange  se  fait 
mieux. 

»  La  présence  du  soufre  ne  modifie  pas  l'adhérence  de  la  bouillie  bourguignonne  et 
ne  l'empêche  pas  de  s'altérer  avec  le  temps. 

»  C.  Verdet.  —  Le  verdet  sec  est  broyé  et  mélangé  parfaitement  au  soufre,  puis  on 
ajoute  par  petites  portions  et  en  agitant  constamment  la  quantité  d'eau  nécessaire.  Le 
soufre  ne  modifie  pas  non  plus  l'adhérence  du  verdet. 

»  D.  Bouillies  diverses.  —  Les  bouillies  au  carbonate  d'ammoniaque  et  au  carbo- 
nate de  potasse  n'ont  pas  l'adhérence  modifiée  par  la  présence  du  soufre,  mais  ce  der- 
nier n'est  pas  complètement  mouillé.  Il  en  est  de  même  de  l'eau  céleste.  Le  soufre 
peut  se  mélanger  au  savon  en  prenant  les  précautions  indiquées  précédemment. 

»  Il  résulte  des  recherches  auxquelles  je  me  suis  livré  que  le  soufre  est 
simplement  mélangé  et  n'entre  pas  en  combinaison  avec  le  cuivre,  à  la 
condition  toutefois  de  pratiquer  les  pulvérisations  immédiatement  après  la 
préparation  des  bouillies. 

»  Les  expériences  faites  dans  la  région  des  Charentes,  et  qui  peuvent 
être  renouvelées  dans  les  autres  vignobles,  ont  démontré  l'efficacité  pra- 
tique des  bouillies  soufrées  bien  préparées  pour  combattre  à  la  fois  le 
mildew  et  l'oïdium.    » 


(')  J.-M.  GuiLLON  et  GouiRAND,  Sur  V adhérence  des  bouillies  cupriques  {Comptes 
rendus,  26  juillet  1898  et  12  septembre  1898). 

(^)  J.  Perraud,  L'adhérence  des  bouillies  cupriques  sur  les  fruits  {Comptes 
rendus,  1898). 


SÉANCE    DU    28    JUILLET    1902.  263 


CHIMIE  AGRICOLE.    —  Sur  un  procédé  de  concentration  des  vins.  Note  de 
MM.  Baudoin  et  Schribaux,  présentée  par  M.  A.  Mûtilz. 

«  L'un  des  auteurs  de  la  présente  Note,  qui  exploitait  un  grand  vignoble 
en  Algérie,  recevait  en  1890  une  demande  de  vins  dosant  22  pour  100 
d'alcool.  Dans  l'impossibilité  de  produire  des  vins  d'une  aussi  grande 
richesse,  et  ne  voulant  j)as  recourir  au  vinage,  il  a  pensé  qu'il  serait  peut- 
être  possible  d'enlever,  d'une  façon  pratique,  une  proportion  plus  ou 
moins  forte  de  l'eau  contenue  dans  le  vin  de  ses  récoltes.  C'est  la  solution 
industrielle  de  ce  problème,  étudié  en  commun  depuis  1892,  que  nous 
soumettons  à  l'Académie  ('). 

»  Deux  méthodes  s'offraient  à  nous  :  la  méthode  de  concentration  par 
le  froid,  la  méthode  de  concentration  par  la  chaleur. 

»  I.  La  méthode  de  concentration  par  congélation,  très  anciennement 
connue  et  pratiquée  couramment  en  Bourgogne,  est  celle  que  nous  avons 
d'abord  étudiée;  elle  ne  nous  a  pas  donné  satisfaction  :  la  glace,  éliminée 
par  un  turbinage  ou  par  une  compression  très  énergique,  renferme  de  o",  5 
à  i°,5  d'alcool,  ainsi  qu'une  certaine  quantité  de  matières  colorantes;  de 
plus,  le  vin,  fortement  remonté  en  alcool,  se  dépouille  assez  rapidement  et 
prend,  au  bout  de  quelques  mois,  la  teinte  jaune  caractéristique  des  vins 
usés. 

)>  n.  Le  second  procédé, celui  auquel  nous  nous  sommes  arrêtés,  consiste 
à  distiller  le  vin  dans  le  vide  à  basse  température;  une  réfrigération  métho- 
dique divise  les  produits  volatils  en  deux  parties  :  la  première  renferme, 
avec  une  certaine  quantité  d'eau,  dont  on  peut  faire  varier  la  proportion  à 
volonté,  la  totalité  de  l'alcool,  les  bouquets  et  les  autres  matières  utiles  à 
conserver;  elle  est  retenue  et  mélangée  aux  matières  fixes;  la  seconde 
partie,  qui  renferme  l'eau,  est  éliminée.  Cette  eau  possède  toujours  une 
réaction  acide  ;  elle  entraîne  avec  elle  de  l'acide  acétique  en  quantité  assez 
grande  pour  que,  du  fait  seul  de  son  élimination,  les  vins  piqués  subissent 
une  amélioration  marquée  (-). 

»   La  dégustation  de   spécialistes  et  l'analyse  chimique  d'échantillons 


(')  Notre  premier  brevet  remonte  au  27  avril  1894. 

(2)  M.  le  D-'Garrigou  a,  de  son  côté,  préconisé  la  concentration  des  vins  par  la  dis- 
tillation dans  le  vide  {Le  vin  concentré,  Paris,  1901). 


264  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

préparés  ;ui  laboratoire  nous  ayant  démontré  que  la  concentration  du  vin, 
par  évaporation  d'une  partie  de  son  eau,  n'en  altérait  pas  les  qualités, 
nous  avons  alors  étudié  et  construit  un  appareil  industriel,  à  marche 
continue,  où  le  vin  reste  penciant  quelques  secondes  seulement  en  contact 
avec  les  surfaces  chauffées. 

»  Un  grand  nombre  de  vins  rouges  et  de  vins  blancs  ont  été  traités  dans  cet  appa- 
reil. Les  résultats  ont  toujours  été  satisfaisants.  Les  analyses  ont  été  exécutées  par 
M.  X.  Roques;  nous  en  rapporterons  une   seulement,  relative  à  un  vin  d'Aramon  du 

midi  de  la  France. 

Rapport 
de  la 
Vin  naturel.         Vin  concentré,     concentration, 
o 

Alcool 9,3  T-,!  1,84 

Extrait  sec  à  ioo° i6,8o  28,09  ''^7 

Extrait  dans  le  vide 22,00  87,80  1,72 

Sucre  réducteur i,38                    2,62  1,90 

Tartre   (dosage  direct) 2,08                    i,ii  o,53 

Cendres  totales 2,64                    3, 16  1,20 

Cendres  insolubles  dans  Teau. .  o,5/i                    i,o4  1,92 
Alcalinité   des   cendres  en  car- 
bonate de  potasse 0,81                   0,64  0,79 

Chlorure  de  sodium 0,06                    0,11  i,83 

Sulfate  de  potasse 0,91                    i,65  1,81 

/  totale 4,26                  6,3i  i  ,48 

Acidité  en  SOMP     fixe 3,i4                   5,35  1,70 

(volatile....  1,12                   0,96  o,85 

Coloration i ,  00                    i ,  85  i ,  8^ 

«  Ces  chiffres  montrent  que  l'alcool,  le  sucre,  le  chlorure  de  sodium,  le  sulfate  de 
potasse  et  la  matière  colorante  du  vin  naturel  se  retrouvent  intégralement  dans  le  vin 
concentré.  On  constate,  au  contraire,  que  l'extrait  et  l'acidité  volatile  diminuent.  La 
diminution  de  l'extrait  porte  sur  le  tartre,  comme  en  témoignent  les  chiffres  relatifs  à 
cette  dernière  substance,  aux  acides  fixes,  aux  cendres  totales  et  à  leur  alcalinité. 

»  L'analyse  microscopique  de  ce  vin  concentré  n'y  décèle  rien  d'anormal.  Elle 
montre  dans  le  dépôt  une  grande  quantité  de  cristaux  du  tartre  qui  s'est  précipité  par 
suite  de  le'nrichissement  du  liquide  en  alcool. 

»  Enfin,  un  dégustateur  de  profession  l'a  caractérisé  ainsi  :  «  Vin  rouge,  droit  de 
»  goût,  bien  fruité,  Espagne  ». 

»  De  son  côté,  M.  Mathieu,  directeur  de  la  Station  œnologique  de  Beaune,  a  exa- 
miné et  suivi  très  attentivement  deux  vins  de  Beaune,  concentrés  dans  l'appareil  que 
nous  avons  fait  construire.  Voici  en  quels  termes  s'exprime  j\L  Mathieu  au  sujet  de 
ces  produits  : 

»  Le  vin  concentré  n'a  présenté  d'autre  goiit  anormal  qu'un  très  léger  goût  de  cuit 


SÉANCE  DU  28  JUILLET  1902.  265 

»  qui  a  totalement  disparu  quelques  mois  après,  et  spontanément.  Le  bouquet  du  vin 

»  ne  nous  a  pas  paru  avoir  crû  avec  la  concentration.  L'expérience  faite  sur  ces  deux 

»  vins,  ajoute-t-il,  manifeste  que  le  procédé  employé  concentre  le  vin  sans  le  déna- 

»  turer.   » 

»  En  résumé,  ces  vins  concentrés  sont  sensiblement  ce  qu'auraient  pu 
être  les  vins  naturels,  si  la  vigne  avait  végété  dans  des  conditions  lui  per- 
mettant d'absorber  moins  d'eau.  Ces  vins  naturels,  plus  riches  en  alcool 
et  en  couleur,  auraient  aussi  renfermé  moins  de  tartre. 

»  La  méthode  de  concentration  que  nous  venons  d'indiquer,  appliquée 
aux  vins  faibles  en  alcool  et  pauvres  en  couleur,  en  corrigera  les  défauts 
et  en  assurera  la  conservation;  avec  des  vins  plus  riches,  elle  permettra 
d'obtenir  de  très  bons  vins  de  coupage,  susceptibles  de  remplacer  les  vins 
étrangers  employés  à  cet  usage.   » 


ANTHROPOLOGIE.  —  Les  figurations  préhistoriques  de  la  grotte 
de  La  Mouthe  (^Dordogne).  Note  de  M.  Emile  Rivière. 

«  A  l'occasion  de  la  Communication  récente  de  MM.  Breuil  et  Capitan, 
et  la  présentation  de  peintures  paléolithiques  provenant  de  la  grotte  de 
Font-de-Gaume  (Dordogne)  parues  dans  les  Comptes  rendus,  je  tiens  à 
faire  remarquer  que  les  figurations  que,  depuis  1895,  j'ai  mises  successi- 
vement à  découvert  sur  les  parois  de  la  grotte  de  La  Mouthe  (Dordogne), 
grotte  située  à  une  faible  distance  de  la  précédente,  n'offrent  qu'une 
vague  ressemblance  avec  celles  de  Font-de-Gaume,  quoiqu'elles  soient 
les  premières  connues,  ou  tout  au  moins  signalées  en  France  comme  pré- 
sentant des  traces  de  peinture  préhistorique,  alors  même  qu'elles  repré- 
sentent les  mêmes  animaux. 

»  Tandis  que,  à  Font-de-Gaume,  il  s'agirait  de  véritables  fresques,  à 
La  Mouthe  ce  sont  exclusivement  ou  à  peu  près  exclusivement  des  gra- 
vures au  trait,  gravures  plus  ou  moins  profondes  comme  les  deux  que  je 
reproduis  ici  {fig.  i  et  2),  ou  des  gravures  plus  superficielles  obtenues 
par  une  sorte  de  raclage  ou  de  striage  de  la  roche.  Deux  d'entre  ces  gra- 
vures seulement,  du  moins  à  la  distance  de  i3o™  de  l'entrée  de  la  grotte 
à  laquelle  mes  fouilles  sont  parvenues  sur  228™,  présentent  quelques 
traces  de  peinture,  comme  j'ai  eu  soin  de  le  spécifier  dans  mes  précédentes 
Communications. 

G.  R.,  1902,  2«  Semestre.  (T.  CXXXV,  N°  4.)  34 


266 


ACADEMIE   DES   SCIENCES. 


»  En  effet,  l'un  de  ces  dessins  représente  un  Ruminant,  assez  difficile  à 
déterminer  en  toute  certitude,  malgré  sa  forte  proéminence  dorso-cervicale 
quelque  peu  analogue  à  celle  d'un  Bison,  la  tête  de  l'animal  faisant  défaut 
ou  étant  tellement  fruste  qu'elle  est  à  peine  visible. 

»  Mais  qu'il  s'agisse  du  Bos  priscus  ou  plutôt,  peut-être,  d'une  Antilope, 
il  est  à  remarquer  que  :   i°  la  ligne  des  membres  postérieurs  seule  est 

Fig.  I.  —  Renne. 


coloriée  en  rouge  brun  noirâtre,  notamment  au  niveau  des  articulations  et 
des  sabots;  i°  le  flanc  gauche  de  l'animal  est  marqué  de  dix  taches  de 
même  couleur  brun  noirâtre  s'étendant  sur  la  même  ligne  de  l'épaule  à 
la  partie  supérieure  de  la  cuisse. 

»  L'autre  dessin  figure  une  sorte  de  hutte  (c'est  la  seule  habitation  de 
l'homme  primitif  connue  jusqu'à  présent),  non  pas  gravée  par  un  simple 
trait  en  dessinant  les  contours  comme  les  nombreux  animaux  représentés 


SÉANCE   DU    28   JUILLET    1902.  267 

sur  les  parois  de  La  Moulhe,  mais  par  une  sorte  de  raclage  de  la  roche 
dont  une  partie  des  stries  ont  été  passées  à  l'ocre  mélangée  ou  non  de 
manganèse  (l'analyse  chimique  n'en  a  pas  encore  été  faite),  plus  super- 
ficiellement que  sur  la  figuration  précédente,  de  sorte  que  la  coloration 
est  beaucoup  moins  accentuée  et  de  façon  à  former  une  série  de  bandes 
à  peu  près  parallèles  et  alternativement  claires  et  foncées. 

Fij.  2.  —  Kquidc. 


))  J'ajoute  que  cette  hutte,  représentée  de  trois  quarts,  est  précédée 
d'une  sorte  de  dessin  géométrique  (trois  chevrons  gravés  en  avant  et  au 
niveau  du  sommet  de  la  hutte)  colorié  aussi  en  brun  noirâtre. 

»  Quant  à  la  contemporanéité  ou  la  non-contemporanéité  des  gravures 
de  La  Moulhe  et  des  peintures  de  Font-de-Gaume,  je  ne  saurais  me  pro- 


268  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

noncer,  ne  connaissant  cette  grotte  que  de  nom  et  ses  peintures  que  par 
les  reproductions  parues  dans  les  Comptes  rendus.  Tout  ce  que  je  peux  dire 
et  répéter,  comme  l'ayant  annoncé  dans  le  principe,  c'est  que  les  figura- 
tions de  La  Mouthe  sont  absolument  paléolithiques  (magdaléniennes)  et 
de  l'époque  quaternaire,  géologiquement  parlant.  L'artiste  préhistorique 
qui  les  grava  était  le  contemporain  du  Renne  et  du  Mammouth  dont  on  re- 
trouve l'image  (du  premier  surtout  admirablement  dessinée)  sur  les 
parois  de  la  grotte  de  La  Mouthe.   » 

M.  Archambault  adresse  une  Note  sur  un  projet  d'appareil  de  sûreté, 
contre  les  tamponnements  des  trains  de  chemins  de  fer. 

La  séance  est  levée  à  3  heures  trois  quarts. 

M.  B. 


ERRATA. 


(Séance  du  2r  juillet  1902.) 

Note  de  M.  A.  Gautier,  Existence,  dans  l'albumen  de  l'œuf  d'oiseau, 
d'une  substance  fibrinogène,  pouvant  se  transformer,  in  vitro,  en  mem- 
branes pseudo-organisées  : 

Page  i35,  ligne  9,  au  lieu  de  C:^  32,90,  lisez  G  =:  52,90. 


ACADÉMIE   DES    SCIENCES 

SÉANCE  DU   LUNDI   4  AOUT   1902. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  BOUQUET  DE  LA  GRYE. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

OPTIQUE.  —  Réflexion  et  réfraction  par  un  corps  transparent  animé  d'une 
translation  rapide  :  ondes  réfléchies  et  réfractées  ;  amplitude  des  vibrations. 
Note  de  M.  J.  Boussixesq. 

«  f.  Si,  pour  abréger  ('),  on  appelle  to^,  oj^,  to»  les  binômes  diffé- 
rentiels 

(    \  ^''■''  _  i^       i^  _  ^       ^^'^        ^''^ 

^  '  ''  dz         cl  y        dx         dz        dy         de 

c'est-à-dire  les  rotations  moyennes  de  l'élher  (au  facteur  près  —  ^),  les 
seconds  membres  des  é(juations  (6)  du  mouvement  reviench^ont  identi- 
quement, comme  on  sait,  à 

(8) 

et  ces  expressions  égaleront  les  premiers  membres,  fonctions  linéaires 
des   accélérations  - — '—- — -  et  des  produits  des  petits  facteurs  constants 

V^»  V^>  ^ z  par  les  dérivées  respectives  en  x,  y,  z  des  vitesses  ^      /""  "   • 

))  Cela  posé,  admettons  qu'on  ait  pris  pour  plan  des  yz  le  feuillet 
moyen  de  la  couche  de  transition  séparant  deux  milieux  homogènes;  de 
sorte  que,  pour  les  valeurs  de  x  voisines  de  zéro,  l'indice  N  varie  très  vile 
avec  X  et  puisse  y  rendre  très  grands  non  pas  les  déplacements  E,  r,,  C»  ni 

(')  Voir  le  précédent  Compte  rendu,  p.  220. 

C.   R.,  1902,  2=  Semestre.  (T.  CXXXV,  N"  5.)  -^^ 


diM. 

dMy 

d^x 

dto~ 

doiy 

dwj, 

dy 

dz  ' 

dz 

d.r  ' 

dx 

dy' 

270  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

leurs  dérivées  en  /,  y  ou  ::,  ni  non  plus,  par  suite,  w^,  mais  certaines  déri- 
vées en  X  de  ces  diverses  quantités.  Dans  les  deuxième  et  troisième  équa- 
tions du  mouvement,  celles  où  figureront  les  deux  dernières  expressions  (8), 
il  sera    admissible,    du  moins   à   une  première  approximation,    que    les 

termes  en  V^;     ,  ['\   ■  n'atteignent  })as  de  très  fortes  valeurs,  la  petitesse  du 

facteur  V^  y  compensant,  au  besoin,  la  grandeur  de  la  dérivée  en  x  qui  y 
constitue  l'autre  facteur,  s'il  arrivait  que  ce  facteur  devînt  considérable; 
et   alors  ces   deux   équations ,    résolues    respectivement   par   rapport   à 

— ^ — —y  assigneront  visiblement,  à  ces  deux  dérivées  en  x  de  co^  et  w,, 

des  expressions  de  valeur  modérée. 

))  C'est  dire  que  to-,  to^  varient  graduellement  à  la  traversée  de  la  couche 
de  transition,  ou  y  restent  sensiblement  constants  et  finis.  Or  les  deux  der- 
nières expressions  (7  ),  qui  sont  celles  de  to^,  co^,   montrent  qu'alors  les 

deux  dérivées  ■     , '       sont  aussi  de  grandeur  modérée,  et  que,  par  suite, 

les  déplacements  tangentiels  r^y  '(  ont,  comme  les  rotations  moyennes  co^,,  co^, 
même  valeur,  très  sensiblement ,  dans  les  deux  milieux  contigus,  de  part  et 
d'autre  de  leur  surface  séparative. 

»  Les  deux  dérivées  de  •/],  C  en  x  sont  donc  finies;  et  les  deux  termes 
en  V^  signalés  ci-dessus  restent  ici  négligeables,  même  à  une  approxima- 
tion plus  élevée  que  la  première  :  ce  qui  assure  la  vérification  des  quatre 
précédentes  conditions,  spéciales  à  la  surface  séparative,  conditions  dites 
définies,  nécessaires  et  suffisantes  pour  déterminer  les  problèmes.  En  effet, 
la  relation  G  =  o  de  transversalité,  impliquée,  dans  chacun  des  deux  mi- 
lieux contigus,  en  partie  par  la  forme  des  équations  indéfinies  et  en  partie 
par  la  nature  du  mouvement  (ou  propagé  d'ailleurs  ou  périodique), 
rend  un  des  trois  déplacements  ç,  r,,  '(,  solidaire  des  autres;  et  elle  réduit 
à  quatre,  seules  essentielles,  les  six  conditions  définies  qui,  sans  cela, 
seraient  indispensables  ('  ). 


(')  On  démontre,  du  reste,  assez  facilement,  par  la  considération  de  l'énergie  po- 
tentielle de  l'étlier,  exprimable  au  moyen  des  trois  variables  tOy.,  Wy,  oj-  (dont  la  pre- 
mière est  égale,  comme  les  autres,  sur  les  deux  faces  de  la  couche  de  transition,  tj  et  C 
l'étant),  que  l'égalité  des  déplacements  tangentiels  et  des  rotations  moyennes,  de  part 
et  d'autre  des  surfaces  séparatives,  suffît  bien,  avec  les  équations  indéfinies  propres 
aux  milieux  homogènes  contigus,  pour  déterminer  la  suite  des  mouvements  vibratoires, 
à  partir  d'un  élat  initial  donné. 


SÉANCE    DU    4   AOUT    1902.  271 

»  Ainsi  se  déduisent  très  simplement,  des  équations  indéfinies  elles- 
mêmes  ('  ),  les  conditions  de  continuité  spéciales,  en  optique,  à  toute  sur- 
face séparative,  conditions  dont  les  unes  avaient  été  posées  par  Fresnel, 
les  autres  entrevues  et  admises  par  Cauchy,  mais  que  M.  Henri  Poincaré  a 
nettement  établies,  dans  son  Cours  de  1888  Sur  la  théorie  mathématique  de 
la  himière  (p.  SSg). 

«  II.  Prenons  maintenant  pour  origine  le  point  oîi  le  rayon  incident 
perce  la  couche  de  transition;  pour  axe  des  x  la  normale  menée,  dans  le 
second  milieu,  à  la  surface  séparative;  enfin,  pour  axe  des  r,  la  projection, 
sur  cette  surface,  de  la  normale  aux  ondes  planes  incidentes,  tirée  égale- 
ment de  l'origine  vers  le  second  milieu;  et  appelons,  dans  le  plan  des  xy, 
i,  p  les  deux  angles  aigus  faits,  avec  les  x  positifs,  par  cette  normale  aux 
ondes  incidentes  et  par  la  normale  analogue  aux  ondes  planes  réfractées, 
i'  l'angle,  aigu  aussi,  fait  avec  les  x  négatifs  par  la  normale  aux  ondes  réflé- 
chies. Les  vibrations  étant  transversales  dans  les  deux  milieux,  si  l'on 
désigne  par  to,  w',  w,  les  vitesses  de  propagation  respectives  de  ces  ondes 
planes  (vitesses  estimées  suivant  les  normales  correspondantes),  et  que 
l'on  pose,  pour  abréger, 

(9)  {i,m)  =  ^-^^^^^  (l,m)=^'''''f''''\        (l„m)  =  ^-^^^^^, 

on  pourra  prendre,  comme  pour  deux  milieux  transparents  en  repos  : 
i"  dans  le  rayon  incident, 

(l=f(^t  —  lx  —  my), 

(10)  1  ^  ^  —  nnùY (^t  ~  Ix  —  my), 

[  n  =  loiFÇt  —  Ix  —  my), 

formules  où  /  et  F  seront  deux  fonctions  arbitraires,  exprimant  les  dépla- 
ments  successifs  apportés  par  les  ondes  incidentes  suivant  les  deux  azimuts 
principaux;  2°  dans  le  rayon  réfléchi,  des  déplacements  corrélatifs  'Ç ,  l',  r', 
ayant  comme  expressions 

/  l'  =  V/(t+-kx-7?iy), 
(i  j)  '  E'  =  Qwo/  F(/  -+-  A.T  —  7ny), 

f  '/]'  —  Qltù'  F{l  +lx  —  my)  ; 

(')  Comme  M.  Polier  en  avait  eu  le  premier  l'idée,  en  l'appliquant  dès  1872,  et 
grâce  à  l'épaisseur  (un  peu  comparable  aux  longueurs  d'onde)  des  couches  de  tran- 
sition. 


272  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

3^  enfin,  dans  le  rayon  réfraclé,  des  déplacements  '(,  \,  n  de  la  forme 

(12)  U,  =  -  Q,/''2w,F(^  -  /,.îr  —  mj), 

(  r„  =  Q,/,co,F(/'- /,a7-?^7). 

En  effet,  les  deux  déplacements  tangentiels,  *(  +  "C  et  t)  4- /]'  d'une  part, 
(^,  et  T,,  d'autre  part,  à  é£i;aler  respectivement  pour.r  =  o,  n'auront  aucun 
autre  facteur  variable  que  le  facteur  alors  commun /(/  —  /;? /)  ou  F(^  —  my^  ; 

et,  de  même,  les  doubles  rotations  moyennes,  —j-^^ —  et  —^ — -fi, — 

d'une  part,  Jr^  ^t  -^'  —  ^^  d'autre  part,  à  égaler  encore  pour  ^  =  o,  n'au- 

ront  alors  de  variable  que  leur  facteur  commun  f\t  —  wj)  ou  V\t  —  my'). 
Par  suite,  les  quatre  conditions  lie  continuité,  réduites  à  deux  systèmes 
séparés  d'équations  du  premier  degré  en  P  et  P,,  Q  etQ,,  seront  bien 
vérifiables. 

»   m.  Mais  il  aura  fallu  prendre  égales,  dans  (9),  les  trois  valeurs  de7?z, 
ou  poser  la  proportion  ordinaire  des  sinus. 


(,3) 


sin  p 


entre  les  trois  sinus  des  angles  faits,  avec  la  normale  Ox  à  la  surface  sépa- 
rative,  par  les  perpendiculaires  co,  o/,  w,  abaissées  de  l'origine  sur  les  trois 
ondes  planes  incidente,  réfléchie,  réfractée,  considérées  une  unité  de 
temps  après  leur  passage  à  l'origine,  et  ces  perpendiculaires  elles-mêmes. 
Or,  les  trois  ondes  planes  en  question  sont  tangentes  aux  deux  ondes  courbes 
fictives,  ici  sphériques,  censées  nées  dans  les  deux  milieux,  à  Torigine  O, 
lors  de  ce  commun  passage  des  ondes  planes  en  O;  et  Tégalilé  des  rap- 
ports (i3)  exprime  que  ces  trois  j^lans  tangents  ont  trace  commune  sur  le 
plan  ^  =  o  de  la  surface  séparalive. 

»  Eu  d'autres  termes,  la  construction  d'Huvgens  s'applique  (étant  donné 
le  rayon  incident)  à  la  détermination  de  l'onde  incidente  tangente,  puis 
des  i\ei\x  ondes  tant  réfléchie  que  réfractée  et,  par  suite,  à  celle  des  rayons 
réfléchi  et  réfracté,  aboutissant  aux  points  de  contact  respectifs  des  ondes 
planes  correspondantes  avec  les  deux  ondes  courbes.  Seulement,  ces 
rayons,  issus  de  l'origine  et  non  des  centres  des  ondes  courbes,  feront, 
avec  les  normales  aux  ondes  planes  correspondantes,  qui  partent  des  centres 
mêmes,  de  petits  angles,  constituant  justement  V aberration  des  rayons. 


SÉANCE    DU    /|    AOUT    1902.  278 

)*   IV.   Les  quatre  équations  de  condition  donnent  immédiatement 

et 


(|4) 

Il  en  résulte 


/-A 


P, 


L  _ 

_Q 

_-^2j 

Oj 

0)' 

to. 

).  +  / 

À  H-  / 1  * 

(i5)  et 


)'    l^io-^ —  ho-  „     (0,    Xio'^4-  /co- 

^*  0)    loi'-  -+-  /i  ojf 


C03 i     cosi      cos? 


len,  par  la  substitution,  a  l,  a,  /,,  de ,  — r~'  '  P^'^^  ^  ^'  ^'^  »   '^'^i' 

des  quantités  proportionnelles  sim,  sini',  sinp,  et,  enfin,  par  la  réduc- 
tion h  I,  dans  Q,,  du  focteur  cos('/  -  i),  sauf  erreur  négligeable  de  l'ordre 
de  (i' —  t)-  : 

/  sini'  sin(p  —  t)  ,-j    sinp  sin(^'+  t) , 


sint  sin(p  H- l'j                 '         sin  i  sin  (  i' H- p  )  ' 
sim' sin(p  —  i)  cos(p  + '.)    __  p  cos( 
sini  sin(p  H- '.')  cos(p  — '-')  cos( 

sinp  sin(  t' +  0  cos(  i' — t)    Pi 


{    r\  )  O    —   ^'"^^^'"(P  ~  Ocos(p  +  '•)    _  p  cos(p  +  '-) 

^      ^  1^  sinisin(p  + '.')  cos(p  - '.')  cos(p  — t') 

0.= 


^'         sint  sin(i'-f- p)  cos('.' —  p)         cos(i'— p) 

1)  V.  Par  exemple,  si  la  vibration  incidente  est  rectiligne  et  fait,  dans 
le  plan  de  l'onde,  un  angle  a  avec  l'axe  des  z,  trace  de  l'onde  sur  la  surface 
séparative,  ses  deux  composantes  dans  les  deux  azimuts  principaux  res- 
pectifs seront  entre  elles  comme  cosoc,  sina;  et  les  deux  composantes 
analogues  du  rayon  réfracté  seront  entre  elles,  par  l'introduction  des  fac- 
teurs correspondants  d'amplitude  P,,  Q,,  comme  P,  cosa,  Q,  sina.  Par 
suite,   l'azimut  a,   de  polarisation  du  rayon  réfracté  aura   [xnir  tangente 

§itanga.  ;  et  l'on  aura,  pour  le  calculer,  la  formule  exlrèmement  simple 

/       \  cota.  Pi  /  /  \ 

(17)  ■  — T^  ^  rf  =  cos(i'-- p).  » 

^    ^  ^  cota  \)i  \  1  / 


274  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Démonstration  expénmen laie  delà  décomposition 
de  l'acide  carbonique  par  les  feuilles  insolées.  Note  de  MM.  P. -P.  Dehérain 
et  E.  Demoussy. 

«  Quand,  dans  les  cours  de  Physiologie  végétale,  on  veut  montrer  que 
les  feuilles  éclairées  émettent  de  l'oxygène  par  décomposition  de  l'acide 
carbonique,  on  a  généralement  recours  à  la  méthode  imaginée  par  Cloëz 
et  Gratiolet,  il  y  a  plus  d'un  demi-siècle.  Cette  méthode,  utilisée  par  Bous- 
singault  dans  les  mémorables  recherches  où  il  a  démontré  que  le  volume 
d'oxygène  dégagé  est  égal  à  celui  de  l'acide  carbonique  disparu,  consiste  à 
immerger  les  feuilles  dans  une  solution  faible  d'acide  carbonique  qui 
remplit  complètement  un  flacon  de  i'  ou  2'  muni  d'un  bouchon  portant 
un  tube  abducteur. 

»  Quand  on  emploie  des  plantes  submergées,  VElodea  Canadensis,  le 
Potamogeton  Crispas,  le  Ceratophyllum  submersum,  on  réussit  bien;  mais 
quand  on  introduit  dans  l'eau  carbonique  des  feuilles  aériennes,  l'expé- 
rience manque  souvent;  en  outre,  immerger  des  organes  aériens,  pour  les 
voir  accomplir  leur  principale  fonction,  n'est  pas  satisfaisant  pour  l'esprit, 
et  nous  avons  résolu  de  disposer  cette  expérience  dans  l'air. 

»  Ici  se  présente  cette  difficulté  que  les  feuilles  plongées  dans  une 
atmosphère  très  chargée  d'acide  carbonique  le  réduisent  difficilement;  il 
fallait  imaginer  une  méthode  qui  permît  d'ajouter  peu  à  peu,  à  l'atmosphère 
l'acide  carbonique  à  décomposer. 

»  Après  quelques  essais  infructueux,  nous  nous  sommes  arrêtés  au  pro- 
cédé suivant  : 

))  On  place  les  rameaux  feuillus  sur  lesquels  on  opère  dans  une  cloche  à  gaz  de 
i5o'™'  à  200'"'"',  qu'on  retourne  sur  une  dissolution  saturée  d'acide  carbonique  ;  en 
penchant  cette  cloche  on  en  fait  sortir  la  plus  grande  partie  de  l'air,  on  n'en  laisse 
qu'une  cinquantaine  de  centimètres  cubes;  la  cloche  est  alors  placée  dans  un  grand 
vase  à  précipité  rempli  de  la  dissolution  d'acide  carbonique;  on  immerge  complè- 
tement de  façon  à  éviter  l'échaufTement  de  l'atmosphère  pendant  l'exposition  au  soleil. 

»  Si  Ton  a  pris  la  précaution  de  marquer  par  un  trait  sur  la  cloche  le  point  où 
s'arrête  la  dissolution  intérieure,  on  ne  larde  pas  à  voir  le  volume  du  gaz  augmenter. 
Si  l'on  trouve  que  cette  augmentation  est  lente,  on  agite  le  liquide  de  la  cloche,  de 
façon  à  favoriser  le  dégagement  de  l'acide  carbonique.  Celui-ci  est  décomposé  par  les 
feuilles,  remplacé  par  de  l'oxygène  qui,  étant  peu  soluble  dans  l'eau,  augmente  sans 
cesse  le  volume  du  gaz. 


SÉANCE    DU    4    AOUT    1902.  273 

»  Quand  il  a  doublé,  on  sort  la  cloche  et,  en  la  retournant,  on  rallume  facilement 
une  allumette  ou  une  paille  ne  présentant  qu'un  point  en  ignition. 

»  Voici  la  teneur  en  oxygène  de  quelques-unes  des  atmosplières  obtenues  en 
employant  cette  méthode. 

Richesse  en  oxygène  d'atmosphères  dans  lesquelles  ont  séjourné 
différentes  feuilles  exposées  au  soleil. 

Matricaire [\i  d'oxygène  dans  toc  de  gaz. 

Menthe 43                            » 

Asperula  odorala 4^                            » 

Blé 48                           » 

Pyrethruni  inodoruni ...  53                            » 

Campanula  pyramidalis 57                            » 

))  L'opération  est  très  facile  à  conduire,  et  elle  présente  cet  avantage  que 
l'augmentation  de  volume  du  gaz  montre  les  progrés  de  la  décomposition; 
on  ne  met  fin  à  l'expérience  que  lorsque  cette  augmentation  est  suffisante 
pour  qu'on  soit  certain  de  rallumer  une  allumette,  ce  qui  exige  au  moins 
ITïï  d'oxygène. 

»  On  a  cru,  à  diverses  reprises,  et  récemment  encore,  que  la  décompo- 
sition de  l'acide  carbonique  par  les  feuilles  était  accompagnée  du  dégage- 
ment de  gaz  combustibles,  oxyde  de  carbone,  hydrogène,  hvdrogènes  car- 
bonés; nous  n'avons  jamais  pu  constater  ces  dégagements;  en  opérant 
régulièrement  avec  l'excellent  eudiomètre  de  M.  Schlœsing,  on  trouve  que 
le  volume  d'oxygène  dégagé  est  rigoureusement  égal  à  celui  de  l'acide  car- 
bonique disparu,  et,  en  faisant  détoner  les  gaz  provenant  de  la  décomposi- 
tion, avec  du  gaz  de  la  pile,  on  ne  constate  aucune  diminution  de  volume.  » 


PATHOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Les  périthêces  du  Rosellinia  necatrix. 
Note  de  M.  Ed.  Prillieux. 

«  Le  champignon  parasite  qui  cause  le  plus  souvent  la  pourriture  des 
racines  des  arbres  fruitiers  et  des  vignes  a  été  très  bien  étudié  par 
Rob.  Hartig,  qui  a  fait  connaître  non  seulement  ses  organes  de  végétation, 
les  filaments  mycéliens  qui  envahissent  les  racines  et  les  tuent,  mais  des 
organes  de  reproduction  qui  apparaissent  à  la  surface  des  plantes  mortes, 
sur   lesquelles  le  parasite  couLituie  de  vivre  en  saprophyte.  Ce  sont  des 


276  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

faisceaux  de  filaments  dressés  qui  se  ramifient  au  sommet  en  branches 
conidifères.  Rob,  Hartig  a  donné  au  champignon  ainsi  caractérisé  le  nom 
de  Dematophora  necatrix. 

»  On  sait  que,  pour  un  champignon  donné,  à  des  formes  conidiennes 
peuvent  correspondre  d'autres  formes  de  fructification  et  particuliè- 
rement des  fruits  contenant  des  asques.  Pour  le  Dematophora  necatrix, 
Rob.  Hartig  n'a  pu,  malgré  de  longues  recherches,  trouver  de  fruits  asco- 
phores,  mais  il  a  fait  cette  profonde  remarque  que  \q  Dematophora  necatrix 
ressemble,  tant  par  ses  conidies  et  leur  mode  de  développement  sur  les 
filaments  fructifères  que  par  l'organisation  de  ses  cordons  mycéliens,  au 
Rosellinia  quercina,  à  tel  point  qu'il  y  a  lieu  de  supposer  qu'il  n'est  rien 
autre  chose  que  la  forme  conidienne  d'un  champignon  appartenant  au 
même  genre  Rosellinia  ou  à  un  genre  voisin. 

»  Plusieurs  années  après  la  publication  du  beau  Mémoire  de  Rob.  Hartig, 
Viala  observa  pour  la  première  fois,  sur  des  racines  de  cerisier  et  des 
souches  de  vigne  tuées  par  le  pourridié,  les  périlhèces  du  Dematophora 
necatrix.  Il  fit,  du  pourridié  et  de  l'histoire  complète  du  Dematophora 
necatrix,  le  sujet  d'un  important  travail  dans  lequel  il  étudia  en  détail  et 
figura  ces  périthéces,  dont  la  structure  ne  lui  parut  pas  justifier  la  suppo- 
sition de  Rob.  Hartig.  Il  les  décrit  comme  des  conccptacles  entièrement 
clos  et  indéhiscents,  comparables  à  ceux  des  Tubéracees;  mais  recon- 
naissant, d'autre  part,  que  le  Dematophora  necatrix  s'écarte  par  divers 
caractères,  et  notamment  par  ses  fructifications  conidiennes,  des  Tiihéra- 
cées,  qui  n'en  présentent  jamais,  il  a  proposé  de  considérer  le  Dematophora 
necatrix  comme  le  type  d'une  famille  spéciale,  celle  des  Dématophorées, 
intermédiaire  aux  Tubéracees  et  aux  Sphériacées. 

»  Depuis  la  publication  du  Mémoire  de  Viala,  il  n'a  été  possible  à  aucun 
observateur  de  voir  des  péritlièces  de  Dematophora  necatrix;  toutefois, 
Berlèse,  en  étudiant  le  Rosellinia  aquila,  a  été  frappé  de  la  grande  analogie 
de  structure  que  présentent  les  périthéces  des  Rosellinia  et  ceux  du  Dema- 
tophora, d'après  les  dessins  mêmes  et  les  descriptions  de  Viala. 

»  Depuis  plusieurs  années,  j'ai  tenu,  dans  des  conditions  d'humidité 
convenables,  dans  le  jardin  de  la  Station  de  Pathologie  végétale,  des  ra- 
cines d'arbres  fruitiers  divers  tués  par  le  Dematonhora  necatrix.  Elles  se 
sont,  à  maintes  reprises,  couvertes  de  fructifications  conidiennes;  enfin, 
j'ai  vu  s'y  développer  des  périthéces.  La  première  apparition  de  ces  péri- 
théces se  produisit  en    1898  sur  un  arbre   mort  au   commencement   de 


SÉANCE    DU    4    AOUT    1902.  277 

juin  1896  dans  le  potager  de  Versailles.  Je  n'ai  pu  les  observer  jusqu'à  com- 
plète maturité,  mais  il  s'en  est  produit  une  poussée  nouvelle  en  1902, 
que  j'ai  pu  étudier  à  loisir. 

»   Comme  l'a   observé  Viala,  ces  périthèces   sortent  de  la  croûte  stromatique  qui 
a   déjà  porté   des   conidiophores;  ils  se  forment  dans  le  feutrage  des  filaments  mycé- 
liens   bruns   qui   couvrent  les  racines  mortes  depuis  longtemps.  Ils  se  montrent  nom- 
breux, pressés  les  uns  contre  les  autres,  entourés  des  débris  des  arbres  conidiophores. 
Ils  ont  environ  i™'",5  de  diamètre  ou   un  peu  plus;  ils   sont   globuleux,  un   peu   dé- 
primés à  leur   sommet   avec  une  papille  saillante.  Ils  sont  d'un  gris  brunâtre;  la  pa- 
pille est  noire  et  entourée  d'une  auréole  noirâtre.  Quand  le  périthèce  est  mûr,  vers  le 
milieu  de  juillet,  on  voit  souvent,  au-dessus  de  la  papille,  une  petite  masse  globuleuse 
noire   constituée  par  l'agglomération  des  spores  qui  sont  expulsées  hors  du  périth'èce 
sous  forme  d'une  masse  pâteuse.  Parfois,  j'ai  vu,  sur  des  périthèces  placés  dans  un  mi- 
lieu  extrêmement   humide,   apparaître  une  grosse  goutte  de  mucilage  contenant  les 
spores.   Le   périthèce  mûr  se  fendille  très  aisément;  j'ai  vu  des  périthèces,  portant  à 
l'extrémité  de  leur  papille  un  bouton  de  spores  noires,  se  briser  spontanément  en   se 
desséchant   au   sortir  d'un  milieu  très  humide.  Souvent,  on  voit  apparaître,  dans  ces 
conditions,   de   grandes  fentes  partageant  la  coque  dure  du  périthèce.  J'ai  vainement 
cherché   à   m'assurer   de  l'existence  d'une  osliole  régulière  au  sommet  de  la  papille. 
J'ai  parfois  vu  l'ouverture  par  où  est  sortie  la  petite  masse  de  spores  formant  un  trou 
sensiblement  rond  auprès  et  non  au  sommet  de  la  papille  primitive  :  c'est  une  ouver- 
ture en  forme  de  fente.  Je  pense  que  l'orifice  servant  à  l'expulsion  des  spores  est  pro- 
duit par  de  petites  crevasses  qui  se  forment  aisément  dans  le  tissu  de  la  papille. 

>)  Au-dessous  de  la  couche  externe  dure  et  friable  du  périthèce  se  trouve  une 
couche  tendre  blanchâtre,  bordée,  du  côté  de  l'intérieur  du  fruit,  par  une  membrane 
d'une  couleur  jaunâtre  qui  se  sépare  aisément  au  moment  de  la  maturité  de  la  coque 
dure  et  forme  un  sac  qui  n'adhère  fortement  à  la  paroi  que  par  son  extrémité  supé- 
rieure. La  membrane  de  ce  sac  est  tapissée  extérieurement  par  un  hyménium  qui  porte 
dans  la  cavité  du  périthèce  de  très  longues  et  très  fines  paraphyses,  au  milieu  des- 
quelles naissent  les  asques,  disposés  comme  elles  en  rayonnant  vers  le  centre  du  fruit. 
Quand  la  coque  externe  se  brise,  en  se  crevassant  à  la  maturité,  elle  montre  une  sur- 
face intérieure  blanche  et  lisse  et  laisse  à  découvert  le  sac  jaunâtre  qui  contient  les 
files  de  spores  noires  dans  une  masse  mucilagineuse. 

»  Les  paraphyses  sont  des  filaments  simples,  grêles,  hyalins,  très  longs,  que  Viala 
a  décrits  comme  des  filaments  mycéliens  constituant  un  pseudoparenchyme  qui  rem- 
plit la  cavité  du  fruit. 

»  Les  asques  naissent  entre  ces  paraphyses  en  direction  rayonnante;  ils  sont  fili- 
formes, allongés,  cylindriques,  mais  amincis  par  leur  partie  inférieure  en  un  pédicelle 
qui  a  à  peu  près  le  même  diamètre  que  les  paraphyses.  Us  ont  de  365!^  à  38o!^  de  long 
sur  8!^,  5  à  9!^-  de  large.  Dans  les  asques  se  produisent  les  spores,  au  nombre  de  8,  en 
forme  de  fuseau  non  exactement  symétrique,  un  peu  arquées,  à  extrémités  très  aiguës. 
Mûres,  elles  ont  de  43!^  à  ^n\^,5  de  long  sur  'jV-  de  large.  Elles  restent  assez  longtemps 
incolores  et  montrent  à  leur  intérieur  des  gouttelettes  réfringentes;  en  mûrissant, 
elles  deviennent  noires  et  opaques.   Elles  sont  disposées  dans  l'asque  obliquement  en 

C.  R.,  1902,  2«  Semestre.  (T.  CXXXV,  N»  5.)  ^^ 


27B  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

une  seule  série.  La  première  spore  de  la  série  n'occupe  pas  la  partie  terminale  de 
l'asque,  dont  le  sommet  présente  une  disposition  très  singulière  qui  a  été  étudiée  et 
figurée  dans  le  Roselliiiia  quercina  par  Rob.  Hartig  et  dans  le  Rosellinia  aquila  par 
Berlèse.  Viala  l'a  certainement  vue  dans  le  Dematophora  necalrix,  mais  il  a  cru  que 
l'asque,  un  peu  dilaté  à  son  extrémité,  est  terminé  par  un  espace  vide  qu'il  a  désigné 
sous  le  nom  de  chambre  à  air.  En  réalité,  on  peut  aisément  s'assurer  que  cette 
prétendue  chambre  à  air  est  formée  par  une  matière  dense  qui  se  colore  en  bleu  par 
l'iode  et  qui  forme  une  sorte  de  bouchon  beaucoup  plus  résistant  que  la  paroi  de 
l'asque. 

)>  Quand  le  moment  de  la  maturité  arrive  et  que  les  spores  noircissent,  la  paroi  de 
l'asque  se  gélifie;  les  paraphjses,  également,  deviennent  peu  distinctes  et  se  fondent 
dans  une  masse  mucilagineuse  où  l'on  voit  les  spores  noires  disposées  en  file,  dans  la 
situation  où  elles  se  sont  formées.  Mais,  alors  encore,  l'emploi  de  l'iode  permet 
de  distinguer  le  bouchon  qui  précède  la  file  de  spores. 

»  Tous  ces  détails  de  la  structure  du  jîérithèce  du  Dematophora  necalrix 
ne  permettent  pas  de  douter  que  ce  champignon  soit  bien  un  Rosellinia.  Il 
devra  porter  le  nom  de  Rosellinia  necalrix.    » 


CHIMIE.    —    Hydrogénation   direcle  des  oxydes  de  V azole  par  la  jnéthode 
de  conlact.  Note  de  MM.  Paul  Sabatier  et  J.-B.  Senderens. 

«  On  sait  depuis  longtemps  que  la  mousse  de  platine  peut  servir  à  pro- 
voquer la  réduction  directe  des  divers  oxydes  de  l'azole  par  l'hydrogène. 

»  Il  nous  a  paru  intéressant  de  voir  si  le  nickel  ou  le  cuivre  réduils,  qui 
servent  de  base  à  la  méthode  générale  d'hydrogénation  que  nous  avons 
instituée  pour  les  composés  organiques  volatils  et  paiticulièrement  pour 
les  dérivés  nitrés,  pourraient  être,  vis-à-vis  des  oxydes  de  l'azote  eux- 
mêmes,  substitués  à  la  mousse  de  platine. 

»  I.  Oxyde  azoteux.  —  Dœbereiner,  puis  Dulong  et  Thénard  avaient  observé  que 
la  mousse  de  platine,  placée  dans  un  mélange  d'oxyde  azoteux  et  d'hydrogène,  s'y 
échauffe  jusqu'à  l'incandescence,  en  donnant  de  l'eau  et  de  l'azote. 

»  Au  contraire,  Kuhlmann  {Ann.  der  Chem.  und  Pharm.,  t.  XXIX,  p.  27.2)  a 
trouvé  que  la  mousse  de  platine  n'agit  pas  à  la  température  ordinaire  sur  le  mélange 
des  deux  gaz,  mais  que,  si  Ton  chauffe,  elle  donne  lieu  à  une  production  importante 
d'ammoniaque. 

M  Ainsi  que  nous  l'avons  établi  dans  nos  recherches  antérieures  {An?i.  de  Chim.  et 
de  Phys.,  'j^  série,  t.  VU,  p.  o/JS),  le  nickel  réduit  n'exerce  à  froid  aucune  action  sur 
l'oxyde  azoteux  seul.  Mais  il  réagit  immédiatement  dès  la  température  ordinaire  sur 
le  mélange  d'oxyde  azoteux  et  d'hydrogène  :  il  se  produit  un  échauffement  intense. 

»   Avec  un  grand  excès  d'hydrogène,  tout  l'oxyde  azoteux  disparaît  :  il  y  a  produc- 


SÉANCE    DU    4    AOUT    UjOI.  279 

lion  exclusive  d'eau  el  d'azote,  sans  aucune  formation  d'ammoniaque  ou  d'hydrazine. 
On  a 

»  D'après  les  données  thermiques  qui  ont  été  fournies  par  M.  Berthelot,  cette  réac- 
tion dégage  +  78*^*', 9  (eau  gazeuse). 

»  Aussi,  quand  on  accroît  dans  le  mélange  la  proportion  d'oxyde  azoteux,  on  déter- 
mine une  vive  incandescence  au  début  de  la  traînée  du  métal.  Par  suite  de  la  haute 
température  ainsi  atteinte,  l'oxyde  azoteux  subit  en  partie  une  décomposition  complexe, 
où  apparaissent  des  vapeurs  rutilantes  nitreuses  :  l'hydrogénation  de  ces  dernières, 
effectuée  par  les  portions  voisines  et  très  chaudes  du  métal,  fournit  un  peu  d'ammo- 
niaque. 

»  Le  cuivre  réduit  n'exerce,  à  la  température  ordinaire,  aucune  action  sur  le  mélange 
d'oxyde  azoteux  et  d'hydrogène  :  mais,  à  partir  de  180",  température  à  laquelle,  d'après 
nos  observations  anciennes  [loc.  cit.),  l'oxydation  du  métal  par  l'oxyde  azoteux  n'a 
pas  encore  lieu,  la  réaction  se  produit,  et  donne  de  l'eau  et  de  l'azote. 

»  Avec  une  dose  suffisante  d'oxyde  azoteux,  elle  peut  amener,  comme  pour  le  nickel, 
l'incandescence  du  métal  et,  par  suite,  la  production  de  faibles  quantités  d'ammo- 
niaque. 

»  II.  Oxyde  azotique.  —  Faraday,  puis  Kuhimann,  ont  indiqué  que  la  mousse  de 
platine  réagit  vivement  dès  la  température  ordinaire  sur  les  mélanges  d'oxyde  azo- 
tique et  d'hydrogène,  pour  donner  de  l'eau  et  de  l'ammoniaque. 

»  Reiset  avait  trouvé  que  la  production  d'ammoniaque  à  partir  du  mélange  des 
deux  gaz  peut  être  réalisée  au  rouge  par  les  oxydes  d'étain,  de  zinc,  de  cuivre,  surtout 
et  très  aisément  par  l'oxyde  ferrique,  même  dans  une  faible  mesure  par  la  pierre  ponce 
pulvérisée  {Comptes  rendus,  t.  XV,  1842,  p.  162). 

»  Le  nickel  réduit  n'agit  pas  à  froid  sur  le  mélange  d'oxyde  azotique  et  d'hydro- 
gène :  mais,  au-dessus  de  180°,  on  observe  une  forte  diminution  du  volume  gazeux, 
due  à  la  production  d'eau,  d'ammoniaque  et  d'azote  libre.  En  présence  d'un  excès 
d'hydrogène,  l'oxyde  azotique  est  transformé  tout  entier  selon  les  deux  réactions  si- 
multanées : 

^fO  +  H5=NlP+IPO, 

»  D'après  les  données  thermiques  établies  par  M.  Berthelot,  la  première  de  ces 
réactions  dégage  ga*^"',!.  La  seconde,  qui  tend  à  devenir  plus  importante  quand  la 
température  s'élève,  dégage  79*^^^ 9  (eau  gazeuse). 

»  La  présence  de  l'azote  est  constante  dans  le  phénomène,  et  il  ne  peut  en  être 
autrement;  car  on  sait,  et  nous  avons  vérifié,  que  l'oxyde  azotique  réagit  sur  le  gaz 
ammoniac,  lentement  à  froid,  beaucoup  plus  vite  si  l'on  chauffe,  surtout  en  présence 
des  métaux  divisés,  et  tend  à  donner  de  l'eau  el  de  l'azote. 

»  Si  l'on  augmente  la  proportion  d'oxyde  azotique  dans  le  mélange,  on  arrive 
à  provoquer  l'incandescence  du  métal,  que  l'on  voit  alors  s'oxyder  partiellement  auv 
dépens  de  l'oxyde  azotique. 

»  Le  cuivre  réduit  se  comporte  exactement  comme  le  nickel,  au-dessus  de  180°. 


28o  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

»  Le  liquide  ammoniacal,  recueilli  dans  les  deux  cas,  ne  renferme  que  de  l'ammo- 
niaque, sans  azotate,  ni  azotite.  Il  ne  contient  pas  d'hjdroxjlamine,  comme  l'indique 
l'absence  de  pouvoir  réducteur  vis-à-vis  du  bichromate  ou  de  la  liqueur  de  Fœhling. 

»  III.  Peroxyde  d'azote.  —  Kublmann  avait  observé  que  le  mélange  de  peroxyde 
d'azote  et  d'hydrogène  produit,  dès  la  température  ordinaire,  l'incandescence  de  la 
mousse  de  platine  avec  transformation  totale  en  ammoniaque  et  production  assez 
fréquente  de  redoutables  explosions. 

»  En  dirigeant  à  froid,  sur  du  nickel  récemment  réduit,  de  l'hydrogène  ayant  bar- 
boté dans  du  peroxyde  d'azote  liquide  maintenu  au-dessous  de  o",  on  ne  constate  qu'un 
léger  échauflfement,  dû  à  une  formation  de  nickel  nilré  (Paul  Sabatier  et  Senderens, 
Aîin.  de  Chim.  et  de  Phys.,  7"  série,  t.  YII,  p.  4i3).  Mais  si  l'on  élève  vers  180°  la 
température  du  métal,  on  constate  une  production  abondante  d'ammoniaque,  selon  la 
formule 

NO-+H^=NH5  +  2H20, 

réaction  qui  dégage  -|-j36<^"',3  (eau  gazeuse,  NO-  vers  200°). 

»  En  augmentant  la  proportion  des  vapeurs  de  peroxyde  d'azote,  on  voit  apparaître 
des  fumées  blanches  d'azotate  et  d'azotite  d'ammonium;  puis  l'incandescence  se  ma- 
nifeste au  début  de  la  traînée  de  métal,  et  elle  est  généralement  suivie  d'une  violente 
explosion. 

»  Avec  le  cuivre  réduit,  le  phénomène  est  tout  à  fait  analogue  :  à  froid,  on  observe 
une  faible  élévation  de  température,  due  à  la  condensation  du  peroxyde  d'azote  par 
formation  de  cuivre  nitré  {loc,  cit.,  p.  l^oi).  Vers  iSo°,  il  y  a  production  d'ammo- 
niaque, et,  si  la  dose  de  peroxyde  d'azote  devient  un  peu  importante,  il  y  a  incandes- 
cence de  cuivre,  suivie  fréquemment  d'une  explosion. 

»  L'action  positive  exercée  sur  le  mélange  de  j^eroxyde  d'azote  et  d'hydrogène  a 
pour  conséquence  nécessaire  une  action  similaire  sur  la  vapeur  d'acide  azotique. 

»  Quand  celle-ci,  entraînée  par  un  excès  d'hydrogène,  arrive  dans  l'intérieur  du 
tube  à  métal,  chauffé  au-dessus  de  j8o°,  elle  se  dissocie  partiellement,  à  cette  tempé- 
rature, en  eau,  oxygène  et  peroxyde  d'azote.  Au  contact  du  métal  actif  qui  se  trouve 
dans  le  tube  (mousse  de  platine,  nickel,  cuivre),  ce  peroxyde  d'azote  se  trouve  aussi- 
tôt hydrogéné  et  changé  en  ammoniaque  :  il  s'en  refait,  dans  la  vapeur,  une  nouvelle 
proportion,  qui  est  également  transformée,  et  cela  jusqu'à  disparition  complète  de  tout 
l'acide  azotique. 

»  En  opérant  a\'^c  un  tube  où  se  trouve  étalée  une  couche  mince  de  nickel  réduit 
chauffée  vers  200°,  une  partie  de  l'acide  azotique  demeure  fixée  à  l'état  d'azotate  d'am- 
monium, sur  la  partie  supérieure  du  tube,  où  la  température  n'atteint  pas  200°  :  le  sel 
fondu,  encore  stable  à  cette  température,  s'y  accumule  en  certaine  proportion,  et  par- 
fois coule  sur  le  métal,  y  déterminant  une  incandescence  passagère. 

»  Quand  le  métal  est  chauffé  à  35o°,  il  n'y  a  plus  aucun  dépôt  de  nitrate  d'ammo- 
nium, mais  seulement  formation  d'eau,  d'ammoniaque  et  d'une  certaine  dose  d'azote 
libre. 

»  Le  cuivre  conduit  à  des  résultats  tout  à  fait  semblables. 

»   On  voit  donc  que,  pour  effectuer  la  réduction  des  oxydes  de  l'azote 


SÉANCE    DU    4   AOUT    1902.  28 1 

par  l'hydrogène,  le  nickel  et  le  cuivre  réduits  peuvent  être    substitués  à 
la  mousse  de  platine.  » 


CORRESPONDANCE. 

MÉCANIQUE  APPLIQUÉE.  —   Mesure  de  la  limite  élastique  des  métaux. 
Note  de  M.  Ch.  Fremont,  présentée  par  M.  Maurice  Levy. 

«  La  mesure  de  la  limite  élastique  des  métaux,  essayés  à  la  traction  ou 
à  la  compression,  s'évalue  sur  le  diagramme  tracé  automatiquement  pen- 
dant l'opération  mécanique;  on  l'exprime  en  kilogrammes  par  millimètre 
carré  de  la  section  primitive  de  l'éprouvetle. 

»  Ou  a  été  ainsi  conduit  à  définir  la  limite  élastique  d'après  la  configu- 
ralion  du  diagramme. 

w  Or,  à  la  suite  d'expériences  à  la  compression,  j'ai  constaté  que  les 
indications  données  par  les  diagrammes  obtenus  avec  les  instruments  les 
plus  précis  étaient  inexactes,  et  que  cette  inexactitude  n'était  pas  due  à 
l'insuffisance  de  précision  des  instruments,  mais  à  l'impossibilité  maté- 
rielle d'obtenir  en  pratique  un  ajustage  parfait  des  éprouvettes  et  une 
direction  mathématiquement  rectiligne  des  attaches;  l'éprouvette  est,  en 
effet,  toujours  tirée  ou  comprimée  pkis  ou  moins  obliquement. 

»  Ainsi,  dans  des  essais  de  compression  j'ai  trouvé  que,  pour  un  acier 
dont  la  limite  élastique  réelle  était  de  24''^,  les  diagrammes  indiquaient 
cette  limite  à  Si^g,  55,  11^^, ^6,  12}"^,^^,  i3'^s,9o,  i4'^«,ioet  i5'^s,7o. 

))  Jusqu'ici  l'on  n'a  pas  attaché  d'importance  à  ces  deux  causes  d'irré- 
gularité, probablement  parce  qu'on  supposait  que  sous  l'effort,  dès  le 
début  de  l'opération  mécanique,  les  mordaches  prenaient  une  direction 
rectiligne,  que  les  tètes  des  éprouvettes  s'appuyaient  normalement  et  que 
l'éprouvette  considérée  comme  restée  homogène  était  enfin  soumise  à  un 
effort  également  réparti  sur  toute  la  section. 

»  Pour  constater  qu'il  n'en  est  pas  ainsi,  il  suffit  de  polir  parfaitement 
la  surface  de  l'éprouvette  (*);  on  voit  alors,  comme  on  le  sait,  au  moment 


(^)  Je  dis  qu'il  faut  polir  parfaitement,  parce  qu'un  polissage  imparfait  ne  laisse 
apercevoir  que  les  déformations  plus  grossières  que  les  défauts  du  polissage  lui- 
même. 


252  ACADEMIE    DES   SCIENCES. 

précis  où  le  diagramme  indique  la  limite  élastique  par  un  changement  plus 
ou  moins  important  de  direction,  la  surface  de  Téprouvette  se  dépolir 
dans  certaines  parties  suivant  des  lignes  discontinues. 

»  Il  est  évident  que  la  limite  élastique  (par  définition)  n'a  été  dépas- 
sée que  dans  les  régions  déformées,  c'est-à-dire  localement;  le  diagramme 
n'a  donc  donné  que  la  limite  élastique  de  l'éprouvette  avec  ses  imperfec- 
tions, dans  les  conditions  également  imparfaites  de  l'essai,  et  nullement 
la  limite  élastique  vraie  du  métal.  La  surface  interne  déformée  et  écrouie, 
résultat  des  irrégularités  initiales,  les  perpétue  jusqu'à  la  fin  de  l'essai  et  se 
traduit  par  une  suite  de  déformations  locales  et  généralement  obliques. 

»  Aucune  indication  ne  précise,  sur  le  diagramme,  le  passage  à  la  limite 
élastique  réelle  du  métal  considéré,  et,  dans  certains  cas,  une  éprouvette 
soumise  à  un  effort  croissant  ne  présente  pas,  au  passage  à  la  limite  élas- 
tique du  métal,  la  déformation  caractéristique,  car  lorsque  l'effort  corres- 
pondant à  cette  limite  est  atteint,  dans  certaines  régions  de  l'éprouvette, 
le  métal  est  au-dessus  et,  dans  d'autres,  est  au-dessous  de  cette  limite  élas- 
tique. 

»  Partant  de  là,  pour  déterminer  exactement  la  limite  élastique  il  faut 
commencer  par  tasser  l'inégalité  provenant  du  défaut  d'ajustage  de  l'éprou- 
vette, en  localisant  dans  une  partie  de  section  plus  faible  que  le  reste  de 
l'éprouvette  les  premières  déformations,  jusqu'à  ce  que  l'effort  soit  uni- 
formément réparti. 

»  J'ai  obtenu  ce  résultat  en  employant,  pour  la  compression,  des  éprou- 
vettes  en  forme  de  tronc  de  cône  ou  de  pyramide  tronquée  et,  pour  la 
traction,  des  éprouvettes  en  forme  de  tronc  de  cône  terminé  par  un 
cylindre  à  la  plus  faible  section  du  cône.  La  déformation  initiale  irrégu- 
lière est  alors  localisée  dans  la  partie  la  plus  faible  de  l'éprouvette  et  se 
propage  ensuite  sur  la  surface,  qu'elle  dépolit  en  nappe  continue. 

))  L'examen  au  microscope  du  bord  de  cette  nappe  dépolie  permet  de 
constater  qu'il  existe  pour  les  métaux  deux  types  de  déformations  à  la  limite 
élastique,  et  cette  distinction  se  retrouve,  qu'il  s'agisse  de  traction  ou  de 
compression. 

»  Preiyiier  type.  —  La  déformation  s'effectue  brusquement  sous  un  effort  donné,  le 
dépoli  est  franchement  limité  par  une  ligne  bien  déterminée  et  la  limite  élastique  est 
une  et  se  mesure  exactement  par  un  nombre.  C'est  le  type  de  l'acier,  dont  le  dia- 
gramme présente  un  palier. 

»  Second  type.  —  La  déformation  s'effectue  graduellement  sous  un  effort  donné,  le 
dépoli  n'est  pas  franchement  limité  par  une  ligne,  et  la  limite  élastique  ne  peut  être 


SÉANCE    DU    4    AOUT    1902.  283 

évaluée  exactement;  elle  est  soumise,  dans  certaines  limites,  à  une  appréciation  arbi- 


traire. 


»  L'aspect  général  des  diagrammes  ordinaires  noos  donne  une  idée  de 
ces  deux  types  de  déformations,  mais  non  la  représenlulion  fidèle,  permet- 
tant d'en  obtenir  la  mesure,  comme  il  vient  d'être  dit,  et  tel  acier  à  palier 
pourra  donner  un  diagramme  sans  palier;  tel  acier  à  déformation  graduée 
pourra  donner  un  petit  palier,  par  suite  d'une  coïncidence  de  plusieurs 
affaissements  ou  allongements  simultanés. 

»  En  résumé,  les  lignes  de  déformations  locales,  signalées  pour  la  pre- 
mière fois  en  1854  par  Lùders,  mais  restées  inexpliquées  jusqu'ici,  sontla 
conséquence  d'une  répartition  inégale  de  l'effort  sur  la  section  de  l'éprou- 
vette,  résultant  d'une  précision  insuffisante  dans  l'ajustage  et  le  guidage; 
ces  lignes  n'existent  plus  et  sont  remplacées  par  une  nappe  continue  quand 
la  déformation  s'effectue  régulièrement  sous  un  effort  bien  également 
réparti.   » 


OPTIQUE.    —   Sur  une  nouvelle  méthode  de  mesure  optique   des    épaisseurs. 
Note  de  MM.  J.  Macé  de  Lépi\ay  et  H.  Buisson. 

«  L'un  de  nous  a  eu  l'honneur,  dans  une  précédente  Communication  (  ^  ), 
d'exposer  le  principe  d'une  nouvelle  méthode  de  mesure  interférentielle 
des  épaisseurs  ;  nous  nous  proposons  d'indiquer  sous  quelle  forme  nous 
avons  pu  la  réaliser  et  de  donner  les  résultats  de  quelques  expériences 
d'essai. 

»  Vu  la  nécessité  d'employer  exclusivement  des  sources  de  lumière 
monochromatiques,  les  phénomènes  utilisés  se  présentent  sous  les  aspects 
suivants  : 


»  Franges  des  lames  parallèles 


On  éclaire  la  région  étudiée  de  la 


lame  par  un  faisceau  de  lumière  convergente,  en  y  projetant  l'image  de  la  source.  Les 
franges  se  présentent  sous  la  forme  d'anneaux  concentriques  que  l'on  observe  dans  une 
lunette  réglée  pour  l'infini  soit  par  réflexion,  en  interposant  une  lame  de  verre  non 
étamée  entre  la  source  et  Ja  lame,  soit  par  transmission,  les  deux,  faces  de  la  lame  étant 
alors  faiblement  argentées  (-).  La  partie  fractionnaire  A,  de  l'ordre  d'interférence  au 

(')   21   avril   1902. 

('^)  De  ces  deux  modes  d'observation,  nous  préférons  le  premier,  malgré  la  moindre 


284  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

centre  P,  correspondant  à  l'incidence  normale,  est  donnée  en  fonction  du  diamètre 
apparent  D  du  premier  anneau  (sombre  dans  le  premier  cas,  brillant  dans  le  second), 
par 

La  lame  étant  placée  sur  la  plate-forme  horizontale,  mobile,  d'un  goniomètre,  le  dia- 
mètre apparent  se  mesure  en  faisant  tourner  celte  plate-forme  et  faisant  ainsi  défiler 
les  anneaux  dans  la  lunette  fixe.  Les  angles  de  rotation  sont  observés  par  la  méthode 
de  Poggendorfï'. 


»  Fran  ,res  des  lames  mixtes 


(il  —  \)e 


La    moitié  d'un   faisceau    de 


À 

lumière  parallèle  traverse  la  région  étudiée  de  la  lame,  l'autre  traverse  l'air.  Un  écran, 
placé  sur  la  lame  et  la  débordant,  porte  une  ouverture  rectangulaire  qui  permet  ce 
partage  du  faisceau.  On  observe  les  franges  au  moyen  d'une  lunette  fixe,  à  fort  grossis- 
sement, réglée  pour  l'infini.  Leur  aspect,  indiqué  par  les  formules  d'Airy  (^),  est  dis- 
symétrique, à  moins  que  l'on  n'ait 

0= ^  (maximum  central)  ou  6  =:  (2  ïv  +  i)   -  (minimum  central), 

8  étant  le  retard  de  Fonde  qui  a  traversé  la  lame  sur  celle  qui  a  traversé  l'air.  Or,  si 
l'on  fait  varier  d'une  manière  continue  l'inclinaison  de  la  lame  sur  l'onde  incidente,  on 
fait  varier  par  cela  même  0  et  Ton  réalise  une  série  de  maxima  et  de  minima  successifs, 
faciles  à  saisir,  surtout  ces  derniers.  Soit  alors  d  l'angle  des  deux  orientations  de  la 
lame  correspondant  au  premier  minimum  central,  de  part  et  d'autre  de  l'incidence 
normale  ;  la  partie  fractionnaire  a  de  l'ordre  d'interférence  p  sous  incidence  normale  est 
donnée  par  : 

1  d^ 
a-=L  h^ p  -— T, , 

2  8n- 

h  ayant,  selon  le  cas,  la  valeur  o  ou  i,  de  façon  que  a  soit  compris  entre  o  et  i. 

»  Sources. —  Les  radiations  utilisées  ont  été  les  radiations  rouge  (R),  verte  (V), 
bleue  (B)  du  cadmium  et  la  radiation  verte  du  mercure  (Vi). 

»  La  source,  limitée  à  une  surface  éclairante  de  2™'"  environ  de  diamètre,  est  placée 
au  foyer  d'une  première  lentille  coUimatrice  Cj,  Le  faisceau  parallèle  obtenu  traverse 
un  prisme  à  vision  directe  spécial,  servant  en  même  temps  de  polariseur  (^),  formé 
d'un  prisme  de  quartz,  à  arêtes  parallèles  à  l'axe,  immergé  dans  une  cuve  rectangulaire 


netteté  des  anneaux,  afin  d'éviter  la  correction,  toujours  incertaine,  provenant  du 
changement  de  phase  par  réflexion  sur  l'argent.  Cette  correction  peut  atteindre  o,[\i 
de  période. 

(*)  Mascaht,  Traité  d' Optique,  t.  I,  p.  475- 

(^)  Les  lames  que  nous  avons  étudiées  jusqu'ici  sont,  en  efTet,  des  lames  de  quartz 
parallèles  à  l'axe.  On  pourrait,  dans  le  cas  de  lames  isotropes,  remplacer  le  prisme 
polarisant  par  un  prisme  de  crown. 


SÉANCE    DU    4    AOUT    1902.  285 

contenant  un  mélange  de  i  de  benzine  et  |  de  sulfure  de  carbone.  La  source  et  la  len- 
tille sont  portées  par  une  planchette  qui  tourne  autour  d'un  axe  vertical  passant  par 
le  prisme. 

»  Pour  observer  les  anneaux,  le  faisceau  émergent  est  reçu  sur  une  lentille  fixe  C3, 
de  4o"^  de  distance  focale;  il  va  former  dans  un  plan  intérieur  à  la  lame  un  spectre 
présentant  une  série  d'images  de  la  source  nettement  séparées.  L'une  d'elles  est  amenée, 
en  orientant  convenablement  la  source,  à  tomber  sur  la  partie  découverte  de  la  lame; 
les  autres  sont  interceptées  par  l'écran  qui  la  recouvre. 

»  Pour  observer  les  franges  des  lames  mixtes,  il  faut  substituer  au  miroir  non 
étamé  l'écran  rectangulaire  et  éclairer  ce  dernier  par  un  faisceau  de  lumière  parallèle. 
On  y  parvient  en  introduisant  entre  le  prisme  etla  lentille  C3  un  collimateur  renversé, 
constitué  par  une  lentille  G2,  tournée  vers  le  prisme,  et  une  fente  F,  placée  au  foyer  de 
la  lentille  C3.  L'une  des  images  de  la  source  étant  amenée  à  se  former  sur  cette  fente, 
le  faisceau  correspondant  devient  parallèle  au  delà  de  C3.  La  lentille  C2  et  la  fente  F 
sont  liées  invariablement  l'une  à  l'autre  et  reposent  par  trois  pointes  sur  plan,  trou  et 
fente;  le  support  de  ces  derniers  est  réglé  une  fois  pour  toutes,  de  telle  sorte  que  si 
une  image  donnée  de  la  source  se  forme,  dans  ces  conditions,  sur  la  fente,  elle  se 
forme  sur  la  partie  découverte  de  la  lame  quand  on  enlève  le  collimateur  renversé  C^V . 

»  Grâce  à  celte  disposition,  le  passage  d'une  radiation  à  une  autre,  tout  aussi  bien 
que  celui  des  franges  aux  anneaux  correspondant  à  une  même  radiation,  n'entraîne 
aucune  perte  de  temps  :  20  minutes  suffisent  pour  effectuer  les  huit  mesures  corres- 
pondant aux  quatre  radiations  employées  et,  pendant  ce  temps,  dans  les  conditions 
où  nous  sommes  placés,  la  température  ne  varie  que  de  o^jOa. 

»  Résultats.  —  Nous  nous  contenterons  de  donner,  à  titre  d'exemple, 
les  résultats  suivants  (lame  de  quartz  parallèle  à  l'axe,  rayon  ordinaire), 
raïuenés  à  une  même  température,  18°,. 5o  : 

I.  II.  m. 

jR 99oo!\92  9900!^-, 91  99001^,94 

^'  |V 99001^,93  9900!^-,  93  9900!^-,  94 

,  iR....      1,5426879  1,5426893  1,5426870 

^^''^  '  j  V....      1,5486369  1,5486366  1,5486867 

))  On  voit  qu'il  est  possible  de  compter  sur  une  approximation  de  o!\o2 
à  oi\oi  pour  l'épaisseur,  d'une  unité  du  sixième  ordre  décimal  pour 
l'indice. 

')  Nous  avons  étudié  de  même,  et  avec  le  même  succès,  une  lame  de 
quartz  de  2^"°  d'épaisseur.  Nous  avons  pu  nous  assurer,  d'autre  part,  que 
la  méthode  serait  facilement  applicable  à  une  lame  de  flint (indice  1,7233), 
de  3*="^  d'épaisseur,  donnant  des  jinneaux  de  môme  ordre  qu'un  quartz  ou 


(  '  )  Indices  absolus. 

G.  H.,  1903,  2'  Semestre.  (T.  GVXXV,  N"  5.) 


286  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

un  crown  de  S'^'^jS  d'épaisseur.  Il  y  a  tout  lieu  de  penser  qu'il  nous  sera 
possible  d'aborder  directement  l'étude  de  lames  plus  épaisses  encore.    » 


PHYSIQUE,  —  Réflexion  de  la  lumière  sur  un  miroir  de  fer  aimanté  perpen- 
diculairement au.  plan  d'incidence.  Note  de  M.  P.  Camman,  présentée  par 
M.  Mascart. 

«  Une  théorie  complète  de  la  réflexion  de  la  lumière  sur  les  miroirs 
métalliques  aimantés  a  été  donnée  par  M.  C.-H.  Wind  dans  les  Archives 
néerlandaises  (2'' série,  t.  I,  1897).  Dans  le  cas  particulier  où  l'aimanta- 
tion est  perpendiculaire  au  plan  d'incidence,  la  conclusion  est  la  suivante  : 
Si  la  lumière  incidente  est  polarisée  dans  le  plan  d^incidence,  l'aimantation 
n'a  aucune  influence  sur  la  réflexion.  Elle  fait,  au  contraire,  varier  à  la 
fois  la  phase  et  l'amplitude  de  la  lumière  réfléchie,  si  le  rayon  incident  est 
polarisé  perpendiculairement  au  plan  d'incidence.  Ce  sont  ces  résultats 
théoriques  que  j'ai  vérifiés  expérimentalement,  en  mesurant  la  variation  de 
la  différence  de  phase  entre  les  deux  composantes  principales  et  celle  de 
l'azimut  rétabli. 

»  La  source  lumineuse  est  une  lampe  à  arc.  La  lumière,  rendue  suffisamment  mono- 
chromatique pour  les  mesures  par  son  passage  à  travers  une  cuve  de  fuchsine,  est 
concentrée  par  un  condenseur  en  un  trou  de  2™™  de  diamètre  percé  dans  un  écran 
métallique  mince;  ce  trou  est  placé  au  foyer  d'une  lentille  de  3o'='^  de  dislance  focale. 
Le  faisceau  qui  en  est  issu  traverse  un  polariseur.  Le  plan  de  polarisation  faisait  des 
angles  de  45°  et  de  60°  avec  le  plan  d'incidence  dans  les  deux  séries  d'observations 
effectuées.  La  lumière  se  réfléchit  sur  deux  miroirs  de  fer  plans  et  parallèles,  de  2'='"  de 
longueur  sur  i<^'"  de  hauteur,  taillés  dans  deux  cadres  de  fer  doux  de  Suède  formant 
les  armatures  de  deux  petits  électro-aimants.  Les  faibles  dimensions  de  ces  cadres 
(9'''"  de  longueur,  b""^  de  hauteur,  2*=™  de  largeur  et  i«^™  d'épaisseur)  permettent  de  les 
placer  sur  une  plate-forme  spéciale  adaptée  à  cet  effet  sur  un  cercle  de  Jamin.  On 
peut  ainsi  mesurer  l'angle  d'incidence,  régler  les  miroirs  et  les  rendre  parallèles  en 
faisant  coïncider  dans  la  lunette  les  images  du  rayon  direct  et  du  rayon  réfléchi  deux 
fois. 

»  L'étude  de  la  lumière  i^éfléchie,  polarisée  elliptiquement,  se  fait  au  moyen  d'une 
lame  de  mica  quart  d'onde  et  d'un  analyseur;  en  réalité,  les  deux  lames  de  mica  suc- 
cessivement employées  n'étaient  pas  exactement  quart  d'onde,  mais  les  relards  de 
l'une  des  vibrations  principales  étaient  respectivement  de  o,  265  et  o,  268  Xd  de  la  raie 
moyenne  D  du  sodium.  L'appareil  analyseur  est  l'analyseur  à  pénombre  Macé  de 
Lépinay.  Grâce  à  la  précision  et  à  la  sensibilité  de  cet  instrument,  les  erreurs  com- 
mises ne  dépassent  pas  les  erreurs  de  lecture  quand  on  opère  par  la  méthode  de  l'éga- 
lisation de  teinte  des  deux  plages:  quand  on  cherche  à  établir  l'extinction  en  suppri- 


SÉANCE  DU  4  AOUT  1902.  287 

mant  le  quartz  à  deux  rotations  qui  produit  les  deux  plages,  et  en  manœuvrant  à  la 
fois  l'analyseur  et  la  lame,  l'erreur  est  de  i'  en  moyenne.  On  en  déduit  que  la  diffé- 
rence de  phase  et  l'azimut  rétabli  sont  déterminés  à  6'  près  environ  pour  la  réflexion 
sur  un  seul  miroir. 

»  Les  données  des  expériences  sont  les  suivantes  : 

Incidence  principale  moyenne  des  deux  miroirs.     7i°5' 

Azimut  principal  moyen 26°58' 

Aimantation  maxima  en  unités  G.  G.  S i35o 

»  Les  résultats  des  expériences  sont  réunis  dans  le  Tableau  suivant  : 

Variations 


49,58 

5o 

60,2 

65 

68 

70 

70,80 

75 

77 '4o 

»  Les  chiffres  précédents  se  rapportent  à  la  réflexion  sur  un  seul  miroir,  les  varia- 
lions  étant  observées  en  renversant  l'aimantation  de  H-i35o  à  — i35o  unités  C.G.S. 
La  phase  étalon  est  celle  de  la  vibration  perpendiculaire  au  plan  d'incidence;  la  diffé- 
rence de  phase  est  son  avance  sur  la  vibration  dans  le  plan  d'incidence. 

»  Au-dessous  de  5o°  et  au-dessus  de  77°,  les  observations  sur  la  différence  de  phase 
donnent  des  résultats  peu  certains,  à  cause  de  la  petitesse  des  quantités  à  mesurer. 
Quant  à  l'azimut  rétabli,  sa  faible  valeur  ne  permet  de  l'observer  avec  quelque  certi- 
tude que  dans  des  limites  restreintes  au  voisinage  de  son  minimum. 

I)  Le  Tableau  qui  suit  donne  les  mêmes  variations  calculées  d'après  la  théorie 
de  M.  Wind.Des  deux  constantes  qui  entrent  dans  les  formules,  l'une,  la  phase  de  Sis- 
singh,  a  été  prise  égale  à  85"  suivant  la  valeur  donnée  par  cet  expérimentateur  ;  l'autre 
a  été  tix'ée  de  l'expression  précédemment  donnée  de  la  variation  de  la  difterence  de 
phase  à  70''. 


de  la  différence 

de  l'azimut 

de  phase. 

rétabli. 

12 

» 

12,5 

» 

20 

» 

26 

—  6 

33 

—  lO 

4i 

—  12 

45 

—  1 1 

34 

—  1 1 

25 

-  6 

Variations 

de 

la  différence 

de  l'azimut 

ncidences. 

de  phase. 

rétabli. 

0 
5o 

12,5 

60 

23 

65 

Si 

-i3,5 

68 

34 

-i3 

70 

41 

— 12,5 

72 

45 

—  1 1 ,5 

75 

40 

-8 

288  ACADÉMIE    DES  SCIENCES. 

))  Le  rapprochement  de  ces  deux  Tableaux  montre  que  les  difFérences 
entre  les  deux  séries  de  nombres  sont  de  l'ordre  des  erreurs  d'expérience. 
On  peut  donc  dire  que  les  expériences  précédentes  confirment  d'une  ma- 
nière satisfaisante  la  théorie  de  M.  Wind.  » 


PHYSIQUE  APPLIQUÉE.  —  Moyen  de  régler  les  résonateurs  de  haute  fréquence, 
en  vue  de  leur  emploi  médical .  Note  de  M.  H.  Guilleminot,  présentée  par 
*     M.  Bouchard. 

«  Les  résonateurs  de  haute  fréquence  employés  en  médecine  se  com- 
posent d'un  circuit  inducteur,  ou  générateur  du  champ  :  c'est  le  circuit  de 
décharge  des  condensateurs;  et  d'un  circuit  induit  à  l'extrémité  duquel 
se  produisent  les  effluves,  étincelles,  souffles.  Le  circuit  inducteur,  com- 
posé des  surfaces  condensatrices  et  du  conducteur,  présente  une  certaine 
capacité  c  et  un  certain  coefficient  de  self  L  desquels  dépend  la  période 
des  oscillations  du  courant  de  décharge,  et  par  conséquent  leur  longueur 
d'onde,  d'après  la  formule  T  =  2T:y/LC. 

»  L'induit  a  un  rendement  d'autant  meilleur  qu'il  est  mieux  accordé 
pour  le  champ  considéré.  Je  n'ai  pas  à  m'étendre  ici  sur  le  sens  qu'il  faut 
donner  à  ces  mots  :  accord  du  résonateur  avec  le  champ  oscillant.  Quoi  qu'il 
en  soit,  le  réglage  d'un  résonateur  consiste  à  faire  varier  la  self  ou  la 
capacité  du  générateur  par  rapport  à  celles  de  l'induit. 

»  Dans  le  résonateur  Oudin  en  forme  d'hélice,  Finducleur  et  l'induit  sont  placés  à 
la  suite  l'un  de  l'autre,  et  le  réglage  consiste  à  prendre  plus  ou  moins  de  spires  comme 
inductrices,  diminuant  ou  augmentant  d'autant  le  nombre  des  spires  induites.  Dans  le 
résonateur  d'Arsonval  en  forme  de  bobine,  l'inducteur  est  invariable  comme  capacité 
et  comme  self,  mais  on  peut  le  promener  le  long  de  l'induit  auquel  il  est  extérieur, 
de  telle  sorte  que  l'on  modifie  la  longueur  des  deux  portions  droite  et  gauche  de  l'in- 
duit (par  rapport  au  plan  moyen  de  l'inducteur),  faisant  varier  du  même  coup  ses 
caractéristiques  et,  avant  tout,   sa  self. 

»  Dans  le  type  en  spirale  plate  que  j'ai  décrit  antérieurement  (*),  l'inducteur 
est  constitué  par  la  spire  externe  de  l'appareil,  et  l'induit  est  formé  par  toute  la 
partie  intérieure  de  la  spirale.  Celte  forme  de  résonateur  a  pour  but  d'utiliser 
l'énorme  champ  développé  sur  chacune  de  ses  faces,  d'une  part  pour  l'électrisation 
par  influence  des  malades,  d'autre  part  pour  la  production  par  influence  d'une  charge 
de  même  signe  ou  de  signe  contraire  dans  une  spirale  placée  en  regard  de  la  première 
et  dont  l'enroulement  est  de  même  sens  ou  de  sens  contraire.  Le  réglage  des  spirales 

(')  Arc/i.  d'Hlectr.  médicale,  1901,  p.  287. 


SÉANCE    DU    4   AOUT    1902.  289 

pouvait  se  faire  comme  celui  du  résonateur  Oudin.  Ce  réglage,  ici,  n'est  pas  commode, 
à  cause  des  connexions  à  établir  entre  les  deux  spirales  à  travers  l'espace  utile  à 
l'emploi. 

»  J'ai  été  ainsi  amené  à  chercher  un  autre  mode  de  réglage.  Celui  que 
je  présente  ici  est  applicable  d'ailleurs  à  tous  les  résonateurs. 

»  J'ai  d'abord  cherché  s'il  était  pratiquement  possible  d'obtenir  le 
réglage  en  prenant  comme  variable  le  facteur  C  dans  la  formule  . 

T=:2-vLC, 

c'est-à-dire  en  faisant  varier  la  surface  des  condensateurs.  Après  une  série 
d'essais,  faits  notamment  avec  un  condensateur  à  feuilles  d'étain  formé  de 
4o  touches  de  3*^™  x  ij'^^  et  jumellées  quatre  par  quatre  sur  les  deux  dié- 
lectriques, de  manière  à  obtenir  une  surface  variant  de  70'""'  à  700'^'"',  j'ai 
renoncé  à  ce  procédé,  qui  ne  permet  qu'imparfaitement  d'arriver  au  résultat 
cherché.  Pour  utiliser  au  mieux  l'énergie  d'une  bobine  donnée,  il  y  a 
avantage  à  prendre  un  condensateur  tel  que  sa  capacité  et  son  étincelle  de 
décharge  soient  maxima,  la  décharge  se  produisant  à  chaque  interruption 
du  trembleur.  Je  n'insiste  pas  sur  ces  expériences,  dont  le  résultat  négatif 
m'a  conduit  à  chercher  de  nouveau  le  réglage  cii  prenant  comme  variable 
le  coefficient  de  self  dans  l'expression  y/LC. 

))  J'ai  introduit  dans  le  circuit  une  bobine  de  self  variable  constituée  tout  simple- 
ment par  un  fil  de  cuivre  de  grosse  section  formant  une  hélice  d'une  quinzaine  de 
spires  et  analogue  ù  l'hélice  que  le  professeur  d'Arsonval  mettait  en  dérivation  entre 
les  armatures  externes  des  bouteilles  de  Leyde,  lors  de  ses  expériences  prolongées 
où  il  était  utile  d'avoir  cette  dérivation  de  garda  contre  les  décharges  à  basses 
fréquences. 

»  Cette  bobine  de  réglage,  je  le  répète,  est,  pour  le  cas  qui  nous  occupe,  placée  en 
circuit  et  non  en  dérivation.  Un  curseur  permet  de  mettre  plus  ou  moins  de  spires 
dans  ce  circuit,  de  manière  à  en  augmenter  plus  ou  moins  la  self.  Je  résumerai  en  deux 
mots  les  résultats  des  expériences  quejai  faites  avec  les  divers  résonateurs.  Lorsque 
l'on  se  trouve  dans  le  voisinage  des  meilleures  conditions  de  fonctionnement  d'un 
résonateur,  par  exemple  lorsque,  dans  le  résonateur  Oudin,  l'inducteur  comprend  de  i 
à  5  spires,  le  réglage  de  la  bobine  de  self  suffit  pour  assurer  le  rendement  maximum 
aussi  bien  que  le  réglage  précis  de  l'inducteur  qui  donnerait  le  rendement  maximum, 
par  exemple  à  4)5  spires.  Si  l'on  s'éloigne  de  ces  conditions,  que  l'on  n'ait  qu'une 
spire,  une  demi-spire,  on  arrive  encore,  avec  la  bobine  de  self,  à  avoir  un  rendement 
appréciable.  Et  même,  si  l'on  supprime  toute  spire  dans  l'inducteur  et  que  l'on  éta- 
blisse seulement  un  contact  à  l'origine  du  résonateur,  les  effluves  atteignent  encore 
gcra  5  nrm^  alors  que,  sans  la  bobine  de  self,  on  n'obtient  que  de  maigres  étincelles  de 
jmm  (ig  longueur. 


290  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Ces  résultais,  surtout  frappants  avec  le  résonateur  Oudin,  prouvent 
que,  dans  le  réglage  des  résonateurs,  c'est  moins  le  rap|)ort  des  longueurs 
ou  du  nombre  des  spires  de  l'inducteur  et  de  l'induit  qui  est  à  considérer, 
que  le  coefficietit  de  self  propre  du  circuit  inducteur. 

)>  Avec  les  spirales  telles  que  je  les  ai  construites,  on  se  trouve  dans  le 
voisinage  des  meilleures  conditions  de  rendement  lorsqu'on  prend  la 
spire  externe  comme  inductrice.  Aussi  la  mise  en  circuit  de  la  bobine  de 
self  réglable  donne-t-elle  des  résultats  tout  à  fait  satisfaisants  et  le  rende- 
ment de  la  spirale  ainsi  réglée  est  approximativement  égal  au  maximum.  » 


CHIMIE    ORGANIQUE.   —  Sur  le  gentiobiose;  préparation  et  propriétés  du 
gentiobiose  cristallisé.  Note  de  MM.  Em.  Bourquelot  et  H.  Hérissey. 

il  Nos  recherches  antérieures  (')  ont  établi  que  le  gentianose  est  un 
hexotriose,  C'^H^-0*%  qui,  traité  par  l'invertine  de  la  levure  haute  ou 
par  l'acide  sulfurique  très  étendu  bouillant  (2  pour  1000),  se  dédouble  en 
donnant  i"^*^^'  de  lévulose  et  i™°'  d'un  hexobiose  que  nous  avons  appelé 
gentiobiose. 

)>  Il  nous  faut  revenir  aujourd'hui  sur  le  dernier  sucre,  que  nous  avons 
réussi  enfin  à  obtenir  à  l'état  cristallisé,  ce  qui  nous  a  permis  d'en  faire 
une  étude  plus  approfondie.  Le  gentiobiose  diffère  d'ailleurs  dans 
quelques-unes  de  ses  propriétés,  suivant  le  dissolvant,  alcool  méthylique 
ou  alcool  éthylique,  dans  lequel  on  le  fait  cristalliser. 

«  Gentiobiose  cristallisé  dans  V alcool  niétliylique.  —  Pour  préparer  le  gentiobiose 
on  fait  d'abord  une  solution  avec  lo?  de  gentianose  et  de  l'acide  sulfurique  à  2  pour  luoo 
en  quantité  suffisante  pour  faire  100'^"''.  On  chauffe  cette  solution  au  bain-marie 
bouillant  pendant  3o  minutes;  on  laisse  refroidir,  on  neutralise  par  addition  de  car- 
bonate de  calcium,  on  fdtre  et  l'on  distille  le  liquide  filtré  dans  le  vide.  On  reprend  le 
résidu  à  l'ébullition,  une  première  fois  par  So"'"''  d'alcool  absolu,  puis  une  deuxième 
et  une  troisième  fois  par  So'^"'''  d'alcool  à  gô'';  on  enlève  ainsi  complètement  le  lévu- 
lose. Finalement,  on  reprend  par  So"^""'  d'alcool  méthylique  pur,  en  laissant  bouillir  à 
reflux  pendant  20  minutes,  et  l'on  filtre  bouillant. 

»  Le  gentiobiose  cristallise  dans  l'espace  de  quelques  jours,  se  rassemblant  en 
petites  lentilles  semi-sphériques  sur  les  parois  du  vase.  Le  rendement  est  de  4*''  à  4*^,50 
pour  les  los  de  gentianose.  On  le  purifie  par  une  nouvelle  cristallisation  dans  l'alcool 
métliylique. 


(^)  Sur  la  constitution  du  gentianose  {Comptes  rendus,  t.  GXXXII,  4  mars  190I; 

p.  571  ). 


SÉANCE  DU  4  AOUT  1902.  291 

»  Le  produit  ainsi  obtenu  est  blanc,  très  hygroscopique,  et  de  saveur  amère.  Des- 
séché dans  le  vide  sulfurique,  jusqu'à  ce  qu'il  ne  perde  plus  de  poids,  il  fond  à  la  tem- 
pérature de  85°,  5  à  86"  (corr.).  Si  l'on  chauffe  davantage,  il  se  boursoufle,  brunit  légè- 
rement, diminue  de  poids,  redevient  solide  et  fond  de  nouveau  vers  iSgo-igS"  en 
donnant  un  liquide  jaune  transparent. 

»  Le  genliobiose  cristallisé  dans  l'alcool  méthylique  est  dextrogyre  et  présente  le 
phénomène  de  multirotation,  le  pouvoir  rotatoire  étant  plus  élevé  au  moment  de  la 
dissolution.  Les  rotations  suivantes,  se  rapportant  à  une  solution  de  4^  de  gentiobiose 
desséché  dans  le  vide  sulfurique  pour  loo"'"',  montrent  les  variations  qui  se  produisent 
à  partir  du  commencement  de  la  dissolution  (/=  2;  t  ^=  22°). 

Après  6  minutes  de  dissolution , a  =:  4  1°  18' 

»        25  minutes  «  a=z-|-i°4' 

»        2  h.  3o  min.  »  a  =  -f-48 

»        3  h.  3o  min.  »  a  =  H-  4o' 

»        19  heures  »  a  =  +4^' 

ce  qui  donne  comme  pouvoir  rotatoire  définitif  de  ce  gentiobiose  ay  —  h  8",  33. 

»  Nous  avons  tout  d'abord,  et  dans  le  but  de  vérifier  la  formule  du  gentiobiose,  essayé 
de  déterminer  son  poids  moléculaire  par  la  méthode  de  Raoult,  en  employant  l'eau 
comme  dissolvant.  Au  lieu  d'obtenir,  comme  nous  le  pensions,  des  chiffres  voisins 
de  342  (G'-H-'^C  =  342),  nous  avons  trouvé  une  première  fois  128,  et  une  seconde 
fois  127,2.  Ces  résultats  singuliers  nous  ont  amenés  à  faire  l'analyse  organique  du 
produit. 

»   L'analyse  a  donné  en  centièmes: 

(l)       Crrr4i,3l  (2)       G  =r  40,98 


H=   7,43  H=    7,4 


chiffres  qui  ne  correspondent  point  à  la  formule  G'^H^^O"  (calculé  :  G=:  42,10; 
H:=6,44),  maisbien  à  la  formule  G^^  H^^O'i  4- 2  (GFPO),  c'est-à-dire  à  des  cristaux 
renfermant  2°^°^  d'alcool  méthylique  de  cristallisation  (calculé  :  G  =  4i  )37  ;  H  ^  7,38). 

»  Il  fallait,  dès  lors,  conclure:  i°  que  le  gentiobiose  donne  dans  l'alcool 
méthylique  des  cristaux  renfermant  2'"°^  de  cet  alcool;  2°  que  ces  cristnux 
sont  stables  dans  le  vide  sulfurique;  3°  que  la  fusion  de  ces  cristaux  à  85°,  5 
est  une  fusion  dans  l'alcool  méthylique  de  cristallisation.  Il  fallait,  en  outre, 
supposer  que,  en  les  chauffant  à  une  température  supérieure,  on  pourrait 
arriver  à  chasser  complètement  l'alcool  méthylique. 

»  On  a  donc  essayé  la  dessiccation  jusqu'à  poids  constant,  entre  100"  et  11 5°;  cette 
dessiccation  a  donné  les  résultats  suivants  : 

!•■*  apération:  perte  de  poids  pour  100 i5,02 

1^  opération  :  perle  de  poids  pour  loo..  .....      i5,o6 


292  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

soit  en  moyenne  i5,04  pour  100.  Or,  2™°*  d'alcool  méthylique  représentent  i5,  7 
pour  100.  La  concordance  est  donc  aussi  parfaite  que  possible. 

»  Au  surplus,  le  produit  ainsi  desséché  a  été  analysé  et  soumis  à  la  cryoscopie.  Les 
résultats  sont  venus  confirmer  la  formule  C^^H^-0*^ 

»  Gentiobiose  cristallisé  dans  l'alcool  éthylique,  —  Pour  l'obtenir,  on  suit 
d'abord  la  marche  exposée  plus  haut;  mais,  une  fois  le  lévulose  éliminé,  on  reprend 
le  résidu  par  de  l'alcool  à  90°  bouillant.  On  laisse  refroidir  et  l'on  décante  dans  un 
flacon  que  l'on  bouche.  La  cristallisation  spontanée  se  fait  très  lentement;  mais, 
quand  on  possède  du  produit  cristallisé,  on  peut  l'accélérer  en  amorçant.  Il  suffit  alors 
de  3  ou  4  jours  pour  qu'elle  soit  terminée.  Les  cristaux  forment  une  croûte  adhérente 
aux  parois  du  vase.  On  purifie  par  une  nouvelle  cristallisation  dans  l'alcool  à  90°. 

»  Le  produit  est  blanc  et  de  saveur  amère.  Desséché  dans  le  vide  sulfurique,  il  ne 
fond  pas  comme  le  précédent  au-dessous  de  100°.  Maintenu  à  1 15°  jusqu'à  poids  con- 
stant, il  n'a  perdu  que  1,07  pour  100.  On  peut  donc  le  considérer  comme  un  produit 
anhydre,  et,  de  fait,  il  ne  fond  que  vers  igoo-igS". 

»  Le  gentiobiose_ cristallisé  dans  l'alcool  éthylique  est  dextrogyre  et  présente  aussi 
le  phénomène  de  multirotation.  Mais,  à  l'inverse  de  ce  qui  a  lieu  avec  le  sucre  cristal- 
lisé dans  l'alcool  méthylique,  la  rotation  est  plus  faible  au  moment  de  la  dissolution; 
elle  est  même  gauche,  tout  à  fait  au  début.  Les  observations  suivantes,  efl^ectuées  sur 
une  solution  de  3s,  1 186  de  gentiobiose  pour  loo*''"',  représentent  ces  variations 
{1  =  2;  t  =  '?.i°)  : 

Après  6  minutes  de  dissolution a  rz: —  22 

»        1 5         ))  »  a  ^z  —  12 

»    ■    1  heure  »  a  .rr  -|-  20 

»       4  h.  3o  min.  »  a  :z=  -l-  3o 

»       6  heures  »  a  =z  +  36 

ce  qui  donne,  comme  pouvoir  rolatoire  de  ce  gentiobiose  :  a„  —  -^  9",6r. 

»  On  remarquera  la  dilTérence  entre  ce  chiffre  et  celui  que  nous  avons  donné  plus 
haut  pour  le  gentiobiose  méthylique;  mais  ce  dernier  renferme  i5,o4  pour  100 
d'alcool  méthylique  de  cristallisation,  et  si  l'on  calcule  le  pouvoir  rotatoire  sur  le  sucre 
vrai,  soit  sur  4?  —  o,6oi6  ou  3^,3984,  on  trouve  9°, 8.  Les  deux  déterminations  abou- 
tissent donc  à  des  chiffres  identiques. 

»  En  résumé,  le  gentiobiose  est  bien  un  hexobiose.  Dans  nos  recherches, 
il  a  cristallisé  sous  deux  états  :  à  l'état  anhydre  et  à  l'état  de  combinaison 
avec  l'alcool  méthylique;  ces  deux  sortes  de  produits  se  conduisant  diffé- 
remment à  l'égard  de  la  lumière  polarisée.    » 

CHIMIE  ORGANIQUE,  —  Chlorures  cuivricjues  ammoniacaux  anhydres. 
Radicaux  cupro-ammoniques.  Note  de  M.  Bouzat. 

«  J'ai  montré  {Comptes  rendus,  t.  CXXXIV,  p.  12  [6)  que  les  différents 
sels  cuivriques  dissous,  tels  que  les  chlorures,  sulfates,  acétates,  dégagent 


SÉANCE    DU    4    AOUT    1902.  2g3 

des  quantités  de  ehaleur  égales  en  se  combinant  à  l'ammoniaque.  Cette 
relation  m'a  permis  de  conclure  à  l'existence  de  radicaux  complexes 
formant  les  sels  cupro-ammoniques.  Il  importait  d'étendre  cette  théorie  aux 
sels  solides.  J'ai  été  ainsi  amené  à  reprendre  l'étude  des  composés  résul- 
tant de  l'action  du  gaz  ammoniac  sur  les  sels  de  cuivre  anhydres.  Les 
expériences  ont  porté  sur  les  chlorures  et  les  sulfates;  il  ne  sera  question 
aujourd'hui  que  des  chlorures. 

»  On  a  déjà  signalé  plusieurs  combinaisons  du  chlorure  cuivrique  et  de 
l'ammoniaque.  Rose  a  admis  l'existence  de  Cu  CP,  6  AzH^;  Graham  a  indiqué 
celle  de  CuCl-,2AzH^  J'ai  préparé  ces  corps  et  j'ai  trouvé,  en  outre, 
qu'entre  eux  il  y  en  a  un  troisième  bien  défini,  CuCl-,4AzH^.  Ces  com- 
posés sont  les  chlorures  de  radicaux  cupro-ammoniques;  on  peut  les  écrire, 
pour  représenter  leur  constitution  : 

/AzH'^  /AzHAm)  /AzAm-) 

^"\  A    TTo,2HCl,  (-U.  2HCI,  Ci\(    ^     .     „    2HCI, 

\AzH- )  \AzHAm)  \AzAm- ) 

Am  étant  le  groupement  AzH".  Ainsi  envisagés,  ils  constituent  une  série 
parallèle  à  celle  des  chlorhydrates  d'aminés  dérivées  de  l'éthylène.  Je  vais 
résumer  d'abord  leur  préparation;  j'indiquerai  ensuite  leurs  propriétés  et 
leur  chaleur  de  formation. 

»  L'absorption  du  gaz  ammoniac  par  le  chlorure  cuivrique  à  la  température  ordi- 
naire est  d'abord  très  rapide  ;  mais  elle  devient  de  plus  en  plus  lente  à  mesure  que  l'on 
approche  de  la  saturation,  et  il  faudrait  prolonger  très  longtemps  le  courant  de  gaz 
ammoniac  pour  obtenir  le  composé  saturé.  Rose  n'a  pu  avoir  qu'un  produit  de  compo- 
sition CuCl-,  5,76AzH^.  L'emploi  du  gaz  ammoniac  liquéfié  permet,  au  contraire,  de 
préparer  le  corps  CuCi"-,6AzlI*.  Après  avoir  distillé  du  gaz  ammoniac  exactement 
privé  d'eau  sur  du  chlorure  cuivrique  anhydre,  on  laisse  évaporer  l'ammoniac  en  excès 
en  maintenant  la  température  à  — 3o°  ;  il  reste  un  composé  qui  a  pour  formule 
CuCl-,6AzH^.  Ce  corps  est  dissociable  en  2AzH^  et  CuCl^,4AzH*;  la  tension  de  dis- 
sociation devient  égale  à  la  pression  atmosphérique  vers  go°.  CuCl-,4AzlP  est  disso- 
ciable à  son  tour  en  2AzH^  et  CuCl-,2AzH*;  la  tension  de  dissociation  devient 
égale  à  la  pression  atmospliérique  vers  i4o°. 

»  CuCP,2AzH^.  —  C'est  une  poudre  verte,  qui  donne  avec  l'eau  un  précipité 
d'oxychlorure. 

»   Chaleur  de  forviation  (deux  procédés)  : 

1°     CuClS2AzH3sol.4-6AzH3diss.(i2i)  — CuC12,8AzlPdiss.(i2').  +  S^^'^S 
d'où 

Cu  CF  sol.  +  2  AzH»  gaz  1=  Cu CP,  2  AzH'  sol -h45*^"',  5 

2°     CuCP,2AzH='sol.-F2HCldiss.  =  CuCFdis3. -t-2AzH*Cldiss..  -+-  t^\^i 
G.  R.,  1902,  2«  Semestre.  (T.  CXXXV,  N°  5.)  ^^ 


294  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Le  mélange  de  Gu  GP  diss.  à  AzH^Gldiss.  ne  produit  aucun  phénomène  ther- 
mique sensible.  Par  ce  second  procédé,  on  obtient  : 

Gu  GP  sol.  +  2  Az  H3  gaz  =  Gu  GP,  2  Az  H»  sol 4-45^^1, 6 

»   CuCt^,  [\AztP. —  G'est  un  corps  bleu,  soluble  dans  une  petite  quantité  d'eau.  La 
dissolution  laisse  déposer  un  précipité  d'hydrate  cuivrique  quand  on  l'étend. 
»    Chaleur  de  formation  (2  procédés)  : 

1°  GuGP,4AzH^sol.  +  8AzH3diss.(i6i)  =  GuGP,i2AzH^diss.  (16I).  —5^^1,5 
d'où 

Gu  GP  sol.  +  4 Az  H^  gaz  =  Gu  GP,  4 Az  H'  sol +72C»',o6 

2°  GuGP,4AzH»sol.  +  4HCldi3s.=rGuGPdiss.  +  4AzH*G[diss..  4-25C''Si8 
ce  qui  conduit  à 

Gu  GP  sol.  +  4  Az  H*  gaz  =  Gu  GP,  4  Az  H^  sol +72Cai,  ^g 

Pour  faire  le  calcul,  j'ai  pris  comme  chaleur  de  neutralisation  de  l'ammoniaque  dis- 
soute par  l'acide  chlorhjdrique  dissous  12^31^75,  nombre  que  j'ai  trouvé  pour  celte 
réaction  à  la  température  de  24°,  à  laquelle  ont  été  faites  les  expériences. 

»  CuCl^,  QÂzfP.  —  G'est  un  corps  bleu;  contrairement  aux  indications  de  Rose, 
il  possède,  quand  il  est  bien  exempt  d'eau,  une  couleur  bleue  peu  intense,  très  différente 
de  la  couleur  bleu  sombre  des  sels  cuivriques  ammoniacaux  en  solution  aqueuse.  11 
est  soluble  dans  l'eau;  la  dissolution  très  étendue  laisse  déposer  un  précipité  d'hy- 
drate cuivrique.  Il  n'est  pas  soluble  dans  le  gaz  ammoniac  liquéfié. 

»  Chaleur  de  formation.  —  Gomme  on  ne  peut  préparer  ce  corps  qu'en  petite 
quantité  par  l'emploi  de  l'ammoniac  liquéfié,  il  est  plus  commode  et  plus  exact,  pour  aVoir 
sa  chaleur  de  formation,  de  se  servir  du  mélange  de  GuGP,  6AztP  et  de  CuGP,  4AzH' 
qu'on  obtient  par  l'action  du  gaz  ammoniac  sur  le  chlorure  cuivrique 

GuGl-,  5,3AzH3  S0I.+  6,7  AzH^  diss.(i6')  r=  GuGP,  iiP^zW  diss.(i6i) . . .     — 8*^^1,20 

d'où 

GuGl2sol.  +  5,3AzH»gaz  =  GuGP,5,3AzHïsol +86c«i,5 

»  Comme  à  partir  de  CuGP,  4AzH*,  la  quantité  de  chaleur  dégagée  est  proportion- 
uelle  à  la  quantité  d'ammoniaque  fixée  : 

GuG12sol.  +  6AzH3gaz  =  GuGl-,  ôAzHSsol +94^^', 3 

»   Un  autre  composé,  GuGP,  5,2oAzH^,  a  conduit  au  nombre  94c»',  6. 

»  La  chaleur  de  fixation  des  deux  premières  molécules  d'ammoniaque 
sur  le  chlorure  cuivrique  est  de  45*^="',  5  ;  celle  des  deux  suivantes  de  26^^^,  6  ; 
celle  des  deux  dernières  de  22^^',  3.  Conformément  à  la  remarque  d'Isam- 
bert,  les  dégagements  de  chaleur  vont  en  diminuant,  et  les  tensions  de 
dissociation  des  produits  formés  augmentent.  M.  Matignon  a  indiqué  en 


+  H2gaz. . , 

.     +     7c«i 

,4 

-f-  H-  gaz. . , 

,     +  85c«i. 

(  2 

-i-H2  gaz.., 

.     +  Sac-l 

.9 

H-  H^  gaz . . . 

,     +  79^»!, 

,5 

-t-H-gaz. . . 

,      +101^^1, 

,8 

SÉANCE    DU   4   AOUT    1902.  295 

outre  que,   pour  tous  les  chlorures  ammoniacaux  étudiés,  le  rapport^ 

est  compris  entre  o,o3i  eto,o33,  T  étant  la  température  absolue  de  disso- 
ciation sous  la  pression  atmosphérique  et  Q  la  chaleur  de  combinaison 
d'une  molécule  d'ammor»iaque.  En  faisant  le  calcul,  on  voit  que  les  com- 
posés CuCP,  6AzH'  et  CuCP,  4AzH^  satisfont  à  cette  loi. 

»  Les  équations  suivantes  font  connaître,  pour  chaque  radical  cupro- 
ammonique,  la  chaleur  de  formation  et  la  chaleur  de  substitution  à  l'hydro- 
gène de  l'acide  chlorhydrique  i 

Cu  sol.  +  2  H  CI  gaz  =  Cu  CP  sol. 

H^  gaz  +  2  AzH^  gaz  4-  2HGI  gaz  =  aAzH^Ci  sol. 
Cu  sol.  +  2  Az H3  gaz  +  2 II  Cl  gaz  =z  Cu  (  Az  H^  )2  Cl^  sol. 
Cu  sol.H-  4AzH^  gaz  +  2HCI  gaz  =  Cu(AzH3)*  CP  sol. 
Cu  S0I.  +  6AzH^  gaz  +  2HCI  gaz  =r  Cu(AzH^)«  Cl^ 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Action  de  l'acide  nitreux,  en  solution  alcaline,  sur  les 
éthers  ^-cétoniques  cf.-substitués.  Note  de  MM.  Bouveault  et  KenéLocquin, 
présentée  par  M.  A.  Haller  (*). 

«  En  traitant  les  éthers  p-cétoniques  a-substitués  par  le  nilriie  de  soude 
et  la  quantité  moléculaire  correspondante  d'alcali  caustique,  MM.  Meyer 
et  Zûblin  ont  obtenu  des  éthers  d'acides  a-isonitrosés;  dans  les  mêmes 
conditions,  mais  avec  un  excès  de  base,  ils  ont  obtenu  des  monoximes 
d'a-dicétones.  Ils  expliquent  ces  résultats  par  le  dédoublement  de  l'éther 
nitrosé  vrai  : 

R-CO\     /CO-C^H^ 
AzOX^XR' 

qui  prendrait  d'abord  naissance,  mais  qu'ils  n'ont  pas  isolé.  D'autre  part, 
M.  Cérésole  a  montré  (^)  que  les  éthers  acétylacétiques  a-substitués 
sont  saponifiés  régulièrement  par  agitation  avec  les  alcalis  étendus  et 
froids;  il  a  pu  préparer  ainsi  les  acides  acétylacétiques  substitués  et  a  con- 
staté que  l'acide  nitreux  transforme  ces  derniers  en  monoximes  d'a-dicé- 
tones. Il  faut  donc,  pour  obtenir  ces  monoximes,  saponifier  d'abord  les 


(1)  Voir  Comptes  rendus,  séance  du  21  juillet  1902. 

(2)  Cérésole,  A  ch.  G.,  t.  XV,  p.  1874. 


296  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

éthers  dans  les  conditions  indiquées  par  M.  Cérésole,  et  ajouter  successive- 
ment à  la  solution  du  nitrite  de  sodium  et  un  acide. 

»  Ce  procédé,  qui  écarte  la  formation  préalable  d'un  éther  nitrosé  vrai, 
a  été  employé  par  MM.  Treadwell  et  Westenberger  (');  plus  tard, 
M.  von  Pechmann,  dans  ses  recherches  sur  les  homologues  du  diacétyle, 
a  opéré  d'une  façon  plus  compliquée  et  moins  avantageuse. 

»  Nous  avons  repris  ces  expériences  et  nous  n'avons  pu,  dans  aucun  cas, 
isoler  l'éther  nitrosé  vrai.  Cela  est  évidemment  insuffisant  pour  démontrer 
qu'd  ne  se  forme  pas;  nos  expériences  établissent  néanmoins  qu'il  n'est 
pour  rien  dans  l'obtention  des  monoximes  des  a-dicétones. 

»  En  effet,  en  appliquant  le  procédé  de  MM.  Treadwell  et  Westenberger  à 
l'isoam^lacétjlacétate  d'éthjle,  par   exemple,   on  obtient,  avec  un   rendement  quasi 

intégral,  la  nitroso-isoamylacétone  (-f^s/GH  —  (CH^)"^  _  G  — CO  — CH%  qui  n'avait 

AzOH 

pas  encore  été  décrite.  Elle  cristallise  dans  l'éther  de  pétrole,  fond  à  32°-33°  et  bout 
à  128°  sous  18'"'^.  Traitée  par  l'hjdroxylamine,  elle  fournit  la  dioxime,  fusible  à  181°, 
déjà  préparée  par  Fileti  et  Ponzio  {•). 

»  Mais,  quand  on  veut  étendre  cette  méthode  aux  nouveaux  homologues  de  l'éther 
acétylacétique,  éthers  dont  nous  avons  récemment  indiqué  la  préparation  {^),  on  con- 
state que,  avec  les  radicaux  substitués  de  poids  moléculaire  élevé,  elle  échoue  tota- 
lement, parce  que  la  saponification  de  l'éther  donne  naissance  à  un  sel  extrêmement 
instable,  qui  se  décompose  aussitôt  suivant  l'équation 

R-CO-ClI-CO^Na 

ji,  +NaOH=rR  — CO  — CII^  — R'  +  CO^Na^ 

Ainsi  l'octyl  (secondaire)  acétylacétate  d'éthyle,  ou  caprylacétylacétate  d'éthyle  (*), 
ne  donne  que  Voclyl  {secondaire)  acétone  ou  4  -  méthyl  décanone  -  2  bouillant 
à  1 15°  sous  25™"^,  et  dont  la  seinicarbazone  fond  à  66«. 

»  Dans  le  but  d'éviter  la  décomposition  du  sel  de  sodium  par  la  soude 
aqueuse,  nous  avons  évité  la  présence  d'eau,  en  nitrosant  par  un  procédé 
nouveau,  qui  nous  a  donné  un  résultat  tout  différent  de  celui  que  nous 
attendions. 

»  Nous  ajoutons  la  quantité  correspondante  d'éthylale  de  sodium,  dissous  dans 
l'alcool  absolu,  à  i'"°i  d'isoamylacétylacétate  d'éthyle;  puis,  nous  faisons  passer  dans 

{')  Treadwell  et  Westenberger,  D.  ch.  G.,  t.  XV,  p.  2786,  et  t.  XVI,  p.  2997. 

(2)  Fileti  et  Ponzio,  Gaz.  Ital.,  28,  II,  266. 

{')  René  Locquin,  Comptes  rendus,  t.  GXXXV,  1902,  p.  108. 

(*)  Bouveault  et  Locquin,  Comptes  rendus,  séance  du  21  juillet  1902. 


SÉANCE    DU    f\    AOUT    1902.  297 

ce  mélange  un  courant  de  nitrite  d'éthyle  gazeux  parfaitemenl  sec;  il  se  produit  un  vif 
échauffement,  qui  cesse  après  le  passage  de  1"°'  de  gaz.  On  arrête  alors  l'opération, 
on  chasse  l'alcool,  on  reprend  par  l'eau  et  l'on  rectifie.  Or,  la  réaction  se  passe,  inté- 
gralement, suivant  l'équation 

^"'^?.^^GH-CO^C^H^  +  AzO^G^H^=:CIP-CO^C^H5  +  C^Hii-C-CO^C^H5 

AzOH; 

c'est-à-dire  qu'on  a  l'ojcime  d'un  homologue  de  pyvuvate,  tout  comme  si  l'on  avait 
opéré  en  solution  acide  ('  ). 

»  Nota.  —  Si  l'on  remplace,  dans  cette  opération,  le  nitrite  d'éthyle  par  le  nitrite 
d'amyle,  d'un  emploi  plus  commode,  les  résultats  sont  tout  à  fait  analogues  ;  mais  il  y  a 
substitution  partielle  du  groupe  amyle  au  groupe  éthyle,  de  sorte  que  l'on  obtient  un 
mélange  des  deux  éthers  : 

G5Hii-G-CO'-C2H=^        et        C^H'i- G  -  CO^GHP' 
Il  II 

AzOH  AzOH 

»  Ainsi  donc,  on  obtient  le  même  résultat  en  présence  d'éthylate  de 
sodium  ou  en  présence  d'acide  sulfurique  concentré,  et  cela  parce  que, 
dans  aucun  des  deux  cas,  le  groupement  éther  n'a  été  saponifié.  Il  semble 
d'ailleurs  que,  si  l'éther  nitrosé  vrai  pouvait  exister,  il  aurait  dû  prendre 
naissance  dans  la  réaction  précédente. 

»  En  résumé,  selon  nous,  le  mécanisme  de  l'action  de  l'acide  nilreux 
sur  les  éthers  ^-cétoniques  a-substituésdoit  être  énoncé  ainsi  : 

»  Si  la  réaction  se  fait  dans  des  conditions  telles  que  le  groupe  éther  ne  soit 
pas  saponifié,  ou  s'il  est  saponifié  en  liqueur  acide,  il  se  fait  un  acide  et  une 
oxime  d' éther  giyoxylique  substitué  (^);  si,  vendant  la  réaction,  le  groupe 

éther  est  saponifiié  de  manière  à  donner  le  sel  R  —  CO  —  CH('  .,  on  ob- 

tient un  monoxime  d\-dicétone  et  de  l'acide  carbonique  {^). 
»  Nous  poursuivons  ces  recherches,  » 


(*)   Voir  Comptes  rendus,  séance  du  21  juillet  1902. 

(^)  Voir  Comptes  rendus,  séance  du  21  juillet  1902;  équation  (I). 

(^)   Voir  Comptes  rendus,  séance  du  21  juillet  1902;  équation  (H). 


298  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


CHIMIE   BIOLOGIQUE.   —  Sur  le  sérum  antiparamécique.  Note 
de  M.  Ledoux-Lebard,  présentée  par  M.  Roux. 

«  Les  faits  déjà  acquis  à  la  science  sur  les  cytotoxines  nous  ont  con- 
duit à,  rechercher  s'il  est  possible  d'augmenter  le  pouvoir  toxique  des 
sérums  de  lapin  et  de  cobaye  pour  les  paramécies,  au  moyen  d'injections 
de  ces  organismes. 

»  Nous  avons  préparé  des  cultures  de  Paramœcium  caudatum,  ne  con- 
tenant pas  d'autre  infusoire,  et  nous  n'avons  utilisé  que  les  cultures  les 
plus  riches.  Après  cinq  à  six  injections  de  ces  cultures  sous  la  peau  du 
lapin  et  du  cobaye,  le  sérum  de  ces  animaux  acquiert  un  pouvoir  toxique, 
à  l'égard  des  pararnécies,  plus  élevé  que  celui  qu'il  présente  à  l'étal 
normal  (^). 

»  Le  sérum  de  lapin  normal,  dilué  à  y^,  n'immobilise  guère  pendant  plus  de 
24  heures  les  paramécies  ajoutées,  au  nombre  de  vingt-cinq  à  cinquante  par  centi- 
mètre cube  de  dilution,  ou  n'en  tue  qu'un  petit  nombre;  dilué  à  y^,  il  est  encore 
moins  actif. 

»  Le  sérum  de  lapin  traité  par  les  paramécies,  dilué  à  jV»  immobilise  ces  infusoires 
plus  rapidement  que  le  sérum  normal,  et  les  tue.  Dilué  à  -^,  il  en  tue  encore  le  plus 
grand  nombre. 

»  Le  sérum  de  cobaye  normal  est  plus  toxique  pour  les  paramécies  que  celui  de 
lapin  normal;  néanmoins,  il  est  fréquent  de  voir  un  certain  nombre  de  paramécies  sur- 
vivre dans  les  dilutions  à  2^;  elles  se  remettent  à  nager,  après  immobilisation  pas- 
sagère dans  le  sérum  dilué  k  -^  ou  encore  plus  étendu. 

»  Le  sérum  de  cobaye  traité  tue  ou  immobilise,  pendant  plus  de  24  heures,  les  para- 
mécies, dans  les  dilutions  à  jV»  ïT'  sV'  rsT»  âiô"-  Après  24  heures,  il  faut  un  examen 
attentif  au  microscope  pour  reconnaître  que  parmi  ces  infusoires,  complètement  im- 
mobilisés, un  certain  nombre,  malgré  leur  apparence  de  mort,  l'absence  d'oscillation 
des  cils,  la  paralysie  et  la  dilatation  des  vésicules  contractiles,  offrent  encore  de  lents 
mouvements  de  l'endoplasma.  D'autres  présentent  des  déformations  ou  ont  déjà  subi 
une  désorganisation  complète. 

»  Même  la  dilution  à  y—  de  sérum  de  cobaye  traité  altère,  en  quelques  heures, 
la  mobilité  des  paramécies,  qui  nagent  plus  lentement  et  se  tiennent  dans  les  couches 
inférieures  du  liquide. 

»  Par  suite  de  l'action  du  sérum,  les  cils  vibratiles  sont  immobilisés;  ils  se  mêlent, 

(*)  Voir  Ledoux-Lebard,  Action  du  sérum  sanguin  sur  les  paramécies  {Ann.  de 
l'Institut  Pasteur,  juillet  1902). 


SÉANCE    DU   4   AOUT    T902.  299 

s'accolent  aux  cils  voisins,  en  formant  des  faisceaux;  ils  sont  complèleméht  détruits 
ou  abrasés  par  places  ;  ailleurs  ils  se  revêtent  d'une  couche  adhérente  de  microbes. 
L'agglutination  fait  défaut  ou  est  peu  développée.  Les  agglomérations,  si  elles  se  pro- 
duisent, sont  souvent  irrégulières  et  dues  aux  adhérences  par  l'intermédiaire  des  cils 
altérés. 

»  Le  sérum  de  lapin  ou  de  cobaye  normal,  chauffé  à  d8°-6o°  pendant  une  demi-heure 
et  dilué  à  j^,  sl  -—,  a  perdu  sa  toxicité  à  l'égard  des  paramécies.  11  n'en  est  pas  de 
même  du  sérum  antiparamécique,  chauffé  pendant  une  demi-heure  à  58"  et  même 
à  63°  (pour  le  chauffage  à  63°,  le  sérum  était  additionné  de  partie  égale  d'eau  physio- 
logique); ce  sérum  dilué  à  -p^-,  à  j^,  immobilise  et  tue  les  paramécies. 

»  Il  s'est  donc  produit,  chez  le  lapin  et  le  cobaye  traités,  une  substance  qui  reste 
toxique  pour  les  paramécies,  après  chauffage  à  58°,  à  63°.  Il  y  aurait  à  rechercher, 
pensons-nous,  si,  dans  certains  sérums  bactéricides  chauffés,  réputés  inactifs,  la  sub- 
stance qui  se  fixe  sur  les  microbes  sensibles  n'altère  pas,  au  moins  à  un  faible  degré, 
la  vitalité  de  ces  microbes. 

»  Le  sérum  antiparamécique  possède  une  spécificité  remarquable.  Le 
sérum  si  aclif  de  cobaye,  traité  par  des  injections  de  P.  caudatum,  ne 
possède  plus  le  même  degré  de  toxicité  à  l'égard  du  P.  aurelia,  qui  recom- 
mence à  nager,  après  24  heures,  dans  les  dilutions  mortelles  ou  paraly- 
santes pour  l'espèce  P.  caudatum. 

))  La  persistance  de  la  toxicité  du  sérum  antiparamécique  après  chauf- 
fage permet  d'apprécier  encore  mieux  cette  spécificité.  Dans  les  dilutions 
à  Y^j,  à  ^  (le  sérum  chauffé  (à  58°,  à  63°,  pendant  3o  minutes)  de  lapin 
ou  de  cobaye  traités  par  les  injections  de  P.  caudatum,  cette  espèce  de 
paramécie  est  bientôt  immobilisée  et  tuée.  Au  contraire,  des  paramécies 
d'espèces  différentes  (P.  aurelia,  P.  bursaria)  continuent  à  vivre  et  à  nager 
dans  ces  dilutions.   » 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Action  de  la  fermentation  alcoolique  sur  le  bacille 
typhique  et  sur  le  Bacterium  coli  commune.  Note  de  MM.  E.  Bodin 
et  F.  Pailheret,  présentée  par  M.  Prilliçux. 

«  Dans  un  travail  publié  par  l'un  de  nous  (^)  sur  la  conservation  du 
bacille  typhique  dans  le  cidre,  il  a  été  indiqué  que  ce  problème  est  double 
et  comporte  deux  (juestions  :  1°  Le  bacille  d'Eberlh  peut-il  se  développer 


(')   E.  BoDiN,  Aan.  de  l'Institut  Pasteur,  juillet  il 


3oo  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

OU  se  conserver  vivant  dans  un  cidre  fermenté?  2°  Ce  microbe,  existant 
dans  le  moût  avant  la  fermentation,  y  persiste-t-il  après  cet  acte?  La 
première  question  ayant  été  seule  traitée  dans  ce  travail,  nous  nous  occu- 
pons ici  exclusivement  de  la  seconde,  qui  revient  en  somme  à  celle  de 
l'influence  de  la  fermentation  alcoolique  sur  le  bacille  typhique. 

»  Mais,  instruits  comme  nous  le  sommes  de  la  sensibililé  extrême  du 
bacille  d'Eberth  aux  agents  chimiques,  et  connaissant  l'influence  défavo- 
rable des  moûts  de  pommes  acides  sur  cette  bactérie,  nous  avons  cherché 
d'abord  à  opérer  dans  des  conditions  a^issi  simples  que  possible  et  à  débar- 
rasser, autant  que  nous  le  pourrions,  l'acte  de  la  fermentation  alcoolique 
de  toute  complexité  de  milieu.  Nous  nous  sommes  donc  servis  de  moûts 
artificiels,  schématiques,  pour  ainsi  dire,  formés  de  solutions  neutres  de 
peptone  à  o^,  5o-i^,5o  pour  100,  additionnés  de  3  à  5,5  pour  100  de  glu- 
cose pur,  de  sucre  ordinaire  ou  de  sucre  candi. 

»  Dans  plusieurs  séries  d'expériences  faites  avec  ces  solutions,  ense- 
mencées avec  le  bacille  d'Eberth,  lequel  y  vit  aisément,  nous  avons  déter- 
miné la  fermentation  alcoolique  à  l'aide  de  levures  pures  de  provenances 
diverses  (levure  de  brasserie  du  commerce,  levures  de  cidre  de  pression 
et  de  diffusion),  qui  toutes  faisaient  fermenter  activement  ces  solutions  en 
quelques  jours,  donnant,  suivant  les  cas,  une  proportion  d'alcool  de  2,6 
à  3,  2  pour  100.  Or,  dans  ces  expériences,  faites  à  la  température  de  H-  22°, 
nous  avons  constaté  que  le  bacille  d'Eberth  restait  parfaitement  vivant 
après  la  fermentation  alcoolique  par  les  levures.  Il  en  a  été  de  même  pour 
le  Bacterium  roli  commune . 

»  Nos  recherches  démontrent  donc  que  l'acte  de  la  fermentation  alcoo- 
lique sous  l'influence  des  levures  est  incapable  en  lui-même  de  détruire  le 
bacille  typhique  et  le  Bacterium  coll. 

»  Mais,  quand  on  entre  dans  le  détail,  on  voit  que  le  sujet  est  infiniment 
plus  compliqué  qu'on  ne  pourrait  le  supposer  au  premier  abord.  En  effet, 
en  outre  des  produits  de  la  fermentation  des  sucres  par  les  levures,  on  sait, 
par  les  travaux  de  Brieger,  Grimbert,  Péré,  Harden,  que  le  Bacterium  coli 
et  le  bacille  typhique  ont  une  action  fermentative  sur  les  substances  ter- 
naires. Il  en  résulte  que  les  produits,  variables  suivant  les  cas,  de  ces  fer- 
mentations viennent  se  surajouter  à  ceux  de  la  fermentation  par  les  levures 
et  que  le  tout  aboutit  à  la  production  d'un  milieu  complexe  dont  l'action, 
qui  peut  être  très  grande  chez  les  bactéries,  doit  être  distinguée  de  celle 
de  la  fermentation  alcoolique  proprement  dite. 


SÉANCE    DU   l\   AOUT    1902.  3oi 

»  Aussi  peut-on  prévoir  que  la  nature  du  milieu  fermentescible  dont 
dépend  la  composition  après  fermentation  joue  un  rôle  considérable  en 
pareil  cas.  Notre  premier  travail  nous  avait  déjà  montré  l'intervention 
manifeste  de  l'acidité  en  semblable  circonstance;  nos  recherches  actuelles 
nous  en  ont  apporté  la  confirmation  :  ainsi,  dans  les  milieux  glucoses,  où 
l'acidité  augmente  après  l'expérience,  du  fait  de  la  fermentation  par  la 
levure  et  du  fait  de  l'action  du  bacille  typhique  et  du  bacille  du  côlon  qui, 
avec  le  glucose,  donnent  divers  acides  (formique,  acétique,  lactique,  etc.), 
le  bacille  typhique  est  rapidement  modifié;  il  perd  en  grande  partie  sa  mo- 
bilité, se  dispose  en  petits  amas  ou  en  chaînettes,  et  sa  culture  est  alors 
souvent  difficile  à  obtenir.  Si,  au  contraire,  on  a  soin  d'opérer  dans  les 
mêmes  milieux  additionnés  de  carbonate  de  chaux  pur,  ces  modifications 
du  bacille  ne  s'observent  pas. 

»  Nous  avons  noté  que  la  culture  des  bacilles  typhiques  modifiés  dans  les  milieux 
acides  est  délicate  et  que,  si  on  la  tente  à  4o°,  elle  ne  se  produit  pas,  alors  qu'à  36'^-37° 
elle  est  positive. 

»  Ce  point  de  technique  mérite  d'être  retenu,  car  un  des  procédés  les  plus  em- 
ployés pour  la  recherche  du  bacille  typhique  dans  les  eaux  consiste  à  cultiver  ces  eaux 
dans  le  bouillon  à  4o°;  or,  nous  sommes  convaincus,  après  nos  expériences,  que  cette 
température,  permettant  la  culture  d'un  bacille  normal,  est  trop  élevée  pour  les 
bacilles  déjà  modifiés  par  un  milieu  défavorable. 

»  L'acidité  totale  n'est  toutefois  pas  le  seul  facteur  qui  agisse  sur  les  bactéries,  car 
nous  avons  constaté  que,  dans  les  moûts  artificiels  au  saccharose,  le  bacille  typhique  ne 
demeurait  vivant  qu'en  présence  du  carbonate  de  chaux;  et  cependant  l'acidité  très 
faible  n'était  pas  plus  élevée  que  dans  les  milieux  glucoses,  où  le  même  microbe  con- 
serve sa  vitalité,  après  fermentation,  avec  ou  sans  carbonate  de  chaux.  Pour  ce  qui 
est  de  préciser  ce  qui  se  passe  alors,  nous  n'avons  pu  le  faire  exactement  jusqu'ici. 

»  Le  même  fait  ne  se  produit  pas  pour  le  Bacteriuin  coli  qui  se  développe  dans  les 
moûts  au  saccharose  avec  ou  sans  carbonate  de  chaux.  Nous  signalerons  donc  cette 
particularité  en  pensant  que,  tout  en  n'ayant  rien  d'absolument  caractéristique,  elle 
constitue  une  réaction  de  plus  qui  peut  être  utile  pour  la  différenciation  du  bacille 
typhique  et  du  bacille  du  côlon  dans  les  cas  embarrassants. 

»  En  résumé,  nous  pouvons  conclure  de  nos  recherches,  et  ce  fait  est 
intéressant  en  matière  d'hygiène,  que  la  fermentation  alcoolique  jjar 
les  levures  n'a  pas  en  elle-même  d'action  destructive  sur  le  bacille  d'Eberth 
et  sur  le  Bacterium  coli  commune,  mais  que  l'influence  des  moûts  fermentes 
sur  ces  bactéries  provient  des  produits  complexes  de  la  fermentation  du 
moût  sous  la  double  action  des  levures  et  des  bactéries  qui  s'y  développent.  » 

G.  R.,  1902,  1-  Semestre.  (T.  CXXXV,  N»  5.)  ^9 


3o2  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 


CHIMIE  ANIMALE .  —  Variation  de  i acide  phosphorique  suivant  l'âge 
du  lait.  Note  de  MM.  F.  Bordas  et  Sic.  de  Raczkowski,  présentée 
par  M.  Brouardel. 

«  Il  résulte  de  nos  nombreuses  analyses  que  l'acide  |)hosphoriqiie  total 
présente  de  grandes  variations  dans  le  lait,  suivant  son  âge.  On  peut  dire, 
d'une  façon  générale,  que  l'élimination  de  l'acide  phosphorique  total  va 
sans  cesse  en  décroissant  depuis  l'époque  du  vêlage, 

»  Cette  décroissance  a  lieu  aussi  pour  la  lécithine.  Les  chiffres  que  nous 
avons  obtenus  chez  des  animaux  de  même  race,  alimentés  de  la  mémo 
façon  (^),  montrent  que  c'est  dans  le  premier  mois  qui  suit  le  vêlage  que 
la  production  de  la  lécithine  est  maximum. 

»  Cette  constatation  est  intéressante,  car  elle  paraît  prouver  que  le  jeune 
a  besoin  d'absorber,  à  cette  époque,  une  plus  grande  quantité  d'acide 
phosphorique  poui-  le  développement  de  son  squelette. 

»  Il  en  résulte  enfin  qu'on  devra  rechercher,  pour  l'alimentation  des 
enfants  plus  ou  moins  débiles,  des  laits  aussi  rapprochés  que  possible  de 
l'époque  du  vêlage. 

Composition  en  granimea  pour  ;co. 
Races .    .  Jersiaises.  Normande. 


Vache  Vache 

Date  du  vêlage pleine.  4  juillet-  i"  juillet.  12  juin.  i3  mai.  non  pleine. 

Production  quotidienne /|i.  9',  5oo.  8',5oo.  8'.  7',5oo.  8',5oo. 

Extrait 16,09  ^5,49  16,47  16, 3o  i4j90  i3,75  i4>ii 

Cendre 0,76  0,72  Ojôg  o,65  0,71  0,72  0,70 

Matière  grasse 6,01  5,48  6,98  6,76  5,70  5,34  5, 01 

Lactose 4,67  5,38  5,28  5, 20  4,88  4, 60  4, 81 

Caséine 3,86  3,17  2,90  2,89  3,o4  2,3o  2,61 

A.cide  phosphorique  total. . 0,218  o,2o4  0,200  o,i64  0,168  o,i48  o,i56 

/Vcide  phosphorique  organique.  .     .  0,0049  0,0068  o,oo44  o,oo33  o,oo33  o,oo4i  o,oo3i 

En  acide  phosphoglycérique .  .     .  0,0189  0,0198  0,0124  0,0100  0,0100  0,0116  0,0098 

En  lécilhiue  (F  = 7,27)..    ...  o,o654  0,0909  o,o582  0,0472  0,0472  o,o545  o,o436 

Chlorures  en  chlorure  de  sodium.  .  0,128  0,026  0,026  0,026  0,102  0,182  o,ii4 


(1)  Nous  tenons  à  remercier  particulièrement  M.  V.  Hugot,  Membre  de  la  Chambre 
de  Commerce  de  Paris  et  propriétaire  de  la  ferme  modèle  «  Jersey  Farm  »,  qui  s'est 
gracieusement  mis  à  notre  disposition  pour  nous  faciliter  nos  recherches. 


SÉANCE  DU  4  AOUT  1902.  3o3 


Production  quotidienne. 


Vache 

12  juin. 

i3  mai. 

non  pleine. 

540,80 

427,50 

453,90 

4 16, 00 

366 , 00 

391 ,00 

23l ,20 

228,00 

195,50 

l3,  T2 

12,60 

12,58 

0,264 

0,247 

0,348 

0,800 

o,75o 

0,986 

3,776 

3,. 540 

4,632 

2,44 

8,64 

II  ,22 

Vache 

Date  du  vêlage .    pleine.  /|  juillet.  i"  juillet. 

Matière  grasse 240, 4o  52o,6o  569, o5 

Lactose .  186,80  5r2, 10  448)8o 

Caséine i54,4o  3oi ,  i5  246, 5o 

A.cide  phosphoriqiie  total 8,72  I9>38  17,00 

Acide  phosphorique  organique.  .  .  0,196  o,646  0,374 

En  acide  phosplioglycérique  .  .  .  o,556  i,833  i,o54 

En  lécilliine  (F  =:  7,27) 2,616  8,635  4,947 

Chlorures  en  chlorure  de  sodium. .  5, 12  2,44  2,44 


PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Recherches  sur  V assimilation  chlorophyllienne  des 
feuilles  dont  on  éclaire  soit  la  face  supérieure,  soit  la  face  inférieure.  Note 
de  M.  Ed.  Griffon,  présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

«  On  admet  généralement,  mais  surloiit  pour  des  raisons  d'Anatomie 
comparée,  que  le  parenchyme  en  palissade  des  feuilles  est  bien  le  tissu 
servant  par  excellence  à  l'assimilation  chlorophyllienne. 

»  Selon  Stahl,  ce  tissu  protégerait,  grâce  à  la  disposition  de  ses  cellules,  les  chloro- 
leucites  contre  un  éclairement  trop  intense,  en  môme  temps  qu'il  favoriserait  la 
pénétration  de  la  lumière  dans  les  couches  situées  au-dessous  de  lui.  Selon  Haberlandt, 
il  serait  surtout  destiné  à  permettre  l'écoulement  rapide  des  produits  de  Tassimilation. 
Toutes  ces  actions,  qui  ne  sont  nullement  contradictoires,  doivent  avoir  pour  effet,  si 
elles  existent  réellement,  de  favoriser  la  décomj^osition  de  l'acide  carbonique  dans 
la  feuille. 

1)  Si  donc  les  hypothèses  précédentes  sont  fondées,  ou  tout  au  moins  si  l'idée  géné- 
rale à  laquelle  elles  conduisent  est  vraie,  il  en  résulte  nécessairement  que  les  feuilles 
à  mésophylle  hétérogène  dissymétrique  doivent  décomposer  plus  activement  le  gaz 
carbonique  quand  la  lumière  directe  frappe  la  face  supérieure  au  lieu  de  la  face  infé- 
rieure, comme  cela  se  produit  généralement  dans  les  conditions  naturelles. 

»  En  effet,  le  tissu  palissadique  éclairé  directement  absorbe  et  utilise  les  radiations 
solaires  alors  qu'elles  possèdent  encore  toute  leur  énergie;  le  tissu  lacuneux  utilise 
celles  qui  passent  et  aussi  celles  qui  proviennent  delà  lumière  diffuse.  Quand,  au  con- 
traire, le  dernier  est  tourné  vers  le  soleil,  il  assimile  davantage,  mais  l'augmentation 
produite  ne  peut  vraisemblablement  pas  compenser  la  diminution  qui  se  manifeste  dans 
le  tissu  palissadique,  lequel  ne  reçoit  plus  qu'une  lumière  atténuée. 

»  Déjà  Ingen-Housz,  dans  des  expériences  faites  à  Paris  en  1780,  en  présence  de 
Benjamin  Franklin,  croyait  pouvoir  remarquer  que,  lorsqu'elles  sont  plongées  dans 
de  l'eau  de  source,  «  les  feuilles   fournissent  un   air  plus  pur  et  plus  abondant,  si  le 


3o4  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

»  soleil  donne  sur  leur  surface  vernissée,  que  lorsque  leur  surface  inférieure  reçoit 
»  l'influence  directe  du  soleil  ». 

»  Boussingault,  qui  rappela  ces  résultats  en  1866,  fit  observer,  en  se  basant  sur  les 
expériences  de  De  Saussure  et  sur  les  siennes  propres,  que  l'oxygène  dégagé  par  une 
feuille  présente  le  même  degré  de  pureté,  quelle  que  soit  la  surface  d'où  il  émane,  et 
que,  quant  à  la  différence  de  volume,  ce  n'est  pas  en  faisant  fonctionner  une  branche 
garnie  de  feuilles  dans  de  l'eau  qu'on  peut  la  déterminer. 

»  Cet  habile  physiologiste  opéra  alors  de  la  façon  suivante:  il  colla,  sur  une  face 
des  feuilles,  à  l'aide  d'empois  d'amidon,  une  bande  de  papier  noirci,  ou  bien  il  appliqua 
deux  feuilles  l'une  sur  l'autre  par  leurs  faces  similaires  enduites  d'empois  et  exposa 
le  tout  à  la  lumière  dans  des  milieux  gazeux  riches  en  acide  carbonique. 

»  Il  vit  alors  qu'une  feuille  éclairée  par  la  face  supérieure  seulement  décompose 
presque  toujours  plus  activement  l'acide  carbonique  que  lorsqu'elle  reçoit  la  lumière 
par  la  face  inférieure.  Au  soleil,  la  plus  grande  différence  a  été  dans  le  rapport  de  6  à  i 
{Populus  alba)  et  la  plus  faible,  de  i,5  à  i.  A  la  lumière  diffuse,  le  rapport  de  2  à  i 
a  été  le  plus  élevé.  En  outre,  les  feuilles  à  parenchyme  mince,  comme  celles  de  Platane, 
de  Marronnier,  de  Pêcher,  ainsi  que  celles  qui  sont  à  parenchyme  plus  ou  moins  homo- 
gène (Graminées)  n'ont  pas  donné  lieu  à  des  différences  sensibles. 

))  Ce  sont  ces  expériences  qui,  jusqu'ici,  ont  permis  de  dire  que  la  face 
supérieure  des  feuilles  est  plus  active  que  l'autre  dans  l'assimilation  chlo- 
rophyllienne. Mais  on  voudra  bien  remarquer  qu'une  telle  conclusion  est 
quelque  peu  prématurée.  En  effet,  on  a  confondu  deux  phénomènes  com- 
plètement distincts:  la  décomposition  de  l'acide  carbonique  et  la  sortie  des 
gaz  par  les  surfaces;  car  la  feuille  de  papier  noirci,  non  seulement  empê- 
chait la  pénétration  de  la  lumière  par  une  face,  mais  encore  elle  s'opposait 
aux  échanges  gazeux.  Comme  ces  échanges  ne  sont  pas  les  mêmes  au  tra- 
vers des  deux  épidermes,  il  en  résulte  que  le  travail  interne  de  décompo- 
sition du  gaz  carbonique  se  trouve  inégalement  entravé  quand  on  rend 
imperméable  la  face  supérieure  ou  la  face  inférieure. 

))  J'ai  précisément  essayé  de  supprimer  cette  cause  de  trouble  :  je  crois 
y  être  arrivé  en  plaçant  les  feuilles  dans  des  éprouvettes  aplaties  dont  une 
face  est  noircie;  de  cette  façon,  l'on  peut  exposera  la  lumière  l'une  ou 
l'autre  face  des  feuilles  et  les  gaz  trouvent  toujours  les  mêmes  voies  d'entrée 
et  de  sortie.  Je  me  suis  aussi  servi  d'éprouvettes  aplaties  ordinaires,  per- 
mettant d'éclairer  une  face  par  la  lumière  directe,  l'autre  l'étant  par  la 
lumière  diffuse  comme  cela  a  lieu  dans  la  nature. 

»  Les  nombreux  résultats  analytiques  que  j'ai  obtenus  m'ont  permis  de 
tirer  plusieurs  enseignements  intéressants. 

»  D'abord,  lorsqu'une  face  de  feuille  est  éclairée  soit  parla  lumière  (îîrecte,  soit  par 
la  lumière  diffuse,  l'autre  face  ne  recevant  pas  du  dehors  de  radiations  lumineuses, 


SÉANCE  DU  4  AOUT  1902.  3o5 

rassimilation  chlorophyllienne  varie  avec  la  nature  de  la  face  considérée.  Toujours, 
avec  une  feuille  à  mésophylle  hétérogène  dissymétrique,  l'assimilation  baisse  si  c'est 
la  face  inférieure  qui  reçoit  la  lumière,  au  lieu  de  la  face  supérieure.  Dans  aucun  cas 
il  n'y  a  égalité,  par  exemple  avec  les  feuilles  minces  de  Pêcher,  de  Marronnier  et  de 
Platane,  comme  l'avait  trouvé  Boussingault  avec  sa  méthode. 

»  Les  différences  obtenues  ne  sont  en  général  pas  aussi  grandes  que  celles  qui 
avaient  été  observées  par  cet  auteur.  Le  maximum  se  trouve  avec  les  feuilles  épaisses, 
à  parenchyme  bien  hétérogène,  de  Troëne  du  Japon  (100  à  54),  de  Laurier-cerise 
(100  à  48);  le  minimum,  avec  les  feuilles  minces  d'Érable  plane  (100  à  88)  et  avec 
les  feuilles  à  mésophylle  plus  ou  moins  homogène,  comme  par  exemple  celles  des  Bam- 
bous (100  à  92).  La  moyenne  se  rencontre  avec  les  feuilles  de  Lilas  (loo  à  68),  de 
Dahlia  (100  à  yS). 

))  Quand  la  face  inférieure  est  couverte  de  poils,  comme  dans  le  Framboisier,  le 
Tilleul  argenté,  les  différences  sont  encore  moyennes  (100  à  68).  Pourtant  il  y  a  un 
écart  très  grand,  le  plus  grand  que  j'aie  obtenu,  avec  VEleagnus  argentea,  dont  la 
face  inférieure  est  recouverte  d'une  couche  dense  de  poils  écailleux  (100  à  36). 

»  Si  les  feuilles  sont  placées  comme  dans  les  conditions  naturelles,  une  face  recevant 
la  lumière  directe  du  soleil  et  l'autre  la  lumière  diffuse,  les  différences  s'atténuent 
notablement,  du  moins  dans  les  conditions  de  mes  expériences  (feuilles  coupées,  air 
humide).  Le  plus  grand  écart  observé,  correspondant  à  une  insolation  intense,  a  été 
de  100  à  88.  Bien  entendu,  plus  la  lumière  directe  se  rapproche  de  la  lumière  diffuse, 
plus  les  inégalités  d'énergie  assimilatrice  deviennent  faibles.  La  position  normale  des 
feuilles  de  la  plupart  de  nos  végétaux  est  donc,  en  somme,  favorable  à  l'assimilation, 
mais  dans  une  mesure  assez  modérée;  elle  paraît  peut-être  davantage  en  rapport  avec 
la  chlorovaporisation,  comme  je  pense  pouvoir  le  montrer  prochainement. 

»  Il  résulte  de  tout  ce  qui  précède  que  le  parenchyme  en  palissade 
des  feuilles  est  réellement  adapté  à  la  fonction  de  décomposition  du  gaz 
carbonique.  Cette  adaptation,  qui  n'est  pas  la  seule  et  qui  est  établie  main- 
tenant d'une  façon  certaine  par  la  voie  expérimentale,  trouve  probable- 
ment son  explication  dans  les  hypothèses  de  Stahl  et  Haberlandt  qui  ont 
été  rappelées  au  début  de  cette  Note.   » 


GÉOLOGIE.  —  Sur  la  caverne  du  HôU-Loch  {Trou  cV Enfer)  et  la  Schleichende 
Brunnen  {source  rampante)  {Suisse).  Note  de  M.  E.-A.  Martel,  pré- 
sentée par  M.  Albert  Gaudry. 

«  Le  27  juillet,  j'ai  visité  partiellement  (  '  ),  sous  la  conduite  de  MM.  Wid- 
mer-Osterwalder  et  Saxer,   le  Hôll-Loch  (Trou  d'Enfer),   à  16'''"  est  de 

(*)  Le  parcours  total  de  la  galerie  principale  seule  exige  24  heures,  tant  les  obstacles 
y  sont  grands;  deux  des  expéditions  exploratrices  (juin  et  juillet  1902)  y  ont  duré  46 
et  89  heures  consécutives. 


3o6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Schwyz  et  à  75™  au-dessus  du  village  de  Stalden,  entre  les  vallées  de  la 
Muota  et  du  Starzlen-Bach;  et  je  puis  affirmer  que  cette  caverne,  inconnue 
avant  1880,  est,  au  point  de  vue  scientifique,  l'une  des  plus  remarquables 
qui  existent. 

»  C'est  seulement  depuis  1898  que  l'exploration  sérieuse  en  a  été  entre- 
prise par  MM.  Beeler,  Betschard,  Biirgeler,  Egli,  Olter,  Saxer,  Wehrli, 
Widmer-Osterw^alder,  Zimmermann,  etc.,  au  prix  des  plus  grandes  diffi- 
cultés (notamment  l'escalade  souterraine  de  la  Bôse  Wand,  muraille  de 
52™  de  haut  et  de  6']°  à  80"  d'inclinaison).  On  y  a  reconnu  déjà  plus  de 
^km  jg  galeries,  dont  2^50™  pour  la  principale,  d'après  le  plan  au  ■:;—  fort 
bien  dressé  par  M.  Widmer  et  joint  à  la  présente  Note.  Le  HoU-Loch  est, 
en  lons^ueur,  la  quatrième  caverne  de  l'Europe  (après  Adelsberg,  Agtelek  et 
Planina  en  Autriche-Hongrie)  et  deviendra  sans  doute  la  première,  quand 
les  recherches  en  cours  y  seront  terminées.  Ce  complexe  et  grandiose 
labvrinthe  qui,  à  vol  d'oiseau,  s'étend  à  plus  de  i5oo™  de  distance  dans  les 
flancs  de  la  montagne  est,  comme  la  plupart  des  cavernes,  l'œuvre  des 
eaux  souterraines  agrandissant,  par  érosion,  corrosion  et  pression  hydro- 
statique, les  fissures  préexistantes  du  calcaire  :  on  ne  saurait  y  voir  le  ré- 
sultat d'une  action  glaciaire  interne.  Ce  qu'on  y  a  nommé  les  Glelscher- 
Mûhlen  (moulins  de  glaciers)  n'est  pas  autre  chose  qu'une  abondance  de 
marmites  de  géants  énormes,  comme  celles  des  torrents  alpestres,  des 
grottes  de  Sassenage,  de  Trépail  (voir  Comptes  rendus,  16  juin  i902),  etc., 
atteignant  jusqu'à  4™  ou  5™  de  diamètre  et  de  profondeur,  et  en  partie 
remplies  du  sable  ou  des  galets  roulés  qui  les  ont  creusées. 

»  De  l'entrée,  la  grotte  descend  d'une  part  jusqu'à  626™  d'altitude  (d'après  la  couj^e 
de  M.  Egli)  et  monte  d'autre  part  à  goS"^  (au  fond  extrême  atteint  par  M.  Widmer). 
La  dénivellation  totale  serait  donc  de  280™.  Voici  ce  que  j'ai  constaté  sur  l'origine 
géologique  et  le  fonctionnement  hydraulique  du  Hôll-Loch  : 

»  Les  plateaux  crétacés  très  fissurés  (calcaire  de  Seewen,  aptien-urgonien  et  néo- 
comien)  qui,  au  pied  occidental  des  Glarnisch,  descendent  assez  rapidement  de  la  Sil- 
beren-Alp  (23i4")  au  confluent  de  la  Muota  et  du  Starzlen-Bach  (altit.  625™)  sont 
très  perméables,  parliculièrement  dans  les  Kavrenfelder  ou  lapiaz  du  Bôdmern-Wald  ; 
sur  iS"^™'  à  20''''^'  les  crevasses  du  sol  y  absorbent  toutes  les  eaux  météoriques,  qui  ont 
ainsi  donné  naissance  aux  courants  souterrains  du  HoU-Loch,  exactement  à  l'image 
des  cavernes  et  rivières  souterraines  des  Alpes  françaises  (Chartreuse,  Vercors,  Dévo- 
luy,  Vaucluse)  creusées  dans  les  mêmes  terrains.  Du  fond  de  la  grotte  à  la  surface  du 
plateau,  l'épaisseur  de  terrain  interposé  est  d'environ  5oo'".  Le  drainage  continue  de 
nos  jours,  car,  en  plusieurs  galeries,  on  trouve  des  sources,  des  cascalelles  et  des  2:)or- 
tions  de  rivières  souterraines,  d'autant  plus  abondantes  que  les  plaies  ou  les  fontes  de 
neige  ont  été  plus  fortes;  ce  sont  les  affluents  variables  (aux  caprices  dangereux  pour 
les  explorateurs)  du  cours  d'eau   pérenne,  enfoui"  actuellement  dans  l'étage  inférieur 


SÉANCE  DU  [\    AOUT  1902.  807 

de  la  caverne,  auquel  on  n'est  pas  encore  parvenu,  mais  sur  lequel  s'ouvrent,  comme 
des  regards,  des  puits  ou  avens  intérieurs,  profonds  de  85™  à  100°^  et  où  l'on  se  propose 
de  descendre. 

»  J'ai  reconnu  d'ailleurs,  sans  aucune  hésitation  possible,  la  résurgence  de  ce  cours 
d'eau  dans  le  Bisi-Thal,  à  la  source  rampante  (Schleichende  Brunnen)  de  la  scierie 
Balm  sur  la  rive  droite  de  la  M  nota,  par  635™  d'altitude,  à  5oo™  au  sud-ouest  de  l'en- 
trée de  la  caverne.  Cette  source  (du  type  dit  vauclusien),  débitant  de  un  à  plu- 
sieurs mètres  cubes  à  la  température  de  5",  8  C,  est  l'efifet  de  la  capture  des  eaux- 
du  Hôll-Loch  par  l'approfondissement  du  thalweg  de  la  Muota;  c'est  la  troisième  issue 
de  ces  eaux  et  la  seule  pérenne;  les  deux  autres  étaient  sur  l'autre  versant  du  plateau, 
sur  la  rive  gauche  du  Starzlen-Bach  :  la  plus  ancienne  et  la  plus  élevée  (altitude 
de  735™),  complètement  desséchée,  forme  l'entrée  du  Hôll-Loch  dans  un  entonnoir  d'ef- 
fondrement avec  deux  curieux  ponts  naturels  ;  la  seconde,  en  dessous  de  cet  entonnoir, 
sert  encore  de  trop-plein  aux  crues  souterraines  qui  paraissent  s'y  manifester,  aussi 
bien  d'ailleurs  que  dans  les  galeries  de  la  caverne,  jusque  vers  700™  à  710™  d'altitude. 
Tout  cela  corrobore,  sur  une  échelle  colossale,  ce  que  j'ai  déduit  des  dernières  explo- 
rations de  cavernes  sur  l'origine  et  le  fonctionnement  des  grottes,  l'absence  des  nappes 
d'eau  dans  les  calcaires,  l'enfouissement  progressif  des  rivières  souterraines  (qui 
atteint  ici  l'énorme  abaissement  de  100™),  l'origine  tectonique  des  siphons  des  sources 
et  des  cavernes,  etc.  (voir  la  Spéléologie  et  Compte  rendu  du  VHP  Congrès  géolo- 
gique international).  Sur  ce  dernier  point  notamment,  le  Hôll-Loch  est  d'un  intérêt 
capital  :  ses  galeries  présentent  une  succession  de  montées  et  descentes  plus  ou  moins 
abruptes  (20°  à  80",  hauteur  de  20™  à  5o™),  qui  correspondent  aux  ondulations  tour- 
mentées du  terrain,  justement  dans  une  région  de  dislocations,  de  glissements  et  de 
charriages  qui  se  trouve  comprise  entre  les  classiques  plissements  et  renversements 
des  Glârnisch  et  de  la  Windgâllel  Et  il  m'a  paru  bien  curieux  de  retrouver,  sur  la 
falaise  même  qui  domine  la  Schleichende  Brunnen  et  dont  la  direction  est  parallèle 
à  celle  de  la  grotte,  la  coupe  verticale  naturelle  de  tout  un  jeu  de  plis  et  de  petites 
failles,  dont  le  profil  équivalait  exactement  à  celui  de  la  coupe  longitudinale  du 
Hôll-Loch.  Il  est  absolument  certain  que  la  rivière  souterraine  primitive  avait  frayé 
sa  première  voie  en  épousant  toutes  les  sinuosités  des  plis  locaux  et  en  y  coulant  à 
conduite  forcée,  jusqu'à  ce  que  les  diaclases  et  les  failles  (surtout  dans  les  charnières 
des  plis)  lui  eussent  ouvert  des  canaux  inférieurs. 

»  Dans  là  dernière  galerie  (Crystall-Hôhle)  M.  Widmer  a  recueilli  des  cristaux  que 
j'ai  reconnus  pour  du  gypse  et  non  de  la  calcite  :  ils  sont  le  produit  soit  d'une  pseudo- 
morphose  comme  à  la  Krous-Grotte  en  Styrie,  soit  de  la  dissolution  d'un  banc 
gypseux  par  les  infiltrations  et  d'une  recristallisatioii  par  évaporation  très  lente. 

»  Les  températures  du  27  juillet  1902  étaient  :  air  extérieur,  21°, 5;  torrent  de  la 
Muota,  i4°,5;  Schleichende  Brunnen,  5", 8;  dans  le  Hôll-Loch,  6°,  5  pour  une  infiltra- 
tion près  de  l'entrée,  5°,  4  à  5°,  6  pour  l'air  intérieur  et  4°;  4  pour  les  ilaques  d'eau  sta- 
gnante. Le  renversement  des  courants  d'air  et  la  variation  des  températures  selon  les 
saisons  mériteront  d'être  étudiés. 

»  La  Paléontologie  et  la  Zoologie  fourniront  aussi  sans  doute  leur  appoint. 

»   En  résumé,  le  HoU-Locli  constitue  une  des  plus  intéressantes  syn- 


3o8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

thèses  connues  de  tous  les  phénomènes  relatifs  aux  cavernes,  et  un  champ 
de  fructueuses  recherches  qui  sera  long  à  épuiser.    » 


M.  J.  Constantin  demande  l'ouverture  d'un  pli  cacheté  déposé  par  lui 
le  3o  juin  dernier  et  contenant  une  Note  intitulée  :  «  Contribution  à  l'étude 
de  l'aviation  ». 

(Renvoi  à  la  Commission  des  aérostats.) 

M.  TiFFENEAU  adresse,  comme  complément  à  ses  Communications  pré- 
cédentes, une  Note  «  Sur  le  méthoéthénylbenzène  ». 

M.  Conrad  de  Liebhaber  adresse,  par  l'entremise  de  M.  Brouardel,  une 
Note  «  Sur  le  phénomène  de  la  nuit  et  des  étoiles  changeantes  ». 

A  3  heures  trois  quarts  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  4  heures. 

G.   D. 


ACADÉMIE  DES   SCIENCES. 

SÉANCE   DU  LUNDI  11  AOUT  1902. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  BOUQUET  DE  LA  GRYE. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

OPTIQUE.  —  Réflexion  et  réfraction  par  un  corps  animé  d'une  translation 
rapide  :  construction  des  rayons,  indépendante  de  la  translation,  et  rotation, 
paraissant  au  contraire  en  dépendre,  du  plan  de  polarisation  du  rayon 
réfracté.  Note  de  M.  J.  Boussixesq. 

«  I.  Au  degré  d'approximation  considéré  ici  ('),  où  nous  négligeons 
dans  les  formules  les  termes  non  linéaires  en  V^.,  V^.,  Yj.,  les  rayons  réfléchi- 
et  réfracté  ont,  avec  la  normale  à  la  surface  séparative  et  avec  le  rayon  inci- 
dent, les  mêmes  rapports  de  position  que  si  les  ondes  participaient  entièrement 
à  la  translation  V  du  corps  et  que  tout  le  système  fût  en  repos. 

»  Soient,  en  effet,  x,  y,  z  les  coordonnées  du  point  où  le  rayon  inci- 
dent prolongé  atteint  la  surface  d'onde  relative   au  premier  milieu.  C'est 

une  sphère,  d'un  rayon  R  égal  à  ^-  (w  désignant  ici  la  vitesse  de  la  lumière 

dans  l'éther  libre),  et  dont  le  centre,  par  suite  de  son  recul  ■^,  à  partir  de 

l'origine,  aura  acquis  de  petites  coordonnées  a,  h,  c.  Son  équation  sera 
donc,  en  négligeant  les  carrés  de  «,  h,  c, 

(18)  £«;-  + j- -h  ^-— 2(«J7  -h  Z*/ -h  c^)  =  R-. 

»   Quant  à  l'onde  courbe  relative  au  second  milieu,  ce  sera  une  sphère 

N 
d'un  rayon,  R',  produit  de  R  par  le  rapport  n  =  j^,j  et  dont  le  centre  aura 

pris  les  petites  coordonnées  rî-a,  n'b,  rrc.  Son  équation,  si  x' ,  y',  z'  y 

(')  Voii'  le  précédent  Compte  rendu,  p.  269. 

C.  R.,  11,02,  2«  Semestre.  (T.  C\X\V,  iN"  G.)  4» 


3lO  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

désignent  les  coordonnées  courantes  et,  en  particulier,  celles  de  l'extré- 
mité du  rayon  réfracté,  sera 

(19)  0?'-  -h y"'  ■+■  z'-  —  'i)r(^ax'  ■+■  hy'  ^  cz')  =  n'-R'-. 

«  Le  fait  que  l'onde  plane  réfractée,  tangente  en  (:v',y',z')  à  cette 
seconde  sphère,  a  même  trace  sur  le  plan  des  yz  (surface  séparative  des 
deux  milieux)  que  l'onde  plane  incidente,  tangente  en  (x,y,z)  à  la 
sphère  (18),  s'exprime  aisément,  j)ar  la  double  proportion 

,        .  r'—n-b         z'—n^c         n'-{R^+ajc:'-i-by'-hcz') 

(  20  )  ■ "= =  — ^^ • 

^       ^  y — b  z  —  c  R^H- a^-f- 6/ +  es 

(i  Égalons  chacun  des  deux  premiers  rapports  au  troisième,  en  obser- 
vant que  la  petitesse  de  a,  b,  c  permet,  après  avoir  remplacé  respective- 
ment j'—  n^h,  y  —  b,  R-  -:-  ax'  --  . .  . ,  R-  H--  ax  +  .  .  .,  etc.  parj'  (  i rj' 

yy~~^y        V  ~' R^ ''        \    "^ R^J'  ■■"         «eghger  partout, 

dans  les  calculs  J^s  parendièses,  les  carrés  et  produits  des  termes  autres 
que  I.  La  preiiiière  des  deux  formules  obtenues  donnera 


[y'=ii-y\ 


a{x' 

—  x)+  b{y'  —  y)  +  c{z'  - 

'"■^     1    hi 

-^)] 

a{jc-' 

R2 

-jc)+b{y'  —  y)  +  c{z'- 

1    u\ 

'-^  R» 


le  troisième  membre  se  déduisant  du  deuxième  par  la  substitution  à  y' , 
dans  le  petit  terme  en  è,  de  la  valeur  approchée  n^y.  Et  l'on  aura  une  for- 
mule analogue  en  z'. 

»  Appelons  maintenant  S,  §'  les  longueurs  \/x-  H- y"  H-  z-,  \Jx'^  +JK''  +  2'- 
des  deux  rayons,  et  cherchons  à  rattacher  de  même  S'  à  c).  Les  équations 
(18),  (19)  reviennent  à  poser,  à  très  peu  près, 

^        ,,  /          ax -{- by -+- cz\            ^,           ^[          ax'-^by'+c 
h  =  h  (  I  H ôf j,  ô'  =  /z  R  (  1  H j^^ 


il  vient  donc 
(22)  S'  = 


no 


■\x  —  x)  +  b{y'  —j)  -^  c{z' -  z) 

R2 


»   Divisons  la  formule  (21)  et  son  analogue  en  z'  par  celle-ci  (22),  et 

(  X    Y   z  ) 

appelons  (x,  ii,y),  {^y-  »  ['^  »  Y  )  ^^^  cosinus  directeurs  respectifs,    '  '  v' —  et 


SÉANCE    DU    II    AOUT    1902.  3il 

';/'')  des  deux  rayons  incident  et  réfracté.  Nous  aurons 

(23)  p'=«P,         ï'=«T. 

Ces  équations  (iélerir.inent  Pj  ,  y' et,  par  suite,  la  direct  ion  du  rayon  réfracté; 
car  le  troisième  cosinus  directeur,  a',  égal  à 


v/i  -  {^"  +  y'^)     ou  à      v/i  -  '^'(P'  H-  f). 

doit  être  de  même  signe  c|ue  a.   Or,  l'on  Aoit  rjue  les  petites  excentricités 
(«,  b,  c),  (n-a,  n^b,  n'^c)  des  ondes  courbes  n'y/igurent  pas. 

»  II.  La  démonstration  s'étend  au  rayon  réfléchi.  Il  suffit  de  f  iren  =  i, 
ou  de  prendre  la  deuxième  onde  courbe  identique  à  la  première,  mais  en 
attribuant  au  cosinus  af  la  valeur  —  y^i  —  (p-  -h  y^)  ou  —  a. 

»  llï.  Si  les  excentricités  subies  par  les  deux  surfaces  d'onde  courbes 
ne  modifient  pas  sensiblement  les  directions  des  deux  rayons  réfléchi  et  ré- 
fracté, elles  paraissent  avoir  une  influence  un  peu  moins  négligeable  sui- 
d'autres  circonstances  du  phénomène.  Telle  serait,  par  exemple,  d'après 
de  mémorables  expériences  de  Fizeau  ('),  la  rotation  a,  —  a  du  plan  de 
polarisation  par  la  réfraction,  rotation  que  permettra  de  calculer  la  der- 
nière formule,  (17),  de  la  Note  précédente. 

»  Fizeau  lançait  à  travers  plusieurs  piles  de  glaces  un  rayon  rectiligne- 
ment  pokirisé,  cpi'il  dirigeait,  tantôt,  en  sens  inverse  de  la  translation  V 
du  globe  terrestre,  tantôt  dans  le  même  sens,  et  il  tâchait  d';îpprécier  la 
différence  introduite  par  ce  retournement  dans  l'azimut  final  de  polarisation 
du  rayon.  Comme  on  passe  du  premier  cas  au  second  par  un  simple  chan- 
gement de  signe  de  V,  i!  nous  suffira  d'établir  la  formule  convenant  au 
premier  cas.  Nous  supposerons  seulement,  pour  plus  de  généralité,  que  la 
translation  V  fasse,  dans  le  plan  d'incidence  (plan  des  xy^,  un  ang^le  9  quel- 
conque (pouvant  donc  diflérer  de  l'angle  i  d'incidence)  avec  la  normale 
aux  surfaces  séparatives,  tirée  du  côté  d'où  vient  le  rayon  inciden^  ou, 
par  conséquent,  un  angle  quelconque  G  —  i  avec  ce  rayon. 

»  IV.  Les  excentricités  x;7i, y  -^„  se  construiront  pour  la  première  réfrac- 
tion, à  partir  du  point  O  où  le  rayon  incident  perce  la  surface  séparative 
correspondante,  sur  la  dioite  faisant,  avec  le  prolongement  même  de  ce 


(^)   Comptes  rendus,  t.  XLIX,  p.  717  (i4  novemlDre  iSSg),  et  Annotes  de  Chimie 
et  de  Physique,  3"  série,  t.  LVIII,  p.  129  à  i63  (février  1860). 


3 12  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

rayon  incident,  l'angle  0  —  i,  ou  bien,  avec  la  normale  O^  tirée  dans  le 
second  milieu,  l'angle  G,  du  côté  où  est  le  rayon  réfracté.  Ces  excentricités 
feront  donc  l'angle  t:  —  z  —  0  avec  le  rayon  réfléchi  et  l'angle  6  —  r  avec  le 
rayon  réfracté. 

»  La  première,  -^j  projetée  sur  la  perpendiculaire  au  rayon    réfléchi 

émanée  de  l'origine,  y  donne   Vécart  d'aberration  |^sin(0 -h  i),  entre  ce 

rayon  et  la  normale  R  =  ^  à  l'onde  courbe,  normale  menée  par  le  point 

de  contact  de  cette  onde  avec  l'onde  plane  réfléchie,  qui  lui  est  tangente  à 

l'extrémité  du  rayon   réfléchi.    L'aberration  i'  —  i    de   celui-ci  est  donc 

Vsin(0  +  O          Vsin(G  +  0        ^    ,,         i      -,    i        -n      •         ■      i       i-   •    i' 
j^Y^T — -  ou  ^1^1 ;  et,  1  angle  i    de  réflexion  égalant  i,  1  on  a 

,_   .        Y  sin(0  +  i) 

co  N 

De  même,  l'excentricité,  j^5  de  l'onde  courbe  relative  au  second  milieu 
donne,  pour  le  rayon  réfracté,  en  la  projetant  sur  la  perpendiculaire  à  ce 
rayon  émanée  de  l'origine,  un  écart   d'aberration,    {r  —  ^)-^,  (oîi  r  est 

l'angle  de  réfraction),  égal  à ^77^ -;  et  l'on  a 

V  siii(e  —  /■) 
P  =  '"~^ N^ 

»  La  formule  (17)  devient  donc,  pour  fournir  la  rotation  a,  —  a  du  plan 
de  polarisation  par  la  réfraction  considérée  : 

f  cotai  ,,  ,  (.  Vrsin(6  +  0         sin(6  — r)!! 

l    —    =  COS  (  l p  )  =  COS  \l  —  r ^r; Vt 

]    cota  "^  '  ^  (  w  L  1\  ^  J  ) 

/-xi           Vrsin(6  +  0         sin(0-/-)T  ..  .) 

I  =  cos(i  -  r)  1 1  -f.  -  [-^-^ V-^J  ^^"^(^-0  j* 

»  Dans  la  réfraction  qui  a  lieu  sur  la  seconde  face  de  la  même  lame 
transparente,  c'est-à-dire  à  la  sortie  du  rayon,  i  et  r,  N  et  N'  échangent  leurs 
rôles;  de  sorte  que  l'on  a,  en  appelant  ao  l'azimut  de  polarisation  du  rayon 
transmis  extérieur, 

.     ^.      colaj  /  ..  \  Vrsin(6H-/-)  sin(0  — /)"    ,  .  ..  ) 


SEANCE    DU    II    AOUT    1902. 
et,  en  multipliant  par  (24), 

cola.,  ,/.  ^(  V  rsin(0  +  0  +  sin(6  —  0  sin  (0  + /•)  +  sin  (0  — /■) 


3i3 


:   =  COS-(l  —  /■  )      I  H 

)ta  ^  /  (  to  L 


N 


IN' 


]  tang(ï-r)  j 


cos^(i- —  r) 


Vsin6/cos?         cos/'\  .  /•  -, 


»   Comme  enfin,  très  sensiblement,  N  égale  i  et  que  N',  indice  de  réfrac- 
tion de  la  lame  dans  l'air,  égale  -^ — 5  il  vient 

O  Cl  II   /• 


cola., 


V  sinO 


/       ^  ,  COL  a.,  „    ,    .  ,  V      Mll'J    /      .  •  .  \     ,  /   •  \ 

(26) =:z  cos-(i  —  r)     1  + -. — :(sin2i  —  s\n2r)li\n2(i  —  r)    . 

^        ^  cola  ^  -^  L  to    siii/   "  /  o\  / 

»  \ .  Comparons  le  second  membre  à  ce  qu'il  serait  si,  la  translation  V 
n'existant  pas,  l'indice  de  réfraction,  que  j'appellerai  m  avec  Fizeau,  rece- 
vait un  petit  accroissement  Am.  On  trouve  alors  facilement 

cota,  ,/.  Lm  \  .,  ,  •         xf  Am  ,.  -.1 

=  cosM  i  —  r  -\ fangr    —  cas- (i  —  r)    1  —  2 —  tane;r  li\n^{i  —  r)  \; 

cota  \  m         ^   J  L  "^  '    ■  J 

et  une  identification  immédiate  à  (2(3)  donne 

.        .         \f)i  V  sinO  sin2/' — sin^i  V  sinf)  cos  (/ +  r)  sin  (/ — /•) 


oj    sin  «  2  tane;/' 


tans/- 


pour  l'accroissement  relatif  de  l'indice  de  réfraction,  qui  produirait  le 
supplément  de  rotation  du  plan  de  polarisation  auquel  donne  lieu  la 
translation  V. 

»   Dans   les  observations   de   Fizeau,    l'on  avait  i:='jo°,  m  =  i,5i34; 
d'où   r=3S°23',    /  — r=3i"37',    cos(i -+- r)  =  —  sini8°23'.    En    outre, 

—  =  0,0601  (environ)  et,  le  plus  souvent,  0  ne  différait  pas  sensiblement 

de  i.  Il  résulte  de  la  formule  (27),  dans  ces  conditions, 

A/?i  ,  .  ..  I 

—  =  (  environ  )  0,0000200  ou  -, 

m         ^  ^  ^        47900 

))   Fizeau  a  cru  pouvoir,  sur  la  foi  de  quelques  inductions,  proposer,  pour 
le  cas  où  6  =  i,  la  formule  notablement  plus  forte 


—  =  —    m cos  Kl  —  r)\ 

m  u)  \  m  j         ^  ^ 


.    .    A/?r 


elle  donnerait,  ici,  —  =0,0000726,  ou  plus  de  trois  fois  autant  que  la 
précédente.  Ce  résultat  plus  fort  se  trouve  être,  il  est  vrai,  de  l'ordre  d'une 


3l4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

moyenne  entre  ceux  que  lui  ont  fournis  ses  observations,  fort  divergents 
d'ailleurs  (dans  le  rapport  de  i  à  4  environ).  Mais  de  nombreuses  pertur- 
bations, que  le  génie  expérimental  si  éminent  de  Fizeau  avait  été  impuissant 
à  lui  faire  neutraliser  ou  évaluer  toutes,  y  intervenaient,  malgré  les  plus 
persévérants  efforts  pour  les  éliminer  ou  les  corriger.  AussiFizeau  espérait-il 
avoir  seulement  réussi,  dans  ce  travail,  à  montrer  l'existence,  mais  non  à 
évaluer  la  gr;mdeur,  d'une  influence  de  la  translation  terrestre  sur  le  phé- 
nomène étudié. 

»  De  nouvelles  expériences  pourraient-elles  élucider  la  question?  Les 
quantités  à  y  mettre  en  vue  sont  tellement  petites,  qu'on  n'ose  guère 
l'espérer,   v 


BALISTIQUE.    —    S'fr  la   foi  des  pressions   rians   les  houchos   à  feu. 
Note  de  M.  E.  Valmkîî. 

«  Dnns  deux  Notes,  insérées  aux  Comptes  rendus  des  2-2  juillet  et 
5  août  1901,  j'ai  étudié  la  représentation  delà  loi  des  pressions  dans  les 
bouches  à  feu  à  l'aide  d'un  système  de  formules  approchées. 

»  Pour  (iourer  des  phénomènes  tels  que  ces  pressions,  à  croissance  très 
rapide  au  dél)Ut,  puis  à  décroissance  plus  ou  moins  lente  à  allure  asymp- 
totique,  j'avais  recherché,  exprimée  en  fonction  du  tem[)s,  une  forme  analy- 
tique à  marche  analogue  et.  nnrès  divers  tâtonnements,  adopte  \\\  fonction 

qui  présente  effectivement  l'allure  en  question. 

))  Pour  donner  plus  de  souplesse  à  ce  mode  de  représenlation,  j'ai 
ensuite  introduit  un  exposant  p  dit  exposant  de  lenteur,  à  déterminer 
d'après  les  conditions  spéciales  à  chaque  cas,  et  c'est  donc  la  fonc- 
tion (pP(s)  qui  fut  adoptée  en  deuxième  approximation.  La  délermination 
de  cet  exposant  (3  a  fait  précisément  l'objet  de  la  Noie  du  5  août  190 1. 

»  On  y  indiquait  que,  à  défaut  de  données  spéciales  pour  ladite  déter- 
mination, on  avait,  à  la  suite  d'une  série  d'applications  numériques,  établi 
entre  cet  exposant  p  et  la  caractéristique  a  spéciale  à  chaque  tir  la  relation 
empirique 

laquelle  peut  être  considérée  comaie  fournissan;,  à  défaut  de  données  plus 


SÉANCE  DU  II  AOUT  1902.  3 15 

précises,  la  valeur  de  fi  la  plus  probable  pour  une  valeur  donnée  de  a, 
lorsque  ce  dernier  paramètre  varie  entre  i ,  4  et  3,  ce  qui  comprend  tous 
les  cas  de  la  pratique. 

))  De  la  considération  de  cette  fonction  cp  (z),  puis  '^^^(z),  on  a  déduit  un 
certain  nombre  de  fonctions  balistiques  du  paramètre  a,  se  prêtant  à  la 
solution  des  problèmes  de  toute  espèce,  et  l'on  a  calculé  des  Tables  numé- 
riques de  ces  fonctions  pour  les  valeurs  ci-dessous  de  l'exposant  p   : 

^  =  I,      1,5,     2,0,     2,.),     3,0,     li,o,     5,0. 

(Ces  fonctions  sont  définies  analytiquement  dans  la  Note  dii22  juillet  190! .) 
»  Malheureusement,  lorsque  l'examen  d'une  question  conduit  à  une 
valeur  de  p  différente  de  celles  énoncées  ci-dessus,  l'on  est  réduit  à  des 
interpolations  compliquées,  entraînant  un  labeur  hors  de  proportion  peut- 
être  avec  l'approximation  qu'il  suffirait  d'obtenir. 

»  On  peut  rétablir  la  continuité  des  formules,  tout  en  conservant  une 
précision  suffisante,  en  utilisant  la  relation  empirique  rappelée  plus  haut, 

(l)  (a-i)p  =  2 

qui  fournit,  à  défaut  de  données  plus  certaines,  la  valeur  de  ^  la  plus  pro- 
bable pour  chaque  valeur  de  a. 

))  Aux  valeurs  de  ^  pour  lesquelles  les  Tables  sont  construites  (soit  i, 
1,5,  2,  2,5,  3,  4  ^t  5)  correspondent  des  valeurs  de  a  données  par  la 
relation  (i);  les  Tables  donnent  donc,  pour  ces  valeurs  de  a,  les  valeurs 
correspondantes  les  plus  probables  pour  les  diverses  fonctions  balistiques. 
En  construisant  les  points  figuratifs  de  ces  valeurs  et  les  réunissant  par 
un  trait  continu,  on  obtiendra  les  courbes  des  valeurs  les  plus  probables 
des  diverses  fonctions  pour  chaque  valeur  de  a,  c'est-à-dire  celles  qu'il 
convient  d'employer  lorsque  la  détermination  exacte  de  l'exposant  [i  n'est 
pas  possil)le. 

»  La  Table  ci-dessous  donne  les  valeurs  de  ces  différentes  fonctions  en 
prenant  le  paramètre  a  pour  argument,  renvoyant,  pour  leur  signification, 
aux  Notes  précitées  de  1901  : 


a. 

P(a). 

0(a). 

*(«)• 

W(a). 

T(a). 

Q(«). 

1,4 

o,38o 

1,44 

0,  i65 

o,438 

2,53 

0,52 

1,5 

o,3o8 

j ,  16 

o,i34 

0,414 

2,3l 

0,46 

1,6 

0,267 

0,97 

0, 1 13 

0,394 

2,  i5 

o,4i 

i'7 

0,219 

0,82 

0,097 

0,378 

2,02 

0,37 

1,8 

0,189 

0,72 

0,084 

o,365 

1,92 

0,33 

3i6 


ACADEMIE    DES 

SCIENCES. 

a. 

P(a). 

0(a). 

*(a). 

W(a).               T(a). 

Q(a). 

1.9 

0,  i63 

o,64 

0,075 

o,35r 

1,84 

o,3o 

2,0 

0,1 4o 

0,57 

0,067 

0,340 

.78 

0,28 

2,1 

0, 128 

o,5i 

0,061 

o,33i 

r,73 

0,26 

2,2 

0,109 

o,46 

o,o55 

0,323 

,69 

0,24 

2,3 

0,097 

0,43 

o,o5o 

o,3i5             1 

,65 

0,22s 

2,4 

0,086 

o,4o 

0,045 

o,3o8 

,61 

0,21 

2,5 

0,076 

0,37 

o,o4i 

o,3oi 

1,58 

0,195 

2,6 

0,068 

0,34 

o,o38 

0,295             ] 

,56 

0,17 

2,7 

0,061 

0,32 

o,o35 

0,288 

t,54 

0,  16 

2,8 

o,o54 

o,3o 

o,o32 

0,281             1 

,52 

0,  i5 

2,9 

o,o49 

0,28 

0,029 

0,275             ] 

,5o 

o,i4 

3,0 

o,o44 

0,26 

0,026 

0,269 

,48 

0,  i3 

CORRESPOND  AN  CE . 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  fonctions  entières  de  genre  fini. 
Note  de  M.  Eknst  Lindelof,  présentée  par  M.  Emile  Picard. 

«  Ayant  achevé  l'impression  de  mon  Mémoire  sur  la  théorie  des  fonc- 
tions entières  ('),  que  j'ai  eu  l'occasion  d'annoncer  dans  une  Note  anté- 
rieure (*),  je  demande  la  permission  de  signaler  ici  quelques  résultats 
nouveaux  que  j'y  ai  développés. 

»  Mais  avant  tout,  je  tiens  à  en  rectifier  un  passage  (note  2  de  la  page  35), 
oii  j'avais  émis  des  doutes  relativement  à  l'exactitude  d'un  résultat  énoncé 
par  M.  Hadamard  dans  sa  Note  Sur  les  fonctions  entières  (Tome  XXIV  du 
Bulletin  de  la  Soc.  Math,  de  France).  Dans  cette  Note,  M.  Hadamard,  en 
parlant  de  deux  courbes  qu'il  a  été  amené  à  considérer,  dit  qu'elles  vont 
en  se  resserrant  indéfiniment.  Par  une  interprétation  hâtive,  j'avais  cru  qu'il 
voulait  dire  par  là  que  la  différence  entre  les  ordonnées  des  deux  courbes 
correspondantes  à  une  même  abscisse  tende  vers  zéro  lorsque  cette  abscisse 
augmente,  ce  qui  aurait  été  contraire  à  la  réalité.  Or,  comme  me  l'a  bien 
voulu  faire  remarquer  M.  Hadamard,  la  proposition  dont  il  s'agit  est  exacte 
si  l'on  compte  la  distance  des  courbes  parallèlement  à  l'axe  des  abscisses. 
Ainsi,  le  doute  que  j'avais  exprimé  ne  reposait  que  sur  un  malentendu  de 
ma  part. 


[})  Ce  Mémoire  fera  partie   du    Tome  XXXI    des  Acta   Societatis   Scientiarum 
Fennicœ. 

(^)  Comptes  rendus  du  3o  décembre  1901. 


SÉANCE    DU    II    AOUT    1902.  Si'] 

))  Voici  maintenant  les  résultats  que  je  voulais  signaler  : 
»  1,  /(x)  étant  une  fonction  entière  quelconque  dont  la  valeur  à  l'ori- 
gine est  égale  à  un,  si  l'on  désigne  par  M  (r)  le  maximum  de  son  module 
sur  la  circonférence  \x\  =  r,  et  par  a^,  a.,,  . ..,  a„,  . ..,  ses  zéros  rangés 
par  ordre  de  modules  croissants,  on  peut  conclure  du  théorème  de 
M.  Jensen  (^)  que  l'inégalité 

VV  |«t,«2,  ...,««|  r"- 

et  par  suite  aussi,  à  plus  forte  raison,  l'inégalité 

est  vérifiée  pour  toutes  les  valeurs  de  r  et  de  l'indice  n. 

»  Supposons  en  particulier  qu'on  ait,  quelque  petit  que  soit  le  nombre 
positifs, 

(a)  M(r)<e'^^^>'-'"''^'-'", 

à  partir  d'une  valeur  finie  de  a,  A  étant  une  constante  positive.  De  l'inéga- 
lité (2)  on  pourra  alors  tirer  la  suivante  : 

(3)  \^n\>(i-^)\Ç^nOogn)-^J, 

a  partir  d'un  certain  indice  n.  Nous  avons  démontré  que  cf:Ue  limite  infé- 
rieure de  I  <2„  I  est  la  plus  précise  quon  puisse  indiquer  tant  quon  ne  fait 
d'autres  hypothèses  que  (a),  ce  qui,  a  priori,  n'était  nullement  évident,  vu 
les  approximations  assez  grossières  qui  ont  fourni  la  relation  (2). 

»  Si  les  zéros  de  la  fonction /(ic)  sont  assujettis  à  certaines  restrictions, 
on  pourra  au  contraire,  dans  bien  des  cas,  préciser  davantage  la  limite  (3). 
Ainsi  si,  en  dehors  de  («),  on  admet  encore  cette  autre  hypothèse  : 


«J< 


/i(log^)  ^     , 


pour  n  suffisamment  grand,  B  étant  une  constante  positive,  on  trouve  à 

l'aide  de  (i)  : 

1 

('  )  Acta  matheniatica,  t.  XXII. 

C.  R.,  1902,  2"  Semestre.  (T.  CXXXV,  N"  6.)  4^ 


3l8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

à  partir  d'un  certain  indice  n,  co  désignant  la  plus  petite  racine  positive  de 
l'équation 

07=  e 


Me   • 


On  en  conclut  en  particulier  le  théorème  suivant  : 

»  Pour  toute  fonction  entière  satisfaisant  à  V hypothèse  {a),  l'inégalité 

\^n\>  0  -  ^)[Ç  n{\ogny^J 

est  vérifiée  pour  une  infinité  d'indices  n. 

»  C'est  là  encore  un  résultat  bien  précis.  En  voici  un  autre  plus  parti- 
culier, mais  comportant  cependant  des  applications  intéressantes  : 

»  Sifi^x^est  une  fonction  entière  de  genre  o  qui  vérifie  l'hypothèse  (^a^ 
et  dont  les  zéros  sont  tous  situés  sur  un  même  rayon  issu  de  f  origine,  on  aura, 
à  partir  d'un  certain  indice  n, 

[^a— 1     ^1— p  ~\  p 

T  désignant  la  racine  positive  de  l'équation  ^ 


t'-P 


»  La  quantité  — —  va  en  croissant  de  -  à  i ,  lorsque  p  croît  de  o  à  i . 

»   2.   Supposons  maintenant  que,  l'hypothèse  (a)  étant  toujours  véri- 
fiée, on  ait  en  même  temps,  quelque  petit  que  soit  e, 

{b)  M(r)>e'^-^"-'"°^"-'" 

pour  une  infinité  de  valeurs  r  indéfiniment  croissantes. 

»    Si  p  n'est  pas  entier,  il  existera  alors  un  nombre  positif"  a  tel  qu'on 
ait,  quelque  petit  que  soit  e, 


(4) 


an\<{i  -^  ^)\\n{\o^ny\^ 


pour  une  infinité  d'indices  n. 

»  Nous  avons  démontré  que  la  plus  petite  valeur  \  telle  que  l'inégalité  (4) 
ait  lieu  pour  toute  fonction  entière  vérifiant  les  hypothèses  (^a)  et  {b),  est 


■x  =  f 


pour  o  «<^  p  <!  I  ♦ 


et 


SÉANCE    DU    II    AOUT    1902.  819 

\=:^-—\—^ \ ^F(l,I,p,   —  l)        /?0Mri<û<2, 


F(a,  p,  y,  x)  désignant  la  série  hypergéométrique  de  Gauss. 

»  St  p  est  un  nombre  entier,  l'inégalité  (4)  sera  remplacée  par  la  suivante  : 

\_ 
(5)      I«„  [  ■<  (  I  +  ê)    x^C^*^?^)"*  '         pour  une  infinité  d'indices  Az, 

]j.  désignant  une  constante  positive  dont  la  valeur  précise  est 

pa-i 

au  moins  si  l'on  a  p  :=  i  ou  p  =  2,  a.  <[  o.    » 

PHYSIQUE.  —  Sur  le  mode  de  formation  des  rayons  cathodiques  et  des  rayons 
de  Rôntgen.  Note  de  M.  Tu.  Tommasixa. 

«  I/étiide  de  la  production  unipolaire  des  rayons  X  avait  permis  à 
M.  Jules  Semenov  (')  de  constater  c^ne  l' anticathode  n'émet  de  rayons  que  si 
elle  porte  une  charge  électrique  et  que,  reliée  au  sol,  elle  n'engendre  presque 
pas  de  rayons.  Etant  donnée  l'importance  théorique  de  ce  fait  j'ai  voulu 
essayer  si,  par  quelques  modifications  expérimentales,  il  me  serait  possible 
de  l'établir  nettement. 

»  Le  tube  focus  bianodique  dont  je  me  suis  servi  est  très  puissant  :  il  donne,  avec  le 
dispositif  ordinaire,  la  vision  nette  du  squelette  à  plusieurs  mètres  de  distance  si  l'on  se 
place  dans  le  champ  de  dispersion  du  miroir  plan  anticathodique,  mais  on  l'entrevoit 
encore  faiblement  de  tous  les  points  de  la  salle,  même  derrière  l'anticathode.  C'est  un 
tube  du  type  sphérique  à  trois  appendices,  deux,  opposés  axialement  contenant  l'un  le 
miroir  plan  anodique  et  l'autre  le  miroir  concave  cathodique;  le  troisième,  qui  est  à 
côté  de  l'anode,  est  muni  d'une  longue  tige  qui  a  permis  de  placer  le  miroir  plan  anti- 
cathodique au  centre  du  tube  sur  la  ligne  axiale  des  deux  électrodes,  en  regard  de  la 
cathode  avec  une  inclinaison  de  45°.  Par  ce  dispositif,  la  fluorescence  du  tube  est 
nettement  délimitée  par  le  plan  du  miroir  anlicalhodique  qui  le  divise  en  deux  parties 
égales,  l'une  faiblement  éclairée  et  l'autre  très  fortement. 

»  Dans  le  but  d'éviter  tout  effet  de  self-induction  et  pour  arrêter,  comme  d'habi- 
tude, l'extracourant  de  fermeture,  j'ai  mis  en  communication  le  pôle  positif  de  la 
bobine  d'induction  avec  de  l'eau  distillée.  A  i<^™,5  au-dessus  de  l'eau,  était  placée 
l'extrémité  d'un  fil  métallique  relié  à  la  cathode  du  tube  focus.  Le  pôle  négatif  de  la 


(*)  Comptes  rendus,  t.  CXXXIII,  p.  217,  1901. 


320  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

bobine  étant  isolé,  l'anode  et  l'anticathode  du  tube  étaient  reliées  entre  elles  et  avec 
le  sol  par  les  conduites  du  gaz  et  de  l'eau.  Le  fil  partant  du  pôle  positif  de  la  bobine 
était  rapproché  du  pôle  négatif  de  façon  à  permettre  une  décharge  entre  eux  lorsque 
la  résistance  du  tube  était  trop  grande,  constituant  en  outre  un  court-circuit  par 
effluve  à  aigrettes,  lequel  annulait  l'action  entre  le  secondaire  de  la  bobine  et  le  sol. 

»  A  peine  l'intensité  du  courant  était-elle  suffisante  pour  produire  des  décharges 
disruptives  entre  l'eau  et  le  fil  suspendu,  que  le  tube  commençait  à  manifester  une 
légère  fluorescence,  distribuée  un  peu  partout  à  sa  surface,  mais  irrégulièrement.  En 
augmentant  le  courant  on  arrivait  à  l'intensité  voulue  pour  que  l'action  du  miroir 
anticathodique  pût  devenir  prépondérante;  alors  la  moitié  opposée  du  tube  acquérait 
une  plus  grande  luminosité,  et  l'on  pouvait  observer  la  modification  produite  sur  le 
faisceau  cathodique  par  l'action  du  déplacement  d'un  champ  magnétique.  Les  rayons  X 
étaient  suffisamment  intenses  pour  permettre  de  distinguer  nettement  des  objets 
métalliques  dans  une  enveloppe  en  cuir  épais,  placée  derrière  l'écran  fluorescent. 

»  Ce  résultat  démontrant  à  l'évidence  l'obtention  des  deux  types  de 
rayons  avec  l'anticathode  reliée  au  sol  et  par  flux  anodique,  il  était  naturel 
d'éliminer  les  deux  électrodes  qui  ne  semblaient  point  nécessaires  à  la 
production  du  phénomène. 

»  N'ayant  pas  à  ma  disposition  un  bon  tube  unipolaire,  j'ai  pu  obtenir  un  résultat 
également  démonstratif  au  moyen  d'un  tube  bipolaire  commun,  de  forme  conique. 
Dans  ce  genre  de  tubes,  comme  l'on  sait,  la  cathode  est  placée  au  sommet  du  cône, 
tandis  que  l'anode  très  petite  et  sans  miroir  est  dans  un  appendice  latéral  du  tube,  de 
façon  qu'elle  ne  gêne  aucunement  le  passage  des  radiations  cathodiques  qui  vont  pro- 
duire la  tache  de  fluorescence  sur  la  base  du  cône.  J'ai  pensé  que  l'anode  isolée,  à 
cause  de  sa  surface  métallique  très  petite,  ne  pouvait  donner  lieu  qu'à  une  action 
minime,  laquelle  ne  saurait  empêcher  la  constatation  du  phénomène.  En  effet,  avec  le 
même  dispositif  que  précédemment,  la  cathode  étant  reliée  au  pôle  positif  de  la 
bobine  par  l'intermédiaire  de  la  décharge  sur  leau  distillée,  l'anode  du  tube  et  le  pôle 
négatif  de  la  bobine  étant  isolés,  la  fluorescence  se  produisit  sur  tout  le  tube,  allant 
en  progressant  d'intensité  vers  la  base-  du  cône  sur  laquelle  se  formait  la  tache  de 
maximum  de  luminosité.  J'ai  pu  alors  constater  comme  précédemment  les  effets  pro- 
duits par  les  rayons  cathodiques  et  les  rayons  X. 

))  Le  résultat  obtenu  par  ce  dernier  dispositif  montre  que  la  transfor- 
mation du  flux  électrique  anodique  en  rayons  cathodiques  peut  avoir  lieu 
par  des  réflexions  multiples  contre  les  parois  intérieures  du  tube,  comme 
on  l'avait  constaté  par  le  dispositif  bipolaire  usuel.  Ainsi  l'on  peut  établir 
les  conclusions  suivantes  : 

))  1 .  La  réflexion  diffuse  du  flux  anodique  seul  est  suffisante  pour  donner 
naissance  aux  rayons  cathodiques  et  aux  rayons  de  Rôntgen. 

»   2.   Le  phénomène  a  lieu  même  avec  V anticathode  reliée  au  sol. 

»   3.   La  réflexion  multiple  par  les  parois  d'un  tube  à  vide,  au  degré  voulu 


SÉANCE  DU  II  AOUT  1902.  321 

de  raréfaction,  suffit  pour  produire  la  transformation  partielle  du  flux  ano- 
dique  en  rayons  cathodiques  et  en  rayons  de  Rôntgen. 

»  Ces  conclusions  sont  en  parfait  accord  avec  la  déduction  qu'on  peut 
tirer  du  fait  connu  de  l'existence  de  la  tache  d'oxydation  dans  la  partie 
centrale  du  miroir  concave  de  la  cathode  des  tubes  focus  en  usage.  En  effet, 
la  position  de  cette  tache  démontre  d'une  manière  irréfutable  que  l'agent 
qui  produit  les  rayons  cathodiques  ne  peut  pas  être  émis  par  la  cathode, 
et  qu'il  doit  lui  arriver  d'une  source  qui  se  trouve  dans  le  tube  même, 
donc  de  l'anode.  Ainsi  cet  agent  doit  être  dans  le  flux  anodique.  Que  la 
réflexion  joue  un  grand  rôle,  sinon  le  rôle  capital,  dans  la  transformation 
du  flux  électrique  en  radiations,  c'est  ce  qui  était  déjà  démontré  par  le 
fait  que  les  rayons  cathodiques  et  les  rayons  X  sont  beaucoup  plus  intenses 
lorsqu'ils  sont  formés  dans  un  tube  focus  muni  d'anticathode  que  lorsqu'ils 
émanent  directement  de  la  cathode  d'un  tube  simple. 

))  D'après  les  conclusions  précédentes  on  peut  envisager  le  mode  de 
formation  de  ces  rayons  de  la  manière  suivante  :  Le  flux  électrique  qui 
part  de  l'anode  pour  se  propager  dans  Tair  raréfié  du  tube  suit  les  lignes 
de  force,  formant  lui-même  ses  propres  conducteurs,  qui  consistent  en  ali- 
gnements polarisés  de  matière  radiante,  comme  cela  a  lieu  dans  la  produc- 
tion du  fantôme  électrique  par  les  poudres  conductrices  dans  les  liquides 
diélectriques,  où  l'on  observe  des  projections  ou  jets  de  particules. 

»  Ce  flux  étant  oscillant  donne  lieu  à  une  destruction  périodique  des 
contacts,  laquelle  produit  des  vibrations  qui  devienneut  visibles  sous 
forme  de  luminescence.  Dans  le  champ,  ces  alignements  vont  embrasser 
de  tous  les  côtés  le  miroir  cathodique,  mais  leur  fiùsceau  plus  dense  frappe 
la  face  concave  en  regard,  laquelle  se  réchauffe  davantage  où  les  points 
d'arrivée  sont  plus  nombreux.  Cet  échauffement  augmente  la  raréfaction 
à  proximité  de  la  surface  cathodique  et  donne  lieu  à  l'espace  obscur  de 
Hittorf,  ce  qui  explique  l'accroissement  de  cet  espace  de  nature  interfé- 
rentielle  lorsque  l'action  est  plus  intense. 

»  Ce  serait  dans  ces  conditions  et  par  suite  de  la  modification  mécanique 
de  l'absorption  partielle  et  de  la  réflexion  diffuse,  que  la  transformation 
semblerait  avoir  lieu.  Ceci  admis,  on  peut  appliquer  à  cette  catégorie  de 
phénomènes  les  lois  sur  la  propagation  du  flux  de  déplacement  ou  de  pola- 
risation dans  un  milieu  diélectrique  :  ainsi  les  équations  de  Maxwell. 
Comme  les  déplacements  infiniment  petits  d'un  corps  parfaitement  élas- 
tique suivent  les  mêmes  lois,  on  passe  par  l'intermédiaire  du  flux  de  dépla- 
cement uniforme  aux  vibrations,  et  l'on  peut  établir  une  liaison  mécanique 
entre  le  flux  électrique  et  les  radiations.  » 


322  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Phénomènes  observés  à  Zi-Ka-Wei  {Chine)  lors  de 
l'éruption  de  la  Martinique.  Note  de  M.  de  Moidrey,  présenlée  par 
M.  Mascart. 

«  L'éruption  principale  de  la  Montagne  Pelée  s'est  produite  le  8  mai, 
quelques  minutes  avant  8'\  Ce  jour-là,  à  f^^^"^  (t.  m.  de  la  Martinique), 
après  une  longue  période  de  calme  magnétique,  notre  bifilaire  indique  un 
accroissement  brusque  de  la  composante  horizontale,  qui  reste  agitée 
pendant  8  heures  environ. 

»  De  12*^25™  à  is^^SS'"  la  courbe  de  cet  élément  présente,  sans  doute  possible,  les 
caractères  d'une  agitation  mécanique.  11  était  ici  minuit;  à  cette  heure,  en  pleine 
campao-ne,  aucune  cause  accidentelle  ne  peut  influencer  nos  aimants.  D'ailleurs,  pen- 
dant le  même  temps,  la  courbe  du  grand  baromètre  enregistreur,  habituellement  très 
fine,  a  son  épaisseur  augmentée  d'environ  quatre  fois;  il  ne  peut  être  question  d'une 
onde  atmosphérique,  mais  la  colonne  de  mercure  a  agi  en  véritable  séismographe  ;  à 
ce  phénomène  succède  immédiatement  un  second  accroissement  assez  brusque  de  la 
composante  horizontale.  Une  troisième  recrudescence,  observée  de  iS^-S"  à  iS'^iS'", 
est  suivie  d'un  calme  à  peu  près  complet  pendant  plus  de  7  heures.  On  remarque  alors 
une  faible  agitation,  puis  une  nouvelle  perturbation  qui  dure  jusqu'au  9  vers  16^. 

))  Nous  avons  donc  ici  des  faits  de  deux  ordres  distincts  :  une  pertur- 
bation magnétique  dont  le  début  coïncide,  comme  à  Paris  et  à  Lyon,  avec 
l'explosion  de  la  Montagne  Pelée,  et  un  ébranlement  du  sol  qui  aurait  mis 
4'>27™  à  se  propager  jusqu'ici,  à  moins  qu'il  ne  corresponde  à  un  des  chocs 
postérieurs. 

»  L'observatoire  de  Zi-Ra-Wei  est  situé,  à  10'  près,  sur  le  méridien 
opposé  à  celui  de  la  Martinique.    » 


PHYSIOLOGIE  GÉNÉRALE.  —  Nouvelles  contributions  à  la  physiologie  des  leu- 
cocytes. Note  de  MM.  H.  Stassaxo  et  F.  Billon,  présentée  par  M.  Alfred 
Giard. 

«  1.  Le  phénomène  de  Sthor,  à  savoir  la  diapédèse  des  leucocytes  à 
travers  les  muqueuses,  se  manifeste  d'une  façon  particulièrement  in- 
tense le  long  du  tube  digestif  (Recklingausen).  L'un  de  nous  a  montré, 
par  différents  procédés  expérimentaux,  que  cette  diapédèse  constitue  un 
des  principaux  mécanismes  par  lesquels  l'économie  se  débarrasse  des  prin- 


SÉANCE  DU  II  AOUT  1902.  323 

cipes  qui  lui  sont  nuisibles  ou  simplement  inutiles  (*).  Le  bichlorure  de 
mercure,  indiscutablement,  introduit  dans  la  circulation  s'élimine  en 
grande  partie  au  niveau  des  voies  digestives  par  l'intermédiaire  des  leuco- 
cytes. On  peut  s'assurer,  par  la  réaction  microchimique  du  ferrocyanure, 
qu'il  en  est  de  même  pour  le  fer  introduit  dans  les  veines  sous  forme  de 
saccharate;  et  d'autres  observations  portent  à  admettre  que  la  diapédèse 
leucocytaire  intervient  dans  chaque  cas  d'élimination  intestinale. 

))  Par  la  peau  et  le  système  pileux  s'éliminent  aussi  nombre  de  sub- 
stances, l'arsenic  et  l'iode  en  sont  les  exemples  les  mieux  étudiés.  Cette 
élimination  est  trop  lente  pour  que  l'on  puisse  établir  par  l'expérience  si 
les  leucocytes  y  prennent  part.  Pourtant,  l'anatomie  comparée  et  l'expéri- 
mentation sur  les  animaux  inférieurs  nous  autorisent  à  l'admettre.  Le 
transport  des  granules  excrétoires  par  les  cellules  migratrices  a  été  con- 
staté d'une  façon  certaine  dans  les  groupes  animaux  les  plus  variés,  des 
Échinodermes  jusqu'aux  Vertébrés.  Depuis  la  démonstration  donnée  par 
M.  Hugo  Eisig,  en  1879,  du  rôle  excrétoire  de  l'épiderme  des  Capitellides, 
de  nombreux  travaux  sont  venus  confirmer  la  théorie  de  ce  savant  sur  la 
nature  excrétoire  des  pigments  colorés  des  animaux. 

M  Bien  des  faits  entraînent  également  la  conviction  que  les  leucocytes 
sont  aussi  les  agents  de  l'élimination  qui  se  fait  par  les  glandes.  Les  leu- 
cocytes sont  les  porteurs  exclusifs  de  l'iode  contenu  dans  le  sang  normal 
(Stassano  et  Bourcet);  cela  conduit  à  penser  que  l'iode,  qui  se  retrouve 
aussi  à  l'état  normal  dans  le  lait  (combiné  aux  nucléines,  Stassano  et 
Bourcet),  est  apporté  parles  leucocytes  aux  glandes  mammaires.  On  sait, 
aussi,  que  les  glandes  en  activité  sont  le  siège  d'un  afflux  considérable  de 
leucocytes  et  l'un  de  nous  (Stassano)  a  constaté  que  le  mercure,  l'arsenic, 
la  strychnine  et  la  morphine,  substances  auxquelles  se  rapportent  ces  ob- 
servations, se  rencontrent  dans  plusieurs  sécrétions,  de  même  que  dans 
les  excréta,  à  l'état  de  véritables  combinaisons  nucléiniques. 

»  2.  L'intensité  décroissante  de  l'élimination  du  mercure  dans  l'intes- 
tin, à  partir  du  duodénum  jusqu'au  gros  intestin,  montre  que  l'activité  de 
la  diaj)édèse  leucocytaire  varie  dans  le  même  rapport  d'une  région  à 
l'autre  du  tube  digestif.  Il  a  été  établi  que  le  pouvoir  favorisant  sur  la  di- 
gestion trypsique,  découvert  par  Pawlow^  et  Schépowalnikow  dans  le  suc 
entérique  et  qu'ils  ont  appelé  en/ero^ma^e,  diminue  pareillement  à  partir 

(')  Stassano,  Sur  le  râle  des  leucocytes  dans  l'élimination  {Comptes  rendus, 
8  juillet  1901). 


3-24  ACADÉP^IIE    DES    SCIENCES. 

du  duodénum,  devenant  nul  au  niveau  du  gros  intestin.  Ce  parallélisme  et 
le  fait,  constaté  par  M.  Delezenne,  que  les  macérations  de  leucocytes  con- 
tiennent un  principe  analogue  à  Y entérokinase ,  nous  ont  amenés  à  recher- 
cher si  le  pouvoir  activant  de  la  sécrétion  entérique  ne  provient  pas,  en 
partie  du  moins,  des  leucocytes  qui  affluent  sans  cesse  en  grand  nombre 
dans  la  muqueuse  intestinale. 

»  Pour  éclaircir  ce  point  nous  avons  exalté  expérimentalement  cet  afflux  de  leu- 
cocytes, par  des  injections  intra-veineuses  soit  de  bichlorure  de  mercure,  soit  de  sac- 
charate  de  fer,  et  nous  avons  comparé  le  pouvoir  activant  ou  kinasique  des  nucléo- 
albumines  extraites  des  intestins  sièges  de  ces  intenses  leucocytoses,  avec  celui  des 
nucléo-albumines  préparées,  en  même  temps  et  de  la  même  manière  (^),  avec  des 
intestins  normaux.  Le  résultat  de  ces  comparaisons,  plusieurs  fois  répétées  dans  les 
meilleures  conditions,  est  le  suivant  :  les  nucléo-kinases  de  chien  mercurialisé  et  de 
chien  traité  par  le  saccharate  de  fer  sont  sensiblement  plus  actives  que  les  nucléo- 
kinases  de  chien  normal. 

»  De  plus,  comme  il  est  certain  que  la  stase  sanguine  qui  accompagne  la  digestion 
favorise  la  diapédèse  des  leucocytes  à  travers  la  muqueuse  entérique  hyperémiée,  nous 
avons  comparé  par  le  même  procédé  le  pouvoir  kinasique  des  nucléo-albumines  de 
l'intestin  grêle,  du  duodénum  en  particulier,  au  moment  de  la  digestion,  avec  celui 
des  nucléo-albumines  de  muqueuses  intestinales  de  la  même  région,  retirées  d'ani- 
maux à  jeun.  Nous  avons  trouvé  également  que  les  premières  nucléo-albumines  sont 
plus  actives  que  les  secondes. 

»  Ces  résultats  concordants  nous  ont  fait  examiner  si  l'action  leucocy- 
taire en  question  est  démontrable  par  l'addition  in  vitro  des  leucocytes  à 
du  suc  pancréatique. 

f>  Nous  avons  constaté,  en  premier  lieu,  que  la  partie  liquide  des  exsudats  périto- 
néaux  riches  en  leucocytes,  provoqués  chez  le  cobaye  par  l'injection  de  quelques  cen- 
timètres cubes  d'émulsion  de  lécithine  dans  de  la  solution  physiologique,  possède  un 
pouvoir  empêchant  vis-à-vis  de  la  digestion  trypsique  de  beaucoup  inférieur  à  celui 
du  plasma  sanguin.  Nous  avons  pu  apprécier  la  valeur  de  cette  action  empêchante, 
indépendamment  de  l'action  particulière  aux  leucocytes,  en  faisant  tomber  quelques 
gouttes  de  ces  exsudats,  aussitôt  retirés  du  péritoine  du  cobaye,  dans  du  suc  pancréa- 
tique préalablement  dilué  dans  une  solution  de  fluorure  de  sodium;  cette  substance, 
on  le  sait,  empêche  les  leucocytes  de  se  détruire  et  de  mettre  en  liberté  les  principes 
diastasiques  tels  que  le  fibrin-ferment  qu'ils  contiennent.  En  opérant,  au  contraire, 
l'addition  des  gouttes  d'exsudat,  après  y  avoir  provoqué  la  désagrégation  des  leuco- 
cytes, par  deux  ou  trois  congélations  successives,  nous  avons  laissé  agir  librement  sur 


(^)  Stassano   et  BiLLON,   Comptes  rendus  de  la  Société  de  Biologie,  3i   mai  et 
26  juillet  1902. 


SÉANCE  DU  II  AOUT  I902.  325 

le  suc  pancréatique  les  produits  apportés  par  les  leucocytes.  Dans  ce  cas,  nous  avons 
constaté  sur  le  suc  une  action  kinasique  très  nette,  quoique  bien  inférieure  à  l'action 
exercée  sur  d'autres  échantillons  du  même  suc  pancréatique  par  des  nucléo-kinases 
intestinales  de  différentes  provenances. 

»  Cette  différence  quantitative  est  bien  naturelle  si  l'on  considère  que  les  leuco- 
cytes des  exsudats  ont  subi,  depuis  leur  sortie  de  la  circulation,  des  modifications 
telles  qu'ils  ne  peuvent  qu'avoir  perdu,  ou  consommé  à  leur  profit,  une  grande  partie 
de  la  kinase  dont  ils  disposent  à  l'état  normal. 

»  L'augmentation  du  jjouvoir  favorisant  de  la  muqueuse  entérique  sur 
la  digestion  trypsique,  observée  par  nous,  soit  pendant  les  périodes  d'acti- 
vité digestive  chez  l'organisme  normal,  soit  à  la  suite  d'injections  de  sels 
de  mercure  et  de  fer,  doit  être  attribuée  à  l'accroissement  de  la  diapé- 
dèse  leucocytaire  dont  l'intestin  est  le  siège  d'une  façon  continue.  La 
signification  de  cette  diapédèse  est  pourtant  double  :  c'est  un  mécanisme 
physiologique  d'élimination,  en  même  temps  qu'un  concours  réel  aux 
actes  digestifs. 

»  On  s'accordait  à  considérer  les  leucocytes  comme  offrant,  parmi  les 
nombreuses  variétés  de  cellule  des  tissus,  l'exemple  le  mieux  caractérisé 
de  la  digestion  primordiale,  intracellulaire.  Leur  participation  aux  pro- 
cessus digestifs  extracellulaires,  que  les  observations  de  M.  Delezenne  et 
nos  expériences  ci-dessus  viennent  de  mettre  en  lumière,  constitue,  sans 
aucun  doute,  un  fait  biologique  d'une  importance  toute  particulière.  » 


PATHOGÉNIE.  —   Hémoglohinurie  (V origine  musculaire. 
Note  de  MM.  Jean  Camus  et  P.  Pagniez,  présentée  par  M.  Bouchard. 

«  De  nombreuses  contradictions  existent  parmi  les  opinions  émises  sur 
la  pathogénie  de  l'iiémoglobinurie.  Les  différentes  théories  peuvent  se 
ramener  à  deux  :  la  première  suppose  qu'il  y  a  hémoglobinhémie  avant 
l'hémoglobinurie;  la  seconde,  que  la  destruction  des  globules  rouges  a  lieu 
au  niveau  du  rein  :  c'est  la  théorie  rénale.  Toutes  deux  s'accordent  sur  un 
fait  qui  semble  capital  ;  c'est  que  l'hémoglobine  provient  toujours  des  glo- 
bules rouges,  en  quelque  endroit  et  de  quelque  manière  qu'ils  soient  lésés. 
Sans  une  destruction,  et  une  destruction  relativement  intense  des  héma- 
ties, il  n'y  a  pas,  suivant  les  auteurs  classiques,  d'hémoglobinurie. 

»  Nous  avons  cherché  si  d'autres  parties  de  l'organisme  contenant  de 
l'hémoglobme  ne  peuvent  jouer  un  rôle  dans  ITiémogiobinurie.  Nous  nous 
sommes  adressés  au  muscle. 

G.  R.,  1902,  2«  Semestre.  (T.  CXXXV,  N"  6.)  42 


326  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

»  Sur  un  chien  chloralosé,  on  incise  la  cuisse  ou  résèque  un  ou  deux  muscles 
(i5s  et  moins  pour  un  chien  de  io''n);  on  essuie  ces  muscles  pour  enlever  la  plus 
grande  partie  du  sang,  puis  on  les  coupe  dans  des  tubes  contenus  dans  un  mélange 
réfrigérant.  Les  muscles  sont  triturés  et  lavés  à  plusieurs  reprises  à  l'eau  distillée;  on 
filtre  et  l'on  ajoute  du  NaCl  pour  avoir  une  solution  isotonique  au  sang.  On  a  ainsi 
une  solution  de  suc  musculaire  rouge  ou  rose  d'environ  5o"='"^  à  ôo"^""'  qu'on  injecte 
dans  la  veine  saphène  du  chien  toujours  endormi.  Par  une  sonde  vésicale,  on  recueille 
l'urine  de  lo  minutes  en  lo  minutes.  En  lo  à  3o  minutes,  on  obtient  une  urine  rose 
ou  rouge  foncé,  suivant  la  quantité  injectée.  Cette  urine  ne  contient  pas  de  globules; 
elle  donne  au  spectroscope  les  deux  raies  de  l'oxyhémoglobine  ;  il  y  a  hémoglobinurie. 
En  même  temps,  on  fait  une  prise  de  sang  dans  l'artère  fémorale;  ce  sang  oxalaté  et 
centrifugé  fournit  un  plasma  qui,  fait  très  surprenant,  n'est  pas  ou  est  à  peine  teinté. 
Le  résviltat  est  le  même  si  l'on  injecte  à  un  animal  non  endormi  une  solution  prove- 
nant des  muscles  d'un  autre  chien. 

»  Il  y  a  ici  un  phénomène  tout  à  fait  différent  de  celui  qui  se  passe 
quand  on  injecte  une  solution  d'hémoglobine  provenant  de  la  destruction 
de  globules  ronges.  Il  faut,  en  effet,  dans  ce  cas,  injecter  une  quantité 
beaucoup  plus  considérable  d'hémoglobine.  Ponfick  estime  à  ~  de  la 
masse  des  hématies  la  destruction  nécessaire  pour  donner  de  l'hémoglo- 
binurie. 

))  Nos  expériences,  pratiquées  sur  de  nombreux  chiens  et  lapins,  nous 
ont  fourni  des  chiffres  assez  peu  différents  de  celui  de  Ponfick. 

»  Nous  avons  également  dosé  au  colorimètre  l'hémoglobine  dans  le 
sang  oxalaté  et  centrifugé  des  chiens  auxquels  nous  avons  injecté  des  solu- 
tions d'hémoglobine  globulaire.  Sans  nous  arrêtera  des  dosages  très  précis, 
sur  lesquels  nous  reviendrons,  retenons  seulement  cette  différence  que 
riiémoglobinurie,  causée  parla  destruclion,  dans  le  sang,  des  hématies,  est 
nécessairement  précédée  d'hémoglobinhémie  intense  et  que  l'hémoglo- 
binurie  par  injection  d'extrait  de  muscle  donne  à  peine  une  teinte  imper- 
ceptible du  plasma.  11  est  évident  que,  le  suc  musculaire  contenant  de 
l'hémoglobine,  de  grandes  injections  de  ce  suc  coloreraient  proportion- 
nellement le  plasma, 

»  Ce  phénomène  peut-il  se  produire  à  la  suite  de  lésions  musculaires? 

»  Chez  un  chien  de  9*^^,5  chloralosé,  nous  injectons  en  3o  secondes  i5os  d'eau  dis- 
tillée à  -i-  5°  dans  les  muscles  des  cuisses;  à  la  suite  de  ces  injections  un  peu  brutales, 
les  muscles  se  contracturent  et  du  tremblement  apparaît.  Les  muscles  sont  massés  et, 
3o  secondes  après  l'injection,  nous  avons  de  l'hémoglobinurie  peu  marquée,  mais  très 
nette.  Le  plasma  est  devenu,  dans  ce  cas,  de  coloration  rose;  il  est  probable  qu'une 
partie  de  l'eau  distillée  injectée  avait  pénétré  dans  les  vaisseaux  et  occasionné  des  des- 
tructions  globulaires;    mais   la   quantité    d'hémoglobine   contenue    dans    ce    plasma, 


SÉANCE  DU  ir  AOUT  1902.  327 

estimée  au  colorimètre,  était  encore  bien  inférieure  à  la  quantité  minima  trouvée  dans 
les  hémoglobinuries  par  destruction  globulaire. 

»  Y  a-t-il  clans  le  suc  musculaire  des  substances  qui,  agissant  sur  le  rein, 
facilitent  le  passage  de  petites  quantités  d'hémoglobine? 

»  Si  ces  substances  existent,  elles  ne  sont  pas  détruites  par  le  chauffage 
à  56'',  La  solution  musculaire  portée  i5  minutes  à  56°,  filtrée  et  injectée, 
donne  encore  de  l'hémoglobinurie.  Bouilli  et  débarrassé  après  filtration 
de  son  hémoglobine,  le  suc  musculaire  ne  donne  plus  d'hémoglobinurie. 

))  Si,  à  de  l'extrait  de  muscle  bouilli,  on  ajoute  une  solution  d'hémoglo- 
bine (correspondant  à  5^^  de  sang  pour  un  chien  de  i3'"^')  et  qu'on  injecte 
ce  mélange,  on  n'obtient  pas  d'hémoglobinurie,  bien  que  le  plasma  soit 
nettement  rose.  Il  faut  donc  admettre,  ou  que  des  substances  musculaires 
agissant  sur  le  rein  facilitent  le  passage  de  l'hémoglobine  (substances 
hypothétiques  non  détruites  à  56°  et  détruites  à  100°),  ou  que  l'hémoglo- 
bine du  muscle  traverse  plus  facilement  le  rein  que  l'hémoglobine  des 
globules. 

1)  Disons  incidemment  qu'une  solution  de  foie  traité  de  la  même  ma- 
nière que  le  muscle  ne  donne  pas,  au  moins  à  quantité  égale,  d'hémoglo- 
binurie. 

»  Ces  expériences  peuvent-elles  avoir  ime  portée  clinique  ?  Nous  le 
croyons,  pour  des  raisons  tirées  de  la  pathologie  humaine,  et  surtout  de 
la  médecine  vétérinaire  :  ces  faits  expliquent  les  cas  où  le  sérum  des 
malades  a  été  trouvé  normal  ou  non  modifié  pendant  les  crises,  sans  ôlre 
en  contradiction  avec  ceux  où  il  était  coloré;  ils  expliquent  les  cas  où  les 
globules  des  malades  ont  résisté  m  fi/ro  au  froid  (expériences  de  M.  Hayem) 
et,  à  plus  forte  raison,  devaient  résister  dans  l'organisme.  Encore  faudrait-il 
que  des  lésions  musculaires  certaines  permettant  la  sortie  du  suc  muscu- 
laire vinssent  confirmer  la  pathogénie  que  nous  proposons;  mais  les 
autopsies  en  état  de  crise  sont  rares  chez  l'homme.  On  peut  au  moins  invo- 
quer chez  lui  les  douleurs  musculaires  signalées  par  beaucoup  d'auteurs, 
et  le  fait  que  l'hémoglobinurie  peut  survenir  à  la  suite  de  fatigues.  Une 
preuve  éclatante  nous  est  offerte  par  la  pathologie  animale,  et  certains 
médecins  vétérinaires,  M.  Jobelot  (1900)  en  particulier,  affirment  que  des 
lésions  de  myosite,  pouvant  aller  jusqu'à  l'impotence,  existent  toujours 
marquées  dans  l'hémoglobinurie  a  frigore  du  cheval.  Cet  auteur,  et  déjà 
M.  Lucet  (1892),  ont  d'ailleurs  émis  des  hypothèses  sur  le  rôle  du  muscle 
dans  l'hémoglobinurie.  Nous  ne  croyons  pas  qu'on  ait  jusqu'à  présent 
démontré  expérimentalement  l'influence  du  muscle  dans  l'hémoglobi- 
nurie. 


328  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Pour  évident  que  nous  semble  ce  rôle  dans  l'hémoglobinurie  causée 
par  le  froid  ou  la  fatigue,  nous  ne  voulons  pas  nier  l'hémoglobinurie  pré- 
cédée de  grande  hémoglobinhémie  dans  des  infections  et  intoxications 
globulaires  intenses;  nous  avons  décrit  d'autre  part  une  hémoglobinurie 
d'origine  urinaire  par  action  nocive  de  l'urine  sur  les  globules.    » 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.   —  Sur  l' existence  d'une  kinase  dans  le  venin 
des  serpents.  Note  de  M.  C.  Delezenne. 

«  Dans  une  précédente  Communication  (*),  j'ai  montré  que  certains 
microorganismes  sécrètent  des  diastases  ayant  les  mêmes  propriétés  que 
l'entérokinase.  Comme  le  ferment  du  suc  intestinal  ou  la  kinase  leuco- 
cytaire,, ces  diastases  sont  capables,  en  effet,  de  conférer  aux  sucs  pancréa- 
tiques, totalement  inactifs  vis-à-vis  de  l'albumine,  un  pouvoir  protéolytique 
des  plus  manifestes. 

»  J'ai  observé  que  le  venin  des  serpents  qui,  à  beaucoup  d'égards, 
mérite  d'être  rapproché  des  toxines  et  des  diastases  microbiennes,  est 
doué,  lui  aussi,  de  propriétés  kinasiques  très  énergiques.  Ce  fait  peut  être 
mis  facilement  en  évidence  en  s'adressant  au  venin  de  cobra,  au  venin  de 
bothrops  ou  à  celui  de  la  vipère. 

))  Je  me  suis  servi,  pour  mes  expériences,  de  venins  qui  avaient  été 
desséchés  aussitôt  que  la  récolte  en  avait  été  faite  et  qui  avaient  été  con- 
servés à  l'abri  de  l'air  et  de  la  lumière  (-).  Ces  venins  étaient  redissous 
dans  l'eau  distillée  et  filtrés  sur  bougie  Berkefeld,  au  moment  où  l'on 
voulait  en  faire  usage. 

))  Je  me  suis  assuré  que  les  solutions  ainsi  préparées  n'exercent  par  elles-mêmes 
aucune  action  digestive  sur  l'ovalbumine  coagulée.  Quelle  que  soit  la  dose  employée 
et  quelle  que  soit  la  durée  de  l'expérience,  les  cubes  d'albumine  introduits  asepti- 
quement  dans  la  solution  de  venin  restent  absolument  intacts  (^).  Ajoutés,  à  très  faible 

(*)  Comptes  rendus,  28  juillet  1902. 

{-)  Ces  venins  ont  été  mis  obligeamment  à  ma  disposition  par  M.  Calmette  et 
M.  G.  Bertrand.  Je  leur  adresse  tous  mes  remercîments. 

(3)  Nous  avons  constaté  que  les  solutions  de  venin  complètement  dépourvues 
d'action  protéolytique  vis-à-vis  de  l'albumine  étaient  cependant  capables  de  liquéfier 
la  gélatine,  même  lorsqu'elles  étaient  ajoutées  à  cette  substance  à  dose  relativement 
faible.  Ce  fait,  rapproché  de  ceux  que  nous  avons  signalés  précédemment  à  propos  de 
l'action  de  certains  filtrats  microbiens,  montre  que  l'on  n'est  pas  en  droit  d'identifier, 
comme  l'ont  fait  certains  auteurs,  les  diastases  liquéfiant  la  gélatine  avec  la  trypsine. 
J'aurai  d'ailleurs  l'occasion  de  revenir  en  détail  sur  cette  question. 


L I  B  R  A  nu  E    G  A  U  T  II  I  E  II  -  V  I  L  LA  R  S, 

QUAI    DES   GUANDS-AUfiUSTlNS,    55,    A    l'AlîlS    (6'). 


CtiToi  franco  dans  toute  l'Cnion  postale  contre  mandat-poste  ou  valeur  sur  Paris. 


LA  CONVENTION  DU  MÈTRE 


BUREAU  INTERNATIONAL  DES  POIDS  ET  MliSURES 


Ch.-Ed.   GUILLAUME, 

Directeur  adjoint  du  Bureau  International  des  Poids  et  Mesures. 


Un  volume  in-4,  avec  nombreuses  figures;  igoi 7  fr.  50  c. 


Depuis  que  fonctionne  le  Bureau  international  des  Poids  et  Mesures, 
pour  l'entretien  duquel  les  États  civilisés  se  sont  presque  tous  associés, 
son  organisation  administrative,  ses  laboratoires  et  ses  appareils  ont  été 
fréquemment  décrits  dans  de  rapides  articles  de  Revues,  laissant  au 
lecteur  le  désir  d'en  savoir  davantage.  Ce  n'est  point  qu  une  description 
plus  minutieuse  des  appareils  et  des  métliodes  fasse  défaut;  au  contraire, 
on  a  jugé  utile  de  mettre  tous  les  contrôles  à  la  portée  de  ceux  qui  dési- 
reraient en  faire  usage,  et  l'on  a  pris  pour  règle  de  ne  rien  négliger,  dans 
les  publications  officielles  du  Bureau,  qui  puisse  être  la  source  d'un  doute; 
on  a  même  reproduit,  en  plus  d'une  occasion,  toutes  les  observations  indi- 
viduelles, afin  de  permettre  de  suivre  pas  à  pas  la  marche  des  expériences 
et  des  calculs. 

Une  publication  aussi  détaillée,  sans  doute  très  précieuse  pour  le  spé- 
cialiste, est  trop  étendue  pour  beaucoup  de  lecteurs;  ils  hésiteraient  à 
parcourir  les  quelque  trente  volumes  où  sont  consignés  tous  les  actes 
de  gestion  et  le  détail  des  travaux  du  bureau  international.  Le  désir  de 
les  voir  résumer  a  été  fréquemment  exprimé,  dans  ces  dernières  années, 
par  des  savants  voulant  reprendre  en  détail  et  à  loisir  bien  des  choses 
entrevues  tlans  une  visite  rapide  au  Bureau,  par  des  physiciens  ou  des 
métrolo^istes  ayant  à  ap[)liquer  les  méthodes  qui  y  sont  en  usage,  par  des 
professeurs  désireux  de  rendre  leurs  élèves  attentifs  à  tel  détail  d'une 
expérience  ou  d'une  mesure,  à  telle  définition  relative  aux  fondements 
mêmes  du  Système  mitrique,  dont  la  classique  simplicité  n'exclut  pas 
cependant  quelque  subtilité  lorsque,  du  système  commercial,  on  veut 
passer  aux  notions  mctrologiques  supérieures. 

L'occasion  de  cette  publication  est  venue  de  deux  côtés  à  la  fois;  à  l'is- 
sue d'une  conférence  faite  à  la  Société  d'Encouragement  pour  l'Industrie 


329 

itéolytique  vis- 
ïestif  extrème- 


iffisait  généra- 
i  au  rôVû)  soit 
ne  de  os,  5o  en 
t  parfois  même 

difFérence  que 
complète, 
dent,  mais  son 
pyait  à  la  dose 

souvent  néces- 
ême  résultat, 
ment  leur  pou- 
i5  minutes. 

it  les  mêmes 
iiiases  micro- 
les  processus 
lutre  part,  du 
i  me  propose 


la  résistance 
;r  et  Lesage, 

actique  (-)  la 
jrel  d'étendre 
livants  se  rap- 


aux  règles  clas- 
:  l'expérlmenta- 


labitude  de  rap- 
ns,  ne  possèdent 
lonné  également 


qui  a  bien  voulu 


328 

»  Pour  évidei 
par  le  froid  ou  1 
cédée  de  granc 
globulaires  inte 
d'origine  urinai 

CHIMIE  BIC 


K  Dans  une 
microorganisuK 
l'entérokinase. 
cytaire.  ces  dia; 
tiques,  totalem* 
des  plus  manif( 

»  J'ai   obser 
mérite   d'être 
doué,  lui  aussi 
mis  facilement 
bothrops  ou  à 

))  Je  me  sui 
desséchés  auss 
serves  à  l'abri 
dans  l'eau  dis 
voulait  en  fain 

))  Je  me  suis 
aucune  aclion  di 
et  quelle  que  soi 
quement  dans  la 

(  »  )  Comptes  1 
[-)  Ces  venin 
M.  G.  Bertrand. 
(5)  Nous  avo 
d'action  protéol 
la  gélatine,  mêu 
faible.  Ce  fait,  r 
Taclion  de  cerla 
comme  l'ont  faii 
J'aurai  d'ailleur 


—  2  - 

nationale,  rhospitalité  du  Bulletin  que  publie  cette  Sociélé  a  été  of- 
ferte à  l'auteur  par  son  éminent  président  d'alors.  M.  Adolphe  Carnot; 
puis  l'approche  de  la  troisième  réunion  de  la  Conférence  internationale  du 
Mètre,  convoquée  pour  le  i5  octobre  1901,  était  un  moment  particulière- 
ment propice  à  une  vue  d'ensemble,  avant  la  discussion  du  programme 
nouveau  donnant  aux  recherches  du  Bureau  international  de  nouvelles 
directions.  L'idée  de  faire  coïncider  la  publication  de  ce  Travail  avec  l'ou- 
verture de  la  Conférence  reçut  l'approbation  de  M.  le  professeur  Foerster. 
président  du  Comité  international,  qui  a  bien  voulu  le  j)résenter  à  CPlte 
Assemblée.  Les  délibérations  de  la  Conférence  de  igui  ont  pu  encore,  dans 
le  présent  Ouvrage,  être  résumées  dans  une  Note  qui  le  termine. 

Table  des  Matières. 

Préface.  Introduction.  —  Création  et  progrès  du  Système  métrique.  —  La 
Convention  du  Mètre.  —  Les  Laboratoires  du  Bureau  international  des  Poids 
et  Mesures.  —  Eludes  therœométriques.  —  Mesures  de  longueur.  —  Résultats 
des  mesures  de  longueur.  —  Détermination  des  masses.  —  Résultats  généraux. 
—  Travaux  particuliers.  —  Décisions  du  Comité  international  et  de  la  Confé- 
rence générale  des  Poids  et  Mesures.  —  Annexes  :  Pi'opositions  et  discussions 
relatives  au  Sj'stème  métrique  international.  Résolutions  de  la  Commission 
du  Mètre.  Publications  scientifiques  du  Bureau  international.  Résumé  de 
quelques  législations  relatives  aux  Poids  et  Mesures.  Note  sur  des  valeurs 
de  quelques  longueurs  d'onde,  etc.  Note  sur  les  travaux  accomplis  par  la 
troisième  Conférence  générale. 


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vers les  corps  opaques.  2"  édition,  ln-8  de  vni-i5o  pages,  avec  22  figures 
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SÉANCE  DU  II  AOUT  1902.  829 

dose,  à  des  sucs  pancréatiques  dépourvus  eux-mêmes  de  toute  action  protéolytique  vis- 
à-vis  de  l'albumine,  les  venins  confèrent  à  ces  derniers  un  pouvoir  digestif  extrême- 
menl  marqué. 

»  Avec  le  venin  de  bothrops  que  nous  avions  à  notre  disposition^  il  suffisait  généra- 
lement d'ajouter  à  i"^"'  de  suc  pancréatique  o'^™',5  à  i'™'  d'une  solution  au  yoô^j  ^oit 
o'^s,  5  à  I '"S  de  venin,  pour  obtenir  la  digestion  d'un  cube  d'albumine  de  os,  5o  en 
l'espace  de  10  à  12  heures.  Des  doses  beaucoup  plus  faibles,  \,  3^,  et  parfois  même 
■g'^  de  milligramme,  donnaient  encore  le  même  résultat,  avec  cette  seule  différence  que 
la  digestion  mettait  24  heures,  4^  heures  et  même  72  heures  pour  être  complète. 

»  Le  venin  de  cobra  s'est  montré  un  peu  moins  actif  que  le  précédent,  mais  son 
action  était  habituellement  encore  des  plus  évidentes  lorsqu'on  l'employait  à  la  dose 
de  -5-  ou  même  de  yô  ^e  milligramme.  Quant  au  venin  de  vipère,  il  était  souvent  néces- 
saire de  l'employer  à  dose  cinq  à  dix  fois  plus  forte,  pour  obtenir  le  même  résultat. 

»  Je  me  suis  assuré,  d'autre  part,  que  ces  venins  perdent  complètement  leur  pou- 
voir kinasique  lorsqu'ils  sont  portés  à  la  température  de  100"  pendant  i5  minutes. 

))  Le  venin  des  serpents  renferme  donc  une  diastase  ayant  les  mêmes 
propriétés  que  l'entérokinase,  la  kinase  leucocytaire  ou  les  kinases  micro- 
biennes (').  Cette  diastase  est-elle  de  quelque  utilité  dans  les  processus 
digestifs  chez  l'animal  qui  la  produit?  Est-elle  distincte,  d'autre  part,  du 
principe  qui  donne  aux  venins  leur  toxicité?  C'est  ce  que  je  me  propose 
d'examiner  ultérieurement.    » 


PHYSIQUE  BIOLOGIQUE.  —  Toxine  tétanique;  observations  de  la  résistance 
électrique  et  de  l'indice  de  réfraction.  Note  de  MM.  Dongier  et  Lesage, 
présentée  par  M.  Amagat. 

«  Nous  avons  déjà  appliqué  à  l'étude  de  la  fermentation  lactique  (")  la 
méthode  de  mesure  de  la  résistance  électrique.  Il  était  naturel  d'étendre 
ces  recherches  à  d'autres  cultures  microbiennes;  les  faits  suivants  se  rap- 
portent au  bacille  du  tétanos  (^). 

»  L  Si  l'on  cultive  en  bouillon  le  bacille  tétanique  en  se  conformant  aux  règles  clas- 
siques (8  jours  d'étuve  et  contrôle  de  la   production   delà   toxine  par  l'expérimenta- 


(^)  Les  toxines  végétales,  telles  que  la  ricine  et  l'abrine,  qu'on  a  l'habitude  de  rap- 
procher des  produits  solubles  sécrétés  par  les  microbes  ou  des  venins,  ne  possèdent 
pas  de  propriétés  kinasiques.  La  sécrétion  buccale  de  la  sangsue  m'a  donné  également 
des  résultats  négatifs. 

("'')  Comptea  rendus,  10  mars  1902. 

(^)  Nous  remercions  vivement  M.  Momont,  de  l'Institut  Pasteur,  qui  a  bien  voulu 
fournir  une  partie  de  nos  matériaux  d'étude. 


33o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

tion),  on  observe,  comme  dans  le  cas  de  la  fermentation  lactique,  un  abaissement  de  la 
résistivité  par  rapport  à  celle  du  bouillon  témoin  placé  dans  les  mômes  conditions. 
Voici  quelques  exemples  : 

Résistivité. 

t  =  25°.  t  —  25°.  .  t  =  a5°.  t  —  25°.  t  =  16°,  7. 
Bouillon  témoin....  59^,6  68^^,0  68'-, 5  57'-,8  io5'-,5 
Bouillon  avec  toxine 


tétanique. 


5o'-,5         58'-,  7        62",  8         5o«,2  80*-,  5 


»  Ce  l'ésultat  est  intéressant,  parce  qu'il  n'en  est  pas  ainsi  de  tous  les  microbes.  Les 
uns  ne  modifient  pas  la  résistivité  du  bouillon  de  culture,  tandis  que  les  autres 
rélèvent.  Cette  propriété  de  ne  pas  modifier,  d'augmenter  ou  de  diminuer  la  résisti- 
vité du  milieu,  peut  servir  de  règle  pour  la  différenciation  des  microorganismes. 

»  II.  La  valeur  de  la  résistivité  du  bouillon  tétanique  est  la  même  avant  et  après  la 
filtra  tion.  Le  bacille  tétanique  ne  modifie  donc  point  par  sa  présence  la  conductibilité 
électrique  du  milieu;  il  agit  en  cela  à  la  manière  des  matières  albuminoïdes  qui,  on  le 
sait,  n'influent  pas  sur  l'ionisation  des  solutions  salines. 

»  ni.  On  sait  que  la  toxine  tétanique  portée  à  l'ébullition  perd  ses  propriétés 
physiologiques.  Dans  ce  cas,  nous  avons  noté  que  la  résistivité  du  milieu  ne  changeait 
pas;  ainsi,  l'augmentation  de  la  conductibilité  du  bouillon  de  culture  sous  l'inlluence 
de  l'évolution  microbienne  ne  serait  pas  due  à  la  toxine  tétanique. 

»  IV.  On  sait  d'autre  part  que,  dans  l'expérience  classique  de  Wassermann,  la 
cervelle  fraîche  mise  en  présence  du  bouillon  chargé  de  toxine  tétanique  s'empare  de 
cette  dernière.  L'observation  de  ce  bouillon  non  dilué  nous  a  montré  que  sa  résistivité 
avait  augmenté  après  le  contact  de  la  cervelle.  Celle-ci,  qui  retient  la  toxine  tétanique, 
paraît  donc  fixer  également  vine  partie  des  produits  qui,  élaborés  par  le  microbe, 
avaient  abaissé  la  résistivité  du  bouillon  de  culture.  Ce  résultat  est  confirmé  par  le 
fait  que  le  passage  sur  la  cervelle  ne  modifie  pas  la  résistivité  du  bouillon  témoin. 
Citons  quelques  résultats  : 

_,     .         ,       .  i  avant  passage  sur  cervelle.     60''^         6o''\q     5o'-,2     So'-.S       ... 

Toxine  tétanique  {  .  ^,  .      ^^  ^ 

(  après  passage  »  .      o4'-,7     71^,0     SS'-jg     09",  i 

„      .,,  ,       .      (   avant  passage  sur  cervelle.      57*-, 8     5q''\6     68'-, 5         »  ... 

Bouillon    témoin  ,     ^  "  ^n      o      k      \.     ,.0 

(   après  passage  ^>  .      ob'-,o     09", o     Ob'-, 9         »  ... 

»  V.  La  mesure  des  indices  de  réfraction  du  bouillon  témoin,  du  bouillon  avec 
toxine  tétanique,  soumis  ou  non  à  l'ébullition,  avant  et  après  le  passage  sur  la  cervelle, 
n'a  pas  mis  en  évidence  des  différences  qui  fussent  caractéristiques.  » 


ANATOMIE  COMPARÉE.  —  Distribution  des  coips suprarénaux  des  Plagiostomes. 
Noie  de  M.  Ed.  Grynfeltt,  présentée  par  M.  Alfred  Giard. 

«  Les  auteurs  qui  ont  étudié  la  répartition  des  corps  suprarénauK  dans 
la  cavité  abdoiiiinaie  des  Plagiostonies  se  sont  contentés  d'indiquer  qu'ils 


SÉANCE    DU    II    AOUT    1902.  33 1 

étaient  métamériques.  Pour  beaucoup  d'espèces,  cette  notion  répond  assez 
bien  à  la  réalité  des  faits,  si  l'on  se  contente  d'examiner  dans  ses  grandes 
lignes  le  mode  de  distribution  de  ces  organes.  Mais,  si  l'on  étudie  avec 
soin  certaines  espèces,  et  si  l'on  compare  le  nombre  des  corps  suprarénaux 
à  celui  des  segments  de  la  région  qu'ils  occupent,  on  est  frappé  de  la  di- 
vergence qui  existe  entre  ces  deux  nombres.  L'explication  de  cette  irrégu- 
larité, dans  la  métamérie   des  organes  en   question,  m'a  été  donnée  par 
l'étude  de  préparations  où  le  système  vasculaire  sanguin  a  été  injecté  par 
les  méthodes  histologiques.  On  peut  ainsi  obtenir  des  préparations  d'en- 
semble, facdes  à  étudier  au  microscope  :  la  physionomie  toute  spéciale  des 
réseaux  vasculaires  dans  ces  corps,  dont  j'ai  donné  antérieurement  la  des- 
cription, permet  toujours  de  les  reconnaître  dans  les  préparations  et  de 
les  dénombrer.  Du  même  coup  sont  mises  en  évidence  les  connexions  si 
étroites  des  corps  suprarénaux  avec  le  système  artériel,  connexions  qui 
ont  une  importance  très  grande  pour  faire  comprendre  la  distribution  de 
ces  corps.  En  effet,  sur  de  telles  préparations,  on  peut  voir  que,  chez  les 
Squales,  ces  corps  sont  typiquement  tnétamériques,  mais  que,  toutefois, 
leur  nombre  et  leur  position  sont  réglés  par  le  nombre  des  artères  segmen- 
taires.  Là  où  ces  artères  se  répètent  réguhèrement  dans  chaque  segment 
{Acanthias  vulgaris,    A.   Blaimillei,   Mustulus  lœvis,    M.    vulgaris,    Galeiis 
canis,   Sqiialina    angélus,    Hexanchus   griseus,    Echinorhinus  spinosus),    le 
nombre  des  corps  suprarénaux  est  le  plus  élevé;  il  y  en  a  presque  autant 
de  paires  qu'il  y  a  de  segments  dans  la  cavité  abdominale.  En  effet,  ainsi 
que  l'ont  montré  les  auteurs,  le  corps  suprarénai  antérieur  ou  corps  axil- 
laire  résulte  toujours  de  la  fusion  d'un  certain  nombre  de  corps.  Par  con- 
séquent, la  faible  différence  que  l'on  trouve  entre  le  nombre  des  segments 
et  celui  des  corps,  y  compris  l'axillaire,  compté  pour  un  seul,  s'explique 
par  la  fusion  dont  un  certain  nombre  des  corps  antérieurs  ont  été  l'objet 
pour  donner  naissance  à  l'axillaire. 

»  Lorsque  les  artères  de  deux  segments  consécutifs  naissent  d'une  seule  branche 
aortique,  les  corps  suprarénaux  placés  à  leur  niveau  tendent  à  se  fusionner,  et  se 
fusionnent  souvent.  Ce  fait  s'observe  surtout  chez  le  ScylUum  catulus  et  Se.  canicula. 
Ces  fusions  se  présentent  presque  exclusivement  dans  la  portion  abdominale  antérieure 
et  s'étendent  en  arrière  beaucoup  plus  loin  chez  les  ScylUum  que  chez  les  autres 
espèces  mentionnées  plus  haut.  Mais,  ici  encore,  le  nombre  des  corps  suprarénaux 
n'est  pas  sensiblement  inférieur  à  celui  des  segments,  si  l'on  tient  compte,  dans  leur 
dénombrement,  de  ce  que  des  masses  suprarénales  résultent  de  la  juxtaposition  de  deux 
ou  trois  de  ces  organes.  L'indépendance  relative  des  réseaux  vasculaires  dans  les  pièces 
injectées  et  étudiées  histologiquement  permet,  le  plus  souvent,  d'évaluer  exactement 


332  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

le  nombre  de  corps  ayant  participé  à  celte  fusion.  Il  en  résulte  cependant  une  irrégu- 
larité apparente,  sur  des  pièces  non  injectées,  et  d'autant  plus  frappante  que  la  dispo- 
sition des  artères  n'est  pas  toujours  la  même  à  droite  et  à  gauche  de  la  ligne  médiane, 
et  que,  par  suite,  il  y  a  une  asymétrie  plus  ou  moins  marquée  entre  des  corps  de  la 
même  paire.  Chez  la  Centrina  vulpecula,  il  y  a  une  irrégularité  manifeste  dans  la 
métamérie  artérielle  :  parallèlement  à  la  réduction  du  nombre  des  artères  segmen- 
taires,  nous  assistons  à  une  diminution  du  nombre  des  corps  suprarénaux,  si  bien  que, 
pour  4i  segments,  on  ne  compte  plus  en  moyenne  que  27  corps.  La  différence  est  donc 
de  i[\  entre  les  deux  chiffres.  On  ne  saurait  ici  considérer  le  corps  axillaire  comme 
la  compensant;  car,  d'après  sa  taille,  il  n'est  guère  plus  gros  relativement  que  celui  des 
autres  Squales,  où  il  représente  tout  au  plus  4  à  5  corps  fusionnés.  Par  conséquent,  la 
Centrina  offre  une  discordance  marquée  entre  le  nombre  des  corps  suprarénaux  et 
celui  des  segments  vertébraux.  C'est  un  type  servant  de  transition,  à  ce  point  de  vue, 
entre  les  Squales  à  métamérie  suprarénale  régulière  et  les  Raies,  où  cette  métamérie 
est  devenue  irrégulière  au  point  d'être  méconnaissable,  s'il  n'y  avait  une  série  de  tran- 
sitions. 

»  Parmi  ces  Raies,  la  Torpédo  marmorata  est  une  des  espèces  où  le  nombre  des 
corps  suprarénaux  est  le  plus  élevé  par  rapport  au  nombre  des  segments.  On  peut  en 
trouver  jusqu'à  i4  paires,  plus  l'axillaire,  sur  les  25  segments  de  la  cavité  abdoaiinale. 
Ici  encore,  la  réduction  du  nombre  des  corps  suprarénaux  est  concomitante  avec  celle 
du  nombre  des  artères  segmentaires.  Chez  diverses  espèces  étudiées  du  genre  Raja 
{R.  clavata,  R.  niarginata,  R.  mosaïca,  R.  punctata),  la  disposition  est  à  peu  près 
la  même  que  chez  la  Torpille.  Chez  la  Mjliobatis  aquila,  et  surtout  la  Trigon  pasti- 
naca,  la  discordance  est  encore  plus  marquée,  puisque,  y  compris  l'axillaire,  on  trouve 
chez  cette  dernière  espèce  tout  au  plus  20  corps  de  part  et  d'autre  de  la  ligne  médiane 
(l'irrégularité  de  leur  distribution  est  telle  que  l'on  ne  saurait  parler  ici  de  paires), 
tandis  que  le  nombre  des  segments  s'élève  à  64.  Chez  les  Raies^  la  numération  des 
corps  suprarénaux  est  du  reste  très  difficile,  car  on  y  rencontre  de  longues  bandes  de 
substance  suprarénale,  enveloppant  les  branches  anastomotiques  jetées  entre  deux 
intercostales  consécutives,  souvent  séparées  l'une  de  l'autre  par  la  longueur  de  plu- 
sieurs segments,  et  dans  lesquelles  il  est  impossible,  ainsi  qu'on  peut  le  faire  chez  la 
plupart  des  Squales,  de  compter  les  unités  suprarénales  ayant  pris  part  à  leur  consti- 
tution. 

»  Toutefois,  en  multipliant  les  observations  sur  des  pièces  injectées,  on  constate 
que,  chez  les  Raies,  les  corps  suprarénaux  sont,  au  même  titre  que  chez  les  Squales, 
en  rapports  étroits  avec  les  branches  artérielles  émanées  de  l'aorte;  ce  fait  a  été 
signalé  déjà,  et  avec  raison,  par  Peltit,  contrairement  à  l'opinion  précédemment  émise 
par  Chevrel. 

))  On  trouvera  des  détails  et  des  renseignements  bibliographiques  plus 
étendus,  relatifs  à  cette  question,  dans  un  Mémoire  qui  sera  publié  inces- 
samment. » 


SÉANCE    DU    II    AOUT    1902.  333 


PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Observations  sur  la  durée  germinative 
des  graines.  Note  de  M.  Jules  Poisson,  présentée  par  M.  Dehérain. 

«  Les  recherches  que  M.  Maquenne  poursuit  depuis  déjà  plusieurs 
années  sur  l'hygrométricité  des  graines  ('  )  ont  appelé  de  nouveau  l'atten- 
tion sur  la  question  de  leur  durée  germinative  et  ont  montré  notam- 
ment c|ue  l'humidité  e^t  préjudiciable  à  leur  conservation.  C'est  là  un 
résultat  important;  cependant,  il  semble  que  l'influence  funeste  de  l'eau 
s'exerce  sur  certaines  espèces  et  devienne  moins  sensible  sur  d'autres, 
sans  doute  à  la  suite  d'une  adaptation  préalable,  et  c'est  cette  vitalité 
qui  m'engage  à  faire  connaître  quelques  nouvelles  observations  qui  me 
sont  pour  la  plupart  personnelles. 

»  Pour  certaines  graines,  la  germination  doit  s'effectuer  hâtivement; 
citons  celles  du  Poivrier,  du  Muscadier,  des  Hevea,  du  Cacaoyer  et  nombre 
d'espèces  similaires  parmi  les  Palmiers,  les  Conifères,  les  Amentacées,  etc. 

))  Pour  d'autres,  le  pouvoir  germinatif  dure  de  longues  années,  lorsqu'on 
a  soin  de  les  soustraire  à  certaines  influences  extérieures  fâcheuses.  Dans 
une  Note  encore  récente  (-),  j'émettais  l'opinion  que  ces  influences  pré- 
judiciables sont  :  1°  les  températures  extrêmes;  2°  le  manque  de  siccité  de 
l'air;  3*^  l'action  de  l'oxygène;  et  4°  la  lumière. 

»  On  trouve  enfin  des  graines  vis-à-vis  desquelles  la  nature  semble 
n'avoir  pris  aucune  précaution,  et  qui  pourtant  possèdent  la  faculté  de 
germer  après  de  longues  périodes  de  sommeil.  Nous  ne  parlerons  pas  des 
céréales  des  sépultures  anciennes;  les  observations  de  De  Candolle  (^)  et 
de  Gain  ("*)  ont  clos  définitivement  le  débat  à  leur  sujet.  Les  observations 
citées  par  Michalet  (^)  sont  plus  instructives  :  leur  auteur  a  vu  surgir  un 

(')  Comptes  rendus,  t.  CXXIX,  p.  778;  Ann.  agron.,  t.  XXVI,  p.  821;  Comptes 
rendus,  t.  CXXXIV,  p.  1243,  et  t.  CXXXV,  p.  208. 

("^)  Congrès  de  l' Association  pour  l'avancement  des  Sciences,  année  1900. 

(^)  Ann.  des  Se.  nat.  {Botanique),  S**  série,  t.  II,  p.  378.  —  Origine  des  plantes 
cultivées,  p.  290. 

(^)  Comptes  rendus,  t.  CXXXIII,  p.  1248. 

(^)  Bull,  de  la  Soc.  bot.  de  France,  1860,  p.  88/4.  Voir  aussi  les  observations  de 
Tabbé  Audierne  dans  la  Notice  de  Ch.  Des  Moulins  {Actes  de  la  Soc.  Linn.  de  Bor- 
deaux, t.  VII,  p.  65)  et  celles  antérieures  de  Dureau  de  la  Malle  :  Sur  l'alternance 
de  la  reproduction  des  espèces  végétales  {Ann.  des  Se.  nat.,  i'"  série,  t.  V,  p.  353). 

C.  R.,  1902,   2'  Semeslre.  (T.  CXXW,  N"  6.)  4^ 


334  Af:ADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Galium  absolument  inconnu  de  la  région  qu'il  habitait,  à  la  snife  d'un 
dépôt  de  sable  issu  d'une  sablonnière  avoisinante,  et  il  était  convaincu 
que  les  semences  qui  l'ont  produit  étaient  dans  le  sol  depuis  de  nombreux 
siècles.  Il  mentionne  encore  d'autres  espèces,  mais  celles  qui  nous  inté- 
ressent le  plus  sont  les  sortes  aquatiques  :  Chara,  Potamogeton,  Naîas, 
Villarsia,  ISuphar,  etc.,  qu'a  constatées  Michalci.  Toutefois,  pour  les  espèces 
sylvicoles,  nous  citerons  un  nouvel  exemple.  Plusieurs  observateurs  ont 
vu  surgir,  après  une  coupe  de  bois,  la  Digitale,  les  Campanules,  qui 
recherchent  la  lumière,  et  bien  d'autres  espèces  encore,  auxquelles  nous 
ajouterons  la  suivante  : 

w  1°  Dans  le  parc  du  château  de  Combreux,  en  Seine-et-Marne,  appartenant  à 
M.  L.  Hennecart,  chaque  fois  que,  dans  une  portion  déterminée  de  ce  parc  on  fait,  la 
coupe  du  bois,  apparaît  en  quantité  une  Légumineuse  annuelle,  \e  Lathyrus  Nissolia. 
La  plante  se  ressème  durant  quelques  années,  mais,  dès  que  les  arbres  repoussent  et 
font  ombrage,  le  Lathyrus  disparaît.  3o  ans  après,  nouvelle  coupe,  et  la  Légumineuse 
réapparaît.  Le  chef  de  la  famille  Hennecart,  ayant  vécu  92  ans,  a  pu,  à  plusieurs 
reprises,  constater  le  fait. 

»  Les  graines  des  végétaux  croissant  habituellement  près  des  cours 
d'eau  méritent  une  attention  spéciale. 

»  2°  Nous  avons  assisté,  dans  notre  enfance,  à  la  prise  de  terre  faite  par  le  D''Boisduval 
lorsqu'on  creusait  profondément  le  sol  occupé  jusqu'alors  par  les  vieilles  maisons  de 
la  Cité,  à  Paris,  en  vue  d'y  établir  les  édifices  qu'on  y  voit  aujourd'hui.  Revenu  chez 
lui,  rue  de  l'Estrapade,  Boisduval  répandit  cette  terre  sur  deux  vases  pleins  de  terre 
de  son  jardin  et,  1  mois  après,  il  avait  deux  superbes  potées  de  Juncus  bufonius  qui 
croît  en  lieux  humides,  «conditions  analogues  à  celles  qu'offrait  le  sol  sur  lequel  fut 
))   bâtie  Lutèce  »,  dit  Duchartre  dans  ses  Éléments  de  Botanique  (S^édit.,  p.  838). 

»  3°  Le  Coleanthus  subtilis,  petite  Graminée  observée  il  y  a  4o  ans  aux  bords  des 
étangs  en  Bretagne,  inspira  au  professeur  Sirodot  un  excellent  article  (*).  11  constata 
qu'elle  n'apparaissait  que  les  années  où  les  étangs  découvraient  exceptionnellement 
leurs  rives.  A  l'étang  de  Paimpont,  on  n'a  vu  cette  plante  que  lorsque  les  eaux  avaient 
baissé  comme  elles  ne  l'avaient  pas  fait  depuis  3o  et  4o  ans.  «  N'est-ce  pas  un  fait 
»  intéressant,  dit-il,  qui  prouve  que  les  graines  de  Coleanthus  peuvent  se  conserver 
»  sous  l'eau  pendant  une  longue  série  d'années.  »  Enfin,  Fauteur  cite  d'autres  espèces 
(telle  est  V Eleocharls  ovata)  ne  se  montrant  qu'après  un  retrait  notable  des  eaux. 

»  4°  Le  Carea:  cyperoides  est  bien  connu  des  botanistes  par  son  habitat  spécial  sur 
l'emplacement  des  étangs  asséchés.  Ce  Carex  foisonnait  à  l'étang  d'Armanvillers 
(Seine-et-Marne)  quand  son  possesseur  préférait  mettre  celui-ci  en  culture.  La  pro- 
priété   passant    en  d'autres    mains,   l'étang  était   à   nouveau    rempli  ;  alors   le   Carex 


(*)  Ann.  des  Se.  nat.  {Botanique),  5"  série,  t.  X,  p.  65. 


SÉANCE  DU  Tl  AOUT  1902.  335 

disparaissait.  Des  périodes  de  20  et  3o  ans  se  sont  écoulées  dans  l'une   on   l'autre  de 
ces  conditions,  et,  chaque  fois  que  l'on  assèche  l'étang,  le  Carex  reparaît. 

»  5°  Aux  environs  d'Abbeville,  sur  des  terres  ayant  pendant  près  de  2  siècles 
appartenu  à  la  famille  de  Brutelette,  le  botaniste  de  ce  nom  a  fait  la  remarque  suivante  : 
Des  prés  trop  humides  sont  fréquemment  drainés  au  moyeu  de  fossés,  qui  seront 
comblés  ultérieurement  après  assèchement  du  sol.  La  terre  mise  en  ados  le  long  des 
fossés  se  couvre,  peu  de  jours  après  la  fouille,  d'une  multitude  de  germinations 
d'Aulnes.  Cependant,  jamais,  autant  que  le  souvenir  a  pu  reuiouter,  les  gens  du  pays 
n'ont  vu  en  cet  endroit,  ni  dans  le  voisinage,  les  Aulnes  qui  ont  produit  ces   graines. 

»  Si  l'on  rapproche  ces  observations  de  celles  des  savants  précités,  on 
est  frappé  de  voir  que  les  plantes  végétant  d'habitude  dans  des  conditions 
nécessaires  d'humidité  ont  le  privilège  de  conserver  leurs  graines  plus 
longtemps  que  les  autres,  mais  elles  ne  doivent  pas,  semble-t-il,  quitter  ce 
milieu  humide.  Nous  avons  la  conviction  que  les  graines  de  maintes  autres 
espèces  d'habitat  semblable  sont  dans  le  même  cas.  Que  ces  graines  aient 
un  albumen  farineux  entouré  d'une  couche  protéiqiie  (' )  comme  le /m/zcm5, 
le  Coleanthus  ou  le  Carex,  ou  sans  albumen  comme  le  Lathyrus  et  V Alnus, 
la  durée  de  la  conservation  est  identique. 

»  Il  ressort  de  ce  qui  précède  que,  si  l'état  d'étouffement  et  la  siccité 
du  milieu  ambiant  sont  nécessaires  pour  assurer  la  conservation  de 
quantité  de  graines,  ces  conditions  paraissent  indifférentes  à  d'autres 
sortes,  parmi  lesquelles  beaucoup  de  marécageuses  qui  possèdent  ou  ont 
acquis  par  accoutumance  le  pouvoir  de  résister  aux  actions  destructives 
de  l'air  et  de  l'eau.  A  quoi  tient  cette  immunité?  Sur  ce  point,  la  discussion 
reste  ouverte  et  de  nouvelles  recherches  sont  nécessaires  pour  résoudre 
d'une  manière  définitive  la  question  que  nous  avons  cru  devoir  soulever 
dans  la  présente  Note.  » 


PHVSKiUE  DU  GLOBE.  —  La  vérification  de  la  loi  des  hauteurs  haro;n'''riques. 
Note  de  M.  W.  de  Foxvieï.le.  (Extrait  par  l'auteur.) 

«    Le  I  5  janvier  1872,  une  Commission  de  l'Académie  (-)  approuva  les 
projets  d'observations  de  Physique  et  d'Astronomie  que  j'avais  exposés  dans 


(*)  Cette  couche  existe  dans  toutes  les  graines  de  Monocotylédones,  dont  l'albumen 
est  amylacé  et  se  formant  dans  le  sac  embryonnaire;  conséquemment,  elle  est  absente 
autour  du  périsperme  des  Scitaminées, 

(^)  Cette  Commission  était  composée  de  MM.  Becquerel  père  et  fils,  Le  Verrier, 
Dupuy  de  Lôme  et  Kegnault. 


336  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

diverses  Communications  insérées  aux  Comptes  rendus  pendant  l'année 
1871.  Cette  Commission  traça  môme,  à  cette  occasion,  un  plan  de  vérifi- 
cations de  la  loi  des  hauteurs  barométriques,  dont  elle  signalait  l'urgence. 
La  difficulté  de  ces  opérations  m'empêcha  de  les  efiectuer,  comme  j'en 
aurais  eu  le  désir.  Mais  il  est  devenu  impossible  de  se  soustraire  à  ce  genre 
de  recherches.  En  effet,  au  Congrès  scientifique  d'aérostation  tenu  à  Ber- 
lin, des  savants  autorisés  ont  discuté  sur  la  comparaison  d'altitudes  enre- 
gistrées à  12000'"  et  i4ooo'",  c'est-à-dire  dans  des  conditions  telles  que  les 
hauteurs  enregistrées  ne  peuvent  être  évaluées  qu'avec  une  exactitude  tout 
à  fait  problématique.  Ne  sont-elles  pas  quadruples  ou  quintuples  de  celles 
dont  le  baron  Rauioiid  s'est  servi  pour  établir  la  valeur  numérique  de  son 
coefficient?  11  s'e^t  adresse  à  MM.  Hermite  et  Besançon  qui,  par  leurs 
ascensions  de  ballons-sondes,  exécutées  en  1892,  ont  donné  l'impulsion  au 
mouvement  d'exploration  de  la  haute  atmosphère. 

»  La  base  de  la  vérification  sera,  comme  les  commissaires  de  1872  l'ont 
demandé,  la  visée  trigonométrique  d'une  boule  brillante  ou  d'une  lampe 
électrique,  suspendue  à  une  certaine  distance  au-dessous  du  ballon.  Les 
deux  stations  seront  placées  à  deux  des  plates-formes  de  la  Tour  Eiffel. 
Les  départs,  soit  par  ballons-sondes,  soit  par  ballons  montés,  seront  exé- 
cutés du  parc  de  l'Aéro-Club  aux  coteaux  de  Saint-Cloud,  qui  est  relié  lui- 
même  téléphoniquement  avec  la  Tour. 

w  On  attachera  au  ballon  une  seconde  série  d'enregistreurs,  placés  à  une 
distance  connue,  et  l'on  verra  si  les  indications  de  cette  seconde  série 
peuvent  être  déduites  de  la  première,  en  appliquant  à  cette  distance  la  loi 
des  hauteurs  barométriques  avec  les  corrections  convenables. 

))  Les  ascensions,  soit  libres,  soit  montées,  auront  lieu  à  des  hauteurs 
de  plus  en  plus  grandes,  au  fur  et  à  mesure  des  progrès  faits  dans  l'art 
d'exécuter  ces  difficiles  opérations. 

»  Le  ballon  pourra  recevoir  deux  nacelles  dans  les  ascensions  montées; 
alors  les  observations  seront  faites  comparativement  avec  les  instruments 
les  plus  délicats.   » 

La  séance  est  levée  à  3  heures  et  demie. 

M.    B. 


ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

SÉANCE   DU  LUNDI  18  AOUT  1902. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  BOUQUET  DE  LA  GRYE. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

MÉCANIQUE  APPLIQUÉE.  —  Résistance  à  la  traction  du  béton  armé. 
Note  de  M.  Considère. 

«  J'ai  rendu  compte  à  l'Académie,  les  12  décembre  1898  et  2  janvier  1899, 
des  résultats  d'expériences  faites  sur  de  petits  prismes  de  mortier  armé, 
pour  déterminer  les  lois  de  la  résistance  à  la  traction,  et,  le  18  sep- 
tembre 1899,  d'expériences  montrant  les  effets  du  retrait  que  le  ciment 
prend  dans  l'air  et  de  la  dilatation  qu'il  subit  dans  l'eau. 

))  La  Commission  nommée  par  M.  le  Ministre  des  Travaux  publics  pour 
étudier  l'application  du  béton  armé  aux  travaux  publics  a  fait  faire  des 
expériences  destinées  à  vérifier  l'exactitude  des  conclusions  que  j'avais 
formulées.  Elles  ont  été  faites  avec  une  compétence  remarquable,  sous  la 
direction  de  M.  Mesnager,  par  ses  habiles  collaborateurs  MM.  Klein  et 
Mercier.  Oii  va  rendre  compte  des  résultats  de  celles  de  ces  expériences 
qui  ont  mis  directement  en  lumière  les  lois  de  la  déformation  du  béton 
tendu. 

»  Elles  ont  porté  sur  des  prismes  de  2°^  de  longueur  dont  la  section 
carrée  avait  o"\io  de  côté.  Ils  étaient  armés,  près  des  angles,  de  quatre 
fils  de  fer  dont  la  section  totale  était  de  i  iS"""'.  Le  béton  employé  renfer- 
mait 3oo'*^  de  ciment  de  Portland  pour  ©""^Soo  de  gravier  passant  au  crible 
de  25™°^  et  o'"',4oo  de  sable  passant  au  tamis  de  5™™. 

»  Conformément  à  la  Communication  du  18  septembre,  on  a  constaté 
que  le.  retrait  du  béton  avait  imposé  aux  armatures  un  raccourcissement 
important.  Il  était  de  o""^,  21  par  mètre  et  dénotait  une  compression  de 
4'**',6o  par  millimètre  carré.  En  tenant  compte  du  rapport  des  sections  du 

G.  H.,  1902,  2°  Semestre.  (T.  CXXXV,  N°  7.)  44 


338  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

métal  et  du  béton,  on  constate  que  le  béton  avait  une  tension  antagoniste 
de  5''^,  20  par  centimètre  carré,  avant  que  le  prisme  fût  soumis  à  un  effort 
extérieur. 

»  Expériences  de  traction.  —  On  voulait  déterminer  séparément  les 
efforts  que  produisaient  le  métal,  d'une  part,  le  béton,  de  l'autre.  On  y  est 
arrivé  par  le  procédé  suivant  : 

»  Les  variations  de  l'effort  des  armatures,  pression  ou  tension,  étaient 
calculées  immédiatement  en  multipliant  les  variations  mesurées  de  lon- 
gueur du  métal  par  son  coefficient  d'élasticité  préalablement  déterminé  et 
par  la  section  des  armatures. 

»  Pour  déduire,  des  variations  ainsi  calculées  de  l'effort  produit  par  les 
armatures,  les  valeurs  absolues  de  cet  effort  aux  divers  moments  de  l'expé- 
rience, il  suffisait  de  déterminer  l'effort  que  les  armatures  produisaient  à  la 
fin  du  déchargement.  On  y  est  arrivé  en  dégageant  avec  précaution  les 
armatures  du  béton  et  en  mesurant  le  changement  produit  dans  leur  lon- 
gueur par  cette  opération  qui  leur  permettait  de  revenir  à  l'état  d'équilibre 
et  à  leur  longueur  naturelle. 

))  Les  résultats  des  expériences  de  traction  faites  sur  les  prismes  en 
question  ont  été  graphiques  par  la  machine  d'essai  elle-même,  par  suite  de 
dispositions  qui  rendaient  les  déplacements  d'un  style  enregistreur  propor- 
tionnels aux  allongements  des  prismes  dans  le  sens  des  abscisses  (o*^,  10  par 
miUimètre  d'allongement)  et  aux  efforts  de  traction  dans  le  sens  des  ordon- 
nées (o™,ooi  par  loo'^s  d'effort). 

»  Le  graphique  a  été  réduit  dans  la  proportion  de  {. 

»  Sur  chacun  des  graphiques  ainsi  dessinés  par  la  machine,  on  a  tracé 
une  ligne  FF'  dont  les  ordonnées  sont  égales  aux  efforts  produits  par  les 
armatures  :  tensions  au-dessus  de  00',  pressions  au-dessous.  On  a  vu  plus 
haut  comment  ces  efforts  ont  été  calculés. 

»  Les  tensions  du  béton  étant  évidemment  les  différences  des  efforts 
totaux  de  traction  exercés  sur  les  prismes  et  des  tensions  des  armatures, 
sont  représentées  par  les  fractions  d'ordonnées  comprises  entre  la  ligne  FF' 
et  le  graphique  tracé  par  la  machine. 

»  Cette  remarque  permet  de  lire  immédiatement  le  sens  des  graphiques. 

»  La  figure  i  est  le  calque  de  celui  qui  a  été  tracé  par  la  machine  dans 
une  expérience  où  la  tension  totale  du  prisme  a  été  poussée  à  SSuoi^s  et  a 
produit  l'allongement  considérable  de  i°"°,35  par  mètre. 

»  La  tension  préalable  du  béton  produite  par  le  retrait  est  représentée 
par  OA  et  est  égale  à  52o''s. 


SÉANCE    DU    l8    AOUT    1902.  3^9 

»   Dans  la  déformation,  on  remarque  deux  phases  bien  distinctes. 

"  Dans  la  première,  qui  est  représentée  par  OB,  le  coefficient  d'élasti- 
cité a  la  valeur  qu'il  possède  dans  le  béton  non  armé  et  la  tension  du  béton 
devient  rapidement  égale  à  Bb,  résistance  à  la  rupture  du  béton  non  armé. 


38oof 


•^^ 


»  Dans  la  seconde  phase,  qui  commence  à  B  et  s'étend  jusqu'à  la  fin  de 
l'expérience,  la  tension  reste  sensiblement  constante,  sauf  une  majoration 
momentanée  qui  se  produit  au  début.  Le  coefficient  d'élasticité  est  donc  à 
peu  près  nul  dans  cette  période. 

»  Le  second  graphique  est  relatif  à  une  expérience  dans  laquelle  le  char- 
gement a  été  arrêté  au  point  H  lorsque  la  traction  était  égale  à  i'jc)o^s  et 


Fig.  2. 


«  .jS^s:» 


l'allongement  à  o"™,  29.  La  charge  a  été  alors  réduite  deux  fois  à  2oo''s  et 
le  style  est  revenu  au  point  2.  On  a  répété  vingt-cinq  fois  le  même  charge- 
ment suivi  de  déchargement  et,  dans  chaque  opération,  le  style  a  décrit 
des  lignes  ayant  des  courbures  opposées,  mais  sensiblement  droites,  dont  on 
ne  l'a  laissé  marquer  que  les  deux  dernières,  afin  de  ne  pas  obtenir  une 
figure  confuse.  Des  chiffres  indiquent  les  points  marqués  par  le  style  au 
commencement  et  à  la  fin  de  quelques-unes  des  opérations. 

»  Pour  éviter  des  longueurs,  on  n'indiquera,  dans  le  résumé  fait  plus 
loin,  que  les  caractères  des  courbes  de  déformation  ainsi  obtenues  dans 
les  chargements  et  déchargements  répétés. 

»  Après  avoir  soumis  un  autre  prisme  à  une  tension  de  2060''^  qui  lui  a 
fait  prendre  un  allongement  de  o™™,6i ,  on  a  enlevé  ses  armatures  métal- 


34o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

liques  en  faisant  sauter  au  burin  le  béton  qui  les  entourait.  On  a  ainsi 
obtenu  un  prisme  désarmé  dont  la  section  avait  la  forme  d'une  croix  irré- 
gulière. On  a  constaté  qu'il  ne  présentait  pas  de  fissures  et  que,  essayé  par 
flexion,  il  donnait  une  résistance  de  9''^  par  millimètre  carré.  Sa  résistance 
véritable  devait  être  notablement  supérieure  à  ce  chiffre,  parce  que  la  rup- 
ture  avait  dû  être  hâtée  par  les  lésions  qu'avait  faites  le  burin  pendant  le 
descellement  des  armatures. 

»  Des  expériences  de  flexion  ont  été  faites  sur  des  poutres  armées  de  4" 
de  longueur  ayant  40"^™  X  20*^™  de  section. 

»  Sans  entrer  dans  le  détail  de  toutes  les  expériences,  on  résumera  ainsi 
leurs  résultats  et  ceux  des  expériences  antérieures. 

)     Lois  DE  DÉFORMATION   DU  BÉTON  TENDU    DANS   LA   TRACTION  ET  LA  FLEXION. 

—  1°  Premier  chargement.  —  Le  béton  armé  soumis  à  un  allongement  se 
comporte  comme  s'il  n'était  pas  armé  tant  que  l'allongement  et  la  tension 
ne  dépassent  pas  les  limites  que  le  béton  non  armé  peut  supporter  sans 
rupture  dans  la  traction  simple. 

»  Quand  ces  limites  sont  dépassées,  le  béton  armé  se  différencie  abso- 
lument de  celui  qui  ne  l'est  pas.  Il  supporte,  sans  rupture,  des  allonge- 
ments qui,  dans  du  mortier  conservé  sous  l'eau,  ont  atteint  2™™  par  mètre 
et  qui  ont  été  de  o'^'^.So  à  i"™,2o  dans  du  béton  ou  du  mortier  conservé 
à  l'air. 

»  Quand  le  béton  armé  prend  des  allongements  supérieurs  à  l'allonge- 
ment élastique  du  béton  non  armé,  sa  tension  reste  sensiblement  constante 
et  égale  à  la  résistance  du  béton  non  armé.  Par  suite,  son  coefficient  d'élas- 
ticité est  nul. 

»  2°  Déchargements  et  rechargements.  —  La  loi  de  déformation  est  toute 
différente  dans  les  déchargements  et  les  rechargements  qui  se  succèdent 
avec  la  même  charge  maximum.  La  nouvelle  courbe  de  déformation  peut 
pratiquement  être  confondue  avec  une  ligne  droite  dont  l'inclinaison  sur 
l'horizontale  diminue  quand  l'allongement  augmente.  Cette  inclinaison  est 
le  coefficient  d'élasticité  nouveau  qui,  par  suite,  est  diminué  d'autant  plus 
que  l'allongement  a  été  plus  grand. 

»  Quand  on  répète  indéfiniment  l'application  à  une  pièce  armée  et  la 
suppression  d'une  traction  déterminée,  l'allongement  augmente  avec  une 
vitesse  décroissante  qui  tend  vers  zéro,  et  la  part  que  le  béton  prend  dans 
la  résistance  totale  diminue  pendant  que  celle  du  métal  augmente.  Finale- 
ment, la  tension  fournie  par  le  béton  tombe  aux  0,70  environ  de  sa  valeur 
primitive. 

»   Si,  après  que  la  tension  du  béton  a  été  ainsi  réduite  par  l'effet  des 


SÉANCE    DU    l8    AOUT    I902.  S/jI 

répétitions,  on  augmente  la  charge  de  3o  pour  100  au  moins,  la  tension  que 
produit  le  béton  reprend  sa  valeur  primitive. 

»  Le  coefficient  d'élasticité  que  possède,  pour  résister  à  la  compression, 
le  béton  qui  a  subi  de  grands  allongements,  est  diminué,  mais  dans  une 
proportion  considérablement  moindre  que  le  coefficient  d'élasticité  de  ten- 
sion. La  diminution  a  été  de  moitié  pour  un  prisme  soumis  à  des  allonge- 
ments quatre  à  six  fois  plus  grands  que  ceux  qui  se  produisent  dans  les 
constructions. 

»  Les  phénomènes  qu'on  observe  dans  la  déformation  du  béton  armé 
sont  donc  la  conséquence  de  propriétés  moléculaires,  et  notamment  de 
l'altération  de  l'élasticité,  l^a  cause  de  ces  phénomènes  réguliers  ne  peut, 
comme  on  pourrait  le  croire  en  lisant  la  Communication  faite  à  l'Aca- 
démie, le  21  avril,  par  M.  Rabut,  résider  dans  la  production  des  fissures, 
fait  essentiellement  irrégulier  et  qui,  parfois,  manque  entièrement. 

»  Il  va  de  soi  que,  au  point  de  vue  des  calculs  de  résistance,  il  faut 
tenir  compte  des  fissures.  Je  me  propose  d'indiquer  comment,  dans  une 
Communication  ultérieure.    » 


TRAVAUX  SCIENTIFIQUES.  —  SuT'  les  travaux  de  cette  année,  à  l' Observatoire 
du  sommet  du  mont  Blanc.  Note  de  M.  J.  Janssen. 

((  Les  travaux  scientifiques,  à  l'Observatoire  du  sommet  érigé  par  notre 
Société  ('),  ont  déjà  commencé. 

»  L'Observatoire  vient  d'être  remis  en  état  et  M.  Vallet,  juge  de  paix  à 
Chamonix,  chargé  de  l'entretien,  m'a  informé  que  cette  opération  a  été 
heureusement  terminée  et  qu'elle  n'a  donné  lieu  à  aucun  accident  de  per- 
sonnes. 

»  Le  terrible  accident  qui  vient  de  se  produire,  et  qui  nous  a  tous  émus 
à  si  juste  titre,  est  du  à  l'infraction  de  cette  règle  constante,  dont  les 
voyageurs  ne  devraient  jamais  s'écarter,  à  savoir  :  de  choisir  de  bons  guides 
et  d'écouter  scrupuleusement  leurs  aA'is.  Les  deux  voyageurs  qui  viennent 
de  périr  si  malheureusement  se  sont,  paraît-il,  laissés  emporter  par  leur 


(')  On  sait  que  cette  Société  a  été  formée,  en  1891,  sous  l'inripulsion  du  si  regretté 
M.  Léon  Say,  par  MM.  J.  Janssen,  l^résident;  Bischoffsheim,  Secrétaire;  de  Roth- 
schild, Trésorier;  Prince  i^oland  Bonaparte,  Greffuhle,  Delessert,  qui  ont  supporté  les 
frais  de  l'installation. 


342  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

courage  et  ont  entraîné  leurs  guides  à  continuer  l'ascension  dans  des 
conditions  jugées  dangereuses  par  ceux-ci,  et  l'événement  n'a  que  trop 
montré  la  sagesse  de  ces  avis. 

))  Je  n'ai  jamais  cessé  de  donner  ce  conseil  aux  voyageurs  avec  lesquels 
je  me  suis  trouvé  en  rapport,  et  spécialement  aux  savants  qui  veulent  bien, 
avec  notre  concours,  exécuter  des  travaux  à  notre  Observatoire. 

»   Ces  collaborateurs  seront  celte  année  : 

»  M.  le  D*"  Hénocque,  qui  se  propose  de  faire  des  études  sur  les  modifi- 
cations que  subit  l'hémoglobine  du  sang  en  rapport  avec  les  efforts  mus- 
culaires et  l'altitude; 

»  M.  le  professeur  Aubert,  du  collège  Stanislas,  qui  est  en  train  d'étu- 
dier les  modifications  que  l'altitude  et  la  rareté  de  Fatmosphère  apportent 
à  la  richesse  des  rayons  violets  et  ultra-violets  du  spectre,  travail  qui, 
comme  on  sait,  a  déjà  occupé  M.  Cornu,  de  si  regrettable  mémoire. 

»  Ce  travail  est  exécuté  avec  un  spectroscope  à  prismes  et  lentilles  de 
quartz  que  nous  avons  fait  construire  spécialement  pour  cet  objet  et  dont 
l'optique  est  due  à  M.  Jobin. 

»  M.  Le  Cadet,  astronome  attaché  à  l'Observatoire  de  Lyon  (directeur  : 
M.  André,  correspondant  de  P  Académie),  doit  également  se  livrer  à  d'inté- 
ressantes études  sur  l'électricité  atmosphérique. 

»  Enfin,  M.  le  D^  Tissot,  du  laboratoire  de  Physiologie  de  notre  éminent 
confrère  M.  Chauveau,  va  incessamment  retourner  à  Chamonix  et  monter 
au  mont  Blanc  dans  le  but  d'y  étudier  les  modifications  que  l'altitude  seule 
ou  combinée  avec  le  travail  musculaire  apporte  à  la  composition  du  sang 
et  aux  échanges  respiratoires. 

»  Tels  sont,  jusqu'ici,  les  travaux  qui  doivent  s'exécuter  cette  année  au 
mont  Blanc. 

»  J'aurai  soin  de  rendre  compte  en  temps  et  lieu  à  l'Académie  des  résul- 
tats obtenus. 

»  J'ajouterai  que  nous  ne  négligeons  pas  les  études  qui  se  rapportent  à 
la  question  si  importante  des  enregistreurs  et,  à  ce  sujet,  je  dirai  que  j'étu- 
die aussi  la  construction  et  la  disposition  à  donner  à  des  thermomètres, 
baromètres,  anémomètres,  de  dimensions  permettant  leur  lecture  de  Cha- 
monix avec  une  lunette  suffisamment  puissante. 

))  On  comprend  combien  la  connaissance,  pour  ainsi  dire  instantanée, 
de  ces  données  météorologiques  au  sommet  du  mont  Blanc  présentera 
d'intérêt. 

»   Le  regretté  M.  Berthault,  constructeur  distmgué  de  thermomètres  et 


SÉANCE    DU    18    AOUT    1902.  343 

de  baromètres,  avait  déjà  commencé  cette  étude  sous  ma  direction  quand 
la  mort  l'a  enlevé  à  sa  famille  et  à  ses  travaux;  je  la  reprends  actuelle- 
ment. » 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  informe  l'Académie  que  la 
première  Conférence  sismologique  internationale,  réunie  à  Strasbourg  du 
1 1  au  i3  avril  1901,  a  émis  un  vœu  en  faveur  de  la  création  d'une  Union 
internationale  sismologique  ;  il  demande  à  l'Académie  de  lui  faire  connaître 
son  avis  sur  la  suite  qu'il  conviendrait  de  donner  à  ce  vœu. 

(Renvoi  à  une  Commission  composée  du  Président  de  l'Académie,  du 
Secrétaire  perpétuel  pour  les  Sciences  mathématiques,  et  de  MM.  Jans- 
sen,  Fouqué,  Mascart,  Marcel  Bertrand,  Michel  Lévy,  de  Lapparent.) 


MÉCANIQUE.    —  Sur  l'assemblage  de  deux  corps.  Note  de  M.  G.  Kœnigs, 

présentée  par  M.  Appell. 

«  Dans  quelques  Communications  insérées  aux  Comptes  rendus  en 
août,  septembre,  octobre  1901,  j'ai  résumé  un  premier  ensemble  de 
notions  relatives  à  la  théorie  générale  des  machines  envisagées  sous  le 
point  de  vue  cinématique.  J'ai  émis  ce  principe,  qui  est  une  des  idées 
directrices  de  la  doctrine  que  je  propose,  que  la  théorie  des  mécanismes 
n'est  pas  autre  chose  que  l'étude  des  liaisons  dans  les  machines,  et  qu'il  faut 
la  dégager  de  la  considération  des  mouvements  que  les  forces  viennent  y 
provoquer.  Eu  conséquence,  on  doit  reporter  à  l'arrière-plan  l'idée 
ancienne  d'après  laquelle  on  définissait  un  mécanisme  comme  un  moyen 
de  produire  un  mouvement  déterminé  Qn  partant  d'un  mouvement  donné. 

»  Ma  manière  de  voir  se  trouve  corroborée  par  la  remarque  que  de 
nombreux  mécanismes  sont  destinés  à  fonctionner  à  l'état  statique,  en 
sorte  que,  dans  leur  définition,  on  ne  peut  faire  intervenir  ni  un  mouve- 
ment donné,  ni  un  mouvement  à  produire.  Ces  mécanismes  échappent 
totalement  au  cadre  des  anciennes  théories,  malgré  qu'ils  mettent  en 
œuvre  les  mêmes  procédés  cinématiques  que  les  mécanismes  de  mouve- 
ment. 

»  Un  exemple  typique  est  offert  par  les  assemblages. 

»   Deux    corps  sont  dits  assemblés    lorsque  le    système  binaire  qu'ils 


344  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

forment  a  une  liberté  nulle.  Les  assemblages  offrent  les  mêmes  particu- 
larités que  le  guidage  de  tout  autre  système  binaire.  La  seule  différence 
tient  au  degré  de  liberté  qui,  nul  dans  le  cas  de  l'assemblage,  est  égal  à 
I,  2,  3,  4  oii  -'>  dans  les  autres  systèmes  binaires. 

»  Ainsi,  on  a  vu  qu'un  système  binaire  pouvait  être  guidé  parfois  au 
moyen  d'un  couple  d'éléments,  et  le  plus  souvent  au  moyen  d'une  chaîne. 
Il  en  sera  de  même  pour  l'assemblage. 

»  Il  est  bon  cependant  de  spécifier  que,  pour  rester  sur  le  terrain  de  la 
pure  Cinématique,  il  convient  de  mettre  à  part  les  assemblages  réalisés  par 
des  procédés  physiques  tels  que  soudures,  rivures,  emboutissage.  Nous 
disons  mettre  à  part,  et  non  pas  précisément  exclure,  car,  dans  bien  des 
cas,  ces  procédés  physiques  se  présentent  comme  terminaison  d'un  pro- 
cessus cinématique,  dont  l'objet  est  de  simplifier  la  garde  contre  le  démon- 
tage. Exemple  :  le  rivetage  d'une  clavette  dans  un  écrou  de  serrage. 

»  Dans  l'assemblage  par  couple,  il  faut  établir  assez  de  points  de 
contact  entre  les  deux  corps  pour  qu'ils  soient  appuyés  contre  tout  dépla- 
cement relatif.  Ces  points  de  contact  peuvent  être  répartis  suivant  une 
surface  finie,  suivant  une  ligne  ou  bien  être  isolés. 

»  Dans  le  premier  cas,  on  a  l'assemblage  par  emboîtement,  oîi  une  sur- 
face pratiquée  dans  l'un  des  corps  s'emboîte  dans  sa  forme  en  creux  prati- 
quée sur  l'autre  corps.  Toutefois,  la  surface  qui  limite  ces  profils  ne  doit 
pas  être  capable  de  glisser  sur  elle-même,  sans  quoi  l'on  retomberait  sur 
les  couples  d'emboîtement  à  i,  2  ou  3  degrés  de  liberté. 

»  Dans  le  cas  où  l'assemblage  est  obtenu  par  couple  au  moyen  de  points 
de  contact  isolés,  six  points  de  contact  suffisent,  pourvu  que  les  six  nor- 
males en  ces  points  aux  surfaces  en  contact  ne  fassent  pas  partie  d'un 
même  complexe  linéaire.  On  peut  même  démontrer  que  les  conditions  les 
plus  avantageuses  pour  l'assemblage  seront  remplies  si  chacune  des  six  nor- 
males est  rectangulaire  avec  sa  conjuguée  prise  par  rapport  au  complexe 
linéaire  qui  contient  les  cinq  autres. 

))  Il  est  aisé  de  montrer  que  tout  couple  d'assemblage  est  nécessaire- 
ment imparfait  et  qu'il  admet  des  déplacements  monocinétiques. 

»  Appelons  P,,  la  position  oi\  doit  avoir  lieu  l'assemblage;  pour  en  effec- 
tuer le  montage,  on  placera  les  deux  corps  en  présence  et,  par  une  suite 
continue  de  positions  relatives,  on  aboutira  à  la  position  P^.  Appelons  P 
celle  de  ces  positions  qui  est  infiniment  voisine  de  P^,.  Le  dernier  acte  du 
montage  sera  le  passage  de  P  à  P^.  Mais,  comme  aucun  profil  ne  s'oppose  à 
ce  passage,  aucun  profil  non  plus  n'empêchera  le  retour  de  Po  à  P.  Ce 


SÉANCE    DU    l8    AOUT    1902.  345 

déplacement  aura  pour  effet  de  démonter  l'assemblage.  Ce  ne  peut  être  du 
reste  un  déplacement  dicinétique,  car  l'existence  d'un  déplacement  dici- 
nétique  sup|)ose  une  liberté  supérieure  à  zéro.  Le  déplacement  qui  ramène 
de  Po  à  I*  est  donc  bien  un  déplacement  monocinétique.  Pour  citer  un 
exemple,  rappelons  l'assemblage  dit  à  baïonnette. 

»  On  est  souvent  exposé  à  regarder  comme  cinématiquement  assemblés 
des  corj)s  reliés  par  un  couple  de  liberté  non  nulle,  mais  dans  lequel 
aucune  force  n'intervient  pour  provoquer  le  mouvement.  On  pourrait 
appeler  apparents  ces  assemblages  singuliers  qui  relèvent  autant  de  la  Sta- 
tique que  de  la  Cinématique.  Les  forces  de  frottement  ont  une  part  consi- 
dérable dans  le  fonctionnement  de  ces  sortes  d'assemblages.  Leur  étude  se 
rattache  étroitement  à  la  question  du  démontage  des  chaînes  cinématiques 
dont  nous  nous  occuperons  dans  une  prochaine  Communication. 

»  La  réalisation  des  assemblages  par  le  moyeu  d'une  chaîne  est  de  beau- 
coup la  plus  fréquente.  Sans  entrer  ici  dans  les  détails  des  divers  types  de 
ces  chaînes,  nous  en  indiquerons  des  traits  généraux. 

»  On  place  les  deux  corps  à  assembler  comme  membres  d'une  chaîne 
dans  laquelle  leur  système  binaire  a  une  liberté  nulle.  Les  deux  corps 
peuvent  ne  pas  se  toucher  ou  bien  être  unis  par  un  couple  cinématique 
doué  d'une  certaine  liberté,  mais  restreint  par  la  chaîne,  de  façon  qu'en 
fin  de  compte  le  système  binaire  ait  une  liberté  nulle. 

))  Par  exem[)le  :  On  place  en  contact  les  deux  corps  par  une  face  plane 
(couple  plan),  et  on  les  traverse  l'un  et  l'autre  par  des  vis,  qui  forment 
ainsi  avec  les  deux  corps  une  chaîne  d'assemblage. 

»  De  même,  lorsque,  pour  caler  une  poulie  ou  une  roue  sur  un  arbre, 
on  commence  par  établir  entre  eux  un  couple  rotoïde  que  l'on  immobilise 
ensuite  avec  une  cheville. 

»  Un  procédé  général  d'assemblage  consiste  à  placer  les  deux  corps  à 
assembler  comme  membres  de  deux  chaînes  différentes,  de  façon  que  les 
deux  systèmes  binaires  qu'ils  forment  dans  chacune  d'elles  n'aient  aucun 
mouvement  commun. 

»  Tout  mécanisme  présente  ordinairemeiit  un  certain  nombre  d'assem- 
blages par  couples  ou  par  chaînes.  Le  plus  souvent  celles-ci  sont  auto- 
nomes, ce  qui  permet,  dans  une  description  schématique  du  mécanisme,  de 
les  traiter  comme  s'il  s'agissait  d'un  corps  unique,  venu  (l'une  seule  j:>ièce. 
C'est  pour  avoir  abusé  de  cette  licence  que  les  ciuématiciens  ont  négligé 
les  dispositifs  d'assemblage.  Cet  oubli  a  le  grave  inconvénient  de  fermer 
l'accès  à  l'étude  scientifique  du  montage  et  du  démontage  des  machines, 

A5 

C.  K.,  1902,2»  Semestre.  (T.  CXXXV,  N"  7.)  ^ 


346  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

question    inij^orlante   cependant,  tant  au  point  de  vue   théorique  qu'an 
point  de  vue  pratique.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Siw  quelques  nouveaux  composés  organiques 
d'addition.  Note  de  M.  P.  Lemoult. 

«  On  sait  que  le  chlorbinitrobenzol-i.2.4  et  les  corps  analogues  réa- 
gissent très  facilement  sur  les  aminés  primaires  et  secondaires  en  donnant, 
avec  élimination  de  HCl,  des  aminés  aromatiques.  J'ai  essayé  de  réaliser 
une  réaction  du  même  genre  entre  le  chlorbinitrobenzol,  par  exemple, 
d'une  part,  et  les  dérivés  diamidés  substitués  du  diphénvlméthane,  comme 
le  létraméthyldiamidodiphénylmélhane,  par  exemple,  d'autre  part;  cette 
réaction,  qui  eût  donné  des  dérivés  leucoi\\x  triphénylméthane  et,  par  suite, 
des  matières  colorantes  vertes,  bleues  ou  violettes,  ne  marche  pas  direc- 
tement dans  le  sens  désiré,  mais  elle  m'a  conduit  à  l'obtention  et  à  l'étude 
de  quelques  composés  d'addition  bien  cristallisés. 

»  1°  Clilorbinitrobenzol-\  .i.[\  et  télraméthyldiamidodiphénylméthane.  —  Les 
deux  réactifs  sont  dissous  en  proportion  équimoléculaire  dans  l'alcool  bouillant  et  les 
deux  solutions  sont  mélangées  ;  il  se  produit  immédiatement  une  coloi*ation  brun  rouge 
très  intense;  on  cliaiifïe  pendant  2  heures  à  Tébullition  et  Ton  fait  cristalliser;  il  se  pro- 
duit une  bouillie  formée  de  fines  aiguilles,  qu'on  sépare  par  essorage  et  qu'on  sèche 
dans  le  vide  sur  SO^H-.  Ce  corps  fond  à  72°  sans  décom])Osilion  et  cristallise  à  nouveau 
par  refroidissement;  sa  composition  correspond  à  la  formule 

C^'HnAzO-^)^.iCI,,Cl-P[C«H^Az(CIP)2]2. 

»  Il  est  en  eflet  dédoublé  par  l'eau  acidulée  en  chlorbinitrobenzol-i.a.q  et  dérivé 
mélhanique  ;  ou  bien,  par  l'aniline,  en  2.4-dinitrodiphénylamine  et  dérivé  mélhanique  ; 
ces  deux  réactions  se  prêtent  à  des  déterminations  quanlilalives. 

»  Ce  composé  d'addition  est  facilement  dissocié  par  l'acide  acétique.  12,9562  dissous 
dans  20S,65  de  ce  solvant,  en  vue  d'une  détermination  cryoscopique,  ont  produit  un 
abaissement  de  )°,46,  ce  qui  correspond  au  poids  moléculaire  253  ;  ce  chiffre  est  nota- 
blement inférieur  à  la  valeur  théorique  465,5,  mais  n'est  pas  très  éloigné  de  la  moitié 
de  cette  valeur,  qu'elle  atteindrait  si  la  dissociation  était  complète  ;  il  faut  tenir  compte 
d'ailleurs  de  la  formation  possible  d'acétates  du  dérivé  méthanique  basique. 

»  La  dissociation  se  produit  également  dans  le  benzène  et  devient  presque  complète 
quand  la  dilution  est  considérable  (is  dans  5o^  de  solvant). 

»  Le  corps  étudié  se  comporte  donc  bien  comme  s'il  résultait  de  la  juxtaposition 
pure  et  simple  des  molécules  constituantes  et  se  trouve  être  analogue  au  corps  que 
Romburgh  a  signalé  et  décrit  comme  formé  de  ;?i.-binitrobenzol  et  de  tétramélhyldia- 
midodiphénylméthane.  {Rec.  Irav.  chim,  des  Pays-Bas,  t.  VII,  p.  287.) 


SÉANCE    DU    l8    AOUT    T902.  347 

»  2"  Chlorbinitrobenzol  et  dérivé  méthanique  téivaèthylé.  —  Ces  deux  réactifs 
donnent,  comme  ci-dessus,  un  composé  d'addition  très  bien  cristallisé,  brun  rouge, 
formé    d'aiguilles    brillantes    fondant    à    42°,  5    et    dû    à    la  juxtaposition    des    deux 

molécules 

C«IP(Az02)t,Cl,,CH^[G^H*- Az(aP)2]^; 

corps  tout  à  fait  analogue  au  précédent  et  dédoublable  comme  lui. 

»  3°  Chlortvinitrohenzol-\  .i.[\X)  {chlorure  de  picryle  et  té  tramé  thy  Idiainldo- 
diphénylméthane.  —  Obtenu  comme  les  précédents,  il  se  présente  sous  forme  de 
petites  paillettes  cristallines  noir  foncé,  qui  verdissent  peu  à  peu,  par  suite  sans  doute 
de  l'oxydation  de  la  portion  méthanique  de  la  molécule;  il  fond  à  71°  et  résulte  de  la 
juxtaposition  des  deux  constituants 

C«H2(AzO^)^.,.eCl,CH2[G«H*Az(CH^)2]-2, 

comme  le  montre  l'analyse. 

»  Pour  généraliser  ces  résultats,  j'ai  remplacé  les  dérivés  chlorés  polynitrés  par  les 
composés  hydroxylés  correspondants  :  dinitrophénol-i  .2.4  et  acide  picrique,  et  par  un 
dérivé  amidé,  la  picramide  (trinilraniline). 

»  4°  Dinitrophénate  de  tétraméthyldlamidodiphénylméthaiie 

C«H3(AzO^)^  40H,,CH2[G«H*Az(CtP)2]2. 

Sous  forme  de  gros  cristaux  noir  brunâtre,  fondant  à  72°,  dont  l'analyse  donne  un  poids 
de  dérivé  méthanique  correspondant  à  56  pour  100  du  poids  total  (théorie  :  58  pour  100). 
»  5°  Picrate  de  tétraméthyldlamldodlpJiénylméthane.  —  Corps  cristallisé  en  très 
belles  paillettes  jaune-paille,  fondant  à  i85°,  qu'on  peut  obtenir  soit  en  solution  alcoo- 
lique, soit  de  préférence  en  solution  benzénique,  et  qui  est  facilement  décomposé  par 
les  alcalis  ou  les  acides  en  solution  aqueuse.  Le  dosage  d'azote  dans  ce  composé  donne 
i4,7  pour  100  au  lieu  de  t4,49  po"i'  100  correspondant  à  la  formule 

C«H2(AzO^)^OH,  CH2[C«H^\z(CH3)-]^ 

»  6°  Picrate  de  tétraéthyldlamldodlphénylniéthane.  —  Tout  à  fait  analogue  au 
précédent;  petites  paillettes  jaunes,  fondant  à  190°,  et  facilement  dédoublables. 

»  7°  Avec  \?(  picramide  C*'H-(AzO-)-i  4  g  OH,  j'ai  obtenu  un  seul  composé  d'addi- 
tion avec  le  dérivé  méthanique  tétramélhylé;  il  ne  se  forme  que  très  difficilement, 
par  une  longue  ébuUition,  en  solution  alcoolique  du  mélange  des  composants.  Pail- 
lettes noir  foncé  très  brillantes,  fondant  à  106°,  correspondant  à  la  formule 

C«H^'(Az02)L,.6AzlP,  CH2[G«H*-Az(CH3)-^]^ 

»  J'ai  essayé  d'enlever  après  coup,  à  ces  divers  composés,  i™*''  soit 
de  HCl,  soit  de  H-0,  soit  de  AzIP,  en  les  chauffant  avec  une  atnine  ter- 
tiaire, ou  avec  SO'H"  entre  100°  et  180",  de  manière  à  obtenir  les  dérivés 
leucopolynitrés,  mais  je  n'ai  pu  y  parvenir.  Toutefois,  en  chauffant  le 
composé  n°  1  avec  de  l'acide  nitrique  concentré,  j'ai  obtenu  un  déga- 
gement d'acide  chlorhydrique;  mais  cette  réaction  est  précétiée  du  dédou- 


3^8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

blement  du  composé  d'addition  :  le  clilorbinitrobenzol  est  partiellement 
détruit  par  oxydation  et  le  dérivé  méthanique  est  transformé  en  un  corps 
jaune  cristallisé  très  soluhle  dans  l'acétone,  fondant  à  217°  avec  décom- 
position :  c'est  l'hexanitrodiméthyldiamidodiphénvlméthane  déjà  décrit 
par  Romburgh  (/oc.  cit.,  p.  228*).    » 


PHYSIOLOGIE  EXPÉRIMENTALE.  —  nechc.rches  expérimentales  sur  la  conser- 
vation du  potentiel  ntusculaire  clans  une  atmosphère  d'anhydride  carbo- 
nique. Note  de  M.  Lhotak  de  Lhota,  présentée  par  M.  Bouchard. 

«  Ayant  fait  dans  le  laboratoire  de  M.  le  professeur  Mares,  à  l'Université 
de  Prague,  une  série  d'exjîériences  sur  les  modifications  de  la  forme  de 
la  contraction  musculaire  du  gastrocnémien  de  la  grenouille  dans  une 
atmosphère  d'anhydride  carbonique,  j'ai  constaté  que  ces  modifications 
sont  j)arfaitement  analogues  à  celles  qiu'  sont  produites  par  la  fatigue  du 
muscle.  Dans  les  deux  cas,  le  raccourcissement  se  ralentit,  et  la  courbe 
myographique  se  trouve  prolongée  dans  toutes  ses  parties.  L'anhydride 
carbonique  ne  détruit  pas  la  fonction  normale  du  muscle;  il  la  modifie 
seulement,  et  son  action  se  manifeste  surtout  par  une  accélération  du 
processus  de  la  fatigue. 

)>  J'ai  mesuré  et  comparé,  à  l'aide  de  deux  collecteurs  de  travail  de 
M.  Fiek,  la  somme  de  travail  accompli  par  deux  muscles  analogues  de  la 
même  grenouille,  qui  ont  été  excités  simultanément  par  la  même  rupture 
{\\i  courant  inducteur,  jusqu'à  la  disparition  complète  de  l'excitabilité; 
j'ai  constaté  que  le  muscle  plongé  dans  le  gaz  carbonique  accomplit  moins 
de  travail  que  le  muscle  analogue  placé  dans  l'air  et  que  l'action  de  Tanhy- 
dride  carbonique  consiste  dans  l'empêchement  rapide  de  l'activité  muscu- 
laire. En  effet,  l'expérience  montre  que  le  muscle  travaillant  dans  le  gaz 
carbonique  se  répare  plus  vite  et  plus  complètement  que  celui  qui  a  été 
fiitigué  dans  l'air;  il  conserve  donc,  en  grande  partie,  son  potentiel. 

»  Pour  résumer  les  résultats  de  nos  expériences,  qui  seront  publiées  en 
détail  autre  part  ('  ),  nous  dirons  que  : 

»  i^  L'anhydride  carbonique  accélère  la  fatigue  du  muscle  par  arrêt  du 
dégagement  de  l'énergie; 

»    2P  Par  suite  de  cet  arrêt,  le  muscle  ne  peut  pas  s'épuiser;  il  y  reste  la 


(')  Journal  de  Physiologie  et  de  Pathologie  générales. 


SÉANCE   DU    l8   AOUT    1902.  ^/jg 

provision  d'énergie  qui  peut  être  dégagée  après  l'éloignement  de  l'anhy- 
dride carbonique; 

»  3"  L'anhydride  carbonique  constitue  un  facteur  favorable  à  la  conser- 
vation de  la  puissance  musculaire. 

))  Bien  qu'obtenues  par  des  moyens  expérimentaux  absolument  diffé- 
rents, nos  recherches  conduisent  aux  mêmes  conclusions  que  celles  que 
M.  Raphaël  Dubois  a  tirées  de  ses  travaux  sur  le  mécanisme  de  la  fatigue 
et  du  sommeil  par  autonarcose  carbonique.  » 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Étude  comparée  des  liquides  organiques  de  la 
sacculine  et  du  crabe.  Note  de  MM.  Louis  Bruntz  et  Jean  Gautrelet, 
transmise  par  M.  Yves  Delage. 

«  Des  travaux  antérieurs  nous  ont  conduits  à  rechercher  la  nature  du 
produit  excrété  par  la  sacculine.  L'étude  comparée  du  liquide  organique 
de  cette  dernière  et  du  sang  de  son  hôte  en  a  été  la  conséquence. 

»  Nous  y  avons  dosé  successivement  et  comparativement,  ainsi  que  dans  l'eau  de 
mer  du  bac  qui  les  contenait,  les  chlorures,  les  phosphates  et  l'alcalinité. 

»  Étant  donné  que  l'on  ne  peut  se  procurer  que  o*''"',  5  au  plus  de  liquide  par 
sacculine,  nous  avons  employé  d'une  manière  générale  la  méthode  de  dosage  sui- 
vante :  Dans  un  godet  de  porcelaine,  il  est  mis  2V  de  centimètre  cube  du  liquide  à 
analyser  qu'on   étend  de    quelques  gouttes  d'eau  distillée    et  d'une  trace  du   réactif 

TV-  .  ,     ,.  .     ,     N         N        .  , 

indicateur.   Jusqua   viraee  on   aioute  la  liqueur  titrée  —  ou  -^r-  suivant  les  cas,  au 
^  o  j  1  lo        ao 

moyen  du  compte-gouttes  normal. 

»  Nous  avons  obtenu  les  résultats  suivants  : 

^,  ,  ,     , ,     l   Eau  de  mer 35, 4o    par  litre 

L-hlorures    calcules  \   ^     ,  „ 

^,    .,,  <  Lrabe 00,00  » 

en  INaCI.  1  ^,         ,.  ., 

[  sacculine.... 00,00  » 

Phosphates  en  acide  /  Eau  de  mer o ,  1 5o  par  litre 

phosphorique.        <   Crabe o,  i5o  » 

(  Sacculine 0,1 5o         » 

mg  _ 

Alcalinité  exprimée  1   Eau  de  mer 28,6      par  litre 

en  milligrammes  <   Crabe 66,6  » 

de  soude.  f  Sacculine 5i  ,0  » 

»  L'analyse  chimique  nous  conduit  donc  à  trouver  le  même  degré   de  salinité  chez 


35o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

le  crabe  et  la  sacculine;  ce  qui  doit  avoir  lieu,  étant  donnée  l'osmose  continue  entre 
les  deux  individus,  ainsi  que  M.  Yves  Delage  (*)  l'avait  indiqué. 

»  L'acidité  seule  est  plus  grande  chez  la  sacculine.  N'est-ce  pas  une  conséquence 
de  sa  fixation? 

»  Nous  avons,  en  effet,  constaté,  au  moyen  du  sulfate  de  cuivre  et  de  la  réaction 
d'UelTelmann,  la  présence  chez  elle  d'une  quantité  très  notable  d'acide  lactique. 

»  Quelle  est  la  nature  du  produit  excrété? Nous  nous  sommes  convaincus,  au  moyen 
du  réactif  de  Nessler,  de  l'absence  d'ammoniaque  libre.  Nous  n'avons  pas  davantage 
constaté  la  présence  de  produits  xanthiques  par  les  réactions  de  la  murexide  et  de 
Garrod. 

»  De  même,  absence  d'alcaloïdes  par  les  réactifs  généraux  (  Bouchardat,  Acide 
picrique,  etc.  ). 

»  L'acétate  de  cuivre  à  chaud  ne  nous  a  fourni  aucun  précipité  :  donc,  pas  de  com- 
posés carbopyridiques. 

»  Mais,  par  contre,  le  liquide  de  la  sacculine,  débarrassé  des  albuminoïdes,  laisse  per- 
cevoir à  l'ébullition  une  vive  odeur  de  saumure;  traité  par  la  potasse  à  chaud,  nous 
avons  constaté  à  l'odorat  et  au  tournesol  la  présence  d'ammoniaque.  Nous  en  con- 
cluons que  le  produit  excrété  est  de  la  méthyiamine.   » 


BOTANIQUE  FOSSILE.  —  Sur  quelques  pollens  fossiles.  Prothalles  mâles.  Tubes 
polliniques,  etc.,  du  terrain  houiller.  Note  de  M.  B.  Rexault,  présentée 
par  M.  Albert  Gaudry. 

«  Les  grains  de  pollen  conservés  soit  par  des  milieux  organiques  : 
lignite,  houille,  boghead  ;  soit  par  des  substances  minérales  :  carbonate 
de  chaux,  silice,  etc.,  sont  en  nombre  immense;  ils  datent  des  gisements 
primaires;  on  les  rencontre  tantôt  disséminés,  tantôt  encore  en  place, 
dans  des  sacs  polliniques  ou  à  l'intérieur  des  chambres  polliniques  de 
graines  diverses. 

»  La  figure  i  représente  une  coupe  longitudinale  passant  parla  chambre  poUinique 
d'une  graine  houillère  à' Aetheotesta.  a,  surmontant  le  sac  embryonnaire  s.  Elle  con- 
tient plusieurs  grains  de  pollen  que  nous  allons  décrire  à  part,  vus  avec  un  grossis- 
sement plus  considérable. 

»  Sur  la  figure  2,  on  distingue  un  grain  de  pollen  adhérent  à  la  face  interne  de  la 
chambre  pollinique  d'un  Stephanospermum ;  les  dimensions  sont  considérables  :  c'est 
un  ellipsoïde  de  révolution  dont  le  grand  axe  mesure  36of^  environ  et  le  peut  290!^. 


(*)  Évolution    de   la   sacculine,    p.    54o    {Archives  de  Zoologie  expérimentale, 
2«  série,  t.  II,  1895). 


SÉANCE  DU  l8  AOUT  1902.  35 I 

»  Une  particularité  nouvelle,  des  plus  intéressantes  à  signaler,  c'est  la  présence,  à 
l'un  des  pôles  du  grain,  d'une  sorte  de  bourrelet  c  indiquant  la  base  d'insertion  d'un 
tube  poliinique;  il  est  assurément  étonnant  que  des  restes  d'un  organe  aussi  délicat 
aient  pu  être  conservés  jusqu'à  nous;  ce  bourrelet  correspond  bien  à  la  base  d'attache 
d'un  tube  poliinique  ;  cette  interprétation  est  confirmée  par  la  figure  3,  qui  montre 
en  TP  un  grain  avant  émis  un  tube  d'une  certaine  longueur  (').  Nous  avons  pu  recon- 
naître que  le  tube  poliinique  était  en  relation  avec  une  grande  cellule  prismatique 
axiale  (^),  communiquant  elle-même  avec  les  cellules  qui  l'environnaient. 

»  C'est  la  première  fois  que  l'on  signale,  à  létat  fossile,  des  grains  de  pollen  munis 
de  tubes  polliniques.  Le  voisinage  de  ces  grains  et  des  archégones,  dont  le  col  débou- 
chait tout  près  d'eux  dans  la  chambre  poliinique,  semblait  ne  pas  rendre  nécessaire 
la  production  d'un  tube.  Les  grains  de  pollen  des  genres  de  graines  Step/iano- 
sperniuin,  Aetheotesta,  Polylophospermum,  ont  émis  des  tubes  analogues. 

»  Tous  ces  pollens  ont  des  dimensions  considérables  :  celui  àe?,  Aetheotesta  atteint, 
suivant  son  T^\\i?, petit  diamètre,  290!^;  celui  à&i  Dolerophyllum,  33of^.  Tous  renferment 
un  prothalle  mâle  {fig.  2,  4,  5),  dont  on  voit  nettement  les  cellules  à  l'intérieur  du 
grain,  soit  en  coupe  {fig.  4)>  soit  par  transparence  {fig.  2,  5).  Le  prothalle  remplit 
l'intérieur  du  grain;  les  cloisons  qui  forment  les  compartiments  sont  simples;  elles 
seraient  doubles  si  elles  étaient  produites  par  une  membrane,  latine,  formant  des 
replis  à  l'intérieur  du  grain. 

»  Les  pollens  représentés  par  les  figures  4  et  5  ont  été  pris  dans  la  chambre  polii- 
nique delà  figure  i;  ils  sont  dépourvus  d'exine,  ils  se  composent  seulement  de  l'intine 
et  du  prothalle  mâle,  qui  s'est  développé  à  l'intérieur;  leur  plus  petit  diamètre  est  de 
227(^3  iZo^\  le  diamètre  intérieur  du  canal  micropylaire  {fig.  i),  par  où  s'est  effectué 
leur  passage,  n'est  que  de  170H-;  il  faut  admettre,  ou  bien  que  les  grains  ont  pris  un 
certain  accroissement  dans  la  chambre  poliinique,  ou  que  le  prothalle,  dépourvu 
d'exine,  a  été  suffisamment  plastique  pour  pouvoir  glisser  dans  ce  canal  dont  le  dia- 
mètre était  certainement  plus  petit  que  le  sien. 

»  Cette  dernière  hypothèse  semble  confirmée  par  l'observation  suivante  : 

»  Les  prothalles  des  figures  4  et  5  sont  dépourvus  d'exine  ;  les  cloisons  présentent  des 
amincissements  qui,  devenant  des  perforations,  ont  permis  aux  anthérozoïdes  de  se  ré- 
pandre dans  la  chambre  poliinique  ;  les  grains  sont  dépourvus  de  tubes.  On  peut  se  de- 
mander ce  qu'est  devenue  l'exine.  L'examen  des  feuilles  pollinifères  des  Dolerophyllum 
peut  jeter  quelque  lumière  sur  cette  question.  La  figure  6  représente  une  loge  à  pollen 
cylindrique,  dirigée  perpendiculairement  au  limbe  d'une  feuille  de  ces  plantes  aqua- 
tiques renfermant  des  grains.  L'exine  est  épaisse  et  coriace  {fig.  7),  mais  un  oper- 
cule o,  d  {fig.  6),  en  se  détachant,  laissait  une  ouverture  suffisante  pour  permettre  au 
prothalle  mâle  de  s'échapper;  on  en  rencontre  quelques-uns  disséminés  au  milieu  des 
grains.  Dans  cet  état,  ils  pouvaient  facilement  pénétrer  dans  la  chambre  poliinique. 


(*)  Dans  la  séance  du  i3  juin  1901  de  la  Société  d'Histoire  naturelle  d'Autun,  nous 
avons  projeté  les  clichés  reproduits  par  les  figures  de  cette  Note  en  fournissant  toutes 
les  explications  nécessaires. 

(^)  Bassin  hou  Hier  d'Autun  et  d'Épinac,  1896,  fig.  53,  p.  275. 


Fig.  I. 


Fig.  2. 


»v••J^^■■/■.-::^ 

Chambre  pollinique  à'Aetheotesta.  —  Gr.  :  ■^. 
Fig.  3. 


Pollen  de  Stephanospermum. 
Gr.  :  1^. 


Fig.  4. 


TP,  Grain  de  pollen  avec  son  tube  dans  la 
chambre  pollinique  d'une  graine  de  Ste- 
phanospermum. —  Gr.  :  2^0. 


Pollen  d'Aetheotesta  en  coupe  transversale. 
Gr.  :  -4^. 


Fig.  5. 


Pi'olhalles  vus  par  l'extérieur.  —  Gr.  ;  ^^. 


SÉANCE    DU    l8    AOUT    I902. 


353 


Le  pollen  des  Aetheotesta  a  dû  se   débarrasser  de   son  exine   d'une  façon   analogue, 
mais  elle  nous  est  encore  inconnue. 


Fig.  6. 


ig.  7. 


Pollen  de  Dolerophylluni. 
Gr.  :  -lA. 


Gr. 


»  Conclusions  :  1°  Beaucoup  de  grains  de  pollen  de  répojue  houillère 
contenaient  un  prothalle  mâle  parfaitement  net,  dont  les  compartiments 
renfermaient  les  cellules  mères  des  anthérozoïdes  :  2°  ce  prothalle  pouvait 
émettre  un  tube  pollinique,  comme  chez  les  Stephanospermum,  ou  laisser 
échapper  les  anthérozoïdes  directement  dans  la  chambre  pollinique,  comme 
chez  les  Aetheotesta  ;  3°  dans  le  cas  où  le  grain  était  trop  volumineux  pour 
passera  l'intérieur  du  canal  micropylaire  de  la  chambre  pollinique,  il  se 
dépouillait  de  son  exine;  le  prothalle  formé  de  cellules  élastiques  pénétrait 
seul,  et  les  perforations  existant  dans  les  parois  des  cellules  {/ig.  5)  per- 
mettaient aux  anthérozoïdes  de  se  répandre  dans  la  chambre  pollinique,  où 
débouchait  le  col  des  archégones  de  l'ovule  qui  devaient  être  fécondées,  m 


G.  R.,  1902,  2^  Semestre.  (T.  CXXXV,  N»  7.) 


46 


354  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


HYGIÈNE  PUBLIQUE.  —  De  l'influence  de  V écrèmage  sur  la  répartition  des 
principaux  éléments  constitutifs  du  lait.  Note  de  MM.  F.  Bordas  et 
SiG.  DE  Raczkowski,  présentée  par  M.  Brouardel. 

«  Afin  de  nous  rendre  compte  de  la  façon  dont  se  répartissent  les  divers 
éléments  du  lait,  et  en  particulier  les  phosphates  et  la  lécithine,  dans 
l'opération  de  l'écrémage,  nous  avons  soumis  divers  laits  à  l'action  de 
l'écrémeuse  centrifuge  alpha  colibri.  Le  lait  écrémé  et  la  crème  obtenus 
ont  été  analysés,  ainsi  que  l'échantillon  sur  lequel  avait  porté  chaque 
opération. 

»  Les  résultats  fournis  par  l'une  d'elles  ont  été  les  suivants  : 

En  grammes  pour  loo. 
Lait  type.  Lait  écrémé.  Crème. 

Extrait i5,/ii  io,23  54, 20 

Cendre 0,68  0,72  0,28 

Matière  grasse 5,86  0,09  5o,88 

Lactose 4,96  5,28  2,38 

Caséine 2,88  3,^4  i,i5 

Acide  phosphorique  total 0,176  o,i84  0,096 

Acide  phosphorique  organique. ..  .  o,oo44  o,ooi3  o,o252 

en  acide  phosphogh'cérique. .  .  0,0124  o,oo37  0,0691 

en  lécithine  (F  =  7,27) o,o58  0,018  o,334 

»  Les  divers  élénaents  :  extrait,  cendre,  matière  grasse,  lactose  et  caséine,  ont  été 
dosés  parles  méthodes  habituelles.  L'acide  phosphorique  total  a  été  précipité  par  le 
molybdate  d'ammoniaque,  après  incinération  en  présence  de  carbonate  et  d'azotate  de 
potasse,  puis  pesé  à  l'état  de  pyrophosphate  de  magnésie.  Enfin  le  dosage  de  l'acide 
phosphorique  organique,  duquel  on  déduit  la  proportion  de  lécithine,  a  été  effectué 
par  la  méthode  que  nous  avons  décrite  dans  une  Note  précédente  ('). 

»  Le  volume  du  lait  soumis  à  l'écrémage  était  de  3^,200  et  ceux  de  lait  écrémé  et 
de  crème  obtenus  furent  respectivement  de  2', 800  et  0^,370. 

»  L'examen  des  chiffres  analytiques  montre  que,  en  écrémant  à  98 
pour  100,  nous  avons  enlevé,  au  lait  sur  lequel  a  porté  notre  expérience, 
69  pour  100  de  la  lécithine  qu'il  contenait. 

(^)   Comptes  rendus,  t.  CXXXIV,  n°  26,  1902,  p.  1592. 


SÉANCE  DU  l8  AOUT  1902,  355 

»  Si  l'on  veut  bien  considérer  que  les  lails  consommés  sont  souvent 
écrémés  à  3o  et  même  Zjo  pour  100,  on  voit  que,  en  même  temps  que  la 
matière  grasse,  on  enlève,  par  cette  pratique,  de  20  à  3o  pour  100  de 
lécithine. 

»  Cette  dernière  constatation  suffit  à  expliquer  les  chiffres  si  élevés  de 
décès  par  troubles  gastro-intestinaux,  que  l'on  constate  dans  les  villes  dont 
les  municipalités  ont  toléré  la  mise  en  vente  de  laits  écrémés. 

»  Elle  permet,  en  outre,  d'expliquer  le  mécanisme  des  accidents  si- 
gnalés par  différents  médecins  chez  les  enfants  en  bas  âge  nourris  exclusi- 
vement avec  du  lait  slérilisé.   >> 


GÉOGRAPHIE  PHYSIQUE.  —  Sur  la  géographie  physique  de  la  Yaïla  occi- 
dentale {Crimée).  Noie  de  M.  E.  Daniloff,  transmise  par  M.  de 
Lapparent. 

«  Les  montagnes  Tauriques  présentent  un  caractère  qui  les  distingue 
des  chaînes  proprement  dites.  Dans  la  partie  la  plus  occidentale  qui  borde 
la  mer,  entre  le  couvent  de  Saint-Georges  et  le  cap  Phoros,  on  reconnaît 
l'existence  de  deux  anticlinaux  principaux  à  large  courbure,  qui  font  ap- 
paraître les  schistes  du  Jurassique  moyen,  à  Balaclava  et  à  Laspi,  sous  les 
épais  calcaires  du  Jurassique  supérieur.  Cette  disposition  se  simplifie  vers 
l'est  :  sur  une  ligne  tirée  de  Yalta  à  Kokkoz,  la  Yaïla  est  formée  ])ar  un 
synclinal  très  évasé.  Plus  loin,  la  partie  supérieure  des  montagnes,  au  nord 
de  Gourzouf  etd'Alouchta,  n'est  formée  que  par  un  régime  monoclinal  des 
couches  du  Jurassique  supérieur,  plongeant  vers  le  nord. 

))  I^a  cause  principale  de  la  naissance  de  la  Yaïla  occidentale  ne  doit 
donc  pas  être  attribuée  à  des  plissements,  ainsi  qu'ont  voulu  le  voir  cer- 
tains auteurs  (*);  mais  à  la  montée  lente  des  couches  vers  le  sud  et  sur- 
tout au  fait  caractéristique  du  passage  latéral,  du  nord  au  sud,  des  marno- 
cnlcaires  du  Jurassique  supérieur  aux  calcaires  coralligènes  résistants;  ces 
derniers  seuls  donnent  lieu  aux  crêtes  les  plus  élevées,  sortes  de  plateaux 
relatifs,  à  surface  ondulée,  taillée  obliquement  au  plongement  des  couches. 

»   Le  passage  latéral  est  particulièrement  visible  au  nord  de  la  Babougan- 


(^)  LiSTOFF,  Les  données  relatives  à  la  tectonique  des  montagnes  Tauriques. 
Commun,  prélimiji.  {Matériaux  pour  la  Géologie  de  la  Russie,  t.  Xlil,  p.  3-6-38-. 
Saint-Pétersbourg;  1889.) 


356  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

Yaïla,  au  nord  du  monastère  de  Cosmo-Damian,  etc.;  il  coïncide  toujours 
avec  l'apparition  des  massifs  élevés. 

»  On  remarque  aussi  que  la  Yaïla  est  formée  par  des  tronçons  calcaires, 
séparés  par  des  cols,  taillés  dans  les  marno-calcaires.  Cette  disposition 
s'explique  par  le  passage  latéral  cité  ci-dessus,  mais  qui  s'exécute  aussi  dans 
le  sens  longitudinal  de  la  région  montagneuse,  soit  de  l'ouest  à  l'est.  Ainsi 
le  Tchatir-Dag,  sorte  de  plateau  calcaire  isolé,  cesse  à  l'est  et  à  l'ouest, 
parce  que  les  couches  calcaires  qui  le  forment  se  fondent  dans  les  couches 
calcaréo-vaseuses.  Une  seule  exception  nous  est  apparue,  celle  du  col  ou 
selle  de  Gourzouf,  qui  est  déterminé  par  un  vrai  synclinal  transversal. 

»  Si  les  régions  calcaires  présentent  l'aspect  typique  des  pays  karstiques 
avec  leurs  nombreuses  dolines  et  leurs  petits  bassins  fermés,  la  partie 
schisteuse  est  au  contraire  admirablement  ravinée.  La  disposition  mono- 
clinaîe,  de  concert. avec  l'effondrement  de  la  partie  sud,  a  déterminé  la 
dissymétrie  très  nette  de  la  chaîne,  qui  s'abaisse  lentement  du  sud  vers  le 
nord,  tandis  qu'elle  présente  des  parois  souvent  abruptes  du  côté  de  la 
mer  Noire.  Il  n'est  donc  pas  surprenant  de  constater  une  activité  d'érosion 
plus  grande  sur  le  versant  sud  que  sur  le  septentrional.  Cette  activité  se 
manifeste  par  des  éboulements  anciens  et  modernes  de  la  paroi  calcaire 
du  Jurassique  supérieur,  qui  domine  les  schistes  et  les  grès  du  Jurassique 
moyen;  d'autre  pari,  comme  au-dessus  du  Darsan,  sur  Yalta,  et  au  Megabi, 
on  constate  de  vrais  écroulements  sur  place.  De  gigantesques  éboulements 
se  préparent  en  plusieurs  localités;  l'un  d'eux  ne  tardera  pas  à  couvrir  de 
ses  débris  les  territoires  cultivés  de  Phoros. 

»  Une  bonne  partie  des  caps  entre  Phoros  et  Yalta  sont  formés  par  ces 
écroulements;  les  dispositions  arquées  de  la  côte  ne  sont  pas  dues,  ainsi 
qu'on  pourrait  le  supposer,  à  des  fosses  d'effondrement  circulaires,  sem- 
blables à  celles  qui  découpent  les  côtes  de  l'ouest  de  l'Italie,  mais  à  l'avan- 
cement des  éboulements  dans  la  mer. 

w  II  y  a  donc  un  recul  de  la  ligne  de  partage  des  eaux  vers  le  nord  et, 
d'autre  part,  une  lutte  évidente  entre  les  différents  cirques  torrentiels. 
Des  captures  fraîches  ne  sont  pas  visibles,  mais  il  en  est  qui  se  préparent  et 
qui  méritent  l'attention.  Ainsi  l'Aima  supérieure  est  sur  le  point  d'être 
capturée  par  le  Sofoun-Ouzen,  tributaire  supérieur  de  l'Oulou-Ouzen  qui 
s'écoule  dans  la  mer  Noire  à  Alouchta.  Dans  le  versant  nord,  l'un  des 
tributaires  supérieurs  du  Belbek  sera  un  jour  un  affluent  du  torrent  de 
Rokkoz.    » 


SÉANCE  DU  l8  AOUT  1902.  3jy 

M.  André  Poey  adresse  une  Note  relative  à  «  l'électrolyse  des  sels  mé- 
talliques séjournant  dans  les  tissus  ». 

(Commissaires  :  MM.  Mascart,  d'Arsonvai.) 

M.  Léon  Siliiol  adresse  un  travail  portant  pour  titre  :  «  Déviation  de  la 
pesanteur  sensible  avec  l'altitude  seule  )>. 

La  séance  est  levée  à  3  heures  trois  quarts. 

G.   D. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  28  juin  1902. 

Sur  le  calcul  numérique  des  coefficients  dans  le  développement  de  la  fonction 
perturbatrice,  par  M.  O.  Callandreau,  Membre  de  l'Institut.  (Exlr.  du  Journal  de 
V École  Polytechnique,  2''  série,  Cahier  n°  7.)  s.  1.  n.  d.;  i  fasc.  in-4°.  (Hommage  de 
l'Auteur.) 

Etude  scientifique  sur  le  Linceul  du  Christ  (^e  M.  Paul  Vignon,  par  M.  A.-L. 
D0NNADIEU.  {L' Université  catholique,  nouvelle  série,  t.  XL,  n°  6,  année  1902,  i5  juin, 
p.  209.) 

Bericht  i'iber  die  Untersuchung  der  Gebeine  Tycho  Brahe's,  erstattet  v.  D"" 
IIeinrich  Matiegka,  mit  2  Textfiguren.  Prague,  Fr.  Rivnac,  1901  ;  i  fasc.  in-S". 

Bericht  liber  die  astrologischen  Studien  des  Beformators  der  beobachtenden 
Astronomie  Tycho  Brahe.  Weitere  Beitràge  zur  bevorstehenden  Sdcularfeier  der 
Erinnerung  an  sein  vor  3oo  Jahren  erfolgtes  Ableben,  v.  Prof.  D'"F,-J.  Studnicka. 
Prague,  1901  ;  i  fasc.  in-8°. 

Bericht  iiber  die  Sdcularfeier  der  Erinnerung  an  das  vor  3oo  Jahren  erfolgte 
Ableben  des  Beformators  der  beobachtenden  Astronomie  Tycho  Brahe,  welche  die 
kônigl.  bôhmische  Gesellschaft  der  Wissenschaften  mit  thatkràftiger  Beihilfe  des 
Prdsidiums  und  des  Bathes  der  kônigl.  Hauptstadt  Prag,  am  2^  October  rgoi, 
veranstaltet  hat.  Prague,  1902;  i  fasc.  in-8°. 

Le  rôle  morphologique  des  yeux  doubles  chez  les  insectes,  par  le  prof.  D''E.  Radl. 
Prague,  1901  ;  i  fasc.  in-S".  (En  serbe.) 

Becherches  morphologiques  sur  les  pièces  labiales  des  Hydrocores,  par  le  D"" 
N.  Léon.  Jassy,  1901  ;  i  fasc,  in-8°. 

The  Institution  of  mechanical  Engineers.  List  of  members,  mardi  1902;  articles 
and  by-laws,  Londres,  i  vol.  in-8°. 


358  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

The  Thompson  Yates  Laboratories  Report,  edited  by  Rubert  Boyce  and  C.-S. 
Shehrington,  with  illustrations  and  plates;  vol.  IV,  part  II,  igo2.  Londres,  Longmans, 
GreenetC'"';  i  vol.  in-4''. 

Annuaire  de  l' Académie  serbe  pour  1900,  t.  XIV.  Belgrade,  1901  ;  i  vol.  in-ic?. 

Académie  serbe.  Mémoires,  fasc.  63-64.  Belgrade,  1901-1902;  2  vol.  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  impériale  des  Naturalistes  de  Moscou,  année  1902,  n°«  1  et  2. 
Moscou  ;   I  fasc.  in-8°. 

Jahresbericht  der  kônigl.-bohmischen  Gesellschaft  der  Wissenschaften,  fiir  das 
Jahr  1901.  Prague,  1902;  i  fasc.  in-8°. 

Sitzungsberichte  der  kÔnigl.-bôhmischen  Gesellschaft  der  Wissenschaften, 
Mathematisch-naturwissenschaftliche  Classe,   «901.  Prague,  1902;  i  vol.  in-8°. 

Publicationendes  astrophysikalischen  Obserçatoriums  zu  Potsdam ,  herausgeg. 
vom  Director  H.-C.  Vogel;  Bd.  XII.  Potsdam,  1902;  i  vol.  in-4''. 

Publications  de  l'Observatoire  astronomique  et  physique  de  lachkent,  n"  .3  : 
Étude  sur  la  structure  de  VlJnivers,  par  W,  Stratonoff,  2'' Partie;  texte  et  atlas, 
Tachkent,  1901  ;  i  vol.  in-4''  6t  1  fasc.  in-4°  oblong. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  3o  juin   1902. 

La  face  de  la  Terre  (Das  ,\ntlitz  der  Erde),  par  Ed.  Suess,  Associé  étranger  de 
l'Institut  de  France,  traduit  avec  l'autorisation  de  l'auteur  par  Emmanuel  de  Margerie; 
t.  III,  i''^  partie,  avec  3  caries  en  couleur  et  94  figures.  Paris,  Armand  Colin,  1902; 
I  vol.  in-8°.  (Présenté  par  M.  de  Lapparent.  Hommage  de  l'auteur  et  du  traducteur.) 

Association  française  pour  l'avancement  des  Sciences.  Compte  rendu  de  la 
3^  session,  Ajaccio,  1901  :  i'"''  partie  :  Documents  officiels.  Procès-verbaux  ;  Notes  et 
Mémoires.  Paris,  Masson  et  C'",  1901-1902;  2  vol.  in-8°. 

Le  vingt-cinquième  anniversaire  de  la  locomotive  Compound,  1877-1902,  par  A. 
Mallet.  Paris,  L.  Courtier,  1902;  i  fasc.  in-12,  (Hommage  de  l'auteur.) 

Le  dualisme  dans  l'infini,  par  Pierre  Juillard.  Valentigney,  1902;  i  feuille  in-8''. 

Le  rythmique  du  combat  du  Cid  contre  les  Mores  :  Le  Cid  de  Pierre  Corneille. 
par  Roger  de  Goeij.  Paris,  Fischbacher,  s.  d.;  i  fasc.  in-8°. 

Bulletin  des  séances  de  la  Société  des  Sciences  de  Nancy  et  de  la  Réunion  biolo- 
gique de  Nancy;  série  III,  t.  III,  fasc.  1.  Paris,  Berger-Levrault  et  C'",  1902;  i  fasc. 
in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  industrielle  de  Rouen;  So"  année,  n°  1,  janvier-février  1902. 
Rouen,  imp.  J.  Giriend  etC'*^;  i  fasc.  in-4°. 

Reports  on  the  results  of  dredging  unter  the  supervision  of  Alexander  Agassiz, 
in  the  g ulf  of  Mexico  (1877-1878),  in  the  Caribbean  5^(2(1878-1879),  and  along  the 
Atlantic  coast  of  the  United  States  (1880),  by  the  U.  S.  coastsurvey  steamer  h\si\<e\ 
XXXIX.  Les  Dromiacés  et  Oxystomes,  par  Alphonse  Milne-Edwards  etE.-L.  Bouvier, 
avec  25  planches.  {Memoirs  of  the  Muséum  of  comparative  Zoôlogy,  at  Harvard 
collège,  vol.  XXVII,  n°  1.)  Cambridge  (Etats-Unis),  1902;  i  vol.  in-4"'.  (Hommage 
de  M.  A.  Agassiz.) 


SÉANCE  DU  l8  AOUT  1902.  Sag 

The  cariais  in  the  Moon,  by  William-H.  Pickering.  (Extr,  de  The  Century  Maga- 
zine de  juin  1902.) 

U.  S.  department  oj  Agriculture.  Fielcl  opérations  of  the  division  of  soils,  1900; 
second  Report,  by  MitTON  Whitney.  Washington,  1901;  x  vol  in-8°  et  24  cartes  dans 
un  carton  in-8°. 

Reichs-Marine-Amt.  Bestinimung  der  Intensitdt  der  Schwerkraft  auf  zwanzig 
Stationen  an  der  westafricanischen  Kiïste  von  Rio  del  Rey  {Kamerun-Gebiet)  bis 
Kapstadt,  ausgefuhrt  im  Auftrage  des  Reichs-Marine-Amtes  :  von  M.  Loesch.  Berlin, 
1902;  I  fasc.  in-4°. 

Magnetische  und  meteorologische  Beobachtungen  an  der  k.  k.  Sternwarte  zu 
Prag  ini  Jahre  190 1,  auf  ôffentliche  Kosten  herausgegeb.  v.  Prof.  D""  L.  Weinek; 
62.  Jalirgang.  Prague,  1902;  i  fasc.  in-4°. 

Laboratorio  quiniico  central  de  Guatemala.  Observaciones  meteorologicas 
correspondientes  al  ano  de  1901.  Guatemala,  1902;  i  fasc.  in-8°. 

American  chemical  Journal,  edited  by  Ira  Remsen.  Vol.  XXVI,  n°^4-6;  vol.  XXVII, 
n»^  1-3.  Baltimore,  1901-1902;  6  fasc.  in-S". 

Technology  quarterly  and  proceedings  of  the  Society  of  Arts,  vol.  XV,  n°  1. 
Boston,  1902;  I  fasc.  in-S". 

American  Journal  of  Mathematics,  edited  by  Frank  Morley;  vol.  XXIV,  number  1. 
Baltimore,  1902;  j  fasc.  in-4°. 

Almanach  de  l' Académie  des  Sciences  tchèque,  t.  XIÏ.  Prague,  1902;  i  vol.  in-12. 

Bulletin  de  l' Académie  des  Sciences  tchèque;  vol.  X,  n"*  1-9.  Prague,  1901-1902; 
9  fasc.  in-8°. 

Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences  tchèque;  Classe  II  :  Mathématiques  et  Phy- 
sique; vol.  X,  X901.  Prague,  1901;  i  vol.  in-4''. 

Académie  des  Sciences  de  l'Empereur  François-Joseph  F'' .  Bulletin  international. 
Résumé  des  travaux  présentés.  Médecine.  6"  année,  1901.  Prague,  1901;  i  fasc.  in-4°. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  7  juillet  1902. 

Mémoires  présentés  par  divers  Savants  à  l'Académie  des  Sciences  de  l'Institut 
de  France  et  imprimés  par  son  ordre;  t.  XXXII,  2"  série.  Paris,  Imprimerie  nationale, 
J902;  I  vol.  in-4°. 

L'Institut,  les  cinq  Académies  et  l'Académie  de  Médecine  :  Législation  et  Juris- 
prudence, par  Abel  Flourens,  Conseiller  d'Etat.  Paris,  Paul  Dupont,  1902;  i  fasc. 
in-S". 

Recherches  sur  l'électricité  atmosphérique,  i"  Mémoire  :  Introduction  historique 
et  bibliographique  à  V  étude  de  l'électricité  atmosphérique  ;  2^  Mémoire  :  Étude  de 
la  variation  diurne  de  l'électricité  atmosphérique  ;  par  M.  A.-B.   Chauveau.    Paris 
Gauthier-Villars,   1902;  2  fasc.  in-4''.  (Hommage  de  l'Auteur.) 

L'origine  des  phosphates  de  chaux  de  la  Somme,  par  Henri  Lasne.  Paris,  E. 
Bernard  et  C'*,  1900;  i  fasc.  in- 4°.  (Hommage  de  TAuteur.) 

La  question  des  fêtes,  par  C.-C.  Caldekon.  Paris,  L.  Wehrel,  1902;  i  fasc.  in-12. 


36o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Annales  médico-psychologiques,  journal  destiné  à  recueillir  tous  les  documents 
relatifs  à  l'aliénation  mentale,  aux  névroses  et  à  la  médecine  légale  des  aliénés,  8«  série, 
t.  LX,  n°l.  Paris,  Masson  et  C'^,  1902;  i  fasc.  in-8°. 

The  norwegian  North  Polar  Expédition,  iSgS-iSgG  :  Scientijîc  resiilis,  edited 
by  Fridtjof  Nansen;  Vol.  TII.  Christiania,  Londres,  Leipzig,  1902;  i  vol.  in-4°. 

The  laws  of  nature,  by  S. -P.  Langley.  (Extr.  de  Science,  n.  s.,  vol.  XV,  n°  389, 
p.  921-927,  i3  juin  1902.)  I  fasc.  in-8°. 

Interpretacion  dinàmica  de  lo  division  celular,  por  Angel  Gallabdo.  Buenos-Ayres, 
1902  ;  I  fasc.  in-4*^- 

El  doctor  Carlos  Berg,  apuntes  biogràficos,  por  Angel  Gallardo.  Buenos-Ayres, 
1902;  I  fasc.  in-S". 

Magnetismo  universal,  por  JosÈ  Gallegos.  Guatemala,  1902;  )  fasc.  in-8°. 

Western  Australia  and  ils  resources;  printed  under  instructions  from  Minister  of 
Lands,  Perlh,  s.  d.;  i  vol.  in-12. 

The  land  selectors  guide  to  the  crown  lands  of  Western  Australia,  issued  by 
direction  of  ihe  lion.  Charles  Sommers,  Minister  for  Lands.  Perth,  1901  ;  i  vol.  in-12. 

Rechenschafts-Bericht  ïiber  die  Thdtigkeit  der  Gesellschaft  zur  Fôrderung 
deutscher  Wissenschaft,  Kunst  und  Litteratur  in  Bôhnien  ini  Jahre  1901,  erstattet 
in  der  Vollversammlung  arn  7.  Màrz  1902.  Prague;  i  fasc.  in-8°. 

Western  Australia.  Department  of  Lands  and  Surveys.  Report  by  the  under 
Secretary  for  Lands,  for  the  year  1900;  n°  19.  Report  by  the  Surveyeor  gênerai, 
for  the  year  1900;  n"  20.  Perth.  1901  ;  2  fasc.  in-4''. 

Revue  météorologique.  Travaux  du  réseau  météorologique  du  sud-ouest  de  la 
Russie,  année  1900;  2*  série,  vol.  V,  par  A.  Klossovsky.  Odessa,  rgoi  ;  i  fasc.  in-/i". 

Annales  de  l'Observatoire  magnétique  et  météorologique  de  l'  Université  impé- 
riale à  Odessa,  par  A.  Klossovsky,  7"  année,  1900.  Odessa,  1901  ;  i  vol.  in-4°. 

Royal  meteorological  Inslitule  of  the  Netherlands.  Comparison  of  the  instruments 
for  absolute  magnetic  measurements  at  différent  observatories,  by  Van  Rijckevorsel. 
Amsterdam,  1902;  i  fasc.  in-4°. 

El  Instructor,  publicacion  mensual  cientifica,  literaria  y  de  filologia.  Director  : 
D""  Jésus  Diaz  de  Léon;  ano  XIX,  nùm.  1,  2.  Aguascalientes,  1902;  2  fasc.  in-4''. 

Censo  y  division  territorial  del  Estado  de  Mexico,  verificados  en  1900.  Mexico, 
1901  ;  I  vol.  in-4°. 

Anuario  estadistico  de  la  Republica  mexicana,  1900;  ano  VIII,  num.  8.  Mexico, 
1901  ;  I  vol.  in-4°. 


ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

SÉANCE  DU  LUNDI  2S  AOUT  1902. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  BOUQUET  DE  LA  GRYE. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

M.  le  Présidext  annonce  à  l'Académie  que  le  Tome  CXXXIIl  des 
Comptes  rendus  (2^  semestre  de  l'année  1901)  est  en  distribution  au  Secré- 
tariat. 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.    —   Variations  solaires  et  météorologiques  à  courte 
vériode.  Note  de  Sir  ]\or3ia\  Lockyer  et  William  Lockyer. 

«  1.  Poursuivant  les  recherches  dont  il  a  été  question  dans  un  précédent 
Mémoire,  relatives  à  l'activité  solaire  en  rapport  avec  la  pluie  dans  l'Inde, 
nous  nous  sommes  décidés  à  examiner  principalement  les  variations  de  la 
pression  sur  l'aire  indienne  \Variatwns  de  la  température  et  de  la  pluie 
dans  les  régions  qui  entourent  l'océan  Indien  (Proc.  Roy.  Soc,  t.  LXVII, 
p.  409)]. 

))  On  sait  que,  dans  l'Inde,  les  basses  pressions  dominent  en  été  (avril 
à  septembre)  et  les  hautes  pressions  en  hiver  (octobre  à  mars).  Ces  der- 
nières présentent  des  variations  très  remarquables  et  bien  définies,  avec 
un  maximum  qui  revient  en  moyenne  tous  les  3  ans  et  demi,  maximum 
suivi,  dans  les  6  mois  qui  viennent  ensuite,  par  des  pressions  moins  basses 
que  de  coutume.  Donc,  tous  les  3  ans  et  demi  environ,  la  haute  pression 
s'élève  et  la  basse  pression  est  moins  basse. 

))  2.  Cette  variation  à  courte  période  ressort,  non  seulement  de  la 
moyenne  des  pressions  de  l'Inde  entière,  mais  aussi  de  la  moyenne  des 
observations  de  chaque  station  prise  individuellement,  telle  que  Calcutta, 
Madras,  Nagpur,  Bombay,  etc.  (voir  ci-après  la  courbe  de  celte  dernière 
station). 

C.  H.,  1902,  2"  Semestre.  (T.  CXXXV,  N°  8.)  47 


362  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

))  3.  L'opinion  que  la  variation  de  la  pression,  sur  l'Inde  et  le  voisinage, 
n'est  pas  due  à  des  causes  locales,  mais  à  une  action  extra-terrestre,  se 
fortifie  lorsqu'on  examine  la  courbe  de  la  pression  d'une  station  très 
éloignée,  telle  que  Cordoba. 

»  En  comparant  les  courbes  des  pressions  élevées  d'avril  en  septembre 
enregistrées  à  Cordoba  (^fig-  2,  courbes  F  et  E)  et  qui  représentent  les 
moyennes  de  chaque  année,  avec  les  courbes  qui  donnent  les  [pressions 
pour  les  mêmes  époques  obtenues  à  Bombay  et  dans  l'Inde  en  général, 
nous  constatons  que  ces  courbes  sont  exactement  inverses. 

))  Donc,  la  même  cause  qui  détermine  l'élévation  de  la  valeur  moyenne 
des  mois  à  basse  pression  dans  l'aire  indienne  détermine  l'abaissement  de 
la  valeur  moyenne  des  mois  à  pression  élevée  à  Cordoba.  Nous  sommes 
en  présence  d'une  balance. 

»  4.  D'autres  recherches  indiquent  non  seulement  que  les  différentes 
régions  indiennes  présentent  des  variations  annuelles  de  pression,  très 
similaires,  mais  que  d'autres  aires  très  étendues  se  trouvent  dans  le 
même  cas. 

))  Ainsi,  il  a  été  constaté  que  les  pressions  moyennes  annuelles  de 
Bruxelles,  Brème,  Oxford,  Valence  et  Aberdeen,  les  seules  qu'on  ait  exa- 
minées jusqu'à  présent,  présentent  des  variations  annuelles  remarquable- 
ment similaires;  on  se  tromperait  peu  en  disant  que  les  variations  de  la 
pression  moyenne  de  toutes  ces  stations  pourraient  être  représentées 
approximativement  par  une  seule  courbe. 

»  L'hypothèse  d'une  origine  extra-terrestre  de  ces  variations  à  courte 
période  nous  a  induits  à  examiner  attentivement  les  courbes  des  phéno- 
mènes en  rapport  avec  les  taches  solaires  et  les  protubérances,  afin  d'y 
découvrir,  si  possible,  des  variations  analogues  de  l'activité  solaire. 

))  5.  Nous  avons  commencé  par  la  réduction  des  observations  des  pro- 
tubérances du  limbe  solaire,  faites  en  Italie  depuis  1871. 

))  Il  ressort  de  cette  recherche  préliminaire  que,  en  outre  des  époques 
moyennes  des  maxima  et  minima  protubérantiels  coïncidant,  quant  au 
temps,  avec  les  maxima  et  minima  des  époques  de  taches  solaires,  il  existe 
des  maxima  et  minima  protubérantiels  subsidiaires,  qui  ont  une  période 
similaire  i^fig,  i,  courbe  E). 

»  6.  Quoique  ces  poussées  subsidiaires  protubérantielles  ne  soient  pas 
distinctement  visibles  dans  la  courbe  qui  représente  l'aire  tachetée  de  la 
surface  solaire,  il  est  à  remarquer  que  des  poussées  correspondantes  sont 
indiquées  dans  les  courbes   qui  représentent   les   variations  de  latitude 


SÉANCE    DU    25    AOUT    1902.  363 

annuelles  de  l'aire  [tachetée ;  en  tout  cas,  un  accroissement  de  l'activité 
protubérantielle  correspond  à  l'abaissement  de  la  latitude  de  l'aire  ta- 
chetée {Jig.  ï,  courbes  C  et  D). 

»  7.  En  comparant  ces  données  solaires  avec  celles  qui  concernent  les 
pressions  terrestres  mentionnées  ci-dessus,  on  est  conduit  à  penser  que  les 
éruptions  de  protubérances,  coïncidant  avec  les  variations  de  latitude'que 
les  taches  présentent  tous  les  3  ans  et  demi  environ,  sont  la  cause  véritable 


TacTies  .solaLr&r 


Craise^nentr  t^  Ta.- 


+  20. 
Latitude  mayeruie  ^ 

tachjss  sx>lizires         -to. 


Zatitude  de,  L  aire- 


Nombre,  des 
protuAdroTbcej- 


Pression-  cl^  Bonibay 
( OcS.-Mam-  ) 


PrAFsion.  à-  Bombay 
(Aoril  -SeptJ 


Pr'e.ssîon,  nurtfcrjjie, 
txnnualie 
à-  jBonibciJ/ 

Phixe,  moyenne,' 

a^uiiceZZA 

à'  ^If cuiras. 


Pluxeà^  12  stations 

de-  Cc^lon., 
(Sept,.  -  Dde  J 


PUii£  à,-^Ialabar 

et  tr Chats. 
(JUcti  -  Octobra.) 


aso 

830 

sio 

39.790 


Fig. 


^ 


L^V- 


se  4 


Jlro 
120 
100. 


PressujrhOL  Bfmtboj/ 

(ATiril^Sipt  ) 
EcÂeZle-  interuertie. 


19  7000 
100 
too 
CoJ. 


Pressùjn  à  CffrdobCL, 
(Avril-Scpt.  ) 


V^ 


^^ 


l|.i<>  I 


i i \ i' 


des  variations  de  la  pression,  et  que  la  variation  de  l'activité  solaire  dans 
la  période  solaire  de  11  ans  agit  sur  la  pression  et  sur  la  circulation  de 
notre  atmosphère  et  nous  affecte  par  conséquent  météorologiquement. 

»  8.  Du  fait  que  les  époques  de  ces  variations  subsidiaires  de  la  pression 
correspondent  exactement  avec  celles  de  la  fréquence  protubérantielle, 
ne  doit-on  pas  conclure,  non  seulement  que  les  deux  phénomènes  sont 
très  connexes,  mais  aussi  que  la  pression  terrestre  répond  rapidement  aux 
variations  solaires  en  général,  puisqu'il  semble  résulter  déjà  des  recherches 


364  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

faites  jusqu'ici  que  les  chutes  de  pluie  et  de  neige  en  sont  les  effets 
subséquents  (\o\r  ^g.  i,  courbes  A,  B,  C,  D). 

»  9.  Il  est  à  remarquer  que  nous  avons  déjà  obtenu  des  preuves  indi- 
quant que  cette  variation  à  courte  période  n'est  pas  seule  à  agir,  mais  que 
les  périodes  de  1 1  ans  et  de  35  ans  influencent  apparemment  les  variations 
à  courte  période. 

»  Mais  ceci  même  n'explique  pas  certaines  anomalies  que  nous  avons 
rencontrées;  si  l'origine  solaire  de  ces  variations  à  courte  période  de  la 
})ression  était  confirmée,  il  faudrait  néanmoins  expliquer  les  raisons  pour 
lesquelles  certaines  de  ces  variations  ne  sont  pas  constantes  pour  toutes 
les  localités;  nous  arriverions  peut-être,  dans  cette  voie,  à  des  connais- 
sances nouvelles  sur  la  circulation  atmosphérique. 

»  10.  L'époque  que  ces  recherches  embrassent  commence  avec  l'établis- 
sement des  observations  régulières  de  X Indian  jneteorological Department  en 
1875  et  va  jusqu'à  iSgS,  époque  où  la  régularité  du  phénomène  de  la  ligne 
élargie  fut  interrompue,  comme  nous  l'avons  indiqué  dans  une  précédente 
Communication. 

»  En  continuant  ces  recherches,  nous  avons  pointillé  le  pourcentage  de 
fréquence  des  protubérances,  déduite  des  observations  italiennes  pour 
chaque  intervalle  de  10°  de  latitude  solaire  au  nord  et  au  sud  de  l'équateur. 

))  Nous  avons  constaté  que  les  époques  de  la  perturbation  protubéran- 
tielle  maxima  dans  les  latitudes  élevées  diffèrent  grandement  des  époques 
près  de  l'équateur.  Ces  dernières  sont  associées  de  près  aux  époques  du 
maximum  de  fréquence  des  taches;  les  premières,  aussi  bien  au  nord  qu'au 
sud,  se  produisent  à  des  temps  intermédiaires. 

))  Ainsi,  il  existe  deux  séries  d'éruptions  protubérantieîles  bien  mar- 
quées, se  produisant  à  intervalles  de  3  à  4  ans.  Les  deux  séries  sont  exac- 
tement représentées  dans  les  courbes  de  la  pression  dans  l'Inde.  » 


ASTRONOMIE   PHYSIQUE.  —  La  relation  entre  les  protubérances  solaires 
et  le  magnétisme  terrestre.  Note  de  Sir  Norman  Lockyer. 

«  Nous  nous  sommes  récemment  occupés,^  à  l'Observatoire  de  Physique 
solaire,  à  élutlier  la  belle  série  d'observations  foiles,  depuis  1871,  par  les 
astronomes  italiens  Tacchini,  Rïccô  et  autres. 

»   Dernièrement,  j'ai  fait  la  comparaison  de  la  fréquence  des  protubé- 


SÉANCE    DU    25    AOUT    1902.  365 

rances  visibles  dans  chaque  latitude  solaire  avec  la  fréquence  de  la  plus 
grande  intensité  des  orages  magnétiques  et  la  courbe  générale  de  l'activité 
magnétique. 

»  Le  résultat  indique  :  1°  que  les  époques  des  orages  classés  great  par 
Ellis  et  de  la  plus  grande  activité  chromosphérique  près  des  pôles  du  Soleil 
sont  identiques;  ^°  que  la  courbe  générale  d'activité  magnétique  ter- 
restre est  à  peu  près  la  même  que  celle  des  protubérances  observées /7re^ 
de  l'èqualeur  solaire.  » 


MÉCANIQUE  APPLIQUÉE.  —  Étude  théorique  de  la  résistance  à  la  compression 
du  béton  fretté.  Note  de  M.  Considère. 

«  Les  expériences  dont  il  a  été  rendu  compte  dans  ma  Communication 
du  18  août  avant  prouvé  que  le  béton  armé  possède,  au  point  de  vue  de 
la  tension,  des  propriétés  que  l'étude  du  béton  non  armé  ne  pouvait  pas 
faire  soupçonner,  il  était  naturel  de  rechercher  s'il  en  est  de  même  du 
béton  soumis  à  la  compression  et  s'il  est  possible  d'en  tirer  parti  dans  les 
constructions. 

))  Le  béton  comprimé  s'écrasant  toujours  avec  gonflement  latéral,  les 
armatures  longitudinales  ne  peuvent  qu'ajouter  leur  résistance  à  la  sienne 
sans  modifier  celle-ci.  Dès  1892,  MM.  Koehnen  et  Wayss  ont  exprimé 
l'avis  que  des  armatures  droites  ou  circulaires,  qu'on  placerait  dans  des 
plans  perpendiculaires  à  la  pression  et  suffisamment  rapprochés  les  uns 
des  autres,  augmenteraient  la  résistance  propre  du  béton.  Depuis,  M.  Harel 
de  la  Noë  a  donné  l'explication  scientifique  du  rôle  des  armatures  trans- 
versales et  rectilignes. 

))  Les  considérations  développées  plus  loin  m'ont  conduit  à  penser  qu'on 
obtiendrait  le  maximum  d'effet  utile  en  frettant  le  béton  au  moyen  de  fils 
ou  de  barres  d'acier  enroulés  en  spires  hélicoïdales  dans  les  membrures 
comprimées,  à  la  distance  de  leur  surface  qui  serait  nécessaire  pour  les 
protéger  contre  la  rouille.  Des  expériences  préliminaires  ont  prouvé  que  le 
métal  ainsi  employé  produit  un  effet  utile  sensiblement  double  de  celui 
que  donnent  les  armatures  transversales  rectilignes.  Eu  conséquence,  on 
ne  s'occupera  ici  que  du  béton  fretté. 

))  La  résistance  des  corps  solides  est  produite  par  deux  causes  distinctes  : 
la  cohésion  et  le  frottement  intermoléculaire. 


366  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  On  admet  que  le  frottement  intefmoléculaire  est  soumis  aux  mêmes 
lois  que  le  frottement  à  la  surface  des  corps  et  que  son  intensité  est  dans 
le  même  rapport  avec  la  pression  normale.  Cette  hypothèse  une  fois 
admise,  il  est  facile  de  calculer  la  résistance  que  le  frettage  produit  en 
augmentant  le  frottement. 

»  Il  est  possible  que  le  frettage,  en  accroissant  la  densité,  augmente 
aussi  les  effets  de  la  cohésion  qui  dépendent  des  variations  de  distance  des 
molécules  entre  elles.  Mais  ce  supplément  de  résistance  est  incertain  et, 
en  tout  cas,  de  valeur  inconnue,  et  il  semble  que  la  méthode  de  recherche 
la  plus  sûre  est  la  suivante  :  mesurer  la  résistance  réelle  de  prismes  frettés  ; 
calculer  la  résistance  que  le  frettage  leur  donne  par  son  action  sur  le 
frottement  intermoléculaire;  examiner  comment  la  différence  qui  est  attri- 
buée à  la  résistance  propre  du  béton  cadre  avec  ce  qu'on  sait  par  ailleurs 
de  celle-ci. 

»  Le  supplément  de  résistance  que  le  frettage  d'une  pièce  de  béton  pro- 
duit en  agissant  sur  le  frottement  intermoléculaire  est,  d'après  l'hypothèse 
faite  plus  haut,  égal  à  la  résistance  totale  que  le  même  frettage  donnerait 
à  une  pièce  de  dimensions  identiques  qui  serait  formée  d'un  sable  sans 
cohésion  ayant  même  angle  de  frottement  /"et  même  coefficient  de  gonfle- 
ment latéral  g.  Or  cette  résistance  est  facile  à  calculer  au  moyen  d'une 
formule  connue  de  la  théorie  de  la  poussée  des  terres  sans  cohésion. 

M  Si  P  représente  la  pression  par  centimètre  carré  qu'on  exerce  sur  la 
base  supérieure  d'un  cylindre  vertical  formé  d'une  matière  sans  cohésion 
dont  l'angle  de  frottement  est  égal  à/,  et  dont  le  poids  est  négligeable  en 
regard  des  pressions  extérieures,  on  sait  que,  pour  empêcher  l'écrasement, 

il  faut  appliquer  sur  la  surface  latérale  une  pression  par  centimètre  carré  ^ , 

K  étant  égal  à  y 

tanff^Z 

2 

»  Cette  formule  permet  de  calculer  facilement  reffet  du  frettage  sur  un 
tel  cylindre.  Soit,  en  effet,  s  l'aire  de  chacune  des  deux  sections  symé- 
triques qu'un  plan  méridien  fait  dans  le  frettage,  la  pression  par  unité  de 

surface  de  contact,  que  le  frettag^e  exercera  sur  le  sable,  sera  égale  à  A 

pour  chaque  unité  de  tension  du  métal,  r  et  h  étant  le  rayon  de  base  et 
la  hauteur  du  cylindre. 

))   De  la  formule  rappelée  plus  haut  il  résulte  que  la  base  supérieure 


SÉANCE    DU    25    AOUT    T902,  367 

du  cylindre  pourra  porter  -^  par  unité  de  surface  et  — - —  pour  la  surface 

Trr*  de  la  base. 

»  Le  volume  du  métal  dont  les  frettes  sont  formées  étant  ir.rs,  le  rap- 
port U,  de  la  résistance  que  le  frettage  donne  au  sable,  au  volume  du  métal 

employé  est  égal  a  -y 

»   Il  est  évident  que  le  rapport  correspondant  U'  a  la  valeur  7,  =  j 

dans  les  armatures  longitudinales  qui  supportent  directement  la  pression, 
telles  qu'on  les  emploie  couramment  dans  les  constructions  armées. 

»  On  a  donc  ^yy  ^^  —  et  l'expérience  a  donné,  pour  les  bétons  expéri- 
mentés, R  =  4>8.  Il  en  résulte  que  la  résistance  communiquée  au  sable  par 
les  frettes  est  2,4  fois  plus  grande  que  la  résistance  propre  d armatures  longi- 
tudinales de  même  poids  lorsque  la  tension  des  premières  est  égale  à  la  pression 
des  secondes. 

»  2,4  est  donc  aussi  le  rapport  des  résistances  à  l'écrasement  que  don- 
nent, à  poids  égal,  les  deux  types  d'armatures  en  question,  car  l'écrase- 
ment se  produit  dans  les  pièces  frettées  comme  dans  celles  qui  ont  des 
armatures  longitudinales,  lorsqu'est  atteinte  la  limite  d'élasticité  du  fer  ou 
de  l'acier,  qui  est  sensiblement  la  même  dans  la  tension  et  dans  la  com- 
pression. 

»  L'écrasement  n'est  pas  le  seul  danger  dont  on  doive  se  préoccuper 
pour  les  pièces  comprimées,  car  elles  peuvent  aussi  périr  par  flambe- 
ment,  et  leur  résistance,  à  ce  point  de  vue,  est  proportionnelle  à  leur 
coefficient  d'élasticité,  c'est-à-dire  au  quotient  de  la  pression  unitaire 
qu'elles  supportent  par  le  raccourcissement  qu'elles  éprouvent.  Or  ^repré- 
sentant le  rapport  du  gonflement  transversai  au  raccourcissement  longi- 
tudinal, les  frettes  ne  s'allongent  que  de  gi  lorsque  les  armatures  longitu- 
dinales se  raccourcissent  de  i.  Les  tensions  des  unes  et  les  pressions  des 
autres  sont  donc  proportionnelles  à  ces  déformations  gi  et  i  et,  par  suite, 
les  résistances  à  la  compression  données  au  cylindre  par  les  frettes  et  par 
les  armatures  longitudinales,  pour  un  même  raccourcissement,  sont  pro- 

K  K 

portionnelles  à  gi      et  i,  c'est-à-dire  à  g—  et  i. 

»  Il  n'a  pas  été  fait  d'expériences  exactes  pour  déterminer  la  valeur 
àe  g  pour  le  béton  fretté.  On  a  trouvé  o,4o  pour  le  béton  non  fretté,  et  les 


368  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

chiffres  relatifs  aux  substances  les  plus  comparables  varient  de  o,35  à  o,4o- 
»    On  admettra  la  moyenne  0,3^5  et  l'on  trouvera  aiasi  pour  ^  —  la  valeur 

0,375  X  2,4  =  0,90. 

»  On  peut  donc  définir  ainsi  les  effets  du  métal  qui  frette  un  cylindre 
sans  cohésion  : 

»  Pour  un  raccourcissement  du  cylindre  de  valeur  donnée,  le  métal  des 
frettes  subit  une  déformation  et,  par  suite,  une  fatigue  qui  ne  sont  que 
les -f^  de  celles  qu  éprouveraient  des  armatures  longitudinales  associées  au 
raccourcissement  du  cylindre.  L'effet  utile  du  travail  du  métal  des  frettes  étant 
multiplié  par  2,4  en  raison  de  leur  mode  d'action,  la  résistance  qu  elles 
donnent  au  cylindre  est  les  j~  de  celle  que  produiraient  des  armatures  longi- 
tudinales de  même  poids  subissant  le  même  raccourcissement  que  le  prisme 
frette. 

»  Au  moment  où  le  dépassement  de  la  limite  d'élasticité  dans  les  armatures 
longitudinales  produirait  l'écrasement  du  cylindre,  le  métal  des  frettes  ne 
travaillerait  qu'aux  j^  de  cette  limite  et,  par  suite,  l'écrasement  du  béton 
frette  serait  encore  fort  loin  de  se  produire. 

»  Du  sable  sans  cohésion  il  faut  passer  au  béton  et,  pour  qu'à  la  résis- 
tance donnée  au  premier  par  le  frottement  on  puisse  légitimement  ajouter 
la  résistance  propre  du  second,  il  faut  que  celle-ci  ne  soit  pas  détruite  par 
les  déformations  importantes  sans  lesquelles  le  métal  des  frettes  ne  saurait 
se  mettre  en  forte  tension.  La  remarquable  ductilité  donnée  au  béton  tendu 
par  les  armatures  permettait  d'espérer  par  analogie  qu'il  en  serait  ainsi. 
L'observation  des  résultats  d'un  accident  tend  à  le  confirmer  et  a  conduit  à 
entreprendre  les  expériences  qui  en  ont  fourni  la  preuve  et  dont  il  sera 
rendu  compte  dans  une  prochaine  Communication. 

))  On  avait  formé  une  balise  du  département  du  Finistère,  celle  de  Gorlé- 
bian,  d'un  tube  métallique  de  19*^™  de  diamètre  rempli  de  pâte  de  ciment 
pur.  Les  vagues  l'avaient  ployée  suivant  un  rayon  de  55*^™  mesuré  sur  l'axe. 
On  en  a  détaché  un  tronçon  dans  la  plus  grande  courbure,  et  l'on  a  constaté 
que  le  ciment,  qui  avait  subi  de  si  énormes  déformations,  n'était  traversé, 
dans  la  partie  comprimée,  que  de  rares  fissures  et  avait  conservé  une  très 
grande  résistance.  Cet  échanldloii  a  été  présenté  à  l'Académie.    )> 


SÉANCE  DU  2.5   AOUT  1902.  869 


CORRESPONDANCE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  1'  «  Atlas  bathymétrique  et  lithologique  des  côtes  de 
France,  par  M.  /.  Thoulet.  » 


CHIMIE  AGRICOLE .  —  Sur  des  procédés  de  concentration  de  liquides  alimentaires, 
et  particulièrement  du  vin.  Note  de  M.  F.  Garrigou. 

«  Sollicité,  en  1872,  de  m'occuper  de  la  question  de  la  nourriture  et 
des  boissons  concentrées  pour  l'armée  en  campagne,  j'entrepris,  cette 
même  année,  mes  premières  recherches  sur  ce  sujet;  bientôt  après,  M.  le 
professeur  Forthorame,  de  Nancy,  fit  construire  dans  cette  ville,  sur  mes 
indications,  mes  petits  appareils  pour  la  concentration  et  la  stérilisation 
des  divers  liquides  (vin,  lait,  cidre,  café,  infusions  végétales  diverses, 
bouillon,  etc.)  dans  le  vide,  à  chaud.  C'est  la  solution  du  problème  relatif 
à  la  concentration  du  vin,  en  particulier,  que  je  soumets  aujourd'hui  à 
l'Académie. 

»  Concentration  et  stérilisation  du  vin.  —  i^  Méthode  par  le  glaçage. 
—  L'enlèvement  de  l'eau  du  vin  par  le  glaçage  a  deux  obstacles  à  sur- 
monter :  d'abord  le  coût  élevé  des  opérations  successives,  puis  la  perte 
d'une  petite  quantité  d'alcool  et  de  la  couleur  rouge.  Cependant,  avec 
certaines  précautions  qu'il  serait  trop  long  d'exposer  ici,  j'ai  pu  conserver 
la  couleur  rouge  et  éviter  la  perte  d'alcool,  en  même  temps  que  j'enlève 
la  quantité  d'eau  voulue. 

))  qP  Évaporalion  à  chaud  dans  le  vide.  —  Cette  méthode,  appliquée 
d'une  manière  rationnelle  et  scientifique,  m'a  donné,  dès  1875,  des  résul- 
tats absolument  inattendus.  A  plus  forte  raison  me  donne-t-elle  mainte- 
nant, avec  des  appareils  perfectionnés  (*)  et  d'un  prix  relativement  peu 
élevé,  des  produits  remarquables  par  leur  pureté,  par  leurs  qualités 
hygiéniques  et  par  le  peu  de  dépense  qu'ils  exigent  (o*^'",4o  environ  par 
hectolitre  de  vin  traité  et,  bientôt,  mieux  encore). 


(  * )  Brevet  de  mai  1 889  ;  deuxième  brevet,  de  décembre  1 898  ;  troisième  et  quatrième 
brevets,  de  décembre  1900;  cinquième  et  sixième  brevets,  plus  récents  encore. 

G.  R.,  1902,  2'  Semestre.  (T.  CXXXV,  N*  8.)  48 


370  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

»  Avec  mes  nouveaux  moyens  de  distillation,  que  je  me  propose  de 
décrire  prochainement,  une  équipe  de  quatre  hommes  peut  mettre  en 
marche,  surveiller,  arrêter  instantanément  si  c'est  nécessaire,  une  batterie 
de  plusieurs  appareils  fort  simples,  permettant  de  traiter  plusieurs  centaines 
d'hectolitres  de  vin  par  jour,  et  d'obtenir  de  l'alcool  éthylique  pouvant 
être  considéré  comme  pur,  avec  le  bouquet  de  vin. 

»  Les  résultats  obtenus  avec  les  appareils  datant  de  l'année  1900  méri- 
tent d'être  signalés  dans  l'ordre  dans  lequel  ils  se  présentent  : 

»  1°  Départ  du  bouquet  vers  So*'  (dans  le  vide)  avec  de  l'alcool  éthy- 
lique; 2°  départ  de  l'alcool  éthylique  presque  pur,  vers  35*^  environ; 
3**  arrivée  de  petites  quantités  d'alcools  supérieurs,  avec  l'alcool  éthylique, 
vers  40";  4*^  alcools  supérieurs,  avec  mauvais  goût;  5"  produits  nauséeux; 
6*^  eau  (elle  accompagne  en  plus  ou  moins  grande  quantité  les  produits 
précédents;  elle  arrive  avec  un  goût  légèrement  vineux  et  est  acide; 
abandonnée  à  l'air,  elle  permet  le  développement  de  produits  organisés 
que  je  me  propose  de  décrire  prochainement);  j°  acide  acétique  (il  en 
passe  de  petites  quantités  avec  tous  les  produits  de  la  distillation);  8"  il 
reste  dans  l'appareil  évaporateur  une  vinasse  d'un  beau  brillant,  d'un 
rouge  vineux  remarquablement  vif  et  beau  par  son  intensité,  absolument 
pasteurisée  et  complètement  dépourvue  de  goût  de  cuit,  si  l'opération  a  été 
bien  conduite. 

))  La  concentration  à  ^5  pour  100  est  bien  suffisante  pour  le  grand 
commerce  des  vins. 

»  Les  vins  concentrés  que  j'ai  produits,  et  dont  je  possède  des  échantillons  datant 
de  22  ans,  dans  un  état  parfait  de  conservation,  ont  été  dégustés  :  en  1889,  par  MM.  les 
intendants  généraux  Viguié  et  Rossignol,  qui  les  ont  trouvés  irréprochables;  en  1890 
(au  Congrès  de  Narbonne),  par  des  dégustateurs  de  cette  ville,  qui  les  ont  trouvés 
«  exquis  »  (Volume  du  Congrès,  pages  4o3  ci.  4o4);  de  1890  à  1902,  par  de  nom- 
breux dégustateurs  (ingénieurs,  propriétaires,  professeurs  d'œnologie  et  d'agriculture, 
médecins,  pharmaciens,  dégustateurs  de  profession,  etc.),  qui  les  ont  trouvés 
remarquables;  en  1902,  par  plusieurs  autres  dégustateurs,  par  plusieurs  de  mes 
collègues  de  l'Académie  des  Sciences  de  Toulouse,  par  plusieurs  médecins  mili- 
taires (')  venus  ad  hoc  dans   mon  laboratoire,   et  qui  ont  donné   une   ajjprobation 


(')  M.  le  D""  Linon,  médecin  en  chef  de  l'Hôpital  militaire  de  Toulouse,  un 
Cahursien,  a  reconnu,  sans  être  prévenu  de  son  origine,  un  vin  de  Cahors,  concentré 
à  25  pour  100,  depuis  18  ans,  et  conservé  depuis  celte  époque  dans  une  bouteille 
en  vidange,  sans  la  moindre  altération. 

M.   le  D'"  de  Santi,  médecin-major  de  i'^  classe,  a  assisté  à  ia  concentration  d'un 


SÉANCE    DU    25    AOUT    I902.  871 

complète  à  la  finesse  et  au  bon  goût  de  ces  produits  ;  enfin,  par  M.  le  D""  Geschwind, 
directeur  du  service  de  santé  du  17^  corps  d'armée,  qui,  après  avoir  vu  fonctionner 
mes  appareils  et  goûté  les  produits,  n'a  pu  s'empêcher  de  dire  sa  pensée  et  son 
opinion,  en  prenant  le  fauteuil  de  la  présidence  de  la  Société  de  Géographie  de 
Toulouse,  que  j'avais  l'honneur  de  lui  céder  (^). 

»  Je  n'ai  d'ailleurs  jamais  hésité  à  montrer  mes  procédés,  mes  appareils, 
et  à  faire  déguster  les  produits  de  la  concentration,  à  tous  ceux  qui  me 
l'ont  demandé. 

»  J'ai  traité  dans  mes  appareils  un  grand  nombre  de  vins  rouges  et 
blancs,  vins  analysés  comparativement  avant  et  après  la  concentration. 

»  Je  me  propose  de  donner,  dans  une  Note  ultérieure,  les  analyses 
comparatives  des  vins  traités,  avec  quelques  détails  sur  la  concentration 
et  la  pasteurisation  des  liquides  alimentaires. 

»  Nota.  MM.  Baudoin  et  Schribaux  se  sont  également  occupés  de  la  concentration 
du  vin  {Comptes  rendus,  séance  du  28  juillet  1902).  » 


HYGIÈNE  PUBLIQUE.  —  De  la  traite  mécanique,  dans  V industrie  laitière. 
Note  de  MM.  F.  Bordas  et  Sic.  de  Raczkowski,  présentée  par 
M.   Brouardel. 

«  La  traite  mécanique  des  vaches  offre  une  réelle  sécurité  au  point  de 
vue  de  l'introduction  accidentelle,  dans  le  lait,  de  germes  pathogènes. 

»  Les  expériences  que  nous  avons  faites,  grâce  à  l'obligeance  de  M.  V.  Hugot,  à 
Jersey  Farm,  ont  consisté  dans  l'ensemencement,  avec  une  pipette  stérilisée,  d'une 
goutte  de  lait  (représentant  j\^  de  centimètre  cube)  dans  lo*^""'  de  gélose  lactosée, 
versée  dans  une  plaque  de  Pétri,  et  dans  la  numération  des  colonies  qui  se  sont 
développées  après  ro  jours  sur  ce  milieu  solide. 

vin  qu'il  m'avait  apporté,   puis  à  sa  reconstitution,  et  il  a  trouvé  le  dernier  au  moins 
aussi  bon  que  le  vin  type. 

(*)  Voici  comment  s'est  exprimé  M.  le  D'"  Geschwind  {Bulletin  de  la  Société  de 
Géographie  de  Toulouse,  1902)  :  «  Notre  gratitude  doit  tout  d'abord  s'adresser  à 
notre  cher  Président,  le  D''  Garrigou.  Nous  devons  lui  savoir  d'autant  plus  gré  de 
son  infatigable  coopération  à  la  prospérité  de  la  Société,  qu'il  est  déjà  absorbé  par  les 
exigences  de  son  enseignement  à  la  Faculté  de  Médecine...  et  enfin  par  la  grande 
œuvre  qu'il  poursuit  depuis  3o  ans  :  cette  concentration  du  vin,  à  laquelle  restera 
attaché  son  nom,  cette  œuvre  dont  la  réalisation  pratique  sera  un  immense  bienfait, 
autant  pour  nos  explorateurs,  de  l'équateur  comme  du  pôle,  que  pour  nos  soldats  en 
campagne  et  nos  marins  en  croisière.  » 


372  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Les  prélèvements  ont  été  effectués  : 

»  I.    Dans  le  jet  au  sortir  du  pis  convenablement  aseptisé. 

»  II.  Dans  la  masse  du  lait  trait  sans  précautions  antiseptiques. 

a.  Traite  à  la  main. 

b.  Traite  à  la  mécanique. 

»  III.  Dans  la  masse  du  lait  trait  en  prenant  toutes  les  précautions  convenables 
d'asepsie  des  mains,  du  pis,  et  après  stérilisation  à  la  vapeur  des  récipients. 

a.  Traite  à  la  main. 

b.  Traite  à  la  mécanique. 

»  Les  ensemencements  ont  été  faits  aussitôt  après  la  traite. 
»  Les  numérations  ont  donné  les  résultats  suivants  : 

»  I.  Dans  le  jet  du  pis  aseptisé 1700  colonies  au  centimètre  cube. 

»  II.  Sans  précautions  antiseptiques  : 

Traite  à  la  main 4 600  colonies  au  centimètre  cube. 

Traite  à  la  mécanique 4o2  00o  »  » 

»  III.   Avec  précautions  antiseptiques  : 

Traite  à  la  main 49^0  colonies  au  centimètre  cube. 

Traite  à  la  mécanique 520oo  »  » 

»  Nous  avons  de  plus  titré  l'acidité  des  deux  échantillons  de  lait  traits  par  les  deux 
modes  différents. 

»  Cette  acidité,  exprimée  pour  10'^'"'  de  lait  en  centimètres  cubes  de  potasse  nor- 
male décime,  était  respectivement  : 

Traite 

à  la  main.  à  la  mécanique, 

cm'  cm' 

Au  moment  de  la  traite i,4  1,4 

24  heures  après  la  traite 2,1  6,4 

36  heures  après  la  traite 3,9  9,2 

»  Après  36  heures,  le  lait  trait  à  la  mécanique  était  caillé,  tandis  que  celui  à  la  main 
ne  l'était  pas. 

»  Ces  constatations  nous  permettent  de  coaclure  qu'il  faut  c[ae  tous  les 
accessoires  (tuyaux,  robinets,  etc.)  composant  les  appareils  puissent  se 
nettoyer  et  se  stériliser  facilement,  pour  que  l'opération  de  la  traite  mé- 
canique fournisse  des  résultats  satisfaisants. 

»  Sans  cette  condition  expresse  on  risque  d'obtenir  un  lait  privé,  il 
est  vrai,  de  germes  pathogènes  introduits  accidentellement  soit  par  les 
mains  du  vacher,  soit  par  toute  autre  cause,  mais  par  contre  abondam- 
ment pourvu  de  ferments  lactiques  et  autres,  qui  diminuent,  dans  une 
forte  proporlion,  la  durée  de  conservation  du  lait.  » 


SÉANCE   DU    25    AOUT    1902.  '^73 

HISTOLOGIE.  —  Structure  des  corps  suprarénaux  des  Plagias  tomes. 
Note  de  M.  E.  Grynfeltt,  présentée  par  M.  Alfred  Giard. 

«  Les  corps  suprarénaux  des  Plagiostomes  sont  formés  par  une  masse 
épithéliale  entourée  d'une  mince  capsule  et  traversée  seulement  par  des 
capillaires  sanguins  et  par  des  fibres  nerveuses  terminales.  Chez  vingt- 
quatre  espèces  de  Squales  ou  de  Raies  que  j'ai  examinées,  j'ai  toujours 
trouvé  la  même  structure  fondamentale. 

»  Les  dissociations  ne  permettent  pas  de  diviser  cette  masse  cellulaire  en  cordons 
ou  en  nodules  et  les  résultats  fournis  par  cette  méthode  d'investigation  ont  été  con- 
firmés par  l'examen  de  coupes  très  exactement  sériées.  Partout  la  substance  fonda- 
menlale  est  constituée  par  des  cellules  particulières,  auxquelles  Kohn  a  donné  le  nom 
de  chromaffine  Sympathicuszellen,  parce  qu'il  les  a  considérées  comme  des  cellules 
très  voisines  des  cellules  du  système  nerveux  grand  sympathique.  11  vaut  mieux  les 
désigner  tout  simplement  sous  le  nom  de  cellules  chromaffines  pour  rappeler  la  pro- 
priété qu'elles  ont  de  se  colorer  fortement  en  brun  au  contact  des  sels  de  chrome. 

»  Ces  cellules  chromaf fines  sont,  en  effet,  contrairement  à  Topinion  de  Kohn,  des 
cellules  épithéliales  :  elles  sont  toutes  au  contact,  sans  interposition  d'aucune  sub- 
stance fondamentale  appréciable,  ni  d'éléments  autres  que  des  capillaires  sanguins  ou 
des  terminaisons  nerveuses.  Souvent  polyédriques,  ces  cellules  chromaffînes  deviennent 
dans  certains  cas  assez  irrégulières  et  peuvent  alors  présenter  des  prolongements 
étendus.  La  forme  géométrique  de  ces  prolongements  ne  permet  pas  de  les  confondre 
avec  des  prolongements  d'éléments  nerveux,  et  du  reste  ils  n'en  ont  aucunement  la 
structure. 

»  Le  cytoplasme  des  cellules  chromaftines  renferme  une  substance  caractérisée  par 
la  coloration  brune  que  lui  donnent  les  sels  de  chrome.  Cette  substance  chromaffuie 
se  présente  sous  forme  de  granulations  fines  et  arrondies  répandues  d'une  manière 
régulière  dans  la  presque  totalité  du  corps  cellulaire. 

»  Ces  granulations  existent  dans  des  cellules  n'ayant  subi  l'action  d'aucun  réactif, 
ainsi  que  je  l'ai  vu  sur  de  minces  coupes  de  corps  suprarénal,  faites  sur  le  frais  et 
dissociées  dans  la  sérosité  péritonéale  de  l'animal.  En  faisant  arriver  sous  la  lamelle 
du  bichromate  de  potasse  en  solution  assez  concentrée,  on  volt  la  réaction  chromaffine 
se  faire  sous  les  yeux  de  l'observateur.  L'acide  osmique  colore,  lui  aussi,  assez  forte- 
ment en  noir  ces  granulations.  En  employant  certains  liquides  fixateurs, ^tels  que  les 
liquides  de  Zenker  ou  de  Tellyesniczky,  ceux  de  Flemming  (solution  forte)  ou  de 
Laguesse  (liquide  J)  par  exemple,  on  peut  obtenir  des  préparations  où  les  granula- 
tions chromaffines  sont  bien  conservées  et  l'on  peut  alors  les  étudier  sur  des  coupes. 

»  D'une  manière  générale,  on  peut  dire  que  ces  granulations  ont  une  affinité  très 
marquée  pour  certaines  matières  colorantes,  en  particulier  pour  la  safranine,  le  violet 
de  gentiane,  l'hématoxyline  ferrique.  La  safranine  les  colore  en  rouge  vif;  le  violet  de 
gentiane,  en  violet  plus  ou  moins  foncé;  l'hématoxyline  au  fer,  tantôt  en  noir  violacé, 
tantôt  en  bistre,  suivant  le  degré  de  différenciation  recherché. 


374  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

»  Sur  ces  mêmes  coupes  on  trouve,  à  côté  des  cellules  absolument  bourrées  de 
grains  chromaffînes,  d'autres  éléments  où  ces  grains  disparaissent  par  places;  on  voit 
alors  une  ou  deux  grandes  vacuoles  claires  apparaître  dans  le  protoplasma.  Quand  les 
vacuoles  sont  très  développées,  le  protoplasma  se  trouve  réduit  à  l'état  de  minces 
lames  interposées  entre  elles.  Le  tout  prend  alors  l'aspect  d'une  sorte  de  matière 
claire  cloisonnée  par  de  minces  tractus.  Quand  cette  vacuolisation  se  trouve  réalisée 
sur  un  grand  nombre  de  cellules  voisines,  on  a  de  la  peine  à  reconnaître  la  disposition 
épithéliale  primitive  de  l'organe,  et  il  est  vraisemblable  que  cette  disposition  a  pu 
induire  en  erreur  quelques  auteurs.  De  nombreuses  formes  de  transition  permettent 
de  saisir  les  modifications  graduelles  qui  ont  conduit  de  cette  disposition  épithéliale 
à  la  disposition  vacuolaire  irrégulière.  Cette  vacuolisation  et  la  disparition  d'une 
partie  de  la  substance  chromaffîne  à  laquelle  elle  succède  indiquent  une  variation 
régulière  et  phjsiologique  dans  la  quantité  de  cette  substance. 

»  Les  noyaux  des  cellules  chromaffines  présentent  des  variations  très  nettes  dans 
leur  volume  ainsi  que  dans  la  disposition  de  leur  chromatine.  Après  l'action  de  colo- 
rations multiples  (triple  coloration  de  Flemming,  coloration  de  Rabl)  on  peut  mettre 
en  évidence  des  variations  de  chromaticité  fort  nettes.  On  voit  aussi,  sur  ces  mêm,es 
préparations,  que  la  chromatine  dans  ces  noyaux  subit  des  variations  quantitatives 
assez  importantes.  Néanmoins,  il  m'a  été  impossible,  jusqu'ici,  d'établir  une  relation 
certaine  entre  les  variations  de  l'appareil  chromatique  du  noyau  et  celles  signalées 
ci-dessus  dans  le  cytoplasme. 

«  J'ai  mentionné  plus  haut  la  présence  de  fibres  nerveuses  terminales 
dans  la  substance  propre  des  corps  suprarénaux.  J'ai  pu  les  mettre  en 
évidence,  soit  par  la  méthode  de  Golgi-Cajal,  au  chromate  d'argent,  soit 
par  la  méthode  d'Ehrlich-Bethe,  au  bleu  de  méthylène  vital.  Par  conséquent, 
les  nerfs  ne  se  contentent  pas,  ainsi  que  l'a  vu  Chevrel,  d'entourer  l'or- 
gane d'un  riche  réseau;  ils  pénètrent  au  contraire  dans  le  parenchyme, 
entre  les  cellules  chromaffines,  au  contact  desquelles  ils  se  terminent  par 
des  extrémités  libres  comme  c'est  le  cas  pour  les  terminaisons  glandulaires 
ordinaires.  » 


La  séance  est  levée  à  3  heures  et  demie. 

G.  D. 


SÉANCE    DU    25   AOUT    1902.  370 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


Outrages  reçus  dans  la  séance  du  i5  juillet  1902. 

Ministère  des  Colonies.  Office  colonial.  Ressources  végétales  des  Colonies  fran- 
çaises représentées  dans  les  collections  de  l'OfUce  colonicd  du  Ministère  des  Colonies, 
classées  par  Gcstavo  Niederlein.  Paris,  imp.  Paul  Dupont,  1902;  i  fasc.  in-4°. 
(Hommage  de  l'Auteur.) 

Traité  général  de  Viticulture.  Ampélographie,  publiée  sous  la  direction  de  P. 
ViALA  et  V.  Vermorel;  t.  III.  Paris,  Masson  et  C'%  1902;  i  vol.  \n-[f.  (Présenté  par 
M.  Guignard.  Hommage  des  auteurs.) 

Emploi  des  fusées  contre  la  grêle,  résultats  obtenus,  par  le  D""  E.  Vidal.  (Exlr. 
du  Rapport  présenté  au  3^  Congrès  international  de  défense  contre  la  grêle  à  Lyon.) 
Hjères,  imp.  Arène,  1902;  i  fasc.  in-8°.  (Hommage  de  l'Auteur.) 

Mémoires  de  la  Société  nationale  des  Sciences  naturelles  et  mathématiques  de 
Cherbourg  ;  t.  XXXII,  publié  sous  la  direction  de  M.  L.  Corbièke.  Paris,  J.-B. 
Baillière  et  fils,  1901-1902;  i  vol.  in-8°. 

Six  feuilles  nouvellement  éditées,  par  le  Service  géographique  de  l'Armée,  des 
Cartes  d'Algérie  au  200000^,  de  la  Tunisie  au  Soooo^  et  au  looooo*,  en  couleur. 

Zur  Vorgeschichte  des  deutschen  Kartells  und  der  internationalen  Association 
der  Akademien.  Im  Auftrage  der  kon.  sâchs.  Gesellschaft  der  Wissenschaften  zusam- 
mengestellt  und  dem  Kartelllage  in  Gôttingen  (i5  mai  1902),  vorgelegt  von  dem  o. 
M.  Wilhelm  His.  (Ex.tr.  des  Berichte  iiber  die  Verhandlungen  der  kon.  sàchs. 
Gesellschaft  der  Wissenschaften  zu  Leipzig.  Malhemalisch-phjsische  Klasse,  Bd.  ^h.) 
Leipzig,  B.-G.  Teubner,  1902;  i  fasc.  in-8°. 

Abel,  den  store  mathematikers  slegt,  ved  S. -H.  Finne-Grônn,  med  55  portrseter, 
silhouetter  og  facsimiler.  Christiania,  1899-1900;  1  vol.  in-4°. 

Vorlesungen  iiber  theoretische  Physik,  von  H.  von  Helmholtz;  Bd.  II  :  Dynainik 
continuirlichverbreiteter  Massen,  lierausgegb.  v.  Otto  Krigard-Menzel,  mit  9  Figuren 
im  Text.  Leipzig,  Johann  Ambrosius  Barth,  1902;  i  vol.  in-4''. 

Studies  in  heterogenesis,  by  H.  Cuarlton  Bastian.  Londres,  Williams  et  Norgate, 
190J-1902;  2  fasc.  in-8''. 

A  rediscussion  of  Bailey's  and  Fourcade's  surçeys  and  their  réduction  to  the 
System  of  the  geodetic  Survey,  by  sir  David  Gill.  (Cape  of  Good  Hope.  Geodetic 
Survey  of  South  Africa,  Vol.  IL)  Cap-Town,  W.-A.  Richards  et  fils,  1901;  i  vol.  in-4°. 

Expédition  antarctique  belge.  Résultats  du  voyage  du  S.  Y.  Belgica  en  1897- 
1898-1899,  sous  le  commandement  de  A.  de  Gerlache  de  Gomery.  Rapports  scien- 
tifiques publiés  aux  frais  du  Gouvernement  belge,  sous  la  direction  de  la  Commis- 
sion de  la  Belgica  :  Étude  des  chronomètres  (2  parties).  Phénomènes  optiques  de 
l'atmosphère.  Aurores  australes.  Détermination  de  la  densité  de  l'eau  de  mer.  Rapport 
sur  la   densité  de   l'eau  de  mer.   Mousses  et  Hépatiques,   Spongiaires.  Echinides  et 


376  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Ophiures,  Brachiopodes.  Pinnipèdes  (seals).  Note  relative  aux  Rapports  scientifiques. 
Anvers,  imp.  J.-E.  Buschmann,  1901-1902;  n  fasc.  in-4°. 

Atti  délia  R.  Accademia  Peloritana,  anno  XVI,  1901-1902.  Messine,  1902;  1  vol. 
in-8°. 

Mémoires  de  l'Université  de  la  Nouvelle-Russie,  t.  LXXXVI,  i''*'  et  2"  parties. 
Odessa,  1902;  2  vol.  in-8°. 


ERRATA. 


(Séance  du  11  août  1902.) 

Note  de  MM.   Jeaii  Camus  et  P.  Pagniez,    Hémoglobinurie   d'origine 
musculaire  : 

Page  826,  ligne  34,  au  lieu  de  3o  secondes,  lisez  3o  minutes. 
Même  page,  ligne  87,  au  lieu  de  3o  secondes,  lisez  3o  minutes. 
■    Page  827,  ligne  10,  au  lieu  de  S^^s,  lisez  S^""'. 


ACADÉMIE  DES    SCIENCES. 

SÉANCE  DU   LUNDI   1"    SEPTEMBRE  1902. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  BOUQUET  DE  LA  GRYE. 


CORRESPONDANCE. 

PHYSIQUE   DU  GLOBE.  —   Sur  l'éruption  de  la  Martinique.  Note 
de  MM.  A.  Lacroix,  Rollet  de  l'Isle  et  Giraud,  délégués  de  l'Académie. 

«  Au  moment  où  nous  rentrons  en  France,  nous  avons  l'honneur  de 
présenter  à  l'Académie  un  aperçu  sommaire  des  résultats  de  la  première 
partie  de  la  mission  qu'elle  a  bien  voulu  nous  confier  pour  l'étude  de 
l'éruption  volcanique  de  la  Martinique  : 

»  Nous  avons  séjourné  à  la  Martinique  du  20  juin  au  i^'"  août,  avec  une 
interruption  de  trois  jours  (9  au  11  juillet),  consacrés,  sur  la  demande  de 
M.  le  Ministre  des  Colonies,  à  une  rapide  visite  à  la  Soufrière  de  la  Gua- 
deloupe. 

»  Nous  avons  tout  d'abord  travaillé  en  commun  dans  la  région  de  la 
Montagne  Pelée,  puis  M.  Lacroix  a  continué  exclusivement  l'étude  du 
volcan,  pendant  que  M.  Rollet  de  l'Isle  instruisait  diverses  questions  rela- 
tives aux  ports  de  la  Martinique  et  que  M.  Giraud  faisait  une  première 
exploration  géologique  des  parties  méridionale  et  orientale  de  l'île. 

))  Dans  les  pages  qui  suivent,  nous  nous  occuperons  :  1°  des  observa- 
tions que  nous  avons  faites  sur  les  éruptions  de  la  Montagne  Pelée;  2°  de 
la  catastrophe  qui  a  anéanti  Saint-Pierre  le  8  mai  dernier  et  de  la  recherche 
de  ses  causes. 

»  Nous  compléterons  ces  premières  données  au  fur  et  à  mesure  de 
l'étude  des  nombreux  matériaux  (gaz,  minéraux,  roches,  fossiles,  objets 
divers  provenant  de  Saint-Pierre,  etc.)  recueillis  au  cours  de  notre  voyage. 

1°  Eruptions  de  la  Montagne  Pelée. 
»  Nous  avons  réuni  les  éléments  d'un  historique  chronologique  aussi 
complet  que  possible  de  toutes  les  manifestations  volcaniques  antérieures 

C.  R.,  1902,  2*  Semestre.  (T.  GXXXV,  N»  9.)  ^9 


378  .  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

à  notre  arrivée  et  de  celles  auxquelles  nous  avons  assisté.  Les  faits  les  plus 
imjDortants  en  étant  déjà  connus  de  l'Académie,  nous  en  réservons  la  pu- 
blication pour  plus  tard  et  nous  présenterons  seulement  ici  nos  observa- 
tions sous  une  forme  synthétique. 

»  Le  cratère.  —  Il  est  impossible  de  donner  actuellement  des  détails 
sur  la  topographie  intérieure  du  cratère;  il  n'est  pas  directement  abor- 
dable, d'une  part,  et  d'une  autre,  pendant  tout  notre  séjour  à  la  Martinique, 
lesnuag^es,  enveloppant  continuellement  le  sommet  de  la  montagne,  ont 
beaucoup  gêné  nos  observations. 

»  Le  cratère  est  situé  sur  le  revers  occidental  de  la  Montagne  Pelée  et  à 
une  altitude  de  quelques  centaines  de  mètres  au-dessous  de  l'ancien  lac 
des  Palmistes.  Il  est  bordé  par  les  crêtes  du  Morne-la-Croix,  du  Morne- 
Martin  et  du  Petit-Bonhomme.  Une  profonde  échancrure  en  forme  de  V 
s'ouvre  vers  le  Sud-Ouest,  au-dessus  delà  rivière  Blanche.  Par  cette  échan- 
crure, on  distingue  un  haut  talus  fort  raide,  constitué  par  des  blocs  de 
projection  de  l'éruption  actuelle;  grâce  à  leur  incandescence,  on  les  voit 
rouler  pendant  la  nuit  à  sa  surface. 

»  Nous  avons,  à  trois  reprises  différentes,  atteint  les  falaises  qui  dominent 
le  cratère;  à  l'Est  (par  l'ancien  lac  des  Palmistes),  au  Sud-Est  (du  côté 
du  Morne-Rouge,  par  le  Morne-Aileron  et  le  Morne-Ponce),  et  enfin  au 
Sud  (par  le  Morne-Saint-Marlin).  Malheureusement,  à  partir  de  l'altitude 
de  900°^,  nous  avons  été  enveloppés  par  le  brouillard  et,  arrivés  au  terme 
de  nos  ascensions,  nous  avons  dû  nous  contenter  de  constater  les  parois 
verticales  vers  l'intérieur,  le  dégagement  intense  d'acide  sulfureux  et  de 
vapeur  d'eau,  et  enfin  l'extrême  abondance  des  blocs  projetés,  des  bombes 
de  toutes  dimensions,  qui,  sur  ces  hauteurs,  recouvrent  entièrement  le  sol. 

))  Lors  de  l'ascension  de  l'ancien  lac  des  Palmistes,  effectuée  le  29  juin, 
nous  avons  trouvé  ce  lac  entièrement  comblé  par  une  boue  fine  et  gluante, 
de  laquelle  émergeaient  d'énormes  bombes  d'andésite  vitreuse. 

»  Un  violent  orage  ne  nous  a  pas  permis  d'atteindre  le  sommet  du 
Morne-la-Croix;  nous  nous  sommes  arrêtés  à  une  éminence  constituée  par 
une  andésite  rouge,  ayant  une  altitude  de  1270°^;  nous  avons  distingué, 
dans  le  brouillard,  un  sommet  un  peu  plus  élevé  constitué  par  le  Morne- 
la-Croix.  Quelques  jours  après  (6  juillet),  étant  mouillés  en  rade  de 
Saint-Pierre,  à  bord  du  Jouffroy,  nous  avons  vu  émerger  des  nuages,  pen- 
dant quelques  minutes,  le  point  culminant  de  la  Montagne  Pelée.  Le  second 
du  bâtiment,  M.  Deville,  en  a  pris  la  hauteur,  qu'il  a  trouvée  de  ii353™, 
c'est-à-dire  la  hauteur  normale  du  Morne-la-Croix,  avec  une  légère  erreur 


SÉANCE  DU  I^^  SEPTEMBRE  1902.  Snq 

par  excès,  qui  s'explique  par  les  conditions  dans  lesquelles  la  mesure  a  été 
faite.  Le  sommet  de  la  Montagne  Pelée  n'était  donc  pas  à  cette  date  com- 
plètement effondré,  comme  on  l'a  affirmé  à  l'origine  de  l'éruption.  Des 
modifications  se  sont  cependant  certainement  opérées  dans  le  voisinage 
du  cratère  au  cours  de  notre  séjour.  Les  photographies  de  la  grande  cre- 
vasse Sud-Ouest,  que  nous  avons  faites  à  de  nombreuses  reprises,  nous 
permettront  de  préciser  la  nature  et  l'importance  de  ces  modifications. 

»  Formation  de  fissures.  —  L'éruption  actuelle  n'a  été  caractérisée  par 
l'ouverture  d'aucune  fente  béante  en  dehors  du  cratère;  mais  l'existence 
de  fissures  est  mise  en  évidence  par  les  nombreuses  fumerolles  qui  seront 
étudiées  plus  loin.  liCur  direction  générale  est  Nord-Est-Sud-Ouest.  Le  plus 
grand  nombre  d'entre-elles  sont  localisées  dans  une  zone  assez  étroite, 
comprise  entre  le  lit  de  la  rivière  Sèche  et  celui  de  la  rivière  Blanche;  il  est 
possible  que  les  fumerolles  situées  sur  le  bord  de  la  cote,  entre  la  rivière 
Sèche  et  la  rivière  de  l'habitation  Canonville,  jalonnent  une  seconde  direc- 
tion de  cassures  secondaires  Nord-Nord-Est,  coupant  la  première.  Nous 
avons  constaté  que  les  fumerolles  de  la  rivière  Blanche  ne  sont  pas  limi- 
tées à  la  terre  ferme;  elles  se  prolongent  dans  la  mer,  et  il  n'est  pas  sans 
intérêt,  à  ce  point  de  vue,  de  faire  remarquer  que  c'est  sensiblement 
sur  leur  prolongement  que  des  ruptures  du  câble  sous-marin  ont  eu  lieu 
à  10  milles  environ  de  la  côte,  le  5  et  le  3o  mai,  le  8  juillet.  Lorsque, 
le  II  juin,  on  a  relevé  le  câble  rompu  le  3o  mai,  le  goudron  de  celui-ci 
coulait  en  larmes,  bien  qu'il  fût  ramené  d'une  profondeur  de  1200  brasses. 
Enfin,  le  matin  du  5  mai,  avant  la  catastrophe  de  l'usine  Guérin  (date  de 
l'aoparition  des  fumerolles  dans  la  vallée  de  la  rivière  Blanche),  une 
grande  quantité  de  poissons  morts  a  été  recueillie  à  la  surface  de  la  mer 
dans  cette  même  direction;  à  la  fin  de  juin,  nous  y  avons  nous-mêmes 
trouvé,  morts  sur  la  côte,  de  petits  poissons  plats  appartenant  à  des 
espèces  qui  vivent  habituellement  vers  200™  de  fond. 

»  Les  produits  du  volcan.  —  D'une  façon  générale,  les  éruptions 
volcaniques  sont  caractérisées  par  deux  sortes  de  phénomènes  : 

»  1°  Par  la  sortie  explosive  de  gaz,  de  vapeurs  et  de  matériaux  silicates 
solides  ou  fondus,  plus  ou  moins  volumineux,  portés  à  une  très  haute  tem- 
pérature; 

»  2°  Par  l'épanchement  de  ces  mêmes  silicates  fondus  sous  forme  de 
coulées  ou  d'amas. 

»  Jusqu'à  présent,  ce  second  ordre  de  phénomènes  a  manqué  totalement 
dans  Téruplion  actuelle.  De  nombreux  récits  publiés  parlent  de  coulées  de 


38o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

lave  épanchées  dans  le  lit  de  la  rivière  Blanche  et  dans  celui  de  la  rivière 
Sèche  :  ce  qui  a  été  désigné  sous  ce  nom  par  des  personnes  étrangères  à  la 
Géologie  n'est  pas  des  coulées  de  lave,  mais  des  torrents  d'eau  boueuse 
chaude,  roulant  de  gros  blocs  de  roches. 

»  Comme  à  l'ordinaire,  l'éruption  actuelle  se  signale  par  des  séries 
nombreuses  d'explosions,  parmi  lesquelles  quelques-unes  ont  été  d'une 
très  grande  violence.  Il  y  a  lieu  de  signaler  d'une  façon  spéciale  celle  du 
8  mai  qui  a  détruit  Saint-Pierre  et  celle  du  20  mai  qui  a  parachevé  cette 
œuvre  de  destruction,  celles  du  6  juin  et  du  9  juillet  qui,  comme  les  précé- 
dentes, ont  donné  des  manifestations  visibles  de  Fort-de-France.  Ces 
paroxysmes  se  sont,  comme  on  le  voit,  produits  à  des  intervalles  inégaux; 
ils  ont  été  séparés  les  uns  des  autres  par  des  périodes  de  calme  relatif  pen- 
dant lesquelles  les  projections  de  cendre  étaient  de  peu  d'importance  ou 
même  nulles. 

»  Nous  allons  considérer  successivement  les  produits  volatils  et  les  pro- 
duits solides  rejetés, 

»  Produits  gazeux.  —  Les  poussées  de  gaz  et  de  vapeur  émanées  du 
cratère  ont  la  forme  classique;  leur  sortie  est  souvent  accompagnée  de 
grondements  ou  de  détonations.  Elles  s'élèvent  verticalement,  souvent  à 
une  grande  hauteur,  et  s'inclinent  ensuite  dans  la  direction  du  vent,  qui 
venait  pendant  notre  séjour  d'une  façon  presque  constante  de  l'Est-Nord- 
Est.  Parfois,  elles  atteignent  la  région  supérieure  des  contre-alisés,  qui  les 
entraînent  alors  vers  le  Sud.  C'est  ce  qui  a  eu  lieu  lors  des  grandes  éruptions 
et  c  est  ce  qui  a  permis  aux  nuages  volcaniques  d'arriver  jusqu'au-dessus 
de  Fort-de-France. 

w  Ces  poussées  explosives,  essentiellement  constituées  par  de  la  vapeur 
d  eau  accompagnée  de  gaz,  sont,  le  jour,  blanches,  rousses  ou  noires,  sui- 
vant qu  elles  tiennent  en  suspension  une  plus  ou  moins  grande  quantité  de 
cendres.  On  observe  par  l'ouverture  Sud-Ouest  du  cratère  des  vapeurs 
ayant  un  aspect  un  peu  différent  des  précédentes;  ce  sont  des  flots  d'une 
vapeur  épaisse,  lourde,  de  couleur  sombre,  fréquemment  cuivrée,  qui 
roulent  sur  les  talus  extérieurs  du  cratère  et  jusqu'au  fond  des  crevasses 
aboutissant  à  la  rivière  Blanche. 

»  Elles  sont  probablement  constituées  par  des  bouffées  de  gaz  et  de 
vapeur  d'eau  très  riches  en  cendre. 

))  Les  vives  lueurs  qui  ont  été  signalées  par  les  témoins  des  grandes 
éruptions  paraissent  dues  aux  matériaux  sohdes  {lapillis  et  blocs)  incandes- 
cents, projetés  avec  les  gaz  et  les  vapeurs.  Nous  avons  constaté,  pendant 


SÉANCE    DU    l""   SEPTEMBRE    1902.  38 1 

les  nuits  que  nous  avons  passées  devant  le  volcan,  des  lueurs  immobiles 
siégeant  sur  le  bord  du  cratère  et  provenant  sans  doute  de  la  réverbéra- 
tion des  matières  incandescentes  qui  y  sont  accumulées.  Des  points  lumi- 
neux plus  brillants  et  mobiles  étaient  dus  a.  la  chute  de  blocs  projetés, 
roulant  à  la  surface  des  talus  du  cratère. 

))  Nous  n'avons  pas  vu  personnellement  les /lammes  qui  ont  élé  signalées 
par  divers  observateurs  au  cours  des  grandes  éruptions. 

»  Les  seules  données  positives  sur  les  gaz  émis  par  le  cratère  en  même 
temps  que  la  vapeur  d'eau  concernent  l'acide  sulfureux,  dont  la  grande 
abondance  est  mise  en  évidence  par  son  odeur  suffocante.  Il  est  d'ailleurs 
nécessaire  d'aborder  les  crêtes  mêmes  de  la  montagne  pour  les  apercevoir 
d'une  façon  absolument  évidente. 

))  Fumerolles.  —  Par  contre,  il  nous  a  été  possible  d'étudier  les  nom- 
breuses fumerolles  plus  accessibles  qui  se  rencontrent  dans  la  vallée  de  la 
rivière  Blanche,  depuis  son  origine  jusqu'à  la  mer,  et  dans  la  partie  infé- 
rieure du  cours  de  la  rivière  Sèche;  elles  jalonnent  la  direction  de  frac- 
tures dirigées  Nord-Est-Sud-Ouest  dont  il  a  été  question  plus  haut. 

»  Quelques-unes  des  fumerolles  se  rencontrent  dans  le  lit  même  de  ces 
deux  rivières,  et  notamment  près  de  leur  embouchure.  Mais  le  plus  grand 
nombre  d'entre  elles  sont  disposées,  isolées  ou  par  groupes,  sans  ordre 
apparent,  dans  toutes  les  parties  de  la  vallée  de  la  rivière  Blanche,  et  plus 
au  Nord,  jusqu'à  la  rivière  située  près  de  l'habitation  Canonville.  Notons 
enfin  qu'une  fumerolle  isolée  a  fonctionné  jusqu'aux  premiers  jours  de 
juillet  à  l'embouchure  de  la  rivière  des  Pères. 

»  Toutes  ces  fumerolles  sont,  on  le  voit,  distribuées  ou  localisées  sur  le 
revers  Sud-Ouest  de  la  Montagne  Pelée;  nous  parlerons  plus  loin  d'une 
fumerolle  qui  a  été  observée  aux  alentours  du  20  mai  sur  son  revers  Est, 
près  de  l'Âjoupa-Bouillon,  mais  qui  n'a  pas  fonctionné  pendant  notre 
séjour. 

»  Les  fumerolles  que  nous  avons  étudiées  se  comportent  très  différem- 
ment, suivant  qu'elles  aboutissent  à  l'air  libre  ou  qu'elles  débouchent  dans 
le  lit  des  rivières. 

»  Celles  qui  se  font  jour  dans  les  conglomérats  volcaniques,  au  milieu 
de  la  cendre  ou  dans  les  fissures  du  sol  ancien,  ne  donnent  relativement 
que  peu  de  vapeur  d'eau;  celle-ci  n'est  souvent  pas  apparente  au  soleil; 
mais  il  suffit  d'en  intercepter  les  rayons,  en  recouvrant  l'orifice  avec  un 
morceau  d'étoffe,  par  exemple,  pour  qu'elle  devienne  immédiatement  per- 
ceptible. Ces  fumerolles  ont,  en  général,  une  température  oscillant  autour 


382  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

de  ioo°C.  Elles  contiennent  une  assez  grande  proportion  d'hydros^ène 
sulfuré,  dont  la  décomposition  détermine  à  l'orifice  de  sortie  des  cristalli- 
sations de  soufre. 

»  Des  fumerolles  plus  chaudes  accompagnent  parfois  les  précédentes  ; 
leur  température,  à  o™,  lo  de  profondeur  à  partir  de  la  surface  du  sol, 
est  voisine  de  4oo''  C.  Le  plomb  y  fond  en  effet  facilement,  alors  que  le 
zinc  reste  intact;  un  thermomètre  gradué  jusqu'à  4io°C.  y  a  été  brisé  à 
bloc.  A  leur  émergence,  ces  fumerolles  donnent  d'abondantes  cristallisa- 
tions de  sel  ammoniac,  accompagné  par  un  peu  de  soufre  et  plus  rarement 
de  réalgar. 

»  Les  fumerolles  exclusivement  sulfurées  se  rencontrent  jusqu'au  bord 
de  la  mer;  elles  sont  particulièrement  abondantes  entre  la  rivière  Blanche 
et  la  rivière  Sèche,  à  environ  mi-chemin  entre  la  côte  et  le  cratère.  Nous 
n'avons  observé  les  fumerolles  à  sel  ammoniac  qu'à  partir  de  800™  environ 
de  la  côte.  Elles  deviennent  plus  abondantes  dans  la  haute  vallée  de  la 
rivière  Blanche. 

»  Les  fumerolles  dont  il  vient  d'être  question,  à  l'inverse  de  celles  dont 
il  nous  reste  à  parler,  ont  une  force  ascensionnelle  extrêmement  faible;  on 
les  voit  ramper  à  la  surface  du  sol  sans  s'élever;  elles  fonctionnent  sans 
interruption. 

»  Du  22  juin  au  commencement  de  juillet,  nous  avons  vu  des  fumerolles 
intermittentes  fonctionner  avec  une  grande  activité  dans  le  lit  de  la  rivière 
Blanche,  de  la  rivière  Sèche,  et  particulièrement  à  leur  embouchure  (mais 
aussi  dans  le  cours  supérieur  de  la  rivière  Blanche),  ainsi  qu'à  l'embou- 
chure de  la  rivière  des  Pères  et  à  celle  de  la  rivière  de  l'habitation  Canon- 
ville. 

»  Ces  fumerolles  fournissaient  une  colonne  de  vapeur  d'eau  très  blanche 
qui  s'élevait  de  temps  en  temps  avec  une  force  ascensionnelle  assez  grande, 
donnant  de  nombreuses  volutes  qui  bientôt  redescendaient  à  la  surface  de 
la  mer  ou  du  sol.  Le  phénomène  se  compliquait  souvent  par  l'éboulement 
des  falaises  de  cendres,  de  boue  et  de  conglomérats  volcaniques  encaissant 
la  rivière,  éboulement  facilité  par  l'existence  de  nombreuses  petites  fume- 
rolles distribuées  dans  leur  masse.  La  cendre  et  la  boue  ayant  une  tempé- 
rature voisine  de  100'  C.  étaient  très  fluides  et  facdement  entraînées  par 
les  bouffées  de  vapeur  d'eau;  celle-ci  constituait  alors  des  volutes  plus 
denses  que  les  précédentes,  teintées  de  gris  ou  de  rosé. 

»  Les  périodes  d'activité  de  ces  fumerolles  ne  nous  ont  pas  paru  liées 
d'une  façon  constante  avec  les  poussées  émanées  du  cratère,  car,  s'il  y  avait 


SÉANCE  DU  I*^  SEPTEMBRE  I902.  383 

parfois  poussée  d'ensemble  aux  fumerolles  et  au  cratère,  dans  d'autres 
cas  leur  maximum  d'intensité  ne  coïncidait  pas.  Dans  la  semaine  qui  a 
précédé  l'éruption  du  9  juillet,  les  fumerolles  de  la  côte  avaient  beaucoup 
diminué  d'intensité;  elles  n'ont  presque  pas  fonctionné  jusqu'à  la  fin  de 
juillet. 

»  Nous  avons  pu,  à  plusieurs  reprises,  approcher  à  quelques  mètres  des 
points  de  sortie  des  grandes  fumerolles  des  rivières  Blanche  et  Sèche.  Ces 
rivières  coulaient  alors  étroitement  encaissées  entre  des  falaises  de  con- 
glomérat récent,  depuis  lors  à  peu  près  disparues.  Nous  avons  pu  voir 
la  rivière  (ou  plutôt  le  petit  torrent)  s'engouffrer  en  bouillonnant 
dans  une  cavité  de  peu  d'étendue  située  au  pied  d'une  des  falaises 
qui  s'éboulait  facilement,  rendant  ainsi  l'eau  de  plus  en  plus  boueuse.  Par 
intermittences,  une  bouffée  de  vapeur  sortait,  donnant  les  volutes  décrites 
plus  haut;  elle  était  parfois  accompagnée  d'un  jet  d'eau  boueuse.  Dans  les 
fumerolles  situées  à  quelques  mètres  de  la  côte,  nous  avons  constaté  non 
seulement  l'engouffrement  de  l'eau  du  torrent  dans  la  cavité  de  sortie  de 
la  fumerolle,  mais  encore  une  aspiration  de.  l'eau  de  mer  voisine,  aspira- 
tion rendue  manifeste  grâce  à  la  présence,  à  la  surface  de  la  mer,  de  nom- 
breuses épaves  de  bois  qui  venaient  s'accumuler  au  point  de  sortie  de  la 
fumerolle  pour  en  être  rejetées  ensuite  au  moment  des  explosions. 

»  Emission  d'eau  boueuse.  —  Les  crues  violentes  et  subites  de  la  rivière 
Blanche  et  de  la  rivière  Sèche  produites  au  commencement  de  l'éruption, 
sans  rapport  immédiat  avec  des  pluies,  ont  fourni  une  grande  quantité 
d'eau  boueuse  noire;  elles  ont  été  attribuées  à  des  éruptions  boueuses 
ayant  eu  lieu  dans  les  hautes  vallées  de  ces  rivières.  Nous  n'avons  pas 
assisté  à  des  phénomènes  de  cette  ampleur,  mais  nous  avons  pu  constater 
de  faibles  irrégularités  de  débit  et,  en  divers  points  du  cours  de  la  rivière, 
des  bouillonnements  indiquant  la  réalité  d'une  arrivée  d'eau  ascendante 
sans  dégagement  de  vapeurs  :  des  fragments  de  cendre  jetés  à  l'orifice  de 
ces  bouches  de  sortie  en  étaient  immédiatement  rejetés. 

»  Nous  avons  pu,  en  outre,  étudier  de  petites  éruptions  boueuses  au  sud 
de  la  rivière  de  l'habitation  Canonville.  On  voyait  encore,  dans  cette 
région,  à  la  fin  de  juillet,  un  très  grand  nombre  de  petits  cônes  de  boue 
grise,  parfaitement  réguliers,  avec  une  cavité  cratériforme  tout  à  fait  sché- 
matique :  leur  hauteur  atteignait  i™.  Nous  en  avons  vu  sortir,  à  plusieurs 
reprises,  des  bouffées  de  vapeur  d'eau. 

))  Enfin,  on  rencontre  aussi  eu  divers  points  de  la  région  comprise  entre 
les  deux  rivières,  et  notamment  au  voisinage  du  groupe   de  fumerolles 


384  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

sulfhydriques  situé  à  mi-chemin  entre  la  mer  el  le  cratère,  de  larges  flaques 
de  boue  grise  ou  rosée  dont  la  surface  est  parsemée  de  petites  cavités  pro- 
duites par  la  sortie  de  vapeurs. 

»  Cause  de  la  variation  de  température  des  rivières.  —  C'est  à  la  présence 
de  ces  fumerolles  et  de  ces  sorties  d'eau  boueuse,  distribuées  dans  leur  lit, 
qu'il  faut  attribuer  les  variations  de  température  de  l'eau  de  ces  rivières; 
ces  variations  sont  incessantes  :  c'est  ainsi  qu'à  quelques  heures  de  dis- 
tance nous  avons  constaté,  près  de  l'embouchure  de  la  rivière  Blanche,  des 
températures  de  ôg^C,  puis  de  35"^C.  Un  autre  jour,  à  environ  2'*™, 5  de 
la  côte,  le  thermomètre,  plongé  au  point  d'émergence  d'une  source  boueuse, 
indiquait  84° C,  alors  que  la  température  n'était  que  de  34°  C.  en  amont 
et  de  65°  C.  en  aval('). 

»  Cendres.  —  Les  cendres  ont  été  rejetées  à  chaque  éruption,  mais  la 
quantité  totale  jusqu'au  i^^  août  était  en  somme  assez  peu  considérable. 
Leur  dispersion  est  en  grande  partie  fonction  du  vent;  elles  ont  été  sur- 
tout entraînées  dans  le  secteur  dévasté  compris  entre  l'îlot  de  la  Perle  et 
leCarbet;  pendant  notre  séjour,  elles  étaient  surtout  rejetées  dans  la  direc- 
tion du  Prêcheur  ;  il  est  difficile  de  déterminer  leur  épaisseur  totale,  mais  au 
Prêcheur,  dans  les  parties  qui  n'ont  pas  été  ravinées,  il  ne  semble  pas  que 
celle-ci  ait  dépassé  25*^™.  Lors  des  fortes  éruptions,  les  cendres  ont  été 
disséminées  sur  toute  l'île.  Dans  les  premiers  jours  de  juillet,  on  en  obser- 
vait encore  des  traces  appréciables  au  nord  de  la  rivière  Pilote. 

M  Les  phénomènes  d'érosion  ont  entraîné  très  rapidement  ces  cendres 
dans  les  bas-fonds  ou  même  à  la  mer,  et  l'on  peut  prévoir  le  temps  très 
rapproché  où  il  n'en  restera  plus  trace  sur  les  flancs  de  la  Montagne 
Pelée,  si  la  poussée  éruptive  ne  se  poursuit  pas  longtemps  et  ne  change 
pas  de  caractère. 

»  Le  grain  de  ces  cendres  est  assez  variable  suivant  les  éruptions  et 


(')  Le  20  mai,  on  a  signalé  dans  le  lit  de  la  rivière  Falaise,  tout  près  de  l'ancien 
camp  de  Trianon  (à  quelques  kilomètres  de  l'Ajoupa-Bouillon),  l'apparition  d'une 
fumerolle  qui,  à  diverses  reprises,  aurait  donné  de  grandes  quantités  de  boue  chaude. 
Lors  de  la  crue  qui  a  dévasté  (3o mai)  les  usines  de  Vive,  à  l'embouchure  de  la  rivière 
Capot,  dont  la  Falaise  est  un  affluent,  l'eau  avait,  paraît-il,  une  température  plus  élevée 
que  la  normale.  Notons  en  passant  que,  lors  de  la  dernière  crue  de  la  rivière  de  la 
Basse-Pointe,  on  a  indiqué  également  une  élévation  de  la  température  de  l'eau,  phé- 
nomène qui  peut  être  dû  à  la  production  de  fumerolles  ou  d'émissions  boueuses  dans  la 
haute  vallée  de  cette  rivière.  Pendant  tout  notre  séjour,  il  ne  s'est  produit  aucune 
manifestation  de  ce  arenre. 


SÉANCE    DU    l"   SEPTEMBRE    1902.  385 

naturellement  suivant  la  distance  au  cratère  où  on  les  recueille.  Tantôt 
elles  ont  été  extrêmement  fines  :  tel  est  le  cas  de  celles  du  3  mai,  décrites 
par  l'un  de  nous;  et  tantôt  elles  ont  été  mélangées  de  lapillis.  La  compo- 
sition minéralogique  et  la  structure  de  ces  cendres  n'ont  pas  varié 
jusqu'au  9  juillet,  mais  celles  qui  ont  été  produites  à  cette  date  étaient  plus 
blanches  et  plus  ponceuses.  Ces  cendres  extrêmement  légères,  ainsi  que 
les  boues  de  la  partie  inférieure  de  la  vallée  de  la  rivière  Blanche,  étaient, 
dans  les  parties  chauffées  par  les  fumerolles,  soulevées  par  lèvent;  elles 
formaient  alors  des  nuages  secs,  très  épais,  courant  à  la  surface  du  sol; 
ceux-ci  ont,  à  plusieurs  reprises,  beaucoup  entravé  nos  excursions  ou  même 
les  ont  interrompues. 

»  Lapillis.  —  Tandis  que  les  cendres  ont  été  rejetées  fréquemment  lors 
d'explosions  peu  importantes,  les  lapillis  n'ont  été  constatés  en  dehors  du 
voisinage  immédiat  du  cratère  que  dans  les  grandes  explosions.  Ils  sont 
constitués  par  de  petits  fragments  anguleux  d'andésite  à  hypersthène 
(généralement  très  vitreux,  mais  riches  en  phénocristaux),  ou  par  des 
fragments  de  la  même  roche  arrachés  à  la  cheminée  du  volcan  et  pro- 
venant d'éruptions  anciennes. 

»  Des  fragments  de  i*""'  ne  sont  pas  rares  parmi  ceux  recueillis  au  Car- 
bet,  et  exceptionnellement  ils  y  atteignent  des  dimensions  plus  grandes. 
Des  fragments  analogues  sont  tombés  jusqu'à  Fort-de-France  et  au  Fran- 
çois le  8  et  le  20  mai. 

))  Le  9  juillet,  le  caractère  des  lapillis  a  changé;  ils  sont  devenus  moins 
compacts,  poreux,  constitués  par  de  la  ponce.  Leur  aire  de  distribution 
a  été  beaucoup  moins  grande  que  celle  des  lapillis  des  grandes  éruptions 
précédentes.  Par  contre,  les  fragments  d'assez  grande  taille  sont  parvenus 
plus  loin;  des  ponces  anguleuses  de  5*^°^  de  côté  ont  été  trouvées  au  Morne- 
Rouge.  La  présence  de  ces  ponces  et  de  cendres  blanches  a  donné,  pen- 
dant plusieurs  jours,  un  aspect  très  curieux  aux  flancs  Ouest  et  Sud-Ouest 
de  la  Montagne  Pelée,  uniformément  couverts  d'une  couche  blanche.  Le 
peu  d'épaisseur  de  ces  cendres  et  lapillis,  joint  à  leur  densité  faible, 
explique  pourquoi,  au  bout  de  quelques  jours,  ces  matériaux  du  9  juillet 
avaient  presque  entièrement  disparu  des  pentes  supérieures  de  la  mon- 
tagne {'). 


(^)  Ces  ponces  de  l'éruption  actuelle  sont  très  analogues  à  celles  qui  constituent  le 
tuf  ponceux  ancien  de  la  Montagne  Pelée,  mais  la  couleur  de  ces  dernières  est  géné- 

C.  R.,  1902,  2»  Semestre.ZC^.  CXXXV,  N°  9.)  5o 


386  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

))  Bombes.  —  Des  blocs  de  matière  fondue  de  dimensions  variées,  mais 
pouvant  dépasser  i""',  ont  été  projetés  par  le  volcan.  On  ne  les  trouve 
guère  en  place  qu'à  Soo""  environ  des  bords  du  cratère;  ils  forment  sur 
le  sol,  au  voisina2:e  immédiat  de  celui-ci,  une  couche  continue  de  blocs 
incohérents  qui  rend  parfois  l'ascension  pénible.  Ces  blocs  ont  été  souvent 
entraînés  sur  les  pentes  de  la  montagne,  soit  par  la  simple  action  de  la 
pesanteur  au  moment  de  leur  chule,  soit  par  l'érosion  postérieure. 

»  Les  bombes  que  nous  avons  observées  le  29  juin  dans  l'ancien  lac  des 
Palmistes  sont  constituées  par  l'andésite  à  hypersthène  vitreuse;  elles  sont 
fragiles  et  ont  souvent  un  volume  énorme;  celles,  au  contraire,  que  nous 
avons  recueillies  avant  le  9  juillet  au  voisinage  du  cratère  sont  d'un  gris 
noir;  leur  surface  est  entamée  par  de  profondes  fentes  de  retrait,  indiquant 
qu'elles  ont  été  projetées  à  i'élat  pâteux.  Elles  présentent  tous  les  passages 
possibles  de  l'andésite  vitreuse  aux  blocs  de  ponce  blanche,  sans  craque- 
lures superficielles,  qui  sont  très  abondants  au  milieu  d'elles. 

»  Conglomérats  volcaniques.  —  Les  bombes,  les  lapillis  et  les  cendres 
de  l'éruption  actuelle  entraînés  par  les  eaux  dans  les  dépressions  et  dans 
le  lit  de  la  rivière  Blanche  constituent  des  conglomérats,  les  uns  essen- 
tiellement formés  d'andésite  vitreuse  compacte,  les  autres  de  ponce 
blanche;  nous  décrirons  ultérieurement  les  particularités  qui  les  caracté- 
risent. 

))  Il  existe  à  l'embouchure  des  rivières  Blanche  et  Sèche  un  conglomérat 
d'une  autre  nature,  raviné  par  les  précédents  et  qui  s'est  produit  dans  des 
conditions  différentes.  On  sait  que  le  5  mai  le  barrage  de  l'étang  Sec  s'est 
rompu,  donnant  passage  à  une  avalanche  de  boue  et  de  blocs  énormes 
qui,  renversant  tout  sur  son  passage,  a  détruit  l'usine  Guérin  et  les  habita- 
tions voisines.  Les  lits  inférieurs  des  deux  rivières  ont  été  remblayés  par 
cet  apport  de  matériaux  qui  a  fait,  en  outre,  avancer  le  rivage  d'environ  3o™ 
sur  la  mer.  Des  érosions  considérables  ont  depuis  lors  entamé  ce  conglo- 
mérat et  permettent  d'en  étudier  la  structure.  On  le  voit  reposant  sur  le 
sol  ancien  raviné;  il  est  constitué  par  une  succession  de  lits  de  cendres 
grossières,  de  bancs  de  gros  blocs  avec  des  lits  de  cendres  boueuses,  à 
stratification  torrentielle,  puis  de  gros  blocs  mélangés  sans  ordre.  La  partie 


ralement  plus  ou  moins  jaunâtre.  La  partie  Sud  des  mines  Saint-Pierre  est  actuelle- 
ment ensevelie  par  des  ponces  jaunes  anciennes  que  les  pluies  torrentielles  entraînent 
du  Morne  d'Orange. 


SÉANCE  DU  I^'"  SEPTEMBRE  I902.  887 

supérieure  de  la  formation,  constituée  par  les  blocs  de  plus  grande  taille, 
les  uns  anguleux,  les  autres  roulés,  rappelle  par  son  aspect  une  moraine 
glaciaire.  Quelques-uns  de  ces  blocs  ont  une  surface  polie  et  sont  couverts 
de  stries  ou  plutôt  de  cannelures  qui,  elles,  diffèrent  tout  à  fait  des  stries 
glaciaires  et  méritent  d'être  signalées  d'une  façon  toute  spéciale.  Elles  sont 
constituées  par  des  surfaces  de  frottement  rectilignes,  dans  lesquelles  la 
roche  a  été  écrasée  tout  en  restant  très  cohérente.  lia  partie  extérieure  en 
est  vernissée,  plus  foncée  et  couverte  de  fines  stries;  elle  rappelle  les 
miroirs  de  frottement. 

»  La  constitution  pétrographique  des  blocs  de  ce  conglomérat  est  uni- 
forme; tous  ceux-ci  sont  formés  par  l'andésite  poreuse  grise  ou  rouge  que 
nous  connaissons  en  place  dans  les  parties  hautes  de  la  Montagne  Pelée. 
On  n'y  trouve  aucun  bloc  de  l'éruption  actuelle. 

»  Phénomènes  divers  consécutifs  a  l'éruption  :  Modifications  topogrci- 
phiques.  —  Nous  avons  indiqué  plus  haut  que  quelques  modifications 
topographiques  se  sont  produites  au  voisinage  du  cratère.  Nous  cherche- 
rons à  les  préciser  au  cours  de  notre  prochain  voyage,  qui  sera  effectué  au 
cours  de  la  saison  sèche. 

»  Par  contre,  on  peut  affirmer  que,  en  dehors  de  celles-ci,  la  topogra- 
phie des  hautes  vallées  de  la  Montagne  Pelée  n'a  pas  subi  de  changements 
sensibles.  Ces  vallées  se  présentent,  il  est  vrai,  avec  un  aspect  totalement 
différent  de  celui  qu'elles  possédaient  avant  l'éruption;  mais  cela  tient  sur- 
tout à  la  disparition  complète  de  la  végétation  tropicale  qui  les  couvrait  et 
masquait  en  partie  leurs  ravins  profonds.  Aujourd'hui,  la  montagne  appa- 
raît avec  la  crudité  d'une  carte  en  relief,  accentuée  encore  par  des  érosions 
superficielles.  Celles-ci  ont  fait  disparaître  sur  toutes  les  hauteurs  la  terre 
végétale  et  mis  à  nu  le  conglomérat  ponceux  ancien  (')  qui  constitue  les 
parties  superficielles  de  la  Montagne  Pelée;  il  n'est  plus  que  çà  et  là 
recouvert  par  les  cendres  de  l'éruption  actuelle.  La  zone  ainsi  dévastée 
s'étend  sur  toute  la  périphérie  du  cratère,  dans  un  rayon  de  2'^™  à  S'"^"",  et 
en  outre  dans  un  secteur  compris  entre  le  cratère,  le  bourg  de  Sainte- 
Philomène  et  Saint-Pierre. 

))  Les  parties  basses  des  vallées  des  rivières  Sèche  et  Blanche,  au  voisi- 
nage de  leurs  embouchures,  ont  eu,  au  contraire,  leur  topographie  entiè- 


(')  Le  conglomérat  ponceux,  dans  ses  parties  dénudées,  présente  d'une  façon  con- 
stante de  profondes  cannelures  à  surface  lisse;  elles  sont  parallèles  à  la  ligne  de  plus 
grande  pente  et  ont  été  produites  par  la  friction  des  flots  qui  ont  raboté  les  pentes. 


388  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

rement  bouleversée  par  les  avalanches  boueuses  du  5  mai.  Elles  ont  été 
alors  entièrement  remblayées  par  le  conglomérat  décrit  plus  haut.  Depuis 
celle  date,  ces  rivières  se  creusent  rapidement  un  lit  dans  ce  conglomérat 
et  dans  les  boues  qui  l'accompagnent.  L'absence  d'un  thalweg  bien  défmi 
dans  ces  parties  comblées  empêche  l'établissement  d'un  lit  définitif,  et  nous 
avons  vu  leur  embouchure  se  déplacer  fréquemment. 

))  Modifications  du  rivage.  —  Nous  n'avons  constaté  nulle  part  d'affaisse- 
ment ni  d'exhaussement  du  rivage.  A  Saint-Pierre,  notamment,  il  ne  s'est 
produit  aucun  mouvement  appréciable  de  cette  espèce;  la  topographie  et 
le  tracé  de  la  côte  Ouest  de  l'île,  au  voisinage  du  volcan,  n'ont  subi  que 
les  quelques  changements  suivants  :  Le  littoral  entre  la  rivière  Sèche  et 
la  rivière  Blanche,  sous  l'action  des  fumerolles,  des  crues  et  des  change- 
ments de  lit  des  rivières  dont  il  vient  d'être  question,  enfin  sous  l'action  de 
la  vague,  subit  des  variations  incessantes  qui,  d'ailleurs,  paraissent  surtout 
s'exercer  aux  dépens  des  apports  datant  du  5  mai. 

))  C'est  ainsi  que  nous  avons  vu  presque  complètement  disparaître,  à  la 
suite  du  9  juillet,  les  petites  falaises  formées  par  le  conglomérat  de  l'usine 
Guérin.  Nous  avons  observé  depuis  lors,  à  leur  place,  de  petits  caps,  rem- 
placés en  quelques  jours  par  de  petites  baies  et  vice  versa.  Des  fumerolles 
constatées  sur  le  bord  du  rivage  un  jour  étaient,  le  lendemain,  observées 
à  la  même  place,  se  dégageant  sous  l'eau  de  mer  (à  une  profondeur  de  6™ 
à  lo™);  elles  en  élevaient  localement  la  température. 

»  Ces  diverses  modifications  intéressantes  à  signaler  n'ont,  du  reste, 
qu'une  minime  importance;  elles  ne  s'observent  que  sur  quelques  cen- 
taines de  mètres  à  peine.  Il  y  a  lieu  de  signaler  encore  l'élargissement  de 
l'embouchure  de  la  rivière  des  Pères  et  de  celle  des  ruisseaux  situés  entre 
le  Prêcheur  et  la  rivière  Blanche. 

»  Action  des  rivières  torrentielles.  —  Dans  toute  la  région  entièrement  dé- 
vastée, le  déboisement  est  total,  toute  végétation  a  disparu;  aussi  les  pluies 
très  abondantes,  n'étant  plus  retenues  par  rien,  déterminent  la  formation 
soudaine  de  torrents  violents  dont  la  puissance  dynamique  est  considé- 
rable. Ils  entraînent  tout  sur  leur  passage,  d'autant  plus  que  la  cendre  de 
l'éruption  actuelle  n'offre  aucune  résistance  et  que  le  substratum  de  la 
Montagne  Pelée,  essentiellement  constitué  par  des  tufs  et  des  conglo- 
mérats, se  prête  d'une  façon  toute  spéciale  à  l'érosion.  C'est  ainsi  qu'à 
diverses  reprises  la  rivière  du  Prêcheur,  celle  de  Basse-Pointe,  la  rivière 
Falaise  ont  pu  rouler  des  blocs  de  lo""'. 

»  Les  effets  dévastateurs  de  ces  torrents  peuvent  surtout  s'observer  à  la 


SÉANCE   DU    l*''   SEPTEMBRE    I902.  889 

Basse-Pointe,  où  toutes  les  maisons  des  parties  basses  du  bourg  ont  été 
emportées  et  le  lit  inférieur  de  la  rivière  remblayé  par  4'"»5o  de  blocs  et 
de  débris  de  toutes  sortes  (').  Des  phénomènes  analogues  s'observent  au 
Prêcheur,  dont  les  maisons  sont  emportées  une  à  une  par  des  torrents  qui 
creusent  des  ravines  profondes  à  travers  le  bourg. 

»  Sur  la  côte  Est,  ces  torrents  ont  produit  des  atterrissements  importants 
à  leur  embouchure  et  ont  étendu  le  delta;  de  nombreux  matériaux  ont  été 
en  outre  transportés  par  le  courant  littoral  dans  les  baies  situées  au  nord 
de  ces  embouchures.  C'est  ainsi  qu'à  la  Basse-Pointe  il  s'est  formé  une 
barre  de  100™  environ,  obstruant  entièrement  la  baie,  où  l'on  avait  con- 
struit récemment  un  embarcadère  et  un  brise-lames. 

»  Variations  du  fond  de  la  mer.  —  Des  sondages  en  mer,  effectués  aux 
points  où  les  anciens  chiffres  portés  sur  les  cartes  marines  permettaient  de 
contrôler  les  nouveaux,  n'ont  mis  en  évidence  aucune  modification  des 
fonds,  aussi  bien  au  large  que  dans  le  voisinage  de  la  côte.  On  a  vu  plus 
haut  que  les  ruptures  du  câble  semblent  indiquer  la  production  de  fissures 
sous-marines;  il  est  vraisemblable  qu'elles  se  sont  produites  sans  dénivel- 
lation sensible,  tout  comme  celles  de  la  terre  ferme. 

»  Ras  de  marée.  —  Des  mouvements  anormaux  du  niveau  de  la  mer  ont 
été  observés  sur  les  côtes  de  l'île.  Ces  mouvements  consistaient  uniformé- 
ment en  cinq  ou  six  ondulations  successives,  séparées  par  des  intervalles 
de  5  minutes  environ  et  d'une  amplitude  décroissante. 

))  Le  plus  important  paraît  s'être  produit  le  8  mai  et  a  coïncidé,  autant 
qu'on  a  pu  le  constater,  avec  l'instant  de  l'éruption.  Il  a  commencé  à  Fort- 
de-France  par  un  retrait  de  la  mer  de  1°*  environ,  suivi  d'une  montée 
d'une  quarantaine  de  centimètres  au-dessus  du  niveau  moyen.  Le  phéno- 
mène s'est  produit  également  à  la  Trinité.  Il  n'a  pas  été  ressenti  à  la  Gua- 
deloupe, où  des  observations  sérieuses  ont  été  faites  pendant  toute  cette 
période.  Il  a  été  plus  important  à  Saint-Pierre,  où  les  bâtiments  au  mouil- 
lage ont  talonné  plusieurs  fois  et  ont  été  balayés  par  la  lame.  Au  Carbet, 
son  amplitude  semble  n'avoir  pas  dépassé  2"^. 


(*)  Nous  avons  indiqué  plus  haut  que  des  fumerolles  et  des  sources  d'eau  boueuse 
ont  été  signalées  dans  le  lit  de  la  Falaise  et  de  la  rivière  de  Basse-Pointe;  il  est  pos- 
sible qu'elles  aient  joué  un  rôle  dans  plusieurs  de  ces  inondations  subites  survenues 
avant  noire  arrivée  à  la  Martinique;  mais  nous  n'avons,  à  ce  sujet,  aucune  observa- 
tion personnelle. 


390  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Le  5  mai,  il  n'a  été  ressenti  qu'à  Saint-Pierre  et  dans  les  environs 
immédiats;  il  a  été  plus  faible.  Dés  phénomènes  analogues  ont  été  con- 
statés le  20  et  le  26  mai,  le  6  juin  et  le  9  juUlet;  il  faut  signaler  à  part 
celui  du  7  mai,  qui  a  été  observé  également  à  la  Guadeloupe  et  qui  ne 
correspond  pas  à  une  éruption  caractérisée  :  son  amplitude  n'a  pas 
dépassé  3o*^™. 

»  Courants.—  Du  7  au  10  mai,  il  a  été  constaté  sur  la  côte  Ouest  de  l'île 
un  courant  d'une  vitesse  anormale  portant  au  Nord.  Il  a  élé  observé  au 
large  par  le  Pouyer-Qucrlier  ie  7  et  le  long  de  la  côte  par  divers  observa- 
teurs. Il  était  assez  violent  pour  causer  des  remous  dans  les  baies  et  des 
lignes  de  brisants  aux:  pointes. 

»  Observations  météorologiques,  —  Baromètre.  Chaque  éruption  a  pro- 
duit une  oscillation  instantanée  de  la  colonne  barométrique  qui,  à  Fort- 
de-France,  s'est  traduite  sur  l'enregislreur  par  un  crochet  de  i^'^à  S*"™. 
Avant  et  après,  la  courbe  avait  sa  forme  normale  ;  le  trait  ainsi  tracé  est  à 
cheval  sur  la  courbe,  mais  la  baisse  est  très  supérieure  à  la  montée. 

»  Celte  oscillation  n'a  été  observée  que  clans  les  grandes  éruptions  du 
8  mai  (baisse  de  3"^™),  du  20  mai  (baisse  de  2"^"^,  8),  du  6  juin  (baisse  de 
i™™,5),  et  enfin  du  9  juillet  (baisse  de  i'°™,3).  Le  passage  des  nuages  de 
cendre  au-dessus  de  Fort-de-France  a  donné  lieu  à  un  abaissement  assez 
considérable  de  l'état  hygrométrique;  l'inverse  a  eu  lieu  le  6  juin  (obser- 
vations de  M.  Mirville). 

»  Phénomènes  électriques  et  magnétiques.  —  En  dehors  des  éruptions 
caractérisées,  on  a  constaté  dans  les  environs  immédiats  du  cratère  des 
phénomènes  électriques  d'une  grande  intensité  ;  ils  se  manifestaient,  comme 
cela  a  lieu  d'ordinaire  dans  des  cas  semblables,  sous  forme  d'éclairs  multi- 
pliés. Les  poussées  de  vapeur  sortant  du  cratère  au  moment  des  paroxysmes 
étaient  également  à  une  tension  électrique  très  élevée;  il  en  a  été  de  même 
pour  les  nuages  qui  sont  venus  passer  sur  Fort-de-France  (notamment  les 
6  juin  et  9  juillet)  et  dans  lesquels  les  décharges  étaient  continues,  pré- 
sentant toutes  les  formes  connues  d'éclairs. 

»  L'appareil  de  télégraphie  sans  fil  du  Bruix  a  été  impressionné  par 
chacune  des  éruptions  importantes. 

»  Tandis  que  pendant  les  orages  il  donne  une  série  de  points  isolés, 
il  a  fourni,  d'après  les  indications  cjue  nous  devons  à  M.  le  lieutenant 
de  vaisseau  Benoit  d'Azy,  un  Irait  presque  continu  lors  des  éruptions 
caractérisées. 


SÉANCE  DU  1*"'"  SEPTEMBRE  1902.  3g I 

»  On  sait  que  des  troubles  magnétiques  ont  été  constatés  dans  diffé- 
rents observatoires  éloignés  de  la  Martinique  lors  de  l'éruption  du  8  mai. 

•»  Dans  une  prochaine  Communication,  nous  nous  occuperons  spéciale- 
ment de  cette  dernière  éruption  et  de  la  destruction  de  Saint-Pierre.  » 

Cette  Note  et  celles  qui  suivront  seront  renvoyées  à  l'examen  de  la  Com- 
mission des  Antilles.  Cette  Commission  comprend  MM.  Janssen,  Bassot, 
Hatt,  Michel  Lévy,  de  Lapparent,  Alfred  Picard  et  le  Bureau  de  l'Académie. 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  /es  fonctions  entières  et  quasi  entières  et  les 
équations  différentielles.  Note  de  M.  Edmond  Maillet,  transmise  par 
M.  Jordan. 

((  M.  Borel  a  introduit  (')  dans  la  théorie  des  fonctions  entières  d'ordre 
fini  la  notion  de  fonctions  à  croissance  régulière.  Mais  il  n'a  donné  aucun 
critère  pour  reconnaître  a  priori  si  une  fonction  entière  donnée  par  son 
développement  taylorien  est  ou  non  à  croissance  régulière.  De  pareils  cri- 
tères sont  pourtant  indispensables  au  point  de  vue  des  applications;  nous 
avons  obtenu  les  suivants  : 

»   I.  Soit 

0 

une  fonction  entière  cV ordre  fini  p.  On  sait  quil  y  a  pour  m  assez-  grand  une 
infinité  de  coefficients  a,„,  tels  que 

(2)  "\la,,--=  ~ 


£  inférieur  à  un  nombre  fini  arbitraire  aussi  petit  quon  veut  et  positif. 

»  Si  0  est  un  nombre  positif  qui  croît  moins  vite  avec  m  que  m(\o^my~'^  —  m 
(oL  positif  aussi  petit  qu'on  veut,  mais  fini),  et  si,  sur  6  coefficients  consécutifs  à 
vartir  de  a„^,  il  y  en  a  toujours  un  tel  que  (  2  ),  dès  que  m  dépasse  une  limite 
finie,  la  fonction  entière  est  à  croissance  régulière. 

(')  Leçons  sur  les  fo  ne  Lions  entières,  p.  107. 


392  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  5î  9  croît  plus  vite  avec  m  que  m}^^  —  m  {ï,  fini  positif  aussi  petit  quon 
veut)  pour  une  infinité  de  valeurs  de  m  satisfaisant  à  (2),  dès  que  m  dépasse 
une  limite  finie,  la  fonction  entière  est  à  croissance  irrégulière. 

»  Les  dérivées  des  fonctions  entières  satisfaisant  à  l'un  de  ces  deux 
critères  ont,  en  même  temps  que  la  fonction,  leur  croissance  régulière  ou 
irrégulière. 

»  Ceci  s'étend  aux  fonctions  quasi  entières.  Il  y  a  des  applications  dans 
la  théorie  des  équations  différentielles  : 

»  II.  Les  fonctions  entières  ou  quasi  entières  d'ordre  fini,  qui  satisfont  à 
une  équation  différentielle  linéaire  rationnelle  en  x,  ont  leur  croissance  régu- 
lière, 

»  III.  Soit 

(3)  r(a7,j,y,  ,..,/*))  =  o 

une  équation  différentielle  dont  le  premier  membre  est  un  polynôme  entier  en 
X,  y,  y',  ...,  y^^  mais  qui  ne  renferme  qu'un  seul  terme  en  y,  y',  . . . ,  ©«y*'. 

))   La  fonction  P(  -  )  +2  ^w^'S  où  'P(x)  est  un  polynôme  entier,  ^  9„a?" 

0  0 

une  fonction  entière  de  genre  fini,  ne  peut  satisfaire  à  l'équation  (3)  que 

si  V  ^«^"  ^^i  à  croissance  régulière. 

0 

»  Il  en  est  de  même  de  la  fonctionV  {x)  4-  2  ~^  *    " 


ANALYSE   MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  équations  difiérentielles  du  second  ordre 
à  points  critiques  fixes .  Note  de  M.  R.  Liouville. 

«  En  faisant   connaître  toutes  les  équations   différentielles,  à  points 

critiques  fixes,  pour  lesquelles  -r^  est  une  fonction  rationnelle  en  ^, 

algébrique  en  y  et  analytique  en  x,  M.  Painlevé  a  signalé,  comme  dignes 
du  plus  grand  intérêt,  trois  types  d'équations  dont  la  solution  générale 
contient,  d'une  façon  transcendante,  les  deux  arbitraires,  de  quelque  ma- 
nière qu'elles  soient  choisies. 

»  M.   Painlevé  ajoutait   que  ces  équations    définissent  des  fonctions 


SÉANCE  DU  I^^  SEPTEMBRE  1902.  3q3 

mérornorphes,  distinctes  des  transcendantes  classiques  et  ne  peuvent  être 
réduites  aux  équations  différentielles  linéaires  à  coefficients  algébriques. 
Mais  le  caractère,  en  quelque  sorte  relatif,  de  cette  irréductibilité  résulte 
des  explications  détaillées  données  par  M.  Painlevé,  et  la  question  de 
savoir  s'il  n'existe,  au  sens  absolu  des  termes,  aucun  moyen  de  rattacher 
les  équations  différentielles  dont  il  s'agit  aux  équations  linéaires,  ou  d'ex- 
primer leurs  solutions  à  l'aide  des  transcendantes  classiques,  est  encore  à 
résoudre. 

»  En  fait,  les  équations  différentielles  à  points  critiques  fixes,  de  l'es- 
pèce indiquée,  sont  réductibles  à  des  systèmes  linéaires  et  voici  comment 
la  démonstration  s'établit  pour  la  plus  simple  d'entre  elles,  les  deux  autres 
pouvant  être  traitées  par  des  procédés  tout  semblables. 

))   J'écris  ainsi  l'équation  proposée  : 

i)  ^^  =6^--f-p.a;^, 

en  désignant  par  [x  un  paramètre  qui  doit  demeurer  arbitraire,  et,  posant 
-T-^  =  x^,  je  joins  à  l'équation  (i)  celle-ci,  qui  s'en  déduit, 

»  Le  système  ainsi  composé  est  un  de  ceux  auxquels  convient  la  forme 
générale 

(  3  )        dxh'  (d}  ^A  —  2  Pf.k  d^i  ^^k\  =  dxh  fd'  00^'-^  pfl  dxi  dx) 

déjà  rencontrée  dans  d'autres  recherches;  les  indices  peuvent  y  recevoir 
les  valeurs  i,  2  et  3,  et  les  coefficients  pfl  dépendent  à  volonté  de  a;,, 
X2,  x^.  Les  équations  (3)  sont  associées  à  un  système  linéaire 

(4)  dz^^^+^p\';:z^^^hIx,=  o,         dz  -  2  ^'''dx,=  o 

ih,/i)  {h) 

et  leurs  propriétés  sont  étroitement  liées,  quel  que  soit  d'ailleurs  le  choix 
des  variables. 

»  Mais,  quand  l'équation  (i),  seule,  est  donnée,  le  couple  d'équa- 
tions (3),  qu'on  lui  substitue,  n'est  pas  complètement  déterminé.  Les  rela- 
tions identiques 

C.  R.,  1902,  2»  Semestre.  (T.  CXXXV,  N°  9.)  5l 


394  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

permettent,  en  effet,  de  modifier  les  équations  (i)  et  (2),  sans  qu'elles 
cessent  d'être  représentées  par  des  formules  semblables  à  (3)  et,  par  suite, 
d'être  associées  à  un  système  linéaire  (4);  il  suffit  que  l'ensemble 

se  réduise,  en  tenant  compte  de  (5),  à  (6.rJ-+-  [j.x^)dx\  pour  /i  =  2, 
//=  r,  à  (i2£r„.r.)  +  \J')dx\  pour  h  — -  3,  /^'=  i,  ce  qui  assujettit  les  coeffi- 
cients p\'^l  à  remplir  deux  conditions. 

)>  Le  système  (4)  est  d'une  simplicité  particulière,  quand  il  équivaut  à 
un  ensemble  d'équations  différentielles  totales,  c'est-à-dire  quand  les  rela- 
tions suivantes 

(7)  ="■.*! -h  2/>*-^«=0. 


Ui) 


rV-z 

"A- 


où  z-  est  une  fonction  de  rr,,  x^,  ^Tg  et  z'-^\  z^''''^  représentent  -^ ,    .    ^ 

sont  six  équations,  aux  dérivées  partielles,  ayant  quatre  solutions  com- 
munes, dont  l'une  est  une  constante. 

))  Pour  qu'il  en  soit  ainsi,  les  coefficients  p''-^^.  doivent  satisfaire  à  des 
conditions  bien  connues,  qui  Inissent  trois  d'entre  eux  arbitraires.  En  y 
joignant  :  1°  les  deux  conditions  nécessaires  afin  que  le  système  (4)  soit 
associé  aux  équations  déduites  de  l'équation  proposée;  2°  une  relation 
d'après  laquelle  le  jacobien  des  trois  solutions  non  constantes  du  sys- 
tème (7)  est  une  fonction  donnée  des  variables,  par  exemple  est  égal  à 
l'unité,  on  définit  les  coefficients /j^'^  d'une  façon  complète. 

»  L'intégration  des  équations  (3)  et,  par  suite,  de  (i)  est  ainsi  réduilc 
à  celle  d'un  système  linéaire. 

«  En  effet,  la  résolution  du  système  (7)  exige  uniquement  celle  d'une 
équation  diiïéreMtielle  linéaire  du  quatrième  ordre.  Les  relations  établies 
entre  x^,  x^,  x^  par  le  couple  associé,  qui  comprend  l'équation  pro- 
posée, expriment  que  deux  solutions  quelconques  de  (7)  s'évanouissent  à 
la  fois. 

»  La  possibiliié  de  rattacher  l'étude  de  l'équation  (2)  à  celle  d'une 
équation  différentielle  linéaire  est  ainsi  manifeste;  la  construction  effec- 
tive de  cette  dernière  équation  est  un  problème  assez  complexe,  auquel 
conduit  l'cinalyse  précé  dente  et  que  j'espère  traiter  dans  une  prochaine 
Communication. 


SÉANCE  DU  l^''  SEPTEMBRE  1902.  ^95 

)»  Au  surplus,  l'emploi  des  considérations  qui  viennent  d'être  indiquées 
n'est  pas  limité  aux  équations  du  second  ordre  à  points  critiques  fixes; 
les  cas  dans  lesquels  s'applique  une  transformation  analogue  sont 
étendus.    » 


PHYSIQUE.  —  Éieclrolyse  de  mélanges  de  sels.  Note  de  M.  Anatole  Leduc. 

«  Je  me  suis  beaucoup  préoccupé,  au  début  des  expériences  sur  l'élec- 
trolyse  de  l'azotate  d'argent  dont  j'ai  eu  l'honneur  de  communiquer  les 
résultats  à  l'Académie  ('),  des  impuretés  que  pouvaient  contenir  le  bain  et 
l'anode  destinée  à  le  régénérer.   . 

))  M.  Férent,  directeur  du  laboratoire  d'essais  de  la  maison  Lyon-Alle- 
mand, a  bien  voulu  préparer  spécialement  pour  moi  la  quantité  d'argent 
pur  dont  j'avais  besoin  au  départ.  L'essai  a  montré  que  ce  lingot  renfer- 
mait moins  d'un  dix-millième  d'impuretés.  Dans  les  expériences  succes- 
sives, les  anodes  étaient  formées  par  le  métal  recueilli  à  la  cathode  dans 
les  opérations  précédentes,  affiné  encore  par  cela  môme.  Mais,  comme  on 
ne  saurait  prétendre  à  la  pureté  parfaite,  j'ai  tenu  à  me  rendre  compte  de 
l'influence  des  métaux  étrangers  dans  le  bain. 

»  Ainsi  que  j'ai  eu  l'occasion  de  le  dire  ailleurs  (-),  diverses  expériences 
surl'électrolyse  de  mélanges  de  sels,  et  notamment  celles  de  G.  Wiedemann 
et  de  M.  Bouty,  laissaient  supposer  que  les  métaux  inférieurs  à  l'argent 
dans  la  classification  de  Dumas  n'auraient  qu'une  influence  très  faible  ou 
négligeable,  au  moins  dans  certaines  conditions. 

»  Pour  être  bien  fixé  sur  ce  point,  j'ai  réalisé  deux  séries  d'expériences, 
dans  lesquelles  j'ai  additionné  le  bain  d'azotate  d'argent  de  quantités  crois- 
santes d'azotate  de  potassium  ou  de  cuivre,  de  manière  que  la  concentration 
totale  fût  à  peu  près  normale  (une  valence-gramme  par  litre). 

»  Deux  voltamètres  identiques,  placés  en  série,  recevaient  :  Tun  un  bain 
pur,  l'autre  le  bain  impur.  S'il  se  dépose  sur  la  cathode  de  ce  dernier  du 
potassium  ou  du  cuivre,  chaque  gramme  de  ceux-ci  prend  la  place  de  3*^ 
environ  d'argent  :   la  pesée  accusera  donc  un  déficit  de  2^.  D'autre  part, 


(')  Comptes  rendus  des  7  et  28  juillet  1902. 

(^)  Rapport  présenté  au  Congrès  international  de  Physique  réuni  à  Paris  en  1900 
Sur  l'équivalent  éleclrocluniique  de  L'argent,  etc. 


396  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

chaque  gramme  de  jDotassium  réagissant  secondairement  sur  l'eau  donnera 
lieu  à  un  déficit  de  3^  enViron. 

»   Voici  les  résultats  obtenus  avec  des  cathodes  de  loo*""'  et  des  anodes  de  jS™'  : 

»  1°  Addition  d'azotate  de  potassium.  —  Que  la  concentration  en  azotate  de  po- 
tassium soit  o,o5  normale  ou  demi-normale,  avec  un  courant  voisin  de  i^^v,  je  n'ai 
observé  qu'un  déficit  insignifiant  :  i  dix-millième  tout  au  plus. 

»  Enfin,  avec  un  bain  0,9  normal  en  potassium  et  par  suite  décinormal  en  argent, 
et  un  courant  de  i»™!',  le  dépôt  est  spongieux  et  ne  peut  être  pesé  avec  précision; 
mais  si  l'on  réduit  le  courant  à  o^^^p,  5  le  dépôt  redevient  cristallin  et  le  déficit  est 
encore  inférieur  à  i  dix-millième. 

»  Il  faut  en  conclure  que  le  potassium  libéré  par  l'électrolyse  réagit  complètement 
et  uniquement  sur  l'azotate  d'argent. 

»  2°  Addition  d'azotate  de  cuivre.  —  Les  résultats  sont  à  peu  près  les  mêmes, 
tant  que  la  concentration  en  cuivre  ne  dépasse  pas  la  décinormale.  Dans  ce  dernier 
cas,  avec  un  courant  de  i'»™?,  la  difTérence  des  dépôts  n'atteint  que  i™s  sur  27s. 

»  Avec  un  bain  demi-normal  en  cuivre  et  en  argent,  et  un  courant  de  o^""?,  5  seule- 
ment, cette  difTérence  n'a  pas  atteint  2  dix-millièmes. 

»  Conclusion.  —  On  voit  qu'il  n'y  a  j3as  lieu  de  se  préoccuper  outre 
mesure  des  quelques  millièmes  d'impuretés  que  peut  renferaier  l'argent 
considéré  comme  pur  dans  le  commerce,  lorsqu'elles  sont  constituées  par 
les  raélaux  inférieurs  à  l'argent  dans  la  classification  de  Dumas.  La  pré- 
sence des  métaux  supérieurs  serait  plus  fâcheuse.  Mais  leur  proportion 
n'est  jamais  très  élevée,  et  leurs  équivalents  électrochimiques  ne  diffèrent 
généralement  pas  beaucoup  de  celui  de  l'argent  ;  enfm  surtout,  en  raison 
de  ce  qui  précède,  ces  métaux  seront  éliminés  du  bain  dès  les  premières 
opérations  oii  ils  seront  employés.  » 


ACOUSTIQUE.  —  Classement  des  accords  binaires.  Consonances  et  dissonances 
spécifiques.  Note  de  M.  A.  Gcillemix,  transmise  par  M.  Violle. 

«  Pour  tous  les  auteurs,  la  dissonance  d'un  accord  binaire  apparaît  dès 
qu'il  commence  à  battre;  elle  s'accentue  quand  le  nombre  des  battements 
augmente,  et  alors  sa  fausseté  augmente  aussi.  En  sens  inverse,  l'accord 
devient  consonant  lorsque  les  battements  tendent  à  disparaître  et  de- 
viennent assez  lents  pour  qu'on  ne  les  entende  plus. 

))   Dissonance  spécifique  : 

(a)  2.AB  =  aU.(m  -^  n). 


SÉANCE    DU    l^^   SEPTEMBRE    1902.  897 

»  La  formule  (a),  qui  se  déduit  immédiatement  des  notions  précé- 
demment établies,  nous  montre  que,  si  l'on  considère  divers  accords  de 
hauteur  H  et  de  fausseté  a,  le  nombre  des  battements  B  est  : 

Pour  l'unisson  1:1,  proportionnel  à  i  +  i  =  2, 

»     l'octave  2:1,  »  2+1  =  3, 

»     la  quinte  8:2,  »  3  +  2  =:  5, 

»     la  quarte  t\  '.  '6,  »  4  +  3  =  7,  etc. 

»  Il  est  donc  tout  indiqué  de  prendre  ces  nombres  2,  3,  3,7,...,  comme 
caractérisant  les  dissonances  de  l'unisson,  de  l'octave,  de  la  quinte,  de  la 
quarte,  etc.,  et  nous  dirons  : 

»  La  dissonance  spécifique  d'un  accord  —  est  m-[-  n;  elle  est  égale  au 

nombre  de  battements  que  donne  l'accord  normal *. (  '  ), 

^  in  1  ni         ^    ■^ 

quand  il  est  faussé  de  1'^ . 

))  En  effet,  si  dans  (a.)  on  fait  H  =  A  et  «  =  2,  et  si  nous  appelons  p  la 
valeur  qui  en  résulte  pour  B,  il  reste 

(p)  p  =  m  +  7z; 

c'est  la  définition  de  la  dissonance  spécifique. 

»  Consonance  spécifique.  —  Admettons  que  les  battements  d'un  accord 
cessent  d'être  entendus  quand  B  =  ^  par  seconde;  dans  la  formule  (a) 
faisons  H  =  A  et  B  =  ^,  et  appelons  c  la  valeur  qui  en  résultera  pour  a\  il 
vient 

(y)  ^=     ' 


m  +  n 


»  D'où  cette  définition  :  La  consonance  spécifique  c  d'un  accord  —  est 

égale  à  Taitération  que  doit  subir  l'accord  normal  pour  qu'il  fasse  demi- 
battement  par  seconde  (-). 


(*)  Dans  les  Comptes  rendus  du  i5  juillet,  page  100,  ligne  i,  au  lieu  de  :  «  Il  y  a 
d'autres  accords  dont  les  centres  de  gravité  ne  ...  »,  lire  :  «  Il  y  a  d'autres  accords 
normaux  dont  les  M  et  les  N  ne  ...  ». 

(^)  La  consonance  etla  dissonance  spécifiques  sont  ainsi  reliées  par  la  relation  cp  :=  i, 
comme  le  sont  la  conductibilité  et  la  résistance  électriques. 


398  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

»   Ces  définitions  permettent  de  dresser  le  Tableau  suivant  : 

Classement  des  accords  binaires. 


Rangs 

des  Symboles 

accords.  ni\n.                                Noms. 

1 1:0                                    » 

II I  :  1  unisson 

III  ...  .  l'.i  octave 

IV 3 :  I  douzième 


V 


\  ol  '2  quinte 

\  f\'.i  double  octave 

VI  ...  .       5: 1  dixième  redoublée  . 

/  4-3  quarte 

VIL...    '1  5:2  dixième  majeure.  .  . 

Gli  douzième  redoubltîe 

5l3  sixte  majeure 

? 


VIII 


Acci 

jrds 

Valeurs 

Dissonances 

normaux. 

en  (T. 

spécifiques. 

) 

') 

» 

I 

183- 

■laa 

0 

2 

11113- 

-mi4 

3oi 

3 

1-63- 

-la^ 

477 

4 

fa  Sa- 

■Ul#4 

176  1 

5 

ut  #3- 

■uL#3 

602   1 

Ut3- 

niij 

699 

G 

50/3- 

-Llt^ 

125    j 

mis- 

-sol^ 

398 

7 

Uts- 

-sol^ 

778  ) 

laa- 

-rci 

222    i 

8 

sia' 

-la. 

845    î 

sol; 

3-SI3 

97    ) 

ré. 

rsii 

544    > 

9o3  \ 

9 

sio 

-sij 

mi  h 

-Sol\;i. 

368  ) 

sig- 

Ut#3 

954  ! 

10 

7:' 

15:4          tierce  majeure 
7:2                                  ? 
8: 1          triple  oclave 

7:3  ? 

9:  I  neuvième  2  fois  redoublée. 

»  yV.  B.  —  Les  notes  en  italiques  difterent  un  peu  des  sons  qui  donneraient  l'accord 
normal  exact. 

»  lleniarcjues.  —  I.  Pour  le  moment,  nous  laissons  vide  la  place  qui  correspond  à 
l'accord  normal  du  premier  rang.  Cela  nous  permet  de  représenter  par  le  même 
nombre  entier  et  le  rang  de  l'accord  et  sa  dissonance  spécifique. 

»  IL  Les  musiciens  et  acousliciens,  croyons-nous,  eussent  classé  d'instinct,  dans 
les  rangs  II,  III  et  IV,  les  accords  d'unisson,  cVoctaçe,  de  douzième;  en  plus,  notre 
classement  précise  leurs  dissonances  2,  3  et  4. 

»  III.  Au  cinquième  rang,  nous  classons  ex  cerjuo  la  double  octave  4  ."  i  et  la 
quinte  3  :  2.  C'est  que,  faussés  de  2'^,  ces  deux  accords  donnent  5  battements  par 
seconde. 

»  IV.  Rien  d'extraordinaire  dans  les  rangs  VI  et  VIL  Mais  le  huitième  est  occupé 
par  deux  accords  que  l'on  sera  étonné  de  trouver  réunis.  C'est  la  sijcte  majeure  5  :  3 
et  V accord  sans  nom  7  :  i.  Nous  ne  les  séparons  pas,  puisque  tous  les  deux  donnent 
8  battements  par  seconde  quand  on  les  altère  de  2<^. 

»  V.  Les  surprises  continuent  dîins  les  rangs  suivants.  Les  accords  7:2,  7:3 
viennent  se  ranger  tout  naturellement  parmi  d'autres  accords  non  discutés.  Gela  prouve 
simplement  que,  au  point  de  vue  acoustique,  les  accords  formés  avec  le  nombre  7 
ne  présentent  aucune  tare  spéciale,  et  ne  se  différencient  en  rien  des  autres  accords. 

»  VI.  Il  n'est  pas  nécessaire,  pour  le  moment,  de  pousser  notre  classement  au  delà  du 
dixième  rang.  En  fait,  les  auteurs  parlent  encore,  sans  insister,  des  battements  de  la  sixte 


SÉANCE  DU  l""  SEPTEMBRE  1902.  899 

majeure  (Vllî''  rang)  et  de  la  tierce  majeure  (IX''  rang);  mais  ils  sont  muets  sur  les 
accords  de  rangs  plus  élevés.  C'est  donc  qu'ils  ne  battent  pas,  ou  battent  trop  faible- 
ment pour  être  entendus  :  alors  notre  classement,  qui  est  fondé  sur  la  fréquence  des 
battements,  n'a  plus  aucune  raison  d'être. 

»  Comme  il  v  a,  malgré  cela,  des  accords  tels  que  8  :  5  et  9  :  5,  qui  occupaient  les 
rangs  XIII  et  XIV,  dont  l'oreille  apprécie  encore  la  justesse,  ce  fait  devra  être  expliqué, 

»   VII.   Au  point  de  vue  tliéorique,  nous  avons  éclairci  et  précisé  la  loi  des  nombres 

,•1  .1  "^  T 

simples,  et,  au  heu  de  parler  du  rapport  ^5  nous  disons  : 

»  Sont  consonanls^  c'est-à-dire  susceptibles  de  battre  quand  on  les  fausse,  les  accords 
pour  lesquels  on  a 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Aclion  des  ferments  sohib'es  et  de  la  levure  haute  sur 
le  oentiohiose.  Jlemarques  sur  la  constitution  du  gentianose.  Note  de 
MM.  Ém.  Bourquelot  et  M.  Hérisse  y. 

«  L'action  des  ferments  de  V Aspergillus,  celle  de  l'invertine  et  celle  de 
l'émulsine  sur  le  e^entianose  (hexolriose)  étant  connues  par  des  recherches 
antérieures  ('),  on  pensera  peut-être  cpi'il  n'y  avnit  pas  lieu  d'étudier  les 
actions  de  ces  agents  sur  le  gentiobiose  (hexobiose),  celles-ci,  semble-t-il, 
devant  pouvoir  se  déduire  de  celles-là.  Nous  l'avons  fait  cependant,  esti- 
mant surtout  que  nous  avions  là  un  moyen  de  contrôler  l'exactitude  de  nos 
précédentes  observations.  On  verra,  d'ailleurs,  que  relativement  à  l'un 
de  ces  ferments,  l'émulsine,  toute  déduction  eût  été  prématurée. 

»  1°  Le  liquide  fermentaire  de  /'Aspergillus  hydrolyse  complètement  le  gentio- 
biose.  —  Il  se  fait  2'"°'  de  glucose,  comme  en  témoignent  les  pouvoirs  rotatoire  et 
réducteur  des  mélanges  mis  en  expérience. 

»   2°  L'invertine  n'agit  pas  sur  le  gentiobôse. 

»  3°  L'émulsine  hydrolyse  le  gentiobôse.  —  L'émulsine  a  été  trouvée  sans  action  sur 
le  gentianose  :  a  priori,  ce  ferment  devait  donc  être  incapable  d'agir  sur  le  gentiobôse. 
Le  contraire  a  pourtant  été  constaté. 

))  Ce  fait  nous  a  tout  d'abord  tellement  surpris  que  nous  avons  jugé  nécessaire  de 
répéter  l'expérience  sur  le  gentianose,  en  môme  temps  que  nous  la  faisions  sur  le  gen- 
tiobiose.  Voici  les  détails  de  ces  essais  comparatifs  {t^z:  28°)  : 

Matière  sucrée  (  gentianose  ou  gentiobiose) 1°,  20 

Solution  thymolée  d'émulsine  (o,5o  pour  100) 6o*^°'' 

Rotations  extrêmes  observées  au  cours  de  l'expérience  (/zir  2)  : 

Gentianose.  Gentiobiose. 

Rotation  du  liquide  primitif 1°  16'  0°  2:^' 

Rotation  au  bout  de  94  heures i°22'  j°48' 


(')   Comptes  rendus,  t.  CXXVI,  21  février  1898,  et  t.  CXXXII,  4  mars  1901. 


4oo  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Une  action  presque  insignifiante,  mais  réelle  cependant,  car  le  mélange  était 
devenu  très  faiblement  réducteur  (réduction  =i  o8,o3  environ  pour  la  totalité  du  sucre) 
a  été  observée  avec  le  gentianose.  Cette  action,  qui  n'a  été  manifeste  qu'au  bout  d'un 
long  temps,  n'a  pas  de  rapport  avec  celle  de  l'invertine,  la  rotation  droite  ayant 
augmenté.  Elle  ne  peut  s'expliquer  que  par  un  dédoublement  du  gentianose  en  glu- 
cose d'une  part,  et  en  sucre  de  canne  ou  un  sucre  analogue  d'autre  part.  Elle  est 
vraisemblablement  produite  par  un  feraient  qui  se  trouve  à  l'état  de  trace  dans  l'émul- 
sine  des  amandes,  puisque  le  gentiobiose,  au  contraire,  a  été  dédoublé  rapidement. 

»  4°  La  levure  de  bière  hante  ne  provoque  pas  la  fermentation  du  gentiobiose. 
—  L'invertine  n'hydrolysant  pas  le  gentiobiose,  il  semble  qu'on  aurait  pu  conclure 
que  la  levure  haute  ne  fait  pas  fermenter  ce  sucre.  Mais  nous  savons  que  le  maltose, 
qui,  lui  non  plus,  n'est  pas  dédoublé  par  ce  ferment,  éprouve  cependant  la  fermenta- 
tion alcoolique  au  contact  de  la  levure  en  question.  L'expérience  directe  était  donc 
nécessaire. 

»  On  a  introduit  dans  une  cloche  graduée  remplie  de  mercure  et  placée  sur  la  cuve 

à  mercure  : 

g 
Gentiobiose o,  20 

Eau  distillée 1 0'='»'  à   1 1  •^'"' 

Levure  haute  pressée os,2o 

»  A  titre  de  comparaison,  le  même  essai  a  été  fait  simultanément  avec  le  maltose 

et  le  gentianose  (  ^  =  22°  à  28°)  : 

Volume  de  CO-  dégagé  avec 

de  la  fermentation.  gentiobiose.        maltose.  gentianose. 

cm'  cm' 

3  heures  3o  minutes o  11, 5  3, 00 

28  heures o  87,00  12,76 

»  Ces  résultats  montrent  nettement,  d'une  part,  que  le  gentiobiose  ne  fermente  pas 
au  contact  de  la  levure  haute,  et,  d'autre  part,  que  le  gentianose  ne  fermente  qu'in- 
complètement. 

»  Ils  conduisent,  ainsi,  à  un  procédé  assez  simple  d'obtention  du  gentiobiose. 
Si,  en  elTet,  aux  liquides  d'hydrolyse  incomplète  du  gentianose,  on  ajoute  de  la  levure 
haute,  il  y  aura  destruction  du  lévulose,  et  le  gentiobiose  non  attaqué  n'en  sera  que 
plus  facile  à  isoler. 

»  Ce  procédé  appliqué  à  des  solutions  résiduelles  provenant  de  diverses  opérations 
hydrolytiques,  solutions  riches  en  lévulose  ('),  nous  a  donné  très  aisément  du  gen- 
tiobiose pur  (ai)  =  4- 9°,  56). 

»  Conclusions  :  Constitution  du  gentianose.  —  Envisagés  au  point  de 
vue  de  la  constitution  du  gentianose,  les  faits  exposés  conduisent  à  des 
conséquences  signalées  partiellement  en  1901,  mais  qu'il  est  utile  d'exa- 
miner dans  leur  ensemble. 


(1)  Sur  le  geniiohiose,   préparation    et    propriétés    du    gentiobiose   cristallisé 
{^Comptes  rendus,  t.  CXXXV,  1902,  p.  290). 


SÉANCE    DU    I^''    SEPTEMBRE    1902.  4oi 

»  i"  En  ce  qui  concerne  l'action  de  Vinverdne.  —  Jusqu'à  l'époque  des 
recherches  que  nous  venons  de  rappeler  on  ne  connaissait  que  deux  poly- 
saccharides  attaqués  par  l'invertine  :  saccharose  et  raffinose.  Le  gentia- 
nose  en  constituait  un  troisième  et  récemment  M.  Tanret  en  a  signalé  un 
quatrième  :  le  mannéotétrose.  Dans  les  quatre  cas,  i™°*  de  lévulose  est 
décrochée.  Le  phénomène  prend  ainsi  une  allure  générale,  et  il  semble  que 
Ton  puisse  le  définir  ainsi  :  Seuls,  les  polysaccharides  renfermant  i™°'  de 
lévulose,  reliée  à  1™°'  de  glucose  de  la  même  façon  que  dans  le  saccharose^ 
sont  attaqués  par  l'inçerline y  et  cela  avec  décrochement  du  lévulose. 

»  2°  En  ce  qui  concerne  l'action  de  l'émulsine.  —  Pour  hydrolyser 
complètement  le  gentianose,  et  cette  conséquence  paraît  devoir  s'étendre 
aux  polysaccharides,  plusieurs  ferments  sont  nécessaires.  Ici,  pour  un  corps 
composé  de  3™°^  il  nous  en  faut  deux  qui  sont  :  l'invertine  et  l'émulsine 
ou  tout  au  moins  un  ferment  contenu  dans  l'émulsine  des  amandes. 

»  Ce  n'est  pas  tout;  nos  expériences  montrent  que  les  actions  fermen- 
taires  ne  sont  pas  simultanées,  celle  de  l'invertine  devant  précéder  celle 
de  l'émulsine,  puisque  celle-ci,  qui  hydrolyse  le  biose,  est  sans  action  sur 
le  triose.  Emile  Fischer  a  comparé  les  ferments  solubles  à  des  clefs  et  les 
composés  sur  lesquels  ils  agissent  aux  serrures  correspondantes.  La  même 
comparaison  vaut  encore  pour  donner  une  idée  des  phénomènes  observés 
avec  le  gentianose.  Celui-ci  représenterait  deux  serrures,  les  deux  clefs 
étant  l'invertine  et  l'émulsine.  De  plus,  l'une  des  clefs,  l'invertine,  enclen- 
cherait la  deuxième  serrure  de  telle  sorte  que  la  seconde  clef  (émulsine) 
ne  pourrait  agir  que  quand  la  première  aurait  rempli  son  office.  » 

PHYSIOLOGIE.  —  Sur  l'action  protéolytique  des  venins. 
Note  de  M.  L.  Launoy,  présentée  par  M.  Edmond  Perrier. 

«  J'ai  eu  ces  jours-ci  connaissance  de  la  Note  de  M.  Delezenne  (^  ),  et  à 
ce  propos  je  crois  devoir  rappeler  que  depuis  plusieurs  inois  je  poursuis 
des  recherches  sur  l'action  zymotique  des  venins  (-). 

»  1°  Action  protéolytique.  —  En  ce  qui  concerne  spécialement  le  venin  des 
Ophidiens,  j'ai  établi  que  si  l'on  fait  agir,  sur  une  solution  de  caséine   dans  l'eau  de 

(*)  Delezenne,  Sur  l'existence  d'une  kinase  dans  le  venin  des  serpents  {Comptes 
rendus,  11  août  1902). 

(^)  L.  Launoy,  De  l'action  aniyloly tique  des  glandes  salivaires  chez  les  Ophi- 
diens {Bulletin  du  Muséum,  1902,  n°  1,  p.  38-42).  —  L.  Launoy,  De  l'action  pro- 
téolytique des  glandes  salivaires  chez  les  Ophidiens  {Bulletin  du  Muséum,  mai  1902, 
p.  SôS-Syi), 

C.  R.,  1902,  2»  Semestre.  (T.  CXXXV,  N»  9.)  P^ 


4o2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

chaux  ou  sur  des  dilutions  de  sérum  de  bœuf,  une  macération  glycérinée  de  glandes  à 
venin  de  Vipère  extirpées  aseptiquement,  le  calcul,  d'après  la  méthode  de  Beckmann, 
de  la  quantité  d'azote  insolubilisè,  montre  qu'une  légère  fraction  des  albuminoïdes  en 
digestion  est  rendue  soluble  mais  rarement  peptonisée;  j'ai  de  plus  montré  que,  sur  la 
fibrine,  l'action  des  venins  est  semblable,  il  peut  y  avoir  dissolution  partielle  mais 
jamais  peptonisation.  Gomme  l'a  fait  très  justement  remarquer  M.  Delezenne,  l'oval- 
bumine  coagulée  ne  subit  aucune  modification  sous  l'influence  du  venin  des  Ophidiens, 
pas  plus  d'ailleurs,  comme  je  l'ai  constaté  dans  des  expériences  en  cours,  sous  l'in- 
fluence des  sécrétions  venimeuses  de  Scolopendre  et  de  Scorpion. 

»  II.  Action  du  venin  de  Cobra  sur  les  ferments  solubles.  —  J'ai  fait  connaître 
antérieurement  les  résultats  acquis  en  mettant  en  présence  des  solutions  de  venin  de 
Cobra,  d'émulsine  et  d'amygdaline  (').  Les  conclusions  auxquelles  je  suis  arrivé  sur 
le  mode  d'action  du  venin  de  Cobra  sur  les  ferments  protéolytiques  n'étant  pas,  dans 
les  conditions  expérimentales  où  je  me  suis  placé,  exactement  conformes  à  celles  de 
M.  Delezenne,  je  donne  ici  les  résultats  obtenus  avec  la  pancréatine. 

»  Dans  cette  étude,  je  me  suis  servi  du  procédé  indiqué  par  MM.  Bourquelot  et 
Hérissey  dans  leurs  recherches  des  ferments  protéohydrolytiques  dans  les  Champi- 
gnons ('^  ). 

»  Protocole  expérimental.  —  On  dispose  les  essais  suivants  : 

A  —  A'.  —  Pancréatine  0,002  +  venin  0,002  +  lait  dégraissé  20"™'  +  eau  saturée 

d'éther  S*^""'. 
B  — B'.  —  Pancréatine  0,002  -t-  venin    0,002  +  lait  dégraissé   20'^"^'  +  eau  saturée 

d'éther  3""'.  On  porte  à  100°  et  rétablit  le  volume  à  aS'^'"'  avec  quantité 

suffisante  d'eau  éthérée. 
C  —  C.  —  Pancréatine  0,002  h-  lait  dégraissé  20^^°^'  H-  eau  saturée  d'éiher  4"°''. 
D  —  D'.  —  Venin  0,002  +  lait  dégraissé  20<""'  +  eau  saturée  d'éther  [f'^\ 
E  —  M' .  —  Lait  dégraissé  20*^™'  -i-  eau  saturée  d'éther  S'^'^'. 

»  Toutes  ces  manipulations  ont  été  faites  aseptiquement  (■^).  On  a  laissé  pendant 
4  jours  à  25°  (température  du  laboratoire  fin  juin  1902)  les  essais  A,  B,  C,  D  et  E; 
et  8  jours  les  essais  A',  B',  C,  D',  E'. 

»  Les  dosages  ont  été  faits  sur  12"='"'  du  mélange,  la  caséine  non  digérée  était  pré- 
cipitée par  CH^.COOII;  dans  les  flacons  A,  B,  A',  B',  D,  D'  une  minime  quantité  de 
globuline  provenant  du  venin  s'ajoute  au  précipité. 

»  Dans  ces  conditions,  la  quantité  de  caséine  digérée  pour  100  a  été  : 

A 76,49                      A' 78,75 

B o                             B' o 

C 63,67                      C' 66,25 

D 8,65      .               D' 6,25 

E o                           E' o 


(*)  \j.  Launoy,  Action  de  quelques  venins  sur  les  glucosides.  Action  du  venin  de 
Cobra  sur  l'éniulsine  {Comptes  rendus  de  la  Soc.  de  BioU,  7  juin  1902). 

(-)  Bourquelot  et  Hérissey,  Sur  la  présence  d'un  ferment  soluble  proléohydro- 
lytique  dans  les  Champignons  {Bull.  Soc.  mycol.  de  France,  t.  XV,  1899,  p.  60-67). 

(")  Le  venin  de  Cobra  employé  m'avait  été  adressé  par  M.  le  Professeur  Calmette, 
à  qui  j'adresse  à  nouveau  mes  respectueux  remercîmeuts. 


SÉANCE  DU  ï"''   SEPTEMBRE  1902.  4o3 

))  En  résumé  :  1°  Si  l'on  fait  agir,  à  des  températures  de  3;",  /|o"  on  43°, 
sur  des  substances  albuminoïdes  dissoutes,  des  solutions  de  venin  de  Cobra 
ou  des  extraits  de  glande  venimeuse  de  Vipère  et  de  parotide  de  Cou- 
leuvre, le  venin  désintègre  la  molécule  albuminoïde,  de  telle  sorte  que 
celle-ci  reste  soluble  après  addition  d'aldéhyde  formique  (H  COH)  et  des- 
siccation à  JOD"  (caséine,  albuminoïdes  du  sérum)  ou  n'est  plus  précipi- 
table  par  l'acide  acétique  (CH"*,  COOH). 

»  2°  Cette  désintégration  est  favorisée  par  une  faible  alcalinité  du  milieu 
(neutre  à  la  pliénolphtaléine);  elle  donne  lieu  à  des  albumoses  à  réac- 
tion biurétique,  précipitées  par  l'acide  nitrique,  le  chlorure  de  sodium  et 
le  sulfate  d'ammoniaque.  L'hydrolyse  n'atteint  jamais  le  terme  :  peptone. 

))  3°  Si  l'on  fait  agir  simultanément,  sur  une  substance  albuminoïde  en 
solution  alcaline,  une  solution  de  venin  de  Cobra  et  une  solution  de  pan- 
créatine  active,  l'action  zymotique  faible  du  venin  s'additionne  à  l'action 
propre  du  ferment  soluble,  sans  que  celle-ci  semble  notablement  accé- 
lérée par  la  présence  du  venin. 

»  4**  T-'CS  venins  de  Vipère  (Vipera  aspis),  de  Vive  {Trachinus  draco), 
de  Scolopendre  {Scolopendra  morsitans),  et  de  Guêpe  commune  (  Vespa 
vulgaris)  (')  en  solutions  glycérinées  thymolées,  les  venins  de  Cobra  et  de 
Scorpion  (Bulhus  europœus)  en  solutions  filtrées  à  la  bougie,  se  montrent 
dépourvus  de  toute  action  protéolytique  sur  les  substances  albuminoïdes 
coagulées  (ovalbumine,  albuminoïdes  du  sérum)  et  sur  la  fibrine.   » 

MICROBIOLOGIE.  —  Sur  la  difficuUè  d'isoler  le  Bacterium  coli  normal,  dans 
la  dysenterie  coloniale.  Note  de  M.  Lesage. 

«  En  j)oursuivant  mes  études  sur  la  dysenterie  coloniale  (-)  j'ai  dû 
rechercher  le  Bacterium  coli  normal,  avec  ses  caractères  bien  connus  (entre 
autres,  la  coagulation  rapide  du  lait  en  24  à  4^  heures,  l'odeur  des  cul- 
tures, etc.). 

(*)  Je  rappelle  le  travail  de  Jos.  Langer,  Untersuchungen  ûber  das  Bienengift, 
2^"  Mittheilung  (Arch,  int.  de  Pharmacody nantie,  vol.  VI,  p.  iSi-ig^)^ 

(-)  Dans  celle  question  si  difficile  des  dysenteries,  il  est  important  de  préciser  les 
faits  que  chaque  auteur  étudie.  La  dysenterie  coloniale,  maladie  des  pays  chauds,  est 
épidémique  ou  sporadique;  elle  présente  trois  périodes  (première  période  :  glaires, 
mucus,  sang,  lavure  de  chair;  deuxième  période  :  boursouflure  des  matières  fécales; 
troisième  période  :  diarrhée  blanche).  L'évolution  de  la  maladie  est  variable;  elle 
peut  durer  quelques  jours,  quelques  semaines,  quelques  mois;  elle  est  souvent  accom- 
pagnée d'abcès  du  foie. 


4o4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  M.  Le  Dantec  a  signalé,  le  premier,  la  rareté  de  la  présence  de  ce 
microbe  dans  les  matières  fécales  (ce  qui  est  un  fait  exceptionnel  en  Patho- 
logie). Cette  assertion  est  vraie  dans  son  sens  général;  cependant  il  est  bon 
de  spécifier,  dans  cette  étude,  la  période  de  la  maladie. 

»  Ainsi,  à  la  première  période,  6  fois  sur  26,  j'ai  constaté  la  présence  du  microbe 
normal  ;  à  la  seconde  période,  18  fois  sur  63.  Dans  le  reste  des  cas,  le  microbe  était  à 
l'état  de /?a/'«co/i  (perte  de  l'odeur,  absence  de  coagulation  du  lait,  même  après  un 
long  temps). 

»   Dans  la  troisième  période,  j'ai  toujours  constaté  la  présence  du  B.  coli  normal. 

»  J'ai  recherché  les  causes  de  la  transformation  du  B.  coli  normal  en  paracoli.  En 
voici  une,  d'après  l'étude  des  20 paracoli  que  j'ai  rencontrés  à  la  première  période  de 
la  maladie.  La  culture  paracolienne  paraît  absolument  pure,  mais  ce  n'est  qu'une 
apparence.  En  effet,  après  une  série  d'isolements  très  minutieux  et  après  un  ou 
plusieurs  passages  sur  les  animaux,  j'ai  remarqué  que  la  culture  contenait  deux 
microbes  :  une  pasteurellose  (*)  et  le  paracoli.  La  culture  paracolienne,  ayant  une 
végétabilité  très  grande  par  rapport  à  la  première,  la  recouvre  et  la  masque.  En  pre- 
nant la  culture  paracolienne  ainsi  isolée  et  en  lui  faisant  subir  plusieurs  passages  sur 
pomme  de  terre,  j'ai  noté  que  l'odeur  colienne  réapparaît  et  que  le  lait  subit  la  coagu- 
lation d'abord  lente,  puis  rapide. 

»  Le  paracoli  devient  B.  coli  normal.  Cette  transformation  est  plus  ou  moins  rapide 
suivant  la  qualité  de  la  pomme  de  terre. 

»  Ce  B.  coli  normal  ainsi  obtenu  est  mis  de  nouveau  au  contact  de  la  pasteurellose, 
soit  sur  gélose,  soit  dans  le  péritoine  de  cobaye  :  il  se  transforme  Qn  paracoli. 

»  Moyens  d'isolement.  —  a.  Isolement  très  minutieux  et  répété  plusieurs  fois  sur 
plaque  de  Pétri  (gélose  et  gélatine).  La  pasteurellose  a  des  cultures  fines  et  petites 
avec  ses  caractères  spéciaux.  Les  cultures  du  paracoli  sont  plus  épaisses  et  plus 
grasses  et  possèdent  les  caractères  connus. 

»  Il  est  bon  de  remarquer  que,  si  la  culture  de  la  pasteurellose  contient  par  mégarde 
quelques  éléments  paracoliens,  ceux-ci  envahissent  bientôt  le  milieu  et  masquent  de 
nouveau  le  cocco-bacille. 

»  b.  Inoculation  intra-péritonéale  de  la  culture  initiale  à  plusieurs  cobayes.  On  tue 
de  deux  heures  en  deux  heures.  La  pasteurellose  passe  d'abord  seule  dans  le  sang  de 
l'animal,  puis  le  paracoli  passe  à  son  tour,  si  bien  qu'après  la  mort  naturelle  de 
l'animal  la  culture  du  sang  est  de  nouveau  impure,  à  des  degrés  variables,  suivant  la 
végétabilité  Au  paracoli. 

»  c.  Inoculation  de  la  culture  initiale  sous  la  peau  du  lapin.  Toutes  les  6  heures  on 
fait  une  prise  au  point  d'inoculation  et  l'on  isole. 

»  Une  culture  impure,  et  il  est  difficile  de  reconnaître  l'impureté,  reprise  plusieurs 
fois  sur  pomme  de  terre  aura  des  caractères  différents  de  ceux  que  présente  la  culture 
faite  de  gélose  en  gélose.  Dans  le  premier  cas,  le  B.  coli  normal  est  isolé  à  la  longue; 
dans  le  second  cas,  la  culture  contient  les  deux  microbes. 

))   La  connaissance  de  ces  faits  m'a  permis  de  ne  pas  attribuer  au  B.  coli 
(*)  Société  de  Biologie,  1/4  jui"  1902. 


SÉANCE    DU    I^""    SEPTEMBRE    1902.  4o5 

normal,  passagèrement  paracoli,  des  caractères  que  ce  microbe  ne  possède 
pas  et  qui  relèvent  de  la  pasteurellose  sous-jacente.  D'autre  part,  la 
question  de  l'agglutination  pour  la  pasteurellose  est  difficile  à  juger, 
d'autant  que,  déjà  dans  les  cultures,  elle  a  une  tendance  normale  à  se 
mettre  en  amas  et  que  le  sérum  normal  humaiu  augmente  cette  ten- 
dance.  » 


PATHOLOGIE  ANIMALE.   —    Traitement  préventif  de  la  clavelée. 
Sérum  anticlaveleux .  Note  de  M.  F.-J.  Bosc. 

«  Dans  une  Note  du  26  avril  1902,  à  la  Société  de  Biologie,  j'ai  montré 
que  l'on  pouvait  obtenir  des  substances  immunisantes  capables  de  permettre 
un  traitement  préventif  de  la  clavelée. 

))  Duclert  avait  montré,  il  y  a  quelques  années,  que  le  sérum  de  moutons 
guéris  de  la  clavelée  est  doué,  à  doses  élevées,  de  propriétés  préventives; 
ses  résultats  avaient  été  contestés  en  particulier  par  M.  Nocard. 

»  Celte  année  même,  aj^rès  avoir  démontré  la  virulence  du  sang  du 
mouton  claveleux  {Comptes  rendus  de  la  Société  de  Biologie,  février  1902), 
j'ai  pu  penser  logiquement  que  le  sang  renfermait  le  virus  claveleux  figuré 
et  ses  produits  de  sécrétion,  et  aussi  que  le  sérum  des  agneaux  guéris 
■  devait  renfermer  des  substances  immunisantes;  enfin,  que  ces  substances 
devaient  être  d'autant  plus  abondantes  que  l'infection  avait  été  plus 
intense. 

»  I.  J'ai  repris  les  expériences  de  Duclert,  en  me  servant  du  sérum  ^agneaux 
hyper  infectés  et  qui,  grâce  à  une  résistance  naturelle  plus  considérable,  avaient  guéri  : 
elles  m'ont  montré  que  l'action  préventive  s'exerce  toujours,  et  non  seulement  avec 
des  doses  considérables,  mais  avec  So'^"'  et  20'^'"'.  L'action  de  ce  sérum  était  seulement 
variable  au  point  de  vue  de  l'intensité  de  son  action  :  parfois  elle  entraînait  une  immu- 
nisation totale;  le  plus  souvent,  elle  empêchait  i'éruption  généralisée.  Et  si  même, 
dans  ce  dernier  cas,  on  sacrifiait  l'animal  à  la  fin  de  l'éruption  locale,  on  pouvait  con- 
stater, alors  qu'il  n'y  avait  aucune  trace  d'éruption  à  la  peau,  la  présence  de  plusieurs 
ou  d'une  seule  pustule  pulmonaire  sous-pleurale.  On  conçoit  toute  l'importance  de 
cette  constatation,  au  point  de  vue  pratique. 

»  Dans  cette  première  série  d'expériences,  j'ai  été  amené  à  abandonner  le  mouton 
comme  sujet  d'expérience;  il  oftVe  en  effet  une  résistance  trop  grande  et  trop  variable 
au  virus  claveleux,  pour  qu'on  puisse  mesurer  l'activité  d'un  sérum  préventif.  J'cd 
pris,  et  il  est  indispensable  de  prendre  comme  réactif  l'agneau  né  de  mère  non 
clavelisée,  qui  est  d' une  très  grande  sensibilité, 

■»  IL  Dans  une  deuxième  série  d'expériences,  j'ai  recherché  si  le  sérum  des 
animaux  hyperinfectés,  soignés  peu  de  temps  avant  l'apparition  de  la  période  agonique, 
ne  possède  pas  de  propriétés   préventives.   J'avais   constaté,   en    effet,   au   cours  de 


4o6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

mes  expériences  sur  la  virulence  du  sang,  que  certaines  injections  sous-cutanées  de 
sang  incoagulable  d'agneau  claveleux,  qui  avaient  été  insuffisantes  pour  déterminer 
la  clavelée,  avaient  immunisé  l'animal  contre  cette  dernière.  Une  étude  systématique 
a  montré  que  le  sérum  d'un  animal  recueilli  à  une  période  avancée  d'une  clavelée 
hypervirulente  est  préventif  à  la  dose  de  20*^™'  pour  l'agneau  sain. 

»  Recherchant  si  les  principes  vaccinants  étaient  totalement  enfermés  dans  le  sérum, 
j'ai  vu  que,  si  l'on  rend  le  sang  incoagulable  et  qu'on  le  filtre  à  la  bougie  d'amiante  ou 
de  porcelaine,  on  obtient  nn  plasma  d'un  quart  ou  d'un  tiers  plus  actif  que  le  sérum. 

»  III.  Etant  donnée  l'action  préventive  énergique  du  sérum  ou  du  plasma  des  agneaux 
hjperinfeclés  et  après  avoir  vérifié  que  cette  action  était  d'autant  plus  énergique  que 
les  lésions  claveleuses  avaient  été  plus  intenses,  j'ai  procédé  de  la  façon  suivante  : 

»  Un  agneau  est  inoculé  avec  un  claveau  hypervirulent,  par  20  scarifications  sur 
chaque  flanc  et  par  4  injections  sous-cutanées  dans  les  aines  elles  aisselles  aboutissant 
à  d'énormes  tumeurs,  puis  à  une  éruption  généralisée  intense  à  la  peau  et  à  tous  les 
organes.  A  ce  moment  on  recueille  4oo'^'"'  de  sérum,  et  on  l'inocule  à  un  animal  neuf 
en  même  temps  qu'on  lui  injecte,  au  bout  de  24  ou  48  heures,  toute  la  substance  des 
lésions  claveleuses  recueillies  sur  l'agneau  hyperinfecté.  Il  est  important  de  ne  pas  lui 
inoculer  seulement  la  lymphe,  mais  les  j^oduits  de  raclage,  puis  de  broyage  des 
lésions  [sur  toile  métallique),  fdtrés  par  pression  sur  un  linge  stérilisé. 

»  On  obtient  ainsi  une  immunisation  partielle  ou  totale  (qui  empêche  la  mort  de 
l'animal  inoculé)  et  une  saturation  de  celui-ci  par  la  pulpe  claveleuse.  On  recom- 
mence à  plusieurs  reprises  les  inoculations  de  sérum  et  de  claveau.  Après  plusieurs 
traitements  semblables,  l'animal  présente  un  claveau  hyperpréventif.  Mais,  même 
avec  ce  sérum,  si  l'on  a  soin  de  se  servir  de  l'agneau  comme  réactif,  on  constate  que 
les  résultats  peuvent  être  variables,  suivant  l'animal  préparé  ou  suivant  l'agneau  ino- 
culé préventivement,  et,  au  lieu  d'une  immunisation  totale,  on  n'obtient  qu'une  hémo- 
immunisalion  (la  pustule  locale  évolue  le  plus  souvent  très  atténuée,  mais  il  n'y  a 
pas  d'éruption  généralisée). 

»  C'est  pour  ce  motif  que  j'ai  commencé  par  indiquer,  dans  l'étude  de  l'action 
préventive,  la  partie  certaine  dans  tous  les  cas  :  V hémo-immunisation,  me  réservant 
de  revenir  sur  l'immunisation  totale. 

»  On  peut  encore  augmenter  l'activité  du  sérum  préventif  en  inoculant  à  un  animal 
neuf  du  sérum  hyperpré^'entif  et  du  claveau  en  abondance,  tous  les  3  jours. 

»  IV.  Mais  le  sérum  préventif  n'est  pas  fourni  par  le  mouton  avec  une  assez  grande 
abondance  pour  rendre  le  procédé  pratique. 

»  Dès  janvier  1902,  je  me  suis  adressé  systématiquement  à  Veine,  animal  réfrac- 
taire  à  la  clavelée,  et  je  lui  ai  inoculé  alternativement  de  hautes  doses  de  sérum 
hyperpréventif  du  mouton  et  des  quantités  énormes  de  pulpe  claveleuse,  jusqu'à  20'^'"'' 
par  jour  pendant  i5  jours. 

»  J'ai  obtenu  un  sérum  préventif  suffisant  entre  lo"""'  et  20'^"'',  mais  je 
suis  arrivé,  depuis  ma  Communication  de  février  1902,  à  la  Société  de 
Biologie,  à  une  méthode  que  je  me  réserve  défaire  connaître  ultérieure- 
ment et  qui,  appliquée  encore  à  l'àne,  donne  de  meilleurs  résultats  et 
permet  d'obtenir  un  sérum  très  actif  et  en  grande  quantité.  » 


SÉANCE  DU  1^''  SEPTEMBRE  I902.  407 

CHIMIE  INDUSTRIELLE.  —  Résultats  physiques,  chimiques  et  pratiques 
de  la  concentration  du  vin.  Note  de  M.  F.  Garrigou.  (Extrait.) 

«  J'ai  eu  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie,  dans  sa  dernière  séance, 
divers  résultats  de  mes  recherches  sur  la  concentration  du  vin,  commen- 
cées en  1872,  Je  me  propose  aujourd'hui  de  faire  connaître  quelques  dé- 
tails qui  éclairent  la  question,  tant  au  point  de  vue  scientifique  qu'au 
point  de  vue  pratique. 

»  Afin  d'obtenir  des  produits  irréprochables,  il  faut  choisir,  pour  les 
concentrer,  des  vins  absolument  naturels.  Le  vinage,  l'addition  d'acide  tar- 
trique,  de  plâtre,  d'acide  sulfurique,  etc.,  constituent  des  falsifications  qui 
peuvent  avoir  des  effets  déplorables,  hygiéniquement  et  industriellement. 

))  Ces  additions  se  reconnaissent,  du  reste,  avec  facilité  dans  une  opéra- 
tion préalablement  faite  sur  10'  du  vin  à  concentrer  : 

»  i''  Le  vinage.  —  Il  fournit,  lorsqu'il  a  été  fait  avec  des  alcools  défec- 
tueux, une  plus  grande  quantité  d'alcools  lourds  que  le  vin  parfaitement 
pur. 

»  2"  V addition  d'acide  tartrique.  —  Dès  que  l'on  dépasse  la  concentra- 
tion à  moitié,  l'acide  tartrique  commence  à  se  déposer  lorsque  l'on  en  a 
ajouté  au  vin,  et  le  dépôt  devient  très  abondant  lorsque  la  concentration 
est  poussée  beaucoup  plus  loin.  Cet  acide  tartrique  et  les  tartrates  ne  se 
redissolvent  plus  lorsque,  par  l'addition  de  la  quantité  voulue  d'eau  et 
d'alcool,  on  cherche  à  rétablir  le  y\n  type  (le  vin  primitif).  Dans  certains 
vins,  surtout  des  vins  d'Espagne,  il  se  produit,  dans  ces  conditions,  une 
véritable  boue. 

»  3"  Addition  de  plâtre.  —  Si  cette  addition  a  été  considérable,  le  vin  con- 
centré devient  très  fortement  acide,  et  il  se  dépose  en  abondance  un 
mélange  de  sulfate  de  chaux  et  de  sulfate  de  potasse.  Le  microscope  les 
décèle  nettement.  L'acidité  causée  par  la  production  d'acide  sulfurique  est 
également  décelée  avec  certitude,  ainsi  que  je  vais  le  démontrer. 

»  4°  Addition  directe  d'acide  sulfurique.  —  Il  m'est  arrivé,  dans  l'opé- 
ration préparatoire  pour  la  concentration,  de  trouver  des  vins  présentant, 
au  sujet  de  l'acide  sulfurique,  des  réactions  qui  n'ont  jamais  été  indiquées 
et  que  je  dois  signaler  ici. 

»  Je  commence  par  me  procurer,  clans  le  pays  d'où  vient  le  \n\  à 
concentrer,  du  vin  absolument  naturel.  Appelons  ce  vin  :  vin  A,  et  nous 
donnerons,  au  vin  à  concentrer,  le  nom  de  vin  B. 

»   Ces  deux  vins  sont  mis  dans  deux  capsules  de  platine  ou  de  porcelaine, 


4o8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

et  évaporés  au  bain-marie;  leur  extrait  est  desséché  dans  le  vide  à  une 
température  assez  élevée  (iSo*^),  puis  on  les  calcine  avec  précaution  ('). 

»  Extrait  de  A.  —  Cet  extrait  est  acide.  A  la  calcination  il  ne  présente 
pas  de  vapeurs  blanches,  et  les  vapeurs,  reçues  sur  un  vase  refroidi,  sont 
légèrement  acides. 

»  Extrait  de  ^.  —  Cet  extrait  est  très  fortement  acide. 

»  I**  A  la  calcination  il  dégage  des  vapeurs  blanches  qui,  en  se  conden- 
sant sur  un  vase  refroidi,  donnent  un  liquide  d'une  acidité  énorme. 

»  2*^  Si  l'on  concentre  ce  liquide,  après  avoir  lavé  à  la  pissette  les  parois 
du  vase  refroidisseur,  on  obtient  sur  ce  liquide  la  réaction  de  l'acide  sulfu- 
rique. 

))  Ce  n'est  qu'après  avoir  ainsi  étudié  les  vins  à  concentrer  (^)  qu'on 
peut  être  sûr  de  leur  pureté;  et  les  soumettre  à  la  concentration,  alors 
seulement,  constitue  une  opération  aussi  correcte  hygiéniquement  qu'in- 
dustriellement. 

»  La  concentration  du  vin,  opérée  avec  des  vins  naturels  et  choisis, 
fournit  des  produits  irréprochables,  souvent  meilleurs  que  les  vins  qui  ont 
servi  à  cette  concentration. 

»  Elle  peut  permettre  :  i°  de  sauver  des  récoltes  qui  se  perdraient  par 
défaut  de  matières  toniques  et  d'alcool,  en  doublant  ou  en  triplant  ces  ma- 
tières; 2°  de  pasteuriser  complètement  le  vin  soumis  à  la  concentration; 
3**  de  produire  d'excellents  vins  de  coupage,  ainsi  que  je  l'ai  dit  dans  ma 
lettre  ouverte,  aux  députés,  du  20  décembre  1 901  ;  4**  de  diminuer  la  vais- 
selle vinaire  ;  5°  de  faciliter  les  transports  de  vin,  en  en  réduisant  le  prix  ; 
6°  d'alimenter  plus  facilement  les  colonies  et  les  pays  étrangers  qui  man- 
quent de  vin.  Elle  peut  être  de  première  utilité  pour  les  explorateurs,  pour 
l'armée  en  campagne,  pour  la  marine,  etc.  » 

La  séance  est  levée  à  3  heures  et  demie. 

G.  D. 


(^)  Cette  calcination  peut  s'opérer  de  diverses  manières,  pour  conserver  les  produits 
qui  se  volatilisent. 

(^)  Les  procédés  que  je  viens  de  donner  ne  sont  pas  les  seuls  à  emjDloyer.  J'en  utilise 
d'autres. 


ACADÉMIE   DES    SCIENCES, 

SÉANCE  DU   LUNDI  8   SEPTEMBRE  1902. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  BOUQUET  DE  LA  GRYE. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

M.  le  Président  annonce  à  l'Académie  la  perte  que  la  Science  vient  de 
faire  en  la  personne  de  M.  R.  Virchow,  Associé  étranger  de  l'Académie  ; 
il  se  fait  l'interprète  des  profonds  regrets  de  ses  Confrères  et  prie 
M.  Bouchard  de  rappeler  les  traits  principaux  de  la  vie  de  l'illustre  savant. 


Allocution  de  M.  Bouchard,  à  l'occasion  de  la  mort  de  R.  Virchow, 

Membre  associé. 

«  La  mort  de  Rudolf  Virchovv^,  qui  met  l'Allemagne  en  deuil,  est  une 
perte  cruelle  pour  le  monde  savant  tout  entier.  M.  le  Président  a  dit 
combien  elle  est  douloureusement  ressentie  par  cette  Compagnie,  à 
laquelle  Virchow  appartenait  depuis  1839.  Elle  frappe  plus  particulière- 
ment la  Médecine.  C'est  que  Virchow,  par  ses  découvertes  et  sa  direction, 
a  formé  toutes  les  générations  médicales  qui  existent  encore  aujourd'hui. 

»  En  1847,  Virchow  entreprenait  ^^  publication  de  sq^  Archives  d' Ana- 
tomie  et  Physiologie  pathologiques  et  de  Médecine  clinique,  qui  sont  le  plus 
précieux  ensemble  de  documents  pour  qui  veut  savoir  comment  s'est  con- 
stituée la  Médecine  contemporame.  On  y  trouve,  à  côté  des  travaux  qu'il 
accueillait  ou  provoquait,  les  innombrables  productions  de  son  propre 
labeur  et  l'orientation  vers  laquelle  il  poussait  la  Pathologie.  Je  n'entre- 
prendrai pas  devons  soumettre  l'énumôration  de  ses  découvertes;  ses  tra- 
vaux sur  la  leucémie,  sur  la  thrombose  et  l'embolie,  sur  la  dégénération 
amyloide,  qui  me  viennent  les  premiers  à  l'esprit,  suffiraient  pour  faire 

G.  R.,  1902,  2"  Semestre.  (T.  GXXXV,  N»  10.)  53 


4lO  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

\lyre  son  nom  dans  le  souvenir  des  hommes.  La  Médecine  lui  doit  plus 
encore  :  le  commencement  d'une  doctrine.  Ce  qui  domine  toute  son  œuvre, 
c'est  l'idée  contenue  et  développée  dans  les  vingt  leçons  sur  la  Pathologie 
cellulaire.  C'était,  appuyée  sur  des  faits  qui  semblent  encore  aujourd'hui 
inébranlables,  la  notion  nouvelle  impatiemment  attendue  qui  balayait  les 
débris  des  anciennes  doctrines.  L'Anatomie  pathologique,  depuis  Morgagni 
jusqu'à  Cruveilhier  et  Rokitansky,  avait  montré  que,  dans  les  maladies, 
certains  organes  sont  lésés,  et  avait  cru  pouvoir  caractériser  la  maladie 
par  la  lésion.  C'était  un  grand  progrès  qui  exerçait  une  sorte  de  fascina- 
tion. On  ne  voyait  que  la  lésion;  on  ne  se  préoccupait  ni  de  la  cause,  ni  de 
cette  phase  de  l'acte  morbide  qui  succède  à  l'application  de  la  cause  et  qui 
précède  la  lésion.  C'est  là  ce  qu'a  saisi  Virchow.  Lui  aussi,  il  ignorait  les 
causes,  mais  il  voyait  comment  l'organisme  réagit  contre  elles.  Cette  réac- 
tion, il  la  cherchait  dans' les  parties  vivantes  irréductibles,  dans  les  cellules, 
et  il  suivait  l'évolution  de  la  vie  cellulaire  troublée  jusqu'à  la  production 
de  la  lésion. 

))  Virchow  n'a  dit  ni  le  pourquoi  de  la  maladie  ni  le  procédé  suivant 
lequel  la  cause  provoque  la  maladie;  mais  il  a  dit,  lui  le  premier,  le  com- 
ment de  la  maladie,  la  succession  des  actes  morbides  provoqués  par  la 
cause.  C'est  à  un  autre  de  nos  Confrères  qu'était  réservé  l'honneur  de 
dévoiler  les  causes.  Comme  Pasteur  a  fondé  la  Pathogénie,  Virchow  avait 
jeté  les  bases  de  la  Pathologie.  C'est  là  le  plus  grand  titre  de  gloire  de  Vir- 
chow, et  je  me  sens  autorisé  à  dire  que,  avec  lui,  une  lumière  s'est  éteinte 
et  une  autorité  a  disparu. 

»  Virchow  avait  une  activité  infatigable  qui  s'est  attaquée  à  bien 
d'autres  questions.  Il  était  anthropologiste,  il  a  voulu  pénétrer  les  pro- 
blèmes préhistoriques,  il  a  même  fait  de  la  politique.  C'est  peut-être  par 
sa  politique  surtout  qu'il  a  été  connu  et  apprécié  du  public.  Il  arrive  que 
le  public  juge  mal.  Il  a  certainement  mal  jugé  quand  il  a  représenté  Vir- 
chow comme  animé  de  sentiments  hostiles  envers  notre  pays.  Virchow  a 
voulu  dissiper  lui-même  cette  légeade.  J'ai  présentes  à  la  mémoire  les 
paroles  qu'il  prononça  à  Berlin,  non  sans  quelque  solennité,  devant  plus 
de  cent  médecins  français,  en  présence  de  l'ambassadeur  de  France  :  «  On 
))  m'attribue  des  paroles  d'animosité  contre  la  France  que  j'aurais  pronon- 
))  cées  quand  nos  deux  pays  étaient  en  guerre.  Il  se  peut  que  j'aie  pro- 
»  nonce  ces  paroles,  mais  je  n'en  suis  pas  sur.  Dans  les  périodes  trou- 
»  blées,  on  dit  parfois  des  choses  dont  on  ne  garde  pas  le  souvenir.  S'il 


SÉANCE    DU    8    SEPTEMBRE    1902.  4ll 

»  est  un  homme  de  l'une  ou  de  l'autre  nation  qui,  à  cette  époque,  n'a  pas 
»  senti  son  cœur  bondir  et  est  certain  que  sa  langue  a  toujours  obéi  à  la 
))  froide  raison,  que  cet  homme  me  jette  la  première  pierre.  En  tout  cas, 
»  si  j'ai  prononcé  ces  paroles,  je  les  désavoue.  J'ai  du  respect  et  de  la 
))  reconnaissance  pour  la  France,  pour  son  génie  initiateur,  pour  sa 
»  science,  pour  ses  savants  près  desquels  j'ai  été  étudier  dans  mes  jeunes 
»   années.    » 

»  Ce  n'est  pas  sur  de  telles  considérations  que  l'Académie  base  ses 
jugements.  Elles  ne  l'ont  pas  guidée  quand  vous  avez,  il  y  a  5  ans,  con- 
féré à  Virchow  la  plus  haute  distinction  à  laquelle  un  savant  puisse  pré- 
tendre. Si  j'ai  reproduit  ces  nobles  paroles,  c'est  pour  qu'il  soit  bien  établi 
qu'il  n'y  a  pas  chez  nous  d'arrière-pensée,  que  l'Académie  s'associe  sans 
réserves  au  deuil  du  monde  civilisé  et  qu'elle  adresse  de  tout  cœur  à  la 
famille  et  aux  Collègues  de  notre  illustre  Confrère  l'expression  de  son 
admiration  et  de  ses  regrets.    » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  l' irréductibilité  des  transcendantes  uni- 
formes définies  par  les  équations  différentielles  du  second  ordre.  Note  de 
M.  Paul  Painlevé. 

«  1.  Dans  des  travaux  antérieurs,  j'ai  énuméré  trois  types  d'équations 
du  second  ordre  qui  définissent  des  transcendantes  uniformes  nouvelles. 
Le  plus  simple  de  ces  types  est  l'équation 

(i)  y"  =Ç)y'^  +  X. 

»  Dans  une  Note  récente  (^Comptes  rendus,  1^^  septembre),  M.  R.  Liou- 
ville  a  indiqué  un  moyen  par  lequel  il  pense  ramener  l'intégration  de  ces 
types  à  celle  d'une  équation  linéaire  (ordinaire)  du  quatrième  ordre  à 
coefficients  algébriques.  Je  voudrais  montrer  brièvement  que  cette  réduc- 
tion est  illusoire. 

»   Considérons  un  système  différentiel 

(^)         S  ==  P  (^'^'^  ê'  .S)'        È  =  Q(^'7'-  ^'  è)' 

et  regardons  œ,  y,  z  comme  des  coordonnées  rectilignes  d'un  point  de 
l'espace.  M.  Liouville   considère  tous  les  systèmes  (2)  dont  les  courbe 


4l2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

intégrales  se  ramènent  par  une  transformation  ponctuelle 

aux  droites  de  l'espace.  Convenons  de  dire  que  les  systèmes  (2)  qui 
répondent  à  cette  condition  sont  de  l'espèce  D.  Tous  les  systèmes  (2)  de 
Tespèce  D  dépendent  de  trois  fonctions  arbitraires  de  x,  y,  z;  étant  donné 
lin  système  (2)  algébrique,  on  sait  reconnaître  algébi-iqiiement  s'il  est  de 
l'espèce  D,  et  son  intégration  équivaut  alors  à  celle  d'une  équation  linéaire 
(ordinaire)  du  quatrième  ordre,  à  coefficients  algébriques. 
»   Ceci  posé,  M.  Liou ville  écrit  l'équation  (i)  sous  la  forme 

et  il  cherche  à  déterminer  un  système  (2)  de  l'espèce  (D)  qui  soit  consé- 
quence de  (3).  Pour  qu'un  système  (2)  soit  conséquence  de  (3),  deux 
conditions  sont  nécessaires  :  comme  les  systèmes  (2)  de  l'espèce  D  dé- 
pendent de  trois  fonctions  arbitraires,  M.  Liouville  assujettit  ces  fonctions 
à  une  relation  supplémentaire  et  arrive  à  cette  conclusion  qu'on  peut 
remplacer  algébriquement  le  système  (3)  par  un  système  (2)  de  l'espèce  D; 
autrement  dit,  l'intégration  de  (3)  équivaut  à  celle  d'une  équation  linéaire 
(ordinaire)  du  quatrième  ordre,  à  coefficients  algébriques. 

))  Pour  comprendre  que  cette  conclusion  ne  saurait  être  exacte,  il  suffit 
de  remarquer  qtie  le  raisonnement  subsiste  sans  modification  quand  on 
remplace  le  système  (3)  par  un  système  quelconque  de  la  forme 

(4)     ■~=M(x,y,z),       ~='S(x,y,z),     (M,  N  algébriques  en  a?,  j,  ^). 

Toute  équation  différentielle  (^algébrique)  du  second  ordre  serait  donc  réduc- 
tible à  une  équation  linéaire  (algébrique)  du  quatrième  ordre  :  résultat 
évidemment  inadmissible. 

»  En  réalité,  ce  que  démontre  M.  Liouville,  c'est  que  toute  congruence 
de  courbes  (gauches  ou  planes),  définie  par  un  système  (4),  est  réduc- 
tible par  ime  transformation  ponctuelle  à  une  congruence  de  droites.  Mais 
cette  réduction  est  possible  d'une  infinité  de  façons,  et  le  calcul  d'une 
transformation  de  passage  équivaut  à  l'intégration  du  système  (4). 

»  Si  l'on  effectuait  les  calculs  indiqués  par  M.  Liouville  pour  déterminer 
les  systèmes  (2)  de  l'espèce  D  qui  sont  conséquences  de  (3),  on  trouverait 
que  les  coefiicients  de  ces  .systèmes  dépendent  d'un  système  d'équations 


SÉANCE  DU  8  SEPTEMBRE  1902.  f^}3 

aux  dérivées  partielles  à  trois  variables  indépendantes  (.a?,  y,  z),  dont  la 
solution  générale  renferme  une  fonction  arbitraire  de  se,  y,  z,  et  quatre 
fonctions  arbitraires  de  deux  variables.  L'intégration  de  ces  systèmes 
revient  à  celle  de  l'équation  (i),  et  réciproquement.  La  réduction  indiquée 
par  M.  Liouville  est  donc  purement  illusoire. 

»  2.  Je  A'oudrais,  à  cette  occasion,  insister  sur  le  caractère  de  Virrédac- 
tibilité  de  i'équation  (i)  et  des  transcendantes  uniformes  ^(a?)  qu'elle  en- 
fi^endre.  J'ai  montré  que  ces  transcendantes  sont  essentiellement  nouvelles. 
Autrement  dit,  elles  ne  sauraient  être  des  combinaisons  explicites  (si 
compliquées  soient-elles)  des  transcendantes  uniformes  classiques  (fonc- 
tions elliptiques,  abéliennes  ou  dégénérescences,  intégrales  d'équations 
linéaires  à  une  variable,  à  coefficients  algébriques).  Par  exemple,  jk(^)  ne 
saurait  être  une  fonction  algébrique  de  plusieurs  solutions  d'équations 
linéaires  (ordinaires)  à  coefficients  algébriques,  non  plus  qu'une  combi- 
naison algébrique  de  fonctions  0,  où  les  arguments  seraient  remplacés  par 
des  fonctions  elliptiques  de  x,  ou  par  des  solutions  d'équations  différen- 
tielles linéaires  (algébriques),  etc.  J'ai  été  conduit  ainsi  à  une  définition 
de  V irréductibilité  des  équations  différentielles,  définition  qui  s'impose 
dans  ce  genre  de  recherches,  mais  qui  est  plus  restreinte  que  celle  qui 
convient  dans  l'étude  de  l'intégration  formelle  (^^).  J'ai  déjà  signalé  cette 
distinction  ;  mais  j'indiquerai  ici  très  explicitement  comment  se  pose  le  pro- 
blème de  la  réductibilité formelle  pour  l'équation  (i).  Des  remarques  ana- 
logues s'appliquent  aux  deux  autres  types  que  j'ai  énumérés. 

»  3.  La  définition  la  plus  générale  et  la  plus  rationnelle  qu'on  ait 
donnée  de  l'irréductibilité  d'une  équation  différentielle  est  celle  de 
M.  Drach,  que  je  rappelle  en  me  limitant  au  système  (4).  Soient  u  (x,  y,  z), 
i^(x,  y,  z)  deux  intégrales  premières  distinctes  de  (4);  elles  vérifient  le 
système 

(S)  !^;.'+M^-"+NÎ^=o,        <^  +  M'^^+N^  =  o. 

^  -^  ()j^  ay  ôz  dx  ày  ôz 

»  Le  système  du  deuxième  ordre  (4)  est  dit  réductible  quand  on  peut 
adjoindre  au  système  (S)  au  moins  une  équation  (algébrique)  aux  dérivées 

(^)  C'est  ainsi  que  les  équations  du  troisième  ordre,  qui  définissent  les  fonctions 
fucJisiennes,  engendrent  des  transcendantes  uniformes  essentiellement  nouvelles,  bien 
qu'elles  se  ramènent  (en  permutant  le  rôle  de  la  fonction  et  de  la  variable)  à  une 
équation  de  Riccati. 


4l4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

partielles  eiw/,  ç^,  x,  y,  z  qui  soit  compatible  (*)  avec  (S)  sans  être  une  consé- 
quence de  (S).  Dans  ce  cas,  il  existe,  non  pas  un  seul,  mais  une  infinité  de 
systèmes  d'équations  (algébriques)  aux  dérivées  partielles  en  w,  v,x,y,z 
telles  que  chacun  d'eux  admette  des  solutions  u,  v  de  (S)  sans  les  admettre 
toutes.  Mais,  parmi  ces  systèmes  2,  il  en  est  un,  soit  1^,  d'ordre  différen- 
tiel minimum;  toutes  les  solutions  m,  v  de  ce  système  se  déduisent  d'une 
quelconque  d'entre  elles  u^,  c^,  par  les  transformations 

d'un  certain  groupe  Y  (fini  ou  infini).  Ce  systèmes,  et  le  groupe  T  cor- 
respondant, qui  ne  sont  définis  qu'à  une  transformation  ponctuelle  près 
en  u,  (',  caractérisent  la  difficulté  de  l'intégration  formelle  de  (4).  C'est  ce 
groupe  r  que  M.  Drach  appelle  le  groupe  de  rationalité  de  (4).  Étant 
donné  un  système  (4).  le  problème  fondamental  qui  se  pose  au  point  de 
vue  de  l'intégration  formelle,  c'est  la  détermination  du  groupe  de  ratio- 
nalité. 

))  4.  Appliquons  ces  généralités  à  une  équation  de  la  forme 

(^)  Tx^""         ^=^(^'->')  (R  algébrique  en  ^,j). 

»  Une  telle  équation  n'est  pas  irréductible,  au  sens  de  M.  Drach,  car 
elle  admet  comme  dernier  multiplicateur  l'unité.  Ceci  revient  à  dire  qu'on 
peut  substituer  au  système  S  le  système 


(2) 


du         du  ^  '^^  D  

dcc        dj  ~'  ôz  ' 

dv   du        di'  du  ^  dv  du        dv  du  

~dx  dz        dz  dx  ""'         dy  dz        dz  dy         ' 


qui   entraîne  la  conséquence  -^  -\-  -^  z  -h  -jz  R  =  o .  Les  solutions  (u,  c) 

de  S  se  déduisent  d'une  quelconque  d'entre  elles  (u^,  ('^  )  par  les  transfor- 
mations du  groupe  infini  u  =  (p(?/,,  v^),  v  =  ^(Uf,  v^),  où  cp,  <li  sont  deux 
fonctions  quelconques  dont  le  jacobien  est  égal  à  i.  Ce  groupe  G  est  le 
groupe  de  rationalité  d'une  équation  (5)  non  exceptionnelle  (-  ). 

(*)  J'entends  par  là  que  le  système  2  formé  par  (S)  et  les  relations  supplémentaires 
admet  au  moins  une  solution  u,  v  où  u,  ç  sont  deux  fonctions  distinctes  de  x,  y,  z. 

(-)  Il  faudrait,  en  toute  rigueur,  démontrer  que  le  groupe  de  rationalité  d'une 
équation  (5)  prise  au  hasard  n'est  pas  un  sous-groupe  de  G.  Mais  la  chose  ne  paraît 
pas  douteuse  ni  difficile  à  démontrer. 


SÉANCE    DU    8    SEPTEMBRE    1902.  4^5 

»  La  question  qui  se  pose  pour  l'équation  (i)  est  donc  de  savoir  si  son 
groupe  de  rationalité  F  coïncide  avec  le  groupe  G  ou  avec  un  sous-groupe 
de  G.  A  priori,  il  n'est  pas  impossible  que  ce  grouper  soit  fini,  par  exemple 
soit  le  groupe  linéaire;  dans  ce  dernier  cas,  deux  intégrales  premières  m,  v 
de  (i)  seraient  données  par  un  système  d'équations  aux  dérivées  partielles 
dont  l'intégration  équivaudrait  à  celle  d'une  équation  linéaire  du  deuxième 
ordre,  suivie  de  quadratures.  Ce  qui  est  certain,  dans  tous  les  cas,  d'après 
ce  que  j'ai  démontré,  c'est  qu'aucune  intégrale  première  u{x,y,y) 
de  (i)  ne  saurait  être  algébrique,  soit  en  j',  soit  en  j. 

»  La  connaissance  du  groupe  de  rationalité  de  l'équation  (1)  (si  tou- 
tefois ce  groupe  ne  coïncide  pas  avec  G)  serait  très  importante  pour  l'étude 
des  propriétés  des  transcendantes  y{x).  Malheureusement,  le  problème 
qui  consiste  à  trouver  le  groupe  de  rationalité  d'une  équation  différen- 
tielle donnée  (algébrique)  est  bien  loin  d'être  résolu.  Il  faudra  donc,  pour 
déterminer  le  groupe  de  l'équation  (1),  ou  beaucoup  d'invention,  ou  beau- 
coup de  bonheur. 

»  Quel  que  soit  d'ailleurs  le  résultat  auquel  on  parviendra  par  la  suite, 
deux  points  sont  dès  maintenant  acquis  ; 

))  1°  Les  intégrales  y{x)  de  l'équation  (i)  sont  des  transcendantes 
uniformes  essentiellement  nouvelles; 

»  1°  Les  propriétés  de  ces  intégrales,  leur  caractère  méromorphe,  leur 
représentation,  etc.,  ont  été  établis  directement  sur  l'équation  même; 
autrement  dit,  cette  équation  a  été  intégrée  (au  sens  moderne  du  mot) 
à  Vaide  de  la  théorie  des  fonctions,  sans  qu'on  sût  efTectuer  d'aucune  façon 
son  intégration  formelle.    » 

MÉCANIQUE  APPLIQUÉE.  —  Étude  expérimentale  de  la  résistance 
à  la  compression  du  béton  f relié.  Note  de  M.  Considère. 

«  Pour  vérifier  l'exactitude  des  considérations  développées  dans  la 
Communication  précédente,  j'ai  fait  des  expériences,  à  Quimper,  en  190 1, 
sur  de  petits  j)rismes  de  mortier  et,  à  Paris,  en  1902,  sur  de  grands  prismes 

de  béton.  Toutes  ont  confirmé  qu'il  faut  multiplier  par—  =  2,4  le  poids 

d'un  frettage  pour  déterminer  le  poids  des  armatures  longitudinales  qui 
donneraient  la  même  résistance  à  l'écrasement. 

»  Comme  exemple  de  la  résistance  élevée  que  donne  le  frettage,  on 
citera  un  prisme  de  mortier  dosé  à  433''^  déciment  par  mètre  cube  de  sable 


4l6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

et  armé  de  spires  hélicoïdales  dont  le  volume  n'était  que  les  o ,  o34  de  celui 
du  prisme.  Il  a  porté  740^^  P'^'^  centimètre  carré  de  section  initiale  sans 
s'écraser.  A.  poids  égal,  le  fer  percé  de  trous  de  rivets  ne  porte  pas  plus. 

))  Pour  vérifier  les  conclusions  relatives  à  l'élasticité,  on  a  représenté 
graphiquement  les  résultats  des  essais  des  prismes  énumérés  ci-après  qui 
avaient  iS*'™  de  diamètre  et  étaient  formés  d'un  très  médiocre  béton  dosé 
à  Soo*^^  de  ciment  pour  o""',  800  de  gravier  et  o"',  4oo  de  sable  avec  un  excès 
d'eau  qui  en  a  empêché  le  pilonnage  énergique  : 

»   A.   Prisme  témoin  non  armé  qui  a  porté  74"^^  par  centimètre  carré; 

»  B,  C.  Prismes  armés  de  spires  de  6""°,  27,  4'^"', 27  espacées  de  30™"", 
j  5111m. 

»  D,  E.   Prismes  armés  comme  B,  C,  plus  8  barres  longitudinales  de 

e"»»",  27; 

»  F.  Prismes  armés  de  8  barres  longitudinales  de  9™"",  réunies  par  des 
ceintures  espacées  de  80°*™,  conformément  à  un  type  très  employé. 

»  Les  abscisses  sont  les  pressions  par  centimètre  carré  à  l'échelle  de 
0°"",  4  par  kilogramme  et  les  ordonnées  sont  les  raccourcissements  par 
mètre  multipliés  par  20. 

»  En  examinant  cette  épure,  on  constate  d'abord,  sur  les  prismes  A  et  F, 
ce  fait  bien  connu  que  le  béton  non  armé,  ou  armé  de  barres  longitudinales 
réunies  par  des  ceintures  métalliques  insuffisantes  ou  trop  espacées,  se 
brise,  sans  que  rien  l'annonce,  quand  il  a  pris  un  faible  raccourcissement, 
qui,  pour  le  prisme  F,  a  été  de  i™°',o5.  Au  contraire,  le  béton  fretté  pos- 
sède, comme  les  métaux  ductiles,  une  limite  d'élasticité  qui  est  bien  infé- 
rieure à  la  charge  de  rupture  et  dont  le  dépassement  est  annoncé  par  des 
fissures  dans  la  mince  couche  de  béton  qui  recouvre  le  frettage.  Une  croix 
indique  l'apparition  des  fissures  pour  chacun  des  prismes  B,  D,  E.  La  croix 
relative  à  la  courbe  C    serait  en  dehors  de  l'épure  avec  une  abscisse 

»  Les  raccourcissements  supportés  par  les  prismes  frettés,  avant  l'écra- 
sement, sortiraient  beaucoup  du  cadre  de  la  figure.  Ils  ont  varié  entre  15°^"" 
et  3o"^™  par  mètre. 

))  On  remarquera  que  les  résistances  fournies  par  les  divers  prismes 
pour  un  même  raccourcissement  sont  loin  de  varier  en  proportion  du  pour- 
centage de  métal  (rapport  du  volume  du  métal  au  volume  total)  qui  est 
indiqué  à  coté  de  chaque  courbe  ;  le  premier  chiffre  est  le  pourcentage  des 
barres  longitudinales,  le  deuxième  celui  des  frettes  ou,  à  défaut,  celui  des 
ceintures  réunissant  ces  barres;  le  troisième  est  le  pourcentage  total. 


SÉANCE  DU  8  SEPTEMBRE  1902.  4'7 

))  Pour  préciser  cette  apjDarenle  anomalie,  on  se  servira  de  la  formule 
établie  dans  la  Communication  précédente,  dont  il  résuite  que  la  résistance 
donnée  au  béton  par  le  frottement  que  produit  le  frettage  est  égale  à  la 


résistance  propre  d'armatures  longitudinales  dont  le  poids  serait  égal  à  celui 
des  frettes  multiplié  par  g—  =  0,90.  Elle  permet  d'établir  le  Tableau  sui- 
vant : 

Prismes. 
Résistance  calculée  due  au  frottement. .  . 
Excès  de  la  résistance  constatée  sur  celle 

du  prisme  témoin 

Rapport  des  deux  chiffres 054'^ 

»  L'explication  des  grandes  différences  que  présentent  les  valeurs  de  ce 
rapport  m'a  été  fournie  par  l'observation  des  circonstances  de  l'cxpc- 
rience.  Pendant  le  cliargement  du  prisme  B,  les  fissures  ont  apparu  sous  la 

G.  R.,  1902,  a»  Semestre.  (T.  CXXXV,  N»  10.)  ^  ^ 


B. 

c. 

D. 

E. 

3i>^s 

25'^y 

So'^s 

43'^ 

l^^S 

iS-'s 

se^s 

SSks 

0,45 

0,60 

0,72 

0,81 

4l8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

faible  charge  de  122*^^  et,  bientôt  après,  on  a  vu  le  béton  s'écailler  d'abord 
et  finalement  s'écouler  entre  les  spires  formant  le  frettage  dont  l'écar- 
tement  d'axe  en  axe  était  de  3o™™.  L'écrasement  du  prisme,  qui  a  eu  lieu 
sous  la  charge  de  36o^s  pa^  centimètre  carré,  a  été  la  conséquence  de  cet 
écoulement  et  rien  n'a  indiqué  que  le  métal  eût  atteint  sa  limite  d'élasticité. 

))  Dans  le  prisme  C,  dont  le  frettage  était  formé  par  des  spires  écartées 
de  iS™""  seulement,  les  fissures  ont  apparu  sous  la  charge  de  174''^?  l'écail- 
lement  aussi  s'est  produit  tardivement  et  il  n'y  a  pas  eu  d'écoulement  du 
béton  sous  la  pression  de  38o''8,  maximum  qu'a  pu  produire  la  presse 
hydraulique  de  l'Ecole  des  Ponts  et  Chaussées  et  qui  n'a  pas  suffi  à 
écraser  le  prisme  C. 

»  Les  prismes  D,  E  renfermaient,  outre  des  spires  espacées  de  3o'°™, 
i5™™,  huit  armatures  longitudinales  appuyées  contre  la  surface  intérieure 
des  spires  et  formant  avec  elles  un  quadrillage  qui  opposait  un  obstacle 
efficace  au  gonflement  latéral  du  béton.  L'apparition  des  fissures  ne  s'est 
produite  que  sous  les  charges  de  204"^^  et  238''^  et  l'on  n'a  pas  observé  de 
gonflement  sensible  et,  a  fortiori,  d'écoulement  du  béton  entre  les  arma- 
tures sous  les  pressions  réalisées  qui  n'ont  pas  produit  la  rupture. 

»  Du  rapprochement  de  ces  faits,  il  résulte  que  les  spires  écartées  du 
cinquième  et  même  du  dixième  du  diamètre  des  prismes  n'ont  pas  suffi,  à 
elles  seules,  pour  donner  le  maximum  de  solidité  au  béton  employé  dans  ces 
expériences  et  qu'elles  ont  fourni  des  résultats  bien  meilleurs  et  voisins 
de  ceux  de  la  formule  en  question  lorsqu'on  y  a  ajoute  de  faibles  arma- 
tures longitudinales. 

))  Il  importe  de  remarquer  que  les  tubes  continus,  qu'on  pourrait  croire 
préférables  aux  spires,  ne  donneraient  que  de  très  médiocres  résultats 
parce  que,  participant  aux  raccourcissements  du  béton,  ils  se  gonfleraient 
et  se  fatigueraient  comme  lui  et  ne  pourraient,  par  suite,  combatU^e  son 
gonflement  et  sa  fatigue. 

«On  doit  rappeler  aussi  que,  la  tendance  au  retrait  du  béton  conservé 
dans  l'air  étant  gênée  dans  les  pièces  armées,  il  en  résulte  une  diminution 
du  coefficient  d'élasticité  que  j'ai  signalée  en  1900.  Elle  réduit  la  résistance 
produite  par  une  déformation  déterminée  et,  si  l'on  n'en  tient  pas  compte, 
on  attribue  une  valeur  trop  faible  à  Taugmentation  de  résistance  que 
j^roduit  le  frettage.  Il  est  donc  vraisemblable  que  la  perte  de  résistance 
due  à  l'écartement  des  armatures  a  été  bien  intérieure,  en  réalité, 
à  1,00  —  0,81  =  o,  19  pour  le  prisme  E. 

))   La  formule  étant  vérifiée  sous  cette  réserve,  là  où  elle  peut  l'être, 


SÉANCE  DU  8  SEPTEMBRE  1902.  4ip 

c'est-à-dire  dans  la  limite  des  déformations  que  le  béton  non  armé  peut 
supporter  sans  rupture,  il  paraît  légitime  d'admettre  qu'elle  est  exacte 
au  delà.  Si  donc,  des  résistances  du  prisme  E  constatées  pour  un  certain 
nombre  de  raccourcissements,  on  retranche  graphiquement  les  résistances 
correspondantes  des  armatures  longitudinales  et  celles  des  frettes  calculées 
par  la  formule  en  question,  on  obtiendra  unecourbe  OMN  dont  les  ordon- 
nées seront  égales  ou  peu  inférieures  aux  valeurs  de  la  résistance  propre 
que  le  béton  produit  dans  les  pièces  frettées  lorsqu'il  subit  des  raccourcis- 
sements supérieurs  à  ceux  que  supporte  le  béton  non  armé.  On  remar- 
quera l'analogie  de  cette  courbe  de  pression  du  béton  fretlé  avec  la  courbe 
de  traction  du  béton  armé. 

»  De  l'étude  de  la  courbe  OMN  il  résulte  que,  dans  le  prisme  E,  la  ré- 
sistance propre  du  béton  a  continué  à  augmenter  au  delà  de  la  charge  de  rupture 
du  béton  non  armé,  mais  de  moins  en  moins  rapidement,  jusqu'à  ce  que  le 
raccourcissement  se  fût  élevé  à  2™"*  par  mètre  environ,  et  qu'elle  a  atteint  alors 
une  valeur  dépassant  de  près  de  5o  pour  loo  la  résistance  à  r écrasement  du 
prisme  témoin. 

»  On  prépare  des  prismes  formés  de  béton  riche  qui  permettront  de 
vérifier  si  les  conclusions  qui  semblent  ressortir  de  ces  faits  peuvent  être 
généralisées.  En  cas  de  résultat  favorable,  on  aurait  le  moyen  de  calculer 
la  résistance  à  l'écrasement,  ainsi  que  la  limite  d'élasticité  et  les  valeurs 
successives  du  coefficient  d'élasticité  d'un  prisme  fretté  de  dosage  et  de 
disposition  quelconques,  et  l'on  pourrait  déterminer  la  charge  de  flambe- 
ment. 

»  Le  développement  des  conséquences  pratiques  qui  découlent  de  cette 
étude  scientifique  ne  seraient  point  à  leur  place  ici.   » 


CORRESPONDANCE. 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Sur  C éruption  de  la  Martinique.  Note 
de  MM.  A.  Lacroix,  Rollet  de  l'Isle  et  Giraud,  délégués  de  l'Académie. 

2°  La  catastrophe  de  Saint-Pierre. 

«  Le  fait  qui  domine  toute  l'histoire  de  l'éruption  actuelle  de  la  Mon- 
tagne Pelée  est  la  catastrophe  du  8  mai  qui,  en  quelques  minutes,  a  détruit 
la  ville  de  Saint-Pierre  et  ses  3oooo  habitants,  anéanti  de  nombreuses 
habitations  du  voisinage,  ainsi  que  les  navires  qui  se  trouvaient  en  rade. 


420  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Nous  nous  sommes  donc  préoccupés  de  rechercher  les  causes  de  ce 
phénomène;  pour  cette  étude,  nous  nous  sommes  heurtés  à  des  difficultés 
nombreuses.  Arrivés  en  effet  à  la  Martinique  un  mois  et  demi  après  l'évé- 
nement, alors  qu'une  nouvelle  éruption,  celle  du  20  mai,  produite  dans 
des  conditions  probablement  analogues,  était  venue  parachever  l'œuvre 
de  destruction,  nous  avons  dû  nous  contenter  d'étudier  les  produits  A^olca- 
niques  tombés  sur  la  ville  ou  à  son  voisinage,  de  rechercher  les  effets 
mécaniques,  calorifiques  ou  physiologiques  produits  par  le  phénomène,  de 
recueillir  et  de  discuter  les  récits  du  petit  nombre  de  témoins  qui  ont 
survécu,  récits  qui,  d'ailleurs,  sont  loin  d'avoir  été  toujours  concordants. 

«  Nous  avons  montré  antérieurement  que  les  alentours  du  cratère  de  la 
Montagne  Pelée,  sur  un  rayon  de  2'""  à  S*"",  sont  entièrement  dévastés; 
d'autre  part,  les  cendres  projetées  par  le  volcan  sont  surtout  abondantes 
dans  un  secteur,  situé  sur  les  côtes  Oaest  et  Sud-Ouest  de  la  Montagne 
Pelée  et  compris  entre  le  cratère,  l'îlot  de  la  Perle  au  nord  du  Prêcheur  et 
le  Carbet.  Dans  ce  large  secteur,  il  en  existe  un  autre  plus  petit,  compris  à 
peu  près  entre  le  bourg  de  wSainte-Philomène  et  le  sud  de  la  ville  de  Saint- 
Pierre  :  la  dévastation  y  a  atteint  son  maximum;  sauf  sur  ses  bords,  toute 
végétation,  toute  habitation  ont  été  plus  ou  moins  totalement  détruites, 
tous  les  êtres  vivants  qui  s'y  trouvaient  le  8  mai  au  matin  ont  été  tués,  à 
l'exception  de  quelques  rares  blessés. 

»  INous  ferons  remarquer  immédiatement  la  dissymétrie  de  cette  zone 
dévastée  par  rapport  au  cratère,  dissymétrie  qui,  jusqu'au  i^^aoùt,  date  de 
notre  départ  de  la  Martinique,  a  persisté  dans  les  effets  des  éruptions  qui 
ont  suivi  celle  du  8  mai.  Nous  noterons,  en  outre,  que  la  direction  des 
fissures,  jalonnée  par  les  fumerolles  de  la  vallée  de  la  rivière  Blanche, 
sert  sensiblement  de  médiane  au  secteur  de  la  dévastation. 

»  Ces  fumerolles,  actives  depuis  le  commencement  de  l'éruption,  sont 
localisées  sur  le  côté  Sud-Ouest  de  la  Montagne  Pelée. 

»  ProduUs  de  projection.  —  L'étude  de  la  nature  et  de  la  distribution  des 
produits  de  projection  dans  la  zone  dévastée  permet  immédiatement  d'éli- 
miner l'hypothèse  d'une  destruction,  produite  par  un  bombardement  de 
la  ville  de  Saint-Pierre  et  de  ses  environs  par  des  blocs  de  lave  incandes- 
cente ou  par  la  seule  chute  d'une  très  grande  quantité  de  cendres.  Nous 
avons  montré  déjà  que  les  bombes  de  la  grosseur  du  poing,  si  nombreuses 
sur  les  bords  du  cratère,  ne  sont  pas  parvenues  directement  au  delà  de  Soo"* 
de  celui-ci.  Quant  à  l'apport  de  cendres,  quoique  relativement  assez  consi- 
dérable dans  le  quartier  du  Fort,  il  a  été  insuffisant,  dans  la  plupart  des 


SÉANCE  DU  8  SEPTEMBRE  1902.  ^21 

points  considérés,  pour  déterminer  à  lui  seul  reffondrement  des  mai- 
sons. 

»  Il  est  donc,  par  suite,  nécessaire  d'admettre  que  le  désastre  est  dû  à 
l'existence  d'une  ])Oussée  de  gaz  et  de  vapeur  à  haute  température,  ayant 
certainement  entraîné  des  cendres  et  des  lapillis,  mais  qui  paraissent  tou- 
tefois n'avoir  joué  qu'un  rôle  accessoire  dans  le  phénomène.  L'existence 
de  cette  poussée  est  mise  en  évidence  à  la  fois  par  ses  effets  mécaniques, 
calorifiques  et  physiologiques,  qiii  ont  été  ou  qui  peuvent  être  constatés, 
et  par  les  récits  des  survivants  de  la  catastrophe. 

»  Effets  mécaniques.  —  L'étude  des  flancs  de  la  Montagne  Pelée  et  celle 
des  ruines  de  Saint-Pierre  permettent  de  préciser  les  effets  mécaniques 
produits  dans  la  zone  de  dévastation.  Entre  le  cratère,  Sainte-Philomène 
et  Saint-Pierre,  il  n'existe  plus  rien;  le  sol  est  nu  :  villas,  usines,  bois,  cul- 
tures, tout  a  disparu.  Dans  Saint-Pierre  même,  l'emplacement  du  quartier 
du  Fort,  le  plus  rapproché  du  volcan,  était  encore  le  22  juin  recouvert  par 
une  sorte  de  dune  de  cendres  à  surface  ondulée.  Depuis  lors,  l'érosion, 
très  active  pendant  cette  saison  des  pluies,  met  peu  à  peu  à  découvert 
ruines  et  cadavres  et  montre  que  beaucoup  de  maisons  de  la  partie  haute 
du  quartier  ont  été  rasées  au  niveau  du  sol;  il  en  est  de  même  pour  le 
quartier  du  centre,  situé  sur  la  rive  gauche  de  la  Roxelane.  Quant  aux 
maisons  placées  sur  la  rive  droite  de  cette  dernière  rivière  et  adossées  au 
coteau  sur  lequel  se  trouvait  le  quartier  du  Fort,  elles  ont  été,  en  partie, 
protégées  et  n'ont  subi  que  la  démolition  partielle,  si  caractéristique  dans 
le  sud  de  la  ville.  Lorsque,  en  effet,  on  s'avance  dans  celte  direction,  on 
constate  que  la  dévastation  y  a  été  moins  complète  :  les  maisons  ne  sont 
souvent  que  partiellement  renversées  et,  dans  le  quartier  du  Mouillage 
notamment,  où  les  rues  principales  ont  une  orientation  oscillant  autour  du 
Nord-vSud  ou  dans  une  direction  perpendiculaire,  on  constate  que  les  murs 
dont  le  plan  est  dirigé  Nord-Sud  ou  dans  des  directions  voisines  sont 
presque  entièrement  debout,  alors  que  les  autres  n'existent  plus  ou 
presque  plus. 

»  Dans  toute  la  ville,  les  arbres  sont  brisés  ou  déracinés;  dans  ce  der- 
nier cas,  ils  sont  renversés  vers  le  Sud;  c'est  dans  cette  direction  qu'est 
tombé  le  phare;  la  vierge  colossale  en  fonte  qui  se  trouvait  sur  le  Morne 
d'Orange,  au-dessus  de  la  batterie  Sainte-Marthe,  a  été  renversée  dans  la 
même  direction;  elle  gît  non  brisée  à  quelques  mètres  au  delà  de  son 
socle  (^). 

(*)  Les  canons  de  la  batterie  Sainte-Marthe,  placés  à  côté  de  leurs  affûts  renversés, 


422  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Cette  constance  de  Torientation  de  tout  ce  qui  a  été  renversé  est  par- 
ticulièrement frappante  dans  le  cimetière  du  Mouillage.  Les  grilles  de  fer 
ont  été  arrachées  et  projetées  vers  le  Sud  ;  des  pierres  tombales  de  marbre 
placées  à  plat  sur  les  caveaux  ont  elles-mêmes  subi  un  déplacement  dans 
la  même  direction.  Enfin,  de  nombreux  cadavres  ont  été  retrouvés  dans  les 
rues,  également  orientés  la  tête  vers  le  Sud. 

»  Lorsqu'on  s'éloigne  de  Saint-Pierre  dans  la  direction  de  l'Est,  sur  le 
Morne  d'Orange  ou  dans  le  quartier  des  Trois-Ponts,  par  exemple,  on  con- 
state l'atténuation  progressive  des  actions  mécaniques  :  les  arbres  ne  sont 
plus  renversés,  mais  seulement  dépourvus  de  leurs  branches  et  de  leurs 
feuilles,  les  maisons  sont  moins  atteintes,  parfois  même  quelques-unes 
d'entre  elles  subsistent  presque  intactes,  puis  on  arrive  à  une  zone  exté- 
rieure où  seul  le  feuillage  des  arbres  a  souffert.  Des  observations  du  même 
genre  peuvent  être  faites  du  côté  du  Prêcheur,  à  la  bordure  de  la  zone 
dévastée. 

»  L'existence  d'une  poussée  gazeuse  formidable,  dont  l'origine  doit 
être  recherchée  au  nord  de  la  ville  de  Saint-Pierre,  est  donc  évidente  ;  mais, 
d'autre  part,  comme  la  ville  se  trouve  à  l'une  des  extrémités  du  secteur 
dévasté,  il  est,  en  outre,  nécessaire  d'admettre  que  cette  poussée  n'a  pas 
été  rectiligne,  mais  s'est  produite  en  éventail  de  façon  à  couvrir  toute  la 
surface  comprise  entre  Sainte-Philomène  et  Saint-Pierre;  nous  discuterons 
plus  loin  quelle  est  la  position  probable  de  son  point  de  sortie. 

M  Effets  calorifiques  et  physiologiques.  —  Au  point  de  vue  des  phéno- 
mènes calorifiques  et  physiologiques,  il  y  a  lieu  également  de  distinguer 
un  secteur  central,  qui  est  sensiblement  celui  dans  lequel  les  effets  méca- 
niques ont  atteint  leur  maximum,  et  un  autre,  plus  étroit,  extérieur,  dans 
lequel  les  effets  destructeurs  ont  été  progressivement  en  s'atténuant.  Dans 
le  secteur  central,  on  n'a  plus  trouvé  trace  de  vie;  les  cadavres  étaient 
entièrement  nus,  méconnaissables,  superficiellement  carbonisés;  leurs 
cheveux  et  leurs  poils  étaient  brûlés.  La  position  d'un  très  grand  nombre 
d'entre  eux  semble  indiquer  qu'ils  ont  été  surpris  par  une  mort  foudroyante  ; 
les  symptômes  d'asphyxie  (langue  tuméfiée  pendante,  contracture  des 
membres,  etc.)  étaient  souvent  manifestes.  Les  maisons  ont  été  incendiées, 
mais  l'incendie  n'a  pas  été  total;  on  rencontre  des  débris  de  maisons 
épargnées  à  côté  d'autres  partiellement  ou  entièrement  brûlées.  Il 
semble  que  la  ville  ai  tété  soumise  à  une  température  élevée,  mais  pendant 


n'ont  pas  été  jetés  à  terre  par  la  poussée  volcanique,  comme  on  l'a  écrit;  ils  étaient 
démontés  depuis  plusieurs  années. 


SÉANCE  DU  8  SEPTEMBRE  1902.  423 

un  temps  très  court,  de  telle  sorte  que  les  objets  peu  combustibles  ou  pré- 
servés par  des  causes  locales  ou  accidentelles  (')  n'ont  souvent  pas  eu  le 
temps  de  s'enflammer,  quand  ils  n'ont  pas  subi  l'influence  de  foyers  d'in- 
cendie voisins,  particulièrement  intenses  dans  cette  ville  où  les  usines 
et  notamment  les  rhumeries  étaient  nombreuses.  Il  est  à  remarquer  que 
la  ville  de  Saint-Pierre  était  construite  en  pierre,  avec  les  toitures  en  tuile 
ou  en  tôle  galvanisée. 

M  La  température  n'a  été  suffisante  pour  fondre  aucun  des  objets  métal- 
liques (  poutres,  grilles,  balcons  de  fer,  fils  de  cuivre  du  téléphone)  autre- 
fois exposés  à  l'air  et  que  l'on  rencontre  en  grande  abondance  dans  les 
décombres  de  la  ville. 

»  Dans  le  secteur  extérieur,  et  notamment  dans  les  faubourgs  ou  la  ban- 
lieue de  la  ville  (quartier  des  Trois-Ponts,  Morne  d'Orange,  etc.),  la  pro- 
portion des  maisons  non  brûlées,  des  arbres  non  carbonisés  (-)  augmente 
très  rapide  ment,  et  l'on  trouve  des  habilalions  qui,  bien  que  construites  en 
bois,  ne  montrent  pas  trace  d'incendie.  Dans  ces  dernières  (Carbet),  les 
habitants  ont  été  rencontrés  asphyxiés,  conservant  des  positions  naturelles 
qui  semblent  indiquer  une  mort  soudaine;  leurs  vêtements  n'étaient  pas 
endommagés  (^). 

»  Dans  le  voisinage,  les  cadavres  recueillis  en  dehors  des  maisons  pré- 
sentaient des  traces  d'asphyxie,  en  même  temps  que  des  brûlures;  leurs 
vêtements  ne  sont  que  partiellement  carbonisés.  Enfin,  à  la  limite  de  la 
zone  que  nous  étudions,  se  trouvaient  des  blessés,  dont  quelques-uns  ont 
survécu;  ce  sont  ceux  que  nous  avons  interrogés;  sur  eux,  on  n'a  plus 
observé,  ou  presque  plus,  de  carbonisation;  leurs  vêtements  étaient 
intacts,  leurs  blessures  consistaient  en  brûlures  superficielles,  mais  très 
étendues,  de  toutes  les  parties  découvertes;  les  cheveux  et  la  barbe  étaient 
iniacts.  On  a  constaté  aussi  des  brûlures  des  lèvres,  des  premières  voies 
digestives,  des  voies  respiratoires,  enfin  parfois  des  signes  de  pneumonie. 
Les  paupières  étaient  parfois  tuméfiées,  brûlées,  mais   les  yeux   intacts. 

(*)  C'est  ainsi  que  nous  avons  trouvé  dans  le  quarlier  du  Fort  des  cartouches  de 
revolver  et  des  tuyaux  de  caoutchouc  intacts.  Dans  le  quartier  du  Mouillage,  nous 
avons  rencontré,  dans  la  cour  d'une  maison  en  partie  incendiée,  une  femme  immergée 
dans  un  bassin  et  ayant  ses  vêtements  non  brûlés. 

(^)  Ceux-ci  sont  souvent  carbonisés  ou  dépourvus  de  leur  écorce  du  côté  de  la 
montagne  seulement. 

(^)  Des  cliiens  et  des  chats  ont  été  trouvés  vivants  dans  quelques-unes  de  ces  mai- 
sons closes,  dont  les  habitants  étaient  asphyxiés. 


424  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Beaucoup  de  ces  blessés  ont  été  certainement  brûlés  par  de  la  vapeur 
d'eau  ou  par  un  gaz  à  haute  température,  mais  d'autres  avaient,  en  outre, 
absorbé  une  plus  ou  moins  grande  quantité  de  cendres  chaudes.  Tel  a  été, 
en  particulier,  le  cas  de  ceux  qui  ont  péri  à  bord  du  Roraima,  navire  qui 
était  mouillé  devant  Saint-Pierre.  Ce  navire,  de  même  que  le  Rocldarriy  le 
Teresa-Lovico,  se  trouvait  à  une  plus  ou  moins  grande  distance  du  rivage, 
près  de  la  limite  d'action  de  la  poussée  gazeuse,  qui  semble  avoir  eu,  au 
point  de  vue  calorifique,  une  action  moindre  sur  mer  que  sur  la  terre  voisine. 

»  En  résumé,  toutes  ces  observations  indiquent  l'action  rapide  et  per- 
sistante d'une  source  de  calorique  à  haule  température,  produisant  l'as- 
phyxie. Dans  une  zone  centrale,  la  température  a  été  assez  élevée  pour 
déterminer  l'incendie,  carboniser  superficiellement  les  cadavres  après 
avoir  brûlé  leurs  vêtements,  mais  elle  a  été  insuffisante  pour  fondre  des 
fils  minces  de  cuivre  (io54").  A  l'extérieur  de  cette  zone,  les  phénomènes 
d'asphyxie  ont  persisté,  mais  la  température  s'est  abaissée  de  telle  sorte 
que  des  vêtements  même  ne  pouvaient  plus  être  carbonisés;  enfin,  plus 
extérieurement  encore,  la  vie  a  été  généralement  possible  et  les  êtres 
vivants  ont  eu  à  souffrir  soit  simplement  de  gêne  respiratoire,  soit  de  brû- 
lures analogues  à  celles  que  produit  la  vapeur  d'eau  dans  des  explosions 
de  machines  à  vapeur,  avec  parfois  en  outre  action  évidente  de  cendres 
chaudes. 

»  Ces  faits  d'observation  étant  établis,  passons  aux  récits  des  témoins 
que  nous  avons  interrogés  ou  dont  les  déclarations  ont  été  publiées. 
Ceux-ci  sont  soit  des  personnes  qui,  au  moment  de  l'éruption,  ont  observé 
le  volcan  de  localités  situées  au  dehors  de  la  zone  dévastée  (^Morne  Rouge, 
Parnasse,  haut  du  Morne  d'Orange,  etc.),  soit  des  personnes  se  trouvant 
sur  la  limite  extérieure  de  celle-ci  (à  bord  des  navires  ou  sur  la  terre  ferme)  ; 
ces  récits  ne  sont  malheureusement  pas  tous  concordants,  mais  les  faits 
suivants  peuvent  être  définitivement  établis.  Nous  publierons  d'ailleurs 
plus  tard,  avec  le  compte  rendu  complet  de  notre  mission,  tous  les  témoi- 
gnages que  nous  avons  recueillis,  leur  longueur  ne  permettant  pas  de  les 
intercaler  dans  ce  rapport  préliminaire. 

»  Après  plusieurs  jours  d'éruptions  préliminaires,  le  8  mai,  un  peu  avant 
8''  du  matin,  alors  que  le  ciel  élait  pur  et  que  le  volcan  lançait  verticale- 
ment, comme  il  le  faisait  depuis  quelque  temps,  \u\  panache  de  vapeur, 
on  entendit,  venant  du  cratère,  une  détonation  formidable,  en  même  temps 
qu'un  nuage  noir,  tros  épais,  dévalait  de  la  montagne  dans  la  direction 
Nord-Est-Sud-Ouest,  vers  Saint-Pierre.  Ce  nuage  était  sillonné  d'éclairs;  ii 


SÉANCE    DU    8    SEPTEMBRE    1902.  425 

était  animé  d'une  grande  vitesse,  de  telle  sorte  qu'en  2  ou  3  minutes,  peut- 
être  moins,  il  avait  dépassé  Saint-Pierre,  dont  l'extrémité  Sud  est  distante 
d'environ  H^"^  du  cratère.  Ce  nuage  était  dense,  car  ses  volutes,  roulant  les 
unes  sur  les  autres,  se  maintenaient  à  la  surface  du  sol.  Sur  son  passage,  il 
renverse  habitations  et  monuments,  brise  ou  déracine  les  arbres,  soulève 
horizontalement  la  surface  de  la  mer,  démâte  les  navires  au  ras  du  pont  et 
en  coule  plusieurs.  Enfin,  il  anéantit  tous  les  êtres  vivants.  Une  obscurité 
profonde  s'étend  immédiatement  sur  son  trajet,  mais  à  son  contact  tous 
les  objets  combustibles  s'enflamment  :  arbres,  champs  de  cannes,  la  ville 
entière,  les  navires  en  rade  flambent  en  un  instant.  Presque  aussitôt  se  pro- 
duit une  chute  de  petits  lapillis  et  de  cendres,  bientôt  transformées  en 
boue  par  une  pluie  diluvienne  qui  dure  près  de  3o  minutes.  Aussitôt  après 
le  passage  de  la  poussée  gazeuse,  un  vent  de  retour  en  sens  inverse  s'est 
produit,  sauvant  ainsi  la  vie  à  plusieurs  personnes  au  sud  de  Saint-Pierre. 
Une  heure  après  le  commencement  du  phénomène,  le  ciel  redevint  pur. 

»  Les  contradictions  dans  les  récits  portent  sur  les  deux  questions  que 
nous  devons  discuter  comme  conclusion  à  cette  étude  :  Quelle  était  la 
constitution  de  la  poussée  gazeuse  qui  a  détruit  Saint-Pierre  et  d'où  est-elle 
partie? 

»  En  effet,  tandis  que  la  plupart  des  témoins  affirment  que  le  nuage, 
vu  de  front  ou  de  côté,  était  obscur,  un  petit  nombre  disent  y  avoir  vu  des 
points  de  feu,  et  l'un  d'eux  même  a  parlé  de  flammes  partant  du  cratère  et 
se  dirigeant  sur  Saint-Pierre.  D'autre  part,  tandis  que  les  témoins  que 
nous  avons  entendus,  sauf  un,  disent  avoir  vu  le  nuage  obscur  partir  du 
haut  de  la  montagne  pour  se  diriger  sur  Saint-Pierre,  deux  autres,  cités 
par  M.  Robert  T.  Hill,  l'un  des  géologues  américains,  qui  vient  de  publier 
un  compte  rendu  de  l'éruption,  prétendent  l'avoir  vu  partir  d'un  nouveau 
cratère  qui  serait  situé  dans  la  vallée  de  la  rivière  Blanche,  à  deux  milles 
de  la  côte;  un  des  témoins  que  nous  avons  entendus  dit  avoir  vu  le  nuage 
obscur  occuper  tout  l'espace  compris  entre  la  mer  et  un  point  situé  à 
200™  ou  3oo'"  au-dessous  du  cratère. 

»  En  ce  qui  concerne  la  nature  du  nuage  destructeur,  il  est  un  certain 
nombre  de  faits  qui  sont  hors  de  doute.  Ce  nuage  était  certainement  essen- 
tiellement constitué  par  de  la  vapeur  d'eau  et  par  des  cendres.  Les  cendres 
ont  été  constatées  avec  évidence  d'abord  à  terre  et  aussi  sur  les  blessés 
survivants  :  la  plupart  d'entre  eux  étaient  absolument  couverts  par  de  la 
boue  gluante.  C'est  à  la  présence  des  cendres  qu'étaient  dues  la  couleur 
et  la  forte  densité  du  nuage.  Nous  avons  vu,  dans  les  fumerolles  du  bord 

C.  R.,  1902,  2'  Semestre.  (T.  CXXXV,  N"  10.)  ^^ 


426  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

de  la  côte,  comment  les  bouffées  de  vapeur  d'eau  entraînant  de  la  cendre 
par  éboulement  des  falaises  roulaient  lourdement  à  la  surface  de  la  mer, 
au  lieu  de  s'élever  comme  lorsqu'elles  en  étaient  dépourvues. 

»  La  présence  d'une  grande  quantité  de  vapeur  d'eau  n'est  pas  douteuse  ; 
celle-ci  constitue  en  effet  la  partie  prédominante  de  toutes  les  émanations 
volcaniques,  en  général,  et  de  toutes  celles  de  l'éruption  actuelle  du  Mont 
Pelé  en  particulier.  Son  existence  est  encore  prouvée  par  l'abondante 
condensation  qui  s'est  produite  au  cours  du  phénomène  et  qui  a  déterminé 
la  pluie  torrentielle  dont  il  a  été  question  plus  haut.  Enfin,  il  faut  noter  à 
ce  point  de  vue  toutes  les  brûlures  subies  par  les  blessés  de  la  zone  exté- 
rieure, et  notamment  de  ceux  qui  ont  été  brûlés  sans  subir  aucun  phé- 
nomène d'asphyxie. 

»  Tout  ce  que  nous  savons  sur  les  émanations  volcaniques  et  ce  que 
nous  avons  personnellement  constaté  sur  les  fumerolles  de  l'éruption 
actuelle  tend  à  indiquer  comme  vraisemblable  la  présence  d'acide  sulfu- 
reux et  d'hydrogène  sulfuré  mélangés  à  la  vapeur  d'eau,  mais  il  semble 
douteux  que  ces  gaz  aient  joué  un  rôle  bien  considérable;  les  témoins  ne 
sont  pas  d'accord,  en  effet,  dans  leurs  observations  à  cet  égard;  les  uns 
parlent  d'une  odeur  de  soufre  qu'ils  auraient  sentie,  les  autres  sont  très 
affirmatifs  sur  l'absence  d'odeur  au  moment  où  ils  ont  été  brûlés.  Nous 
avons  recueilli  un  très  grand  nombre  d'objets  métalliques,  dans  l'espoir  d'y 
trouver  des  traces  permanentes  de  l'action  de  ces  gaz.  Nous  n'avons  guère 
obtenu  que  des  résultats  négatifs  (').  Parmi  ces  objets,  les  uns  sont  intacts 
(fds  et  plaques  de  cuivre,  tuyaux  de  plomb,  chromate  de  plomb  trouvé 
dans  les  ruines  d'une  maison),  ou  bien  présentent  des  oxydations  banales 
dans  un  climat  chaud  et  humide  (objets  de  fer,  de  cuivre,  de  plomb)  ;  les 
autres  ont  bien  subi  des  transformations,  mais  celles-ci  sont  attribuables 
à  l'action  de  la  chaleur  à  laquelle  ils  ont  été  soumis  dans  les  maisons 
incendiées  :  tel  est  le  cas  de  beaucoup  d'objets  d'argent,  de  pièces  d'or, 
qui  sont  recouverts  d'un  enduit  noir  d'oxyde  de  cuivre.  Il  est  possible 
que  l'étude,  que  nous  n'avons  pas  achevée,  d'autres  objets  d'argent  y 
indique  l'existence  de  traces  de  soufre,  mais  cela  ne  nous  fournirait  pas 
une  certitude  au  sujet  du  nuage  du  8  mai,  car  depuis  plusieurs  jours  on 

(^)  On  a  parlé  de  fragments  de  soufre  recueillis  dans  les  ruines  de  Saint-Pierre;  ils 
n'ont  rien  de  volcanique.  Nous  avons  nous-mêmes  trouvé,  dans  la  zone  périphérique, 
des  fragments  de  soufre  au  voisinage  de  poteaux  téléphoniques  renversés;  ils  pro- 
venaient du  scellement  des  isolateurs. 


SÉANCE    DU    8    SEPTEMBRE    1902.  427 

avait  signalé,  dans  les  maisons,  au  voisinage  des  fumerolles  la  sulfuration 
des  objets  d'argent. 

»  Les  mêmes  observations  négatives  peuvent  être  faites  au  sujet  de  la 
présence  possible  de  l'acide  chlorhydrique.  Il  faut  noter  en  outre  que  les 
vêtements  des  blessés  que  nous  avons  pu  voir  ne  portaient  aucune  trace  de 
corrosion,  ni  de  décoloration  pouvant  indiquer  la  présence  de  gaz  acides. 

»  Il  s'agit  d'interpréter  les  causes  de  l'incendie.  Nous  devons  tout 
d'abord  éliminer  l'hypothèse  qui  a  été  mise  en  avant  et  qui  l'attribue  à  des 
décharges  électriques.  La  présence  d'éclairs  sillonnant  le  nuage  noir  a  été 
signalée  par  tous  les  observateurs,  elle  est  incontestable.  Des  coups  de 
foudre  expliqueraient  des  incendies  locaux,  mais  non  l'embrasement 
général  et  simultané  de  toute  la  ville,  ni  celui  de  la  végétation  des  flancs 
de  la  Montagne  Pelée.  Aucun  phénomène  de  ce  genre  n'a  été  signalé  à 
bord  des  navires,  et  nous  n'avons  recueilli  aucune  fulgurite  dans  les 
décombres  de  la  ville  ;  elles  eussent  été  certainement  nombreuses,  si 
celle-ci  avait  été  foudroyée  en  grand. 

»  Les  actions  calorifiques  ont  donc  été  produites  par  le  nuage  lui-même, 
et  la  question  qui  reste  à  résoudre  est  de  savoir  si  sa  température  était  ori- 
ginellement très  élevée,  s'il  était  constitué  simplement  par  de  la  vapeur 
d'eau  surchauffée  mélangée  à  d'autres  gaz  inertes  (acide  carbonique,  par 
exemple)  et  tenant  en  suspension  des  cendres  et  des  lapillis  à  la  même 
température  qu'elle,  ou  s'il  renfermait  en  outre  des  gaz  combustibles  s'en- 
flammant  au  contact  de  l'oxygène.  La  présence  de  ceux-ci  n'aurait  rien 
d'anormal;  on  connaît  en  effet  dans  les  émanations  volcaniques,  en  fait  de 
gaz  combustibles,  non  seulement  l'hydrogène  sulfuré,  mais  encore  l'hy- 
drogène et  des  carbures  d'hydrogène. 

»  Il  est  nécessaire  d'admettre  cette  dernière  hypothèse  des  gaz  com- 
bustibles, d'une  part  si  les  flammes  observées  sur  la  ville  et  la  campagne, 
à  mesure  que  le  nuage  les  touchait,  ne  sont  pas  dues  à  l'inflammation 
instantanée  des  objets  combustibles  au  contact  des  produits  gazeux  et 
solides  du  nuage  surchauffé,  et  d'une  autre,  s'il  a  véritablement  existé 
des  flammes  dans  le  nuage  (si  ce  qui  a  été  décrit  comme  tel  par  certains 
témoins  n'est  pas  constitué  par  les  lapillis  incandescents). 

»  La  présence  des  gaz  combustibles  pourrait  expliquer  en  partie  les 
3sphyxies,  soit  par  raréfaction  de  l'oxygène  de  l'air,  soit  par  action  des 
résidus  de  la  combustion;  pour  les  asphyxies  de  la  zone  centrale,  on  peut 
facilement  les  expliquer,  au  moins  en  partie,  par  l'absorption  des  fines 
cendres  chaudes  tenues  en  suspension  dans  la  vapeur  d'eau. 


428  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

»  Nous  réservons  la  discussion  de  cette  question  de  la  nature  des  gaz 
pour  le  moment  oi^i  nous  aurons  le  résultat  de  l'analyse  de  ceux  que  nous 
avons  recueillis  au  cours  de  l'éruption  actuelle  et  où  nous  aurons  exécuté 
quelques  expériences  sur  l'action  de  l'air  et  de  la  vapeur  d'eau  surchauffés 
sur  les  matières  combustibles,  expériences  que  nous  nous  proposons  d'en- 
treprendre. 

»  Il  nous  reste  à  rechercher  d'où  est  partie  l'explosion.  On  a  vu  plus 
haut  qu'il  existe  une  contradiction  à  cet  égard  dans  les  témoignages  des 
personnes  qui  ont  assisté  au  phénomène.  M.  Hill  place  la  sortie  de  la 
poussée  dans  un  orifice  situé  à  environ  jooo°^  au-dessous  du  sommet, 
dans  la  haute  vallée  de  la  rivière  Blanche.  Cette  opinion  est  basée  sur  le 
récit  d'un  officier  du  Roraima,  qui  a  dit  avoir  vu  le  nuage  partir  de  ce  point. 
Elle  est  séduisante,  car  le  point  considéré  est  beaucoup  plus  rapproché  de 
la  ville  de  Saint-Pierre  que  le  cratère,  et  il  est  situé  sur  la  direction  des  fis- 
sures de  la  rivière  Blanche.  Mais,  d'autre  part,  nous  n'avons  jamais  vu 
sortir  de  cette  région  autre  chose  que  les  produits  normaux  des  autres  fume- 
rolles de  cette  vallée  (vapeur  d'eau,  hydrogène  sulfuré),  nous  n'avons  pas 
observé  de  sortie  de  cendres  en  ce  point,  et  l'on  a  vu  que  le  nuage  destruc- 
teur était  riche  en  ces  matières.  Il  semble  difficile  d'admettre  qu'une  pro- 
jection aussi  violente  que  celle  du  8  mai  n'ait  pas  laissé  à  sa  bouche  de 
sortie  d'importantes  traces  ;  or  nous  n'en  avons  pas  observé  de  décisives. 
Il  nous  semble  donc  préférable  de  nous  rallier  à  l'hypothèse  faisant  partir 
le  nuage  du  cratère  lui-même,  bien  que  nous  ne  puissions  pas  en  donner  la 
démonstration.  Celle-ci  ne  pourrait  être  faite  que  par  l'étude  de  l'intérieur 
du  cratère  et  par  la  constatation  de  l'existence  de  fissures  de  direction  con- 
venable. La  plupart  des  témoins  dont  nous  avons  recueilli  les  récits 
n'hésitent  pas  à  dire  qu'ils  ont  vu  ce  nuage  partir  du  sommet  de  la  mon- 
tagne et  non  pas  de  sa  base. 

»  Quoi  qu'il  en  soit  des  incertitudes  que  nous  devons  laisser  sur  ces  divers 
sujets,  il  ne  semble  pas  que  l'éruption  du  8  mai  soit  exceptionnelle  par 
essence;  elle  paraît  avoir  tiré  sa  puissance  destructive  de  la  direction 
qu'ont  prise  les  produits  de  projection,  qui,  au  lieu  d'être  poussés  verticale- 
ment, comme  cela  est  généralement  le  cas  dans  les  éruptions  volcaniques, 
l'ont  été  obliquement  (quelle  que  soit  d'ailleurs  l'hypothèse  que  l'on 
admette  pour  le  point  de  sortie)  et  précisément  dans  la  direction  de  cette 
malheureuse  ville. 


SÉANCE  DU  8  SEPTEMBRE  1902.  429 

3°   Conclusions. 

»  En  terminant,  nous  résumerons  rapidement  les  caractéristiques  de 
l'éruption  actuelle.  Jusqu'au  3i  juillet,  date  de  notre  départ  de  la  Marti- 
nique, elle  a  consisté  exclusivement  dans  une  phase  explosive,  elle  n'a 
produit  aucune  coulée  de  lave. 

»  On  n'a  constaté  ni  fente  béante  (en  dehors  du  cratère),  ni  change- 
ment de  niveau  du  rivage,  ni  affaissement  ou  soulèvement  notables  dans 
l'intérieur  des  terres,  ni  niociifications  appréciables  des  fonds  au  voisinage 
de  la  côte;  aucune  secousse  importante  de  tremblement  de  terre  n'a  été 
ressentie;  les  grandes  explosions  ont  été  accompagnées  d'une  dé[)ression 
barométrique  subite  et  de  petits  ras  de  marée,  parfois  meurtriers,  au  Carbet 
et  se  faisant  sentir  jusqu'à  Fort-de-France. 

»  Les  blocs  de  lave  incandescente  n'ont  été  projetés  qu'à  quelques  cen- 
taines de  mètres  du  cratère,  mais  l'aire  de  distribution  des  cendres  et  des 
lapillis  s'est  étendue  sur  toute  la  Martinique,  lors  des  grandes  explosions. 

»  L'aire  de  dévastation  complète  a  été,  jusqu'au  3 1  juillet,  limitée  à  une 
zone  périphérique  de  2'''^  à  3'""  autour  du  cratère  et  à  une  zone  comprenant 
toute  la  côte  Ouest,  entre  l'îlot  de  la  Perle  et  les  premières  maisons  du 
Carbet. 

»  Une  caractéristique  importante  de  cette  éruption  réside  dans  la  fré- 
quence des  poussées  très  densesde  gaz  et  de  vapeurs  entraînant  des  cendres, 
qui  ont  coûté  la  vie  à  tant  d'infortunées  victimes.  Les  émissions  boueuses 
ont  été  répétées  et  importantes,  les  manifestations  électriques  tout  à  fait 
remarquables. 

»  C'est  au  milieu  de  la  zone  dévastée,  nettement  dissymétrique  par  rap- 
port au  volcan,  que  se  trouvent  une  grande  quantité  de  fumerolles  sulfhy- 
driques,  dans  la  direction  du  Sud-Ouest  et  dans  le  prolongement  de  la 
large  brèche  ouverte  dans  le  haut  de  la  Montagne  Pelée. 

»  Ces  fumerolles  jalonnent,  dans  la  vallée  de  la  rivière  Blanche,  une 
direction  de  fissures  se  trouvant  vraisemblablement  sur  la  prolongation  de 
la  fente  du  cratère  ;  c'est  sans  doute  à  la  position  et  à  la  forme  de 
celle-ci  qu'est  due  la  direction  des  poussées  obliques  en  éventail  aux- 
quelles nous  avons  attribué  la  destruction  de  Saint-Pierre.  Cette  direction 
de  fissures  se  prolonge  dans  la  mer  et  doit  être  la  cause  de  la  rupture  du 
câble  sous-marin  français. 

»  Des  paroxysmes,  séparés  par  des  périodes  de  calme  relatif,  ont  été 


/,3o  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

nombreux  au  commencement  de  l'éruption  (8  mai,  20  mai,  26  mai,  6  juin), 
puis  plus  éloignés  (9  juillet)  (*).  Nous  constatons  que  l'éruption  se  pour- 
suit, mais  il  ne  saurait  être  question  de  faire  aucune  prédiction  sur  V avenir. 
L'histoire  des  volcans  andésitiques  du  genre  du  Mont  Pelé  montre  qu'ils 
se  comportent  dans  leurs  éruptions  de  façon  différente  ;  les  grandes  explo- 
sions, comme  celle  du  Rrakatoa,  ou  la  production  de  coulées  de  laves 
sont  dans  tous  possibles,  mais  non  nécessaires. 

))  Il  sera  particulièrement  utile,  au  point  de  vue  de  la  sécurité  de  l'île 
(agrandissement  possible  vers  le  Nord  et  vers  l'Est  de  la  zone  de  dévastation), 
comme  au  point  de  vue  scientifique,  de  suivre  attentivement  la  marche 
ultérieure  des  événements  et  de  voir  si  les  fissures,  se  manifestant  par  des 
fumerolles,  resteront  localisées  dans  leur  direction  primordiale,  ou  bien  si 
elles  se  continueront  sur  les  flancs  nord-est  de  la  montagne,  suivant  un 
diamètre,  ou  encore  se  produiront  en  éventail  dans  diverses  directions. 
Nous  n'avons  recueilli  aucune  indication  à  cet  égard  en  dehors  de  l'exis- 
tence de  la  sortie  boueuse  de  Trianon  et  peut-être  d'une  autre  dans  la 
vallée  de  la  Basse-Pointe;  mais,  comme  elles  n'ont  pas  fonctionné  pendant 
notre  séjour,  nous  n'avons  sur  elles  aucun  document  personnel. 

»  Dans  le  cas  011  le  volcan  entrerait  prochainement  dans  une  phase  de 
coulées,  il  est  vraisemblable,  d'après  la  disposition  du  cratère,  que  celles-ci 
s'épancheraient  dans  la  vallée  de  la  rivière  Blanche,  c'est-à-dire  vers  la 
mer,  dans  la  région  de  dévastation  maximum. 

»  Nous  avons  appelé  plus  haut  l'attention  sur  les  désastres  produits  par 
les  torrents  dans  tout  le  massif  de  la  Montagne  Pelée;  ils  ont  été  la  consé- 
quence des  condensations  atmosphériques  particulièrement  intenses  sur  la 
Montagne  Pelée  pendant  l'éruption,  ou  plus  ou  moins  directement  dus  à 
des  émissions  d'eau  boueuse.  Il  est  certain  que  les  phénomènes  torrentiels 
survivront  à  l'éruption  actuelle  et  seront  à  redouter  aussi  longtemps  que 
les  flancs  du  volcan,  formés  par  des  matières  éminemment  entraînables, 
seront  déboisés.  De  toute  façon,  l'évacuation  des  habitations  situées  auprès 
de  leur  cours  inférieur  s'impose. 

))  Au  moment  oîi  ce  Rapport  allait  être  déposé,  parvient  la  nouvelle  d'un 
nouveau  désastre  dans  la  partie  est  et  sud-est  de  la  Montagne  Pelée.  Les 
dépêches  ne  permettent  pas  encore  de  se  faire  une  idée  de  leur  étendue, 
de  leur  nature  et  de  leur  origine;  mais,  dans  tous  les  cas,  elles  indiquent 

(*  )  De  nouvelles  érupLlons  graves  viennent  de  se  produire  :  25,  26  et  00  août. 


SÉANCE    DU    8    SEPTEMBRE    1902.  43 1 

une  augmentation  de  l'activité  du  volcan  et,  ce  qui  est  plus  grave,  le 
déplacement  ou  l'extension  de  la  région  dangereuse. 

»  ï/d  situation  est  donc  aujourd'hui  très  différente  de  ce  qu'elle  était  à 
la  fin  de  juillet. 

))  Cet  événement  rend  de  plus  en  plus  nécessaire  une  étude  minutieuse 
et  surtout  continue  d'une  éruption  qui  s'aggrave  d'une  façon  inquiétante. 

»  Il  n'est  pas  douteux  que  l'évacuation  du  massif  entier  de  la  Montagne 
Pelée,  que  nous  ne  considérions  pas  comme  indispensable  il  y  a  i  mois, 
doit  être  aujourd'hui  effectuée  d'une  façon  complète  et  maintenue  jusqu'à 
cessation  des  manifestations  volcaniques. 

»  La  surveillance  devra  désormais  être  des  plus  actives  sur  la  limite 
méridionale  du  massif,  surtout  s'il  était  démontré,  une  fois  les  causes  de 
cette  dernière  catastrophe  déterminées,  que  l'éruption  a  été  due  à  un 
nouveau  cratère  produit  sur  une  fissure  latérale. 

»  Les  parties  centrale  et  méridionale  de  la  Martinique  sont  restées  à 
l'abri  de  l'action  imiî,édiate  du  volcan;  mais,  comme  on  l'a  vu  plus  haut,  le 
littoral  a  eu  à  subir  l'effet  de  ras  de  marée,  chaque  fois  que  s'est  produite 
une  violente  explosion  du  volcan.  Bien  qu'une  explosion  beaucouj)  plus 
violente  encore  que  toutes  celles  qui  ont  été  constatées  jusqu'à  ce  jour  soit 
nécessaire  pour  déterminer  par  contre-coup  des  dommages  importants  à 
Fort-de-France,  on  ne  saurait  prendre  trop  de  précautions  contre  un  ras 
de  marée  éventuel.  Du  reste,  lorsqu'on  arrive  pour  la  première  fois  à  la 
Martinique,  on  est  frappé  d'étonnement  en  voyant  la  plupart  des  villes  et 
des  villages  de  la  côte  construits  presque  dans  la  mer  ou  dans  des  marais 
au  niveau  de  celle-ci,  alors  que  presque  toujours,  et  en  particulier  à  Fort-de- 
France,  il  eût  été  possible  de  bâtir  sur  les  collines  voisines  toutes  les  con- 
structions qui,  par  destination,  ne  réclament  pas  la  proximité  immédiate  du 
rivage.  Cette  observation  est  une  indication  des  mesures  à  prendre  d'une 
façon  aussi  générale  que  possible,  quand  la  période  troublée  actuelle  sera 
parvenue  à  son  terme. 

»  Notons,  en  terminant,  que  l'accumulation  d'une  grande  quantité  de 
réfugiés  à  Fort-de-France  constitue  à  cet  égard,  ainsi  qu'à  beaucoup 
d'autres,  un  danger  permanent  et  des  plus  sérieux.    » 


432  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


MÉCANIQUE  CÉLESTE.  —  Sur  V accélération  séculaire  de  la  longitude  moyenne 
de  la  Lune.  Note  de  M.  H.  Axdoyer. 

«  Comme  application  de  mes  recherches  antérieures  sur  la  longitude  de 
la  Lune,  j'ai  l'honneur  de  communiquera  l'Académie  l'expression  analy- 
tique de  la  partie  du  coefficient  de  l'accélération  séculaire  de  la  longitude 
moyenne  de  la  Lune,  qui  ne  dépend  que  du  rapport  m  des  moyens  mou- 
vements du  Soleil  et  de  la  Lune.  En  désignant  par  n  le  moyen  mouvement 
de  la  Lune,  par  e' l'excentricité  de  l'orbite  du  Soleil,  par  e'^^  la  perturbation 
séculaire  de  cette  excentricité,  par  \^nt'^  le  terme  en  t'  dans  l'expression 
de  la  longitude  moyenne  de  la  Lune,  j'ai  trouvé,  en  profitant  des  beaux 
lliéorèmcs  de  M.  S.  Newcomb  cl  de  M.  E.-W.  Brcnvn,  l'expression 

8rt                o     ^        3771      .        84047     K       3o6865     r        5  70  [2^7     , 
■ — T-r  —  —  ^rn-  H ^  m'  -\ ?^m'  h r-^-m^'  H '—^^m^ 

11719935961  8797791455  46i729oi558r3        , 

2^'.o^  2'^o-  2'*. 3". 5 

»  Cette  expression  diffère,  dans  ses  deux  derniers  termes,  de  celle 
qui  a  été  donnée  par  Delaunay  aux  Comptes  rendus  (t.  LXXII,  1871); 
les  termes  en  m^  et  m'**  de  Delaunay  sont,  en  effet, 

1873123345675     „       5879482245683     ,„ 

—  — -—  m   —  — ^-^ m     ' 

2'^3'  2'*. 3^. 3  ' 

on  devait  d'ailleurs  s'attendre  à  cette  divergence,  puisque,  comme  je  l'ai 
déjà  plusieurs  fois  fait  remarquer,  les  termes  d'ordre  élevé  donnés  par 
Delaunay  dans  sa  Théorie  de  la  Lune  sont  tous  affectés  de  légères  inexac- 
titudes. 

»  En  adoptant,  comme  Delaunay,  les  valeurs  numériques  0,07480  et 
—  1270"  pour  m  et  ne'e'^  (l'unité  de  temps  étant  le  siècle  julien),  la  formule 
que  je  propose  donne  {^n  =  5^,700,  tandis  que  celle  de  Delaunay  donne 
i(^«  =  5",  765.  En  partant  des  mêmes  valeurs  numériques,  M.  E.-W.  Brown 
a  trouvé,  par  l'application  d'un  procédé  empirique  très  ingénieux, 

^^n  =  5",  70.   » 


SÉANCE  DU  8  SEPTEMBRE  1902. 


433 


ASTRONOMIE.  —  Comète  b  1902,  découverte  le  \^^  septembre  par  M.  Penne 
et  le  2  septembre,  d'une  manière  indépendante,  par  M.  Borrelly,  à  l'Obser- 
vatoire de  Marseille.  Observations  faites  par  MM.  Bourelly  et  L.  Fabry 
(chercheur  et  équalorial  d'Eichens),  transmises  par  M.  Stéphan. 


Temps  moy. 

Nombre 

Ascension 

Distance 

de 

de 

droite 

Log.  fact. 

polaire 

Log.  fact. 

Scptemb 

re.  Marseille. 

A  en  M. 

A  en  $. 

compar. 

apparente. 

parall. 

apparente. 

parall. 

•k 

Obs 

2.  .  . 

b        D1       s 

9.50.24 

m      s 
—  1.19,84 

— 1'.53,7 

5:5 

h        m       s 

3. [6.38,23 

— "i'>7i9 

54°.48'.3i",4 

— o,634 

I 

B. 

2.  .  . 

11.24.    I 

—  1.36,70 

-4.i3,4 

4:4 

3.16.34,22 

-1,711 

54.47-  0,6 

— o,6i3 

2 

F. 

3... 

II. 17. 34 

—  3.36,99 

-+-2.28,5 

4:4 

3.i5.35,6i 

—7,714 

54.22.14,5 

— 0,612 

3 

F. 

4... 

10.29.23 

+3.17,93 

-3.i5,4 

2:2 

3.14.29,93 

—7,726 

53.56.58,2 

-0,678 

4 

F. 

5... 

II.  1.33 

— 0.  2,11 

+0.  7,8 

5:5 

3.l3.l4,22 

—7,725 

53.28.50,2 

—0,618 

5 

B. 

Étoiles  de  comparaison. 


Étoiles 

I . 

2. 

3. 

4. 

5. 


Ascension 

Réduction 

Distance 

Réduction 

droite 

au 

polaire 

au 

Grand 

eur. 

1902,0. 

jour. 

1902,0. 

jour. 

Autorités. 

9 

h        m        s 
3.17.54,14 

s 

+3,93 

54.50.26,0 

— o',9 

1 4oi3,  Paris +W2,  mS  3o7-3o8 

9 

3.18.     6,99 

+3,93 

54.51. i4,9 

—0,9 

3i4-3i5,W2,  111^ 

9 

3.19.     8,62 

+3,98 

54.19-46,8 

-0,8 

335,W2,  III^ 

8 

3.11.   7,94 

-f-4,o6 

54.    0.l5,2 

-1,6 

170,  W2,  III''. 

8, 

5 

3. i3. 12,23 

+4,10 

53.28.43,8 

-1,4 

6086  Lalande. 

»  Remarque.  —  La  comète  est  assez  brillante,  elle  a  un  noyau  allongé  et  une  queue 
de  8'  à  10';  le  2  vers  i4'>,  le  noyau  paraît  se  dédoubler  par  instants  et  former  deux: 
petits  noyaux  arrondis.  Le  3,  la  comète  ofFre  sensiblement  le  même  aspect.  Le  5,  le 
noyau  est  plus  diffus  et  l'éclat  de  la  comète  paraît  diminuer  sensiblement.   » 


ASTRONOMIE.   —   Observations  de   la  comète  1902  e,  faites  à  l'Observatoire 
de  Besançon.  Note  de  M.  P.  Chofardet,  transmise  par  M.  Lœwy. 


Temps  moyen 
Dates.  de 

1902.  Étoiles.  Besançon.  Aa  comète. 

h        m       s  m       s 

Septembre   3 a  i5. 16.48  +1.26,02 

4 b  9.29.30  +0.35,60 

5 c  i2.32.5o  — o.   7,5o 

6 d  10.33.   2  +2.49,87 

C.  R.,  I  02,  2"  Semestre   (T.  CXXW,  N°  10.) 


Nombre 

de 

^^S  comète. 

compar. 

+   7'.  26"  8 

12:9 

—  12.17,6 

12:9 

—    1.20,0 

9:3 

-    4.28,5 

9:9 

56 


434  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Positions  moyennes  des  étoiles  de  comparaison  pour   1902,0. 


Ascension 

Réduction 

Réduction 

droite 

au 

Distance  polaire 

au 

;oiles. 

Catalogues. 

moyenne. 

jour. 

moyenne. 

jour. 

a.  . 

Weissej,  220,  III'' 

Il        m  ^     s 

3 .  13.53,78 

+4,02 

54. 10. 16,4 

-   i",3 

b.. 

Weisse2,  226,  III'* 

» 

+4,04 

» 

-  1,4 

c. . 

rapp.  à  Weissej,  i45 

3. I 3. 12,29 

(-4,11 

53.28.47,3 

-  1,4 

d.. 

Paris,  3859 

3.   8.58,65 

+4,17 

53.   5.45,0 

~   i>9 

Positions  apparentes  de  la  comète. 

Ascension  Distance 

Dates.  droite  Log.  fact.  polaire  Log.  fact. 

1902.  apparente.  parallaxe.  apparente.  parallaxe. 

h        m        s  o         ,  „ 

Septembre  3 3. 1 5. 23, 82  1,1 68,^  54- 17. 4 ',9  0,278,, 

4 3.i4-33,42  7,683/;  53.57.5^,4  0,781,, 

5 3.1 3.   8,90  7,6] 6,,  53.27.25,9  o,5o4,, 

6 3,11.52,69  1,699,,  53.    i.i4,6  o,683„ 

»  Le  3  septembre,  la  chevelure  de  la  comète,  mesurant  environ  3',  a  un  noyau  de 
9*  grandeur.  Une  queue,  en  forme  de  balai  et  de  direction  S.-O.,  se  présente  sur  une 
longueur  de  7'. 

»  L'observation  du  5  septembre  a  été  faite  dans  des  interstices  de  nuages.    » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  équations  différentielles  et  la  théorie  des 
ensembles.  Note  de  M.  Edmond  Maillet,  transmise  par  M.  Jordan. 

«  Nous  avons  antérieurement  (')  défini  des  catégories  de  fonctions  ne 
satisfaisant  à  aucune  équation  différentielle  rationnelle,  de  même  que 
Liouville(-)  avait  défini  des  catégories  de  nombres  transcendants  ne  satis- 
faisant à  aucune  équation  algébrique  à  coefficients  entiers.  M.  Cantor  (^) 
a  obtenu  un  résultat  analogue,  mais  moins  parfait  à  certains  égards,  en  se 
basant  sur  la  théorie  des  ensembles  :  L'ensemble  des  nombres  algébriques  est 
dénombrable,  tandis  que  V ensemble  des  nombres  transcendants  a  la  puissance 
du  continu. 


(*)  Journal  de  Mathématiques^  '902,  p.  37, 
(^)  Journal  de  Mathématiques,  i85i. 
(^)  BoREL,  Théorie  des  fonctions,  p.  26. 


SÉANCE  DU  8  SEPTEMBRE  I902.  435 

»  On  peut  étendre  presque  iinmédialement  aux  fonctions  et  aux  équa- 
tions différentielles  rationnelles  le  théorème  de  M,  Cantor.  La  solution 
générale  de  l'équation  différentielle  rationnelle  générale  F  =  o  d'ordre  ^^<I 
et  de  degré  <I  en  x,  y,  /,  . . .,  7'^'  aux  environs  de  a?  =  o  dépend  d'un 
nombre  fmi  de  paramètres  arbitraires  (théorème  de  Cauchy).  L'ensemble 
des  séries  convergentes  pour  x  =  o,  jouissant  même  de  certaines  |)roprié- 
tés  particulières  (par  exemple,  l'ensemble  des  fonctions  entières  d'ordre 
fini  p),  dépend  d'un  nombre  infini  de  paramètres  arbitraires. 

»  Classons  dans  un  même  type  les  solutions  ou  les  séries  pour  lesquelles 
les  paramètres  nuls  ont  les  mêmes  indices  (les  paramètres  des  séries  étant 
convenablement  choisis).  Le  nombre  des  types  de  solutions  est  dénom- 
brable;  le  nombre  des  types  de  séries  a  la  puissance  du  continu.  Ces  séries 
comprennent  donc  une  infinité  de  séries  qui  ne  sont  solutions  d'aucune 
équation  F  :=  o. 

»  Il  en  sera  de  même  pour  l'ensemble  des  équations  différentielles  ration- 
nelles en  X,  l,,  ...,li,  y,  y,  .••,  J<'^  (/limité),  ^,,  ••-  ^/  désignant  des 
fonctions  de  x,  les  mêmes  quel  que  soit  x  :  par  exemple  loga;,  log  log.r,  . . . , 
e^,  6"%  ...,px,  'C^,  .... 

»   Il  V  n  des  extensions  aux  séries  divergentes  sommables.  » 


ÉLECTRICITÉ.   —  Sur  les  propriétés  des  enceintes  fermées,  relatives  aux  ondes 
électriques.  Note  de  M.  A.  Turpaix,  transmise  par  M.  Mascart. 

«  Nous  nous  sommes  proposé  d'étudier  les  effets  que  l'emploi  des 
enceintes  fermées  permet  d'obtenir  tant  au  point  de  vue  de  la  pénétration 
des  ondes  à  leur  intérieur  que  de  la  concentration  des  ondes  produites 
dans  ces  enceintes. 

»  Un  dispositif  producteur  d'ondes  ou  transmetteur  T  peut  être  enfermé 
dans  une  caisse  de  bois  tapissée  d'étain,  mesurant  So'^'^  de  longueur, 
22^"°  de  largeur  et  20^"  de  hauteur.  Un  dispositif  récepteur  R  comprenant 
un  cohéreur,  un  relais  et  une  sonnerie,  avec  les  éléments  de  pile  néces- 
saires, peut  être  enfermé  dans  une  enceinte  métallique  de  même  dimen- 
sion que  la  précédente.  Chaque  caisse  est  percée  d'une  ouverture  circulaire 
de  7™™  de  rayon  par  laquelle  on  peut  introduire  un  conducteur  constitué 
soit  par  un  fil  nu,  soit  i>ar  un  tube,  soit  encore  par  un  câble  sous  plomb, 
de  io™,5o  de  longueur. 


436  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Les  diverses  expériences  réalisées  peuvent  être  ainsi  résumées  : 

»  1°  Chaque  fois  que  T  et  R  sont  placés  dans  une  enceinte  métallique  complète- 
ment close,  il  n'y  a  aucune  action  possible  de  T  sur  R  (fait  signalé  antérieurement 
par  M.  Branly,  Comptes  rendus,  4  juillet  1898). 

»  2°  Si  l'enceinte  métallique  qui  contient  R  est  munie  d'une  seule  petite  ouverture 
circulaire  aux  bords  de  laquelle  s'adapte  un  tube  conducteur  qui  vient  déboucher  dans 
l'enceinte  contenant  T,  par  une  ouverture  circulaire,  sans  que  le  tube  touche  les  bords 
de  l'ouverture  de  T,  on  ne  constate  aucune  action  de  T  sur  R.  Mais  il  suffit  de  décou- 
vrir l'enceinte  contenant  R  pour  que  l'action  ait  lieu.  Les  ondes,  qui  ne  pouvaient 
pénétrer  dans  l'enceinte  munie  du  tube,  se  trouvent  alors  concentrées  par  le  tube 
conducteur  et  peuvent  agir  sur  le  récepteur. 

»  On  constate  les  mêmes  phénomènes  si,  conservant  les  mêmes  dispositions  pour 
les  enceintes  et  pour  le  tube  qui  les  réunit,  on  permute  les  positions  des  dispositifs 
transmetteur  et  récepteur,  plaçant  le  transmetteur  dans  l'enceinte  qui  contenait  pré- 
cédemment le  récepteur  et  vice  versa. 

»  3°  Alors  que  la  communication  entre  les  deux  enceintes  est  impossible  lors  même 
qu'un  tube  conducteur  relie  les  bords  des  ouvertures  circulaires  pratiquées  dans 
chaque  enceinte,  l'action  de  T  sur  R  se  manifeste  si  le  tube  conducteur  pénètre  dans 
les  enceintes  sans  en  toucher  le  revêtement.  Mieux  encore,  T  agit  sur  R  si  le  tube  con- 
ducteur est  muni  suivant  son  axe  d'un  conducteur  reliant  les  deux  dispositifs. 

»  4°  Cette  action  de  T  sur  R  au  moyen  d'un  câble  à  revêtement  métallique  peut 
avoir  heu,  alors  même  que  le  câble  est  dénudé  de  son  revêtement  métallique  sur  une 
petite  longueur,  pourvu  qu'il  n'y  ait  pas  communication  entre  le  tronçon  de  câble 
allant  vers  le  récepteur  R  et  l'âme  du  câble.  T  agit  sur  R  alors  même  que  le  tronçon 
provenant  du  transmetteur  T  est  en  contact  avec  l'âme  du  câble. 

»  Ces  expériences  indiquent  les  conditions  dans  lesquelles  devront  être 
placés  les  dispositifs  producteur  et  récepteur  d'ondes  électriques  pour  être 
utilisés  dans  la  télégraphie  hertzienne  avec  fd,  alors  que  le  fil  conducteur 
est  constitué  par  un  câble.  Le  revêtement  métallique  dont  tout  câble  sous- 
marin  ou  souterrain  est  muni  devra  être  continué  autour  du  conducteur 
axial  jusqu'au  poste  télégraphique.  Les  dispositifs  de  chaque  poste  devront 
être  situés  dans  une  enceinte  métallique  fermée  mise  en  relation  par  une 
ouverture  avec  le  revêtement  du  câble.  Dans  ces  conditions,  une  concen- 
tration très  puissante  des  ondes  électriques  sera  obtenue,  alors  qu'elle 
serait  impossible  si  les  ondes  passaient  du  conducteur  axial  au  revêtement 
métallique  dii  câble  au  point  de  la  ligne  où  commence  le  câble.  A  partir  de 
ce  point,  les  ondes  seraient  disséminées  dans  le  sol  ou  dans  l'eau. 

»  Ces  expériences  peuvent  fournir  également  quelques  renseignements 
utiles  relatifs  à  l'emploi  des  enceintes  fermées  en  télégraphie  sans  fd.  Il  y 
aurait  avantage,  en  particulier,  à  renfermer  les  organes  transmetteurs, . 


SÉANCE    DU    8    SEPTEMBRE    1902.  487 

d'une  part,  les  organes  récepteurs  d'autre  part,  dans  des  enceintes  métal- 
liques closes,  munies  chacune  d'une  ouverture  circulaire  à  laquelle  vien- 
drait aboutir  un  câble  sous  plomb  mettant  en  relation  chaque  dispositif 
avec  l'antenne.  D'après  les  expériences  faites,  il  ne  doit  y  avoir  aucun 
inconvénient  à  relier  le  revêtement  du  câble  qui  vient  du  transmetteur  au 
conducteur  même  de  l'antenne.  En  ce  qui  concerne  le  récepteur,  la  mise 
en  contact  du  revêtement  du  câble  avec  l'antenne  constituera  une  très 
efficace  et  très  commode  protection  des  organes  récepteurs  contre  les 
ondes  issues  du  poste.  Il  suffirait,  au  moment  de  la  récejUion,  de  supprimer 
cette  relation,  assurée,  par  exemple,  au  moyen  d'une  bague  mobile,  tout 
en  maintenant  les  dispositifs  récepteurs  dans  leur  enceinte  métallique.    » 


CHIMIE    ANALYTIQUE.    —    Sur    un    nouvel   indicateur    acidimétrique. 
Note  de  M.  L.-J.  Simon,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

«  Parmi  les  produits  qui  se  forment  accessoirement  dans  la  calcination 
de  l'acide  tartrique  en  présence  de  bisulfate  de  potassium  on  peut  isoler  un 
produit  nouveau  CMPO%  isomère  de  l'acide  pyrotritarique  auquel  j'ai 
donné  le  nom  d'acide  isopyrotritarique.  Les  solutions  ferriques  commu- 
niquent à  sa  solution  aqueuse  une  coloration  violette  intense.  Cette  colo- 
ration est  due  à  l'isopyrotritarate  de  fer,  combinaison  cristallisée  et  bien 
définie  (C'^H^0^)^Fe.2H^0  qui  peut  servir  d'indicateur  dans  les  mesures 
acidimétriques  (^Comptes  rendus,  t.  CXXXI,  1900,  p.  586  et  618). 

»  Cet  indicateur  a  une  propriété  curieuse  qui  n'a  été  signalée  jusqu'ici 
pour  aucun  autre  :  //  fournit  à  lui  seul  les  indications  que  l'on  obtient  habi- 
tuellement en  employant  successivement  l' hélianthine  (^orangé  III  Poirier)  et  la 
phénolphtaléin  e . 

»  Ce  sel,  très  soluble  dans  l'eau,  lui  communique  une  teinte  rouge  brun 
presque  noire  en  solution  très  concentrée.  Par  dilution,  cette  teinte 
devient  rouge  orangé  puis  jaune  orangé. 

»  Les  acides  provoquent  un  virage  de  cette  teinte  vers  le  violet  en  solu- 
tion concentrée,  vers  le  rose  violacé  en  solution  étendue.  Ce  virage  corres- 
pond à  celui  de  V hélianthine^  du  jaune  au  rose. 

»  Les  alcalis,  à  leur  tour,  provoquent  une  sorte  de  décoloration  de  la 
liqueur  jaune  orangé  ou  plus  exactement  un  virage  de  la  teinte  jaune 
orangé  vers  le  jaune-paille.  Ce  virage  correspond  à  celui  de  la  phtaléine  du 
blanc  au  rose  violacé. 


438  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

»  L'existence  de  ces  deux  virages  permet  à  cet  indicateur  de  jouer  à  lui 
seul  le  rôle  des  deux  autres.  Pour  préciser  passons  en  revue  quelques  cas 
particuliers. 

»  1°  Acide  sulfurique. — La  neutralisation  d'une  solution  sulfurique  au  moyen  d'une 
solution  de  potasse  normale  exige  N*^"^  de  cette  solution  avec  l'hélianthine  comme  indi- 
cateur et  généralement  une  goutte  ou  deux  de  plus  sont  nécessaires  pour  amener 
la  coloration  de  la  phtaléine. 

»  Avec  l'isopyrotritarate  ferrique  comme  indicateur  la  coloration  rose  violacée  due  à 
l'acide  vire  au  jaune  orangé  lorsqu'on  a  ajouté  N*^"''  de  potasse.  Une  goutte  de  plus 
détermine  le  virage  au  jaune-paille, 

»  2"  Un  acide  iiioins  énergique,  un  acide  organique  par  exemple,  amène  bien  la 
teinte  du  sel  ferrique  au  rose  violacé,  mais,  si  l'on  procède  au  titrage,  il  faut  utiliser  le 
second  virage,  celui  qui  correspond  à  la  phtaléine,  et  non  le  premier  qui  manque  par- 
fois de  netteté,  comme  il  arrive  avec  l'hélianthine. 

»  3°  U acide  phosphorique  peut  être  titré  au  moyen  d'hélianthine.  Le  virage  se  pro- 
duit, comme  on  le  sait,  après  l'addition  de  la  première  molécule  d'alcali.  La  phtaléine 
est  colorée  après  addition  de  la  seconde  molécule.  Ce  virage  est  généralement  moins 
certain  que  le  jDremier. 

»  Avec  l'indicateur  ferrique,  le  premier  virage  se  produit  exacîement  comme  pour 
l'hélianthine  après  l'addition  d'une  molécule  d'alcali  et  le  second  comme  pour  la  phta- 
léine après  l'addition  de  la  seconde  molécule  d'alcali.  Dans  l'intervalle,  la  teinte  de 
l'indicateur  reste  invariable  et  identique  à  celle  qu'il  a  en  solution  dans  l'eau  pure. 

»  4°  On  sait  que  Vacide  borique  peut  être  dosé  en  présence  d'un  acide  fort  en 
combinant  l'emploi  de  l'hélianthine  et  de  la  phtaléine.  On  neutralise  d'abord  l'acide 
minéral  en  présence  d'hélianthine;  puis,  ceci  fait,  on  ajoute  une  certaine  quantité  de 
glycérine  et  l'on  neutralise  en  présence  de  phtaléine  l'acide  borique,  ce  qui  l'amène  à 
l'état  de  borate  BO^H^M. 

»  Dans  les  mêmes  conditions  l'indicateur  ferrique  présente  son  premier  virage 
lorsque  l'acide  minéral  est  neutralisé  et  son  second  virage,  toujours  en  présence  de 
glycérine,  lorsque  l'acide  borique  est  entièrement  passé  à  l'état  de  borate  monomé- 
tallique BO»  H- M. 

»  5"  Enfin,  Vacide  carbonique  et  les  carbonates  alcalins  se  comportent  avec  ce 
réactif  comme  avec  les  deux  autres.  L'acide  carbonique  et  les  bicarbonates  ne  modi- 
fient pas  la  teinte  jaune  orangé  de  neutralité  (de  même  que  pour  l'hélianthine),  mais 
le  carbonate  neutre  provoque  le  virage  alcalin  (de  même  qu'avec  la  phtaléine).  La 
liqueur  alcaline  employée  aux  titrages  acldimétriques  ne  devra  donc  pas  être  carbo- 
natée  si  l'on  ne  veut  pas  se  heurter  it  des  incertitudes  analogues  à  celles  qui  résultent 
dans  ce  cas  de  l'emploi  de  la  phtaléine. 

»  Remarque  I.  —  Indépendamment  des  changements  de  teinte  utilisés  dans  les 
exemples  précédents  il  en  existe  encore  un  autre.  Si  une  petite  quantité  d'un  acide 
détermine  l'apparition  de  la  coloration  violette,  un  léger  excès  le  fait  disparaître,  ce 
qui  se  comprend  d'ailleurs  aisément,  puisque  l'acide  isopyrotritarique  lui-même  est 
incolore.  La  teinte  violette  correspond  à  un  équilibre  entre  cet  acide  et  l'acide  fort. 
Cet  équilibre  est  rompu   à  l'avantage  de  l'acide  minéral  si  celui-ci  est  en  excès  ou 


SÉANCE  DU  8  SEPTEMBRE  1902.  489 

même  s'il  est  suffisamment  concentré.  Dans  ce  dernier  cas,  une  simple  dilution  fait 
reparaître  la  teinte  violette,  atténuée  bien  entendu  dans  la  mesure  qu'exige  la  dilution. 

»  La  disparition  de  la  teinte  violette  se  produit  avec  un  excès  d'acide  qui  varie  avec 
sa  nature;  il  peut  même  arriver  que  cet  excès  soit  assez  faible  pour  empêcher  l'obser- 
vation de  la  teinte  violette.  C'esl  le  cas  de  Vacicle  oxalique,  qu'on  peut  cependant 
titrer  avec  cet  indicateur  comme  avec  la  phtaléine  en  utilisant  son  second  virage  du 
jaune  orangé  au  jaune-paille  sans  percevoir  à  aucun  moment  la  teinte  violette. 

»  Remarque  II.  —  On  est  actuellement  d'accord  pour  dire  qu'un  milieu  est  neutre 
quand  ni  l'hélianthine,  ni  la  phtaléine  n'y  rougissent,  ces  deux  conditions  étant  né- 
cessaires. On  peut  dire  qu'un  milieu  est  neutre  quand  il  ne  modifie  pas  la  teinte 
propre  jaune  orangé  de  l'isopyrotritaratede  fer,  cette  condition  étant  suffisante.  A  cet 
égard  encore,  l'indicateur  ferrique  suffit  non  seulement  pour  indiquer  l'acidité  ou  l'al- 
calinité d'un  milieu,  mais  encore  pour  préciser  sa  neutralité,  ce  qui  exige  actuelle- 
ment l'emploi  combiné  de  deux  indicateurs  différents. 

»  En  résumé,  les  observations  précédentes,  jointes  aux  justifications 
numériques  dont  le  détail  ne  peut  trouver  place  ici,  nous  autorisent  à  con- 
clure que  l'isojiyrotritarate  de  fer  se  comporte  comme  indicateur  titrimé- 
trique  complexe  capable  de  suppléer  à  l'emploi  combiné  de  l'hélianthine 
et  de  la  phtaléine  du  phénol.  » 


ANAïOMiE  COMPARÉE.  —  Sur  le  corps  interrénal  des  Plagioslomes.  Note  de 
M.  Ed.  Grynfeltt,  transmise  par  M.  Alfred  Giard. 

«  Le  corps  interrénal  connu  depuis  les  travaux  de  Retzius  (18 19)  a 
attiré  à  plusieurs  reprises  l'attention  des  anatomistes;  Semper,  Leydig,  Bal- 
four,  Chevrel  et,  plus  récemment,  Pettit,  Diamare,  Swale,  Vincent,  Kohn 
ont  contribué  à  la  connaissance  de  cet  organe.  Néanmoins  il  m'a  paru  néces- 
saire de  mettre  en  lumière  quelques  points  qui  ont  échappé  aux  auteurs 
précédemment  cités. 

»  Presque  toujours  le  corps  interrénal  a  été  considéré  comme  un  organe  impair  et 
médian  formé  chez  les  Squales  par  un  cordon  plus  ou  moins  allongé  de  substance 
jaunâtre,  renflé  par  places,  rétréci  ailleurs,  parfois  au  point  de  se  fragmenter  en  îlots 
distincts,  et  chez  les  Raies  représenté  souvent  par  plusieurs  amas  de  substances  dis- 
posés le  long  du  bord  interne  des  reins,  mais  quelquefois  par  une  masse  ovoïde  unique. 

»  Des  nombreuses  dissections  que  j'ai  faites  en  vue  d'étudier  la  disposition  anato- 
mique  de  cet  organe,  il  résulte  que  le  corps  interrénal  doit  être  envisagé  comme  un 
organe  pair.  Cette  disposition  est  évidente  chez  les  Raies,  et  cela  non  seulement  chez 
les  diverses  espèces  du  genre  Raja  que  j'ai  étudiées  (/?.  mosaïca,  R.  punctata, 
R.  marginata,  R.  clavata),  mais  encore  chez  celles  où  les  auteurs  n'ont  signalé  le 
plus  souvent  qu'une  masse  unique,  telles  que  Trygon  et  Torpédo.  Dans  ces  derniers 


44o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

lypes^  bien  que  la  fragmentation  ne  soit  pas  dans  certains  cas  aussi  évidente  que  chez 
Raja  et  Torpédo,  elle  n'en  existe  pas  moins;  mais  les  petits  fragments  sont  parfois 
réduits  au  point  d'être  à  peine  visibles  à  la  loupe.  Et  comme  ils  existent  toujours 
irrégulièrement  disposés  sur  le  bord  interne  de  l'un  et  de  l'autre  rein,  il  en  résulte  que 
dans  presque  tous  les  cas,  sinon  dans  tous,  le  corps  interrénal  est  une  formation  paire, 
quoique  non  symétrique. 

»  Chez  les  Squales,  la  disposition  paire  de  l'interrénal  est  beaucoup  moins  marquée 
et  est  souvent  même  méconnaissable.  Néanmoins  il  est  des  cas  où  le  cordon  unique  en 
apparence  est  interrompu,  et  où  les  deux  extrémités  voisines  chevauchent  l'une  sur 
l'autre,  ainsi  que  je  l'ai  observé  quelquefois  et  que  Diamare  l'a  représenté  dans  une  de 
ses  figures,  si  bien  que,  sur  des  coupes  transversales  passant  à  ce  niveau,  ce  n'est  plus 
un  seul,  mais  deux  interrénaux  que  l'on  trouve  entre  les  deux  reins.  Du  reste,  cette 
manière  de  concevoir  l'interrénal  comme  un  organe  pair  est  en  parfaite  concordance 
avec  les  données  de  van  Wijhe  sur  le  développement  de  cet  organe.  11  a  montré  qu'à 
l'origine,  chez  les  Squales,  l'ébauche  de  l'interrénal  est  paire,  mais  que  les  parties  qui 
en  dérivent  se  fusionnent  rapidement  en  une  masse  impaire.  La  disposition  signalée 
chez  les  Raies  indique  que,  dans  l'immense  majorité  des  cas,  sinon  dans  tous,  la  parité 
primordiale  de  l'organe  persiste  chez  elles  toute  la  vie,  tandis  que  chez  les  Squales 
elle  se  modifie  le  plus  souvent  au  cours  du  développement.  Mais,  de  l'examen  attentif 
de  certains  cas,  il  résulte  néanmoins  que,  dans  ce  groupe,  l'interrénal  doit  aussi  être 
considéré  comme  un  organe  typiquement  pair. 

»  La  structure  du  corps  interrénal  est  celle  d'une  glande  vasculaire 
sanguine.  Ainsi  que  l'ont  signalé  les  auteurs  (Diamare,  Swale,  Vincent, 
Kohn),  cet  organe  est  essentiellement  constitué  par  des  cordons  cellulaires 
flexueux,  largement  anastomosés  entre  eux  de  manière  à  former  une  sorte 
de  réseau  dans  les  mailles  duquel  est  intriqué  un  réseau  de  capillaires 
sanguins  volumineux.  Un  détail  de  structure  de  ces  cordons  n'a  pas  été 
signalé  par  ces  auteurs,  à  savoir  la  présence  à  leur  surface  d'une  mince 
membrane  d'enveloppe  absolument  anhiste.  Facile  à  apercevoir  chez  cer- 
taines espèces  où  elle  est  plus  accusée  {Lenlrinà  vulpecula,  Myliobatis 
aquila),  elle  se  distingue,  par  des  particularités  de  coloration,  de  la  paroi 
des  capillaires.  Chez  Myliobatis,  elle  forme  souvent  des  cloisons  de  refend 
fort  caractéristiques  à  ce  point  de  vue. 

»  Dans  la  plupart  des  espèces  ces  cordons  sont  pleins.  Chez  Myliobatis, 
cependant,  on  voit  parfois  au  centre  de  cordons  coupés  transversalement 
des  espaces  où  les  cellules  ont  été  écartées  les  unes  des  autres  par  l'action 
des  réactifs,  de  sorte  qu'il  y  a  là  une  espèce  de  lumière,  à  contours  irrégu- 
liers. Ce  fait  est  important  à  constater,  car  il  indique  une  tendance  à  la 
production  d'une  cavité  au  centre  des  cordons.  C'est  une  transition  vers 
la  structure  vésiculeuse  de  cette  glande  que  Pettit  a  décrite  avec  soin  dans 


SÉANCE   DU    8    SEPTEMBRE    1902.  44 I 

le  corps  de  SLannius  de  V Anguille,  corps  que  la  plupart  des  auteurs  con- 
sidèrent comme  l'homologue,  chez  les  Téléostéens,  de  l'organe  interrénal 
des  Élasmobranches  (Diamare). 

»  Les  cellules  de  l'interrénal  sont  remarquables  par  leur  teneur  en  graisse,  qui 
s'accumule  dans  le  cytoplasme  sous  forme  de  boules  de  grosseur  très  différente  les 
unes  des  autres.  La  nature  graisseuse  de  ce  produit  a  été  mise  en  doute  à  plusieurs 
reprises  (Balfour,  Chevrel).  Dans  le  but  de  trancher  la  question,  j'ai  prié  M.  le  pro- 
fesseur Ville  d'examiner  chimiquement  ces  organes.  Des  analyses  faites  par  M.  Ville 
et  par  M.  Derrien,  son  préparateur,  il  résulte  qu'il  s'agit  bien  là  d'une  substance 
graisseuse,  qu'ils  sont  arrivés  à  caractériser  chimiquement. 

»  En  outre,  je  dois  signaler,  chez  certaines  espèces,  notamment  chez 
Zygaena  malleus,  la  présence  dans  le  protoplasma  de  boules  safranophiles, 
parfois  assez  volumineuses,  apparaissant  sur  des  coupes  on  la  graisse 
a  totalement  disparu,  après  des  lavages  dans  les  essences. 

»  Les  noyaux  de  ces  cellules  sont  typiquement  arrondis,  mais  ils  se 
montrent  souvent  déformés  par  la  présence  de  dépressions  et  d'encoches 
à  leur  surface  :  il  s'agit  sans  doute  là,  ainsi  qu'on  l'a  établi  pour  d'autres 
cellules  sécrétantes,  de  modifications  du  noyau,  Héesau  rôle  qu'il  joue  dans 
les  phénomènes  sécrétoires  des  cellules.  La  chromatine  souvent  très  abon- 
dante, présente  dans  certains  cas  des  variations  très  grandes  dans  sa  quan- 
tité et  aussi  dans  ses  affinités  pour  les  matières  colorantes.    » 


BOTANIQUE  COLONIALE.  —  Sur  quelques  plantes  à  caoutchouc  de  la  côte 
occidentale  d'Afrique.  Note  de  M.  Aug.  Chevalier  ('),  transmise  par 
M.  Guignard. 

«  Comme  résultat  des  explorations  scientifiques  que  le  Gouvernement 
nous  avait  confiées  en  Afrique  occidentale  française,  de  i8g8  à  1900 
(mission  du  général  de  Trentinian  au  Soudan  et  mission  économique  du 
Sénégal),  nous  avons  pu  établir  que  tout  le  caoutchouc  de  ces  régions  était 
produit  par  une  seule  espèce  de  LandoJphia,  le  Landolphia  Eeudelotii k.  D.  G. 
et  qu'une  espèce  Aq  Ficus  de  la  côte  sénégalaise,  le  Ficus  Fo^e/?V  Miq.,  n'en 
produisait  qu'une  très  faible  quantité  commerciale  de  qualité  inférieure. 
Nous  avions,  au  contraire,  attendu  de  nouvelles  observations  pour  nous 


(')  Je  remercie  mes  collaborateurs,  MM.  Courtet  et   Martret,  de  la  participation 
qu'ils  ont  apportée  à  ce  travail. 

C.  R.,  1902,  2^  Semestre.  (T.  CXXXV,  K"  10.)  ^7 


442  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

prononcer  sur  les  résultats  des  essais  de  plantations  des  essences  à  caout- 
chouc de  l'Amérique  méridionale. 

»  La  nouvelle  expédition  scientifique  que  le  Gouvernement  et  l'Institut 
nous  ont  chargé  de  diriger  pour  étudier  les  productions  naturelles  du 
bassin  du  Tchad  a  eu  pour  premier  résultat  de  nous  permettre  de  combler 
cette  lacune  et  de  commencer  l'étude  des  espèces  caoutchoutifères  spé- 
ciales au  Congo  français  et  à  l'Afrique  centrale. 

»  Au  Sénégal,  les  nombreux  essais  de  culture  du  Céara  {Manihot  Glazioivii)  ont 
donné  de  très  médiocres  résultats.  Sans  arrosages,  les  pieds  cultivés  aux  jardins 
d'essais  de  Saint-Louis  (jardin  de  Soz)  et  de  Ricliard-Toll  sont  restés  nains  et  chétifs 
après  4  ans  d'existence.  Dès  la  première  année,  la  racine  se  tubérise,  mais  ne  contient 
qu'une  quantité  très  minime  de  latex.  Aux  jardins  de  Tliiès  (mission)  et  de  Sédhiou 
(poste),  ils  ont  crû  plus  rapidement.  Des  pieds  âgés  de  4  à  7  ans  mesurent  de  3"*  à  5"^ 
de  hauteur,  mais  ils  ne  contiennent  que  très  peu  de  latex,  et  ce  dernier  ne  donne  que 
peu  de  caoutchouc  de  qualité  secondaire.  11  est  à  remarquer  que  les  Céaras  de  cette 
région  sénégalaise  sont  dépourvus  de  feuilles  environ  6  mois,  c'est-à-dire  pendant  une 
grande  partie  de  la  saison  sèche. 

»  Aux  jardins  d'essais  de  Camajen  (Guinée  française),  de  Libreville  (Gabon)  et  de 
Brazzaville  (Congo),  où  la  quantité  annuelle  des  pluies  est  beaucoup  plus  abondante, 
les  Céaras  ne  perdent  que  partiellement  leurs  feuilles,  ou  les  perdent  complètement 
durant  un  mois  ou  deux.  En  revanche,  leur  dév^eloppement  est  très  rapide.  Des  Céaras 
semés  au  jardin  de  Brazzaville  il  y  a  2  ans  mesurent  déjà  5°^  de  hauteur  et  ont  un  dia- 
mètre de  o™,2o  à  I™  au-dessus  du  sol.  Aussi  M.  Luc  recommande-t-il  ce  végétal 
cbmme  arbuste  d'avenue  à  cause  de  son  développement  rapide  et  de  son  feuillage  épais. 

»  Malgré  leur  vigueur  extraordinaire,  les  Céaras  de  ces  stations  de  la  zone  forestière 
d'Afrique  ne  renferment,  en  toutes  saisons,  qu'une  faible  quantité  de  latex  très 
aqueux  qui,  par  coagulation  à  l'air,  produit  du  caoutchouc  de  faible  valeur.  De  plus, 
si  l'on  fait  sécher  l'écorce  fraîche  au  soleil,  ou  n'y  retrouve  plus  le  caoutchouc  coa- 
gulé s'étirant  en  fds,  comme  dans  les  écorces  sèches  du  Landolphia  à  caoutchouc. 
D'où  impossibilité  d'extraire  du  caoutchouc  de  l'écorce  par  les  procédés  Arnaud,  etc. 

»  Il  semble  donc  c[u'il  faut  renoncer  à  la  culture  en  Afrique  du  Manihot 
Glaziowii  comme  plante  à  caoutchouc. 

»  On  a  tenté  également,  à  la  côte  occidentale  d'Afrique,  la  culture  de 
YHevea  hrasiliensis  et  du  Castilloa  elastica.  Au  Sénégal,  les  jeunes  pieds  de 
ces  deux  espèces  sont  morts  très  rapidement,  le  climat  étant  trop  sec  ; 
mais,  aux  jardins  d'essais  de  Camayen  et  de  Libreville,  ils  ont  acquis, 
après  3  ans  de  plantation,  un  beau  développement. 

»  Ces  arbres  sont  toutefois  trop  jeunes  et  trop  peu  nombreux  encore 
pour  qu'on  puisse  se  prononcer  sur  leur  avenir  ('). 

(>)  Les  jeunes  pieds  d'arbre  à  gutta  {Palaquiam  longifolium)  introduits  en  1898 


SÉANCE  DU  8  SEPÏEMjgRÇ  1902.  443 

»  Le  caoutchouc  du  Ficus  Vogelii  Miq.,  dont  nous  avions  signalé  l'ex- 
ploitation en  1899  et  1900,  n'est  p!us  exporté  du  Sénégal  parle  commerce. 
De  qualité  inférieure,  il  ne  pouvait  être  vendu  longtemps  dans  des  condi- 
tions rémunératrices. 

»  Un  autre  Ficus  du  Sénégal,  que  noujs  avions  signalé  sous  son  nom 
indigène  de  Dob  Guinée,  donne  un  caoutchouc  non  commercial  analogue  à 
celui  du  Ficus  Vogelii;  M.  le  Professeur  O.  Warburg,  de  Berlin,  a  distingué 
cette  espèce  du  Ficus  laurifolia  Bouché,  dont  elle  est  voisine,  sous  le  nom 
de  Ficus  laurifolioides  O.  Warb.  Nous  l'avons  observée  celte  année  au 
Sénégal,  à  Conakry  (Guinée  française)  et  à  Kotonou  (Dahomey),  toujours 
plantée  le  long  des  rues  et  autour  des  cases  indigènes. 

»  Nous  signalerons  enfin  une  troisième  espèce  de  Ficus  qui  semble  se 
substituer,  sur  les  bords  de  l'estuaire  du  Gabon,  au  Ficus  Vogelii  dont  elle 
a  les  principaux  caractères.  Comme  elle  n'a  pas  encore  été  signalée,  du 
moins  à  notre  connaissance,  nous  en  donnerons  la  descriptioii  suivante  : 

»  Ficus  pseudo-Vogelii  sp.  nov.,  arbre  de  8™  à  12'^  de  haut;  extrémité  des  rameaux 
recouverte  d'un  feutrage  épais  de  poils  roux;  feuilles  coriaces,  ovales-lancéolées, 
entières,  cunéiformes  à  la  base,  arrondies,  obtuses  au  sommet,  longues  de  i5''"^  à  i^"^^, 
larges  de  5*^'"  à  7*^™.  Pétiole  épais,  long  de  5""  à  7"",  creusé  en  dessus  d'une  fossette 
profonde,  recouvert  sur  toute  sa  surface  de  petites  écailles  rousses  apprimées  et  hérissé 
en  outre,  à  la  base,  de  poils  raides  de  même  couleur. 

»  Nervure  médiane  et  nervures  secondaires  (au  nombre  de  cinq  à  sept  paires) 
saillantes  en  dessous,  hérissées  sur  les  côtés  de  poils  blancs  roussàlres.  Fruits  sessiles, 
serrés  à  l'extrémité  des  rameaux,  de  la  taille  d'une  très  grosse  cerise,  d'un  rouge  orangé 
à  maturité,  recouverts  de  longs  poils  blanchâtres  apprimés.  Libreville  :  assez  commun 
à  travers  le  village.  Juillet  1902. 

»  Cet  arbre  n'est  pas  exploité  par  les  indigènes,  mais  son  latex  donne 
un  produit  analogue  au  caoutchouc  du  Ficus  Vogelii.  » 


PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  la  durée  germinative  des  graines  exposées  à 
la  lumière  solaire.  Note  de  M.  Victor  «Fodin,  présentée  par  M.  Dehérain. 

«  On  attribue  généralement  à  la  lumière,  surtout  à  la  lumière  solaire, 
une  influence  nuisible  à  la  durée  germinative  des  graines.  Au  cours  des 
recherches  que  je  poursuis  sur  la  vie  latente  des  graines  j'ai  fait  quelques 
expériences  pouvant  indiquer  si  les  rayons  lumineux  ont  ou  n'ont  pas  une 


au  jardin  d'essais  de  Libreville  ont  disparu,  à  l'exception  d'un  exemplaire  de  belle 
venue. 


4/j4  académie  des  sciences. 

action  spécifique  de  celte  nature,  en  dehors  de  celle  qu'il  faut  attribuer  à 
l'élévation  de  température  qui  les  accompagne  ordinairement  et  dont  je  me 
suis  occupé  précédemment  (').  Ces  expériences  peuvent  être  classées  en 
deux  catégories  : 

»  a.  Celles  où  les  graines  placées  en  vase  ouvert  recevaient  la  lumière 
sous  des  écrans  colorés. 

))   b.  Celles  où  l'on  opérait  de  même  en  tube  scellé. 

»  Je  ne  parlerai  ici  que  de  ces  dernières  faites  sur  le  cresson  alénois. 

»  Voici  la  technique  de  ces  expériences  :  on  remplissait  de  graines  le  tiers  ou  la 
moitié  de  la  capacité  de  tubes  jaugeant  environ  5"™'.  Quelques-uns  de  ces  tubes  étaient 
enduits  de  vernis  noir  opaque  ou  de  vernis  blanc  au  sulfure  de  zinc  phosphorescent. 
D'autres  étaient  disposés  suivant  l'axe  de  tubes  plus  larges  et  l'intervalle  annulaire 
était  rempli  de  différents  liquides.  Dans  la  plupart  de  ces  tubes  on  faisait  un  vide  plus 
ou  moins  complet  sur  les  graines  introduites  dans  leur  état  naturel  ou  préalablement 
desséchées.  Dans  ce  dernier  cas  on  assurait  cette  dessiccation  en  introduisant  une  pin- 
cée d'anhydride  2">hosphorique  dans  l'extrémité  des  tubes  façonnée  en  ampoule,  com- 
muniquant par  un  étranglement  avec  la  partie  réservée  aux  graines.  Tous  ces  tubes 
furent  placés  dans  une  serre,  sur  une  tablette  éclairée  directement  par  le  soleil  plu- 
sieurs heures  par  jour.  Des  thermomètres  convenablement  placés  permettaient  d'ob- 
server les  températures  atteintes  par  les  tubes  au  cours  des  expériences.  Le  maximum 
ne  dépassa  pas  5o°  et  ne  fut  atteint  qu'exceptionnellement. 

»  Dans  ces  conditions,  toutes  les  graines  non  desséchées  perdirent  complètement 
leur  pouvoir  germinalif  en  quelques   semaines   d'été.  De  loo  il   tombe  à  o  au  bout, 
d'un  mois  ou  deux.  Que  les  tubes  fussent  opaques  ou  transparents,   la   résistance  des 
graines  a  paru  beaucoup  plus  dépendre  de  l'action  calorifique  que  de  l'action  lumi- 
neuse. 

»  Celles  qui  ont  résisté  le  plus  longtemps  étaient  celles  dont  le  tube  les  protégeait 
le  mieux  contre  la  chaleur. 

»  Il  en  va  autrement  avec  les  graines  desséchées.  Celles-ci  paraissent  résister  plus 
longtemps,  sinon  indéfiniment. 

»  Le  27  mars  1896,  un  tube  fut  préparé  avec  acide  phosphorique  et  graine  sèche 
d'un  pouvoir  germinatif,  alors,  de  92  pour  100.  Ce  tube  resta  exposé  au  soleil  jusqu'au 
4  août  1902.  A  ce  moment,  le  pouvoir  germinatif  était  encore  de  69  pour  100,  bien  que 
le  vide  n'ait  pas  été  fait  au  moment  du  scellement. 

»   Cette  circonstance  n'a  pu  que  nuire  à  la  conservation  du  pouvoir  germinatif. 

»  D'autres  tubes  préparés  en  même  temps  que  le  précédent  pourront  permettre  de 
prolonger  l'expérience,   w 

La  séance  est  levée  à  4  heures. 

G.  D. 

(')  Comptes  rendus,  t.  CXXIX,  p.  898. 


ACADÉMIE   DES    SCIENCES 

SÉANCE  DU   LUNDI  15   SEPTEMBRE  1902. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  BOUQUET  DE  LA  GRYE. 


MEMOIRES  ET  COMMUiVICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

AGRONOMIE.  —  Culture  du  lupin  jaune  (Lu  pi  nus  luteus). 
Note  de  MM.  P. -P.  Dehérai.v  et  E.  Demoussy. 

«  Nous  avons  déjà  eu  l'honneur,  à  diverses  reprises,  d'entretenir  l'Aca- 
démie des  recherches  que  nous  avons  entreprises  depuis  plusieurs  années 
sur  la  culture  des  Légumineuses;  nous  lui  demandons  aujourd'hui  la  per- 
mission de  lui  exposer  nos  études  sur  le  lupin  jaune,  qui,  dans  l'est  de 
l'Europe,  rend  de  tels  services,  sur  les  terres  pauvres,  qu'on  l'a  souvent 
appelé  la  plante  d'or  des  sables. 

)>  Le  lupin  jaune  a  la  réputation  d'être  essentiellement  calcifuge,  et,  en 
effet,  nous  l'avons  vu  disparaître  rapidement  lorsqu'il  a  été  semé  dans  des 
terres  très  calcaires  de  l'Yonne,  du  Puy-de-Dôme  et  aussi  dans  notre  jardin 
du  Muséum.  Cependant,  quand  on  analyse  les  cendres  des  lupins  qui  ont 
crû  dans  des  terres  variées,  même  pauvres  en  carbonate  de  chaux,  on  y 
trouve  une  quantité  de  chaux  notable,  de  telle  sorte  qu'il  semble  que  ce 
soit  seulement  une  proportion  considérable  de  cette  base  dans  le  sol  qui 
empêche  la  réussite. 

»  Quand  on  a  enrichi  le  sol  de  phosphate  de  potasse,  le  lupin  jaune  a 
en  effet  vécu  dans  une  terre  de  Bretagne  très  pauvre  en  chaux,  mais  addi- 
tionnée de  yI^,  de  -^  et  même  de  ^^  de  calcaire;  il  est  devenu  chétif 
quand  la  proportion  de  calcaire  est  montée  à  ^^  ;  si  l'on  ne  donne  pas  de 
phosphate  de  potasse,  l'influence  du  calcaire  est  beaucoup  plus  fâcheuse, 
la  récolte  beaucoup  plus  faible,  de  telle  sorte  qu'il  semble  bien  que  c'est 
en  retardant  l'assimilation  de  l'acide  phosphorique  que  le  calcaire  est  sur- 
tout nuisible. 

C.  R.,  1902,  2»  Semestre.  (T.  CXXXV,  N°  11.)  58 


44^  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Le  sol  du  champ  d'expériences  de  Grignon  est  assez  riche  en  acide 
phosphorique  pour  que  les  engrais  phosphatés  n'y  exercent  habituellement 
aucune  action,  et,  bien  qu'il  renferme  ~  de  chaux,  le  lupin  jaune  y 
croît,  fleurit  et  mûrit  ses  graines,  mais  il  ne  porte  pas  de  nodosités  sur  ses 
racines  et  n'acquiert  qu'un  médiocre  développement. 

»  Dans  ces  conditions,  le  lupin  vit  comme  une  Graminée  en  profitant 
des  ressources  du  sol,  elles  lui  fournissent  les  matières  azotées  qui  lui  sont 
indispensables  ;  si,  en  effet,  on  le  sème  dans  un  sable  stérile,  en  lui  donnant 
seulement  des  engrais  minéraux,  il  périt  s'il  n'apparaît  pas  de  nodosités 
sur  les  racines,  mais  vit,  au  contraire,  si  l'on  a  donné,  en  même  temps  que 
les  engrais  minéraux,  de  l'humus  extrait  de  la  terre  de  jardin  par  l'action 
successive  du  carbonate  de  potasse  pour  le  dissoudre  et  de  l'acide  chlor- 
hydrique  pour  le  précipiter. 

»  Les  Légumineuses  ont  donc  deux  modes  d'existence  différents  :  elles 
vivent  comme  les  Graminées  en  s'approvisionnant  d'azote  dans  le  sol, 
mais  elles  vivent  aussi  et  atteignent  un  puissant  développement  quand 
elles  portent  sur  leurs  racines  des  nodosités  peuplées  de  bactéries  efficaces, 
qui  font  entrer  en  combinaison  l'azote  atmosphérique. 

))  Celles  qui  s'accommodent  de  la  symbiose  avec  les  lupins  jaunes  ne  sont 
pa'S  banales;  c'est  en  vain  qu'en  employant  la  méthode  d'inoculation  de 
M.  Bréal  nous  avons  essayé  de  faire  naître  les  nodosités,  sur  les  racines 
du  lupin  jaune,  en  les  piquant  avec  des  aiguilles  trempées  dans  des  nodo- 
sités de  luzerne,  de  vesce  velue  ou  d'ajonc.  A  Grignon,  deux  parcelles 
très  voisines  portent,  depuis  plusieurs  années,  des  lupins  blancs  dont  les 
racines  sont  couvertes  de  nodosités  et  des  lupins  jaunes  qui  n'en  ont  pas; 
les  bactéries  de  l'une  des  espèces  ne  conviennent  donc  pas  à  l'autre. 

»  Nous  avons  vu  cependant  les  nodosités  apparaître  sur  les  racines  de 
lupins  jaunes  ensemencés  dans  du  sable  mélangé  à  de  la  terre  de  bruyère, 
à  de  la  terre  provenant  de  Bretagne,  à  de  la  terre  de  la  station  de  Chimie 
végétale  de  Meudon;  mais,  tandis  que  sur  celle-ci  les  lupins  blancs  et 
bleus  prennent  un  très  beau  développement,  les  bactéries  qu'elles  ren- 
ferment n'exercent  qu'une  très  médiocre  action  sur  le  lupin  jaune. 

»  Tandis  que  les  plantes  qui  ont  crû  dans  la  terre  de  Bretagne,  ou  dans 
le  sable  additionné  de  terre  de  bruyère  et  d'engrais  minéraux,  pèsent,  après 
dessiccation,  de  2^  à  3«,  il  en  a  été  tout  autrement  des  lupins  que  nous  avons 
récoltés  sur  une  terre  provenant  de  l'Ecole  d'Agriculture  de  Genouillac 
dans  la  Creuse. 

»  Cette  terre  est  très  forte  et  paraissait  ne  pas  convenir  au  lupin  jaune, 


SÉANCE    DU    l5    SEPTEMBRE    1902.  44^ 

la  plante  des  sables;  mais  elle  était  très  peu  chargée  de  chaux,  aussi  l'avons- 
nous  ensemencée;  elle  a  été  très  favorable,  comme  le  montre  le  Tableau 
ci-après  : 

LUPINS    JAUNES    RÉCOLTÉS    EN    JUILLET   I902. 

Poids 
Numéros  Nombre  Récolte  Nombre  d'un 

des  de  verte  Récolte  de  pied  moyen 

vases.  Engrais  distribués.  pieds.  totale.  sèche.       gousses.  sec. 

1°  Terre  de  Gertouillac  {Creuse). 

221  5s  phosphate  de  potasse ,     5  —  i  avorté        267  45  45  9 

222  »  »        5  —  2  avortés       3 10  40;5  49  8,5 

223  5?  phosphate  de  potasse,  2s  sul- 

fate de  chaux 8  3oo  45  44  5,5 

224  5s  phosphate  de  potasse,  2s  sul- 

fate de  chaux 8  365  54,2  5i  6,7 

225  1 5s  scories  de  déphosphoration  .  .  8  260  40j2  44  5 

226  »  »  ..8  280  42  28  5,2 

227  5s  phosphate  de  potasse,  2?  sul- 

fate de  magnésie 7  335  44j2  5i  6,3 

228  5^  phosphate  de  potasse,  28  sul- 

fate de  magnésie 8  3i5  44)2  4o  5,5 

229  5s  phosphate  de  potasse,  2s  sul- 

fate de  chaux,  2S  carbonate  de 

magnésie 7  260  34,6  28  5 

230  5s  phosphate  de  potasse,  2s  sul- 

fate de  chaux,  2S  carbonate  de 

magnésie 8  33o  45,  o  46  5,6 

2°  Terre  de  Bretagne,  Saint-Briac  {Ille-et-Vilaine). 

f 

56        i5s  scories  en  1901,  i5s  sulfate  de 

potasse  en  1902 7  186  26,7  34  3,8 

3°  Terre  de  Grignon  {Seine-et-Oise). 

71       j^  de  terre  de  Bretagne 7  72  10,2  16  1,7 

285       y'^  de  terre  de  la  Creuse 8  55  7,5  11  1,1 

»  On  voit  que  nous  avons  semé  les  lupins  dans  trois  terres  différentes; 
dans  la  terre  de  Grignon,  malgré  le  mélange  avec  la  terre  de  Bretagne  ou  la 
terre  de  la  Creuse,  les  récoltes  ont  été  misérables  :  un  pied  sec  pèse  en 
moyenne  1^,1  ou  1^,7;  dans  la  terre  de  Bretagne,  les  résultats  sont  meil- 
leurs: un  pied  sec  pèse  3^,8;  ceux  qui  ont  cru  sur  la  terre  de  la  Creuse 
atteignent  5^,  6^,  8^  et  même  9^. 


448  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

»  On  jugera  des  différences  que  présentent  ces  récoltes  par  la  photo- 
graphie que  nous  mettons  sous  les  yeux  de  l'Académie  (*). 

))  Au  point  de  vue  physique,  la  terre  de  Genouillac  est  très  inférieure  à 
la  terre  de  Bretagne;  elle  est  moins  filtrante,  plus  compacte,  plus  lourde; 
nous  avons  choisi,  pour  établir  la  comparaison,  les  lupins  les  meilleurs  qui 
aient  crû  sur  la  terre  de  Bretagne;  elle  est  en  expériences  depuis  plusieurs 
années  et  n'a  jamais  donné  de  récoltes  plus  fortes  que  celles  de  1902. 

»  Nous  ne  voyons  d'autre  raison  à  invoquer,  pour  expliquer  la  supé- 
riorité des  lupins  de  la  Creuse,  que  la  nature  des  bactéries  fixées  sur  la 
racine  des  lupins  qui  y  ont  crû.  Les  nodosités  dont  elles  provoquent  l'ap- 
parition sont  nombreuses  à  la  partie  supérieure  de  la  racine,  elles  sont 
assez  fortes  et  parfois  pressées  les  unes  contre  les  autres;  celles  qui 
naissent  sur  les  racines  des  lupins  de  la  terre  de  Bretagne  sont  "plus  écar- 
tées, de  dimensions  inégales;  elles  descendent  souvent  jusqu'à  la  partie 
inférieure  de  la  racine. 

»   Il  importe  donc  de  bien  noter  les  points  suivants  : 

»  Non  seulement  toutes  les  espèces  de  bactéries  susceptibles  de  donner 
des  nodosités  sur  les  racines  des  Légumineuses  ne  sont  pas  capables  de 
se  fixer  sur  les  racines  des  lupins  jaunes,  mais  en  outre  celles  qui  font 
apparaître  des  nodosités  sont  très  inégalement  efficaces  ;  les  unes,  Genouil- 
lac (Creuse),  provoquent  une  végétation  luxuriante;  d'autres,  Saint- 
Briac  (Ilie-et-Vilaine),  ne  soutiennent  que  médiocrement  la  végétation, 
mais  sont  encore  supérieures  à  celles  qui  apparaissent  parfois  sur  les 
lupins  croissant  dans  la  terre  de  Grignon  inoculée. 

M  Nous  avons  déjà  observé  des  faits  analogues  dans  nos  expériences  sur 
les  lupins  blancs,  qui  portent  parfois  des  nodosités  garnies  d'espèces 
favorables  et  parfois  d'espèces  parasites  (^). 

»  En  résumé,  des  longues  études  que  nous  avons  consacrées  aux  lupins 
jaunes  découlent  les  conclusions  suivantes  : 

»  1°  Bien  que  le  lupin  jaune  soit  en  général  considéré  comme  une 
plante  vivant  dans  le  sable,  il  prospère  également  dans  les  terres  fortes; 

»  2°  Il  supporte  de  faibles  doses  de  calcaire  dans  les  terres  neutres, 
mais  périt  si  l'on  introduit  le  calcaire  dans  une  terre  acide  comme  la  terre 
de  bruyère; 


(^)  Elle    paraîtra,    avec   le  détail   des  six    ans  d'expériences,    dans   le   Cahier   de 
septembre  1902  des  Annales  agronomiques,  t.  XXVIII,  n°  9. 

(2)  Annales  agronomiques,  t.  XXVI,  p.  67  ;  Comptes  rendue,  t.  CXXX,  p.  20  et  465. 


SÉANCE  DU  l5  SEPTEMBRE  T902.  /,4q 

»  3°  Quelle  que  soit  sa  station  nous  avons  toujours  trouvé  dans  ses 
cendres  une  forte  proportion  de  calcaire; 

»  4^  Il  vit,  fleurit  et  mûrit  ses  graines  dans  un  sol  renfermant  4  cen- 
tièmes de  chaux;  dans  ces  conditions  il  n'a  pas  porté  de  nodosités  sur  ses 
racines  et  n'a  jamais  acquis  qu'un  médiocre  développement; 

»  5*^  Sa  croissance  est  meilleure  dans  des  terres  sans  calcaire,  parfois 
cependant  il  n'y  rencontre  que  les  germes  de  bactéries  produisant  des 
nodosités,  mais  peu  efficaces  et  les  récoltes  sont  encore  médiocres; 

»  6°  Elles  ne  sont  luxuriantes  que  si  les  terres  renferment  des  bactéries 
d'une  espèce  tout  à  fait  favorable  à  la  symbiose,  comme  celles  que  nous 
avons  rencontrées  dans  la  terre  de  Genouillac  (Creuse),  C'est  dans  ces 
conditions  que  le  lupin  jaune  rend  de  grands  services,  qu'il  soit  employé 
à  la  nourriture  des  chevaux  ou  des  moutons  ou  enfoui  comme  engrais  vert. 

))  Si  l'on  veut  tenter  la  culture  du  lupin  jaune,  sur  des  terres  sans  cal- 
caire, il  sera  bon  d'en  semer  sur  de  petites  surfaces;  si  la  réussite  n'est  que 
médiocre,  il  n'y  a  guère  de  chance  de  l'améliorer  par  des  apports  de  terre, 
car  toutes  les  tentatives  que  nous  avons  faites  n'ont  donné  que  de  très 
médiocres  résultats  ou  même  ont  échoué  complètement.   » 


ASTRONOMIE.  —  Sur  la  surface  focale  principale  de  V objectif  de  V équalorial 
photographique  de  V  Observatoire  de  Toulouse.  Note  de  MAI.  B.  Baillaud 
et  3I0NTANGERAND. 

«  Dans  une  Note  insérée  aux  Comptes  rendus  du  2  juin,  l'un  de  nous  a 
donné  les  premiers  résultats  d'une  statistique  concernant  la  distribution 
des  étoiles  dans  les  clichés  de  la  Carte  photographique  internationale 
obtenus  par  M.  Montangerand,  à  Toulouse.  Des  circonstances  majeures 
ayant  retardé  l'étude  complète  que  M.  Montangerand  se  propose  de  faire 
de  la  forme  de  la  surface  focale  principale  de  son  objectif,  il  a  paru  conve- 
nable de  publier  les  résultats  acquis  à  ce  jour. 

»  La  statistique  a  été  faite,  carré  par  carré  de  5™™  de  côté,  de  108  cli- 
chés et  de  94  Cartes  héliogravées  correspondant  à  94  de  ces  108  clichés.  La 
statistique  des  108  Cartes  sera  donnée  dans  une  étude  complète,  quand 
les  108  Cartes  seront  toutes  tirées. 

»  En  raison  de  la  symétrie,  on  a  superposé  les  carrés  de  la  moitié  infé- 
rieure de  chaque  cliché  à  ceux  de  la  nioitié  supérieure,  en  repliant,  en 


45o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

quelque  sorte,  le  cliché  autour  de  l'axe  horizontal  qui  passe  par  son  centre. 
On  a  superposé  ensuite  la  moitié  de  droite  sur  celle  de  gauche,  en  repliant 
autour  du  cercle  horaire  passant  par  le  centre.  Enfin,  on  a  replié  le  carré 
ainsi  obtenu  autour  de  celle  de  ses  diagonales  qui  passe  par  le  centre. 

»  Dans  ces  conditions,  le  nombre  le  plus  bas  du  Tableau  ci-dessous 
indique  la  moyenne  des  nombres  d'étoiles  trouvés  dans  les  carrés  voisins 
du  centre.  Les  nombres  de  la  colonne  verticale  de  droite  donnent  les 
moyennes  concernant  les  deux  rangées  horizontales  et  les  deux  rangées 
verticales  qui  passent  par  le  centre.  Chaque  nombre  de  la  ligne  horizon- 
tale supérieure  est  la  moyenne  des  nombres  d'étoiles  de  huit  carrés  placés 
symétriquement  sur  le  contour  du  cliché. 

i43 


i6i   179 

189 

191 

207 

227 

245 

242 

248 

265 

266 

270 

175   195 

206 

2l3 

225 

243 

264 

256 

271 

281 

287 

287 

2l3 

227 

282 

263 

267 

296 

298 

298 

322 

32  1 

322 

249 

255 

265 

287 

3o5 

3o6 

319 

338 

339 

332 

270 

288 

3l2 

324 

33i 

349 

348 

349 

352 

298 

3i8 

336 

342 

359 

356 

378 

362 

35i 

357 

373 

370 

377 

382 

382 

367 

374 
388 

376 
387 

4l2 

390 

4o3 

387 
378 

387 
392 
890 

395 
370 

390 

379 
385 

394 
390 
390 

»  M.  Montangerand,  conformément  aux  décisions  du  Congés  astropho- 
tographique,  s'était  toujours  efforcé  d'obtenir  la  mise  au  point  à  une  dis- 
tance d'environ  33  minutes  d'arc  du  centre,  c'est-à-dire  à  égale  distance 
du  centre  et  du  bord.  Un  cercle  concentrique  au  cliché,  et  ayant  ce  rayon, 
passe  à  travers  les  carrés  correspondant  aux  quatre  nombres  écrits  en 
chiffres  anglais.  On  voit  qu'il  passe  vers  la  région  où  le  nombre  des  étoiles 
est  maximum.  Un  cercle  ayant  65  minutes  d'arc  de  rayon,  et,  par  suite, 
inscrit  dans  le  carré  limitant  le  cliché,  s'étend  vers  les  carrés  correspon- 
dant aux  nombres  en  chiffres  gras.  A  cette  limite,  la  diminution  du  nombre 
des  étoiles  est  sensible;  elle  correspond  à  peu  près  à  la  perte  d'une  demi- 
grandeur.  Dans  les  angles,  la  perte  est  considérable  et  atteint  une  grandeur 
et  demie.  Il  ne  faut  pas  oublier  que  l'inconvénient  de  cette  perte  est  bien 
atténué  par  ce  fait  que  les  clichés  de  la  seconde  série  ont  précisément 
pour  centres  les  angles  de  ceux  de  la  première. 


SÉANCE  DU  l5  SEPTEMBRE  1902.  45 1 

»  Il  y  aurait,  sans  doute,  intérêt  à  faire  la  mise  au  point  à  45  minutes  du 
centre.  On  gagnerait  un  nombre  sensible  d'étoiles,  sans  perdre  beaucoup 
au  centre.  Mais  on  peut  penser  qu'il  y  aurait  inconvénient,  pour  l'objectif 
de  Toulouse,  à  faire  la  mise  au  point  tout  au  bord.  On  gagnerait  beaucoup 
d'étoiles,  mais  des  étoiles  dont  les  images  seraient  moins  bonnes,  et  l'on 
perdrait  un  nombre  sensible  d'étoiles  centrales,  celles  dont  les  images  sont 
les  meilleures. 

»  M.  Montangerand  a  fait,  les  3,  4?  5  et  1 1  juin,  des  clichés  spéciaux 
pour  l'étude  de  la  forme  de  la  surface  focale  principale.  Regardant  cette 
surface  comme  spbérique,  il  lui  a  trouvé  un  rayon  d'environ  i™,25.  Ce 
nombre  n'est  que  provisoire.  La  question  est  trop  intéressante  pour  n'être 
pas  l'objet  d'une  étude  mmutieuse.  Les  résultats  de  cette  étude  seront 
publiés  dès  qu'il  sera  possible  à  M.  Montangerand  de  la  J:erminer.    » 


CORRESPOIVDAI\CE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  une  traduction  allemande  d'un  Ouvrage  de  M.  Adolphe 
Minet,  portant  pour  titre  :  «  Die  Gewinnung  des  Aluminiums  und  dessen 
Bedeutung  fur  Handel  und  Industrie  ». 


PÉTROGRAPHIE.  —  Sur  Les  roches  rejetées  par  r  éruption  actuelle 
de  la  Montagne  Pelée.  Note  de  M.  A.  Lacroix. 

«  Au  cours  de  notre  mission  à  la  Martinique,  nous  avons  recueilli  une 
très  grande  collection  des  produits  de  tout  genre,  provenant  de  l'éruption 
actuelle;  obligé  de  repartir  immédiatement  pour  suivre  de  près  la  marche 
de  celle-ci,  j'ai  l'honneur  de  communiquer  à  l'Académie  un  aperçu  som- 
maire de  la  constitution  minéralogique  des  roches  rejetées  par  le  volcan 
depuis  les  premières  explosions  jusqu'au  3i  juillet. 

»  On  a  vu  dans  une  Communication  antérieure  que,  jusqu'à  présent,  il 
ne  s'est  produit  à  la  Montagne  Pelée  aucune  coulée  de  lave,  mais  que  de 
nombreux  blocs  de  roches  sont  projetés  du  cratère.  Pendant  la  nuit,  grâce 
à  leur  incandescence,  on  les  voit  rouler  à  la  surface  d'un  talus  qu'elles 
édifient  par  leur  accumulation  en  haut  de  l'échancrure  ouverte  au  sud- 
ouest  dans  le  haut  de  la  Montagne  Pelée.  Tandis  que  les  cendres  ont  été 


452  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

abondamment  rejetées  des  côtés  ouest  et  sud-ouest  du  cratère  dans  la  plu- 
part des  éruptions  et  qu'elles  ont  atteint  toute  la  surface  de  l'île  lors  des 
grandes  explosions,  les  blocs  volumineux,  au  contraire,  sont  restés  loca- 
lisés sur  les  crêtes  et  sur  les  flancs  de  la  Montagne  Pelée,  dans  un  rayon 
de  800™  environ  à  partir  du  cratère.  C'est  là  qu'ont  été  recueillis  les  échan- 
tillons étudiés.  J'ai  éliminé  pour  l'instant  tous  les  matériaux  récoltés  loin 
du  cratère,  dans  la  vallée  de  la  rivière  Blanche,  où  ils  sont  mélangés  à  des 
roches  souvent  très  analogues,  provenant  des  éruptions  anciennes  qui  ont 
édifié  la^Montagne  Pelée. 

»  Les  roches  produites  par  l'éruption  actuelle  (*  )  offrent  des]caractères 
extérieurs  fort  variés;  ce  sont  :  1°  des  roches  compactes,  vitreuses,  d'un 
gris  noir,  constituant  des  blocs  fragiles  parfois  énormes;  tels  sont  ceux  qui 
ont  été  projetés  dans  l'ancien  lac  des  Palmistes  et  sur  les  pentes  est  de  la 
montagne,  antérieurement  au  29  juin,  date  de  notre  première  ascension; 
quelques-uns  d'entre  eux  sont  de  véritables  obsidiennes;  1°  des  bombes 
de  toute  taille,  de  couleur  plus  claire  que  les  précédentes;  présentant  de 
profondes  et  sinueuses  fentes  de  retrait  sur  toutes  leurs  faces  (observées 
par  nous  après  le  9  juillet);  3°  des  blocs  anguleux  de  ponce  blanche,  pou- 
vant atteindre  plus  de  i""'  (éruption  du  9  juillet). 

»  Un  examen  sur  le  terrain  permet  déjà  de  voir  que  ces  roches,  si  dif- 
férentes en  apparence,  ne  constituent  en  réalité  que  des  variations  d'un 
même  typepétrographique. 

))  En  brisant  un  grand  nombre  de  bombes  à  fissures  de  retrait,  j'ai 
recueilli  toute  une  série  d'échantillons  dans  lesquels  on  trouve,  de  la  péri- 
phérie au  centre,  tous  les  passages  entre  le  verre  compact  qui  constitue 
leur  croûte  et  la  ponce  la  plus  poreuse. 

»  L'examen  microscopique  confirme  cette  première  impression .  La 
composition  minéralogique  de  ces  roches  est  celle  que  faisait  prévoir 
l'étude  des  cendres  du  3  mai  dont  j'ai  entretenu  antérieurement  l'Aca- 
démie (-).  Ce  sont  des  andésites  à  hypersthène,  riches  en  phénocristaux 
et  devant  aux  conditions  rapides  de  leur  refroidissement  une  pâte  presque 
toujours  plus  ou  moins  complètement  vitreuse. 

»  Les  phénocristaux  sont  constitués  par  des  plagioclases  (série  des 
andésines  aux  bytownites)  très  zones,  à  formes  nettes.  Ils  prédominent 


(*)  Je  ne  m'occupe  pas  dans  cette  Note  des  blocs  de  roches  volcaniques  anciennes 
(enclaves)  arrachés  aux.  parois  de  la  cheminée. 
(^)  Comptes  rendus,  2  juin  1902. 


SÉANCE    DU    ï5   SEPTEMBRE    1902.  453 

sur  les  éléments  colorés  dont  le  principal  est  l'hypersthène,  accompagné 
de  titanomagnétite  avec  fréquemment,  en  outre,  une  petite  quantité  d'au- 
gite,  de  hornblende  (parfois  en  partie  résorbée  en  un  mélange  d'hyper- 
sthène,  de  magnétite  et  de  plagioclases)  et  d'olivine  ('). 

»  La  matière  vitreuse  est  le  plus  souvent  incolore  et  limpide;  elle  ren- 
ferme quelques  cristallites  aciculaires  d'hyperslhène,  mais  souvent  et 
particulièrement  dans  le  centre  des  bombes  refroidies  moins  rapidement 
que  leur  extérieur;  cette  matière  vitreuse  est  Irouble,  criblée  de  cristallites 
irréguliers  de  feldspath  et  d'hypersthène,  ainsi  que  de  ponctuations  de 
magnétite. 

»  Les  ponces  ne  se  distinguent  des  types  vitreux  compacts  que  par 
l'existence  de  très  larges  bulles  aux  parois  étirées.  La  dilatation  des  gaz 
dans  cette  matière  visqueuse  a  souvent,  en  outre,  déterminé  la  rupture 
d'une  partie  des  phénocristaux  de  la  roche. 

»  Ces  andésites  compactes  ou  ponceuses  sont  fréquemment  hétéro- 
gènes; elles  présentent  alors  des  lits  interrompus,  dans  lesquels  la  matière 
vitreuse  est  inégalement  colorée  et  souvent  aussi  irrégulièrement  dévi- 
trihée  ;  c'est  particulièrement  le  cas  pour  des  ponces  rubanées  dont  tous 
les  éléments  cristallins  sont  formés  par  des  fragments  brisés  et  anguleux 
de  phénocristaux  réunis  par  du  verre;  il  me  semble  probable  que  ces 
roches  résultent  de  l'agglutination  par  la  chaleur  de  cendres  retombées 
dans  le  cratère. 

»  La  forme  anguleuse  des  blocs  et  des  menus  fragments  des  ponces  du 
9  juillet  fait  penser  qu'ils  ont  été  produits  par  la  rupture  d'une  croûte 
scoriacée  solide  formée  à  la  surface  du  magma  monté  dans  le  cratère. 

»  Quant  aux  bombes  à  fissures  de  retrait,  elles  proviennent  probable- 
ment de  portions  plus  profondes  du  magma  projetées  à  une  température 
plus  élevée.  La  rapidité  de  leur  refroidissement  pendant  leur  trajet  aérien 
a  déterminé  la  consolidation  brusque  de  leur  croûte  externe  et  l'expulsion 
des  gaz  qui  y  étaient  dissous.  On  s'explique  ainsi  leur  structure  vitreuse, 
l'absence  de  quantité  notable  de  bulles  gazeuses,  enfin  la  présence  des 
fissures  de  retrait  creusant  toutes  les  faces  des  blocs  projetés. 

)>  Il  est  arrivé  fréquemment  que  le  refroidissement  n'a  pas  été  assez 
rapide  pour  permettre  la  consolidation  simultanée  de   toute  la  bombe; 


(')  La  proportion  du  minéral  magnétique  est  très  faible;  la  teneur  en  oxyde  de  fer 
est  en  moyenne  de  5  à  6  pour  loo,  el  une  portion  notable  en  est  absorbée  par  les  miné- 
raux ferromagnésiens. 

C.  R.,  1902,  2»  Semestre.  (T.  CXXXV,  N»  11.)  ^9 


454  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

dans  ce  cas,  après  la  consolidation  de  l'écorce  externe,  le  centre  de  la 
bombe  restant  visqueux  pendant  quelque  temps,  les  gaz,  mis  en  liberté 
au  cours  de  son  refroidissement,  ont  pu  déterminer  en  se  détendant  la 
production  de  nombreuses  bulles  et  donner  naissance  ainsi  à  la  structure 
ponceuse;  c'est  ainsi  que  peut  être  expliqué  le  mode  de  formation  des 
bombes  compactes  à  la  périphérie  et  ponceuses  au  centre. 

»  L'étude  minéralogique  et  chimique  des  roches  que  nous  venons  de 
décrire  conduit  à  cette  conclusion  que  si  le  volcan  entrait  dans  une  phase 
de  coulée,  il  produirait  des  andésites  identiques  à  celles  que  l'on  trouve 
en  place  dans  le  massif  de  la  Montagne  Pelée  et  qui  ont  été  formées  au 
cours  des  éruptions  antérieures  à  la  découverte  de  la  Martinique.    » 


ÉLECTRICITÉ.  —  Sur  les  différences  de  potentiel  au  contact.  Note 
de  M.  Pierre  Boley,  transmise  par  M.  Mascart. 

«  Voici  une  classe  de  piles  qui  semblent  pouvoir  fournir  la  valeur  du 
contact  électrique  de  deux  métaux.  Associons  les  amalgames  saturés  des 
deux  métaux  considérés  avec  deux  électrolytes  convenablement  choisis. 
Dans  la  chaîne  amalgame  M  |  liquide  L|  liquide  L']  amalgame  M',  ainsi 
constituée,  la  différence  de  potentiel  totale  E  en  circuit  ouvert  est  la  somme 
des  contacts  électriques,  ou  symboliquement 

E  =  MlL-f-LlI/  +  L'|M'4-M'|M, 

d'où,  pour  le  contact  des  deux  amalgames, 

M'|M  =  E--[M|Î.  +  L|I/+U|M']. 

On  simplifie  la  mesure  en  rendant  L|L'  négligeable  par  le  choix  des  élec- 
trolytes L  et  L',  de  sorte  qu'il  reste 

(i)  M'  I  M  =  E  -  [M  I L  +  LM  M']. 

Pour  avoir  un  contact  L  |  IJ  négligeable,  on  forme  les  liquides  L  et  L'  avec 
deux  solutions  identiques  du  même  acide,  et,  à  l'exemple  de  Rothmund 
et  de  Meyer  ('),  chacune  de  ces  solutions  est  additionnée  d'une  trace  du 
sel  de  même  anion  du  métal  adjacent,  pour  donner  des  contacts  M|L  bien 
définis.  Ainsi,  on  prend  pour  L  une  solution  normale  de  SO^H^  addition- 


(')  Zeilsclirift,  l.  XV,  1894,. et  Wied.  Ann.,  t.  LVl,  1895. 


SÉANCE  DU  l5  SEPTEMBRE  1902.  4^5 

née  de  SO*M  à  la  concentration -^  normale  ;  de  même,    pour  V,   une 

100  ' 

solution  normale  de  SO*H^  additionnée  de  SO^M'  à  la  concentration -j-^ 

normale.  Au  cas  où  un  sulfate  est  presque  insoluble,  on  en  sature  la  solu- 
tion d'acide  sulfurique.  La  formule  classique  de  Planck  sur  le  contact  des 
mélangées  d'électrolytes  indique  pour  les  différences  de  potentiel  au  contact 
des  liquides  précédents  des  valeurs  inférieures  à  un  millivolt. 

»  E  se  mesure  à  l'électromètre,  par  la  méthode  habituelle  de  compensa- 
tion. M I  L  et  L'  I  M'  se  déterminent  par  la  méthode  du  maximum  de  tension 
superficielle,  avec  un  électromètre  capillaire,  qui,  pour  les  amalgames 
saturés,  doit  être  construit  avec  une  pointe  peu  capillaire.  J'obtiens  satis- 
faction avec  un  électromètre  vertical,  dont  la  pointe  a  un  diamètre  mini- 
mum de  o™*^,  25  et  se  rapproche  de  la  forme  hyperboloidale  qui  correspond 
à  l'équilibre  indifférent  du  ménisque,  c'est-à-dire  à  une  sensibilité  infinie  (*). 
Cet  instrument,  qui  soutient  seulement  environ  2*=™,  7  d'amalgame,  a  une 

sensibilité  de  — =  volt  avec  le  mode  ordinaire  d'emploi  et  il  accuse  moins 

de -^  volt  avec  les  divers  amalgames,  à  condition  de  viser  le  ménisque 

10*  ^ 

sous  un  grossissement  de  84o.  Il  est  associé  à  un  manomètre  à  eau,  don- 
nant —  de  millimètre. 

100 

»  J'ai  étudié  provisoirement  les  piles  formées  d'amalgames  de  métaux 
usuels  associés  à  l'acide  sulfurique;  les  contacts  de  ces  amalgames  entre 
eux  sont  de  quelques  millivolts,  valeurs  qui  sont  de  l'ordre  des  erreurs 
d'expérience.  Pour  le  contact  argent-mercure,  la  disposition  est  plus  simple 
et  la  mesure  plus  nette,  car  la  pile  employée  n'a  qu'un  liquide;  la  chaîne 
estamalg.  :  Ag ISO"* H- normal -f- SCHg^  en  excès  |  Hg.  On  observe  que 

E  =  -+-  o^«'S  002 ,         M  I  L  =  +  o^°i*,  926,         L I  M'  =  -  o^°'S  925, 

d'où,  d'aprè§  (i), 

M'|M=+o^°'Sooi. 

»  Cette  valeur  est  inférieure  aux  erreurs  expérimentales  possibles  ;  donc, 
si  le  contact  de  ces  métaux  est  certainement  de  l'ordre  du  millivolt,  sa 
valeur  absolue  ne  sera  connue  que  par  des  mesures  beaucoup  plus  pré- 
cises que  celles  qu'on  sait  faire  actuellement.  » 


(1)  Bull.  Soc.  se.  et  niécL  de  l'Ouest,  t.  XI,  1902. 


456  ACADÉMIE    DES   SCrE*NCES. 


ÉLECTRICITÉ.  —  Sur  la  résistance  électrique  des  corps  peu  conducteurs  aux 
très  basses  températures.  Note  de  M.  Edmond  van  Aubel,  transmise  par 
M.  G.  Li}3pmann. 

«  La  résistivité  électrique  des  métaux  et  des  alliages  aux  très  basses 
températures  a  été  mesurée  par  Dewar  et  Fleming  et  par  d'Arsonval. 
Elle  diminue  considérablement  à  mesure  que  l'on  s'approche  du  zéro 
absolu  des  températures. 

»  Il  m'a  semblé  utile  d'examiner  comment  varie  aux  très  basses  tempé- 
ratures la  résistance  électrique  des  corps  peu  conducteurs,  tels  que  certains 
sulfures  et  oxydes,  dont  la  conductibilité  électrique  augmente  par  une  élé- 
vation de  la  température,  entre  o°  et  +  ioo°C. 

))  Un  Mémoire  sur  la  conductibilité  électrique  des  poudres  comprimées 
vient  d'être  publié  par  M.  Frantz  Streintz;  les  résultats  de  ces  recherches 
ont  été  communiqués  le  6  mars  dernier  à  l'Académie  des  Sciences  de 
Vienne.  Cette  circonstance  m'engage  à  faire  connaître,  dès  maintenant, 
les  résultats  que  j'ai  déjà  obtenus,  afin  de  prendre  dale  (^). 

»  J'ai  étudié  un  échantillon  de  pyrite  Fe  S^  très  homogène,  qui  m'avait  été  fourni 
par  M.  le  D''  Krantz,  de  Bonn.  Ce  sulfure  avait  été  taillé  sous  la  forme  d'un  prisme 
ayant  une  section  de  S'^'^^gS  x  3^^""', 98  environ.  Celui-ci  était  fixé  dans  des  pinces 
en  laiton;  la  résistance  électrique  était  mesurée  à  l'aide  du  pont  de  Wheatstone. 

»  Four  réaliser  les  températures  +  i9°C.  et  au-dessus,  j'ai  placé  la  tige  de  pyrite 
dans  un  bain  d'huile.  La  température  — 75°,  5  était  produite  par  le  mélange  d'éther 
et  de  neige  d'acide  carbonique,  convenablement  protégé  contre  les  absorptions  de 
chaleur.  En  agitant  constamment  ce  liquide,  on  a  observé  également  à  des  tempéra- 
tures comprises  entre  — 75°  et  — 20°.  Celles-ci  étaient  mesurées  au  moyen  du  thermo- 
mètre à  toluol  étalonné  à  l'Institut  physico-technique  de  Charlottenbourg-Berlin. 
Enfin,  les  expériences  ont  été  faites  encore  dans  l'air  liquide  contenu  dans  un  vase 
argenté,  à  doubles  jDarois  et  cylindrique,  d'après  Dewar.  Un  thermoraè  tre  au  pentane 
commercial,  construit  par  C.  Richter  de  Berlin,  sur  les  indications  de  Rudolf  Rolhe, 
et  étalonné  aussi  à  l'Institut  de  Charlottenbourg,  donnait  la  température  du  bain  d'air 
liquide  (^). 

»  Voici  les  résultats  des  mesures  des  résistivités,  dans  l'ordre  où  ils  ont  été 
obtenus  : 


(^)  Au  sujet  de  la  résistivité  des  sulfures  métalliques  aux  températures  élevées, 
voir  J.  GuiNCHANT,  Comptes  rendus,  séance  du  26  mai  1902,  p.  1224. 
(2)  Zeitschri/L  fur  Instrumentenkunde,  }\x\n  1902,  p.  192. 


SÉANCE  DU  l5  SEPTEMBRE  1902.  4^7 


Bésistances   électriques 

Temf 

)ératures. 
oC. 

du 

prisme,  en  ohms. 

-4- 

20,0 

10,96 

+ 

42,75 

.      9,45 

+ 

60,3 

8,48 

+ 

3o,8 

10, 18 

— 

75,2 

23, 4i 

— 

61,3 

21,18 

— 

4o,6 

17^72 

— 

24,3 

i5,6o 

+ 

'8,9 

11,27 

— 

181 

74,20 

3  jours  après  :  4- 

20, 1 

I  I  ,23 

»  La  résistivilé  de  la  pyrite  est  donc  i,5i3  ohm-centimètre  à  la  température 
de  H-  20°G.  Elle  augmente  toujours  notablement  à  mesure  que  la  température  devient 
plus  basse,  mais,  dans  l'air  liquide,  la  pvrite  conduit  encore  l'électricité. 

»   Si  l'on  trace  la  courbe  qui  exprime  la  variation  de  la  résistance  électrique  avec  la 

température,  on  trouve  que  la  quantité  —  est  d'autant  plus  grande  que  l'on  s'approche 

davantage  du  zéro  absolu.  Enfin,  après  avoir  été  refroidi  dans  l'air  liquide,  le  sulfure 
a  repris  à  peu  près  sa  résistance  électrique  primitive  à  +  20°, i  ('). 

»  Des  expériences,  relatives  aux  sulfures  de  plomb  et  d'argent  fondus  , 
et  au  sulfure  de  cuivre,  sont  actuellement  en  cours  d'exécution.    » 


ÉLECTRICITÉ.  —  A  propos  de  la  Note  de  M.  Th.  Tommasina,  Sur  le  mode  de 
formation  des  rayons  cathodiques  et  des  rayons  de  Rôntgen  (-).  Note 
de  M.  Jules  Semenov. 

«  Pour  vériQer  les  conclusions  que  j'ai  énoncées  dans  une  de  mes  Notes 
communiquées  à  l'Académie  sur  la  production  des  rayons  X,  M.  Tomma- 
sina a  entrepris  une  série  d'expériences  dont  les  résultats  seraient  en  désac- 
cord avec  les  miens. 

»  J'avais  dit  (^)  que  l'anticathode  n'émet  des  rayons  X  que  si  elle  porte 


(*)  L'air  liquide  qui  a  servi  dans  mes  recherches  m'a  été  obligeamment  remis  par 
M.  A.  Sliefel,  directeur  de  la  Société  anonyme  des  frigorifères  d'Anvers.  Qu'il  me 
soit  permis  de  lui  adresser  ici  mes  remercîmenls,  ainsi  qu'à  M.  le  D''  Krantz. 

(-)  Comptes  rendus,  t.  GXXXV,  1902,  p.  319. 

(')   Comptes  rendus,  t.  GXXXIII,  1901,  p.  217. 


458  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

une  charge  électrique;  que,  reliée  au  sol,  elle  n'engendre  presque  pas  de 
ces  ravons.  J'admets  donc  que  la  présence  d'une  charge  électrique  sur  la 
surface  exposée  aux  rayons  cathodiques  constitue  une  condition  nécessaire 
à  la  production  des  ravons  X.  M.  Th.  ïommasina  trouve  que  la  réflexion 
di-ffuse  du  flux  anodique  seule  est  suffisante  pour  donner  naissance  aux  Trayons 
cathodiques  et  aux  rayons  de  Rôntgen^  et  que  le  phénomène  a  lieu  même  avec 
r anticathode  reliée  au  sol. 

»  Dans  les  expériences  de  M.  Th.  Tommasina,  la  cathode  d'un  tube 
bianodique  était  reliée,  par  Tintermédiaire  d'une  décharge  sur  l'eau,  au 
pôle  positif  d'une  bobine  d'induction,  l'anode  et  l'anticathode  se  trouvant 
en  communication  avec  le  sol.  Dans  ces  conditions,  le  tube  fonctionne  pour 
ainsi  dire  à  l'envers,  la  cathode  faisant  office  d'anode  et  l'anticathode  étant 
transformée  en  cathode.  Bien  que  cette  dernière  soit,  d'une  façon  ou  d'une 
autre,  reliée  au  sol,  elle  porte  toujours  une  charge  électrique  suffisante 
pour  se  manifester  par  une  petite  étincelle  lorqu'on  approche  le  doigt  de  la 
tige  émergeant  du  tube.  Cette  anticathode  se  comporte  donc  comme  une 
cathode  ordinaire  dans  un  tube  fonctionnant  dans  les  conditions  habi- 
tuelles. Aussi,  est-il  naturel  qu'elle  émette  des  rayons  cathodiques  et  des 
rayons  X. 

»  Si,  par  contre^  le  tube  bianodique  fonctionne  comme  d'habitude,  c'est 
l'anticathode  reliée  à  l'anode  qui  émet  le  plus  de  rayons  X,  bien  qu'elle  se 
trouve  en  dehors  de  l'action  du  flux  anodique.  En  revanche,  elle  reçoit  le 
flux  cathodique  qui  provoque  l'émission  des  rayons  de  Rontgen.  Mais,  je 
le  répète,  la  condition  nécessaire  à  la  production  de  ce  phénomène  est  la 
présence  d'une  charge  électrique  sur  la  surface  d'émission.  En  eût-il  été 
autrement,  MM.  J.  Perrin  et  J.-J.  Thomson  ne  se  seraient  pas  trouvés  en 
mesure  de  constater  le  transport  d'électricité  négative  par  les  rayons 
cathodiques.  En  effet,  si,  dans  leurs  expériences,  les  rayons  cathodiques, 
en  pénétrant  à  l'intérieur  d'un  système  de  cylindres  isolés,  avaient  déter- 
miné dans  ce  système  la  production  de  rayons  X,  la  charge  des  rayons 
cathodiques  ne  se  serait  pas  accumulée  sur  le  cylindre  intérieur;  il  eût 
donc  été  impossible  de  l'y  déceler.    » 

PHYSICO-CHIMIE.  —  Sur  la  formation  des  gouttes  liquides  et  les  lois  de  Tate. 
Note  de  MM.  Ph.-A.  Guye  et  F, -Louis  Perrot. 

«  A  la  suite  de  leurs  recherches  sur  la  cohésion  des  liquides,  MM.  Leduc 
et  Sacerdote  ont  été  amenés  à  rejeter  le  raisonnement  classique  par  lequel 


SÉANCE  DU  l5  SEPTEMBRE  1902.  459 

on  justifie  la  loi  de  Tate  relative  à  l'écoulement  des  gouttes  par  un  orifice 
capillaire  (').  Dans  une  Note  plus  récente  (^),  ces  auteurs  publient  les 
premiers  résultats  d'expériences  instituées  par  eux  à  l'appui  de  cette 
conclusion. 

»  Nous  étant  occupés  nous-mêmes  depuis  plusieurs  années  (*)  de  la 
mesure  des  tensions  superficielles  au  moyen  du  poids  des  gouttes,  nous  avons 
été  conduits,  soit  par  l'étude  des  Mémoires  antérieurs,  soit  par  nos  propres 
observations,  à  admettre  que  le  phénomène  de  la  formation  des  gouttes 
est  beaucoup  plus  complexe  qu'on  ne  le  conçoit  généralement.  On  nous 
permettra  donc  de  rappeler  quelques-unes  de  nos  observations  antérieures 
et  de  présenter  diverses  remarques  qui  nous  conduisent  à  rejeter  aussi  les 
lois  de  Taie. 

»  En  premier  lieu,  si  l'on  se  rapporte  à  la  bibliographie  de  la  ques- 
tion (^),  il  est  très  curieux  de  constater  que  les  expérimentateurs  anté- 
rieurs à  Tate  ont  observé  le  phénomène  de  la  formation  des  gouttes  avec 
des  caractéristiques  qui  paraissent  avoir  été  oubliées  depuis. 

»  C'est  ainsi  qu'il  résulte  clairement  des  observations  de  Franken- 
heim  (i835),  confirmées  plus  tard  par  celles  de  Hagen  (i845),  que  \e poids 
des  gouttes  d'un  même  liquide,  issues  d'un  même  orifice,  est  fonction  de  leur 
durée  de  formation.  Nous  l'avons  nous-mêmes  vérifié  et  nous  avons  en 
outre  constaté  : 

»  i*'  Que,  dans  les  conditions  habituelles  où  l'on  expérimente,  le  poids 
des  gouttes  issues  d'un  même  orifice  et  formées  rapidement  est  plus  fort  que 
celui  des  gouttes  formées  lentement  [voir  aussi  les  observations  de 
Guthrie  (i  867)  ;  Forch  (1899),  etc.]  ; 

»  2°  Que,  si  la  durée  de  formation  croît,  le  poids  de  la  goutte  tend  vers 
une  limite  qui  ne  varie  pratiquement  plus  lorsque  cette  durée  est  assez 
longue.  Avec  un  tube  de  3™"",  1  7  de  diamètre  extérieur,  le  poids  de  la  goutte 
ne  devient  indépendant  de  sa  durée  de  formation  que  si  celle-ci  est  de  3o 
à  4o  secondes,  ou,  pour  certains  liquides,  déjà  de  20  à  26  secondes. 

»   Il  résulte  de  là  que  toute  vérification  de  la  loi  de  Tate,  effectuée  sans 


(^)  Leduc  et  Sacerdote,  Journal  de  Physique,  4"  série,  t.  I,  1902,  p.  364. 

(^^)  Leduc  et  Sacerdote,  Comptes  rendus,  t.  CXXXV,  1902,  p.  96. 

{^)  GuYE  et  Perrot,  Archives  des  Se.  phys.  et  nal.,  t.  VIII,  1899,  p.  Sgo;  t.  XI, 
1901,  p.  225  et  345;  t.  XllI,  1902,  p.  80;  Comptes  rendus,  t.  CXXXII,  1901,  p.  io43. 

(*)  Voir  le  Résumé  bibliographique  en  tête  de  notre  Mémoire  {Archives,  t.  XI, 
p.  229). 


/|6o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

avoir  spécifié  la  durée  de  formation  des  gouttes,  manquera  de  précision. 
Le  bon  sens  indique  ensuite  que  la  vérification  devra  se  faire  dans  les  con- 
ditions les  plus  simples  et  de  façon  que  le  poids  des  gouttes  soit  rendu 
indépendant  de  leur  durée  de  formation. 

))  Nous  avons  effectué  cette  vérification  sur  seize  liquides  organiques  diffé- 
rents, en  composant  pour  chacun  d'eux  les  poids  des  gouttes  de  formation 
lente  (c'est-à-dire  formées  assez  lentement  pour  que  leur  poids  soit  indépen- 
dant de  leur  durée  de  formation),  issues  d'un  même  orifice,  avec  leurs  ten- 
sions superficielles  déterminées  dans  le  vide  par  la  méthode  des  ascensions 
capillaires  de  MM.  Ramsay  et  Shields  ;  la  plupart  des  observations  ont  été 
effectuées,  dans  les  deux  cas,  sur  les  mêmes  échantillons. 

»  En  ce  qui  concerne  le  poids  des  gouttes,  celui-ci  a  été  déterminé  de 
deux  façons  :  soit  en  pesant,  [)ar  la  méthode  de  M.  Ostwald,  ce  que  nous 
avons  appelé  la  goutte  complète  (  c'est-à-dire  toute  la  masse  de  liquide  faisant 
saillie  sous  la  section  droite  du  tube  à  écoulement  à  l'instant  où  se  produit 
la  chute  de  la  goutte),  soit  en  pesant  seulement  la  ^OM^/e/o/?26ee( c'est-à-dire 
la  masse  de  liquide  qui  se  détache  au  moment  delà  chute,  abstraction  faite  du 
poids  du  liquide  restant  adhérent  au  tube),  désignée  sous  le  nom  de  ménisque 
et  représentant,  dans  nos  expériences,  les  17  à  29  pour  100  du  poids  delà 
goutte  complète.  Dans  les  deux  cas,  les  poids  des  gouttes  complètes  et  des 
gouttes  tombées  de  formation  lente  n'ont  pas  été  trouvés  proportionnels 
aux  tensions  superficielles  :  les  écarts  maxima  se  sont  élevés  à  12  pour  100 
dans  le  premier  cas  et  à  8  pour  100  dans  le  second.  De  là  résulte  que  les 
lois  de  Tate,  qui  sont  résumées  dans  la  formule  unique 

(i)  P  =  2T:Ry 

(P  poids  de  la  goutte  en  dynes;  y  tension  superficielle  en  dynes;  R  rayon 
extérieur  du  tube  capillaire  en  centimètres),  ne  sont  pas  vérifiées  expéri- 
mentalement (*). 

»   Nous  avons  constaté  ensuite  qu'il  faut  rejeter  également  la  correction 

(*)  Un  des  énoncés  de  la  loi  Tate  est  le  suivant  :  «  Toutes  choses  égales  d'ailleurs, 
le  poids  de  la  goutte  est  proportionnel  au  diamètre  du  tube  dans  lequel  elle  se  forme  ». 
On  pourrait  objectera  nos  expériences  de  laisser  cet  énoncé  de  côté.  Nous  ne  le  croyons 
pas,  car  il  est  évident  qu'à  mesure  que  l'on  opérera  avec  des  tubes  de  diamètres  crois- 
sants, la  vitesse  d'écoulement  se  modifiera,  et  l'on  n'aura  pas  de  résultats  précis.  Tout 
au  plus  pourrait-on  se  demander  si  l'énoncé  ci-dessus  est  vérifié  lorsque  les  diamètres 
intérieurs  (pour  les  liquides  mouillant  le  tube)  des  divers  tubes  considérés  seraient 
tous  identiques  et  les  gouttes  toujours  de  formation  lente. 


SÉANCE   DU    l5    SEPTEMBRE    I902.  4^1 

d'après  laquelle  la  goutte  se  détacherait  suivant  un  cercle  de  gorge  de 
rayon  r  peu  différent  de  R,  r  et  R  étant  proportionnels.  Calculant  en  effet 
au  moyen  de  la  formule  (i)  la  valeur  du  rayon  du  prétendu  cercle  de 
gorge,  nous  avons  trouvé,  pour  les  seize  liquides  étudiés  par  nous,  que, 
avec  un  tube  de  diamètre  2R  =  3°"°,  17,  le  diamètre  du  cercle  de  rupture 
serait  compris  entre  ir  —  2°"'',  74  et  ir—  2""",  47  pour  les  gouttes  complètes 
et  entre  2™°",  18  et  £'"'^,95  pour  les  gouttes  tombées. 

»  Ces  points  établis,  nous  ne  pensons  pas  que  la  vérification  de  la  loi 
de  Tate  donnée  par  MM.  Leduc  et  Sacerdote  permette  de  la  considérer 
même  comme  une  loi  approximative,  attendu  que  :  i*^  celte  vérification  ne 
tient  pas  compte  de  la  durée  de  formation  des  gouttes  et  que,  dans  le  cas 
particulier  du  mercure  qui  s'égoutte  beaucoup  plus  vite  que  l'eau,  on  doit 

obtenir  des  valeurs  trop  fortes  de^  (ce  qui  explique  le  relèvement  de  la 

courbe  constaté  par  ces  auteurs,  le  long  de  l'axe  des  j);  1°  cette  vérifica- 
tion a  été  basée  sur  l'hypothèse  de  la  proportionnalité  entre  les  tensions 
superficielles  et  le  poids  des  gouttes  de  deux  liquides  différents,  propor- 
tionnalité qui,  d'après  nos  recherches,  ne  peut  être  considérée  que  comme 
très  approximative.   » 


BOTANIQUE  COLONIALE.  —  Sur  la  liane  à  caoutchouc  des  forêts  du  Congo 
français.  Note  de  M.  Aug.  Chevalier  (  *  ),  transmise  par  M.  Guignard. 

«  La  flore  congolaise  s'est  enrichie,  depuis  quelques  années,  de  nom- 
breuses Landolphiées  nouvelles,  la  plupart  imparfaitement  connues,  par 
suite  d'une  description  faite  sur  des  matériaux  d'herbiers  très  incomplets. 
De  plus,  l'étude  de  leurs  latex  n'ayant  pas  été  faite  sur  place,  les  spécia- 
listes n'ont  pu  vérifier  la  provenance  botanique  des  coagulums  qui  leur 
étaient  envoyés,  de  sorte  qu'il  règne  encore  la  plus  grande  incertitude  sur 
la  valeur  de  ces  lianes  comme  plantes  à  caoutchouc. 

»  Le  botaniste  allemand  R.  Schlechter,  envoyé  en  1899- 1900  par  le 
Wirtschaftliches  Komitee  dans  l'Afrique  occidentale  pour  y  étudier  la  pro- 
duction, la  récolte  et  la  préparation  du  caoutchouc,  a  fourni  des  rensei- 
gnements beaucoup  plus  précis,  mais  encore  très  incomplets.  La  présente 

(')  Je  remercie  mes  collaborateurs,  MM.  Courtet  et  Martret,  pour  la  participation 
qu'ils  ont  apportée  à  ce  travail. 

G.  R.,  1902,  2«  Semestre.  (T.  CXXXV,  N'=  11.)  60 


402  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Note  a  pour  but  de  signaler  quelques  faits  nouveaux  observés  pendant  la 
traversée  du  Congo  parla  mission  Chari-Tchad. 

»  Comme  Schlechter,  nous  avons  constaté  que  la  seule  liane  du  Congo 
français  qui  soit  exploitée  par  les  indigènes  en  grand  et  qui  fournisse  du 
bon  caoutchouc  appartient  au  Landolphia  Klainii. 

»  Nous  croyons  toutefois  que  la  description  de  cette  plante  donnée  par 
H.  Hallier,  de  Wildeman,  etc.  se  rapporte,  non  à  une  seule  espèce,  mais 
à  plusieurs  espèces  confondues  sous  ce  nom.  Nous  avons  observé,  jusqu'à 
ce  jour,  trois  formes  très  distinctes,  caractérisées  surtout  par  les  contours 
du  fruit  toujours  subsphérique,  très  gros  (io*=™  à  20*^™  de  diamètre). 

»  Dans  la  première,  il  est  un  peu  mamelonné  au  sommet  et  présente  dans  le  tiers 
supérieur  une  dizaine  de  dépressions  séparées  par  des  côtes  saillantes;  la  base  est 
légèrement,  mais  progressivement  atténuée.  Les  feuilles  lancéolées,  pointues,  ont  10'='" 
de  long  sur  3'^'",5.  Cette  forme  croît  au  jardin  de  Libreville  et  provient  de  graines 
recueillies  à  proximité  du  Gabon. 

»  La  deuxième  a  un  fruit  parfaitement  arrondi  au  sommet  et  un  peu  atténué  à  la 
base,  ce  qui  le  rend  pyriforme.  Les  feuilles  ovales,  lancéolées,  ordinairement  arrondies 
à  la  base,  brusquement  terminées  en  pointe  obtuse  au  sommet,  ont  de  12'=°^  à  i5=™  de 
long  sur  5"^™  de  large,  soit  deux  fois  et  demie  ou  trois  fois  plus  longues  que  larges. 
Nous  l'avons  rencontrée  à  Touniba  (Congo  belge)  sur  la  ligne  du  chemin  de  fer  de 
Matadi  à  Léopoldville. 

»  La  troisième  forme  possède  un  fruit  presque  sphérique,  à  peine  atténué  à  la  base. 
Ses  feuilles  longuement  lancéolées,  cunéiformes  à  la  base,  insensiblement  atténuées 
en  pointe  au  sommet,  à  bords  ondulés-crispés,  mesurent  de  ao*^*"  à  22'''^,  sur  5""  ou 
5"™, 5  de  large,  et  sont,  par  conséquent,  quatre  fois  plus  longues  que  larges.  Elle  croît 
aux  Stanley-Fallo  sur  la  rive  française. 

»  Nous  avons  observé  ces  trois  formes  depuis  trop  peu  de  temps  pour 
pouvoir  nous  prononcer  sur  leur  valeur  spécifique.  La  germination  des 
graines  de  toutes  les  lianes  de  ce  groupe,  L.  Klainii,  s'effectue  constam- 
ment dans  des  conditions  biologiques  très  remarquables,  qu'aucun  obser- 
vateur n'a  consignées  jusqu'ici. 

»  A  maturité,  le  fruit  de  cette  espèce,  comme  celui  de  tous  les  Eulandolphia,  est 
constitué  par  un  exocarpe  formé  de  sclérites  très  résistantes,  serrées  les  unes  contre 
les  autres  et  enveloppant  hermétiquement  les  parties  parenchymateuses  et  les  graines 
au  nombre  de  20  à  70.  Cette  carapace  indéhiscente  est  seulement  interrompue  dans  la 
partie  qui  correspond  à  l'insertion  du  pédoncule  et  forme  une  zone  circulaire.  Lorsque 
le  fruit  arrive  à  maturité  dans  la  saison  sèche  (ordinairement  dans  le  courant  de 
juillet),  il  se  détache  par  son  propre  poids  et  vient  tomber  sur  le  sol  de  la  forêt.  Cette 
petite  zone  circulaire  est  vite  attaquée  par  les  insectes.  Par  celte  ouverture,  les  larves 
des  termites,  qui  n'ont  pu  attaquer  le  sclérenchyme  trop  résistant,  pénètrent  à  Tinté- 


SÉANCE  DU  l5  SEPTEMBRE  1902,  463 

rieur  du  fruit  et  dévorent  toutes  les  parties  parenchymateuses,  qu'elles  remplacent 
par  de  la  terre  humide.  Au  contraire,  les  graines,  dont  l'albumen  corné  protè<^e  l'em- 
bryon, sont  épargnées.  Elles  se  trouvent  bientôt  environnées  dans  la  cavité  close  de 
l'exocarpe  d'une  masse  de  terre  humide,  dans  laquelle  elles  germeront  en  quelques 
jours.  Les  jeunes  plantules,  se  trouvant  enfermées  dans  une  chambre  close,  s'étiolent 
et  leurs  tigelles,  s'allongeanl  démesurément,  se  recourbent  plusieurs  fois  à  l'intérieur 
de  la  cavité.  Parfois,  l'extrémité  d'une  j-eune  tige  parvient  à  sortir  par  l'ouverture 
correspondant  à  l'insertion  du  pédoncule;  mais,  le  plus  souvent,  les  plantules 
demeurent  enfermées  dans  la  cavité  exocarpique  jusqu'à  ce  que  les  agents  atmosphé- 
riques ou  les  animaux  aient  brisé  la  carapace  scléreuse.  Alors  seulement  les  racines 
pénètrent  en  terre,  les  tigelles  se  redressent  et  développent  des  feuilles,  et  les  termites 
vont  chercher  abri  ailleurs. 

»  Chaque  buisson  au.  Laiidolphia  Klainii  est  ainsi  environné  de  nombreuses  jeunes 
plantes  groupées  par  paquets;  chacun  de  ces  paquets  correspond  à  un  fruit  dont  les 
graines  ont  germé  sur  place. 

»  La  plupart  de  ces  plantes  meurent  étouffées  sous  l'ombrage  épais  de 
la  forêt;  seuls,  les  pieds  les  plus  robustes  allongent  démesurément  leurs 
entre-nœuds,  accrochent  leurs  vrilles  aux  branches  qu'elles  rencontrent, 
et  c'est  seulement  lorsqu'elles  sont  parvenues  à  s'étaler  à  la  grande 
lumière,  sur  l'extrémité  des  rameaux  des  arbres-supports,  qu'elles  se 
développent  normalement.   » 

M.  André  Poëy  adresse  une  Noie  inlilulée  :  «  Rapport  entre  les  érup- 
tions volcaniques,  les  tremblements  de  terre,  etc.  et  les  taches  solaires  ». 

La  séance  est  levée  à  4  heures. 

G.  D. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  21  juillet  1902. 

Exposition  universelle  internationale  de  1900.  IV^  Congrès  international  de 
Chimie  appliquée,  tenu  à  Paris  du  28  au  2^  juillet  1900.  Compte  rendu  in  extenso, 
par  M.  Henri  Moissan,  Président  du  Congrès,  et  M.  François  Dupont,  Secrétaire 
général.  Paris,  au  siège  de  l'Association  des  Chimistes,  1902;  3  vol.  in-S**.  (Présenté 
en  hommage  par  M.  Moissan.) 

Erinnerungs-Blàtter  an  die  Leyden-Feier  im  April  1902.  Berlin,  Otto  und  Emil 
Klett;  I  vol.  in-8°.  (Hommage  du  D""  E.  von  Leyden.) 


464  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Die  Mechanik  des  Rimmels,  Vorlesungen  von  Carl-Ludwig  Charlier;  Bd.  I,  mil 
zahlreichen  Figuren.  Leipzig,  Veit  et  C'%  1902;  i  vol.  in-8°.  (Présenté  par  M.  H. 
Poincaré.) 

Spezielle  algebraische  und  transcendente  Ebene  Cun>en  :  Théorie  und 
Geschichte,  von  D""  GiNO  Loria;  auiorisierte,  nach  dem  italienischen  Manuskript 
bearbeitete  deutscbe  Ausgabe,  von  Fritz  Schutte,  mit  174  Fig.  u.  17  lith.  Taf. 
Leipzig,  B.-G.  Teubner,  1902;  2  voL  in-8°.  (Présenté  par  M.  Haton  de  laGoupillière. 
Hommage  de  l'Auteur.) 

International  catalogue  of  scient ijlc  littérature,  first  annual  issue  :  Vol.  I,  Part  L 
M.  Botany;  Vol.  IL  Part  L  D.  Chemistry;  published  for  the  International  Council 
by  the  Royal  Society  of  London.  Londres,  Harrison  et  fils,  1902;  2  vol.  in-8°. 

The  Danish  Ingolf-Expedition;  Vol.  VI.  Porifera,  Part.  I  :  Homorrhaphidœ 
and  Heterorrhaphidœ,  by  Will.  Lundbeyk,  with  19  plates  and  i  figure  in  the  text. 
Translated  by  Torben  Lundbeck.  Copenhague,  1902;  i  fasc.  in-4°. 

Notation  chimique  approuvée  par  l' Académie  des  Sciences  de  Cracovie,  2°  édit. 
Cracovie,  Académie  des  Sciences,  1902;  i  fasc.  in-12.  (En  langue  tchèque.) 

Les  doctrines  chimiques  dans  Vétiologie  des  maladies,  par  P.  Apery.  Constanti- 
nople,  imp.  A.  Christidis^  1902;  i  fasc.  in-12. 

Kansas  Uniçersity  science  Bulletin;  Vol.  I,  n°^  1,  2,  3  and  k.  Lawrence,  Kans., 
1902  ;  I  fasc.  in-8''. 


ERRATA. 


Noies  de  MM.  A.  Lacroix,  Rollet  de  l'Isle  et  Giraud,  Sur  l'éruption  de  la 

Martinique  : 

(Séance  du  i*^"^  septembre  1902.) 

Page  386,  ligne  3  en  remontant  (note),  au  lieu  de  mines  Saint-Pierre,  lisez  ruines 
de  Saint-Pierre. 

Page  387,  ligne  i  en  remontant  (note),  au  lieu  de  des  flots,  lisez  des  eaux  et  des 
roches. 

(Séance  du  8  septembre  1902.) 

Page  43o,  ligne  9,  au  lieu  de  vers  le  Nord  et  vers  l'Est,  lisez  vers  le  Nord,  le  Sud 
et  vers  l'Est. 


ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

SÉANCE  DU   LUNDI  22   SEPTEMBRE   1902. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  BOUQUET  DE  LA  GRYE. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

M.  le  Président,  en  annonçant  à  l'Académie  la  mort  de  M.  Damour, 
s'exprime  comme  il  suit  : 

«  Mes  chers  Confrères, 

»  J'ai  le  regret  de  vous  annoncer,  une  fois  encore,  un  deuil  pour 
l'Académie;  M.  Damour,  qui  faisait  partie  de  notre  Compagnie  comme 
Académicien  libre  depuis  i^  ans,  et  qui  était  notre  doyen  d'âge,  vient  de 
mourir  cette  nuit,  à  l'âge  de  94  ans. 

»  Il  était  aimé  et  respecté  de  nous  tous  en  raison  de  sa  science  et  de 
la  dignité  de  son  caractère.  Il  emporte  les  regrets  universels  de  tous  ses 
Confrères.  » 

La  séance  sera  levée,  en  signe  de  deuil,  immédiatement  après  le  dé- 
pouillement de  la  Correspondance. 


OPTIQUE.  —  Extension  du  Principe  de  Fermât,  sur  l'économie  du  temps, 
au  mouvenfient  relatij  de  la  lumière  dans  un  corps  transparent  hétérogène 
animé  d'une  translation  rapide.  Note  de  M.  J.  Boussinesq. 

«  I.  J'ai  démontré  en  octobre  1899  (^Comptes  rendus,  t.  CXXIX,  p.  794» 
839  et  903),  par  l'intégration  des  équations  du  mouvement  vibratoire  de 
l'éther  dans  un  corps  transparent  hétérogène,  composé,  par  exemple,  de 
couches  parallèles  au  plan  des  yz,  que  le  principe  de  Fermât  avait  été 
légitimement  étendu,  des  rayons  brisés  par  la  réflexion  ou  la  réfraction, 

C.  R.,  1902,2»  Semestre.  (T.  CXXXV,  N°  12.)  ^^ 


466  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

mais  composés  de  fragments  rectilignes,  aux  rayons  courbes  que  suit  le 
mouvement  lumineux  dans  les  corps  dont  la  constitution  varie  graduelle- 
ment d'un  point  à  l'autre.  Je  me  propose  aujourd'hui  de  faire  voir  que  le 
même  principe  de  l'économie  du  temps  s'étend  encore  au  mouvement 
relatif  àe,  la  lumière,  dans  un  tel  corps  animé  d'une  vitesse  V  de  transla- 
tion un  peu  comparable  à  la  vitesse  même  de  propagation  des  ondes  dans 
l'éther  libre. 

»  Si  nous  prenons  celle-ci  pour  unité  de  longueur,  les  équations 
régissant  les  déplacements  vibratoires  ^,  vi,  (^,  en  fonction  de  coordon- 
nées ;r,  j,  i:  d'équilibre  ou  moyennes  rattachées  au  corps,  seront,  comme 
on  peut  voir  par  une  Note  du  28  juillet  {Comptes  rendus,  t.  CXXXV, 
p.  220), 

^  dt'-  ^y''dx'^^ydy'^^''dz)         dt 


(0 


N  y  désigne  l'indice  absolu  de  réfraction  du  corps,  donné  en  fonction 
lentement  variable  de  x,  et  V^.,  V^,,  V^  les  trois  composantes  de  la  vitesse 
transitoire  V. 

»  IL  Le  milieu  s'étendant,  par  exemple,  de  a?  =  o  à  ar  :==  ce,  le  mouve- 
ment sera  censé  communiqué  à  sa  première  couche  x  =  o  par  un  système 
d'ondes  planes,  que  nous  supposerons  d'abord  latéralement  indéfinies  et 
qui,  produites  au  loin  dans  la  région  des  x  négatifs,  couperont  la  couche 
X  =  0  suivant  une  famille  de  droites  parallèles.  Nous  appellerons  mj-hnz 
le  temps,  proportionnel  à  la  distance  de  celles-ci  à  l'origine,  employé  par 
chaque  onde  à  atteindre  ces  droites,  après  l'instant  où  la  même  onde 
aura  touché  l'origine  des  coordonnées.  Il  est  clair  que  chaque  couche 
X  =  const.  se  trouvera  dans  les  mêmes  conditions  sur  toute  son  étendue, 
c'est-à-dire  en  tous  les  points  où  y  aboutissent  les  diverses  parallèles  (y,  5) 
à  l'axe  des  x,  au  retard  près  my  -h  nz,  s'y  produisant  par  rapport  au  point 
où  la  perce  l'axe  même  (0,0)  des  x.  Donc  l,  r,,  ^  ne  seront  fonctions 
que  des  deux  variables  t  —  my  —  nz  et  x. 

))  Or  on  sait  que,  sans  riiétérogénéité,  c'est-à-dire  si  N  avait  partout  la 
même  valeur  qu'en  {x,y,z),  les  ondes  seraient  planes  à  l'intérieur  du 
corps,  et  que  x  n'aurait  à  figurer  dans  ^,  n,  '(  qu'à  côté  de  t,  comme  yetz, 
savoir  par  une  variable  unique  de  la  forme  t  —  Ix  —  my  —  nz,  et  avec 
un  coefficient  /relié  à  N,  en  raison  des  équations  (i),  par  la  formule 

(2)  /=  +  m-  +  /r  -  2(Y^l^Y^7n  +  Y,n)  =  N\ 


SÉANCE  DU  22  SEPTEMBRE  Ï902.  4^7 

En  outre,  les  vibrations  seraient  transversales,  c'est-à-dire  que  l'on  aurait 
G  =  o,  Il  -h  m-f]  -+-  n'C  =  o,  ou  que  V élongation  y/l^  -t-  'f\^  +  ^^  se  réduirait 
à  une  composante  S  perpendiculaire  à  la  direction  (/,  m,  n). 

»  Dès  que  N  et,  par  suite,  /  deviennent  variables,  quoique  lentement, 
avec  X,  il  ne  peut  plus  en  être  rigoureusement  de  même  ;  et  9,  l\  -\-  m-n  +  nZ, 
prennent  de  petites  valeurs  de  l'ordre  des  dérivées  N',  /'  de  N,  l  en  x. 
Mais  le  mouvement  peut  encore  se  faire  par  ondes  sensiblement  planes, 
ou  \,  Y),  ^  dépendre  surtout  de  la  variable  principale  t  —fldx  —  my  —  nz, 
tout  en  variant  en  outre,  d'une  manière  beaucoup  plus  lente,  avec  l'autre 
variable  de  la  question,  x. 

»  Et,  si  les  ondes  incidentes,  au  lieu  d'être  indéfinies,  sont  latéralement 
limitées,  ou  que  les  déplacements  ^,  vi,  Z,  offrent  sur  la  première  couche 
a;  =  o,  outre  leur  variation  rapide  en  fonction  du  trinôme  t  —  my  —  nz, 
des  variations  lentes,  mais  arbitraireSy  avec  j'  et  z,  il  y  a  lieu  de  voir  de 
même  si  ^,  yi,  X,  ne  pourraient  pas,  dans  le  milieu,  être  des  fonctions  rapi- 
dement variables  de  t  —fldx  —  my  —  nz  et  lentement  variables  de  Xy  y,Zy 
ou  représenter  des  ondes  sensiblement  planes  limitées  latéralement. 
Comme  le  problème  de  la  suite  des  mouvements  résultant,  dans  le  milieu, 
du  mode  donné  d'ébranlement  de  la  première  couche  07  =  0  est  déter- 
miné par  les  équations  (i),  un  tel  mouvement,  dès  qu'on  le  reconnaîtra 
ainsi  possible,  sera  le  mouvement  effectif. 

»  III.  Nous  désignerons,  à  la  manière  de  Lagrange,  par  des  accents 
les  dérivées  de  ^,  71,  C»  et  même  de  0,  relatives  à  la  variable  principale 
t  —fldx  —  my  —  712-,  mais  à  la  manière  de  Leibnitz  (avec  des  d  de  ronde), 
les  dérivées  relatives  aux  variables  accessoires  x,y,  z,  en  observant  que 
les  dérivées  secondes  de  cette  dernière  espèce  seront  négligeables,  à  cause 
de  la  lenteur  de  variation  des  dérivées  premières  (déjà  petites),  et  que, 
même  pour  0  et  /^  +  m-i}  -\-  nX„  de  l'ordre  de  N'  ou  de  /',  les  dérivées  pre- 
mières de  cette  espèce  se  trouveront  insensibles.   On  aura,  par  exemple, 

—  =  —  /?"  +  —  ,        ^=_/P_i_-!^,        ^  — /2^"  _  o/^  _ /'P 
dx  "^         dx  '        dx  dx  dx'^  '         ^    dx 

d^  j 


et  les  équations  (j)  deviendront,  vu  (2), 


d         /  V,  N    à         ,         -.,  X   d         V 


0' 


^^-^'^)  Tx  +  ('^  -  '^'^)  h  ^-  0'  -  ^'^)  r.^^l  ^^  ^' '  ^')  =  ^^'  '''^  "^ 

))  Multipliées  par  dt  et  intégrées  sur  place,  à  partir  d'un  instant  où  le 


468  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

-repos  régnait  encore  en  (x,y,  z),  elles  seront 

(3)  [('-V.)^  +  (m-V,)|  +  («-V,)^+j](S,-i.î:)  =  (/.'«.  «)î- 

»  On  peut,  dans  les  premiers  membres  où  figurent  partout  soit  des  déri- 
vations en  d,  soit  le  petit  facteur  /',  réduire  E,  yi,  (^  aux  projections  de  l'élon- 
gation  transversale  §,  c'est-à-dire  négliger  les  projections  de  la  petite  com- 
posante longitudinale,  proportionnelle  au  trinôme  II,  -+-  my]  -h  n'C. 

))  IV.  Multiplions  d'abord  les  équations  (3)  par  le  double  des  trois 
projections  ^,  r,,  X,  de  \,  et  ajoutons.  Il  viendra  la  relation  capitale 

(4)  (/-V.);|^+(m-V,,)^V(«-V.)!^+n»  =  o. 


qui,  en  appelant  (p'  le  produit  y//  —  ^ J^i  peut  s'écrire 

(5)  (/  _  V,)  -^  +  (m  -  V,)  -^  +  («  -  V,)  ^  =  o. 

»  Celle-ci  exprime  que,  sur  une  même  onde  suivie  dans  son  mouvement,  la 
quantité  ^'^  se  conserve  le  long  des  chemins  ayant  leurs  cosinus  directeurs  pro- 
portionnels à  /  —  Va,,  Jn  —  V^,  n  — V^.  Ces  chemins  sont  donc  les  rayons 
lumineux. 

»  Or,  chacun  d'eux  est  contenu  dans  un  plan  normal  aux  couches  du 
corps,  savoir  le  plan  perpendiculaire  à  la  droite  dont  les  cosinus  directeurs 
sont  entre  eux  comme  (zéro,  V^  —  ti,  m  —  V^  )  ;  car  les  produits  respectifs 
de  ceux-ci  par  /  — V^;,  m  —  V^,,  n  —  V^  ont  leur  somme  nulle.  De  plus,  le 
carré  du  sinus  de  l'angle  i  de  ces  chemins  avec  l'axe  des  x  a  évidemment 
pour  expression 

{m -M yY -\- {n  ~\\Y 

ou,  d'après  (2), 

(m-V,.)^+(/.-V,)'^ 

et  l'on  a 

(6)  N^  sin^  /  =  (m  -  V^)^  4-  {n  -  V,)'  =  const.  ; 

de  sorte  que  la  loi  de  Descartes  sur  la  proportion  des  sinus  se  trouve  éga- 
lement vérifiée.  Le  principe  de  Fermât  s  applique  donc  bien,  comme  si  le 
corps  était  en  repos. 

»  V.   Ajoutons  maintenant  les  équations  (3),   multipliées  respective- 


SÉANCE  DU  2'ï  SEPTEMBRE  1902.  469 

ment  par  les  cosinus  directeurs  "X,  [x,  v  de  la  droite  perpendiculaire  tout 
à  la  fois  à  S  et  à  la  normale  à  l'onde.  Le  second  membre  sera  nul;  et  en 
appelant  d,.^,  d^n,  à^  les  accroissements  élémentaires  des  projections  1,-^,^ 
le  long  du  rayon  lumineux,  obtenus  en  suivant  une  même  onde  dans  sa 
propagation,  c'est-à-dire  sans  que  la  variable  principale  change,  il  viendra 

(  7  )  lO,X-i-^.  d,.r,  +  V  d/C  =  o. 

On  aura  donc,  tout  à  la  fois, 

il  H-  [j.-n  4-  vî;  ==  o,  >.(^  -f-  àX)  -h  [x('/i  -I-  à^-n)  -h  v('C  -f-  d/C)  =  o. 

»  En  d'autres  termes,  V élongation  transversale  (>,  sur  une  même  onde 
suivie  le  long  d'un  même  rayon,  tourne  sans  cesse  dans  le  plan  qui  contient 
la  normale  actuelle  à  Vonde.  Ainsi,  tandis  que  la  formule  (4)  détermi- 
nait le  changement  élémentaire  de  l'élongation  principale  S  en  chaque 
point  d'une  onde,  la  relation  (7)  détermine  son  changement  d'orientation, 
dont  dépend  le  mode  de  polarisation  du  rayon  lumineux.  La  translation  V 
y  influe  quelque  peu,  ou  fait  tourner  le  plan  de  polarisation,  comme  l'avait 
pressenti  Fizeau  dans  une  question  analogue;  car  elle  disjoint  le  rayon 
d'avec  la  normale  à  l'onde  et  empêche  l'élongation  S  de  se  mouvoir  dans  le 
plan  du  rayon. 

»  Lorsqu'il  n'y  a  pas  de  translation  V,  l'onde,  constamment  perpendi- 
culaire à  un  rayon  compris  dans  le  plan  d'incidence,  tourne,  pour  prendre 
sans  cesse  son  orientation,  autour  de  sa  droite,  passant  par  le  rayon,  qui 
est  normale  au  plan  d'incidence.  Or  l'azimut  a  de  l'élongation  S  est,  sur 
l'onde  même,  l'angle  de  cette  droite  avec  S.  Si  alors  on  considère  deux 
positions  consécutives  de  a,  la  première,  vu  la  rectangularité  du  mouve- 
ment élémentaire  de  S  par  rapport  au  plan  de  l'onde,  est  la  projection  de  la 
deuxième,  projection  effectuée  sous  l'angle  infiniment  petit  dont  a  tourné 
l'onde  et,  dès  lors,  comme  on  sait,  en  vraie  grandeur,  sauf  erreur  du  second 
ordre.  Donc  l'azimut  de  polarisation  se  conserve. 

))  VL  Pour  former  une  troisième  combinaison  linéaire  simple  des  équa- 
tions (3)  et  compléter  ainsi  leur  interprétation  géométrique,  multiplions- 
les,  enfin,  par  2/,   'im,  D.n   et  ajoutons,  en  introduisant,   aux  premiers 

membres,  les  dérivées  --; du  trinôme  II,  4-  mr\  +  /z"C,  qui  s'y  trouve 

identiquement  nul.  Il  vient 

-  2(/-  V^)E/'=(/^-hm'-f-/i-)^' 


470  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

OU  bien,  par  la  substitution,  à  /-  H-  în-  H-  /^^  et  à  (/  —  V^)/'  de  leurs  valeurs 
déduites  de  (2), 

(8)  e^-a|(.-.^^-^";T---^"^--)^. 

»  Remplaçons-y  0,  c'est-à-dire  -^ — ^  'T'  ~^  T-'  \'^^  ^^'^  expression  dé- 
veloppée 


dx        dy        dz 


dans  les  trois  derniers  termes  de  laquelle  ^,  yi,  ^,  lîgurant  par  leurs  déri- 
vées T-, — 71  sont  réductibles  aux  projections  de  S.  Alors,  cette  équation 

d{a;,y,z)  ^      J  ^ 

fera  connaître,  au  point  (^,y,  :;),  le  trinôme  II! -r- m-f]  -{- nCj ,  c'est-à-dire 
la  petite  composante  longitudinale  de  la  vitesse  vibratoire  et,  par  une  inté- 
gration sur  place,  le  petit  déplacement  correspondant,  ou  ayant  la  direc- 
tion (/,  771,  n)  de  la  normale  aux  ondes. 

»  On  voit  que  les  équations  du  mouvement  laissent  entièrement  arbi- 
traire, dans  chaque  onde,  la  manière  dont  varie,  d'un  point  à  l'autre,  le 
déplacement  transversal  S  (seul  sensible),  pourvu  que  ce  mode  de  varia- 
tion soit  bien  continu,  comme  le  suppose  notre  analyse  (').  Si  cette  condi- 
tion ne  se  trouvait  pas  réalisée,  il  se  produirait  des  phénomènes  de  diffrac- 
tio7i  que  je  ne  me  propose  nullement  de  considérer  ici.  w 


CORRESPONDANCE. 

PÉTROGRAPHIE.  —  Les  enclaves  des  andésites  de  V éruption  actuelle 
de  la  Montagne  Pelée.  Note  de  M.  A.  Lacroix. 

«  Dans  une  Note  précédente,  j'ai  fait  remarquer  que  le  verre  de  cer- 
taines des  bombes  projetées  actuellement  par  la  Montagne  Pelée  présente 
des  traces  d'hétérogénéité,  se  manifestant  par  des  couleurs  extrêmement 
différentes  (incolore  à  brun  plus  ou  moins  foncé). 


(^)  J'ai  exposé,  dès  i885,  cette  manière  de  démontrer  la  délimitation  latérale  des 
rayons  lumineux,  sonores,  etc.,  dans  les  corps  ou  milieux  d'une  contexture  élastique 
quelconque,  aux  pages  674  à  697  d'un  Volume  intitulé  :  Application  des  potentiels  à 
V  étude  de  l'équilibre  et  du  mouvement  des  solides  élastiques,  avec  des  Notes  éten- 
dues sur  divers  points  de  Physique  mathématique  et  d'Analyse. 


SÉANCE    DU    22    SEPTEMBRE    1902.  4-71 

»  Cette  hétérogénéité  est  mise  en  évidence  encore  par  l'existence  d'une 
grande  quantité  d'enclaves  liomœogènes  de  toute  taille  qui  se  rencontrent 
aussi  bien  dans  les  blocs  ponceux  que  dans  les  bombes  compactes. 

»  Le  type  le  plus  fréquent  de  ces  enclaves  est  constitué  par  une  roche 
d'un  gris  verdàtre  ou  jaunâtre  à  grains  fms;  elle  présente  un  aspect  micro- 
litique,  elle  est  creusée  de  nombreuses  bulles  que  tapissent  des  cristaux 
nets  d'hypersthène,  de  plagioclases,  de  titanomagnétite. 

»  La  composition  minéralogique  de  ces  enclaves  est  toujours  qualitati- 
vement la  même,  mais  elle  varie  beaucoup  dans  la  proportion  relative  des 
éléments.  Le  type  le  plus  complet  comprend  des  plagioclases,  de  l'hyper- 
sthène,  de  la  titanomagnétite,  de  l'augite,  de  la  hornblende  et  de  Tolivine, 
c'est-à-dire  les  éléments  de  l'andésite  à  hypersthène  de  l'éruption  actuelle, 
mais  les  feldspaths  (quelquefois  zones)  y  sont,  au  moins,  aussi  basiques 
(andésine  et  labrador)  et  souvent  davantage  (bytownite). 

))  Les  feldspaths  constituent  de  gros  microlites  enchevêtrés,  produisant 
une  structure  qui  rappelle  celle  de  certaines  diabases  ;  leurs  intervalles  sont 
généralement  remplis  par  un  verre  incolore,  mais  il  reste  toujours  des  vides 
miarolitiques.  On  rencontre  parfois  de  grands  cristaux  (labrador  et  by- 
townite) donnant  à  la  roche  un  aspect  porphyrique. 

»  Les  minéraux  ferromagnésiens  constituent  généralement  de  grands 
cristaux,  souvent  disposés  (sur  leurs  bords)  ophitiquement  avec  les 
feldspaths;  ils  sont  moins  nombreux  sous  forme  de  microlites. 

»  Ces  enclaves  ne  sont  pas  des  fragments  déroches  solides  arrachées  en 
protondeur;  leur  production  en  place  ne  saurait  faire  de  doute.  Elles 
oifrent  une  grande  ressemblance  avec  certains  des  nodules  de  l'andésite  à 
hypersthène  de  la  dernière  éruption  de  Santorin  (nodules  à  labrador);  on 
peut  les  comparer  aussi  aux  enclaves  andésitiques  à  structure  diabasique 
que  j'ai  décrites  dans  les  trachytes  du  Capucin  au  Mont  Dore;  elles  par- 
tagent avec  celles-ci  la  particularité  d'être  riches  en  minéraux  drusiques. 

»  Ces  enclaves  semi-cristallines  représentent  une  étape  vers  la  produc- 
tion de  roches  holocristallines  grenues  que  j'ai  recueillies  en  enclaves, 
non  seulement  dans  les  andésites  de  l'éruption  actuelle,  mais  encore  dans 
les  tufs  ponceux  des  éruptions  anciennes.  Ces  dernières  enclaves  soQ,t  de 
véritables  gabbros  à  hypersthène,  augite,  hornblende,  olivine  dont  le 
feldspath  moyen  est  un  labrador  basique;  leurs  éléments,  de  même  que 
ceux  des  enclaves  semi-cristallines,  sont  riches  en  inclusions  vitreuses. 

»  Il  est  à  remarquer  que  bien  peu  de  ces  enclaves  peuvent  être  consi- 
dérées   comme   représentant   strictement    la    composition    de  l'andésite 


472  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

actuelle,  elles  sont  nettement  |)lus  basiques;  mais,  comme  la  série  des 
enclaves  des  andésites  à  haùyne  dn  Mont  Dore  que  j'ai  antérieurement 
décrites,  leur  réunion  nous  fournit  une  vue  d'ensemble  sur  la  famille  pétro- 
graphique  à  laquelle  appartient  cette  andésite;  elles  sont  notamment  à 
comparer  avec  les  labradorites  à  hypersthène,  hornblende,  etc.,  qui  con- 
stituent des  coulées  anciennes  dans  la  partie  sud  de  l'île. 

»  Je  ferai  ressortir  plus  tard  leur  importance  dans  la  discussion  des 
liens  qui  unissent  entre  elles  toutes  les  roches  volcaniques  de  la  Martinique, 
quel  que  soit  leur  âge.  » 


ASTRONOMIE    PHYSIQUE.    —    Recherches  spectrales  sur   la   rotation 
de  la  planète  Uranus.  Note  de  M.  H.  Desla\dres. 

«  La  Note  actuelle  complète  une  Note  précédente  du  même  Tome, 
page  228,  intitulée  :  Méthode  spectrale  capable  de  fournil  la  loi  de  rotation^ 
encore  inconnue,  des  planètes  à  faible  éclat.  Vérifications  de  la  méthode.  Pre- 
miers résultats.  Elle  donne  de  nouveaux  détails  sur  la  méthode,  et  expose 
son  application  à  la  planète  Uranus,  faite  avec  la  grande  lunette  photo- 
graphique de  Meudon  (o™,6o),  en  juin  et  juillet  1902. 

»  Méthodes  diverses  pour  l'étude  de  la  rotation.  —  Les  premières  recher- 
ches sur  la  rotation  des  astres  ont  été  faites  en  mesurant  simplement  le 
mouvement  de  points  saillants  de  leur  image,  brillants  ou  obscurs,  par 
rapport  au  contour  apparent;  et  c'est  ainsi  que  l'on  a  reconnu  depuis 
longtemps,  avec  précision,  la  rotation  du  Soleil,  des  planètes  Mars,  Jupiter 
et  Saturne.  Si  l'image  est  uniforme,  sans  détails,  la  méthode  est  en  défaut; 
tel  est  le  cas  des  planètes  Mercure  et  Vénus,  des  anneaux  de  Saturne,  et 
aussi  des  planètes  Uranus  et  Neptune  qui,  de  plus,  ont  un  faible  éclat  et 
un  faible  diamètre  apparent. 

))  Or,  à  ces  dernières  planètes,  je  me  suis  proposé  d'appliquer  les  mé- 
thodes nouvelles  qui,  par  l'étude  du  spectre,  peuvent  déceler  les  vitesses 
radiales  différentes  des  différents  points  de  l'astre.  Ces  méthodes  exigent 
seulement  que  la  lumière  soit  assez  intense  pour  supporter  l'étalement  par 
le  prisme. 

»  La  première  étude  de  la  rotation  par  le  spectre  a  été  faite  sur  le  Soleil, 
de  1880  à  1889,  d'abord  pour  vérifier  le  principe  de  Doppler-P'izeau, 
ensuite  pour  reconnaître  la  rotation  du  Soleil  dans  les  parties  dépourvues 
de  taches  (Duner).   On  juxtapose  les  spectres  de  deux  points  opposés  du 


SÉANCE  DU  22  SEPTEMBRE  1902.  /^'J3 

bord,  et  l'on  mesure  leur  déplacement  relatif,  qui  correspond  à  deux  fois 
la  vitesse  au  bord. 

»  J'ai  employé  les  deux  spectres  du  bord  en  1893  pour  mesurer  la  rota- 
tion de  la  couronne  solaire,  dans  une  éclipse  totale,  au  Sénégal. 

))  J'ai  essayé  aussi  la  même  disposition,  en  1895,  au  début  de  mes 
recherches  sur  Jupiter,  entreprises  pour  vérifier  l'application  spéciale  du 
principe  de  Doppler-Fizeau  aux  planètes,  annoncée  par  Poincaré  :  le  dépla- 
cement des  deux  spectres  doit  correspondre  à  quatre  fois  la  vitesse  au 
bord.  Mais  cette  disposition  ne  convient  plus  avec  la  petite  image  de  l'astre 
et  la  longue  pose  du  spectre,  les  bords  étant  notablement  moins  intenses, 
et  deux  points  voisins  deT image  ayant  des  vitesses  radiales  très  différentes. 

»  J'ai  été  conduit  alors  à  la  méthode  dite  de  l'inclinaison  des  raies,  qui 
fait  concourir  à  la  recherche,  non  les  deux  extrémités  d'un  diamètre,  mais 
le  diamètre  entier,  en  s'appuyant  sur  des  propriétés  géométriques  simples 
des  corps  en  rotation  (voir  la  Note  de  189.'))  (').  Elle  exige  un  seul  spectre 
de  l'astre,  qui  est  juxtaposé  à  un  spectre  terrestre  de  comparaison,  et  l'on 
mesure,  non  plus  le  déplacement  relatif  des  raies,  mais  leur  inclinaison 
relative.  I^a  précision  est  grande. 

»  La  méthode  a  donné,  en  1895,  la  loi  de  rotation  des  anneaux  de 
Saturne;  en  1900,  celle  de  Vénus.  Je  l'ai  appliquée  aussi,  en  1900,  à  une 
seconde  mesure  de  la  rotation  de  la  couronne  solaire. 

)>  Mais  les  dispositions  précédentes  ne  conviennent  plus  avec  les  pla- 
nètes Uranus  et  Neptune,  qui  sont  trop  faibles.  J'ai  montré,  dans  la  der- 
nière Note,  que  la  méthode  spectrale  leur  était  encore  applicable,  en  faisant 
concourir  à  la  recherche,  non  plus  seulement  un  diamètre  de  l'image, 
mais  l'image  entière  de  l'astre;  la  précision  est,  il  est  vrai,  bien  moindre. 

»  Application  à  la  planète  Uranus.  —  Pendant  l'été  de  1901,  j'ai  vérifié 
la  nouvelle  méthode  avec  une  image  de  Jupiter  plus  petite  que  l'image 
d'Uranus  de  3oof^  (microns)  et  l'image  de  Neptune  de  200!* fournies  par  la 
grande  lunette.  Les  résultats  sont  encourageants;  le  spectre  de  l'image 
entière  décèle  nettement  le  sens  de  la  rotation,  sinon  la  vitesse  elle-même 
(voir  la  dernière  Note). 

»  Cette  année,  j'ai  entrepris  la  même  recherche  sur  Uranus,  malgré  des 
conditions  peu  favorables;  à  la  latitude  de  Meudon,  la  planète  ne  s'élève 

('  )  Recherches  spectrales  sur  la  rotation  et  les  mouvements  des  planètes  (  Comptes 
rendus,  t.  GXX,  p.  417)  et  Recherches  spectrales  sur  les  anneaux  de  Saturne 
{Comptes  rendus,  t.  GXX,  p.  11 55). 

C.  R.,  1902,  2=  Semestre.  (T.  CXXXV,  N»  12.)  <^^ 


474  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

pas  au-dessus  de  l'horizon  plus  que  le  Soleil  en  décembre  ;  elle  est  obser- 
vable pendant  3  mois  seulement  et,  encore,  près  du  méridien. 

))  Le  spectroscope  est  semblable  à  celui  employé  pour  Jupiter.  Collimateur  :  o™,  27  ; 
chambre  :  0^,82;  un  prisme  de  60°  en  flint  dans  la  position  dite  diminuante,  de 
manière  que  le  cercle  de  l'image  est  aplati  dans  le  spectre.  La  fente,  large  de  i5o!^', 
recevait  les  deux  tiers  seulement  de  l'image;  mais,  avec  cette  diminution  de  la  fente, 
les  raies  et  les  inclinaisons  étaient  plus  nettes.  Enfin  le  spectroscope  entier  était  mobile 
autour  de  l'axe  commun  de  la  grande  lunette  et  du  collimateur,  de  manière  que  la  fente 
pouvait  prendre  une  orientation  quelconque  dans  le  plan  focal.  La  pose  nécessaire  à 
une  bonne  épreuve  spectrale  est  longue  :  i  heure  et  demie  à  2  heures  même  par 
temps  clair;  et,  lorsque  les  épreuves  sont  faibles  ou  obtenues  avec  une  atmosphère 
agitée,  les  raies  sont  irrégulières.  Au  milieu  delà  pose,  on  ajoute  le  spectre  du  fer, 
au-dessus  et  au-dessous  du  spectre  planétaire,  de  telle  sorte  que  les  différences  d'incli- 
naison soient  faciles  à  reconnaître. 

»  La  planète,  observée  avec  la  grande  lunette,  a  paru  avoir  une  légère 
élon2;ation  dans  l'angle  de  position  3o°-4o*^.  Aussi  la  fente  du  spectroscope 
a-t-elle  élé  placée  d'abord  dans  cette  direction,  puis  dans  la  direction 
opposée  (angle  2io*'-220°),  et  enfin  dans  la  direction  perpendiculaire 
(angle  i20°-i3o°)  (  ^  ).  Or,  avec  la  première  position,  les  raies  planétaires 
sont  inclinées  dans  un  sens  par  rapport  aux  raies  de  comparaison,  et, 
avec  la  seconde  position,  dans  le  sens  contraire.  Pour  la  troisième  posi- 
tion, il  n'y  a  d'inclinaison  nette  ni  dans  un  sens  ni  dans  l'autre.  De  plus, 
ces  inclinaisons  sont  telles  que,  dans  le  cadran  nord-est  de  la  planète,  le 
bord  est  s'éloigne,  alors  que,  pour  les  autres  planètes  plus  voisines  du 
Soleil,  le  bord  est,  au  contraire,  se  rapproche.  Le  sens  de  la  rotation  serait 
donc  inverse,  ce  qui  confirmerait  la  division  des  planètes  en  deux  groupes 
distincts. 

»  Cependant,  les  bonnes  épreuves  ne  sont  pas  nombreuses  (seulement 
sept)  et  elles  ne  donnent  pas  avec  précision  la  projection  de  Taxe  de  rota- 
tion; aussi  je  dirai  simplement  :  d'après  ces  recherches,  il  est  très  pro- 
bable que  la  planète  Uranus  tourne  dans  le  sens  rétrograde,  comme  ses 
satellites,  et  il  est  certain  que  la  méthode,  appliquée  plus  longuement  ou 
dans  des  conditions  meilleures,  conduira  à  un  résultat  définitif. 

»   Cette  étude  spéciale  est  recommandée  aux  observatoires  qui  sont  situés 


(^)  D'autres  épreuves  ont  été  obtenues  dans  les  positions  intermédiaires  ;  mais  elles 
ont  peu  de  valeur,  ayant  été  faites  lorsque  la  planète  était  observable  seulement  près 
de  sou  coucher. 


SÉANCE  DU  22  SEPTEMBRE  I902.  4^5 

plus  près  de  l'équaleur,  ou  qui  ont  des  instruments  plus  puissants,  dans 
une  atmosphère  plus  calme. 

»  D'autre  part,  la  mesure  de  l'inclinaison  des  raies,  qui  donne  la  vitesse 
radiale  au  bord,  sera  publiée  plus  tard.  Pour  avoir  la  vitesse  réelle  au  bord, 
il  faudra  poursuivre  la  recherche  pendant  une  période  de  21  ans,  égale 
au  quart  de  la  durée  de  révolution;  et,  pour  en  déduire  la  durée  d'une 
rotation  entière,  il  faudra  choisir  entre  les  nombreuses  valeurs  du  diamètre 
apparent  récemment  publiées.  Mais  le  point  le  plus  important  de  cette 
étude  est  la  constatation  nette  du  sens  de  la  rotation. 

»  La  même  recherche  a  été  poursuivie  aussi  sur  la  planète  Neptune,  et 
les  résultats  sont  encourageants.  » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  les  combinaisons  du  silicium  avec  le  cobalt  et  sur 
un  nouveau  siliciure  de  ce  métal.  Note  de  M.  P.  Lebeau,  présentée  par 
M.  Henri  Moissan. 

«  Le  premier  composé  défini  de  silicium  et  de  cobalt  connu  a  été  décrit 
par  M.  Vigouroux  (' ).  Ce  siliciure  répond  à  la  formule  SiCo^.  Il  prend 
naissance  lorsque  l'on  fond  le  cobalt  avec  10  pour  100  de  son  poids  de 
silicium.  Ses  propriétés  et  sa  préparation  le  rendent  tout  à  fait  comparable 
au  siliciure  de  fer  SiFe^  cristallisé,  préparé  et  étudié  par  M.  Moissan  (^). 
Un  autre  composé  cristallisé,  ayant  pour  formule  SiCo,  se  forme  dans  l'ac- 
tion du  siliciure  de  cuivre  sur  le  cobalt  à  haute  température.  Nous  avons 
décrit  la  préparation  de  ce  corps  et  nous  avons  fait  connaître  ses  princi- 
pales propriétés  (^),  qui  le  rapprochent  du  siliciure  de  fer  SiFe.  Il  peut, 
comme  ce  dernier,  se  dissocier  en  donnant  du  silicium  libre  et  du  siliciure 
SiCo^.  Cette  dissociation  s'observe  très  facilement  dans  l'argent  en  fusion. 

»  L'analogie  existant  entre  les  formules  et  les  propriétés  de  ces  deux 
siliciures  de  cobalt  et  celles  des  siliciures  de  fer  permettait  de  prévoir 
l'existence  d'un  troisième  composé,  plus  riche  en  silicium,  comparable  à 
Si^Fe.  Les  essais  que  nous  avons  faits  dans  cette  voie  ont  confirmé  nos 
prévisions.  Un  tel  composé  prend  en  effet  naissance  lorsque  l'on  chauffe 
le  cobalt  en  présence  d'un  excès  de  silicium  fondu,  ou  quand  on  soumet 

(')  ViGOUROUx,  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  7^  série,  l.  XII,  1897,  P-  ^^^• 
(^)  H.  Moissan,  Comptes  rendus,  t.  CXXI,  1896,  p.  621. 
(^)  Lebeau,  Com-ptes  rendus,  t.  CXXXII,  1901,  p.  556. 


47^  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

à  raction  du  four  électrique  un  mélange  de  siliciure  de  cuivre,  de  cobalt  et 
de  silicium.  Dans  ce  dernier  cas,  le  composé  est  mieux  cristallisé  et  plus 
facile  à  purifier. 

))  La  préparation  doit  être  effectuée  de  la  façon  suivante:  On  place  dans  un  creuset 
de  charbon  2008  de  siliciure  de  cuivre,  10°  de  cobalt  et  3o5  de  silicium  cristallisé.  Ce 
creuset  est  ensuite  porté  dans  le  four  électrique,  où  on  le  maintient  5  à  6  minutes,  le 
courant  étant  de  900  ampères  sous  45  à  5o  volts.  Le  culot  métallique  ainsi  obtenu  se 
brise  facilement,  sa  cassure  est  d'un  gris  bleu  foncé.  On  le  pulvérise  grossièrement  et 
on  le  traite  successivement  par  l'acide  azotique  et  par  la  lessive  de  soude,  en  ayant 
soin  de  laver  à  l'eau  après  l'action  de  chaque  réactif.  Ces  traitements  alternés  sont 
continués  jusqu'à  ce  que  l'acide  azotique  n'enlève  plus  de  métal.  Le  résidu  pulvérulent 
et  cristallin  est  alors  additionné  d'acide  chlorhydrique  étendu  de  son  volume  d'eau  à 
la  température  du  bain-marie.  Ce  réactif  dissout  le  siliciure  SiCo,  qui  se  forme  tou- 
jours dans  cette  préparation  en  petite  quantité.  Le  siliciure  Si-Co  est  à  peu  près  inat- 
taquable dans  ces  conditions.  Le  produit  est  enfin  lavé  à  l'eau  et  séché  à  l'étuve. 

»  Les  analyses  (*)  faites  sur  des  échantillons  provenant  d'opérations 
différentes  montrent  bien  que  le  composé  ainsi  formé  a  pour  formule  Si^  Co. 
Il  renferme  parfois,  comme  impureté,  un  peu  de  siliciure  de  carbone. 

»  Le  siliciure  de  cobalt  Si^Co  se  présente  sous  la  forme  de  petits  cristaux  de  couleur 
foncée  à  reflets  bleutés.  Il  paraît  cristalliser  dans  le  système  cubique  et  présenter  le 
plus  souvent  la  forme  octaédrique.  Nous  n'avons  pu  faire  cependant  une  détermination 
rigoureuse.  Sa  densité  à  0°  est  de  5,3.  Sa  dureté  est  comprise  entre  4  et  5. 

»  Le  fluor  ne  l'attaque  pas  à  froid;  mais,  si  l'on  chauffe  légèrement,  l'incandescence 
se  produit  et  il  se  dégage  du  fluorure  de  silicium,  en  même  temps  qu'il  se  forme  du 
fluorure  de  cobalt  rouge  fondu,  semblable  au  fluorure  CoF^  décrit  par  M.  C.  Pou- 
lenc (-). 

»  Le  chlore  ne  réagit  qu'à  3oo°,  le  brome  au  rouge  sombre  et  l'iode  à  peu  près  à  la 
même  température,  mais  sans  incandescence  visible. 

»  Dans  l'oxygène  pur,  vers  1200°,  le  siliciure  n'est  altéré  que  très  superficielle- 
ment. Le  soufre  en  vapeur  est  sans  action  au  point  du  ramollissement  du  verre  de 
Bohême. 

»  L'acide  sulfurique  et  l'acide  azotique  étendus  ou  concentrés  n'attaquent  pas  ce 
siliciure. 

»  L'acide  chlorhydrique  concentré  réagit  très  lentement  à  sa  température  d'ébulii- 


(*)  Les  analyses  ont  été  calculées  après  avoir  préalablement  retranché  du  poids  de 

la  prise  d'essai  le  poids  du  siliciure  de  carbone. 

Théorie  pour  Si-Co. 

Silicium  pour  100 48j3o  4S,o5  47)83  48)69 

Cobalt  »         50,92  5 1,61  5 1,77  5i,3o 

('^)  C.  Poulenc,  Comptes  rendus,  t.  CXIV,  1892,  p.  1426. 


SÉANCE    DU    22    SEPTEMBRE     1902.  l^rjrj 

lion.  L'acide  fluorhydrique,  au  contraire,  donne  en  quelques  instants  une  dissolution 
complète. 

»  La  potasse  ou  la  soude  en  solutions  étendues  sont  sans  action  sur  ce  composé; 
mais,  par  concentration  à  chaud,  l'attaque  se  produit  peu  à  peu  et  devient  très  vive 
avec  les  hydrates  alcalins  en  fusion.  Il  se  comporte  comme  le  siliciure  de  fer  Si- Fe 
vis-à-vis  de  la  plupart  de  ces  réactifs. 

M  Le  cobalt  fournit  donc  avec  le  silicium  trois  combinaisons  définies 
cristallisées,  ayant  respectivement  pour  formules  SiCo^,  SiCo  et  Si'Co; 
ces  composés  forment  une  série  en  tous  points  comparable  à  celle  des 
siliciures  de  fer.  Leurs  modes  de  préparation  et  leurs  principales  pro- 
priétés sont  identiques.  » 


CHIMIE  INDUSTRIELLE,  —  Sur  le  pouvoir  calorifique  de  la  houille.  Note  de 
M.  GouTAL,  présentée  par  M.  Ad.  Carnot. 

«  La  détermination  du  pouvoir  calorifique  de  la  houille  se  fait,  soit  à 
l'aide  de  calorimètres  perfectionnés,  dont  le  plus  répandu  dans  la  pra- 
tique industrielle  est  l'obus  Mahler  ('),  dérivé  de  la  bombe  calorimétrique 
de  M.  Berthelot,  soit  par  l'emploi  de  formules  empiriques  utilisant  les 
chiffres  fournis  par  l'analyse  élémentaire  (")  ou  par  des  essais  chimiques 
spéciaux  (^). 

»  Les  mesures  calorimétriques  faites  an  moyen  de  l'obus  Mahler  nous 
ont  souvent  montré  de  grands  écarts  entre  les  pouvoirs  calorifiques  réels 
et  les  pouvoirs  calorifiques  calculés  à  l'aide  des  formules  proposées  jusqu'à 
ce  jour.  Nous  avons  donc  abandonné  successivement  toutes  ces  formules 
comme  inexactes  ou  basées  sur  des  déterminations  délicates  et  compli- 
quées. 

»  Cependant  la  fixation,  par  simple  calcul,  du  pouvoir  calorifique  d'un 
charbon  nous  paraissant  présenter  un  certain  intérêt  industriel,  nous 
avons  cherché  à  établir  une  relation  entre  ce  pouvoir  calorifique  et  les 
résultats  fournis  par  l'essai  des  combustibles,  tel  qu'il  se  pratique  habi- 
tuellement, c'est-à-dire  par  calcination,  incinération  et  dessiccation,  pour 
déterminer  le  carbone  fixe,  les  matières  volatiles,  les  cendres  et  l'humidité. 


(*)   Comptes  rendus,  3o  novembre  1891. 

(-)  Formules  de  Dulong,  Scheurer-Kestner,  Cornut,  Ser,  Gmelin,  etc. 

(^)   Essai  à  la  lilhargede  Berthier. 


478  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Après  avoir  étudié  plus  de  six  cents  échantillons  de  houilles  d'origines  diverses, 
nous  avons  pu  nous  convaincre  que  les  résultats  sont  représentés  d'une  manière  très 
approchée  par  la  formule  suivante  : 

»  Dans  cette  formule,  P  représente  le  pouvoir  calorifique  cherché,  C  la  proportion 

en  centièmes  du  carbone  fixe,  V  celle   des  matières  volatiles  et  a  un  multiplicateur 

variable,  fonction  de  la  teneur  en  matières  volatiles  V  du  combustible   sujiposé  pur, 

/  V     \ 

c'est-à-dire  sans  eau  ni  cendres  1  V  =  100 


>)  Pour  fixer  expérimentalement  la  valeur  du  coefficient  a  dans  le  cas  des  difî'érents 
combustibles,  nous  avons  tracé  une  courbe  représentative  résultant  de  nos  nombreux 
essais.  Cette  courbe  est  construite  en  prenant  pour  abscisses  les  teneurs  en  matières 
volatiles  V  et  pour  ordonnées  les  valeurs  correspondantes  de  a,  déduites  des  com- 
bustions calorimétriques. 


;45 

/4<3 

,a      j 

^", 

735 
730 

-fr 

-4- 

1 

.  _^  J.  J- 1  _ 

-î-j-i-r- 

*  1  :  i 
1  .   ,  • 

725 
J20 
775 
110 
105 
100 

-- 

-  -!-  -1-  -|-  - 
.1    1  ,  i... 

- 1  -  f — 1 

--i-r- 

►  _  1 

_  X  _ 

-- 

3S 

90 
8S 
80 

-- 

--J--»- 

1  i 

1  1 

_  J.  _ 

1 

j' 

1 1 — 

1      1       •      ■ 

30 


36 


40% 


5  JO  16  20  25 

»  Pour  les  teneurs  en  matières  volatiles  de 

5,     10,     i5,     20,     25,     3o,     35,     38     et     [\o  pour  100, 
le  coefficient  a  prend  successivement  les  valeurs 

i45"',     iSo"^^!,     ii7'='>i,     io9'^='i,     io3'^''\     98"=*!,     94''''\     85"^     et     8o''«'. 

»  Dans  le  cas  des  anthracites,  a  est  représenté  par  une  constante  égale  à  100"'  et 
la  formule  devient  P  =  82C  H-  100 Y. 

«  En  calculant  ainsi  le  pouvoir  calorifique  d'une  houille,  l'erreur  d'appréciation 
dépasse  rarement  i  pour  100  de  la  valeur  réelle;  elle  est  exceptionnellement  supé- 
rieure à  2  pour  100  pour  quelques  anthracites  et  quelques  houilles  ligniteuses  dont  le 
calorimètre  seul  permet  l'étude. 

»  La  distillation  de  la  houille  étant  représentée  par  une  réaction  com- 


SÉANCE  DU  22  SEPTEMBRE  1902.  4'79 

plexe  très  peu  exothermique  et  n'entraînant,  par  conséquent,  qu'une 
faible  perte  des  calories  disponibles  (^),  la  courbe  ci-dessus,  qui  donne,  à 
poids  constant,  le  pouvoir  calorifique  a  des  matières  volatiles  Y\  permet  de 
constater  que  ce  pouvoir  calorifique  décroît  régulièrement  en  allant  de 
l'anthracite  au  lignite. 

))  Observons  encore  que  le  pouvoir  calorifique  des  anthracites  purs  est, 
en  moyenne,  de  8230*^*^;  que  celui  des  houilles  anthraciteuses(V'=  5  à  10 
pour  100)  est  de  855o'='*^  et  qu'il  atteint  un  maximum,  8700^^^  pour  les  char- 
bons dont  V  est  compris  entre  10  et  3o  pour  100.  Le  pouvoir  calorifique 
des  houilles  augmente  donc  à  mesure  que  décroît  celui  de  leurs  matières 
volatiles,  jusqu'à  la  teneur  limite  de  3o  pour  100,  à  partir  de  laquelle  le 
pouvoir  calorifique  des  combustibles  naturels  et  celui  de  leurs  matières 
volatiles  diminuent  concurremment.  » 


BOTANIQUE .  —  Sur  l'existence  de  formes-levures  stables  chez  quelques  moisissures. 
Note  de  G.  Odix,  présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

«  Depuis  longtemps  déjà  la  question  de  l'origine  des  levures  préoccupe 
le  monde  scientifique.  On  s'accorde  généralement  à  considérer  les  Saccha- 
romyces  comme  des  Champignons  autonomes;  mais,  pour  les  levures  non 
ascosporées,  deux  manières  de  voir  sont  en  présence  :  certains  auteurs  les 
considèrent  comme  des  formes  particulières  de  végétation  de  moisissures 
d'ordres  divers,  tandis  que  d'autres  auteurs  veulent  y  voir  de  véritables 
Saccharomyces  dont  la  forme  ascosporée  n'aurait  pas  été  rencontrée  jus- 
qu'alors. L'expérimentation  seule  peut  permettre  de  trancher  la  question  ; 
aussi  crois-je  utile  de  faire  connaître  les  résultats  qu'elle  m'a  fournis  sur 
ce  sujet. 

»  Les  expériences  que  j'ai  poursuivies  ont  porté  sur  quatre  espèces 
différentes  de  Pénicillium,  dont  deux  se  présentent  normalement  sous  la 
forme  agrégée  dite  Coremium. 

»  Dans  les  cultures  des  cellules  Van  Tiegliem,  hermétiquement  closes,  où  j'ai  suivi 
le  développement  de  ces  moisissures,  j'ai  observé  les  phénomènes  suivants  : 

»  Les  spores,  semées  sur  un  milieu  nutritif  convenable  et  à  une  tempéi-ature  favo- 
rai)le,  germent  très  rapidement,  et  au  bout  de  peu  de  temps,  *  2  ou  3  jours,  les 
filaments  mycéliens  qui  en  proviennent  portent  des  pinceaux  sporifères  normaux.  Les 
spores  ainsi  formées,  que  j'appellerai  spores  normales,  présentent  une  membrane 
épaisse  q\.  fortement  colorée. 

(^)  Mahler,  Comptes  rendus,  i4  décembre  1891. 


48o  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

»   Quelques  jours  après,  on  volt  apparaître  deux  autres  sortes  de  productions  : 
»    1°  Tout  d'abord,  à  l'extrémité  Ae  pinceaux  plus  ou  moins  atrophiés,  des  spores 
que  je  considère  comme  légèrement  anormales;  elles  sont  plus  petites  que  les  pre- 
mières,  plus   brillantes,   renferment  à  leur  intérieur  un   globule   très   réfringent   et 
présentent  une  membrane  très  mince  et  non  colorée; 

»  2°  A  l'extrémité  àe  filaments  simples  du  mycélium,  des  spores  tout  à  fait  anor- 
males et  atrophiées,  plus  petites  que  les  précédentes,  très  brillantes  aussi,  ayant  un 
globule  très  fin  en  leur  centre,  et  disposées  en  longue  file. 

»  Si  l'on  prend  soin  d'opérer  de  façon  complètement  aseptique  et  de 
laisser  vieillir  les  cultures,  on  constate  que  les  spores  normales,  ainsi  que  les 
spores  légèrement  anormales,  acquièrent  la  propriété  de  bourgeonner  en 
levure  sur  place,  tandis  que  les  spores  tout  à  fait  anormales  subissent  plus 
ou  moins  rapidement  une  dégénérescence  complète.  On  a  alors,  dans  la 
cellule  de  cultin;e,  de  nombreuses  colonies  de  formes -levures  dont  l'origine 
est  indiscutable  et  dont  on  peut  suivre  le  développement  heure  par  heure. 

»  Ce  premier  résultat  obtenu,  il  est  possible  d'en  obtenir  un  second,  et 
c'est  surtout  sur  celui-ci  que  je  désire  appeler  l'attention.  Transportant 
dans  une  nouvelle  cellule  Van  Tieghem,  renfermant  un  jus  sucré  frais, 
un  semis  de  ces  formes-levures  recueillies  et  ensemencées  aseptiquement, 
on  constate  o^n  elles  continuent  à  bourgeonner  en  levure.  Ce  bourgeonne- 
ment est  assez  rapide  :  quelques  heures  suffisent  à  une  cellule  mère  pour 
donner  des  cellules  filles.  Ces  formes-levures  sont  de  forme  elliptique 
(4'^-5f^  sur  21^-3^)  et  germent  par  les  deux  pôles. 

»  Enfin,  et  c'est  le  second  point  sur  lequel  je  crois  devoir  insister,  si, 
après  un  certain  nombre  de  passages  successifs  en  cellules  Van  Tieghem, 
donnant  lieu  chaque  fois  à  un  nouveau  bourgeonnement,  on  vient  à 
reporter  un  peu  de  ces  formes-levures  sur  un  substratum  solide  tel  que 
tranches  de  pomme  de  terre  ou  decarotte,  on  voit  persister  la  forme-levure. 
Ainsi  donc,  sur  ces  mêmes  milieux  de  culture  oii  les  spores  normales  des 
Pénicillium  étudiés  fournissent  uniquement  la  forme  mycélienne  et  sporifère 
bien  connue,  on  peut  obtenir  uniquement  la  forme-levure  bourgeonnante  si 
l'on  opère  comme  je  l'ai  indiqué  précédemment.  De  plus,  ces  colonies  de 
formes-levures  bourgeonnantes  présentent  une  grande  stabilité  :  plusieurs 
reports  successifs  sur  milieu  solide  n'ont  donné  lieu  qu'à  la  végétation 
bourgeonnante,  sans  retour  à  la  forme  mycélienne  normale. 

»  Il  reste  à  savoir  si  les  formes-levures  ainsi  obtenues  se  montreront 
indéfiniment  stables,  et  sous  quelles  conditions.  C'est  ce  que  les  expé- 
riences que  j'ai  entreprises  me  montreront  plus  tard.  Mais,  dès  mainte- 
nant, à  la  suite  de  nombreuses  expériences  portant  sur  quatre  espèces 


SÉANCE  DU  22  SEPTEMBRE  1902.  48 1 

différenles,  je  crois  pouvoir  conclure  qu'il  est  possible  d'obtenir,  en 
partant  de  divers  Pénicillium,  des  formes-levures  stables,  qui  se  main- 
tiennent stables  pendant  de  longues  générations  et  qu'il  est  d'ailleurs 
difficile  de  distinguer  morphologiquement  des  levures  véritables.   » 

BOTANIQUE.  —  Sur  une  modification  produite  chez  le  Scopolia  carniolica  à  la 
suite  de  sa  greffe  sur  Tomate.  Note  de  M.  Lucien  Daniel,  présentée  par 
M.  Gaston  Bonnier. 

«  On  sait  que  l'on  peut  modifier  certaines  habitudes  des  plantes  à  l'aide 
de  procédés  artificiels,  en  particulier  avancer  ou  retarder  leur  floraison 
par  la  chaleur. 

))  De  même,  par  semis  à  contre-saison,  on  peut  faire  fleurir  une  plante 
à  une  époque  qui  ne  lui  est  pas  habituelle.  Par  la  suppression  totale  des 
fleurs  au  moment  de  leur  apparition,  on  arrive  à  rendre  bisannuelle  une 
plante  annuelle  que  l'on  protège  contre  le  froid  de  l'hiver  (Réséda). 

»  D'autre  part,  quelques  plantes  vivaces,  à  tiges  aériennes  herbacées 
annuelles,  conservent  parfois,  l'hiver,  une  partie  de  ces  tiges  qui  deviennent 
ainsi  accidentellement  vivaces  pour  une  cause  encore  inconnue. 

))  Enfin,  par  hybridation,  on  a  obtenu  dans  certains  végétaux  la  pro- 
priété de  remonter,  c'est-à-dire  de  fleurir  et  fructifier  deux  fois  dans  la 
même  année  (Rosier,  Fraisier,  etc.). 

»  Je  me  suis  demandé  quel  rôle  pouvait  jouer  le  greffage  au  point  de 
vue  des  modifications  des  habitudes  des  plantes  greffées,  et  j'ai  depuis 
longtemps  entrepris  des  expériences  à  ce  sujet.  J'ai  montré,  dès  1892,  que, 
en  dehors  des  avancements  ou  retards  dans  la  floraison  du  greffon,  on 
peut,  par  greffage  direct  ou  par  semis  consécutif  à  la  greffe,  transformer 
notablement  certaines  habitudes  du  greffon.  C'est  ainsi  que  j'ai  rendu 
plurannuels  des  exemplaires  de  Salsifis  bisannuels  par  leur  greffe  sur 
Scorzonère,  et  des  pieds  de  Tabac  annuels  sont  devenus  bisannuels  par 
leur  greffe  sur  Tomate.  Mais  dans  ce  cas,  bien  entendu,  la  floraison  du 
greffon  ne  s'était  pas  effectuée  dans  l'année  même  du  greffage. 

»  A  la  suite  du  semis  des  graines  du  Haricot  noir  de  Belgique  greffé 
sur  Haricot  de  Soissons  gros,  j'ai  obtenu  une  race  de  Haricots  remon- 
tants ('),  aujourd'hui  presque  complètement  fixée. 

(*)  L.  Daniel,  Variation  des  races  de  Haricots  sous  V influence  du  greffage 
{^Comptes  rendus,  5  mars  1900). 

C.  R.T  1902,  2'  Semestre,  (T.  CXXXV,  N»  12.)  "3 


482  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

))  Mais,  à  ma  connaissance  du  moins,  on  n'a  signalé  jusqu'ici  aucun 
exemple  de  végétal  devenu  directement  remontant  sous  l'influence  du 
greffage,  aucun  exemple  de  plante  herbacée,  en  voie  de  décrépitude 
sénile,  reprenant  vie  et  vigueur  à  la  suite  d'un  greffage  approprié  sur 
une  plante  jeune.  Cette  année,  j'ai  observé  nettement  ces  deux  catégo- 
ries de  phénomènes  dans  la  greffe  de  Scopolia  carniolica  sur  jeunes  plants 
de  Tomates. 

»  Le  Scopolia  carniolica,  cultivé  seulement  dans  les  jardins  botaniques,  est  une 
plante  herbacée  vivace,  l'une  des  plus  précoces  du  printemps.  Après  sa  fructification, 
les  tiges  aériennes  se  maintiennent  vertes  pendant  quelque  temps,  se  fanent  progres- 
sivement et  meurent  entièrement  desséchées  dans  le  courant  de  mai.  A  ce  même  mo- 
ment, la  Tomate  est  au  contraire  aux  débuts  de  son  développement  et  croît  active- 
ment. Quoique  ces  deux  plantes  appartiennent  à  la  famille  des  Solanacées,  elles  font 
partie  de  deux  tribus  différentes  :  la  première  rentre  dans  la  tribu  des  Hj^oscyamées  ; 
la  seconde  dans  celle  des  Solanées. 

»  Le  i'^"'  mai  dernier  j'ai  greffé,  sur  la  Tomate  jeune,  les  pousses  aériennes,  en 
voie  de  dessiccation,  du  Scopolia.  La  greffe  a  réussi,  grâce  à  de  nombreux  soins,  et, 
malgré  l'état  de  sénilité  des  greffons,  malgré  leur  floraison  du  printemps,  ils  ont 
repris  vie,  ont  donné  de  nouveaux  bourgeons,  puis  des  rameaux  feuilles,  aujourd'hui 
bien  verts  et  suffisamment  vigoureux.  Bien  plus,  l'un  des  greffons  a  donné  actuelle- 
ment une  inflorescence  qui  a  porté  trois  fleurs  normales.  La  fructification  s'est  faite 
comme  au  printemps. 

»   Cette  expérience  permet  de  formuler  les  conclusions  suivantes  : 

«  1°  La  similitude  des  habitudes  du  sujet  et  du  greffon  n'est  point  une 
condition  absolue  de  réussite  des  greffes; 

))  2°  On  peut  rajeunir  des  tiges  aériennes  de  Scopolia,  en  voie  de  décré- 
pitude sénile,  par  leur  greffe  sur  Tomate  jeune  et  vigoureuse; 

))  3"  Le  greffage  modifie  quelquefois  profondément  les  habitudes  d'une 
plante,  et,  dans  le  Scopolia,  il  peut  faire  apparaître  une  seconde  floraison 
annuelle,  c'est-à-dire  faire  acquérir  à  cette  plante  la  propriété  de  re- 
monter. )) 


La  séance  est  levée  à  3  heures  et  demie. 

M.  B. 


SÉANCE    DU    22    SEPTEMBRE    1902.  483 


BULLETIX    BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  28  juillet  1902, 

Travaux  du  Laboratoire  de  Géologie  de  la  Faculté  des  Sciences  de  l'Université 
de  Grenoble,  1901-1902.  Tome  VI,  i"  fascicule.  Grenoble,  Allier  frères,  1902; 
I  vol.  in-8°. 

Les  alumines  chromées  et  la  constitution  du  rubis,  par  A.  Duboin.  Grenoble, 
Allier  frères,  1902;  t  brocli.  in-S". 

Travaux  du  Laboratoire  de  recherches  scientifiques  et  industrielles  de  G. 
Jacquemin.  Malzéville-Nancy,  Edg.  Thomas;  i  broch.  in-8°. 

L' amélioration  des  vins,  des  cidres  et  des  hydromels  par  les  levures  sélectionnées 
de  l'Institut  La  Claire,  préparées  par  le  système  G.  Jacquemin.  Malzéville-Nancy, 
E.  Thomas;  i  broch.  in-8°. 

Projet  d'organisation  du  mouvement  scientifique  universel  en  anglais,  espagnol, 
français,  allemand,  italien,  par  le  D''  E.-M.  Cavazzutti.  Buenos-Aires,  Cooperativa 
typografica,  1902;  1  vol.  in-8°.  (Hommage  de  l'auteur.) 

Bergens  muséums  Aarbog,  1902  :  Afhandlinger  og  aarsberetning  udgivne  af 
Bergens  muséum,  ved  D''  J.  Brunchorst.  Bergen,  John  Griegs  Bogtrykkeri,  1902; 
I  broch.  in-8°. 

Opère  matematiche  di  Francesco  BrioschI;  Tomes  I  et  II.  Milano,  Ulrico  Hoepli, 
1902;  2  vol.  in-/i°. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  4  août  1902. 

Annales  du  Ministère  de  V Agriculture,  n°s  i  et  2.  Paris,  Imprimerie  nationale, 
1902  ;  2  vol.  in-8°. 

Annales  de  la  Faculté  des  Sciences  de  Marseille,  t.  XII.  Paris,  G.  Masson,  1902; 
I  vol.  in-4°. 

Cape  meridian  :  Observations,  1877,  1878-79,  1896-97,  1898-99.  Edinburgh, 
Neill  et  G''',  1901  ;  2  vol.  in-8°  et  2  vol.  in-4°. 

Greenwich  :  Observations,  1899.  Edinburgh,  Neill  et  C'^,  1901  ;  2  vol.  in-4°. 

De  la  fièvre  bilieuse  hémoglobinurique  en  Grèce,  par  le  D""  Cardamatis.  Syra, 
Renieri  Brindesi,  1901  ;  i  fasc.  in-8°. 

Recueil  de  l'Institut  botanique,  publié  par  L.  Errera,  t.  V.  Bruxelles,  H.  Lamertin, 
1902;  I  fasc.  in-8°. 

Wiadomosci matematyczne,  par  S.  Dickstein,  t.  VI.  Warszawa,  Druk  Josefa  Sikors- 
kiego,  1902;  I  vol.  in-8°. 

Mittheilungen  aus  der  medicinischen  Facultàt  der  kaiserlich-japanischen  Uni- 
versitàt  zu  Tokio.  Band  V,  n^  h.  Tokio,  1902;  i  vol.  in-8°. 


484  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

Icônes  fungorum  ad  usiim  sylloges  saccardiaiiœ  adcommodatœ  auctore  A.-N. 
Berlese.  vol.  IlI.Palavii,  typis  seminarii,  1902;  i  vol.  in-8°. 

Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  ii  août  1902. 

Geologisk  ôfversiktskarta,  Ôfver  Finland.  Sektionen  G.  2  :  Saint-Michel.  Helsing- 
fors,  1902;  I  broch.  in-8°  avec  Carte. 

Industristyrelsen  meddelanden,  Finland,  11°^  32  et  33.  Helsingfors,  1902;  2  broch. 
in-8°. 

Mémoires  de  l'Université  de  la  Nouvelle-Russie.  Odessa,  Typographie  économique, 
1902;  I  vol.  in-8°. 

Boletin  demograjlco  de  la  Republica  mexicana,  1900.  Mexico,  1901;  i  vol.  in-4°. 

Censo  y  distrito  territorial  del  distrito  fédéral  ver ificados  en  1900.  Mexico,  1901  ; 
I  vol.  in-4°. 

Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  18  août  1902. 

Quelques  notes  sur  l'exploitation  des  sources  thermales  dans  lemidide  la  Gaule, 
par  Alfred  Caraven-Cachin.  Paris,  Masson  et  G'^,  J.-B.  Baillière  et  fils,  1902;  i  fasc. 
in-8°. 

Recherches  géologiques  et  pétrographiques sur  V  Oural  du  Nord,  par  Louis  Duparc 
et  Francis  Pearce;  i''^  Partie.  {Mémoires  de  la  Société  de  Physique  et  Histoire 
naturelle  de  Genève  ;  vol.  XXXIV,  fasc.  2.)  Genève,  Georg  et  G''=;  Paris,  G.  Fischba- 
cher  ;  i  vol.  in-4°. 

La  coltivazione  del  tabacco  indigeno,  del  Dottoro  Leonardo  Ricciardi.  Naples, 
1902  ;  I  fasc.  in-8°. 

Royal  Society.  Report  to  the  malaria  Committee;  seventh  séries.  Londres,  1902; 
I  fasc.  in-8°. 

Bericht  ûber  die  Ergebnisse  der  Beobachtungen  an  den  Regenstationen  der 
kaiserlichen  livlàndischen  gemeinnûtzigen  und  ôkonomischen  Sozietât,  fiir  das 
Jahr  1900.  Dorpat,  1902;  i  fasc.  in-4°. 

Informes  presentados  a  la  Secretaria  de  Fomento  por  el  Director  del  Observa- 
torio  astronomico  nacional  sobre  los  trabajos  del  establecimento,  desde  jullio 
de  1899  hasta  diciembre  de  1901.  Mexico,  1902;  i  fasc.  in-8°. 

Nachrichten  von  der  kônigl.  Gesellschaft  der  Wissenschaften  zu  Gôttingen. 
Geschaftliche  Mitteilungen;  1902,  Heft  1.  Gœttingue,  1902;  i  fasc.  in-8°. 

An  nais  of  the  Royal  Observatory,  Edinburgh;  vol.  I,  edited  by  Ralph  Copeland. 
Glasgow,  1902;  I  vol.  in-4°. 

Memorie  délia  Reale  Accademia  délie  Scienze  di  Torino ;  %qv\q  seconda,  t.  LL 
Turin,  Carlo  Clausen,  1902  ;  i  vol.  in-4°. 

Commission  géologique  du  Canada.  Rapport  annuel;  nouvelle  série,  vol.  XI, 
1898.  Ottawa,  S.-E.  Dawson,  1901  ;  i  vol.  in-8°  et  3  cartes  h.  t. 


ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

SÉANCE  DU    LUNDI  29   SEPTEMBRE   1902. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  BOUQUET  DE  LA  GRYE. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

ÉLECTROCHIMIE.  —  Nouvelles  expériences  sur  la  limite  d'intensité  du  courant 
d'une  pile  qui  correspond  à  la  manifestation  d'un  débit  électrolytique 
extérieur,  apparent  dans  un  voltamètre;  par  M.  Berthelot. 

«  J'ai  poursuivi  l'étude  des  piles  fondées  sur  des  réactions  salines,  sans 
le  concours  de  l'attaque  des  métaux  ou  des  sels  métalliques  proprement 
dits,  étude  dont  les  premiers  résultats  ont  été  communiqués  à  l'Académie; 
j'ai  fait  un  grand  nombre  d'observations  nouvelles  et  inédites,  et  j'ai  réuni 
le  tout  dans  les  numéros  des  Annales  de  Chimie  et  de  Physique  (octobre  et 
novembre),  auxquels  je  prends  la  liberté  de  renvoyer  les  personnes  qui 
désireraient  prendre  une  connaissance  complète  de  mes  recherches  sur 
ce  genre  de  j)iles,  fort  intéressantes  pour  la  connaissance  des  causes 
susceptibles  de  déterminer  certaines  sécrétions  dans  l'économie  des  êtres 
vivants.  Il  serait  trop  long  de  résumer  ici  toutes  ces  nouvelles  obser- 
vations; mais  je  crois  utile  d'en  détacher  celles  qui  complètent  la  dé- 
termination de  la  limite  d'intensité  correspondant  à  la  manifestation  d'un 
débit  électrolytique  extérieur,  sujet  ébauché  dans  deux  numéros  des 
Comptes  rendus  (t.  CXXXIV,  23  juin  1902,  p.  1462,  et  t.  CXXXV,  7  juil- 
let 1902,  p.  5). 

»  J'ai  déterminé  ces  limites  avec  deux  voltamètres  différents  ;  l'un  ren- 
fermant de  l'acide  sulfurique  étendu  seulement,  avec  électrodes  à  la 
Wollaston,  voltamètre  dans  lequel  la  production  d'une  réaction  continue 
visible  (dégagement  d'hydrogène  et  d'oxygène)  exige  une  force  électro- 
motrice minima  comprise  entre  i''^**,  5  et  i^°",6;  l'autre,  le  même  acide 
étendu  additionné  de  pyrogallol,  voltamètre  dans  lequel  l'hydrogène  seul 

G.  R.,  1902,  2=  Semestre.  (T.  CXXXV,  N"  13.)  ""+ 


486  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

se  dégage  d'une  façon  continue,  sousTinfluence  d'une  force  électromotrice 
minima  voisine  de  0"^°'*,  8. 

»  J'ai  fait  varier  successivement  les  conditions  suivantes  :  pression  exté- 
rieure; concentration  de  l'acide;  concentration  du  pyrogallol  additionnel  ; 
excès  de  la  force  électromotrice  de  la  pile  sur  la  force  électromotrice 
minima  nécessaire  pour  déterminer  une  électrolyse  continue. 

»  La  résistance  extérieure  employée  pour  atteindre  la  limite  vers 
laquelle  le  débit  électrolytique  cesse  d'être  manifeste  a  varié  depuis  des 
valeurs  très  petites  jusqu'à  i  000000  d'ohms.  Cette  résistance  étant  mesu- 
rée, ainsi  que  la  force  électromotrice,  des  formules  connues  permettent  de 
calculer  l'intensité  i  et  de  déduire  de  celle-ci  le  poids  d'hydrogène  h 
dégagé  en  i  minute.  Les  déterminations  de  cette  limite  sont  d'ailleurs 
approximatives,  comme  toute  mesure  relative  aux  débuts  d'un  phénomène. 
On  trouvera  des  détails  plus  étendus  dans  le  Mémoire  complet;  je  me 
bornerai  à  reproduire  ici  des  Tableaux  qui  résument  les  mesures. 

L   —  Acide  sulfurique  seul  dans  le  voltamètre. 

»  1.  Pression  extérieure  variable  dans  le  voltamètre.  2  Daniells.  Tempé- 
rature, 20°.  —  J'appellerai  force  électromotrice  déterminante  l'excès  de  la 
force  électromotrice  de  la  pile  sur  celle  qui  détermine  la  réaction  dans 
le  voltamètre  :  soit,  pour  la  pile  employée,  2^°'^%24  —  1^°'*,  6o=o'^°^\64. 
R  est  la  résistance  extérieure.  La  liqueur  du  voltamètre  renferme  106^ 
de  SO'H^  par  litre. 

Electrolyse. 


Pression  0,760. . 

»  0,200. 

»  o , o5o . . 

»  o , oo5 . , 


R. 


2000. 


lOOOO, 


20000 . 


3oooo . 


Nette. 

i   z=   o'^'^PjOooS  (  1  ) 
h  =   o™8,  00019 
i    —  o^™P, 00006  (^) 

h    =:    0™°,  000087  (') 

i   =   o^"P,oooo3 

h    r=  0™S,  000019 

i    ^=   o^™P, 000021 
h  z=   o™s,  000014 


R. 


Lente. 


3  000 
20000 . 
3oooo. 
4oooo . 


o»""»!     0,0002  (2) 

0,0001 3 

o, 000082 
0,000019 

0,00002 
0,00001 5 
o , 0000 I 3 
0,000010 


»  La  limite  de  pression  répond  à  une  résistance  extérieure  d'autant 


(*)  Gaz  aux  deux  pôles  (H-+  O). 
(*)''Gaz  surtout  au  pôle  +  (H-). 


SÉANCE    DU    29    SEPTEMBRE    1902.  487 

plus  grande  que  la  pression  est  moindre.  L'étendue  des  variations  de  ré- 
sistance a  été  de  i  :  i5;  celle  des  variations  de  pression  de  i  :  i52,  dix 
fois  plus  considérable. 

»  2.   Acide  sulfurique  seul.  Concentration  variable.  —  Sous  la  pression 
o"",76o  :  t  =  3i°.  2  Daiiiells. 


Hydrogène 

Résistance 

par 

Éleclrolyse. 

extérieure. 

Intensité. 

minute. 

Acide  renfermant  par  (  nette 

ohms 
2000   (^) 

amp 

o,ooo32 

mg 
,  .0,00019 

litre  307g 1  lente 

3ooo 

0,00021 

. .0,0001 3 

Acide  renfermant  par  i  , 

\  lente 

litre  io6s i  .    ,. 

1  indices  : 

2000 

3  000 

o,ooo3 
0,0002 

. .0,00019 
. .0,0001 3 

7000 

0,0001 

. .o,oooo5 

Acide  renfermant  par  j  nette 

1000  (^) 

0,00064 

. . .o,ooo38 

litre  is \  lente 

3ooo  m 

0 , 0002 I 

. .0,0001 3 

»  On  voit  que  la  concentration  entre  200^  et  100^  d'acide  n'influe  guère 
sur  les  limites.  Dans  une  liqueur  très  étendue  cependant,  le  dégagement 
cesse  de  se  produire  avec  une  résistance  notablement  plus  faible.  Ceci  doit 
tenir  plutôt  à  un  changement  dans  la  cohésion  du  hquide  que  dans  la  con- 
ductibilité. En  effet,  les  résistances  spécifiques  des  dissolutions  d'acide 
sulfurique,  déduites  par  le  calcul  des  conductibilités  mesurées  par 
M.  Bouty,  répondraient,  vers  18°  à  20*^,  aux  valeurs  suivantes  : 

/■  =1  2°*^"^, 48  pour  la  solution  à    i^  par  litre 

f.  —.  ^ohms^Qi^  »  ))  948  » 

Elles  varient  rapidement  avec  la  température.  Toutes  ces  résistances  sont 
d'ailleurs  à  peu  près  négligeables  vis-à-vis  des  résistances  extérieures  mises 
en  jeu  dans  les  présentes  expériences. 

»  Donnons  encore  une  expérience  exécutée  en  électrolysant  une  disso- 
lution de  soude  (2oSNaOH  =  i^)  dans  le  voltamètre,  sous  la  pression 
o™,  760.  On  opère  avec  2  Daniells. 

Électrolyse 


nette.  lente. 

Résistance Soo»'»'"^  1000°''™^ 

Intensité o3™p,ooi2  0,0006 

Hydrogène  par  minute.     o™s,ooo8  o,ooo4 


Indices. 
5oQQ0hms 

0,00012 
o , 00008 


(^  )  Gaz  aux  deux  pôles  (tPn-  O). 
('-)  Gaz  surtout  au  pôle  +  (H-), 


4^8  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

»  La  résistance  spécifique  d'une  solution  de  soude  renfermant  25^  au 
litre,  d'après  les  nombres  de  Kohlrausch,  répondrait  à  9°''™%  3  à  18°.  Ici 
l'accroissement  de  résistance  spécifique  correspond  à  l'abaissement  de  la 
limite. 

»  3.  Acide  suljurique  seul.  Force  électromotrice  déterminante  variable.  — 
J'ai  fait  varier  cette  force  électromotrice  déterminante  E,  depuis  celle  qui 
répond  à  6  Daniells  (6^°'*%6),  jusqu'à  2  Daniells  (2''«'^%2);  soit  E,  depuis 

»  Au  cours  des  expériences  faites  avec  des  éléments  de  pile  différents 
des  Daniells,  E,  a  même  été  réduit  jusqu'à  une  valeur  voisine  de  0^'''%  i. 

»  En  ce  moment  je  donne  seulement  les  résultats  obtenus  avec  les  élé- 
ments Daniell,  sous  deux  pressions  différentes. 

»    1°  Sous  la  pression  normale  o™,  760  : 

Résistance  Intensité  Hydrogène 

Electrolyse.  extérieure.  limite.  par  minute. 

ohms  ainp  m% 

on     'Il      (nette 2000  o,ooo3o  0,00019 

TT.         ^„,v  a  \  \     .  \  3 000  0,00020  1  0,00012 

Li=:o^<"t,6  \  lente )  )     ' 

l  \      ^  i         ^  \         ^ 

\  4 000  (  0,0001 5  (  0,00010 

6  Daniells    (  nette 20000  0,00026  o,oooi5 

Ei  =  5^'°'ts,o  I  lente. Soooo  0,00017  0,000x0 

»   2°  Sous  la  pression  o"\oo8  : 

Résistance  Intensité  Hydrogène 

Electrolyse.  extérieure.  limite.  par  minute. 

0  tira  s  amp  m? 

2  Daniells    (  nette Soooo  0,000020  0,000012 

Ei=ro^°'',6  (  lente Soooo  0,000012  0,000007 

6  Daniells    j  nette 200000  0,000026  o,ooooi5 

Ei  =  5'°i^^,o  1  lente Sooooo  0,000010  0,000006 

»  On  peut  admettre  que  la  limite  d'intensité,  sous  une  pression  donnée, 
est  sensiblement  la  même;  c'est-à-dire  indépendante  de  la  force  électro- 
motrice déterminante.  Ce  résultat  est  d'ailleurs  conforme  à  la  théorie. 


II.  —  Acide  sulfurique  étendu  avec  addition  de  pyrogallol. 

»  Voici  maintenant  des  expériences  exécutées  avec  l'acide  sulfurique 
étendu  additionné  de  pyrogallol,  dans  le  voltamètre.  On  a  opéré  avec 
I  Daniell,  la  force  électromotrice  de  cet  élément  étant  suffisante  pour 
électrolyser  l'eau. 


SÉANCE  DU  29  SEPTEMBRE  1902.  4^9 

»   1.   Pression  variable.  —  Acide  siilfurique  SO^H^.  106^  par  litre,  ren- 
fermant en  outre  pyrogallol  (  G"  H'' O^  :  108);  ;=2o°. 

Résistance  Hydrogène 

Éleclrolyse.  extérieure.  Intensité  i'.  par  minute. 

oliuis  amp  nig 

(  nette 2000  0,00016  0,00010 

Pression  0,760  /                               (  4ooo  /  0,00008  i  o,oooo5 

(  lenle.» \      ^  J         '^  i         ^ 

f  5ooo  (  0,00006  (  o,oooo4 

^     (  nette 8000  o,oooo4  0,000026 

»  0,200    <    ,  o 

I  lente......  loooo  o,ooooc52  0,000019 

[   nette loooo  0,000082  0,000019 

»         o,o5o  \  lente 20000  0,000016  0,000010 

(  indices.  . . .  4oooo  »  » 

,   nette Soooo  0,000011  0,000006 

»         o,oo5  I  lente Soooo  0,0000064  o,ooooo38 

(  indices.  . . .  80000  »  » 

»  D'après  ces  nombres,  la  limite  de  pression  pour  laquelle  le  dégage- 
ment gazeux  est  net  répond  à  une  résistance  extérieure  d'autant  plus  con- 
sidérable que  la  pression  est  moindre,  de  même  qu'avec  l'acide  sulfurique 
sans  pyrogallol.  Les  intensités  limites  avec  le  pyrogallol  sont  environ  la 
moitié  de  celles  que  l'on  observe  sans  pyrogallol;  conformément  à  la  rela- 
tion des  forces  électromotrices  nécessaires,  soit  2,2  — 1,6  =  ©'"'•Sô  avec 
le  voltamètre  à  acide  seul,  actionné  par  2  Daniells,  et  1,1  —  0,8  =  o^°'S3 
avec  le  voltamètre  à  pyrogallol,  actionné  par  un  seul  Daniell. 

))  2.  Acide  sulfurique  et  pyrogallol.  Concentration  variable.  —  Sous  la 
pression  o™,  760  ;  i  Daniell  ;  t  =  2.1°. 

»   i''  Acide  S0*H2  :  307S  par  litre. 

Résistance  Hydrogène 

Éleclrolyse.       extérieure.         Intensité  i'.  par  minute. 

g  ohms  amp  m^ 

!5o nette  4ooo  0,00006/»  o,oooo38 

5o lente  loooo  0,000082  0,000019 

5o indices  20000  »                           » 

iio nette  5ooo  o, 000064  0,000088 

10 lente  10000  0,000082  0,000019 

10 indices  20000  »                          » 

»  Les  résultats  sont  à  peu  près  identiques;  le  pyrogallol  n'agissant  que 
pour  absorber  l'oxygène,  et  se  trouvant  en  excès. 


490  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»   2**  Acide  SCH^  :  106»  par  litre. 

Résistance  Hydrogène 

Électrolj'se.      extérieure.        Intensité  j'.  par  minute. 

g  ohms  amp  mg 

110... nette  2000  0,00016  0,00010 

10 lente  5ooo  0,00006  o,oooo4 

10 indices  8000  »  » 

»   La  sensibilité  paraît  moindre  avec  cette  proportion  d'acide. 
»   3°  Acide  SO'H^  :  is  par  litre. 

Résistance  Hydrogène 

Électrolyse.       extérieure.         Intensité  V.  par  minute. 

g  ohms  amp  mg 

/   10 nette  1000  0,00082  o,ooo49 

Pyrogallol  ■,   10 lente  2000  0,00016  o,ooo38 

1    10 indices  6000  o,oooo5  o,oooo3 

))   [f  Acide  :  1^  j:>ar  litre. 

Résistance  Hydrogène 

Électrolyse.      extérieure.        Intensité  i' .  par  minute. 

g  ohms  àmp  mg 

/  100 nette  5oo  0,0006  o,ooo4 

Pyrogallol  )    100 lente  2000  0,00016  0,00010 

(   100 indices  5ooo  «  » 

»  L'électrolyse  se  fait  de  moins  en  moins  nettement  sous  une  résistance 
donnée,  lorsque  l'excès  de  pyrogallol  devient  énorme  :  la  présence  de  ce 
composé  modifie  sans  doute  la  cohésion  du  liquide,  et  par  suite  la  facilité 
du  dégagement  des  bulles. 

))  3.  Acide  sulfiiriqiie  et  pyrogallol.  Force  électromotrice  déterminante 
variable.  —  J'ai  fait  varier  cette  force  depuis  la  valeur  répondant  à  6  Daniells 
jusqu'à  I  Danieil  ;  soit  E,  depuis  5'°'*%  8  jusqu'à  0^°"^,  o3. 

»  Au  cours  des  expériences,  faites  avec  des  éléments  de  pile  différents, 
E,  a  été  réduit  jusqu'à  o^°'So3  ;  les  limites  ont  été  trouvées  les  mêmes. 

»  En  ce  moment,  je  donne  seulement  les  résultats  obtenus  avec  les  élé- 
ments Danieil  sous  deux  pressions  différentes. 

»    i*'  Sous  la  pression  normale  o™,  760  : 

Elec-         Résistance  Intensité  Hydrogène 

ti'olyse.       extérieure.  limite.  par  minute. 

ohms  amp  mg 

I  Danieil  E,  =  o-it,3   i  T"^'--         ^°°°  °'^°°'^  ^'^^^'^ 

(  lente...  4ooo  0,00008  o,oooo5 

6 Daniells  E,=  5voits, 8      T""*"'       ^°''°''  ''''''''''^  '''°°^''^ 

(  lente...        Soooo  0,00012  0,00007 


SÉANCE    DU    29    SEPTEMBRE    1902.  4^1 

1^  Sous  la  pression  o^jOoS  : 


Élec- 

Résistance 

Intensité 

Hydrogène 

trolyse. 

extérieure. 

limite. 

par  minute. 

nette. .  . 

ohms 

3oooo 

amp 
0,000010 

m  g 
0,000006 

lente. . . 

'00000 

0,000006 

0,000004 

nette..  . 

Sooooo 

0,000012 

0,000007 

lente.  . . 

800000 

0,000007 

0, 000004 

I  Daniell    Eirr:o^'^'S3 
6DaniellsE,=  5^°i'%8 

»  L'intensité  limite  est  sensiblement  la  même  avec  1  et  6  Daniells,  sons 
une  même  pression;  ce  qui  concorde  avec  le  résultat  obtenu  sans  pyro- 
gallol  dans  le  voltamètre. 

»  Tels  sont  les  faits  observés.  Assurément,  il  serait  fort  inexact  de  pré- 
tendre qu'au-dessous  de  ces  limites  il  n'y  ait  plus  d'électrolyse;  mais  c'est 
le  terme  au-dessous  duquel,  dans  les  conditions  où  j'ai  opéré,  les  gaz  pro- 
duits demeurent  dissous.  Si  l'on  prolonge  la  réaction,  ils  se  diffusent  sans 
manifestation  apparente  dans  les  espaces  ambiants;  ou  peut-être  s'y  recom- 
binent-ils  peu  à  peu,  par  l'effet  de  la  polarisation. 

»  Observons  ici,  pour  bien  définir  les  résultats  présents,  que  s'il  est  vrai 
qu'un  courant  électrique,  si  faible  qu'il  soit,  traverse  toujours  un  liquide 
conducteur,  il  paraît  cependant,  —  comme  je  l'ai  établi  par  mes  recherches 
sur  la  combinaison  de  l'hydrogène  et  de  l'oxygène  avec  le  platine  ('), 
métal  susceptible  d'être  employé  comme  électrode  dans  les  piles;  —  il 
paraît,  dis-je,  que  \ énergie  chimique  nécessaire  est,  en  réalité,  toujours  pré- 
sente pour  commencer  r action,  mais  non  pour  l'entretenir,  distinction  capi- 
tale. En  effet,  l'énergie  voltaïque  ne  saurait  donner  lieu  à  une  électrolyse 
extérieure  continue  que  si  elle  est  entretenue  par  une  réaction  intérieure, 
également  continue  et  susceptible  de  maintenir  une  force  électromotrice 
dont  la  valeur  surpasse  une  certaine  limite  (-).  Autrement  le  renouvelle- 
ment d'énergie,  attribuable  aux  phénomènes  de  diffusion  et  analogues,  est 
trop  petit  pour  donner  lieu  à  un  travail  électrolytique  continu  et  mani- 
feste; tandis  que  les  actions  de  contact  sont  au  contraire  suffisantes  pour 
établir  une  différence  de  potentiel  entre  les  deux  piles. 

))  Si  l'on  compare  les  poids  d'hydrogène  manifestés  dans  ces  expériences 
avec  les  poids  d'argent  susceptibles  d'être  précipités  par  les  mêmes  inten- 
sités, on  trouve  qu'un  mdlionième  de    milligramme  par  minute  d'hydro- 

(*)  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  5<=  s.,  t.  XXX,  i883,  p.  587. 
(^)  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  5^  série,  i.  XXVII,  1882,  p.  gi. 


492  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

gène  équivaut  à  un  dix-millième  de  milligramme  d'argent,  quantité  non 
pondérable  et  presque  insensible.  Au  bout  d'une  heure,  on  aurait  un  cent- 
soixantième  de  milligramme  d'argent.  Pour  un  dix-millième  de  milligramme 
d'hydrogène,  on  n'aurait  encore  qu'un  centième  ^de  miUigramme  d'argent 
par  minute;  à  peine  plus  de  j  milligramme  par  heure.  Le  dégagement  de 
l'hydrogène  est  donc  incomparablement  plus  sensible. 

»  L'ordre  de  grandeur  (ou  de  petitesse)  des  réactions  des  piles  définies 
par  ces  expériences  est  celui  qui  est  compatible  avec  les  phénomènes 
physiologiques  normaux,  que  des  réactions  d'électrolyse  trop  énergiques 
troubleraient  profondément. 

»  Il  correspond  également  à  la  faiblesse  des  poids  de  matière  trans- 
formés en  acides  en  il\  heures  par  le  fait  des  sécrétions,  aussi  bien  qu'avec 
les  quantités  presque  infinitésimales  produites  à  chaque  seconde  pendant 
la  durée  de  chaque  onde  sanguine  qui  traverse  l'organe  sécréteur.  Ce  sont 
là  des  conditions  que  l'on  ne  doit  pas  perdre  de  vue. 

»  Pour  essayer  de  préciser  cette  comparaison,  envisageons  la  formation 
de  l'acide  chlorhydrique  contenu  dans  le  suc  gastrique.  Soit  0^,100  le 
poids  de  cet  acide,  HCl,  renfermé  dans  le  suc  sécrété  en  24  heures  par  les 
parois  de  l'estomac;  ce  poids  dérive  du  liquide  de  86000  ondes  sanguines 
environ,  projetées  par  le  cœur  pendant  cet  intervalle  de  temps,  dans  l'hypo- 
thèse d'une  sécrétion  uniforme.  Chacune  de  ces  ondées  aurait  fourni  à  peu 
près  un  millionième  de  milligramme  d'acide  chlorhydrique,  poids  dont  la 
mise  en  liberté  par  électrolyse  répondrait  à  environ  trois  cent-millionièmes 
de  milligramme  d'hydrogène  d'après  la  loi  de  Faraday.  Or,  cette  quantité 
est  produite  par  l'action  de  plusieurs  millions  de  ces  petits  appareils  à  fonc- 
tion diverse,  que  nous  confondons  sous  le  nom  de  cellules;  la  visibilité  de 
la  complexité  de  structure  corrélative  de  ces  fonctions  échappant  à  nos 
sens.  Le  poids  moyen  d'acide,  engendré  par  chacun  de  ces  petits  appareils 
aux  dépens  d'une  seule  ondée  sanguine,  équivaudrait  dès  lors  à  quelques 
quadrillionièmesde  milligramme  d'hydrogène.  Cependant  l'intégration  de 
cette  production  d'acide  fournit  le  poids  total  qui  détermine  les  effets 
diurnes  de  la  digestion  stomacale  et  spécialement  de  celle  des  aliments 
azotés.  On  conçoit  par  là  comment  la  formation  des  composés  contenus 
dans  les  sécrétions  animales  —  :  acides,  alcalis,  produits  d'oxydation  ou  de 
réduction ,  toxines,  venins,  vaccins,  etc.  ;  —  serait  susceptible  d'être  accom- 
plie par  certaines  combinaisons  de  piles  fondées  sur  des  réactions  salines; 
la  faiblesse  même  de  ces  réactions  étant  compatible,  comme  nature  et 
comme  intensité,  avec  le  fonctionnement  normal  de  nos  organes.  » 


SÉANCE   DU    29   SEPTEMBRE    1902.  493 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Préparation  et  propriétés  d'un  nouveau  siliciure 
de  vanadium.  Noie  de  MM.  H.  Moissan  et  Holt. 

«  Dans  une  Note  précédente  (*)  nous  avons  indiqué  l'existence  d'un 
siliciure  de  vanadium  VSi^,  préparé  par  réduction  de  l'acide  vanadique  au 
four  électrique  en  présence  d'un  excès  de  silicium.  Nous  avons  fait 
remarquer  à  ce  propos  que  l'équilibre  qui  se  produisait  à  haute  tempéra- 
ture, entre  l'acide  vanadique  et  le  silicium,  était  variable  suivant  que  l'un 
des  deux  corps  se  trouvait  en  excès  dans  le  mélange  fondu. 

M  Nous  avons  obtenu  un  autre  siliciure  de  formule  V^Si  en  maintenant 
dans  la  préparation  un  excès  de  vanadium;  seulement,  cette  expérience 
est  assez  délicate  à  cause  de  la  facile  vaporisation  à  cette  haute  tempéra- 
ture, soit  de  l'acide  vanadique,  soit  de  l'oxyde  de  vanadium  Y'O^ 

»  Lorsque  l'on  chauffe  au  four  électrique  un  excès  de  l'oxyde  V^O',  en 
présence  de  silicium,  on  obtient  un  mélange  de  plusieurs  siliciures  ren- 
fermant les  composés  VSi^  et  V-Si.  Mais  comme  le  siliciure  le  plus  riche 
en  vanadium  VSi^  est  moins  fusible  que  l'autre,  la  chauffe  doit  être  pro- 
longée. Dès  lors,  l'excès  d'oxyde  de  vanadium  est  volatilisé  et  l'on  retombe 
dans  les  conditions  de  formation  du  siliciure  VSi^,  stable  en  présence  d'un 
excès  de  silicium. 

»  Un  certain  nombre  d'expériences  ont  été  poursuivies  en  réduisant  par 
le  magnésium  un  excès  d'acide  vanadique  en  présence  de  silicium.  Ce 
mélange,  au  contact  d'une  flamme,  devient  explosif,  mais  ne  fournit  pas 
de  siliciure  de  vanadium. 

))  Préparation  du  siliciure  Y^Si.  —  1°  Nous  avons  pu  cependant  obtenir 
ce  siliciure  en  chauffant,  dans  un  creuset,  au  four  électrique  un  mélange 
de  V^O^  1206,  Si  i4^,  au  moyen  d'un  courant  de  1000  ampères  sous 
5o  volts.  La  quantité  d'oxyde  de  vanadium  employée  dans  ce  mélange  est 
quatre  fois  supérieure  à  celle  qui  serait  nécessaire  pour  donner  ce  siliciure 
d'après  l'égalité  suivante  : 

2V-0^  +  5Si  =  2V-Si  4-  3Si02. 
))  Si  l'on  répète  cette  réaction  avec  l'acide  vanadique,  il  faut  employer 

(')  Moissan  et  tloLT,  Préparation  et  propriétés  d'un  siliciure  de  vanadium 
{Comptes  rendus,  l.  GXXXV,  1902,  p.  78). 

C.  R.,  1902,   2»  Semestre.  (T.  GXXXV,  N°  13.)  ^^ 


494  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

un  poids  dix  fois  supérieur  à  celui  qui  est  indiqué  par  l'égalité  suivante  : 

aVHJ^  +  7Si  =  2Y^Si  +  5SiO\ 

»  Pendant  cette  préparation,  la  plus  grande  partie  du  vanadium  est 
volatilisée,  et  il  ne  reste,  si  la  chauffe  n'a  pas  été  trop  longue,  qu'un  petit 
lingot  de  siliciure  V^Si.  A  la  partie  supérieure  de  ce  lingot  on  trouve  tou- 
jours une  petite  quantité  d'une  matière  noire,  amorphe,  non  attaquable  par 
les  acides  et  les  alcalis,  et  qui  se  sépare  facilement  du  siliciure  blanc  à 
aspect  métallique.  On  réduit  ce  siliciure  en  petits  fragments,  puis  on  le 
chauffe  avec  de  l'acide  sulfurique  concentré  pendant  2  heures.  Après  lévi- 
gation  à  l'eau,  on  le  concasse  sous  forme  d'une  poudre  grossière  qui  est 
maintenue  dans  une  solution  bouillante  de  potasse  à  10  pour  100.  Enfin,  on 
traite  par  le  bromoforme,  pour  séparer  quelques  cristaux   de  graphite. 

»  2**  Nous  avons  encore  obtenu  ce  siliciure  par  l'action  du  silicium  sur 
le  carbure  de  vanadium  (').  Ce  dernier  composé,  étant  stable  et  peu  volatil 
à  la  température  du  four  électrique^  permet  de  maintenir  à  l'état  liquide 
un  excès  de  vanadium  en  présence  du  silicium  liquide.  A  cet  effet,  nous 
avons  chauffé  un  mélange  d'oxyde  de  vanadium,  de  sihcium  et  de  carbone 
répondant  à  l'égalité  suivante  : 

2^/293  +  2Si  +  3C  =  2y-Si  +  3C0S 

en  ayant  soin  toutefois  d'augmenter  de  -^  le  poids  de  l'oxyde  de  vanadium. 
Ce  mélange  est  chauffé  dans  un  creuset  de  charbon  pendant  4  minutes 
avec  un  courant  de  5oo  ampères  sous  5o  volts.  Le  culot  très  bien  fondu, 
retiré  du  creuset,  renfermait  un  mélange  de  siliciure  V^Si  et  du  carbure  de 
vanadium  VC. 

»  Pour  obtenir  le  siliciure  pur,  la  masse  concassée  est  chauffée  plusieurs 
heures  avec  de  l'acide  azotique  à  5o  pour  100  qui  détruit  tout  le  carbure, 
puis  avec  une  solution  de  potasse  à  10  pour  100. 

»  3**  Enfin,  nous  avons  utilisé  le  siliciure  de  cuivre,  maintenu  à  son 
point  d'ébuUition,  pour  faire  réagir  un  excès  de  vanadium  sur  le  silicium. 

))  Nous  avons  préparé  tout  d'abord  le  mélange  suivant  :  oxyde  de  vana- 
dium, V*0%  i5  parties;  silicium,  7;  cuivre,  2.  Nous  avons  chauffé  ensuite 
ce  mélange  au  four  électrique,  dans  un  creuset  de  charbon,  pendant 
4  minutes  avec  un  courant  de  700  ampères  sous  5o  volts.  Le  bain  liquide 


(*)  H.  MoissAN^  Étude  de  la  fonte  et  du  carbure  de  vanadium  {Comptes  rendus, 
t.  CXXII,  1896,  p.  1297,  et  Le  Four  électrique,  p.  241. 


SÉANCE    DU    29    SEPTEMBRE    1902.  4q5 

que  l'on  obtenait  ainsi  renfermait  une  solution  de  siliciure  de  vanadium 
V^Si  dans  un  mélange  de  siliciure  de  cuivre  et  d'un  alliage  cuivre-vana- 
dium. Le  culot  métallique  homogène  et  bien  fondu  était  concassé  en 
poudre  grossière,  puis  chauffé  plusieurs  heures  au  bam-marie  avec  de 
l'acide  azotique  à  5o  pour  100.  Le  siliciure  de  cuivre  et  l'alliage  cuivre- 
vanadium  sont  détruits.  Le  résidu  est  ensuite  traité  par  une  solution  bouil- 
lante de  potasse  à  10  pour  100.  Enfin,  le  graphite  est  séparé  par  le  bromo- 
forme.  Dans  cette  préparation,  le  siliciure  est  toujours  mélangé  d'une 
certaine  quantité  de  carborundum. 

»  Propriétés.  —  Ce  nouveau  siliciure  est  cristallisé  en  prisme  et  possède 
une  couleur  blanche  rappelant  celle  de  l'argent.  Les  cristaux,  très  bril- 
lants, présentent  un  aspect  métallique;  ils  sont  cassants  et  rayent  le  verre 
avec  facilité.  Leur  densité  est  de  5,48  à  17°.  Ce  siliciure  est  fusible  dans  le 
four  électrique  à  une  température  plus  élevée  que  le  siliciure  VSi^. 

»  Ce  nouveau  composé  est  insoluble  dans  l'eau,  l'alcool,  l'éther  et  la 
benzine. 

»  Le  fluor  n'attaque  pas  ce  siliciure  à  froid,  mais  si  l'on  chauffe  légère- 
ment, il  se  produit  une  incandescence  assez  faible,  avec  formation  d'un 
résidu  brun  verdâtre.  Le  chlore  l'attaque  facilement  au  rouge,  sans  incan- 
deicence,  en  produisant  un  liquide  qui  est  un  mélange  de  chlorure  de 
vanadium,  VCl*  et  de  chlorure  de  silicium  SiCl\  Le  brome  l'attaque  faci- 
lement au  rouge  sans  incandescence  en  donnant  un  sublimé  noir  amorphe 
de  bromure  de  vanadium  VBr'  et  un  résidu  qui  se  trouve  surtout  dans  la 
nacelle  et  qui  est  formé  de  bromure  de  silicium  Si-Br°.  A  la  même  tempé- 
rature l'attaque  par  l'iode  n'est  que  superficielle. 

»  Vers  1000''  la  vapeur  d'eau  ne  produit  qu'une  attaque  superficielle; 
les  cristaux  prennent  une  couleur  bleutée,  et,  après  cette  expérience, 
lorsqu'on  les  traite  par  l'acide  azotique,  ils  produisent  un  liquide  bleu 
renfermant  de  l'oxyde  V^0\ 

))  De  même,  la  réaction  n'est  que  superficielle  à  la  température  du 
rouge,  en  présence  de  la  vapeur  de  soufre  et  de  l'hydrogène  sulfuré. 

»  A  la  même  température,  le  gaz  ammoniac  ne  fournit  aucune  réaction 
avec  ce  siliciure. 

»  Au  contraire,  le  gaz  acide  chlorhydnque  vers  800**  l'attaque  çomplè-^ 
tement,  sans  incandescence,  en  produisant  une  masse  de  petits  cristaux 
brillants  de  couleur  brun  rouge.  Ces  cristaux  sont  de  suite  décomposés 
par  l'eau,  avec  formation  d'une  solution  brune  qui,  par  addition  d'acide 
azotique,  devient  bleu  verdâtre.  Ces  cristaux  sont  de  même  décomposés 


49^  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

par  les  acides  azotique  et  chlorhydrique  avec  dégagement  gazeux  et  pro- 
duction d'une  solution  riche  en  vanadium.  lise  forme,  dans  cette  réaction 
de  l'acide  chlorhydrique  sur  le  siliciure  de  vanadium,  un  chlorure  double 
de  silicium  et  de  vanadium. 

»  Le  siliciure  de  vanadium,  chauffé  au  four  électrique,  en  présence  du 
carbone,  est  partiellement  décomposé  et  donne  naissance  à  un  équilibre 
entre  le  carbure  et  le  siliciure,  ainsi  que  nous  l'avons  expliqué  précédem- 
ment à  propos  de  la  préparation.  Ce  siliciure,  de  formule  V-Si,  est  stable 
en  présence  d'un  excès  de  carbure  fondu. 

»  Chauffé  au  four  électrique,  au  contact  d'un  excès  de  silicium  liquide 
maintenu  à  son  point  d'ébuUition,  il  fond,  se  dissout,  puis  se  décompose, 
ne  pouvant  pas  exister  dans  ces  conditions  :  il  se  transforme  complètement 
en  siliciure  VSi-  qui  a  été  recueilli  et  analysé.  Cette  réaction  permet  donc 
de  passer  de  l'un  à  l'autre  des  deux  siliciures  de  vanadium. 

»  Le  siliciure  de  vanadium  V^Si  est  décomposé  au  rouge  par  le  sodium 
en  fusion.  De  même,  en  présence  d'un  grand  excès  de  cuivre  fondu  au 
four  électrique,  il  fournit  3u  siliciure  de  cuivre  et  un  alliage  silicium-vana- 
dium. Il  est  peu  attaqué  par  l'argent  à  sa  température  d'ébuUition;  cepen- 
dant, on  reconnaît  que  ce  métal,  après  solidification,  abandonne  une  petite 
quantité  de  silicium  amorphe.  Il  en  est  de  même  pour  l'étain.  Le  siliciure 
de  vanadium  est  insoluble  dans  l'aluminium  maintenu  à  son  point  d'ébul- 
lition.  Enfin,  il  est  un  peu  soluble  dans  le  siliciure  de  cuivre  en  fusion. 

»  Les  acides  chlorhydrique,  azotique  et  sulfurique  sont  sans  action  sur 
ce  siliciure;  il  en  est  de  même  d'un  mélange  d'acide  azotique  et  d'acide 
chlorhydrique  ou  d'acide  azotique  et  d'acide  sulfurique. 

»  Au  contraire,  une  solution  même  étendue  d'acide  fluorhydrique  l'at- 
taque à  froid. 

»  Les  solutions  alcalines  de  potasse,  de  soude  et  d'ammoniaque  n'ont 
aucune  action  sur  le  siliciure,  mais  la  potasse  en  fusion  l'attaque  avec  faci- 
lité. Un  mélange  d'azotate  de  potassium  et  de  carbonate  de  sodium  le 
transforme  au  rouge  sombre  en  vanadate  et  en  silicate. 

»  Analyse.  —  Les  dosages  du  vanadium  et  du  silicium  dans  ce  nouveau  composé 
ont  été  faits  par  les  méthodes  décrites  antérieurement  à  propos  du  siliciure  VSi^, 
Nous  avons  obtenu  ainsi  les  chiffres  suivants  : 

Théorie 
1.  2.  3.  pour  V^  Si. 

Vanadium 78,62  79' 12  77,60  78,46 

Silicium 20,90  2i,5i  21, 83  21, 54 


SÉANCE  DU  29  SEPTEMBRE  1902.  4qn 

»  Le  premier  échantillon  renfermait  1,90  de  carborundiim,  le  second  4,22     et  le 

troisième  2,80. 

« 

M  Conclusions.  —  Nous  avons  obtenu  un  nouveau  sfliciure  de  vana- 
dium Y- Si,  plus  difficilement  fusible  au  four  électrique  que  le  siliciure  VSi^. 
Sa  composition,  sa  densité,  sa  couleur,  son  attaque  plus  facile  par  le  fluor, 
le  chlore,  et  surtout  le  brome,  l'action  de  l'acide  chlorhydrique,  enfin  sa 
facile  décomposition  par  le  silicium  en  fusion  suffisent  pour  le  différen- 
cier nettement  du  siliciure  VSi^.  Ces  expériences  établissent  de  plus  que 
les  lois  qui  président  aux  équilibres  dans  les  solutions,  à  la  température 
ordinaire,  s'appliquent  aussi  aux  réactions  du  four  électrique  qui  se  pro- 
duisent entre  le  silicium,  le  siliciure  de  cuivre  et  le  carbure  de  vanadium 
à  leur  température  d'ébullition.  » 


BOTANIQUE.  —  Sur  la  double  fécondation  chez  les  Crucifères. 
Note  de  M.  L.  Guig.vard. 

«  Les  recherches  que  j'ai  publiées  dans  ces  dernières  années  sur  la 
double  fécondation  s'étendent  actuellement  à  une  dizaine  de  familles  appar- 
tenant aux  divers  groupes  des  Angiospermes.  Celles  qui  font  l'objet  de 
cette  Note  se  rapportent  aux  Crucifères,  parmi  lesquelles  le  Capsella  Bursa 
pastoris  et  le  Lepidium  salivum  m'ont  permis  de  suivre  tous  les  stades  du 
phénomène. 

»  Dans  cette  famille,  l'ovule  est,  comme  on  sait,  campylotrope  et  bité- 
gumenté.  Les  bords  du  tégument  interne  sont  étroitement  accolés;  ceux 
du  tégument  externe,  au  contraire,  laissent  entre  eux  un  canal  assez  large. 
En  se  développant,  le  sac  embryonnaire  détruit  les  deux  tiers  supérieurs 
du  nucelle  ovulaire  et  vient  s'appliquer  directement  contre  le  tégument 
interne.  Avec  la  partie  basilaire  non  résorbée  du  nucelle,  il  forme  une 
sorte  de  tube  en  U,  à  branches  écartées  et  inégales,  dont  il  occupe  la  plus 
grande  ainsi  que  la  courbure. 

»  L'appareil  sexuel  présente  la  structure  normale.  L'oosphère  se  dis- 
tingue très  nettement  des  synergides  par  sa  plus  grande  dimension,  son 
noyau  plus  gros  et  son  aspect  spécial  ;  les  antipodes  ne  sont  représentées 
que  par  leurs  noyaux  assez  petits  et  situés  dans  la  couche  protoplasmique 
qui  repose,  à  la  base  du  sac,  sur  la  partie  persistante  du  nucelle.  Les  deux 
noyaux  polaires  ne  se  fusionnent  que  peu  de  temps  avant  l'époque  de  la 
fécondation.  Dans  le  Capsella,  la  fusion  paraît  être  un  peu  plus  tardive  que 


498  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

dans  le  Lepidium;  souvent  même,  lorsque  le  tube  pollinique  arrive  sur 
l'ovule,  les  noyaux  polaires  largement  accolés  ont  encore  leurs  nucléoles 
respectifs  distincts  l'un  de  l'autre.  Dans  tous  les  cas,  le  noyau  secondaire 
volumineux  qui  résulte  de  cette  fusion,  après  laquelle  il  renferme  un  nu- 
cléole unique,  se  trouve  toujours  très  rapproché  de  l'oosphère  et  situé 
à  une  grande  distance  de  la  base  du  sac. 

»  Le  tube  pollinique  rampe  à  la  surface  du  funicule  ovulaire  et  son 
extrémité,  après  avoir  traversé  le  large  canal  de  l'exostome,  se  renfle 
parfois  d'une  façon  assez  marquée  avant  de  pouvoir  s'introduire  entre  les 
bords  du  tégument  interne  pour  arriver  jusqu'au  sac  embryonnaire. 

))  C'est  pendant  le  trajet  du  tube  dans  l'exostome  que  l'on  a  le  plus  de 
chances  d'apercevoir  à  son  intérieur  les  deux  gamètes  mâles.  Déjà  formés, 
tout  au  moins  dans  le  Lepidimn,  à  l'intérieur  dri  grain  de  pollen  avant  sa 
germination  sur  le  stigmate,  ils  ont  la  forme  de  petits  corps  ovoïdes,  rap- 
prochés l'un  de  l'autre  et  constitués  presque  entièrement  par  de  la  sub- 
stance nucléaire;  c'est  à  peine  si  l'on  distingue  autour  d'eux  une  mince 
auréole  très  peu  colorable  représentant  un  cytoplasme  propre. 

»  La  double  fécondation  s'accomplit  suivant  la  règle  déjà  connue.  Dès 
que  le  tube  pollinique  s'est  frayé  passage  dans  l'endosLome  et  a  atteint  le 
sac  embryonnaire,  les  noyaux  mâles* se  portent  avec  une  rapidité  extrême 
au  contact  des  noyaux  femelles  avec  lesquels  ils  doivent  s'unir.  L'une  des 
synergides  est  désorganisée  par  suite  de  cette  pénétration;  l'autre,  dans 
la  plupart  des  cas,  conserve  encore  pendant  quelque  temps  sa  structure  et 
son  aspect  primitifs  avant  de  se  résorber.  Au  contact  du  noyau  de  l'oosphère 
et  du  noyau  secondaire  du  sac  qu'ils  atteignent  presque  simultanément, 
les  deux  noyaux  mâles  grossissent  et  deviennent  granuleux.  Ici  encore, 
c'est  la  fusion  de  l'un  des  cléments  mâles  avec  le  noyau  secondaire  du  sac 
qui  se  complète  la  première,  de  sorte  que  la  division  de  la  masse  commune, 
qui  prélude  à  la  formation  de  l'albuînen,  précède  la  division  de  l'œuf. 
Parfois  cette  division  du  noyau  secondaire  fécondé  est  terminée  alors  que 
l'autre  élément  mâle  est  encore  facilement  reconnaissable  au  contact  du 
noyau  de  l'oosphère. 

»  Dans  le  Capsella  et  le  Lepidium,  le  premier  cloisonnement  de  l'œuf 
n'a  heu  qu'après  la  formation  de  quatre  noyaux  d'albumen.  Ces  noyaux 
s'écartent  et  se  placent  à  peu  près  à  égale  distance  les  uns  des  autres  dans 
le  protoplasme;  ils  continuent  à  se  diviser  contre  la  paroi  du  sac,  qui 
s'élargit  considérablement  au  niveau  de  la  courbure  dont  il  a  été  question 
plus  haut;  puis  leur  multiplication  devient  prédominante  autour  de  l'em- 


SÉANCE   DU    29   SEPTEMBRE    1902.  499 

bryon,  sans  qu'ils  cessent  d'abord  de  rester  libres  dans  le  protoplasme  qui 
l'entoure.  Les  cloisons  cellulaires  n'apparaissent  entre  eux  qu'à  une  période 
assez  tardive  du  développement  de  l'ovule  en  graine;  elles  se  forment  à 
partir  de  la  périphérie  du  sac  et  à  peu  près  en  même  temps  sur  tout  son 
pourtour. 

»  Au  cours  de  son  développement,  l'embryon  digère  peu  à  peu  ce  tissu 
d'albumen,  dont  les  assises  disparaissent  à  l'exception  de  celle  qui  est 
située  à  la  périphérie.  Cette  assise  périphérique  de  l'albumen,  que  j'ai  dé- 
signé jadis  sous  le  nom  iV assise  protéique  et  dont  la  plupart  des  auteurs 
avaient  méconnu  l'origine,  persiste  dans  la  graine  mûre  chez  toutes  les 
Crucifères,  comme  dans  la  presque  totahté  des  familles  dont  la  graine  est 
dite  exalbuminée.  » 

CORRESPONDANCE . 


Dates. 

1902. 

Sept. 


ASTRONOMIE .  —  Observations  de  la  comète  Perrine-Borrelly 
à  l'équalorial  Brunner  de  V Observatoire  de  Lyon,  par  M. 

'Comparaisons  et  positions  de  la  comète. 
»-^  —  • 


(1902  h),  faites 
J.  Guillaume. 


Temps 

moyen 
de  Paris. 

h       m     g 
I  F. 54.47 

i3.  5.i4 
f  1.22.43 
12.26.45 
i3.i5.23 
11.48.56 

12.52.    O 

10. 3o.  I 
12.12.29 


Aa. 

m      s 
+0.36,27 

-i-o.33,o5 
+0.  5,08 
— o.3o,6o 
— o,  1,43 
— o.  9,62 
— o.i4,68 
— o.  7,47 
— 0.20,54 


A5. 

—  o'.i8'',8 
-h  0.55,5 

—  i-i4>o 
— 10.34,0 
4-  I.  5,1 

—  8.3i,i 

—  7-  5,7 

+    o.    4>2 

—  0.20,2 


Nombre 
de  comp. 


a  app. 
b       m      s 
3.15.32,76 

3.15.29,54 

3.1 1.48,29 
3.11.44,56 

3.11.41,78 

3.  8.29,75 
3.  8.24,69 
3.  6.41,12 
3.  6.32,38 


Log  fâct. 
parall. 

—9,665 

—9,576 
-9,686 
—9,620 
—  9,534 
-^9.659 
—9,565 

-9'7i4 
—9,625 


8  app. 

+35.38.42,8 
+35.39.57,1 
+37.  o.  5,5 
+37.  1.24,5 
+37.  2.24,6 
+  38.  2.12,7 
+38.  3.38,1 
+38.33.32,7 
+38.35.58,1 


Log.  fact. 
parall. 

+o,56o 
+o,43i 
+0,573 
+o,45o 
+0,349 
+0,488 
+o,35o 
+0.620 
+o,4i5 


Positions  moyennes  des  étoiles  de  comparaison  pour  1902,0. 

Réduction  Réduction 

Asc.  droite              au  Déclinaison  au 

•JV-.                             Désignation,            moyenne.            jour.  moyenne.  jour.              Autorités. 

h       m      s                        s  o         .         r/  " 

a(^) Anonyme  9^,5  3. 14. 52, 49  +4, 00  +35.39»   o,4  +1,2  Rapportée  à  6. 

b DM +  35,680  3.17.51,71           »  +35.40.14,6           »  AG.  Lund,  1747. 

c Anonyme    10*=  3. 11. 39,04  +4,17  +37.    1.18,0  +i,5  Rapportée  à  of. 

d DM  +  37,752  3.12.10,99  +4>i7  +37.11.57,1  +1,4  AG.  Lund,  1704. 


(^)  Comparée  à  DM +  35,669  ^vec  un   grossissement  de  70  fois,  la  position  de 
l'étoile  u  est  plus  faible  de  — 0^17  en  a  et  de  —  i",  6  en  8  que  celle  indiquée  ici. 


OOO  ACADEMIE    DES    SCIETVCES. 

Réduction  Réduction 

Asc.  droite              au  Déclinaison  au 

*.                              Désignation.            moyenne.              jour.  moyenne.  jour.              Autorités. 

h         m      s                         s  o         .         u  w 

e DM  + 37,734  3.   8.35,07  -+-4,3o  m-38. 10.42,0  +1,8  Rapportée  à/. 

/ DM +  37,739  3.9.23,15           »  +38.9.12,1           »  AG.  Lund,  1678. 

g DM  +  38,66i  3.6.44,24  +4,35  +38.33.26,5  +2,0  AG.  Lund,  i653. 

h DM  +  38,662  3.6.48,57  +4,35  +38.36. 16, 3  +2,0  AG.  Lund,  i654. 

»  Ces  observations  ont  été  faites  au  micromètre  à  fils  fins,  brillants,  avec  un  gros- 
sissement de  100  fois. 

»  Une  comparaison  est  la  moyenne  de  quatre  pointés  sur  chaque  astre. 

»  Remarques.  —  Le  3,  le  noyau  de  la  comète  est  estimé  de  9^,5  environ.  Le  6,  la 
présence  de  cirrus  gêne  souvent  et  cause  une  interruption  dans  la  première  série;  à 
la  deuxième  série,  le  voisinage  de  l'étoile  c  gêne  les  pointés.  L'aspect  de  la  comète  est 
celui  d'une  nébulosité  en  éventail  de  2'  à  3',  avec  condensation  autour  d'un  noyau 
stellaire  de  io«-ii^  grandeur;  queue  naissante  vers  l'angle  approché  de  223°;  l'éclat 
total  est  celui  d'une  étoile  de  9^  grandeur.  Le  8,  des  cirrus  gênent  fréquemment.  La 
comète  mesure  une  largeur  moyenne  de  3';  queue  divisée  en  trois,  dont  l'aigrette 
principale,  celle  du  milieu,  s'étend  sur  5'  à  6'  vers  l'angle  de  239°.  Vue  avec  un  gros- 
sissement de  25o,  la  nébulosité  est  très  réduite,  le  noyau  est  nébuleux,  allongé  dans 
l'axe  principal,  avec  deux  cornes  en  avant  qui  s'évasent;  un  point  stellaire  de  12^  au 
plus  se  devine  un  peu  après  le  milieu  et  donne  à  l'ensemble  l'aspect  d'une  petite  comète 
de  i"  sur  2", 5  environ,  dont  la  queue  est  dirigée  à  180°  de  l'autre.  Le  9,  des  cirrus 
rendent  parfois  la  comète  très  faible  et  les  pointés  sont  difficiles.  A  la  deuxième  série, 
le  voisinage  d'une  étoile  de  9'',  5  gêne  une  partie  des  mesures.  » 


ASTRONOMIE  PHYSIQUE.  —  Organisation,  à  l'Observatoire  de  Meudon,  des 
spectre  graphes  aatomadques  dits  des  vitesses,  qui  enregistrent  les 
mouvements  radiaux  et  V épaisseur  de  la  chromosphère  solaire.  Note  de 
M.  H.  Deslandres. 

«  Dans  une  Note  des  Comptes  rendus  de  1893,  t.  CXYII,  p.  716,  inti- 
tulée Sur  l'enregistrement  des  éléments  variables  du  Soleil,  j'ai  réclamé  l'en- 
registrement continu  :  i*^  de  la  surface  même  du  Soleil  ou  photosphère 
avec  les  appareils  photographiques  ordinaires  ;  2°  de  la  chromosphère 
entière  et  de  ses  plages  brillantes,  avec  les  spectrographes  automatiques 
à  mouvement  continu,  dits  spectrographes  des  formes;  3°  des  vitesses 
radiales  de  la  chromosphère  entière  avec  d'autres  spectrographes  dits  des 
vitesses,  automatiques  et  à  mouvement  discontinu,  qui  donnent  en  plus 
l'épaisseur  de  la  chromosphère  au  bord. 

»  Ces  deux  spectrographes,  des  formes  et  des  vitesses,  sont  le  résultat 
des  découvertes  qui  ont  révélé  de  1891  à  1898  la  chromosphère  entière 


SÉANCE    DU    29    SEPTEMBRE    1902.  5oi 

du  Soleil  d'après  les  recherches  simultanées  faites  par  Haie  à  Chicago  et 
par  moi-même  à  Paris.  Jusqu'alors  la  chromosphère  et  les  protubérances 
étaient  relevées  seulement  à  l'extérieur  du  bord  solaire,  d'après  la  méthode 
spectrale  de  Janssen  et  Lockyer,  et  par  l'observation  oculaire.  Les  nou- 
velles méthodes  photographiques  la  décèlent  dans  la  partie  entière  qui  est 
projetée  sur  le  disque,  à  l'intérieur  du  bord,  et  sur  une  surface  cent  fois 
plus  grande  qu'auparavant. 

»  Mais  le  manque  de  ressources  n'a  pas  permis  encore  de  réaliser  d'une 
manière  complète  le  plan  précédent,  qui  doit  fournir  le  relevé  exact  des 
variations  incessantes  du  Soleil  et  de  son  atmosphère,  et  élucider,  en  par- 
ticulier, les  relations  supposées  avec  le  magnétisme  terrestre. 

))  Cependant,  j'ai  organisé  à  Paris,  en  1893,  un  spectrographe  des 
formes  (*)  qui,  jusqu'en  1898,  a  fourni  journellement  au  moins  une  image 
de  la  chromosphère  entière  (intérieure  et  extérieure  au  bord)  avec  les 
protubérances. 

»  De  même,  en  1894,  j'ai  organisé  à  Paris  un  spectrographe  des  vitesses, 
qui  a  été  en  service  pendant  une  année  au  moins  (^RiiUetin  astronomique, 
octobre  1894). 

))  Puis,  en  1898,  ayant  été  nommé  astronome  à  l'Observatoire  de  Meu- 
don,  je  me  suis  proposé  d'y  installer  les  mômes  appareils  et  dans  des  con- 
ditions encore  meilleures. 

»  A  l'aide  d'un  crédit  spécial  accordé  par  l'Académie,  j'ai  organisé 
d'abord  en  1899  un  spectrographe  automatique  des  formes,  qui  donne 
une  image  de  la  chromosphère  solaire  deux  fois  plus  grande  que  l'appareil 
de  Paris  (Comptes  rendus,  t.  CXXIX,  p.  1222). 

»  Or,  cette  année,  j'ai  pu  organiser  un  spectrographe  automatique  des 
vitesses  dont  le  besoin  s'était  fait  nettement  sentir  à  l'occasion  de  la  per- 
turbation coronale  relevée  par  Perrine  dans  la  dernière  éclipse  totale  du 
Soleil.  L'épreuve  de  la  couronne  faite  à  Sumatra,  le  18  mai  1901,  a  été 
rapprochée  utilement  des  épreuves  de  la  chromosphère  entière  obtenue  le 
même  jour  à  Meudon.  Le  rapprochement  eut  été  complet  si  l'on  avait  eu 
en  même  temps  les  vitesses  radiales  (Co7?2/?/e^  rendus,  t.  CXXXIV,  p.  i285). 

»  J^ai  profité  de  l'expérience  acquise  avec  l'appareil  précédent  de  1894, 
et  j'ai  été  conduit  à  organiser  deux  spectrographes  des  vitesses  distincts; 
à  savoir  :  un  spectrographe  A,  à  faible  dispersion  et  à  pose  courte,  qui 

(^)  On  appelle  aussi  parfois  ces  spectrographes  des  formes  spectrographes  enre- 
gistreurs à  deux  fentes  ou  encore  spectrohélio  graphes. 

C.  R.,  1902,  2«  Semestre.  (T.  CXXXV,  N°  13.)  66 


502  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

n'est  autre  que  le  speclrographe  des  formes  adapté  rapidement  à  ce  nou- 
vel usage,  pour  la  chromosphère  extérieure  au  bord  et  les  protubérances; 
et  un  spectrographe  B,  à  grande  dispersion  et  à  longue  pose,  pour  la  chro- 
mosphère intérieure  au  bord. 

»  En  effet,  d'après  les  résultats  de  1894,  la  vitesse  radiale  des  protubé- 
rances est  notable,  et  d'autant  plus  grande  que  la  protubérance  est  plus 
haute;  elle  s'accommode  d'une  faible  dispersion;  mais  avec  la  chromo- 
sphère intérieure,  dont  l'image  est  formée  surtout  par  les  parties  basses, 
il  faut  employer  une  forte  dispersion  qui,  seule,  peut  d'ailleurs  donner 
tous  les  détails. 

»  Ces  spectrographes  des  vitesses  juxtaposent,  comme  on  sait,  les 
spectres  de  nombreuses  sections  équidistantes  faites  dans  une  image  fixe 
du  Soleil,  fournie  par  un  objectif  astronomique  et  un  liéliostat  polaire. 
Or,  la  transformation  du  spectrographe  des  formes  en  spectrographe  des 
vitesses  A  a  été  réalisée  d'une  manière  simple  et  rapide.  La  fetite  du  col- 
limateur n'est  pas  changée,  mais  celle  de  la  chambre  est  élargie  jusqu'à 
o™™,9,  de  manière  à  isoler  non  plus  seulement  la  raie  brillante  R,  émise 
fortement  par  la  chromosphère,  mais  en  plus  une  petite  portion  du  spectre 
continu  dû  à  la  photosphère.  D'autre  part,  la  clepsydre,  qui  produit  le  mou- 
vement continu  du  spectrographe  des  formes,  est  écartée,  et  Ion  met  en 
œuvre  à  sa  place  une  sorte  d'horloge,  dont  la  description  ici  serait  trop 
longue,  mais  qui,  à  des  intervalles  réguliers  de  6  secondes,  déplace  brus- 
quement le  spectrographe  entier  de  o™™,33  devant  l'image  fixe  du  Soleil; 
en  même  temps,  la  plaque  photographique  se  déplace  de  1'^'". 

»  Ces  déplacements  ont  lieu  au  commencement  de  l'intervalle,  la  fente 
du  collimateur  étant  masquée  par  un  petit  écran;  puis,  vers  la  troisième 
seconde,  l'écran  s'écarte  automatiquement  et  laisse  passer  la  lumière  so- 
laire qui  agit  avec  une  pose  variable  de  2  à  4  secondes,  suivant  l'état  de 
l'atmosphère;  à  la  fin  de  l'intervalle,  l'écran  masque  de  nouveau  la  fente. 
Bref,  l'image  finale  comprend  90  petits  spectres  qui  donnent  les  vitesses 
radiales  et  l'épaisseur  en  180  points  du  bord.  De  plus,  ces  points  sont 
réunis  sur  un  cercle  qui  a  exactement  le  même  diamètre  (95™™  environ) 
que  l'image  continue  donnée  par  l'appareil  fonctionnant  comme  spectro- 
graphe des  formes;  et  l'on  a  cet  avantage  important  d'avoir  deux  images 
des  formes  et  des  vitesses  très  aisément  comparables. 

»  Le  second  spectrographe  B,  qui  utilise  le  spectre  de  quatrième  ordre 
d'un  grand  réseau  Rowland,  est  placé  sur  la  même  table  mobile  que  le  pré- 
cédent et  est  déplacé  par  la  même  horloge.  Mais  la  durée  des  intervalles 


SÉANCE    DU    29    SEPTEMBRE       902.  5o3 

successifs  est  portée  à  12  secondes,  et  la  fente  de  la  chambre  à  2'""'. 
L'image  finale  comprend  encore  90  petites  sections,  réparties  non  plus  sur 
un  cercle,  mais  sur  une  ellipse,  ainsi  que  dans  le  spectrographe  de  1894. 

»  Telles  sont  les  dispositions  générales  adoptées  pour  le  relevé  quoti- 
dien des  formes  et  des  vitesses  de  la  chromosphère  ;  mais  l'enregistrement 
n'est  pas  continu,  la  dépense  de  temps  et  d'argent  étant  trop  grande.  Pour 
le  réaliser  complètement,  d'ailleurs,  il  faudrait  organiser  les  mêmes  appa- 
reils en  d'autres  points  du  globe. 

»  Ces  deux  spectrographes  des  formes  et  des  vitesses  de  Meudon  sont 
actuellement  les  seuls  en  service  dans  le  monde  entier;  car  le  spectrographe 
des  formes,  ou  spectrohéliographe,  réalisé  par  Haie  à  Chicago,  n'a  pas  été 
remonté  lors  de  son  transfert  à  l'Observatoire  Yerkes  en  1897.  Mais  j'ai 
appris  récemment  que  les  Anglais,  sur  l'initiative  de  Sir  Normann  Lockyer, 
ont  commandé  deux  séries  d'appareils  similaires,  qui  seront  placées  en 
Angleterre  et  aux  Indes. 

))  A  ce  propos,  je  dois  signaler  l'initiative  prise  par  la  Société  astrono- 
mique de  France,  qui  se  propose  de  centraliser  les  observations  du  Soleil 
fiiites  par  tous  ses  membres  répartis  sur  le  globe  entier.  La  Commission 
solaire  dont  je  suis  le  président  a  réclamé  l'adoption  d'images  ayant  les 
mêmes  dimensions  ou  des  dimensions  dans  un  rapport  très  simple  pour 
toutes  les  observations  du  Soleil  et  de  son  atmosphère.  » 


GÉOMÉTRIE.  —  Sur  la  déformalion  continue  des  surfaces. 
Note  de  M.  G.  Tzitzéica. 

«   Si  les  fonctions  x{u,  v^,  /('^^  <^)»  z(^u,  ç^)  satisfont  à  l'équation 

(i)  ^ — -=a- — ho-p, 

^  ^  au  av  au  Ov 

a  el  b  étant  des  fonctions  de  u  et  v,  le  point  (^,  J,  z)  décrit  une  surface 
sur  laquelle  les  courbes  w^const.,  ^'=const.  tracent  un  réseau  conjugué. 
Supposons,  de  plus,  qu'il  y  ait  une  solution  R  de  (i),  telle  que 

a:-  -h  J^  -f-  2^  -  R^ 

en  soit  aussi  une  solution  ;  on  peut  alors  déduire  un  système  cyclique  et, 
par  conséquent,  une  surface  sur  laquelle  on  a  un  réseau  conjugué  qui  reste 
invariable  dans  une  déformation  (Darboux,  Leçons,  t.  Il  et  IV). 


5o4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Je  me  propose  d'indiquer  ici  dans  quel  cas  le  dernier  réseau  conjugué 
reste  invariable  dans  une  déformation  continue. 

»  Il  faudra  d'abord  étudier  les  différents  cas  qui  peuvent  se  présenter 
dans  la  recherche  de  la  solution  R,  ce  qui  conduit  à  examiner  le  système 
formé  par  (i)  et 


(^) 


du  dv 


dx  dx        dy  dv    .    àz  âz    ^  i  t    -  i  ■  j  -        ^y^ 

ouc=^; — ^ — l--T^-^  +  -i — T'  On  est  encore  oblige  de  considérer  1  equa- 

ou   oi'         ou  ov         ou  OS'  °  ^ 

tion 

(3)  A(|i)VB(,^y=C, 

A,  B,  C  étant  certaines  expressions  formées  à  l'aide  de  a,  b,  c  et  de  leurs 
dérivées.  Yoici  les  résultats  qu'on  tire  des  équations  (i),  (2)  et  (3)  : 

»  1°  La  solution 'K  n'existe  pas;  2°  la  solution  R  dépend  d'une  constante 
arbitraire  (en  dehors  de  la  constante  additive)  :  ce  cas  correspond  à 
A  =  B  =  C  =:  o  ;  ?>°  il  y  a  une  seule  solution  R  ;  If  il  y  a  deux  solutions  R 
distinctes;  5°  il  y  a  deux  solutions  R  confondues  :  dans  ce  cas,  la  solution  R 
satisfait  aussi  à  l'équation 

w  A(£y=B(^y 

et  réciproquement. 

»  Cherchons  maintenant  dans  quel  cas  on  a  un  réseau  qui  reste  inva- 
riable dans  une  déformation  continue.  Il  faudra  que 


ÔK  dx 

dR  dx 

dR  dr 

dR  dy 

dn  dz. 

dR  dz 

âv  du 

du   di>' 

dv   du 

du  di' 

di'  du 

du  dv 

ou,  d  une  manière  générale,  -.—   . ^ — r-'  9  étant  une  solution  quel- 

'  ^  dv  du        du  dv  ' 

conque  de  (i),  satisfasse  à  une  équation  de  Laplace  à  invariants  égaux. 
Or,  cette  condition  exige  que  R  soit  une  solution  de  (4).  Par  conséquent, 
ou  bien  A  =  B  =  o  et,  en  vertu  de  (3),  G  =  o,  et  alors  on  se  trouve  dans 
le  cas  2°  ;  ou  bien  on  se  trouve  dans  le  cas  5°.  Ce  sont  là  les  seuls  cas  qui 
conduisent  à  des  réseaux  conjugués  invariables  dans  une  déformation 
continue.  Le  cas  5°  est  très  dilficile  à  étudier.  Je  vais  donner  sur  le  cas  2" 
quelques  aperçus  généraux. 

M  J'ai  déjà  démontré  (Bulletin-  de  M.  Darboux,  1900)  que  l'équation  (i), 


SÉANCE    DU    29   SEPTEMBRE    1902.  5o5 

si  A  =  B  =  C  =  o,  conduit,  à  l'aide  de  la  transformation 

dv  Ou        du  Ov 

à  une  équation  de  Laplace  à  invariants  égaux.  A  l'aide  des  résultats  que 
j'ai  communiqués  à  une  autre  occasion  (^Comptes  rendus,  septembre  1900), 
on  démontre  que,  pour  la  recherche  des  réseaux  que  nous  avons  en  vue, 
on  peut  prendre,  à  la  place  de  l'équation  générale  (i)  pour  laquelle  on  a 
A  =  B  =  C  =  o,  l'équation  suivante 

2(u  —  i^)^ — r  + -î :r  =  o. 

^  ^  ou  ôv        au        ov 

»   Il    faudra    ensuite    déterminer    trois    solutions    x'{u,  v),    y(ii,  v), 
^'(a,  p)  de  cette  équation,  telles  que  l'on  ait 

const. 

»  On  tirera  de  la  surface  décrite  par  Çx',y',  z')  un  réseau  jouissant  des 
propriétés  requises.  Si  l'on  prend 


ôx' 

dx' 

-+- 

dy' 

dy' 

-+- 

dz' 

dz' 

du 

dv 

du 

dv 

du 

dv 

x'  =^  A'\/(a  -t-  a)  (a  -+-  ç). 


y  =  B'sJ(b-{-u)(b  +  ç), 

z'  =  Ç/^(c  +  ii){c-\-7j, 
on  trouve  la  surface 

X  =  k{a -^  a)- (a -^  vy ,     y  =  B(è  4- /^)'(^  +  c)',      z  =  C(c -\-u)- (c-i-u)\ 

sur  laquelle  les  courbes  (w,  t»)  tracent  un  réseau  qui  reste  invariable  dans 
une  déformation  continue  {Comptes  rendus,  1901,  1902).  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  V acide  nitropyromucique  et  son  ëther  éthy- 
lique.  Sur  le  dinitrofurfurane.  Note  de  M.  R.  Marquis,  présentée  par 
M.  H.  Moissan. 

«  L'emploi  du  mélange  nitrant  d'acide  azotique  fumant  et  d'anhydride 
acétique  (')s'étant  montré  avantageux   dans  le  cas  du  furfurane,  je  l'ai 


(')  J'ai  indiqué,  il  y  a  2  ans  environ,  ce  mélange,  que  j'ai  été  amené  à  employer  à 
cause  de  son  caractère  spécial  de  mélange  nitrant  anhydre.  Je  me  propose  de  l'appliquera 


5o6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

étendu   à  deux  composés  de  la  même   série,  le  pyromncate   d'élhyle  et 
le  furfurol. 

))    Je  décrirai  ici  les  résultats  obtenus  avec  le  pyromucate  d'éthyle. 

»  La  nitralion  de  ce  composé  s'effectue  d'une  façon  en  tout  semblable  à  celle  qui  a 
été  décrite  pour  le  furfurane  (*);  le  produit  de  la  réaction  est  un  liquide  jaunâtre, 
insoluble  dans  l'eau,  réduisant  la  liqueur  de  Fehiing-,  tout  à  fait  analogue  à  l'acétine 
de  l'aldéhyde  nitrosuccinique  qui  constitue  le  produit  de  la  nitralion  du  furfurane. 

»  Si  l'on  additionne  ce  composé  de  son  volume  environ  de  pyridine,  qu'on  chauffe 
quelques  minutes  au  bain-marie  et  qu'on  verse  le  tout  dans  l'eau  froide,  on  observe 
la  précipitation  d'un  nouveau  produit  cristallisé  qui,  après  essorage  et  lavage,  peut 
être  purifié  par  cristallisation  dans  l'alcool. 

»  Les  cristaux  obtenus  sont  des  tables  d'un  blanc  jaunâtre  et' fondent  à  ioi°.  Leur 
composition  (C  :  45  ,48  ;  H  :  8,91)  et  leur  poids  moléculaire  (  M  =  189)  sont  ceux,  d'un 
éther  nitropyromucique  (C  :  45, 4o;  H  :  8,78;  M  =  i85). 

»  Cet  éther  est  altéré  profondément  par  les  alcalis  caustiques;  ceux-ci 
le  dissolvent  en  donnant  une  solution  rouge  qui  contient  un  azotite  alcalin. 

»  On  le  saponifie  très  facilement  en  lé  chauffant,  en  tubes  scellés,  avec 
de  l'eau,  à  180°. 

»  Uacide  nitropyromucique  ainsi  formé  fond  à  i85°  (corr.). 

»  Il  est  identique  à  l'acide  nitropyromucique  déjà  obtenu  par  MM.  Hill  et  Palmer  (^), 
Klinkhard  (^)  et  Priebs  (*). 

»  L'identification  a  été  faite  par  la  comparaison  des  points  de  fusion  des  deux 
acides,  en  vérifiant  que,  par  leur  mélange,  il  n'y  avait  pas  de  variation  dans  le  point 
de  fusion.  La  même  opération  a  été  faite  avec  les  éthers  éthyliques. 

»  Dans  un  Mémoire  paru  dans  VAm.erican  chemical  Journal  du  mois  de  mars  1902, 
et  dont  je  n'ai  eu  que  récemment  connaissance,  MM.  H.-B.  Hill  et  G.-R.  White  attri- 
buent à  l'acide  nitropyromucique  (  qu'ils  préparent  en  traitant  l'acide  sulfopyromucique 
par  l'acide  nitrique)  la  constitution  d'un  acide  ô  nitré  : 

GH  — CH 

Il  II 

Az02— C        G  — GO^H  ' 

\   / 
G 


quelques  cas  particuliers,  en  dehors  de  la  série  du  furfurane.  Tout  récemment, 
MM.  A.  Pictet  et  Genequand  {Bull.  Soc.  Cliim.,  t.  XXVII,  p.  863)  ont  montré  que 
l'action  de  l'acide  azotique  sur  l'anhydride  acétique  donne  naissance  à  un  anhydride 
mixte,  l'acide  diacélylorthonilrique. 

(*)  Comptes  rendus,  t.  GXXXII,  p.  i4o. 

(2)  American  chemical  Journal,  t.  X,  p.  38o. 

C)  Journal  fiir praktische  Chemie,  t.  XXV,  p.  4i-        . 

(*)  Berichte,  t.  XVIII,  p.  i363. 


SÉANCE  DU  29  SEPTEMBRE  1902.  607 

»  Or,  étant  donnée  l'analogie  complète  du  mécanisme  des  nitrations  du  furfurane 
et  du  pjromucate  d'élhyle,  étant  démontré  d'autre  part  {^)  que  le  nilrofurfurane 
possède  son  groupe  AzO^  en  p,  il  est  nécessaire  d'admettre  que  l'acide  nitropyromu- 
cique  possède  le  groupe  AzO-  en  p  ou  en  y  et  de  modifier  la  formule  de  MM.  Hill  et 
White  selon  l'une  ou  l'autre  des  formes  suivantes  : 

AzO^-  C  -  GH  GH-C  -  AzO^ 

CH   C-GO=H  GH     G-CO^H 

\/  \  / 

o  o 

»  Dans  le  même  Mémoire,  les  auteurs  mentionnent  un  dinitrofurfurane  jaune  pâle, 
fusible  à  loi",  qu'ils  obtiennent  en  traitant  l'acide  nitropyromucique  par  l'acide 
nitrique;  ils  admettent  que,  dans  ce  corps,  les  deux  groupes  AzO-  sont  en  a  et  a,. 

»  Il  n'en  saurait  être  ainsi,  puisque  nous  venons  de  voir  que  l'acide  nitropyromu- 
cique possède  le  groupe  AzO^  en  ^. 

»  D'autre  part,  j'ai  obtenu,  en  traitant  le  ^-nitrofurfurane  par  l'acide  nitrique  de 
densité  1,2,  à  chaud,  un  composé  jaune  pâle,  possédant  la  composition  d'un  dinitro- 
furfurane {"-),  et  évidemment  identique  au  produit  de  MM.  Hill  et  White. 

»  Ge  dérivé  dinitré  ayant  certainement,  à  cause  de  son  origine,  un  AzO^  en  p,  la 
constitution  donnée  par  les  auteurs  américains  doit  être  modifiée,  sans  toutefois  que 
l'on  puisse  faire  d'hypothèse  sur  la  position  du  second  groupe  AzO^ 

»  Je  me  propose  de  continuer  l'étucle  des  composés  décrits  dans  cette 
Note.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.    —   Sur  la  saponification  des  éthers  nitriques. 
Note  de  MM.  Léo  Yignon  et  I.  Bay. 

«  Certains  éthers  nitriques,  traités  par  la  liqueur  cupro-potassique, 
accusent  un  pouvoir  réducteur  considérable  (').  C'est  le  cas  de  la  tétra- 
nitroérythrite,  de  l'hexa-  et  la  pentanitromannite,  l'hexanitrodulcite,  la 
<^-aral)ite  et  la  rhamnite  pentanitrées.  La  liqueur  cupro-potassique,  à  la 
vérité,  n'agit  pas  sur  ces  composés,  seulement  par  oxydation;  la  potasse 
qu'elle  contient  détermine  la  saponification  plus  ou  moins  rapide  des 
éthers  nitriques  traités.  Le  phénomène  de  réduction  est  sans  doute  corré- 


(')   Comptes  rendus,  t.  GXXXIV,  p.  776. 

(2)  Trouvé  :   G:3o,44;   H:  1,61;  Az  :  17,65  ;   M  =  i63.  —  Théorie  :   G:3o,38; 
H:  1,26;  Az:  17,72;  M  =  i58. 

(^)   Comptes  rendus,  7  octobre  190t. 


5o8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

latif  de  cette  saponification  ('  ).  Il  était  dès  lors  indiqué  d'étudier  l'action 
des  alcalis  sur  les  éthers  nitriques  et,  pour  généraliser  la  question,  la  sapo- 
nification des  éthers  nitriques  par  l'eau,  les  acides  et  les  alcalis.  Nous 
avons  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  les  résultats  de  cette  étude. 

»  Avant  de  procéder  aux  expériences  de  saponification,  nous  avons  dû 
rechercher  un  procédé  de  dosage  exact  de  l'acide  nitreux  pouvant  être 
formé  par  la  saponification. 

»  Dosage  de  l'acide  nitreux.  —  Trois  méthodes  nous  ont  donné  des  résultats  sen- 
siblement concordants  : 

»  a.   Méthode  TromsdorfF,  à  l'iodure  d'amidon; 

»   b.  Méthode  par  la  métaphénylène-diamine  ; 

»   c.   Méthode  à  l'aniline,  que  nous  décrirons  seule,  les  deux  premières  étant  connues. 

»  S'^™'  de  la  solution  en  expérience  sont  refroidis  à  —  io°;  au  moyen  d'une  burette 
graduée,  on  verse  peu  à  peu  dans  cette  solution,  en  agitant,  une  solution  aqueuse 
de  chlorhydrate  d'aniline,  titrée  par  diazotation  avec  AzO-Na  normal,  contenant  un 
excès  d'acide  chlorhydrique  (6HC1  pour  C^H^AzH^),  jusqu'à  ce  que  des  touches 
d'épreuve  ne  donnent  plus  de  coloration  bleue  sur  le  papier  iodo-amidonné. 

»  Saponification  par  l'eau.  —  Ethers  nitriques  des  alcools  méthylique,  éthylique, 
glycérine,  érythrite,  pentaérythrite,  mannite,  dulcite. 

»  On  a  chauffé  5?  de  chaque  éther  et  3oo*""'  d'eau  distillée,  dans  un  ballon  de  verre 
muni  d'un  réfrigérant  à  reflux;  au  bain-marie,  la  saponification  est  nulle  après 
24  heures.  En  opérant  à  l'ébullition,  par  chauffage  à  feu  nu,  on  ne  constate,  après 
12  heures,  la  présence  de  l'acide  nitreux  dans  aucune  saponification. 

»  En  tube  scellé,  par  chauffage  de  is  d'éther  avec  20s  d'eau  distillée  pendant  i  heure, 
à  iio°-i2o°,  les  essais  ayant  porté  sur  l'érythrite,  la  mannite  et  la  dulcite  nitrée,  on 
constate  que  les  éthers  se  sont  dissous  complètement,  avec  formation  d'acide  nitrique, 
d'acide  nitreux  et  d'azote  libre. 

»  Saponification  sulfurique,  —  5s  de  chaque  éther  ont  été  traités,  à  l'ébullition, 
par  Soo*^"»'  d'un  mélange  de  96  pour  100  d'eau  et  5  pour  100  d'acide  sulfurique;  on  a 
dosé  l'acide  nitreux  formé  : 

Acide  nilrcux  formé  après 

Ethers  ti'aitcs.  1  heure.  2  heures.         4  heures. 

g  g  ^ 

Nitrate  de  méthyle o  o  0,1  g5 

»        d'éthyle o  o  0,210 

Nitroglycérine 0,209  0,220  o,35o 

Nitroérythrite 0,210  »  » 

Nitropentaérylhrile o  o  o 

Nitromannite o  traces  o,  200 

Nitrodulcite 0,280  0,282  0,298 


(')  Comptes  rendus,  21  octobre  1901, 


SÉANCE  DU  29  SEPTEMBRE  1902.  5og 

»  Saponification  par  la  soude.  —  On  a  chaiifTé  au  bain-marie,  à  l'ébullition,  dans 
un  ballon  muni  d'un  réfrigérant  ascendant  :  5s  d'éther,  3oo'^°''  d'eau  distillée  contenant 
7S,'7  NaOII;  l'acide  nitreux  a  été  dosé  à  divers  intervalles  de  temps;  on  a  dosé  aussi 
l'ammoniaque  qui  se  forme  dans  certaines  saponifications  : 

Acide  nitreux  formé  après 

Éthers  traités.  1  heure.  4  heures.        8  heures.  Ammoniaque. 

g  g    ^  g  g 

Nitrate  de  mélliyle o  o,o5o  o,025  o 

»        d'éthyle o  o  o,o3o  o 

Nitroglycérine o,2C)5  o,2o5  o,2o5  o,25o 

Nitroérythrite. .  .  .  , 0,206  0,481  o,2o5  0,200 

Nitropenlaérylhrile o  0,182  o.oSg  o 

Nitromannite o,4i3  o,4i3  0,206  o,25o 

Nilrodulcite o,4i2  o,2o5  o,2o5  0,200 

Nitrocellulose 0,206  0,206  »  o,3io 

»  On  constate  également  la  formation  d'une  certaine  quantité  de  bioxyde  de  sodium 
dans  toutes  les  saponifications,  à  l'exception  de  celles  qui  correspondent  aux  nitrates 
de  méthyle  et  d'éthyle  :  c'est  l'indice  d'une  réaction  réductrice,  exercée  par  la  soude 
en  excès  sur  le  nitrate  de  sodium  provenant  de  la  saponification. 

))  En  résumé,  la  saponification  des  élhers  nitriques  s'accomplit  suivant 
des  règles  particulières.  Ces  règles  sont  complexes  :  elles  sont  déterminées, 
en  effet,  autant  par  la  réduction  facile  de  l'acide  nitrique,  pouvant  aller  de 
l'acide  nitreux  jusqu'à  l'azote  libre  et  l'ammoniaque,  que  par  l'oxydabilité, 
variable  pour  chaque  terme,  de  l'alcool  régénéré  par  la  saponification.  » 


PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  l'utilisation  des  principes  minéraux  par 
les  plantes  greffées.  Note  de  MM.  Luciex  Daniel  et  Y.  Thomas,  présentée 
par  M.  H.  Moissan. 

«  Le  rôle  du  bourrelet  dans  la  nutrition  des  plantes  greffées  a  été  pres- 
senti par  Jacques  Boyceau  au  xvii*  siècle  (^)  et  l'on  sait,  d'ailleurs,  que  la 
plupart  des  naturalistes  physiciens  de  cette  époque  considéraient  cette 
partie  comme  une  sorte  de  glande  végétale,  un  filtre  analogue  à  ceux  qu'ils 
supposaient  exister  dans  la  queue  des  fruits  et  qui  avaient  pour  mission  de 
rendre  douce,   dans  le   fruit,  la  sève  amère  fournie  par  les  tiges  et  les 


(')  J.  Boyceau,  Traité  du  jardinage,  année  1639. 
C.  R.,  1902,  2»  Semestre.  (T.  CXXXV,  N°  13.) 


67 


5lO  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

feuilles.  Le  célèbre  Duhamel  précisa  (iv'^o)  la  question  en  étudiant  la 
structure  anatomique  du  bourrelet.  Il  montra  le  premier  que,  à  ce  niveau, 
les  vaisseaux  du  bois  sont  moins  nombreux,  s'enchevêtrent  et  subissent  un 
changement  de  direction.  Pour  lui,  cette  espèce  de  ganglion  joint  son 
action  à  l'altération  que  la  sève  doit  subir  en  passant  d'une  espèce  d'arbre 
à  l'autre  et  aux  modifications  produites  par  le  mélange  de  sèves.  Cepen- 
dant, on  sait  aussi  que  l'on  fait  passer  facilement  les  solutions  colorées  du 
sujet  au  greffon,  et  Bonnet  fit  ainsi  passer  de  l'encre  qui  n'avait  pas,  dit-il, 
subi  de  modification  (  '  ). 

»  Récemment,  l'un  de  nous  a  montré  théoriquement,  en  se  fondant  sur 
l'Anatomie  et  sur  les  lois  de  la  capillarité,  que  le  régime  de  l'eau  dans  les 
plantes  greffées  est  considérablement  modifié  par  le  bourrelet  :  il  a  donné 
une  théorie  de  greffage,  fondée  sur  la  différence  des  capacités  fonctionnelles 
entre  le  sujet  et  le  greffon  et  sur  les  variations  de  nutrition  causées  par  le 
bourrelet  (=^);  mais,  jusqu'ici,  il  n'existe  pas,  à  notre  connaissance  tout  au 
moins,  d'expériences  précises  sur  ce  sujet. 

»  Considérant  le  problème  dans  toute  sa  généralité,  nous  avons  entre- 
pris une  série  de  recherches  expérimentales  à  l'effet  de  déterminer  la 
nature  des  modifications  de  la  nutrition  dans  les  plantes  greffées,  modifi- 
cations que  la  théorie  permet  de  prévoir  et  dont  la  pratique  permet  de 
constater  souvent  les  résultats.  Dans  cette  première  Note,  nous  donnons 
les  résultats  d'expériences  relatives  :  i°à  la  transpiration;  2°  à  l'absorption 
des  matières  minérales  fixes. 

»  Disposition  des  expériences  et  résultats.  —  Les  plantes  sur  lesquelles  nous  avons 
opéré  sont  les  haricots  des  variétés  Noir  de  Belgique  et  Soissons  gros.  Ces  plantes  ont 
été  élevées  en  serre,  dans  des  conditions  identiques,  dans  une  même  solution  nutri- 
tive, de  composition  chimique  déterminée  qui,  seule,  pouvait  subvenir  à  leurs 
besoins.  Les  unes  ont  été  conservées  comme  témoins,  les  autres  ont  été  greffées  par 
le  procédé  de  greffage. sur  germination  dont  la  découverte  est  due  à  l'un  de  nous  {^). 
Le  Tableau  suivant  résume  ces  premières  expériences,  dont  la  durée  s'est  étendue 
depuis  le  i"  juin  jusqu'au  8  juillet. 


(^)  Bonnet,  OEuvres  d'Histoire  naturelle,  t.  III,  année  1762. 

(')  L.  Daniel,  La  variation  dans  la  greffe  et  Vhérédité  des  caractères  acquis, 
1899- 

(*)  L.  Daniel,  Sur  la  greffe  des  plantes  en  voie  de  germination  {Comptes  rendus 
de  l'Association  française  pour  l'avancement  des  Sciences,  1892), 


SÉANCE  DU  29  SEPTEMBRE  1902. 


Première  série. 

Haricots  Noir 

de  Belgique. 

Témoin. 

Nombre  des  expériences.  ...  9 

Nombre    moyen    de    feuilles 

complètement  développées.  2 

Volume  de  la  solution  nutri- 
tive employée 1  65o 

Volume  total  de  la  solution 
nutritive  employée i4 

Volume  total  de  la  solution 
nutritive  après  l'absorption. 

Moyenne  de  l'absorption.  .  .  . 

i^  de  la  solution  nutritive  pri- 
mitive laisse  après  l'absorp- 
tion un  résidu  fixe  de  (  '  ) .  .        o?,  9 1 6 


Deuxième  série. 

Haricots 

Soissons  gros. 

Témoin. 


Troisième  série. 

Haricots 

Soissons  gros 

greffés 

sur  haricots  Noir 

de  Belgique. 

4 


5ii 

Quatrième  série. 

Haricots  Noir 

de  Belgique 

greffés 

sur  haricots 

Soissons  gros. 


1  650*"' 

1 65o^"' 

I  eso*""' 

I  eso""'' 

i485o™^ 

14850^-"' 

esoo^"' 

8250''"'' 

laSie^""' 

1 1  835"""' 

5724*"'°' 

7184'''"' 

aaô^""' 

SSo*-'"' 

aig^"' 

2l3"^' 

06,895 


os,  972 


»  Nous  ferons  remarquer,  en  outre,  que  les  plantes  en  expérience  sont 
devenues  chlorotiques ;  mais,  sous  ce  rapport,  nous  avons  observé  de 
notables  différences  suivant  les  séries  considérées. 

»  Dans  la  première  série,  les  plantes  sont  devenues  chlorotiques  avant  la  chute  des 
cotylédons.  Les  deux  feuilles  opposées  seules  ont  achevé  leur  complète  végétation.  La 
troisième  feuille  a  subi  un  arrêt  de  développement;  déjeunes  pousses  décolorées  ont 
apparu  à  l'aisselle  des  premières  feuilles  et  l'axe  principal,  chlorolique  lui-même,  n'a 
donné  que  des  pousses  rudimentaires.  Les  feuilles  nouvelles,  peu  développées,  ont 
jauni,  puis,  rongées  par  places,  sont  devenues  plus  velues  et  finalement  recroquevillées. 
A  la  longue,  les  bourgeons  se  sont  flétris,  en  laissant  adhérent  à  la  tige  un  moignon 
légèrement  renflé.  Dans  la  deuxième  série,  les  cotylédons,  plus  riches  en  fer,  ont  per- 
sisté plus  longtemps.  Les  feuilles  opposées  ont  acquis  une  dimension  plus  forte  que 
dans  le  sol  et  leur  verdeur  était  remarquable.  Quelque  temps  après  la  chute  des  coty- 
lédons, la  chlorose  est  apparue,  mais  avec  moins  d'intensité  que  dans  les  haricots  de 
la  première  série.  Plusieurs  feuilles  nouvelles  ont  pu  se  développer  à  peu  près  norma- 
lement dans  la  plupart  des  échantillons  ;  mais,  au  bout  d'un  certain  temps,  la  chlorose 
des  jeunes  pousses  a  été  suivie  de  dessiccation.  Dans  la  troisième  série,  les  greffons 
sont  restés  verts,  quoique  de  petite  taille.  Ils  ont  poussé  presque  normalement  pendant 
toute  la  durée  de  la  végétation,  sauf  au  moment  des  chaleurs  excessives  de  juillet  qui 
ont  amené  une  chlorose  légère  dans  plusieurs  échantillons.  Dans  la  quatrième  série, 
les  greff'ons  ont  acquis  à  peu  près  la  taille  de  témoins  greffés  en  terre;  la  chlorose  est 


(*)  Ces  déterminations  ont  été  faites  sur  des  quantités  de  liquide  considérables.  La 
quantité  de  résidu  pesée  à  la  balance  n'a  jamais  été  inférieure  à  6s. 


5l2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

apparue  sur  tous  les  échantillons  plus  rapidement  que  dans  la  troisième  série,  mais 
plus  tardivement  que  dans  la  deuxième. 

))  Conclusions.  —  De  l'ensemble  de  ces  faits  nous  pouvons  conclure  que 
dans  nos  expériences  :  i°  la  transpiration  moyenne  est  plus  grande  dans 
les  témoins  que  dans  les  plantes  greffées;  i^  la  quantité  totale  de  matière 
minérale  absorbée  est  considérablement  modifiée  par  suite  du  greffage; 
3**  le  phénomène  de  la  chlorose  se  trouve  aussi,  par  le  seul  fait  de  la  greffe, 
profondément  modifié.  « 


BOTANIQUE.  —  Sur  les  Landolphiées  donnant  le  caoutchouc  désherbes 
au  Congo  français.  Note  de  M.  Auguste  Chevalier  ('),  présentée 
par  M.  Guignard. 

«  Sur  les  plateaux  déboisés  de  l'Afrique  intérieure,  brûlés  périodique- 
ment par  les  feux  de  la  brousse,  on  rencontre  des  Landolphiées  présentant 
un  genre  de  vie  très  différent  de  celui  des  lianes  des  forêts.  Leur  système 
souterrain  (racines  et  rhizomes)  acquiert  un  très  grand  développement; 
au  contraire,  leur  tige  aérienne  brûlée  périodiquement  est  devenue  annuelle 
ou  bisannuelle;  elle  reste  naine,  souvent  herbacée  et,  comme  elle  n'a  pas 
besoin  de  s'accrocher  aux  arbres,  elle  est  dépourvue  de  vrilles. 

»  Ces  Landolphiées  constituent  les  lianes  des  herbes  fournissant  le  caout- 
chouc des  racines  dont  on  a  beaucoup  parlé  depuis  quelque  temps  sans  en 
connaître  la  véritable  origine  botanique. 

»  Sur  les  plateaux  avoisinant  Brazzaville,  nous  avons  observé  trois 
espèces  de  lianes  des  herbes  appartenant  à  la  tribu  des  Landolphiées. 

M  La  plus  répandue  est  le  Carpodinus  lanceolatus  R.  Schum.,  dont  les  tiges 
herbacées,  longues  de  i5*''"  à  40*^°^,  couvrent  tous  les  plateaux  secs  avoi- 
sinant le  Stanley-Pool. 

»  Cette  espèce  est  mélangée  aux  Graminées  basses  appartenant  surtout  à  la  tribu 
des  Andropogonées ;  le  Smilax  Kraussiana  et  une  grande  asperge  à  tige  épineuse 
sont  fréquents  dans  ce  genre  de  station;  le  Pleris  aguilina  j  îoisonne.  Enfin,  on  y 
trouve,  en  quantité  un  peu  plus  faible,  les  deux  Landolphia  décrits  ci-après.  Toutes 
ces  plantes  ont  des  rhizomes  vivaces  enfoncés  profondément  en  terre.  A  la  fin  de  la 

(')  Je  remercie  mes  collaborateurs,  MM.  Courtet  et  Martret,  pour  la  participation 
qu'ils  ont  apportée  à  ce  travail.  Je  remercie  aussi  M.  Luc,  directeur  du  jardin  d'essai 
de  Brazzaville,  qui  nous  a  fait  récolter  les  premiers  échantillons  de  Carpodinus. 


SÉANCE  DU  29  SEPTEMBRE  1902.  5l3 

saison  sèche,  les  parties  aériennes  de  toutes  ces  plantes  sont  flambées  par  les  feux,  de 
la  brousse  ;  les  graines  elles-mêmes  sont  souvent  sacrifiées  ;  aussi,  la  plupart  des  espèces 
végétales  (et  les  Landolphiées  en  particulier)  portent  à  l'extrémité  d'une  tige  très 
grêle  un  ou  deux  gros  fruits  lourds  qui,  à  maturité,  font  courber  la  tige  pour  venir 
toucher  le  sol.  Au  moment  des  incendies,  la  cendre  des  herbes  et  les  débris  végétaux 
les  recouvrent  et  forment  un  matelas  protecteur  qui  les  empêche  de  brûler.  Les  graines 
ainsi  enterrées  se  trouvent  dans  d'excellentes  conditions  pour  germer. 

))   I.e  Carpodinus  lanceolatus  R.  Schum.  a  été  déjà  en  partie  décrit. 

»  Les  jeunes  pousses  sont  d'un  beau  vert  bleuâtre;  les  fleurs  terminales,  au  nombre 
de  I  à  6  par  tige,  sont  blanches  et  se  développent  en  juillet;  les  fruits  mûrissent  en 
août  et  septembre.  Ils  sont  jaunes,  de  la  taille  et  de  la  forme  d'un  gros  citron,  mame- 
lonnés au  sommet,  parfois  presque  sphériques.  L'exocarpe  est  parfois  lisse,  mais  plus 
souvent  verruqueux;  les  graines,  au  nombre  de  5  à  12,  sont  entourées  d'une  pulpe 
comestible.  Outre  le  type  habituel,  nous  avons  observé  les  deux  variétés  suivantes  : 

»  Var.  angustifolia  var.  nov.  —  Feuilles  adultes  linéaires,  longues  de  7<=™  à  lo""*, 
larges  de  8""™  à  10™",  longuement  décurrentes  à  la  base,  pointues  au  sommet,  8  à  9  fois 
plus  longues  que  larges.  Mélangé  au  type,  à  Brazzaville. 

»  Var.  latifolia  var.  nov.  —  Feuilles  adultes  oblongues-lancéolées,  longues  de  9''™ 
à  is''™,  larges  de  s*""  à  3'='",  4  fois  plus  longues  que  larges.  Mélangé  au  type,  à 
Brazzaville. 

»  C'est  par  erreur  que  le  Carpodinus  lanceolatus  R.  Schum.  a  été  regardé 
comme  plante  à  caoutchouc.  Le  latex  de  ses  racines  et  de  ses  tiges  ne  donne 
par  coagulation  que  de  la  résine. 

»  La  liane  des  herbes  du  Congo  la  plus  riche  en  caoutchouc  est  le  Lan- 
dolphia  Tholloni,  décrit  par  A.  Dewèvre  en  1890.  Elle  a  été  nommée  plus 
tard  Clitandra  gracilis.  Nous  avons  signalé  l'an  dernier  cette  espèce  comme 
plante  à  caoutchouc  (^  ). 

»  Le  Landolphia  Tholloni  est  un  petit  arbuste  suffrulescent,  à  tige  aérienne  très 
rameuse,  haute  de  iS'^'"  à  3o'='",  et  dépourvue  de  vrilles. 

»  Les  feuilles  pétiolées,  petites,  sont  oblongues-lancéolées,  longues  de  So™""  à  65""", 
larges  de  8™™  à  16™"°,  finement  velues  en  dessus,  glabres  en  dessous.  Les  fleurs  sont  en 
corymbes  pauciflores,  de  i  à  to  fleurs  blanches,  les  ovaires  jeunes  subconiques  velus, 
surmontés  d'un  style  glabre.  Fruit  presque  sphérique  à  maturité,  de  5"^°^  de  diamètre, 
parfois  couvert  de  jDetites  plaques  de  liège  dues  à  l'action  des  feux  des  incendies. 
Graines  entourées  d'une  pulpe  sucrée  comestible. 

))  Les  rameaux  aériens  ayant  seulement  i™™  à  2™™  de  diamètre  sont 
dépourvus  de  caoutchouc  dans  leur  latex;  au  contraire,  les  parties  souter- 


(')  Cf.  BulleLiii  du  Muséum,  1901,  p.  426. 


5  [4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

raines  âgées  contiennent  cette  substance  en  abondance.  Elles  se  com- 
|30sent  de  longs  rhizomes  atteignant  jusqu'à  6^  à  lo™  de  long,  et  courant 
horizontalement  dans  le  sol,  en  émettant  de  distance  en  distance  des  tiges 
dressées  aériennes.  Le  diamètre  de  ces  rhizomes  varie  de  4™™  ^  lo""™. 
Le  latex  existe  dans  l'écorce  où  il  se  coagule  après  dessiccation  en  donnant 
d'excellent  caoutchouc  jusqu'à  ce  jour  inexploité.  L'abondance  de  cette 
plante  est  telle  que  les  rhizomes  forment  en  certains  endroits  un  lacis 
inextricable  dans  le  sol.  Nous  avons  recueilli  jusqu'à  4^^^  de  racines  fraîches 
sur  une  surface  de  6"',  et  une  partie  se  sont  brisées  et  sont  restées  enter- 
rées. Cette  plante  constitue  donc  une  richesse  latente  dans  toutes  les  parties 
du  Congo  où  elle  existe. 

»  La  troisième  espèce  est  aussi  caoutchoutifcre.  M.  Schlechter,  qui  l'a 
signalée  le  premier,  l'a  nommée  Landolphia  Aw/Tz^/fV  R.  Schlechter  nom. 
nud. 

»  Tige  souterraine  horizontale,  enterrée  à  i5<='"  ou  2o<^™  de  profondeur,  ayant  de 
^mm  ^  2o'"™  de  diamètre,  émettant  de  distance  en  dislance  des  tiges  aériennes  grêles 
et  courtes  de  o™,3o  à  o™,5o  de  hauteur,  grisâtres,  ponctuées  de  très  nombreuses 
lenticelles,  presque  toujours  dépourvues  de  vrilles,  tomenleuses  au  sommet;  feuilles 
pétiolées,  coriaces,  ovales-lancéolées,  à  sommet  obtus,  longues  de  8'=™  à  io<='^  sur 
4*^™,  5  à  5*^™  de  largeur,  à  pétiole  long  de  4"""  à  6™™,  toujours  brièvement  lomenteux, 
surtout  en  dessus.  Dessus  du  limbe  luisant  complètement  glabre,  dessous  un  peu  velu, 
surtout  sur  la  moitié  inférieure  de  la  nervure  médiane. 

»  Inflorescences  subcorjmbiformes  renfermant  de  5  à  3o  fleurs;  pédoncules,  bractées, 
calices  lomenteux,  veloutés,  couverts  de  poils  roussâlres.  Corolle  à  tube  de  5"™,  velu, 
d'un  blanc  jaunâtre  clair,  renflé  vers  le  milieu;  lobes  blanc  jaunâtre,  longs  de  5™™, 
obtus;  intérieur  du  tube  glabre  jusqu'à  la  base  des  élamines,  velu  au-dessus,  présen- 
tant en  son  milieu  cinq  dépressions  dans  lesquelles  sont  logées  les  anthères;  ovaire 
ovoïde,  velu,  rougeâtre  en  dessus,  surmonté  d'un  style  glabre  de  2™™  de  long.  Fruits 
mûrs  d'un  jaune-orange,  solitaires  ou  groupés  par  deux  ou  trois,  subsphériques,  ayant 
^cm  ^  5cm  jg  diamètre  longitudinal  sur  3<^°\  5  de  diamètre  transversal.  Le  fruit  est 
atténué  à  la  base  et  inséré  à  un  pédoncule  accrescent,  élargi  en  disque  couronné  des 
cinq  lobes  persistants  du  calice.  De  quatre  à  six  graines  par  fruit,  environnées  d'une 
pulpe  sucrée  comestible.  Très  commun  à  Brazzaville,  plateaux  déboisés.  Espèce  du 
groupe  Eulandolphia,  voisine  de  L.  Heudelotii  et  L.  owariensis.  C'est  indubitable- 
ment à  cette  espèce  qu'il  faut  rapporter  la  plante  indiquée  par  Hallier  au  Stanley-Pool 
sous  le  nom  de  L.  Heudelotii. 

»   On  pourrait,  au  contraire,  confondre  avec  le  L.  owariensis  la  variété 
suivante,  qui  se  relie  au  type  par  divers  termes  de  passage  : 

»  L.  humilis  Schlechter  var.  umbrosa  var.  nov.  —  Tiges  s'élevant  jusqu'à  3™  de 
hauteur  et  présentant  des  vrilles.  Feuilles  grandes,  ovales-lancéolées,  ayant  en  moyenne 


SÉANCE  DU  29  SEPTEMBRE  1902.  5l5 

iS"™  de  long  sur  G''™  de  large  (mais  pouvant  atteindre  i7<^"  sur  7^™  dans  les  formes 
extrêmes),  très  coriaces  et  d'un  vert  sombre  à  l'état  adulte.  Pétiole  et  limbe  complè- 
tement glabres  dans  les  formes  extrêmes.  Inflorescences  les  unes  corymbiformes,  les 
autres  cirriformes.  Fruits  ressemblant  à  ceux  du  L.  owariensis,  mais  plus  petits. 
Brazzaville  ;  commun  dans  les  lieux  ombragés  et  sur  la  lisière  des  forêts. 

ïi  Le  Landolphia  humilis  et  ses  variétés  ne  contiennent  pas  de  caoutchouc 
dans  les  parties  aériennes;  ils  en  contiennent,  au  contraire,  dans  les 
parties  souterraines,  quoique  en  moins  grande  quantité  que  dans  le 
L.  Tholloni. 

»  Des  analyses  ultérieures  nous  fixeront  d'ailleurs  sur  la  valeur  indus- 
trielle de  ces  plantes.   » 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Le  tremblement  de  terre  de  Salonique. 
Note  de  M.  Christomanos,  transmise  par  M.  Fouqué. 

«  Ayant  visité  plusieurs  fois  les  contrées  métallifères  de  la  presqu'île 
Chalcidique,  atteintes  par  le  dernier  tremblement  de  terre  de  Salonique, 
je  me  permets  de  vous  soumettre  mes  observations  sur  ce  sujet. 

»  On  sait  qu'il  existe  deux  sortes  de  tremblements  de  terre,  les  uns  en 
relation  avec  les  éruptions  volcaniques,  les  autres  indépendants  de  ces 
manifestations;  les  premiers  sont  désignés  par  l'épithète  de  volcaniques; 
les  autres,  dont  nous  connaissons  plusieurs  catégories,  par  celle  de  tecto- 
niques. Ces  derniers  sont  plus  fréquents  et  plus  étendus  que  ceux  de  l'autre 
type. 

»  A  cette  seconde  catégorie  appartiennent  les  tremblements  de  terre  de 
Zante  du  3i  janvier  iSgS  et  de  Samothrace  du  9  février  de  la  même  année, 
celui  de  Locris  du  mois  d'avril  1894  avec  ses  paroxysmes  du  20  et  du 
27  avril,  et  celui  du  5  juillet  de  l'année  courante,  dont  l'épicentre  doit  être 
entre  Salonique  et  Gouvesno. 

))  Ce  dernier  tremblement  de  terre  a  eu  une  très  grande  extension,  car 
on  en  a  ressenti  les  effets  à  Pola  et  à  Laibach  en  Autriche,  à  Salonique, 
Verria,  Vodena,  Gevgueli,  Velessa,  Stroumnilza,  Zelahova,  Nevrocôpe, 
Petrovits,  Rascova,  Marecostinovo,  Sfetibrazzi,  Mélénique,  Dencir-Hissar, 
Serrés,  Dramah  et  Andrinople.  Il  est  probable  d'après  cela  que  le  foyer 
séismique  a  été  situé  à  une  grande  profondeur.  Non  seulement  le  mou- 
vement s'est  propagé  au  loin,  mais  il  a  duré,  avec  interruptions,  plusieurs 


5t6  académie  des  sciences. 

jours.  On  doit  l'attribuer  au  déplacement  des  bords  de  l'une  des  failles  qui 
sillonnent  les  rivages  de  la  mer  Egée  et  aux  chutes  souterraines  qui  en  ont 
été  la  conséquence.  A  la  suite  de  tels  glissements  et  de  tels  effondrements, 
il  s'établit  un  certain  état  d'équilibre  qui  peut  durer  plus  ou  moins 
longtemps,  mais  qui  pourtant  n'a  jamais  qu'une  durée  limitée.  L'histoire 
géologique  du  sol  hellénique  est  donc  ainsi  caractérisée  par  une  succession 
indéfinie  de  périodes  tranquilles  et  de  périodes  de  trouble. 

»  La  constitution  du  sol  aux  environs  de  Saionique  explique  du  reste 
la  fréquence  des  tremblements  de  terre  de  la  région.  La  presqu'île  Chalci- 
dique,  si  curieuse  au  point  de  vue  purement  géographique,  n'est  pas  moins 
intéressante  sous  le  rapport  tectonique.  A  3  heures  de  marche  de  la  ville 
de  Saionique  commence  la  haute  chaîne  du  mont  Holomonda  dont  les 
prolongements  méridionaux  croisent  jusqu'à  Stagyra  et  Isvoro  toute  la 
presqu'île  et  aboutissent  à  ses  deux  promontoires  orientaux,  celui  du  mont 
Athos  et  celui  de  Longos. 

»  La  chaîne  en  question  est  composée  presque  exclusivement  de  roches 
anciennes  très  fortement  redressées,  granité,  gneiss  et  schistes  cristallins, 
sur  le  prolongement  desquels  se  trouvent  des  gîtes  riches  métallifères  (Ma- 
démochoria).  Quant  au  troisième  promontoire,  celui  de  Cassandra,  qui 
est  le  plus  occidental,  il  a  une  constitution  toute  différente;  il  est  formé  de 
roches  tertiaires  et  quaternaires,  d'alluvions  de  date  encore  plus  récente 
qui  s'étalent  presque  horizontalement  depuis  le  bourg  de  Polygeros  jus- 
qu'aux sources  chaudes  de  Sédès,  les  Thermes  de  l'antiquité,  d'où  le  golfe 
de  Saionique  tire  son  nom  ancien  de  golfe  thermaïque. 

»  Il  y  a  là  par  conséquent  l'indication  d'une  discordance  de  stratifica- 
tion et  d'une  faille  éminemment  favorables  à  la  production  des  mouvements 
séismiques.  » 

M.  P.  Le  Goaziou  demande  l'ouverture  d'un  pli  cacheté  déposé  le 
22  septembre  1902,  et  inscrit  sous  le  n°  6537. 

Le  contenu  de  ce  pli,  relatif  à  un  «  Anémoscope  électrique  »,  est  ren- 
voyé à  l'examen  de  M.  Mascart. 

M.  Th.  Descomps  adresse  une  Note  sur  le  «  Blak  Rot  atmosphérique  ». 
(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Prillieux.) 


SÉANCE  DU  29  SEPTEMBRE  1902.  Sl'J 

M.  Odier  adresse  un  Appendice  à  son  précédent  Travail  sur  les  «  Conso- 
nances et  dissonances  musicales  )>. 

(Commissaires  :  MM.  Mascart,  VioUe.) 

M.  H.  PoDEUR  adresse  un  Mémoire  sur  la  «  Direction  des  ballons  ». 
(Renvoi  à  la  Commission  des  Aérostats.) 

I^  séance  est  levée  à  3  heures  trois  quarts. 

G.   D. 


BULLETIir    BIBLIOGRAPHIQUE. 


OUVUAGIÎS    REÇUS    DANS    LA    SÉANCE    DU    20    AOUT     IQOa. 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  Séances  de  V Académie  des  Sciences,  publiés 
par  MM.  les  Secrétaires  perpétuels.  T.  CXXXIII,  juillet-décembre  190 1.  Paris, 
Gauthier-Villars,  1901;  i  vol.  in-4°. 

Travaux  géographiques  autour  du  massif  central  de  Madagascar,  par  le  P.  Colin. 
(Extr.  des  Comptes  rendus  des  Séances  de  l'Académie  des  Sciences,  t.  CXXXIV, 
p.  958.)  Paris,  Gauthier-Villars,  1902,  i  fasc.  in-4°. 

Carte  lithologique  sous-marine  des  Côtes  de  France,  par  M.  Thoulet.  Paris, 
A.  Challamel  ;  22  feuilles  grand  aigle,  en  couleurs. 

L'île  de  Samothrace  et  le  tremblement  de  terre  du  1%  janvier  {^février)  1898, 
par  Anast.-K.  Guristomanos.  Athènes,  1899;  i  fasc.  in-S".  (Transmis  par  M.  le 
Ministre  de  l'Instruction  publique.) 

Sulla  velocita  minima  nella  trajettoria  d'un  grave,  Nota  del  tenente  Luc[ANO 
Orlando.  Messine,  1902;  i  fasc.  in-8°. 

Recueil  d'études  paléontologiques  sur  la  Faune  crétacique  du  Portugal.  Vol.  I  : 
Espèces  nouvelles  ou  peu  connues,  par  Choffat,  3"^  et  4*  séries.  Lisbonne,  1901-1902; 
I  fasc.  in-4". 

Ergebnisse  der  Polhôhenbestimmungen  in  Berlin,  ausgefiïhrt  in  den  Jahren 
1889,  1890  u,  '891,  am  Universal-Transit  der  kônigl.  Sternwarte,  von  D'  Adolf 
Marcuse.  Berlin,  1902;  i  fasc.  in-4''. 

Zur  Geschichte  der  Schutzmittel  wider  Hagelschlàge.  (Publié  par  le  «  K.  k. 
Centralanstalt  fiir  Météorologie  u.  Erdmagnetismus  »,  à  Vienne,  à  l'occasion  du 
Congrès  réuni  à  Gratz  du  20  au  25  juillet  1902.)  i  fasc.  in-4°. 

Report  of  the  meteorological  service  of  Canada,  by  R.-F.  Stupart,/o/-  the  year 
ended  3i  december  1899.  Ottawa,  1901;  i  vol.  in-4°. 

G.  R.,  1902,  2"  Semestre.  (T.  GXXXV,  N°  13.)  68 


5l8  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

Obserçations  niade  at  Ihe  Hongkong  Observatory  in  the  year  1901,  by  W. 
DoBERCK,  Hongkong,  1902;  i  vol.  in-4''. 

Studies  in  the  physiological  funclions  of  antipodals  and  the  phenoniena  of 
fertilization  in  Liliaceœ.  1.  Tricyrtis  hirta,  by  T.  Ikeda.  Tokyo,  1902;  i  fasc.  in-8°. 

Conférence  internationale  pour  V unification  de  la  formule  des  médicaments 
héroïques,  se  réunissant  à  Bruxelles  le  i5  septem,bre  1902.  Bruxelles,  1902;  i  fasc. 
in-4''. 

Upsala  Làkareforenings  Fôrhandlingar\  ny  Foljd.  Bd.  VII.  Siipplementhàfte. 
Upsal,  1902;  I  fasc.  in-8°. 

The  Chicago  Academy  of  Sciences.  The  natural  history  Survey,  Bulletin  n"  IV. 
Part  1.  Chicago,  1900;  i  fasc.  in-8''. 

Memoirs  of  the  national  Academy  of  Sciences,  vol.  VIII,  sixth  Memoir.  Washing- 
ton, 1902;  I  fasc.  in-4". 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  i*"^  septembre  1902. 

Les  hypothèses  scientifiques  émises  par  Zénobe  Gramme  en  1900.  Paris,  imp. 
générale  Lahure,  1902;  i  vol.  in-8°.  (4o  exemplaires  offerts  en  hommage  par  M™"  A. 
Gramme.  ) 

Les  deux  formes  larvaires  de  Laria  obtecta  (iSa/),  par  Gaston  Darboux  et  Galien 
MiGNAUD.  (Extr.  du  Bulletin  de  la  Société  d'étude  des  Sciences  naturelles  de  Nîmes, 
1901.)  Nîmes,  1901  ;  i  fasc.  in-S".  (Hommage  des  Auteurs.) 

Actualités  scientifiques,  par  Max  de  Nansouty.  Paris,  Félix  Juven,  s.  d.;  i  vol, 
in-i2. 

Mémoires  de  l'Académie  de  Stanislas,  1901-1902;  CLH^  année,  5"^  série,  t.  XIX. 
Nancy,  imp.  Berger-Levrault  et  C'^,  1902;  1  vol.  in-8°. 

Sulla  fotosintesi fuori  delV or ganismo  e  sul  suo  primo  prodotto.  Nota  preventiva 
del  Dott.  LuiGi  Macchiati.  Naples,  1902;  i  fasc.  in-8°.  (Hommage  de  l'Auteur.) 

L'assimilazione  contemporanea  del  carbonio,  delV idrogeno  e  delVossigeno  e  una 
spéciale  fernxentazione  promossa  dalV attivita  vitale  di  una  diastasi,  segregata 
dalle  cellule  contenenti pigmenti  clorofdlici.  Nota  di  L.  Macchiati.  (Extr.  du  Bull, 
délia  Societa  botanica  italiana.)  s.  1.  n.  d.;  i  fasc.  in-8°.  (Hommage  de  l'Auteur.) 

Archives  du  Musée  Teyler,  série  II,  vol.  VIII,  i'"^  Partie.  Harlem,  1902;  i  fasc. 
in-4''. 

Natuurkundig  tijdschrift  voor  Nederlandsch-Indië.  DeelLXI.  Amsterdam,  1902; 
I  vol.  in-8°. 

Twenty-first  annual  report  of  the  United  States  geological S urvey  to  the  Secre- 
tary  of  the  Interior,  1899-1900,  Charles-D.  Walcott,  Director,  in  seven  parts;  partV: 
Forest  reserves;  part  VII  :  Texas.  Washington,  1900;  texte,  2  vol.  in-4°,  et  atlas, 
1  vol.  in-4°. 

Reconnaissances  in  the  Cape  Nome  and  [Norton  Bay  régions,  Alaska,  in  1900. 
Washington,  1901;  i  vol.  in-4°. 

The  Geology  and  minerai  resources  of  a  portion  of  the  Copper  River  district 


SÉANCE  DU  29  SEPTEMBRE  1902.  Sig 

v4 /a^A a,  by  Frank-Charles  Schrader  and  Arthur  Coe  Spencer.  Washinglon,    rgoi  ; 
I  vol.  in-4°. 

Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  8  septembre  1902. 

Sur  l'éruption  de  la  Martinique,  par  MM.  A.  Lacroix,  Rollet  de  l'Isle  et  Giraud, 
délégués  de  l'Académie.  (Extr.  des  Comptes  rendus  des  séances  de  V Académie  des 
Sciences,  t.  CXXXV,  p.  377.)  Paris,  Gauthier-Villars,  1902;  1  fasc.  in-zi". 

Monographie  des  Pectinidés  néogènes  de  l'Europe  et  des  régions  voisines, 
par  Ch.  Depéret  el  F,  Roman;  i''^  Partie  :  genre  Pecten;  planches  I  à  VIII.  {Mémoires 
de  la  Soc.  géologique  de  France  :  Paléontologie;  t.  X,  fasc.  1.)  Paris,  1902;  i  fasc. 
in-4°. 

Les  manifestations  volcaniques  et  sismiques  dans  les  Antilles,  par  F.  de  Montessus. 
(Reçue  générale  des  Sciences  pures  et  appliquées,  iS"  année,  n°  14,  3o  juillet  1902, 
p.  669.)  Paris;  i  fasc.  in-/4°.  (Hommage  de  TAuteur.) 

L'Erzgebirge  géologico-sismique,  par  F.  de  Montessus  de  Ballore.  (Extr.  des 
Arch.  des  Sciences  phys.  et  nat.,  4"  période,  t.  XIII,  avril  1902,  p.  875.)  Genève, 
1  fasc.  in-S". 

Erdbebenstudien  des  Grafen  de  Montessus  de  Ballore^  von  F. -M.  Bernard. 
Laibach,  1902;  i  fasc.  in-8°. 

Ueber  den  Einjluss  des  Hôhenklimas  auf  die  Zusammensetzung  des  Blutes, 
V.  Emil  Abderoalden.  Munich,  1902;  i  fasc.  in-8". 

Assimilation  des  Eisens,  v.  E.  Abderhalden.  {ZeitscJiriftfiir  Biologie,  Bd.  XXXIX, 
II.  2,  1900,  p.  1940  s.  1.;  I  fasc.  in-8''. 

Cinq  opuscules  sur  divers  sujets  de  Chimie  physiologique,  par  E.  Abderhalden. 
Strasbourg,  1899-1902;  5  fasc.  in-8°. 

Mission  scientifique  du  Katanga;  Seizième  Mémoire  :  Observations  altimé- 
triques,  par  le  capitaine  Lemaire  Charles.  Publications  de  l'Etat  indépendant  du 
Congo.  Bruxelles,  s.  d.;  i  fasc.  in-4°. 

Report  of  the  Director  of  the  Botanical  Survey  of  India  for  the  year  1901-1902, 
s.  I.;  I  fasc.  in-4°. 

Over  het  oogsten  van  Deli-Tabak  op  verschillende  Tijden  van  den  dag,  door  D' 
E.-C.-JuLius  MoHR.  Batavia,  G.  Kolf  et  C'",  1902;  i  fasc.  in-S". 

Archives  de  l'Institut  botanique  de  l'Université  de  Liège,  vol.  II  et  III.  Bruxelles, 
1900-1901;  2  vol.  in-S". 

Annales  du  Musée  du  Congo  :  Botanique  ;  série  IV  :  Etudes  sur  la  Flore  du 
Katanga,  par  Em.  de  Wildeman;  fasc.  2,  p.  25-8o,  planches  VII-XXVIII.  Bruxelles, 
1902  ;  I  fasc.  in-f°. 

Observations  made  at  the  Royal  niagnetical  and  meteorological  Observatory  at 
Batavia;  vol.  XIII,  1900.  Batavia,  1902;  i  vol.  in-f°. 

Bulletin  de  la  Société  physico-mathématique  de  Kasan  ;  2^  série  :  t.  XI,  n°^  i-V; 
t.  XII,  n°  1.  Kasan,  1902;  5  fasc.  in-8°. 

Statistiek  van  het  koninkrijk  der  Nederlanden.  Bescheiden  betrejfende  de  geld- 
middelen;  XXVP'«  stuk,  i^'''  gedeelte  ;  1901.  La  Haye,  1902;  i  fasc.  in-4". 


^20  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

Cemo  gênerai  de  la  Bepublica  mexicana,  verificado  el  28  de  octubre  de  1900  : 
Estado  de  Morelos;  Eslado  de  Durango.  Mexico,  1902;  2  vol.  in-4°. 


ERRATA. 


(Séance  du  i5  septembre  1902.) 

Note  de  MM.  Ph.-A.  Guye  et  F.-Loids  Perrot,  Sur  la  formation  des  gouttes 
liquides  et  les  lois  de  Tate  : 

Page  460,  ligne  G,  au  lieu  de  composant,  lisez  comparant. 


ACADÉMIE  DES   SCIENCES. 

SÉANCE  DU    LUNDI  6   OCTOBRE   1902. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  BOUQUET  DE  LA  GRYE. 


MEMOIRES  ET  COMMUJVICATIOIVS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

M.  Appell,  en  présentant  à  l'Académie  la  fin  du  Tome  troisième  et  der- 
nier de  son  Traité  de  Mécanique  rationnelle  (fascicules  II  et  III),  s'exprime 
comme  il  suit  : 

«  Ces  deux  fascicules  se  rapportent  à  la  Cinématique  des  milieux  con- 
tinus, à  l'Hydrodynamique  et  à  l'Élasticité.  Dans  l'étude  géométrique  de  la 
déformation  d'un  milieu  continu,  les  six  fonctions  caractéristiques  d'une 
déformation  sont  définies  en  partant  de  la  considération  de  l'élément 
linéaire  de  l'espace,  d'après  la  méthode  suivie  par  MM.  Cosserat  dans  leur 
Mémoire  des  Annales  de  la  Faculté  de  Toulouse,  Tome  X.  La  Cinématique  des 
milieux  continus  est  traitée  ensuite  avec  divers  systèmes  de  variables;  le 
fait  que  Cauchy  a  été  le  précurseur  de  Helmholtz  et  de  Kirchhoff  dans 
leurs  belles  découvertes  sur  la  théorie  des  tourbillons  se  trouve  mis  en 
évidence  (').  Un  paragraphe  est  consacré  à  la  théorie  de  Hugoniot  sur  les 
discontinuités  dans  les  mouvements  des  fluides  et  aux  recherches  de 
M.  Hadamard  sur  l'extension  des  résultats  de  Hugoniot  à  des  discontinuités 
d'ordre  quelconque  et  sur  l'interprétation  géométrique  des  conditions  de 
compatibilité  (^). 

))  En  Hydrodynamique    sont   exposées  les   théories    classiques,    entre 


(*)  Maurice  Lévy,  L' Hydrodynamique  moderne  et  l'hypothèse  des  actions  à  dis- 
tance {Reçue  générale  des  Sciences  pures  et  appliquées,  i5  décembre  1890). 

(')  Hadamard,  Sur  la  propagation  des  ondes  {Bulletin  de  la  Société  mathéma- 
tique, i*^""  fascicule  1901). 

G.  R.,  1902,  2'  Semestre.  (T.  CXXXV,  N°  14.)  69 


522  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

autres  la  démonstration  donnée  par  Cauchy  du  théorème  de  Lagrange 
sur  le  potentiel  des  vitesses,  la  généralisation  de  ce  théorème  telle  qu'elle 
résulte  des  équations  de  Cauchy,  les  équations  de  Weber  et  celles  de 
Helmholtz;  vient  ensuite  l'étude  du  mouvement  permanent  et  particuliè- 
rement du  mouvement  permanent  irrotationnel. 

))  Un  Chapitre  est  consacré  à  la  théorie  des  tourbillons  en  général.  L'étude 
des  mouvements  parallèles  à  un  plan  fait  l'objet  d'un  Chapitre  spécial  : 
on  y  étudie  d'abord  les  mouvements  irrotationnels  d'un  liquide  et  en 
particulier  les  mouvements  ondulatoires  d'un  liquide  pesant,  puis  les 
mouvements  tourbillonnaires  des  liquides  et  comme  exemple  les  ondes 
trochoïdales  de  Gerstner,  qui  constituent  le  phénomène  de  la  houle  ('  ). 

))  Un  court  Chapitre  renferme  les  éléments  de  la  théorie  de  l'élasticité 
pour  les  déformations  infiniment  petites,  avec  l'exposé  des  applications 
classiques  déjà  données  par  Lamé;  ce  Chapitre  contient  en  outre  des 
indications  sur  quelques  recherches  récentes,  notamment  sur  les  re- 
cherches de  MM.  Cosserat  qui,  en  considérant  les  valeurs  des  déplace- 
ments dans  l'équilibre  élastique  comme  des  fonctions  du  nombre 

^  =  --^h 

et  en  étudiant  les  singularités  de  ces  fonctions,  ont  été  conduits  à  de  nou- 
veaux cas  d'intégratioa  (^Comptes  rendus,  1898  et  1901).  Enfin,  le  dernier 
Chapitre  renferme  les  équations  du  mouvement  des  fluides  visqueux.   » 


NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  de  deux 
de  ses  Membres  qui  devront  être  désignés  à  M.  le  Ministre  de  la  Guerre 
pour  faire  partie  du  Conseil  de  perfectionnement  de  l'Ecole  Polytechnique 
pendant  l'année  1902-1903. 

MM.  H.  PoiNCARÉ,  Haton  de  la  (jroupiLLiÈRË  réunisscnt  la  majorité  des 
suffrages. 


(')    Voi/-  GvYOV,  Théorie  du  Navire.  Berger-Levrault,  1894. 


SÉANCE  DU  6  OCTOBRE  1902.  523 


CORRESPONDANCE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  les  «  OEuvres  complètes  de /.-C.  Gahssard  de  Marignacy 
Tome  I,  1 840-1 860  ». 

ASTRONOMIE  PHYSIQUE,  —  Observations  du  Soleil  faites  à  V observatoire  de 
Lyon  (^éqiiatorial  Brunner  de  o™,  16),  pendant  le  premier  trimestre 
de  1902.  Note  de  M.  «î.  Guillaume,  présentée  par  M.  Mascart. 

M  Par  suite  de  la  continuation  du  mauvais  temps  qui  a  sévi  durant  le 
précédent  trimestre,  le  nombre  des  jours  d'observation  n'est  que  de  /|2. 

»  Les  principaux  faits  qui  en  résultent  sont  les  suivants  ; 

»  Taches.  —  Les  groupes  de  taches  observés,  au  nombre  de  4?  ont  une 
surface  moyenne  totale  de  ,  ^^ll\^^a  (les  5  groupes  enregistrés  dans  le  der- 
nier trimestre  de  1901  avaient  donné  ,  oou  ouo)>  ^^  ^®"^  répartition  entre  les 
deux  hémisphères  est  de  2  de  part  et  d'autre  de  l'équateur. 

»  Le  nombre  des  jours  où  le  Soleil  a  été  vu  sans  taches  est  de  25,  d'où 
il  résulte  un  nombre  proportionnel  de  0,60  au  lieu  de  o,  70  obtenu  précé- 
demment (Comptes  rendus,  t.  GXXXIV,  p,  892). 

«  La  notable  augmentation  de  l'aire  tachée  est  due  principalement  au 
groupe  qui  a  traversé  le  disque  du  3  au  i4  mars,  à  -+-  2^^  de  latitude;  ses 
changements  de  forme  et  de  dimension  ont  été  très  rapides,  puisque  5  jours 
après  sa  formation  il  était  devenu  visible  à  Tœil  nu,  le  8,  jour  de  son  pas- 
sage au  méridien  central;  sa  surface  réduite  était  alors  de  pô^^^ôô.  Le  der- 
nier groupe  observé  antérieurement  qui  lui  soit  comparable  est  celui  de 
mai  1901 ,  à  -h  9"  de  latitude,  qui  a  atteint  n5¥ïïTôïï- 

»  En  janvier,  on  a  eu,  3—8**  de  latitude,  un  groupe  assez  important 
aussi,  mais  un  peu  moindre:  son  étendue  superficielle  a  atteint  nr^înrôô- 

»  Une  particularité  intéressante  s'est  présentée  le  3  mars,  jour  où  il  y 
avait  trois  groupes  de  taches  à  la  surface  du  disque  solaire.  Le  fait  de  la 
présence  simultanée  de  trois  groupes  est,  actuellement,  assez  rare  pour 
mériter  d'être  signalé  puisqu'il  ne  s'était  pas  présenté  depuis  18  mois 
('7  septembre  1900),  mais  son  importance  résulte  surtout  de  la  différence 
de  position,  aux  c'eux  époques,  de  ces  groupes  de  taches  par  rapport  à 
l'équateur  du  Soleil;  en  effet,  tandis  que  les  premiers  étaient  à  —  4*'»  ~  ^° 


524  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

et  -h  8°,  les  derniers  observés  étaient  aux  latitudes  plus  élevées  de  —  26", 
+  24**  et  4-  24'',  or,  d'après  la  loi  des  zones,  on  conclut  :  i*"  qu'ils  n'appar- 
tiennent pas  au  même  cycle  d'activité  des  taches;  2**  que  le  groupe  de 
janvier,  à  —  8°,  a  été  une  des  dernières  manifestations  de  l'activité  du  der- 
nier cycle;  3°  que  l'époque  du  minimum  était  alors  passée.  Nous  revien- 
drons plus  tard  sur  cette  époque  et  sur  le  commencement  du  nouveau  cycle. 

»  Régions  d'activité.  —  Le  nombre  des  groupes  de  facules  notés  est 
moindre  que  dans  le  précédent  trimestre,  68  au  lieu  de  76,  mais  leur  sur- 
face totale  est  un  peu  supérieure;  on  a  en  effet  f^  au  lieu  de  =-^. 

»  De  même  que  les  taches,  les  facules  sont  rares  au  voisinage  de  l'équa- 
teur,  et  elles  augmentent  en  nombre  dans  les  hautes  latitudes. 

»  Leur  répartition  entre  les  deux  hémisphères  est  de  44  ^u  sud  au  lieu 
de  34,  et  de  24  au  nord  au  lieu  de  J\i. 


Tableau  I. 

— 

Taches. 

Dates 

Nombre      Pass.      Latitudes  moyennes      Surface» 

Dates 

Nombre      Pass.     Latitudes 

moyennes 

Surfaces 

extrêmes 

d'obser-  au  mer.  - — ~.       — 

— — 

— -    moyennes 

extrêmes 

d'obser-   au  mér.           "^ — • 

.» ^ 

moyennes 

d'observ. 

valions,  central.         S. 

N 

réduites. 

d'observ. 

valions,    central.         S. 

N. 

réduites. 

Janvier  1902.  —  0, 

5o 

iMars  1902.  —  0 

48 

6-1 5 

6         9,7     -  8" 

210 

3-  7 
2-  3 
4-14 

5         3,5 

2        4)0     — 26" 

9         8,3 

+  24" 

4-24" 

29 

12  j.                -  8> 

» 

8 
392 

Février  1902.  —  i, 

00 

21  j.               — 26", 0 

-+-24",0 

9J-                      » 

» 

Tableau  IL 

— 

Distribution 

des  taches  en  latitude. 

Sud. 

Nord. 

Totaux 

mensuels 

I 

Surfaces 

mensuelles 

réduites. 

1»0Î. 

90°.       V0°.        30».         20°.         10° 

0° 

.    Somme.          Soma 
I                     0 

e.  0°.      ic 

20°.       30'.         40°.       90°. 

Janvier 

»           »            »              » 

I 

» 

»             »               »           » 

210 

Février..  . . 

»           »             »               » 

» 

0                     0 

» 

»             »              »           » 

» 

» 

Mars 

»           »             X               )) 

» 

I                          2 

» 

»            2              »           » 

3 

429 

Totaux.. 

»           »             I               » 

I 

2                         2 

» 

»            2             »           » 

4 

639 

Tableau  III, 

— 

Distribution 

des  facules  en  latitude. 

Sad. 

Nord. 

Totaux 

Surfaces 
mensuelles 

1902. 

90°.     *0°.       30°.     20".       10°. 
I           »           I           2          I 

0°. 

Somme,             Somme 

5                  9 

0°. 

10°.      20°.      30°.    40°.    90°. 

monsuelfi 

14 

réduites. 

Janvier.. . . 

» 

»      4      I      4 

4,7 

Février.. . . 

II       »       3       1       2 

18                  6 

3 

»      »      I      2 

24 

5,6 

Mars 

i4      3      2       I       I 

21                   9 

I 

»       5       »       3 

3o 

11,9 

Totaux. . 

26      3      6      5      4 

T4 

24 

4 

»       9       ^       9 

68 

22,2 

SÉANCE  DU  6  OCTOBRE  1902. 


525 


ASTRONOMIE.  —  Comparaison  des  Tables  de  Vesta  avec  les  observations  méri- 
diennes faites  de  1890  à  1900.  Note  de  M.  Gustave  Lrveau,  présentée 
par  M.  Lœwy. 

«  Par  l'emploi  de  mes  Tables  de  Vesta,  publiées  dans  le  XXIP  Volume 
des  Annales  de  l'Observatoire  de  Paris  et  de  la  Connaissance  des  Temps,  j'ai 
calculé  des  éphémérides  qui,  comparées  aux  observations  méridiennes, 
m'ont  donné  pour  les  différences  Observation  —  Calcul  les  valeurs  suivantes. 
J'y  ai  joint  la  comparaison  des  observations  avec  les  éphémérides  calculées 
par  le  Nautical  Almanac,  d'après  les  éléments  de  M.  Farley. 

5lo— iR.-  Po— P.- 


1890.  De  janv.  8  à  janv.  3i 
De  févr.  I  à  févr.  19 
De  févr.  24  à  mars  18 
De  mars  25  à  avril  5 

1891.  De  juin  II  à  juill.  2 
De  juill.  4  à  juill.  27 
De  août  4  à  août  19 

1892.  De  déc.  10  à  déc.  3o 

1894.  De  mars  8  à  mars  22 
De  mars  23  à  avril  7 
De  avril  9  à  mai  i 

1895.  De  juill.  19  à  juill.  24 
De  août  19  à  sept.  4 
De  sept.  9  à  oct.  4 


De  oct.      18  à  nov. 
1896.  De  nov.    3o  à  déc. 


1897.  De  janv.  23  à  janv.  26 
De  févr.  16  à  févr.  26 
De  févr.  27  à  mars  9 

1898.  De  avril  i5  à  mai  18 
De  mai  21   à  juin  22 

1899.  De  oct.  2  à  oct.  16 
De  nov.  6  à  nov.  29 
De  déc.      8  à  déc.  3o 


Nautical 

Tables 

Nau 

lical 

Tables 

Observ. 

Almanac. 

Leveau. 

Almanac. 

Leveau. 

II 

+  i*,i8 

s 

+o,o3 

+ 

0,9 

+o\^ 

••       19 

+  1,17 

-+-o,o3 

+ 

0,5 

+0,6 

20 

+  1 ,02 

+o,o3 

+ 

0,5 

+0,6 

..     i5 

+0,89 

+0,02 

+ 

0,3 

+0,3 

.  .      i3 

+  2,5l 

+0,21 

+ 

3,9 

—0,4 

..     i5 

+2,38 

+0,23 

+ 

5,9 

0,0 

..       6 

+  1,95 

+o,i4 

+ 

5,4 

+0,5 

10 

+  1 ,00 

+0,01 

— 

5,8 

+0,5 

10 

+  1,73 

+  0,25 

+ 

8,9 

+2,0 

10 

+  1 ,65 

+0,25 

+ 

8,2 

+1,9 

••       9 

-i-i,5i 

+0,16 

+ 

7>3 

+1,7 

..      4 

+2,  i3 

+0,07 

— 

10,9 

—0,9 

10 

+  2,54 

+o,o5 

— 

'o,9 

-0,7 

..       8 

+2,34 

+0,06 

— 

9>5 

—1,1 

..     *6 

+  1,65 

—  o,o3 

— 

5,9 

+0,3 

2 

+  1,71 

+0,06 

— 

2,0 

+1,5 

2 

+  1 ,65 

+0, 16 

— 

4,3 

— 0,2 

10 

+  i,3i 

+0, 1 1 

— 

3,9 

0,0 

10 

+  1,18 

+0,06 

— 

3,6 

+0,2 

8 

+2,91 

+0,19 

+  16,3 

+1,0 

••       9 

+2,55 

+0, 18 

+  i5,3 

+1,2 

••       7 

+2,17 

+0,06 

— 

i5,  i 

—1,0 

4 

+  1,92 

+0,  II 

— 

11,5 

+0,4 

..       3 

+  1,52 

+o,o3 

— 

9.8 

+0,2 

526  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Les  différences  Observation  ~  Calcul  correspondant  à  chaque  obser- 
vation, ainsi  que  les  positions  normales  conclues  des  observations,  seront 
publiées  dans  le  Bulletin  astronomique,  » 


MÉCANIQUE  RATIONNELLE.  —  Remarque  sur  un  problème  de  Clebsch  sur  le 
mouvement  d'un  corps  solide  dans  un  liquide  indéfini  et  sur  le  problème  de 
M.  de  Brun.  Note  de  M.  W.  Stekî-off,  présentée  par  M.  Appel I. 

«  Le  problème  de  M.  de  Brnn  s'énonce  comipe  il  suit  : 
))   Trouver  le  mouvement  d'un  corps  solide  dont  les  molécules  sont  attirées 
par  un  plan  fixe  proporlionnellement  à  la  distance,  en  supposant  que  le  corps 
ait  un  point  fixe  dans  le  plan  attirant. 

»  Dans  le  problème  de  Clebsch,  il  s'agit  de  trouver  le  mouvement  d'un 
corps  solide  dans  un  liquide  indéfini  Çidéal  et  incompressible),  en  U absence  de 
toute  force  accélératrice,  en  supposant  que  la  force  vive  T  du  corps  ait  l'expres- 
sion suivante  : 

2T  =  rt,  a?^  +  a^x\  +  a^x\-\-  bfj^^  -+-  b.,yl  -h  b^yl, 
as.)  b^  (s  =  i ,  2,3)  étant  des  constantes  positives  satisfaisant  à  la  condition 

(  I  )  — 1 i 7 1 ; =  O, 

\   y  Oi  o^  Os 

Xf,  y^(s=  1,2,  3)  étant  les  variables  de  Clebsch  (Mathemat.  Annalen,  Bd.  TII). 

))  Je  (lis  que  ces  deux  problèmes  ne  constituent  au  fond  qu  un  seul  et  même 
problème. 

))  En  effet,  le  problème  de  Clebsch  se  ramène  à  1  intégration  des  équa- 
tions suivantes  : 

(  2  )  7^'  ==  ^'^2  ^;,  73  —  -^3  ^'lï^  . 

dy 

(3)  --^^      -{(i^- <^i)'^-iOù^-{  {h.^~b^)y.^y^,  .., 

t  désignant  le  temps.  Dans  ces  équations,  b^y^,  b.^y.^,  b.^y.^  désignent,  les 
composantes^,  q,  r  de  la  rotation  instantanée  suivant  les  axes  invariable- 
ment liés  au  corps,  et  x^,  x^,  x^  sont  égaux  à  ky^,  ky^i  ^Ya?  X:  étant  une 
constante  arbitraire  et  Y,,y2»Y3  représentant  les  cosinus  des  angles  que 
font  les  axes  mobiles  avec  l'axe  fixe  des  ^,  choisi  convenablement.  Substi- 
tuant, dans  (2)  et  (3),  p,  q,  r,  y,,  y.,,  y^  au  lieu  de  x,,  y,  (s  =  i,  2,  3)  et 


SÉANCE    DU    6    OCTOBRE    I902,  ^27 

désignant  par  A,  B,  C  les  inverses  de  ^,,  60,  b.^,  on  trouve 

(4)  -jï  ^"^' '"<''•' 

(5)  .A|  =  (B-C)ïr+(a,-<z,)-4^Y.Ï. 

»   Siij^posons  que 

«3  —  (7^  =;  a(B  —  C),  a^  —  fÏ3  =  a(C  -—  x\), 

X  étant  une  constante.  Ces  relations  auront  lieu  toujours,  pourvu  que  les 
constantes  a^,  b^(^s  =  i,  2,  3)  satisfassent  à  la  condition  de  Clebsch  (i). 
»  Les  équations  (3)  [ou  (5)]  peuvent  donc  s'écrire  comme  il  suit  : 

(6)  A|-=--(B-C)(9r  +  X/ry,r3),  •■•• 

»  Ces  équations,  jointes  aux  équations  (4),  sont  identiques  aux  équa- 
tions différentielles  du  problème  de  M.  de  Brun.  On  peut  donc  énoncer  la 
proposition  suivante  : 

))  Le  mouvement  de  roLaiion  autour  de  V origine  des  coordonnées,  invaria- 
blement liées  au  corps  solide,  dans  le  problème  considéré  de  Clebsch,  est  le 
même  que  le  mouvement  d'un  corps  solide  autour  d'un  point  fixe  dans  le  pro- 
blème de  M.  de  Brun  (ou  inversement). 

))  Le  problème  de  Clebsch,  connu  dep-uis  longtemps,  a  été  déjà  étudié 
par  divers  auteurs;  ii  suffit  de  citer  les  recherches  de  Clebsch,  de  M.  H. 
Weber  et  de  M.  F.  Rolter  (^Mathem,  Annalen,  1871,  1878;  Crelle's  Journal, 
Bd.  109).  On  sait  que  les  équations  du  mouvement  (5)  dans  le  problème 
de  Clebsch  admettent,  outre  les  trois  intégrales  de  Kirchhoff,  une  quatrième 
intégrale  de  la  forme 

AV  +  B\y^  -H  C-r=^  -I-  )7r  (BCy^  +  CAyJ  -h  AByJ  )  =  const., 

qui  est  identique  à  la  quatrième  intégrale  du  problème  de  M.  de  Brun. 
D'une  façon  générale,  tous  les  résultats  obtenus  par  les  géomètres  que 
nous  venons  de  citer  s'étendent,  sans  modification,  au  problème  de  M.  de 
Brun,  xAinsi,  il  est  connu  que  les  variables  p,  q,  r,  y,,  ya,  ys  dans  le  pro- 
blème de  Clebsch  s'expriment  en  fonctions  ultra-elliptiques  ^  de  deux  ar- 
guments qui  dépendent  linéairement  du  temps  :  les  mêmes  variables  dans  le 
problème  de  M.  de  Brun  ont  les  mêmes  expressions . 

»  D'autre  part,  M.G.Robb  a  démontré,  dans  le  Tome  XXIII  du  Bulletin 
de  la  Société  mathématique  de  France,  que  la  solution  générale  du  problème 


528  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

de  M.  de  Brun  peut  s'exprimer  à  l'aide  de  trois  intégrales  de  différentielles 
totales,  attachées  à  une  surface  algébrique.  Il  en  est  de  même,  d'après  ce 
qui  précède,  de  la  solution  générale  du  problème  de  Clebsch.  Ici  nous 
avons  un  autre  exemple,  où  les  intégrales,  introduites  dans  la  Science  par 
M.  E.  Picard,  se  présentent  dans  l'étude  d'un  problème  de  Mécanique. 

»  En  terminant  ma  Note  je  profite  de  l'occasion  pour  indiquer  une 
solution  particulière  du  problème  de  Clebsch  et,  par  conséquent,  de  celui 
de  M.  de  Brun.  La  condition  (i)  peut  être  remplacée  par  les  suivantes  : 

[A  et  p  étant  des  constantes  arbitraires.  Ces  conditions  étant  remplies,  on 
peut  satisfaire  aux  équations  (2)  et  (3)  en  posant 

1  -     Q  1  -     ^  1  -     Q 


u-T-p^,  ^         a -{- p  bi  ^         a  +  p^s 

Q2  =  (cr  +  p  ^>,  )  (^ -h  p  62)  (^  4- p  ^^3). 

<j  étant  une  constante  arbitraire.  Le  problème  se  ramène  à  l'intégration  de 
trois  équations  bien  connues  : 

-^    =    f  (^3—  ^2)^2^3.  -^    =    f  (^)-^3)^3^n  -^    =    f  (^2— ^0^)^2- 

»  Les  variables  57^,^^ (5  =  i,  2,  3)  ou  (p,  q,  r;  y,,  ya,  ya)  s'expriment  en 
fonctions  elliptiques  de  t.  Le  mouvement  de  rotation  se  réduit  à  un  mouvement 
de  Poinsot.  La  solution  contient  quatre  constantes  arbitraires.    » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  un  théorème  de  M.  Frobenius. 
Note  de  M.  de  Séguier,  présentée  par  M.  Jordan. 

«  Dans  ma  Note  du  24  mars  dernier  les  deux  propositions  suivantes  sont 
restées  sans  démonstration  : 

))  I.  Si  un  g  ah  (0  i^ci  premier  àb)  G  a  exactement  a  e^^^  tels  que  a, ,  a.^,  ... 


(*)  J'écris  g„i  pour  groupe  d'ordre  m,  g'*  pour  groupe  de  degré  n,  g"^  pour 
groupe  d'ordre  m  et  de  degré  n,  e^/^)  pour  élément  dont  l'ordre  divise  k.  Je  dis 
que  G  a  un  groupe  A,  si  A  divise  G,  que  l'ensemble  des  symboles  permutés  par  un 
groupe  de  substitutions  est  son  champ,  enfin  que  deux  groupes  de  substitutions  (comme 


SÉANCE  DU  6  OCTOBRE  1902.  Ssq 

formant  un  g,^  A  et  h  e^^^  tels  que  [3, ,  '{!>.,,  . . .,  G  a  un  g^.  (On  sait  d' ailleurs  que 
ix-i^j^^  ^kOLi).  L'A  proposition  étant  évidente  quel  que  soit  b  pour  a  =  i,  on 
peut  l'admettre  quel  que  soit  b  pour  les  valeurs  de  a  plus  petites  que  celle 
considérée.  Soit  D  le  plus  grand  commun  diviseur  de  j  [3,,  . . .,  p^  [  =  B  et 
de  A.  Si  D  =  I,  la  proposition  est  démontrée.  Si  D  est  un  ^a<i  A,  B  conte- 
nant 06(6)  et  a'e(„)  qui  forment  un  g„'  est  d'ordre  ba'  et  a  un  g^.  Soit  donc 
D  =  A.  Si  A  (qui  est  ici  abélien)  a  un  g„'A'>>  i  et  <^  A  (a  =  a' a").  A'  sera 
normal  dans  G,  et  l'on  peut  admettre  que  G  |  A'  d'ordre  ba",  qui  contient  un 
g^j'/AjA'  formé  de  ses  e(„//,  et  b  e,^h)  (les  A'p^,  tous  distincts  puisque  leur 
nombre  est  multiple  de  b),  a  un  g^  auquel  répond  dans  G  un  g^^,  G'  =  2Apj- 
contenant  un  g^.  Soit  donc  A  simple,  donc  a  premier  =  p.  Considérons  la 
représentation  régulière  Q  de  G  et  soit,  dans  Q,  \s\=A>  [^  =  11*^,, 
Si=  (ai^  . .  .a/j,),  les  a^/^  étant  bp  symboles;  le  champ  de  Si  sera  désigné 
par  Gi]  la  représentation  de  A.  (j"  divisera  }  âo\  §  j  en  posant  ,.1,'=  j  5,,  . . .,  ^^  {, 
S  =  1t,  t  =  ll^^  t/,,  tf,  (formée  avec  «,^.,  ....  a^^  comme  t^  avec  a,,,  . . .,  «0,) 
parcourant  le  symétrique  de  champ  «,/(,  .  . .,  rt^;^.  Soit  ç  =  2pJl,iCp  où  l'on 
peut  supposer  que  x^  est  un  ej^j.  Il  est  facile  de  voir  que,  si  /~^n^^^'7  =  n^^î, 
les  Ej.  sont  une  permutation  des  \i  telle  que  la  substitution  (E^,  ^'.)  =t  est 
semblable  à  t\\  ^^  étant  mis  à  la  place  de  a^.  De  plus,  si  (tU.sfY=  t^Us"^', 
ni  est  la  somme  des  [y. ^^  que  t**,  t%  . . .,  t^^"'  substituent  à  ^,.  Si  p.  est  l'ordre 
de  ill^^^',  on  aura,  S  étant  premier  à  x' ,  t~^=  TLsf  =  i,  donc  71,^^0  mod  p. 

Si  donc  t  est  régulière,  on  a  l^i^o.   Soit  alors  ^p=z'P^n5l^  (^^P'  étant 

dans  s)  et  ic,  ^2  =  i^a^y^  t^^^->Usf  t^'-^  =  Us}.  OnRurat^'H^'-^nsf^^-=  t^^^Ilsf^  sK 
donc  i(')/(-)=  /t3)  gt  ^(2)_j_  ^.=  ^i3)_^  ^    Q^  l'action  de  g  sur  les  c,  est  celle 

d'un  g*  régulier.  Donc  ^'P'  est  régulière  et  de  même  t'^KDoncl^f^^l^i^o 
et  i  ^  o.  Donc  Ixç,  et  It^^^  =  s'  sont  deux  groupes  isomorphes.  Or  -2p4^'  est 
un  gj  régulier.  Donc  A.s'  est  un  gj^  régulier.  Z)oazc  (J  est  semblable  au  produit 
direct  de  X  par  un  diviseur  de  s . 

»  II.  Si  un  gab  {a  premier  à  b)  G  contient  b  é'(6)(P,,  Pa,  ...,  p^)  et 
6(a  —  i)  H-  I  e^a)  répartis  en  b  g^  abéliens  conjugués  A,  =  A,  Ao,  . . . ,  A^  pre- 
miers entre  eux  deux  à  deux,  on  a  G  =  2;tA<P/f  ^  suffit  de  montrer  que 
chaque  Ai<x^(a.^::/=  i  dans  A;^;  «  :^  k)  contient  un  p.  On  voit  d'abord  que  A, 
n'est  permutable  qu'aux  a,-,  et  que  G  ne  contenant  d'autre  e^^b)  que  des  a. 
ou  des  p,  un  a  n'est  jiermutable  qu'à  nn  a,  un  p  qu'à  un  p.  De  plus,  un 


deux,  substitutions)  sont  semblables,  lorsqu'ils  ne  diffèrent  que  par  le  choix  des  sym- 
boles. 

G.  R.,  1902,  2«  Semestre.  (T.  CXXXV,  N°  14.)  70 


53o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

0,^.^  I  n'est  permutable  qu'à  un  a,;  car,  si  oCJ^*  c(.i(x./^=  oc^,  a^^A^ot^t  ^^  serait 
pas  premier  à  A,.  Enfin,  a,  et  a|  (a^'  étant  dans  A,)  ne  peuvent  être  conju- 
gués sans  coïncider;  car,  si  x~^  oc^x  =  v.'- ,  œ~^  A^x  et  Aj  ont  en  commun  a.'-  ; 
donc  a.'-  =  i ,  ou  ^  est  dans  A,.  Supposons  maintenant  qu'il  y  ait  un  élément 
commun  e  à  Aja;t=  A^e  (e  est  donc  hors  de  A,)  et  à  a?~' Aj£a7(a7  :^  i).  Il  y 
aura  dans  Aj  deux  éléments  a,,  a.'-,  tels  que  £  =  a?~'aj£a?,  od-t  =  x~*  zx: 
d'où,  en  éliminant  e,  o-'r*  =  x~^  cl^x.  Donc,  ou  bien  aj=  a^  =  i  de  ^  est  per- 
mutable à  e,  ou  bien  x  est  dans  A^,  ce  qui  contredit  la  relation  sa? s"'  =  xcd^ . 
Si,  inversement,  x  est  permutable  à  e,  A^s  et  ^"' A^êo?  ont  évidemment  en 
commun  l'élément  £.  Aitisi  kiOLj^et  x~*  kioij^x  ont  an  élément  commun  t  tou- 
jours et  seulement  si  x  est  permutable  à  e.  Ils  ri  ont  donc  jamais  deux  cl  en 
commun  ni  un  a.  et  un  ^  sans  coïncider.  Si,  d'ailleurs,  ils  coïncident,  a?,  per- 
mutable à  a;^  et  à  un  autre  élément,  est  l'unité.  Donc  A^a^^  ^  ^^  conjugués. 
Supposons  maintenant  que  A^a^^  ^^  contienne  que  des  a.  Il  en  sera  de 
même  de  ses  ab  conjugués,  et  chaque  a/  de  Aja;^  appartiendra  aux  seuls 
œ~*  Ai(X/(X,  où  X  est  dans  A^.  Donc  chacun  des  a^b  éléments  du  système  S 
des  ab  conjugués  de  A^a;^  ^st  répété  a  fois,  et  S  contient  ab  éléments  dis- 
tincts, ce  qui  ne  se  peut,  G  étant  d'ordre  ab.  Donc  chaque  A,a;t  contient 

un  p  et  un  seul.  Il  est  aisé  de  voir  qu'il  y  a  — : —  systèmes,  tels  que  S.    » 


CHIMIE  ORGANIQUE.   —  Sur  un  dérivé  de  l'eau  oxygénée. 
Note  de  M.  R.  Fosse,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

«  Nous  avons  précédemment  montré  qu'un  pyranol,  ledinaphtopyranol 

C**'H*'('  yG'"H%  en  solution  acétique,  possède  un  certain  pouvoir 

oxydant.  C'est  ainsi  que  ce  corps  oxyde  facilement  l'acide  iodhydrique, 
transforme  le  diphénopyranol  en  diphénopyrone. 

))  L'action  du  dinaphtopyranol  sur  quelques  réactifs,  la  poudre  de  zinc, 
Talcool,  le  pyrogallol,  les  iodures  alcalins,  montre  nettement  que  ce  corps 
en  solution  acétique  ne  peut  être  considéré  comme  un  alcool,  un  pyranol  : 

CHOH 


O 


SÉANCE    DU    6    OCTOBRE    1902, 


53 1 


mais   comme  un   dérivé  de  l'eau  oxygénée,  comme  un  hydrate  de  per- 
oxyde : 

CH 


O  -OH 


»  Action  de  la  poudre  de  zinc.  —  Si  Ton  ajoute  quelques  centigrammes  de  ce 
réactif  à  une  solution  acétique  de  pyranol,  à  l'ébullition,  on  voit  en  très  peu  de  temps 
la  liqueur,  primitivement  rouge,  se  décolorer  et  déposer  une  substance  blanche  qui, 
purifiée  par  cristallisation  dans  le  toluène,  paraît  identique  d'après  son  mode  de  for- 
mation, son  point  de  fusion  élevé  et  sa  solubilité,  au  bis-dinaphtopyryle  (bis-dinaphto- 
xanthène)  (^)  déjà  obtenu  par  nous  au  moyen  de  la  poudre  de  zinc  sur  le  bromure  de 
dinaphtopyryloxonium  (*). 

»  Action  de  V alcool,  —  Si,  à  une  solution  acétique  rouge  de  pyranol,  à  l'ébullition 
et  au  reflux,  on  ajoute  quelques  centimètres  cubes  d'alcool,  on  voit  peu  à  peu  la  solu- 
tion se  décolorer.  Les  vapeurs  échappées  du  réfrigérant,  condensées,  fournissent  les 
réactions  caractéristiques  de  l'aldéhyde  éthylique. 

»   La  solution  acétique,  faiblement  teintée  en  rouge,  est  traitée  par  l'eau. 

»  Le  précipité  formé,  séché,  est  dissous  dans  le  benzène  chaud,  d'où  par  refroidis- 
sement cristallisent  des  aiguilles  groupées,  fondant  à  201".  La  solution  benzénique 
de  ce  corps,  additionnée  d'une  solution  également  benzénique  d'acide  picrique,  donne 
un  précipité  rouge  orangé,  qui,  recristallisé  et  séché,  fond,  en  tube  étroit,  vers  178", 
en  un  liquide  rouge  foncé. 

»  Le  corps  formé  dans  l'action  de  l'alcool  sur  le  dinaphtopyranol  n'est  autre  chose 
que  le  dinaphtopyrane. 

»  L'équation  de  cette  curieuse  réaction  est  la  suivante  : 


/OOJ1«\ 


OH  +  C^H^O  =  G^tPO  +  H^O 


(^)   Nous  désignons  sous  le  nom  de  pyryle  le  radical  dérivant  du  pyrane  par  perle 
d'un  atome  d'hydrogène  : 


CH^ 


CH 


CH 


0 

0 

0  — Br 

Pyrane. 

Pyryle. 

Bromure 
de  pyryloxonium 

(-)  H.  FossK,  Bull.  Soc.  c/d/u.,  t.  XXVII,  p.  526. 


532  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

elle  est  semblable  à  celle  de  l'alcool  sur  nos  sels  de  pyryloxonium 

^Kô^)^  -  ^'  +  C^H«0  =  G^mO  +  HBr  +  GH^Q.„J;^)0. 

»  Elle  rappelle  l'action  oxydante  des  quinones  sur  ce  même  réactif 

/O  /OH 

C«H<  I  +G^H«Or=C«H^\  ^„  +  C2mO. 
\0  \0H 

»  Action  du  pyrogallol.  —  Quelques  parcelles  de  ce  corps  décolorent  une  solution 
acétique  de  pyranol.  L'étude  de  la  réaction  n'a  pas  encore  été  terminée. 

»  Action  de  Viodure  de  potassium.  —  Si  l'on  ajoute  une  solution  acétique  d'iodure 
de  potassium  à  une  solution  acétique  de  pyranol,  on  voit  immédiatement  se  former 
un  précipité  sombre,  cristallisé,  à  reflets  verts.  Tout  l'iode  de  l'iodure  se  libère  de 
sa  combinaison  alcaline  pour  donner  une  combinaison  organique  très  riche  en 
iode.  Il  paraît  se  former  simultanément  une  deuxième  substance,  probablement 
suivant  une  réaction  semblable  à  celle  de  l'action  de  HI  sur  le  pyranol. 

»  L'action  oxydante  du  dinaphtopyranol  sur  l'acide  iodhydrique,  le 
diphénopyranol,  la  poudre  de  zinc,  l'alcool,  le  pyrogallol  et,  surtout,  la 
décomposition  de  l'iodure  de  potassium  montrent  que  le  dinaphtopyranol 
en  solution  acétique  ne  peut  être  considéré  comme  un  alcool,  mais  comme 
un  dérivé  de  l'eau  oxygénée,  dont  il  possède  plusieurs  des  réactions;  c'est 
un  hydrate  de  peroxyde  oii  un  atome  d'oxygène  est  tétravalent  : 

/CHv 

\o(       . 

»  On  sait  que  le  premier  peroxyde  connu,  le  peroxyde  d'éthyle,  a  été 
obtenu  par  M.  Berthelot;.  MM.  Baeyer  et  Villiger  ont  préparé  un  grand 
nombre  de  peroxydes  et  d'hydrates  de  ces  peroxydes.  La  formule  de  notre 
hydrate  de  peroxyde  s'obtient  en  remplaçant  X  par  OH  dans  la  formule 
générale  : 

\o( 

que  MM.  Haller  et  Fosse  ont  attribuée  aux  sels  de  pyryloxonium.    » 


SÉANCE  DU  6  OCTOBRE  I902.  533 


CHIMIE   0-"^GANIQUE.  —  Synthèse  de  quelques  alcools  tertiaires  (II).  Diphényl- 
carbinols.  Note  de  M.  H.  Massox,  présentée  par  M.  Haller. 

«  Dans  une  Note  antérieure  {Comptes  rendus,  t.  CXXXII,  p.  4^3),  j'ai 
étudié  l'action  des  dérivés  organomagnésiens  gras  sur  les  éthers  d'acides 
gras  ;  j'ai  depuis  étendu  cette  étude  à  l'action  des  dérivés  organomagné- 
siens aromatiques. 

»  MM.  Tissier  et  Grignard  ont  montré  {Comptes  rendus,  t.  CXXXII, 
p.  1182)  que  les  dérivés  organomagnésiens  aromatiques  fonctionnent  de 
la  même  façon  que  les  dérivés  alkylés  correspondants  et  ont  étudié  entre 
autres  leur  action  sur  les  chlorures  d'acides;  dans  ce  cas  ils  obtiennent 
directement  les  carbures  diphényléthyléniques. 

»  Dans  une  récente  publication  sur  les  produits  de  l'action  des  dérivés 
organomagnésiens  sur  la  benzophénone,  M.  A.  Rlages  (i).cA.  G.,  t.  XXXV, 
p.  2646)  semble  n'avoir  pas  toujours  pu  isoler  les  alcools  tertiaires,  mais 
seulement  les  carbures  correspondants;  j'y  suis  parvenu  dans  tous  les 
cas. 

»  Dans  mes  recherches  j'ai  étudié  exclusivement  l'action  du  phényl- 
bromure  de  magnésium  sur  les  divers  éthers;  seul  le  formiate  d'éthyle 
m'adonne  un  alcool  secondaire,  le  benzhydrol  (C'^H^)^CHOH  fondant 
à  68°,  les  éthers  des  autres  acides  fournissent  des  alcools  tertiaires  de 
forme  (C«H')=^COH-  R. 

»  Ces  alcools  sont  pour  la  plupart  cristallisés  ;  ils  ne  peuvent  être  distillés  même 
dans  le  vide  sans  perdre  de  l'eau;  la  distillation  à  la  pression  ordinaire  conduit  direc- 
tement aux  carbures  élliyléniques  correspondants.  Ces  carbures  sont  le  plus  souvent 
cristallisés,  ils  fixent  2  atomes  de  brome  en  donnant  des  dérivés  dibromés  liquides; 
par  oxydation  ils  fournissent  de  la  benzophénone  et  des  acides  ayant  un  carbone  de 
moins  que  les  acides  générateurs.  L'hydrogénation  par  l'alcool  et  le  sodium  conduit 
aux  carbures  saturés  correspondants  comme  l'a  montré  également  M.  Klages  pour 
deux  de  ces  carbures. 

»  Le  diphénylméthylcarbinol  (C^HS)^  =  COH  .CH»  [décrit  par  M.  Tiffeneau,  But. 
Soc.  chim.,  (3),  t.  XXVII,  p.  298]  fond  à  81°. 

»  Le  diphényiéthylène  bouta  270^-27 1°  et  fond  vers  6''  [Redsko  indique  +8»  (7.  Soc. 
ch.  r.,  t.  XXII,  p.  365)  et  M.  Klages  le  décrit  liquide]. 

»  Le  diphényléthane  bout  à  137°  sous  12™™. 

»   Le  diphényléthylcarbinol  (C^H^)^  rz:  COH.CH^CIP  fond  à  9i°-92°. 

»   Le  diphénylpropylène  (G«H^)2  =  C  =  CH.CIP  fond  à  5t°,  bout  à  28o°-28i°. 

))  Le  diphénylpropane  i.i  (CsiP)^  —  CH.CH-.CIi^  bout  à  142°  sous  lo'^». 


534  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

.)  Le  diphénylpropylcarbinol  (C/H=^)2=  COH.CH^.CH^CH^  bout  vers  i85°  sous  i5'"' 

»  Le  diphénylbutylène  (^11^)*=!:  G  =:  CPLCH-.CH*  bout  à  29i°-292°. 

»  Le  diphénylbutane  i.i  (C«ÏP)-^=  CH.CH^. CtP. GH^  bout  à  i5o°  sous  lo'"™. 

.)  Le  diphénylpentylcarbinol  (G«PP)2  —  GOH. (GPP)^GH3  fond  à  46«-47°. 

>)  Le  diphénylhexylène  (C«tP)''=  G  =  GH.(GH'-)='GH3  bout  à  3i4°. 

»  Le  diphénylhexane  i.i  (G^H'')^— GH.(GH2)\GH3  bout  à  i64°  sous  io'"">.  » 


CHIMIE.  —  Sulfates  cupro-ammoniques  anhydres.  Noie  de  M.  Bouzat. 

«  J'ai  étudié  clans  une  ^oiQ^yrècèàenVQ  (^Comptes  rendus,  t.  CXXXY,  n'^.5) 
les  chlorures  cuproammoniques  anhydres.  Je  me  propose  d'examiner 
maintenant  les  sulfates,  pour  comparer  leurs  chaleurs  de  formation  à  celles 
des  chlorures.  On  sait,  en  eOet,  que  les  différents  sels  cuivriques  dissous 
dégagent  la  même  quantité  de  chaleur  en  se  combinant  à  l'ammoniaque 
et  que  cette  relation  permet  de  conclure  à  l'existence  de  radicaux  com- 
plexes, se  transportant  sans  altération  d'un  sel  cuproammonique  dans  i\n 
autre,  par  exemple  du  chlorure  dans  le  sulfate  correspondant  (^Comptes 
rendus,  t.  CXXXIV,  n*^  21).  Il  importait  de  rechercher  si  \\  même  théorie 
peut  être  appliquée  aux  sels  solides. 

»  On  a  déjà  signalé  plusieurs  combinaisons  du  sulfate  cuivrique  et 
du  gaz  ammoniac.  Rose  a  fait  connaître  l'existence  de  SO^Cu  5AzH^  ; 
Graham  et  Rane,  celles  de  SO^Cu  sAzH^  et  SO'^Cu  AzH^  J'ai  préparé  ces 
corps  à  nouveau  et  j'ai  trouvé  qu'il  y  en  a  un  autre  bien  défmi  SO'Cu  4AzH^. 

»  La  préparation  de  ces  différents  composés  est  tout  à  fait  analogue  à 
celle  des  chlorures  correspondants.  Pour  avoir  SO'Cu  5AzH^  on  liquéfie 
du  gaz  ammoniac  complètement  privé  d'eau  sur  du  sulfate  cuivrique 
anhydre;  on  laisse  ensuite  l'ammoniac  en  excès  se  dégager  pendant  que 
le  tube  revient  àla  température  ordinaire;  le  produit  qui  reste  a  pour  for- 
mule SO^Gu  5  AzH^.  C'est  encore  ce  môme  sel  que  l'on  obtient  si  l'on  main- 
tient la  température  à  —  3o°  pendant  l'évaporation  de  l'ammoniac  non 
combiné.  SO'Cu  5AzH^  est  dissociable  en  xizH'^  et  SO''Cu  4AzH^;  la  tension 
de  dissociation  devient  égale  à  la  pression  atmosphérique  vers  90°. 
S0*Gu4AzH^  est  dissociable  à  son  tour  en  2AzH^  et  S0''Cu2AzH^;  la 
tension  de  dissociation  devient  égale  à  la  pression  atmosphérique  vers  i5o°. 
Enfin,  S0*Cu2AzH^  est  dissociable  en  AzH^  etSO^CuAzH^  On  prépare 
SO*CuAzH^  en  chauffa at  SO'Cu  2AzH^  à  260*'  dans  le  vide  fourni  par  une 
trompe  à  eau. 

»  SO'^CuAzH^.  — C'est  une  poudre  verte,  qui  donne  avec  l'eau  un  précipité  de 
sulfate  basique. 


SÉANCE  DU  6  OCTOBRE  T902.  535 

»  Chaleur  de  formation  : 
I"  SO*GuAzH-^sol.+  27ÂzH^'diss.(i8')=:SO^Gu28AzH3dlss.(i8M  ...      -f-aa'^^^oB 
d'où 

SO*Cu  sol.  +  AzIP  gaz  =  SO^CuAzH^  sol -\-  iZ'-^\[^'j 

2»  SO*CuAzI-Psol.-f-  7AzH^diss.(8i)  =  SO*Gu  BAzH^  diss.(8') t-  2i'^'-",75 

d'où 

SO*Cusol.+ AzH^gazrrSO^GuAzH^sol -+-  aS-^'^SSo 

»  SO''  CuiAz H^ .  —  G'est,  comme  SO'GiiAzH^,  une  poudre  verte,  qui  donne  avec 
l'eau  un  précipité  de  sulfate  basique. 
»   Chaleur  de  formation  : 

1°  SO*Gu2AzH='soI.+  26AzH^dis?.(i8')  =  SO^Cu28AzH3diss.(i8')..  .       i-ii^*',o2 
d'où 

SO*Gusol.-H2AzH3gaz  =  SO*Gu2AzH'sol -h43'^«',3o 

2°  SO*Gu2AzfPsol.  +6AzH3diss.(8')=:SO^Gu8AzïPdiss.(8i) +io«^»i,92 

d'où 

SO^Gusol.+  2AzH='gaz  =  SO*Cu2AzH3sol M-43^«',  i4 

»  SO'*  Cu  [\AzH'^ .  —  C'est  une  poudre  d'une  couleur  bleu  violet,  très  différente  de 
la  couleur  que  possèdent  les  sels  cuivriques  en  solution  ammoniacale.  Il  est  soluble 
dans  une  petite  quantité  d'eau;  la  solution  laisse  déposer  un  précipité  de  sulfate 
basique  quand  on  l'étend. 

»   Chaleur  de  formation  : 

1°  SO^Gu4AzH-Hol.  +  24AzH»diss.  (i8')  =  SO*Gu28AzH3(i8>) —  i''«i,82 

d'où 

SO'*Gusol.  +  4AzH3gaz=:SO*Gu4AzH3sol H-^^scai^^^ 

2°  SO*Gu4AzH3sol.+  4AzlPdiss.  (8')  =  SO'Gu8AzlPdiss.  (8') -  2«'",  lo 

d'où 

SO*Gusol.+  4AzH3gazz=SO^Gu4AzH3sol +73cai^r,o 

»  S0^Cu5AzfJ^.  —  G'est  une  poudre  d'une  couleur  bleu  violet  analogue  à  celle 
de  SO*Gu  4AzH*.  Il  est  soluble  dans  l'eau;  la  solution  étendue  laisse  déposer  un  pré- 
cipité de  sulfate  basique.  Il  n'est  pas  soluble  dans  l'ammoniac  liquéfié. 

»   Chaleur  de  formation  : 

»   L'emploi  de  l'ammoniac  liquéfié  ne  permettant  de  préparer  le  corps  SO^GuôA'zFP 


536  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

qu'en  petite  quantité,  on  s'est  servi  pour  déterminer  sa  chaleur  de  formation  du  mé- 
lange de  S0*Cu4AzH'  et  de  S0*Cu5AzH=*  qu'on  obtient  par  Faction  à  froid  du  gaz 
ammoniac  sur  le  sulfate  cuivrique  anhydre. 

SO^Gu4,8AzH'sol.+  23,2AzIPdiss.  (i8')=:SO''Gu28AzH^diss.  (i8')..     —  6-i,35 

d'où 

SO*Cu  sol.  4-  4,8AzH3  gazrz:  SO^Gu  4,8AzH3  gol +85'=^i,i 

»  Gomme  à  partir  de  S0^Gu4AzH^  la  quantité  de  chaleur  dégagée  est  proportion- 
nelle à  la  quantité  d'ammoniaque  fixée  : 

SO^Gu  S0I.+  5  AzH3  gaz  =  SO^Gu  SAzIP  sol +87^»', qS 

»  Un  autre  composé,  SO^Gu  4,72  AzH^,  a  conduit  au  nombre  88'^^',  3o. 

»  Si  nous  comparons  les  chlorures  et  les  sulfates  cupro-ammoniques 
anhydres,  nous  voyons  que  les  chlorures  renferment  2,  4  ^t  6  molé- 
cules d'ammoniaque  et  les  sulfates  i,  2,  4>  5.  Les  chlorures  et  les  sulfates 
qui  se  correspondent  sont  ceux  qui  contiennent  2  et  4  molécules  d'ammo- 
niaque. Or  CuCPaAzH^  et  SO*Cu  2AzH^  sont  formés  à  partir  de  l'ammo- 
niaque et  du  sel  cuivrique  avec  des  dégagements  de  chaleur  respectifs 
de  45*=^», 5  et  43^^1,2;  CuCl-4AzH=' et  S0'Cu4AzH%  avec  des  dégagements 
de  72*^^S  I  et  73*^*',  7.  Les  chaleurs  de  formation  des  deux  sulfates  à  partir  du 
sel  de  cuivre  et  de  l'ammoniaque  sont  sensiblement  égales  à  celles  des 
deux  chlorures.  D'après  les  lois  thermochimiques  des  substitutions,  on 
doit  admettre  l'existence  dans  ces  sels  de  radicaux  complexes  qui  se  trans- 
portent de  l'un  à  l'autre  à  la  façon  d'un  corps  simple. 

»  De  même  que  les  chaleurs  de  formation  sont  à  peu  près  égales,  les 
tensions  de  dissociation  à  la  même  température  paraissent  être  très  voi- 
sines. Les  tensions  de  dissociation  de  SO^Cu4AzH^  et  de  CuCP4AzH^  at- 
teignent la  valeur  de  la  pression  atmosphérique  respectivement  vers  i5o" 
et  i4o°;  celles  de  S0*Gu5AzH^  et  CuGP6AzH%  toutes  deux  vers  90°.   » 


CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  Sur  la  recherche  et  le  dosage  de  l'extrait  de  châtai- 
gnier en  mélange  avec  l'extrait  de  chêne.  Note  de  M.  FerdixXand  Jeax, 
présentée  par  M.  Amagat. 

«  J'ai  reconnu  que  si  l'on  agite  à  froid  une  solution  d'extrait  de  bois  de 
châtaignier  avec  une  solution  d'acide  iodique,  une  certaine  quantité  d'iode 
est  mise  en  liberté,  tandis  qu'avec  l'extrait  de  bois  de  chêne  on  n'observe 


SÉANCE    DU    6    OCTOBRE    1902.  587 

rien  de  semblable.  La  réaction  est  également  négative  avec  les  solutions 
de  québracho,  palétuvier,  mimosa,  sumac,  canaigre,  lentisque,  fustel, 
épine-vinette;  le  campêche  fait  exception  et  met  en  liberté  une  faible 
quantité  d'iode. 

))  Les  extraits  de  bois  de  chêne,  destinés  à  la  tannerie,  étant  fréquem- 
ment falsifiés  avec  de  l'extrait  de  châtaignier,  il  était  intéressant  d'arriver 
à  déceler  cette  fraude,  qui  est  pratiquée  impunément;  car  on  n'a  pas  de 
procédé  chimique  permettant  de  la  reconnaître. 

»  Nous  avons  appliqué  la  réaction  de  l'acide  iodique  à  la  recherche  et  au  dosage  de 
l'extrait  de  châtaignier  en  mélange  dans  l'extrait  de  chêne.  On  procède  à  la  recherche 
qualitative  en  mélangeant  par  retournements  successifs  dans  une  boule  à  robinets  la 
solution  d'extrait  suspect  avec  une  solution  d'acide  iodique  et  du  sulfure  de  carbone; 
si  le  sulfure  de  carbone  présente  une  coloration  violette,  c'est  l'indication  de  la  pré- 
sence de  châtaignier  dans  l'extrait  examiné.  Le  sulfure  de  carbone  peut  être  remplacé 
par  le  tétrachlorure  de  carbone,  la  benzine,  le  chloroforme,  etc. 

»  Pour  déterminer  la  teneur  d'un  extrait  tannique  en  châtaignier  on  opère  sur 
2'^'"'  ou  3^™'  d'extrait  dissous  dans  5o'^^">'  d'eau  distillée,  que  l'on  passe  dans  une  boule 
à  robinets;  on  agite  avec  5*^™'  d'une  solution  d'acide  iodique  à  5  pour  100  et  4*^""'  à  S*^™' 
de  sulfure  de  carbone;  après  repos,  on  soutire  le  sulfure  de  carbone  dans  un  flacon 
bouché  à  l'émeri  et  l'on  renouvelle  l'opération  dans  la  boule,  jusqu'à  ce  que  le  sulfure 
de  cai'bone  ne  se  colore  plus.  L'iode  dissous  dans  le  sulfure  est  ensuite  titrée  par  agi- 
tation dans  le  flacon  avec  une  solution  titrée  d'hjposulfite  de  soude,  qu'on  ajoute 
jusqu'à  disparition  complète  de  la  coloration  rose.  On  peut  aussi  faire  le  titrage  en 
ajoutant  dans  le  flacon  un  peu  de  solution  d'iodure  de  potassium;  le  point  final  est 
indiqué  par  la  décoloration  complète  du  sulfure  de  carbone. 

»  Sachant  que  i  d'iode,  mis  en  liberté,  correspond  en  moyenne  à  6,2.5  d'extrait 
sec  de  châtaignier,  à  19  d'extrait  à  20°  Baume  et  à  16  d'extrait  à  25°  Baume,  il  est 
facile  de  calculer  très  approximativement  la  teneur  d'un  extrait  tannique  en  extrait 
de  châtaignier.   » 


CHIMIE   ORGANIQUE.    —  Sur  la  fermentation  pectique. 
Note  de  M.  Goyaud.  (Extrait.) 

«  Lorsqu'on  ajoute  à  une  solution  aqueuse  concentrée  et  neutre  de  pec- 
tine certains  sucs  végétaux  (carottes,  trèfles,  luzernes,  etc.),  le  mélange 
se  prend  en  masse  gélatineuse.  Ce  phénomène  est  produit  par  unediastase  : 
\ixpectase.  On  admet  que  la  pectase  n'agit  qu'en  présence  des  sels  de  cal- 
cium et  en  liqueur  peu  acide.  J'ai  voulu  m'assurer  si,  en  l'absence  des  sels 
de  calcium,  la  pectase  n'avait  aucune  action  sur  la  pectine. 

)>    ...  J'ai  reconnu  que  la  pectase  transforme  la  pectine  en  acide  pectique, 

C.  R.,  1902,  2«  Semestre.  (T.  CXXXV,  N"  14.)  7' 


538 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


même  en  l'absence  des  sels  de  calcium.  Ceux-ci  rendent  le  phénomène 
visible  par  suite  de  la  formation  de  pectate  de  calcium  insoluble.  Mais,  si 
Ton  remplace  dans  le  jus  de  trèfle  la  chaux  par  la  potasse  (ce  à  quoi  l'on 
arrive  par  l'addition  d'oxalate  de  potassium),  il  se  produira  du  pectate  de 
potassium  soluble  dans  l'eau. 

»  Ces  expériences  ont  été  reprises  avec  des  jus  de  trèfle  dans  lesquels  la 
chaux  a  été  précipitée  par  l'oxalate  de  sodium  et  d'ammonium.  Les  résul- 
tats ont  été  de  tous  points  semblables. 

))  Il  existe  d'ailleurs  un  moyen  de  vérifier  la  conclusion  précédente.  Si, 
en  efTet,  une  molécule  neutre  de  pectine  fournit  une  ou  plusieurs  molé- 
cules acides  d'acide  pectique,  l'acidité  du  milieu  va  augmenter.  Pour 
vérifier  cette  hypothèse  il  est  bon  de  n'employer  que  des  proportions 
de  pectase  assez  faibles  pour  que  les  transformations  ne  soient  pas  trop 
rapides.... 

»  Les  résultats  obtenus  sont  résumés  dans  les  Tableaux  suivants;  les 
acidités  sont  comptées  en  o*""',!  de  liqueur  titrée  : 


Pi 

•oportion  de 

jus  potassique  :  20 

pour 

100. 

Proportion  de 

jus  potassique  :  4° 

pour  100. 

Date 

Acidité 

Accroissement 

Date 

Acidité 

Accroissement 

des 

mesures. 

sur  5cm\ 

Temps 

d 

'acidité. 

des 

mesures. 

sur  5cm^ 

Temps. 

d'acidité. 

h       m 

h        m 

18  juin,    9.80  m. 

7,5o 

0 

0 

20 

juin,    9.    0 

m. 

12,25 

0 

0 

» 

10.   0  m. 

8,75 

0,5 

I  ,25 

» 

9.30 

m. 

14.25 

0,5 

2 

» 

10. 3o  m. 

10 

I 

2,5o 

)) 

9.45 

m. 

i5,25 

0,75 

3 

» 

11.   0  m. 

1 1 

1,5 

3,5o 

» 

10.  i5 

m. 

17,50 

I  ,25 

5,25 

» 

1 1 .3o  m. 

1 1 ,5o 

2 

4 

» 

10. 3o 

m. 

18 

1 ,5o 

5,75 

» 

12. 3o  m. 

12,25 

3 

4,75 

1) 

1 1 .   0 

m. 

.8,75 

2 

6,5o 

» 

2.   os.. 

i3 

4,5 

5,5o 

» 

11.45 

m. 

19,25 

2,65 

7 

» 

4.   os.. 

13,75 

6,5 

6,25 

» 

2.   0 

s. . 

21 

5 

8,75 

)) 

9.   os.. 

l4,25 

9>5 

6,75 

4.  0 

7.  0 

s. . 
s. . 

22 
23 

7 
10 

9.75 
10,75 

21 

juin,  10.    0 

m. 

24 

25 

11,75 

»  Si  l'on  remplace  le  jus  potassique  par  du  jus  potassique  bouilli  on 
n'observe  aucun  changement  dans  l'acidité  du  mélange. 

»  Conclusion  :  La  peclase  forme  de  l' acide  pectique  aux  dépens  de  la  pec- 
tine. Le  phénomène  n'est  pas  influencé  qualitativement  par  la  présence  ou 
l'absence  des  sels  de  calcium.  » 


SÉANCE    DU   6   OCTOBRE    Ï902.  SSp 

PHYSIOLOGIE  ANIMALE.  -  L'élaboration  du  nénogène  et  du  venin  dans  la 
glande  parotide  de  la  Vi}Dera  Aspis.  Note  de  M.  L.  Launoy,  présentée  par 
M.  Edmond  Perrier. 

«  1"  Structure  cl' une  cellule  à  venin  élaboré.  —  Dans  une  cellule  venimeuse,  sans 
inclusions  cyloplasmiques,  le  noyau  jamais  en  contact  avec  la  vitrée  contient  un  nu- 
cléole unique,  généralement  central,  bien  limité;  ailleurs  le  nucléole  offre  l'aspect 
d'une  masse  polygonale  dont  les  limites  s'estompent  dans  le  caryoplasme  ambiant;  il 
est,  en  tous  les  cas,  réuni  au  réseau  par  de  fins  tractus  chromatiques;  souvent  on  trouve 
le  nucléole  entouré  d'une  zone  plus  claire,  à  la  périphérie  et  à  l'intérieur  même  du 
territoire  nucléolaire,  il  est  constant  d'observer  la  présence  de  granulations  à  baso- 
philie  très  accentuée;  le  caroyplasme  clair,  très  finement  granuleux,  présente  assez 
fréquemment  des  vacuoles  incolores  emprisonnant  un  grain  de  chromatine.  Le  cyto- 
plasme granuleux,  uniformément  coloré  en  violet  sur  des  coupes  fixées  au  Lindsay 
et  traitées  au  Magenta-Benda  ou  par  la  safranine-lichtgrûn,  n'offre  rien  de  particulier. 

»  2°  Cellule  à  granulations  basophiles  :  cellules  à  vénogène.  —  Le  noyau  répond 
sensiblement  à  la  description  précédente,  mais  le  cytoplasme  est  ici  clair,  granuleux, 
moins  dense  que  dans  les  cellules  à  venin  élaboré  et  caractérisé  par  la  présence  de 
granulations  spéciales,  très  réfringentes  que  l'on  met  en  évidence  par  la  safranine,  le 
Magenta,  le  bleu  de  Unna,  la  laque  ferrique  d'Heidenhain,  le  carmin  ammoniacal  ('). 
Sur  des  coupes  colorées  au  Magenta-^ichtgrûn,  ces  granulations  de  volume  et  de 
nombre  variable  dans  chaque  cellule  sont  essentiellement  définies  par  leur  forme 
ronde,  parfois  cunéiforme,  sans  habitat  spécial;  elles  peuvent,  très  petites,  cribler  le 
cytoplasma  d'un  piqueté  rouge  vif  ou,  plus  grosses,  être  réunies  en  plages;  elles  ne 
sont  ordinairement  pas  libres,  mais  enrobées  dans  une  vacuole  de  substance  achro- 
matique ou  faiblement  basophile;  il  est  probable  que,  dans  les  cellules  à  grosses 
granulations,  celles-ci  proviennent  de  la  fusion  d'un  plus  grand  nombre  de  petites, 
comme  semblent  l'indiquer  les  aspects  suivants  :  plusieurs  inclusions  peuvent 
être  tangentes  par  leurs  vacuoles  ou  fusionner  celles-ci,  les  granulations  restant  libres; 
autour  d'une  grosse  granulation  centrale  peuvent  graviter  5,  6,  8  granulations  plus 
petites;  sans  doute  ce  sont  là  des  moments  dans  le  travail  physique  d'attraction  molé- 
culaire donnant  lieu  aux  grosses  granulations;  moins  fréquemment  les  vacuoles  seules 
fusionnent,  les  grains  baSophiles  étant  rejetés  dans  le  cytoplasma. 

(')  Meyer,  dans  Ueber  clen  Giftapparat  der  Schlangen  (1869),  ^  ^^  premier  parlé 
de  ces  granulations  réfringentes  dans  la  glande  de  la  Viper  a  berus.  Lindemann, 
dans  Ueber  die  Secretionserscheinungen  der  Gif  tdrilse  der  Kreuzotter  (Arch.  f. 
mikr.  Anat.,  1898),  qui  a  étudié  le  même  animal,  semble  avoir  dédaigné  ces  forma- 
tions, il  ne  les  figure  pas.  M.  le  Professeur  Henneguy,  dans  les  Leçons  sur  la  cellule 
(1896),  avait  pourtant  déjà  donné  une  figure  (p.  235)  qui  répond  au  stade  des  cellules 
à  vénogène. 


54o  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

»  Si  l'on  provoque  des  mouvements  de  défense  chez  les  animaux  en  expérience  et 
fixant  les  glandes  après  i,  2,  3,  ...,  /*  piqûres,  on  suit  facilement  la  marche  régressive 
des  inclusions  safranophiles  dans  une  glande  en  sécrétion  normale  active;  alors  on 
les  voit  se  transformer  en  produits  qui  perdent  leurs  affinités  chromatiques,  se  confon- 
dent ou  se  combinent  avec  le  cytoplasma  ambiant  pour  donner  lieu  au  produit  de 
sécrétion,  lequel,  excrété  dans  la  lumière  du  tube  glandulaire,  est  une  masse  granuleuse 
homogène  à  réactions  cytoplasmiques.  Aux  granulations  safranophiles  je  propose  de 
donner  le  nom  de  grains  vénogènes.  Quelle  est  leur  origine?  D'un  très  grand  nombre 
d'observations  il  m'apparaît  que  leur  origine  est  nucléaire,  le  grain  de  vénogène 
résultant  de  l'exode  de  la  chromatine  du  noyau  dans  le  cytoplasma;  le  caryoplasme,  à 
mon  avis,  participe  à  l'exode  des  grains  de  chromatine.  Dans  une  cellule  qui  se 
recharge  de  vénogène  il  faut  noter  en  effet  l'existence  au  pôle  antérieur  du  noyau  d'une 
zone  hyaline,  réfringente,  à  très  faible  électivité  pour  les  colorants  nucléaires;  cette 
zone  hyaline  peut  être  concentrique  à  la  sphère  nucléaire.  Cette  formation  n'est  pas 
un  artefact;  elle  est  visible  avec  le  Lindsay,  le  HgCl-,  le  Bouin  ;  j'ai  vu,  de  cette 
zone  antépérinucléaire,  partir  des  prolongements  dans  l'intérieur  du  cytoplasme,  des 
gi^anulations  basophiles  reposaient  sur  ces  travées-  Il  n'y  pas  lieu  de  penser  que  ce  soit 
une  différenciation  cytoplasmique  ;  si,  au  contraire,  nous  rapprochons  les  réactions 
histo-chimiques  et  les  aspects  physiques  de  cette  formation  avec  ceux  donnés  par 
le  caryoplasme,  on  conçoit  que  l'on  puisse  se  trouver  ici  en  présence  de  l'émission,  à 
travers  la  membrane,  du  caryoplasme  ou  d'un  produit  élaboré  au  sein  du  caryoplasme. 

»  En  résumé,  dans  les  cellules  de  la  glande  parotide  de  la  Vipera  Âspis, 
l'élaboration  du  venin  est  soumise  aux  phases  suivantes  :  1°  phase  jiu- 
cléaire  :  la  chromatine,  le  caryoplasme,  le  nucléole  y  participent  ;  ce  dernier 
ne  disparaît  jamais  totalement;  elle  donne  lieu  à  l'émission,  dans  le  cyto- 
plasme, de  granulations  safranophiles  entourées  d'un  halo  de  substance 
hyaline  qui  parait  être  du  caryoplasme;  ces  granulations  constituent  les 
grains  de  vénogène;  i'^  phase  cytoplasmique  :  les  grains  de  vénogène  émigrés 
dans  le  cytoplasme  s'y  accumulent;  au  moment  de  l'activité  glandulaire, 
les  réactions  cyto-chimiques  transforment  le  vénogène  en  venin  élaboré. 

»  N.B.  —  Il  y  a  lieu  de  rapprocher  ces  phénomènes  de  ceux  déjà 
décrits  dans  les  celhiles  à  zymogène  des  glandes  gastriques  de  la  Vipera 
berus.  » 


PALÉONTOLOGIE.    —    Recherches  paléonlologiques  en  Patagonie.   Note   de 
M.  André  TouRNouiÏR,  présentée  par  M.  Albert  Gaudry. 

«  Au  moment  de   repartir  en   Patagonie  pour  achever  de  remplir  la 
mission  paléontologique  que  le  Ministère  de  l'Instruction  publique  et  le 


SÉANCE    DU    6    OCTOBRE    1902.  54 I 

Muséum  d'Histoire  naturelle  m'ont  confiée,  j'ai  l'honneur  de  donner  à 
l'Académie  des  indications  sur  les  travaux  déjà  exécutés. 

»  Ayant  acquis,  pendant  mon  séjour  de  dix  années  dans  la  République 
Argentine,  quelques  connaissances  sur  l'Amérique  du  Sud,  j'ai  pensé  que 
je  pourrais  rendre  service  à  la  Science  française  en  explorant  la  Patagonie 
où  de  si  curieuses  découvertes  paléontologiques  ont  été  faites  dans  ces 
dernières  années.  Depuis  les  anciens  travaux  d'Alcide  d'Orbigny,  Darwin, 
Richard  Owen,  Flower,  Burmeister,  de  très  nombreux  ossements  de 
Mammifères  de  plusieurs  âges  géologiques  ont  été  étudiés  par  MM.  Flo- 
rentino  Ameghino,  Moreno,  Mercerat,  Roth,  Lydeliker,  Smith  Woodward. 
La  France,  jusqu'à  présent,  ne  possédait  presque  aucun  reste  de  ces 
animaux  qui  ont  intéressé  tout  le  monde  savant  et  ont  été  l'objet  de  vives 
discussions.  M.  Florentino  Ameghino,  directeur  du  Musée  national  de 
Buenos-Ayres,  a  eu  la  bonté  de  me  donner  les  plus  précieux  renseigne- 
ments ;  je  lui  en  témoigne  toute  ma  reconnaissance. 

»  Ma  première  exploration  paléontologique  en  Patagonie  a  eu  lieu  de 
novembre  1898  à  mai  1899.  J'ai  longé  les  Cordillères  depuis  Mendoza  (lati- 
tude 32)  jusqu'au  Rio  Senguerr  (latitude  4^)-  J'ai  fait  ensuite  des  recherches 
sur  les  bords  du  Coli-Huapi  (lac  Rouge);  c'est  là  que  j'ai  rencontré  les 
plus  grandes  difficultés,  cette  région  étant  absolument  déserte  et  privée 
de  végétation,  à  60'"™  de  lieux  habités;  il  a  fallu  tout  emporter  avec  moi 
pour  ma  nourriture  et  celle  de  mes  gens.  J'ai  fait  don  au  Muséum  des  échan- 
tillons recueillis. 

»  U Aslrapotherium  est  le  genre  dominant  au  Coli-Huapi.  Outre  l'énorme 
Astrapotherium  magnum,  j'ai  rencontré  un  atlas,  une  portion  distale  de 
fémur,  une  défense  d'une  espèce  encore  plus  gigantesque  que  le  Pyrothe- 
rium  trouvé  plus  tard  au  Rio  Deseado. 

»  Ma  seconde  expédition  a  eu  lieu  de  septembre  1899  à  juin  1900.  J'ai 
visité  Punta-Arenas,  les  bords  du  Rio  Gallegos,  fouillé  au  mont  Leone, 
près  du  Rio  Santa-Cruz,  dans  les  couches  terrestres  santacruziennes. 
Comme  M.  Carlos  Ameghino,  j'ai  vu  ces  couches  très  nettement  reposer 
sur  les  dépôts  marins  du  Patagonien,  Le  Nesodon  est  le  fossile  le  plus 
caractéristique  du  Santacruzien;  il  devait  vivre  en  troupeaux  :  j'en  ai  rap- 
porté au  Muséum  assez  de  pièces  pour  qu'on  puisse  se  rendre  compte  de  la 
forme  des  membres,  aussi  bien  que  de  la  tête  de  ce  type  si  différent  de 
nos  fossiles  européens. 

»  Mon  troisième  voyage,  fait  sous  les  auspices  du  Ministère  de  l'Ins- 
truction publique  et  du  Muséum,  a  commencé  en  août  1901.  J'ai  complété 


542  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

l'étude  du  Santacruzien  par  des  recherches  au  Rio  Coylet.  J'ai  pu  ainsi 
envoyer  au  Muséum  un  ensemble  considérable  de  la  faune  de  cet  étage  : 
des  Ongulés,  tels  c\i\  Astrapotherium,  Nesodoji,  Homalodontherium,  Theoso- 
don,  Diadiaphorus,  Hegctotherium,  Protypotherium,  etc.;  des  Edentés 
comme  Nematherium,  Hapalops,  Eutatus,  Peltephilus,  Propalœohoplophorus ; 
des  Rongeurs,  comme  Myopotamus,  Eocardia,  Acaremys,  etc.  ;  des  Car- 
nassiers subdidelphes  {Borhyœna)  et  didelphes  {Prothylacynus);  l'inté- 
ressant Abderites,  peut-être  voisin  des  Ranguroos-rats  et  l'énigmatique 
Epanort.hus,  etc. 

))  Après  mes  fouilles  dans  le  Santacruzien,  je  me  suis  rendu  dans  la  ré- 
gion du  Rio  Deseado  oii  j'ai  entrepris  l'examen  des  couches  à  Pyrotherium 
que  M.  Ameghino  place  plus  bas  que  celles  à  AsLrapotherium  du  Coli-Huapi  ; 
j'ai  retrouvé  V Astrapotherium  au  Deseado  comme  au  Coli-Huapi  et  au  Rio 
Coylet;  mais  je  n'avais  pas  au  Coli-Huapi  trouvé  le  Pyrotherium  du  Deseado. 

»  J'ai  interrompu  mes  travaux  en  1902  pour  rapporter  moi-même  des 
pièces  de  Pyrotherium  qui  me  paraissent  avoir  une  grande  importance. 

»  En  résumé,  les  fossiles  que  j'ai  recueillis,  et  que  l'on  peut  voir  dans  le 
laboratoire  de  Paléontologie  du  Muséum,  appartiennent  aux  étages  sui- 
vants de  M.  Ameghino  : 

»  Étage  terrestre  à  Nesodon  ( Santacruzien)  ; 

>)   Étage  marin  (Patagonien); 

))  Etage  terrestre  du  Coli-Huapi  à  Astrapotherium  et  à  Colpodon  (Pata- 
gonien terrestre); 

»  Étage  terrestre  du  Rio  Deseado  à  Pyrotherium. 

»  De  nouvelles  observations  me  semblent  nécessaires  pour  admettre  que 
l'étage  du  Coli-Huapi  est  différent  de  celui  du  Rio  Deseado,  car  j'ai  rap- 
porté des  couches  du  Rio  Deseado  :  des  pièces  bien  conservées  de  V Astra- 
potherium, de  grandes  mâchoires  qui  ressemblent  à  celles  du  Coli-Huapi, 
se  rapprochant,  selon  moi,  soit  de  celles  du  Leontinia,  soit  de  celles  de 
V Homalodontherium,  de  petites  mâchoires  qui  ressemblent  à  celles  du 
Colpodon  du  Coli-Huapi,  un  morceau  de  métacarpe  àQ  Diadiaphorus ,  un  cal- 
.  canéiun  qui  rappelle  le  Theosodon  et  des  os  d'Édentés,  etc.,  toutes  pièces 
bien  voisines  de  celles  du  Coli-Huapi. 

»  Les  faunes  tertiaires  de  Patagonie  forment  un  tel  contraste  avec  celles 
de  l'hémisphère  boréal  que  l'on  se  demande  s'il  n'y  aurait  pas  eu  un  con- 
tinent austral  où  la  marche  de  la  vie  aurait  été,  à  certains  moments, 
différente  de  celle  de  l'hémisphère  boréal.  M.  Ameghino  croit  que  le  Santa- 
cruzien est  de  rÉocène;  M.   Albert  Gaudry  et  moi  nous   pensons  qu'il 


SÉANCE   DU   6    OCTOBRE    1902.  543 

pourrait  monter  jusqu'à  l'Oligocène;  mais  pour  faire  cette  supposition, 
nous  sommes  obligés  d'admettre  que  l'évolution  du  grand  ordre  des  Rumi- 
nants aurait  été  plus  tardive  en  Patagonie  que  dans  nos  contrées.   » 

PALÉONTOLOGIE.  —  Sur  un  Carnassier  gigantesque  trouvé  clans  l'argile 
plastique  de  Vaugirard,  près  de  Paris.  Note  de  M.  Marcellin  Boule, 
présentée  par  M.  Albert  Gaudry. 

"  Jusqu'à  présent  on  ne  connaissait  dans  l'Eocène  inférieur  que  des 
Carnassiers  de  petite  taille.  La  découverte  que  j'ai  l'honneur  de  communi- 
quer à  l'Académie  nous  apprend  qu'à  l'époque  de  l'argile  plastique  il  y 
avait,  dans  le  bassin  de  Paris,  de  puissants  Carnassiers. 

»  En  1897,  les  ouvriers  de  la  carrière  de  Vaugirard,  près  d'Issy,  ren- 
contrèrent, vers  la  base  de  l'argile  plastique,  au  niveau  du  conglomérat  de 
Meudon  ou  très  peu  au-dessus  de  ce  niveau,  quelques  dents  et  de  nombreux 
fragments  d'os.  Ces  débris  furent  recueillis  par  M.  Eugène  Elleau,  rédacteur 
au  Ministère  des  Travaux  publics,  qui  voulut  bien  me  les  remettre  pour  les 
collections  du  Muséum.  Deux  dents  intactes  me  frappèrent  d'abord  par 
leur  forme  et  leur  dimension.  Elles  ne  pouvaient  avoir  appartenu  qu'à  un 
Mammifère  carnassier  énorme,  différent  de  ce  que  nous  connaissions  en 
Europe.  Avec  beaucoup  de  patience  et  de  temps,  j'ai  rapproché  les  frag- 
ments et  obtenu  des  portions  considérables  d'une  même  mâchoire  infé- 
rieure; j'ai  pu  la  restaurer  dans  son  entier  en  complétant  avec  du  plâtre 
les  parties  absentes. 

1)  M.  Munier-Chalmas,  à  qui  j'ai  montré  cette  reconstitution,  a  bien 
voulu  me  remettre  des  os  des  membres  recueillis  par  lui  de  1894  a  1896 
sur  le  même  point  de  la  carrière.  M.  Marcel  Bertrand  a,  de  son  côté, 
trouvé  quelques  fragments.  Il  n'est  pas  douteux  que  tous  ces  débris  se 
rapportent  à  une  même  espèce  et  probablement  même  ils  proviennent 
d'un  même  individu. 

))  La  mâchoire  inférieure  trouvée  à  Vaugirard  mesure  47^^™  de  longueur. 
La  mâchoire  inférieure  du  Lion  des  cavernes,  qui  était  plus  grand  que  le 
Lion  actuel,  ne  dépasse  guère  28'=™.  Celle  du  grand  Ours  des  cavernes, 
beaucoup  plus  gros  que  les  Ours  actuels,  atteint  exceptionnellement  40*^"^. 

M  L'animal  de  Vaugirard  présente  les  caractères  de  ce  groupe  de  Mam- 
mifères tertiaires  que  les  paléontologistes  américains  désignent  sous  le  nom 
de  Créodontes  et  que  les  paléontologistes  français  appellent  volontiers 


v^> 


544  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

des  Subdidelphes .  Ce  dernier  terme  est  plus  expressif,  car  il  rappelle  un 
certain  nombre  de  caractères  rapprochant  ces  Carnassiers  primitifs  des 
Marsupiaux  actuels.  On  retrouve  ces  caractères  sur  notre  mâchoire. 
Comme  dans  les  Marsupiaux  carnivores  actuels,  par  exemple  dans  le  Thy- 
lacyne,  les  molaires  ne  sont  pas  différenciées  en  carnassière  et  tubercu- 
leuse, et  l'angulaire  présente  une  forte  inversion. 

»  Nous  n'avons  pas  de  renseignements  sur  les  incisives.  La  canine,  à  en 
juger  par  l'alvéole,  était  grande,  forte,  de  section  ovale.  Immédiatement 
après,  sans  diastème,  venait  la  première  prémolaire  à  une  seule  racine. 
Les  six  autres  molaires  avaient  deux  racines.  Elles  étaient  très  semblables 
entre  elles,  toutes  formées  d'un  lobe  antérieur,  d'un  lobe  médian  plus 
élevé  et  d'un  lobe  postérieur  ou  talon  à  une  seule  pointe.  La  première 
arrière-molaire,  c'est-à-dire  la  dent  qui  représente  la  carnassière  des  vrais 
Carnivores,  ne  différait  guère  de  la  quatrième  prémolaire  qui  la  précédait 
et  des  arrière-molaires  qui  la  suivaient.  Pourtant,  la  deuxième  arrière- 
molaire  gauche,  qui  est  bien  conservée,  offre  à  son  lobe  moyen,  du  côté 
interne,  un  petit  tubercule  qui  paraît  représenter,  dans  un  état  de  très 
grande  réduction,  le  denticule  interne  des  carnassières  de  certains  Carni- 
vores actuels. 

»  Ces  caractères  ne  se  trouvent  chez  aucun  autre  fossile  européen. 
Mais,  en  Amérique,  on  connaît  depuis  longtemps  des  animaux  tout  à  fait 
semblables.  Dans  un  grand  Ouvrage  sur  les  Vertébrés  tertiaires,  Cope  a 
figuré  la  mâchoire  d'un  Carnassier  provenant  de  la  formation  de  Wasatch, 
c'est-à-dire  à  peu  près  de  même  niveau  que  notre  argile  plastique  et  qu'il  a 
nommé  Pachyhyœna  ossifraga.  Quoique  d'une  taille  considérable,  cet 
animal  était  plus  petit  que  celui  de  Vaugirard.  La  mâchoire  n'avait  que 
o™,35  de  longueur. 

»  En  1892  MM.  Osborn  et  Wortmann  donnèrent  le  nom  de  Pachyhyœna 
gigantea  à  quelques  molaires  isolées  provenant  également  des  Wasatch 
et  dénotant  un  animal  beaucoup  plus  grand.  Tout  récemment  M.  Matthew 
a  fait  connaître  une  partie  de  la  mâchoire  inférieure  du  Pachyhyœna 
gigantea.  Autant  qu'on  puisse  en  juger  par  des  figures,  ce  fossile  ressemble 
bien  à  celui  de  Vaugirard. 

»  Les  quelques  os  du  squelette  recueillis  par  M.  Munier-Chalmas  sont 
très  curieux.  Ils  nous  apprennent  d'abord  que  le  Pachyhyœna  de  Vaugi- 
rard, comme  ses  congénères  d'Amérique,  avait,  proportionnellement,  la 
tête  beaucoup  plus  grande  que  le  corps.  Ils  accusent  un  animal  de  la 
taille  d'un  Lion  ou  d'un  Ours  actuel.  Nous  avons  un  tibia,  deux  morceaux 


SÉANCE  DU  6  OCTOBRE  1902.  545 

de  cubitus,  des  fragments  d'un  calcanéum,  d'un  astragale,  plusieurs 
métacarpiens  et  phalanges. 

»  Ces  os  sont  fort  différents  de  ceux  des  divers  groupes  des  Carnassiers 
actuels.  Les  pattes  du  Pachyhyœna  se  rapprochaient  plus  des  pattes  des 
Ongulés  que  de  celles  des  Onguiculés  ;  les  surfaces  d'articulation  des  pha- 
langes, moins  arrondies  que  chez  les  Carnassiers  actuels,  ne  se  prêtaient  pas 
à  des  mouvements  aussi  étendus.  Les  phalanges  unguéales,  au  lieu  d'être 
comprimées  latéralement,  sont  élargies  et  fendues  à  leiu'  extrémité.  Ce 
sont  plutôt  des  sabots  que  des  griffes. 

»  Les  rapprochements  que  l'animal  de  Vaugirard  nous  permet  de  faire 
sont  intéressants.  Si  l'on  se  rappelle  que  le  Coryphodon  et  le  Palœonictîs, 
décrits  d'abord  en  Europe,  ont  été  trouvés  ensuite  en  Amérique  sur  le 
même  niveau  géologique,  on  verra  qu'une  parenté  de  plus  en  plus  étroite 
s'affirme  entre  les  formes  de  Mammifères  de  l'Europe  et  de  l'Amérique  du 
Nord  pendant  l'Éocène  inférieur.  De  j)areilles  ressemblances  sont  connues 
depuis  longtemps  pour  ce  qui  concerne  l'Oligocène.    » 

M.  P.  Le  Goaziou  demande  l'ouverlure  d'un  pli  cacheté,  déposé  le 
29  septembre  1902  et  inscrit  sous  le  n*^  6568. 

Le  contenu  de  ce  r)li,  relatif  à  l'expérience  du  pendule  de  Foucault,  est 
renvoyé  à  l'examen  de  MM.  Appell  et  Violle. 

M.  Tsï.  ToMMASiNA  adresse  une  Noie  «  Sur  les  charges  oscillantes  des 
surfaces  radio-actives  ». 

(Commissaires  :  MM.  IMascart,  H.  Becquerel.) 

MM.  Tu.  SiMox  et  J.-Cii.  Roux  ach-essent  une  NoLe  «  Sur  un  nouvel 
ergomètre  ». 

(Commissaires  :  MM.  Marey,  I^annelongue.) 

M.  Balland  adresse  une  Note  «  Sur  les  principales  plantes  fourragères  » . 

A  4  heures,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

Ija  séance  est  levée  à  4  heures  et  demie. 

M.   B. 

C.  n.,  1902,    2"  Semestre.  (T.  CXXW,  N"  14.)  7^ 


5^6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvhages  reçus  dans  la  séance  du  i5  septembre  1902. 

Sur  l'éruption  de  la  MariiniquQ,  par  MM.  A.  Lacroix,  Rollet  de  lIsle  et  Giraud. 
(Extrait  des  Comptes  rendus  des  séances  de  l' Académie  des  Sciences,  t.  CXXXV, 
séances  des  i^""  et  8  septembre  1902.)  Paris,  Gauthier-Villars  ;  i  fasc.  111-4". 

Annales  de  mon  Observatoire,  par  L. -Lucien  Libert  ;  n°*  3,  k,  6.  Le  Havre, 
Paris,  1902;  3  fasc.  in-8°. 

Die  Gewinnung  des  Aluminiums  utid  dessen  Bedeutung  fiir  Handel  und  Indus- 
trie, von  Adolphe  Minet,  in  deutsche  iïberlragen  von  D"  Émil  Abel,  mit  67  Figuren 
und  16  Tabelien  im  Text.  {Monographien  Liber  angewandte  Elektrochemie,^iS..  IL) 
Halle  s.  S.,  Wilhelm  Ivnapp,  1902,  i  vol.  in-8°. 

Martinique  und  seine  Vulkanismus,  von  D'' Emil  Deckert  ;  mit  Karte.  (Extr.  de 
Z)''  A.  Petermanns  Georg.  Mitteilungen,  1902,  fasc.  VL  )  i  fasc  in-4°. 

Die  westindische  V ulkankatastrophe  und  ihre  Schauplàlze,  von  D'  Emil  Deckert. 
(Extr.  de  Zeitschr.  der  Gesellschaft  filr  Erdkunde  zu  Berlin,  1902,  n°  5.)  i  fasc.  in-8°. 

Die  Erdbebenherde  und  Schilttergebiete  von  Nord- America  in  ihren  Beziehungen 
zu  den  morphologischen  Verhàltnissen,  von  D""  Emil  Deckert,  liierzu  Tafel  4-7. 
(Extr.  de  Zeitschrift  der  Gesellschaft  fur  Erdkunde  zu  Berlin,  1902.)  i  fasc.  in-8°. 
(Hommage  de  l'Auteur.) 

List  of  members  of  tlie  «  Brilish  astronomical  Association  »,  September  1902. 
Londres,  1902;  i  fasc.  in-8°. 

Anales  de  la  Sociedad  cientificà  argentina,  julio  1902.  eiitrega  I,  tomo  LIV. 
Buenos-Ayres,  1902;  i  fasc.  in-8°. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  22  septembre  1902. 

Les  Bathynomes,  par  Alphonse  Milne-Edwards  et  E.-L.  Bouvier.  (Memoirs  of  the 
Muséum  of  comparative  ZoÔlogv  at  Harvard  collège;  Vol.  XVH,  n°  2  :  Beports  on 
the  results  of  dredging,  unter  the  supervision  of  Alexander  Agassiz,  in  the  gulf 
of  Mexico  (1877-1878),  in  the  Caribbean  sea  (1878-1879),  and  along  the  Atlantic 
coast  of  the  United  States  (1880),  by  the  U.  S.  coast  survey  steamer  Blake,  XL.) 
Cambridge  (États-Unis),  1902;  i  fasc.  in-4°. 

L'esthétique  dans  les  sciences  de  la  nature,  par  Gii.  Janet.  Paris,  1900;  i  fasc. 
in-8°. 

I^es  habitations  à  bon  marché  dans  les  villes  de  moyenne  importance,  par  Charles 
Janet.  Limoges,  1900;  i  fasc.  in-8°. 

Essai  sur  la  constitution  morphologique  de  la  tête  de  l'insecte,  par  Charles  Janet. 
Paris,  1899;  X  fasc.  in-8°. 


SÉANCE  DU  6  OCTOBRE  1902.  647 

Dix.  opuscules  sur  les  fourmis  et  les  guêpes,  par  Charles  Janet;  10  fasc.  de  divers 
formats. 

Ueber  das  Reciprocitâtsgesetze  der  L'^"-  PoLentzreste  algebraischen  Zahlkôrpern,, 
wenn  /  ein  ungerade  Primzahl  bedeutet,  von  Pu.  Furtwàngler.  Berlin,  1902;  i  fasc. 
in-4''. 

Revision  of  Wolf's  suti-spot  relative  iiumbers,  by  prof.  A.  Wolfer.  (Exlr.  de 
Monthly  weather  Review,  avril  1902.)  i  fasc.  in-4°. 

Eclipse  meteorology  and  allied  problems,  Frank-II.  Bigelow.  (U.  S.  départ,  of 
agr.;  weather  bureau;  Bul.  1.)  Washington,  1902;  i  fasc.  in-4°. 

Zone  observations  with  the  nine-inch  transit  circle,  1894-1901,  by  Aaron-N. 
Skinner  assisted  by  Frank-B.  Littell  and  Theo-J.  Klng.  {Publications  of  the  United 
States  naval  Observatory.  second  séries,  Vol.  II.)  Washington,  1902;  i  vol.  in-4°. 

Spoglio  délie  osservazioni  sisniiche  dalV  agosto  1901  al  3i  luglio  1902,  eseguito 
dal  Direttore,  D.-R.  Stiattesi,  delT  osservatorio  di  Quarto-Castello,  Firenze,  Ilalia. 
I  fasc.  in-8°. 

Die  drei  Kàltemaschinen-Systeme  :  Ammo.niak,  schwejlige  Sàure  und  Kohlen- 
sdure,  von  Rich.  Stetefeld.  (Extr.  de  Zeitschrift  flir  die  gesaminte  Kdlte-Industrie, 
1902.)  Munich;  i  fasc.  in-Zj". 

Weitere  Reitràge  ziir  Frage  nach  der  Einwirkung  des  Hôhenklimas  auf  die 
Zusammensetzung  des  Blutes,  von  Emil  Abderhaldex.  Munich,  1902;  i  fasc.  in-S". 

Year  book  of  the  Michigan  collège  of  Mines,  1901-1902.  Houghton,  Mich.,  1902; 
I  fasc.  in-i2. 

Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  29  septembre  1902. 

Notice  sur  la  vie  et  les  travaux  d'Albert  Faisan,  par  Ernest  Chantre.  Lyon, 
A.  Rey  et  C'^,  1902  ;  i  fasc.  in-8°. 

Essais  sur  l'organisation  rationnelle  de  la  comptabilité  à  parties  doubles,  par 
P.  Moutier;  2"  étude.  Paris,  Guillaumin  et  C'^,  1901;  i  fasc.  in-8°.  (Hommage  de 
l'Auteur.) 

A  proposito  del  récente  disastro  délie  Antille,  proposta  e  voii,  di  A.  Issel.  (Extr. 
de  Atti  délia  Società  linguistica  discienze  naturali  e  geografiche;  vol.  XIII,  fasc.  2, 
1902.)  (Hommage  de  l'Auteur.) 

//  concetto  délia  direzione  nelle  montagne.  Memoria  del  prof.  Arturio  Issel. 
Florence,  1902;  i  fasc.  in-8°. 

Die  Zersetzung  stickstofffreier  organischer  Substanzen  durch  Bakterien,  von 
D""  O.  Emmerling,  mit  7  Lichtdrucktafeln.  Brunswick,  Friedrich  Vieweg  et  fils,  1902; 
I  vol.  in-i2. 

Missouri  botanical  Garden.  Thirteenth  annual  Report  :  1°  Reports  for  the 
year  1901  ;  2°  Scientific  papers  :  The  Yucceae,  by  William  Trelease.  Saint-Louis, 
Mo.,  1902;  I   vol.  in-8°. 

Explorations  géologiques  dans  les  régions  aurifères  de  la  Sibérie  :  Région 
aurifère  d'Iénissei,  livraisons  1  et  2;  Région  aurifère  de  Lena,  livraison  1;  Région 
aurifère  de  V Atnour,  livraisons  1  et  2.  Saint-Pétersbourg,  1900-igoi  ;  5  fasc.  in-8°. 


54"^  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Annuario  de  Universidade  de  Coinibra ;  anno  lectivo  de  igoi-igo'î.  Goïmbre, 
1901  ;  I  vol.  in-8°. 

Reformas  dos  estudos  da  Universidade  de  Coimbra  pelLo  decrelo  n°  k  de  i[\  de 
dezembro  de  igoi.  Goïmbre,  1902;  i  fasc.  in-8". 

Vear  Book  of  the  Michigan  Collège  of  Mines,  1901-1902.  Houghton,  Midi.,  1902; 
i  vol.  in-i2. 

Proceedings  of  the  California  Academy  of  Sciences;  ihircl  séries  :  Zoology, 
Vol.  II,  n-^"  7-11;  vol.  III,  n"^  1-3,  h.  Botany,  vol.  II,  n°'  3-9.  San  Francisco, 
1 901-1902;  i5  fasc.  in-8°. 

Occasional  Papers  of  the  California  Academy  of  Sciences;  Vol.  VIII  :  List  of 
the  Coleoptera  of  Southern  California,  by  H.-C.  Fall.  San-Francisco,  1901  ;  i  vol. 
in-8". 

Census  of  India,  1901  :  Assam,  by  B.-C.  Allen;  Bombay,  by  S. -M.  Edwardes. 
Bombay,  190 1-1902;  5  vol.  petit  in-f°. 


ACADÉMIE  DES    SCIENCES 

SÉATsCE   DU   LUNDI  15   OCTOBRE   1002. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  BOUQUET  DE  LA  GRYE. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

HISTOIRE  DES  SCIENCES.  —  Sur  les  Registres  de  laboratoire  de  Lavoisier; 

par  M.  Berthelot. 

«  Le  Journal  de  laboratoire  de  Lavoisier  a  été  donné  par  sa  veuve, 
M""^  de  Rumford  (morte  en  i836),  à  Arago,  qui  l'avait  mis  en  i843  à  la 
disposition  de  la  Commission  chargée  de  publier  les  OEuvres  de  notre 
illustre  Confrère,  à  la  suite  d'une  lettre  de  M.  Villemain,  ministre  de 
l'Instruction  publique,  qui  avait  consulté  l'Académie  sur  l'intérêt  qu'il  y 
aurait  de  faire  cotte  publication  aux  frais  de  l'Etat  (').  Voici  bientôt 
soixante  ans  que  le  dépôt  fait  par  Arago  est  conservé  dans  les  Archives  de 
l'Académie. 

))  Ce  Journal  consistait  principalement  en  quatorze  grands  Registres, 
dont  treize  seulement  se  sont  retrouvés  après  la  mort  d'Arago,  survenue 

(*)  On  lit  dans  les  Comptes  rendus  des  Séances  de  V Académie,  tome  XVII,  p.  421, 
séance  du  28  août  i843  :  «  M.  Arago  annonce  qu'il  mettra  à  la  disposition  des  per- 
»  sonnes  que  l'Académie  désignera  pour  diriger  cette  publication,  les  papiers  de 
»  Lavoisier,  qui  lui  ont  été  donnés  par  la  veuve  de  cet  illustre  chimiste.  »  La  table  du 
Volume  reproduit  cette  indication  en  la  précisant  par  les  mots  :  «  les  manuscrits  de  ce 
»   savant  (Lavoisier)  qui  sont  en  sa  possession  ». 

Dans  le  même  Volume,  on  lit  encore  à  la  page  458  :  «  M.  Arago  dépose  sur  le  bureau 
»  le  Journal  du  Laboratoire  de  Lavoisier,  afin  que  la  Commission  nommée  par  l'Aca- 
»  demie  y  puise  ce  qu'elle  trouvera  propre  à  figurer  dans  l'Edition  projetée  des 
»   OEuvres  de  ce  célèbre  chimiste.  » 

On  verra  d'ailleurs  plus  loin  qu'Arago,  se  regardant  comme  possesseur  régulier,  a 

cru  pouvoir  faire  cadeau  de  l'un  de  ces  Registres. 

o 

C.   K.,  M.)02,  2'=  Semestre.  (T.  GXXXV,   N»  15.)  7"* 


55o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

en  i853.  J'en  ai  publié  en  1890  l'analyse,  qui  occupe  102  pages,  dans  mon 
Ouvrage  intitulé  :  La  Révolution  chimique  :  Lavoisier  (  '  ). 

»  J'ai  été  chargé  d'ailleurs,  en  1891,  par  un  arrêté  du  Ministre  de  l'In- 
struction publique,  de  la  publication  de  ces  Registres.  Ils  n'avaient  pas  été 
compris  dans  le  plan  des'  éditeurs  (Dumas,  Debray,  Grimaux)des  OEuvres 
de  Lavoisier,  qui  ont  exécuté  leur  travail  de  1861  à  1898,  en  réunissant 
dans  six  Volumes  les  Traités  et  Mémoires  imprimés  autrefois  dans  diffé- 
rents Recueils  et  en  y  ajoutant  un  certain  nombre  de  documents,  tirés  des 
papiers  manuscrits  de  Lavoisier,  mis  à  leur  disposition  très  libéralement 
en  1846  par  M.  Léon  de  Chazelles,  aussi  soucieux  que  l'Académie  de  la 
mémoire  du  grand  homme,  à  la  famille  duquel  il  était  allié  (-). 

»  Aucun  examen  de  ce  Journal  de  Laboratoire  ne  paraît  avoir  été  publié 
avant  l'époque  où  j'ai  eu  occasion  de  le  consulter  dans  nos  Archives,  à 
l'occasion  de  la  Notice  historique  sur  notre  célèbre  Confrère,  que  j'ai  lue  à 
l'Académie,  dans  sa  séance  publique,  en  décembre  1889,  pour  accomplir 
un  devoir  traditionnel,  qui  ne  l'avait  pas  été  jusque-là  dans  l'enceinte  de 
l'Institut.  Les  résultats  consignés  dans  ces  Registres  sont  exclusivement 
d'ordre  scientifique;  ils  ne  renferment  d'ailleurs  rien  d'essentiel,  qui  soit 
demeuré  inédit  parmi  les  découvertes  de  Lavoisier  :  ceclair  et  méthodique 
génie  ayant  pris  soin  de  pousser  à  bout  toutes  ses  recherches  de  quelque 
importance  et  de  les  publier  de  son  vivant,  dans  les  Recueils  de  l'Académie 
et  dans  ses  propres  Ouvrages.  Un  Journal  de  Laboratoire  n'en  offre  pas 
moins  un  intérêt  notable  pour  les  personnes  curieuses  de  l'histoire  de  la 
Science  et  qui  désirent  connaître  l'origine  et  la  progression  des  idées  direc- 
trices des  génies  inventeurs.  Je  me  suis  efforcé  de  les  mettre  en  évidence 
dans  l'analyse  que  j'ai  publiée  du  Journal  de  Lavoisier  (^  ).  Cependant,  cette 
analyse  était  demeurée  incomplète.  En  effet,  je  n'ai  eu  en  main  que  treize 
de  ces  grands  Registres  ;  le  second,  relatif  aux  expériences  exécutées  entre 
le  28  août  1773  et  le  23  mars  1774»  n'ayant  pas  été  retrouvé  après  la  mort 
d'Arago,  survenue  en  i853.  J'ai  pu  reconnaître  seulement  qu'il  devait 
renfermer  le  récit  des  expériences  sur  la  combustion  du  diamant  el  sur  la 
calcination  de  l'étain  dans  des  vases  fermés. 

»   Or,  au  mois  d'août  dernier,  M.  Brocard,  correspondant  du  Ministère 


(^)  Alcan,  éditeur.  La  seconde  édition  a  paru  récemment. 

(^)  M'"'^  de  Chazelles  était  la  petite-fille  de  l'un  des  frères  de  M™«  de   Rumford, 
veuve  de  Lavoisier;  elle  fut  sa  légataire  universelle. 

{'^)  La  Révolution  chimique  :  Lavoisier,  p.  210  et  2^9. 


SÉANCE  DU  l3  OCTOBRE  1902.  55  r 

de  l'Instruction  publique,  a  bien  voulu  m'annoncer  qu'il  avait  trouvé 
mention  de  ce  Registre  dans  le  Catalogue  général  des  Monuments  des 
Bibliothèques  publiques  de  France,  t.  XITI,  édité  en  1891.  La  note  qu'il 
m'a  envoyée  ces  jours-ci  sera  imprimée  plus  loin  (p.  674)  dans  le  présent 
numéro  des  Comptes  rendus. 

»  Ce  Registre  appartient  aujourd'hui  à  la  Bibliothèque  de  Perpignan,  à 
laquelle  Arago,  qui  le  possédait,  en  avait  fait  don  par  écrit  autographe  et 
signé,  à  une  époque  qu'il  n'a  pas  été  possible  de  préciser.  Le  Ministre 
de  l'Instruction  publique  a  bien  voulu  le  faire  venir  à  Paris  et  je  vais  donner 
brièvement  les  résultats  de  mon  examen,  afin  de  compléter  mes  analyses 
antérieures. 

»  Ce  Registre,  de  même  que  les  autres  (à  l'exception  du  dernier),  est 
relié  en  veau  plein,  avec  fleurons  dorés  au  dos,  rappelant  la  fleur  du  char- 
don. Il  porte  au  verso  de  la  feuille  de  garde  une  inscription  similaire  aux 
autres  :  «  Tome  second  du  9  ^'^'"^  i773  nu  5  Mars  1774-  »  Sur  la  feuille 
suivante  on  lit,  de  la  main  de  Lavoisier  :  «  Registre  pour  les  expériences 
»  chimiques  commencé  le  9  7*'''^  ^773.  »  Au-dessous  de  ces  deux  titres 
sont  les  Notices  relatant  le  don  fait  par  Arago,  avec  sa  grosse  et  belle  écri- 
ture et  sa  signature.  Observons  seulement  que  l'indication  suivante  qui  y 
est  inscrite  :  «  De  la  feuille  8  à  la  feuille  29,  les  notes  sont  de  la  main  de 
»  Macquer;  il  en  est  de  même  des  feuilles  85,  etc.  »  est  erronée.  En  effet, 
l'écriture  de  ces  notes  n'est  pas  celle  de  Macquer,  comme  je  m'en  suis 
assuré  en  les  coUationnant  avec  des  lettres  authentiques  (')  de  Macquer, 
qui  existent  à  la  Bibliothèque  nationale  (Macquer,  Correspondance,  t.  11, 
f.  3;  ms.  nouv.  acq.  franc.  2761).  I/écriture  claire  et  nette  de  Macquer 
n'a  aucun  rapport  avec  l'écriture  grosse,  lourde,  un  peu  imparfaite,  fort 
lisible  d'ailleurs,  du  Registre  de  Lavoisier.  En  fait,  celte  écriture  est  celle 
de  M"^^  Lavoisier,  comme  on  peut  le  vérifier  sur  les  autres  Registres  et 
notamment  sur  l'Index  alphabétique  placé  en  tête  du  Registre  n°  I.  Elle 
avait  coutume  de  transcrire  les  résultats  des  expériences  sur  ces  Registres, 
concurremment  avec  Lavoisier  lui-même,  auquel  elle  servait  de  secré- 


(')  J'avais  espéré  trouver  quelque  autre  certitude  à  cet  égard  dans  les  Raj3ports 
manuscrits,  signés  de  Macquer,  qui  existent  aux  Archives  de  l'Académie  des  Sciences. 
Mais  il  ne  m'a  pas  été  possible  d'en  tirer  quelque  lumière  à  cet  égard,  parce  qu'ils 
ont  été  écrits,  en  réalité,  par  cinq  ou  six  personnes  ou  secrétaires  distincts,  dont  les 
écritures  diffèrent  entre  elles  et  ne  diffèrent  pas  moins  de  celle  des  lettres  authen- 
tiques de  Macquer.  Il  faut  beaucoup  de  prudence  en  pareille  matière. 


552  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

laire.  M™^  Lavoisier  a  pris  soin  de  se  montrer  en  action  dans  une  sépia, 
que  j'ai  reproduite  en  lête  de  ma  Révolution  chimique.  Pour  compléter  la 
certitude  à  cet  égard,  j'ai  cru  utile  de  prendre  comme  terme  de  comparai- 
son une  lettre  authentique  de  M""^  Lavoisier,  adressée  au  Comité  de  sûreté 
générale  en  novembre  1793  et  qui  existe  aux  Archives  nationales,  F^  4757- 

»  Ce  qui  a  causé  l'erreur  d'Arago,  c'est  l'indication  suivante  du  Re- 
gistre (f.  9)  :  «  Rédigé  par  M.  Macqiier  ».  Il  est  probable  que  la  page  dont 
il  s'agit  a  été  copiée  sur  les  indications  d'un  Rapport  de  Macquer,  qui 
collaborait  aux  expériences  qui  y  sont  relatées.  Mais  cette  copie  n'est  pas 
de  son  écriture  et  elle  en  diffère  même  beaucoup. 

M  A  la  fin  du  Registre  actuel  se  trouve  une  table  alphabétique  des  ma- 
tières, d'une  troisième  écriture,  fort  différente  du  reste,  et  qui  est  l'œuvre 
soignée  d'un  secrétaire  calligraphe. 

»  Venons  aux  sujets  traités  dans  le  Journal  de  Lavoisier. 

»   Les  feuilles  1,  2,  3  sont  blanches. 

»  Feuille  4.  «  Du  27  septembre  1770.  Effet  de  l'eau  imprégnée  d'air 
»  fixe  (^)  sur  les  dissolutions  métalliques.  » 

»  Ces  expériences,  pour  la  jjlupart  négatives,  ont  été  résumées  dans  les 
Opuscules  (OEUVRES,  t.  I,  p.  636);  les  mots  «  air  fixe  »  y  sont  remplacés 
par  «  fluide  électrique  )>. 

»  5.  tt  Dissolutions  métalliques  combinées  avec  une  dissolution  de  terre 
»   calcaire  dans  l'air  fixe.  »  Même  Volume,  p.  637,  638. 

))  6.  «  Déterminer  la  pesanteur  spécifique  de  l'acide  nitreux  fumant.  » 
On  appelait  wlovs  acide  nilreux  notre  acide  nitrique.  D'après  les  poids  indi- 
qués, cette  pesanteur  était  1 ,26  pour  l'échantillon  examiné. 

w  6,  7.  «  Acide  nilreux  sous  une  cloche,  4  septembre  1773  »  (avec 
addition  d'esprit-de-vin).  La  cloche  était  placée  sur  l'eau.  L'action  a  été 
lente.  Au  bout  de  8  jours,  on  a  obtenu  un  air  qui  activait  la  flamme  et  tuait 
sur-le-champ  les  animaux  (-). 

»  9  à  15,  57.  «  Vérification  des  expériences  de  M.  Lavoisier  sur  la  fixa- 
»  tion  de  l'air  dans  les  corps  et  sur  le  fluide  élastique  qui  s'en  dégage  dans 
»  plusieurs  circonstances,  en  présence  de  MM.  Trudaine,  Le  Roi,  deMonti- 
»  gny,  Macquer  et  Cadet,  le  samedi  24  septembre  1773.  —  Rédigé  par 
»  M.  iMacqner.  »  —  C'est  la  reproduction  des  expériences  décrites  daus  les 


(')  Noire  acide  carbonique. 

(■-)  Notre  protoxyde  d'azote,  mêlé  probablement  de  bioxydo. 


SÉANCE    DU    l3    OCTOBRE    1902.  553 

Opuscules  (OEuvREs,  t.  I,  p.  SSg  et  suivantes),  expériences  entreprises 
pour  vérifier  les  observations  et  les  théories  de  Black  (  '  ),  prélude  de  celles 
de  Lavoisier  sur  les  mélaux. 

«   17,  18.  Suite  :  OEuvres,  t.  I,  p.  SSg. 

»  15,  16,  24.  «  Combustion  du  phosphore  dans  un  vaisseau  clos  » 
(sur  le  mercure).  Reproduction  de  l'expérience  des  Opuscules  (OEuvres, 
t.  I,  p.  641).  L'augmentation  de  poids  est  estimée  par  un  procédé  peu 
précis  :  OEuvres,  t.  I,  p.  65o. 

»  19.  «  Précipitation  de  l'eau  de  chaux  par  la  vapeur  du  charbon  » 
(après  combustion).  Vérification  d'une  expérience  de  Gavendish  : 
OEuvres,  t.  I,  p.  4t^i  • 

»  20,  21,  22,  32,  47,  48.  «  Dégagement  du  fluide  élastique  du 
»  minium  (-)  par  suite  de  sa  réduction  en  plomb  et  effets  de  ce  fluide.  » 
(OEuvres,  t.  T,  p.  600,  6o4,  6f3.) 

))  23.  «  Du  mercredi  29  septembre  [773.  Distillation  du  charbon  dans 
»  les  vaisseaux  clos.  »  (OEuvres,  t.  I,  p.  609.)  Le  produit  trouble  l'eau  de 
chaux  (^).  «  Expérience  à  revoir  )),  écrit  Lavoisier. 

»  25.  «  Expériences  faites  au  Jardin  de  rinlante  (')  le  i5  octobre  1773 
»   avec  la  lentille  de  l'Académie.    » 

«   Calcination  du  marbre  au  verre  ardent.    » 

»  26.  «  16  octobre  1873.  Évaporation  du  diamant  sous  une  cloche 
»  renversée  sur  l'eau  distillée.  Réduction  du  diamant  en  ch;n'bon.  »  Ce 
titre  a  été  ajouté  de  l'écriture  de  Lavoisier.  —  La  rédaction  est  écrite  par 
J\l™^  Lavoisier. 

»  J^es  expériences  qui  suivent,  poursuivies  en  partie  avec  le  concours 
de  Macquer  et  de  Cadet,  sont  celles  qui  figurent  dans  le  Mémoire  intitulé  : 
Destruction  du  diamant  par  le  feu.  (OEuvres,  1. 1,  p.  38  à  88,  principalement 
depuis  la  page  64.) 

»   30.    «   Calcination  de  la  craye  au  verre  ardent.    » 

))  31,  45,  46,  47.  «  Calcination  du  charbon  par  le  feu  des  four- 
»   neaux.    » 


(^)  La  Révolution  chimique,  p.  07. 
(-)  Mêlé  de  charbon. 

(^)  Ce  qui  s'explique  par  la  présence  d'une  certaine  quantité  d'air  ordinaire  dans  le 
vase. 

(*)   Devant  le  Louvre. 


554  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

»  33.  Suite.  —  35,  36,  37.  «  Évaporation  du  diamant  dans  l'air 
»  fixe.  «   (OEuvREs,  t.  Il,  p.  8o.) 

))  34.  «  Du  28  octobre  1773.  Combustion  de  l'esprit  de  vin  par  l'acide 
»    phosphorique.  •» 

))  38.  «  Charbon.  Son  évaporation  dans  l'air  fixe  au  verre  ardent.  » 
(OEuVRES,  II,  82.) 

»   40.  «  Malachite  au  verre  ardent.  «  «  Lapis  lazuli  au  verre  ardent.  » 

»  41,  42.  «  Charbon  exposé  au  verre  ardent  sous  une  cloche  ren- 
»  versée  dans  du  mercure.  »  (OEuvres,  t.  II,  p.  84.) 

>)  43,  44,  45.  «  Calcination  du  plomb  sous  une  cucurbite  renversée 
»   dans  du  mercure  »  (avec  le  verre  ardent).  (OEuvres,  t.  I,  p.  6r4,  617.) 

«  Les  feuilles  suivantes,  de  48  à  56,  puis  83,  83,  84,  90,  92,  93, 
renferment  des  expériences  sur  l'acide  phosphorique,  ses  combinaisons, 
ainsi  que  le  sel  d'Epsum  (sulfate  de  magnésie  et  les  sels  magnésiens); 
expériences  sans  grande  importance.  Celles  qui  concernent  l'acide  phos- 
phorique sont  reproduites  :  OEuvres,  t.  II,  p.  i4i,  i52;  voir  aussi  p.  271. 

))  57.  «  Dégagement  de  Talkali  volatil  du  sel  ammoniac  par  la  chaux 
»  faite  par  la  voie  humide.   « 

«  M.  de  Trudaine  m'ayant  fait  naître  quelqu'inquiétude  sur  le  dégage- 
»  ment  de  l'alkali  volatil  du  sel  ammoniac  par  les  terres  calcaires  précipi- 
»  tées  sous  forme  caustique  et  non  caustique,  j'ay  répété  de  nouveau  toutes 
»   les  expériences.    « 

»  59,  60,  64,  65,  69.  Expériences  sur  le  «  spath  phosphorique  )> 
(fluorure  de  calcium)  et  sur  son  acide  (appelé  spathigue)  —  peu  signifi- 
catives. 

»  62,  63,  68,  75.  «  Base  du  sel  d'Epsum,  etc.  »  (Ce  n'est  pas  notre 
magnésie  caustique  qui  est  désignée  par  ces  mots,  mais  son  carbonate.) 

))  65.  «  Effets  de  la  vapeur  d'eau  bouillante  sur  les  corps  en  flammes.  » 
Elle  n'entretient  pas  la  flamme,  dont  l'air  «  est  un  aliment  nécessaire  ». 
C'est  une  vérification  d'une  vérité  connue. 

»   66.   C'est  la  seule  feuille  qui  renferme  quelques  réflexions  générales  : 

«   Projets  d'expériences 

»   sur  la  pesanteur  de  la   matière  du  feu.    » 

«  M.  de  Bufon  paraît  avoir  prouvé  par  des  expériences  qu'il  regarde 
»  comme  décisives  que  la  matière  du  feu  pèse  et  qu'un  corps  parvenu  à 
»   l'état  d'incandescence  en  contient  entre  ^  et  ^  de  sa  masse.  Cette 


SÉANCE  DU  l3  OCTOBRE  1902.  555 

»  quantité  est  assez  considérable  pour  pouvoir  être  appréciée  et  il  est  aisé 
»  de  répéter  l'expérience  de  M.  de  Bufon  avec  des  corps  très  fixes  qui  ne 
»   laissent  aucun  doute. 

»  Mais  si  la  matière  du  feu  pèse,  voilà  un  moyen  de  connaître  ce  qui  se 
»  fixe  de  matière  du  feu  dans  un  mélange,  ou  ce  qui  s'en  dégage;  le  poids 
»  du  corps  doit  être  plus  ou  moins  pesant,  suivant  que  la  quantité  fixée  ou 
»   dégagée  est  plus  ou  moins  grande. 

»  Une  première  expérience  à  faire  est  la  combustion  du  phosphore  dans 
»  une  bouteille  vide.  On  en  peut  brûler  quatre  ou  cinq  grains.  Mais  il  faut 
»  que  la  bouteille  soit  assez  forte  pour  résister  dans  le  premier  moment  à 
»   la  dilatation  intérieure  de  l'air  de  la  bouteille.  » 

»  Cette  question  de  la  pesanteur  de  la  matière  du  feu  a  été  l'objet  d'une 
multitude  d'expériences  au  xviii*  siècle  :  la  théorie  du  phlogistiquey  con- 
duisait naturellement.  Boerhave  avait  constaté  qu'une  barre  de  fer  rougie 
ne  change  pas  de  poids.  Ces  expériences,  en  Chimie  surtout,  étant  donné 
l'état  des  connaissances  de  l'époque,  comportaient  un  grand  nombre  de 
causes  d'erreurs.  C'est  Lavoisier  qui  l'a  résolue  d'une  façon  définitive  (*). 
•»  Cependant,  il  n'existe  pas,  à  ma  connaissance,  dans  les  OEuvres 
imprimées  de  Lavoisier,  aucun  endroit  où  il  ait  parlé  de  cette  opinion 
propre  de  Buffon,  qui  semblait  se  présenter  dans  sa  discussion  relative  à  la 
théorie  du  phiogistique  :  ce  qui  s'explique  d'ailleurs  par  une  question  de 
courtoisie,  Buffon  ayant  vécu  jusqu'en  1  788. 

»  70  à  74.  «  Des  25  et  26  décembre  1773.  Air  dégagé  dans  la  combi- 
»  naison  de  l'acide  nitreux  (-)  et  de  l'esprit  de  vin.  »  —  L'auteur  effectue 
l'attaque  de  l'alcool  par  un  acide  nitrique  pesant  1,26.—  Il  décrit  assez  con- 
fusément la  formation  de  l'acide  carbonique,  accompagné  par  une  certaine 
quantité  d'un  gaz  inflammable  (notre  éther  nitreux?)  et  celle  de  divers 
autres  produits.  Le  problème  était  trop  compliqué  pour  être  abordé  à  cette 
époque. 

>>  76-77-78,  81,  88,  89,  91.  -  En  blanc. 

»  79,  80.  «  Décomposition  du  bleu  de  Prusse  par  l'eau  de  chaux.  » 
—  Peu  net. 

»  85  à  87.  «  Du  27  janvier  1774.  Acide  du  citron.  Sa  préparation.  » 
Expériences  imparfaites. 

(')  Voir  La  Révolution  chimique  :  Lavoisier,  p.  i3,  84,  89,  99  et  passim. 
{^)  Notre  acide  nitrique. 


556  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

))  94.  «  Dégagement  de  la  vapeur  du  foye  de  soufre.  Elle,  est  inflam- 
mable.  »  Sulfure  de  calcium  et  acide  sulfurique  étendu. 

»  95  à  115.  «  La  calcination  du  plomb  et  de  l'étain  dans  des  vaisseaux 
»   scellés  hermétiquement;  du  5  février  au  5  mars  1774-  « 

»  Ces  expériences  offrent  une  importance  de  premier  ordre.  Aussi 
Lavoisier  les  a-t-il  transcrites  à  peu  près  intégralement  dans  son  Mémoire 
lu  à  la  rentrée  publique  de  l'Académie,  à  la  Suint-Martin  1774  et  publié 
en  1777  dans  les  Mémoires  de  V Académie.  Ce  Mémoire  figure  dans  les 
OEUVRES,  t.  TI,  p.  io5-i2i  ('). 

»  116àll7.  «  Acide  nitreux  destiné  à  faire  un  grand  nombre  d'expé- 
»   riences;  i5  mars  1774-  » 

»  Il  était  préparé  par  l'action  de  l'argile  sur  le  salpêtre,  afin  d'éviter  la 
présence  de  l'acide  vitriolique;  il  ne  précipitait  pas  la  dissolution  d'argent, 
et  sa  pesanteur  spécifique,  mesurée  à  l'aréomètre,  à  ii°R.,  était  i,3i6. 

»   118  à  123.  «   Table  alphabétique.    » 

»  Tel  est  le  résumé  du  second  Registre  de  Laboratoire  de  Lavoisier. 
Il  renferme  moins  de  réflexions  originales  que  le  premier  et  le  troisième. 
Il  offre  cette  importance  de  compléter  le  Journal  de  ses  travaux,  pendant 
une  période  où  le  détail  en  faisait  défaut.  On  y  voit  que  cet  esj^rit  curieux 
et  pénétrant,  encore  au  début  de  ses  recherches  (il  avait  3o  ans),  a  poussé 
ses  essais  dans  des  directions  multiples,  ouvertes  de  son  temps;  il  cher- 
chait sa  voie,  non  seulement  dans  l'étude  des  phénomènes  d'oxydation,  mais 
aussi  dans  l'examen  des  problèmes  de  saturation  soulevés  par  la  multiplicité 
des  sels  que  l'acide  phosphorique  forme  avec  la  chaux;  par  l'étude  des  sels 
magnésiens  dont  la  nature  propre,  par  rapport  aux  autres  terres,  n'était 
pas  encore  complètement  définie;  parcelle  du  bleu  de  Prusse,  de  l'acide 
spathique,  de  l'acide  citrique,  composés  étudiés  à  la  même  époque  d'une 
façon  plus  profonde  par  Scheele.  Mais  bientôt,  au  lieu  de  disperser  ses 
efforts  dans  des  directions  aussi  variées  que  difficiles,  il  eut  la  sagesse  de 
les  concentrer  sur  la  question  fondamentale  de  l'oxydation  et  de  la  conser- 


(1)  11  ne  contient  pas  les  essais  relatifs  au  plomb  qui  figurent  au  Registre.  Ces 
derniers  essais  laissent  à  désirer,  comme  Lavoisier  le  déclare;  probablemeiit  à  cause 
de  l'altération  du  verre,  par  l'efTet  de  la  haute  température  nécessaire  pour  fondre  et 
calciner  le  plomb,  jointe  à  l'attaque  du  verre  par  l'oxyde  de  plomb,  lequel  ne  pouvait 
plus  être  recueilli  ensuite  séparément. 


SÉANCE    DU    l3    OCTOBRE    I902.  667 

vation  du  poids  de  la  matière,  où  il  a  trouvé  le  nœud  du  problème  pon- 
déral, jusque-là  insoluble,  et  la  base  inébranlable  de  la  Chimie  moderne.  » 


ASTRONOMIE.  —  Sur  quelques  particularités  de  la  théorie  des  étoiles  fdantes. 
Existence  de  points  radiants  stationnaires  par  45°  de  latitude.  Note  de 
M.  O.  Callandreau. 

«  I^a  question  des  points  radiants,  dits  stationnaires,  sollicite  toujours 
l'attention  des  astronomes.  S'il  est  nécessaire  que  les  observations  mettent 
les  faits  en  lumière,  le  besoin  d'essais  théoriques,  pour  préciser  les  points 
en  discussion,  se  fait  aussi  sentir.  La  difficulté  tient  surtout  à  l'igno- 
rance oii  l'on  est  sur  la  vitesse  avec  laquelle  les  météores  entrent  dans 
l'atmosphère.  Après  les  mémorables  découvertes  de  Schiaparelli,  les 
astronomes  furent  naturellement  conduits  à  admettre  que  la  vitesse 
des  météores  ne  différait  guère  de  la  vitesse  parabolique,  en  d'autres 
termes,  qu'il  y  avait  un  lien  intime  entre  les  météores  et  les  comètes. 
Mais  la  suite  a  montré  que  la  dépendance  entre  les  deux  espèces  de  corps 
n'était  peut-être  pas  aussi  évidente  et  aussi  générale  qu'on  l'avait  d'abord 
constaté. 

»  En  fait,  il  y  a  des  exemples  de  corps  se  mouvant  avec  une  vitesse  plus 
petite  ou  plus  grande  que  la  vitesse  parabolique;  il  convient  de  distinguer 
chaque  hypothèse  et  de  reprendre  en  particulier  celle  des  vitesses  faibles, 
qui  concorde  avec  les  nombres  obtenus  récemment  par  le  D^  Elkin  au 
moyen  d'appareils  photographiques  enregistreurs  offrant  sans  doute  plus 
de  garanties  que  les  simples  évaluations  de  vitesse. 

»  Ayant  formé,  en  partant  du  Catalogue  de  M.  Rleiber,  comprenant  les 
918  points  radiants  déterminés  par  M.  Denning,  le  Tableau  des  centres  de 
radiation  pour  chaque  degré  de  longitude  entre  4o°  et  So**  de  latitude,  j'ai 
constaté  une  tendance  manifeste  à  la  condensation  par  groupes  des  points 
radiants;  il  paraît  impossible  d'attribuer  cette  répartition  entièrement  au 
hasard  et  de  nier  le  fait  expérimental  d'une  radiation  persistante  entre 
les  latitudes  indiquées.  On  peut  prendre,  comme  latitude  moyenne  des 
radiants  considérés,  45°,  parce  que  leur  nombre  est  maximum  pour  cette 
latitude. 

»  Or  il  est  facile  de  montrer  qu'un  faisceau  d'orbites  ayant  une  durée  de 
révolution  peu  différente  de  celle  de  la  Terre  donne  lieu  à  une  radiation 

C.  R.,  1902,  2»  Semestre.  (T.  CXXXV,  N°  15.)  7^ 


558  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

slationnaire  en  longitude  si  les  directions  des  périhélies  de  ces  orbites  pré- 
sentent une  condensation  ('). 

))   Prenons,  en  effet,  les  intégrales   du  mouvement  elliptique  appelées 
intégrales  de  Laplace  {Mécanique  céleste,  t.  I,  p.  35o)  qui  s'écrivent 

r        k- a'  cly         _  dz 


r        k^y  dx  dz 

-^  r  >  dt  dt  ' 


en  posant 


dz  dv  ^  dx  dz  dv  dx         ,     ,- 

■'    dt  dt  '  dt  dt  '  dt        •     dt  ^' 

»   Pour  le  point  de  rencontre  des  météores  avec  la  Terre,  ^  =  o, 

dz  „  dz 

les  équations  ci-dessus  deviennent 

y        A^  X  (  r   dz-  \  dv 

k-y  f  r   dz^\  dx 

^=-/  -^^y-¥dF)-^ydï' 

»  si  on  les  rapproche  des  équations  de  la  théorie  des  étoiles  filantes  qui 
servent  à  déterminer  la  longitude  L  et  la  latitude  B  du  point  radiant  d'un 
essaim  : 

T>  r  dx  j  y 

—  £[■  cos  B  cos  L  =  -; — \-  /î- 1 

^  dt  r 

—  ff  cos  B  si  n  L  =  -7-  —  k  —  -> 

^  dt  r 

•    T>  dz 

—  ^^  SHlB  =  -r-, 

^  dt 

on  trouve  aisément  que,  dans  l'hypothèse  d'une  vitesse  égale  à  la  vitesse 
de  translation  de  la  Terre  et  d'une  latitude  B  =  45**»  et  en  général  si 

,         r  dz" 


(')  11  convient  de  rappeler  que  Tisserand  {Comptes  rendus,  t.  CIX,  p.  344)  a 
énoncé  le  résultat  que,  dans  l'hypothèse  de  la  radiation  slationnaire,  les  plans  des 
orbites  développent  un  cône  du  second  degré. 


SÉANCE  DU  l3  OCTOBRE  IQOa.  SSg 

les  équaliolis  qui  déterminent  la  longitude  du  point  radiant  ne  diffèrent 

pas  des  intégrales  de  Laplace,  et  tangL  =  ^  ne  dépend  que  de  la  longitude 

de  la  projection  du  périhélie  de  l'orbite  sur  le  plan  fixe. 

»  Le  fait  d'une  condensation  des  périhélies  dans  une  famille  d'orbites 
n'a  rien  d'inadmissible.  Le  point  essentiel  serait,  il  me  semble,  de  faire 
des  comparaisons  de  vitesses,  afin  de  voir  si  celles  correspondant  aux 
radiants  stationnaires  sont  moindres  que  la  vitesse  parabolique.    » 


OPTIQUE.  —  Démonstration  générale  de  la  construction  des  rayons  lumineux 
par  les  surfaces  d'onde  courbes.  Note  de  M.  J.  Boussixesq. 

«  I.  Huygens  et  Fresnel  ont  admis  qu'un  rayon  lumineux,  constitué 
par  des  ondes  planes  limitées  latéralement  et  se  propageant  dans  un  milieu 
homogène,  pouvait  se  construire  en  menant,  autour  d'un  quelconque  de 
ses  points,  la  surface  enveloppe  d'ondes  planes  de  toute  direction  passées 
simultanément  par  ce  point,  et  enjoignant  celui-ci  au  point  de  contact  de 
cette  surface  avec  l'onde  plane  qui  lui  est  tangente  parmi  les  proposées. 
Ce  théorème  a  été,  depuis  longtemps,  démontré  dans  le  cas  ordinaire  où 
les  équations  du  mouvement  expriment  l'égalité  des  trois  dérivées  secondes, 
en  /,  des  déplacements  vibratoires  ^,  rj,  Z,  suivant  les  x,  y,  z,  à  trois  fonc- 
tions linéaires  homogènes  des  dérivées  secondes  de  ^,  v),  ^  par  rapport  aux 
cooràonnèe,sà'équilibre  ow  moyennesx,  y,  2(').  Mais,  à  l'exemple  de  Fresnel 
dans  ses  vues  sur  la  double  réfraction  circulaire,  confirmées  par  ses  propres 
expériences,  les  physiciens  appliquent  le  même  théorème  à  des  cas  où  les 
équations  du  mouvement  sont  d'ordre  supérieur  au  second.  Il  y  a  donc 
lieu  de  le  démontrer  généralement. 

»  C'est  ce  que  je  me  propose  de  faire  ici  pour  des  équations  de  mouve- 
ment linéaires  et  à  coefficients  constants,  contenant  ^,  t),  X,  avec  leurs 
dérivées  d'ordres  quelconques  en  x,  y,  z,  t,  du  moins  dans  le  cas  d'ondes 
planes  courantes  à  vibrations  périodiques  pendulaires,  où  l'on  sait,  depuis 
Cauchy,  que  les  déplacements  sont  les  parties  réelles  de  solutions  symbo- 
liques de  la  forme 

(i)     (E,  r,,  '0  =  (L,  M,  N)e^''-^'v/^,  avec         t,=^  Ix  ■+- my -^  nz. 


(^)  Dans  l'hypothèse,  toutefois,  que  leurs  coefficients  vérifient  les  relations  assu- 
rant la  conservation  des  forces  vives. 


56o  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

»  II.  Dans  ces  formules,  d'une  part,  le  temps  t^  employé  par  les  ondes 
à  atteindre  le  point  (^x,y,z)^  après  leur  passage  à  l'origine,  est  une  fonc- 
tion réelle  et  linéaire  de  ^,  J,  z,  à  coefficients  /,  m,  n  ayant  entre  eux  des 
rapports  arbitraires  donnés,  d'autre  part,  les  coefficients  d'amplitude 
L,  M,  N,  généralement  imaginaires,  sont  trois  constantes,  dans  un  système 
d'ondes  indéfinies,  mais  trois  fonctions  de  x,  y,  z,  à  variations  très  lentes, 
quand  les  ondes  se  trouvent  latéralement  limitées.  Les  dérivées  deL,  M,  N, 

que  nous  écrirons  -^, f  ?  seront  donc  petites  et,  ne  variant  de  tractions 

notables  de  leurs  valeurs  que  sur  de  longs  parcours,  auront  leurs  propres 
dérivées  négligeables.  Dès  lors,  chaque  différentiation  en  x,  y,  z,  effectuée 
sur  les  expressions  (i)  de  ^,  vi,  X^  ou  sur  leurs  dérivées,  revient  à  introduire 
devant  l'expression  différentiée  (abstraction  faite  de  l'exponentielle)  le 

facteur  symbolique  correspondant  —  k(l,m,  n)\j—  i  -f-  -^. -;^  ou 

»  Les  symboles  ^—r y. jr  ajoutés,  dans  ces  formules,  à  /,  m,  /i, 

A"      o \x ,  y^  z) 

et  que  suivra  finalement  L,  M  ou  N,  pourront,  dans  les  combinaisons 
d'opérations,  être  assimilés  à  des  accroissements  très  petits  de  /,  m,  n,  et 
désignés  par  dl,  d/n,  dn,  en  ce  sens  que  leurs  carrés  et  produits  symboliques 
se  trouveront  négligeables,  chacun  d'eux  indiquant  une  dérivation  très 
rapetissante  à  effectuer  sur  la  quantité  qui  suit. 

»  III.  Cela  posé,  sic,  y,  '^,  ç,,  -/^j,  ^^,  «p^,  /a»  4*2  sont,  dans  le  cas  d'ondes 
planes  indéfinies,  les  polynômes  en  /,  m,  n  résultant  de  la  substitution  des 
expressions  (i)  dans  les  divers  termes,  respectivement  en  l,  y),  "C,  des  équa- 
tions proposées  du  mouvement,  les  équations  obtenues  en  /,  m,  n  et  L, 
M,  N  s'écriront,  après  suppression  de  l'exponentielle, 

(    oL  -h  yM  -1-  t|;N  =  o, 
(3)  I  <p,Lh-x,M  +  <];,N  =  o, 

(  cp.L  +  XaM  +  ^^oN  =  o; 

et  elles  entraîneront,  outre  la  proportionnalité  de  L,  M,  N  à  trois  poly- 
nômes \,  [X,  V  en  /,  m,  n,  l'équation  entre  /,  m  et  n  qu'exprime  l'annulation 
du  déterminant  de  ce  système  homogène. 

»   Si,  au  contraire,  les  ondes  étant  latéralement  limitées,  L,  M,  N  varient 


SÉANCE  DU  t3  octobre   1902.  56 1 

lentement  d'un  point  à  l'autre,  /,  m,  n  seront  accompagnés,  dans  cp,  y, 
<)/,  ç,,  .  .  .,  de  leurs  petits  accroissements  symboliques  dl,  àm,  dn  définis 
ci-dessus,  à  traiter  comme  des  différentielles.  Appelons  (?^,  d/,  <)•},  ()rp,,  ... 

les  accroissements  symboliques  analogues  -r.  dl  -\-  ~  dm  -\-  —  dn,  ...  ;  et 

le  système  (3)  fera  place  au  système  plus  complexe,  en  partie  symbolique, 


(4) 


®,  L  -h  . .  .  =  o,         ©aL  +  . .  .  =  o. 


»  Or,  cherchons  l'enveloppe  des  ondes  planes  de  toute  direction, 
^0  =  const.  ou  Ix  -H  my  -\-  nz  =^  const.,  passées  simultanément  à  l'origine. 
Son  point  (^,  y,  z)  de  contact  avec  Tonde  plane  enveloppée,  produisant 
des  déplacements  exprimés  symboliquement  par  les  formules  (i),  vérifiera, 
comme  on  sait,  quel  que  soit  le  rapport  de  dlk  dm,  l'équation 

xdl-\-  y  dm  -\-  zdn  =  o-, 

et  il  y  a  lieu,  pour  déterminer  la  direction  (^,  y,  z),  de  chercher  l'équa- 
tion aux  différentielles  totales  en  dl,  dm,  dn  résultant  du  système  (3).  Dif- 
férentions  donc  complètement  celui-ci.  Nous  aurons,  en  appelant  mainte- 
nant dl,  dm,  dn,  d<f,  .  .  .  des  différentielles  effectives  et  non  symboliques,  les 
équations,  pareilles  à  (4), 


(5) 


d\^  + -f^d^ -\- ^  d^ -\' d<s^  .1^  +  d/  . M  +  r/i|/ . N  =  o, 
<p,  <^L +.  .  .=  o,  cpo^L -h.  .  .=  o. 


»  IV.  Appelons  V,  \j.' ,  v'  les  trois  multiplicateurs,  expressions  entières, 
comme  X,  (x,  v,  en  /,  m,  n,  qui  vérifient  le  système  homogène 

(6)     (pV  +  9,[^/4-92^'  =  o,      X^'  +  X«!^''-l-X2^'  =  0'       ^X'  +  4/,fj/4-^|;,v'  =  o, 

parfaitement  compatible,  à  raison  de  ce  que  son  déterminant  est  celui  du 
système  (3)  et  a  été  annulé.  Alors  les  équations  (4)  et  (5),  multipliées 
respectivement  par  \' ,  (y/,  v'  et  ajoutées,  donneront 

(Vt)^  ^^!  d(!^^-\-v'  do^)\.-\-{\'  ôy-\-.  .  .)M -\- (r  d'\> -h .  .  .)N  =  o, 
(V^/(p  +  [j.V/<p,  -t-  v'  dr^^)L  -f-  (l'd-i  + .  .  .)M  -h  (Vr4  + .  .  .)N  =  o, 

ou,  en  développant  da^,  ôy,  .  .  .,   d'9,  dy,  ...  et  faisant,  dans  la  première 


(7) 


562  ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

équation,  abstraction  du  facteur  commun      .     ■> 

»  Mais,  d'après  les  équations  (3),  les  rapports  mutuels  de  L,  M,  N  sont, 
à  une  première  approximation,  égaux  à  ceux  de  "k,  p.,  v;  et,  dans  les  petites 
dérivées  premières  de  L,  M,  N,  on  peut,  sauf  erreurs  négligeables  de  l'ordre 
des  dérivées  secondes,  supposer  proportionnelles  à  L,  M,  N  eux-mêmes 
leurs  variations  simultanées;  de  telle  sorte  que,  si  I  désigne  un  coefficient 
quelconque  d'amplitude,  par  exemple,  le  rapport  commun  de  L,  M,  N  àX, 

u,,  V,  les  dérivées  -y—- — '-—  vaudront  les  produits  respectifs  de  L,  M,  N  par 

I        di 

I  dia;,y,  z) 

»  Si  donc  on  appelle  P,  Q,  R  les  trois  quantités  entre  crochets,  dans  la 
seconde  équation  (7),  après  substitution  de  À,  [;.,  v  à  L,  M,  N,  ces  deux  rela- 
tions deviendront 

(  ^  )  1  ^  -^  T  ^  -^  T  .^:-  =  ^  '         p .//  +  Q  ./m  4-  R  r/^  =  o . 

))  La  première  montre  que  l'amplitude  I  se  conserve,  dans  chaque  onde 
plane,  suivant  la  direction  (P,  Q,  R)  ;  et  la  seconde,  rapprochée  de  l'équa- 
tion œ  cil  -h  y  dm  -i-  z  dn  =  o,  fait  voir  que  les  coordonnées  x,y,  z  du  point 
de  contact  de  cette  onde  avec  son  enveloppe  sont  proportionnelles  à  P,  Q,  R, 
ou  que  le  rayon  vecteur  tiré  de  l'origine  ati  point  de  contact  a  bien 
cette  direction  suivant  laquelle  le  mouvement  se  transmet,  en  d'autres  termes, 
qu'il  trace  le  rayon  lumineux. 

M  V.  Il  suffit,  on  le  voit,  que  l'équation  en  /,  m,  n  soit  débarrassée  du 
symbole  V—  1,  et  qu'elle  admette  des  racines  réelles  quand /, m, /i  reçoivent 
les  rapports  mutuels  soit  donnés,  soit  voisins  de  ceux-là,  pour  que  des 
ondes  planes  persistantes,  ou  d'une  amplitude  I  se  conservant  à  toute 
à\sldinc%  dans  le  sens  des  rayons,  soient  possibles.  Elles  seront,  de  plus,  déli- 
mitables  latéralement  d'une  manière  arbitraire;  car,  dès  quel  sera  inva- 
riable le  long  des  rayons,  ou  que  la  première  équation  (8)  se  trouvera 
vérifiée,  les  relations  (4)  se  réduiront  à  deux  distinctes;  et  l'on  y  satisfera, 

quelles  que  soient  les  petites  dérivées  -^ — ^-y'  P^^"  d  imperceptibles 


SÉANCE  DU  l3  OCTOBRE  1902.  563 

altérations  des  rapports  mutuels  de  L,M,N,  c'est-à-dire  par  d'insignifiants 
changements  des  trajectoires  de  l'élher  ou  des  ditTérences  de  phase  qu'y 
oflre  le  mouvement  projeté  sur  les  divers  axes.  « 

CHIMIE  MINÉRALE.  —  Étude  du  pentafluor lire  cV iode. 
Note  de  M.  Henri  Moissan. 

«  L'étude  de  l'action  du  fluor  sur  l'iode  présentait  un  certain  intérêt 
pour  établir  la  valence  de  l'iode.  Gore  avait  indiqué  que  l'on  pouvait 
obtenir  un  pentafluorure  d'iode  en  chauffant  un  mélange  de  fluorure  d'ar- 
gent et  d'iode  dans  un  tube  de  platine  (').  Cette  réaction  a  été  étudiée 
ensuite  par  Macivor  (^).  Mais  les  constantes  physiques  du  composé  ainsi 
obtenu  sont  loin  de  répondre,  comme  nous  le  verrons  plus  loin,  à  celle  du 
pentafluorure  d'iode. 

»  Préparation.  —  Pour  obtenir  ce  nouveau  composé,  nous  nous  sommes 
servi  d'un  tube  horizontal  en  verre,  au  milieu  duquel  se  trouvait  une 
nacelle  de  platine  contenant  de  l'iode  pur  et  sec.  Un  petit  tube  de  platine 
amenait  le  courant  de  fluor  exempt  d'acide  fluorhydrique  au  milieu  même 
de  la  nacelle.  Le  tube  de  verre  était  légèrement  incliné  et  son  extrémité 
étirée,  puis  courbée  à  angle  droit,  se  rendait  dans  un  tube  en  U  main- 
tenu à  o''.  A  la  suite  de  ce  tube  en  U  se  trouvait  une  série  de  tubes  à 
ponce  sulfurique  pour  éviter  toute  rentrée  de  l'humidité  atmosphérique. 

y)  Aussitôt  que  le  fluor  arrivait  au  contact  de  l'iode,  il  se  produisait  une 
flamme  peu  éclairante,  et,  pour  éviter  une  trop  grande  élévation  de  tem- 
pérature qui  aurait  volatilisé  de  l'iode,  on  avait  soin  d'entourer  la  partie 
du  tube  de  verre  dans  laquelle  se  produisait  la  réaction  d'un  petit  serpen- 
tin de  plomb  traversé  par  un  courant  d'eau  froide.  Tout  cet  appareil  devait 
avoir  été  séché  avec  le  plus  grand  soin,  de  façon  que  le  fluor  n'agisse 
pas  sur  le  verre.  Dès  que  la  réaction  se  produit,  on  voit  des  stries  liquides 
se  condenser  en  abondance  sur  les  parties  froides  du  tube. 

»  On  recueille  dans  le  tube  en  U  un  liquide  incolore,  dense,  qui,  aux 
environs  de  son  point  de  solidification,  présente  une  consistance  légère- 
ment sirupeuse  et  qui  ne  tarde  pas  à  se  solidifier  au  contact  de  la  paroi  de 
verre  refroidie. 

»   Le  courant  de  fluor  doit  être  continu,  sans  cependant  avoir  une  vitesse 


(»)  Gore,  Chem.  News,  t.  XXIV,  187 1,  p.  291. 

(2)  Mac  IvoR,  Chem.  News,  t.  XXXII,  1876,  p.  229. 


564  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

trop  grande.  Lorsque  la  réaction  est  bien  conduite,  tout  l'iode  disparaît,  et 
le  fluorure  d'iode  est  complètement  incolore. 

»  Propriétés.  —  Le  composé  que  l'on  obtient  ainsi  en  présence  d'un 
excès  de  fluor  est  un  pentaflnorure  d'iode  IF^.  C'est  un  liquide  incolore,  se 
solidifiant  à  la  température  de  H-8°  (').  Le  fluorure  obtenu  par  Mac  Ivor 
ne  se  congelait  pas  à  —  20^. 

»  Ce  fluorure,  à  l'état  solide,  possède  l'apparence  du  camphre.  Son 
point  d'ébullition  est  de  4-  97°.  Il  distille  sans  altération.  Sa  vapeur  se 
décompose  entre  4oo°  et  5oo°  en  fournissant  de  la  vapeur  d'iode. 

»  Il  émet  à  l'air,  et  surtout  à  l'air  humide,  des  fumées  abondantes. 
Il  exerce  une  action  très  irritante  sur  les  organes  de  la  respiration. 

»  Le  pentafluorure  d'iode  peut  être  distillé  dans  un  courant  d'hydro- 
gène sans  produire  aucune  réaction. 

»  Le  chlore  n'exerce  pas  d'action  à  froid  sur  ce  fluorure;  mais  si  l'on 
élève  la  température,  le  liquide  ne  tarde  pas  à  prendre  une  teinte  jaune. 
De  même,  le  brome  ne  réagit  pas  à  froid,  il  se  dissout  seulement  dans  le 
fluorure;  mais  si  l'on  chauffe  le  mélange,  la  couleur  du  brome  disparaît, 
et  il  se  produit  du  fluorure  de  brome  et  du  bromure  d'iode.  Il  n'y  a,  dans 
cette  réaction,  aucun  dégagement  de  vapeurs  de  brome.  Enfin,  l'iode  et  le 
fluor  sont  très  solubles  dans  ce  pentafluorure. 

»  A  la  température  de  100°,  l'oxygène  ne  réagit  pas  sur  le  fluorure  d'iode. 
Si  nous  plaçons  un  fragment  de  soufre  au  contact  de  ce  fluorure  liquide, 
l'attaque  se  produit  en  chauffant  légèrement  avec  formation  d'hexafluo- 
rure de  soufre  gazeux,  d'iodure  de  soufre  et  mise  en  liberté  d'une  petite 
quantité  d'iode. 

»  Le  phosphore  réagit  avec  énergie  au  contact  du  fluorure  d'iode.  En 
projetant  une  petite  quantité  de  phosphore  rouge  dans  ce  liquide,  l'attaque 
est  très  vive,  la  masse  devient  incandescente  et  de  l'iode  est  mis  en  liberté 
en  même  temps  que  le  pentafluorure  de  phosphore  se  dégage  en  abon- 
dance. 

»  L'arsenic  et  l'antimoine  produisent  des  réactions  identiques.  Le  mé- 
lange devient  incandescent,  des  vapeurs  d'iode  se  dégagent,  et  il  reste  des 
fluorures  de  ces  métalloïdes. 

»  Le  pentafluorure  d'iode  est  attaqué  à  froid  par  le  carbone,  sans  incan- 
descence; il  se  forme  du  tétrafluorure  de  carbone  et  une  petite  quantité 

(*)  Ce  pentafluorure  d'iode  peut  être  maintenu  en  surfusion  à  quelques  degrés  au- 
dessous  de  son  point  de  solidification. 


SÉANCE  DU  t3  octobre   1902.  565 

d'iode  est  mise  en  liberté.  Le  silicium  cristallisé  n'attaque  pas  le  fluorure 
d'iode  à  froid,  mais  une  légère  élévation  de  température  suffît  pour  pro- 
voquer la  réaction,  qui  se  poursuit  bientôt  avec  violence.  Le  silicium  est 
porté  à  l'incandescence,  et  il  se  dégage  du  fluorure  de  silicium  et  delà 
vapeur  d'iode.  Le  bore  pur  et  sec,  projeté  dans  le  fluorure  d'iode,  s'en- 
flamme immédiatement,  en  produisant  du  fluorure  de  bore  et  des  vapeurs 
d'iode. 

»  Les  métaux  alcalins  réagissent  assez  énergiquement  sur  ce  pentafluo- 
rure  d'iode.  Si  l'on  projette  dans  ce  liquide  un  fragment  brillant  de  métal, 
la  formation  superficielle  d'une  couche  de  fluorure  et  d'iodure  de  sodium 
limite  la  réaction.  Mais  si  l'on  chauffe  de  façon  à  atteindre  le  point  de 
fusion  du  métal  alcalin,  la  décomposition  devient  tout  à  coup  très  violente 
et  même  explosive.  Au  contraire,  l'argent  n'est  pas  attaqué  vers  la  tempé- 
rature de  100°,  et  l'on  peut  distiller  le  fluorure  sur  ce  métal  en  poudre 
fine  sans  qu'il  se  produise  aucune  décomposition.  Il  en  est  de  même  pour 
le  fer  et  le  magnésium. 

»  Mac  ïvor  avait  indiqué  que  le  fluorure  d'iode  réagissait  sur  l'eau  avec 
violence.  Nous  avons  pu  faire  couler  du  pentafluorure  d'iode  pur  dans  de 
l'eau  sans  produire  autre  chose  qu'un  écliauffement  du  liquide,  sans  ébul- 
lition.  Il  se  fait  de  suite  une  décomposition  complète  en  acide  fluorhy- 
drique  et  en  acide  iodique.  Le  liquide  reste  tout  à  fait  transparent,  et  l'on 
peut  déceler  l'acide  fluorhydrique  par  l'attaque  du  verre  et  par  son  action 
sur  les  sels  de  calcium.  L'acide  iodique  peut  être  mis  en  évidence  au  moyen 
d'une  solution  d'acide  sulfureux  qui  fournit  un  précipité  d  iode  volumineux. 

»   La  réaction  peut  donc  se  représenter  par  l'égalité  suivante  : 

2iF^+5H-0  =  I-0^+ioHF. 

»  L'hydrure  de  potassium  RH,  projeté  dans  le  pentafluorure  d'iode, 
devient  incandescent,  dégage  d'abondantes  fumées  violettes  et  des  vapeurs 
d'acide  fluorhydrique,  en  même  temps  qu'il  se  forme  du  fluorure  et  de 
l'iodure  de  potassium. 

»  La  silice  est  attaquée  lentement  à  froid,  par  le  pentafluorure  d'iode; 
dès  que  l'on  chauffe,  la  réaction  devient  plus  active  et  produit  d'abon- 
dantes fumées  de  fluorure  de  silicium.  Du  reste,  tous  les  composés  ren- 
fermant du  silicium  sont  attaqués  avec  énergie.  Le  siliciure  de  cobalt  SiCo 
brûle  dans  le  fluorure  d'iode  légèrement  chauffé;  il  en  est  de  même  du 
siliciure  de  fer  Si  Fe  et  du  siliciure  de  vanadium  Si^  V.  Le  verre,  même  très 
sec,  est  attaqué  lentement  à  la  température  ordinaire. 

C.  R.,  1902,  2»  Semestre.  (T.  GXXXV,  N°  15.)  7^ 


566  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

))  Le  ca?'bure  de  calcium  ne  réagit  pas  à  froid  sur  ce  nouveau  composé, 
mais,  légèrement  chauffé,  il  devient  incandescent  à  son  contact.  Au  con- 
traire, le  carbonate  et  le  phosphate  de  calcium  ne  fournissent  aucune 
réaction. 

»  En  laissant  tomber  le  fluorure  d'iode  dans  l'acide  sulfurique  con- 
centré, le  fluorure  se  rassemble  au  fond  du  tube,  puis  la  décomposition 
se  produit,  assez  régulièrement,  avec  dégagement  de  bulles  d'acide  fluor- 
hydrique. 

»  Avec  l'acide  azotique  hydraté,  il  n'y  a  pas  de  réaction  immédiate.  Les 
deux  liquides  sont  miscibles.  Au  contraire,  avec  l'acide  chlorliydrique,  la 
réaction  est  très  vive,  et  il  se  dégage  d'abondantes  bulles  gazeuses,  tandis 
que  le  liquide  se  colore  fortement  en  jaune  orangé. 

»  Les  solutions  alcalines  de  potasse  et  de  soude  décomposent  instan- 
tanément le  fluorure  d'iode  en  formant  du  fluorure  et  de  l'iodate  de 
potassium. 

»  Si  l'on  verse  le  pentafluorure  d'iode  dans  du  sulfure  de  carbone  sec, 
il  se  produit  de  suite  une  coloration  violette  très  intense. 

»  Lorsque  l'on  fait  tomber  quelques  gouttes  de  fluorure  d'iode  dans  de 
l'essence  de  térébenthine,  l'action  est  violente  et  le  liquide  projeté  hors 
du  vase  qui  le  contenait. 

»  Dans  la  benzine,  le  fluorure  paraît  d'abord  se  dissoudre,  mais  la 
décomposition  se  produit  ensuite  rapidement  et  le  liquide  prend  une  colo- 
ration bleue. 

»  Analyse.  —  Un  poids  déterminé  de  fluorure  d'iode  pesé  dans  une  petite  ampoule 
de  verre  bien  desséchée  a  été  décomposé  ensuite  par  une  solution  étendue  de  potasse 
pure. 

»  On  obtient  ainsi  une  solution  renfermant  le  fluor  à  l'état  de  fluorure  et  l'iode  à 
l'état  d'iodate.  Dans  une  partie  de  la  solution,  le  fluor  a  été  dosé  sous  forme  de 
fluorure  de  calcium.  L'autre  partie  de  la  solution  a  été  évaporée  à  sec,  puis  légère- 
ment calcinée  pour  transformer  l'iodate  en  iodure.  Enfin,  l'iode  a  été  pesé  à  l'état 
d'iodure  d'argent. 

»  Ces  dosages  ont  fourni  les  chiffres  suivants 


Iode. 
Fluor, 


Théorie 

1. 

2. 

pour  IF'. 

57,28 

56,67 

57,20 

42,55 

42, 2  J 

42,80 

);  Conclusions.  —  En  résumé,  l'iode  s'unit  directement  au  fluor  avec 
dégagement  de  chaleur,  en  fournissant  un  composé  penta valent  IF*.  Ce 
fluorure  possède  une  activité  chimique  très  grande  ;  la  plupart  des  corps 


SÉANCE  DU  l3  OCTOBRE  T902.  567 

simples  le  décomposent,  et  il  produit  avec   les  corps  composés  un  très 
grand  nombre  de  doubles  réactions. 

»  Chauffé  vers  Soo'',  ce  pentafluorure  se  décompose  et  dégage  de  la 
vapeur  d'iode.  Mais  ce  phénomène  ne  s'accentue  que  lentement  par  une 
élévation  de  température.  Nous  pouvons  donc  nous  trouver  soit  en  pré- 
sence d'une  dissociation  en  fluor  ou  en  iode,  ou  soit  en  présence  d'une 
mise  en  liberté  d'iode  avec  production  d'un  nouveau  fluorure  d'iode. 
Nous  poursuivons  ces  recherches.  » 


ZOOLOGIE.  —  Sur  les  Hématozoaires  des  Poissons  marins. 
Note  de  MM.  A.  Laveran  et  F.  Mesnil. 

«  Alors  que  les  Hématozoaires  des  Poissons  d'eau  douce  ont  donné  lieu  à 
un  grand  nombre  de  travaux,  ceux  des  Poissons  de  mer  ont  été  complète- 
ment négligés.  C'est  pour  combler  cette  lacune  dans  nos  connaissances 
que  nous  avons  entrepris,  durant  les  étés  de  1901  et  de  1902,  une  re- 
cherche méthodique  de  ces  Hématozoaires. 

»  Nos  observations  de  1901,  faites  sur  des  Poissons  téléostéens  péchés 
dans  l'anse  Saint-Martin,  près  du  cap  de  la  Hague  (Manche),  nous  ont  mis 
en  possession  des  Hémogrégarines  de  la  Sole  et  des  Blennies  (')  et  du 
Trypanosome  de  la  Sole  (").  En  1902,  tandis  que  l'un  de  nous  poursuivait 
ses  recherches  sur  les  Poissons  de  l'anse  Saint-Martin,  Pautre  examinait  le 
sang  d'un  grand  nombre  de  Poissons  osseux  et  cartilagineux  de  Roscoff 
(Finistère)  et,  tout  en  retrouvant  les  parasites  de  la  Sole  et  des  Blennies, 
en  découvrait  d'autres,  Hémogrégarine  et  Trypanosomes,  chez  les  Raies  et 
les  Roussettes  (^). 

»  Nous  voulons  résumer  ici  les  résultats  de  cet  ensemble  de  recherches 
qui  portent  sur  plus  de  deux  cents  individus  appartenant  à  une  quarantaine 
d'espèces  d'à  peu  près  toutes  les  familles  de  Poissons  marins.  Ce  résumé 
donnera  une  idée  de  la  distribution  et  de  la  fréquence  des  Hématozoaires 
chez  ces  Poissons,  au  moins  en  ce  qui  regarde  la  mer  de  la  Manche. 

»   I.   Poissons   cartilagineux.  —  A  Roscoff,  nous  avons  trouvé  à  la  fois 


(')  Laveran  et  Mesnil,  Comptes  rendus,  i4  octobre  1901. 
(^)  Laveran  et  Mesnil,  Comptes  rendus,  28  octobre  1901. 

(*)  Je  tiens  à  remercier  ici  mon  savant  Confrère,  M.  le  professeur  Delage,  pour  l'ex- 
cellent accueil  qu'il  a  bien  voulu  me  faire  au  laboratoire  de  Roscoff.  A.  L. 


568  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

des  Trypanosomes  et  des  Hémog^régarines  chez  les  deux  Raja  punctata  et 
chez  une  des  deux  Raja  mosaica  que  nous  y  avons  examinées;  nous  avons 
trouvé  des  Trypanosomes  chez  9  Scylliam  stellare  (S.  catulus)  sur  16  exa- 
minés. L'examen  du  sang  a  été  négatif  chez  deux  Raies  d'une  autre  espèce 
que  celles  à  Hématozoaires,  chez  i  Scylliam  canicula,  1  Mustelus  canis, 
I  Torpédo  torpédo. 

»  Dans  l'anse  Saint-Martin,  nous  avons  troL7vé  des  Trypanosomes  chez 
une  Raja  clavata.  Une  Raja  mosaica  et  un  Acanthias  acanthias  n'étaient  pas 
parasités. 

»  Comme  on  voit,  les  Hématozoaires  ne  sont  pas  rares  chez  les  Poissons 
cartilagineux. 

»  Les  Trypanosomes  trouvés  chez  les  trois  espèces  de  Raies  paraissent 
bien  appartenir  à  la  même  espèce  que  nous  appelons  Trypanosoma  rajœ ; 
nous  désignons  ceux  du  Scyllium  stellare  sous  le  nom  de  Tr.  scylliumi.  Nous 
les  décrivons  en  détail  dans  un  Mémoire  des  Archivfûr  Protistenkunde  1902 
sur  les  Trypanosomes  des  Poissons.  Nous  nous  contentons  donc  de  résu- 
mer ici  leurs  caractères  principaux  : 

»  Trypanosomes  de  grande  taille,  atteignant  yol-"-  à  SoH'  de  long  (flagelle  compris; 
la  longueur  du  flagelle  est  de  i4^  à  20!^  );  la  largeur  est  de  5f^  à  6!^-.  Le  protoplasme, 
coloré  par  la  méthode  bleu  Borrel-éosine-tannin,  se  colore  en  bleu  d'une  façon  très 
intense  et  assez  uniforme;  le  noyau,  arrondi  ou  ovalaire,  est  lilas;  le  centrosome, 
violet  foncé,  est  toujours  très  net,  ainsi  que  la  membrane  ondulante.  Ces  deux  espèces 
de  Trypanosomes  se  distinguent  surtout  en  ce  que,  chez  Trypanosoma  scylliumi, 
l'extrémité  post-centrosomique  est  courte  et  obtuse,  alors  que  chez  Tryp.  rajœ  elle 
est  généralement  longue  et  effilée,  donnant  parfois  l'illusion  d'un  second  flagelle. 

»  Ces  Trypanosomes  se  rapprochent  d'assez  près  de  ceux  des  autres 
Poissons  (Trypanosomes  de  l'Anguille  et  de  la  Sole,  var.  magna  du  Trypa- 
nosome  du  Brochet). 

»  Les  Hémogrégarines  que  nous  avons  trouvées  chez  Raja  punctata  et 
Raja  mosaica  nous  ont  paru  appartenir  à  la  même  espèce.  Nous  dédions 
cette  espèce  nouvelle  à  M.  le  professeur  Delage. 

»  Hœmogregarina  Delagei  n.  sp.  —  Cette  espèce  est  toujours  endoglobulaire 
quand  le  sang  est  fixé  rapidement;  le  parasite  se  présente  sous  forme  d'éléments 
allongés,  incurvés,  arrondis  à  l'une  des  extrémités,  plus  ou  moins  effilés  à  l'autre.  La 
longueur  est  de  i3l*  en  moyenne;  la  largeur,  au  niveau  de  la  partie  la  plus  épaisse, 
de  2!^.  Il  n'est  pas  rare  de  trouver  deux  parasites  dans  une  hématie. 

»  Dans  le  sang  desséché^  fixé  et  coloré  par  le  procédé  que  nous  préconisons  (bleu 
Borrel-éosine-tannin),  on  constate  que /^.  Delagei  a  un  noyau  ovoïde  situé  vers  la 
partie  moyenne  et  constitué  par  un  amas  de  granulations  de  chromatine;   en   dehors 


SÉANCE  DU  1.3  OCTOBRE  1902.  569 

du  noyau,  on  trouve  dans  le  protoplasme,  qui  se  colore  en  bleu  clair,  un  certain  nombre 
de  granulations  chromatiques, 

»  Le  noyau  est  quelquefois  divisé  ou  en  voie  de  division;  il  est  probable  que  la 
multiplication  a  lieu  par  bipartition.  Nous  n'avons  pas  vu  d'autres  formes  de  multi- 
plication. 

»  En  somme,  H.  Delagei  est  voisine,  par  sa  forme  générale,  ses  dimen- 
sions, et  probablement  aussi  par  son  mode  binaire  de  division,  de  H.  bi- 
gemina  des  Bien  nies. 

»  II.  Poissons  osseux. —  Malgré  le  grand  nombre  d'espèces  de  Poissons 
téléostéens  dont  nous  avons  examiné  le  sang,  tant  à  Roscoff  que  dans 
l'anse  Saint-Martin,  nous  n'avons  trouvé  des  Hémogrégarines  que  chez  la 
Sole  et  les  Blennies,  des  Trypanosomes  que  chez  la  Sole,  où  ils  sont  d'une 
extrême  rareté  (  ^  ). 

»  A  Roscoff,  sur  7  Solea  viilgaris  examinées,  4  renfermaient  seulement 
des  Hœmogregarina  Simondi  nohis,  1  des  Hémogrégarines  et  des  Trypa- 
nosomes, i  n'était  pas  parasitée;  4  Blennies  (sur  11  d'espèces  diverses 
examinées)  avaient  des  Hœmogregarina  bîgem,ma  nohis. 

»  Dans  l'anse  Saint-Martin,  sur  7  Soles  examinées,  5  renfermaient 
seulement  des  Hémogrégarines,  1  à  la  fois  des  Hémogrégarines  et  des 
Trypanosomes,  i  n'était  pas  parasitée.  Les  très  nombreux  Blennius  pholis 
et  les  nombreux  Bl.  Montagui  (^)  examinés  étaient,  à  partir  de  la  taille 
de  S*'™,  presque  tous  parasités  par  Hœmogregarina  bigemina. 

»  Nous  donnons  ici  la  liste  des  espèces  de  Poissons  osseux  chez  lesquels 
l'examen  du  sang  a  été  constamment  négatif,  avec  le  nombre  d'individus 
examinés. 

»  Anse  Saint-Martin.  —  Plusieurs  Nerophis  lumbricoides,  1  Gunnellus  vulgaris, 
nombreux  Gobius  (sp.?),  2  Mullus  surmuletus,  i  Cottus  scorpius,  i  Zeusfaber, 
2  Pagellus  cenlrodontus,  i  Canlharus  griseus,  plusieurs  Labrus,  1  Gadas  luscus, 
I  Gadus  pollachlas,  i  MotelLa  niustela,  plusieurs  Pleuronectes  d'espèces  diverses, 
nombreux  Lepadogaster  Goaanii,  3  Conger  coiiger. 

»  Roscoff.  —  6  Syngnathus  (sp.?),  1  Orthagoriscus  niola,  3  Gunnellus  vulgaris, 


{}')  Notons  en  outre  que  sur  9  Anguilla  vulgaris  capturées  au  bord  de  la  mer,  à 
Roscoff,  une  renfermait  le  Trypanosome  découvert  par  Sabrazès  et  Muratet  et  que 
nous  avons  retrouvé  nous-mêmes  chez  des  Anguilles  pèchées  en  eau  douce;  nous  le 
décrivons  sous  le  nom  de  Tryp.  granulosum  dans  notre  Mémoire  des  Archiv  fUr 
Protistenkunde. 

(^)  Dans  noire  Note  de  1901  {loc.  cit.),  cette  espèce  a  été  désignée,  par  erreur,  sous 
le  nom  de  Bl.  gattorugine. 


570  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

2  Lophius  piscatorius,  2  Mullus  surmuletus,  5  Trigla,  10  Cottiis  bubalis,  i  Chry- 
sophrys  aiu^ata,  5  Lahriis,  5  Crenilabrus  melops,  7  Ajnmodiles  tobianus,  1  Gadus 
pollachius,  4  Motella  tricirrata,  7  Pleuronectes  (5/>.  varice),  3  Lepadogaster  Goiia- 
nii,  4  Conger  conger. 

»  Modes  d'infection. —  Les  Trypanosomes  et  les  Hématozoaires  endo- 
globulaires  se  présentent,  dans  le  sang  des  Poissons,  avec  des  formes 
analogues  à  celles  que  Ton  rencontre  chez  les  Vertébrés  à  sang  chaud.  Il  y 
a  donc  lieu  de  supposer  que  la  contagion  se  fait,  chez  les  premiers  comme 
chez  les  derniers,  par  l'intermédiaire  de  quelque  Invertébré  sanguicole. 

»  Nous  avons  trouvé  sur  la  peau  de  toutes  les  Soles  infectées,  à  Roscoff, 
de  très  nombreuses  sangsues  {Eemibdeïla  soleœ  v.  Ben.  et  Hesse)  gorgées 
de  sang.  Nous  pensons  d'autant  plus  volontiers  que  les  Ichthyobdellides 
jouent  un  rôle  dans  la  transmission  des  Hématozoaires,  qu'il  y  a  déjà 
longtemps  que  Leydig  (*)  a  signalé  dans  le  tube  digestif  de  Piscicola  et  de 
Pontohdella  (^)  des  Flagellés  à  membrane  ondulante,  probablement  des 
Trypanosomes. 

»  Nous  n'avons  jamais  remarqué  de  parasites  sur  la  peau  des  nombreuses 
Blennies  que  nous  avons  examinées.  Peut-être  la  contagion  se  fait-elle, 
chez  ces  Poissons,  par  l'intermédiaire  des  parasites  des  branchies;  nous 
n'y  avons  trouvé  que  des  Trichodina.  Maison  sait  que  les  Blennies  hébergent 
temporairement,  sur  leurs  branchies,  des  Crustacés  Isopodes  du  genre 
Praniza;  dans  les  mares  à  Lilhothamnion  de  l'anse  Saint-Martin,  ces  Crus- 
tacés sont  très  abondants  à  côté  des  Blennies.  Il  y  a  là  tout  un  programme 
de  recherches  très  intéressantes  que  nous  signalons  aux  Zoologistes  et  que 
nous  comptons  nous-mêmes  aborder  à  la  première  occasion.  » 


PHYSIOLOGIE  EXPÉRIMENTALE.  —  L'acide  carbonique  comme  agent  de 
choix  de  la  parthénogenèse  expérimentale  chez  les  Astéries.  Note  de 
M.  Yves  Del  âge. 

«  Dans  les  expériences  de  parthénogenèse  artificielle  exécutées  avec  les 
divers  agents  proposés  par  Lœb  ou  par  moi-même,  on  observe  toujours 
une  grande  inconstance  dans  le  résultat.  Dans  les  expériences  les  mieux 


(^)  Leydig,  Lehrbuch  der  Histologie,  1867,  p.  346. 

(^)  Les  PontobdelLa  muricata  ne  sont  pas  rares  sur  la  peau  des  Raies,  souvent 
parasitées,  comme  les  Soles. 


SÉANCE  DU  î3  OCTOBRE  I902.  5'Jl 

réussies,  il  reste  toujours  un  nombre  considérable  d'œufs  qui  ne  se  déve- 
loppent pas  et  qui,  pourtant,  ne  diffèrent  en  rien,  par  l'aspect,  de  ceux  qui 
obéissent  à  l'action  du  réactif.  La  proportion  des  œufs  qui  se  développent 
est  très  variable  dans  les  diverses  expériences  faites  avec  un  matériel  en 
apparence  identique.  Le  nombre  des  segmentations  que  j'ai  obtenues 
des  Astéries  varie  de  o  à  5o  pour  joo;  la  proportion  habituelle  est  de 
3o  pour  100  dans  les  expériences  satisfaisantes.  Lœb  et  Neilson  déclarent 
n'avoir  obtenu  que  20  pour  100.  Une  seule  fois  je  suis  arrivé  à  g5  pour  100. 
De  ces  œufs  segmentés,  un  petit  nombre  seulement  arrivent  à  l'état  de  blas- 
tule  nageante.  La  proportion  habituelle  dans  les  expériences  satisfaisantes 
est  de  10  à  20  pour  100  des  œufs  segmentés.  On  arrive  parfois  à  25  pour  100, 
plus  souvent  on  reste  à  5  pour  100.  El  il  n'y  a  pas  proportionnalité  entre 
le  nombre  des  segmentations  et  celui  des  blastules.  Dans  l'expérience  où 
j'avais  obtenu  g5  pour  100  des  premières,  je  n'ai  eu  finalement  que 
3  pour  100  des  dernières. 

»  Tout  cela  indique  nettement  que  l'on  est  encore  bien  loin  du  but  qui 
serait  de  remplacer  l'intervention  du  spermatozoïde  par  un  agent  physico- 
chimique de  même  valeur;  bien  loin  aussi  d'obtenir  par  ces  moyens  des 
larves  en  état  de  vivre  assez  longtemps  pour  former  l'animal  parfait.  Il  y 
avait  donc  à  chercher  un  agent  qui  donnât  des  résultats  plus  constants  et 
plus  comparables  à  ceux  que  donne  le  spermatozoïde  dans  la  fécondation 
normale.  C'est  ce  problème  que  j'ai  cherché  à  résoudre  cette  année  au 
laboratoire  de  Roscoff. 

»  Guidé  par  certaines  considérations  théoriques,  je  me  suis  adressé  à 
l'acide  carbonique,  qui  s'est  trouvé  répondre  à  tout  ce  que  l'on  peut 
demander  à  un  agent  parfait. 

»  Le  mode  opératoire  est  d'une  simplicité  extrême  et  l'expérience  peut 
être  refaite  par  n'importe  qui.  Elle  réussit  absolument  toujours.  On  fabrique 
de  l'eau  de  Seltz  avec  de  l'eau  de  mer  et  l'on  dépose  dans  ce  liquide,  à  la 
pression  de  l'atmosphère,  les  œufs  arrivés  à  ce  stade  de  maturation 
commencée  que  j'ai  fait  connaître  dans  un  précédent  travail  sous  le  nom 
de  stade  critique.  Les  œufs  arrivent  d'eux-mêmes  à  ce  stade  quand,  extraits 
des  ovaires  mûrs,  ils  sont  déposés  dans  l'eau  de  mer.  Il  suffît  de  les  sur- 
veiller en  en  examinant,  de  temps  à  autre,  quelques-uns  sous  le  microscope. 
Le  meilleur  moment  est  celui  où  le  premier  globule  polaire  commence  à 
se  montrer. 

»  Après  1  heure  de  séjour  dans  l'eau  de  mer  chargée  de  CO^,  ce  liquide 
est  remplacé  par  de  l'eau  de  mer  naturelle.  Quelques  heures  après,  tous 


572  ACADÉMIE    DES  SCIENCES. 

sont  en  segmentation;  le  lendemain,  tous  sont  transformés  en  bkstules 
ciliées  qui  nagent  dans  les  cuvettes.  Ce  n'est  plus,  comme  avec  les  autres 
réactifs,  3o  à  4o  pour  100  de  segmentation  et  5  à  10  pour  too  deblastules 
nageantes;  c'est  100  pour  100  ou  à  peu  prés.  H  y  a  toujours,  comme  dans 
les  fécondations  normales,  quelques  rares  œufs  qui  ne  se  développent 
pas  :  des  œufs  malades,  sans  doute,  ou  trop  mûrs,  ou  ayant  subi  quelque 
altération.  Il  y  a  toujours  aussi  un  certain  nombre  d'œufs  qui  ne  se  sont 
pas  développés  parce  qu'ils  n'ont  pas  mûri  et  ont  conservé  leur  vésicule 
germinative.  Il  faut  les  défalquer,  car,  mis  en  présence  du  sperme,  ils  ne 
se  développent  pas  davantage.  Il  est  naturel  que,  dans  des  œufs  pris  dans 
l'ovaire,  avant  le  moment  où  ils  eussent  été  normalement  pondus,  un  cer- 
tain nombre  ne  soient  pas  assez  avancés  pour  parcourir  les  stades  de  cette 
maturation  hâtive,  précoce,  que  détermine  le  contact  de  l'eau  de  mer. 

•»  Ainsi  CO-  se  montre  agent  de  développement  aussi  efficace  que  le 
spermatozoïde. 

))  A  ceux  qui  seraient  tentés  de  croire  qu'il  y  a  dans  cette  formule 
quelque  exagération,  je  répondrai  par  les  remarques  suivantes. 

M  J'ai  toujours  pris  des  précautions  extrêmes  pour  écarter  les  spermato- 
zoïdes qui  auraient  pu  s'introduire  auprès  des  œufs  en  expérience  et 
faire  croire  à  un  développement  parthénogénétique  là  où  il  y  aurait  eu 
fécondation.  Les  mains  sont  lavées  à  l'eau  de  pluie  et  au  savon  et  ne 
touchent,  pendant  l'expérience,  ni  l'eau  de  mer  naturelle  ni  les  Astéries, 
qui  sont  maniées  par  un  aide;  les  cuvettes  et  instruments  sont  lavés  à  l'eau 
de  pluie  et  flambés;  l'eau  où  sont  déposés  les  œufs  a  été  stérilisée  par 
chauffage  à  60^;  les  Astéries  sont  plongées  dans  un  grand  baquet  (\eau  de 
pluie;  leurs  ovaires  sont  saisis  sous  cette  eau  avec  des  pinces,  transportés 
dans  de  l'eau  distillée  où  ils  sont  lavés  de  nouveau,  puis  dans  l'eau  de  mer 
stérilisée  où  ils  sont  enfin  dilacérés.  Eh  bien,  ce  spermatozoïde,  contre 
lequel  je  prenais  ces  précautions  excessives,  est  beaucoup  moins  actif 
que  mon  acide  carbonique;  car,  le  jour  où  j'ai  voulu  avoir,  pour  com- 
paraison, des  œufs  fécondés,  je  n'ai  jamais  pu  en  obtenir  plus  de  3o 
à  4o  pour  100.  Tel  est  le  fait. 

»  Il  ne  faudrait  pas  en  conclure  que  des  œufs  parfaitement  murs,  nor- 
malement pondus  par  la  mère,  ne  sont  pas  à  peu  près  tous  fécondables  et 
ne  donneraient  pas  des  larves  égales,  sinon  supérieures,  à  celles  que  fait 
développer  l'acide  carbonique.  Mais,  pour  les  œufs  que  j'avais  à  ma  dispo- 
sition, incomplètement  mûrs  et  fournis  par  des  individus  arrivés  à  l'arrière- 
saison  sans  avoir  pondu  ou  n'ayant  émis  qu'une  partie  de  leur  ponte,  le 


SÉANCE  DU  l3  OCTOBRE  1902.  578 

fait  est  incontestable  :  CO-  est  deux  à  trois  fois  plus  efficace  que  le  sperma- 
tozoïde. 

»  Ce  n'est  pas  seulement  par  la  quantité  mais  aussi  par  la  qualité  que 
ces  larves  carboniques  (qu'on  me  permette  de  les  appeler  ainsi  pour  abré- 
ger) se  distinguent  de  celles  que  donnent  les  autres  agents  parthénogéné- 
tiques.  Avec  ces  derniers  je  n'ai  obtenu  le  plus  souvent  que  des  blastules 
un  peu  rabougries,  faibles,  à  paroi  blastodermique  épaisse,  à  cavité  peu 
développée,  d'ordinaire  occupée  par  un  résidu  granuleux  opaque  qui 
gêne  plus  ou  moins  l'invagination  et  qui  est  pathologique,  car  il  n'existe 
pas  chez  les  blastules  provenant  de  la  fécondation.  Les  blastules  carbo- 
niques au  contraire  sont  grosses,  sphériques,  bien  turgescentes,  à  paroi 
mince,  à  cavité  de  segmentation  vaste  et  parfaitement  libre;  en  somme,  ne 
diffèrent  en  rien  de  celles  qui  proviennent  d'oeufs  fécondés.  Ces  blastules 
s'invaginent  avec  la  plus  grande  facilité;  au  bout  de  36  heures  elles  sont 
devenues  gastrules.  Dès  le  troisième  jour  elles  ont  formé  leur  mésenchvme 
et  commencent  à  développer  leurs  vésicules  entérocœliennes.  Le  cin- 
quième jour  la  bouche  et  l'hydropore  sont  ouverts  et  la  forme  caractéris- 
tique de  V Auricularia  se  dessine. 

»  Au  moment  où  j'ai  quitté  Roscoff  les  plus  vieilles  étaient  âgées  de 
32  jours  et  étaient  des  Auricularia  typiques,  parfaitement  agiles,  en  tout 
semblables  à  celles  provenant  de  la  fécondation.  J'en  ai  laissé  un  bon 
nombre  que  j'ai  placées  dans  des  conditions  variées  et  dont  je  compte 
surveiller  l'évolution.  Je  n'ai  guère  d'espoir  cependant  de  les  conduire 
jusqu'à  la  métamorphose,  car  la  phase  larvaire  est  très  longue  et  il  est 
extrêmement  difficile  de  leur  procurer,  pendant  un  temps  si  prolongé,  les 
conditions  délicates  qu'elles  réclament.  On  n'y  est  pas  arrivé  non  plus 
pour  les  larves  provenant  d'œufs  fécondés.  Je  n'avais  même  jamais  réussi, 
jusqu'ici,  à  conserver  ces  dernières  au  delà  de  trois  semaines,  et  à  cet  âge 
elles  ne  montraient  aucune  trace  de  la  future  Astérie.  Je  compte  poursuivre 
l'observation  des  larves  en  expérience  tant  que  je  pourrai  les  maintenir 
vivantes,  et,  si  j'arrive  à  quelque  résultat,  j'aurai  l'honneur  de  le  soumettre 
à  l'Académie. 

))  Dans  une  prochaine  Communication  j'étudierai  le  mode  d'action  de 
l'acide  carbonique.    » 


C.  R.,  1902,  2'  Semestre.  (T.  CXXXV,  N°  15.)  7" 


574  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


CORRESPONDANCE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  divers  Ouvrages  de  M.  A.  Korn,  portant  pour  litres  : 
«  Lehrbuch  der  Potentialtheorie  (2  vol.);  Abhandlungen  zur  Potential- 
theorie;  Eine  mechanische  Théorie  der  Reibung;  Eine  Théorie  der  Gravi- 
tation und  der  electrischenErscheinungen  ».  (Présentés  par  M.  E.  Picard.) 


HISTOIRE  DES  SCIENCES.  —  Les  quatorze  grands  Registres  de  laboratoire  de 
Lavoisier.  Le  Registre  II  signalé  perdu  et  nouvellement  retrouvé.  Note  de 
M.  H.  Brocard,  présentée  par  M.  Berthelot. 

«  Je  désire  appeler  la  bienveillante  attention  de  l'Académie  sur  un  ré- 
sultat inattendu  et  très  important  d'une  investigation  du  Catalogue  général 
des  Manuscrits  des  Bibliothèques  publiques  de  France.  En  parcourant  le 
Tome  XIII,  édité  en  1891,  où  se  trouve  le  Catalogue  des  Manuscrits  de  la 
Bibliothèque  de  Perpignan,  un  heureux  hasard  de  lecture  m'a  fait  ren- 
contrer sous  le  n*^  61  (p.  102)  l'indication  d'un  Registre  de  laboratoire  de 
Lavoisier.  Le  souvenir  d'une  description  des  Registres  de  Lavoisier  me 
donna  aussitôt  l'idée  de  nie  référer  à  l'Ouvrage  de  M.  Bertlielot  où  je 
l'avais  remarquée  :  La  Révolution  chimique  :  Lavoisier  Ç'Pdris,  Alcan,  1890). 
Deux  paragraphes  (p.  2i3-2i4  et  249-230)  se  rapportent  au  Registre  II  et 
nous  apprennent  qu'il  devait  être  considéré  comme  perdu  depuis  plus  de 
40  ans. 

»  Nous  pouvons  aujourd'hui  indiquer  la  destination  qu'd  avait  reçue. 
Voici,  en  effet,  la  mention  qui  en  est  faite  p.  102  du  Tome  XIII  du  Catalogue 
général  : 

»  IN°  Gl  (anc.  59)  «  Registre  pour  les  expériences  chimiques  »,  Tome  second,  du 
9  septembre  1778  au  5  mars  1774-  «  Journal  d'expériences,  tenu  au  laboratoire  de 
Lavoisier.  » 

»  Le  titre  est  de  la  main  de  Lavoisier,  le  sous-titre  et  la  note  qui  suit 
ont  été  écrits  par  François  Arago. 

»  Ce  cahier  renferme  les  célèbres  expériences  sur  la  calcination  des  métaux  en  vases 
clos,  et  les  premières  tentatives  de  Lavoisier  sur  la  combustion  du  diamant  [signé] 
F.  Arago.  » 


SÉANCE  DU  l3  OCTOBRE  1902.  SyS 

»  En  face,  de  la  même  main  :  «  Journal  manuscrit  de  Lavoisier  offert  respectueuse- 
ment à  la  Bibliothèque  publique  de  la  ville  de  Perpignan,  par  F.  Arago.  » 

»   xviii"  siècle.  Autographe.  Papier,  122  feuillets.  817"^™  sur  200™™.  Rel.  veau  (6494). 

))  En  attendant  un  résumé  de  ce  Registre,  sa  description  paraît  justifier 
les  prévisions  formulées  à  son  sujet  par  M.  Berthelotet  faire  admettre  qu'il 
renferme  les  expériences  sur  la  calcination  du  diamant  et  sur  lacalcination 
de  l'étain  dans  des  vases  fermés,  dont  Lavoisier  a  exposé  les  résultats  le 
11  octobre  1773  et  le  11  novembre  1774- 

»  Différentes  bibliothèques  de  Paris  et  des  départements  possèdent 
d'autres  manuscrits  de  Lavoisier.  La  liste  en  a  sans  doute  été  dressée  parla 
Commission  académique  chargée  de  l'édition  des  Œuvres  complètes  de 
Lavoisier;  aussi  me  bornerai-je  à  indiquer  très  succinctement  les  références 
bibliographiques. 

»  Paris.  Archives  nationales,  n°  818.  Rapport  de  MM.  Maquet  et  Lavoisier,  etc.  — 
On  a  imprimé  Maquet,  vraisemblablement  pour  Macquer. 

»  Archives  nationales,  n°  2279. 

»  Bibliothèque  de  l' Arsenal.  —  Voir  au  Catalogue. 

»  Bibliothèque  nationale.  —  Ancien  Supplément  français.  N°  32305-G. 

»  Bibliothèque  nationale.  —  Nouvelles  acquisitions  françaises.  N°  5153. 

»  Avignon.  —  Collection  Requien. 

»  Clermont-Ferrand.  —  Collection  de  Chazelles. 

><  Lyon.  —  Palais  des  Arts.  Collection  Delandine.  N°  195,  f.  219.  Résultat  de 
quelques  expériences  faites  sur  le  diamant,  par  MM.  Macquer,  Cadet  et  Lavoisier,  1772. 
—  On  a  imprimé,  sans  doute  par  erreur,  MM.  Macquer  cadet  et  Lavoisier. 

»  Nantes.  —  Une  lettre  de  1791. 

»  Rouen.  —  Collection  Duputel. 

»   Roden.  —  Collection  Girardin.    » 


GÉOMÉTRIE  INFINITÉSIMALE.  —  Sur  l' habillage  des  surfaces. 
Note  de  M.  M.  Servant. 

»  Habiller  une  surface  consiste  à  ramener  son  élément  linéaire  à  la 
forme 

(  1  )  ds-  =  dx^  H-  d^'^  -f-  2  cos (0  c/a  d^. 

y>  Nous  nous  proposons  d'indiquer  un  rapport  intéressant  qui  existe  entre 
ce  problème  et  celui  de  la  déformation  des  quadriques  générales,  et  nous 
en  déduirons  des  éléments  linéaires  particuliers  pour  lesquels  on  peut 
résoudre  d'une  façon  complète  le  problème  de  l'habillage,  c'est-à-dire  pour 


576  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

lesquels  on  peut,  de  toutes  les  façons  possibles,  ramener  Télément  linéaire 
à  la  forme  (i). 

))  Soient  u  et  (^  les  paramètres  des  génératrices  rectilignes  d'une  qua- 
drique  quelconque  et  a,  ^  les  paramètres  des  asymptotiques  d'une  surface 
applicable  sur  celte  quadrique.  Nous  avons  montré  (5.  M.,  I90i-i902)que 
les  équations  du  problème  de  la  déformation  des  quadriques  peuvent  se 
mettre  sous  la  forme 

du'  âv'        du'  dv'        ^  .         , 

ces  équations  expriment,  comme  on  le  voit  de  suite,  que  la  forme  quadra- 
tique 

/     \  du  dv 

rapportée  aux  variables  oc  et  p,  prend  la  forme  (i).  Par  conséquent  la  défor- 
mation des  quadriques  et  l'habillage  de  la  forme  quadratique  (2)  sont  deux 
problèmes  équivalents. 

))  Examinons  maintenant  quelques  cas  particuliers  :  si  la  quadrique  est 
un  paraboloïde,  on  aura 

Q,  =  Y.h  -  F-. 

»  La  forme  quadratique  (2)  deviendra,  pour  un  paraboloïde  général 
d'élément  linéaire 


{--■) 


ds-~  {v^  —  i)du-  -h  i{uv  +  b)dudv  -^  (ir  —  i)dç'-, 

dudv 
I  —  M-  —  t^'  —  2  6«('  —  b^-  ' 


or  on  sait  que  la  déformation  du  paraboloïde  général  se  ramène  à  celle  de 
la  sphère;  l'habillage  de  (2')  se  ramènera  donc  également  à  la  déformation 
ou,  ce  qui  revient  au  même,  à  l'habillage  de  la  sphère. 

On  sait  déformer  d'une  façon  complète  les  paraboloïdes  d'éléments 
linéaires  : 

ds-  =.  du-  -t-  IV dudv  -\~  lu dv'- , 

ds-  =  V'  du-  4-  ■2(uv  -h  h)  du  dv  +  u'-dv'-         (paraboloïde  de  révolution), 

j^2      „2  ^„'   ,    „/        ,    72\  /     /        /   ->       70X   7  0      /paraboloïde  à  plan  di- 
ds  =  V- du--i- 2{uv -\- â^)dudv -l- (u^  —  h-)dv^      (*  .      ^ 

'^  \     recteur  isotrope 


2  M  —  V""'' 

du  dv 

2  uv  -\-  h" 

du  dv 

SÉANCE  DU  l3  OCTOBRE  1902.  577 

on  saura  donc  habiller  les  formes  quadratiques 

/  ,  N  du  dv 

(4) 
(5) 

^    ^  //(r'+  1)  +  '2UV 

Remarquons  en  particulier  que  la  forme  quadratique  (5)  est  l'élément 
linéaire  d'une  surface  de  révolution  dont  on  déterminerait  facilement  le 
méridien.   » 


ÉLECTRICITÉ.  —  La  déviation  magnétique  et  électrique  des  rayons  Becquerel 
et  la  masse  électromagnétique  des  électrons.  Note  de  M.  W.  Kaufmann, 
présentée  par  M.  Mascart. 

«   Dans  une  publication  antérieure  (  '  )  j'ai  montré  que  le  rapport  -  de 

la  charge  s  à  la  masse  [a  des  électrons  va  en  diminuant  quand  la 
vitesse  q  s'approche  de  la  vitesse  c  de  la  lumière.  Cela  veut  dire  qu'en 
supposant  constante  la  charge  e,  la  masse  ja  augmente  et  devient  infinie 
pour  ^  =  c,  résultat  prévu  par  la  théorie  électromagnétique. 

»  Les  considérations  théoriques  de  M.  Max  Abraham  (^)  permettent  de 
comparer  quantitativement  les  résultats  de  l'expérience  et  de  la  théorie. 
Pour  la  «  masse  transversale  »  ,  c'est-à-dire  la  masse  correspondant  à 
des  accélérations  qui  sont  perpendiculaires  à  la  vitesse  de  l'électron, 
M.  Abraham  donne  l'équation  suivante  : 

(0  \/^  =  [h\h.^\ 


où  [x„  représente  la  valeur  de  [x  pour  de  petites  vitesses,  [i  =:  ^  et 


1 —  \(\a L 


»  La  méthode  que  j'ai  employée  pour  mesurer  simultanément  -  et   ^ 
peut  être  nommée  méthode  des  spectres  croisés. 


(*)  Nachrichten  d.  Ges.  der  Wissenschaften  zu  Gôttingen,  T901,  n"  2. 
C^)  Ibidem,  1902,  n°  1. 


578  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

»  Une  légère  parcelle  de  matière  radioactive  se  trouve  sur  le  fond  d'une  petite 
caisse  de  laiton.  Les  rayons  émanant  de  cette  parcelle  passent  entre  deux,  lames  de 
laiton  parallèles  et  isolées.  Ils  tombent  sur  un  diaphragme  de  platine  pourvu  d'un 
trou  d'un  diamètre  d'environ  o""°,2,  qui  en  laisse  passer  un  faisceau  étroit  ;  ce  faisceau 
impressionne  la  plaque  photographique,  enveloppée  dans  une  feuille  mince  d'alumi- 
nium battu.  [Dislance  de  la  source  radioactive  au  diaphragme  ainsi  que  celle  du 
diaphragme  à  la  plaque  photographique  :  environ  2*^'"  ;  distance  des  deux  lames  : 
environ  i''"",  2.] 

»  Quand  tout  l'appareil  est  placé  dans  un  tube  à  vide  on  peut  charger  à  2000- 
5ooo  volts  l'une  des  lames,  l'autre  étant  à  terre.  Les  rayons  ayant  traversé  le  champ 
électrique  sont  dispersés  en  un  spectre  électrique  sur  la  plaque  photographique.  En 
superposant  au  champ  électrique  un  champ  magnétique  provenant  d'un  électro- 
aimant, entre  les  pôles  duquel  l'appareil  est  placé,  on  obtient  un  spectre  magnétique 
perpendiculaire  au  spectre  électrique;  l'ensemble  des  deux  spectres  forme  une 
courbe  j' =y'(^),  où  j'  signifie  la  déviation  électrique  et  z  la  déviation  magnétique. 
Sauf  quelques  petites  corrections  (')  on  peut  poser  : 

(3)  »=/ùy 

ou,  à  cause  de  (1)  et  (2), 

(5)  •  ^-^•■. 

(A'i,  A'j  et  k  étant  des  constantes). 

»  L'équation  (5)  est  l'équation  de  la  courbe  photographique,  qui  peut  être  mesurée 
directement;  on  cherche  la  valeur  de  k^  qui  rend  minimum  l'expression 

s(A•.-Â;)^ 

c'est-à-dire  la  somme  des  carrés  des  différences  entre  les  A,  et  leur  moyenne  arithmé- 
tique A'j. 

»  Si  ces  différences  sont  petites  et  qu'elles  ne  montrent  pas  de  marche 
régulière,  on  peut  regarder  la  théorie  comme  vérifiée. 

»  Les  épreuves  photographiques  qui  avaient  servi  pour  ma  publication 
antérieure  ne  permettaient  que  des  mesures  relativement  peu  précises, 
parce  que  l'activité  du  radium  que  j'avais  employé  était  trop  faible. 

»  Je  dois  ma  plus  grande  reconnaissance  à  M.  et  M'"''  Curie  qui  ont  mis 
à   ma  disposition   quelques   parcelles   de  leur  chlorure  de  radium  pur, 

(')   VoirW.  Kaufmann,  Naclirichlen  d.  Ges.  der  Wissenscli.  zu  Gott.,  1902,  n"  3. 


SÉANCE    DU    l3    OCTOBRE    1902.  379 

ainsi  qu'à  l'Académie  des  Sciences  avec  la  subvention  de  laquelle  cette 
matière  si  rare  a  été  préparée. 

»  Les  plaques  obtenues  avec  cette  substance  sont  assez  bonnes  pour 
permettre  des  mesures  d'une  précision  très  satisfaisante. 

))  Les  résultats  des  mesures  de  plusieurs  plaques  (')  étaient  tout  à  fait 
conformes  à  la  théorie  de  M.  Abraham;  les  écarts  moyens  ne  dépassent 
pas  I  à  1,4  pour  100. 

»  On  doit  donc  regarder  comme  prouvé  que  la  masse  de  V électron  est 
entièrement  électromagnétique;  cel  >  veut  dire  que  V électron  n'est  autre 
chose  qu'une  charge  électrique  distribuée  sur  un  volume  ou  une  surface  de 
dimensions  très  petites  (^environ  io~'^  centimètre). 

»   Si  l'on  calcule  —  on  obtient 

1-^0 


£ 


=  1,84.10^         (el.  magn.  un.), 


résultat  conforme  à  celui  trouvé  pour  les  rayons  cathodiques  par  M.  S. 
Simon  (^)  : 

1,865. 10^.   )) 


î^o 


PHYSIQUE.   —  Sur  une  conséquence  de  la  théorie  cinétique  de  la  diffusion. 
Note  de  M.  J.  Thovert,  présentée  par  M.  J.  VioUe. 

«  Le  mouvement  de  la  matière  diffusante  étant  considéré  comme  pro- 
portionnel à  la  vitesse  moyenne  de  la  molécule,  l'application  de  la  théorie 
cinétique  aux  substances  dissoutes  dans  un  même  dissolvant  fait  prévoir 
que,  à  température  constante,  le  produit  MD^  doit  être  constant,  M  dési- 
gnant la  masse  de  la  molécule,  D  la  constante  de  diffusion. 

»  Nous  avons  obtenu,  par  le  procédé  d'observation  décrit  dans  une  Note 
précédente,  les  constantes  de  diffusion  d'un  certain  nombre  de  substances 
non  électrolytes,  dissoutes  dans  l'eau. 

»  Le  Tableau  suivant  rassemble  les  résultats  des  expériences,  effectuées 
à  des  températures  voisines  de   18";  les  constantes  de  diffusion  ont  été 


(')  Les  résultats  seront  publiés  prochainement  dans  la  Physikalische  Zeitschrift. 
(^)   Wiedemann's  Annalen,  1899,  P-  ^^9- 


58o  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

ramenées  à  celte  température  par  une  correction  de  o,  o3  par  degré.  Dans 
toutes  ces  expériences  la  concentration  moyenne  était  de  2^,5  par  litre. 

Substances.  M.  D  x  io\                   MD^'xio'". 

Alcool  méthylique 32  ïjS^  6o 

»       étbylique 46  i,Ji  67 

»      allylique 58  o>99  ^7 

»       propjlique 60  OjQS  58 

Urée 60  1,01  61 

Alcool  butjlique 74  0,88  67 

»       amylique 88  0,88  68 

Uréthane Sg  0,87  67 

Glycérine 92  0,79  67 

Phénol 94  0,80  60 

Hydroquinone 1 10  0,78  6g 

Résorcine iio  0,76  62 

Pyrogallol 126  0,66  55 

Glucose 170  05^7  55 

Mannite 182  o,55  55 

Anlipyrine 188  0,57  61 

Maltose 342  0,41  57 

Lactose 342  o,4i  57 

Raffinose 5oo  o,355  63 

»    On  constate  une  assez  bonne  vérification  de  la  loi  cinétique 

MD-  =  const. 

»  Il  en  résulte  alors  un  procédé  commode  pour  la  détermination  appro- 
chée des  masses  moléculaires,  puisque  la  méthode  d'observation  que  nous 
avons  proposée,  de  pratique  très  simple,  s'applique  à  des  dilutions  suffi- 
santes pour  utiliser  les  calculs  de  la  théorie  cinétique,  lorsque  le  corps 
dissous  n'est  pas  un  électrolyte. 

»  Le  procédé  a  ceci  de  particulier  qu'il  comporte  seulement  des  me- 
sures de  longueur  et  de  temps,  conformément  à  l'équation  de  dimensioF?s 
de  la  constante  de  diffusion,  L-T~'.  » 


CHIMIE  VÉGÉTALE.  —  Le  méthylanthranilate  de  méthyle  dans  l'organisme 
végétal.  Note  de  M.  Eugèxe  Charabot,  présentée  par  M.  Haller. 

«   La  présence  d'éthers  d'acides  amidés,  Tanthranilate  de  méthyle  et  le 
méthylanthranilate  de  méthyle,  a  été  signalée  déjà  dans  un  certain  nombre 


SÉANCE  DU  3  3  OCTOBRE  IO02.  58l 

d'huiles  essentielles.  En  particulier,  IM.  Walbaum  [Journ.  prakt.  Chem.,  (2), 
t.  LXII,  p.  i35]  a  rencontré  un  peu  de  méthvlanthranilatedeméthyledans 
l'essence  extraite  des  zestes  de  mandarines.  Mais  jusqu'ici  ces  substances 
n'avaient  été  trouvées  qu'en  très  faible  proportion.  Mes  études  sur  le  chi- 
misme  v  égétal  m'ont  conduit  à  examiner  l'essence  élaborée  par  la  feuille  du 
mandarinier  (CïVrw^  madurensis)  et  à  constater  qu'il  s'agit  là  d'une  véritable 
source  natureile  de  métliylanthranilate  de  mélhyle. 

»  CeUe  essence,  obtenue  par  distillation  avec  la  vapeur  d'eau,  se  présente  sous  la 
forme  d'un  liquide  fluorescent,  doué  d'une  odeur  forte,  déviant  de  H-  6° [\o'  le  plan  de 
polarisation  de  la  lumière  sous  une  épaisseur  de  100™™.  Elle  a  comme  coefficient  de 
saponification  160.  Après  ébullilion  avec  l'anhydride  acétique,  en  présence  d'un  peu 
d'acétate  de  sodium  fondu,  le  coefficient  de  saponification  s'est  trouvé  sensiblement 
réduit.  Cette  constatation  singulière  m'a  fait  soupçonner  la  présence  d'un  éther  d'acide 
amidé. 

»  A  i'^'"'  d'un  mélange  renfermant  1^°^  d'acide  sulfurique  concentré  et  5^°'  d'éther, 
j'ai  ajouté  o'^'"',5  d'huile  essentielle;  aussitôt  des  cristaux,  se  sont  formés  et  finalement  le 
produit  s'est  pris  en  masse.  Les  cristaux  ont  été  essorés  rapidement,  lavés  à  l'alcool  et 
à  l'éther,  puis  décomposés  par  la  soude;  ils  ont  donné  naissance  à  une  huile  qui  s'est 
concrétée  par  refroidissement  avec  de  la  glace. 

»  Pour  isoler  la  combinaison  amidée  dont  la  présence  se  trouvait  ainsi  démontrée, 
j'ai  agité  6os  d'huile  essentielle  avec  25os  d'acide  sulfurique  à  aS  pour  100.  La  partie 
insoluble  pesait  3os,  ce  qui  montre  que  l'essence  de  feuilles  de  mandarinier  renferme 
5o  pour  100  environ  du  composé  azoté  dont  je  vais  faire  connaître  la  nature.  La  solu- 
tion sulfurique  a  été  filtrée,  puis  additionnée  de  soude  jusqu'à  réaction  alcaline,  en 
ayant  soin  de  refroidir  avec  de  la  glace;  l'éther  d'acide  amidé  ainsi  remis  en  liberté  a 
été  séparé  par  agitation  avec  de  l'éther,  puis  purifié  par  cristallisation,  en  refroidis- 
sant à  —  i5°  sa  solution  dans  l'éther  de  pétrole. 

»  Il  se  présente  sous  la  forme  d'une  masse  cristalline  nacrée  fusible  à  -h  19°;  ses 
solutions,  même  extrêmement  diluées,  possèdent  une  superbe  fluorescence  violacée. 

»  Soumis  à  l'analyse,  ce  corps  a  fourni  les  résultats  suivants  :  G, 65, 88  pour  100; 
H,  6,91  pour  joo.  Ces  nombres,  ainsi  que  le  point  de  fusion  du  composé,  corres- 
pondent au  méthylanthranilate  de  méthyle  (calculé  pour  C^H"O^Az  :  C,  65,45 
pour  100;  H,  6,67  pour  loo). 

»  Pour  identifier  cet  éllier  d'une  façon  plus  rigoureuse,  je  l'ai  saponifié  en  le  chauf- 
fant pendant  six  heures  au  bain-marie  avec  un  excès  de  potasse  alcoolique;  j'ai  ensuite 
distillé  l'alcool  et,  par  addition  d'acide  acétique,  mis  l'acide  amidé  en  liberté.  Celui-ci 
a  été  recueilli  sur  un  filtre,  essoré  à  la  trompe  et  soumis  à  la  cristallisation  dans 
l'alcool  bouillant,  11  se  présente  sous  la  forme  d'aiguilles  subllmables,  fusibles  à  179°, 
communiquant  aux  divers  dissolvants  une  fluorescence  violacée. 

L'analyse  permet  de  lui  assigner  la  formule  C^H^O^Az. 

»  L'Identification  de  cet  acide  avec  Vacide  inéthy lanthranilique  a  été  complétée 
par  la  détermination  du  point  de  fusion,  186°,  de  son  dérivé  acétylé,  composé  décrit 
par.ï\L  Fortnianu  {Jour,  piakt.  Chem.,  3"=  série,,  t.  LV,  p.  128). 

C.  W.,  1902,  r-  Semcsire.  (T.  GXXXV,  N"  15.)  77 


582  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Ces  observations  permettent  de  conclure  que  l'essence  de  feuilles  de 

mandarinier  renferme   environ   5o  pour   loo   de  méthylanthranilate   de 

méthyle 

COOCH» 

AzH  — GH^ 

\/ 

»  Jusqu'ici,  des  proportions  aussi  notables  d'éther  d'acide  amidé 
n'avaient  jamais  été  signalées  dans  les  huiles  essentielles.  L'abondance  du 
méthylanthranilate  de  méthyle  dans  un  organe,  la  feuille,  de  première 
importance  physiologique,  permet  de  supposer  que  ce  corps  doit  jouer, 
dans  le  milieu  assimilateur  du  mandarinier,  un  rôle  des  plus  intéressants.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.    —   Sur  l'essence  de  bois  de  Cèdre  de  l'Atlas. 
Note  de  M.  Ëmilien  Grimal,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

«  L'essence  dont  je  me  suis  occupé  a  été  retirée,  par  distillation  avec  de 
l'eau,  du  bois  de  Cèdre  de  l'Atlas,  Cedrus  Atlantica,  variété  algérienne  du 
Cèdre  du  Liban,  Cedrus  Libani,  tribu  des  Abiétinées,  famille  des  Conifères. 

»  L'échantillon  que  j'ai  soumis  à  l'analyse  présentait  les  caractères  suivants  : 

»  Soluble  dans  8,5  parties  et  plus  d'alcool  à  90°,  dans  ii5  parties  d'alcool  à  70°: 

Poids  spécifique  à  1 5° d     =  o ,  gSoS 

Indice  de  réfraction  à  20° /Id   =1,51191 

Pouvoir  rotatoire  spécifique  à  20° [aJui^H-  60° 82' 

»  Indice  d'acide  libre  :  1,16; 

»  Indice  de  saponification  :  6,92; 

»  Indice  de  saponification  après  acétylation  :  33,84. 

»  L'essence  refroidie  à  — 16°,  avant  comme  après  acétylation,  ne  se  solidifie  pas. 

»  Un  premier  essai  de  distillation,  à  la  pression  ordinaire,  a  fourni  80  pour  100  de 
distillatum  entre  270°  et  295°. 

»  J'ai  soumis  alors  2''s,8oo  d'essence  primitive  à  la  distillation  fractionnée,  sous 
pression  réduite  (16™"),  entre  des  limites  de  température  de  5o°  à  175°  et  j'ai  ainsi 
recueilli  six  fractions. 

»  La  première  partie,  la  plus  volatile,  a  été  soumise,  à  son  tour,  à  une  série  de  frac- 
tionnements à  la  pression  ordinaire.  Les  parties  les  plus  volatiles,  passant  entre  55*^ 
et  78°,  contenaient  de  l'acétone  ordinaire  en  très  faible  quantité.  De  180°  à  21 5°,  il  a 
été  recueilli  4os  d'une  huile  ayant  une  odeur  très  pénétrante  qui  rappelle  exactement 
celle  de  l'essence  primitive. 


SÉANCE  DU  l3  OCTOBRE  I902.  583 

»  Elle  contient  une  cétone  C^H'*0,  qui  a  été  caractérisée  par  la  formation  de  sa 
semicarbazone  et  de  son  oxime  bromée. 

»  La  semicarbazone  fond  à  iSg^-iôo";  les  résultats  analytiques  conduisent  à  la  for- 
mule O''W0kz\ 

))  L'oxime  de  cette  cétone  n'a  pu  être  obtenue  à  l'état  cristallisé;  mais, 
en  la  soumettant  à  l'action  successive  du  chlorhydrate  d'hydroxylamine  et 
du  brome,  il  se  forme  des  cristaux  d'oxime  bromée,  C^H'^OAzBr', 
laquelle  fond  à  i3i^-i33^. 

))  Le  fractionnement  de  la  portion  II,  passant  entre  132*^  et  136**,  à  la 
pression  de  16°^™,  fournit  à  la  distillation,  sous  pression  ordinaire,  entre 
271"  et  276°,  un  liquide  de  densité  0,926  à  iS**,  dont  l'indice  de  réfraction 
est  1,5 121  et  le  pouvoir  rotatoire  -i-58*'34',  et  dont  l'analyse  a  donné  des 
résultats  compris  entre  ceux  que  donnent  un  sesquiterpène  et  un  alcool 
sesquiterpénique. 

»  Pour  obtenir  le  sesquiterpène  je  l'ai  isolé  à  l'état  de  dichlorhydrate 
cristallisé;  pour  cela,  le  liquide  dextrogyre  précédent,  dissous  dans 
deux  fois  son  volume  d'éther  et  refroidi  par  de  la  glace,  a  été  saturé 
d'acide  chlorhydrique  pur  et  sec.  Par  évaporation  spontanée  de  l'éther  il 
s'est  formé  de  nombreux  cristaux  qui  ont  été  essorés  à  la  trompe,  puis  des- 
séchés sur  des  plaques  poreuses,  lavés  à  l'alcool  froid  et  redissous  dans 
l'éther  acétique  chaud,  d'où  ils  se  sont  reformés  par  refroidissement. 

»  Ces  cristaux  constituent  le  dichlorhydrate  de  cadinène;  ils  fondent,  en  effet, 
à  117°-!  18°;  le  poids  moléculaire,  déterminé  par  la  cryoscopie  en  solution  benzénique, 
est  275,6  (calculé  277). 

))  En  chauffant  ce  dichlorhydrate  avec  un  mélange  d'acide  acétique  glacial  et  d'acé- 
tate de  sodium,  j'ai  régénéré  le  sesquiterpène,  lequel  bout  à  274°-275°  ;  il  possède 
donc  un  point  d'ébullition  identique  àcelui  du  cadinène  isolé,  parWallach,  de  l'huile 
de  cade. 

»  De  cette  même  portion  II  j'ai  obtenu  un  dibromhydrate  cristallisé  en  aiguilles 
fusibles  à  12/4°-! 25°  qui  est  le  dibromhydrate  de  cadinène. 

»  La  cinquième  fraction,  redistillée  à  la  pression  ordinaire,  donne,  entre  291°  et 
295°,  une  huile  très  épaisse,  qui  paraît  contenir  un  ou  plusieurs  alcools  sesquiter- 
péniques  dont  je  poursuis  l'étude. 

»  En  résumé,  j'ai  isolé,  de  l'essence  de  bois  de  Cèdre  de  l'Atlas,  du 
cadinène  C'^H^',  une  cétone  C^H'^O  à  laquelle  l'essence  doit  son  odeur 
spéciale,  et  des  traces  d'acétone  ordinaire.    » 


584  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  Sur  une  nouvelle  réaction  dit  formol,  permettant  sa 
recherche  dans  les  denrées  alimentaires .  Note  de  MM.  Manget  et  Mariox, 
présentée  par  M.  A.  Haller.  (Extrait.) 

«  L'emploi  du  formol  se  généralisant  de  plus  en  plus  pour  la  conserva- 
tion des  substances  alimentaires,  les  efforts  des  chimistes  se  sont  portés  sur 
la  recherche  de  procédés  susceptibles  de  caractériser  sa  présence.  La  plu- 
part agissent  sur  le  produit  de  la  distillation Le  procédé  que  nous  pro- 
posons a  l'avantage  d'agir  directement  et  d'êlre  plus  sensible.  Il  consiste  : 

»  Pour  le  lait  :  A  saupoudrer  légèrement  la  surface  d'amidoi  ou  d'ami- 
dophénol;  observer  après  quelques  minutes.  Le  lait  normal,  carbonate  ou 
borate,  développe  une  coloration  saumon.  Le  lait  formolé,  une  coloration 
jaune-serin,  sensible  au  y^ô- 

»  Pour  les  gelées  de  viande  :  Prélever  dans  un  tube  un  peu  de  bouillon 
liquéfié;  ajouter  quelques  cristaux  d'amidoi;  agiter.  Le  bouillon  formolé 
développe  une  coloration  jaune,  virant  au  jaune  sale  par  addition  d'une 
goutte  d'ammoniaque.  Le  bouillon  non  formolé,  une  coloration  brun  rosé, 
virant  au  bleu  dans  les  mêmes  conditions.  » 


PHYSIOLOGIE   EXPÉRIMENTALE.    —   Les   excitants    et   les  poisons  du  nerf. 
Note  de  M.  N.-E.  Wedensky,  transmise  par  M.  Marey. 

«  Dans  mes  premières  recherches  sur  la  narcose  du  nerf,  j'ai  trouvé 
que,  avant  de  produire  cet  état  dans  le  nerf,  chaque  agent  narcotique  le 
fait  passer  par  trois  stades  successifs  :  a.  Le  stade  de  transformation  du 
rythme  des  irritations  appliquées  au  nerf;  b.  Le  stade  paradoxal,  oij  la 
conductibilité  des  excitations  fortes  est  déjà  suspendue,  celle  des  excita- 
tions faibles  étant  encore  possible;  c.  Le  stade  inhibitoire,  qui  s'exprime 
par  une  action  dépriniiinte  des  ondes  d'excitation  nées  dans  des  points 
normaux  du  nerf  sur  la  partie  narcotisée.  Pendant  la  restitution  du  nerf, 
on  voit  ces  stades  se  sinvre  dans  l'ordre  inverse  (  '). 

»   Dans  mes  recherches  ultérieures,  j'ai  constaté  que  tous  les  excitants 

(')  Archives  de  Pjlager,  t.  LXXXII  :  Compte  rendu  du  yïIII''   Congrès  interna- 
tional de  Médecine  à  Paris. 


SÉANCE    DU    l3    OCTOBRE    1902.  585 

communs,  appliqués  avec  une  certaine  intensité  et  une  certaine  durée, 
produisent  eux  aussi,  dans  le  nerf,  les  mêmes  modifications  fonctionnelles. 
En  effet,  c'est  ce  qu'on  peut  reproduire  avec  l'irritation  chimique  usuelle, 
avec  les  températures  plus  élevées,  avec  la  faradisation  intense  et  dans  la 
modification  électrotonique  produite  parle  courant  constant.  Tout  récem- 
ment, le  même  fait  a  été  établi  par  M.  Sémenoff  sur  le  nerf  soumis  à  une 
compression  mécanique. 

»  En  raison  des  conditions  si  différentes  qui  amènent  toutes,  dans  le 
nerf,  un  état  tout  à  fait  analogue  à  la  narcose,  je  l'ai  désigné  par  une  déno- 
mination plus  générale  qui,  tout  en  ne  mentionnant  pas  les  causes  éven- 
tuelles de  son  origine,  ne  signale  que  l'état  lui-même  :  par  l'expression  de 
parabiose.  Au  point  de  vue  théorique,  je  me  la  représente  comme  un  état 
d'excitation  singulière,  locale  et  stabile,  rappelant  la  contraction  idio- 
musculaire  du  muscle  ('). 

»  Dès  lors,  il  est  naturel  de  poser  la  question  de  savoir  si  tous  les 
agents  chimiques,  les  poisons  de  toute  espèce,  quelle  que  soit  leur  consti- 
tution, peuvent  tous  être  ramenés  au  schéma  indiqué  par  les  recherches 
précédentes. 

»  Pour  étendre  l'étude  au  plus  grand  nombre  possible  de  substances 
chimiques,  j'ai  invité  plusieurs  collaborateurs  à  prendre  part  à  ce  travail 
(Bourdakoff,  Chapote,  Solovieff,  Soudakoff,  Vorembsky). 

»  Le  résultat  de  nos  recherches  coopératives  donne  une  réponse  tout  à 
fait  affirmative  à  la  question  posée  :  tous  les  agents  chimiques  soumis  à 
cette  étude  provoquent,  dans  le  nerf,  l'état  de  la  parabiose,  en  le  faisant 
préalablement  passer  par  les  trois  stades  typiques. 

»  Toutefois,  en  ce  qui  concerne  le  sort  ultérieur  du  nerf,  les  substances 
étudiées  doivent  être  subdivisées  en  deux  grands  groupes  : 

»   I.   Les  substances  produisant  la  parabiose  révocable  ; 

»    IL  Les  substances  produisant  la  parabiose  irrévocable. 

»  Dans  le  premier  cas,  il  suffit  de  faire  disparaître  l'atmosphère  d'un 
gaz  nuisible,  ou  bien  de  laver,  avec  la  solution  physiologique,  la  partie 
parabiosique,  pour  que  le  nerf  revienne  à  l'état  fonctionnel  normal.  Dans 
le  deuxième  cas,  la  parabiose  passe  toujours  dans  la  mort  du  nerf;  néan- 
moins, en  raison  de  ce  que  toutes  les  modifications  fonctionnelles  qui  pré- 
cèdent l'installation  de  l'état  parabiosique  s'observent  ici  avec  les  mêmes 


(')  Excitation,   inhibition   et  narcose;  Sainl-Pétersbonrg,    igot   {Compte  rendu 
du  V^  Congrèfi  international  de  Physiologie  à  Turin). 


586  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

caractères  que  dans  le  premier  cas,  il  est  juste  de  le  désigner  aussi  comme 
la  parabiose. 

»  Quant  à  la  manière  dont  s'exprime  l'action  initiale  des  substances 
étudiées,  elles  peuvent  être  divisées  en  trois  catégories  :  a.  Les  substances 
qui  excitent  le  nerf,  avant  qu'elles  commencent  à  provoquer  l'état  de  la 
parabiose;  h.  Les  substances  qui  n'accusent  au  début  de  leur  action  qu'une 
augmentation  de  l'excitabilité;  c.  Les  substances  qui  débutent  directe- 
ment par  la  diminution  de  l'excitabilité  du  nerf. 

»  Cependant,  ces  catégories  ne  peuvent  pas  être  rigoureusement  déli- 
mitées. Une  substance  de  la  catégorie  a,  appliquée  en  solution  plus  faible, 
ae^it  comme  h\  ou  bien,  exerçant  son  action  sur  une  partie  très  courte, 
elle  agit  comme  6,  tandis  que,  sur  une  partie  beaucoup  plus  longue,  elle 
agit  comme  a.  Pour  les  substances  de  la  catégorie  c,  il  est  toujours  pos- 
sible d'admettre  que,  elles  aussi,  appliquées  avec  une  certaine  intensité, 
laisseraient  observer  une  phase,  ici  très  courte,  de  l'excitabilité  augmentée. 

»  Ces  trois  catégories  se  retrouvent  d'ailleurs  dans  les  deux  grands 
groupes.  Je  ne  citerai  que  les  exemples  les  plus  caractéristiques  : 

»  L  a.  Les  alcalis,  les  sels  des  alcalis,  les  sels  de  Ba,  St,  Ni,  Zn  ;  b.  Vératrine, 
éther^  chloroforme,  azotate  de  Ca,  sulfates  de  Fe,  Ou,  acétate  neutre  de  PI;  c.  Am- 
moniaque, acide  phénique,  hydrate  de  chloral,  cocaïne. 

»  De  tous  les  poisons  étudiés  le  nerf  se  montre  surtout  impression- 
nable par  la  vératrine,  qui  exerce  déjà  son  action  en  solutions  extrême- 
ment faibles;  au  contraire,  la  strychnine,  si  vénéneuse  pour  les  centres 
nerveux,  n'agit  sur  le  tronc  nerveux  qu'en  concentrations  assez  considé- 
rables et  devrait  être  rangée  plutôt  dans  la  catégorie  c,  c'est-à-dire  à  côté 
de  l'ammoniaque  et  du  phénol.  Ces  deux  substances  ont  été  regardées 
jusqu'ici  comme  tuant  le  nerf  sans  l'exciter  :  en  réalité,  leur  action  est 
analogue  à  celle  de  la  cocaïne. 

»  IL  a.  Acides  organiques  et  inorganiques,  azotate  d'argent  ;  h.  Les  mêmes  sub- 
stances dans  des  solutions  faibles;  c.  Sublimé  corrosif. 

»  Les  acides  à  part,  les  représentants  du  groupe  II  sont  beaucoup  moins 
nombreux  que  ceux  du  groupe  I. 

»  Or,  à  proprement  parler,  les  substances  II  devraient  seules  être  envi- 
sagées comme  vrais  poisons  du  tronc  nerveux;  ce  sont  seulement  elles 
qui  produisent  des  altérations  irréparables  (il  s'agit  toujours  du  nerf 
extrait  du  corps)  de  sa  constitution  chimique  et  de  son  intégrité  fonction- 


SÉANCE    DU    l3    OCTOBRE    1902.  587 

nelle.  Tous  les  autres  agents  chimiques  ne  diffèrent  en  rien,  dans  leur 
action,  des  excitants  physiques  en  général,  et  du  plus  typique  d'entre  eux, 
du  courant  électrique  en  particulier.  En  effet,  toute  la  variabihté  de  leurs 
actions  se  réduirait  à  ce  que,  dans  certains  cas  («),  ils  exercent  leur  action 
à  la  manière  du  courant  faradique;  dans  les  autres  {b  et  c),  à  la  manière 
du  courant  constant  s'insinuant  très  lentement.  C'est  là  plus  qu'une  com- 
paraison: c'est  une  formule  générale,  qui  peut  nous  guider  à  travers  les 
manifestations  si  variées  dont  le  nerf  soumis  à  l'influence  des  agents  chi- 
miques est  le  siège.  » 

ZOOLOGIE  EXPÉRIMENTALE.  —  Sur  le  centre  nerveux  qui  innerve  la  périphérie 
du  manteau  chez  le  Pecten.  Note  de  M.  Louis  Boutan,  présentée  par 
M.  Yves  Delage. 

«  On  ne  reconnaissait  jusqu'à  présent  comme  centres  distincts  chez  les 
Acéphales  que  les  ganglions  cérébroïdes  ou  sus-œsophagiens,  les  ganglions 
pédieux  et  les  ganglions  palléo-viscéraux.  Les  expériences  que  j'ai  faites, 
cette  année,  au  laboratoire  de  Roscoff,  m'ont  permis  de  constater  l'exis- 
tence d'un  nouveau  centre  distinct  des  trois  précédents.  Ce  centre  nerveux 
autonome  a  sous  sa  dépendance  les  organes  sensoriels,  si  développés  chez 
le  Pecten,  à  la  périphérie  du  manteau.  Il  est  en  relation,  avec  les  ganglions 
cérébroïdes  et  les  ganglions  palléo-viscéraux,  par  des  branches  nerveuses, 
chez  les  sujets  normaux;  mais,  si  on  l'isole  de  ces  centres,  il  conserve  son 
intégrité  fonctionnelle:  on  ne  peut  donc  pas  l'assimilera  un  ganglion  de 
renforcement. 

»  Ce  centre  nerveux,  qu'on  désignait  jusqu'ici  sous  le  nom  de  nerf  péri- 
phérique du  manteau,  est  constitué  par  un  manchon  de  cellules  nerveuses 
entourant  la  substance  fibrillaire;  il  représente,  à  lui  seul,  une  masse  au 
moins  dix  fois  plus  volumineuse  que  tous  les  autres  centres  réunis. 

))  Il  est  vraisemblable  qu'il  existe,  plus  ou  moins  développé,  chez  les 
autres  Acéphales  et  qu'il  est  homologue  au  cordon  nerveux  périphérique 
que  j'ai  signalé  chez  la  Fissurelle  et  que  l'on  retrouve  chez  d'autres  Gasté- 
ropodes archaïques. 

»  Voici  par  quelles  expériences  on  peut  établir  que  ce  soi-disant 
nerf  phériphérique  dicmanteau  est  un  centre  autonome. 

»  Le  Pecten  possédant  un  manteau  ouvert  sur  toute  la  face  ventrale, 
on  peut,  en  écartant  les  valves  avec  un  coin  assez  épais,  apercevoir  à  l'œil 
nu  les  centres  que  j'appellerai  classiques. 


588  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Première  expérience.  —  Si  l'on  supprime  avec  un  fer  rouge  les  ganglions  palléo- 
viscéraux,  ou  si  l'on  se  contente  de  sectionner  à  droite  ou  à  gaucbe  le  tronc  commun 
que  représente  l'ensemble  des  nerfs  qui  se  rendent  dans  un  des  lobes  du  manteau,  on 
constate,  dans  l'un  et  l'autre  cas,  que  les  organes  sensoriels  de  la  périphérie  réagissent 
à  l'excitation  comme  chez  le  sujet  normal. 

»  Deuxième  expérience.  —  Si  l'on  pratique  la  même  opération  sur  les  ganglions 
cérébroïdes,  le  résultat  est  le  même,  mais  l'animal  ne  survit  que  peu  de  jours  à  l'opé- 
ration. 

»  Troisième  expérience.  — ■  Si  l'on  sectionne  d'un  côté  le  tronc  commun  des  nerfs, 
se  rendant  à  l'un  des  lobes  du  manteau  et  si  l'on  isole^  en  haut  et  en  bas,  ce  lobe  du 
manteau  par  deux  larges  incisions,  les  organes  sensoriels  de  la  périphérie  du  manteau 
continuent  à  réagir  à  l'excitation,  et  cela  plus  de  trois  semaines  après  que  l'opération 
a  été  effectuée. 

»  On  doit  noter  que  cette  troisième  expérience  est  la  plus  concluante,  puisque,  dans 
ce  dernier  cas,  le  centre  nerveux  qui  innerve  la  périphérie  du  manteau  se  trouve  com- 
plètement isolé  de  toute  communication  nerveuse  avec  les  autres  centres. 

»  L'élude  histoiogique  de  ce  centre,  que  l'on  peut  appeler  cîrcum-pallêal, 
semble  confirmer  ces  résultats,  lorsqu'on  la  pratique  sur  des  animaux 
opérés  depuis  i5  jours  ou  3  semaines;  tous  les  nerfs  qui  partent  de  ce 
centre  pour  fee  rendre  aux  organes  périphériques  sont  conservés  en  bon 
état;  ceux,  au  contraire,  qui  représentent  les  branches  d'union  avec  le 
centre  palléo-viscéral  semblent  en  dégénérescence  (^  ). 

M  Si  les  expériences  rapportées  plus  haut  démontrent  l'existence  d'un 
centre  nerveux  autonome,  innervant  les  organes  sensoriels  du  manteau, 
on  ne  doit  pas  en  conclure  cependant  que  les  ganglions  palléo-viscéraux 
n'innervent  pas,  eux  aussi,  le  manteau.  Rien  ne  serait  plus  faux,  ainsi  que 
le  prouve  une  dernière  expérience. 

»  Si,  au  lieu  de  détruire  complètement  les  ganglions  palléo-viscéraux, 
oii  supprime  le  centre  nerveux  d'un  seul  côté,  l'animal  peut  survivre  à 
l'opération.  En  l'ouvrant  six  mois  après  on  constate  que  le  lobe  du  man- 
teau correspondant  au  ganglion  lésé  est  presque  complètement  atrophié. 
Il  n'est  plus  représenté,  sur  le  pourtour  du  muscle,  que  par  une  mem- 
brane de  quelques  millimètres,  et  la  portion  correspondant  au  capuchon 
est  seule  représentée  dans  son  intégrité. 

»  Cette  expérience  prouve  que  le  champ  d'innervation  des  ganglions 
palléo-viscéraux  situés  sur   le  muscle  adduclenr  inférieur  ne  s'étend  pas 


(')  Je  dis  semblent  en  dégénérescence  parce  que  les  caractères  de  la  dégénérescence 
des  nerfs  chez  les  Mollusques  sont  encore  trop  mal  connus  pour  permettre  une  affir- 
mation plus  catégorique. 


SÉANCE    DU    l3    OCTOBRE    1902.  SSq 

sur  toute  la  surface  du  manteau,  puisque  le  capuchon  céphalique  est  con- 
servé après  leur  suppression.  Cette  constatation  m'a  conduit  à  étudier,  sur 
des  coupes,  la  disposition  des  ganglions  cérébroïdes  et  m'a  permis  de  con- 
stater que,  chez  le  Pecten,  chacun  de  ces  ganglions  est  formé  de  deux  moi- 
tiés séparées  par  un  étranglement  :  la  moitié  supérieure  fournit  les  nerfs 
des  lèvres  et  la  commissure  sous-œsophagienne,  la  partie  inférieure  donne 
l'ensemble  des  nerfs  qui  innervent  le  capuchon. 

»  D'après  ce  que  l'on  sait  déjà  de  la  disposition  des  ganglions  palléo- 
viscéraux  chez  d'autres  Acéphales,  tels  que  Nucula,  par  exemple,  on  peut 
en  conclure  que  cette  moitié  inférieure,  regardée  jusqu'ici  comme  faisant 
partie  des  ganglions  cérébroïdes,  représente  un  ganglion  du  système 
palléo-viscéral  très  rapproché  du  ganglion  cérébroïde.    » 

ZOOLOGIE.     —    L'excrétion  chez   les  Crustacés    supérieurs.    Note     de 
M.  Li.  Bruntz,  présentée  par  M.  Yves  Delage. 

«  Kovalevsky  (1889),  dans  ses  belles  études  sur  l'excrétion  par  le  pro- 
cédé des  injections  physiologiques,  a  découvert  chez  les  Crustacés  beaucoup 
de  faits  nouveaux  et  intéressants,  mais  il  a  surtout  noté  les  résultats  les  plus 
apparents  sans  beaucoup  approfondir,  et  il  a  lui-même  fait  remarquer  que 
ce  sujet  devait  être  repris.  Jusqu'ici  le  seul  groupe  étudié  complètement 
est  celui  des  Décaj)odes,  chez  lesquels  M.  Cuénot  (1895)  a  trouvé  trois 
types  d'organes  excréteurs  :  i^  le  rein  antennaire  (snccule  et  labyrinthe); 
2°  les  reins  branchiaux,  néphrocytes  à  carminate  accumulés  dans  les 
canaux  branchiaux;  S''  les  cellules  vacuolaires  du  foie. 

»  Mes  recherches,  faites  au  laboratoire  de  Roscoff,  ont  porté  sur  tous 
les  autres  groupes  de  Crustacés;  j'ai  utilisé  la  môme  méthode  des  injections 
physiologiques  de  liquides  colorés  et  j'ai  pu  me  convaincre  que  tous  les 
Malacostracés  étudiés  possédaient  les  divers  organes  excréteurs  indiqués 
pour  les  Décapodes;  j'y  ajouterai  les  reins  céphaliques  des  Edriopthalmes 
et  un  organe  péricardial  chez  les  Amphipodes. 

»  1°  Rein  antennaire  et  rein  maaitlaire.  —  A  Tétat  larvaire  on  sait  que  les 
Crustacés  possèdent  deux  paires  de  glandes  situées  :  l'une,  dans  le  premier  article 
de  la  deuxième  paire  d'antennes;  l'autre,  dans  le  segment  du  corps  correspondant  à  la 
deuxième  paire  de  mâchoires;  à  l'état  adulte  on  ne  retrouve  que  rarement  les  deux 
glandes  (Nébalie);  c'est  le  plus  souvent  la  première  qui  persiste,  tandis  que  c'est  la 
seconde  chez  les  Isopodes.  Mes  expériences  m'ont  permis  de  constater  que,  chez  tous, 
l'épithélium  du  saccule  de  la  glande  qui  a  persisté  élimine  le  carminate,  ainsi  que  le 
tournesol  qui,  virant  au  rouge,   indique  une  réaction  acide.  Chez  la  Nébalie  les  deux 

C.   R.,  1902.  2»  Semestre.  (T.  CXXXV,  N"  15.)  7^ 


5go  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

glandes  sont  fonctionnelles,  d'après  Claus.  Quant  au  labyrinthe,  canal  urinaire  plus  ou 
moins  contourné  dans  lequel  débouche  le  saccule  et  qui  lui-même  s'ouvre  à  l'extérieur, 
il  a  bien  probablement  un  rôle  dans  l'excrétion,  mais  il  n'élimine  aucune  des  couleurs 
employées. 

»  1°  Reins  branchiaux.  —  J'ai  de  même  constaté  que  leur  existence  était  géné- 
rale. Ce  sont  des  organes  clos,  de  forme  variable,  constitués  par  de  grosses  cellules 
conjonctives  à  un  ou  plusieurs  noyaux,  à  réaction  acide  et  éliminant  le  carminate. 

»  Chez  les  Leptostracés  (Nébalie),  ils  sont  situés  à  la  base  des  lames  branchiales  et 
sont,  par  conséquent,  au  nombre  de  huit  paires.  Les  coupes  montrent  que  ces  néphro- 
cytes  sont  localisés  dans  le  sinus  sanguin  du  coxopodite  et  lui  forment  un  revêtement 
incomplet,  disposition  nécessaire  pour  que  le  sang  puisse  avoir  libre  accès  dans  les 
lames  respiratoires  de  l'épipodite  et  de  l'exopodite. 

»  Ces  reins  sont  plus  nombreux  chez  les  Amphipodes  (Talitre,  Gamniarus,  Pro- 
tella);  ils  ont  été  signalés  par  Délia  Valle.  On  les  trouve  à  la  base  de  chaque  anneau 
du  corps;  les  plus  importants  sont  à  la  partie  antérieure  :  ils  s'avancent  dans  les  lames 
épimériennes  des  pattes  thoraciques,  tandis  que,  dans  l'abdomen,  ils  ont  une  tendance  à 
s'étendre  en  hauteur.  Les  coupes  montrent  que  ces  organes  sont  situés  dans  les  lacunes 
qui  constituent  les  vaisseaux  péricardiques. 

»  Les  Isopodes  possèdent  un  nombre  variable  de  reins  branchio-abdominaux. 
Il  y  en  a  généralement  cinq  paires;  on  n'en  rencontre  que  trois  chez  le  Sphérome  et 
une  chez  l'Aselle.  Les  néphrocytes  qui  les  composent  peuvent  être  groupées,  comme  le 
montrent  les  coupes,  en  amas  à  l'extrémité  des  lacunes  qui  constituent  les  vaisseaux 
branchio-péricardiques,  ou  bien  les  remplir  dans  toute  leur  étendue  et  même 
s'étendre  dans  le  péricarde  et  le  telson  comme  chez  les  Bopyres. 

»  Les  Schizopodes  (M/sis)  possèdent  huit  paires  d'organes  analogues;  les  six  der- 
niers sont  situés  dans  les  articles  coxaux  des  six  pattes  thoraciques  ambulatoires.  Les 
cellules  qui  les  constituent  tapissent  seulement  le  côté  interne  et  un  peu  les  bords  des 
canaux  cruro-péricardiques.  A  la  base  des  deux  paires  de  pattes-mâchoires  l'on  ren- 
contre deux  paires  d'amas  semblables,  plus  petits. 

»  3°  Reins  céphaliques,  —  Les  injections  de  carminate  d'ammoniaque  m'ont  révélé, 
chez  les  Amphipodes  et  les  Isopodes,  un  autre  organe  excréteur  clos.  Des  coupes  faites 
dans  la  tête,  montrent  deux  amas  symétriques  de  grosses  cellules,  placées  à  la  base 
des  antennes  delà  deuxième  paire;  allongés  dans  le  sens  de  l'antenne  chez  les  pre- 
miers, plus  arrondis  et  plus  importants  chez  les  seconds,  ils  reposent  sur  la  calotte  de 
tissu  conjonctif  qui  forme  le  sommet  de  la  tête  de  l'animal.  Ils  sont  bordés  latérale- 
ment: du  côté  externe,  par  l'épithélium  articulaire;  du  côté  interne,  par  le  muscle 
releveur  de  l'antenne,  sur  lequel  ils  sont  à  cheval.  Les  cellules  qui  les  constituent  ne 
sont  pas  analogues  à  celles  des  organes  précédents. 

»  4°  Cellules  cardiaques  des  Amphipodes.  —  Chez  les  Crustacés  de  ce  groupe, 
des  coupes  transversales  montrent  autour  du  cœur,  intérieurement  et  extérieurement, 
un  tissu  spécial  composé  de  grosses  cellules  éliminant  le  carminate;  on  en  trouve 
aussi  sur  les  brides  conjonctives  qui  soutiennent  le  cœur.  Ces  cellules  excrétrices 
possèdent  aussi  la  fonction  phagocy taire  et  capturent  l'encre  de  Chine  injectée  dans 
le  cœlome. 

»  5°  Foie.  —  Kovalevsky  a  constaté  chez  la  Squille  que  le  foie  élimine  Tindigo-car- 
min.  J'ai  reconnu  la  même  propriété  excrétrice  au  foie  de  tous  les  Malacostracés  cités. 


SÉANCE    DU    l3    OCTOBRE    1902.  yygi 

L'élimination  se  fait  très  rapidement,  ce  qui  montre  l'importance  du  foie  en  tant 
qu'organe  excréteur.  Les  cellules  hépatiques  excrétrices  sont  les  plus  petites,  à  cyto- 
plasme granuleux,  renferment  quelques  vacuoles  et  correspondent,  si  l'on  peut  géné- 
raliser, aux  Leberzellen,  de  Frenzel.  » 


ZOOLOGIE.  —  Sur  un  Cérianthaire pélagique  adulte. 
Note  de  M.  Ch.  Gravier,  présentée  par  M.  Edmond  Perrier. 

«  Les  pêches  pélagiques  pratiquées  de  juillet  à  septembre  dans  l'Atlan- 
tique nord,  dans  la  Manche  et  dans  la  mer  du  Nord,  donnent  fréquemment 
diverses  formes  jeunes  d'Actinies,  que  l'on  désigne  sous  le  nom  à'Arach- 
nactis  et  que  l'on  considère  comme  des  larves  de  Cérianthes.  La  grande 
expédition  scientifique  allemande  (Plankton-Expédition)  de  1889  re- 
cueillit à  la  surface  de  l'océan  Atlantique  de  nombreuses  formes  larvaires 
nouvelles  de  Cérianthaires,  mais  aucun  individu  adulte.  Il  semble  donc  que 
ces  animaux  abandonnent,  à  un  stade  plus  ou  moins  précoce  de  leur  déve- 
loppement, la  vie  à  la  surface,  pour  gagner  le  fond  de  la  mer  où  on  les 
drague.  Or,  en  explorant  le  golfe  de  Californie,  M.  Léon  Diguet  a  eu  récem- 
ment la  bonne  fortune  de  capturer  des  Cérianthes  qui  nageaient  en  nombre 
considérable  dans  les  couches  superficielles.  Ces  actiniaires,  qui  présentent 
(les  caractères  non  signalés  chez  les  espèces  actuellement  connues,  con- 
tiennent, pour  la  plupart,  des  éléments  reproducteurs  parvenus  à  un  état 
très  voisin  de  la  maturité. 

»  La  colonne,  éminemment  contractile,  mesure,  chez  les  exemplaires  à  l'état  de 
complète  extension,  de  4o™™  à  5o™"  ;  translucide  à  l'état  vivant,  elle  est  incolore,  sauf 
à  l'extrémité  inférieure  un  peu  renflée,  terminée  en  pointe  mousse  et  perforée,  où  l'on 
observe  une  légère  pigmentation  de  couleur  ocre,  de  même  qu'à  la  face  interne  des 
tentacules  labiaux.  Les  tentacules  marginaux,  subulés,  de  même  longueur  que  la 
colonne  et  incolores  comme  elle,  sont  sensiblement  insérés  sur  un  même  cercle;  ils  ne 
forment  pas,  en  tout  cas,  des  cycles  nettement  distincts,  comme  chez  certains  types  du 
même  ordre.  Leur  nombre  varie  de  28  à  26;  le  nombre  le  plus  fréquemment  réalisé 
est  25.  Celui  d'entre  eux  qui  est  situé  dans  le  plan  de  symétrie  et  qui  correspond  au 
siphonoglyphe,  est  toujours  de  dimensions  réduites.  Les  tentacules  labiaux  sont  dis- 
posés en  deux  cycles,  autour  de  l'orifice  buccal  allongé  dans  le  sens  du  plan  de  symé- 
trie. Dans  ce  plan  et  du  côté  du  siphonoglyphe,  le  tentacule  labial  manque;  à  l'extré- 
mité diamétralement  opposée,  cet  appendice  est  rudimentaire.  Tous  les  autres 
tentacules  sont  de  longueur  presque  uniforme,  cylindriques,  alternant  régulièrement 
d'un  cycle  à  l'autre,  beaucoup  plus  courts  que  les  tentacules  marginaux.  Le  plus  sou- 
vent il  y  a,  de  part  et  d'autre  du  plan  de  symétrie,  12  tentacules  d'un  côté,  11  de 
l'autre,  ce  qui  fait  en  tout,  avec  le  tentacule  médian,  24  tentacules  labiaux  correspon- 
dant à  25  tentacules  marginaux. 


592  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Les  cloisons  qui  s'attachent  au  siplionoglyphe  et  que  Edouard  van  Beneden  ('), 
dans  son  magistral  Mémoire  sur  Les  Anthozoaires  de  la  Plankton-Expeditlon, 
appelle  cloisons  directrices,  s'avancent  assez  loin  vers  le  pôle  aboral.  Le  premier 
couple  de  cloisons  latérales  offre  des  caractères  spéciaux.  A  Ja  différence  de  ce  qu'on 
observe  chez  les  Cérianthes  les  mieux  connus  (C  membranaceus  Gmelin,  C.  Lloydii 
Gosse),  elles  s'approchent  beaucoup  moins  du  pôle  arborai  qu'un  certain  nombre  de 
cloisons  des  couples  suivants.  Elles  se  distinguent  de  toutes  les  autres  par  les  carac- 
tères de  leur  bord  libre.  Jusqu'au  milieu  environ  de  leur  longueur,  ce  bord  présente 
deux  bourrelets  de  teinte  brun  foncé,  pourvus  d'un  grand  nombre  de  nématocjstes  et 
de  cellules  glandulaires  et  séparés  par  une  gouttière  médiane;  à  ce  niveau  est  un  court 
j^eloton  formé  par  l'entéroïde;  au-dessous  de  ce  dernier,  le  bord  libre  est  mince  et 
simple,  comme  celui  des  cloisons  directrices  et  des  cloisons  stériles. 

»  Les  cloisons  du  second  couple,  avec  leurs  gros  pelotons  entéroïdauv  à  la  partie 
supérieure,  au-dessous  du  pharynx,  sont  plus  longues  que  celles  du  couple  précédent. 
A  partir  des  cloisons  du  second  couple,  les  cloisons  fertiles  et  les  cloisons  stériles 
alternent  régulièrement.  Les  cloisons  fertiles  du  troisième  et  du  cinquième  couple 
méritent  une  mention  spéciale.  Elles  sont  les  plus  longues  de  toutes;  elles  se  distin- 
guent de  toutes  les  autres  en  ce  qu'elles  portent,  un  peu  au-dessus  de  leur  extrémité 
inférieure,  un  petit  renflement  dépendant  de  l'entéroïde  et  en  forme  de  saucisse.  Le 
double  bourrelet  pigmenté  en  brun  du  bord  libre  s'arrête  au  niveau  de  l'insertion  de  ce 
peloton  de  l'entéroïde.  Il  s'étend  sur  une  moindre  longueur  dans  les  autres  cloisons 
fertiles,  qu'il  permet  de  distinguer  des  stériles  à  première  vue. 

»  A  partir  des  cloisons  du  sixième  couple,  plus  longues  que  celles  du  quatrième,  la 
décroissance  de  longueur  se  poursuit  régulièrement  jusqu'aux  cloisons  de  formation 
la  plus  récente.  Les  cloisons  d'un  même  couple  montrent,  en  général,  une  inégalité 
frappante;  cela  tient  à  ce  que  ces  cloisons  n'apparaissent  pas  en  même  temps,  celles 
de  droite  étant  toujours  en  avance  sur  celles  de  gauche. 

»  Aucune  cloison  ne  porte  de  prolongements  ramifiés  de  l'entéroïde,  ni  de  bothruc- 
nides,  ni  de  cnidorages. 

»  Les  caractères  des  cloisons  et  en  particulier  ceux  des  cloisons  direc- 
trices et  de  celles  des  premier,  deuxième,  troisième  et  cinquième  couple, 
différencient  nettement  ce  Cérianthaire  de  tous  ceux  qui  sont  actuellement 
décrits.  Les  cloisons  ne  présentent  pas,  à  proprement  parler,  la  disposition 
quatroseptale  que  Faurot(-)  a  mise  en  évidence  chez  le  Cerianthus  membra- 
naceus. Elles  se  laisseraient  plutôt  grouper  en  biseptes,  simplement. 

»  De  toutes  les  larves  recueillies  par  le  ISational,  dans  l'Atlantique,  c'est 
de  celle  décrite  par  Ed.  van  Beneden  sous  le  nom  de  Dactylactis  que  le 
Cérianthaire  dont  il  est  question  ici  parait  s'éloigner  le  moins. 


(*)  Edouard  VAN  Beneden,  Les  AnUiozocdres  de  la  Plankton-Eœpedition,  1898,  avec 
16  planches,  i  carte  et  Sg  figures  dans  le  texte. 

(^)  L.  Faurot,  Eludes  sur  l'anatoniie,  l'histologie  et  le  développement  des  Acti- 
nies {Arch.  de  Zool.  expér.  et  gén.,  3*  série,  t.  III,  iSgS,  p.  43-202,  PL  I-ALl), 


SÉANCE    DU    l3    OCTOBRE    1902.  SgS 

M  La  découverte  de  cette  forme  sexuée  nageante,  la  première  qui  ait 
été  signalée  jusqu'ici  ('),  et  dont  une  étude  approfondie  sera  prochaine- 
ment publiée,  montre  que  la  vie  pélagique,  qui  est  la  règle  dans  le  jeune 
âge  chez  les  Cérianlhaires,  peut  persister  ou  tout  au  moins  réapparaître  à 
l'âofe  adulte  chez  certains  d'entre  eux.  » 


CHIMIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  la  composition  des  hydrates  de  carbone  de  réserve 
de  l'albumen  de  quelques  Palmiers.  Note  de  M.  E.  Liéxard,  présentée  par 
M.  L.  Giiignard. 

rt  Sur  les  conseils  de  M.  le  professeur  Bourquelot  j'ai  étudié  la  nature 
des  hydrates  de  carbone  de  réserve  contenus  dans  les  graines  de  plusieurs 
plantes  appartenant  à  la  famille  des  Palmiers.  J'ai  choisi  à  dessein  six  graines 
appartenant  à  des  tribus  différentes  et  les  ai  traitées  par  les  méthodes  d'hy- 
drolyse actuellement  connues. 

»   Ces  graines  proviennent  des  espèces  suivantes  : 

0  Areca  catechu  L.,  Chamœrops  excelsa  Thunb.,  Asti ocary uni  vulgare  Mart., 
OEnocarpiis  bacaba  Mart.,  Erythea  ediilis  S.  Wats,  et  Sagus  Rumphii  Willd. 

»  Nous  avons  d'abord  recherché  le  saccharose  par  la  méthode  de 
M.  Bourquelot  (^),  et  voici  comment  nous  avons  opéré  sur  les  graines  de 
Cha,mœrops  excelsa . 

»  i25s  de  poudre  de  graines  ont  été  épuisés  pendant  une  demi-heure  au  bain-marie 
par  600'^™''  d'alcool  à  80°  bouillant.  Après  refroidissement  le  liquide  a  été  ramené  à  son 
volume  primitif  et  filtré  à  la  trompe.  On  a  prélevé  un  volume  déterminé  de  cette  solu- 
tion et,  après  addition  de  carbonate  de  chaux,  évaporé  en  consistance  d'extrait  mou. 
Le  résidu  a  été  repris  à  froid  par  100'='"'  d'eau  thjmolée  saturée,  puis  on  a  fait,  avec  le 
liquide  filtré,  les  mélanges  suivants  : 

^    ,      .         .     (  Liquide  filtré  :  ao*^""'. 
Solution  A  {  „/        , 

(   1  hymol  en  excès. 

i   Liquide  filtré  :  80""'. 

Solution  B   I  Levure  de  bière  tuée  par  l'alcool  et  desséchée  :  0^,26. 

f  Thymol  en  excès. 


(')  Les  exemplaires  sexués  de  4o™™  de  longueur  que  Cari  Vogt  trouva  à  la  surface 
de  la  mer,  entre  l'Ecosse  et  l'Islande,  et  qu'il  rapporta  au  genre  Arachnactis  [Des 
genres  Arachnactis  et  Cerianthus  )Arch.  de  BioL,  t.  VIII,  1888,  p.  i-43,  PL  I-HI)] 
sont,  en  réalité,  des  Halcanipa,  ainsi  que  l'a  montré  Th.  Boveri  [  Ueber  Entwickelung 
und  Verwandtschaflsbeziehungen  der  Actinien  {Zeitsch.  fur  wiss.  ZooL,  Bd.  49, 

1889,  p.  46i-5o2,  PI.  jrjri-jrA^ni)]. 

(^)  BouuQUELOT,  Comptes  rendus^  t.  CXXXIII,  190 1,  p.  690. 


594  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Ces  deux  solutions  ont  été  abandonnées  à  la  température  du  laboratoire  (17°)  pen- 
dant 4  jours;  examinées  alors  au  polarimètre  {l=zi)  et  analysées  à  la  liqueur  de 
Fehling,  elles  ont  donné  les  résultats  suivants  : 

j  Déviation +  44'  à  +  46' 

(  Sucre  réducteur  pour  100 os 

Déviation —  46'  à  —  48' 


■t5    1   (-•  '1 

Sucre  réducteur  pour  100 00,961 

»  Il  s'est  donc  formé  o^',96i  de  sucre  réducteur  (sucre  interverti)  qui  représentent 
à  17°,  pour  ai,z=:  — 19°, 5  une  déviation  gauche  de  — o°,364  ou  — o®2i',8;  alors  que 
les  06,912  de  saccharose  dont  ils  proviennent  représentent  une  déviation  à  droite 
de  -h  1°,  2i4  ou  -!-  i°i2'  pour  ax)  =  -i-  66°, 6. 

»  Or,  s'il  y  a  du  sucre  de  canne  dans  la  solution  A,  la  déviation  primitive  a  dû  dimi- 
nuer de  la  somme  de  ces  deux  déviations,  soit  de  98'.  Et  l'observation  nous  a  donné 
une  diminution  de  92';  nous  pouvons  donc  conclure  à  la  présence  du  sucre  de  canne 
dans  les  graines  de  Chamœrops  excelsa.  D'autre  part,  un  essai  particulier  nous  a 
montré  que  ces  graines  ne  renfermaient  pas  de  glucoside  dédoublable  par  l'émulsine. 

»  Pour  étudier  les  autres  hydrates  de  carbone  nous  avons  employé  la 
méthode  d'hydrolyse  fractionnée. 

»  Première  hydrolyse.  —  Dans  un  des  cas,  par  exemple  celui  du  Chamœrops 
excelsa,  on  a  effectué  le  mélange  suivant  : 

!  Albumen  séché  à  100°  (résidu  provenant  de  la  recherche  du  saccharose).      20s 
Acide  sulfurique 68 
^  Eau  distillée,  quantité  suffisante  pour 200'='"^ 

»  On  a  porté  à  l'autoclave  à  la  température  de  110°  pendant  45  minutes  à  deux 
reprises  différentes.  On  a  constaté  qu'il  s'était  formé,  en  tout,  3?, 748  de  sucre  réduc- 
teur (exprimé  en  dextrose),  dont  3s,i3  de  mannose  et  os,  166  de  galactose. 

»  Deuxième  hydrolyse.  —  Le  résidu  de  l'opération  précédente,  après  avoir  été  lavé 
à  l'eau  distillée,  à  Talcool  et  séché  à  l'étuve,  a  été  traité  de  la  même  façon  avec  aSo'^'"' 
d'acide  sulfurique  à  4  pour  100  pendant  i  heure  3o  minutes.  Dans  cette  opération  on 
n'a  obtenu  que  is,6ii  de  sucre  réducteur  et  celui-ci  renfermait  is,4oo  de  mannose  et 
pas  trace  de  galactose. 

»  Le  résidu  de  la  seconde  opération  a  été  mis  en  contact  avec  de  l'acide  sulfurique 
à  75  pour  100;  on  a  ensuite  étendu  d'eau  de  façon  à  avoir  une  liqueur  renfermant 
2,5  pour  100  d'acide  sulfurique,  et  l'on  a  fait  bouillir  pendant  2  heures. 

»  La  liqueur  renfermait  7^,718  de  sucre  réducteur,  dont  68,871  ont  pu  être  carac- 
térisés à  l'état  de  mannose.  Elle  ne  contenait  pas  trace  de  galactose. 

»  On  peut  donc  admettre,  de  ce  qui  précède,  que  le  mannose  obtenu 
provient  de  niannanes  diversement  condensées,  dont  les  plus  résistantes 
ne  peuvent  être  hydrolysées  que  par  le  procédé  Braconnot-Flechsig. 

))  Si  l'on  veut  obtenir  en  une  seule  fois  tout  le  mannose,  on  peut  em- 
ployer le  procédé  de  MM.  Bourquelot  et  Hérissey. 


SÉANCE    DU    l3    OCTOBRE    1902.  5g^ 

»  Pour  cela,  on  prépare  le  mélange  suivant  : 

Albumen  sec loos 

Acide  sulfurique  à  70  pour  100 i5os 

))  Au  bout  de  12  heures  on  ajoute  une  quantité  suffisante  d'eau  pour  faire  2000*™'. 
On  chauffe  ensuite  à  l'autoclave  pendant  i  heure  3o  minutes  à  1 10°,  en  deux  fois.  Le 
liquide  obtenu  renfermait  54^,876  de  sucres  réducteurs  dont  ^8s,'j6  de  mannose. 

»  La  liqueur  ne  contenait  pas  de  galactose. 

)>   En  résumé  loo^  de  graines  ont  fourni  : 


Eau II,  878 

Matières  grasses  solubles  dans  l'éther 2,095 

Sucre  réducteur  initial o 

Saccharose 0)9i2 

Totalité  des  sucres  réducteurs 
fournis    par   les    trois    hydrolyses, 

dans  trois  essais  comparatifs.  Méthode 
!■           -^ — — 1^ de  MM.  Bourquelot 

A.  B.  C.  et  Hérissey. 


Sucres    réducteurs    (en    totalité)   )        „„p  kk^qk  kc^ 


g 


Areca. 

Aslrocaryum. 

Π

nocarpus. 

Erythea. 

Sagus. 

6,3i2 

7,65 

1,340 

i,o38 

II,  4o 

7,25 

59,52 

i,3o 

10, 3o 

0,376 

0,263 

0 

0 

0,221 

0 

o,336 

i,6i3 

o,683 

1,061 

I,  102 

.     ,         ,              ,  (       56,70  55,85  56, 02  47,85 

(exprimes  en  dextrose) )  ' 

Sucres  réducteurs  ca-  (   mannose..  49,74  49,o8  49,48  42, 5o 

ractérisés  comme..   |   galactose.  0,728  0,741  0,780  o 

))  J'ai  opéré  de  la  même  façon  sur  les  autres  graines  et  les  résultats 
fournis,  comme  le  montrent  les  Tableaux  suivants,  sont  à  peu  près  ana- 
logues : 

Eau 

Matières  grasses 

Sucre  réducteur  initial 

Saccharose 

Sucres  réducteurs  (totalité  fournie   ) 

parles  hydrolyses  successives)   >    3is,45  44^)65  54s,3i  4i^,88  4o,38 

(exprimés  en  dextrose) ) 

Sucres  réducteurs  ca-  (   mannose.. 

ractérisés  comme..   (  galactose. 

«   Conclusions  :  L'albumen  des  Palmiers  renferme  donc  ; 
»    i"  Assez  souvent  du  sucre  réducteur  en  petite  quantité; 
»   2**  Du  saccharose  en  faible  proportion; 

»  3°  Des  mannanes  diversement  condensées  et  s'hydrolysant  successi- 
vement ; 

»   4**  Une  galactane.   » 


22S,85 

3i^97 

4is,77 

36 

33,72 

08,687 

os,  758 

is,  007 

i,oo5 

os,  646 

^9^  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


GÉOLOGIE.  —  Sur  la  constitution  géologique  des  environs  d' Alexandrie 
{Egypte).  Noie  de  MM.  H.  Fourïau  el  D.-E.  Pachundaki.  présentée 
par  M.  Albert  Gaudry. 

«  Des  recherches  récentes  dans  cette  région  si  peu  étudiée  par  les  géo- 
logues qui  se  sont  occupés  de  l'Egypte,  et  les  déterminations  de  nos 
récoltes  par  notre  savant  confrère  M.  Paul  Pallary  nous  ont  permis  de 
constater  un  certain  nombre  de  faits  nouveaux  et  intéressants  à  signaler. 

»  La  côte  alexandrine,  depuis  le  Mariout  jusqu'à  Aboukir,  est  essentiel- 
lement formée  par  trois  couches  bien  distinctes:  le  calcaire  du  Mex,  le 
tuffeau  coquillier  et  les  sables  gréseux  à  Hélix. 

»  Le  calcaire  de  Mex  forme  depuis  le  golfe  des  Arabes  une  ligne  de  hauteurs  lon- 
geant la  côte  à  un  demi-kilomètre  environ  du  rivage  et  disparaît  sous  le  luITeau 
coquillier  à  la  hauteur  du  village  de  Gabbary,  à  l'ouest  d'Alexandrie.  Il  est  exploité 
surtout  au  Mex  comme  pierre  de  construction  pour  la  ville  d'Alexandrie.  Sa  position 
stratigraphique  était  incertaine  jusqu'à  ce  jour,  car  on  ne  lui  connaissait,  à  part 
quelques  Foraminifères  cités  par  Elirenberg,  aucun  fossile.  Nous  y  avons  découvert  une 
faunule  de  coquilles  microscopiques  mêlées  à  des  radioles  d'Oursins  et  à  des  fragments 
de  Bryozoaires.  L'élat  un  peu  fruste  de  nos  spécimens  n'a  malheureusement  permis,  en 
généi-al,  qu'une  attribution  générique.  Voici  l'énumération  de  nos  récoltes:  Rissoa 
similis,  Rissoa  sp.,Bittia/n  reticulatum,  Bittium  sp.,  Pleurotoma  sp.,  Pyrenella  sp., 
Nassa  sp.,  Cœcum  sp.,  Cardita  trapezia,  Pectunculus  sp.,  Corbula  sp.,  Arca  sp. 

»  Le  tuffeau  coquillier,  qui  forme  la  côte  et,  près  du  Mex,  les  quelques  rochers 
connus  sous  le  nom  à' lies  des  Sirènes,  est  une  formation  littorale  grossière,  et  gréseuse 
par  places:  il  forme  la  majeure  partie  du  sous-sol  d'Alexandrie  et  du  faubourg  de 
Ramleh  jusqu'au  cap  d'Aboukir  et  l'île  Nelson,  Il  est  en  général  absolument  pétri  de 
débris  de  Bivalves  qui  forment  par  places  une  véritable  lumachelle  d'écaillés,  épaisse 
deo™,i5  à  G'",  2.5.  On  n'y  rencontre  que  très  peu  de  fossiles  en  bon  état  et  nous  ne 
pouvons  citer  qu'un  Arca  un  peu  fruste,  très  voisin  à' Arca  barbata. 

»  Les  sables  gréseux  à  Hélix  surmontent  indifféremment  le  calcaire  du  Mex  et  le 
tuffeau  coquillier,  mais  surtout  ce  dernier.  Cette  couche  a  été  signalée  la  première 
fois  par  Fraas  qui  avait  attribué  les  fossiles  récoltés  par  lui  à  Hélix  candidala,  d'où 
il  avait  conclu  à  un  changement  de  climat  qui,  depuis  l'époque  quaternaire,  avait 
obligé  cette  espèce  des  pays  froids  et  pluvieux  à  émigrer  vers  des  régions  plus  septen- 
trionales. M.  Max  Blanckenhorn  a  contesté  depuis  la  détermination  de  Fraas  qui  serait 
pour  lui//,  vestalis  et  il  aurait  récolté  en  outre  dans  cette  couche  H .  pisana  ei  Hélix  s^. 
Nous  y  avons  récolté,  pour  notre  part,  un  bien  plus  grand  nombre  de  fossiles  qui  don- 
neront une  idée  exacte  de  cette  curieuse  formation  littorale,  véritable  dune  fossile  dont 
les  sables  agglomérés  et  formant  par  places  un  grès  assez  résistant  contiennent  une 
faune  terrestre,  vivant  encore  aujourd'hui  aux  environs  d'Alexandrie,  mélangée  aux 
espèces  marines  rejetées  sur  la  côte  par  la  tempête.  Nous  n'avons  pas  retrouvé  ^.  ca/«- 
didula  dont  parle  Fraas;  en  revanche,  la  liste  suivante  donnera  une  idée  exacte  de 


SÉANCE  DU  l3  OCTOBRE  1902.  ^97 

cette  formation  que  l'on  peut  admirablement  étudier  aux  environs  du  casino  du  Mes. 
Avec  de  très  nombreux  exemplaires  à'Helix  mexensh  Bgt.,  nous  avons  récolte  H.  ves- 
talis,  H.  nucula  Parreys,  H.  Hamyi  Bgt.,  H.  Ehrenbergi,  H.  {Xerophila)  sp., 
Rumina  decollata,  Papa  sp.,  Buliminm  GaiUyi  Bgt.,  mêlés  à  Trochocochlea  tur- 
biformisv.  Sal.,  Cerithium  sp.,  Pyrenella  conicaBWmw.,  Colunibella  rusticah., 
Nassa  Cuneri,  Pectanculus  pilosus,  Oslrea  lamellom,  Parmacella  alexan- 
drina  Ehr. 

),  Celte  formation  s'étend  aussi  à  l'intérieur  du  pays  où  l'un  de  nous  a 
retrouvé  sur  les  collines,  au  sud-ouest  du  lac  Mariout,  des  grès  très  tendres 
à  Rumina  decollata  et  Eellx  sp.  La  dune  ne  semble  pas  avoir  pu  se  mam- 
tenir  sur  les  collines  du  Mex,  mais  on  trouve  dans  la  patine  sdiceuse 
qui  couvre  les  parties  inexploitées  des  exemplaires  à^Eelix  mexensis  et  de 
Rumina  decollata. 

w  Nous  signalerons  enfin  un  faciès  particulier  de  cette  formation,  que 
l'on  rencontre  au  bord  de  l'ancien  rivcge  du  lac  Mariout  au  sud  du  Karm 
et  Sidi  Rhrer.  La  dune  est  là  couverte  de  cristaux  de  gypse  en  fer  de  lance 
et  contient  une  faune  où  les  espèces  marines  saumâtres  et  terrestres  sont 
mélangées,  indiquant  ainsi  les  diverses  modifications  qu'a  subies  la  région; 
nous  y  avons  récolté  :  Donax  trunculus.  Venus  verrucosa,  Tellina  incarnata, 
Cardium  edule,  Melania  tuberculata,  Cleopatra  bulimoides,  Paludina  umcolor 
et  Hélix  luherculosa  Conrad. 

>,  Pour  nous,  le  calcaire  du  Mex  représente  une  formation  à  la  limite  du 
Pliocène  supérieur  et  du  Quaternaire  inférieur.  Malgré  leur  état  un  peu 
fruste,  les  fossiles  semblent  différer  des  espèces  vivant  aujourd'hui  sur  la 
côte  et  nous  sommes  plus  portés  à  la  dater  du  Pliocène  supérieur.  Le 
Quaternaire  inférieur  nous  paraît  être  bien  suffisamment  représenté  par  le 
tuffeau  coquillier.  Quant  à  la  couche  h.  Hélix,  elle  appartient  sans  conteste 
au  Quaternaire  supérieur.  Au  Gabbary,  recouverte  par  la  terre  végétale  et 
souvent  par  3°^  à  4™  de  détritus  de  carrière  solidement  agglomérés,  elle 
paraît,  au  premier  abord,  plus  ancienne  :  ce  qui  peut  expliquer  l'erreur  de 

Fraas. 

»  En  résumé,  la  barre  rocheuse  qui  forme  la  côte  Alexandrine  et  pro- 
tégea la  formation  du  Delta  nilotique  contre  la  haute  mer  poussée  par  les 

11' 
vents  du  nord-ouest  est  d'époque  quaternaire  et  s'appuie  sur  des  calcau^es 

du  Pliocène  supérieur;  de  plus,  les  espèces  fossiles  et  subfossiles  que  l'on 
y  rencontre  n'indiquent  aucunement  que  le  climat  à  l'époque  quaternaire 
fût  différent  du  climat  actuel.    « 


G.  r..,  1902,  2'  Semestre.  (T.  CXXXV,  N"  15.)  79 


SgS  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Sur  les  causes  générales  d' instabilité  sismique  dans 
Vinde.  Note  de  F.  de  Montessus  de  Ballore,  présentée  par  M.  de  Lap- 
parent. 

«  Dans  les  rapides  études  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie, 

en  attribuant  l'instabilité  sismique  de  certaines  régions  à  tel  ou  tel  accident 

géologique  d'origine  plus  ou  moins  ancienne,  faille  ou  plissement,  je  ne 

prétends  pas  dire  que  ces  accidents  jouent  réellement  encore  lors  d'un 

tremblement  de  terre,  bien  que  cela  arrive,  pour  les  fiiilles  notamment, 

mais  seulement  que  leurs  causes  antérieures  conservent  un  reste  de  vitalité 

sous  la  forme  atténuée  de  séismes.  C'est  qu'ils  ne  sont  pas  plus  que  ceux-ci 

des  causes,  mais  des  effets.  Aussi  les  épicentres  sont-ils  souvent  placés 

latéralement  à  la  faille,  c'est-à-dire  du  côté  de  l'effort  antérieur  de  rupture 

ou  de  plissement,  suivant  les  cas.   Et  encore  ne   doit-on  pas,   pour  nier 

l'influence   sismique   d'une    faille,    arguer   de    l'absence   d'augmentation 

observable  du  rejet  de  ses  lèvres,  cette  modification  ne  se  présentant  que 

pour  les  grands  séismes. 

»  Il  faut,  en  résumé,  considérer  les  tremblements  de  terre  comme  le 
critérium  de  la  survivance  ou  de  la  cessation,  suivant  qu'ils  se  présentent 
ici  et  non  là,  des  efforts  dynamiques  qui,  en  des  temps  plus  ou  moins 
anciens,  ont  donné  lieu  aux  traits  géologiques  auxquels  on  les  rapporte. 

»  Dans  l'Inde,  considérée  ici  à  l'ouest  du  Brahmapoutre  et  de  l'Himalaya 
au  cap  Comorin,  l'instabilité  sismique  est  nettement  limitée  à  un  petit 
nombre  de  régions  pour  lesquelles  on  va  donner  ici  les  causes  géologiques 
générales,  en  réservant  les  détails  pour  un  Mémoire  publié  par  le  Geological 
Survey  of  India. 

»  Les  environs  de  Caboul,  de  Kandahar  et  de  Jellahabad  sont  très  instables.  Mais, 
si  la  géologie  de  l'Afghanistan  est  encore  bien  imparfaitement  connue,  on  sait  cepen- 
dant qu'il  s'y  rencontre  une  très  importante  série  éruptive  de  l'époque  secondaire,  que 
les  roches  porphyriques  dont  les  débris  ont  formé  la  plus  grande  jDartie  du  Néocomien 
ont  largement  percé  le  Jurassique,  que  le  Crétacé  a  été  métamorphosé  en  grand  par  des 
granités  syénitiques  jusqu'à  l'Eocène,  qu'au  moins  depuis  le  Carboniférien  le  rivage 
méridional  de  la  mer  intermédiaire  entre  les  vieux  continents  boréal  et  austral  a  oscillé 
au  travers  de  l'Afghanistan,  et  qu'enfin  les  chaînes  secondaires  occidentales  ont  subi 
un  violent  rebroussement  qui  a  formé  la  muraille  de  l'Hindou-Kouch.  On  ne  manque 
donc  pas  de  base  pour  trouver,  au  milieu  de  ces  vicissitudes  grandioses,  l'explication 
locale  des  centres  d'instabilité. 

»  La  chaîne  béloutche  du  Khojak  est  très  instable,  et  en  1892  une  ancienne  faille 
s'est  rouverte  près  d'Old  Chaman,  à  la  suite  d'un  grand  séisme. 

»   La  surrection  de  l'Himalaya  a  dû  se  continuer  au  moins  jusqu'au  Pliocène,  et  ce 
mouvement  gigantesque  de  l'écorce  terrestre  ne  semble  pas  encore  avoir  dit  son  der- 


SÉANCE  DU  l3  OCTOBRE  I902.  5qq 

nier  mot.  En  tout  cas,  l'instabilité  est  considérable  sur  tout  son  flanc  méridional  du 
Cachemire  au  Népaul,  et  de  Rawal-Pindi  à  Davjeeling,  tandis  que  son  versant  septen- 
trional est  très  stable.  Plissements,  failles,  injections  plutoniques,  actions  dynamomé- 
tamorphiques,  etc.,  rien  ne  manque  comme  causes  locales  d'instabilité.  On  se  conten- 
tera de  dire  ici  que,  si  la  grande  faille  Muzafirabad-Murrec-Kohat  semble  avoir  une 
influence  sismique  évidente,  cela  est  moins  net  pour  celle  de  Konain-Mudhaul-  enfin 
le  Sait  Range  est  aussi  instable  que  devait  le  faire  prévoir  la  complexité  de  ses  dislo- 
cations tectoniques. 

»  Le  grand  synclinal,  maintenant  recouvert  par  les  dépôts  de  l'Indus  et  du  Gange, 
et  par  où  a  passé  pendant  de  longues  périodes  le  rivage  méridional  de  la  mer  qui  bor- 
dait au  nord  le  vieux  continent  gondwanien,  est  plutôt  stable,  sauf  en  certains  points  où 
quelques  séismes  décèlent  des  dislocations  cachées  sous  les  alluvions.  En  tous  cas,  ceux 
de  Delhi  ne  doivent  pas  être  attribués  aux  plissements  présiluriens  trop  anciens  de  l'Ara- 
vali  Range,  chaîne  absolument  stable,  ni  à  la  grande  faille  entre  la  Chamba  et  la  Jomna. 
V  D'une  façon  générale,  le  bas  Indus  est  très  instable.  Le  centre  sismique  secondaire 
Shapoor-Jacobabad  doit  être  attribué  aux  dislocations  des  Murri-Hills.  C'est  par  le  bas 
Indus  que  la  mer  jurassique  a  entraîné  le  continent  gondwanien,  dont  rabaissement  se 
joint  ici  aux  plissements  postcrétacés  du  Siudh,  comme  phénomènes  survivant  sous 
formes  de  séismes.  C'est  là  qu'en  1819  s'est  formée  sismiquement  la  grande  faille  de 
l'Allah-Bund  dans  le  Rann  de  Catch. 

»  L'instabilité  disparaît  dans  la  presqu'île  de  Kathyawar,  pour  renaître  de  l'autre 
côté  du  golfe  de  Cambay,  d'Ahmenabad  à  Bombay  et  jusque  dans  le  Khandesb.  Si  de 
sérieux  indices  de  soulèvements  récents  se  montrent  sur  les  rivages  de  ce  golfe,  comme 
ces  mouvements  superficiels  semblent  rarement  liés  directement  à  l'instabilité  sis- 
mique, on  en  est  réduit  à  invoquer  très  hypothétiquement  les  dislocations  fort 
anciennes  à  la  suite  desquelles  la  mer  vindliyenne  ayant,  dans  les  basses  vallées  de  la 
Tapti  et  de  la  Nerbudda,  entamé  le  massif  archéen,  a  ensuite  laissé  s'eff'ectuer  les  dépôts 
gondwaniens  d'origine  terrestre,  ou  bien  les  dislocations  de  ces  mêmes  couches  entre 
les  inférieures  et  les  supérieures.  Une  telle  suggestion  doit  d'ailleurs  être  faite  sous 
les  plus  expresses  réserves. 

»  Il  semble  bien  que  les  immenses  coulées  de  laves  du  Dekkan  nord-est  correspondent 
à  une  émission  fort  tranquille.  Cette  absence  de  paroxysmes  se  continue  de  nos  jours, 
par  l'extrême  rareté  des  séismes  dans  toute  la  pénéplaine  archéenne  de  l'Indoustan,  et 
concorde  aussi  avec  l'énorme  durée  depuis  laquelle  la  presqu'île  au  sud  des  bouches 
de  l'Indus  et  du  Gange  forme  une  masse  continentale.  Cette  stabilité  sismique  est  un 
fait  d  ordre  très  général,  commun  aux  graudes  coulées  analogues  de  l'Atlantique  boréal 
et  du  nord-ouest  de  l'Amérique,  comme  aussi  aux  fragments  du  continent  gondwa- 
nien, Arabie  et  Afrique. 

»  Quelques  rares  séismes  de  la  côte  de  Malabar  et  de  Ceyian  peuvent  correspondre 
à  une  survivance  atténuée  des  eff'orts  qui  ont  effondré  une  partie  de  l'océan  Indien, 
tandis  que  ceux,  tout  aussi  rares,  du  flanc  sud-est  des  Nilgherry  et  des  collines  de 
Cardamum  se  rattachent  peut-être  à  l'invasion  de  la  mer  tertiaire  supérieure,  tant 
aux  environs  de  Quillon  que  dans  la  basse  vallée  de  la  Cauwery. 

))  Enfin,  les  ghates  de  Vellakonda  sont  assez  instables,  relativement  du  moins,  sur 
leur  flanc  oriental  seulement.  Formant  un  grand  croissant  de  strates  vindhyennes, 
elles  ont  été,  à  l'époque  carboniférienne,  plissées  par  un  effort  venant  de  l'est  et  sont 
tombées  à  l'ouest  dans  une  grande  faille  de  l'Archéen,  ce  qui  les  a  stmvées  de  la  dénu- 


6oo  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

dation.  Les  séismes  ne  se  manifestant  guère  que  sur  leur  flanc  oriental,  on  peut  les 
attribuer  à  une  survivance  de  l'eff'ort  de  plissement,  mais  non  de  celui  de  rupture. 

))  Tant  pour  l'Himalaya  que  pour  les  chaînes  afghanes  et  béloutches,  aussi  bien 
pour  les  gathes  de  Vellakonda  que  pour  la  pénéplaine  indoustanique,  la  loi  de  plus 
grande  instabilité  du  versant  le  plus  raide  se  vérifie,  car  c'est  le  plus  disloqué. 

»  On  noiera  enfin  que  ni  les  volcans  éteints  découverts  par  Mac-Mahon  dans  le 
Béloutchistan,  ni  ceux  des  environs  du  grand  coude  du  Gange,  ne  coïncident  avec 
des  régions  instables.  » 

MÉCANIQUE  APPLIQUÉE.  —  Sur  un  nouveau  procédé  destiné  à  faciliter  V écri- 
ture et  le  calcul  aux  aveugles  (').  Note  de  M.  Dussaud,  présentée  par 

M.  Ad.  Carnot. 

«  J'ai  l'honneur  de  présenter  les  résultats  obtenus  avec  un  nouveau 
procédé  destiné  à  faciliter  l'écriture  et  le  calcul  aux  aveugles.  Ce  procédé 
consiste  dans  l'emploi  d'une  machine  à  écrire,  simple  et  portative,  que  je 
viens  de  réaliser  de  la  manière  suivante  : 

»  Une  plaque  rectangulaire  horizontale  reçoit  la  feuille  de  papier  qui  y  est  fixée  par 
deux  pointes. 

»  Cette  plaque  rectangulaire  possède  en  dehors  du  papier,  sur  chacun  de  ses  bords 
verticaux,  22  trous  équidistants  et  se  correspondant  deux  par  deux. 

»  Une  règle  plate,  munie  aux  extrémités  de  sa  partie  inférieure  de  deux  pointes 
s'ajustant  dans  les  trous  des  bords  verticaux  de  la  plaque  rectangulaire,  peut  être 
amenée  successivement  dans  22  positions  horizontales  correspondant  à  22  lignes  d'écri- 
ture sur  la  feuille  de  papier.  Celte  règle  plate,  qui  glisse  sous  le  papier  en  le  dépassant 
de  chaque  côté,  porte  182  petits  cônes;  de  plus,  elle  est  reliée  par  une  charnière  à  une 
crémaillère  qui  vient  la  recouvrir  au-dessus  du  papier. 

»  Cette  crémaillère  a  22  dents  correspondant  aux  22  distances  nécessaires  à  la  for- 
mation d'une  lettre.  Sur  cette  crémaillère  glisse  un  petit  chariot  portant  6  leviers  ter- 
minés par  des  touches.  Ces  leviers  abaissent  à  volonté  6  clefs  de  montre  sur  le  papier, 
lequel  se  trouve  embouti  entre  lesdites  clefs  de  montre  et  les  petits  cônes  qui  se 
trouvent  au-dessous  de  lui. 

»  A  chaque  lettre  écrite,  le  chariot  est  avancé  d'une  dent  sur  la  crémaillère. 

»  L'aveugle  peut  donc  avec  6  doigts,  par  le  choix  des  leviers  nécessaires, 
obtenir  d'un  seul  coup  et  en  relief  tous  les  signes  de  l'écriture,  du 
calcul  et  de  la  musique,  puisqu'ils  sont  formés  de  6  points  au  plus. 

»  L'aveugle  a  toujours  devant  lui  ce  qu'il  a  écrit,  il  peut  se  relire  et  se 
corriger  à  mesure,  ainsi  que  calculer,  w 

La  séance  est  levée  à  4  heures.  G.   D. 


(1)  Voir  Comptes  rendus,  10  février  1902,  t.  CXXXIV,  p.  875. 


ACADÉMIE  DES   SCIENCES. 

* 

SÉANCE  DU   LUNDI  20  OCTOBRE   1902. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  BOUQUET  DE  LA  GRYE. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

CHIMIE  AGRICOLE.  —  Études  sur  la  terre  végétale. 
Note  de  M.  Th.  Schlœsing. 

«  Dans  ma  Communication  du  17  mars  de  cette  année  j'ai  présenté  les 
résultats  d'une  étude  sur  la  répartition  de  l'oxyde  de  fer  entre  les  éléments 
minéraux,  de  diverses  terres  végétales,  classés  en  plusieurs  lots  selon 
l'ordre  décroissant  de  leurs  dimensions,  et  j'ai  montré  que  la  proportion 
de  cet  oxyde  croît  rapidement  dans  la  série  des  lots,  à  mesure  que  les 
dimensions  des  éléments  diminuent,  ce  qui  m'a  conduit  à  supposer  que 
l'oxvde  de  fer  se  trouve,  au  moins  en  partie  dans  les  terres  où  il  abonde, 
et  même  en  totalité  dans  celles  qui  n'en  renferment  que  quelques  cen- 
tièmes, à  l'état  d'enduit  revêtant  toutes  les  surfaces  apparentes  des  élé- 
ments. 

))  L'idée  qu'une  même  substance  peut  enrober  tous  les  éléments  miné- 
raux d'un  sol  n'est  pas  nouvelle.  Depuis  longtemps  M.  Masure  a  mis  ce  fait 
en  évidence  pour  des  matières  organiques  de  couleur  brune  procédant  du 
terreau;  il  a  montré  que  ces  matières  sont  si  bien  fixées  sur  les  surfaces 
des  éléments  qu'elles  n'en  peuvent  être  détachées  ni  par  des  lavages  avec 
l'eau  ou  avec  des  acides  étendus,  ni  par  les  frottements  produits  au  cours 
des  séparations  mécaniques. 

»  Les  démonstrations  de  M.  Masure  remontent  à  une  époque  où  les 
notions  sur  la  constitution  des  ari^iles,  qui  ont  permis  de  perfectionner  le 
classement  des  éléments  des  sols  par  ordre  de  grandeur,  n'étaient  pas 
encore  acquises;  aussi  sont-elles  très  sommaires,  comme  la  méthode  de 
lévigation  employée  par  l'auteur.  Après  avoir  séparé  les  cailloux  et  gra- 

C.  K.,  1902,  2»  Semestre.  (T.  CXXXV,  N"  16.)  ^^ 


6o2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

viers,  et  détruit  le  calcaire  par  nn  acide  étendu,  M.  Masure  divisait  ses 
terres  en  deux  lots,  l'un  sableux,  l'autre  argileux;  après  les  avoir  sèches  et 
pesés,  il  les  calcinait  en  vase  clos  d'abord  pour  prouver  l'existence  d'une 
matière  organique  par  l'apparition  d'une  couleur  variant  du  gris  au  noir  et 
due  à  du  charbon,  puis  il  achevait  la  calcination  à  l'air  et  dosait  les  ma- 
tières organiques  par  les  pertes  de  poids. 

»  Me  proposant  d'étendre  à  d'autres  substances  la  faculté  d'enrober  les 
éléments  des  sols,  j'ai  pensé  qu'il  serait  utile  de  confirmer  d'abord  les 
observations  de  M.  Masure,  par  quelques  expériences  dans  lesquelles  je 
mettrais  à  profit  les  progrès  de  l'analyse  des  terres.  Je  vais  parler  briève- 
ment de  ces  expériences. 

))  Au  cours  de  mes  récentes  recherches  sur  la  répartition  de  l'oxyde  de 
fer  parmi  les  éléments  des  sols  j'avais  toujours  observé  que,  après  la  disso- 
lution de  l'oxyde  par  l'acide  chlorîiydrique  bouillant,  mes  lots  prenaient 
des  teintes  grises  d'autant  plus  foncées  que  les  dimensions  des  éléments 
étaient  moindres. 

»  Ces  teintes  étaient  dues  uniquement  à  la  matière  organique,  car  tous 
les  lots  devenaient  blancs  après  leur  calcination  au  contact  de  l'air.  Ainsi, 
la  proportion  de  cette  matière,  à  en  juger  par  les  colorations,  allait  en 
croissant  dans  les  séries  des  lots,  à  mesure  que  décroissaient  les  dimensions 
des  éléments.  Mais  des  observations  fondées  sur  une  coloration  ne  sont 
pas  assez  probantes,  parce  que  les  sols  contiennent,  outre  lamatière  brune 
enrobant  ses  éléments,  un  grand  nombre  de  parcelles  de  terreau  qui  se 
distribuent  entre  les  lots  et  peuvent  se  trouver  en  plus  grande  abondance 
dans  les  éléments  les  plus  fins. 

»  Je  me  suis  donc  attaché  à  affranchir  mes  lots  de  ces  parcelles;  cela 
est  facile  pour  les  sables  qui  se  déposent  au  cours  d'une  première  heure  de 
repos  :  agités  avec  peu  d'eau  dans  une  capsule,  ils  se  réunissent  au  fond 
avant  le  terreau  qui  peut  être  dès  lors  entraîné  par  des  lavages  superficiels; 
mais  le  lot  qui  se  dépose  de  la  première  à  la  vingt-quatrième  heure  ne  se 
prête  pas  à  cet  entraînement,  il  contient  beaucoup  de  terreau  extrêmement 
fin  que  je  n'ai  pu  réussir  à  séparer  du  sable.  Quant  aux  éléments  qui 
demeurent  encore  en  suspension  après  24  heures  et  qui  constituent 
l'argile  dite  rurale,  ils  sont  à  très  peu  près  dépouillés  de  terreau;  mais  il* 
faut  se  garder  de  les  précipiter  en  les  coagulant  avec  un  sel  de  chaux  ou  un 
acide  étendu,  sous  peine  d'entraîner  avec  eux  l'humate  alcalin  qui  les 
accompagne.  On  doit  recourir  au  chlorure  de  potassium  (5^  par  litre  de 
liquide)  qui  coagule  l'argile  sans  précipiter  l'humate. 


SÉANCE  DU  20  OCTOBRE  I902.  6o3 

»  Il  reste  à  sécher  tous  les  lots  et  à  y  déterminer  les  proportions  de 
matière  organique,  non  par  les  pertes  de  poids  dues  à  la  calcination,  mais 
par  une  méthode  directe,  en  brûlant  des  poids  connus  de  ces  lots  dans  un 
tube  à  oxyde  de  cuivre,  et  dosant  l'acide  carbonique  produit.  On  peut 
admettre,  sans  erreur  importante,  que  ia  matière  organique  consumée 
contenait  5o  pour  100  de  carbone. 

»  En  pratiquant  les  opérations  que  je  viens  de  résumer  sur  des  terres 
de  natures  diverses,  j'ai  eu  la  satisfaction  de  confirmer,  de  la  façon  la  plus 
nette,  les  observations  de  M.  Masure.  A  titre  d'exemple,  et  pour  fixer  les 
idées  sur  la  progression  de  la  matière  organique  enrobante  en  sens  inverse 
des  dimensions  des  éléments,  je  citerai  les  résultats  que  m'ont  fournis  les 
sous- sols  de  deux  terres,  celle  de  Boulogne-sur-Seine  ti'ès  riche  en  cal- 
caire et  celle  de  Neauph!e-le-Château,  argilo-sableuse,  qui  en  est  presque 
dénuée.  Ces  terres  ont  été  largement  fumées  depuis  longtemps  et  sont  très 
riches  en  terreau  ;  mais  leurs  sous-sols  en  sont  beaucoup  moins  pourvus  et, 
par  conséquent,  se  prêtaient  mieux  aux  démonstrations  que  j'avais  en  vue. 

SouS'Sol  de  la  terre  de  Boulogne. 

Poids  Poui'  100  de  matière  : 

pour         carbonique  Matière 

l'analyse.        trouvé.       Carbone.       organique. 

g  IDg 

Sable  grossier  déposé  en  10  secondes  .  .  2,917  11  0,2  o,4o 

Sable  fin  déposé  en  5  minutes i?7i8  20,7  o,33  0,66 

Sable  très  fin  déposé  en  I  heure i,625  71,8  1,20  2,4o 

Sable  surfin  déposé  en  24  heures i,638  235,5  3,92  7,84 

Argile  restée  24  heures  en  suspension. .  i,i4i  ïi4;4  2,73  5,46 

Sous-sol  de  la  terre  de  Neauphle. 

Sable  grossier  déposé  en  10  secondes.  .  3,596  9,7  0,073  o,i5 

Sable  fin  déposé  en  5  minutes 3,233  10,6  0,089  0,18 

Sable  très  fin  déposé  en  I  heure 2,545  32,4  o,35o  0,70 

Sable  surfin  déposé  en  24  heures ï,657  216,8  3,56o  7,12 

Argile  restée  24  heures  eii  suspension..  2,255  i7i)0  2,070  4>i4 

»  Comme  je  devais  m'y  atlendre  les  doses  de  matière  organique  ont  été 
considérablement  exagérées  par  la  présence  du  terreau  dans  les  lots  de 
sable  déposé  en  24  heures,  mais  tous  les  autres  chiffres  se  rangent  bien  en 
deux  progressions  rapides,  de  o,  4  ^  5>4  pour  une  terre,  de  o,i5  a  4.i4 
pour  l'autre. 


6o4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Je  vais  maintenant  essayer  d'expliquer  la  formation  sur  les  surfaces 
des  éléments  des  sols  et  la  persistance  d'enduits  composés  des  substances 
extrêmement  peu  solubles,  telles  que  la  matière  organique  brune,  l'oxyde 
de  fer,  et  d'autres  encore. 

»  Il  semble  évident  que  le  phénomène  s'est  produit  au  sein  de  l'eau  et 
par  son  intermédiaire,  c'est-à-dire  que  les  matières  destinées  à  former 
les  enduits  ont  d'abord  été  dissoutes,  puis  déposées  sur  les  éléments  des 
sols. 

»  Je  commence  donc  par  considérer  la  dissolution  existant  dans  une 
terre  végétale.  Elle  contient  des  composés  franchement  solubles,  comme 
les  nitrates,  les  chlorures,  et  d'autres  très  peu  solubles  ou  même  réputés 
insolubles  :  la  matière  brune  qui  procède  du  terreau,  les  carbonates  et  bi- 
carbonates de  chaux,  de  magnésie;  des  phosphates  terreux,  de  la  silice,  de 
l'alumine,  de  l'oxyde  de  fer,  de  l'oxyde  de  manganèse.  Son  volume  varie 
continuellement,  sous  les  influences  contraires  de  l'évaporation  et  des 
apports  d'eaux  de  pluie  ou  d'irrigation.  Pendant  les  variations  de  son 
volume,  les  composés  très  solubles,  presque  toujours  en  quantités 
relativement  faibles,  demeurent  dissous  en  totalité,  sauf  le  cas  de  séche- 
resse extrême;  mais  il  en  est  autrement  des  substances  très  peu  solubles. 

»  Le  sol  en  possède  des  réserves  qui  sont  considérables  par  rapport  aux 
quantités  de  ces  substances  existant  à  l'état  dissous,  et  ces  réserves  sont 
partout  disséminées,  en  sorte  que  la  dissolution  est,  pour  ainsi  dire,  en 
tout  point  en  contact  avec  elles,  et  tend  constamment  à  s'en  charger  dans 
les  mêmes  mesures.  C'est  ce  qu'a  observé  et  expliqué  M.  Schlœsing  fds,  en 
ce  qui  concerne  l'acide  phosphorique  dissous. 

»  Dans  de  telles  conditions,  la  dissolution,  toujours  à  peu  près  saturée 
des  substances  très  peu  solubles,  doit  en  laisser  déposer  ou  en  dissoudre 
davantage,  selon  qu'elle  est  en  voie  de  diminution  ou  d'accroissement  de 
volume.  On  conçoit  sans  peine  que,  pendant  les  périodes  de  diminution, 
les  substances  qu'elle  abandonne  se  déposent  sur  les  surfaces  des  corps 
qu'elle  baigne,  c'est-à-dire  sur  les  éléments  du  sol,  sous  la  forme  de  couches 
extrêmement  minces.  Mais  ces  couches  seraient  éphémères  et  disparaî- 
traient pendant  les  périodes  d'accroissement,  si  quelque  cause  n'interve- 
nait pour  les  maintenir. 

»  Cette  cause,  je  la  vois  dans  une  certaine  attraction  exercée  par  les  élé- 
ments du  sol  sur  les  substances  déposées  à  leurs  surfaces.  Je  n'ai  pas  besoin 
de  lui  prêter  l'énergie  de  celle  qui  préside  aux  phénomènes  de  teinture, 
où  des  matières  colorantes  solubles  perdent  absolument  toute  solubilité 


SEANCE  DU  20  OCTOBRE  I902,  6o5 

en  se  fixant  sur  des  fibres.  Il  suffit  qu'elle  agisse  à  la  façon  de  la  capilla- 
rité, quand  celle-ci,  attirant  les  couches  très  minces  d'eau  qui  enveloppent 
les  particules  d'un  corps  en  poudre  humide,  diminue  leur  tension  de  va- 
peur. Que  l'attraction  supposée  diminue,  si  peu  que  ce  soit,  la  solubilité 
des  substances  déposées  sur  les  éléments  d'un  sol,  il  n'en  faut  pas  plus 
pour  que  l'on  comprenne  la  formation  des  enduits  dont  il  s'agit. 

»  Car  du  moment  que  les  substances  déposées  sur  les  éléments  du  sol 
sont  devenues  moins  solubles,  la  dissolution  s'est  trouvée  plus  que  sa- 
turée à  leur  égard,  et  quand  son  volume  est  entré  en  accroissement,  c'est 
à  leurs  réserves  qu'elle  s'est  adressée  pour  compléter  son  approvision- 
nement; et  ainsi,  par  des  alternatives  d'emprunts  faits  aux  réserves  et  de 
dépôts  sur  les  éléments  du  sol,  un  transport  s'est  établi  des  unes  aux 
autres,  jusqu'à  ce  que  Tenrobage  ait  acquis  l'épaisseur  au  delà  de  laquelle 
l'attraction  n'a  plus  agi. 

»  L'hypothèse  sur  laquelle  reposent  ces  explications  se  prête  à  des  véri- 
fications expérimentales  ;  il  est,  en  effet,  fort  possible  d'enrober  artificiel- 
lement des  sables  ou  les  éléments  d'une  argile  avec  des  quantités  déter- 
minées d'alumine,  d'oxyde  de  fer,  de  silice,  de  phosphate  peu  soluble... 
et  de  voir  si  la  solubilité  de  ces  substances  dans  des  dissolvants  appropriés 
est  modifiée  par  l'état  physique  qu'on  leur  a  imposé. 

»  J'ai  exécuté  dans  cette  voie  quelques  essais  qui  m'encouragent  à  pour- 
suivre ce  nouveau  genre  d'études;  j'aurai  l'honneur  d'en  rendre  compte  à 
l'Académie  quand  ils  me  paraîtront  dignes  d'être  publiés.  » 


BIOLOGIE.  —  Sur  le  mode  d' action  de  l'acide  carbonique  dans  la  parthéno- 
genèse expérimentale.  Note  de  M.  Yves  Delage. 

«  J'ai  montré  dans  la  Note  précédente  (séance  du  i3  octobre  1902)  que 
l'acide  carbonique  communiquait  à  l'eau  de  mer  dans  laquelle  il.  est  dissous 
la  propriété  de  faire  développer  parthénogénétiquement  les  œufs  vierges 
<}\^ Asterias .  Il  y  avait  intérêt  à  déterminer  par  laquelle  de  ses  propriétés 
cet  agent  intervient  pour  produire  les  effets  observés. 

»  CO^  est  acide,  anesthésique,  il  n'entretient  pas  la  respiration,  il 
augmente  la  pression  osmotique  de  l'eau  dans  laquelle  il  est  dissous.  Exa- 
minons-le successivement  sous  ces  divers  aspects. 

»  1.  Acidité.  —  Parmi  les  acides,  HClseul,  employé  à  dose  extrêmement 
faible  (i  pour  5ooo  à  10 000),  détermine  la  parthénogenèse  chez  les  Asté- 


6o6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

ries.  Mais  son  action  est  incomparablement  moins  efficace  que  celle 
de  CO^.  Les  autres  acides  que  j'ai  essayés  n'exercent  aucune  action  de  ce 
genre.  L'acidité  seule  ne  suffît  donc  pas  à  déterminer  la  parthénogenèse. 
»  2.  Anesthésie.  —  J'ai  essayé  les  autres  anesthésiques  :  le  chloroforme, 
le  chloral,  la  morphine,  la  cocaïne,  même  l'acide  phénique.  Aucun  ne  m'a 
donné  de  résultats, 

»  Pour  être  sûr  d'employer  des  doses  suffisantes  et  non  exagérées,  j'ai  fait  des 
essais  gradués  jusqu'à  ce  que  j'aie  trouvé  la  solution  la  plus  forte  qui  n'altère  pas  les 
œufs  et  la  plus  faible  qui  manifeste  ^encore  une  action.  La  dose  critique  est  obtenue 
quand,  dans  une  même  solution,  on  a  une  partie  des  œufs  impressionnée  par  le  réactif 
et  l'autre  non  modifiée.  Or,  toujours  les  œufs  non  modifiés  (en  ce  qui  concerne  l'as- 
pect microscopique)  ont  été  incapables  de  se  développer  parthénogénétiquement,  et  les 
œufs  impressionnés  ont  été  tués. 

»  On  pourrait  objecter  que  ce,  qui  est  anesthésique  pour  un  animal  peut  ne  pas 
l'être  pour  d'autres  et  que  CO-  peut  produire,  en  tant  qu'anesthésique,  des  effets  que 
les  autres  anesthésiques  ne  produiraient  pas  parce  qu'ils  ne  seraient  pas  anesthésiques 
pour  les  œufs  en  expérience.  Cette  objection  ne  serait  pas  fondée,  car  le  chloroforme, 
le  chloral,  la  cocaïne  sont  anesthésiques  pour  la  généralité  des  Invertébrés  à  l'état 
adulte;  et,  en  ce  qui  concerne  les  œufs  d'Echinodermes,  Hertwig  a  montré  que  le 
chloroforme  les  anesthésie  effectivement  et  les  met  en  état  d'accepter  la  polyspermie. 

»  3.  Asphyxie.  —  Ce  n'est  pas  simplement  en  contrariant  la  respiration 
des  œufs  que  CO^  agit,  car  l'eau  de  mer  privée  d'air  par  ébullition  et 
ramenée  à  la  concentration  normale  par  addition  d'eau  distillée  bouillie 
ne  fait  point  développer  les  œufs. 

))  4.  Pression  osmotique.  —  Pour  reconnaître  si  c'est  en  augmentant  la 
pression  osmotique,  comme  on  l'a  dit  pour  les  agents  salins,  que  CO"  fait 
développer  les  œufs,  j'ai  annihilé  cette  augmentation  de  pression  par  addi- 
tion d'eau  distillée.  Il  en  faut,  au  plus,  i3  pour  loo.  Or  une  addition 
de  i5  pour  loo,  non  seulement  n'empêche  pas  la  parthénogenèse,  mais  la 
favorise.  Le  réactif  fournit  dans  ces  conditions  des  larves  plus  belles,  plus 
parfaites  que  la  solution  non  diluée. 

»  Détermination  de  la  quantité  d'eau  distillée  nécessaire.  —  Dans  le  siphon,  où 
la  pression  est,  paraît-il,  de  5^'""  à  6=»^'",  l'eau  doit  contenir,  par  litre,  5'  à  6^  de  CO^ 
Quand  elle  est  versée  dans  le  vase  où  sera  faite  l'expérience,  la  plus  grande  partie  se 
dégage  tumultueusement,  mais  on  sait  bien  qu'il  en  reste  une  notable  quantité  et 
qu'un  temps  fort  long  est  nécessaire  pour  que  la  teneur  touche  à  la  quantité  insigni- 
fiante correspondant  à  la  pression  de  CO-  dans  l'air  quand  l'équilibre  est  établi.  Le 
calcul  ne  nous  renseigne  pas  à  cet  égard  :  il  faut  des  dosages.  Ils  ont  été  faits  par  mon 
fils,  M.  Marcel  Delage,  par  le  procédé  à  l'eau  de  baryte. 

»  Après  3  minutes,  le  liquide  non  agité  contient,  par  litre,  38,48;  après  3o  minutes 


SÉANCE  DU  20  OCTOBRE  1902.  607 

il  en  contient  i»,']!]  après  i  heure,  is,36.  L'agitation  et  la  filtration  hâtent  le  déga- 
gement. 

»  Admettons  que  l'eau  contienne  3ë,5,  chiffre  supérieur  au  maximum  observé.  La 
solution   normale   contenant  li^",   la  concentration   du   liquide   qui  en    contient  3s,  5 

3  5 
est  -jy  ■=:  0,080  ;  et,  comme  il  n'y  a  pas  d'ionisation,  ce  cliifTre  vaut  pour  la  pression 

osmotique.  La  pression  de  l'eau  de  mer  naturelle  étant,  d'après  les  données  de  Loeb, 

0,626,  celle   de   la  solution   carbonique   est  0,703.   Pour  la  ramener  à  0,626  il  faut 

■   '     1,  T-     MI.  11  7o5  625       -,    , 

ajouter   une    quantité    d  eau   distillée  ^   telle   que  ^ =^  — — ;  dou^z=i2o. 

1000  4-. r        1000 

Disons  r3o  pour  tenir  compte  de  ce  que  CO^  en  se  dissolvant  passe,  peut-être,  à  l'état 

de  CO^  H^  et,  pour  cela,,  retire  à  la  solution  i8s  d'eau  distillée  pour  44"  ^^  GO-,  soit 

ig,44  pour  38,5  de  CO^ 

»   On  voit  qu'en  ajoutant  iSpour  100  d'eau  distillée  on  rend  la  pression  du  liquide 

immédiatement  inférieure  à  celle  de  l'eau  de  mer  normale;  et  cette  infériorité  va  en 

s'accroissant  rapidement  jusqu'à  la  fin  de  l'expérience. 

))  Augmentant  la  quantité  relative  d'eau  distillée,  j'ai  constaté  que, 
jusqu'à  20  pour  100  (correspondant,  par  rapport  à  la  pression  de  l'eau  de 
mer  normale,  à  un  abaissement  de  pression  de  plus  de  6  pour  100)  cette 
addition  est  favorable,  en  ce  sens  que  les  larves  mettent  moins  de  temps 
à  parvenir  au  stade  Auricularia.  Pour  qu'un  effet  nocif  se  fasse  sentir 
il  faut  mettre  plus  de  3o  pour  100  d'eau  distillée  (produisant  un  abaissement 
de  pression  de  plus  de  i3  pour  100). 

»  Il  est  ainsi  démontré  que  ce  n'est  pas  en  accroissant  la  pression  osmo- 
tique que  CO^  détermine  la  parthénogenèse. 

))   Comment  donc  agit-il? 

))  Dire,  comme  on  l'a  fait  pour  les  ions  métalliques,  qu'il  intervient  par 
une  action  spécifique  (stimulante)  ou  catalytique  (accélératrice),  c'est 
répondre  par  un  mot  là  où  il  faudrait  une  idée.  Mieux  vaudrait  avouer  que 
nous  n'en  savons  rien. 

»  Toutes  les  théories  dans  lesquelles  on  explique  la  parthénogenèse 
par  une  action  excitante  ou  accélératrice  de  l'agent  qui  la  détermine  sont 
passibles  d'une  même  objection  fondée  sur  ce  fait  que  l'évolution  de  l'œuf 
ne  se  produit  pas  dans  le  réactif  (sauf,  dans  quelques  cas,  un  petit  nombre 
de  segmentations,  comme  aussi  d'ailleurs,  à  la  longue,  dans  l'eau  de  mer 
normale),  mais  seulement  après  qu'il  a  été  remplacé  par  l'eau  de  mer 
naturelle.  Or  ce  n'est  pas  là  le  mode  habituel  des  excitants  ou  des  agents 
quelconques  produisant  leurs  effets  par  une  action  directe.  Ce  n'est  pas 
après  avoir  été  éliminés  de  l'organisme  que  la  caféine,  l'alcool,  la  mor- 
phine, la  cocaïne  produisent  leurs  effets  bien  connus.  Ce  qui  se  produit. 


6o8  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

dans  le  cas  de  VAstenas  tout  au  moins,  le  seul  que  je  veuille  examiner  ici, 
c'est  une  action  inhibitrice,  un  arrêt  de  la  division  commencée. 

»  C'est,  en  effet,  au  moment  où  les  œufs  sont  en  voie  de  division  pour 
l'expulsion  des  globules  polaires  que  je  les  place  dans  le  réactif,  et  là,  la 
division  s'arrête,  par  suite  d'une  action  non  excitante,  accélératrice,  mais, 
au  contraire,  inhibitrice,  stupéfiante  :  il  y  a  suspension  de  l'activité  caryo- 
cinétique.  Puis,  quand  l'œuf  est  replacé  dans  l'eau  naturelle,  CO*,  qui  n'a 
produit  aucune  altération  profonde,  s'élimine  rapidement  et  l'œuf  reprend 
son  activité.  Il  avait  commencé  à  se  diviser,  il  continue  à  le  faire  ;  mais, 
comme  il  n'est  plus  dans  l'état  très  spécial  et  très  précis  qui  est  la  condi- 
tion des  divisions  maturatives  et  de  l'expulsion  des  globules  polaires,  il  fait 
une  division  ordinaire;  au  lieu  d'achever  une  division  très  inégale  qui  four- 
nirait un  globule  polaire,  il  fait  une  division  égale  suivie  de  toute  une 
série  qui  se  poursuit  et  constitue  la  segmentation. 

»  En  faveur  de  cette  opinion  je  ferai  valoir  ce  fait  que  :  après  traitement 
par  le  réactif,  les  œufs  n'ayant  pas  commencé  à  se  diviser,  ayant  leur  vési- 
cule germinative  intacte,  ne  se  développent  pas;  ceux  qui  sont  à  une  phase 
quelconque  des  deux  divisions  maturatives,  évoluent;  ceux  qui  viennent 
d'achever  leur  maturation,  qui  ont  émis  leurs  deux  globules  mais  dont 
le  pronucléus  ne  s'est  pas  reconstitué  à  l'état  de  repos,  évoluent  aussi; 
enfin,  ceux  qui  ont  émis  leurs  deux  globules  depuis  quelques  heures,  et 
dont  le  noyau  est  retombé  en  état  d'inertie,  ne  se  développent  pas. 

»  Les  agents  parthénogénétiques,  quels  qu'ils  soient,  agissent  comme 
des  poisons  temporaires  ;  ils  sont  efficaces  dans  la  mesure  où  ils  jouissent  de 
cette  double  qualité.  Ceux  qui  ne  sont  pas  assez  nocifs  pour  arrêter  la  ma- 
turation sont  inefficaces,  ceux  qui  sont  des  poisons  trop  forts  ou  dont  l'ac- 
tion est  permanente  ou  simplement  de  trop  longue  durée  tuent  les  œufs. 
CO^  est  un  agent  parfait  parce  qu'il  empoisonne  complètement  les  œufs, 
mais  que  son  action  est  absolument  passagère,  qu'il  s'élimine  complètement 
et  ne  laisse  après  son  élimination  aucune  altération  du  protoplasme. 

»  C'est  une  théorie  basée  sur  l'observation  des  phénomènes,  mais  ce 
n'est  qu'une  théorie;  qu'on  la  prenne  pour  ce  qu'elle  vaut.  En  tout  cas, 
elle  ne  s'applique  pas  au  cas  où  les  œufs  qui  se  développent  parthénogéné- 
tiquement  sont  complètement  mûrs  et  à  l'état  de  repos  au  moment  de  leur 
immersion  dans  le  réactif,  comme  c'est  le  cas  pour  les  Oursins.  Mais  chez 
eux,  CO^  ne  réussit  absolument  pas.  J'examinerai  ultérieurement  le  mode 
d'action  des  solutions  salines  et  en  particulier  de  celles  au  chlorure  de  man- 
ganèse sur  les  œufs  de  cette  catégorie,   m 


SÉANCE    DU    20    OCTOBRE    1902.  609 


ZOOLOGIE.  —  Sur  quelques  Protozoaires  parasites  d'une  Tortue  d Asie 
{Damonia  Reevesii).  Noie  de  MM.  A.  LaverAxN  et  F.  Mesxil. 

((.  La  Tortue  d'eau  qui  domine  de  beaucoup  sur  le  marché  de  Paris  est 
Er?iys  lutaria;  au  mois  de  juillet  dernier  nous  avons  acheté,  à  F\iris,  des 
Tortues  d'eau  qui  différaient  beaucoup  parleurs  caractères  extérieurs  de 
Emys  lutaria  et  qui,  au  dire  du  marchand,  provenaient  de  Ceylan.  Une  de 
ces  Tortues  a  été  remise  pour  la  détermination  au  laboratoire  de  M.  le  pro- 
fesseur Vaillant  au  Muséum.  D'après  M.  le  D''  J..  Pellegrin,  il  s'agit  de 
Damonia  Reevesii  Grav,  espèce  asiatique  mais  plulôt  originaire  de  Chine  ou 
du  Japon  que  de  Ceylan.  Il  se  peut  fort  bien  que  le  renseignement  fourni 
par  le  marchand  sur  la  provenance  des  Tortues  soit  inexact. 

»  Nous  avons  trouvé  chez  ces  Damonia  plusieurs  Protozoaires  parasites  : 
deux  Hémogrégarines,  un  Trypanosome  parasite  du  sang,  une  Coccidie  du 
tube  digestif,  une  Myxosporidie  parasite  des  reins. 

»  La  Myxosporidie  nous  a  paru  être  identique  à  Myxidium  Danilewskyi , 
très  commun  dans  les  reins  de  Emys  lutaria  et  décrit  par  l'un  de  nous  (')  ; 
les  autres  parasites  appartiennent  à  des  espèces  nouvelles. 

))  L'une  des  Hémogrégarines  appartient  à  une  espèce  très  voisine  de 
//.  Stepanowi,  parasite  commun  de  Emys  lutaria;  nous  lui  donnerons  le 
nom  de  H.  siepauowiana  ;  l'autre  espèce  diffère  notablement  des  Hémogré- 
garines ordinaires  des  Reptiles  et  des  Chéloniens;  nous  lui  donnerons  le 
nom  de  //.  rara. 

»  Hœmogregaiina  sLepanowiana  n.  sp.  —  Les  formes  jeunes,  endoglobulaires, 
onl  la  plus  grande  ressemblance  avec  les  formes  jeunes  de  //.  Slepanowi.  Le  parasite 
se  présente  sous  l'aspect  d'éléments  ovalaires  ou  réniformes  [fig.  i);  lorsque  le  para- 
site augmente  de  volume,  le  noyau  de  l'hématie  est  souvent  refoulé  {fig.  2).  Sur  les 
préparations  colorées  on  distingue,  à  la  partie  moyenne  de  chaque  élément  parasi- 
taire, un  noyau  constitué  essentiellement  par  des  granulations  de  chromaline  de 
volume  variable.  Le  protoplasme  est  finement  granuleux. 

»  En  examinant  des  éléments  parasitaires  endoglobulaires  ou  libres,  arrivéx  à  leur 
développement  complet,  on  arrive  facilement  à  se  convaincre  que  cette  Hémogrégarine 
diffère  notablement  de  H.  Stepanowi. 

»  H.  Stepanowi  SQ  plie  exactement  en  deux  dans  Thémalie  qui  la  renferme  et  le 
noyau,  très  allongé,  se  trouve  presque  toujours  au  niveau  de  la  courbure.  Après  sa 


(')  A.  l^AViiiîAN^  Soc.  de  Biologie,  8  janvier  1898. 

C.  R.,  1902,  2»  Semestre.  (T.  CXXXV,  N"  16.)  "* 


6io 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


sortie  de  l'hématie,  l'Hémogrégarine  a  l'aspect  d'un  vermicide  de  3oi^  à  /^oi^  de  long  sur 
3(^ci  4^^  de  large.  Le  noyau  de  l'hématie  hôte  est  refoulé,  non  hypertrophié,  en  général. 
H.  stepaiiowiana  ne  se  plie  pas  exactement  en  deux;  l'une  des  parties  est  toujours 
plus  longue  et  plus  large  que  l'autre;  le  noyau  se  trouve  dans  la  partie  la  plus  longue, 
jamais  au  niveau  de  la  courbure  {Jig.  3);  devenu  libre,  le  parasite  a  l'aspect  d'un 
vermicule  plus  large  à  l'une  des  extrémités  qu'à  l'autre;  la  longueur  est  de  i8l^  à  20!^-, 


Fig.  I  à  5.  —  H.  stepanowiaiia.  (Gr.  i5oo  D.) 
Fig.  6  à  10.  —  H.  rara.  (Gr.  i5oo  D.) 

la  largeur,  dans  la  partie  la  plus  épaisse,  de  5!^  environ.  Le  parasite  est  donc  beaucoup 
plus  court  et  plus  large  que  II.  Stepanowi.  Dans  le  sang  frais,  les  mouvements  ont 
une  grande  analogie  avec  ceux  de  II.  Slepaiiowl;  il  se  forme  des  étranglements  qui 
semblent  se  déplacer  d'avant  en  arrière.  Sur  les  préparations  colorées  on  dislingue, 
dans  le  protoplasme,  des  granulations  incolores  et,  dans  l'intervalle,  de  nombreuses 
granulations  chromatiques.  A  l'extrémité  arrondie  il  existe  souvent  un  espace  plus 
clair,  dépourvu  de  granulations.  Le  noyau  est  arrondi  ou  ovalaire  et  son  grand  axe  est 
souvent  perpendiculaire  à  celui  de  l'Hémogrégarine.  Le  noyau  de  l'hématie  hôte  est 
souvent  hypertropliié  (yZ^.  3). 

»  On  ne  trouve  pas,  dans  le  sang,  de  formes  de  multiplication;  dans  des  frottis  du 
foie  convenablement  colorés,  ces  formes  sont  nombreuses;  elles  ont  la  plus  grande 
analogie  avec  les  formes  de  multiplication  endogène  de//.  Stepanowi  qui,  elles  aussi, 
s'observent  principalement  dans  le  foie  (*).  Les  éléments  qui  vont  se  multiplier 
prennent,  dans  l'intérieur  des  hématies,  une  forme  ovalaire  ;  le  noyau  se  divise  en  deux, 
puis  en  quatre  et  en  huit  {^fig,  5);  le  protoplasme  se  divise  alors  et  les  éléments  de 
nouvelle  formation  deviennent  libres;  l'hématie  disparaît  à  ce  moment. 

»   II.  stepanowiaiia  a  été  trouvée  quatre  fois  sur  quatre  chez  D.  Reevesii. 


A.  L.vvEKAN,  Soc.  de  Biologie,   i"'  et  8  octobre  1898. 


SÉANCE    DU    20    OCTOBRE    1902.  ()I  r 

»  Hœmogregarina  raia  n.  sp.  —  Celle  Ilémogrc'garine  a  élé  iroiivée  liois  fois 
sur  quatre  chez  D.  Reevesii;  elle  se  renconlre  dans  le  sang  tantôt  à  l'état  libre,  tantôt 
à  l'intérieur  des  hématies. 

»  //.  7-ara  mesure  en  moyenne  i5H-  de  long  sur  iV-  à  3!^'  de  large;  le  parasite  est  sou- 
vent recourbé  en  arc;  l'une  des  extrémités  est  arrondie,  l'autre  est  plus  ou  moins 
effilée. 

»  L'Hémogrégarine  endoglobulaire  est  souvent  allongée  dans  une  des  moitiés  de 
l'hématie,  à  côté  du  noyau  resté  en  place  {fig.  6)  ;  d'autres  fois  le  parasite,  fortement 
recourbé,  se  trouve  à  une  des  extrémités  de  l'hématie  dont  le  noyau  est  refoulé  {fig.  7). 
La  figure  8  représente  un  parasite  en  train  de  sortir  d'une  hématie. 

»  //.  rara,  dans  le  sang  frais  et  à  l'état  libre,  a  l'aspect  d'éléments  fusiformes, 
transparents,  mobiles;  au  milieu  du  protoplasme  légèrement  granuleux,  le  noyau,  très 
allongé  et  transparent,  se  dessine  en  clair;  le  protoplasme  contient  souvent  quelques 
granulations  réfringentes.  Pendant  les  mouvements  de  progression  qui  sont  assez  lents, 
il  se  forme  souvent  un  à  deux  étranglements. 

»  C'est  surtout  dans  le  sang  coloré  par  la  méthode  que  nous  préconisons  que  l'IIémo- 
grégarine  prend  un  aspect  caractéristique.  Le  protoplasme  se  colore  en  bleu  clair,  il 
est  finement  granuleux,  avec  quelques  corpuscules  plus  gros,  chromatiques.  Le  noyau, 
très  allongé,  cylindrique,  presque  toujours  renflé  à  ses  extrémités,  se  colore  d'une 
façon  uniforme  en  violet  foncé;  il  occupe  les  deux  tiers  au  moins  de  la  longueur  du 
parasite  {fig.  9  et  10). 

»  Nous  avons  vu  quelquefois  des  parasites  avec  deux  noyaux,  ce  qui  semble  indi- 
quer que  l'Hémogrégarine  peut  se  multiplier  par  bipartition.  Nous  n'avons  pas  trouvé 
d'autres  formes  de  multiplication. 

»  On  devait  se  demander  si  cette  dernière  Hémogrégarine  n'était  pas 
une  forme  de  la  j3remière,  la  forme  mâle  par  exemple,  H.  stepanowiana 
représentant  la  forme  femelle.  Nous  avons  cru  pouvoir  écarter  cette  inter- 
prétation. L'existence  de  formes  sexuées  n'a  pas  encore  été  démontrée 
pour  les  Hémogrégarines.  H.  Stepanowi,  si  voisine  de  H.  stepanowiana,  n'a 
pas  de  formes  sexuées;  dans  le  sang  des  Tortues  infectées  par  ce  parasite, 
on  ne  trouve  pas  d'éléments  qui  rappellent  E.  rara.  Simond,  qui  a  décrit 
plusieurs  Hémogrégarines  des  Tortues,  ne  signale  pas  l'existence  de  formes 
analogues  à  E.  rara  (').  Enfin,  les  deux  Hémogrégarines  ne  sont-pas  tou- 
jours associées  chez  Damonia  Ree.vesii ;  une  fois  sur  quatre  nous  n'avons 
trouvé  dans  le  sang  que  E.  stepanowiana. 

))  On  ne  possède,  à  notre  connaissance  du  moins,  aucun  renseignement 
certain  concernant  lesTrypanosomes  des  Cliéloniens  ni  môme  des  Reptiles. 
De  l'existence  de  Flagellés  à  membrane  ondidanle  dans  le    tube  digestif 


(')  Annales  de  i Institut  Pasteur ,  1901,  p.  019. 


6l2 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


à'Ixodes  testuduiis,  Leydig  (  '  )  conclut,  sans  preuve  positive,  à  leur  existence 
dans  le  sang  des  Tortues.  Kûnstler  écrit  (-)  :  «  Dans  le  sang  de  la  Tortue 
bourbeuse  se  trouve  un  parasite,  que  je  crois  être  voisin  du  Trypanosoma.  » 
»  Nous  avons  trouvé,  deux  fois  sur  quatre,  chez  D.  Reevesii  un  Trvpa- 
nosonie  que  nous  désignerons  sous  le  nom  de  Tr.  damoniœ. 

»  Trypanosoma  damoniœ  n.  sj3.  {^fig-  n).  —  Chez  les  deux.  TorLues  infectées., 
Tr.  damoniœ  était  très  rare  dans  le  sang.  11  mesure  82!^  de  long,  flagelle  compris, 
sur  4^  de  large  environ. 

)♦  Dans  le  sang  desséché  et  coloré  on  constate  facilement  que  Tr.  damoniœ  a  la 
structure  typique  des  Flagellés  du  genre  Trypanosoma.  Le  corps  du  parasite  est 
d'ordinaire  incurvé;  l'extrémité  postérieure  est  conique,  plus  ou  moins  effilée,  l'extré- 
mité antérieure  se  termine  par  un  flagelle  (/).  Vers  la  partie  mojenne  du  corps,  on 
voit  un  noyau  ovalaire  {n)  dans  lequel  la  chromatine  est  à  l'état  de  granulations  de 
volume  variable;  prés  de  l'extrémité  postérieure,  le  centrosome  (c)  se  dislingue  faci- 
lement; enfin,  le  bord  convexe  du  parasite  est  garni  d'une  membrane  ondulante  fes- 
tonnée [m).  Le  flagelle  borde  la  membrane  ondulante  et  aboutit  au  centrosome.  Le 
protoplasme  est  finement  granulé,  avec  quelques  granulations  cliromatiques  plus 
grosses,  surtout  dans  le  tiers  postérieur. 


Fii;.  II.  —  Tr,  damoniœ.  (Gr.  2000  U.  environ.) 
Fig.  n,   i3,  i';.  —  Formes  enkystées  de  Coccidiuni  mitrarium.  (Gr.  itoo  D.) 

»  Nous  n'avons  pas  vu  de  formes  de  multiplication.  On  peut  remarquer 
que  Tr.  damoniœ  a  une  forme  relativement  trapue,  si  on  le  compare  aux 
espèces  parasites  des  Poissons  et  des  Mammifères.  Il  est  intermédiaire 
entre  eux  et  le  Tr.  rotatorium  des  Grenouilles. 


(')  Leydig,  Lehrhuch  der  Histologie,  1857,  p.  346. 
(^)  KiJNSTLEK,  Comptes  rendus,  t.  XCVII,  i883,  p.  7.55. 


SÉANCE    DU    20    OCTOBRE    1902.  61 3 

))  On  ne  connaît  jusqu'ici  que  deux  Coccidies  des  Chélonieiis  :  Cocci- 
diiim  Delagei  Lahbé  (tube  digestif  à' Einys  lutaria),  et  C.  Legeri  Simond 
(foie  de  Cryptopus  granosus). 

»  Nous  avons  trouvé,  dans  le  tube  digestif  de  Z).  Reevesii,  une  Coccidie 
qui  appartient  comme  les  deux  précédentes  au  genre  Coccidium,  mais  qui 
en  diffère  notablement  par  la  forme  des  kystes  et  surtout />ar  son  évolution 
exlracellulaire.  Nous  l'appelons  C.  niilrarium. 

»  Coccidiani  mitrariam,  n.  sp.  —  Dans  le  rectum  de  deux  Datnonia  sacrifiées  en 
juillet,  nous  avons  trouvé  de  nombreux  kystes  à  tous  états  de  maturation,  de  forme 
très  spéciale,  rappelant  celle  d'une  mitre  {Jig.  i2-i4)-  I-^a  surface  du  kyste  présente, 
par  une  exception  unique  chez  les  Coccidies,  des  ornements  en  relief,  coniques,  au 
nombre  de  4  (rarement  5).  L'un  d'eux,  toujours  isolé,  marque  un  pôle  de  la  Coccidie; 
l'autre  pôle  est  tronqué  et  la  base  plane  porte  les  3  (ou  4)  autres  ornements  à  son  pour- 
tour. Les  figures  12  à  i4  donnent  une  idée  de  la  forme  des  kystes  et  de  ses  variations; 
il  y  a  aussi  des  variations  de  volume,  le  diamètre  pouvant  avoir  de  loi^  à  i5!^. 

»  Nous  avons  suivi,  sur  les  préparations  fraîches,  les  changements  qui  se  pro- 
duisent à  l'intérieur  de  la  membrane  kystique  :  rétraction  du  protoplasme  qui  aban- 
donne d'abord  la  cavité  des  ornements  {Jîg.  12),  puis  devient  une  sphère  n'ayant  plus 
de  contact  avec  la  paroi  kystique;  division  de  cette  sphère  en  quatre  sporoblastes, 
sans  reliquat  (/?,?■.  i3);  transformation  des  sporoblastes  en  sporocystes  ovoïdes,  avec 
deux  sporozoïtes  et  un  reliquat  {fig.  i4)' 

»  Ou  trouve  dans  l'intestin  grêle  :  1°  des  scldzonles  dont  le  diamètre  atteint  loi^ 
à  12!^  et  qui  donnent  une  vingtaine  de  mérozoïtes  fusiformes  de  3!^  à  5f^  de  long,  avec 
un  petit  noyau  central;  2°  des  niicrogamétoblasLes,  de  10!^  à  i5H- de  diamètre,  à  la 
surface  desquels  se  forme  un  fin  chevelu  de  microgamètes  dont  la  partie  chromatique 
a  5i^  à  6f* de  long;  3°  des  inicrogainèles,  à  tous  les  stades  de  croissance,  remplis  de 
granules  à  reflet  verdàtre. 

»  Ce  qui  fait  l'intérêt  de  cette  Coccidie,  c'est  que  l'évolution  de  loiiles  ces  formes 
est  extracellulaire.  Sur  coupes  de  l'intestin  grêle,  on  les  voit,  à  tous  les  états  de 
croissance  et  de  différenciation  ('),  plus  ou  moins  intimement  accolées  aux  cellules 
épithéliales  dont  le  plateau  paraît  alors  manquer  et  qu'elles  dépriment;  souvent,  le 
parasite  prend  une  forme  allongée  en  s'élalant  le  long  de  la  surface  épilhéliale. 

»  11  est  probable  que  la  Coccidie  se  nourrit  aux  dépens  de  la  cellule  épilhéliale  par 
l'intermédiaire  de  pseudopodes,  et  les  ornements  du  kyste  en  sont  peut-être  les  repré- 
sentants chitinisés. 

»   La  découverte  d'une  Coccidie  à  croissance  extracellulaire  montre  une 


(  '  )   Nous  avons  cherché  vainement  des  stades  intracellulaires  ;  si  ces  stades  existent, 
ils  doivent  avoir  une  très  courte  durée. 


6l4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

fois  (]e  ])liis  qu'il  n'y  a,  au  poinL  de  vue  du  mode  el  du  (\egrè  de  parasi- 
tisme, aucune  différence  essentielle  entre  Coccidies  et  Grégarines  (').  » 


MÉCANIQUE.  —  Sur  le  problème  des  hrachistochrones. 
Noie  de  M.  Haton  de  la  Goupillière. 

«  1.  J'ai  montré,  (\^\\s  m\  ^cmo\re  m^éro,  ?(\i  Recueil  des  Savants  étran- 
gers (^),  que  si  un  point  matériel,  présentant  l'unité  de  masse,  se  meut 
dans  un  plan,  en  supposant  l'existence  d'une  fonction  analytique  T  des 
forces  dans  l'équation  du  travail  : 

l'équation  différentielle  de  !a  brachistochrone  qui  correspond  à  ce  système 
de  forces  peut  toujours  se  mettre  sous  la  forme  suivante,  avec  des  loga- 
rithmes népériens  : 

d^ ^-^'^y '"-^y -dx=.ld^, 

en  désignant  par  d^  l'angle  de  contingence  de  celte  courbe.  Le  cas  au- 
quel je  m'attacherai  ici  est  celui  dans  lequel  ce  premier  membre  prend  la 
forme  d'une  différentielle  exacte.  On  en   peut  dégager  quelques  consé- 
quences qui  m'ont  paru  mériter  d'être  signalées. 
»  Nous  ferons,  pour  abréger, 


(2)  T-To+^=U, 
et  l'équation  deviendra 

(3)  --^dy--^dcr.  =  ^^d.>. 


(')  Voir,  à  ce  propos,  Caullery  et  Mesnil,  Comptes  rendus,  t.  CXXXII,  janvier 
1901. 

(2)  Haton  de  la  Goupillière,  Problème  inverse  des  brachistochrones  [Mémoires 
présentés  par  divers  savants  à  l'Académie  des  Sciences,  t.  XXVIII,  Mémoire  n°  5, 
équation  (i)]. 


SÉANCE    DU    20    OCTOBRE     I902.  6f5 

»   Elle  donne,  comme  condition  d'intégrabililé, 

c'esL-ù-dire  qu'il  est  nécessaire  et  suffisant  que  Log  U  soit  ce  que  Lamé 
appelait  une  fonction  isotherme  (').  Mais  on  remarquera  avec  soin  que  ce 
caractère  fondamental  appartient  à  Log  U  et  non  pas  à  Log  T,  de  telle 
sorte  que  c'est  spécialement  Log  U  qui  constitue  {q  paramètre  thermo- 
métrique,  suivant  l'expression  de  Lamé.  La  fonction  des  forces  T  est  ordi- 
nairement incomplètement  détenninée,  et  l'on  peut  lui  adjoindre  une 
constante  quelconque  dans  celles  de  ses  applications  qui  consistent  à 
faire  connaître  les  composantes  de  la  force  par  ses  dérivées  partielles, 
ou  à  fournir  les  courbes  de  niveau  lorsc|u'on  l'égale  à  un  paramètre  arbi- 
traire. Au  contraire  l'expression  U  ne  renferme  rien  que  de  bien  déterminé, 
et  la  constante  en  question  a  disparu  dans  la  soustraction  T  —  Tq. 
»   !2.    Intégrons  l'équation  (4)  sous  la  forme 

(5)  LogU  =  9(yo)  4- i];r<7), 

en  faisant,  pour  abréger, 

p  :=.  X  -\-  iy,  (j  ^^  X  —  iy, 

et  représentant  suivant  l'usage  par  i  le  symbole  imaginaire  y/ —  i. 

Nous  nous  assujettirons  d'ailleurs,  en  vue  d'obtenir  dans  l'application 
des  expressions  essentiellement  réelles,  à  désigner  par  o  et  <]/  des  fonctions 
imaginaires  conjuguées  dans  leur  constitution  môme,  indépendamment  des 
variables  que  nous  y  faisons  figurer  : 

en   appelant   /(-)    et    F(^)   des    expressions   constituées   d'une  manière 
réelle  en  z,  symbole  d'une  variable  quelconque. 

»    T/éqiiation  (3)  de  la  bracliistochrone  devient  parla 

'icU  =  |o'(/0  +  V'(r/;]r/x  -  i\i{p)  -  y(r/)j  iU, 

{})  Lamé,  Laçons  sur  les  foncLions  inverses  des  IransceiidanLes  et  sur  les  surfaces 
isothermes,  p.  2. 


6l6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

et  l'on  en  lire 

2.id(ù  =  (^dx  -+-  idy)  9'(/>)  —  {dx  —  idy)  '^' {^l) 
=  r^'{p)dp-^'{q)dq. 

L'intégrabilité  se  trouve  ainsi  mise  en  évidence,  et  il  vient,  en  représen- 
tant par  0.  une  constante  arbitraire, 

(7)  2i(co  -ha)  =  (p(^)  --K^)- 

»  Cette  relation  est  essentiellement  réelle,  car  la  forme  (6)  des  fonc- 
tions arbitraires  montre  que  le  second  membre  renferme  en  facteur  ï,  qui 
disparaît  ici  de  part  et  d'autre. 

»  3.  La  première  intégration  étant  ainsi  effectuée  une  fois  pour  toutes, 
la  seconde  peut  être,  dans  chaque  cas,  ramenée  aux  quadratures. 

»   On  a,  en  effet, 

fly  I   e-*^'  —  I  I    e?(/')-'|'(9')-2ja  —  j  j   g(f(p)-ia Q<!^(q)+ia 

-r-  =  tane:(o  =  -  -r—. = ; = ■ i • 

da;  ■    ^  i   e^"' 4- I         i    e?(/')-4'('7)-2'a -4- j  i  e'-p(/j)-'a  _  g^}/;7)+ia 

On  tire  de  là 

c'est-à-dire 

{dx  —i  dy  )  e?t^)-'«  =  {dx -\-  i  dy  )  eM'i^-^  '^ , 

on,  en  divisant  les  deux  membres  par  f?(/')+'^'('/', 

^ia  g_?(/,)  ^Jp  ^  g-/a  ^\[q)  ^^^ 

et  enfin,  en  intégrant  et  désignant  par  2i^  une  nouvelle  constante  arbi- 
traire, 

( 8 )  e'*  Te-Ç^/" dp  -  e'''^  Te-^^^' dq=ii^, 

équation  réelle  encore,  puisque  le  premier  membre  est  la  différence  de 
deux  expressions  imaginaires  conjuguées. 

))  Il  convient  de  remarquer  que  l'on  n'a  pas  en  réalité  deux  quadratures 
à  opérer,  mais  une  seule,  puisque  la  seconde  n'est  que  l'expression  conju- 
guée de  la  première.  Il  suffit  donc  d'effectuer  l'une  quelconque  d'entre 
elles,  de  la  multiplier  par  le  facteur  en  a  qui  la  concerne,  et  d'égaler  à  [i  le 
coefficient  de  sa  partie  imaginaire,  pour  avoir  l'équation  finie  de  la  bra- 
chistochrone. 


SÉANCE    DU    20    OCTOBRE    1902.  617 

»  Nous  pouvons  déduire  de  là  certaines  propriétés  des  courbes  ainsi 
obtenues. 

»  4.  Nous  voyons  d'abord  que  la  relation  (8)  renferme  deux  para- 
mètres arbitraires  a  et  ^.  On  peut  donc  envisager  distinctement  une  infinité 
de  groupes  de  brachistochrones,  pour  chacun  desquels  a  conserve  une 
valeur  fixe,  tandis  que  ^J  passe  par  tous  les  états  de  grandeuç,  de  manière 
à  fournir  les  diverses  lignes  qui  composent  le  groupe  en  question. 

»  Attachons- nous  par  la  pensée  à  l'un  de  ces  groupes  en  particulier,  et 
menons  à  toutes  les  courbes  qui  le  constituent  des  tangentes  parallèles  à 
une  direction  fixe,  caractérisée  par  une  certaine  valeur  déterminée  de 
l'angle  w.  Il  est  facile  de  trouver  l'équation  du  lieu  du  point  de  contact. 

»  Elle  ne  sera  autre  que  la  formule  (7)  dans  laquelle,  au  lieu  de  considé- 
rer co  comme  un  angle  de  contingence  variable,  ce  qui  constituait  l'équa- 
tion différentielle  de  la  brachistochrone  d'où  ^  se  trouve  absent,  nous 
l'envisagerons  au  contraire  comme  une  constante  absolue  relative  à  la 
direction  des  tangentes  considérées.  L'équation  cherchée  est  donc 

?  (p)  ~  'y  (^)  —  const. 

»  Cherchons  actuellement  la  tangente  de  cette  nouvelle  courbe,  endif- 
férentiant  son  équation  par  rapport  à  x.  Il  vient  ainsi  : 

(dx  +  iciy)  <^'(p)  -  (dx  —  idy)  '^ (q)  =  o, 

ce  qui  donne  (5), 


dy  _ 

^LogU 
dv 

d\} 

dy 

~    d\] 

dx 

d'Y 
dy 

dx 

"   f/LogU 
dx 

"  dT 
dx 

La  direction  de  cette  tangente  est  donc  précisément  celle  de  la  force  en 
chaque  point. 

))  Il  s'ensuit  que  l'ensemble  de  ces  lieux  géométriques,  pour  toutes  les 
directions  diverses  o>  que  l'on  peut  successivement  attribuer  par  la  pensée 
aux  tangentes  parallèles  des  brachistochrones,  reproduit  le  système  des 
enveloppes  de  forces,  trajectoires  orthogonales  des  courbes  de  niveau  du 
système  donné. 

M  5.  Je  signalerai  une  seconde  propriété  de  ces  systèmes  de  brachisto- 
chrones. Elle  consiste  en  ce  que  toutes  les  courbes  appartenant  à  deux 
quelconques  de  ces  groupes,  caractérisés  par  les  valeurs  a,',  a."  de  leur  para- 

C.  R.,  1902,  2»  Semestre.  (T.  CXXXV,  N°  16.)  .  "^ 


6l8  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

niv  iVe,  se  eoupeiil  mutuellement  en  tout  point  du  plan  sous  un  angle  inva- 
riable a'  —  a". 

))   En  effet,  pour  un  point  d'intersection  déterminé,  x  et  y,  et  par  suite 
;o  et  çf  possèdent  Les  mêmes  valeurs  dans  les  équations  (7)  des  deux  groupes 

2î(o)"4- a")  =  (p(^)  —  i];(^), 

les  valeurs  de  co  différant  seules  d'une  équation  à  l'autre  pour  ce  point.  On 
déduit  de  là 

(t)   +  a  =  0)   H-  a  , 

co"  — w'=  a'~  a". 

Mais  0)"  —  0/  est  l'angle  formé  par  les  tangentes  des  deux  courbes,  ce  qui 
confirme  l'énoncé. 

»  6.  La  plus  simple  des  équations  (8)  correspondra  à  la  valeur  spéciale 
du  paramètre 

a  =  o. 

Appelons  en  particulier,  pour  ce  groupe,  b  le  paramètre  des  diverses  lignes 
qui  le  constituent;  elles  auront  pour  équation 

(9)  fe^^^P^  dp  -  Te-^t^J  dq  =  lib, 
»  Nous  citerons  en  second  lieu  l'hypothèse 

2 
qui  donne  pour  équation 

(10)  fe-'f^P^ dp  -h  fe-'^^^^ dq  =  2B, 

en  appelant  B  le  paramètre  des  courbes  de  ce  second  groupe. 

»  Cette  nouvelle  famille  sera  formée,  d'après  le  théorème  précédent, 
des  trajectoires  orthogonales  de  la  première  (9). 

»  Tout  autre  système  pourra  ensuite  être  représenté  d'une  manière  fort 
simple  au  moyen  des  paramètres  spéciaux  de  ces  deux  groupes  fondamei\- 
taux.  Leur  équation  générale  (8)  se  met  en  effet  sous  la  forme 

(cosot  H-  isina)  (B  -+-  ib)  —  (coso.  —  îsina)  (B  —  ib)  =  2.1^, 

ou,  en  effectuant  toutes  les  réductions, 

Bsino.  +  ècosa  =  p.    » 


SÉANCE    DU    20   OCTOBRE    I902.  619 

M.  R.  Zeiller,  en  présentant  à  rAcadémie  un  travail  qu'il  vient  de 
publier  dans  !a  Palœontologia  Indica,  sous  le  titre  :  «  Observations  sur 
quelques  plantes  fossiles  des  Lower  Goudwanas  »,  s'exprime  comme  il  suit  ; 

«  Ce  travail  est  consacré  à  la  description  d'une  série  de  fossiles  végé- 
taux des  couches  à  combustible  de  la  portion  inférieure  du  système  de 
Gondwana,  que  le  Geological Survey  of  India  m'a  fait,  en  1897,  ^'honneur 
de  me  communiquer  en  me  demandant  de  les  étudier,  à  titre  de  complé- 
ment aux  travaux  du  regretté  D''  Ottokar  Feistniantel  sur  la  flore  fossile  de 
l'Inde.  Les  échantillons  que  j'ai  eus  en  mains  m'ont  permis  de  compléter 
la  connaissance  de  quelques  types  intéressants,  notiimmetit,  parmi  les 
Fougères,  les  G/o,y50yy/em  et  leurs  rhizomes  les  Vertehraria.le  signalerai  en 
outre  deux  espèces  nouvelles  d'Equisétinées  appartenant  aux  genres  Sc/îZ-o- 
mura  el  Phyllothcca,  un  Araucarites  rappelant  beaucoup  certaines  formes 
vivantes  du  sous-genre  Colymbea,  et  un  très  curieux  type  de  feuille  orbi- 
culaire  à  bord  denté,  à  long  pétiole,  dont  les  affinités  me  paraissent  être 
avec  les  Salisburiées  et  que  j'ai  dédié  au  D''  O.  Feistniantel  sous  le  nom 
générique  à'Otlokaria.  » 

M.  Albert  Gaudky  fait  hommage  à  l'Académie  d'un  Opuscule  qu'il 
vient  de  publier  sous  le  titre  «  Recherches  paléontologiques  de  M.  André 
Toui nouer  en  Patagonie  ».  [Extrait  des  Procès-verbaux  de  la  Société  d'His- 
toire naturelle  d'Autun  (année  1902).] 


MEMOIRES  PRESENTES. 

M.  DE  Saintignon  adresse  un  travail  intitulé  :  «  Sur  les  tremblements  de 
terre;  le  mouvement  différentiel  ». 

(Renvoi  à  la  Commission  des  Antilles.) 

M.  ÎV.  Tambon  demande  l'ouverture  d'un  pli  cacheté,  déposé  le  5  mai  1902 

et  inscrit  sous  le  n"  6518.  Ce  pli  contient  un  Mémoire  intitulé  :  «  Nouvelles 

méthodes  d'anaivse  pour  reconnaître  les  falsifications  des  huiles  d'olive 

(comestibles  et  industrielles)  et  en  général  des  huiles  les  unes  par  les 

autres  ». 

(Commissaires  :  MM.  Troost,  Guignard.) 


620  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 


CORRESPONDANCE. 

M.  le  MixisTRË  DE  l'Ixstructiox  publique  transmet  à  l'Académie  une 
Lettre  adressée  à  M.  le  Ministre  des  Affaires  étrangères,  concernant 
l'éruption  volcanique  qui  s'est  produite  à  l'île  Torishima,  dans  le  groupe 
des  îles  japonaises  de  l'Océan  Pacifique  (lies  Bonin,  etc.)  : 

«  M.  DuBAiL,  Ministre  de  France  à   Tokyo, 
à  M.  Delcassé,  Ministre  des  Ajfaires  étrangères. 

y>  Un  paquebot  de  la  Compagnie  japonaise,  ISippon  Yusen  KaisJia,  qui  fait  le 
service  des  îles  japonaises  de  l'Océan  Pacifique  (îles  Bonin,  etc.),  apportait  l'autre 
jour  à  Yokohama  la  nouvelle  qu'une  éruption  volcanique  venait  de  se  produire  dans 
l'île  de  Torishima.  Le  navire  n'aurait  pu  approcher  du  volcan  qui  était  en  pleine 
éruption;  au  dire  des  officiers,  des  phénomènes  extraordinaires  se  produisaient  en 
même  temps  dans  le  voisinage  de  la  mer  :  des  colonnes  d'eau  auraient  été  projetées 
dans  les  airs  et  le  paquebot  dut  continuer  sa  route  sans  pouvoir  porter  aide  aux 
habitants  qui  ont  sans  doute  péri. 

»  L'île  de  Torishima  est  située  entre  le  3o°  2826  latitude  nord  et  i^o"  1/402  lon- 
gitude est.  La  circonférence  de  l'île  est  de  7'''",5oo  et  la  superficie  de  S''™', 5.  Elle  est 
séparée  de  Yokoliama  par  une  distance  de  3 12  milles  marins. 

»  La  population  est  de  78  hommes  et  de  62  femmes  se  livrant  à  la  chasse  aux 
oiseaux,  à  la  pèche,  etc.,  tous  employés  au  service  d'un  particulier  japonais  qui  a 
obtenu  la  concession  et  l'exploitation  des  richesses  de  l'île. 

»  La  nouvelle  de  celte  catastrophe  a  produit  une  grande  impression  et  le  Gouver- 
nement a  envoyé  de  suite  un  bâtiment  de  guerre  sur  les  lieux.  Peu  après,  un  paquebot 
spécialement  afïVèté  pour  la  circonstance  emportait  des  vivres,  des  instruments  de 
toutes  sortes  et  une  mission  chargée  d'étudier  ces  phénomènes  et  leurs  causes. 

»  Les  résultats  de  cette  expédition  ne  seront  connus  que  dans  quelques  jours;  je  ne 
manquerai  pas  d'en  faire  part  à  Votre  Excellence. 

»  Veuillez  agréer,  etc. 

»  Sis'né  :  Dubail.   » 


M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale  une  Lettre  de  M.  Hergesell  relative 
aux  résultats  obtenus  au  moyen  des  ballons-sondes,  résultats  qui  seront 
publiés  à  l'aide  de  crédits  accordés  par  le  Gouvernement  allemand. 


SÉANCE  DU  20  OCTOBRE  1902.  621 


PHYSICO-CHIMIE.  —  Sur  la  formation  des  gouttes  liquides  et  les  lois  de  Tate. 
Note  de  MM.  Pu. -A.  Guye  et  F. -Louis  Perrot. 

«  Comme  suite  aux  travaux  résumés  dans  une  Note  récente  ('),  nous 
avons  cherché  à  mettre  en  évidence  les  pliénomènes  complexes  qui  régis- 
sent la  formation  des  gouttes  issues  à  l'extrémité  de  tubes  cylindriques  à 
canal  capillaire,  en  étudiant  les  formes  successives  par  lesquelles  elles 
passent  avant  la  chute.  Dans  ce  but,  après  des  observations  directes,  faites 
à  l'œil,  au  besoin  aidé  de  la  loupe,  nous  avons  adopté  un  procédé  photo- 
graphique rendant  nos  constatations  tout  à  fait  indépendantes  des  illusions 
rétiniennes.  Des  résultats  partiels  intéressants  ont  déjà  été  obtenus  par  des 
procédés  analogues,  notamment  par  MM.  Lenard  (^),  Th.  Lallin  (' ), 
Ch.  Lansiaux  (*  ). 

»  Sur  nos  indications,  MM.  A.  et  L.  Lumière,  à  Lyon,  ont  bien  voulu  nous  préparer 
des  bandes  de  clichés  cinématographiques  relatifs  à  la  formation  de  gouttes  à'eau,  de 
benzène  Ql  à'' aniline,  issues  de  tubes  cylindriques  de  diamètre  extér.  -<4"""'  Les  clichés 
ont  été  obtenus  soit  dans  les  conditions  oîi  les  gouttes  se  forment  lentement  {gouttes 
statiques)  et  où,  par  conséquent,  leur  poids  est  indépendant  de  leur  durée  de  forma- 
tion, soit  dans  des  conditions  de  formation  de  plus  en  plus  rapide  {gouttes  dyna- 
miques). Ces  documents  graphiques  ont  été  étudiés  à  la  loupe;  puis,  par  projection 
sur  un  écran,  des  épreuves  agrandies  ont  pu  être  prises  des  plus  caractéristiques 
ligures.  L'étude  de  ce  matériel  d'observation  fera  l'objet  d'un  Mémoire  détaillé,  en 
préparation.  Nous  ne  reproduisons  donc  ici  que  nos  conclusions  finales  relatives  aux 
gouttes  statiques  d'abord,  puis  aux  gouttes  dynamiques. 

»  Les  figures  agrandies  i  à  8  représentent  le  processus  de  formation  des  gouttes 
statiques  (benzène;  dlam.  extér.  du  tube  =  3™'", 17). 

»  La  goutte  apparaît  sous  forme  d'un  ménisque  à  courbure  sphéroïdale,  puis  ce  mé- 
nisque s'allonge  grâce  à  l'afflux  de  nouvelles  quantités  de  liquide.  Un  étranglement  se 
dessine  lentement  entre  la  goutte  proprement  dite  et  le  liquide  adhérant  au  tube;  on 
le  retrouve  dans  les  figures  de  M.  Worthington.  Ensuite  l'allongement  de  la  goutte  se 
précipite  de  telle  façon  que,  si  la  bande  présentait  plus  de  cent  clichés  entre  la  figure  j 
et  la  figure  2,  les  clichés  3  à  7  se  succèdent  par  contre  immédiatement.  Enfin,  l'étran- 
glement se  résout  {fig.  7)  en  un  filament  qui,  après  avoir  subi  un  étlrement,  se  ronxpl 


(*)  Comptes  rendus,  t.  CXXXV,  p.  459* 

(2)  Ph.  LenarD;  Wied.  Ann.,  t.  XXX,  1887,  p.  209. 

(')  Tn.  LuLLiN,  Archives  de  Genève,  t.  II,  i8g6,  p.  201. 

(*)  Cn.  Lansiaux,  Revue  suisse  de  Photographie,  'j^  année,  189.5,  p.  86. 


622  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

en  donnant  généi'alement  une  g^oulleletle  qui  succède  à  la  goutte  principale,  goutte- 


lette déjà  observée  par  Savarl,  Maguus  et  Lenard.  Au  moment  où  la  goutte  se  détache, 


SÉANCE  DU  20  OCTOBRE  1902.  628 

elle  est  grossièrement  sphérique;  mais,  comme  l'a  constaté  M.  Lenard,  elle  est  animée, 
dans  sa  chute,  d'un  mouvement  oscillatoire,  son  orand  axe  prenant  alternativement 
une  position  verticale  puis  horizontale,  comme  si  le  filament  s'était  rompu  à  la  façon 
d'un  ressort. 

»  Le  détachement  de  la  goutte  présente  donc  une  grande  analogie  avec 
la  rupture  des  fds  métalliques  sous  les  efforts  de  traction  :  un  allongement 
fdiforme  précède  la  séparation. 

»  La  rigidité  du  liquide  est,  par  conséquent,  un  des  éléments  du  pro- 
blème, ainsi  que  nous  l'avions  indiqué  dans  notre  Mémoire  de  1901 
{Archives,  t.  XL  p.  385  et  388).  Sur  ce  point,  nous  sommes  donc  d'accord 
avec  les  idées  émises  par  MM.  Leduc  et  Sacerdote. 

»  Quant  aux  gouttes  dynamiques,  leurs  formes  sont  reproduites  schématiquement 
dans  les  figures  9  à  18. 

»  En  remontant  de  la  figure  [5  à  la  figure  9,  on  voit  que,  à  mesure  que  la  durée  de 
formation  décroît,  la  goutte,  primitivement  semblable  aux  gouttes  statiques,  apparaît 
ensuite  avec  un  appendice  caudiforme  à  sa  partie  inférieure,  d'autant  plus  prononcé 
que  la  durée  est  plus  courte.  Le  liquide  affluant  paraît  exercer,  par  pression,  une 
déformation  sur  la  membrane  superficielle.  L'affluence  devenant  encore  plus  rapide, 
la  goutte  est  comme  traversée  par  un  jet  de  liquide;  enfin,  la  succession  des  gouttes 
devient  assez  rapide  pour  donner  lieu  à  une  veine. 

»  Nous  résumant,  nous  concluons  une  fois  de  plus  que  les  relations 
classiques  de  Tate  ne  correspondent  pas  à  la  réalité  et  doivent  être  aban- 
données; que  la  rupture  de  la  goutte  ne  se  fait  point  suivant  un  cercle  de 
gorge  d'un  diamètre  voisin  de  celui  du  tube;  que  la  chute  de  la  goutte, 
précédée  de  la  formation  d\in  filament,  doit  plutôt  être  comparée  aux 
phénomènes  de  rupture  de  fds  métalliques  sous  les  effets  de  traction,  et 
que,  par  conséquent,  la  rigidité  des  liquides  doit  y  jouer  un  rôle  qui  reste 
à  étudier.   » 

ÉLASTICITÉ.    —  Sur  les  paramètres  élastiques  des  fils  de  soie. 
Note  de  M.  F.  Beaulard,  présentée  par  M.  Lippmann. 

«  Malgré  l'emploi  fréquent  des  fds  de  soie  dans  les  suspensions  bifdaires, 
les  paramètres  élastiques  de  cette  substance  n'ont  jamais  été  déterminés, 
à  ma  connaissance  du  moins,  et,  comme  la  valeur  numérique  du  module 
d'Young  est  nécessaire  pour  effectuer  la  correction  de  rigidité,  j'ai  été 


624  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

amené,  en  vue  de  cette  correction,  à  effectuer  la  détermination  des  coeffi- 
cients d'élasticité  des  fils  de  soie. 
»   Soient  : 

»  c  le  moment  du  couple  de  lorsion  ;  [i.  le  coefficient  de  Coulomb,  c'est-à-dire 
l'expression  numérique  d'un  couple  capable  de  tordre  d'un  radian  un  cylindre  de  i'^"' 
de  diamètre  et  de  i"^  de  hauteur;  a  l'allongement  de  l'unité  de  longueur  d'un  fil  de 

section  unité,  sous  l'unité  de  charge;  E  =;  -  le  module  d'élasticité  de  traction;  o  le 

module  d'élasticité  de  torsion,  ou  coefficient  de  rigidité  ;  p  la  contraction  latérale,  c'esl- 

g 
à-dire  la  diminution  de  l'unité  de  longueur  dans  le  sens  transversal;  a  =z  —  le  coeffi- 

cient  de  Poisson. 

»   Entre  ces  quantités  on  a  les  relations  suivantes  : 


cl 


02  I 


»  L'exj3érience  permet  de  déterminer  c  par  la  méthode  des  oscillations, 
et  a  parla  mesure  des  allongements  sous  des  charges  données;  et,  par  suite, 
de  calculer  [j.,  ç,  c  et  [i.  J'ai  opéré  avec  un  fil  formé  de  20  brins  tirés  d'un 
même  écheveau  de  soie  écrue  et  trouvé  c  =  o,i64  et  9  =  1,288.10^"; 
mais  la  détermination  de  E  présente  quelques  particularités  intéressantes, 
qui  font  l'objet  de  cette  Note. 

»  On  constate,  en  effet,  qu'il  n'y  a  pas,  à  proprement  parler,  de  coeffi- 
cient d'élasticité  de  traction  E,  diminuant  quand  la  charge  augmente;  on 
constate  également  que  1^  diminue  très  rapidement,  pour  atteindre  une 
valeur  constante  dès  que  la  charge  atteint  quelques  grammes  ;  cela  résulte 
du  Tableau  suivant,  extrait  d'un  Tableau  ])lus  étendu  : 


=  4o 

E  ^  i3, 17. 

ro*" 

(T  = 

=  5o2 

P 

=  3,81.10-» 

120 

7,90 

Soi 

3,81 

200 

5,23 

199 

3,80 

280 

3,74 

129 

3,46 

»  On  vérifie  en  outre  que,  par  le  retour  à  une  charge  nulle,  le  fd  ne 
reprend  pas  sa  longueur  primitive  Lq  ;  il  Y  a  un  allongement  résiduel 
L'y  —  Lo  qui  peut  atteindre  le  ~  de  la  longueur  initiale. 

M  Si  l'on  répète  une  deuxième  série  de  mesures,  sur  le  même  fil,  on 
constate  que  les  variations  de  E  sont  déjà  moins  marquées,  et  que  Talion- 


SÉANCE  DU  20  OCTOBRE  I902.  6^5 

gement  résiduel  L^  —  L„  est  moindre  que  dans  le  premier  cas  ;  on  trouve, 
par  exemple, 


4o 

E  — 2,008. 

10'» 

a  =1  76 

^ 

=  3,77.10-^ 

.80 

2,008 

76 

3,77 

120 

2,092 

79 

3.77 

160 

i,95i 

73 

3,73 

300 

1 ,626 

70 

3,76 

»  Ce  résultat  permet  déjà  de  penser  que  le  fil  de  soie  est  affecté  d'hys- 
térésis et  susceptible  par  suite  de  déformations  permanentes,  conformé- 
ment aux  idées  développées  à  ce  sujet  par  M.  P.  Duhem  ('),  et  vérifiées 
par  M.  E.  Lenoble  (^)  pour  les  fils  métalliques.  C'est  ainsi  que  j'ai  été 
amené  à  soumettre  le  fîl  à  des  variations  cycliques,  par  charges  croissantes 
et  décroissantes,  de  façon  à  revenir  à  une  charge  nulle,  pour  recommencer 
ensuite  un  deuxième  cycle,  etc. 

))  Si  la  durée  d'action  de  la  charge  est  courte,  il  arrive  que  le  fîl  continue 
à  s'allonger  sous  une  charge  moindre  que  la  charge  maxima,  mais  voisine 
de  celle-ci;  pour  éviter  cette  complication,  dans  les  expériences  qui 
suivent,  la  durée  d'action  a  toujours  été  suffisante  pour  que  l'état  perma- 
nent correspondant  à  une  charge  donnée  soit  atteint  (à  :^  de  millimètre 
près)  ;  si  l'on  porte  en  abscisses  les  charges  et  en  ordonnées  les  longueurs 
du  fd,  on  constate  :  1°  que  la  première  courbe  descendante  du  premier 
cycle  coupe  en  un  seul  point  la  courbe  ascendante  du  deuxième  cycle  ; 
2°  qu'à  chaque  cycle  l'allongement  résiduel  L,,  —  L^  diminue  et  tend  vers 
une  valeur  nulle;  3°  que,  dès  le  troisième  ou  quatrièoie  cycle,  ascendantes 
et  descendantes  sont  linéaires  et  se  superposent;  dans  ces  conditions, 
et  lorsque  le  fd  a  atteint  cet  état  pseudo-limite,  E  a  une  valeur  constante, 
indépendante  de  la  charge;  le  calcul  donne  les  résultats  suivants  : 

E=2,52.I0'%  -7=95,  [3  =  3,78.10-''. 

»  Après  un  long  repos  (2  mois)  le  même  fil  donne,  pour  le  troisième 
cycle  : 


p=  40 

E=Z2,23. 

lo'o 

7 

=  86 

p 

=  3,86.10-9 

80 

2,28 

88 

3,87 

100 

2,06 

80 

3,86 

120 

2,o3 

78 

3,86 

(*)  p.  Duhem,  Société  des  Se.  phys.  et  nat.  de  Bordeaux,  i8  mai  1899. 
(^)  E.  Lenoble,  Sur  les  déformations  permanentes  des  fils  métalliques  (Thèse). 
Bordeaux,  1900. 

G.  R  ,   1903,  2«  Semestre.  (T,  CXXXY,  N"  16.)  83 


626  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

c'est-à-dire  en  moyenne 

E=r:2,i5.io'%         G==83,         p  =  3,86.io-«. 

»  En  adoptant  la  valeur  E  =  2,52.10'"  et  appliquant  la  formule  de  cor- 
rection de  Rohlrausch,  pour  tenir  compte  de  la  raideur  du  fil,  qui  agit  sur 
le  bifilaire  comme  si  les  fils  étaient  raccourcis  de  %,  on  trouve  S  =  0^^,443 
pour  une  suspension  de  longueur  égale  à  8'7*'™.  La  correction  atteint  donc 
seulement  o,  5  pour  100,  à  peu  près.   » 


ÉLECTRICITÉ .  —  Lames  minces  métalliques  obtenues  par  projection  cathodique. 
Note  de  M.   L.  Houllevigue,  présentée  par  M.  Mascart. 

«  On  sait  que,  lorsqu'on  produit  l'effluve  dans  un  gaz  raréfié,  la  sub- 
stance de  la  cathode  est  projetée  en  tous  sens  dans  l'espace  environnant  ; 
cette  propriété  a  déjà  été  utilisée  en  Amérique  pour  obtenir  des  miroirs  et 
des  résistances  de  platine.  J'ai  constaté  qu'elle  permet  de  déposer  sur  un 
support  quelconque  (verre,  fibre,  lame  métallique,  etc.)  des  couches 
minces  adhérentes  des  métaux  suivants  :  platine,  palladium,  fer,  nickel, 
cobalt,  cuivre,  bismuth;  les  autres  mé\aux,  qui  n'ont  pas  encore  été 
essayés,  se  prêteraient  vraisemblablement  à  l'application  du  même  pro- 
cédé ;  seul,  le  charbon  n'a  donné,  après  7  jours  d'essais,  aucun  dépôt 
visible. 

»  Les  pellicules  déposées  sur  verre  sont  les  plus  intéressantes  à  étudier. 

»  Pour  les  obtenir,  on  place  la  lame  de  verre  à  métalliser,  de  ao"^""'  environ  dans 
mes  expériences,  sur  une  large  anode  horizontale  en  aluminium;  à  12™"  ou  iS™"" 
au-dessus  se  trouve  une  lame  horizontale  du  métal  à  déposer,  qui  constitue  la  cathode, 
et  le  tout  est  placé  dans  un  récipient  où  le  vide  est  fait  à  la  trompe  jusqu'à  quelques 
centièmes  de  millimètre.  Le  flux  est  fourni  par  le  secondaire  d'une  bobine  Rulimkorfl" 
(type  Ducretet  à  interrupteur  indépendant);  alors  l'espace  sombre  de  HittorfF  qui 
entoure  la  cathode  vient  à  peu  près  au  contact  de  la  lame  de  verre  à  métalliser. 

»  Le  flux  électrique  commence  par  purger  la  cathode  des  gaz  occlus  ;  cette  première 
période  est  particulièrement  longue  avec  le  platine  et  surtout  avec  le  palladium  ; 
lorsqu'elle  est  terminée,  la  substance  propre  de  la  cathode  est  projetée  à  son  tour  et 
va  se  fixer,  partie  sur  la  lame  de  verre  placée  en  regard,  partie  sur  l'anode  métallique. 
Quand  le  dépôt  est  jugé  d'épaisseur  convenable,  on  arrête  l'opération,  on  laisse 
refroidir  l'appareil,  on  fait  rentrer  l'air  et  l'on  retire  la  lame  métallisée. 

»  Les  dépôts  obtenus  peuvent  présenter  tous  les  degrés  de  transpa- 
rence ou  d'opacité,  suivant  la  durée  de  l'opération  (quelques  heures  ou 


SÉANCE  DU  20  OCTOBRE  1902.  627 

plusieurs  journées);  leur  épaisse^ir  n'est  pas  rigoureusement  uniforme  et, 
avec  le  dispositif  employé,  s'est  montrée  plus  faible  au  centre  et  suivant 
les  diagonales  de  la  lame.  Ils  présentent  (surtout  les  dépôts  de  cuivre)  les 
irisations  des  lames  minces  ;  leur  pouvoir  réflecteur  est  considérable,  et 
ils  sont  assez  adhérents  pour  pouvoir  être  essuyés  avec  un  blaireau  ou  du 
papier  de  soie. 

»   J'ai  pu  faire  avec  les  pellicules  ainsi  obtenues  les  essais  suivants  : 

»  1°  Une  lame  de  bismuth  préparée  par  ce  procédé,  et  placée  normalement  dans  un 
champ  magnétique  égal  à  2260,  n'a  éprouvé  aucune  variation  dans  sa  résistance  élec- 
trique, égale  à  26^,90.  M.  Leduc  avait  observé  déjà  que  le  bismuth  est  d'autant  plus 
sensible  au  magnétisme,  que  sa  texture  cristalline  est  plus  accusée.  Or,  il  semble  bien 
que  le  bismuth  obtenu  par  projection  cathodique  soit  complètement  amorphe;  des 
essais  pour  lui  donner  le  grain  cristallin  par  recuis  à  35o°  ont  échoué,  le  métal  ayant 
été  altéré  par  cette  opération. 

»  2°  Les  lames  transparentes  de  fer,  placées  normalement  au  champ  d'un  électro- 
aimant de  RuhmkorfF,  permettent  de  constater  aisément  l'existence  du  pouvoir  rota- 
toire  magnétique:  une  variation  de  champ  égale  à  12260  unités  a  produit  une  rota- 
tion positive  égale  à  1°  18',  déduction  faite  de  la  rotation  due  à  la  lame  de  verre  qui 
sert  de  support. 

))  En  revanche,  je  n'ai  pas  encore  réussi  à  observer  sur  le  même  métal, 
placé  parallèlement  au  champ  magnétique,  l'existence  de  la  double  réfrac- 
tion signalée  par  Righi  ;  le  dispositif  employé  pour  cet  essai  était  celui  du 
polariscope  de  Bravais  à  teinte  sensible,  avec  interposition  d'une  lame 
demi-onde  sur  une  des  moitiés  du  champ.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Action  des  combinaisons  organomagnésieniies  mixtes 
sur  les  éthers  d'acides  cétoniques  (II).  Note  de  M.  Y.  Grigxard,  présentée 
par  M.  H.  Moissan. 

«  J'ai  montré  précédemment  (')  que  les  éthers  p-cétoniques  donnent, 
en  général,  avec  les  combinaisons  organomagnésiennes,  des  réactions  anor- 
males dans  lesquelles  se  manifeste  surtout  la  j)résence  de  la  forme  éno- 
lique.  Il  n'en  est  plus  de  même  avec  les  autres  éthers  cétoniques,  qui  sont 
susceptibles  de  réagir  normalement  par  leurs  deux  groupements  fonc- 
tionnels. Mais,  comme  on  pouvait  le  prévoir,   ces  deux  groupements  ne 


(')  Comptes  rendus,  t.  CXXXIV,  p.  8^9, 


628  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

présentent  pas  là  même  vitesse  de  réaction,  le  carbonyle  réagit  toujours 
avant  le  carboxyle,  si  bien  que  la  méthode  permet  d'obtenir  des  acides 
alcools  tertiaires  ou  des  glycols  bitertiaires,  suivant  que  l'on  fait  réagir  i™**' 
ou  3™°'  de  composé  organomagnésien  sur  1'"°'  d'éther  cétonique. 

))  Je  me  suis  occupé  surtout  de  la  synthèse  des  acides-alcools,  qui  pré- 
sentait le  plus  d'intérêt.  A  ce  point  de  vue,  il  fallait  éviter  à  chaque  instant 
la  présence  d'un  excès  du  composé  organométallique,  qui  n'aurait  pas 
manqué,  sans  doute,  de  réagir  sur  le  carboxalkyle,  et,  pour  cela,  il  était 
nécessaire  de  faire  tomber  peu  à  peu  le  composé  magnésien  dans  l'éther 
cétonique.  J'y  suis  arrivé,  sans  perte  ni  altération  de  la  combinaison  organo- 
métallique, en  transvasant  sa  solution  éthérée  au  moyen  d'un  siphon  de 
verre  à  robinet,  amorcé  avec  de  l'éther  anhydre. 

»  Mes  expériences  ont  porté  sur  le  pyruvate  d'isoamyle  ('),  le  phényl- 
glyoxylate  d'éthyle,  le  lévulate  d'éthyle  et  Facétylsuccinate  d'élhyle. 
Voici,  brièvement  (^),  les  résultats  obtenus  : 

»  I.  Éther  pyr unique,  —  1°  Avec  CH^Mgl,  l'a-oxyisobutyrale  d'isoamyle,  liquide 
incolore,  assez  mobile,  d'odeur  âpre,  peu  agréable,  qui  bout  à  i95°-i98°  sous  ySS'"'". 

d'i-^g^:  0,94o5,   /4^'*=:  I,4233o. 

»  2°  Avec  i-C^H^'MgBr,  l'acide  méthylisoamylglycolique,  insoluble  dans  la  ligroïne 
légère  et  cristallisant,  dans  l'alcool  à  25  pour  100,  en  fines  aiguilles  fusibles  à  'ji'^-'j'i^. 

»  3°  Avec  a-G*°H''MgBr,  l'acide  a-naphtylméthylglycolique,  insoluble  dans  la 
ligroïne  et  dans  le  benzène,  cristallise  dans  l'alcool  à  5o  pour  loo  en  buissons  de  fines 
aiguilles  qui  contiennent  -jH^O  et  fondent  à  i43°. 

»  Rendement  moyen  dans  ces  trois  expériences,  25  pour  100. 

»  IL  Phénylglyoxylate  d'éthyle.  —  1°  Avec  CH^Mgl,  l'atrolactate  d'éthyle, 
liquide  jaune-paille,  assez  mobile,  d'odeur  faible,  agréable,  qui  bout  à  i29°-i3o°  sous 
i3™'"età  258"-26o'' sous  ^52™™.  <ij,=:  1,100,  «i' =  1,50997.  Rendement,  60  pour  loo. 

»  L'acide  atrolactique  (phénylméthylglycolique),  qui  en  dérive  par  saponification 
barytique,  cristallise  dans  l'eau  en  lamelles  nacrées  qui  contiennent  yH^O  et  fondent 
régulièrement  à  67°-68°  et  non  à  gi'',  comme  l'ont  indiqué  Fillig  et  Wurster  (^),  puis 
Tiemann  et  Kohler  (^). 

»   2"  Avec  G^H^MgBr,  le  phényléthylglycolate  d'éthyle,  liquide  jaune-paille,  peu 


(  '  )  J'ai  choisi  cet  élher  pyruvique,  d'après  les  indications  de  Simon  (  Thèse  de  Paris, 
1895),  comme  étant  le  plus  facile  à  obtenir  dans  les  meilleures  conditions  de  pureté  et 
de  rendement. 

(-)  (^es  expériences  seront  publiées  en  détail  dans  les  Annales  de  Chimie  et  de 
Physique. 

(^)  Liebigs  Ann.,  1879,  p.  i54. 

('')  Berichie,  1S81,  p.  1980. 


SÉANCE  DU  20  OCTOBRE  I902.  629 

mobile,  d'odeur  forle,  peu  agréable,  qui  bout  à  i42°-i/i5°  sous  iS-"'".  Rendement, 
82  pour  100. 

»  L'acide  phényléthylglycolique,  insoluble  dans  la  ligroïne,  facilement  soluble  dans 
l'alcool  et  le  benzène,  cristallise  anhydre  dans  l'eau  en  aiguilles  fusibles  à  126°. 

».  III.  Lévulate  d'éthyle.  —  Je  n'ai  pu  isoler  dans  aucun  cas  l'élher  prévu  par  la 
théorie,  mais,  directement  ou  par  saponification,  la  lactone  qui  en  dérive  et,  en  même 
temps,  un  peu  du  glycol  biterliaire  correspondant: 

I 
»    1°    Avec  C^H'^MgBr,  la  méthyl-4  hexanolide-i-/i,     C^tP— C  —  GH^  -  GH-, 

0 -GO 

liquide  incolore,  mobile,  d'odeur  faiblement  élhérée,  qui  bout  à  io5°-io6°  sous  18™™. 
c?|3  7  =1 1  ,oo85;   «i='''^  =1 ,44320.   Rendement,  35  pour  100. 

,)  Le  glycol  ^[^^  Ng(OH)G^H*G(OH)<.^"^||'^  bouta  i38°-i4o°  sous  i4™™  et  cris- 
tallise dans  le  benzène  en  aiguilles  fusibles  à  61°.  Rendement,  63  pour  100,  en  le  pré- 
parant spécialement. 

«  2°  Avec  i-G^H'^MgBr,  la  diméthyl-4-7  octanolide-i-4,  liquide  incolore,  assez 
mobile,  d'odeur  forte,  qui  bout  à  i33°-i34°  sous  iS"^".  Rendement,  2,5  pour  100. 
t/|,-,  ,j  ==0,9566;  /«i^''-'  =  i  ,44964- 

))  Le  glycol  ,  /G(0H)G2IPG(0H)C  j,  liquide  extrêmement  visqueux, 

bout  à  2o5°-2o8°  sous  iS"""";  son  oxyde  G^^H^^O  est  peu  visqueux  et  bout  à  i75°-i78'^ 
sous  20™". 

»  3°  Avec  G^H^MgBr,  la  phényl-4  pentanolide-i-/i,  liquide  jaunâtre,  peu  mobile, 
qui  bout  à  i68°-i70"  sous  16'"".  Rendement,  3o  pour  100.  «ij^^ -- i ,  1 173  ; 
«/,''*  =  1,52996. 

»  On  obtient  en  même  temps  l'oxyde  du  glycol  correspondant 


GH-\  -G«IP 

"-  -.0  ^-^ 


liquide  très  visqueux  qui  bout  à  245°-25o''  sous  17™'". 

»  IV.  Acétylsuccinate  d'éthyle.  — -  On  sait  que  ce  composé  ne  présente  pas  les 
caractères  habituels  des  éthers  p-cétoniques  ;  on  pouvait  espérer  qu'il  en  serait  de 
même  ici  et  que,  en  présence  de  GH''MgI,  il  se  comporterait  comme  un  élher  y-céto- 
nique  et  fournirait  ainsi  un  procédé  commode  de  synthèse  de  l'acide  térébique.  Mal- 
heureusement, il  n'en  a  rien  été.  Quel  que  soit  le  mode  opératoire  employé,  on  obtient 
un  produit  cristallisé  très  abondant  qui,  par  l'aclion  de  l'eau,  régénère  la  presque 
totalité  de  l'éther  acétylsuccinique  employé.  Get  élher  a  donc  vraisemblablement 
réagi  sous  sa  forme  énolique.  On  peut  isoler  cependant  une  faible  portion  supérieure 
dont  la  saponification  fournit  une  minime  quantité  d'acide  térébique. 

))  Je  me  propose  de  montrer  ultérieurement  que  la   méthode  de  syu- 


63o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

thèse  d'acicles-alcools  tertiaires  que  je  viens  de  décrire  peut  être  complétée 
an  moyen  du  chlorure  d'éthyloxalyle,  qu'il  est  possible  de  faire  réagir  uni- 
quement par  sa  fonction  chlorure  d'acide.  )> 


CHIMIE  ORGANIQUE,  —  Sur  les  dérivés  de  l'éther  pyruvylpyruvique  (II). 
Bydrazones  stéréo-isomères.  Note  de  M.  L.-J.  Simox,  présentée  par  M.  H. 
Moissan. 

«   Les  actions  consécutives  de  l'aniline  et  de  l'acide  sulfurique  concentré 

sur  le  pyruvate  d'éthyle  m'ont  conduit  à  un  corps  auquel  j'ai  assigné  la 

formule 

CH^-  C       CO  -  CH^-CO-  CO'C'H^ 

11 

qui  en  fait  un  dérivé  phényliminé  de  l'éther  pyruvylpyruvique  (^Comptes 
rendus,  t.  CXXXIV,  1902,  p.  io63). 

»  Pour  contrôler  le  caractère  cétonique  de  cette  combinaison,  je  l'ai 
soumise  à  l'action  des  réactifs  caractéristiques  de  cette  fonction,  et  d'abord 
à  l'action  de  la  phénylhydrazine. 

))  I.  La  phénj'Ihydrazine  réagit  1res  facilement  sur  rélher  cétonique;  il  se  produit, 
en  quantités  très  inégales,  deux,  hydrazones  isomériques  qui  se  distinguent  parles  pro- 
priétés suivantes  : 

»  L'hydrazone  a,  qui  se  produit  presque  exclusivement,  fond  à  igS^-igô"  sans  altéra- 
tion apparente.  Elle  cristallise  en  petites  lames  hexagonales  ou  en  cristaux,  massifs, 
d'un  blanc  jaunâtre.  Elle  renferme  1™°^  d'eau  de  cristallisation  qu'elle  perd  à  iio"  et 
qu'elle  reprend  par  refroidissement  à  Tair  humide. 

»  L'autre  combinaison,  l'hydrazone  p,  se  produit  en  quantité  très  minime.  Elle  fond 
à  [33°  sans  décomposition  et  cristallise  en  fines  aiguilles  jaune  d'or  toujours  anhydres, 

»  Les  deux,  corps  sont  insolubles  dans  l'eau,  dans  la  potasse  aqueuse  et  dans  l'acide 
chlorhydrique  concentré.  Dans  les  solvants  organiques,  alcool  ou  acétone,  ils  sont  tous 
deux  solubles,  mais  l'hydrazone  (3  l'est  davantage  et  elle  a  été  rencontrée  dans  les  eaux 
mères  de  cristallisation  de  la  première. 

»  Passage  de  l'isomère  a  à  l'isomère  p.  —  Lorsqu'on  chauffe  l'hydrazone  a  à  iio", 
elle  perd  i"""^  d'eau,  mais  sans  se  modifier,  puisqu'elle  la  reprend  spontanément  après 
refroidissement.  Si  on  la  maintient  pendant  quelque  temps  à  une  température  supé- 
rieure à  sa  température  de  fusion,  à  200°  par  exemple,  on  n'obtient  plus,  après  refroi- 
dissement et  cristallisation  dans  l'alcool,  qu'un  mélange  des  deux  isomères  où  domine 
la  for/ne  f>. 

»  Cette  transformation  se  produite  une  température  inférieure  à  la  température  de 
fusion.  Dans  une  étuve  à  vapeur  d'aniline,  l'hydrazone  a  ne  tarde  pas  à  se  fluidifier, 
ce  qui  est  l'indice  d'une  transformation  que  l'on  prouve  en  isolant  l'hydrazone  j3. 


SÉANCE  DU  20  OCTOBRE  I902.  63 1 

»  Celte  isomérisation  se  trahit  d'ailleurs  déjà  par  des  irrégularités  dans  la  tempéra- 
ture de  fusion,  suivant  la  rapidité  avec  laquelle  on  élève  la  température  pour  la  déter- 
miner. On  sait  que  les  osazones  des  sucres  se  comportent  de  même  et  vraisemblable- 
ment pour  une  cause  du  même  ordre. 

»  Passage  de  l'isomère  p  à  l'isomère  a.  —  On  peut  également  passer  de  la  forme  p 
à  la  forme  a.  Il  suffit  pour  cela  de  la  soumettre  en  solution  alcoolique  à  l'action  du  gaz 
chlorhydrique.  Un  second  procédé  consiste  à  saponifier  par  la  potasse  alcoolique  la 
fonction  éther  de  l'hydrazone  [3.  Elle  fournit  alors  un  acide  qui  parait  identique  à  celui 
que  l'on  obtient  en  effectuant  sur  son  isomère  la  même  opération.  Ces  deux  acides 
cristallisent  en  fines  aiguilles  jaune  clair,  se  décomposant  à  i5i"-i52°  en  se  boursou- 
flant, et,  par  éthérijîcation,  ils  régénèrent  tous  deux  l'hydrazone  a  à  point  de 
fusion  élevé.  S'il  y  avait  un  léger  doute,  il  porterait  sur  leur  teneur  respective  en 
eau  de  cristallisation. 

))  La  production  simultanée  des  deux  Iiydrazones  et  leur  transformation  mutuelle 
constituent  bien  les  caractères  d' une  isomérie  stéréochimique .  —  Cet  exemple  est  à 
rapprocher  de  celui  que  j'ai  déjà  signalé  antérieurement  (  Cow/>^e9 /"e/if/f/^,  t.  CXXXI, 
1900,  p.  682). 

1)  II.  Action  de  l'acide  sulfurique  concentré.  —  J'ai  été  amené  à  étudier  l'action 
de  l'acide  sulfurique  sur  ces  hydrazones  par  l'espoir  d'enlever  ainsi  le  dernier  reste 
phényliminé  ■ — AzC^H^  et  d'obtenir  la  monohydrazone  de  l'éther  pyruvylpyruvique, 
mais  je  n'ai  pas  atteint  le  but  désiré. 

»  L'acide  sulfurique  concentré  dissout  à  froid  les  deux  hydrazones  en  prenant  une 
série  de  colorations  successives  :  rouge  orangé,  verte  et  finalement  bleue.  Cette  colo- 
ration est  due  à  la  formation  d'un  corps  qu'on  peut  isoler  en  précipitant  sur  de  la  glace 
la  solution  sulfurique.  Ce  corps  se  présente  sous  forme  d'une  masse  blanc  sale  peu 
accessible  à  l'étude.  Sa  solution  alcoolique  l'abandonne  sous  forme  d'écaillés  jaunâtres 
qui  se  présentent,  lorsqu'on  les  examine  au  microscope,  avec  l'aspect  amorphe  d'un 
assemblage  cellulaire. 

»  Cette  réaction  colorée  appartient  également  à  l'acide  qui  résulte  de  la  saponifica- 
tion des  deux  hydrazones  stéréo-isomères.  Elle  est  très  sensible  et  rappelle  (quoique 
moins  fugace)  la  réaction  de  Bulow^  relative  à  l'action  de  l'acide  sulfurique  sur  les 
produits  d'oxydation  des  osazones  et  des  hydrazones. 

»  III.  J'ai  répété  la  réaction  de  la  phénylhydrazine  sur  un  autre  éther  pyi'uvylpy- 
ruvique  substitué  CH^^  —  C  —  CO  —  CH-—  CO  —  CO^C-H^  et  i'ai  obtenu  des  résul- 

Az  — C«l^— CH' 
tats  tout  à  fait  semblables. 

»  L'hydrazone  a  fond  à  i75°-i76°  et  cristallise  avec  1™°'  d'eau  de  cristallisation 
qu'elle  perd  à  1 10°  et  qu'elle  reprend  spontanément  à  l'air  humide  par  refroidissement. 

»  L'hydrazone  [3  résulte  de  l'action  de  la  chaleur  sur  la  première;  elle  est  plus  so- 
luble  que  celle-ci  dans  les  solvants  et  fonda  une  température  inférieure,  117°-!  18°.  La 
différence  est  à  peu  près  la  même  pour  les  deux  couples  de  stéréo-isomères.  Enfin,  les 
deux  modifications  se  dissolvent  dans  l'acide  sulfurique  concentré  en  lui  communi- 
quant la  même  série  de  teintes  et  finalement  la  même  coloration  bleue  caractéris- 
tique. » 


632  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


BIOLOGIE.  —  Germination  des  spores  de  Sterigmatocystis  nigra  dans  la 
trachée  de  quelques  oiseaux.  Note  de  M.  Pierre  Lesage^  présentée  par 
M.  Gaston  Bonnier. 

«  Dans  ma  thèse  de  Médecine  (^),  j'ai  envisagé  les  causes  qui  peuvent 
avoir  quelque  influence  sur  la  germination  des  spores  amenées  dans  la 
cavité  respiratoire  de  l'homme  et  j'ai  émis  l'hypothèse  que  l'hygrométrie 
de  cette  cavité  était  l'une  de  ces  causes. 

»  J'ai  été  amené  à  cette  hypothèse  par  des  considérations  théoriques  et 
par  des  expériences  qui  sont  discutées  dans  cette  thèse.  Ne  pouvant  la 
vérifier  rigoureusement  sur  l'homme  lui-même,  j'ai  cherché  une  vérification 
en  me  rapprochant  le  plus  possible  des  conditions  réalisées  chez  lui. 

»  C'est  ainsi  que,  par  comparaison  avec  l'alternance  des  courants  d'air 
d'expiration  et  d'inspiration,  j'ai  cherché  l'action  de  l'alternance  de  deux 
courants  d'air,  l'un  relativement  sec,  l'autre  très  humide,  sur  la  germination 
des  spores  de  Pénicillium  (  -).  Cette  germination  est  sous  la  dépendance  de 
la  durée  relative  de  chaque  courant  et  de  la  tension  de  la  vapeur  d'eau  dans 
le  courant  d'air  relativement  sec. 

))  Ces  expériences  étaient  faites  avec  des  spores  semées  sur  goutte  de 
gélose  fixée  à  la  paroi  interne  d'un  tube  de  verre.  Dans  d'autres  expé- 
riences (^),  j'ai  fait  agir  les  deux  courants  sur  des  spores  semées  sur  goutte 
de  gélose  nageant,  à  l'aide  d'une  lamelle  de  mica,  sur  une  petite  nappe  d'eau 
contenue  dans  un  renflement  du  tube  de  verre.  La  germination  est  restée 
sous  la  dépendance  de  la  vitesse  relative  et  de  l'hygrométrie  de  ces  courants. 

»  Par  conséquent,  même  sur  l'eau,  cette  germination  dépend  des  varia- 
tions de  la  tension  de  la  vapeur  d'eau  dans  le  courant  d'air  relativement  sec. 

»  Depuis,  j'ai  cherché  à  vérifier  cette  dépendance  sur  le  vivant,  en  pla- 
çant des  spores  de  Sterigmatocystis  nigra  dans  la  cavité  respiratoire  de  deux 
animaux  comparables  maintenus,  l'un  dans  l'air  sec,  l'autre  dans  l'air 
humide. 

»  J'ai  semé  les  spores  sur  goutte  de  gélose  encastrée  dans  une  mince 
cuvette  de   fer  ou  d'aluminium  que  j'ai  fixée  à  la  paroi  interne  de  la 


(^)  Pierre  Lesage,  TIvèse  de  la  Faculté  de  Médecine  de  Paris,  1899. 

(-)  Pierre  Lesage,  Comptes  rendus  de  V Assoc.  franc,  pour  l'av.  des  se,  1901. 

(^)  Pierre  Lesage,  Comptes  rendus,  1901, 


SÉANCE    DU    20    OCTOBRE    190-2.  633 

trachée  ouverte  à  la  hauteur  voulue;  ensuite,  j'ai  suturé  trachée  et  plaie 
à  la  manière  ordinaire.  La  trachéotomie  a  été  pratiquée  ainsi  sans  incon- 
vénients chez  plusieurs  oies  et  canards. 

M  Voici,  pour  quatre  canards,  des  résultats  qui  suffiront  à  la  vérification 
cherchée,  et  dans  lesquels  on  se  rend  compte  de  la  vitesse  relative  de  la 
germination  par  la  longueur  des  filaments  mycéliens  au  moment  de  l'obser- 
vation. 

)>  Dans  l'air  extérieur,  la  température  a  oscillé  un  peu  autour  de  20°, 
l'état  hygrométrique  autour  de  o,45  (air  sec)  et  autour  de  0,90  (air  hu- 
mide). 

»  Première  série.  —  Canard  n°  5  (air  sec),  ii4^;  canard  n"  6  (air  hu- 
mide), 143'*;  culture  témoin  à  39°,  5  et  dans  l'air  saturé,  210^^. 

»  Seconde  série,  —  Canard  n**  8  (air  sec),  19'^;  canard  11°  7  (air  hu- 
mide), 44"^;  culture  témoin  à  39*^,5  et  dans  l'air  saturé,  11 7^^. 

»  Par  conséquent,  même  dans  la  trachée,  la  germination  des  spores  est 
bien  sous  la  dépendance  des  variations  hygrométriques  de  l'air  extérieur 
inspiré. 

))  On  pourra  m'objecter  que  je  ne  suis  pas  encore  absolument  dans  les 
conditions  normales,  puisque  les  spores  sont  sur  de  la  gélose  et  non  sur  la 
paroi  vivante.  Mais  l'objection  est  sans  importance,  car  je  cherche  autre 
chose  que  l'action  de  la  paroi.  Dans  l'étude  des  causes  complexes  qui  inter- 
viennent ici,  je  dois  nécessairement  me  limiter  et  je  me  croirai  satisfait  si, 
considérant  particulièrement  l'une  d'elles,  je  puis  arriver  à  l'isoler  suffi- 
samment pour  mettre  son  influence  en  lumière.  C'est  ce  que  je  crois  avoir 
réalisé  avec  mes  cuvettes  de  gélose  en  ce  qui  concerne  l'hygrométrie  des 
voies  respiratoires.  D'ailleurs,  je  pourrais  rappeler  certaines  expériences 
telles  que  la  suivante.  Quelque  temps  après  avoir  insufflé  des  spores  dans 
les  bronches  de  deux  pigeons,  j'ai  retrouvé  plusieurs  de  ces  spores  germées 
avec  des  filaments  de  :  pigeon  n''  15  (air  sec),  i\^\  pigeon  n'^  16  (air  hu- 
mide), [\&-.  Mais,  bien  que  concordant  avec  ceux  qui  précèdent,  je  ne  puis 
signaler  ces  résultats  qu'avec  réserve,  car  les  spores  ont  pu  subir  des 
déplacements  avant,  pendant,  après  la  germination  et  dans  l'extraction  de 
l'appareil  respiratoire. 

))  Enfin,  un  autre  point  intéressant  m'a  été  fourni  par  l'oie  n°  5.  Deux 
cuvettes  de  gélose  ensemencées  avaient  été  fixées,  l'une  en  haut,  l'autre  en 
bas,  en  avant  du  bréchet  et  à  une  distance  de  3o'='"  de  la  première.  Après 
une  durée  de  i&[\^'^,  j'ai  mesuré  les  filaments  mycéliens  et  obtenu  les 

C.  R.,  igoa,  a»  Semestre.  (T.  CXXXV,  N->  16.)  ^4 


634  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

chiffres  suivants  :  en  haut  de  la  trachée,  i  lo!^;  en  bas,  146^^;  culture  témoin 
à  39*',5  et  dans  l'air  saturé,  223^^. 

»  Il  ressort  de  tous  ces  faits  que  la  germination  des  spores  de  Sterigma- 
tocystis  nigra  placées  dans  les  parties  antérieures  des  voies  respiratoires  de 
quelques  oiseaux  se  fait  plus  lentement  que  dans  les  cultures  placées  à  la 
même  température  et  dans  l'air  saturé;  qu'elle  dépend  de  la  tension  de  la 
vapeur  d'eau  dans  l'air  extérieur  et,  pour  une  même  tension,  de  la  pro- 
fondeur à  laquelle  ces  spores  sont  placées  dans  ces  voies. 

»  Au  total,  qu'elles  soient  provoquées  par  les  modifications  de  Tair 
extérieur  ou  par  la  profondeur  des  points  considérés,  les  variations  hygro- 
métriques de  la  cavité  respiratoire  de  ces  oiseaux  sont  suffisantes  pour 
déterminer  des  variations  appréciables  dans  la  germination  des  spores  de 
Sterigmatocystis  nigra  placées  dans  les  régions  voisines  de  l'entrée. 

»  Il  me  suffît,  pour  le  moment,  d'avoir  établi  cette  notion  générale 
d'hygrométrie  pour  un  système  de  tubes  inertes  et  pour  le  système  des 
voies  respiratoires  vivantes.  Il  y  a  là  quelque  chose  dont  il  faudra  tenir 
compte  dans  l'étude  des  mycoses  de  l'appareil  respiratoire,  que  ces  my- 
coses soient  primitives  ou  secondaires.  » 


PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Expériences  sur  la  germination  des  grains  de 
pollen  en  présence  des  stigmates.  Note  de  M.  Pierre-Paul  Richer,  pré- 
sentée par  M.  Gaston  Bonnier. 

«  On  peut  faire  germer  artificiellement  des  grains  de  pollen,  d'une  espèce 
déterminée,  dans  de  l'eau  légèrement  sucrée,  ou  même  assez  souvent  dans 
l'eau  pure,  sans  qu'ils  soient  en  présence  d'aucun  stigmate  ;  or,  très  sou- 
vent ces  mêmes  grains  de  pollen,  mis  dans  l'eau  en  présence  du  stigmate 
d'une  plante  d'une  autre  espèce,  ne  germent  pas,  bien  qu'ils  soient  alors 
en  contact  avec  les  substances  nutritives  émises  par  ce  stigmate  étranger. 
On  peut  se  demander  si  le  stigmate  d'une  espèce  donnée  ne  contient  pas 
des  substances  qui  entravent  la  germination  d'un  pollen  étranger. 

»  En  appliquant  la  méthode  de  culture  inaugurée  par  M.  Van  Tie- 
ghem('),  dans  ses  recherches  sur  le  pollen,  on  a  pu  constater  que  les 
pollens  d'un  certain  nombre  d'espèces,  ne  germant  pas  dans  l'eau  pure, 
pouvaient  germer  en  dehors  du  stigmate  dans  des  solutions  nutritives  fai- 

(')  Van  Tieguem^  Annales  des  Sciences  naturelles  :  Bot.,  5"  série,  t.  XII,  1871. 


SÉANCE    DU   20   OCTOBRE    1902.  635 

blement  sucrées.  Je  me  suis  proposé  de  rechercher  dans  des  cultures 
artificielles  de  pollen  quelle  peut  être  l'influence  d'un  stigmate  sur  la 
germination  des  grains  de  pollen  de  la  même  espèce  ou  d'une  autre  espèce  ; 
je  vais  résumer  dans  cette  Note  le  résultat  de  ces  recherches,  entreprises 
au  laboratoire  de  Biologie  végétale  de  Fontainebleau. 

))  On  admet  ordinairement  que,  si  le  pollen  d'une  plante  germe  rapidement  sur  le 
stigmate  de  la  même  plante,  c'est  parce  qu'il  y  trouve  des  substances  nutritives 
appropriées. 

))  M.  Molisch  (*)  a  montré,  en  effet,  que  le  pollen  d'Azalée,  qui  ne  germe  pas  dans 
une  goutte  d'eau  pure,  germe  si  l'on  met  dans  cette  goutte  un  stigmate  d'Azalée. 

»  En  répétant  cette  expérience  sur  un  certain  nombre  de  pollens,  pris  parmi  ceux, 
qui  ne  germent  ordinairement  pas  dans  l'eau,  mais  qui  germent  dans  une  solution 
faible  de  glucose,  j'ai  pu  constater  que,  chez  quelques-uns  d'entre  eux,  il  suffit 
d'ajouter  un  fragment  de  la  calotte  supérieure  du  stigmate  à  la  goutte  d'eau  pour 
provoquer  immédiatement  la  germination  du  pollen. 

»  Les  pollens  de  Navcissus  Tazetta,  Olivia  nobilis,  Scilla  nutans,  Polygonatiim 
multiflorum,  qui  germent  mal  dans  l'eau  distillée,  les  pollens  de  Verbacum  Thapsus, 
V.  Jloccosum,  Rhododendron  ponticum,  Linaria  vulgaris,  Anthirrinuin  majus, 
qui  germent  encore  plus  rarement  dans  l'eau,  y  poussent  très  rapidement  de  longs 
tubes  en  présence  d'un  stigmate  de  la  même  espèce. 

»  Ces  quelques  exemples  prouvent  bien  qu'il  existe,  sur  le  stigmate,  des 
substances  spéciales  qui,  en  passant  dans  la  goutte  de  culture,  déter- 
minent l'émission  rapide  du  tube  poUinique. 

»  Il  était  intéressant  de  voir  ce  qui  arriverait  si  l'on  ajoutait  à  la  goutte 
d'eau  un  stigmate  autre  que  celui  de  l'espèce  considérée.  M.  W.  Burck(-), 
en  opérant  sur  un  certain  nombre  de  plantes  tropicales,  a  pu  constater 
divers  cas  (Mussœnda,  Paçetia)  dans  lesquels  un  pollen  germait  avec  des 
stigmates  d'autres  espèces  du  même  genre,  et  ne  germait  pas  avec  des 
stigmates  d'autres  genres. 

»  J'ai  pu  moi-même  observer  que  le  pollen  de  Scilla  nutans  germe  aussi  bien  en 
présence  du  stigmate  de  Scilla  campanulata  qu'en  présence  de  son  stigmate  propre; 
que  le  pollen  àe  Rhododendron  ponticum  germe  facilement  en  présence  des  stigmates 
de  Kalmia  augustifolia,  Erica  cinerea;  que  les  pollens  de  Verbascum  Thapsus, 
V.Jloccosum,  V.Lychnitis  germent  aussi  bien  en  présence  de  leurs  stigmates  intervertis 
qu'en  présence  de  leurs  stigmates  propres,  —  ce  qui  est  d'accord  avec   la   fréquente 


(*)  H.  MoLiscn,  Zur  Physiologie  des  Pollens  {Sitzungsber.  der  math,  natunv. 
Classe  der  Akademie  der  Wissensch.  Wien,  Ed.  Cil,  Abth.  I,  1898 ). 

(2)  D*"  W.  BuRCK,  Preservatives  on  the  stigma  against  the  germination  of  fo- 
reign pollen  {Acad.  des  Se.  d'Amsterdam,  24  octobre  1900,  et  suite,  28  octobre  1901). 


636  ACADÉMIE    DES  SCIENCES. 

hybridation  naturelle  des  espèces  de  Verbascum;  —  que  le  pollen  de  Linaria  viilga- 
ris  germe  très  bien  avec  les  stigmates  â'Anthirrinum  înajiis,  Verbascum  Thapsus, 
médiocrement  avec  les  stigmates  de  Linaria  spuria,  B/iinant/ius  Crista-Galli, 
Viola  tricolor,  Con^'oh-iilus  sepiiim,  moins  bien  encore  ou  pas  du  tout  avec  les 
stigmates  de  Sinapis  arvensia,  Lychnia  dioica,  Solanum  jiigrum,  Campajiula 
Bapunculiis,  Odontites  rubra;  enfin  que  le  pollen  à'Ânthirrinum  ma/us  germe  en 
présence  d'un  stigmate  de  Linaria  vulgaris,  et  ne  germe  pas  à  côté  d'un  stigmate  de 
ConvolrnliiS  arvensis. 

))  Dans  les  cas  où  la  présence  d'un  stigmate  étranger  empêche  complète- 
ment des  grains  de  pollen  de  germer,  ces  grains  ne  perdent  pas  pour  cela 
leur  pouvoir  germinatif. 

»  En  effet,  le  pollen  de  Linaria  vulgaris  mis  en  présence  des  stigmates  de  Sinapis 
ou  de  Lychnis  ne  germe  pas  dans  ces  conditions  ;  mais  si  l'on  substitue,  dans  les  gouttes 
de  culture,  aux  stigmates  de  ces  deux  plantes  des  stigmates  de  Linaria  vulgaris,  on 
constate  que  ces  grains  germent  et  produisent  des  tubes  aussi  longs  que  dans  l'expé- 
rience directe.  Donc  les  stigmates  étrangers  ne  permettaient  pas  au  pollen  de  germer, 
mais  n'altéraient  en  rien  son  pouvoir  germinatif. 

»  Le  fait  que  la  germination  est  difficile  ou  même  impossible,  quand  on 
rapproche  des  plantes  de  familles  différentes,  explique  pourquoi  l'hybrida- 
tion est  impossible  entre  plantes  éloignées.  J'ai  cependant  pu  observer 
quelques  cas  particulièrement  intéressants,  où  une  germination  facile  s'est 
produite  :  ainsi  le  pollen  de  Rhododendron  ponticum  germe  très  bien  en  pré- 
sence du  stigmate  de  Tradescantia  inrginica,  le  pollen  de  Linaria  vulgaris 
en  présence  du  stigmate  à'OEnothera  hiennis,  etc.  Pour  ces  cas  particuliers, 
je  me  propose  de  rechercher,  par  des  expériences  directes,  quelles  sont 
les  autres  causes  qui,  dans  les  conditions  naturelles,  pourraient  empêcher 
le  pollen  de  germer  sur  le  stigmate  d'une  plante  étrangère. 

))  En  ne  tenant  pas  compte  de  ces  exceptions,  on  peut  déduire  de  ce  qui 
précède  les  conclusions  suivantes.  Le  pollen  d'un  certain  nombre  d'espèces, 
qui  ne  germe  pas  dans  l'eau  pure,  germe  si  l'on  ajoute  à  l'eau  un  stigmate 
de  la  même  espèce,  ou  celui  d'une  espèce  voisine.  Il  germe  beaucoup  moins 
bien,  ou  même  pas  du  tout,  en  présence  du  stigmate  d'une  plante  très  diffé- 
rente. Il  y  aurait  donc,  dans  le  stigmate,  des  substances  assez  spécialisées 
pour  provoquer  la  germination  du  pollen  de  la  plante  et  entraver  celle 
d'un  pollen  étranger.  » 

M.  RAPiiAiiL  Dubois  adresse  une  Note  «  Sur  le  mécanisme  intime  de  la 
fonction  photogénique;  réponse  à  M.  James  Dewar  -». 

(Commissaires  :  MM.  Lippmann,  Giard,  Delage.) 


SÉANCE    DU    20   OCTOBRE    1902.  63? 

M.  Max  Wolf  adresse  une  Note  relative  à  des  «  photographies  stéréo- 
scopiques  de  la  comète  Perrine-Borrelly  ». 

(Commissaires  :  MM.  Wolf,  Jaiissen.) 

M.  Fraichet  adresse,  de  Saint-Etienne,  le  résumé  d'un  travail  «  Sur  la 
variation  de  résistance  magnétique  d'un  barreau  de  traction  ». 

(Commissaires  :  MM.  Sebert,  Mascart.) 

M.  Ed.  Eldin  adresse  une  Note  relative  aux  causes  de  la  catastrophe 
survenue  à  l'aérostat  «  Le  Bradsky  ». 

(Renvoi  à  la  Commission  des  aérostats.) 
A  4  heures  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  4  heures  et  demie. 

M.  B. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  6  octobre  1902. 

Atlas  photographique  de  la  Lune,  publié  par  V Observatoire  de  Paris,  exécuté 
par  M.  M.  Lcewy,  Directeur  de  l'Observatoire,  et  M.  P.  Puiskux;  6=  fascicule, 
planches  XXX  à  XXXV.  Paris,  Imprimerie  nationale,  190a;  texte,  1  fasc.  in-4°,  et 
atlas,  I  fasc.  in-f". 

Cours  de  Mécanique  de  la  Faculté  des  Sciences.  Traité  de  Mécanique  rationnelle, 
par  Paul  Appell,  Membre  de  l'Institut;  t.  III  :  Equilibre  et  mouvement  des  milieux 
continus;  fasc.  2  et  3.  Paris,  Gauthier-Villars,  1900-1903;  2  fasc.  in-8°.  (Hommage 
de  l'auteur.) 

Matériaux  pour  la  minéralogie  de  Madagascar  :  Les  roches  alcalines  caractérisant 
la  province  pétrographique  d' Ampasindava,  par  M.  A.  Lacroix;  i*'  fasc.  (Extr. 
des  Nouvelles  Archives  du  Muséum  d'Histoire  naturelle,  4^  série,  IV.)  Paris, 
Masson  et  C'^,  s.  d.;  i  fasc.  in-^".  (Présenté  par  M.  Michel  Lévy.  Hommage  de 
l'auteur.) 

Chirurgie  antique.  Le  spéculum  de  la  matrice  à  travers  les  âges,  par  le  D'"  V. 


638  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

Deneffe.  Paris,  J.-B.  Baillîère  et  fils;  Anvers,  H.  Caals;  1902;  i  vol.  in-S".  (Hommage 
de  l'auteur.) 

Invention.  Tonneaux  en  liège,  par  René  Mounaud.  Guelma,  Cyprien  Nataf,  1902; 
I  fasc,  in-i2.  (Hommage  de  l'auteur.) 

Bulletin  officiel  de  la  propriété  industrielle  et  commerciale  :  Table  des  brevets 
d'invention  et  des  certificats  d'addition,  année  1901.  Paris,  1902;  i  fasc.  in-4''. 

Les  Fêtes,  publication  mensuelle,  Directeur  :  C.-C,  Calderon;  n"  1,  octobre  1902, 
4*^  année.  Paris,  i  feuille  in-4°. 

Œuvres  complètes  de  J.-C.  Galissard  de  Marignac;  t.  I  :  Notice  biograpJnque; 
travaux  divers.  i84o-i86o;  publiées  hors  série  sous  les  auspices  de  la  Société  de 
Physique  et  d'Histoire  naturelle  de  Genève,  par  E.  Abor.  Genève,  Ch.  Eggimann 
et  G'";  Paris,  Masson  et  C'*;  Berlin,  Friediander  et  fils.  (Hommage  de  la  famille  de 
Marignac.) 

PJiilosophical  transactions  of  the  Royal  Society  of  London;  séries  A,  vol.  197,  198  ; 
séries  B,  vol.  19i.  Londres,  Harrison  et  fils,  1901-1902;  3  vol.  in-4°. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  i3  octobre  1902. 

M.  E.  Picard  présente  en  hommage  à  l'Académie,  au  nom  de  M.  Arthur  Korn,  les 
cinq  Ouvrages  suivants  : 

Abhandlung  iiber  Dynamik,  von  D'Alembert,  de  l'Académie  royale  des  Sciences, 
1743;  iibersetzt  und  herausgegeben  von  Arthur  Korn,  mit4Tafeln.  Leipzig,  Wilhelm 
Engelmann,  1899;  i  fasc.  in-i8. 

Lehrbuch  der  Potentialtheorie  :  L  Allgemeine  Théorie  des  Potentlals  und  der 
Potenlialfunktionen  imRaume;  H.  Allgenneine  Théorie  des  logarithmischen  Potentials 
und  der  Potentialfunktionen  in  der  Ebene,  von  D""  Arthur  Korn.  Berlin,  Perd. 
Diimmler,  1899-1900;  2  vol.  in-8°. 

Funf  Abhandlungen  zur  Potentialtheorie,  von  D""  Arthur  Korn.  Berlin,  Ferd. 
Diimmler,  1902;  i  vol.  in-8''. 

Eine  Théorie  der  Gravitation  undder  elektrischen  Erscheinungenauf  Grundlage 
der  Hydrodynamik,  von  D""  Arthur  Korn.  Berlin,  Ferd.  Diimmler,  1898;  i  vol. 
in-8°. 

Eine  niechanische  Théorie  der  Reibung  in  kontinuierlichen  Massensystemen, 
von  D""  Arthur  Korn.  Berlin,  1901  ;  i  vol.  in-8°. 

Instructions  pour  se  servir  de  la  machine  à  calculer  perfectionnée  de  Tate. 
Londres,  C.  et  E.  Layton,  s.  d.;  i  fasc.  in-12. 

Account  of  détermination  of  the  coefficients  of  expansion  of  the  wires  of  làderin 
base-Une  apparatus,  by  G.-P.  LenoxConyngham.  (Survey  of  India.  Professional  paper, 
n"  2  of  1902.)  Dehra  Dun,  1902;  i  fasc.  in-4''. 

Bestimmung  der  Polhohe  und  der  Intensitdt  der  Schwerkraft  in  der  Nàhe  der 
des  Berliner  Meridians,  von  Arkona  bis  Elsterwerda,  sovcie  auf  einigen  anderen 
Stationen  nebst  Aziniutmessurigen  auf  drei  Stationen;  mit  zwei  Tafeln.  (Ver- 
offentlich.  der  kônigl.  Preus.  Geodatischen  Institutes;  neue  Folge,  n"  9.)  Berlin, 
P.  Stankiewicz,  1902;  i  vol.  in-S*". 


SÉANCE  DU  20  OCTOBRE  1902.  689 

Six  thèses  sur  divers  sujets  adressées  par  l'Université  de  Pensylvanie.  Philadelphie, 
1901-1902;  5  fasc.  in-8°. 

Royal  Institution  of  Great  Britain.  List  of  the  Members,  officers,  and  prof  essors, 
1902.  Londres;  i  fasc.  in-S". 

University  of  Pennsylvania.  Contributions  from  the  Zoôlogical  Laboratory, 
1901.  Boston,  Mass.,  Ginn  et  C'*,  1902;  i  vol.  in-S". 

Miscellaneous  scientific  papers  of  the  Allegheny  Obserçatory ;  new  séries,  n°»  5-7. 
Lancaster,  Fa.,  s.  d.;  3  fasc.  in-8°. 

Anales  del  Museo  nacional  de  Montevideo,  pub.  bajo  la  dir.  del  Prof.  I.  Arecha- 
valeta;  t.  IV,  p.  1,  p.  1-28.  Montevideo,  1902;  i  fasc.  in-4°. 

Boletin  de  la  Academia  nacional  de  Ciencias  en  Cordoba  (Republica  Argentina); 
t.  XVII,  entr^  1».  Buenos-Ayres,  1902;  i  fasc.  in-8°. 

Bulletin  of  the  Muséum  of  comparative  Zoology  at  Harvard  Collège;  vol.  XLI, 
n*  1.  Cambridge,  Mass.,  1902;  i  vol.  in-8°. 

Sitzungsberichteder  kais.  Akad.  der  Wissenschaften.  Math.-nat.  Classe;  Bd.  CX, 
Abtheilung  I,  Heft  V-VII  ;  Abih.  11«,  H.  VIII-X;  Abth.  I^,  H.  VIII  u.  XI;  Abth.  III, 
H.  I-X.  Vienne,  J9Ô1  ;  6  fasc.  in-8°. 

Denkschriften  der  kaiserlichen  Akademie  der  Wissenschaften.  Mathematisch- 
naturwissenschaftliche  Classe;  Bd.  LXX.  Vienne,  1901;  i  vol.  in-4°. 

The  American  Ephemeris  and  Nautical  Almanac,  for  the  years  i855-i857, 
1859-1864,  1888.  Washington,  1852-1879;  10  vol.  in-4°. 

Astronomical  Papers,  prepared  for  the  use  of  the  American  Ephemeris  and 
Nautical  Almanac ;\o\.  y,  parts  1  and  2;  Vol.  VI,  parts  1-3;  Vol.  VII,  part  1; 
Vol.  VIII.  Washington,  1894-1898;  5  fasc.  et  i  vol.  in-4°. 

U.  S.  Geological  Survey.  Minerai  resources  of  the  United  States,  calendar  year 
1900.  Washington,  1901  ;  i  vol.  in-8°. 

Bulletin  of  the  United  States  Geological  Survey  ;  n°'  177-190,  192  and  193,  194. 
Washington,  1901-1902;  6  vol.  et  9  fasc.  in-S". 

Annals  of  the  Astronomical  Observatory  of  Harvard  Collège,  Edward-C. 
PiCKERiNG,  Director;  Vol.  XXXVIII ;  Vol.  XLI,  n°'  8,  9.  Cambridge,  Mass.,  1902; 
1  vol.  et  2  fasc.  in-4°. 

Proceedings  of  the  American  philosophical  Society  ;  Vol.  XLI,  n"  169.  Phila- 
delphie, 1902;  I  fasc.  in-8°. 

Proceedings  of  the  Academy  of  natural  Sciences  of  Philadelphia;  Vol.  LIV, 
part  1.  Philadelphie,  1902  ;  i  fasc.  in-8°. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  20  octobre  1902. 

Recherches paléontologiques  de  M.  André  Tournouër  en  Patagonie,  par  M.  Albert 
Gaudry.  Autun,  imp.  Dejussieu,  1902;  i  fasc.  in-8<^.  (Hommage  de  l'auteur.) 

Observations  sur  quelques  plantes  fossiles  des  Lower  Gondwanas,  par  R.  Zeiller, 
Membre  de  l'Institut.  (  Memoirs  of  the  Geological  Survey  of  India,  Palœontologia 
Indica.  New  séries  ;  vol.  II.  Planches  I  to  VIL  )  Calcutta,  1902  ;  i  fasc.  in-4°.  (Hommage 
de  l'auteur.) 


64o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Théorie  des  moLeurs  à  gaz  :  Conférences  faites  à  rAutomobile-Club  de  France, 
par  George  Moreau.  Paris,  Ch.  Béranger,  1902;  i  vol.  in-8°.  (Présenté  par  M.  Haton 
de  la  Goupillière.  Hommage  de  Tauteur.) 

Société  de  Secours  des  Amis  des  Sciences,  fondée  par  L.-J.  Tuénard.  Compte  rendu 
du  quarante-deuxième  exercice.  Séance  publique  annuelle,  tenue  le  3o  mai  1902, 
dans  ramphilhéàtre  Richelieu,  à  la  Sorbonne.  Paris,  Gauthier-Villars,  1902;  i  vol. 
in-8°. 

Des  sources  naturelles  de  la  Musique,  recherches  et  déductions  dans  la  théorie 
musicale  et  les  harmoniques,  par  G.  Paillard-Fernel.  Paris,  Fischbacher,  igoS; 
I  vol.  in-8°.  (Hommage  de  l'auteur.) 

De  l'introduction  et  de  la  culture  du  maïs  dans  le  midi  de  la  France,  par  Alfred 
Caraven-Cachin.  Paris,  Masson  et  C'^,  J.-B.  Baillière  et  fils,  1902;  i  fasc.  in-8°. 

Catalog  der  in  Norwegen  bis  Juni  1878  beobachteten  Nordlichter,  zusammen- 
gestelt  V.  SopHUS  Tromholt,  herausgegeb.  v.  J.-Fr.  Schroeter.  Christiania,  Jacob 
Djbwaa,  1902;  i  vol.  in-4°.  (-4  suivre.) 


ERRATA. 


(Séance  du  i5  septembre  1902.) 

Note  de  M.  Edmond  van  Aubel,  Sur  la  résistance  électrique  des  corps 
peu  conducteurs  aux  très  basses  températures  : 

Page  456,  ligne  19,  au  lieu  de  3•"'"^93  x  3'"">\98,  lisez  3'"'",  93  x  3™°^98. 


ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

SÉANCE  DU   LUNDI  27   OCTOBRE  1902. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  BOUQUET  DE  LA  GRYE. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    GORRRSPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Démonstration  de  V irréductibilité  absolue 
de  V équation  y"  =  Gj'  +  x.  Note  de  M.  Paul  Paixlevé. 

«    1.  Je  suis  parvenu  récemment  à  démontrer  V irréductibilité  absolue  i\e. 
l'équation 

(0  ë^^^>''  +  ^' 

la  pins  simple  des  équations  différentielles  du  second  ordre  qui  définissent 
dos  transcendantes  uniformes  nouvelles. 

»   Précisons  d'abord  le  problème  qui  se  pose.  Considérons  une  équation 
quelconque  de  la  forme 

(2)  ^-^=R(^,  y)  (R  rationnel  en  ^,  y), 

que  nous  écrirons  ainsi  : 

»   Soient  u(^x, y^  z^,  v(^x,y,z)  deux  intégrales  premières  (distinctes) 
de  (2)  ;  elles  vérifient  les  équations 

/  /  N         du         du  au  ^  ,         .  Ov         Ov  àv  ^  ,  v 

équations  compatibles  avec  la  suivante  (qui  résulte  de  la  connaissance 

C.  R.,  1902,  2*  Semestre.  (T.  CXXXV,  N»  17.)  ^^ 


642  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

(l'un  dernier  mulliplicateur)  : 

^  ^-^  du  0^'        du  âv 

»  Il  est  clair  que  des  systèmes  (Zî),  (5)  on  peut  en  déduire  une  infinité 
d'autres  (algébriques)  en  effectuant  sur  u,  ç  une  transformation  ponctuelle 
telle  seulement  que  le  jacobien  de  la  transformation  soit  algébrique  par 
rapport  aux  nouvelles  variables  u,  v.  Plus  généralement,  on  pourra  rem- 
placer l'équation  (5)  par  la  suivante  : 

A(u,v)  vérifiant  un  système  (compatible)  arbitrairement  choisi  d'équa- 

tions  algébriques  en  u,  ç,  -— >  — -^  -;-,  5  ••  ••  Soit  z  un  quelconque  de  ces 
^         ^  du     ()v      OU'  1  ^ 

systèmes  :  il  est  évident  que  l'intégration  d'un  système  1  exige,  au  préa- 
lable, celle  du  système  (4)  et  (5).  T^'équation  (2)  n'est  donc  re<^wc^/^/(?  que 

,.,        •  .      j       '         ,•  1    '1    •  ^''  àv    à'u 

s  u  existe  des  équations  ali^ebriques  en  x,  y,  z,  u,  ç,  -— ,  •••,  -^j   —,  ..., 

qui  soient  compatibles  (*)  avec  les  équations  (4)  sans  en  résulter,  et  qui 
forment  avec  (4)  wn  système  distinct  de  tous  les  systèmes  i;.  Dans  le  cas 
contraù^e,  l'intégrale  générale  de  V équation  {^l)  ne  peut  être  définie  par  aucun 
système  différentiel  plu^  facile  à  intégrer  que  le  système  (4),  (5)  ou  d'ordre 
différentiel  moindre;  le  groupe  de  rationalité  de  l'équation  (2)  est  alors  le 
groupe  infini 

»   2.   Ceci  posé,  je  vais  montrer  que  l'équation  (i)  est  irréductible.  Si 

l'on  veut  encore,  au  point  de  vue  de  l'intégration  ybrme//e,  elle  appartient 

à  la  classe  d'équations  (2)  la  plus  générale.  En  particulier,  il  est  impossible 

qu'une  intégrale  première  u{x,y,  z)  vérifie  une  équation  algébrique  en  oc^  y, 

du    du    du    d'- u  .  ,  i    i>  >  • 

z,  u,  —  j  —  5  p  j   y7_,  5  •  •  •)  qui  ne  soit  pas  une  conséquence  de  l  équation 

du         du  du  /,.    0  \ 

-.. h  i-:;  +  -T-(oy-  +  a:-)  —  o. 

dx        dv  dz  ^   " 


(*)  J'entends  par  là  que  ces  équations  ont.  avec  (4),  au  moins  une  solution  com- 
mune u,  r,  où  u,  V  sont  deux,  fonctions  distinctes  de  x,  y,  z. 


SÉANCE  DU  27  OCTOBRE  1902.  6^3 

»  LademonsLratioarepo.se  essentiellement  sur  le  théorème  de  M.  Dracb, 
sans  lequel  le  problème  serait  inabordable.  Ce  théorème  (combiné  avec 
l'énumération  des  groupes  continus  à  deux  variables  qu'a  donnée  S.  Lie) 
conduit  aussitôt  à  la  conclusion  suivante  : 

«   Si  une  équation  (2)  est  réductible  : 

»  1°  Ou  bien  il  existe  un  système  linéaire  en  u(x,y,  -)  dont  l'inlégrale 
n  générale  est  de  la  forme  a  =  at<,  -{-  ^8mo  -h  y  [a,  p,  y  sont  des  constantes 
»  arbitraires;  m,  ,  Uo  deux  intégrales  premières  distinctes  de  (2)].  Autrement 
•)  dit,  le  groupe  de  rationalité  de  l'équation  (2)  est  linéaire,  et  même 
))   linéaire  spécial. 

«    2""    Ou  bien  une  intégrale    première   u(x,yyz)    vérifie   le    système 

»   rationnel 

du  du  du 

.  ..  dx        dy         _  dz 

\^)  h{œ,y,z)  -  U{a-,y,z)  "  ^{jc-,y,z)'  " 

Nous  allons  voir  que  ces  deux  hypothèses  sont  inadmissibles  pour  l'équa- 
tion (1). 

3.  L'hypothèse  i"  peut  être  écartée  par  une  discussion  où  intervient  le 
développement  d'une  solution  quelconque  j(^)  de  (i)  autour  d'un  de  ses 
pôles  x^,  à  savoir (')  : 

(        -^- h{x  —  XqY -\- {x  —  x^^y{. . .),  (A  constante  arbitraire). 

»  Mais  une  remarque  intuitive,  qui  m'a  été  communiquée  par  M.  Drach, 
évite  toute  discussion  :  si  le  groupe  de  rationalité  de  (i)  est  linéaire,  il  en 
va  de  même  pour  l'équation 

-j-^  =  6y-  -h-  c(.x  -+-  [i  (a,  ^j  constantes  quelconques) 

qui  se  déduit  de  l'équation  (i)  en  changeant  y  en  -f:,  cl  x  en  (ax-  -+-  y)   ? 

et  en  particulier  pour  l'équation  j"=Gy-4-[i.  Or,    le  groupe  de  cette 
dernière  équation  est  connu,  et  (pour  [i  ^  o)  peut  recevoir  la  forme 

Z/,  =  U,  (-',  =rr  Ç  -+-  a(^)^  (u)  ■+-  bo)._,(u)  -+-  C 

(a,  h,  c  paramètres  du  groupe;  œ,  et  lo.,  périodes  de  l'intégrale   elliptique 
(')  Bulletin  de  la  Société  mathématique  de  France,  t.  XXVIII,  1900,  p.  28. 


644  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

de  module  ii).  Comme  ce  groupe  resle  transcendant  après  n'importe 
quelle  transformation  ponctuelle,  il  ne  saurait  être  semblable  à  un  groupe 
linéaire. 

■»  4.  Etudions  l'hypothèse  2".  11  est  loisible  d'admettre  que,  dans  les 
égalités  (6),  M  et  N  sont  des  polynômes  premiers  entre  eux,  L  étant  donné 
par  la  relation  :  L  4-  M  z  h-  N(6y-  -f-  x  )  e^  o. 

»   La  condition  de  compatibilité  des  équations  (6)  s'écrit  aussitôt 

-j — h -y-^  + -p-(bK-+.'.') +  i5rN        -, 
àx        oy  oz      "^  '        M 

~~M      d^     d^,^  ;       ;     77~  —  n' 

\\ 
ou  encore  (la  fraction  ^  étant  irréductible)  : 

I  ^  +  -^^  +  -^-(67-  +  ^)  -M2jN  =  }i{cc,y,z)M, 

[d^  -^dy^-^  ^(6j-+^)  +  M        =\\{x,y,z)^, 

H  désignant  un  polynôme;  il  sulTit  de  comparer  les  degrés  des  deux 
membres  des  deux  égalités  (8)  pour  voir  que  H  est  au  plus  du  premier 
degré  en  z,  et  du  second  en  y. 

»  Les  conditions  (8)  expriment  que  M,  N,  H,  quand  on  y  remplace  y 

})ar  une  solution  arbitraire  y{x)  de  (t)  et  z  par  -^y  deviennent  des  fonc- 
tions M^{x),  N,  (^),  H,(j?),  qui  vérifient  les  équations 

^  +  .2j(x)X,  -^  H,M„         f!  +  M,  =  H,N,. 

et,  j)ar  suite. 


dx 


-H;  +  I2j(^)]n.; 


si  tlonc  on  pose 

(9)  l>,  =  N,e-^".--'-, 

il  vient 


SÉANCE  DU  l-j    OCTOBRE  1902.  645 

»  Dans  le  voisinage  d'un  pôle  x  =x^  de  j(ic),  celte  équ^ilion  (10),  très 
analogue  à  une  équation  de  Lair.é,  a  son  intégrale  générale  méromorphe 
[en  vertu  de  la  formule  (7)],  ce  qui  exige  [d'après  (9)]  que  H,(x)  n'ait 
que  des  pôles  simples.  Or,  H,  est  de  la  forme 

a{x)-^y'h{x)  -^ y\^a,{x)  ^ y'h,{x)'\+ y-\^a.,{x) +yh.,{x)\ 

et,  si  l'on  remplace  j  et  j'  d'après  (7),  on  voit  que  les  pôles  de  H^  sont  au 
moins  doubles,  à  moins  que  H  ne  se  réduise  ideutiquement  à  a{x).  Eu 
définitive,  si  Vcqualion  (1)  est  réductible,  il  existe  un  polynôme  en  y,  z, 
holomorphe  en  x,  —  à  savoir  V{x,y,  z)  =  N(^,  7,  5)  e-^" '•*"''■,  —  qui  satisfait 
à  la  condition  (10),  où  \\  désigne  (a  fonction  de  x  obtenue  en  remplaçant 
{dans  V)  y  et  z  par  une  solution  arbitraire  y{x)  de  (i)  et  sa  dérivée.  Toute 
la  difficulté  est  de  montrer  qu'une  telle  expression  P  n'existe  pas. 

y>   h.  k  cet  effet,  je  change  x  en  a.x',  yen  ^'  -  ^n  ^-  I^'équation  (i) 

devient 

(1,)  g  =  6y+fl:r  (?  =  -'). 

et  l'intégrale  générale  de  (i  i)  se  laisse  développer  sous  la  formiî  {loc.  cit., 
p.  25)  : 

(12)   U  =  ,P(^-  +  ^-^  «'  -  2^0  -^  hi  ^'^(^^J^'  "^  ^<ï^'^  "^  20;^^  J  +  [i^. . .]  -f-. . . 
(     ==0  +  p^  +. . .  (A,  ^'  constantes  arbitraires). 

D'autre  part,  le  polynôme  P  (niLdtiplié  par  une  puissance  convenable  de  a) 
devient 

(i3)  V ~{^{x,  y,  z)  ^  ^J K{x, y,  z)  ^  a^"-'(...); 

Q,  R  désignent  des  polynômes  en  x,  y,  z,  et  Q  se  reproduit  (multiplié 

par  une  ])uissance  convenable  de  a)  si  l'on  y  chang<;  x  en  v.x,  7  en  ^, 

:;  en  4*  Quand,  dans  P,  on  remplace  7  et  z  par  le  développement  (12)  et 

le  développement  dérivé,  la  fonction  P,  (a;,  A,  X;,  a)  ainsi  obtenue  vérifie 
identiquement  la  condition 

(i4)  '^-=''^ ^^ [P(^  -^ ^'  '''  - ^^0  +  ^z  +  •  •  •]• 

Tout  d'abord,  il  est  loisible  d'admettre  (comrneon  le  voit  aisément)  que  a 


646  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

ne  fig^Lire  que  par  les  puissances  de  a*  dans  l'égalité  (i 3).  De  plus,  pour 
a  =  o,  la  fonction  Q,  (^)s^Q[,r,  p(x  -+-  k,  o,  —  2A),  p {x  h-  A,  o,  —  2  A)] 
vérifie  l'équation 

(i5)  ^-'  =  i2j)(j;  +  yî:,  o,  -  2A)Q,(^), 

équation  dont  l'intégrale  générale  (/oc.  cit.,  p.  23)  s'écrit 

C,(a;p'-h2j))-+-C,jy; 

il  suit  (le  là  aussitôt  [en  tenant  compte  de  l'homogénéité  spéciale  de 
Q  {x,  y,  zy^  que  Q  coïncide  (à  un  facteur  numérique  près  qu'on  prend  égal 
à  l'uniLé)  avec  une  des  deux  expressions 

Dans  le  premier  cas,  on  a 

V,{x,  /^,  k,  x)  ==  /i"'p'(x,  o,  -  ih)  H-  {i(m  +  p)  H-  p=^(. . .). 
avec 

et  récjuation  (i4)  entraîne  la  relation 

(16)  ^  -  I2?j)  =  I2j3a  +  12/r j/y^  -  r7". 

Le  premier  membre  de  l'équation  (16)  est  un  polynôme  en  x,  p,  p' ;  le 
second  membre  (d'après  les  expressions  de  ^  et  de  ny)  est  de  la  forme 
>.^  +  [7-,  1  et  |x  étant  des  polynômes  en  x,  p,  p\  et  le  coefficient);  n'étant 
pas  identiquement  nul,  comme  on  le  vérifie  immédiatement.  La  fonction 
'((^r)  de  Weierstrass  s'exprimerait  donc  rationnellement  en  x,  p,  p\  résultat 
absurde. 

))  Le  même  raisonnement  s'applique  sans  modification  à  la  seconde 
expression  possible  de  Q.  La  démonstration  est  terminée. 

»  6.  L'équation  (i)  est  donc  irréductible  au  sens  le  plus  absolu  du  terme, 
quant  à  son  intégrale  générale.  Mais  on  pourrait  penser  que  certaines  solu- 
tions exceptionnelles  y  (x)  échappent  à  cette  conclusion.  Il  n'en  est  rien. 
Imaginons,  en  effet,  que  l'on  connaisse  un  système  différentiel  algébrique 
(d'ailleurs  quelconque)  définissant  certaines  solutions  ^(a;)  de  (i),  mais 
non  l'intégrale  générale  :  ou  bien  ces  solutions  exceptionnelles  seront  iso- 
lées, et  alors  elles  seront  sûrement  algébriques  (ce  que  l'on  sait  impossible)  ; 


SÉANCE    DU    27    OCTOBRE    T902.  647 

OU  bien  elles  dépendront  d'une  seule  constante  arbitraire,  et  une  famille 
de  ces  solutions  vérifiera  une  équation  algébrique  P(x,  y,  y')  =  o,  ce  que 
l'on  sait  encore  impossible  (/oc.  cit.,  p.  42).  Aucun  procédé  d'intégration 
formelle,  quel  qu'il  soit,  ne  saurait  donc  simplifier  la  recherche  de  l'inté- 
grale générale  de(i),  ni  la  recherche  de  solutions  particulières.  En  défmi- 
livp,  l'équation  (i)  comporte,  de  par  la  théorie  des  FO^•CTIO^'s,  une  intégra- 
tion aussi  parfaite  que  celle  Je  l'équation  de  Jacobi  par  les  fonctions  elliptiques, 
tandis  qu'elle  n'est  attaquable  par  aucune  méthode  d'i-^itQYii^iio's  formelle. 
C'est  le  premier  exemple  connu  d'équation  différentielle  qui  possède  cette 
remarquable  propriété. 

»   7.   Les  mêmes  conclusions  s'appliquent  à  l'équation 

— ^  =:  2,j^  H-  .TT  +  a  (a  const.  quelconque)  ; 

toutefois,  pour  des  valeurs  exceptionnelles  de  a,  certaines  solutions  parti- 
culières y{^)  vérifient  une  équation  de  Riccati.  Le  troisième  type 
d'équation 

y"  =  Ç  +  e-{^-y'  +  P^)  +  e^-'  {yy  +  y)  ' 

qui  définit  des  transcendantes  méromorphes  de  genre  infini,  est,  lui  aussi, 
absolument  irréductible.    » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Synthèse  des  hydrosu[fites  alcalins  et  alcalino -terreux 
anhydres.  Note  de  M.  Hexri  Molssan. 

«  Schœnbein  avait  remarqué  qu'une  solution  aqueuse  d'acide  sulfu- 
reux produit,  au  contact  du  zinc,  un  liquide  qui  possède  la  propriété 
curieuse  de  décolorer  l'indigo  et  la  teinture  de  tournesol  (*).  En  1869, 
Schùtzenberger  (^),  dans  un  très  intéressant  Mémoire,  a  démontré  qu'il 
se  produisait,  dans  ces  conditions,  un  sel  de  zinc  d'un  nouvel  acide  du 
soufre  auquel  il  donna  le  nom  d'aciV/e  hydrosulfureux . 

))    Schùtzenberger,   en   étudiant    cette  réaction,  a  préparé  un  sel  bien 


(')  ScHOENBEiN,  J ouviial fùr prciktlsche  Chemie,  t.  LXI,  p.  ipS. 
(-)  ScuiJTZENBERGFJi,  Sur  uii  iiouvcl  acide  du  soufre  {Contptes  rendue,    t.  LXIX, 
p.  196,  et  Annales  de  Cliini.  et  de  Pliys.,  4^  série,  t.  XX,  p.  35i). 


648  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

cristallisé,  l'hydrosulfite  de  sodinrr,  auquel  il  nssigna  la  formule 

formule  correspondant  à  l'acide  SO-H". 

»   D'après  ce  savant,  cet  acide  se  formait  suivant  les  réactions 

SO-^H-'O-f-Zn  ==SO^Zn  +  H-, 
SO-  +  H-=SO^H-. 

»  En  1880,  M.  Bernthsen  ('),  ayant  repris  l'étude  de  cette  question, 
émit  des  doutes  sur  la  formule  de  rhvdrosuliite  de  sodium.  Schiitzen- 
berger  répondit  par  la  publication  de  nouvelles  analyses  et  maintint  ses 
conclusions  (^).  Après  avoir  poursuivi  ses  expériences,  M.  Bernthsen  (^) 
donna,  comme  formule  du  sel  de  sodium  de  ce  nouvel  acide,  NaSO^,  ou 
plutôt,  en  doublant  la  formule,  Na^S^O''. 

»  A  propos  de  cette  discussion,  différents  auteurs  entreprirent  des 
recherches  sur  ce  sujet.  M.  Grossmann  ("*),  puis  M.  Prud'homme  (^) 
admirent  la  formule  de  Schûlzenberger. 

))  MM.  Bernthsen  et  Bazien  reprirent  ensuite  l'étude  de  la  préparation 
de  l'hydrosulfite  de  sodium,  et  par  une  heureuse  modification  (addition 
d'une  quantité  d'acide  sulfureux  libre  égale  à  la  moitié  de  celle  que  ren- 
ferme le  bisulfite)  ils  obtinrent  ce  sel  en  abondance,  sous  forme  de  très 
beaux  cristaux.  Après  en  avoir  fait  une  analyse  très  exacte,  ils  ont  main- 
tenu la  formule  indiquée  précédemment  par  M.  Bernthsen  ("). 

»  Récemment,  en  1899,  M.  Arnold  Nabi,  poursuivant  une  idée  indiquée 
par  Schûtzenberger  dans  son  Mémoire  publié  aux  Annales  de  Physique 
et  de  Chimie,  a  préparé  l'hydrosulfite  de  zinc  par  l'action  de  l'anhydride 
sulfureux  en  solution  dans  l'alcool  sur  la  poussière  de  zinc.  L'analyse  de 
cet  hydrosulfite  le  conduisit  à  la  formule  ZnS-0\ 

(')  Bernthsen,  Berichte,  t.  XIII,  p.  2277,  et  Ann.  der  Chemie,  t.  CCVIII,  p.  142, 
et  l.  CCXI,  p.  285. 

(^)  ScBiJTZENBERGER,  Sur  l' hydrosulfite  de  soude  {Comptes  rendus,  t,  XCII,  1881, 
p.  875). 

(^)  Bernthsen,  Sur  la  composition  de  l'hydrosulfite  de  soude  et  de  l'acide  Jydro- 
sulfareux  {Comptes  rendus,  t.  XCIII,  1881,  p.  74). 

{"*)  Grossmann,  Journ.  of  the  Soc.  0/ chem.  indust.,  1898,  p.  1109,  et  1899,  p.  452. 

{'')  Prud'homme,  Bul.  Soc.  de  Mulhouse,  1899,  P-  ^i^- 

C^)  Beunthsen  et  Bazlkn,  Berichte,  t.  XXXIII,  1900,  p.  126. 


SÉANCE    DU    27    OCTOBRE    1902.  GZJQ 

))   En  résumé,  celte  discussion  portait  sur  le  choix  à  faire  entre  deux 

formules 

Na-S'O'     et     NaMl-S'0\ 

»  Ce  choix,  du  reste,  est  assez  difficile  à  établir  au  moyen  d'une  analyse, 
par  suite  du  poids  peu  élevé  d'une  molécule  d'hydrogène. 

))  Nous  avons  pensé  que  les  réactions  nouvelles,  présentées  par  les  hy- 
drures  alcalins,  pourraient  nous  aider  à  résoudre  cette  question,  en  nous 
appuyant  non  plus  sur  le  poids  de  l'hydrogène,  mais  sur  son  volume. 
Toutes  les  réactions  dans  lesquelles  l'hydrogène  peut  être  mesuré  en  vo- 
lume prennent  de  suite  une  exactitude  très  grande. 

»   Nous  avons  fait  voir  précédemment  que  l'acide  carbonique  se  fixait,  à 

la  température  ordinaire,  sur  les  hydrures  alcalins  pour  donner  un  for- 

miate  (') 

CO'+KH  =  IICO''K. 

»  Par  analogie,  nous  avons  fait  réagir  l'anhydride  sulfureux  sur  l'Iiy- 
drure  de  potassium. 

»  A  la  température  de  —  74°,  l'anhydride  sulfureux  ne  réagit  pas  sur 
rhydrure  de  potassium  ou,  du  moins,  si  la  réaction  commence,  elle  est  très 
vite  limitée  par  la  formation  d'une  couche  mince  de  sel  insoluble  dans 
l'acide  sulfureux. 

»  Lorsque  l'on  condense  de  l'anhydride  sulfureux  liquide  dans  un  tube 
renfermant  de  l'hydrure  de  potassium  à  une  température  de  —  4o°,  il  se 
produit,  après  quelques  instants  de  contact,  une  détonation  violente.  Cette 
explosion  est  accompagnée  d'une  flamme. 

»  Pour  modérer  la  réaction,  nous  avons  fait  arriver  lentement  un  courant 
de  gaz  anhydride  sulfureux  sur  l'hydrure  de  potassium,  dans  le  tube  même 
où  ce  composé  avait  été  préparé.  La  combinaison  se  produit  à  la  tempé- 
rature ordinaire,  l'hydrure  s'échauffe  beaucoup,  souvent  même  devient 
incandescent.  Si  l'élévation  de  température  n'a  [)as  été  trop  grande,  il  est 
facile  d'établir  qu'il  s'est  formé  dans  ces  conditions  un  mélange  d'hydro- 
sulfite,  de  sulfate  et  de  sulfure  alcalin.  En  opérant  avec  lenteur,  on  peut 
éviter  la  production  du  sulfate  et  du  sulfure. 

»  Hydrosulfite  de  potassium.  Préparation.  —  Pour  obtenir  cet  bydrosuL 
fite  anhydre,  on  prend  le  tube  de  verre  dans  lequel  l'hydrure  de  potassium 


(')  MoissAN,   Sur   une  nouvelle  synthèse  de  l'acide  formique  {Comptes  rendus, 
l.  CXXXIV,  1902,  p.  261). 

8G 


G.  R.,  1902,  2«  Semestre.  (T.  C\XXV,  N"  17.) 


6oo  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

a  été  préparé  par  un  procédé  que  nous  avons  décrit  précédemment  ('  ),  et 
l'on  fait  arriver  dans  ce  tnbe  l'anhydride  sulfureux  sous  pression  réduite 
on  à  la  pression  atmosphérique,  à  la  condition  de  l'avoir  dilué  dans  son 
propre  volume  d'hydrogène.  La  réaction  se  poursuit  alors  lentement  à  la 
température  ordinaire,  avec  un  léger  dégagement  de  chaleur,  mais  sans 
incandescence.  La  décomposition  n'est  complète  qu'après  5o  à  60  heures 
environ. 

»  On  obtient  ainsi  un  sel  blanc  qui,  repris  par  une  petite  quantité  d'eau 
exempte  d'oxygène,  fournit  par  simple  évaporation  à  l'abri  de  l'air  de  fines 
aiguilles  transparentes  ou  de  petits  cristaux  aciculaires  groupés  en  étoiles. 

»  Propriétés.  —  Le  sel  formé  par  l'action  de  l'anhydride  sulfureux  sur 
l'hydrure  de  potassium,  dissous  dans  de  l'eau  bouillie  saturée  de  gaz 
azote,  puis  acidulé  par  quelques  gouttes  d'acide  chlorhydrique,  nous  a 
donné  à  l'abri  de  l'air  les  réactions  suivantes  : 

))  1°  Réduction  du  sulfate  de  cuivre  ammoniacal  avec  formation  de 
cuivre  et  d'hydrure  de  cuivre  à  la  température  de  +  3o". 

»  2°  Décoloration  de  l'indigo  et  de  la  teinture  de  tournesol.  Ces  solu- 
tions, par  agitation  avec  l'air,  reprennent  à  froid  leur  teinte  primitive. 

))  3°  Le  chlorure  mercurique  est  ramené  à  Tétat  de  chlorure  mercureux 
à  froid,  avec  un  faible  dépôt  gris  de  mercure  métallique. 

«  4°  L'azotate  d'argent,  le  chlorure  d'or  et  le  chlorure  de  platine  sont 
réduits  à  la  température  ordinaire  avec  dépôt  instantané  de  métal. 

»  5°  Avec  une  solution  d'acide  chlorhydrique  au  cinquième,  la  liqueur 
devient  jaune  sans  dépôt  de  soufre; 

«   6°  Une  solution  de  ce  sel  absorbe  l'oxygène  à  froid  avec  rapidité  ; 

»   7**  Réduction  instantanée  du  permanganate. 

»  Toutes  ces  propriétés  répondent  bien  à  celles  d'un  hydrosulfite 
alcalin. 

»  Synthèse  et  analyse.  —  Un  tube  de  verre  contenant  l'hydrure  de  potassium  et 
rempli  de  gaz  hydrogène  est  pesé.  Puis  on  fait  agir  lentement  l'acide  sulfureux  sous 
pression  réduite  pendant  un  temps  suffisant  pour  que  la  réaction   soit  complète  (^). 


(•)  H.  MoissAN,  Préparation  et  propriétés  de  l'hydrure  de  potassium  {Comptes 
rendus,  t.  CXXXIV,  1902,  p.  18).  —  Préparation  et  propriétés  de  l'hydrure  de  so- 
dium {Comptes  rendus,  t.  CXXXIV,  1902,  p.  71). 

(-)  Si  la  réaction  n'est  pas  complète,  on  peut  faire  le  vide  dans  le  tube  en  verre 
après  l'avoir  pesé  plein  d'hydrogène,  puis  dissoudre  lentement  le  sel  dans  l'eau.  L'hy- 
diiire  non  attaqué  fournit  alors  de  l'hjdrogène  KII  +  H^O  =  KOII  +  fP,  Au  moyen 


SÉANCE  DU  27  OCTOBRE  1902.  65l 

Lorsque  la  réaction  est  terminée,  on  fait  passer  un  courant  d'hydrogène  et  Ton  pèse 
le  tube.  L'augmentation  de  poids  donne  la  quantité  d'anhydride  sulfureux  fixé  par 
l'hj^drure  eu  tenant  compte  de  la  perle  d'hydrogène. 

»  On  lave  ensuite  le  tube  de  verre  à  l'eau  bouillie  et,  après  l'avoir  bien  desséché, 
il  est  pesé  de  nouveau,  plein  d'hydrogène.  On  obtient  ainsi  par  différence  le  poids  de 
l'hydrure  mis  en  réaction. 

»  Après  cette  synthèse,  on  procède  à  l'analyse  de  la  solution,  qui  est  tout  d'abord 
oxydée  par  l'acide  azotique.  Le  soufre  est  dosé  à  l'état  de  sulfate  de  baryum  et  le 
potassium  sous  forme  de  sulfate  neutre.  Nous  avons  obtenu  ainsi  les  chiffres  suivants  : 

Théorie 

pour  pour 

3.  K'H^S^O^      K^S'O^ 


1. 

2. 

S  par  synthèse. .  . 

•     3i,i7 

3i ,  i3 

K  par  synthèse.  . 

•     37,77 

37>93 

S  par  analyse  .  .  . 

80,76 

3o,85 

K  par  analyse  .  .  . 

.     38, 5i 

38,49 

30,93 


3o,77         3i,o7 
37,50        37,86 


»  Ces  analyses  rapprochent  l'hydrosulfite  préparé  par  synthèse  de 
rhydrosulfite  de  Bernlhsen.  Mais,  pour  qu'il  ne  reste  aucun  doute  sur 
l'étabHssement  de  cette  formule,  il  était  indispensable  de  recueillir 
l'hydrogène  qui  devait  se  dégager  dans  la  réaction.  Pour  cela,  nous  nous 
sommes  assuré,  tout  d'abord,  que,  par  l'action  de  l'anhydride  sulfureux 
absolument  sec  sur  l'hydrure  de  potassium,  il  se  dégageait  bien  de  l'hydro- 
gène et  que  son  volume  était  d'autant  plus  grand  que  le  poids  d'hydrure 
mis  en  réaction  était  plus  élevé. 

»  Pour  déterminer  la  réaction  d'une  façon  complète,  nous  avons  fait 
circuler,  au  moyeu  d'une  trompe  à  mercure,  un  certain  volume  d'acide 
sulfureux  au  travers  d'un  tube  de  verre  contenant  un  poids  déterminé 
d'hydrure  de  potassium.  Dans  ce  circuit  se  trouvait  une  cloche  à  robinet 
de  80*^™  de  haut  qui  permettait,  à  un  moment  donné,  d'isoler  et  de  recueillir 
les  gaz.  La  durée  de  l'expérience  était  comprise  entre  36  et  60  heures.  Le 
volume  de  gaz  variait  peu  pendant  la  réaction.  A  la  (in  de  l'expérience,  le 
gaz,  recueilli  à  la  trompe,  était  porté  sur  la  cuve  à  mercure,  et  l'excès 
d'anhydride  sulfureux  était  absorbé  par  la  potasse.  Le  gaz  restant  était  de 
l'hydrogène  pur,  ainsi  que  la  combustion  eudiométrique  l'a  établi.  De  cette 
première  partie  de  l'expérience  nous  pouvons  conclure  que,  dans  la  réac- 
tion lente  de  l'anhydride  sulfureux  sur  l'hydrure  de  potassium,  il  se  dégage 


du  volume  d'hydrogène  dégagé  on  peut  calculer  le  poids  d'hydrure  qui  n'est  pas  entré 
en  réaction. 


652  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

un  volume  d'hydros^ène  sensiblement  égal  au  volume  d'acide  sulfureux 
absorbé.  La  fo^muledp^î.  Bernlhsen  se  trouve  ainsi  complètement  vérifiée. 
»  Mais  cette  expérience  a  été  exécutée  d'une  façon  plus  précise.  Le  tube 
à  hydrure,  après  fixation  de  l'acirle  sulfureux,  a  été  pesé  à  nouveau  et 
nous  a  donné  les  résultats  que  nous  indiquons  ci-dessous  : 

»  Première  expérience.  —  Anhydride  sulfureux  absorbé,  os,835;  hjdrogène 
dégagé,  i4o<='"'  à  o°  et  à  760""™;  hydrure  de  potassium  mis  en  réaction,  0^,622.  D'après 
la  quantité  d'hydrure,  l'anhydride  absorbé  aurait  dû  être  de  os,8352  et  l'hydrogène 
dégagé  146'^™'  pour  satisfaire  à  l'égalité 

S-0*-4-2KH  =  K2S20*+rP. 

»  Deuxième  expérience.  —  Anhydride  sulfureux  absorbé,  0^,876;  hydrogène 
dégagé,  ôS"^™'  à  0°  et  à  760""™;  hydrure  mis  en  réaction,  00,2369,  D'après  la  quantité 
d'hydrure,  l'anhj^dride  absorbé  aurait  dû  être  0^,3789  et  rh3^drogène  dégagé  66'^'"'. 

»  Une  troisième  expérience  a  donné  des  résultats  identiques  :  anhydride  sulfureux 
absorbé,  is,  167;  hjdrogène  dégagé,  igg*^™^  à  0°  et  3760'"™;  hydrure  mis  en  réac- 
tion, 0^,7140.  D'après  la  quantité  d'hydrure,  l'anhydride  absorbé  aurait  dû  être  iô,i432 
et  l'hydrogène  dégagé  201'^'"', 98. 

»  Hydrosuljite  de  sodium.  —  L'anhydride  sulfureux  réagit  plus  énergi- 
quement  sur  l'hydrure  de  sodium  que  sur  l'hydrure  de  potassium.  Si  l'on 
n'a  pas  soin  de  diluer  l'acide  sulfureux  dans  l'hydrogène,  il  se  produit  tou- 
jours une  quantité  notable  de  sulfure  et  de  sulfate. 

»  Lorsque  l'on  reprend  par  une  petite  quantité  d'eau  bouillie  l'hydrosul- 
fite  de  sodium  anhydre,  on  obtient  tout  d'abord  des  prismes  bien  cristal- 
lisés ou  des  houppes  soveuses  assez  longues.  On  rencontre  aussi  dans  la 
solution,  lorsqu'elle  est  saturée,  de  petits  prismes  surmontés  de  pyramides, 
mais  le  lendemain  ces  derniers  ont  disparu,  et  l'on  ne  trouve  phis  que  des 
aiguilles  répondant  à  la  formule  Na-S^0*2H-0.  Ce  sel  présente  toutes  les 
réactions  réductrices  des  hydrosulfites. 

»  L'analyse,  faite  par  la  méthode  que  nous  avons  décrite  précédemment, 
nous  a  donné  les  chiffres  suivants  : 

t. 

S  par  synthèse 36,65 

]Na  par  synthèse 26,23 

S  par  analyse 36,66 

Na  par  analyse ^6,96 

»  Uydrosulfite  de  lithium.  —  L'hydrure  de  lithium  réagit  de  même  sur 
l'acide  sulfureux,  mais  celte  préparation  est  plus  délicate  que  celle  des 


Tliéorie 

pour 

2. 

Na^H^S^O*. 

Na^S^O' 

36,68 

36,36 

36,73 

26,29 

26,  i4 

26,44 

36, 61 

27 ,00 

SÉANCE    DU    27    OCTOBRE    1902.  653 

hydrosulfites  de  potassium  et  de  sodium.  La  réaction  est  très  lente  à  la 
température  ordinaire  et  l'on  doit  chauffer  légèrement.  Mais  vers  +  5o°, 
avec  l'acide  sulfureux,  sous  pression  réduite,  il  commence  déjà  à  se  pro- 
duire du  sulfure  de  lithium. 

»  La  solution  d'hydrosulfite  de  lithium  décolore  l'indigo,  réduit  le  per- 
manganate et  les  sels  d'argent,  d'or  et  de  platine.  Elle  présente  toutes  les 
réactions  des  hydrosulfites.  Cette  synthèse  de  l'hydrosulfite  de  lithium  se 
fait  encore  avec  départ  d'hvdrogène. 

»  Hydrosulfue  de  calcium.  —  La  réaction  est  identique  avec  l'hydrure  de 
calcium,  mais,  pour  qu'elle  soit  complète,  il  est  indispensable  de  faire  agir 
l'anhydride  sulfureux,  d'abord  très  lentement  sous  pression  réduite,  puis 
finalement  d'augmenter  la  pression  jusqu'à  dépasser  de  200™"^  environ  la 
pression  atmosphérique. 

»  L'hydrosulfite  de  calcium  est  soluble  dans  l'eau  et  possède  toutes  les 
propriétés  réductrices  des  hydrosulfites. 

»  Hydrosulfite  de  strontium.  —  Grâce  à  l'obligeance  de  M.  Henri  Gautier, 
qui  a  bien  voulu  préparer  à  notre  intention  quelques  échantillons  d'hy- 
drure  de  strontium,  nous  avons  pu  obtenir  cet  hydrosulfite  par  action  de 
l'anhydride  sulfureux  sur  l'hydrure.  Il  est  utile  de  porter  lentement  l'hy- 
drure jusqu'à  la  température  de  70°  et  de  le  maintenir  longtemps  dans  un 
courant  d'anhydride  sulfureux  sous  une  pression  supérieure  à  la  pression 
atmosphérique. 

)<  Le  contenu  du  tube,  repris  par  l'eau  bouillie,  saturé  d'azote,  nous  a 
fourni  une  solution  très  réductrice.  Elle  décolorait  immédiatement  le  sulfate 
d'indigo,  qui  reprenait  ensuite  sa  teinte  par  simple  oxydation  à  l'air.  Elle 
réduisait  aussi  le  sulfate  de  cuivre  ammoniacal  avec  précipitation  d'hydrure 
mélangé  de  cuivre. 

»  Enfin,  comme  les  solutions  précédentes,  elle  réduisait  le  chlorure  mer- 
curique  en  chlorure  mercureux  et  précipitait  les  métaux  des  solutions 
d'azotate  d'argent,  des  sels  d'or  et  de  platine. 

»  Cette  synthèse  de  l'hydrosufilte  de  strontium  par  action  de  l'anhydride 
sulfureux  sur  l'hydrure  se  produisait  aussi  avec  mise  en  liberté  d'hydrogène. 

»  Conclusions.  —  L'anhydride  sulfureux  réagit,  à  la  température  ordinaire 
et  dans  certaines  conditions  de  pression,  sur  leshydruresalcalinset  alcalino- 
terreux  de  façon  à  former  des  hydrosulfites  anhydres. 

»  Cette  synthèse  se  produit  avec  départ  d'hydrogène  et  d'après  l'égalité 
suivante  : 

2KH  +  2SO=^  =  R-S=^0' -f- H-. 


654  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

»  Tous  ces  hydrosulfîtes  sont  solubles  clans  l'eau,  possèdent  des  pro- 
priétés réduclrices  énergiques,  identiques  à  celles  qui  ont  été  indiquées 
par  Schutzenberger  pour  i'hydrosulfite  hydraté  de  sodium.  Tous  se  forment 
par  union  directe  de  l'anhydride  sulfureux  et  du  métal  avec  départ 
d'hydrogène.  Les  synthèses  de  ces  composés  anhydres  vérifient  bien  la 
formule  indiquée  par  M.  Bernthsen  pour  l'hydrosulfîte  hydraté  de  so- 
dium. » 


AGRONOMIE.  —  Culture  du  blé  au  champ  d' expériences  de  Grignon,  en  1902. 
INote  de  MM.  P.-F.  Dehérain  et  G.  Dupont. 

«  Nous  avons  obtenu  cette  année,  à  Grignon,  une  récolte  de  blé  excep- 
tionnelle; c'est  la  plus  forte  qui  ait  été  constatée  depuis  ïS^S,  époque  à 
laquelle  a  été  tracé  le  champ  d'expériences. 

))  La  moyenne  des  27*  ensemencés  est  de  43*',  4  ^^  grain  et  de  90"!  de 
paille  par  heclare;  le  blé  n'est  pas  très  lourd,  l'hectolitre  ne  pèse  que 
tS'^s;  le  volume  de  la  récolte  serait  donc  de  54^*,  2  par  hectare. 

»  Ce  rendement  est  un  peu  exagéré;  en  effet,  quand  on  cultive  des 
carrés  de  i*  séparés  les  uns  des  autres  par  des  sentiers  de  oo*^"^,  on  recon- 
naît toujours  que  les  plantes  qui  occupent  le  pourtour  du  champ  sont  plus 
hautes,  plus  fortes  que  celles  du  milieu  ;  une  surface,  formée  de  carrés 
séparés,  donne  par  suite  un  peu  plus  qu'une  surface  égale  formée  d'une 
seule  pièce;  toutefois,  si  les  rendements  constatés  cette  année  sont  comme 
toujours  un  peu  majorés,  ils  sont  comparables  à  ceux  des  années  précé- 
dentes, observés  dans  les  mêmes  conditions;  or,  nos  rendements  oscillent 
habituellement  entre  So^  et  35^^  par  hectare;  ils  sont  bien  inférieurs  à  ceux 
de  1902  et  il  est  intéressant  d'en  chercher  la  raison. 

ù  Notre  terre  de  Grignon  est  plutôt  légère  que  forte,  elle  est  très 
filtrante  et  les  années  humides  lui  sont  particulièrement  favorables;  or,  du 
mois  d'octobre  1901  à  la  fin  de  juillet  1902,  nous  avons  recueilli  4^6""° 
d'eau  ;  ce  n'est  pas  là  une  quantité  extraordinaire,  elle  n'expliquerait  pas 
l'abondance  de  la  récolte  si  l'on  ne  remarquait  que  le  mois  de  mai  seul  a 
fourni  m'"'". 

»  Quand  elle  est  bien  humectée,  notre  terre  filtrante  élabore  une  quan- 
tité considérable  de  nitrates;  la  preuve  de  l'activité  de  la  nitrification  a  été 
fournie  d'abord  par  les  rendements  des  parcelles  restées  sans  engrais 
depuis  27  ans.  En  1900,  l'une  d'elles  n'avait  donné  que  'j'^,3',  une  autre, 


SÉANCE  DU  27  OCTOBRE  I902.  655 

Cil  1901,  i3-i,8;  en  1902  nous  avons  obrenu  23^  de  la  parcelle  53  et  32'i  de 
la  parcello  5,  l'une  et  l'autre  sans  engrais  depuis  1875. 

»  La  formation  des  nitrates  dans  le  so!  a  été  telle  qu'elle  a  enlevé  toute 
efficacité  à  l'épandnge  de  ces  engrais;  les  parcelles  qui  les  ont  reçus  ont 
à  peine  fourni  i"'  de  plus  que  celles  qui  en  ont  été  privées. 

))  L'abondance  de  la  pluie  au  printemps  n'a  pas  été  favorable  seulement 
à  la  nutrition  azotée  du  blé  ;  elle  a,  en  outre,  maintenu  longtemps  actives 
les  cellules  à  chlorophylle  ;  la  racine  a  fourni  aux  feuilles  assez  d'eau  pour 
qu'elles  aient  résisté  aux  radiations  solaires,  pour  que  la  formation  inces- 
sante de  vapeurs  ait  empêché  leur  échauffement  et  leur  dessiccation  ;  elles 
ont  longtemps  prolongé  leur  travail,  et  la  formation  de  matière  végétale 
est  devenue  considérable. 

»  On  en  jugera  par  les  nombres  suivants,  dans  lesquels  nous  avons  dis- 
tingué non  seulement  les  diverses  variétés  semées  à  l'automne  de  1901, 
mais  encore  la  grosseur  des  grains  employés  aux  ensemencements,  pour 
voir  l'influence  qu'elle  exerce  sur  les  rendements. 


Rendements  du   blé  à    l'hectare   au  champ  d'expériences  de   Grignon   en  i 


go- 


Poids 

Grosseur        de  100  grains  Poids  Poids                      Moyenne, 

des  grains           dessf^chcs  du  grain  de  la            ^ — -— — ^  ^^,   — ^ 

Variétés.                  semés.                 à  110».  obtenu.  paille.             Grain.              Paille. 

g  qni  qm 

Shirefï        '\  Gros ^,990  4o,5  88,1      )        ^  i"\  ji"^ 

(Epicarre).    (   Petits 0,270  09,2  80,9     )  ^  ' 

r,  ,,,,         ^   Gros 4,i5o  4[,i  86,0     )        ,      ..  c 

Dattel.       <.          .  ■>     a  r  \       40,0  89,0 

(   Petits v->,t6o  40,1  92,0     )  ^ 

Mn.sv         i   ^'■''' ^'^90  43,5  99,4     i 

^^^''^^'       î   Petits 3,35o  42,8  95,8     (       ^^''  9"^ 

T     1    .        i  Gros 4,43o  5i,7  86,9     )       . 

Japhet.       ',          .  „.,  o  ^o>i  87^9 

^  (   Petits 2,bûo  48 j 6  89,0     )  ^   -^ 

1  Gros.......      4,342  44,2  90,1     /      ,0  , 

Moyenne.         ,.     .^  „      „  ,  ^  -       43,4  QO,i 

^  {   Petits 3,102  42,7  90,2     j       "<    '^  i^   ' 

»  On  voit  que,  pour  toutes  les  variétés,  les  semis  de  gros  grains  ont 
rendu  davantage  que  ceux  qui  ont  été  faits  avec  des  petits,  mais  que  c'est 
seulement  quand  la  différence  de  poids  des  semences  a  été  notable, 
comme  pour  le  Japhet,  que  les  rcndeuîents  des  gros  grains  ont  été  nota- 
blement plus  forts  que  ceux  des  petits. 

M   Le  i5  juillet,  un  violent  orage  s'est  abattu  sur  les  environs  de  Paris;  à 


656  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

Grignon  toute  la  récolte  a  été  couchée,  on  n'a  pu  couper  le  blé  à  la  machine, 
et  les  dépenses  de  la  moisson  ont  été  notables. 

»  Nous  avons  voulu  savoir  si  cette  verse  tardive  aurait  une  influence 
fâcheuse  sur  la  maturation,  et  nous  avons  prélevé  4""'  f^u  blé  droit  ou  versé 
que  portait  une  parcelle  de  Massy,  le  lendemain  de  la  verse  le  i6  juillet; 
puis  nous  avons  fait  un  nouveau  prélèvement  en  quatre  autres  points  le 
6  août;  les  pesées  et  les  analyses  ont  montré  que  le  blé  plié,  partielle- 
ment couché,  mais  non  aplati  par  terre  avait  bien  mûri,  qu'il  présentait 
une  composition  semblable  et  donnait  un  rendement  égal  à  celui  du  blé 
droit. 

»  Cette  année,  la  verse  tardive  n'a  donc  causé  d'autres  dommages  que 
d'augmenter  les  frais  de  la  moisson  ;  on  cherche  toujours  cependant  à  éviter 
cet  accident,  soit  par  le  choix  des  variétés  semées,  soit  par  l'emploi  des 
engrais.  Bien  que  quelques  pailles  soient  plus  rigides  que  d'autres,  il  n'existe 
pas  de  blés  inversables;  tel  que  l'ont  fait  des  siècles  de  culture,  le  blé  est 
aujourd'hui  une  plante  mal  équilibrée;  l'épi,  trop  lourd,  est  porté  par  une 
tige  trop  haute  et  trop  grêle,  et  un  vent  violent  en  a  toujours  raison.  La 
verse  est  d'autant  plus  à  craindre  que  la  fumure  a  été  plus  abondante; 
cette  année,  à  Grignon,  les  parcelles  restées  sans  engrais  depuis  plusieurs 
années  ont  résisté;  il  en  a  été  de  même  pour  celles  qui  ont  reçu  comme 
engrais  des  scories  de  déphosphoration  ;  ces  engrais  n'ont  pas  augmenté  le 
rendement,  mais  la  verse  ne  s'est  pas  produite. 

»  Nous  avons  trouvé,  l'an  dernier,  un  léger  avantage  à  concentrer  le 
fumier  sous  les  poquets  de  pommes  de  terre  ou  sous  les  lignes  de  bette- 
raves au  lieu  de  le  distribuer  uniformément  sur  toute  la  surface  des  pièces; 
toutefois,  avant  de  récommander  ce  mode  de  fumure  il  fallait  connaître 
son  action  sur  le  blé  succédant  à  la  plante  sarclée.  Le  semis  sur  des  champs 
ainsi  préparés  en  190 1  eut  lieu  à  l'automne  dernier;  au  cours  de  la  végé- 
tation, nous  avons  eu  quelques  inquiétudes,  car  le  blé  resta  quelque  temps 
inégal,  plus  fort  au-dessus  des  poquets  et  des  lignes  qu'aux  autres  places; 
puis  peu  à  peu  ces  différences  s'effacèrent,  et  en  juillet  on  ne  distinguait 
plus  les  pièces  au  mode  de  fumure  qu'elles  avaient  reçu. 

»   Au  battage  on  a  obtenu  les  chiffres  suivants  ; 

Blé  Dattel  Recueilli  à  V hectare. 

Fumure  uniforme 395o''s  de  grain       75io''e  de  paille 

L\imure  sous  les  lignes  de  betteraves [^026^^         »  7910''°  » 

»   La  fumure  concentrée  présente  donc  un  très  léger  avantage. 


SÉANCE  DU  27  OCTOBRE  1902.  657 

»  En  résumé,  et  c'est  là  le  point  sur  lequel  nous  voulons  insister,  le  champ 
d'expériences  de  Grignon  a  fourni  cette  année  une  récolte  exceptionnelle, 
et  cela  grâce  à  la  pluie  du  mois  de  mai.  Les  cultivateurs  qui  tiennent  des 
terres  filtrantes  et  qui  sans  de  grandes  dépenses  peuvent  y  amener  des 
eaux  d'arrosage  feront  bien  de  les  répandre  sur  le  blé  au  printemps,  car 
l'expérience  de  cette  année  montre  à  quelle  admirable  récolle  conduit, 
dans  ces  sortes  de  terre,  l'abondance  des  eaux.    » 


MÉCANIQUE.  —  Quelques  cas  d'intégration  de  l'équation  des  brachistochrones . 
Note  de  M.  Hatox  de  la  Goupillière. 

«  J'ai  donné  précédemment  (')  une  méthode  pour  l'intégration  de 
l'équation  de  la  brachistochrone,  dans  un  cas  spécial  d'une  assez  grande 
généralité.  J'ai  cherché  depuis  à  en  éclairer  l'esprit,  en  l'appliquant  à  des 
problèmes  déterminés.  C'est  l'objet  de  la  présente  Note,  dans  laquelle  je 
conserverai  les  notations  de  la  première. 

»  Exemple  I.  —  Supposons,  en  premier  lieu,  que  la  fonction  des  forces 
se  présente  sous  la  forme 

(11)  U  =  Ar«, 

avec  un  exposant  quelconque  :  entier,  fractionnaire  ou  incommensurable, 
positif  ou  négatif. 

»   On  a  identiquement,  pour  l'expression  du  rayon  vecteur. 


r  =  V^-+j'  =  si  {oc  -^  iy)  {x  —  iy)  =  sjpq. 
Nous  rentrons  donc  dans  le  cas  d'intégrabilité  (5)  en  prenant 

;2  n 

»   Il  s'ensuit 

y,-..w,=  ^/p-i<//,=  ^--^/-i^. 

Mais  comme  on  a,  en  coordonnées  polaires, 

p  ~.  X  +  iy  =^  r(cos6  +  tsin6)  =  re'®. 


(')  Comptes  rendus,  t.  GXXXV,  p.  6i4. 

G.  R.,  1902,   2«  Semestre.  (T.  GXXXV,  N»  17.) 


87 


—  n      (  2  —  n  )  1 1 


r    2    e       2       ; 


658  ACADÉMIE    DES    SCIENCES 

il  vient 

fe-'^^P^dp= -^ — J-- 

J  '^         {2  —  n)\/K 

et  de  même 

/9  2  —  "  (  2  —  »  )  1  9 

e-^q)(lq  =  -r~^e         i      . 
^        (2  — n)v/A 

»  L'équation  (8)  devient,  d'après  cela, 

r   2     eL     2         J  — g     L     2  J|=:const., 

c'est-à-dire  enfin 

2  — n 

r~^  sin  I  - — -  0  +  a  )  =  const. 


On  obtient  ainsi,  comme  brachistochrones,  les  spirales  sinusoïdes  d'ordre 


»  Il  est  facile  d'interpréter  la  condition  que  cette  formule  (11)  impose 
aux  forces. 

))  Comme  les  courbes  de  niveau  représentées  par  cette  équation  (11) 
sont  des  cercles  concentriques,  les  forces  F  concourent  à  l'origine. 

»  L'expression  U  du  travail  étant,  dès  lors,    /  Y  dr,  on  a 

F=:^=/^A^-^ 
dr 

Le   cas  qui  nous   occupe  est  donc  relatif  aux  forces   centrales  propor- 
tionnelles à  la  puissance  n  —  i    de  la  distance,  mais  toutefois  avec  une 
restriction  spéciale  qu'il  est  bien  essentiel  de  ne  pas  perdre  de  vue. 
»   L'équation  des  forces  vives  (1)  donne,  en  effet, 

{P'  =  2U  =  2Ar". 

Cette  relation  doit  donc  avoir  lieu  en  particulier  entre  la  vitesse  ini- 
tiale (^0  et  la  distance  r^  pour  laquelle  celle-ci  se  trouve  imprimée  au 
mobile.  On  a  ainsi  à  la  fois  : 


SÉANCE    DU   27    OCTOBRE    1902.  ÔSg 

d'où,  en  éliminant  le  coefficient  A, 


Fq/'o  _  n 


relation  nécessaire  des  trois  données  F^,  v^,  r^. 

»  Si  la  force  est  attractive,  elle  entre  négativement  dans  l'expression  U 
du  travail,  et  comme  r^  et  ^jj  sont  positifs,  on  doit  avoir  /^  <^  o.  La  force 
attractive  devra  donc  être  décroissante  quand  la  distance  augmente.  Si,  au 
contraire,  l'action  est  répulsive,  on  se  trouve  conduit  de  même  à  la  condi- 
tion 71  ^  o,  et  l'intensité  devra  croître  avec  l'éloignement.  La  limite  n  =  o 
qui  sépare  l'un  de  l'autre  ces  deux  cas  correspond  à  une  force  nulle  et  à 
une  trajectoire  rectiligne. 

»  Exemple  IL  —  Pour  envisager  une  seconde  application,  désignons 
par  p  et  p'  les  distances  du  mobile  à  deux  points  fixes.  Nous  pouvons 
toujours,  pour  plus  de  simplicité,  placer  ces  foyers  sur  l'axe  des  abscisses, 
à  des  distances  égales  de  l'origine,  que  nous  prendrons  pour  unité.  Suppo- 
sons, comme  définition  du  problème  que  nous  voulons  traiter  : 

U  =  pp'. 

Les  courbes  de  niveau  seront  alors  des  lemniscates  ayant  pour  foyers  les 
deux  points  fixes. 

»  On  a  d'ailleurs  identiquement  : 

=  (P9 -+- ^y  -  (p -^  9)' 

Il  vient  d'après  cela 

valeur  qui  satisfait  à  la  condition  d'intégrabilité  (5)  si  l'on  prend 

Il  suit  de  là,  sauf  le  signe  qui  reste  indifférent, 

/  e~'^^P>dp  =:    I         ^        =  arccos/J, 

^  J  s/^  —  p'' 

fe-^^i^dq=   f-f^=  =arccos^. 


66o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»   On  aura  ainsi  pour  le  groupe  spécial  (lo)  de  brachistochrones 

arccos^  ■+-  arccos^  =  2B. 

Pour  en  discerner  la  nature  géométrique,  prenons  le  cosinus  des  deux 
membres 

COS2B  =pq-  v/(i  -  />-)  (i  -  q^)  =r^~  pp', 
d'où 

(/'- —  COS2B)^  =  p^  p'-, 

et,  d'après  le  théorème  de  Côtes, 

r'*  —  2r-cos2B  +  C0S-2B  =  r*  —  nr^  cos2Ô  +  i, 

d'oii,  en  réduisant, 

2r-(co326  —  COS2B)  =  sin-2B, 

/--[(cos^O  —  sin^Ô)  -  cos2B(cos-6  +■  sin^G)]  =^sin22B, 

r^cos^6(i  —  C0S2B)  —  /^sin^6(i  +  C0S2B)  =  2sin^B  cos^B, 

et  enfin 

cos^B         sin^B 

On  voit  que  la  somme  des  dénominateurs  est  égale  à  l'unité,  c'est-à-dire  au 
carré  de  la  distance  du  centre  à  chacun  des  deux  foyers  fixes.  Par  suite 
cette  première  famille  de  brachistochrones  est  formée  des  hyperboles 
homofocales  aux  lemniscates. 

»  La  seconde  (9)  comprendra,  d'après  le  théorème  6,  leurs  trajectoires 
orthogonales,  c'est-à-dire  les  ellipses  qui  admettent  encore  les  mêmes 
foyers.  Enfin  tous  les  autres  groupes  seront  formés  des  trajectoires  de  ces 
coniques  homofocales  sous  un  angle  constant  quelconque. 

»  Il  reste  à  déterminer  la  loi  qui  régit  la  force  dans  le  cas  que  nous 
venons  de  traiter. 

»  Nous  connaissons  déjà  sa  direction,  qui  est  normale  aux  lemniscates, 
et  par  suite  tangente  aux  hyperboles  équilatères  concentriques  qui  passent 
par  les  foyers  de  ces  courbes. 

»  On  a  d'autre  part  pour  son  intensité 


\dxj 

2           /t/T\2 

\dx 

r- 

m 

l'dU 

^U\2 

fdU 
[dp 

dq) 

~   \dp     '     dq  ) 

,  d\] 
=  ^dp 

d\} 

pq 

,.2 

dq      sf(T- 

-P')  (I 

-r-) 

??'' 

SÉANCE  DU  27  OCTOBRE  1902.  661 

et  enfin 

v/pp' 

La  force  varie  donc  à  la  fois  proportionnellement  à  la  distance  au  centre 
et  en  raison  inverse  de  la  moyenne  géométrique  des  distances  aux  deux 
foyers. 

»  Elle  est  d'ailleurs  dirigée  de  l'intérieur  à  l'extérieur  des  lemniscates, 
puisque  l'expression  du  travail  est  positive. 

»  Quant  à  la  condition  spéciale  imposée  aux  données  initiales,  elle  dérive 
de  l'équation  (i)  : 

Ç^  =  2U  =  2pp'. 

»   On  a  donc  à  la  fois 


F'o  2  ' 

0=   7=7'  ^o=2poP«' 

VPoPo 


d'où,  en  éliminant  popj,, 


Fo<'o  __     /~ 


»  Exemple  III.  --  Prenons  enfin,  pour  fonction  des  forces,  le  carré  de 
celle  de  l'exemple  précédent 

M   La  première  famille  (10)  de  brachistochrones  aura  pour  équation 

2B  =  ^  Loo(P--l)  +  1  Logr^  , 
d'où 

4B  _    (/?  —  0(^  —  1)    ^    ^ 
■    (/>-h-l)(^  +  l)  p'^' 

et  enfin 

P' 

Elle  est   donc  formée   des   cercles  qui  sont  les  lieux  géométriques  des 
j)oints  dont  le  rapport  des  distances  aux  deux  foyers  fixes  reste  constant. 

»  La  seconde  famille  (9),  qui  est  coiistituée  par  les  trajectoires  orthogo- 
nales des  précédentes,  comprend  d'après  cela  les  cercles  qui  passent  par 
les  deux  foyers  fixes. 


662  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Les  autres  systèmes  de  brachistochrones  seront  composés  des  trajec- 
toires sous  un  angle  constant  quelconque  des  lignes  précédentes. 
»  Les  courbes  de  niveau  ayant  pour  équation 

pp'  =  const. 

sont  encore  des  lemniscates  homofocales.  Les  forces  seront  donc  normales 
à  ces  lemniscates  comme  dans  le  cas  précédent. 

»  Quant  à  leur  intensité,  elle  sera  fournie  par  la  formule 

ï'"  =  4^^  =  '6;.?U  =  i6r=p'p-,         F  =  4rpp'. 

Elle  est  en  raison  composée  des  trois  distances  au  centre  et  aux  deux 
foyers. 

»  La  relation  paramétrique  des  données  initiales  dérive  des  formules 

^o  =  2Uo=  2p^p;%         Fo=:4rop„p'o, 


qui  donnent,  en  éliminant  pop,,. 


^  =  2v/2.     )> 


NAVIGATION.  —  Sur  la  cavitation  dans  les  navires  à  hélices. 
Note  de  M.  J.-A.  Normand. 

«  L'attention  des  Ingénieurs  maritimes  s'est  portée  récemment  sur  un 
phénomène  qui  se  manifeste  parfois  aux  vitesses  extrêmes  dans  le  fonc- 
tionnement de  l'hélice  propulsive.  Son  importance,  longtemps  insoup- 
çonnée, paraît  dépasser  celle  de  toutes  les  autres  causes  de  pertes  d'effi- 
cacité :  en  effet,  suivant  qu'il  se  produit,  même  partiellement,  ou  qu'il  ne 
se  produit  pas,  la  puissance  nécessaire  pour  imprimer  au  navire  une  vitesse 
maxima  déterminée  peut  varier  de  3  à  2  ou  même  de  2  à  i.  S'il  se  pro- 
duisait complètement,  aucune  augmentation  de  puissance,  si  grande  fût-elle, 
ne  pourrait  accroître  la  vitesse. 

»  Ce  phénomène  que  j'appelais,  il  y  a  9  ans,  à  la  suite  d'essais  au  point 
fixe  qui  le  mettaient  en  évidence  :  Rupture  des  cylindres  d' eau  actionnés,  est 
connu  aujourd'hui  sous  le  nom  plus  simple  de  cavitation.  Voici  en  quoi 
il  consiste  : 

»    La  vitesse  de  l'eau  dans  le  conduit  d'aspiration  d'une  pompe,  telle 


SÉANCE    DU    27    OCTOBRE    1902.  663 

qu'une  pompe  centrifuge,  ne  peut  pas  dépasser  une  certaine  valeur,  qui 
dépend  surtout  de  la  hauteur  d'aspiralion.  Quand  cette  hauteur  est  nulle, 
la  vitesse  maxima  théorique  est  celle  de  l'eau  qui  s'écoule  dans  le  vide 
sous  la  pression  génératrice  de  l'atmosphère,  soit  i4™  par  seconde.  Ce 
chiffre  n'est,  du  reste,  jamais  atteint,  à  cause  des  pertes  de  charge  inévi- 
tables. La  vitesse  de  rotation  augmente-t-elle  au  delà  de  celle  pour  laquelle 
la  pression  de  l'eau  à  l'entrée  de  la  pompe  est  égale  au  vide,  la  rupture  de 
la  colonne  d'aspiration  se  produit  et  la  puissance  est  dépensée  en  tour- 
billons. 

»  De  même,  dans  un  navire,  l'eau  se  précipite  vers  l'hélice,  en  vertu  de 
la  pression  atmosphérique  augmentée  de  celle  qui  est  due  à  la  hauteur  de 
la  flottaison  au-dessus  du  point  de  l'hélice  considéré. 

»  Le  cylindre  d'eau  aspiré,  d'une  section  égale  à  la  surface  du  cercle 
circonscrit  à  l'hélice,  reste  entier  et  continu  tant  que  la  vitesse  absolue  avec 
laquelle  il  se  dirige  vers  l'hélice  qui  l'aspire  ne  dépasse  pas  une  certaine 
valeur  :  au  delà,  des  cavités  se  forment  et  la  puissance  est  gaspillée  en 
remous  et  tourbillons. 

»  Il  existe,  toutefois,  deux  différences  importantes  entre  la  pompe  et 
l'hélice  :  d'abord,  le  canal  d'aspiration  de  celle-ci  n'est  pas  fermé  et, 
ensuite,  l'accélération  que  l'hélice  imprime  à  l'eau  n'est  pas  égale  pour 
toutes  les  parties  du  cylindre  actionné.  Aussi  la  vitesse  moyenne  d'aspi- 
ration pour  laquelle  des  ruptures  se  produisent  est-elle  beaucoup  plus 
éloignée  de  la  vitesse  théorique  que  dans  la  pompe. 

»  Remarquons,  incidemment,  que  les  choses  se  passent  tout  autrement 
dans  un  ventilateur  et  dans  un  propulseur  aérien,  à  cause  de  la  compres- 
sibilité  de  l'air. 

))  La  quantité  de  mouvement  imprimée  à  l'eau  par  l'hélice  mesure  la 
résistance  du  navire.  Si  la  vitesse  qui  forme  l'un  des  facteurs  de  cette  quan- 
tité de  mouvement  est  assez  grande  pour  que  la  cavitation  se  produise,  on 
est  conduit  à  augmenter  l'autre  facteur  :  la  masse  liquide,  qui  est  propor- 
tionnelle à  la  surlace  propulsive. 

»  Les  considérations  qui  précèdent  m'ont  conduit  (')  à  cette  règle  fort 
simple  : 

»  La  surface  propulsive  doit  être  proportionnelle  au  produit  de  la  surface 
résistante  par  la  vitesse,  ou  plus  exactement  au  quotient  de  la  puissance  par  le 
carré  de  la  vitesse. 


(*)  Règles  approximatives  pour  le  calcul  de  la  surface  propulsive  {Bulletin  de 
V Association  technique  maritime,  1899). 


664  ACADÉMIE    DES    SCIETfCES. 

»  On  a  ainsi  l'équation  suivante,  dont  le  premier  membre  représente 
approximativement  la  surface  propulsive  : 

n,  le  nombre  d'hélices  supposées  identiques; 

A,  le  diamètre  des  hélices  en  mètres; 

r,  le  rapport  de  la  surface  totale  développée  des  ailes  d'une  hélice  à  celle 

du  cercle  circonscrit; 
F,  la  puissance  maxima  en  chevaux  de  yS''™; 
V,  la  vitesse  correspondante  du  navire  en  nœuds. 

))  L'expérience  montre  que  le  coefficient/,  qui  doit  être  d'autant  plus 
grand  que  l'acuilé  de  la  carène  relativement  à  la  vitesse  est  moindre,  ne 
doit  jamais  être  inférieur  à  0,60.  Il  peut  dépasser  avec  avantage  o,  80. 

»  Depuis  plus  de  3  ans,  cette  règle  a  reçu  de  nombreuses  vérifications. 
Elle  a  permis  d'expliquer  tantôt  des  chutes  anormales,  tantôt  des  valeurs 
exceptionnelles  d'utilisation  que  l'examen  des  formes  de  la  carène  ne  jus- 
tifiait pas. 

»  En  voici  un  exemple  :  Dans  une  marine  étrangère,  trois  croiseurs 
identiques  de  i43oo^^  et  de  3 1000*^''^  sont  essayés  avec  des  hélices  sem- 
blables, sauf  le  pas.  Ils  fournissent  des  vitesses  maxima  sensiblement 
égales;  en  même  temps,  la  courbe  des  utilisations  en  fonction  de  la  vitesse 
accuse  une  chute  anormale  à  la  vitesse  maxima  et  montre  qu'une  augmen- 
tation d'un  nœud  exigerait  une  augmentation  de  puissance  de  i5ooo*^''^ 
à  20000*^''^.  Sur  le  dernier  de  ces  bâtiments,  on  remplace  les  hélices  primi- 
tives par  d'autres,  d'une  surface  propulsive  considérablement  augmentée. 
Un  supplément  de  plus  d'un  nœad  est  obtenu  sans  augmentation  de  puis- 
sance, et  sans  que  la  courbe  d'utilisation  présente  de  chute  anormale. 
Evidemment  la  cavitation  se  produisait  avec  les  premières  hélices.  J'ajou- 
terai qu'elle  pouvait  être  prévue;  le  coefficient/ de  la  formule  ci-dessus 
ne  dépassait  pas,  en  effet,  o, 43,  tandis  qu'il  atteint  0,60  avec  les  hélices 
agrandies. 

M  Ainsi,  un  simple  remplacement  d'hélices,  dont  le  coût  représente  à 
peine  ^  de  la  valeur  totale  du  bâtiment,  a  suffi  à  fournir  un  résultat  qui 
eût  coûté,  au  minimum,  trente  fois  davantage  s'il  avait  du  être  obtenu  par 
augmentation  de  la  puissance  et  des  dimensions  du  navire. 

»  On  peut  trouver  étrange  qu'un  phénomène  aussi  important  que  la 


SÉANCE   DU    27    OCTOBRE    1902.  665 

cavitation  soit  resté  si  longtemps  inconnu.  Les  causes  de  ce  fait  sont  les 
suivantes  : 

»  1°  Depuis  quelques  années,  les  vitesses  ont  considérablement  aug- 
menté, et  cependant  on  a  souvent  cru  pouvoir  conserver,  en  vertu  d'une 
ancienne  règle,  les  valeurs  ordinaires,  jusqu'alors  très  suffisantes,  du 
rapport  de  la  surface  propulsive  à  la  surface  résistante  du  navire,  tandis 
que  ce  rapport  doit  varier  comme  la  vitesse  maxima. 

«  Il  en  est  résulté  que  la  vitesse  absolue  de  l'eau  dans  le  canal  d'aspi- 
ration a  augmenté  dans  les  navires  très  rapides;  or,  c'est  presque  invaria- 
blement sur  ceux-ci  que  la  cavitation  s'observe. 

»  2°  Plusieurs  ingénieurs  éminents,  en  se  basant  sur  des  considérations 
très  exactes  en  apparence,  mais  en  négligeant  la  question  alors  inconnue 
de  la  cavitation,  ont  professé  que  les  reculs  habituels  étaient  trop  faibles. 
M.  W.  Fronde,  auquel  on  doit  des  travaux  si  remarquables  sur  les  roulis 
et  qui  jouissait  d'une  autorité  très  grande  et  très  justifiée,  disait  en  1878  : 

ft  Loin  qu'il  soit  exact  de  considérer  un  grand  recul  comme  une  preuve 
))  de  perte  de  puissance,  l'opinion  contraire  est  juste.  »  Il  ajoutait  :  «  Une 
»  surface  propulsive  très  réduite  peut  être  admise  sans  grande  perte  de 
»   rendement.    » 

»  A  cette  époque,  la  vitesse  maxima  des  croiseurs  était  18  nœuds;  elle 
dépasse  aujourd'hui  24  nœuds. 

»  3°  C'est  également  à  cette  époque  que  les  premiers  bassins  d'essais 
de  modèles  ont  été  établis.  Aujourd'hui,  il  est  de  règle,  dans  beaucoup  de 
marines,  de  n'exécuter  .un  navire  qu'après  les  essais  du  modèle  qui  le 
représente,  essais  qui  se  font  actuellement  avec  addition  d'hélices,  afin  de 
se  rapprocher  de  la  réalité.  On  a  cru  que  les  lois  de  similitude  étaient 
presque  rigoureusement  applicables,  à  condition  que  les  vitesses  fussent 
proportionnelles  à  la  racine  carrée  des  dimensions  linéaires.  Elles  le  sont, 
en  effet,  sauf  en  ce  qui  concerne  la  cavitation,  à  moins  toutefois  que  la 
pression  de  l'atmosphère  ne  soit  réduite  dans  la  proportion  des  dimensions 
linéaires.  La  vitesse  de  l'eau  dans  le  canal  d'aspiration  se  produit,  en  effet, 
en  vertu  de  la  pression  extérieure  augmentée  de  celle  qui  est  due  à  la  hau- 
teur de  la  flottaison  au-dessus  des  hélices.  Cette  dernière  hauteur  est  bien 
proportionnelle  aux  dimensions  linéaires  du  modèle  et  imprimerait,  si  elle 
agissait  seule,  une  vitesse  proportionnelle  à  sa  racine  carrée,  c'est-à-dire  à  la 
vitesse  homologue  du  modèle;  mais  la  cause  génératrice  de  la  vitesse  dans 
le  canal,  de  beaucoup  la  plus  importante,  est  la  pression  extérieure  de  l'at- 
mosphère, qui  n'est  réduite  dans  aucun  bassin  d'expérience  existant.  Les 

G.  R.,  1902,  2»  Semestre.  (T.  CXXXV,  N"  17.)  ^^ 


666 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


essais  de  modèles  munis  d'hélices,  tels  qu'ils  sont  effectués  actuellement, 
ne  peuvent  donc  pas  mettre  en  évidence  le  phénomène  de  la  cavitation. 

»  Aussi,  est-ce  à  tort  que  l'on  a  cru  pouvoir  déduire  de  ces  essais  les 
résultais  que  donnerait  le  navire  même.  Il  ne  faudrait  pas  en  conclure 
qu'ils  sont  inutiles  :  ils  peuvent,  au  contraire,  fournir  des  renseignements 
précieux,  à  la  condition  de  ne  pas  les  faire  servir  à  la  détermination  des 
dimensions  des  propulseurs;  celle-ci  doit  être  effectuée  par  des  règles 
spéciales. 

»  De  nombreuses  formules,  basées  sur  l'expérience,  ont  été  proposées 
pour  le  calcul,  a  priori,  de  la  vitesse  des  navires.  Si  la  surface  propulsive 
de  quelques-uns  des  bâtiments  dont  les  essais  ont  servi  à  les  établir  est 
assez  faible  pour  que  la  cavitation  ait  pu  se  produire,  il  est  probable  que 
les  formules  sont  inexactes  aux  vitesses  extrêmes.    » 


PHYSIQUE.  -—   Sur  la  vitesse  de  propagation  des   rayons  X. 
Note  de  M.  R.  Blondlot. 

«  Après  plusieurs  années  consacrées  à  des  tentatives  restées  infruc- 
tueuses pour  déterminer  la  vitesse  de  propagation  des  rayons  X,  l'idée  me 
vint  qu'en  appliquant  un  principe  analogue  à  celui  de  la  méthode  de 
Romer  pour  mesurer  la  vitesse  de  la  lumière,  on  pourrait  arriver  à  recon- 
naître si  la  vitesse  des  rayons  X  est  ou  non  comparable  à  celle  des  ondes 
électromagnétiques.  Je  fus  ainsi  amené  à  combiner  l'expérience  suivante. 

»  Des  pôles  B  et  B'  d'une  bobine  d'induction  {/ig-  t)  partent  deux  fils 

Fis.    1. 


aboutissant  aux  électrodes  H  et  H'  d'un  tube  focus.  Avant  d'atteindre  le 
tube,  ces  fils,  tendus  horizontalement  et  parallèlement  l'un  à  l'autre,  sont 
fixés  respectivement  aux  deux  moitiés  d'un  excitateiu'  de  Hertz  formé  de 


SÉANCE    DU    27    OCTOBRE    1902.  667 

deux  cylindres  de  laiton,  A  et  A',  de  8*^™  de  diamètre  et  de  6*^"*  de  longueur, 
assujettis  horizontalement  dans  la  paroi  d'un  flacon  contenant  de  l'huile 
de  vaseline;  au-dessous  de  ce  flacon  (non  représenté  sur  la  figure),  est 
disposé  un  résonateur  formé  d'une  boucle  de  fd  de  cuivre  DD'C  (on  a 
représenté  le. résonateur  à  côté  de  l'excitateur,  mais,  en  réalité,  sa  partie 
rectiligne  DD'  est  placée  au-dessous  même  de  AA').  La  coupure  C  du  résona" 
teur  est  du  côté  du  tube  focus,  de  façon  à  en  recevoir  les  rayons  X;  elle  est 
protégée  contre  toute  autre  radiation  par  des  écrans  en  papier  noirci  et  par 
une  lame  d'aluminium. 

»  En  réglant  convenablement  la  distance  explosive  de  l'excitateur  dans 
l'huile,  on  parvient  à  faire  fonctionner  simultanément  le  tube  focus  et 
l'excitateur.  Voici  alors  ce  qui  se  passe  :  à  chaque  courant  de  rupture  de 
la  bobine  d^induction,  la  différence  de  potentiel  entre  H  et  H'  atteint  une 
valeur  suffisante  pour  que  le  tube  fonctionne;  puis,  cette  différence  de 
potentiel  continuant  à  croître,  l'étincelle  éclate  à  l'excitateur  :  le  tube, 
privé  subitement  d'alimentation,  s'éteint,  tandis  que  la  décharge  oscilla- 
toire de  l'excitateur  se  poursuit  et  s'achève. 

»  Supposons  d'abord  que  l'on  ait  disposé  le  tube  tout  près  de  l'excita- 
teur, les  fils  AH  et  A'H'  étant  aussi  courts  que  possible  (o™,i  t).  Portons  en 
abscisses    i^fig.  2)   les   temps,   comptés   à  partir  du   moment  oîi   l'étin- 


Fie;.  2. 


celle    éclate  dans  l'huile,    et  en   ordonnées  les   différences  de  potentiel 
entre  A  et  A';  nous  avons  ainsi,  comme  on  sait,  une  sinusoïde  rapidement 


668  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

amorlie  MNPQ. . ..  Une  fois  l'appareil  réglé,  le  potentiel  nécessaire  pour 
faire  fonctionner  le  Inbe  n'est  inférieur  que  de  peu  au  potentiel  explosif 
de  l'excitateur:  il  suffit,  en  effet,  de  diminuer  très  peu  la  distance  explosive 
de  celui-ci  pour  que  la  décharge  ne  traverse  plus  le  tube,  mais  passe  entiè- 
rement par  l'excitateur.  Cette  particularité  a  ici  une  importance  capitale: 
il  en  résulte  que  le  tube  s'éteint  dès  que  le  potentiel  a  diminué  un  peu  au 
début  de  la  décharge  oscillante,  et,  par  suite,  au  bout  d'un  temps  inférieur 
au  quart  de  la  période  de  l'excitateur;  la  courbe  représentative  de  l'inten- 
sité des  rayons  X  est  donc  formée  d'une  portion  presque  horizontale  RS, 
antérieure  à  la  décharge  de  l'excitateur,  suivie  d'une  portion  brusquement 

descendante  SU.     La  longueur  d'onde  de  l'excitateur  ayant  été  trouvée 

égale  à  i",i4,  sa  période  est  x ^  sec,  et,  par  conséquent,  OU  est  de 

beaucoup  inférieur  à  7, r^ — 7  sec. 

^  3  X  io"^x  4  J 

))  Construisons  la  courbe  ayant  pour  ordonnées  la  valeur  de  la  force 
électrique  produite  à  la  coupure  du  résonateur  par  la  décharge  de  l'exci- 
tateur. L'ordonnée  de  cette  courbe  est  nulle  tant  que  toute  la  décharge 
passe  par  le  tube  focus,  par  conséquent  jusqu'à  l'origine  des  temps  sur 
le  diagramme;  elle  n'atteint  une  valeur  notable  qu'à  une  époque  où 
l'excitateur  est  déjà  en  partie  déchargé,  et  le  maximum  de  cette  force 
électrique  n'a  lieu  que  lorsque  l'excitateur  s'est  rechargé  en  sens  contraire, 
c'est-à-dire  au  bout  d'une  demi-période,  durée  représentée  par  l'abscisse  OZ. 
Il  suit  de  là  que,  quand  le  résonateur  commence  à  osciller,  les  rayons  X. 
sont  déjà  éteints  :  par  conséquent,  il  ne  peut  y  avoir  d'action  du  tube  sur 
l'étincelle  secondaire  (^).  C'est  ce  que  l'expérience  vérifie,  car  si  l'on  inter- 
pose une  lame  de  plomb  entre  le  tube  et  la  coupure,  de  manière  à  inter- 
cepter les  rayons  X,  l'étincelle  ne  change  pas  d'aspect. 

»  Laissant  le  tube  focus  à  la  même  place,  remplaçons  les  fils  courts  AH, 
A'H'  par  des  fils  de  25*^™,  repliés  sans  coudes  brusques;  cet  allongement 
des  fils,  en  retardant  l'extinction  des  rayons  X  du  temps  que  les  ondes  hert- 
ziennes emploient  pour  parcourir  (23  —  ii)"^=  14*^*",  va  avoir  pour  effet 
de  retarder  d'autant  la  disparition  des  rayons  X  à  la  coupure  et  de  laisser 
ainsi  à  ces  rayons  le  temps  d'agir  sur  l'étincelle  :  c'est  en  effet  ce  que  l'on 
constate,  car  l'interposition  d'une  larne  de  plomb  rend  l'étincelle  manifes- 
tement moins  éclatante.  Cette  action  des  rayons  X  augmente  si  l'on  aug- 


(')  Voir,  sur  ceUe  action,  \\.  Blondlot,  Comptes  rendus,  t.  CXXXIV,  1902,  p.  iSog. 


SÉANCE    DU    27    OCTOBRE    I902.  669 

mente  la  longueur  des  fils  de  transmission  AH  et  A' H'  :  pour  des  longueurs 
de  33*^™,  de  So^'*",  de  i3o^'™,  elle  est  de  plus  en  plus  marquée. 

»  Ces  expériences  montrent  que,  dans  mon  appareil,  les  rayons  X 
s'éteignent  dès  que  la  décharge  électrique  a  cessé  dans  le  tube.  En  effet, 
dans  l'expérience  avec  les  fils  très  courts  (ii*^™),  on  n'a  constaté  aucune 
action,  tandis  qu'il  a  suffi  de  les  allonger  de  i4^™  pour  obtenir  une  action 
visible;  si,  par  conséquent,  il  existe  une  prolongation  de  l'émission  des 
rayons  X,  ou  encore  une  prolongation  de  leur  action  à  la  coupure  après 

leur  cessation,  leur  somme  est  très  petite  vis-à-vis  de  ^ — — ^  sec.  ('). 

»  Prenons  des  fils  de  transmission  repliés,  que  nous  laisserons  d'un^î 
longueur  invariable,  o™,5o  par  exemple,  puis  éloignons  peu  à  peu  le 
tube  de  la  coupure;  en  vertu  de  cet  éloignement,  les  rayons  X  éprou- 
vent un  retard  égal  au  temps  qu'ils  mettent  à  franchir  la  distance  du 
tube  à  la  coupure;  leur  disparition  à  la  coupure  est  retardée  d'autant,  et, 
si  leur  vitesse  est  comparable  à  celle  des  ondes  hertziennes,  l'effet  de  l'éloi- 
gnement  du  tube  va  être  analogue  à  celui  d'un  allongement  des  fils, 
c'est-à-dire  une  amélioration  dans  la  coïncidence  de  l'époque  où  la  force 
électrique  existe  à  la  coupure  avec  l'époque  où  les  rayons  X  y  sont  pré- 
sents, et,  par  suite,  une  augmentation  de  l'action  de  ces  rayons  sur  l'étin- 
celle. On  est  ainsi  amené  à  cette  prévision  paradoxale  :  le  tube  devrait 
agir  plus  de  loin  que  de  près.  A  ma  grande  surprise,  cette  expérience 
réussit  complètement  :  l'éclat  de  l'étincelle  augmente  à  mesure  que  l'on 
éloigne  le  tube  ;  c'est  un  fait  certain  et  constant.  L'augmentation  est  bien 
due  aux  rayons  X,  car,  si  l'on  place  un  petit  disque  de  plomb  contre  la 
lame  d'aluminium  interposée  entre  la  coupure  et  le  tube,  l'effet  dispa- 
raît :  l'étincelle  devient  aussitôt  plus  faible  et  demeure  invariable,  quelle 
que  soit  la  distance  du  tube.  Ce  fait  surprenant  est  une  première  vérifica- 
tion de  notre  supposition  initiale  :  la  vitesse  de  propagation  des  rayons  X 
est  comparable  à  celle  des  ondes  hertziennes. 


(*)  M.  Colardeau  avait  déjà  trouvé  que  la  durée  d'émission  des  rayons  X  est  infé- 
rieure à  yôo^  de  seconde,  «  et  bien  moindre  que  ne  le  feraient  croire  les  expériences 
réalisées  de  prime  abord  ».  [Bulletin  de  la  Société  française  de  Physique,  1901; 
2"  fascicule,  p.  117.)  Un  échange  de  vues  sur  ce  sujet  a  eu  lieu  entre  MM.  Brunhes  et 
Colardeau,  à  la  séance  de  la  Société  de  Physique  du  i5  mars  1901  :  le  désaccord  entre 
les  résultats  obtenus  par  ces  deux,  physiciens  tient  à  ce  que  les  conditions  de  leurs 
expériences  ne  sont  pas  les  mêmes.  Les  miennes  se  rapprochent  de  celles  de  xM.  Colar- 
deau. 


670 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


»  Prenons  maintenant  des  fils  de  transmission  d'une  plus  grande  lon- 
gueur, 80^™  jDar  exemple.  Quand  on  éloignera  le  tube,  il  arrivera,  pour 
une  certaine  distance,  que  les  rayons  X  posséderont  à  la  coupure  leur 
pleine  intensité  pendant  tout  le  temps  que  la  force  électrique  à  la  coupure 
conserve  une  valeur  notable  {^fig-  3)  :  l'efficacité  des  rayons  X  sera  alors 
aussi  grande  que  le  permet  leur  intensité. 


Fis.  3. 


»  Si  l'on  continue  à  éloigner  le  tube,  on  n'améliorera  plus  la  coïnci- 
dence entre  la  présence  des  rayons  X  et  celle  de  la  force  électrique  à  la 
coupure,  et  l'on  perdra  de  plus  en  plus  comme  intensité  des  rayons  X; 
par  conséquent,  leur  action  aura  passé  par  un  maximum.  C'est  ce  que  l'on 
constate  effectivement  :  l'étincelle  passe  par  un  maximum  lorsque  le  tube 
est  à  environ  53*^'*^  de  la  coupure.  Ce  maximum  est  bien  dû  aux  rayons  X, 
car  il  disparaît  par  l'interposition  d'un  petit  disque  de  plomb. 

»  Ainsi,  la  supposition  que  la  vitesse  des  rayons  X  et  celle  des  ondes 
hertziennes  seraient  de  même  ordre  de  grandeur  nous  a  conduits  à  prévoir 
l'existence  d'un  maximum  ;  cette  prévision  s'est  trouvée  vérifiée  par  l'expé- 
rience. Comme,  d'ailleurs,  il  parait  impossible  d'expliquer  autrement  ce 
phénomène  paradoxal,  on  est  amené  à  conclure  que  la  vitesse  de  propaga- 
tion des  rayons  X  est  bien  du  même  ordre  de  grandeur  que  celle  des  ondes 
hertziennes.  Je  me  propose  d'expliquer  incessamment  comment  l'étude  de 
ce  maximum  m'a  fourni  le  moyen  de  déterminer  le  rapport  des  deux 
vitesses.    » 


SÉANCE  DU  27  OCTOBRE  1902.  67 I 


CORRESPONDANCE . 

M.  le  MiMSTRE  DE  l'Ivstructiox  publique  et  des  Beaux-Arts  transmet  à 
l'Académie,  au  nom  de  M.  le  Ministre  des  Affaires  étrangères,  un  Mémoire 
de  M.  Ryder,  capitaine  de  frégate  de  la  Marine  danoise,  résumant  les  études 
entreprises  sur  les  courants  entre  la  Norvège,  l'Ecosse  et  le  Groenland. 

M.  le  général  Bassot  présente  à  l'Académie,  au  nom  du  Bureau  des 
Longitudes,  le  Volume  de  la  Connaissance  des  Temps  pour  Van  iqod, 
le  227^  d'une  éphéméride  qui  n'a  jamais  souffert  d'interruption  depuis  la 
publication  du  premier  Volume,  en  1679,  P^''  Picard,  et  dont  est  chargé 
le  Bureau  des  Longitudes  depuis  sa  fondation  en  1795. 

u  Le  Volume  de  1905  est  en  tout  conforme  à  ceux  qui  le  précèdent 
depuis  1901  (année  01.1  l'on  a  adopté,  pour  les  quatre  principales  éphémé- 
rides  astronomiques,  un  même  système  de  constantes  et  un  même  Cata- 
logue d'étoiles  fondamentales),  sauf  en  ce  qui  concerne  les  distances 
lunaires,  qui  sont  pour  la  première  fois  et  demeureront  désormais  sup- 
primées. Le  Bureau  des  Longitudes,  après  un  examen  approfondi,  a,  en 
effet,  reconnu  que  la  publication  des  distances  lunaires  ne  présentait  pas 
une  utilité  suffisante  et  ne  répondait  plus  aux  besoins  actuels  de  la  navi- 
gation. Par  suite,  il  a  été  décidé,  après  avoir  pris  l'avis  de  M.  le  Ministre 
de  la  Marine,  de  ne  plus  insérer  dans  la  Connaissance  des  Temps,  à  partir 
de  1905,  l'éphéméride  des  distances  lunaires.  0 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

1°  Un  Opuscule  àeM.  Gino  Loria,  intitulé  :  «  l'OEuvre  mathématique 
d'Ernest  de  Jonquières  »  (Extrait  de  Bibliotheca  malematica,  1902). 

2.°  Une  Brochure  intitulée  :  «  Léonard  de  Vinci,  peintre,  ingénieur, 
hydraulicien  ;  par  M.  A.  Ronna  ».  (Présenté  par  M.  Haton  de  la  Goupil- 
lière.) 

3**  Un  Volume  de  M.  L.  Dumas,  intitulé  :  «  Recherches  sur  les  aciers  au 
nickel  à  haute  teneur  ».  (Présenté  par  M.  H.  Moissan.) 

4°  Un  Volume  de  M.  Stanislas  Meunier,  intitulé  :  «  la  Géologie  générale  ». 
(Présenté  par  M.  Albert  Gaudry.  ) 


672  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Nouvelles  observations  sur  les  éruptions  volcaniques 
de  la  Martinique.  Extrait  d'une  Lettre  de  M.  A.  Lackoix  à  M.  Michel  Lévy. 

«   Le  désastre  du  3o  a  été  épouvantable  à  cause  du  nombre  des  victimes, 
mais  la  région  dévastée  est  loin  d'avoir  l'étendue  que  l'on  disait. 

))  Dans  cette  région  dévastée,  à  part  bien  entendu  les  flancs  de  la  Mon- 
tagne Pelée,  les  phénomènes  mécaniques  correspondent  en  moyenne  à 
ceux  de  la  zone  intermédiaire  de  Saint-Pierre.  Beaucoup  de  maisons  au 
Morne  Rouge  sont  absolument  intactes  et  les  habitants  qui  y  étaient 
enfermés  n'ont  pas  souffert.  L'incendie  n'a  été  que  local,  beaucoup  d'arbres 
n'ont  pas  été  renversés;  mais  il  y  a  eu,  d'autre  pari,  des  phénomènes  de 
transport  curieux.  Vous  verrez  dans  une  de  mes  photographies  ci-jointes 
un  gros  palmiste  traversé  par  des  poutres  de  bois.  Sur  une  autre,  un 
fragment  de  toiture  en  tôle  est  accroché  à  un  arbre.  Notez  d'ailleurs  que 
la  plupart  des  maisons  au  Morne  Rouge  n'avaient  qu'un  soubassement  en 
pierre,  tout  le  reste  était  en  bois;  c'est  le  cas  notamment  de  la  maison  où 
nous  avions  passé  quelques  jours  en  juillet  et  dont  il  ne  reste  plus  que  les 
fondations.  Nous  avons  retrouvé,  dans  lesdéblais,  de  petits  verres  à  liqueur 
à  moitié  fondus  et  qui  étaient  sur  la  commode  de  notre  chambre. 

»  Il  n'est  pas  douteux  que  la  destruction  ne  soit  due  à  l'action  d'un 
nuage  de  vapeur  d'eau  très  riche  en  cendre  chaude.  Il  n'y  a  pas  à  songer  à 
aucun  gaz  combustible  ;  les  arbres  ne  sont  pas  brûlés  et  les  palmiers  dont  les 
feuilles  n'ont  pas  été  arrachées  montrent  que  celles-ci  ont  été  simplement 
desséchées. 

»  Des  phénomènes  électriques  ont,  comme  toujours,  accompagné  l'érup- 
tion, mais  n'ont  joué  qu'un  rôle  accessoire.  J'ai  examiné  avec  grand  soin 
les  nombreuses  grilles  en  fer,  les  poteaux  téléphoniques  en  fer,  et  je  n'y  ai 
vu  nulle  part  la  trace  de  coups  de  foudre. 

))  Quant  à  la  cause  de  l'agrandissement  de  la  zone  dévastée  par  le  volcan, 
elle  est  facile  à  distinguer.  Dans  notre  Rapport  précédent,  nous  avons 
parlé  d'un  talus,  que  l'on  voyait  par  l'échancrure  sud-ouest  du  cratère. 
Il  représentait  un  des  côtés  d'un  cône  qui  s'est  très  rapidement  élevé  dans 
le  cratère  pendant  le  mois  d'août  et  qui,  actuellement,  dépasse  le  sommet 
de  la  montagne. 

))  Dès  que  cela  nous  sera  possible,  nous  tenterons  l'ascension  du  sommet 
de  la  Montagne  Pelée  (')  et  de  l'un  quelconque  des  bords  du  cratère  que 

(1)  Un  récent  càblogramme  annonce  que  M.  Lacroix  a  pu  faire  celte  ascension. 


SÉANCE  DU  27  OCTOBRE  I902.  678 

nous  avions  gravis  en  juin  et  juillet;  nous  serons  extrêmement  près  du 
sommet  de  ce  cône.  Il  semble  que  c'est  de  l'intervalle  situé  entre  les  parois 
du  cratère  et  la  base  de  ce  cône,  ainsi  que  des  flancs  de  celui-ci,  que  sortent 
actuellement  les  colonnes  de  gaz  et  de  vapeurs  qui,  les  jours  de  calme, 
montent  verticalement  à  une  hauteur  prodigieuse. 

»  Ce  cône,  vu  à  la  lorgnette,  ne  me  paraît  pas  entièrement  constitué 
par  des  blocs  de  projection;  il  est  formé  de  dents  très  aiguës  à  parois  verti- 
cales paraissant  s'écrouler  continuellement;  celles-ci  me  rappellent  le  front 
des  coulées  des  andésites  de  Santorin  ;  il  est  possible  qu'il  s'élève  là  une  sorte 
de  cumulo-volcan,  mais  je  vous  donne  cela  sous  toutes  réserves,  en  atten- 
dant que  je  puisse  le  voir  de  près.  La  question  passionnante  est  de  savoir 
ce  qu'il  va  arriver  de  ce  cône.  Quoi  qu'il  en  soit,  on  comprend  maintenant 
pourquoi  les  produits  de  projection,  au  lieu  de  prendre  comme  jusqu'en 
fin  juillet  la  direction  de  l'ouest  et  du  sud-ouest,  retombent  en  gerbes  sur 
tous  les  flancs  de  la  Montagne  Pelée.  Nous  n'avons  jusqu'à  présent  constaté 
aucune  fissure  nouvelle,  et,  d'après  les  renseignements  que  j'ai  recueillis, 
la  fumerolle  de  Trianon,  au  voisinage  de  l'Ajoupa-Bouillon,  n'aurait  émis 
des  vapeurs  que  d'une  façon  insignifiante  et  intermittente. 

»  J'ai  choisi  la  place  de  l'Observatoire  principal  (vous  la  trouverez 
facilement  sur  la  Carte  de  Chaîlamel);  c'est  sur  un  morne  situé  sur  la  rive 
droite  de  la  rivière  du  Carbet,  exactement  au  nord  de  la  lettre  F  de  Fond- 
Saint-Denis  écrit  en  gros  caractères.  Le  village  de  Fond-Saint-Denis  est 
inexactement  placé  sur  cette  Carte;  la  mairie  est,  en  effet,  au  col  situé  à 
l'ouest  du  dernier  lacet  de  la  route,  sur  le  versant  de  Saint-Pierre. 

»  Ce  morne,  dont  l'altitude  est  d'environ  5 10"^,  domine  au  nord  toute  la 
région  dévastée  depuis  le  Prêcheur,  le  cratère,  le  Morne  Rouge.  Il  est  à 
quelques  centaines  de  mètres  en  arrière  de  la  zone  dévastée  par  la  dernière 
éruption.  Je  fais  faire  une  petite  casemate  se  fermant  hermétiquement  et 
qui  nous  permettra  de  nous  terrer  en  cas  de  grosse  éruption.  Il  n'y  aura 
qu'une  fenêtre  du  côté  du  volcan,  et  les  dégagements  auront  lieu  sur  la 
rivière  du  Carbet.  La  difficulté  va  consister  dans  le  ravitaillement;  il  faut 
en  effet  faire  16''™  dans  la  direction  des  pitons  du  Carbet  pour  trouver  le 
camp  de  Colson,  toute  la  région  étant  actuellement  évacuée. 

»  Nous  allons  partir  demain  à  la  recherche  d'un  autre  poste,  destiné  à 
surveiller  le  côté  oriental  du  volcan.  Nous  le  trouverons  sans  doute  aux 
alentours  du  kilomètre  7  sur  la  route  des  Deux-Choux  au  Gros  Morne 
(sur  la  Carte  de  Chaîlamel,  vous  trouverez  le  plan  des  Deux-Choux  à  la 

C.  H.,  1902,  2*  Semestre.  (T.  CXXXV,  N"  17.)  ^9 


674  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

croisée  des  trois  routes,  exactement  à  la  place  du  grand  D  de  Fond-Saint- 
Denis). 

»  En  relisant  ma  lettre,  je  m'aperçois  que  j'ai  oublié  de  vous  parler  du 
ras  de  marée  du  3o  août.  Il  a  été  insignifiant  à  Fort-de-France  (i™  environ), 
et  si  la  mer  est  venue  à  l'entrée  de  la  rue  Victor-Hugo,  c'est  par  le  débor- 
dement d'un  caniveau  et  non  pas  par  la  savane.  Des  secousses  de  tremble- 
ment de  terre  très  nettes  ont  été  ressenties  le  24  août,  et  désormais  nos 
appareils  nous  permettront,  s'il  s'en  produit  de  nouvelles,  de  les  étudier 
avec  soin.   » 


ASTRONOMIE  PHYSIQUE.  —  Observations  du  Soleil,  faites  à  l' Observatoire  de 
Lyon  (^éqnatorial  Brûnner  de  o™,i6)  pendant  le  deuxième  trimestre 
de  1902.  Note  de  M.  J.  Guillaume,  présentée  par  M.  Mascart. 

«   Il  y  a  eu  67  jours  d'observation  dans  ce  trimestre. 

»  Taches.  —  Comparativement  aux  résultats  du  premier  trimestre  (pré- 
sent Tome  des  Comptes  rendus,  p.  523),  on  a  noté  un  nombre  de  groupes 
plus  fort  (f>  au  lieu  de  l\)  et  une  surface  totale  moyenne  moindre  (i  12  mil- 
lionièmes au  lieu  de  689). 

»  La  répartition  de  ces  groupes  entre  les  deux  hémisphères  est  de  i  au 
sud  et  de  5  au  nord,  au  lieu  de  2  de  part  et  d'autre,  notés  précédemment. 

»  Le  nombre  des  jours  sans  taches  est  de  53,  soit  un  nombre  propor- 
tionnel pour  ce  trimestre  de  0,79  au  lieu  de  0,60  dans  le  précédent.  A  cet 
égard,  on  remarque  l'absence  de  taches  durant  49  jours  consécutifs,  du 
i5  mars  au  2  mai;  la  période  antérieure  la  plus  longue,  du  minimum  actuel, 
a  été  de  89  jours  (12  mars-19  avril  1901). 

»  Le  groupe  le  plus  important  s'est  montré  dans  sa  période  de  décroissance,  à  -f-26° 
de  latitude,  du  28  mai  au  4  j«in;  de  y^ol^ôi^y  ^on  étendue  superficielle  est  allée  en 
diminuant,  et  elle  était  12  fois  moindre  à  la  dernière  date  qu'à  la  première.  Une  parti- 
cularité intéressante  de  ce  groupe  est  qu'il  appartient  à  la  même  région  d'activité 
(alors  à  son  quatrième  retour)  que  le  grand  groupe  de  taches  du  mois  de  mars.  A  sa 
deuxième  rotation  (29  mars-ii  avril),  cette  région  n'a  pas  montré  de  tache  propre- 
ment dite,  mais  seulement  une  petite  tache  voilée  à  4-27°, 5  de  latitude,  le  2  avril; 
à  la  rotation  suivante,  la  troisième  (26  avril-7  mai),  elle  n'a  présenté  que  des  facules 
et  quelques  pores  gris  de  durée  éphémère.  Au  cinquième  retour  (20  juin-i*'' juillet), 
la  même  région  n'a  montré  que  des  facules.  Nous  avons  déjà  remarqué  plusieurs  fois 
des  faits  semblables,  à  savoir  :  des  taches  reparaissant  par  intermittences  dans  une 
même  région  d'activité. 


SÉANCE    DU    27    OCTOBRE    1902.  675 

»  Régions  d'activité.  —  Le  nombre  des  groupes  de  facules  notés  est  de  90 
avec  une  surface  totale  de  29,0  millièmes;  le  précédent  trimestre  avait 
donné  68  groupes  et  22,2  millièmes. 

»  Leur  répartition  entre  les  deux  hémisphères  est  de  49  groupes  au  sud 
au  lieu  de  44»  et  de  4^  au  nord  au  lieu  de  24. 


Tableau  L  —  Taches. 


Dstes       Nombre      Pas».      Latitudes  moyennes      Surfaces 

extrêmes     d'obser-  au  mér.  — —       »■" moyennes 

d'observ.     Talions,  central.        S.  N.  réduites. 

Avril  1902.  —  1,00 

17 j.  »  » 


5 
5 

23 


Mai  1902.  —  0,67 


1,5 
6,2 


-f-20,5 
4-    27 


■j6,5 


Dates        Nombre      Pass.     Latitudes  moyennes  Surfaces 

extrêmes     d'obser-   an  mér. —- ■     »'  moyennes 

d'obserr.     valions,    central.        S.  N.  réduites. 

Mai  1902.  —  0,07  (suite) 


12 

84 


21 

I       23,3                    -t-23,5 

23-4 

II       29,6                     -t-26 

22j.                    — 16",5       -^24'',2 

Juia  1902.  —  0,85 

23 

I        28,4                      +28 

27  j.                         »             -4-28'',0 

Tableau  II.  —  Distribution  des  taches  en  latitude. 

Sud.  Nord. 

IMï.            90°.      40°.       30°.       20°.  to°.     0°.  Somme.  Somme.  0°.  10°.       20°.     30'.       40°.      90° 

Avril «        ))        »         )j  »  o  o         »  ))        »  »       » 

Mai »        »         ))          I  »  1  4          »  ;;        4  »        » 

Juin »        »         »          »  »  o  I          ))  »         I  »        » 

Totaux..       »       »        «         I  »  I  5         »  »        5  »       » 


Surfaces 

Totaux 

mensuelle 

mensuels. 

réduites. 

w 

» 

5 

io8 

I 

4 

— 



6 

112 

Tableau  III.  —  Distribution  des  facules  en  latitude. 


Sud. 

Nord. 

Surfaces 

90°. 

Totaux 
mensuels. 

1902. 

90°. 

40° 

30 

.     20°.       10° 

0°. 

Somme. 

Somme. 

0°.    10°.      20° 

30° 

40° 

réduites. 

Avril 

.       8 

I 

I 

I 

I 

12 

7 

I          1 

3 

» 

2 

19 

5,6 

Mai 

•       7 

I 

2 

4 

1 

i6 

19 

2         3 

G 

3 

5 

35 

'3,9 

Juin 

12 

1 

4 

I 

3 

21 

i5 

2          1 

6 

2 

4 

36 

9,5 



_ 



_ 





—        _ 

— 

— 

— 

— 

Totaux.. 

.       27 

3 

7 

6 

6 

49 

4i 

5       5 

i5 

5 

II 

90 

29,0 

6n6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  la  théorie  des  fonctions  algébriques. 
Note  de  M.  Ludwig  Schlesixger,  |3résentée  par  M.  Poincaré. 

«  Le  problème  de  déterminer  une  fonction  algébrique  y  de  la  variable 
complexe  x,  uniforme  sur  une  surface  R  de  Riemann  donnée,  a  été 
traité  par  Riemann  lui-même  à  l'aide  du  principe  de  Dirichlet  et,  plus  tard, 
par  MM.  Schwarz  et  Neumann  par  d'autres  méthodes  transcendantes.  Je 
me  propose  de  donner  une  solution  purement  algébrique  dudit  problème, 
en  poursuivant  une  méthode  que  j'avais  indiquée  autrefois  {.Journal  de  Crelle, 
t.  105)  pour  un  cas  particulier. 

»  Soit  R  une  surface  de  Riemann  à  m  feuillets  et  aux  points  de  ramifica- 
tion a^,  .  .  .,  a^j  que  nous  supposerons  tous  simples  ;  il  s'agit  de  déterminer 
les  coefficients  de  l'équation 

m       V 

(i)  F(^,  j)  -2 1]A,x^^-V"-'-  o         (Âa=  i), 

A-  =  0  >.  =  0 

de  telle  façon  que  la  fonction  y  de  x  définie  par  cette  équation  soit  uni- 
forme sur  R.  Le  discriminant  Q  de  l'équation  (i)  par  rapport  à  y  sera  un 
polynôme  de  degré  i(in  —  i)  des  A/j  et  de  degré  iv {jn  —  i)  en  x .  D'ailleurs, 
on  doit  avoir 

(2)  (l={x  —  a^).  ,  .{x  —  a„)\.', 

X  étant  un  polynôme  de  degré  <i  =  (m  —  1)  (v  —  i)  —  y?  en  x,  où  le 
nombre/?,  défini  par  l'équation  g  —  im  =  2/?  —  2,  désigne  le  genre  de  la 
surface  R.  En  comparant  dans  les  deux  membres  de  l'équation  (2)  les 
coefficients  des  mêmes  puissances  de  x,  on  obtient  un  système  de 
2v(m  —  i)  H-  I  équations  pour  les  (m  -h  i)  (v  +  i)  —  i  coefficients  A;tx  ^t 
les  r/ +  I  coefficients  de  X;  dans  ce  système,  que  nous  désignerons 
par  (?vl  =0),  le  nombre  N  =  2mv  —  p -\-  1  des  inconnues  surpasse  donc 
de  2v  — /?-i-  I  celui  des  équations.  Suivant  le  procédé  indiqué  par  Kro- 
necker  au  §  10  de  sa  Festschrift,  décomposons  le  système  (M)  =:  o  en  fac- 
teurs de  divers  rangs  (Stufe).  Nous  cherchons  une  fonction  y  uniforme 
sur  R,  qui  reprend  m  fois  chaque  valeur;  cette  fonction  doit  donc  con- 
tenir 2v— jo-hi  paramètres  arbitraires.  Nous  n'avons  donc  besoin  de 
nous  occuper  que  du  facteur  de  rang  N  —  2v  ^p  —  i  du  système  (M)  =  o, 


SÉANCE    DU    27    OCTOBRE    1902.  677 

fadeur  que  nous  désignerons  désormais  par  (M)  =  o.  Dans  le  doinaine  de 
rationalité  déterminé  par  les  a,,  .  .  .,  a^,  considérées  comme  variables 
indéterminées,  décomposons  (M')  =  o  en  facteurs  irréductibles  (M'|)  =  o, 
(M!^)  =  0,  .  ,  .;  chacun  de  ces  facteurs  définit  les  N  inconnues  et  en  parti- 
culier les  A/tx  comme  fonctions  algébriques  des  a^,  .  .  .,  a^,  contenant 
encore  iv  —  p -\- i  paramètres  arbitraires,  que  nous  regarderons  comme 
fixées  une  fois  pour  toutes.  D'après  le  théorème  de  Puiseux  généralisé,  les 
diverses  solutions  k^H  d'un  facteur  irréductible (MJ)  =  o  proviennent  l'une 
de  l'autre  en  faisant  décrire  aux  a^,  ...,  «c?  tous  les  chemins  fermés  pos- 
sibles. En  formant  l'équation  (i)  avec  les  A^" '^omme  coefficients,  il  faut 
qu'au  moins  une  de  ces  équations  soit  irréductible,  car,  autrement,  il  n'y 
aurait  pas  d'équation  irréductible  de  degré  m  et  à  cr  points  de  ramification 
simples  quelconques,  ce  qui  est  absurde.  Formons  une  telle  équation 
F„(-37,  j'a)  =  o,  en  choisissant  pour  coefficients  un  système  de  détermina- 
tions uniformes  des  A^x,  et  soit  R^  la  surface  de  Riemann  appartenant  à  cette 
équation.  En  faisant  décrire  aux  a^,  ...,  a^  tous  les  chemins  fermés  pos- 
sibles, l'équation  F^=  o  sera  changée  en  des  équations  F,  =  0,  ...,  Fy=  o, 
et  la  surface  de  Riemann  correspondante  en  B,,  . . .,  R^,  toutes  ces  surfaces 
provenant  l'une  de  l'autre  par  monodromie  des  points  de  ramification.  Si  l'on 
applique  les  résultats  de  mon  Mémoire  {Journal  de  Crelle,  t.  124,  p.  292) 
aux  surfaces  de  Riemann,  résultats  qui,  dans  ce  cas  particulier,  sont  d'ac- 
cord avec  ceux  obtenus  par  M.  Hurwitz  dans  un  Mémoire  antérieur 
(Mathem.  Annalen,  t.  XXXIX),  on  reconnaît  que  toutes  les  surfaces  de 
Riemann  à  m  feuillets  et  ayant  les  points  a^,  . . .,  a^\)ouv  points  de  ramifi- 
cation simples  proviennent  l'une  de  l'autre  par  monodromie  des  points  de 
ramification.  Il  faut  donc  que  la  surface  R,  donnée  d'avance,  se  retrouve 
entre  les  surfaces  R,,  . . .,  R^  et,  par  suite,  qu'une  des  équations  F,  =0,  ..., 
Fç=  o  appartienne  à  la  surface  R;  le  problème  proposé  est  donc  résolu. 

»  Mais  il  s'ensuit  de  cette  résolution  qu'au  point  de  vue  algébrique  il 
soit  indispensable  de  considérer  non  une  surface  de  Riemann  R  spéciale, 
mais  à  la  fois  toutes  les  surfaces  R<,  ..  .,  R^  provenant  de  R  par  mono- 
dromie des  points  de  ramification,  c'est-à-dire  que,  au  lieu  d'examiner, 
comme  le  fait  Riemann,  la  fonction  y  appartenant  à  une  surface  R  donnée, 
il  faut  envisager  l'ensemble  de  toutes  les  fonctions  y,,  .  ..,y^  appartenant 
aux  diverses  surfaces  R,,  .  ..,  R^.  Cet  ensemble  constitue  une  seule  fonc- 
tion monogène,  si  on  la  regarde  comme  fonction  des  c  -4-  i  variables 
y.,  a^,  . . .,  «(j,  car  toutes  les  y, ,  . .  .,  y^  et  ces  fonctions  seules  proviennent 
de  l'une  d'entre  elles,  en  faisan  t  varier  de  toute  manière  possible  ces  cy  -h  i 


678  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

variables.  C'est  surtout  cette  généralisation  de  la  conception  classique  de 
Riemann  qui  nous  semble  mériter  l'attention  des  géomètres,  généralisation 
qui,  d'ailleurs,  s'iipprouve  aussi  dans  les  autres  Chapitres  de  la  théorie  des 
fonctions  algébriques,  par  exemple  dans  la  théorie  des  équations  différen- 
tielles linéaires  auxquelles  satisfont,  selon  Fuchs,  les  modules  de  pério- 
dicité des  intégrales  abéliennes.  » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  V équation  de  Bessel  avec  second  membre. 
Note  de  M.  Alexandre-S.  Cuessin,  présentée  par  M.  Appell. 

«  On  est  souvent  amené,  dans  les  applications  de  la  Physique  mathé- 
matique, à  l'équation 

/  \  d^y        i   dy         /  n^\  .,     . 


dx^         X  dx        \  X 

qui  se  ramène  à  celle  de  Bessel  quand  le  second  membre  se  réduit  à  o.  On 
sait  que 

(2)  j  =  AJ„(a7) -+- BK„  (^)         (n  =  entier), 

(2')  j  =  AJ„(a;) -i- BJ_„(a7)         (/z  ^  entier) 

donnent  la  solution  générale  de  l'équation  (1)  sans  second  membre.  En 
appliquant  la  méthode  de  la  variation  des  constantes  arbitraires,  on  aura, 
pour  déterminer  A  et  B,  les  équations 

/  dk  __  K„(:r)/(:c)  \ 


d-        K„(:.)%i^.-J„(.)^^''('^' 


^J  \  jr.  ^  ,    s  r,    .  !        (/i  =: entier). 

^  ^   d^    ^  -in{^)f{^) 1  ^  ^ 

/  dk  ^  i_,{x)f{x) 

dx  .din{x)  di_n{x)  J 

(•J  )  \    ir.  .  /        ( /2  =^  entier ). 


dx  '  dx        \ 

»  Or,  il  est  aisé  de  s'assurer  qu'on  a  les  relations  suivantes  entre  les 


SÉANCE  DU  27  OCTOBRE  I902.  679 

fonctions  de  Bessel  de  première  et  de  seconde  espèce  : 

(4)  K„(:r)^-J,(x)^M£)^-i  («  =  entier). 
(40        J-,(-)^  -  U^)"-^  --  ^^        0  i^  entier). 

))   On  aura  donc 

l  A  =  A'-    fa:K„(œ)/(x)dx 

(5)  I  (n  =  entier), 
iB  =  B'+      xJn(iv)/(a;)dx 

(  A  ^  A'  H ^ —  fxJ_„{cc)  f(x)  dx 

(5)  (/z:^  entier), 

B  =  B' ^î^-  \  xZJx)f(x)dx 

et  il  ne  reste  qu'à  substituer  ces  expressions  pour  A  et  B  dans  les  for- 
mules (2)  et  (2')  pour  obtenir  la  solution  générale  de  l'équation  (i).    » 


MÉCANIQUE  RATIONNELLE.  —  Sur  un  exemple  de  transformation  corrélative 
en  Mécanique.  Note  de  M.  Pacl-J.  Suchar,  présentée  par  M.  Appell. 

«  M.  Painlevé  a  étudié  des  transformations  générales  de  mouvement 
qui  constituent  la  généralisation  de  la  transformation  homographique  en 
Mécanique,  indiquée  par  M.  Appell.  Je  me  propose,  dans  cette  Note,  d'in- 
diquer un  exemple  de  transformation  corrélative. 

))  Soient  r,  0,  p  les  coordonnées  polaires  et  la  vitesse  d'un  point  maté- 
riel M  de  masse  i,  a  l'angle  de  la  vitesse  avec  l'axe  polaire  et  J  une  force 
centrale  passant  par  l'origine  des  axes,  enfin  M'  le  point  correspondant 
à  M  sur  la  courbe  hodographe. 

»  Considérons  un  second  point  matériel  de  même  masse  que  le  premier, 
sollicité  par  une  force  centrale  J'  passant  aussi  par  l'origine.  Je  suppose 
que  la  constante  des  aires  due  à  J'  est  la  même  que  celle  qui  est  due  à  J. 
Je  cherche  la  relation  liant  J  et  J'  et  la  correspondance  existant  entre  les 
temps  t  et  t'  des  deux  mouvements,  par  la  condition  que  la  trajectoire  du 
second  mouvement  soit  la  courbe  hodographe  du  premier  mouvement; 
quant  au  sens  de  ce  second  mouvement,  nous  disposerons  des  conditions 
initiales  de  manière  qu'il  soit  le  même  que  celui  du  point  géométrique  M' 


68o 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


correspondant  au  point  matériel  M.  On  remarque  que  la  vitesse  du  second 
point  matériel  est  égale  au  rayon  vecteur  r  du  point  qui  lui  correspond 
sur  la  première  trajectoire,  puisque  la  constante  des  aires  est  la  même 
dans  les  deux  mouvements.  De  cette  remarque  et  de  l'hypothèse  faite  sur 
le  sens  du  mouvement,  il  résulte  que  l'hodographe  correspondant  au  second 
mouvement  est  une  courbe  symétrique  par  rapport  au  centre  attractif  de 
la  trajectoire  du  premier  mouvement,  ou  cette  trajectoire  elle-même,  sui- 
vant que  la  force  J  est  attractive  ou  répulsive. 

»  Si  nous  désignons  par  s  et  :y' les  arcs  des  trajectoires  dans  les  deux 
mouvements,  on  aura,  en  se  reportant  à  la  définition  de  la  courbe  hodo- 
graphe, 


(0 

d'où 


ds'  J  dt  ds  ^,  dt'  

M  ^     dt'  ~"^'  'dt'~^  'di  ~^' 


J.J'  =  A^ 


»  On  obtient  ainsi  la  correspondance  existant  entre  /  et  /'  et  la  relation 
liant  J  et  J'. 

))  La  formule  bien  connue  de  Binet  nous  donne  pour  ces  deux  mouve- 
ments, en  ayant  égard  à  (2), 


(3) 


(4) 


c^ 

/'         I 

—  J 

^ 

^  do'          i\ 

—  J , 

c- 

>1 

r         I 

1 

t% 

»'^ 

do:-'    ^   V 

:.r=  -J 

»  Il  résulte  encore  de  la  formule 


cette  autre  formule 


»   Enfin  de  la  formule 
(5)  P^  =  c, 

où  p  est  la  distance  de  l'origine  à  la  tangente  à  la  trajectoire,  il  résulte  la 


SÉANCE    DU    27    OCTOBRE    I()0?.  681 

formule 

(6)  r)'r=c, 

ayant  la  même  signification  que  la  première  et  où  /7'est  la  distance  de  l'ori- 
gine à  la  tangente  à  l'hodographe  au  point  M'. 
»   Si  la  loi  de  la  force  est  en  général  de  la  forme 

J=:CÎ)(r,0.<'), 

la  formule  (3)  est  l'équation  différentielle  de  la  trajectoire,  ou,  en  ayant 
égard  à  (6),  on  obtiendra  aussi  l'équation  différentielle  de  la  courbe  bodo- 
graphe  en  coordonnées  tangentielles.  La  formule  (4)  nous  montre  alors 
que,  si  la  loi  de  la  force  est  de  la  forme 

elle  est  l'équation  différentielle  de  la  courbe  hodographe  en  coordonnées 
polaires,  qu'on  pourra  transformer  à  l'aide  de  (5),  et  l'on  obtiendra 
l'équation  différentielle  de  la  trajectoire  elle-même  en  coordonnées  tan- 
gentielles. 

»   Enfin  les  formules  (3)  et  (4)  nous  montrent  que,  si  l'on  sait  déter- 
miner le  mouvement  lorsque  la  loi  de  la  force  est  de  la  forme 

J=/'(î>(r,0,r). 
on  saura  encore  le  déterminer  lorsque  la  loi  de  la  force  est  de  la  forme 


*((',  a,  r) 

))  Nous  avons  là  un  exemple  de  transformation  cor  relative.  En  effet,  il 
suffit  de  remarquer  que  l'hodographe,  lorsque  la  force  est  centrale,  est  la 
polaire  réciproque  de  la  trajectoire  tournée  d'un  angle  droit  dans  un  sens 
convenable,  autour  du  centre  attractif,  qui  est  aussi  le  centre  du  cercle 
directeur.  Il  en  résulte  alors  que,  si  les  deux  lois  précédentes  ont  le  même 
centre  attractif,  on  pourra  disposer  des  conditions  initiales  de  façon  que  les 
trajectoires  correspondant  à  l'une  d'elles  soient  les  polaires  réciproques 
des  trajectoires  correspondant  à  l'autre. 

»  Considérons  en  particulier  comme  exemple  les  deux  lois  de  forces 
trouvées  par  MM.  Darboux  et  Halphen  ('  )  : 

T  !^^^  T  V-r 

j  —  Tj  j  =  - — — • 

4  {c/jr  -+-  ev  -hjy 

{ax- -\-ibxy -\- cy-y 

(*)  Darboux,  Halphen,  Comptes  rendus,  t.  LXXXIV. 

C.  R.,  1902,  2«  Semestre.  (T.  CXXXV,  N"  17.)  90 


68-2  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

»    Nous  aurons,  d'après  la  remarque  précédente,  deux   lois  nouvelles, 
pour  lesquelles  le  mouvement  s'obtiendra  par  des  quadratures,  à  savoir 

J  =  -r[ax'^--h2bivy'-hcy-y,        J  =  i  r(dx'+ey+fy, 

où  X  et  y'  sont  les  dérivées  de  ne  et  j  par  rapport  à  /.  Les  trajectoires  cor- 
respondant à  ces  dernières  lois  de  forces  seront  des  coniques,  puisque  la 
transformation  est  corrélative.  » 


PHYSIQUE.  —  Précautions  à  prendre  pour  V  emploi  des  fils  de  cocon  comme  fils 
de  torsion.  Note  de  M.  V.  Crémieu,  présentée  par  M.  Lippmann. 

«  On  sait  que  le  fil  tiré  du  cocon  se  compose  de  deux  filaments  à  section 
sensiblement  rectangulaire,  que  le  ver  étire  et  accole  l'un  à  l'autre  au 
moment  où  il  les  utilise. 

»  En  môme  temps  que  le  ver  fabrique  ce  fil  double,  son  corps  produit 
des  mouvements  assez  rapides  de  va-et-vient,  de  façon  à  former  le  feutrage 
très  enchevêtré  qui  constitue  les  parois  du  cocon. 

1)  Il  en  résulte  que  les  deux  brins  qui  composent  chaque  fil  sont,  au 
moment  où  ils  se  collent  l'un  à  l'autre,  dans  un  état  de  tension  inégal. 
Chacun  est  dans  un  état  comparable  à  celui  d'un  fil  métallique  recuit  qu'on 
aurait  d'abord  enroulé  en  boudiu,  puis  partiellement  redressé. 

^)  Les  propriétés  du  fil  de  cocon  dérivent  de  ce  qu'il  est  formé  de  deux 
filaments  de  ce  genre,  collés  l'un  à  l'autre  sans  qu'il  y  ait  coïncidence 
entre  leurs  sinuosités  resj^ectives, 

>>  D'ailleurs,  la  substance  qui  compose  chaque  filament  se  comporte 
comme  un  corps  visqueux,  incomplètement  solidifié,  dénué  de  toute  élas- 
ticité proprement  dite  et  très  hygroscopique. 

1)  Suivant  les  variétés  de  ver  (et  elles  sont  très  nombreuses)  la  section  de 
chaque  filament  peut  varier  du  rectangle  aplati  au  carré.  Les  dimensions 
du  filament  sont  de  l'ordre   du  -j-^  de  millimètre. 

))  Ces  particularités  bien  connues  permettent  de  comprendre  la  façon 
dont  le  fil  de  cocon  réagit  contre  la  torsion  et  la  traction. 

))  1°  Filament  simple.  —  On  peut,  par  un  tour  de  main  assez  facile  à  saisir,  mais 
impossible  à  décrire,  dédoubler  les  fils  de  cocon.  On  observe  sur  le  filament  simple 
les  propriétés  suivantes  : 

»    Sa  force  portante  maxima  est  d'environ  4^- 


SÉANCE    DU    27    OCTOBRE    I<)C2.  683 

»  Le  filament  conserve  les  sinuosités  ou  plutôt  les  inégalités  dues  à  son  origine  ; 
sous  Taclion  de  faibles  poids,  il  subit  d'abord  un  allongenoent  de  redressement  qui 
peut  atteindre  j-^  de  sa  longueur  et  devient  complet  pour  des  poids  de  is  à  is,5. 

»  Sous  l'action  de  poids  supérieurs,  le  filament  subit  un  véritable  allongement  élas- 
tique, mais  avec  toutes  les  particularités  provenant  de  sa  viscosité  et  de  son  hygro- 
scopicité, 

.»  On  peut  remédier  à  ces  inconvénients  en  laissant  le  fil  pendant  i  ou  2  jours  sous 
traction  de  quelques  grammes;  on  l'humecte  alors  avec  un  peu  d'eau  distillée  sur  du 
coton  ;  puis  on  le  repasse  en  le  faisant  glisser  sur  un  morceau  de  fil  de  laiton  poli  et 
cliaulîe  à  ioo°-i20''.  Enfin,  on  le  passe  sur  un  morceau  de  coton  imbibé  de  vernis 
gomme  laque.  On  diminue  ainsi  la  viscosité  et  l'hygroscopicilé  du  fil. 

»  Mais,  avant  comme  après  ce  traitement,  le  filament  simple  ne  possède  aucune 
élasticité  de  torsion.  Un  système  qui  lui  est  suspendu  reste  en  équilibre  visqueux 
dans  un  angle  de  près  de  3o°.  11  semble  que  cette  région  d'indiiTérence  diminue  quand 
les  poids  attachés  augmentent. 

»  2°  Fil  naturel  double.  —  Le  fil  double  du  cocon  peut  supporter  8s  et  même  los 
pour  certaines  variétés  de  ver  à  soie. 

»  Ce  fil  présente  à  la  traction  les  mêmes  particularités  que  le  fil  simple.  Il  prend 
deux  sortes  d'allongements,  l'un  de  redressement,  l'autre  à  allure  élastique,  beaucoup 
plus  faible  que  le  premier.  Des  allongements  brusques  décollent  partiellement  les 
filaments,  et  l'allongement  de  redressement  devient  ainsi  plus  fort. 

»  Au  point  de  vue  de  la  torsion,  les  propriétés  sont  ici  plus  compliquées.  Tant  que 
le  poids  supporté  n'est  pas  suffisant  pour  redresser  le  fil,  c'est-à-dire  tant  que  ce 
poids  est  inférieur  à  environ  2S,  on  constate  les  propriétés  visqueuses  de  la  soie, 
avec  un  équilibre  indifférent  dans  un  angle  de  20°  à  So". 

»  Pour  des  poids  supérieurs,  le  fil  se  comporte,  non  plus  comme  un  unifilaire 
visqueux,  mais  comme  un  véritable  bifilaire.  Il  peut  alors  offrir  un  couple  de  torsion 
assez  élevé,  du  même  ordre  que  celui  d'un  fil  d'argent  de  même  diamètre  et  de  même 
longueur. 

»  Le  calcul  montre,  en  effet,  qu'un  bifilaire,  dont  chaque  brin  serait  dépourvu 
d'élasticité  de  torsion  propre,  qui  aurait  10'^™  de  longueur  et  ~  de  millimètre  d'écar- 
tement  entre  ses  deux  brins(dimensions  qui  correspondent  à  celles  du  fil  de  cocon), 
offrirait,  pour  un  poids  de  8s  et  une  torsion  de  i  radian,  un  couple  W  égal  à 

W  =  26  X  10-*  erg. 

»  Si,  expérimentant  avec  ce  fil  considéré  comme  unifilaire,  on  calculait,  à  partir 
de  cette  valeur  W  supposée  observée,  le  coefficient  ■;  de  Coulomb  pour  la  soie,  on 
trouverait 

Y  =  16  X  10*. 

»  Ce  nombre,  du  même  ordre  que  celui  relatif  à  l'argent,  serait  beaucoup  trop 
considérable  pour  la  soie,  et  sa  valeur  varierait,  du  reste,  avec  les  poids  employés 
pour  l'expérience. 

»  D'ailleurs,  même  lorsqu'il  fonctionne  comme  bifilaire,  le  fil  de  cocon  ne  donne 
pas  de  zéro  bien  net  aux  systèmes  qu'il  supporte;  ceci  est  dû,  probablement,  aux 
variations  que  chaque  torsion  fait  subir  au  collage  dos  deux  filaments. 


^^4  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

»  J^  ensemble  des  considérations  qui  précèdent  suffit  à  montrer  les 
])récautions  à  prendre  dans  l'emjjloi  des  fils  de  cocon,  et  pour  la  mesure 
de  ce  qui  paraît  être,  au  premier  abord,  les  coefficients  d'élasticité  de  la 


soie. 


»  Certaines  espèces  de  vers  à  soie,  élevées  en  Chine,  donnent  des 
cocons  jumeaux  dont  le  fil  se  compose  de  quatre  filartients  accolés;  beau- 
coup de  soies  écrues  du  commerce  proviennent  de  ces  cocons,  et  les  consi- 
dérations qui  précèdent  s'appliquent  avec  encore  plus  de  force  aux  fils 
que  l'on  tire  souvent  de  ces  soies  écrues  pour  l'usage  des  laboratoires.    » 

OPTIQUE.  —  La  vision  à  distance  par  V électricité.  Note  de  M.  J.-H.  Coblyn, 

transmise  par  M.  Potier. 

«  Le  problème  de  la  transmission  d'une  image  à  distance  repose  sur  la 
variation  de  résistance  électrique  qu'éprouve  une  cellule  à  sélénium  inter- 
calée dans  un  circuit.  Le  courant  variable  ainsi  produit,  dépendant  de 
l'éclat  du  point  exploré  à  l'instant  considéré,  doit  être  transformé  au  poste 
récepteur  en  variations  d'intensité  d'une  source  lumineuse.  L'auteur  pro- 
pose de  laisser  l'éclat  de  la  source  fixe,  à  l'inverse  du  téléphone  à  gaz  de 
M.  Lnzare  Weiller,  qui  agit  directement  sur  la  flamme;  le  courant  transmis 
obture  plus  ou  moins  le  faisceau  émis  par  cette  source,  d'après  l'idée  pro- 
posée par  MM.  Ayrton  et  Perry.  Il  suffit,  pour  cela,  d'employer  l'oscillo- 
graphe à  fer  doux  de  M.  Blondel  et  de  constituer  l'équipage  mobile  par  un 
tube  creux  oscillant  dans  un  champ  directeur. 

»  Reste  l'exploration  de  l'image;  c'est  ce  qui  constitue  la  raison  d'être 
de  celte  Note.  Reprenant  la  théorie  de  M.  Lazare  Weiller,  qui  explore 
l'image  par  bandes  parallèles,  nous  faisons  remarquer  qu'd  faut  décrire  le 
patron  d'un  mouvement  uniforme  et  ne  jamais  explorer  un  point  plusieurs 
fois  en  un  dixième  de  seconde,  afin  de  transmelti  e  chaque  point  avec  son 
éclat  respectif. 

M  Pour  arriver  à  ce  résultat,  nous  employons  le  système  suivant  :  un 
diaphragme,  percé  d'un  trou  très  petit,  se  trouve  au  foyer  principal  com- 
mun de  deux  lentilles  convergentes;  l'une  de  ces  lentilles  est  placée  devant 
1  image.  De  la  sorte,  on  isole  les  rayons  lumineux  provenant  de  l'image  et 
parallèles  à  l'axe  général  du  système. 

»  L'autre  lentille  se  trouve  devant  un  cylindre  creux,  percé  de  fentes 
hélicoïdales  et  tournant  perpendiculairement  a  l'axe  optique  du  système 
avec  une  vitesse  de  5  toins  à  la  seconde. 


SÉANCE  DU  27  OCTOBRE  1902.  685 

))  On  s'arrange  de  manière  que  le  diaphragme  et  les  fentes  du  cy- 
lindre ne  laissent  passer,  à  un  instant  déterminé,  qu'un  seul  rayon  prove- 
nant d'un  point  de  l'image,  rayon  qui  sera  parallèle  à  l'axe  du  système. 
Si  la  rotation  est  constante,  le  point  exploré  se  déplace  sur  une  série  de 
bandes  horizontales,  et  cela  d'un  mouvement  uniforme. 

»  De  plds,  en  remplaçant  le  diaphragme  par  le  miroir  d'un  diapason 
vibrant  verticalement,  la  série  de  ligues  horizontales  est  changée,  par 
composition  optique,  en  un  système  de  sinusoïdes  qui,  par  un  artifice  par- 
ticulier, forment  une  espèce  de  quadrillage  :  cette  exploration  est  la  plus 
rationnelle,  car  elle  décompose  l'image  en  une  série  de  mailles  ayant  toutes 
la  morne  aire  (').  » 


MAGNÉTISME .  —  Variation  de  la  résistance  magnétique  d'un  barreau  de  traction. 

Note  de  M.  Fuaiciiet. 

«  Prenons  le  barreau  à  éprouver  comme  noyau  d'une  bobine  compre- 
nant deux  enroulements  :  i''  un  circuit  primaire  relié  aux  bornes  d'une 
pile;  2°  un  circuit  secondaire  relié  aux  bornes  d'un  galvanomètre.  Toute 
modification  du  barreau  soumis  à  la  traction  produit  une  variation  du  flux 
qui  traverse  le  circuit  secondaire  et,  par  suite,  une  déviation  du  galvano- 
mètre. 

»  La  déviation  est  discontinue.  —  Toutes  les  fibres  du  barreau  ne  sont 
pas  identiques;  elles  se  rompent  donc  successivement.  Pendant  la  période 
élastique,  le  flux  varie,  d'une  façon  continue,  jusqu'à  la  rupture  de  la  pre- 
mière fibre;  mais  cette  rupture  produit  une  chute  brusque  du  flux,  et  cette 
diminution  instantanée  est  d'autant  plus  grande  que  le  faisceau  des  fibres 
qui  se  sont  rompues  ensemble  est  plus  important. 

»  Le  flux  qui  circulait  par  ces  fibres  est  tombé  brutalement,  au  moment 
de  leur  rupture;  il  remonte  ensuite,  de  façon  à  prendre  une  valeur  infé- 
rieure à  sa  valeur  primitive  et  dépendant  de  la  perméabilité  du  ciment  qui 
est  venu  s'interposer  dans  la  cassure. 

»  On  voit  donc  que  chaque  rupture  de  fibres  produit  une  oscillation 
dans  la  variation  du  flux,  et  ce  n'est  que  lorsque  le  faisceau  fibreux  a  com- 
plètement cédé  que  cette  variation  redevient  continue. 

(^)  La  description  détaillée  de  l'appareil  proposé  sera  faite  ultérieurement  dans 
l'Eclairage  élcctrùjuc. 


686  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

»  Le  nombre  et  les  amplitudes  des  oscillations  sont  d'autant  j^kis 
grands  que  le  métal  est  plus  fibreux  :  un  barreau  d'acier  dur  trempé  ne 
possède  aucune  fibre,  par  suite  le  flux  qui  le  traverse  varie,  d'une  façon 
continue,  jusqu'à  la  rupture  du  barreau.  Il  en  est  de  même  pour  un  bar- 
reau d'une  nuance  quelconque  qui  a  déjà  subi  une  première  traction  au 
delà  de  sa  limite  élastique. 

»  Détermination  de  la  limite  élastique.  —  Il  y  a  lieu  de  considérer  deux 
limites  :  i**  la  limite  élastique  du  ciment,  qui  correspond  à  la  déviation 
maximum  du  galvanomètre;  i°  la  limite  de  résistance  de  la  fibre  la  moins 
résistante,  qui  correspond  à  la  première  oscillation  du  galvanomètre. 

»  Ces  deux  limites  sont,  en  général,  très  rapprochées  de  la  limite  élas- 
tique apparente  indiquée  par  le  manomètre  de  la  machine  à  traction  ;  mais 
on  a  constaté,  sur  certains  barreaux  désorganisés  par  un  chauffage  à  haute 
température,  qu'il  se  produisait,  parfois,  quelques  oscillations  dès  le  com- 
mencement de  la  charge;  de  semblables  barreaux  n'ont  donc  pas,  à  pro- 
prement parler,  de  limite  élastique.  Il  en  est  de  même  pour  la  plupart  des 
barreaux  en  fer  puddlé  ordinaire.  » 


ÉLECTRICITÉ.  —  Force  électromotrice  d'un  élément  de  pile  thermo-électrique. 
Note  de  M.  Fonsot,  présentée  par  M.  Lippmann. 

«  Aux  bornes  c  et  c'  d'un  élément  de  pile  thermo-électrique  on  oppose 
une  source  électrique  dont  la  force  électromotrice,  de  e  volts,  équilibre 
celle  de  l'élément.  Le  déplacement  réversible  de  i  coulomb  dans  l'élément 
thermo-électrique,  et  dans  le  sens  du  courant  qui  parcourrait  cet  élément 
supposé  seul,  emprunte  une  énergie  de  e  joules,  fournie  par  : 

»  I**  q  unités  de  chaleur  absorbées  dans  la  soudure  chaude,  tandis  que 
q^  unités  de  chaleur  ont  été  cédées  à  la  soudure  froide;  2''  par  la  chaleur 
empruntée  dans  les  fils  aa'  et  hb'  de  l'élément. 

))  On  sait  que  l'inégalité  de  température  entre  deux  tranches  voisines 
d'un  conducteur  homogène  amène  entre  elles  une  différence  de  potentiel 
et  engendre  ainsi  une  force  électromotrice.  La  valeur  du  potentiel  en  un 
point  donné  d'un  conducteur  donné  est  une  fonction  de  sa  température 
actuelle,  si  son  état  physique,  sa  constitution  chimique  ne  dépendent  que 
de  cette  température.  La  soudure  a,  b  étant  à  la  température  6,  la  sou- 
dure a' ,b'  à  la  température  0^  <;  0,  C  étant  le  potentiel  d'un  point  de  aa' , 
C'  celui  d'un  point  bh' ,  un  couloinî),  parcourant  le  chemin  c  b' a' abc,  aura 


SÉANCE    DU    27    OCTOBRE    1902.  687 

pris  sous  forme  de  chaleur  une  quantité  d'énergie,  en  joules, 

''  ('IL  _ 

^0 


X''(§-^-^>- 


L'unité  de  chaleur  choisie  étant  équivalente  à  i  jonjp,  on  a 

.0 


(0  '"'^"^X  (^~^)'^^'"^"' 

(2)  o  =  f+/^r^4J-^Ve     ^^" 


0 
I 


Liebenow  a  donné  l'expression  suivante  : 


d^ 
db 


±2,0/4^-, 


R  étant  la  résistance  spécifique,  L  le  coefficient  de  conductibilité  calori- 
fique; mais  cette  expression  ne  peut  pas  être  utilisée  ici. 

»  Lorsque,  au  moyen  d'une  force  électromotrice  compensatrice  appli- 
quée en  ce' ,  on  fait  cesser  le  courant  électrique,  on  peut  dire  que  la  force 
électromotrice  existant  dans  le  fil  aa\  force  électromotrice  que  je  suppo- 
serai croissante  de  a  en  a'  et  égale  à  E,  est  équilibrée  par  une  force  élec- 
tromotrice égale  et  de  signe  contraire,  provenant  du  reste  du  circuit. 
Je  comparerai  le  tout  à  une  machine  de  Carnot. 

))  Dans  le  fil  aa' ,  l'énergie  à  fournir  pour  un  déplacement  électrique 
réversible  représente  celle  qu'on  doit  céder  à  la  machine  de  Carnot  dai?s 
un  cycle  complet;  l'énergie  que  reçoit  le  i^este  du  circuit  de  l'élément 
thermo-électrique  et  le  circuit  de  la  force  électromotrice  compensatrice 
représente  celle  que  la  machine  de  Carnot  fournit  au  milieu  extérieur  dont 
les  forces  équilibrent  la  force  expansive  de  la  matière  de  cette  machine. 

»  Le  fil  aa'  est  le  siège  d'un  phénomène  irréversible  de  conduction  de 
chaleur  :  avec  une  machine  de  Carnot  on  peut  arrêter,  en  a,  q  unités  de 
chaleur  et,  après  un  cycle  complet  de  modifications  réversibles,  rendre, 
en  a' ,  q'  unités  de  chaleur;  on  sait  qu'on  a 

q  q'_ 

0    -   Oo' 

la  force  d'expansibilité  de  la  matière  de  la  machine  ayant  fourni  au  milieu 
extérieur  un  travail  équivalent  {\  q  —  q' . 

»   Posant  /lE  =  q  —  q' ,  on  peut  dire  que  n  coulombs  allant  de  a  en  a' 


688  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

retiendront  dans  ce  trajet  l'énergie  q  —  q\  qu'ils  emporteront  pour  l'aban- 
donner dans  le  reste  du  circuit  :  c'est  comme  s'ils  entraînaient  avec  eux, 
de  a,  q  unités  de  chaleur,  pour  n'en  laisser  en  a'  que  q'  unités  et  emporter 
le  reste. 

»   Si  l'on  divise  le  fil  aa'  jiar  des  sections  caractérisées  par  les  tempéra- 
tures 00, O2...  et  les  valeurs  CC^i:.^...  du  potentiel  électrique,  et  si  l'on 

pose 

V  _  7i  _  £2 

les  n  coulombs  emportent  dans  les  tranches  successives  du  fil 


d'où 


^.-'72=|(^.-^0-'^(-.-^-.)' 


C         C=,  —  Ct  E  q 

—     "  —    ••=r^ r-  =  ^  :  ^  =  const. 


0—6,  Oj—  O2 


Cette  utilisation  progressive  d'une  partie  de  la  chaleur  de  conduction, 
dans  toutes  les  tranches  du  fil,  permet  de  comprendre  que  cette  chaleur 
puisse  alimenter  une  force  électromotrice  dirigée  en  sens  inverse  de  celle 
considérée. 

»  Dans  chaque  tranche  du  conducteur,  V unité  d' électricité  utilise  la  chute 
de  température  d'une  quantité  invariable  d'entropie. 

»  En  admettant  la  relation  de  Liebenow,  L  étant  indépendant  de  0,  on 
aurait  R  :  0  =  const.  ;  R  serait  nul  au  zéro  absolu  : 

»   Loi  expérimentale  approchée  de  quelques  métaux  purs. 


dC        dC 


»    Si,  dans  les  égalités  (i)  et  (2),  on  pose  -^ -;t-  =  B,  on 


a 


(3)  e  =  (B-\-  |-")(0  -  e„)-  BO(Loge  -  LogOo); 

de 
comme  -jz  doit  être  indépendant  de  Oo,  on  a 

(4)  I +BLogO:=  const. 

Il  est  désirable   d'utiliser  la  relation  (  î)  à  la  mesure  des  températures 
absolues;  on  écrira 

«'Q  =  (26 -h  ^G  log6 -h  c;         ^0^=0, 


SÉANCE  DU  27  OCTOBRE  1902.  689 

a,  6,  c  étant  des  constantes,  dont  la  dernière  setde  dépend  deO^;  on  se 
servira  des  logarithmes  usuels.  Pour  la  détermination  des  constantes  on 
devra  faire  deux  mesures;  on  sera  donc  obligé  de  connaître  trois  tempé- 
ratures absolues,  la  valeur  de  l'une  d'elles  étant  choisie  arbitrairement. 

»  La  détermination  des  températures  absolues  au  moyen  de  la  mesure 
de  ^  (4)  (Pellat)  demanderait  la  détermination  de  deux  constantes  et  la 
connaissance  de  deux  températures  absolues,  l'une  d'elles  ayant  une  valeur 
donnée. 

»  Si,  pour  la  détermination  des  constantes  d'un  élément  thermo-élec- 
trique, l'on  accepte  les  données  d'un  thermomètre  quelconque,  dans  un 
intervalle  déterminé  de  températures,  je  crois  qu'on  pourra  affirmer  que 
ce  thermomètre  ne  donne  pas  une  échelle  exacte  de  températures  absolues, 
si  cette  échelle  ne  coïncide  pas,  dans  toute  son  étendue,  avec  celle  de 
l'élément  thermo-électrique.  » 


CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  Méthode  de  dosage  volumélrique  du  tannin  et  analyse 
des  bois  et  extraits  tanniqiies.  Note  de  M.  Albert  Thompson,  présentée 
par  M.  Henri  Moissan. 

«  On  sait  que  le  tannin,  en  présence  des  solutions  d'alcalis  caustiques, 
soude  ou  potasse,  absorbe  très  rapidement  l'oxvgène.  Notre  méthode 
repose  sur  les  considérations  suivantes  : 

»  1°  L'eau  oxygénée  se  dissocie  totalement  en  oxygène  et  en  eau  sous 
l'influence  du  bioxyde  de  plomb  chimiquement  pur,  en  présence  des  alcalis 
caustiques,  soude  ou  potasse,  en  solution  concentrée.  Le  bioxyde  de  plomb 
doit  être  obtenu  en  traitant  le  minium  pur  par  l'acide  azotique. 

»  2"  L'oxygène  naissant  ainsi  produit  est  rapidement  absorbé  par  le 
tannin  lorsque  ce  dernier  est  ajouté  dans  l'eau  oxygénée  alcaline  avant 
l'addition  du  bioxyde  de  plomb. 

M  S*'  Le  tannin  une  fois  saturé,  la  dissociation  de  l'eau  oxve^énée  se 
continue  comme  si  ce  corps  n'était  pas  présent,  et  la  totalité  de  l'oxvs^ène 
en  excès  est  mise  en  liberté. 

w  4°  o*^,  10  de  tannin  chimiquement  pur  et  anhydre  absorbent  20'^'"' d'oxy- 
gène mesurés  à  0°  et  760™™. 

»  5"  Enfin  le  tannin  est  soluble  dans  l'alcool  à  90°,  tandis  que  la  plupart 
des  substances  minérales  et  pectiques  qui  l'accompagnent  sont  insolubles. 

»  L'analyse   d'un   tannin  comporte  donc  :    i"  la   détermination^  de  hi 

c.  R.,  1903,  2«  Semestre.  (T.  CXXXV,   N-  17.)  QI 


690  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

quantité  d'oxygène  dégagée  par  un  volume  connu  d'eau  oxygénée;  2**  la 
mensuration  de  l'oxygène  dégagé  par  un  même  volume  d'eau  oxygénée, 
en  présence  d'un  poids  connu  de  tannin  purifié  à  l'aide  d'un  traitement  par 
l'alcool  à  go'^.  La  différence  entre  les  denx  volumes  obtenus  donnera  la 
quantité  d'oxygène  fixé  par  le  tannin. 

»  Pour  réaliser  ces  expériences  nous  avons  combiné  un  tannomètre 
spécial  entièrement  en  verre,  qui  permet  d'introduire  successivement  les 
réactifs  au  moment  voulu,  sans  ouvrir  l'appareil  et  sans  modifier  le  volume 
intérieur. 

))  Dosage  du  tannin.  —  On  pèse  i^  du  tannin  à  analyser  réduit  en  poudre 
très  fine,  on  le  met  dans  une  fiole  jaugée  de  5o'^^"'  et  l'on  ajoute  de  l'alcool 
à  90**  jusqu'au  trait.  On  agite  fréquemment  et  l'on  filtre  après  une  heure  de 
contact.  On  mesure  25'^"'"  de  la  solution  filtrée  et  l'on  évapore  à  sec  au  bain- 
marie.  Le  résidu  est  dissous  dans  de  l'eau  distillée  pour  faire  25''"'  dont  S*""' 
contiendront  0^,10  du  tannin  à  analyser, 

»  Le  tannomètre  étant  maintenu  verticalement,  on  introduit  5"""'  de 
lessive  de  soude  dans  l'ampoule  B,  et  du  bioxyde  de  plomb  dans  le  tubeD. 
On  mesure  alors  S*^""'  de  la  solution  de  tannin,  que  l'on  verse  dans  l'am- 
poule A,  on  ajoute  2'"°'  d'eau  oxygénée,  préalablement  titrée  avec  le  même 
appareil.  Enfin,  on  verse  de  l'eau  dans  la  cloche  à  gaz  G  jusqu'au  0°  supé- 
rieur. Après  avoir  noté  la  température  et  la  pression,  on  fait  arriver  la 
lessive  de  soude,  on  agite  et  l'on  fait  tomber  du  bioxyde  de  plomb  après 
i5  minutes  de  contact.  Au  bout  de  2  heures  de  repos,  on  fait  de  nouveau 
tomber  du  bioxyde,  on  agite  et  on  lit  le  volume  d'oxygène  dégagé.  On 
note  de  nouveau  la  température  et  la  pression.  La  réaction  doit  être 
terminée  et,  si  une  variation  se  produisait  au  bout  d'une  heure,  il  faudrait 
recommencer  le  dosage. 

»  Le  volume  d'oxygène  absorbé  par  le  tannin,  divisé  par  2,  donne  le 
titre  en  tannin  pur. 

»  Applications  aux  bois  et  extraits  tanniques.  —  La  marche  générale  est  la  même 
que  pour  les  tanuins,  avec  cette  différence  que  l'on  emploie  l'alcool  méthylique  purifié 
à  90°,  qui  épuise  plus  facilement  ces  matières  industrielles  que  l'alcool  ordinaire. 

»  Vérification  de  la  méthode.  —  Pour  bien  nous  assurer  que  les  chiffres  obtenus 
se  rapportaient  bien  à  du  tannin  complètement  assimilable  par  la  peau,  nous  avons 
préparé  des  dissolutions  à  i  pour  100  de  tannin  pur  et  anhydre  et  analysé  ces  liqueurs 
avant  et  après  l'action  de  la  peau.  Cette  précipitation  a  été  effectuée  par  les  procédés 
connus,  qui  constituent,  du  reste,  des  méthodes  de  dosage. 


SÉANCE  DU  27  OCTOBRE  1902.  69 1 

Tannin  pur  (1  échantillon). 

I.  IL  III. 

Avant  le  traitement  par  la  peau 99)2  9^)9  99>^ 

Après  »  »  Néant  Néant  Néant 

Extrait  de  châtaignier  (3  échantillons). 

I.  II.  III. 

Avant  le  traitement  par  la  peau 28,53  3i,i7  22,56 

Après  »  »  Néant  Néant  Néant 

»   Les  résultats  obtenus  représentent  donc  bien  du  tannin  entièrement 
assimilable  par  la  peau.    « 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  une  nouvelle  base  dérivée  du  galactose. 
Note  de  M.  E.  Roux,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

»  Dans  une  Note  précédente  ('),  M.  Maquenne  et  moi  avons  fait  con- 
naître qu'en  réduisant  les  oximes  des  sucres  on  obtient  des  bases  polyal- 
cooliques  et  nous  avons  décrit  l'une  d'elles,  la  glucamine,  qui  dérive  du 
glucose. 

»  La  même  méthode,  appliquée  à  l'oxime  du  galactose,  donne  une  autre 
base,  isomère  de  la  précédente,  que,  par  analogie,  j'appellerai  o-«/ac/«mme. 

))  Ses  propriétés  générales  sont  semblables  à  celles  de  la  glucamine  déjà 
décrite.  D'après  la  notation  proposée  par  M.  Maquenne,  elle  représente 

2  5 
r amino-i-hexanepentol  0-76, 

OH  H      H      OH 

I         I         I         I 
AzH'-  CH--C  -  C-C-C-CH-OH. 

I         I         I         I 
H      OH   OH   H 

»  La  galactamine  se  présente  sous  forme  d'une  masse  incolore,  d'aspect 
cristallin,  très  soluble  dans  l'eau,  peu  soluble  dans  l'alcool  bouillant,  qui 
fond  vers  189^  et  donne  à  l'analyse  des  nombres  qui  concordent  avec  la 
formule  C®H'^AzO\  Son  pouvoir  rotatoire  \y\,  en  solution  aqueuse  à 
10  pour  100,  est  de  —  2°, 77,  sans  multirotation. 


(*)   Comptes  rendus,  t.  GXXXII,  p.  980. 


692  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Son  action  sur  les  sels  mélalliques  est  semblable  à  celle  de  la  gluca- 
mine,  cependant  elle  ne  donne  pas  de  combinaison  cristallisée  avec  le 
sulfate  de  cuivre.  C'est  unf?  base  forte,  qui  déplace  l'ammoniaque- 

»  Nous  décrirons  ici  quelques-uns  de  ses  sels  et  de  ses  dérivés  ; 

»  Oxalate  neutre  :  {C'WO'' P^zW-fOO'^li^^W-O.  —  Ce  sel,  très  soluble  dans 
l'eau,  cristallise,  par  évaporation  spontanée  de  ce  dissolvant,  en  fines  aiguilles  arbo- 
rescentes. Il  perd  assez  rapidement  son  eau  de  cristallisation  à  100°.  Son  point  de  fusion 
instantanée  est  lago-iSo".  ïl  est  insoluble  dans  l'alcool  à  9.5°  bouillant,  mais  assez 
soluble  dans  l'alcool  faible.  Son  pouvoir  rotatoire  [aji,  est  —  1 1°,28  pour  une  concen- 
tration de  8  pour  100. 

»  En  ajoutant  peu  à  peu  de  l'alcool  fort  à  sa  solution  dans  l'alcool  à  60°,  on  préci- 
pite de  Voxalale  anhydre,  sous  forme  d'une  poudre  blanche,  constituée  par  des  amas 
de  cristaux  aciculaires,  fondant  à  200°. 

»  Chlorhydrate  :  HCX.kzWCnV^O^W'O.  —  Il  cristallise  en  fines  aiguilles  pris- 
matiques, extrêmement  solubles  dans  l'eau,  insolubles  dans  l'alcool  à  95°,  assez 
solubles  dans  l'alcool  à  60°,  s'eftleurissant  dans  l'air  sec.  En  ajoutant  de  l'alcool  à  sa 
solution  aqueuse,  on  précipite  le  chlorhydrate  anhydre  sous  forme  d'une  poudre 
amorphe. 

»   C'est  un  isomère  du  chlorhydrate  de  dulcitamine  décrit  par  Bouchardat  (*). 

»  Picrate  :  C^H^ AzO"'')'OH,C«H>303  AzH^  —  Poudre  cristalline  d'un  beau  jaune 
de  chrome,  formée  de  petites  aiguilles,  très  soluble  dans  l'eau,  assez  soluble  dans  l'al- 
cool fort  et  légèrement  soluble  dans  l'alcool  éthéré. 

»  Chloroplatinate  :  (C^H'^O^AzII^HCO-^PtCF.  —  Cristallise  en  lamelles  jaune 
orangé  ayant  la  forme  d'un  triangle  dont  l'un  des  sommets  est  arrondi.  Très  soluble 
dans  l'eau  et,  cependant,  peu  hygrométrique,  il  est  très  peu  soluble  dans  l'alcool  à  gS" 
et  assez  soluble  dans  l'alcool  à  80°  ainsi  que  dans  l'alcool  inéthylique.  Il  ne  s'altère  pas 
sensiblement  à  100°. 
.   »   C'est  un  isomère  du  chloroplatinate  de  dulcitamine  de  Bouchardat. 

»  Suifate  neutre  :  S0^(  AzIPC^H'^O^)-.  —  Cristallise  en  belles  aiguilles  prisma- 
tiques. Il  est  extrêmement  soluble  dans  l'eau,  insoluble  dans  l'alcool  à  95°  et  assez 
soluble  dans  l'alcool  à  5o°. 

»  Benzalgalactarnine  :  C^H^CH^  AzC^H^^O^.  —  Obtenue  en  faisant  réagir  l'al- 
déhyde benzoïque  sur  la  galactamine.  Elle  cristallise  en  petites  lamelles  rectangulaires 
qui  se  groupent  en  étoiles.  Ce  corps  est  décomposé  rapidement  par  l'eau  à  100°,  mais 
l'eau  froide,  dans  laquelle  il  est  presque  insoluble,  ne  l'hydrolyse  que  lentement.  Il 
est  insoluble  dans  l'alcool  et  ne  se  dissout  que  dans  un  mélange  d'alcool  et  d'aldéhyde 
benzoïque,  dans  lequel  on  peut  le  faire  cristalliser.  Il  fond  à  i95°-i96°  en  se  décom- 
posant. 

»  Galactaniine-urée  AzH- —  CO  —  AzHC^H'^0^.  —  Obtenu  par  réaction  du  sul- 
fate de  galactamine  sur  le  cjanate  de  potassium,  ce  corps  cristallise  en  lamelles  rec- 
tangulaires. Il  est  très  soluble  dans  l'eau  et  très  peu  soluble  dans  l'alcool.  Il  fonda  180° 


(')  Bouchardat,  Comptes  rendus,  t.  LXXIV,  p.  1/406. 


SÉANCE  DU  27  OCTOBRE  1902.  698 

sans  se  décomposer.  Son  pouvoir  rolatoire  est  —  i2°,5o,  sans  multirolation.  Il  est  dé- 
composé par  rhjpobromite  de  soude  de  la  même  façon  que  la  glucamine-urée  :  l'azote 
se  dégage  et  des  produits  réducteurs  se  forment,  tout  d'abord,  qui  disparaissent  rapi- 
dement, par  oxydation,  en  donnant  notamment  de  l'acide  oxalique. 

»  Galactamine-phénylurée  C^H^AzII  —  CO  —  AzHC^H'^0^.  —  On  l'obtient  en 
faisant  réagir  l'isocyanate  de  phényle,  en  quantité  théorique,  sur  la  galactamine  dis- 
soute dans  la  pyridine.  Ce  corps  cristallise  en  longues  et  fines  aiguilles  prismatiques, 
qui  se  groupent  en  faisceaux  et  forment  une  masse  volumineuse.  Il  est  peu  soluble 
dans  l'eau  ou  dans  l'alcool  bouillants  et  presque  insoluble  dans  ces  liquides  froids;  il 
se  dissout  facilement  dans  la  pyridine.  Il  fond  à  219°  sans  se  décomposer. 

»   Galactamine-pliénylurée  pentacarbamique  : 

C^H^AzII  — CO  — AzIIC«lPOs(COAznC«H«)». 

Se  prépare  en  faisant  agir  sur  la  galactamine  l'isocyanate  de  phényle  en  excès.  Ce 
corps  cristallise  en  petites  aiguilles  fusiformes.  Il  est  insoluble  dans  l'eau,  très  peu 
soluble  dans  l'alcool,  la  benzine,  le  toluène  et  assez  soluble  dans  la  pyridine.  Il  fond 
à  325°  en  se  décomposant. 

/CH- -  Cil  —  (CH0H)3- CH^OIi 

»  Mercapto- iialactoxazoline   Az.  i  •  —    Dans 

^       °  \^C(SH)-0 

une  Note  précédente  (*),  M.  Maquenne  et  moi  avons  montré  que  le  sulfure  de  car- 
bone attaque  les  pol}-^xyamines  à  chaud,  en  donnant  des  combinaisons  cycliques  à  un 
seul  atome  de  soufre,  qui  appartiennent  vraisemblablement  à  la  famille  des  oxazolines. 

»  La  galactamine  ainsi  traitée  par  le  sulfure  de  carbone  donne  une  mercapto-bu- 
tyltétrol-oxazoline,  que  je  désigne  sous  le  nom  de  mercapto-galactoxazoline,  pour  la 
distinguer  de  son  isomère  dérivé  du  glucose,  lequel  doit  être  désigné  sous  le  nom  de 
mercapto-glucoxazoline. 

»  Ce  corps  cristallise  en  lamelles  ayant  la  forme  d'un  rectangle  accolé  par  un  côté  à 
la  base  d'un  triangle;  ce  qui  leur  donne  Taspect  d'une  enveloppe  ouverte.  Il  est  très 
soluble  dans  l'eau  et  peu  soluble  dans  l'alcool.  Il  fond  à  i85°-i86°,  sans  décomposition. 
C'est  un  corps  très  stable,  comme  son  isomère  dérivé  du  glucose,  avec  lequel  il  pré- 
sente de  grandes  analogies.  Cependant,  il  ne  donne  pas  comme  lui  de  combinaison 
cristallisée  avec  le  nitrate  d'argent.  « 


CHIMIE  ORGANIQUE,  —  Sur  un  nouveau  composé  du  groupe  de  Chexamé- 
thylène-tétramine .  Note  de  M.  Marcel  Descudé,  présentée  par  M.  A. 
H  aller. 

«  Action  de  l'ammoniac  sur  le  dibenzoate  de  méthylène.  —  Le  dibenzoate 
de  méthylène  se  comporte,  vis-à-vis  dti  gaz  ammoniac,  comme  les  étliers- 
sels;  il  se  forme,  d'une  part,  de  la  beiizamide;  d'autre  part,  le  glycol 


(^)  Comptes  rendus,  t.  CXXXIV,  p.  iSbg. 


694  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

méthylénique  :  CR'( 

^  \OH 

C'  H^  -  CO  -  O\ç,jjo      ^^^  JJ3  ^  2/C6H5  _  CO  AzH-  )  -+-  CH-^^ 
CH^-CO-O/  ^  ^  \ 


H 
OH 


»  Ce  gîycol  instable  se  dédouble  en  eau  et  aldéhyde  formique,  ce  qui 
complique  la  réaction.  L'aldéhyde  formique  réagit  sur  l'ammoniac  en  excès 
pour  donner  Y hexamèthylène-tèlramine  et  une  nouvelle  quantité  d'eau  : 

(CH=^Oy  +-  4  AzH^*  =  6H-0  +  (CFP)«  Az'. 
1)   Enfin,  une  certaine  quantité  de  dibenzoate  est  saponifiée  : 


C« H«  -  CO      0\çjj2  _^  2^^  JJ3  _^  2H-  O  =  2(C«H^  -  COOAzH" )  4- Cw(^ 
C«H^_CO-0/  ^  ^  \ 


H 
OH 


»  De  sorte  que,  lorsque  la  réaction  est  terminée,  on  obtient  un  mélange 
de  benzamide,  de  benzoale  d' ammonium  et  d' hexam,éthylêne-tétramine. 

»  J'ai  réalisé  Texpérience  en  présence  d'un  grand  excès  d'alcool  absolu  et,  après 
avoir  chassé  celui-ci,  à  froid,  par  distillation  dans  le  vide,  j'ai  pu  séparer,  dans  le 
résidu,  les  trois  produits  précédents.  Dans  le  cas  du  dibenzoate,  l'hexaméthjlène- 
amine  ne  se  forme  que  dans  de  faibles  proportions;  mais  en  opérant  avec  le  diacétale 
de  méthylène,  il  s'en  forme  une  notable  quantité;  de  plus,  il  est  ici  possible  d'opérer 
en  présence  d'une  faible  quantité  d'alcool,  et  l'hexaméthylène-lamine  se  dépose, 
presque  eiiliè renient,  sous  forme  de  beaux  cristaux,  très  limpides.  C'est  même  là  un 
procédé  très  rapide  pour  obtenir  cette  base  à  l'état  de  pureté. 

»  Lorsque  l'action  de  l'ammoniac  sur  le  dibenzoate  est  terminée,  on  a  une  solution 
alcoolique  limpide,  qui  ne  renferme  que  les  corps  indiqués  plus  haut. 

Si,  au  lieu  de  distiller  cette  solution  dans  le  vide,  on  chasse  l'alcool  par  évaporation 
au  bain-marie,  il  se  produit  de  nouvelles  réactions.  Au  bout  de  12  à  i5  heures  environ, 
on  obtient  un  produit  à  peu  près  sec  qui,  épuisé  par  l'eau  bouillante,  laisse  un  résidu 
très  notable  (près  d'un  tiers),  alors  que  les  produits  primitifs  étaient  tous  solubles. 
On  le  recueille  sur  le  filtre  et  on  le  lave  à  l'eau  h ouiWdirxle,  jusqu'à  ce  qu'il  ne  se  dis- 
solve plus  rien.  On  le  sèche  et  on  le  reprend  par  l'alcool  bouillant.  Par  refroidissement, 
il  se  dépose  sous  forme  de  paillettes  brillantes  constituées  par  des  octaèdres  clino- 
rhombiques. 

»  Propriétrs.  —  Ce  corps,  inodore,  est  complètement  insoluble  dans  l'eau,  même  à 
chaud.  Il  est  à  peu  près  insoluble  dans  l'éther,  le  sulfure  de  carbone,  l'acétone,  la 
benzine.  Il  est  peu  soluble  dans  l'alcool  :  loos  d'alcool  absolu  en  dissolvent  oS,  53i 
à  18°;  l'alcool  bouillant  en  dissout  environ  huit  fois  plus.  L'acétate  d'élhyle  se  com- 
porte de  même.  Le  chloroforme  et  l'acide  acétique  le  dissolvent  assez  bien. 

»   Action  de  la  chaleur.  —  Il  fond  vers    187°,  en   un   liquide  incolore  qui  brunit 


SÉANCE    DU    27    OCTOBRE     F 902.  695 

rapidement  pour  peu  qu'on  dépasse  celte  température.  Par  refroidissement,  il  conserve 
sa  iransparence  et  présente  alors  Taspect  d'un  morceau  de  verre.  Sous  cet  état,  il 
est  cassant  et  très  léger;  D=:i,24o  maintenu  pendant  quelque  temps  dans  Teau,  il 
devient  opaque,  par  suite  d'une  transformation  qui  s'opère  de  la  surface  au  centre; 
et,  si  Ton  casse  un  morceau  ainsi  altéré,  on  constate  qu'il  n'a  perdu  sa  transparence 
que  sur  les  bords.  Si  l'on  cherche  à  le  sublimer,  il  se  décompose;  il  se  forme  de  légers 
ilocons  vers  125°  (probablement  de  la  benzamide). 

»  Action  des  acides  étendus.  —  L'action  des  acides  sur  ce  composé  est  particulière- 
ment intéressante,  car  elle  va  servir  à  établir  sa  formule  de  constitution.  Tous  les 
acides  minéraux,  en  solution  aqueuse  même  très  étendue,  le  transforment  en  quelques 
instants,  à  l'ébullilion,  en  méthylène-dibenzamide ;  à  côté  de  ce  produit,  très  facile  à 
caractériser,  il  y  a  mise  en  liberté  d'aldéhyde  formique  et  d'ammoniac. 

')   Les  analyses  et  la  cryoscopie  conduisent  à  la  formule  biute 

C^^H-''Az'0\ 

qui  peut  s'écrire,  en  mettant  en  relief  les  divers  groupements, 

(C«H^-  COAzH)='(CH=^)'Az, 

et  la  formule  de  constitution  qui  paraît  la  plus  vraisemblable  est 

C«JP-COAzH-CH-\ 
(1)  C«ÏP-  COAzH— CtP- Az. 

(:«H5~C()AzH-CHV 

»  Le  mode  de  formation  de  ce  corps  s'accorde,  d'ailleurs,  avec  cette 
formule.  J'ai  pu,  en  effet,  le  reproduire  en  faisant  réagir  directement  la  ben- 
zamide sur  r hexaméthylène-tétraminc  ou  sur  un  mélange  d' aldéhyde  formique 
en  solution  aqueuse  et  d'ammoniaque.  Dans  ce  dernier  cas,  le  mécanisme 
de  la  réaction  peut  se  concevoir  très  simplement  de  la  façon  suivante  : 


HO. 


OH  H 


/  H  X+  CH-  +  AzH  -  CO  -  C"H^ 

"7  /CH=-AzH-COC«H^ 

\z  -  H       -h  CH-(OH)-  +  AzH  -  CO  -  C^  11'  =  GH=^0  -h  Az  —  CH-  -  AzH  -  COC'IW 
\  H       -h  CH^(OH)^  H- AzH  -  CO  -  CMP  \  CH=^  -  AzH  -  COCHP 

»  Les  acides  en  solution  diluée,  agissant  comme  agents  d'hydratation, 
produisent   la   réaction    inverse.    La  moitié  de   l'aldéhyde   réagit  sur  la 


696  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

benzamide  formée  pour  donner  naissance  au  méthylène-dibenzamide  : 

/  42H CO  C®  H^ 

CH^O  +  (AzH^--  COC''H*)^=  H=^0  4-  CH^^'^^jj  _  coC«H^ 

et  l'autre  moitié  se  retrouve  à  l'état  libre. 

»   D'ailleurs,  l'hexaméthylène-tétramine  elle-même  peut  prendre  nais- 
sance par  un  mécanisme  semblable  : 


/il 


O 


OH  11 


[1  HO 


Az 


H 

/ 
H 

H 


+  CH- 

+  CH=^(OH)^ 
+  CH-(OHy 


-Azx 

-AzFP 
-AzH^ 


;C11 


H  HOl 


yCH2-Az  =  CH^ 
T'     CH-(0H)-  =  i2H-0  4-Az-CH-— Az  =  CH2 
+      CH^(OH)-^  XCH^-Az^CH^' 


»  On  voit  donc  que  ce  nouveau  composé,  que  j'appellerai  Vazotrimé- 
thyléne-tribenzaniide ,  peut  être  dérivé  de  l'hexaméthylène-tétramine.  Et 
comme,  d'autre  part,  il  semble  difficile,  d'après  ce  qui  précède,  de  lui 
attribuer  d'autre  formule  que  la  formule  (i),  on  doit  voir  là  une  preuve 
nouvelle  à  l'appui  de  la  formule  de  constitution  de  l'hexaméthylène- 
tétramine,  constitution  qui  fut  récemment  l'objet  d'une  très  longue 
discussion.    » 


CHIMIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  l'acide  solide  de  r huile  c^'Elfeococca  vernicia. 
Note  de  M.  L.  Maquenne,  présentée  par  M.  P. -P.  Dehérain. 

«  D'après  Cloez,  à  qui  l'on  doit  la  découverte  des  corps  qui  nous 
occupent,  l'huile  normale  A' Elœococca  renferme,  à  l'état  de  glycéride,  un 
acide  cristallisable  particulier,  Vsic\.àe>  élœomargaiique  C^"^  W^O- ,  qui  fond 
à  48°  et  est  éminemment  siccatif. 

»  Ce  composé  ne  se  rencontre  que  dans  l'huile  fluide,  préparée  par  pres- 
sion ou  par  épuisement  à  l'élher.  L'huile  concrète,  que  l'on  obtient  par  le 
sulfure  de  carbone  ou  qui  se  forme  spontanément  par  insolation  de  l'huile 
liquide,  fournit  un  autre  acide,  également  cristallisable,  qui  présente  la 
même  composition  que  le  précédent,  mais  n'entre  en  fusion  qu'à  71°  et  se 
dissout  en  moindre  quantité  dans  l'alcool.  Cloez  a  donné  à  ce  second  corps 


SÉANCE    DU    27    OCTOBRE    1902.  697 

le  nom  d'acide  élœostéarique  et  a  admis  qu'il  résulte  de  la  polymérisation 
du  premier  ('). 

»  La  présence,  dans  un  corps  gras  naturel,*  d'un  acide  renfermant  17"'^ 
de  carbone  paraissant  a  priori  quelque  peu  anormale,  il  nous  a  semblé 
utile  de  reprendre  cette  étude. 

»  Les  recherches  qui  suivent  ont  porté  sur  un  échantillon  d'huile  authentique,  fraî- 
chement extraite  par  pression  des  graines  à'Elœococca,  encore  parfaitement  limpide 
et  seulement  teintée  de  jaune  clair. 

»  I.  Isomérisation  de  l'acide  élœoniar gariqae .  —  La  transformation,  au  contact 
du  sulfure  de  carbone,  de  l'acide  élseomargarique  fusible  à  l\%°  en  acide  ékeostéarique 
fusible  à  71°  ne  doit  pas,  comme  le  pensait  Cloez,  être  attribuée  à  la  seule  influence 
de  ce  dissolvant,  mais  bien  à  celle  du  soufre  libre  qu'il  renferme  habituellement  en 
dissolution.  Une  trace  de  ce  métalloïde,  ajoutée  à  l'huile  normale  ou  à  l'acide  élaio- 
margarique  fondu,  suffit  en  effet  pour  la  provoquer,  et  l'on  a  là  un  moyen  excellent 
pour  préparer  rapidement  et  à  l'état  pur  l'acide  fusible  à  71°. 

»  L'iode  agit  de  même,  ce  qui  montre  que  la  transformation  dont  il  s'agit  est  en 
rapport  avec  la  production  passagère  de  quelque  composé  d'addition  indéterminé. 

»  L'acide  nitreux,  ainsi  d'ailleurs  que  le  brome,  donne  lieu  à  une  attaque  plus 
profonde  dont  les  produits  n'ont  pu  être  isolés;  néanmoins  il  nous  a  paru  logique  de 
rapprocher  cette  influence  du  soufre  de  celle  bien  connue  qu'exercent  les  produits 
nitreux  sur  l'acide  oléique  ou  l'acide  érucique.  Si  ce  rapprochement  est  légitime,  les 
acides  élœomargarique  et  élœostéarique  doivent  être  isomères  et  non  polymères;  c'est 
ce  qui  a  lieu  en  effet,  ainsi  que  nous  avons  pu  nous  en  assurer  par  ébuUioscopie  dans 
l'élher  :  les  poids  moléculaires  de  ces  deux  corps  ont  été  trouvés  respectivement 
égaux  à  2g5  et  2g4,  c'est-à-dire  identiques  (-). 

»  IL  Composition.  —  L'analyse  de  ces  produits  présente  de  sérieuses  difficultés,  à 
cause  de  la  rapidité  avec  laquelle  ils  s'oxydent,  même  à  froid;  il  est  d'ailleurs  impos- 
sible d'établir  leur  véritable  composition  par  voie  indirecte,  car  ils  ne  fournissent 
aucun  dérivé  défini  sous  l'action  des  réactifs  usuels  :  l'acide  sulfurique  et  l'acide 
iodhydrique  concentrés  les  charbonnent  instantanément;  le  brome  donne  par  addition 
directe  un  dibromure  qui  noircit  dès  qu'on  évapore  ses  dissolutions;  enfin,  leurs  com- 
binaisons métalliques  et  leurs  phénylhydrazides,  qui  sont  cristallisables,  s'altèrent 
aussi  rapidement  que  les  acides  libres,  sans  offrir,  par  conséquent,  de  plus  grandes 
garanties  de  pureté. 

»  Lorsqu'on  analyse  un  produit  simplement  séché  dans  une  cloche  à  vide  ou  dans 
une  atmosphère  d'acide  carbonique,  dont  il  est  difficile  d'éliminer  les  dernières  traces 
d'oxygène,  on  arrive  à  des  nombres  qui   concordent   sensiblement  avec  la  formule  de 

(')  Cloez,  Comptes  rendus,  t.  LXXXI,  p.  :^69;  LXXXII,  p.  Soi  etLXXXIII,  p.  943. 

(-)  Cette  valeur  dépasse  notablement  celle  du  poids  moléculaire  vrai  de  l'acide 
élteostéarique  ;  l'écart  lient  à  ce  que  l'expérience  a  porté  sur  des  acides  préparés  sans 
précautions  spéciales  et  qui,  bien  que  maintenus  dans  une  atmosphère  d'acide  carbo- 
nique, avaient  déjà  subi  un  commencement  d'oxydation. 

G.  R.,  1902,  2»  Semestre.  (T.  CXXXV,  N»  17.)  9^ 


698  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

Cloer,  mais  si  Ton  a  soin  d'effectuer  la  dessiccation  dans  le  vide  de  la  trompe  à  mer- 
cure, en  opérant  sur  un  produit  fraîchement  cristallisé  et  assez  vite  pour  qu'il  ne 
s'écoule  pas  plus  de  [\0  à  45  minutes  entre  le  début  de  la  dissolution  dans  l'alcool  du 
corps  brut  et  la  mise  en  ampoules  du  corps  pur,  on  trouve  régulièrement  o, 5  pour  100 
de  carbone  en  plus  et  à  peu  près  autant  d'hj'drogène  en  moins  (^). 

»  Il  en  résulte  que  la  véritable  formule  des  acides  en  question  doit  s'écrire  C'^  H^^O^, 
et,  en  conséquence,  que  ces  corps  doivent  être  rangés  dans  la  série  stéarique,  à  côté 
de  l'acide  linolénique  qui,  d'après  Hazura,  présente  la  même  composition. 

»  III.  Oxydation.  —  L'acide  élseostéarique  fusible  à  71°  est  vivement  attaqué 
par  le  permanganate  de  potassium;  en  opérant  comme  nous  l'avons  dit  autrefois,  à 
propos  de  l'oxydation  de  l'huile  de  ricin  (-),  on  voit  se  former  à  peu  près  uniquement 
de  l'acide  azélaïque,  fusible  à  io5°-io6°,  et  de  l'acide  valérianique  normal,  qui  a  été 
caractérisé  sous  forme  d'éther  élhylique,  bouillant  à  i/JS".  Le  reste  de  la  molécule, 
qui  comprend  encore  4***  de  carbone,  est  entièrement  détruit,  ce  qui  laisse  indécise 
la  question  de  savoir  si  l'acide  élceostéarique  renferme  deux  ou  trois  liaisons  multiples; 
en  d'autres  termes,  s'il  est  éthylénique  et  acétylénique  ou  Iriéthylénique. 

>)  Le  seul  fait  certain  qui  découle  des  résultats  précédents  c'est  que  Tacide  élaeo- 
stéarique  possède  deux  lacunes  dans  les  positions  5  et  g. 

»  L'acide  fusible  à  /^S"  donne,  ainsi  que  nous  l'avons  expressément  vérifié,  les 
mêmes  produits  d'oxydation  que  son  isomère. 

»  Conclusions.  —  1°  Les  deux  acides  signalés  par  Cloez  dans  son  étude 
de  l'huile  â'Elœococca  sont  des  stéréoisomères,  présentant  entre  eux  les 
mêmes  rapports  qui  existent  entre  l'acide  oléique  et  l'acide  élaïdique. 

))  2°  lis  appartiennent  à  la  série  stéarique  et  possèdent  la  même  formule 
Çt8jj30Q2  qyg  l'ycide  linolénique  des  huiles  de  lin  et  de  chénevis. 

»  3°  Le  nom  d'aciV/e  élœomargarique,  ne  répondant  plus  à  aucun  des 
caractères  du  corps  qu'il  désigne,  devra  être  désormais  supprimé.  Nous 
proposons  de  le  remplacer  par  celui  diacide  élœostéariqiie  ol,  tout  en  con- 
servant pour  son  isomère  fusible  à  71*^  la  dénomination  adoptée  par  Cloez, 
à  laquelle  il  suffira,  pour  éviter  toute  confusion,  d'ajouter  le  symbole  [3.  >> 

CHIMIE  ANIMALE.   —  5m/'  la  miisculamme,  hase  dérivée  des  muscles. 
Note  de  MM.  A.  Étard  et  A.  Yila,  présentée  par  M.  Roux. 

«  L  Depuis  de  nombreuses  années  on  s'efforce  de  connaître  la  consti- 
tution chimique  des  groupes  dont  l'ensemble  forme  pendant  la  vie  les  tissus 

(*)  Carbone  trouvé  :  77,60  et  77,67;  calculé  :  77,70.  Hydrogène  trouvé  :  10,89 
et  10,86;  calculé  :  10,79.  L'analyse  a  porté  seulement  sur  l'acide  fusible  à  71°,  qui 
paraît  être  un  peu  moins  altérable  que  son  isomère. 

(^)  Bull.  Soc.  chim.,  3*  série,  t.  XXI,  p.  io6i. 


SÉANCE   DU    27    OCTOBRE    1902.  699 

et  les  humeurs  de  l'organisme.  De  ces  études  chimiques  sortira  quelque 
jour  une  connaissance  pkis  complète  des  mutations  cellulaires;  aussi  un 
intérêt  particulier  s'attache  à  l'isolement  de  matières  nouvelles  dérivées 
des  protoplasmides.  Après  avoir  hydrolyse  du  muscle  de  veau  et  séparé  les 
matériaux  connus  tels  que  tyrosine  ,  glycocoUe  ,  leucine  et  acide  gluta- 
mique,  il  reste  un  sirop  très  complexe  soluble  dans  l'alcool  méthylique  pur. 
L'acide  phosphotungstique  précipite  abondamment  ce  sirop,  mais  ce  der- 
nier peut  contenir  bien  des  principes  divers .  Nous  avons  pensé  que , 
parmi  les  alcaloïdes  pouvant  exister,  une  différence  de  basicité  pourrait 
se  manifester  vis-à-vis  du  chlorure  de  benzoïle.  En  milieu  anhydre  selon 
la  méthode  de  Gerhardt,  le  chlorure  benzoïque  réagit  avec  trop  d'intensité. 
La  même  réaction  en  solution  potassique  (Schotten-Baumann)  ne  nous  a 
pas  donné  de  résultats  très  pratiques. 

»  Il  nous  a  paru  préférable  de  mélanger  une  solution  de  notre  matière 
avec  des  cristaux  d'hydrate  de  baryum  qui,  en  se  dissolvant  en  présence  de 
doses  successives  de  chlorure  de  benzoïle,  maintient  le  mélange  froid  et  en 
tout  cas  forme  moins  vite  de  l'acide  benzoïque. 

»  Dans  ces  conditions  il  se  fait  rapidement  par  agitation  une  masse  caséeuse  légère 
de  dérivé  benzoïle  facile  à  séparer  par  fîltration  des  matériaux,  organiques  en  solution 
alcaline  et  de  benzoate  de  baryum  très  soluble. 

»  Il  est  à  remarquer  qu'on  sépare  autant  de  produit  benzoïle,  sinon  plus,  que  de 
leucine.  En  tout  cas  la  séparation  est  assurément  plus  aisée. 

«  Par  Faction  de  l'eau  bouillante  alcaline  on  amène  le  dérivé  benzoïle  à  l'état  de 
fines  aiguilles  dont  la  solubilité  à  froid  n'est  plus  que  de  o,  i5  pour  100. 

Calculé 
pour 
Analyse.  I.  II.  III.  IV.        C^^H^^Az^OS. 

c 73,3       73,6       73,5       73,4       73,8 

H 7,1  7,0  7,1  7,6  7,0 

Az 8,7  8,8  8,6  8,9 

»  Le  nouveau  dérivé  benzoïle  est  soluble  dans  l'alcool  et  les  échantillons  I  et  II  n'ont 
été  purifiés  que  par  ce  moyen.  La  purification  par  l'eau  a  fourni  l'analyse  IV.  Enfin, 
propriété  remarquable,  ce  corps  bout  sans  décomposition  notable  au-dessus  de  36o" 
alors  que  le  verre  déjà  mou  teinte  la  flamme  en  jaune.  C'est  là  un  moyen  de  purification 
rapide,  car  la  matière  distillée  recristallise  bientôt  et  se  dissout  dans  l'eau,  elle  a  servi 
à  établir  l'analyse  III. 

»  Le  dérivé  caractérisé  par  les  nombres  ci-dessus  soumis  à  l'hydrolyse  a  donné  une 
quantité  d'acide  benzoïque  compatible  seulement  avec  la  formule  d'un  irisubstitué,  et 
dès  lors  l'alcaloïde  isolé  du  muscle  doit  avoir  la  formule  G^Il-^Az^.  Cette  première 
partie  du  travail  se  suffit  à  elle-même.  Il  existe  une  base  en  Az*  non  oxygénée.  Nous 
avons  eu  4oo8  de  son  tribenzoïlé. 


rjOO  ACADEMIE   DES  SCIENCES. 

»  II.  Une  nouvelle  quantité  de  benzoïle  dérivé  a  été  hydrolysée  et  la 
base  libre  isolée  par  Téther  d'une  solulion  très  riche  en  soude. 

»  C'est  un  liquide  épais,  très  soluble  dans  Feau,  d'odeur  spermatique,  se  carbonatant 
énergiquement  à  l'air.  Son  chlorliydrate  cristallise  fort  bien  et  correspond  à  la  formule 
C^H^^Az^,  3HC1.  Le  chlorure  de  platine  en  présence  d'un  excès  de  chlorhydrate  a 
donné  des  cristaux  volumineux,  couleur  de  bichromate  de  potasse;  avec  un  excès  de 
sel  de  platine   on  a   obtenu  un  précipité  immédiat   d'aiguilles   mordorées.  Tous  deux 

ont  même  composition  : 

Calculé 
Analyse.  pour 

. ^     CIP'Az^SHCl. 

C 11,3      11,7  I  ^^  '  'i 

H 2,6       3, G  3, 1 

Pt 37,6     36,9  37,5 

))  Par  une  seconde  voie,  indépendante,  on  démontre  que  la  nouvelle 
base,  qui  peut  se  nommer  provisoirement  musculamine,  est  triazotée,  les 
trois  azotes  agissant  de  même  que  trois  (OH)  dans  une  glycérine.  Une  com- 
paraison directe  avec  l'arginine  a  montré  qu'il  n'y  avait  pas  identité.  Il  est 
possible  que  notre  base  n'ait  pas  de  relations  avec  le  groupe  guanidique  ;  ce 
serait  le  premier  exemple  d'une  triamine  parmi  les  produits  biologiques.  » 

PHYSIOLOGIE  ANIMALE.  —  Sur  l'origine  de  la  coloration  naturelle  des  soies 
de  Lépidoptères.  Note  de  MM.  D.  Levrat  et  A.  Conte,  présentée  par 
M.  Alfred  Giard. 

«  Chez  la  plupart  des  chenilles  de  Lépidoptères,  le  produit  de  la  sécré- 
tion des  glandes  séricigènes  est  incolore;  lorsqu'il  est  coloré,  il  l'est  en 
jaune  ou  en  vert.  Nous  nous  sommes  demandé  quelle  pouvait  être  l'origine 
de  ces  pigments  jaunes  et  verts.  Sont-ils  fabriqués  de  toutes  pièces  par 
l'animal  ou  sont-ils  simplement  puisés  dans  la  feuille  dont  il  se  nourrit? 

»  La  première  de  ces  hypothèses  est  généralement  admise  depuis  que 
les  travaux  d'Alessandrini,  Joly,  R,  Dubois  etL.  Blanc  ont  montré  qu'il  était 
impossible  à  une  matière  colorante  conteiuie  dans  l'intestin  d'arriver 
jusqu'à  la  soie.  Les  résultats  contraires  signalés  par  Bonafous,  E.  Blan- 
chard, Roidiu  et  Villon  ont  été  niés  d'une  façon  absolue  et  seraient  la 
conséquence  d'une  souillure  du  fil  de  soie  à  sa  sortie  de  la  filière. 

»  Si  les  matières  colorantes  employées  jusqu'ici  ne  traversent  pas 
facilement  les  parois  du  réservoir  soyeux,  en  est-il  de  même  pour  tous  les 
principes  colorés  et  pour  tous  les  vers  à  soie?  C'est  pour  répondre  à  cette 
question  que  nous  avons  entrepris  de  nouvelles  expériences. 


SÉANCE  DU  27  OCTOBRE  1902.  -yoi 

»  Nos  essais  ont  porté  sur  une  espèce  sauvage,  VAttacus  Orizaba  (West- 
wood)  et  une  domestique,  le  Bombyx  Mori  (race  française  à  soie  jaune  et 
racepolyvoltine  de  Chine  à  soie  blanche).  Les  matières  colorantes  utilisées 
étaient  le  rouge  neutre  (rouge  de  toluylène),  le  bleu  de  méthylène  BX  et 
l'acide  picrique. 

»  1.  Attacus  Orizaba.  —  Trente  chenilles,  nées  le  16  juin  1902,  ont  été  divisées  en 
plusieurs  lots  et  élevées  sur  des  branches  de  troène  dont  on  avait  badigeonné  les 
feuilles  avec  une  solution  aqueuse  de  la  matière  colorante. 

»  Dans  un  lot,  neuf  chenilles  ont  reçu  dès  leur  naissance  des  feuilles  imprégnées  de 
rouge  neutre;  elles  les  ont  mangées  sans  manifester  aucune  répugnance  et  se  sont 
développées  normalement.  La  teinte  générale  du  corps  rouge  foncé  indiquait  la  pré- 
sence de  la  matière  colorante  dans  le  sang. 

»  Dans  le  but  d'éviler  à  la  soie  toute  cause  de  souillure,  les  larves,  au  moment  du 
coconnage,  ont  été  soigneusement  lavées  sous  un  filet  d'eau  et  transportées  sur  des 
branches  fraîchement  cueillies. 

»  La  soie,  au  sortir  de  la  filière,  est  teinte  en  rose  et  le  cocon  tout  entier  présente  une 
belle  coloration  rouge. 

»  Deux  chenilles  du  lot  ci-dessus  ont  été  isolées  à  la  quatrième  mue  et  nourries 
pendant  tout  le  dernier  âge  avec  des  feuilles  dépourvues  de  rouge  neutre.  Ces 
chenilles  se  sont  peu  à  j^eu  décolorées,  et  la  soie  qu'elles  ont  filée  était  à  peine  teintée 
en  rose. 

))  Quatre  autres  chenilles  ayant  mangé  des  feuilles  naturelles  jusqu'à  la  quatrième 
mue  reçoivent  une  nourriture  colorée  pendant  le  cinquième  âge  seulement  et  fournissent 
des  cocons  aussi  rouges  que  ceux  du  premier  lot,  dont  les  chenilles  avaient  absorbé  du 
rouge  pendant  toute  la  durée  de  la  vie  larvaire. 

»  Des  chenilles  élevées  sur  du  bleu  de  méthylène  semblent  manger  les  feuilles  avec 
moins  d'avidité,  leur  développement  se  trouve  ralenti  et  elles  sécrètent  une  soie 
moins  abondante  et  légèrement  bleutée. 

»  Enfin  un  dernier  loi  à' Attacus  Orizaba,  nourri  avec  des  feuilles  de  troène  trempées 
dans  une  solution  d'acide  picrique,  donne  des  cocons  dont  la  soie  est  blanche. 

»  Ainsi,  nous  voyons  que  le  rouge  neutre  passe  facilement  par  osmose  à  travers  les 
tissus  tandis  que  le  bleu  de  méthylène  ne  les  traverse  qu'avec  difficulté  et  que  l'acide 
picrique  est  complètement  arrêté. 

»  Pour  répondre  d'une  façon  rigoureuse  aux  critiques  inspirées  par  l'hypothèse 
d'une  coloration  superficielle  du  fil  de  soie  à  la  suite  de  souillures  possibles  de  la 
filière,  nous  avons  fait  à  deux  chenilles  prêtes  à  filer  des  injections  de  rouge  neutre 
dans  l'avant-dernière  fausse  palle  gauche;  ces  chenilles  se  sont  instantanément  colo- 
rées en  rouge,  et,  sans  paraître  le  moins  du  monde  incommodées,  se  sont  mises  à  filer 
une  soie  légèrement  rosée. 

»  2.  Bombyx  Mori.  —  Les  mêmes  expériences  ont  été  faites  sur  deux  races  de 
Bombyx  Mori,  l'une  à  soie  jaune,  l'autre  à  soie  blanche.  Dans  les  deux  cas,  les 
chenilles  se  colorent  en  rouge  violacé  aussitôt  après  le  premier  repas  et  donnent  une 


y02  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

soie  jaune  orangé  vif  pour  les  premières  et  d'un  beau  rose  pur  pour  les  vers  à  soie 
blanche.  La  coloration  s'accentue  avec  la  durée  de  l'alimentation  colorée. 

n  Ce  fait  montre  que  le  passage  de  la  matière  colorante  à  travers  la  glande  séri- 
cigène  se  fait  moins  facilement  que  chez  VA.  Orizaba.  Le  résultat  sera-t-il  le  même 
après  plusieurs  générations  soumises  à  ce  régime  artificiel?  C'est  ce  dont  nous  nous 
assurerons. 

»  De  ces  recherches  il  résulte  la  possibilité  de  faire  passer  une  sub- 
stance, matière  colorante  par  exemple,  du  tube  digestif  sur  la  soie  par 
l'intermédiaire  du  sang. 

»  Cette  conclusion  permet  de  chercher  l'origine  de  la  coloration  natu- 
relle des  soies  dans  la  matière  colorante  verte  des  feuilles. 

»  Une  soie  est  blanche  parce  qu'aucune  matière  colorante  n'a  pu  fran- 
chir les  parois  du  réservoir.  Dans  les  soies  vertes  c'est  la  chlorophylle  des 
feuilles  qui  intervient;  nous  avons,  en  effet,  constaté  que,  dans  une  espèce 
à  soie  verte,  VAiilherœa  Yama  Mai  (Guérin-Méneville),  le  sang  fournit  le 
spectre  de  la  chlorophylle.  Le  pigment  jaune  contenu  dans  le  sang  des 
espèces  à  soie  jaune  est  identique,  comme  l'ont  déjà  montré  R.  Dubois  et 
L.  Blanc,  à  celui  des  feuilles  de  mûrier  et  provient  directement  de  ces 
feuilles. 

))  Il  n'y  a  pas  lieu  de  supposer  que  la  matière  colorante  des  soies  puisse 
être  fabriquée  par  l'animal  lui-même,  comme  les  résultats  négatifs  des 
essais  de  coloration  artificielle  avaient  conduit  à  l'admettre.    " 


ZOOLOGIE.    —   Sur  le  genre    nouveau    Gyrinocheilus,    de    la    famille   des 
Cyprinidai.  Note  de  M.  Léon  Yaii^lanï,  présentée  par  M.  Edm.  Perrier. 

«  Ce  Cyprinoïde  fait  partie  des  collections  rassemblées  par  M.  le 
D'^  J.  Bùtlikofer  en  1898  et  1894  à  Bornéo,  collections  dont  le  Musée  de 
Leyde  a  bien  voulu  me  confier  l'examen.  Il  a  été  trouvé  à  l'embouchure  du 
Raoen,  cours  d'eau  torrentiel  des  parties  hautes  du  Rapoéas,  presque  au 
centre  de  l'île.  Son  aspect  le  rapproche  des  Disco gnathus ,  surtout  par  la 
disposition  des  nageoires  placées  horizontalement  à  la  partie  inférieure  du 
corps  pour  servir  d'organes  d'adhérence. 

w  La  conformation  de  la  bouche  offre  certaines  analogies  avec  celles  de  ces  mêmes  Pois- 
sons, tout  en  présentant  des  particularités  absolument  spéciales.  Les  deux  lèvres  forment 
une  sorte  de  double  voile  antérieur  et  postérieur  ;  mais  ce  qui  leur  donne  un  caractère 
tout  à  fait  à  part,  c'est  qu'elles  sont  l'une   et  l'autre  chargées   d'une  quantité  innom- 


SÉANCE  DU  27  OCTOBRE  I902.  ^o3 

brable  de  papilles  minuscules  de  o^'^jS  de  haut  sur  o°"",3  de  large,  disposées  en 
séries  moniliformes  sur  plus  d'une  vingtaine  de  rangs.  Chacune  de  ces  papilles  est 
coiffée  d'une  gaine  chitineuse.  Au  fond  de  l'infundibulum  formé  par  ces  lèvres  se 
trouve  la  bouche  petite,  triangulaire,  peu  dilatable.  Par  plusieurs  de  ces  détails,  cet 
ensemble  rappelle  l'appareil  buccal  du  têtard  des  Batraciens  anoures. 

»  Le  tube  digestif  est  très  étroit,  d'une  longueur  démesurée,  quatorze  fois  environ 
celle  du  corps,  indiquant  par  plusieurs  caractères  un  régime  limnopliage. 

»  L'appareil  respiratoire  n'est  pas  moins  singulier.  Le  battant  operculaire  offre  une 
disposition  tout  à  fait  particulière.  Son  bord  libre  se  décompose  en  deux  parties.  Dans 
son  tiers  supérieur  une  échancrure  concave  postérieurement  laisse  un  vide  entre  elle 
et  la  ceinture  scapulaire  ;  ce  vide  est  occupé  par  une  membrane  dirigée  obliquement 
en  dedans,  de  manière  à  former  une  valvuve  qui  permet  l'entrée,  mais  s'oppose  à  la 
sortie  de  l'eau.  La  partie  inférieure  du  battant  conserve  sa  structure  et  l'usage  qu'on 
lui  connaît  chez  les  Poissons  en  général,  c'est-à-dire  exactement  inverse  de  celui  de  la 
valvule  supérieure.  On  comprend,  d'après  cette  disposition  anatomique,  que,  lors  de 
l'écartement  de  cet  opercule,  l'eau  pénètre  d'abord  par  l'orifice  supérieur  pour 
arriver  aux  branchies,  puis,  lors  du  mouvement  contraire,  l'orifice  supérieur  se  ferme 
par  le  relèvement  de  la  valvule  et  l'eau,  soulevant  le  prolongement  cutané  de  la  partie 
inférieure,  s'échappe  au  dehors.  Une  circulation  du  fluide  respiratoire  peut  s'établir 
ainsi,  sans  que  l'entrée  par  la  bouche  soit  nécessaire;  c'est  ce  que  l'on  connaît  chez 
divers  Ganoïdes  et  chez  certains  Elasmobranches,  les  Raies  en  particulier,  par  le  jeu 
de  l'évent,  combiné  avec  celui  de  l'orifice  ou  des  orifices  branchiaux  externes,  mais  une 
disposition  analogue  n'avait  jamais  été  signalée  chez  les  Téléostéens. 

»  Cette  interprétation  physiologique  est  confirmée  par  l'examen  de  l'appareil 
branchial.  Chaque  lame  respiratoire,  en  outre  des  ratelures  ou  trachéaux  antérieurs, 
constitués  ici  par  de  fines  lamelles  étroitement  empilées,  en  présente  de  supplémen- 
taires, ceux-ci  en  forme  de  simples  épines,  placés  à  son  bord  supérieur,  précisément 
à  la  limite  entre  la  chambre  de  l'évent  et  la  véritable  chambre  branchiale.  La  présence 
de  ces  trachéaux  supplémentaires  prouve  à  elle  seule  qu'une  pénétration  de  l'eau  a 
lieu  en  ce  point.  Le  Gyrinocheilus  doit  se  fixer  par  sa  ventouse  buccale  pour  absorber 
la  vase,  dont  il  fait  sa  nourriture  ;  cette  opération  plus  ou  moins  laborieuse  empêchant 
la  respiration  normale  de  s'effectuer  par  la  bouche,  la  disposition  spéciale  de  l'appareil 
operculaire  y  supplée  en  établissant  une  circulation  respiratoire  auxiliaire. 

»  Pour  expliquer  la  présence  de  l'évent  chez  les  Elasmobranches  hypolrêmes,  les 
Raies  en  particulier,  où  il  se  montre  avec  un  grand  développement  et  peut  être  faci- 
lement étudié,  on  a  pensé  que  le  mode  habituel  de  station  pour  ces  animaux  sur  le  sol, 
en  gênant  l'entrée  de  l'eau  par  la  bouche,  nécessitait  l'existence  d'une  seconde  voie 
inspiraculaire.  Le  Gyrinocheilus  nous  montre  que  cette  disposition  anatomique  peut 
avoir  sa  raison  d'être  dans  des  nécessités  biologiques,  en  rapport  avec  la  préhension 
des  aliments  et  la  déglutition  ;  ceci  pourra  jeter  quelque  jour  sur  l'usage  de  cet  appa- 
reil chez  certains  Squales  pleurotrêmes  ;  chez  certains  Ganoïdes,  où  l'évent  n'est  pas 
moins  développé  que  chez  les  Raies  et  qui,  essentiellement  nageurs,  n'ont  pas  le  mode 
de  station  de  celles-ci. 

B  L'appareil  pneumatophysaire,  proportionnellement  peu  développé,  mais  d'une 
étude  facile  en   raison    du   volume  de   l'exemplaire,   qui   ne  mesure   pas   moins   de 


7o4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

280™'°+ 75™™=  355'"™  de  longueur,  se  compose,  pour  ce  qui  esl  de  la  vessie  nata- 
toire proprement  dite,  de  deux  parties  :  l'une  antérieure,  à  peu  près  sphérique,  de  e-""» 
de  long  sur  10"'»  de  large,  fixée  à  la  région  occipitale,  l'autre  postérieure,  en  forme  de 
cul-de-sac  cylindrique,  d'environ  10"""  de  long  sur  i'"'"  à  2«"°  de  large;  à  leur  jonction 
naît  le  canal  pneumatophore.  L'ensemble  de  cet  appareil  rappelle  en  somme  celui  des 
Cohitis,  moins  la  capsule  osseuse  et  avec  un  développement  plus  accusé  àeVappendix 
vesiculosa  de  Weber,  vestige  lui-même  du  second  sac  habituel  chez  les  Cyprinoïdes 
proprement  dits. 

»  La  place  des  Gyrinocheilus  dans  la  section  des  Homalopterina,  inter- 
médiaire à  celles  des  Cyprinina  et  des  Cobitidina,  paraît  justifiée  par  ces 
considérations  anatomiques.   « 


ZOOLOGIE.  —  Contribution  à  l'étude  des  Anophèles  de  V isthme  de  Suez. 
Note  de  M.  Cambouliu,  présentée  par  M.  Laveran. 

«  Depuis  la  découverte  capitale  de  l'Hématozoaire  du  Paludisme  qui  a 
permis  d'établir  la  théorie  anophélienne  de  la  propagation  de  ce  parasite,  il 
est  devenu  indispensable,  pour  bien  étayer  la  prophylaxie  de  la  fièvre  inter- 
mittente, de  déterminer  les  espèces  A' Anophèles  particulières  à  chaque 
région  et  de  connaître  leurs  mœurs.  Les  espèces  que  nous  avons  rencontrées 
jusqu'ici  dans  l'isthme  de  Suez  sont  au  nombre  de  trois. 

))  Première  espèce.  —  Il  s'agit  d'un  petit  Gulicide,  couleur  marron,  long  de  5™"" 
à  6™™,  bossu  comme  les  Culex  dont  il  imite  si  bien  les  attitudes  qu'il  est  difficile  de 
l'en  distinguer,  à  première  vue.  Ses  principaux  caractères  peuvent  êlre  résumés  comme 
il  suit.  Nous  n'avons  vu  que  des  femelles. 

»  Trompe  noire,  à  olive  beige,  sensiblement  plus  courte  que  les  palpes;  ceux-ci 
portent  de  minces  anneaux  blonds  sur  les  trois  dernières  articulations  et  un  petit 
bouquet  de  poils  noirs  à  l'extrémité  distale  du  dernier  article. 

»  Ailes  gris  clair,  transparentes,  avec  six  petites  taches  noires  entrecoupant  le  costa 
et  les  premières  nervures.  Nombreuses  traînées  bleu  et  or  le  long  des  autres  nervures 
et  des  espaces  intercalaires,  visibles  plutôt  sur  fond  noir. 

»  Pattes  sombres,  sans  dessins,  taches  beiges  aux  genoux.  Ongles  :  00-00-00. 

»  Abdomen  hérissé  de  longs  poils,  sans  écailles  ;  segments  un  peu  plus  colorés  en 
dehors. 

»  Nous  avons  recueilli  une  autre  femelle  à'' Anophèles  très  semblable  à  celle-ci, 
mais  qui  avait  le  dernier  article  des  palpes  clair,  les  taches  des  ailes  plus  longues,  des 
anneaux  blancs  à  cheval  sur  les  deux  premières  articulations  tarsiennes,  et  le  cin- 
quième article  clair  ;  des  bandes  foncées  encerclant  la  moitié  externe  des  segments  de 
l'abdomen. 

»  Ces  deux  Gulicides,  qui  nous  semblent  être  des  variétés  d'une  même  espèce,  sont 


SÉANCE  DU  27  OCTOBRE  1902.  70^ 

voisins  de  A.  c ulcci/acies  Giles,  cependant  ils  possèdent  assez  de  caractères  spéci- 
fiques pour  mériter  une  place  à  part  et  nous  proposons  de  les  apY)e\ev  Anophèles  mul- 
licolor  a  et  p. 

»  Deuxième  espèce.  —  Culicide  très  noir  dans  son  ensemble.  <\  8™™  de  long; 
cf  inconnu. 

»   Tête  et  ses  appendices  uniformément  noirs. 

))  Palpes  un  peu  plus  courts  que  la  trompe,  très  squameux,  avec  un  léger  anneau 
blanc  à  cheval  sur  la  troisième  ariiculation  et  une  tache  claire  à  l'extrémité  apicale 
du  dernier  article.  Moitié  externe  de  l'aile  entièrement  sombre,  sauf  une  petite  tache 
jaune  sur  le  costa,  un  peu  en  dehors  de  son  milieu,  et  une  autre  qui  coupe  plus  loin 
le  Costa  et  les  deuxième  et  troisième  nervures. 

»  Fémur  de  la  première  paire  de  pattes  en  forme  de  massue.  Extrémités  apicales 
des  tibias  et  des  trois  premiers  articles  du  tarse  cerclés  de  blanc;  quatrième  et  cin- 
quième articles  des  tarses  des  pattes  postérieures  entièrement  blancs.  Ongles  :  00-00-00. 

»  Ce  Culicide  présente  plusieurs  caractères  qui  le  rapprochent  àe  Anophèles  Theo- 
haldi  Giles. 

»  Troisième  espèce.  —  Il  s'agit  de  A.  Pliaroensis  Theobald.  Nous  avons  pu  étudier 
cette  espèce  ab  ovo  et  compléter,  sur  plusieurs  points,  les  descriptions  qui  en  ont  été 
di'jà  données. 

»  La  femelle  de  A.  Pharoensis  dépose  sur  l'eau,  en  ordre  éparpillé,  i5o  à  200  œufs 
fusiformes,  gris  clair.  Les  larves  se  développent  très  bien  dans  un  bocal  d'eau  claire 
additionnée  de  limon  du  Nil  et  de  végétaux  frais.  Elles  se  métamorphosent  en  nymphes, 
après  1 1  jours,  à  une  température  minima  de  20°,  beaucoup  plus  lentement  au-dessous. 
Elles  atteignent  5™™  à  6"""  de  long.  Les  six  anneaux  intermédiaires  de  l'abdomen  des 
larves  sont  garnis,  de  chaque  côté  de  la  ligne  médiane,  d'un  bouquet  qui  bien  étalé  et 
grossi  ressemble  à  une  fleur  de  lotus.  Les  nymphes  évoluent  en  2  ou  3  jours,  les  mâles 
d'abord. 

»  A.  Pharoensis  ailé  est  un  Culicide  à  coloration  générale  grisâtre,  plus  claire 
chez  cf.  Il  a  une  forme  fuselée  et  ses  appendices  buccaux  redressés  lui  donnent  un  air 
menaçant,  p  8™™  de  long,   cf  lo"'"". 

»  Front  large,  yeux  écartés  en  dessus. 

»  Palpes  de  la  femelle  moins  grands  que  la  trompe  de  la  longueur  de  l'olive;  ceux 
du  mâle  de  même  dimension  que  la  trompe  et  s'écartant  à  la  manière  d'une  lyre,  à 
partir  de  leur  milieu.  Leurs  bords  latéraux  sont  garnis  de  squames  perpendiculaires  à 
l'axe  qui  les  font  paraître  plus  larges. 

»  Thorax  :  gris  cendré,  avec  trois  raies  longitudinales  et  deux  taches  de  couleur 
brune  très  caractéristiques. 

»  Pattes  :  anneaux  clairs  aux  extrémités  distales  des  trois  premiers  articles  tarsiens 
et  une  large  bande  blanche  couvrant  la  moitié  du  quatrième  article  tarsien  et  tout  le 
cinquième,   aux  pattes  postérieures.  Ongles  Q^  00  —  00  —  00;   cf  2  —  00  —  00. 

»  Ailes  grises  avec  six  taches  noires  sur  le  bord  antérieur. 

»  Abdomen  marron,  couvert  de  squames  qui  s'accumulent  en  touffes  sur  les  flancs 
des  six  anneaux  médians. 

»  A.  Pharoensis  attaque  à  toute  heure,  mais  de  préférence  au  coucher  du  soleil;  sa 
piqûre  est  très  cuisante. 

C.  R.,  tgoa,  2*  Semestre.  (T.  CXXXV,  N°  17.)  9^ 


7o6  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

»  Après  des  recherches  multipliées,  nous  nous  croyons  autorisé  à 
exprimer  l'opinion  que  les  A.  Pharoensis  peuvent  être  transportés  en 
masses,  par  les  grands  vents,  à  des  distances  de  20'''"  à  3o'"",  lorsque  aucun 
obstacle  ne  s'y  oppose.  Cette  proposition  heurte,  nous  le  savons,  les  convic- 
tions les  plus  autorisées  et  demanderait  à  être  démontrée,  mais  cela  nous 
entraînerait  à  des  développements  qui  ne  peuvent  pas  prendre  place  dans 
cette  Note;  nous  reviendrons  sur  cette  question  dans  un  travail  ultérieur.  » 

PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Conditions  physiques  de  la  tubérisation  chez  les 
végétaux.  Note  de  M.  Noël  Bernard,  présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

«  E.  Laurent  a  signalé  incidemment,  dans  ses  Recherches  expérimentales 
sur  la  formation  d'amidon  dans  les  plantes,  qu'on  pouvait  obtenir  le  déve- 
loppement en  tubercules  des  bourgeons  d'une  tige  aérienne  de  pomme 
de  terre  coupée  et  plongée  par  sa  base  dans  une  solution  de  saccharose 
suffisamment  concentrée.  Les  boutures  ainsi  traitées  peuvent  vivre  plus 
d'un  mois  sans  développer  de  racines;  elles  absorbent  directement  la 
solution  dans  laquelle  elles  plongent  par  l'ouverture  de  leurs  vaisseaux 
sectionnés.  L'expérience  réussit  encore  quand  on  assure  par  des  procédés 
convenables  l'aseptie  de  la  solution  et  de  la  partie  de  la  tige  qui  s'y  trouve 
plongée. 

-»  La  théorie  parasitaire  des  phénomènes  de  tubérisation  chez  les  végé- 
taux, que  j'ai  antérieurement  développée,  et  qui  consiste  à  admettre  que 
«  le  développement  des  bourgeons  en  tubercules  est  le  symptôme  apparent 
))  d'une  modification  générale  du  milieu  intérieur  d'une  plante  par  l'action 
»  de  champignons  endophytes  vivant  dans  ses  organes  absorbants  »,  se 
trouve  en  apparence  contradictoire  avec  ce  cas.  J'ai  repris  de  semblables 
expériences  et  me  propose  ici  de  préciser,  d'étendre  et  d'interpréter  leur 
résultat. 

»  J'ai  expérimenté  avec  des  pommes  de  terre  de  la  variété  précoce  dite  Victor  ; 
chacune  était  plongée  par  sa  base  dans  un  flacon  contenant  So*""'  de  la  solution  em- 
ployée, après  qu'on  avait  coupé  le  bourgeon  terminal,  et  toutes  les  boutures  d'une 
même  série  d'expériences  étaient  mises  ensemble  sous  une  grande  cloche,  à  la  lumière 
diffuse,  dans  une  serre  dont  la  température  restait  comprise  entre  lô"  et  20°. 

»  Je  me  suis  borné,  pour  maintenir  la  constance  des  propriétés  des  solutions 
employées,  à  les  renouveler  fréquemment  et  à  couper  la  portion  immergée  des 
boutures  pour  immerger  une  portion  nouvelle,  chaque  fois  que  des  moisissures  s'y 
développaient  en  quantité  appréciable.  La  durée  des  expériences  est  de  i5  jours  à 
un  mois. 


SÉANCE    DU    27    OCTOBRE    1902.  707 

»  1°  En  employant  des  solutions  aqueuses  de  saccharose,  de  glucose,  de  glycérine 
et  de  chlorure  de  potassium,  j'ai  reconnu  qu'on  pouvait  obtenir,  avec  toutes  ces 
substances,  des  tubercules  sur  les  boutures  qui  y  sont  plongées.  Il  existe  pour  chacune 
une  concentration  critique  au-dessous  de  laquelle  on  obtient  régulièrement  le  déve- 
loppement des  bourgeons  en  rameaux  feuilles  et  au-dessus  de  laquelle  on  obtient 
toujours  des  tubercules.  La  concentration  minimum  nécessaire  pour  l'obtention  des 
tubercules  varie  avec  diverses  circonstances  et  notamment  paraît  diminuer  quand  on 
prend  (pour  plusieurs  séries  d'expériences  faites  avec  les  solutions  d'une  même 
substance)  des  boutures  sur  des  pieds  de  plus  en  plus  âgés. 

»  2°  Je  me  suis  proposé  de  comparer  les  concentrations  critiques  pour  différentes 
solutions  en  opérant  sur  des  boutures  aussi  exactement  comparables  qu'il  est  possible. 
Pour  cela  j'ai  récollé  les  tiges  à  mettre  en  expérience  au  même  moment  (  2  juillet  1902) 
sur  des  plantes  de  même  âge  (47  jours)  provenant  de  la  plantation  d'un  lot  de 
tubercules  qui  avaient  été  récoltés  en  1901  sur  un  même  pied.  Les  substances 
employées  ont  été  le  glucose  et  le  chlorure  de  potassium;  j'ai  fait  de  chacune  une 
série  de  solutions  de  concentrations  graduellement  croissantes.  J'ai  pu  ainsi  déter- 
miner pour  chacune  une  limite  inférieure  et  une  limite  supérieure  de  la  concentration 
critique  qui  correspondent  respectivement  à  la  plus  concentrée  des  solutions  où  l'on 
obtient  le  développement  des  bourgeons  en  rameaux  feuilles  et  à  la  moins  concentrée 
de  celles  où  l'on  obtient  le  développement  des  bourgeons  en  tubercules.  Les  données 
relatives  à  ces  concentrations  critiques,  seules  utiles  à  reproduire,  sont  indiquées  dans 

le  Tableau  suivant  : 

Glucose.  Chlorurp  de  potassium. 

Limite  Limite  Limite  Limite 

inférieure,  supérieure.  inférieure,  supérieure. 

Poids  dissous  dans  1000^°' de  solution..  .      1^,8  2^,7  0^,49         oSj^S 

Abaissement  du  point  de  congélation  de 

la  solution 0^,22         os,33  0^,24         os,36 

»  Les  valeurs  limites  des  points  de  congélation  sont  assez  rapprochées  pour  qu'on 
puisse  admettre  que  le  point  de  congélation  de  la  solution  critique  est  le  même 
dans  les  deux  cas  ;  l'incertitude  possible  de  un  dixième  de  degré  paraît  inévitable 
dans  de  semblables  expériences. 

))  Ces  expériences  m'amènent  à  conclure  que  l'oblention  expérimentale 
de  tubercules,  sur  des  boutures  plongées  dans  ime  solution  à  partir  de 
laquelle  se  constitue  directement  leur  milieu  intérieur,  paraît  dépendre 
non  des  propriétés  spécifiques  de  la  substance  dissoute,  mais  de  la  con- 
centration de  la  solution  en  substances  dissoutes  quelles  qu'elles  soient. 
Des  solutions  renfermant  le  même  nombre  d'unités  physiques  (molécules 
ou  ions),  ayant  le  même  point  de  congélation  et,  par  suite,  la  même  ten- 
sion de  vapeur  et  la  même  pression  osmotique,  agissent  de  la  même 
manière  pour  des  boutures  comparables. 

»   Il  devient,  dès  lors,  vraisemblable  que  la  tubérisation  des  bourgeons 


7o8  ^  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

sur  une  plante,  à  un  moment  déterminé  de  sa  vie,  dépend  immédiatement 
de  la  réalisation  d'un  certain  degré  de  concentration  de  la  sève  qui  les 
nourrit  en  substances  dissoutes  quelles  qu'elles  soient. 

))  La  présence,  dans  les  tissus  de  la  plante,  de  parasites  capables  de  pro- 
voquer par  leurs  sécrétions  diastasiques  le  dé;loublement  d'édifices  molé- 
culaires complexes  et  d'augmenter  ainsi  le  nombre  des  unités  physiques 
du  milieu  est  une  des  conditions  qui  peuvent  amener  cet  état.  Dans  les 
conditions  naturelles  de  la  vie  cette  action  peut  être  prépondérante,  et 
paraît  l'être  au  moins  dans  certains  cas. 

»  Mais  il  devient  logique  de  penser  que  d'autres  conditions,  en  parti- 
culier celles  qui  règlent  la  transpiration,  puissent  intervenir.  L'expérience 
de  E.  Laurent  n'est  pas  contradictoire  avec  la  théorie  parasitaire  que  j'ai 
proposée;  elle  amène,  au  plus,  à  croire  qu'il  peut  être  aussi  difficile  de 
coordonner,  par  une  théorie  exclusivement  parasitaire,  les  phénomènes  de 
prolifération  et  d'hypertrophie  cellulaire  qui  aboutissent  chez  les  végétaux 
à  la  formation  de  tubercules  qu'il  l'a  été,  jusqu'à  présent,  d'édifier  une 
théorie  parasitaire  générale  des  tumeurs  chez  les  animaux.    » 

BOTANIQUE.  —  Observations  sur  la  germination  des  spores  du  Saccharomyces 
Ludwigii.  Note  de  M.  A.  Guilliermond  ,  présentée  par  M.  Gaston 
Bonnier. 

«  Hansen  (')  a  constaté,  dans  les  spores  du  5.  Ludwigii,  un  mode  de 
germination  très  particulier  qui  diffère  de  celui  de  toutes  les  autres  levures  ; 
les  spores,  au  lieu  de  bourgeonner  en  des  endroits  quelconques  à  la  façon 
des  cellules  végétatives,  germent  en  un  seul  point  en  produisant  un  tube 
germinatif  qu'il  désigne  sous  le  nom  àe  promycélium  ;  c'est  de  ce  promycé- 
lium, lorsqu'il  a  atteint  une  certaine  longueur,  que  naissent  les  nouvelles 
cellules  par  formation  de  cloisons  médianes.  En  outre,  presque  constam- 
ment les  spores  se  fusionnent  deux  à  deux  avant  de  donner  ce  promycélium. 
L'auteur,  n'ayant  pas  étudié  le  noyau,  n'a  pas  pu  donner  une  interprétation 
certaine  sur  la  signification  biologique  de  ce  phénomène.  Cependant,  cette 
fusion  servirait,  d'après  lui,  «  à  mettre  les  spores  en  état  de  développer  un 
»  nombre  relativement  plus  grand  de  cellules  de  levures;  on  ne  saurait  la 
!)   considérer  comme  un  véritable  acte  sexuel  ». 


(*)  Hansen,  Sur  la  germination  des  spores  chez   les  Saccharomyces   {Comptes 
rendus  des  travaux  du  laboratoire  de  Carlsberg,  3«  Vol.,  i'''Livr.;  1891). 


SÉANCE    DU    27    OCTOBRE    1902.  709 

)>  Nous  avons  montré  dans  une  précédente  Note  (')  que  cette  fusion 
n'avait  pas  le  caractère  général  que  lui  attribuait  Hansen  et  qu'il  existait 
des  variétés  de  S.  Ludwigii  qui  avaient  complètement  perdu  cette  singulière  pro- 
priété. Nous  en  avons,  en  effet,  étudié  une  dont  les  spores  produisaient  tou- 
jours isolément  leur  promycélium  sans  jamais  subir  de  fusion.  Depuis,  M.  le 
professeur  Momsen  a  eu  l'obligeance  de  nous  envoyer  une  autre  variété  dans 
laquelle  nous  avons  constaté  ces  phénomènes  de  fusion.  Cette  dernière  dif- 
férait peu  delà  précédente;  ses  cellules  étaient  cependant  plus  allongées  et 
de  formes  plus  irrégulières;  mais,  tandis  que  la  première  sporulait  très  dif- 
ficilement, celle-ci  ne  fournissait  que  très  peu  de  spores;  il  n'y  iivait  guère 
que  10  pour  100  des  cellules  qui  se  transformaient  en  asques. 

»  Nous  avons  suivi  la  germination  de  cette  levure.  Elle  s'effectue  suivant  le  mode 
décrit  par  Hansen;  les  spores,  ordinairement  au  nombre  de  quatre  dans  chaque  asque 
et  disposées  par  groupe  de  deux,  se  gonflent,  puis  se  fusionnent  deux  à  deux  :  cha- 
cune produit  un  petit  bec  et  les  deux  becs  formés  par  deux  spores  d'un  même  groupe 
se  soudent;  la  cloison  qui  les  sépare  se  résorbe,  ce  qui  détermine  ainsi  un  canal  de 
communication.  Dans  la  suite,  le  canal  de  communication  s'allonge  et  donne  naissance 
au  promycélium.  Le  plus  souvent  cette  fusion  s'établit  entre  deux  spores  d'un  même 
groupe  ;  exceptionnellement,  par  suite  de  dégénérescence  de  l'une  d'elles,  la  fusion  peut 
s'accomplir  entre  des  spores  non  contiguës;  parfois  même  nous  avons  observé  des 
fusions  entre  spores  appartenant  à  des  asques  différents,  voisins  l'un  de  l'autre. 

»  Ces  phénomènes  de  fusion  étaient  très  généraux  et  s'effectuaient  presque  constam- 
ment pendant  la  germination  des  spores;  quelques  spores  cependant  naissaient  iso- 
lément. 

»  Nous  nous  sommes  attaché  particulièrement  à  nous  rendre  compte  de  la  façon 
dont  se  comporte  le  noyau  pendant  ce  phénomène.  Chacune  des  spores,  au  moment 
de  germer,  possède  un  nojau  sous  forme  d'une  petite  masse  sphérique  et  homogène, 
accolée  à  la  membrane,  et  une  vacuole  renfermant  un  certain  nombre  de  grains  rouges 
de  Bûtschli  :  au  moment  où  elles  se  préparent  à  la  fusion,  le  noyau  se  porte  ordinai- 
rement dans  le  petit  bec,  puis  l'on  trouve  des  stades  avec  deux  noyaux  séparés  par  la 
cloison,  et  d'autres  où,  cette  cloison  étant  dissoute,  il  n'existe  plusqu'««  seul  noyau. 
Les  vacuoles  subsistent  dans  les  deux  spores  et  le  canal  de  communication  est  ordinai- 
rement rempli  d'un  cytoplasme  très  dense,  qui  ne  se  vacuolise  que  plus  tard,  lorsque 
le  promycélium  commence  à  se  former.  Le  noyau  unique  reste  quelque  temps  au  milieu 
du  canal  de  communication,  et  ce  n'est  que  lorsque  le  promycélium  a  atteint  une  cer- 
taine longueur  qu'il  s'y  engage  et  se  divise  pour  donner  naissance  aux  nouvelles 
cellules. 


(')  GuiLLiERMONi),  Considérations  suf  la  sexualité  des  levures  {^Comptes  rendus, 
28  décembre  1901).  Recherches  cytologiques  sur  les  levures  {Thèse  de  Doctorat  de 
la  Faculté  des  Sciences  de  Paris;  J902). 


^lO  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Les  colorations  présentent  de  sérieuses  difficultés,  par  suite  du  petit  nombre  des 
spores,  de  la  petitesse  des  spores  et  du  noyau;  néanmoins,  nous  avons  obtenu,  à  l'aide 
de  rhématoxjline  de  Heidenhain,  des  préparations  très  nettes,  et  nous  avons  pu  con- 
trôler les  résultats  ainsi  obtenus  avec  l'hémalun.  Ce  réactif  différencie  bien  le  noyau, 
qui  se  colore  en  bleu  mat,  des  grains  rouges  qui  prennent  une  teinte  rouge  vineux. 
Il  ne  paraît  donc  y  avoir  aucun  doute  sur  la  fusion  nucléaire;  l'existence  de  stades  à 
un  seul  noyau  après  la  résorption  de  la  cloison  séparatrice  ne  peut  s'expliquer  autre- 
ment, et  il  semble  bien  qu'on  doive  considérer  ces  phénomènes  de  fusion,  non  comme 
de  simples  anastomoses,  telles  qu'on  en  rencontre  souvent  chez  certains  champignons, 
mais  comme  une  véritable  conjugaison  par  isogamie. 

»  Nous  avons  signalé  antérieurement  des  phénomènes  de  conjugaison 
précédant  la  formation  de  Tasque  dans  les  Schizosaccharomycètes.  Barker, 
de  son  côté,  en  a  constaté  d^inalogues  dans  son  Zygosaccharomyces.  Le 
S.  Ludwigii  subit  un  acte  sexuel  qui  s'effectue  par  un  procédé  très  voisin, 
mais  qui,  au  lieu  de  s'opérer  avant  le  développement  de  l'asque,  s'accomplit 
à  un  slade  ultérieur  entre  les  spores. 

»  Quelque  étranges  que  puissent  nous  paraître  ces  faits,  ils  n'ont  cepen- 
dant rien  qui  doive  nous  surprendre  outre  mesure,  car  des  exemples  de 
conjugaisons,  se  produisant  dans  un  même  groupe  à  des  stades  différents 
du  développement,  ont  été  déjà  observés  chez  les  Protozoaires.  » 


BOTANIQUE.  —  Sur  le  pollen  des  Asclépiadées.  Note  de  M.  Paul  Dop, 
présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

«  J'ai  étudié  le  développement  du  pollen  et  la  formation  des  pollinies 
dans  les  Asclépiadées  suivantes:  Asclepias  mexicana  Ca\ . ,  Vincetoxicum 
nigrum  Mœnch,  Gomphocarpus  fruticosus  R.  Br.,  Marsdenia  erecta  R.  Br., 
Araujia  abbeus L. ,  Stapelia  variegatah.  Pour  toutes  ces  plantes,  en  employant 
des  méthodes  décoloration  nouvelles,  j'ai  obtenu  des  résultats  comparables 
à  ceux  que  M.  Cliauveaiid  (*)  a  obtenus  dans  l'étude  du  Vincetoxicum 
officinale. 

»   Contrairement  à  l'opinion  de  Corry  (^),  qui  faisait  dériver  les  cellules 

(')  G.  Chaijveaud,  De  la  reproduction  chez  les  Dompte-Venin  (  Thèse  de  Doct.  en 
médecine  de  la  Faculté  de  Paris,  1892  ). 

(■-)  Corry,  On  the  mode  of  development  of  the pollinium  in  Asclepias  Cornuti 
(  7'/ze  Transac.  of  the  Linn.Soc.  of  London,  Vol.  II,  i884). —  On  the  structure  and 
development  of  the  gymnostegium,  and  the  mode  of  fertilization  in  Asclepias 
Cornuti  {Transac,  Vol.  II). 


SÉANCE  DU  27  OCTOBRE  1902.  7II 

mères  primordiales  du  pollen, 'dans  le  genre  Asclepias^  du  cloisonnement 
d'une  cellule  unique  Varchesporium,  j'ai  établi  que  ces  cellules  provenaient, 
dans  tous  les  cas  étudiés,  du  cloisonnement  de  plusieurs  cellules  d'une 
assise  sous-épidermique,  comme  M.  Chauveaud  l'a  déjà  montré  dans  le 
Vincetoxicum  ojjicinale. 

»  Le  Dombre  des  cellules  mères  primordiales  ainsi  différenciées  est  variable;  on  en 
trouve,  sur  une  section  transversale,  trois  ou  quatre  dans  les  G.  Vincetoxicum,  Ascle- 
pias,  Gomphocarpus  et  Marsdenia;  huit  à  dix.  dans  les  G.  Stapelia  et  Araujia.  Ces 
cellules  se  divisent  directement  par  cloisonnements  successifs,  comme  chez  les  Mono- 
cotylédones,  en  quatre  cellules  filles  qui  deviennent  les  grains  de  pollen.  Ce  cloisonne- 
ment se  fait  suivant  deux  modes  :  dans  les  G.  Âsclepias,  Vincetoxicum,  Gompho- 
carpus et  Marsdenia,  des  cloisons  tangentielles  et  radiales,  par  rapport  à  l'axe  de  la 
fleur,  découpent  des  grains  de  pollen  parallélépipédiques.  Dans  les  G.  Stapelia  et 
Araujia  il  n'existe  jamais  de  cloisons  tangentielles. 

»  J'ai  observé  uniquement  des  cloisons  radiales,  les  unes  passant  par  les  axes  de  la 
fleur,  les  autres  perpendiculaires  à  cet  axe.  Il  en  résulte  que  les  grains  de  pollen  ont 
la  forme  de  prismes  allongés  de  la  face  ventrale  à  la  face  dorsale  du  sac  pollinique  et 
que  leurs  noyaux  sont  tous  situés  dans  un  plan  qui  divise  le  sac  pollinique  en 
deux  parties  symétriques,  une  dorsale  et  une  ventrale.  Dans  les  deux  cas,  les  parois 
mitoyennes  de  ces  grains  ne  se  dédoublent  jamais,  de  telle  sorte  que  l'ensemble  de  la 
pollinie  forme  un  véritable  massif  cellulaire  dans  chacun  des  deux  sacs  de  l'étamine. 

»  La  formation  des  parties  annexes  de  la  pollinie  se  fait  de  la  façon  suivante  :  l'en- 
veloppe cireuse  est  sécrétée  par  les  cellules  de  l'assise  nourricière,  qui  jouent  ainsi  un 
double  rôle.  Formée  d'une  seule  couche  de  cellules  dans  les  genres  Vincetoxicum, 
Asclepias  et  Stapelia,  celte  assise  comprend  trois  ou  quatre  couches  dans  le  genre 
Marsdenia  et  cinq  ou  six  dans  les  genres  Araujia  et  Gomphocarpus.  Ces  cellules, 
de  forme  irrégulière,  présentent  à  l'état  jeune  un  protoplasma  épais,  qui  se  colore 
vivement  par  l'hématoxyline,  ainsi  qu'un  noyau  volumineux. 

»  Quand  ces  cellules  ont  acquis  leurs  dimensions  définitives,  l'action  de  certains  réac- 
tifs, du  Sudau  III  en  particulier,  permet  de  reconnaître  dans  leur  protoplasma  la  pré- 
sence d'une  matière  cireuse  qui  n'existe  jamais  dans  le  pollen  et  qui  se  retrouve  plus 
tard  à  l'extérieur  de  l'assise  nourricière  intimement  accolée  contre  le  pollen.  Cette  sub- 
stance est  donc  sécrétée  par  le  proloplasma  des  cellules  de  l'assise  nourricière;  elle 
traverse  leur  membrane  et  vient  constituer  le  revêtement  de  la  pollinie.  Ce  n'est  ni 
de  la  callose,  ni  de  la  pectose,  car  elle  ne  se  colore  ni  par  le  bleu  d'aniline,  ni  par  le 
bleu  brillant,  ni  par  le  rouge  de  ruthénium.  Par  contre,  la  coloration  rouge  qu'elle 
prend  sous  l'action  du  Sudau  III  montre  qu'elle  est  formée  par  des  éthers  d'acides 
gras,  c'est-à-dire  qu'elle  est  analogue  à  une  cire. 

»  Après  cette  sécrétion,  le  contenu  de  la  cellule  s'éclaircit;  il  prend,  sous  l'action 
de  rhématoxyline,  une  teinte  gris  clair  et  son  noyau  se  fragmente  en  petits  grains 
chromatiques  épars  çà  et  là.  Finalement  la  cellule  se  détruit.  C'est  là  d'ailleurs  un 
phénomène  normal  dans  toutes  les  assises  nourricières. 

))  Les  caudicules  et  les  rétinacles  sont  sécrétés  par  des  cellules  épidermiques  du 


712  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

stigmate,  dont  la  disposition  est  en  rapport  avec  la  forme  des  poUinies.  C'est  ainsi 
que  dans  les  genres  à  pollinies  pendantes  {Araujia,  Gomphocarpus,  Asclepias,  Vince- 
toxicinn)  les  cellules  qui  sécrètent  les  rétinacles  sont  placées  soit  sur  les  faces  du  stig- 
mate, soit  sur  des  expansions  de  ce  dernier,  mais  toujours  au-dessus  des  sacs  polli- 
niques.  Dans  les  genres  à  pollinies  dressées  {Marsdenia,  Stapelia)  le  tissu  sécréteur 
est  placé  au-dessous  des  sacs  polliniques.  Les  cellules  qui  constituent  ce  tissu  sont  des 
cellules  épidermiques  allongées  radialement  de  façon  à  prendre  l'aspect  d'un  paren- 
chyme en  palissade,  La  substance  sécrétée  par  le  protoplasma,  colorable  d'ailleurs  à 
l'intérieur  des  cellules  par  le  Sudau  III,  s'accumule  dans  la  zone  externe,  reléguant  le 
noyau  à  la  partie  basale.  Ce  déplacement  du  noyau  est  surtout  net  dans  les  cellules  qui 
sécrètent  les  parties  les  plus  épaisses,  c'est-à-dire  les  rétinacles.  Après  l'expulsion,  au 
travers  de  la  membrane,  de  la  matière  cireuse  qui  est  analogue  à  celle  qui  entoure  les 
pollinies,  les  cellules  ne  meurent  pas  immédiatement;  elles  vivent  un  certain  temps, 
mais  leur  noyau  finit  par  se  fragmenter.  Sécrétés  par  des  bandes  de  cellules  analogues, 
les  caudicules  se  développent  jusqu'au  contact  des  sacs  polliniques.  La  déhiscence  de 
l'étamine  s'accomplit  toujours  dans  une  région  où  l'assise  nourricière  n'est  séparée  du 
stigmate  que  par  une  ou  deux  assises  cellulaires.  Cette  déliiscence  poricide  s'accomplit 
parfois  par  l'intermédiaire  d'une  assise  mécanique  {Marsdenia,  Vincetoxicum).  Dans 
tous  les  cas,  api'ès  la  déhiscence,  la  pollinie  fait  saillie  à  l'extérieur  comme  si  elle 
subissait  un  accroissement  et  vient  se  coller  au  caudicule  voisin. 

»  En  somme,  dans  toutes  les  Asclépiadées  que  j'ai  étudiées,  j'ai  observé 
des  cellules  mères  primordiales  provenant,  comme  dans  le  cas  normal,  du 
cloisonnement  de  cellules  soiis-épidermiqiies.  Ces  cellules  donnent  direc- 
tement le  pollen  en  se  divisant  en  quatre.  Déplus,  j'ai  montré  que  la  couche 
nourricière,  formée  d'une  ou  plusieurs  assises,  sécrète  la  couche  cireuse 
qui  entoure  la  pollinie,  et  que  les  caudicules  et  les  rétinacles  sont  sécrétés 
par  des  cellules  épidermiques  du  stigmate.  Enfin,  j'ai  établi  qu'après  la 
déhiscence  du  sac  pollinique  la  pollinie  faisait  saillie  à  l'extérieur  du  sac 
et  venait  se  souder  aux  caudicules.  ;) 


AÉRONAUTIQUE.  —  Nouvelles  expériences  d' Aéronautique  maritime. 
Note  de  M.  H.  Hervé,  présentée  par  M.  L.  Cailletet. 

«  M.  le  comte  de  La  Vaulx,  poursuivant  ses  recherches  destinées  à 
rendre  la  mer  praticable  aux  aérostats  et  à  obtenir  de  ceux-ci  les  services 
spéciaux  que  comportera  le  développement  de  cette  nouvelle  branche  de 
la  locomotion,  avait  transporté  cette  année  à  Palavas,  près  Montpellier,  sa 
station  d'essais,  dont  les  abords  étaient  ici  complètement  dégagés. 

»  Le  cube  de  l'aérostat,  légèrement  augmenté,  était  de  3400°"'.  Gonflé  au 
gaz  hydrogène,  sa  force  ascensionnelle  totale  atteignit  3740'^s,  soit  i"^e,ioo 


SÉANCE    DU    27    OCTOBRE    1902.  -yjS 

par  mètre  cube,  et  cette  bonne  qualité  du  gaz  permit  d'emporter  non 
seulement  tous  les  appareils  à  expérimenter  (contrairement  à  ce  qui  avait 
eu  lieu  dans  l'ascension  précédente),  mais  encore  une  réserve  normale 
d'environ  800''^  de  lest. 

»  Le  but  de  ce  second  voyage  du  Méditerranéen  était  la  vérification  des 
qualités  aéronautiques  des  engins  employés  et  des  méthodes  particulières 
usitées  dans  les  expéditions  antérieures  du  National el  du  Méditerranéen, 
avant  d'aborder  l'étude  d'un  nouveau  moyen  d'action,  que  nous  avons 
appelé  la  déviation  automobile  et  qui  comportera  l'emploi  d'un  moteur  et 
d'un  propulseur.  L'addition  prématurée  de  ces  derniers  appareils  à  l'ancien 
matériel  eût  pu  donner  lieu  à  de  réels  dangers  résultant  à  la  fois  d'une 
connaissance  insuffisante  des  organes  ou  de  leur  manœuvre  et  de  la  com- 
plexité du  système. 

»  Le  départ  s'effectua  le  22  septembre  à  3'^ 45""  du  matin.  Après  36  heures 
d'expériences  en  mer,  l'aérostat  atterrit  à  Capite,  près  rél;ang  de  Thau,  à 
la  suite  d'une  ascension  libre  exécutée  à  la  fin  du  voyage  par  le  soulève- 
ment général  des  engins  maritimes  et  avec  plusieurs  centaines  de  kilo- 
grammes de  lest  résiduel  abord. 

);  Le  déviateur  aminima,  bien  que  réduit  dans  cette  expédition  à  i™',6o 
et  à  23''s,  fournit  encore,  cependant,  28°  à  3o°  de  déviation  moyenne. 
L'emploi  du  déviateur  a  maxima  permettant,  d'autre  part,  d'obtenir 
jusqu'à  60°  par  beau  temps,  comme  il  a  été  constaté  lors  des  essais  du 
National,  en  1886,  la  supériorité  considérable  de  ces  dispositifs  sur  la 
méthode  de  la  voile,  notamment  (dont  l'efficacité,  d'ailleurs  contestée, 
n'aurait  pas  dépassé  8°  dans  les  expériences  de  M.  Strindberg,  en  1896), 
demeure  établie. 

))  Le  système  stabilisateur  comprenait  simultanément  les  engins  du  type 
flexible  et  du  type  articulé.  Leur  puissance  totale,  portée  à  dessein  à  près 
de  8oo''s,  mit  en  lumière  leurs  propriétés  respectives,  grâce  à  la  compa- 
raison de  leur  mode  d'action  dans  les  mêmes  circonstances,  et  procura  les 
plus  utiles  indications  sur  les  valeurs  à  attribuer  à  leurs  principales  carac- 
téristiques :  intensité,  flottabilité,  flexibilité,  etc.  La  sécurité  et  la  durée 
(comprise  entre  24  et4i  heures)  des  trois  ascensions  de  ballons  à  dévia- 
teurs  leur  sont  en  grande  partie  attribuables. 

»  Un  certain  nombre  d'autres  organes  peuvent  être  considérés  comme 
ayant  fait  aujourd'hui  leurs  preuves;  ce  sont  ;  la  suspension  articulée,  la 
nacelle  à  magasin,  les  treuils,  les  compensateurs,    le  cône  d'écoulement 

C.  R.,  1902,  2=  Semestre.  (T.  CXXXV.  N"  17.)  94 


7l4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

appliqué  pour  la  première  fois  en  1886  au  National,  divers  appareils  de 
mesures,  etc. 

»  Nos  études  sur  les  rapports  éventuels  des  navires  et  des  aérostats  nous 
ont  conduits  à  réaliser  diverses  manœuvres  de  remorquage  du  Méditerra- 
néen par  le  contre-torpilleur  l'Épée  mis  gracieusement  à  notre  disposition 
par  M.  le  Ministre  de  la  Marine,  et  qui  furent  pour  nous  la  source  de  ren- 
seignements précieux,  dont  nous  sommes  aussi  redevables  au  concours 
dévoué  de  M.  le  Comniandant  MouUé  et  des  officiers  de  VÉpée. 

»  li'équipage  du  Méditerranéen  se  composait  de  MM.  le  comte  de 
La  Vaulx,  le  comte  de  Castillon  de  Saint-Victor,  l'enseigne  de  vaisseau 
Laignier,  Henri  Hervé,  Duhanot,  constructeur. 

»  Qu'il  nous  soit  permis  de  terminer  cette  relation  par  quelques  consi- 
dérations sur  la  technique  des  ascensions  aéromaritimes  en  général  et  sur 
notre  programme  d'expériences  en  particulier. 

»  Les  principes  de  l'équilibre  et  de  la  dirigeabilité  sont  les  mêmes  pour 
les  ballons  terrestres  et  pour  les  ballons  maritimes  (équilibre  stable  à  toute 
altitude  requise,  vitesse  propre  horizontale  supérieure  à  la  vitesse  des  vents 
ordinaires). 

»  Mais  il  est  nécessaire  d'établir,  en  ce  qui  concerne  l'aéronautique 
maritime,  une  technique  spéciale  en  raison  de  la  nature  liquide  de  cette 
partie  du  globe  qui,  dans  le  cas  d'un  contact,  présente  des  avantages  et 
des  dangers  particuliers,  et  il  est  indispensable  de  recourir  à  une  méthode 
également  spéciale  d'expériences,  à  cause  de  la  vaste  étendue  des  mers  et, 
par  conséquent,  de  la  durée  considérable  exigible  du  voyage,  durée  inti- 
mement liée  à  la  solution  des  problèmes  d'équilibre. 

»  Ainsi  les  {)roblèmes  de  stabilité  en  altitude  prennent  ici  une  impor- 
tance prépondérante  puisque  d'eux  dépend  la  sécurité.  Nos  premiers 
essais  furent  donc  relatifs  à  des  engins  stabilisateurs  fonctionnant  au  voisi- 
nage de  la  mer. 

»  Pour  l'étude  des  problèmes  de  direction,  nous  avons  éliminé  provi- 
soirement les  difficultés  relatives  à  la  stabilité  longitudinale  et  à  l'emploi 
des  moteurs,  par  l'utilisation  des  aérostats  sphériques  et  l'application  d'ap- 
pareils purement  passifs  appelés  déviateurs. 

»  En  attendant  les  progrès  de  l'industrie  des  moteurs  légers  absolument 
insuffisants  en  1886,  nous  nous  sommes  préoccupés  de  perfectionner, 
depuis  cette  époque,  toutes  les  parties  du  matériel  maritime  actuel, 
suspension,  nacelle,  treuils,  forme,  organes  de  prise  d'eau,  etc. 

»   Les  moteurs  à  pétrole  étant  enfin  devenus  simples  et  légers,  nous 


SÉANCE    DU    27    OCTOBRE    1902.  .^iS 

tenterons,  dans  de  prochains  essais,  de  réaliser,  mais  encore  avec  les 
ballons  sphériques,  la  déviation  aulomobile,  en  même  temps  que  nous 
aborderons  les  problèmes  d'équilibre  dans  les  régions  moyennes  de 
l'atmosphère. 

»  Ce  n'est  que  plus  tard,  après  une  longue  pratique  des  moyens  précé- 
dents, qu'il  conviendrait  de  s'attaquer  aux  difficultés  inhérentes  à  l'emploi 
de  la  forme  allongée  et  à  l'obtention  d'une  vitesse  propre  suffisante  pour 
procurer  la  dirigeabilité  absolue,  les  engins  primitifs  de  stabilisation  et  de 
déviation  passant  alors,  sans  disparaître,  à  un  rôle  purement  auxiliaire  et 
éventuel. 

»  Alors  seulement  les  traversées  maritimes  seront  significatives,  parce 
qu'elles  pourront  être  renouvelées  dans  la  plupart  des  circonstances 
atmosphériques  habituelles.  Mais  auparavant,  nous  l'espérons,  bien  des 
problèmes  susceptibles  d'utiles  et  immédiates  applications  auront  pu  être 
résolus  à  l'aide  de  laboratoires  aériens  tels  que  le  Méditerranéen.    » 

M.  GoYAUD  adresse  une  nouvelle  Note  «  Sur  la  fermentation  pectique  ». 

De  nouvelles  expériences,  effectuées  avec  des  réactifs  privés  de  chaux, 
conduisent  l'auteur  à  cette  conclusion  que  «  des  doses  faibles  d'acide 
chlorliydrique  ralentissent  l'action  de  la  pectase;  une  proportion  suffisante 
peut  même  empêcher  la  fermentation  de  s'établir  ». 

A  4  heures  et  demie  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 


COMITE  SECRET. 

L'Académie  décide  de  compléter  la  Commission  d'Aéronautique,  qui  se 
trouve  ainsi  composée  : 

MM.    Marey,    Mascart,    Maurice    Levy,    Marcel    Deprez,    Léauté, 
Appell  et  les  Membres  composant  le  Bureau. 

La  séance  est  levée  à  5  heures. 

G.  D. 


7l6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


BULLETIÎtf    BIBLIOGRAPHIQUE. 


OUVRAGKS    REÇUS   DANS    LA    SÉANCE    DU    20    OCTOBRE    igoa. 

(Suite.) 

Tycho  Brahé,  esquisse  biographique  et  compte  rendu  de  la  découverte  de  la 
dépouille  mortelle  de  Tycho  Brahé,  par  Jean  Hérain  et  Henri  Matiegka,  avec 
i4  gravures  et  illustrations,  dont  8  dans  le  texte  et  6  hors  texte.  Prague,  imp.  Al. 
Wiesner,  1902;  i  fasc.  in-8°.  (Hommage  de  la  Société  des  Amis  des  antiquités 
bohèmes.) 

Sui  fenomiai  acustici  dei  condensatori;  Memoria  delprof.  Augusto  Righi.  Bologne, 
imp.  Gamberini  et  Parmeggiani,  1902;  i  fasc.  in-S". 

Sur  les  réseaux  à  nœuds  hélicotétraédriques,  à  propos  d'études  récentes  sur  la 
constitution  du  quartz;  Mémoire  préliminaire  par  François  de  Memme.  Genova 
(Italie),  imp.  Pellas,  1902;  i  fasc.  in-8°. 

The  action  of  copper  on  leaves,  with  spécial  référence  to  the  injurious  effects  of 
fungicides  on  peach  foliage;  a  physiological  investigation,  by  Samuel-M.  Bain. 
{BuL  of  the  agricultural  experiment  Station  of  the  University  of  Tennesse, 
vol.  XV,  n"?  2,  avril  1902.)  (Hommage  de  l'auteur.) 

Note  sur  des  formules  d'introduction  à  l'Énergétique  physio-  et  psycho-socio- 
logique, par  Ernest  Solvay.  Bruxelles,  Henri  Lamertin,  1902;  1  fasc.  in-8°. 

Fog-signal  Edem,  par  Emile  de  Meulemeester,  contenant  5  planches.  Bruxelles, 
imp.  Ch.  Bulens,  s.  d.;  i  fasc.  in-S". 


ERRATA. 


(Séance  du  20  octobre  1902.) 

Note  de  MM.  Laveran  et  Mesnil,    Sur  quelques  Protozoaires  parasites 
d'une  Tortue  d'Asie  (^Damonia  Reevesii)  : 

Page  6x3,  ligne  11  en  remontant  (sans  compter  la  noie),  au  lieu  de  microgamètes, 
lisez  macroffamètes. 


ACADÉMIE  DES   SCIENCES. 

SÉANCE   DU    LUNDI  5  NOVEMBRE   1902. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  BOUQUET  DE  LA  GRYE. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

ZOOLOGIE.  —  Au  sujet  de  deux  Trypanosomes  des  Bovidés  du  Transvaal. 

Note  de  M.  A.  La  ver  an. 

«  Dans  une  Note  communiquée  à  l'Académie  le  3  mars  dernier,  j'ai 
décrit,  sous  le  nom  de  Tr.  Theileri,  un  Trypanosome  découvert  par 
M.  Theiler,  vétérinaire  à  Pretoria,  chez  des  Bovidés  provenant  de  différentes 
régions  du  Transvaal.  Depuis  le  mois  de  mars  M.  Theiler  m'a  envoyé,  à 
plusieurs  reprises,  des  renseignements  complémentaires  sur  ce  Trypano- 
some, et  il  m'a  adressé  de  nouvelles  préparations,  dans  lesquelles  les  para- 
sites étaient  plus  nombreux  que  dans  les  premières.  Je  suis  donc  en  mesure 
de  compléter,  sur  plusieurs  points,  ma  Note  antérieure  concernant  Tr. 
Theileri. 

»  La  maladie  produite  par  ce  Trypanosome  est  très  répandue  dans  toute 
l'Afrique  du  Sud,  où  elle  est  désignée  sous  différents  noms,  sous  celui  de 
Galziekté  (maladie  de  la  bile)  notamment. 

M  La  maladie  est  inoculable  de  Bovidé  à  Bovidé;  d'après  M.  Theiler, 
les  inoculations  de  sang  défibiinc  faites  contre  la  peste  bovine  ont  dû 
faciliter  son  extension.  A  la  suite  de  l'inoculation,  il  se  produit  une  poussée 
fébrile;  les  Trypanosomes  apparaissent  dans  le  sang,  mais  presque  toujours 
en  petit  nombre;  parfois  même  l'examen  histologique  du  sang  ne  suffît  pas 
à  déceler  leur  présence. 

))  Tr.  Thederi  a  été  inoculé  sans  succès  au  cheval,  au  mouton,  à  la 
chèvre,  au  cobaye,  au  lapin,  au  rat,  à  la  souris;  il  semble  donc  bien  qu'il 
soit  spécial  aux  Bovidés.  Chez  quelques  moutons  et  chez  quelques  chèvres 
inoculés  avec  le  sang  contenant  le  Trypanosome,  Theiler  a  observé  une 

G.  R.,  I.J02,  2"  Semestre.  (T.  CXXXV,  N°  18.)  9'^ 


71 8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

réaction  fébrile,  mais  il  n'a  jamais  constaté  l'existence  de  Trypanosomes 
dans  le  sang. 

»  Le  Trypanosome  vit  de  5  à  7  jours  dans  le  sang  défibriné  pur  ou 
mélangé  à  du  sérum  de  cheval  ou  à  de  l'eau  physiologique;  l'eau  ordinaire 
le  détruit  rapidement. 

»  Dans  ma  Note  antérieure  j'ai  donné,  comme  dimensions  du  parasite,  5o\'-  de  long 
sur  3h-  à  4i^  de  large;  je  n'avais  mesuré  qu'un  petit  nombre  d'individus.  Depuis  lors, 
j'ai  pu  mesurer  un  grand  nombre  de  parasites  et  j'ai  constaté  que  la  longueur  pouvait 
varier  de  3o!^  à  65!^  et  la  largeur  de  2^-  à  4'^'-  Les  formes  les  plus  longues  et  les  plus 
larges  sont  généralement  en  voie  de  division, 

»  L'extrémité  du  Trypanosome  est  effilée  (fig'.  i),  le  centrosome  (c)  est  toujours 
assez  éloigné  du  noyau  (n);  la  membrane  ondulante  (m)  est  bordée  par  le  flagelle 
qui  devient  libre  à  la  partie  antérieure  (/). 


Fig.  I  et  2,  Tr.  Theileri.  La  figure  2  représente  le  Trypanosome  en  voie  de  division.  —  Fig.  3-5, 
Tr.  transvaaliense.  La  figure  4  représente  un  Trypanosome  au  dernier  stade  de  la  division  ;  la 
figure  5,  une  petite  forme  en  voie  de  division.  Gr.  :  1700  D.  environ. 

)»  La  multiplication  se  fait  par  bipartition;  le  centrosome  et  le  flagelle, 
à  son  extrémité  centrosomique,  se  divisent  en  général  les  premiers;  ie 
noyau  se  divise  ensuite  en  même  temps  que  le  reste  du  flagelle,  enfin  a  lieu 
la  division  du  protoplasme. 

))  La  figure  2  représente  un  Trypanosome  à  la  première  phase  de  la 
bipartition  ;  le  centrosome  est  divisé  ainsi  que  la  base  du  flagelle. 

»  Il  n'est  pas  rare  de  trouver  dans  le  sang  des  Bovidés  du  Transvaal, 
en  même  temps  que  Tr.  Theileri,  des  Hématozoaires  de  la  fièvre  du  Texas, 
Piroplasma  higeminum  ;  chez  l'un  des  Bovidés  dont  j'ai  examiné  le  sang  il 


SÉANCE    DU   3    NOVEMBRE    1902.  719 

y  avait  de  petits  Spirilles  de  7!^  à  lo!^  de  long;  M.  Theiler  n'a  rencontré 
ces  Spirilles  que  dans  ce  cas, 

»  Les  hématies  présentent  des  altérations  déjà  décrites  dans  ma  Note 
antérieure;  la  plus  caractéristique  de  ces  altérations  est  l'existence  de  fines 
granulations  basophiles  dans  un  certain  nombre  d'hématies;  cette  altéra- 
tion paraît  intimement  liée  à  la  présence  des  Trypanosomes  (Theiler). 

»  La  manière  dont  la  Galziekté  se  propage  est  encore  douteuse.  M.  Thei- 
ler émet  des  doutes  sur  le  rôle  des  tiques  ;  il  constate  cependant  que  les 
tiques  étaient  nombreuses  sur  les  animaux  malades;  il  s'agit  de  Rhipice- 
phalus  decoloratus  Roch.  M.  Theiler  m'a  envoyé  des  tiques  recueillies  sur 
des  animaux  atteints  de  Galziekté  ;  malheureusement  ces  tiques  sont  mortes 
pendant  le  voyage  et  leurs  œufs  ne  sont  pas  arrivés  à  éclosion. 

»  Au  mois  d'août  1902,  M.  Theiler  m'a  envoyé  de  Pretoria  des  prépara- 
tions de  sang  d'un  bœuf  dans  lesquelles  on  voyait  des  Trypanosomes  assez 
nombreux  appartenant  à  une  autre  espèce  que  Tr.  Theileri.  Je  donne  à  ce 
nouveau  Trypanosome  le  nom  de  Tr\  transvaaliense, 

))  Tr.  transvaaliense  a  des  dimensions  assez  variables;  dans  une  même 
préparation,  on  peut  distinguer  de  petites  formes  qui  mesurent,  en 
moyenne,  181^  de  long  (flagelle  compris);  de  grandes  formes  qui 
atteignent  4o^  et  jusqu'à  So"^'  de  long  sur  ô^^  de  large;  enfin  des  formes 
moyennes,  les  plus  communes,  qui  ont  3o'^'  de  long  environ  sur  4^^  à  5^^  de. 
large. 

»  L'extrémité  postérieure  est  en  général  très  effilée. 

»  Le  noyau,  ovalaire,  est  situé  vers  la  partie  moyenne  du  corps  du  Try- 
panosome. 

»  La  situation  du  centrosome  par  rapport  au  noyau  est  caractéristique. 

»  Dans  tous  les  Trypanosomes  connus  jusqu'ici,  le  centrosome  était 
situé  loin  du  noyau,  à  peu  de  distance  en  général  de  l'extrémité  posté- 
rieure; c'est  même  là  une  objection  qui  a  été  faite  à  l'interprétation  que 
nous  avons  donnée,  M.  Mesnil  et  moi  ('),  du  corpuscule  chromatique 
auquel  vient  aboutir  le  flagelle  chez  les  Trypanosomes. 

»  Chez  Tr.  transvaaliense,  le  centrosome,  relativement  volumineux  et 
par  suite  facile  à  voir,  est  toujours  près  du  noyau,  souvent  accolé  à  ce 
dernier  comme  cela  est  indiqué  dans  la  figure  3.  Le  centrosome  a,  d'ordi- 
naire, une  forme  allongée;  il  se  colore  plus  fortement  que  le  noyau  par  la 
méthode  que  je  préconise  pour  la  coloration  des  Hématozoaires. 


(')  Soc.  de  Biologie,  28  mars  1901,  et  Cohiptes  rendus,  i5  juillet  1901, 


720  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  L'objection  tirée  de  la  situation  périphérique  du  corpuscule  chroma- 
tique, que  nous  avons  assimilé  à  un  centrosome,  tombe  dans  ce  cas  ;  or,  il 
n'est  pas  douteux  que  les  corpuscules  chromatiques  auxquels  aboutissent 
les  flagelles  des  autres  Trypanosomes  soient  de  même  nature  que  le  cen- 
trosome de  Tr.  transvaaliense. 

»  Par  suite  du  rapprochement  du  noyau  et  du  centrosome,  vers  la  partie 
moyenne  du  corps,  la  membrane  ondulante  a,  chez  Tr.  transvaaliense, 
beaucoup  moins  de  développement  que  chez  les  autres  Trypanosomes, 
Tr.  Theileri  notamment. 

»  Le  protoplasme,  finement  granuleux,  se  colore  moins  que  celui  de 
Tr.  Theileri. 

»  Tr.  transvaaliense  se  multiplie  par  bipartition  comme  Tr.  Theileri,  mais 
les  formes  de  division  sont  plus  variées  que  dans  cette  dernière  espèce.  La 
figure  4  représente  un  Trypanosome  de  dimensions  moyennes  à  la  dernière 
phase  de  la  bipartition.  On  distingue  :  deux  noyaux,  deux  cenlrosomes, 
deux  flagelles,  deux  membranes  ondulantes;  le  protoplasme  lui-même  a 
commencé  à  se  diviser.  La  figure  5  représente  une  petite  forme  au  début 
de  la  bipartition;  la  division  ne  porte  que  sur  le  centrosome  et  sur  l'extré- 
mité attenante  du  flagelle. 

»   Le  flagelle  se  divise  dans  toute  sa  longueur. 

»  Quelques-unes  des  préparations  avaient  été  faites  avec  du  sang  con- 
servé depuis  2'!  heures.  Dans  ces  préparations,  beaucoup  de  Trypano- 
somes étaient  agglutinés  en  rosaces  plus  ou  moins  régulières;  l'aggluti- 
nation se  fait  par  les  extrémités  postérieures  comme  chez  Tr.  Lewisi  et 
Tr.  Brucei.  Le  protoplasme  de  ces  Trypanosomes,  déjà  altérés,  contenait 
de  grosses  granulations  chromatiques. 

»  Les  hématies  ne  présentaient  pas,  dans  ce  cas,  les  altérations  qu'on 
rencontre  chez  les  animaux  infectés  par  Tr.  Theileri;  on  ne  voyait  pas  de 
granulations  basophiles  dans  les  hématies. 

»  Beaucoup  de  Trypanosomes  étaient  en  mauvais  état,  même  dans  les 
préparations  de  sang  desséché  aussitôt  après  la  sortie  des  vaisseaux,  ce 
qui  semble  indiquer  que  le  parasite  est  très  fragile. 

»  Le  Bovidé  porteur  de  ces  Trypanosomes  était  infecté  en  même  temps 
de  Piroplasmose  {P.  bigeminum  rares  dans  le  sang)  et  de  Peste  bovine;  on 
s'explique  donc  qu'il  ait  été  impossible  de  faire  la  part  des  différentes 
infections  dans  les  accidents  observés. 

»  On  devait  se  demander  si  les  éléments  parasitaires  que  je  viens  de 
décrire  ne  correspondaient  pas  simplement  à  la  phase  de  multiplication  de 
Tr.  Theileri;  on  sait  que,  chez  Tr.  Lewisi  ^SiV  exemple,  on  observe,  pendant 


SÉANCE    DU    3    NOVEMBRE    1902.  -721 

la  phase  de  multiplication,  des  formes  très  différentes  de  celles  qui 
existent  dans  le  sang,  cette  phase  terminée.  J'ai  écarté  cette  interprétation 
parce  que  l'accolement  du  centrosome  au  noyau  ne  s'observe  jamais  chez 
Tr.  Theileri,  même  au  moment  de  la  division.  11  serait  facile  de  citer 
d'autres  différences  entre  ces  Trypanosomes  (dimensions,  variabilité  des 
formes  chez  Tr.  transvaaliense,  altérations  des  hématies  constantes  dans 
un  cas,  faisant  défaut  dans  l'autre,  etc.);  le  caractère  tiré  de  la  situation 
des  centrosomes  par  rapport  aux  noyaux  me  paraît  suffire  pour  justifier  la 
création  de  deux  espèces. 

»  On  a  vu  que  Tr.  Theileri  était  spécial  aux  Bovidés;  il  y  aura  lieu  d'étu- 
dier à  ce  point  de  vue  Tr.  transvaaliense  et  de  rechercher  s'il  est  inoculable 
à  d'autres  animaux.  » 


PHYSIQUE.  —  Sur  V égaillé  de  la  vitesse  de  propagation  des  rayons  X 
et  de  la  vitesse  de  la  lumière  dans  l'air.  Note  de  M.  R.  Blondlot. 

»  Reprenons  l'appareil  décrit  dans  une  Note  précédente  ('  ),  les  fils  de 
transmission  ayant  une  longueur  de  80*=™;  comme  nous  l'avons  vu,  l'étin- 
celle du  résonateur  présente  un  maximum  d'éclat  lorsque  le  tube  est  à  53*=™ 
de  la  coupure.  Nous  laisserons  de  côté  l'analyse  théorique  du  phénomène 
pour  ne  retenir  que  le  fait  observé,  admettant  seulement,  ce  qui  est  indu- 
bitable, que  le  maxiaium  est  dû  à  ce  qu'il  y  a  une  distance  du  tube  pour 
laquelle  les  rayons  X  illuminent  la  coupure  pendant  l'existence  de  la  force 
électrique    à  cette   coupure    avec    plus   d'intensité   que  pour   les  autres 

distances.  Nous  désignerons  par  V ^  et  V  - — '-  les  vitesses  de   propa- 

°  *-  sec.  sec.  ^      i^ 

gation  respectives  des  ondes  hertziennes  et  des  rayons  X. 

»  Après  avoir  déterminé  la  position  du  tube  donnant  le  maximum  d'étin- 
celle, allongeons  les  fils  de  transmission  de  a  centimètres  :  la  cessation 

des  rayons  X  à  la  coupure  est  ainsi  retardée  de  ^  sec;  il  faudra  donc,  pour 

rétablir  la  coïncidence  des  temps  et  retrouver  le  maximum,  diminuer  la 

S 
distance  du  tube  à  la  coupure  d'une  longueur  ^  telle  que^,  =  rr-  I/expé- 

3  V 

ricnce  donne-;  et  par  cela  même,  en  vertu  de  l'égalité  précédente,  y-, • 


(')  Voir  1\.  Blondlot,  CoinpLcs  rendus,  t.  CXXXV,  1902,  p.  666. 


^22  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

»  Des  déterminations  extrêmement  nombreuses,  dans  lesquelles  on  a 
fait  varier  a,  dans  des  limites  aussi  étendues  que  cela  était  possible,  ont 
donné  invariablement  ^  =  oc  ;  d'où  il  résulte  que  V  =  V  au  degré  d'approxi- 
mation que  comporte  la  détermination  de  la  position  du  tube  qui  rend 
l'étincelle  maximum. 

))  Le  Tableau  ci-dessous  contient  les  résultats  d'une  série  d'expériences: 
la  première  colonne  donne  les  valeurs  de  oc;  la  seconde  les  valeurs  corres- 
pondantes de  ^  déterminées  par  mon  aide  M.  Virtz;  la  troisième  les  valeurs 
de  p  déterminées  par  moi  ;  la  quatrième  les  moyennes  des  valeurs  précé- 
dentes de  p.  Chacun  des  nombres  de  la  seconde  et  de  la  troisième  colonne 
est  la  moyenne  de  cinq  mesures. 


a. 

Virtz. 

Blondlot. 

Moyenne. 

—  7 

-   6,5 

—  5,9 

-    6,2 

+  9 

-i-  8,9 

+  10,5 

+  9.7 

-M  2  , 5 

+  12,6 

+  12 

+  J2,3 

4-1  5 

+  i4,5 

+  i5,i 

+  i4,8 

-f-25 

+  24,5 

+25,3 

+  24,9 

+3o 

+3o 

+3i  ,0 

+  3o,5 

+4o 

+39,6 

+39,3 

+39,4 

+  25 

+  23,2 

+24,6 

+23,9 

))   On  voit  que  les  nombres  de  la  quatrième  colonne  différent  assez  peu 

des    nombres   correspondants   de  la   première   pour   que  les  différences 

puissent  être  attribuées  à  l'impossibilité  de  déterminer  d'une  manière  très 

précise  la  position  du   tube  qui  rend  l'étincelle  maximum.  La  série  des 

expériences,  au  nombre  de  80,  résumées  dans  le  Tableau  précédent,  donne 

le  résultat  définitif  suivant  :  en  remplaçant  a  et  [3  par  les  moyennes  de 

I  1  .  ^'        161,7     „,     .  '  •        1' 

leurs  valeurs,  on  trouve -r^  = -^^-   D  autres   séries   d  expériences  ont 

donné  -5-?  ~, Ces  quotients  sont  très  voisins  de  l'unité  :  les  mesures 

i39     144  ^ 

isolées  présentent  parfois  des  écarts  assez  notables,  comme  on  peut  le  voir 
sur  le  Tableau  ci-dessus,  mais  l'influence  de  ces  écarts  a  toujours  disparu 
dans  les  moyennes  d'un  grand  nombre  de  déterminations.  J'ai  vérifié  que 
les  valeurs  de  p  sont  indépendantes  de  la  grandeur  et  de  la  forme  du  réso- 
nateur. 

»  Voici  maintenant  un  autre  genre  d'expériences  :  dans  celles-ci,  on 
compense  encore  le  temps  que  les  rayons  X  emploient  pour  franchir  un 
certain  espace  par  le  temps  que  les  ondes  électromagnétiques  emploient 


SÉANCE    DU    3    NOVEMBRE    1902.  ^23 

pour  parcourir  une  certaine  longueur  de  fil;  mais  ici  ce  ne  sont  plus  les  fils 
de  transmission  que  l'on  allonge  ou  raccourcit,  c'est  le  fil  du  résonateur. 
Les  extrémités  du  résonateur  étant  écartées  l'une  de  l'autre  d'envi- 
ron o"",3,  on  leur  soude  respectivement  les  deux  fils  d'une  petite  ligne  de 
transmission;  à  l'extrémité  de  cette  ligne  est  adapté  le  micromètre  à  étin- 
celles, la  nouvelle  coupure  étant  ramenée  à  la  position  de  l'ancienne  en 
repliant  la  petite  ligne  sur  elle-même.  L'action  de  l'excitateur  sur  le  réso- 
nateur y  produit  une  onde  hertzienne  qui  doit  parcourir  une  certaine  lon- 
gueur de  fil  pour  aboutir  à  la  coupure  et  y  produire  l'étincelle.  Si  donc 
on  a  allongé  chaque  moitié  du  résonateur  de  a  centimètres,  l'étincelle 

est  retardée  de  y  sec.  et,  pour  obtenir  le  maximum  d'étincelle,  il  faudra 

que  la  distance  du  tube  à  la  coupure  soit  augmentée  d'un  nombre  h  de 

centimètres,  tel  que  ^  =  ^.  La  valeur  observée  de  -  donne  celle  de  -^• 
'  ^        V        V  a  V 

On  remplace  dans  ce  calcul  b  et  a  par  leurs  valeurs  moyennes  dans  les 

différentes  expériences.  Celles-ci,  très  nombreuses  et  concordantes,  dans 

lesquelles  on  a  fait  varier  a  de  0*=™  à  25'"",  ont  donné  y  =  0,93.  Cette  valeur 

s'accorde  suffisamment  avec  les  résultats  de  la  première  méthode,  qui 
semble  d'ailleurs  plus  précise,  parce  que  le  retard  des  ondes  hertziennes 
y  est  mieux  défini. 

»  L'ensemble  des  résultats  expérimentaux  obtenus,  tant  par  l'une  que 
par  l'autre  méthode,  peut  se  résumer  ainsi  :  si  à  la  longueur  des  fils  de 
transmission  on  ajoute  la  distance  du  tube  à  la  coupure  qui  donne  le  maxi- 
mum d'étincelle,  et  que  l'on  en  retranche,  s'il  y  a  lieu,  la  longueur  de  la 
petite  ligne  ajoutée  au  résonateur,  on  obtient  la  longueur  constante  i33'''". 

»  Remarquons  que,  dans  l'une  comme  dans  l'autre  des  méthodes  décrites, 

le  rapport  Y  est  obtenu  sans  que  l'on  ait  besoin  de  connaître  le  détail  des 

phénomènes  :  ce  sont  des  méthodes  de  substitution,  analogues  à  la  méthode 
de  Borda  pour  les  pesées.  Il  y  a  toutefois  une  complication  :  la  position 
du  tube  qui  donne  le  maximum  d'étincelle  est  plus  rapprochée  de  la  cou- 
pure que  si  l'intensité  des  rayons  X  ne  décroissait  pas  avec  la  distance;  la 
décroissance  de  l'intensité  suffit  en  effet  pour  rendre  décroissante  une 
action  qui  sans  cela  ne  croîtrait  que  très  lentement  avec  la  distance.  Ce 
rapprochement  est  plus  grand  pour  les  petites  distances  que  pour  les 
grandes  parce  que  la  décroissance  de  l'intensité  est  plus  rapide  pour  les 
petites  distances.  L'augmentation  de  b  ou  de  p  produite  par  celte  cause  ne 


724  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

peut  être  calculée  a  priori,  mais  la  concordance  finale  de  tous  les  résultats 
indique  qu'elle  ne  surpasse  pas  les  erreurs  d'expérience. 
»  Résumons  le  contenu  de  cette  Note  et  de  la  précédente  : 
»  En  supposant  «/jn'on  l'égalité  des  vitesses  de  propagation  des  rayons  X 
et  des  ondes  hertziennes,  on  a  été  conduit  à  prévoir  que  le  renforcement 
produit  par  le  tube  sur  l'étincelle  devait  passer  par  un  maximum  pour  une 
certaine  distance  du  tube.  L'expérience  a  confirmé  cette  prévision.  La  même 
supposition  a  permis  de  calculer  d'avance  les  déplacements  que  la  position 
du  tube  correspondant  à  ce  maximum  devait  éprouver,  soit  par  l'allonge- 
ment des  fils  de  transmission,  soit  par  l'annexion  d'une  petite  ligne  au 
détonateur  ;  on  devait,  en  effet,  pouvoir  compenser  le  temps  que  les  ondes 
électriques  emploient  pour  parcourir  une  certaine  longueur  de  fil  par  le 
temps  que  les  rayons  X  emploient  pour  franchir  une  distance  égale.  Cette 
compensation  s'est  produite  en  réalité  :  des  deux  méthodes  employées  l'une 
a  donné  pour  le  rapport  des  vitesses  0,97  (*),  l'autre  0,93.  —  D'autre 
part,  il  paraît  impossible  de  donner  une  autre  explication  du  maximum 
d'éclat  de  l'étincelle,  de  ses  déplacements  et  des  autres  circonstances  de  ces 
phénomènes.  L'ensemble  de  tous  ces  faits  conduit  donc  à  cette  conclusion  : 
La  vitesse  de  propagation  des  rayons  X  est  égale  à  celle  des  ondes  hertziennes 
ou  de  la  lumière  dans  l'air. 

»  Il  me  reste  à  indiquer  certaines  observations  faites  au  cours  de  ces 
recherches,  et  à  décrire  quelques  expériences  qui  en  confirment  les  résul- 
tats.  » 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Sur  les  lueurs  crépusculaires  récentes . 
Note  de  M.  Perrotin. 

«  Les  crépuscules  rouges  de  ces  jours  derniers  ont  été  vus  à  Nice  dès  le 
commencement  de  la  semaine  dernière  :  l'Observatoire  Bischoffsheim  les 
a  notés  le  27  octobre,  au  soir,  pour  la  première  fois,  en  dépit  d'un  ciel  très 
nuageux  qui  ne  permettait  guère  de  distinguer  le  phénomène  qu'à  la 
faveur  de  rares  éclaircies. 

»  Les  28  et  29  octobre,  les  conditions  ne  furent  pas  plus  favorables  et 
c'est  seulement  le  3o,  par  un  ciel  découvert,  qu'd  fut  possible  de  l'étudier 
dans  ses  phases  successives. 


(')  Après  une  correction  relative  au  revêtement  isolant  des  fils  de  transmission. 


SÉANCE    DU    3    NOVEMBRE   .1902.  7^5 

»  Ce  qui  frappa,  tout  d'abord,  c'est  la  couleur  du  Soleil  au  moment  de  son  coucher; 
le  disque  en  était  d'un  rouge  vif  très  accentué;  sans  aucune  déformation  dans  l'image, 
d'ailleurs.  Il  en  avait  été  de  même  les  jours  précédents. 

»  On  vit  ensuite  un  crépuscule  extraordinairement  lumineux,  teinté  de  bleu  et  de 
rose;  suivi,  enfin,  vers  l'ouest,  d'un  embrasement  général  de  l'horizon,  dont  l'aspect 
rappelait,  d'une  manière  frappante,  les  lueurs  rougeàtres  d'un  immense  incendie  qui 
prend,  dès  le  début,  une  extension  rapide. 

»  A  l'instant  de  son  plus  grand  éclat,  la  nappe  lumineuse  rouge,  de  forme  à  peu  près 
circulaire  (sans  rayons,  comme  pour  les  aurores  boréales),  mais  semblant  plus  étendue 
dans  l'horizon,  s'élevait  de  20°  à  25°  au-dessus  du  Soleil  couchant  ('),  autant  que  per- 
mettaient d'en  juger  les  limites  nécessairement  confuses  et  mal  définies  de  l'apparition 
lumineuse. 

»  Le  maximum  avait  lieu  45  minutes,  la  fin  de  l'^ao'^  à  i^3o™  après  le  coucher  du 
Soleil. 

»  Ces  illuminations  singulières  nous  ont  remis  en  mémoire  celles  de 
novembre  et  décembre  i883,  janvier  1884,  qui  furent  observées  en  divers 
points  du  globe  et  donnèrent  lieu  à  une  polémique  d'autant  plus  intéres- 
sante qu'elle  était  très  documentée. 

»  Les  uns,  et  non  des  moins  autorisés,  soutenaient  qu'elles  avaient 
pour  cause  des  conditions  météorologiques  particulières  de  l'atmosphère  ; 
quelques-uns  en  trouvaient  l'origine  dans  les  poussières  cosmiques  qui 
flottent  en  permanence,  paraîL-il,  dans  les  régions  élevées  de  cette  enve- 
loppe aérienne;  d'autres,  plus  hardis  et  plus  téméraires,  les  attribuaient 
aux  poussières  lancées,  quelques  mois  auj)aravant,  dans  l'air,  par  la  formi- 
dable éruption  du  Krakatoa. 

»  Nous-même,  invité  par  M.  Dumas,  alors  à  Cannes,  à  faire  une 
enquête  détaillée  sur  ce  sujet  et  à  prendre  parti  dans  la  question,  publiâmes, 
en  collaboration  avec  le  regretté  Thollon,  dans  les  Annales  de  Chimie  et 
de  Physique  de  1884  (voir  aussi  Tome  II  des  Annales  de  l'Observatoire  de 
Nice),  le  résultat  d'un  travail  qui  concluait  à  un  phénomène  de  diffraction, 
produit  par  les  poussières  extrêmement  ténues  projetées,  quelques  mois 
auparavant,  piir  le  trop  fameux  volcan  du  détroit  de  la  Sonde. 

»  Il  faut  convenir  que  les  apparitions  actuelles,  si  elles  sont  générales, 
rapprochées  d'événements  récents  dont  tout  le  monde  a  conservé  le 
pénible  souvenir,  semblent  donner  raison  aux  partisans  des  causes  volca- 
niques. 

»  D'un  autre  côté,  il  faut  reconnaître  que  les  crépuscules  rouges  de  190Û 

(')  M.  Javelle  estime  cette  hauteur  un  peu  plus  grande. 

C.  R.,  1902,  2«  Semestre.  (T.  CXXXV,  N"  18.)  9^ 


726  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

ont  lieu  dans  les  mêmes  mois  de  l'année  que  ceux  de  i883,  ce  qui  vient  à 
l'appui  des  causes  exclusivement  météorologiques. 

»  Toutefois,  il  existe,  entre  les  phénomènes  des  deux  époques,  un 
caractère  commun  qu'il  importe  de  faire  ressortir.  Dans  les  deux  cas  (la 
durée  du  crépuscule  rouge  du  3o  octobre  le  montre  clairement)  le  phéno- 
mène lumineux  semble  intéresser  des  régions  de  l'atmosphère  dont  cer- 
taines sont  à  5o^"*,  au  moins,  au-dessus  du  sol. 

»  Est-il  possible  d'admettre  qu'il  existe  de  l'eau  à  cette  altitude,  sous 
une  forme  quelconque;  à  l'état  vésiculaire,  par  exemple,  comme  il  le 
faudrait?  La  chose  est  peu  probable. 

»  Espérons  que  les  observations  de  ces  jours-ci  nous  apporteront  sur 
cette  question  de  précieux  renseignements.  Les  particularités  signalées 
par  les  observateurs  les  moins  prévenus  ne  seront  pas  les  moins  utiles; 
leur  publication  immédiate  rendra  plus  facile  la  discussion  des  données 
qu'elles  pourront  contenir. 

»  Malheureusement,  les  crépuscules  rouges  paraissent  devoir  durer 
moins  longtem])s,  cette  fois,  qu'en  i883;  car,  hier  au  soir  déjà,  i^''  no- 
vembre, le  phénomène  était,  du  moins  à  Nice,  tout  à  fait  sur  son  déclin 
et,  chose  curieuse,  le  centre  d'illumination  semblait  notablement  reporté 
au  nord  du  point  de  l'horizon  où  le  Soleil  s'était  couché. 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  il  nous  a  paru  opportun  de  rapprocher,  dès  main- 
tenant, les  crépuscules  étranges  de  1902  de  ceux  de  i883  et  de  rappeler 
les  circonstances  tristement  célèbres  qui  ont  précédé  les  uns  et  les  autres.   » 

S.  A.  le  l^rince  de  Moxaco  fait  hommage  à  l'Académie  d'un  Volume 
portant  pour  titre  :  «  La  carrière  d'un  navigateur,  par  Albert  I"'^,  Prince  de 
Monaco  >>. 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  Analyse  de  neuf  échantillons  d'air  recueilli 
dans  les  galeries  d'une  mine  de  houille,  par  M.  Nestor  Gréha\t. 

«  En  poursuivant  les  recherches  que  j'ai  entreprises  sur  la  composition 
de  l'air  confiné,  j'ai  eu  l'occasion  d'analyser  de  l'air  pris  dans  les  galeries 
d'une  mine  de  charbon  en  exploitation. 

»   Voici  le  procédé  qui  a  été  emjDloyé,  suivant  mes  indications,  pour  faire  les  prises 


SÉANCE    DU    3   NOVEMBRE    1902.  -727 

de  gaz  :  l'ingénieur  de  la  mine,  en  divers  points  des  galeries,  du  1 5  octobre  au  28  octobre, 
entre  8^  et  lo''  du  matin,  vidait  un  flacon  numéroté  plein  d'eau,  puis  introduisait  dans 

col  la  tuyère  d'un  soufflet  dont  les  manœuvres  faisaient  pénétrer  dans  le  flacon  de 
l'air  ayant  exactement  la  composition  de  l'atmosphère  ambiante;  aussitôt  des  bouchons 
de  caoutchouc  étaient  enfoncés  et  maintenus  à  l'aide  de  fils  de  fer. 

»  Dans  tous  les  flacons  il  y  avait  une  pression  positive,  qui  déterminait  sous  l'eau 
l'expulsion  de  quelques  bulles  de  gaz  quand  on  enlevait  le  bouchon. 

»  Dans  chaque  flacon,  immergé  dans  leau,  on  a  introduit  un  bouchon  de  caoutchouc, 
traversé  par  un  tube  de  verre  uni  à  une  pompe  à  mercure,  et  l'on  a  recueilli,  dans  une 
cloche  pleine  de  mercure  et  dans  une  cloche  pleine  d'eau,  deux  échantillons  de  gaz. 

»  Le  premier  a  été  traité  sur  le  mercure  par  la  potasse  et  par  l'acide  pyrogallique, 
pour  doser  l'acide  carbonique  et  l'oxygène;  le  second  a  été  introduit  dans  mon  gri- 
soumètre,  qui  est  si  sensible  que  i*^""'  de  formène  donne  une  réduction  de  22  divisions. 

»    Voici  le  Tableau  des  résultats  que  j'ai  obtenus  : 

Acide 
Flacons.  carbonique. 

1 1,3 

2 1,1 

3 1,1 

4 1,2 

5 1,8 

G 1,0 

7 1,0 

8 1,1 

9 1,1 

»  L'examen  des  chiffres  montre,  et  c'est  le  résultat  le  plus  important, 
que  la  proportion  de  formène  a  varié  entre  3,5  et  7,  5  ;  or,  le  chiffre  3,5 
pour  100  est  déjà  le  double  de  cehii  1,87  que  M.  le  Professeur  Chesneau 
regarde  comme  une  teneur  exorbitante  pour  un  puits  de  retour  d'air;  le 
chiffre  7,5  indique  un  véritable  mélange  détonant,  puisque  l'Inspecteur 
général  des  Mines  Mallard  a  montré  qu'il  y  a  inflammation  quand  la  pro- 
portion de  grisou  dans  l'air  est  égale  à  6  pour  100. 

»  L'acide  carbonique  a  varié  entre  i  et  1,8  pour  100  :  c'est  une  quantité 
qui  diminue  sensiblement  l'exhalation  pulmonaire  de  l'acide  carbonique, 
comme  l'ont  démontré  mes  recherches  sur  ce  sujet. 

))  Enfin,  la  proportion  d'oxygène  était  notablement  abaissée,  puisqu'elle 
était  comprise  entre  16,1  et  18,  c'est-à-dire  de  .1,7  à  :>,8  an-dessous  de  la 
teneur  de  l'air  pur,  20,8. 

»  Je  conclus  qu'il  me  paraît  utile  d'établir,  dans  toute  m-ine  de  charbon, 
un  Laboratoire  d'analyses  eudioraétriques  et  grisoumétriques,  qui  permet- 


Oxygcne. 

l'ormènc 

Azote. 

17,3 

3,5 

77>9 

17,6 

6,1 

75,2 

17,6 

4,6 

76,7 

16,  I 

7.5 

75,2 

17.' 

4,1 

77,0 

17,2 

6,3 

75,5 

18,0 

4,6 

76,4 

i7'7 

4,7 

76,7 

•  7,8 

4,4 

76,7 

y28  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

trait  de  régler  la  ventilation  pour  que  l'atmosphère  dans  laquelle  vivent 
et  travaillent  les  ouvriers  mineurs  soit  aussi  purifiée  que  possible.   » 


CORRESPONDANCE. 

ASTRONOMIE.  —  Sur  la  résolution  nomographique  du  triangle  de  position 
pour  une  latitude  donnée.  Note  de  M.  Maurice  d'Ocagne,  présentée  par 
M.  Callandreau. 

«  Nous  avons  fait  voir(^)  que  tous  les  cas  de  résolution  des  triangles 
sphériques  pouvaient  se  ramener  à  un  abaque  unique  qui,  par  conséquent, 
s'il  était  construit  à  une  échelle  suffisante,  résumerait  à  lui  seul  toute  la 
Trigonométrie  sphérique.  Cela  ne  supprime  pas  l'intérêt  de  solutions  spé- 
ciales applicables  à  tel  ou  tel  cas  particulier.  Nous  en  avons  déjà  signalé 
quelques-unes  dans  notre  Traité  de  Nomographie  (^).  En  voici  une,  fort 
simple  (puisqu'elle  repose  sur  le  simple  alignement  de  points  à  une  cote), 
qui  s'applique  à  la  résolution  du  triangle  de  position  pour  une  latitude 
donné  ç. 

»   Si,  posant,  pour  simplifier  l'écriture, 

sin©  =  A,  cos''!)  r=  ^"  ('), 

on  appelle,  suivant  l'usage,  *(  la  distance  zénithale,  M  l'angle  horaire,  (D  la 
déclinaison,  on  a,  entre  ces  variables,  l'équation 

(i)  coss  = /«  sincic)  + /î:  coscô  cosill. 

»  Cette  équation  rentre  dans  un  type  bien  connu  auquel  s'applique  la 
méthode  des  points  alignés  avec  deux  échelles  rectilignes  et  une  échelle 
curviligne  (*)  (dont  le  support  est  ici  une  ellipse). 


(1)  Bulletin  astronomique,  t.  XI,  189/4,  p.  5,  et  Traité  de  Nomographie,  p.  829. 

(^)  Voir  notamment  p.  56,  249,  Say. 

(3)  Pour  Paris,  on  a  :  A  =  0,76278,  A  rr:  o,65822. 

(*)  Traité  de  Nomographie,  p.  182.  Un  abaque  à  droites  entre-croisées,  obtenu  par 
anamorphose,  a  été  donné  pour  cette  équation  par  M.  Bigourdan  dans  ses  Instructions 
sur  l'usage  de  l'équatorial  (p.  5  et  PL  III).  Sous  peine  d'ofTrir  à  la  vue  un  enchevê- 
IremenL  inextricable,  cet  abaque  a  dû  être  fractionné  en  trois.  La  méthode  des  points 
alignés  écarte,  dans  tous  les  cas,  la  nécessité  d'un  tel  fractionnement. 


SÉANCE   DU    3   NOVEMBRE    1902.  729 

))  L'amplitude  de  l'échelle  (.il)  étant  double  de  celle  de  l'échelle  (^) 
(puisque  M  varie  dans  toute  la  circonférence,  tandis  que  'C  ne  varie  que 
de  0°  à  90°),  nous  prendrons  ici  pour  la  seconde  un  module  double  de 
celui  /,  d'ailleurs  quelconque,  de  la  première;  et  nons  poserons  donc 

u  =  —  /cos^T, 
V  =  2/co.SL, 

ce  qui,  si  Ton  se  reporte  à  l'endroit  cité  ('),  montre  que  l'équation  (i) 
exprime,  en  appelant  ^  un  second  module  également  quelconque,  l'ali- 
gnement des  trois  points  à  une  cote  : 

(Ai)  x  =  —  ^,  y  =  —  ^cos^, 

,    .  ^1  — aAcoscD  il  h  sincO 

))  Les  échelles  rectilignes  (M)  et  ('C),  portées  sur  deux  droites  Am  et  Bp 
parallèles  à  Oy  et  équidistantes  de  cet  axe,  sont  celles  de  ]a  fonction 
cosinus,  construites  avec  deux  modules,  dont  l'un  est  la  moitié  de  l'autre. 
Si  l'on  appelle  A  et  B  les  points  de  rencontre  de  Au  etBç  avec  Ox,  on  voit 
que,  ayant  construit  l'échelle  (C)  de  0°  à  90",  on  aura  l'échelle  (M)  entre 
les  mêmes  limites  en  projetant  la  première  à  partir  du  point  P  de  Ox,  tel 
quePB  =  — 2PA  (^).  La  seconde  partie  de  l'échelle  (M)  est  d'ailleurs 
symétrique  de  la  première  par  rapport  au  point  A,  les  cotes  correspon- 
dantes étant  supplémentaires. 

»  L'échelle  curvili£;ne  (cD)  pourra,  suivant  le  procédé  déjà  employé 
pour  l'équation  de  Kepler  (^),  être  engendrée  au  moyen  de  deux  de  ses 
projections,  l'une  (co),  faite  sur  Ox  parallèlement  à  Oy,  l'autre  (ô^)..  faite 
sur  Oy  à  partir  du  point  A. 


(1)  La  correspondance  avec  les  nolalions  adoptées  à  cet  endroit  s'établit  ainsi  : 

/,  =  — cosJI,         /,=  cosC,         /3=AcoscD,         ^^=1,         <];3  =  — AsincD, 

1,^1,  l,^2l. 

O  En  vue  d'une  bonne  disposition  pratique,  on  inclinera  Taxe  AB  par  rapport 
à  Oy,  de  façon  que  les  échelles  (M)  et  (^),  prises  entre  leurs  limites  respectives, 
forment  deux  côtés  opposés  d'un  rectangle. 

(^)   Traite  de  Nomographie,  p.  196  à  198. 


7^0  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  La  première,  définie"  par 

^  i  —  2  k  coscO 

ce  =z  à -, —  , 

I  +  2  k  cos  (y 

est  effectivement  projective  de  l'échelle  ((^)  puisque  son  point  cD  ^  90'' 
coïncide  avec  le  point  ^  =:::  90°  de  celle-ci,  ceci  en  vertu  d'un  théorème 
connu  (*). 

»   T.a  seconde  est  définie  par 

y  =  /Asincô, 

ainsi  qu'on  le  voit  bien  aisément  en  cherchant  l'ordonnée  à  l'origine  de  la 
droite  unissant  le  point  (od)  au  point  A.  Comme  on  peut  écrire 

JK=^2/C0S(90°-CÈ)), 

on  voit  que  l'échelle  ((q).^  s'obtient  en  projetant  l'échelle  (Q  sur  Oj, 
à  partir  du  point  C  de  Oic  tel  que  CO  =  -  CB,  les  cotes  étant  en  même  temps 

remplacées  par  leurs  compléments. 

»  Finalement,  les  échelles  (cO),  et  ((0)2  étant  obtenues,  ainsi  qu'on  vient 
de  le  montrer,  par  projection  de  la  seule  échelle  ('C)  [qui,  déjà,  avait  donné 
l'échelle  (^H)],  les  parallèles  à  Oy  menées  par  les  points  de  la  première  et 
les  divergentes  unissant  le  point  A  aux  points  de  la  seconde  donnent,  par 
leur  rencontre,  les  points  (cD)  cherchés. 

»  Nous  nous  proposons  de  construire  effectivement,  pour  la  latitude  de 
Paris,  le  nomogramme  dont  la  théorie  précède.    » 


(')  Traité  de  Nomographie,  p.  1 4- Le  centre  de  projection  s'obtiendra  au  moyen 
de  deux  points  particuliers  de  l'échelle  ((D)i  construits  directement  et  joints  aux  points 
de  même  cote  de  l'échelle  (C)  :  par  exemple,  ceux  qui  correspondent  à  Uc)  =  o" 
et  (0  =  60°,  pour  lesquels  on  a 

,v  I  —  2  A-  ^  I  —  A- 

^  =  0 — -  et  a-'  =  0 r-. 

14-2/1  H-  A: 


SÉANCE    DU    3    NOVEMBRE    I902.  n3l 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  transrendantes  uniformes  de/inies 
par  les  équations  différentielles  du  second  ordre.  Note  de  M.  î\.  Liouville. 

«  Dans  une  Note  présentée  à  l'Académie  le  8  septembre  dernier  et  qui, 
par  suite  de  circonstances  particulières,  n'est  venue  sous  mes  yeux  que 
tout  récemment,  M.  Painlevé  s'est  attaché  à  démontrer  que  l'analyse  que 
j'avais  indiquée,  pour  l'étude  de  certaines  équations  différentielles  du 
second  ordre,  est  illusoire. 

»   M.  Painlevé  m'attribue  cette  conclusion  :  les  équations 

pourraient  être  remplacées  algébriquement  par  un  système 

d'y         ,j/  dz\  d-^z        ^f  dz\ 


dont  les  équations  intégrales  peuvent  être  mises  sous  forme  linéaire  à 
l'égard  des  constantes  arbitraires. 

»  Il  suffit  de  lire  ma  Note  du  i*"""  septembre  pour  s'apercevoir  que  le 
mot  algébriquement  ne  s'y  trouve  pas,  en  sorte  que  M.  Painlevé  peut,  sans 
me  toucher  en  rien,  regarder  comme  illusoire  une  conclusion  qui  n'est  pas  la 
mienne. 

»  M.  Painlevé  insiste  sur  le  nombre  des  fonctions  arbitraires  que  com- 
porte l'intégration  générale  du  système  (2),  tel  que  je  l'ai  voulu  construire. 
Cette  circonstance  est  tout  à  fait  analogue  à  celle  qu'on  rencontre  pour  les 
intégrales  d'un  système  différentiel  quelconque;  elle  n'a  rien  qui  s'oppose 
à  la  recherche  d'un  système  (2),  algébrique  ou  dépendant  de  transcen- 
dantes déjà  connues,  s'il  en  existe  un. 

»  Celte  recherche,  à  laquelle  faisait  allusion  la  fin  de  ma  Note  du  i^'"  sep- 
tembre dernier,  n'est  pas  encore  terminée.  J'ajouterai  que  la  question  dont 
je  me  suis  occupé  ne  coïncide  pas  avec  celle  qui  a  été  traitée  dans  une  Note 
récente. 

»  Pour  préciser,  il  n'est  ni  démontré,  ni  vraisemblable,  que  toute  équa- 
tion irréductible,  au  sens  de  M.  Drach,  adopté  par  M.  Painlevé,  le  soi! 
aussi  au  point  de  vue  que  j'ai  voulu  étuilier. 

»   Il  s'agit,  dans  le  premier  cas,  de  savoir  s'il  existe  entre  les  variables, 


732  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

les  deux  intégrales  de  l'équation  proposée  et  leurs  dérivées  partielles,  une 
équation  algébrique,  outre  celle  qui  se  déduit  de  la  connaissance  du  der- 
nier multiplicateur  :  c'est  une  propriété  à  laquelle  les  intégrales  de  l'équa- 
tion proposée  sont  seules  intéressées. 

»  J'introduis,  au  contraire,  un  système  différentiel,  réductible  par  sa 
construction  même  à  la  forme  linéaire  et  dans  lequel  l'équation  proposée 
se  trouve  comprise.  Si  l'on  cherche  à  choisir  ce  système  de  telle  façon  que 
ses  coefficients  soient  algébriques  ou  s'expriment  à  l'aide  de  transcen- 
dantes déjà  connues,  cette  condition  n'intéresse  pas  seules  les  intégrales  de 
l'équation  proposée,  mais  bien  un  ensemble  de  trois  fondions,  liées  aux  inté- 
grales du  système  différentiel  qui  contient  cette  équation. 

))  Une  même  condition  est  donc  appliquée,  dans  les  deux  cas,  à  des 
éléments  de  natures  différentes.   » 


PHYSIQUE.  —  Sur  la  formation  des  gouttes  liquides  et  la  loi  de  Taie.  Note 
de  MM.  A.  Leduc  et  P.  Sacerdote  (*).  (Réponse  à  MM.  Ph.-A.  Guye 
et  L.  Perrot.) 

«  MM.  Guye  et  Perrot  partagent,  comme  on  peut  le  voir,  nos  idées  sur 
la  formation  des  gouttes.  Nous  n'avons  donc  à  répondre  qu'à  deux  critiques 
relatives  à  nos  expériences  : 

))  1°  Comme  ces  auteurs,  nous  avons  observé  que  la  masse  des  gouttes 
tombées  augmente  avec  la  rapidité  de  l'écoulement  (^). 

))  Des  mesures  faites  avec  des  vitesses  d'écoulement  quelconques 
n'ont  aucun  sens  :  aussi,  nous  sommes-nous  bien  gardés  d'en  faire  de 
semblables.  Dans  nos  expériences  les  gouttes  se  formaient  toujours  len- 
tement, aussi  bien  avec  le  mercure  qu'avec  l'eau;  il  ne  faut  donc  pas 
chercher  dans  l'exagération  de  la  vitesse  d'écoulement  l'explication  du 
relèvement  de  notre  courbe  le  long  de  l'axe  des  y. 

»  2"  Contrairement  à  ce  que  l'on  pourrait  penser  d'après  une  phrase  des 
auteurs  (p.  46 1 ,  lignes  8  et  suiv.  ),  nos  expériences  ne  constituent  pas  une 


(*)  Voir  Guye  et  Perrot,  Comptes  rendus,  t.  CXXXV,  p.  458  et  621,  et  Leduc 
et  Sacerdote,  Comptes  rendus,  t.  CXXXV,  p.  gS. 

(2)  Nous  n'avons  pas  signalé  celte  influence,  que  nous  croyions  bien  connue.  Pour 
le  même  motif,  nous  n'avons  point  parlé  de  l'influence  de  Félectrisation,  qui  est  éga- 
lement importante. 


SÉANCE    DU    3    NOVEMBRE    1902.  -ySS 

vérification  pins  ou  moins  imparfaite  de  la  loi  de  Ta  te.  Elles  montrent,  au 
contraire,  que  cette  loi  ne  se  vérifie  approximativement  que  dans  certaines 
limites  assez  restreintes.  On  verrait  encore,  en  se  reportant  à  notre  Note, 
que  nous  JÏ avons  pas  admis  comme  hypothèse  la  proportionnalité  entre  les 
masses  des  gouttes  tombées  et  les  tensions  superficielles  :  c'est  V expérience 
qui  nous  a  montré  qu'à  égalité  de  diamètre  d'orifice  le  rapport  desdites 
masses  était,  pour  le  mercure  et  l'eau,  6,3  environ. 

»  En  raison  de  la  variabilité  bien  connue  des  propriétés  superficielles, 
ce  nombre  6,  3  nous  a  paru  représenter  suffisamment  bien  le  rapport  des 
tensions  superficielles  du  mercure  et  de  l'eau,  et  nous  n'avons,  d'ailleurs, 
dans  tout  ce  travail,  attaché  aucune  importance  à  des  écarts  de  quelques 
centièmes,  u 


ÉLECTRICITÉ.  —  Remarque  au  sujet  d'une  Note  récente  de  M.  Ponsot, 
sur  la  force  électromotrice  d^ un  élément  de  pde  thermo-électrique,  par 
M.  H.  Pellat. 

«  Dans  la  Note  dont  il  s'agit  {Comptes  rendus ,  27  octobre  1902)  se  trouve 
le  passage  suivant  : 

»  La  détermination  des  températures  absolues  au  moyen  de  la  mesure 
))  de  q  (4)  (Pellat)  demanderait  la  détermination  de  deux  constantes  et 
»  la  connaissance  de  deux  températures  absolues,  l'une  d'elles  ayant  une 
))   valeur  donnée.    » 

»  Ce  passage  pourrait  faire  croire  que  la  méthode  que  j'ai  proposée: 
Méthode  permettant  d'évaluer  en  valeur  absolue  les  très  basses  températures 
{Comptes  rendus,  t.  CXXXIII,  1901,  p.  291)  est  identique  à  celle  qui  repose 
sur  la  relation  (4)  de  la  Note  de  M.  Ponsot.  Or,  ma  méthode  est  différente, 
car  elle  ne  nécessite  pas  l'emploi  de  deux  températures  connues  en  valeur 

T 
absolue.  Elle  donne,  en  effet,  directement  le  rapport  „-  de  deux  tempéra- 

^  0 

tures  absolues  quelconques;  par  conséquent,  il  suffit  d'avoir  à  sa  disposi- 
tion une  seule  température  fixe,  connue  en  valeur  absolue,  celle  de  la 
glace  fondante,  par  exemple,  égale  à  2^3  sur  l'échelle  centigrade,  pour 
pouvoir  déterminer  sur  cette  échelle  n'importe  quelle  autre  température.   » 


C.  R.,  1902,  2«  Semestre.  (T.  CXXXV,  N"  18.)  97 


^34  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


ÉLECTRICITÉ.  —  Sur  la  résistance  électrique  du  sulfure  de  plomb  aux 
très  basses  températures.  Note  de  M.  Ed3ioxd  van  Aubel,  présentée 
par  M.  Lippmann. 

«  Les  expériences  ont  été  faites  sur  une  tige  de  sulfure  de  plomb, 
obtenue  en  coulant  le  produit  pur  fondu  dans  une  lingotière  cylindrique 
au  préalable  fortement  chauffée.  Cette  tige  était  ensuite  limée  et  usée  avec 
précaution,  de  manière  à  réaliser  un  cylindre  qui  avait  S^'^'Sgde  diamètre. 
Cette  petite  baguette  de  sulfure  de  plomb  était  munie  à  ses  deux  extrémités 
de  pinces  en  laiton,  qui  permettaient  de  mesurer  la  résistance  électrique 
de  la  tige  par  la  méthode  de  Lord  Kelvin.  Pour  assurer  un  contact  plus 
certain  encore  on  avait  entouré,  d'une  étroite  bandelette  de  feuille  d'étain, 
les  deux  extrémités  de  la  baguette  de  sulfure,  avant  de  la  fixer  dans  les 
pinces. 

»  Les  diverses  températures  ont  été  réalisées  et  mesurées,  comme  il  a 
été  indiqué  dans  ma  précédente  Note  (  '  ). 

»   Voici  les  résultats  des  mesures,  dans  l'ordre  où  ils  ont  été  obtenus  : 


Résistances  électriques 

Températures. 

de  la  tige  en  ohms. 

0 
-h    23,3 

10-^  X  474 

+  44,4 

lo"*^  X  5i6 

+  61 ,55 

10-^ X  55 I 

4-  81, 85 

10-^x588 

(  20  août 

1902) 

+    20,2 

10-^  X  461 

—  74,9 

lo-^x  278,5 

—  62 

io~^  X  3oi 

—  53, 1 

io"^X  3i6 

-  44,6 

lo"*  X  3oi 

-  3i,8 

]o-*  X  354 

—  29,6 

io~^  X  358 

(27  août 

1902) 

H-    20,21 

10-^  X  469 

—  187,2 

lo-^x  107,5 

(28  août 

1902) 

+    20,7 

10-^ X  472 

»  La  résistivité  du  sulfure  de  plomb  pur  et  coulé  est  donc  289,88  mi- 
crohms-cenllmhlYQ  à  la  température  de  H-  20°,  7  C.  Cette  résistivité  diminue 


(')   Comptes  rendus,  i5  septembre  1902,  p.  /j56. 


SÉANCE    DU    3    NOVEMBRE    1902.  7.35 

toujours  à  mesure  que  la  température  devient  plus  basse,  en  sorte  que, 
dans  Tafr  liquide»  la  résistance  électrique  de  la  tige  étudiée  est  inférieure 
au  j  de  sa  valeur  à  la  température  de  -\-  20",  7.  Le  sulfure  de  plomb  coulé 
se  comporte  donc,  entre  les  limites  de  température  considérées,  comme  les 
métaux  purs,  et  sa  résistivité  électrique  est  considérablement  plus  faible 
que  celle  de  la  pyrite  naturelle  FeS-,  dont  la  résistance  diminue  quand  la 
température  s'élève  : 

Résistivilé  électrique. 

Pyrite  naturelle i5i3         x  10^  microhms-centimètre  à     +20"       C. 

Sulfure  de  plomb 289,88  microhms-centimèlre  à     +20°, 7  C. 

»  Si  l'on  trace  la  courbe  qui  exprime  la  variation  de  la  résistance  élec- 
trique avec  la  température,  on  constate  qu'elle  ne  présente  pas  une  forte 

courbure  et  que  la  quantité—  est  d'autant  plus  grande  que  l'on  s'écarte 

davantage  du  zéro  absolu.  Enfin,  après  avoir  été  refroidi  dans  l'air  liquide, 
le  sulfure  de  plomba  repris  sensiblement  sa  résistance  électrique  à  4-  20'*,  7. 
»  J.  Guinchant  (  *  )  a  étudié  le  sulfure  de  plomb  pur  et  coulé  entre  —  ^S** 
et  +  920°.  D'après  lui  la  résistivité  peut  être  représentée  de  —  20** 
à  +  100°  par  la  relation 

p^=:  0,000298  (l  -4-  0,00.50I/). 

»  D'après  mes  expériences,  la  constante  physique  que  nous  étudions 
varie  à  peu  près  proportionnellement  à  la  température,  entre  —  29*^,6 
et  H-  8  1*^,85.  Toutefois,  suivant!.  Guinchant  : 

»  L'allure  delà  courbe  entre  +900°  et  —  25"  fait  prévoir  une  tangente  horizontale 
et,  par  conséquent,  un  minimum  de  résistivité,  mais  à  une  température  très  basse, 
probablement  inférieure  à  —  100°. 

))   Mes  mesures  n'ont  pas  indi(|ué  l'existence  d'un  tel  minimum. 

»  D'autre  part,  F.  Streintz  (")  a  réalisé  une  tige,  par  compression  de  la 
poudre  de  galène  (PbS).  Entre  +  3o°  et  4-  200**,  la  conductibilité  pouvait 
être  obtenue  par  la  formule 

R  =  «  X  T«, 

dans  laquelle  T  est  la  température"  absolue,  a  et  a  deux  constantes.  La 


{^)   Comptes  rendus,  séance  du  26  mai  1902.  p.  1224. 

(-)  Sitzungsber.  der  Akad.der  Wissens.  Vienne,  séance  du  6  mars  1902,  p.  36i. 


736  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

résistivité  diminuerait  donc  quand  la  température  s'élève,  contrairement 
aux  mesures  faites  par  J.  Guinchant  et  aux  nôtres.  En  outre,  la  galène  ayant 
été  placée  par  F.  Streinfz  dans  l'air  liquide,  la  résistance  électrique  est 
devenue  considérable.  Ainsi  une  tige  vieillie  de  galène  ayant  2'^'"  de  lon- 
gueur eto'''"\5  de  section  avait  28  ohms  de  résistance  à  +  22°  et  67000  ohms 
environ  dans  l'air  liquide. 

»  J'ajouterai  que  la  lige  de  sulfure  de  plomb  coulé,  utilisée  pour  mes 
mesures,  était  absolument  massive  et  ne  présentait  aucune  soufflure.   » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  uîi  chlorosulf aie  (V aluminium . 
Note  de  M.  A.  Recoura. 

«  Dans  une  Note  précédente  (Co/?2/?^e^re/irfw^,  21  juillet  1902)  j'ai  montré 
que,  lorsqu'on  porte  à  l'ébullition  une  solution  de  sulfate  de  sesquioxyde 
de  chrome  additionnée  d'un  grand  excès  d'acide  chlorhydrique,  la  molé- 
cule de  sulfate  abandonne  une  partie  de  son  acide  sulfurique,  comme  elle 
le  fait  dans  l'eau  pure,  et  que  ceux  des  hydroxyles  de  l'hydrate  chromique, 
ainsi  devenus  libres  par  la  séparation  de  l'acide  sulfurique,  fixent  de  l'acide 
chlorhydrique,  de  sorte  que  l'on  obtient  un  sel  polyacide  dans  lequel  les 
hydroxyles  de  la  base  sont  saturés,  les  uns  par  de  l'acide  sulfurique,  les 
autres  par  de  l'acide  chlorhydrique.  La  solution  abandonne  en  effet  à  la  cris- 
tallisation un  chlorosulfaLe  CrSO'^CI,  6H'^0,  dont  j'ai  décrit  les  curieuses 
propriétés. 

»  Il  était  intéressant  de  savoir  si  le  sulfate  d'aluminium  se  comporterait 
de  la  même  façon.  J'ai  obtenu  dans  les  mômes  conditions,  c'est-à-dire  par 
cristallisation  d'une  solution  de  sulfate  d'aluminium  faite  dans  l'acide 
chlorhydrique  bouillant,  un  composé  tout  à  fait  semblable,  c'est-à-dire 
le  chlorosulfate  d'aluminium  AlSO^Cl,  6H^'0  (^).  Sa  préparation  est 
calquée  sur  celle  que  j'ai  décrite  pour  le  chlorosulfate  de  chrome.  On 
obtient  ainsi  un  sel  très  soluble  dans  l'eau  et  à  peu  près  insoluble  dans 
l'alcool.  On  remarquera  que  Ton  trouve  dans  ce  composé  les  6"**^'  d'eau 
qui  existent  dans  le  chlorure  d'aluminium  AlCl%  6H-0,  de  même  que  l'on 
trouve  dans  le  composé  correspondant  du  chrome  les  6""°'  d'eau  du  chlo- 
rure chromique. 

»   On  peut   se   demander  si  le  composé  ainsi  obtenu  est  bien  un  sel 


(')  Trouvé  :  Al  =;  I  ;  S0'*  =  0,999;  Cl  =  J  ,002;  H^O  =  5,9. 


SÉANCE    DU    3   NOVEMBRE    1902.  'j'6'J 

polyacide  AlSO'Cl,  on  bien  si  c'est  un  sel  double  AP3S0'*,  AlCl^  pro- 
venant de  l'union  d'une  molécule  de  sulfate  d'aluminium  avec  une  molé- 
cule de  chlorure.  Dans  le  cas  du  composé  chromique,  les  propriétés  du 
corps  et  les  mesures  cryoscopiques  ne  laissent  aucun  doute  à  cet  égard, 
ainsi  que  je  l'ai  fait  voir.  Elles  montrent  que  la  solution  aqueuse  de  ce 
sel  renferme  bien,  au  début,  le  composé  CrSO^Cl,  mais  que  ce  corps 
instable  est  détruit  peu  à  peu  par  Teau,  et  que,  au  bout  de  quelques  jours, 
elle  ne  renferme  plus  qu'un  simple  mélange  Cr^3S0*-l-  CrCP. 

»  Dans  le  cas  du  composé  aluminique,  les  mesures  cryoscopiques 
montrent  que  sa  dissolution  dans  l'eau  n'est,  même  dès  les  premières  minutes, 
qu'un  simple  mélange  de  sulfate  d'aluminium  et  de  chlorure.  En  effet, 
l'abaissement  du  point  de  congélation  de  la  solution  aqueuse  de  ce  com- 
posé est  la  somme  des  abaissements  du  sulfate  et  du  chlorure  qu'il  ren- 
ferme (  ^).  Ainsi  donc,  tandis  que  le  chlorosulfate  de  chrome  n'est  détruit 
que  lentement  par  l'eau,  celui  d'aluminium  est  détruit  en  quelques  instants. 
Par  conséquent,  l'étude  de  la  dissolution  ne  permet  pas  de  résoudre  la 
question  de  la  constitution  du  composé  solide. 

»  Mais,  étant  donné  qu^il  se  produit  exactement  dans  les  mêmes  condi- 
tions que  le  composé  chimique,  qu'il  a  exactement  la  même  composition 
que  lui,  on  peut  considérer  comme  vi  aisemblable  qu'il  a  la  même  consti- 
tution, c'est-à-dire  que  c'est  un  sel  polyacide. 

>j  Cette  manière  de  voir  est  d'ailleurs  confirmée  par  le  fait  suivant  ;  si  le 
composé  était  un  sel  double,  on  l'obtiendrait  vraisemblablement  en  faisant 
cristalliser  un  mélange  de  sulfate  et  de  chlorure  dissous  dans  l'eau.  Or, 
dans  la  caùstallisation  d'un  tel  mélange,  il  ne  se  forme  pas  trace  de  chloro- 
sulfate d'aluminium  ;  les  cristaux  que  l'on  obtient  sont  un  mélange  en  pro- 
portions variables  de  sulfate  et  de  chlorure,  mélange  qui,  traité  par  l'alcool, 
lui  abandonne  la  totalité  du  chlorure  qu'il  renferme,  tandis  que  le  chloro- 
sulfate est  indécomposable  par  l'alcool  dans  les  mêmes  conditions. 

»  Pour  toutes  ces  raisons,  on  peut  donc  admettre  que  le  chlorosulfate 
d'aluminium  AlSO^'Cl,  GH-O  a  la  même  constitution  que  le  chlorosul- 
fate de  chrome  CrSO'Cl,  6H-0.  Or,  j'ai  fait  voir  que  ce  dernier  corps 
est  un  composé  complexe,  que  le  chlore  y  est  dissimulé  et  que,  dans  le 
même  composé  à  S""*^'  d'eau,  l'acide  sulfurique,  lui  aussi,  est  dissimulé.  Il 

(')  En  effet,  une  solution  renfermant  4°  du  composé  se  congèle  à  — 0°,  5o.  Or  les 
quantités  de  sulfate  et  de  chlorure  qu'ils  renferment  produisent,  à  la  même  dilution, 
des  abaissements  qui  sont  respectivement  o°,22  et  o°,3o  et  dont  la  somme  est  o",52. 


738  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

est  donc  probable  qu'il  en  est  de  même  dans  le  composé  aluminique.  Mais, 
tandis  qu'on  peut  le  constater  pour  le  composé  chromique  parce  qu'il  n'est 
décomposé  que  lentement  par  l'eau,  on  ne  peut  pas  le  fiiire  pour  le  com- 
posé aluminique,  puisqu'il  est  instanlanément  détruit  par  l'eau. 

»  Il  en  est  de  même  pour  toute  la  série  des  composés  complexes  du 
chrome  que  j'ai  étudiés.  On  peut  mettre  en  évidence  leurs  propriétés, 
parce  que,  quoique  fragiles,  la  dissolution  ne  les  détruit  pas  immédiate- 
ment. 11. n'est  pas  improbable  que  des  composés  analog^ues  existent  pour 
l'aluminium,  mais  il  est  vraisemblable  que  ces  composés,  comme  le  chloro- 
sulfate  d'aluminium,  sont  très  rapidement  détruits  par  la  dissolution. 

))  On  devait  s'attendre  à  ce  que  le  sulfate  ferrique  donnât  naissance  à  un 
composé  analogue.  Il  n'en  est  rien.  Dans  les  mêmes  conditions,  le  sulfate 
ferrique  donne  naissance,  non  pas  à  un  chlorosulfate,  mais,  d'une  part,  à 
du  chlorure  ferrique  et,  d'autre  part,  à  un  sulfate  acide 

Fe23SO%  SOnP,  81-PO 
dont  je  poursuis  en  ce  moment  l'étude.  )> 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  un  procédé  général  de  formation  des  azotures 
métalliques.  Note  de  M.  Guntz,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

«   J'ai  mesuré  autrefois  la  chaleur  de  formation  de  l'azoture  de  lithium, 
et  j'ai  trouvé  que 

Li^  sol.  -h  Az  gaz.  =::=  LiWz  sol.  H-  f^(f-''\  5     (  '  ). 

»   Si  l'on  fait  réagir  sur  ce  composé  un  chlorure  métallique  MCI,  on  a, 
pour  la  réaction, 

Li^^  Az  +  3MC1  =  M-' Az  h-  3Li  Cl  +  Q  calories, 

et  ce  nombre  Q  est  en  général  très  considérable  car  le  chlorure  de  lithium 
est  un  des  chlorures  formés  avec  le  plus  grand  dégagement  de  chaleur. 
Ainsi,  pour  la  réaction  suivante,  si  x  est  la  chaleur  de  formation  de  l'azo- 
ture ferreux,  on  a 

2Li^\z^-  '^FeCl-  ^  Fe='Az-  +  ôLiCl  4-  241^=»', 8  -f-  x. 


(')  GuNTZ,  Comptes  rendus,  t.  CXXIII,  p.  995. 


SÉANCE    DU    3    NOVEMBRE    I902.  789 

))  Il  y  a  donc  un  excès  considérable  de  chaleur  disponible  permettant 
la  formation  de  Tazolure  ferreux. 

»  J'ai  donc  essayé  cette  réaction  à  cause  de  l'intérêt  que  présentent  ces 
composés.  La  combinaison  de  l'azote  avec  le  fer  a  été  en  effet  très  étudiée, 
et  l'on  a  proposé  de  nombreuses  formules  pour  représenter  la  composi- 
lion  des  produits  obtenus;  ainsi,  notamment,  les  recherches  récentes  de 
M.  G.-J.  Fowler  (')  semblaient  donner  la  formule  Fe^Az. 

))   On  obtient  cependant  facilement  les  azotures  Fe^Az^,FeAz. 

»  Pour  obtenir  l'azoture  ferreux  j'ai  chauffé,  en  un  point,  dans  une  nacelle  en 
fer,  is  de  Li-^\z  avec  iqs  du  chlorure  double  aKClFeCl^  L'incandescence  se  produit 
dans  la  partie  chauffée  et  se  propage  dans  toute  la  masse;  je  n'ai  pas  employé  FeCl^ 
pur,  car  la  réaction  est  trop  énergique. 

»  On  lave  le  produit  obtenu  dans  une  atmosphère  de  CO^,  car  il  est  très  oxydable, 
et  l'on  obtient  de  l'azoture  ferreux  pur.  C'est  une  poudre  noirâtre,  très  oxydable  à 
l'air  et  par  l'eau  aérée,  soluble  dans  H  Cl  étendu. 

))  La  réaction  de  Li^\z  sur  FeCPKCl  s'opère  de  la  même  manière, 
mais  elle  est  plus  énergique  encore;  il  faut  pulvériser  séparément  les  deux 
produits  et  les  mélanger  doucement  dans  la  nacelle.  Si  l'on  ne  prend  pas 
cette  précaution,  le  mélange  prend  feu  en  projetant  des  étincelles,  et  le 
mortier  est  souvent  brisé  par  suite  du  grand  dégagement  de  chaleur. 

»  Après  refroidissement,  le  contenu  de  la  nacelle  est  lavé  à  l'eau  bouil- 
lante, puis  séché  à  loo"*;  l'analyse  montre  que  l'on  a  obtenu  de  l'azoture 
ferrique  FeAz  pur,  composé  noir  qui,  chauffé  sur  une  lame  de  platine, 
devient  incandescent  en  se  transformant  en  oxyde  de  fer;  il  est  beaucoup 
moins  oxydable  que  l'azoture  ferreux. 

»  La  réaction  de  Li^Az  sur  le  chlorure  chromique  CrCP  est  également 
très  "énergique;  en  opérant  comme  pour  FeCP,  on  obtient  l'azoture  de 
chrome  CrAz  pur  dont  les  propriétés  sont  celles  indiquées  par  M.Ferée  (-). 

»  La  stabilité  de  l'azoture  de  chrome  m'a  engagé  à  remplacer  Li^Az  par 
l'azoture  de  magnésium  et  l'expérience  m'a  montré  que  la  double  décom- 
position se  produit  de  la  même  manière  et  est  même  plus  facile  à  opérer. 

»  Ce  mode  de  formation  des  azotures  me  semble  général  et  je  compte  le 
vérifier  pour  d'autres  composés. 

»  L'hydrure  de  lithium  semble  se  comporter  comme  Fazoture  dans  ces 
doubles  décompositions. 


(')  G.-J.  FowLER,  Proceedings  of  tlie  chemicaL  Society,  t.  CCXVI,  p.  209. 
(-)    Ferée,  Bulletin  de  la  Société  chimique,  1901,  p.  618. 


74o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Lorsqu'on  chaufTe  un  chlorure  avec  de  Fhydrure  de  lithium,  il  y  a,  la  plupart  du 
temps,  réaction  et  quelquefois  avec  explosion. 

»  En  chauflTant,  par  exemple,  LiH  +  MgCP,  il  y  a  réaction;  mais,  en  même  temps, 
l'hydrure  de  magnésium  se  décompose  presque  complètement,  par  suite  de  la  tempé- 
rature élevée  de  la  réaction;  avec  le  chlorure  de  palladium,  la  réaction  se  produit  et 
le  mélange  prend  feu,  rien  que  par  le  mélange  des  substances. 

»  Je  m'occupe  de  déterminer  les  conditions  assez  délicates  permettant 
d'obtenir  les  divers  hydrures  métalliques,  notamment  en  opérant  sous  de 
fortes  pressions  d'hydrogène.  » 

CHIMIE  MINÉRALE.  —  Suj'  le  baryum- ammonium  et  Vamidure  de  baryum.. 
Note  de  M.  Mentrfx,  présentée  par  M.  Haller. 

«  M.  Guntz  a  montré  (')  que  le  baryum  et  le  strontium  métalliques  se 
dissolvent  dans  l'ammoniac  liquide  pour  donner  des  composés  mordorés 
semblables  aux  autres  ammoniums  préparés  par  M.  Joannis  (^)  et  par 
M.  Moissan  ('). 

»  Nous  avons  étudié  les  conditions  de  formation  du  baryum-ammonium 
et  ses  propriétés. 

»  Lorsqu'on  fait  passer  du  gaz  ammoniac  sur  le  baryum,  on  constate  que  ce  métal 
ne  s'attaque  pas  au-dessus  de  ~\-  '28°.  Au-dessous  de  cette  température  il  se  forme  un 
produit  solide  rouge  mordoré  se  transformant  en  un  liquide  bleu  lorsque  la  tempéra- 
ture baisse  au-dessous  de  — 23".  Vers  — 5o°  il  se  sépare  un  liquide  huileux  bleu 
foncé,  peu  soluble  dans  l'ammoniac  liquide  qu'il  colore  en  bleu  pâle. 

»  Au-dessous  de  —  28°  ces  composés  sont  stables;  à  partir  de  —  i5°,  ils  se  trans- 
forment en  amidure  d'autant  plus  rapidement  que  la  température  est  plus  élevée. 

»  Voici  les  tensions  de  dissociation  du  baryum-ammonium  que  nous  avons  observées 
en  opérant  toujours  en  présence  d'un  excès  de  baryum  : 


Pensions 

en  1 

millimètres 

Température. 

de 

mercure. 

—63 

19 

-3i 

38 

-19 
0 

59 
i58 

-^19 

-^28 

5o7 

78.5 

(*)  Guntz,  Bull.  Soc.  des  Sciences  de  Nancy,  1902. 

(-)  Joannis,  Comptes  rendus,  t.  GIX,  p.  900,  966;  t.  CXII,  p.  392;  t.  CXUL  p.  796; 
t.  CXV,  p.  820. 

(^)  MoissÀN,  Comptes  rendus,  t.  GXXVU,  p.  685. 


SÉANCE    DU    3    NOVEMBRE    1902.  'j^\ 

»  Nous  avons  analysé  ce  composé  par  la  méthode  de  M.  Joannis,  en  cherchant  à 
diverses  températures  la  composition  du  produit  limité  qui,  en  perdant  une  trace 
d'ammoniac,  donne  du  baryum  libre.  On  trouve  ainsi  :  à  o",  Ba  +  6,  i  AzIP  ;  à  — 28°, 
Ba  -h  6,3  Az  IP  ;  à  — 5o°,  Ba  -+-  6,97  Az  H^,  les  tensions  de  ces  composés  étant,  à  tempé- 
rature égale,  les  mêmes  que  les  tensions  de  dissociation  indiquées  précédemment. 

»  A  basse  température,  le  baryum-ammonium  renferme  donc  un  léger  excès  d'am- 
moniac provenant  de  la  dissolution  de  ce  gaz  dans  le  composé  solide  dont  la  formule 
semble  être  Ba(AzH')^.  M.  Moissan  avait  trouvé  pour  le  composé  analogue  du  cal- 
cium la  formule  Ca(AzîP)\ 

»  Il  semble  donc  que  la  proportion  du  gaz  ammoniac  combiné  avec 
les  métaux  de  cette  famille  augmente  avec  le  poids  atomique;  pour  le 
vérifier,  nous  nous  proposons  de  déterminer  la  formule  du  strontium- 
ammonium. 

»  Les  propriétés  du  baryum-ammonium  sont  semblables  à  celles  des 
autres  ammoniums;  il  prend  feu  au  contact  de  l'air,  se  décompose  très 
vivement  par  l'eau. 

»  L'oxygène  à  basse  température  est  absorbé  en  donnant  un  mélange  de 
bioxyde  de  baryum  et  de  baryte. 

»  Avec  le  bioxyde  d'azote,  nous  avons  obtenu  l'hypoazotite  de  baryum, 
solide  blanc  Ba  (Az  O)-. 

»  L'action  de  Toxyde  de  carbone  sur  la  solution  ammoniacale  de  baryum- 
ammonium  nous  a  permis  de  préparer  un  composé  nouveau,  le  baryum- 
carbonyle  Ba  (CO)-,  corps  solide,  jaune,  se  décomposant  sans  explosion  au 
contact  de  l'air  et  par  la  chaleur,  soluble  dans  l'eau  avec  décomposition. 

»  En  faisant  passer  du  gaz  ammoniac  sur  le  baryum  chauffé  dans  une  nacelle  en  fer, 
on  constate  que  l'attaque  a  lieu  à  280°.  11  se  forme  un  liquide  gris  devenant  vert,  puis 
rouge  lorsque  la  température  augmente.  Il  se  forme  de  l'amidure  de  baryum  : 

Ba  +  2  Az  H»  :=  Ba  (  Az  H-  f  +  H-. 

»  A  460°,  l'amidure  fondu  bout  en  dégageant  un  mélange  d'azote  et  d'hydrogène 

dans  le  rapport  -— -  =  o. 

»  A  65o°,  il  se  forme  un  produit  solide,  jaune  orangé,  fusible  seulement  à  1000".  En 
abaissant  la  température  et  en  opérant  toujours  dans  un  courant  d'ammoniac,  les  phé- 
nomènes inverses  se  produisent;  le  composé  redevient  liquide  vers  45o°,  puis  se  soli- 
difie à  280°. 

»  Ces  changements  curieux  sont  dus  à  la  transformation,  par  la  cha- 
leur, de  l'amidure  Ba(AzH-)-  en  azoture  Ba'Az-,  et,  par  refroidissemenl, 
de  l'azoture  en  amidure,  comme  les  analyses  nous  l'ont  montré,  ces  réac- 

C.  H.,  1902,  i»  Semestre.  (T.  CXXXV,  M»  18)  9" 


742  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

lions  étant  accompagnées  d'une  décomposition  illimitée  de  l'ammoniac  en 
ses  éléments. 

»  En  opérant  dans  le  vide,  nous  avons  obtenu  de  l'azoture  de  baryum 
pur  et  exempt  de  fer.  Il  se  produit  donc,  à  chaque  température,  un  équi- 
libre entre  Ba^Az^  et  Ba(AzH^)-,  d'après  la  réaction 

:3Ba(AzH-)--rBa'Az^-^4AzH^ 

»  Nous  avons  vérifié  que  l'amidure  de  lithium  donne  nettement  une 
transformation  analogue,  qui,  probablement,  se  produit  aussi  pour  l'ami- 
dure de  sodium,  mais  en  très  faible  proportion,  aux  températures  où  l'on 
peut  opérer  dans  le  vide  sans  dissocier  totalement  NaAzH^.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  quelques  produits  d'oxydation  de  l'aniline  par 
l'oxygène  de  l'air.  Note  de  M.  C.-I.  Istrati,  présentée  par  M.  Arm. 
Gautier. 

«  On  sait  depuis  longtemps  que  l'aniline  brunit  à  la  longue  au  contact 
de  l'air  et  finit  même  par  se  résinifier.  Quelle  que  soit  la  multiplicité  des 
méthodes  qu'on  a  employées  pour  essayer  d'oxyder  l'aniline,  les  résultats 
que  nous  allons  faire  connaître  semblent  prouver  que  la  liste  des  corps 
résultant  de  l'oxydation  de  cette  substance  est  bien  loin  d'être  close. 

»  L'air  a  une  action  très  grande  sur  l'aniline  portée  à  l'ébuUition  ;  en 
même  temps  qu'elle  s'unit  à  l'oxygène,  elle  se  condense  en  différents 
groupements  nouveaux.  Pendant  la  réaction,  ou  observe  la  production 
d'eau  en  quantité  et,  chose  plus  curieuse,  d'un  peu  d'ammoniaque. 

»  Dans  un  ballon  surmonté  d'un  appareil  réfrigérant,  on  introduit  25os  d'aniline 
pure.  L'air  préalablement  séché  y  pénètre  par  un  tube  en  verre;  il  est  aspiré  au  moyen 
d'une  trompe,  réunie  au  tube  abducteur  du  réfrigérant  à  reflux. 

»  Après  lo  heures  de  chauff'age,  l'aniline  se  colore  déjà  en  brun.  Après  lo  jours,  le 
liquide  est  noir  et  visqueux.  Peu  à  peu  il  dépose,  pendant  la  nuit,  des  cristaux  noi- 
râtres. La  masse  est  complètement  solide  à  partir  du  vingt-cinquième  jour. 

»  Cette  masse,  confusément  cristalline,  est  jetée  sur  un  filtre  et  lavée  à  l'alcool 
froid.  11  reste  sur  le  filtre  une  masse  rouge  brunâtre  (A);  à  travers  le  filtre  passe  un 
liquide  noir  qui  entraîne  aussi  l'aniline  non  oxydée  (B). 

y  On  reprend  à  froid  la  masse  (A)  par  le  chloroforme  qui  dissout  facilement  une 
substance  rouge  foncé  (G),  et  laisse  sur  le  filtre  une  substance  grisâtre  franchement 
cristallisée  (D). 

»  Cette  dernière  partie  est  reprise  dans  un  appareil  à  extraction,  à  chaud,  d'abord 
par  l'alcool,  qui  enlève  une  substance  plus  ou  moins  colorée  en  noir,  cristallisable  en 


SÉANCE    DU    3    NOVEMBRE    1902.  n^^ 

longues  aiguilles.  Après  plusieurs  cristallisations  et  décolorations  par  le  noir  animal, 
on  l'obtient  en  belles  aiguilles  incolores  longues  de  plusieurs  centimètres  et  fondant 
à  238"-239"  : 

1)  L'analyse  de  ce  corps  a  donné  pour  foo  :   C  =  74:.43;   H  =  5,96;  Azz=;i3,23. 

A  froid 
(3o''-3i°).  A  l'ébullition. 

I  oos  d'alcool  en  dissolvent os,  S8  4^)  ^5 

loos  de  chloroforme  en  dissolvent os,o65  o^,  1/41 

»  L'acide  azotique  attaque  ce  corps  et  donne  avec  lui  un  mélange  de  plusieurs 
dérivés  nitrés. 

»  La  partie  facilement  soluble  dans  l'alcool  est  extraite  par  le  chloroforme.  Après 
plusieurs  cristallisations  dans  le  toluène,  on  obtient  un  corps  fusible  à  201°,  en 
petites  écailles  incolores,  luisantes  et  ressemblant  au  carbazol. 

»  Le  corps  est  indifférent,  brûle  difficilement  pendant  la  combustion  et  paraît  s'ap- 
procher de  la  formule 

O 

II 

CM    V       I 


II 
O 
qui  veut  pour  100  : 

C=z'-o,6o;         H=4i^4)         Az=:ii,7C), 

nous  avons  obtenu  à  l'analyse,  pour  100  :   C=:  70,57;  H  =  5, 19;   Az::r:ii,54. 

A  froid 
(Si'-Sa").  A  l'ébullition. 

lOQo  d'alcool  en  dissolvent os,oio  os,  342 

loos  de  chloroforme  en  dissolvent 08,  i37  os,  5o8 

»  Le  dérivé  nitré  fusible  à  247°,  soluble  dans  l'alcool,  contient  pour  100  :  0  =  39,61  ; 
11  =  2,93;  Az  =  19,54. 

»  La  partie  soluble  dans  le  chloroforme  (G)  avec  une  forte  couleur  rouge  est  extraite 
à  plusieurs  reprises  par  l'alcool.  On  obtient  ainsi  un  corps  cristallisé  soyeux,  de  cou- 
leur rouge  violacé,  fusible  entre  207"  et  208°. 

»  L'analyse  a  donné  pour  100  :  G  =  80, 24;  II  =  6,37  ;  Az  =  1 1 ,45. 

»  Ge  corps  paraît  répondre  à  la  formule 

(G«H5— AzH)^=G«H'--0  — C''ll*=(AzH  — G'^PI^)S      . 

qui  veut  pour  100  :  G  =80,37;  H=r5,63;   Az  =  11,75,  et  qui  explique   en    même 

temps  le  caractère  neutre  de  la  substance. 

A  froid 

(3i"-32").  A  lY-buliition. 

loo'  d'alcool  en  dissolvent 0',o57  0*^,34 

1008  de  chloroforme  en  dissolvent.  .      o'^,  38  8^,  25 


744  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Traité  par  le  nitrite  de  sodium,  en  solution  acétique,  ce  corps  se  colore  immédia- 
tement en  rouge  de  sang  et  se  dissout  plus  facilement.  Précipité  par  l'eau,  on  isole  un 
composé  cristallisé  rouge,  plus  soluble  dans  le  chloroforme  que  dans  l'alcool.  Ce  dérivé 
nitrosé  fond  à  190°-I97°;  l'analyse  a  donné  pour  loo  :  Cz=;68,85  ;  H  =  4;9i  ;  Az-=i  1,96. 

»  La  partie  (B)  est  distillée  d'abord  directement  pour  extraire  l'alcool,  puis  dans 
un  courant  de  vapeur  d'eau  pour  chasser  l'aniline.  Le  résidu  est  traité  de  la  même 
manière  que  le  corps  (A).  Des  restes  plus  solubles  dans  l'alcool  on  peut  extraire,  par 
l'eau,  un  corps  incolore  cristallisant  en  belles  lamelles  fusibles  à  iiC-ua". 

»   L'analyse  nous  donne  pour  100  :  C=:  69,76;  H  =:  6,81  ;  Az  =  10,21. 

))  Cette  substance  est  très  instable.  Pendant  la  concentration  des  eaux  mères  au 
bain-marie,  elle  s'oxyde  et  se  transforme  en  une  masse  rougeâtre,  insoluble  dans  l'eau, 
qui  paraît  être  le  corps  fusible  à  207°-2o8°. 

»  Quant  au  rendement,  le  corps  rouge  violacé  se  produit  en  très  grande 
quantité;  les  corps  fusibies  à  2^1°  et  à  289°  se  prorkiisent  presque  en 
même  proportion  :  approximativement  5  pour  loo  par  rapport  au  composé 
rouge.  I.e  corps  fusible  à  iio°-i  12*^  se  produit  en  très  petite  quantité. 

»  Je  me  propose  de  présenter  la  suite  de  cette  étude  ilans  une  Commu- 
nication ultérieure.    » 


CHIMIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  une  matière  albuminoïde  extraite  du  grain  de  maïs. 
Note  de  MM.  E.  Doxard  et  H.  Labbé,  présentée  par  M.  A.  Ditte. 

«  Seul,  parmi  les  matières  albuminoïdes  des  céréales,  le  gluten  des 
froments  a  fait,  jusqu'à  présent,  l'objet  d'études  approfondies.  Ritt- 
hausen  (')  a  considéré  le  gluten  comme  un  produit  complexe  formé  de 
trois  matières  protéiques  distinctes  :  la  gluten-fibrine  ou  glulènine,  la 
gliadine  et  la  mucèdine.  Ces  matières  se  différencient  surtout  les  unes  des 
autres  par  leurs  inégales  solubilités  dans  l'alcool  éthylique  à  diverses 
concentrations.  M.  Fleurent  (^)  a  tiré  un  heureux  parti  de  ces  propriétés 
pour  réaliser  le  dosage  des  proportions  relatives  degluténine  et  de  gliadine 
dans  les  diverses  farines. 

»  Par  de  l'alcool  convenablement  dilué  et  à  l'aide  d'épuisements  métho- 
diques, on  peut  aussi,  suivant  Ritthausen  (^),  retirer  du  maïs  un  mélange 
de  matières  albuminoïdes  présentant  un  aspect  analogue  à  celui  des  consti- 


(')  Les  corps  protéiques  des  céréales.  Bonn,  1872, 

(-)  Comptes  rendus,  t.  CXXIII,  p.  827  et  754. 

(*)  Les  corps  protéiques  des  céréales.  Bonn,  1872,  p.  ii5-]  17. 


SÉANCE    DU    3    NOVEMBRE    1902.  745 

tuants  du  gluten  de  blé,  mais  qui  jouissent  de  propriétés  chimiques  les 
différenciant  complètement  des  glutens  de  blé. 

»  Ayant  cherché  à  réaliser  une  méthode  qui  permît  l'extraction  des 
matières  protéiques  du  maïs,  non  plus  sous  la  forme  visqueuse  et  gluante, 
plus  ou  moins  facile  à  dessécher,  que  leur  assigne  Ritthausen,  mais  sous  un 
aspect  physique  convenable  et  dans  un  état  de  pureté  chimique  absolu, 
nous  avons  reconnu  la  solubilité  à  chaud  dans  l'alcool  iso-amylique  d'une 
partie  des  matières  protéiques  du  grain  de  mais,  parallèlement  avec  l'inso- 
lubilité absolue  du  gluten  de  blé  dans  le  même  solvant. 

»  Du  maïs  réduit  en  farine  est  préalablement  desséché  et  privé  de  son  huile  par  un 
épuisement  à  la  benzine  cristallisable;  on  le  soumet  ensuite  à  l'épuisement  à  chaud 
par  son  poids  environ  d'alcool  amylique  anhydre.  Au  bout  de  8  heures,  la  solution 
amjlique  estprécipitée  par  un  ex-cès  (environ  trois  fois  son  volume)  de  benzine  cristal- 
lisable. La  matière  albuminoïde,  à  peu  près  complètement  insoluble  dans  ce  mélange, 
forme  un  précipité  floconneux  que  l'on  jette  sur  un  filtre  et  qu'on  lave  à  la  benzine 
jusqu'à  ce  que  les  liquides  de  lavage  ne  contiennent  plus  trace  d'alcool  amylique.  On 
sèche  ensuite  la  matière  dans  le  vide  sec  à  basse  température  ou  on  l'étend  sur  du 
papier  à  filtre.  Par  évaporation  de  la  benzine  qui  l'imprègne,  il  reste  finalement  une 
substance  pulvérulente  que  l'on  achève  de  priver  de  benzine  dans  l'étuve  à  ioo°. 

»  Si  l'on  extrait,  par  le  procédé  de  Ritthausen,  la  masse  impure  des  albuminoïdes 
du  maïs,  et  qu'on  traite  celle-ci  par  l'alcool  amylique,  on  la  sépare  en  deux  parties  : 
l'une  rigoureusement  insoluble,  l'autre  soluble  à  chaud  dans  cet  alcool.  La  dernière 
s'identifie  complètement  avec  la  matière  extraite  du  maïs  lui-même  par  le  procédé 
décrit  ci-dessus.  Nous  reviendrons  ultérieurement  sur  les  conditions  de  cette  analyse 
immédiate. 

»  La  matière  obtenue  par  l'une  et  l'autre  méthode,  que  nous  désignons 
sous  le  nom  de  maïsine  parce  que  nous  ne  l'avons  pas  encore  rencontrée 
dans  les  autres  céréales  ou  légumineuses  (sauf  une  minime  proportion  dans 
le  sorgho),  se  présente  sous  l'aspect  d'une  poudre  blanche,  extrêmement 
fme  et  légère,  ayant  la  composition  centésimale  suivante  ; 

C  :  54,72;     II  :  7,63;     Az  :  15,90;     S  :  0,80;     cendres  :  0,06. 

»  Du  poids  du  soufre  on  déduit,  pour  la  molécule,  un  poids  mmimum 
de  4000  qui  correspondrait  à  une  composition  ;  C"'^H^*'"A//''0^' S.  Cette 
formule  exige  les  pourcentages  suivants  des  éléments  : 

C :  54,80;     H  :  7,5;     Az :  16,00;      S: 0,8. 

»  La  maïsine  est  insoluble  dans  l'eau  à  froid  comme  à  chaud,  ainsi  que  dans  les 
diverses  solutions  salines.  Cependant,  par  une  longue  ébuUitioii  avec  l'eau,  elle  s'hydro- 
lyse  faiblement  et  donne  à  l'évaporation  un  léger  résidu  soluble. 


746  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

»  Elle  est,  soluble  dans  les  alcools  méthyliquc  et  éthylique  et  dans  l'acétone.  Sa 
solubilité  est  beaucoup  plus  grande  à  chaud  et  ses  solutions  dans  ces  divers  solvants 
précipitent  par  refroidissement.  La  maïsine  précipite  également  de  ces  solutions  par 
l'éther  hvdraté  ou  absolu,  !a  benzine,  les  hydrocarbures,  mais  dans  un  état  d'hydra- 
tation qui  la  transforme  en  une  matière  gluante  se  collant  aux.  vases  et  donnant,  par 
dessiccation,  une  matière  jaune  translucide  et  cornée.  La  maïsine  est  également  soluble 
dans  l'acétate  d'amyle  bouillant  en  très  petite  quantité,  et  ce  dernier  la  laisse  déposer 
à  froid  en  poudre  blanche. 

w  Insoluble  dans  les  solutions  aqueuses  acides  (acide  acétique  à  2  et  5  pour  100), 
elle  développe  une  odeur  spéciale  par  ébullltion  au  sein  de  ces  dernières.  Elle  est 
soluble,  au  contraire,  dans  les  solutions  aqueuses  de  soude  ou  de  potasse  à  i  ou 
2  pour  100  ou  même  plus  faibles  (^^P^).  Les  solutions  alcoolo-potassiques  extrêmement 
étendues  la  dissolvent  aisément. 

»  Dans  les  alcools  supérieurs,  prop^diqne,  isobutvlique,  la  maïsine  est  soluble 
comme  dans  l'alcool  amylique.  Ce  dernier  ne  dissout,  à  froid,  que  des  traces  de 
maïsine;  à  chaud,  au  contraire,  les  quantités  d'albuminoïde  dissoutes  atteignent  11  à 
11,5  pour  100  du  poids  de  l'alcool  employé. 

»  La  teneur  des  maïs  en  maïsine  est  de  4  à  4,5  pour  100  environ. 

»  L'étude  des  diverses  céréales,  légumineuses  et  maïs,  relativement  à 
leur  teneur  en  maïsine,  et,  d'antre  part,  l'étude  des  propriétés  chimiques 
et  biologiques  de  cette  dernière  feront  l'objet  de  prochaines  Communica- 
tions.   « 


CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  Sur  le  dosage  de  l'oxyde  de  carbone  et  de  V acide 
carbonique  dans  les  airs  viciés.  Note  de  M.  Ferdixaxd  Jean,  présentée 
par  M.  Amagat. 

«  A  côté  d'intoxications  aiguës  et  mortelles  causées  par  l'oxyde  de  car- 
bone et  l'acide  carbonique,  dont  les  exemples  répétés  et  récents  ont  ému 
le  public,  les  intoxications  lentes,  résultant  d'un  manque  de  venti- 
lation, de  foyers  de  chauffage  défectueux,  de  fissures  ou  de  crevasses  dans 
le  corps  des  cheminées,  ne  sont  pas  moins  dangereuses  pour  la  santé;  car, 
ces  gaz  n'affectant  pas  l'odorat,  on  n'en  peut  déceler  la  présence  que  par 
une  analyse  compliquée  de  l'air  suspect,  ou  une  expérimentation  physiolo- 
gique très  délicate. 

»  Nous  avons  pensé  que  le  corps  médical  ferait  bon  accueil  à  un  appareil 
simple  et  pratique  qui  permettrait  de  faire  rapidement,  au  point  de  vue  de 
l'oxyde  de  carbone  et  de  l'acide  carbonique  à  dose  anormale,  l'examen 
des  airs  confinés,  viciés  ou  suspects. 


SÉANCE    DU    3    NOVEMBRE    T902.  ■74-7 

»  L'appareil  qui  fait  l'objet  de  cette  Note  nous  paraît  répondre  aux  con- 
ditions que  comportait  la  solution  de  la  question;  il  permet,  en  effet,  non 
seulement  de  déceler  la  présence  de  traces  d'oxyde  de  carbone,  mais 
encore  de  déterminer  quantitativement  la  dose  d'oxyde  de  carbone  et 
d'acide  carbonique  contenus  dans  l'air  vicié,  et  cela  automatiquement, 
sans  exiger  de  l'opérateur  des  connaissances  scientifiques,  ni  l'habitude 
des  manipulations. 

»  Notre  appareil  est  constitué  par  trois  flacons  laveurs  en  verre,  A,  B,  C,  conte- 
nant chacun  un  réactif.  Ces  laveurs  sont  raccordés  par  un  tube  de  caoutchouc  à  un 
aspirateur  double,  à  renversement,  de  10'  de  capacité,  muni  d'un  niveau  gradué  par 
demi-litres,  et  dont  le  débit  est  réglé  de  façon  à  faire  passer  lentement  l'air  dans  les 
laveurs,  à  raison  de  10^  par  heure. 

»  Le  laveur  C  porte  un  petit  tube  de  verre  garni  de  ouate  hydrophile,  destinée  à 
retenir  les  poussières  en  suspension  dans  l'air,  sur  lequel  on  fixe  le  tube  de  caoutchouc 
qui  sert  à  puiser  l'air,  par  aspiration,  dans  la  pièce  dont  il  s'agit  d'étudier  l'air. 

»  Le  laveur  A  renferme  ôo*^™'  d'une  solution  de  chlorure  de  palladium  au  millième, 
aussi  neutre  que  possible.  Sous  l'action  d'une  certaine  quantité  d'oxyde  de  carbone,  il 
se  forme  du  palladium  reconnaissable  au  dépôt  noirâtre  qui  se  produit  d'abord,  sur 
les  parois  des  tubes,  à  la  partie  supérieure  du  laveur  ;  on  observe  ensuite,  si  l'on  pousse 
l'opération,  la  formation  d'une  poudre  noire,  et  la  décoloration  partielle  du  réactif. 

»  Le  chlorure  de  palladium  peut  être  remplacé,  dans  le  laveur  A,  par  une  solution 
de  nitrate  d'argent  ammoniacal,  au  centième,  que  l'on  prépare  en  ajoutant,  dans  la 
solution  ammoniacale  de  nitrate  d'argent,  du  nitrate  d'argent  jusqu'à  formation  d'un 
commencement  de  précipité  d'oxyde  d'argent. 

»  Nous  avons  constaté  qu'une  semblable  solution  filtrée,  employée  à  froid,  possède, 
à  l'égard  de  l'oxyde  de  carbone,  exactement  le  même  degré  de  sensibilité  que  le  chlo- 
rure de  palladium.  Sous  l'action  de  l'air  contenant  de  l'oxyde  de  carbone,  ce  réactif 
prend  une  légère  coloration  violacée,  puis  forme  un  précipité  noir,  si  l'on  fait  passer 
un  plus  grand  volume  d'air  contenant  des  traces  d'oxyde  de  carbone. 

»  Nous  avons  déterminé  expérimentalement  la  sensibilité  initiale  de  ces  deux  réactifs 
en  faisant  passer,  dans  le  flacon  laveur,  de  l'air  mélangé  avec  des  volumes  déterminés 
d'oxyde  de  carbone,  et  nous  avons  constaté  que  les  réactifs  indiquaient  la  présence  de 
l'oxyde  de  carbone  lorsque  S*^""'  à  lo"^'"'  d'oxyde  de  carbone  dilués  dans  l'air  avaient 
traversé  le  flacon  laveur. 

»  Le  deuxième  flacon  B  contient  5'=°'"  de  soude  ou  de  potasse  demi-normale,  dans 
45""'  d'eau,  colorée  assez  fortement  avec  du  bleu  C4B.  Expérimentalement,  nous  avons 
reconnu  que,  pour  faire  virer  au  bleu  franc  la  teinte  rouge  violacé  de  l'indicateur,  il 
fallait  faire  passer  dans  le  laveur  88'^'"'  d'acide  carbonique  mélangé  dans  n'importe 
quel  volume  d'air, 

»  C'est  à  dessein  que  nous  avons  diminué  la  sensibilité  du  réactif,  afin  de  ne  pas 
avoir  à  tenir  compte  de  l'acide  carbonique  contenu  normalement  dans  l'air,  ou  qui 
peut  s'y  trouver  à  petite  dose  ;  l'air  confiné  ne  devenant  impropre  à  la  combustion  des 


748  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

bougies  qu'à  la  dose  de  4  à  5  pour  loo  cii  volume,  il  était,  en  effet,  inutile  de  déter- 
miner des  doses  d'acide  carbonique  inférieures  à  i  pour  loo. 

»  Le  laveur  C  contient  de  Tacide  sulfurique  à  66°  Baume  ;  il  est  destiné  à  retenir  les 
carbures  d'hydrogène  et  autres  composés  organiques  volatils,  que  l'air  vicié  par  la 
respiration  ou  la  combustion  renferme  souvent  en  petites  quantités;  la  présence  de 
ces  corps  est  indiquée  par  la  coloration  jaune  plus  ou  moins  foncée  que  prend  l'acide 
sulfurique  au  cours  du  barbotage  de  l'air  dans  le  laveur. 

»  L'appareil  étant  monté  et  mis  en  communication  d'une  part  avec  l'aspirateur 
d'air  et,  d'autre  part,  au  moyen  d'un  tube  en  caoutchouc,  avec  la  pièce  dont  on  se 
propose  d'analyser  l'air,  il  suffit  d'ouvrir  le  robinet  de  l'aspirateur  et  de  noter,  d'après 
le  nombre  de  litres  d'eau  écoulés,  le  volume  d'air  ayant  passé  dans  les  laveurs,  pour 
que  le  réactif  A  indique  la  présence  de  l'oxyde  de  carbone  et  le  volume  d'air  qui  a  été 
nécessaire  pour  faire  virer  au  bleu  le  réactif  B. 

»  Sachant  que  S*^™'  à  lo'^™'  d'oxyde  de  carbone  et  SS*^*"'  d'acide  carbonique  sont 
nécessaires  pour  influencer  les  réactifs  A  et  B  et  connaissant  les  volumes  d'air  qui  ont 
traversé  le  système  de  laveurs,  pour  produire  ces  résultats,  il  devient  très  simple  de 
calculer  la  teneur  en  oxyde  de  carbone  et  en  acide  carbonique  de  l'air  analysé. 

»  Si,  par  exemple,  il  a  fallu,  pour  influencer  le  réactif  A,  faire  passer  20^  d'air,  on 
saura  que  cet  air  renferme  de  yôoôU  ^  ToÎtô  d'oxyde  de  carbone.  Si,  pour  faire  virer  le 
réactif  B,  il  a  fallu  3'  d'air,  c'est  que  l'air  analysé  renferme  2,9  pour  100  d'acide  car- 
bonique en  volume. 

»  Les  essais  qui  ont  permis  d'établir  la  sensibilité  initiale  des  réactifs  ayant  été  faits 
avec  de  l'air  à  18°  C,  on  peut  ramener  les  données  analytiques  fournies  par  l'appareil 
au  volume  d'air  à  o°G.,  ou,  par  application  de  la  formule  de  dilatation  de  l'air,  si 
l'analyse  a  porté  sur  de  l'air  à  une  température  différente  de  18°  C,  au  volume  d'air 
à  18°  C. 

»  On  voit  que  cet  appareil  permet  de  doser  des  quantités  très  faibles 
d'oxyde  de  carbone  et  d'acide  carbonique,  dans  les  airs  viciés,  par  simple 
mesure  du  volume  d'air  ayant  traversé  l'appareil,  résultats  qu'on  ne  peut 
obtenir  par  les  méthodes  d'analyse  gazométrique  les  plus  compliquées,  au 
moins  en  ce  qui  concerne  l'oxyde  de  carbone.  » 


ZOOLOGIE.  —  Recherches  sur  le  bourgeonnement  de  Rhabdopleura  Nor- 
manni  AU.  Note  de  MM.  C.  Vaney  et  A.  Conte,  présentée  par  M.  Alfred 
Giard. 

«  Le  bourgeonnement  de  Rhabdopleura  Normanni  aboutit  soit  à  l'accrois- 
sement normal  de  la  colonie,  soil  au  remplacement  d'individus  dégénérés. 
Dans  les  deux  cas,  l'évolution  du  bourgeon  est  identique. 


SÉANCE    DU    3    NOVEMBRE    1902. 


749 


»  Dans  le  premier  cas,  le  pédoncule  d'un  individu  donne  latéralement  un  bourgeon 
plein,  qui  se  développe  en  dehors  de  l'enveloppe  chitineuse  et  ne  tarde  pas  à  présenter 
deux  régions  :  une  région  ovoïde,  très  volumineuse,  qui  formera  l'épistome  et,  à  la 
base  de  celle-ci,  une  masse  pleine  en  forme  de  V  inséré  par  la  pointe,  dont  chaque 
branche  est  le  rudiment  d'un  des  bras  du  lophophore.  Plus  tard,  vers  ce  point  d'inser- 
tion, le  pédoncule  se  renfle  latéralement,  pour  donner  une  masse  allongée  dans  laquelle 
le  rudiment  du  tube  digestif  apparaît  sous  forme  d'une  lumière  contournée.  Sur  des 
coupes,  ce  bourgeon  présente  un  épilhélium  externe  chargé  de  granulations  pigmen- 
taires  et  entourant  une  masse  mésenchymateuse  dont  les  cellules  forment  la  paroi  du 
tube  digestif.  Le  pédoncule  s'allonge  et  l'animal  sécrète  son  tube. 

»  Dans  le  second  cas,  un  individu  adulte  subit  une  dégénérescence  analogue  à  une 
dégénérescence  adipeuse.  Il  se  charge  de  globules  réfringents  qui  restent  groupés  plus 
ou  moins  longtemps.  Cette  dégénérescence  commence  par  le  lophophore,  dont  les  ten- 
tacules secondaires  disparaissent  rapidement;  puis  elle  gagne  tout  l'individu.  Elle 
peut  se  limiter  au  lophophore,  l'épistome  et  la  masse  viscérale.  Alors  le  pédoncule 
régénère  à  son  extrémité  un  nouvel  individu.  Le  plus  souvent,  cette  dégénérescence 
gagne  le  pédoncule  et  se  continue  jusqu'à  la  base  de  la  loge  dans  laquelle  vivait  l'in- 
dividu primitif.  En  ce  point,  le  pédoncule  forme  un  bourgeon  plein  qui  se  développe 
à  l'intérieur  du  tube  et  finit  par  reconstituer  un  nouvel  individu. 

»  Au  cours  d'une  dégénérescence,  il  arrive  que  le  tube  s'enroule  plus  ou  moins  sur 
lui-même  et  que,  dans  son  intérieur,  les  produits  de  la  dégénérescence  restent  groupés 
en  masses  sphériques  ou  ovoïdes.  Ces  masses  ainsi  disposées  ont  été  regardées  à  tort 
comme  des  statoblastes  ou  des  hibernacula  ;  il  est  facile  de  se  convaincre  de  leur  carac- 
tère résiduel. 

»  En  résumé,  une  régénération  des  individus  et  un  bourgeonnement 
latéral  de  leur  pédoncule  concourent  à  la  conservation  et  à  l'accroissement 
des  colonies  de  Rhabdopleura.  Dans  aucun  cas  nos  exemplaires  n'ont  pré- 
senté d'individus  blastogènes  incomplètement  développés  et  donnant  sur 
leur  pédoncule  une  série  de  bourgeons.  Ils  diffèrent  en  cela  de  ceux 
étudiés  par  Ray-Lankester. 

M  En  ce  qui  concerne  les  affinités  de  l{.  Nonnanni,  nous  pensons  que 
celte  espèce  doit  être  rapprochée  des  Bryozoaires  endoproctes.  La  pré- 
sence d'une  enveloppe  tubulaire  chitineuse  sur  le  pédoncule  est  un  carac- 
tère que  l'on  retrouve  chez  les  endoproctes  marins,  tels  que  ceux  du  genre 
Barensia  Hincks.  Comme  chez  ces  derniers,  l'espace  compris  entre  les  vis- 
cères et  la  paroi  du  corps  est  comblé  par  un  tissu  mésenchymateux.  Cer- 
tains caractères  divergents,  tels  que  ceux  tirés  de  l'absence  de  néphridies 
et  de  la  disposition  des  organes  génitaux,  peuvent  résulter  de  ce  fait  que 
R.  Normanni  est  une  espèce  entièrement  fixée  sur  un  support  rigide  et 
dont  la  mobilité  est  limitée  au  calice  qui  sort  ou  rentre  dans  sou  tube. 

C.  R.,  190a,  2'  Semestre.  (T.  CXXXV,  N"  18.)  99 


7^0  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Quanta  la  présence  d'un  tube  sécrété  par  l'épistome,  c'est  là  un  caractère 
acquis  secondairement,  comme  cela  se  voit  dans  divers  groupes  :  Annélides, 
Rotifères,  etc. 

»  Dans  les  phénomènes  de  reproduction,  l'existence  d'une  régénéralion 
des  individus  rappelant  la  régénération  périodique  signalée  chez  Pedicellina 
est  encore  un  caractère  de  rapprochement  entre  les  deux  groupes.  » 


ANATOMIE  ANIMALE.  —  Sur  la  continuité  fibrillaire  des  cellules  épithéliales 
et  des  muscles  chez  les  Nebalia.  Note  de  M.  Alphonse  Labbé,  présentée 
par  M.  Y.  Delage. 

a  On  connaît  un  certain  nombre  d'exemples  de  fusions  de  cellules  épi- 
théliales et  de  fibres  musculaires,  mais  diversement  interprétées.  Pour 
certains  histologistes  (Rohde,  Frenzel,  Nicolas,  Manille  Ide,  etc.),  il  n'y 
a  que  des  relations  de  contiguïté  :  les  fibrilles  musculaires  s'épanouissent 
entre  les  cellules  épithéliales  pour  s'insérer  sur  la  cuticule.  Pour  d'autres 
auteurs  (Leydig,  Berlkau,  Dubosq,  etc.),  il  y  a  continuité  de  substance 
entre  la  cellule  épithéliale  et  la  fibre  musculaire.  Nils  Holmgren  a  trouvé 
récemment  (1902)  des  exemples  de  continuité  et  de  contiguïté  chez  le 
même  animal. 

»  J'ai  trouvé  chez  Nebalia,  où,  du  reste,  Claus  (*)  les  avait  déjà  figu- 
rées en  les  interprétant  différemment,  des  cas  de  continuité  directe  entre 
les  fibrilles  musculaires  et  les  fibrilles  épithéliales,  de  sorte  que  les  muscles 
semblent  s'insérer  directement  sur  la  cuticule  chitineuse  :  le  fait,  qui  est 
surtout  net  pour  le  gros  muscle  adducteur  de  la  carapace,  serait  banal  en 
lui-même  si  je  n'avais  pu  pousser  plus  loin  cette  étude,  dont  voici  les  prin- 
cipaux résultats  : 

»  Indiscutablement,  chez  Nebalia,  la  fibrille  épithéliale  est  la  continuation  directe 
de  la  mjofibrille.  Chaque  fibrille  épithéliale  se  prolonge  jusqu'à  la  cuticule  chitineuse 
et  se  termine  à  la  limitante  par  une  partie  un  peu  plus  élargie.  Dans  les  cellules  épi- 
théliales qui   sont  en  rapport  avec  de  gros  muscles,  comme  le  muscle  adducteur,  les 


(^)  Claus,  Vcher  dcii  Organismus  der  NebaUden  und  die  systematische  Stellung 
der  Leptostraken  (Arb.  Inst.  Wien,  t.  VIII,  PI.  XI,fig.  7).  Pour  Claus,  les  fibrilles 
musculaires  passent  entre  les  cellules  épithéliales,  ce  qui  n'est  pas  exact. 


SÉANCE    DU    3    NOVEMBRE    1902.  ^Sl 

fibrilles  sont  résistantes,  presque  parallèles  et  ont  la  valeur  de  lono fibrilles.  Je  ne 
crois  pas  qu'elles  soient  chitinisées;  en  tous  cas,  dans  la  mue,  elles  persistent  après  le 
détachement  de  la  chitine.  Dans  d'autres  cas,  les  fibrilles  sont  plus  minces,  et  peuvent 
même  se  dichotomiser.  La  cellule  épithéliale  reste  normale;  les  noyaux  même  per- 
sistent, quoique  souvent  atrophiés;  ils  sont  toujours  interfilaires.  La  fibrillation,  ici, 
n'est  qu'une  exagération  de  la  différenciation  qu'on  observe  dans  les  autres  parties  de 
l'épithélium  non  en  rapport  avec  les  muscles. 

»  L'épithélium  cutané  est  limité  intérieurement  par  une  basale  mince,  qui  n'est 
qu'une  simple  limitante,  et  n'est  nullement  chitinisée  (comme  Claus  l'a  observé  chez 
Branchipas  et  Artejyiia).  Au  premier  abord,  la  limitante  basale  semble  se  continuer 
très  nettement  au  niveau  du  muscle,  et,  cependant.  On  voit  très  nettement  chaque  myo- 
fibrille  se  continuer  directement  par  une  tonofibrille. 

»  En  examinant  cette  région  de  plus  près,  on  voit  que  c'est  au  niveau  des  disques 
minces  que  se  trouve  la  basale  ;  d'une  façon  constante,  le  dernier  disque  obscur  est 
à  la  même  distance  du  dernier  disque  mince  que  de  la  basale  ;  il  est  difficile  de  ne 
pas  admettre  que  la  basale  n'est  pas  formée  à  ce  niveau  par  les  disques  minces.  Quel 
que  soit  l'état  de  contraction  du  muscle,  la  relation  est  la  même.  La  différenciation  du 
complexe  histologique  se  fait  donc  au  niveau  du  disque  mince  qui  équivaut  à  la 
basale  ;  c'est  là  que  se  fait  la  séparation  entre  la  tonofibrille  épithéliale,  non  contrac- 
tile, et  la  myofibrille,  contractile,  et  l'épithélium  entier  fonctionne  comme  un  tendon 
non  contractile  (  ^). 

»  Nous  retrouvons  ici  un  cas  de  métamérie  protoplasinique,  suivant  l'expression 
de  M.  Heidenhain  (il  serait  mieux  dédire  métamérie  Jihrillaire)^  analogue  à  celui 
que  ce  dernier  auteur  vient  d'étudier  dans  les  lignes  cimentantes  d'Eberth  ou  mem- 
branes Z  du  muscle  cardiaque  (-).  Là,  comme  chez  Nebalia,  ce  sont  les  disques  minces 
qui  établissent  la  métamérie.  Seulement,  pour  le  muscle  cardiaque,  la  séparation  se 
fait  sur  le  trajet  d'une  myofibrille,  tandis  que,  dans  mon  observation,  le  disque  mince 
sépare  la  myofibrille  d'une  tonofibrille.  En  tous  cas,  nous  trouvons  ici  une  parenté 
nouvelle  entre  des  formations  qui  semblent  aussi  différentes  que  les  disques  minces 
des  myofibrilles,  c'est-à-dire  des  microsomes,  et  les  limitantes  cellulaires. 

»   Nous  pouvons  résumer  ainsi  les  faits  précédents  : 
))   a.  Chez  Nebalia,   il  y  a  continuité  de  substance  entre  la  tonofibrille 
épithéliale  et  la  myofibrille  ; 


(*)  Je  n'ai  pas  la  prétention  de  donner  ces  faits  comme  une  règle  générale:  il  y  a 
peut-être  là  un  cas  particulier,  car  d'autres  auteurs,  Dubosq  par  exemple,  voient  la 
striation  musculaire  commencer  à  une  certaine  distance,  très  variable,  de  l'épithé- 
lium ;  mais,  dans  ce  dernier  cas,  il  serait  intéressant  de  voir  ce  que  sont  devenus 
les  derniers  disques  minces. 

(2)  M.  Heidenhai\,  Ueber  die  Struktur  des  menschlichen  Herzmuskels  {Anat. 
Anz.,  t.  XX,  1901,  p.  33-78,  i3  fig.,  2  pi.,  et  Ergebn.  Anat.,t.  X,  i90i,p.  n5-2i4) 


732  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  b.  J^a  séparation  se  fait  au  niveau  des  derniers  disques  minces,  ceux-ci 
établissant  une  vraie  limitation  fonctionnelle  sur  le  trajet  de  la  fibrille  ; 

»  c.  Les  derniers  disques  minces  forment  une  membrane  en  continuité 
avec  la  basale  de  l'épithélium  qui  n'est  pas  interrompue  ; 

))   d.  L'épithélium  entier  fonctionne  comme  tendon  du  muscle.  » 


PHYSIOLOGIE  ANIMALE.  —  Le  rythme  vital.  Note  de  MM.  Yaschide 

et  Cl.  Yurpas. 

«  A  la  suite  de  recherches  entreprises  sur  les  modalités  de  l'automa- 
tisme soit  biologique,  soit  psychologique,  il  nous  a  paru  que,  lorsque  la  vie 
semblait  soustraite  à  l'action  des  centres  supérieurs,  elle  se  manifestait  sui- 
vant un  rythme  périodique  de  dynamogénie  et  de  repos  se  succédant  régu- 
lièrement. 

»  Nos  recherches  ont  porté  d'abord  sur  le  système  vaso-moteur.  De 
courbes  plétysmographiques  obtenues  lorsque  l'action  du  cerveau  sem- 
blait inactive  ou  diminuée,  il  semble  résulter  que,  successivement  et  ryth- 
miquement,  se  font  suite  des  périodes,  caractérisées  par  des  états  de  con- 
striction  et  de  dilatation  vasculaires,  accompagnées  de  modifications 
concomitantes  du  pouls  capillaire.  Nos  tracés  ont  été  enregistrés  dans 
divers  états.  Les  uns  ont  été  recueillis  pendant  le  sommeil  physiologique, 
d'autres  ont  été  pris  chez  une  hémiplégique  du  côté  paralysé,  le  surlende- 
main de  l'ictus;  les  autres  ont  été  obtenus  chez  une  alcoolique,  quelques 
jours  après  la  cessation  des  accidents  toxiques.  Nos  tracés  facilitent  l'intel- 
ligence du  problème,  par  ce  fait  de  la  présence  de  modifications  typiques, 
survenant  d'une  façon  exacte  et  contmue.  Il  s'ngit  d'une  physionomie  toute 
particulière  de  l'état  des  vaso-moteurs  qui,  indépendamment  des  modifi- 
cations physiologiques  et  psychologiques,  paraissent  évoluer  selon  leur 
manière  d'être  biologique. 

))  Le  type  respiratoire  de  Cheyne-Stokes,  lorsque  l'action  du  cerveau  est 
suspendue,  semble  définitivement  admis  aujourd'hui.  Nous  l'avons  d'ail- 
leurs vérifié  plusieurs  fois,  soit  cliniquement  à  la  suite  de  lésions  trauma- 
tiques  de  l'encéphale  (écrasement  d'un  hémisphère  par  un  traumatisme 
crânien)  et  chez  un  anencéphale,  soit  expérimentalement  dans  des  cas  de 
compression  cérébrale  provoquée  par  l'injection  tle  liquide  dans  la  cavité 
ventriculaire  chez  des  chats. 


SÉANCE    DU    3    NOVEMBRE    1902.  ^53 

»  Dans  un  cas  d'anencéphalie,  qu'il  nous  a  été  donné  d'observer  chez 
un  enfant  (')  qui  vécut  2  jours  environ,  le  cœur  battait  par  salves  ryth- 
miques périodiques. 

»  L'examen  de  l'état  moteur  chez  certains  aliénés  nous  a  révélé,  dans 
les  divers  groupes  de  la  pathologie  mentale  (paralysie générale,  démence, 
manie,  stupeur,  etc.),  certains  mouvements,  gestes  ou  attitudes,  certaines 
expressions  mimiques,  certains  mots,  certaines  phrases,  revenant  pério- 
diquement et  rvthmiquement,  et  traduisant  le  déséquilibre  psychique, 
l'absence  d'une  coordination  maîtresse  de  l'activité  mentale.  Voici,  sous 
forme  de  Tableau,  la  périodicité  observée  dans  la  réapparition  rythmique 
et  successive  des  divers  états  psycho-musculaires  enregistrés. 

»   Démente.  —  Attitude  de  défense,  revenant  toutes  les  9  minutes. 

»  Démente.  —  Claquement  des  lèvres  et  de  la  bouche,  revenant  toutes 
les  3o  secondes, 

»  Paralytique  générale.  —  Répétition  d'une  même  série  de  chiffres, 
revenant  toutes  les  2  minutes. 

»  Délirante  systématique.  —  Geste  de  colère  avec  plainte,  revenant 
toutes  les  4  minutes. 

))  Mélancolique  anxieuse.  —  Masque  du  pleurer,  revenant  toutes  les 
2  minutes. 

»  Maniaque.  —  Renversement  de  la  paupière  en  dehors,  avec  grimace 
de  la  bouche,  revenant  toutes  les  2  minutes. 

»  Le  rythme  et  la  périodicité  semblent  de  la  sorte  traduire  les  manifes- 
tations rudimentaires-de  la  vie  biologique  et  mentale,  lorsque  les  éléments 
qui  la  composent  évoluent  pour  leur  propre  compte  et  semblent  soustraits 
à  l'action  d'un  centre  coordinateur  et  régulateur.  On  peut  rapprocher  nos 
expériences  des  résultats  si  intéressants  obtenus  par  MM.  A.  Broca  et 
Ch.  Richet  sur  la  période  réfractaire  des  centres  nerveux  (-)  et  de  leur 
conception  vraiment  nouvelle  de  la  vibration  nerveuse.  Nous  avons 
d'ailleurs  pu  confirmer  expérimentalement  leurs  résultats. 


(^)  Vaschide  et  VuRPAS,  Contribution  à  l'étude  psycho-physiologique  des  actes 
vitaux  en  l'absence  totale  du  cerveau  chez  un  enfant  {Comptes  rendus,  séance  du 
lundi  II  mars  1901,  p.  64i)-  ~"  ^'^  ^"^  biologique  d'un  anencéphale  {Revue  géné- 
rale des  Sciences,  1901,  p.  SyS-SSi). 

(^)  André  Broca  et  Ch.  Richet,  Période  réfractaire  dans  les  centres  nerveux 
{Archives  de  Physiologie,  1897,  p.  864-880). 


7^4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Le  rythme  et  la  périodicité  seraient  ainsi  la  caractéristique  propre  de 
la  vie,  de  cet  équilibre  toujours  instable,  et  seraient  la  traduction  exté- 
rieure de  ces  deux  qualités  qui  expriment  la  vie,  à  savoir  la  dynamo^énie 
et  le  repos,  se  succédant  périodiquement  et  rylhmiquement.  Les  centres 
supérieurs  auraient  un  rôle  de  coordinateur  psycho-dynamique,  réglant  la 
machine  vitale  selon  un  équilibre  plus  stable,  grâce  à  cette  propriété  supé- 
rieure et  véritablement  spécifique,  réelle  force  active,  qui  est  V inhibition .  » 

M.  H.-L.  Malécot  adresse  une  Note  intitulée  :  «  De  l'équilibre  du  ballon 
libre  et  indépendant,  réalisé  à  toute  altitude,  sans  communications  avec  la 
surface  terrestre  ». 

(Renvoi  à  la  Commission  de  l'Aéronautique.) 
M.  CiPRiAxi  adresse  une  nouvelle  Note  relative  aux  volcans. 
A  3  heures  trois  quarts  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

COMITÉ  SECRET. 

L'Académie  décide  d'adjoindre  à  la  Commission  de  l'Aéronautique 
MM.  Janssex,  Bouquet  de  la  Grye,  Violle. 

La  séance  est  levée  à  4  heures  un  quart. 

M.   B. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  27  octobre  1902. 

Connaissance  des  Temps  ou  des  mouvements  célestes  pour  te  méridien  de  Paris, 
à  l'usage  des  astronomes  et  des  navigateurs,  pour  Van  1905,  publiée  par  le  Bureau 
des  Longitudes.  Paris,  Gauthier-Villars,  1902;  i  vol.  in-8°.  (Présenté  par  M.  le 
Général  Bassot.  ) 


SÉANCE    DU    3   NOVEMBRE    T902.  7^5 

Annales  de  l'Observatoire  astronomique,  magnétique  et  météorologique  de 
Toulouse,  t.  V,  publiées  sous  la  direction  de  M.  B.  Bafllaud,  Directeur  de  l'Observa- 
toire. Toulouse,  E.  Privât;  Paris,  Gauthier-Viilars,  1902;  i  vol.  in-i4°.  (Présenté  par 
M.  B.  BaiUaud.) 

Léonard  de  Vinci,  peintre-ingénieur  hydraulicien,  par  M.  A.  Ronna.  Paris,  Ph. 
Renouard,  1902;  i  fasc.  in-4°-  (Présenté  par  M.  Haton  de  la  Goupillière.) 

La  Géologie  générale,  par  Stanislas  Meunier,  avec  12  gravures  dans  le  texte.  Paris, 
Félix.  Alcan,  igoS;  i  vol.  in-8«.  (Présenté  par  M.  Albert  Gaudry.) 

Recherches  sur  les  aciers  au  nickel  à  haute  teneur,  par  L.  Dumas.  (Présenté  par 
M.  H.  Moissan.) 

Les  archiatres  normands,  par  Louis  Duval.  Caen,  iinp.  E.  Lanier,  1901  ;  i  fasc. 
in-8°. 

Annales  de  la  Société  d'émulation  du  département  des  Vosges,  78^  année,  1902. 
Épinal,  Ch.  Hugenin  ;  Paris,  Aug.  Goin,  1902;  i  vol.  in-8°. 

L'œuvre  mathématique  d'Ernest  de  Jonquières,  par  Gino  Loria.  (Extrait  de 
Bibliotheca  matematica,'  Fo\ge  III,  Heft  3.)  Leipzig,  B.-G.  Teubner,  1902;  i  fasc. 
in-8°.  (Hommage  de  l'auteur.) 

Elenco  délie  pubblicazioni  matematiche  di  Ernesto  de  Jonquières.  (Extrait  du 
Bollettino  di  bibliografia  e  storia  délie  Scienze  matematiche,  juillet-sept.  1902). 
Turin,  G.  Claussen;  i  fasc.  in-8°. 

Some  investigations  relating  to  the  océan  currents  in  the  sea  between  Norway, 
Scotland  and  Greenland,  by  C.  Ryder.  (Extrait  de  The  nautical-meteorological 
annual  of  the  Danish  meteorological  Institute,  1901.)  1  fasc.  in-^".  (Transmis  à 
l'Académie  par  M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  et  des  Beaux-Arts,  au  nom 
de  M.  le  Ministre  des  Affaires  étrangères.) 

Discurso  leido  en  la  Universidad  central,  en  la  solemne  inauguracion  del  curso 
academico  de  1902  a  1903,  por  el  Doctor  D.  Blas  Lazaro  e  Ibiza.  Madrid,  1902; 
I  fasc.  in-8''. 

Yearbook  of  the  United  States  dcpartment  of  Agriculture,  1901.  Washington, 
1902  ;  I  vol.  in-8°. 

Almanaque  nautico  para  el  ano  VdOk,  calculado  de  ordende  la  Superioridad,  en 
el  Instituto  y  Observatorio  de  Marina  de  San  Fernando.  San  Fernando,  1902  ; 
I  vol.  in-4°. 

Anales  de  la  Oficina  meteorologica  argentina,  por  su  Director  Gualtkrio  G. 
Davis;  t.  XIV.  Buenos-Ayres,  1901;  1  vol.  in-4°. 

Report  of  the  chief  of  the  Weather  Bureau,  1900-1901  (in  two  volumes),  Vol.  I. 
Washington,  1901  ;  i  vol.  in-4°. 

Annuario  publicado  pelo  Observatorio  de  Rio  de  Janeiro,  para  o  auno  de  1902; 
anno  XVIII.  Rio  Janeiro,  1902;  i  vol.  in-12. 

Twenty-fifth  anniversary  of  the  American  chemical  Society  ;  New-York  city, 
april  1901.  Easton,  Pa.,  1902;  i  vol.  in-8°. 


^56  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  3  novembre   1902. 

La  carrière  d'un  navigateur,  par  Albert  P^,  Prince  de  Monaco.  Paris,  Plon- 
Noiirrit  et  C'^  1902;  i  vol.  in-8°.  (Hommage  de  l'auteur.) 

La  fièvre  quarte,  étiologie,  évolution,  traitement,  formes  dissociées  de  l'accès 
quarte,  par  le  D'  Emile  Legrain.  Paris,  Maloine,  1902;  1  fasc.  in-8°. 

Célébration  du  centenaire  de  Michel  Basilevitch  Ostrogradski.  Pohava,  1902; 
j  fasc.  in-8°. 

On  some  phenomena  which  suggert  a  short  period  of  solar  and  nieteorological 
changes,  hy  Sir  Norman  Lockyer  and  William  J.-S.  Lockyer.  (Extr.  des  Proceedings 
of  the  Royal  Soeiety,  Vol.  70.)  i  fasc.  in-S". 

Recherches  géologiques  et  pêtro graphiques  sur  l'Oural  du  Nord,  dans  la 
Rastesskaya  et  Kizelowskaya-Datcha  (Gouvernement  de  Perm),  par  Louis  Dup arc  et 
Francis  Pearce;  I'"  Partie,  avec  3o  figures,  i  carte,  3  planches  et  16  clichés  dans  le 
texte.  Genève,  W.  Kiindig  et  fils,  1902;  i  fasc.  in-4°.  (Hommage  des  auteurs.) 

Catalogue  of  Canadian  plants;  part  VH  :  Lichenes  and  LIepaticce,  by  Jobn 
Macoun.  Ottawa,  1902;  i  vol.  in-8°. 

Die  Patina,  ihre.  natiirliche  und  kûnstliche  Bildung  auf  Kupfer  und  dessen 
Legierungen,  bearbeitet  v.  L.  Danino  u.  E.  Seitter.  Vienne,  A.  Hartleben,  igoS; 
I  fasc.  in-i2. 

Chronographical  table  for  tabacco,  by  D""  Prof.  O.  Cqmes.  Naples,  1900;  5  feuilles 
in-f°.  (Hommage  de  l'auteur.) 

Archives  italiennes  de  Biologie,  revues,  résumés,  reproductions  des  travaux  italiens, 
sous  la  direction  de  A.  Mosso  ;  t.  XXXVIH,  fasc.  1.  Turin,  1902;  i  fasc.  in-8°. 

Quensland  geographical  journal,  17"' session,  1901-1902;  Vol.  XVH.  Brisbane, 
1902  ;  I  vol.  in-8°. 

Mittheilungen  der  naturhistorischen  Gesellschaft  in  Colniar;  neueFolge,  Bd.  VI, 
Jahre  1901  und  1902.  Colmar,  Decker,  1902;  i  vol.  in-8°. 

Wiener  Luftschiffer-Zeitung,  herausgegeb.  v.  Victor  Silberer;  Jahrgang  I, 
]\um.  2,3,  k,  9.  Vienne,  1902;  4  fasc.  in-4°.  {A  suivre.) 


ACADÉMIE  DES    SCIENCES 

SÉANCE  DU   LUNDI  10  NOVEMBRE   1902. 
PRÉSIDÉE  PAR  M.  ALBERT  GAUDRY. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —   Sur  les  transcendantes  uni/ormes  définies  par 
V équation  y"  =  6  y^  -h  x.  Note  de  M.  Paul  Painlevé. 

«  1.  Avant  de  développer  quelques  conséquences  de  l'irréductibilité 
absolue  de  l'équation 

je  voudrais  répondre  brièvement  à  la  dernière  Communication  de  M.  R. 
Liouviile. 

»  M.  Liouviile  pense  que  la  question  reste  ouverte  de  savoir  si  l'équa- 
tion (i)  n'est  pas  réductible  en  un  certain  sens  qu'il  introduit,  et  il  se  pro- 
pose de  continuer  ses  recherches  à  ce  sujet.  Mais  il  se  trompe  :  cette 
question,  comme  toutes  les  questions  analogues,  est  tranchée  définitivement  par 
ma  Note  du  27  octobre.  M.  Liouviile  peut  poursuivre  ses  calculs  dans  la 
voie  qu'il  tente  ou  dans  toute  autre  voie  :  il  ne  saurait  aboutir  qu'à  un 
résultat  négatif. 

»  Mais  il  ne  s'agit  pas  des  recherches  que  M.  Liouviile  compte  faire.  Il 
s'agit  de  celles  qu'il  a  faites. 

»  Dans  sa  Note  du  i"  septembre  1902,  M.  Liouviile  a  prétendu 
démontrer  que  l'équation  (1)  est  réductible  à  une  équation  linéaire  du  qua- 
trième ordre,  ainsi  d'ailleurs  que  toutes  les  équations  nouvelles,  à  intégrale 
uniforme,  que  j'ai  formées. 

))   Maintient-il  cette  affirmation? 

»   Si  oui,  qu'entend-il  exactement  par  là? 

G.  R.,  1902,  a-  Semestre.  (T.  CXXXV,  N°  19.)  lOO 


758  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Quelque  forme  qu'il  donne  à  sa  proposition,  M.  Liouville  na  le  choix 
qu'entre  un  truisme  (^évident  pour  n'importe  quelle  équation  différentielle^  ou 
une  erreur. 

»  J'arrive  maintenant  à  quelques  propriétés  de  l'équation  (i)  qui 
découlent  de  son  irréductibilité. 

»  2.  De  V intégrale  de  l'équation  (^i)  considérée  comme  fonction  des  con- 
stantes. —  Soient  a7j,,  y^,  z^^  les  valeurs  initiales  qui  définissent  une  solu- 
tion y{x)  de  l'équation  (i).  J'ai  montré  (')  que  y{x)  est  le  quotient  de 
deux  ïonXions  entier  es  l:i ,  R  de^r,  -To,/,,,  z^\  ces  fonctions  sont  représen- 
tables par  des  séries  de  polynômes  en  x,  x^^,  r„,  z^y  séries  qui  convergent 
pour  toutes  les  valeurs  des  variables  et  dont  les  coefficients  s'obtiennent 
par  des  dérivations  successives  effectuées  sur  (i).  Une  conséquence  immé- 
diate de  ma  dernière  Communication,  ceslque  la  fonction  y  regardée  comme 
fonction  de  y^  seul  (^oudez^^)  ne  vérifie  aucune  équation  différentielle  algé- 
brique. La  même  proposition  s'applique  à  :;,  ainsi  qu'aux  fonctions  en- 
tières H,  R.  Voici  donc,  introduites  par  la  théorie  même  des  équations 
différentielles,  des  fonctions  méromorphes  telles  que  y  =  9(jo)'  ^^  holo- 
morphes,  telles  que  H(jKy),  qui,  de  même  que  la  fonction  r,  sont  «  trans- 
»  cendentally  transcendental  »,  j'entends  ne  satisfont  à  aucune  équation 
différentielle  algébrique  (d'ordre  si  élevé  qu'elle  soit).  D'une  façon  plus 
précise  encore,  soit  y  =  çp(if,  a?^,  j^,  x^o),  z  =^  ^l{x,x^^,  y^,  z^^)  l'intégrale 
générale  de  (i),  où  nous  donnerons  à  x^  une  valeur  numérique  a  :  les 
fonctions^,  z  de  x,  y^,  z^  vérifient  le  système 


^=z         —=6y-'-hx         EL  ^  -EL  ʱ 


^  ,  ,    ,r    •  dv     dv     dy    dz      dz      dz     à'- y 

»  Toute  équation  algébrique  en  x,y,z,  -f-,  -~  ?  3^  >  3— '  3—  >  3—  '  -j-^»  •  ■  •> 
^  *         '  '-^  '       (ij;    (?/o    dzy,    dx    âvo    az^    ôx- 

analy  tique  en  y^,  s^,  que  vérifient  les  fonctions 

j=:  (p(i>7,  a,  jo,^o).  z  =  ^{x,a,  y^,z^)y 

est  une  conséquence  des  équations  (2). 

»  Une  conclusion  analogue  s'applique  si  l'on  remplace  jo»  -0  par  des 
constantes  quelconques,  liées  analytiquement  àjKo,  z^^. 

•»  3.  De  la  représentation  de  y{x)  à  Caide  de  fonctions  entières.  —  Une 
intégrale  quelconque  yi^x)  de  (i)  s'exprime  (/oc.  cit.)  à  l'aide  d'une  fonc- 


(^)  Bulletin  de  la  Société  mathématique  de  France,  t.  XXVIII,  1900,  p.  48. 


SÉANCE  DU  lO  NOVEMBRE  1902.  ySg 

tion  entière  y.(^x)  sous  la  forme  : 

(3)  y(^x)='^-^-=--n\         ['"^^^l' 

Ja  fonction  x(a:)  vérifiant  l'équation  du  troisième  ordre  : 

ri"*  —  l\t)'^  —  ixr!  —  27]  =  o,  avec  Ti  =  --    • 

»  Le  genre,  le  mode  de  croissance  pour  x  =  co  de  la  fonction  /.  sont 
aujourd'hui  connus.  Une  solution  Jk(^)  étant  définie  par  des  conditions 
initiales  données  ^0»  Jo«  ^0»  si  Ton  se  propose  de  la  calculer  dans  un  cercle 
donné  avec  une  approximation  donnée,  on  sait  limiter  le  nombre  de  termes 
qu'il  faut  prendre  dans  la  série  entière  qui  représente  /,  pour  que  la  for- 
mule (3)  fasse  connaître  y(^r^  avec  l'exactitude  imposée.  L'intégration 
de  l'équalion  (i)  est  donc  ainsi  effectuée  d'une  façon  parfaite  à  l'aide  de  la 
fonction  entière  ■/,.  Mais  il  est  naturel  de  se  demander  s'il  n'existe  pas  de 
représentation  analogue  plus  simple,  j'entends  une  représentation  à  Vaide 
d' une  fonction  entière  que  vérifie  une  équation  différentielle  d'ordre  moindre 
que  3.  D'une  façon  précise,  est-il  possible  d'exprimer  j'(^)  algébrique- 
ment à  l'aide  de  x^  H(a7),  H'(a;),  où  H(^)  désigne  une  fonction  entière 
qui  vérifie  une  équation  différentielle  (algébrique)  du  deuxième  ordre 
(au  plus)?  Je  vais  montrer  que  la  chose  est  impossible. 

»  Tout  d'abord  on  voit  aisément  que,  si  une  telle  représentation  existe, 
l'équation  que  vérifie  H  ne  peut  être  d'ordre  moindre  que  2,  et  ensuite 
Qu'une  certaine  expression  algébrique  A(.r,  y,  ^)  devient  une  fonction  en- 
tière A,  de  X  quand  on  y  remplace  y  par  une  solution  quelconque  y(^x)  de  (1) 
et  z  par  sa  dérii'ée.  Une  telle  expression  A  ne  peut  être  d'ailleurs  qu'un 
polynôme  en  y,  z  ;  autrement,  la  relation  algébrique  S(x,y,  s)  =  o,  qui 
définit  les  singularités  (critiques  ou  polaires)  de  A,  serait  une  intégrale 
première  particularisée  de  (i),  ce  qu'on  sait  impossible.  Ceci  posé,  chan- 

Y  Z 

geons,  dans  A,  y  en  -^  et  z  en  — ;  A  prend  la  forme 

■^[Ar^ix,  Y,  Z)  +  cAn-,(x,  Y,  Z)  -+-.  .  .], 

A„  désignant  un  polynôme  en  Y,  Z  qui  se  reproduit  multiplié  par  —  quand 

Y  Z 

on  y  change  Y  en  —  et  Z  en  -y-  Je  conviens  d'appeler  n  V ordre  de  A.  Tous 

les  polynômes  en  y,  z  d'ordre  n  sont  des  combinaisons  linéaires  (à  coeffî- 


760  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

cients  arbitraires  en  x)  d'un  nombre  fini  q  d'entre  eux,  soit  B,,  Bj,  ...,  B^. 
»   Si  maintenant  je  fais  le  nouveau  changement  de  variable  x  =  aX  H-  p, 
l'équation  (i)  devient 

(4)  Y;,=  6Y^+a*(aX  +  p),  Z-Yx, 

et  l'expression  A  prend  la  forme 

^^|A„(fi,Y.Z)  +  a.(...)]. 

»  Par  hypothèse,  A„(|^,  Y,  Z)  doit  être  une  fonction  entière  de  X  quand 
on  y  remplace  Y  et  Z  par  p(X,  o,  A)  et  J)'(X,  o,  h)  et,  par  suite,  doit  se 
réduire  à  une  constante;  autrement  dit,  A;,(p,  Y,  Z)  est  une  intégrale  pre- 
mière de  l'équation  (4)  pour  a  =  o,  et  (en  vertu  de  son  homogénéité  spé- 
ciale) coïncide  avec  une  expression  de  la  forme 

a(P)(Z*-4Y^)'«         {n  =  Ç>m). 
On  voit  ainsi  que  A(^,  j,  2)  peut  s'écrire 

k  =  a{x){z'  -  47^~r-l-  B(^,  r,  z), 

B  étant  d'ordre  («  —  i)  au  plus.  Si  maintenant  on  calcule— |-^»  on  trouve 
aussitôt 

A'  étant  un  polynôme  en  y,  z  d'ordre  n  au  plus.  Comme  -j-^  est  holo- 

morphe  en  même  temps  que  A,,  on  peut  raisonner  sur  A' comme  sur  A,  et 
ainsi  de   suite  q  fois.  On  forme  ainsi  (^  4-  i)  équations  dont  les  premiers 

dK  di  h. 

membres  sont  A,,  -7-7»  ••  >    ,  ^S  et  dont  les  seconds  membres  sont  de  la 

forme  :a^(^x)\^^  -{-...+  a^{x)^^-h  a^^f(x).  En  éliminant  lesB,  on  obtient 
une  équation  différentielle  linéaire  que  vérifie  A,  (x),  résultat  absurde, 
car  il  entraîne  presque  immédiatement  cette  conséquence  quej'(^)  ren- 
fermerait algébriquement  ses  constantes.  c.  q.  f.  d. 

»  Le  raisonnement,  à  peine  modifié,  conduit  même  à  ce  théorème  plus 
général  :  Jlest  impossible  d'exprimer  T intégrale  générale y(x)  de  (i).  sous  la 

forme  Y=^y^ix,  H,  -r-y  où  ■/  désigne  une  fonction  algébrique  de  H,  -j— > 


SÉANCE    DU    lO    NOVEMBRE    1902.  761 

analytique  en  X,  etlK^x)  V intégrale  d'une  équation  du  second  ordre,  algé- 
brique (?n  H,  H',  H",  analytique  en  x,  et  dont  toutes  les  singularités  (polaires 
ou  autres^  sont  fixes. 

»  Parmi  toutes  les  représentations  possibles  de  y{x^  à  l'aide  de  fonctions 
entières  y  la  représentation  qu'effectue  la  formule  (3)  «  Vaide  de  la  fonction  /. 
est  donc  la  plus  simple.    » 


MÉCANIQUE.  —  Sur  les  quasi-ondes.  Note  de  M.  P.  Duhem. 

«  On  traite  ordinairement  la  propagation  des  ondes  dans  un  fluide  par- 
fait en  supposant  ou  bien  que  le  fluide  est  parfaitement  conducteur  de  la 
chaleur,  cas  auquel  le  mouvement  est  isothermique,  ou  bien  que  le  fluide 
est  absolument  dénué  de  conductibilité,  cas  auquel  le  mouvement  est  isen- 
tropique.  Dans  le  premier  cas,  la  vitesse  de  propagation  est  la  vitesse  Vj^ 
donnée  par  la  formule  de  Newton;  dans  le  second  cas,  la  vitesse  de  propa- 

G 
gation  est  la  vitesse  Vpj-?  donnée  par  la  formule  de  Laplace.  Dans  l'air  et 

les  autres  gaz  qui,  sans  être  dénués  de  conductibilité,  sont  fort  peu  conduc- 
teurs de  la  chaleur,  l'expérience  montre  que  la  vitesse  de  propagation  est 

C 
très  voisine  de  V^-;  cette  conséquence  de  l'observation  semble  aisée  à 

accorder  avec  la  théorie  incomplète  donnée  jusqu'ici. 

»  Des  difficultés  se  présentent,  au  contraire,  pour  accorder  les  résultats 
de  l'expérience  avec  ceux  de  la  théorie  complète  de  la  propagation  des 
ondes  dans  les  fluides  parfaits.  Cette  théorie  complète,  que  nous  avons 
donnée  pour  la  première  fois  ('),  conduit,  en  effet,  aux  propositions  que 
voici  ; 

»  Si  le  coefficient  de  conductibilité  R  est  différent  de  o,  quelque  petite 
QUE  SOIT  SA  valeur,  Ics  ondcs  se  propagent  avec  la  vitesse  donnée  par  la  for- 
mule de  Newton;  c'est  seulement  dans  le  cas  où  le  coefficient  de  conductibilité  K 
est  RIGOUREUSEMENT  NUL  quc  la  vitcssc  de  propagation  des  ondes  est  donnée 
par  la  formule  de  Laplace. 

»  Le  coefficient  de  conductibilité  de  l'air  et  des  autres  gaz  est  très  petit, 
mais  il  n'est  pas  nul.  Les  ondes  s'y  propagent  donc  avec  une  vitesse  donnée 

(*)  Comptes  rendus,  t.  GXXXII,  3  juin  igor,  p.  i3o3.  — Recherches  sur  l'Hydro- 
dynamique, 2®  Partie,  Chapitre  IV  {Annales  de  la  Faculté  des  Sciences  de  Toulouse, 
•i.^  série,  t.  IV;  1902). 


762  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

par  la  formule  de  Newton ,  tandis  que  l'expérience  semble  indiquer  qu'elles 
s'y  propagent  avec  une  vitesse  donnée  par  la  formule  de  Laplace.  Il  y  a  là 
une  apparente  contradiction  qui  doit  être  levée. 

»  On  peut  parvenir  à  la  lever  en  étudiant  la  propagation  des  quasi- 
ondes. 

))  Considérons  deux  surfaces  S,,  83  dont  la  distance  s  est,  partout,  très 
petite;  par  un  point  M,  de  la  surface  S,  menons  à  cette  surface  une  nor- 
male qui  rencontre  en  Ma  la  surface  S,.  Supposons  que  les  valeurs  f^,  /a» 
prises  en  M,,  Mj,  par  une  fonction /(^j  y,  ^)  aient  une  différence  de 
l'ordre  de  s;  mais  qu'en  passant  du  point  M,  au  point  Ma,  l'une  au  moins 

des  dérivées  i"^'  y  7^  subisse  une  variation  finie,  très  grande  par  rapport 

à  e;  l'ensemble  des  surfaces  S,,  83  formera,  pour  la  fonction^",  une  quasi- 
onde  du  premier  ordre. 

»  Une  telle  quasi-onde  est  soumise  à  deux  lemmes  analogues  aux  lemmes 
d'Hugoniot. 

))  Pour  l'expérimentateur,  une  quasi-onde  ne  saurait  être  distinguée 
d'une  onde.  Il  n'en  est  pas  de  même  pour  le  théoricien. 

»  Une  méthode  analogue  à  celle  que  nous  avons  employée  pour  étudier 
les  ondes  proprement  dites  conduit,  en  effet,  aux  propositions  suivantes  : 

))   Au  sein  d' un  fluide  parfait  très  peu  conducteur,  on  peut  observer  : 

))    i*'  Bes  quasi-ondes  sensiblement  transversales.  Elles  ne  se  propagent  pas. 

»  2°  Des  quasi-ondes  sensiblement  longitudinales.  Celles-ci  sont  de  deux 
sortes  : 

»   A.  Les  unes  ont  une  épaisseur  i  du  même  ordre  de  grandeur  que  le  coef- 

.  G 

ficient  de  conductibilité  ^',  leur  vitesse  de  propagation  est  la  vitesse  Y^  —  y 

donnée  par  la  formule  de  Laplace; 

))  B.  Les  autres  ont  une  épaisseur  e  très  petite  par  rapport  au  coefficient  de 
conductibilité  K  ;  leur  vitesse  de  propagation  est  la  vitesse  Vj,,  donnée  par  la 
formule  de  Newton.  Ces  dernières  ont  pour  limites  les  ondes  proprement  dites. 

»  On  voit  que  toute  contradiction  entre  la  théorie  et  l'expérience  dis- 
paraîtra si  l'on  admet  que  l'observateur  n'a  jamais  affaire  ni  à  des  ondes 
proprement  dites,  nia  des  quasi-ondes  d'épaisseur  etrès  faible  par  rapport 
au  coefficient  de  conductibilité  R.  Mais  il  reste  à  expliquer  pourquoi  il  en 
est  ainsi.  On  y  parvient  en  tenant  compte  de  la  viscosité  très  faible,  mais- 
non  pas  rigoureusement  nulle,  de  l'air  et  des  autres  gaz. 

»  Tout  d'abord  la  viscosité,  si  faible  soit-elle,  rend  absolument  impos- 
sible la  propagation  d'ondes  proprement  dites  ;   mais  en  outre,  dans  un 


SÉANCE    DU    lO    NOVEMBRE    1902.  ^63 

fluide  dont  les  coefficients  de  viscosité  1  et  y.  sont  très  petits,  une  quasi-onde 
dont  l'épaisseur  e  est  très  petite  par  rapport  à\  et  [a  ne  peut  se  propager  ;  les 
seules  (juasi-ondes  qui  puissent  se  propager  sont  celles  dont  l'épaisseur  z  est  du 
même  ordre  que  let  ^.. 

»  La  considération  des  quasi-ondes  résout  donc  complètement  la  con- 
tradiction qui  semblait  exister  entre  l'expérience  et  la  théorie. 
))  Cette  considération  conduit  à  une  dernière  remarque  : 
»  Beaucoup  d'esprits  sont  enclins  à  croire  que  toute  action  physique 
qui  se  propage,  se  propage  nécessairement  par  ondes,  avec  une  vitesse 
déterminée;  ils  répugnent  à  admettre  que  la  propagation  puisse,  dans  cer- 
tains cas,  dépendre  de  fonctions  entièrement  analytiques  de  a?,  y,  z,  t, 
sans  ondes  ni  vitesse  de  propagation.  Tl  est  curieux  de  constater  que  la 
propagation  du  son  dans  l'air,  qui  semble  l'exemple  le  plus  simple  d'une 
propagation  par  ondes,  possédant  une  vitesse  déterminée,  n'est  telle  qu'en 
apparence  et  par  approximation;  qu'en  réalité  cette  propagation  se  fait 
par  fonctions  entièrement  analytiques,  sans  ondes  et  sans  vitesse  de  pro- 
pagation.   » 


PHYSIQUE.  —  Observations  et  expériences  complémentaires  relatives  à  la 
détermination  de  la  vitesse  des  rayons  X.  Sur  la  nature  de  ces  rayons.  Note 
de  M.  R.  Blondlot. 

«  I.  Dans  les  expériences  que  j'ai  décrites  récemment  (  '  ),  il  faut,  pour 
que  l'éclat  de  l'étincelle  soit  maximum,  qu'il  s'écoule  entre  le  début  de  la 
décharge  de  l'excitateur   et  l'extinction  du   tube  focus    un    temps   égal 

à  -rp  sec.  Gomme  la  longueur  d'onde  de  l'excitateur  est  égale  à  1 14*^™.  cet 

intervalle  de  temps  correspond  à  un  peu  plus  de  3  élongations  de  l'excita- 
teur. D'après  la  théorie  que  j'ai  développée  dans  une  Note  antérieure, 
cela  conduit  à  admettre  que  les  trois  premières  élongations  ont  seules  une 
amplitude  notable.  Il  est  intéressant  de  constater  que  cette  conséquence 
est  bien  d'accord  avec  ce  que  l'on  sait  de  l'amortissement  dans  les  excita- 
teurs. 

»  II.  Lorsque  l'on  rapproche  progressivement  le  tube  focus  de  la  coupure, 
à  partir  de  la  position  qui  donne  le  maximum  d'étincelle  jusqu'au  tube  lui- 

(*)  R.  Blo."sdloi,  Comptes  rendus,  t.  CXXXV,  1902,  p.  666  et  p.  721. 


^64  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

même,  on  voit  l'éclat  de  l'étincelle  diminuer,  passer  par  un  minimum,  puis 
augmenter.  L'explication  paraît  être  la  suivante  :  quand  le  tube  est  très 
voisin  de  la  coupure,  celle-ci  reçoit  des  rayons  X  extrêmement  intenses, 
et  alors  la  diminution  de  concordance  dans  le  temps  est  compensée  et  au  delà 
par  l'intensité  des  radiations;  de  là  une  recrudescence  d'action  quand  le 
tube  est  tout  près  et  la  production  d'un  minimum  pour  une  distance  un 
peu  plus  grande.  Je  me  suis  assuré  que  cette  explication  est  mathémati- 
quement possible;  cet  examen  se  fait  aisément  en  portant  en  ordonnées 
les  logarithmes  des  fonctions  à  étudier. 

»  III.  Afin  d'éviter  les  aigrettes,  les  fils  de  transmission  étaient  recou- 
verts de  gutta-percha  et  engainés  dans  des  tubes  de  caoutchouc.  Pour 
reconnaître  si  ce  revêlement  ne  diminuait  pas  notablement  la  vitesse  de 
propagation  des  ondes  le  long  des  fils  électriques,  j'ai  comparé  par  une 
méthode  d'interférences  la  vitesse  de  propagation  de  ces  ondes  le  long  de 
fils  ainsi  revêtus  et  le  long  de  fils  nus.  La  différence  de  ces  vitesses  s'est 
trouvée  presque  inappréciable,  et,  en  tout  cas,  la  perturbation  qui  en 

I   5 
résulte  ne  peut  causer  une  erreur  relative  de  -^—  sur  les  résultats  définitifs. 

^  lOO 

»  Je  vais  encore  décrire  quelques  expériences  qui,  tout  en  étant  seu- 
lement qualitatives,  ont  cependant  un  certain  intérêt  comme  variantes,  et 
dont  les  résultats,  prévus  grâce  à  la  théorie  que  j'ai  exposée  précédem- 
ment, en  apportent  une  nouvelle  confirmation. 

))  1°  Les  fils  de  transmission  étant  engainés  dans  des  tubes  de  caoutchouc 
à  vide,  on  les  a  rapprochés  et  liés  ensemble  sur  une  longueur  de  4o*^™;  la 
vitesse  de  la  propagation  des  ondes  devait  être  diminuée,  puisqu'elle  avait 
lieu  principalement  dans  le  caoutchouc  :  la  position  du  tube  donnant  le 
maximum  s'est,  en  effet,  rapprochée  de  1 1^*"  ou  12*=™. 

»  2°  Un  condensateur  formé  de  deux  plaques  de  clinquant  d'environ 
100""'  de  surface,  séparées  par  une  lame  d'ébonile  de  o^™,8  d'épaisseur,  fut 
placé  en  dérivation  sur  la  ligne  de  transmission;  cette  fois,  le  retard  devait 
être  encore  plus  grand,  et,  en  effet,  on  constata  que  le  maximum  avait 
disparu  et  que  l'étincelle  diminuait  constamment  d'éclat  à  mesure  que 
l'on  éloignait  le  tube. 

»  3**  Les  fils  de  transmission,  longs  primitivement  de  80*=™,  ayant  été 
allongés  de  57*^™,  longueur  supérieure  de  4*^""  à  la  distance  de  la  coupure 
à  la  position  du  tube  qui  donne  le  maximum  dans  le  cas  de  fils  de  80*^'", 
on  constata  que  l'étincelle  diminuait  constamment  lorsqu'on  éloignait  le 
tube. 


SÉANCE  DU  lO  NOVEMBRE  I902.  n65 

»  If  La  longueur  totale  des  fils  étant  réduite  à  Ç)[f^,  l'étincelle  augmen- 
tait au  contraire  au  fur  et  à  mesure  que  l'on  éloignait  le  tube,  à  partir  de 
la  position  donnant  le  minimum,  jusqu'à  ce  que  les  fils  fussent  tendus. 
Môme  résultat  avec  des  fils  plus  courts. 

')   Toutes  ces  observations  sont  bien  conformes  aux  prévisions. 

5)  En  terminant  l'exposé  de  ces  recherches  sur  la  vitesse  de  propagation 
des  rayons  X,  j'adresse  mes  remercîments  à  M.  Virtz,  mécanicien  à  la 
Faculté  des  Sciences  de  Nancy,  qui  a  répété  avec  le  plus  grand  soin  toutes 
les  expériences,  et,  en  particulier,  les  déterminations  si  délicates  des  dis- 
tances du  tube  qui  donnent  à  l'étincelle  le  maximum  d'éclat  ('). 

»  Il  résulte  immédiatement  de  l'égalité  des  vitesses  de  propagation  des 
rayons  X  et  de  la  lumière  dans  l'air  que  les  rayons  X  doivent  être  ranf)ro- 
chés  des  radiations  spectrales.  Des  hypothèses  qui  ont  été  émises  relati- 
vement à  leur  nature,  deux  seulement  peuvent  subsister  :  i"  celle  qui  les 
considère  comme  des  radiations  de  très  petites  longueurs  d'onde;  2"  la 
théorie  proposée  par  E.  Wiechert  (^)  et  par  Sir  George  Stokes  (^)  et  dont 
voici  le  principe  :  les  rayons  Rontgen  consistent  en  une  succession  de 
pulsations  indépendantes  partant  des  points  011  les  molécules  projetées  de 
la  cathode  rencontrent  l'anticathode,  et  commencent  <à  l'instant  même  de 
cette  rencontre;  ces  pulsations  sont  transversales  et  se  propagent  dans 
l'élher  comme  les  vibrations  de  la  lumière  et  avec  la  même  vitesse.  Ce  qui 
distingue  les  rayons  Rontgen  des  radiations  spectrales,  c'est  qu'ils  con- 
sistent, non  en  vibrations  continues  de  l'éther,  mais  en  pulsations  isolées 
extrêmement  brèves.  Sir  George  Stokes  a  développé  cette  théorie  dans 
une  Conférence  à  la  «  Manchester  litterary  and  philosophical  Society  ('*)  ». 
De  cette  Conférence  j'extrais  le  passage  suivant  :  «  Supposons  qu'une  pluie 
»  de  molécules  tombe  sur  l'anticathode  et  que,  après  avoir  duré  quelque 
))  temps,  elle  cesse  brusquement.  Suivant  les  vues  que  je  viens  d'exposer 
»  sur  la  nature  des  rayons  Rontgen,  ces  rayons  commencent  à  i)rendre 
))   naissance  en  même  temps  que  la  pluie  de  molécules,  continuent  à  se 

(')  Je  publierai  ailleurs  une  série  d'indications  relatives  à  l'exécution  de  ces  expé- 
riences, afin  d'épargner  aux  personnes  désireuses  de  les  répéter  les  longs  tâtonne- 
ments après  lesquels  seulement  j'ai  pu  obtenir  des  résultats  bien  visibles  et  certains. 

(^)  Abli.  der  phys.-œkon.  Gesellscliaft  zu  Kônigsberg  et  Wied.  Ann.,  Bd.  39, 
.89G. 

(^)  Proceedings  of  tJie  Cambridge  phil.  Soc,  t.  IX,  1896,  p.  5!i5. 

(*)  Memoirs  and  Proceedings  of  the  Manchester  lit.  and  philosophical  Society, 
t.  XLI,  1897. 

C.  R..,  1902,  2»  Semestre.  (T.  CXXXV,  N»  19.)  lOF 


y66  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  produire  tant  que  celle-ci  dure  et  cessent  en  même  temps  qu'elle  ». 
Comme,  d'autre  part,  les  rayons  cathodiques  ont  la  même  durée  que  !e 
courant  qui  traverse  le  tube  de  Crookes,  puisqu'ils  forment  eux-mêmes  un 
segment  de  ce  courant,  il  s'ensuit  que  les  rayons  X  doivent  s'éteindre  dès 
que  la  décharge  a  cessé  dans  le  tube.  Or,  c'est  précisément  ce  que  j'ai 
constaté  (^). 

»  Dans  la  même  Conférence,  Sir  George  Stokes  montre  que  son  hypo- 
thèse fournit  l'explication  des  propriétés  caractéristiques  des  rayons  X  : 
absence  de  réflexion  et  de  réfraction,  etc. 

»  M.  A.  Sommerfeld  a  fondé  sur  cette  hypothèse  une  théorie  de  la 
diffraction  des  rayons  X  qui  rend  compte  des  curieuses  expériences  de 
MM.  Haga  etWind  relatives  à  cette  diffraction  (-). 

»  Enfin,  en  partant  des  mêmes  idées,  le  professeur  J.-J.  Thomson  a  relié 
théoriquement  les  rayons  cathodiques  et  les  rayons  Rontgen  (  •'). 

»  En  résumé,  Thypothèse  de  E.  Wiechert  et  Sir  George  Stokes  rend 
compte  de  tous  les  foits  connus  jusqu'à  présent.  » 


MÉTÉOROLOGIE.  —   Étude  sur  le  climat  de  Toulouse  de  i863  à  1900. 
Note  de  M.  B.  Baillaud. 

«  J'ai  l'honneur  de  faire  hommage  à  l'Académie  du  Tome  V  des  Annales 
de  l'Observatoire  de  Toulouse,  consacré  à  une  Étude  du  climat  de  Toulouse, 
que  j'ai  récemment  terminée  avec  le  concours  de  calculateurs  auxiliaires,  et 
qui  résume  les  observations  météorologiques  faites  à  l'Observatoire  de 
Toulouse  de  i863  à  1900.  Je  demande  la  permission  de  commmuniquer 
ici  les  résultats  principaux. 

»  Je  me  bornerai  aux  moyennes  générales  relatives  aux  divers  mois  de 
l'année. 

Baromètre. 
Janv.         Fév.        Mars.       Avril.       Mai.         Juin.        Juill.         Août.         Sept.         Cet.        Nov.        Dec.        Année. 

747,6    47,0     44,0     43,7    44,4     46,1      46,4     46,1      46,4     45,  i     45,9    47,0     45, 81 


Mai. 

Juin.        Juill.         Août. 

44,4 

46,1      46,4      46,1 

Thermomètre. 

i5,5 

19,1       2r,7       21,5 

4", 9       6,6        8,5      ri, 9      i5,5      19,1       2r,7       21, 5       18,7       [3,4       8,7       5,2       12,96 


(')  Voir  Comptes  rendus,  t.  CXXXV,  1902,  p.  669. 

{-)  Zeitschiift  fur  Math.  a.  Physik,  Bd.  46,  1901,  p.  11. 

(■*)  Phil.  Mag..  5«  série,  t.  XLV,  1898,  p.  172. 


SÉANCE    DU    JO    NOVEMBRE    1902.  -^67 

Hygromètre. 

88  82  74       71  69         67  63  63  69         77         85         89        74,6 

Hauteur  de  pluie  {en  miHimètres). 
45  4o  48        72  70  80  4i  46  47  56         5o         45         623 

Nombre  de  jours  pluvieux. 
10  9  12         i3  12  II  8  89  12  II  II  125 

M  Les  vents  dominants  sont  :  Sud-Est  (vent  d'autan),  Ouest,  Nord-Ouest. 
Ces  trois  directions  moyennes  sont  à  peu  près  d'égale  fréquence  et  chacune 
d'elles  se  présente  aussi  souvent  que  l'ensemble  des  cinq  autres  directions 
de  la  rose  des  vents. 

»  Il  y  a,  sans  doute,  intérêt  à  donner  ici  quelques  renseignements  sur 
la  suite  des  observations  météorologiques  faites  à  l'Observatoire  de  Tou- 
louse. 

»  Ces  observations,  commencées  en  1889  par  Frédéric  Petit,  correspon- 
dant de  l'Académie,  fondatenr  et  premier  directeur  de  l'Observatoire,  ont 
été  poursuivies  par  lui  jusqu'à  sa  mort,  en  1866.  La  hauteur  de  la  cuvette 
du  baromètre  au-dessus  du  niveau  de  la  mer  a  été,  depuis  cette  époque, 
194™.  Jusqu'en  1880,  l'abri  météorologique  fut  établi  à  6™  au  nord 
du  bâtiment  principal  de  l'Observatoire. 

»  Après  1866,  les  observations  furent  continuées  pendant  quelques  mois 
par  Despeyrous,  puis  jusqu'au  3o  novembre  1870  par  Daguin.  Les  obser- 
vations faites  de  i863  à  1870  n'avaient  pas  jusqu'ici  été  publiées  régu- 
lièrement. 

))  A  la  suite  de  la  démission  de  Daguin,  l'Observatoire  de  Toulouse  fut  sans 
directeur  du  i*'  décembre  1870  au  i*""  juin  1873.  L'Académie  sait  comment, 
grâce  aux  efforts  de  plusieurs  de  ses  membres  les  plus  illustres  et  de  la 
municipalité  de  Toulouse,  cet  Observatoire  fut  reconstitué  sons  la  direction 
de  Félix  Tisserand,  auquel  j'ai  eu  l'honneur  de  succéder  le  i"' octobre  1878. 

»  Les  observations  météorologiques  réorganisées  par  Tisserand  et 
reprises  le  i"  juin  1878  ont  été,  depuis,  continuées  sans  interruption. 

Le  développement  progressif  de  l'Observatoire  a  cependant  rendu  néces- 
saires, à  diverses  dates,  des  changements  dans  les  heures  des  observations 
et  des  déplacements  de  l'abri  météorologique.  Les  éludes  minutieuses  aux- 
quelles je  me  suis  livré  m'ont  montré  que  ces  changements  ont  été  sans 


768  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

inconvénients  sérieux.  Ils  ont  été,  au  reste,  inévitables.  Notamment  l'abri 
météorologique  a  été  transporté  en  1880  dans  la  partie  nord  du  jardin, 
à  25'"  du  bâtiment  principal,  et,  en  1895,  à  la  suite  d'un  agrandissement 
considérable  du  terrain  de  l'Observatoire,  vers  l'est,  au  milieu  d'une  pelouse 
de  ^o^  de  côté. 

))  Depuis  1880,  la  station  météorologique  a  été  pourvue  d'instruments 
enregistreurs  qui  ont  fonctionné  d'une  manière  à  peu  près  satisfaisante 
pendant  les  dix  premières  années  et  de  la  façon  la  plus  régulière,  depuis. 
Les  graphiques  fournis  par  ces  instruments,  ont  permis  de  compléter,  à 
l'occasion,  les  lacunes  qu'ont  pu,  accidentellement,  offrir  les  observations 
trihoraires.  Il  m'a  été  impossible,  en  l'état  du  personnel  et  du  budget  de 
l'Observatoire,  de  les  utiliser  plus  complètement  dans  mon  étude  du  climat. 

))  Les  observations,  depuis  1873,  ont  été  faites  par  les  astronomes  de 
l'Observatoire  :  MM.  Perrotin,  Jean,  Bigourdan,  Saint-Blancat,  Fabre,  Rey, 
Andoyer,  Cosserat,  Bourget,  Montangerand,  Rossard,  Besson  et  par  divers 
auxiliaires.  Les  astronomes  dont  je  viens  de  citer  les  noms  ont  été  trop 
absorbés  par  leurs  travaux  astronomiques  pour  qu'il  fût  j)ossible  de  leur 
demander  le  relevé  des  graphiques  des  instruments  enregistreurs.  Ce  tra- 
vail sera  fait  dès  que  les  ressources  de  l'Observatoire  le  permettront. 

))  Petit  a  publié,  en  1866,  un  volume  d'Annales  renfermant,  avec  divers 
travaux  astronomiques,  une  élude  du  climat,  résumant  les  observations 
laites  par  lui  de  1889  à  1862.  Cette  étude  et  le  travail  dont  j'ai  l'honneur 
d'entretenir  aujourd'hui  l'Académie,  conduit  d'après  le  même  plan, 
forment  un  ensemble  à  peu  près  homogène  comprenant  une  période  de 
soixante  années.  Le  même  travail  sera  désormais  continué  d'année  en 
année,  en  la  même  forme,  et  publié  chaque  année  dans  le  Bulletin  de  la 
Commission  météorologique  de  la  Eaute-Garonne,  dont  M.  Mascart  m'a  fait 
l'honneur  de  présenter,  au  mois  de  juin  dernier,  le  premier  fascicule  à 
l'Académie.  » 


M.  Hatox  toi-:  LA  GoupiLLiÈiiE,  à  propos  de  la  Communication  faite 
par  M.  Gré/iant  dans  la  dernière  séance,  présente  les  observations  sui- 
vantes : 

((  L'Académie  a  entendu,  dans  la  séance  du  3  novembre  dernier,  une 
lecture  de  l'un  des  savants  professeurs  dont  elle  apprécie  le  talent, 
M.  Gréhant,  sur  des  analyses  d'échantillons  d'air  grisouteux  recueillis  dans 
une  mine  de  houille.  Ce  travail  doit  conserver  aux  yeux  de  l'Académie 


SÉANCE    DU    10    NOVEMBRE    I902.  769 

tout  son  mérite  scientifique;  mais  nous  croyons  devoir  rassurer  l'auteur,  en 
même  temps  que  nos  Confrères,  sur  la  portée  administrative  qu'il  entre- 
voit à  l'occasion  des  résultats  révélés  par  ses  essais. 

»  Nous  nous  garderons  bien  de  lui  demander  le  nom  d'une  exploitation 
qui  semble  aussi  gravement  en  opposition  avec  les  dispositions  réglemen- 
taires; car  le  Règlement  type  préparé,  dès  iSgS,  par  une  Commission  spé- 
ciale, adopté  après  délibération  par  le  Conseil  général  des  Mines,  et  suc- 
cessivement mis  en  application  par  des  arrêtés  préfectoraux  dans  toutes 
les  houillères  qui  paraissent  le  réclamer,  ne  tolère  au  maximum,  par  son 
article  96,  que  i  à  i  ^  pour  100  de  grisou  dans  les  traçages,  et  ^  à  i  pour 
100  dans  tous  les  autres  courants  d'air. 

»  En  outre  son  article  98  va  au-devant  du  désir  exprimé  in  fine  par  l'auteur 
de  la  Communication,  car  il  prescrit  des  analyses  quotidiennes  dans  les 
mines  franchement  grisouteuses,  et  hebdomadaires  dans  les  houillères 
faiblement  contaminées.  Il  ajoute,  pour  arriver  à  ce  résultat,  que  toute 
mine  à  grisou  doit  avoir  au  moins  deux  indicateurs  grisoumétriques  et  un 
appareil  de  dosage. 

))  Les  résultats  tout  à  fait  excessifs  qui  se  trouvent  cités  dans  la  Note  en 
question  n'incriminent  pas  du  reste  d'une  manière  absolument  nécessaire 
la  houillère  qui  a  été  le  théâtre  des  prises  d'essai,  si  celles-ci  n'ont  pas  été 
faites  avec  tous  les  soins  indispensables:  car  dans  une  cloche,  dans  le 
remous  du  chapeau  d'un  boisage,  il  peut  se  trouver  accidentellement  de 
petites  poches  abusivement  contaminées.  Mais  le  devoir  étroit  de  l'exploi- 
tant est  de  s'attacher  scrupuleusement  à  les  faire  immédiatement  dispa- 
raître avec  les  précautions  voulues  (articles  102  et  io5)  dès  que  l'atten- 
tion s'y  trouve  [)()rtée.    » 


M.  Zeiller  fait  hommage  à  l'Académie,  en  son  nom  personnel  et  au 
nom  de  M.  Michel  Lévy,  directeur  du  Service  des  topographies  souterraines, 
de  l'Atlas  de  la  Flore  fossile  des  gîtes  de  charbon  du  Tonkin,  qu'd  vient  de 
publier  dans  la  série  des  Études  préparées  parce  Service,  et  à  l'exécution 
duquel  le  Gouvernement  de  l'Indo-Chine  a  bien  voulu  contribuer.  11 
espère  pouvoir  d'ici  peu  de  mois  présenter  à  l'Académie  le  texte  du  même 
ouvrage,  actuellement  à  l'impression. 

Il  ajoute  qu'il  a  réuni  dans  cet  Atlas,  composé  de  56  planches  photo- 
typiques in-4",  les  figures  de  toutes  les  espèces  recueillies  jusqu'ici  dans 
les  gîtes  charbonneux  du  ïonkin,  ainsi  que  dans  les  gîtes  similaires  du  sud 


770  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

de  la  Chine  explorés  par  M.  l'Ingénieur  en  chef  des  Mines  Leclère. 
L'étude  de  ces  espèces  lui  a  permis  de  classer  définitivement  dans  l'étage 
rhétien  la  formation  des  dépôts  de  charbon  du  bas  Tonkin  ainsi  de  la 
plupart  de  ceux  du  sud  de  la  Chine,  notamment  du  gisement  de  Taï-Pin- 
Tchang,  au  nord  du  Yun-Nan,  tandis  que  les  charbons  de  Yen-Bai,  sur  le 
haut  fleuve  Rouge,  doivent  être  rapportés  à  la  période  tertiaire. 

M.  Zeilï.er  fait  également  hommage  à  l'Académie  d'une  Note  qu'il 
vient,  sur  la  demande  de  M.  Vidal,  l'éminent  géologue  de  Barcelone, 
de  faire  paraître,  en  espagnol  et  en  français,  dans  les  Mémoires  de  l'Aca- 
démie des  vSciences  de  Barcelone  sous  le  titre  :  «  Sobre  algunas  impresio- 
nes  végétales  del  Kimeridgense  de  Santa  Maria  de  Meya.  —  Sur  quelques 
empreintes  végétales  du  Rimméridien  de  Santa  Maria  de  Meya,  province 
de  Lérida  ». 


M.  H.  PoixcARÉ  fait  hommage  à  l'Académie  de  son  Ouvrage  intitulé  :  La 
Science  et  l'Hypothèse,  où  il  a  exposé  ses  idées  sur  la  méthode  des  Sciences 
mathématiques  et  celle  des  Sciences  physiques. 


M.  le  D^  Zambaco-Pacha,  Correspond  ml,  fait  hommage  à  l'Académie, 
par  l'entremise  de  M.  Lannelongue,  d'une  brochure  intitulée  ;  «  Les  monu- 
ments mégalithiques  de  l'Armorique  et  leurs  sculptures  lapidaires  ». 
(Extrait  de  la  Revue  d'Europe.) 


CORRESPONDANCE. 

M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  et  des  Beaux-Arts  transmet 
à  l'Académie  une  Lettre  adressée,  de  Sydnev,  à  M.  le  Ministre  des  Affaires 
étrangères,  et  contenant  des  documents  relatifs  à  un  tremblement  de  terre 
d'une  certaine  violence,  qui  s'est  produit  dans  l'État  de  South  Australia  le 
19  septembre  dernier. 

D'après  la  presse  locale,  les  oscillations  se  seraient  propagées  sur  une 
étendue  considérable;  le  choc  aurait  été  ressenti  dans  il\  villes  de  cet 
Etat.  C'est  dans  la  capitale,  Adélaïde,  et  aux  environs,  que  le  phénomène 
aurait  atteint  son  maximum  d'intensité;    le  phare  do  la  pointe  de  Trou- 


SÉANCE    DU    lO- NOVEMBRE    I902.  -7-7 1 

bridge,   en  face  de   la  ville,  s'est  écroulé  et  a  dû  être  remplacé  par  un 
feu  provisoire. 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Sur  V état  actuel  du  volcan  ae  la  Montagne.  Pelée, 
à  la  Martinique.  Extrait  d'une  Lettre  de  M.  A.  Lacroix  à  M.  Michel 
Lévy. 

«...  Nous  avons  délimité  la  zone  de  dévastation  du  côté  du  sud-est,  de 
Test  et  du  nord.  En  partant  du  Morne  Rouge,  elle  va  rejoindre  la  rivière 
Capot,  ne  dépasse  que  fort  peu  sa  rive  droite,  avec,  cependant,  une  petite 
avancée  au  Fond-Capot,  puis  s'incline  vers  le  nord-ouest,  passe  à  environ 
200™  au  sud  de  l'Ajoupa-Bouillon,  en  laissant  intacte  la  partie  principale 
de  ce  bourg,  puis  enfin  suit  de  loin  la  côte,  en  laissant  sur  le  bord  de 
celle-ci  une  zone  intacte  de  2'"°  à  3'"".  Dans  cette  zone,  la  végétation  est 
restée  extrêmement  verte,  et  seules  les  habitations  situées  à  l'embouchure 
des  rivières  ont  eu  à  souffrir  des  débordements.  Les  atterrissements  ont 
été  assez  considérables  pour  remblayer  le  long  de  la  Basse-Pointe  (bords 
de  la  rivière)  jusqu'au  toit  des  maisons,  et  pour  nous  permettre  de  suivre 
à  cheval  sur  le  bord  de  la  mer,  le  long  des  falaises  abruptes,  la  côte  entre 
Macouba  et  Grande-Rivière,  où  l'on  ne  passait  pas  jadis,  au  moins  faci- 
lement. Quant  aux  effondrements  de  la  côte  près  de  Basse-Pointe,  quant  à 
la  soi-disant  crevasse  qui  se  serait  ouverte  près  de  ce  village  et  aurait  tout 
brûlé,  quant  au  cratère  de  l'Ajoupa-Bouillon  dont  on  a  parlé  au  lendemain 
du  3o  août,  rien  de  tout  cela  n'existe.  Il  y  a  en  haut  de  la  rivière  Falaise 
de  petites  fumerolles  faiblement  actives,  et  peut-être  y  en  a-t-il  eu  sur  la 
montagne  à  la  source  de  la  rivière  de  la  Basse-Pointe  ;  je  vous  parlerai  de 
cela  dans  une  prochaine  lettre. 

»  Nous  avons  fait  l'ascension  du  sommet  du  cratère,  en  partant  de 
l'habitation  Assier  (côté  nord-est).  Pris,  comme  toujours,  par  le  brouillard 
à  100™  du  sommet,  nous  avons  trouvé  le  lac  des  Palmistes  dans  le  même 
état  qu'au  mois  de  juin  :  il  est  rempli  de  cendres  avec  quelques  grosses 
bombes.  De  nombreuses  rigoles  le  sillonnent,  se  déversant  vers  toutes 
les  rivières  de  la  côte  est;  leur  coupe  montre  des  lapillis  de  toute 
dimension  avec  des  enduits  de  soufre  et  des  croûtes  d'alunogène.  La  tem- 
pérature n'y  dépasse  pas  yo^'C,  par  places,  et  ce  n'est  qu'au  moment  de  la 
pluie  que  l'on  voit  s'en  échapper  un  peu  de  vapeur  d'eau. 

»   Nous  sommes  arrivés  facilement  jusqu'au  bord  du  cratère;  nous  étions 
dans  un  épais  brouillard,  nous  empêchant  de  rien  voir,  mais  des  vapeurs 


77^  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

suffocantes  d'acide  sulfureux  parvenaient,  par  moments,  jusqu'à  nous,  nous 
Çnrç-^ni  à  reculer,  et  un  bruit  vraiment  infernal  se  produisait  de  tous  côtés 
devant  nous;  nous  distinguions,  sans  pouvoir  préciser,  des  détonations 
accompagnées  d'éboulements  de  pierres,  rendant  un  son  comparable  à 
celui  de  bris  de  verre.  Nous  commencions  à  nous  désespérer,  lorsqu'une 
pluie  torrentielle  s'est  produite;  un  éclair  éblouissant  descendant  verti- 
calement sur  le  bord  du  cratère,  accompagné  par  un  coup  de  tonnerre, 
nous  a  pendant  quelques  secondes  arrêtés  ;  nous  nous  demandions  si  ce 
n'était  pas  une  explosion  du  volcan  ;  ce  n'était  heureusement  que  de  l'orage. 
Le  ciel  s'est  alors  découvert  et  nous  avons  eu  le  spectacle  le  plus  impres- 
sionnant que  l'on  puisse  imaginer.  Le  cratère  était  entièrement  découvert 
et  devant  nous,  à  loo™  à  peine  et  nous  dominant  de  plus  de  So*",  se  dressait 
un  cône,  entièrement  constilué  par  des  roches  solides.  Celles-ci  sont  extra- 
ordinairement  fendillées,  toutes  les  fissures  laissent  échapper  soit  tran- 
quillement, soit  par  explosion,  des  bouffées  de  vapeurs  blanches  ou  des 
fumées  bleuâtres  d'acide  sulfureux;  ce  sont  ces  explosions  qui  déter- 
minent les  éboulements  dont  le  bruit  nous  assourdissait.  Les  quartiers  de 
rochers  qui  dégringolent  ainsi  vont  peu  à  peu  obstruer  la  rainure  que  Ton 
observe  entre  ce  cône  et  les  parois  verticales  du  cratère.  J'estime  qu'actuel- 
lement cette  rainure  n'est  pas  à  plus  de  i5o™  du  sommet  du  cratère.  Celui-ci 
a  probablement  600"  à  800™  de  grand  diamètre. 

»  Ce  cône  n'a  cerlainement  pas  de  cheminée  centrale;  quand  il  v  a  peu 
de  vent,  toutes  les  fumerolles  qui  sortent  de  ses  flancs  s'élèvent  verticalement 
et  donnent  l'illusion  d'un  panache  terminal.  Quant  aux  grosses  colonnes 
de  vapeur  qui  montent  parfois  à  plusieurs  kilomètres  de  hauteur,  celles  que 
nous  avons  vues  partaient  surtout  de  la  rainure  du  cratère;  par  moments, 
elles  nous  cachaient  entièrement  cône  et  cratère  qui,  de  temps  en  temps, 
apparaissaient  en  tout  ou  partie  donnant  à  ce  paysage  un  aspect  vraiment 
fantastique. 

»  Après  3  heures  d'observation,  le  brouillard  est  devenu  permanent  et 
nous  avons  eu  quelque  peine  à  retrouver  notre  route  pour  descendre; 
inutile  de  vous  dire  que  le  nègre  que  nous  avions  amené  comme  porteur 
avait  énergiquement  refusé  d'avancer  sur  le  sommet  et  décampé  dès  que 
nous  avons  eu  le  dos  tourné.  Nous  avons  pu  reconnaître  les  points  où  nous 
étions  arrivés  lors  des  quatre  ascensions  de  notre  dernier  vovage  ;  nous 
étions  arrivés  au  but  sans  en  être  sûrs  et  sans  voir  grand'chose.  Je  ne  puis 
donc  savoir  quel  a  été  l'accroissement  du  cpne  central  qui,  pendant  toute 
notre  précédente  mission,  ne  s'est  jamais  montré  à  nous  que  couvert  au 


SÉANCE   DU    lO   NOVEMBRE    1902.  '-^S 

sommet;  les  habitants  des  revers  sud  et  est  de  la  montagne,  que  nous 
avons  interrogés,  sont  très  affirmatifs  pour  assurer  que  ce  cône  n'était  pas 
visible,  au  commencement  d'août,  de  la  région  qu'ils  habitaient,  alors  que 
maintenant,  comme  nous  l'avons  constaté  nous-mêmes,  il  se  distingue  net- 
tement. Ils  assurent  qu'ils  l'ont  vu  changer  de  forme  depuis  cette  époque. 
J'ai  pris  mes  dispositions  pour  entreprendre  dès  à  présent  des  mesures  qui 
permettront  de  suivre  toutes  les  variations  de  ce  cône.  Il   se  présente 
actuellement  très  irrégulier,  allongé  dans  la  direction  du  NNO,  terminé 
par  des  aiguilles  extrêmement  aiguës;  et  à  ce  propos  je  dois  faire  une  recti- 
fication à  notre  premier  Rapport.  Nous  avons  dit  que  nous  avions  vu  un 
jour  à  travers  les  nuages  apparaître  un  sommet  déchiqueté  d'une  altitude 
de  1353""  que  nous  avons  pris  pour  un  reste  du  Morne  La  Croix;  cela  était 
inexact,  et  ce  sommet  appartenait  certainement  au  cône  en  question.  En 
faisant  le  tour  du  cratère,  nous   avons  constaté  que,  du  côté  nord-est,  le 
point  le  plus  élevé  est  actuellement  le  petit  rocher  d'andésite,  de  1270" 
d'altitude,  dont  nous  avons  parlé  dans  le  même  rapport;  si  donc  l'indica- 
tion i35o™  portée  sur  la  Carte  pour  le  Morne  La  Croix  était  exacte,  il  s'est 
écroulé  en  partie  et  n'est  plus  le  point  culminant  de  la  montagne;  celui-ci 
(cône  à  part)  serait  formé  par  une  arête  dominant  Macouba  et   dont  je 
déterminerai  l'altitude  précise  à  ma  prochaine  ascension. 

»  Nous  avons  fait  ensuite  une  ascension  de  la  montagne  par  la  rivière 
Blanche;  l'heure  du  courrier  me  presse,  je  vous  écrirai  à  ce  sujet  par  le 
courrier  français  qui  part  dans  quelques  jours;  je  me  contente  de  vous 
signaler  que  l'échancrure  qui  s'ouvrait  au  devant  du  cratère,  du  côté  du 
sud-ouest,  au-dessus  de  la  rivière  Blanche,  s'est  agrandie  d'une  façon 
extraordinaire  le  3o  août  :  elle  permet  maintenant,  au  talus  d'éboulis  qui 
se  trouve  à  la  base  du  cône,  de  descendre  librement  dans  la  vallée  de  la 
rivière  Blanche.  I/énorme  quantité  de  matériaux  anciens  qui  a  ainsi  sauté, 
jointe  aux  cendres  de  l'éruption  du  3o  août  et  aux  débris  du  cône,  a  consi- 
dérablement modifié  la  topographie  de  la  vallée  de  la  rivière  Blanche,  dont 
toute  la  partie  inférieure  a  été  remblayée.  Presque  toutes  les  traces  des 
éruptions  antérieures  y  ont  maintenant  disparu  jusqu'à  2'^"*  de  la  côte;  la 
petite  plage  sur  laquelle  nous  débarquions  en  fin  de  juillet  est  aujourd'hui 
remplacée  par  une  falaise  d'une  quinzaine  de  mètres  de  hauteur,  minée 
d'ailleurs  par  l'action  de  la  mer.  Aucune  fumerolle  ne  fonctionnait  active- 
ment ces  jours-ci  dans  la  vallée  de  la  rivière  Blanche.    » 


C.  R.,  1902,  2*  Semestre.  (T.  CXXXV,  N"  19.) 


102 


774  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.   —  La  pesanteur  le  long  du  parallèle  moyen. 
Note  de  M.  J.  Collet,  présentée  par  M.  Lœwy. 

«  Depuis  près  de  dix  années  j'ai  entrepris,  avec  le  concours  de  M™**  Collet, 
une  étude  méthodique  de  la  pesanteur  le  long  du  parallèle  moyen.  J'ai 
déjà  adressé  à  l'Académie  plusieurs  Notes  sur  ce  sujet  ('  ).  Je  me  propose 
actuellement  de  résumer,  dans  leur  ensemble,  les  résultats  obtenus.  Cette 
publication,  qui  aurait  pu  être  faite  plus  tôt,  a  été  retardée,  d'abord  par 
des  recherches  que  j'ai  dû  faire  sur  l'évaluation  de  Vattraction  topogra- 
phique, sensible  en  plusieurs  stations;  puis  par  des  expériences  de  contrôle 
sur  l'invariabilité  du  pendule;  enfin  par  une  revision  générale  de  toutes 
les  expériences  et  de  tous  les  calculs.  Comme  conséquence  de  ces  opéra- 
tions multiples,  j'ai  dû  apporter  quelques  très  légères  modifications  aux 
résultats  antérieurement  publiés. 

»  Je  rappelle  que  j'ai  procédé  par  déterminations  relatives  de  la  pesanteur, 
suivant  la  méthode  Defforges,  en  prenant  Paris  (Observatoire)  comme 
station  de  départ.  J'ai  ainsi  relié  mes  opérations  à  celles  du  Service  géo- 
graphique de  l'Armée.  Marseille  m'a  fourni,  d'autre  part,  une  vérification 
précieuse,  en  me  permettant  de  retrouver  une  valeur  de  g  concordante 
avec  celle  que  le  commandant  Defforges  y  avait  obtenue. 

»  Le  long  du  parallèle  moyen  qui,  de  l'Océan  à  Turin,  traverse  les 
régions  les  plus  diverses,  avec  de  très  grandes  altitudes,  j'ai  choisi  dix  sta- 
tions caractéristiques.  On  a  donc  opéré,  en  somme,  en  douze  stations,  et 
plusieurs  fois  dans  certaines  d'entre  elles. 

»  Je  ne  m'occuperai  aujourd'hui  que  de  la  partie  des  observations  qui 
concerne  la  durée  des  oscillations  pendulaires,  et  de  la  recherche  de  leur 
degré  de  précision. 

Tableau  des  observations  de  la  durée  d'une  oscillation  pendulaire  (-). 

T.  T-r.  V  e. 

.  o 

Paris 1893       0,7112112       10/+ 1       0,7118659       17,28       0,711 35 11 

Paris 1901  1688       1082  8294       11,29  3535 

{})  Comptes  rendus,  t.  CXIX,  p.  634;  t.  CXXII,  p.  i265;  t.  CXXIV,  p.  1088; 
t.  CXXX,  p.  642;  t.  CXXXl,  p.  654  et  p.  742. 

(^)  Dans  ce  Tableau  :  T  désigne  la  durée  moyenne,  en  secondes  sidérales,  déduite 
des  quatre  séries  d'observations  faites,  le  poids  lourd  en  bas,  PLB;  T'  la  durée  ana- 


SÉANCE    DU    lO   NOVEMBRE    1902.  775 

T.  T-T'.  Te.  e.  T„. 

o 

Marseille 1894      0,7113482  1082       0,7115017  12,62       0,7115172 

CapFerret 1895  3858  965  5290  26,175  A629 

Bordeaux 1894  8874  io54  494'  1^,28  4928 

Aurillac 1895  4026  986  6491  i9'62  6191 

St-Pierre-le-Chastel.  1895  365o  1062  6229  16,80  5ii2 

Saint-Agrève 1898  4172  1067  6759  18, o5  556i 

Saint-Agrève 1899  4f49  1066  6784  17,62  5564 

Valence. 1893  8762  1018  5267  5o,59  49^3 

Grenoble 1894  8474  1024  4997  ^^^^9  ^o»? 

Grenoble 1897  3972  994  545o  22,26  497^ 

LaBérarde 1893  5o64  1082  6599  17,69  643i 

LeLautaret 1899  4718  1097  6849         9,69  6701 

Turin 1896  3o46  1076  4645         9,80  5oi55 

))  En  partant  de  la  formule  Defforges  T  —  T' =  A  —  ^6,  on  peut  déter- 
miner le  degré  de  précision  des  résultats  obtenus.  En  posant  a  =  6,  b  =1, 
c  =  T  —  T',  X  =:  —  p,  r  =  A,  on  aura  i4  équations 

(i)  ax  ■+-  by  -~  c  =  o, 

qui,  résolues  par  la  méthode  des  moindres  carrés,  donneront 

(2)  ^ 

^    ^  (  J  =  A  =  ii5o; 

et 

(3)  T-T  =  ii5o  -6,700. 

U erreur  moyenne  des  déterminations  de  T  —  T'  sera  e  =  i[\',  et,  pour  les 
erreurs  moyennes  de  x  et  de  y,  on  aura,  suivant  des  notations  usuelles, 
e^=ey/Q,  e^z^ey/Q^,  où  Q  =  0,003497  et  Q',.=  1,008;  d'où  e^  — i  ,4i  6, 
^^=24,19. 

»  Enfin  l'erreur  moyenne  e,  de  T  —  T  sera 

e,  =  s/a^4-4-e;=  e  s/O^Q  +  Q;  >  e. 

Pour  0  =  20°,  on  a  e,  =  e  X  i ,55. 

»   On  voit  par  là  que  l'ensemble  des  valeurs  observées  pour  T  —  T'  est 

logue  PLH;  T9  la  durée  d'oscillation,  à  6°,  du  pendule  simple  d'une  longueur  égale  à 
la  distance  des  couteaux;  et  ^,5  cette  durée  réduite  à  i5°. 


77^  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

nettement  préférable  à  Tensenible  des  valeurs  calculées.  C'est  pourquoi, 
dans  le  calcul  des  valeurs  de  Te  par  la  formule 

(4)  .  =  T  +  ^,(T-T'), 

dans  laquelle  h  et  h'  sont  les  distances  du  centre  de  gravité  du  pendule  aux 
arêtes  des  couteaux,  on  a  conservé  les  valeurs  de  T  —  T'  fournies  par 
l'observation,  au  lieu  de  faire  leur  nivellement  à  l'aide  de  la  formule  (3). 

»  Cette  formule  peut  être  cependant  très  utile  dans  certains  cas,  et  nous 
l'avons  employée,  en  particulier,  pour  le  calcul  de  t  à  f^a  Bérarde.  Ayant 
constaté  une  anomalie  manifeste  dans  une  série  PLH,  nous  n'avons  retenu 
de  l'expérience  que  la  valeur  de  T,  et  c'est  la  valeur  de  T  —  T',  calculée  à 
l'aide  de  la  formule  (3),  qui  figure  dans  notre  Tableau. 

»  Pour  T  et  T',  en  remarquant  que  les  poids  de  ces  déterminations  sont 

5 
à  peu  près  dans  le  rapport  de  6  à  5,  on  aura  les  valeurs  probables  T  H e 

et  T e\  d'où,  pour  l'erreur  de  t, 

At  =  (A +^^-).  =  1,94^-46,56        (^  =  1,487). 
L'erreur  correspondante,  pour  la  valeur  de  g,  sera  A^'^  =  0,0001 3.  » 


GÉOMÉTRIE.   —  Sur  les  substitutions  crémoniennes  dans  V espace. 
Note  de  M.  Léon  Autonne,  présentée  par  M.  Jordan. 

«  Dans  la  présente  Communication,  je  me  propose  de  continuer  les 
recherches  commencées  dans  la  troisième  Partie  (Substitutions  crémo- 
niennes) de  mon  travail  Sur  les  formes  quaternaires  à  deux  séries  de  variables. 
—  Applications  à  la  Géométrie  et  au  Calcul  intégral,  inséré  dans  le  Recueil 
des  Mémoires  couronnés  et  Mémoires  des  savants  étrangers  publiés  (T.  LIX, 
1901)  par  l'Académie  royale  des  Sciences  de  Belgique. 

»  Ce  n'est  du  leste  que  l'extension  à  l'espace  des  théories  données,  pour 
la  Géométrie  plane,  dans  des  Mémoires  déjà  anciens,  publiés  au  Journal  de 
Mathématiques,  savoir  : 

»  1887.  Recherches  sur  les  groupes  d'ordre  fini  contenus  dans  le  groupe 
des  substitutions  linéaires  de\contact. 


SÉANCE    DU    lO   NOVEMBRE    1902.  -7^^ 

»  1888.  Recherches  sur  les  groupes  d'ordre  fini  contenus  dans  le  groupe 
quadratique  crèmonien  : 

»   Premier  Mémoire  ;  Etude  d'une  substitution  crémonienne  isolée. 

»  Deuxième  Mémoire  :  Multiplication  des  crémoniennes ;  groupes  quadra- 
tiques; groupe  directeur. 

»  Conservons  toutes  les  définitions  et  notations  de  mon  Mémoire  de 
Belgique,  notamment  ce  qui  esL  relatif  à  Vêlement,  à  V élément-image,  aux 
variétés  primordiales,  etc. 

»  Prenons  s^  et  MP'^(i=  i,  2,  3,4)  des  coordonnées-points  et  coordonnées- 
plans  courantes,  avec  Iwz  =  o,  et  considérons  une  crémonienne 


(V/ 


<ï^/      -r.i 


ju  m 

Z       IT' 

n    11' 

z     w 

p  p' 

z     iV 
q   q' 

z    w 


m   ni 
n    II' 


P  P 
q   q' 


P  P 
q   q' 


m  m 
n    n' 


les  huit  entiers  non  négatifs  m,  . . .,  q'  désignant  les  dimensions  auxquelles 
figurent  les  variables  z^  ou  Wi  dans  les  formes  biquaternaires  cp,  },  6  et  •(^. 
»  Au  Mémoire,  on  a  exposé  les  propriétés  générales  des  crémoniennes. 
On  passera  maintenant  à  la  construction  effective  des  crémoniennes  d'un 
type 

'     P  P' 


donné. 


m  m 
Il    n' 


q    q- 


»  On  ne  considérera  bien  entendu  pas  comme  distinctes  les  crémoniennes  obtenues 
en  multipliant  une  crémonienne  donnée,  devant  ou  derrière,  par  des  coUinéations 
quelconques,  avec  ou  sans  intervention  de  la  dualité  (transformation  par  polaires  réci- 
proques, par  rapport  à  une  quadrique). 

»  Reprenant  et  achevant  une  discussion  entamée  aux  Chapitres  VIII 
et  IX  du  Mémoire  (troisième  Partie),  j'ai  construit  toutes  les  crémoniennes 
qui  possèdent  la  propriété  suivante  : 

»  Entre  une  série  de  coordonnées  Xi  ou  Ui  de  l'élément  {x,  a)  et  une  série  de 
coordonnées  yi  ou  t^^-  de  Télément-image  (y,  v)  existent  deux,  et  seulement  deux 
relations  distinctes,  obtenues  tn  annulant  deux  formes  biquaternaires  bilinéaires. 


778  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»   On  trouve  la  crémonienne  unique 


s  =  S' 


I    I 
I    I 


I    I 
I    I 


^2 


—  5,(^3 

—  Z,W2 


.W^ 


^w. 


"2  ^^2     1^  ^3  '^S 

z,w^ 


w^  z,  w, 

»  Théorème.  —  La  crémonienne  s  est  le  seul  représentant  des  types 


1   I 


I   I 


ou 


»  Une  dernière  observation  n'est  pas  inopportune,  quoique  étrangère  à 
l'objet  de  la  présente  Communication.  Dans  la  seconde  Partie  de  mon  Mé- 
moire de  Belgique,  consacrée  aux  connexes  dans  l'espace,  se  trouvent 
plusieurs  résultats,  déjà  découverts  depuis  longtemps  par  M.  Fouret.  On 
les  trouvera  dans  les  Notes  que  ce  géomètre  a  insérées  aux  Comptes  rendus 
(t.  LXXIX  à  LXXXV).  Je  les  avais  ignorées  lors  de  la  rédaction  du  Mé- 
moire. Ils  se  rapportent  à  l'équation  de  Jacobi  dans  l'espace,  au  nombre 
des  éléments  fondamentaux  d'un  connexe  (implexe,  de  M.  Fouret)  de 
classe  un,  ....  Qu'il  me  soit  permis  d'ajouter  que,  le  plus  souvent,  ma  so- 
lution comporte  une  discussion  plus  complète  que  celle  de  M.  Fouret.    » 


MÉCANIQUE.  —  Sur  la  rupture  et  le  déplacement  de  l'équilibre.  Note  de 
M.  JouGUET,  présentée  par  M.  G.  Jordan. 

«  Dans  une  Note  antérieure  (^),  nous  avons  insisté  sur  quelques  cas 
particuliers  des   lois   de   la  rupture  et    du   déplacement  de  l'équilibre. 

(*)  Comptes  rendus,  t.  CXXXIV,  16  juin  1902,  p.  i4i8.  Quelques  erreurs  d'im- 
pression se  sont  glissées  dans  cette  Note,  s  désigne  l'entropie  et  non  l'énergie.  Il  faut 
lire,  à  la  ligne  17, 

du  ^  —-  ds  i  au  lieu  de  du  =  —-  ds 
as       \  Os 

et  à  la  ligne  27 

z{a,i^,s,Y),y{a,'^,s,p)     au  lieu  de     t{ct,  ^,Y),  y{cc,  ^,p). 


SÉANCE    DU    TO    NOVEMBRE    1902.  779 

Conservant  les  notations  de  cette  Note,  nous  allons  appliquer  les  théorèmes 
(6),  (8),  (9)  à  la  Mécanique  chimique. 

»  Pour  distinguer  les  cas  de  déplacement  des  cas  de  simple  rupture  de 
l'équilibre,  étudions  la  stabilité  des  systèmes  chimiques  enfermés  dans  une 
enveloppe  imperméable  à  la  chaleur.  En  partant  de  l'hypothèse  de 
M.  Duhem  «  sur  la  stabilité  physique  »  {Mécanique  chimique,  Livre  VI, 
Chap.  I,  §  6)  et  en  profitant  de  l'analogie  entre  le  volume  et  l'entropie 
pour  raisonner  comme  cet  auteur,  on  montre  qu'un  système  de  phases 
soumis  à  une  pression  constante  et  enfermé  dans  une  enveloppe  non  con- 
ductrice ne  peut  être  qu'en  équilibre  stable  ou  indifférent.  Les  états 
d'équilibre  indifférent,  s'ils  existent,  sont  en  général  isolés  et  tels  que  la 
pression  y  est  plus  grande  ou  plus  petite  qu'en  tout  autre  état  d'équilibre 
voisin  (propriété  corrélative  du  théorème  de  Gibbs  et  Ronovv^alow).  Ils  ne 
se  rencontrent  d'ailleurs  que  dans  les  systèmes  univariants  ou,  pour  les 
systèmes  plurivariants,  dans  le  continuum  formé  par  leurs  points  indiffé- 
rents à  température  constante. 

»  Nous  considérerons,  pour  fixer  les  idées,  un  système  univariant.  Ses 
états  d'équilibre  sont  représentés,  dans  le  plan  T^,  par  une  ligne  qui  peut 
avoir  une  tangente  parallèle  à  Op  en  I  et  une  tangente  parallèle  à  OT  en  II. 
Si  p  est  maintenu  constant,  l'équilibre  isothermique  est  partout  indiffé- 
rent, l'équilibre  adiabatique  est  indifférent  en  II,  stable  en  tout  autre 
point.  Pour  une  variation  infiniment  petite  de  pression,  le  premier  subit 
partout  une  rupture  finie,  le  second  subit  une  rupture  finie  en  II,  un  dépla- 
cement infiniment  petit  partout  ailleurs.  Dans  le  cas  où  V  est  maintenu 
constant,  tous  les  équilibres  sont  stables,  sauf  l'isothermique  en  I  qui  est 
indifférent. 

»  Application  du  théorème  (6).  —  En  vertu  de  ce  théorème,  une  aug- 
mentation adiabatique  de  pression  provoque  un  phénomène  caractérisé 
par  A^^^V  <^  o.  En  vertu  du  théorème  de  Robin,  une  augmentation  isother- 
mique de  pression  provoque  un  phénomène  tel  que  A^  V  <^o.  Les  effets 
peuvent  être  les  mêmes  (ainsi  en  II  où  A^pV=  Aj^V).  Mais  ils  peuvent 
aussi  être  inverses. 

»  Soit,  par  exemple,  i''^  de  vapeur  d'eau  saturée.  Imaginons  qu'un 
poids  dm  se  condense,  /?  et  T  restant  constants.  L'entropie  diminue.  Pour 
la  ramener  à  sa  valeur  initiale,  isolons  le  liquide  de  la  vapeur  et  chauffons 
le  tout  à  p  constant  en  profitant  de  la  surchauffe  pour  maintenir  l'eau 
liquide.  Dans  la  première  partie  de  l'opération,  V  a  diminué;  il  a  augmenté 


780  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

dans  la  seconde.  C'est  le  second  effet  qui  l'emporte  :  le  calcul  donne,  si 
l'on  est  parti,  par  exemple,  de  T  =  278 -J- 164,  A^^  V  —  0,37  fl?m  ^  o.  Au 
contraire,  A^^  V  <^  o.  Une  diminution  de  pression  doit  donc  produire  une 
condensation  si  elle  est  adiabatique,  une  vaporisation  si  elle  est  isother- 
mique. C'est  là  un  phénomène  classique. 

»  D'une  manière  générale,  c'est  au  voisinage  de  I  et  du  côté  convenable 
qu'on  a  le  plus  de  chances  d'observer  ces  effets  inverses.  MM.  ïammann 
les  a  déjà  recherchés  dans  le  phénomène  de  la  fusion.  Il  résulte  de  ses 
expériences  qu'on  ne  pourra  réussir  à  les  observer  dans  ce  cas  qu'en  se 
plaçant  très  près  du  point  T  (  '  ). 

»  Application  des  théorèmes  (8)  et  (9).  —  L'effet  d'une  addition  de  cha- 
leur dépend  du  signe  de  Aj.,^^  si  elle  est  faite  à  pression  constante,  de  \^yS 
si  elle  est  faite  à  volume  constant.  (Le  calcul  de  A^  y-^  exige,  en  général, 
comme  plus  haut,  celui  de  A,^,V,  qu'on  fasse  appel  aux  phénomènes  de 
surchauffe,  surfusion,  etc.)  En  I,  ces  quantités  sont  égales.  Mais  ailleurs, 
notamment  au  voisinage  de  II  et  du  côté  convenable,  il  peut  airiver  que 
At,^^  .  àyyS<i  o.  Dans  ce  cas,  si  l'on  chauffe  le  système,  on  observe  un  phé- 
nomène chimique  différent  suivant  qu'on  maintient  invariable  le  volume 
ou  la  pression.  Ce  fait  pourrait  sans  doute  être  observé  sur  certains  sys- 
tèmes univariants,  étudiés  par  MM.  Roozeboom  et  Smits,  et  formés  de 
deux  composés  (sel  et  eau)  répartis  en  trois  phases  :  le  point  II  existe  pour 
ces  systèmes. 

))  Remarque.  —  On  peut  présenter  un  peu  autrement  les  théorèmes  de 
notre  précédente  Note.  Prenons,  par  exemple,  (8)  et  (9).  Imaginons  qu'on 
chauffe  le  corps  assez  vite  pour  que,  d'abord,  il  ne  se  produise  aucune 
modification  chimique;  seule  la  température  varie  et  s'élève.  On  cesse 
ensuite  de  chauffer  et  on  laisse  le  corps  sans  échange  de  chaleur  avec 
l'extérieur.  (8)  et  (9)  apprennent  qu'il  se  produit  alors  une  modification 
chimique  qui  fait  baisser  la  température.  Si  l'équilibre  adiabatique  est 
stable,  nous  admettrons  que  cette  modification  amène  le  corps  à  une  nou- 
velle position  d'équilibre. 

»  La  température  a  donc  d'abord  crû,  puis  décru.  On  peut  se  rendre 
compte  que  l'effet  final  est  une  augmentation  de  température  si  l'équilibre 
isothermique  est  stable  (pour  les  systèmes  invariants,  si  l'on  opère  à 
volume  constant  ailleurs  qu'en  I),   un  retour  à  la  température  initiale  si 


(1)  Annalen  der  Physik,  vierte  Folge,  Band  I,  p.  276. 


SÉANCE    DU     !0    NOVEMBRE     Ï902.  -jSl 

l'équilibre  isothermique  est  indifférent  et  l'équilibre  adiabatiqne  stable 
(pour  les  systèmes  invariants,  si  l'on  opère  à  pression  constante  ailleurs 
qu'en  II  ou  à  volume  constant  en  I).    » 


ANALYSE   MATHÉMATIQUE.    —    Sur  l' équivalence  des  systèmes  différentiels. 
Note  de  M.  E.  Cartax,  présentée  par  M.  E.  Picard. 

«  Le  problème  qui  consiste  à  trouver  les  invariants  d'un  système 
d'équations  aux  dérivées  partielles  ou  d'un  système  de  Pfaff  par  rapport  à 
un  changement  de  variables  quelconque,  ou  par  rapport  à  un  groupe  de 
transformations  fini  ou  infini  dont  on  donne  les  équations  de  définition,  autre- 
ment dit  le  problème  de  l'équivalence  des  systèmes  différentiels,  celui  qui 
consiste  à  reconnaître  le  degré  d'indétermination  delà  transformation  qui 
transforme  entre  eux  deux  systèmes  équivalents  ou  la  nature  du  groupe 
fini  ou  infini  qui  laisse  invariant  un  système  donné,  tous  ces  problèmes 
peuvent  se  ramener  au  suivant,  plus  général  : 

»  Étant  données  n  expressions  de  Pfaff  indépendantes 

à  n  variables 

Uy  f  ,  O/o,  •   •    •  5  "^rt» 

étudier  les  invariants  du  système  (co,,  to^,  . . .,  w,, )  par  rapport  au  groupe  de 
transformations  (^inconnu)  le  plus  général  qui  laisse  invariantes  un  certain 
nombre  de  fonctions  données  y^,  . . . ,  y,„  des  x,  et,  de  plus,  effectue  sur 
co, ,  . . .,  c.j„  une  substitution  linéaire  appartenant  à  un  groupe  linéaire  donné  G 
dont  les  équations  finies  peuvent  dépendre  (^paramélriquement)  des  y  et  dont  les 
constantes  arbitraires  doivent  être  regardées  comme  des  fonctions  arbitraires 
des  X. 

))  Dans  tous  les  problèmes  énoncés  plus  haut,  les  transformations  infini- 
tésimales de  G  sont  connues. 

»  J'ai  trouvé  une  méthode  générale  permettant  de  résoudre  ce  problème 
et  reposant  sur  le  même  principe  que  la  méthode  d'intégration  que  j'ai 
exposée  récemment  dans  deux  Notes  à  l'Académie  ('). 


(')  Sur  r intégration  des  sytènies  différentiels  complèlenient  intégrables  {{(j \mn 
et  3o  juin  1902). 

C.  R.,  1902,  5'  Semestre.  (T.  CWXV,  N»  19.)  Io3 


782  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»   Si 

1,2,  ...,/i 

(1)  i2,/=    2     ""''^'''-dil         (s=i,2,...,x) 

sont  les  r  transformations  infinitésimales  de  G,  les  a  désignant  des  fonc- 
tions des  j',  la  méthode  consiste  à  introduire  r  expressions  de  Pfaff  auxi- 
liaires cj,,  cTo,  . . .,  cT^  et  des  coefficients  A^;ti  définis  par  les  co variants  bili- 
néaires  des  oj^ 

s  =  l r 

(2)  (o^  =2A,yA0J,Wy  -t-       2        y-iks^'i^s  (k  =  l  ,  2,  .  . . ,  r) . 

»  Les  A,y;é  sont  alors  transformés  entre  eux  par  le  groupe  considéré,  ce  qui 
permet,  par  la  considération  des  formes  réduites,  de  réduire,  dans  certains 
cas,  le  groupe  G  à  l'un  de  ses  sous-groupes  et  peut  conduire  aussi  à  de  nou- 
velles fonctions  invariantes  de  x.  Lorsque  aucune  de  ces  réductions  n'est 
plus  possible,  le  problème  de  l'équivalence  est  résolu  si  le  groupe  G  final 
satisfait  à  certaines  conditions  numériques  qui  se  rattachent  à  la  théorie 
des  conditions  d'involution  d'un  système  de  Pfaff  à  n  variables  indé- 
pendantes. 

M  Si  le  groupe  G  ne  satisfait  pas  à  ces  conditions,  on  raisonne  sur  le 
système  des  n  -\-  r  expressions  de  Pfaff 

to,,      to.j.,       ...,      o>,,,  cj^,      cjo,       ...»      vj,. 

dont  on  met  les  covariants  bilinéaires  sous  une  forme  analogue  à  (2),  le 
groupe  G  étant  remplacé  par  un  nouveau  groupe  à  r -1- r'  paramètres  qui 
introduit  f  nouvelles  expressions  de  Pfaff  auxiliaires  /, ,  . . . ,  ;(/,  et  ainsi  de 
suite.  Ces  opérations  ont  une  fin  et  les  formules  finales  indiquent  le  degré 
d'indétermination  de  la  transformation  qui  transforme  l'un  dans  l'autre 
deux  systèmes  équivalents. 

))  Si  les  équations  finies  du  groupe  linéaire  primitif  G  sont  connues,  le 
problème  général  est  obtenu  sans  intégration. 

»  Si  le  groupe  final  se  réduit  à  la  substitution  identique  et  si,  pour  fixer 
les  idées,  aucun  invariant  ne  s'est  présenté,  chacun  des  systèmes  étudiés 
admet  un  groupe  fini  dont  la  structure  est  donnée  par  les  constantes  A^j/^  et  les 
constantes  analogues . 

))  Si  le  groupe  final  ne  se  réduit  pas  à  la  substitution  identique,  chaque 
.système  admet  un  groupe  iniini  et  les  formules  (2)  et  analogims permettent 


SÉANCE  DU  10  NOVEMBRE  1902.  788 

aussi  de  définir  la  structure  de  ce  groupe  infini;  c'est  un  point  important  sur 
lequel  je  me  propose  de  revenir  dans  une  prochaine  Note. 

»  Comme  conséquence  importante,  je  signalerai  le  théorème  suivant  : 
»  Si  un  système  d'équations  aux  dérivées  partielles  admet  des  caractéristiques 
dépendant  d'un  nombre  fini  de  constantes  arbitraires,  on  peut,  sans  intégra- 
tion, ramener  la  détermination  de  ces  caractéristiques  à  l'intégration  d'un 
système  d'équations  différentielles  de  Lie  associé  à  un  groupe  de  structure 
connue,  à  supposer  toutefois  que  le  système  donné  n  admette  pas  de  groupe 
infini. 

»  Par  exemple,  les  systèmes  en  involution  de  deux  équations  aux  déri- 
vées partielles  du  second  ordre  à  une  fonction  inconnue  de  deux  variables 
indépendantes  dont  les  caractéristiques  n'admettent  aucune  intégrale  pre- 
mière de  la  forme 

Y{x,y,  z,  p,  q)  =  const., 

n'admettent  jamais  de  groupe  infmi  de  transformations  (en  x,  y,  z,  p,  q). 
Le  plus  grand  nombre  fini  qu'un  tel  système  puisse  admettre  est  le  groupe 
simple  à  i4  paramètres  qui  a  été  signalé  par  M,  Engel  et  moi;  sinon  il 
admet  au  plus  un  groupe  à  7  paramètres,  qui  est  intégrable.  Dans  ces 
deux  cas  la  solution  générale  dépend  de 

a,     /(oc),     /'(a),     n^),     fir'{^)-^ir\^)  +  mf\..)]d.., 

a  désignant  une  variable  auxiliaire, /(a)  une  fonction  arbitraire  de  x.  Dans 
le  premier  cas,  /et  m  sont  nuls;  dans  le  second  cas,  ce  sont  des  constantes 

qui  n'interviennent  d'une  manière  essentielle  que  par  la  combinaison  —  •  » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  certaines  égalités  remarquables. 
Note  de  M.  W.  Stekloff,  présentée  par  M.  E.  Picard. 

«  1.  Au  début  du  Mémoire  de  M.  Hurvvitz,  qui  vient  de  paraître  dans  le 
dernier  Cahier  du  Journal  de  l'École  Normale  (septembre  1902),  j'ai  trouvé 
une  démonstration  nouvelle  de  la  formule  suivante  : 

(i)  -rf\^)dx='ibl-r^{ai  +  blY 


7^4  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

f{x)dx, 

'     J{oc)s\\\nxdx, 

0 

/(x)cosnxclx, 

0 

ayant  lieu,  quelle  que  soit  la  fonction /(a;),  bornée  et  intégrable  dans  l'in- 
tervalle (O,  27c). 

»  Je  me  permets  de  remarquer  d'abord  que  cette  formule  a  été  établie 
pour  la  première  fois  par  M.  Liapounoff  en  1896  ('),  comme  je  l'ai  déjà 
signalé  dans  ma  Note  Sur  un  problème  de  la  théorie  analytique  de  la  cha- 
leur {Comptes  rendus,  4  avril  1898).  Voir  aussi  mon  Mémoiv^i  Sur  les  fonc- 
tions harmoniques  de  M.  H.  Poincaré  {Annales  de  Toulouse,   1901,  p.   290). 

M  J'indiquerai  ensuite  que  diverses  égalités,  analogues  à  celle  de  M.  Lia- 
pounoff, résultent  immédiatement  d'un  théorème  général  que  j'ai  démontré 
dans  mon  Mémoire  :  Problème  de  refroidissement  d'une  barre  hétérogène 
{Annales  de  Toulouse,  2^  série,  t.  lil,   1901). 

))  2.  Soient  /?  et  ^  deux  fonctions  de  la  variable  réelle  x,  continues  et 
positives  dans  l'intervalle  de  ^  =  <2  à  x  ^b{b^a).  Supposons  que/?  ne 
s'annule  pas  dans  cet  intervalle.  Désignons  par  k,^{n  —  i,  2,  3,  . . .)  une 
suite  de  constantes  déterminées  positives  ne  dépendant  que  de  p,  q  et  de 
l'intervalle  {a,  b);  par  V„(/i  =  i ,  2,  3,  . . .)  une  suite  de  fonctions  corres- 
pondantes vérifiant  les  équations 

Xi  +  {f^P  —  ^)  V„  =  o,         a<Cx<C,  b, 
jointes  aux  conditions 

C  pWldx  =  i, 

Y,fa)  -  hy,{a)  =  o,         Y:Xb)  -+-  [iV,,{b)  =  o, 

A  et  H  étant  des  constantes  positives. 

»  Dans  le  Mémoire  cité  (p.  3o6),  j'ai  énoncé  la  proposition  suivante  : 
Quelle  que  soit  la  fonction  f,  continue  dans  linlers^alle  {a,b),  on  a  toujours 


l  Ppdx=^kl,  K==fjfyn 


dx. 


(')  Communications  de  la  Société  mathématique  de  Kharkow  {Extrait  des  Procès- 
verbaux,  t.  VI,  n°  6;  séances  des  i3  décembre  1896,  20  janvier  et  7  mai   1897). 


SÉANCE    DU    lO    NOVEMBRE    I902.  n85 

»  Mais  la  condition  de  la  continuité  n'a  rien  d'essentiel. 

»  On  peut  s'affranchir  de  cette  restriction  en  employant  la  méthode  que 
j'ai  exposée  dans  mon  Ouvrage  :  Les  méthodes  générales  pour  résoudre  les 
problèmes  fondamentaux  de  la  Physique  mathématique  (Rharkow,  iqo(, 
p.  255-257).  ^<^i''  aussi  mon  Mémoire  Sur  les  fonctions  harmoniques  de 
M.  H.  Poincaré  (^Annales  de  Toulouse,  t.  11,  1900,  p.  282-^84). 

»  Nous  obtiendrons  ainsi  ce  théorème  général  : 

))  Théorème,  —  Quelle  que  soit  la  fonction  f  bornée  et  intégrable  dans 
l'intervalle  donné  (a,  b),  on  a  toujours 


f  pf  dx  =  2  a;;,       a,  =^f[fpv,^ 


dx. 


»  3.  Considérons  maintenant  deux  cas  particuliers 


=  ce. 


(i)  h  =  n 

(2)  h  =  U  =  o. 

»   En  posant 

/>  =1 ,  q  =  o, 

a  =  O,  b  ::=^  ~, 

on  aura  respectivement 

[pour(i)]  V„=  ^Isnmr, 

[pour(2)]  V«-=\/^  V„^y/^co./^, 

»  Posant  ensuite 


a  =  o,         b  =  277, 


on  aura 


[pour  (1)]  y^^=J-,^,n~, 

[pouï-C^)]  V„=-^  cos  — . 


»  Appliquons  maintenant  le  théorème  général  à  ces  cas  particuliers.  On 


786  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

trouve  les  formules  suivantes,  analogues  à  (i), 

00 

-^J    /- dx  =  ^ -^^b'I,  ^'"^-J   fcosnxdx, 

/'dx   =^à;,  <=i/      f^m'-^dx, 

r2  TC  I  »2  ^27; 


ayant  lieu,  quelle  que  soit  la  fonction  f,  bornée  et  intégrable  dans  l'intervalle 
(o,  27r). 

»  Le  théorème  énoncé  plus  haut  est  susceptible  des  autres  applications 
intéressantes  que  j'indiquerai,  si  l'Académie  me  le  permet,  dans  une  autre 
Communication.  » 


PHYSIQUE,   —  Sur  le  phénomène   de  Hall  et  le  pouvoir  thermo-électrique. 
Note  de  M.  Edmond  van  Aubel,  présentée  par  M.  Lippmann. 

((  Suivant  A.  von  Ettingshausen  et  W.  Nernst  ('),  le  phénomène  de 
Hall  serait  lié  au  pouvoir  thermo-électrique  des  métaux.  D'autre  part, 
Edmond  Becquerel  (^)  a  constaté  que  l'alliage  renfermant  10  parties  de 
bismuth  pour  i  partie  d'antimoine  et  le  mélange  de  bismuth  et  sulfure  de 
bismuth,  fondus  ensemble  à  poids  égaux,  ont  un  pouvoir  thermo-électrique 
bien  supérieur  à  celui  du  bismuth  pur. 

»  Je  me  suis  proposé  de  vérifier  la  conclusion  de  A.  von  Ettingshausen 
et  W.  Nernst,  en  étudiant  l'effet  Hall  successivement  dans  le  bismuth  pur, 
un  alliage  de  8^,35  d'antimoine  pour  9x^,65  de  bismuth  et  un  mélange 
de  bismuth  et  sulfure  de  bismuth  contenant  4>36  parties  en  poids  de 
soufre  pour  95,64  de  bismuth  ('). 

(*)  Sitzungsberichteder  Akademie  derWissenschaften.  Vienne,  vol.  XCIV,  1886, 
p.  56o. 

(^)  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  4^  série,  t.  VIII,  1866,  p.  [\i'i. 

(^)  Ces  compositions  ont  été  déterminées,  sur  l'alliage  et  le  mélange,  par  des  ana- 
lyses pour  lesquelles  je  tiens  à  exprimer  ici  mes  remercîments  à  M.  Maurice Dujsk. 


SÉANCE    DU    10    NOVEMBRE    1902.  787 

»  Les  électrodes  de  Hall  étaient  réunies  aux  bornes  d'un  galvanomètre  Deprez- 
d'Arsonval  très  sensible,  dont  les  déviations  du  miroir  étaient  observées  avec  une 
lunette,  lorsque  la  plaque  étudiée  était  placée  normalement  aux  lignes  de  force  du 
champ  magnétique.  Les  deux  électrodes  de  Hall  n'étant  pas  placées  exactement  sur 
deux  lignes  équipotentielles,  le  miroir  du  galvanomètre  déviait  lorsque  le  courant 
primaire  traversait  la  plaque  étudiée.  Cette  déviation  n'a  pas  été  annulée  par  compen- 
sation, suivant  le  procédé  habituel,  puisqu'on  ne  recherchait,  provisoirement,  que 
des  comparaisons  approximatives. 

Résultats. 

»  1.  Plaque  de  bismuth  pur.  Epaisseur  :  i™"",  25. 
»  Intensité  du  courant  traversant  l'électro-aimant  :  27,8  ampères. 
»  Intensité  du  courant  primaire  dans  la  plaque  :  i,44o  ampère. 
»  Lectures  des  positions  du  miroir  du  galvanomètre  : 

a.  Position  initiale io,oo 

b.  Gourant  primaire  dans  la  plaque 11 ,02 

c.        ^        ■       ^    1,,,  .  \   un  sens  d'aimantation  (A) ...  .      10,20 

c.  Sous  1  action  de  1  electro-aimant  •  ,,  .  ■       ,r,x  ot^ 

\  autre  sens  d  aimantation  (rJ). .      12, ôd 

Effet  Hall  proportionnel  à  12, 35  —  10,20  =  2, 1 5. 

»  2.  Plaque  de  l'alliage  de  bismuth  et  d'antimoine.  Epaisseur  :  i'"'",55. 
»  Intensité  du  courant  traversant  l'électro-aimant  :  26,5  ampères. 
»   Intensité  du  courant  primaire  dans  la  plaque  :  i,435  ampère. 
»  Lectures  des  positions  du  miroir  du  galvanomètre  : 

a.  Position  initiale 10,0 

b.  Courant  primaire  dans  la  plaque 10,82 

_  ,,      •        1     ,,,,  ■  \  un  sens  d'aimantation  (A)  ..  .        7,q6 

f.  bous  1  action  de  1  electro-aimant  \  ...  •       ^t.  >  o  ^^ 

(   autre  sens  d  aimantation  (B).      10,80 

Effet  Hall  proportionnel  à  1 3 ,  85  —  7 ,  96  =  5 ,  89. 

»  3.   Plaque  du  mélange  de  bismuth  et  sulfure  de  bismuth.  Epaisseur  :  i^'^jôo. 

»  Intensité  du  courant  traversant  l'électro-aimant  :  28,2  ampères. 

»  Intensité  du  courant  primaire  dans  la  plaque  :  i,44o  ampère. 

M  Lectures  des  positions  du  miroir  du  galvanomètre  : 

a.  Position  initiale 10,0 

b.  Courant  primaire  dans  la  plaque 10, 32 

o  ,,•,,,.,  .  l   un  sens  d'aimantation  (A). .  .        7,i5 

c.  bous  1  action  de  1  electro-aimant  ,'  ...  •        r^x         i^ 

{  autre  sens  d  aimantation  (B).      13,72 

Effet  Hall  proportionnel  à  13,72  —  7  ,  i5  r=  6,57. 

»  Ces  résultats  montrent  que  l'effet  Hall  est  le  plus  intense  dans  le 
mélange  de  bismuth  et  de  sulfure  de  bismuth.  Dans  cette  plaque,  le  phé- 
nomène a  une  intensité  triple  de  celle  que  donne  la  lame  de  bismuth  pur, 


788  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

bien  que  l'épaissenr  soit  notablement  plus  forte.  L'alliage  de  bisnnuth  et 
d'antimoine  considéré  donne  également  lieu  à  un  effet  Hall  très  intense, 
plus  que  double  de  celui  observé  avec  le  bismuth  pur,  qui  est,  de  tous  les 
corps  étudiés  jusqu'ici,  celui  dont  le  coefficient  rotatoire  de  Hall  est  négatif 
et  de  beaucoup  le  plus  élevé.  D'ailleurs  ce  pouvoir  rotatoire  a  le  même 
signe  dans  les  trois  expériences. 

»  Ces  mesures  confirment  la  conclusion  de  A.  von  Ettingshausen  et 
W.  Nernst;  elles  m'engagent  à  étudier  un  mélange  de  bismuth  et  sulfure 
de  bismuth  contenant  une  plus  grande  quantité  de  ce  dernier,  et  des 
sulfures  dont  le  pouvoir  thermo-électrique  est  très  élevé. 

»  Les  expériences  doijt  il  a  été  question  jusqu'ici  ont  été  faites  en  pla- 
çant les  lames  dans  l'air,  à  la  température  du  laboratoire.  Je  me  suis  pro- 
posé ensuite  de  comparer  les  intensités  de  l'effet.Hall,  à  la  température  du 
laboratoire  et  dans  l'air  liquide,  pour  la  plaque  formée  par  le  mélange 
bismuth  et  sulfure  de  bismuth. 

»  Les  pôles  de  l'électro-aimant  ont  donc  été  écartés  jusqu'à  être  distants  de  SS"*™, 
afin  qu'il  fût  possible  de  placer  entre  eux  une  éprouvette  en  verre  à  doubles  parois 
de  Dewar,  contenant  l'air  liquide.  En  opérant  comme  précédemment,  j'ai  trouvé  que, 
si  l'on  mesurait  l'effet  Hall  par  la  déviation  double  observée  au  galvanomètre,  on 
obtenait  2,35  à  la  température  du  laboratoire  et  8,76  lorsque  la  plaque  était  placée 
dans  l'air  liquide.  L'intensité  du  phénomène  de  Hall  devenait  donc,  pour  le  mélange 
considéré,  plus  de  trois  fois  plus  grande  dans  l'air  liquide. 

))  J'ai  l'intention  de  continuer  les  recherches  dont  je  viens  d'indiquer 
les  premiers  résultats,  pour  prendre  date.  Des  expériences  sur  la  résis- 
tance électrique  dans  le  champ  magnétique  et  sur  les  phénomènes  thermo- 
et  galvano-magnétiques,  pour  ces  alliage  et  mélange,  sont  actuellement  en 
cours  d'exécution,  w 

PHYSIQUE.  >  —  Sur  la  conductibilité  des  dissolutions  aux  basses  températures . 
Note  de  M.  J.  Kuxz,  présentée  par  M.  J.  Violle. 

«  L'affaiblissement  considérable  de  la  conductibilité  électrolylique  aux 
basses  températures  peut  provenir  de  deux  causes.  Elle  peut  être  attribuée 
soit  à  l'abaissement  du  degré  de  dissociation,  soit  à  la  viscosité  croissante 
que  le  milieu  oppose  aux  ions. 

»   Rohlrausch  (')  a  reconnu  que  les  formules  empiriques  qui  repré- 

(1)  KoBLRAUscH,  Sitzungsberichtc  Akad.  d.  Wiss.  Berlin,  t.  XLH,  1901. 


SÉANCE    DU    lO   NOVEMBRE    1902,  789 

sentent  bien  les  observations  de  Desguine  ('),  faites  au-dessus  de  zéro, 
indiqueraient,  si  l'extrapolation  était  permise,  une  conductibilité  tombant 
à  zéro,  pour  tous  les  électrolytes  indistinctement,  à  la  température  de  —  39°. 
S'il  en  était  réellement  ainsi,  il  est  clair  que  la  cause  devrait  en 
être  cherchée  dans  l'état  du  dissolvant  commun  à  tous  les  électrolytes.  On 
peut  encore  trouver  un  argument  à  l'appui  de  cette  manière  de  voir  dans 
les  valeurs  numériques  assez  voisines  du  coefficient  de  variation  ther- 
mique de  la  conductibilité  des  dissolutions  et  de  celui  de  la  viscosité  de 
l'eau,  mesuré  directement. 

))  Je  me  suis  proposé  de  soumettre  ces  vues  de  Rohlrausch  au  contrôle 
de  l'expérience,  par  des  mesures  de  conductibilités  électrolytiques  à  des 
températures  aussi  basses  que  possible.  Après  bien  des  essais  infructueux 
sur  les  électrolytes  surfondus,  j'ai  dû  restreindre  mes  recherches  aux 
dissolutions  concentrées,  à  point  de  congélation  très  bas,  d'acide  sulfu- 
rique,  de  soude  caustique  et  de  chlorure  de  calcium.  J'ai  pu  atteindre, 
avec  les  solutions  d'acide  sulfurique  de  45  à  jo  pour  100,  des  températures 
inférieures  à  —  70**. 

.  »  Les  résistances  ont  été  déterminées  par  la  méthode  de  Kohlrausch,  avec  un  pont  à 
fil  exactement  calibré.  Les  températures,  jusqu'à  —  35°,  ont  été  mesurées  avec  un  ther- 
momètre normal  de  Pernet,  et,  au-dessous,  au  moyen  du  couple  constantan-fer, 
préalablement  étalonné.  Les  trois  causes  d'erreur  de  la  méthode,  la  self-induction,  la 
capacité  et  la  polarisation,  ont  été  éliminées  par  des  procédés  connus.  Je  donne,  dans 
le  Tableau  suivant,  un  extrait  des  mesures  sur  l'acide  sulfurique  :  A  est  la  conducti- 
bilité en  unités  C.  G.  S. 

19, I   pour  100. 

Température..  0°      —     5°, 7        —   10°, 7        —    i5°,2        —    18°, 4 

10^  X  A- 519  478  370  266  C^)  194  (') 

32,66  pour    100. 

Température..  o"      —     9°, 4        —   i4°,2        —   19°, 8        —  34°,  i        —44", 6 

10^  xX: 5oo  398  342  3oi  t68  66,0(2) 

42, o5  pour   100. 

Température..         0°      —  10°, 9        —  20°, 5        —  28°, 3        —  59°, 5        — 74°>3 
lo^xA 447  335  261  2o3  28,0  4,7 

(')  Desguine,  Thèse,  Strasbourg,  1895. 

("^)  La  solution  était  congelée. 

(2)  La  solution  se  congela  aussitôt  après  la  mesure. 

C.  K.,  iyo2,  2»  Semestre.  (T.  CXXXV,  N»  19.)  1^4 


79^  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

5o,86  pour  loo. 

Température..         o"      —   io°,5        —  20°, 6        —  280,6        —  ^9°,f        — ee^jrC) 
10' X  A- 357  270  194  i4o  39,2  4,6 

60,90   pour   100. 

Température..         0°      ~   10", 5        —  20'',3        —  33°, 4        —  5i°,9        — 69°, 9 
lo^xA- 232  171  124  71,8  19,4  i,3i 

63,76  pour   loo- 

Température..         0°     —   10", 2        —  20°, 2        —  28", 6        —  56",  i        — 65°, 9 
10*  X  A- 193  143  102  71,9  5,87  0,66 

»  La  conductibilité  tracée  pour  les  diverses  solutions  d'acide  sulfurique 
à  la  température  de  o**  concorde  bien  avec  les  observations  antérieures  de 
M.  Bouty. 

»  Les  courbes  représentant  la  conductibilité  en  fonction  de  la  tempéra- 
ture ne  rencontrent  pas  l'axe  des  abscisses  à  —  89°,  comme  l'avait  supposé 
Kohlrausch,  en  extrapolant.  Elles  semblent,  au  contraire,  ne  devoir  l'at- 
teindre qu'au  zéro  absolu.  Mais  la  similitude  d'allure  de  ces  courbes  vient 
corroborer  l'idée  qui  est  à  la  base  de  cette  hypothèse,  à  savoir  que  la  cause 
principale  de  la  radiation  thermique  réside  dans  la  viscosité  du  milieu  pour  les 
ions. 

»  Ces  expériences  montrent  aussi  bien  clairement  le  contraste  des  pro- 
priétés des  électrolytes  et  des  métaux.  Tandis  que  la  résistance  de  ceux-ci 
s'annule  au  zéro  absolu,  c'est  la  conductibilité  des  électrolytes  qui  semble 
y  tendre  vers  une  valeur  nulle.    » 


PHYSIQUE  APPLIQUÉE.  —  Nouvelles  expériences  sur  la  résistance  électrique 
du  sélénium  et  ses  applications  à  la  transmission  des  images  et  des  impres- 
sions lumineuses.  Note  de  M.  Dussaud,  présentée  par  M.  L.  Cailletet. 

«  Dans  sa  séance  du  27  octobre  dernier,  M.  Coblyn  a  présenté  à  l'Aca- 
démie une  Note  sur  la  vision  à  distance  par  r Électricité.  Depuis  longtemps 
je  m'occupe  des  mêmes  expériences  et,  pour  les  réaliser,  je  me  sers  de 
deux  postes  reliés  par  un  courant  électrique. 


(')  La  solution  se  congela  aussitôt  après  la  mesure. 


SÉANCE  DU  lO  NOVEMBRE  1902.  791 

»  Le  poste  transmetteur  se  compose  d'une  surface  plane,  non  conduc- 
trice, divisée  par  de  légères  cloisons  en  carrés  égaux  d'environ  o*^"  de 
côté,  dans  chacun  d'eux  est  disposée  une  bobine,  formée  d'une  lame  en 
matière  isolante,  sur  laquelle  sont  enroulés  deux  fds  de  cuivre  de  petit 
diamètre,  noyés  dans  une  couche  de  sélénium  préparée  de  manière  à  lui 
assurer  le  maximum  de  sensibilité,  en  me  basant  sur  mes  expériences 
antérieures.  Un  de  ces  fils  est  parcouru  par  un  faible  courant  électrique 
d'ordre  téléphonique. 

))  Lorsqu'on  éclaire  la  couche  de  sélénium,  celle-ci  acquiert  une  conduc- 
tibilité d'autant  plus  grande  que  l'éclairage  est  plus  intense  et  laisse  passer 
une  partie  du  courant  dans  le  second  fil. 

»  Ce  dernier  est  relié  à  une  bobine  munie  d'un  contact,  faisant  l'office 
d'un  servo-moteur,  destiné  à  agir  sur  un  courant  local  d'une  énergie  suffi- 
sante pour  allumer  des  lampes  à  incandescence  au  poste  récepteur,  qui  se 
compose,  ainsi  que  le  poste  transmetteur,  d'une  surface  plane  divisée  aussi 
par  des  cloisons  en  un  même  nombre  de  cellules  carrées  contenant  chacune 
une  lampe  à  incandescence. 

»  Lorsqu'au  poste  transmetteur  on  éclaire  une  ou  plusieurs  bobines 
recouvertes  de  sélénium,  la  conductibilité  qui  se  développe  permet  à  un 
faible  courant  de  traverser  le  second  fil  relié  au  servo-moteur;  on  voit 
alors  s'éclairer,  au  poste  d'arrivée,  les  lampes  correspondantes  à  celles 
frappées  par  la  lumière  au  poste  de  départ. 

»  Je  dois  conclure,  en  terminant,  que,  d'après  mes  expériences,  il  sera 
possible  de  transmettre  des  impressions  lumineuses  et  des  images  à  de 
grandes  distances.    » 


CHIMIE   MINÉRALE.   —  Production  artificielle  du  rubis  par  fusion. 
Note  de  M.  A.  Verneuil,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

«  Malgré  ses  persévérantes  recherches,  A.  Gaudin  n*a  pas  obtenu  l'alu- 
mine fondue  à  l'état  transparent. 

»  La  cause  de  cet  insuccès  résidait  dans  l'emploi  d'une  température  trop 
élevée,  car,  si  l'on  dépasse  sensiblement  son  point  de  fusion,  cet  oxyde 
cristallise  en  donnant  un  produit  opaque. 

»  De  là  résulte  l'impossibilité  d'affiner  une  masse  d'alumine  sur  une 
profondeur  un  peu  notable,  à  l'aide  du  chalumeau  oxhydrique,  puisque  ce 
n'est  qu'en  surchauffant  la  couche  supérieure  que  l'on  peut  liquéfier  les 


792  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

parties  plus  profondes.  Si  l'on  remarque  enfin  que  l'alumine  transparente 
obtenue  est  toujours  sillonnée  d'une  multitude  de  craquelures,  dues  au 
contact  de  l'enduit  fondu  avec  l'alumine  sous-jacente,  il  faudra  conclure 
de  ces  données  que  le  problème  posé  ne  peut  se  résoudre  qu'en  observant 
les  conditions  suivantes  : 

»  1°  Maintenir  le  produit  fondu  dans  une  région  de  la  flamme  toujours 
identique. 

»  2°  Produire  l'accroissement  par  couches  superposées  de  bas  en  haut 
afin  de  réaliser  l'affinage  sur  une  série  de  couches  minces; 

»  3^  Obtenir  la  fusion  dans  des  conditions  où  le  contact  du  produit 
fondu  avec  le  support  soit  réduit  à  une  surface  extrêmement  petite. 

»  La  première  de  ces  conditions  se  trouve  réalisée  par  l'emploi  d'un  chalumeau  oxhy- 
drique vertical  dont  la  flamme  est  dirigée  sur  un  support  mobile  de  haut  en  bas  et 
qui  peut  être  abaissé  par  le  jeu  d'une  vis  à  pas  très  serré,  permettant  ainsi  d'éloigner 
du  chalumeau  le  produit  fondu  à  mesure  qu'il  s'élève  et  de  le  ramener  dans  la  zone 
convenable  de  fusion,  lorsque  celle-ci  se  sera  éloignée  du  bout  du  chalumeau  par 
l'augmentation  progressive  donnée  à  Tintensité  de  la  flamme. 

»  J'ai  réalisé  la  formation  de  la  masse  fondue  constituée  par  des  couches  minces 
superposées  de  bas  en  haut,  conformément  à  la  deuxième  condition  énoncée,  à  l'aide 
d'une  méthode  que  l'on  peut  appeler  procédé  de  semage  et  qui  consiste  à  entraîner 
la  poudre  d'alumine  chromée  ou  le  rubis  naturel  pulvérisé  par  le  courant  d'oxygène 
qui  alimente  le  chalumeau.  La  matière,  placée  dans  un  panier  en  toile  métallique 
suspendu  dans  une  chambre  qui  surmonte  le  tube  central  du  chalumeau,  est  lancée 
dans  le  courant  d'oxygène  par  l'effet  des  chocs  d'un  petit  marteau  actionné  mécani- 
quement. Les  grains  d'alumine  (')  ou  de  rubis,  ainsi  distribués  dans  toutes  les  parties 
de  la  flamme,  subiront  la  fusion  dès  qu'ils  parviendront  dans  la  zone  suffisamment 
chaude,  coïncidant  dès  l'origine  du  travail  avec  le  support  destiné  à  recevoir  la  masse 
fondue. 

»  Ce  support,  formé  d'un  petit  cylindre  d'alumine  agglomérée  au  rouge  avec 
quelques  centièmes  de  carbonate  de  potasse,  est  placé  très  exactement  dans  l'axe  du 
chalumeau,  et  sa  surface  est  portée,  par  la  flamme  convenablement  réglée,  à  une  tem- 
pérature un  peu  inférieure  à  celle  de  la  fusion  de  Falumine  afin  d'agglomérer  seule- 
ment les  grains  qui  tombent  sur  cette  surface  et  forment  bientôt  un  cône  dont  le  sommet 
parvient  peu  à  peu  dans  la  partie  de  la  flamme  suffisamment  chaude  pour  en  eff'ectuer 
la  fusion.  A  partir  de  ce  moment,  tous  les  grains  qui  tombent  sur  la  pointe  fondue  s'y 
liquéfient,  et  le  filament  obtenu,  qui  réduit  ainsi  à  une  très  petite  surface  le  contact 
de  la  matière  avec  le  support,  augmente  peu  à  peu  de  diamètre  à  mesure  qu'il  s'élève 
et  gagne  une  zone  plus  chaude  et  plus  large  de  la  flamme,  en  se  transformant  à  son 
sommet  en  une  sphère  dont  il  faut  maintenant  accroître  le  diamètre  le  plus  possible, 

(')  L'alumine  précipitée  avec  2,5  pour  loo  d'oxyde  de  chrome  et  calcinée  est  la 
meilleure  forme  sous  laquelle  on  puisse  l'employer. 


SÉANCE  DU  lO  NOVEMBRE  1902.  798 

ce  que  Ton   obtient  en   augmentant  progi-essivement  l'arrivée  de  l'oxygène  dont  le 
débit  est  commandé  par  un  robinet  à  vis  d'un  pas  très  serré. 

»  Le  gaz  d'éclairage  ayant  été  admis  en  grand  excès  dès  le  début  de  la  fusion, 
l'augmentation  du  débit  de  l'oxygène  entraîne  le  déplacement  de  la  zone  convenable 
de  fusion  qui  s'éloigne  progressivement  du  bout  du  chalumeau;  il  faut  donc,  en  abais- 
sant le  support  qui  porte  la  masse,  ramener  dans  cette  zone  la  partie  supérieure  de  la 
sphère  fondue  :  le  bouillonnement  caractéristique  qui  s'opère  sous  l'influence  de  la 
flamme  trop  chaude  ou  trop  riche  en  oxygène  est  un  indice  qui  permet  de  ramener 
toujours  le  produit  dans  la  région  voulue. 

»  Pour  maintenir  la  fixilé  de  la  flamme  et  régulariser  le  rayonnement,  l'opération 
s'exécute  au  milieu  d'un  petit  four  cylindrique  en  argile  portant  un  regard  permettant 
de  suivre  les  phases  de  la  fusion.  En  employant  un  chalumeau  possédant  un  bout  de 
Il  de  millimètre  (dimension  au-dessus  de  laquelle  il  devient  difficile  de  former  à  l'ori- 
gine une  pointe  fondue  suffisamment  fine),  il  est  possible  d'obtenir  en  2  heures  une 
masse  ovoïde  parfaitement  affinée  et  d'une  coloration  bien  homogène  pesant  2S,5oo 
à  3g,  c'est-à-dire  environ  12  ou  i5  carats.  Une  telle  masse  présente  S"-"  à  6™'"  de  dia- 
mètre lorsqu'elle  est  sphérique. 

»  Dès  que  l'on  est  parvenu  à  obtenir  ces  dimensions,  vers  la  fin  du  travail,  on  sup- 
prime brusquement  l'arrivée  des  deux  gaz  afin  d'obtenir  une  trempe  énergique  du 
produit.  A  cette  condition  seulement  et  si  la  masse  a  été  bien  centrée  et  également 
chauff'ée,  elle  se  fend  exactement  en  deux  parties  suivant  un  plan  vertical.  Chacune  de 
ces  deux  demi-sphères,  taillées  à  l'aide  des  procédés  employés  par  les  lapidaires, 
donne  un  rubis  semblable  à  celui  que  je  soumets  à  l'Académie. 

»  Ces  rubis,  qui  possèdent  une  magnifique  fluorescence  rouge,  ont  pour 
densité  4,01,  étions  les  lapidaires  auxquels  ils  ont  été  soumis  ont  trouvé 
qu'ils  présentaient  la  même  dureté  que  le  rubis  naturel  et  pouvaient 
prendre  son  beau  poli. 

»  Lorsqu'ils  sont  parfaitement  réussis,  il  me  paraît  impossible  de  les 
distinguer  des  plus  beaux  rubis  naturels,  mais  souvent,  et  surtout  dans  le 
cas  des  grosses  pierres,  ils  présentent  deux  défauts  qui  indiquent  leur  ori- 
gine artificielle  et  qui  tiennent  à  la  réelle  difficulté  qu'on  éprouve  à  con- 
duire correctement  une  fusion  :  l'affinage  imparfait  en  quelques  points  se 
traduit  par  des  groupes  de  petites  bulles  que  l'on  distingue  avec  une  forte 
loupe.  Leur  formation  est  due  soit  à  un  semage  exagéré,  soit  à  l'emploi 
d'une  flamme  trop  oxygénée. 

»  Le  second  défaut,  plus  caractéristique  encore,  réside  dans  la  présence 
de  zones  rubannées  dues  à  la  décoloration  de  certaines  portions,  par  la 
volatilisation  du  chrome,  lorsque  le  semage  a  été  trop  ralenti.  Ces  défauts, 
qui  n'altèrent  pas  sensiblement,  du  reste,  la  beauté  de  ces  pierres  lors- 
qu'elles sont  montées,  s'atténuent  et  peuvent  même  disparaître  lorsque. 


794  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

par  un  travail  convenablement  suivi,   il  est  devenu  possible  de  se  rendre 
tout  à  fait  maître  du  sernage  ('  )•   » 


CHIMIE.  —  Sur  les  alliages  de  cuivre  et  de  magnésium. 
Note  de  M.  O.  Boudouard,  présentée  par  M.  Troost. 

«  D'après  Parkinson  (  -  ),  en  fondant  200*^  de  cuivre  et  ao^  de  magnésium 
pendant  7  minutes,  on  obtient  un  alliage  rouge  jaunâtre  ou  couleur  or, 
selon  la  proportion  centésimale  de  magnésium  (la  perte  est  environ  1,75 
pour  100).  Cet  alliage  s'oxyde  lentement;  lorsqu'on  le  rompt,  il  a  une 
apparence  vitreuse  ;  il  est  très  cassant  :  i  pour  100  de  magnésium  rend  le 
cuivre  cassant;  le  métal  à  i5  pour  100  de  magnésium,  dont  la  densité 
est  5,95,  peut  être  pulvérisé  au  mortier.  J'ai  repris  l'étude  des  alliages  de 
cuivre  et  de  magnésium  et  j'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  les 
résultats  relatifs  à  leur  fusibilité  et  à  leurs  propriétés  mécaniques. 

*     . 

»   Quoique  le  point  de  fusion  du  cuivre  soit  assez  élevé  (io85°),  j'ai  pu  employer  le 

procédé  qui  m'avait  servi  dans  les  recherches  sur  les  alliages  du  magnésium  avec  l'alu- 
minium et  le  cadmium  pour  déterminer  le  point  de  solidification  des  mélanges  conte- 
nant jusqu'à  'yS  pour  100  de  cuivre  (■*);  le  Tableau  ci-dessous  montre  en  effet  que  ces 
mélanges  fondent  au-dessous  de  600**.  Ponr  les  teneurs  supérieures  à  76  pour  100,  j'ai 
fondu  les  métaux  sous  le  sel  marin,  le  tube  en  verre  destiné  à  protéger  le  couple  thermo- 
électrique étant  remplacé  par  nn  tube  semblable  en  porcelaine.  Voici  les  résultats 
obtenus  : 

Magnésium  pour  loo         Cuivre  pour  loo 
en  poids. 


90 
80 

70 

60 

5o 
45 
ko 


(')  Je   suis   heureux  de  remercier  mon  élève  M.  Marc  Paquier  de  l'aide  très  active 
qu'il  m'a  donnée  pendant  ce  long  travail. 

(^)   Chemical  Society,  1^  série,  t.  V,  p.  117. 
(^)  Comptes  rendus,  t.  CXXXII,  p.  i325. 


poids. 

Températures, 

» 

0 
635 

10 

610 

20 

56o 

3o 

475 

4o 

53o 

5o 

55o 

55 

5  00 

60 

545 

SÉANCE    DU    lO   NOVEMBRE    1902.  jg5 


Magnésium  pour  100 

Cuivre  pour  100 

en  poids. 

en  poids. 

Températures, 

3o 

70 

0 

27,8 

72,2 

585 

25 

75 

575 

20 

80 

915 

10 

90 

890 

» 

100 

io85 

»  Si  l'on  construit  la  courbe  en  portant  comme  abscisses  les  proportions  en  poids  de 
cuivre  et  en  ordonnées  les  températures,  on  remarque  que  cette  courbe  présente  trois 
maxima  (55o°,  585°  et  916'*)  et  quatre  minima  (475°,  S^o",  575°  et  890°).  On  voit 
également  que  le  magnésium  et  le  cuivre  donnent  des  alliages  extrêmement  fusibles  : 
de  0  à  70  pour  100  de  cuivre,  le  point  de  fusion  est  inférieur  à  celui  du  magnésium. 
Enfin,  les  trois  points  maxima  mettent  en  évidence  l'existence  de  trois  combinaisons 
définies  :  CuMg^,  CuMg  et  Cu^Mg,  dont  je  poursuis  l'étude. 

»  Les  alliages  de  cuivre  et  de  magnésium  conservent  leur  couleur 
blanche,  plus  ou  moins  brillante,  jusqu'à  la  teneur  de  70  pour  100  de 
cuivre,  où  l'on  commence  à  voir  apparaître  une  légère  teinte  jaunâtre; 
l'alliage  à  80  pour  100  est  jaunâtre,  et  celui  à  90  pour  100  est  franchement 
jaune.  Le  cuivre  perd  donc  sa  couleur  lorsque  sa  proportion  est  inférieure 
à  80  pour  100;  on  peut  rapprocher  ces  faits  de  ceux  qui  ont  été  observés 
par  Debray  avec  l'aluminium  (')  :  avec  ce  métal,  la  couleur  du  cuivre 
disparaît  pour  une  teneur  de  82  pour  100  de  cuivre,  qui  correspond  à  la 
combinaison  Cu-Al;  avec  le  magnésium,  elle  disparait  pour  la  teneur  cor- 
respondant à  Cu^  Mg. 

»  Le  magnésium  contenant  10  pour  100  de  cuivre  est  encore  malléable; 
au  delà  de  10  pour  100,  il  devient  cassant,  et  la  fragilité  augmente  pro- 
gressivement jusqu'à  la  proportion  de  70  pour  100  de  cuivre  :  l'alliage  peut 
alors  être  brisé  entre  les  doigts.  La  fragilité  diminue  ensuite  jusqu'au  cuivre 
pur.  L'alhage  à  90  pour  100  de  cuivre  casse  sous  le  marteau;  cette  cassure 
est  d'apparence  grenue.  Si  l'on  compare  les  propriétés  mécaniques  des 
alliages  de  cuivre  et  de  magnésium  à  celles  des  alliages  de  cuivre  et  d'alu- 
minium, telles  qu'elles  ont  été  indiquées  par  Debray,  on  est  frappé  du  pa- 
rallélisme qu'elles  offrent;  i\  n'y  a  de  différence  que  pour  le  métal  conte- 
nant 90  pour  100  de  cuivre  qui,  dans  le  cas  de  l'aluminium,  a  pu  recevoir 
des  applications  industrielles  à  cause  de  sa  malléabilité  et  de  sa  dureté 

(*)   Comptes  rendus,  t.  XLIIl,  p.  925. 


796  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

(bronze  d'aluminium).  Au  point  de  vue  de  la  couleur,  les  alliages  du  cuivre 
avec  10  pour  100  de  magnésium  ou  d'aluminium  sont  analogues  :  ils  sont 
jaunes  et  susceptibles  d'un  beau  poli.    » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  la  présence  de  lavolémite  dans  quelques  Primu- 
lacées.  Note  de  MM.  J.  BouGAULTCt  G.  Allard,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

«  En  étudiant  les  principes  immédiats  des  parties  souterraines  (racines 
et  rhizomes)  du  Primula  grandijlora  Lam.,  nous  avons  isolé  un  composé 
cristallisé,  j^résentant  les  propriétés  d'un  alcool  polyatomique,  auquel 
nous  avons  tout  d'abord  donné  le  nom  àe  primulùe ;  mais  que  nous  avons 
pu  ensuite  identifier  avec  la  volémite,  alcool  heptatomique  découvert  par 
M.  Bourquelot  (  *  )  dans  un  champignon,  le  Laclarius  volemus  Fr. 

»    Pour  isoler  ce  composé  nous  suivons  le  mode  opératoire  suivant  : 

»  Les  rhizomes  et  les  racines  desséchés  el  pulvérisés  grossièrement  sont  traités  à 
l'ébullition  pendant  2  heures  par  5  parties  d'alcool  à  85°.  Après  refroidissement, 
on  exprime  et  l'on  filtre.  On  distille  pour  séparer  l'alcool,  puis  le  liquide  résiduel  est 
précipité  par  le  sous-acétate  de  plomb.  La  liqueur  filtrée  est  débarrassée  de  l'excès  de 
plomb  par  l'hydrogène  sulfuré,  filtrée  de  nouveau  et  évaporée  en  consistance  siru- 
peuse. La  primulite  cristallise  par  refroidissement.  On  purifie  par  cristallisations  dans 
l'alcool  à  85°  bouillant. 

»  Le  produit  ainsi  obtenu  possède  les  propriétés  suivantes  : 

»  11  est  très  soluble  dans  l'eau,  peu  soluble  dans  l'alcool,  insoluble  dans  l'éther. 
Point  de  fusion  i54°-i55°  (volémite:  \[\0°-i[\'2°,  Bourquelot;    iSi^-jSS",  E,  Fischer). 

/>  Le  pouvoir  rotatoire  est  légèrement  dextrogjre  et  ne  varie  pas,  en  solution  aqueuse, 
avec  la  concentration  ;  nous  avons  trouvé  ai)i=  -I-  2°,  65  (volémite  :  -\-  i°,99  et  -\-  2°,4o, 
Bourquelot;  H-i°,92,  E.  Fischer).  L'acide  borique  ne  le  modifie  pas:  i»,  ^^  de  pri- 
mulite et  os,7o  d'acide  borique  dissous  dans  l'eau,  sous  un  volume  de  27'^'"', 8,  ont 
donné  ao=-i-2°,59  (volémite:  -h  2°,5o,  Bourquelot).  Le  borate  de  soude  exalte  au 
contraire  notablement  le  pouvoir  rotatoire:  08,7955  de  primulite  et  2s  de  borate  de 
soude,  dans  un  volume  de  27"'"^  6,  ont  donné  aD  =  H-20'',83  (volémite:  -1-22°, i, 
Bourquelot  ). 

»  L'analyse  élémentaire  s'accorde  avec  la  formule  C'H^^O''. 

»  La  détermination  cryoscopique  du  poids  moléculaire  a  donné  le  chiffre  209,1 
(théorie  pour  C^IP^O^,  212). 

»  L'acétal  éthylique  fond  à  206°  (acétal  éthylique  de  la  volémite  :  190°,  Bourquelot). 
Il  dévie  à  gauche  la  lumière  polarisée;  en  solution  chloroformique,  «d^^ — 46°, 4o. 

»  L'éther  acétique  fond  à  62°. 

(^)  Journ.  de  Pharm.  et  Chim.  [6],  t.  II,  1895,  p.  385  et  890. 


SÉANCE    DU    îO    NOVEMBRE    T902.  79'^ 

»  Si  l'on  compare  les  constantes  trouvées  pour  la  primulite  et  son  acétal 
éthyliqiie,  et  celles  indiquées  par  M.  Bourquelot  pour  la  volémite,  on 
constate  à  la  vérité  quelques  différences;  mais  ces  différences  ont  pu  être 
expliquées  facilement.  Elles  tiennent  cà  ce  que  la  volémite  de  M.  Bourquelot 
n'était  pas  absolument  pure,  et  probablement  mélangée  d'un  peu  de  man- 
nite.  Cette  explication  n'a  pas  pu  être  contrôlée  par  la  séparation  de  la 
mannite;  elle  est  cependant  assez  vraisemblable,  car  elle  rend  compte  des 
différences  constatées  et  elle  explique  en  outre  que  M.  Bourquelot  ait 
obtenu,  en  préparant  l'éther  acétique  de  la  volémite,  une  petite  quantité 
d'un  étlier  acétique  possédant  le  point  de  fusion  et  le  pouvoir  rotatoire  de 
l'élher  acétique  de  la  mannite. 

))  Quoi  qu'il  en  soit,  M.  Bourquelot  ayant  eu  l'obligeance  de  uiettre  à 
notre  disposition  une  quantité  suffisante  de  sa  volémite,  nous  l'avons 
purifiée  par  de  nombreuses  cristallisations  dans  l'alcool,  et  avons  pu 
obtenir  un  produit  possédant  toutes  les  propriétés  det  la  primulite.  Nous 
avons  également  préparé,  avec  la  volémite  de  même  origine,  un  acétal 
éthylique  et  un  éther  acétique,  et  avons  constaté  leur  identité  avec  les 
dérivés  correspondants  de  la  primulite. 

))  Nous  en  concluons  que  les  parties  souterraines  du  Primida  grandi- 
Jloralj^m.  contiennent  le  principe  appelé  volémile  par  M.  Bourquelot,  mais 
qu'il  y  a  lieu  de  modifier  légèrement  les  constantes  indiquées  tout  d'abord 
pour  ce  corps. 

))  Diverses  espèces  de  Primida  voisines  de  la  précédente,  entre  autres 
le  Primula  elatior  Jacq.  et  le  Primida  officinalis  Jacq.,  nous  ont  également 
fourni  de  la  volémite,  ainsi  qu'une  variété  de  Primida  à  fleurs  rouge  foncé, 
communément  cultivée  dans  les  jardins.  La  proportion  contenue  dans  ces 
diverses  espèces  est  sensiblement  la  même  et  voisine  de  i5  pour  1000  de  la 
plante  sèche.   » 


CHIMIE  INDUSTRIELLE.  —  Essais  sur  la  constilution  chimique  des  copals. 
Note  de  M.  Marcel  Guédras.  (Extrait.) 

«  Dans  ces  essais,  j'ai  porté  mes  investigations  sur  l'huile  obtenue  lors 
de  la  pyrogénation  des  copals  en  vue  de  les  rendre  solubles  pour  la  fabri- 
cation des  vernis.  Mes  essais  ont  porté  sur  trois  variétés  de  gommes  :  i"  le 
copal  de  Madagascar;  2°  le  copal  de  Zanzibar;  3"  le  copal  de  Kauri. 

G.  R.,  1902,   2-  Semestre.  (T.  CXXXV,  N»  19.)  ïo5 


79^  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Madagascar.  —  Daos  une  cornue  lubulée,  j'ai  chauffé  loos  de  copal.  Le  réser- 
voir à  mercure  du  thermomètre  plongeait  dans  la  matrice. 

»  J'ai  constaté  :  à  5o°  G. ,  émission  de  gaz  ;  à  1 5o°,  fusion  de  la  gomme  ;  à  270",  com- 
mencement de  la  distillation. 

»  La  distillation  est  assez  abondante  jusqu'à  3oo°,  elle  augmente  jusqu'à  35o", 
puis  la  température  monte  lentement  à  355%  et  à  ce  chiffre  la  distillation  diminue 
considérablement. 

))  Le  distillatum  est  formé  de  deux  couches  :  la  première,  aqueuse  et  pesant  lo?,  25o  ; 
la  seconde,  huileuse,  de  couleur  jaune  paille  et  d'un  poids  de  i5g,75o. 

»  Le  chiffre  de  l'acide  de  la  gomme  est  i43; 

»   Le  chiffre  de  l'acide  de  l'huile  est  de  80. 

»   Congo.  —  La  distillation  a  eu  lieu  dans  les  mêmes  conditions  que  ci-dessus. 

»   A    3o°,  émission  de  gaz;  à  io5°,  commencement  de  la  fusion,  etc. 

»  Le  distillatum  est  formé  d'une  couche  aqueuse  pesant  68,4oo,  et  l'huile,  de  cou- 
leur jaune  paille,  pèse  8s,  600. 

»   Le  chiffre  de  l'acide  est,  pour  la  gomme,  35,55; 

»  Le  chiffre  de  l'acide  est,  pour  l'huile,  24. 

»  Kaari.  —  Le  distillatum  est  en  deux  couches  :  la  première,  aqueuse,  pèse  8s,  260  ; 
la  seconde,  huileuse,  de  couleur  jaune  pâle,  pèse  78,740. 

»  Le  chiffre  de  l'acide  est,  pour  la  gomme,  69,70; 

»  Le  chiffre  de  l'acide  est,  pour  l'huile,  36. 

»   Plus  un  copal  est  dur,  plus  la  quantité  d'acide  est  élevée. 

»  Les  huiles  sont  solubles  dans  l'alcool,  l'éther,  le  benzène,  le  sulfure 
de  carbone;  insolubles  dans  les  carbures  térébéniques. 

»  En  traitant  ces  huiles  par  l'acide  nitrique,  on  obtient  une  résine  jaune, 
sol  uble  dans  les  solvants  cités  ci-dessus,  ainsi  que  dans  les  huiles  végétales. 
On  n'a  réussi  à  isoler  ni  les  acides  cinnamique  ou  benzoïque,  ni  leurs 
dérivés  nitrés. 

»  L'odeur  caractéristique  de  la  terpine  dans  le  distillatum  de  l'huile 
oxydée  par  AzO'H,  et  la  présence  de  gouttelettes  huileuses  à  odeur  cam- 
phrée, qui  sont  constituées  probablement  par  du  monochlorhydrate  de 
térébenthèneC^"H*'^HCl,  me  font  supposer  que  les  copals  sont  constitués 
en  partie  par  des  terpines  à  certains  degrés  d'oxydation.    » 


MINÉRALOGIE.  —  Sur  les  groupements  de  cristaux  d'espèces  différentes.  Note 
de  M.  Fréd.  Wallerant,  présentée  par  M.  de  Lapparent. 

«  L'étude  de  ces  groupements  tire  son  intérêt  de  ce  qu'elle  étend  le 
champ  de  nos  connaissances  sur  les  actions  que  les  molécules  d'un  corps 
peuvent  exercer  sur  les  molécules  d'un  autre  corps.  Cette  action  réci- 


SÉANCE    DU    ÏO   NOVEMBRE    1902.  -799 

proque  de  molécules  différentes,  et,  en  particulier,  l'action  d'orientation, 
est  bien  connue  depuis  les  expériences  de  M.  Gernez  sur  la  cristallisation 
de  solutions  sursaturées  sous  l'influence  de  cristaux  de  corps  isomorphes 
du  corps  en  dissolution.  Elle  est  encore  mise  en  évidence  par  la  possibilité 
d'obtenir  des  cristaux  formés  de  couches  superposées  de  corps  isomorphes  : 
il  en  résulte  que,  dans  ce  cas,  les  molécules  de  l'un  des  corps  agissent  sur 
les  molécules  des  autres  comme  elles  agissent  entre  elles.  Mais  cette 
influence,  dans  le  cas  de  substances  isomorphes,  ne  saurait  nous  étonner, 
puisque  la  propriété  de  former  des  mélanges  isomorphes  implique  déjà  cette 
action  d'orientation. 

»  Ce  qui  peut  surprendre,  c'est  de  voir  des  cristaux  n'ayant  aucun  rap- 
port, au  point  de  vue  chimique,  ni,  tout  au  moins  en  apparence,  au  point 
de  vue  cristallographique,  s'orienter  réciproquement  :  c'est  ainsi  que,  si 
l'on  fait  cristalliser  de  l'iodure  de  potassium  sur  une  lame  de  mica,  les 
octaèdres  d'iodure  s'orientent  de  façon  qu'un  de  leurs  axes  ternaires  soit 
parallèle  à  l'axe  quasi-ternaire  du  mica  et  qu'un  de  leurs  axes  binaires  soit 
parallèle  à  l'axe  binaire  de  ce  dernier  minéral.  Les  deux  cristaux  s'orientent 
donc  parallèlement,  et  les  molécules  du  mica  agissent  sur  les  molécules  de 
l'iodure  comme  elles  agissent  entre  elles.  Les  octaèdres  peuvent  d'ailleurs 
prendre  deux  positions  à  180°  l'une  de  l'autre,  comme  cela  a  lieu  dans  les 
groupements  autour  des  axes  ternaires.  Ce  mode  d'association  peut  être 
à\l  parallèle  im  symétrique  ;  c'est  lui  que  l'on  retrouve  le  plus  souvent  réalisé 
dans  les  cristaux  naturels. 

»  Mais  il  est  d'autres  modes  d'associations  paraissant  plus  complexes  et 
satisfaisant  tous  à  la  même  loi,  facile  à  énoncer  :  si  nous  désignons  sous  le 
nom  <V éléments  de  la  forme  primitive  ses  arêtes,  ses  diagonales  et  les  diago- 
nales de  ses  faces,  on  peut  dire  que  les  cristaux  s'associent  de  façon  qu'au 
moins  deux  éléments  de  la  forme  primitive  de  l'un  coïncident  avec  deux 
éléments  de  la  forme  primitive  de  l'autre.  Bien  entendu,  dans  certains  cas, 
la  coïncidence  de  ces  deux  éléments  peut  entraîner  la  coïncidence  d'autres 
éléments,  comme  cela  a  lieu  dans  le  cas  du  parallélisme.  On  voit  donc, 
d'après  les  résultats  publiés  dans  une  Note  précédente,  que  les  minéraux 
s'orientent  de  façon  que,  au  moins  suivant  deux  directions,  les  actions 
exercées  par  les  particules  complexes  de  l'un  sur  les  particules  de  l'autre 
soient  des  forces  centrales.  Mais  la  position  des  deux  minéraux,  dans  ces 
associations,  n'est  pas  rigoureusement  déterminée  comme  celle  de  deux 
cristaux  de  même  espèce  dans  un  groupement  :  souvent,  en  effet,  les  élé- 
ments qui  tendent  à  se  mettre  en  coïncidence  ne  font  pas  entre  eux  abso- 


8oO  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

lument  le  même  angle  dans  les  deux  cristaux,  de  sorte  que  la  coïncidence 
complète  n'est  pas  possible  :  on  constate  alors  un  léger  flottement  dans  la 
position  relative  des  deux  cristaux. 

»  Comme  exemple,  je  citerai  l'association  de  l'amphibole  et  de  la  cal- 
cite  :  l'amphibole  s'oriente  de  façon  que  son  arête  verticale  soit  parallèle 
à  une  arête  culminante  de  la  calcite  et  que  son  axe  binaire  soit  parallèle 
à  un  axe  binaire  de  ce  dernier  minéral.  Or  j'ai  montré  que  la  forme  pri- 
mitive de  l'amphibole  était  un  parallélépipède  voisin  d'un  rhomboèdre 
de  80*^50';  il  est,  par  suite,  facile  de  constater  que  l'arête  de  ce  parallé- 
lépipède, située  dans  le  plan  de  symétrie  commun,  coïncide  précisément 
avec  l'axe  ternaire  de  la  calcite;  par  conséquent,  une  arête  de  la  forme 
primitive  de  l'un  coïncide  avec  une  diagonale  de  la  forme  primitive  de 
l'autre. 

»  Dans  l'association  de  calcite  et  d'aragonite,  étudiée  par  G.  Rose,  la 
microdiagonale  de  l'aragonite,  qui  est  un  axe  binaire  de  sa  forme  primi- 
tive, coïncide  avec  un  axe  binaire  de  la  calcite,  tandis  que  la  macrodia- 
gonale est  parallèle  à  l'arête  du  scalénoèdre  (2  i  3  i).  Il  en  résulte,  comme 
le  montre  facilement  le  calcul,  que  l'axe  vertical  de  l'aragonite,  qui  est  un 
axe  quasi-ternaire,  coïncide  avec  l'arête  du  rhomboèdre  primitif  de  la 
calcite. 

»  Un  autre  exemple,  intéressant  à  signaler,  est  celui  de  la  pegmatite 
graphique.  Si  les  cristaux  de  quartz,  englobés  dans  l'orthose,  ont  même 
orientation,  cela  provient  simplement  de  ce  que  leur  position  est  déter- 
minée par  rapport  au  feldspath.  Cette  relation  de  position  des  deux  miné- 
raux a  pu  échapper,  parce  qu'il  y  a  plusieurs  orientations  possibles,  mais 
toutes  satisfont  à  la  loi  énoncée  plus  haut.  Pour  ne  citer  que  deux  modes 
d'association,  tantôt  un  axe  binaire  du  quartz  coïncide  avec  l'axe  binaire 
de  l'orthose  et  il  y  a  parallélisme  entre  la  diagonale  de  la  face  (i  o  i  i)  et 
l'arête/?^'  du  feldspath,  qui  est  un  axe  quasi-quaternaire;  tantôt  les  axes 
binaires  coïncidant  encore,  la  diagonale  de  la  face  (loi  i)  du  quartz  est 
parallèle  à  l'arête  h'^ g^  du  feldspath,  qui  a  un  axe  quasi-ternaire.  » 

BOTANIQUE,    —    Sur  le    développement    de  l'ovule   des   Asclépiadées . 
Note  de  M.  Paul  Dop,  présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

«  L'ovule  a\e.^  Asclépiadées  n'a  été  jusqu'ici  l'objet  que  d'un  nombre 
restreint  de  recherches.  Dans  son  Mémoire  sur  la  reproduction  du  Dompte- 


SÉANCE    DU    lO   NOVEMBRE    I902.  80 1 

Venin,  Chauveaud  (')  a  montré  que  le  sac  embryonnaire  provenait  du 
développement  d'une  cellule  sous-épidermique,  qui  grandissait  sans 
jamais  se  cloisonner  et  dont  le  noyau,  par  bipartitions  successives,  donnait 
naissance  aux  deux  tétrades  suivant  le  schéma  classique  de  Strasburger. 

»  Vesque  (-),  au  contraire,  pense,  d'après  la  considération  de  l'ovule 
adulte,  que  le  sac  embryonnaire  du  Cerope^ia  Sandersoni  se  développe 
comme  celui  des  Apocynées,  c'est-à-dire  par  fusion  des  trois  cellules  qui 
proviendraient  de  la  segmentation  de  la  cellule  mère  primordiale  du  sac. 

»  D'Hubert  (^)  a  récemment  décrit  le  sac  embryonnaire  adulte  du 
G.  Stapelia,  sans  étudier  son  développement. 

»  J'ai  continué  ces  recherches  et  j'ai  vu  que  le  cas  signalé  par  Chauveaud 
était  exceptionnel  et  que  le  sac  embryonnaire  des  Asclépiadées  avait  un 
développement  comparable  à  celui  que  Vesque  a  décrit  dans  les  Apocynées. 

»  J'ai  employé  la  méthode  des  coupes  en  séries  après  inclusion  à  la  paraffine.  J'ai 
coloré  la  cellulose  par  l'hémaloxyline  de  Bôhmer,  le  protoplasma  par  l'éosine,  et  les 
noyaux  par  l'hémaloxyline  à  l'alun  ammoniaco-ferrique.  La  safranine  ne  m'a  jamais 
donné  de  bons  résultats,  la  fixation  au  liquide  de  Flemming  étant  rendue  impossible 
par  la  présence  de  globules  gras  dans  le  sac  embryonnaire.  Pour  préciser  je  décrirai 
le  développement  de  l'ovule  du  Stapelia  variegata. 

»  L'ovule  naît  comme  une  excroissance  du  placenta  sans  jamais  offrir  de  tégument; 
aussi  dans  son  ensemble  est-il  comparable  au  nucelle  des  ovules  normaux.  Latérale- 
ment une  cellule  sous-épidermique  se  différencie,  c'est  la  cellule  mère  primordiale  du 
sac.  Elle  s'allonge  et  ne  tarde  pas  à  s'enfoncer  dans  l'épaisseur  du  mamelon  ovulaire 
grâce  au  mécanisme  suivant  :  la  cellule  épidermique  placée  au-dessus  d'elle  se  divise 
par  2  cloisons  radiales  en  3  cellules.  Ces  3  cellules  s'allongent  en  se  cloisonnant  tan- 
genliellement,  elles  forment  ainsi  trois  bandelettes  cellulaires  d'origine  épidermique, 
qui  jouent  le  rôle  d'une  calotte  en  séparant  la  cellule  mère  primordiale  de  Textérieur. 
Plus  tard  la  file  moyenne  de  ces  cellules  disparait.  11  se  forme  ainsi  un  canal  qui 
jouera,  dans  la  pénétration  du  tube  pollinique,  le  même  rôle  qu'un  micropyle,  mais 
dont  l'origine  est  toute  différente.  Lorsque  la  cellule  mère  primordiale  s'est  ainsi 
enfoncée,  elle  se  divise  en  4  cellules  filles  par  3  cloisons  perpendiculaires  à  son  grand 
axe.  La  première  cloison  formée  divise  la  cellule  en  2  cellules  égales.  De  ces  2  cel- 
lules, celle  qui  est  la  plus  rapprochée  du  micropyle  se  divise  à  son  tour  en  deux.  Enfin 
la  dernière  cloison  s'établit  de  façon  à  diviser  en  deux  celle  des  3  cellules  ainsi  formées 
qui  avoisine  le  micropyle.  En  résumé  les  3  cloisons  se  forment  successivement  du 
milieu  de  la  cellule  mère  primordiale  du  sac,   vers  son  extrémité  micropylaire,  et  la 


(')  Chauveaud,  La  reproduction  chez  les  Dompte-Venin  {Thèse  de  la  Faculté  de 
médecine  de  Paris,  1872). 

(^)  Vesque,  Annales  des  Sciences  naturelles,  6*  série,  t.  VIll,  p.  365. 
(^)  D'Hubert,  Thèse  de  la  Faculté  des  Sciences  de  Paris,  1896,  p.  108. 


8o2  ACADÉMIE    DES  SCIENCES. 

cellulose  qui  les  constitue  se  gélifie  immédiatement  après  leur  formation.  J'appelle  a 
la  cellule  qui  est  au  contact  du  micropyle  ;  b.  c,  d  les  cellules  suivantes  ;  «fêtant  la  plus 
éloignée  de  a.  Au  début  ces  [\  cellules  sont  inégales  :  d  est  très  grande  \  c,  b,a  petites. 
A  partir  de  ce  stade  on  voit  que  les  dimensions  de  d  et  de  c  ne  se  modifient  pas,  tandis 
que  6  et  a  s'allongent,  cet  allongement  étant  très  grand  pour  la  cellule  a.  Au  début 
ces  4  cellules  possèdent  chacune  un  seul  noyau,  mais  bientôt  le  noyau  de  la  cellule  a 
se  divise  en  deux.  J'appelle  ces  2  noj^aux  a«i  et  an-^.  Ils  ne  restent  pas  côte  à  côte; 
l'un,  an^  par  exemple,  se  place  à  l'extrémité  micropylaire  de  la  cellule;  l'autre,  an,, 
au  contact  de  la  paroi  basale  de  cette  même  cellule. 

»  Pendant  que  ces  modifications  se  produisent  dans  la  cellule  a,  on  voit  la  cellule  d 
se  diviser  en  2  cellules  d^  et  d^,  par  une  cloison  parallèle  au  grand  axe  du  sac 
embryonnaire.  Il  en  résulte  que  cette  extrémité  du  sac  est  formée  de  3  petites 
cellules  t/i,  d.2  et  c  qui  est  restée  indivise.  Ce  sont  les  3  cellules  antipodes. 

»  Pendant  que  ce  groupe  cellulaire  se  constitue;,  on  voit  le  noyau  de  la  cellule  6, 
que  j'appelle  bn,  se  déplacer  de  façon  à  venir  s'accoler  à  la  membrane  devenue 
concave  qui  sépare  cette  cellule  de  la  cellule  a,  et  comme  nous  avons  vu  que  l'un  des 
noyaux  de  la  cellule  a,  an^,  s'était  déjà  accolé  à  cette  cloison,  il  en  résulte  qu'à  la 
limite  des  cellules  «  et  6  on  observe  2  noyaux  accolés  chacun  à  une  des  faces  de  la 
membrane  séparative.  Cette  membrane  disparaît  peu  de  temps  après  et  une  conti- 
nuité s'établit  entre  les  protoplasmes  des  2  cellules.  En  même  temps,  dans  la  cel- 
lule «,  les  2  noyaux  an^  et  an,  se  sont  divisés  chacun  en  2  autres.  Le  noyau  a«|, 
qui  est  logé  à  la  partie  basale  de  la  cellule,  se  divise  en  2  noyaux  an\  et  an'[.  A  ce 
stade  le  contraste  entre  ces  2  noyaux  et  le  noyau  de  la  cellule  è,  qui,  par  suite  de  la 
mise  en  continuité  des  protoplasmas  des  2  cellules,  est  arrivé  à  leur  contact,  est  parti- 
culièrement net. 

»  an'^  et  an'[  ont  un  nucléole  petit,  une  masse  chromatique  peu  dense  et  claire,  un 
contour  sphérique;  par  contre  le  noyau  de  b,  bn,  a  un  nucléole  volumineux,  une 
épaisse  charpente  chromatique  et  une  forme  légèrement  en  croissant.  L'un  de  ces 
noyaux,  an\  par  exemple,  devient  le  noyau  de  Voosplière,  et  l'autre,  an'[,  se  logeant 
dans  la  concavité  du  noyau  bn,  s'unit  à  lui  pour  former  un  gros  noyau  à  2  nucléoles, 
qui  n'est  autre  chose  que  le  noyau  secondaire  du  sac.  En  même  temps  le  noyau  an^ 
s'est  divisé  en  2  noyaux  an',^  et  an".,  qui  ont  les  mêmes  caractères  que  les  noyaux  an\ 
et  an[.  Us  deviennent  les  2  noyaux  des  synergides.  Finalement  il  s'est  constitué  un 
sac  embryonnaire  normal  à  3  cellules  antipodes,  un  noyau  secondaire  du  sac, 
I  oosphère  et  2  synergides.  Mais  l'ordre  des  cloisonnements  et  des  bipartitions  n'est 
pas  le  même  que  celui  qui  est  généralement  admis. 

»  En  résumé  j'ai  établi  que,  clans  le  genre  Stapelia,  l'ovule  est  réduit  à  son 
nucelle,  que  la  pénétration  du  tube  pollinique  est  facilitée  par  l'existence 
d'un  canal  creusé  dans  un  tissu  spécial  d'origine  épidermique.  J'ai  montré, 
en  outre,  que  la  cellule  mère  primordiale  donne  d'abord  naissance 
à  4  cellules  filles;  que  2  de  ces  cellules  se  fusionnent  en  une  cellule  où 
se  forment  l'oosphère,  les  2  synergides  et  le  noyau  secondaire,  tandis  que 
les  2  autres  donnent  naissance  aux  antipodes.  A  quelques  détails  près, 


SÉANCE    DU    lO    NOVEMBRE    1902.  8o3 

l'étude   des  sacs  embryonnaires  à'Araujia,  de  Marsdenia  et  de  Gompho- 
carpus,  m'a  fourni  des  résultats  analogues.    » 


GÉOLOGIE.  —    Sur  le  Grès  nubien.  Note  de  M.  R.  Fourtau, 
présentée  par  M.  Albert  Gaudry. 

«  La  question  de  la  place  stratigraphique  des  grès  sans  fossiles,  connus 
généralement  sous  le  nom  de  grès  nubiens,  est  une  des  plus  importantes  pour 
la  géologie  de  l'Egypte  et  des  régions  voisines.  Tous  les  savants  qui,  jusqu'à 
ce  jour,  ont  traité  cette  question  diffèrent  sensiblement  d'opinion.  On  fut 
porté  d'abord  à  les  considérer  comme  l'équivalent  du  new  red  sandstone  des 
géologues  anglais;  puis  Lartet  démontra  qu'en  Syrie  ils  étaient  albions; 
M.  Zittel,  dans  les  oasis  du  désert  libyque,  y  vit  du  Sénonien;  en  j886, 
Schweinfurth  découvrit  dans  l'ouady  Arabah  une  bande  de  grès  contenant 
des  fossiles  paléozoïques  que  Beyrich  détermina  comme  carbonifériens; 
plus  lard,  J.  Walther,  au  Sinai,  trouva  une  faune  un  peu  plus  récente 
attribuée  à  l'Artinskien,  opinion  que  semble  partager  M.  de  Morgan.  Enfin, 
tout  récemment,  M.  Blanckenhorn  admet,  pour  la  partie  inférieure,  un 
âge  paléozoïque,  tandis  que  la  partie  supérieure  de  ces  grès  appartien- 
drait, d'après  lui,  au  Cénomanien. 

»  Cette  dernière  théorie,  la  plus  récente  en  date,  d'ailleurs,  paraît 
admettre  dans  la  série  sédimentaire  de  l'Egypte  un  hiatus  considérable 
qui  ne  s'explique  pas. 

«  Mes  excursions  dans  la  vallée  du  Nil  et  dans  le  désert  arabique,  ainsi 
que  dans  la  partie  occidentale  de  la  presqu'île  du  Sinaï,  m'ont  bien  sou- 
vent mis  à  même  d'étudier  ces  grès,  et,  de  mes  observations  dans  diffé- 
rentes localités,  j'ai  pu  dégager  une  conclusion  intéressante,  qui  paraîtra 
tout  d'abord  paradoxale  :  c'est  que  tous  les  auteurs  précités  ont  raison 
pour  la  localité  qu'ils  ont  étudiée,  mais  qu'ils  ont  eu  l'imprudence  de  géné- 
raliser, pour  une  formation  d'une  immense  étendue,  des  observations 
exactes  sur  un  seul  point. 

))  En  réalité,  nous  devons  considérer  la  formation  gréseuse  qui  couvre 
de  si  vastes  espaces  de  terrain  depuis  la  Palestine  jusqu'au  Soudan  égyptien 
et  au  désert  libyque,  comme  un  véritable  désert  fossile  semblable  au  désert 
actuel  et  dont  la  limite  a  av^ancé  ou  reculé  suivant  la  transgression  ou  la 
régression  des  mers  primaires  et  secondaires.  Ces  grès  ne  furent  au  début 
que  le  produit  de  l'érosion  du  bombement  archéen  dont  les  restes  forment 


ICO 


8o\  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

aujourd'hui  le  massif  central  du  Sinaï  et  de  l'Etbaye;  plus  tard,  à  cette 
érosion  directe  du  granit  est  venue  s'ajouter  l'érosion  des  couches  de  grès 
plus  anciennes,  remaniements  qui  donnèrent  des  bandes  gréseuses  au  grain 
de  plus  en  plus  serré.  Les  découvertes  de  Schweinfurth  et  de  Walther 
prouvent  que  le  rivage  des  mers  à  la  fin  de  l'époque  primaire  et  au  com- 
mencement du  secondaire  se  trouvait  sous  le  parallèle  de  l'ouady  Arabah, 
en  Egypte,  et  de  l'ouady  Chellal  au  Sinaï,  tout  comme  la  bande  fossdifère 
de  l'ouady  Molir  nous  fixe  définitivement  la  limite  de  la  transgression 
cénomanienne  en  Egypte.  La  mer  sénonienne  a  poussé  plus  an  sud, 
comme  le  prouvent  les  grès  fossilifères  de  l'ouady  Haouaschich  et  des  en- 
virons d'Esneh,  et  si  Zittel  a  fait  sénoniens  les  grès  des  oasis,  c'est  qu'il  les 
a  vus  disparaître  sous  la  craie  blanche  la  plus  supérieure.  Enfin,  la  décou- 
verte de  Lartet  en  Syrie  nous  indique  la  limite  nord  de  ce  même  désert  à 
l'époque  albienne. 

))  De  même,  aujourd'hui,  s'il  se  produisait  une  nouvelle  transgression 
marine  dans  le  plateau  libyque,  l'immense  mer  de  sables  qui  arrêta  la 
marche  vers  l'ouest  de  Zittel  et  de  Rholfs  donnerait,  sans  nul  doute,  nais- 
sance à  une  nouvelle  bande  de  grès  que  l'on  aurait  de  la  peine  plus  tard  à 
discerner  de  celles  de  l'ouady  Keneh  et  du  nord  du  désert  arabique. 

»  Nous  ne  devons  donc  accepter  les  termes  de  grés  nubien  ou  de  grés  du 
désert  que  comme  de  simples  expressions  pétrographiques,  analogues  au 
flysch  des  auteurs  allemands  et  sans  aucune  valeur  stratigraphique,  car, 
pour  le  géologue  qui  étudie  l'Egypte  et  les  régions  voisines,  cette  formation 
gréseuse  comble  une  lacune,  mais  ne  justifie  pas  un  hiatus.  » 


PHYSIOLOGIE  EXPÉRIMENTALE.  —  De  la  nature  des  courants  élecLrlques  du 
nerf.  Note  de  M.  N.-E.  Wedensky,  présentée  par  M.  Marey. 

«  La  théorie  la  plus  explicite  des  phénomènes  électriques  observés  sur 
le  nerf  et  le  muscle  est  sans  doute  celle  d'Hermann.  Néanmoins  elle  ne 
fournit  pas  de  solution  satisfaisante  sur  quelques  points  assez  importants. 
Par  exemple,  pourquoi  le  courant  démarcationnel  A'wmnue  progressivement 
avec  le  temps,  finit  par  disparaître  et  se  change  même  parfois  en  un  cou- 
rant faible  de  direction  opposée?  La  surface  de  démarcation  reste  donc 
Hmitée  dans  le  nerf,  parce  que  l'altération  traumatique  ne  va,  dans  les 
fibres,  que  jusqu'au  premier  étranglement  de  Ranvier  et  la  section  nouvelle 
fait    immédiatement  réapparaître  un  fort  courant   (Engelmann).   Autre 


SÉANCE    DU    lO    NOVEMBRE    1902.  8o5 

exemple  :  cette  théorie  ne  nous  explique  point  la  variation  positive  rem- 
plaçant dans  certains  cas  la  variation  négative,  ainsi  que  cela  a  été  signalé 
depuis  longtemps  par  plusieurs  auteurs.  Dans  mes  expériences  faites  il  y  a 
18  ans,  lorsque,  dans  le  but  de  démontrer  l'infatigabilité  du  nerf,  j'entre- 
tenais la  tétanisation  pendant  plusieurs  heures  de  suite,  j'ai  eu  l'occasion 
de  constater  que  ce  phénomène  a  toujours  lieu  si  le  courant  de  repos 
devient  très  faible,  les  conditions  d'excitation  étant  les  mêmes  que  pour  la 
variation  négative.  Cette  observation  a  été  pareillement  faite  dans  mon 
laboratoire  à  propos  d'autres  recherches  (Cosatcheck,  Rargemoff,  Boïno- 
Rodsevitch,  Tour)  et  plus  récemment  par  M.  Waller. 

»  Les  expériences  dont  je  vais  parler  ont  leur  point  de  départ  dans  mes 
recherches  sur  la  narcose  du  nerf('). 

»  J'ai  remarqué  qu'un  état  tout  à  fait  analogue  à  la  narcose  se  produit, 
dans  le  nerf,  non  seulement  sous  l'influence  des  narcotiques,  mais  aussi 
sous  l'action  d'agents  chimiques  fort  différents  et  d'excitants  physiques 
après  qu'ils  avaient  agi  sur  le  nerf  avec  une  certaine  intensité  et  durée.  En 
considération  des  conditions  très  variées  qui  aboutissent  toujours  au  même 
changement  du  nerf,  je  l'ai  désigné  par  la  dénomination  plus  générale  de 
parabiose.  Aussi  bien  dans  les  phases  qui  précèdent  l'installation  de  la 
parabiose  que  dans  les  phases  de  restitution,  le  nerf  passe  infailliblement 
par  les  trois  stades  caractéristiques  dont  une  description  sommaire  est 
reproduite  dans  ma  dernière  Note  à  l'Académie  (i3  octobre). 

»  Je  me  suis  proposé,  dans  mes  recherches  nouvelles,  d'étudier  les  phé- 
nomènes électriques  par  lesquels  s'exprime  la  parabiose  toute  développée, 
ainsi  que  les  stades  intermédiaires  entre  celle-ci  et  l'état  normal. 

»  Dans  ce  but,  j'ai  relié  avec  le  galvanomèli'e  des  points  différents  (les  points  altérés 
d'une  part,  les  points  inaltérés  d'une  autre)  de  la  partie  inférieure  du  nerf,  tandis  que 
sa  partie  supérieure  était  destinée  à  la  tétanisation  électrique,  le  muscle  nous  mani- 
festant les  modifications  fonctionnelles  éprouvées  par  le -nerf.  Pour  poursuivre  ces 
modifications  de  plus  près  encore,  j'ai  disjoint  du  galvanomètre,  de  temps  en  temps, 
les  électrodes  impolarisables  et  je  les  ai  transformés  en  électrodes  excitants. 

»  Quelle  que  soit  la  cause  d'origine  de  la  parabiose  (les  narcotiques;  les  excitants 
chimiques,  électriques,  thermiques),  la  partie  parabiosique  accuse  toujours  une  néga- 
tivité prononcée  par  rapport  à  des  points  normaux  du  nerf,  d'où  résulte  le  courant 
parabiosique.  Pour  que  la  parabiose  soit  complète,  ce  courant  doit  avoir  une  cer- 


(')  Archives  de  PJlûger,  t.  LXXXII.  —  Eoocitation,  inhibition  et  narcose.  Saint- 
Pétersbourg,  1901.  —  Comptes  rendus,  i3  octobre  1902. 

C.  R.,  1902,  2»  Semestre.  (T.  CXXW,  N-  19.)  Iû6 


8o6  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

taine  intensité.  Lorsque  cette  dernière  baisse  au-dessous  d'un  certain  niveau,  le 
nerf  passe  par  les  stades  intermédiaires,  et,  avant  qu'il  revienne  tout  à  fait  à  l'état 
fonctionnel  normal,  le  courant  éprouve  le  renversement  [le  courant  prodromique,  tou- 
jours d'une  intensité  très  faible). 

»  Tant  que  la  parabiose  (la  suppression  complète  de  l'excitabilité  et  de  la  conduc- 
tibilité) persiste,  le  courant  parabiosique  éprouve  la  variation  négative  sous  l'influence 
de  la  tétanisation,  ce  qui  est  tout  à  fait  conforme  aux  règles  qui  régissent  le  courant 
démarcalionnel.  Au  contraire,  dans  les  stades  intermédiaires,  la  variation  du  courant 
parabiosique  peut  revêtir  des  formes  très  variées.  Dans  certains  cas,  c'est  la  variation 
positive  pure  qui  s'observe.  Dans  d'autres,  la  variation  est  positive  au  commencement 
de  la  tétanisation,  puis  elle  dévient  négative.  Pour  d'autres  cas  encore,  c'est  l'arrière- 
variation  {positive  Nachschwankung)  qui  est  très  caractéristique,  etc. 

»  Tous  ces  phénomènes  paraissent  bizarres  et  irréguliers.  Ils  ne  le  seront  point  si 
nous  les  envisageons  au  point  de  vue  de  la  théorie  que  j'ai  formulée  sur  la  parabiose. 
D'après  cette  théorie,  la  parabiose  doit  être  considérée  comme  un  état  d'excitation 
singulière,  locale  et  stable,  analogue  à  la  contraction  idio-musculaire  et,  comme 
celle-ci,  réfractaire  aux  excitations  extérieures.  A  ce  point  de  vue,  tous  les  phéno- 
mènes signalés  présentent  non  seulement  une  régularité  rigoureuse,  mais  ils  peuvent 
même,  jusqu'à  un  certain  degré,  être  prévus  d'avance. 

»  Les  effets  galvanométriques  de  la  tétanisation  doivent  être  toujours  interprétés 
comme  addition  algébrique  de  la  négativité  locale  persistante,  d'une  part,  et,  d'autre 
part,  de  celle  des  ondes  d'excitation  arrivant  des  points  normaux.  Pour  ce  qui  regarde 
l'arrière-variation  positive,  elle  a  un  phénomène  corrélatif  parfait  dans  l'arrière- 
dépression  (un  équivalent  de  l'aggravation  parabiosique)  que  laisse  la  tétanisation 
dans  la  partie  du  nerf  prédisposée  à  la  parabiose. 

»  Dès  lors,  il  est  permis  de  supposer  que  la  même  manière  de  voir  pourrait  être 
totalement  appliquée  à  l'interprétation  du  courant  démarcalionnel.  Celui-ci  existe  tant 
qu'existe  l'état  parabiosique  dû  à  la  section  du  nerf.  Ce  courant  décroît  à  mesure  que 
l'excitation  parabiosique  disparaît.  Dans  les  stades  intermédiaires,  la  tétanisation  doit 
ramener  toutes  les  variations  analogues  à  celles  dont  je  viens  de  parler.  J'exprime  cet 
espoir  en  m'appuyant  sur  mes  anciennes  expériences  galvanométriques,  de  même  que 
sur  celles  des  auteurs  cités  plus  haut. 

»  Enfin,  pour  contrôler  mes  vues  sur  le  courant  démarcationnel  comme  résultant  des 
changements  fonctionnels  transitoires,  j'ai  proposé  à  M.  Astvatzatouroff  de  faire  une 
étude  détaillée  des  modifications  de  l'excitabilité  du  nerf  dans  le  voisinage  de  la  sec- 
tion. Il  a  constaté  en  effet  que  la  diminution,  bien  connue,  de  l'excitabilité  pour  les 
courants  ascendants,  y  disparaît  après  un  certain  temps  et  peut  même  se  changer  en 
excitabilité  plus  grande  que  pour  les  courants  descendants.  C'est  un  parallélisme  com- 
plet avec  ce  que  j'ai  trouvé  pour  la  restitution  de  la  parabiose. 

))  Je  crois  que  le  courant  démarcationnel  et  toutes  ses  variations,  sous 
l'influence  de  l'irritation,  ne  recevront  une  interprétation  décisive  que  par 
l'étude  approfondie  de  l'état  parabiosique.   » 


SÉANCE    DU    lO    NOVEMBRE    1902.  807 


PHYSIOLOGIE  ANIMALE.  —  Rôle  de  la  fonction  adipogénique  du  foie  chez  les 
Invertébrés.  Note  de  M"^  C.  Deflandre,  présentée  par  M.  Alfred  Giard. 

«  La  fonction  adipogénique  du  foie  paraît  avoir  une  généralité  très 
grande  chez  les  Invertébrés.  Dans  une  Communication  à  la  Société  de 
Biologie,  nous  avons  montré  que,  chez  les  Mollusques,  en  particulier,  les 
réserves  adipeuses  de  l'hépato-pancréas  étaient  considérables,  mais  qu'elles 
étaient  intermittentes  et  sujettes  à  des  variations  saisonnières  :  nous  avons, 
depuis,  vérifié  cette  loi  pour  beaucoup  d'autres  animaux,  et  avons  cherché 
à  en  déterminer  la  signification  physiologique. 

»  Une  première  hypothèse  établit  un  rapport  entre  cette  fonction  et 
l'état  delà  température;  c'est,  en  elfet,  presque  toujours  au  printemps, 
lorsque  la  température  s'élève,  que  la  graisse  est  particulièrement  abon- 
dante. Mais,  d'une  part,  certains  animaux,  tels  que  Mytilus  edulis,  Pecten 
asper,  ont  des  réserves  adipeuses  considérables  en  hiver;  d'autre  part,  les 
expériences  que  nous  avons  faites  relativement  à  l'influence  de  la  tempé- 
rature sur  la  teneur  en  graisse  du  foie  ne  sont  pas  favorables  à  cette  ma- 
nière de  voir  :  c'est  ainsi  que  des  Escargots  bien  alimentés,  mis  pendant 
10  jours  à  l'étuve  à  89°  après  y  avoir  été  progressivement  habitués,  n'ont 
plus  présenté,  après  ce  laps  de  temps,  aucune  trace  de  graisse  hépatique. 
La  transformation  arti6cielle  de  ces  Mollusques  en  animaux  à  sang  chaud 
a  donc  suffi  pour  faire  disparaître  les  réserves  graisseuses, 

»  Une  deuxième  hypothèse  consiste  à  établir  un  rapport  entre  l'alimen- 
tation de  l'animal,  plus  intense  au  printemps,  et  les  réserves  adipeuses.  Il 
doit  y  avoir  une  grande  part  de  vérité  dans  cette  hypothèse  ;  car,  dans  nos 
expériences,  les  animaux  soumis  au  jeûne  consomment  la  totalité  de  leurs 
réserves  hépatiques;  et,  inversement,  certains  animaux,  particulièrement 
bien  nourris,  les  Mytilus  par  exemple,  accumulent,  pendant  toute  l'année, 
des  réserves  adipeuses  et  glycogéniques. 

»  Il  semble  donc  bien  que  la  fonction  adipogénique  du  foie  ait  essen- 
tiellement pour  but  d'accumuler  des  réserves  nutritives,  provenant  de  la 
suralimentation,  et  destinées  à  des  besoins  ultérieurs.  A  ce  point  de  vue, 
la  fonction  adipogénique  doit  être  comparée  à  la  fonction  glycogénique, 
beaucoup  moins  développée  chez  les  Invertébrés,  et  qu'elle  supplée  en 
partie. 


8o8  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

»  Néanmoins  la  fonction  adipogénique  nous  a  paru  avoir  une  autre 
signification  plus  spéciale  :  en  effet,  le  foie  de  certains  animaux  n'est  riche 
en  graisse  que  pendant  un  intervalle  de  temps  beaucoup  plus  court  que 
celui  de  la  suralimentation  ;  or,  ce  temps  coïncide  avec  la  période  de  for- 
mation des  œufs.  C'est  ainsi  que  VHelix  pomatia  ne  possède  une  glande 
hépatique  riche  en  graisse  que  pendant  les  mois  de  mai  et  de  juin,  c'est- 
à-dire  au  moment  de  l'ovulation;  la  graisse  disparaît,  par  contre,  au  mois 
de  juillet,  alors  que  la  nutrition  de  l'animal  est  tout  à  fait  favorable. 

»  Ces  faits  semblent  démontrer  que  la  fonction  adipogénique  est  inti- 
mement liée  à  la  fonction  génitale;  on  peut  supposer,  par  exemple,  que  la 
glande  hépatique  emmagasine  d'abord  des  réserves  adipeuses  pour  en 
charger  secondairement  les  œufs  au  moment  de  leur  développement. 

»  En  faveur  de  celte  hypothèse,  nous  ferons  remarquer  l'inlrication  très  intime  des 
glandes  hépatiques  et  génitales  chez  les  Mollusques;  sur  une  même  coupe,  on  observe 
fréquemment  des  ovules  à  différents  états  de  développement  en  plein  tissu  hépatique; 
on  voit  alors,  à  certains  moments  particulièrement  favorables,  les  réserves  adipeuses 
du  foie  diminuer  au  fur  et  à  mesure  que  la  périphérie  des  ovules  se  surcharge  de 
graisse;  les  lacunes  de  communication  entre  les  deux  organes  contiennent  d'ailleurs 
assez  souvent  des  granulations  adipeuses  qui  démontrent  le  passage  de  la  graisse  de  la 
glande  hépatique  à  la  glande  génitale  :  nous  avons  constaté  particulièrement  ce  fait 
chez  Donax  trunculas,  Tapes  pullaster,  Cardiuni  edule,  Chiton  marginatus;  ces 
animaux  ont  été  recueillis  en  septembre,  au  laboratoire  de  Wimereux. 

»  Chez  les  Astéries,  on  constate  un  phénomène  du  même  ordre  :  les  glandes  hépa- 
tiques et  génitales  se  succèdent  à  la  même  place  dans  le  prolongement  des  bras;  au  fur 
et  à  mesure  que  la  glande  hépatique  diminue  de  volume,  les  glandes  génitales  se  déve- 
loppent; ajoutons  que  les  glandes  hépatiques  de  VAsterias  ruhens  sont  particuliè- 
rement riches  en  graisse. 

»  Chez  les  Crustacés,  et  en  particulier  chez  ÏAstacus  Jluviatilis,  nous  avons  re- 
marqué que  le  foie  était  très  riche  en  graisse  avant  la  ponte  des  œufs  et  que  la  graisse 
diminuait  notablement  aussitôt  après  celle-ci. 

»  En  résumé,  la  glande  hépatique  des  Invertébrés  est  un  entrepôt  de 
réserves  nutritives,  ainsi  d'ailleurs  que  l'organe  similaire  des  animaux 
supérieurs;  mais,  tandis  que  chez  les  animaux  à  sang  froid  ces  réserves 
sont  essentiellement  constituées  par  des  graisses,  chez  les  animaux  supé- 
rieurs elles  sont  plutôt  constituées  par  du  glycogène.  Ce  fait  n'en  établit 
pas  moins,  malgré  leur  différence  de  structure,  une  analogie  fonctionnelle 
évidente  entre  ces  organes. 

»   Les  réserves  adipogéniques  du  foie,  économisées  pendant  la  saison 


SÉANCE    DU    lO   NOVEMBRE    1902.  809 

favorable  à  la  suralimentation,  servent  non  seulement  à  l'individu,  mais 
aussi  à  sa  descendance;  elles  se  transmettent,  en  effet,  en  grande  partie, 
au  moment  de  l'ovulation,  aux  produits  sexuels  qui  se  constituent,  et  leur 
assurent  ainsi  les  provisions  nutritives  indispensables  aux  premiers  temps 
de  leur  développement.  » 


CHIMIE  ANIMALE.  —  Sur  V existence  de  l'arsenic  dans  la  série  animale. 
Note  de  M.  Gabriel  Bertrand,  présentée  par  M.  Roux. 

«  A  la  suite  des  expériences  que  j'ai  décrites  concernant  la  recherche 
de  petites  quantités  d'arsenic  et  l'existence  de  ce  métalloïde  dans  l'orga- 
nisme de  plusieurs  Mammifères  ('),  il  m'a  paru  nécessaire  d'examiner  si 
l'arsenic  se  rencontre  aussi  chez  d'autres  animaux  et  même  de  poursuivre 
cette  recherche  jusque  chez  les  types  les  moins  élevés  en  organisation. 

»  Le  problème  se  pose,  en  effet,  de  savoir  si  l'arsenic  est  un  élément 
primordial  de  la  cellule  vivante,  ou  bien  s'il  répond  seulement  au  besoin 
d'une  fonction  particulière,  apparue  à  un  certain  degré  de  l'échelle  animale. 

»  Pour  résoudre  ce  problème  d'une  manière  satisfaisante,  et  pouvoir 
tirer  des  nouvelles  recherches  tout  l'enseignement  qu'elles  comportent, 
il  était  indispensable  d'opérer  dans  des  conditions  aussi  rigoureuses  que 
possible,  c'est-à-dire  sur  des  animaux  vivant  dans  un  milieu  normal,  éloi- 
gnés, par  conséquent,  de  toutes  ces  causes  de  contamination  qui  résultent 
du  contact  plus  ou  moins  direct  avec  l'industrie  moderne. 

»  Les  Cétacés,  certains  Oiseaux,  des  Poissons  et  d'autres  animaux  qui 
fréquentent  les  abîmes  de  l'Océan,  présentent,  à  ce  point  de  vue,  les  meil- 
leures garanties.  Ce  sont  eux  que  j'ai  choisis,  et,  grâce  à  la  générosité  de 
S.  A.  S.  le  prince  de  Monaco,  ce  sont  eux  que  j'ai  pu  étudier. 

»  Toutes  les  captures,  et  même  une  partie  des  recherches  chimiques 
(destruction  de  la  matière  organique  et  séparation  du  métalloïde)  ont  été 
effectuées  au  cours  d'une  croisière  scientifique  entreprise  cette  année,  du 
18  juillet  au  17  septembre,  à  bord  du  yacht  Princesse- Alice. 

»  A  l'exception  d'un  Mouton,  qui  provient  des  pâturages  du  mont  Pico, 
et  de  l'Orque,  harponnée  par  le  prince  en  Méditerranée,  les  autres  maté- 
riaux d'études  ont  été  recueillis  en  plein  Atlantique,  quelquefois  à   1800'" 

(')  Comptes  rendus,  t.  CXXXIV,  1902,  p.  i^S^. 


8io 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


de  profondeur,  dans  une  zone  comprise  entre  Gibraltar,  les  Açores  et  l'ou- 
verture de  la  Manche  (exactement  le  banc  de  la  Petite-Sole). 

»  Toutes  les  expériences  faites  pendant  la  croisière  ont  été  reproduites 
au  retour  dans  le  laboratoire  de  l'Institut  Pasteur.  Aussi  avait-on  prélevé  de 
chaque  animal,  ou  partie  d'animal,  un  échantillon  de  poids  connu,  qu'on  a 
conservé  dans  une  quantité  à  peu  près  égale  d'alcool  exempt  d'arsenic. 

»  L'acide  nitrique,  employé  pour  la  destruction  des  matières  organiques,  était 
encore  plus  pur  que  celui  ayant  servi  dans  mes  précédentes  recherches.  Il  en  fallait 
3oos  pour  donner,  avec  3oe  d'acide  sulfurique  et  25«  de  zinc,  un  anneau  d'un  demi- 
millième  de  milligramme,  c'est-à-dire  pour  atteindre  la  limite  de  sensibilité  de  la  mé- 
thode, telle  que  je  l'ai  modifiée.  Dans  aucune  expérience,  d'ailleurs,  on  n'a  employé 
une  aussi  grande  quantité  de  réactifs  pour  rechercher  l'arsenic. 

»  Ne  pouvant  donner  ici  de  détail  de  chaque  expérience,  je  résumerai,  en  un  Ta- 
bleau, les  principaux  résultats  que  j'ai  obtenus  (')  : 


Organes 

Noms  des  espèces  (^).  examinés. 

Mouton  (  Ovis  aries  L.) cornes 

/-.             y->            7    7-          T                       i  glande 

Oraue  (  Orca  s^laaiator  L.  ). .    -,  ,          , 

^       ^             °                        '                   \  thyroïde 

»                        »                    peau 

Pétrelle  {Procellaria  pelagica  L.).  plumes 

Tortue  {Thallassochelfs  carettah.).  écaille 

Serran  {Serranus  atricaudaGiini.).  peau 

»                              »                            .  muscles 

»                              »                           .  écailles 

Grondin  {Trigla  Pini  Bloch) peau 

»                          »                     muscles 

Germon  {Thunnus  alalonga  Gm.).  peau 

Roussette  {Scyllium  canicula  Cuv.).  peau 

Sauale     (  Centrocynurus    cœlolepis  )  .     , 

\,       ,                   ■^                                  }  testicules 

Boc.  ) \ 

c   •  u     /o      •       ^    ■      r   T    \                  (  corps  entier, 

Seiche  (oepia  oihcinaLis  L.  ) \  .       ,, 

^     r        M                     I                  I  moins  les 


Poids  des  acides 

employés 

Arsenic 

Matière  sèche 

soumise 
à  l'expérience. 

dans  l'attaque: 

obtenu  (^) 

azot. 

sulfur. 

milligrammes. 

s 
20 

5o,5 

e 
10,5 

o,oo4 

5o 
à  l'état  frais  ' 

I  45 

10 

0,0025 

4o,o 

86,5 

19.5 

0,oo35 

34,0 

43,0 

i5,o 

0,0025 

20,0 

4o,5 

9>5 

o,oo35 

22,2 

45,0 

12,0 

0,001 

17»! 

33,0 

8,0 

0,001 

environ  20s 

» 

)) 

0,001 

32,7 

36, 0 

i4,o 

o,oo5 

3o,  I 

71,0 

i4,o 

0,001 5 

26,0 

22,7 

12,5 

4o,8 


180,0     40,0     o,oo35  à  o,oo4 
45,0     i5,o     0,0025  à  o,oo3 


16,0       7,0 
i4,o 


0,001 5 


il  ,0 


(*)  Pour  tous  les  détails,  voir  le  Mémoire  publié  dans  les  Annales  de  l' Institut  Pasteur. 
(')  Presque  toutes  ces  espèces  ont  été  déterminées  par  M.  le  D-"  J.  Richard.  La  détermination 
de  l'éponge  est  due  à  M.  Topsent. 

(')  Ces  poids  d'arsenic  se  rapportent  à  ceux  de  matières  sèches  mis  en  expérience. 


SÉANCE    DU    lO    NOVEMBRE    1902.  811 

Poids  des  acides 

emploj'és  Arsenic 

Matière  sèche      dans  l'attaque:  obtenu 

Organes  soumise  ■ — -«^.~— — ^  en 

Noms  des  espèces.  examinés.  à  l'expérience.       azot.       sulfur.  milligrammes. 

(  corDS   moins  1  ^  s  ç 

Analiîe  (Lepas  anati fera  h.) ,  •■!  -^'i^  i47)0     26,0  0,002 

^     ^  •'  ^  les  coquilles  ) 

Holothurie  (5«/cAo/?M5re^a!/«Cuv.).  entière  81,8  72,0     i5,o  o,oo3 

Onvûxi.  (Slronsylocentrotus  droha- ]  .  0/  qkuic  /<^ 

\           */  [        entier  -50,4  52,5     55, o  o,oo45 

chensis  Agassiz) ) 

Etoile  de  mer  (Pedicellaster  sexra-  )  ..  /      e  er 

.  \        entière  29,0  40, c>     19,5  0,002 

diatus  Perner) ) 

Actinie  (?) entière  i3,i  18,0       7,0  0,002 

'Èxionse  (Desmacidon  fruticosaMon- )  .,  „„  c     te  n  r 

^     ®    ^                        -^  \       entière  06,7  07>5      i7;5  o,oo5 

tagu) ) 

»  Comme  on  le  voit  par  ces  résultats,  tous  les  animaux  examinés, 
depuis  les  Vertébrés  supérieurs  jusqu'aux  Spongiaires,  renferment  de 
petites  quantités  d'arsenic. 

»  La  présence  de  ce  métalloïde  n'est  donc  pas,  comme  celle  d'autres 
éléments,  en  quelque  sorte  caractéristique  de  certains  groupes  d'êtres. 
Tandis  que  l'acte  respiratoire,  par  exemple,  s'accomplit  avec  le  concours 
du  cuivre  chez  des  Crustacés  et  des  Mollusques,  avec  celui  du  fer  cliez  les 
Vertébrés,  la  différenciation  morphologique  et  fonctionnelle  s'est  poursui- 
vie, chez  les  animaux,  sans  s'accompagner,  en  ce  qui  concerne  l'arsenic, 
d'aucune  différenciation  chimique  élémentaire. 

»  Il  ressort  en  outre  de  mes  recherches  qu'au  lieu  d'être  localisé  dans 
certains  organes,  oîi  il  peut  toutefois,  dans  certains  cas,  exister  en  plus 
grande  proportion,  l'arsenic  se  retrouve,  au  contraire, dans  tous  les  tissus. 
Ce  métalloïde  serait  donc,  au  même  titre  que  le  carbone,  l'azote,  le  soufre 
et  le  phosphore,  un  élément  fondamental  du  protoplasme. 

»  Une  telle  conclusion  comporte  des  conséquences  importantes  dont 
l'une  des  plus  immédiates  s'applique  à  la  médecine  légale.  M.  A.  Gautier 
a  montré  qu'une  petite  quantité  d'arsenic  existe,  chez  l'homme,  dans  la 
glande  thyroïde  ;  qu'il  y  en  a  aussi  des  traces  dans  le  cerveau,  dans  la  peau 
et  ses  annexes  (').  Cette  découverte  de  M.  A.  Gautier  se  trouve  aujour- 
d'hui non  seulement  appuyée  par  des  faits  d'une  signification  très  générale, 
mais  encore  étendue  à  tous  les  tissus  de  l'organisme.  On  peut  dire  que  des 


(1)  Comptes  rendus,  t.  CXXIX  et  CXXX. 


8 12  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

traces  d'arsenic  isolées  du  corps  de  l'homme,  même  du  tube  digestif,  du 
foie  ou  des  muscles,  peuvent  avoir  une  origine  exclusivement  normale.  On 
devra  donc  toujours,  en  cas  d'expertise  médico-légale,  baser  ses  conclu- 
sions sur  des  dosages  et  non  pas,  comme  on  l'a  malheureusement  fait 
quelquefois,  se  contenter  de  simples  recherches  qualitatives.  » 


M.  Armand  Gautier,  à  propos  de  la  Note  de  M.  G.  Bertrand,  présente 
les  observations  suivantes  : 

«  Les  intéressantes  observations  de  M.  G.  Bertrand  établissent  la  géné- 
ralité de  la  présence  et  du  rôle  de  l'arsenic  chez  les  animaux  sauvages  et 
marins,  comme  je  l'avais  déjà  fait  moi-même  pour  les  domestiques  et  ter- 
restres; mais  je  suis  loin  de  croire  que  cet  élément  soit,  chez  eux,  uni- 
formément répandu.  Je  pense  avoir  démontré,  au  contraire,  par  de  très 
nombreuses  expériences,  qu'il  n'existe  pas,  ou  n'existe  qu'en  quantités 
infinitésimales,  dans  beaucoup  de  tissus. 

»  Guidé  par  mes  premières  constatations  que  l'arsenic  se  localise  surtout 
dans  les  organes  ectodermiques,  j'ai  retrouvé  ce  métalloïde  dans  la  peau  et 
ses  annexes  :  cheveux,  cornes,  barbes  de  plumes,  etc.  Je  n'ai  pu  en  trouver 
dans  les  muscles,  le  tissu  adipeux,  le  foie  et  la  plupart  des  glandes  des 
Mammifères  terrestres. 

»  D'ailleurs,  l'arsenic  n'est  pas  exclusivement  propre  au  règne  animal  ; 
je  l'ai  rencontré  aussi  dans  toutes  les  Algues  à  chlorophylle,  terrestres  ou 
marines. 

»  Enfin  je  me  suis  assuré  que  l'eau  de  mer  elle-même  est  arsenicale. 

»  Je  donnerai  une  Note  à  ce  sujet  dans  la  prochaine  séance.  » 


TÉRATOLOGIE.  —  Un  nouveau  genre  de  Tératopage,  les  Hypo gastropages 
de  type  opérable.  Note  de  M.  Marcel  Baudouin,  présentée  par  M.  Lanne- 
longue. 

«  Au  cours  d'un  examen  récent  de  la  vitrine  consacrée  aux  Monstres 
doubles,  au  Musée  d'Anatomie  pathologique  de  la  Faculté  de  Médecine  de 
Paris,  nous  avons  trouvé,  dans  un  bocal  portant  le  n"  114"*^,  un  spécimen 
de  Tératopage,  constituant  un  genre  nouveau,  non  signalé  dans  les  Traités 
classiques  de  Tératologie. 


SÉANCE    DU    lO    NOVEMBRE    1902.  8l3 

»  a.  L'étiquette  du  bocal  porte  cette  seule  indication  :  «  Deux  fœtus  réunis  par  la 
»  partie  supérieure  du  corps  et  confondus  inférieurement;  le  cordon  et  le  foie  étaient 
»  uniques;  il  y  avait  deux  estomacs  »,  etc.  Un  procès-verbal  donne  des  détails  sur 
l'accouchement  (Creulher,  chirurgien  à  Luçon,  i835).  Le  registre  du  Musée  (article 
Tératologie,  V\h^)  donne  une  phrase  en  plus,  après  le  mot  accouchement.  La  voici  : 
a  et  une  description  sommaire  des  fœtus  ».  Mais  cette  étiquette  ne  nous  a  pas  paru 
correspondre  au  monstre  qu'elle  désigne  actuellement. 

»  Nous  avons  mis  tout  en  œuvre  pour  retrouver,  à  Luçon,  des  documents  sur  le 
monstre  correspondant  à  cette  étiquette;  mais  notre  correspondant,  M.  le  docteur 
Choyau,  n'a- rien  pu  découvrir  relativement  à  la  naissance  de  ce  sujet. 

»  b.  En  ce  qui  concerne  le  sujet,  il  s'agit  d'un  Page  élémentaire  et  très  simple  dans 
lequel  l'union,  au  lieu  de  se  faire  entre  l'ombilic  et  l'appendice  xiphoïde,  autrement 
dit  dans  la  région  épigastrique  comme  dans  les  Xiphopages  (d'où  le  nom  proposé  par 
nous  à'Épigastropage  pour  ce  genre  de  monstruosité),  se  trouve  correspondre  à 
l'hypogaslre,  c'est-à-dire  est  étendue  de  l'ombilic  à  la  région  prépubienne.  On  peut, 
par  suite,  donner  à  ce  genre  nouveau  le  nom  à' Hypogastropage. 

»  Aj)rès  avoir  relu  la  description  d'un  cas  publié  jadis  par  Depaiil  ('), 
nous  avons  conclu,  de  la  comparaison  de  cette  pièce  et  de  ce  document, 
que  le  bocal  114^  devait  contenir  le  sujet  décrit  il  y  a  45  ans  par  l'illustre 
maître. 

»  Nous  ne  donnerons  donc  pas  ici  une  description  nouvelle  de  ce  type 
d'Hypogastropage,  renvoyant  à  la  Note  de  Depaul  (^).  Nous  nous  borne- 
rons à  signaler  que  les  deux  fœtus  sont  bien  de  même  sexe,  comme  de  règle, 
et  du  sexe  masculin,  et  qu'il  n'y  a  qu'un  seul  testicule  descendu  dans 
chaque  scrotum  :  ce  qui  n'avait  pas  été  indiqué. 

»  Le  pédicule  d'union  a  environ  4<^'°  de  hauteur,  et  l'on  voit,  à  la  partie  médiane 
de  son  bord  supérieur,  une  petite  cicatrice  de  la  largeur  d'une  lentille,  correspondant 
à  l'insertion  du  cordon  ombilical,  qui  était,  bien  entendu,  unique. 

»  Dans  le  Mémoire  que  nous  consacrerons  ultérieurement  à  ce  monstre,  si  nous 
obtenons  la  permission  de  le  disséquer,  nous  insisterons  sur  la  disposition  des  organes 
internes  conservés,  dont  Depaul  n'a  pas  parlé. 

»  Ce  type  de  Tératopage  est  viable,  puisque  le  sujet  de  Depaul  a  vécu 
21  jours,  malgré  une  anomalie  anale,  très  rare,  semblant  devoir  à  brève 
échéance  entraîner  la  mort,  et  constituée  par  une  imperforation  anale 
chez  les  deux  composants  (''). 


(1)  Depaul,  Bulletin  de  la  Soc.  anatomique  de  Paris,  t.  XXXII,  1857,  p.  283-285. 

(2)  Depaul  a  ouvert  les  deux  sujets;  mais  les  cavités  abdominales  sont  aujourd  hui 
refermées. 

(^)  La  mort  n'a  pas  eu  lieu  au  moment  de  l'accouchement,  parce  que  la  mère  était 

G.  R.,  1902,  2«  Semestre.  (T.  CXXXV,  i\°  19)  ^^7 


8l4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Qui  plus  est,  il  est  opérable,  même  dans  le  cas  en  question,  qui  ne 
doit  pas,  croyons-nous,  représenter  l'espèce  typique.  Il  aurait  suffi,  en 
effet,  de  faire  en  ces  circonstances,  après  section  du  pont  cutané  d'union, 
deux  anus  hypo gastriques,  plus  ou  vaoïns  provisoires  (^  ). 

»  Les  Hypogastropages,  dont  nous  connaissons  désormais  au  moins  une 
observation  (^),  ne  sont  en  réalité  que  ô.e,s  Pages  unis  au-dessous  de  l'om- 
bilic, tandis  que  les  Xiphopages  (ou  Épigastropages)  sont  des  monstres 
soudés  au-dessus  de  l'ombilic.  Comme  chez  ces  Pages  bien  connus,  qui 
vivent  parfaitement  et  qui  sont  opérables  (^),  la  soutlure  correspond  à  la 
face  antérieure  du  corps;  par  suite  le  mode  de  formation  de  ce  nouveau 
type  de  monstruosité  double  doit  être  comparable  à  celui  des  autres  Téra- 
topages  abdomino-thoraciques. 

»  Il  n'est  pas  probable  qu'il  y  ait  de  l'inversion  des  viscères  (*),  mais 
c'est  à  vérifier  par  l'examen  des  cœurs  (grâce  à  la  radiographie),  par 
exemple. 

»  C'est  un  genre  évidemment  intermédiaire  entre  les  Xiphopages  et  les 
Ischiopages,  d'oii  dérivent  les  Ischioxiphopages,  inconnus  jadis.  La  dé- 
couverte de  ce  genre  est  une  preuve  de  plus  de  ce  fait  que,  en  Tératologie 
des  monstres  doubles,  on  doit  trouver  tous  les  intermédiaires  possibles 
entre  les  types  éloignés  les  uns  des  autres.  » 


VITICULTURE.  —  Sur  la  préparation  d'' un  soufre  pulvérulent  directement 
miscible  aux  bouillies  cupriques,  et  sur  V efficacité  d'un  traitement  simul- 
tané des  vignobles  contre  V oïdium  et  le  mûdew.  Note  de  MM.  M.  et  A. 
Campagne. 

«  Sans  contester  ce  que  peut  avoir  d'original  la  Note  du  28  juillet  1902, 
de  M.  Guillon,  relativement  au  traitement,  par  un  même  liquide,  du  mil- 
diew  et  de  l'oïdium,  nous  croyons  devoir  informer  l'Académie  qu'un  bre- 


une  multipare,  et  parce  que  le  pédicule  d'union  est  tel,  dans  ces  cas,  qu'il  gêne  peu 
le  travail,  comme  dans  la  xiphopagie. 

(^)  Si  les  sujets  avaient  guéri  on  aurait  pu,  plus  tard,  transformer  ces  anus. 

(2)  11  est  probable  que,  en  cherchant  dans  la  littérature  médicale,  on  trouvera 
d'autres  faits  comparables. 

(^)  M.  Baudouin,  Les  monsLres  doubles  autositaires  opérés  et  opérables.  {Revue 
de  Chirurgie,  mai  190a.  Tiré  à  part;  Paris,  1902,  in-8°.) 

(*)  Il  n'est  pas  parlé  d'inversion  dans  le  fait  de  Depaul. 


SÉANCE    DU    m   NOVEMBRE    1902.  8r5 

vet,  en  date  du  24  avril  1902,  établit  pour  nous  la  priorité  de  fabrication 
du  soufre  moidllable  direclement  par  l'eau,  base  essentielle  des  essais  de 
M.  Guillon. 

»  Ce  soufre,  mélangeable  à  toute  bouillie  cuprique,  est  dans  le  com- 
merce depuis  avril  1902  et  a,  du  reste,  été  communiqué,  sur  sa  demande, 
à  M.  Guillon,  en  date  du  5  mai  1902.   » 


HYDROLOGIE.  —  Sur  le  fonctionnement  et  l'alimentation  de  la  fontaine  de 
Vaucluse.  Note  de  M.  E.-A.  Martel. 

«  Il  est  généralement  admis  que  Vaucluse  (voir  Comptes  rendus,  l'j  jan- 
vier 1902)  constitue  «  le  trop  plein  d'une  vaste  nappe  d'eau  souterraine 
))  (Carte  géologique  au  ~^,  feuille  de  Forcalquier,  1892),  formant  une 
»  réserve  d'au  moins  looooooo""'  d'eau  »  (Marius  Bouvier,  Comptes  rendus 
de  V Assoc .  franc .  pour  V avancement  des  Sciences,  1879),  etc. 

»  Or,  Vaucluse  est  simplement  le  débouché  d'un  fleuve  souterrain,  dont 
l'écoulement  a  lieu  par  de  longs  et  hauts  canaux  renflés  au  milieu,  où  de 
considérables  variations  de  niveau  se  produisent  sous  la  double  influence  : 
1°  du  jeu  irrégulier  des  précipitations  atmosphériques  et  des  infdtrations 
qui  en  résultent;  2°  des  rétrécissements,  siphonnements  et  éboulements 
intérieurs,  agissant  comme  des  vannes  retardatrices  et  transformant  ces 
canaux  en  réservoirs  temporaires  étroits.  Ces  variations,  engendrant  de 
grandes  différences  de  pression  hydrostatique,  provoquent  une  mise  en 
charge  plus  ou  moins  considérable  des  veines  liquides  ramifiées  sous  terre; 
et  la  répercussion  de  cette  pression  variable  sur  le  dernier  vase  communicant 
qui  forme,  dans  une  faille,  l'émergence  de  Vaucluse  amène  les  écarts  de 
niveau  et  de  débit  de  la  fontaine. 

»  Telles  sont  l'allure  et  la  disposition  du  système  hydraulique  de  Vau- 
cluse; j'ai  essayé  de  les  schématiser  sur  la  planche  ci-contre,  en  y  conden- 
sant tous  les  éléments  du  problème.  Seules  quelques-unes  des  coupes 
d'avens  y  correspondent  à  la  réalité  des  choses  matériellement  constatées; 
mais  le  surplus  des  profils  ne  fait  que  reproduire  des  formes  expérimenta- 
lement relevées  ailleurs.  Cette  synthèse  n'est  donc  théorique  que  pour 
partie.  Et,  si  l'on  entreprend  jamais  le  colossal  travail  de  la  désobstrnction 
des  avens,  pour  parvenir  aux  collecteurs  de  Vaucluse,  on  leur  rencon- 
trera certainement  des  coupes  et  profils  analogues. 


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SÉANCE    DU    lO    NOVEMBRE    1902.  817 

»   Mon  hypothèse  d'ailleurs  satisfait  pleinement  aux  données  recueilHes, 
depuis  1873,  parla  Commission  météorologique  de  Vnucluse. 

»  1°  La  cavité  la  plus  proche  de  C émergence  n'est  pas  d'une  grande  capa- 
cité, à  cause  des  [)articulariLés  météorologiques  constatées  :  d'une  part,  en 
effet,  la  température  moyenne  annuelle  de  la  fontaine  s'est  toujours  mon- 
trée de  2°  inférieure  (exactement  i°,93)  à  celle  de  l'air;  d'autre  part,  la 
température  de  l'eau,  chaque  année,  varie  en  moyenne  de  i°,5.  Donc, 
jusqu'au  voisinage  immédiat  de  l'émergence,  le  courant  souterrain  se 
manifeste,  et  l'arrivée  des  eaux  froides,  descendues  des  hauts  plateaux  du 
Ventoux,  de  Lure,  etc.,  empêche  la  fontaine  d'équilibrer  sa  température 
avec  celle  de  l'extérieur  et  d'acquérir  la  stabilité  thermique  que  devrait 
lui  communiquer  un  réservoir  vaste  et  profond.  Au  surplus,  il  est  établi 
que,  di;ns  les  années  les  moins  pluvieuses  (à  inBltralions  réduites  au  mi- 
nimum), les  variations  de  température  de  la  fontaine  sont  les  plus  faibles. 

»  2°  Les  caprices  du  â^eZ/iV  (minimum,  4"°'  P^»'  seconde;  maximum,  iSo""' 
par  seconde)  sont  expliqués  par  les  étranglements  et  siphonnements(^o^.  2) 
qui  provoquent  les  mises  en  charge,  après  les  pluies,  et  ralentissent  l'écou- 
lement lors  des  sécheresses  pour  assurer  un  étiage  rarement  inférieur 
à  e-"^  ou  8"'. 

))  3°  Après  les  pluies  abondantes  et  longues  le  débit  de  la  source  ne  diminue 
que  très  lentement,  grâce  à  ce  retard  dans  la  vidange  des  collecteurs. 

»  4^  Les  pluies  des  régions  voisines  de  la  source  se  manifestent  plus  rapide- 
ment que  celles  des  localités  éloignées,  parce  que  leur  trajet  souterrain  est 
moins  long  et  entravé  par  moins  d'obstacles. 

»  Les  figures  3  à  5,  donnant,  toujours  d'après  des  exemples  empiriques, 
le  profil  probable  des  collecteurs,  fournissent  la  clef  des  trois  dernières 
lois  établies  par  la  Commission  météorologique  de  Vaucluse,  savoir  : 

»  5°  Les  pluies  influent  lentement  sur  le  débit  de  la  fontaine  quand  elle  est 
très  basse,  parce  que  la  partie  inférieure  et  très  étroite  (a)  des  collecteurs 
est  seule  remplie  à  l'étiage,  et  qu'il  faut  aux  infiltrations  le  temps  de  s'élever 
dans  le  renflement  {b)  delà  partie  moyenne. 

»  6°  La  fontaine  grossit  rapidement  dès  quelle  atteint  une  certaine  hauteur, 
parce  que  le  remplissage  de  {b)  augmente  la  mise  en  charge  et  accroît 
promptement  le  débit  de  l'émergence. 

))  7*^  Les  pluies  fortes  et  prolongées  font  croître  la  source,  également  à  cause 
de  l'élévation  du  niveau  et  de  l'augmentation  de  pression  hydrostatique. 

»  Ainsi,  toutes  ces  manifestations  s'expliquent  très  facilement,  en  appli- 


8l8  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

quant  au  réseau  hydrologique  souterrain  de  Vaucluse  les  configurations  de 
courants  intérieurs,  dont  les  exemples  se  multiplient  chaque  année  parmi 
les  régions  calcaires,  avec  une  similitud*^  de  plus  en  plus  générale. 

))  Et  il  convient  de  conclure  à  l'abar-cion  définitif,  en  matière  d'alimen- 
tation de  sources,  du  terme  incohérent  et  fautif  de  nappe  vauclusienne ; 
l'usage  d'une  association  de  mots  aussi  peu  conforme  à  des  lois  naturelles 
maintenant  dûment  établies  ne  peut  que  conduire  les  géologues  à  de 
flagrantes  erreurs  et  les  hydrologues  à  de  fâcheux  mécomptes.   » 

A  4  heures  un  quart,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  4  heures  trois  quarts. 

G.  D.      _ 


BULLETIX    BIBIJOGRAPHIQIIE, 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  3  novembre  1902. 
(Suite.) 

Jahrbuch  der  kônigl.  sàchshcheii  meteorologhchen  Institutes,  1899;  Jahr- 
gang  XVII,  Ablheil.  1,  3.  Chemnitz,  1901-1902;  2  fasc.  iii-4°. 

Census  of  India  1901.  Vol.  VIII,  parts  1-3;  Vol.  IX,  j3arts  1-3;  Vol.  XIII,  parts  1-2. 
Bombay  et  Singapour,  1902;  8  vol.  in-4°. 

Account  of  the  opérations  of  the  Great  trigonometrical  Survey  of  India; 
Vol.  XVI.  Dehra-Doun,  1901  ;  1  vol.  in-4°. 

Publications  de  l'Institut  royal  géologique  de  Suède  :  série  A(7,  n°'^  115  et  117; 
sér.  Ac,  n°«  \-k,  6;  sér.  B«,  n°  6;  sér.  B/v,  n°  9;  sér.  G,  n«»  172,  180,  183-192; 
sér.  Ca,  n°^  1,  2.  Stockholm,  1901-1902;  18  fasc.  in-8°,  3  fasc.  in-4";  i  fasc.  in-f°; 
i3  feuilles  h.  t.  in-f°. 

Memorie  del  reale  Istituto  lombardo  di  Scienze  e  Lettere.  Classe  di  Scienze  math, 
e  nat.;  Vol.  XIX,  fasc.  V-VIII.  Milan,  1902;  3  fasc.  in-4''. 

Reale  Istituto  lombardo  di  Scienze  e  Lettere  :  Eendiconti ;  série  II,  Vol.  XXXIV. 
Milan,  1901  ;  1  vol.  in-S". 

Memorie  del  reale  Istituto  veneto  di  Scienze,  Lettere  ed  Arti ;  vol.  XXVI, 
n"*  6-8.  Venise,  1901-1902;  3  fasc.  in-4°. 


SÉANCE    DU    lO    NOVEMBRE    1902.  819 

Atti  del  reale  Istituto  veneto  di  Scienze,' Leltere  ed  Arti  : 

Anno  1899-1900;  t.  LIX,  disp"  3-10.  Venise;  7  fasc.  in-S». 

Anno  1900-1901  ;  t.  LX,  disp'^  I-IO.  Venise;  10  fasc.  in-8°. 

Anno  1901-1902;  t.  LXI,  disp^'  1-9.  Venise;  9  fasc.  in-8°. 
Pubblicazioni  délia  Specola  valicana;  Vol.  VI.  Rome,  1902;  r  vol.  ln-8°. 
R.    Universita  romana.  Scuola  d'applicazione  per  gl'ingeneri.  Annuario  per 
l' anno  SCO  las  tico  1902-1903.  Rome,  1902;  i  vol.  in-12. 


OUVBAGES    REÇUS    DANS    LA    SÉANCE    UL    10    NOVEMBRE    I902. 

Ministère  des  Travaux  publics.  Étude  des  gîtes  minéraux,  de  la  France.  Colonies 
françaises.  Flore  fossile  des  gîtes  de  charbon  du  Tonkin,  par  R.  Zeiller,  Membre 
de  l'Institut  :  Atlas.  Paris,  Imprimerie  nationale,  1902;  i  vol.  in-4°.  (Hommage  de 
l'auteur.) 

Sur  quelques  empreintes  végétales  du  Kimméridien  de  Santa  Maria  de  Meya, 
province  de  Lérida  en  Catalogne  {Espagne),  par  R.  Zeiller,  Membre  de  l'Institut. 
{Memorias  de  la  Real  Academia  de  Ciencias  y  Arles;  3«  série,  Vol.  IV,  n°  26.) 
Barcelone,  1902;  1  fasc.  in-4°.  (Hommage  de  l'auteur.) 

La  Science  et  V Hypothèse,  par  H.  Poincaré.  Paris,  Ernest  Flammarion,  s.  d.;  i  vol. 
in-12.  (Hommage  de  l'auteur.) 

Glossaire  médical,  gSoo  mots,  noms  ou  expressions,  4^6  figures  et  5  cartes,  par 
L.  Landolzy  et  F.  Jayle.  Paris,  C.  Naud,  1902  ;  i  vol.  in-8°.  (Présenté  par  M.  Bouchard. 
Hommage  des  auteurs.) 

Les  monuments  mégalithiques  de  l'Armorique  et  leurs  sculptures  lapidaires, 
par  le  D'"  Zambaco-Pacha,  Correspondant  de  l'Institut.  Paris,  F.-R.  de  Rudeval  et  G'«, 
s.  d.;  I  fasc.  in-8°.  (Présenté  par  M.  Lannelongue,  Hommage  de  l'auteur.) 

Ministère  de  l'Agriculture.  Rapport  sur  la  limitation  des  doses  d'acide  suif  ureux 
dans  les  vins,  par  M.  S.  Mathieu.  Paris,  Imprimerie  nationale,  1902;  i  fasc.  in-8°. 
(Hommage  de  l'auteur.) 

La  tuberculose  dans  l'Aisne,  statistique  et  étiologie,  par  Emile  Loncq.  Laon, 
1902;  I  fasc.  in-8°. 

R^apport  sur  les  travaux  :  1°  du  Conseil  central  d'hygiène  publique  et  de  salu- 
brité de  la  ville  de  Nantes  et  du  département  de  la  Loire-Inférieure;  2°  des 
Conseils  d'hygiène  des  arrondissements;  3°  des  médecins  des  épidémies,  etc.  pendant 
l'année  1901.  Nantes,  1902;  i  vol.  in-8°. 

Rapport  sur  les  travaux  du  Conseil  central  de  salubrité  et  des  Conseils  d'arron- 
dissements du  département  du  Nord,  pendant  Vannée  1901;  n°  LX.  Lille,  1902; 
I  vol.  in-8°. 

Matériaux  pour  la  Carte  géologique  de  la  Suisse;  nouvelle  série,  i3^  livraison  : 
Étude  géologique  de  la  Côte-aux-Fées  et  des  environs  de  Sainte-Croix  et  Baulmes, 
avec  carte  au  Yli'V^^  profils  et  croquis,  par  Tu.  Ritïener.  Berne,  1902;  i  fasc.  in-4°. 

Geologische  Karte  der  Schweiz,  herausgegeb.  v.  der  geologischen  Kommission 
der  Schweizer.  Naturforschenden  Gesellschaft,   auf  Kosten  der  Eidgenossenschaft  : 


820  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

Geologische  Karte  der  Ldgernkette.  Carte  tectonique  des  enviions  de  Moiitier 
{Jura  bernois).  Carte  tectonique  des  environs  de  Bellay  {Jura  bernois).  Winter- 
thur,  1901  ;  3  feuilles  in-f°. 

Erlàuterungen  zur  geologischen  Karte  der  Ldgernkette  in  yÛv^i  ^*^"  ^ •  Muhlberg. 
Berne,  A.  Francke,  1902  ;  i  fasc.  in-8°. 

The  mean  right  ascension  and  proper  motions  of  254  stars,  by  H.-B.  Evans. 
(A  thesis  présentée!  to  the  Faculty  of  Philosophy  of  the  University  of  Pennsylvania.) 
s.  1.  n.  d.;  I  fasc,  in-4°. 

Quelques  recherches  sur  la  couverture  de  neige,  par  MM.  Jansson  et  J.  Westman. 
Upsal,  s.  d.;  i  fasc.  in-8°. 

Transactions  of  the  clinical  Society  of  London;  vol.  XXXV.  Londres,  Longmans, 
Green  et  G'^,  1902;  i  vol.  in-8°. 

Verôffentlichung  der  kgl.  wiirtembergischen  Kommission  fiir  die  internationale 
Erdmessung.  Relative  Schwermessujigen,  ausgefiihrt  im  Auftrag  der  kgl.  Minis- 
teriums  der  Kirchen-  und  Schulwesens;  II.  Messungen  auf  10  Stationen  der  Pariser 
Paz-a/Ze/ (Bopfingen,  Aalen,  etc.),  v.  K.-R.  Koch;  mit  einem  Anhang  :  Eln  Hypso- 
naeter  mit  elektrischer  Temperaturmessung.  Stuttgard,  1902;  i  fasc.  in-8°. 

Anzeiger  der  kaiserlichen  Akademie  der  Wissenschaften.  Mathematisch-natur- 
wissenschaftliche  Classe;  Jahrgang  XXXVIII,  1901  ;  n°'  I-XVII.  Vienne,  190 1  ;  i  fasc. 
in-S". 

Department  of  Marine  and  Fisheries.  Report  of  the  meteorological  Service  of 
Canada,  by  R.-F.  Stupart,  D'ireclor,  for  the year  endeddecember  ^i,  1900.  Ottawa, 
1902  ;  I  vol.  in-4°. 

Société  industrielle  de  Mulhouse.  Programme  des  prix  proposés,  en  assemblée 
générale  les  28  mai  et  2b  juin  1902,  à  décerner  en  1903.  Mulhouse,  1902;  i  fasc. 
in-8°. 


ACADÉMIE  DES    SCIENCES. 

SÉANCE  DU   LUNDI   17  NOVEMBRE   1902, 

PRÉSIDÉE  PAR  M.  ALBERT  GAUDRY. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

CHIMIE.  —  Sur  les  impuretés  de  V oxygène  comprimé  et  sur  leur  rôle 
dans  les  combustions  opérées  au  moyen  de  la  bombe  calorimétrique  ; 
par  M.  Berthelot. 

w  1.  J'ai  montré  comment  l'emploi  de  l'oxygène  comprimé  et  de  la 
bombe  calorimétrique  (')  constituait  une  méthode  universelle,  d'une  exé- 
cution facile  et  d'une  précision  très  grande,  dans  les  mesures  relatives  à 
la  chaleur  de  combustion,  tant  au  point  de  vue  de  la  science  théorique  que 
des  applications  industrielles.  Il  en  est  ainsi  à  la  condition  que  l'oxygène 
soit  absolument  exempt  de  toute  substance  combustible,  condition  qui 
n'est  pas  toujours  réalisée,  ainsi  que  je  vais  le  rappeler.  J'indiquerai 
(l'abord  comment  on  peut  vérifier  la  pureté  de  l'oxygène  à  ce  point  de 
vue;  puis  je  dirai  comment  on  doit  procéder  dans  les  cas  oi^i  elle  est 
suspecte,  spécialement  avec  l'oxygène  comprimé  vers  120  atmosphères  que 
l'industrie  fournit  aujourd'hui  aux  laboratoires. 

M  2.  Observons  que  la  présence  de  la  vapeur  d'eau  et  de  l'acide  carbo- 
nique (ce  dernier  en  petites  quantités)  n'offre  aucun  inconvénient  pour 
les  déterminations  calorimétriques  des  chaleurs  de  combustion.  Il  est 
même  utile,  comme  je  l'ai  expliqué,  de  saturer  l'oxygène  de  vapeur  d'eau, 
dans  la  bombe  elle-même,  avant  la  combustion;  ce  qui  rend  négligeables 
les  effets  calorifiques  dus  à  la  réduction  en  vapeur  de  l'eau  produite  par  la 
combustion  elle-même.  Si  l'on  opérait  avec  de  l'oxygène  sec,  il  faudrait, 

(')   Traité  pratique  de  Calorimétrie  chimique,  p.  127  et  suiv. 

G.  R.,  1902,  2*  Semestre.  (T.  CXXXV,  N°  20.)  ^^^ 


822  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

en  effet,  tenir  compte  de  la  chaleur  absorbée  par  cette  vaporisation.  On  y 
obvie  en  plaçant  à  l'avance  quelques  grammes  d'eau  liquide  dans  l'inté- 
rieur de  la  bombe. 

»  3.  Je  ne  parlerai  pas  davantage  de  l'existence,  constante  d'ailleurs, 
d'un  peu  d'azote  dans  l'oxygène  :  ce  qui  fournit  au  cours  des  combustions 
une  trace  d'acide  azotique,  que  l'on  dose  chaque  fois,  et  dont  on  fait 
entrer  la  chaleur  de  formation  comme  correction  dans  les  calculs  (^). 

»  4.  Si  l'on  employait  la  combustion  dans  la  bombe  comme  méthode 
de  dosage  du  carbone  et  de  l'hydrogène,  ainsi  que  je  l'ai  indiqué,  dans 
ce  cas,  il  faudrait  opérer  avec  de  l'oxygène  exempt  d'acide  carbonique  et 
de  vapeur  d'eau,  ce  qui  est  d'ailleurs  facile,  et  même  d'azote,  ce  qui  est 
plus  délicat.  Ces  précautions  sont  inutiles  pour  les  déterminations  calori- 
métriques. 

))  5.  Il  convient  d'envisager  spécialement  la  présence  de  l'hydrogène  et 
des  gaz  ou  vapeurs  combustibles,  résultant  de  la  préparation  ou  de  la  com- 
pression de  l'oxygène  :  la  combustion  de  ces  gaz  dégage  une  certaine 
quantité  de  chaleur,  qui  devrait  être  retranchée  des  nombres  observés. 

»  G.  Un  tel  accident  est  susceptible  d'être  observé  lorsqu'on  comprime 
soi-même  l'oxygène  à  l'aide  d'une  pompe;  ainsi  que  je  le  faisais  il  v  a  20 
à  25  ans,  lors  de  mes  déterminations  relatives  à  la  chaleur  de  combustion 
des  gaz  en  particulier.  En  effet,  j'ai  signalé  la  formation,  pendant  cette 
compression,  de  petites  quantités  de  vapeurs  combustibles,  aux  dépens  des 
matières  grasses  des  soupapes  de  la  pompe. 

»  7.  J'ai  montré  comment  cette  cause  d'erreur  pouvait  être  écartée, 
en  faisant  passer  lentement  l'oxygène  comprimé  à  travers  un  tube  de 
cuivre  rouge  très  épais  et  maintenu  à  la  température  rouge.  En  opérant 
ainsi,  l'hydrogène,  l'oxyde  de  carbone,  les  vapeurs  hydrocarbonées,  si 
faible  qu'en  soit  la  proportion,  sont  brûlés  exactement,  sous  les  influences 
simultanées  de  l'oxygène  et  de  l'oxyde  de  cuivre.  Le  gaz  qui  sort  du  tube 
est  refroidi  en  traversant  une  spirale  immergée  sous  l'eau,  puis  dirigé 
dans  la  bombe.  Ce  gaz  est  exempt  de  toute  matière  combustible;  je  m'en 
suis  spécialement  assuré. 

»  8.  Pour  le  succès  de  cette  manipulation,  il  est  indispensable  que 
toutes  les  jonctions,  depuis  la  pompe  jusqu'à  la  bombe,  soient  exécutées 
avec  des  pièces  de  cuivre  vissées,  sans  le  moindre  emploi  de  matières  or- 
ganiques, luts,  etc.  I^e  caoutchouc  spécialement  doit  être  évité,  à  cause  de 


(')   Traité  de  Calorimétrie  chimique,  p.  127. 


SÉANCE    DU    17    NOVEMBRE     1902.  823 

sa  perméabilité  aux  gaz  atmosphériques  et  à  l'eau  hygrométrique,  et  de 
son  altérabilité  par  l'oxygène,  même  à  la  température  ordinaire. 

»  9.  Depuis  l'époque  où  l'oxygène  comprimé  a  été  livré  couramment 
par  l'industrie,  je  m'en  suis  servi  d'une  façon  à  peu  près  exclusive.  Mais 
cet  emploi  ne  va  pas  sans  quelques  risques,  comme  il  va  être  dit,  et  je  ne 
sais  si  les  précautions  nécessaires  ont  toujours  été  prises  par  les  opérateurs; 
ce  qui  m'engage  à  entrer  dans  quelques  détails  à  cet  égard. 

»  10.  L'oxygène  industriel  a  été  tiré  principalement,  à  ma  connais- 
sance, de  trois  sources  :  deux,  le  bioxyde  de  baryum,  l'oxyde  de  manganèse 
joint  à  un  hydrate  alcalin,  permettent  de  l'extraire  d'une  façon  continue 
de  l'air  atmosphérique  par  un  simple  jeu  de  températures  inégales. 
Depuis  ces  dernières  années,  on  a  eu  recours  de  préférence  à  l'électrolyse 
de  l'eau,  dans  des  appareils  munis  de  diaphragmes,  de  façon  à  séparer  les 
deux  gaz  composants  :  oxygène  et  hydrogène. 

»  11.  Lorsqu'on  opère  avec  les  premiers  agents  et  le  concours  de  la 
chaleur,  les  impuretés  peuvent  consister  dans  des  doses  plus  ou  moins 
notables  d'oxyde  de  carbone  et  des  autres  gaz  de  la  combustion,  mélangés 
après  coup  au  sein  des  récipients.  On  en  constate  l'existence  (après  éli- 
mination préalable  de  l'acide  carbonique  et  de  la  vapeur  d'eau)  par  les 
moyens  connus,  c'est-à-dire  en  pesant  l'acide  carbonique  et  l'eau  régé- 
nérés, au  sortir  du  gros  tube  de  cuivre  rouge. 

»  Le-  passage  lent  au  travers  de  ce  tube  élimine  les  gaz  combustibles, 
et  l'oxygène  sortant  peut  être  mis  en  œuvre  dans  la  bombe  calorimétrique 
pour  déterminer  les  chaleurs  de  combustion  des  corps  renfermés  dans 
celle-ci,  par  la  méthode  géuérale.  Mais  il  faut  recourir  au  tube  de  cuivre 
rouge  dans  chaque  expérience;  ce  qui  la  complique  et  la  ralentit  beaucoup. 

»  12.  Reste  l'oxygène  électrolytique  :  celui-ci  est  exposé  à  contenir  de 
l'hydrogène,  en  dose  variable  et  qui  dépend  du  fonctionnement  plus  ou 
moins  parfait  des  diaphragmes.  Le  procédé  qui  précède  demeure  évi- 
demment applicable.  Mais,  quand  la  dose  de  l'hydrogène  est  très  petite,  il 
est  préférable  de  la  déterminer,  une  fois  pour  toutes  les  expériences  de  com- 
bustion exécutées  avec  le  même  tube  à  oxygène  comprimé,  et  d'en  déduire 
un  coefficient  de  correction,  faible  d'ailleurs,  applicable  à  ce  groupe 
d'expériences. 

»  13.  Les  essais  qui  suivent  préciseront  la  marche  dans  les  cas  de  ce 
genre. 

»  I.  Vérifications .  —  4^  d'air,  sous  la  pression  normale,  séché  et  privé 
de  CO"  préalablement  par  le  passage  à  travers  les  tubes  ordinaires,  puis 


^24  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

dirigé  à  travers  le  tube  de  cuivre  chauffé  au  rouge,  pendant  3  heures. 
2  expériences  : 


Tubes  à  ponce  sulfurique ....     Perte  :       o,ooo5         Gain 

I  Tube  à  KOH  concentrée Perte  :  —0,0124  » 

I   2Mube  à  CaO  sodée Gain:    +0,0121  » 


g 
0,0006         Eau  formée  nulle. 

-0,0118  ,  , 

.,    }      L-U-  lorme  nul. 
-0,01 10 


»  n.  Oxygène  comprimé.  —  Préparé  par  les  anciennes  méthodes,  8^ 
sous  la  pression  o'^j^ô,  en  5  heures.  Ce  volume  de  8'  représente  le  poids 
d'oxygène  comprimé  que  renfermerait  la  bombe  sous  la  pression  de  23  at- 
mosphères. 

Eau Gain  :  +o,ooo5 

CO'- Nul. 

»  III.  Oxygène  électroly tique  comprimé.  —  8' (sous  la  pression  0^,76) 
en  5  heures.  Trois  essais  distincts  : 

1.  2.  3.  Moyenne. 

Eau OS,  oo4i       os,oo46  os,oo/i8      os,oo45 

œ2    TmK^  A  «i  j'  „  o  (   I"  tube  à  KOH  lia..   — o,o554  \ 

,  lube  a  chaux  sodée..    +os,ooo2     4-o,ooo3  ,      •  ^   ^^     j .  ^a     \  Sensible- 

)   2«  tube  a  CaO  sodée.   +o,o56o      ^«"s^'A^'e 

/ment  nul. 

+0,0006   ] 

»  II  résulte  de  ces  chiffres  que  la  quantité  d'oxygène,  susceptible  d'être 
mtroduite  dans  la  bombe  par  une  combustion  régulière,  ne  fournit  qu'une 
dose  nulle  ou  négligeable  d'acide  carbonique  pendant  la  combustion; 
tandis  qu'elle  renferme  os,  oco5  (un  demi-milligramme)  d'hydrogène  libre. 
Ce  poids  est  susceptible  de  développer  17*^^^,  2  par  sa  combustion,  soit  2  à 
3  millièmes  des  quantités  de  chaleur  qui  s'observent  le  plus  communé- 
ment :  dose  faible,  mais  non  négligeable.  Elle  doit  varier  d'ailleurs  sui- 
vant les  échantillons;  sa  détermination  est  donc  nécessaire.   » 


ASTRONOMIE.  —  Sur  les  récentes  publications  émanant  de  V Observatoire  de 
Paris  :  Catalogue  stellaire  (IV®  Partie);  Catalogue  photographique 
(I"^  Volume);  Annales,  Observations  de  1898;  Mémoires  (Tome  XXIII); 
Bulletin  du  Comité  international  (Tome  III).  Note  de  M.  Lœwy. 

«  J'ai  l'honneur  de  faire  hommage  à  l'Académie  d'un  ensemble  de  publi- 
cations émanant  de  l'activité  de  l'Observatoire  de  Paris  et  renfermant  des 
travaux  astronomiques  d'une  nature  très  varice. 


SÉANCE    DU    17    NOVEMBRE    1902.  825 

»  Voici  d'abord  les  deux  derniers  des  huit  Volumes  d'un  vaste  Ouvrage 
dont  l'exécution  a  été  décidée  sous  la  direction  de  l'amiral  Mouchez,  il  y  a 
une  vingtaine  d'années.  Pour  faire  comprendre  toute  la  portée  de  cette 
œuvre,  il  convient  de  fournir  quelques  renseignements  sommaires  sur  les 
raisons  scientifiques  qui  ont  déterminé  son  exécution. 

))  On  sait  que,  sous  la  direction  de  Jérôme  de  Lalande,  une  exploration 
du  Ciel  boréal  par  zones  fut  entreprise  il  y  a  plus  d'un  siècle  à  l'Observa- 
toire de  l'École  militaire.  Munis  de  faibles  ressources,  à  l'aide  d'un  objectif 
de  petite  ouverture,  Lalande  et  ses  collaborateurs  parvinrent,  grâce  à  un 
labeur  infatigable,  à  effectuer,  de  1791  à  1801,  47^90  observations  dont 
la  précision  est  véritablement  remarquable.  Elles  ont  été  publiées  telles 
qu'elles  figurent  aux  carnets-minutes,  dans  le  Tome  I  de  VHistoire  céleste, 
entachées  encore  des  erreurs  physiques  et  instrumentales  qui  font  pa- 
raître les  astres  dans  une  situation  autre  que  celle  qu'ils  occupent  réelle- 
ment dans  le  Ciel.  Mais  les  astronomes  n'en  reconnurent  pas  moins  la  très 
haute  importance  de  ces  documents.  Les  plus  illustres  savants  de  l'Alle- 
magne, Bessel,  Encke,  Schumacher,  Hansen,  se  mirent  les  premiers  à 
l'œuvre  en  préparant  des  Tables  destinées  à  faciliter  les  calculs  de  réduc- 
tion à  une  origine  commune.  C'est  finalement  à  l'Association  britannique 
que  revint  l'honneur  de  mener  à  bien  cette  entreprise  à  laquelle  fut  affectée 
une  somme  d'environ  45  000*^^'  et  dont  l'exécution  fut  confiée  à  Francis 
Baily.  Après  la  mort  de  ce  dernier,  plusieurs  astronomes  anglais  conti- 
nuèrent les  travaux,  et  le  Catalogue  définitif,  ramené  à  l'équinoxe  moyen 
de  1800,  parut  en  1847. 

«  Les  anciennes  observations,  comme  celles  dont  il  vient  d'être  ques- 
tion, constituent  des  témoins  irrécusables  de  l'état  du  Ciel  dans  le  passé; 
leur  utilité  ne  peut  qu'augmenter  avec  le  temps.  En  les  comparant  avec 
d'autres  observations  obtenues  à  des  époques  ultérieures,  on  aura  la  faculté 
d'aborder  quelques-uns  des  problèmes  les  plus  curieux  de  la  Cosmogonie. 
On  parviendra  à  acquérir  des  notions  plus  exactes  sur  les  mouvements 
particuliers  des  astres  ou  sur  les  déplacements  d'ensemble  des  constella- 
tions, sur  la  marche  de  notre  système  planétaire  à  travers  les  espaces 
célestes.  Ces  mouvements  sidéraux  auront  d'autant  plus  d'amplitude,  et 
leur  étude  acquerra  d'autant  plus  d'intérêt  que  l'intervalle  écoulé  entre 
les  séries  d'observations  conjuguées  sera  plus  considérable. 

»  C'est  pour  permettre  aux  savants  de  faire  servir  à  des  investigations 
d'un  caractère  si  élevé  les  matériaux  si  précieux,  légués  par  Jérôme  et 
Michel  de  Lalande,  que  Le  Verrier  décida  la  réobservation  des  étoiles  de 


826  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

VHistoire  céleste.  Cette  recherche,  inaugurée  en  i854,  et  à  laquelle  ont  })ar- 
ticipé  tous  les  astronomes  qui  se  sont  succédé  à  l'Observatoire  de  Paris,  a 
été  définitivement  close  en  1899.  Mais  ces  nouvelles  séries  d'observations, 
accomplies  au  prix  de  tant  d'efforts,  semblables  à  celles  de  VHistoire  céleste, 
ne  se  prêtaient  que  très  difficilement  aux  applications  scientifiques  et  res- 
taient à  moitié  réduites,  ensevelies  dans  les  Annales  de  l'Observatoire. 

»  Dès  son  arrivée  à  la  direction  de  l'Observatoire,  l'amiral  Mouchez  fut 
instruit  de  ce  fâcheux  état  de  choses,  et,  pour  y  remédier,  conformément 
à  l'avis  des  astronomes,  la  construction  d'un  grand  Catalogue  reposant  sur 
l'ensemble  des  données  recueillies  de  1887  à  1881  fut  alors  décidée.  Cette 
entreprise,  qui  a  sollicité  durant  une  vingtaine  d'années  les  efforts  inin- 
terrompus d'une  partie  du  personnel  du  Bureau  des  Calculs,  se  trouve 
aujourd'hui  menée  à  bonne  fin  par  la  publication  des  deux  Volumes  que 
je  viens  de  mettre  sous  les  yeux  de  l'Académie. 

«  Le  plan  de  ce  travail  important  est  dû  à  M.  Gaillot,  sous-directeur  de 
l'Observatoire,  qui,  depuis  1882,  en  a  poursuivi  sans  relâche  la  réalisa- 
tion. Dans  cette  tâche  si  complexe,  il  a  été  secondé  de  la  manière  la  plus 
efficace  par  M.  Bossert,  chef  du  Service  des  Calculs. 

»  Les  astronomes  ont  désormais  à  leur  disposition  deux  œuvres  consi- 
dérables, dues  à  l'activité  des  astronomes  de  Paris,  et  se  rapportant  à  des 
séries  d'observations  séparées  les  unes  des  autres  par  un  intervalle  de  près 
d'un  siècle.  Le  Catalogue  fournit  les  résultats  de  887  474  observations 
effectuées  sur  34733  étoiles;  221369  observations  ont  été  obtenues  en 
ascension  droite  et  166  io5  en  distance  polaire. 

»  Voici  maintenant  le  premier  Volume  du  Catalogue  photographique  du 
Ciel.  Il  ne  convient  pas  de  retracer,  en  cette  circonstance,  l'historique  des 
faits  qui  ont  déterminé  l'exécution  dé  la  vaste  entreprise  internationale 
dont  cette  publication  fait  partie.  Je  me  bornerai  seulement  à  rappeler  que 
la  tâche  imposée  à  chaque  observatoire  était  double. 

»  Il  s'agissait,  en  premier  lieu,  de  dresser  une  Carte  du  Ciel  à  l'aide  de 
clichés  à  longue  pose;  on  avait  ainsi  en  vue  d'obtenir  de  l'état  actuel  du 
Ciel  une  représentation  fidèle  comprenant  tous  les  astres  jusqu'à  la 
i4®  grandeur,  c'est-à-dire  les  images  d'objets  célestes  possédant  à  peine  la 
millième  partie  de  l'éclat  de  la  plus  faible  étoile  visible  à  l'œil  nu.  L'Aca- 
démie a  déjà  reçu,  dans  le  courant  de  cette  année,  une  nouvelle  série  de 
feuilles  de  cette  Carte.  Cet  Atlas  du  Ciel  dont  on  peut,  d'une  manière  cer- 
taine, prévoir  l'achèvement,  se  composera  de  22o54  feuilles  et  offrira  une 
richesse  de  renseignements  précis  à  laquelle  rien  ne  saurait  être  comparé 


SEANCE    DU    17    NOVEMBRE    1902.  827 

dans  le  passé;  il  en  résultera  un  nouvel  essor  pour  l'étude  des  grands  pro- 
blèmes relatifs  à  la  structure  de  l'Univers  sidéral. 

»  La  seconde  section  de  l'œuvre  photographique,  dont  je  mets  aujour- 
d'hui le  commencement  sous  les  yeux  de  l'Académie,  est  appelée  à  rendre 
des  services  non  moins  importants  pour  l'étude  du  Ciel.  Il  s'agit  ici  de 
fixer  les  positions  d'environ  trois  millions  de  repères  dans  l'espace  céleste 
et  de  décupler  ainsi  en  étendue  les  résultats  acquis  jusqu'à  ce  jour  dans 
cet  ordre  de  recherches.  C'est  à  ces  repères  qu'on  rattachera  les  coor- 
données de  tous  les  astres  de  notre  système  solaire.  En  même  temps,  à 
cause  de  l'extrême  précision  que  comporte  la  mesure  des  images  stellaires, 
on  aura  bientôt  la  faculté  de  déduire  les  mouvements  propres  de  ces  som- 
mets de  la  triangulation  céleste  par  la  com[)araison  faite  avec  les  travaux 
similaires  effectués  ultérieurement. 

»  L'exécution  du  travail  dévolu  à  l'Observatoire  de  Paris,  et  relatif  à  la 
zone  de  l'espace  comprise  entre  4-  18°  et  -H  ilf  de  déclinaison  nord,  a  été 
confiée  à  M.  Prosper  Henry,  qui  a  été  puissamment  secondé  dans  cette 
tâche  par  son  frère,  M.  Paul  Henry.  Grâce  à  leur  activité  persévérante, 
les  diverses  parties  de  l'Ouvrage  se  succéderont  désormais  très  régulière- 
ment. Le  premier  Volume,  actuellement  édité,  renferme  les  coordonnées 
rectilignes  de  64264  étoiles  comprises  dans  une  zone  de  deux  degrés  de 
largeur  et  dont  le  centre  est  situé  par  -h  24"  de  déclinaison  boréale. 

»  L'Académie  sera  sans  doute  désireuse  de  connaître  le  degré  de  précision 
que  possèdent  les  positions  de  tous  ces  astres.  J'ai  entrepris  toute  une 
série  de  recherches  particulières  consignées  dans  plusieurs  Mémoires  pour 
arriver  à  fixer  d'une  manière  très  approchée  le  véritable  degré  d'exacti- 
tude réalisé  dans  la  construction  du  Catalogue  photographique. 

»  En  étudiant  de  très  près  la  série  des  opérations  de  mesure  et  des 
causes  susceptibles  de  les  altérer,  nous  avons  trouvé  que  l'exactitude  avec 
laquelle  on  peut  déterminer  les  coordonnées  rectilignes  des  nuagf^s  stel- 
laires, par  rapport  au  centre  de  la  plaque,  est  considérable.  L'erreur 
probable,  en  ce  cas,  est  de  ±0",  16.  D'autre  part,  nous  avons  examiné  le 
degré  d'exactitude  avec  lequel  on  peut  tirer,  de  l'ensemble  de  tous  les 
catalogues  stellaires  existants,  les  positions  des  étoiles  de  repère  photo- 
graphiées sur  les  clichés,  positions  sur  lesquelles  on  est  obligé  de  s'appuyer 
pour  calculer  celle  qui  correspond  dans  l'espace  au  centre  du  cliché. 

»  L'ensemble  de  ces  documents  n'est  pas  homogène  ;  les  positions  y 
sont  souvent  fondées  sur  un  nombre  d'observations  variant  d'un  catalogue 
à   l'autre;    certains   d'entre    eux    ont    une  supériorité    incontestable  sur 


828  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

d'autres,  et  i\  n'a  été  que  très  rarement  possible  de  rencontrer  les  données 
nécessaires  dans  les  meilleurs  catalogues.  Pour  arriver,  dans  ces  condi- 
tions, à  la  connaissance  approchée  de  l'erreur  probable  d'une  position 
déduite  d'un  ensemble  de  ces  documents,  on  a  choisi  100  étoiles  symétri- 
quement distribuées  sur  les  24  heures  d'ascension  droite  de  la  zone  consi- 
dérée, astres  dont  les  coordonnées  se  sont  trouvées  enregistrées  dans  un 
nombre  notable  de  catalogues.  En  comparant  à  leur  moyenne  les  diverses 
positions  relatives  à  un  même  astre,  on  a  trouvé,  à  l'aide  de  la  méthode 
des  moindres  carrés,  ±o",8o  pour  l'erreur  probable  des  coordonnées 
d'une  étoile  de  repère  de  grandeur  8^  à  9*,  empruntées  à  un  catalogue 
dont  les  positions  sont  basées  sur  deux  ou  trois  observations  méridiennes. 
En  considérant  que  les  coordonnées  de  21  étoiles  de  repère  environ, 
tirées  de  6  catalogues  différents,  sont  intervenues  dans  le  calcul  des 
constantes  des  clichés,  il  a  été  facile  d'évaluer,  grosso  modo,  la  précision 
qui  en  résulte  pour  les  coordonnées  équatoriales  des  centres  des  clichés. 
Dans  ce  but,  le  poids  à  attribuer  à  la  moyenne  des  positions  de  n  étoiles 
de    repère    tirées    d'un    même   catalogue   a    été   calculé  à   l'aide  de  la 

formule On  a  ainsi  conclu  l'erreur  probable  d=  o",  26  affectant  la 

moyenne  de  21  coordonnées  empruntées   à  6  catalogues. 

»  La  confrontation  des  deux  nombres  ±  o",  i6  et  di  o",  26  est  instruc- 
tive. On  remarque  immédiatement  que  la  précision  avec  laquelle  on 
parvient  à  rattacher  les  coordonnées  rectilignes  des  images  stellaires  au 
centre  des  plaques  dépasse  celle  que  l'on  peut,  dans  l'état  actuel  des 
choses,  réaliser  dans  la  détermination  des  positions  absolues  corres- 
pondant dans  l'espace  aux  centres  choisis  des  clichés.  Il  faudrait  pouvoir 
disposer  de  36  positions  d'étoiles  de  repère  empruntées  à  18  catalogues 
pour  obtenir  une  précision  équivalente  entre  les  deux  catégories  d'erreurs 
probables.  Ce  contraste  si  frappant  entre  ces  deux  ordres  de  grandeurs 
s'explique  aisément  et  ne  saurait  jeter  un  discrédit  sur  la  valeur  des  cata- 
logues employés.  La  solution  du  problème,  que  l'on  réclame  aux  méthodes 
méridiennes,  est  d'une  nature  très  complexe  :  il  s'agit  de  fixer  les  positions 
absolues  d'astres  occupant  toute  l'étendue  de  la  voûte  céleste,  cas  où  l'on 
se  trouve  en  présence  d'un  grand  nombre  d'inexactitudes  redoutables.  Il 
n'en  est  pas  de  même  en  ce  qui  concerne  la  méthode  photographique,  qui 
a  pour  tâche  de  reproduire  avec  fidélité  les  images  d'astres  voisins  les  uns 
des  autres  et  dont  les  situations  relatives  ne  subissent  qu'une  influence 
atténuée  des  causes  d'altération. 


SÉANCE    DU    17    NOVEMBRE    1902.  829 

»  Bien  que  ces  difficultés  soient  inhérentes  à  la  nature  des  choses,  il  est 
cependant  difficile  de  se  contenter  des  constantes  de  réduction  dont  la 
précision  n'est  pas  en  harmonie  avec  la  perfection  du  travail  photogra- 
phique. Pour  tirer  de  l'œuvre  entreprise  tout  le  profit  qu'elle  comporte  et 
remédier,  d'une  manière  efficace,  au  défaut  d'homogénéité  entre  les  deux 
catégories  de  données  dont  dépendent  les  coordonnées  astronomiques 
tirées  des  clichés,  nous  avons  décidé  d'effectuer  de  nouvelles  observations 
méridiennes  des  étoiles  de  repère  afin  d'obtenir  avec  exactitude  leurs  posi- 
tions, à  l'époque  moderne  :  ce  qui  nous  permettra  de  corriger  d'une  ma- 
nière très  efficace  les  éléments  de  réduction  actuellement  employés.  L'effet 
combiné  des  deux  inexactitudes  qui  viennent  d'être  indiquées  conduit  à 
évaluera  ±o",3i  l'erreur  probable  totale  d'une  coordonnée  astronomique 
tirée  du  présent  Volume.  On  se  rendra  compte  d'une  manière  tangible  de 
la  précision  ainsi  obtenue  quand  on  saura  que  l'exactitude  d'une  telle 
coordonnée  équivaut  à  celle  qu'offre  la  moyenne  d'environ  10  positions 
d'étoiles  de  repère  empruntées  à  5  catalogues.  Il  en  ressort  ainsi  avec  évi- 
dence que  la  méthode  photographique  réalise,  de  la  manière  la  plus  satis- 
faisante, les  espérances  qu'on  avait  fondées  sur  son  efficacité. 

»  Le  Volume  suivant  renferme  les  observations  accomplies  à  l'Observa- 
toire de  Paris  dans  le  courant  de  l'année  1898;  elles  sont  relatives  à  la 
revision  des  étoiles  de  Lalande,  à  la  détermination  de  la  latitude  de  notre 
établissement  et  des  positions  des  astres  de  notre  système  solaire,  effec- 
tuées à  l'aide  des  instruments  méridiens  ou  des  instruments  équatoriaux. 
On  y  rencontre  également  la  suite  des  recherches  de  M.  Bigourdan  sur 
les  nébuleuses.  Ces  travaux  réguliers,  exécutés  avec  habileté,  suivant 
un  plan  mûrement  élaboré,  et  convergeant  durant  de  nombreuses  années 
vers  un  même  but,  finissent  par  constituer  des  œuvres  d'une  portée  con- 
sidérable, comparables  à  celles  dont  je  viens  d'entretenir  l'Académie. 

»  Le  XXIIP  Volume  des  Mémoires  a  paru  en  même  temps  que  le  précé- 
dent. Il  contient  uniquement  des  recherches  théoriques  relatives  en  ma- 
jeure partie  à  des  questions  de  Mécanique  céleste.  Ces  études  sont  dues 
à  MM.  Andoyer,  Bigourdan,  Callandreau,  Lebeuf,  J.  Mascart. 

»  Voici,  en  dernier  lieu,  le  second  fascicule  du  Tome  III  du  Bullelin  du 
Comité  international  de  la  Carte  du  Ciel,  rédigé  par  l'Observatoire  et 
publié  sous  les  auspices  de  l'Académie  des  Sciences. 

»   Il  renferme  tout  un  ensemble  de  recherches  nouvelles  possédant  une 
importance  de  premier  ordre  pour  la  construction  de  la  Carte  et  du  Cata- 
logue photographiques  et  pour  la  détermination  de  la  parallaxe  solaire 
G.  R.,  1902,  2«  Semestre.  (T.  CXXXV,  N"  20.)  ^  °9 


83o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

au  moyen  de  la  planète  Éros.  La  seule  énumération  des  matières  qui  y 
figurent  fait  voir  que  la  publication  du  Bulletin  a  puissamment  contribué 
au  succès  des  deux  belles  entreprises  internationales  auxquelles  colla- 
borent 55  observatoires.  On  y  trouve  une  étude  particulièrement  intéres- 
sante :  elle  met  en  lumière  que  la  Carte  conduit  à  des  applications  qu'on 
n'aurait  jamais  osé  prévoir.  Il  est  prouvé  maintenant  que,  malgré  toutes 
les  déformations  subies  par  le  papier  des  feuilles,  on  pourra  relever  sur 
la  Carte  les  positions  des  astres  jusqu'à  la  i4*  grandeur  avec  une  précision 
comparable  à  celle  des  meilleures  observations  méridiennes. 

»  Voici  l'objet  des  divers  Mémoires  contenus  dans  le  présent  fascicule, 
et  sur  lesquels  je  me  permets  d'appeler  l'attention  de  l'Académie  : 

»    1°  Dispositions  adoptées  dans  les  Observatoires  français  pour  la  pu- 
blication de  la  Carte  et  du  Catalogue  photographiques,  par  M.  Lœwy; 

»   2°  Documents  relatifs  à  l'organisation  des  travaux  d'observation  delà 
planète  Eros  {Circulaires  n*'^  7,  8  et  9),  renfermant  en  particulier  : 

»   Des  études  sur  l'influence  des  traînées  produites  par  le  mouvement 
propre  des  astres; 

M  Deux  Mémoires  de  M.  Comstock  sur  la  réduction  des  observations  et 
la  précision  des  mesures  micrométriques  d'Éros  ; 

»  Une  Notice  de  M.  Hermann  Struve  sur  la  précision  des  mesures  micro- 
métriques effectuées  à  l'Observatoire  de  Kœnigsberg; 

M  Les  recherches  de  M.  Prosper  Henry  relatives  à  l'influence  présumée 
de  la  dispersion  atmosphérique  sur  la  position  des  astres; 

M  Un  travail  de  M.  Hinks  sur  les  conditions  géométriques  du  problème 
de  la  parallaxe  ; 

»  Une  première  étude  de  M.  Lœwy  concernant  la  précision  que  com- 
portent les  mesures  des  coordonnées  rectilignes  et  l'évaluation  de  la  dis- 
tance des  traits  imprimés  sur  les  clichés;  deux  autres  Mémoires  du  même 
auteur  sur  la  détermination  des  coordonnées  astronomiques  des  astres 
photographiés  et  l'exactitude  des  positions  relatives  de  leurs  images; 

»  3^  Les  recherches  de  M.  Tréj)ied  sur  l'exactitude  des  coordonnées  des 
astres,  tirées  des  feuilles  de  la  Carte  du  Ciel  ; 

»  4°  Une  Note  de  M.  André  concernant  les  expériences  faites  à  l'Ob- 
servatoire de  Lyon,  sur  la  variation  d'éclat  de  la  planète  Éros.   » 


SÉANCE    DU    17    NOVEMBRE    1902.  83 I 


PHYSIQUE.  —  Sur  la  insée  cVune  surface  de  mercure  éclairée  par  un^  faisceau 
de  lumière  horizontal.  Note  de  M.  G.  Lippmaxx. 

«  On  sait  qu'il  est  difficile  de  pointer  une  surface  de  mercure.  Cette  sur- 
face forme  un  miroir  si  parfaitement  poli  qu'on  ne  le  distingue  pas  :  on  ne 
voit  que  l'image  plus  ou  moins  surbaissée  des  objets  placés  au  delà;  le 
contour  apparent  que  l'on  croit  apercevoir  n'est  que  la  limite  de  cette 
image  réfléchie. 

»  Quand  la  surface  du  mercure  est  courbe,  il  ne  paraît  pas  y  avoir  de 
bonne  méthode  pour  en  pointer  le  contour.  Quand  une  partie  de  la  surfiice 
est  plane,  on  se  sert  d'un  artifice  connu  :  on  A^ise  successivement  une  pointe 
voisine  de  la  surface,  et  son  image  réfléchie  :  la  moyenne  des  deux  lectures 
donne  la  position  du  miroir  mercuriel. 

»  Un  second  arlifice,  qui  fournit  également  de  bons  résultats,  consiste 
à  appliquer  sur  la  surface  du  mercure  un  fil  de  verre  très  fin  et  très 
flexible  :  il  se  colle  sur  la  surface,  et  il  peut  être  pointé  sans  difficulté. 

»  Mais  il  y  a  des  cas  où  l'on  ne  peut  (')  faire  usage  d'aucune  de  ces 
méthodes  :  notamment  quand  on  ne  peut  mettre  au  point  sur  les  points  ni 
sur  le  fil  de  verre.  Il  faut  alors  avoir  recours  à  un  nouvel  artifice,  que  je 
vais  indiquer. 

))  Au  lieu  de  s'éclairer  à  la  lumière  diffuse,  on  éclaire  le  champ  de  l'in- 
strument d'observation  par  un  faisceau  de  lumière  horizontal,  fourni  par 
un  collimateur  placé  à  peu  près  sur  le  prolongement  de  la  lunette.  On  voit 
alors  le  mercure  se  profiler  sur  fond  clair  sous  forme  d'une  masse  noire 
à  contour  net.  Cette  netteté  subsiste  quand  on  observe  à  travers  un  micro- 
scope micrométrique;  elle  est  suffisante  pour  donner  dans  ces  conditions 
des  pointés  dont  les  valeurs  extrêmes  (sur  dix  pointés  successifs)  ne  dif- 


(')  Ce  cas  se  présente  lorsque  Ton  mesure  la  conslaiile  capillaire  d'un  liquide  par 
la  méthode  de  la  large  goutte,  et  en  faisant  usage  d'un  microscope  pour  trouver  la 
distance  verticale  entre  Téquateur  et  le  sommet  de  la  goutte.  Avec  la  lunette  d'un 
catliétomètre  ordinaire,  on  peut  se  mettre  assez  loin  pour  être  au  point  à  la  fois  sur 
l'équateur  et  le  sommet.  Si  Ton  vise  avec  un  microscope,  la  tolérance  de  mise  au 
point  disparaît.  Dans  ce  cas  on  met  au  point  seulement  sur  l'équateur,  et  l'on  éclaire 
le  sommet  en  lumière  horizontale,  ce  qui  permet  de  voir  nettement  le  niveau  sans 
le  mettre  au  point,  comme  je  le  montre  plus  loin. 


832  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

fèrentau  plus  que  de  7^  de  millimètre;  l'erreur  moyenne  est  donc  voisine 
de  7-L  de  millimètre. 

))  Le  contour  du  mercure,  comme  de  tout  autre  objet  visible  dans  le 
champ,  est  bordé  d'une  série  de  franges  de  diffraction.  On  pourrait  donc 
se  demander  si  le  contour  apparent  n'était  pas  en  réalité  le  bord  d'une  pre- 
mière frange  de  diffraction,  et  s'il  ne  faudrait  pas  de  ce  chef  faire  une  cor- 
rection aux  lectures. 

»  La  théorie  des  franges  de  diffraction,  produites  par  l'interposition 
d'écrans  à  trois  dimensions,  n'a  pas  encore  été  faite.  Il  était  donc  néces- 
saire de  recourir  à  l'expérience  pour  résoudre  cette  question.  Je  me  suis 
assuré  que  le  niveau  du  mercure,  déterminé  par  la  visée  en  lumière  hori- 
zontale, est  bien  le  même  que  celui  que  l'on  obtient  par  l'une  ou  l'autre 
des  méthodes  rappelées  au  commencement  de  cette  Note.  La  diffraction 
n'intervient  donc  pas  pour  déplacer  d'une  manière  sensible  le  profil  du 
liquide.   » 

PHYSIQUE.   —   Pendule  de  Foucault  simplifié.  Note  de  M.  d'Arsonval. 

«  La  réinstallation  du  pendule  de  Foucault,  au  Panthéon,  par 
MM.  Berget  et  Flammarion,  a  excité  l'ingéniosité  des  constructeurs. 
Parmi  ces  derniers  je  dois  citer  M.  Cannevel,  qui  a  résolu  le  problème 
d'une  façon  simple  et  précise. 

))  L'appareil  que  j'ai  l'honneur  de  faire  fonctionner  devant  l'Académie 
se  compose  d'une  sphère  en  plomb,  enveloppée  de  cuivre,  pesant  iiSo^, 
pouvant  fonctionner  pendant  3  heures  et  s'accrochant  au  plafond  par  un 
simple  clou. 

»  La  partie  intéressante  est  la  suspension  du  fil.  Ce  fil  d'acier  a  -j^  de 
millimètre,  il  est  pincé  à  la  partie  supérieure  dans  un  bloc  métallique 
percé  d'un  trou  de  filière  à  travers  lequel  passe  le  fil.  Un  simple  coup  de 
balancier  l'immobilise  dans  le  bloc,  que  l'on  fixe  au  plafond  par  une  vis. 

»  Tout  l'appareil  tient  dans  une  petite  boîte  de  bois  qu'on  peut 
presque  mettre  dans  la  poche.  La  boîte  sert  à  contenir  le  tas  de  sable  sur 
lequel  le  pendule  laisse  sa  trace. 

»  Le  fil  peut  recevoir  une  longueur  appropriée  à  la  hauteur  dont  on 
dispose. 

»  Un  petit  support  en  bois,  mobile  autour  d'un  axe  vertical,  porte  un 
petit  pendule  auxiliaire  qui  sert  à  démontrer  le  principe  de  l'appareil, 
c'est-à-dire  l'invariabilité  du  plan  d'oscillation. 


SÉANCE    DU    17    NOVEMBRE    1902.  833 

»  Malgré  sa  simplicité,  l'appareil  de  M.  Cannevel  fonctionne  avec  une 
régularité  qui  a  valu  à  son  auteur  l'entière  approbation  de  MM.  Berget 
et  Flammarion. 

»  Un  autre  grand  avantage  de  ce  dispositif  est  son  bas  prix  (?o'''"  et 
au-dessous),  qui  le  met  à  la  portée  du  public  et  des  écoles,  et  permet  ainsi 
de  vulgariser  la  remarquable  démonstration  de  Foucault  que  tout  le 
monde  ne  peut  aller  voir  au  Panthéon.  A  ce  titre,  j'ai  cru  intéressant  de  le 
sigjialer  à  l'Académie.   » 

CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Localisation  de  l' arsenic  normal  dans  quelques  organes 
des  animaux  et  des  plantes.  Ses  origines.  Note  de  M.  Armaxd  Gautier. 

«  Après  avoir,  en  1899,  reconnu  que  l'arsenic  existe  normalement  chez 
les  animaux  domestiques  et  chez  l'homme,  j'essayai,  autant  que  le  per- 
mettait la  méthode  déjà  très  précise  et  très  délicate  que  j'ai  suivie  alors, 
et  que  j'ai  depuis  encore  perfectionnée,  de  déterminer  les  localisations  de 
ce  métalloïde  dans  l'économie.  J'observai  qu'il  se  rencontre  surtout  dans 
les  organes  d'origine  ectodermique  :  la  peau  et  ses  annexes,  la  glande  thy- 
roïde, le  thymus,  la  glande  mammaire,  le  cerveau,  ainsi  que  dans  les  os, 
mais  qu'on  n'en  trouve  pas,  ou  des  quantités  inférieures  au  ^oppoopp  du 
poids  de  la  substance  examinée  (  ^  ),  quand  on  s'adresse  aux  autres  organes  : 
muscles,  rate,  foie,  pancréas,  rein,  tissus  cellulaire  et  adipeux,  glandes  les 
plus  diverses  y  compris  l'ovaire  et  le  testicule,  sang,  urines,  etc.  (voir 
Comptes  rendus,  t.  CXXX,  p.  286  et  290).  En  même  temps  j'établissais  que 
l'arsenic  s'élimine  surtout  par  les  poils,  les  cheveux  et  les  cornes  (Ibid., 
p.  285),  ainsi  que  par  le  sang  menstruel  chez  la  femme  (Comptes  rendus, 
t.  CXXXI,  p.  36 1,  et  Comptes  rendus  du  Congres  international  de  Médecine 
tenu  à  Paris  en  1900;  Section  de  Physiologie,  p.  93). 

»  Arsenic  chez  les  oiseaux  et  les  poissons.  —  Je  n'ai  pas  borné  mes 
recherches  aux  mammifères.  Dès  le  début,  j'examinai  divers  organes  et 
tissus  des  oiseaux  et  des  poissons  :  œuf  de  poule,  œufs  et  laitances  de 
poissons,  chair  de  poissons,  sans  y  trouver  d'arsenic.  S'il  y  existe,  c'est  en 
quantité  très  inférieure  à  celle  des  organes  moyennement  arsenicaux  et 
inférieure  au  vingt-millionième  du  poids  de  l'organe  frais. 

»   Depuis  j'ai  cherché  l'arsenic  dans  les   plumes  de  l'oiseau,  qui  me 


(')  Soit  moins  de  o"S'-,oo5  pour  100  grammes  de  substance  fraîche,  limite  de  sen- 
sibilité de  la  méthode  suivie  à  cette  époque. 


834  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

semblaient  correspondre  aux  poils  et  cornes  des  mammifères.  L'arsenic 
existe  en  effet  dans  les  plumes,  mais  il  y  est  très  particulièrement  localisé. 
Voici  d'abord  le  résumé  de  mes  expériences  à  ce  sujet  : 

Poids  Arsenic 

Quantités              approximatif  en  milligrammes 

traitées.                de  l'arsenic  pour  loo"'' 

(Etat  frais.)       en  milligrammes,  de  matière  fraîche. 

gi"                               iiisr  ni?r 

Duvet  ventral  de  l'oie  .  .  .  .' aSo  o,o3o  0,12 

Canons  des  plumes  de  poulet 100  nul  nul 

Barbes  de  plumes  de  poulet 200  nui  nul 

Plumes  de  poulet  complètes 2.5o  nul  nul 

Canons  des  plumes  de  la  queue  du  paon.  12  nul  nul 
Barbes  des  œils  des  grandes  plumes  de 

la  queue  du  paon 22  o,o55  o,25 

»  Il  suit  de  ces  constatations  que  l'arsenic  existe  bien  dans  le  duvet  de 
l'oiseau,  qui  est  plus  particulièrement  en  rapport  avec  le  fonctionnement 
de  la  peau  et  qui  semble  seul  correspondre  au  poil  des  mammifères,  tandis 
qu'il  est  ordinairement  absent  des  plumes  banales  des  ailes  ou  de  la  queue, 
simples  organes  de  locomotion.  Celles  au  contraire  qui  servent  d'orne- 
ment au  mâle  et  font  sa  parure  au  printemps,  telles  que  les  belles  plumes 
de  la  queue  du  paon,  contiennent  de  l'arsenic.  Toutefois,  même  dans  ces 
plumes,  l'arsenic  n'existe  pas  dans  le  canon;  il  est  entièrement  localisé 
dans  les  barbes  colorées  chatoyantes  de  l'œil  qui  les  termine.  Après  la  sai- 
son des  amours,  l'arsenic  s'élimine  par  la  chute  de  ces  plumes  ornemen- 
tales. Celte  observation  rappelle  celle  que  j'ai  déjà  faite  chez  les  mammifères 
de  l'accumulation  de  l'arsenic  dans  les  poils  et  les  cornes  du  mâle,  et  de 
son  élimination  par  perte  de  ces  poils,  ainsi  que  par  les  sécrétions  sexuelles 
de  la  femelle  au  moment  du  rut. 

»  Ce  fait  que  l'arsenic  est  absent  des  canons  de  la  plume  du  paon,  et 
des  plumes  banales  des  oiseaux,  alors  qu'on  le  retrouve  dans  les  barbes 
colorées  qui  ornent  le  mâle,  ou  dans  le  duvet  qui  recouvre  leur  peau, 
suffirait  à  démontrer  que  ce  métalloïde  est  bien  localisé  dans  certains 
organes  ou  parties  d'organes  et  en  corrélation  avec  leur  fonctionne- 
ment, et  non  pas  uniformément  répandu  dans  tous.  Chez  les  animaux,  il 
est  en  corrélation  étroite  avec  le  fonctionnement  de  la  peau,  du  cerveau 
et  des  organes  de  la  reproduction. 

»  Arsenic  chez  les  végéiaux,  particulièrement  chez  les  algues.  —  En  1900, 
j'avais  inutilement  cherché  l'arsenic  dans  le  pain  {Cojnples  rendus ,  t.  CXXX, 


SÉANCE    DU    17    NOVEMBRE    I902.  835 

p.  16).  Ces  essais  négatifs  méritent  toutefois  d'être  repris  avec  une  méthode 
encore  plus  sensible.  J'y  reviendrai. 

»  Guidé  par  diverses  consiilérations  théoriques,  j'ai  pensé  que  je 
retrouverais,  sans  doute,  l'arsenic  plus  particulièrement  localisé  chez 
les  végétaux  riches  en  iode,  et  particulièrement  dans  les  algues  marines  et 
terrestres  ('). 

»  L'expérience  a  vérifié  cette  hypothèse.  Voici  mes  dosages  :  ils  sont 
tous  rapportés  à  100  parties  de  substance  telle  qu'elle  est  après  qu'on  l'a 
laissée  quelques  jours  à  l'air  vers  ij"  : 

Poids  en  mgr  Poids  d'arsenic 
Quantités                      d'arsenic  par  looR"' 

a.  — Algues  marines.  en  expérience.  obtenu.  de  substance. 

gr  mgr  mgr 

Fucus  vesiculosus 167  o,25  o,  iSg 

Fucus  digitalus 120  o,25  0,208 

Fucus  se vratus 85  0,07  0,082 

b.  —  Algues  d'eau  douce. 

Spyrogyra 25  0,010  o,o4o 

Cladophora 80  0,007  0,008 

Id.  35o  o,o3o  0,008  (^) 

»  On  voit  que  l'arsenic,  comme  l'iode,  abonde  surtout  dans  les  algues 
de  mer.  Ces  deux  éléments  semblent  bien  s'accompagner,  comme  je  l'ai 
déjà  souvent  remarqué  pour  les  organes  des  animaux  (thyroïde,  peau, 
cheveux,  etc.) 

»  M.  B.  Renault,  le  savant  paléontologiste  du  Muséum  d'Histoire  natu- 
relle de  Paris,  a  démontré  que  les  boghead  (ou  charbons  de  houille  à 
longue  flamme)  d'Autun  et  d'Australie  sont  uniquement  formés  de  débris, 
tout  particulièrement,  de  spores  d'algues  d'eau  douce.  J'ai  eu  la  curiosité 
de  chercher  l'arsenic  dans  ce  charbon  d'algues  fossiles,  j'ai  trouvé  : 

Quantités                 Poids  Arsenic 

mises  d'arsenic  pour  loo*"' 

en  expérience.  en  mgr.  de  substances, 

gr                          mgr  mgr 

Boghead  de  Lorme  d'Autun 10  0,20  2,00 

»  ]0  0,25  2,5o 

»  10  0,20  2,00 

»        d'Australie 10  o,o3  o,3o 


(1)  Voir  mon  Mémoire  Sur  la  présence  de  l'iode  dans  toutes  les  algues  à  chloro- 
phylle et  dans  les  suif  uraires  {Comptes  rendus,  t.  CXXIX,  p.  189). 

(-)  Cet  échantillon  contenait,  à  l'étal  frais,  o'"6'-,o66  d'iode  pour  100  grammes. 


836  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

))  On  voit  que  l'arsenic  se  rencontre  aussi  bien  dans  les  algues  géolo- 
giques que  dans  les  algues  modernes. 

»  Ce  métalloïde  peut  se  trouver  aussi  dans  les  algues  non  chlorophyl- 
liennes. On  sait  que  l'on  a  signalé  depuis  longtemps  une  trace  de  cet 
élément  dans  les  eaux  sulfureuses  (*).  Dès  que  j'eus  reconnu  l'existence 
de  l'arsenic  dans  toutes  les  algues,  je  pensai  que  dans  les  eaux  sulfureuses 
l'arsenic  devait,  comme  l'iode,  se  trouver  plus  particulièrement  condensé 
dans  les  éléments  figurés  de  ces  eaux  :  sulfuraires,  glairine  et  barègine. 
En  effet,  iSo^''  de  glairine  (de  Luchon),  pesée  à  l'état  humide  (^),  m'ont 
donné  o^s*", oi3  d'arsenic,  soit  o'^^'',oo'j2  pour  loo  de  matière  humide 
et  o^sr, 36  pour  loo  de  matière  sèche.  La  majeure  partie  de  cette  matière 
fixe  des  sulfuraires  étant  formée  de  soufre,  on  voit  combien  est  riche  en 
arsenic  la  substance  du  protoplasma  de  ces  algues. 

»  Eau  de  mer.  Roches  primitives.  —  Puisque  l'arsenic  existe  dans  toutes 
les  algues,  surtout  dans  les  marines,  il  doit  se  rencontrer  dans  les  algues 
minuscules  ou  microscopiques  qui,  avec  quelques  autres  êtres  vivants, 
forment  la  partie  principale  du  plankton  des  eaux  de  la  mer.  Il  faut  même 
que  l'arsenic  existe  dans  ces  eaux,  dissous  à  l'état  organique  ou  minéral, 
puisque  les  végétaux  et  animaux  qui  y  vivent  ne  sauraient  le  retirer  que 
de  ce  milieu. 

»  Pour  m'en  assurer,  1 1  ^So  cent,  cubes  d'eau  de  mer,  puisée  en  no- 
vembre 1899  avec  toutes  les  précautions  nécessaires  aux  environs  du  phare 
de  Roche-Douvres,  à  l\o  kilomètres  des  côtes  de  Bretagne,  furent  filtrées 
sur  biscuit  à  grain  serré  de  porcelaine  de  Sèvres.  A  la  surface  de  ce  petit 
filtre,  il  se  fit  un  dépôt  glaireux  brun  rougeàtre.  Après  lavage  à  l'eau  dis- 
tillée salée  à  iS^"-'  de  sel  marin  au  litre,  le  filtre  et  son  dépôt  furent  traités 
par  les  acides  nitrique  et  sulfurique,  comme  pour  une  recherche  ordinaire. 
L'arsenic  trouvé  pesa  environ  o^^^\o'5,  soit  o'"8'',oo25  pour  l'arsenic  du 
plankton  de  i  litre  d'eau  de  pleine  mer,  quantité  énorme  relativement  au 
poids  de  la  matière  organisée,  très  inférieure  à  10  milligrammes  par 
litre  {'). 

»   Quant  à  l'eau  de  mer  privée  de  ses  éléments  figurés  par  filtration  sur 


(^)  Tripier,  Ann.  de  C/ii/ti.  et  Phys.,  3°  série,  t.  I,  i8/ii,  p.  849. 

(2)  Elle  contenait,  à  l'état  humide,  98  pour  100  d'eau  et  o^"b'',ooo5  d'iode. 

(')  On  peut  apprécier  que  celte  quantité  d'arsenic  s'élève  à  près  du  80000"=  du 
poids  du  plankton,  alors  qu'on  n'en  a  trouvé  que  un  5ooooo°  environ  dans  le  Fucus 
digitatus,  l'une  des  algues  de  mer  les  plus  iodées  et  les  plus  arsenicales. 


SÉANCE    DU    17    NOVEMBRE    1902.  837 

biscuit  de  porcelaine,  je  me  suis  assuré  qu'elle  conlient  aussi  de  l'arsenic. 

M  Pour  le  doser,  je  concentrai  à  i  litre  environ  les  11  750  cent,  cubes 
d'eau  de  mer  filtrée  sur  biscuit,  et,  après  avoir  refroidi  dans  la  glace  et 
séparé  les  cristaux  par  essorage  et  lavage,  j'introduisis  la  liqueur  dans  une 
cornue  de  verre  réunie  à  un  récipient  rodé,  cornue  où  l'on  avait  eu  le  soin 
de  faire  bouillir  au  préalable  un  mélange  d'acides  suHurique  et  nitrique. 
L'eau  y  fut  distillée  et  le  résidu  fut  attaqué  par  les  acides  nitrique,  puis 
sulfurique,  suivant  la  méthode  ordinaire,  pour  détruire  toute  matière  orga- 
nique. Les  vapeurs  et  gaz  non  condensés  dans  le  récipient  refroidi  traver- 
saient un  barboteur  muni  dépotasse  pure,  étendue  et  chaude,  pour  détruire 
et  arrêter  le  chlorure  d'arsenic  qui  pouvait  s'échapper.  On  chercha  l'ar- 
senic dans  l'ensemble  des  parties  mélangées.  On  obtint  un  faible  anneau 
caractéristique  qui  ne  fut  pas  dosé. 

»  Ainsi  l'arsenic  existe  dans  l'eau  de  mer  soigneusement  filtrée,  aussi 
bien  que  dans  les  algues  et  autres  constituants  de  son  plankton.  Il  nous  a 
paru,  dissous  dans  cette  eau  principalement  à  l'état  organique  comme 
Fiode  qui  l'accompagne.  C'est  à  cette  source  que  l'empruntent  tous  les 
animaux  et  végétaux  marins  qui  se  développent  donc  dans  un  milieu 
arsenical. 

»  Essayant  de  poursuivre  jusques  au  bout  le  cycle  suivi  par  l'arsenic 
pour  arriver  aux  plantes  et  aux  animaux,  j'ai  pensé  que  cet  élément  ne 
pourrait  avoir  été  initialement  fourni  à  la  mer  et  aux  terrains  de  sédiment 
que  par  les  roches  primitives. 

»  Il  est  facile  de  s'assurer  qu'en  effet  l'arsenic  accompagne  toujours 
l'iode,  l'azote  et  le  phosphore  dans  ces  roches,  quelquefois  abondamment, 
et  que  telle  est  bien  son  origine  première.  Cent  grammes  de  granit 
de  Vire  (Bretagne)  pulvérisés  sur  le  granit  et  l'agate,  puis  additionnés 
de  5o  grammes  de  sel  marin,  traités  par  ma  méthode  en  cornue  fermée, 
fournirent  un  anneau  répondant  à  o'^s^^oô  d'arsenic.  D'autres  granits 
d'Auvergne  et  des  Pyrénées  ont  donné  des  résultats  semblables.  On  sait 
du  reste  que  toutes  ces  roches  sont  ferrugineuses,  et  que  l'arsenic  accom- 
pagne généralement  le  fer  dans  les  couches  sédimentaires  et  les  eaux. 

»  L'arsenic  paraît  donc  jouer  un  rôle  universel,  comme  l'azote  et  le 
phosphore.  Il  existe  en  petite  proportion,  mais  sans  exception,  dans  les 
roches  primitives,  les  terres,  la  mer,  les  végétaux,  et  particulièrement  les 
algues,  les  animaux  terrestres  et  marins.  Chez  ceux-c,  il  se  localise  surtout 
dans  les  organes  d'origine  ectodermique  qui  président  aux  sensations  et  à 

G.  n.,  1902,  2'  Semestre.  (  l'.  CWXV,  N"  20.)  '  lO 


8,38  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

la  reproduction.  Il  semble  jouer  dans  les  cellules  où  on  le  trouve  un  rôle 
analogue  à  celui  du  phosphore,  mais  à  un  degré  éminent. 

»  Il  reste  maintenant  à  se  demander,  d'une  part,  sous  quelle  forme 
spécifique  se  font  ces  localisations  de  l'arsenic;  de  l'autre,  par  quels  ali- 
ments cet  élément  s'introduit  dans  nos  organes.  Ce  sont  deux  questions 
que  j'ai  mises  à  l'étude.  » 


MÉDECINE.    —   Le  ISagana  et  le  Mal  de  carieras  sont  deux  entités  morbides 
bien  dislinctes.  Note  de  Mi\T.  A.  Laveran  et  F.  Mesnil. 

«  Les  plus  répandues  des  épizooties  produites  par  des  Trypanosomes 
sont:  aux  Indes,  le  Surra;  en  Afrique,  le  Nagana;  dans  l'Amérique  du  Sud, 
le  Mal  de  caderas.  Ces  maladies  ont  entre  elles  de  grandes  ressemblances 
et  les  Trypanosomes  qui  les  prorluisent  sont  évidemment  très  voisins;  on 
pouvait  donc  se  demander  si  les  noms  de  Surra,  de  Nagana  et  de  Mal  de 
caderas  ne  désignaient  pas  une  même  maladie,  ou  du  moins  de  simples 
variétés  d'une  même  maladie. 

»  Nous  avons  réussi  à  nous  procurer,  à  l'état  vivant,  des  Trypanosomes 
du  Nagana  (Jr.  Brucei)  et  du  Caderas  (Tr.  equinum)  Ç*),  ce  qui  nous  a 
permis  de  faire  une  étude  comparée  de  ces  parasites  et  des  accidents  qu'ils 
produisent.  Dans  cette  Note,  nous  nous  bornerons  à  résumer  les  faits  qui 
démontrent  que  le  Nagana  et  le  Caderas  sont  deux  maladies  bien  distinctes. 

))  Les  mêmes  espèces  animales  sont  sensibles  à  Tr.  Brucei  et  à  TV.  equi- 
num,  les  mêmes  sont  réfractaires  ;  c'est  à  tort  que  Voges  a  cité  des  oiseaux 
parmi  les  animaux  pouvant  être  infectés  de  Caderas. 

))  L'évolution    du    Caderas   est  plus   lente  que  celle  du  Nagana   chez 

(*)  La  dénomination  Tr.  eqiiina  a  été  employée  par  0.  \oges  {Berliner  Thieràrztl. 
Woclienschr.,  3  octobre  i^oi ,  e.\.  Zeitschr.f.  Hygiène,  1902,  89"  vol.,  S^fasc).  Posté- 
rieurement, M.  Lignières  a  employé,  pour  le  même  parasite,  la  dénomination  de 
Tr.  Elmassiani  [Revista  de  la  Sociedad  medica  argentina,  1902,  t.  X,  p.  48i).  Cette 
dernière  dénomination  rappelle,  très  justement,  que  la  découverte  du  Trypanosome  est 
due  à  Elmassian,  mais  nous  croyons  devoir  nous  conformer  aux  règles  de  la  nomen- 
clature en  adoptant  le  mot  le  plus  ancien;  nous  transformons  seulement  equina  en 
equinuni,  Trypanosoma  étant  du  neutre.  La  dénomination  de  Caderas  nous  paraît 
pouvoir  être  substituée  à  celle,  trop  longue,  de  Mal  de  caderas,  et  nous  proposons  de 
créer  l'adjectif  cadéré  pour  indiquer  l'infection  produite  par  Tr.  equinum. 


SÉANCE    DU    17    NOVEMBRE    I902.  889 

quelques  espèces  animales,  chez  le  cobaye  notamment,  et,  dans  certains 
cas,  chez  le  chien. 

»  La  symptomatologie  des  deux  maladies  présente  quelques  différences  : 
la  paralysie  du  train  postérieur  est  plus  marquée  d'ordinaire,  chez  les 
Equidés,  dans  le  Caderas  que  dans  le  Nagana;  l'hémoglobinurie  commune 
dans  la  première  de  ces  maladies  est  très  rarement  nolétî  dans  la  deuxième. 

»  Ces  différences  dans  la  durée  de  l'évolution  et  dans  les  manifestations 
morbides  seraient  d'ailleurs  tout  à  fait  insuffisantes  pour  conclure,  car, 
à  côté  des  différences,  on  pourrait  citer  beaucoup  d'analogies:  celle-ci, 
entre  autres,  que  l'acide  arsénieux  et  le  sérum  humain  exercent  la  même 
action  sur  les  deux  Trypanosomes. 

»  Les  faits  sur  lesquels  nous  nous  appuyons  pour  dire  que  le  Nagana  et 
le  Caderas  sont  deux  entités  morbides  bien  distinctes  se  résument  dans 
les  trois  propositions  qui  suivent:  i"  Il  existe  des  différences  morpholo- 
giques constantes  entre  Tr.  Brucei  et  Tr.  eqainum;  1^  les  animaux  immu- 
nisés contre  le  Nagana  sont  sensibles  au  Caderas  ;  3°  le  sérum  des  ani- 
maux immunisés  contre  le  Nagana  n'a  pas,  pour  Tr.  eqidnum^  l'activité 
qu'il  possède  pour  Tr.  Brucei  ;  ces  derniers  faits  sont  d'ailleurs  connexes. 

»  1°  Différences  morphologiques.  —  Tr.  Brucei  et  Tr.  ecjuinuni  ont,  à  très  peu 
près,  les  mêmes  dimensions  et  la  même  forme  et,  lorsqu'on  les  examine  dans  le  sang 
frais,  il  n'est  pas  possible  de  les  distinguer  l'un  de  l'autre  ;  sur  des  préparations  de 
sang  desséché  et  bien  coloré  (bleu  Borrel-éosine-tannin),  la  distinction  devient  au 
contraire  facile. 

»  Le  protoplasme,  le  noyau,  la  membrane  ondulante^  le  flagelle  ont,  dans  les  deux 
Trypanosomes,  la  plus  grande  ressemblance;  il  n'en  est  pas  de  même  des  centro- 
somes. 

»  Le  centrosome  de  Tr.  Brucei  se  colore  facilement  et  fortement  ;  il  mesure  environ 
Y  [JL  de  diamètre;  le  centrosome  de  Tr.  equinum  ne  mesure  que  \  ou  |^  de  [x  de  dia- 
mètre; il  se  colore  en  rose,  comme  le  flagelle,  et  non  en  violet,  comme  le  centrosome 
de  Tr.  Brucei  ;  enfin,  on  trouvé  souvent  à  son  voisinage  des  granulations  chromatiques 
qui  gênent  l'examen.  On  s'explique  que  quelques  observateurs  soient  arrivés  à  con- 
clure que  le  centrosome  faisait  défaut  chez  Tr.  equinum. 

»  Dans  des  préparations  colorées  du  sang  de  souris  infectées  simultanément  de 
Nagana  et  de  Caderas,  nous  avons  réussi  à  distinguer  les  deux  espèces  de  Trypano- 
somes, grâce  à  cet  aspect  si  diff"érent  des  centrosomes. 

»  Les  formes  de  multiplication  sont  les  mêmes,  la  bipartition  est  la  règle;  on 
observe  parfois  de  grandes  formes  de  division  en  trois  ou  en  quatre  qui  sont  un  peu 
plus  communes  pour  T r.  equinum  que  pour  Tr.  Brucei. 

»  1°  Les  animaux  immunisés  contre  le  Nagana  sont  sensibles  au  Caderas.  — 
\.  Une  chèvre  guérie  du  Nagana  depuis  8  mois  environ,  et  ayant  reçu,  dans  cet  itiler- 
valle,  1 5  inoculations  de  lo^^^^'^à  ôo*^"'  de  sang  de  chien  nagané,  sans  contracter  de  nouvelle 


84o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

infection,  est  inoculée  sous  la  peau  avec  i*"*"'  de  sang  dilué  de  rat  cadéré.  Du  sang  de 
la  chèvre,  retiré  5  jours  après  cette  dernière  inoculation,  est  injecté  dans  le  péritoine 
d'un  rat  et  de  trois  souris. 

»   Le  rat,  qui  reçoit  ^"""^  de  sang,  est  pris  après  une  incubation  de  4  jours. 

»  Une  souris,  qui  reçoit  i'^™'  de  sang,  est  prise  après  une  incubation  de  4  jours. 

»   Une  souris,  qui  reçoit  o*^"',  25  de  sang,  est  prise  après  une  incubation  de  3  jours. 

)>   Une  souris,  qui  reçoit  o'''"',o5  de  sang,  est  prise  après  une  incubation  de  5  jours. 

»  II.  Un  mouton,  guéri  du  Nagana  depuis  i  mois  environ,  et  qui  a  reçu  dans  ce 
mois  deux  inoculations  de  lo*^""'  et  ao*^""'  de  sang  de  chien  nagané,  est  inoculé  sous  la 
peau  avec  o*^"',  5  de  sang  dilué  de  souris  cadérée. 

))  Le  sang  de  ce  mouton,  retiré  5  jours  après  cette  dernière  inoculation,  et  injecté 
dans  le  péritoine  d'un  rat  (à  la  dose  de  S*^"'')  et  de  deux  souris  (à  la  dose  de  o*^'"',25), 
donne  à  ces  animaux  une  infection  à  Trjpanosomes  du  Caderas,  avec  moins  de  4  jours 
d'incubation. 

»  Retiré  i5  jours  après  l'inoculation  du  Caderas  et  inoculé  dans  le  péritoine  d'un 
rat  à  la  dose  de  3*^°^'  et  d'une  souris  à  la  dose  de  |-  de  centimètre  cube,  le  sang  donne  à 
ces  animaux  une  infection  avec  respectivement  4  jours  et  6  jours  d'incubation. 

»  Le  sang  d'un  mouton  n'ayant  jamais  reçu  d'injection  de  Trypanosomes  du  Nagana, 
éprouvé  5  jours  et  i3  jours  après  l'inoculation  du  Caderas  à  l'animal,  a  montré  sensi- 
blement la  même  virulence  que  le  sang  du  mouton  guéri  du  Nagana  et  infecté  avec  le 
Caderas. 

»  3°  Le  sérum  des  animaux  immunisés  contre  le  Nagana,  actif  sur  Tr.  Brucei, 
est  sans  action  sur  Tr.  equinum.  —  I.  Le  sérum  de  la  chèvre  immunisée  contre  le 
Nagana,  dont  nous  venons  de  parler,  mélangé,  à  la  dose  de  i'^'"',  à  des  doses  de  sang  à 
Trypanosomes  du  Caderas,  variant  de  {  à  yj  de  centimètre  cube,  n'a  eu  aucune  action 
sur  l'incubation,  ni  sur  la  marche  de  l'infection  des  souris  inoculées  avec  ce  mélange. 

»  La  même  quantité  de  ce  sérum,  mélangée  à  des  doses  correspondantes  de  sang  à 
Trjqianosomes  du  Nagana,  allongeait  de  5  jours  en  moyenne  l'incubation  de  la  ma- 
ladie des  souris. 

»  II.  Le  sérum  du  mouton  guéri  du  Nagana,  dont  nous  avons  déjà  parlé,  mélangé,  à 
la  dose  de  i*^""'  et  même  de  i"^^^ ,  à  des  doses  de  sang  dilué  de  chien  à  Trypanosomes  du 
Caderas,  variant  de  ^  à  :rô  de  centimètre  cube,  n'a  eu  aucune  action  sur  l'incubation, 
ni  sur  la  marche  de  l'infection  des  souris  inoculées  avec  ce  mélange. 

»  Le  même  sérum,  à  la  dose  de  ©'^'"'jS,  mélangé  à  j^  de  centimètre  cube  de  sang 
dilué  de  chien  (comparable  comme  nombre  de  parasites  au  sang  du  chien  cadéré), 
prévenait  toute  infection  chez  les  souris  inoculées  avec  ce  mélange.  Il  agissait  de 
même  mélangé  à  la  dose  de  i*^"''  avec  o'^'°\5  du  même  sang  dilué. 

»  Ces  constatations  expérimentales,  jointes  aux  observations  micro- 
scopiques que  nous  avons  consignées  au  début  de  cette  Note,  prouvent 
manifestement  que  le  Nagana  et  le  Caderas,  malgré  leurs  très  grandes 
ressemblances,  sont  deux  maladies  spécifiquement  distinctes.  » 


SÉANCE    DU     17    NOVEMBRE     1902.  84 1 


ZOOLOGIE.  —  Effets  de  V excision  du  madréporile  chez  les  Astéries. 
Note  de  M.  Y.  Delage. 

«  L'appareil  aquifère  des  Astéries,  comme  celui  de  la  plupart  des  Échi- 
nodermes,  communique  avec  le  dehors  par  le  canal  hydrophore  et  le 
madréporite.  Il  n'y  a  aucun  doute  relativement  à  l'existence  anatomique 
de  cette  communication.  Mais,  les  pores  du  madréporite  étant  microsco- 
piques, on  |)eut  se  demander  si  cette  communication-ci  a  des  effets  physio- 
logiques, si  elle  permet  des  échanges  de  liquide  entre  le  système  aquifère 
et  l'eau  ambiante.  Si  ces  échanges  sont  réels,  ils  sont  si  lents  qu'on  n'a  pu 
déterminer,  par  une  expérience  permanente  et  parfaitement  démonstra- 
tive, dans  quel  sens  ils  ont  lieu,  et  l'on  en  est  réduit  à  des  déductions  bien 
incertaines,  d'après  la  direction  des  cils  vibratiles  dans  les  conduits. 

»  J'ai  cherché  à  jeter  quelque  lumière  sur  ces  points  obscurs  par  une 
expérience  décisive  consistant  à  exciser  le  madréporite,  seule  porte  par  oîi 
puissent  s'opérer  les  échanges  en  question. 

M  On  produit  ainsi  une  large  plaie  béante  au  fond  de  laquelle  le  canal 
hydrophore  est  librement  ouvert.  J'espérais  que  la  plaie  se  cicatriserait  par- 
dessus le  canal  et  interromprait  toute  communication  entre  ce  dernier  et 
le  dehors.  Dès  lors,  si  les  pores  du  madréporite  servent  à  introduire  de 
l'eau,  le  système  aquiière  étant  privé  de  cet  apport,  les  ambuhicres  doivent 
peu  à  peu  tomber  en  état  de  flaccidité  complète  ;  si,  au  contraire,  ils  servent 
à  évacuer  un  excès  de  liquide,  cet  excès  s'accumulant  dans  le  svstème,  les 
ambulacres  doivent  arriver  peu  à  peu  à  un  état  d'érection  permanente. 

))  Les  choses  se  sont  passées  d'une  manière  toute  différente  et  absolu- 
ment inattendue.  Dès  le  lendemain,  ou  au  plus  au  bout  de  2  ou  3  jours, 
le  processus  de  cicatrisation  est  complet  :  la  plaie  s'est  rétrécie  progres- 
sivement, puis  refermée,  mais  il  est  resté  en  son  centre  un  orifice  de  la 
grosseur  d'une  épingle,  conduisant  dans  le  canal  hydrophore  ;  en  sorte  que 
la  communication  du  système  aquifère  avec  le  dehors,  non  seulement  per- 
siste, mais  se  rétablit  plus  large,  plus  facile  qu'auparavant.  Dès  lors, 
aucune  modification  dans  l'habitus  des  ambulacres  ne  peut  se  produire. 

»  Les  connexions  du  système  aquifère  avec  le  dehors  chez  les  animaux 
opérés  se  trouvent  ainsi  rétablies,  non  telles  qu'elles  sont  chez  l'adulte, 
mais  telles  qu'elles  étaient  chez  les  larves  de  tous  les  Échinodermes,  par 
le  moyen  d'un  orifice  unique,  \ hydropore. 


842  ACADÉMIE    DFS    SCIENCES. 

»  On  pourrait  être  tenté  devoir  là  un  parallélisme  de  la  régénération 
avec  l'ontogenèse.  Mais,  même  si  le  phénomène  pouvait  être  interjjrété 
ainsi,  il  faudrait  remarquer  que  ce  parallélisme  ne  serait  que  partiel, 
puisque  cet  hydropore  ne  se  transforme  pas  ultérieurement  en  madréporite. 
Mes  animaux,  opérés  depuis  plusieurs  mois,  se  portent  parfaitement  et 
ne  portent  aucune  trace  de  régénération  du  madréporite, 

»  On  pourrait  être  tenté  aussi  de  faire  un  rapprochement  esitre  les 
Astéries  transformées  expérimentalement  en  Échinodermes  à  hydropore 
unique  et  les  É(  hinodermes  qui  n'ont,  normalement,  qu'un  hydropore 
unique,  comme  les  Ophiuies  on  VEchinocyamus  pusillus. 

»  La  chose  est,  à  mon  sens,  beaucoup  plus  simple  et  n'implique  l'inter- 
vention d'aucune  des  prétendues  forces  directrices  de  l'ontogenèse  ou 
de  la  phylogenèse.  Il  se  fait  une  cicatrisation  normale;  mais,  comme  au 
voisinage  de  la  plaie  cutanée  se  trouve  un  canal  dont  l'extrémité  a  été 
excisée  et  doit  se  cicatriser,  les  deux  épithéliums  de  la  peau  et  du  canal  se 
soudent  et  empêchent  la  cicatrisation  d'obturer  la  lumière  du  canal.  Il  n'y 
a  là  qu'un  processus  physiologique  comparable  à  celui  qui  intervient  dans 
l'anus  contre  nature  ou  dans  les  fistules. 

»  Dans  de  prochaines  expériences  je  chercherai  à  obturer  l'hydropore 
ainsi  obtenu  et  à  déterminer  l'effet  de  celte  obturation  sur  l'habitus  des 
ambulacres.   » 


BALlSTr)UE.    —  Sur  la  loi  des  pressions  dans  les  bouches  à  feu. 
Note  de  M.  E.  Vallier. 

.(  Dans  la  série  de  recherches  que  j'ai  soumise  à  l'Académie  au  cours  de 
ces  trois  dernières  années,  je  me  suis  efforcé  de  reproduire  le  régime  des 
bouches  à  feu  dans  le  tir  par  des  formules  assez  simples  pour  être  utilisées 
par  les  constructeurs  et  j'ai  énoncé,  sans  autres  explications  théoriques, 
que  l'on  pouvait  pratiquement  représenter  la  pression  élémentaire  P^, 
appliquée  au  culot  du  projectile  à  l'instant  t,  par  la  formule 

(i)  P,=  P,cpP(s), 

où  P,  représente  la  pression  maximum, 
^  un  exposant  convenablement  choisi 


cp  (s)  =  se'  "'■  et 


SÉANCE    DU    17    NOVEMBRE    I902.  843 

0  étant  la  durée  écoulée  depuis  la  mise  en  marche  jusqu'à  l'instant  de  la 
pression  maximum. 

)j  De  cette  formule  j'ai  déduit  tout  un  système  de  relations  et  de  fonc- 
tions numériques  pour  la  résolution  des  problèmes  de  la  pratique,  et  qui 
sont  réunies  aujourd'hui  dans  une  Note  insérée  au  Mémorial  des  Poudres  et 
Salpêtres,  Tome  XI. 

»  Enfin,  du  rapprochement  des  formules  ainsi  établies  avec  des  résul- 
tats de  tir,  j'ai  conclu  une  relation  entre  l'exposant  ^  et  le  coefficient  de 
fatigue  a  qui  définit  chaque  tir,  de  manière  à  permettre  de  déduire  de  ce 
paramètre  a  la  forme  la  plus  probable  de  la  courbe  des  efforts  produits  à 
chaque  instant  dans  l'âme. 

»  Cette  relation,  purement  expérimentale,  s'écrit 

(2)  (a-l)p  =  2. 

))  L'utilité  de  ces  formules  au  point  de  vue  des  applications  me  con- 
duit aujourd'hui  à  les  rapprocher  des  indications  de  la  théorie. 

»  On  sait  que  les  courbes  des  pressions  en  fonction  du  temps  s'élèvent 
très  rapidement  jusqu'au  maximum  pour  décroître  ensuite  en  prenant  une 
allure  asymptotique  à  l'axe  des  temps. 

»  La  forme  analytique  la  plus  simple  pour  représenter  ce  genre  de 
courbes  m'a  semblé  être  la  fonction 

<p(^)  =  ze^~^. 

»  Cela  posé,  de  même  qu'il  est  fait  emploi  de  termes  trigonométriques 
pour  figurer  des  lois  d'allure  périodique,  de  même  il  m'a  semblé  opportun 
de  représenter  ces  pressions  par  des  fonctions  cp  ou,  plus  généralement,  cp^,- 
comme  présentant  la  forme  la  plus  maniable  et  la  plus  commode  pour  les 
applications. 

»  Il  convient  maintenant  de  rapprocher  cette  fonction  P^,  ainsi  définie 
par  l'équation  (i),  de  l'équation  fondamentale  du  mouvement,  qui,  pour 
les  premiers  instants,  s'écrit 

/  o  \  ,  ^d-  u         u  —  I  / du  \  ^        fa  tdw    C   ^.^   , 

(3)  t „„  +  „)_  + __(^_j  -i-_J^  Pjrf<  =  o, 

se  rapj^elant  que  la  vitesse  de  combustion  d'une  poudre  en  vase  clos  est 
proportionnelle  à  une  puissance  y  delà  pression,  et  l'on  voit  immédiate- 
ment que,  si  l'on  veut  substituer  à  P^  sa  valeur  tirée  de  (1  j,  on  doit  avoir, 


844  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

par  raison  d'identité, 

(4)  P  =  [iT-+-i- 

»  Cette  équation  montre  que  la  valeur  y  =  i  ne  saurait  être  admise,  ce 
qui  exclut  rhypothèse  de  la  vitesse  de  combustion  proportionnelle  à  la 
première  puissance  de  la  pression. 

»  Mais  si,  au  début  du  mouvement,  la  valeur  de  [i  est  bien  celle  donnée 
par  l'équation  (4),  il  ne  semble  pas  qu'elle  puisse  rester  telle  pendant  tout 
le  parcours.  Les  valeurs  de  l'exposant  de  pression  y  ont  été  déduites 
d'essais  faits  en  vase  clos,  sur  des  pressions  croissantes,  et  l'on  ne  saurait 
affirmer  que  ces  valeurs  se  conservent  pour  des  pressions  allant  au  con- 
traire en  diminuant  dans  une  capacité  croissante,  ce  qui  se  produit  presque 
immédiatement  dans  !e  canon. 

»  Ainsi,  pour  les  poudres  au  fulmicoton,  bien  que  l'exposant  y  ait  pour 
valeur  initi;de  |,  l'expérience  a  montré  qu'il  fallait  lui  attribuer  les  valeurs 
moyennes  |  et  même  parfois  supérieures  à  o,8  pour  reproduire  les  ré- 
sultats observés  dans  le  tir. 

»  On  doit  donc  se  représenter  la  courbe  réelle  comme  composée  d'une 
suite  d'arcs  de  la  forme  définie  par  l'équation  (i),  oîi  (3  prendrait  une  série 
de  valeurs  comprises  entre  2  et  5  et  se  confondant,  par  suite,  sensiblement 
avec  une  courbe  unique  de  la  même  forme,  oii  l'exposant  ^  aurait  une  va- 
leur moyenne,  et  c'est  cette  valeur  qui  est  précisément  fournie  par  l'équa- 
tion (2). 

»  Nous  conserverons  toutefois  l'équation  (4)  pour  déduire,  non  plus 
l'exposant  ^  de  la  valeur  théorique  ou  initiale  de  y,  mais,  tout  au  contraire, 
pour  estimer  la  valeur  moyenne  que  doit  prendre  l'exposant  y  pour  que  la 
courbe  théorique  se  confonde  sensiblement  avec  la  courbe  correspondant 
à  l'exposant  ,8  donné  par  la  formule  expérimentale  (2). 

»  En  rapprochant  les  équations  (2)  et  (4)  déduites  de  considérations 
absolument  indépendantes,  on  arrive  à  la  relation 

(5)  a  +  2y  =  3, 

qui  présente  cette  particularité  que  l'hypothèse  2 y  —  3  =  o  correspond 
théoriquement  à  des  impossibilités  balistiques,  ce  que  fait  également  l'hy- 
pothèse a  =  o.  Cette  relation  constitue  ainsi  un  lien  et  une  justification 
a  posteriori  du  système  des  deux  formules,  et  mérite  d'être  retenue. 

»   Nous  conclurons  donc  en  énonçant  que  : 

»   L'exposant  moyen  de  combustion  y,  pour  les  poudres  sans  fumée,  est 


SÉANCE    DU    17    NOVEMBRE    1902.  845 

la  moitié  du  complément  à  3  du  coefficient  de  fatigue  a  dans  le  tir  consi- 
déré. 

»   Toutefois,  cette  conclusion  n'est  valable  que  dans  les  limites  oi'i  la  for- 
mule (2)  l'est  elle-m.êmc,  c'est-à-dire   pour  des  valeurs  de   a  comprises 


entre  3  et  fj 


PHYSIQUE.  --  Sur  r analogie  entre  tes  rayonsU  et  les  oscillations  hertziennes. 

Note  de  M.  P.  Duhem. 

a  On  sait  que  Helmholtz  a  donné,  de  la  propagation  des  ondes  dans  les 
milieux  diélectriques,  une  théorie  qui  admet  l'existence  non  seulement 
d'ondes  transversales,  mais  encore  d'ondes  longitudinales;  la  vitesse  de 
propagation  de  ces  dernières  dépend  de  la  valeur  du  coefficient  k. 

»  Dans  diverses  publications  (  '  ),  nous  avons  proposé  une  détermination 
de  ce  coefficient  k.  Cette  détermination  conduit  aux  conclusions  que 
voici  (-)  : 

»  Les  ondes  électromagnétiques  transversales  se  propagent  dans  les  milieux 
diélectriques  suivant  les  lois  de  la  théorie  électromagnétique  de  la  lumière. 

»  Les  ondes  électromagnétiques  longitudinales  se  propagent  dans  tous  les 
milieux  diélectriques  avec  une  même  vitesse,  égale  à  la  vitesse  de  la  lumière 
dans  le  vide;  elles  se  propagent  aussi  avec  cette  même  vitesse  dans  les  con- 
ducteurs parfaits. 

»  Dans  notre  enseignement,  nous  avons,  à  plusieurs  reprises,  fait 
remarquer  l'analogie  qui  semble  exister  entre  les  oscillations  électriques 
longitudinales  régies  par  ces  lois  et  les  rayons  X.  Sans  nous  faire  illusion 
sur  le  caractère  conjectural  de  cette  analogie,  nous  avons  cru  intéressant 
de  la  rappeler  au  moment  de  la  publication  des  belles  expériences  de 
M.  Blondlot.    )) 


(*)  Sur  V iater prétalion  théorique  des  expériences  hertziennes  {V Eclairage 
électrique,  t.  IV,  iSgo,  p,  494)- 

(-)  Sur  la  théorie  électrodyaamique  de  Helmholtz  et  la  théorie  électromagné- 
tique de  La  lumière  {Archives  néerlandaises  des  Sciences  exactes  et  naturelles, 
série  II,  t.  V,  1901,  p.  227). 


C.  R.,  1902,  2*  Semestre.  (T.  CXXXV,  N«  30.)         '  ^^  ' 


846  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

M.  Gastox  Boxnier  fait  hommage  à  l'Académie  du  deuxième  fascicule 
(i*'*  et  2^  Parties)  du  «  Cours  de  Botanique  )>  publié  par  lui  en  collaboration 
avec  M.  Leclerc  du  Sablon  : 

«  Ce  fascicule  a  trait,  comme  le  premier,  aux  Angiospermes.  On  y  trouve 
la  fin  de  l'étude  de  la  racine;  l'historique  des  recherches  sur  la  tige,  la 
feuille  et  la  racine;  l'étude  de  la  fleur,  du  fruit,  de  la  graine,  du  dévelop- 
pement de  la  plante;  l'historique  des  recherches  sur  la  fleur  et  le  fruit. 
Enfin,  le  fascicule  se  termine  par  l'exposé  des  caractères  de  la  première 
série  de  familles  d'Angiospermes,  y  compris  le  développement,  la  structure 
anatomique  et  les  applications.  » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

M.  R.  Legouez  adresse  un  Mémoire  «  Sur  une  extension  de  la  théorie 
analytique  de  la  chaleur  de  Fourier  au  cas  de  la  congélation  ». 

(Commissaires  :  MM.  Maurice  Levy,  Boussinesq,  Sarrau.) 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Ministre  de  î/Ixstructio.v  publique  invite  l'Académie  à  lui  pré- 
senter une  liste  de  deux  candidats  pour  une  place  de  Membre  titulaire  du 
Bureau  des  Longitudes,  devenue  vacante  par  suite  du  décès  de  M.  Cornu. 

(Renvoi  à  une  Commission  composée  des  Sections  d'Astronomie, 
de  Géographie  et  Navigation,  et  de  Géométrie.) 

M.  Andoyer,  m.  p.  Puïseux  prient  l'Académie  de  vouloir  bien  les  com- 
prendre parmi  les  candidats  à  la  place  devenue  vacante,  dans  la  Section 
d'Astronomie,  par  le  décès  de  M.  Faye. 

(Renvoi  à  la  Section  d'Astronomie.) 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Sur  les  récentes  lueurs  crépusculaires  observées  à  Bordeaux . 

Note  de  M.  E.  Esclaxgon. 

(  Les  récentes  lueurs  crépusculaires  ont  de  nouveau  attiré  l'attention 
sur  ce  phénomène  dont  les  causes  restent  obscures  et  sur  lequel  des  opi- 


SÉANCE    DU    17    NOVEMBRE    T902.  847 

nions  diverses  ont  été  émises.  Ces  lueurs  ont  été  observées  régulièrement 
à  Borrleaux  dès  leur  apparition.  Cette  apparition  n'a  pas  été  soudaine; 
elle  est  passée  inaperçue  jusqu'au  moment  où  l'intensité  du  phénomène 
est  devenue  vraiment  considérable. 

»  Dès  le  23  octobre,  et  les  jours  suivants,  j'avais  remarqué  que  le  ciel  était  forte- 
ment coloré  après  le  coucher  du  Soleil;  mais,  comme  l'horizon  se  montrait  brumeux, 
je  n'avais  attaché  au  phénomène  aucune  importance  particulière.  Le  ciel  est  resté 
couvert  le  26  et  le  27;  mais,  le  28,  le  ciel  étant  redevenu  beau,  les  lueurs  ont  apparu 
avec  une  intensité  extraordinaire  qui,  ce  jour-là,  a  attiré  l'attention  générale.  Le  29 
et  le  3o,  l'intensité  n'avait  que  peu  varié.  Les  lueurs  apparaissaient  un  peu  avant  le 
coucher  du  Soleil.  Le  ciel  tout  entier  se  montrait  illuminé,  teinté  de  rose  ou  rouge 
clair.  Après  le  coucher  du  Soleil,  la  coloration  s'accentuait;  près  de  l'horizon,  la  teinte 
d'abord  un  peu  jaunâtre  virait  au  rouge  et,  en  se  dégradant,  s'étendait  jusqu'au  zénith. 
A  mesure  que  le  jour  baissait,  la  limite  des  régions  illuminées  s'accentuait  et  marchait 
vers  l'ouest,  pour  disparaître  finalement  sous  l'horizon  avec  une  netteté  parfaite.  Le  3i, 
le  ciel  était  couvert,  mais  le  i*""  et  le  2  novembre  l'illumination  était  encore  considé- 
rable, quoique  plus  faible.  Le  3  novembre,  il  n'y  avait  plus  trace  d'illumination,  et 
pourtant  ce  jour-là  le  ciel  était  d'une  remarquable  pureté.  La  disparition  du  phéno- 
mène a  donc  été  brusque,  et  cette  circonstance  est  particulièrement  importante,  eu 
égard  à  l'opinion  qu'on  peut  se  faire  sur  la  cause  de  ces  lueurs  anormales.  Mais  il  y  a 
plus  :  les  lueurs  crépusculaires  du  soir  ont  cessé  de  se  montrer  après  le  2  novembre, 
tandis  qu'elles  continuaient  à  paraître  le  matin.  Dans  les  matinées  du  5,  du  8  et  du 
ri  novembre,  le  ciel  s'est  montré  très  vivement  et  très  richement  coloré;  la  teinte 
seulement  était  un  peu  plus  jaune.  A  partir  du  3o  octobre,  j'ai  fait  quelques  observa- 
tions sur  la  polarisation  atmosphérique.  Le  3o,  au  Soleil  couchant,  dans  l'azimut  du 
Soleil  et  à  90°  de  cet  astre,  j'ai  trouvé  o,3i3  comme  proportion  de  lumière  polarisée. 
Le  3  novembre,  cette  proportion  était  un  peu  plus  grande  :  o,46.  Ces  chiffres  n'ont 
rien  en  somme  d'anormal.  Il  eût  été  intéressant  d'étudier  les  déplacements  des  points 
neutres,  mais  l'appareil  dont  je  disposais  ne  permettait  pas  de  faire  commodément 
ces  observations. 

»  Les  circonstances  les  plus  intéressantes  du  phénomène  paraissent  être 
ici  :  1°  la  cessation  brusque  des  lueurs  du  soir;  2"  leur  continuation  par 
les  lueurs  du  matin. 

»  Elles  paraissent  difficilement  conciliables  avec  l'hypothèse  des  pous- 
sières cosmiques  d'origine  quelconque;  le  phénomène  devrait,  dans  ce 
cas,  se  montrer  indifféremment  le  soir  et  le  matin.  Il  semblerait  préfé- 
rable d'adopter  l'opinion  d'après  laquelle  ces  lueurs  seraient  dues  à  la 
suspension,  dans  les  régions  élevées  de  l'atmosphère,  d'une  poussière  de 
glace.  La  disparition  subite  du  phénomène  s'expliquerait  alors  par  un 
réchauffement  subit  qui  aurait  anéanti  ou  transformé  ces  nuages  de  glace, 
la  température  devenant  le  matin  assez   basse  pour  reproduire  le  phéno- 


848  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

mène.  Quoiqu'il  puisse  n'y  avoir  qu'un  rapport  éloigné  entre  les  tempé- 
ratures des  régions  élevées  et  les  températures  observées  au  niveau  du  sol, 
voici  un  Tableau  qui  semble  assez  significatif  : 


Température 

Dates. 

moyenne. 

29 

octobre 

8,4 

3o 

»         

5,1 

3i 

»         

6,4 

i^''  novembre.  . 

6,3 

2 

»         . . 

6,3 

3 

» 

11,3 

4 

»          . . 

16,6 

5 

»          . . 

17,1 

6 

» 

i5, 1 

7 

»          . . 

10,2 

8 

»          . . 

12,2 

Intensité  maximum  des  lueurs. 


Dernier  jour  de  visibilité. 


»  On  voit  avec  quelle  netteté  le  saut  brusque  des  températures  coïn- 
cide avec  la  disparition  des  lueurs  du  soir.  Quant  à  la  coïncidence  des 
époques  d'observations  de  lueurs  crépusculaires  et  des  chutes  d'étoiles 
filantes,  elle  pourrait  aussi  s'interpréter  en  disant  que  les  lueurs  crépus- 
culaires constituent  un  phénomène  météorologique  qui,  comme  les  brouil- 
lards, par  exemple,  se  manifeste  de  préférence  vers  la  mi-automne.   * 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.    —  Sur  la  représentation  approchée  des  fonctions. 
Note  de  M.  W.  Stekloff,  présentée  par  M.  E.  Picard. 

«  Soit  J;  une  foncLiori  de  ao,  continue,  admettant  la  dérivée  du  premier 
ordre  dans  l'intervalle  donné  {a,b)  et  s'annulant  pour  x  z:^  a,  y  --  h; 
soit  (p  une  autre  fonction  satisfaisant  à  la  seule  condition 


f  oV/^<Q-, 


Q  étant  un  nombre  absignable. 

»   Désignons  par  V,^  («  —  i ,  2,  3,  .  . .     les  fonctions  vérifiant  les  condi 
tioiis  suivantes  : 

K  +  4/A^V  ^'«  =  o.  V«(a)  =  o,  y„(^)  =:  o 

(voir  ma  Note  précédente).  Quelles  que  soient  les  fonctions  6  et  's^,  satisfaisant 


SÉANCE   DU    17   NOVEMBRE    IQO'i.  849 

aux  conditions  tout  à  V heure  énoncées,  on  a  toujours 

(i)      \    />d;cp6/a7=2A/cB/c4-v„,        Aa.=  /    pr^Y^dx,        ^k^  \    p'hY,,dx, 

OÙ  [ voir  mon  Mémoire  :  Problème  de  refroidissement,  etc.  (^Annales  de  Tou- 
louse, 1901,  p.  3o5  et  3o6)] 


/     \  Il   ^^        V 

" \/>^«+i 

»  Il  importe  de  remarquer  que  la  démonstration  de  l'égalité  (])  ne  dépend 
nullement  du  théorème  de  Weierstrass-Picard  sur  le  développement  des  fonc- 
tions en  séries  des  polynômes. 

»   Posons  maintenant 

en    désignant    par  /  une   fonction   quelconque,   continue   dans    l'inter- 
valle (a,  6). 

»   Il  est  évident  que  (p,j  satisfait  à  l'inégalité 

9I  ^^  <  77  /    P^l  ^^  <  ~  /    ^"'  dx  =  Q-, 

Po  J,,  Po  J„ 

Pf  et/?o  désignant  le  maximum  et  le  minimum  de  p(x)  dans  rintervalle 
donné,  Q  étant  un  nombre  ne  dépendant  j)as  de  l'indice  /i. 

»  Désignons  par  a  et  [i  (fi^a)  deux  nombres  quelconques,  compris 
entre  les  limites  a  et  b,  et  considérons  l'intervalle  (a,  p)  qu'on  peut  repré- 
senter géométriquement  par  un  segment  a{3  de  l'axe  des  x.  Désignons 
par  AB  le  segment  correspondant  à  l'intervalle  donné  (a,  b).  On  peut 
toujours  construire  une  fonction  <\i^  continue  avec  sa  dérivée  du  premier 
ordre  en  tous  les  points  du  segment  AB,  égale  à  zéro  pour 


<  ->-  <  ^  (^  _ 


aix^iT.,  'i2x 


et  restant  positive  en  tous  les  points  du  segment  a|i. 

»   Cela    posé,   appliquons    la    formule  (i)   aux   fonctions  ^]/   et   -p,,.   On 
aura 


/      P'^^n  àx  r^    /     /JtLo,^  dx  =  A„, 


85o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

d'où,  en  tenant  compte  du  théorème  de  la  moyenne,  on  tire 

.3 


'J  n 


ï,  désignant  un  point,  situé  à  l'intérieur  du  segment  a(3.  Désignons  par  m 
le  minimum,  par  N^  le  maximum  de  toutes  les  valeurs  des  intégrales 


correspondant  aux  diverses  positions  possibles  du  même  segment  a[i  à  l'in- 
térieur du  segment  AB.  On  aura,  en  tenant  compte  de  (2), 

KN 


Cette  inégalité  a  lieu,  quel  que  soit  le  nombre  de  n;  en  le  choisissant  con- 
venablement, on  trouve 

(3)  I?.(Ç)|<=. 

£  étant  un  nombre  positif,  donné  à  l'avance.  Il  existe  donc  un  point  ç, 
intérieur  au  segment  oc^,  quelle  que  soit  sa  position  à  l'intérieur  du  segment 
donné  AB,  tel  que  le  module  de  <p„(^)  en  ce  point  sera  plus  petit  qu'un 
nombre  s,  donné  à  l'avance.  Considérons  une  position  quelconque  du 
segment  a^;  supposons  qu'il  subisse  un  déplacement  continu  suivant  l'axe 
des  X.  Le  point  l,  correspondant  à  chaque  position  du  segment  a(3,  le 
subira  également,  car  (p^^  est  une  fonction  continue.  Lorsque  le  segmenta^ 
prendra  la  position  ^^t,  le  point  ^  se  déplacera  de  ^  à  un  point  ç,  situé  à 
l'intérieur  de  ^,8,,  et  passera  par  tous  les  points  du  segment  ^E,.  Il  s'ensuit 
que  le  module  de  (i^n(^)  doit  rester  inférieur  au  nombre  s  pour  tous  les 
points  de  l'intervalle  l^^,  puisque  l'inégalité  a  lieu  pour  toutes  les  positions 
du  segment  a[3  sur  l'axe  des  x. 

»  En  continuant  les  mêmes  raisonnements  et  en  remarquant  qu'ils 
restent  vrais  quelle  que  soit  la  grandeur  du  segment  yJi,  nous  nous  assu- 
rerons aisément  que  l'inégalité  (3)  a  lieu  pour  tous  les. points  de  l'inter- 
valle donné  AB.  On  obtient  ainsi  le  théorème  suivant  : 

»   Théorème.  —  On  peut  trouver  une  suite  finie 


SÉANCE    DU    17    NOVEMBRE    1902.  85 1 

telle  que  la  fonction  donnée/,  continue  dans  un  intervalle  quelconque  {a,  h), 
puisse  être  représentée  dans  cet  intervalle  par  <p„  avec  V approximation  donnée  à 
l'avance. 

»   Posant,  en  particulier, 

^(^)  =  i,  q  =  o,         A  =  H=so, 

nous  obtiendrons 

-a) 


V;,=  i/T sin — l '■ 

"■       \   b  ~  a  b  —  a 


»   On  peut  donc,  en  choisissant  convenablement  le  nombre  n,  trouver  une 
suite  finie  de  Fourier 


b 


->  sin — \ /    /sin — \ -dx 

a  ^^  b  —  a      J     ''  b  —  a 


telle  que  la  fonction  continue  f  puisse  être  représentée  dans  l'intervalle  (a,  b) 
par  (p„  avec  l'approximation  donnée  à  l'avance.  C'est  le  théorème  analogue 
à  celui  de  Weierstrass-Picard.  De  ce  théorème  résulte  immédiatement  le 
théorème  connu  sur  la  représentation  approchée  et  sur  le  développement 
des  fonctions  continues  en  séries  de  polynômes. 

»   Il  importe  de  remarquer  que  la  série  ^A/.V;^.  et,  en  particulier,  la 

série  de  Fourier  seront,  en  générai,  divergentes,  mais,  comme  l'on  voit, 
nous  pouvons  les  utiliser  toujours  sans  scrupule,  comme  les  séries  conver- 
gentes, pour  le  calcul  approximatif  des  fonctions  continues.  Les  résultats 
ainsi  obtenus  seront  toujours  exacts  au  point  de  vue  de  la  pratique.    » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.   —  Sur  la  Structure  des  groupes  infinis. 
Note  de  M.  E.  Cartan,  présentée  par  M.  E.  Picard. 

«  La  théorie  de  l'équivalence  des  systèmes  de  Pfafî,  qui  a  fait  l'objet 
d'une  Note  présentée  récemment  à  l'Académie,  m'a  conduit  à  une  théorie 
delà  structure  des  groupes  qui  s'applique  aussi  bien  aux  groupes  infinis 
(définis  par  des  équations  aux  dérivées  partielles)  qu'aux  groupes  finis. 

)  Avant  de  définir  ce  que  j'apj)ellerai  groupes  de  même  structure  ou 
groupes  isomorphes,  je  conviendrai  de  dire,  étant  données  m -\-  n  variables, 

a?i ,    a?2>    •  •  •»    ^m'->   y K^   y-i^    •••>   yn'> 


852  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

que  de  deux  groupes  G  et  G',  l'un  transformant  les  x,  l'autre  les  x  et  les  y, 
le  second  G'  est  le  prolongernent  du  premier  G,  si  G'  transforme  entre  elles 
les  variables  x  et  cela  de  la  même  manière  que  le  groupe  G.  Le  prolon- 
gement sera  dit  holoèdrique  si  la  transformation  identique  est  la  seule 
transformation  de  G'  qui  laisse  invariantes  toutes  les  variables  x. 

»  Cela  étant,  deux  groupes  G  et  G,  seront  dits  isomorphes  s'il  existe, 
dans  un  même  nombre  de  A^ariables,  deux  groupes  G'  et  G',  semblables, 
qui  résultent  respectivement  du  prolongement  holoèdrique  de  G  et  de  G^. 
Le  fi^roupe  G  sera  dit  isom,orphe  m.ériédrique  du  groupe  G,  si  G',  seul  est  le 
prolongement  holoèdrique  de  G^  et  si,  de  plus,  G  et  G,  ne  sont  pas  iso- 
morphes lioloèdriques. 

»  Cette  définition  de  l'isomorphisme  concorde  avec  la  définition  ordi- 
naire dans  le  cas  des  groupes  finis  ;  en  particulier,  tout  groupe  fini  intransitif 
est  isomorphe  d'un  groupe  fini  transitif. 

»  Or,  d'après  la  théorie  dont  il  est  question  au  début  de  cette  Note,  on 
peut  toujours  prolonger  holoédriquement  un  groupe  fini,  de  manière  qu'il 
laisse  invariantes  r expressions  de  Pfaff,  co,,  w^,  . . .,  w^,  formant  un  système 
complet  fermé  ('  ),  et  alors  les  covarianls  de  ces  r  expressions  sont  de  la 
forme 

([)  to\  =     2    (^iks^'^i^'^k  (^  =  1 ,  2,  .  .  .,  r), 

i,  k 

où  les  Ci^j  sont  des  constantes  assujetties  à  certaines  relations.  On  retrouve 
la  représentation  ordinaire  de  la  structure  des  groupes  finis. 

»  Si  le  groupe  est  infini  et,  pour  fixer  les  idées,  transitif,  il  se  passe 
quelque  chose  d'analogue.  On  peut  toujours  le  prolonger  holoédriquement 
de  manière  à  le  définir  comme  le  plus  grand  groupe  laissant  invariantes 
r  expressions  de  Pfaff,  co, ,  to^,  . .. ,  to^.,  formant  encore  un  système  complet,  mais 
qui  n'est  plus  fermé;  ces  r  expressions  s'obtiennent  très  facilement  si  l'on 
connaît  les  équations  de  définition  du  groupe.  Les  covariants  de  ces 
r  expressions  sont  alors  de  la  forme 

(2)  o)^=yc,vv,co,o)^+      y     a),/,oi/C7x  (5  =  I,  2,  ...,  r), 


(')  Cela  signifie  que  le  système 

est  complètement  intégrable  et  que  les  covariants  bilinéaires  des  w  sont  des  expres- 
sions bilinéaires  en  Wj,  .  . ,,  w,.  seulement. 


SÉANCE    DU    17    NOVEMBRE    1902.  853 

les  CTx  désignant  p  nouvelles  expressions  de  PfaiT.  Les  ci^^  et  les  ax,,  sont 
encore  des  constantes.  Si  le  groupe  est  intransitif,  il  en  est  de  même,  sauf 
que  les  coefficients  c  et  a  peuvent  être  des  fonctions  des  invariants  du 
groupe. 

»  Ces  quantités  c  et  a  ne  sont  d'ailleurs  pas  arbitraires.  Je  n'énonce  pas 
les  conditions  nécessaires'auxquelles  elles  doivent  satisfaire  ;  je  me  contente 
de  signaler  ce  fait  important  que  les  p  transformations  infinitésimales 

1,2, ...,/- 

2  ^•>"'''"£;     (x=i,  2,  ...,p) 

forment  un  groupe  linéaire  G  que  nous  disons  associé  au  groupe  infini 
considéré. 

»  D'ailleurs  le  système  (w,,  ...,  oj^)  n'est  pas  unique;  mais  il  est  très  vrai- 
semblable, et  cela  est  certain  pour  les  groupes  transitifs  simples  dont  il 
sera  question  plus  loin,  qu'il  existe  une  valeur  minima  de  /'et  un  système 
unique  déterminé  d'où  tous  les  autres  peuvent  se  déduire  par  des  procédés 
simples.  Ce  nombre  minimum  r  définit  Vordre  du  groupe. 

»  Pour  les  groupes  infinis  il  y  a  une  différence  essentielle,  au  point  de 
vue  de  la  structure,  entre  les  groupes  transitifs  et  les  groupes  intransitifs. 
Certains  groupes  intransitifs  ne  sont  isomorphes  à  aucun  groupe  transitif  : 
par  exemple  le  groupe 

x'=x,         y  =  y-\-f{x). 
»   D'une  manière  plus  précise,  considérons  le  système 

y^^\is^i=^         (1  =  I,  ...,  p;  ^  =  I,  2,  ...,  r)  : 

i 

Ce  système  est  complètement  intégrable;  ceux  des  invariants  du  groupe  qui 
sont  des  intégrales  de  ce  système  ne  peuvent  pas  être  éliminés;  les  autres 
peuvent  l'être  sans  changer  la  structure. 

»  Il  se  produit  alors  ce  fait  remarquable  que,  tandis  que  la  structure  des 
groupes  transitifs  ne  dépend  que  de  constantes,  celle  des  groupes  intransitifs 
peut  dépendre,  en  outre,  de  fonctions  ;  je  citerai  les  deux  groupes  suivants  : 

(3)  x'^x,      y=f{y),  -''  =  4/(j)r+?('^'r); 

(4)  x'  =  x,      y=yA^)  +  ^{oc\       z'  =  zy{x)Y+h{x). 

n   Les  applications  que  l'on  peut  faire   des   groupes  à  la  recherche  des 

c.  R.,  1902,  2*  Semestre.  (T.  CXXXV,  N«  20.)  ^  ^^ 


854  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

caractéristiques  des  systèmes  différentiels  (lorsqu'elles  ne  dépendent  que 
de  constantes  arbitraires)  montrent  une  fois  de  plus  l'importance  des 
groupes  simples,  définis  comme  des  groupes  n  admettant  aucun  groupe  qui 
leur  soit  isomorphe  mériédrique,  ce  qui  n'exclut  pas  d'ailleurs  l'existence 
possible  de  sous-groupes  invariants.  On  est  ramené  à  des  problèmes  dont 
chacun  est  caractérisé  par  un  groupe  transitif  simple,  et  ces  différents 
groupes  simples  sont  aussi  facilement  déterminables  d'après  les  for- 
mules (2)  que  dans  le  cas  des  groupes  finis. 

»   Comme  résultats  intéressants  je  signalerai  les  suivants  : 
»  Le  seul  groupe  transitif  simple  dont  les  équations  dépendent  d'une  fonc- 
tion arbitraire  d' un  ar gument  est  isomorphe  au  groupe  général  à  une  variable. 
Il  n'y  a  pas  de  groupes  transitifs  simples  dont  les  équations  dépendent  de  deux 
fonctions  arbitraires  d'un  argument. 

»  Tous  les  groupes  infinis  d'ordre  i,  2,  3  se  déterminent  sans  aucune 
dilîiculté;  ils  ne  fournissent  aucun  groupe  transitif  simple  qui  ne  soit  bien 
connu.  » 


ÉLECTROCHIMIE.  —  Sur  les  électrodes  bipolaires.  Note  de 
MM.  André  Brochet  et  C-L.  Barillet,  présentée  par  M.  Moissan. 

«  Nous  avons  été  amenés  à  étudier  comment  se  comporte  une  électrode 
bipolaire  lorsqu'elle  ne  forme  pas  cloison  étanclie  et,  d'une  façon  géné- 
rale, quelle  est  l'influence  d'une  masse  métallique  placée  dans  un  élec- 
trolyseur  et  ne  communiquant  pas  avec  les  électrodes. 

M  Dans  une  première  série  de  recherches  nous  avons  pris  comme  élec- 
trolyte  le  sulfate  de  cuivre,  en  raison  de  la  facilité  de  sa  décomposition  et 
de  l'exactitude  avec  laquelle  on  peut  se  rendre  compte  qualitativement  et 
quantitativement  de  la  marche  de  l'électrolyse. 

»  L'augmentation  de  poids  de  la  cathode  permet  de  déterminer  la 
quantité  d'électricité  quia  traversé  l'électrolyseur.  Les  résultats  que  nous 
publions  aujourd'hui  ont  été  obtenus  au  moyen  d'une  électrode  bipolaire 
en  platine,  l'interélectrode,  le  côté  de  cette  lame  en  regard  de  l'anode 
étant  l'intercathode,  le  côté  face  à  la  cathode,  l 'interanode. 

»  L'augmentation  de  poids  de  la  lame  de  platine  correspondant  au 
cuivre  déposé  sur  l'intercathode  permet  d'évaluer  la  quantité  d'électricité 
ayant  traversé  cette  lame. 

»   Pour  une  surface  déterminée  de  l'interélectrode  en  rapport  avec  les 


SÉANCE    DU    17    NOVEMBRE    1902.  855 

consLaiiLes  de  i'électrolyseur,  on  remarque  qu'il  ne  se  forme,  au-dessous 
d'une  certaine  densité  de  courant,  aucun  dépôt  sur  la  lame  de  platine, 
celle-ci  se  comportant  comme  une  lame  non  conductrice  et  n'ayant  d'autre 
résultat  que  d'augmenter  la  résistance  ohmique  du  bain  et  la  tension  aux 
bornes  de  I'électrolyseur.  Mais  à  partir  d'une  densité  de  courant  déter- 
minée, correspondant  dans  tous  les  cas  à  une  différence  de  potentiel  aux 
bornes  supérieure  à  la  tension  de  décomposition  du  sulfate  de  cuivre,  une 
certaine  quantité  d'électricité  traverse  la  lame  de  platine,  ce  qui  est 
démontré  par  le  dépôt  de  cuivre  sur  l'interanode  et  un  dégagement  gazeux 
sur  l'inlercathode. 

»  Le  dépôt  de  cuivre  affecte  des  contours  variables  suivant  la  déforma- 
tion du  flux  de  courant  produite  par  l'électrode  bipolaire;  dans  les  condi- 
tions des  expériences  présentes  nous  avons  toujours  eu  un  cercle  au  centre 
de  l'intercathode. 

»  Si  nous  augmentons  le  rapport  entre  la  surface  de  la  lame  et  la  sec- 
tion de  I'électrolyseur,  on  remarque  que  pour  une  même  densité  de  cou- 
rant le  dépôt  sur  l'intercathode  et  la  différence  de  potentiel  aux  bornes 
sont  plus  considérables. 

))  Il  ne  suffit  pas  que  la  différence  de  potentiel  aux  bornes  soit  supé- 
rieure à  la  tension  de  décomposition  pour  que  le  courant  traverse  la  bipo- 
laire, il  faut  encore  que  le  rapport  des  surfaces  soit  assez  élevé;  d'ailleurs, 
sauf  le  cas  où  ces  surfaces  sont  presque  de  mêmes  dimensions,  le  rapport 
entre  la  quantité  d'électricité  traversant  la  bipolaire  et  la  quantité  fournie 
à  I'électrolyseur  est  toujours  très  faible,  ce  qui  se  conçoit  aisément,  les 
lignes  de  courant  passant  de  préférence  par  le  conducteur  liquide,  en 
raison  de  la  résistance  apparente  présentée  par  l'interélectrode,  du  fait  de 
la  tension  de  décomposition  et  autres  phénomènes  dus  à  la  polarisation. 

»  Dans  le  Tableau  ci-dessous  nous  avons  réuni  quelques  résultats  obtenus 
pour  un  écart  de  4*^™,  8^™  et  12*^™  entre  des  électrodes  de  lo'^'^jS  de  côté. 

»  Les  valeurs  j)lacées  dans  les  colonnes  U  indiquent  les  tensions  aux 
bornes  en  volts;  les  valeurs  des  colonnes  D  indiquent,  en  millimètres,  le 
diamètre  du  cercle  de  cuivre.  Il  y  a  lieu  de  remarquer  que  les  dépôts 
obtenus  avec  moins  de  1  volts  sont  insignifiants  comme  épaisseur. 


12'= 


I. 

u. 

D. 

U. 

D. 

U. 

D. 

amp 

YOUS 

3,/i 

mm 

5o 

TOltS 
2,82 

mm 

5o 

volts 
1,80 

mm 

3o 

3,5 

» 

» 

» 

» 

1,66 

25 

856  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


I. 

u. 

D. 

U. 

D. 

U. 

D. 

amp 
3,0 

volts 
2>7 

niD) 
25 

ïolls 
2,  iG 

mm 
18 

volls 

1,34 

mm 

i5 

2,5 

» 

» 

1.79 

l4 

» 

» 

2,0 

1,83 

17 

1,45 

insi 

gnifiant 

» 

» 

1,5 

1,38 

insigni 

Ifi; 

ant 

» 

» 

» 

» 

»  Quant  à  la  tjuanlité  d'électricité  qui  a  traversé  l'interélectrode,  elle 
est  toujours  très  faible.  C'est  ainsi  qu'avec  une  distance  de  12^""  entre  les 
électrodes  et  pour  une  intensité  de  [\  ampères,  c'est-à-dire  dans  les  meil- 
leures conditions  du  Tableau  précédent,  le  dépôt  pendant  i  heure  n'est 
que  de  0^,11  sur  l'interélectrode,  alors  qu'il  est  de  4^»46sur  la  cathode.  Il 
n'est  donc  passé  au  travers  de  la  bipolaire  que  2,5  pour  100  du  courant 
fourni  à  l'appareil.  Avec  un  électrode  n'ayant  que  7^™,  5,  le  dépôt  n'est 
que  0^,02,  ce  qui  correspond  à  moins  de  o,5o  pour  100  du  courant  total. 

»  Passons  brièvement  en  revue  quelques  points  intéressants  que  nous 
étudierons  plus  complètement  dans  une  autre  publication,  en  v  joie^nant  le 
détail  de  nos  exj)ériences. 

»  i"  Si  au  lieu  d'une  électrode  bipolaire  nous  en  mettons  deux,  à  den- 
sité de  courant  égale  la  tension  est  plus  élevée  et  le  dépôt  plus  faible.  De 
plus,  ce  dépôt  est  plus  important  sur  l'interélectrode  voisine  de  l'anode. 

»  2"  Si  Ton  déplace  un  électrode  bipolaire  soit  vers  l'anode,  soit  vers  la 
cathode,  on  constate  que  la  tension  aux  bornes  diminue. 

))  3**  Si  l'on  déplace  une  électrode  bipolaire  en  maintenant  l'intensité 
constante,  on  remarque  que  la  surface  du  dépôt  augmente  et  que  son 
épaisseur  diminue  si  on  la  rapproche  de  l'anode;  au  contraire,  la  surface 
du  dépôt  diminue,  mais  son  épaisseur  augmente  si  on  la  rapproche  de  la 
cathode. 

»  [f  Si  l'on  prend  comme  interélectrode  une  lame  de  platine  dont  le 
côté  anode  a  été  recouvert  préalablement  d'une  couche  de  cuivre,  l'inter- 
anode  agissant  comme  électrode  soluble,  il  se  forme  sur  l'intercathode  un 
dépôt  sensiblement  uniforme,  puis,  lorsque  le  métal  anodique  est  complè- 
tement disparu  la  tension  aux  bornes  s'élève  presque  instantanément  et  le 
cuivre  déposé  sur  les  bords  de  l'intercathode  se  dissout  peu  à  peu  ;  finale- 
ment il  reste  sur  l'intercathode  un  cercle  plus  grand  que  celui  obtenu 
par  dépôt  direct.  Entre  le  cercle  ainsi  rongé  et  le  cercle  formé  par  le  dépôt 
pendant  la  marche  régulière  se  trouve  un  anneau  correspondant  à  une 
zone  neutre.  Ce  fait  s'explique  également  d'après  ce  que  nous  avons  dit 


SÉANCE    DU    17    NOVEMBRE    1902.  SSy 

précédemment  :  une  ligne  de  courant,  pénétrant  par  la  partie  centrale  de 
la  lame  de  platine  par  le  côté  intercathode,  sortira  plutôt  par  les  bords  de 
cette  face,  lorsqu'il  s'v  trouve  encore  du  cuivre,  que  par  le  côté  interanode 
insoluble. 

»  5°  Si  l'on  répète  l'essai  précédent  dans  des  conditions  telles  que  la 
tension  aux  bornes  soit  inférieure  à  la  tension  de  décomposition  du  sulfate 
de  cuivre,  le  même  fait  se  produit,  et  le  cuivre  s'accumule  au  centre  de 
l'intercatliode,  puis  l'action  s'arrête,  le  poids  de  la  lame  restant  invariable 
pendant  la  durée  de  l'expérience. 

»  Dans  une. prochaine  Noie  nous  étudierons  ce  qui  se  passe  dans  le  cas 
d'une  interanode  solubie.    » 


RADIOACTIVITÉ.  —  Sur  la  constante  de  temps  caractéristique  de  la  disparition 
de  la  radioactivité  induite  par  le  radium  dans  une  enceinte  fermée.  Note  de 
M.  P.  Curie,  présentée  par  M.  A.  Potier. 

«  Dans  des  recherches  antérieures  nous  avons,  M.  Debierne  et  moi, 
étudié  les  conditions  dans  lesquelles  se  produisent  les  phénomènes  de  la 
radioactivité  induite  (').  Dans  cette  Note  j'examinerai  la  manière  dont 
disparait  la  radioactivité  induite  quand  on  a  supprimé  l'action  du  radium. 

»  Une  enceinte  fermée  renferme  un  sel  solide  ou  une  dissolution  de  sel 
de  radium.  Tous  les  corps  ])lacés  dans  l'enceinte  deviennent  radioactifs. 
Si  l'on  retire  de  l'enceinte  un  corps  solide  qui  y  a  été  activé,  il  perd  à  l'air 
libre  son  activité  suivant  une  loi  d'allure  exponentielle,  l'activité  radiante 
diminuant  de  moitié  pour  des  temps  de  l'ordre  de  grandeur  d'une  demi- 
heure. 

»  Une  enceinte  en  verre  s'active  intérieurement  lorsqu'elle  est  mise  en 
communication  par  un  tube  avec  un  flacon  renfermant  un  sel  de  radium. 
On  peut  séparer  l'enceinte  activée  du  radium  en  fermant  à  la  lampe  le  tube 
de  communication;  l'activité  des  parois  de  l'enceinte  fermée  ainsi  séparée 
diminue  aussi  avec  le  temps,  mais  suivant  une  loi  exponentielle  bien  moins 
rapide  que  dans  le  cas  de  la  désactivation  à  l'air  libre.  L'activité  décroît 
alors  de  moitié  en  4  jours. 

»  Dans  celte  deuxième  expérience,  de  l'air  radioactif  a  été  enfermé  dans 
l'enceinte  ;  c'est  lui  qui  entretient  l'activité  des  parois.  On  peut  se  rendre 

(')   Comptes  rendus,  t.  CXXXIl,  1901,  p.  548  et  768;  t.  CXXXUI,  p.  276  etgSi. 


858  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

compte  qu'il  en  est  bien  ainsi  :  si  l'on  ouvre  l'enceinte  activée  et  que  l'on 
chasse  l'air  qu'elle  renferme,  les  parois  de  l'enceinte  se  désactivent  à  partir 
de  ce  moment  suivant  le  mode  rapide  de  désactiva tion,  l'activité  baissant 
de  moitié  en  un  temps  de  l'ordre  de  grandeur  d'une  demi-heure.  On 
obtient  encore  h\  même  loi  de  désactivation  avec  l'enceinte  fermée  si  l'on 
a  retiré  l'air  actif  en  fais:int  le  vide.  Le  résultat  est  encore  le  même  si,  après 
avoir  fait  le  vide,  on  laisse  rentrer  l'air  non  actif  dans  l'enceinte  maintenue 
ensuite  fermée.  Donc,  de  toute  façon,  lorsqu'on  a  enlevé  de  l'intérieur  du 
tube  l'air  modifié  par  le  radium,  on  obtient  le  mode  rapide  de  désactivation 
des  j)arois. 

»  Je  ne  m'occuperai  dans  cette  Note  que  de  la  loi  de  désactivation  dans 
le  cas  d'une  enceinte  close,  renfermant  des  gaz  activés.  J'emploie  le  plus 
souvent,  comme  enceinte  close,  un  tube  de  verre  scellé  à  la  lampe.  Ce  tube 
de  verre  est  placé  dans  le  cylindre  intérieur  d'un  condensateur  cylindrique 
en  aluminium.  Les  rayons  émis  par  le  tube  traversent  l'aluminium  et 
rendent  conducteur  l'air  entre  les  armatures  du  condensateur.  On  mesure 
le  courant  limite  que  l'on  obtient  entre  les  deux  armatures,  lorsqu'on 
maintient  entre  elles  une  différence  de  potentiel  suffisante  (l\5o  volts).  Le 
rayonnement,  ainsi  mesuré,  est  dû  exclusivement  à  la  radioactivité  des 
parois,  car,  lorsqu'on  retire  rapidement  l'air  actif  du  lube,  le  rayonnement 
mesuré  immédiatement  après  est  le  même  qu'avant. 

•»  Ln  loi  de  désactivation  d'une  enceinte  fermée  est  remarquablement 
simple.  L'intensité  du  rayonnement  I  est  exprimée  en  fonction  dn  temps  / 
par  une  loi  exponentielle 

If,  étant  l'intensité  initiale,  e  la  base  des  logarithmes  népériens  et  0  une 
certaine  constante  qui  représente  un  temps. 

»  En  portant  le  logarithme  de  T  en  ordonnées  et  t  en  abscisses,  les  points 
représentatifs  des  expériences  viennent  se  placer  sur  une  droite,  les  écarts 
n'ayant  pas  de  caractère  systématique  et  ne  dépassant  pas  l'erreur  possible 
des  expériences  (i  pour  loo  sur  la  valeur  de  I). 

»  Certaines  séries  de  mesures  ont  été  poursuivies  pendant  20  jours; 
l'intensité  du  rayonnement  était  devenue,  au  bout  de  ce  temps,  vingt-sept 
fois  plus  faible  qu'au  début,  et  la  loi  de  désactivation  s'appliquait  toujours. 

»  J'ai  fait  des  expériences  dans  des  conditions  extrêmement  variées,  et 
cependant  elles  ont  toutes  donné  la  même  valeur  pour  la  constante  de 
tem])s  ô.  La  valeur  moyenne,  qui  résulte  des  déterminations  concordantes 


SÉANCE    DU    17    NOVEMBRE    1902.  869 

obtenues    dans    24    séries  d'expériences,  est  :    0  =  4»97t)  X  lo^ secondes 
(5,  702  jours). 

»  D'après  cette  valeur  de  0,  l'intensité  du  rayonnement  baisse  de  moitié 
en  3  jours  23  heures  l\2  minutes,  soit  sensiblement  en  4  jours. 

»  La  constante  ô  reste  la  même  :  i**  en  employant,  pour  activer  les  tubes, 
des  solutions  de  sels  de  radium  d'activité  très  différente;  2*^  en  employant, 
pour  activer,  le  chlorure  de  radium  solide;  3**  en  faisant  varier  les  dimen- 
sions des  enceintes  activées  (de  3""°'  à  2000''°''),  ainsi  que  la  forme  de  ces 
enceintes;  4"  en  faisant  varier  l'épaisseur  du  verre;  5°  en  employant  des 
enceintes  à  parois  de  cuivre  ou  d'aluminium  au  lieu  d'enceintes  en  verre; 
6°  en  activant  par  l'intermédiaire  de  tubes  larges  et  courts  ou  longs  et 
capillaires;  7°  en  faisant  varier  le  temps  de  l'activation  par  le  radium  entre 
i5  minutes  et  i  mois;  8°  en  activant  sous  des  pressions  d'air  plus  faibles 
que  la  pression  atmosphérique  jusqu'à  une  pression  de  2*^"^  de  mercure  et 
en  laissant  le  tube  se  désactiver  scellé  sous  cette  pression  réduite;  9*^  en 
opérant  avec  de  l'hydrogène  ou  avec  de  l'acide  carbonique  au  lieu  d'air  à 
l'intérieur  des  tubes  activés. 

»  Enfin,  j'ai  opéré  dans  des  conditions  bien  différentes  en  prenant 
comme  mesure  de  l'activité  l'intensité  du  courant  électrique  passant  entre 
deux  électrodes  situées  dans  l'intérieur  des  tubes  activés.  La  loi  de  désac- 
tivation  est  encore  la  même;  cependant,  dans  ce  cas,  la  conductibilité  que 
l'on  mesure  est  due  à  la  fois  à  la  radioactivité  des  parois  et  à  celle  du  gaz 
de  l'enceinte. 

»  Il  résulte  de  ces  nombreuses  mesures  que  la  constante  de  temps  qui 
caractérise  la  diminution  de  l'activité  d'une  enceinte  activée  fermée  n'est 
nullement  influencée  par  les  conditions  de  l'expérience,  par  la  nature  du 
gaz  qui  remplit  l'enceinte  ou  de  la  matière  qui  en  constitue  les  parois. 

»  La  constante  de  temps  Ô  est  donc  une  constante  qui  ne  comporte 
aucun  caractère  spécifique,  et,  par  suite,  elle  doit  avoir  une  importance 
d'ordre  général.  Les  mesures  se  font  dans  des  conditions  telles  que  j'estime 
que  cette  constante  est  susceptible  d'être  déterminée  avec  une  très  grande 
précision. 

»  Dans  des  Notes  antérieures  nous  avons  admis,  M.  Debierne  et  moi, 
que  chaque  atome  de  radium  fonctionne  comme  une  source  d'énergie  qui 
se  dissipe  par  rayonnement  ou  par  conduction  de  proche  en  proche  dans 
des  corps  fluides.  Les  expériences  actuelles  montrent  que  dans  les  gaz 
l'énergie  est  emmagasinée  sous  une  forme  spéciale  qui  se  dissipe  suivant 
une  loi  exponentielle.  On  peut  admettre  que  cette  énergie  s'épuise  parce 
qu'elle  est  utilisée  à  entretenir  la  radioactivité  du  gaz  et  des  parois.    » 


86o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


PHYSIQUE.  —  Sur  V hydrogène  atmosphérique.  Noie  de  M.  Axaïole  Leduc, 

présentée  par  M.   Lippinann. 

«  La  publication  récente  (l'expériences  de  lord  Rayleigh  (*)  sur  la 
présence  de  l'hydrogène  dans  l'atmosphère  m'a  incité  à  présenter  une 
remarque  qui  me  semble  maintenant  décisive. 

»  Je  rappellerai  d'abord  que  j'ai  déterminé  par  une  méthode  directe, 
en  poids,  la  masse  d'oxygène  contenue  dans  i^'  d'air  atmosphérique  préa- 
lablement traité  par  la  potasse  et  les  desséchants.  J'ai  dit  comment  je  me 
suis  assuré  de  la  fidéUté  de  la  méthode  et  montré  que  l'erreur  qu'elle 
comporte  ne  peut  guère  dépasser  ^-— 7  ("). 

»  J'ai  trouvé  que  i'air  de  Paris  et  des  environs  contient  de  o,23i8  à 
o,2323  d'oxygène. 

»  D'aiitre  part,  on  peut  déduire  la  composition  de  cet  air  de  la  connais- 
sance (les  densités  par  rapport  à  lui  de  l'oxygène  et  de  l'azote  atmosphé- 
rique. 

»  On  écrit,  en  désignant  par  d  et  d'  ces  densités,  et  par  x  la  teneur  de 
l'air  en  oxygène,  en  volume  : 

(1)  xd -^  (^i  —  X^d' =z  i. 

M  On  en  tire  aisément  la  teneur  en  poids  xd.  Or,  en  remplaçant  d  et  d' 
par  les  nombres  provenant  de  mes  déterminations,  on  trouve 

xd  =  o,2322  (par  excès), 

qui  concorde  parfaitement  avec  la  moyenne  des  résultats  obtenus  par 
pesées. 

»  Mais  :  i**  Cette  équation,  dite  des  masses,  admet  implicitement  la  loi 
du  mélange  des  gaz  de  Dalton  ; 

»  2**  Elle  ne  tient  pas  compte  des  gaz  qui,  comme  l'hydrogène,  existent 
dans  l'air  et  non  dans  l'azote  atmosphérique  préparé  au  moyen  du  cuivre, 
avec  les  précautions  que  j'ai  indiquées. 

»  La  première  cause  d'erreur  est  ici  négligeable;  mais  il  n'en  serait  pas 


(1)  Lord  Rayleigh,    On  the  question  of  hydrogen  in   the  atmosphère  {Philos. 
Magazine,  6"  série,  t.  III,  p.  4 '6-422). 

(2)  A.  Leduc,   Comptes  rendus,    t.  CXI,   p.  262;   t.  CXIII,  p.  129,   et   l.  CXXIII, 
p.  8o5,  et  Annales  de  Chimie  et  de  Phys.,  7^  série,  t.  XV,  p.  91  et  suiv. 


SÉANCE    DU    17    .\OVEMBRE    1902.  861 

de  même  de  la  deuxième  si  l'hydrogène  était  aussi  abondant  dans  l'atmr- 
sphère  qne  l'indiqueraient  les  expériences  de  M.  A.  Gautier  (*)  : 
1*="»'  dans  5*. 

»   En  effet,  soient  s  la  proportion  en  volume  de  ce  gaz  et  d"  sa  densité. 
L'équation  des  masses  devient 

(2)  xd -\-(j  —  oc  ~  t)d' +  id"  :=  \ , 

d'où  l'on  tire 

(3)  ^^^^(:-^;)(,  .  ^'-^" 


))  si  l'on  admet,  avec  M.  Gautier,  i  =  0,0002,  on  trouve 

xd  =  o,2336. 

»  Il  faudrait  donc  supposer,  ou  bien  que  mes  densités  de  gaz  sont  assez 
fortement  erronées,  ainsi  d'ailleurs  que  celles  de  lord  Rayleigh,  ou  bien 
que  ma  mélhode  en  poids  comporte  une  erreur  systématique  quinze  fois 
plus  forte  que  je  ne  l'ai  admis  :  77/;^,  en  moyenne. 

»  Il  résulte  bien,  cependant,  de  la  discussion  de  mes  déterminations 
que  la  valeur  de  ^c^  calculée  au  moyen  de  l'équalion  (1)  ne  peut  pas  des- 
cendre au-dessous  de  0,2317,  tandis  que  la  valeur  moyenne  déterminée 
directement  ne  peut  dépasser  0,2322  (-'). 

»  A.  supposer  qu'il  n'y  eût  point  de  formène  dans  l'atmosphère,  la  for- 
mule (3)  donnerait,  avec  ces  valeurs  extrêmes,  0,00006,  au  lieu  de 
0,0002  ('). 

»  Les  expériences  de  lord  Rayleigh  tranchent  la  question.  On  sait  qu'il 
arrive,  par  des  moyens  variés,  h.  cette  conclusion  :  que  la  proportion  de 
l'hydrogène  libre  dans  l'air  des  campagnes  est  au  moins  six  cà  huit  fois 
plus  faible  que  celle  trouvée  par  M.  Gautier. 

»  Or,  si  nous  reprenons  la  formule  (3)  avec  ces  nouvelles  valeurs  de  i, 
nous  trouvons  que  la  proportion  de  l'oxygène  est  voisine  de  o,2323.  Mes 
conclusions  relatives  à  l'accord  des  deux  méthodes  restent  donc  entières.  » 


(')  A.  Gautier,  Comptes  rendus,  t.  CXXXI,  p.  i3,  86  et  535. 

(2)  Avec  les  nombres  de  lord  Rayleigh,  qui  diffèrent  à  peine  des  miens,  on  arrive 
à  une  teneur  très  légèrement  Inférieure.  Cela  tient,  ainsi  que  je  Vin  moiittô,  ù  ce  qne 
l'air  de  Londres  est  un  peu  moins  riche  en  oxygène  que  celui  de  Paris. 

(•')  On  voit  aisément  qu'un  égal  volume  de  formène  causerait  une  erreur  plus  de 
deux  fois  moindre. 

C.  K.,  1902,  u'  Semestre,  (T.  CXXXV,  N»  30.)  '  l3 


862  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  les  oxalomolyhdites .  Note  de  M.  Bailhache, 
présentée  par  M.  Haller. 

(c  Ces  oxalates  complexes  s'obtiennent  en  partant  du  sulfate  de  molyb- 
dène Mo-0'  2S0%  que  j'ai  décrit  dans  une  Note  antérieure  (*). 

»  Après  avoir  dissous  dans  l'eau  le  composé  Mo^O^aSO^,  on  y  ajoute  2™°'  d'acide 
oxalique,  pour  chaque  molécule  de  sulfate  en  expérience;  on  porte  à  l'ébullition,  et 
l'on  précipite  tout  l'acide  sulfurique  par  une  quantité  calculée  d'hydrate  de  baryum; 
la  liqueur  filtrée  est  additionnée  de  1™°'  de  carbonate  de  potassium,  qui  s'y  dissout 
avec  effervescence,  et  concentrée  dans  un  courant  d'acide  carbonique.  Il  se  dépose  par 
refroidissement  des  cristaux  rougeâtres  d'oxalomolybdite  de  potassium. 

»  Ce  sel  est  recueilli,  lavé  à  l'eau  distillée  et  mis  à  sécher  dans  le  vide,  où  il  perd 
son  eau  d'hydratation,  en  même  temps  que  sa  couleur  passe  du  rouge  au  jaune  orangé. 

»  Ainsi  déshydraté,  il  a  donné  à  l'analyse  :  65, 80  pour  100  de  dimolybdate  de 
potassium;  24, 5o  pour  100  de  C-0';  16,20  pour  100  d'oxyde  de  potassium  K^O 
et  12,27  poi^ii'  100  d'eau. 

i)  L'oxygène  nécessaire  pour  l'oxydation  totale  tant  de  l'acide  oxalique  que  du 
molybdène  est  de  8,  22  pour  100.  Celte  détermination  a  été  faite  en  solution  sulfu- 
rique, à  l'aide  d'une  liqueur  titrée  de  permanganate  de  potassium.  Ces  chiffres  répon- 
dent sensiblement  pour  le  sel  jaune  à  la  formule 

MoO(OH)3C2  0MOH)K. 

))  Les  cristaux  rouges  perdent  dans  le  vide  une  quantité  d'eau  variable  d'une  pré- 
paration à  l'autre,  par  suite  de  la  formation  de  plusieurs  hydrates  que  je  n'ai  pas 
obtenus  isolés. 

))  Pour  comprendre  la  formation  de  ce  sel  à  partir  du  sulfate  Mo^O*''  2S0% 
il  me  fallut  étudier  à  nouveau  les  réactions  données  par  les  solutions  dans 
l'eau  de  ce  composé.  Non  seulement  la  potasse  ou  la  soude,  ou  les  carbo- 
nates correspondants  produisent,  dans  cette  solution,  un  précipité  ressem- 
blant à  l'hydrate  ferrique,  mais  il  en  est  aussi  de  même  avec  les  sels  les 
plus  divers,  tels  que  le  chlorure  d'ammonium,  le  sulfate  ou  l'acétate  de 
sodium.  J'avais  cru  d'abord  obtenir  ainsi  du  bioxyde  de  molybdène  hydraté, 
mais  un  examen  j)lus  attentif  a  infirmé  cette  hypothèse. 

1)  J'ai  particulièrement  examiné  le  précipité  obtenu  par  l'acétate  de  sodium,  en 
opérant  dans  un  courant  d'hydrogène.  On  le  lave  avec  une  solution  de  ce  sel  que  l'on 


(*)   Comptes  rendus,  t.  CXXXII,  février  1901, 


SÉANCE  DU  17  NOVEMBRE  1902.  863 

élimine  ensuite  par  l'alcool.  Ce  précipité,  séché  dans  le  vide,  donne,  il  est  vrai,  des 
proportions  de  métal  et  d'oxygène  qui  varient  d'une  expérience  à  l'autre;  mais  la 
quantité  d'oxygène  nécessaire  pour  faire  passer  tout  le  molybdène  qu'il  renferme,  à 
l'état  d'acide  molybdique,  déterminée  par  le  bichromate  de  polassium,  est  toujours 
très  inférieure  à  celle  qui  serait  exigée  pour  l'oxydation  du  bioxyde. 

))  Ce  fait  s'explique  aisément  en  admettant  qu'on  se  trouve  en  présence 
d'un  mélange  variable  de  bioxyde  de  molybdène  hydraté  et  d'un  autre 
hydrate  Mo-O'SH-O  =  2  MoO(OH)%  qui  n'est  autre  que  l'hydrate  de 
molybdényle  de  M.  Peter  Klason  (').  C'est  lui  que  l'on  devrait  obtenir 
seul,  s'il  n'était  très  facilement  dissocié,  en  cours  de  préparation,  en 
bioxyde  de  molybdène  et  en  acide  molybdique. 

))  Les  réactions  données  par  la  solution  aqueuse  du  sulfate  de  molyb- 
dène confirment  cette  manière  de  voir.  En  effet,  additionnée  de  chlorure 
d'ammonium  et  saturée  d'acide  chlorhydriquè  gazeux,  elle  laisse  déposer 
des  cristaux  vert  d'herbe  du  chlorure  double  de  molybdényle  et  d'am- 
monium. 

»  Cette  réaction  caractéristique,  l'oxalomolybdite  de  potassium  la  donne  également 
en  dissolvant  à  chaud  un  mélange  de  ce  sel  et  de  chlorure  d'ammonium  dans  l'acide 
chlorhydriquè  concentré  : 

MoO(OH)5C2  0HOH)K  +  2AzIi^CU-4HCl 
==MoOCP2AzH*Cl  +  KCl  -i-C-0*H''  +  3H2  0. 

n  Traité  par  l'acide  azotique  étendu,  l'oxalomolybdite  de  potassium  se  transforme 
en  oxalomolybdate  appartenant  à  la  série  des  corps  découverts  par  M.  Péchard  (^)  : 

2[MoO(OH)-^C2  03(OH)K]  +  0=:2[Mo03C20*HKH20]  +  H20. 

))  L'oxalomolybdite  de  potassium  ne  commence  à  perdre  son  eau  de 
constitution  que  vers  +  1 15*',  et  il  faut  le  porter  à  +  180*^  pour  le  déshy- 
drater complètement,  mais  il  est  déjà  altéré,  et  la  décomposition  s'accélère, 
à  mesure  que  la  température  s'élève,  suivant  l'équation 

2[MoO(OH)«C2  0^(OH)R] 

=  MoO-  -f-  iMoO^K-  +  2CO  H-.2C02  +  4H«0. 

»  C'est  en  raison  de  cette  union  intime  de  l'eau  dans  ces  sels,  que  j'ai 
supposé  que  l'hydrate  de  molybdényle  entrait  tout  entier  dans  la  molécule. 


(')  D.  ch.  G.,,  i.  XXXIV,  p.  148. 

(-)  Comptes  rendus,  t.  CVIII,  p.  10D2. 


864  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

comme   M.    Wyrouboff  ii    proposé    de   l'admettre  pour  les  hydrates    de 
sesquioxyde  (  '  ). 

)'  L'oxalomolvbdile  d'ainmoiuLini  se  ])répaie  par  le  Jiiêine  procédé.  Ce  sel  forme  un 
liydrale  rougeâtre  qui  ne  renferme  qu'une  seule  molécule  d'eau,  qu'il  perd  dans  le 
dessiccaleur,  en  même  temps  que  sa  nuance  passe  du  rouge  au  jaune.  Ce  sel  jaune  a  la 
même  constitution  que  le  sel  correspondant  de  potassium  : 

MoO(OH)\C20')(OH)AzH''. 

»  Il  donne,  d'une  façon  générale,  les  mêmes  réactions  que  ce  dernier  sel;  mais, 
décomposé  par  la  chaleur,  il  laisse  un  résidu  de  sesquioxyde  de  molybdène,  qui  retient 
une  quantité  importante  d'azote.  Cette  décomposition  est  accompagnée  d'un  phéno- 
mène d'incandescence  subite,  qui  se  communique  de  proche  en  proche  à  toute  la 
masse,  avec  une  légère  déflagration. 

;;  Ces  deux  oxalomolybdites  donnent,  avecles  sels  de  baryum,  un  préci- 
pité cristallin  peu  soluble  dans  l'eau.  Cet  oxalomolybdite  de  baryum 
s'obtient  d'ailleurs  avec  1h  plus  grande  facilité,  en  suivant  la  méthode  quia 
servi  pjur  le  sel  de  potassium,  à  cette  différence  près  que,  après  avoir  éli- 
miné l'acide  sulfuriqiie,  on  additionne  la  liqueur  refroidie  d'une  solution 
de  chlorure  de  baryum  très  diluée,  en  petit  excès  et  légèrement  acidifiée 
par  l'acide  chlorhydrique.  En  prenant  ces  précautions  il  se  dépose  lentement 
de  forls  beaux  cristaux  d'une  nuance  rouge  foncé  tirant  sur  le  grenat,  de 
la  composition  suivante  : 

MoO(Oll)  C^O'H- 
MoO(OH)-G20'Ba 


H-O. 


);  Il  ne  perd  pas  d'eau  dans  le  vide  et  il  ne  commence  à  se  déshydrater 
à  l'étuve  que  vers  la  température  de  H-  i  io°  à  +  1 15°.  On  peut  avec  Toxa- 
lomolybJite  de  baryum  obtenir  également  le  chlorure  double  de  molybdé- 
nyle  et  d'ammonium  :  on  le  dissout  dans  l'acide  chlorhydrique,  la  hqueur 
refroidie  laisse  déposer  le  chlorure  de  baryum,  on  la  décante  et  l'on  y  ajoute 
du  chlorure  d'ammonium  en  chauffant  légèrement;  par  refroidissement,  il 
se  forme  des  octaèdres  vert  d'herbe  caractéristiques. 

»  Grâce  à  1  iasolubililé  d>3  l'oxalomolybdita  de  baryum  on  peut  faire 
l'expérience  inverse,  c'est-à-dire  partir  du  chlorure  double  de  molybdé- 
nyle  et  d'ammonium  pour  le  préparer.  Vient-on,  en  effet,  après  avoir  dis- 
sous les  octaèdres  verts  dans   de  l'eau  contenant  de  l'acide  oxalique,    à 

(')   Bulletin  de  la  Société  chimique,  juillet  1902,  p.  666. 


SÉANCE  DU  17  NOVEMBRE  1902.  865 

verser  dans  la  liqueur  une  solution  barytique,  Ton  obtient  à  nouveau  un 
précipité  d'oxalomolybdite  de  baryum  : 

2MoOC1^2AzH^C!  +2C-0*H=^  -h  BaCl^  4- 7H=0 

-=  [(GMoO)2(OH)''(C=^0*)-H-Ba,H=^0]  +  4AzH*Cl  4-  8HGI. 

»  Ce  sel  se  prête  très  aisément  à  la  double  décomposition,  et  l'on  peut, 
en  faisant  réagir  sur  lui  les  différents  sulfates  solubles,  obtenir  d'autres 
oxalomolybdites.  Je  j)oursuis  l'étude  de  ces  composés.  » 


CHIMIE  ANIMALE.         Quelques  remarques  sur  la  musculamine,   base  dérivée 
des  muscles.  Note  de  M.  S.  Posterxak. 

((  Dans  une  des  dernières  séances  de  l'Académie,  MM.  Etard  et  Vila  (') 
ont  décrit,  comme  étant  inconnue  jusque-là,  une  base  qu'ils  avalent  isolée 
des  produits  d'hydrolyse  des  muscles  de  veau.  Cette  base,  pour  laquelle 
ils  proposent  le  nom  de  musculamine,  j)osséderait  la  composition  C*H"'Az^ 
et  serait  le  premier  exemple  d'une  triamine  parmi  les  produits  biologiques. 

»  Je  crois  nécessaire  de  faire  remarquer  à  ce  propos  que  les  propriétés 
et  les  nombres  d'analyse  de  la  nouvelle  base  ne  laissent  aucun  doute  sur 
son  identité  avec  la  cada^'érine  C'^W'Az-,  découverte  par  M.  Brieger  (^) 
dans  les  muscles  des  cadavres  et  par  son  élève  Bocklisch  (  )  dans  la  chair 
des  poissons  putréfiés.  Cette  même  base  fut  retrouvée  plus  tard  par 
MM.  Udransky  et  Baumann  (')  dans  les  urines  d'un  cystinurique  et  par 
MM.  Winterstein  et  ïhony  (^)  dans  le  fromage  mûr  d'Emmenthal. 

»  D'après  M.  Ladenburg  (**),  la  cadavérine  présente  la  constitution 
d'une  pentamélhylènediamine. 

w  Nous  savons  aujourd'hui,  grâce  aux  recherches  de  M.  Ellinger  (  "  )  que 
le  chaînon  de  la  molécule  albuminoïde,  qui  donne  naissance  à  la  pentamé- 
lhylènediamine, pendant  la  putréfaction,  est  le  même  que  celui  de  l'acide 


(')  Comptes  rendus,  t.  CXXXV,  p.  698. 

(^)   Weitere  U ntersuckungen  iiber  Ploinaïne .  Berlin,  li 

(')  Ber.  d.  d.  chem.  Gesei.,  t.  XVIIl,  1880,  p.  1922. 

(^)  Zeitsch.  f.  physiol.  Chem.,  t.  XIII,  1889,  p.  562. 

{'")  Ibidem,  t.  XXXVI,  1902,  p.  28. 

(«)  Ber.  d.  d.  chem.  Gesel.,  t.  XIX,  1886,  p.  2585. 

{'')  Zeitsch.  f.  physiol.  Ch.,  t.  XXIX,  1900,  p.  334. 


866  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

diaminocaproïque  (la  lysine  de  Drechsel)  qui  se  forme  régulièrement  lors 
de  la  décomposition  des  différentes  matières  albuminoïdes  à  l'aide  des 
acides  ou  des  alcalis. 

;)  Il  semble  ressortir,  en  outre,  des  travaux  récents  de  MM.  Zawrow  ('  ) 
et  Langstein  (-),  que  la  pentaméthylènediamine  remplace  la  lysine  égale- 
ment dans  les  produits  résultant  de  la  digestion  pepsique  très  prolongée 
des  albuminoïdes,  alors  même  qu'on  opère  dans  des  conditions  d'asepsie 
parfaite. 

))  L'observation  de  MM.  Etard  et  Vila  pourrait  donc  devenir  d'une  cer- 
taine importance,  s'ils  réussissaient  à  démontrer  que  leur  mélange  des  pro- 
duits de  décomposition  des  muscles  de  veau  n'avait  subi,  au  cours  des 
manipulations,  aucune  modification  microbienne  profonde.  Dans  ce  cas, 
nous  aurions  eu  le  premier  exemple  de  la  formation  directe  de  la  cadavé- 
rine  par  hydrolyse  d'un  albuminoïde  au  moyen  des  acides.    » 


PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  la  variation  des  réserves  hydrocarhonées 
dans  la  tige  et  la  racine  des  plantes  ligneuses.  Note  de  M.  Leclerc  du 
Sablox,  présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

«  Je  me  suis  proposé  d'étudier  de  quelle  façon  les  sucres  et  les  matières 
amylacées  variaient,  dans  le  courant  de  l'année,  à  l'intérieur  des  plantes 
ligneuses.  Pour  cela  j'ai  dosé  ces  substances  à  différentes  époques  de 
l'année  dans  les  tiges,  les  racines  et  les  feuilles  de  certaines  espèces. 

))  Afin  d'avoir  des  résultats  comparables,  j'ai  opéré  sur  des  plants  de  même  âge  et 
cultivés  les  uns  à  côté  des  autres  dans  les  mêmes  conditions.  Tous  les  [\o  jours 
environ,  l'un  de  ces  plants  était  arraché  ;  les  tiges,  les  racines  et,  s'il  y  avait  lieu,  les 
feuilles  formaient  trois  lots  distincts  qui  étaient  desséchés  à  90°,  puis  réduits  en 
poudre.  Les  dosages  étaient  effectués  sur  environ  3?  de  la  matière.  Les  substances 
grasses,  qui  n'existent  en  quantité  assez  considérable  que  dans  la  feuille,  étaient 
extraites  par  l'éther;  puis  les  sucres  étaient  extraits  par  l'alcool  à  90°,  ils  étaient 
dosés  après  avoir  été  transformés  en  glucose.  La  matière  épuisée  par  l'éther  et  par 
l'alcool  était  additionnée  d'eau,  chauffée  pendant  2  heures  à  ii5°  dans  un  autoclave, 
puis  traitée  par  l'acide  chlorhydrique  étendu  pour  transformer  les  matières  amylacées 
en  glucose.  Après  quelques  tâtonnements,  j'ai  reconnu  que  la  quantité  de  glucose 
obtenue  était  la  plus  grande  lorsque  le  liquide  renfermait  10  pour  100  d'acide  du  com- 


(')  Zeitsch.  f.  physiol.  Ch.,  t.  XXXIIÎ,  1901,  p.  3i2. 

(2)  Beitrdge  zur  chem.  Physiologie  u.  Pathologie,  t.  II,  1902,  p.  228. 


SÉANCE    DU    17    NOVEMBRE    1902.  867 

merce  et  que  l'ébullition  était  prolongée  pendant  i  heure.  Dans  ces  conditions  on 
peut  admettre  que  toutes  les  substances  hydrocarbonées  pouvant  jouer  le  rôle  de 
réserve  sont  transformées  en  glucose. 

»   Ea  opérant  de  cette  façon  j'ai  obtenu  les  résultats  suivants,  pour  la 
tige  et  la  racine  du  Châtaignier;  je  reviendrai  plus  tard  sur  la  feuille  : 

Sucres.  Mat.  amylacées.  Total. 

Tige.       Racine.  Tige.         Racine.  Tige.         Racine. 

11  janvier 4>o  1,9  20,7  25,3  24,7  37,2 

26  février 4^3  4;7  20,4  21,0  24,7  26,9 

28  mars 2,7  3,3  18,8  2f,4  21, 5  24,7 

20  mai 2,3  3,i  17,6  16,7  19,9  19.8 

2 2  juin 2,1  3,6  18,3  18,2  20, 4  21.8 

27  juillet 2,6  3,6  18,5  20,7  21,1  24,3 

12  septembre...  2,2  1,8  23,7  28,5  25,9  3o,3 

19  octobre 2,2  1,6  .24'2  27,5  26,4  29,1 

22  novembre....  3,2  1,1  21, 5  27,8  24,7  28,9 

26  décembre.  ..  .  3,7  1,9  19,3  25,4  23, o  27,3 

»  Tous  les  nombres  contenus  dans  le  Tableau  précédent  se  rapportent 
à  100  parties  de  matière  sèche.  Ainsi,  le  u  janvier,  loo^  de  matière  sèche 
de  la  tige  renfermaient  4^  de  sucre.  Les  résultats  que  j'ai  obtenus  com- 
plètent et  précisent  les  observations  micrographiques,  lesquelles  ne  se 
rapportent  qu'à  l'amidon  solide  et  ne  sont  que  qualitatives.  Les  réserves 
hjdrocarbonées  varient  comme  dans  les  bulbes  et  les  tubercules;  on 
observe  un  minimum  au  printemps,  au  moment  où  les  réserves  sont  con- 
sommées par  une  végétation  rapide,  et  un  maximum  en  automne  à  la  fin 
de  la  période  d'assimilation.  Il  est  à  remarquer  que  pendant  l'hiver,  alors 
que  la  végétation  apparente  est  suspendue,  les  réserves  diminuent,  soit 
parce  qu'elles  sont  consommées  par  la  plante  à  l'état  de  vie  ralentie,  soit 
parce  qu'elles  sont  converties  en  substances  non  transformables  en  glu- 
cose dans  les  conditions  de  l'expérience.  D'une  façon  générale  la  racine 
renferme  plus  de  réserves  que  la  tige,  mais  la  différence,  surtout  sensible 
en  automne  et  en  hiver,  devient  nulle  au  printemps,  La  racine  renferme 
le  plus  de  sucre  pendant  qu'elle  végète  d'une  façon  active;  c'est  à  peu 
près  l'inverse  pour  la  tige. 

»  Une  étude  semblable  faite  sur  le  Coignassier,  le  Poirier,  le  Pêcher  et  le 
Saule  m'a  donné  des  résultats  comparables.  Dans  tous  les  cas  la  somme 
des  hydrates  de  carbone  transformables  en  glucose  dans  les  conditions 
indiquées  passe  par  un  minimum  au  mois  de  mai  lorsque  la  végétation  est 


868  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

la  plus  active,  augmente  jusqu'au  mois  cFoctobre  ou  de  novembre,  passe 
par  un  maximum  et  diminue  ensuite  jusqu'au  mois  de  mai.  Les  tiges  et  les 
racines  des  plantes  ligneuses  se  conduisent  donc  à  ce  point  de  vue  comme 
de  véritables  organes  de  réserve.  » 


BOTANIQUE.  —  Le  Landolphia  Pierrei,  espèce  nouvelle  du  Gabon,  considérée 
comme  pouvant  four  nir  du  caoutchouc.  Note  de  M.  Hexri  Hua,  présentée 
par  M.  Gaston  Bonnier. 

«  L'exacte  spécification  des  lianes  productrices  de  caoutchouc,  ou  consi- 
dérées comme  telles,  préoccupe  à  juste  titre  les  botanistes  et  les  industriels. 
Pour  notre  part,  nous  nous  attachons  à  préciser  aussi  exactement  que 
possible,  sur  les  matériaux  de  l'herbier  du  Muséum,  les  identifications 
faites  à  ce  sujet. 

»  Au  cours  de  ces  recherches  nous  avons  reconnu  au  Gabon  l'exis- 
tence d'une  espèce  méconnue,  qui,  d'après  son  principal  collecteur, 
le  R.  P.  Rlaine,  missionnaire  à  Libreville,  contribuerait  à  donner  la 
caoutchouc  du  Gabon,  concurremment  avec  les  Landolphia  Klainii  Pierre, 
et  owariensis  P.  de  B. 

»  Les  auteurs  ont  confondu  à  tort  avec  cette  dernière  espèce  celle  qui 
nous  occupe  et  à  laquelle  nous  donnerons  le  nom  de  Landolphia  Pierrei,  la 
dédiant  à  M.  L.  Pierre,  dont  l'herbier  contient  la  majeure  partie  des 
envois  du  P.  Klaine  et  qui  a  spécialement  étudié  les  Landolpliiées. 
.  ))  Le  Landolphia  Pierrei  se  distingue  du  L.  owariensis  P.  de  B.  par  les 
caractères  suivants  : 

»  Feuilles  plus  grandes,  moins  régulièrement  elliptiques,  arrondies  et  parfois 
presque  sinuées  à  la  base,  longuement  acuminées  au  sommet;  nervation  plus  accen- 
tuée, moins  serrée,  les  nervures  latérales  étant  réduites  au  nombre  d'une  dizaine  de 
part  et  d'autre  de  la  côte;  dimensions  moyennes  de  lo'''"  à  i5'='"  de  long  sur  S*^""  à  ô*"'" 
de  large. 

0  Inflorescences  presque  sessiles  au-dessus  de  la  dernière  paire  de  feuilles,  à  élé- 
ments serrés,  à  bractées  persistantes,  au  lieu  d'être  pédonculées  à  bractées  caduques. 
Il  ne  s'agit  pas  là  de  la  différence  bien  connue  que  peuvent  présenter  les  inflorescences 
de  Landolphia  chez  une  même  espèce  suivant  le  degré  d'élongation  de  leur  axa  prin- 
cipal; les  nombreux  échantillons  que  nous  avons  eus  entre  les  mains  nous  montrent 
la  condensation  de  l'inflorescence  comme  un  caractère  habituel,  et,  d'ailleurs,  la 
persistance  des  bractées  est  à  remarquer,  alors  que  le  L.  owariensis  a  toujours  les 
bractées  promptement  caduques. 


SÉANCE  DU  17  NOVEMBRE  1902.  869 

»  Calice  à  sépales  oblongs,  moins  serrés  et  ne  présentant  pas  dans  leur  ensemble 
l'aspect  subsphérique  ou  courtement  ellipsoïdal  caractéristique  chez  le  L.  owariensis. 

»  Corolle  à  tube  allongé,  fusiforme,  dont  la  partie  libre  au-dessus  du  calice,  fine- 
ment pubescente,  est  deux  à  trois  fois  plus  longue  que  les  lobes  étroits,  alors  que 
ceux-ci,  plus  larges,  égalent  la  portion  libre  du  tube  chez  le  L.  ouariensis. 

»  Etamines  à  filets  velus  à  la  base,  insérés  au-dessus  du  milieu  du  tube,  à  anthères 
émarginées  au  sommet. 

»  Ovaire  turbiné,  glabre  inférieurement,  poilu  sur  son  toit,  qui  est  plus  allongé  en 
cône  chez  le  L.  Pierrei,  plus  plat  chez  le  L.  owariensis. 

»  Fruit  globuleux,  légèrement  allongé  de  la  base  au  sommet  (6'^'"  de  diamètre  lon- 
gitudinal sur  5"^™  de  diamètre  transversal)  :  jaune  foncé,  noircissant  par  la  dessiccation 
et  prenant  une  teinte  bleuâtre  due  à  la  fine  couche  cireuse  blanche  qui  le  revêt.  La 
surface  est  uniformément  lisse,  sauf  de  très  fines  lenticelles.  Le  L.  owariensia,  d'après 
des  échantillons  très  authentiques  du  Dahomey,  dus  à  M.  Le  Testu,  a  des  fruits  à  peu 
près  de  même  taille,  mais  dont  l'hémisphère  apical  est  côtelé  grossièrement.  Nous  ne 
saurions  affirmer  absolument,  dans  l'état  de  nos  connaissances,  si  ce  caractère  est 
essentiel  :  il  pourrait  y  avoir  des  variétés  d'une  même  espèce  à  fruits  lisses  ou  à  fruits 
bossus. 

»  Graines,  au  nombre  d'une  quinzaine  chez  les  fruits  considérés,  irrégulières,  angu- 
leuses, épaisses.  Elles  sont  plus  grosses  que  celles  du  L.  owariensis  ayant  i5™'"  à  ao"*"" 
de  longueur,  sur  lo™"^^  à  12™™  de  largeur,  et  7°"°  à  9™"°  d'épaisseur,  au  lieu  de  i2™"> 
à  iS™"  sur  y"""»  à  9"^°^  et  4"™  à  S""". 

»  Les  parties  jeunes  sont  couvertes  de  poils  assez  longs,  qui  persistent  longtemps, 
au  moins  sur  les  pétioles;  néanmoins,  les  rameaux  recueillis  à  l'époque  de  la  fructifi- 
cation en  sont  ordinairement  dépourvus, 

»  Le  Landolphia  Pierrei  a  été  trouvé  aux  environs  de  Libreville,  au 
mont  Bouet  (R.  P.  Rlaine,  n.  286!  l\Sl\\  in  Herb.  mus.  Par.;  5/(4!  926! 
1357!  1890  !  1934  ^w!  1972!  in  Herb.  L.  Pierre)  et  dans  la  forêt  de  Sibang 
(BiJTTNER,  n.  497  '•  distribué  par  le  musée  de  Berlin  sous  le  nom  de  L.  owa- 
riensis P.  de  B.). 

»  La  floraison  est  à  son  maximum  en  août;  la  maturation  des  fruits  se 
fait  en  janvier-février. 

»  Nous  n'avons  pas  à  attirer  l'attention  sur  les  différences  qui  séparent 
notre  espèce  du  L.  Klainii,  avec  lequel,  faute  d'attention  suffisante,  on 
pourrait  le  confondre  à  l'état  stérile.  Les  énormes  fruits  de  ce  dernier, 
l'allongement  des  ovaires  et  des  stigmates  suffisent,  entre  autres  carac- 
tères, à  empêcher  toute  confusion. 

»  Ces  distinctions  spécifiques  n'intéressent  pas  seulement  les  botanistes. 
Tous  ceux  qui  connaissent  l'importance  industrielle  de  la  production  des 
caoutchoucs  dans  nos  colonies  peuvent  y  trouver  la  clef  de  certaines 
divergences  d'appréciation  sur  la  valeur  du  produit  de  telle  ou  telle  espèce.» 

G.  K.,  tgoa,  a»  5emes</e.^(  T.  CXXXV,  N"  20)  '  '^ 


870  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Influence  des  matières  organiques  sur  le  dévelop- 
pement et  la  structure  anatomique  de  quelques  Phanérogames.  Note  de 
M.  Jules  Laurent,  présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

«  J'ai  montré,  dans  plusieurs  Communications  antérieures  ('),  que  cer- 
taines matières  organiques,  glucose,  saccharose,  sucre  interverti,  consti- 
tuent d'excellents  aliments  pour  les  plantes  vertes;  je  puis  étendre  actuel- 
lement ces  résultats,  non  seulement  à  la  glycérine,  mais  à  V acide  humique 
qui,  absorbé  sous  forme  d'humate  de  potassium,  modifie  les  échanges  gazeux 
de  manière  à  activer  V assimilation  du  carbone. 

))  Les  solutions  étendues  de  ces  diverses  substances  n'exercent  guère 
d'action  bien  appréciable  sur  les  caractères  de  la  plante,  mais  il  n'en  est 
pas  de  même  pour  les  solutions  concentrées  qui  agissent  à  la  fois  sur  la 
forme  extérieure  et  sur  la  structure  anatomique  de  toutes  les  espèces  étu- 
diées ;  Pois,  Lentille,  Maïs,  Blé,  Seigle. 

))  Afin  de  mettre  en  évidence,  d'une  part,  les  modifications  provoquées 
par  la  concentration  du  milieu  et,  d'autre  part,  celles  qui  doivent  être  attri- 
buées à  l'action  spécifique  exercée  par  la  matière  organique,  j'ai  cultivé 
Pisum  sativum  sur  des  solutions  contenant;  par  litre,  outre  les  sels  minéraux 
de  la  liqueur  Detmer,  des  poids  de  glucose  et  de  glycérine  respectivement 
isotoniques  de  10,  i5,  20,  25,  3o  centièmes  du  poids  moléculaire  de  ÂzO^R, 
et,  comme  des  expériences  préliminaires  m'avaient  montré  une  certaine 
analogie  entre  les  cultures  sur  glycérine  et  les  résultats  obtenus  par  Lesage 
avec  le  sel  marin,  j'ai  employé  également,  en  solutions  isotoniques  des  pré- 
cédentes, le  chlorure  de  sodium  et  l'azotate  de  potassium. 

»  Je  résume  ci-dessous  les  conclusions  auxquelles  m'ont  conduit  ces 
expériences  : 

»  1°  La  plante  peut  s'adapter  à  des  pressions  osmotiques  beaucoup 
plus  élevées  avec  les  substances  organiques  étudiées  qu'avec  les  sels  miné- 
raux; alors  que  les  liqueurs  isotoniques  de  o,i5  AzO^K(p.  m.)  lui  sont 
déjà  nuisibles  lorsqu'il  s'agit  de  salpêtre  ou  de  sel  marin,  elle  supporte  très 
bien  les  solutions  de  glucose  et  de  glycérine  isotonique  de  o,25  et  môme 
o,3o  AzO'K  (p.  m.). 

»  2°  Comme  l'avait  montré  Stauge  (-),  la  croissance  en  longueur  se 
trouve  ralentie  à  mesure  qu'on  augmente  la  concentration  du  milieu  ;  mais 

(^)   Comptes  rendus,  29  noveral^re  1897,  ^^  novembre  1898  et  19  novembre  1900 
(-)  Bot.  Zeitung,  1892. 


SÉANCE    DU    17    NOVEMBRE    Ï902.  87 1 

on  observe  en  même  temps  un  accroissement  de  diamètre  beaucoup  plus 
apparent  avec  le  chlorure  de  sodium  et  surtout  la  glycérine  qu'avec  le  glu- 
cose et  l'azotate  de  potassium. 

»  S*"  Dans  les  limites  de  mes  expériences,  le  poids  sec  des  plantules 
croît  constamment  avec  la  concentration  des  solutions  de  glycérine;  avec 
le  glucose,  il  passe  par  un  maximum,  pour  les  solutions  isotoniques, 
de  0,20  AzO^R  (p.  m.);  il  est  alors  deux  fois  plus  élevé  que  dans  la 
liqueur  Detmer  seule.  Les  résultats  sont  tout  différents  avec  les  sels  miné- 
raux et  même  pour  des  concentrations  comprises  entre  o,o5  et  o,ioAzO'R 
(p.  m.),  le  poids  sec  diminue  constamment  et  d'autant  plus  que  la  pression 
osmotique  est  plus  grande. 

))  4*^  L^  proportion  pour  100  de  matière  sèche  augmente  avec  la  con- 
centration, aussi  bien  dans  les  solutions  minérales  que  dans  les  solutions 
organiques. 

»  5°  Pendant  la  période  de  germination,  la  consommation  des  réserves 
de  la  graine  est  d'autant  plus  lente  que  la  pression  osmotique  est  plus 
élevée. 

))  6°  Van  Rysselberghe  (')  a  montré  que  la  cellule  réagit  aux  concen- 
tratious  élevées  en  augmentant  son  pouvoir  osmotique  normal  ;  cette  élé- 
vation du  pouvoir  osmotique  se  traduit  par  une  augmentation  dans  la  pro- 
portion des  acides  libres  et,  en  général,  des  substances  dissoutes  dans  le 
suc  cellulaire.  L'acidité  atteint  des  valeurs  plus  élevées  dans  les  cultures 
sur  glucose  que  dans  les  cultures  sur  glycérine. 

M  7"  Enfin,  si  les  solutions  isotoniques  de  glucose  et  de  glycérine 
donnent  des  plantes  très  comparables  par  leur  mode  de  développement 
et  par  leurs  caractères  extérieurs,  la  pression  osmotique  n'intervient  pas 
seule  dans  les  modifications  observées,  mais  chaque  substance  exerce  une 
action  spécifique,  de  nature  très  différente  selon  qu'il  s'agit  de  substances 
organiques  ou  de  sels  minéraux. 

»  Quant  aux  différences  dans  la  structure  anatomique,  elles  portent  à 
la  fois  sur  le  diamètre  des  cellules  et  sur  la  différenciation  des  tissus. 

»  Quelle  que  soit  la  substance  étudiée,  le  diamètre  des  cellules  croît 
avec  la  pression  osmotique  du  milieu  de  culture  ;  mais  le  phénomène  est 
surtout  apparent  dans  les  solutions  de  glycérine  où  les  cellules  du  paren- 
chyme cortical  se  rapprochent  progressivement  de  la  forme  sphérique, 
aussi  bien  dans  la  tige  que  dans  la  racine.  Si  l'on  remarque  que  le  nombre 


(')  Vax  Rysselberghe,  Réaction  osmotique  des  cellules  végétales  à  la  concentra- 
tion du  milieu,  Bruxelles,  1899. 


C 


872  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

des  assises  cellulaires  se  maintient  à  peu  près  constant  pour  toutes  les  sub- 
stances expérimentées,  on  peut  conclure  que  les  liqueurs  concentrées  ne 
modifient  pas  le  mode  de  cloisonnement  des  initiales  de  Vécorce. 

))  Les  solutions  de  glucose  et  de  saccharose  provoquent,  en  général,  un 
épaississement  des  membranes  et  une  lignification  plus  intense  ;  avec  le  Pois 
et  la  Lentille,  les  fibres  ligneuses  sont  plus  nombreuses  dans  le  bois  secon- 
daire; elles  ont  des  parois  très  épaisses  et  leur  cavité  est  réduite;  il  en  est 
de  même  pour  le  sclérencliyme  libérien  de  la  tige  et  de  la  racine.  Le  glu- 
cose n'est  pas  seulement  utilisé  pour  la  croissance  en  épaisseur  des  mem- 
branes ;  mais  des  réserves  d'amidon  s'accumulent  dans  la  plupart  des  tissus 
et  on  les  retrouve  même  dans  les  cultures  à  l'obscurité. 

»  Ces  réserves  sont  plus  abondantes  dans  les  cultures  sur  glycérine  ;  par 
contre,  la  lignification  est  moins  intense  et  la  différenciation  plus  tardive; 
il  semble  ainsi  que,  chez  les  Légumineuses  tout  au  moins,  la  plus  grande 
partie  de  la  glycérine  absorbée  soit  mise  en  réserve  avant  d'être  utilisée. 

»  Il  n'en  est  plus  de  même  chez  le  Mais,  dont  la  racine  et  la  tige  n'accu- 
mulent d'amidon  que  dans  leur  méristème  terminal,  et  l'utilisation  de  la 
glycérine  y  est  immédiate;  cette  substance  favorise  l'épaississement  des 
membranes  et  la  lignification,  déterminant  une  sclérose  hâtive  du  péricycle 
et  de  tous  les  éléments  conjonctifs  qui  avoisinent  le  bois  primaire. 

»  Les  substances  organiques  étudiées  déterminent  donc  chez  les  végé- 
taux des  modifications  de  structure  du  même  ordre  que  celles  qui  ont  été 
observées  par  Dassonville  (*)  en  faisant  varier  l'aliment  minéral  de  la 
plante.    » 

GÉOLOGIE.  —  Analogie  entre  les  Carpathes  et  les  Alpes. 
Note  de  M.  Maurice  Lugeox,  présentée  par  M.  Marcel  Bertrand. 

«  Dans  un  travail  récent  (-)  j'ai  montré  que  le  front  nord  de  la  chaîne 
des  Alpes,  à  partir  de  l'Arve  vers  l'Est,  n'était  pas  formé  par  un  plissement 
autochtone  de  l'écorce  terrestre,  mais  par  les  plis  frontaux  de  grandes 
nappes  de  recouvrement  venues  de  l'intérieur  de  la  chaîne. 

»  D'autre  part,  M.  Suess  (^)  a  montré  que  les  Carpathes  débordaient 

(')  Ch.  Dasso.nville,  Action  des  sels  minéraux  sur  la  forme  et  la  structure  des 
végétaux  {Reçue  générale  de  Botanique,  1898). 

(^)  LuGEON,  Les  grandes  nappes  de  recouvrement  des  Alpes,  du  Chablais  et  de  la 
Suisse  {Bull.  Soc.  géol.  de  France,  4*  série,  t,  I,  1901). 

(*)  SuEsS;,  La  face  de  la  Terre,  l.  I,  p.  286-248. 


SÉANCE   DU    17    NOVEMBRE    1902.  878 

sur  la  plate-forme  russe  et  les  Sudètes.  Dans  les  deux  cas,  l'avant-pays 
s'enfonce  sous  la  région  plissée. 

))  Il  y  a  donc  lieu  de  nous  demander  si  de  grands  plis  couchés  super- 
posés, dirigés  vers  l'extérieur  de  la  chaîne,  ont  aussi  contribué  à  la  marche 
de  la  vague  carpathique  vers  le  Nord. 

»  A  la  suite  d'une  étude  très  détaillée  et  magistrale  sur  le  Haut-Tatra, 
M.  Uhlig  (')  est  arrivé,  antérieurement  il  est  vrai  à  l'établissement  de 
notre  théorie,  à  une  démonstration  inverse  de  celle  que  j'ai  faite  pour  les 
Alpes.  L'auteur  conclut  que  les  plis  duTatra,  au  nombre  de  quatre,  sont 
dirigés  vers  V intérieur  de  la  chaîne,  soit  vers  le  Sud. 

»  Les  deux  anticlinaux  nord  forment  la  zone  subtatrique,  dont  les  ter- 
rains présentent  des  faciès  différents  de  ceux  de  l'anticlinal  haut-tatrique 
et  du  quatrième  pli  constituant  la  haute  chaîne  cristalline.  Le  troisième  pli 
contenant  deux  noyaux  de  gneiss  et  granit,  M.  Uhlig  conclut  que  l'inten- 
sité du  plissement  a  été  croissante  du  Nord  au  Sud.  Enfin  la  haute  chaîne 
semble  bordée  au  Sud  par  une  grande  faille  qui  limite  les  gneiss,  et  au  delà 
de  laquelle  on  trouve  dans  le  Flysch  des  lambeaux  épars  de  terrains  sem- 
blables à  ceux  de  la  zone  subtatrique. 

»  Ces  plis,  tournés  vers  le  Sud,  contrairement  à  ce  que  semblent  exiger 
les  démonstrations  de  M.  Suess,  contrairement  à  l'allure  générale  arquée 
des  Carpathes,  sont  encore  en  désaccord  avec  l'ensemble  des  Alpes. 

))  Je  propose  donc  aujourd'hui,  pour  expliquer  les  chaînes  calcaires  du 
Haut-Tatra,  une  théorie  analogue  à  celle  des  Alpes. 

»  Cette  nouvelle  interprétation  se  base  sur  un  certain  nombre  de  faits 
péremptoires. 

»  L'inclinaison  des  couches  vers  le  Nord  n'est  pas  une  preuve  en  faveur 
du  plissement  vers  le  Sud,  puisque  nous  connaissions  l'existence  de  plis 
plongeants.  Or,  il  est  possible  de  démontrer  que  les  trois  anticlinaux  de  la 
chaîne  calcaire  du  Taira  sont  des  têtes  anticlinales  plongeantes  de  grands  plis 
couchés  vers  le  Nord. 

»  Les  charnières  frontales,  qui  devraient  se  fermer  vers  le  Sud  dans 
l'hypothèse  de  M.  Uhlig,  sont  inconnues  sur  le  terrain,  aussi  bien  dans  les 
régions  supérieures  que  dans  les  parties  profondes  des  vallées,  comme  par 
exemple  le  long  de  la  Bialka  et  de  la  Jorzebica. 

»  Au  contraire  toutes  les  charnières  conservées  indiquent  régulièrement 
des  mouvements  vers  le  Nord;  ainsi  les  plissements  au  Tomanova-Pass  qui 
laissent  voir  des  charnières  anticlinales  et  synclinales. 


(')  Uhlig,  Die  Géologie  des  Tatragebirges.  Wien,  1897-1899. 


874  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  La  démonstration  péremptoirepeut  être  faite  par  l'analyse  de  la  coupe 
que  montre  le  flanc  gauche  de  la  haute  vallée  de  la  Sucka-Woda,  qui 
coupe  la  région  haut-tatrique. 

»  Cette  région  présente  un  grand  noyau  anticlinal  de  gneiss  et  de  granit 
reposant  sur  des  calcaires  jurassiques  visibles  dans  les  pentes,  et  qui,  avec  le 
Permien  et  le  Trias,  contournent  au  Nord  complètement  le  noyau  de  roches 
primitives  par  une  charnière  anticlinale. 

))  Ainsi  le  petit  massif  granitique  de  Goryczkowa,  de  même  que  celui  de 
Zamky,  forment  le  noyau  anticlinal  d'un  grand  pli  venu  du  Sud  et  consti- 
tuant toute  la  zone  haut-tatrique. 

»  Les  petites  masses  granitiques  et  triasiques  des  environs  de  Malo- 
laczniak  doivent  être  considérées  comme  de  petits  lambeaux  de  recouvrement . 

»  Comme  la  région  haut-tatrique  est  ainsi  une  zone  sans  racine  et  comme 
elle  s'enfonce  sous  la  bande  subtatrique,  il  s'ensuit  que  celle-ci  forme 
les  deux  replis  frontaux,  plongeants,  d'ime  deuxième  nappe  de  recouvrement 
venue  aussi  du  Sud,  supérieure  à  la  précédente . 

»  Ainsi,  grâce  aux  recherches  de  M.  Uhlig,  nous  pouvons  montrer  que 
le  bord  nord  du  Tatra  se  comporte  comme  le  bord  nord  des  Alpes.  Il  est 
formé  par  des  nappes  empilées  dont  la  plus  lointaine  au  Nord  vient  de  la 
région  la  plus  méridionale. 

»  On  sait  que  M.  Uhlig  a  considéré  la  grande  zone  archéenne  comme  un 
quatrième  antichnal.  Nous  pouvons,  pour  la  même  raison  que  celle  invo- 
quée, nous  demander  s'il  s'agit  d'une  nappe  inférieure  aux  précédentes. 
Cette  question  ne  peut  pas  être  résolue,  car  la  vraie  nature  de  la  ligne  limite 
de  la  grande  zone  gneissique  au  Sud  n'a  pu,  malgré  les  efforts  de  M.  Uhlig, 
être,  connue.  S'il  y  a  charriage  de  la  zone  ancienne,  les  lambeaux  méso- 
zoiques  du  Sud  devraient  être  considérés  comme  des  débris  restés  en 
arrière  du  front  égrené  de  la  nappe  subtatrique;  s'il  y  a  réellement  faille, 
ces  lambeaux  nous  indiqueraient  d'où  provient  cette  nappe  puisque  les 
faciès  sont  identiques.  » 

ÉLECTROBIOLOGIE.  —  Vétectrolyse  des  sels  métalliques  séjournant 
dans  les  tissus.  Note  de  M.  André  Poëy.  (Extrait.) 

«  A  la  séance  du  29  janvier  i855,  M.  Dumas  présentait  à  rAcad*émie, 
en  mon  nom,  une  Note  ayant  trait  à  l'apphcation  de  l'Électrochimie  à  l'ex- 
traction des  métaux  introduits  et  séjournant  dans  l'organisme,  d'après  les 
expériences  faites  à  New-York,  en  1 852,  en  collaboration  avec  M.  Vergnès. 
On  se  trouvait  ainsi  en  présence  d'une  vraie  électrolyse  humaine,  et  l'or- 


SÉANCE    DU    17    NOVEMBRE    1902.  8^5 

ganisme  pouvait  être  assimilé  à  une  solution  électrolytique  dans  ce   con- 
ducteur hétérogène,  dont  la  capacité  électrique  est  considérable. 

»  Ce  fait  était  inexplicable  tant  que  la  théorie  électrochimique  de 
Grotthuss  (i8o5)  subsistait,  basée  sur  la  décomposition  et  la  recomposition 
de  proche  en  proche  îles  molécules  électrolysées.  lia  fallu  arriver  au  prin- 
cipe du  transport  des  ions,  d'après  les  données  que  je  demande  là  permission 
de  rappeler  à  l'appui. 

»  La  première  expérience  de  transport  voltaïque  au  travers  des  diaphragmes  serait 
due  à  R.  Potier  (1816).  Elle  fut  formulée  en  lois  par  Wiedemann  (1862  ),  puis  confir- 
mée par  Hittorfï' (i853-i858)  et  reprise  de  nos  jours  par  Kuschel,  Boutj,  Chassy, 
Pavlinoff,  Labatut,  Leduc,  Weiss,  Ilermann,  Destot,  etc. 

»  D'autre  part,  Clausius  (1857)  ayant  assimilé  les  mouvements  des  molécules  en 
solution  aux  mouvements  des  molécules  gazeuses,  l'action  du  courant  voltaïque  ne 
serait  autre  que  celle  d'imprimer  une  direction  commune  aux  mouvements  irréguliers 
des  ions  préalablement  dissociés,  composant  l'électrolyte,  ensuite  à  les  transporter 
à  l'anode  et  à  la  cathode,  suivant  les  lois  de  Faraday  (i833). 

»  Enfin,  Svante  Arrhénius  (1887)  formule  la  nouvelle  théorie  de  l'ionisation  des 
solutions  chimiques  et  de  la  conductibilité  des  électrolytes,  en  s'appuyant  sur  l'analogie 
trouvée  par  M.  Van  t'  Hofif  entre  les  lois  de  la  pression  des  gaz  et  les  lois  de  la  pression 
osmotique. 

»  Il  résulte  donc  qu'un  courant  voltaïque,  traversant  le  circuit  humain,  produit  une 
électrolyse  interstitielle  sur  tout  son  parcours,  accompagnée  d'une  action  endosmo- 
tique  (Dutrochet,  1828-1873),  et  d'un  transport  mécanique  [du  Bois-Reymond 
(1860),  Munk  (1873)]  des  ions  dissociés,  dans  le  sens  du  courant,  qui  se  déposent  à 
la  cathode,  d'après  les  lois  qui  régissent  l'électrolyse  des  solutions  salines,  en  rapport 
avec  leurs  poids  équivalents  (Faraday,  Bouty,  Chassy). 

»  Mais,  dès  i852,  nous  étions  pratiquement  arrivés  à  l'extraction  des 
sels  métalliques  de  l'organisme,  à  l'aide  du  dispositif  suivant  : 

»  Une  baignoire  en  fonte  émaillée,  de  préférence,  est  isolée  du  sol  par  quatre  pieds 
en  verre;  elle  contient  de  l'eau  chaude  étendue  d'acide  sulfurique  pour  l'extraction  du 
plomb,  et  d'acide  azotique  pour  l'extraction  du  mercure  et  autres  métaux.  Sur  un 
banc  pourvu  d'un  dossier,  également  isolé  de  la  baignoire,  le  patient  s'étend  dans 
toute  sa  longueur,  plongeant  dans  l'eau  jusqu'au  cou.  Il  tient  alternativement  des 
deux  mains  l'électrode  positive  terminée  par  un  réophore  en  fer  cylindrique  et  creux, 
enveloppé  d'un  linge  maintenu  humide,  les  bras  reposant  sur  des  supports.  L'élec- 
trode négative  est  fixée  à  une  large  plaque  située  aux  pieds  de  la  baignoire,  n'ayant 
aucun  contact  direct  avec  le  corps  du  patient. 

»  En  vertu  de  ce  dispositif,  on  force  le  courant  positif  à  traverser  librement  l'élec- 
trolyte humain  dans  toute  la  profondeur  de  ses  tissus,  lequel  va  se  fermer  sur  la 
plaque  négative  où  il  dépose  sa  charge  d'ions  dissociés  ramassés  sur  son  parcours, 
pendant  que  les  ions  d'un  plus  grand  poids  coulent  au  fond  de  la  baignoire. 

))   On   peut,  en  moyenne,  employer  de    i5  à  24  éléments  fournissant 


876  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

de  8  à  20  milliampères  approximativement;  car,  par  le  fait  de  la  méthode 
monopolaire  et  de  l'état  pathologique  de  l'intoxiqué,  le  potentiel  élec- 
trique éprouve  certaines  variations  de  modalités,  en  désaccord  avec  les 
prévisions  théoriques.    » 


PHYSIOLOGIE  EXPÉRIMENTALE.  —  Appareil  pour  déterminer  la  durée  des 
impressions  lumineuses  sur  la  rétine.  Note  de  M.  Maurice  Dupoxt,  pré- 
sentée par  M.  Bouchard. 

«  Au  cours  des  recherches  que  j'ai  entreprises  au  hiboratoire  de  M.  le 
Professeur  Joffroy,  à  Sainte-Anne,  pour  l'étude  du  réflexe  lumineux  qui 
joue  un  rôle  si  important  dans  le  diagnostic  des  maladies  du  cerveau,  j'ai 
été  amené  à  étudier  la  physiologie  normale  et  pathologique  de  la  rétine 
au  point  de  vue  de  la  durée  des  impressions  lumineuses. 

»  C'est  une  notion  classique,  qu'une  excitation  lumineuse  perçue  par 
les  centres  nerveux  persiste  uu  certain  temps,  et  que  cet  ébranlement 
moléculaire  offre  une  durée,  puis  s'amortit,  si  bien  que  la  cellule  peut  de 
nouveau  subir  une  nouvelle  excitation  vibratoire. 

»  Les  phénomènes  optiques  auxquels  donne  lieu  cette  propriété  des 
cellules  nerveuses  sont  trop  connus  pour  qu'il  soit  nécessaire  de  les  rap- 
peler ici,  mais  étant  donnée  cette  particularité  physiologique,  il  est  permis 
de  supposer  que  la  durée  d'une  impression  lumineuse  doit  être  subor- 
donnée à  l'état  d'intégrité  des  centres  nerveux  et  que  le  temps  peut  varier 
en  plus  ou  en  moins  suivant  l'état  pathologique  de  la  cellule,  si  bien  que 
des  variations  dans  la  durée  d'une  impression  lumineuse  d'une  intensité 
donnée  peuvent  être  interprétées  comme  un  sif^ne  nouveau  et  rapporté  à 
des  lésions  déterminées. 

))  La  physiologie  pathologique  de  la  rétine  n'ayant  pas  été  étudiée  à  ce 
point  de  vue,  j'ai  été  conduit  à  établir  un  appareil  et  une  technique  que  j'ai 
l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  pour  déterminer  :  1°  la  durée  nor- 
male des  impressions  lumineuses  sur  la  rétine;  2°  pour  rechercher  les 
variations  pathologiques  qui  peuvent  se  produire. 

»  Au  lieu  d'employer  les  procédés  chronométriques  sujets  à  variations,  il  m'a  paru 
plus  intéressant  d'utiliser  un  agent  physique,  le  diapason,  pour  calculer  le  temps 
d'une  façon  constante.  Ce  diapason  remplaçant  le  chronomètre,  des  curseurs  con- 
stituent le  régulateur,  et  une  graduation  sur  les  branches  indique  le  nombre  de  vibra- 
tions par  rapport  à  la  place  occupée  par  les  curseurs. 

»  Afin  d'obtenir  un  nombre  de  vibrations  excessivement  faible  sans  exagérer  la  lon- 
gueur des  branches,  j'ai  augmenté  progressivement  la  cAa/'^e  jusqu'au  poids  de  ii''s. 


SF.ANCE    DU     17    NOVEMBRE     iqo2.  877 

»  1°  L'appareil  se  compose  d'un  diapason  dont  Tune  des  branches  porte  un  écran  Kn 
arrière  de  l'écran  se  trouve  une  lampe  électrique  enfermée  dans  une  lanlerne  percée 
d'un  orifice;  en  avant  de  l'écran,  un  microscope  pour  observer  le  point  lumineux. 

»  L'écran  porte  sur  le  côté  un  petit  prisme  coloré  qui,  au  repos,  masque  le  foyer. 
Le  diapason  est  mis  en  activité  par  un  électro-aimant.  11  est  gradué  en  deux  ocLaves- 
la  note  la  plus  basse  correspond  à  quatre  vibration?,  soit  : 

Utz=Z4  50/ =6  Ut^=     8  .sol   -    19. 

ré  =  4)5  /«  m  6 ,  65  ré  =9  /a  —  1 3 , 3 

jn  i  =0  si  =^7,5  miz=  lo  si  =r.  t  T» 

fa  =  5,33  yV/  =  I  o ,  65  i/î  ■=■-  i  (3 

»  En  plaçant  les  deux  curseurs  au  niveau  de  chaque  graduation,  on  obtiendra  le 
nombre  indiqué  de  vibrations. 

»  Au  repos  l'œil  aperçoit  une  image  colorée  réfractée  dans  le  prisme;  le  diapason 
vient-il  à  vibrer,  le  prisme  se  déplace  et  démasque  le  foyer  d'où  émane  une  imao-e 
directe  non  colorée.  Admettons  que  le  nombre  de  vibrations  soit  de  4,  soiti  de  seconde. 
Pendant  la  moitié  de  la  vibration  le  foyer  sera  découvert;  pendant  l'autre  moitié,  caché. 
L'image  directe  sera  aperçue  pendant  l  de  seconde  et  l'image  réfractée  pendant  |  de 
seconde.  De  plus  une  vibration  verticale  se  produit  à  l'extrémité  de  la  course.  Si 
l'excitation  de  la  rétine  persiste  un  temps  inférieur  à  |  de  seconde  il  va  se  produire 
que  l'image  réfractée,  qui  est  aperçue  encore  lorsque  l'image  directe  apparaît,  \asauter 
verticalement  puis  disparaître  pendant  le  temps  où  l'image  directe  est  vue.  On  voit 
ainsi  les  images  Jong'ler^  et,  si  le  mouvement  se  ralentit,  une  disparaît  et  l'autre  repa- 
raît :  le  temps  qui  s'écoule  entre  le  passage  de  chaque  image  est  donc  supérieur  au 
temps  pendant  lequel  chaque  image  persiste  sur  la  rétine.  Mettons  les  curseurs  sur 
sol  :=  12. 

»  L'œil  aperçoit  deux  images  simultanées  et  fixes,  il  n'y  a  plus  de  sautillement  : 
lorsque  la  seconde  image  apparaît  réfractée  sur  le  prisme,  la  première,  directe,  n'a  pas 
eu  le  temps  de  disparaître  sur  la  rétine,  qui  les  perçoit  en  même  temps;  les  images  ne 
jonglent  plus;  donc  le  temps  qui  s'écoule  entre  chaque  vibration  est  inférieur  au 
temps  pendant  lequel  uue  impression  persiste  sur  la  rétine. 

»  2°  L'observation  peut  être  faite  avec  l'écran  seul,  qui  détermine  des  variations  du 
côté  du  foyer  moins  faciles  à  apprécier  que  les  variations  obtenues  avec  le  prisme. 
De  même  en  employant  l'orifice  au  centre  de  l'écran  qui  doit  être  placé  dans  l'axe 
rayon  du  visuel. 

»  3°  Un  autre  procédé  consiste  à  placer  sur  le  côté  de  l'écran  un  contact  d'où  jaillit 
une  étincelle  d'induction  à  chaque  oscillation  de  l'écran.  Tant  que  l'étincelle  paraît 
intermittente,  les  curseurs  indiquent  que  le  temps  écoulé  entre  chaque  vibration  est 
supérieur  à  celui  de  l'impression  lumineuse  sur  la  rétine.  Lorsque  l'étincelle  paraît 
continue,  le  temps  de  l'impression  rétinienne  égale  celui  de  la  vibration.  Ici  il  faut  noter 
le  temps  d'une  vibration  entière,  puisque  l'étincelle  n'apparaît  qu'à  chaque  retour  de 
l'écran. 

»  4°  La  même  recherche  peut  être  faite  avec  les  couleurs  complémentaires  dispo- 
sées sur  le  foyer  et  sur  l'écran. 

»   Enfin  la  projection  de  l'image  peut  être  faite  sur  un  écran  avec  un  fover  suffisant. 
C.  K.,  1902,  2»  Semestre.  (T.  CWW,  N-  20.)  '  I  ' 


878  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  La  graduation  de  ce  diapason  ('),  non  exempte  de  difficultés,  a  été  réalisée  d'une 
façon  absolument  exacte  par  la  méthode  de  Lissajous  au  moyen  d'un  comparateur 
spécial.  Vu  le  chiffre  des  vibrations  obtenu,  je  ne  sache  pas  qu'il  ait  été  encore  construit 
de  diapason  donnant  un  nombre  aussi  faible  de  vibrations. 

M  En  résumé,  j'ai  entrepris,  au  moyen  de  cet  appareil  nouveau,  une  série 
de  recherches  afin  de  déterminer  les  variations  normales  et  pathologiques 
que  peut  présenter  la  durée  de  la  persistance  des  images  sur  la  rétine 
pour  les  rapporter  à  des  lésions  déterminées  en  passant  en  revue  succes- 
sivement les  rayons  colorés  du  spectre,  pour  attacher  à  chacun  d'eux  un 
coefficient  particulier.  Le  même  procédé  permet  de  calculer  le  temps  mi- 
nimum nécessaire  pour  qu'une  impression  lumineuse  soit  perçue.    » 

PHYSIQUE  BIOLOGIQUE.  —  Production  r/u  sommeil  et  de  l' anesthésie générale 
par  les  courants  électriques .  Note  de  M.  Stéphane  Leduc,  présentée  par 
M.  d'Arsonval. 

«  Dans  une  Note  précédente  (^Comptes  rendus,  i\  juillet  1902),  nous 
avons  indiqué  comment,  avec  10  à  3o  volts,  et  des  courants  intei  rompus 
i5o  à  200  fois  par  seconde,  on  pouvait  réaliser,  chez  les  animaux,  l'inhibi- 
tion des  hémisphères  cérébraux,  et  produire  le  sommeil  et  l'anesthésie 
générale.  Le  procédé  avait  Tinconvénient  d'occasionner,  pour  la  mise  en 
sommeil,  des  contractures  ou  des  convulsions  cloniques  élevant  la  pres- 
sion sanguine,  provoquant  l'évacuation  de  la  vessie  et  de  l'intestin,  et 
causant  un  arrêt  momentané  de  la  respiration. 

»  Ces  inconvénients  sont  atténués  par  l'emploi,  dans  le  circuit,  d'un 
rhéostat  sans  self-induction,  permettant,  par  une  augmentation  graduelle, 
d'atteindre  en  3  à  5  minutes  l'intensité  nécessaire.  Cette  méthode  existe  la 
mise  préalable  dans  le  circuit  d'une  force  éiectromotrice  au  moins  égale  à 
la  force  maxima  à  atteindre,  alors  que  les  résultats  sont  d'autant  plus  par- 
faits que  la  force  électromotrice  employée  est  moindre. 

»  En  employant  un  réducteur  de  potentiel  sans  self-induction,  de  façon 
à  élever  régulièrement,  dans  3  à  5  minutes,  la  force  électromotrice  au 
chiffre  nécessaire,  les  animaux  passent  doucement,  progressivement,  sans 
un  mouvement  de  défense  ou  de  fuite,  sans  un  cri,  sans  changement  dans 
les  mouvements  de  la  respiration  et  du  cœur,  de  l'état  de  veille  à  l'état  de 
sommeil  tranquille,  régulier,  et  d'anesthésie  générale  absolu(\  Le  chien 
fléchit  d'abord  la   tête  comme  assou])i,  s'assied,  se  couche  sur  le  flanc, 

(*)  Cet  appareil  a  été  construit,  sur  mes  indications,  par  M.  Lancelot. 


SÉANCE    DU    17    NOVEMBRE    1902,  S'jq 

s'endort  d'un  sommeil  en  apparence  reposant,  sans  avoir  donné  le  moindre 
signe  de  protestation  ou  de  douleur.    » 

PHYSIQUE.  —  Reproduclion  en  nombre  illimité  des  phono grammes  en  cire, 
pour  musées  pho  no  graphiques,  par  le  moulage  galvanoplastique.  Procédé 
par  fusion  et  procédé  par  compression  et  chaleur  combinées.  Note  de  M.  L. 
AzouLAY,  présentée  par  M.  Marey. 

«  Les  musées  phonographiques,  tels  que  ceux  de  l'Académie  des  Sciences 
de  Vienne  et  celui  de  la  Société  d'anthropologie  de  Paris  fondé  sur  mon 
initiative,  ne  peuvent  exister  et  se  multiplier  que  si  les  documents  ori- 
ginaux restent  indélébiles.  Par  le  procédé  mécanique  du  doublage  par  une 
sorte  de  pantographe,  le  phonogramme  original  est  tellement  altéré  par 
les  copies  successives  qu'il  n'est  plus  utilisable  au  bout  de  quelques  cen- 
taines de  copies.  Dans  les  deux  procédés  que  je  vais  décrire  sommairement, 
le  phonogramme  original  demeure  intact;  le  moulage  métallique  que  l'on 
en  fait  et  les  copies  tirées  ne  l'allèrent  que  fort  à  la  longue. 

))  Le  phonogramme  original  (dans  l'espèce,  un  cylindre)  est  moulé  en 
cuivre  rouge  par  la  galvanoplastie.  Débarrassé  par  fusion  du  cylindre 
enregistré  qui  l'a  fourni,  nettoyé  et  nickelé  le  cas  échéant,  le  moule  métal- 
lique, dont  l'épaisseur  doit  atteindre  2'""*  à  3'"™,  est  la  base  des  opérations 
des  deux  procédés. 

»  Dans  le  procédé  par  fusion,  le  moule  métallique  est  centré  sur  un  noyau  ou 
mandrin  tronconique  reposant  sur  sa  grande  base;  mis  à  i'étuve  simultanément  avec 
la  cire  qui  doit  v  être  versée,  laissé  là  jusqu'à  la  température  de  fusion  de  cette  cire, 
environ  120°.  Alors  on  y  verse  la  matière  en  fusion  très  également  et  l'on  juge,  par  la 
consistance  croissante  de  la  cire,  du  moment  où  il  faut  enlever  le  mandrin,  car  si  on 
l'enlève  pendant  que  la  cire  est  encore  assez  malléable,  le  mandrin  ne  sort  plus,  retenu 
par  la  puissance  de  rétraction  de  la  matière.  On  essuie  le  mandrin  et  on  le  remet, 
cette  fois-ci,  le  petit  bout  en  bas.  On  enferme  le  tout  dans  une  enveloppe  mauvaise 
conductrice  de  la  chaleur  et  à  condition  d'enfoncer  de  temps  en  temps  le  mandrin  dans 
le  cylindre  de  cire,  on  retire  après  refroidissement,  elle  mandrin  enlevé  au  préalable, 
un  cylindre  bien  calibré  reproduisant  fidèlement  le  texte  original.  Il  suffit  de  le 
polir  sur  le  phonographe  à  l'aide  d'une  peau  de  chamois  pour  qu'il  soit  prêt  à  être 
entendu. 

»  Second  procédé  par  compression  et  chaleur  combinées.  —  Le  moule  métallique 
reçoit  à  l'intérieur,  à  basse  température,  un  cylindre  de  cire,  parfaitement  raboté, 
vierge,  un  peu  plus  court  et  plus  étroit  que  le  moule  (à  cause  de  l'allongement  de  la 
cire  sous  la  chaleur).  On  introduit  ensuite,  dans  le  cylindre  de  cire,  un  sac  de  caout- 
chouc dévulcanisé,  tronconique  ou  cylindrique,  muni  d'une  valve  et  l'on  serre  le  tout 
dans  un  étui  de  forte  tôle  d'acier.  On  introduit  l'appareil  dans  une  étuve  réglée  inva- 


88o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

riablement  sur  une  température  de  5°  environ  inférieure  à  celle  du  début  de  la  désin- 
tégration de  la  cire  (le  début  est  à  environ  la  moitié  de  la  température  de  fusion  de 
la  cire,  d'après  mon  expérience).  On  attend  l'équilibre  certain  de  la  température  et, 
à  l'aide  d'une  pompe  munie  d'un  manomètre,  on  comprime  dans  le  sac  de  l'air 
chauffé  (plutôt  que  froid)  à  une  pression  de  S''*'"  et  au  delà  (en  raison  de  l'épaisseur 
du  nioule).  (La  pression  pourrait  être  mécanique  ou  hj'draulique  avec  avantage,  pour 
les  disques  surtout.)  On  attend  i  heure  ou  plus,  et  d'autant  moins  que  la  pression  a 
été  plus  forte.  L'appareil  maintenu  toujours  à  la  même  température,  on  ouvre  la  valve, 
on  sort  de  l'étui  le  moule  et  le  cylindre  y  adhérant;  on  y  introduit,  pour  maintenir  la 
cylindricité,  un  mandrin  chauffé  dans  la  même  étuve,  et  on  les  enferme  dans  une 
enveloppe  mauvaise  conductrice  de  la  chaleur  jusqu'à  refroidissement  complet.  On 
opère  ensuite  exactement  comme  dans  le  premier  procédé. 

»  Ces  deux  techniques  sont  a|)plicables  aux  phonogramines  sur  disques. 
Jja  Commission  des  Archives  phonographiques  de  l'Académie  des  Sciences  de 
Vienne  a  publié  intégralement,  en  juillet  dernier,  le  procédé  par  fusion 
qu'elle  em[)loie  pour  ses  disques.  Je  publie  aujourd'hui  le  procédé  pour 
les  cylindres,  car  les  manipulations  sont  de  difficulté  différente.  Le  pro- 
cédé par  compression  et  chaleur  combinées  est  le  plus  facile  et  le  plus  sûr 
quand  on  dispose  d'un  matériel.    » 


CHIMIE  INDUSTRIELLE.  —  Production  de  couleurs  fixes  sur  tous  genres  de 
cuirs,  par  l'emploi  de  sels  de  molybdène  combinés  à  des  madères  tannantes 
ou  à  des  couleurs  mordantes  végétales.  Note  de  M.  I^mm.  Pozzi-Escot. 
(Extrait.) 

«  En  résumé  :  L'emploi  des  sels  de  molybdène  permet  un  nouveau 
])rocédé  de  tannage,  identique  au  procédé  Draeher;  la  laque  molybdène- 
tannin  est  soluble  et  possède  une  très  grande  affinité  pour  le  cuir  et  les  fibres 
animales;  elle  possède  par  elle-même  une  couleur  jaune  foncé  très 
agréable,  que  l'on  peut  nuancer  par  l'addition  d'extraits  de  bois  de  tein- 
ture, avec  lesquels  ces  molybdales  donnent  aussi  une  laque,  ce  qui  permet 
d'obtenir  une  très  grande  variété  de  tons.    » 

A  5  heures  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  et  demie. 

M.    B. 


ACADÉMIE   DES    SCIENCES 

SÉANCE  DU    LUNDI  24  NOVEMBRE   1902, 

PRÉSIDÉE  PAR  M.  ALBERT  GAUDRY. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

ASTRONOMIE.  — ■    Vitesse  de  la  lumière;  parallaxe  solaire. 
Note  de  M.  Perrotix. 

«  L'an  dernier,  à  pareille  date,  à  l'occasion  d'une  Note  traitant  d'un 
tout  autre  sujet,  j'avais  l'honneur  d'informer  l'Académie  que  l'Observatoire 
de  Nice  était  à  la  veille  d'entreprendre  une  nouvelle  série  de  mesures  de 
la  vitesse  de  la  lumière,  par  la  méthode  de  la  roue  dentée  de  Fizeau,  et  que 
les  stations  choisies  étaient  la  grande  coupole  de  l'Observatoire  et  le  mont 
Vinaigre,  dans  l'Estérel,  à  46'''°  l'une  de  l'autre,  distance  qui  n'avait  pas 
été  atteinte  jusqu'à  ce  jour- 

»  Les  opérations  que  j'annonçais  alors  sont  aujourd'hui  terminées,  et 
c'est  le  résultat  auquel  elles  conduisent  qui  se  trouve  consigné  dans  la  pré- 
sente Note. 

»  Les  mesures  n'ont  pas  duré  moins  d'une  année  et  non  moins  longues 
avaient  été  les  études  préliminaires  auxquelles  elles  avaient  donné  lieu. 

»  Celles  qui  furent  faites  auparavant,  à  ii^"^,  et  dont  les  Comptes  rendus 
de  la  séance  du  5  novembre  1900  donnent  les  conclusions,  ne  nous 
avaient  donné  que  de  vagues  indications  sur  les  difficultés  instrumentales 
ou  atmosphériques,  de  réfraction  notamment,  que  l'on  rencontre  avec  une 
distance  qui  est  presque  quatre  fois  celle-là  et  une  image  fournie  par  un 
faisceau  de  rayons  lumineux  qui,  tout  en  restant  à  une  faible  hauteur 
au-dessus  du  sol,  traverse  une  couche  d'air  dont  l'épaisseur,  en  comptant 
l'aller  et  le  retour,  est,  en  somme,  de  92'^'".  Après  bien  des  tâtonnements, 
des  déceptions  de  toute  nature,  nous  sommes  parvenu  à  surmonler  la  plu- 
part des  obstacles  qui  nous  avaient  longtemps  tenu  en  échec,   en  mettant 

G.   R.,  igba,  a»  Semestre.  (T.  CX-XXV,  N»  21. 


882 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


à  coîitribulion  les  instruments  les  plus  puissants  de  l'Observatoire  :  l'ob- 
jectif de  G'",  76  de  diamètre  comme  lunette  d'émission,  et  celui  de  o'",  38 
comme  collimateur  (  '  ). 

))  Cette  heureuse  circonstance  nous  permet  de  soumettre  aujourd'hui  à 
l'Académie  le  Tableau  résumé  de  1100  mesures  qui,  obtenues  dans  des 
conditions  très  variées  de  l'état  de  l'atmosphère  et  du  fonctionnement  des 
appareils,  se  trouvent  peu  affectées,  dans  leur  moyenne  définitive,  par  les 
causes  d'erreurs  systématiques. 

»  Les  mesures,  qui  ont  porté  sur  dix-sept  ordres  différents  de  phéno- 
mènes, sont  résumées  dans  le  Tableau  ci-après  : 


Ordres. 

XVI. . . . 
XVII . . . 
XVIII . . 
XIX. . . . 
XX .  . . . 
XXI. .  .  . 
XXII . .  . 

XXIII  . . 

XXIV  . . 
XXV . .  . 

XXVI .  . 

XXVII . 
XXVIII. 
XXIX  .  . 
XXX . . . 
XXXI .  . 
XXXII.. 


Vitesse 

dans  le  vide 

en  milliers 

Nombre 

de  kilomètres. 

d'observations. 

Poids 

3oo,52 

3o 

288 

299'72 

35 

38i 

299,60 

32 

392 

3oo,3i 

39 

534 

3oo, i3 

76 

ii56 

299,55 

66 

1109 

299,88 

41 

708 

299,58 

70 

i5i9 

299,86 

86 

1900 

3oo,o3 

i4i 

3385 

299^89 

80 

2081 

3oo,24 

49 

1376 

299)72 

48 

l452 

3oo,38 

36 

1 170 

3oo,52 

52 

1810 

299'73 

76 

2828 

299,50 
rolal 

i47 

I  lOQ  obs. 

5834 

»   On  en  déduit,  par  la  moyenne  pondérée,  pour  la  vitesse  exprimée  en 
milliers  de  kilomètres  et  dans  le  vide, 


299,86  ±  0,08. 


(')Ce   qui    nous    donnait  une   supérioiùté  évidente  sur  les   expériences   de    1874 
(M.  Cornu). 


SÉANCE    DU    24    NOVEMBRE    1902.  883 

»  Ce  nombre  diffère  peu  de  celui  que  nous  avions  obtenu  par  i5oo  me- 
sures avec  la  station  de  la  Gaude  : 

299,90  ±:  0,08. 

))  Cette  étude,  qui  n'a  pas  exigé  moins  de  trois  années  d'un  travail  très 
attachant,  sans  doute,  mais  aussi  parfois  très  pénible,  et  qui  n'a  pas  été 
exempte  de  mécomptes,  n'aurait  pas  abouti  sans  les  précieux  conseils  de 
M.  Cornu,  l'éminent  physicien  dont  la  Science  déplore  la  perte  et  dont  la 
mémoire  est  particulièrement  chère  aux  astronomes  de  Nice,  ses  encou- 
ragements répétés,  et  sans  l'appui  bienveillant  qu'il  est  superflu  de  dire  que 
l'on  trouve  toujours  auprès  du  fondateur  de  notre  observatoire  en  pareille 
circonstance  ('  ). 

»  En  résumé,  l'ensemble  des  opérations  précédentes  conduit,  pour  la 
valeur  de  la  vitesse  de  la  lumière,  au  nombre 

299,88, 

dont  l'incertitude  ne  dépasse  pas  5o^^. 

»  Il  nous  a  paru  opportun  de  rapprocher  ce  résultat  de  celui  que  les 
observations  de  la  planète  Éros  viennent  de  nous  fournir  pour  la  valeur  de 
la  parallaxe  solaire. 

))   Le  nombre 

8",8o5(2)±o",oii 

auquel  nous  conduit  la  résolution  de  quarante  équations  de  condition, 
basées  sur  quarante  soirées  de  mesures  faites  avant  et  après  le  passage  de 
la  planète  au  méridien,  combiné  avec  celui  qui  précède,  donne,  par  une 


(')  M.  Prim  a  fait  lui-même  un  certain  nombre  de  mesures,  en  partie  réduites,  qui 
l'ont  conduit  au  nombre  provisoire 

299-92  ; 

d'autre  part,  sur  les  données  fournies  par  le  général  Basset,  M.  Simonin,  assisté  de 
M.  Colomas,  a,  par  deux  fois,  rattaché  l'observatoire  au  réseau  géodésique  delà  Carte 
de  Fiance,  et  M.  Javelle  nous  a,  comme  toujours,  a'ssislé  avec  un  dévouement  et  un 
désintéressement  scientifiques  que  nous  ne  saurions  trop  reconnaître. 

(^)   Ce  nombre  est  fourni  par  la  méthode  des  moindres  carrés;  en  donnant  le  même 
poids  à  chaque  soirée,  on  aurait 

8",  789, 
lequel  est  également  possible. 


884  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

relation   bien  connue,   pour  la  valeur  du  coefficient  de  l'aberration  an- 
nuelle : 

20",  465. 

»  C'est  le  nombre  adopté  par  la  Conférence  astronomique  internationale 
de  1896  sur  la  proposition  de  MM.  Lœwy  et  Newcomb. 

»  Cette  vérification,  qui  intéresse  trois  constantes  fondamentales  de 
l'Astronomie  ou  de  la  Physique  et  sur  lesquelles  deux  ont  été  déterminées 
à  nouveau  par  l'Observatoire  de  Nice,  était  utile  à  faire. 

»  C'est,  peut-être,  en  somme,  la  confirmation  pure  et  simple  de  résultats 
récemment  acquis,  tout  au  moins  en  ce  qui  concerne  la  parallaxe  solaire; 
mais,  dans  l'espèce,  les  preuves  ne  sauraient  être  ni  trop  nombreuses  ni 
trop  indépendantes;  celle  que  nous  apportons  aujourd'hui  repose  sur  un(> 
opération  qui  a  été  longue,  laborieuse,  souvent  pénible,  toujours  difficile, 
il  faut  le  reconnaître;  mais  exécutée  sans  idée  préconçue,  avec  le  désir  de 
très  bien  faire,  à  une  très  grande  distance  et  à  l'aide  d'instruments  d'une 
puissance  optique  considérable  et  dont  nous  avons  eu  la  rare  bonne  for- 
tune de  pouvoir  disposer. 

»  Cette  double  circonstance  justifiera  peut-être,  à  elle  seule,  la  publi- 
cation actuelle.   » 


PALÉONTOLOGIE.   ~  Sur  l'origine  et  la  dispersion  géographique 
du  Lagomys  corsicanus.  Note  de  M.  Ch.  Depéret. 

«  La  petite  famille  des  Lagomydés  ou  lièvres  à  oreilles  courtes  comprend, 
à  l'époque  actuelle,  une  quinzaine  d'espèces  qui  habitent  les  steppes  de 
l'Asie  et  de  l'Amérique  du  Nord;  l'une  d'elles,  le  Lagomys pusillus,  étend 
son  habitat  jusqu'à  la  Russie  orientale. 

»  Pour  bien  comprendre  l'histoire  de  ce  groupe,  il  convient  de  le  sub- 
diviser en  deux  petits  genres  :  1°  les  vrais  Lagomys  Cuvier,  caractérisés 
par  leurs  deux  prémolaires  d'en  haut  de  foraie  transverse,  avec  un  simple 
ph  d'émail  en  avant,  et  par  leur  première  prémolaire  d'en  bas  allongée  et 
relativement  étroite;  2*^  les  Prolagus  Pomel  ou  Myolagus  Hensel,  dont  les 
deux  prémolaires  d'en  haut  sont  en  prisme  triangulaire  avec  un  double 
repli  d'émail  en  dehors,  et  dont  la  première  prémolaire  inférieure  est  éga- 
lement triangulaire,  très  forte,  et  détermine  une  gibbosité  sur  la  face 
externe  de  la  mandibule. 

»   Le  genre  Lagomys  est  un  groupe  essentiellement  septentrional,  qui  ren- 


SÉANCE  DU  24  NOVEMBRE  1902.  885 

ferme  loutes  les  espèces  actuelles  de  l'Ancien  et  du  Nouveau  Monde;  à 
l'époque  quaternaire,  l'une  d'elles,  le  L.  pusilius,  poussait  son  habitat 
jusqu'en  Allemagne,  dans  le  bassin  de  Paris  et  en  Angleterre. 

»  Le  genre  Prolagus  ou  Myolagus  est,  au  contraire,  un  groupe  méridional 
ou  méditerranéen,  qui  possède  des  racines  anciennes  dans  le  Tertiaire  de 
nos  contrées.  A  l'époque  miocène,  le  P.  Meyeri  Tschudi  était  répandu 
depuis  la  Bavière  (Gûusburg)  et  le  Wurtemberg  (Steinheim)  jusqu'aux 
Pyrénées  (Sansan),  en  passant  par  la  Suisse  (OEningen,  Vermes)  et  la 
vallée  du  Rhône  (La  Grive-Saint-Allan,  Mont-Ceindre).  Il  est  intéressant 
de  remarquer  que  cette  zone  d'habitat  suit  assez  exactement  le  bord 
septentrional  de  l'ancienne  Méditerranée  miocène,  dont  un  bras  important 
contournait  au  nord  la  chaîne  des  Alpes. 

»  Le  Lagomys  corsicanus  de  Cuvier  appartient  au  même  groupe.  Signalé 
tout  d'abord  par  Cuvier  dans  les  brèches  osseuses  quaternaires  de 
Bastia  ('),  il  a  été  ensuite  retrouvé  dans  le  quaternaire  de  Sardaigne  par 
Hensel  qui  lui  a  donné  le  nom  de  Lagomys  sardus.  La  présence  exclusive 
de  ce  petit  rongeur  dans  ces  deux  îles  de  la  Méditerranée  occidentale 
constituait  une  véritable  énigme  au  point  de  vue  de  son  origine.  Ce  pro- 
blème zoologique  me  semble  pouvoir  maintenant  être  éclairci  par  les  faits 
suivants  : 

»  Dans  mon  Mémoire  sur  les  Animaux pliocènes  du  Roussillon,  j'ai  décrit 
dans  le  Pliocène  moyen  de  ce  pays  un  Lagomydé  tellement  voisin  du  type 
(le  Corse,  que  j'ai  dû  l'inscrire  sous  le  même  nom  de  Prolagus  corsicanus, 
malgré  la  différence  assez  grande  de  niveau  géologique.  Ce  fait  laissait 
pressentir  déjà  l'origine  continentale  du  Lagomys  de  Corse  et  de 
Sardaigne. 

»  Cette  hypothèse  vient  de  recevoir  une  confirmation  décisive,  grâce  à 
une  découverte  faite  par  M.  l'abbé  Aimera.  Ce  savant  confrère  vient  de 
m'envoyer  une  série  d'ossements  enfouis  dans  une  brèche  rougeàtre  qui 
remplit  une  petite  grotte  à  Gracia,  aux  portes  de  Barcelone.  J'ai  reconnu, 
dans  ces  débris,  de  nombreux  ossements  et  des  mâchoires  du  L.  corsicanus 
parfaitement  typique,  associé  au  Rhinocéros  Mercki,  à  une  petite  race  du 
Cerf  élaphe,  et  à  des  Tortues  de  terre  assez  spéciales.  Cette  faune  se  ra[)- 
porte,  sans  hésitation,  à  l'époque  du  Quaternaire  ancien. 


(*)  J'ai  même  signalé  récemment,  d'après  les  documents  que  m'ont  envoyés 
MM.  Caziot  et  Ferton,  l'existence  d'une  traînée  de  poches  à  Lagomys  dans  le  sud  de 
l'île  de  Corse,  au\  environs  de  Bonifacio. 


886  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

)>  La  découverte  de  M.  Aimera  ne  restera  sans  doute  pas  isolée  et  l'on 
retrouvera  le  Lagomys  de  Corse  sur  d'autres  points  du  littoral  méditer- 
ranéen; mais  il  est  dès  maintenant  facile  de  suivre  l'émigration  géologique 
de  ce  rongeur  depuis  le  Pliocène  de  Perpignan,  en  passant  par  le  Quater- 
naire ancien  de  Barcelone,  jusqu'au  Quaternaire  récent  de  Corse  et  de 
Sardaigne. 

»  Quant  à  l'époque  à  laquelle  il  a  pu  passer  dans  ces  îles,  je  dois 
renvoyer  à  mon  travail  sur  Quelques  Mammifères  pléistocènes  de  l'île  de  Coj^se 
où  j'ai  essayé  d'établir,  par  des  arguments  à  la  fois  géologiques  et  paléonto- 
logiques,  que  cette  île,  unie  à  une  partie  de  la  Sardaigne,  formait,  jusqu'à 
la  fin  des  temps  pliocènes,  une  longue  péninsule,  sorte  d'Italie  en  minia- 
ture, rattachée  au  continent  provençal  des  Maures.  C'est  par  cette  voie 
qu'a  pu  passer  en  Corse  un  Cerf  que  j'ai  nommé  Cervus  Cazioti,  qui  diffère 
entièrement  du  Cerf  actuel  de  Corse  et  dont  j'ai  montré  les  affinités  avec 
les  espèces  du  Pliocène  supérieur  d'Angleterre  et  d'Italie. 

))  C'est  ce  même  pont  qu'a  emprunté  le  Lagomys  corsicanus  pour 
prendre  possession  de  ces  contrées,  aujourd'hui  insulaires,  où  son  aire  de 
dispersion  a  été  dissociée,  grâce  à  des  effondrements  survenus  sur  la  fin  du 
Pliocène  ou  au  début  du  Quaternaire.  Il  est  curieux  de  noter  que  ce  rou- 
geur semble,  dans  l'état  de  nos  connaissances,  s'être  éteint  dans  le  conti- 
nent après  la  première  partie  des  temps  quaternaires,  tandis  qu'il  a  pu  se 
maintenir  dans  les  îles  jusqu'à  une  époque  assez  récente,  contemporaine 
de  l'homme  néolithique.  » 


3IEMOIRES  PRESENTES. 

M.  Cailletet  est  adjoint  à  la  Commission  de  TAéronautique. 

M.  L.  Fraichet  adresse  un  Mémoire  portant  pour  titre  :  n  Méthode 
d'essai  des  métaux,  basée  sur  la  variation  de  la  réluctance  d'un  barreau  de 
traction  ». 

(Commissaires  :  MM.  Maurice  Levy,  Sarrau,  Potier.) 

M.  GuERDKR  adresse  un  Mémoire  intitulé:  «  Etude  clinique  sur  une  anti- 
toxine   tuberculeuse.    Résultats    thérapeutiques    dans    les    tuberculoses 

localisées  ». 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Roux.) 


SÉANCE   DU    24    NOVEMBRE    1902.  887 


CORRESPOND  AIVCE . 


M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

1°  Un  Volume  de  M.  V.  Bjerknes,  de  Stockholm,  portant  pour  titre  : 
«  Vorlesungen  ûber  hydrodynamische  Fernkràfte  ».  (Présenté  par  M.  H. 
Poincaré.) 

2°  La  deuxième  livraison  du  «  Répertoire  graphique  des  repères  du  nou- 
veau réseau  fondamental  du  Nivellement  général  de  la  France  »,  adressée 
par  M.  Ch.  Lallemand. 

3*"  Les  premiers  numéros  du  «  Bulletin  mensuel  de  l'Observatoire  de 
Belgrade  »,  adressés  par  M.  Milan  Nedelkovilch ,  directeur  de  l'Observatoire. 
(Présenté  par  M.  Mascart.) 

40  Un  Volume  intitulé  :  «  La  faune  momifiée  de  l'ancienne  Egypte, 
!*■«  série  »  ;  par  MM.  Lortet  et  C.  Gaillard.  (Présenté  par  M.  Chauveau.) 

M.  Lœwy  fait  hommage  à  l'Académie  au  nom  de  M.  Cruls,  Directeur 
de  l'Observatoire  de  Rio-de-Janeiro,  d'un  Rapport  sur  les  travaux  accomplis 
en  1901  par  la  Commission  brésilienne  chargée,  sous  la  direction  de 
M.  Cruls,  de  procéder  à  l'exploration  des  sources  principales  du  Javary  et 
à  la  détermination  des  coordonnées  géographiques  de  divers  points  de  cette 
région  située  aux  limites  communes  du  Brésil,  du  Pérou  et  de  la  Bolivie. 

ASTRONOMIE  PHYSIQUE.  —  Observations  du  Soleil,  faites  à  l'Observatoire  de 
Lyon  {èquatorial  BriXnner  de  o'",  16),  pendant  le  troisième  trimestre 
de  1902.  Note  de  M.  J.  Guillaume,  présentée  par  M.  Mascart. 

((  Nous  avons,  pendant  ce  trimestre  ('),  79  jours  d'observation,  dont  les 
principaux  résultats  sont  les  suivants  : 

»  Taches.  —  Le  nombre  des  groupes  de  taches,  de  même  que  leur  sur- 
face moyenne  totale,  a  augmenté  :  on  a  noté  1 1  groupes  mesurant  ensemble 
une  aire  de  32i  millionièmes,  contre  6  groupes  et  112  millionièmes  dans 
le  trimestre  précédent  (voir  présent  Tome  des  Comptes  rendus,  p.  674)- 


(')  Les  observations  de  la  deuxième  quinzaine  de  septembre,  au  nombre  de  11,  ont 
été  faites  par  M.  Luizet. 


888 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


»  La  répartition  de  ces  groupes  entre  les  deux  hémisphères  est  de  3  au 
sud  au  lieu  de  i,  et  de  8  au  nord  au  lieu  de  5. 

))  Le  nombre  des  jours  où  le  Soleil  a  été  vu  sans  taches  est  de  62,  d'où 
il  résulte  un  nombre  proportionnel  de  0,78,  sensiblement  le  même  que 
celui  du  trimestre  précédent  (0,79). 

»  Régions  cV activité.  —  Le  nombre  des  groupes  de  facules  a  continué  à 
augmenter  :  on  a  eu  i48  groupes  au  lieu  de  90;  mais  leur  surface  totale 
(27,  o  millièmes)  est  un  peu  moindre  que  dans  le  deuxième  trimestre  (29,  o). 
On  en  compte  d'ailleurs  dans  l'hémisphère  sud  37  au  lieu  de  49»  et  91  au 
lieu  de  [\\  dans  l'hémisphère  nord. 

Tableau  L  —  Taches. 


Dates       Nombre      Pass.      Latitudes  moyennes      Surfaces 


extrêmes     d'obscr-  au  mér. 
d'obser?.     Talions,  central. 


moyennes 
réduites. 


Juillet  1902.  —  o,g3 


4 

I 

1,7 

+  23 

4 

7 

I 

6,6 

— 3o 

5 

7 

I 

6,7 

-f-28 

3 

27  j.  — 30", o     +25", 5 

Août  1902.  —  0,74 


7-  8  1 

1 5  I 

17-18  2        21,3 

2,4  I       23,0 


4,6       -32 
0,3 


+25 
+  21  ,5 

+17,5 


Dates        Nombre     Pass.     Latitudes  moyennes   Surfaces 

extrêmes     d'obser-   au  mér.    — — "~- — — "- — -   moyennes 

d'observ.      vations.    central.         S.  N.  réduites. 


29 


18-22 

22-1  <=' 
22-23 


Aoiit  1902.  —  0,74  (suite) 
I       23,5  +23,5        6 


9.7  j.  — 32",o      +2l'',9 

Septembre  1902.  —  0,68 


4        19,9 

<j       '-i?  ;  9 
2       28,0 


■'9 


25  j. 


-22°, o     +20°, 5 


65 


Juillet 

Aoiît 

Septembre . 

Totaux.. 


Tableau  IL 

Sud. 
V0°.        30°.         20°, 
»  I 


I 


» 


Distribution  des  taches  en  latitude. 

Nord. 


Somme. 


Somme.  0° 

2 

4 
2 


10° 


20°.       30' 


Totaux 
40".     90°.     mensuels, 

)  »  3 

I       »  5 

>       »  3 


Surfaces 
mensuelles 
réduites. 

12 
23 

286 

021 


Tableau  111,   —  Distribution  des  facules  en  latitude. 


Sud. 


90°.    40°.      30°.    20".      10°.     0°.    Somme. 


Juillet 

Août 

Septembre  . 

Totaux..  .      14 


4      4 
2       3 


8     i9       9 


21 
20 

16 

57 


N 

ord. 

Totaux 
mensuels. 

Surfaces 

nme. 

0».     10 

20°. 

30° 

40° 

90°. 

réduites. 

3o 

I 

5 

5 

4 

i5 

5l 

8,4 

36 

4 

2 

7 

3 

20 

56 

9,8 

23 

3 

'.i 

4 

4 

T-2 

4i 

8,8 

91 


9     "6     II     47 


o.j,o 


SÉANCE    DU    24   NOVEMBRE    l()02.  889 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  ks  fonctions  monodromes  à  point  singulier 
essentiel  isolé.  Note  de  M.  Edmond  Maillet,  présentée  par  M.  Jordan. 

«  On  peut  toujours,  grâce  à  un  changement  de  variables,  faire  en  sorte 
que  ce  point  critique  soit  co. 

))  Soit  donc  F(:;)  une  fonction  monodrome  dans  une  région  R  compre- 
nant tous  les  points  du  plan  des  z  à  l'extérieur  d'une  courbe  fermée  F  con- 
tenant l'origine  (  '  ).  On  a  dans  R,  d'après  la  série  de  Laurent, 

<p(  -  I  restant  fini  dans  R,  ainsi  que  ses  dérivées  et  tendant  même  vers  o, 

avec  -j  <Po(^)  étant  une  fonction  entière. 

»  Il  est  naturel  de  classer  la  croissance  de  F(^)  comme  celle  de  9o(^)- 
F  et  çp  seront  en  même  temps  d'ordre  fini  ou  infmi  pour  ;s  =  oc.  Nous  dirons 
que  F(::)  est  une  fonction  quasi-enlière  dans  Kpour  z  =  cci. 

»  On  obtient  alors,  en  appliquant  à  F  (z)  des  raisonnements  semblables 
à  ceux  de  la  théorie  des  fonctions  entières,  les  résultats  suivants  : 

»   I.   On  a  dans  R 


F(^)  =  <?{^  +  <?o(^)  =  :^,Q(^)^^' 


où  k  est  un  entier  nul  ou  positif,  Q(z)  une  fonction  entière,  'l)(z)  une 
fonclioii  monodrome  et  finie  d;ms  R. 

M   F,  (po,  Q  sont  simultanément  d'ordre  fini  ou  infini. 

»  II.  La  condition  nécessaire  et  suffisante  pour  que  la  croissance 
de  F(:;),  supposé  d'ordre  fini  j)our  z  =  co,  soit  régidière,  pour  s  =  oo,  est 
que  la  distribution  de  ses  zéros  soit  roguhère  aux  environs  de  ce  point;  il 
en  est  alors  de  même  pour  Ço(^)' 

»  III.  Supposons  que  F{z)  oit  réelle,  d'ordre  <2  pour  5  =  ^o,  et  n'ait 
dans  R  qu'un  nombre  limité  de  racines  imaginaires. 

))  Si  F(z)  a  une  infinité  de  racines  réelles,  il  en  est  de  même  de  sa 
dérivée,  et,  dès  que  (z)  dépasse  une  limite  déterminée,  entre  deux  racines 


(^)  On  peut  également  le  supposer  grâce  à  un  changement  de  variables. 

C,  R.,  1902,  2'  Semestre.  (T.  CXXXV,  N"  21.)  II7 


890  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

de  F(^)  il  y  a  une  et  une  seule  racine  réelle  de  F'(^)  :  de  plus  F'(-)  \\'i\ 
qu'un  nombre  limité  de  racines  imaginaires. 

»  Si  la  fonction  F  (5)  n'a  qu'un  nombre  limité  de  racines,  la  dérivée  a  un 
nombre  limité  de  racines. 

»  IV.  Si  F  est  d'ordre  p  et  donné,  parmi  toutes  les  fonctions  F(p  —  <p,  où 
o  et  <p,  sont  des  fonctions  quelconques  de  même  nature  mais  d'ordre  -<  p, 
il  y  en  a  une  au  plus  d'ordre  rée!  inférieur  à  p. 

»  Parmi  les  équations  F  —  —  ==  o  il  y  en  a  une  au  plus  telle  que  l'expo- 
sant de  convergence  de  la  suite  de  ses  racines  soit  inférieur  à  p. 
))   V.   Si  F  est  donné  "et  tel  que 

F  <  /' "" 

(m  constante)  pourr=  l^:;],  et  si  o,  o,,  t]^,  ^J;,  sont  des  fonctions  d'ordre 
fini  dans  R  telles  que 

9h  —  (Lcp,  ^  o, 

les  deux  fonctions  cpF  —  <p,,  ^^F  —  ^j^,  ne  peuvent  être  toutes  deux  d'ordre 
réel  fini  que  si  F  est  d'ordre  fini. 

))  Parmi  les  équations  F  =  -^,  où  F  est  donné  et  d'ordre  infini,  il  y  en  a  au 

plus  une  telle  que  la  suite  de  ses  racines  ait  un  exposant  de  convergence 
fini. 

))  On  retrouve  ainsi,  dans  les  deux  cas  particuliers  que  l'on  peut  consi- 
dérercomme  les  plus  importants,  un  théorème  remarquable  deM.Picard('), 
sur  les  raciues  d'une  fonction  monodrome  aux  environs  d'un  point  essentiel. 

»  VI.  Une  fonction  quasi-raéromorphe  $  dans  R  pour  z  =  co  (c'est-à-dire 
qui  n'y  a  que  des  zéros  et  des  pôles  en  dehors  de  co)  est  le  quotient  de 
deux  fonctions  quasi-enlières  dans  R  pour  2  =  co. 

»   L'ordre  de  O  sera  le  plus  grand  tus  ordres  de  ces  deux  fonctions. 

))  VII.  Parmi  toutes  les  fonctions  <ï>  —  o  d'ordre  fini  p,  cp  étant  une  quel- 
conque des  fondions  analogues  à  <ï>,  mais  d  ordre  <]  l'ordre  p  de  <ï>,  il 
y  en  a  une  au  plus  d'ojdres  réels  tous  inférieurs  à  ceux  de  0,  deux  au 
plus  telles  que  les  exposants  de  convergence  des  suites  des  modules  i^le 
leurs  racines  soient  inférieurs  à  p  (-). 

(i  )  Traité  d'Analyse,  t.  III,  p.  346. 

(-)  Comp.,  pour  tout  ce  qui  précède,  BouEL,  Leçons  sur  les  fonctions  entières 
(Paris,  1900)  et  Annales  de  l'Ecole  Nonnale,  1901,  p.  21  j,  et  noire  Cominunicalion 
du  17  février  1902, 


SÉANCE    DU    24    NOVEMBRE    1902.  89 1 

»  En  résumé,  beaucoup  des  j3ropriétés  des  fonctions  entières  et  quasi- 
entières  s'étendent,  souvent  avec  des  démonstrations  semblables,  aux  fonc- 
tions monodromes  à  point  singulier  essentiel,  aux  environs  de  ce  point, 
principalement  les  propriétés  asymptotiques.    » 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.   —  Sur  une  extension  de  la  notion  de  périodicité. 
Note  de  M.  E,  Esclangox,  présentée  par  M.  Painlevé. 

«  On  rencontre  dans  un  certain  nombre  de  problèmes  des  fonctions  qui 
peuvent  se  mettre  sous  la  forme  de  fonctions  de  fonctions  périodiques  de 
périodes  différentes.  Il  est  possible  de  faire  parmi  ces  fonctions  une  classi- 
fication spéciale,  en  montrr.nt  qu'elles  appartiennent  à  une  classe  plus 
générale  de  fonctions,  dont  les  propriétés  tiennent  à  une  extension  nou- 
velle de  la  notion  de  périodicité.  Ces  fonctions  peuvent  se  rencontrer  dans 
des  problèmes  divers  où  se  mêlent  en  quelque  sorte  des  éléments  pério- 
diques différents  et  semblent  y  jouer  un  rôle  important.  Je  me  bornerai 
dans  celte  Note  au  seul  cas  des  fonctions  de  variables  réelles;  et  je  me  ser- 
virai de  quelques  propriétés  très  simples  et  faciles  à  établir. 

»  Soit  F(,r,,  iTo,  ...,  £r„)  une  fonction  continue  des  variables  a?,,  ^2»  •••^ 
x^.  On  dit  que  les  nombres  réels  a,,  a,,  .  .  .,  a„  sont  les  éléments  d'une 
période  w  si  l'on  a  identiquement 

Y{x^  H-a,,a72-|-y.,,,  .  .  .,a7„-4-a„)  =^¥{x^,X.^,  ..  .  ,  .^„), 


le  nombre  ya^  -h  a^  H-. . .+  y^  est  le  module  de  la  période  considérée. 

))  La  fonction  F(^,,  x^,  •  • . ,  x^,')  est  dite  linéairement  irréductible  si,  par 
toute  substitution  linéaire  sur  a?,,  x.,^  ...,  a7„  il  est  impossible  de  la  ramener 
à  une  fonction  d'un  nombre  moindre  île  variables;  si  elle  est  réductible, 
on  peut  la  ramener  à  une  fonction  <ï>(  v,,  y^,  .  •  . ,  r^  )  {p<in),  fonction 
irréductible  de  /,,  J^2»  •  •  •  »  Yj,- 

»  Une  fonction  irréductible  ne  peut  admettre  des  périodes  dont  le  mo- 
dule soit  inférieur  à  tout  nombre  donné.  L'ensemble  des  périodes  est  dans 
ce  cas  un  ensemble  dénombrable.  On  peut  choisir  p  périodes  ^M^ ,  Wo,  ...,  Wp, 
de  telle  façon  que  toute  période  m  soit  une  somme  géométrique  de  la 
forme  7n(o}^  )  h-  m((ù.,)  -+-...-•-  m(w^),  m,,  m..,  ....  nip  étant  des  nombres 
rationnels  et  même  des  entiers  positifs  ou  négatifs.  Le  nombre/?,  toujours 
inférieur  ou  au  plus  égal  à  n,  est  l'ordre  périodique  de  la  fonction  F. 

»  Si  la  fonction  F  est  réfhictible,  l'ordre  périodique  est  celui  des  fonc- 
tions irréductibles  qu'on  déduit  de  F  par  des  substitutions  linéaires  conve- 


892  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

nables.  L'ordre  périodique  reste  inaltéré  par  toute  substitution  linéaire  à 
déterminant  différent  de  o. 

»  Soient  maintenant  at,,  «o,  .  .  .,  a«,  n  nombres  réels  non  nuls  que  j'ap- 
pellerai des  périodes;  les  périodes  seront  dites  indépendantes  s'il  n'existe 
aucune  relation  de  la  forme 


Al  An  A ,, 

—  +  —  -h.  .   .+  —   =  O, 


dans  laquelle  >,,  "Xo»  •  •  •»  ^-«  désignent  des  coefficients  rationnels  positifs  ou 
négatifs. 

»  Si  a,,  «2'  •  •  •>  (^n  sont  des  périodes  indépendantes,  je  dirai  que  la  pé- 
riode a  appartient  au  corps  de  ces  périodes,  quand  elle  est  dépendante 
avec  a,,  a^,  ...,  a^.  L'ensemble  des  périodes  <2  définit  un  corps  périodique 
d'ordre  n. 

»  Si  a,,  «2,  . .  .,  a^  sont  des  périodes  dépendantes,  on  peut  toujours  les 
considérer  comme  des  éléments  d'un  corps  d'ordre/?  <^  n. 

n  Soient  ât,,  «2,  .  .  .,  <2„,  n  périodes  indépendantes  ou  non,  je  dirai  que 
a?,,  œ^,  .  .  .,  cc,i  définissent  un  élément  du  champ  absolu  des  périodes,  s'il 
existe  un  nombre  x  et  des  entiers  m,,  m^,  .  ,  .,  m„  vérifiant 

X  H-  m,  « ,  =  ^, ,  X  -h  m^  «2  =  ^2»  •  •  •  »  x  -h  m,^  a^  =  cr„. 

»  Le  champ  absolu  est  un  ensemble  d'éléments  dont  les  éléments 
limites  constituent  le  champ  total,  et  j'établis  le  théorème  suivant  :  6V  les 
périodes  a, ,  «2»  •  •  •»  ^«  ^^^^  indépendantes ,  le  champ  total  se  compose  de  tous 
les  points  de  l'espace  à  n  dimensions;  en  d'autres  termes,  a?<,  ^o»  •  •  •»  ^n 
étant  arbitrairement  choisis,  on  peut  trouver  x  et  des  entiers  Tn^,  m.,,  .  .  ., 
m„,  tels  que  les  différences 

a:  -h  w ,  a,  —  x, ,     x  -{-  ni.^a^—  x^^     x  -\-  m^a,,  —  x„ 

soient  aussi  petites  que  l'on  veut.  Si  «,,  «2»  •  •  •  ?  ^«  sont  dépendantes,  ces 
différences  ne  peuvent  être  rendues  infiniment  petites  que  s'il  existe  entre 
Xf,  x.^,  ...,  x,i  certaines  relations  linéaires  qui  se  déduisent  aisément  de 
celles  existant  entre  les  périodes.  Dans  tous  les  cas,  le  nombre  des  variables 
x^yXç^,  ...,  Xn  qui  pcuvcnt  être  arbitrairement  choisies  est  égal  à  l'ordre  du 
corps  des  périodes  «j ,  a^,  .  . . ,  «^. 

»  Ceci  posé,  soienl/(a;)  une  fonction  continue  pour  toute  valeui*  .r  ;  a,, 
«2»  ...,  «7»  des  périodes  indépendantes  ou  non  ;  x^,  x^,  . . . ,  a7„  un  élément 


SÉANCE    DU    24    NOVEMBRE    1902.  898 

quelconque  du  champ  total.  Par  hypothèse  même,  les  différences 
a;  4-  m,  a,  —  £r, ,      . .  . ,     x  ^  m,ian  —  x^ 

peuvent  être  rendues  infiniment  petites, 

»  Nous  dirons  quef(x)  est  une  fonction  quasi-périodique  si,  étant  donné 
£  aussi  petit  que  l'on  veut,  on  peut  trouver  S  tel  que,  sous  les  conditions 

on  ait 

I  /  {^X  j         iJi^X^  ,  X2,  -  •  ' ,  X,^  j  I  _  £, 

et  cela  pour  tous  les  éléments  du  champ  total.  Le  nombre  L,  s'il  existe,  est 
donc  une  fonction  de  l'élément  du  champ  total  :  c'est  une  fonction  de 
p  variables  indépendantes  si  le  corps  des  périodes  a  est  d'ordre  p,  elle  est 
d'ailleurs  périodique  j)ar  rapport  à  chacune  des  variables  x,,  x^,  . . .,  x^et 
vérifie  l'identité  /(x)  --=  L  (x,  x,  .. . ,  x).  Un  problème  qui  se  pose  immé- 
diatement est  celui  de  la  recherche  de  tous  les  systèmes  de  périodes  a,  qui 
peuvent  jouer  vis-à-vis  de  /{x)  le  même  rôle  que  a,,  «3,  . . . ,  «„.  On  voit 
aisément  que,  parmi  les  périodes  a,,  «2.  ■■■,  an,  on  peut  se  borner  à  celles 
d'entre  elles  qui  sont  indépendantes  :  si  p  est  leur  nombre,  on  obtient  ainsi 
une  certaine  fonction  L{x^,  x.,,  . . . ,  Xp). 

»  J'appellerai  ordre  périodique  de  la  fonction  /(x),  l'ordre  périodique  q 
delà  fonction  des  p  variables  indépendantes  L  (07,,  a^o,  ...,x^,).  Le  nombre  ^ 
est  un  entier  caractérisant  essentiellement  la  fonction /(ic)  au  point  de  vue 
de  la  périodicité.  Si  ^  =  i  on  retombe  sur  la  périodicité  ordinaire.  On  dé- 
finit enfin  l'existence  d'un  corps  de  périodes,  corps  d'ordre  q,  tel  que  q  pé- 
riodes indépendantes,  arbitrairement  choisies  dans  ce  corps  P,  peuvent 
jouer  vis-à-vis  de y^(^)  le  rôle  que  j'ai  attribué  à  a^,  tZo,  .  .  .,  f^ni^q  est  tou- 
jours inférieur  ou  au  plus  égal  à  n).  A  chaque  système  a,,  y.^,  .  .  .  ,  a^  de 
périodes  ainsi  choisies  correspond  une  fonction  L(a;,,^2,  .  .  . ,  x^),  que 
j'appelleraiyb/2c//o/i  associée  nécessairement  irréductible,  périodique  sépa- 
rément par  rapport  à  chacune  des  variables. 

))  On  passe  d'une  fonction  associée  à  une  autre  fonction  associée  par 
des  formules  de  substitutions  linéaires  très  simples.  Le  corps  des  pé- 
riodes P  est  le  corps  des  périodes  de  la  fonction  /(x). 

»  Une  classe  importante  de  fonctions  quasi-périodiques  est  celle  des 
fonctions  de  fonctions  périodiques.  Si  u^(x),  u<y{x),  .  .  . ,  u^{x)  sont  des 
fonctions  continues  simplement  périodiques,  toute  fonction  continue 
uniforme  ¥[u^{x),  u.^^x),  . .  .,  u,i(x)]  est  une  fonction  quasi-périodique 


894  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

d'ordre  au  plus  égal  à  n.  Plus  généralement  toute  fonction  de  fonctions 
quasi-périodiques  est  elle-même  quasi-périodique.  J'ai  obtenu,  dans  ces 
divers  cas,  des  théorèmes  précis  qui  seront  publiés  dans  un  travail  en 
cours  sur  ces  fonctions.  J'ai  pu  obtenir  également  divers  développements 
en  séries  des  fonctions  quasi-périodiques,  notamment  la  généralisation  du 
développement  de  Fourier,  développement  unique,  représentant  la  fonc- 
tion pour  toute  valeur  de  œ.   » 


MÉCANIQUE  APPLIQUÉE.   —  Sur  un  carburateur  automatique  pour  moteurs 
à  explosions.  Note  de  M.  A.  Krebs,  présentée  par  M.  Maurice  Lévy. 

«  Si,  dans  un  moteur  à  explosions  employant  un  combustible  liquide, 
la  pression  motrice  de  l'écoulement  est  désignée  par  H  pour  l'air,  elle  est 
(H  — A)  pour  le  liquide,  h  représentant  la  différence  de  niveau  entre 
l'orifice  du  gicleur  et  le  niveau  du  liquide  au  repos,  plus  l'effort  nécessaire 
pour  vaincre  la  force  capillaire  qui  retient  le  liquide.  Le  rapport  des  poids 
d'air  et  de  liquide  écoulés  devant  rester  constant,  on  peut  poser,  en  appe- 
lant :  D  la  densité  de  l'eau;  ^  celle  de  l'air;  d  celle  du  combustible;  S  la 
section  d'entrée  d'air;  s  la  section  d'entrée  du  combustible, 


»  L'orifice  s  étant  constant,  la  section  S  devra  varier  en  même  temps 
que  H. 

»  La  courbe  des  valeurs  de  S  {fig.  i),  montre  que  la  section  d'entrée 
d'air  croît  très  rapidement  à  partir  de  H  =  A  pour  croître  ensuite  de  moins 
en  moins  vite. 

»  J^a  vitesse  minima  du  moteur  à  la  puissance  minima  correspond  à  la 
valeur  H,„;  on  composera  donc  S  de  deux  parties  :  l'une,  constante,  cor- 
respondant à  H„,;  l'autre  variable,  z,  telle  que  S  —  cr  4-  z.  En  prenant  la 
dérivée  de  S  par  rapport  à  H,  on  obtient  une  courbe  dont  la  partie  de  l'aire 
comprise  entre  l'ordonnée  H,„,  la  ligne  des  abscisses,  la  courbe  et  l'ordon- 
née H„  représente  la  section,  pour  la  pression  H„,  de  l'ouverture  addition- 
nelle z,  tandis  que  l'aire  comprise  de  la  même  façon  entre  H„  et  H,„  repré- 
sente la  section  c 


SÉANCE    DU    24   NOVEMBRE    1902.  S^D 

»  L'ouverture  additionnelle  peut  donc  être  réalisée  pratiquement  en 
disposant  sur  l'aire  de  la  section  z  un  tiroir  se  déplaçant  proportionnelle- 
ment aux  valeurs  de  IL 

»  Mécaniquement,  cette  solution  est  obtenue  en  faisant  mouvoir  ce 
tiroir  par  un  piston  sans  frottement  soumis  à  l'action  delà  pression  H  d'une 
part  et  à  celle  d'un  ressort  convenablement  calculé  d'autre  part. 


Fis 


»  On  constate,  dans  la  pratique,  que  la  section  additionnelle  d'entrée 
d'air,  telle  qu'elle  vient  d'être  déterminée,  est  insuffisante.  Il  y  a,  en  effet, 
une  cause  perturbatrice  due  à  ce  que  l'écoulemeut  du  liquide  ne  se  fait 
pas  exactement  comme  celui  de  l'air.  Ce  dernier  est,  à  chaque  instant,  pro- 
portionnel à  la  vitesse  du  piston,  c'est-à-dire  possède  des  variations  de 
formes  sinusoïdales,  tandis  que  l'écoulement  du  liquide  ne  suit  [las  la 
même  loi  lorsque  les  battements  de  l'aspiration  sont  très  rapides,  ce  qui 
est   le  cas  pour  les  moteurs  qui  nous  occupent.  Le  rapport  des  quantités 

écoulées,    qui  devrait  être  ^ — >  tend  à  devenir On   introduira    dans 


Si>  - 

1 


l'équation  (i)  un  terme  de  correction  de  la  forme ;=■ 

^  \  ■'  2        y/H 


896  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

»  a  est  déterminé  par  la  condition  que  le  coefficient  soit  égal  à  l'unité 
pour  H,„.  On  a  alors 

/d  f  T.  Ci   \       /il  —  h 

S  ^=  sL 
dont  la  dérivée  est 


V  0  [2  "v/h)V    h 


_  a(2A  — H) 

»   Ces  deux  courbes  sont  représentées  en  pointillé. 

»  Ce  terme  de  correction  n'est  pas  absolu,  il  n'est  qu'approché;  car  la 
pression  H  n'est  pas  toujours  proportionnelle  au  nombre  de  tours.  En 
outre,  tel  qu'il  est  constitué,  ce  ternie  de  correction  ne  peut  être  employé 
que  pour  des  moteurs  dont  la  vitesse  minima  ne  tombe  pas  au-dessous  de 
i5o  tours  environ  par  minute. 

»  Il  serait  trop  long  d'exposer  ici  les  considérations  ayant  trait  à  l'éta- 
blissement du  terme  de  correction  applicable  à  des  moteurs  à  allures 
lentes.  Pour  le  moment,  nous  n'avons  en  vue  que  des  machines  dont  le 
nombre  de  tours  varie  de  i5o  à  1200  et  au  delà.  Dans  ce  cas,  la  solution 
indiquée  est  pratiquement  exacte,  parce  que  le  rapport  C,  que  nous  avons 
supposé  constant,  peut  varier  entre  des  limites  qui  permettent  un  écart 
de  carburation  plus  grand  que  cekii  résultant  de  l'erreur  commise  par  le 
terme  de  correction  introduit. 

)>  D'après  la  figure  2,  la  vitesse  du  moteur  est  réglée  par  la  position  du 
piston  F  venant  obturer  plus  ou  moins  la  lumière  du  conduit  J.  La 
chambre  C  est  soumise  à  une  dépression  qui  détermine  l'écoulement  de 
l'air  par  A,  et  celui  du  liquitle  par  D.  Le  piston  P  supporte  cette  même 
dé(>ression  par  le  conduit  L;  il  appuie  donc  sur  le  ressort  R  et  force  le 
tiroir  R  à  découvrir  les  orifices  M  proportionnellement  à  celte  (iéj)ression. 
L'ouverture  additionnelle  ainsi  créée  laisse  entrer  la  quantité  d'air  néces- 
saire pour  mainlenir  consîant  le  ra|)port  des  poids  d'air  et  de  liquide  qui 
se  rendent  aux  cylindres  par  la  lumière  du  conduit  J. 

»  L'exactitude  piatique  des  coiisidérations  qui  ont  servi  de  base  à  cette 
étude  d'un  carburateur  automatique  a  été  vérifiée  par  l'expérience.  L^n 
appareil,  construit  d'après  les  formules  ci-dessus  et  appliqué  à  un  moteur, 
a  permis  immédiatement  de  faire  varier  la  vitesse  de  ce  moteur  dans  de  très 
grandes  limites  en  conservant,  au  besoin,  la  même  puissance  au  coup 


SÉANCE    DU    24   NOVEMBRE    1902.  897 

moteur.  Ce  résultat  prouve  que  !a  constance  du  mélange  g;  zoux  est  obte- 
nue par  notre  dispositif.   » 


Fig.  2. 


A,     Entrée  d'air  de  section  constante. 

C,  Chambre  de  pulvérisation. 

D,  Gicleur  pour  le  liquide;  ce  dernier  est  maintenu  au  moyen  d'un  vase  à  niveau  constant  à  S""" 

environ  au-dessous  de  l'orifice  supérieur. 

F,     Registre  d'admission  du  mélange  se  rendant  aux  cylindres. 

J,     Lumière  et  conduit  allant  aux  cylindres. 

K,    Tiroir  d'entrée  d'air  additionnelle. 

L,  Cylindre  mettant  en  communication,  avec  la  chambre  C.  le  piston  V  et  les  orifices  M,  lorsqu'ils 
sont  découverts. 

M,    Orifices  d'entrée  additionnelle  d'air. 

P,     Piston  sans  frottement,  logé  dans  le  cylindre  G. 

Q,    Membrane  élastique  formant  joint  à  déroulement. 

R,  Ressort  équilibrant  la  dépression  d'aspiration  et  assurant  les  déplacements  du  tiroir  Is.  propor- 
tionnellement à  cette  dépression. 

S,  Orifice  de  communication  avec  l'atmosphère  de  la  partie  supérieure  du  piston  P,  formant,  par 
sa  petite  dimension,  amortisseur  de  vibrations. 


C.  R.,  1902,  a»  Semestre.  (T.  CXXXV,  N"  21 


IlH 


8q(S  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


ÉLASTICITÉ.  —  Sur  la  construction  d' électrodiapasons  à  longues  périodes 
variables.  Note  de  M.  E.  Mercadier. 

«  Dans  le  numéro  du  17  novembre  des  Comptes  rendus,  M.  Maurice 
Dupont  décrit  un  diapason  susceptible  de  donner,  à  l'aide  de  curseurs, 
des  nombres  de  variations  variant  de  4  à  16  par  seconde,  et  il  dit  à  ce  sujet 
(p.  878)  :  «  ...  vu  le  chiffre  des  vibrations  obtenu,  je  ne  sache  pas  qu'il  ait 
»  été  encore  construit  de  diapason  donnant  un  nombre  aussi  faible  de 
»   vibrations  ». 

»  J'ai  fait  construire,  il  y  a  déjà  23  ans,  un  diapason  de  ce  genre,  pour  le 
laboratoire  de  l'École  supérieure  de  Télégraphie.  Il  a  environ  So*^""  de 
longueur,  5"^™  d'épaisseur,  et  il  est  en  fonte  malléable,  ce  qui  facilite 
beaucoup  la  construction.  Son  mouvement  était  entretenu  électriquement 
par  le  procédé  que  j'ai  indiqué  en  1873.  A  l'aide  de  deux  curseurs  pesant 
environ  2.^^  chacun,  glissant  le  long  des  branches,  on  pouvait  faire  varier 
les  nombres  de  vibrations  de  4  à  10  ou  12.  La  graduation  d'un  appareil  de 
cette  espèce  se  fait  aisément  en  enregistrant  les  oscillations  sur  un  cylindre 
recouvert  de  papier  enfumé,  en  même  temps  que  celles  d'un  pendule 
battant  la  seconde. 

»  Je  n'ai  rien  publié  à  ce  sujet,  les  expériences  pour  lesquelles  cet  in- 
strument devait  être  utilisé  n'ayant  pas  été  faites.  » 


PHYSIQUE.  —  Sur  r  ionisation  d' une  flamme  salée . 
Note  de  M.  Georges  Moreau,  présentée  par  M.  Mascart. 

a  A  température  constante,  la  conductibilité  d'une  flamme  salée,  par 
vaporisation  d'une  solution  alcaline,  dépend  de  la  force  électromotrice  E, 
de  la  distance  des  électrodes  plongées  dans  la  flamme  et  de  la  concentration 
de  la  solution.  Si  E  seule  varie,  la  conductibilité,  d'abord  proportionnelle 
à  E,  tend  vers  une  valeur  limite  dite  de  saturation. 

»  D'après  Arrhénius,  la  conductibilité  serait  due  à  l'ionisation  des  mo- 
lécules salines  par  la  chaleur.  D'après  Wilson  (*  ),  l'ionisation  serait  loca- 

(*)  WiLSON,  Philos.  Trans.,  1899. 


SÉANCE    DU    24    NOVEMBRE    1902.  899 

lisée  avec  deux  électrodes.  Les  expériences  suivantes  m'ont  permis  de 
préciser  le  mécanisme  de  la  conduction  des  flammes. 

»  I.  Deux  petits  condensateurs  plans  en  platine  sont  superposés  dans  une  flamme 
salée.  On  charge  le  condensateur  inférieur  à  une  forte  différence  de  potentiel,  et  l'on 
observe  avec  un  galvanomètre  la  conductibilité  du  second.  Elle  ne  varie  pas,  que  le 
premier  soit  ou  non  chargé.  Donc,  la  dissociation  n'existe  pas  dans  la  vapeur  saline 
avant  l'Introduction  des  condensateurs,  car  le  condensateur  inférieur  chargé  absorbe- 
rait tous  les  ions. 

»  II.  De  part  et  d'autre  d'une  flamme  salée  B  brûlent,  en  contact  avec  elle,  deux 
flammes  non  salées  de  mêmes  dimensions,  A  et  C.  L'une  des  armatures  d'un  conden- 
sateur est  fixée  dans  C,  l'autre  a  est,  à  la  même  hauteur,  mobde  à  travers  les  trois 
flammes.  L'armature  a  étant  positive  ou  négative,  on  détermine,  pour  chacune  de  ses 
positions  et  avec  un  champ  électrique  constant,  la  conductibilité  du  système.  Aussitôt 
que  a  touche  la  flamme  salée,  la  conductibilité  s'accroît  brusquement  :  considérable- 
ment si  a  est  négative  et  faiblement  si  elle  est  positive.  La  conductibilité  d'une  flamme 
salée  est  donc  nettement  unipolaire,  et  l'ionisation  surtout  active  autour  de  l'armature 

négative.  , 

,)  III.  Pour  connaître  l'ionisation  autour  de  l'armature  négative,  on  étudiera  la 
variation  de  la  conductibilité  d'une  flamme  salée  avec  la  distance  des  armatures  d'un 
condensateur  plongé  dans  la  flamme,  la  température  des  deux  lames  restant  constante. 
On  opérera  avec  un  champ  électrique  Invariable,  assez  élevé  pour  produire  a  peu  près 
le  courant  limite.  Alors  presque  tous  les  ions  formés  concourent  à  la  décharge  et  1  on 
n'a  pas  à  se  préoccuper  de  ceux  qui  disparaissent  par  recombinaison  ou  entraînement 

de  la  flamme. 

„  Si  .V  est  la  distance  des  électrodes,  on  trouve  que  le  courant  est  très  exactement 

représenté  par  la  formule 

(,)  I  =  ïo(l-e-'-), 

e  base  des  logarithmes  népériens,  L  fonction  croissante  du  champ,  de  la  température 
des  électrodes  et  de  la  nature  du  métal  du  sel;  k  est  indépendant  du  sel  et  du  champ 
et  varie  lentement  avec  la  température.  Enfin  l,  et  k  ne  dépendent  pas  de  la  nature 
des  armatures  du  condensateur. 

,)  La  formule  (i)  donne,  pour  rionisation  dans  une  tranche-unité  à  la  distance  ^  de 

l'armature  négative, 

"^^  —kl  e-'^'^ 

»  L'ionisation  décroît  donc  suivant  une  exponentielle  de  la  distance  oc. 

))  Conclusion.  -  D'après  l'expérience  II,  la  conductibilité  unipolaire 
d'une  vapeur  saline  est  analogue  à  celle  d'une  masse  d'hydrogène  qui 
entoure  un  filament  de  carbone  incandescent  ou  à  celle  d'une  masse 
gazeuse  qui  touche  un  métal  illuminé  par  des  radiations  ultra-violettes. 


900  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

»  Dans  ces  deux  cas,  les  expériences  de  Thomson  ont  établi  la  pro- 
duction de  corpuscules  négatifs  à  la  surface  de  contact  du  métal  et  du 
gaz.  Pour  une  flamme  salée,  il  semble  naturel  d'admettre  que  ces 
corpuscules  se  forment  aussi  au  contact  d'une  électrode  négative  incan- 
descente. Ils  seront  détachés  des  molécules  salines  probablement  grâce 
à  l'énere^ie  cinétique  que  celles-ci  reçoivent  de  la  surface  du  métal.  Une 
charge  négative  activera  leur  séparation,  une  charge  positive  la  retar- 
dera. Ces  corpuscules  lancés  dans  la  flamme  ionisent  la  vapeur  du  sel 
à  la  façon  des  radiations  uraniques  ('  ),  d'où  la  formule  (2). 

»  Une  des  conséquences  de  cette  interprétation  a  été  observée  par 
Arrhénius  :  la  conductibilité  est  proportionnelle  à  la  dissociation  corpus- 
culaire négative,  c'est-à-dire  à  l'énergie  absorbée  par  la  couche  gazeuse 
superficielle;  elle  sera  donc  proportionnelle  à  l'intensité  des  radiations 
émises  par  la  vapeur  saline  et,  par  suite  des  expériences  de  M.  Gouy  (-), 
à  la  racine  carrée  de  la  concentration  de  la  solution  vaporisée.  » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Quelques  observations  sur  V oxyde  uraneux .  Note 
de  M.  OEcHSNER  de  Coninck,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

«  Si  l'on  calcine  à  l'air  le  chlorure  d'uranyle,  il  perd  son  chlore  et  se 
transforme  en  oxyde  vert 

U0^CI-  =  U0=^+2G1 
3UO='^-20  =  U«0^ 

»  J'ai  répété  cette  expérience  avec  du  bromure  d'uranyle  et  j'ai  constaté 
que,  même  en  prolongeant  la  calcination,  les  choses  ne  se  passaient  pas  de 
la  même  manière. 

»  Le  bromure  d'uranyle  perd  tout  son  brome  et  le  radical  UO^  restant 
se  transforme  en  une  masse  rouge  brique,  qui  demeure  stable  à  haute  tem- 
pérature. Pensant  que  j'avais  peut-être  affaire  à  un  oxyde  nouveau,  j'ai 
essayé  de  faire  la  réduction  à  chaud,  dans  un  courant  d'hydrogène  pur  et 
sec.  Dans  ces  conditions,  l'oxyde  rouge  brique  ne  perd  que  des  traces 
d'eau  (0^,0026  et  of'',oo23)  et  se  transforme  peu  à  peu  en  une  motlification 
noire.  On  voit  donc  :  i*^  que  l'oxyde  uraneux,  engagé  dans  la  combinaison 


(1)    RUTHERFORD,  Plltlos.  Mag.,  1899. 

(^)  Gouy,  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  1879. 


SÉANCE    DU    2\    NOVEMBRE    1902.  •  goi 

avec  le  brome,  se  transforme  d'abord  en  une  modification  rouge  brique, 
puis  en  une  modification  noire;  2°  que  l'oxyde  uraneux,  qui  existe  dans  le 
chlorure  d'uranyle  à  l'état  de  radical,  est  différent  en  ce  qu'il  est  moins 
stable  et  se  transforme  en  oxyde  vert  par  l'action  de  la  chaleur. 

»  Dans  la  calcination  cki  bromure  d'ur myle,  le  départ  du  brome  est  très 
net;  cette  réaction  permet  donc  de  vérifier  expérimentalement  le  poids 
moléculaire  de  l'oxyde  uraneux  et  le  poids  atomique  du  brome  : 

1.    Poids  de  UO^Br-  =  0^5,000  /  .    . 

.       ,        ,   •       •  ri         rapport  :  1  ,.>i.); 

Apres  calcinatiori  r:z  o",  ooo   1 


UO-  272 

IT.  Poids  de  U02Br2  =  os,  8180  j 
Après  calcination  =r  os,  5179  \ 


rapport  :  i,579- 


III.  Poids  de  UO^Br^^  os,6544  ) 

UO^Br^-UO^  =  os,24i3  î         ^«PP-^  =  ^'7M 
or, 

UO^Br^  _  432  _ 

U0'-Br2— UO2  ~  160  ~  ^^'^°' 

IV.  Poids  de  U02Br2  =  08,8180  ) 

U0'-Br^-U0^=os,3ooi   j         ^'«PP^^^'^  ^  ^'7^- 

»   L'expérience  (III)  donne,  pour  Br,  79,6;  l'expérience  (TV)  donne 
79,2.  Moyenne  =  79»4-  L'approximation  est  suffisante.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  les  combinaisons  des  cyanures  complexes  avec 
les  aminés  de  la  série  grasse.  Note  de  M.  P.  Chrétiex,  présentée  par 
M.  A.  Ditte. 

«  Quelques-unes  de  ces  combinaisons  ont  été  décrites.  M.  L.  Barth  (') 
a  obtenu  le  ferrocyanure  de  tétraméthylammonium  en  paillettes  jaunes 
hexagonales  ayant  pour  composition  FeCy*^  [Az(CH^)'']''  H-  i3H-0.  M.  Fis- 
cher (^)  a  reconnu  le  premier  que  les  aminés  tertiaires  donnent  des  ferro- 
cyanures  acides  peu  solubles  dont  il  a  préconisé  l'emploi  pour  la  séparation 
de  ces  bases.  La  triéthylamine  donne,  d'après  ce  savant,  une  combinaison 


(•)  Berichle,  t.  VIIÏ,  p.  i484. 
(2)   Berichte,  l.  XXXI,  p.  4i4. 


902  ACADÉMIE    DES  SCIENCES. 

facilement  altérable  à  l'air,  dont  la  composition,  établie  à  l'aide  du 
dosage  du  fer,  répond  à  la  formule  FeCy''H%  2  [(G^H')^' Az].  Ce  sel  ainsi 
que  quelques  autres  sont  obtenus  par  la  réaction  du  ferrocyanure  de 
DOtassium  sur  des  solutions  très  acides  des  sels  d'aminés.  Le  même  procédé 
a  permis  à  MM.  C.  Wursterch,  L.  Roser  (')  de  préparer  quelques  sels 
acides  avec  les  dérivés  nitrosés  des  aminés,  sels  qui  ont  une  composition 
analogue  à  la  précédente;  il  en  est  de  même  des  sels  préparés  par 
M.  Eisenberg  ("). 

»  La  saturation  méthodique  des  acides  ferrocyanliydrique  et  ferricyan- 
hydrique  par  les  isoamy lamines  primaire,  secondaire  et  tertiaire  m'a  permis 
d'obtenir  une  série  de  sels  bien  cristallisés.  L'acide  ferrocyanliydrique 
préparé  par  la  méthode  connue,  en  passant  par  la  combinaison  élhérée, 
était  employé  soit  en  solution  aqueuse,  soit  en  solution  alcoolique;  l'acide 
ferricyanhydrique,  préparé  par  action  de  l'acide  sulfurique  sur  le  sel  de 
baryum,  était  employé  en  solution  aqueuse.  J'ai  fait  agir  successivement 
I,  2,  3  et  4  molécules  d'aminés  sur  i  molécule  du  premier  de  ces  acides; 
I,  2  et  3  molécules  sur  i  molécule  (FeCy'^H^)  du  second. 

»  Tous  les  sels  obtenus  ont  été  desséchés  sur  l'acide  sulfurique  avant 
l'analvse. 

»  Yi'isoamy lamine  primaire  a  donné  un  seul  sel  acide  très  bien  cristallisé,  souvent 
en  très  gros  cristaux,  à  peine  teintés  de  jaune,  qui  verdissent  rapidement  au  contact 
de  l'air;  leur  composition  est  représentée  par  la  formule  FeCy'^H^  2  G^H^^  AzH-,  H^O. 
Ge  sel  est  soluble  dans  l'eau  et  l'alcool. 

»  Le  sel  saturé  est  également  très  soluble;  il  s'obtient  facilement  en  lamelles 
presque  blanches  et  répond  à  la  formule  FeGy^H'',  4G'*H"  AzH-. 

»  L'acide  ferricyanhydrique  donne  également  deux  sels  :  le  premier  est  un  sel 
acide  de  formule  FeGy^H^,  2G^H^^AzH- donnant  des  cristaux  d'une  couleur  jaune 
rougeàtre;  le  second  est  le  sel  saturé,  il  cristallise  également  bien,  est  jaune  et  a  pour 
formule  FeGy«H%3G^H»i AzH^ 

»  \^  isoamy  lamine  secondaire  donne  immédiatement,  avec  l'acide  ferrocjanique, 
un  précipité  blanc  cristallin.  Ge  sel  est  extrêmement  peu  soluble  dans  l'eau  et  dans 
l'alcool;  il  se  dissout  un  peu  mieux  dans  l'alcool  méthylique  où  il  donne  de  très  beaux 
cristaux  d'apparence  cubique,  presque  incolores,  mais  se  ternissant  et  prenant  rapide- 
ment une  teinte  verte  au  contact  de  l'air.  G'est  un  sel  acide  dont  la  formule  est 

FeG3/8HS(G5H")=AzII. 
L'action  de  2.  ou  3  molécules  de  la  base  sur  i  molécule  de  l'acide  donne  également  un 


(•)  Berichte,  t.  XXXIV,  p.  896. 
(-)  Liebig's  Annalen,  t.  GGV. 


SÉANCE    DU    24    NOVEMBRE    1902.  90 -^ 

précipité  blanc  semblable  au  précédent,  moins  abondant  toutefois,  et  une  liqueur 
jaune;  cette  dernière  se  produit  seule  quand  on  fait  agir  4  molécules  de  base.  Elle 
constitue  probablement  une  solution  du  sel  saturé;  mais,  soumise  à  l'évaporation  dans 
le  vide  sur  l'acide  sulfurique,  elle  se  réduit  à  une  sorte  de  gomme  qui  ne  cristallise 
jamais,  quels  que  soient  les  moyens  employés  à  cet  effet.  Toutefois,  après  plusieurs 
dissolutions  et  évaporations,  au  cours  desquelles  on  voit  apparaître  un  précipité  vert, 
indice  de  décomposition  partielle,  on  finit  par  obtenir  de  beaux  cristaux  prismatiques 
jaunes  qui  ne  sont  plus  formés  par  un  ferrocyanure,  mais  bien  par  le  ferricyanure 
saturé. 

»  Quant  au  ferrocyanure  saturé  il  paraît  être  incristallisable. 

»  La  saturation  de  Facide  ferricyanhydrique  donne  deux  sels  :  l'un  est  le  sel  saturé 
dont  il  vient  d'être  question,  il  se  dépose  en  très  beaux  cristaux  jaunes  qui  sont  quel- 
quefois des  aiguilles  et  souvent  d'assez  gros  prismes  répondant  à  la  formule 
FeCy«H%3(G^H")2AzH;  ce  sel  est  soluble  dans  l'eau  et  l'alcool. 

»  L'autre  ferricyanure,  le  sel  acide  FeCy^H*,  2(C^H")^AzH,  se  présente  sous  la 
forme  de  très  petites  aiguilles  jaunes  groupées  en  houppes,  solubles  également  dans 
l'eau  et  l'alcool. 

»  La  triisoaniy lamine  donne  avec  l'acide  ferrocyanhydrique  un  précipité  blanc 
cristallin  qui  paraît  encore  plus  insoluble  que  le  sel  correspondant  de  la  base  secon- 
daire; l'alcool  méihylique  n'a  pas  permis  de  le  faire  cristalliser.  Ce  sel  acide,  qui 
verdit  à  l'air,  a  pour  formule  FeCy''H*(C^H'^)^  Az. 

»  Il  m'a  été  impossible  d'obtenir  d'autres  ferrocyanures  cristallisés.  L'acide  ferri- 
cyanhydrique a  donné  deux  sels  solubles,  qui  sont  jaunes  l'un  et  l'autre.  L'un  est  le 
sel  saturé  FeCy^H^,  3  (C^H")^Az,  l'autre  est  un  sel  acide  dont  la  composition  peut 
être  représentée  par  la  formule  FeCy'''H^,  (C^H'^)^Az,  H-0. 

»  Les  ferric}  anures  acides  de  ces  bases  sont  peu  stables;  pendant  la  cristallisation 
ils  subissent  une  décomposition  plus  ou  moins  avancée  qui  se  traduit  par  l'odeur  de 
l'acide  cyanhydrique  et  la  formation  d'un  dépôt  bleu;  ils  tendent  à  redonner  le  sel 
saturé. 

»  L'existence  de  ces  sels  semble  montrer  une  diff'érence  bien  nette  dans  l'action  des 
aminés  secondaires  et  tertiaires  sur  les  acides  ferrocyanhydrique  et  ferricyanhydrique. 
Pour  le  premier,  les  sels  acides,  très  peu  solubles,  s'obtiennent  facilement;  pour 
le  second  c'est,  au  contraire,  le  sel  saturé  qui  tend  toujours  à  se  produire  par  suite  de 
la  décomposition  des  sels  acides  qui  sont  solubles. 

»  Les  lacunes  qui  existent  dans  cette  série  de  sels  seront  comblées,  je 
l'espère,  par  l'étude  que  j'ai  entreprise  des  sels  formés  par  les  propyl- 
amines.   » 


CHIMIE  INDUSTRIELLE.    —    Procède  de  dosage  de  La  glycérine  dans  le  vin. 
Note  de  M.  A.  Trillat,  présentée  par  M.  Arnj.  Gautier. 

«   Ce  procédé  repose  sur  la  propriété  que  possède  l'éther  acétique,  dé- 
barrassé de  ses  impuretés,  de  dissoudre  la  glycérine  dans  une  proportion 


9o4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

d'environ  9  pour  100  à  la  température  ordinaire,  à  l'exclusion  des  autres 
éléments  contenus  dans  l'extrait  sec  d'un  vin. 

»  Parmi  les  nombreuses  méthodes  préconisées  pour  le  dosage  de  la 
glycérine,  basées  les  unes  sur  l'extraction  directe  du  produit  par  divers 
dissolvants,  les  autres  sur  l'entraînement  de  la  glycérine  et  son  évaluation 
par  voie  colorimélrique,  celle  qui  donne  les  résultats  les  plus  constants 
consiste  dans  l'extraction  par  le  mélange  éthéro-alcoolique  que  tous  les 
chimistes  connaissent.  Mais  la  glycérine  extraite  par  ce  procédé  est  très 
impure  :  c'est  ainsi  qu'un  vin,  traité  avec  tous  les  perfectionnements 
apportés  à  cette  méthode,  a  donné  une  glycérine  qui,  à  l'analyse,  a  fourni 
les  chiffres  suivants  : 

Glycérine  extraiLe.  Théorie. 

Carbone 4^  ^9,  i3 

Hydrogène 9?  10  8,70 

Oxygène  (par  diff.). ..  .              48,90  ^2,17 

100,00  100,00 

»  Ce  n'est  pas  tout  :  la  glycérine  ainsi  extraite  laisse  un  résidu  minéral 
relativement  considérable,  qu'on  peut  évaluer  de  5  à  12  pour  100  de  son 
poids. 

»  Il  est  facile  de  se  rendre  compte,  par  expérience,  de  la  cause  de  ces 
résultats.  L'alcool,  même  absolu,  dissout,  à  la  faveur  d'une  très  petite 
quantité  de  glycérine,  certaines  matières  extractives  et  une  notable  pro- 
portion de  sels  minéraux  :  la  présence  de  l'éther  ne  fait  qu'amoindrir  ces 
inconvénients  sans  les  supprimer.  Il  en  résulte  que,  quelles  que  soient  les 
proportions  du  mélange  éthéro-alcoolique,  on  obtient  toujours  un  produit 
impur,  d'aspect  jaunâtre,  à  peine  édulcoré,  et  dont  la  composition  est  très 
éloignée  de  celle  de  la  glycérine.  L'emploi  de  l'éther  acétique  dans  cer- 
taines conditions  déterminées  supprime  ces  inconvénients. 

»  Description  de  la  méthode.  —  On  mesure  So*^'"'  de  vin  et  on  Jes  verse  dans  une 
petite  capsule  en  argent  placée  au  bain-marie.  On  évapore  avec  précaution,  à  une  tem- 
pérature d'environ  70°,  les  |  à  peu  près  du  liquide.  A  ce  moment,  on  ajoute  dans  la 
capsule  5ë  de  noir  animal  pulvérisé,  on  mélange  intimement  avec  le  résidu  et  l'on  con- 
tinue d'évaporer  jusqu'à  siccité  complète.  Le  résidu,  après  refroidissement,  est  broyé 
dans  un  mortier  avec  5s  de  chaux  vive.  Le  mélange  se  présente  alors  sous  forme  d'une 
poudre  grise  ne  s'agglutinant  pas  et  n'adhérant  pas  aux  doigts.  Cette  poudre  est 
placée  dans  un  flacon  et  fortement  agitée  pendant  quelques  minutes  avec  So*^""' d'éther 
acétique  desséché  et  débarrassé  d'alcool.  On  filtre  en  décantant  et  en  ayant  soin  de 
repasser  les  premières  portions  du  liquide  qui  entraîne  un  peu  de  chaux  au  début  et 
l'on  recommence  une  deuxième  fois  le  même  traitement.  On  obtient  ainsi  un  liquide 


SÉANCE    DU    24   NOVEMBRE    1902.  Ç)o5 

absolument  clair  (•)  contenant  en  dissolution  la  totalité  de  la  glycérine  qu'il  s'agit 
maintenant  de  séparer.  Dans  ce  but,  l'éther  acétique  est  évaporé  en  plusieurs  fois 
dans  une  capsule  tarée  semblable  à  celle  dont  on  se  sert  pour  les  extraits  de  vin, 
d'abord  au  bain-marie  pour  chasser  la  plus  grande  partie  de  l'éther  acétique,  puis  à 
l'étuve  à  60°  jusqu'à  poids  constant  (i''3o™  environ). 

»  Il  reste  à  peser  la  capsule  munie  de  son  couvercle  et  à  évaluer  par  différence  le 
poids  de  la  glycérine  en  prenant  des  précautions  que  nécessite  la  grande  hygroscopicité 
du  résidu. 

»  La  glycérine  ainsi  obtenue  est  à  peine  colorée  en  jaune  paille,  elle  a  un  goût 
franchement  sucré  :  ce  résultat  n'est  donné  par  aucune  autre  méthode. 

»  La  combustion  d'une  glycérine  extraite  d'un  vin  traité  par  la  méthode  précédente 
a  donné  les  chiffres  suivants  : 

Carbone 38,86 

Hydrogène 8,62 

Oxygène  (par  différence) 52,52 

»  Le  résidu  minéral  n'atteint  pas  i  pour  100  du  poids  de  la  glycérine  :  on  peut  le 
négliger  dans  les  cas  ordinaires. 

»  L'éther  acétique  doit  être  soigneusement  déshydraté  et  débarrassé  par  distillation 
de  l'alcool  qu'il  contient  presque  toujours  comme  impureté. 

»  La  chaux  en  poudre  a  pour  but  d'enlever  les  dernières  portions  d'iiumidité  et  de 
neutraliser  l'acidité  de  l'extrait.  Dans  des  essais  à  part,  j'ai  constaté  que  la  chaux 
vive  (^),  dans  les  conditions  où  elle  est  employée,  n'avait  aucune  action  chimique  sur 
la  glycérine.  11  est  nécessaire  d'opérer  en  l'absence  complète  d'humidité. 

»  Si  l'on  a  plusieurs  dosages  de  glycérine  à  effectuer,  on  peut  récupérer  facilement 
par  distillation  les  |  de  l'éther  acétique  employé. 

»  Je  me  sers  depuis  plusieurs  années  de  cette  méthode  pour  évaluer  la 
glycérine  dans  les  vins  et  même  dans  le  cas  de  vins  glucoses  à  3o^  par  litre. 
Elle  présente  l'avantage  sur  les  autres  procédés  d'être  d'une  exécution 
rapide  en  permettant  d'isoler  le  produit  à  doser  à  un  degré  suffisant  de 
pureté.   » 


(^)  L'addition  d'éther  ordinaire  dans  la  solution  de  glycérine  la  précipite  immédia- 
tement et  complètement.  J'ai  utilisé  pendant  quelque  temps  cette  propriété  pour 
doser  volumétriquement  la  glycérine.  Mais,  pour  le  vin,  j'ai  reconnu  que  cette  méthode 
n'offrait  aucun  avantage  sur  la  méthode  pondérale. 

(^)  Divers  autres  déshydratants,  tels  que  le  chlorure  de  calcium,  le  carbonate  de 
potasse,  la  baryte,  le  sulfate  de  chaux,  ont  été  essayés.  Ces  produits  ont  donné  de 
moins  bons  résultats  que  la  chaux  vive. 


G.  R.,  1902,  2«  Semestre.  (T.  CXXXV,  N"  21.)  *'9 


9o6  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 


ANATOMIE  COMPARÉE.  —  Sur  la  Structure  des  muscles  de  l'Anomia  ephippium. 
Note  de  M.  Jobert,  présentée  par  M.  A.lfred  Giard. 

«  Une  fois  fixée  par  son  byssus  lamellaire  qui,  plus  tard,  deviendra 
l'ossicule,  l'Anomie  paraît  condamnée,  sauf  accident,  à  l'immobilité;  mais, 
si  elle  ne  peut  exécuter  de  mouvements  de  translation,  elle  s'ouvre  cepen- 
dant et  reste  même,  le  plus  souvent,  ouverte,  comme  on  peut  s'en  assurer 
quand  on  l'observe  dans  une  eau  tranquille.  Les  bords  du  manteau 
s'avancent  jusqu'au  bord  de  la  coquille  et  le  pied  si  grêle  s'allonge,  se 
meut,  dans  tous  les  sens,  explorant  l'extérieur  comme  le  ferait  un  organe 
tactile  volontaire.  A  la  moindre  agitation,  vite  le  pied  se  rétracte  et  la 
valve  inférieure  plate  vient  brusquement  s'appliquer  sur  la  supérieure; 
l'animal  se  ferme  mais  ne  tarde  pas  cependant  à  s'ouvrir  de  nouveau.  Mais, 
outre  ce  mouvement  de  défense,  la  valve  en  exécute  d'autres  semblables 
à  des  intervalles  presque  réguliers,  et  si,  après  avoir  détaché  l'Anomie,  on 
la  place  soit  dans  l'eau,  soit  même  à  l'air  libre,  on  constate  l'ouverture  lente 
et  la  fermeture  toujours  brusque  de  la  valve  plate.  Cette  manœuvre  persiste 
pendant  longtemps.  Nous  avons  dit  que  la  fermeture  était  toujours  rapide 
et  brusque;  si  l'on  dégage  le  muscle  adducteur  des  valves  du  manteau  qui 
l'entoure,  on  peut,  en  l'excitant,  constater  sa  contraction  brusque  qui 
entraîne  la  valve  plate  et  opère  la  fermeture. 

»  La  structure  de  ce  muscle  est  intéressante  a  connaître. 

»  Comme  tous  les  muscles  analogues  des  Acéphales,  il  est  formé  d'une  partie 
franchement  musculaire  accolée  à  un  faisceau  blanc  nacré  formé  de  tissu  élastique 
fibrillaire;  la  partie  musculaire  offre  à  considérer  deux  ordres  d'éléments. 

»  1°  Des  faisceaux  de  fibres  striées  formés  de  fines  fibrilles  peu  adhérentes  entre 
elles;  les  disques  obscurs  et  clairs  y  sont  admirablement  définis,  le  disque  mince  est 
fort  difficile  à  voir;  cependant  il  existe.  Ces  faisceaux  de  fibrilles,  entre  lesquelles  on 
ne  voit  pas  de  noyaux,  ne  paraissent  pas  avoir  de  sarcolemme,  mais  autour  d'un 
certain  nombre  d'entre  eux  se  trouve  une  membrane,  et  l'on  constate  à  ce  niveau  la 
présence  de  noyaux  qui  se  colorent  vivement  par  le  carmin. 

»  2°  A  côté  des  faisceaux  de  fibres  striées  se  trouvent  des  faisceaux  de  longues 
fibres  lisses  fusiformes  à  double  contour,  offrant  sur  leur  trajet  une  série  de  renfle- 
ments et  d'étranglements,  véritables  muscles  lisses  polygastriques  composés  de  fibrilles 
parallèles  très  nettement  visibles  après  l'action  du  carmin  ou  du  picrocarmin  qui 
colore  vivement  les  renflements  en  rouge. 

»  Le  muscle  de  l'ossicule  qui,  chez  les  Anomies  adultes,  est  un  vrai  digaslrique, 
possède  également  une  structure  particulière.  A  l'œil  nu  on  voit  à  sa  périphérie  des 


SÉANCE  DU  2.4   NOVEMBRE  1902.  907 

bandes  blanches  nacrées  alternant  avec  des  bandes  sombres;  les  premières  sont  for- 
mées de  tissu  élastique  et  conjonctif  ;  les  autres,  de  faisceaux  striés  à  fibrilles  comme 
dans  l'adducteur  des  valves,  et  de  fibres  lisses  sans  renflements. 

»  Les  grosses  fibres  conjonctives  sont  constituées  par  la  réunion  de  fibrilles  extrême- 
ment fines;  elles  sont  repliées  sur  elles-mêmes;  les  replis  sont  tellement  appliqués  les 
uns  sur  les  autres  qu'au  premier  abord  on  les  prendrait  pour  des  fibres  musculaires 
striées  :  hypothèse  qui  ne  résiste  pas  à  l'examen,  car  on  peut  voir  ces  faisceaux  de 
fibrilles  absolument  dépliés  dans  une  partie  de  leur  trajet. 

»  Telles  sont  les  dispositions  anatomiques  constatées  clans  le  muscle 
adducteur  et  ceux  de  Tossicule.  Aux  fibres  striées  paraît  dévolue  la  ferme- 
ture brusque  de  la  valve  ;  au  tissu  élastique,  aux  fibres  lisses,  à  contraction 
lente,  la  fermeture  permanente.  Les  malacologistes  ne  sont  pas  encore 
aujourd'hui  bien  d'accord  sur  la  place  que  doit  occuper  l'Anomie  dans  le 
cadre  zoologique.  Quelques  auteurs  l'ont  rattachée  aux  Pectinidés.  Or  il 
est  à  remarquer  que  chez  les  Pectinidés,  le  fait  est  depuis  longtemps  connu, 
les  muscles  adducteurs  des  valves  ont  une  striation  absolument  identique 
à  celle  que  j'ai  rencontrée  chez  l'Anomie.  Le  Pecten  varias  offre  à  cet  égard 
un  excellent  sujet  d'étude.  » 

ZOOLOGIE.    —    Sur  des  formes  nouvelles    oit  peu    connues    de    Rhabditis. 
Note  de  M.  Aug.  Michel,  présentée  par  M.  Alfred  Giard. 

«  En  faisant  des  cultures  pures  de  certains  Rhabditis,  je  fus  amené  par 
un  caractère  remarquable  à  distinguer  deux  types,  que  j'avais  d'abord  con- 
fondus à  l'aspect  :  l'un  ne  présentait  que  des  femelles  hermaphrodites, 
c'est-à-dire  des  individus,  femelles  par  la  forme,  mais  produisant  avant  les 
ovules  des  spermatozoïdes  destinés  à  une  autogamie;  l'autre  était  dioique, 
les  mâles  et  les  femelles  étant  complètement  unisexués,  s'accouplant  ou, 
par  isolement,  restant  stériles,  d'ailleurs  avec  une  forte  proportion  de 
mâles  (i-3  pour  2  femelles). 

))  La  plupart  des  caractères  de  ces  deux  types  sont  semblables.  La  taille 
des  individus  tout  à  fait  adultes  varie  ordinairement  autour  de  2"™; 
quelques  femelles  peuvent  atteindre  3™°".  Les  lobes  buccaux  sont  peu  sail- 
lants, chacun  avec  une  très  petite  papille  (peut-être  avec  moins  de  con- 
stance dans  le  type  dioique)  ;  la  cavité  buccale  est  longue  d'environ  20!^,  et 
l'œsophage  a  en  moyenne  25o!^  à  Sgo!^;  l'intestin,  par  ses  granules  et  sphé- 
rules,  apparaît  noirâtre  à  la  lumière  diaphragmée;  ses  cellules  sont  bien 
distinctes  grâce  à  leur  limite  claire.  Le  pore  excréteur  a  sa  position  moyenne 


goS  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

au  niveau  du  milieu  du  bulbe  postérieur,  mais  peut  se  déplacer  soit  un  peu 
en  avant,  soit  davantage  (notamment  par  compression)  en  arrière  de  ce 
bulbe.  La  queue  se  rétrécit  assez  rapidement  et  se  termine  par  un  filament 
plus  ou  moins  court;  vers  la  base  de  la  queue,  là  où  le  rétrécissement 
s'accentue,  on  voit  de  chaque  côté  un  prolongement  de  la  substance  gra- 
nuleuse du  corps  s'étendre  à  travers  la  cuticule  claire  jusqu'à  la  surface 
du  corps.  Les  femelles,  chargées  d'œufs  nombreux,  sont  ovovivipares, 
et,  à  la  fin  des  pontes  ou  par  insuffisance  de  nourriture,  vivipares  et  matri- 
cidées. 

)>  Cependant,  malgré  la  similitude  générale  de  ces  deux  types,  j'ai 
pu  découvrir,  à  côté  du  caractère  important  du  mode  de  sexualité,  quelques 
caractères  distinctifs  tirés  de  la  forme  du  bulbe  antérieur,  de  la  longueur 
relative  du  rectum,  et  de  la  disposition  des  cellules  dans  \ ovaire.  Dans  le 
type  hermaphrodite  :  le  bulbe  extérieur  est  toujours  en  renflement  pro- 
noncé, court  et  assez  limité;  le  rectum  est  court;  l'ovaire  est  composé  de 
cellules  qui,  pendant  leur  accroissement,  restent  d'abord  en  massif  et 
polyédriques  pour  ne  prendre  que  vers  le  coude  de  cet  organe  la  disposi- 
tion en  série  unique  de  cellules  cubiques,  puis  allongées.  Dans  le  type 
dioïque  :  le  bulbe  antérieur  est  en  fuseau  allongé  et  peu  accentué;  le  rec- 
tum dépasse  notablement  en  longueur  la  largeur  de  l'intestin;  les  cellules 
de  l'ovaire,  qui,  à  son  extrémité,  contournent  une  sorte  de  rachis  granuleux, 
sont  déjà,  loin  du  coude  et  sur  le  bord  externe  de  l'organe,  disposées  en 
une  série  de  cellules,  d'ailleurs  plates  à  noyau  élargi,  avant  de  prendre  au 
coude  la  forme  cubique,  puis  allongée. 

»  Enfin,  à  défaut  du  mâle  de  la  forme  hermaphrodite,  encore  inconnu, 
mais  sans  doute  seulement  rarissime,  comme  chez  la  plupart  des  Rhab- 
ditis  hermaphrodites  (Maupas),  j'indiquerai  pour  la  forme  dioïque  les 
caractères  spéciaux  du  mâle,  si  employés  pour  la  spécification.  Le  type  en 
est  leptodérien;  la  bursa  assez  développée  présente  ordinairement  neuf 
papilles  de  chaque  côté,  disposées  en  trois  groupes  ternaires,  parfois  dix 
par  l'existence  de  quatre  papilles  en  avant;  elles  sont  écartées  entre  elles 
dans  le  groupe  antérieur  (la  première  étant  souvent  très  petite),  rappro- 
chées entre  elles  dans  les  autres  groupes  situés,  le  moyen  immédiatement 
après  l'orifice  mâle,  le  postérieur  près  de  la  queue.  Les  spicules  ordinaire- 
ment de  5oi^  à  Ç)0^  sont  jaunâtres.  J'ajoute  que  j'ai  retrouvé  dans  le  sperme 
de  certains  mâles  les  aiguilles  problématiques  déjà  signalées  dans  trois 
autres  espèces  par  Glaus,  Bûtschli  et  Maupas;  de  taille  diverse,  elles  me 
parurent  brisées,  comme  l'avait  observé  Maupas,  caractère  qui  rend  plus 


SÉANCE    DU    lf\   NOVEMBRE    1902.  909 

invraisemblable  l'assimilation,  faite  par  les  deux  premiers  auteurs,  à  des 
spermatozoïdes,  dont  cependant  la  forme  ordinaire  chez  les  Nématodes 
est  si  différente. 

»  Ainsi,  la  ressemblance  des  deux  formes  est  telle  que,  en  dehors  de  la 
présence  de  nombreux  mâles  (facilement  reconnaissables)  dans  les  cul- 
tures du  second  type,  il  me  paraît  difficile  de  les  distinguer  au  seul  aspect; 
mais  un  examen  attentif  des  animaux  au  repos  permet,  en  outre  du  mode 
de  sexualité,  de  fixer  les  caractères  spécifiques  pour  chacune  de  ces  deux 
formes. 

))  L'espèce  hermaphrodite  me  paraît  identique  à  celle  qui  a  été  bien 
figurée  par  Vernet  (^/i/z.  Se.  phys.  nat.  de  Genève,  1872)  sous  le  nom  de 
Rhabdilis  terricola  donné  par  Dujardin  {Suites  à  Buffon  :  Helminthes,  i845); 
l'espèce  de  Vernet  étant  hermaphrodite,  celle  de  Dujardin  dioïque,  c'est 
avec  raison  que  Maupas  a  remplacé  le  nom  de  R.  terricola  par  celui  de 
R.  Verneti. 

»  Quant  à  l'espèce  dioïque,  il  est  difficile  de  dire  si  elle  est  le  vrai  Rh. 
terricola  de  Dujardin,  la  vieille  description  de  cet  auteur  étant  très  insuffi- 
sante :  certains  des  caractères  donnés  par  lui  conviennent  à  la  plupart  des 
Rhabditis ;  son  minimum  de  taille  (5oo'')  est  beaucoup  trop  petit  pour  un 
adulte,  et  trop  grand  pour  un  jeune  à  l'éclosion;  ses  maxima(2™™  pour  les 
femelles,  i™™,o5  pour  les  mâles)  sont  notablement  trop  petits;  ses  autres 
nombres  n'ont  avec  les  miens  qu'une  coïncidence  trop  vague  pour  servir 
de  preuve  pour  l'identification;  enfin,  pour  la  bursa,  Dujardin  indique  seu- 
lement la  présence  de  7-8  «  côtes  »,  au  lieu  de  9-10.  Il  est  donc  difficile 
d'identifier  avec  certitude  mon  espèce  dioïque  au  Rh.  terricola,  type  pri- 
mitif sous  lequel  on  a,  d'ailleurs,  dû  confondre  même  plus  de  deux  espèces. 
Le  Rh.  dolichura  présenterait  aussi  quelque  rapport  avec  l'espèce  en  ques- 
tion, notamment  par  son  bulbe  antérieur  presque  indistinct  et  son  long 
rectum;  mais  il  s'en  distingue  nettement  surtout  par  sa  taille  beaucoup  plus 
petite  (i™™)  et  son  oviparité. 

»  L'une  des  formes  rencontrées  dans  mes  cultures  me  paraît  répondre 
au  Rh.  elegans  Maupas,  trouvé  deux  fois  par  Maupas  aux  environs  d'Alger; 
or  je  l'ai  souvent  rencontré  aux  environs  de  Paris  en  appâtant  avec  de  la 
viande  des  échantillons  de  terre  provenant  de  diverses  localités.  Cette 
forme  est  très  agile  et  très  envahissante  :  dans  les  cultures,  elle  supplantait 
les  autres  espèces;  plus  encore,  dans  la  même  chambre  humide,  elle  ne 
tardait  pas  par  ses  migrations  à  infester  d'autres  cultures. 

»  Enfin,  vu  l'importance  du  Rh.  Schneideri  en  tant  qu'espèce  parthéno- 


QIO  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

génétique  (pas  de  mâles,  et  femelles  sans  spermatozoïdes),  je  signalerai 
l'existence,  aux  environs  de  Paris,  de  cette  espèce  déjà  observée  par 
Schneider,  puis  par  Bûtschli  en  Allemagne  et  par  Maupas  en  Algérie.   » 


BOTANIQUE.   —  La  théorie  des  phytons  chez  les  Gymnospermes. 
Note  de  M.  G.  Chauveaud,  présentée  par  M.  Van  Tieghem. 

«  Dans  ces  dernières  années,  un  certain  nombre  de  botanistes  ont 
essayé  de  remettre  en  honneur  la  vieille  théorie  des  phytons,  en  prenant 
comme  point  de  départ  la  structure  de  la  feuille  pour  expliquer  la  structure 
de  la  tige  et  celle  de  la  racine. 

))  En  suivant  le  développement  de  l'appareil  conducteur,  nous  avons 
constaté  qu'il  s'accomplit  précisément  en  sens  inverse,  sa  première  phase 
étant  caractérisée  par  l'alternance  de  ces  deux  sortes  d'éléments,  telle 
qu'on  l'observe  dans  la  racine. 

))  Depuis,  nous  avons  fait  connaître,  en  détail,  la  marche  de  ce  déve- 
loppement, dans  plusieurs  exemples  particuliers,  choisis  tous  parmi  les 
Angiospermes  (').  Or,  c'est  surtout  aux  Gymnospermes  que  la  théorie  des 
phytons  paraît  le  mieux  s'appliquer,  d'après  l'un  de  ses  partisans,  qui 
s'exprime  ainsi  :  «  La  notion  du  phyton  est  si  évidente  chez  les  Conifères, 

»   au  point  de  vue  morphologique,   qu'd  serait  oiseux  d'y  insister Au 

»  point  de  vue  anatomique,  notre  travail  n'est  que  le  développement, 
»  sous  toutes  ses  formes,  de  ce  que  nous  considérons  comme  la  base  de 
»  l'Anatomie  végétale....  En  résumé,  la  notation  anatomique  a  été  étabhe 
n  en  considérant  d'abord  la  tige;  on  a  ensuite  donné  le  même  nom  aux 
»  parties  qui  se  retrouvaient  dans  la  feuille.  Nous  pensons  que  la  marche 
»  inverse  seule  est  rationnelle.  . .    «   ("). 

»  Dans  la  présente  Note,  nous  nous  proposons  de  montrer  que  cette 
théorie  ne  s'applique  pas  davantage  aux  Gymnospermes,  le  développement 
de  l'appareil  conducteur  ayant  toujours  ici  son  point  de  départ  dans  la 
racine.  Pour  cela,  nous  choisirons  comme  exemple  le  Pin  maritime  (Piiius 


(')  G.  Chauveaud,  Passage  de  la  position  alterne  à  la  position  superposée  de  l'ap- 
pareil conducteur,  avec  destruction  des  vaisseaux  centripètes  primitifs  dans  le  coty- 
lédon de  l'Oignon  {Alliurn  Cepa)  {Bulletin  du  Muséum  d'Hist.  nat.,  1902,  p.  Sa). 

(2)  Dangeard,  Recherches  sur  les  plantâtes  des  Conifères  {Le  Botaniste,  3«  série, 
p.  197  et  199). 


SÉANCE    DU    24   NOVEMBRE    I902.  gil 

maritima),  où  la  structure  de  la  racine  persiste  dans  la  ligelle,  ainsi  que 
cela  a  été  déjà  signalé,  dans  plusieurs  espèces  voisines,  par  mon  excellent 
maître  M.  Van  Tieghem  (^). 

»  Dans  cette  plante,  le  faisceau  ligneux  primitif,  au  lieu  de  se  modifier  brusque- 
ment, au-dessous  des  cotylédons,  comme  on  le  croyait,  se  continue  directement,  ainsi 
que  son  canal  sécréteur  externe,  à  l'intérieur  du  cotylédon,  où  on  le  voit  en  alternance 
avec  deux  faisceaux  libériens  fournis  chacun  par  l'un  des  faisceaux  libériens  voisins 
de  la  radicule.  Au  début  de  la  plantule,  la  même  structure  alterne  se  continue  donc 
dans  la  radicule,  la  tigelle  et  le  cotylédon. 

»  A  mesure  qu'on  s'élève  au-dessus  de  la  radicule,  on  constate  une  réduction  du 
faisceau  ligneux  primitif,  en  même  temps  qu'une  apparition  plus  hâtive  des  formations 
intermédiaires  et  secondaires.  Plus  tard,  dans  sa  partie  supérieure  ainsi  réduite,  ce 
faisceau  prtmitif  subit  une  atrophie  progressive,  ses  vaisseaux  sont  résorbés  peu  à  peu, 
puis  disparaissent;  les  vaisseaux  intermédiaires  qui  leur  font  suite,  de  part  et  d'autre, 
disparaissent  à  leur  tour.  Désormais,  on  ne  retrouve  plus,  à  la  base  du  cotylédon,  que 
les  derniers  vaisseaux  formés,  qui,  de  chaque  côté,  sont  opposés  au  liber  avec  lequel 
ils  forment  un  faisceau  libéro-ligneux.  On  a  donc,  à  la  fin  du  développement,  deux 
faisceaux  libéro-ligneux  séparés,  sur  la  ligne  médiane,  par  le  canal  sécréteur  qui  per- 
siste après  le  faisceau  primitif.  Telle  est  la  manière  dont  se  fait  le  passage  de  la  dis- 
position alterne  à  la  disposition  opposée  à  l'intérieur  du  cotylédon. 

»  On  s'assure  facilement  que  ce  ne  sont  point  les  vaisseaux  externes,  dans  la  portion 
inférieure  du  faisceau  primitif,  qui  se  déplacent  vers  l'intérieur,  à  mesure  qu'on  s'élève, 
car  on  les  voit  disparaître  après  résorption  sur  place.  Il  s'agit  bien  là  d'une  succes- 
sion de  phases,  dont  la  dernière  subsiste  seule  dans  le  cotylédon  complètement  déve- 
loppé. 

»  Quand  le  nombre  des  cotylédons  est  égal  à  celui  des  faisceaux  de  la  radicule, 
chaque  cotylédon  reçoit  un  de  ces  faisceaux  primitifs,  comme  nous  venons  de  l'indi- 
quer, et  tous  les  cotylédons  ont  même  structure.  Mais,  dans  la  plupart  des  cas,  le 
nombre  des  cotylédons  est  supérieur  à  celui  des  faisceaux  radiculaires;  alors,  les  coty- 
lédons qui  ne  correspondent  pas  à  ces  faisceaux  en  reçoivent  d'autres  qui  prennent 
forcément  naissance  au-dessus  de  la  radicule.  D'après  notre  manière  de  voir,  les  fai- 
sceaux nés  en  dehors  de  la  radicule  sont  plus  récents  que  les  précédents  ;  ils  ne  possèdent 
pas  par  conséquent  la  disposition  alterne  primitive.  Si  notre  interprétation  est  exacte, 
il  doit  donc  exister  une  différence  de  structure  entre  les  cotylédons  de  la  même 
plantule. 

»  Cette  difTérence  est,  en  effet,  facile  à  constater;  ces  derniers  cotylédons  présentent 
à  leur  base,  dès  le  début,  des  éléments  conducteurs  opposés  formant  ensemble  un 
unique  faisceau  libéro-ligneux  dépourvu  de  canal  sécréteur.  Cela  confirme,  d'une 
façon  remarquable,  l'interprétation  qui  nous  conduit  à  attribuer  à  ces  derniers  coty- 
lédons une  origine  plus  récente. 


(')  Pe.  Van  Tieghem,  Sur  la  structure  primaire  et  les  affinités  des  Pins  {Journ. 
de  Bot.,  1891,  p.  282). 


912  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Nous  avons  déjà  signalé  une  différence  tout  à  fait  comparable  entre  le  cotylédon 
et  la  première  feuille  de  l'Oignon  (').  Les  cotylédons  à  double  faisceau  du  Pin  cor- 
respondent seuls  au  cotylédon  de  l'Oignon,  les  autres  à  faisceau  unique  correspondent 
à  sa  première  feuille;  or,  il  est  évident,  pour  tous,  que  la  première  feuille  de  l'Oignon 
est  de  formation  plus  récente  que  son  cotylédon, 

»  Le  canal  sécréteur,  qui  accompagne  le  faisceau  primitif,  a  une  origine  très 
ancienne,  puisqu'il  naît  avant  les  premiers  vaisseaux.  Cela  explique  pourquoi  on  ne  le 
trouve  pas  au  dos  des  faisceaux  nés  au-dessus  de  la  radicule  et,  en  particulier,  dans 
les  nouveaux  cotylédons.  Ce  canal  sécréteur  dans  la  tigelle  a  été  regardé  par  M.  Van 
Tieghem  comme  une  continuation,  vers  le  haut,  du  système  sécréteur  de  la  radicule  (-). 
Cette  opinion  a  été  critiquée  par  les  partisans  de  la  théorie  des  phylons,  mais  nous 
voyons,  par  ce  qui  précède,  combien  sa  justesse  se  trouve  confirmée. 

»  Si  nous  avons  choisi  pour  exemple  le  Pin  maritime,  c'est  parce  que, 
dans  cette  espèce,  le  développement  se  fait  lentement,  ce  qui  nous  a  per- 
mis de  suivre,  à  l'intérieur  du  cotylédon,  le  passage  de  la  disposition  alterne 
à  la  disposition  opposée.  Dans  la  plupart  des  autres  Gymnospermes,  l'ac- 
célération du  développement  est  plus  rapide,  les  premières  phases  sont 
supprimées  plus  ou  moins  tôt,  au-dessus  de  la  radicule,  de  telle  sorte  que 
les  cotylédons,  quel  que  soit  leur  nombre,  ont  tous  la  même  structure 
opposée. 

»  En  résumé,  chez  les  Gymnospermes,  aussi  bien  que  dans  les  Angio- 
spermes, la  théorie  des  phytons  est  inexacte  et  la  feuille  ne  représente  que 
la  dernière  phase  du  développement  de  l'appareil  conducteur,  dont  le  point 
de  départ  se  trouve  dans  la  racine.    » 

BOTANIQUE.  —  Sur  le  mode  de  végétation  et  de  reproduction  de  /'Amylomyces 
Rouxii,  champignon  de  la  levure  chinoise.  Note  de  M.  J.  Turquet,  pré- 
sentée par  M.  Van  Tieghem. 

«  \1  Amylomyces  Rouxii,  Champignon  qui  saccharifie  l'amidon,  a  été 
isolé  en  1892  par  M.  Calmette,  de  la  levure  chinoise,  préparation  complexe 
utilisé  comme  ferment.  Il  sécrète  une  diastase  identique  à  celle  de  l'orge 
germé,  l'amylase,  transformant  l'amidon  en  sucre,  et  une  autre  diastase,  la 
zymase,  qui  transforme  ce  dernier  en  alcool  et  en  acide  carbonique. 

))  Grâce  à  ces  propriétés,  la  levure  chinoise,  dont  ce  Champignon  est  le 

(*)  Ph.  Van  Tieghem,  Sur  la  structure  primaire  et  les  ajfinités  des  Pins  {Journ. 
de  Bot.,  1891,  p.  282). 
(^)  Loc.  cit.,  p.  281. 


SÉANCE    DU    24    NOVEMBRE    I902.  giS 

principe  le  plus  actif,  sert  à  la  fabrication  des  vins  et  alcools  de  riz  dans  les 
pays  d'Extrême-Orient  et  notamment  en  Indo-Chine  et  en  Chine.  L'étude 
que  M.  Calmette  (')  a  faite  de  1'^.  Rouxii,  en  le  cultivant  sur  des  milieux 
de  culture  Hquides  et  solides,  peut  se  résumer  de  la  manière  suivante  : 

»  1°  Sur  les  milieux  liquides  et  solides,  le  Champignon  forme  «  un  mycélium  aérien 
»  qui  ne  se  termine  jamais  par  des  zygospores,  comme  chez  les  Mucorinées,  ni  par 
»   les  capitules  chargés  d'ascospores,  comme  chez  les  Aspergillus  ou  EuroLium  ». 

»  2°  Dans  les  cultures  en  cellule,  sur  du  moût  de  bière  «  au  contact  de  Tair,  sur 
»  les  bords  de  la  gouttelette  pendante,  le  tube  mycélien  se  divise  en  cloisons  trans- 
»  versâtes  au  niveau  desquelles  le  protoplasma  très  réfringent  s'amasse  pour  former 
»  des  conidies.  Au  début,  ces  conidies  ont  une  forme  cubique,  puis  elles  s'arron- 
»  dissent  mais  ne  s'isolent  pas  du  rameau  qui  les  a  fait  naître,  et  qui  se  prolonge 
»  au-dessus  d'elles  pour  former  un  peu  plus  loin  une  ou  plusieurs  conidies  sem- 
»  blables  ». 

»  3°  Quel  que  soit  le  substratum  sur  lequel  on  cultive  la  moisissure,  on  n'observe 
aucune  sporulation  à  l'extrémité  des  filaments  mycéliens;  c'est  toujours  dans  leur 
continuité  que  se  montrent  les  conidies. 

»  4°  «  Dans  les  liquides  sucrés  ou  amylacés,  la  plante  ne  produit  pas  de  cellules 
»   ovales  ou  sphériques  en  forme  de  levures   ». 

»  5°  «   Le  mode  de  reproduction  est  exclusivement  asexué  par  spores  endogènes  ». 

»  Les  idées  de  M.  Calmette  sur  le  mode  de  végétation  et  de  multiplication  du 
Champignon  sont  adoptées  plus  tard  par  M.  Sanguineti  (-),  puis  par  M.  Fernbach  (^). 

»  Plus  récemment,  M.  Duclaux  (^)  accepte  et  décrit  pour  V Amyloniyces  Rouxii 
le  seul  mode  de  reproduction  asexué  par  spores  d'origine  endogène,  admis  par  les 
auteurs  précités.  Plus  récemment  encore,  M.  Neuville  (^)  n'attribue  à  cette  espèce 
que  des  spores  mycéliennes. 

»  Ainsi,  d'après  les  auteurs  précédents,  dont  l'opinion  est  conforme  à 
celle  de  M.  Calmette,  V Amyiomyces  ne  possède  qu'un  seul  mode  de  repro- 
duction asexuée  :  la  foruiatiou  de  spores  endogènes  ou  coni  lies  dans  la 
continuité  des  fdaments  mycéliens, 

»  Or  les  recherches  que  j'ai  entreprises  m'ont  montré  que,  contraire- 
ment à  l'interprétation  adoptée  par  ces  savants,  la  reproduction  asexuée 
s'effectue,  chez  cette  plante,  par  des  éléments  de  deux  sortes  : 

»    i**  Par  des  spores  nées  dans  des  sporanges,  ceux-ci  étant  portés  à 


(')  Ann.  Inst.  Past.,  1892. 

(-)  A  an.  Inst.  Pasteur,  1897.. 

(^)  Ann.  de  la  Brass.  et  de  la  Dist.,  1898. 

('*)  Traité  de  Microbiologie,  t.  III,  1900. 

(^)  Bull,  de  la  Soc.  d'Acclini.  de  Fr.,  1902. 

G.  R.,  1902,    2«  Semestre.  (T.  CXXXV,  N°  31.)  ï  20 


qi]  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

l'extrémité  de  pédicelles  issus  des  filaments  mycéliens.   C'est  là  le  mode 
normal  de  reproduction  asexuée  des  espèces  du  genre  Muco/\ 

»  2°  Dans  la  continuité  des  filaments  se  forment  des  chlamydospores, 
qui  ne  sont  que  des  éléments  accessoires  de  reproduction  asexuée  de 
l'espèce  et  constituent  un  deuxième  mode  démultiplication;  ce  sont  là 
les  conidies  ou  spores  endogènes  de  M.  Calmetle. 

»  Sur  les  milieux  de  culture  solides  ou  liquides  très  favorables  au  déve- 
loppement de  l'appareil  sporangifère  des  Mucors,  carotte,  riz  cuit,  jus 
d'oran^^e,  macération  de  crottin,  bouillon  mannité,  etc.,  V AmyloTïiyces 
développe  abondamment  des  pédicelles  ramifiés  en  cymes  sympodiques  et 
terminés  par  des  sporanges.  Sur  pomme  de  terre,  il  forme  un  fin  gazon 
qui  s'affaisse  bientôt  et  où  les  sporanges  sont  très  rares  ou  même  peuvent 
manquer.  Sur  moût  de  bière  gélose,  la  partie  aérienne  du  thalle  est  encore 
moius  apparente,  et  sur  ce  substratum  on  n'observe  peu  ou  pas  de  spo- 
ranges, tandis  que  la  formation  des  chlamydospores  y  est  très  active. 

»  Cultivée  sur  moût  de  bière,  en  goutte  pendante,  la  spore  issue  du 
sporange  germe  en  augmentant  de  volume  et  devient  sphérique  en  même 
temps  qu'elle  émet  un  ou  plusieurs  bourgeons  qui  s'allongent  en  filaments 
ramifiés  et  forment  un  thalle  où  les  pédicelles  sporangifères  sont  rares,  ce 
qui  explique  qu'ils  aient  échappé  à  une  observation  même  très  attentive. 
Sur  les  branches  du  thalle  et  surtout  sur  les  fins  rameaux,  il  se  forme,  par 
contre,  beaifcoup  de  chlamydospores. 

»  Sur  les  autres  milieux  liquides  ou  solides  ci-dessus  indiqués,  celles-ci 
deviennent  plus  rares,  tandis  que  l'appareil  sporangifère  est  au  contraire 
plus  développé. 

»  Sur  les  milieux  les  plus  favorables,  carotte,  jus  d'orange,  macération 
de  crottin,  l'appareil  sporangial  comprend  : 

»  i°Des  pédicelles  incolores  ou  blanchâtres  dressés,  fins,  ramifiés  en 
cyme  symj)odique  à  deux  ou  trois  branches,  dont  chjicune  est  terminée 
par  un  sporange  :  la  hauteur  des  pédicelles  varie  de  o'^",  5  à  3*^™. 

»   2°  Des  sporanges  de  forme  ordinairement  sphérique  dont  le  diamètre    * 
varie  de  lo^-  à  Bo^.  Leur  membrane,  d'abord  incolore,  devient  d'un  blanc 
pâle,  puis  brunâtre  à  surface  rugueuse,  parfois  bosselée  parla  saillie  des 
spores,  mais  on  n'y  voit  point  de  spicules  calcaires;  la  déhiscence  de  cette 
membrane  a  lieu  par  diffhience. 

M  3°  A  l'intérieur  du  sporange  est  une  columelle  claire,  à  surface  lisse, 
ordinairement  sphérique,  parfois  ovoïde  ou  presque  hémisphérique.  Après 
la  déhiscence,  elle  présente  à  sa  base  une  collerette  très  peu  apparente. 


SÉANCE    DU    24    NOVEMBRE    1902.  916 

»  4"  Les  spores,  d'ordinaire  très  nombreuses  dans  le  sporange,  sont  très 
petites,  claires,  de  forme  ovale,  parfois  sphèriques.  Leurs  dimensions 
varient  de  2.^  à  3^  sur  3^^  à  4^'- 

))  Cultivée  dans  les  liquides  sucrés  ou  amylacés,  à  surface  bien  aérée, 
la  plante  forme  un  thalle  à  filaments  très  ramifiés,  où  l'on  ne  distingue  que 
de  rares  rameaux  présentant  un  bourgeonnement  en  levure. 

»  Je  dois  ajouter  que,  dans  mes  cultures,  je  n'ai  pas  observé  la  formation 
de  zygospores. 

»  Ainsi,  par  son  mode  de  végétation  et  de  reproduction  asexuée,  VAmy- 
lomyces  Roiixii  doit  rentrer  dans  le  genre  Mucor'el  prendre  place  à  côté  des 
Mucor  racemosas  Qi  circinelloides .  Ce  sera  donc  désormais  \e,Mucor  Rouxii. 
Ces  résultats  de  mes  recherches  viennent  donc  confirmer  ceux  déjà  obtenus 
par  M.  Wehmer(')  en  1900.    » 


GÉOLOGIE.  — -  Production  actuelle  de  soufre  natif  dans  le  sous-sol  de  la  place 
de  la  République,  à  Paris.  Note  de  M.  Stanislas  Meunier.  (^Extrait.) 

('  Le  tunnel  du  chemin  de  fer  métropolitain,  dans  sa  partie  située  place 
de  la  République,  au  droit  de  la  rue  Meslay,  traverse,  à  8™  environ  sous  le 
pavé,  une  terre  noire  très  argileuse  renfermant  des  débris  de  bois  et  pré- 
sentant des  veinules,  de  petits  amas  et  des  géodes  de  soufre  cristallisé. 

»  Pour  comprendre  l'origine  de  ce  soufre  cristallisé,  il  faut  considérer 
la  situation  relative  des  masses  constitutives  du  sol. 

»  La  voie  dans  le  tunnel  sera  établie  sur  des  couches  sableuses  et  caillouteuses, 
recoupées  sur  6™  environ  d'épaisseur,  et  renfermant  des  fossiles  roulés  du  Calcaire 
grossier.  On  doit  les  regarder  comme  quaternaires;  elles  représentent  d'anciens 
dépôts  de  la  Seine,  dont  elles  ont  le  niveau  (22'"  à  28'"). 

»  Sur  ces  sables  et  dans  une  dépression  qui  atteint  son  maximum  de  profondeur  en 
face  de  la  rue  Béranger,  sont  disposées  les  argiles  sulfuriféres.  Les  substructions  qu'on 
y  a  rencontrées  et  spécialement  celles  qui  soutenaient  la  «  Porte  du  Temple  »  au 
xiv^  siècle,  montrent  que  ces  argiles  constituaient,  au  temps  de  Charles  V,  un  marais 
qui  a  donné  son  nom  au  quartier.  On  rencontre  en  abondance,  dans  ces  argiles,  des 
coquilles  lacustres,  Ijmnées,  planorbes,  phjses  et  avec  elles  des  coquilles  terrestres, 
telles  que  des  hélices.  A  divers  niveaux,  les  débris  végétaux  à  peine  altérés  sont  si 
abondants  que  la  masse  prend  l'aspect  tourbeux.  Les  fouilles  ont  montré  qu'à  l'époque 
dont  il  s'agit  les  terres  noires  étaient  traversées,-  en  face  de  la  rue  du  Temple,  jjar 
un  égout. 

»  Les  argiles  palustres  sont  séparées  de  la  surface  actuelle  du  sol  par  des  remblais 

(^)  Centralblatt fnr  Bakleiiologie^  00  mai  1900. 


r)i6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

dans  la  composition  desquels  sont  inter\  enus  les  matériaux  les  plus  hétérogènes.  Les 
plâtras  y  dominent,  avec  des  débris  calcaires  et  des  terres  plus  ou  moins  sableuses,  et 
dans  le  tout  sont  disséminés  des  restes  d'animaux,  comme  des  cornes  et  des  os  de  ru- 
minants, des  fragments  de  cuir  et  d'autres  résidus. 

»  On  sait  qu'en  1670  on  a  comblé  les  anciens  fossés  établis  le  long  des  remparts, 
qui  sont  devenus  le  boulevard  Saint-Martin,  à  l'aide  des  matériaux  de  démolition 
provenant  du  voisinage.  C'est  aux  plâtras  qu'il  faut  attribuer  l'origine  du  soufre 
mis  au  jour  en  ce  moment,  et  à  ce  sujet,  il  convient  de  rappeler  que  M.  Daubrée  a 
signalé  eu  1881  (*)  la  trouvaille  de  soufre  cristallisé  au  sein  des  vieux  plâtras  enfouis 
dans  la  rue  Meslay  et  sur  la  place  de  la  République. 

»  Le  fait  actuel  se  rattache  évidemment  à  celui-là;  mais  concernant  des  roches  plus 
profondes,  il  vient  y  ajouter  des  particularités  nouvelles.  En  effet,  ce  n'est  plus  dans 
la  substance  artificielle  des  plâtras  que  le  soufre  s'est  constitué,  mais  dans  des  couches 
normales  déposées  au  fond  d'une  pièce  d'eau  où  vivaient  toute  une  faune  et  toute  une 
flore.  Jusqu'à  la  fin  du  xYii*^  siècle,  ces  dépôts  n'avaient  rien  qui  pût  les  distinguer  des 
formations  lacustres  ordinaires.  C'est  à  partir  de  cette  époque  que  les  eaux  d'infiltra- 
tion, se  chargeant  de  sulfate  de  chaux  dans  les  régions  superficielles  du  sol,  ont 
imprégné  les  vases  sous-jacentes  d'une  matière  saline  sur  laquelle  les  substances 
organiques  ont  exercé  leur  influence  réductrice.  11  a  suffi  de  deux  siècles  de  cette 
action  pour  que  les  géodes  de  soufre  aient  acquis  les  dimensions  que  nous  observons. 

»  C'est  un  exemple  de  l'activité  avec  laquelle  des  changements  peuvent 
se  déclarer  au  sein  d'une  formation  déjà  constituée  et  lui  donner  des 
caractères  à  la  production  desquels  les  conditions  du  milieu  générateur 
initial  ont  été  étrangères.    « 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —   Théorie  générale  de  l'action  de  quelques  diastases. 
Note  de  M.  Yictor  Hexri,  présentée  par  M.  Roux. 

«  Les  actions  diastasiques  diffèrent  par  beaucoup  de  points  des  actions 
produites  par  les  acides;  plusieurs  auteurs,  MM.  Duclaux,  Tammann, 
Brown,  etc.,  en  ont  déduit  que  les  lois  de  la  Chimie  générale  et  avant  tout  la 
loi  cie  l'action  des  masses  de  Berthollet,  Guldberg  et  Waage  n'étaient  pas 
applicables  aux  réactions  diastasiques.  J'ai  repris  l'étude  de  cette  question 
pour  l'irivertine,  l'émulsine  et  l'amylase. 

î  Voici  d'abord  les  principaux  résultats  expérimentaux  qui  doivent 
servir  de  point  de  départ  : 

»  1"  Lorsque  l'on  étudie  la  vitesse  d'inversion  du  saccharose  (c'est-à-dire  le 
nombre  de  grammes  intervertis  par  minute),  produite  par  une  même  quantité  d'in- 
verline  dans  des  solutions  de  concentrations  croissantes  en  saccharose,  on  trouve  que 


(^)  Comptes  rendus,  t.  XCII,  p.  101  et  i44o- 


SÉANCE    DU    24    NOVEMBRE    1902.  gjrj 

cette  vitesse  augmente  d'abord  avec  la  concentration  pour  les  solutions  diluées  (au- 
dessous  de  0,1  normale),  mais  qu'à  partir  d'une  certaine  concentration  moyenne 
(environ  0,1  normale)  la  vitesse  d'inversion  est  presque  indépendante  de  la  concen- 
tration en  sucre; 

»  2°  Le  l'ésultat  est  exactement  le  même  pour  l'action  de  l'émulsine  sur  la  salicine 
et  pour  l'action  de  l'amylase  sur  l'amidon  ou  sur  la  dextrine; 

»  3"  La  vitesse  de  la  réaction  est,  pour  l'invertine,  l'émulsine  et  l'amylase,  propor- 
tionnelle à  la  quantité  de  ferment; 

))  4"  L'addition  de  sucre  inlerverti  à  un  mélange  de  saccharose  et  d'invertine 
ralentit  la  réaction.  Pour  l'addition  d'une  même  quantité  de  sucre  interverti,  le  ralen- 
tissement est  d'autant  plus  faible  que  la  concentration  en  saccharose  est  plus  grande. 
Ce  ralentissement  est  produit  presque  uniquement  par  le  lévulose  contenu  dans  le 
sucre  interverti  ;  ce  résultat  est  à  rapprocher  du  fait  que  l'invertine  agit  sur  les  sucres 
qui  donnent  par  hydrolyse  le  lévulose. 

»  5°  Lorsqu'on  ajoute  une  certaine  quantité  de  saligénine  +  glucose  à  un  mélange 
de  salicine  et  d'émulsine,  la  vitesse  de  la  réaction  est  diminuée,  et  cette  diminution 
est  d'autant  plus  forte  que  la  quantité  de  salicine    est  plus  faible. 

»  Le  résultat  est  le  môme  si,  à  un  mélange  d'amidon  -+-  amylase,  on  ajoute  les  pro- 
duits de  l'hydrolyse  de  l'amidon. 

»  6°  Si  l'on  étudie  la  marche  de  l'inversion  d'une  certaine  quantité  de  saccharose 
par  l'invertine  depuis  le  début  jusqu'à  la  fin,  on  trouve  que  la  réaction  se  produit 
suivant  une  loi  plus  rapide  que  dans  le  cas  des  acides. 

»  7°  La  vitesse  d'hydrolyse  de  la  salicine  par  l'émulsine  se  produit  plus  lentement 
que  d'après  la  loi  des  acides. 

»  8°  La  vitesse  d'hydrolyse  de  l'amidon  par  l'amylase  du  malt  et  par  l'amylase  du 
suc  pancréatique  se  produit  suivant  une  loi  très  voisine  de  la  loi  logarithmique  des 
acides. 

»  En  étudiant  les  résultats  de  mes  expériences  sur  l'invertine  ('),  M.  Bodenstein, 
auquel  je  dois  un  grand  nombre  de  conseils  précieux,  proposa  une  première  interpré- 
tation de  l'action  de  l'invertine.  D'après  lui,  l'activité  du  ferment  est  influencée  par  le 
saccharose  et  par  le  sucre  interverti;  l'action  inhibitrice  produite  par  le  saccharose 
est  plus  forte  que  celle  du  sucre  interverti.  Si,  à  un  moment  donné,  on  a  dans  la  so- 
lution a  —  a:  saccharose  et  a;  sucre  interverti,  l'activité  du  ferment  F  est  diminuée 
dans  la  proportion  m(a  —  u.-)  -\~  nx,  où  m  et  a  sont  deux  constantes. 

»  La  vitesse  de  la  réaction  étant  proportionnelle  à  la  quantité  de  saccharose,  c'est- 

F 

à-dire  à  la  valeur  a  —  x^  et  à  l'activité  du  ferment,  laquelle  est  égale  à 

on  obtient,  pour  l'expression  de  la  vitesse, 

clx  F 

— p^  =  K.  — r (a X), 

dt  m  {a  —  x)  -\-  nx 


ni  [a  —  x)  -\-  n x  ' 


(')  V.    Henri,    fJeber    das    Gesetz  der    Wirkung    des    l/nerUns    {Zeit.   physik. 
C  hernie,  1901). 


()l8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

d'où  Ton  déduit  pour  la  constante  K,  l'expression 


î)i  —  n  , 

X  -i-  n  lo£ 


»  Dans  le  cas  de  l'invertine,  en  posant  m  =z  2  et  ii^=.i,  on  trouve  pour  Kj  des 
valeurs  qui  restent  constantes,  d'une  part,  depuis  le  début  jusqu'à  la  fin  d'une  réaction 
et,  d'autre  part,  lorsque  l'on  compare  les  réactions  pour  des  solutions  de  différentes 
concentrations  en  saccharose,  qui  sont  comprises  entre  0,1  normale  et  o,5  normale. 

»  Mais,  pour  les  solutions  diluées,  pour  lesquelles  les  lois  de  la  Chimie  physique 
s'appliquent  le  mieux,  la  formule  de  M.  Bodenstein  fait  défaut. 

»  Théorie.  —  Supposons  que  nous  ayons  un  mélange  d'une  quan- 
tité a  —  ^  du  corps  à  transformer  (saccharose  ou  salicine)  et  d'une  quan- 
tité ^  des  produits  de  l'hydrolyse;  à  ce  mélange  nous  ajoutons  la  quantité  <î> 
de  diastase. 

»  Je  suppose  qu'une  partie  z  de  ce  ferment  se  combine  avec  une  partie 
du  corps  à  dédoubler  ;  qu'une  autre  partie  y  du  ferment  se  combine  avec 
une  partie  des  produits  de  l'hydrolyse;  et  enfin  qu'il  reste  une  portion  X 
du  ferment  qui  reste  libre.  Je  suppose,  en  plus,  que  ces  combinaisons  se 
produisent  suivant  la  loi  de  l'action  des  masses.  On  obtient  ainsi  les  trois 
équations  suivantes  : 

(a  —  x)'\  =■  —  z,         £t?X  =  -  r,         $  —  X  -h  y  H-  5. 

»   De  ces  équations  on  déduit  les  valeurs  de  X  et  de  z. 

n   Deux  hypothèses  différentes  peuvent  être  faites  : 

»  I*'  On  peut  supposer  que  c'est  la  partie  du  ferment  non  combiné  X 
qui  agit  sur  les  corps  à  dédoubler;  dans  ce  cas  la  vitesse  de  la  réaction  est 
proportionnelle  kXel  k  a  —  00;  donc  on  a 

(  î  )  —   =  ^ — . 

^   '^  c/t  \  -\-  m{a  —  .c )  +  n  j: 

»  2^  On  peut  supposer,  au  contraire,  que  la  combinaisons  entre  le  corps 
à  dédoubler  et  le  ferment  est  une  combinaison  intermédiaire  instable, 
qui  se  décompose  en  régénérant  une  partie  du  ferment.  Dans  ce  cas  la 
vitesse  de  la  réaction  sera  proportionnelle  à  la  quantité  de  cette  combi- 
naison z;  donc  on  aura 

dx  K*(<z  —  x) 


(^) 


dt  Ti  ■+■  jn{  a  —  œ)  -h  ncc 


Il  est  remarquable  que  ces  deux  hypothèses  différentes  conduisent  à  la 
même  loi. 


SÉANCE    DU    24   NOVEMBRE    1902.  919 

)>  L'expression  (i)  contient  deux  constantes  m  et  n  caractéristiques  du 
ferment  et  des  conditions  de  température  et  de  milieu;  une  fois  les  valeurs 
de  ces  constantes  choisies  on  devra  obtenir  pour  R  la  môme  valeur 
pendant  toute  la  durée  d'une  réaction  et  quelles  que  soient  les  concentra- 
tions des  corps  à  dédoubler  et  des  produits  de  l'hydrolyse. 

»   L'étude  des  résultats  expérimentaux  de  plusieurs  centaines  de  séries  donne  des 
résultats  très  satisfaisants  pour  i'invertine  et  Témulsine. 
»  Exemples  : 

I'"'  mai  iQOî.  —  Inversion  du  saccharose  par  I'invertine. 

Concentrations  de  saccharose.     0,01  n.     o,025n.     o,o5n.     0,1  n.     o,25n.     o,5n.      in. 
V^aleiirs  de  K,  (  Bodenstein  )..        100  2^3  358  5i3         65o         65o       545 

Valeurs  de  K 852  910  055        1026       1073       1004       829 

Il  janvier  1901.  —  Action  de  I'invertine  sur  le  saccharose  plus  sucre  interverti. 

Concentration?.      o,in.     0,1  n.-+-o,i  n.s.i.     o,2n.     o,3n.     o,2n.  +  o,3n.s.i.     o,3  n. +o,2n,s.i.     o,5n. 
Valeurs  de  K..  .        9^8  992  996        931  923  960  gSo 

8  mai  1902.  —  Inversion  du  saccharose  par  I'invertine. 

Concentrations 0,020  n.       o,o5  n.       0,1  n.       0,211.       o,5n. 

Valeurs  de  K 107  119  1 1 1  101  95 

10  octobre  1902.  —  Hydrolyse  de  la  salicine  par  l'émulsine. 

Concentrations  de  salicine o,  i4  n.     o,  io5  n.     0,07  n.     o,o35  n. 

Valeurs  de  K 23 1  245  245  269 

M  L.  GossuiN  adresse,  par  l'entremise  de  M.  Mascart,  une  Note  annon- 
çant qu'une  secousse  de  tremblement  de  terre  s'est  produite  à  Busselino 
le  21  novembre  à  9''  du  matin  (heure  d'Italie),  et  a  duré  l\{\  3  secondes. 

M.  R.  Sberra  adresse,  de  Montevideo,  une  Note  écrite  en  espagnol  et 
relative  à  la  Navigation  aérienne. 

(Renvoi  à  la  Commission  d'Aéronautique.) 
M.  A.  DuBoi.v  adresse  une  Note  «  Sur  la  production  du  rubis  par  fusion  » . 

M.  AuG.  CoRET  adresse  deux  Notes,  sur  un  mode  de  suspension  du 
pendule,  et  sur  un  projet  de  pendule  de  Foucault  «  à  force  vive  ». 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Léauté.) 
A  4  heures  T Académie  se  forme  en  Comité  secret. 


920 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


COMITÉ  SECRET, 

La  Section  d'Astronomie  |Drésente  la  liste  suivante  de  candidats,  pour 
la  place  laissée  vacante  par  le  décès  de  M.  Faye  : 

En  première  ligne M.  Bigourdan. 

j   MM.  Andoyer, 

,         .  I  Deslandres, 

En  seconde  ligne,  par  ordre  alphabétique  -   •   -{  t, 

[  P.   PUISEUX. 

Les  titres  de  ces  candidats  sont  discutés. 
L'élection  aura  lieu  dans  la  prochaine  séance. 

La  séance  est  levée  à  6  heures  un  quart. 

G.  D. 


ERRATA. 


(Séance  du  27  octobre  1902.) 
Note  de  M.  Rlondlot,  Sur  la  vitesse  de  propagation  des  rayons  X  : 

Page  667,  ligne  1,  au  lieu  de  8"°  de  diamètre,  lisez  8"'"  de  diamètre. 

Note  de  M.  A.  Guilliermond,  Observations  sur  la  germination  des  spores 
du  Saccharomyces  Ludwigii  : 

Page  709,  lignes  5  et  6,  au  lieu  de  M.  le  professeur  Momsen,  lisez  M.  le  professeur 
Hansen. 

Même  page,  lignes  9  et  10,  au  lieu  de  sporulait  très  difficilement,  lisez  sporulait 
très  facilement. 

(Séance  du  3  novembre   1902.) 

Note  de  M.  BlondloL,   Sur  l'égtiité  de   la    vitesse  de  propagation  des 
rayons  X  et  de  la  vitesse  de  la  lumière  dans  l'air  : 
Page  724,  ligne  1 1,  au  lieu  de  détonateur,  lisez  résonateur. 


ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

SÉANCE  DU   LUNDI  V'  DÉCEMBRE   1902, 
PRÉSIDENCE  DE  M.  BOUQUET  DE  LA  GRYE. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

CHIMIE  GÉNÉRALE.  —  Sur  la  température  d' inflammation  et  sur  la  combus- 
tion, dans  l'oxygène,  des  trois  variétés  de  carbone.  Note  de  M.  Henri 
Moi  s  SAN. 

((  La  destruction  régulière  et  continue  des  matières  organiques,  c'est-à- 
dire  des  matières  carbonées  qui  nous  entourent,  a  depuis  longtemps  frappé 
l'attention  des  savants.  L'action  microbienne  est  une  cause  permanente  de 
cette  destruction,  mais,  d'après  certains  faits,  il  semble  aussi  que  cette 
transformation  puisse  se  produire  grâce  à  un  simple  phénomène  chimique 
d'oxydation  lente.  Nous  avons  pensé  que,  pour  aborder  l'étude  de  cette 
question,  il  fallait  tout  d'abord  envisager  quelle  était  l'action  de  l'oxygène 
sur  les  trois  variétés  de  carbone. 

»  Dans  des  expériences  entreprises  en  1898  sur  la  combustion  du  dia- 
mant dans  l'oxygène  ('),  nous  avons  remarqué  que  le  dégagement  d'acide 
carbonique  précédait  le  phénomène  de  l'inflammation  du  carbone. 

»  Ces  expériences  touchent  à  l'importante  question  des  relations  entre 
les  vitesses  de  réaction  et  la  température. 

»  Depuis  longtemps,  les  chimistes  ont  reconnu  que  les  réactions,  pos- 
sibles à  la  température  ordinaire,  s'arrêtent  lorsque  cette  température 
s'abaisse.  Les  travaux  de  Dumas,  de  M.  Pictet,  de  MM.  Dorn  et  WoUmer 
établissent  ce  fait  avec  netteté.  Nous  avons  démontré  en  collaboration 
avec  M.  Dewar  que  le  plus  actif  de  tous  les  corps  simples,  le  fluor,  n'atta- 


(')  H.  MoissÀN,    Sur  quelques  propriétés  nouvelles  du  diamanC  {Comptes  ren- 
dus, t.  CXVt,  1893,  p.  460). 

G.  R.,  1902,  2«  Semestre.  (T.  CXXXV,  N»  22.)  '^' 


()22  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

quait  pins  le  siiicinm,  le  phosphore,  le  carbone  et  le  mercure,  à  la  tempé- 
rature de  —210"  (').  Si  l'on  s'élève  au-dessus  de  cette  température, 
les  corps  entrent  en  réaction,  et,  dans  un  certain  nombre  de  cas,  il  se 
produit  une  inflammation  dont  la  température  exacte  est  assez  difficile  à 
déterminer. 

»  En  effet,  pour  étudier  celle  question  d'une  façon  aussi  complète  que 
possible  à  une  pression  constante,  il  faut  tdtiir  comj)te  de  l'état  jJiysique 
des  corps  réagissants  et  du  rôle  si  grand  des  impuretés.  Nous  rappellerons, 
à  ce  propos,  les  importantes  recherches  de  M.  Van'tHotï',  de  MM.  Mallard 
et  Le  Clialelier,  de  Vicîor  Meyer,  de  MM.  Armand  Gautier  et  Hélier  et 
enfin  de  M.  Berthelot.  Celte  question  de  la  température  d'inflammation  a 
éié  indiquée  d'une  façon  magistrale  dans  les  éludes  de  Bunsen  (^)  sur  les 
phénomènes  de  combustion  des  gaz,  et  l'importance  de  la  pression  sur  la 
combustion  lente  a  été  mise  en  évidence  par  les  belles  expériences  de 
M.  Joubert  sur  la  phosphorescence  (^).  Dans  toutes  nos  recherches  il 
n'est  question  que  de  la  température  d'inflammation  et  jamais  de  la  tem- 
pérature de  combustion. 

»  Combusliori  du  diamant  dans  l'oxygène.  —  Le  diamant  était  placé  au 
milieu  d'un  tube  de  porcelaine  de  Berlin  traversé  par  un  courant  d'oxygène 
pur  et  sec.  Une  j)ince  thermo-électrique  de  Le  Chatelier  était  en  contact 
avec  le  diamant  sur  un  petit  supj)ort  de  porcelaine  fixé  au  milieu  du  tube. 
L'appareil,  dont  nous  donnerons  la  description  complète  aux  Annales  de 
Chimie  et  de  Physique,  était  chauffé  sur  une  grille  à  gaz.  Le  volume  de  ce 
tube  de  porcelaine  était  d'environ  loo*""'.  Il  était  fermé  par  deux  ajutages 
cylindriques  de  verre  qui  portaient  perpendiculairement  à  l'axe  une 
lamelle  à  faces  parallèles  permettant  de  voir  nettement  le  diamant  au 
milieu  de  l'appareil.  Enfin,  un  tube  de  verre  latéral  amenait  le  courant 
gazeux  dans  un  petit  barboteur  à  eau  de  baryte.  Le  débit  du  courant 
d'oxygène  sec  était  d'environ  1'  en  10  minutes.  L'oxygène  employé  dans 
cette  expérience  renfermait  de  i,5  à  1,8  d'azole.  Il  était  séché  par  son 
passage  dans  une  série  de  tubes  en  U  remplis  les  uns  de  potasse,  les  autres 
de  baryte  caustique.  Au  préalable,  il  traversait  un  petit  barboteur  à  eau  de 
baryte  qui  servait  de  témoin  et  devait  rester  limpide  pendant  toute  la 
durée  de  l'opération. 

(')  MoissAN  el  Dewar,  Sur  la  liquéfaction  du  Jlnor  {Comptes  rendus,  t.  CXXIV, 
p.  1202;  et  t.  GXXV,  1897,  P-  5o5). 

("-)  BujjsKX,  Méthodes  gazoniétriques .  Phénomènes  de  combustion  des  gciz. 
(^)  Joubert,  Annales  de  l'École  Normale^  t.  III,  1874,  p-  209. 


SÉANCE   DU    I^»"  DÉCEMBRE    1902.  923 

'  Un  diamant  Iransnarent  du  Cap,  du  poids  de  162™^^  a  été  chauffé  dans 
ces  conditions.  La  température  s'élevait  lentement,  et,  après  i5  minutes 
de  chauffe  à  710°,  l'eau  de  baryte  ne  s'était  pas  troulDlée.  En  continuant  à 
élever  la  température,  on  reconnut  nettement  qu'à  720°  il  se  produisait 
un  très  léger  louche  indiquant  la  formation  d'unp  petite  quantité  d'acide 
carbonique.  Ce  louche  conliniie  à  augmenter,  mais  avec  lenteur,  à  730*^, 
puisa  740°  et  75o°,  sans  que  le  diamant  ait  commencé  à  brûîer.  Ce  diamant 
était  de  la  môme  couleur  que  le  tube  chauffé  et  n'était  entouré  d'aucune 
flamme.  En  continuant  à  élever  progressivement  la  température  donnée 
par  la  pince  thermo-électrique,  d  est  facile  d'arriver  jusqu'à  790*^,  où,  dès 
lors,  le  dégagement  de  l'acide  carbonique  est  assez  îdjondant  sans  que  le 
carbone  présente  le  phénomène  de  l'incandescence.  En  continuant  encore 
à  éiever  la  température,  on  voit  tout  d'un  coup,  à  800°,  le  diamant  s'en- 
tourer d'une  flimme,  devenir  incandescent,  atteindre  avec  rapidité  le  blanc 
éblouissant,  et,  dès  lors,  le  dégagement  de  l'acide  carbonique  est  beau- 
coup plus  rapide. 

»  A  partir  de  ce  moment,  même  si  l'on  éteint  la  grille,  le  dégagement 
de  chaleur  produit  par  la  combustion  rapide  du  diamant  dans  l'oxygène 
est  suffisant  pour  que  l'opération  se  continue  jusqu'à  la  destruction  com- 
plète du  carbone. 

»  Cette  expérience  a  été  répétée  un  grand  nombre  de  fois,  et  les  résul- 
tats ont  été  toujours  les  mêmes.  En  faisant  varier  les  échantillons,  la  tem- 
pérature d'inflammation  jieut  s'élever  plus  ou  moins,  atteindre  820° 
à  85o^,  indiquant  par  là  l'existence  de  plusieurs  variétés  de  diamant,  mais 
la  réaction  vive  est  toujours  précédée  d'une  réaction  lente  qui  se  produit 
à  100  ou  iSo**  avant  la  température  d'incandescence. 

»  Nous  avons  pu  encore  démontrer  cette  réaction  lente  en  maintenant, 
pendant  4  heures,  un  diamant  du  poids  de  0^,1096  dans  un  courant  d'oxy- 
gène à  780°,  c'est-à-dire  à  une  température  inférieure  de  20°  à  sa  tempé- 
rature d'inflammation.  Dans  ces  conditions,  ce  diamant  a  |)erdu,  sous 
forme  d'un  lent  dégagement  d'acide  carbonique,  ^1,2./^  pour  100  de  son 
poids,  sans  devenir  incandescent. 

»  Nous  avons  cherché,  de  ])lns,  si,  dans  la  réaction  lente  ou  dans  la 
réaction  vive  de  l'oxygène  sur  le  diamant,  il  se  formait,  au  moment  delà 
combustion,  une  dépolymérisation,  et  si  le  diamant  présentait  des  plages 
noires  d'une  autre  variété  de  carbone.  Nous  n'avons  jamais  pu  saisir  la 
transformation  du  diamant  en  une  autre  variété  de  carbone,  soit  en  |)ro- 
duisant  une  combustion  incomplète,  soit  en  laissant  tomber  brusquement 


Q24  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

un  diamant  incandescent  dans  de  l'eau  froide.  Du  reste,  dans  les  condi- 
tions où  nous  opérions,  nous  maintenions  toujours  le  diamant  en  présence 
d'un  grand  excès  d'oxygène,  et  il  nous  paraît  difficile  que  la  production 
d'une  autre  variété  de  carbone,  plus  facilement  combustible  que  le  dia- 
mant, pût  être  décelée  dans  cette  expérience. 

»  Combustion  du  graphite.  —  Cette  combustion  a  été  reproduite  dans  les 
mêmes  conditions  que  la  précédente.  Le  premier  échantillon  que  nous 
avons  étudié  était  un  graphite  de  synthèse  très  bien  cristallisé,  produit  par 
l'action  du  silicium  en  fragments  sur  une  fonte  de  fer  riche  en  carbone 
maintenue  liquide  dans  notre  four  électrique  ('). 

»  Par  une  élévation  graduelle  de  température,  ce  graphite  a  com- 
mencé à  produire  un  louche  très  faible  dans  l'eau  de  baryte  à  la  tem- 
pérature de  5;0".  La  quantité  d'acide  carbonique  produit  est  devenue 
plus  abondante  à  600",  et  le  graphite  est  devenu  subitement  incandescent 
à  690°.  A  cette  température,  l'incandescence  est  très  vive  et  la  combustion 
violente. 

»  L'expérience  a  été  répétée  quatre  fois  sur  cet  échantillon,  et  les  résul- 
tats sont  concordants.  Ici  encore,  combustion  lente  s'accusant  par  un 
dégagement  très  faible  d'acide  carbonique  à  une  température  inférieure 
de  120°  au  point  d'inflammation. 

))  Une  autre  expérience  a  été  faite  avec  un  échantillon  de  graphite  pré- 
paré de  la  façon  suivante  :  Un  diamant  de  3 10™^  a  été  chauffé  dans  un 
petit  creuset  de  graphite  pur,  muni  de  son  couvercle,  au  moyen  d'un  cou- 
rant de  1000  ampères  sous  60  volts.  Dans  ces  conditions,  le  diamant  se 
transforme  entièrement  en  graphite.  Ce  dernier  avait  une  densité  de  2,26; 
par  sa  combustion  dans  un  courant  d'oxygène  sec,  il  a  commencé  à  donner 
des  traces  d'acide  carbonique  à  la  température  de  5 10°.  Sa  température 
d'incandescence  a  été  trouvée  égale  à  690". 

»  L'mcandescence,  c'est-à-dire  la  réaction  vive,  est  donc  précédée  d'une 
réaction  lente  qui  se  produit  au  moins  à  180''  du  point  d'inflammation. 

))  Combustion  du  carbone  amorphe.  —  Nous  avons  choisi  comme  échan- 
tillon de  carbone  amorphe  une  braise  de  boulanger  obtenue  au  moyen  de 
bois  de  bouleau.  Cette  variété  de  carbone  est  produite  par  une  combustion 
aussi  complète  que  possible;  de  plus,  la  température  à  laquelle  elle  a  été 
formée  n'a  pas  été  trop  élevée.  Nous  évitons  ainsi  une  trop  grande  poly- 

(^)  H.  MoissAN,  Déplacement  du  carbone  par  le  bore  et  le  silicium  dans  la  fonte 
en  fusion  {Comptes  rendus,  t.  CXIX,  1894,  p.  1172). 


SÉANCE    DU    1*"^  DÉCEMBRE    1902.  925 

mérisation  du  carbone  mise  en  évidence  dans  les  importantes  recherches 
de  M.  Berthelot  sur  ce  sujet. 

))  Si  l'on  chauffe  celte  braise,  telle  quelle,  dans  un  courant  d'oxygène  sec 
ou  humide,  dès  la  température  de  100°  à  no**,  on  recueille  de  l'acide  car- 
bonique. Mais,  selon  nous,  l'expérience  n'est  pas  concluante,  parce  que 
cette  variété  de  carbone  est  poreuse  et  retient  physiquement  un  assez 
grand  volume  d'oxyde  de  carbone  et  d'acide  carbonique. 

»  Nous  avons  donc  commencé  par  chauffer  cette  braise  dans  une  étuve 
à  huile  pendant  12  heures  à  la  température  de  160".  On  l'a  laissée  ensuite 
refroidir  sous  une  cloche  pleine  d'air  en  présence  d'anhydride  phospho- 
rique.  La  braise,  placée  alors  dans  un  tube  de  verre,  a  été  soumise  à 
l'action  du  vide,  pendant  plusieurs  heures,  au  moyen  d'une  bonne  trompe 
deBerlemont  à  trois  chutes.  On  recueille,  dans  ces  conditions,  un  mélange 
gazeux  contenant  de  l'acide  carbonique. 

»  La  braise  était  portée  ensuite  à  la  température  de  400"  et  l'on 
obtenait,  en  faisant  le  vide,  une  nouvelle  quantité  de  gaz  qui,  pour  100, 
avait  la  composition  suivante  :  acide  carbonique  62,60,  oxyde  de  car- 
bone 3i,43,  oxygène  2,85,  azote  2,90.  Nous  nous  sommes  assuré,  par 
l'analyse  eudiométrique,  que  cet  azote  ne  renfermait  que  des  traces  d'hy- 
drogène. Cette  expérience  était  poursuivie  jusqu'à  ce  que  le  charbon  ne 
dégage  plus  aucun  gaz. 

»  Ainsi  préparée,  cette  braise  était  placée  dans  un  tube  en  U  en  verre 
qui  pouvait  être  chauffé  extérieurement  par  un  bain-marie  à  température 
constante  (').  Pour  être  bien  certain  que  la  braise  n'avait  entraîné 
aucun  gaz,  on  faisait  le  vide  dans  l'appareil  à  la  température  de  200°,  puis 
on  laissait  refroidir  le  carbone  dans  le  vide.  Ce  tube  en  U  était  rempli 
d'oxygène  pur  et  sec,  et  mis  ensuite  en  communication  avec  un  barboteur 
renfermant  de  l'eau  de  baryte.  Nous  faisions  enfm  passer  dans  l'appareil 
un  courant  d'oxygène  sec. 

»  Si  l'on  élève  lentement  la  température,  l'eau  de  baryte  reste  absolu- 
ment limpide  à  200°,  et  l'on  ne  voit  se  produire  un  léger  trouble  que 
lorsque  la  braise  est  portée  à  23o°.  Ici  encore  la  réaction  lente  se  manifeste 
bien  avant  l'incandescence.  Par  des  élévations  de  température  lentes  et 
successives,  le  dégagement  d'acide  carbonique  augmente  et  l'inflamma- 
tion se  produit  à  345°.  L'expérience  a  été  répétée  plusieurs  fois. 


(*)  Nous  avons  employé  dans   ces  expériences  un  bain  d'huile   et  des  bains  de 
nitrates. 


926  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

.  »  Nous  avons  aussi,  de  même  que  pour  le  diamant,  brûlé  0,00^5  de 
i)raise  dans  J'oxygène  sec  à  une  température  de  33o"  sans  qu'il  y  eût  le 
moindre  phénomène  d'incandescence.  Mais  la  formation  d'acide  carbo- 
nique est,  dans  ce  cas,  très  faible  et  cette  réaction  lente  a  exigé  44  bt^ures. 

))  Toutes  ces  expériences  établissent  donc  que  la  combinaison  des  diffé- 
rentes variétés  de  carbone,  avec  l'oxygène,  se  produit  d'une  façon  lente 
bien  avant  la  température  d'inflanimation. 

»  Il  était  vraisemblable  que  le  temps  devait  intervenir  dans  la  réaction, 
ainsi  que  MM.  Bcrthelot  et  Péan  de  Sni.nt-Gilles  l'ont  démontré  dans  leurs 
beaux  travaux  sur  l'éthérification  (*).  Nous  avons  donné  alors  à  nos  expé- 
riences une  autre  forme. 

))  Nous  avons  placé  cette  braise  de  boulanger,  chauffée  dans  le  vide  avec 
les  précautions  que  nous  avons  indiquées  précédemment,  dans  un  tube 
de  verre  scellé  en  présence  d'oxygène  sec  ou  humide.  Nous  disposions 
de  0^,4  à  0^,5  de  braise  en  présence  de  25''"'  à  35'""'  d'oxygène.  Au 
moment  où  le  tube  était  scellé,  on  prenait  la  tension  du  gaz,  de  façon  à 
déterminer  approximativement  la  pression  pour  la  température  à  laquelle 
le  tube  scellé  devait  être  porté. 

»  Nous  avons  ainsi  préparé  une  série  de  soixante  tubes  qui  ont  été  main- 
tenus à  des  températures  différentes  pendant  des  temps  variables.  Nous 
avions  dans  ces  tubes  un  système  hétérogène  formé  de  gaz  et  d'un  solide 
poreux,  et  nos  expériences  ne  [)ouvaient  avoir  d'autre  prétention  que  de 
déterminer  la  température  inférieure  à  laquelle  l'acide  carbonique  peut  se 
])ro(luire  dans  ces  conditions.  Un  certain  nombre  de  ces  tubes  ont  été 
maintenus  à  la  température  ordinaire,  à  l'obscurité,  et,  en  recueillant  les 
gaz  à  la  trompe  après  une  année,  nous  n'avons  pas  rencontré  d'acide  car- 
bonique pouvant  être  décelé  j)ar  l'eau  de  baryte. 

»  Une  série  de  tubes  maintenus  à  la  lumière  solaire,  pondant  le  mois  de 
septembre  et  à  la  tem{)érature  ordinaire,  ne  nous  a  pas  donné  trace  de 
réaction  lente. 

»  Il  en  a  été  de  même  pour  les  tubes  maintenus,  pendant  3oo  heures,  à 
la  température  de  5o°.  Mais,  au  contraire,  les  tubes  qui  contenaient  de  la 
braise  en  présence  d'oxygène,  soit  sec,  soit  bumide,  maintenus  à  la  tempé- 
rature de  100"  pendant  i4o  heures,  nous  ont  donné  un  louche  net  avec 


(')  Berïhelot  et  Péan  de  Saint-Gilles,  Recherdies  sur  les  affinitcs  :  De  la  forma- 
tion et  du  la  décomposition  des  étlœrs  {An.n.  de  Ch.  et  de  Ph.,  3"  série,  t.  LXV. 
1862,  p.  385,  el  t.  LXVl,  x863,  p.  5). 


SÉANCE    DU    I'^   DÉCEMBRE    1902.  927 

l'eau  (le  baryle  indiquant  la  formation  d'une  petite  quantité  d'acide  carbo- 
nique. El,  si  nous  élevons  légèrement  la  température  au-dessus  de  100°, 
nous  voyons,  entre  104*^  et  iio*',  l'acide  carbonique  augmenter  lentement, 
mais  nous  fournir  déjà,  après  200  heures,  une  proportion  de  10  pour  100 
d'acide  carboniq-.ie  par  rapport  au  volume;  total.  Cette  combustion  lente  se 
poursuit  de  même  à  des  temjiératures  plus  élevées,  et  à  198°  après  24  heures 
il  s'est  formé  une  proportion  de  5o  pour  100  d'acide  carbonique. 

»  Les  résultats  sont  identiques  pour  la  braise  de  boulanger  et  l'air 
atmosphérique.  A  une  température  de  104*^,  après  264  heures,  nous  avons 
trouvé  une  quantité  d'acide  carbonique  de  4» 44  pouï"  100. 

»  Si  nous  employons  une  autre  variété  de  carbone  tel  que  le  noir  d'acé- 
tylène que  nous  avons  étudié  précédemment  dans  nos  recherches  sur  les 
carbones  amorphes,  nous  reconnaissons  que  cette  variété,  déjà  plus  poly- 
mérisée,  ne  fournit  lentement  des  traces  d'acide  carbonique  en  présence 
de  l'oxygène  humide  en  tube  scellé  qu'à  une  température  de  i5o°. 

»  Ce  noir  d'acétylène,  chauffé  dans  un  courant  d'oxygène  sec  au  moyen 
de  l'appnreil  décrit  précédemment,  donnait  visiblement  des  traces  d'acide 
carbonique  à  240°  et  ne  devenait  incandescent  qu'à  635°. 

»  L'eau  intervient  dans  nos  expériences  d'une  façon  très  nette  pour 
aidera  l'oxydation.  La  surface  du  charbon  intervient  aussi,  et  l'oxydation 
est  d'autant  plus  prononcée  que  le  charbon  est  en  poudre  plus  fine. 

»  A  la  température  de  100°  et  à  une  pression  voisine  de  la  pression  atmo- 
sphérique, la  braise  de  boulanger  sèche  ou  humide  commence  à  brûler 
lentement  dans  l'oxygène  en  donnant  des  traces  d'acide  carbonique.  Cette 
production  d'acide  carbonique,  d'une  excessive  lenteur  au  début,  augmente 
avec  le  temps  sans  que  nous  puissions  dire  d'après  nos  expériences  si  elle 
atteint  une  limite.  Dès  que  la  quantité  d'acide  carbonique  augmente  et 
devient  égale  à  2  ou  3  pour  100,  nous  avons  pu  établir  que  ce  gaz  est  tou- 
jours accompagné  d'une  petite  quantité  d'oxyde  de  carbone.  Ce  dernier 
composé  semble  bien  se  produire  par  combustion  lente,  car,  à  200°, 
après  72  heures  de  contact  avec  de  l'acide  carbonique,  notre  braise  n'a 
pas  fourni  trace  d'oxyde  de  carbone. 

»  Ces  recherches  établissent  aussi  que  les  combustions  lentes  des  diffé- 
rentes variétés  de  carbone  amorphe  impures  peuvent  s'expliquer  par  une 
simple  oxydation  à  l'air.  M.  Berthelot  a  déjà  appelé  l'attention  sur  ce 
phénomène  à  propos  des  charbons  employés  dans  la  fabrication  de  la 
poudre  (  '  ). 


(^)  Berthelot,  Sur  la  force  des  matières  explosives,  3^  édition,  t.  II,  p.  282. 


928  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

»  En  résumé,  dans  toutes  ces  expériences,  la  combustion  vive  des  diffé- 
rentes variétés  de  carbone  dans  l'oxygène  se  produit  à  des  températures 
qui  vont  en  augmentant  avec  le  degré  de  polymérisation  du  carbone. 

»  Les  diamants  deviennent  incandescents  dans  l'oxygène  de  800°  à  873°, 
les  graphites  aux  environs  de  65o°  à  700°,  les  carbones  amorphes  entre 
3oo'^  et  5oo*^  (');  mais  chacune  de  ces  réactions  vives  est  précédée  d'une 
réaction  d'autant  plus  lente  que  la  température  s'éloigne  davantage  du 
point  d'inflammation.  La  braise  de  boulanger,  en  particulier,  peut  brûler 
très  lentement  dans  l'oxygène  sec  ou  humide  sous  une  tension  voisine  de 
la  pression  atmosphérique  à  la  température  de  100°.    » 


THÉRAPEUTIQUE.  —  Recherches  expérimentales  sur  l'adrénaline. 
Note  de  MM.  Ch.  Bouchard  et  Henri  Claude. 

«  Les  remarquables  propriétés  de  l'adrénaline,  comme  agent  de  vaso- 
constriction, assurent  à  ce  corps  une  place  au  premier  rang  des  substances 
de  notre  arsenal  thérapeutique  dont  l'efficacité  est  incontestée.  A  côté  des 
applications  qui  ont  été  faites  de  l'adrénaline  dans  l'hémostase,  on  tend  de 
plus  en  plus  à  l'utiliser  dans  la  médication  interne,  et,  à  ce  point  de  vue,  il 
était  utile  de  connaître  les  effets  de  l'absorption  d'un  produit  dont  l'acti- 
vité est  vraiment  remarquable.  Voici,  brièvement  résumées,  quelques- 
unes  des  expériences  que  nous  avons  faites  pour  étudier  la  toxicité  de 
l'adrénaline  : 

»  Expérience  I.  —  Lapin  de  i''s,88o,  reçoit  à  /i^Sg"^,  dans  la  veine  de  l'oreille, 
!<=■"'  85  d'une  solution  d'adrénaline  ^yoVô'i  paralysie  des  membres  postérieurs  à  4^44""» 
convulsions  cloniques  et  opisthotonos  à  4'' 46"",  dilatation  pupillaire,  écume  sanguino- 
lente, mort  à  4''49™'  Autopsie  :  poumons  remplis  d'une  sérosité  sanguinolente, 
infarctus;  cœur  dilaté;  les  ventricules  cessent  de  battre  seulement  à  5''8™,  et  les  oreil- 
lettes à  ô^'So'".  Ecchymoses  sous  le  péricarde  et  dans  la  capsule  surrénale  droite. 
Viscères  anémiés. 

»  Expérience  II.  —  Lapin  de  i''s,83o,  reçoit^  à  5'^i3°*,  dans  la  veine,  4'^'^'  de  solu- 
tion à  yô^Fô  d'adrénaline,  mort  à  5''i8",  après  avoir  présenté  les  mêmes  accidents  et,  à 
l'autopsie,  les  mêmes  lésions. 

»  Expérience  III.  —  Lapin  de  i''s,770,  reçoit  o'^s^i  par  kilogramme  sous  la  peau, 
le  29  octobre.  Accidents  parésiques  légers,  se  remet  et  reçoit  le  6  novembre  o'"e,5  par 
kilogramme.  Il  ne  meurt  que  dans  la  nuit.  A  l'autopsie,  cœur  en  diastole,  infarctus 
et  œdème  pulmonaire,  ischémie  viscérale. 

(')  Dans  des  recherches  antérieures  nous  avons  déterminé  la  température  d'inflam- 
mation du  noir  de  fumée  {Le  four  électrique  :  Étude  du  carbone  amorphe,  p.  58). 


SÉANCE  DU  I^''  DÉCEMBRE  1902.  Q2q 

»  Expérience  IV.  —  Lapin  de  2'^s,65o,  reçoit  o"s,  2  d'adrénaline  par  kilo«Tamme 
dans  la  veine.  Mort  au  bout  de  10  minutes  avec  les  mêmes  accidents. 

»  Expérience    V.  —    i5   novembre.  Un   lapin   A  de   l'^s,  65o  reçoit  o^s,  i   par  kilo- 
gramme dans  la   veine.   Légère  parésie   des   membres   postérieurs,   se  rétablit  bien. 
Lapin  B,  poids  -2^^,  reçoit  o™s,i  par  kilogramme  sous  la  peau.  Lapin  C,  poids  i''s,8-o 
reçoit  o"?,!  par  kilogramme  dans  le  péritoine.  Ces  deux  derniers  ne  présentent  aucun 
accident  immédiat. 

»  Le  16  novembre,  les  lapins  A  et  B  sont  bien  portants,  le  lapin  C  également,  mais 
son  urine  contient  du  sucre. 

»  Le  18  novembre,  le  lapin  A  supporte  bien  l'injection  intra-veineuse  de  o™s,  2 
par  kilogramme;  après  une  parésie  passagère,  il  reprend  son  état  normal.  Les 
lapins  B  et  C,  auxquels  on  a  injecté  de  même  o'^SjS  par  kilogramme  sous  la  peau  et 
dans  le  péritoine,  ne  présentent  aucun  accident;  le  lendemain  Je  lapin  C  a  de  nou- 
veau du  sucre.  Cette  glycosurie  n'est  plus  constatée  dans  les  urines  du  19. 

»  Le  22,  nouvelles  injections  de  o™s,  3  par  kilogramme  dans  les  mêmes  condi- 
tions aux  trois  animaux.  Mais,  le  lendemain,  B  et  C  ont  beaucoup  de  sucre  dans 
leurs  urines;  le  if\  le  sucre  a  disparu. 

»  Le  25  on  injecte  o"(!,4  au  lapin  A,  qui  offre  une  légère  parésie  et  se  remet,  et  à  B 
etCo"'s,5  par  kilogramme.  Le  lendemain,  le  lapin  B  (voie  sous-cutanée)  présente 
seul  de  la  glycosurie. 

»  Expérience  VI.  —  Le  22  novembre  on  fixe  à  la  paroi  abdominale  la  vessie  d'un 
lapin  de  2''s,  18.  On  l'ouvre  pour  recueillir  les  urines  complètement;  puis  on  injecte 
dans  le  péritoine  o""s,  2  par  kilogramme;  on  prélève  quelques  gouttes  d'urine  dans  la 
vessie  toutes  les  10  minutes,  A  la  troisième  prise,  c'est-à-dire  moins  d'une  demi- 
heure  après  l'injection,  la  présence  de  sucre  est  constatée  dans  l'urine.  Le  glycose 
apparaît  donc  entre  20  minutes  et  une  demi-heure  après  l'injection  intra-péritonéale. 

»  Plusieurs  faits  se  dégagent  de  ces  expériences  : 

»  1°  Dose  mortelle  pour  le  lapin  de  l'adrénaline  injectée  en  solution  dans 
les  veines.  —  Si  l'on  se  reporte  aux  cinq  expériences  dans  lesquelles  la  so- 
lution d'adrénaline  a  été  injectée  directement  dans  la  veine,  on  voit  que 
l'on  a  déterminé  rapidement  la  mort  de  l'animal  avec  o^^,5  d'adrénaline 
(expér.  II)  par  kilogramme,  et  même  o'"s,2  (expér.  1).  D'autre  part  nous 
avons  vu  l'animal  survivre  après  l'injection  de  o™°,i  par  kilogramme 
(expér.  V).  La  dose  mortelle  paraît  donc  être  intermédiaire  entre  o'"^',i 
et  o™s,  2  par  kilogramme. 

»  1°  Causes  de  la  mort  dans  F  intoxication  adrénalique.  —  La  mort  paraît 
due  à  deux  ordres  de  causes  :  troubles  nerveux  dont  l'expression  la  plus 
simple  est  la  parésie  des  membres  postérieurs  qu'on  observe  pendant 
quelques  minutes  chez  les  animaux  qui  survivent,  et  dont  l'expression  la 
plus  élevée  est  représentée  par  ces  convulsions  cloniques  et  toniques  avec 
opisthotonos  et  mydriase  que  nous  avons  notées  dans  l'expérience  I  ;  troubles 

c.   R.,  1902,  2'  Semestre.  (T.  CXXW,  N"  22.)  ^22 


93o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

cardio-pulmonaires  caractérisés  par  une  respiration  accélérée  tout  d'abord, 
puis  très  ralentie  aux  approches  de  la  mort  ;  la  production  d'un  œdème  pul- 
monaire signalé  par  un  peu  d'écume  et  de  bave,  dans  les  cas  où  les  symp- 
tômes sont  seulement  ébauchés,  par  le  rejet  d'une  quantité  considérable 
d'écume  rosée  sanguinolente  dans  les  cas  rapidement  mortels.  A  l'autopsie, 
les  poumons  sont  roses,  distendus  par  cette  mousse  sanguinolente  et  cou- 
verts d'infarctus;  les  plèvres  contiennent  souvent  du  sang.  Le  cœur  est 
dilaté  et  reste  en  diastole  animé  de  contractions  longtemps  persistantes. 

))  Les  autres  lésions  de  moindre  importance  sont  les  ecchymoses  péri- 
cardiques,  diaphragmatiques  et  des  capsules  surrénales;  enfin  l'état 
d'anémie  très  prononcé  des  différents  viscères  (estomac  et  intestin  sur- 
tout) et  la  turgescence  des  gros  vaisseaux  veineux. 

»  3*^  Accoutumance  au  poison.  —  Il  est  possible  de  diminuer  la  suscepti- 
bilité des  animaux  à  l'adrénaline  et  de  créer  une  accoutumance  qui  permet 
de  supporter- les  doses  toxiques.  Dans  l'expérience  III,  l'animal  qui  reçut 
le  29  octobre  un  peu  moins  de  o™s,io  d'adrénaline  sous  la  peau  par  kilo- 
gramme survécut  sans  présenter  de  symptômes,  et  huit  jours  plus  tard  on 
put  lui  injecter  o™^,5  d'adrénaline  par  kilogramme  dans  la  veine  sans 
déterminer  la  mort  immédiate  comme  dans  l'expérience  II.  Il  présenta  la 
paralysie  des  quatre  membres,  mais  n'eut  pas  de  phénomènes  d'œdème 
aigu  du  poumon  et  ne  succomba  que  dans  la  nuit. 

»  L'expérience  V  est  plus  concluante.  Le  lapin  A  a  reçu  successivement 
à  quelques  jours  d'intervalle  o™s,io,  puis  0^2,20,  puis  o™s,3o  et  même 
o"^^,  4o  par  kilogramme  sans  présenter  d'autres  accidents  qu'une  parésie 
passagère,  alors  que  la  dose  mortelle  est  entre  0^^,10  et  o™s,2o. 

))  4°  Différences  d'action  suivant  la  voie  d'introduction  du  poison.  —  Si  l'on 
injecte  sous  la  peau  et  dans  le  péritoine  les  mêmes  quantités  qui  ont  déter- 
miné les  accidents  que  nous  connaissons  après  injection  intra-veineuse, 
on  n'observe  ni  troubles  nerveux,  ni  troubles  respiratoires,  même  à  la  dose 
de  o™^,5  par  kilogramme.  Toutefois  l'injection  intra-péritonéale  est  suivie 
d'une  glycosurie  des  plus  manifestes,  même  après  introduction  de  faibles 
doses,  o™^,  10  par  kilogramme.  Cette  glycosurie  semble  apparaître,  d'après 
l'expérience  YI,  dans  laquelle  l'urine  a  été  recueillie  de  10  minutes  en 
10  minutes,  entre  20  minutes  et  3o  minutes  après  l'injection  intra-périto- 
néale. La  durée  est  plus  difficile  à  préciser  :  d'après  l'expérience  VT,  il  n'y 
aurait  plus  de  sucre  24  heures  après,  mais  dans  ce  cas  l'animal  était  dans 
des  conditions  pathologiques;  d'après  l'expérience  V,  le  lapin  C  n'aurait 
plus  eu  de  sucre  dans  ses  urines  que  le  surlendemain  de  l'injection. 


SÉANCE    DU    1^''   DÉCEMBRE    I902.  q3l 

»  Enfin,  l'introduction  de  l'adrénaline  sous  la  peau,  qui  n'avait  pas  pro- 
duit de  glycosurie  après  l'injection  de  o^'s,  i,  o'"g,2,  a  déterminé  une  gly- 
cosurie manifeste  après  l'absorption  de  o°'s,5  par  kilogramme.  Ajoutons 
encore  que,  dans  la  région  où  a  été  faite  l'injection  sous-cutanée,  on  voit 
apparaître  une  escharre  sèche. 

»  L'apparition  de  la  glycosurie  après  l'injection  sous-cutanée  d'adréna- 
line est  favorisée  par  l'introduction  antérieure  de  l'adrénaline  par  la  voie 
péritonéale,  intervention  qui  a  déterminé  une  glycosurie  transitoire. 

»  Deux  lapins  reçoivent  la  même  quantité  d'adrénaline  par  kilogramme; 
chez  l'un,  l'injection  est  faite  sous  le  péritoine;  chez  l'autre,  elle  est  prati- 
quée sous  la  peau  ;  on  observe  pendant  24  heures  une  glycosurie  marquée 
chez  le  premier,  rien  chez  le  second.  Au  bout  de  2  jours,  il  n'y  a  plus  de 
glycosurie  ni  chez  l'un  ni  chez  l'autre.  On  injecte  alors  une  dose  plus 
élevée,  o"s,25  par  kilogramme,  par  exemple,  chez  les  deux  lapins  et  sous 
la  peau.  Le  lapin  qui  a  déjà  eu  de  la  glycosurie  antérieurement  présente 
seul  du  sucre  dans  ses  urines. 

»  D'autres  expériences  en  cours  nous  ont  montré  que  les  animaux 
qui  ont  eu  cette  glycosurie  après  l'injection  intra-péritonéale  répétée  à 
doses  croissantes  pendant  quelques  jours,  n'ont  plus  de  sucre  dans  les 
urines  lorsqu'on  injecte  plusieurs  fois  de  suite  la  même  quantité  d'adré- 
naline. 

»  Tels  sont  les  premiers  résultats  des  recherches  que  nous  poursuivons 
sur  les  propriétés  de  l'adrénaline.   » 


PHYSIOLOGIE.  —  Le  cœur  à  l'état  normal  et  au  cours  de  la  grossesse; 
par  MM.  Ch.  Bouchard  et  Balthazard. 

«  Le  procédé  de  Guilleminot  (')  permet  d'obtenir  sur  l'écran  fluorescent 
un  tracé  exact  de  la  projection  orthogonale  du  cœur  à  l'aide  des  rayons  X. 
Ce  tracé  est  reporté  à  l'aide  d'un  papier  calque  sur  une  feuille  de  papier, 
et  l'aire  est  évaluée  en  centimètres  carrés  à  l'aide  du  planiraètre  d'Amsler. 

»  49  sujets  normaux  ont  été  examinés  :  ï3  hommes,  36  femmes  dont 
9  encemtes.  La  moyenne  de  la  surface  du  cœur  chez  ces  sujets  est  de 
8 1  '■"',  5  ;  le  plus  petit  cœur  a  une  surface  de  66''°'  ;  le  plus  grand,  de  i o4'^'"',  5. 

»   Réservant  les  femmes  enceintes,  la  moyenne  de  la  surface  du  cœur 

(')   Comptes  rendus,  28  juin  1902. 


932  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

cliez  l'homme  est  de  89*^"', 5  avec  des  écarts  de  yS'""'  à  io4'="\5;  de  76*""' 
chez  la  femme  avec  des  écarts  de  66'""'  à  96*""'. 

»  La  petitesse  du  cœur  chez  la  femme  pourrait  être  rapportée  à  une 
influence  de  sexe;  en  réalité,  elle  dépend  de  la  taille  plus  petite,  de  la 
complexion  plus  grêle,  de  la  musculature  plus  faible  chez  la  femme  que 

chez  l'homme. 

S     S     S      S 
»   Pour  le  démontrer,  il  suffit  d'envisager  les  rapports  yï'  ip'  p'  -r-  de 

la  surface  du  cœur  à  la  taille,  à  la  surface  de  section  du  thorax  (*),  au 
poids  et  à  l'albumine  fixe  normale.  Les  moyennes  de  ces  valeurs  ont  été 
les  suivantes  : 


s 
h' 

s 

s 
p* 

S 
A/ 

5,34 

0.199 

1,53 

9  M 

4,92 

0,2l3 

r,48 

9>49 

Chez  l'homme 89,6 

Chez  la  femme 76 

»  Comme  on  le  voit,  il  est  alloué  pour  chaque  décimètre  de  taille  une 
surface  cardiaque  moindre  chez  la  femme  que  chez  l'homme,  4*^'"',  92  au 
lieu  de  5*^"'°',  34-  Mais  les  femmes  examinées  étaient,  à  taille  égale,  plus  grêles 

S    S 
que  les  hommes,   et  les  différences  disparaissent  pour  les  rapports  p?^» 

qui  sont  sensiblement  égaux  chez  l'homme  et  chez  la  femme. 

S 
»   L'examen  du  ra  j)port  p^  montre  qu'il  est  plus  élevé  chez  la  femme  ;  c'est 

que  chez  elle  le  développement  du  thorax  est  relativement  moindre  que 
celui  des  organes  abdominaux  et  du  bassin.  Une  femme,  comparée  à  un 
homme  de  même  taille  et  de  même  poids,  doit  avoir  la  même  surface 
cardiaque,  bien  que  la  surface  thoracique  soit  plus  faible  et  que  le  rap- 
port =;  soit  plus  élevé. 

))   Quant  aux  variations  individuelles,  elles  portent  également,  et  dans 

les  mêmes  limites  relatives,  sur  S  et  sur  les  coefficients  tv?  ?r;>  7;'  t-',  elles 

'  H     1     P    A^ 

peuvent  atteindre,  pour  chacune  de  ces  valeurs,  le  quart  de  la   valeur 

moyenne,  et  dans  des  cas  exceptionnels  la  moitié  de  ces  mêmes  valeurs. 

»    La  pression  artérielle  a  été  mesurée  à  l'aide  de  l'appareil  de  del  Riva- 


(^)  La  surface  de  section  frontale  thoracique  est  représentée  par  le  produit  delà 
largeur  du  thorax  au  niveau  de  la  pointe  du  cœur,  mesurée  sur  l'écran  radioscopique, 
par  la  distance  de  la  fourchette  sternale  au  diaphragme. 


SÉANCE    DU    l^''   DÉCElvrBRE    1902.  pSS 

Rocci  modifié,  qui  donne  des  valeurs  un  peu  inférieures  à  celles  que  fournit 

le  sphygmomanomètre  de  Potain.  Celle  pression  a  été  en  moyenne  de  i6*"°,  3 

chez  l'homme  comme  chez  la  femme. 

))  Chez  les  femmes  enceintes,  les  mêmes  déterminations  ont  fourni  les 

résultats  suivants  : 

s  s  s  s 

s.  h'  t'  p'  â;" 

86<"°',6  5,5o  0,225  i,45  10,00 

»  Ces  nombres  doivent  être  comparés  à  ceux  qui  ont  été  obtenus  chez 
les  femmes  normales.  La  comparaison  montre  que  la  surface  cardiaque  est 
accrue  en  valeur  absolue  pendant  la  grossesse,  qu'il  en  de  même  des  rap- 

S        S  ,  S         .     , 

ports  Tï  et  Tp-  Il  n'en  est  plus  de  même  du  rapport  p?  qui  n'a  guère  changé, 

et  qui  a  même  un  peu  diminué;  c'est  qu'en  effet  le  poids  de  la  femme  a 
augmenté  du  poids  du  fœtus  et  de  ses  enveloppes,  à  peu  près  dans  les 
mêmes  proportions  que  la  surface  cardiaque,  et  même  un  peu  plus  vite. 
Par  contre,   l'albumine  fixe  correspondant  au  poids  normal,  A^,  n'a  pas 

S 
varié,  aussi  le  rapport  j-  est-il  nettement  accru. 

»  L'examen  des  tracés  chez  les  femmes  enceintes  montre  au  niveau  du 
ventricule  gauche  une  dépression  ou  encoche  qui  se  substitue  à  la  saillie 
habituellement  observée;  cette  dépression  paraît  liée  au  relèvement  de  la 
pointe  par  l'abdomen  distendu  ;  elle  est  constante  pendant  la  grossesse  et 
ne  se  rencontre  qu'exceptionnellement  en  dehors  d'elle. 

))  La  moyenne  des  pressions  artérielles  pendant  la  grossesse  est  de  16*^™, 
chiffre  inférieur  à  la  valeur  trouvée  chez  les  individus  normaux. 

»  En  résumé,  chez  les  individus  normaux,  la  surface  de  projection  ortho- 
gonale du  cœur  est  indépendante  du  sexe;  elle  s'accroît  avec  la  taille,  mais 
non  proportionnellement.  Elle  dépend  surtout  du  poids  de  l'albumine  fixe 
des  tissus,  ou,  ce  qui  chez  les  sujets  normalement  conformés  est  sensible- 
ment la  même  chose,  du  poids  du  corps.  Mais  ces  conclusions  ne  sont 
vraies  que  pour  les  valeurs  extrêmes,  et  souffrent  de  nombreuses  excep- 
tions pour  les  valeurs  rapprochées.  Des  sujets  normaux  de  même  taille, 
de  même  poids,  peuvent  présenter  des  surfaces  cardiaques  assez  diffé- 
rentes; ce  fait  n'est  pas  indifférent  au  point  de  vue  des  prédispositions 
morbides. 

»   Il  faut  également  tenir  compte  de   la  phase  de  croissance;  chez  les 


934  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

enfants,  le  cœur  est  relativement  beaucoup  plus  développé  que  chez  les 
adultes.  Cet  organe  semble  avoir  atteint  son  entier  développement  vers 
l'âge  de  20  à  22  ans,  tandis  que  le  reste  de  l'organisme  continue  de 
s'accroître  jusqu'à  3o  ans. 

»  Chez  les  femmes  enceintes,  enfin,  se  manifeste  une  hypertrophie  que 
l'on  était  en  droit  de  suspecter,  puisqu'en  dehors  de  l'investigation  clinique, 
jusqu'ici  imparfaite,  elle  n'avait  pu  être  étudiée  qu'à  l'autopsie;  c'est  seu- 
lement, par  suite,  dans  des  cas  pathologiques  qu'elle  avait  été  constatée. 

Hommes  normaux  :  i3. 


S 

S 

s 

s 

S. 

h' 

t" 

p' 

â;' 

Pam  C) 

io4,5 

6,o4 

0,200 

1,44 

9'73 

18 

92 

6,01 

0,189 

2,35 

i3,23 

i5 

80,7 

4,48 

0,  i85 

1 ,22 

8,10 

16 

78 

5, 

0,212 

1,75 

10,75 

i3 

84 

5,i5 

0,194 

1,55 

10,62 

16 

io4 

5,58 

0,198 

1 ,62 

9,28 

17 

80 

5,63 

o,3oo 

1,84 

l5,22 

i4 

Enfant  i5  ans 

82 

4,66 

0,  i56 

I  ,32 

7,45 

16 

82,7 

5,07 

0, 161 

i,i4 

8,32 

18 

90,5 

5,i5 

0,170 

1,06 

8,72 

18 

Enfant  i5  ans. 

93 

5,43 

0,221 

1,55 

8,10 

16,5 

99 

5,02 

0,204 

1,59 

10,  o3 

17 

93 

5,4i 

0,195 

2,585 

i,5o 

8,46 

17 

ri63,4 

69,43 

19^93 

128,01 

211,5 

89,5 

5,34 

0,199 

1,53 

9>84 

16,3 

T.,            ,    .p           11                »         1    S        2,35  —  1,06  -, 

»  L  écart  relatif  entre  les  valeurs  extrêmes  de  —  est ^r?: =:  0,842, 

P  I  ,30 

S  5,78  .Q^ 

A        9,84 
si  Ton  néglige  la  valeur  i5,22  relative  à  un  enfant  de  i5  ans. 

T).  iT         S         6,o4  — 4i48  o 

»  L  écart  reiatii  sur  t^^  est ^r— tt; ^0,287. 

H  0,43 

»  Taille  moyenne  :  16,8. 


(')  Pam,  pression  artérielle  maxima. 


SÉANCE    DU    l"  DÉCEMBRE    I902. 


935 


Femmes  normales  :  27. 


S 

S 

s 

S 

S. 

H* 

t' 

p" 

T-.                               Pa„. 

An 

72 

4,80 

0,2l5 

1,53 

8,96 

18 

96 

6,27 

0,2l4 

t,68 

I  I  ,80 

17 

94 

5,98 

0,202 

t,44 

9,58 

22 

87 

5,40 

0,217 

[,45 

8,48 

16 

87 

5,65 

0,243 

>72 

10, 5o 

i3 

85,5 

5,37 

o,236 

1,49 

9,20 

18,5 

83 

5,42 

0,219 

[,38 

9,85 

16 

79 

5,o3 

o,238 

[,79 

II  ,62 

i5 

76 

5,00 

0,204 

[  ,52 

9,32 

17 

75 

ô,o6 

o,236 

1 ,60 

1 0 ,  80 

i3 

75 

4,83 

0,228            ] 

,34 

8,89 

9 

74,5 

4,90 

0, 180 

r,52 

9,75 

18 

73 

4,42 

0,  i54 

1,29 

7,34 

i4 

72 

4,93 

0,226 

[  ,62 

10,  j8 

16 

72 

4,68 

0,179             1 

,33 

9,24 

16 

70,5 

4,73 

0,210             1 

,46 

10, 3o 

i5 

70,5 

4,4i 

0,188             ) 

,47 

7,80 

i5 

70 

4,57 

0,171             1 

,64 

8,32 

20 

69 

4,3i 

0,  i83 

,21 

8,3o 

i4 

69 

4,45 

0,243 

,64 

9,86 

i5 

69 

4,48 

0,190            1 

,44 

9,10 

r6 

67 

4,53 

0,246            j 

,45 

9,38 

[8,5 

66 

4,28 

0,173            ] 

,37 

7,87 

[6 

66 

4,48 

0,252                   1 

,52 

9,72 

[8 

86 

5,58 

0,261                   ] 

,5i 

II  ,5o 

[6 

70 

4,43 

0,248                   1 

,43 

9,49 

'4 

76 

4,81 

0,199                   I 

5,755        4c 

,29 
),  i3 

9,20 

r6 

)5o,o 

i32,8o 

256,36          4/ 

42,0 

76 

4,92 

0,2l3                   1 

,48 

9,49 

6,3 

relatif 

sur  —  donne 
S 

1,79  —  1,21 

1,48 
1 1 ,80  —  7 ,34 

=ro,393. 

» 

       " 

9>49 

=  0,472. 

S 

6,27—4,28 

/      f^ 

» 

H       " 

4,1)2 

= o,4oo. 

»  Taille  moyenne  :  i5,5. 


936 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


Femmes  enceintes  non  tuberculeuses  :  9. 


S. 

S 
H* 

S 
t" 

S 

p* 

s 

Pah. 

Époque 
de  la  grossesse 

83,5 

5,09 

0,188 

^'9 

8,95 

16 

2  mois. 

83,5 

5,45 

0,219 

[  ,5o 

9>92 

16 

4  mois. 

92,5 

5,85 

0,245 

,74 

10,  i5 

18 

4  mois  |. 

77 

5, 10 

0,233 

,85 

9'45 

i5 

5  mois  \. 

92 

5,86 

0,192 

,48 

10,22 

16 

6  mois. 

97.5 

6,25 

0,286            1 

,54 

1 1 ,3o 

i5 

8  mois. 

81,5 

4,91 

0,2l3 

,16 

10,19 

16 

8  mois. 

95 

5,78 

0,243           . 1 

,32 

10,04 

17 

à  terme. 

77.5 

5,20 
49^49 

0,208             ] 

,25 

9,80 

i4 
143 

à  terme. 

780,0 

2,027           t3,o3 

90,02 

86,6 

5,5o 

0,2 

,45 

10,00 

16 

»  Taille  moyenne  :  i5,7. 


PHYSIOLOGIE.   —  Observations  à  propos  des  injections  physiologiques; 
par  M.   Yves  Dëlage. 

«  Heidenhain,  en  1874,  a  eu  le  premier  l'idée  d'injecter  dans  l'orga- 
nisme des  substances  colorantes  et  d'observer  le  lieu  où  elles  sont  éliminées 
pour  localiser  avec  plus  de  précision  la  fonction  excrétrice.  Cette  idée  a 
été  reprise,  quelques  années  plus  tard,  par  Kovalevsky  qui  l'a  appliquée 
à  beaucoup  d'Invertébrés,  et,  dans  tous  les  pays,  un  grand  nombre  de 
travailleurs,  imitant  son  exemple,  ont  soumis  à  ce  genre  d'expériences  la 
plupart  des  types  du  règne  animal. 

»  Le  procédé  consiste  à  injecter  des  substances  colorantes,  généra- 
lement le  carminate  d'ammoniaque  et  le  carmin  d'indigo  :  là  oîi  ces  sub- 
stances se  localisent,  on  déclare  qu'il  y  a  excrétion  ;  là  oii  elles  n'appa- 
raissent pas,  on  affirme  que  la  fonction  excrétrice  fait  défaut. 

»  Il  y  a  là,  à  mon  sens,  un  vice  de  raisonnement  qui  n'attire  pas  l'at- 
tention parce  que,  dans  la  plupart  des  Mémoires,  l'induction  fautive  reste 
implicite,  n'est  pas  formulée,  mais  qui  apparaît  nettement  dès  que  l'on  va 
au  fond  des  choses. 

»   Le  carminate  d'ammoniaque,  le  carmin  d'indigo  et  les  autres  sub- 


SÉANCE    DU    !*"■   DÉCEMBRE    1902.  937 

stances  usitées  pour  ces  expériences  ne  sont  pas  des  produits  de  l'excrétion 
normale.  De  ce  que  l'on  a  constaté  chez  bon  nombre  d'animaux  que  les 
unes  ou  les  autres  sont  éliminées  par  des  organes  de  l'excrétion  normale, 
on  n'a  pas  le  droit  de  conclure  qu'il  en  sera  partout  de  même.  Le  fait  que 
divers  organes  excrètent  soit  le  carminate  d'ammoniaque,  soit  le  carmin 
d'indigo  à  l'exclusion  l'un  de  l'autre,  montre  que  tel  parenchyme  qui 
excrète  une  substance  est  sans  action  sur  une  autre.  Dès  lors,  de  quel  droit 
admet-on  a  priori  que  telles  cellules,  parce  qu'elles  éliminent  telles  sub- 
stances étrangères  à  l'organisme,  artificiellement  introduites,  élimineront 
aussi  des  produits  normaux  très  différents  des  précédents  ;  et,  inversement, 
que,  parce  qu'elles  n'éliminent  pas  les  premières,  elles  seront  sans 
action  sur  les  derniers? 

»  On  est  arrivé  à  un  tel  abus  que  l'on  considère  aujourd'hui,* sans  autre 
vérification,  comme  organes  excréteurs  des  parenchymes  dépourvus  de 
canal  excréteur  et  ne  faisant  pas  partie  d'une  surface  libre,  (\\n  fixent  sim- 
plement les  matières  colorantes  injectées,  sans  les  éliminer,  en  les  compa- 
rant à  un  rein  d'accumulation.  Or  toute  la  pratique  des  colorations  vitales, 
pour  ne  rien  dire  des  colorations  histologiques  sur  tissus  morts,  prouve  que 
l'affinité  des  divers  protoplasmes  et  substances  de  l'organisme  pour  les 
diverses  matières  colorantes  est  surtout  spécifique,  que  tel  protoplasme  qui 
fixe  telle  matière  colorante  ne  fixe  pas  telle  autre  :  dès  lors,  de  quel  droit 
conclure  de  ce  qu'il  fixe  la  première  qu'il  fixera  aussi  des  substances  excré- 
mentitielles  d'une  nature  toute  différente?  A  ce  compte,  il  faudrait  dire  que 
le  système  nerveux  est  excréteur  parce  qu'il  fixe  le  bleu  de  méthylène! 

»  Ces  réflexions  m'ont  paru  utiles,  non  pour  condamner  la  méthode  pré- 
cieuse des  injections  physiologiques,  mais  pour  attirer  l'attention  sur  l'abus 
que  l'on  commet  en  donnant,  sans  vérification,  à  ses  résultats  une  extension 
qu'ils  ne  comportent  pas.    » 


ANALYSE    MATHÉMATIQUE.    —    Sur  l'intégrale  de  Laplace-Abel. 
Note  de  M.  G.  Mittag-Leffler. 

«   Soit 

F  C(^)  =  Cu  4- 6',  a?  H- C2^" -f- . . . 

une  série  de  puissances  admettant  le  cercle  de  convergence  G.  La  série 

Y  (x)  =  C^,  -\-  ^  X  ^  ~  X-  ^  .  .  . 
G.  R.,  1902,  2-  Semestre.  (T.  CXXXV,  N»  22.)  1^3 


938  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

est  alors  toujours  convergente  et  l'égalité 


FB 


a  lieu  partout  dans  l'intérieur  d'une  certaine  étoile  B  qui  a  été  déterminée 
par  M.  Borel.  M.  Phragmén  a  montré  que  cette  étoile  est  en  même  temps 
une  étoile  de  convergence  pour  l'intégrale  de  Laplace-Abel 


M  Dans  un  Mémoire  que  je  viens  de  publier  [5«/  fa  /représentation  ana- 
lytique d'une  branche  uniforme  d' une  Jonction  monogène.  Quatrième  Note 
(yAcia  math.,  t.  XXVI)]  j'ai  montré  qu'en  s'aidant  d'un  paramètre  positif  a 
remplissant  la  condition  o  <^a5i,  on  peut  remplacer  la  fonction  entière 
F(coa7)  par  une  autre  fonction  entière  plus  générale  F(^,  co,  a)  telle  que 
B'(ir,  o),  i)  =  F(w^),  et  qu'on  obtient  en  même  temps 


FA(a;)  =  lim  /     fi-"F(i>:-,  co,  y.)diù. 


Cette  égalité  a  lieu  partout  à  l'intérieur  de  Tétoile  A,  qui  est  encore  une 
étoile  de  convergence  pour  l'intégrale  de  Laplace-Abel  modifiée 


lim  /     e  '"F (a:,  oj,  y.^doi. 


»  Au  moment  de  terminer  mon  travail,  j'ai  eu  connaissance  d'un  beau 
résultat  de  M.  Le  Roy  \^Sur  les  séries  divergentes  et  les  fonctions  définies  par 
un  développemement  de  Taylor  (^Annales  de  la  Faculté  des  Sciences  de  Toulouse, 
t.  II,  année  1900,  p.  3:22-328)],  à  savoir  que  l'égalité 

FA(it;)  =  liiî^y^  -p7 r  <?rt^"        (^  positif,  réel,  plus  petit  que  i) 

0 

a  lieu  partout  à  l'intérieur  de  l'étoile  principale  A.  En  s'aidant  de  cette 
expression,  on  peut  modifier  (d'une  autre  manière  que  celle  que  j'ai  em- 
ployée dans  ma  Note  4)  l'intégrale  de  Laplace-Abel,  de  manière  à  repré- 
senter la  totalité  de  la  branche  fonctionnelle  FA(^).  On  obtient  en  réalité 

FA(^)  =  lim  f   e'^¥{i^'x)  doj, 
égalité  valable  partout  à  l'intérieur  de  A. 


SÉANCE  DU  l^'"  DÉCEMBRE  1902.  qSq 

»  L'étoile  A  est-elle  encore  une  étoile  de  convergence  pour  les  deux 
expressions 

lim  y  ^^/^^^  c„^«  et  limr%-"F(co^^)r/o>? 

0  " 

Cette  question  me  paraît  être  d'un  grand  intérêt.  Je  termine  en  remar- 
quant que  les  expressions  que  je  viens  d'écrire  sont  évidemment,  toutes 
les  deux,  des  expressions  limites  triples.   » 


MÉCANIQUE.    —  Sur  les  conditions  nécessaires  pour  la  stabilité  de  V équilibre 
d'un  système  visqueux.  Note  de  M.  P.  Ddhem. 

«  Un  système  matériel  admet  une  énergie  utilisable  A  toutes  les  fois  que 
des  modifications  réelles  du  système  vérifient  l'égalité 

^G^H-  dîB^,  =  dX  +  r/0, 

oii  0  est  la  force  vive,  ^s^  le  travail  externe,  d^^  le  travail  des  actions  de 
viscosité.  Cette  énergie  utilisable  n'existe  identiquement  qu'en  certains 
systèmes  particuliers  que  nous  avons  nommés  systèmes  isothermo-adiaba- 
tiques;  mais  elle  peut  exister  en  vertu  des  relations  supplémentaires 
imposées  au  système;  cela  a  lieu,  notamment,  si  tous  les  mouvements  du 
système  sont  isothermiques  (A  est  alors  identique  au  potentiel  interne)  ou 
isentropiques  (A  est  alors  le  produit  de  Vénergie  interne  par  l'équivalent  mé- 
canique de  la  chaleur). 

»  Supposons  qu'il  existe  une  énergie  utilisable  A  et  que  les  actions  exté- 
rieures admettent  un  potentiel  P;  posons  P  +  A  =  i2.  La  démonstration 
classique  de  Lejeune-Dirichlet  nous  enseigne  que,  dans  un  état  où  Q.  a  une 
valeur  minimum,  le  système  est  assurément  en  équilibre  stable. 

»  Dans  un  état  où  la  variation  première  de  Q.  est  nulle  sans  que  9.  soit 
minimum,  l'équilibre  du  système  est-il  instable? 

»  Par  un  choix  convenable  des  variables  ^,,;2'  •••.  -«  qui  définissent 
l'état  du  système,  on  peut  toujours  faire  : 

»    1°  Que  l'état  d'équilibre  corresponde  à  ^,  =  o E„  =:  o; 

))   2°  Qu'en  cet  état  i2  =  o; 

»   S**  Que  l'on  ait 


^1 


4-  E;;  H-.  .  .-H  ^;;  4-  etc.,         o  =  s, E;  4-  S,;J  +.  .  .  -I-  S J;  +  etc.. 


g/jO  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

les  etc.  désignant  des  infiniment  petits  du  troisième  ordre  lorsque  l'état 
du  système  est  voisin  de  l'état  d'équilibre. 

»  M.  Liapounoff  ('),  en  1892,  et  M.  Hadamard  (^),en  1897,  ont  prouvé 
que,  si  l'un  au  moins  des  coefficients  S,,  .  .  .,  S„  était  négatif,  le  système 
était  en  équilibre  instable;  mais  leur  démonstration  suppose  l'absence  de 
viscosité.  Or,  on  peut  se  demander  si  la  résistance  au  mouvement  opposée 
par  la  viscosité  ne  pourrait  pas  rendre  stables  certains  états  d'équilibre  qui 
seraient  instables  en  l'absence  de  viscosité. 

»  Lorsque  le  système  est  affecté  de  viscosité,  nous  n'avons  pu  démon- 
trer dans  toute  sa  généralité  le  théorème,  qui  serait  analogue  à  la  propo- 
sition de  M.  Liapounoff  et  de  M.  Hadamard;  nous  avons  pu  seulement 
établir  le  théorème  suivant  : 

»  Si  Viin  au  moins  des  coefficients  S, ,  .  . . ,  SnCSt  négatif,  et  si  aucun  d'eux 
n  est  positif,  Vèquidhre  eU  instable. 

»  Avec  Sir  Stokes  et  lord  Rayleigh,  nous  admettons  l'existence  d'une 
fonction  dissipative 


avec 

»  Les  équations  du  mouvement  sont  alors  du  type 

2^^  +  2S^Ep-h  r^.E;  -^  V pJC-\- . . .  ^  Vpjç^^  H-  etc.  =  o. 

Dans  cette  égalité,  comme  dans  celles  qui  vont  suivre,  etc.  désigne  un  terme 
qui,  au  voisinage  de  l'état  d'équilibre,  est  infiniment  petit  par  rapport  aux 
termes  explicitement  écrits. 
»   Formons  l'expression 

(1)  V  =  2(Ç-S,$=). 

où  le  signe  1  s'étend  de/>  =  i  -à  p  =  n. 
»  Nous  aurons 

(^)  Liapounoff,  Journal  de  Mathématiques,  ^^  série,  t.  III,  1897,  p.  8. 
(*)  Hadamard,  Journal  de  Mathématiques,  S**  série,  t.  III,  1897,  p.  33i. 


SÉANCE    DU    I^'    DÉCEMBRE    1902.  g^l 

OU  bien 

(.)  ^  =  _4.W„-F  +  elc. 

Nous  aurons  ensuite 

'''^  —  -  /.  ES  ^'-  -  4iS„E„E'  —  ^-  +  etc. 

ou  bien 

(3)         ^^=-4SS,Ç-2(2S^E^+.,,E',  +  ...  +  v':j^+etc. 

»  Aux  valeurs  absolues  des  l,  l' ,  on  peut  assigner  des  limites  supérieures 
\  V  telles  que  ^  ait  le  signe  des  termes  explicitement  écrits  en  l'éga- 
lité (3),  c'est-à-dire  le  signe +. 

),  D'autre  part,  on  peut  prendre  les  valeurs  initiales  des  E,  l'  assez  voi- 
sines de  O  pour  que  le  signe  initial  de  ^  soit  le  signe  des  termes  explici- 
tement écrits  en  l'égalité  (2);  on  peut  en  outre  prendre  les  valeurs  ini- 
tiales des  rapports  %  assez  voisines  de  O  pour  que  F  soit  négligeable  par 
rapport  à  2S/,/,;.  Le  signe  initial  de  ^  sera  alors  le  signe  +.  Quant  à  V, 

sa  définition  (i)  le  montre  essentiellement  positif. 

))  Dès  lors,  l'une  au  moins  des  valeurs  absolues  des  E,  l'  surpassera 
celle  des  limites  \,  V  qui  lui  correspond. 

,)  En  effet,  si  la  valeur  absolue  d'aucune  des  quantités  ^,  l'  ne  surpas- 
sait sa  limite,  on  pourrait  assigner  à  la  quantité  essentiellement  positive  V 

une  limite  supérieure;  mais,  d'autre  part,  on  aurait  sans  cesse  -^>^ 
et,  comme  la  valeur  initiale  de  ^  est  positive,  V  croîtrait  au  delà  de  toute 

limite  avec  le  temps  /;  on  aboutirait  donc  à  une  contradiction. 

»  Le  théorème  énoncé  est  donc  démontré.  On  remarquera  que  la 
démonstration  ne  fait  aucun  usage  du  signe  de  la  fonction  dissipative,  que 
l'on  sait  être  une  forme  définie  positive.    » 


942  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 


BALISTIQUE.  —  Tracé  des  courbes  de  pressions .  Note  de  M.  E.  Vallier. 

«  Je  donne  aujourd'hui  les  éléments  nécessaires  au  tracé  de  la  courbe 
des  pressions. 

»  En  fonction  des  temps,  la  courbe  pour  p  ^  i  est  tangente  à  l'origine 
à  l'axe  des  temps,  passe  par  un  maximum  pour  s  =  i,  et  s'abaisse  ensuite 
vers  l'axe  des  temps.  Elle  présente  deux  points  d'inflexion  pour  les  va- 
leurs de 


v/| 


»  Le  calcul  des  ordonnées  se  fait  immédiatement  par  la  formule 

P  =  P,P(..)  =  P,çP(^), 
et  celui  des  inclinaisons  par 

tange  =  pi^^P(=). 

»  Les  tracés  en  fonction  des  espaces  sont  d'un  calcul  un  peu  plus  com- 
pliqué, mais  d'une  exécution  tout  aussi  facile. 

»  Il  suffit  d'indiquer  que  la  courbe,  tangente  à  l'origine  à  l'axe  des 
pressions,  passe  par  son  maximum  en  un  point  donné  par 

w,  =  U(ï),(a), 
et  par  un  point  d'inflexion  où  l'on  a 

U.J,  =  -—■  Ut  =  U<î>o  (a), 


H' 


^2  étant  donné  par  l'équation 

[^{z,  -  ly  -  :]  Y{z,)  +  z,(z,  ^  i)  P(.^,)  =  o 

et 

P3-P,P(:^,). 

Enfin,  à  la  bouche  de  la  pièce,  on  aura 

P3-P,P(a) 


SÉANCE    DU    I*''    DÉCEMBRE    1902. 


943 


et 


SP,  I  — s  P(a) 

tange3=^X-^^^ 


»  Ces  relations  seront  utilisées  lorsque  a.  et  [S  auront  été  déterminés 
séparément,  et  en  se  reportant  aux  Tables  des  fonctions  construites  avec 
l'argument  p. 

»  Lorsque  l'on  admettra  la  relation  probable  entre  les  deux  caracté- 
ristiques 

(x—  i)^  =  2, 

on  fera  usage  du  Tableau  ci-dessous  dans  lequel  on  suppose  les  échelles 
des  pressions  et  des  espaces  choisies  de  telle  sorte  que  les  unités  respec- 
tives P,  et  U  soient  représentées  par  la  même  longueur. 

»   S'il  n'en  était  pas  ainsi,  les  valeurs  numériques  indiquées  pour   les 

F 
tangentes  seraient  à  multiplier  par  le  rapport  métrique  des  unités  -^j- 


Sommet. 


Inflexion. 


Bouche. 


a. 

P,.       *,.     tange,. 

P.- 

*r 

tangOj. 

p,.      <ï> 

3.      tange,. 

1,3 

I      0,200 

0 

0,798 

—  0,545 

— 0,82 

0,454 

— 0,60 

1,4 

1     0, i65 

0 

o,8o3 

0,452 

0,92 

o,38o     1 

0,57 

1,5 

i     o,i34 

0 

0,808 

0,375 

I  ,o3 

o,3o8 

[           0,53 

1,6 

I     0,  ii3 

0 

0,818 

o,325 

i,i4 

0,257 

0,49 

1,7- 

1     0,097 

0 

0,827 

0,279 

I  ,25 

0,229 

0,45 

1,8 

I     0,084 

0 

o,835 

0,245 

1,36 

0,189 

o,4o 

1,9 

I     0,075 

0 

0,842 

0,218 

',47 

0,  i63 

o,36 

2,0 

I     0,067 

0 

o,85o 

0,196 

1 ,58 

0,1 4o 

0,33 

2,1 

I     0,061 

0 

o,856 

0,174 

1,69 

0,I23       1 

0,32 

2,2 

1     o,o55 

0 

0,862 

0,  i58 

i,8j 

0,109 

o,3o 

2,3 

I     o,o5o 

0 

0,867 

0, 145 

1,93 

0,097 

0,28 

2,4 

1     0,045 

0 

0,871 

0,  i35 

2,25 

0,086 

i         0,27 

2,5 

I     o,o4j 

0 

0,874 

0, 128 

2,18 

0,076 

0,25 

3,0 

I     0,026 

0 

0,880 

0,081 

2,74 

o,o44 

[         o,i4 

g44  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 


NOaiINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  formation  d'une  liste 
de  deux  candidats  qui  doit  être  présentée  à  M.  le  Ministre  de  l'Instruc- 
tion publique  pour  la  place  laissée  vacante  au  Bureau  des  Longitudes 
par  le  décès  de  M.  Cornu. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  destiné  à  la  désignation  du  premier  can- 
didat, 

M.  Darboux         obtient 52  suffrages 

M.  Hatt  »        4         « 

M.  Maurice  Levy       »        i         » 

Il  y  a  2  bulletins  blancs. 

Au  second  tour  de  scrutin,  destiné  à  la  désignation  du  second  candidat, 

M.  Hatt  obtient 52  suffrages 

M.  Appell  »        I         )) 

Il  y  a  6  bulletins  blancs. 

En  conséquence,  la  liste  présentée  par  l'Académie  à  M.  le  Ministre  de 
l'Instruction  publique  comprendra  : 

En  première  ligne M.  Darboux. 

En  seconde  ligne M.  Hatt. 


L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  l'élection  d'un  Membre 
de  la  Section  d'Astronomie,  pour  remplir  la  place  laissée  vacante  par  le 
décès  de  M.  Paye. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  59, 

M.  Deslandres  obtient 82  suffrages 


M.  Bigourdan         «  25         » 

M.  Andoyer  »         1         » 

M.  Puiseux  ))         1         )) 


SÉANCE    DU    l^""   DÉCEMBRE    1902.  94^ 

M.  Deslandres,  ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est  pro- 
clamé élu. 

Sa  nomination  sera  soumise  à  l'approbation  du  Président  de  la  Répu- 
blique. 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

M.  J.  Balondrade  adresse  une  Note  relative  à  des  «  Bombes  et  fusées 
paragrêles  ». 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

M.  J.  Valetox  adresse  une  Note  sur  «  la  Locomotion  aérienne  par  les 
aéroplanes  ». 

(Renvoi  à  la  Commission  de  l'Aéronautique.) 

M.  BoucAUD  adresse  une  Note  relative  à  l'Aérostation. 

(Renvoi  à  la  Commission  de  l'Aéronautique.) 

M.  Hexri  Villard  soumet  au  jugement  de  l'Académie  les  résultats 
d'expériences  qu'il  a  effectuées  avec  de  grandes  hélices  à  très  petit  pas. 

(Commissaires  :  MM.  Maurice  Lévy,  de  Bussy.) 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspon, lance,  une  brochure  de  M.  Icilio  Guareschi,  ayant  pour  titre  : 
«  Fauslino  Malaguti  e  le  sue  opère  ». 

M.  Lœwy  fait  hommage  à  l'Académie,  au  nom  de  M.  Replies,  Direc- 
teur de  l'Institut  météorologique  de  Bucarest,  d'un  Essai  historique 
sur  les  travaux  astronomiques  exécutés  en  Roumanie  jusqu'à  la  fin  du 
XIX*  siècle,  et  fournit  quelques  renseignements  sur  le  contenu  de  cette 
intéressante  Notice.  Elle  fait  connaître  que  les  premières   observations 

C.  R.,  1902,  2-  Semestre.  (T.  CXXXV,  N"  22.)  1^4 


946  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

astronomiques  ont  été  faites  avant  1716  par  Christantie  Novara,  un  élève 
de  Cassini,  à  qui  l'on  doit  les  positions  géographiques  de  Bucarest  et  de 
Targovistea.  M.  Hepitesy  rend  compte  de  toutes  les  études  astronomiques 
et  géodésiques  accomplies  dans  son  pays  depuis  cette  époque  lointaine,  et 
il  signale  que  c'est  également  un  astronome,  ancien  élève  de  l'Observa- 
toire de  Paris,  le  colonel  Capitaneanu,  qui,  le  premier,  a  introduit  en  Rou- 
manie les  méthodes  de  haute  exactitude  de  l'Astronomie  moderne.  Il  a 
joint,  à  cette  esquisse  historique  très  instructive,  une  biographie  de  cet 
éminent  officier  auquel  ce  pays  est  redevable  de  la  plus  belle  partie  de  sa 
triangulation. 

En  terminant,  M.  Hepites  fait  ressortir  avec  raison  certains  travaux  de 
théorie  pure,  effectués  en  Roumanie  dans  ces  derniers  temps  par  deux 
savants  de  grande  valeur  sortis  de  nos  hautes  Écoles,  Gogou  et  Haretu, 
qui  ont  traité  quelques-uns  des  problèmes  les  plus  intéressants  de  la  Mé- 
canique céleste. 

Ce  tableau  de  l'activité  astronomique  en  Roumanie  met  en  lumière 
d'une  manière  incontestable  que  ce  pays  est,  à  l'époque  actuelle,  le  théâtre 
d'un  remarquable  essor  scientifique. 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  quelques  conséquences  de  certains  dévelop- 
pements en  séries  analogues  aux  développements  trigonométriques .  Note 
de  M.  W.  Stekloff,  présentée  par  M.  Picard. 

«  1.  Nous  allons  indiquer,  dans  cette  Note,  les  applications  nouvelles 
du  théorème  général  énoncé  dans  ma  Note  précédente. 

»  Désignons  par  V„  («  =  r,  2,  3,  .  .  .)  les  fonctions,  assujetties  aux 
conditions 

^.  +  4V,  =  o,         V„(«)  =  o,         \,{b)=o. 

On  a  évidemment 


sin 


b  —  a 


»   Soit  /une  fonction  continue  avec  sa  dérivée  du  premier  ordre  dans 
l'intervalle  {a,  h)  et  s'annulant  pour  les  limites  de  cet  intervalle.  Posons 

(2)       /.:=.A,V,  H-A,V,  +  ...H-A„,V„  +  R„,         A,  =  f'/Y,dx. 


SÉANCE    DU    l*""   DÉCEMBRE    T902.  947 

On  trouve,  en  tenant  compte  du  théorème  de  ma  Note  précédente, 


b 


,  'f  K^^djc  f  pdx 

(3)       T,.^/R;;^.<V-  =  /-<^<^^^i^^ 

M,  désignant  le  maximum  de  module/'(a?)  dans  l'intervalle  («,  ^). 

»  L'égalité  (2)  montre  que  R^  est  une  fonction  de  x,  continue  avec  sa 
dérivée  à  l'intérieur  de  l'intervalle  («,  h)  et  s'annulant  pour  les  limites  de 
cet  intervalle.  On  a  donc 

d'oii,  en  vertu  de  (i)  et  de  (3), 

»   On  obtient  donc  le  théorème  suivant  : 

»  Théorème.  —  Toute  fonction  f,  continue,  admettant  la  dérivée  du  pre- 
mier ordre  dans  l'intervalle  donné  (a,  b)  et  s'annulant  pour  les  limites  de  cet 
intervalle  y  se  développe  en  série  uniformément  convergente  de  la  forme  suivante  : 

'      '-■"         -ax. 


a  ,       v^    •     n-{x  —  «)    r    r  . 
-/-2i^"^       b-a    -J     ^''" 


»   La  valeur  absolue  du  reste  de  cette  série  ne  surpasse  pas  la  quantité 

{b  —  a)\l^       M, 

\Jt,  \Jn-\-i 

M,  désignant  le  maximum  du  module  de  f(x)  dans  l'intervalle  donné. 

))  Ce  théorème  n'est  qu'un  cas  particulier  d'un  théorème  plus  général 
qui  s'énonce  comme  il  suit  : 

»  Théorème.  —  Toute  Jonction  f,  satisfaisant  aux  conditions  du  théorème 
précédent,  se  développe  en  série  uniformément  convergente  de  la  forme  suivante  : 

(4)  /=i;A,V,,         K  =  jpfV,dx, 


948  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

où  V^  sont  les  fondions  définies  par  les  conditions 

p  étant  une  Jonction  positive  ne  s' annulant  pas  dans  V  intervalle  («,  6). 
»   La  valeur  absolue  du  reste  de  la  série  (^[\)  ne  surpasse  pas  le  nombre 


\j2{b  —  a)M, 

S/Po  'yi<n+x 

P(,  étant  le  minimum  de  p. 

»  2.   Supposons  que /admette  les  dérivées  de  deux  premiers  ordres 
dans  l'intervalle  (a,  b).  On  trouve 

c'est-à-dire 

''n  +  1  J„ 

Ma  désignant  le  maximum  de  /"{x)  dans  l'intervalle  donné. 
»   On  a  donc,  par  exemple  dans  le  cas  /?(^)  =  f , 

b  —  aV        M, 


R„(^)|<V2-(^) 


(«  +  ir 


»  3.  Supposons  enfin  que  f{x)  admette  les  dérivées  de  ik -\-  i  pre- 
miers ordres  et  que  les  dérivées  de  2^  premiers  ordres  s'annulent  pour 
X  =^  a,  X  =-b.  Désignons  par  M/^  le  maximum  de  \f^^^{x')\^  par  T)f^  l'inté- 
grale 

'\KYdx. 


L 


aux  inégalités  suivantes  : 


»   L'application  successive  des  raisonnements  précédents  nous  conduit 
suivantes  : 

'J'(2A-+2)  .'J'(2A-+2) 

n  +  \ 


T«<^^Wr'        n<^Wr'        Tf^"<(6-«)MS.,, 


^Jx)\<sJ^.{t^)' 


{n  4-  i)2A+2 


»   Les  considérations   que  nous  venons  de  développer  peuvent   nous 
conduire  à  une  méthode  particulière  pour  résoudre  divers  problèmes  inté- 


SÉANCE    DU    l"'    DÉCEMBRE    1902.  949 

ressants,  mais  je  ne  puis  ici  que  les  indiquer  sommairement.  Voici  l'énoncé 
des  problèmes  dont  il  s'agit. 

»  Supposant  que  les  fonctions  en  question  admettent  les  dérivées  de 
divers  ordres  : 

»  i^  Calculer  les  coefficients  de  la  série  de  Foarier  avec  l'approximation 
donnée  à  l'avance. 

»   2"  Calculer  la  valeur  de  l'intégrale   I    (pi  dx  avec  une  approximatior 

donnée. 

))   3  '  Les  valeurs  des  intégrales 


I     fsinkxdx         (/{,==  i ,  2,  ...,  n) 


étant  données,   trouver  la  valeur  de  l'intégrale   j    /dx,  a,  [i  étant  deux 

nombres  quelconques  compris  entre  o  et  -rz,  avec  l'approximation  donnée  à 
l'avance. 

»  4°  Trouver  un  polynôme  P„  (x)  tel  que  V écart  de  la  fonction  donnée  J  de 
ce  polynôme  soit  plus  petit  quun  nombre  donné  à  l'avance  e  pour  toutes  les 
valeurs  de  x  comprises  dans  l' intervalle  donné.   » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  congruences  à  plusieurs  inconnues 
relativement  à  un  nombre  premier  impair.  Note  tle  M.  R.  Levavasseur, 
présentée  par  M.  Painlevé. 

«  J'envisage  la  congruence  i\x^,x.,,  ...,a7„j)^o  (mod^),  p  étant  un 
nombre  premier  impair,  /"étant  une  fonction  entière  et  rationnelle  de  a?,, 
iTo,  . . .,  x,n,  à  coefficients  entiers,  pris  suivant  le  module  o.  Je  me  suis  pro- 
posé de  trouver  le  produit 

le  produit  s'étendant  à  toutes  les  congruences  dont  le  degré  ne  dépasse  pas 
un  nombre  donné  r.  J'ai  commencé  par  résoudre  le  problème  dans  le  cas 
où  r  =:^  I . 


9^0  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

))   Je  trouve  comme  résultat  la  congruence  que  voici  : 


ce' 


^P'"  rf^P" 


X 


,/'"'- 


X': 


—  x'' 


xP" 


X' 


X'.  —  X, 


^o         (mod/j). 


»  On  en  déduit  la  solution  du  cas  général.  Expliquons-le  sur  un  exemple 
simple. 

»  Soit  à  résoudre  le  problème  dans  le  cas  de  deux  inconnues  x,  y, 
pour  r  =  2. 

»   On  fera,  dans  le  déterminant  qui  précède,  m  —  5,  x^ 


X-,   X., 


xy. 


y,x^  =  x,x^  =  y. 


»   On 

trouve 

x'P' 

—  x'^P' 

xP'-yP' 

—  xpyp' 

f' 

—  y'^P' 

x-P' 

—  x-P" 

xpyp' 

-  xpyp' 

f 

-f'' 

x^-P' 

—  x'^P'- 

xpyp" 

—  xpyp" 

y"-?' 

-f-'' 

x'^P'- 

-X-P 

xpyp' 

—  xPyP 

y^p- 

~r' 

x-P 

-x-" 

xPyP 

—  xy 

y^P 

—  y- 

yP    _  yl 


yP' 


r 


xP'  —  xP' 

xP'  —  xP" 

xP"  —  xP"    yP'  —  yP^ 

xP"  —  xP     yP''—yP 

xP  —  X     y^  —  y 


o         (mod/)). 


»  On  peut  ensuite  se  proposer  de  trouver  le  produit  des  congruences 
irréductibles  d'ordre  r.  Soit  P^^o  (mod/?)  la  congruence  obtenue  en 
faisant  le  produit  de  toutes  les  congruences  dont  le  degré  ne  dépasse  pasr. 
On  fera  d'abord  le  quotient  de  P^  par  P^_,  (mod/?)  et  l'on  n'aura  plus 
qu'à  chercher  l'ensemble  des  facteurs  simples  du  quotient  obtenu  par  les 
méthodes  connues. 

»  Ainsi,  en  divisant  le  premier  membre  de  la  congruence  précédente  par 


xP'  —  xP     yP^  —  y^ 


p^+p+'2 


xP  —  X      yP  —  y 
on  aura  le  produit  des  congruences  irréductibles  de  degré  2  en  x,  y.   » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  la  généralisation  des  fractions  continues. 
Note  de  M.  Auric,  présentée  par  M.  Jordan. 

«   Considérons  k  -+- 1  quantités  réelles  ou  complexes 

a^,       <2,,       «2»       <^3»        '•■■>       ^A-i»        ^^k* 


SÉANCE    DU    1^'"   DÉCEMBRE    1902.  gSi 

que  nous  supposons  rangées  par  ordre  décroissant  des  modules. 
»   Posons 

l/f  étant  l'entier  le  plus  rapproché  du  quotient  —  • 


»   On  aura 


^^-    <'  -  si  les  nombres  considérés  sont  réels  et  <C   ■^-  s'ils 

^A  2  2 


sont  complexes. 

»   On  posera  également 

^i  =  ^A-t-i^A+i  ■+"  (~  ï)    ^A-i-2' 

puis 

«o  =  X;,^2  «A-+2  +   (—    O^'^A+3, 

et  ainsi  de  suite. 

»  Il  est  clair  que  les  quantités  «a+i?  %+2»  <^a+3»  •  ••  diminuent  indéfini- 
ment en  valeur  absolue  et  ont  pour  limite  zéro,  limite  qui  est  effectivement 
atteinte  lorsque  les  quantités  considérées  sont  réductibles  dans  le  domaine 
des  nombres  entiers. 

»   On  établit  aisément  la  relation 

«/  =  Q>n  +  QL,  ««+1  -f-.  .  .  -f-  QL,._,  «„+A-,  +  (-  O^'^Ql-,  ««+A 

avec  les  formules  récurrenes 

»  On  peut  établir  que,  lorsque  i  étant  fixe  et  n  augmentant  au  delà  de 
toute  limite,  les  expressions 

et 

restent  finies   et  comprises    entre  deux  limites  fixes  |  R«^|  et  |  R'a^  |,  en 
valeur  absolue. 

«  Il  en  résulte  que  le  vecteur  Q",  Q",  Q",  ..-,  Ql'  a  une  limite  bien 
déterminée  et  que  ce  vecteur  limite  est  normal  au  vecteur 

»  Le  théorème  de  Lagrange  a  pour  corrélatif  le  suivant  : 

))   Considérons  k  formes  quadratiques  des  k  -\-  i  variables  Uo/a^,  a.,,  ...,  «/^; 


932  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

au  moyen  des  substitutions  étudiées  ci-dessus  ces  formes  peuvent  s'exprimer  en 
fonction  des  variables  a, i,  «„+,,  ««+0,  ...,  ««+/(• 

»  Le  théorème  fondamental  consiste  en  ce  que  les  coefficients  de  ces 
formes  successives  restent  tons  inférieurs  en  valeur  absolue  à  des  nombres 
fixes,  de  sorte  qu'au  bout  d'un  certain  nombre  d'opérations  on  retombe 
sur  les  formes  dont  on  est  parti  ou  sur  des  formes  déjà  envisagées;  en 
d'autres  termes,  la  suite  des  \  est  périodique  simple  ou  mixte  suivant  le 
cas. 

»  La  méthode  décrite  permet  donc  de  se  rendre  compte  si  un  vecteur 
quelconque  donné  O!,,,  «,,  a.^,  ...,  aj^  est  une  solution  d'un  système  de  formes 
quadratiques  àe  k  -+- 1  variables  à  coefficients  entiers. 

»  Elle  permet,  en  outre,  de  généraliser  la  notion  d'équivalence  de 
Dedekind,  ainsi  que  les  recherches  de  Dirichîet.    » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE,  —  Sur  les  transcendantes  uniformes,  définies  par 
des  équations  différentielles  du  second  ordre.  Note  de  M.  R.  Liouville, 
présentée  par  M.  Jordan. 

«  J'ai  quelques  mots  à  répondre  aux  nouvelles  observations  de  M.  Pain- 
levé  :  Je  n'aurais,  paraît-il,  que  le  choix  entre  une  erreur  et  un  truisme. 

))  L'erreur  qui  m'a  été  reprochée  n'est  pas  de  moi  et  ma  Note  citée  ne 
laisse  ni  doute  possible,  ni  choix  à  faire. 

»  Quant  à  la  proposition  que  M.  Painlevé  semble  aujourd'hui  regarder 
comme  un  truisme,  c'est  celle  qu'il  énonçait,  dans  sa  Note  du  8  septembre, 
comme  étant  la  seule,  en  réalité,  démontrée  par  mon  analyse.  L'énoncé 
qu'il  en  a  donné,  en  croyant  me  rectifier,  ne  diffère  en  aucun  point  essen- 
tiel de  celui  que  j'avais  indiqué  moi-même. 

»  Pour  l'établir  comme  je  l'ai  fait,  on  ne  rencontre  aucune  difficulté. 
S'ensuit-il  que  ce  soit  un  truisme?  Il  importe  peu  que  mon  raisonnement 
puisse  être  étendu  à  toutes  les  équations  différentielles  du  second  ordre, 
car  il  n'y  a  en  ceci  aucune  absurdité,  lorsqu'on  ne  modifie  pas  mon 
énoncé,  et  ma  première  Note  a  d'ailleurs  mentionné  que  je  n'avançais 
rien  encore  de  spécial  aux  équations  à  points  critiques  fixes. 

»  L'analyse  très  brève  que  j'ai  présentée  introduit  les  véritables  élé- 
ments de  la  question  que  j'avais  en  vue,  et  l'on  n'arriverait  guère,  en 
cherchant  à  lui  substituer  une  prétendue  évidence,  qu'à  sous-entendre  des 
restrictions  importantes. 


SÉANCE    DU    s^'"   DÉCEMBRE    1902.  C)53 

»  L'appréciation  de  M.  Painlevé  sur  tous  ces  points  se  ressent,  je  le 
crains,  de  l'erreur  qu'il  m'attribuait  d'abord. 

»  Au  lieu  du  couple  d'intégrales  de  l'équation  différentielle  dont  il 
s'agit,  je  considère  trois  solutions  d'un  système  d'équations  aux  dérivées 
partielles.  Ces  solutions,  dont  la  connaissance  permettrait  d'intégrer 
l'équation  proposée,  n'en  sont  nullement  des  intégrales,  bien  qu'elles 
jouent  un  rôle  analogue. 

»  En  disant  que  la  question  ainsi  posée  se  trouve  résolue  par  sa  Note  du 
27  octobre,  voici  en  définitive  le  théorème  que  M.  Painlevé  donne  indi- 
rectement comme  démontré  : 

»    Soient 


djr.-,  d'^x,  d- X 

X..  =  -7— ->         X..  =     ,    "?         X 


dx^  '         dx\  '   "•         dx\ 

de  sorte  que  x^^,  x-  sont  des  fonctions  de  Xf,  x.,,  x.^,  données  en  vertu  de 
l'équation  différentielle  qu'il  s'agit  d'étudier. 

»  Si  l'on  désigne  par  h,  h',  h"  les  indices  i,  2,  3  placés  dans  un  ordre 
quelconque  et  que  l'on  pose 

en  représeut-Mit  par  z^,  z.^,  z^  trois  fonctions  inconnues  de  x^,  x.^,  x^\ 
par  z''*'\  2 1''^  ,  ...  leurs  dérivées  partielles  des  deux  premiers  ordres,  les 
équations 

2  ("^'sP/'    —  ^2/>S)^.V<^^A.-l  +  -r,  =  O, 
U./c) 

l'A) 

définissent  les  s  et,  comme  conséquence,  les  pfj.. 

»  Quand  l'équation  différentielle  proposée  est  irréductible,  au  sens 
adopté  par  M.  Painlevé,  c'est-à-dire  quand  il  n'existe,  entre  deux  intégrales 
distinctes  et  leurs  dérivées  partielles  d'ordre  fini,  aucune  relation  algé- 
brique différente  de  celle  qui  se  déduit  de  la  connaissance  du  dernier 
multiplicateur,  il  arriverait  toujours  que,  parmi  les  fonctions  pfl,  l'une  au 
moins  fût  transcendante. 

>i  Cette  proposition,  supposée  exacte,  traduirait  une  propriété  des  fonc- 
tions s,   qui  n'étant,  pour  l'équation   proposée,  ni  des  intégrales,  ni  des 

C.  R.,  1902,  2"  Semestre.  (T.  CXXW,   >>  22.)  ^  ^^ 


954  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

solutions  particulières,  échappent  entièrement  à  l'analyse  employée  par 
M.  Painlevé  dans  sa  Note  du  27  octobre. 

»  Mais  M.  Painlevé  va  plus  loin  encore  ;  dans  cette  voie,  ni  dans  aucune 
autre,  on  ne  pourrait  aboutir  à  un  résultat  positif. 

»  En  d'autres  termes,  on  ne  saurait  concevoir  aucun  mode  de  réducti- 
bilité  qui  ne  soit  compris  dans  celui  dont  M.  Painlevé  a  fait  l'étude. 

»  Je  n'ai  pu  découvrir  les  bases  mathématiques  de  cette  opinion,  un 
peu  isolée,  de  sorte  que  je  me  vois  obligé  d'abandonner  là,  et  d'ailleurs 
d'une  façon  définitive,  toute  cette  discussion,  devenue  sans  objet  précis.  » 

THERMODYNAMIQUE.  —  Méthode  pour  évaluer  les  températures  dans 
l'échelle  thermodynamique  centigrade.  Note  de  M.  Poxsot,  présentée 
par  M.  Lippmann. 

«  Dans  une  Note  récente  (^Comptes  rendus  du  27  octobre  1902)  sur  la 
force  électromotrice  d'un  élément  de  pile  thermo-électrique,  j'ai  indiqué 
les  conditions  nécessaires  pour  pouvoir  calculer  les  températures  dans  une 
échelle  thermodynamique,  soit  avec  la  valeur  de  cette  force  électromotrice, 
e,  mesurée  par  les  procédés  ordinaires,  soit  avecla  valeur  de  ^,  c'est-à-dire 
du  phénomène  de  Peltier,  mesurée  par  le  procédé  donné  par  M.  Pellat 
{Comptes rendus,  t.  CXXXIII,  1901,  p.  921). 

»  M.  Pellat  (^Comptes  rendus  du  3  novembre  1902)  a  fait  remarquer  que 
la  méthode  qu'il  a  proposée  pour  évaluer  en  valeur  absolue  les  basses  tem- 
pératures n'est  pas  identique  à  celle  qui  repose  sur  la  mesure  de  q,  et  no- 
tamment qu'elle  n'exige  pas  l'emploi  de  deux  températures  connues  en 
valeur  absolue. 

»  La  méthode  de  M.  Pellat  repose,  en  effet,  sur  la  mesure  simultanée  de 
trois  grandeurs  :  la  force  électromotrice,  e,  d'un  élément,  le  phénomène 
de  Peltier,  q,  à  l'une  de  ses  soudures,  et  la  température  t  de  cette  soudure 
dans  une  échelle  thermométrique  ordinaire. 

))  En  tenant  compte  des  résultats  théoriques  que  j'ai  établis  dans  ma 
Note  précédente,  je  vais  décrire  succinctement  une  méthode  plus  simple  et 
plus  précise  que  celle  de  M.  Pellat,  puisqu'elle  n'exige  que  la  mesure  de 
deux  grandeurs  e  et  q,  et  qu'on  n'y  emploie  aucune  relation  empirique. 

»  -jR^^  -jt  étant  constants,  on  a,  pour  la  force  électromotrice  d'un  élé- 
ment, 


SÉANCE    DU    l/'    DÉCEMBRE    1902.  gSS 

»   Si  la  température  6  reste  fixe,  q  est  invariable, 

d{e  +  q') 


d^. 


=  — B. 


»  Mode  opératoire.  —  La  soudure  chaude  sera  portée  à  une  température  inva- 
riable 8,  supérieure  à  la  température  d'ébullition  de  l'eau.  L'autre  soudure  sera  d'abord 
portée  à  la  température  de  100°  centigrades;  on  mesurera  e'  et  g',  dont  la  somme  S' 
correspondra  à  la  température  absolue  6'. 

»  Cette  soudure  sera  ensuite  portée  à  la  température  du  zéro  centigrade,  on  me- 
surera e"  et  q" ,  dont  la  somme  S",  correspondra  à  la  température  absolue  6". 

»  L'échelle  qu'on  a  choisie  pour  les  températures  absolues  étant  celle  où  l'intervalle 
fondamental  est  également  de  100°,  on  a 

S" S' 

100 

La  soudure  froide  étant  portée  à  une  autre  température  inférieure  à  8,  si  l'on  trouve 
comme  mesures  e  et  ^,  dont  la  somme  est  S,  cette  température,  repérée  dans  l'échelle 
centigrade,  sera 

S -S" 
^  =  --B— 

Celte  température,  évaluée  dans  l'échelle  thermodynamique  dont  l'échelle  centigrade 
fait  partie,  est  t  +  8". 

»  Pour  déterminer  8",  on  résoudra  par  tâtonnements  l'équation  suivante,  en  posant 
6'=  6"+  100, 

^  +  BLog8"  =  |;+-BLog6'. 

»  Ayant  ainsi  simultanément  mesuré  la  foixe  électromotrice  de  l'élément  thermo- 
électrique et  évalué  la  température  de  l'une  des  soudures  dans  l'échelle  thermodynamique 
adoptée,  puis  répété  ces  mesures  et  évaluations  dans  des  limites  de  température  aussi 
étendues  que  possible,  on  pourra  déterminer  les  constantes  de  la  relation  que  j'ai 
donnée  entre  la  force  électromolrice  et  la  température  absolue. 

))  Il  suffira  alors  de  mesurer  cette  force  électromotrice  pour  la  détermination  des 
températures  absolues,  dans  les  limites  de  température  dépendant  de  la  nature  des 
métaux  foraiant  l'élément  thermo-électrique.  Cet  élément  servira  de  thermomètre 
étalon. 

»  On  pourrait  également,  après  avoir  obtenu  dans  le  calcul  de  8"  la  deuxième  con- 
stante de  la  relation  entre  q  et  la  température  absolue,  utiliser  seulement  la  mesure  de  q. 

»  Le  critérium  de  l'exactitude  de  la  méthode  sera  que  les  valeurs  de  e  et  de  ^,  utili- 
sées séparément,  devront  donner  des  indications  de  température  concordantes  et 
indépendantes  de  la  composition  de  Télément  thermo-électrique. 

»  M.  Pellat  a  décrit  un  procédé  pour  mesurer  ^,  du  phénomène  de 
Peltier  :  il  a  calculé  et  indiqué  l'erreur  maximum  de  sa  méthode.  L'expé- 
rience justifiera  sans  doute  ses  prévisions,  et  il  est  à  espérer  que,  par  la 
pratique,  ce  savant  pourra  beaucoup  diminuer  les  erreurs  méthodiques. 


9^^  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

«  Quelle  sera  la  précision  de  la  méthode  que  je  propose?  Quels  écarts 
présenLeront  les  résultats  de  cette  méthode  et  ceux  qu'on  obtient  avec  le 
thermomètre  à  gaz?  L'expérience  seule  permettra  de  répondre  à  ces 
questions. 

«  C'est  pour  des  considérations  de  précision  que  je  m'abstiens  de  déve- 
lopper une  autre  méthode  de  déterminaiion  des  températures  dans  l'échelle 
thermodynamique  centigrade  :  cette  méthode  leposerait  sur  la  mesure  de  e 
ou  de  ses  variations  dans  les  points  d'un  conducteur  métalhque  a  des  tem- 
pératures (hfférentes,  et  dans  des  conditions  plus  faciles  à  concevoir  qu'à 
réaliser.    » 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.   -  La  pesanieur  le  long  du  parallèle  moyen. 

Noie  de  JM.  J.  Collet,  jiré.^entée  j)ar  M.  Lœwy. 

^  «    Aj^rès   avoir  exposé,   dans    une  Note  précédente,   la   partie  de   mes 
observations  qui  conc(  rne  les  durées  des  oscillations  du  pendule,  je  vais 
maintenant  considérer  les  déterminations  correspondantes  de  la  pesanteur. 
»   ].e  Talileau  suivant  donne,  en  mètres,  les  valeurs  de  ^^  aux  diverses 
stations,  déduites  delà  valeur  déterminée  au  rez-de-chaussée  de  l'Obser- 
vatoire de  Paris,  par  le  commandant  Defforges,  dans  la  salle  des  exjx- 
riences  pendulaires.  Pour  les  valeurs  de  t/,   qui  ont  servi  à   ce  calcul, 
lorsque  plusieurs  expériences  ont  eu  lieu  dans   une  même  station,  on  a 
pris  la  moyenne  des  résultats  obtenus.  Le  Tableau  renferme,  en  outre,  les 
cléments  du  calcul  de  la  gravité  g,  au  niveau  de  la  mer,  ainsi  que  les  ano- 
malies go  —  gi    que  fait  apparaître  la  comparaison    de  g^  avec  la   valeur 
théorique  normale  g,. 

Tableau  des  pesanteurs  observées  et  réduites  au  niveau  de  la  mer. 


ft  (!• 


&0 


^^'■^^•; o,7ii3523  9,81000  9,8ioi3  9,81080  —0,00017 

^^'^''''''^'^ Siy"!  9,80545  9,8o556  9,8o536  -ho, 00020 

CapFerrete 4629  9,80695  9,80696  9,80656  +o,ooo4o 

^°''^^^"^ 4923  9,80614  9,8o63i  9,80673  --0,00042 

^"''''^^- 5191  9,80940  9,80664  9,80682  -0,00018 

Sanu-Pierre-Ie-Chastei..  5n2  9,80962  9,80708  9,80752  -   o,ooo44 

Samt-Agrève 5553  9,80488  9,8o643  9,80689  ~o,ooo46 

^'^^'^"^^ 4903  9,80619  9,80646  9,80682  -o, 00086 

^'^^''^^'•^ 4998  9,80593  9,8o635  9,80705  -0,00070 

La  Bérarde 643i  9,80200  9,80587  9,80682  -o,ooi45 

LeLautaret 6701  9,80124  9,8o524  9,80688  -0,00164 

'^^"'"' o,7ii5io55  9,8o588  9,80640  9,80694  — o,ooo54 


SÉANCE  DU  1*=''  DÉCEMBRE  1902.  cpy 

Eléments  de  la  réduction  au  niveau  de  la  mer. 

Allilude  h.       f^atitude  À".  Densité  S. 

m  o        (        Il 

Paris 60  48  •  5o  •  I  '  2 

Marseille 6i  43. 18-17  ^'^ 

Cap  FerreL 6  44-38.49  2 

Bordeaux ^4  44  •  5o  •  '  8  'i 

Aurillac T.. 64o  44.56.46  2.-3 

Saint-Pierre-le-Ghaste! jSS  45.48  2,78 

Saint-Agrève io58  45-    0-36  2,7 

Valence i25  44-56  1,9 

Grenoble 210  4-^.  11.22  2,6 

La  Bérarde j  788  44-56  2,7 

Le  Laiitarel 2o58  45.   2.5  2,7 

Turin 233  45.   4-8  2 

»  Pour  la  réduction  au  nweau  de  la  mer,  on  a  eîiipioyé  la  ioruiale  de 
Bougner 

dans  laquelle  0  est  la  densilé  moyenne  du  sous-solde  la  station;  A,  celle 
de  la  Terre,  soit  5,5;  h,  l'akitude  de  la  station  ;  et,  enfm,  R  le  rayon  de  la 
Terre. 

»  I^es  valeurs  de  S  résultent  des  intlications  autorisées  des  géologues  les 
plus  conijjétents.  Elles  sont  justifiées  par  les  coupes  géologiques  qui  ren- 
ferment mes  Notes  antérieures  insérées  dans  les  Comptes  rendus. 

))  Le  calcul  des  valeurs  normales  g^  de  la  gravité  a  été  fait  à  l'aide  de  la 
formule  Defforges 

S\  —  9»7^i24(i  H-  0,005243  sin-).). 

»  En  dehors  même  de  tout  examen  critique  des  diverses  formules  em- 
ployées en  Géodésie,  pour  le  calcul  de  o,,  le  choix  de  la  formule  précé- 
dente s'imposait  ici,  en  raison  de  la  coordination  de  mes  observations  avec 
celles  dîi  Service  géographique  ('). 

»  TiCS  valeurs  ^0  ~  Sk  ^^^  anomalies  exigent  encore,  dans  certaines  sta- 
tions, une  dernière  correction,  celle  <\q.\  attraction  topo  graphique  (^).  Cette 
correction,  (jui  deujaude  de  1res  laborieux  calculs,  vient  diminuer  If  déucil 


(1)  Voir,  sur  ce  point,  le  Mémorial  du  Dépôt  de  la  Guerre,  t.  XV,  p.  16. 
(-)  Comptes  rendus,  t.  CXXXI,  p.  654  et  742. 


gSS  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

apparent  fie  la  pesanteur.  Sa  valeur  est  0,00018  à  la  Bérarde,  et  0,00006 
au  Lautaret,  ce  qui  réduit  le  déficit  aux  valeurs  suivantes  : 

»  0,00127  ^  '^  Bérarde,  o,ooi58  au  Lautaret.  Quanta  \a  flexion  du  pen- 
dule, signalée  par  M.  Helmert,  et  calculée  par  lui,  elle  est  sans  influence 
sur  les  déterminations  relatives  de  la  pesanteur. 

))  En  examinant  la  suite  des  valeurs  de  g^  —  gf,  on  voit  qu'on  n'a 
observé  des  excédents  de  pesanteur  que  dans  deux  stations,  l'une  près  du 
bord  de  la  mer  (Observatoire  de  Marseille),  l'autre  (Phare  du  cap  Ferret) 
dans  une  situation  insulaire,  l'excédent,  dans  ce  dernier  cas,  étant  double 
du  premier.  Partout  ailleurs  on  a  constaté  un  déficil  croissant  en  même 
temps  que  le  relief  du  sol  devient  plus  considérable . 

»  Ce  défaut  de  pesanteur,  au  niveau  de  la  mer,  sous  les  massifs  monta- 
gneux, est  l'indice  d'une  constitution  spéciale  de  la  croûte  terrestre  qui, 
sous  les  masses  en  relief,  doit  avoir  une  densité  moyenne  plus  faible  que 
sous  les  plaines,  au  même  niveau,  et  surtout  que  sous  les  mers  et  les  océans. 


■5» 


CapFerret'  \ 


PJamb  du  Cantal 
jSSff 

StFlour 


Jhraniczcr  normale^ 


-!t2    Couriez  des  anomalies- 


-18 


Ecrias 

t^;K^'^  X  ^     ^'^  AIber§ian 
leMezenc  l  2%:     ^■'f\    |  U, 


Anomalies  de  la  Pesanteur  le  lonô  du  PariJlèle  mojen. 


£ûielle'  <les  Zonffzteurs 


ISxutezirs  dcztX'^ns  déaipléej'. 


»   La  fii^ure  précédente  rend  sensible  aux  yeux  la  corrélation  existant 
entre  le  relief  du  sol  et  les  anomalies  de  la  pesanteur.  Elle  fait  apparaître 


SÉANCE   DU    I^'   DÉCEMBRE    1902.  qSq 

quelques  particularités  remarquables  sur  lesquelles  je  me  propose  de 
revenir  dans  le  Mémoire  que  je  compte  rédiger  sur  l'ensemble  de  mes 
expériences  pendulaires.    » 

CHIMIE.  -  Sur  la  composition  des  hydrates  de  gaz.  Note  de  M.  de  Forcradn. 

«   J'ai  indiqué  ('  )  comment  on  peut,  au  moyen  de  ma  relation  générale 

%  =  3o, 

déterminer  la  composition  des  hydrates  de  gaz  qu'il  est  presque  toujours 
impossible  de  fixer  exactement  par  l'analyse  directe,  et  j'ai  donné  deux 
méthodes  pour  obtenir  ce  résultat.  J'ai  déjàapphqué  ces  règles  (^)  à  l'hy- 
drate de  chlore,  qui  a  pour  composition  :  CP  4-  7  H'O. 

M  Dans  la  plupart  des  autres  cas,  la  première  méthode  seule  est  appli- 
cable, parce  qu'on  ne  connaît  pas  la  chaleur  de  solidificalion  totale  (L  +  S) 
de  la  molécule  gazeuse.  Mais  la  précision  de  cette  méthode  est  toujours 
suffisante  pour  savoir  si  l'hydrate  est  à  6,  7  ou  8H^O. 

))  J'ai  fait  les  calculs  de  Q',  de  T^  et  de  n  pour  tous  les  hydrates  dont  on 
a  déterminé  les  courbes  de  dissociation,  en  me  reportant  aux  travaux 
de  M.  Villard,  M.  Roozeboom,  MM.  Caiiletet  et  Bordet,  et  à  ceux  que  j'ai 

faits  moi-même. 

«  Le  Tableau  suivant  donne  les  résultats  obtenus.  Les  valeurs  de  Q' 
sont  souvent  des  moyennes  de  quinze  ou  vingt  résultats  donnés  par  la  for- 
mule de  Clapeyron  appliquée  aux  courbes. 

Formule  Formule 

rp  X'.  Q'-  Q-  calculée.  probable. 


Az... 
CH*. 

Az^O 
PH". 


Cal  Cal 


-is/ou  86;bs.  -43:8    ou      .29,2  i3,3o  6,87  Az  +  4,5H^O     4ou5H^O 

-,64  logabs.  -29  ^44  16, 35  7,82  CH^+6,3iH^O  6H^0 

-78,2  194,8  -21,2  25i,8  16,16  7,55  CO-^  +  6,o2H^O  6H^0 

-88  i85  -19,3  253,7  ^6, 29  7,61  Az'^O  +  6,o6H^O  6IP0 

-85  188  -i5,8  257,2  17,71  7,71  C-H«+6,99H^O  7H^0 

-85  188  -i5,4  257,6  i5,92  7,73  C^H^+5,73H^O  6H^0 

-io4  169  -i3,4  259,6  18,34  7w6  C^H^+7,37H^O  7H;0 

-85  188  -6,4  266,6  16,44  8,00  PH'  +  5,9oIPO  6H-0 


(»)  Comptes  rendus,  t.  CXXXTV,  p.  836. 
(2)  Comptes  rendus,  t.  CXXXIV,  p.  991. 


960 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


Formule 

Formule 

T. 

T' 

Q'- 

Q- 

calculée. 

probable. 

c 

.    -  62 

ou 

0 
21 1 

0 
+  0,35 

ou     2-3,35 

Cal 
16,34 

Cal 
8,20 

lPS  +  5,69Îr-0 

6H2 

.        -     32 

241 

+  3,7 

276,7 

20,12 

8,3o 

C^H»FH-8,27lPO 

8IP 

—     10 

263 

~i~  7 

280 

19,83 

8,40 

SO^+S,o6H20 

8H2 

.        -     23 

200 

+  7.5 

280,5 

18, 83 

s,4i 

aPCl+7,28IPO 

7H^ 

.        -    4-2 

23l 

+  8 

281 

16,82 

8,43 

H^Se  + 5,87^^0 

6H- 

.      -  H, 

6 

238,4 

+  9.6 

282,6 

18, 36 

8,48 

CI2+7       IPO 

7H^ 

.        +     59 

332 

>  9>6 

>282,6 

•/ 

•> 

B 1-2 -MO       H'O 

lOtP 

»  Dans  cette  liste,  le.s  divers  hydrates  étudiés  figurent  dans  l'ordre  de 
stabilité  croissante  (T  augmente).  On  remarquera  que  cet  ordre  est  à  peu 
prés  le  même  que  celui  de  la  volatilité  décroissante  des  gaz  anhydres. 

»  Pour  l'hydrate  d'argon,  les  doî^nées  sontau  nombre  de  deux  seulement 
et  un  peu  incertaines,  M.  Villard,  qui  l'a  décrit,  disant  {*)  que  la  tension 
est  de  loS^^""  vers  o**,  et  de  210^*"^  à  H-  8"C. 

»  Il  suffirait  d'admettre  -f-  0°,  5  pour  io5'''"\  au  lieu  de  0°,  pour  trouver 
Az+5,27H^O. 

»  Pour  l'hydrate  de  brome,  aucun  calcul  de  Q',  Q  ou  T'  n'a  pu  être 
fait;  le  brome  étant  liquide  à  la  température  des  expériences,  et  ordinai- 
rement en  excès,  ne  permet  plus  de  raisonner  comme  pour  les  autres 
hydrates.  Le  système  n'est  plus  monovariant  (^). 

))  A  part  ces  deux  cas  extrêmes,  les  courbes  sont  ^tss'.  2  régulières  pour 
permettre  le  calcul.  Il  arrive  cependant  que  pour  plusieurs  des  ces  hydrates 
les  valeurs  données  pour  les  tensions  aux  deux  ou  trois  températures  les 
plus  élevées  doivent  être  écartées,  car  elles  fourniraient  pour  Q'  des 
nombres  manifestement  trop  élevés  et  qui  ne  concordcfit  plus  du  tout  avec 
les  autres. 

»   On  remarquera  que,  dans   la    moitié   des    cas,    la    formule  probable 

déduite  de  ces  calculs  est  : 

M-h6H^O. 

))  M.  Villard  a  précisément  vérifié  que  c'est  bien  la  composition  des 
hydrates  de  (.0-,  de  Az^O,  deC-R-.  Il  avait  même  proposé  d'étendre  cette 
règle  à   tous  les  hydrates  (•*).  Mais  cette  règle  n'est  pas  aussi    générale 


(')   Comples  rendus,  l.  CXXlIt,  p.  077. 

(-)  Aussi  la  formule  que  j'ai  insciile  dans  le  Tableau  :  Br''^-|-  loH'^O,  esl  celle  qui 
a  élé  obtenue  par  M.  Roozeboom  au  moyen  de  Tanalyse  directe  des  cristaux. 

(^)  Elude  expérimentale  des  hydrates  de  ^ac.  (Thèse  de  Doctorat  es  sciences.) 
Paris,  1896,  p.  96. 


SÉANCE    DU    1*'    DÉCEMBRE    1902.  961 

qu'il  le  pensait,  et,  en  réalité,  dans  l'autre  moitié  des  cas,  le  nombre  des 
molécules  d'eau  fixées  est  ou  inférieur  (argon?),  ou  certainement  supé- 
rieur à  6  H=^0  (C^'HS  C^H\  C^H^F,  SO-,  CH^Cl,  Cl^  Br^). 

»  Malgré  quelques  irrégularités,  il  semble  que  les  hydrates  contiennent 
d'autant  plus  d'eau  qu'ils  sont  plus  stables. 

»   La  différence  qui  existe  entre  T'  et  T  est  toujours  du  même  signe 
(T'  >•  T),  mais  varie  beaucoup  comme  valeur  absolue,  et  diminue  à  mesure- 
que   le  gaz  devient  plus  facilement  liquéfiable.  Elle  est    de  142°,  6  pour 
l'argon,  et  de  17**  seulement  pour  SO^,de  sorte  que  le  point  de  décomposi- 
tion de  l'hydrate  T'  varie  peu  (de  —43^,8  pour  l'argon  à  +9°, 6  pour  Cl")  : 

»  Ce  qui  porte  à  penser  que  les  gaz  les  plus  volatils,  tels  que  l'azote, 
l'oxygène,  l'hydrogène,  l'hélium,  doivent  s'hydrater  aussi  et  donner  des 
hydrates  cristallisés  d'une  stabilité  à  peine  inférieure  à  celle  de  l'hydrate 
d'argon.  En  fait  M.  Villard  a  signalé  des  hydrates  d'azote  et  d'oxygène  ('  ). 

»  Enfin,  puisque  T'  varie  peu,  et  que  la  composition  même  des 
hydrates  est  assez  voisine,  leur  chaleur  de  formation  Q'  ou  Q  doit  être 
presque  la  même,  ainsi  qu'on  le  remarquera  sur  le  Tableau  précédent. 
Les  valeurs  de  Q'  varient  seulement  de  2^*'  du  formène  au  chlore.  » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Transformation  de  l'acide  pyrophosphorique 
en  acide  orthophosphorique.  Note  de  M.  H.  Giran. 

«  J'ai  publié,  dans  une  précédente  Note  {Comptes  rendus ,  t.  CXXXIV, 
p.  i5oo),  les  résultats  thermiques  suivants  : 

P-0"'H^  liq.H-  aq.  =  P^O^H*  diss -h  ioC»i,22 

P^O^H*  sol.  +  aq.  =  P-O^H*  diss +  7C>i,78 

M  L'acide  pyrophosphorique  solide  employé  pour  cette  dernière  déter- 
mination était  mélangé  à  une  graude  quantité  de  chlorure  d'argent,  d'où 
des  corrections  et  quelque  incertitude  dans  la  mesure. 

»  Depuis  lors,  j'ai  obtenu  de  l'acide  pyrophosphorique  pur,  cristallisé, 
en  soumettant,  pendant  trois  mois,  de  l'acide  sirupeux,  possédant  exacte- 
ment la  composition  théorique  P'O^H*,  à  l'action  continue  d'une  tempé- 
rature d'environ  — lo''.  Dans  ces  conditions,  cet  acide  cristallise  en  petits 
grains  blancs,  opaques,  d'aspect  sphéroïdal,  sans  forme  cristalline  déter- 

(*)  Comptes  rendus,  l.  GXXIII,  p.  877. 

C.  R.,  1902,  2*  Semestre.  (T.  CXXXV,  N°  22.)  Ï^Ô 


962  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

minable.  Cependant  j'ai  pu  constater  qu'une  partie,  qui  était  restée  adhé- 
rente aux  parois  du  flacon,  y  avait  cristallisé  très  nettement  sous  la  forme 
de  fines  aiguilles,  plus  ou  moins  contournées  sur  leurs  bords,  et  offrant,  en 
ces  points,  l'aspect  de  très  belles  barbes  de  plume. 

))  La  mesure  directe  de  la  chaleur  de  dissolution  de  cet  acide  cristallisé 
m'a  donné 

P2  0^H*crist.-t-aq.  =  P-O^H*diss +7^"',  93 

nombre  peu  différent  de  celui  que  j'ai  donné  précédemment  ('j^'^\']8). 

»  Cet  acide  cristallisé  ne  fond  })lu.s  qu'à  la  température  de  +61°.  Revenu 
à  la  température  ordinaire,  il  conserve  l'état  liquide  et  ne  se  solidifie  de 
nouveau  qu'au  contact  d'un  cristal.  Cette  solidification  est  très  lente;  on 
la  facilite  en  agitant  fréquemment. 

»  Je  me  suis  proposé  de  rechercher  quelle  est  la  chaleur  dégagée  dans 
la  transformation  de  l'acide  pyrophosphorique  solide,  liquide  ou  dissous, 
en  acide  orthophosphorique. 

»  Pour  y  arriver,  je  plaçais  uu  poids  connu  d'acide  pyrophosphorique  solide  ou 
liquide  (surfondu)  dans  un  petit  ballon  en  verre  mince  avec  lo*^™^  d'acide  sulfurique 
à  71  pour  100  de  SO*H''.  Une  expérience  préliminaire  m'avait  montré  que,  dans  ces 
conditions,  l'acide  pyrophosphorique  se  transforme,  en  quelques  minutes,  en  acide 
orthophosphorique.  Le  ballon,  bien  bouché,  était  placé  dans  l'eau  du  calorimètre. 
J'agitais  le  tout  jusqu'à  ce  qu'il  ne  se  produisît  plus  de  dégagement  de  chaleur.  Je 
brisais  alors  le  ballon  dans  le  calorimètre;  la  température  s'élevait  aussitôt  par  suite 
de  la  dissolution  de  l'acide  sulfurique  et  de  l'acide  orthophosphorique  formé  pendant 
la  première  partie  de  l'expérience.  Une  expérience  supplémentaire,  faite  avec  10*^'"' du 
même  acide  sulfurique,  m'indiquait  quel  était  le  dégagement  de  chaleur  produit  par 
cet  acide  seul. 

))  J'ai  ainsi  obtenu  les  résultats  suivants  : 

P^O^HMiq.  H-H^Oliq.  +  aq.  —  2P0*H^diss...      +  14^*1,4^ 
P^CH^sol.  H-H^Oliq. +  aq.=r2P0^H*diss...      4-i2C''S35 

La  différence  de  ces  deux  nombres  nous  donne  la  chaleur  de  fusion  de 
l'acide  pyrophosphorique,  soit  —  2^'*^i2;  on  peut  aussi  l'obtenir  en  faisant 
la  différence  des  chaleurs  de  dissolution  des  acides  solide  et  liquide,  ce 
qui  donne  —  2.^^^,2.g.  Ces  deux  valeurs  de  la  chaleur  de  fusion,  obtenues 
par  deux  méthodes  différentes,  sont  sensiblement  concordantes. 
»   On  déduit  aisément  des  résultats  ci-dessus,  en  tenant  compte  de 

PO^H^sol.  4-aq.  =  P0*H3diss...      +      2^^S69  (Thomsen) 
P4-0*-l-H*=PO*H3sol +3o4c»i,  I*    (Thomsen) 


SÉANCE    DU    l*""   DÉCEMBRE    1902.  96.3 

les  conséquences  suivantes  : 


Cal 


P^O^H^sol.  +  H^O  liq.  =  2PO*H3sol +6,97 

P^^O"'HMiq.  +  n^O  liq.  =  2PO*H3sol +9,09 

P^O^H^diss.  +  HH)  liq.  =  aPO^H^diss 4-4,25 

p2_|_  O'  +  H^^zP-CH^crisl.  :   +532^^',  28;    liq.  :   -^- 52g(^^\gfi;    diss.  :   +54oCai,i6. 

»  Pour  le  calcul  de  la  chaleur  de  formation  de  l'acide  pyrophospho- 
rique  à  partir  de  ses  éléments,  j'ai  dû  faire  intervenir  celle  de  l'acide 
orthophosphorique,  déterminée  par  Thomsen.  Or,  comme  le  fait  remar- 
quer M.  Berthelot  dans  sa  Thermochimie  (t.  Il,  p.  ii5),  la  complication  et 
l'incertitude  des  réactions  utilisées  par  le  chimiste  danois  jie  permettent 
de  regarder  son  résultat  que  comme  approximatif.  Il  y  a  donc  lieu  de  faire 
les  mêmes  réserves  sur  la  chaleur  de  formation  de  l'acide  pyrophospho- 
rique.  » 

CHIMIE  MINÉRALE.  —  Aluminate  de  manganèse  :  APO^Mn. 
Note  de  M.  Esi.  Dufau,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

«  En  1847,  Ebelmen  réalisait  la  combinaison  de  l'alumine  et  de  l'oxyde 
de  manganèse  en  chauffant,  dans  un  four  à  porcelaine,  un  mélange  des 
deux  oxydes  additionné  d'anhvdride  borique. 

»  Après  plusieurs  heures  de  chauffe,  il  obtint  une  matière  u  brun-noir, 
»  huileuse,  présentant  dans  les  cavités  de  larges  lames  brunes  triangulaires 
»   paraissant  appartenir  au  système  régulier  (')  w. 

»  L'analyse  de  ce  produit  ne  fut  pas  faite,  et  c'est  sur  la  seule  considé- 
ration des  proportions  d'oxydes  mis  en  présence  qu'Ebelmen  lui  attribua 
la  formule  (APOMVInO). 

»  L'emploi  du  four  électrique  de  M.  Moissan  nous  a  permis  de  repro- 
duire facilement  cette  combinaison  et  d'en  faire  une  étude  détaillée. 

»  Nous  avons  chauffé,  pendant  3  minutes,  avec  un  arc  de  rooo  ampères  sous 
60  volts,  un  mélange  intime  de  100  parties  d'alumine  et  280  parties  d'oxyde  salin  de 
manganèse. 

»  On  obtient  ainsi  une  masse  boursouflée,  d'un  brun  noir,  à  reflet  métallique.  La 
cassure,  très  irrégulière,  est  d'un  beau  vert  clair  et  montre  de  nombreuses  géodes 
brunes  tapissées  de  cristaux  brillants  à  pointements  octaédriques. 

»   Pour   purifier  ce  produit,  on  le  concasse,   puis  on  le  traite  par  l'acide  chlorbv- 

(*)  Ebelmen,  Ann.  de  Phys.  et  de  Chim.,  Z"  série,  t.  XXII,  1847,  p.  225, 


9^4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

drique  à  chaud  ;  il  se  dégage  des  gaz  carbures  et  du  chlore  en  même  temps  que  l'acide 
prend  une  teinte  brune.  En  prolongeant  les  traitements  à  l'acide  chlorhydrique  bouil- 
lant, la  teinte  primitive  du  composé  s'atténue  progressivement  faisant  place  à  une 
le'mle  définiiive  Jaune  clair.  La  poudre  cristalline  ainsi  obtenue  retient  encore  des 
parcelles  de  graphite  que  l'on  sépare  facilement,  grâce  à  la  différence  de  densité  des 
deux  corps,  en  projetant  la  poudre  dans  l'iodure  de  méthylène. 

»  Analyse.  —  Pour  en  déterminer  la  composition,  le  produit  finement  pulvérisé 
est  attaqué,  dans  un  creuset  de  platine,  par  un  mélange  de  carbonate  de  potassium  et 
de  carbonate  de  sodium  en  fusion  ;  l'attaque  est  lente  et  donne  lieu  à  la  formation 
d'aluminate  et  de  manganate  alcalins. 

»  En  reprenant  par  l'eau  et  faisant  bouillir  quelques  instants  en  présence  d'une 
petite  quantité  d'alcool,  tout  le  manganèse  se  trouve  précipité.  Après  lavages,  l'oxyde 
dissous  dans  H  Cl  est  précipité  à  l'état  de  carbonate  et  pesé  en  oxyde  salin. 

»  Enfin,  l'aluminate  alcalin  est  décomposé  par  le  chlorhydrate  d'ammoniaque,  l'alu- 
mine précipitée,  lavée  et  pesée. 

»  L'analyse  ainsi  conduite  a  donné  les  chiffres  suivants  : 

Théorie 
I.  II.  m.  pourAl^O^Mn. 

APO' 58,  i8  58,02  58,78  58,98 

MnO »  40,62  4i,o3  4i,o2 

»  L'aluminate  de  manganèse  se  présente  sous  la  forme  de  petits  cris- 
taux jaune  clair  et  transparents,  ayant  l'aspect  d'octaèdres,  modifiés  sur 
les  arêtes  et  sur  lès  angles;  sa  densité  est  de  4, 12  (20°),  il  est  plus  dur  que 
le  quartz,  sa  poudre  est  d'un  jaune  très  clair. 

»  Parfaitement  stable  dans  les  conditions  normales  de  température,  cet 
aluminate  s'oxyde  avec  facilité  lorsqu'on  le  chauffe  au  contact  de  l'air; 
c'est  ainsi  qu'au  rouge  il  se  colore  progressivement  en  brun  foncé,  s'éclair- 
cissant  légèrement  par  refroidissement,  reprenant  ainsi  l'apparence  du 
produit  primitif  non  encore  traité  par  l'acide  chlorhydrique;  dans  l'oxy- 
gène cette  oxydation,  qui  n'est  que  superficielle,  est  plus  rapide  et  se 
produit  bien  au-dessous  du  rouge.  Le  soufre  n'agit  pas  sur  ce  composé  à 
la  température  de  fusion  du  verre. 

»  Le  fluor  l'attaque  avec  incandescence  au  rouge,  mais  le  brome  et 
l'iode  sont  sans  action  marquée  à  la  température  de  fusion  du  verre. 

»  Insoluble  dans  l'acide  chlorhydrique,  l'aluminate  de  manganèse  se 
laisse  attaquer  par  les  acides  nitrique  et  fluorhydrique  et  plus  facilement 
par  l'acide  sulfurique.  Enfin,  les  oxydants  :  chlorate,  nitrates  alcalins  en 
fusion  et  surtout  les  oxydes  et  carbonates  alcalins,  le  désagrègent  sans 
difficulté.  » 


SÉANCE   DU    I*»"   DÉCEMBRE    1902.  96$ 


CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  Sur  le  dosage  du  manganèse.  Noie  de  iM.  il.  Baubigny, 

présentée  par  M.  Troost. 

«  Hugh  Marshall  avait  indiqué  notamment  la  transformation  des  sels  de 
protoxyde  de  manganèse  en  peroxyde  insoluble,  par  l'action  de  ces  com- 
posés. Ayant  eu  à  opérer  dans  ces  dernières  années  quelques  dosages  de 
ce  métal,  j'avais  reconnu  que  la  réaction  pouvait  être  totale,  mais  je  ne 
signalai  pas  le  fait,  croyant  que  Hugh  Marshall  l'avait  entendu  ainsi  en  re- 
latant ce  phénomène  d'oxydation.  Ce  n'est  que  lors  de  sa  dernière  publi- 
cation ('),  en  iqoi,  que  je  connus  ma  méprise.  En  toute  équité,  la  prio- 
rité reste  cependant  acquise  à  ce  savant  et  les  indications  données  sur  ce 
même  sujet  (^)  peu  de  temps  après  par  G.  v.  Knorre  n'en  demeurent 
aussi  que  la  confirmation. 

»  Seulement,  à  l'époque  de  ces  publications,  j'avais  déjà  constaté  que 
l'oxydation  des  sels  de  manganèse  par  les  persulfates  pouvait  se  produire 
en  un  milieu  même  très  fortement  acide,  et  je  poursuivis  quand  même  mon 
étude  en  comparant  ce  procédé  à  ceux  déjà  connus. 

»  Mes  recherches  ne  sont  pas  encore  terminées,  et,  si  je  donne  aujour- 
d'hui quelques-uns  de  mes  résultats,  c'est  par  suite  de  la  publication  toute 
récente  d'un  premier  travail  de  Dittrich  et  Hassel  (^)  qui  se  rapproche  du 
mien.  Je  le  fais  d'autant  plus  librement  que  leurs  observations  et  les 
miennes  ne  marchent  pas  absolument  d'accord. 

»  On  sait  que  le  peroxyde  de  manganèse  se  comporte  comme  un  acide 
faible  (*)  et  que  si,  dans  la  solution  où  il  se  forme,  il  existe  des  sels 
d'autres  métaux,  on  retrouve  dans  le  précipité  de  manganèse  une  partie 
de  ces  métaux,  en  quantité  plus  ou  moins  importante,  suivant  la  nature  et 
les  proportions  de  ces  métaux  et  les  conditions  de  l'expérience. 

»  C'est  là,  au  point  de  vue  des  déterminations  gravimétriques,  le  grave 
défaut  de  ce  mode  de  séparation  du  manganèse.  Les  procédés  de  précipi- 
tation en   liqueur  acide   tirent  donc  leur  importance  de  ce  qu'on    peut 


(')  Chem.  News,  l.  LXXXIIl,  p.  7Ô. 

(')  Centr.  BL,  t.  II,  1902,  p.  1278. 

(')  Ber.  deuts.  ch.  Ges.,  t.  XXXV,  p.  3266. 

(*)  GoRGEU,  Sur  l'acide  manganeux  {Rép.  C/iim.  pure,  1863,  }>.  4i5). 


966  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

espérer  éviter  cet  écueil  et,  quand  on  ne  veut  que  la  teneur  en  nnanganèse 
d'un  alliage,  s'affranchir  de  la  marche  usuelle. 

))  Pourtant,  même  en  milieu  acide,  jusqu'à  ce  jour  l'opération  n'a  pas 
encore  été  couronnée  d'un  plein  succès. 

))  Vohlard  a,  en  effet,  montré  (*)  en  1879  que,  dans  la  réaction  décou- 
verte par  Guyard, 

2Mn  O^  R  +  3  Mn  SO'"^  =  n MnO^  +  SO^  K^  +  2  SO  '  R\ 

le  peroxyde  qu'on  obtient  contient  toujours  du  protoxyde  à  l'état  de  com- 
posé salin,  bien  que  la  quantité  d'acide  libre  (sulfurique,  dans  l'exemple 
choisi)  augmente  progressivement  au  fur  et  à  mesure  que  la  réaction  s'ac- 
centue, et  montre  qu'il  en  est  encore  de  même  pour  tout  autre  métal  en 
présence. 

))  Il  n'est  pas  jusqu'au  procédé  d'Hannay,  où  le  solvant  est  de  l'acide  ni- 
trique concentré  pur  (d=  i,4)>  qui  ne  donne  des  mécomptes  à  ce  point  de 
vue.  Très  souvent,  l'oxyde  MnO-  qu'il  fournit  renferme  des  quantités 
appréciables  d'autres  métaux,  notamment  du  peroxyde  de  fer,  s'il  s'agit 
d'analyses  d'acier  ou  de  fer  manganésifère,  et  d'autant  plus  que  la  teneur 
de  la  liqueur  en  ces  métaux  étrangers  est  elle-même  plus  élevée. 

»  Il  n'était  donc  pas  vraisemblable  que  le  procédé  au  persulfate,  même 
en  solution  acide,  fût  lui-même  plus  indemne  que  les  autres.  C'est  ce  que 
je  me  propose  de  montrer  en  commençant  avec  les  sels  alcalins,  dont,  au- 
jourd'hui encore,  la  séparation  avec  le  bioxyde  de  manganèse  est  consi- 
dérée comme  presque  impossible. 

»  Je  le  ferai  pour  prouver  que  cet  entraînement  des  alcalis  a  lieu  même 
en  liqueur  acide  et  aussi  pour  donner,  dès  le  début,  un  procédé  simple 
permettant  de  purger  le  peroxyde  de  manganèse  de  toute  trace  d'alcali 
fixe  ;  j'en  profiterai  pour  établir  que,  même  en  opérant  avec  un  excès  d'acide 
libre,  sulfurique  ou  nitrique,  ce  ne  sont  pas  les  sels  alcalins,  comme  le 
disent  Dittrich  et  Hassel,  mais  seulement  les  alcalis  qui  sont  retenus  par  le 
bioxyde  de  manganèse. 

»  Avant  toute  relation  d'expériences  appuyant  ma  critique,  je  dois  en  quelques  mots 
indiquer  mon  mode  opératoire.  Le  sel  de  manganèse  dissous,  on  acidulé,  puis  on 
ajoute  la  solution  de  persulfate  (^)  préalablement  filtrée  des  quelques  impuretés  inso- 

(')  Ann.  der  Chem.  u.  Ph.,  t.  CXGVUI,  p.  3 18. 

(^)  Celui  d'ammonium  de  préférence  à  celui  de  potassium,  à  cause  de  sa  plus  grande 
solubilité  et  de  son  action  plus  rapide. 


SÉANCE    DU    l^^  DÉCEMBRE    1902.  967 

lubies  qui  y  sont  contenues.  Quant  à  la  quantité,  elle  varie,  comme  nous  le  verrons, 
suivant  les  conditions.  On  porte  alors  à  100°  au  bain-marie.  Le  persulfate  se  décom- 
pose et  se  transforme  en  bisulfate;  la  liqueur  a  donc  toujours  une  réaction  acide  après 
l'oxydation.  On  cesse  de  chauffer  quand  le  dégagement  d'oxygène  (ozonisé)  se  ralen- 
tit, et  l'on  refroidit  en  plongeant,  si  l'on  veut,  le  vase  dans  l'eau  froide.  S'il  y  a  trace 
de  permanganate  formé,  on  ajoute  à  froid  (j'en  donnerai  plus  tard  les  raisons)  4  à 
5  gouttes  d'alcool,  on  agite  et  l'on  abandonne  jusqu'à  décoloration.  On  filtre,  on  lave, 
on  sèche  et  l'on  calcine,  puis  on  pèse  l'oxyde  salin  Mn^O*. 

»  L'oxydation  s'effectue  dans  une  fiole  conique  de  Bohême,  de  capacité  double  du 
volume  liquide  et  fermée  par  un  simple  verre  de  montre  pour  parer  à  toute  projection. 
La  chauffe  peut  ainsi  se  faire  assez  rapidement  par  immersion  dans  le  bain-marie, 
condition  qui  me  paraît  plus  simple  que  Temploi  d'une  grande  capsule  de  platine, 
selon  la  pratique  de  Diltrich  et  Hassel.  En  20  à  26  minutes  l'oxj^dation  est  terminée, 
sans  qu'il  y  ait  avantage  à  chauffer  2  heures  pour  décomposer  complètement  le  reste 
du  persulfate,  comme  le  recommandent  ces  auteurs. 

»  J'ai  pu,  en  opérant  ainsi,  ajouLer  préalablement  jusqu'à  2"^'"'  d'acide 
sulfuriqiie  concentré  SO^H^  (^d  =  i  ,8)  par  loo*^"'  de  liqueur  de  manganèse, 
sans  que  la  précipitation  de  ce  métal  cesse  d'être  totale,  du  moins  à  o"*^',  i 
ou  o™s,  2  près,  car  on  en  retrouve  toujours  des  traces  de  cet  ordre  de  gran- 
deur dans  les  eaux  mères,  même  dans  le  cas  de  liquides  peu  acides.  Il  y  a 
donc  un  écart  sensible  avec  les  proportions  indiquées  par  Dittrich  et  Hassel, 
qui  n'emploient  que  5'^°''  d'une  solution  d'acide  sulfurique  au  -^  par  ido*""' 
à  200""',  soit  6  à  8  fois  moins.   » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Action  du  chlore  et  du  brome  sur  les  vèratrols  mono- 
nitrés.  Note  de  M.  H.  Gousm,  présentée  par  M.  Moissan. 

«  Dans  une  Note  insérée  aux  Comptes  rendus  (^^)  j'ai  décrit  un  vératrol 
mononitré  tricliloré  et  un  vératrol  mononitré  tribromé  obtenus  dans 
l'action  de  l'acide  nitrique  fumant  sur  les  vèratrols  trihalogénés  corres- 
pondants; dans  le  but  de  déterminer  la  formule  de  constitution  de  ces 
corps,  j'ai  étudié  l'action  du  brome  et  du  chlore  sur  les  vèratrols  mono- 
nitrés.  Ceux-ci  sont  au  nombre  de  deux  :  le  véiatrol  mononitré  a  ayant 

pour  formule  C«H'  -  OCH=^  —  OCH'  -  AzO=^  et  le  dérivé  p 

1  2  3 

C«H^-  OCH^-OCH^- AzO^ 

1  2  4 

j'ai  fait  réagir  le  brome  et  le  chlore  sur  chacun  de  ces  corps, 
(')  Comptes  rendus,  t.  CXXXIV,  1902,  p.  290. 


968  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

»  Action  du  brome  sur  le  vératrol  mononitré  a.  —  Dans  un  travail  antérieur  (*) 
j'ai  obtenu,  dans  l'action  du  brome  sur  le  vératrol  nitré  a,  un  dérivé  mononitré 
dibromé  de  formule 

C«H  — OCH3_OGH3— AzO»  — Br— Br; 

12  3 

dans  le  but  d'arriver  à  un  dérivé  trisubstitué  j'ai  traité  ce  corps  par  le  brome  en  pré- 
sence d'acide  sulfurique. 

»  iqs  de  vératrol  mononitré  dibromé  sont  mis  en  contact  avec  20*""'  d'acide  sulfu- 
rique pur;  au  bout  de  24  heures  j'ajoute  ô*^"'  de  brome  et  je  chauffe  10  heures  au 
bain-marie,  puis  le  produit  de  la  réaction  est  versé  dans  une  solution  étendue  de 
bisulfite  de  soude:  il  se  dépose  une  masse  cristalline  qui,  après  dessiccation,  est  traitée 
par  l'alcool  absolu;  le  vératrol  mononitré  dibromé,  peu  soluble,  reste  comme  résidu,  et 
l'alcool  évaporé  laisse  un  corps  qui  est  purifié  par  cristallisation  dans  l'alcool  à  90°. 
J'obtiens  finalement  des  aiguilles  blanches  à  ])eine  colorées  en  jaune,  formées  de 
prismes  allongés  et  aplatis,  insolubles  dans  l'eau,  solubles  dans  l'alcool,  l'éther,  le 
chloroforme.  Leur  point  de  fusion  est  ii6°-i  17°.  11  résulte  des  analyses  que  ce  corps 
est  un  vératrol  mononitré  tribromé  de  formule 

C«  —  OGH'  —  OGH'  —  Az02  —  Br  —  Br  —  Br. 

1  2  3  4  3  6 

»  J'ai  comparé  ce  corps  au  vératrol  tribromé  mononitré  obtenu  dans  l'action  de 
l'acide  nitrique  fumant  sur  le  vératrol  tribromé.  L'aspect  microscopique,  les  propriétés 
sont  exactement  les  mêmes  pour  les  deux  corps,  les  points  de  fusion  sont  identiques; 
il  en  résulte  qu'on  arrive  au  même  dérivé  soit  dans  l'action  du  brome  sur  le  vératrol 
nitré  a,  soit  dans  l'action  de  l'acide  nitrique  fumant  sur  le  vératrol  tribromé. 

»  Cette  réaction  fixe  la  formule  de  constitution  du  vératrol  tribromé  qui  est 

C«  H  -  0CH3  —  OGH=»  -  Br  -  Br  -  Br. 

1  2  4  5  6 

»  Le  gaïacol  tribromé  qui,  traité  par  l'iodure  de  méthyle  et  la  potasse,  donne  le  véra- 
trol tribromé,  possède  une  des  deux  formules  suivantes  : 

C«H  — OH  — 0GH3— Br  — Br  — Br     ou     G«H  —  OGH^- OH  —  Br  —  Br  —  Br. 

124S6  1  2436 

»  Action  du  brome  sur  le  vératrol  nitré-^.  —  J'ai  décrit  antérieurement  (*)  un 
dérivé  monobromé  mononitré  obtenu  dans  l'action  du  brome  à  froid  sur  le  vératrol 
nitré  p.  L'action  de  l'halogène  à  chaud,  soit  seul,  soit  en  présence  d'acide  sulfurique, 
m'a  donné  un  mélange  de  vératrol  mononitré  monobromé  et  de  vératrol  tétrabromé  : 
somme  toute  peu  de  résultats  intéressants. 

»  Action  du  chlore  sur  le  vératrol  nitré  a.  —  Le  chlore  ne  réagit  pas  sur  ce 
vératrol  nitré  en  solution  acétique  même  à  la  température  de  60°;  il  n'en  est  pas  de 
même  en  présence  d'acide  sulfurique.   2S  de  vératrol  nitré-3   sont  mis   en  contact 


(')  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  7'  série,  t.  XIII,  p.  5o5. 
(')  Ibid.,  7«  série,  t.  XIII,  p.  5o4. 


SÉANCE  DU  I^'"  DÉCEMBRE  T902.  969 

avec  10""'  d'acide  sulfurique  et  ao*^"'  d'acide  acétique  pur,  puis  la  solution  est  traitée 
par  un  excès  de  chlore;  le  produit  de  la  réaction  versé  dans  du  bisulfite  de  soude 
étendu  donne  une  masse  cristalline  qui  est  purifiée  par  cristallisation  dans  l'alcool. 

»  Le  produit  obtenu  est  un  mélange  de  deux  corps  qu'il  est  facile  de  séparer 
au  moyen  de  l'éther  de  pétrole.  Le  premier,  insoluble  dans  ce  dissolvant  et  purifié  par 
cristallisation  dans  l'alcool,  est  formé  de  prismes  ou  de  lames  aplaties  de  couleur 
blanc  jaunâtre,  insolubles  dans  l'eau,  solubles  dans  l'alcool,  l'éther,  la  benzine,  inso- 
lubles dans  l'éther  de  pétrole;  le  point  de  fusion  est  iio^-iii".  Les  analyses  montrent 
que  ce  corps  est  un  vératrol  mononitré  dichloré  ayant  par  conséquent  pour  formule 

C«H  —  OCH^—  OCH^  -  AzO'-—  Cl  —  Cl. 
1  2  3 

»  Le  deuxième  corps,  soluble  dans  l'éther  de  pétrole,  est  en  aiguilles  blanches, 
fusibles  à  88".  Il  est  exempt  d'azote  et  n'est  autre  chose  que  du  vératrol  tétrachloré. 

»  Action  du  chlore  sur  le  vératrol  nitré-[\.  —  20?  de  vératrol  nitré  sont  triturés 
avec  ao"^"'  d'acide  sulfurique;  le  mélange  coloré  en  rouge  est  dissous  dans  ^o*^"' d'acide 
acétique,  et  cette  dissolution  est  traitée  par  un  courant  de  chlore  en  excès  jusqu'à 
décoloration  ;  le  produit  de  la  réaction,  versé  dans  du  bisulfite  de  soude  étendu,  donne 
un  corps  huileux  qui  se  solidifie  peu  à  peu;  pour  purifier  le  produit,  on  le  met  en 
dissolution  dans  l'alcool  à  90°,  et  cette  dissolution,  évaporée  lentement  sur  l'acide 
sulfurique,  laisse  une  masse  cristalline  jaune  pâle,  formée  de  longues  aiguilles 
aplaties.  Ce  corps  est  insoluble  dans  l'eau,  soluble  dans  l'alcool,  l'éther,  d'où  il 
cristallise  difficilement;  il  en  est  de  même  pour  le  chloroforme,  la  benzine,  etc.  Son 
point  de  fusion  est  [\6°-[^']°.  Les  analyses  montrent  que  ce  corps  est  un  vératrol  mono- 
nitré dichloré  de  formule  C«H  —  OCH^  —  OCIF  — AzO^— Cl  —  Cl. 

1  2  i 

»  L'action  du  chlore  sur  les  vératrols  nitrés  ne  m'a  pas  donné  de  vératrol  mononitré 
trichloré  que  j'aurais  pu  comparer  au  corps  obtenu  dans  l'action  de  l'acide  nitrique 
fumant  sur  le  vératrol  trichloré.  Étant  donné,  toutefois,  que  les  vératrols  trichloré  et 
tribromé  sont  obtenus  dans  des  conditions  identiques  (méthylation  des  gaïacols  trisub- 
stitués  préparés  par  l'action  directe  des  halogènes  sur  le  gaïacol);  étant  donné, 
d'autre  part,  que  les  produits  chlorés  et  bromes,  obtenus  dans  des  conditions  ana- 
logues, possèdent  des  formules  de  constitution  identiques,  il  est  extrêmement  probable 
que  la  formule  de  constitution  du  vératrol  trichloré  est  analogue  à  celle  du  dérivé 
brome,  c'est-à-dire  C«H  —  OCH^— OCH'— Cl  —  Cl  —  Cl. 

1  2  4  5  6 

»  J'ai  décrit  une  pyrocatéchine  trichlorée  (')  qui,  traitée  par  l'iodure  de  méthyleet 
la  potasse,  donne  le  vératrol  trichloré.  La  formule  de  ce  corps  est  très  vraisemblable- 
ment C«H  —  OH  —  OH  -  Cl  —  Cl  —  Cl. 

1  2  V  5  6 

1)  En  résumé,  dans  ce  travail,  j'ai  déterminé  la  formule  de  constitution 
d'un  certain  nombre  de  dérivés  trisubstitués  de  la  pyrocatéchine  ou  de  ses 
éthers  méthyliques,  et  j'ai  décrit  deux  corps  nouveaux  :  un  vératrol 
dichloré  nitré-3  et  un  vératrol  dichloré  nitré-4.    " 


(*)  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  7"  série,  t.  XHI,  p.  483. 

C.  K.,  1902,  2'  Semestre.  (T.  CXXXV,  N"  22  )  '2^ 


970  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


CHIMIE   ORGANIQUE.   —   Sur  l'hydrogénation  de  Vacétol. 
Noie  (le  M.  André  Kling,  présentée  par  M.  ïroost. 

«  L'acétol,  encore  appelé  alcool  pyruvique,  découvert  par  M.  Louis 
Henry,  n'a  été  longtemps  connu  qu'à  l'état  de  solution  aqueuse.  Les  solu- 
tions d'acétol  étaient  obtenues  par  hydratation  de  l'alcool  propargylique, 
ou  par  la  saponification  des  chloracétone,  bromacétone,  ou  acétate 
d'acétol. 

»  Perkin  junior,  le  premier,  parvint  à  l'isoler  en  nature  ;  il  en  donna  les 
constantes  physiques  ainsi  que  quelques  propriétés. 

»  Ultérieurement,  M.  Louis  Henry  obtint  de  nouveau  cet  alcool  en  dé- 
composant le  formiate  d'acétol  par  l'alcool  méthylique,  alcool  fort,  qui 
déplace  l'acétol,  dXcooX  faible. 

))  Enfin  je  l'ai  préparé  par  l'oxydation  du  propylglycol  (i,  2),  à  l'aide 
des  ferments  oxydants  ou  des  hypobromites. 

»  Comme  dérivés  de  l'acétol,  on  n'a  guère  décrit  que  quelques  éthers 
sels  ou  oxydes,  l'hydrazone,  l'osazone,  l'oxime,  enfin  les  produits  d'oxyda- 
tion et  de  réduction. 

»  L'oxydation  de  l'acétol,  effectuée  à  l'aide  d'oxydants  énergiques,  tels 
que  le  mélange  chromique,  donne  les  acides  carbonique  et  acétique. 
L'oxyde  de  cuivre,  en  solution  alcaline,  conduit  à  l'acide  lactique.  Cette 
dernière  réaction  est  inexplicable  si  l'on  attribue  à  l'acétol  la  formule 

CH^'COCH^^OH, 

ainsi  que  l'ont  fait  jusqu'ici  tous  les  auteurs  qui  se  sont  occupés  de  ce  com- 

/H 

posé.  La  formation  d'acide  lactique  CH^C COOH,  en  effet,    implique 

\0H 

H 

I 
dans  la  molécule  d'acétol  la  préexistence  d'un  groupement  R  —  C  —  R'  ou 

OH 
d'un  radical  susceptible  de  lui  donner  naissance  et  dont  on  ne  voit  nulle 
part  la  représentation   dans  la  formule  adoptée  jusqu'ici  pour  l'alcool 
pyruvique. 

»  J'ai  donc  recherché  si,  tout  au  moins  dans  certaines  conditions, 
l'acétol,  qui  peut  être  considéré  comme  l'un  des  sucres  les  plus  simples,  ne 
pouvait  pas  exister  sous  diverses  formes  tautomériques. 


SÉANCE  DU  l"  DÉCEMBRE  I902.  97 1 

))  Je  ne  m'occuperai  ici  que  de  Ja  réduction  de  l'acétol,  me  réservant  de 
compléter  ultérieurement  l'étude  de  cet  alcool,  de  ses  homologues  et  de 
leurs  isomères. 

»  Perkin  junior,  en  réduisant  l'acétate  en  solution  aqueuse  (10  pour  100) 
par  l'amalgame  de  sodium  (2,5  pour  100),  montra  que,  dans  cette 
hydrogénation,  il  se  fait  du  propylglycol,  CH^CHOH  —  CH^OH,  et  pro- 
posa, pour  rendre  compte  de  cette  réaction,  la  formule 

(2)  CH'CO  — CH-OH-hH-  =  CH^CHOH  — CH^OH. 

))  Dans  l'idée  de  cet  auteur,  le  propylglycol  devait  être  le  seul  produit  de 
la  réaction.  Or,  si  l'acétol  existe  sous  plusieurs  formes  tautomériques,  il 
en  résulte  que  la  réaction  ne  doit  plus  se  faire  suivant  l'équation  (2),  mais 
suivant  une  autre  plus  compliquée,  dans  laquelle  interviennent  d'autres 
termes  que  le  propylglycol. 

»   J'ai  recherché  si  des  produits  volatils  n'avaient  pas  échappé  à  Perkin. 

))  J'ai  suivi,  pour  la  réduction,  les  indications  données  par  cet  auteur, 
mais  l'hydrogénation  a  été  effectuée  dans  une  fiole  munie  d'un  réfrigérant 
ascendant.  Lorsque  le  liquide  à  réduire  cesse  d'agir  sur  la  liqueur  de 
Fehlmg,  on  neutralise,  s'il  y  a  lieu,  le  liquide  réduit  par  H  Cl,  puis  on  le 
distille  à  la  colonne  en  recueillant  à  part  les  diverses  fractions. 

))   J'ai  opéré  la  réduction  : 

»  1°  k  froid,  en  milieux  alcalins,  neutres  ou  acides;  2°  à  chaud,  en 
milieu  alcalin. 

»  iP  Hydrogénation  par  HgNa  {à  1,^  pour  100)  en  milieu  alcalin  froid.  —  Opé- 
rant comme  il  a  été  dit,  j'ai  obtenu  à  la  distillation  : 

»   a.   Produits  de  tête  (environ  jq  du  produit  total); 

»   b.  Produits  de  cœur  (environ  jô  ^^  produit  total); 

»  c.  Produits  résiduels  (environ  -f^  du  produit  total). 

»  La  portion  b  ne  contient  à  peu  près  que  de  l'eau.  La  portion  résiduelle  c,  traitée 
par  l'alcool  et  l'éther,  abandonne  à  ces  solvants  du  propylglycol  qu'on  a  isolé  par 
distillation. 

»  Quant  aux  produits  de  tête  «,  si  on  les  sursature  par  GO^K-,  ils  laissent  monter 
à  leur  surface  un  liquide  à  odeur  alcoolique^  représentant  environ  |  à  |  du  poids  de 
l'acétol  mis  en  œuvre.  Ce  liquide,  desséché  et  distillé,  bout  à  81°;  il  a  été  identifié 
avec  l'flf/coo^  isopropylique  CH^CHOH  —  CIP  par  un  dosage  de  C,  de  H  et  par  la 
réaction  de  Meyer. 

»  2°  Hydrogénation  par  HgNa  en  solution  HGl  à  froid.  —  Elle  est  plus  difficile 
qu'en  milieu  alcalin;  elle  fournit  du  propylglycol  et  de  Vacélone  CH^  —  COCH*. 

»  3°  Hydrogénation  par  V amalgame  d'aluminium,  en  solution  neutre,  à  froid. 


U']1  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

—  La    réduction    terminée,    on  sépare   A|2(0H)*  et  l'on   termine  l'opération  comme 
ci-dessus.  Les  produits  de  réduction  ont  été  le  propy/fflycoi  et  Vacélone . 

»  4°  Hydrogénation  par  Na  Jlg  en  solution  alcaline. —  A  Vébullition,  cette  réduc- 
tion, opérée  dans  les  conditions  de  milieu  où  se  trouvaient,  pour  Voxydation,  Breuer  et 
Zincke  lorsqu'ils  transformèrent  l'acétol  en  acide  lactique,  devait  montrer  si  l'acétol 
subissait  une  taulomérisation  et  fournissait  d'autres  produits  de  réduction.  Il  n'en  est 
rien  ;  ici  encore  on  a  obtenu  :  propylglycol  et  alcool  isopropylique. 

»  Tous  ces  résultats,  fournis  par  l'acétol  obtenu  par  le  procédé  Henry, 
ont  été  contrôlés  par  ceux  auxquels  conduit  l'emploi  de  l'acétol  de  saponi- 
fication. 

w  Conclusions.  —  L'acétol  libre,  en  solutions  alcaline,  neutre  ou  acide, 
froides  ou  chaudes,  existe,  au  moins  partiellement,  sous  un  état  qui  n'a  pas 
la  constitution  représentée  par  la  formule  CH^CO  CH^ OH,  mais  plutôt 
celle  qui  en  ferait  un  alcool  secondaire  élher  oxyde  interne  : 

CH3G(OH) GH^ 

L'hydrogénation  de  cet  alcool  éther  oxyde  se  ferait  alors  de   la   façon 
suivante  : 

CH^  C  (  OH  )  -  CH=^  OH     propylglycol, 

CH='C(OH)- CH^  ^H 

^"^^O^  ^      CH^'C-^^^^^^^ CH^  hydrate  d'acétone  : 

"^OH 

»  L'hydrate  d'acétone  conduisant  à  l'acétone  ou  à  son  produit  d'hydro- 
génation, l'alcool  isopropylique.    » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Action  des  aminés  grasses  sur  le  dibenzoale 
de  méthylène.  Note  de  M.  Marcel  Desciidé,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

«  J'ai  montré  (')  que  l'ammoniaque  réagit  sur  le  dibenzoate  de  méthy- 
lène en  donnant  de  la  benz -.mide 


(JCJJ5 COO\  O 

^CH=^-h2AzH=^=2C«H^-  COAzH^+CH^'C^ 


H 
OH 


(')   Comptes  rendus,  2G  octobre  1902. 


SÉANCE  DU  l^'"  DÉCEMBRE  1902.  978 

»  Cette  réaction  principale  est  accompagnée  de  deux  réactions  secon- 
daires du  fait  de  la  mise  en  liberté  à' eau  et  à" aldéhyde formique.  Il  en  ré- 
sulte du  benzoate  d'ammonium  et  de  l'hexaméthylène-tétramiue;  de  sorte 
(L\ud  n'y  a  pas  d' aldéhyde  formique  à  Vétat  libre. 

»  En  substituant  à  l'ammoniac  les  aminés  grasses,  la  réaction  s'effectue 
dans  le  même  sens;  les  aminés  secondaires  réagissent  beaucoup  moins 
facilement  que  les  aminés  primaires;  quant  aux  aminés  tertiaires,  elles  ne 
réagissent  plus  du  tout,  ce  qui  était  à  prévoir  puisqu'elles  ne  renferment 
plus  d'hydrogène  ammoniacal. 

»   Les  réactions  qui  se  produisent  sont  les  suivantes  : 

))  Aminés  primaires  .' 
»  Aminés  secondaires  : 


o 

OH 


))  Il  se  forme  en  même  temps  du  benzoate  de  l'aminé  employée.  Quant 
à  l'aldéhyde  formique,  on  la  retrouve  à  l'état  de  liberté. 

»  On  obtient  ainsi  les  dérivés  mono  et  dialkylés  de  la  benzamide.  Ceux  de 
ces  corps  qui  correspondent  aux  méthylamines  et  aux  éthylamines  ont 
déjà  été  préparés,  soit  par  M.  Hallmann(*),  soit  par  M.  Van  Romburgh(-), 
et  il  m'a  été  facile  de  les  identifier  avec  les  produits  résultant  des  réac- 
tions précédentes.  J'ai  ensuite  étendu  la  réaction  à  d'autres  aminés 
grasses,  pour  en  montrer  la  généralité.  Je  me  suis  borné,  d'ailleurs,  au 
cas  des  aminés  primaires,  qui  conduisent  à  des  composés  très  bien  cristal- 
lisés, tandis  que  les  dialkylbenzamides  sont  des  liquides  à  points  d'ébulli- 
tion  élevés  et  dont  la  séparation  à  l'état  de  pureté  est  difficile. 

»  Propylamine.  —  On  opère  en  présence  d'alcool  et  l'on  met  un  excès  d'aminé  : 
jmoi  (Je  dibenzoate  pour  3™°'  d'aminé.  A  froid  et  en  agitant  fréquemment,  le  diben- 
zoate  finit  par  disparaître  au  bout  de  3  ou  4  heures.  A  chaud,  la  réaction  s'efïectueen 
quelques  minutes,  et  l'on  reconnaît  qu'elle  est  complète  à  ce  que,  par  refroidissement, 
il  ne  se  dépose  pas  de  cristaux.  On  a  alors  une  solution  incolore,  limpide,  dont  une 
goutte  réduit  énergiquement  l'azotate  d'argent  ammoniacal,  à  chaud.  Elle  ren- 
ferme  de  l'aldéhyde   formique   en  même  temps  qu  un  excès  d'aminé.  Cette  solution 


(1)  Berichte,  t.  IX,  p.  846. 

(^)  Recueil  des  Travaux  chimiques  des  Pays-Bas,  t.  IV,  p.  387  et  390. 


974  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

est  évaporée  à  siccité,  dans  le  vide,  et  le  résidu  solide  est  repris  par  l'eau  froide  qui 
dissout  le  benzoate  de  propylamine  et  laisse  \a propylbenzamide.  Celle-ci  est  dissoute 
dans  l'éther  anhydre,  qui  l'abandonne,  par  évaporation  très  lente,  sous  forme  de  ma- 
gnifiques octaèdres  quadratiques.  La  propylbenzamide  fond  à  83°.  Elle  est  très  soluble 
dans  l'alcool;  assez  soluble  dans  les  divers  dissolvants  organiques;  presque  pas  dans  la 
ligroïne  et  dans  l'eau. 

»  Isobutylhenzamine.  —  On  opère  exactement  comme  dans  le  cas  précédent,  et 
l'on  observe  les  mêmes  particularités.  Lorsque  la  réaction  est  terminée,  on  évapore  à 
une  douce  chaleur  jusqu'à  ce  que  la  presque  totalité  de  l'alcool  ait  été  chassée.  On 
reprend  alors  par  un  excès  d'eau  froide  et  il  se  sépare  un  liquide  lourd  qu'on  décante. 
On  le  place  dans  le  vide  sur  l'acide  sulfurique  et,  après  quelques  jours,  il  se  développe 
des  cristaux  très  durs  constitués  par  de  Visobutylbenzamide.  Ces  cristaux  sont  puri- 
fiés par  cristallisation  dans  la  ligroïne,  qui  en  dissout  beaucoup  à  chaud  et  très  peu  à 
froid.  L'isobutylbenzamide  se  présente  sous  forme  d'aiguilles  brillantes  fondant  à  54"- 
Il  est  extrêmement  soluble  dans  l'alcool  et  l'éther,  presque  insoluble  dans  l'eau. 

»  Betizy lamine.  — -  Même  mode  opératoire;  la  réaction  terminée,  on  verse  la  solu- 
tion dans  l'eau  froide.  Il  se  sépare  de  la  benzylbenzamide  qu'on  fait  cristalliser  soit 
dans  la  ligroïne,  soit  dans  l'éther  ou  dans  l'eau.  Ces  corps  la  dissolvent  un  peu  à  chaud 
et  presque  pas  à  froid.  La  benzylbenzamide  est  en  fines  aiguilles  ou  en  paillettes,  fon- 
dant à  io4°-io5°.  Elle  est  très  soluble  dans  l'alcool,  l'acide  acétique,  etc. 

»  Les  benzoates  d'aminés  qui  se  forment  en  même  temps  que  les  alkyl- 
benzamides  ne  semblent  pas  avoir  été  décrits  et  sont,  pour  la  plupart,  des 
corps  bien  cristallisés.  Je  les  ai  reproduits  directement,  et  plusieurs  d'entre 
eux  peuvent  s'obtenir  aisément  sous  forme  de  gros  prismes  limpides  appar- 
tenant au  système  monoclinique.  Tels  sont,  en  particulier,  le  benzoate 
neutre  de  dipropylamine  [C^H'^  —  COOAzH^(C^H^)^]  et  le  benzoate  acide 
de  dibenzylamine, 

C«H^  -  COOAzH2(CH2  -  C^R^f  -+-  C^H*  -  COOH. 

»  Ces  composés,  qui  présentent  certaines  particularités  intéressantes, 
seront  décrits  ultérieurement.   » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Action  des  éthers  halogènes  sur  le  thiosulfocarbamate 
d'ammonium.  Note  de  M.  Marcel  Deliépixe. 

M   J'ai  étudié  antérieurement  l'action  des  éthers  halogènes  sur  les  com- 
binaisons sulfocarboniques  des  aminés  secondaires  et  primaires  (').  J'ar- 


(*)   Comptes  rendus,  t.  CXXXII,  p.  1/416;  t.  GXXXiV,  p.  108,  714  et  1121. 


SÉANCE    DU    l"   DÉCEMBRE    I902.  9-^5 

rive  enfin  à  Taction  de  ces  mêmes  éthers  sur  la  combinaison  sulfocarbo- 
nique  de  l'ammoniaque  ou  thiosulfocarbamate  d'ammonium 

AzH^CS.SAzH^ 

»  Une  seule  molécule  de  ces  éthers  conduit  aux  élhers  thiosulfocarba- 
miques  ou  dithio-uréthanes  non  substitués  à  l'azote;  une  deuxième,  aux 
sels  des  éthers  imidodithiocarboniques  également  non  substitués.  Les 
réactions  sont  de  tout  point  parallèles  à  celles  décrites  pour  les  aminés 
primaires  : 

I.  AzH^CS.SAzH'  +  RX  =  AzH-.CS.  SR +AzH\X; 

II.  AzH^CS.SR        +R'X  =  AzH:C(SR)(SR'),HX. 

»  Jusqu'ici  on  n'avait  préparé  que  deux  des  premières  combinaisons  en 
fixant  l'hydrogène  sulfuré  sur  les  éthers  sulfocyaniques,  suivant  une  réac- 
tion effectuée,  en  i863,  par  Jeanjean,  de  Montpellier  : 

H^S  4- Az  =  CS.R=:  AzH-.CS.SR. 

»  Le  même  auteur  avait  signalé  l'existence  de  la  deuxième  réaction, 
mais  sans  établir  la  formule  des  produits,  n'ayant  émis  que  l'opinion  qu'ils 
étaient  sans  doute  de  la  nature  des  sulfines  ('). 

»    1°  J'ai  préparé  .par  mon  procédé  les  dithio-uréthanes  : 

AzIP.CS.SGH^ fus.  à4o°-42°      AzH='GS.SGH(CH3)^ fus.  à    97» 

»         C^Hs ,,       42°  »         C1P.G«H5 „       900 

»         GH-.G-H5.         ,,       58"  »         GH2.G«H*(Az02)(p,.         „     i35° 

»  Ge  sont  des  substances  bien  cristallisées,  insolubles  dans  l'eau,  mais  très  solubles 
dans  l'éther,  l'alcool,  le  benzène,  le  chloroforme,  moins  dans  l'éther  de  pétrole.  Elles 
ne  distillent  pas,  mais  se  décomposent  en  donnant  un  peu  d'hydrogène  sulfuré  et 
d'éther  sulfocyanique,  davantage  de  sulfure  de  carbone  et  surtout  de  mercaptan. 

»  Gomme  l'a  indiqué  Jeanjean,  les  alcalis  les  dédoublent  en  mercaptan  et  sulfocya- 
nate;  il  en  est  de  même  des  aminés. 

»  Les  anhydrides  et  les  chlorures  d'acides  les  transforment  en  dérivés  acidylés  iden- 
tiques à  ceux  que  l'on  obtient  en  fixant  les  acides  thioliques  sur  les  éthers  sulfocya- 
niques d'après  une  réaction  découverte  par  GhanlarofT  (*).  Exemple  : 

AzH2,GS.SGH3+(GFPGO)20  =  GH3GO.AzH.GS.SGH5-i-GH3GOMi; 
Az  =  GS  GH^-i-  GH^GO.SH  =  GH^GO.  Az  H.GS.S  GH^ 


(^)  Acad.  de  Montpellier,  t.  XII,  p.  26. 
{"-)  D.  cheni.  G.,  t.  XV,  p.  1987. 


976  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

C2H'0.Az:C(SH)(SCH'). 

»  Ces  dérivés  acidvlés  ne  s'unissent  pas  à  l'iodure  de  méthyle. 

»  2°  Les  sels  des  éthers  imidodithiocarboniqnes  s'obtiennent  facilement  en  opposant 
un  éther  halogène  à  la  dithio-uréthane  dissoute  dans  un  liquide  indifférent.  J'ai  préparé 
lesiodhydraiesdeAzH:C(SCH^)^  AzH:C(SC2H'^r;ÂzH:C(SCIF)(SCH^C''H^). 
Ce  sont  des  sels  incolores,  jaunissant  à  Fair,  fondant  mal,  présentant  vis-à-vis  du  tour- 
nesol et  delà  phtaléine  une  acidité  égale  à  celle  de  tout  Thydracide  qu'ils  contiennent. 

»  Les  alcalis  fixes  et  l'ammoniaque  séparent  de  ces  sels  des  bases  liquides,  incolores, 
d'une  odeur  indéfinissable,  désagréable,  tenant  du  mercaptan,  de  l'acide  cyanhydrique 
et  du  chloroforme;  ces  bases  sont  insolubles  dans  l'eau,  solubles  dansl'éther,  l'alcool,  le 
chloroforme.  Elles  sont  instables  et  sous  ce  rapport  diffèrent  beaucoup  des  élhers 
imidodithiocarboniques  substitués  à  l'azote. 

»  Chauffées,  elles  se  scindent  en  mercaptan  et  éther  sulfocyanique, 

AzH:C(SR)(SR')  =  Az  =  C(SR)  +  HS.R'. 

))  Avec  le  premier  terme,  l'éther  sulfocyanique  se  trimérise  en  éther  sulfocyanurique; 
avec  le  dérivé  méthylbenzylique,  on  constate  que  c'est  le  sulfocyanate  de  benzyle  qui 
se  forme  et  non  celui  de  mélhyle. 

»  Si,  lors  de  la  séparation  de  la  base  par  un  alcali  fixe,  on  laisse  le  contact  se  pro- 
longer avec  un  excès  d'alcali,  le  sulfocyanure  subit  la  décomposition  bien  connue  en 
bisulfure,  cyanure,  cyanate  et  mercaptan,  de  sorte  que  les  dérivés  diméthyl- et  diéthy- 
lique  fournissent  des  liquides  exempts  d'azote,  bouillant  à  i  10°  et  à  i54°.  Cette  réaction 
explique  pourquoi  l'on  observe  une  coloration  rouge  intense  si  l'on  ajoute  un  alcali  aux 
picrates  de  ces  éthers;  il  y  a,  en  effet,  coexistence  d'un  cyanure  et  d'acide  picrique. 

»  Les  solutions  aqueuses  des  sels,  chauffées  à  100°  et  même  moins,  se  troublent  rapi- 
dement ;  il  y  a  une  décomposition  d'une  remarquable  netteté  en  iodure  d'ammonium 
et  éther  dithiocarbonique  ;  exemple  : 

AzH:C(SC2HS)S  HI+H20  =  AzH*I+  C0(SC^H«)2. 

»  (Cette  réaction,  entre  parenthèses,  se  produit  avec  la  même  netteté  avec  les 
sels  des  éthers  alkylimidodithiocarboniques  ;  toutefois,  un  peu  plus  lentement.  ) 

»  L'anhydride  acétique  attaque  aussi  ces  sels  ;  il  en  chasse  l'iodure  alcoolique 
de  poids  moléculaire  le  plus  élevé  et  laisse  une  acidyldithio-uréthane  : 

Az  H  :  C  (SR)  (SR'),  HI  +  {CHH:oyO  =  CH^CO.  AzH.CS.SR  +  R'I  +  CH^CO^H. 

»  Cela  explique  pourquoi  les  iodures  alcooliques  ne  réagissent  pas  sur  les  acidyl- 
dithio-uréthanes  ;  c'est  la  réaction  inverse  qui  a  lieu. 

»  Enfin,  la  nature  base  secondaire  des  éthers  imidodithiocarboniques  dérivés  de 
l'ammoniaque  se  révèle  facilement  en  faisant  réagir  l'azotile  de  sodium  sur  une  solu- 
tion chlorhydrique  de  ces  éthers  ;  il  se  forme  un  dérivé  nitrosé  de  couleur  bleue 
intense,  soluble  dans  divers  véhicules  qu'il  colore  fortement.  Ces  dérivés  nitrosés  sont 
malheureusement  très  instables. 


SÉANCE   DU    I^^  DÉCEMBRE    1902.  977 

»  Tous  les  faits  ci-dessus  concordent  avec  les  formules  adoptées  et 
montrent  ainsi  la  généralisation  des  réactions  qui  ont  été  exposées  dans  les 
Notes  antérieures  rappelées  au  début.  Les  détails  expérimentaux  seront 
publiés  plus  longuement  au  Bulletin  de  la  Société  chimique  ('  )   » 


ZOOLOGIE.  —  Sur  la  faune  ichthyologique  des  eaux  douces  de  Bornéo. 
Note  de  M.  Léon  Vaillant,  présentée  par  M.  Edmond  Perrier. 

«  Les  travaux  de  MM.  Max  Weber,  Boulenger,  Steindachner,  ont  beau- 
coup étendu  nos  connaissances  en  ce  qui  concerne  les  Poissons  dulça- 
quicoles  de  Bornéo,  depuis  l'époque  à  laquelle  je  présentais  quelques 
considérations  sur  ce  sujet  à  l'Académie  (-).  C'est  toutefois  dans  ces  derniers 
temps  que  les  matériaux  d'étude  ont  été  accumulés  dans  des  pro|)ortions 
considérables  à  la  suite  des  recherches  faites  par  MM.  Biittikofer, 
Nieuwenhuis  et  Moret,  membres  de  la  Mission  envoyée  dans  la  grande  île 
par  la  Société  pour  l'encouragement  à  l'exploration  scientifique  des 
Colonies  néerlandaises,  et  spécialement  chargés  de  ce  qui  concernait  les 
recherches  zoologiques. 

»  Ces  voyageurs  ont  exploré  le  cours  entier  du  Kapoeas,  puis,  passant 
la  ligne  de  faîte,  l'un  deux  gagna  sur  le  versant  opposé  le  Bloeoe,  affluent 
du  haut  Mahakam,  fleuve  qu'il  descendit  dans  toute  son  étendue,  tra- 
versant ainsi  Bornéo  de  l'ouest  à  l'est. 

»  Les  collections  ichthyologiques  rapportées  au  Musée  de  Leyde  et  que 
j'ai  pu  étudier  grâce  à  l'obligeance  de  M.  le  professeur  Jentink,  com- 
prennent plus  de  sept  cents  individus,  représentant  environ  cent-cinquante 
espèces.  Vingt  et  une  de  celles-ci  seraient  nouvelles,  dont  quatre  types  de 
genres  spéciaux  :  Pseudolais  tetranema,  Sosia  chamœleon,  Gyrinocheilus 
pustulosus,  Parhomaloptera  obscura;  les  deux  premières  appartiennent  à 
la  famille  des  Siluridce^  les  deux  autres  à  celles  des  Cyprinidœ. 

»  Parmi  les  résultats  zoologiques  que  nous  fournissent  ces  collections. 


(*)  Pendant  que  j'achevais  ces  recherches,  M.  Braun  a  publié  un  article  sur  les 
dithio-uréthanes  dans  les  Berichte  du  20  octobre  1902.  Pour  ce  qui  est  des  divers 
types  de  dithio-uréthanes,  je  rappellerai  que  j'ai  exposé  verbalement  leur  préparation 
et  leurs  propriétés  fondamentales  dans  une  Communication  à  la  Société  chimique,  le 
23  février  1902  (Cf.  Bull.  Soc.  chim.,  1902,  t.  XXVII,  p.  228). 

(^)  Comptes  rendus,  l.  CXVIII,  22  janvier  i8g4,  p.  202. 

G.  R.,  1902,  2«  Semestre.  (T.  CXXXV,  N°  22.)  '  ^^ 


978  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

je  crois  devoir  ciler  la  découverte  d'une  seconde  espèce  du  genre  critique 
Aperioptus,  très  imparfaitement  décrit  en  1848  par  Richardson  et  dorit  les 
rapports,  quoique  exactement  entrevus  par  M.  Gùnther,  étaient  restés 
douteux.  V Aperioptus  megalomycter  nous  montre  qije  l'orifice  buccal 
n'est  pas  entouré  de  lambeaux  cutanés,  comme  l'indiquait  le  dessin,  seul 
document  qui  fût  resté  de  l'espèce  typique,  mais  constitue  une  véritable 
trompe  protactile  en  cône  tronqué,  qu'on  peut  com[)arer  à  celle  de 
l'Esturgeon. 

»  En  ayant  égard  aux  espèces  découvertes  ou  décrites  depuis  1898, 
comme  habitant  les  eaux  douces  du  Bornéo,  et  y  joignant  ce  que  nous 
apportent  ces  nouvelles  collections,  aux  trois  cent  vingt-deux  espèces 
relevées  à  cette  époque  dans  le  Mémoire  paru  aux  Nouvelles  Archives  du 
Muséum,  s'en  ajoutent  soixante-trois  réparties  en  dix  familles.  Deux  de 
celles-ci  seulement  méritent  d'être  citées  comme  importantes  :  ce  sont,  on 
pouvait  s'y  attendre,  celle  des  Siluridœ  avec  vingt  et  une,  celle  des  Cyprinidœ 
avec  trente-deux  espèces. 

»  L'intérêt  de  ces  nouvelles  acquisitions  est  surtout  de  nous  faire 
connaître  la  faune  dulçaquicole  de  points  sur  lesquels  les  renseignements 
étaient  très  peu  complets.  Il  suffira,  pour  s'en  convaincre,  de  jeter  les  yeux 
sur  le  Tableau  ci-dessous.  Reprenant  la  division  purement  topographique 
proposée  dans  le  précédent  travail  et  établie  d'après  les  principaux  bassins, 
l'île  y  est  partagée  en  cinq  régions;  pour  chacune,  le  nombre  des  espèces 
qui  nous  était  connu  en  1898  et  celui  qui  nous  est  connu  aujourd'hui  sont 
les  suivants  : 

Résfions 


1893. 
1902. 


)uest. 

sud-est. 

est. 

nord. 

nord-ouest. 

280 

179 

2 

7 

29 

263 

179 

33 

18 

63 

»  Les  conclusions  données  précédemment  se  trouvent  d'ailleurs  plei- 
nement confirmées.  La  faune  dulçaquicole  de  Bornéo,  en  premier  lieu, 
se  montre  dans  son  ensemble  essentiellement  homogène,  les  recherches 
faites  par  M.  Nieuwenhuis  dans  le  haut  Mahakam,  jusqu'ici  complètement 
inexploré,  justifient  cette  proposition,  aussi  bien  que  les  travaux  de 
M.  Boulenger  et  de  M.  Steindachner  portant  sur  les  parties  nord  et  nord- 
ouest.  Cette  faune  dulçaquicole  d'un  autre  côté  offre  les  plus  grandes  ana- 
logies avec  la  faune  indo-chinoise.  Ces  deux  points  peuvent  être  regardés 
comme  définitivement  acquis. 


SÉANCE  DU  l^^  DÉCEMBRE  1902.  979 

»  La  richesse  des  collections  rapportées  par  l'Expédition  néerlandaise,  le 
soin  avec  lequel  ont  été  prises  les  localités  m'ont  permis  de  tenter  l'étude 
de  la  répartition  des  espèces  de  Poissons  suivant  la  hauteur  de  leur  habitat 
dans  les  cours  d'eau.  Pour  ces  recherches  potamhypsologiques  il  est  rare 
en  effet  de  réunir  des  éléments  de  telle  valeur  dans  des  fleuves  aussi 
importants  que  le  Rapoeas  et  le  Mahakam,  encore  voisins  de  l'état  de 
nature,  au  moins  dans  leurs  parties  hautes.  Dans  celui-là  des  pèches  ont 
été  faites  en  des  points  variés  sur  toute  la  hauteur  du  fleuve;  pour  le 
Mahakam,  seulement  dans  les  parties  hautes  et  le  cours  moyen,  ce  qui 
présentait  d'ailleurs  le  plus  d'intérêt,  les  recherches  anciennes  de  Bleeker 
nous  fournissant  quelques  données  sur  la  faune  de  son  embouchure. 

»  Toutes  réserves  faites  sur  ce  que  des  recherches  ultérieures  pourront 
ajouter  à  nos  connaissances  évidemment  encore  très  incomplètes,  la  répar- 
tition des  espèces  indique  une  grande  homogénéité,  que  trouble  seulement 
dans  le  bas  fleuve  la  présence  de  quelques  espèces  marines,  dans  le  haut 
fleuve  la  prépondérance  relative  de  certains  groupes.  La  famille  des 
Cyprinidœ,  de  beaucoup  la  plus  importante,  puisqu'elle  ne  comprend  pas 
moins  de  4o  à  5o  pour  100  du  nombre  total  des  espèces,  donne  sur  ce 
dernier  point  des  indications  démonstratives.  A  l'embouchure  du  Rapoeas 
on  en  rencontre  neuf  espèces,  dont  sept  Cyprinina  et  deux  Cohitidina.  Ces 
deux  sections  sont  représentées  dans  le  cours  moyen  par  vingt-deux  espèces 
pour  la  première,  six  pour  la  seconde.  Dans  le  haut  fleuve  les  chiffres 
respectifs  sont  trente-deux  et  quatre,  mais  là  s'ajoutent  quatre  espèces  de 
la  section  des  Homalopterina.  L'organisation  de  ces  derniers  Cyprinides, 
munis  de  nageoires  paires  disposées,  d'habitude  avec  la  bouche  et  les 
parties  inférieures  du  corps,  de  manière  à  constituer  un  puissant  organe 
d'adhérence,  qui  leur  permet  de  se  fixer  au  sol,  parfois  d'y  ramper  à  la 
manière  des  Limaces  (Gastromyzon),  explique  leur  présence  dans  ces 
parties  souvent  torrentielles  du  cours  d'eau.  Les  observations  faites  sur 
le  Mahakam  concordent  avec  les  précédentes;  pour  le  haut  fleuve  les  trois 
sections  se  trouvent  représentées  par  six  Cyprinina,  quatre  Homalopterina 
et  quatre  Cobitidina;  pour  le  cours  moyen  la  section  intermédiaire  fait  défaut, 
les  deux  autres  comptent  celle-là  six,  celle-ci  deux  espèces,  dans  les 
collections  recueillies. 

»  L'étude  de  quelques-uns  de  ces  Poissons  confirme  d'une  manière 
frappante  et  dans  des  conditions  spéciales  les  rapports  reconnus  avec  la 
faune  indienne.  Parmi  les  espèces  indiquées  comme  nouvelles  dans  les 
collections  du  Musée  de  Leyde,   trois  entre  autres  :  Glyptosternon  Nieu- 


gSo  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

wenhuisi,  Homaloptera  orthogoniata,  Nemachilus  obesus,  nous  offrent  des 
types  remarquablement  voisins  des  Glyptosternon  dorsalis  Vinciguerra, 
Homaloptera  bilineata  Blyth,  Nemachilus  Evezardi  Day,  de  l'Inde  et  de 
Birmanie.  Trouvées  dans  les  parties  élevées  des  fleuves,  on  doit  les  consi- 
dérer comme  espèces  représentatives  d'une  faune  d'altitude  alpine  (').  » 


ZOOLOGIE.  —  Sur  les  Poissons  du  genre  Chondrostome  dans  les  eaux  douces 
de  la  France.  Note  de  M.  Louis  Roule,  présentée  par  M.  Edmond 
Perrier. 

«  Les  Chondrostomes,  parmi  les  Cyprinides  de  nos  pays,  sont  dignes  de 
remarque  à  plusieurs  titres.  Le  caractère  principal  du  genre,  qui  lui  a 
valu  son  nom,  lui  est  donné  d'après  la  nature  des  lèvres  buccales,  résis- 
tantes et  dures  au  lieu  d'êtres  molles.  On  les  trouve  dans  la  plupart  des 
cours  d'eau,  et  les  auteurs  les  signalent  souvent,  mais  ils  ne  s'entendent 
point  sur  le  nombre  des  espèces  qu'ils  leur  attribuent.  Les  uns,  à  l'exemple 
de  Blanchard  (^Les  Poissons  des  eaux  douces  de  France)  distinguent  en  eux 
trois  et  même  quatre  espèces;  d'autres  n'en  signalent  qu'une.  Cette 
dernière  opinion  semble  prédominer  aujourd'hui.  Un  travail  récent 
(Belloc,  Bulletin  de  la  Société  centrale  d' Aquiculture  et  de  Pêche,  1898)  ne 
mentionne  qu'une  seule  espèce,  Chondrostoma  nasus  L.  dite  Nase  ou  Holu. 
Pareil  avis  ne  concorde  guère,  cependant,  avec  les  assertions  des  pêcheurs 
et  des  anciens  auteurs.  Les  premiers  estiment  que  le  Nase  est  en  France 
d'importation  récente.  Venu  d'Allemagne,  voici  un  demi-siècle  au  plus,  il 
gagne  tous  les  bassins  de  proche  en  proche,  grâce  aux  canaux  de  commu- 
nication, et  il  étend  progressivement  son  aire  de  distribution  géographique 
à  notre  pays  entier.  D'autre  part  les  seconds,  à  en  juger  d'après  leurs 
descriptions,  connaissaient  le  Chondrostome.  Ce  Poisson  serait  donc 
indigène,  et  non  j)as  récemment  importé.  Du  reste,  plusieurs  des  termes 
locaux  qui  servent  à  le  désigner  dans  le  Midi  appartiennent  à  de  vieux 
patois;  à  moins  d'admettre  un  changement  d'acception,  ce  fait  contribue  à 
rendre  la  seconde  assertion  plus  plausible, 

»  La  difficulté  de  se  prononcer  d'après  les  données  acquises  m'a  engagé 
à  étudier  directement  la  question.  Mes  observations  conduisent  à  admettre 
la  coexistence,  dans  notre  pays,  de  deux  types  principaux,  appartenant  à 


(>)  Le  travail  doit  être  publié  dans  les  Notes  front  the  Leyden  Muséum. 


SÉANCE    DU    1*"   DÉCEMBRE    I902.  981 

ce  genre.  L'un  est  indigène,  l'autre  est  importé.  Les  auteurs  se  sont  basés 
souvent,  pour  distinguer  entre  les  espèces  des  Chondrostomes,  sur  des 
caractères  qui  ne  sauraient  être  invoqués  désormais,  car  ils  manquent  de 
précision. 

»  La  forme  du  corps,  et  surtout  le  nombre  des  dents  pharyngiennes,  sont  sujets  à 
trop  de  variations.  Les  difTérences  essentielles  doivent  se  déduire,  à  mon  avis  de  la 
forme  de  la  bouche,  et  des  dimensions  de  l'espace  prébuccal.  Dans  le  type  importé,  la 
bouche  est  presque  rectiligne,  ou  à  peine  arquée;  si  l'on  joint  les  deux  commissures 
buccales  par  une  ligne  droite  représentant  la  corde  de  l'arc  que  décrit  la  bouche,  la 
flèche  de  cet  arc  mesure  à  peine  le  septième  ou  le  huitième  de  la  corde;  de  plus 
l'espace  prébuccal  compte  plus  du  tiers  de  l'espace  préorbitaire.  Dans  le  type  indio^ène, 
la  bouche  est  franchement  arquée;  la  flèche  égale  plus  du  tiers  et  moins  de  la  moitié 
de  la  corde;  quant  à  l'espace  prébuccal,  plus  petit,  il  mesure  le  quart  en  moyenne  de 
l'espace  préorbitaire. 

»  La  forme  importée  correspond  vraiment  au  Chondrostoma  nasus  L.  des 
auteurs  allemands.  Il  a  pénétré,  en  France,  par  le  bassin  du  Rhin,  dans 
ceux  de  la  Seine  et  du  Rhône;  il  commence,  depuis  plusieurs  années,  à 
entrer  dans  celui  de  la  Loire;  il  ne  va  pas  encore  plus  loin.  Tous  les  indi- 
vidus que  j'ai  eu  l'occasion  d'étudier,  venus  de  diverses  localités,  se  res- 
semblaient et  ressemblaient  également  au  type  de  l'Europe  centrale.  Tel 
n'est  point  le  cas  de  la  forme  indigène.  Limitée  au  midi  de  la  France,  aux 
deux  seuls  bassins  de  la  Garonne  et  du  Rhône,  car  elle  manque  à  celui  de 
l'Adour,  elle  se  différencie  en  plusieurs  variétés,  deux  au  moins,  dont 
Blanchard  (/oc.  cit.)  avait  fait  des  espèces  distinctes.  Dans  la  réalité,  celte 
forme  doit  être  rapportée  au  Chondrostoma  Ge/î«  Bonaparte,  comme  plu- 
sieurs naturalistes,  Siebold  et  Gûnther  notamment,  l'ont  déjà  reconnu  par 
l'une  de  ses  variétés,  le  Ch.  rhodanensis  de  Blanchard. 

»  L'étude  comparative  de  ces  deux  espèces  m'a  permis  de  faire  quelques 
observations  complémentaires  qui  intéressent  la  Biologie  générale.  L'une 
réside  dans  l'opposition  curieuse  qui  s'établit  entre  ces  deux  types  au  sujet 
de  leur  habitat.  Les  conditions  extérieures  étant  identiques,  le  Ch.  nasus 
progresse  sans  arrêt,  alors  que  le  Ch.  Genei  demeure  dans  ses  anciennes 
limites  et  ne  les  franchit  point.  La  première  espèce,  introduite  chez  nous 
depuis  peu  de  temps,  conserve  encore  son  unité,  alors  que  la  seconde, 
établie  depuis  une  époque  plus  reculée,  s'est  subdivisée,  suivant  les  bas- 
sins, en  variétés  que  l'on  peut  considérer  comme  autant  d'espèces 
commençantes.  Enfin,  l'extension  progressive  du  Nase  entraîne  des  consé- 
quences dignes  de  remarques.  Ce  Poisson,  dès  son  arrivée  dans  une  rivière. 


gSct  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

pullule,  souvent  de  façon  telle,  en  peu  d'années,  que  les  autres  espèces  de 
Cyprinidées,  ayant  les  mêmes  habitudes  que  lui,  diminuent  fortement  et 
lui  laissent  prendre  la  prépondérance.  Plus  tard,  elles  regagnent  une  part 
du  terrain  perdu,  le  Nase  diminuant  à  son  tour;  mais  elles  ne  reviennent 
point  à  leur  ancienne  abondance,  du  moins  dans  la  plupart  des  cas.  En 
somme,  le  nouveau  venu  s'établit,  non  pas  en  supplément,  mais  au  détri- 
ment des  Poissons  indigènes.  Comme  les  qualités  de  sa  chair  ne  valent 
point  celle  de  ces  derniers,  le  rendement  des  cours  d'eau  où  ce  fait  se  pro- 
duit, et  ils  sont  nombreux,  subit  une  dépréciation  notable.  La  chose  est  à 
retenir,  car  elle  n'est  point  particulière  au  Nase  et  se  manifeste  toutes  les 
fois  qu'une  nouvelle  espèce,  importée  naturellement  ou  acclimatée  par 
l'homme,  s'inslalle  dans  les  eaux  douces.  L'acclimatation  s'accomplit 
presque  toujours  aux  dépens  des  anciennes  espèces;  aussi  faut-il  examiner 
au  préalable,  dans  chaque  cas,  si  son  avantage  est  supérieur  à  ses  inconvé- 
nients. Souvent  la  réponse  seîVi-t-elle  négative.  Mieux  vaut  améliorer  les 
poissons  indigènes  et  veiller  à  leur  conservation  qu'introduire  des  espèces 
exotiques.  Les  conditions  biologiques,  propres  au  milieu  des  eaux,  donnent 
à  l'acclimatation  un  caractère  spécial,  dont  le  milieu  terrestre,  plus  aisé- 
ment surveillé  par  l'homme,  est  dépourvu.   » 

ZOOLOGIE.  —  Variations  morphologiques  et  anatomiques  présentées  par  le 
gésier  chez  quelques  Coléoptères  (').  Note  de  M.  L.  Bordas,  présentée 
par  M.  Edmond  Perrier. 

«  Le  gésier  ?ii\.e,m\.  un  développement  considérable  chez  les  Carahides  et 
les  Dytiscides.  La  présence  de  bourrelets  triangulaires,  de  denticules  cou- 
verts de  plaques  chitineuses  portant  de  longues  soies  cornées,  indique 
qu'il  a  pour  fonction  d'aider  à  la  trituration  des  substances  alimentaires  et 
aussi  de  les  filtrer  avant  leur  passage  dans  l'intestin  moyen.  Les  descrip- 
tions relatées  dans  la  présente  Note  se  rapportent  à  divers  Carabes  (Cara- 
bus  purpurescens  Fabr.,  C.  auratuslj.,  C.  nemoralis  JlWg.),  au  Calosoma  syco- 
phanta  L.  et  au  Procrustes  coriaceus  L. 

»  Le  gésier  des  Carahus  auratus  el  C.  nemoralis  présente  une  forme  à  peu  près 
cylindrique  ou  légèrement  ovoïde.  II  se  continue  directement  en  avant  avec  l'œso- 
phage, et  se  rattactie  en  arrière,  par  un  court  pédoncule,  à  l'intestin  moyen. 


(*)  Extrait  d'un  travail,  actuellement  en  préparation,  intitulé  :  Recherches  anato- 
miques et  physiologiques  sur  l'appareil  digestif  des  Coléoptères. 


SÉAiNCE    DU     i^''   DÉCEMBRE    ly02.  C)83 

»  La  face  antérieure  de  l'organe  est  à  peu  près  plane  et  présente,  en  son  milieu,  une 
ouverture  en  forme  de  croix  de  Malte,  très  caractéristique.  Aux  quatre  extrémités  des 
bras  de  la  croix  existent  de  petits  bourrelets,  à  pointe  dirigée  intérieurement,  que  nous 
avons  désignés  sous  le  nom  de  denticules.  Entre  ces  derniers  se  trouvent  de  larges 
plaques  chitineuses  de  forme  triangulaire  se  prolongeant  dans  l'intérieur  du  gésier  et 
appelées  dents.  La  musculature  du  gésier  est  puissante. 

»  La  face  supérieure  de  chaque  dent  est  légèrement  convexe  et  son  bord  externe 
recourbé.  Ce  dernier  se  continue  avec  la  membrane  du  jabot,  après  avoir  effectué  une 
petite  inflexion  en  arrière.  L'ensemble  de  ces  courbures  constitue  un  petit  repli  annu- 
laire postérieur,  entourant  l'origine  du  gésier.  Le  bord  interne  des  dents  et  celui  des 
denticules  sont  garnis  de  longues  soies  cornées,  à  pointe  recourbée  en  arrière.  Ces 
soies,  s'entrecroisanl  en  tous  sens,  jouent  le  rôle  de  filtre  et  arrêtent,  au  passage,  les 
corps  trop  volumineux  ou  incomplètement  broyés.  De  plus,  les  dents  constituent  un 
appareil  broyeur  très  compliqué,  d'où  le  nom  d'organe  masticateur  sous  lequel  on 
peut  encore  désigner  le  gésier.  L'épaisse  couche  de  muscles  circulaires  qui  l'entoure, 
par  ses  contractions  énergiques,  rapproche  ou  écarte  les  dents  et  les  denticules,  de 
façon  à  rétrécir  ou  élargir  ainsi  sa  cavité. 

»  Les  dents  et  les  denticules  ne  sont  pas  uniquement  constituées  par  une  masse 
compacte  de  substance  chitineuse,  mais  bien  par  un  petit  épaississement  lamelleux, 
de  couleur  brunâtre,  sur  lequel  sont  implantées  d'innombrables  soies  cornées,  de 
taille  et  de  forme  diverses. 

»  Les  dents,  au  nombre  de  quatre,  alternent  avec  les  denticules.  Elles  affectent  la 
forme  d'une  pyramide  triangulaire  dont  la  base,  légèrement  bombée,  est  tournée  vers 
la  cavité  du  jabot,  et  les  faces  latérales,  plus  ou  moins  inclinées,  forment  un  angle 
dièdre  interne,  placé  un  peu  en  dehors  de  l'axe  du  gésier.  Quant  à  la  face  externe, 
légèrement  convexe,  elle  est  directement  appliquée  contre  la  puissante  musculature 
de  l'organe.  A  l'état  de  repos,  les  bords  internes  des  dents  et  des  denticules  sont  paral- 
lèles et  ont  une  direction  à  peu  près  rectiligne  ne  laissant  entre  eux  qu'une  fente, 
irrégulière  et  étroite,  en  forme  de  croix.  Un  peu  en  arrière,  la  cavité  du  gésier  s'élargit 
et  présente  un  orifice,  à  bords  sinueux,  établissant  une  communication  avec  l'intestin 
moyen. 

»  Chaque  dent  est  recouverte  d'une  lamelle  chitineuse  qui  tapisse  les  deux  parois 
latérales  du  prisme,  constitue  la  plaque  basilaire  et  se  continue  avec  l'intima  interne 
du  jabot.  C'est  sur  le  bord  de  cette  plaque  que  sont  implantées  d'innombrables  soies 
chitineuses,  formant  d'abord  une  couronne  supérieure  qui  se  continue,  sur  les  faces 
latérales,  en  une  toison  compacte.  La  dent  se  termine,  vers  le  tiers  postérieur  du 
gésier,  par  une  pointe  conique  mousse,  suivie  d'un  repli  interne,  continué  par  un 
bourrelet  plissé  aboutissant  à  l'orifice  antérieur  de  l'intestin  moveu. 

»  Toute  la  masse  comprise  entre  les  faces  latérales  des  dents  est  occupée  par  un 
massif  musculaire  que  nous  avons  étudié  au  point  de  vue  histologique. 

»  Les  denticules,  au  nombre  de  quatre,  sont  situées  aux  extrémités  des  bras  de  la 
fente  cruciale,  constituant  l'orifice  du  gésier.  Elles  sont  moins  longues  et  plus  aplaties 
que  les  dents  et  affectent,  comme  ces  dernières,  une  forme  de  prisme  triangulaire.  La 
lamelle  chitineuse  recouvrante  présente  la  même  disposition  que  celle  des  dents  et  est 
également  recouverte  d'une  abondante  touffe  de  soies  cornées.  Ces  soies  forment,  vers 


q84  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

le  milieu  de  l'organe,  deux  bandelettes  transversales  de  teinte  noirâtre.  En  arrière, 
sont  disposés  de  puissants  faisceaux  musculaires  longitudinaux. 

»  L'orifice  postérieur  du  gésier  est  muni  d'une  valvule  à  bords  frangés. 

»  Observations  physiologiques.  —  Il  nous  a  été  donné,  maintes  fois,  au 
cours  de  nombreuses  vivisections,  faites  sur  des  Procrustes  ou  de  gros 
Carabes,  d'observer  certaines  fonctions  physiologiques  du  gésier,  fonctions 
qui  s'exercent  concurremment  avec  celles  du  jabot. 

»  Fréquemment  l'intestin  antérieur  est  rempli  d'une  matière  noirâtre, 
plus  ou  moins  liquide,  provenant  des  substances  alimentaires  ingérées. 
Quand  l'animal  est  récemment  ouvert,  on  voit  parfois  le  gésier  animé  de 
contractions  rythmiques,  s'effectuant  à  intervalles  à  peu  près  égaux. 

»  Les  gros  muscles  circulaires  du  gésier  se  contractent,  d'arrière  en 
avant,  à  partir  de  l'intestin  moyen.  Le  contenu  de  l'organe  est  brassé  éner- 
giquement  et  poussé  dans  le  jabot,  qui  se  dilate  sous  l'afflux  du  courant 
semi-liquide.  Le  jabot  se  contracte  à  son  tour  par  une  série  d'ondulations 
vermiformes  qui  se  poursuivent  fort  en  avant,  jusqu'au  miheu  de  l'œso- 
phage. Le  contenu  intestinal,  chassé  incomplètement  du  gésier,  y  revient 
iDrusquement,  par  suite  de  la  dilatation  de  ce  dernier,  et  le  retour  est  même 
si  rapide  que  l'organe  paraît  toujours  en  partie  gonflé. 

»  Les  mêmes  contractions  réapparaissent  et  se  poursuivent  vers  l'avant, 
rapprochant  les  dents  et  les  denticules  et  soumettant  ainsi  la  bouillie  intes- 
tinale à  une  trituration  complémentaire.  Elles  durent  parfois  plusieurs 
heures.  Mais,  peu  à  peu,  ces  contractions  deviennent  plus  lentes,  moins 
énergiques  et,  quand  les  matières  sont  suffisamment  triturées  et  malaxées, 
on  voit,  de  temps  à  autre,  de  petites  contractions  se  produire  en  sens 
inverse  des  premières  et  certaines  portions  de  la  bouillie  alimentaire  fran- 
chir la  valvule  postérieure  du  gésier  et  passer  par  saccades  dans  l'intestin 
moyen.    » 


ZOOLOGIE.  —  Sur  les  Annélides polychè tes  d'eau  douce. 
Note  de  M.  Ch.  Gravier,  présentée  par  M.  Edmond  Perrier. 

«  C'est  dans  les  mers  qui  ont  couvert  autrefois  toute  la  surface  de  la  terre 
que  se  sont  développés  les  premiers  êtres  vivants.  Certains  groupes  zoolo- 
giques sont  restés  localisés  dans  leur  milieu  d'origine,  mais  la  plupart 
d'entre  eux  ont  fourni  des  formes  qui  se  sont  acclimatées  à  l'eau  douce  ou 
à  la  vie  terrestre.  Jusqu'à  une  époque  relativement  récente,  les  Annélides 


SÉANCE    DU    l'"   DÉCEMBRE    lf)02.  gS5 

polychètes  ont  été  considérées  comme  faisant  partie  de  la  première  caté- 
gorie, c'est-à-dire  comme  des  animaux  essentiellement  marins.  On  con- 
naît maintenant  un  certain  nombre  de  Polychètes  adaptés  complètement 
à  l'existence  dans  l'eau  douce;  ces  Annélides  se  rapportent  à  quatre 
familles  distinctes,  celles  des  Néréidiens,  des  Euniciens,  des  Capitelliens 
et  des  Serpuliens. 

»  Pai-mi  les  A'éréidiens,  c'est  le  genre  Lycastis  Audouin  et  M.  Edwards  qui  paraît 
le  mieux  s'accommoder  des  degrés  de  salure  les  plus  divers.  C'est  ainsi  qu'une  espèce 
de  la  Guyane  que  j'ai  fait  connaître  récemment  (^),  le  Lycastis  ouanaryensis  Gravier, 
vit  à  la  fois  en  milieu  saumâtre,  en  compagnie  de  tarets,  dans  la  mer,  sur  les  côtes 
(Guyane  française),  où  l'on  peut  la  recueillir  sous  les  pierres,  à  marée  basse,  et  dans 
l'eau  complètement  douce,  dans  les  criques  du  haut  Ouanary  (petit  fleuve  qui  se  jette 
dans  la  Laie  de  l'Oyapok),  ou  dans  les  ruisseaux:  des  marais  de  la  région.  J'ai  pu  exa- 
miner deux  femelles  remplies  d'ovules  voisins  de  l'état  de  maturité;  elles  ne  présen- 
taient aucune  transformation  ni  dans  le  prostomium,  ni  dans  les  parapodes  tout  gon- 
flés par  les  éléments  sexuels  ;  il  ne  paraît  donc  pas  y  avoir  de  phénomènes  d'épigamie. 

»  La  présence  de  ces  formes  sexuées  en  eau  douce  indique  d'ailleurs  que  l'espèce 
est  parfaitement  acclimatée  dans  ce  milieu.  On  sait,  en  efl"et,  que  lorsque  des  animaux 
marins,  qui  peuvent  s'adapter  à  l'eau  douce,  sont  trop  brusquement  amenés  dans  ce 
liquide,  ils  ne  forment  ni  œufs  ni  spermatozoïdes,  et  même  résorbent  ceux  qu'ils 
possédaient  avant  l'expérience.  Il  serait  désirable  d'observer  un  grand  nombre  d'in- 
dividus, avec  des  éléments  génitaux  à  divers  degrés  de  développement,  pour  voir  si 
les  deux  sexes  sont  absolument  séparés.  Il  y  aurait  également  intérêt  à  étudier  l'in- 
fluence du  changement  de  milieu  sur  le  développement  de  ces  animaux.  Le  passage 
de  la  vie  marine  à  l'existence  dans  l'eau  douce  ou  sur  la  terre  s'accompagne  toujours 
d'une  tachygenèse  ou  accélération  embryogénique  plus  ou  moins  intense.  En  tout  cas, 
la  transformation  épigamique  paraît  ici  supprimée. 

»  On  ne  connaît  actuellement  qu'un  Eunicien  d'eau  douce  :  c'est  un  Luinbri- 
conereis  (sp.?)  qui  a  été  trouvé  par  J.  Kennel  dans  le  lleuve  Orloire,  à  la  Trinité, 

»  Le  seul  CapitelUen  d'eau  douce  qui  ait  été  mentionné  jusqu'ici  est  VEisigella 
ouanaryensis  Gravier,  qui  a  été  recueilli  dans  les  ruisseaux  d'eau  douce  des  marais 
du  Ouanary.  G.  Ferronnière,  en  plongeant  directement  dans  l'eau  douce  le  Capitella 
capitata  Fabricius,  constata  que  ces  animaux  mouraieiit  au  bout  de  quelques  minutes. 
Or,  H.  Eisig  a  réussi  à  faire  vivre  la  même  espèce  dans  de  l'eau  de  mer  de  plus  en 
plus  diluée,  à  les  conserver  pendant  4  mois,  dans  un  mélange  contenant  finalement 
^oo""^  d'eau  de  mer  pour  looo^"'  d'eau  douce,  le  poids  spécifique  s'abaissant  de  1,084 
à  1 ,0088. 

»  Parmi  les  Serpuliens,  la  tribu  des  Sabellides  ne  compte  pas  moins  de  quatre  espèces 
réparties   en   trois   genres,    adaptées  à   l'eau  douce   :   Manayunkia  speciosa  Leidy, 

(')  Ch.  Gravier,  Sur  trois  nou^^eaux  Polychètes  d'eau  douce  de  la  Guyane 
française  {Bull,  de  la  Soc.  d'Hist.  natur.  d'Auiun,  t.  XIV,  1901,  p.  353-372). 

G.  R.,  1902,  2*  Semestre.  (T.  CXXXV,  N'  22.)  '  ^9 


986  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

Caobangia    Billeti    Giard,    Dybowscella    Godlewskii   et   Dyhowscella    baicalensis 
J.  Nusbaum. 

»  Les  Polychèles  d'eau  douce,  relativement  très  rares,  présentent  un 
intérêt  exceptionnel,  au  point  de  vue  de  l'étude  du  mécanisme  du  passag^e 
de  la  vie  en  milieu  salin  à  la  vie  dans  l'eau  douce,  et  du  retentissement  de 
ce  changement  d'ambiance  sur  tout  l'organisme  (développement  avec  ou 
sans  métamorphoses,  sexualité,  etc.). 

»  Un  grand  nombre  de  naturalistes  ont  recherché  la  cause  de  la  mort  et 
observé  les  phénomènes  qui  la  précèdent  chez  les  animaux  marins  que  l'on 
immerge  dans  l'eau  douce  et  réciproquement;  ils  ont  montré  l'influence, 
à  ce  [)oint  de  vue,  de  la  température  du  milieu,  de  la  taille  et  de  l'état  phy- 
siologique des  individus  soumis  à  l'expérience.  Les  phénomènes  osmotiques 
auxquels  donnent  lieu  les  changements  de  milieu  exercent  une  action 
directe  sur  le  sang,  tant  sur  le  plasma  que  sur  les  éléments  figurés; 
lorsque  cette  action  est  brusque  et  violente,  la  nutrition  générale  est 
arrêtée  soudainement  et  la  mort  est  presque  immédiate.  Mais  si  les  modifi- 
cations sont  réalisées  peu  à  peu,  les  hématies  peuvent  acquérir  une  certaine 
résistance;  il  se  produit  une  accoutumance  qui  permet  à  l'animal  de  vivre 
dans  un  milieu  défavorable  à  l'origine,  et  l'immunité  ainsi  acquise  n'est 
peut-être  pas  sans  analogie  avec  celles  que  peuvent  conférer  des  inocula- 
tions appropriées  contre  les  toxines  microbieimes. 

»  J.  Gogorza  y  Gonzalez  observant,  comme  ses  devanciers  et  notamment 
comme  Paul  Bert,  que  la  résistance  d'un  animal  marin  plongé  dans  l'eau 
douce  est. plus  grande  quand  la  température  s'abaisse,  pense  qu'il  est  vrai- 
semblable d'admettre  que  l'adaptation  des  animaux  marins  à  l'eau 
douce  s'est  faite  de  préférence  aux  époques  de  refroidissement  du  globe 
terrestre.  Cette  hypothèse  ne  paraît  guère  plausible,  d'après  ce  que  nous 
voyons  se  produire  actuellement  dans  l'Amérique  tropicale,  011  la  tempéra- 
ture est  constamment  élevée  et  oïi  une  même  espèce,  le  Lycastîs  ouana- 
ryensis  Gravier,  s'accommode  aussi  bien  de  l'eau  de  mer  que  de  l'eau  douce 
et  de  tous  les  intermédiaires. 

»  L'histoire  de  ces  Annélides  polychètes  d'eau  douce  peut  jeter  quelque 
lumière  surll'origine  des  Oligochèles  qui  se  relient  probablement  aux  Poly- 
chètes par  plusieurs  phylums  distincts.  H.  Eisig  a  d'ailleurs  montré  que  la 
séparation  des  deux  groupes  de  GhéLopodes  n'est  rien  moins  qu'absolue.  » 


SÉANCE    DU    l"   DÉCEMBRE    1902.  087 

ZOOLOGIE.  —  L' excrétion  chez  les  Cîrrîpèdes. 
Note  de  M.  L.  Bruxtz,  présentée  par  M.  Y.  Delae^e. 

«  La  méthode  des  injections  physiologiques  m'a  donné,  sur  les  organes 
excréteurs  des  Crustacés  supérieurs,  quelques  résultats  intéressants  rap- 
portés dans  une  Note  précédente  (').  J'ai  appliqué  la  même  méthode  au 
groupe  des  Cirripèdes  pendant  mon  séjour  au  laboratoire  de  Roscoff,  où  j'ai 
étudié  les  formes  : 

))  Thoraciques  :  1°  Pédoncules  :  Lepas  analifera  L.,  Pollicipes  cornucopiœ 
Leach;  2°  Operculés  :  Balanus  tinfinabulum  chenu; 

»   Bhizocéphales  :  Sacculina  CarciniT\\ovn^s. 

»   Chez  les  premiers,  j'ai  reconnu  trois  organes  excréteurs  : 

»    1°  Le  rein  maxillaire; 

»    2°  Un  organe  céphalique  clos; 

»  3°  Une  des  glandes  annexes  du  tube  digestif  (glande  brune  de  Nus- 
baum). 

»  1°  Rein  maxillaire.  —  Connu  déjà  par  Darwin  et  Iloeck,  c'est  seulement  Nus- 
baum  qui  lui  donne  son  nom.  Les  descriptions  que  nous  eu  possédons  sont  de  Koehler 
et  Gruvel.  Tous  s'accordent  à  reconnaître  dans  l'organe  rénal  un  sac  clos;  les  deux 
derniers  auteurs  concluent  même  à  la  présence  d'un  rein  d'accumulation.  Tous  aussi 
ont  considéré  les  deux  grandes  lacunes  qui  bordent  intérieurement  le  rein  comme  des 
parties  de  la  cavité  générale;  chacune  communiquant,  ce  qui  est  vrai,  directement  avec 
l'extérieur  jiar  un  fin  canal  débouchant  sur  la  dernière  des  pièces  buccales.  Ma  méthode 
m'a  facilité  l'étude  de  cet  organe,  le  carminate  d'ammoniaque  est  éliminé  par  l'épithé- 
lium  rénal;  de  ce  fait  il  a  une  belle  teinte  rose  qui  en  délimite  nettement  les  contours 
sur  les  coupes  et  permet  d'en  étudier  facilement  les  relations.  Ces  cellules  sécrètent 
des  boules  qui  tombent  dans  la  cavité  du  sac  rénal,  ce  qui  prouve  qu'il  ne  peut  être 
question  de  rein  d'accumulation. 

»  Ces  boules  sont  naturellement  colorées  en  rouge  par  le  carmin  éliminé.  Nous  les 
retrouvons  dans  les  lacunes  que  les  auteurs  appelaient  cavité  générale  et  que  désor- 
mais j'appellerai  labyrinthe  par  analogie  avec  les  reins  antennaires  et  maxillaires  des 
Crustacés  supérieurs.  C'était  donc  la  meilleure  preuve  qu'une  communication  existait 
entre  le  rein,  qui  devenait  comparable  à  un  saccule,  et  le  labyrinthe.  Sur  des  coupes 
rigoureusement  sériées,  nous  avons  constaté  la  présence  de  cet  orifice  du  côté  interne 
de  la  grande  corne  dorsale.  Tout  autour,  les  cellules  épithéliales  sont  plus  petites  et 
n'éliminent  plus  le  carmin.  J'ai  eu  la  chance  de  trouver  dans  mes  préparations  une 
boule  excrétée  qui  traversait  l'orifice. 

(^)  L.  Bruntz,  L'excrétion  chez  les  Crustacés  supérieurs  {Comptes  rendus, 
i3  octobre  1902). 


988  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

»  2°  Organe  céphalique  clos.  —  Cet  organe  élimine  le  carminate.  Il  est  composé 
de  deux  amas  de  cellules  situés  symétriquement  dans  la  partie  céphalique,  au-dessus 
du  niveau  des  pièces  buccales,  à  l'endroit  même  où  le  manteau  se  rattache  au  corps. 
Ils  ont  une  forme  lenticulaire,  sont  placés  dans  le  tissu  conjonctif  entre  Tépithélinm 
cuticulaire  et  de  gros  diverticules  de  la  glande  blanche  de  Nusbaum.  Les  cellules  qui 
le  constituent  sont  nombreuses,  très  grosses,  plus  ou  moins  régulières,  munies  d'une 
membrane  et  possédant  toutes  de  trois  à  cinq  petits  noyaux,  sphériques.  Le  cytoplasme 
granuleux  contient  le  carmin  précipité  uniformément  dans  sa  masse.  Je  n'ai  pas  trouvé 
mention  de  cet  organe  dans  la  littérature. 

»  3^  Glande  hépatique.  —  Après  injection  de  couleurs  d'aniline  dans  le  pédoncule 
de  Lepas,  on  retrouve  après  élimination  la  matière  colorante  dans  le  tube  digestif,  où 
elle  colore  les  matières  qu'il  contient.  La  même  couleur  se  retrouve  aussi  dans  beau- 
coup de  cellules  de  la  glande  brune  de  Nusbaum,  glande  hépatique  de  Gruvel,  ce  qui 
semblerait  indiquer  qu'elles  ne  sont  fonctionnelles  que  par  groupes.  Le  pigment 
qu'elles  contiennent  est  peut-être  le  produit  d'excrétion  normal. 

»  Quant  aux  Rizocéphales,  Aï.  Y.  Delage  ('),  dans  sa  belle  étude  anaîo- 
mique  et  physiologique  de  la  Sacculine,  dit  qu'il  n'existe  pas  d'organe 
excréteur  différencié,  mais  il  pense  que  les  parties  légèrement  différenciées 
de  Textrémité  des  racines,  les  follicules  lagéniformes,  peuvent  jouir  de 
cette  fonction.  Mes  expériences  ne  confirment  pas  cette  supposition.  Les 
matières  colorantes  semblent  s'éliminer  par  osmose  à  travers  la  surface 
entière  des  racines,  car  jamais  nous  n'avons  pu  constater  que  les  follicules 
l-:)géniformes  soient  devenus  plus  colorés  que  d'autres  parties,  et  cela 
même  après  élimination  presque  totale,  ce  qui  cependant  n'eût  pas  manqué 
d'avoir  lieu  si  ces  parties  avaient  eu  pour  rôle  de  soutirer,  pour  les  éli- 
miner, les  matières  colorantes  injectées.  J'ai  eu  l'occasion  de  montrer  que 
le  produit  éliminé  était  une  base  analogue  à  la  méthylamine  (-).  » 


BIOLOGIE  GÉNÉRALE.  —  Application  d'un  caractère  d'ordre  éthologique  à 
la  classification  naturelle.  Note  de  M.  L.  Matruchot,  présentée  par 
M.  Gaston  Bonnier. 

«   On  sait,  depuis  les  recherches  de  Brefeld  et  de  Van  Tieghem,  que  les 
Piptocephalis  (qu'on  rencontre  dans    la  nature,  vivant  en  parasites  sur  des 


(')  Y.  Delage,  Evolution  de  la  Sacculine  (Arc/i.  de  Zoologie  expérimentale, 
2^  série,  t.  Il,  iSgS). 

(^)  L.  Bruntz  et  J.  Gautrelet,  Étude  comparée  des  liquides  organiques  de  la 
Sacculine  et  du  Crabe  {Comptes  rendus,  18  août  1902). 


SÉANCE  DU  l"  DÉCEMBRE  1902.  989 

Mucorinées)  soûl  nécessairement  parasites;  que,  de  pins,  leur  parasitisme 
ne  s'exerce  qu'anx  dépens  de  certaines  Mucorinées,  à  savoir  les  Muco- 
racées  (Pilobolées  et  Mucorces);  enfin,  que  toutes  les  Mucorncées  sont 
susceptibles  d'être  parasitées  par  les  Piplocephalis . 

))  I.  S'il  était  démontré  que  les  Pipfocephalis  ne  peuvent  vivre  sur 
aucune  espèce  de  Champignon  hors  du  groupe  des  Mncoracées,  le  fait  de 
pouvoir  servir  d'hôte  à  un  Piplocephalis  devrait  dès  lors  être  considéré 
comme  une  caractéristique  absolue  des  Mucoracées. 

»   C'est  ce  premier  point  que  j'ai  cherché  d'abord  à  établir  : 

»  A  la  vérité,  pour  faire  cette  démonstration,  il  ne  saurait  être  question  de  tenter 
la  culture  des  Piplocephalis  successivement  sur  toutes  les  espèces  de  Champignons 
connues.  Mais  j'ai  opéré  sur  un  tel  nombre  d'espèces  fongiques,  appartenant  aux 
groupes  les  plus  divers,  que  la  conclusion  s'impose  avec  toute  la  rigueur  désirable. 

»  J'ai  cherché,  en  effet,  à  faire  vivre  en  parasite  un  Piplocephalis  déterminé 
(P.  Tieghemiana  Matr.)  sur  près  de  cent  espèces,  appartenant  aux  divers  ordres  de 
Champignons,  depuis  les  Myxomycètes  jusqu'aux  Basidiomycètes  les  plus  élevés  en 
organisation  (*).  Tous  les  essais  ont  été  effectués  par  la  méthode  des  cultures  pures 
simultanées,  et,  comme  l'essai  de  chaque  espèce  a  porté  sur  quatre  à  cinq  cultures  au 
moins,  tout  résultat,  même  négatif,  doit  être  considéré  comme  concluant. 


(*)  La  liste  des  espèces  sur  lesquelles  j'ai  opéré  est  trop  longue  pour  pouvoir  être 
donnée  ici.  Je  ne  citerai  que  les  genres  ou  espèces  les  plus  typiques  : 

Myxomycètks.  —  Dictyoslelium  mucoioides,  vivant  lui-même  en  symbiose  avec 
une  Bactérie  (culture  pure). 

OoMYCÈTES.  —  a.  Mucoracées  :  Pilaiva,  Mucor,  Rhizopus,  Absidia,  Sporodinia, 
Phyconiyces,  Chœtocladium,  Thamnidium,  Helicoslylum,  Chœlostylum. —  6.  Autres 
Mucorinées  :  Morlierella  (quatre  espèces).  —  c.  Entomophthorées  :  Boiidierella 
coronala  et  une  Entomophlhorée  non  déterminée.  —  d.  Péronosporées  :  Phyto- 
phthora  infeslans. 

AscoMYCÈTES.  —  a.  Discomycètes  :  Pyronema  conjluens,  Morchella  esculenla  et 
rimosipes,  Geoglossum,  Bidgario,  Spalhularia  flavida,  Nectria,  Mollisia,  etc.  — 
b.  Pyrénomycètes  :  Sordaria,  Chœlomium,  Claviceps  purpurea,  Hypocrea  alu- 
tacea,  etc.  —  c.  Périsporiacées  :  Eurolium  repens,   Gliocladium  penicillioides,  etc. 

Basidiomycètes  :  Lepiola  procera,  Armillaria  mellea,  Tricholoma  nudum, 
Collybia  sp.,  Psalliola  canipeslris,  Pleurotus  oslrealus,  Coprinus  comalus  et  epJie- 
merus,  Malruchotia  varians,  etc. 

FuNGi   iMPERFECTi   :   Amblyospoiium    umbellalum,     Gliocladium.   viride;  Slerig- 
matocyslis,  Aspergillus,  Pénicillium  et  Coremium  variés  ;  Arthrobolrys,  Cephalo- 
Ihecium;    Cladosporium,    Allcrnaria,    Macrosporium;   Verticillium,  Dactylium. 
Acrostalagmus,  Diplocladium,  Fusarium,   Volutella;  Isaria,  Cordyceps  sp.,  Spo- 
rotrichum  globuliferum;  Bolrylis  cinerea,  Polyaclis,  Trichophyton  divers,  etc. 


ggo  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Or  les  résultats  de  cette  série  d'expériences  sont  particulièrement  frappants  : 
1°  toutes  les  cultures  de  P.  Tieghemiana  sur  Mucoracées  ont  réussi;  2°  toutes  les 
cultures  sur  Champignons  autres  que  les  Mucoracées  ont  échoué. 

))  En  conséquence,  Piptocephalis  Tieghemiana  doit  être  considéré 
comme  pouvant  caractériser,  d'une  façon  précise,  les  Mucoracées  par 
raî>port  à  tous  les  autres  Champignons.  Il  constitue,  en  quelque  sorte,  un 
réactif  des  Mucoracées,  et  il  permet  de  les  définir  élhologiqiiement  par  cette 
propriété  qu'elles  ont  de  lui  pouvoir  servir  d'hôte,  et  qu'elles  sont  seules 
à  posséder. 

»  II.  Ayant  à  ma  disposition  un  instrument  de  contrôle  d'une  si  rigou- 
reuse précision,  j'ai  cherché  à  en  faire  l'application  à  une  moisissure 
d'origine  africaine,  Cunninghamella  africana  Matr.,  non  encore  décrite  et 
classée.  Cette  moisissure  ne  présente  aucuQ  des  organes  de  reproduction 
(œufs  ou  sporanges)  caractéristiques  des  Mucoracées;  elle  possède,  au 
contraire,  d'abondantes  spores  exogènes,  lesquelles  sont  inconnues  chez 
les  Mucoracées.  Mais  son  appareil  végétatif  me  paraissant  offrir  d'étroites 
affinités  avec  le  mycélium  des  Mucoracées,  j'estimai  être  en  présence 
d'une  Mucoracée  aberrante. 

»  CiinninghameUa  africana  s'est  développée  spontanément  et  en  saprophyte  sur 
du  crottin  de  chameau  recueilli  à  l'état  sec  dans  le  Soudan  français,  expédié  à  cet 
état  en  France,  et  placé  aseptiquement  dans  une  enceinte  humide. 

»  C'est  un  Champignon  à  mycélium  non  cloisonné,  comme  les  Mucoracées;  mais, 
pas  plus  à  l'état  spontané  que  dans  les  conditions  de  culture  les  plus  variées,  il  n'a 
jamais  donné  ni  sporanges  ni  œufs,  mais  bien  uniquement  des  conidies. 

»  Ces  conidies  naissent  solitaires  sur  des  têtes  sphériques  terminant  les  branches 
d'un  arbuscule  assez  ramifié.  L'aspect  général  est  celui  d'une  fructification  à'OEdoce- 
phalum  à  pied  ramifié,  et  c'est  sans  nul  doute  parmi  ce  genre  de  Mucédinées  qu'on 
rangerait  C.  africana  si  l'on  ne  faisait  appel  qu'à  des  caractères  tirés  de  la  morpho- 
logie et  du  développement. 

»  Mais  (et  à  mes  yeux  c'est  ici  un  point  capital)  C.  africana  se  montre  propre  à 
servir  d'hôte  à  PlpLocephalls  Tieghemiana. 

•»  En  conséquence,  malgré  l'absence  d'œufs  et  de  sporanges,  Cunning- 
hamella a/ricana  doit  être  classé  parmi  les  Mucorinées,  au  voisinage  ou 
dans  le  groupe  des  Mucoracées  (').  Il  constitue  le  premier  type  connu  de 
Mucorinée  à  végétation  uniquement  conidienne. 

(^)  11  convient  d'ailleurs  de  remarquer  que  par  son  appareil  végétatif,  son  mycélium 
à  structure  continue  et  à  courants  protoplasmiques  très  nets,  ses  rhizoïdes  différen- 
ciés, etc.,  C.  africana  se  rapproche  effectivement  des  Mucoracées. 


SÉANCE    DU    1^'"   DÉCEMBRE    1902.  99 1 

»  III.  Le  caractère  d'ordre  éthologique  dont  il  vient  d'être  fait  usage 
doit  être  considéré  comme  un  caractère  taxonomique  de  premier  ordre.  Il 
suppose,  chez  les  êtres  qui  le  présentent  en  commun,  les  affinités  les  plus 
étroites.  Non  seulement  la  structure  et  les  propriétés  de  la  membrane  sur 
laquelle  s'implante  le  parasite  doivent  être  les  mêmes;  mais  la  structure, 
les  propriétés,  la  vie  mêm.e  du  protoplasma  doivent  être  bien  semblables 
chez  des  plantes  hospitalières  qui  fournissent  à  un  être  aussi  étroitement 
exigeant  qu'un  Piptocephalis  les  conditions  nécessaires  à  son  existence. 

»  A  ma  connaissance,  il  n'a  jamais  été  fait  usage,  pour  la  classification 
des  Végétaux,  de  caractères  étliologiques  de  cette  nature.  Il  semble  que, 
dans  des  cas  aussi  précis  que  celui-ci,  il  y  ait  toute  sécurité  à  y  taire  appel. 
Peut-être  même  faudrait-il  voir  là  une  méthode  assez  générale,  susceptible 
de  fournir,  dans  certains  cas,  de  nouvelles  indications  utiles  à  la  recherche 
de  la  classification  naturelle  des  êtres  vivants.  » 


BOTANIQUE.  —  De  la  répartition  des  sphéridins  dans  les  familles  végétales. 
Note  de  M.  Louis  Petit,  présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

«  Dans  une  précédente  Communication  (  *  )  j'ai  montré  qu'il  existe,  dans 
les  cellules  chlorophylliennes  de  certaines  feuilles,  un  petit  globule  (rare- 
ment deux  ou  plus)  se  colorant  fortement  parla  teinture  d'alkanna  comme 
les  graisses,  les  cires,  les  résines,  et  auquel  j'ai  donné  le  nom  de  sphérulin. 
Mes  premières  recherches,  qui  avaient  porté  sur  les  Gamopétales  et  les 
Dialypétales,  en  me  montrant  la  disparition  graduelle  des  sphérulins,  au 
fur  et  à  mesure  que  l'on  s'abaisse  dans  l'échelle  végétale,  m'avaient  fait 
peuser  que  ces  petits  corps  devaient  être  fort  rares  dans  les  familles  infé- 
rieures, c'est-à-dire  appartenant  aux  Apétales  et  aux  Monocotylédones. 
L'étude  de  ces  groupes  a  justifié  mes  prévisions. 

»  Voici  la  liste  des  familles  examinées  et  le  nom  des  rares  espèces  oîi 
j'ai  rencontré  des  sphérulins.  Le  chiffre  entre  parenthèses,  qui  suit  chaque 
nom,  indique  le  nombre  des  genres  étudiés. 

»  Apétales  inférovariées.  —  Cupulifères  (7).  Juglandées  (2). 

»  Apétales  supérovariées.  — Chénopodiacées  (7).  Poljgonées  (5).  Urlicacées  (6). 
l'ipcracées  (3)  :  Piper,  Peperoinia,  pas  de  sphérulins.  Saururus  cernuus,  sphérulins. 
Salicinées  (2).  Platanées  (i).  Mjricacées  (i). 

(')  Comptes  rendus,  28  décembre  1901. 


99^  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  MONOGOTYLÉDONES,  Iridinées.  —  Orchidées  (3).  Scitaminées  (7).  Bromé- 
liacées (2).  Hémodoracées  (i).  Iridées  (4)  :  Gladiolus  psittacinus,  sphérulins- 
Schizostylis  coccinea,  petits  sphérulins.  Dioscoréacées  (3).  Amaryllidées  (5). 

»  LiLiiNÉKS.  —  Liliacées  (8)  :  Astelia  Banksii,  sphérulins.  Pontédériacées  (i).  Com- 
mélinacées  (2).  Alismacées  (i). 

»  JoPiCiNÉES.  —  Joncacées  (3)  :  Juncus  glaucus,  J.  ejfusus,  petits  sphérulins.  Pal- 
miers (3). 

»  Graminidées.  —  Pandanées  (i).  Typhacées  (2)  :  Sparganium  ramosum,  petits 
sphérulins.  Aroïdées  (6).  Naïadacées  (i).  Gjpéracées  (3).  Graminées  (8)  :  Arundo 
Donax,  Melica  pyramidalis,  sphérulins. 

))  On  voit  que,  d'une  manière  générale,  les  sphérulins  manquent  dans 
les  Apétales  et  les  Monocotylédones.  Parmi  les  Pipéracées,  il  est  possible 
que  les  Saururées  en  possèdent  et  que  les  Pipérées  en  soient  dépourvues. 
Les  Iridées  en  renferment  peut-être  aussi  dans  un  certain  nombre  de  genres. 
Mais,  malgré  les  deux  réserves  précédentes,  je  ne  crois  pas  qu'une  seule 
famille  d'Apétales  ou  de  Monocotylédones  renferme  une  majorité  de  genres 
à  sphérulins. 

»  N'étant  pas  encore  bien  fixé  sur  la  substance  des  sphérulins  (qui  est 
peut-être  variable),  je  me  bornerai  à  faire  connaître  une  réaction  qu'ils 
présentent  communément.  Si  l'on  traite  successivement  les  coupes,  qui  les 
renferment,  par  de  l'eau  de  Javel,  de  la  teinture  d'iode  et  finalement  par 
de  la  glycérine,  ils  se  colorent  en  marron.    » 


GÉOLOGIE.  —  État  actuel  du  volcan  de  la  Martinique.  Note  de  M.  Lacroix, 

présentée  par  M.  Fouqué. 

«  J'ai  envoyé  déjà  à  l'Académie  quelques  renseignements  préliminaires 
sur  le  cratère  de  la  Montagne  Pelée.  A  la  suite  d'une  nouvelle  ascension, 
effectuée  le  8  novembre,  dans  de  meilleures  conditions  que  les  précédentes, 
e  me  propose  aujourd'hui  de  compléter  ces  premières  données  et  de  pré- 
ciser la  nature  du  cône  central  formé  au  milieu  du  cratère;  ce  n'est  pas  un 
cône  de  débris,  édifié  par  projections,  c'est  un  cumulo-volcan,  constitué  par 
des  roches  cohérentes,  s'éboulant  sans  cesse,  mais  continuant  à  s'élever 
tranquillement,  presque  à  vue  d'œil,  sous  l'influence  de  la  poussée  interne. 

»  Le  cratère.  —  L'éruption  actuelle  a  sensiblement  modifié  la  topogra- 
phie du  sommet  de  la  Montagne  Pelée.  Le  point  culminant  de  celui-ci  était 
en  effet  autrefois  constitué  par  le  morne  La  Croix,  dominant  au  Sud-Est 


SÉANCE    DU    l**"    DÉCEMBRE    1902.  998 

un  petit  plateau,  creusé  d'une  cavité  peu  profonde  (le  lac  des  Palmistes). 
Ce  lac  était,  du  côté  du  Nord-Ouest,  dominé  par  un  morne  (reste  d'une 
ancienne  coulée  d'andésite),  que  l'éruption  n'a  pas  entamé  et  qui,  le  cône 
mis  à  part,  forme  maintenant  le  point  le  plus  élevé  de  la  montagne. 

»  Au  pied  Sud-Ouest  du  morne  La  Croix  s'ouvrait  une  large  cuvette 
de  800™  environ  de  diamètre,  au  fond  rétréci  de  laquelle  (3oo™  environ 
de  diamètre)  se  trouvait  à  700™  d'altitude  environ  l'Étang  Sec  (200"^  de 
diamètre).  Les  crêtes  qui  le  dominaient  étaient  constituées  parle  morne 
Paillasse  au  Nord,  le  Petit  Bonhomme  à  l'Ouest,  la  Petite  Savane  au  Sud. 
Du  côté  du  Sud-Ouest,  entre  le  Petit  Bonhomme  et  la  Petite  Savane,  s'ou- 
vrait une  déchirure  douiinant  la  haute  vallée  de  la  rivière  Blanche.  C'est 
cette  cuvette  profonde  qui  constitue  le  cratère  actuel.  La  déchirure  Sud- 
Ouest  a  été  en  s'agrandissant  depuis  le  5  mai,  date  de  l'effondrement  du 
barrage  de  l'Etang  Sec,  et  forme  maintenant  la  prolongation,  sans  escarpe- 
ment, de  la  haute  vallée  de  la  rivière  Blanche. 

»  J'ai  pu  faire  le  tour  de  près  des  trois  quarts  de  la  crête  du  cratère; 
celle-ci  est  d'altitude  irrégulière;  sa  partie  Nord-Ouest  est  la  moins  élevée, 
sa  partie  culminante  est  constituée  par  ce  qui  reste  du  morne  La  Croix. 
Depuis  notre  précédente  ascension,  il  semble  que  celui-ci  se  soit  encore 
éboulé;  son  altitude,  mesurée  à  l'aide  d'un  baromètre  holostérique,  est  en 
effet  (9  novembre)  de  1220™  (i5™  seulement  plus  élevé  que  l'emplacement 
occupé  jadis  par  le  lac  des  Palmistes).  La  partie  éboulée  représente  donc 
environ  i3o™  depuis  le  commencement  des  éruptions.  Le  sommet  qui  sur- 
plombe le  bord  du  cratère  est  extrêmement  fendillé  et  parcouru  par  un 
courant  d'air  chaud  ;  le  thermomètre,  placé  dans  une  fente  de  ce  rocher, 
indique  H-  62°  C. 

»  Les  bords  du  cratère,  saut  ceux  du  côté  Est  et  dans  les  parties  rocheuses 
(morne  La  Croix,  Petit  Bonhomme),  sont  formés  par  une  arête  vive  dont 
la  pente  extérieure  est,  par  places,  suffisamment  raide  pour  qu'il  soit  diffi- 
cile d'y  circuler.  Le  bord  Est,  au  contraire,  est  en  partie  constitué  par  un 
petit  plateau,  prolongation  vers  le  sud  du  lac  des  Palmistes  aujourd'hui 
remblayé. 

»  Les  parois  intérieures  sont  presque  partout  absolument  verticales  : 
c'est  le  cas,  notamment  du  côté  Nord,  où  cette  paroi  semble  avoir  été 
taillée  dans  le  tuf,  comme  avec  un  couteau.  Ilrésulte  de  cette  disposition 
que  toutes  les  eaux  qui  tombent  sur  le  sommet  de  la  montagne  s'écoulent 
extérieurement  au  cratère,  à  l'exception  de  celles  qui  tombent  sur  le  pla- 
teau Est  et  qui  sont  en  partie  déversées  dans  le  cratère  lui-même,  déter- 

C.  R.,  1902,  a«  Semestre.  (T.  CXXXV,  N"  22.)  l3o 


994  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

minant  des  érosions  assez  intenses  sur  la  paroi  de  celui-ci.  Des  fissures 
nombreuses,  disposées  parallèlement  aux  bords  du  cratère,  montrent  que 
ceux-ci  s'élargissent  peu  à  peu  par  effondrement,  mais  cet  élargissement 
me  semble  avoir  été  peu  important  depuis  la  fin  de  juin. 

»  La  surface  des  bords  du  cratère  est  uniformément  recouverte  d'une 
couche  de  cendres  très  fines;  grâce  à  l'absence  de  grandes  explosions 
depuis  le  commencement  de  septembre,  la  surface  de  celle-ci  est  rougie  par 
oxydation,  mais  il  suffit  de  la  gratter  pour  faire  apparaître  la  couleur  gris 
verdâtre  de  la  cendre  humide.  Cette  cendre  est  stratifiée  et  constituée  par 
des  alternances  de  lits  compacts  et  d'autres,  uniquement  formés  par  de 
petits  pisolàes  de  cendres  qu'il  est  facile,  par  le  moindre  choc,  de  détacher 
les  uns  des  autres.  Cette  structure  me  paraît  due  à  l'action  combinée  de  la 
pluie  et  d'une  rajnde  dessiccation  sur  des  cendres  fines;  je  l'ai  observée  non 
seulement  sur  les  cendres  du  sommet  de  la  montagne,  mais  encore  sur 
toute  la  côte,  entre  le  Prêcheur  et  Saint-Pierre;  elle  se  produit  aussi  aux 
dépens  des  parties  les  plus  fines  des  tufs  ponceux  anciens,  désagrégés  par 
les  eaux,  et  s'accumulant  dans  les  anfractuosités  du  sol. 

»  La  cendre  du  sommet  de  la  Montagne  Pelée,  grâce  à  la  finesse  de  ses 
éléments,  se  délave  avec  la  plus  grande  facilité  et  une  rapidité  non  moins 
grande.  Quelques  minutes  de  pluie  suffisent  pour  transformer  en  boue  le 
sol,  sur  lequel  on  circule  facilement  après  quelques  instants  de  soleil.  On 
comprend  aisément,  lorsqu'on  a  assisté  à  quelques-unes  de  ces  averses  sur 
la  montagne,  quelle  est  l'origine  des  torrents  d'eaux  boueuses  noires  ou 
jaunes  qui  sont  si  caractéristiques  des  périodes  d'éruption  (le  Prêcheur, 
Basse-Pointe,  rivière  Blanche,  etc.). 

»  Toutes  les  rigoles  creusées  par  les  eaux  dans  ces  cendres  mettent  à 
découvert  au-dessous  d'elles  un  cailloutis  de  petits  fragments  anguleux  de 
projection  (andésite  compacte,  vitreuse  ou  ponceuse),  mélangés  à  des 
bombes. 

))  Quant  aux  grosses  bombes,  elles  sont  relativement  peu  abondantes 
au  Nord  et  à  l'Est,  elles  deviennent  plus  nombreuses  au  Sud-Est  et  au  Sud, 
et,  dans  cette  partie,  les  fragments  d'andésite  ancienne  arrachés  au  sous- 
sol  ont  paru  y  être  en  plus  grand  nombre  qu'ailleurs.  Cette  observation 
est  conforme  d'ailleurs  à  celles  que  j'ai  faites  dans  la  vallée  de  la  rivière 
Blanche  et  qui  montrent  que  c'est  dans  le  secteur  Sud-Ouest  que  s'est,  sans 
exception,  produit  le  maximum  d'intensité  de  toutes  les  éruptions  . 

»  Je  n'ai  observé,  sur  les  crêtes,  aucune  fumerolle  localisée,  mais  le  sol 
est  tiède;  il  suffit  de  creuser  un  trou  de  quelques  centimètres  pour  que  le 


SÉANCE  DU  I^'^  DÉCEMBRE  1902.  995 

thermomètre  y  atteigne  jusqu'à  82**  C.  Les  petits  fragments  déroche  y  sont 
recouverts  de  cristaux  de  soufre  et  de  gypse  imprégnés  de  pyrite  ou  recou- 
verts de  concrétions  d'alunoe^ène. 

»  Le  fond  du  cratère  est  actuellement  à  1 5o™  environ  au  pied  du  sommet 
du  morne  La  Croix;  il  paraît  plus  bas  du  côté  du  Sud,  plus  élevé  du  côté 
du  Nord.  La  cavité  cratériforme  est  réduite  à  un  étroit  couloir  circulaire 
qni  entoure  de  toutes  parts  le  cône  central  ;  cette  sorte  de  rainure  commu- 
nique librement  avec  la  vallée  de  la  rivière  Blanche  par  la  déchirure 
Sud-Ouest  du  cratère. 

»  Le  cône.  —  Le  cône  central  est  constitué  par  de  la  lave  compacte,  for- 
mant des  falaises  à  parois  verticales,  qui,  en  un  point  du  côté  Est,  sont 
visibles  jusqu'au  fond  même  du  cratère;  partout  ailleurs,  la  base  du  cône 
est  formée  par  un  talus  d'éboidis  qui,  par  l'échancrure  Sud-Ouest  du  cra- 
tère, descend  jusqu'à  la  rivière  Blanche,  alors  que,  dans  toutes  les  autres 
directions,  il  va,  comblant  peu  à  peu  ce  qui  reste  de  la  cavité  cratéri- 
forme. 

»  Toutes  les  observations  que  nous  avons  pu  faire  sur  ce  cône  montrent 
que  celui-ci  est  en  voie  d'accroissement  assez  rapide,  malgré  les  éboule- 
ments  incessants  qui  s'y  produisent.  Cet  accroissement  peut  être  étudié 
facilement  du  Sud  et  de  l'Est  de  la  montagne  ;  c'est  vers  le  1 1  août  que,  du 
Morne-Rouge,  on  l'a  vu  pour  la  première  fois  émerger  du  profil  de  la  mon- 
tagne. C'est  à  peu  près  à  la  même  époque  qu'on  a  pu  l'apercevoir  d'Assier 
011  est  installé  l'un  de  nos  postes,  d'où  nous  l'observons  jour  et  nuit. 

»  Le  10  octobre,  on  le  voyait  d'Assier  sous  la  forme  d'un  petit  bourrelet, 
semblant  avoir  la  même  élévation  que  le  morne  La  Croix  auprès  duquel  il 
émergeait.  Pendant  les  jours  suivants,  il  s'est  accru  rapidement,  s'étalant 
vers  le  Nord  et  le  Sud  et  atteignant  90™  d'élévation  environ  au-dessus  du 
bord  du  cratère;  c'est  à  peu  près  la  dimension  qu'il  a  actuellement 
(10  novembre),  bien  que  sa  pointe  la  plus  aiguë  se  soit  écroulée  il  y  a 
quelques  jours. 

»  Lors  de  notre  ascension  du  i5  octobre,  le  sommet,  vu  des  bords  du 
cratère,  se  présentait  sous  la  forme  d'une  crête  dentelée,  dirigée  à  peu  près 
Nord-Sud,  son  piton  notablement  plus  élevé  que  les  autres;  cette  crête 
dépassait  d'environ  So""  le  bord  du  cratère.  Aujourd'hui,  au  milieu  de 
celle-ci,  se  dresse,  d'un  seul  jet,  un  énorme  piton,  à  paroi  verticale,  à  sur- 
face lisse  du  côté  de  l'Est  par  suite  du  décollement;  il  a  une  centaine  de 
mètres  de  hauteur,  il  n'est  pas  placé  au  milieu  du  cône,  mais  sur  son  bord 


996  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

Nord-Est,  à  une  centaine  de  mètres  seulement  du  morne  La  Croix  et 
vis-à-vis  de  celui-ci. 

»  Ce  cône  est  fissuré  dans  tous  les  sens;  des  bouffées  de  gaz  or  de  vapeurs 
s'en  échappent  sans  interruption,  soit  verticalement,  soit  horizontalement. 
Elles  sont  accompagnées  d'éboulements  considérables  produisant  un  très 
grand  fracas  ;  les  blocs  tombant  les  uns  sur  les  autres  rerident  généralement 
un  son  comparable  à  celui  de  bris  de  verre,  ce  qui  est  du  reste  conforme 
avec  la  structure  très  vitreuse  des  blocs  que  l'on  trouve  éboulés  dans  la 
vallée  de  la  rivière  Blanche  ou  projetés  sur  le  sommet  de  la  montagne. 

»  Il  n'existe  pas  de  cheminée  centrale  ;  il  semble  parfois,  lorsqu'on 
examine  le  volcan  de  loin,  qu'un  panache  de  vapeurs  se  dégage  du  piton 
le  plus  élevé,  mais  l'examen  attentif  que  nous  en  avons  fait  depuis  1 5  jours, 
du  poste  d'Assier,  permet  d'assurer  qu'il  s'agit  là,  ou  bien  de  la  réunion 
des  vapeurs  des  fissures  superficielles  du  cône,  ou  bien  de  bouffées  parlant 
de  la  rainure,  en  avant  ou  en  arrière  du  piton  central  et  montant  lente- 
ment le  long  de  celui-ci.  C'est  d'ailleurs  principalement  de  cette  rainure 
du  cratère,  et  en  particulier  au  voisinage  de  V èchancriire  Sud-Ouest,  que 
partent  les  grandes  poussées  de  vapeurs  qui,  les  jours  où  il  y  a  peu  de 
vent,  montent  verticalement  à  plusieurs  kilomètres  de  hauteur. 

»  La  structure  de  ce  cône  ne  laisse  aucun  doute  sur  son  mode  de  for- 
mation. On  ne  peut  s'arrêter  un  instant  à  Thypothèse  d'un  cône  de  débris; 
la  quantité  de  blocs  projetés  sur  les  bords  du  cratère,  à  loo*"  seulement  du 
cône,  est  d'ailleurs  négligeable,  comparée  à  la  masse  de  celui-ci;  il  n'en 
serait  pas  de  même  si  l'on  avait  affaire  à  un  cône  de  débris.  Il  n'est  pas 
douteux,  à  mon  avis,  qu'il  s'agit  là  d'un  cumulo-volcan,  d'un  énorme  bour- 
relet de  lave  andésitique  qui  s'édifie  à  la  bouche  d'une  ouverture  souter- 
raine. Celui-ci,  grâce  à  la  lenteur  de  la  poussée,  à  sa  continuité  et  à  la  faible 
fusibilité  du  magma,  se  consolidant  dès  son  arrivée  à  la  surface,  peut  con- 
server sa  forme  actuelle,  au  lieu  de  donner  naissance  à  une  coulée,  comme 
cela  arriverait  vraisemblablement  si  l'afflux  de  matière  profonde  se  faisait 
beaucoup  plus  rapidement. 

»  Les  éboulements  continuels  se  produisant  dans  toutes  les  parties  du 
cône  me  paraissent  hors  de  proportion  avec  les  bouffées  gazeuses  qui  les 
accompagnent  et  dont  la  sortie  ne  peut  en  être  seule  la  cause.  J'y  vois 
plutôt  un  effet  de  l'action  continue  de  la  matière  fondue  ascendante,  dislo- 
quant des  roches  fendillées  par  un  refroidissement  brusque. 

»   Cette  opinion  est  légitimée  par  les  phénomènes  lumineux  visibles  la 


SÉANCE    DU    l""   DÉCEMBRE    1902.  997 

nuit  chaque  fois  que  la  montagne  n'est  pas  couverte  de  nuages.  Le  cône 
est  alors  irrégulièrement  éclairé  :  il  ne  s'agit  pas  là  de  flammes,  mais  de 
lueurs  très  vives,  très  bien  délimitées,  d'un  rouge  comparable  à  celui  d'un 
feu  de  forge. 

»  Elles  apparaissent  d'abord,  très  brillantes,  puis  perdent  progressive- 
ment leur  intensité.  Dans  la  nuit  du  9  au  10  novembre,  j'ai  vu  nettement 
cette  lueur  partir  de  la  base  du  cône  (visible  d'Assier),  monter  suivant 
une  ligne  sinueuse,  avec  localement  de  brusques  augmentations  d'intensité, 
atteindre  le  sommet  et  envoyer  des  branches  latérales.  Au  bout  d'une 
demi-heure  environ,  ce  phénomène  avait  (\\spa.vi^  prof^resswement.  Il  ne  me 
paraît  guère  possible  d'expliquer  ce  qui  vient  d'être  décrit,  autrement  que 
par  la  montée,  puis  le  refroidissement  progressif,  du  magma  andésitique 
fondu  dans  les  fentes  de  retrait  de  parties  déjà  consolidées  de  la  même  lave. 
Ou  peut  expliquer  également,  par  la  brusque  mise  à  découvert  d'une  por- 
tion incandescente  du  cône,  une  vive  illumination  d'une  large  surface  de 
celui-ci,  survenue  quelques  nuits  auparavant,  peu  d'heures  avant  que  je 
ne  constate,  à  la  même  place,  la  chute  d'une  des  aiguilles  terminales  du 
cône. 

»  Nos  deux  postes  d'observation,  dont  le  second  va  incessamment  fonc- 
tionner d'une  façon  régulière,  vont  me  permettre  de  coordonner  des  obser- 
vations faites  heure  par  heure  des  deux  côtés  opposés  du  cône;  je  ferai 
connaître  à  l'Académie  toutes  les  particularités  qui  paraîtront  dignes  de 
son  attention. 

»  Comme  conclusion,  je  ferai  remarquer  que,  bien  que,  depuis  prés  de 
deux  mois  et  demi,  il  ne  se  soit  produit  à  la  Montagne  Pelée  aucune  grande 
explosion,  les  manifestations  de  l'activité  volcanique  ne  s'en  poursuivent 
pas  moins  silencieusement  et  d'une  façon  continue  ;  aussi  ai-je  engagé  vive- 
ment l'administration  de  la  colonie  à  maintenir  intégralement  toutes  les 
mesures  d'évacuation  préventive  du  voisinage  du  volcan,  qui  me  paraissent 
toujours  indispensables.   » 


EMBRYOGÉNIE.  —  S uf^  résolution  de  la  spermatide  chez  le  Notonecta  glauca. 
Note  de  MM.  J.  Pantel  et  R.  de  Sinéty,  présentée  par  M.  Alfred 
Giard. 

«   Les    stades  que  nous  distinguerons   ne    sont    pas    définis  par  une 
discontinuité  de  l'évolution,  et  beaucoup  d'entre  eux  ont  un  caractère  très 


99^  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

artificiel;  nous  ne  les  adoptons  provisoirement  que  pour  la  rapidité  de  la 
description. 

»  I.  Etat  initial  de  la  spermatide  {fig.  2).  —  Le  noyau  est  petit,  la  chromatine 
peu  abondante  et  en  granules  isolés.  Le  corps  cytopjasmique,  à  trame  réticulée,  est 
rendu  très  hétérogène  par  la  présence  de  nombreuses  enclaves,  savoir  : 

»  a.  Le  matériel  nebenkernien  c.mi,    déjà  observable  dans  le  spermatocyte  de 


1,  spermatocyte  de  deuxième  ordre;  2-11,  spermatide;  Vl,  spermatozoïde  presque  mùr.—  A,  acrosome; 
I,  idiozome;  N,  noyau;  Nk,  Nebenkern;  Q,  queue;  b,  blépharoplaste;  ca,  calotte;  c.chr,  cor- 
puscules chromatinifères;  c.mi,  condensations  mitochondriennes;  es,  caryosome;  di,  différencia- 
tions idiozomiques;  e.hy,  excrescences  hyalines;  i',  i",  corpuscules  idiozomiques  principaux  et 
secondaires;  ps,  plasmosomes. 

premier  ordre  en  prophase  sous  la  forme  de  condensations  qui  peuvent  constituer  une 
zone  périnucléaire  plus  ou  moins  complète;  aux  télophases  des  divisions  maturatives 
cette  zone  s'ouvre  largement  du  côté  du  pôle,  expulse,  pour  ainsi  parler,  le  noyau 
et  se  masse  derrière  lui  autour  du  reste  fusoriel  ; 

»  b.  Les  corpuscules  idiozomiques  secondaires  i"  :  nous  désignons  ainsi  une 
catégorie  d'enclaves  arrondies  ou  cuboïdes,  d'abord  très  petites,  arrivant  par  croissance 
à  une  taille  médiocre  uniforme,  homogènes,  avec  une  zone  membraniforme  plus 
dense  à  la  périphérie  ;  on  peut  les  suivre  au  travers  des  cinèses  maturatives  jusque  dans 
les  spermatocytes  de  premier  ordre  en  prophase; 

»  c.  Les  corpuscules  chromatinifères  c.cAr.,  autre   sorte   d'inclusions  de  même 


SÉANCE    DU     !*■    DÉCEMBRE    1902.  999 

ancienneté,  petites,  ayant  la  forme  d'écaillés,  de  lentilles,  de  masses  arrondies;  on  y 
distingue  généralement  une  partie  très  chromatophile  et  une  autre,  non  ou  à  peine 
colorable  ; 

»  d.  Des  plasmosomes  émigrés  ps,  en  nombre  variable;  il  s'en  trouve  d'ailleurs 
dans  les  spermatocytes  au  cours  des  divisions  maturatives,  soit  dans  le  corps  cellu- 
laire, soit  dans  ses  expansions  pseudopodiques  {excrescences  hyalines  de  Platner, 
fig.  I,  e.hy). 

»  II.  Apparition  des  corpuscules  idiozomiques  principaux  {Jlg.  3,  i').  —  Les  élé- 
ments qui  doivent  former  la  masse  fondamentale  de  l'idiozome  ne  tardent  pas  à  se 
montrer  sous  la  forme  de  globules  hyalins,  achromatophiles,  homogènes,  d'abord 
petits  et  nombreux,  successivement  plus  rares  et  plus  volumineux,  vraisemblablement 
par  suite  de  coalescences;  ils  paraissent  exercer  sur  les  corpuscules  secondaires  men- 
tionnés plus  haut  une  sorte  d'attraction  (chimiotactique?),  par  suite  de  laquelle  ils  en 
sont  fréquemment  environnés;  le  JSebenkern,  NA",  a  pris  une  structure  lamellaire;  les 
petites  formations  chromatinifères  se  portent  les  unes  sur  les  autres  et  se  soudent  en 
masses  d'apparence  spongieuse. 

»  m.  Constitution  de  l'idiozome  définitif  {fig.  4  6t  5,  I).  —  La  confluence  directe 
ou  indirecte  de  la  substance  hyaline  précédemment  distribuée  en  sphérules  donne  un 
corps  unique,  globuleux,  qui  s'accole  au  noyau  du  côté  opposé  au  Nebenkern.  Les 
corpuscules  idiozomiques  secondaires  demeurent  assez  longtemps  groupés  autour  de 
cette  masse  en  une  zone  concentrique  régulière  qui  apparaît  dans  les  coupes  comme 
une  guirlande  moniliforme,  puis  se  fusionnent  graduellement  et  individuellement 
avec  elle.  Des  différenciations  ne  tardent  pas  à  se  montrer  à  l'intérieur.  Outre  une 
constellation  de  très  petites  granules,  outre  des  inclusions  vacuoliformes  de  substance 
sidérophiie,  de  nombre,  de  grandeur  et  de  rapports  variables,  il  y  a  une  formation 
jusqu'ici  énigmatique,  peut-être  en  relation  avec  le  développement  de  l'acrosome,  en 
tout  cas  remarquable  d'allure  et  de  constance.  Elle  est  périphérique.  A  sa  première 
apparition  l'on  voit  un  petit  disque  chromatophile,  accolé  par  son  plat  interne  à  une 
masse  ovalaire  ou  sphérique,  bien  limitée  mais  à  peine  distincte  du  fond  général 
comme  colorabilité,  tandis  qu'il  s'applique  par  son  plat  externe  sur  la  surface  de  con- 
tact de  l'idiozome  avec  le  noyau  {Jig.  5,  di).  Plus  tard  une  nouvelle  masse  chromato- 
phile, en  forme  de  lentille  biconcave  (étranglée  eu  biscuit  sur  les  vues  de  profil), 
s'interpose  entre  les  deux  corps  précédents  {fig.  6). 

»  Les  corps  chromatinifères,  en  nombre  réduit  et  de  dimensions  corrélativement 
accrues,  sont  venus  s'appliquer  sur  le  noyau  sous  la  forme  de  calottes,  ca\  leur  ma- 
tière chromatique  émigré  manifestement  de  l'extérieur  vers  L'intérieur  et  passe  dans 
le  noyau,  où  l'on  ne  tarde  pas  à  la  retrouver  sous  la  forme  d'amas  plus  ou  moins 
denses,  estompés  dans  leurs  contours.  Les  calottes  disparaîtront  un  peu  plus  tard 
(par  résorption?). 

»  L'élément  nucléinien,  devenu  successivement  plus  insensible  aux  colorants  ordi- 
naires, tend  à  se  condenser  en  un  volumineux  caryosome  C5.  Les  plasmosomes /)5  émi- 
grent  dans  le  cytoplasme,  où  ils  se  dissolvent  {corps  chromatoïde  de  Benda);  il  n'est 
pas  rare  de  les  saisir  sur  le  fait  de  leur  passage  au  travers  de  la  membrane,  laquelle 
les  retient  quelque  temps  comme  enchâssés  {fig.  4)* 


lOOO  ACADEMIE    DES   SCIENCES. 

»  Le  Nebeîikern  est  partagé  en  deux  moitiés  accolées  et  engrenées  formant  un  tout 
à  contour  arrondi. 

»  IV.  Natation  de  la  spermatide.  —  Un  premier  mouvement,  dans  lequel  tout  se 
passe  comme  si  le  noyau  tournait  sur  lui-même  en  entraînant  l'idiozome  qui  se  trouve 
ainsi  temporairement  rapproché  du  Nebenkern  {fig.  6  et  7),  est  bientôt  suivi  du 
redressement  de  la  spermatide.  Celte  sorte  d'oscillation  marque  un  stade  très  carac- 
téristique peut-être  en  relation  avec  l'allongement  du  Nebenkern. 

»  Le  blépharoplaste,  assez  généralement,  se  voit  déjà  à  la  base  du  Nehenkevn 
{fig'  7,  b).  La  surface  de  contact  du  Nebenkern  et  du  noyau  montre  une  tendance 
marquée  à  fixer  l'hématoxyline  ferrique.  » 


ANATOMIE.  —  Sur  la  présence  des  corpuscules  acidophilcs  paranucléolaires 
dans  les  cellules  du  locus  niger  et  du  locus  cœrLilens.  Note  de  M.  G. 
Marinesco,  présentée  par  M.  Bouchard. 

»  En  examinant  les  cellules  du  locus  niger  et  du  locus  cœruleus  avec 
différents  procédés  de  coloration,  tels  que  la  méthode  de  Romanowski, 
les  liquides  de  Biondi,  d'Erlich,  ou  des  couleurs  combinées,  acides  et 
basiques,  j'ai  trouvé  constamment  chez  l'adulte,  à  l'intérieur  du  noyau  des 
cellules  du  locus  niger  et  fréquemment  dans  celles  du  locus  cœruleus, 
des  corpuscules  en  nombre  variable,  situés  au  voisinage  du  nucléole. 
Ces  corpuscules  prennent  toujours  la  couletir  acide. 

»  C'est  ainsi  que  par  la  méthode  de  Romanowski  ils  se  colorent  habituellement  en 
rouge  brique,  quelquefois  en  rouge  vénitien,  d'autres  fois  encore  en  rouge  orange.  Si  on 
emploie  une  couleur  acide  simple,  non  composée,  telle  que  la  fuchsine,  la  francéine 
ou  l'érythrosine,  on  constate  ce  fait  remarquable  que  le  nucléole  et  les  corpuscules 
paranucléolaires  ne  se  teignent  pas  de  la  même  manière,  la  fuchsine  colore  le  nucléole 
en  rouge  pourpre,  tandis  que  les  corpuscules  paranucléolaires,  plus  compacts,  se 
colorent  en  violet.  Il  en  est  de  même  pour  la  francéine  ('),  laquelle  donne  une  teinte 
rouge  pourpre  au  nucléole  pendant  que  les  corpuscules  sont  colorés  en  rouge  brique. 
On  observe  le  même  phénomène  dans  les  pièces  traitées  par  l'érythrosine.  Dans  les 
pièces  traitées  par  la  méthode  de  Nissl,  les  corpuscules  apparaissent  avec  une  teinte 
jaunâtre  plus  ou  moins  visible. 

»  Le  nombre  de  ces  corpuscules  varie  depuis  un  jusqu'à  six  et  généralement  ils 
sont  un,  deux  et  souvent  trois.  Lorsqu'ils  sont  nombreux,  nous  les  retrouvons 
ramassés  en  groupe  dans  le  suc  nucléaire  et  la  place  qu'ils  occupent  par  rapport  au 
nucléole   est  également   variable.  Tantôt  ils   sont  situés  au  voisinage  de   ce  dernier; 

(•)  Cette  couleur  acide  a  été  découverte,  il  y  a  déjà  i5  ans,  par  le  professeur  Istrati, 
de  Rucarest,  qui  a  bien  voulu  en  mettre  un  échantillon  à  ma  disposition. 


SÉANCE  DU  T^'"  DÉCEMBRE  1902.  lOOI 

tantôt  ils  s'en  écartent  et  peuvent  même  siéger   aux  deux  pôles  du  no^'au.  En  ce  qui 
concerne  leurs  dimensions  relatives,  ils   dépassent  rarement  le   volume  du    nucléole 
parfois  ils  peuvent  avoir   des  dimensions    presque   égales,  généralement  ils   sont  plus 
petits  que  ce  dernier,  surtout  lorsqu'ils   sont  nombreux.  Le  grand  diamètre  des  cor- 
puscules paranucléolaires  peut  atteindre  j^. 

»  Le  volume  de  ces  corpuscules  ne  paraît  pas  être  en  rapport  avec  l'âge,  car  le  plus 
grand  diamètre  que  nous  ayons  trouvé  a  été  chez  un  homme  âgé  de  3o  ans.  D'une 
manière  générale,  ils  sont  plus  nombreux  chez  l'adulte  et  chez  le  vieillard  que  chez 
les  jeunes  personnes.  Chez  ces  dernières,  en  effet,  on  les  rencontre  pins  rarement  et 
ils  font  défaut  chez  les  enfants.  Nous  les  avons  encore  retrouvés  chez  une  femme 
âgée  de  117  ans,  tandis  qu'ils  n'existaient  pas  chez  une  jeune  fille  âgée  de  i3  ans. 

»  La  méthode  de  Pal  ne  colore  pas  les  corpuscules  paranucléolaires  ;  l'acide  osmique 
simple,  ou  bien  associé  au  bichromate  de  potasse,  n'a  pas  d'affinité  pour  ces  corpus- 
cules. J'ai  pu  faire  la  même  remarque  pour  le  Sudan.  En  tenant  compte  de  ces 
réactions,  on  peut  éliminer  la  nature  graisseuse  et  lécithinique  de  ces  corpuscules;  de 
plus,  nous  avons  vu  qu'ils  siègent  habituellement  à  l'intérieur  du  noyau.  Cependant, 
j'ai  rencontré  quelquefois  des  corpuscules  acidophiles  en  dehors  du  noyau,  mais 
comme  ils  présentent  quelques  caractères  différentiels,  je  me  suis  demandé  s'il  était 
possible  de  les  assimiler  aux  corpuscules  intranucléaires.  C'est  ainsi  que  parfois  j'ai 
pu  voir  dans  la  masse  du  pigment  noir  des  corpuscules  colorés  en  rouge  brique  ou  en 
rouge  vénitien  par  la  méthode  de  Romanowski,  corpuscules  qui,  cependant,  sont 
plus  volumineux  que  ceux  que  l'on  voit  à  l'intérieur  du  noyau.  En  outre,  ils  sont 
entourés  d'une  large  auréole.  Les  corpuscules  paranucléolaires  sont  d'aspect  homogène, 
ils  offrent  néanmoins  parfois  des  vacuoles  ou  bien  l'apparence  d'un  autre  corpuscule 
beaucoup  plus  petit,  coloré  d'une  façon  plus  intensive. 

»  Quelle  est  la  signification  des  corpuscules  paranucléolaires?  —  [.a  pre- 
mière idée  qui  s'est  présentée  à  mon  esprit  a  été  de  les  considérer  comme 
des  granulations  acidophiles  analogues  à  celles  que  l'on  rencontre  en 
nombre  plus  ou  moins  considérable  à  l'intérieur  du  noyau  de  beaucoup  de 
cellules.  Mais  l'aspect  morphologique  et  les  réactions  chimiques  ne  parlent 
pas  en  faveur  de  cette  opinion.  En  effel,  je  n'ai  jamais  rencontré  dans  les 
autres  cellules  du  système  nerveux  central  des  corpuscules  si  e^ros,  si  con- 
sidérables, dépassant  en  grosseur,  ainsi  que  je  l'ai  dit,  le  volume  du  nucléole. 
On  pourrait  su[)poser,  d'autre  part,  que  les  corpuscules  paranucléolaires 
représentent  des  noyaux  accessoires,  mais  alors  leur  réaction  ne  déviait 
pas  être  différente  de  celle  du  noyau  principal  et  l'on  devrait  les  retrouver 
également  chez  l'enfant,  tandis  qu'ils  semblent  n'apparaître  qu'à  un  cer- 
tain moment  de  la  vie.  Il  est  vrai  qu'un  élève  de  von  I.enhossek,  ÏM.  Tume- 
feerr,  a  conslalé,  dans  les  ganglions  s|)inaux  et  sympathiques  des  oiseaux, 
la  présence  de  deux  nucléoles  dont  l'un  à  réaction  basophile  et  l'autre  à 

G.  R.,  1902,  2*  Semestre.  (T.  CXXXV,  N°  22.)  l3[ 


I002  ACADEMIE    DES   SCIENCES. 

réaction  aciHophile.  Le  nucléole  acidophile  siège  tout  près  de  l'autre  et 
même  le  touche.  Ils  ont  fous  deux  le  même  volume. 

»  Au  contraire,  nos  corpuscules  paranucléolaires  sont  nombreux,  ils 
diffèrent  du  nucléole  basophile  par  leur  volume;  ils  sont  plus  éloij^nés  de 
ce  dernier  et  ils  ne  se  retrouvent,  tout  au  moins  jusqu'à  plus  ample 
informé,  que  dans  des  cellules  spéciales,  pigmentées,  c'est-à-dire  dans 
celles  du  locus  niger  et  celles  du  lociis  cœndeus.  Etant  donné  que  ces  cor- 
puscules siègent  précisément  dans  les  cellules  qui  sont  pré()Osées  à  la 
création  du  pigment,  et,  d'autre  part,  qu'ils  pré^entent  certaines  propriétés 
physico-chimiques  analogues  à  celles  du  pigment  de  ces  cellules,  je  serais 
tenté  (l'admettre  qu'il  existe  une  relation  entre  la  formation  du  pigment  et 
la  présence  de  ces  corpuscules  paranucléolaires.  Si  je  ne  donne  ct^tte  opi- 
nion qu'à  titre  d'hypothèse  c'est  que  le  pigment  préexiste  à  ra[)parilion 
des  corpuscules  paranucléolaires. 

»  Dans  le  cytoplasma  des  cellules  pigmentées  du  locus  niger  yM  trouvé, 
en  dehors  du  pigment,  des  granulations  colorables  analogues  à  celles  qui 
ont  été  décrites  par  Oimer  sous  le  nom  de  granulations  amphophiles  dans 
les  cellules  du  locus  cœndeus.  Oliner  les  avait  vainement  cherchées  dans  le 
locus  niger.  J'ai  pn  les  déceler,  non  seidement  chez  l'enfant,  mais  encore 
chez  l'adulte  et  même  chez  le  vieillard.  J'ai  de  même  pu  colorer  ces  granu- 
lations à  l'aide  de  la  méthode  de  Romanowski,  avec  Biondi  simple,  et 
Biondi  acidifié,  avec  la  fuchsine  acide  et  la  francéine.  Cette  dernière  colore 
ces  granulations  en  rouge  pourpre.    » 

PHYSIOLOGIE.  —  Rapport  du  poids  du  foie  au  poids  total  de  ranimai. 
Note  de  M.  li.  Maurel,  présentée  par  M.  Bouchard. 

»  Les  recherches  utilisées  dans  ce  travail  comprennent  :  des  recherches 
personnelles  faites  sur  \q poulet  et  le  pigeon  (^);  celles  faites  en  collabora- 
tion avec  le  D""  Lagriffe  sur  le  hérisson  (^)  ei  sur  le  lapin  (');  celles  du 
D^  Baylac  sur  ce  dernier  animal  (");  celles  (iu  D""  Alezais  sur  lecoèaje(^); 
et  enfin  celles  sur  le  chien  publiées  MM.  Athanasiu  et  Carvallo  C^). 


(*)  Société  d'Histoire  naturelle  de  Toulouse  (juillet  1900). 

(^)     Ibid.  (7  mars  1900). 

(*)      Ibid.   (2  mai  1900). 

(*)     Ibid.   (17  mai  1900). 

(^)  Article  cobaye  du  Dictionnaire  de  Physiologie  de  Richet. 

(*)  Article  chien  »  » 


SÉANCE    DU    l"   DÉCEMBRE    1902.  IOo3 

»  Je  résume  ces   différentes  recherches  dans   le  Tableau  suivant  qui 
contient  les  moyennes  de  ces  diverses  pesées. 


Rapport  du  poids  du  foie  au  poids  total  de  V animal. 


Animaux. 


Poids  total 

moyen 
de  l'animal. 


Poids 

total 

du  foie. 


Animaux  jeunes. 


Cobayes. 
Lapins . . 


de  35o8      ) 

à  45os.       j 

Au-dessous  I 

de  i^oos.     \ 


i6s,  5o 
55s,  33 


i  Au-dessous  )  ^ 

Hérissons ,     ^     „  178,50 

(      de  ooos.      ) 

^     ,  \  Au-dessous  )       „    „ 

Poulets j    o     „  258,62 

\      de  800S.     ) 

Pigeons 


Au-dessous  |  „ 

de35o8.     \     "^''^^ 


Poids 

du  foie 

par  kil. 

d'animal. 


/41S 

675,22 

34s 

35^,90 


Poids  total 

moyen 
de  l'animai. 


Poids 

total 

du  foie. 


Animaux  adultes, 
de  600S     I 


a  900g.      \ 

Au-dessus  ) 

de  1800S.    i 

Au-dessus  \ 

de  5oo8.     i 

Au-dessus  I 

de  I  joos.    i 

Au-dessus  ) 

de  400?.     \ 


79^39 
39s 

35s,  12 
i3s,  II 


Poids 
du  foie 
par  kil. 
d'animal. 


37S,  3o 
38s,  07 
55g 

28s,  80 
3is 


Chiens  de  petites  tailles. 
de  4'^g        I 
cà   loi^s.       i 
de  4''^ 2iis,oo         52S,1 


2598,00         408,47 


Chiens  de  grosses  tailles, 
de  4o''S      I        5, 

de  4o''g       836s  208,90 


»  Or,  de  l'examen  de  ce  Tal>ieau  me  paraissent  se  dég.iger  les  princi- 
paux faits  snivanls  : 

)!  i«  D'une  manière  constante  les  adultes  ont,  par  kilogramme  de  leur 
poids,  une  quantité  de  foie  moindre  que  les  jeunes. 

»  Le  cobaye  adulte  a  3-8,30  de  foie  par  kilogramme,  et  le  jeune  en  a  45R;  le  lapin 
adulte  en  a  38^07,  et  le  jeune  478;  le  hérisson  adulte  en  a  558,  et  le  jeune  678,22;  le 
poulet  adulte  en  a  288,80,  et  le  jeune  34»;  le  pigeon  adulte  en  a  3i«  et  le  jeune  35e, 90. 

»  2"  Pour  la  même  espèce  animale,  quand  elle  présente  des  différences  de 
volume  dépendant  des  variétés,  comme  pour  le  chien,  la  quannié  de  foie  par 
kilogramme  d  animal  est  d'autant  plus  élevée  que  l'animal  est  plus  petit. 

»  Les  chiens  de  4o'^8  à  3o''8  n'ont  que  21e,  18  de  foie  par  kilogramme,  tandis  que 
ceux  entre  lo'^s  et  4''=,  en  ont  4o^.  Comme  on  le  voit  aussi  sur  le  Tableau,  pour  des 
poids  dix  fois  supérieurs,  de  4o''^  à  4''^',  1^  proportion  de  foie  peut  varier  de  2  à  5  : 
528,8  pour  celui  de  4''^  ^^  seulement  20^,90  pour  celui  de  lo'^ï^'. 


IOo4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  3°  La  proportion  du  foie  par  kilogramme  varie  avec  la  nature  de  l'ali- 
mentation. Cest  à  l'alimentation  animale  que  correspond  la  plus  grande  pro- 
portion et  à  r alimentation  par  les  graines  que  correspond  la  proportion  la 
plusjaible. 

»  En  nous  en  tenant  à  la  période  adulte  de  ces  divers  animaux,  nous  voyons  que  le 
hérisson,  qui  a  une  alimentation  presque  exclusivement  animale,  a  55s  de  foie  par 
kilogramme,  tandis  que  le  cobaye  et  le  lapin  n'en  ont  que  37s  et  38».  Enfin  le  pigeon 
et  le  poulet,  qui  vivent  surtout  de  graines,  n'en  ont  que  3is  et  282,80. 

»  Quant  aux  chiens,  qui  sont  également  surtout  carnivores,  même  en  descendant  à 
ceux  de  4'*^^,  leur  poids  est  encore  trop  supérieur  à  ceux  des  autres  animaux  pour  qu'on 
puisse  les  comparer  avec  eux.  La  proportion  de  52S,8o,  déjà  élevée,  serait  encore  aug- 
mentée pour  ceux  de  3''s,  2''S  et  1^0.  Celte  loi  de  l'influence  de  l'alimentation  sur  le 
volume  du  foie  se  vérifie  donc  pour  le  cliien  comme  pour  les  animaux  précédents. 

»  4°  L'augmentation  de  la  proportion  du  foie  chez  le  hérisson  et  chez  le 
chien  paraît  bien  tenir  à  V alimentation  animale.  —  Dans  deux  séries  d'expé- 
riences de  10  mois  et  de  6  mois  de  durée,  les  proportions  du  foie  par 
kdogramme  d'animal  ont  alteint  [\'è^,l\o  et  34^  chez  des  laj)ins  nourris 
avec  du  fromage,  tandis  qu'elles  sont  restées  à  3os  et  iS^  chez  les  lapins 
témoins  ayant  été  nourris  avec  de  l'herbe  (  '). 

»  5"  La  nature  animale  de  l'alimentation  me  paraît  agir  plus  que  la  com- 
position azotée.  —  Les  deux  granivores,  le  poulet  et  le  pigeon,  n'ont  que 
28^,80  et  3i&de  foie  par  kilogramme  d'animal,  tandis  que  le  lapin  et  le 
cobaye,  qui  sont  herbivores,  en  ont  38^,07  et  3^^,39. 

»  Il  se  pourrait  donc  que  l'hygiène  et  la  thérapeutique  trouvent  un 
sérieux  avantage  à  employer  FalimentaLion  par  les  graines,  quand  la  fonc- 
tion hépatique  est  diminuée. 

»  6**  Enfin  la  proportion  plus  grande  du  foie  chez  le  hérisson  ne  me  paraît 
pas  tenir  à  des  dépenses  plus  considérables . 

»  A  volume  égal,  le  cobaye  a  sensiblement  les  mêmes  dépenses  que  le 
hérisson.  C'est,  en  effet,  ce  qui  résulte  des  chiffres  suivants  que  je  prends 
dans  mes  recherches  sur  l'influence  des  saisons  sur  les  dépenses  de  l'orga- 
nisme ("). 


(*)  Influence  d'un  régime  fortement  azolé  sur  le  volume  du  foie  des  Herbivores 
{Société  de  Biologie,  novembre  i884). 

(2)  Influence  des  saisons  sur  les  dépenses  de  l'organisme  [Expériences  faites  sur  le 
hérisson  {Languedoc  médico-chirurgical,  janvier  et  février  1900)]. 


SÉANCE    DU    l"    DÉCEMBRE    1902.  IOo5 

Cobayes. 


Dépenses 

Poids 

par  kilogramme 

total. 

en  calories. 

g 

Cal 

714 

i3q 

705 

116 

779 

98,5 

H 

érissons. 

Dépenses 

Poiils 

par  kilogramme 

total. 

en  calories. 

737 

Cal 

i44 
128 

720 

101 

Températures. 

o  o 

16  à   17 

20  à   22 

20  à   26 

))  Comme  on  le  voir,  poîir  des  poids  compris  entre  700^  et  8oo«,  le  kilo- 
gramme de  cobaye  a  dépensé  iSq^*'  et  celui  de  hérisson  i44^^>  anx  tempé- 
ratures de  16**  à  17*'.  Aux  fempéraliires  de  20**  à  22°,  ces  dépenses  se  sont 
élevées  à  116^^'  pour  le  premier  et  à  128^^^  pour  le  second;  et  enfin,  aux 
températures  de  25«  à  26°,  le  premier  a  dépensé  98^^1,5  et  le  second  10 1^^», 
c'est-à-dire  toujours  des  quantités  aussi  rapprochées  l'une  de  l'autre  que 
possible.  » 

CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Sur  les  variations  du  phosphore  minéral,  conjugué  et 
organique,  des  tissus  animaux.  Note  de  M.  A.-L.  Percival,  présentée 
par  M.  A.  Gautier. 

«  C'est  aujourd'hui  une  notion  définitivement  acquise  que  le  phosphore 
qui  existe  dans  l'organisme  animal  y  est  sous  trois  formes,  savoir:  phos- 
phore complètement  oxydé  ou  phosphore  minéral,  phosphore  conjugué 
(lécithines,  nucléines,  etc.)  et  phosphore  organique. 

»  Je  viens  de  terminer  à  la  Faculté  de  Médecine  de  Paris,  dans  le  labo- 
ratoire de  M.  le  Professeur  A.  Gautier  et  avec  ses  conseils,  une  série  de 
recherches  sur  les  proportions  relatives  tle  ces  trois  combinaisons  tlu 
phosj)hore  dans  les  org.ines  des  animaux. 

»  La  méthode  employée  à  été  la  suivante  : 

»  L'organe  frais,  privé  autant  que  possible  de  sang,  était  finement  broyé.  On  oxydait 
une  première  portion  A  (los  à  20?)  par  la  méthode  de  Marie  (  '  )  et  l'on  dosait  le  phos- 
phore total.  Une  deuxième  portion  (25s-5oS)  était  épuisée  à  froid  par  l'eau  chlorhy- 
drique  à  o,5  pour  1000;  après  2^  heures  on  filtrait  à  la  trompe,  ou  mieux,  on  centrifu- 
geait en  ayant  soin  de  bien  laver  plusieurs  fois  le  résidu  :  le  liquide  B  ainsi  obtenu 
contenait  le  phosphore  minéral.  La  pulpe  résiduelle  était  ensuite  attaquée  à  l'ébuUilion, 
pendant  2  heures,  avec  une  solution  d'acide  chlorhydrique  à  5  pour  100  pour  dédou- 
bler les  lécithines  et  nucléines,  etc.  On  filtrait,  on  lavait  abondamment  et  l'on  obtenait 
ainsi  une  troisième  liqueur  C  contenant  le  phosphore  conjugué.  Les  liquides  B  et  G 
étaient  évaporés,  et  le  résidu,  ainsi  que  celui  de  la  filtration  précédente  qui  contenait 


(*)  Comptes  rendus,  t.  CXXIX,  1899,  p.  766. 


ioo6 


ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 


le  phosphore  organique,  était  ensuite  séparément  traités  par  les  oxydants  pour  faire 
passer  le  phosphore  à  l'étal  de  P-0^. 

»  Les  liqueurs  nitriques,  filtrées  à  froid  pour  éliminer  les  graisses  et  l'oxyde  de 
manganèse,  étaient  traitées  par  la  solution  nitromolybdique  et  le  précipité  redissous 
dans  l'ammoniaque,  précipité  par  la  mixture  magnésienne. 

«  Les  résnlinls  (jue  j'ai  obtemis  sont  consignés  dans  les  Tableaux  sui- 
vants :  j'v  donne  ies  moyennes  de  plnsieurs  déterminations  bien  concor- 
dantes. Les  nombres  sont  tous  rajiportés  à  looo^  de  substance  fraîche  et 
sont  calculés  en  P'^O*. 

P-O^  du  phosphore 


Organes. 


H' G 

pour  1000. 


Muscles  (bœuf) 729,7 

Cœur  (mouton) 77^  î^ 

Intestin  de  porc  (raclure).  » 

Rate  (bœuf).  . 75o,3 

Foie    (i(l.)    689,9 

Pancréas  (  mouton) 692  ,  i 

765,6 

716,6 


Thvmus 

(id.) 

Thyroïde 

(id.) 

Poumon 

(id.) 

Cerveau 

(id.) 

Rein 

(id.) 

767,5 

791.1 

Testicules  (veau) 860,7 

Testicules  (taureau) 863,9 

Ovaire  (vache) » 

Corps  jaunes  (vache) » 

Mamelle  (id.) 667,8 


total 
pour  1000. 

g 
5,067 

10,  I  I 

2,98 

5,70 

5,6i 

7.49 
12,28 

8,69 

7,45 
6,38 
4,58 
5,17 

4,70 
4,29 
8,42 
4,i4 


minéral 
pour  1000. 

g 
2,17 

3,80 

1,08 

1  ,76 

2,64 
3,66 
4.54 

2,  l5 

3,47 

1,48 

2,82 

2,08 
2,80 
1,38 
2,78 
i>99 


conjugue 
pour  1000. 

0,95 

3,o5 
1,46 
3,o4 
2,35 
3,69 
7,33 
0,87 
3,28 
3,70 
1 ,92 

2,8i 

1,59 
1,59 

2,86 
1,58 


organique 
pour  1000. 
g 
1,93 

2,68 
o,38 
o,56 
0,62 

G,  18 
0,25 
0,66 
0,70 

I ,  i5 

o,3o 
0,27 

0,79 
1 ,    2 

2,82 

o,4o 


»  La  diffrretite  richesse  en  |)ho'-j)hore  des  organes  ex;(mip,és  est  assez 
grande  et  ressort  bieis  plus  clairement  «  ncoî  e  du  Tiibleaii  suivant  où  ces 
organes  sont  inscrits  suivant  l'augmentation  du  pliosj'hore  : 


du  phosphore  total. 

g 
Intestin  (raclure).      2,98 

Thyroïde 8,69 

4,i4 

4,29 
4,54 

4,70 
5 ,  06 

5,17 


Mamelle 

Ovaire 

Rein 

Te-ticules  (  taur.). 

Muscles 

Testicules  (veau). 


p205 

du  phosphore  minéral. 

g 
Intestin  (raclure).      1,08 

Ovaire i  ,38 

Cerveau i  ,43 

Rate 1 ,76 

Mamelle i  ,99 

Foie 2  ,o3 

Testicules  (veau).  2,08 

Thyroïde 2,  i5 


du  phosphore  conjugué. 

g 
Thyroïde o,  87 

Muscles 0,95 

Intestin  (raclure).  i,46 

Mamelle i,58 

Testicules  (taur.).  ijSg 

Ovaire •  ,59 

Rein. i  ,92 

Foie 2,85 


piQ- 

du  phosphore  organique. 

Pancréas o,  i3 

Thj'mus 0,25 

Testicules  (veau  ).  0,27 

Rein o,  29 

Intestin  (rnclure).  0,88 

Mamelle o,4o 

Rate 0,55 

Foie 0,62 


SÉANCE  DU  l"  DÉCEMBRE  1902. 


du  phosphore  total. 

Foie 5,6f 

Raie 5,70 

Cerveau 6,35 

Poumon .  7,45 

Pancréas 7^49 

Corps  jaunes  ....  8,4^ 

Cœur 10,  1 1 

Thjmus 12,28 


P=05 

du  phospore  minéral. 
g 
Muscles ?■ ,  17 

Testicules  (laur.).  2,3o 

Rein 2,82 

Corps  jaunes 2,78 

Poumon 3  ,^7 

Pancréas 8,66 

Cœur 3,80 

Tlivmus 4)54 


p205 

du  phosphore  conjugué. 

Testicules  (veau  ).  2.17 

Corps  jaune 2,86 

Cœur 3,o5 

Rate 3,o5 

Poumon 3  ,28 

Pancréas 3, 69 

Cerveau 3,  70 

Thymus 7)33 


1007 

du  phosphore  ora 

Thvroï{^e 

Poumon 

Testicules  (laur. 

Cerveau 

Ovaire 

Muscles 

Cœur 

Corps  jaunes. .  . 


0,66 

•  0,70 
)•     0,79 

.      i,.5 

I  ,32 

•  i»93 

, .     2,68 
,.     2,82 


»  Ces  nombi'es  monlrent  cjii'on  ne  peiif  p^s  (Mal-lir  de  rapports  con- 
stants entre  le  |)hosj)hoie  total  et  les  autres  combinaisons  du  phosphore. 

»  Laissant  de  côté  le  phosphore  minéral  qui,  étant  déjà  sous  une  forme 
totalement  oxydée,  a  une  importance  moins  £;raiide  que  le  phosphore  orga- 
nique, on  voit  que  le  phosphore  corijugué  abonde  dans  les  tissus  jeunes  en 
voie  d'évolution  (testicules  de  veau,  thymus,  ovaire),  et  dans  les  tissus  qui 
ont  à  accom[)lir  un  travail  notable  (cerveau,  poumon,  cœur),  tandis  que 
pour  la  raie,  sa  richesse  en  phosphore  conjugué  pourrait  être  en  rapport 
avec  sa  fonction  hémolytique.  La  pauvreté  au  contraire  de  la  thyroïde  en 
phosphore  cot)ju£^tié  nous  aiilori^e,  peut-être,  à  croire  à  l'exislence  de 
nucléines  combinées  à  d'autres  éléments  dont  le  i  ôle,  tel  que  celui  de  l'ar- 
senic, pourrait  n'être  pas  moins  iuqiorlant  que  celui  du  phosphore. 

»  La  raclure  d'intestin,  le  pancréas,  la  mamelle,  sans  doute  à  cause  de 
leurs  fonctions  physiologiques  si  importantes,  contiennent  aussi  de 
grandes  quantités  de  phosphore  conjugué,  la  moitié  presque  du  poids  du 
phosphore  total. 

))  Les  variations  du  phosphore  organique  sont  bien  plus  fortes  que 
celles  du  phos|)hore  conjugué,  soit  comme  quantité  absolue,  soit  relative- 
ment au  [)hosphore  tot;il. 

))  Le  thymus  et  les  testicules  de  veau,  très  riches  en  phosphore  con- 
jugué, contiennent  respectivement  en  phosphore  organique  le  jj  et  le  ^  du 
phosphore  total. 

))  Très  peu  riches  aussi  sont  les  organes  de  la  digestion  dans  lesquels  le 
phosphore  organique  est,  par  rapport  au  phosphore  total,  le  jj  dans  le 
pancréas  et  le  -j^  dans  la  rate,  le  foie  et  l'intestin.  Les  plus  grandes  (pian- 
tités  de  phosphore  organique,  soit  absolument,  soit  relativement  au  f)hos- 
phore  total,  existent  dans  les  muscles,  l'ovaire,  le  cerveau  et  le  cœur.  » 


IOo8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


PHYSIOLOGIE  PATHOLOGIQUE.  —  Recherches  physiologiques  sur  les  effets 
de  la  sympathicectomie  cervicale.  Note  de  MM.  ^Moussu  et  Charriv, 
présentée  par  M.  Bouchard. 

«  Dans  ces  dernières  années,  on  s'est  beaucoup  occupé  d'une  interven- 
tion chirurgicale  dirigée  soit  contre  certains  accidents  de  la  m:i!;ulio  de 
Basedow,  soit  contre  l'épilepsie  :  la  sympathicectomie .  Les  uns  lui  ont 
attribué  des  effets  merveilleux,  des  résultais  inespérés;  d'autres,  sans  tou- 
tefois préciser  leurs  griefs,  l'ont  accusée  des  plus  grands  méfaits. 

»  Il  nous  a  semblé,  avant  de  choisir  entre  des  opinions  si  différent(;s, 
qu'il  y  avait  là  une  question  de  Physiologie  pathologique  à  élucider; 
abstraction  faite  de  sa  non-efficacité  possible,  le  plus  grave  re[)roche 
adressé  à  la  sympathicectomie  a  été  de  provoquer  des  troubles  trophiques 
variés,  troubles  d'autant  plus  manifestes  qu'ils  portaient  sur  la  région 
céphalique,  la  face  ou  le  crâne  (^).  Pour  juger  dans  quelles  mesures  ces 
reproches  étaient  fondés,  nous  avons  expérimenté  sur  des  animaux  tout 
jeunes,  en  voie  de  développement  ou  de  croissance,  par  conséquent  j)ar- 
faitement  aptes,  s'il  devait  s'en  produire,  à  permettre  d'enregistrer  ces 
troubles  trophiques;  chez  les  adultes,  dont  l'architecture  est  définitive, 
ces  désordres  se  réalisent,  en  effet,  plus  difficilement. 

))  Le  i4  octobre  1900,  chez  des  chiens  âgés  de  2  mois,  nous  avons  réséqué,  à  l'un 
2'='"  du  sympathique  gauche,  à  l'autre  2*=™  du  sympathique  droit.  Le  même  jour,  sur 
une  chevrette  de  5  mois,  nous  avons  également  pratiqué  des  résections  de  2<^""  du  sym- 
pathique et  du  pneumogastrique  gauches,  pendant  que,  chez  une  agnelle  de  4  mois, 
ces  résections  portaient  sur  ces  mêmes  nerfs,  mais  du  côté  droit.—  Dès  le  20  octobre, 
les  chiens  ont  présenté  des  différences  dans  la  physionomie;  chez  l'un  et  l'autre,  l'œil 
correspondant  à  la  section  paraissait  plus  petit  et  plus  enfoncé  dans  la  cavité  orbilairé; 
la  fente  palpébrale  était  moins  grande,  les  paupières  moins  ouvertes;  le  myosis  était 
incontestable. 

»   Avec  des  signes  aussi  nets  et  des  désordres  aussi  rapides,  on  aurait  pu  s'attendre 

(1)  Bien  souvent,  on  a  pratiqué  des  sections  du  sympathique,  mais  on  a  surtout  eu 
pour  but  l'étude  des  modilications  vasculaires  ou  des  dégénérescences  des  fibres;  plus 
rarement,  comme  dans  les  faits  publiés  par  Arloing,  Morat  et  Doyon,  etc.,  on  a  signalé 
quelques  troubles  trophiques  discrets,  de  préférence  oculaires.  Un  élève  de  Do^on, 
Bevne,  tenant  compte  des  âges,  du  développement,  se  plaçant  au  même  point  de  vue 
que  nous,  aboutit,  dans  des  recherches  inédites,  à  des  conclusions  analogues  aux 
nôtres. 


SÉANCE  DU  I^'  DÉCEMBRE  1902.  IOO9 

à  des  troubles  trophiques  consécutifs  assez  marqués,  aboutissant  à  l'asymétrie  cépha- 
lique.  En  réalité,  ces  troubles  n'ont  jamais  acquis  d'importance  et  lorsque,  en  avril  igoi, 
les  deux  chiens  furent  sacrifiés,  pas  plus  sur  la  région  crânienne  que  sur  la  région 
faciale  il  n'y  avait  d'hémiatrophie  bien  marquée.  Les  modifications  extérieures  elles- 
mêmes  n'avaient  pas  la  valeur  que  tout  d'abord  on  aurait  pu  leur  attribuer;  l'œil,  qui 
semblait  plus  petit  du  côté  opéré,  avait,  en  réalité,  à  quelques  millimètres  près,  les 
mêmes  diamètres  que  l'œil  opposé;  sa  rétraction  au  fond  de  l'orbite  était  la  cause  de 
son  aspect  extérieur. 

»  Chez  la  chevrette  et  chez  le  mouton,  nous  avons  enregistré  des  changements  de 
tous  points  identiques  à  ceux  de  nos  chiens,  mais  moins  accusés.  A  l'autopsie,  égale- 
ment pratiquée  en  avril  igoi,  il  nous  sembla  cependant  qu'il  y  avait  une  légère  asy- 
métrie céphalique,  à  la  vérité  peu  appréciable;  comme  le  montre  la  photographie, 
cette  asymétrie,  pour  être  aperçue,  réclamait  un  examen  attentif;  pourtant,  chez  un 
mouton,  la  moitié  droite  de  la  voûte  palatine  était  nettement  plus  étroite  et  l'hémi- 
sphère cérébral  du  même  côté  plus  aplati. 

»  Le  7  janvier  1901,  sur  deux  lapins  âgés  de  i  mois,  nous  avons  réséqué,  à  l'un  o'='",5 
du  sympathique  droit,  à  l'autre  0"=™,  5  du  sympathique  gauche.  Les  résultats  ont  été 
identiques  à  ceux  que  nous  ont  offerts  les  chiens  :  mêmes  modifications  de  l'aspect 
extérieur  de  l'œil,  des  paupières,  de  l'ouverture  pupillalre.  Cet  aspect  extérieur  per- 
mettait facilement  de  reconnaître  le  côté  de  la  section  ;  mais,  à  l'autopsie,  sur  le  sque- 
lette ou  le  cerveau  on  n'a  relevé  aucun  trouble  trophique  de  quelque  Importance. 

»  Tous  ces  opérés  avaient  rlonc  présenté  des  résultats  absolument  com- 
parables; cependant,  malgré  leur  jeune  âge,  à  l'époque  de  ces  diverses 
interventions  leur  développement  était  en  partie  effectué;  aussi  nous  avons 
fait  porter  nos  expériences  sur  une  seconde  série  d'animaux  très  voisins 
de  leur  naissance. 

»  Le  9  juin  1902,  nous  avons  soumis  à  la  même  opération  un  jeune  bouc  né  depuis 
j5  jours  et  une  cl^evrette  du  môme  âge,  puis,  le  18  juin,  une  chienne  et  un  chien 
respectivement  âgés  de  10  jours.  Or,  chez  deux  de  ces  sujets  il  est  actuellement  aisé 
de  relever  toutes  les  modifications  extérieures  précédemment  signalées  :  du  côté  de  la 
résection,  œil  plus  petit,  du  moins  en  apparence,  fenle  palpébrale  moins  grande, 
paupières  moins  ouvertes,  pupille  contractée.  Peut-être  pourrait-on  mentionner  éga- 
lement un  semblant  d'asymétrie  céphalique?  Néanmoins,  ces  modifications  ne  sont 
certainement  pas  plus  accentuées  chez  ces  animaux  tout  jeunes  que  chez  les  premiers. 

»  Tout  faisait  prévoir  qu'à  l'autopsie  de  ces  sujets,  dont  à  6  mois  la  croissance 
est  déjà  avancée,  on  ne  trouverait  pas  d'asymétrie  évidente;  c'est  ce  que  cette  autopsie 
a  confirmé. 

»  Il  nous  semble  donc  que,  dès  aujourd'hui,  nous  sommes  autorisés  à 
dire  : 

»  i"  Que  la  sympathicectomie  provoque,  chez  les  opérés,  une  modifi- 
cation indéniable,  mais  minime,  de  la  physionomie; 

G.  R.,  190a,  2*  Semestre.  (T.  CXXXV,   N°  22.)  l32 


lOIO  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

»  2°  Que  cette  modification  de  l'aspect  extérieur  ne  comporte  pas  de 
troubles  trophiques  constants  et  importants. 

»  Sans  vouloir  établir  un  étroit  rapprochement  entre  ce  qui  a  été  enre- 
gistré chez  nos  animaux  et  ce  qui  peut  se  passer  dans  l'espèce  humaine,  il 
est  évident  que  les  changements  relevés  à  litre  expérimerjtal  doivent  être 
plus  sensibles  et  peut-être  plus  gênants  cliez  l'homme,  dont  la  face  est 
plus  complexe.  Toutefois,  comme  les  désordres  sont  relativement  de  peu 
de  valeur,  nous  estimons  que,  si  dans  certains  étals  pathologiques  la 
sympalhicectomie  devait  donner  de  très  grandes  améliorations,  la  crainte 
des  troubles  trophiques  ne  constituerait  peut-être  pas  un  motif  suffisant 
d'abstention.    » 


MÉDECINE.  —  HéTnoglohinurie  musculaire.  Noie  de  \1M.  Jean  Camus 
et  F.  Pagmez,  présentée  par  M.  Bouchard. 

«  Dans  la  séance  de  l'Académie  des  Sciences  du  j  i  août  1902  nous 
avons  apporlé  une  nouvelle  explication  de  i'hémoglobinurie  appuyée  sur 
des  faits  tirés  de  l'expérimentation,  de  la  médecine  vétérinaire  et  de  la 
pathologie  humaine.  Nos  recherches  montraient  que  des  injections  de  suc 
musculaire  dans  les  veines  et  des  lésions  musculaires  provoquées  occasion- 
naient de  i'hémog!o})inurie  sans  modifications  appréciables  de  la  couleur 
du  plasma  sanguin.  On  sait  que,  dans  les  hémoglobinuries  causées  par  la 
destruction  de  globules  rouges  dans  le  sang  circulant,  le  plasma  est  teinté 
en  rouge. 

»  Les  expériences  suivantes  nous  montrent  que  c'est  bien  l'hémoglo- 
bine du  nuiscle  qui  passe  sans  addition  d'hémoglobine  globulaire  : 

»  )°  Le  suc  démuselés  de  chien,  dél)arrassés  de  leur  sang  par  le  passage  de  plusieurs 
litres  d'eau  salée  dans  l'aorte  abdominale,  donne  de  I'hémoglobinurie  par  injection 
intraveineuse  de  quantité  minime  (l'extrait  de  muscle  cardiaque  ne  se  comporte  pas 
diliéremment  de  celui  des  autres  muscles). 

»  2°  Le  suc  musculaire,  débarrassé  de  son  hémoglobine  par  l'ébullition  ou  par  le 
noir  animal,  ne  donne  plus  d'hémoglobinurie. 

»  3°  Ce  même  suc,  décoloré  et  additionné  de  quantité  notable  d'hémoglobine  glo- 
bulaire, ne  donne  pas  d'hémoglobinurie, 

»  4"  ^"  sait  que  le  lapin  possède  des  muscles  rouges  chargés  d'hémoglobine  et  des 
muscles  blancs  qui  n'en  contiennent  pas  : 

)>  a.  Le  suc  de  muscles  rouges  de  lapin  injecté  au  chien  donne  de  I'hémoglobinurie  ; 

»   b.  Le  suc  des  muscles  blancs  n'en  donne  pas; 


SÉANCE    DU    I*''   DÉCEMBRE    1902.  lOl  I 

»  c.  I-e  suc  de  muscles  blancs,  additionné  d'hémoglobine  globulaire,  n'occasionne 
pas  d'hémoglobinurie. 

»   5°  La  démonstration  peut  en  être  faite  par  dosage  : 

»  a.  On  fait  une  injection  intra-veineu?e  d'une  petite  quantité  de  suc  musculaire 
pur;  riiémoglobinurie  apparaît,  puis  après  i  heure  environ  l'urine  est  redevenue 
normale.  On  dose  au  colorimètre  la  quantité  d'hémoglobine  qui  a  passé  dans  l'urine 
par  rapport  à  la  quantité  injectée. 

»  b.  Sachant  la  quantité  d'hémoglobine  qui  a  passé  en  a,  on  injecte  exactement  la 
même  quantité  de  suc  musculaire  que  la  première  fois,  mais  additionnée  d'une  forte 
proportion  d'hémoglobine  globulaire  ;  on  dose  de  nouveau  au  coloriraètre  l'hémoglo- 
bine totale  qui  a  traversé  le  rein,  et  Ton  voit  que  cette  quantité  est  à  peu  près  iden- 
tique à  celle  de  a. 

»  L'addition  d'hémoglobine  globulaire  n'a  modifié  en  rien  l'intensité  de  l'hémoglo- 
binurie;  c'est  donc  l'hémoglobine  du  muscle  qui  a  passé  seule  dans  les  deux.  cas. 

»  Si  l'on  sujjpose  que  le  passage  de  l'hémoglobine  musculaire  est  favorisé 
p;ir  une  autre  substance,  il  finit  admettre  que  celte  dernière  est  spéciale 
au  muscle  et  intimement  unie  à  l'hémoglobine  du  muscle. 

))  Les  injections  d'extrait  de  rate,  de  foie,  ne  nous  ont  pas  donné  d'hémo- 
globinurie à  des  doses  beaucoup  plus  fortes  que  celles  du  suc  musculaire. 

»  Les  solutions  d'hémos^lobine  elobulaire  n'ont  occasionné  d'hémoglo- 
binurie  qu'à  de  hautes  doses  (^  du  poids  du  sang  environ  :  chiffre  de 
Poulie  k),  tandis  que  des  doses  comparativement  insignifiantes  d'hémoglo- 
bine musculaire  nous  ont  toujours  donné  de  l'hémoglobinurie. 

»  Nous  avons  obtenu  de  l'hémoglobinurie  par  injection  d'eau  distillée 
dans  les  masses  musculaires,  alors  que  des  quantités  plus  considérables 
injectées  dans  les  veines  donnent  de  l'hémoi^lobinémie  sans  hémoglo- 
binurie.  Les  mêmes  résultats  comparatifs  ont  été  fournis  par  des  injections 
de  glvcérine. 

»  Depuis  notre  Note  du  mois  d'août,  M.  Lucet,  qui  depuis  plus  de 
lOitns  (')  a  constaté  chez  le  cheval  des  lésions  musculaires  dans  l'hémoglo- 
binurie, nous  a  envoyé  avec  une  grande  obligeance  des  détails  qui  con- 
cordent absolument  avec  nos  expériences.  Il  a  observé  et  décrit  des  lésions 
musculaires  macroscopiques  et  microscopiques,  survenant  d'une  façon 
constante,  accompagnées  d'impotence  plus  ou  moins  accentuée  et  suivies 
souvent  d'atrophie.  Dans  ses  dernières  recherches,  il  a  vu  que  le  sérum, 
pendant  la  crise,  n'était  pas  teinté  par  l'hémoglobine  ;  que  ce  sérum  n'était 

(M  Lucet,  Rec.  Méd.  vétér,,  1889.  —  Bull.  Soc.  cent.  Méd.  véter.,  1892. 


I012  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

pas  g^lobulicide  pour  les  globules  normaux  et  que  le  nombre  des  globules 
rouges  était  peu  modifié  pendant  la  crise. 

»  Ces  faits  réunis  à  nos  ex[)ériences  semblent  prouver  jusqu'à  l'évi- 
dence l'existence  d'une  hémoglobiniirie  musculaire. 

»  Une  telle  explication  ne  peut  d'ailleurs  convenir  à  tous  les  cas  d'hémo- 
globinurie,  et  nous  pensons  qu'il  faut  les  diviser  en  trois  groupes  :  i°hémo- 
globinuiie  musculaire  par  lésion  des  musc'es;  2°  hémoglobinurie  globu- 
laire par  destruction  massive  de  globules  rouges  dans  le  sang  circulant; 
3**  hémoglobinurie  urinaire  (')  par  action  globulicide  (toxique  ou  osmo- 
nocive)  de  l'urine. 

))  La  plupart  des  cliniciens  signalent  de  l'albuminurie  accompagnant 
rhémoglobinurie  ;  on  a  observé  aussi  des  crises  larvées  caractérisées  seu- 
lement par  de  l'albuminurie  passagère,  et  Rolfe  a  vu  chez  les  mêmes  indi- 
vidus, tantôt  des  crises  d'hémoglobinurie,  tantôt  des  crises  d'albuminurie. 
Dans  nos  expériences,  nous  avons  vu  non  seulement  l'urine  pendant 
rhémoglobinurie  musculaire  présenter  les  caractères  des  urines  albumi- 
neuses,  mais  nous  avons  encore  constaté  parfois  l'apparition  isolée  d'al- 
bumine avant  celle  d'hémoglobine;  ce  fait  cadre  assez  bien  avec  les  obser- 
vations cliniques  et  avec  les  cas  d'albuminurie  consécutive  à  la  fatigue 
musculaire  ;  il  fait  supposer  l'existence  d'une  albuminurie  musculaire. 

»  Mais  si  l'on  conçoit  assez  facilement  que  la  fatigue  puisse,  par  alté- 
ration mu>culaire,  faire  passer  dans  la  circulation  des  parties  conslituantes 
des  muscles,  on  voit  moins  bien  comment  agit  le  froid,  l'une  des  princi- 
pales causes  des  accès  d'hémoglobinurie.  Or,  dans  tous  les  cas  où  nous 
avons  produit  de  rhémoglobinurie  par  action  directe  sur  le  muscle,  nous 
avons  vu  non  seulement  de  la  contracture,  mais  aussi  un  tremblement 
fibrillaire  intense.  Le  tremblement  muscuLiire,  constant  dans  tous  les  cas 
d'hémoglobinurie  paroxystique,  voilà,  nous  le  croyons,  le  lien  entre  la 
sensation  de  froid  et  l'apparition  de  l'hémoglobine  dans  l'urine,  en  tenant 
compte,  bien  entendu,  comme  dans  toutes  les  maladies,  des  prédisposi- 
tions individuelles. 

M.  Chauffard  ('-),  dans  une  expérience  intéressante,  a  reproduit  une 
crise  larvée  d'hémoglobinurie  avec  frissons,  tremblement  et  albuminurie, 
en  plongeant  simplement  la  main  d'un  malade  dans  l'eau  glacée.  La  main 

(')  Jean  Camus  et  Pagniez,  Journ.  de  Physiol.  et  Path.  gén.,  juillet  190 1. 
(^)  Chauffard,  Soc,  Méd.,  i4  juin  1890. 


SÉANCE  DU  I**"  DÉCEMBRE  1902.  IOl3 

était  isolée  du  reste  du  corps  par  une  ligature,  et  M.  Chauffard  conclut  de 
son  expérience  à  l'influence  du  système  nerveux  sur  l'hémoglobinurie, 
sans  cependant  expliquer  le  mode  d'action.  Nous  pensons  pouvoir  ajouter 
aujourd'hui  la  seconde  partie  de  l'arc  réflexe  dont  la  première  a  été  vue 
par  M.  Chauffard,  et  l'arc  complet  serait  le  suivant  :  1°  excitation  par  le 
froid  transmise  aux  centres;  2.^  transmission  de  l'excitation  des  centres 
aux  groupes  musculaires  et  production  du  tremblement  qui,  lui-même, 
occasionne  l'hémoglobinurie.  » 

PATHOLOGIE  EXPÉRIMENTALE.  —  Sur  la  formation  des  anticorps  dans  le 
sérum  des  animaux  vaccinés.  Note  de  iMM.  A.  Calmette  et  E.  Bijeton, 
présentée  par  M.  Roux. 

«  On  sait  que  les  injections  de  toxines,  de  corps  microbiens,  d'extraits 
cellulaires,  etc.,  effectuées  chez  les  animaux  en  vue  de  produire  un  sérum 
antitoxique,  antimicrobien,  cytolylique  ou  précipitant,  doivent  être  répétées 
et  espacées.  On  a  remarqué,  d'autre  part,  que  la  valeur  du  sérum  obtenu 
ne  dépassait  pas  une  certaine  limite,  variable  pour  chaque  animal,  et  que 
cette  limite  ne  dépendait  nullement  du  nombre  d'injections  reçues  ni  de  la 
quantité  de  substances  injectées.  Des  animaux  qui  reçoivent  de  grandes 
quantités  de  corps  microbiens,  par  exemple,  ou  de  toxine  diphtérique  ou 
tétanique,  fréquemment  renouvelées  pendant  plusieurs  mois,  produisentdes 
sérums  de  moins  en  moins  actifs.  Nous  nous  sommes  demandé  s'd  était 
possible,  en  variant  les  méthodes  d'mimunisation  des  animaux,  de  fixer  les 
conditions  qui  permettent  d'obtenir  les  sérums  les  plus  actifs. 

»  Dans  une  première  série  de  recherches,  nous  avons  expérimenté  avec  un  sérum 
de  lapin  hémolj  tique  pour  les  hématies  de  poules.  Après  quatre  injections,  réparties 
sur  un  espace  de  i  mois,  nous  avons  obtenu  un  sérum  très  nettement  hémolytique 
dont  nous  avons  mesuré  les  elFets.  En  continuant  les  injections  d'hématies  de  poules 
aux  mêmes  lapins,  nous  avons  constaté  que  le  sérum  de  ceux-ci  devenait  moins  hémo- 
lytique jusqu'à  une  moyenne  d'activité  relativement  faible.  Nous  avons  alors  suspendu 
les  injections  pendant  6  mois.  Au  bout  de  ce  temps  le  pouvoir  hémolytique  persistait 
encore,  mais  il  était  très  faible.  A  ce  moment,  il  a  suffi  de  deux  injections  pour  rendre 
au  sérum  un  pouvoir  hémolytique  trois  fois  plus  intense  que  celui  qui  avait  été  atteint 
après  quatre  injections  chez  les  mêmes  animaux  et  chez  les  animaux  neufs  pris  comme 
témoins. 

»  Dans  une  seconde  série  d'expériences,  nous  avons  éprouvé  le  pouvoir  immunisant 
du  sérum  de  cobaye  vis-à-vis  du  bacille  typhique.  Après  quatre  injections  sous-cutanées 
de  bacilles  atténués  par  le  chauffage  à  56°,  le  sérum  de  nos  cobayes  était  nettement 


IOl/|  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

sensibilisateur.  En  continuant  les  injections  de  microbes^  le  pouvoir  sensibilisateur  du 
sérum  est  resté  sensiblement  égal.  Lorsque  les  injections  ont  été  suspendues,  ce  pou- 
voir a  progressivement  augmenté  pour  di-paraîlre  en  2  ou  3  mois.  Après  6  mois  de 
repos,  les  cobayes  ont  reçu  deux  nouvelles  injections  de  corps  microbiens,  et  8  jours 
après  le  sérum  s'est  montré  beaucoup  plus  actif  qu'il  ne  l'était  autrefois.  Pour 
rechercher  cette  sensibilisatrice  antimicrobienne,  nous  avons  employé  la  méthode 
décrite  par  Bordet  et  Gengou  ('  ). 

»   Voici  un  résumé  de  nos  expériences  : 

»  Pour  les  recherches  de  sensibilisatrices  hémolytiques,  chaque  expé- 
rience a  porté  sur  deux  animaux  (lapins).  Les  injections  étaient  f;iites  dans 
le  péritoine,  de  i""'  à  2'"'"'  de  globules  de  poules  lavés  à  plusieurs  reprises  à 
l'eau  physiologique.  La  dose  d'alexine  (sérum  normal  frais  de  lapin)  était 
jfixe  :  i3  gouttes.  Nous  avons  cherché  la  dose  de  sensibilisatrice  suffisante 
pour  hémolyser  complètement  trois  gouttes  d'une  émulsion  de  globules  de 
poules  lavés.  Dans  tous  les  cas  le  volume  était  rendu  égal  par  l'addition 
d'eau  physiologique. 


Nombre 

de  jours 

entre  chaque 

Date 

de 

Pouvoir 
hémolytique. 

Nombre 

de 

de 

d'injections. 

injection. 

la  première. 

la  dernière. 

la  saignée. 

complet. 

4.. 

7  jours 

27  févr.  1902 

25  mars 

6  avril 

4  gouttes  de  sé- 
rum sensibi- 
lisateur. 

8.. 

7  jours 

Id. 

28  avril 

5  mai 

8  gouttes. 

8.. 

7  jours 

Id. 

Id. 

10  sept. 

20  gouttes. 

10. . 

6  i.'iois  entre 

Id. 

28  ocl. 

6  nov. 

j  goutte. 

la    8'ème 

et 

la  9'«"<' 

»  Pour  la  recherche  des  sensibilisntrices  antimicrobiennes,  nous  avons 
employé  le  procédé  de  Bordet  et  Gengou  : 


Nombre 

de  jours 

entre  chaque 

Date 

Nombre 

de 

de 

de 

d'injections. 

injection. 

la  première. 

la  dernière. 

la  saignée. 

Sensibilisatrices. 

4.. 

5  jours 

28  mars 

29  avril 

7  mai 

Traces  de  sensi- 
bilisatrices 
(hémolyse 
tardive). 

(*)   Annales  de  l  Institut  Pasteur,   aS  octobre  J902. 


SEANCE    DU    I 

"'■   DECEMBRE 

1902. 

10  r  5 

Nombre 

de  jours 

entre  chaque 

Date 

Nombre 

de 

de 

de 

d'injections. 

injection. 

la  première. 

la  dernière. 

la  saignée. 

Sensibilisatrices. 

6.. 

.5  jours 

28  mars 

I  '2  mai 

20  mai 

Sensibilisatrice 
(hémolyse 
rapide). 

6.  . 

Id. 

Id. 

18  mai 

20  oct. 

Absence  de  sen- 
sibilisatrice. 

8.. 

6  mois  entre 

Id. 

6  iiov. 

j4  nov. 

Sensibilisatrice 

la  7'«'"« 

et 

(hémolyse 

la  8'è"'« 

rapide). 

»  En  résumé,  nous  avons  observé  que  la  répélitioa  ries  injectious  immu- 
nisantes, loin  d'augmenter  l'activité  des  anticorps  (immunisines  ou  hémo- 
lysines),  diminue  celle-ci  assez  rapidement.  Par  contre,  les  animaux  immu- 
nisés, que  l'on  a  laissés  au  repos  pendant  plusieurs  mois,  fournissent  des 
sérums  beaucoup  plus  actifs  après  deux  injections  succédant  à  une  période 
de  repos  prolongé. 

»  Ces  constatations  présentent  une  certaine  importance,  parce  qu'elles 
trouvent  leur  application  dans  la  préparation  des  sérums  thérapeutiques 
antitoxiques  et  antimicrobiens.  » 

A  4  heures  et  Je. nie  lAcatlémie  se  loinie  en  Comité  secrel. 

La  séance  est  levée  à  5  heures. 

VI.    W. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du   17  novembre  1902. 

M.  LœwY,  Directeur  de  l'Observatoire  de  Paris,  présente  en  hommage  à  l'Académie 
les  publications  suivantes  : 

CaLalogue  de  l'Observatoire  de  Paris  :  Etoiles  observées  aux  instruments  méri- 
diens de  1887  à  1881 .  Positions  observées  des  étoiles  de  1887  à  1881.  T.  IV  (.vvni''  à  x.viv''). 
Paris,  Gauthier-Villars,  igoa-igoS;  2  vol.  in-4°. 

Observatoire  de  Paris.  Catalogue  photographique  du  Ciel  :  Coordonnées  recti- 
lignes.  T.  I  :  Zone  -+-23"  à  -t-aS".  Paris,  Gaulliier-Villars,  1902;  i  vol.  in-4''. 

Institut  de   France.   Académie  des  Sciences.   Bulletin  du  Comité    international 


IOl6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

permanent  pour  l'exécution  photographique  de  la  Carte  du  Ciel.  T.  III,  a«  fasc. 
Paris,  Gaulhier-Villars,  1902;  i  voJ.  in-4°. 

Annales  de  l'Observatoire  de  Paris,  publiées  sous  la  direction  de  M.  Maurice 
LoEwy,  Directeur  de  l'Observatoire  :  Mémoires,  t.  XXIII;  Observations,  1898.  Paris, 
Gauthier-Villars,  1902;  2  vol.  iu-4°. 

Institut  de  France.  Science  et  Poésie,  par  M.  Janssen,  délégué  de  rAcadémie  des 
Sciences  :  Lu  dans  la  séance  publique  annuelle  des  Cinq  Académies  du  2.5  octobre  1903. 
Paris,  Firrain-Didot  et  G'®,  1902  ;  i  fasc.  in-4°.  (Hommage  de  l'auteur.) 

{A  suivre.) 


ERRATA. 


(Séance  du    10   novembre   1902.) 

Noie  de  M.  E.  van  Aabel,   Sur  ies  jdiénomcnes  de  Hall  et  le  pouvoir 
thermo-électrique  : 

Page  786,  ligne  \  en  remontant  [note  (^)],   au   lieu  de  M.  Maurice  Duysk,  lisez 
M.  Maurice  Dujk. 

(Séance   du    17   novembre    1902.) 

Note   de  M.   Azoulay,    Reproduction   en    nombre   illimité   des    phono- 
grammes en  cire,  etc.  : 

Page  879,  lignes  25  et  26,  au  lieu  de  si  on  l'enlève,  lisez  si  on  ne  l'enlève  pas. 
Page  880,  ligne  10,  après  un   mandrin  cliaulTé  dans  la   même  étuve,  ajoutez   (pas 
oujours  nécessaire). 


ACADÉMIE  DES    SCIENCES. 

SÉANCE   DU   LUNDI  8  DÉCEMBRE   1902, 
PRÉSIDENCE  DE  M.  BOUQUET  DE  LA  GRYE. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

En  annonçant  à  l'Académie  les  pertes  douloureuses  qu'elle  vient  de  faire 
dans  la  personne  de  M.  Dehérain,  Membre  de  la  Section  d'Économie 
rurale,  et  dans  la  personne  de  M.  Hautefeuille ,  Membre  de  la  Section  de 
Minéralogie,  M.  le  Président  s'exprime  en  ces  termes  ; 

«   Mes  chers  Confrères, 

i)  La  mort  avait  déjà  frappé  cinq  fois  cette  année  à  la  porte  de  l'Aca- 
démie, et  j'espérais  bien,  à  cette  date  du  8  décembre,  que  d'autres  deuils 
nous  seraient  épargnés,  lorsque  j'ai  appris  ce  matin  la  mort  de  M.  Dehérain 
et,  en  entrant  en  séance,  celle  de  M.  Hautefeuille. 

»  M.  Dehérain  passait  à  juste  titre  pour  une  des  lumières  de  la  science 
agronomique;  il  était  des  nôtres  depuis  l'année  1887,  et  tout  le  monde  se 
souvient  de  la  clarté  de  ses  Communications,  du  soin  avec  lequel  ses 
expériences  étaient  conçues  et  exécutées,  et  des  profits  qu'en  tiraient  les 
agriculteurs. 

»  M.  Dehérain  n'avait  ici  que  des  amis  et,  lorsqu'il  tomba  malade,  il  y  a 
i5  jours,  nous  faisions  tous  des  vœux  ardents  pour  son  rétablissement. 

»  L'Académie  s'associe  pleinement  au  deuil  de  sa  famille. 

»  M.  Hautefeuille  a  été  frappé  ce  matin  en  pleine  santé;  lundi  dernier 
il  était  encore  des  nôtres,  et  personne  ne  pouvait  penser  à  une  fin  aussi 
proche. 

»  En  sortant  de  l'École  Centrale,  il  était  entré  dans  le  laboratoire  de 
M.  Sainte-Claire  Deville,  dont  il  était  devenu  l'un  des  plus  brillants  élèves 
et  l'ami. 

G.  R.,  1902,  1'  Semestre.     T.  CXXXV,  N"  23.)  1 33 


ini8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Ses  recherches  l'avaient  amené  à  pouvoir  reconstituer  des  cristaux 
mesurables  des  pierres  rares,  et  les  minéralogistes,  lors  de  la  dernière 
Exposition,  regardaient  avec  admiration  la  belle  collection  qu'il  avait 
présentée. 

))  Notre  Confrère  meurt  jeune,  en  pleine  possession  de  toutes  ses 
facultés;  l'Académie  s'associe  à  la  douleur  de  sa  famille  et  de  ses  amis.    » 

La  séance  est  levée  en  signe  de  deuil  immédiatement  après  le  dépouille- 
ment de  la  Correspondance. 


CHIMIE,  —  Sur  la  transformation  du  diamant  en  carbone  noir  (^charbon^  pen- 
dant son  oxydation,  et  sur  les  changements  isomériques  des  corps  simples 
pendant  les  décompositions  et  combinaisons  ;  par  M.  Berthelot. 

«  Les  très  intéressantes  expériences  publiées  par  M.  Moissan,  dans  la 
dernière  séance  de  l'Académie,  sur  la  combustion  du  diamant,  m'engagent 
à  rappeler  les  phénomènes  suivants,  qu'il  ne  paraît  pas  avoir  eu  l'occasion 
de  rencontrer. 

))  Dans  le  cours  de  ses  expériences  sur  la  combustion  du  diamant  dans 
l'air,  provoquée  au  moyen  du  verre  ardent  (lentille  concentrant  la  chaleur 
solaire),  Lavoisier  en  a  décrit  plusieurs,  dans  lesquelles  la  combustion  du 
diamant,  avant  qu'elle  fût  complète,  avait  été  accompagnée  par  la  for- 
mation d'une  substance  charbonneuse  superficielle,  qui  subsistait  après 
refroidissement  des  fragments  non  brûlés;  d'où  il  a  conclu  que  le  diamant 
est  susceptible  de  se  réduire  en  charbon  dans  quelques  circonstances 
{Œuvres,  t.  H,  p.  72  (^)]. 

»  Au  cours  de  mes  propres  expériences,  faites  il  y  a  quelques  années 
pour  déterminer  la  chaleur  de  combustion  du  carbone  pris  sous  différents 
états,  et  notamment  celle  du  diamant,  j'ai  eu  occasion  de  reproduire  ces 
observations,  en  brûlant  incomplètement  dans  l'oxygène  sec  et  pur  le  dia- 
mant déposé  dans  une  nacelle,  au  sein  de  tubes  de  porcelaine  et  même 
de  tubes  de  verre  dur.  La  dose  de  carbone  amorphe  ainsi  régénéré  était 
d'ailleurs  extrêmement  faible;  ce  qui  ne  m'a  pas  permis  d'en  étudier  l'état 
isomérique.   Cependant  il  paraît  probable   que  ce  carbone   renferme  du 


(')  Dans  ma  Notice  récente  Sur  le  second  registre  de  laboratoire  de  Lavoisier, 
une  faute  d'impression  indique  à  cet  égard  le  Tome  I,  au  lieu  du  Tome  II  de  ses  OE livres. 


SÉANCE  DU  8  DÉCEMBRE  I902.  1019 

graphite  :  le  graphite  se  produit  en  effet  pendant  la  combustion  vive  du 
carbone  amorphe  dans  l'oxygène,  d'après  mes  observations  ('). 

»  Cette  transformation  résulle-t-elle  de  l'action  seule  de  la  haute  tem- 
pérature développée  pendant  les  combustions,  ou  bien  d'un  changement 
d'état  isomérique,  opéré  au  moment  de  la  combinaison,  par  le  fait  même  de 
cette  combinaison  ;  tel  que  je  l'ai  observé,  notamment  pour  le  soufre  ordi- 
naire attaqué  par  l'acide  azotique  bouillant  (^)  et  en  sens  inverse,  pour  le 
soufre  insoluble  attaqué  par  les  sulfures  alcalins  (^)  ou  l'hydrogène  sulfuré, 
ainsi  que  pour  l'argent  pur,  mis  en  présence  de  l'oxygène  (  ')  vers  5oo°? 
Le  contact  même  de  certains  corps  électronégatifs,  au  moment  de  la 
décomposition  d'un  composé  carboné,  suffit  pour  déterminer  (au  moins 
partiellement)  l'état  du  carbone  qui  se  sépare;  ainsi  que  je  l'ai  constaté 
en  observant  la  production  du  graphite  dans  la  décomposition  pyrogénée, 
à  la  température  rouge,  du  chlorure  de  carbone  C^)  et  des  composés  iodés 
et  spécialement  dans  la  dissociation  C')  du  sulfure  de  carbone. 

»  Je  rappellerai  que  les  diversités  si  nettes,  reconnues  par  M.  Moissan 
dans  la  combustion  par  l'oxygène  libre  des  différentes  variétés  de  carbone, 
se  manifestent  également  lorsqu'on  oxyde  par  voie  humide  ces  mêmes 
variétés  C).  Par  exemple,  en  les  traitant  par  l'acide  azotique  pur,  ou  associé 
au  chlorate  de  potasse  :  ce  qui  fournit,  suivant  les  états  du  carbone,  dif- 
férents oxydes  graphitiques;  ou  bien  certains  composés,  de  l'ordre  des 
acides  humiques,  transformables  ensuite  en  carbures  d'hydrogène  diver- 
sement condensés  par  l'acide  iodhydrique  (*);  tandis  que  le  diamant  n'est 
nullement  attaqué  par  les  mêmes  voies  humides. 


(')  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  4"  séfie,  t.  XIX,  p.  418;  1870. 

(-)  Le  soiilVe  ordinaire  fond  ainsi  et  s'attaque;  si  on  laisse  refroidir  le  tout  lente- 
ment, le  globule  de  soufre  solidifié  se  trouve  recouverl  d'une  couche  de  soufre  inso- 
luble que  la  simple  fusion  du  soufre  à  celte  température  ne  produit  jamais.  —  On 
observe  aussi  la  transformation  de  la  variété  de  soufi  e  insoluble,  isolée  j)ar  refroidis- 
sement brusque,  en  variété  plus  stable  par  son  contact  prolongé,  même  à  froid,  avec 
l'acide  azotique,  ou  avec  l'acide  sulfureux..  —  Annales  de  Chimie  et  de  Physique, 
Z^  série,  t.  XLIX,  p.  485;  1857.  —  Même  Recueil,  4""  série,  t.  I,  p.  898  et  894;  1864. 

(^)  Même  Recueil,  3®  série,  t.  XLIX,  p.  436,  489,  443;  1857. 

(*)  Même  Recueil,  7**  série,  t.  XXII,  p.  289  et  3io;  1901. 

(^)  Même  Recueil,  4"  série,  t.  XIX,  p.  4^2,  4'^3  ;  1870. —  Le  formène  n'en  donne  pas. 

(^)  Même  Mémoire,  p.  428,  et  t.  XVllI,  p.  168. 

C)  Même  Mémoire,  p.  [\ov  qI  passim. 

(*)  Même  .Mémoire,  p.  4<->J  d  4i5. 


I020  ACADEMIE   DES    SCIENCES. 

»  De  même  le  carbone  amorphe  pur,  exempt  de  cendres  et  d'hydrogène, 
tel  qu'il  est  obtenu  en  traitant  le  charbon  de  bois  au  rouge  vif  par  un  cou- 
rant prolongé  de  chlore,  ce  carbone  pur,  dis-je,  traité  ensuite  à  froid  par 
une  dissolution  d'acide  chromique,  fournit  de  l'acide  carbonique  et  de 
l'acide  oxalique  (*).    » 


ANALYSE  MATHÉMATIQME.  —  Sur  l'irréductibilité  de  l' équation  : 

Note  de  M.  Paul  Painlevé. 

«  1.  Dans  les  Comptes  rendus  du  i"  septembre,  M.  R.  Liouville  a 
publié,  sur  l'équation 

(■)  ^=6v-  +  ^. 

une  Note  dont  voici  la  conclusion  textuelle  : 

))  L'intégration  de  l'équation  (i)  est  ainsi  réduite  \  à  celle  d'un  système 
linéaire  (du  quatrième  ordre)  (loc.  cit.,  p.  394»  lignes  11  et  12  à  partir 
du  bas). 

»  Dans  une  Note  du  8  septembre,  j'ai  répondu  que  M.  Liouville  n'avait 
rien  démontré  sur  l' équation  (i)  qui  ne  fût  évident  pour  toute  équation  diffé- 
rentielle du  second  ordre. 

»  Dans  ses  Notes  récentes,  M.  Liouville  déclare  qu'iV  n'a  ni  énoncé  ni 
démontré  sur  l'équation  (1)  aucun  résultat  qui  ne  s'applique,  en  effet,  à  une 
équation  quelconque  du  second  ordre. 

»  Par  conséquent,  M.  Liouville  aurait  aussi  bien  pu  donner  à  sa  con- 
clusion cette  forme  : 

»  ^intégration  d'une  équation  différentielle  quelconque  du  second  ordre 
est  ainsi  réduite  à  celle  d'un  système  linéaire  du  quatrième  ordre. 

»  Ce  dernier  énoncé  suffit,  je  crois,  à  décider  si  j'ai  eu  raison  de  quali- 
fier d'illusoire  la  réduction  imaginée  par  M.  Liouville.  Toutefois,  comme  il 
m'importe  beaucoup  de  ne  laisser  aucun  crédit  à  l'opinion  d'après  laquelle 
l'équation  (i)  serait  ramenée  à  une  équation  linéaire,  j'insisterai  une  der- 
nière fois  sur  l'énoncé  précis  des  résultats  de  M.  Liouville. 

(*)  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  4*  série,  t.  XXIII,  p.  218;  1871. 


SÉANCE   DU    8    DÉCEMBRE    1902.  I02I 

M   2.  Ecrivons  l'équation  (i)  SOUS  la  forme 

et  soit  u{x,y,z)  une  intégrale  première  de  (2).  Appelons,  d'autre  part, 
système  1,  tout  système  d'équations  aux  dérivées  partielles  en  Mp(a7,j,  5) 
dont  la  solution  générale  est  de  la  forme 

\      (âf|,  «o,  «3,  rt,,  constantes  arbitraires). 

Un  tel  système  est  linéaire  par  rapport  kwelk  ses  dérivées  premières,  et 
ses  coefficients  sont  des  coefficients  analytiques  àex,y,  z.  Ceci  posé,  le 
résultat  démontré  par  M.  Liouville  s'énonce  ainsi  : 

»  //  existe  des  systèmes  1  tels  que  le  quotient  u=  —  de  deux  solutions  arbi- 
traires MP",,  w.^  del  soit  une  intégrale  première  de  (^2.). 

»  Cette  proposition  est  évidente  pour  n  importe  quelle  équation  du  second 
ordre.  Ecrivons,  en  effet,  une  telle  équation  sous  la  forme 

^^^        '£0^^'         ^==^(^'^'^)  (R  algébrique  en  a;,  r,  s), 

et  appelons  système  S  tout  système  2  tel  que  le  quotient  de  deux  solutions 
quelconques  de  ^  soit  une  intégrale  première  de  (4)-  Pour  obtenir  un 
système  S,  il  suffit  de  choisir  arbitrairement  une  fonction /"(^Pjjy,  5)  et 
quatre  intégrales  premières  w,,  m,,  «3,  u,^  de  (4);  si  l'on  pose 

w  ^  (a^Uf  -h  a^Uo-i-  a^ u^  -+-  a^, u., )/, 

la  fonction  w  vérifie  un  système  différentiel  2  qui  est  un  système  S,  et 
tous  les  systèmes  S  peuvent  s'obtenir  de  cette  manière. 

»  Un  système  S  une  fois  connu,  son  intégration  revient  (d'après  la  mé- 
thode de  Meyer,  par  exemple)  à  celle  à'une  équation  linéaire  ordinaire  du 
quatrième  ordre.  Mais,  quand  l'équation  proposée  (4)  est  quelconque,  il  est 
impossible,  en  général,  de  construire  effectivement  un  système  S.  En  effet, 
les  coefficients  d'un  quelconque  de  ces  systèmes  sont  des  fonctions  analy- 
tiques de  X,  y,  z  qui  vérifient  certaines  équations  (algébriques)  aux  déri- 
vées partielles  (  ^  ),  soit  T.  Or  l'intégration  de  ces  équations  T  revient  à  celle 

(*)  Ces  équalions  T  sont  les  conditions  nécessaires  et  suffisantes  :  1°  pour  que  les 


I022  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

d'une  certaine  équation  différentielle  ordinaire,  du  deuxième  ordre,  qui 
est  de  l'espèce  la  plus  générale  en  même  temps  que  la  proposée.  D'une  façon 
plus  précise,  cette  équation  auxiliaire  du  deuxième  ordre  est,  en  général, 
exactement  équivalente  à  la  proposée  (4)  :  autrement  dit,  l'intégration 
d'une  de  ces  deux  équations  entraîne  celle  de  l'autre,  sans  intégrations 
nouvelles.  Il  n'en  est  autrement  que  pour  des  équations  (4)  exception- 
nelles; par  exemple,  si  l'équation  (4)  est  convenablement  choisie,  il 
existera  un  système  S  algébrique  en  x,  y,  z. 

»  3.  Ces  remarques  faites,  je  reviens  aux  propositions  de  M.  Liouville. 
Ayant  établi  pour  l'équation  (i)  l'existence  des  systèmes  S  (évidente  pour 
toute  équation  du  deuxième  ordre),  M.  Liouville  en  conclut  immédiate- 
ment : 

»  L'intégration  de  l'équation  (i)est  ainsi  réduite  à  celle  d' un  système  linéaire 
du  quatrième  ordre  (système  S). 

»   Qui  ne  voit  que  la  conclusion  exacte  est  la  suivante  : 
«    L'intégration  de  (i)  est  ainsi  ramenée  :   i**  à  la  formation  effective 
»   d'un  système  S  ;  2°  à  l'intégration  de  ce  système  linéaire  »  ? 

»  Cet  énoncé  est  vrai  pour  toute  équation  (4).  Mais  l'opération  i°  est 
impossible  à  effectuer  si  l'équation  (4)  n'est  pas  exceptionnelle,  et 
M.  Liouville  ne  montrait  nullement  (')  que  l'équation  (i)  fût  (à  ce  point 
de  vue)  exceptionnelle. 

»  C'est  là  ce  que  j'ai  expliqué  en  substance  dans  ma  réponse  du  8  sep- 
tembre. M.  Liouville  objecte  que  cette  réponse  ne  lui  a  rien  appris.  Par 
conséquent,  lorsqu'il  a  rédigé  sa  Note  du  i"'  septembre,  M.  Liouville 
savait  qu'il  ramenait  en  réalité  l'intégration  de  (i)  à  deux  opérations  suc- 
cessives: 1°  formation  effective  d'un  système  S  ;  2**  intégration  de  ce  sys- 
tème linéaire.  Il  savait  que  la  première  de  ces  opérations  dépend  d'une  équa- 
tion différentielle  ordinaire  du  deuxième  ordre  (équivalente  en  général  à 
la  proposée)  qu'il  n'avait  aucun  moyen  d'intégrer.  Et,  sachant  cela,  il  a 
écrit  :  «  L'intégration  de  l'équation  (i)  est  ainsi  réduite  à  celle  d'un  sys- 
»  tème  linéaire  du  quatrième  ordre  »  (en  réservant  les  calculs  pour  une 


équations  S  soient  compatibles  [j'entends:  aient  une  solution  générale  de  la  forme  (3)]; 
2°  pour  que  le  quotient  —  de  deux  solutions  arbitraires  de  S  soit  une  intégrale  pre- 

mière  de  (4)- 

(*)  Et  ne  pouvait  le  montrer,  puisque  la  chose  n'est  pas  exacte  (comme  je  l'ai  établi 
par  la  suite). 


SÉANCE    DU    tS    DÉCEMBRE     1902.  I023 

Communication  prochaine).  Cette  terminologie  me  semble  inadmissible. 
A  quels  résultats  extraordinaires  n'arriveniit-on  pas  si  on  l'admettait? 
A  celui-ci,  p;ir  exemple  ;  Toute  équation  du  deuxième  ordre  (ou  d'ordre  n) 
est  intégrât  le  par  quadratures.  Eu  effet,  soient  m,  (a:",  y,  z),  u.,(x,  y,  :;) 
deux  intégrales  premières  de  (4);  il  existe  évidemment  des  systèmes  de  la 
forme 


(5) 


du  du  ^  du 


(7,  [î,  .  .  .  ,  y,  fonctions  analytiques  de  jc,  y,  z),  dont  la  solution  générale 
est  z^  =  w, -f- const.,  c  =  Wo  H- const.  Un  tel  système  (5)  s'intégrant  par 
quadratures,  l'intégration  de  (4)  est  réduite  aux  quadratures.  Tel  est 
exactement  le  mode  de  raisonnement  de  M.  I^iouville  dans  sa  Note  du 
i^^"  septembre. 

»  4.  Il  est  une  chose  encore  que  je  m'explique  mal.  La  Note  en  question 
se  termine  par  cette  phrase  (loc.  cit.,  p.  3()5)  : 

«  Au  surplus,  l'emploi  des  considérations  qui  viennent  d'être  indiquées 
»  n'est  pas  limité  aux  équations  du  second  ordre  à  points  critiques  fixes  : 
»   les  cas  dans  lesquels  s'applique  une  transformation  analogue  sont  étendus  » . 

))  Pourquoi  M.  Liouville  n'a-t-il  pas  écrit  (puisqu'il  le  savait)  que  sa 
transformation  s'appliquait,  sans  la  moindre  modification,  à  toutes  les 
équations  du  second  ordre?  Autrement  dit,  qu'il  réduisait  n'importe  quelle 
équation  du  deuxième  ordre  à  une  équation  linéaire  du  quatrième  ordre? 
Tous  les  lecteurs  eussent  compris,  du  coup,  le  sens  inusité  dans  lequel 
M.  Liouville  employait  le  mot  réduction. 

»  Mais  je  ne  veux  pas  épiloguer  davantage  sur  ces  détails.  Ce  qui  im- 
porte, c'est  que  nous  soyons  maintenant  d'accord,  M.  J^iouville  et  moi, 
sur  les  résidtats  par  lui  établis.  Il  est  donc  bien  entendu  que  tout  ce  qua 
démontré  M.  Liouville  sur  l'équation  Çi)  est  vrai  pour  n'importe  quelle  équation 
du  second  ordre.  Par  conséquent,  l'assertion  d'après  laquelle  l'intégration 
de  l'équation  (i)  serait  réduite  à  celle  d'un  système  linéaire  du  quatrième 
ordre  est  nulle  et  non  avenue. 

»  5.  De  l'irréductibilité  absolue  de  l'équation  (i).  —  Je  dirai  maintenant 
quelques  mots  d'un  sujet  qu'a  touché  M.  Liouville  dans  ses  deux  der- 
nières Notes.  J'ai  montré,  dans  ma  Communication  du  27  octobre,  que 
l'équation  (i)  est  irréductible  au  sens  de  M.  Drach,  par  suite  absolument 
irréductible.  M.  Liouville  ne  pense  pas  que  l'irréductibilité  ainsi  entendue 


1024  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

soit  vraiment  absolue,  et  il  pose  la  question  suivante  qui  ne  lui  semble  pas 
tranchée  par  ma  Note  du  27  octobre  : 

»  Parmi  les^  systèmes  linéaires  S  qui  correspondent  à  l'équation  (i),  en 
existe-t-il  un  qui  soit  algébrique  en  x,  y,  z,  ou  dont  les  coefficients  soient  des 
fonctions  de  x,  y,  z  qui  s'expriment  à  l'aide  des  transcendantes  connues? 

»  Je  vais  montrer  brièvement  que  cette  question  se  trouve  résolue  dans 
le  sens  négatif '^d.v  les  résultats  que  j'ai  publiés.  Il  est  exact,  en  effet,  qu'une 
solution  w(x,yy  z)  d'un  système  S  [attaché  à  (i)]  n'est  pas,  en  général, 
une  intégrale  première  de  (i),  mais  le  quotient 

^^  _  yv,+  a,^.  +  a,^.+  a,^,         .     ^  constantes  arbitraires) 

de  deux  solutions  arbitraires  de  S  est  une  telle  intégrale  et,  d'autre  part, 
vérifie  un  certain  système  différentiel  de  forme  connue,  soit  S',  dont  les 
coefficients  sont  des  combinaisons  algébriques  des  coefficients  de  S  et  de 
leurs  dérivées.  La  question  posée  par  M.  Liouville  équivaut  donc  à  la  sui- 
vante :  «  Parmi  les  systèmes  S' correspondant  à  l'équation  (i),  en  existe-t-il 
»  dont  les  coefficients  soient  des  fonctions  algébriques  ou  des  transcen- 
»   dantes  connues  en  x,y,z^  » 

»  Admettons,  pour  un  instant,  qu'un  des  systèmes  S'  attachés  à  l'équa- 
tion (i)  soit  algébrique.  L'équation  (i)  est  alors  réductible  au  sens  de 
M.  Drach,  et  le  théorème  de  M.  Drach  conduit,  dans  ce  cas  particulier,  à  ce 
résultat  singulièrement  précis  :  il  existe  nécessairement  —  soit  un  système 
linéaire  (algébrique)  du  troisième  ordre,  dont  la  solution  générale  est  de  la 
forme  u(x, y,  z)  =  n^Ut -{-  a.,u.,-h  a^,  [f/,,  //.  désignant  deux  intégrales 
premières  de  (i),  et  <?,,  a.^,  «3  des  constantes],  —  soit  un  système  linéaire, 
homogène  (algébrique),  du  second  ordre  qui  donne  une  intégrale  première 
de  (1)  par  le  quotient  de  deux  de  ses  solutions. 

»  La  même  conclusion  subsiste  dans  l'hypothèse  où  les  coefficients 
d'un  des  systèmes  S'  sont  définis  par  des  conditions  différentielles  telles  que 
leur  solution  générale  ne  dépende  que  d'un  nombre  fini  de  constantes. 
C'est  ce  qui  se  présenterait  notamment  si  les  coefficients  d'un  système  S' 
étaient  des  combinaisons  de  transcendantes  classiques  en  x,y,  z. 

»  Comme  l'équation  (i)  est  irréductible  au  sens  de  M.  Drach,  aucune  des 
hypothèses  précédentes  n'est  admissible.  L'équation  linéaire  du  quatrième 
•  ordre  que  M.  Liouville  pensait,  le  i^'"  septembre,  construire  effectivement 
dans  une  Communication  prochaine  est,  en  réalité,  impossible  à  former. 

»  Mais  je  vais  plus  loin,  comme  le  dit  avec  raison  M.  Liouville.  Non 


SÉANCE    DU    8    DÉCEMBRE    190-2.  I025 

seulement  la  question  particulière  que  je  viens  de  traiter,  mais  toutes  les 
questions  analogues,  relatives  à  la  réductibilité  de  l'équation  (1),  sont  tran- 
chées, dès  maintenant,  dans  le  sens  négatif.  Autrement  dit,  une  équation 
irréductible,  au  sens  de  M.  Drach^  n'est  attaquable  par  aucun  procédé  d'inté- 
gration formelle. 

»  Je  n'ignore  pas  ce  qu'une  telle  affirmation  semble  avoir  de  hardi  et  de 
paradoxal.  C'est  une  vérité  pourtant,  et  c'est  là  ce  qui  fait  justement  la 
puissance  et  la  généralité  du  théorème  de  M.  Drach.  Si  M.  LiouviUe  croit 
posséder  un  exemple  d'équation  différentielle  (algébrique)  qui  soit  réduc- 
tible et  qui  échappe  au  théorème  de  M.  Drach,  il  serait  intéressant  qu'il  le 
fît  connaître. 

»  Il  est  possible  que  mou  opinion  à  ce  sujet  soit  encore  «  un  peu  isolée  », 
comme  dit  M.  Liouville.  Mais  ce  sera  bientôt  l'opinion  unanime  quand  le 
théorème  de  M.  Drach,  ayant  reçu  un  exposé  didactique  et  définitif,  sera 
devenu  familier  aux  géomètres.    » 


CHIMIE.  —  Sur  la  quantité  d'hydrogène  libre  de  l'air  et  la  densité  de  l'azote 
atmosphérique.  Note  de  M.  Armand  Gautier. 

«  En  1898,  j'ai  montré  que  l'hydrogène  libre  est  un  des  constituants  de 
l'air  qui,  à  l'état  de  pureté,  en  contient  environ  19  cent-millièmes  de  son 
volume.  A  la  surface  du  sol,  il  s'y  ajoute  un  peu  de  méthane;  dans  les 
grandes  villes,  ce  dernier  gaz  peut  atteindre  les  deux  tiers  du  volume 
de  l'hydrogène  (*). 

»  Lord  Rayleigh,  en  1900,  a  fait  des  réserves,  non  sur  l'existence,  mais 
sur  la  proportion  d'hydrogène  libre  de  l'atmosphère,  et  M.  A.  Leduc,  dans 
une  Note  insérée  dans  un  des  derniers  cahiers  des  Comptes  rendus  Ç'),  a 
cru  pouvoir  appuyer,  par  d'autres  considérations,  tirées  de  la  valeur  des 
densités  des  gaz  de  l'air,  les  remarques  de  Lord  Rayleigh. 

»  Je  crois  nécessaire  de  répondre  à  ces  objections.  Tout  ce  qui  touche 
à  la  constitution  de  notre  atmosphère  a  son  intérêt  propre.  Bien  plus,  ainsi 
qu'on  va  le  voir,  l'existence  et  la  proportion  des  gaz  combustibles  de  l'air 
remet  en  question  la  vraie  valeur  des  poids  et  densités  de  ses  principaux 


(»)  Voir  Comptes  rendus,  t.  CXXVII,  1898,  p.  698;  t.  CXXVUi,  p.  487;  l-  CXXKl, 
p.  I  353  ;  et  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  7"*  série,  t.  XXII,  p.  5  et  96. 
(*)  Séance  du  17  novembre  dernier,  p.  860. 

G.  R.,   .yo2.    a*  Semeatre.  (T.  CXAW,  N»  33.)  '^4 


I026  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

gaz  constituants  et  de  l'air  lui-même,  données  importantes  sur  lesquelles 

reposent  en  partie  nos  théories  chimiques  fondamentales. 

»  Pour  la  clarté  du  sujet,  nous  examinerons  d'abord  l'objection  de 
M.  A.  Leduc. 

»  Remarque  de  M.  A.  Leduc.  —  Si,  dit-il,  nous  représentons  par  oc\q 
volume  d'oxygène  contenu  en  i  oo  volumes  d'air  et  par  d  et  d' les  densités  de 
l'oxygène  et  de  l'azote  atmosphérique,  nous  aurons,  pour  un  poids  loo  d'air, 

xd  -\-  (lOO  —  07)  </=  lOO, 

d'où  nous  tirons  pour  la  proportion  en  poids  de  l'oxygène  de  i  oo  parties  d'air  : 

(a)  xd=ioo-j-^. 

Si  dans  l'équation  (a)  on  remplace  d  et  d'  par  les  valeurs  d  =  i,  io56i  et 
d'=  0,97137  de  V.  Regnault,  on  obtient  xd  =  23,58.  Or,  dans  leur  cé- 
lèbre analyse  de  l'air  en  poids,  Dumas  et  Boussingault,  en  absorbant  la 
totalité  de  l'oxygène  par  une  colonne  de  cuivre  portée  au  rouge,  n'ont 
trouvé  que  23, o  pour  100  d'oxygène  (*). 

»  Il  s'ensuit  qu'il  faut  qu'il  y  ait  erreur  ou  dans  les  déterminations  de 
Dumas  ou  dans  celles  de  V.  Regnault  ;  peut-être  dans  les  deux.  M.  A.  Leduc 
a  donc  repris  la  mesure  de  la  quantité  pondérale  d'oxygène  de  l'air,  mais  en 
l'absorbant  par  le  phosphore;  d  a  trouvé  dans  l'air  de  Paris:  0  =  23,2i  (-). 

))  Il  attribue  l'infériorité  du  chiffre  23, o  donné  par  Dumas  et  Boussin- 
gault à  ce  que,  dans  leurs  expériences,  le  cuivre  ayant  été  réduit  au  préa- 
lable de  son  oxyde  par  de  l'hydrogène,  ce  métal  aurait  conservé  occluse 
une  petite  quantité  de  ce  gaz;  durant  le  passage  de  l'air  au  rouge,  cet 
hydrogène  aurait  fait  passer  à  l'état  de  vapeur  d'eau  une  partie  de  l'oxy- 
gène à  doser.  De  là,  dit  M.  Leduc,  diminution  du  poids  de  l'oxygène 
retenu  par  le  cuivre,  et  augmentation  du  poids  de  l'azote  de  toute  la  vapeur 
d'eau  formée,  en  même  temps  que  diminution  de  la  densité  apparente  de 
l'azote  ainsi  produit  ('). 

»  Mais  Dumas  et  Boussingault  n'ont  pas  commis  cette  sorte  d'erreur; 
leur  cuivre  ne  contenait  pas  d'hydrogène,  car  ils  disent  (loc.  cit.,  p.  262)  : 

«  Parmi  les  causes  d'erreur,  la  plus  grave  à  la  fois  et  la  plus  facile  à  éviter  est  celle 
qui  proviendrait  de  la  présence  de  l'eau  dans  le  cuivre  employé.  . ..  On  a  fait  passer 


(1)  Ann.  de  Chimie  et  de  Physique,  3«  série,  t.  III,  p.  3o4. 

(-)  Comptes  rendus,  t.  CXIII,  p.  182,  et  Recherches  sur  les  gaz,  Paris,  1898,  p.  19. 

(3)  Comptes  rendus,  t.  GXIII,  p.  71. 


SÉANCE    DU    8   DÉCEMBRE    1902.  IO27 

d'abord  dans  le  tube  contenant  le  cuivre  quelques  litres  d'air,  le  cuivre  étant 
chauffé  au  rouge.  On  oxyde  ainsi  et  l'on  perd  un  peu  de  cuivre,  maison  enlève  toute 
humidité.  On  fait  ensuite  le  vide  dans  le  tube  refroidi  et  l'on  pèse  celui-ci,  etc.. .  .  » 

»  On  voit  qu'avant  d'absorber  l'oxygène  de  l'air  à  analyser,  Dumas  et 
Boussingault  chassaient  au  rouge  par  de  l'air  sec,  non  seulement  toute 
humidité,  mais,  sans  s'en  être  rendu  compte,  l'hydrogène  qui  reste  occlus 
dans  le  cuivre  réduit  et  que  signalait  quelques  années  après  leur  élève 
Melsens  ('). 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  M.  A.  Leduc,  après  avoir  dosé  l'oxygène  de  l'air 
par  une  autre  méthode  que  Dumas  et  Boussingault,  a  repris  avec  si^rand 
soin  les  densités  des  gaz  de  l'air,  en  particulier  celle  de  Vazote  atmosphé- 
rique (-).  Voici  ses  densités,  comparées  à  celles  de  V.  Regnault  (^)  ; 

A.  Leduc.  V.  Regnault. 

Oxygène ^=:i,io5  23  i,io5  6i 

Azote  atmosphérique. .     <i'=o,9'^2o3  0,97187 

Hydrogène c?"z=:  0,006  948  0,006949 

»  Si  l'on  porte  les  nouvelles  densités  de  M.  Leduc  dans  la  formule  («) 
ci-dessus,  on  trouve  pour  le  poids  centésimal  de  l'oxygène  de  l'air  : 

xd  =  23,2  2  (''). 

Or,  on  a  vu  que  M.  Leduc  a  directement  obtenu,  par  absorption  de 
l'oxygène  de  l'air  au  moyen  de  phosphore,  28,21  (*).  Cette  concordance 
semble  non  seulement  satisfaisante,  mais  démonstrative  delà  nécessité  des 
corrections  des  densités  et  données  classiques  de  V.  Regnault  et  de  Dumas. 
)>  Mais,  dit  M.  A.  Leduc  ("),  si,  comme  le  pense  M.  A.  Gautier,  l'air 
contenait  o'^^'^oooa  d'hydrogène  de  densité  d" ,  cette  concordance  n'aurait 
plus  lieu.  Si  nous  représentons  par  m  la  proportion  d'hydrogène  en  volume 
de  I  d'air,  l'équation  ci-dessus  (p.  1026)  xd  4-  (100  —  x)d'  =^  100  devient 

xd  +  (100  —  X  —  ioom)d'  -h  ioomd"=  100, 


(*)  Comptes  rendus,  t.  XLVIII,  p.  iio3. 

(^)  L'azote  de  l'air  avec  son  argon  et  ses  compagnons. 

(*)  Comptes  rendus,  t.  CXIII,  p.  188,  et  Recherches  sur  les  gaz,  Paris,  1898,  p.  89. 

(*)  Comptes  rendus,  t.  CXXXV,  p.  i35  et  860. 

(")  Comptes  rendus,  t.  CXIII,  p.  i32. 

(«)  Comptes  rendus,  t.  CXXXV,  p.  860. 


I028  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

d'où 

(b)  .W=ioo^l'£^, 

qui  ponr  m  :=  0,0002  donnerait,  suivant  M.  Leduc, 

xd  =  23 ,36, 

au  lieu  de  28,21  trouve  par  lui  pour  100 parties  d'air  en  poids. 

»  Mais  il  faut  remarquer  que,  dans  les  deux  équations  (a)  et  (6), 
M.  Leduc  confond  sous  le  même  sii^ne  d'  deux  sortes  de  densités  de  l'azote  : 
Dans  l'équation  (a),  le  signe  d'  représente  la  densité  de  Tazote  de  l'air  de 
l'atmosphère  avec  ses  impuretés,  telle  que  l'ont  donnée  les  expériences 
directes  de  Dumas,  de  V.  Regnault  et  les  siennes,  azote  obtenu  en  faisant 
passer  l'air  sur  une  colonne  de  cuivre  au  rouge,  tandis  que,  dans  l'équa- 
tion (^),  le  d'  représente  la  densité  de  l'azote  atmosphérique  (avec  son 
argon,  etc.),  telle  qu'elle  serait  si  l'on  avait  retiré  de  ce  gaz  les  ^-^^ 
d'hydrogène,  représentés  ici  par  m,  que  M.  Leduc  fait  intervenir  dans  son 
équation  (b).  C'est  donc  par  inadvertance  qu'il  a  identifié  ses  deux  d'. 

»  Pour  refaire  le  calcul  de  M.  Leduc  il  faut,  dans  l'équation  (b),  rem- 
placer d'  par  la  vraie  valeur  §  de  ce  terme,  c'est-à-dire  par  la  densité  de 
l'azote  atmosphérique  pur  telle  que  serait  cette  densité  si  l'on  enlevait  à 
cet  azote  les  gaz  combustibles  qui  peuvent  l'accompagner  dans  l'air.  Pour 
calculer  la  valeur  de  S,  rappelons  que  j'ai  trouvé  dans  l'air  de  Paris,  où 
ont  été  faites  les  expériences  de  Dumas,  puis  de  V.  Regnault,  environ 
19  cent,  cubes  d'hydrogène  et  i3  cent,  cubes  de  gaz  méthane  CH*  par 
100  litres.  Dans  l'analyse  de  l'air  en  poids  de  Dumas  et  Boussingault,  on 
conçoit  qu'en  passant  sur  le  cuivre  porté  au  rouge,  ces  gaz  combustibles 
ont  dû  réduire  en  quelque  mesure  l'oxyde  de  cuivre  qui  se  forme,  et 
envoyer  dans  l'azote  recueilli  un  peu  de  vapeur  d'eau  et  d'acide  carbo- 
nique, accompagnés  de  l'excès  d'hydrogène  pur  et  de  gaz  formène  non 
comburés.  Dans  leur  détermination  de  la  densité  de  l'azote  extrait  de 
l'air  par  le  cuivre,  J.-B.  Dumas  ni  V.  Regnault  ne  se  sont  pas  préoccupés 
de  cette  cause  d'erreur.  M.  Leduc,  dans  ses  recherches  postérieures  ('  ), 
a  retenu,  il  est  vrai,  la  vapeur  d'eau  formée,  mais  non  les  autres  impuretés 
gazeuses.  De  là,  dans  les  expériences  de  Dumas  et  Boussingault,  mais  pour 
une  raison  aufre  que  celle  invoquée  par  M.  Leduc,  un  poids  d'oxygène  un 


(*)  Recherches  sur  les  gaz,  p,  3o. 


SÉANCE  DU  8  DÉCEMBRE  1902.  IO29 

peu  faible  et  d'azote  un  peu  fort,  et,  pour  tous  ces  expérimentateurs,  une 
densité  de  l'azote  faussée  par  la  présence  d'un  ensemble  de  gaz  presque 
tous  plus  légers  que  lui. 

»  L'erreur  commise  est  petite,  et  l'on  peut  la  calculer  avec  une  assez 
grande  approximation.  En  effet,  il  résulte  des  expériences  de  J.  Boussin- 
gault  (*)  rapprochées  des  miennes  (-)  que,  lorsqu'on  fait  passer  l'air  des 
villes  dans  un  tube  plein  de  cuivre  métallique  porté  au  rouge,  grâce  à 
la  dilution  extrême  des  gaz  combustibles  existant  dans  cet  air,  le  sixième 
environ  de  son  hydrogène  total  (H  et  CH*)  est  brûlé,  les  |  échappant  à  la 
combustion.  J'ai,  d'autre  part,  établi  que  pour  i  cent,  cube  d'hydrogène 
ainsi  transformé  en  eau  il  se  fait,  dans  ces  conditions,  o'''"',57  de  CO^ 
provenant  du  gaz  des  marais  qui  ne  brûle  que  partiellement  (^). 

))  L'air  contenant  à  Paris  en  moyenne  19  cent,  cubes  d'hydrogène  libre 
et  i3  cent,  cubes  de  gaz  CH*  par  100  litres  (loc.  cit.,  p.  94),  après  le 
pass-ige  de  ce  volum<^  d'air  dans  un  tube  ph^n  de  cuivre  au  rouge,  on 
recueillera  79  200 cent,  cubes  d'azote  impur,  composé  comme  il  suit  d'après 
ce  qu'on  vient  de  dire  : 

En  vapeur. 

ce. 

Combustion  du  sixième  de  l'hydrogène  total  de  looooo  cent.  cub.  H-Oi=r  6,6 

CO^  formé  répondant  au  CH^  brûlé CO^  nr  3,76 

I  de  l'hydrogène  libre  de  l'air  primitif H        :=  16,  1 5 

CH*  restant  (12^'"'— 3^">', 76) CH*  =  8,24 

Azote  atmosphérique Az     zz:  79  i65, 25 

Total 79200,00 

»   C'est  la  densité  de  ce  mélange  que  Dumas  a  trouvé  égale  à  0,9720. 
»   Il  est  facile  d'en  déduire  la  vraie  densité  de  l'azote  atmosphérique  S; 
nous  avons,  en  effet, 

â  X  79  i6j  +  o,(3j3  X  6,6-1-  1 ,5^9  x  0,76  +  0,00603  xi6,  i5  -i-o,.556x  8,2^ 

^ _ ; ____ _Q  Q„2o, 

79200  ^^ 

d'oîi 

S  =  0,9723     (densité  de  l'azote  atmosphérique  corrigée) 

au  lieu  de  0,9720  et  0,97203  trouvé  par  Dumas  et  par  M.  A.  Leduc  pour 
la  densité  de  l'azote  mélangé  des  impuretés  précédentes. 


(*)  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  2*  série,  t.  LVII,  p.  171. 

C)  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  7*  série,  t.  XXII,  p.  96. 

(*)  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  7'  série,  t.  XXII,  p.  68  et  suivantes. 


Io3o  ACADÉMIE    D^S    SCIENCES. 

»  Soient  m  et  n  les  volumes  d'hydrogène  et  de  formène  contenus  dans 
I  volume  d'air,  nous  aurons,  comme  dans  les  équations  («)  et  (  è  )  ci-dessus, 
en  représentant  par  £P,  d,d"  les  mêmes  valeurs,  remplaçant  c^'  par  sa  valeur 
corrigée  l  (densité  de  l'azote  atmosphérique),  par  d"  la  densité  du  CH% 
et  sachant  que  m  —  0,00019  et  n  =  o,oooi3,  l'équation 

xd-{-(ioo  —  X  —  ïoo?n  —ioon)l  -hioomd" -hioond"  =  100, 

d'où,  pour  la  valeur  centésimale  en  poids  de  l'oxygène  de  l'air  : 

(c)  ood=ioo-^ ^(i-{-m ~ -h  n 

\/  a  —  o\  I  —  0  I  — 


En  remplaçant  d  et  d"  par  les  nombres  donnés  par  M.  A.  Leduc  et  d"  par  la 
densité  o,  556  du  formène,  on  trouve,  pour  le  poids  d'oxygène  contenu 
en  joo  parties  d'air  à  Paris  calculé  d'après  les  densités  de  Leduc, 

œd  =  23,22. 

»  Le  même  calcul,  fait  avec  les  densités  de  V.  Regnault,  donne  : 

xd  =  23,17. 

»  MM.  Ch.  Sainte-Claire  Deville  et  Grandeau(*  )  ont  trouvé  directement 
23,09  et  M.  Leduc  (-)  23,21,  chacun  par  deux  méthodes  différentes. 

))  On  voit  combien  est  peu  fondée  l'objection  que,  si  l'air  contenait 
— ?—  d'hydrogène,  le  calcul  précédent  donnerait  23,36  d'oxygène  pour  100 
d'air  en  poids,  résultat  qui  infirmerait,  en  effet,  mes  chiffres.  Je  viens  de 
montrer  au  contraire  que  la  considération  de  l'hydrogène  de  l'air  et  du 
méthane  qui  l'accompagne  permet  d'expliquer  la  contradiction  apparente 
relevée  par  M.  Leduc  entre  la  composition  de  l'air  en  poids,  obtenue  di- 
rectement par  tous  les  expérimentateurs  depuis  Dumas  et  Boussingault, 
et  celle  qui  résulte  de  la  considération  des  densités  de  ses  gaz  compo- 
sants. 

»  Il  reste,  de  plus,  établi  que  la  densité  de  Vazote  atmosphérique  trouvée 
égaie  à  0,9720  par  Dumas  et  par  M.  Leduc,  et  à  0,97137  par  V.  Regnault 
est  sensiblement  trop  faible  à  cause  des  gaz  plus  légers  que  contenait  cet 
azotCj  et  qu'elle  doit  être  portée  environ  à  0,9723. 


(*)  Comptes  rendus,,  t.  XLVIII,  p.  iio3. 

(^)  Recherches  sur  les  gaz.  Paris,  1898,  p.  19. 


SÉANCE  DU  8  DÉCEMBRE  1902.  Io3l 

))  Objection  de  Lord  Rayleigh.  —  Ce  savant  pense  que  la  quantité 
d'hydrogène  libre  de  l'air  excéderait  peu  le  j—^  du  volume  total  {Philos. 
Magaz.,  janvier  1901  et  octobre  1902);  il  se  fonde  sur  deux  ordres  de 
considérations. 

»  1°  La  spectroscopie  de  l'air  ne  donnerait  que  faiblement  la  raie  C  de 
l'hydrogène,  alors  que  cette  raie  devient  très  apparente  quand  on  ajoute 
<oooo  d'hydrogène  libre  soit  à  l'air  lui-même,  soit  à  de  l'air  qui  a  circulé  sur 
de  l'oxyde  de  cuivre  incandescent. 

))  Mais  j'ai  fait  voir  que  de  l'air  qui  passe  sur  de  l'oxyde  de  cuivre  au 
rouge  ne  lui  cède  que  très  difficilement  son  hydrogène,  même  en  pas- 
sant sur  une  colonne  de  o™,5o  de  CuO.  Par  conséquent,  cet  air, 
auquel  on  ajoute  T^yf^  d'hydrogène  nouveau,  doit  en  contenir  bien  près 
^®  <uooo  ^  TôTôô'  ^^  ^'^"^  ^^^^  4^^  la  visibilité  des  raies,  nulle  ou  presque 
nulle  au-dessous  d'une  certaine  limite,  croît  ensuite  très  rapidement  avec 
les  proportions  des  gaz  qui  les  provoquent.  La  visibilité  ou  l'éclat  des 
raies  n'est  donc  pas  proportionnelle  aux  quantités  des  gaz  actifs.  Lord 
Rayleigh  reconnaît  d'ailleurs  que  la  visibilité  de  cette  Hgne  C  variait 
beaucoup,  dans  ses  essais,  avec  la  matière  des  électrodes,  condition  qui 
rend  encore  plus  difficile  toute  conclusion  relative  aux  proportions  d'hydro- 
gène présent. 

»  2"  Lord  Rayleigh  s'est  donc  déterminé  à  recourir  à  l'épreuve  chi- 
mique ;  il  a  fait  passer  10  litres  d'air  de  la  campagne,  bien  desséché,  sur 
de  l'oxyde  de  cuivre  au  rouge.  L'eau  ainsi  formée  ne  correspondit  qu'à  \ 
environ  de  la  quantité  d'hydrogène  que  j'ai  trouvée  dans  l'air. 

»  Quand  on  opère  à  la  campagne  avec  une  colonne  de  o™,3o  de  CuO 
au  rouge,  celte  quantité  répond,  d'après  mes  expériences,  à  i'"s,54 
d'hydrogène  pour  100  litres,  soit  i™s,386  d'eau  formée  pour  10  litres 
d'air  (').  Lord  Rayleigh  a  obtenu  en  moyenne  un  peu  plus  du  septième 
de  cette  quantité,  soit  o™^,  21.  Mais  comment  pouvoir  fonder  des  con- 
clusions sur  la  mesure  de  variations  de  poids  si  faibles  et  que  les  moindres 
causes  d'erreur  doivent  grandement  influencer?  Parmi  ses  expériences, 
Lord  Rayleigh  en  cite  plusieurs  où  le  tube  à  anhydride  phosphorique 
destiné  à  recueillir  l'eau  formée,  au  lieu  d'augmenter,  avait,  au  contraire, 
perdu  du  poids.  Il  y  avait  donc  bien,  dans  ses  expériences,  une  cause 
notoire  d'erreur  dans  le  sens  d'une  diminution  de  poids  du  tube  à  eau  ('). 


(')  Ann.  de  Chimie  et  de  Physique,  7®  série,  t.  XXII,  p.  69  et  80. 
(^)   Le   P^O^  peut    perdre  des  composés  moins    oxygénés  du  phosphore  et  même 
du  Ph  et  du  PH*,  s'il  n'a  pas  été  suffisamment  chauffé  à  260°  dans  l'oxygène  sec. 


lo32  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

Portant  sur  les  quelques  décimilligrammes  d'eau  qui  jDOuvaient  se  pro- 
duire, l'erreur  devenait  donc  énorme  relativenment  au  petit  poids  d'eau 
à  recueillir.  J'espère  que  Lord  Rayleigh  reconnaîtra  que  ses  expériences, 
d'ailieurs  très  habilement  faites,  l'ont  été  certainement  sur  une  trop  petite 
échelle. 

»  L'extraction  directe  de  l'hydrogène  libre  de  l'atmosphère  a  été 
exécutée  en  1900  parE.-D.  Liveing  et  J.  Dewar  (').  En  recueillant,  dans 
une  enceinte  à  —210°,  les  parties  les  plus  volatiles  de  l'air  liquide,  ils 
obtinrent  un  résidu  gazeux,  inflammable,  qui  analysé  fut  reconnu  conte- 
nir, pour  100  volumes,  43  vol.  d'hydrogène  libre,  6  vol.  d'oxygène  et 
5i  vol.  de  divers  autres  gaz  (Az,  Ar,  Ne,  He,  .  .  .).  Remarquons  que  i  litre 
d'air  liquide  ou  2200  grammes  (répondant  à  2000  litres  d'air  environ)  ne 
contiennent  que  oS,o33  d'hydrogène  et  qu'on  ne  saurait  espérer  retirer 
ainsi,  par  distillation  fractionnée,  la  totalité  de  ces  33  milligrammes  d'hy- 
drogène en  partie  dissous  dans  plus  de  2  kilogrammes  d'air  liquéfié. 

»  La  présence  de  l'hydrogène  libre  dans  l'atmosphère  est  une  notion 
importante  au  point  de  vue  de  l'origine  de  l'air,  de  sa  constitution,  de  la 
composition  de  ses  couches  supérieures,  du  rôle  qu'y  joue  ce  gaz  dans  les 
phénomènes  chimiques  et  météoriques  qui  s'y  produisent.  Je  viens  de 
montrer  aussi  qu'il  convient  de  tenir  compte  de  cet  hydrogène,  et  des  gaz 
combustibles  accessoires  qui  l'accompagnent,  dans  les  déterminations  fon- 
damentales des  densités  de  l'azote  et  de  la  densité  de  l'air  lui-même. 

w  II  est  certain  que  sa  composition  est  légèrement  variable,  et  qu'à 
égalité  de  pression  le  poids  de  son  unité  de  volume  n'est  pas  le  même  à  la 
campagne,  dans  les  villes  populeuses,  en  mer  et  dans  les  hautes  régions 
de  l'atmosphère.  Je  m'associe  donc  à  l'opinion  de  V.  Regnault  qui,  déjà 
en  1845,  déplorait  qu'on  rapportât  les  densités  des  gaz  à  celle  de  l'air  prise 
comme  unité  (^).  «  Cette  convention  fâcheuse,  dit-il,  suppose  que  la  com- 
position de  l'air  est  absolument  invariable  .»  Il  serait  plus  simple,  croyons- 
nous,  et  pour  bien  d'autres  raisons  encore,  de  rapporter  les  densités  des 
gaz  à  celle  de  l'hydrogène  prise  pour  unité.   » 


(1)  Procced.  Roy.  Soc,  t.  LXVII,  p.  4^8. 
(^)   Comptes  rendus,  t.  XX,  p.  987. 


SÉANCE    DU    8   DÉCEMBRE    1902.  Io33 


ZOOLOGIE.  —  Sur  le  développement  des  Péripatidés  de  l'Afrique  australe. 
Note  de  M.  E.-L.  Bouvier. 

«  On  sait  que  le  développement  embryonnaire  des  Péripatidés  peut 
s'effectuer  suivant  quatre  modes  différents  :  1°  chez  les  Peripatus  du  Nou- 
veau Monde  et  de  l'Afrique,  où  les  œufs  n'ont  que  40^^  à  5o^  de  diamètre, 
les  jeunes  embryons  puisent  leur  nourriture  dans  les  parois  utérines  au 
moyen  d'un  vaste  placenta  qui  se  rattache  à  la  nuque:  2"  chez  les  Parape- 
ripatus  Noçœ  Britanniœ  (M.  Willey),  où  les  œufs  n'ont  qu'un  diamètre 
double,  la  nutrition  des  jeunes  embryons  s'effectue  au  moyen  d'une  énorme 
vésicule  antéro-dorsale  qui  plonge  dans  le  liquide  utérin;  3°  chez  la  plu- 
part des  Peripatopsis  (espèces  du  Chili  et  de  l'Afrique  australe)  elle  se  pro- 
duit sans  aucune  annexe  embryonnaire,  encore  que  les  œufs  soient  réduits, 
dépourvus  de  jaune  et  ne  mesurent  pas  plus  de  5ooS*  de  diamètre;  4"  enfin 
chez  \qs Peripatus  indo-malais  et  chez  les  Peripatoïdes{(\w'\h  soient  ovipares 
ou  vivipares),  l'embryon  se  nourrit  directement  aux  dépens  de  l'œuf,  qui 
renferme  un  jaune  volumineux  et  qui  peut  atteindre  un  diamètre  de  i'"'",5 
à  2'°™. 

))  Ce  sont  les  recherches  de  Balfour  et  celles,  beaucoup  plus  complètes, 
de  M.  Sedgwick  qui  nous  ont  fait  connaître  le  troisième  mode  de  déve- 
loppement, celui  des  Peripatopsis.  Ces  recherches  s'appliquaient  à  deux 
espèces  seulement  :  le  P.  capensis  Grube  et  le  P.  Balfouri  Sedgw.,  mais  les 
représentants  du  genre  sont  tellement  voisins  les  uns  des  autres  par  leur 
morphologie  et  leurs  caractères  anatomiques  qu'on  crut  pouvoir  étendre  à 
tous  les  conclusions  de  Balfour  et  de  M.  Sedgwick.  L'objet  de  cette  Note  sera 
de  montrer  que  pareille  généralisation  ne  laisse  pas  d'être  trop  hâtive  et 
qu'en  réalité  le  développement  embryonnaire  des  Peripatopsis  se  rattache 
par  tous  les  degrés  à  celui  du  Paraperipatus  Novœ  Britanniœ. 

»  I.  Dans  le  Peripatopsis  SedgwickiV m  cA\,  espèce  qui  habite  le  Natal, 
le  développement  embryonnaire  ressemble  totalement  à  celui  tlu  P.  Novœ 
Britanniœ.  Les  œufs  utérins  de  cet  Onychophore  sont  moitié  plus  petits  que 
ceux  des  autres  Peripatopsis  et,  comme  dans  le  P.  Novœ  Britanniœ,  se  trans- 
forment en  une  vésicule  ovoïde  où  l'aire  embryonnaire  se  trouve  localisée 
à  l'extrémité  postérieure.  Ce  stade  doit  être  suivi  de  plusieurs  autres  que  je 
n'ai  pas  étudiés,  et  dans  lesquels  l'aire  embryonnaire  se  déplace  en  avant 
sur  la  face  ventrale  de  la  vésicule. 

C.  R.,  1902,  2«  Semestre.  (T.  CXXXV,  N"  33.)  '^J 


I034  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  On  arrive  ainsi  à  un  embryon  enroulé  en  spirale  et  qui  présente  sur  la 
nuque  une  vésicule  turgescente.  Cette  vésicule  ressemble  de  tous  points  à 
celle  du  P.  Novœ  Britanniœ  et  acquiert,  comme  elle,  des  dimensions  déme- 
surées; elle  est  très  large,  quatre  ou  cinq  fois  aussi  longue  que  la  longueur 
de  l'embryon,  et  revêt,  en  partie,  le  corps  de  ce  dernier;  son  caractère 
propre  est  de  ne  pas  présenter  le  prolongement  postérieur  qu'on  observe 
dans  la  vésicule  du  P.  Novœ  Britanniœ. 

»  Les  embryons  d'une  même  femelle  ne  sont  pas  tous  exactement 
au  même  stade;  certains  d'entre  eux  ont  une  vésicule  fort  réduite  et 
quelques-uns  même  en  sont  dépourvus.  Ces  derniers  sont  d'ailleurs  bien 
loin  d'avoir  achevé  leur  croissance,  et  ressemblent  en  cela  aux  embryons 
du  P.  Novœ  Britanniœ  oii  la  vésicule  vient  de  disparaître. 

»  J'ai  signalé  il  y  a  deux  ans  les  embryons  à  vésicule  réduite  et,  plus 
récemment,  des  embryons  à  vésicule  très  développée. 

»  II.  Une  espèce  très  voisine  de  la  précédente,  le  P.  Moseleyi  Wood- 
Mason,  qui  habite  le  Natal  et  la  colonie  du  Cap,  m'a  permis  de  constater 
un  passage  très  net  aux  Peripatopsis  dépourvus  d'annexés  embryon- 
naires. 

))  Les  très  jeunes  de  cette  espèce  se  présentent  sous  la  forme  de  vési- 
cules ovoïdes  ayant  i™'",75  de  longueur  et  i™™,5o  de  largeur.  Formée  par 
une  paroi  ectodermique  richement  pourvue  de  noyaux,  la  vésicule  s'épais- 
sit du  côté  ventral,  à  quelque  distance  de  l'extrémité  postérieure  et  forme 
en  ce  point  une  aire  embryonnaire  des  plus  distinctes.  Cette  aire  n'occupe 
qu'une  étendue  fort  restreinte  à  la  surface  de  la  vésicule  :  elle  a  un  demi- 
millimètre  de  largeur  et  une  longueur  un  peu  plus  faible;  sur  le  tiers 
médian  de  son  axe  longitudinal  s'étend  le  blastopore  entouré  d'un  bour- 
relet où  l'on  entrevoit  à  peine  un  commencement  de  constriclion  latérale. 
Dans  la  moitié  antérieure  de  l'aire  se  trouvent  de  chaque  côté  sept  épais- 
sissements  symétriques  qui  correspondent  aux  sept  premiers  somites;  en 
arrière  les  somites  sont  remplacés  par  un  épaississement  continu  qui 
s'exagère  sur  la  ligne  médiane  et  forme  en  ce  point  un  centre  proliférateur 
caudal. 

»  A  un  slade  un  peu  plus  avancé  la  vésicule  mesure  2™""  de  diamètre; 
son  aire  embryonnaire  a  conservé  la  même  longueur,  mais  sa  largeur  est 
beaucoup  plus  grande  et  atteint  o""°,  70.  Le  blastopore  s'est  divisé  en  deux 
orifices  étroits  qui  représentent  la  bouche  et  l'anus;  l'extrémité  caudale, 
011  se  trouve  le  centre  proliférateur,  s'avance  du  côté  de  la  bouche,  rame- 
nant avec  lui  en  avant  les  somites  7  et  8  et  les  deux  épaississements  ter- 


SÉANCE    DU    8    DÉCEMBRE    1902.  Io35 

minaiix  où  se  produiront  ultérieurement  d'autres  somites.  D'ailleurs  l'aire 
embryonnaire  tout  entière  s'est  très  sensiblement  éloie^née  de  l'extré- 
mité postérieure  de  la  vésicule.  Dans  le  Paraperipatus  Novœ  Britanniœ 
M.  Willey  a  observé  un  stade  (stade  VI)  absolument  intermédiaire  entre 
les  deux  précédents;  la  seule  différence,  c'est  que  la  vésicule  du  P.  Mose- 
leyi  est  un  peu  plus  large  et  beaucoup  moins  longue.  On  peut  affirmer 
sans  aucun  doute  qu'une  différence  de  même  ordre  doit  exister  entre  le 
P.  Moseleyi  et  le  P.  Sedgwicki. 

»  A  un  stade  encore  plus  avancé  on  observe  déjà  tous  les  appendices, 
et  le  corps  de  l'embryon  présente  deux  inflexions  qui  le  divisent  en  trois 
parties  bien  distinctes  :  l'une  antérieure,  qui  s'étend  jusqu'aux  pattes  de 
la  troisième  paire;  l'autre  postérieure,  qui  correspond  à  peu  près  aux  dix 
derniers  somites,  et  une  portion  intermédiaire  contre  la  face  ventrale  de 
laquelle  viennent  s'appliquer  les  faces  ventrales  des  deux  autres.  La  région 
intermédiaire  se  distingue  au  premier  abord  par  son  volume  considérable, 
par  ses  parois  minces  et  par  l'aspect  de  sa  surface,  qui  présente  bien 
quelques  papilles  mais  n'offre  pas  encore  de  plis  ;  elle  représente  en  somme 
une  vésicule  embryonnaire  qui  ne  mesure  pas  moins  de  3™™  de  longueur 
sur  i™*",  5  de  largeur.  D'ailleurs,  cette  vésicule  ne  se  pédonculisera  jamais 
vers  la  région  nuquale  comme  on  l'observe  dans  le  Paraperipatus  Novce 
Britanniœ  et  dans  le  Peripatopsis  Sedgwicki;  dans  une  même  femelle,  en 
effet,  j'ai  trouvé  des  embryons  au  stade  que  je  viens  de  décrire  et  d'autres 
où  la  vésicule  se  réduit  de  plus  en  plus  et  quelques-uns  même  où  celle-ci 
a  disparu.  En  fait  les  parois  de  la  vésicule  constituent  tout  simplement,  à 
ces  stades  très  voisins,  les  parois  de  la  région  moyenne  du  corps,  et  lorsque 
le  liquide  vésiculaire  a  été  complètement  résorbé,  cette  région  a  pris, 
comme  les  deux  autres,  la  forme  grêle  et  les  plissements  caractéristiques 
des  embryons  avancés. 

»  III.  D'après  ce  qui  précède  on  doit  se  représenter  de  la  manière  sui- 
vante les  modifications  évolutives  du  développement  embryonnaire  depuis 
le  Paraperipatus  Novœ  Britanniœ  et  le  Peripatopsis  Sedgwicki  jusqu'au  Peri- 
patopsis capensis  :  1^  dans  les  deux  premières  espèces,  la  segmentation  con- 
duit à  une  grosse  vésicule  ectodermique  où  l'aube  embryonnaire,  toujours 
fortement  transversale,  n'occupe  qu'une  très  faible  étendue;  cette  vésicule 
s'allonge  beaucoup,  se  pédonculise  dans  la  région  antérieure  et  se  réduit 
peu  à  peu  jusqu'à  disparaître  à  mesure  que  s'effectue  le  développement  de 
l'embryon  ;  1°  dans  le  Peripatopsis  Moseleyi  il  y  a  également  formation  d'une 
grosse  vésicule  et  d'une   petite  aire  embryonnaire  transversale,   mais  la 


Io36  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

vésicule  ne  s'allonge  pas  beaucoup,  elle  ne  se  pédonculise  jamais  et,  par 
résorption  de  son  contenu,  forme  simplement  les  parois  de  la  région 
moyenne  du  corps;  3°  dans  le  P.  capensis,  la  segmentation  conduit  à  une 
petite  vésicule  ovoïde  dont  le  grand  diamètre  n'a  pas  plus  de  o™'",7;  l'aire 
embryonnaire,  beaucoup  plus  longue  que  large,  occupe  toute  la  face  ven- 
trale de  la  vésicule,  et  la  face  dorsale  de  cette  dernière  constitue  le  dos  de 
l'embryon,  sans  former  jamais  la  volumineuse  proéminence  qu'on  observe 
dans  le  P.  Moseleyi.  Il  est  probable  que  l'étude  des  autres  PeripaLopsis  de 
l'Afrique  australe  permettra  de  constater  tous  les  passages  entre  les  deux 
dernières  formes,  c'est-à-dire  des  états  oii  la  vésicule  primitive  est  plus 
réduite  que  celle  du  P.  Moseleyi,  plus  grande  que  celle  du  P.  capensis. 

))  J'ajouterai  que  l'observation  des  organes  internes  permet  de  recon- 
naître une  évolution  dans  le  même  sens  parmi  les  Peripatopsis  de  l'Afrique 
australe;  ainsi  le  P.  Sedgwicki  présente  encore  des  glandes  crurales  très 
développées  à  la  base  des  trois  paires  de  pattes  prégénitales,  tandis  que 
dans  le  P.  Moseleyi  ei  le  P.  capensis  les  glandes  crurales  de  la  paire  posté- 
rieure débordent  seules  dans  le  sinus  latéral.    » 


ZOOLOGIE.  ~  Sur  quelques  Hémo gré garines  des  Ophidiens.  Note 
de  M.  A.  Laverax. 

«  Il  n'est  pas  rare  de  trouver  des  Hémogrégarines  chez  les  Ophidiens; 
ces  parasites  ont  été  observés  par  Billet  (*)  chez  3  Ophidiens  du  Haut- 
ïonkin,  par  HagenmuUer  chez  une  couleuvre  d'Algérie  (-),  par  Lang- 
mann  ('')  et  Lutz  (')  chez  22  espèces  d'Ophidiens  d'Amérique,  par  Simond 
chez  4  espèces  d'Ophidiens  de  l'Inde  ou  de  Cochinchine  (^),  par  Cari 
Borner  chez  une  couleuvre  ("). 

»  J'ai  eu  l'occasion  d'étudier  ces  Hémogrégarines  dans  des  préparations 
de  sang  de  ISaja  tripudians  qui  m'ont  été  envoyées  de  Pondichéry  par 
M.  le  D^'Gouzien,  médecin  des  colonies,  dans  des  préparations  de  sang 
d'une  couleuvre  d'Algérie,  Zamenis  hippocrepis,  qui  m'ont  été  remises  par 

(')  Billet,  Soc.  de  Biologie,  19  janvier  iSgS. 

{')  Hagenmuller,  Arch.  de  ZooL  expérim.,  n°  4,  1898. 

(3)  Langmann,  New-York  med.  Journ.,  7  janvier  1899. 

(^)  Lutz,  Centralbl.  f.  Bakter.,  E.  Abt.,  t.  XXIX,  1901,  n°  9. 

(^)  Simond,  Ann.  dei'lnst.  Pasteur,  1901,  p.  819. 

{^)  G.  Borner,  Zeitschr.  f.  wissenschaftl.  Zoologie,  t.  LXIX,  19  mars  1901. 


SÉANCE    DU    8    DÉCEMBRE    1902.  10^7 

M.  le  D''  Soulié,  professeur  à  l'Ecole  de  Médecine  d'Alger,  enfin  dans  des 
préparations  de  sang  de  Crotalus  confluentus  et  de  Ancistrodon  piscivorus 
que  je  dois  à  M.  le  D""  Langmann,  de  New-York. 

))  Naja  tripudians  figure  parmi  les  Ophidiens  signalés  comme  infectés 
d'Hémogrégarines  (Simond);  l'existence  de  ces  parasites  chez  Zameniship- 
pocrepis  n'avait  pas  encore  été  notée. 

»  Le  nombre  des  espèces  d'Ophidiens  chez  lesquels  l'existence  d'Hé- 
mogrégarines a  été  reconnue  s'élève  aujourd'hui  à  32. 


Fig.  1-3,  Hémogiég.  de  Naja  tripudians.  —  Fig.  4-6,  Ilémogtég.  de  Zamenis  hippocrepis.  — 
Fig.  7-9,  Hémogrég.  de  Crotalus  confluentus.  n,  n,  noyaux  hypertrophiés  des  hématies.  — 
Fig.  io-i3,  Hémogrég.  de  Ancistrodon  piscivorus.  Gross.  i4oo  D.  environ. 

»  Les  préparations  de  sang  de  Naja  tripudians  dans  lesquelles  j'ai  trouvé  des 
Hémogrégarlnes  provenaient  de  deux  de  ces  Ophidiens  ;  elles  contenaient  des  parasites, 
en  petit  nombre.  Je  donnerai  à  cette  Hémogrégarine  le  nom  de  H.  najae. 

»  Le  parasite  se  présente  d'ordinaire,  comme  cela  est  indiqué  dans  la  figure  i,  sous 
l'aspect  d'un  vermicule  endoglobulaire;  l'une  des  extrémités  est  arrondie,  l'autre  est 
effilée,  et  repliée  quand  l'Hémogiégarine  a  atteint  son  développement  complet.  Dans 
les  préparations  colorées,  on  distingue,  vers  la  partie  moyenne  du  corps  du  parasite, 
un  noyau  ovalaire  plus  ou  moins  allongé. 

»  L'Hémogrégarine  repliée  mesure  \l\V-  de  long  environ;  dépliée,  elle  a  21!^  à  22!^  de 
long  sur  3!^  de  large,  à  l'extrémité  arrondie. 

»  La  figure  2  représente  une  Hémogrégarine  en  train  de  se  déplier;  la  figure  3,  une 
Hémogrégarine  qui  est  devenue  libre. 

»  A  la  première  phase  de  développement  de  l'Hémogrégarine,  l'hématie-hôte  n'est 
pas  altérée,  le  noyau  reste  en  place;  lorsque  le  parasite  grandit,  le  noyau  de  l'hématie 


Io38  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

est  souvent  refoulé  {fig.  2);  ce  noyau  a,  en  général,  son  volume  normal;  il  est  rare 
qu'il  soit  augmenté  de  volume,  et,  dans  ce  cas,  l'hypertrophie  est  toujours  légère.  Les 
hématies  parasitées  ont  souvent  des  dimensions  plus  grandes  que  les  hématies  nor- 
males, iSP^  à  19!^^  par  exemple,  dans  leur  grand  diamètre,  au  lieu  de  17^^,  chiffre  normal. 

»  Je  désignerai,  sous  le  nom  de  H.zamenis  l'Hémogrégarine  trouvée  par  M.  Soulié 
chez  Zamenis  hippocrepis. 

»  Dans  les  préparations  de  sang  desséché  que  j'ai  examinées,  l'Hémogrégarine  était 
toujours  endoglobulaire. 

»  A  son  premier  stade  de  développement,  H.  zamenis  a  l'aspect  d'un  élément  ova- 
laire  d'un  volume  égal  ou  à  peine  supérieur  à  celui  du  noyau  de  l'hématie  {fig.  4). 
Dans  les  préparations  colorées  on  distingue,  au  centre  de  ces  petits  éléments,  un  noyau 
constitué  essentiellement  par  des  granulations  chromatiques. 

»  A  ce  stade,  l'hématie-hôte  a  généralement  son  aspect  normal,  le  noyau  est  à  sa 
place  ou  bien  il  est  légèrement  refoulé. 

»  Le  parasite,  à  une  phase  plus  avancée  de  sa  croissance,  s'allonge  en  forme  de 
boudin  recourbé  et  arrondi  à  ses  extrémités.  L'une  des  extrémités  s'effile  ensuite  et 
se  replie,  comme  cela  est  indiqué  dans  les  figures  5  et  6. 

»  Le  parasite  replié  à  l'intérieur  d'une  hématie  mesure,  lorsqu'il  est  arrivé  à  son 
développement  complet,  18!^  de  long  (ce  qui  représente  25!^  à  26!^  pour  le  parasite 
déplié)  sur  l^V-  de  large  environ. 

»  Le  grand  axe  de  l'Hémogrégarine  est,  en  général,  parallèle  au  grand  axe  de  l'hé- 
matie, mais  le  parasite  peut  se  développer  aussi  dans  des  positions  obliques  ou  même 
perpendiculaires  par  rapport  à  cet  axe. 

»  Le  noyau  de  l'Hémogrégarine  reste  toujours  dans  la  moitié  la  plus  épaisse  du 
parasite.  Le  protoplasme  ne  contient  que  très  peu  de  granulations  chromatiques. 

»  Les  hématies  qui  contiennent  des  parasites  arrivés  à  leur  développement  complet 
s'allongent,  comme  cela  est  indiqué  dans  la  figure  6;  le  noyau  de  l'hématie  est  refoulé 
et  assez  souvent  hypertrophié  ;  le  noyau  s'allonge  parfois  de  telle  façon  qu'il  a  la  même 
longueur  que  le  parasite,  les  noyaux  hypertrophiés  se  colorent  plus  fortement  que  les 
noyaux  des  hématies  normales. 

»  L'Hémogrégarine  de  Crotalus  confluentas  est  endoglobulaire  comme  les  Hémo- 
grégarines  décrites  ci-dessus,  mais  elle  s'en  dislingue  par  plusieurs  caractères.  Les  plu, 
grandes  formes  ont  i5!^  à  i6f^  de  long  sur  5!^  à  6l*  de  large  et  le  parasite  ne  paraît  pas 
se  replier  dans  l'hématie.  H.  crotali  est  donc  à  la  fois  plus  courte  et  plus  large  que  les 
Hémogrégarines  qui  précèdent;  de  plus  elle  exerce  une  action  constante  sur  le  noyau 
de  l'hématie-hôte  qni  est  toujours  hypertrophié  et  souvent  dans  des  proportions  consi- 
dérables, comme  l'indiquent  les  figures  7,  8  et  9.  Il  n'est  pas  rare  de  voir  des  noyaux 
d'hématies  qui  atteignent  ou  dépassent  même  la  longueur  des  parasites  endoglobu- 
laires  arrivés  à  leur  développement  complet,  soit  16!^  à  iSi^  de  long.  Après  destruction 
des  hématies,  les  noyaux  hypertrophiés  {fig.  8  et  9  «,  n)  restent  adhérents  aux  parasites. 
Les  noyaux  des  hématies  parasitées  se  colorent  plus  fortement  que  les  noyaux  des 
hématies  normales. 

»  Les  figures  10  à  i3  se  rapportent  à  l'Hémogrégarine  du  Mocassin  d'eau,  Ancis- 
trodon  piscù'orus.  Je  désignerai  cette  Hémogrégarine  sous  le  nom  de  H.  mocassini. 
Les  formes  jeunes  {fig.  10  )  sont  étroites,  non  repliées  sur  elles-mêmes;  les  formes  plus 


SÉANCE  DU  8  DÉCEMBRE  1902.  Io3q 

avancées  dans  leur  développement  sont  repliées  comme  l'indiquent  les  figures  11  et  12. 
Le  noyau  de  l'hématie-hôte  est  refoulé  et  aplati,  il  est  rarement  hypertrophié  ;  l'hématie 
parasitée  s'allonge  souvent.  Il  n'est  pas  rare  de  trouver  deux  parasites  dans  une  hématie. 
Les  Hémogrégarines  repliées  dans  les  hématies  mesurent  de  12!^  à  17^-  de  long;  libres 
et  dépliées,  elles  mesurent  de  20V-  à  i5^. 

»  Ces  Hémogrégarines  ont  évidemment  de  grandes  ressemblances  entre 
elles;  faut-il  admettre  avec  Langmann  et  Lutz  qu'elles  appartiennent  toutes 
à  une  même  espèce,  Drepanidium  serpentium  Lutz?  Je  ne  le  crois  pas.  Il 
est  très  probable  que  H.  crotali,  par  exemple,  est  d'une  autre  espèce  que 
H.  najae;  ce  dernier  parasite  est  plus  long  et  plus  grêle  que  le  premier  et 
il  n'agit  pas  comme  lui  sur  les  noyaux  des  hématies-hôtes  (*). 

»  Nous  sommes,  malheureusement,  très  peu  renseignés  sur  l'évolution 
des  Hémogrégarines  des  Ophidiens,  ce  qui  rend  la  différenciation  des  es- 
pèces très  difficile. 

»  Dans  aucune  des  préparations  de  sang  d'Ophidiens  infectés  d'Hémo- 
grégarines  que  j'ai  examinées,  je  n'ai  vu  de  formes  démultiplication  de  ces 
parasites.  Il  en  est  de  même  pour  les  Hémogrégarines  des  Chéloniens.  Chez 
Emys  lutaria,  c'est  dans  les  viscères  et,  en  particulier,  dans  le  foie  qu'il 
faut  rechercher  les  formes  de  reproduction  endogène  de  H .  Stepanowi (^^  y, 
de  même  pour  H.  stepanowiana  de  Damonia  Reevesii  (^). 

»  Lutz  a  trouvé  dans  les  poumons  de  plusieurs  Ophidiens  ayant  des  Hé- 
mogrégarines et,  en  particulier,  chez  Eunectesmurinus,  des  éléments  para- 
sitaires en  voie  de  multiplication  qu'il  a  décrits  sous  les  noms  de  kystes  à 
inacrosporozoïtes  et  à  microsporozoïtes.  Sur  des  coupes  d'un  morceau  de 
poumon  d' Eunecles  murinus  que  M.  Lutz  a  bien  voulu  m'envoyer,  j'ai  re- 
trouvé les  formes  de  multiplication  décrites  par  ce  savant  confrère;  l'exis- 
tence de  ces  formes  n'est  donc  pas  douteuse,  l'interprétation  des  faits  est 
seule  discutable. 

))  Les  Hémogrégarines  qui  vont  se  multiplier  augmentent  de  volume, 
elles  deviennent  en  outre  moins  flexibles  ;  on  comprend  donc  qu'elles 
s'arrêtent  dans  les  capillaires  :  c'est  probablement  pour  cela  que  les  formes 


(')  J'ai  déjà  appelé  l'attention  sur  ce  fait  que  certains  Protozoaires  endoglobu- 
laires  déterminent  l'hypertrophie  du  noyau  de  la  cellule-hôte,  tandis  que  des  parasites 
d'espèces  voisines  sont  sans  action  sur  ce  noyau.  {Soc.  de  Biologie,  28  avril  1900  et 
i8  octobre  1902.) 

(^)  Lavkran,  Soc.  de  Biologie,  i"  et  8  octobre  1898. 

(')  Laveran  et  MTi.^mL,' Comptes  rendus,  20  octobre  1902. 


.*.* 


Io4o  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

de  multiplication  ne  se  rencontrent  pas,  en  général,  dans  le  sang  de  la 
grande  circulation. 

»  L'étude  des  Hémogrégarines  ne  doit  pas  être  faite  seulement  dans  le 
sang,  il  faut  la  poursuivre  dans  les  organes  internes  :  dans  le  foie,  dans  les 
reins  et  dans  les  poumons,  sur  des  frottis  ou  sur  des  coupes  histologiques 
de  ces  viscères. 

»  Il  y  aura  lieu  aussi  de  rechercher  comment  se  fait  l'infection.  Lang- 
mann,  quiconstate  que  les  espèces  aquatiques  d'Ophidiens  sont  plus  souvent 
infectées  que  les  autres  ('),  suppose  que  ces  serpents  s'infectent  en  man- 
geant des  grenouilles.  Cette  supposition  paraît  inadmissible;  d'une  part, 
les  Hémogrégarines  des  Batraciens  appartiennent  à  d'autres  espèces  que 
les  Hémogrégarines  des  Ophidiens;  d'autre  part,  il  n'y  a  pas  d'exemple 
d'une  maladie  due  à  des  Protozoaires  parasites  du  sang  se  transmettant  par 
les  voies  digestives.  Tons  les  faits  connus  sont  favorables  à  une  transmis- 
sion par  des  ectoparasites  se  nourrissant  de  sang.  On  trouve,  chez  les 
Lézards  et  les  Tortues,  des  Ixodes  qui  très  probablement  servent  à  la  pro- 
pagation des  Hémogrégarines;  il  est  probable  que,  chez  les  Ophidiens,  il 
existe  également  des  ectoparasites.  » 

PATHOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  De  l'action  interne  du  sulfate  de  cuivre  dans  la 
résistance  de  la  pomme  de  terre  au  Phytophlhora  infestans.  Note  de 
M.  Emile  Laurent. 

«  Tels  qu'ils  sont  employés  dans  la  pratique,  les  sels  de  cuivre  agissent 
soit  en  tuant  les  spores  des  champignons  parasites,  soit  en  paralysant  leur 
développement. 

))  On  peut  se  demander  si  les  matières  antiseptiques  ne  peuvent  pas 
être  absorbées  par  les  plantes  parasitées  elles-mêmes  et  exercer  dans  les 
sucs  cellulaires  une  influence  immunisante  contre  les  ennemis  crypto- 
gamiques.  Il  faut  pour  cela  que  ces  substances  soient  utilisées  à  des  doses 
qui  ne  nuisent  pas  à  la  végétation  et  qu'elles  puissent  diffuser  dans  les 
tissus. 

»  Par  leur  sensibilité  extrême  à  l'égard  des  sels  de  cuivre,  les  Péro- 
nosporacées  étaient  tout  indiquées  pour  des  essais  de  cette  nature. 


(*)  Billet  avait  déjà  constaté  que,  au  Tonkin,  les  Hémogrégarines  se  rencontrent 
principalement  chez  les  Ophidiens  qui  vivent  dans  la  boue  des  rizières  {^Soc.  de  Bio- 
logie, 19  janvier  iSgS).  


SÉANCE   DU    8    DÉCEMBRE     [902.  Io4l 

»  Une  expérience  commencée  en  mai  1901  sur  la  pomme  de  terre  n'a 
pas  fourni  de  résultats  probants  parce  que  cette  année  la  maladie  ne  s'est 
pas  montrée  dans  nos  cultures.  Répété  en  mai  1902,  le  même  essai  a  donné 
lieu  à  des  observations  intéressantes. 

»  A  6o^s  (le  terre  de  jardin  on  a  mélangé  6os  de  sulfate  de  cuivre  dis- 
sous dans  l'eau.  Le  tout  a  été  réparti  entre  douze  pots  qui  n'étaient  rem- 
plis qu'à  moitié  afin  de  permettre  de  butter  plus  tard  les  tiges  aériennes. 

»  Six  ont  reçu  des  tubercules  de  la  variété  Marjolin;  dans  les  six  autres 
on  a  planté  la  variété  blanchard.  Toutes  les  deux  sont  très  sensibles  à  la 
maladie. 

»  Parmi  les  tubercules  employés,  la  moitié  provenait  de  cultures  faites 
en  1901  dans  une  terre  analogue  additionnée  de  la  même  dose  de  sulfate 
de  cuivre.  Je  me  proposais  d'examiner  si  la  pomme  de  terre  est  susceptible 
de  s'adapter  aux  sols  cuprifères.  Aucune  observation  ultérieure  n'a  con- 
firmé cette  supposition. 

»  A  côté  des  douze  pots  contenant  du  sulfate  de  cuivre,  il  y  en  avait  six, 
trois  pour  chaque  variété  étudiée,  dans  lesquels  se  trouvait  la  même  terre, 
mais  privée  de  ce  sel. 

»  En  juin,  on  a  butté  les  tiges  de  pomme  en  remplissant  les  pots  avec 
de  la  terre  qui,  sauf  pour  les  témoins,  avait  été  additionnée  de  i  pour  1000 
de  sulfate  de  cuivre. 

»  Le  développement  des  tiges  dans  les  18  pots  n'a  point  présenté  de 
différence  que  l'on  puisse  attribuer  à  l'action  du  sel  de  cuivre  ou  à  l'ori- 
gine différente  des  tubercules. 

»  Quand,  vers  la  mi-août,  la  maladie  a  sévi  dans  nos  environs,  elle  a 
attaqué  avec  la  même  intensité  les  feuillages  de  toute  la  série.  Le  21  du 
même  mois,  on  a  récolté  les  tubercules,  dont  le  développement  était  assez 
avancé  chez  la  variété  Marjolin.  Plusieurs  furent  coupés  en  deux  ;  sur 
chaque  moitié  on  a  déposé,  la  face  inférieure  tournée  vers  le  bas,  une 
foliole  de  pomme  de  terre  atteinte  par  le  Phylophthora.  Les  moitiés  de 
tubercules  ainsi  traitées  provenaient  des  pots  avec  cuivre  et  sans  cuivre; 
toutes  furent  maintenues  en  chambre  humide.  Après  4  jours,  l'infection 
n'avait  respecté  aucun  des  tubercules  mis  en  expérience,  mais  elle  était 
nettement  plus  accentuée  chez  ceux  qui  avaient  été  récoltés  dans  les  pots 
privés  de  sulfate  de  cuivre. 

»  Les  tubercules  qui  n'avaient  pas  été  coupés  ont  été  conservés  dans 
des  bocaux  ouverts;  il  en  restait  dix  de  chaque  catégorie.  Deux  seulement 
des  cultures  sans  cuivre  n'ont  pas  pourri  à  la  suite  de  l'infection  provoquée 

G    R.,  1902,  2*  Semestre.  (T.  CXXXV,  N°  33.)  l36 


1042  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

par  le  Phytophthora.  Par  contre,  il  y  en  avait  encore  huit  bien  sains  à  la  fin 
de  novembre  parmi  les  dix  récoltés  dans  les  pots  avec  sulfate  de  cuivre. 

))  Ce  métal  a  été  recherché  par  la  méthode  électrolytique  dans  les 
tubercules  ainsi  conservés.  (>eux  qui  provenaient  de  la  terre  additionnée 
de  cuivre  en  contenaient  ^  J^^,,  tandis  qu'on  n'en  a  pas  trouvé  de  traces 
dans  les  témoins. 

»  A  la  suite  de  ces  résultats,  on  pourrait  supposer  que  l'on  puisse  immu- 
niser des  tubercules  de  pomme  de  terre  en  les  plongeant  pendant  un  cer- 
tain temps  dans  une  solution  de  sulfate  de  cuivre.  Un  essai  a  été  fait  avec 
des  tubercules  de  Marjolin  cultivés  en  plein  jardin,  coupés  en  deux  et 
immergés  pendant  20  heures  dans  des  solutions  de  ce  sel  à  2  et  5  pour  1000. 
On  a  ensuite  lavé  les  sections  à  grande  eau,  puis  on  y  a  déposé  des  folioles 
atteintes  de  Phytophlhora.  Le  parasite  s'est  développé  aussi  vigoureu- 
sement que  sur  des  tubercules  témoins.    » 


MEMOIRES  PRESENTES. 

M.  AuG.  Berthier  soumet  au  jugement  de  l'Académie  une  Note  inti- 
tulée :  «  Photographie  électrolytique;  nouveau  procédé  physique  pour 
obtenir  des  images  photographiques  ». 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Lippmann.) 

Les  héritiers  de  M.  Chapoteaut  demandent  l'ouverture  d'un  pli  cacheté 
déposé  par  M.  Chapoteaut  le  26  juin  1893,  et  dont  le  dépôt  a  été  accepté. 
Ce  pli,  inscrit  sous  le  n°  4924,  est  ouvert  en  séance  par  M.  le  Secrétaire 
perpétuel. 

Il  contient  une  Note  «  Sur  la  préparation  du  gaïacol  et  du  créosol 
purs  au  moyen  de  la  créosote  de  hêtre  »,  par  MM.  Chapoteaut  et  Giraud 
(Extrait)  : 

....  Les  dérivés  sodiques  de  ces  phénols  possèdent  des  solubilités  très  différentes 
dans  la  lessive  de  soude  concentrée. 

Ils  sont  d'autant  moins  solubles  que  la  complexité  de  leur  molécule  est  plus  grande; 
ainsi,  le  phénate  de  sodium  est  très  soluble,  les  dérivés  sodiques  de  Fortho-  et  du 
paracrésol  le  sont  moins,  surtout  le  dérivé  para-;  enfin,  les  composés  sodiques  du 
gaïacol  et  du  créosol  sont  presque  entièrement  insolubles  dans  les  mêmes  condi- 
tions. .  .  . 

(Commissaires  :  MM.  Gautier,  Haller.) 


SÉANCE  DU  8  DÉCEMBRE  1902. 


1043 


CORRESPONDANCE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

1°  Un  Ouvrage  de  MM.  Retzius  et  Fûrst  ayant  pour  titre  :  «  Beilrâge  zur 
Anthropologie  der  Schweden  »  . 

2°  Deux  brochures  de  M.  Vandeuren  intitulées  :  «  La  stabilité  des  murs 
de  barrage  »  et  «  Étude  sur  la  tension  du  fîl  téléphonique  ».  (Présentées 
par  M.  Maurice  Lévy.  ) 


ASTRONOMIE.  —  Observations  de  la  nouvelle  comète  Giacobini  {digo-2), 
faites  à  l' Observatoire  de  Paris  à  l'équatorial  de  la  tour  de  l'Ouest,  par 
MM.  G.  RiGocRDAN  et  G.  Fayet;  et  à  V équatorial  de  la  tour  de  l'Est, 
par  M.  P.  Salet.  Communiquées  par  M.  Lœwy. 


»-^.  —  >f. 


Dates. 

1902. 

Dec.  4. 
4. 

4- 

6. 
6. 


Étoiles. 

a 
a 
a 
h 
b 


Temps  sidéral 
de  Paris. 


A31. 


A(D. 


46.  8 
3.27 
26.35 
26.18 
42.57 


— o.  6,10 

— o.  7,00 

— o.  7,3o 

H-o.  4>42 

-T-o.  4,04 


— 2.57,2 
—2.27,9 
—2.  17,2 
— 8.45,3 
—8.38,4 


Positions  des  étoiles. 
Asc.  droite         Réduction  Déclinaison 


Dates. 
1902. 

Dec.  4- 

6. 


Étoiles. 


a  1677  ^^  — ' 
Z^i673BD— I 


Gr. 
9'2 


moyenne 
1902,0. 
h        m        s 
7.17.15,12 

7. 16.27,8 


au 
jour. 

+4,27 
+  4,32 


mo  J'en  ne 
1902,0. 

— [ .41 .  6,3 
— 1.17.42 


Nombre 

de 
compar. 

4:4 
4:4 
12:4 
4:4 
4:4 


Réduction 

au 

jour. 

— 12,6 
—  12,9 


Observ 

G.B. 
G. F. 
P. S. 
G.B. 
G. F. 


Autorités. 

2142  Nicolaïew 
B.D. 


Positions  apparentes  de  la  comète. 


Dates. 
1902. 

Dec.  4. 

4- 
4. 

6. 
6. 


Temps 

moyen 

de  Paris. 

h         Dl        s 

10.54.55 
12.12.     I 

12 .35.  5 
II .27 .  6 
I I .43.42 


Ascension 

droite 
apparente. 

Il         m       s 
7.17.13,29 

7.17.12,39 

7.17.12,09 

7.16.36,5 

7. 16. 36, 2 


Log.  fact. 
parallaxe. 

7j49I« 
T,33i„ 

'î",257„ 

T,42I„ 

ï,384„ 


Déclinaison 
apparente. 

-  I .44- 16, I 

-  1.43.46,8 

-  1.43.36,1 

-  I. 26.41 

-  1.26.33 


Log.  fact. 
parallaxe. 

0,828 
o,83o 
o,83i 
0,829 
0,829 


I044  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

»  Le  6  décembre  la  comète  était  une  nébulosité  de  grandeur  i3,2,  diflfuse,  vague- 
ment arrondie,  et  de  3o"  de  diamètre.  Au  centre  se  trouve  une  condensation  demi- 
slellaire,  demi-diflfuse,  un  peu  granuleuse  et  qui  ressort  légèrement     (G.  B.).  » 


ASTRONOMIE.  —  Éléments  provisoires  de  la  comète  Giacobini  (2  déc.  1902), 
calculés  par  M.  G.  Fayet.  Note  présentée  par  M.  Lœwy. 

«  Ces  éléments  ont  été  calculés  au  moyen  des  observations  faites  à 
Paris,  le  8  décembre,  par  M.  Fayet,  et  à  l'aide  des  observations  des 
3  et  5  décembre,  faites  à  Nice,  et  que  M.  Perrotin  a  bien  voulu  nous  com- 
muniquer. 

»   Yoici  les  résultats  obtenus  : 

Tz=:i9o3  mars   18,98, 


t:  =  1 19.52.40 
0=117.80.21   ^  écliptique  et  équinoxe  moyens  de  1902,0, 

i  =   43.53.   9  j 
log^  z=^  0,45401. 

cos  p  SX  riz       o", 


Représentation  du  lieu  moyen  :   O  ^ —  C 


3^  =  4-3" 


»   En  outre,  une  quatrième  observation,  faite  à  Paris,  le  4  décembre,  par 
MM.  Bigourdan  et  Fayet,  a  été  représentée  par  les  éléments  précédents 

de  la  manière  suivante  : 

(  cosp^X  =+  7", 
^3  =  -  6", 


O 


»  Ces  éléments  sont  naturellement  très  incertains,  étant  donné  le  petit 
arc  embrassé  par  les  observations. 

»  Si  l'on  excepte  la  comète  1729,  la  comète  actuelle  semble  celle  pour 
laquelle  q  (o,454o)  est  le  plus  grand.  » 

GÉOMÉTRIE.  —  Sur  les  propriétés  du  plan  au  point  de  vue  de  /'Analysis  situs. 
Note  de  M.  Combebi.4c,  présentée  par  M.  Poincaré. 

«  M.  Klein  a  montré,  dans  ses  Vorlesungen  ïihcr  die  nicht-euklidische 
Géométrie,  que,  dans  la  Géométrie  non  euclidienne  qui  prend  pour  base 
l'expression  riemannienne  de  la  distance,  deux  hypothèses,  en  particulier, 
sont  admissibles  pour  la  convexité  du  plan,  savoir  : 

»  1°  Deux  lignes  droites  ne  peuvent  avoir  qu'un  point  commun,  et  alors 


SÉANCE    DU    8    DÉCEMBRE    1902.  Io45 

le  plan  est  une  surface  doublement  convexe  et,  en  outre,  est  une  surface 
double; 

y>  1^  Deux  lignes  droites  qui  ont  un  point  commun  en  ont  toujours  un 
second,  et  alors  le  plan  est  une  surface  à  simple  convexité. 

w  Mais  il  est  évident  que  ces  propriétés  sont  projectives  et  par  suite 
indépendantes  de  toute  idée  de  distance.  On  doit  donc  les  rencontrer 
également,  par  exemple,  dans  la  conception  euclidienne. 

M  En  effet,  dans  ce  cas,  si  nous  faisons  mouvoir  un  point  P  sur  une 
droite  D,  dans  un  même  sens,  lorsque  ce  point  franchit  le  point  à  l'infini 
sur  la  droite,  la  droite  OP,  joignant  ce  point  à  un  point  fixe  O  exlérieur  à  la 
droite,  coïncide  avec  la  parallèle MN  mené  à  la  droite  D  parle  point  O. 

»  La  continuité  exige  que  le  segment  OP,  qui  était  compris  entre  le 
point  O  et  la  droite  D,  passe  de  l'autre  côté  de  la  parallèle  MN,  de  sorte 
que  ce  segment  reste  infini,  lorsque  le  point  P  continue  son  mouvement 
vers  sa  position  verticale. 

»  Un  point  de  OP  passe  ainsi  d'un  côté  à  l'autre  de  la  droite  D  sans  fran- 
chir celte  droite,  et,  comme  l'on  peut  supposer  que  ce  point  reste  aussi 
voisin  que  l'on  voudra  de  la  droite,  on  doit  conclure  de  là  que  le  plan  est 
une  surface  double  et  à  plus  juste  raison  doublement  convexe. 

»  Comme  l'idée  de  l'infini,  tout  comme  l'idée  parente  de  l'infiniment 
petit,  ne  constitue  qu'un  procédé  d'analyse  ne  correspondant  directement 
à  aucune  réalité  géométrique,  la  conclusion  doit  être  simplement  que  les 
deux  conceptions  envisagées  s'accordent  également  avec  les  propriétés 
géométriques  à  distance  finie. 

))  Dans  la  seconde  de  ces  conceptions,  les  points  à  l'infini  de  l'espace, 
c'est-à-dire  les  points  inaccessibles  au  moyen  d'un  déplacement  euclidien, 
forment  non  plus  un  plan,  mais  une  région  à  trois  dimensions,  dans 
laquelle  tout  point  à  distance  finie  a  son  correspondant  par  lequel  passent 
toutes  les  droites  passant  par  le  premier.  Les  deux  régions  sont  séparées 
par  le  plan  de  l'infini  euclidien.  » 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  une  formule  sommatoire  dans  la  théorie  des 
fonctions  à  deux  variables.  Note  de  M.  Marti.v  Krausk,  présentée  par 
M.  Appel l. 

«   L  Soit  /(^j  y)  une  fonction  entière  algébrique 

(  1  )  /(^i  y)  =  ^^drs^'  j%        ''  -•-  S = ^^- 


Io46  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

»   On  peut  donner  à  l'expression 

(2)     F  (^,  y)  =/(a;  -h,y-/c)  -/(x  -  h,  y)  ~  /{x,  y-k)  +/(a?,  y) 
la  forme  suivante  : 

n  =  in 
n  =  l 

»   D'une  façon  analogue  on  peut  développer  les  premiers,  deuxièmes,  etc. 
quotients  différentiels  d'après  les  puissances  de  h  et  k,  d'oîi 

H  =  l 

n^^m  —  1 

^F_   ^  (-irr    d_  (jdf     jdfy     j.d'^^\f     _,„ç^t!/| 

Id^-    2d       n\     l    dy    y  dx'^^dy]  dx- dy  ^   ôy'^^' y 

n  =1 
1  n  =  m  —  2 

(4;      (      ^  —    Zà    '~^iT-l   dx^-    \    àx  ^     dy)  dx--^'  "^   dx^- dy'' j' 

n  =  l 

')xdy  ^       «!      Vàxdy\    dx  dy  J  dx"^^  dy  dx  dy''^^  ] 

n  =  ï 
n  =  m  —  2 

à'^  _     V     (-i)'T   il    [Là/    .    .à/y        z»  ^"-^V  ..^"+V1 

^-2-        «!      [   ^j-^    V    d^"^     (^j;  dx^dy^'  ^    dy"-^^y 

n  =  1 

»   Définissons  les  nombres  de  BernouUi  par  l'équation 


o      , 

dv-F 


puis  multiplions  les  expressions  (4)  et,  en  général,  l'expression  de  ^^^^  ^^_v> 
successivement  par 

I,     —hji,     h^k,     7^^2/i%    7^26;M,     ^<^2^' 

et  faisons  la  somme  des  produits  obtenus.  Alors,  à  droite,  il  subsistera  le 

seul  terme  hk  ,     ,   ?  et  nous  obtiendrons  la  formule 

d.r  dy 


J^  f^j'        ^      /i  !      Y       ^-^  ^.,>'' 


n-d 


SÉANCE  DU  8  DÉCEMBRE  1902.  Io47 

dans  laquelle  il  faudra  développer  l'expression 


(«'i-^-'''|:)'"' 


d'après  les  règles  ordinaires  et,  après  cela,  écrire,  à  la  place  des  puissances 

et  des  prodints  de  y-  et  -j-,  les  quotients  diflPérentiels  correspondants,  et, 

à  la  place  de  b^resp.  b'^',  les  grandeurs  b^  resp.  b^. 

»  Dans  cette  formule  (5)  nous  écrirons,  en  place  de  x  el  de  y,  x  ■+-  rh 
et  y  +  sk,  et  ferons  rresp.  s  prendre  successivement  les  valeurs  1,2,  .  .,  p, 
resp.  I,  2,  ...,  q.  On  additionnera  toutes  les  formules  correspondantes  ; 
alors  oti  obtiendra  à  gauche  la  somme 

o 

r  —  p   s  —  q 

fj^   ^  à'fi^v  +  f'h,  y  -+-  sk) 

2^  ^  dx  ôy 

»  Pour  être  à  même  de  simplifier  le  côté  droit,  nous  introduirons  la 
fonction 

j   F,(^-,j)=       f{x-^ph,y^qk)-f{x+ph,y) 


(6) 

et  nous  arriverons  à  la  relation 


r=  p   s  =  il  n:=tn 

r=l    5=1  n=0 

»  En  appliquant  cette  formule  au  cas  spécial  où  f{oc,y)  est  égal 
à  (;r  +  7)"^^  puis,  donnant  à  £c  et  j  les  valeurs  spéciales  x-=  y  —  o,  on 
obtient  la  somme  que  M.  Appell  traite,  dans  une  Note  qui  paraîtra  sous 
peu,  dans  X Archiv  der  Mathematik  und  Physik  et  qui  m'a  amené  à  établir  la 
formule  (7). 

»  II.  Comprend-on  ^ous  f{x,y)  une  fonction  quelconque,  la  somme 

hh  y  y  à^fi^  +  rh,  y-hsk) 
JU^mk  dx  dy 

peut  être  poursuivie  d'après  la  même  méthode.  Ce  qui  différencie,  dans 
ce  cas,  les  formules  (3),  (5),  (7)  des  formules  données  jusqu'à  présent, 
c'est  qu'un  reste  s'y  produit  à  droite.  Dans  l'équation  (3),  celui-ci  a  la 


Io48  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

forme 

ml       J^    ^  -^    W  àx  dy  ) 

»   Pour  simplifier  le  reste  à  droite  dans  l'équation  (5),  nous  introdui- 
rons les  fonctions 


(.o-.o=r/»''-^'^-:^''-^"o-'-^^)+^'^'-^"t"'"v--'+^-)r> 


»   Le  reste  s'écrira  alors  : 


(m) 


{m) 


(-0"    fWl^à'f     ,     z.^î  /^?t         A^?. 


ml    J^    \    dx  dy  ôx  dy  J 

»   Le  reste  de  l'équation  (7)  sera  facile  à  établir  par  simple  addition.    » 


PHOTOGRAPHIE.  —  Sur  une  chambre  noire  pour  la  photographie  trichrome. 
Note  de  M.  Prieur,  présentée  par  M.  Lippmann. 

«  Cet  appareil  est  une  chambre  du  type  connu  sous  le  nom  iV appareil  à 
main,  instantané,  et  par  conséquent  très  facilement  transportable.  Il  est 
chargé  de  douze  plaques,  c'est-à-dire  de  quatre  trios  chromatiques;  chaque 
plaque  doublée  de  l'écran  convenable  est  amenée  au  foyer  de  l'objectif 
dans  le  minimum  de  temps. 

»  Le  j)roblème  à  résoudre  était  celui-ci  :  Trouver  un  mécanisme  qui,  à  la 
fermeture  de  l'obturateur,  amenât  la  chute  concomitante  de  la  plaque  impres- 
sionnée et  en  même  temps  son  remplacement  au  foyer  de  l' objectif  par  la  plaque 
suivante,  et  ainsi  de  suite. 

»  L'adaptation  à  la  chambre  noire  d'un  mouvement  d'horlogerie  qui 
commande  ces  diverses  opérations  a  })ermis  de  trancher  la  difficulté.  La 
pression  d'une  poire  pneumatique  déclenche  ce  mouvement  d'horlogerie 
qui  détermine  la  chute  de  chaque  plaque  et  l'avancée  de  la  suivante.  Ces 
mouvements  s'accomplissent  sans  déplacement  de  l'appareil.  Par  une  belle 


SÉANCE    DU    8    DÉCEMBRE    1902.  10.49 

journée  de  juiller,  de  11^  à  3*"  de  l'après-midi,  l'exécution  de  chaque  trio 
chromatique  n'a  demandé  que  2  secondes.   » 

ÉLECTROCHIMIE.  —  Sur  les  électrodes  bipolaires  à  anode  soluble.  Note 
de  MM.  André  Brochet  et  C.-L.  Barillet,  présentée  par  M.  H. 
Moissan. 

«  Dans  une  Note  précédente  (^Comptes  rendus,  t.  CXXXV,  p.  854)  nous 
avons  indiqué  comment  se  comporte  une  électrode  bipolaire  à  anode  inso- 
luble placée  dans  un  électrolyseur  à  sulfate  de  cuivre.  Voyons  maintenant 
quelle  est  l'action  d'une  électrode  bipolaire  en  cuivre  placée  dans  le  même 
appareil. 

»  A  priori,  il  est  à  présumer,  en  supposant,  d'une  part,  que  le  cuivre  n'a 
pas  d'action  spéciale,  d'autre  part,  que  le  flux  de  courant  est  uniforme, 
c'est-à-dire  que  l'anode  et  la  cathode  ont  la  même  surface  que  la  section 
de  l'électrolyseur,  que  le  rapport  du  poids  du  cuivre  déposé  sur  l'inter- 
cathode  au  poids  du  cuivre  déposé  sur  la  cathode  doit  être  égal  au  rapport 
de  la  surface  de  l'interélectrode  à  la  section  de  l'électrolyseur. 

»  En  réalité,  les  chiffres  obtenus  sont  beaucoup  plus  faibles. 

»  Dans  un  tel  système,  le  poids  du  cuivre  déposé  sur  l'intercathode  étant 
sensiblement  égal  au  poids  de  métal  dissous  à  l'interanode,  l'électrode  bi- 
polaire ne  change  pas  de  poids  et  il  n'est  pas  possible,  par  pesée  directe, 
de  savoir  ce  qui  s'est  passé. 

»  Nous  avons  tourné  la  difficulté  en  constituant  notre  bipolaire  par  deux 
lames  de  cuivre  de  io*=™  de  côté,  réunies  dos  à  dos  par  des  bagues  de  caout- 
chouc. La  cuve  employée  avait  i3'^'^,5  de  côté.  La  hauteur  du  liquide  était 
également  de  i3^™,5. 

))  En  supposant  le  flux  de  courant  régulier,  le  cuivre  déposé  sur  l'inter- 
cathode aurait  dû  élre  égal  à  ^y-^»  soit  55  pour  100  du  cuivre  déposé  sur 
la  cathode. 

»  Les  résultats  que  nous  avons  obtenus,  pendant  i  heure,  avec  des 
électrodes  distantes  de  deux  fois  3^™,  sont  consignés  dans  le  Tableau  ci- 
dessous  : 


Cuivre  déposé  sur 

(B). 

D 
Rapport  —  • 

10, 1   pour  100 

23,8          » 

Intensité  corrigée. 
amp 
0,2J 

0,47 

la  cathode  (A). 

o%48 
0,555 

lintercathode 

g 
0,025 

0,  182 

G.  R.,  1902, 

2'  Semestre.  (T, 

CXXXV,  N»  23.) 

.37 

ÏOOO  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

Cuivre  déposé  sur 

i,,m ,1, D 

Intensité  corrigée.        la  cathode  (  A).  l'intercathode  (B  ).  *^P  '      a' 

*  amp  g  g 

1,12 1,322  0,427  32,3    pour   100 

1,34 1,582  o,53o  33,5  )) 

1,85 2,181  0,817  37,4         » 

2,80 3,3o9  1,499  45,4         » 

»  Les  électrodes  bipolaires  de  cuivre,  comme  celles  de  platine,  tendent 
donc  à  s'opposer  au  passage  du  courant  et  déforment  le  flux  dans  un  élec- 
trolyseur  à  sulfate  de  cuivre. 

»  Sans  chercher  pour  le  moment  la  cause  exacte  du  phénomène,  nous  sommes 
naturellement  conduits  à  admettre  l'existence  d'une  résistance  apparente  due  à  un 
phénomène  de  polarisation. 

»  Un  autre  fait  A'ient  d'ailleurs  confirmer  celte  manière  de  voir.  Si  l'on  examine 
l'interélectrode  et  l'intercathode,  on  remarque  que  le  bord  des  lames  n'agit  pas  du 
tout,  c'est-à-dire  qu'il  n'y  a  pas  de  dépôt  sur  l'intercathode  et  que  l'intéranode  ne  se 
dissout  pas.  On  obtient  ainsi  une  marge  variable  avec  l'intensité  du  courant.  Dans  les 
conditions  précédentes,  avec  une  intensité  de  c''™?,  i,  cette  marge  est  de  1'='"  environ. 

»  On  est  donc  en  droit  d'admettre  qu'il  y  a  là  une  force  contre-électromotrice  de 
polarisation.  D'ailleurs  lorsque  l'on  coupe  le  circuit  d'un  voltamètre  à  cuivre,  on 
constate  entre  les  deux  électrodes  une  légère  différence  de  potentiel  due  à  une  force 
contre-électromotrice  de  polarisation,  donnant  naissance  à  un  courant  secondaire, 
inverse  du  courant  primaire. 

»  Récemïîient,  M.  Leduc  {Comptes  rendus,  t.  CXXXV,  p.  23)  a  établi  qu'un  fil 
d'argent  placé  dans  un  voltamètre  à  argent  ne  subissait  aucune  action  et  attribuait  ce 
fait  à  une  force  contre-électromotrice  de  o''"'',o3.  Dans  le  cas  du  voltamètre  cuivre- 
sulfate  de  cuivre,  cette  force  éleclromotrice  de  polarisation  est  de  l'ordre  des  milli- 
volts. 

»  Cette  force  peut  suffire  pour  expliquer  qu'il  ne  passe  rien  au  travers  d'une 
électrode  isolée  occupant  une  portion  très  minime  de  l'électrolyseur,  elle  devient 
insuffisante  pour  expliquer  des  faits  de  l'ordre  de  grandeur  de  ceux  que  nous  signalons. 

»  Pour  étudier  ce  phénomène,  considérons  une  électrode  bipolaire  parfaite,  c'est- 
à-dire  séparant  la  cuve  électrolytique  en  deux  parties,  sans  aucune  communication 
par  l'électrolyte,  et  considérons,  d'autre  part,  un  système  anode-cathode  bien  fixe. 

»  Ce  sj^stème  étant  placé  dans  la  cuve,  nous  mesurons  la  différence  de  potentiel  cor- 
respondant à  une  intensité  donnée  ;  le  même  système  étant  placé  dans  une  cuve  exac- 
tement semblable  mais  sans  électrode  bipolaire,  donnera  pour  la  même  intensité  une 
nouvelle  valeur  plus  faible.  La  différence  entre  les  deux  correspond  à  la  chute  de 
potentiel  occasionnée  par  l'électrode  bipolaire. 

»   On  obtient  ainsi  une  série  de  valeurs,  variables  avec  l'intensité. 

»  Les  phénomènes  de  polarisation  qui  se  produisent  au  contact  d'une  électrode 
bipolaire  parfaite  sont  évidemment  les  mêmes  que  ceux  qui  se  passent  pour  l'ensemble 
des  deux  électrodes,  anode  et  cathode,  placées  dans  les  mêmes  conditions.  La  méthode 


SÉANCE  DU  8  DÉCEMBRE  1902.  Io5l 

que  nous  avons  indiquée  précédemment  permet  donc  de  mesurer  ces  phénomènes  aussi 
bien  dans  le  cas  d'anode  insoluble  que  d'anode  soluble. 

»  Poggendorf,  Lecliner,  Lenz,  etc.,  remarquèrent  aux  électrodes  un  phénomène  ana- 
logue et  lui  donnèrent  le  nom  de  résistance  de  passage.  Rappelons  également  qu'en 
1887  M.  Bary  signala  dans  les  piles  une  action  de  même  nature,  mais  agissant  alors 
comme  force  pour-électromotrice. 

»  Ce  que  nous  tenons  à  faire  remarquer,  c'est  l'importance  de  ce  phénomène  dans  le 
cas  d'anodes  solubles,  puisque  les  valeurs  que  nous  avons  trouvées  atteignent,  pour  les 
conditions  ordinaires  de  la  pratique,  10  pour  100  de  la  difFérence  de  potenliel  aux 
bornes. 

))  De  l'ensemble  de  nos  recherches  sur  les  électrodes  bipolaires,  nous 
nous  avons  tiré  les  conclusions  suivantes  : 

»  1°  Les  électrodes  bipolaires  à  anode  soluble,  à  la  question  d'intensité 
près,  déforment  le  flux  de  courant  delà  même  façon  que  celles  à  anode 
soluble,  en  vertu  de  phénomènes  importants  de  polarisation. 

))  1°  La  bonne  utilisation  des  électrodes  bipolaires  exige  que  celles-ci 
forment  cloison  étanche,  les  espaces  réservés  à  la  circulation  du  hquide 
devant  être  aussi  restreints  que  possible  pour  éviter  les  pertes  par  dériva- 
tion, considérables  même  avec  les  anodes  solubles. 

))  3°  Si  l'appareil  nécessite  une  agitation  énergique  que  l'on  ne  peut 
obtenir  qu'en  faisant  circuler  l'électrolyte  transversalement  entre  les  élec- 
trodes dans  tous  les  compartiments  à  la  fois,  les  électrodes  devront  être 
enchâssées  dans  des  cadres  de  grandes  dimensions  pour  que  leur  utilisation 
soit  rationnelle. 

»  4**  Dans  un  électrolyseur  on  pourra  employer  des  pièces  métalliques 
ne  communiquant  pas  avec  les  électrodes,  non  seulement  si  le  métal  agit 
comme  anode  insoluble,  mais  également  s'il  agit  comme  anode  insoluble. 
Aucune  règle  précise  ne  peut  être  donnée  à  ce  sujet;  l'essai  seulfîxera.  » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  le  chlorure  thallique.  Note  de  M.  V.  Thomas, 
présentée  par  M.  Moissan. 

«  Dans  une  Note  que  j'ai  publiée  dans  les  Comptes  rendus  du  3  mars  1 902, 
j'ai  décrit  d'une  façon  générale  les  composés  halogènes  du  tliallium  du 
type  Tl  X^  J'ai  montré,  entre  autres,  la  formation  facile  des  composés  cor- 
respondant aux  formules 

TlCl%4H^O,      rlCPBr,4H-0,     TIClBrS4H^O     et     TlBr%4H=^0, 


1032  ACADEMIE    DES   SCIENCES. 

composés  qui  sont  tous  caractérisés  par  la  facilité  avec  laquelle  ils  peuvent 
se  combiner  avec  i™°'  d'hydracide.  Si  les  deux  termes  extrêmes  de  la  série 
représentent,  sans  contestation  aucune,  des|individualités  chimiques  bien 
nettes,  il  n'en  est  plus  de  même  des  composés  [intermédiaires  qu'on  pour- 
rait envisager,  comme  des  mélanges  de  chlorure  et  de  bromure  : 

3T1  CPBr,   4H20  =  2TI  GP,  4H-^0  +  Tl  Br\  /jH^O, 
3Ti  Cl  Br%  4H20  =  2TI  Br',  /^R^O  +  Tl  Cl%  liR^O. 

»  L'étude  du  trichlorure  qui  fait  l'objet  de  cette  Note  m'a  permis  de 
décider  entre  les  deux  interprétations. 

»  Propriétés  du  trichlorure  Tl  CF,  4  H^O.  —  Le  trichlorure  de  thallium,  tel  qu'on 
l'obtient  en  refroidissant  ses  solutions  concentrées,  se  présente  en  longues  aiguilles 
transparentes.  Lorsqu'on  les  écrase,  elles  donnent  une  poudre  blanche  qui  fond  faci- 
lement en  la  projetant  sur  le  bloc  de  Maquenne  chauffé  à  36°-37°.  Ce  point  de  fusion 
est  différent  du  reste  de  celui  donné  par  R.  Meyer  (^),  Ce  savant  a  donné  successive- 
ment comme  point  de  fusion  45°  et  43°,  comme  point  de  solidification  33°. 

»  Abandonné  au  contact  de  l'air,  le  chlorure  thallique  est  hygrométrique,  d'après 
R.  Meyer,  et  inaltérable  d'après  Cushmann  (^).  En  réalité,  il  se  comporte  comme  un 
hydrate  facilement  dissociable  à  la  façon  du  phosphate  de  soude  et  qui,  suivant  l'état 
hygrométrique  de  l'air,  absorbe  ou  non  de  la  vapeur  d'eau.  Il  n'est  déliquescent,  aux 
environs  de  17°,  que  lorsque  l'état  hygrométrique  de  l'air  est  supérieur  à  -j^,  ce  qui 
correspond  à  une  tension  de  dissociation  très  voisine  de  23™™  de  mercure. 

»  A  17°,  la  solubilité  dans  l'eau  est  de  86,2  pour  100,  et  la  solution  saturée  à  cette 
même  température  a  une  densité  de  i,85. 

»  Si,  au  lieu  de  laisser  le  chlorure  thallique  au  contact  de  l'air  humide,  on  l'aban- 
donne dans  une  atmosphère  desséchée,  on  observe  un  phénomène  intéressant.  Le  chlo- 
rure subit  une  sorte  de  fusion  aqueuse,  puis  peu  à  peu  dans  la  masse  liquide  se  séparent 
à  nouveau  de  gros  cristaux  formés  dhexagones  réguliers.  L'expérience  peut  être  faite 
facilement  en  abandonnant  côte  à  côte  dans  un  tube  de  verre  scellé  à  la  lampe  deux 
nacelles  renfermant,  l'une  un  poids  déterminé  de  soude  caustique,  l'autre  un  poids 
déterminé  de  chlorure  tétrahydraté.  Dans  de  telles  conditions,  j'ai  trouvé  qu'après 
17  semaines  le  chlorure  thallique  avait  perdu  la  majeure  partie  de  son  eau  sans 
qu'il  soit  possible  de  déceler  la  plus  petite  perte  en  chlore  : 

»  0^,595  de  TICP,  4H^0  ont  perdu  io4™s,  soit  17,47  pour  100  d'eau.  La  transfor- 
mation deTlGP,  4H^0  en  TlCl',  H^O  correspond  à  une  perte  de  i4>09  pour  100;  la 
transformation  en  sel  anhydre  à  18,82  pour  100. 

»  Que  cette  transformation  en  sel  anhydre  soit  possible,  cela  ne  peut  être  mis  en 
doute.  Si,  dans  l'expérience  que  je  viens  de  mentionner,  la  perte  en  eau  est  trop  faible, 


(')  Zeit.  anorg.  Ch.,  t.  XXIV,  1900,  p.  32i,  et  t.  XXXII,  1902,  p.  72. 
(*)  Amer,  ch.  Journal,  t.  XXVI,  1901,  p.  5o5. 


SÉANCE  DU  8  DÉCEMBRE  1902.  Io53 

la  raison  en  est  bien  simple  :  après  fusion,  Je  chlorure  commence  à  se  solidifier  à  la 
surface,  et  la  croûte  qui  prend  naissance  forme  un  véritable  écran  qui  isole  plus  ou 
moins  complètement  la  couche  liquide  sous-jacente  du  milieu  extérieur  desséchant. 

»  En  opérant  dans  le  vide,  la  déshydratation  est  rendue  plus  rapide.  On  observe 
d'ailleurs  les  mêmes  phénomènes,  mais  la  solidification  du  chlorure  liquéfié  se  fait  ici 
moins  lentement;  au  lieu  de  fournir  de  gros  cristaux  hexagonaux,  la  liqueur  se  prend 
en  une  masse  de  petites  lamelles  d'apparence  hexagonale  qui  finit  bientôt  par  se  des- 
sécher complètement.  On  peut  du  reste  vérifier  facilement  que,  même  dans  le  vide 
fourni  par  une  trompe  à  mercure,  la  déshydratation  se  fait  totalement  sans  perte 
de  chlore. 

Trouvé  :   Perte  en  eau. . .      18,66  pour  100.  Calculé  :    18,82  pour  100. 

»  D'autre  part  l'analyse  directe  du  chlorure  thalliquea  fourni  : 

Cl 34,08  Calculé:   84,29 

»  Propriétés  du  chlorure  thallique  anhydre.  —  Lamelles  hexagonales  facilement 
solubles  dans  l'eau  et  la  plupart  des  solvants  usuels.  A  l'air  humide,  il  se  liquéfie 
rapidement  en  donnant  une  solution  sursaturée  de  chlorure  hydraté,  solution  qui, 
sous  la  moindre  influence,  se  prend  immédiatement  en  masse.  La  transformation  en 
chlorure  hydraté  est  parfois  si  rapide  qu'il  est  souvent  impossible  d'obsei'ver  la  liqué- 
faction. Soumis  à  l'action  de  la  chaleur,  le  chlorure  anhydre  fond  au  voisinage  de  20°. 
A  température  plus  élevée  il  se  décompose  facilement. 

»  La  déshydratation  totale  du  chlorure  hydraté  à  4H^0  dans  une  atmosphère  des- 
séchée aussi  bien  à  pression  ordinaire  que  sous  pression  réduite  ne  permet  pas  de 
considérer  les  deux  chlorobromures  TlCl-Br,4H20  et  TlCIBr^, 411^0  comme  des 
mélanges,  de  tels  mélanges  devant,  dans  le  vide,  entre  autres,  se  comporter  comme  il 
suit  : 

2T1CP,4H20  4-  TBrS4H^0  =  2TICP  H-  TlBr^  m-  Br  +  laH^^O, 

Tici2Br,4JrMj  Tpci^bT^"' 

2TIBrS4H-0  -h  TlCP,4H-0  =  2TlBr2H-  TICP  -}-  2Br  -h  iiWO. 
~'  T1CIBi^h"Ô  t^bT^cÎ^^ 

»  Or,  j'ai  montré  précédemment  que  le  chlorobromure  TlCIBr^,4H'0  perd,  dans 
le  vide,  en  même  temps  du  brome  et  du  chlore  pour  donner  Tl^Gl-Br*.  D'autre  part 
le  chlorobromure  TlCl-Br,  4H2O  se  comporte  d'une  façon  analogue  et  conduit  à  un 
autre  chlorobromure,  TPCl*Br-,  déjà  signalé  par  Wiegand  (*). 

»  Si  Ton  compare  les  résultats  de  cette  Note  avec  les  travaux  publiés 
récemment  par  M.  R.  Meyer  (^),  on  en  pourra  conclure  dès  maintenant 
que  deux  points  paraissent  acquis  indubitablement  à  la  Science. 

(')  Inaugural  dissertation;  BevVm,  1899. 

(')  Zeit.  anorg.  Chem.,  1902,  t.  XXXII,  p.  72. 


Io54  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»    1°  L'existence  du  trichlorure  de  thallium  anhydre; 
»    2°   L'existence  de  chlorobromures  thalliqnes  caractérisés  par  ce  fait 
qu'ils  perdent  dans  le  vide  en  même  temps  du  chlore  et  du  brome.  » 


CHIMIE   MINÉRALE.   —  Sur  le  métaphosphate  manganique  violet  de  Gmelîn. 
Note  de  M.  Ph.  Barbier,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

«  Gmelin  (')  étudiant  l'action  de  l'acide  phosphorique  concentré  et  for- 
tement chauffé,  sur  lebioxyde  de  manganèse,  signale  la  formation  de  deux 
phosphates  manganiques  :  l'un  soluble  dans  l'eau  avec  une  belle  coloration 
violette,  analogue  à  celle  du  permanganate  de  potassium,  l'autre  insoluble, 
couleur  fleur  de  pêcher,  sans  en  donner  l'analyse;  il  considère  ce  dernier 
comme  un  métaphosphate  manganique. 

»  D'après  Herrmann  (^)  la  dissolution  violette  mentionnée  ci-dessus 
contient  un  métaphosphate  manganique  hydraté  répondant  à  la  formule 

(P0^/Mn^H-2H^0. 

M.  Laspeyre(^),  reprenant  l'expérience  de  Gmelin,  obtint  une  masse  si- 
rupeuse violet  foncé,  soluble  dans  l'eau  avec  une  coloration  rouge  rubis; 
la  solution  se  décolore  lorsqu'on  la  chauffe,  en  laissant  déposer  une  poudre 
cristalline  gris  verdâtre  insoluble.  Il  ne  paraît  pas  avoir  observé  la  formation 
du  phosphate  rose  violacé  insoluble  de  Gmelin. 

»   C'est  une  nouvelle  élude  de  cette  réaction  qui  fait  l'objet  de  cette  Note. 

»  J'ai  réalisé  très  aisément  la  production  du  phosphate  de  Gmelin  en  chauffant  dans 
une  capsule  en  platine  une  partie  de  bioxyde  de  manganèse  précipité  avec  4,5  parties 
d'une  solution  d'acide  phosphorique  de  densité  1,70.  On  agite  constamment  jusqu'à  ce 
que  la  masse  devienne  presque  sèche  et  prenne  la  couleur  violette;  on  laisse  refroidir 
et  l'on  ajoute  deux  parties  d'acide  phosphorique.  On  continue  à  chauffer;  l'opération 
est  terminée  lorsque  la  masse  pâteuse  a  pris  la  couleur  fleur  de  pêcher. 

»  On  traite  par  l'eau  froide  le  produit  delà  réaction  et  Ton  obtient,  comme  l'indique 
Gmelin,  une  dissolution  violette  et  une  poudre  rose  violacé  insoluble  que  l'on  achève 
de  purifier  par  des  lavages  prolongés  à  l'eau  distillée  froide. 

»  En  ce  qui  concerne  la  dissolution  violette,  j'ai  vérifié  les  observations  de  II. 
Laspeyre,  c'est-à-dire  que  j'ai  constaté  que  cette  dissolution   prend,  après  quelques 


(*)  Gmelin,  Handb.  de?-  Chem.,  4®  édition,  t.  II,  p.  645. 

('-)  Herrmann,  Ann.  der  Chem.  u.  Pharm.,  t.  LXXIV,  p.  3o3. 

(^)  Laspeyre,  Journ.  prakt.  Chem.,  2*  série,  t.  XV,  p.  020. 


SÉANCE  DU  8  DÉCEMBRE  1902.  Io55 

jours,  une  coloration  rubis  et  que,  sous  l'influence  de  l'ébuUitiOn,  elle  se  décolore    en 
laissant  déposer  une  poudre  gris  verdàtre. 

»  J'ai  laissé  provisoirement  de  côté  l'examen  de  cette  dernière  substance  pour 
étudier  de  préférence  le  corps  rose  violacé  de  Gmelin. 

»  Le  dosage  du  phosphore  et  du  manganèse  dans  ce  sel  m'a  donné  les  résultats 
suivants  : 

P  pour  100 3i,6  3i,7 

Mn  pour  100 18,9  18,6 

Ces  chifl'res  conduisent  à  la  formule  (P^O®)^Mn^  qui  exige  : 

P  pour  100 3i  ,8 

Mn  pour  100 18,8 

»  Cette  combinaison  est  donc  bien  un  métaphosphate  ainsi  que  le  prévoyait  Gmelin, 
mais  ce  métaphosphate  ne  saurait  être  confondu  avec  le  métaphosphate  hydraté  en 
cristaux  rouges  signalé  par  Herrmann  :  on  doit  le  considérer  comme  un  hexaméta- 
phosphate  manganique. 

»  Il  se  présente  sous  la  forme  d'une  poudre  couleur  fleur  de  pêcher,  insoluble  dans 
l'eau,  soluble  dans  l'acide  chlorhydrique  avec  dégagement  de  chlore;  les  dissolutions 
alcalines  le  détruisent  en  mettant  en  liberté  du  sesquioxyde  de  manganèse. 

»  Chaufl'é  au  rouge  dans  un  creuset  de  platine,  il  perd  sa  couleur  et  se  transforme 
en  métaphosphate  manganeux;  fondu  en  présence  de  phosphate  diammonique,  il  se 
dissout  entièrement  et  donne  une  masse  d'une  belle  couleur  violette  soluble  dans  l'eau.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Dérivés  d'addition  du  cyclohexéne.  Note  de  M.  Léox 
Bruxel,   présentée  par  M.  A.  Haller. 

»  En  partant  du  cyclohexéne,  obtenu  du  monochlorocyclohexane 
comme  l'a  indiqué  Markownikoff(*  ),  j'ai  préparé  plusieurs  dérivés  nou- 
veaux: l'éther  monoiodhydrique  d'un  glycol  hydroaromatique,  l'orthocy- 
clohexanediol,  les  éthers  méthylique  et  éthylique  de  cette  iodhydrine  et 
l'orthochloroiodocyclohexane. 

»  I.  Iodhydrine  de  V orthocyclohexanediol  :  I(i)  —  C^H*" —  0H(2).  —  Celui  de 
ces  composés  qui  m'a  servi  de  point  de  départ  a  été  obtenu  par  une  méthode  employée 
par  Lippmann  (^)  pour  fixer  les  éléments  de  l'acide  hypoiodeux  sur  l'amylène. 

»  I^orsque,  à  2™"'  de  cyclohexéne  dissous  dans  l'éther  ouïe  chloroforme,  en  présence 
de  1™°^  d'eau  et  de  1™°^  d'oxyde  jaune  de  mercure,  on  ajoute  peu  à  peu  et  en  agitant  de 
l'iode,  celui-ci  disparaît  aussitôt.  Quand  on  a  employé  4*' d'halogène  la  liqueur  ne  se 


(^)  Liebig's  Annalen,  t.  CCCII,  p.  27. 
(^)  Comptes  rendus,  t.  LXIII,  p.  968. 


I056  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

décolore  plus  après  une  nouvelle  addition  ;un  excès  d'oxyde  jaune  ne  modifie  pas  la  réac- 
tion. Celle-ci  donne  naissance  à  l'iodhydrinede  rorlhocyclohexanediol qu'on  prépare  dès 
lors  de  la  façon  suivante  :  4os  de  cyclohexéne  sont  dissous  dans  i  50*^"'  d'éther  exempt 
d'alcool,  on  ajoute  7s  à  8s  d'eau  et  55s  d'oxyde  jaune  de  mercure,  puis,  par  petites  por- 
tions, 124s  d'iode,  en  agitant  après  chaque  addition  d'halogène.  La  réaction  développe  de 
la  chaleur  et  il  est  nécessaire  de  refroidir.  On  filtre  à  la  trompe  après  décoloration  delà 
liqueur  et  le  biiodure  séparé  est  lavé  à  l'éther.  La  dissolution  éthérée  est  agitée  avec 
une  solution  concentrée  d'iodure  de  potassium  contenant  une  petite  quantité  de  sulfite 
acide  de  sodium  pour  enlever  l'iodure  mercurique  et  les  traces  d'iode  qui  restent.  Le 
liquide  est  séché  sur  le  sulfate  de  sodium  anhydre;  le  chlorure  de  calcium  fondu, 
décomposant  le  produit,  ne  doit  pas  être  employé.  Le  dissolvant  étant  retiré  par 
distillation,  il  reste  dans  le  ballon  une  matière  huileuse.  Celle-ci  cristallise  après 
refroidissement,  par  agitation  ou  amorçage.  Les  cristaux,  séparés  par  essorage  d'une 
petite  quantité  de  liquide  huileux  qui  les  imprègne,  sont  purifiés  par  cristallisation 
dans  la  benzine  ou  l'éther  a;ihydre. 

j>  La  réaction  qui  donne  naissance  à  ce  corps  semble  être  la  suivante  : 

aC^Hio-i-  HgO  +  P-h  H-0  =  2(1  —  C«Hi«—  OH)  +  HgP. 

»  Les  analyses  concordent  avec  la  formule  OH  —  C^H^" — I,  c'est-à-dire  la  compo- 
sition de  l'éther  monoiodhydrique  d'un  orthocyclohexanediol.  D'ailleurs,  les  réactions 
de  ce  corps,  sur  lesquelles  je  reviendrai,  établissent  nettement  sa  nature. 

»  Celte  iodhydrine  cristallise  en  gros  prismes  orthorhombiques,  incolores,  inalté- 
rables à  la  lumière  et  très  stables  à  la  température  ordinaire;  elle  est  insoluble  dans 
l'eau,  très  soluble  dans  la  plupart  des  solvants  organiques;  elle  fond  à  ^i",  5-42°  et  se 
sublime  dans  le  vide  dès  la  température  ordinaire.  Elle  se  décompose  lorsqu'on  la 
chauffe  au-dessus  de  100°  et  est  entraînée  par  la  vapeur  d'eau  avec  légère  décompo- 
sition. 

»  IL  Éthers  oxydes  de  l'iodhydrine.  —  Lorsque,  dans  la  réaction  précédente,  au 
lieu  de  se  servir  d'éther  comme  solvant,  on  emploie  un  alcool  tel  que  l'alcool  méthy- 
llque  ou  l'alcool  éthylique,  le  produit  obtenu  est  différent  du  précédent. 
•  »  On  opère  comme  il  a  été  dit  ci-dessus,  et  la  liqueur  alcoolique  résultant  de  la 
réaction  est  versée  dans  une  solution  d'iodure  de  potassium  additionnée  d'une  trace 
de  sulfite  pour  éliminer  le  biiodure  de  mercure.  Le  produit  réuni  au  fond  du  vase  est 
séparé  et  desséché  sur  le  sulfate  de  sodium  anhydre. 

»  Dans  ce  cas,  c'est-à-dire  en  présence  d'un  alcool,  la  réaction  se  passe  comme  si 
le  carbure  fixait  les  éléments  de  l'éther  hypoiodeux  de  l'alcool  employé.  Par  exemple, 
avec  l'alcool  méthylique,  la  réaction  serait  la  suivante  : 

2C«H^«  -h  2CH30H  -^  P-H  HgO  =  2  [CH^O  —  C«Hi«—  I]  -\-  HgP--^  H^O. 

»  Éther  oxyde  méthylique  :  \^^~^ — C^H'»*— OGH;\).  —  On  obtient  ainsi,  avec 
l'alcool  méthylique,  l'éther  oxyde  méthylique  de  la  monoiodhydrine  de  l'orthocyclo- 
hexanediol.  Il  constitue  un  liquide  huileux,  mobile,  à  peu  près  incolore,  de  densité 
1,565  à  i4°,  très  stable  à  la  température  ordinaire,  ne  se  colorant  pas  à  la  lumière. 
11  ne  peut  être  distillé  à  la  pression  normale  sans  décomposition  ;  sous  pression 
réduite,  il  bout  inaltéré  à  ii4°  sous  49™'"- 


SÉANCE  DU  8  DÉCEMBRE  1902.  Io57 

»  Éther  oxyde  éthylique  :  \^^^  —  CH''^  —  OG'^Hf,).  —  En  opéranide  tnême  avec  une 
solution  de  cjciohexène  dans  l'alcool  éthylique,  on  obtient  l'éther  oxyde  éthylique 
de  l'iodhydrine  du  cyclohexanediol.  C'est  un  liquide  huileux,  incolore,  de  densité 
1,484  à  i5°,  ne  se  colorant  pas  à  la  lumière,  bouillant  à  118°  sous  47°"°  sans  décom- 
position, 

»  III.  Orthochlovoiodocyclohexane  :  I^j^C^H'^GI;,,.  —  Toutes  les  réactions  pré- 
cédentes ont  été  effectuées  avec  l'oxyde  jaune  de  mercure.  Si  l'on  remplace  dans  la 
préparation  de  l'iodhydrine  l'oxyde  de  mercure  par  le  bichlorure,  la  réaction  s'opère 
dans  un  sens  différent  et  l'on  obtient  un  dérivé  chloré  et  iodé. 

»  2™°i  de  cyclohexène  étant  dissoutes  dans  l'éther,  on  ajoute  1™°'  de  bichlorure  de 
mercure  puis,  en  agitant  et  par  petites  portions,  4*'  d'iode,  la  préparation  étant  d'ail- 
leurs conduite  comme  celle  de  l'iodhydrine.  Le  produit  brut  reste  comme  résidu 
après  séparation  de  l'éther.  On  le  purifie  par  distillation  sous  pression  réduite.  Le 
composé  obtenu  est  Torthochloroiodocyclobexane.  Dans  la  réaction  qui  lui  donne 
naissance  il  y  a  fixation  d'une  molécule  de  protochlorure  d'iode  sur  chaque  molécule 
de  carbure.  La  réaction  peut  être  formulée  : 

2C«H'9+  HgCl"-  ^  I*  =  2 [Cl  —  C«Hio—  I]  +  HgP. 

»  La  présence  d'une  petite  quantité  d'eau  ne  change  pas  le  résultat.  Le  même 
corps  peut  d'ailleurs  être  obtenu  par  action  directe  du  protochlorure  d'iode  sur  le 
cyclohexène. 

»  Pour  préparer  le  chloroiodocyclohexane  1.2  par  ce  procédé,  4'°  de  cyclo- 
hexène sont  dissous  dans  100*^™'  d'acide  acétique  cristallisable.  On  ajoute  à  cette 
solution,  par  petites  portions,  8iS,  5  de  protochlorure  d'iode  dissous  dans  200'^'"' d'acide 
acétique.  La  réaction  se  fait  avec  dégagement  de  chaleur,  et  il  est  nécessaire  de 
refroidir.  La  liqueur  résultant  de  la  réaction  est  versée  dans  un  grand  excès  d'eau 
contenant  une  trace  de  bisulfite.  Le  composé  réuni  au  fond  du  vase  est  séparé  et 
desséché. 

»  Quel  que  soit  son  mode  d'obtention,  le  corps  obtenu  est  un  liquide  huileux, 
presque  incolore,  d'odeur  camphrée,  soluble  dans  l'éther  et  dans  l'alcool,  de  den- 
sité 1,7608  à  14°,  ti'ès  rapidement  entraînable  à  la  vapeur  d'eau,  avec  légère  décom- 
position. Il  ne  peut  être  distillé  à  la  pression  ordinaire,  mais  bout  sans  décomposition 
à  117°  n8°  sous  i4""°.   » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  un  dic/ilorhydrate  et  un  dibromhydrate  de 
cadinène,  et  un  cadinène  régénéré  dextrogyres.  Note  de  M.  ëaiiliex 
Grimal,  présentée  par  M,  A.  Haller. 

«   Dans  une  Note  précédente,  que  j'ai  eu  l'honneur  de  communiquer  à 
l'Académie   ('),  j'ai  montré  que  l'essence  de  bois  de  Cèdre  de  l'Atlas, 


(')   Comptes  rendus,  séance  du  i3  octobre  1902. 


C.  H.,  1902,  2«  Semestre.  (T.  CXXXV,  N»  23.)  ^^^ 


Io58  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

retirée    du   Cedrus   atlantica,    renfermait  du     cadinène,     fournissant    un 
dichlorliydrate  et  un  dibromhydrale  cristallisés. 

»  Comme,  jusqu'ici,  les  dérivés  halogènes  du  cadinène,  droit  ou  gauche, 
ainsi  que  le  cadinène  régénéré,  n'étaient  connus  que  sous  la  seule  forme 
lévogyre,  la  présente  Note  a  pour  but  de  faire  connaître  nos  résultats  sur 
ce  sujet. 

»  De  cette  essence  de  Gèdi-e,  j'ai  pu  extraire  directement  par  distillation,  grâce  à 
de  très  nombreux  fractionnements,  un  cadinène  dextrogyre  dont  les  caractères  sont 
les  suivants  : 

Poids  sj)écifique  à  i5" d       =     0,9224 

Indice  de  réfraction  à  20" /<i,     =      i  ,5i07 

Pouvoir  rotatoire  spécilique  à  20° [a]i,z=i-i-48"7' 

»   Point  d'ébullition,  2^3°  à  275°,  à  la  pression  ordinaire. 

»   Poids  moléculaire  en  solution  benzénique,  202,8;  calculé  pour  C'^H-*,  20^. 

»  L'analyse  donne  : 

Calculé 
pour  C'^H-'. 

Carbone ^']  ^9^  88 ,  2^ 

Hydrogène 11,62  ii;76 

»  Ces  caractères  et  ces  résultats  analytiques  correspondent  bien  à  un  cadinène 
droit. 

»  Ce  dernier,  en  solution  dans  l'élher  bien  desséché,  sous  l'influence  d'un  courant 
très  lent  d'acide  chlorhydrique  pur  et  sec,  donne  des  cristaux  de  dichlorhydrate,  ainsi 
qu'il  a  été  indiqué. 

»  Ces  cristaux,  purifiés  par  plusieurs  cristallisations  dans  l'éther  acétique  chaud, 
présentent  les  constantes  suivantes  : 

Point  de  fusion 117°-!  18°  Poids  moléculaire 276,8 

«  Ils  sont  identiques,  parla,  au  dichlorhydrate  de  cadinène  de  Wallach.  Cependant, 
ils  en  diffèrent  par  leur  pouvoir  rotatoire. 

»  Trois  déterminations,  en  solution  chloroformique,  ont  donné  : 

I.  II.  III. 

[a]f,o +8°54'  H-8°5i'  +8«59' 

»  Ce  dichlorhydrate  de  cadinène,  contrairement  à  tous  ceux  qui  ont  été  obtenus 
jusqu'ici,  est  donc  dextrogyre. 

»  Plusieurs   déterminations,    en    solution    dans    l'éther    acétique,    ont    donné,    en 

moyenne  : 

[a]6«=:+  25°, 4o'. 

»   Pour  cette  raison,  j'ai  cherché  à  régénérer  le  cadinène. 

»  A  cet  effet,  le  cf-dichlorhydrate  précédent  a  été  chauffé  pendant  une  demi-heure 
avec  un  mélange  d'acétate  de  sodium  fondu  et  d'acide  acétique  glacial  ;  après  refroi- 


SÉANCE  DU  8  DÉCEMBRE  1902.  Io5q 

dissement,  la  masse  a  été  additionnée  d'eau,  sur  laquelle  est  venue  surna<^er  une 
couche  huileuse;  celle-ci,  décantée,  a  été  alors  dissoute  dans  l'élher.  Après  addition 
de  carbonate  de  soude  pour  la  saturation  de  l'acide  acétique,  la  solution  éthérée  a  été 
desséchée  sur  du  sulfate  de  soude  anhydre.  Par  évaporation  spontanée  de  l'éther  il 
reste  un  liquide  qui  distille  entre  272°  et  27/4°,  sous  la  pression  ordinaire. 

»  Par  une  deuxième  distillation,  a  été  obtenu  un  cadinène  régénéré  droit  dont  les 
propriétés  suivent  : 

Poids  spécifique  ài5" <i:=o,92i2 

Indice  de  réfraction  à  20" «d  =  i  ,5og^ 

»   Point  d'ébullition,  2j^''-'2'jo°  (à  la  pression  ordinaire). 
))   Pouvoir  rotaloire  spécifique    à  20°  [aj^**  z=  +  47° 55'. 

»  Les  propriétés  de  ce  corps  sont,  en  général,  assez  voisines  de  celles  du  cadinène 
régénéré  gauche  de  Wallach,  sauf  en  ce  qui  concerne  le  pouvoir  rotatoire. 

»  En  résumé,  j'ai  isolé  le  <^-dichlorhv(lrate  de  «f-cadinène,  le  r/-dibrom- 
hydrate  de  rZ-cadinène  et  le  c?-cadinène  régénéré  inconnus  jusqu'à  ce 
jour.    » 


CHIMIE  INDUSTRIELLE.  —  Sur T essence de  vétyçer.  ^ote  de  MM.  P.  Ge.wresse 

et  G.  Langlois. 

«  Malgré  le  travail  intéressant  et  consciencieux  de  M.  Theulier  (liuli. 
de  la  Soc.  chim.,  3'  série,  t.  XXV,  p.  4^4)»  on  ne  connaissait  encore  rien 
sur  les  constituants  de  l'essence  de  vétyver,  lorsque  nous  avons  entrepris 
ce  travail;  nous  pensons  avoir  résolu  en  partie  la  question. 

»  Nous  avons  opéré  sur  l'essence  de  Bourbon  qui  nous  a  été  fournie  par 
M.  Roure  Bertrand  fils,  et  sur  une  essence  distillée  à  Grasse  par  MM.  Tom- 
barel. 

»  Nous  avons  rencontré  les  mêmes  substances  dans  les  deux  essences, 
mais  en  proportions  différentes,  l'essence  de  Bourbon  contenant  plus  de 
sesquiterpène  que  celle  de  Grasse. 

»  L'essence  de  Bourbon  avait  une  densité  de  o  ,993  à  20",  et  un  pouvoir 
rotatoire  de  +  :i'^^ [{i'  en  solution  alcoolique;  celle  de  Grasse  une  densité 
de  1,012  3  20",  et  un  pouvoir  rotatoire  de  4- 27'' 9' à  la  même  température. 

»   L'essence  de  Bourbon  était  neutre  aux  réactifs  ;  celle  de  Grasse,  acide. 

»  Voici  la  marche  qui  nous  a  donné  les  meilleurs  résultats  :  Nous 
entraînons  l'essence  par  la  vapeur  d'eau.  L'entraînement  est  très  lent. 


loGo  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Il  passe  d'abord  une  substance  moins  dense  que  l'eau,  que  nous  mettons  à 
part,  et  une  plus  dense.  Nous  entraînons  ainsi  à  peu  près  le  tiers  du  liquide. 
Ce  qui  reste  dans  le  ballon  n'a  plus  d'odeur;  nous  y  reviendrons. 

»  Vétyvène  C^'^H-^.  —  Ce  qui  est  plus  léger  que  l'eau  est  un  mélange  de  sesquiler- 
pène,  d'un  alcool  sesquiterpénique  et  de  son  éther,  le  sesquiterpène  dominant  de 
beaucoup.  Nous  isolons  ce  dernier  par  la  distillation  fractionnée;  il  passe  d'abord,  et 
nous  le  purifions  en  le  distillant  trois  fois  sur  du  sodium;  les  résultats  de  sa  combus- 
tion concordent  avec  la  formule  C'^H^*.  La  détermination  de  son  poids  moléculaire 
par  la  méthode  de  Raoult  en  solution  acétique  nous  a  donné  le  nombre  197;  la  théorie 
pourC'^H^*  exigerait  2o4  ;  nous  sommes  donc  en  présence  d'un  sesquiterpène;  nous 
l'avons  nommé  vétyvène. 

»  Ce  corps  est  un  liquide  mobile  incolore,  n'ayant  sensiblement  aucune  odeur;  sa 
densité  à  20°  est  de  0,982,  et  son  pouvoir  rolatoire  à  iS"  de  +18°  19'.  Il  bout  à  i35° 
sous  une  pression  de  iS"™  et  à  262*'-263''  sous  une  pression  de  'j^o^^^. 

»  11  absorbe  4"*  de  brome,  sans  dégager  d'acide  bromhjdrique;  dès  les  premières 
gouttes  de  brome,  le  liquide  se  colore  en  bleu. 

»  Nous  avons  essayé  en  vain  de  l'identifier  avec  un  des  sesquiterpènes  connus; 
l'hydratation  nous  a  donné  un  liquide  plus  lourd  que  l'eau,  paraissant  ressembler  à 
l'alcool  sesquiterpénique  dont  nous  allons  parler. 

»  Vétyvénol  :  C"^H-^0.  —  Ce  corps  s'obtient  en  saponifiant  par  la  potasse  alcoo- 
lique le  liquide  entraîné  plus  lourd  que  l'eau.  Nous  en  avons  fait  plusieurs  analyses 
qui  correspondent  toutes  à  la  formule  C'H^^O, 

»  Il  se  présente  sous  la  forme  d'un  liquide  jaune  très  clair,  visqueux,  n'ayant  au- 
cune odeur;  sa  densité  à  20°  est  1,011;  son  pouvoir  rotatoire  en  solution  alcoolique  et 
à  la   même  température  est  +  53°43'.  II  bout  à  i69°-i70°  sous  une  pression  de  i5""". 

»  Ce  corps  est  un  alcool;  en  effet,  traité  par  l'anhydride  acétique  en  présence  de 
l'acétate  de  sodium  fondu,  il  nous  a  donné,  quoique  un  peu  impur,  un  éther  acétique. 
Sous  l'influence  des  déshydratants,  il  perd  de  l'eau  et  donne  un  sesquiterpène  qui 
nous  a  présenté  les  caractères  du  sesquiterpène  contenu  dans  l'essence;  il  ne  faut  pas 
employer  l'anhydride  phosphorique  qui  donne  surtout  des  résines,  mais  bien  l'acide 
oxalique  desséché  à  100°. 

»  Ce  qui  reste  dans  le  ballon  est  un  mélange  de  l'alcool  précédent  et  d'un  acide; 
il  n'a  aucune  odeur. 

»  Nous  retrouvons  ce  même  acide  dans  la  potasse  alcoolique  qui  nous  a  servi  à  sa- 
ponifier le  vétyver  entraîné  par  l'eau  et  plus  lourd  que  cette  dernière. 

»  L'acide  n'a  pu  être  obtenu  à  l'état  cristallisé;  il  est  blanc,  visqueux,  brunissant  à 
l'air,  très  peu  soluble  dans  l'eau,  à  laquelle  il  communique  la  réaction  acide,  très  peu 
entraînable  par  l'eau;  son  sel  de  potasse  est  soluble;  son  sel  d'argent  l'est  peu.  L'ana- 
lyse du  sel  d'argent  nous  a  conduits  à  la  formule  C^^H--0*Ag-;  mais  nous  ne  la 
donnons  que  sous  toutes  réserves,  n'ayant  point  obtenu  avec  cet  acide  de  composé 
cristallisé;  nous  pourrions  aussi  avoir  afl"aire  à  un  mélange  d'acides. 

»  Quant  à  la  substance  qui  communique  à  l'essence  de  vétyver  son  odeur  particu- 


SÉANCE  DU  8  DÉCEMBRE  1902.  I061 

Hère,  il  résulte  de  ce  qui  précède  que  c'est  un  étlier  résultant  de  la  combinaison  de 
l'acide  précédent  avec  le  vétyvénol  ;  il  existe  en  petite  quantité  dans  l'essence,  au  plus 
un  dixième,  et  il  se  saponifie  très  facilement,  même  par  l'eau,  comme  le  démontre  le 
résidu  du  ballon  où  a  eu  lieu  l'entraînement. 

))  Conclusion.  —  Il  résulte  de  ce  travail  que  l'essence  de  vétyver  contient, 
outre  l'éther  qui  lui  donne  son  odeur,  un  sesquiterpène  et  un  alcool 
sesquiterpénique.   » 


ZOOLOGIE.  —   Sur  la  mue,  r excrétion  et  la  variation  du  rein  chez  des 
Poules   carnivores   de   seconde  génération.   Note    de    M.    Frédéric 

HOUSSAY. 

«  Les  Poules  dont  je  viens  de  terminer  l'étude  anatomique  ont  été 
exclusivement  nourries  depuis  leur  naissance  avec  des  déchets  frais  de 
viande  de  boucherie  (albuminoïdes  et  graisses  crues)  et  proviennent  d'ani- 
maux nourris  dans  les  mêmes  conditions  pendant  une  année  entière  à 
partir  de  l'âge  de  4  oli  5  mois.  Pour  exprimer  en  poids  ou  en  longueurs 
la  variation  organique  de  ces  derniers,  je  n'avais  publié  l'an  passé  (') 
que  des  valeurs  absolues,  ce  qui  suffisait  parfaitement,  vu  que  les  écarts 
étaient  très  considérables  et  les  poids  des  animaux  observés  peu  différents. 
Sur  la  seconde  génération,  que  j'étudie  cette  année,  les  variations  sont 
d'importance  bien  moindre;  j'ai  dû  alors  examiner  les  rapports  de  chaque 
organe  soit  au  poids  total  de  l'animal  auquel  il  appartient,  soit  au  poids 
actif  du  même  animal. 

Le  poids  actif  se  calcule  sans  peine  à  l'aide  du  poids  total,  pris  le  jour  de  la  mort, 
diminué  du  poids,  directement  obtenu,  des  plumes,  de  la  graisse  et  du  squelette 
minéral.  Quant  au  poids  total,  si  l'on  se  bornait  à  prendre  celui  du  jour  de  la  mort, 
on  s'exposerait  à  de  graves  mécomptes  en  raison  du  moment  choisi  pour  la  lin  de 
chaque  expérience  annuelle  :  savoir,  un  mois  ou  six  semaines  après  la  cessation  de  la 
ponte,  c'est-à-dire  à  la  fin  d'une  manifestation  complète  de  l'état  adulte. 

»  Or,  après  la  ponte,  les  Poules  subissent,  comme  il  est  bien  connu,  une  mue  avec 
perte  de  plumes  et  amaigrissement;  les  mâles  perdent  les  plumes  de  la  queue,  mais 
ne  maigrissent  pas.  La  mue  est  bien  plus  importante  chez  les  Poules  carnivores  que 
chez  les  granivores,  ainsi  qu'en  témoigne  le  tableau  suivant  : 


(^)  Voir  Comptes  rendus  des  9  et  24  décembre  1901. 


Io62  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Pourcentage 
du    poids    lolal 
Perle  à  la  mue.  des  femelles. 

e 

Granivores 191 ,5o  1 1 ,71  "/o 

Carnivores  de  première  génération 3o4,33  1-^574   » 

Carnivores  de  deuxième  génération 376,33  19,36   » 

»  En  outre,  les  Poules  carnivores  de  deuxième  génération  se  dépouillent  presque 
entièrement  et  ne  conservent  qu'une  partie  de  leurs  grandes  plumes  aux  ailes  et  à  la 
queue. 

»  Ce  résultat  est  en  lui-même  fort  curieux.  La  santé  générale  des  animaux  en  expé- 
rience semble  ne  rien  laisser  à  désirer  et  les  poids  moyens  croissent  à  chaque  généra- 
tion de  la  façon  suivante  : 

1938s,     2 1  iSî^',     '2307S. 

»  Cependant  les  carnivores  sont  de  plus  en  plus  éprouvés  par  un  état  physiologique 
critique  :  dans  l'espèce  une  crise  génitale,  car  la  mue  n'est  pas  autre  chose. 

»  On  voit  ensuite  comme  conséquence  que  le  poids  total,  auquel  on  se  propose  de 
rapporter  les  poids  des  organes,  doit  être  pris  pour  les  diverses  femelles  au  môme  mo- 
ment de  la  mue.  J'ai  choisi  le  poids  qui  précède  juste  la  décroissance  due  à  ce  phéno- 
mène. On  obtient  de  la  sorte  des  résultats  qui  sont  tous  comparables  entre  eux,  ce  qui 
est  la  première  condition  d'une  étude  sérieuse. 

»  Parmi  les  organes  qui  continuent  à  varier  d'une  façon  sensible,  le  rein  tient  le 
premier  rang.  Voici  réunies  en  un  tableau  les  variations  de  son  poids  moyen  dans  les 
trois  générations  déjà  étudiées  :  la  première  granivore,  et  les  deux  suivantes  carni- 
vores. Les  animaux  sacrifiés  ayant  été  saignés,  les  poids  d'organes  doivent  s'entendre 
vides  de  sang  : 

Nombres  absolus 9)9^ 

Rapports  à  joos  du  poids  total.      o,5?. 
Hapports  à  100"  du  poids  actif .      0,69, 

»  Dans  le  même  temps,  la  quantité  moyenne  d'urée  excrétée  par  poule  et  par  jour 
croît  de  la  façon  suivante  : 

os,  loS  oR,3i5  o",365 

»  Elle  est  donc  aussi  en  progression,  mais  d'une  façon  bien  moindre  que  le  rein.  Il 
est  vraisemblable  que  celui-ci  éprouve  une  excitation  morphogène  par  le  surcroît  de 
travail  dû  non  seulement  à  l'excrétion  de  l'urée,  mais  encore  à  celle  de  produits  plus 
toxiques,  dont  on  pourrait  peut-être  déceler  la  présence  par  le  dosage  de  l'azote  total. 
Mais  les  conditions  peu  rigoureuses  dans  lesquelles  il  est  permis  de  recueillir,  mêlée 
aux  excréments,  l'urine  des  oiseaux  rendraient  illusoire  une  précision  de  cet  ordre; 
aussi  n'avons-nous  pas  essayé  de  l'atteindre. 

»    Une  troisième  génération   Carnivore  maintenant   amenée  à  la   taille 


12,91 

1 6 , 1 5 

o,63 

0,73 

0,88 

1 ,06 

SÉANCE    DU    8    DÉCEMBRE    1902.  Io63 

adulte,  dans  des  conditions  de  sanlé  qui  semblent  bonnes,  montre  une 
plasticité  physiologique  et  morphologique  assez  étendue  chez  la  Poule.  La 
réaction  énergique  du  rein  nous  paraît  un  des  facteurs  de  celte  adaptation 
relativement  facile  à  un  régime  tout  à  fait  nouveau;  et  des  comparaisons 
instructives  seront  à  établir  à  cet  égard  avec  d'autres  expériences  entre- 
prises par  divers  auteurs  et  par  moi-même  sur  différents  Mammifères.   » 


PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Formation  de  la  chlorophylle,  dans  l'air  raréfié 
et  dans  l'oxygène  raréfié.  Note  de  M.  Jean  Frieoel,  présentée  par 
M.  Gaston  Bonnier. 

«  M.  Palladine  a  montré  que,  dans  des  feuilles  étiolées,  détachées  de  la 
plante,  reportées  à  la  lumière,  la  chlorophylle  ne  se  forme  que  si  l'aération 
est  assez  considérable.  Il  en  a  tiré  la  conclusion  suivante  :  «  Pour  que  les 
»  plantes  verdissent,  il  faut  qu'elles  reçoivent  plus  d'oxygène  qu'il  n'en 
M  ftuit  pour  la  respiration  »  (*)..Te  me  suis  proposé  d'étudier  l'action  de  l'oxy- 
gène sur  le  verdissement,  en  opérant  avec  des  plantes  entières  et  dans 
des  conditions  où  l'on  peut  mesurer  la  pression  des  gaz.  J'ai  fait,  aux  labo- 
ratoires de  Paris  et  de  Fontainebleau,  un  grand  nombre  d'expériences  sur 
le  Lepidiuin  saiivum. 

»  Deux  lots  de  graines  sont  mis  en  germination  à  l'obscurité.  Quand  les  jeunes 
plantes  sont  suffisamment  développées,  on  les  porte  à  la  lumière  :  un  lot  à  la  pression 
atmosphérique,  l'autre  à  une  pression  inférieure  qui,  dans  la  plupart  des  expériences, 
a  été  de  -.  d'atmosphère  environ.  Les  plantes  maintenues  à  la  pression  normale  pren- 
nent rapidement  une  teinte  verte  très  nette.  Celles  qui  sont  dans  l'air  raréfié  sont 
toujours  beaucoup  moins  vertes;  elles  restent  souvent  complètement  étiolées. 

»  Exemple.  —  Le  21  février  1901,  trois  lots  de  plantes  ont  été  mis  en  expérience, 
le  premier  à  la  pression  normale,  le  second  à  \  atmosphère,  le  troisième  à  |  d'atmo- 
sphère environ.  Le  i"""  mars,  les  deux  premiers  lois  étaient  verts  ;  le  second,  beaucoup 
moins  foncé  que  le  premier;  le  troisième  était  resté  complètement  étiolé. 

»  J'ai  fait  une  série  d'expériences  basées  sur  le  même  principe,  en  remplaçant  l'air 
raréfié  par  de  l'oxygène  raréfié.  La  pression  totale  était  de  !  ou  j  d'atmosphère,  la 
pression  relative  de  l'oxygène  à  peu  près  la  même  que  dans  l'air  atmosphérique.  Le 
verdissement  a  été  sensiblement  égal  à  celui  du  lot  témoin,  maintenu  dans  l'air 
normal. 

»  Des  résultats  semblables  ont  été  obtenus  avec  le  Phaseolus  niuUiJlorus  sur  lequel 
i'ai  opéré  dans  des  conditions  d'asepsie  pour  éviter  les   moisissures  qui  introduisent 

(')   Revue  générale  de  Botanique,  t,  IX,  p.  385. 


Io64  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

des  causes  de  perturbation  dans  les  expériences.  Dans  l'air  raréfié  à  -^  d'atmosphère, 
les  feuilles  de  Phaseolus  sont  restées  presque  étiolées  avec  une  tendance  à  verdir  à 
peine  perceptible;  les  tiges  étaient  blanches,  les  cotylédons  jaunes. 

»  Dans  l'oxygène  pur,  à  la  même  pression,  les  feuilles,  les  cotylédons  et  les  liges  ont 
verdi  comme  dans  l'air  normal  (juillet  1902). 

»  Ainsi,  dans  l'air  raréfié,  la  formation  de  la  chlorophylle  est  très  dimi- 
nuée, la  pression  relative  de  l^ oxygène  a  une  action  prépondérante,  la  pression 
totale  ri  a  pas  d"" influence  sensible. 

»  Des  expériences  un  peu  différentes,  faites  également  avec  des  germinations  de 
Phaseolus  multijlôriis,  en  milieu  stérilisé,  ont  montré  que  c'est  bien  l'absence  d'oxy- 
gène qui  empêche  le  verdissement  et  non  l'accumulation  de  gaz  carbonique.  Un 
Phaseolus  étiolé  a  été  placé  sous  une  cloche  hermétiquement  close  à  la  lumière,  avec 
quelques  cultures  de  Sterigmatocystis  nigra  qui  avaient  pour  but  d'absorber  l'oxy- 
gène sans  produire  d'oxyde  de  carbone  et  un  récipient  contenant  une  solution 
concentrée  de  potasse.  La  cloche  était  munie  d'un  tube  recourbé  deux  fois,  retourné 
sur  du  mercure  de  manière  à  former  un  manomètre  à  air  libre.  La  respiration  du 
Phaseolus  et  surtout  celle  des  champignons,  enlève  rapidement  l'oxygène  de  la  cloche; 
la  potasse  absorbe  le  gaz  carbonique  au  fur  et  à  mesure  de  sa  production,  l'ascension 
du  mercure  dans  le  tube  indique  la"  proportion  d'oxygène  qui  reste  dans  la  cloche. 
L'oxygène  disparaît  rapidement.  Dans  une  expérience,  au  bout  de  48  heures,  le 
mercure  s'est  élevé  dans  le  tube  de  12'=™.  (Si  tout  l'oxygène  avait  été  absorbé,  le 
mercure  serait  monté  de  16'='"  environ.)  Dans  ces  conditions,  la  plante  verdit  à  peine, 
tandis  que,  chez  les  plantes  témoins  maintenues  à  l'air  libre,  la  chlorophylle  se  forme 
en  abondance.  La  plante  en  expérience  continue  à  vivre;  mais  la  petite  quantité 
d'oxygène  qui   reste  est  insuffisante  pour  le  verdissement  (novembre  1902). 

»  C'est  donc  bien  l'insuffisance  d'oxygène  et  non  l'accumulalion  de  gaz 
carbonique  qui  entrave  la  formation  de  la  chlorophylle.    » 


PALÉONTOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  quelques  nouveaux  Infusoires  fossiles. 
Note  de  M.  B.  Renault,  présentée  par  M.  E.  Bornet. 

«  Nous  avons  signalé  l'existence,  à  l'état  fossile,  d'Infusoires  ('),  dans 
les  lignites  éocènes  de  l'Hérault.  Ils  étaient  assez  bien  conservés  pour  que 
nous  ayons  pu  les  classer  dans  la  famille  des  Keronina  marcheurs  et  na- 
geurs, pourvus  de  cuirasse;  nous  avons  admis  que  la  cuirasse  qui  les  proté- 


(*)  B.  Renault  et  A.  Roche,  Sur  la  constitution  des  lignites  {Bulletin  de  la  Société 
d'Histoire  naturelle  d'Autun,  ii'^  Bulletin,  1898). 


Fig.    I. 


Cliambre  poUinique  de  Stephanospernuim  contenant  des 
grains  de  pollen  cloisonnés  P  et  des  groupes  d'Infu- 
soires  O,  C.  Gross.  :  ^.  Le  microscope  montre  des  détails 
non  rendus  parla  photographie  dans  les  groupes  d'Infu- 
soires  avec  un  grossissement  de    -,    . 


Fif 


Grain  de  pollen  O  muni  d'une  exci'ois- 
sance  cellulaire  P;  gross.  ^.  _^^^ 


.  Grains  de  pollen  cloisonnes  de  SUphanospermum,  0. 
Groupe  d'Infusoires  difflués  en  partie,  R;  gross.  :  H^  • 
Les  cirres  et  les  cils  sont  visibles  au  microscope  sous 
un  grossissement  de  ^. 

C.  R.,  1902,  2'  Semestre.  (T.  CXXXV,   N»  23.) 


]  3c) 


To66  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

geait  était  la  cause  de  leur  conservation  à  l'état  fossile,  émettant  quelques 
doutes  sur  la  conservation  des  Microzoaires  nus. 

»  Les  Infusoires  dont  nous  nous  occupons  aujourd'hui  sont  bien  plus 
anciens;  ils  datent  de  l'époque  houillère,  ils  sont  silicifîés  et  dépourvus 
d'enveloppe  coriace  protectrice. 

»  Nous  les  avons  rencontrés  à  l'intérieur  de  la  chambre  pollinique  de  graines  de 
Stephanospermum  {/ig'  i,  O,  C),  au  milieu  des  grains  de  pollen.  Nous  en  avons  éga- 
lement rencontré  accompagnant  des  spores  de  Fougères;  il  semble  que  ces  Micro- 
zoaires se  soient  nourris  de  spores  et  de  grains  de  pollen. 

»  Ce  qui  donnerait  quelque  créance  à  cette  remarque,  c'est  l'aspect  que  présentent 
certains  des  grains  contenus  dans  la  chambre  pollinique. 

«  Le  grain  de  pollen  0  {fig-  2)  porte  une  excroissance  P  en  forme  d'haltère;  on 
ne  peut  attribuer  cette  disposition  à  une  espèce  particulière  de  grain  de  pollen,  encore 
moins  à  l'émission  d'un  tube  pollinique.  Le  pollen  des  Stephanospermum  et  celui  des 
Cordaïtes  sont  bien  connus.  On  peut  se  demander  si  la  présence  d'Infusoires  ne  serait 
pa^  la  cause  accidentelle  de  cette  production  anormale.  Les  grains  de  pollen  des  Stepha- 
nospermum ont  des  dimensions  considérables,  leur  forme  est  celle  d'un  ellipsoïde  de 
révolution  dont  le  grand  axe  mesure  i5!^  à  17!^,  et  le  petit  lot^  à  l'àv-.  Les  Infusoires  qui 
les  accompagnent  ont  un  diamètre  de  4'^  à  St'-;  ils  ont  donc  pu  pénétrer  facilement 
avec  eux.  Les  Infusoires  {fig.  3)  que  nous  avons  observés  sont  dépourvus  de  cuirasse, 
de  cornicules,  de  styles;  ils  portent  quelques  cirres;  ils  sont  munis  de  cils  disséminés 
sur  leur  tégument  membraneux  et  à  l'extrémité  de  bras  locomoteurs.  Ces  cils,  longs  à 
peine  de  if*  à  iV-^  sont  raides,  acérés,  de  couleur  foncée,  chitinisés  sans  doute,  capables 
d'exercer  un  léger  effort  mécanique;  nous  croyons  qu'ils  ont  pu  trouer  l'enveloppe  de 
quelques  grains  de  pollen  et  déterminer  la  sortie  de  gouttelettes  de  protoplasma  ayant 
pris  des  formes  variées  et  arrondies  de  la  figure  2  et  capables  peut-être  de  se  cloi- 
sonner ou  de  recevoir  des  enclaves. 

»   De  ce  qui  précède  il  résulte  : 

»  i"  Que  les  Infusoires,  cuirassés  ou  non,  ont  pu  être  conservés  à  l'état 
fossile  soit  au  moyen  des  ligniles,  soit  par  la  silice,  depuis  l'époque  de  la 
houille  ;  ; 

»  2°  Que,  rencontrés  au  milieu  de  spores  de  Fougères  ou  de  grains  de 
pollen,  ils  ont  dû  se  nourrir  de  ces  délicats  organes  végétaux. 

))  3*^  Que,  sous  l'influence  de  leurs  atlaques  répétées,  ils  ont  déterminé, 
dans  renvelop[)e  des  grains,  des  ouvertures  ou  des  fissures  permettant  au 
plasma  du  grain  de  sortir  et  modifier  plus  ou  moins  sa  forme  extérieure  ; 

»  ff  Que  les  Infusoires  ci-dessus  appartiennent  à  la  famille  des  Keronina 
sans  cuirasse,  l'absence  de  styles  et  de  cornicules  les  rapprocherait  du 
genre  Cinetoconia  Ren.  » 


SÉANCE    DU    8   DÉCEMBRE    1902.  1067 


PATHOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  De  l'immunisation  delà  Laitue  contre  le  Meunier . 
Note  de  M.  E.  Marchal,  présentée  par  M.  Guignard. 

«  On  sait  que  les  Péronosporacées  sont  extrêmement  sensibles  à  l'ac- 
tion des  poisons  métalliques  et  que  les  zoospores  du  Plasmopara  viticola, 
par  exemple,  ne  germent  plus  en  présence  de  .ooo'oooo  ^  ,ooo'oooo  ^^  sulfate 
de  cuivre.  Dans  ces  conditions,  on  peut  se  demander  s'il  ne  serait  pas  pos- 
sible d'introduire,  dans  l'organisme  végétal,  des  quantités  de  ce  sel  ou 
d'autres  analogues,  telles  que  les  tissus  deviennent  réfractaires  au  déve- 
loppement des  Péronosporacées. 

»  Les  recherches  que  j'ai  poursuivies  dans  cette  direction  ont  porté  sur 
le  Meunier  de  la  Laitue  (Bremia  Lactucœ  Reg.). 

»  A  la'surface  de  cristallisoirs  Je  5oo"°'  contenant  le  liquide  minéral  nutritif  de  Sachs 
additionné  de  doses  croissantes  de  sel  fongicide,  on  a  semé  un  poids  identique  de 
graines  de  Laitue  de  la  variété  Gotte. 

»  Lorsque  les  jeunes  planiules  eurent  deux  ou  trois  feuilles,  on  les  pulvérisa  de 
spores  de  Bremia,  dont  la  bonne  faculté  germinative  avait  été  démontrée  par  des 
essais  préliminaires.  Chaque  culture  fut  ensuite  recouverte  d'une  cloche  tapissée  de 
papier  buvard  humide. 

»  Pendant  l'été,  dans  les  cultures  non  immunisées,  l'évolution  de  la  maladie  a  été, 
dans  ces  conditions,  très  rapide.  Dès  le  troisième  jour,  on  pouvait  trouver  dans  les 
feuilles  le  mycélium  du  parasite,  et,  à  partir  du  cinquième  jour,  les  fructifications 
apparaissent  en  abondance,  suivies  bientôt  du  flétrissement  et  de  la  mort  des  parties 
atteintes. 

»  Voici  l'action  spécifique  de  quelques  sels  métalliques  étudiés  d'une 
part,  sur  la  vitalité  de  la  Laitue  et,  d'autre  part,  sur  son  parasite. 

»  Sulfate  de  cuivre.  —  Cultivée  dans  le  liquide  de  Sachs,  la  Laitue  supporte  des 
doses  de  i-ôoTô"  ^  IToTô  ^^  sulfate  de  cuivre.  Cette  dose  limite  varie,  pour  un  même 
liquide  nutritif,  suivant  la  rapidité  de  croissance,  la  température,  l'état  hygromé- 
trique de  l'air  et  l'intengité  de  la  lumière. 

»  Toutefois,  à  cette  concentration,  le  développement  est  sensiblement  retardé,  et  il 
faut  descendre  à  yÛtô  ^"  TôoTo  pou''  obtenir  une  végétation  normale. 

»  Les  plantules  développées  avec  75^00  ^  rôoyô  ^^  sulfate  de  cuivre  résistent  victo- 
rieusement à  l'infection  par  le  Bremia  (').  Parfois,  cependant,  les  cotylédons  se 
laissent  envahir,  mais  les  feuilles  proprement  dites  paraissent  complètement  immu- 


(')  L'analyse  a  montré  que  ces  plantules  renfermaient  yj^oo  ^^  cuivre. 


IoG8  ACADÉMIE    DES    SCIET^CES. 

nisées  contre  le  parasite.  Les  jeunes  Laitues  cultivées  avec  yooô~o  ^  iTooo  ^^^^  même  sei 
présentent  encore  une  résistance  marquée  à  l'infection,  comparativement  au  témoin. 
Cette  résistance  disparaît  totalement  à  la  dose  de  fij^^. 

»  Sulfate  de  fer.  —  Les  cultures  avec  yôooo  ^  tFoôô  '^^  sulfate  ferreux  sont  encore 
très  florissantes,  mais  ne  manifestent  pas  une  immunité  notable  vis-à-vis  du  parasite. 
Avec  jô^ô-  les  plantes  languissent  et  ne  prennent  aucun  accroissement. 

»  Sels  divers.  —  La  Laitue  supporte  des  doses  considérables  (jusqu'à  i  pour  loo)  de 
sulfate  de  manganèse.  Des  cultures  soumises  à  l'action  de  ce  sel,  sans  être  complète- 
ment immunisées  montrent  une  résistance  très  notable  à  l'infection. 

»  L'étude,  par  la  même  méthode,  de  l'action  des  sels  nutritifs  sur  la  prédisposition 
de  la  Laitue  à  l'attaque  du  Meunier  m'a  montré  que  les  combinaisons  azotées  et, 
chose  inattendue,  les  phosphates  en  favorisent  l'invasion.  Les  sels  potassiques,  au 
contraire,  dont  la  Laitue  supporte  de  très  fortes  doses  (jusqu'à  2  pour  100);  dans  le 
milieu  nutritif,  augmentent  notablement  sa  force  de  résistance. 

))  Il  réstilte  de  ces  essais  qu'il  est  possible,  par  voie  d'absorption  de 
substances  fongicides  et,  tout  particulièrement,  de  sulfate  de  cuivre,  de 
conférer  aux  jeunes  Laitues  une  véritable  immunité  contre  le  Bremia 
Lactucœ. 

M  Malheureusement,  si  l'on  veut  appliquer  cette  théorie  dans  la  culture, 
pour  lutter  contre  ce  terrible  ennemi,  on  se  heurte  à  de  grandes  difficultés 
pratiques. 

»  Ces  difficultés  résultent  surtout  du  faible  écart  qui  existe  entre  la  dose 
immunisante  minimum  de  sulfate  de  cuivre  et  la  dose  maximum  compatible 
avec  le  développement  normal  de  la  Laitue. 

»  De  plus,  les  conditions  de  culture  (culture  sous  verre  et  culture  à  l'air 
libre)  et,  surtout,  la  composition  chimique  du  sol,  notamment  en  ce  qui 
concerne  la  chaux,  font  varier,  dans  des  proportions  considérables,  la 
quantité  de  sel  à  employer  pour  arriver  au  but  désiré. 

»  Néanmoins,  il  n'est  pas  impossible  que,  par  une  étude  très  attentive 
des  conditions  précises  de  l'action  toxique  des  sels  de  cuivre,  on  n'arrive 
à  baser  sur  leur  emploi,  par  voie  d'absorption  radiculaire,  un  véritable 
traitement  du  Bremia  et,  peut-être,  d'autres  Péronosporacées.  » 


MINÉRALOGIE.  —  Quelques  observations  minéralogiques  faites  sur  les  produits 
de  l'incendie  de  Saint-Pierre  (^Martinique).  Note  de  M.  A.  Lacroix,  pré- 
sentée par  M.  Michel  Lévy. 

Cl  Au  cours  de  mes  visites  aux  ruines  de  Saint-Pierre,  je  me  suis  attaché 
à  recueillir  les  documents  de  toute  sorte  présentant  quelque  intérêt  scien- 


SÉANCE    DU    8   DÉCEMBRE    1902.  1069 

tifique,  même  indépendant  des  causes  de  la  catastrophe  volcanique  du 
8  mai.  Les  plus  importants  sont  ceux  qui  résultent  de  l'incendie  de  la 
ville. 

»  L'action  de  l'incendie  qui  a  contribué  à  la  destruction  de  Saint-Pierre 
a  produit  des  résultats  très  inégaux,  ainsi  que  nous  l'avons  fait  déjà  remar- 
quer. On  rencontre  fréquemment  à  côté  l'une  de  l'autre  des  maisons 
entièrement  brûlées,  et  d'autres  qui  ont  été  à  peine  léchées  par  le  feu  ou 
même  ont  été  com[)lètement  épargnées  par  lui.  Dans  quelques  édifices 
brûlés,  grâce  à  des  conditions  physiques  spéciales,  grâce  à  la  nature  et  à  la 
quantité  des  produits  combustibles  qu'ils  renfermaient,  l'incendie  s'est  pro- 
longé pendant  plusieurs  jours,  pendant  plusieurs  semaines  ou  même  pen- 
dant plusieurs  mois.  Tel  a  été  le  cas  de  trois  dépôts  de  charbon  qui  brû- 
laient encore  le  3o  juillet,  près  de  trois  mois  après  la  catastrophe;  c'est 
l'un  d'eux,  situé  sur  le  bord  de  la  mer,  à  l'extrémité  sud  de  la  ville,  qui 
m'a  fourni  les  documents  ayant  servi  à  cette  étude. 

»  Ce  dépôt  de  charbon  était,  comme  la  plupart  des  maisons  de  Saint- 
Pierre  ('),  construit  en  pierre  avec  des  andésites  du  voisinage.  Ces  pierres 
étaient  réunies  par  du  mortier,  fabriqué  avec  un  mélange  de  chaux,  pro- 
venant généralement  de  la  calcination  de  polypiers  et  de  sable  de  la  mer, 
résultant  de  la  désagrégation  des  andésites  et  de  leurs  tufs;  ce  sable  est 
constitué  par  des  fragments  ou  des  cristaux  nets  de  titanomitgnétite,  d'hy- 
persthène,  d'augite,  de  plagioclases  (andésines  et  labradors  en  moyenne), 
avec  en  outre  de  petits  fragments  d'andésite  compacte,  de  ponce  andési- 
tique  et  quelques  grains  de  quartz  de  dacites. 

»  Les  pierres  du  dépôt  de  charbon  en  question  ont  été  modifiées  par  la 
chaleur,  et  près  des  ouvertures  le  tirage  a  été  suffisant  pour  déterminer  la 
fusion  complète  du  mortier  des  pierres  voisines  et  donner  ainsi  naissance 
à  une  sorte  de  lave  noire,  qui  a  coulé  en  masses  cordées  ou  en  longues 
stalactites.  Les  blocs  d'andésite  ont  été,  par  places,  ramollis  au  point  de 
s'affaisser  sur  eux-mêmes,  mais  leur  pâte  microlitique  seule  a  fondu  entière- 
ment, lesphénocristaux  (andésines  et  labradors,  augite,  hypersthène,  etc.) 
ont  été  plus  ou  moins  complètement  conservés. 

»  Suivant  la  vitesse  du  refroidissement,  le  verre  noir  huileux  est  resté 
entièrement  colloïde  ou  bien  a  partiellement  cristallisé;  L' incendie  a  donc 


(')  On  trouve  cependant  dans  les  ruines  d'assez  nombreux  moellons  de  roches 
étrangères  au  sol  de  la  Martinique  (granité,  gneiss,  calcaire  cristallin,  serpentine,  etc.). 
Ils  ont  sans  doute  été  apportés  comme  lest  et  utilisés  plus  tard  pour  les  constructions. 


lO^O  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

eu  pour  résultat  de  remettre  ces  andésites  dans  V état  physique  et  rninéralogique 
où  elles  se  trouvaient  au  moment  de  leur  émission;  elles  sont  par  suite  com- 
parables aux  laves  rejetées  par  les  explosions  actuelles  de  la  Montao;ne 
Pelée  et  qui  sont  constituées  par  les  mêmes  phénocristaux  englobés  dans 
un  verre  cristallitique  de  même  composition. 

»  Sous  l'influence  de  ce  réchauffement  accidentel,  les  phénocristaux 
ont  subi  des  transformations  du  même  ordre  que  celles  que  l'on  observe 
dans  les  enclaves  des  roches  basaltiques  :  fusion  et  recristallisation  péri- 
phériques des  feldspaths,  transformation  périphérique  de  l'hypersthène  en 
augite,  généralité  du  développement  des  inclusions  vitreuses,  etc. 

»  Lorsque  le  verre  a  recristallisé,  il  s'y  est  développé  des  plagioclases 
acides,  avec  quelques  grains  d'augite  et  de  magnétite;  la  roche  nouvelle  est 
donc  revenue  alors  complètement  à  l'état  rninéralogique  qu  elle  possédait  avant 
l'incendie.  Mais  lorsque,  localement,  des  phénocristaux  ont  totalement 
fondu,  ils  donnent  par  leur  mélange  avec  le  verre  ambiant  une  recrislalli- 
sation  microlitique,  généralement  constituée  par  de  longues  baguettes  de 
labrador  enchevêtrées,  associées  à  de  l'augite,  à  un  peu  d'olivine  et  de 
verre. 

»  La  roche,  considérée  dans  son  ensemble,  présente  alors  l'aspect  hété- 
rogène d'une  andésite,  renfermant  de  petits  nodules  plus  basiques  de 
basalte  doléritique.  Ceux-ci  simulent  donc  des  ségrégations  ou  des  enclaves 
énallogènes.  Cette  observation  n'est  pas  sans  intérêt,  en  suggérant  une 
explication  possible  de  l'origine  des  petites  enclaves  (pseudo-enclaves) 
basiques,  que  l'on  rencontre  si  souvent  dans  certaines  roches  volcaniques 
et  en  montrant  une  fois  de  plus  comment  des  compositions  minéralogiques 
différentes  peuvent  naître  d'un  même  magma,  suivant  les  conditions  de 
consolidation  de  celui-ci  (*). 

»  Quant  aux  parties  stalactiformes  ou  cordées,  douées  d'une  fusibilité 
plus  grande  que  les  andésites  et  résultant  de  la  fusion  du  mortier  seul  ou 
mélangé  aux  produits  de  la  fusion  de  l'andésite  au  contact  des  pierres  du 
mur,  elles  ont  une  composition  plus  complexe. 

»  Les  plus  fluides  d'entre  elles  ont  été  celles  dans  lesquelles  la  totalité 
des  éléments  anciens  ont  été  détruits  par  fusion  :  la  roche  néogène  résul- 


(')  A.  beaucoup  d'égards,  ces  phénomènes  rappellent  ceux  que  j'ai  observés  dans 
les  roches  constituant  les  forts  vitrifiés  des  environs  de  Saint-Brieuc,  On  y  voit  aussi 
des  cristallisations  d'olivine  néogène  au  milieu  de  roches  dépourvues  de  ce  minéral 
{Bull.  Mus.  Hisl.  nai.,  1899). 


SÉANCE    DU    8   DÉCEMBRE    1902.  IO71 

tante  est  un  véritable  basalte,  à  structure  intersectale,  avec  tendance  ophi- 
tique  et  fréquente  présence  d'un  verre  noir.  L'abondance  de  l'olivine  est 
surtout  la  conséquence  de  la  coexistence  d'une  grande  quantité  d'hyper- 
stliène  et  de  magnétite  dans  le  mortier. 

»  Les  produits,  ayant  été  doués  d'une  fluidité  moindre,  ne  diffèrent  des 
précédents  que  parce  qu'il  y  reste  en  plus  ou  moins  grande  quantité  des 
fragments  corrodés  ou  des  cristaux  encore  nets  de  plagioclases  et  de 
pyroxènes. 

»  L'hvpersthène,  qui  est  parfois  extrêmement  abondant,  n'est  jamais 
absolument  intact,  sans  avoir  perdu  sa  forme  géométrique;  il  est  d'ordi- 
naire en  totalité  ou  en  partie  transformé  en  grains  d'augite,  sans  orienta- 
tion définie,  ou  en  baguettes  du  même  minéral,  groupées  avec  lui  suivant 
la  loi  ordinaire,  les  aiguilles  d'augite  gagnant  de  la  périphérie  au  centre  du 
cristal.  Enfin,  j'ai  fréquemment  observé  aussi  des  paramorphoses  de  l'hy- 
persLhène  en  ce  type  de  pyroxène  monoclinique  peu  biréfringent,  à  très 
fines  lamelles  hémitropes,  qui  est  fréquent  dans  les  météorites  pierreuses 
et  qui  semble  être  une  forme  dimorphe  du  pyroxène  rhombique.  L'extrême 
abondance  de  ces  cristaux  d'hypersthène,  transformés  en  augite  et  distribués 
dans  un  magma  basaltique,  font  de  cette  roche  néogène  un  type  différent 
de  celui  des  roches  normales  connues. 

))  Dans  une  prochaine  Note,  je  m'occuperai  des  phénomènes  endo- 
morphes  très  intenses  qu'ont  subis  les  andésites  constituant  les  murs  des 
maisons  qui  contenaient  une  grande  quantité  d'objets  en  fer.    » 

GÉOLOGIE.    —  Sur  les  terrains paléozoïques  de  V Oued  Saoura  et  du  Gourara. 
Note  de  M.  E.-F.  Gautier,  présentée  par  M.  de  T^apparent. 

«  Dans  les  mois  d'août,  septembre  et  octobre  1902,  avec  l'autorisation 
de  M.  le  Gouverneur  de  l'Algérie,  j'ai  pu  visiter,  dans  le  Sahara  oranais, 
les  oasis  des  Oued  Zousfana  et  Saoura,  et  celles  du  Gourara. 

»  Toute  la  région  est  extrêmement  riche  en  fossiles  carbonifériens  et 
dévoniens.  Nombre  d'entre  eux,  rapportés  par  des  officiers  du  Corps  d'occu- 
pation, ont  déjà  fait  l'objet  de  Communications  à  l'Académie  des  Sciences 
et  à  diverses  Sociétés  savantes  ('  ), 


(*)  E.  FiCHEUR,  Comptes  rendus,  28  juillet  1900.  —  Bull.  Soc.  géol.  de  France, 
t.  XXVIII,  3«  série,  p.  91 5.  —  Joleaud,  Méni.  Acad.  de  Vaucluse,  1900.  —  Gollot, 
Comptes  rendus,  5  août  1901.  —Flamand,  Comptes  rendus,  i*^""  juillet  1901. 


1072  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Terrain  carhoniférien.  —  Tous  les  fossiles  connus  jusqu'ici  ont  été 
trouvés  dans  un  même  banc  calcaire,  le  lon^;  d'une  faille  gigantesque, 
dont  le  rejet  diminue  progressivement  du  Nord  au  Sud,  et  qui  commence 
au  Djebel  Sidi  Monmen,  pour  finir  aux  environs  d'Igli.  L'Oued  Zoiisfana 
suit  cette  faille  sur  la  plus  grande  partie  de  son  cours;  la  lèvre  inférieure, 
d'abord  cachée  sous  des  couches  pliocènes  ou  pléistocènes,  apparaît  à 
fleur  de  sol  à  partir  de  Tar'it,  et  c'est  à  la  proximité  de  ce  banc  calcaire 
imperméable  que  la  basse  Zousfana  doit  son  humidité,  et  par  suite  son 
habitabilité  relative.  J'ai  trouvé  un  nouveau  gisement  de  fossiles  carboni- 
fériens,  mal  conservés,  à  une  centaine  de  kilomètres  au  sud  d'Igli,  à  la 
hauteur  du  ksar  d'Ouarta.  C'est  une  bande  calcaire,  longue  de  plusieurs 
kilomètres  et  large  à  peine  de  i5",  qui  représente  la  tranche  d'une 
couche  redressée;  ce  long  ruban  de  roche  gris  bleu,  à  peine  en  saillie  sur 
un  plateau  de  reg  horizontal,  et  se  prolongeant  jusqu'au  bout  de  l'horizon 
comme  une  route  nationale,  frappe  par  son  étrangeté  les  indigènes  eux- 
mêmes,  car  il  est  couvert  d'inscriptions  rupestres.  L'aspect  de  la  roche 
rappelle  le  calcaire  d'Igli  d'une  façon  si  frappante  que  M.  Ficheur  croit 
pouvoir  conclure  à  leur  identité. 

»  Terrain  dévonien.  —  Les  seuls  fossiles  dévoniens  du  Gourara  signalés  et 
étudiés  jusqu'ici  (calcaires  à  Calceola  sandalina)  l'ont  été  par  M.  Flamand, 
d'après  des  échantillons  rapportés  par  M.  le  commandant  Laquière.  Ils 
proviennent  de  la  route  de  Charouïn  aux  Ouled  Cached. 

»  J'ai  eu  la  bonne  fortune  de  découvrir  six  autres  gisements  entre 
Beni-Abbès  et  Timmimoun  :  la  plupart  sont  très  riches  en  fossiles  assez 
bien  conservés,  appartenant  au  dévonien  moyen  et  au  dévonien  supérieur. 

»  Voici  l'indication  des  gisements  par  ordre  de  succession  du  Nord 
au  Sud  : 

»  1°  Beni-Abbès.  —  Au  sud  du  poste  de  Beni-Abbès,  schistes  argileux  rouge  vio- 
lacé, peu  consistants  à  Ja  base,  très  durs  à  la  partie  supérieure.  Plongée  au  sud-est 
de  40°  (gisement  indiqué  par  le  capitaine  d'Ustan). 

»  Dans  les  couches  de  la  base,  j'ai  recueilli  :  un  moule  à." Orthocère,  montrant  plu- 
sieurs fragments  de  petits  trilobites  que  M.  Ficheur  rapporte  au  genre  Pliacops,  et 
dans  les  couches  du  sommet  :  Goniatites  du  groupe  du  bidens  (indiquant  le  sommet 
du  dévonien  moyen),  Eiiomphalus,  Ovlhoceras  indéterminables  ('). 

»  2°  Ksar  d'Ouarta.  —  Schistes  argileux  gris  bleu,  en  bancs  épais,  très  durs, 
plongée  au  nord-est  de  42°;  fossiles  mal  conservés. 

(')  Ces  échantillons  et  une  partie  des  suivants  ont  été  examinés  par  MM.  Douvillé 
et  Haug. 


SÉANCE  DU  8  DÉCEMBRE  1902.  lO-^S 

»  Orthocères  à  siphon  central  et  très  petit,  Goniatite  indéterminable,  bivalves 
rappelant  le  genre  Panenka. 

»  3°  Fgagira.  —  Calcaires  gris  bleu,  en  couches  assez  minces,  avec  argiles  rouges, 
plongeant  au  nord-est  de  lo"  :  les  calcaires  sont  pétris  d'innombrables  coquilles  con- 
servées avec  leur  test. 

»  Orthocères  \xk?>  allongés  et  très  minces  (ou  Bactrites?),  Goniatites  du  groupe 
du  hidens,  Tornoceras,  Goniatites  sp.,  Cardiola  cf.  retrostriata  Kayser  (d'après 
M.  Ficheur). 

»  4°  Dans  la  direction  de  Charouïn,  on  rencontre  d'abord  des  schistes  argileux  noirs, 
très  fissiles,  sous  lesquels  disparaissent  les  calcaires;  puis,  à  10'""  environ,  des 
couches  de  calcaire  amarante,  plongeant  70°  sud-ouest,  forment  l'épaulement  du  syn- 
clinal, dans  lequel  sont  coincés  les  schistes  et  les  calcaires  de  Fgagira.  Ces  calcaires 
amarantes  me  paraissent  identiques  à  ceux  où  l'on  trouve  plus  loin  Calceola  sanda- 
lina;  ici,  je  n'y  ai  trouvé  que  des  Orthocères  indéterminables  et  des  Zaphrentis.  Ils 
reposent  sur  des  quartzites  identiques  à  ceux  qui,  à  Foum,  à  Kheneg  et  à  Kerzaz, 
semblent  passer  sous  les  couches  de  Fgagira. 

»  5°  Le  gisement  découvert  par  le  commandant  Laquière  à  i5''°'ausud  de  Charouïn 
est  beaucoup  plus  important  qu'on  ne  supposait;  il  présente  trois  niveaux  fossilifères, 
en  couches  plissées  formant  un  synclinal  analogue  à  celui  du  n°  4.  La  couche  inférieure 
est  de  calcaire  amarante  avec  Calceola  sandalina,  Cyathophyllum,  Favosites, 
Zaphrentis,  Cystiphyllum  vesicutosum,  Atrypa  reticnlaris  (?).  Au-dessus  sont  des 
calcaires  bleuâtres  avec  Clymenia  sp.  et  Orthocères. 

»  La  couche  supérieure  est  formée  de  schistes  argileux  avec  Clymenia  et  Gonia- 
tites retrorsus. 

»  6°  Ouest  de  Timmimoun.  —  Des  schistes  argileux,  gris  noirs,  très  fissiles,  très 
redressés,  occupent  une  superficie  considérable  autour  de  la  sebkha  de  Timmimoun. 
Ils  renferment,  sur  la  route  de  Charouïn  à  Timmimoun,  Goniatites  retrorsus. 

y>  7°  Sud  de  Timmimoun.  —  Les  mêmes  schistes,  sur  la  rive  orientale 'de  la  seb- 
kha, passent  à  des  grès  en  plaquettes  couvertes  de  Leptœna  (recueillis  par  le  com- 
mandant Deleuze). 

»  L'importance  des  roches  paléozoïques  est  donc  considérable  tout  le 
long  de  l'Oued  Sahoura  et  au  Gourara,  La  série  dévonienne  y  est  plus 
complète  qu'on  ne  supposait,  puisqu'elle  comporte  non  seulement  du  dé- 
vonien  moyen,  mais  aussi  du  dévonien  supérieur.  Enfin  toutes  les  couches 
paléozoïques  de  la  région,  plissées  ou  arasées,  semblent  être  les  cicatrices 
d'une  chaîne  hercynienne.  Au  contraire,  dans  le  Sahara  occidental,  d'après 
les  observations  de  Lenz,  et  même,  autant  qu'on  en  peut  juger,  dans 
l'Oued  Zousfana,  les  mêmes  terrains  ont  conservé  une  horizontalité  re- 
lative. » 


G.  R.,  »9oa,  2*  Semestre.  (T.  CXXXV,  N"  23  )  '  4^ 


I074  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


ÉCONOMIE  RURALE.  —  Sur  l'appréciation  économique  des  améliorations  cultu- 
rales.  Note  de  M.  E.  Rabaté,  présentée  par  M.  Mùntz. 

«  La  traduction  numérique  des  résultats  donnés  par  les  améliorations 
culturales  est  l'objet  de  nombreuses  divergences.  En  particulier,  dans 
l'emploi  des  engrais,  l'effet  utile  observé  est  exprimé  tantôt  par  le  prix 
de  revient  d'un  quintal  de  la  récolte,  tantôt  par  le  bénéfice  brut  pour  un 
quintal  d'engrais,  par  le  bénéfice  net  pour  un  quintal  d'excédent  de  récolte, 
par  le  bénéfice  net  pour  loo^'^  d'engrais,  elc. 

Pour  mieux  faire  ressortir  le  caractère  de  ces  divers  modes  d'appréciation,  choisis- 
sons un  exemple  simple,  celui  de  deux  cultures  identiques  ne  fournissant  qu'un  produit 
utile  :  l'une,  sans  engrais,  donnant  une  récolte  Rg,  l'autre,  avec  engrais,  donnant  une 
récolte  R^.  Tous  les  résultats  étant  rapportés  à  l'hectare,  désignons  par/»  le  prix  constant 
d'un  quintal  de  la  récolte,  par  Q  le  nombre  de  quintaux  d'engrais,  par  /le  prix  d'un 
quintal  d'engrais,  par  Ç)f  la  dépense  d'engrais,  par  s  le  poids  constant  de  semence 
employé;  enfin,  admettons  que  la  récolte  sans  engrais  se  solde  sans  perte  ni  gain. 

»  Nous  pouvons  dès  lors  grouper  dans  un  Tableau  les  divers  modes  d'appréciation 
de  l'effet  utile  dû  à  l'amélioration  envisagée. 

Bases  d'appréciation  d'une  amélioration  culturale  {fumure). 

1.  Poids  total  de  la  récolte *, Re. 

2.  Poids  de  l'excédent  de  récolte E=:  R^ —  R,,. 

3.  Valeur  de  l'excédent  de  récolte  ou  bénéfice  brut .  .  E/>. 

k.  Coefficient  de  multiplication  de  la  semence — -. 

s 

E» 

5.  Bénéfice  brut  par  quintal  d'engrais —i-  • 

Qf 

6.  Prix  de  revient  du  quintal  d'excédent  de  récolte  .  .  ^7   ' 

7.  Prix  de  revient  du  quintal  de  la  récolte  entière.  .  .  "      — -^^— . 

8.  Bénéfice  net  par  hectare  cultivé 6  :=  E/j  —  Q/. 

r\T>''/»  fi,  •  100^ 

9.  Reneuce  net  par  loo^'"  d  engrais TTT"  '     • 

10.  Bénéfice  net  par  quintal  d'engrais -^  • 

11.  Bénéfice  net  par  quintal  d'excédent  de  récolte.  ...  -=:• 

E 

12.  Bénéfice  net  par  quintal  de  la  récolte  entière -^-• 


SÉANCE  DU  8  DÉCEMBRE  1902.  IO75 

»  Les  valeurs  de  Rq,  p,  s  étant  fixes,  les  appréciations  basées  sur  les  formules  1,  2. 
3  et  4  ne  font  intervenir,  comme  variable,  que  la  production  totale  Rg,  sans  tenir 
compte  de  la  notion  de  bénéfice  net.  Or,  dans  notre  régime  individualiste,  la  récolte 
qui  donne  la  plus  grande  quantité  de  produits  utiles  à  la  Société  n'est  pas  forcément 
la  plus  avantageuse.  Entre  la  récolte  maxima  et  la  récolte  sans  fumure,  il  existe, 
ordinairement,  une  récolte  optima  qui  laisse  au  cultivateur  le  maximum  de  bénéfice. 

»  Les  modes  d'appréciation  5,  6,  7,  9,  10,  11,  12,  basés  sur  le  bénéfice  obtenu  pour 
une  unité  de  la  récolte  ou  de  la  fumure,  peuvent  tous  conduire  à  des  conclusions  en 
opposition  avec  les  intérêts  bien  compris  du  cultivateur.  En  efi'et,  le  bénéfice  relatif, 
pour  une  unité,  ne  laisse  pas  entrevoir  le  bénéfice  total,  le  seul  indispensable 
à  connaître.  Soit  [u]  l'unité  choisie  pour  base  de  l'appréciation  relative.  Deux  cas 
étant  à  comparer,  désignons  par  b  et  b'  les  bénéfices  par  unité  et  par  n  et  n'  les 
nombres  d'unités  correspondants.  Si  l'on  se  base  sur  les  bénéfices  relatifs,  on  peut 
avoir  b  >>  b',  alors  que,  pour  les  bénéfices  totaux,  on  peut  avoir,  en  même  temps, 
bn  <  b'  n'. 

»  Nous  adopterons  donc,  pour  seule  base  de  l'apprécialion  économique 
des  diverses  améliorations  culturales,  le  bénéfice  net  par  unité  de  surface, 
unité  complètement  indépendante  des  conditions  et  des  résultais  de 
l'expérience. 

»  D'une  façon  générale,  pour  les  récoltes  donnant  deux  produits  utiles,  paille  et 
grain,  on  peut  écrire  :  bénéfice  net  par  hectare  :=  excédent  de  produit  en  grain 
-+-  excédent  de  produit  en  paille  —  dépenses  provoquées  par  l'amélioration  —  sur- 
croît de  dépenses  causé  par  l'augmentation  de  la  récolte. 

»  Lorsque  l'accroissement  de  production  porte  à  la  fois  sur  la  quantité  et  sur 
la  qualité  du  produit,  de  façon  à  faire  passer  de  p  à.  p'  le  prix  du  quintal  de  récolte, 
l'excédent  de  valeur,  pour  le  produit  considéré,  devient  A  zzz  R^p' —  Ro/?- 

»  Désignons  par  d  la  dépense  initiale  engagée  pour  une  amélioration,  par  i  l'in- 
térêt de  i^""  pendant  un  an  et  par  a  la  valeur  de  l'excédent  de  produit  réalisée 
la  première  année.  Au  bout  d'un  an,  le  capital  engagé  devient  0  r=:  d{i  -h  i)-  L'excé- 
dent a,  diminué  des  dépenses  causées  par  l'augmentation  de  la  récolte,  devient  a.  Le 
bénéfice  net  est  donc 

6  rr  a  —  0. 

»  Si  a  =3  0,  le  résultat  de  l'amélioration  est  nul. 

»  Si  a  >>  ô,  la  dépense  engagée  est  complètement  récupérée,  et  l'opération  laisse, 
en  outre,  un  bénéfice. 

»  Si  a<o,  la  dépense  est  incomplètement  recouvrée,  et  le  nouveau  capital  engagé.. 
0  —  a,  devient,  à  la  fin  de  la  deuxième  année,  o'=(o  —  7.){i-\-i).  Le  bénéfice  de 
deuxième  année  peut  donc  s'écrire 

b'=.  a' -S'. 


1076  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  La  somme  de  ces  bénéfices  annuels,  b -\-  b' -+-  b" ~\- .  ..,  exprime  la  valeur  cultu- 
rale  totale  de  l'amélioration  poursuivie. 

»  L'effet  utile  d'une  amélioration  ne  doit  pas  être  accidentel,  mais  confirmé  par  une 
série  de  résultats  de  même  sens.  Le  bénéfice  enregistré  doit  donc  présenter  un  carac- 
tère de  permanence. 

»  De  deux  améliorations  similaires  donnant  le  même  bénéfice  net  total,  la  meilleure 
est  celle  qui  conduit  à  la  réalisation  de  ce  bénéfice  total  dans  le  temps  le  plus  court. 

»  En  nous  appuyant  sur  ces  notions  de  bénéfice,  d'espace,  de  perma- 
nence et  de  temps  nous  pouvons  établir  une  base  rationnelle  du  contrôle 
des  améliorations  culturales  (nature  et  poids  des  semences,  nature  et  poids 
des  engrais,  irrigations,  drainage,  etc.),  en  disant  que  : 

))  Les  améliorations  les  plus  avantageuses  et  les  meilleures  méthodes  de 
culture  sont  celles  qui  peuvent  donner,  d'une  façon  durable  et  dans  le 
moindre  temps,  le  bénéfice  net  total  le  plus  élevé  par  hectare  cultivé.  » 


ÉCONOMIE  RURALE.  —  Sur  ï application  des  engrais  chimiques  à  la  culture  de 
la  Vigne  dans  les  terrains  calcaires  des  Charentes.  Note  de  MM.  J.-M. 
GuiLLON  et  G.  GouiRAND,  présentée  par  M.  A.  Muntz. 

«  Depuis  cinq  années  nous  poursuivons  aux  environs  de  Cognac,  dans 
le  champ  d'expériences  de  Mazotte,  des  recherches  sur  l'application  des 
engrais  chimiques  à  la  [culture  de  la  Vigne  dans  les  terrains  calcaires.  Ce 
champ  est  situé  dans  un  sol  dosant  de  2.5  à  3o  pour  100  de  carbonate  de 
chaux.  Il  est  complanté  en  Folle  blanche,  greffée  sur  Chasselas  x  Berlan- 
dieri  N*'  l\i  B.  La  partie  du  vignoble  expérimentée  a  été  divisée  en  lots 
comprenant  quatre  rangées  de  vignes  ayant  reçu  les  mêmes  engrais,  mais 
dont  les  [deux  rangées  du  milieu  seules  entrent  en  ligne  de  compte  dans 
la  pesée  des  récoltes,  afin  d'éviter  Tinfluence  des  carrés  voisins.  Les 
engrais  employés  ont  été  :  le  nitrate  de  soude,  le  sulfate  de  potasse,  le 
superphosphate  de  chaux  et  le  fumier  de  ferme.  Jusqu'à  l'année  1901  on 
les  avait  employés  aux  doses  suivantes  :  nitrate  de  soude  Soo**^  à  l'hectare, 
sulfate  de  potasse  Soo'^,  superphosphate  700"^.  L'hiver  dernier,  pour  la 
première  fois,  nous  n'avons  mis  qu'une  demi-dose.  Le  fumier  de  ferme 
n'a  été  appliqué  que  deux  années  consécutives,  en  1898  et  1899. 

»  Voici  les  résultats  des  pesées  pour  les  cinq  années,  en  donnant  les 
poids  de  vendange  par  hectare  : 


SÉANCE    DU    8    DÉCEMBRE    1902.  IO77 

Numéros  Rendement  à  l'hectare  en 

carrés.         Engrais  reçu.  1898.     1899.     1900.      1901.      1902. 

kg  kg  kg  ^   kg  kç 

A.  Témoin 1062  2700  ioi38  ii55o  8950 

B.  Sulfate  de  potasse ii5o  2826  ii25o  11700  io45o 

C.  Nitrate  de  soude 1276  2^00  io5oo  11900  9100 

D.  Superphosphate  de  chaux..  1200  2480  io3oo  12926  9260 

E.  Témoin i55o  2900  99^0  io85o  885o 

_,    [  Sulfate  de  potasse  et  nitrate   i        ^^  „   „  ^  ^  „ 

F.  ^        ,           ,  (      i55o         ooDo         loooo         11070  odoo 
(       de  soude 1 

^    1   Nitrate  de  soude  et  super-    )        ,„^  ^  k   r  n   r 

G.  }         ,        ,                           *         }      illôo         2900         loioo  9025  8700 
(       phosphate ]                        ^                                  ^  ' 

,.   [   Sulfate  de  potasse  et  super-   )  „  „  „^  o   r 

H.  {          ,        ,     '^                      *         /      ii37         2700         loooo         12020         10200 
(       phosphate )  '  ' 

I.       Témoin  .  .  .  , 1262  2600  755o  10800  8760 

I   Nitrate  de  soude J 

Sulfate  de  potasse  et  super-  /      ii25  2860  9800  loSoo  9800 

phosphate / 

K.      Fumier  de  ferme i436  3ooo  9226  11020  9800 

L.      Témoin 1260  2175  lOiSo  10926  8900 

y>  En  consultant  le  Tableau  ci-dessus  on  constate  qu'en  1898  et  1899  il  n'y  a  eu 
aucun  résultat.  En  1900  et  en  1901  les  premiers  effets  ont  commencé  à  se  faire 
sentir;  en  1902  surtout,  ils  se  sont  accentués,  quoique  la  récolte  ait  été,  dans  le 
champ  d'expériences,  comme  dans  les  Charentes  en  général,  bien  inférieure  à  celle 
des  années  précédentes. 

»  Pour  mieux  faire  ressortir  l'influence  de  chacun  des  éléments  employés,  nous 
avons  pris  la  moyenne  des  témoins  et  celle  des  différents  carrés  fumés.  En  ne  tenant 
compte  que  de  l'excédent  de  récolte  dû  aux  fumures  on  arrive  aux  résultats 
suivants  : 

Années  1900-1901.        Année  1902.  Excédents  de  vendange, 

kg  kg 

568  960     d'excédent  de  vendange  dû  aux  engrais  potassiques 

462  5i3  »  »  phosphatés 

2o5  263  »  »  azotés 

287  988  »  au  fumier  de  ferme 

»  La  potasse  a  donc  donné  les  meilleurs  résultats;  puis  viennent  l'acide  phospho- 
rique  et  l'azote.  Enfin  le  fumier  de  ferme,  qui  était  en  1900-1901  au  troisième  rang, 
occupe  en  1902  le  second  rang,  très  près  du  premier. 

»  Il  est  intéressant  de  mettre  en  parallèle  les  résultats  obtenus  et  l'analyse  chimique 
du  sol. 


1078  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Analyse  chimique  du  sol  de  Mazotte. 

NM.  N»  2.  N"  3.  N»  4.        Moyenne. 

Pour  1000.  Pour  1000.  Pour  1000.  Pour  1000.  Pour  looo. 

Potasse ijQ^o  1,812  1,760  1,980         1,875 

Acide  phosphorique 0,6/40  0,728  0,600  0,7^1         0,677 

Azote 1,107  1,281  i,3i6  1,184         1,209 

Calcaire  total 2j5,7  249,0  222,5  248,0  233,8 

»  On  constate  donc  que  le  sol  de  Mazotte  est  plutôt  riche  en  potasse,  et  cependant 
les  éléments  potassiques  sont  ceux  qui  ont  donné  les  meilleurs  résultats.  Il  en  résulte 
que  l'analyse  chimique  n'a  fourni  aucun  renseignement  intéressant  pour  indiquer  les 
engrais  à  expérimenter. 

»  Si,  au  lieu  de  se  préoccuper  de  ce  qui  manque  au  sol,  on  étudie  ce  que  la  vigne 
lui  enlève,  on  trouve  des  observations  qui  corroborent  parfaitement  nos  résultats.  En 
efTet,  M.  Muntz,  dans  ses  Recherches  sur  les  exigences  de  la  vigne,  démontre  que,  si 
dans  le  Midi  l'azote  est  la  dominante  de  la  vigne,  dans  le  Sud-Ouest,  l'Est  et  le  Nord- 
Est  c'est  la  potasse,  au  contraire,  qui  est  absorbée  en  plus  forte  quantité.  On  sait  en 
effet  que  dans  le  Midi  les  engrais  azotés  sont  ceux  qui  réussissent  le  mieux.  Nous 
venons  de  voir  que,  dans  les  terrains  calcaires  du  Sud-Ouest,  c'était  la  potasse. 

»  Nous  n'avons  encore  rien  constaté  en  ce  qui  concerne  la  richesse  saccharine  des 
raisins  dans  les  différents  carrés.  Par  contre,  le  poids  des  sarments,  pris  après  la  chute 
des  feuilles,  est  proportionnel  à  la  quantité  de  récolte  pour  chacun  des  lots. 

»  Conclusions.  —  De  ces  observations  on  peut  tirer,  pour  les  terrains 
calcaires  des  Charentes,  les  conclusions  suivantes  : 

»  1°  Les  engrais  chimiques,  appliqués  à  la  culture  de  la  Vigne,  ne 
produisent  pas  d'effets  immédiats  ;  on  peut  donc  les  répandre  à  une  époque 
quelconque  ; 

»  2°  Les  engrais  potassiques  donnent,  dans  les  terrains  calcaires  des 
Charentes,  les  meilleurs  résultats;  les  engrais  phosphatés  viennent  ensuite 
et,  en  dernier  lieu,  les  engrais  azotés  ; 

»  Z°  Le  fumier  de  ferme  s'y  montre  comme  un  engrais  de  premier 
ordre  ; 

»  4°  L'analyse  chimique  du  sol  ne  donne  pas  d'indications  suffisantes 
pour  la  nature  des  engrais  à  appliquer;  une  expérience  poursuivie  pendant 
plusieurs  aniiées  est  seule  capable  de  guider  le  choix  des  viticulteurs.   » 


SÉANCE    DU    8    DÉCEMBRE    1902.  1079 


ÉCONOMIE  RURALE.  —  Sur  quelques  Graminées  exotiques  employées  à 
r alimentation  (^Eleusine,  Paspale,  Pénicillaire,  Sorgho,  Tef^.  Note  de 
M.   Balland, 

«  UEleusine  {Eleusine  stricto)  est  une  Graminée  de  culture  facile  dont  les  graines 
servent  à  l'alimentation  des  Hindous,  qui  en  font  des  galettes.  Les  graines  sont  rondes, 
brunes  et  très  petites  (38o  dans  is).  La  farine  est  obtenue  à  l'aide  de  petits  moulins 
prinfiitifs  à  la  main. 

»  Les  graines  d»  Paspale  sont  également  consommées  dans  les  Indes  et  surtout  en 
Guinée.  On  en  cong^ît  plusieurs  variétés  {Paspaluni  frunientaceum,  P.  longi- 
Jlorum,  P.  scrobiculatuin)  qui  se  rapprochent,  par  leurs  caractères  botaniques  et 
chimiques,  des  panics  et  des  pénicillaires.  Le  poids  des  grains  est  très  variable  suivant 
les  variétés  (170  à  2000  dans  is).  Les  graines  dépouillées  de  leur  enveloppe  extérieure 
et  désignées  en  Guinée  sous  le  nom  de  fonio  ont  Taspect  d'une  semoule  grossière; 
on  les  mange  à  défaut  de  riz. 

»  Le  millet  à  chandelle,  petit-mil,  Pénicillaire  {Penicillaria spicata)  appartient  à  la 
tribu  des  Graminées-panicées.  Il  n'a  d'importance  que  dans  certaines  régions  de 
l'Afrique  et  dans  l'Inde  où  il  est  employé  aux  mêmes  usages  alimentaires  que  le  sorgho. 
On  en  connaît  de  nombreuses  variétés  qui  portent  des  noms  indigènes  particuliers. 
Les  grains  affectent  différentes  formes  (  longue,  ovoïde,  pyriforme,  etc.),  avec  des 
nuances  plus  ou  moins  vertes.  Leur  poids  moyen  pour  1000  grains  oscille  entre  3°, 20 
et  ios,8o. 

»  Les  analyses  prouvent  que  la  composition  des  pénicillaires  du  Congo,  de  la  Guinée, 
des  Indes,  du  Sénégal  et  de  la  Tunisie  ne  diffère  pas  sensiblement  de  celle  des  millets 
que  nous  avons  examinés  antérieurement  {Comptes  rendus,  1898) 

»  Le  Sorgho  {Holcus  sorghum)  paraît  originaire  de  l'Afrique  équatoriale  avec  trans- 
mission préhistorique  en  Egypte,  dans  l'Inde  et  finalement  en  Chine,  où  la  culture  ne 
paraît  pas  très  ancienne,  car  le  premier  Ouvrage  qui  en  parle  date  du  iv*^  siècle  de  notre 
ère  (A.  de  Candolle).  On  utilise  pour  l'alimentation  de  nombreuses  variétés  de  sorgho 
dont  aucune  n'a  été  trouvée  à  l'état  sauvage  {Holcus  saccharatus,  H.  cernus, 
H.  hicolor,  H.  niger,  H.  riibens,  etc.).  Toutes  ces  variétés  se  retrouvent  notamment 
dans  les  plaines  chaudes  et  sablonneuses  de  l'Afrique  où  le  riz  ne  peut  être  cultivé. 
On  mange  les  graines  de  sorgho  crues,  cuites  à  l'eau  ou  grillées;  la  farine  sert  à  pré- 
parer des  bouillies,  des  couscous  et  des  galettes. 

»  Les  analyses  effectuées  sur  33  échantillons  de  nos  colonies  (Algérie  et  Tunisie, 
Congo,  Dahomey,  Guadeloupe,  Guinée,  Indes,  Madagascar,  Nouvelle-Calédonie, 
Sénégal  et  Soudan)  montrent  que  le  sorgho,  désigné  parfois  improprement  sous  le 
nom  de  gros  millet,  se  rapproche  beaucoup  des  millets  bien  que  ses  caractères  bota- 
niques le  rattachent  à  une  autre  tribu  des  Graminées.  Les  écarts  pour  la  cellulose 
tiennent  à  ce  que  les  graines,  dans  certaines  variétés,  sont  accompagnées  de  petites 
écailles  qui  se  détachent  difficilement. 


io8o 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


»  Le  Tef  paturin  d'Abyssinie  {Poa  abyssinica)  donne  trois  à  quatre  récolles  par  an 
et  produit  à  foison  de  toutes  petites  graines  brunes  ou  blanches  (il  y  a  en  après 
de  3ooo  dans  is)  que  les  Abyssins  apprécient  beaucoup  et  avec  lesquelles  ils  font 
Je  tavieta,  sorte  de  galette  de  luxe.  Ils  les  mangent  aussi,  non  moulues,  à  la  façon 
du  riz.  D'après  les  analyses  rapportées  plus  loin,  le  tef  et  Téleusine  présentent,  à  peu 
près,  la  même  teneur  en  azote  et  en  graisse  que  le  seigle  et,  comme  lui,  ne  donnent 
pas  de  gluten  à  la  lévigation. 


Analyses  de  produits  provenant  de  l'Exposition  universelle  de  Paris  de  1900. 

Pnspnliun 


Eau 

Matières  azotées.  .  . 

Id.        grasses .  .  . 

Id.        amylacées. 

Cellulose 

Cendres 


Poids  moyen  de  1000  grains. 


Élensinc. 

fiumentnceum. 

scfobiculatutn. 

longiflorum. 

Fonio 

décortique. 

Ter. 

1  3 ,  5o 

1 1 ,3o 

10, 5o 

I  I  ,20 

i3,4o 

12,00 

9,20 

6,76 

6,75 

•^.99 

8>99 

7,00 

8,4o 

8,36 

I ,  i5 

2,98 

2,65 

2,45 

1,90 

2,00 

1,85 

70 '94 

66,97 

67,76 

67'9ï 

76,60 

76,55 

75,49 

4,35 

8,85 

9,5o 

7>i5 

o,4o 

0.35 

1,90 

3,3o 

3,i5 

3,60 

2,3o 

0,70 
100,00 

0,70 
I 00 , 00 

3,20 

100,00 

100,00 

100,00 

100,00 

I 00 , 00 

2g,64 

2S,95 

5g,88 

08,57 

» 

» 

oe,34 

PeniciUaria  spicata. 

Minimum.  Maximum. 

Eau 1 1 ,  00  1 4 ,  00 

Matières  azotées 8,78  16, 10 

Id.       grasses 2,35  6,25 

Id.       amylacées 66,07  71,17 

Cellulose i,35  3,85 

Cendres 0,80  2,10 

Poids  moyen  de  1000  grains 3s, 20  108,80 


Holciis  sorghum. 
Minimum.  Maximum. 


ro,7o 

14,70 

9,10 

12,18 

2,25 

3,85 

62,71 

72,77 

1,35 

6,5o 

0,80 

2,90 

18,21 


38,96 


MÉTÉOROLOGIE.  —  Sur  les  crépuscules  rouges  absentes  à  Athènes  dans  les 
mois  d'octobre  et  de  novembre  1902.  Note  de  M.  D.  Eginitis,  présentée 
par  M.  Lœwy. 

»  Le  25  octobre  au  soir,  par  un  beau  ciel,  nous  avons  observé,  pour  la 
première  fois,  à  Athènes,  quelques  minutes  après  le  coucher  du  soleil, 
dans  la  partie  occidentale  du  ciel,  un  crépuscule  rouge,  extraordinairement 
lumineux;  le  phénomène  a  attiré  vivement  l'attention  d'un  grand  nombre 
de  personnes. 


SÉANCE  DU  8  DECEMBRE  1902.  1081 

))  La  partie  éclairée  du  ciel  ofFrait,  en  général,  une  vive  lumière  rouge,  mais  elle 
était  teintée  aussi  de  rose  assez  intense  et  de  bleu.  Cette  lumière  colorée  arrivait 
jusqu'à  la  hauteur  de  4o°  environ  à  partir  de  l'horizon  et  s'étendait  du  sud-ouest 
au  nord-ouest.  Elle  n'avait  pas  de  scintillation  et  avait  l'éclat  d'une  magnifique  lueur 
qui  faisait  croire  à  un  grand  incendie. 

»  Le  phénomène  crépusculaire  s'est  affaibli  peu  à  peu  et  a  complètement  cessé 
i^  43°*  après  le  coucher  du  soleil. 

»  Depuis,  nous  l'avons  observé  un  grand  nombre  de  fois,  mais  beaucoup  plus 
faible,  soit  à  cause  de  l'état  nuageux  du  ciel,  soit  aussi  parce  qu'il  s'est  affaibli  très 
vite.  Il  a  été  vu  le  26  et  le  29  octobre  (par  un  ciel  nuageux),  le  2  novembre  (ciel  beau), 
le  3,  le  5,  le  6,  le  28,  le  24  (ciel  beau),  le  26,  le  27  et  le  29  (ciel  beau).  Pendant  les 
autres  jours,  le  mauvais  temps  ne  permettait  pas,  malheureusement,  l'observation. 

»  Les  dernières  observations,  faites  le  29  novembre,  avec  un  beau  temps,  font  croire 
que  le  phénomène  se  trouve  probablement  vers  sa  fin. 

»  Quant  à  la  catise  de  ce  crépuscule  extraordinaire,  nous  avons  à 
remarquer  que  sa  coïncidence,  trois  fois  de  suite,  en  i83i,  i883  et  1902, 
avec  les  fameuses  éruptions  de  la  mer  de  Sicile,  du  Rrakatoa  et  de  la 
Martinique,  semble  venir  à  l'appui  de  l'hypothèse  volcanique.  » 

A  3  heures  et  demie  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 


COMITE  SECRET. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un  de  ses 
Membres  qui  devra  faire  partie  de  la  Commission  de  contrôle  de  la  circu- 
lation monétaire  au  Ministère  des  Finances. 

M.  TuoosT,  qui  représentait  l'Académie  des  Sciences  dans  cette  Com- 
mission et  dont  les  pouvoirs  étaient  expirés,  est  réélu  à  l'unanimité. 

La  séance  est  levée  à  4  heures. 

G.  D. 


G.  R.,  1902,  2'  Semestre.  (T.  CXXXV,  N°  23.  ^  ^^ 


Io82  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  17  novembre  1902. 
(Suite.) 

Cours  de  Botanique  :  Anatomie;  Physiologie;  Classification;  Applications  agri- 
coles, industrielles-,  médicales;  Morphologie  expérimentale;  Géographie  botanique; 
Paléontologie;  Historique;  par  MM.  Gaston Bonnier,  Membre  de  l'Institut,  et  Leclerc 
BU  Sablon;  à  l'usage  des  Elèves  des  Universités,  des  Ecoles  de  Médecine  et  de  Phar- 
macie, et  des  Écoles  d'Agriculture.  T.  I,  fasc.  2,  i""*  et  2''  partie.  Paris,  Paul  Dupont, 
1901-1902;  2  fasc.  in-8°.  (Hommage  des  auteurs.) 

Sur  la  loi  des  pressions  dans  les  bouches  à  feu,  par  M.  E.  Vallier,  Correspondant 
de  l'Institut.  Paris,  Gauthier-Villars,  s.  d.;  i  fasc.  in-8°.  (Hommage  de  l'auteur.) 

Notice  sur  les  travaux\scientijiques  de  M.  H.  Andoyer.  Paris,  C.  Naud,  1902; 
1  fasc.  in-4°. 

Société  protectrice  de  la  vie  humaine  sur  la  voie  publique,  pour  aider  à  la 
répression  de  l'abus  de  la  vitesse  des  automobiles,  vélocipèdes  et  autres  véhicules. 
(Circulaire.)  Paris,  Paul  Dupont,  1902;  2  feuillets  in-8°. 

Das  Uniçersum  als  Perpetuum  Mobile,  die  Swer-  und  Wiederstandskraft  sind 
die  Ur-  und  triebenden  Kràfte  seiner  Bewegungen.  jWandsbek,  C.  Boberz,  1902. 
I  fasc.  in-8°,  (Transmis  par  les  soins  de  l'Ambassade  d'Allemagne.) 

Bericht  der  Senckenber gischen  naturforschenden  Gesellschaft  in  Frankfurt- 
am-Main,  1902.  Francfort-sur-le-Mein,  Knauer  frères;  i  vol.  in-8°. 

Astronomisch-geodàtischen  Arbeiten  des  k.  und  k.  Militàr-geographischen 
Institutes  in  Wien;  Bd.  XVIII.  Vienne,  1902;  i  vol.  in-4°. 

Memorie  délia  Regia  Accademia  di  Scienze,  Lettere  ed  Arti  in  Modena;  ser.  II, 
Vol.  XII;  ser.  III,  Vol.  III.  Modène,  1902;  2  vol.  in-/i°. 

Mémoires  de  l'Université  de  la  Nouvelle  Russie;  t.  89.  Odessa,  1902;  1  vol.  in-8°. 
(En  langue  russe.) 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  24  novembre   1902. 

Où  était  l'embouchure  du  Jourdain  à  l'époque  de  Josué?  par  M.  Ch.  Clermont- 
Ganneau,  Membre  de  l'Institut.  {Annuaire  de  l'École  pratique  des  Hautes  Études, 
1908,  Section  des  Sciences  historiques  et  philosophiques;  p.  5-2i.)  Paris,  Imprimerie 
nationale,  1902.  (Hommage  de  l'auteur.) 

La  faune  momifiée  de  V ancienne  Egypte,  par  le  D""  Lortet,  Correspondant  de 
l'Institut,  et  M.  C.  Gaillard;  1"  série.  Lyon,  Henri  Georg,  1908;  i  vol.  in-f°.  (Pré- 
senté par  M.  Chauveau.  Hommage  des  auteurs.) 

Ministère  des  Travaux  publics.  Nivellement  général  de  la  France.  Réseau  fonda-- 


SÉANCE    DU    8    DÉCEMBRE    1902.  Io83 

mental.  Répertoire  graphique  :  Opérations  ejffectuées  pendant  les  campagnes  de 
1887,  ^^^^  ^^  1889.  Nantes,  Imprimerie  du  Commerce,  190T  ;  i  vol.  in-4°.  (Adressé 
par  M.  Cil,  Lallemand.) 

Commission  française  des  Glaciers.  Rapport  sur  les  variations  des  glaciers  fran- 
çais de  1900  a  1901,  présenté  à  la  Commission  française  des  Glaciers  par  M.  W. 
KiLiAN.  Revue  de  Glaciologie,  par  M.  Ch.  Rabot.  Màcon,  Protat  frères,  1902;  i  fasc. 
in-8°.  (Hommage  de  la  Commission.) 

Table  alphabétique  des  publications  de  l'Académie  de  Stanislas  (1750-1900), 
rédigée  par  les  soins  de  M.  I.  Favier,  précédée  de  l'Histoire  de  l'Académie,  par 
Chr.  Pfister.  Nancy,  Berger-Levrault  et  G'«,  1902;  i  vol.  in-8°. 

Acide  chlorophyllique ,  sa  grande  profusion  et  son  rôle  dans  la  création  :  Réponse 
à  la  question  posée  par  M.  le  Docteur  Wurtz,  l'illustre  Dojen  de  la  Faculté  de  Méde- 
cine de  Paris,  Membre  de  l'Institut.  Académie  des  Sciences,  par  M.  A.  Guillemare. 
Brive,  imp.  Roche,  1902;  i  fasc.  in-4°. 

Limites  entre  o  Brazil  e  a  Bolivia;  relatorio  apresentado  ao  Exm.  Sr.  Dr. 
Olyntho  de  Magalhaes,  Ministro  das  Relacoes  exteriores,  pelo  Dr.  Lliz  Cruls. 
Rio-Janeiro,  1902;  i  fasc.  in-8°.  (Présenté  par  M.  Lœwy.) 

Vorlesungen  iïber  hydrodynamische  Fernkrdfte  nach  C.-A.  Bjerknes'  Théorie, 
von  V.  Bjerknes,  Bd.  II,  mit  60  Figuren  im  Text  und  auf  Tafeln.  Leipzig,  Johann 
Ambrosius  Barth,  1902  ;  i  vol.  in-4°.  (Présenté  par  M.  Poincaré.  Hommage  de  l'auteur.) 

Untersuchungen  aus  dem  hygienischen  Institut  in  Groningen.  Versuch  einer  neuen 
Bakterienlehre,  von  D""  A. -P.  Fokker.  La  Haye,  H.-L.  Smits,  1902. 

Geological  Survey  of  Canada.  Geologicalmap  of  the  Dominion  of  Canada  {Western 
Sheet,  n°  783);  Edition  of  1901.  i  feuille  grand  in-f". 

Report  on  the  total  Solar  éclipse  of  january  21-22,  1898,  as  observed  at  Jeur  in 
Western  India,  by  Kavasji  Dadabhai  Naegamvala,  Director  of  the  Observa  tory.  (Publi- 
cations of  the  Maharaja  Takhtasingji  Observatory,  Poona;  Vol.  I.)  Bombay,  1902. 
(Offert  par  le  Gouvernement  de  Bombay.) 

Bulletin  mensuel  de  l'Observatoire  central  de  Belgrade,  Vol.  I,  année  1902, 
janvier-mai,  par  Milan  Nedelkovitch.  Belgrade,  Imprimerie  royale,  1902;  5  fasc. 
in-4°.  (Présenté  par  M.  Mascart.) 

Prace  matematyczno-fizyczne,  t.  XHI.  Varsovie,  1902;  i  vol.  in-4°. 

Annalen  der  k.  k.  Universitàts-Sternwarle  in  Wien,  herausgegeb.  v.  Edmund 
Weiss  ;  Bd.  XIV.  XVII.  Vienne,  1900,  1902;  2  vol.  in-4°. 

Annuaire  géologique  et  minéralogique  de  la  Russie,  rédigé  par  N.  Krischtafo- 
WITSCh;  Vol.  V,  livr.  6,  7.  Novo-Ale\andria,  1902;  i  fasc.  in-4°. 

The  S  un' s  spotted  area,  1832-1900  :  a  statement  of  the  mean  daily  area  in  each 
synodic  rotation  of  the  Sun,  based  upon  data  collected  at  the  Solar  physics  Obser- 
vatory, South  Kensington,  under  the  direction  of  sir  Norman  Lockyer.  Londres, 
1902;  I  fasc.  in-4°. 

Censo  de  los  estados  de  Tlaxcala  y  de  Queretaro,  del  ano  1900.  Mexico,  1902; 
2  fasc.  in-4°. 


I084  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 


ERRATA, 


(Séance  du  27  octobre  1902.) 

Note  de  M.  Moissan,  Synthèse  des  hydrosulfites  alcalins  et  alcalino- 
terreiix  anhydres  : 

Page  652,  ligne  i,  au  lieu  de  :  un  volume  d'hydrogène  sensiblement  égal  au 
volume  d'acide  sulfureux,  lisez  :  un  volume  d'hydrogène  sensiblement  égal  à  la 
moitié  du  volume  d'acide  sulfureux. 


(Séance  du   17  novembre   1902.) 

Note  de  M.  Bailhache,  Sur  les  oxalomolybdites  : 

Page  865,  ligne  4,  au  lieu  de  —[{CMoOf . . . ,  lisez —  {{MoOy .  .. 

(Séance  du   i""  décembre   1902.) 

Note  de  M.  H".  Bauhigny,  Sur  le  dosage  du  manganèse  : 

Page  965,  ligne  3,  au  lieu  de  Hugh  Marshall  avait  indiqué,    lisez  Hugh  Marshall, 
à  propos  de  l'emploi  des  persulfates,  avait  indiqué.... 


ACADÉMIE  DES    SCIENCES. 

SÉANCE   DU   LUNDI  15  DÉCEMBRE   1902, 
PRÉSIDENCE  DE  M.  BOUQUET  DE  LA  GRYE. 


ME3I0IRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  adresse  une  ampliation  du 
Décret  par  lequel  le  Président  de  la  République  approuve  l'élection  que 
l'Académie  a  faite  de  M.  Deslandres  pour  remplir,  dans  la  Section  d'Astro- 
nomie, la  place  laissée  vacante  par  le  décès  de  M.  Paye, 

Il  est  donné  lecture  de  ce  Décret. 

Sur  l'invitation  de  M.  le  Président,  M.  Deslandres  prend  place  parmi  ses 
Confrères. 


GÉOLOGIE.  —  Sur  la  présence  de  l'argon,  de  l'oxyde  de  carbone  et  des  car- 
bures d'hydrogène  dans  les  gaz  des  fumerolles  du  Mont  Pelé  à  la  Marti- 
nique. Note  de  M.  Henri  Moissan. 

«  M.  Lacroix  ayant  eu  l'obligeance  de  nous  remettre  des  échantillons 
de  gaz  des  fumerolles  du  Mont  Pelé,  nous  en  avons  fait  une  analyse  aussi 
complète  que  possible. 

»  Ces  gaz  avaient  été  recueillis  avec  beaucoup  de  soin  dans  une  fume- 
rolle de  la  rivière  Blanche  après  la  terrible  éruption  du  8  mai  1902  et 
avant  l'éruption-  du  3o  aoiU  de  la  même  année.  CetLe  fumerolle  laissait 
échapper  d'abondantes  émanations  à  température  élevée.  M.  Lacroix  nous 
a  rapporté  que  des  fragments  de  plomb  placés  à  l'entrée  de  cette  fumerolle 
fondaient  avec  rapidité,  tandis  que  le  zinc  restait  à  l'état  solide.  Nous  pou- 
vons donc  évaluer  à  environ  4oo°  la  température  de  celte  fumerolle  a  son 

C.  K.,  1902,   2'  Semestre.  (T.  CXXXY,  N"  24.)  '4- 


Io86  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

point  d'émergence  dans  l'air.  Le  gaz  était  recueilli  grâce  à  une  aspiration 
déterminée  par  un  écoulement  d'eau,  et  au  moyen  d'un  tube  de  porcelaine 
qui  plongeait  au  milieu  de  la  fumerolle.  Les  gaz  étaient  noyés  dans  une 
grande  quantité  de  vapeur  d'eau,  et,  sur  les  bords  de  l'ouverture  de  la 
fumerolle  qui  s'était  produite  au  milieu  d'un  conglomérat,  se  trouvaient 
en  abondance  du  soufre  et  du  chlorhydrate  d'ammoniaque. 

»  Lorsque  les  flacons  ont  été  remplis,  on  les  a  fermés  rapidement  au 
moyen  d'un  bouchon  de  verre  très  bien  rodé  enduit  de  cire  blanche, 
procédé  commode  indiqué  par  M.  Berthelot  pour  la  conservation  des  gaz. 
M.  Lacroix  avait  eu  soin  de  couler  de  la  cire  liquide  dans  l'espace  annu- 
laire du  goulot  et  de  recouvrir  le  tout  d'un  mastic  fondu  qui  en  se  solidi- 
fiant devenait  très  résistant. 

»  Les  flacons  ont  été  ouverts  sur  la  cuve  à  mercure  avec  facilité  et  se 
sont  remplis  à  moitié  ou  au  tiers  par  suite  de  la  diminution  de  pression 
provenant  de  la  condensation  d'un  grand  excès  de  vapeur  d'eau.  Les  quatre 
échantillons  d'un  litre  que  nous  avons  étudiés  se  sont  conduits  de  même, 
et,  par  suite  de  cette  forte  diminution  de  pression,  nous  pouvons  être  à 
peu  près  certains  de  la  bonne  fermeture  de  ces  flacons. 

»  L'analyse  qualitative  de  ces  gaz  nous  a  démontré  qu'ils  renfermaient 
de  la  vapeur  d'eau,  des  traces  de  vapeur  de  soufre,  une  très  petite  quantité 
d'acide  chlorhydrique,  des  gaz  absorbables  par  la  potasse  sans  hydrogène 
sulfuré  et  formés  surtout  d'acide  carbonique,  de  l'oxygène,  de  l'azote,  de 
l'argon  et  enfin  des  gaz  combustibles  ne  contenant  pas  d'acétylène,  mais 
riches  en  oxyde  de  carbone,  en  hvdrogène  et  en  méthane. 

»   Les  quatre  échantillons  de  gaz  nous  ont  fourni  les  chiffres  suivants  : 


9 


i3 

,58 

i6, 

,4'2 

i5,38 

1 1 , 

1 1 1 

12 

,i4 

13,6; 

64, 

,  lO 

6o, 

,53 

55,65 

1 1 , 

oo 

10. 

,64 

i5,3o 

Gaz  absorbable  par  KOLÏ .  .  .  i6,8o 

Oxygène i  i  ,6o 

Azole  el  argon ^g ,  20 

Gaz  combustibles 11 ,60 

»  Ces  quatre  échantillons  renferment  des  gaz  combustibles  en  quantité 
assez  notable.  Si  l'on  fait  une  étude  plus  approfondie  de  ce  mélange,  après 
l'avoir  traité  par  la  potasse  pour  absorber  l'acide  carbonique,  puis  par  le 
phosphore  à  froid  pour  absorber  l'oxygène,  il  est  facile  de  démontrer,  au 
moven  d'une  goutte  de  sous-chlorure  de  cuivre  ammoniacal,  qu'il  ne  con- 
tient pas  trace  d'acétylène.  M.  Fouqué  a  déjà  mentionné  que,  dans  les 
éruptions  des  volcans  de  Santorin,  les  gaz  dégagés  ne  lenfermaieiit  pas 
d'acétylène. 


SÉANCE  DU  l5  DÉCEMBRE  1902.  •  1087 

»  Ces  gaz  ne  contiennent  pas  non  plus  de  carbures  éthyléniques,  car, 
traités  par  le  brome  avec  précaution,  au  moyen  du  procédé  de  M.  Ber- 
thelot,  le  volume  n'a  pas  diminué.  Il  en  a  été  de  même  en  présence  de 
l'acide  sulfurique  concentré.  Enfin,  la  quantité  d'acide  carbonique  fournie 
par  la  combustion  dans  l'eudiomètre  en  présence  d'oxygène  était,  par 
exemple,  dans  une  de  nos  analyses,  de  0,2  et  l'oxygèae  brûlé  0,8,  ce  qui 
nous  indique  que  le  méthane  était  accompagné  d'hydrogène. 

»  Ces  gaz  combustibles  renferment  aussi  de  l'oxyde  de  carbone,  dont 
nous  avons  démontré  nettement  la  présence  grâce  à  l'action  exercée  par  ce 
composé  sur  l'hémoglobine. 

»  Une  solution  étendue  de  sang,  agitée  en  effet  avec  un  échantillon  de 
gaz,  a  donné  des  bandes  caractéristiques  et  n'a  pas  fourni  la  bande  de 
Stockes  par  l'addition  d'une  petite  quantité  de  sulfhydrate  d'ammoniaque. 
L'oxyde  de  carbone  a  été  dosé  au  moyen  du  sous-chlorure  de  cuivre  en 
solution  chlorhvdrique  après  séparation  des  gaz  absorbables  par  la  potasse 
et  après  séparation  de  l'oxygène. 

»  Nous  avons  rencontré  dans  cet  échantillon  de  gaz  une  quantité  d'ar- 
gon de  o"'"',  71  pour  100  et,  après  la  séparation  de  cet  argon,  qui  ne  ren- 
fermait pas  d'hydrogène,  d'après  son  analyse  eudiométrique,  nous  en  avons 
fait  un  tube  de  Plucker,  qui  nous  a  donné  le  spectre  caractéristique  de  ce 
corps  simple.  Cette  teneur,  élevée  par  rapport  à  la  quantité  d'oxygène  ou 
d'azote  qui  se  trouve  dans  ce  gaz,  éloigne  complètement  l'idée  d'une 
absorption  accidentelle  d'air  au  moment  de  la  prise  d'échantillon.  Ce 
résidu  gazeux  ne  nous  a  pas  fourni  le  spectre  de  l'hélium. 

»  D'après  ces  analyses  nous  pouvons  établir,  de  la  façon  suivante,  la 
composition  de  l'échantillon  de  gaz  n°  4  : 

Eau , ga^  saturé 

Acide  chlorhydrique traces 

Vapeur  de  soufre traces 

Hydrogène^sulfuré néant 

Acide  carbonique 1 5 ,  38 

Oxygène ■  1 3 ,  67 

Azote 54,94 

Argon 0,71 

Acétylène néant 

Éthylène néant 

Oxyde  de  carbone i  ,60 

Méthane 5 ,  46 

Hydrogène 8,12 


Io88  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

»  En  résumé,  les  émanations  gazeuses  recueillies  dans  les  fumerolles 
du  volcan  du  Mont  Pelé  renferment,  à  côté  des  gaz  que  l'on  a  mentionnés 
déjà  dans  d'autres  éruptions  volcaniques  ('),  une  quantité  notable  de  gaz 
combustibles,  hydrogène,  oxyde  de  carbone  et  méthane,  et  de  plus  une 
certaine  quantité  d'argon.  La  teneur  élevée  de  ces  gaz  en  oxyde  de  car- 
bone les  rend  très  toxiques.  Il  n'est  que  trop  certain  que  cet  oxyde  de 
carbone  a  dû  faire  un  grand  nombre  de  victimes  lorsque  les  éruptions 
gazeuses  du  Mont  Pelé  ont  été  entraînées  à  la  surface  du  sol.    » 


MÉCANIQUE.  —   Su7^  la  stabilité  de  r équilibre  et  les  variables  sans  inertie. 

Note  de  M.  P.  Duhem. 

«  Dans  une  précédente  Communication  (^)  nous  nous  sommes  proposé 
de  démontrer,  dans  une  certaine  mesure,  la  réciproque  du  théorème  de 
Lejeune-Dirichlet  sur  la  stabilité  de  l'équilibre,  en  admettant  que  le 
système  étudié  soit  affecté  de  viscosité.  Mais  notre  démonstration  suppose 
une  restriction  implicite  :  nous  avons  admis  que  l'expression  de  la  force 
vive  contenait  les  dérivées  par  rapport  au  temps  de  toutes  les  variables 
qui  déterminent  l'état  du  système  et  qui  figurent  dans  l'énergie  utilisable. 

»  Il  en  est  sûrement  ainsi  dans  la  Mécanique  classique,  où  toute 
variable  sert  à  fixer  la  figure  ou  la  position  de  quelqu'une  des  masses  qui 
composent  le  système.  Mais  il  n'en  est  plus  de  même  dans  le  domaine  de 
la  Mécanique  générale  fondée  sur  la  Thermodynamique;  ici,  la  définition 
d'une  variable  qui  sert  à  fix:er  l'état  du  système  peut  fort  bien  être  indé- 
pendante de  la  position  et  de  la  configuration  du  système;  alors,  la  dérivée 
par  rapport  au  temps  de  cette  variable  ne  figure  pas  dans  l'expression  de 
la  force  vive,  et  il  en  est  de  même  de  la  variable;  on  a  affaire  à  une 
variable  sans  inertie;  l'action  d'inertie  relative  à  cette  variable  est  identi- 
quement nulle. 

»  Par  exemple,  dans  une  foule  de  questions  de  Mécanique  chimique, 
on  étudie  les  changements  de  densité  et  de  composition  des  divers 
éléments  de  volume  qui  composent  le  système  en  faisant  complètement 
abstraction  de  la  position  de  ces  divers  éléments,  soit  dans    l'espace,  soit 

(')  FouQUÉ,  Santorin  et  ses  éruptions.  Massoii.  Paris,  1879. 

(2)  Sur  les  conditions  nécessaires  pour  la  stabilité  de  l'équilibre  d'un  système 
visqueux  {Comptes  rendus,  t.  CXXXV,  p.  989,  séance  du  i'^'"  décembre  1902). 


SÉANCE    DU    l5   DÉCEMBRE    1902.  1089 

les  uns  par  rapport  aux  autres;  toutes  les  variables  qui  définissent  le 
système  sont  alors  des  variables  sans  inertie. 

»  Si  une  variable  sans  inertie  était  en  même  temps  sans  viscosité,  celle 
des  équations  d'équilibre  qui  correspond  à  cette  variable  serait  à  chaque 
instant  vérifiée,  ce  qui  permettrait  d'éliminer  cette  variable  des  équations 
du  mouvement;  ce  cas  peut  donc  être  omis  ;  dans  ce  qui  va  suivre,  nous 
supposerons  que  toute  variable  sans  inertie  est  affectée  de  viscosité. 

»  L'exemple,  tiré  delà  Mécanique  chimique,  que  nous  avons  mentionné 
tout  à  l'heure  conduirait  à  étudier  le  mouvement  d'un  système  défini  par  des 
variables  qui  sont  toutes  sans  inertie  et  affectées  de  i^iscosité ;  ce  problème  est 
ce  que  nous  nommerons  le  cas  de  la  Mécanique  chimique.  On  peut  défmir 
un  problème  plus  général,  qui  réunit  le  cas  de  la  Mécanique  chimique  et 
le  cas  de  la  Mécanique  classique;  dans  ce  dernier  problème,  Vétat  du  système 
est  défini  par  des  variables  à  inertie  dénuées  de  viscosité  et  par  des  variables 
sans  inertie  douées  de  viscosité;  en  outre,  l'énergie  utilisable  est  la  somme 
d' une  fonction  des  premières  variables  et  d' une  fonction  des  secondes. 

»  L'étude  du  mouvement  d'un  tel  système  se  scinde  en  deux  autres  :  les 
variations  dans  le  temps  des  variables  à  inertie  dépendent  d'équations  dif- 
férentielles du  second  ordre  qui  sont  celles  de  la  Dynamique  classique; 
les  variations  des  variables  sans  inertie  dépendent  d'équations  du  premier 
ordre;  pour  ce  qui  va  suivre,  il  n'est  pas  utile  de  faire  cette  scission. 

»  I^a  force  vive  est  une  forme  définie  positive  des  vitesses  relatives  aux 
variables  à  inertie;  la  fonction  dissipative  est  une  forme  définie  positive 
des  vitesses  relatives  aux  variables  sans  inertie. 

»  On  peut  choisir  les  variables  à  inertie  l,^,'i,,,  .  .  .,  l,„  et  les  variables 
sans  inertie  r,,,  y,^,  .  .  .,  r„j  de  telle  sor  te  : 

»    1°  Que  l'état  d'équilibre  corresponde  à  ^,  =  o,  . . .,  H,„=:  9,  yi,  =  o,  ..., 

»   2°  Que  l'on  ait  d'),  en  cet  état,  i2  =  o; 
»   3*^  Que  l'on  ait 

))  Les  équations  du  mouvement  sont  alors,  pour  les  varidjles    ^,  de  la 


(»)  Nous  conservons  les  notations  de  notre  Note  Sur  les  coniilion^    nécessaires 
pour  la  stabilité  de  l'équilibre  des  systèmes  visqueux. 


lOgo  ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

forme 

(t)  s,E,-f-E;  =  oH-..., 

et,  pour  les  variables  v),  de  la  forme 

(2)  2cr^r„/-|-r/^=  G +.  .  .. 

»   Cela  posé,  je  dis  que,  pour  peu  quhin  seul  des  coefficients  Si,  ...,S^, 
Q^,  .  .  .,  n^  soit  négatif,  l'équilibre  est  instable. 
»  Considérons  l'expression 

(3)  V=2(Ç-S/4)-2v<. 

la  première  V  s'étendant  à  tous  les  indices/)  pour  lesquels  S^^  est  négatif, 
la  seconde  à  tous  les  indices  q  pour  lesquels  17^  est  négatif.  Nous  aurons 

p  n 


ou  bien,  en  vertu  de  (i)  et  (2), 


^V 


(4)  ^  =  -42:s,;,E>42;-^?  +  --- 


Nous  aurons  ensuite 


5?  =-  -  42  SAV  +  ^-i^p)  +  ^H  <V< 


ou  bien,  selon  (i)  et  (2), 

.         dP-y 
»  La  partie  explicitement  écrite  de  —j-^  est  essentiellement  positive;  la 

démonstration  du  théorème  énoncé  s'achève  comme  en  notre  précédente 
Note. 

»  Ce  théorème  renferme  comme  cas  particulier  la  proposition  de 
M.  Liapounoff  et  de  M.  Hadamard,  dont  la  démonstration  est  ainsi  rendue 
très  simple. 

»   On  pourrait  chercher  par  la  méthode  classique  des  petits  mouvements 


SÉANCE  DU  l5  DÉCEMBRE  1902.  lOQI 

les  conditions  nécessaires  pour  qu'un  système  visqueux  soit  en  équilibre 
stable;  cette  méthode,  d'ailleurs  illégitime  en  princij3e,  redonnerait  préci- 
sément les  résultats  énoncés  dans  cette  Note  et  dans  la  précédente.    » 


PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Expériences  sur  la  durée  du  pouvoir  germinatif 
des  graines  conservées  dans  le  vide.  Note  de  M.  Emile  Laurent. 

<'  Divers  auteurs,  M.  Muntz  (^),  MM.  Van  Tieghem  et  Bonnier  (-), 
M.  V.  Jodin  (^)  et  M.  L.  Maquenne  C)  ont  étudié  la  durée  du  pouvoir 
germinatif  des  graines  conservées  en  vases  clos  ou  dans  le  vide.  Ces  deux 
derniers  auteurs,  après  M.  Muntz,  ont  insisté  avec  raison  sur  la  faible 
production  d'anhydride  carbonique  ])ar  les  graines  suffisamment  dessé- 
chées et  sur  la  conservation  de  la  vie  chez  les  semences  ainsi  traitées. 

»  L'eau  contenue  dans  les  graines  est-elle  le  seul  facteur  qui  agisse  sur 
leur  vitalité?  Ne  convient-il  pas  d'attribuer,  ce  qui  a  été  pressenti  depuis 
longtemps,  un  rôle  actif  à  l'oxygène? 

»  Les  expériences  dont  je  présente  aujourd'hui  les  résultats  ont  élé 
entreprises  en  septembre  1894  dans  le  but  de  répondre  à  cette  dernière 
question.  Elles  portaient  sur  vingt-sept  espèces  et  variétés  apparlenant  à 
des  familles  diverses  et  dont  les  graines  furent  introduites  dans  des 
ampoules  de  verre,  à  l'intérieur  desquelles  on  fit  le  vide  avec  soin  au 
moyen  de  la  trompe  à  mercure. 

»  Voici  les  espèces  soumises  à  ces  essais  avec  l'indication  de  l'année  de 
la  récolte  des  semences  : 

»  Froment  {Trilicuin  vulgare),  1894.  Seigle  {Secale  céréale),  1894.  Orge  à  six 
rangs  {/Jordeuni  hexastichon),  1894.  Avoine  {Avena  sativa),  1894.  Maïs  {Zea 
Mais),  1898.  Poireau  {AUium  Ampeloprasum  var.  Porrum),  1892.  Betterave  à 
sucre  {Beta  viilgaris),  1894.  Sarrasin  argenté  {Fagopyrum  esculentum),  1893. 
Epinard  {Spinacia  oleracea),  1893.  Spergule  {Spergula  arçensis),  1893.  Pavot 
{Papaver  somiiiferuni),  1894.  C^meVmQ  {Camelina  sativa),  1893.  Colza  {Brassica 
A'^apus  var.  oleifera),  1894.  Moutarde  noire  {Brassica  nigra),  1893.  Moutarde 
blanche  {Sinapis  alba),  1893.   Cresson  alénois  {Lepidium  satiiuni),  1893.  Navet  de 


(')   Comptes  rendus,  t.  XCII,  1881,  p.  97  et  137. 
(^)  Bull,  de  la  Soc.  bolaniqae  de  France,  1882. 

(^)   Comptes  rendus,  t.  CXXIl,  1896,  p.  i349,  et  t.  CXXIX,  1899,  p.  898. 
(^)  Annales  agronomiques,  t.  XXVI,  1900,  p.  32i,  et  Comptes  rendus,  t.  C'VXXIV, 
1902,  p.  1243. 


1092  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Berlin  {Brassica  canipestris  var.  napifera),  iSgS.  Chou-rave  blanc  {Brassica  oie- 
racea  var.),  1891.  Chou  de  Milan  {Brassica  oleracea  var.),  1898.  Haricot  princesse 
{Phaseolus  valgaris),  1898.  Haricot  nain  d'Etampes  {Phaseolus  vulgaris)!  Trèfle 
blanc  {Trifolium  repens),  1898.  Lupin  blanc  {Lupinus  albus),  1898.  Cumin  {Ciimi- 
num  cyminum),  1894.  Cerfeuil  cultivé  {Anthriscus  CerefoUum').  Mâche  (  Valeria- 
nella  olitoiia),  J892,  1898  et  1894.  Concombre  {Cucumis  sativus),  1898. 

»  De  chaque  espèce  de  graines,  un  échantillon  est  gardé  dans  un  tube  à 
essai  bouché  avec  un  tampon  de  coton  peu  serré.  Tous  les  tubes  témoins 
sont  conservés  dans  une  boîte  dont  le  fond  est  percé  de  trous  pour  per- 
mettre le  dégagement  d'anhydride  carbonique  émis  par  les  graines. 

»  Ces  tubes  et  les  ampoules  contenant  les  semences  dans  le  vide  sont 
conservés  côte  à  côte  à  l'obscurilé. 

»  Des  essais  de  germination  des  graines  des  deux  séries  ont  été  faits  en 
mars  1897,  après  2  ans  et  demi,  en  septembre  1B99,  après  5  ans,  et  enfin, 
en  janvier  1902,  après  7  ans  et  4  mois. 

»  En  voici  les  résultats  généraux  : 

»  Au  mois  de  mars  1897,  les  graines  des  espèces  suivantes  ont  mieux 
germé  après  conservation  dans  le  vide  qu'à  l'air  :  Poireau,  Epinard,  Colza, 
Chou-rave,  Chou  de  Mdan,  Moutarde  blanche,  Moutarde  noire,  Lupin, 
Trèfle,  Cumin,  Cerfeuil,  Mâche  et  Courge. 

»  La  germination  a  été  semblable  dans  les  deux  catégories,  pour  ces 
espèces  :  Cresson  alénois.  Navet,  Spergule,  Pavot  et  Haricot. 

w  Au  contraire,  les  graines  des  espèces  ci-dessous  germaient  mieux 
après  conservation  dans  Tair  :  Froment,  Seigle,  Orge,  Avoine,  Maïs,  Sar- 
rasin. 

))  Au  bout  de  5  ans  de  conservation,  le  vide  se  montrait  avantageux 
pour  :  Épinard,  Colza,  Chou-rave,  Chou  de  Milan,  Navet,  Moutarde 
blanche.  Moutarde  noire,  Cresson  alénois,  Lupin,  Trèfle,  Haricot,  Mâche 
et  Courge. 

))  L'absence  d'air  avait  nui  aux  semences  de  Froment,  Seigle,  Orge, 
Avoine,  Maïs,  Sarrasin,  Spergule  et  Pavot. 

»  Les  graines  de  Poireau,  de  Cumin  et  de  Cerfeuil  étaient  mortes  dans 
l'air  comme  dans  le  vide. 

»  Parmi  les  graines  qui  furent  mises  en  germination  au  mois  de  janvier 
dernier,  après  7  ans  et  4  mois,  on  a  constaté  que  celles  de  Haricot  et  sur- 
tout de  Chou-rave  et  de  Trèfle  germaient  mieux  quand  elles  avaient  été 
soustraites  à  l'action  de  l'air.  Toutes  les  semences  de  ces  deux  dernières 
espèces  étaient  mortes  dans  les  tubes  ouverts. 


SÉANCE    DU    13   DÉCEMBRE    1902.  lOqS 

))  Le  résultat  le  plus  net  de  ces  essais  est  la  preuve  que  les  graines  oléa- 
gineuses se  conservent  mieux  dans  le  vide  qu'au  contact  de  l'air.  C'est 
évident  pour  le  Colza,  le  Chou,  les  Moutardes,  le  Cumin,  le  Cerfeuil  et  la 
Courge.  Le  Pavot  seul  fait  exception  :  après  cinq  ans,  ses  semences  avaient 
mieux  résisté  à  l'air  que  dans  le  vide. 

»  La  pratique  a  du  reste  appris  depuis  longtemps  l'influence  nuisible  de 
l'air  sur  la  conservation  des  graines  à  réserves  huileuses,  et  on  l'attribue, 
sans  doute  avec  raison,  à  la  rapide  altération  des  corps  gras  en  présence  de 
l'oxygène. 

»  Parmi  les  graines  amylacées,  les  unes  se  sont  mieux  gardées  à  l'abri 
de  l'air:  Epinard,  Mâche,  Trèfle,  Lupin,  Haricot,  tandis  que  celles  de 
Froment,  de  Seigle,  d'Orge,  d'Avoine,  de  Mais  et  de  Sarrasin  se  sont 
altérées  plus  rapidement  à  Tabri  de  l'air. 

»   Tout  au  moins  pour  certaines  de  ces  espèces,  ce  résultat  doit  être 
attribué  à  l'influence  toxique  de  l'anhydride  carbonique,  qui,  dans  les  vases 
clos,  s'exerce  sur  les  embryons.  Ce  gaz  se  dégage  en  quantité  d'autant  plus 
grande  que  les  graines  sont,  au  moment  où  on  les  enferme,  plus  riches  en 
eau,  ce  qui  favorise  l'activité  respiratoire. 

»  Les  semences  des  diverses  céréales  étudiée^  en  septembre  iSg\  pro- 
venaient de  la  récolte  de  la  mêine  année  et  possédaient  donc  beaucoup 
d'eau.  Les  ampoules  qui  contenaient  ces  graines  renfermaient  de  l'anhy- 
dride carbonique;  chez  celles  avec  Fronaent,  la  tension  de  ce  gaz  était  net- 
tement supérieure  à  la  pression  atmosphérique. 

»  Au  contraire,  dans  les  ampoules  ou.  l'on  aviit  enfermé  les  graines 
restées  vivantes,  il  n'y  avait,  au  moment  d3  l'ouverture,  que  des  traces 
d'anhydride  carbonique.  C'est  donc  celui-ci  qui  a  causé  la  mort  des 
embryons  chez  les  graines  amylacées  en  question  . 

»  Des  essais  faits  depuis  avec  des  graines  de  Froment  suffisamment  sèches 
m'ont  montré  que  cette  explication  est  correcte,  au    moins   pour   cette 
espèce. 

»  Les  expériences  de  M.  Maquenne  sur  les  graines  de  Froment  soumises 
à  une  dessiccation  très  forte  prouvent  aussi  que  c'est  l'anhydride  carbonique 
qui  menace  le  plus  la  vitalité  des  embryons  de  C3tte  espèce.  De  mâms,  les 
cellules  des  levures  conservées  en  ampoules  de  verre  dans  le  liquide  de 
culture  y  meurent  beaucoup  plus  vite  que  dans  les  matra^  où  elles  ont  été 
cultivées. 

»  Il  convient  donc  de  distinguer,  dans  la  conservation  da  pouvoir  germi- 
natif  des  graines  en  atmosphère  confmée,  une  action  propre  à  l'oxygène  et 

G.  K.,  1902,  2-»  Semestre.  (T.  CX.X.X.V,  N-  24.)  l43 


lOg/j  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

une  autre  spéciale  à  l'anhydride  carbonique.  La  cessation  presque  complète 
des  phénomènes  respiratoires  chez  les  graines  à  la  suite  d'une  dessiccation 
intense  doit  donc  favoriser  doublement  la  conservation  du  pouvoir  germi- 
natif. 

»  Un  essai  sur  la  conservation  du  pouvoir  germinatif  dans  le  vide  a  été 
fait  en  août  1895  avec  des  graines  de  Goffea  arabica,  si  sensibles  à  l'action 
de  l'air.  J'en  avais  reçu  228  de  M.  Delpino,  Directeur  du  Jardin  botanique 
de  Naples;  23  furent  aussitôt  semées  en  terre  et  germèrent  sans  exception. 
De  deux  lots  de  100  graines,  l'un  fut  maintenu  dans  des  tubes  à  essais  bou- 
chés avec  du  coton  ;  l'autre  fut  mis  dans  quatre  tubes  où  l'on  fit  ensuite  le 
vide  avec  soin. 

»  Après  quatre  mois  de  conservation,  toutes  les  graines  soustraites  à  l'air 
ont  germé,  tandis  que  les  autres  étaient  mortes.  » 

M.  le  Général  Bassot  présente  à  l'Académie,  au  nom  du  Bureau  des 
\uÇiVi^\\MàQ,SyX  Annuaire  pour  l'an  1908  : 

«  Dans  ce  Volume,  le  Tableau  des  monnaies  étrangères  a  été  complété 
par  l'introduction  de  celles  en  usage  au  Pérou  et  dans  l'Indo-Chine,  les  ren- 
seignements géographiques  et  statistiques  contiennent  les  données  fournies 
par  le  recensement  de  1901,  les  éléments  magnétiques  ont  été  ramenés  au 
i^"*  janvier  1903. 

))  Parmi  les  Notices,  il  y  a  lieu  de  signaler  celle  de  M.  Radau  sur  les 
étoiles  filantes  et  les  comètes,  ainsi  que  celle  de  M.  Janssen  sur  les  travaux 
exécutés  à  l'observatoire  du  sommet  du  mont  Blanc. 

))  Une  réforme  importante  sera  introduite  dans  la  publication  de  \ An 
nuairedu  Bureau  des  Longitudes  à  partir  de  1904.  Nous  croyons  nécessaire 
de  l'annoncer  et  de  la  justifier  : 

»  'V Annuaire  a  pris  un  tel  développement  dans  ces  dernières  années  par  l'introduc- 
tion de  renseignements  nouveaux  qu'il  ne  paraît  plus  possible  d'augmenter  l'Ouvrage, 
dont  le  nombre  de  pages  dépasse  aujourd'hui  le  chiffre  de  800,  sans  en  rendre  le  ma- 
niement incommode  et  surtout  sans  entraîner  des  frais  que  le  Bureau  ne  peut  sup- 
porter. 

»  D'autre  part,  on  ne  peut  songera  s'interdire  de  nouveaux  progrès.  Pourrait-on, 
pour  faire  aux  données  nouvelles  la  place  qu'elles  réclament,  pratiquer  de  larges 
suppressions?  On  l'a  tenté,  quoiqu'à  regret,  mais  non  sans  soulever  de  nombreuses 
réclamations,  de  sorte  que,  loin  de  pouvoir  songer  à  des  réductions  nouvelles,  nous 
devons  plutôt  chercher  à  rétablir  ce  que  nous  avions  été  forcés  de  supprimer. 

»  En   présence   de   cette   silLiaLiou,   le   Bureau    des   Longitudes   a   dû   adopter   une 


SÉANCE  DU  l5  DÉCEMBRE  I902.  lOgS 

solution  qui  paraît  devoir  concilier  tous  les  intérêts.  Parmi  les  renseignements  qu'il 
publie,  les  uns  ont  un  caractère  variable  et  doivent  nécessairement  être  réimprimés 
chaque  année;  les  autres  ont,  au  contraire,  un  caractère  permanent,  et  il  n'y  aurait 
aucun  inconvénient  à  ne  les  insérer  que  tous  les  2  ans. 

»  Le  principe  du  roulement  une  fois  admis,  il  restait  à  en  régler  l'application  :  le 
Bureau  a  cherché  à  s'inspirer  de  l'intérêt  du  lecteur  et  à  conserver  le  plus  possible 
au  recueil  son  ancien  caractère.  Il  a  voulu  d'abord  que  le  lecteur  fût  certain  de 
trouver  le  renseignement  qu'il  cherche,  pourvu  qu'il  eût  sous  la  main  deux  Annuaires 
consécutifs,  et  ensuite  qu'il  ne  pût  jamais  hésiter  pour  savoir  quel  est  celui  des  deux 
Volumes  qu'il  doit  consulter. 

»  Pour  cela,  il  fallait  que  le  roulement  fût  régulier  et  que  la  loi  en  fût  simple  et 
facile  à  énoncer.  Toutes  les  considérations  de  détail  devaient  céder  devant  cette 
nécessité. 

»  La  nature  des  données  facilitait  d'ailleurs  cette  répartition. 

»  L'Annuaire  (en  laissant  toujours  de  côté  les  Notices)  se  divise  en  trois  Parties. 
Partie  astronomique,  Partie  physique.  Partie  géographique  et  statistique. 

»  La  première  est  la  seule  qui  contienne  des  données  d'un  caractère  rapidement 
variable;  d'un  autre  côté,  c'est  la  plus  importante,  et  elle  doit  conserver  chaque 
année  dans  l'Annuaire  la  place  qu'elle  occupait  jusqu'ici.  Elle  comprendra  212  pages 
de  renseignements  qui  seront  réimprimés  chaque  année,  soit  à  cause  de  leur  impor- 
tance, soit  à  cause  de  leur  caractère  variable,  et  118  pages  de  Tableaux  soumis  à  un 
roulement  bisannuel.  Ainsi  la  Partie  astronomique  sera  chaque  année  de  33o  pages 
environ  comme  par  le  passé,  et  cependant  le  lecteur,  en  consultant  deux  Annuaires 
consécutifs,  disposera  de  448  pages  de  renseignements  distincts. 

»  Pour  les  deux  autres  Parties,  le  Bureau  a  décidé  de  les  faire  alterner  en  impri- 
mant la  Partie  physique  (constantes  physiques  et  chimiques)  les  années  paires,  et  la 
Partie  statistique  (géographie,  statistique,  poids  et  mesures,  monnaies,  amortissement, 
mortalité,  etc.)  les  années  impaires.  Cette  loi  étant  simple  et  facile  à  retenir,  le  lec- 
leur  saura  toujours,  sans  hésitation,  quel  est  le  Volume  qu'il  doit  ouvrir. 

»  Grâce  à  ce  roulement,  ces  deux  Parties  pourront  être  considérablement  dévelop- 
pées et  portées  de  i56  ou  172  pages  à  280  ou  3oo.  Ainsi,  sans  que  le  Volume  annuel 
ait  augmenté,  le  lecteur  disposera  de  1028  pages  de  renseignements  au  lieu  de  656. 

»  En  résumé  : 

))  i*'  A  partir  de  Y  Annuaire  de  1904  inclusivement,  les  renseignements 
fournis  par  l'  «  Annuaire  du  Bureau  des  Longitudes  »  seront  publiés,  les  uns 
tous  les  ans,  les  autres  tous  les  deux  ans,  de  telle  sorte  qu'un  lecteur  possé- 
dant deux  Volumes  consécutifs  soit  certain  d'y  trouver  le  renseignement 
qu'il  cherche. 

))  2°  Chaque  Annuaire  contiendra  environ  33o  pages  de  données  astro- 
nomiques qui  seront  publiées,  les  unes  tous  les  ans,  les  autres  tous  les  deux 
ans. 


1096  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  3**  Les  données  physiques  seront  imprimées  dans  les  Annuaires  de  millé- 
sime pair. 

»  4*^  Les  données  statistiques  et  géographiques  seront  imprimées  dans  les 
Annuaires  de  millésime  impair.    » 


MEMOIRES  PRESENTES. 

M.  Delaurier  adresse  une  Note  ayant  pour  titre  :  «  Recherches  sur  la 
navigation  aérienne  m. 

(Renvoi  à  la  Commission  d'Aéronautique.) 

MM.  R.  Bruxues  et  P.  David  soumettent  au  jugement  de  l'Académie 
un  Mémoire  intitulé  :  «  Etude  des  anomalies  du  champ  magnétique  ter- 
restre sur  le  Puy  de  Dôme  ». 

(Commissaires  :  MM.  Bouquet  de  la  Grye,  Mascart.) 


M.  GiKOD  adresse  un  Mémoire  «  Sur  une  méthode  de  transposition  en 
musique  ». 

(Commissaires  :  MM.  Mascart,  Lippmann.) 


CORRESPONDANCE. 

M.  le  Secrsîtaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

i*^  Un  Ouvrage,  en  trois  Volumes,  ayant  pour  titre  :  «  La  Mécanique  à 
l'Exposition  de  1900  ».  (Présenté  par  M.  Haton  de  la  Goupillière.) 

1°  Les  Cahiers  16  et  17  du  Service  géographique  de  l'armée  intitulés  : 
«  Matériaux  d'étude  topologique  pour  l'Algérie  et  la  Tunisie  (3^  série)  et 
Rapport  sur  les  travaux  exécutés  en  1901  ».  (Présentés  par  M.  le  général 
Bassot.) 


SÉANCE  DU  l5  DÉCEMBRE  1902.  IO97 


MÉCANIQUE  CÉLESTE.  —  Perturbations  indépendantes  de  V excentricité , 
Note  de  M.  Jean  Mascart,  présentée  par  M.  Lœwy. 

«  Nous  avons  montré,  précédemment  ('),  sous  quelle  forme  se  pré- 
sentent les  perturbations  des  petites  planètes  par  Jupiter,  lorsqu'on  effectue 
des  approximations  successives  dans  les  équations  différentielles  des  coor- 
données elles-mêmes.  Alors,  si  a  el  r  sont  le  demi-grand  axe  et  la  distance 
au  Soleil  de  la  planète,  il  est  commode  d'introduire  dans  les  équations  la 

quantité  p,  définie  par  la  relation  p  =  — — ■,  et  d'étudier  la  quantité  p, 

définie  en  fonction  de  G,  élongation  de  la  planète  troublée  par  rapport  à 
Jupiter,  planète  troublante.  I^a  quantité  p  est  de  l'ordre  de  l'excentricité  de 
l'orbite,  et  le  calcul  de  p  —  p^  4-  p',  en  se  bornant  aux  termes  du  troisième 
degré  par  rapport  à  l'excentricité,  permet  d'obtenir  la  courbe  décrite  par 
la  planète  dans  un  système  d'axes  mobiles  dont  l'origine  décrit  uniformé- 
ment un  cercle  de  rayon  a. 

»  La  connaissance  de  ces  courbes  est  du  plus  baut  intérêt  pour  la  nature 
des  perturbations  :  ici  nous  allons  nous  borner  à  indiquer  les  valeurs 
numériques  des  premiers  termes 


p-  f-^f=  2  M,;cos/?e, 

/i=0 

qui  ont  été  calculés,  à  6  chiffres,  pour  cinquante-trois  valeurs  réparties  tout 
le  long  de  l'anneau.  Ces  perturbations  sont  celles  qui  sont  indépendantes 
de  l'excentricité,  ou  valables  principalement  pour  une  très  faible  valeur  de 
l'excentricité. 

»  Nous  n'insisterons  pas  davantage  pour  le  moment  :  nous  donnons  seu- 
lement les  huit  premiers  coefficients,  et  l'on  peut  voir  combien  ils  varient 
peu,  près  de  Jupiter,  et  d'une  façon  très  rapide  sitôt  que  l'on  a  dépassé 
la  grande  lacune  de  commensurabilité  2.  Ainsi,  pour  a  =  4.2,  on  a 
Mo=  —  0,004  6t  la  valeur  de  M^^.  est  encore  sensible,  0,000  oo5,  tandis 
que  pour  a  =  2,1 1  on  a  Mo  =  0,001 ,  mais  déjà  M5  =  0,000  001.  Ces  coef- 
ficients permettent  d'indiquer  les  perturbations  par  les  courbes  décrites 


(')   Comptes  rendus,  17  février  1902. 


1098 


ACADEMIE    DES   SCIENCES. 


1 

ï. 

a. 

ioeM„. 

108  M,. 

106  Mj. 

10SM3. 

106  M<. 

lûS.Mj. 

106  Me. 

106  M,. 

io«M,. 

II 

:  3  = 

3,667... 

4,206 

—3912 

-4ii5 

— 

8689 

i3838 

17415 

2889 

2743 

0984 

— 

1057,6 

7 

:  2  = 

3,5oo.. . 

.  4,i56 

—4666 

—8817 

— 

8537 

15788 

12532 

1994 

1824 

2870 

— 

325,4 

10 

:  3  = 

3,333... 

4,100 

-4524 

—2910 

— 

8082 

19759 

5896 

1266 

806,6 

1681 

+ 

180,6 

i3 

:  4  = 

3,25o.. . 

•  4,070 

—3575 

— 2689 

— 

7718 

28998 

48  i8 

853,7 

110,6 

i548 

+ 

25o,x 

3 

•  3,969 

Disconlinuiti^. 

lonie. 

1 1 

:  4  = 

2,750... 

.  3,845 

—47^9 

— 2i85 

— 

7080 

12220 

1496 

799,5 

32,49 

92,20 

— 

65ii6 

8 

:  3  = 

2,667..  • 

.  3,802 

-4397 

—  1967 

— 

7062 

8062 

1494 

125,4 

iS8,6i 

"  112,97 

— 

29884 

i3 

:  5  = 

2;  600..  . 

.  3,763 

-4340 

—  1690 

— 

7124 

5996 

997,0 

l48,2 

212,09 

112,09 

— 

15626 

3 

:  2  = 

2,5oo.. . 

3,700 

— 4i36 

— 1612 

— 

7885 

4062 

746,4 

146,8 

.89,69 

98,34 

— 

43o8 

12 

:  5  = 

2,400.. . 

.  3,63i 

—3872 

— 1129 

— 

7805 

28.6 

742,9 

126,6 

165,76 

80, 85 

-t- 

2069 

i 

:  3  = 

2,333... 

3,58i 

—3671 

— i3i5 

— 

8852 

2228 

424,4 

109,6 

143, 3i 

68,56 

+ 

4208 

9 

:'  4  = 

2,25o.. . 

3,5i5 

-3339 

— 1181 

— 

957  i 

2166  ' 

282,4 

71,64 

111,47 

53,93 

+ 

5o36 

11 

:  5  = 

2,200.. . 

3,472 

—3178 

— I  ii3 

— 

0878 

1893 

i85,5 

71,86 

102,62 

49,  i4 

+ 

6843 

i3 

6  = 

2,167... 

3,442 

— 3oo5 

—  1066 

— 

2222 

I23l 

io5,8 

61,81 

94,56 

45,16 

H- 

7602 

i5 

7  ^^ 

2, 142.. . 

3,420 

—2841 

—  io4o 

— 

8698 

1x84 

26, i3 

52,19 

89,53 

43,12 

4- 

8892 

2 

3,276 

Discontinuité. 

IO«M4. 

lonij. 

.o'Ms. 

loniy. 

o'SMe. 

'7 

9  = 

1,889... 

3,i46 

—  2225 

—  63r,3 

-+- 

.2891 

475,7 

— i 1 5o6 

15444 

17688 

582X»' 

—, 

5706000 

i5 

8  = 

[,875... 

3,129 

—  2382 

-621,4 

+ 

8592 

447,0 

—  i63,2 

22290 

i58oo 

6677 

— 2553ooo 

i3 

/ 

,858... 

3,106 

-2394 

—  608,9 

H- 

7004 

4i5,i 

-h  2934,2 

28759 

i5882 

6464 

— 

970000 

II 

6  = 

,833... 

3,075 

— 2872 

—  579,6 

-t- 

568o 

376,8 

+  4326,8 

2881X 

14418 

6068 

— 

452000 

9 

5  = 

,800.. . 

3,029 

-23i3 

-  544,6 

-(- 

4278 

327,4 

+  5548,3 

22542 

12768 

5359 

— 

97o5oo 

16- 

9  = 

,778"-- 

^,997 

— 2266 

—  5i8,9 

+ 

8609 

297,6 

+  5617,1 

21253 

X1659 

4860 

— 

746800 

/ 

4  = 

,750.. . . 

2,956 

— 2200 

-  492,4 

+ 

2959 

264,0 

+  5424,6 

19898 

xo6x8 

4243 

— 

535900 

'9 

II  = 

,728... 

2,922 

—2143 

—  669,1 

+ 

2525 

238,7 

-f-  5x20,2 

17799 

9070 

8762 

— 

4l5200 

2 

7  ^^ 

,714... 

2,901 

— 2100 

—  455,9 

-t- 

23x5 

225,2 

-f-  5i53,5 

16889 

8491 

3987 

— 

359000 

7 

10=  ] 

,700.... 

2,879 

— 2073 

-  441,6 

+ 

2106 

2XX,0 

-1-  4698,0 

15910 

7977 

8222 

— 

808900 

5 

3  = 

,667.... 

2,823 

-1986 

—  4o8,3 

H- 

1698 

180,6 

-t-  4188, 1 

18684 

6614 

2627 

— 

205900 

8 

l  l  := 

,637... 

2,771 

—1905 

—  379,0 

+ 

i4oi 

i65,9 

-+-  8627,7 

II 694 

5473 

2l54 

— 

143 100 

3: 

8  =  1 

,625.. . . 

2,751 

—1875 

—  868,1 

-4- 

1807 

147,4 

H-  844i,8 

11019 

5i28 

I99I 

— 

i25ooo 

H  : 

i3  = 

,6i5... 

2,733 

— i85i 

—  359,0 

+ 

1280 

i4o,4 

-i-  8286,4 

10461 

48.6 

1988 

— 

m  100 

8: 

5  =  1 

,600.. . . 

2,704 

—  1807 

-  344,4 

H- 

1118 

129,9 

+  3o45,i 

9600 

4352 

i665 

— 

91540 

9: 

12  =  1 

,583.... 

2,673 

-1763 

—  829,8 

-h 

1108 

119,8 

+  2795,0 

8724 

8888 

1470 

— 

74560 

I  : 

7  =  1 

,571.... 

2,65o 

— 1781 

—  3i8,6 

+ 

935,7 

111,8 

+  2628,1 

8099 

358i 

1342 

— 

68000 

4. 

9=' 

,555. . . . 

2,618 

-1689 

-  804,4 

+ 

847,6 

102,5 

+  2414,1 

7868 

8182 

1182 

— 

52120 

7 

1 1  = 

1,545... 

2,597 

— 1661 

—  295,4 

+ 

795,6 

97,08 

-t-  2269,5 

6905 

2894 

1067 

— 

45020 

20 

i3  =  i 

,539.... 

2,583 

-1643 

-  289,8 

+ 

761,5 

93,28 

+  2179,0 

6601 

2799 

1099 

— 

41460 

^3. 

i5  =  ] 

,533. . . . 

2,572 

—  1629 

—  285,1 

H- 

737,1 

90,56 

-h  2114,8 

638i 

2690 

988,1 

— 

38690 

0 

2  =  ] 

,5oo 

2 ,  5oo 

— 1539 

—  256,7 

+ 

596,8 

74,88 

+  1724,2 

5o8o 

1935 

783,1 

— 

24870 

35 

17  = 

,470... 

2,433 

— 1460 

-  232,7 

-+- 

493,1 

62,80 

-f-  1421, 1 

4089 

1598 

592,2 

— 

i585o 

22 

i5  =  ] 

,467.... 

2,434 

—  1449 

—  229,6 

-h 

480,6 

60,78 

+  i383,6 

4162 

i548 

538,6 

— 

i5ooo 

'9 

i3  = 

,461.... 

2,4ll 

-1430 

—  225,8 

+ 

464,6 

58,88 

-f-  i835,4 

8817 

1472 

507,2 

— 

i883o 

16 

11  = 

.,454... 

2,395 

— 1417 

—  220,0 

+ 

443,5 

56,48 

-h  1271,8 

3717 

1882 

472,6 

— 

12480 

i3 

9  = 

,444.-- 

2,370 

—1890 

—  212,0 

+ 

4i4,5 

52,62 

+  ii83,i 

383i 

1257 

445,2 

— 

xo65o 

23 

16  = 

,438... 

2,353 

— 1871 

—  206,7 

+ 

395,6 

5o,25 

+  1124,8 

3i47 

1x76 

895,6 

— 

9506 

10 

7  = 

[,429... 

2,33i 

-.847 

—  199.9 

+ 

872,2 

47,28 

+  io52';6 

2920 

1078 

359,3 

— 

8281 

17 

12  = 

.,4.7-- 

2,3oo 

— 13.5 

—  191,0 

-4- 

342,9 

43,57 

+  961,1 

2687 

956,7 

3x5,0 

— 

6767 

1 

5  = 

t  ,400. . . 

2,256 

-1270 

-  178,7 

-1- 

3o5,2 

38,17 

+  842,6 

2845 

804, 1 

260,0 

— 

5098 

18 

53  = 

.,384... 

2,2l4 

—  1229 

—  167,7 

+ 

278,1 

84,58 

+  74i,4 

1970 

680,7 

216,1 

— 

3889 

1 1 

8  = 

.,375... 

2,187 

-I203 

—  160,9 

+ 

254,5 

82,08 

+  684,0 

1795 

6x0,8 

192,1 

— 

8246 

i5 

11  = 

1,363... 

2,  i55 

— 1172 

—  i58,o 

+ 

233,1 

29,38 

-t-  619,0 

i525 

535,5 

i65,7 

— 

2634 

•9 

.14  = 

1,358... 

2,i36 

— ii55 

--  i48,7 

-+- 

222,8 

27,92 

-+-  586,9 

iSoi 

468,9 

l52,0 

— 

2819 

23 

:i7  = 

1,352... 

2,123 

-ii44 

-  145,9 

+ 

2i5,7 

26,97 

-(-  562 , 1 

1437 

471,2 

'43.7 

— 

2i5j 

3i 

:23  = 

1,347... 

2,108 

—  ii3o 

-  142,3 

+ 

207,3 

25,85 

-j-  536,2 

1287 

442,5 

140,7 

— 

1943 

SÉANCE    DU    l5    DÉCEMBRE    1902.  1^99 

autour  de  l'origine  :  près  de  Jupiter  on  a  une  courbe  à  G  boucles;  bientôt 
entre  les  deux  grandes  lacunes  3  et  2,  une  courbe  à  4  boucles;  bientôt 
après  la  lacune  une  courbe  à  2  boucles,  puis,  assez  loin,  une  courbe  ellip- 
tique qui  entoure  l'origine.  Ces  transitions  et  les  points  d'inflexion  possibles 
seront  ultérieurement  indiqués. 

))  En  se  reportant  à  nos  précédentes  notations,  on  reconnaît  que 
le  terme  Mo,  indépendant  de  p,  q  et  0,  s'introduit  comme  facteur  de 
cos^ô  -t-  sin"  6  et  provient  des  formes  suivantes  : 


Spcos^9  +  S^sin^O, 


op-—r,q- 


op'-  —  r>q^ 


cosik^  -h  ^p%q  sin2^9. 


La  forme  de  tp  et  ^q  indique  assez  que  les  termes  M,  à  Mo,  proviennent 
des  mêmes  formes  et  de  celles-là  seules.  Si  n  et  n'  sont  les  moyens  mouve- 
ments de  la  planète  et  de  Jupiter,  la  première  colonne  de  notre  Tableau 

donne  le  rapport  de  commensurabilité     _^    ,  =  k,  et  sa  valeur  numérique, 

la  seconde  la  valeur  correspondante  de  l'axe  a. 

»  Nous  compléterons  ailleurs  par  les  termes  moins  essentiels,  et  nous 
montrerons  l'importance  relative  de  ces  perturbations  dont  on  peut  ainsi 
suivre  les  variations  d'un  bord  à  l'autre  de  l'anneau.  » 


ASTRONOMIE.  —  Observations  de  la  comète  Giacobini  (1902  r/),  faites 

à  l' Observatoire  de  Besançon  avec  l'éqaatorial  coudé.  Note  de  M.  P. 
Chofardet,  présentée  par  m.  Lœwy. 

Temps  moyen                                                  ,  Nombre 

Dates.                                                de  de 

1902.                      Étoiles.          Besançon.                     A  en  ai-                  A  en  ^.  compar. 

h        m        s  ras  ,         » 

Décembre   9 a           i G. 20.27             —0.11,39         —  4-47 '^  9'^ 

9 a           16.01.57             —0.11,87         —  5.   0,0  9:6 

10 b           16.   0.12             —I.  8,84         —  0.37,8  12:9 

II c           17.   9.21             +1.39,50         —   4-4o,9  12:9 

Positions  moyennes  des  étoiles  de  comparaison  pour   1902,0. 

Ascension             Réduction  Réduction 

droite                        au              Distance  polaire  au 

Étoiles.                         Catalogue.                      moyenne.                  jour.                  moyenne.  jour. 

h        m        s                              s                          o         f         •  • 

a Munich.,,  1821            7.15. 36, 39          4-4,4o          91.    1.26,8  +i3,5 

b Munichi,  2482           7.16.10,62         +4>43         90.47.25,6  -t-i3,8 

c Munichsi,  i8oG          7.12.56,35         +4,46        90.40.46,9  4-i3,7 


ilOO  ACADÉMIE    DES    SCIENCES; 

Positions  apparentes  de  la  comète. 

Ascension  Dislance 

Dates.                                               droite                   I^og.  fact.  polaire                 Log.  fact. 

1902.                                           apparente.               parallaxe.  apparente.             parallaxe, 

h        m        s                       _  o         .         „ 

Décembre  9 7.15.29,40           i,353  90.56.53,3         o,8i6„ 

9 7.15,28,92           7,429  90.56.40,3         o,8i6„ 

10 V-     7.i5.   6,21           T,3o4  90.47-    1,6        o,8i5„ 

II 7.14.40,31           T,478  90.36.19,7         o,8i4„ 

»  La  comète  a  l'aspect  d'une  petite  nébuleuse,  ronde,  de  12"  grandeur;  son  dia- 
mètre apparent  est  d'environ  45".  » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  V intégration  d'une  équation  aux  dérivées 
partielles  du  second  ordre,  du  type  hyperbolique,  à  plus  de  deux  variables 
indépendantes.  Note  de  M.  11.  d'Adhémar,  présentée  par  M.  Emile 
Picard. 


Soit 


»  1.  Il  se  pose  rt?^M.r  problèmes  d'intégration  suivant  que  les  données, 
z^  et  sa  dérivée  conormale  ('),  sont  portées  par  une  variété  à/?  dimension  s 
inténeure  ou  extérieure  à  un  cône 

p 
(Ao)  ^{oo-oc,y=.{t-t,)\ 

1 

»  Nous  les  appellerons  Pr.  I  et  Pr.  E. 

»  M.  Volterra  a  donné  la  solution  (-)  du  Pr.  E  pour  A"»'  =  F. 

»  Généralisant  la  méthode  du  savant  professeur  de  l'Université  de 
Rome,  M.  Tedone  a  donné  la  solution  (  ^)  du  Pr.  E  pour  A^"»'  =  F,  mais 
rien  n'a  été  fait  pour  le  Pr.  E  pour  A"""^'''  =  F. 

»  J'ai  obtenu  l'intégrale  pour  le  Pr.  E  pour  A'''  =  F,  ou 

(')  Comptes  rendus,  11  février  1901.  Note  de  l'auteur. 

(^)  Acta  mathematica,  t.  XVIII,  1894. 

(^)  Annali  di  Materaatica,  série  111,  t.  1,  p.  19.  Milan,  1898  . 


SÉANCE  DU  l5  DÉCEMBRE  1902.  IIOI 

par    un   procédé    assez    nettement  différent   de   celui  de   M.   Volterra. 
»  Je  résume  ici  ma  méthode. 
»   Pour  obtenir  u{X(^,  y^,  z^,  t^),  je  considère  le  cône  A"  et  le  plan  T" 

t  -~  Iq  =  o. 

»  La  surface  des  données  S  est  analogue,  au  point  de  vue  de  Y Analysis 
situs,  à  un  cylindre  à  génératrices  parallèles  à  l'axe  O^.  S  est  coupée 
par  A  suivant  une  courbe  supérieure  C"  (variété  à  deux  dimensions)  et 
une  courbe  inférieure  C;  et  par  T  suivant  une  courbe  C.  Soit  (T)  la  por- 
tion de  T  intérieure  à  C;  soient  (A")  et  (A')  les  portions  supérieure  et 
inférieure  de  l'aire  de  A  (variété  à  trois  dimensions);  soient  (S")  et  (S') 
les  portions  supérieure  et  inférieure  de  l'aire  de  S;  soient  W"  et  W  les 
volumes  supérieur  et  inférieur  (variétés  à  quatre  dimensions). 

»   On  a,  d'après  \dL  formule  modifiée  de  Green  ('),  ayant  posé 

V    =  1  1 


(0 


1    f  V"Vd--\-  f  Y'Ydr-  f    Y"^di^-  f    Y^di 

X:  ^;  ^,s^       ^^  ^s'o      ^N 

\  . 

1       ^—2  1      -udxdydz. 

»   Dérivant  deux  fois  par  rapport  à  /„, 

If               1  1^    7      »      ;           /'         I  du         dl 
f  -i"  dx  dy  dz  —    l  — j^  -. — t^t 

/    V  1  f     i  / à- a         ô'u         d^  u\  j      j      j 

\  r  •  r     I      du       ,  /NT  .\  <^' 

—   2/      -  •      ,rvi      ,v  -TxT    -i-COl(\,  t)- 


M    Or,   a,  p,  y,  ô  étant  les  cosinus  de  la  normale  extérieure  à  S,  puisque 
cos(N,  /)  r=  —  G,  on  a,  dans  la  dernière  intégrale, 


du        ,,  du  ôu\         I  du 


(    du        ,  du  Ou 

\    dx        ^  ôy        '  az 


r  ^\n{N,  t)\' dx        ^  dy        ^  dz  J        r  dj  * 


(')  Pour  ceci  et  la  nolation  -7^5  voir  ma  iNote  citée. 

afVI 


C.  R.,  1902,  2«  Semestre.  (T,  CXXXV,  N°  24.)  ^44 


II02  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

V  étant  l'intersection  avec  T  de  la  variété  à  deux  dimensions,  normale  à  C. 
Nous  avons  alors,  dans  le  plan  T,  c'est-à-dire  dans  l'espace  ordinaire, 
à  appliquer  Informulé  classique  de  Green,  et  l'on  voit  que  le  second  membre 
de  (2)  est  : 

»  J'ai  supposé  que  l'on  a,  sur  S,  m  =  o,  pour  simplifier  l'exposition. 

))  2.  Il  faut  bien  remarquer  que  les  données  qui  figurent  dans  l'expres- 
sion de  u  (it^oO'o'  ^0»  ^0)  116  sont  pas  toutes  indépendantes.  Ainsi,  revenons 
au  Problème  extérieur  pour  A"'';  M.  Volterra  a  montré  l'existence  d'une 
condition  relative  à  tous  les  points  du  volume  d'intégration. 

»  J'établis  l'existence  d'une  autre  condition  relative  seulement  à  tous  les 
points  de  la  surface  d'intégration. 

»  Supposons  que  S  soit  un  cylindre  vertical,  et  que  l'on  ait  F^o  et 
M  =  o  sur  S  et,  en  plus,  que  l'on  donne,  sur  S, 

a  étant  l'angle  polaire  de  la  section  droite  Y  de  S. 
»  La  condition  de  M.  Volterra  devient 

r/(a)./a.  =  o. 
»   Ma  condition  devient 

f   [/(x  +  h)  +/(27T  -  X  +  h)]  log  COS^r/a  =  O 

(quel  que  soit  h  entre  o  et  iiz)  avec  la  précédente,  en  plus. 

»  La  présence  de  ces  conditions,  qui  ont  leurs  analogues  pour  A''', 
entraîne  les  plus  grandes  difficultés  pour  la  discussion  complète  du  Pro- 
blème extérieur. 

))  J'aurai  à  y  revenir  comme  sur  certaines  questions  de  convergence  des 
intégrales  à  la  frontière  dans  le  Problème  intérieur.  On  doit  exclure  cer- 
taines formes  pour  la  surface  portant  les  données,  » 


SÉANCE    DU    l5    DÉCEMBRE    1902.  1 Io3 


ÉLECTRICITÉ.  —  Procédé  de  séparation  électrique  de  la  partie  métallique 
d'un  minerai  de  sa  gangue.  Note  de  M.  D.  Negreano,  présentée  par 
M.  Lippmann. 

«  I.  L'expérience  suivante  m'a  conduit  à  l'étude  d'un  procédé  de  sépa- 
ration de  la  partie  métallique  d'un  minerai  de  sa  gangue. 

»  Ou  coupe  dans  une  plaque  métallique  un  disque  central,  et  l'on  réunit,  à  l'aide 
des  fils  métalliques,  la  plaque  et  le  disque  aux  deux  pôles  d'une  machine  VVhimshurst. 
Si  l'on  projette  ensuite  sur  le  système,  à  l'aide  d'un  soufflet,  un  mélange  pulvérulent 
de  soufre  et  minium,  de  façon  que  le  mélange  traverse  avec  frottement  les  trous  très 
fins  d'un  disque  en  bois,  ou  constate  que,  si  le  soufre,  par  exemple,  se  dépose  sur  la 
plaque  métallique,  le  minium  sera  déposé  sur  le  disque  central.  Les  colorations  jaune 
du  soufre  et  rouge  du  minium  permettent  d'observer  facilement  cette  séparation. 

»  La  cause  de  cette  séparation  est  l'électrisation  différente  du  soufre  et 
du  minium  et  le  dépôt  de  ces  substances  sur  les  parties  métalliques  élec- 
trisées  en  sens  inverse  par  la  machine. 

»  IL  Des  expériences  analogues  ont  été  faites  avec  des  minerais  métal- 
lifères réduits  en  poudre.  Je  donnerai  quelques  exemples  : 

»  Réduisant  en  poudre  fine  une  roche  siliceuse  avec  des  imprégnations  de  mala- 
chite et  d'oxydes  de  fer  et  de  cuivre,  on  constate  la  séparation  de  la  partie  métal- 
lique de  la  gangue  siliceuse. 

»  Avec  une  roche  quartzeuse  contenant  de  la  limonite,  on  observe  facilement 
d'un  côté  la  gangue,  de  l'autre  côté  la  limonite  reconnaissable  à  sa  couleur  jaune  brun. 

»  Opérant  sur  un  minerai  de  lignite  avec  riches  imprégnations  de  pyrite,  on 
peut,  de  même,  séparer  la  lignite  de  la  partie  métallique. 

»  UL  Ce  procédé  de  séparation  serait  peut-être  applicable  à  l'extraction 
de  l'or  de  sa  gangue.  Je  n'ai  pas  eu  malheureusement  à  ma  disposition  des 
quantités  suffisantes  de  sable  aurifère  pour  essayer  l'expérience.   » 


THERMOCHIMIE.        Sur  le  fluorure  d'aluminium.  Note  de  M.  E.  Baud. 

«   Les  dérivés  fluorés  de  l'aluminium  ont  été  assez  peu  étudiés  depuis 
Sainte-Glaire  Deville,  ce  qui  doit  être  attribué  sans  doute  aux  difficultés  de 

leur  analyse. 


IlO/i  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

))  Je  me  suis  proposé  d'apporter  quelques  nouvelles  données  relatives  à 
ces  corps,  et  principalement  de  déterminer  la  chaleur  de  formation  du 
fluorure  d'aluminium  et  de  la  cryolithe  ordinaire. 

»  Fluorure  d'aluminium  hydraté.  —  En  suivant  le  procédé  indiqué  par  Sainte- 
Claire  Deville,  c'est-à-dire  en  dissolvant  l'alumine  dans  l'acide  fluorhydrique  ou  dans 
l'acide  fluosilicique  et  évaporant  au  bain-marie,  je  n'ai  pu  obtenir  que  du  fluorure 
hydraté  insoluble  ou  très  incomplètement  soluble. 

»  Il  en  a  été  de  même  en  concentrant  la  solution  à  froid,  sous  cloche,  en  présence 
d'anhydride  phosphorique. 

»  Mais,  lorsqu'on  ajoute  à  une  solution  concentrée  et  neutre  d'alumine  dans  l'acide 
fluorhydrique  deux  fois  son  volume  d'alcool  absolu,  il  se  précipite  une  masse  gom- 
meuse  d'abord  très  fluide,  puis  épaississant  rapidement  et  prenant  enfin,  au  bout  de 
quelques  minutes,  une  texture  cristalline. 

»  Ce  produit  séché  sur  plaque  poreuse  a  pour  composition  APF^  yH^O,  et  il  est 
facilement  soluble  (  *  ).  C'est  le  meilleur  procédé  pour  avoir  ce  composé  pur  et  soluble. 
Sa  chaleur  de  dissolution  dans  l'eau  vers  -t-iS"  est  égale  à  -t-S*-^'. 

»  La  dissolution  est  acide  au  tournesol  et  neutre  à  l'hélianthine.  On  peut  donc,  au 
moyen  de  cet  indicateur,  doser  l'acide  fluorhydrique  libre  en  présence  du  fluorure 
d'aluminium.  Le  fluorure  hydraté  insoluble  dans  l'eau  a  la  même  composition 
APF^,  ^H-O.  Il  est  un  peu  soluble  dans  l'acide  fluorhydrique  à  19  pour  joo. 

»  Sa  chaleur  de  dissolution  dans  cet  acide  est  de  4- 9^*',  88,  tandis  que  le  fluorure 
soluble  en  se  dissolvant  dans  le  même  acide  dégage  +  9*^^',  88.  La  diff"érence  -\-  i'^*',oo 
correspond  à  la  transformation  du  fluorure  soluble  en  fluorure  insoluble,  due  à  une 
polymérisation  ou  une  modification  isomérique. 

»  Déshydratation  du  fluorure  hydraté.  —  La  stabilité  de  cet  hydrate,  soluble  ou 
non,  est  comparable  à  celle  du  chlorure  Al-Cl^  12  H^O. 

»  Maintenu  sous  cloche  en  présence  d'anhydride  phosphorique,  il  est  resté  inaltéré. 
Je  l'ai  alors  chauffé  au  bain  d'huile  dans  un  courant  d'hydrogène. 

»  Il  ne  se  produit  rien  avant  100°;  il  se  dégage  environ  4H^0  entre  110°  et  120°, 
iH^O  entre  i5o°  et  170°,  iH^O  entre  210°  et  25o°. 

»  Ceci  montre  déjà  que  ces  difl^érentes  molécules  d'eau  ne  sont  pas  fixées  avec  la 
même  énergie  et  qu'il  existe,  par  conséquent,  plusieurs  hydrates. 

»  Le  produit  restant  a  pour  composition  Al-F'^jH^O;  il  ne  se  décompose  qu'au 
rouge  vif. 

»  Lorsqu'on  le  chauff"e  dans  un  courant  d'hydrogène,  il  se  sublime  du  fluorure 
anhydre  très  bien  cristallisé;  mais  le  rendement  est  très  mauvais,  car  il  y  a  dégage- 
ment d'acide  fluorhydrique  et  formation  d'un  oxyfluorure. 

»  Ce  fluorure  anhydre,  décrit  par  Sainte-Claire  Deville,  est  insoluble 
dans  tous  les  dissolvants  et  même  dans  l'acide  fluorhydrique  concentré. 

(')  J'ai  dosé  l'alumine  en  chaufl"ant  un  poids  connu  de  ce  corps,  dans  une  capsule 
de  platine,  avec  un  excès  d'acide  sulfurique  jusqu'à  départ  complet  de  l'acide  fluorhy- 
drique, reprenant  par  l'eau  et  précipitant  par  l'ammoniaque. 


SÉANCE    DU    l5    DÉCEMBRE    1902.  iio") 

).  Pour  déterminer  la  chaleur  de  formation  de  ce  corps  avec  les  données 
thermiques  connues,  il  manque  un  nombre  essentiel  :  la  chaleur  de  disso- 
lution du  florure  anhydre  ou  sa  chaleur  d'hydratation,  quantités  impos- 
sibles à  mesurer  rigoureusement. 

»  J'ai  pu  cependant  évaluer  d'une  façon  approchée  la  chaleur  d'hydratation,  en  par- 
tant du  composé  Al- F'', H^O. 

»  Celui-ci  est  insoluble  dans  l'eau,  mais  un  peu  soluble  dans  l'acide  fluorhydrique 
à  19  pour  100. 

»  Sa  chaleur  de  dissolution  dans  ce  véhicule  est  de  -j-St'^^'',!  5  vers  i5°,  tandis  que 
dans  les  mêmes  conditions  l'hydrate  insoluble  APF«,  jH'O  dégage  seulement  +8C'»i,88, 
comme  je  l'ai  dit  précédemment. 

»  Si  l'on  admet  que  ces  deux  corps,  insolubles  dans  l'eau,  sont  dans  un  même  état 
de  condensation  moléculaire,  la  différence  :  42*^''',  27,  représente  la  chaleur  de  fixation 
de  6H-0  sur  Al-F^  H-0,  soit  -^-n'^''\\5  pour  chaque  H"0  en  moyenne. 

APF^,  H-O-f  ôH'Oliq.t  :APF^  7H'-0  insoluble +42^^1,27 

APFS  H^O  -^ÔH^Oliq.r^Al^FS  yWO  soluble +4iC='i.27 

»  La  fixation  de  la  première  molécule  d'eau  est  celle  qui  doit  dégager  le  plus  de 
chaleur. 

»  Étant  données,  d'une  part,  les  analogies  thermiques  entre  les  hydrates  et  les  com- 
posés ammoniés  et  particulièrement  entre  APC1%  12H-O  et  Al-Cl^  laAzH^;  d'autre 
part,  la  stabilité  de  l'hydrate  APF»,  jH^O,  comparable  à  celle  de  APCF,  12H2O,  on 
peut  admettre,  sans  risquer  de  commettre  une  grosse  erreur,  que  la  chaleur  de  fixation 
de  la  première  molécule  d'eau  gazeuse  sur  Al-F''  est  la  même  que  celle  des  premières 
molécules  d'ammoniac  sur  Al-Cl*^,  c'est-à-dire  4-33*^*', 33  : 

Al-F6sol.4-H^Ogaz.=:Ar-FS  H'-Osol -^-33^^1,33 

APF^sol.+  H^Oliq.  i=APF«,  Hî^Osol -h23c='i,68 

»  Connaissant  déjà  la  chaleur  de  fixation  de  6H"^0  liq.,  qui  est  de  -f- 42*^*',  27  ou 
4-4i^''')27,  celle  de7H'-01iq.  sera  égale  à  -h  65*'^^i,95  ou  -f- 64*^"'^S  9-5  : 

Al'F.sol.  +  7H'01iq,  =  APF',;H=0,o:.  j  '"f"^^" j^^I'!^ 

'  ^  ^  (  soluble -+-54*'*  ,93 

))  Avec  celle  donnée  nouvelle  et  la  chaleur  de  dissolulion  de  Ai- F",  7  H-0 
jointes  aux  nombres  déjà  connus,  on  peut  calculer  la  chaleur  de  formation 
du  fluorure  d'aluminium  anhydre  au  moyen  des  deux  cycles  suivants  : 

Cal 

1°  H"+03=3H-20liq +207,00 

Al2+F«=:APF«sol ^ 

APFSsol.4-7H20liq.=rAPF«,7rPO  solide  (soluble).  -f-  64,95 

APFS7H20sol.+  nH20=APFS7H20  dissous —     3,33 

2°  AI2+  03+  nH^O  =  APO^nH^O -h395,6o 

F6  4-lI6-i-«H2  0  =  6HFdissous -}-3oi,8o 

Al-0»,nH20 -h  6HF  dissous  :=APF«,7H20  dissous...  +  70,20 


IIo6  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

d'où 

.:rr=  498*^^1, 98. 

»  c'est  le  nombre  le  plus  élevé  obtenu  avec  l'aluminium  et  les  halo- 
gènes : 

'  Cal 

(F* I99.0 

...J  Cl« 323,6 

^^  "^     Br« 265,9 

f  P 181,4 

w  H  est  vrai  qu'il  existe  une  incertitude  pour  le  nombre  23,68  corres- 
pondant à  la  première  molécule  d'eau  fixée  sur  le  fluorure,  mais  il  est  cer- 
tainement assez  approché  à  quelques  unités  près  et,  par  suit(%  il  n'y  a  à 
redouter,  pour  le  nombre  499,  qu'une  incertitude  de  quelques  centièmes.  » 


CHIMIE   MINÉRALE.   --  Action  du  chlorure  de  bore  sur  le  gaz  ammoniac. 

Note  de  M.  A.  Joaxnis. 

«  L'action  du  chlorure  de  bore  sur  le  gaz  ammoniac  a  été  l'objet  de 
diverses  recherches  :  Berzélius  indique  qu'il  se  forme  le  composé 

2BoCl%3AzH'; 

Martius,  en  chauffant  fortement  le  produit  obtenu,  a  constaté  qu'il  se 
transforme  en  azoture  de  bore;  M.  Besson,  en  opérant  à  8°,  a  constaté 
que  2°*°*  de  chlorure  de  bore  absorbaient  9™°^  d'ammoniac  et  en  a  conclu 
qu'il  se  formait  le  composé  2B0CP,  9AzH^ 

))  Devant  ces  divergences,  j'ai  repris  la  question  et  constaté  que  la  ma- 
tière n'a  pas  une  composition  constante,  sans  doute  à  cause  de  la  chaleur 
dégagée  qui  altère,  plus  ou  moins,  le  produit  formé  d'abord.  Pour  éviter  cette 
complication  j'ai  diiigé,  dans  de  l'ammoniac  liquéfié  et  maintenu  entre  —  So'* 
et  —70°,  un  courant  lent  d'hydrogène  sec  passant  sur  du  chlorure  de  bore, 
maintenu  lui-même  vers  0°.  Dans  ces  conditions,  l'hydrogène  n'entraîne 
que  peu  de  vapeurs  de  chlorure  de  bore  et,  grâce  à  la  présence  du  gaz 
ammoniac  liquéfié  et  froid,  la  température  reste  très  basse.  Quand  tout  le 
chlorure  de  bore  a  disparu,  on  met  le  tube  qui  contient  le  produit  blanc  et 
l'excès  d'ammoniac  liquide  dans  un  bain  de  chlorure  de  méthyle  à  —23*', 
puis  on  le  relie  à  un  manomètre  et  à  un  tube  de  dégagement  fermé  par  un 
robinet;  on  laisse  alors  partir  tout  l'ammoniac  qui  peut  se  dégager  sous  la 
pression  atmosphérique  à  cette  température.  On  se  débarrasse  ainsi  de 


SÉANCE    DU    l5    DÉCEMBRE    T902.  II07 

l'excès  d'ammoniac  liquide  qu'on  a  dû  employer.  A  ce  moment,  1"°'  de 
chlorure  de  bore  a  fixé  iS™**^  d'ammoniac.  Quand  aucune  bulle  de  gaz  ne 
se  dégage  plus  à  —23",  on  place  l'appareil  dans  la  glace,  à  0°,  et  on  laisse 
sortir  de  l'ammoniac  en  déterminant,  après  chaque  expulsion  de  gaz,  la 
tension  fixe  qui  s'établit  après  quelques  minutes;  cette  tension  est  de 
104  i"™  à  0°  et  se  maintient  à  cette  valeur  jusqu'à  ce  que  l'on  ait  enlevé, 
pour  1™°^  de  chlorure  de  bore,  9'°°^  d'ammoniac  (trouvé  dans  une  expé- 
rience :  8™"', 985  au  lieu  de  9™^').  Celte  tension  constante  est  la  tension  de 
dissociation  du  chlorure  d'ammonium  ammoniacal  AzH'^Cl,  3AzH',  dé- 
couvert par  M.  Troost.  Les  9™°*  (Tammoniac  qui  se  dégagent  entre  —23° 
et  0°  montrent  qu'il  s'est  formé  3™°'  de  ce  chlorure  ammoniacal.  Tout  le 
chlore  du  chlorure  de  bore  se  trouve  donc  à  l'état  de  chlorure  d'ammonium. 

»  Pendant  l'action  du  chlorure  de  bore  sur  l'ammoniac,  on  constate  qu'il  ne  se 
dégage  aucun  gaz,  ni  hydrogène,  ni  azote,  en  faisant  deux  expériences,  l'une  dans  un 
courant  d'air  sec  pour  entraîner  les  vapeurs  de  chlorure  de  bore,  l'autre  dans  un  cou- 
rant d'hydrogène.  Par  conséquent,  aux  trois  groupes  AzH*  qui  se  sont  unis  aux  3'' 
de  chlore  correspondent,  par  compensation,  trois  groupes  amidogènes  ÂzH^  qui  se 
sont  unis  à  l'atome  de  bore.  C'est  d'ailleurs  ce  que  confirment  :  1°  l'augmentation  de 
poids  de  la  matière;  2»  l'action  de  l'eau  sur  la  matière,  qui  se  transforme  lentement, 
sans  dégagement  de  gaz,  en  1""°^  d'acide  borique  et  3"^°'  d'ammoniaque  comme  l'in- 
dique l'analyse  du  liquide. 

»  Il  s'est  donc  formé  du  chlorure  d'ammonium  et  de  l'amidure  de  bore. 
On  a  à  —  23*^  : 

BoCl^  +  i5AzH^  =  3(AzH*Cl,  3AzH^)  h-Bo(AzH2)% 
et  à  0°  : 

BoCP4-   6AzH«=:3AzH^ClH-Bo(AzIi-)^ 

»  On  n'obtient,  d'ailleurs,  ce  résultat  que  quand  on  a  évité  avec  soin  toute  élévation 
de  température.  Une  fois  ce  but  atteint,  si  on  laisse  la  température  s'élever,  de  l'am- 
moniac se  dégage  lentement  sans  que  l'on  ait  pu  mettre  en  évidence  de  tension  fixe, 
soit  qu'il  n'y  en  ait  pas,  soit  que  la  tension  de  dissociation  soit  trop  longue  à  s'établir. 
Entre  0°  et  440°,  il  sort  i°^°^,  5  d'ammoniac  pour  1^°^  d'amidure  de  bore,  de  sorte 
que  l'on  peut  représenter  ainsi  la  réaction 

2Bo(ÂzH2)3r=  Bo2(AzH)*-r  3AzH^ 

M  Cette  décomposition  est  lente.  C'est  à  la  présence  de  cet  imidure  de 
bore  dans  les  produits  de  la  réaction,  lorsqu'on  n'a  pas  évité  toute  éléva- 
tion de  température,  que  sont  dus  les  résultats  irréguliers  que  l'on  trouve 


II08  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

pour  le  poids  d'ammoniac  absorbé  par  un  poids  donné  de  chlorure  de  bore, 
quand  on  laisse  la  température  s'élever  pendant  la  réaction. 

»  Dans  ce  cas,  on  peut  trouver  une  quantité  d'ammoniac  fixé,  très 
voisine  de  9"°'  pour  2™°'  de  chlorure  de  bore  (M.  Besson).  On  a  alors 

2B0CP  +  gAzH»  -=  6 AzH*Cl  -1-  Bo=  (AzH)\ 

»  D'ailleurs,  lorsqu'on  ne  refroidit  pas  suffisamment,  ou  lorsque  intentionnellement 
on  chaufTe,  le  chlorure  d'ammonium  formé  ne  réagit  pas  sur  l'amidure  ou  l'imidure 
de  bore;  je  l'ai  vérifié  ainsi  :  ayant  chauffé  vers  35o°  le  produit  brut  de  l'action  du 
chlorure  de  bore  sur  l'ammoniac  et  l'ayant  laissé  refroidir,  on  y  a  envoyé  de  nouveau 
de  l'ammoniaque  liquide  et  l'on  a  détermfhé  la  quantité  de  gaz  ammoniac  sortant 
entre  -  28°  et  0°  et  représentant,  par  suite,  l'ammoniac  combiné  au  chlorhydrate;  on 
a  trouvé  sensiblement  le  même  nombre  qu'avant  d'avoir  chauffé  (  1274"'°', 5,  par  exemple, 
au  lieu  de  lagS'^'^'jO  dans  une  expérience;  l'écart  observé  paraît  dû  à  la  vaporisation 
d'une  petite  quantité  de  chlorure  d'ammonium). 

»  Quel  que  soit  d'ailleurs  le  produit  que  l'on  obtienne,  Bo(AzH^)^ 
ou  Bo^(AzH)^  ou  un  mélange  de  ces  deux  corps,  on  trouve  toujours,  à 
l'aide  de  la  méthode  décrite  plus  haut,  que  la  même  quantité  de  chlorure 
d'ammonium  a  été  formée. 

»  Ces  expériences  constituent,  comme  on  le  voit,  une  nouvelle  applica- 
tion de  la  méthode  que  j'ai  indiquée  autrefois  (')  pour  étudier  l'état  des 
corps  qui  forment  des  mélanges  complexes  dont  on  ne  peut  retirer  les  con- 
stituants. Cette  méthode,  qui  a  depuis  été  appliquée  par  d'autres  chimistes 
et  par  moi-même,  n'est  d'ailleurs  qu'une  application  immédiate  des  belles 
expériences  de  H.  Sainte-Claire  Deville  et  de  Debray  sur  la  dissociation. 

»  Je  n'ai  pu  jusqu'à  présent  séparer  l'amidure  de  bore  du  chlorure 
d'ammonium  formé  simultanément  qu'en  en  perdant  la  majeure  partie; 
pour  cela,  on  lave  le  mélange,  obtenu  comme  il  a  été  dit,  avec  du  gaz 
ammoniac  liquéfié  qui  dissout  le  chlorhydrate  d'ammoniaque  beaucoup 
plus  que  l'amidure  de  bore. 

))  Au  contraire,  l'imidure  de  bore  peut  être  facilement  séparé  du  chlo- 
rure d'ammonium  à  l'aide  de  l'ammoniac  liquéfié;  il  est  en  effet  très  peu 
soluble  dans  ce  dissolvant. 

»  Cet  imidure  de  bore  a  d'ailleurs  été  décrit  par  MM.  Stockes  et  Blick 
(Z).  ch.  G.,  t.  XXXIV,  p.  3o39),  qui  l'ont  obtenu  en  chauffant  à  120°  un 
sulfure  de  bore  ammoniacal  Bo^S^  6AzH'^;  on  obtient  ainsi  du  sulfure 

(')   Comptes  rendus,  t.  CXII,  p.  892. 


SÉANCE    DU    l5    DÉCEMBRE    1902.  "  II 09 

d'ammonium  et  de  la  borimide.  On  peut  se  demander,  à  la  suite  de  cette 
étude,  si  le  sulfure  de  bore  ammoniacal  n'est  pas  un  mélange  de  sulfure 
d'ammonium  et  d'amidure  de  bore;  si,  de  même,  le  bromm^e  de  bore  et 
l'iodure  de  bore  ammoniacaux  BBr% 4  A.zH^  ou  2BBi\9AzPP  etBP,5AzH' 
ainsi  que  BP,  i5AzH*  ne  sont  pas  aussi  des  mélanges  d'amidure  de  bore  et 
de  bromure  ou  d'iodure  d'ammonium.  C'est  ce  que  je  vérifie  en  ce 
moment.   » 


CHIMIE    MINÉRALE.    —    Sur  un   phosphate  ammoniaco-manganique  violet. 
Noie  de  M.  Ph.   Barbier,  présentée  par  M.   H.   Moissan. 

«  Dans  le  cours  de  mon  travail  sur  le  phosphate  rose  violacé  de 
Gmelin,  j'ai  réussi  à  préparer  un  nouveau  phosphate  manganique  de 
nuance  beaucoup  plus  bleue.  J'indique  dans  cette  Note  le  mode  de  prépa- 
ration, la  composition  et  les  propriétés  de  ce  nouveau  sel. 

»   Pour  obtenir  ce  phosphate,  on  procède  de  la  manière  suivante  : 

»  Dans  une  capsule  de  platine  on  introduit  i  partie  de  bioxyde  de  manganèse 
précipité  et  4  parties  de  phosphate  diammonique  avec  la  quantité  d'eau  nécessaire 
pour  former  une  pâte  épaisse.  On  chauffe  d'abord  modérément  en  agitant  pour  chasser 
l'eau,  puis  plus  fortement  pour  fondre  le  sel  ammonique.  Les  deux  corps  réagissent 
avec  dégagement  d'ammoniaque;  le  mélange,  d'abord  pâteux,  se  dessèche  et  devient 
solide  en  même  temps  que  l'on  observe  une  coloration  violette.  On  ajoute  alors  une 
quantité  d'acide  phosphorique  sirupeux  suffisante  pour  imprégner  toute  la  masse, 
et  l'on  continue  à  chauffer  en  agitant  constamment  jusqu'à  ce  que  la  substance  ait 
pris  une  belle  coloration  violette. 

»  Après  refroidissement,  on  traite  la  matière  par  l'eau  pour  dissoudre  l'acide  phos- 
phorique et  le  phosphate  diammonique  qui  pourraient  subsister;  on  lave  à  l'eau 
distillée  froide  jusqu'à  ce  que  l'eau  de  lavage  ne  renferme  plus  d'acide  phosphorique. 
Il  reste  une  substance   pulvérulente  qui  constitue  le  nouveau   phosphate  manganique. 

»   Après  dessiccation  à  1 10°,  il  donne  à  l'analyse  les  chiffres  ci-dessous  : 

P  pour  100 25,3 

Mn  pour  100 22 

Am  pour  100 7 

»   Ces  nombres  correspondent  assez  bien  à  la  composition  exprimée  par 
la  formule  P^O'^Mn-,  Am''  qui  exige  : 

P  pour  100 25, 1 

Mn  pour  100 22,  2 

Am  pour  100 7,2 

G.  R.,  1902,  2«  Semestre.  (T.  CXXXV,   K»  24.)  ^'^5 


IIIO  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Le  nouveau  sel  peut  donc  être  envisagé  soit  comme  un  dipyrophos- 
phate  ammoniaco-manganique 


P2  03 


P^O' 


OAm 

O— Mn 

0/ 

On 
O— Mn 

o/ 

OAm 


soit  comme  un  diortho-dimétaphosphate  ammoniaco-manganique 

OAm 

PO  ^  0\ 

^Mn  — O  — P  =  0 

0\  ^     ^ 

,  ^\Mn  — O  — P  =  0 
PO  I  0/ 

(  OAm 

isomère  du  précédent. 

))  Quoi  qu'il  en  soit,  la  combinaison  précédente,  que  je  désignerai  sous 
le  nom  de  dipyrophosphate  ammoniaco-manganique,  se  présente  sous  forme 
d'une  poudre  violette  insoluble  dans  l'eau,  soiubie  dans  l'acide  chlorhy- 
drique  avec  dégagement  de  chlore.  Les  alcalis  décomposent  ce  phosphate 
en  mettant  en  liberté  de  l'ammoniaque  et  du  sesquioxyde  de  manganèse. 

»  Chauffé  au  rouge  dans  un  creuset  de  platine,  il  donne  un  méta- 
phosphate  manganeux.   » 


CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  Séparation  des  alcalis  et  du  peroxyde  de  manganèse. 
Note  de  M.  H.  Baubigny,  présentée  par  M.  Troost. 

«  Si  la  présence  d'acide  sulfurique  libre  dans  le  milieu  oîi  se  forme  le 
peroxyde  de  manganèse  par  l'action  des  persulfates  (^)  n'empêche  pas 
l'entraînement  des  oxydes  basiques,  du  moins  il  est  en  partie  atténué. 
Aussi,  lors  des  essais  effectués  en  présence  des  sels  alcalins,  ai-je  eu  soin 

(')  Comptes  rendus,  t.  CXXXV,  p.  gôS,  et  aux  errata,  toc.  cit.,  p.  1084. 


SÉANCE  DU  l5  DÉCEMBRE  I902.  II lî 

d'ajouter  de  faibles  proportions  d'acide  pour  favoriser  la  surcharge  et 
mieux  faire  ressortir  la  rigueur  du  procédé  qui  permet  d'enlever  au 
peroxyde  la  totalité  des  alcalis  qui  y  sont  combinés. 

»  Ce  point  établi,  et  m'en  référant  aux  indications  déjà  fournies  sur  le 
mode  opératoire,  il  me  suffira,  pour  l'exposé  des  expériences,  de  donner 
pour  chacun  un  simple  schéma,  en  résumant  seulement  les  données 
variables  :  la  valeur  du  manganèse  étant  exprimée  en  oxyde  salin  Mn^O* 
pour  permettre  une  comparaison  rapide  avec  le  résultat.  Si,  pour  la  commo- 
dité pratique,  j'ai  employé  de  l'acide  sulfurique  dilué  (i:  10  en  volume),  il 
reste  cependant  entendu  que  l'indication  expérimeiitale  se  rapporte  tou- 
jours à  l'acide  SO'H-  (^=1,84). 

»  Les  essais  (a)  et  (b)  montrent  de  suite  le  degré  d'erreur  possible  en  présence  de 
sels  alcalins,  même  en  lavant  Mn  O*  à  l'eau  bouillante.  Mais  si  l'on  emploie  une  solution 
même  mojennement  concentrée  d'un  sel  ammoniacal  (le  nitrate,  par  exemple)  en 
terminant  avec  un  peu  d'eau,  on  obtient  exactement  le  poids  de  manganèse  mis  en 
expérience,  comme  l'établissent  les  essais  (c)  et  (d). 

Volume  SO^H=  (AzH*)2S=08  (') 

initial  en  richesse:  K-SO*  Mn»0<  Mn'O* 

en  cm-'.  volume.  84  pour  100.  pur.  initial.  trouvé. 

g  e  e  s 

(a) 200  3  pour  100  2  12,5  o,20o3  0,2862 

(b) 200  i  »  2  18  o,2oo3  0,2871 

(c) 200  A  »  2  12,5  0,2003  0,200I 

(d) 200  1  »  2  18  o,20o3  0,2000 

»  Le  lavage  à  chaud  avec  le  sel  ammoniacal  n'est  pas  nécessaire,  puisque 
dans  le  dernier  cas  (d)  on  a  opéré  à  froid. 

»  La  solution  du  problème  est  donc  une  simple  mise  en  jeu  de  la  loi  des 
échanges  entre  un  manganite  alcalin  et  un  sel  ammoniacal  à  acide  fort, 
procédé  bien  supérieur  au  lavage  avec  de  l'eau  acidulée,  qui  toujours  re- 
dissout du  manganèse,  si  l'on  prolonge  l'action  en  dehors  du  persulfate. 

»  Je  dis,  en  outre,  que  dans  les  essais  (a)  et  (b)  les  excès  de  poids  sont 
dus  seulement  à  la  présence  de  l'alcali  et  non  de  son  sulfate. 

»  Si  l'on  dissout,  en  effet,  le  produit  de  (a)  dans  HClaq,  qu'on  évapore  presque  à 
sec  pour  chasser  l'excès  d'acide,  et  qu'on  redissolve  dans  un  peu  d'eau,  on  n'obtient 
sensiblement  rien  par  l'addition  de  i  à  2  gouttes  d'une  solution  ^  N.  de  BaCP,  tandis 


(»  )  Les  impuretés  solubles  de  ce  persulfate  sont  du  (AzH*)2S0*  et  de  petites  traces 
de  K^SOS  d'oxyde  de  fer  et  de  silice  ;  ces  deux  dernières,  les  seules  pouvant  être  pré- 
judiciables, n'excédant  paso,oo5  pour  100. 


II  12  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

que  dans  la  solution  de  l'oxyde  de  (b)  on  retrouve  une  quantité  très  appréciable  de 
potassium.  Cela  se  vérifie  en  précipitant  d'abord  le  manganèse,  après  addition  d'am- 
moniaque, par  de  l'eau  oxygénée  distillée,  filtrant,  lavant  avec  du  Az  H^  Cl  ammoniacal 
et  évaporant  les  eaux  à  siccité  dans  une  petite  capsule  de  platine,  jusqu'à  élimination 
complète  des  sels  ammoniacaux.  Le  résidu  (o^jOSg)  soluble  dans  l'eau  colore  la  flamme 
en  violet;  sa  solution  donne  à  froid  un  dépôt  cristallin  par  le  perchlorate  d'ammoniaque, 
ainsi  qu'un  précipité  abondant  par  le  cobaltinitrite  de  sodium,  réactif  (')  par  excel- 
lence du  potassium, 

»  Ce  poids  de  o^joSgRCl  correspondant  à  o^,o246K-0  n'est  pas  en 
rapport  avec  la  surcharge  0^,0868  de  l'essai  (b).  Mais  il  n'y  a  là  aucune 
contradiction.  On  sait,  en  effet,  d'après  Rousseau  (^),  que  les  polymanga- 
nites  sont  stables  à  haute  température  et  que  ce  n'est  qu'au  delà  d'environ 
i3oo**  qu'ils  se  résolvent  en  Mn^O'et  potasse  volatile.  Partie  de  la  surcharge 
est  donc  due  à  de  l'oxygène. 

»  L'aspect  du  produit  est  d'ailleurs  un  renseignement  pour  l'opérateur. 
Tandis  que  Mn^O"*  doit  être  très  poreux  et  possède  une  teinte  brun  clair,  le 
peroxyde  chargé  d'alcali  donne,  après  calcination,  des  grains  noirs  à 
texture  compacte  comme  les  polymanganites  formés  au  rouge. 

»  Une  seconde  série  de  recherches,  portant  sur  des  poids  plus  forts  de  manganèse, 
m'a  conduit  aux  mêmes  conclusions;  car  de  deux  lots  de  MnO^(Mn^O*=:  08,4674) 
préparés  avec  les  mêmes  solutions,  dans  des  conditions  identiques,  l'un,  qui  a  servi  au 
dosage  de  l'acide  sulfurique,  m'a  donné  os,oo29BaSO*,  soit  os,ooioSO*  et  le  second, 
par  le  mode  déjà  indiqué,  os,0927KCl  ne  pouvant  renfermer  comme  impuretés  que 
les  minimes  traces  de  fer  et  de  silice  apportées  par  le  persulfate.  Or,  entre  ces  deux 
poids,  os,ooioSO'  et  os,o585K^O,  correspondant  à  os,o927KCl,  il  n'existe  aucune 
proportionnalité  permettant  d'attribuer  la  surcharge  au  sulfate  alcalin. 

»  Après  la  calcination  de  l'oxyde,  la  solution  du  sel  ammoniacal  n'agit  plus 
qu'imparfaitement,  même  en  opérant  à  chaud;  la  raison  en  est  dans  l'état 
physique  du  produit,  dont  les  grains  compacts  se  laissent  mal  pénétrer  par 
le  liquide,  alors  qu'avant  la  dessiccation  l'oxyde  forme  une  poudre  extrê- 
mement fine.  Au  cas  où  l'on  suspecterait  une  surcharge  alcaline  d'après 
l'aspect  du  produit,  il  n'y  aurait  qu'à  le  redissoudre  et  à  recommencer 
l'opération. 

»  J'ajouterai  cjue  les  sels  alcalins  semblent  agir  surtout  au  moment  de 


(')  Ce  n'est,  en  somme,  que  la  réversion  de  la  réaction  bien  connue  du  cobalt,  ap- 
pliquée au  potassium  et  sur  laquelle  de  Koninck^  le  premier,  a  appelé  l'attention. 
(■^)   Comptes  rendus,  t.  CIV,  1887,  P-  7^6  et  1796. 


SÉANCE  DU  l5  DÉCEMBRE  1902.  IIl3 

la  formation  du  MnO%  car,  si  on  les  ajoute  après  la  précipitation,  la  sur- 
charge est  sensiblement  inférieure. 

»  Dans  tontes  les  recherches  ultérieures,  après  avoir  d'abord  débarrassé 
le  peroxyde  des  eaux  mères  acides  par  quelques  lavages  à  l'eau,  nous  le 
traiterons  donc  toujours  par  un  sel  ammoniacal  (le  nitrate  de  préférence) 
pour  le  purger  de  toute  trace  d'alcali;  d'autaut  plus  que  ce  procédé  permet 
un  lavage  méthodique  de  l'oxyde,  qui,  dans  ces  conditions  et  malgré  sa 
ténuité,  ne  traverse  jamais  le  papier  du  filtre. 

»  Cette  méthode  de  purification  n'est  applicable  qu'aux  alcalis  ^ew/^  et  ne 
réussit  pas  avec  les  oxydes  métalliques.  » 

CHIMIE  MINÉRALE.    —   La  diffusion  de  V arsenic  dans  la  nature. 
Note  de  M.  F.  Garrigou,  présentée  par  M.  A.  Gautier. 

«  Les  belles  et  pratiques  découvertes  de  M.  A.  Gautier,  sur  l'iode  et  sur 
l'arsenic  chez  les  animaux  et  les  plantes,  m'ont  décidé  à  faire  connaître  à 
l'xAcadémie  les  résultats  de  mes  j)ropres  investigations  commencées  depuis 
plus  de  3o  ans.  Elles  m'ont  convaincu  de  la  dissémination  de  l'arsenic  dans 
les  trois  règnes. 

»  La  méthode  de  recherche  qualitative  que  j'ai  employée,  dès  1869, 
est  la  méthode  des  flammes,  des  perles  et  des  émaux^  de  Bunsen,  avec  l'aide 
précieuse  du  speclroscope  ou  du  microscope  et  des  réactifs  ordinaires. 

»  On  peut,  avec  les  perfectionnements  pratiques  que  j'ai  apportés  à 
cette  méthode,  arriver  à  déceler  dans  une  substance  ^Q^^^^ „•  de  milligramme 
d'arsenic.  De  plus,  après  avoir  répété  toutes  les  réactions,  ou  peut 
reprendre  encore  cet  arsenic,  par  un  traitement  direct  sur  la  capsule  à 
cupules,  et  recommencer  toutes  les  opérations  ('). 

rt   Voici  de  quelle  manière  je  fais  cet  examen  des  flammes  : 

»  La  substance  est  réduite  en  poudre,  on  la  traite  à  chaud  par  l'eau  régale  pure, 
presque  à  siccité.  On  recommence  ce  traitement  trois  fois.  On  évapore  à  sec  au  bain- 
marie,  et  l'on  traite  à  cliaud  trois  à  quatre  fois  par  l'acide  chlorhydrique  pur,  pour 
chasser  l'acide  azotique  et  rendre  la  silice  insoluble. 

»  On  reprend  par  l'acide  chlorhydrique  étendu.  On  fdtre  et  fait  passer  un  courant 
d'acide  sulfureux  pendant  i  heure,  à  3o°  environ.  On  enlève  alors  l'acide  sulfureux  en 

(')  Il  en  est  de  même  pour  tous  les  métalloïdes  et  métaux  volatils,  tels  que  le  tel- 
lure, le  sélénium,  l'antimoine,  le  bismuth,  le  cadmium,  le  plomb,  le  mercure,  le  zinc, 
rétain,  l'iridium,  lethallium,  etc. 


Ill4  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

excès,  à  chaud  et  au  moyen  du  vide,  en  recevant  les  gaz  dégagés  dans  une  solution  de 
potasse,  pour  en  surveiller  la  connposition.  On  fait  alors  passer  à  chaud,  pendant 
5o  heures  au  moins,  un  courant  d'acide  sulfhydrique.  On  laisse  digérer  le  tout  à  4o° 
pendant  5o  heures.  On  recommence  à  faire  passer  le  courant  d'acide  sulfhydrique 
pendant  12  heures. 

»  On  laisse  alors  tous  les  sulfures  se  déposer,  on  décante  soigneusement  le  liquide 
limpide,  et  l'on  jette  le  précipité  sur  un  filtre  pour  le  laver  avec  une  solution  d'acide 
sulfhydrique  d'abord,  puis  d'eau  distillée  bouillie  et  privée  ainsi  d'ammoniaque. 

»  Après  avoir  soigneusement  séparé  la  partie  claire,  on  traite  alors  directement  les 
sulfures  sur  le  filtre  par  de  l'ammoniaque  qui  dissout  le  sulfure  As^S^.  On  évapore 
le  liquide  ammoniacal  à  siccité,  et  le  sulfure  d'arsenic  restant  est  directement  examiné 
par  le  procédé  des  flammes  de  Bunsen,  sur  la  capsule  de  porcelaine  à  petites  cupules. 

»   On  peut  ainsi  déceler  la  présence  de  quantités  infinitésimales  d'arsenic. 

»  Il  est  aisé,  en  faisant  des  expériences  comparatives  sur  une  seconde  capsule  de 
porcelaine,  avec  du  sulfure  d'arsenic  titré,  d'établir  une  échelle  d'étendue  et  d'inten- 
sité de  dépôt  qui  permet  de  juger  a/?/>ro^ima^fVe/?ze/i^  la  quantité  d'arsenic  trouvée  ('). 

»  Voici  maintenant  les  résultats  que  j'ai  obtenus  depuis  1868  dans 
25o  examens  divers. 

»)  1°  Roches.  —  Toutes  les  roches,  depuis  le  granit  jusqu'aux  terrains  sédimentaires 
les  plus  récents,  contiennent  de  l'arsenic. 

»  2°  Minéraux  crisLallisés.  —  Le  spath  d'Islande,  le  quartz,  les  agates,  les  fluo- 
rines, les  gypses,  les  barytines  ne  m'ont  pas  paru  en  contenir. 

»  3"  Filons  métallifères.  —  Ceux  dont  j'ai  le  mieux  étudié  la  composition  sont  les 
amas  de  fer,  les  filons  de  minerais  de  zinc,  de  cuivre,  de  plomb,  de  mercure.  Tous 
étaient  plus  ou  moins  arsénifères. 

»  4°  Eaux  minérales.  —  Il  n'y  a  pas  une  seule  eau  minérale,  parmi  celles  que  j'ai 
eu  à  examiner  chimiquement,  d'une  manière  complète,  qui  ne  m'ait  fourni  de  l'ar- 
senic. 

»  Dans  celle  de  Luchon,  j'ai  retrouvé  jusqu'à  os, 0002  d'arsenic.  L'un  des  résidus  de 
cette  eau,  provenant  de  l'évaporation  de  100',  m'a  même  fourni  de  l'acide  cacodylique 
parfaitement  reconnaissable  à  son  odeur  (2). 

»  5°  Eaux  potables.  —  En  évaporant  des  quantités  suffisantes  d'eau  potable,  on  y 
retrouve  toujours  de  petites  traces  d'arsenic,  supérieures  à  o™s,oooooi. 

»  Les  eaux  granitiques  sont  celles  qui  m'en  ont  fourni  le  moins.  Les  eaux  des  nappes 
phréatiques,  celles  qui  m'en  ont  donné  le  plus  (^). 


(^)  Pour  des  essais  du  genre  de  ceux  que  j'ai  poursuivis,  une  approximation  sem- 
blable est  parfaitement  suffisante. 

(-)  Filhol  avait  signalé,  avant  moi,  l'arsenic  dans  les  eaux  de  Luchon,  et  Tripier, 
dans  une  eau  minérale  d'Algérie,  dès  i84o. 

(^)  Ces  évaporations  doivent  se  faire  dans  la  porcelaine,  le  verre  contenant  presque 
toujours  de  l'arsenic. 


SÉANCE  DU  l5  DÉCEMBRE  1902.  Ill5 

»  6°  Cendres  des  végétaux.  —  Les  cendres  des  végétaux  obtenues  par  calcination 
soit  en  vase  clos,  soit  en  plein  air,  contiennent  de  l'arsenic  en  quantité  notable.  Dans 
mon  analyse  des  cendres  des  herbages  de  la  Frèche,  près  de  Luchon,  j'avais  signalé 
des  traces  d'arsenic  {Journal  de  Thérapeutique,  10  décembre  1875,  p.  909).  Dans 
une  nouvelle  analyse,  faite  quelques  années  plus  tard,j'ai  pu  constater  dans  ces  mêmes 
cendres,  au  moyen  d'un  dosage  direct  à  l'état  d'arséniate  ammoniaco-magnésien, 
0,02  pour  100  d'arsenic. 

»  Le  vin  en  contient  aussi,  et  les  quantités  varieraient  de  os,  000  000  5  à  o?,  000  002 
suivant  les  régions  et  les  terrains. 

»  7°  Dans  l'organisme  animal.  —  Comme  expert  des  tribunaux,  j'ai,  dans  les  or- 
ganes (^)  de  12  empoisonnés  par  divers  métaux,  cherché  aussi  l'arsenic.  Je  l'y  ai 
rencontré  à  des  doses  qui  variaient  de  os,  000  002  à  os,  000  008.  Les  composés  métal- 
liques qui  avaient  été  ingérés  criminellement  étaient  les  combinaisons  du  cuivre,  du 
zinc,  du  mercure,  le  cyanure  de  potassium.  Je  l'ai  trouvé  également  dans  un  cas  d'em- 
poisonnement par  la  sabine,  tout  en  me  gardant  de  conclure,  dans  ces  cas,  à  Fintro- 
duction  criminelle  de  l'arsenic. 

»  Les  conclusions  que  je  crois  pouvoir  tirer  de  cette  Note  sont  les  sui- 
vantes ;  l'arsenic  est  un  des  métalloïdes  les  plus  répandus  dans  la  Nature. 
Il  est  souvent  absorbé  par  l'homme,  à  son  insu,  avec  ses  aliments  et  ses 
boissons.  » 


Observations  de  M.  Armand  Gautier  présentées  à  la  suite 
de  la  Note  précédente. 

«  A  propos  de  ces  constatations  de  la  présence  de  l'arsenic  dans  l'orga- 
nisme humain,  je  crois  devoir  faire  des  réserves.  Il  serait  très  regrettable 
de  laisser  croire  que  l'arsenic  se  retrouve  dans  tous  nos  organes,  et  que 
les  milliers  de  recherches  négatives,  faites  à  ce  sujet  par  les  chimistes 
experts,  sont  erronées.  Chez  l'animal,  l'arsenic  se  localise  dans  la  peau 
et  ses  glandes  annexes.  La  plupart  des  organes  que  M.  Garrigou  cite  en 
note  n'en  contiennent  pas  ou  des  traces  inférieures  au  vingt-millionième 
de  leur  poids.  Dans  ces  recherches,  il  faut  vérifier  avant  tout  la  pureté  de 
ses  réactifs  en  opérant  sur  des  quantités  doubles  ou  triples  de  celles  qui 
serviront  aux  expériences.  Il  faut  aussi  se  tenir  en  garde  contre  l'existence 
de  l'arsenic  dans  le  verre  :  celui  d'Iéna  peut  en  contenir  jusqu'à  i  mil- 
lième. » 

(*)  Mélange  du  foie,  des  poumons,  des  reins  et  du  cerveau. 


IIl6  ACADEMIE    DES   SCIENCES. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  L'aldéhyde p-benzène-azobenzoïque  et  ses  dérivés. 
Note  de  MM.  P.  Freundler  et  de  Laborderie,  présentée  par  M.  H. 
Moissan. 

«  L'un  de  nous  a  décrit  dans  une  précédente  Note  (')  la  préparation  et 
les  propriétés  de  l'aldéhyde  /?-benzène-azobenzoïque, 

C«H'.Az  =  Az.C«H\CHO. 

»  Nous  avons  cherché  depuis  lors  un  mode  d'obtention  de  cette  aldéhyde 
qui  permît  d'éviter  la  séparation  des  deux  acétals  mixte  et  symétrique,  et 
nous  avons  essayé  de  condenser  le  nitrosobenzène  avec  l'aldéhyde  /?-ami- 
nobenzoïque,  suivant  la  méthode  de  Mills  et  de  Bamberger  (^)  : 

C^H^AzO  +  H^Az.C^H^CHO^CH^Azrr::  AzC^H'.CHO  +  H^O. 

»  L'aldéhyde  /)-aminobenzoïque  étant  difficile  à  manier  à  cause  de  sa 
facile  polymérisation,  nous  avons  cherché  à  lui  substituer  un  de  ses  dérivés 
immédiats  tels  que  l'oxime  ou  l'acétal. 

»  Ce  dernier  n'a  pas  encore  été  décrit;  toutes  les  tentatives  que  nous 
avons  faites  pour  l'obtenir  ont  échoué  jusqu'à  présent. 

»  D'une  part,  la  réduction  de  l'acétal  /j)-nitrobenzoïque  au  moyen  du  sulfure  d'am- 
monium alcoolique  ne  nous  a  fourni  que  des  matières  résineuses  se  décomposant  à  la 
distillation,  qui  constituent  un  produit  de  polymérisation  de  l'aldéhyde  aminée.  Le 
groupement  acélal  est  donc  saponifié  par  le  sulfure  d'ammonium. 

»  D'autre  part,  il  ne  nous  a  pas  été  possible  de  transformer  l'oxime  aminée  en  acétal 
au  moyen  de  l'alcool  méthylique  et  de  l'acide  chlorhydrique,  suivant  le  procédé  de 
Harriès  (^).  La  presque  totalité  de  l'oxime  reste  inaltérée. 

•»  Enfin,  la  réduction  de  l'acétal  p-miré.  par  l'amalgame  d'aluminium,  en  solution 
éthérée,  ne  nous  a  donné  qu'un  mélange  de  dérivés  hydroxylaminé  et  azoxyque  sur 
lesquels  nous  reviendrons  prochainement. 

))  L'oxime  /?-aminobenzoïque  peut  au  contraire  être  préparé  très  faci- 
lement par  le  procédé  de  M.  Gabriel  (*).  Toutefois,  la  condensation  de 


(*)   Comptes  rendus,  t.  CXXXIV,  p.  iSSg. 

(^)  Mills,  Chem.  Soc.,  t.  LXVll,  p.  929. — Bambergek,  D.  cliem.  G.,  t.  XXIX,  p.  io3. 

(')/>.  chem.  G.,  t.  XXXI V. 

(*)  Z).  chem.  G.,  t.  XVI,  p.  2001. 


SÉANCE    DU    l5   DÉCEMBRE    1902.  Iliy 

cette  oxime  et  du   nitrosobenzène  se  fait  avec  un  assez  mauvais  rende- 
ment. 

»  36'  de  nitrosobenzène  et  45^  d'oxime  aminée  sont'  chaufTés  avec  loos  d'alcool 
à  96  pour  100  et  20s  d'acide  acétique,  pendant  5  à  6  heures,  au  bain-marie.  Après 
refroidissement,  la  benzène-benzaldoxime  se  dépose  sous  la  forme  de  paillettes 
bronzées  qu'on  essore  et  qu'on  lave  avec  un  peu  d'alcool  froid.  On  obtient  ainsi  288 
de  produit  pur  (au  lieu  de  74S).  Les  eaux  mères  en  contiennent  une  petite  quantité 
que  l'on  peut  isoler  par  l'intermédiaire  des  sels  de  sodium  ou  de  potassium;  ceux-ci 
sont  en  effet  très  peu  solubles  dans  l'eau  froide. 

»  La  p -benzène-benzaldoxime,  CtPAz  =  Az  C'H' CH  =  AzOH,  fond 
à  143°;  elle  est  peu  soluble  dans  l'alcool  froid,  très  soluble  dans  l'acétone. 
Les  acides  dilués  ne  la  saponifient  que  très  difficilement  et  incomplète- 
ment, même  à  100°.  Lorsqu'on  traite  par  de  l'acide  chlorhydrique  une 
émulsion  du  sel  de  sodium  dans  l'eau,  additionnée  de  la  quantité  théo- 
rique d'azotite  de  soude,  on  réussit  à  détruire  partiellement  le  groupe- 
ment oximiné;  mais  il  se  forme  en  même  temps  des  produits  secondaires 
que  nous  étudions  actuellement  et  qui  rendent  très  difficile  la  purification 
de  l'aldéhvde. 

»  Il  résulte  de  là  que  la  préparation  de  cette  dernière  s'effectue  plus 
commodément  par  le  procédé  indiqué  antérieurement  (/oc.  cit.). 

»  L'aldéhy(le/>-benzène-azobenzoïque  fournit  par  oxydation  l'acide  cor- 
respondant, qui  fond  à  238°  et  qui  a  déjà  été  décrit  (').  Chauffée  à  180** 
au  bain  d'huile  avec  de  l'anhydride  acétique  et  de  l'acétate  de  sodium 
fondu,  elle  donne  naissance  à  une  petite  quantité  d'acide  p-benzène-azo- 
cinnamique  C''H\  Az  =  Az.CHP  .CH  =  CH  .CO-H.  Ce  dernier  acide  s'ob- 
tient plus  aisément  en  chauffant  pendant  quelques  heures  au  bain-marie 
une  solution  alcoolique  de  nitrosobenzène  et  d'acide  jo-aminocinnamique 
additionnée  diacide  acétique.  Mais,  dans  ce  cas  encore,  les  rendements  sont 
loin  d'être  théoriques. 

»  L'acide  benzène-azocinnamique  cristallise  dans  le  benzène  bouillant  en  paillettes 
rosées,  très  peu  solubles  dans  l'alcool  et  dans  l'acide  acétique.  Il  fond  en  se  décompo- 
sant vers  245".  Traité  par  le  perchlorure  de  phosphore  en  solution  benzénique,  il 
fournit  un  chlorure  cristallisé  en  aiguilles  rougeâtres.  Ce  chlorure  a  été  transformé 
en  amide  (lamelles  d'un  rouge  orangé,  fusibles  à  228°-229°,  solubles  dans  l'acétone), 
en  éther  méthylique  (aiguilles  rouges,  fusibles  à  i45°;  peu  solubles  dans  i'alcool  et  le 

(*)  Mentha,  Heumann,  D.  chetn  G.,  t.  XIX,  p.  3o23. —  Jacobson,  Ann.  Chenu, 
t.  CCCllI,  p.  385. 

G.   R.,  1902,  1"  Semestre.  (T.  CXXXV,  N°  24.)  ï4t> 


IIl8  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

benzène)  et  en  étiier  èlhyUque  (aiguilles  prismatiques  rouges,  fusibles  à  loi^-ioa"). 
Il  est  à  remarquer  que  l'ammoniaque  alcoolique  n'attaque  pas  l'éther  méthylique  à  loo", 
en  vase  clos. 

»  Nous  avons  préparé  également,  à  partir  de  l'acide  précédent,  le  hen- 
zène-azostyrolène  et  Y  acide  benzène-hydrazocinnamique  dont  nous  complé- 
tons actuellement  l'étude.   » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  V acide  oxyhenzy Iphosphinique . 
Note  de  ?.î.  C.  Marie,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

«  Cet  acide  a  été  découvert  par  Fossek  (il/o/z.  /.  Ch.,  t.  V,  p.  121)  qui 
le  préparait  en  faisant  réagir  le  trichlorure  de  phosphore  sur  l'aldéhyde 
benzoïque;  en  traitant  par  l'eau  après  réaction  il  obtenait  l'acide 

fusible  à  178°.  Mes  recherches  sur  les  acides  dérivés  de  l'acétone  et  des 
acides  phosphoreux  et  hvpophosphoreux  m'ont  amené  à  deux  nouvelles 
méthodes  de  préparation  de  cet  acide. 

»  1°  J'ai  montré  {Comptes  rendus,  t.  CXXXIV,  p.  286)  que  l'acide  PO^H^^G^HfiO 
s'oxydait  facilement  en  donnant  l'acide  oxyphosphinique  correspondant  PO^H^C^  H^O. 
Or,  Ville  {Comptes  rendus,  t.  CX,  p.  348)  a  décrit  un  acide  oxybenzylhypophos- 
phoreux  PO-H'CH^CHO  qu'il  obtenait  en  faisant  réagir  PO-H^  en  solution  aqueuse 
concentrée  sur  Taldéhyde  benzoïque.  Gel  acide  réduisait  HgCl"^,  mais  le  produit  de  la 
réaction  n'a  pas  été  étudié.  J'ai  pensé  que  ce  produit  d'oxydation  ne  pouvait  être  que 
l'acide  PO"*H'*C^H^CHO  et  c'est  en  effet  ce  qui  a  lieu.  Pour  réaliser  cette  préparation 
par  ce  procédé  voici  comment  il  convient  d'opérer  : 

»  On  prépare  d'abord  l'acide  PO-fPG^H^CHO  (je  reviendrai  d'ailleurs  plus  tard 
sur  cette  préparation)  et  l'on  traite  sa  solution  aqueuse  tiède  par  le  brome  (')  jusqu'à 
ce  que  celui-ci  soit  en  léger  excès.  On  évapore  à  sec  la  solution  pour  chasser  HBr  et 
l'acide  brut  obtenu,  sensiblement  pur  d'ailleurs,  est  recristallisé  soit,  comme  Fossek 
l'indique,  dans  un  mélange  de  benzène  et  d'acide  acétique,  soit  plus  simplement  dans 
l'acétone. 

»  2°  Dans  la  Note  citée  plus  haut,  j'ai  fait  voir  que  l'acide  PO^H^G^H'^0  était  sus- 
ceptible de  fixer  une  molécule  d'aldéhyde  benzoïque  pour  fournir  un  acide  mixte 
PO-H^G^H'^OG^H^GHO.  La  facilité  de  cette  réaction  comparée  avec  la  difficulté  de 
fixation   d'une   nouvelle   molécule    d'acétone    m'a    amené   à  penser    que   l'hydrogène 


(•)  Le    brome    remplace    avantageusement    HgGl-,    l'oxydation    est    immédiate   et 
l'extraction  du  produit  simplifiée  autant  que  possible. 


SÉANCE  DU  l5  DÉCEMBRE  1902.  III9 

réducteur  de  l'acide  phosphoreux  incapable  de  fixer  l'acétone  pourrait  être  plus  actif 
vis-à-vis  de  l'aldéhyde  benzoïque  et  donner  directement  l'acide  PO^H^C'^H^CHO. 
C'est  en  effet  ce  qui  a  lieu,  et  pour  effectuer  cette  réaction  il  suffît  de  chauffer  ensemble 
l'acide  PO^H'  et  un  excès  d'aldéhyde  à  ioo°-iio°  pendant  une  vingtaine  d'heures. 
Peu  à  peu  la  condensation  a  lieu  en  même  temps  que  le  mélange  se  colore  en  rouge. 
Si  on  laisse  refroidir  au  bout  du  temps  indiqué,  le  produit  se  prend  en  masse.  On 
élimine  l'excès  d'aldéhyde  par  le  benzène,  qui  laisse  l'acide  sensiblement  pur. 

»  L'acide  obtenu  par  ces  deux  procédés  a  été  comparé  et  identifié  avec 
celui  préparé  avec  PCP.  Il  a  le  même  point  de  fusion  ig5°.  La  valeur  ijS^ 
indiquée  par  Fossek  correspond  à  un  point  de  décomposition  et  non  à  un 
point  de  fusion.  Pour  avoir  celui-ci,  il  faut  opérer  au  bloc  Maquenne,  en 
prenant  comme  température  celle  à  laquelle  la  substance  projetée  fond 
immédiatement.  Le  chauffage  progressif  en  petit  tube  donne  bien  173°; 
mais  la  fusion  est  accompagnée  d'un  départ  d'aldéhyde.  Cette  décompo- 
sition n'est  d'ailleurs  pas  complète  et  la  perte  de  poids,  même  par  un 
chauffage  prolongé  à  3oo°,  ne  dépasse  pas  12  pour  100,  alors  que  la  réac- 
tion totale  exigerait  56,38.  Il  reste  une  substance  résineuse  jaunâtre,  so- 
luble  dans  l'eau  avec  une  fluorescence  bleue.  Son  étude  n'a  pas  été  poussée 
plus  loin. 

M  Pour  déterminer  plus  complètement  la  constitution  et  les  propriétés 
de  l'acide  oxybenzylphosphinique  j'ai  préparé  quelques  nouveaux  dérivés 
de  cet  acide  :  son  sel  d'argent,  son  éther  méthylique  et  son  dérivé  benzoïlé. 

»  Sel  d''argent.  —  L'acide  pur  ne  réduit  plus  du  tout  l'azotate  d'argent  et  le  sel 
obtenu  en  mélangeant  la  solution  légèrement  acide  du  sel  de  soude  avec  un  excès 
d'AzO'Ag  est  parfaitement  blanc  et  stable.  Séché  il  correspond  à  la  formule 

P0»HAg2C«H»CH0. 

Ce  sel  m'a  servi  à  identifier  plus  complètement  l'acide  obtenu  par  les  trois  procédés 
indiqués  précédemment. 

»  Ether  méthylique.  —  J'ai  préparé  cet  éther  par  le  sel  d'argent  et  CH^I  ou  par 
l'action  de  Ag-0  sur  l'acide  en  présence  d'un  excès  d'iodure.  Dans  les  deux  cas,  par 
évaporation  de  l'iodure  en  excès,  on  obtient  un  sirop  qui  ne  cristallise  que  partielle- 
ment. Par  essorage  et  cristallisation  dans  l'élher  on  obtient  des  cristaux  fusibles  à  99°. 
Ceux-ci,  d'après  leur  analyse  et  leurs  propriétés,  constituent  l'éther 

PO=^H(CH3)2C^H^CHO. 

Ils  sont  très  solubles  dans  l'eau,  l'alcool,  l'acétone;  peu  solubles  dans  le  sulfure  de 
carbone  et  l'éther.  Leur  saponification  s'effectue  nettement  en  deux  phases  :  une  seule 
molécule  d'alcool  part  d'abord  puis  il  faut  de  longues  heures  d'ébulliiion  en  présence 
d'un  excès   d'alcali  pour  avoir  la   saponification   complète.  Celle-ci   est  accompagnée 


I120  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

d'une  décomposition  en  aldéhyde  benzoïque  et  phosphite  facilement  caractérisable 
dans  la  liqueur. 

»  Dérivé  benzoïlé.  —  On  traite  l'acide  par  un  petit  excès  de  chlorure  de  benzoïle 
à  ioo°.  Après  départ  de  l'HCl  théorique  on  reprend  par  l'eau  et  l'on  élimine  l'acide 
benzoïque  qui  se  forme  toujours  en  petite  quantité  par  quelques  dissolutions  et  éva- 
porations  à  sec  successives. 

»  Finalement  on  obtient  le  dérivé  benzoïlé  qui  cristallise  à  froid  de  sa  solution 
aqueuse  en  aiguilles  fusibles  à  gS"  et  répondant  à  la  formule 

P0'IP(OH^CH0)(C«H«C0). 

Ce  corps  est  presque  insoluble  dans  l'eau  froide;  il  est  soluble  dans  l'alcool,  l'éther, 
l'acétone;  peu  soluble  à  froid  dans  le  benzène.  Comme  l'acide  PO^H'C^H^CHO  mo- 
noacide à  l'hélianthine,  il  est  nettement  biacide  à  la  phtaléine.  Par  ébullition  avec  un 
excès  d'alcali  il  est  facilement  saponifié. 

»  J'espère  pouvoir  montrer,  clans  une  prochaine  Note,  que  les  deux  mé- 
thodes indiquées  s'appliquent  également  aux  aldéhydes  grasses  et  consti- 
tuent par  suite  deux  méthodes  générales  de  synthèse  des  acides  oxyphos- 
phiniques  dérivés  des  aldéhydes.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  une  nouvelle  méthode  de  chloruralion  des 
carbures  aromatiques.  Note  de  MM.  Seyewetz  et  Biot,  présentée  par 
M.  A.  Haller. 

«  Le  chlorure  plombico-amoniacal  se  décompose  facilement,  comme  on 
le  sait,  sous  l'action  de  la  chaleur  ou  des  composés  réducteurs,  en  donnant 
du  chlorure  de  plomb,  du  chlore  et  du  chlorure  d'ammonium. 

»  Nous  avons  utilisé  le  chlore  naissant  dégagé  dans  cette  réaction  à  la 
chloruration  des  carbures  aromatiques. 

»  Préparation  du  chlorure  plombico-ammoniacal .  —  Nous  avons  préparé  ce 
corps  en  faisant  passer  un  courant  de  chlore  dans  du  chlorure  de  plomb  en  suspension 
dans  l'acide  chlorhydrique  (')  jusqu'à  ce  que  la  dissolution  soit  complète.  Le  liquide 
rouge  orangé  ainsi  obtenu  est  additionné  de  la  quantité  théorique  de  chlorure  d'am- 
monium dissous  dans  dix  fois  son  poids  d'eau  (aAzH^Cl  pour  iPbCl").  Il  se  forme 
aussitôt  un  précipité  jaune  cristallin  qui  est  le  chlorure  plombico-ammoniacal 
PbCl*+  2AzH^Cl;  on  l'essore  et  on  le  sèche  vers  70°-8o°. 

»  Chloruration  du  benzène.  —  A  la  pression  ordinaire,  le  benzène  chauffé  plu- 
sieurs heures  à  sa  température  d'ébuUition  avec  le  chlorure  plombico-ammoniacal  ne 

(')  Frikdehicii,  Berichte  cler  ileutsch.  chcniisch.  GtselhchaJÏ,  l.  XXVI,  p.  i434- 


SEANCE  DU  ID  DÉCEMBRE  I902.  II2I 

donne  Heu  à  aucune  réaction.  En  tubes  scellés  le  composé  plombique  réagit  sur  le 
benzène  vers  i5o°.  A  l'ouverture  des  tubes  on  constate,  outre  la  décoloration  com- 
plète du  dérivé  plombique,  une  forte  pression  avec  dégagement  d'acide  chlorhydrique. 
»  Le  contenu  du  tube  est  lavé  au  benzène  pour  séparer  le  chlorure  de  plomb.  La 
solution  benzénique  est  rectifiée.  La  portion  principale  est  recueillie  vers  iSi^-iSs". 
Ses  propriétés  et  le  dosage  du  chlore  permettent  de  l'identifier  avec  le  chlorobenzène  : 

Calculé 
Trouvé.  pour  C^U^C]. 

Cl  pour  100 3i,32  3l,55 

»  Chloruration  du  toluène.  —  Le  chlorure  plombico-ammoniacal  réagit  facilement 
sur  le  toluène  à  la  température  d'ébullition  de  ce  carbure.  On  maintient  au  réfrigérant 
à  reflux  le  toluène  avec  \  seulement  de  la  quantité  théorique  de  composé  plombique, 
afin  que  la  masse  ne  soit  pas  trop  pâteuse.  Il  se  dégage  peu  à  peu  de  l'acide  chlor- 
hydrique et  le  chlorure  plombique  se  décolore  lentement.  Au  bout  de  quelques  heures, 
cette  décoloration  étant  complète,  on  essore  le  chlorure  de  plomb,  on  le  lave  avec  un 
peu  de  toluène,  puis  on  ajoute  la  deuxième  portion  de  chlorure  plombico-ammoniacal. 
La  réaction  se  continue  alors  comme  dans  la  première  phase,  bien  qu'un  peu  plus 
lentement.  Lorsque  tout  le  composé  plombique  est  décoloré,  on  l'essore  et  on  le  lave 
comme  le  premier,  puis  on  rajoute  au  liquide  la  dernière  portion  de  composé  plom- 
bique et  l'on  arrête  l'opération  dès  qu'on  a  obtenu  la  décoloration  complète  de  ce 
dernier. 

»  Le  résidu  solide  est  essoré,  lavé  avec  un  peu  de  toluène,  et  le  liquide  est  rectifié. 
On  sépare  d'abord  une  petite  quantité  de  toluène  non  chloré,  puis  on  recueille  la 
portion  principale  vers  i56°-i58°.  Les  propriétés  de  cette  portion  et  le  dosage  du 
chlore  permettent  de  l'identifier  avec  l'orlhochlorololuène.  Oxydée  par  le  permanganate 
de  potassium  étendu,  elle  donne  l'acide  orthochlorobenzoïque  fondant  à  iSô^-iS^"». 

»  Dosage  du  chlore  : 

Calculé 
pour 

CH''  ^^^ 
Trouvé.  \CH3  ' 

Cl  pour  100 27,6  28,06 

»  Chloruration  du  paraxylène.  —  La  chloruration  du  paraxylène  a  lieu  plus  rapi- 
dement que  celle  du  toluène,  probablement  parce  que  sa  température  d'ébullition, 
plus  élevée  que  celle  du  toluène,  favorise  la  décomposition  du  composé  plombique. 
On  opère  dans  des  conditions  identiques  à  celles  que  nous  avons  indiquées  pour  le 
toluène.  Le  produit  final  de  la  réaction  est  lavé  à  l'eau  jusqu'à  élimination  totale  de 
l'acide  chlorhydrique  dissous,  puis  il  est  séché  et  rectifié.  La  fraction  principale  est 
constituée   par  un  liquide  bouillant  à  186°  qui  a  pu  être  identifié  par  ses  propriétés  et 

/CH3(i) 
le   dosage  de  son  chlore  avec  le  paraxylène  orthochloré  C^ll^  — Cl     (2): 

\CIP(4) 


II 22  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

Calculé 
pour 
/-CH» 
C^H'  -CI     . 
Trouvé.  \CH3 

Cl  pour  loo 24; 92  25, 'i6 

On  a  recueilli  également  une  petite  quantité  d'un  mélange  des  autres  isomères  mono- 
chlorés. 

»  Chloruration  du  naphtalène.  —  On  mélange  intimement  le  naphtalène  avec  le 
double  de  la  quantité  théorique  de  chlorure  plombico-ammoniacal.  Cet  excès  de  chlo- 
rurant  est  nécessaire  pour  former  le  dérivé  monochloré,  car  une  partie  du  chlore 
échappe  à  la  réaction.  Le  mélange  est  chauffé  dans  un  ballon  et  maintenu  au  bain  de 
paraffine  vers  i4o°-i5o°  (température  extérieure)  :  il  se  produit  un  abondant  dégage- 
ment d'acide  chlorhydrique  dont  la  cessation  indique  la  fin  de  la  réaction.  Le  résidu 
solide  est  épuisé  par  un  mélange  à  volumes  égaux  d'alcool  et  d'éther  qui  laisse  inso- 
luble le  chlorure  de  plomb. 

»  Le  dissolvant  est  alors  distillé,  puis  on  rectifie  le  résidu.  On  recueille  d'abord  une 
petite  quantité  de  naphtalène  non  attaqué,  puis,  vers  286°,  il  distille  un  composé  chloré 
qui  constitue  la  fraction  principale  et  peut  être  identifié  par  ses  propriétés  et  le  dosage 
de  son  chlore  avec  l'a-monochloronaphtalène  : 

Calculé 
Trouvé.  pour  C"  H' Cl. 

Chlore  pour  100 21,67  21,8 

»  Chloruration  de  l'anthracène.  —  On  chauffe  vers  200",  au  bain  de  paraffine 
(température  extérieure),  un  mélange  intime  de  chlorure  plombico-ammoniacal  et 
d'anthracène  employés  en  quantités  équimoléculaires  jusqu'à  cessation  de  dégagement 
d'acide  chlorhydrique.  Le  résidu  est  épuisé  par  le  benzène  bouillant  qui  sépare  le 
chlorure  de  plomb.  En  distillant  le  benzène,  il  reste  un  résidu  brun  qui,  soumis  à  la 
sublimation,  donne,  en  chauffant  peu,  d'abord  de  l'anthracène  en  paillettes  blanches, 
puis,  en  élevant  la  température,  des  aiguilles  jaunes  fondant  à  i63°. 

»  Les  propriétés  de  cette  substance  et  le  dosage  de  son  chlore  permettent  de  l'iden- 
tifier avec  l'a-tétrachloroanthracène  C'*H^CF  : 

Calculé 
Trouvé.  pour  C'^HSCl^ 

Chlore  pour  100 44j5  4439 

»  Conclusions.  —  Le  chlorure  plombico-ammoniacal  paraît  donc  consti- 
Luer  une  source  de  chlore  naissant  permettant  de  substituer  cet  halogène 
d'une  façon  générale  dans  les  noyaux  aromatiques  des  hydrocarbures 
benzéniques.  » 


SÉANCE    DU    l5    DÉCEMBRE    1902.  i l 23 


ZOOT.OGIE.  —  Gré^arine   cœlomique  chez   un  Coleoptère. 
Note  (le  M.  L.-F.  Blanchard,  présentée  par   M.   Alfred  Giard. 

«  Tandis  que  des  Grégarines  cœlomiques  ont  été  observées  et  étudiées 
dans  certains  groupes  d'Insectes,  tels  que  les  Orthoptères,  les  Névroptères, 
les  Hémiptères  et  les  Diptères,  ces  parasites  semblent  beaucoup  plus  rares 
chez  les  Coléoptères.  Les  seuls  cas  qui  aient  été  relatés  à  notre  connais- 
sance sont  ceux  que  L.  Léger  nousa  fait  connaître  chez  les  larves  à'Oryctes 
nasicornis  L.  et  de  Geotrupes  stercorarius  L.  (*),  déjà  infestés  d'ailleurs 
par  une  Grégarine  intestinale  et  montrant  des  kystes  cœlomiques  saillants 
à  la  surface  de  l'intestin  et  renfermant  de  nombreux  sporocystes. 

»  Nous  ferons  connaître  ici  un  autre  cas  de  Grégarine  cœlomique  bien 
plus  caractéristique  que  les  précédents,  car  les  parasites  se  montrent  libres 
dans  le  cœlome  non  seulement  à  l'état  enkysté,  mais  même  pendant  leur 
vie  végétative. 

»  Nous  avons  observé  fréquemment  celte  Grégarine  l'été  dernier  dans 
des  Carabus  aiiratus  L.  provenant  des  environs  immédiats  de  Grenoble. 

«  C'est  sous  la  forme  de  kystes  mûrs  que  le  parasite  s'observe  le  plus  souvent.  Ces 
kystes  peuvent  atteindre  des  dimensions  considérables  (jusqu'à  l'^'^jS),  au  point  de 
comprimer  les  organes.  Ils  sont  complètement  libres  dans  la  cavité  générale.  Leur 
couleur  est  d'un  blanc  mat  et  leur  forme  est  ovoïde  ou  subsphérique.  A  l'intérieur  de 
ces  kystes,  dont  la  paroi  est  constituée  par  une  membrane  propre  à  la  surface  de 
laquelle  se  voient  quelques  débris  nucléaires  aplatis  (représentant  sans  doute  des 
amibocyles  dégénérés),  se  trouvent  les  sporocystes  en  quantité  innombrable,  avec 
quelques  amas  de  granulations  résiduelles. 

»  Les  sporocystes  sont  ovoïdes,  biconiques,  comme  ceux  des  Actinocéphalides 
typiques.  Ils  sont  lisses,  sans  aucun  appendice,  et  montrent  une  enveloppe  interne 
épaisse  recouverte  par  une  enveloppe  externe.  Les  dimensions  de  ces  sporocystes  sont 
iii^X  7!^.  Chaque  sporocyste  renferme  huit  sporozoïtes  disposés  suivant  des  méri- 
diens et  étroitement  tassés.  Les  sporozoïtes  sont  des  vermicules  de  gf^  à  10!^  de  long, 
montrant  un  noyau  allongé  suivant  le  grand  axe  du  sporozoïte  et  remplissant  à  peu 
près  toute  la  largeur  de  celui-ci  sur  une  longueur  de  ii^,6. 

»  Les  états  végétatifs,  qu'on  rencontre  également  dans  le  cœlome,  sont  représentés 
par  des  Grégarines  monocystidées  en  forme  de  toupie,  c'est-à-dire  avec  un  pôle  un 
peu  plus  pointu  que  l'autre.  Nous  n'avons  pu  orienter  la  Grégarine,  car  elle  nous  a 
toujours  paru  immobile.  Ces  formes  monocystidées,  qui  existent  parfois  en  très  grand 


(')  Léger,  dans  Tabl.  Zool.,  v.  lll,  p.  106,  t.  7. 


ïl2\  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

nombre  dans  le  même  Carabe,  sont  toujours  plus  petites  que  les  kystes.  Nous  en 
concluons  que  ceux-ci  résultent,  comme  chez  les  autres  Grégarines,  de  l'accolement 
de  deux  individus,  mais  nous  ne  pouvons  l'affirmer,  car  nous  n'avons  pas  encore 
observé  les  premiers  stades  de  l'enkystement. 

»  En  raison  de  ce  que  nous  savons  aujourd'hui  sur  le  développement 
des  Grégarines  cœlomiques  du  Grillon  domestique,  et  nous  basant  sur  la 
présence  de  stades  végétatifs  nionocvstidés  libres  dans  le  cœlome  du 
Carabe,  il  nous  paraît  probable  que  la  forme  que  nous  venons  de  décrire 
est  une  forme  cœlomique  pure.  Mais  comme,  d'autre  part,  il  existait  dans 
l'intestin  des  Carabes  infestés  par  la  Grégarine  cœlomique  une  Grégarine 
intestinale,  ^/îcjro^Aor«  ^/•ac//<',s  Léger,  nous  pensons  qu'il  est  nécessaire 
de  vérifier  cette  assertion  au  moyen  d'infections  expérimentales  que  nous 
poursuivons  en  ce  moment. 

»  Par  les  caractères  morphologiques  de  ses  états  végétatifs,  notre  Gré- 
garine cœlomique  doit  rentrer  dans  le  genre  Monocystis.  Nous  la  désigne- 
rons donc  sous  le  nom  de  Monocystis  Legeri,  la  dédiant  à  notre  maître  et 
ami  le  professeur  Louis  Léger.    » 


EMBRYOGÉNIE.  —  Sur  l'évolulion  de  Vacrosome  dans  la  spermatide  du 
Notonecte.  Note  de  MM.  J.  Pantel  et  R.  de  8inéty,  présentée  par 
M.  Alfred  Giard. 

«  Développement  de  Vacrosome.  —  Après  la  nutation,  quand  la  presque  totalité 
du  cytoplasme  est  résorbée,  on  trouve  des  cellules  où  l'idiozome  est  tout  à  fait 
terminal,  homogène,  simple  ou  bilobé  {fig.  8)  (').  Sur  la  figure  9,  relative  à  un 
stade  légèrement  plus  avancé,  on  voit  qu'il  tend  à  envelopper  le  noyau  par  sa  base, 
tandis  qu'il  émet  par  son  extrémité  apicale  un  prolongement  conique.  D'autres 
cellules,  encore  plus  avancées  et  plus  favorables  pour  suivre  la  marche  des  phéno- 
mènes {fig.  10),  laissent  distinguer  une  masse  très  chromatophile,  de  forme  irrégulière, 
enveloppant  le  noyau  sur  une  grande  étendue  et  le  plus  souvent  d'une  manière  asy- 
métrique, tandis  que  le  reste  de  l'idiozome,  sous  l'action  d'une  sorte  de  caryotropisme 
négatif,  s'allonge  et  s'atténue.  L'ensemble  présente  durant  quelque  temps  un  contraste 
de  parties  plus  colorables  et  de  parties  moins  colorables,  puis  la  substance  chroma- 
tophile se  répartit  uniformément  et  l'acrosome  constitué  apparaît  comme  un  long 
cône  homogène,  fixant  énergiquement  les  colorants  nucléaires  [fig.  n  ). 

»   Pendant  ces  transformations  le  noyau  a  subi  à  son  pôle  inférieur  d'importantes 

(*)  Le  lecteur  est  prié  de  se  reporter,  pour  les  figures,  à  notre  Communication  sur 
la  spermatide  du  Notonecte  {Comptes  rendus,  i*'"  décembre  1902,  p.  997). 


SÉANCE  DU  l5  DÉCEMBRE  1902.  II2D 

modifications.  Pour  traduire  les  images  on  dirait  volontiers  que,  à  la  suite  d'une 
dépression  survenue  autour  du  point  d'insertion  du  filament  axile,  la  région  sidéro- 
phile  de  la  membrane  nucléaire,  plane  à  l'origine  {fig.  8),  se  trouve  transformée 
en  un  entonnoir  très  évasé  dont  la  douille  constitue  un  court  manchon  autour  du 
filament  {fig.  9).  On  a  là  l'ébauche  du  segment  intermédiaire. 

»  Dffiérenciation  de  la  tête  du  spermatozoïde  {fig-  11  et  12).  —  L'acrosome 
formé,  le  noyau  s'allonge  rapidement,  tandis  que  l'élément  nucléinien,  représenté 
presque  tout  entier  par  un  volumineux  caryosome,  semble  subir  ime  sorte  de  réso- 
lution granuleuse.  Bientôt  après  commence  la  condensation  définitive.  Le  phénomène 
débute  de  préférence  par  la  région  postérieure;  il  se  constitue  une  sorte  de  colonne 
axiale  de  chromatine  homogène  qui  demeure  quelque  temps  isolée  de  la  membrane 
par  une  auréole  claire,  puis  grandit  de  manière  à  remplir  toute  la  cavité  nucléaire. 
Il  est  tout  à  fait  digne  de  remarque  que  l'acrosome  perd  corrélativement  sa  chroma- 
tophilie  en  même  temps  qu'il  s'allonge  et  s'atténue  de  plus  en  plus  {fig.  12). 

»  Le  segment  intermédiaire  apparaît  dans  son  ensemble  comme  une  pièce  tronc- 
conique  dont  l'enveloppe,  épaisse  et  très  chromatophile,  représente  l'entonnoir 
mentionné  au  stade  précédent;  dont  le  contenu,  homogène  et  fort  peu  colorable, 
laisse  voir  suivant  l'axe,  à  la  partie  inférieure,  le  bout  proximal  du  filament  axile. 

»  Jusqu'ici  nous  avons  énoncé  les  faits  sans  autre  préoccupation  que 
d'en  donner  la  suite  à  peu  près  chronologique;  nous  croyons  devoir  isoler 
maintenant,  pour  nous  y  arrêter  quelque  peu,  un  certain  nombre  de 
points  qui  paraissent  avoir  plus  d'importance  ou  qui  demandent  à  être 
rapprochés  fies  résultats  publiés  dans  des  travaux  récents  (^). 

»  Origine  et  manière  d'être  de  L'acrosome.  —  Les  auteurs  qui  se  sont 
appliqués  à  préciser  la  provenance  de  l'acrosome  se  partagent  en  deux 
groupes  :  ceux  dont  les  recherches  ont  porté  sur  les  Vertébrés  en  font  un 
dérivé  idiozomique  [Meves  (iSq'^,  1899,  Salamandre,  Cobave),  Me  Gregor 
(1899,  yl/?2/;Az«wa),  Von  Korff(  1902,  Vhalangista^\  tandis  que  les  entomo- 
tomistes  le  rattachent  au  Nebenkeî'n  [Paulmier  (1899,  Anasa)\,  ou  recon- 
naissent qu'ils  n'ont  pu  remonter  jusqu'à  son  origine  [Baumgartner 
(1902,  Gryllus)\. 

»  Nous  considérons  comme  l'un  des  résultats  principaux  de  notre  étude 
d'avoir  pu  constater  la  nature  idiozomique  de  l'acrosome  chez  le  Notonecta. 
Par  ce  trait,  la  réduction  des  processus  spermatogéniques  des  Insectes  à 
ceux  des  Vertébrés,  observée  déjà  par  l'un  de  nous  (-)  pour  les  cinèses 
maturatives,  se  poursuit  dans  les  métamorphoses  de  la  spermatide. 

(')  Une  revision  bibliographique  générale,  même  réduite  aux  publications  récentes, 
est  incompatible  avec  le  caractère  de  cette  Note  préliminaire;  nous  nous  bornerons  à 
mentionner  les  Mémoires  qui  intéressent  plus  directement  nos  résultats. 

(-)  H.  DE  SiNÉTY,  Recherches  sur  les  P  h  as /nés  {Thèse  de  la  Sorboune),  Lierre,  1901. 

C.  R.,  iyo2,   >•  Semestre.  (T.  CXXXV,  N»  24.)  l47 


1126  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  L'identification  de  notre  idiozome  avec  celui  de  Meves  repose  sur  un 
ensemble  de  caractères  dont  deux  fondamentaux  :  la  structure  générale  et 
la  polarité.  Il  faut  y  ajouter  certaines  particularités  qui,  pour  n'avoir  pas 
une  signification  jusqu'ici  assignable,  n'en  sont  pas  moins  des  indices  très 
nets  d'identité  morphologique.  Telles  sont,  par  exemple,  les  minuscules 
granulations  visibles  dans  notre  figure  4»  évidemment  identiques  à  celles 
que  INiessing  et  Meves  ont  rencontrées  dans  la  sphère  des  Mammifères. 

»  Ce  fond  commun  ne  permet  pas  de  douter  que  nous  n'ayons  affaire  à 
la  formation  décrite  par  Meves;  nous  devons  pourtant  nous  séparer  de  cet 
auteur  sur  un  certain  nombre  de  points. 

»  Nous  concevons  autrement  que  lui  la  première  origine  de  l'idiozome, 
Chez  le  Notonecta  il  se  constitue,  graduellement  et  en  deux  temps,  de  deux 
sortes  de  corpuscules,  dont  une  peut  être  suivie  jusque  dans  la  cellule 
mère  (^corpuscules  iodozomiques  secondaires^.  Rien,  dans  le  processus,  n'im- 
plique une  origine  sphèrienne  du  premier  matériel,  tout  semble  indiquer 
une  différenciation  graduelle  du  cytoplasme,  comme  chez  les  Vertébrés 
supérieurs  (Lenhossék). 

))  Nous  nous  séparons  encore  de  Meves  dans  l'appréciation  des  rapports 
qui  s'établissent  plus  tard  entre  le  noyau  et  l'acrosome,  n'ayant  jamais 
rencontré  dans  nos  préparations  une  véritable  fusion  des  deux  corps,  et  la 
membrane  nucléaire  nous  ayant  paru  persistante. 

»  Enfin,  les  inclusions  chromatophiles  très  spéciales  que  nous  avons 
signalées  dans  l'idiozome  de  Notonecla  paraissent  constituer  un  trait  d'or- 
ganisation jusqu'ici  particulier.    » 


HISTOLOGIE.    —    La  téléomitose  chez  /'Amœba  Gleichenii  Dujard, 
Note  de  M.  P. -A.  Dangeard,  présentée  par  M.L.  Guignard. 

«  Il  résulte  de  certaines  observations,  pour  la  plupart  incomplètes  il 
est  vrai,  que  la  division  nucléaire  dans  le  genre  Amœba  présente  des  diffé- 
rences marquées  chez  plusieurs  espèces;  cette  constatation  a  une  grande 
importance  si  l'on  considère  que  les  Amibes  occupent  l'un  des  derniers 
échelons  de  la  série  animale. 

»  Nous  avons  été  conduit  à  entreprendre  une  étude  d'ensemble  de  ce 
genre  et  nous  indiquerons  les  résultats  obtenus  avec  V Amœba  Gleichenii. 

»  On  sait  que  la  détermination  des  Amibes  a  été  presque  impossible  jus- 
qu'ici ;  les  études  histologiques  auront  ce  premier  avantage  de  permettre 


SÉANCE  DU  l5  DÉCEMBRE  1902.  I  1 27 

l'établissement  de  sections  dans  le  genre  en  s'appuyant  sur  le  mode  de  di- 
vision nucléaire  :  ainsi,  parmi  les  espèces  qui  possèdent  la  téléomitose, 
on  pourra  distinguer  un  premier  groupe  caractérisé  par  la  disparition  du 
nucléole  à  la  prophase;  dans  un  second  groupe,  le  nucléole  se  sépare  en 
deux  et  chaque  moitié  persiste  aux  pôles  du  fuseau  jusqu'à  l'anaphase. 

»  VAmœba  Gleichenii  pourra  être  choisie  comme  type  du  premier  groupe;  elle  se 
développe  dans  diverses  infusions;  ses  dimensions  ordinaires  sont  àe  Zd^  k  [^o^- \  le  sar- 
code  est  hyalin  et  la  distinction  en  ectoplasme  et  endoplasme  très  visible  sur  le  vivant; 
l'endoplasme  renferme  des  granulations  nombreuses  :  il  n'existe  qu'une  vacuole  con- 
tractile. Cette  espèce  se  présente  avec  plusieurs  aspects;  sous  la  forme  arrondie,  la 
surface  est  couverte  de  nombreux  pseudopodes  courts,  épais  et  obtus  à  leur  extré- 
mité :  souvent  aussi  le  corps  s'aplatit,  et  il  n'existe  alors  qu'un  ou  deux  larges  pseu- 
dopodes. 

»  Le  développement  comprend  une  bipartition  ordinaire  et  un  enkystement; 
contrairement  à  ce  que  nous  avons  observé  chez  d'autres  espèces,  il  se  produit  une 
division  de  noyau  dans  le  jeune  kyste,  si  bien  que  tous  les  kystes  5ans  exception 
possèdent  finalement  des  noyaux. 

»    Nous  avons  suivi  la  division  nucléaire  pendant  la  bipartition  du  corps  et  lors  de 

l'enkystement;  les  choses  se  passent  exactement  de  la  même  façon  dans  les  deux  cas. 

»  Le  noyau  au  stade  de   repos  est  muni  d'une  membrane  nucléaire  et    d'un  gros 

nucléole  central;  l'intervalle  compris  entre  les  deux  est  rempli  par  du  nucléoplasme 

sensiblement  homogène. 

»  Le  nucléole,  à  la  prophase,  se  vacuolise,  devient  spongieux;  le  noyau  augmente 
beaucoup  en  diamètre;  dans  le  nucléoplasme  se  différencie  un  cordon  nucléaire 
enroulé  ou  spirème.  Après  disparition  complète  du  nucléole,  il  y  a  segmentation  du 
spirème  en  petits  rubans  entremêlés  dans  une  substance  homogène,  achromatique, 
qui  va  former  le  fuseau;  la  membrane  nucléaire  cesse  d'être  visible  à  ce  moment,  il 
n'existe  pas  de  centrosomes. 

»  Les  chromosomes,  à  ce  stade  de  la  plaque  équatoriale,  £e  groupent  sur  le  plan 
médian  du  fuseau  en  devenant  globuleux;  nous  en  avons  compté  environ  vingt-cinq 
sur  la  plaque  vue  de  face. 

»  La  métaphase  représente  des  modifications  en  sens  inverse  de  celles  qui  viennent 
de  se  produire;  les  chromosomes  se  séparent  en  deux  groupes  qui  s'éloignent  l'un  de 
l'autre;  le  tonnelet  s'allonge  beaucoup;  dans  le  kyste,  ses  deux  extrémités  viennent 
toucher  à  la  paroi  cellulaire.  Les  chromosomes  se  disposent  finalement  en  une  masse 
arrondie  qui  s'entoure  d'une  membrane;  de  granuleux,  ils  deviennent  fibrillaires;  le 
spirème  se  reforme  et  le  nucléole  ne  tarde  pas  à  se  montrer  au  centre  de  chaque 
nouveau  noyau;  ceux-ci  ont  repris  la  structure  du  stade  de  repos. 

»  En  résumé^  la  division  du  noyau  chez  VAmœba  Gleichenii  est  une  téléo- 
mitose ne  présentant  aucune  différence  sensible  avec  celle  que  nous 
observons  dans  la  cellule  des  organismes  supérieurs;  cette  espèce  nous 


II 28  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

conduit  aux  Téléomonadiens;  elle  est  le  prototype  de  la  série  des  Méta- 
phytes  et  des  Métazoaires. 

))  Les  résultats  que  nous  avons  obtenus  avec  d'autres  espèces  d'Amibes 
et  de  Flagellés  nous  permettent  d'affirmer  qu'il  existe  d'autres  prototypes 
se  rattachant  directement  aux  Haplomonadiens  et  Haplozoïdes  (*).  » 


PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  la  photosynthèse  en  dehors  de  l'organisme. 
Note  de  M.  Luigi  Macchiati,  présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

(c  Plusieurs  auteurs,  parmi  lesquels  M.  Baranetsky,  ont  pensé  que 
l'assimilaLion  chlorophyllienne  était  produite  par  un  ferment  chimique 
(enzyme). 

»  M.  Jean  Friedel  a  annoncé  (^)  qu'il  avait  obtenu  ce  phénomène  en 
dehors  de  l'organisme,  sans  l'intervention  du  protoplasma  vivant,  par 
l'action  d'une  diastase  qui  utilise  l'énergie  des  rayons  solaires.  J'ai  été  le 
premier  à  donner  une  confirmation  de  cette  très  importante  découverte  (^). 
Peu  après  parurent  les  Communications  de  M.  Harroy  et  de  M.  le  D'^  Her- 
zog,  mais  les  résultats  furent  négatifs  comme  ceux  de  quelques  nouvelles 
expériences  faites  un  peu  auparavant  par  M.  Friedel  à  une  époque  tardive 
de  la  végétation. 

»  Mes  recherches  ultérieures  ont  donné  des  résultats  très  nets  que  j'ai 
communiqués  à  la  Société  des  Naturalistes  de  Naples  (^),  à  la  séance  du 
20  juillet  1902,  et  à  la  Société  botanique  italienne  à  la  séance  du  9  no- 
vembre. 

»  Je  prépare,  avec  des  feuilles  lavées  à  Feau  distillée,  un  extrait  glycérine  contenant 
de  l'eau  et  de  la  glycérine  mêlées  à  volumes  égaux.  Suivant  la  plante  la  couleur  de 
l'extrait  varie  du  jaune  pâle  au  jaune  orange.  Avec  du  benzène  on  peut  retirer  de  cet 
extrait  l'agent  de  l'assimilation  photosynthétique;  par  évapora tion  du  benzène  le  fer- 
ment précipite  sous  forme  d'une  substance  blanche  floconneuse  et  amorphe,  finement 
réticulée. 

(')  Cf.  P. -A.  Dangeard  :  Recherches  sur  les  Eugléniens  {Le  Botaniste,  8''  série, 
juin  1902). 

(-)   Comptes  rendus,  t.  CXXXII,  n°  18  (6  mai  1901). 

(^)  Bulletino  delta  Societa  bolanica  itatiana.  Séance  tenue  à  Florence  le  i3  oc- 
tobre 1901. 

(*)  Anno  XVI,  Vol.  XVI  (1902,  p.  i65). 


SÉANCE  DU  13  DÉCEMBRE  1902.  11:^9 

»  Avec  d'autres  feuilles  de  la  même  plante,  maintenues  3  heures  dans  une  étuve  à 
sec  à  100°,  j'ai  préparé  une  poudre  verte  très  fine.  Celte  poudre  contient  les  pigments 
chlorophylliens  qui  n'ont  pas  été  altérés,  et  le  même  ferment  que  la  feuille  vivante 
(plusieurs  diastases  supportent  longtemps  la  température  de   100°). 

»  On  peut  extraire  l'enzyme  de  cette  poudre,  comme  de  la  feuille  fraîche,  au  moyen 
de  glycérine.  On  peut  débarrasser  complètement  la  poudre  de  son  ferment  par  une 
série  de  lavages  successifs,  à  la  glycérine,  puis  à  l'eau  distillée. 

»  L'appareil  dont  je  me  sers  est  très  simple;  il  est  constitué  par  un  vase  de  verre 
que  je  remplis,  suivantlescas,  d'eau  distillée  et  de  poudre  de  feuille  desséchée  à  100°, 
avec  ou  sans  ferment,  ou  bien  d'extrait  glycérine  seul  ou  additionné  de  poudre.  J'y 
plonge  un  entonnoir  renversé  sur  lequel  je  retourne  une  éprouvette  graduée  remplie 
du  même  liquide  que  le  vase.  J'expose  ensuite  l'appareil  aux  rayons  solaires. 

»  L'extrait  glycérine  seul  est  incapable  d'accomplir  la  photosynthèse; 
la  poudre  seule,  mise  dans  l'eau  distillée,  donne  toujours  un  dégagement 
d'oxygène  avec  formation  corrélative  d'aldéhyde  formique.  Ce  dernier 
corps  est  mis  facilement  en  évidence  au  moyen  de  codéine  dissoute  dans 
l'acide  sulfurique  (coloration  rose  violet). 

»  La  photosynthèse  n'a  jamais  lieu  avec  la  poudre  débarrassée  de 
ferment,  mais  elle  se  manifeste  immédiatement  si  l'on  ajoute  une  petite 
quantité  de  ferment. 

»  Dans  mes  expériences,  le  dégagement  gazeux  a  toujours  été  propor- 
tionnel à  l'intensité  des  rayons  lumineux.  La  photosynthèse  n'a  lieu  que 
si  la  feuille  est  récoltée  en  une  saison  favorable. 

»  Voici  un  résultat  numérique,  au  milieu  des  résultats  très  nombreux  que  j'ai 
obtenus.  Le  3  septembre  1902,  à  3'^3o™,  j'ai  employé  2^  de  poudre  à'' Acanthus  mollis 
dans  i25s  d'eau  distillée;  au  bout  de  i[\  heures,  j'avais  recueilli  i^*^"*'  de  gaz  dans 
l'éprouvetle, 

»  Dans  toutes  mes  expériences,  après  avoir  absorbé  l'oxygène  récolté  dans  l'éprou- 
vette  par  de  l'acide  pyrogallique  en  solution  alcaline,  il  reste  toujours  une  petite 
quantité  de  gaz  qui  contient  le  matin  des  traces  d'anhydride  carbonique,  et  qui  n'en 
contient  pas  dans  la  journée,  après  une  courte  exposition  aux  rayons  solaires. 

»  Mes  recherches  confirment  indubitablement  que  l'agent  principal  de 
l'assimilation  chlorophyllienne  dans  la  plante  verte,  et  de  la  proLosynthèse 
en  dehors  de  l'organisme  est  un  ferment  soluble  (enzyme),  et  que  le 
pigment  chlorophyllien  semble  fonctionner  comme  un  sensibilisateur 
chimique.   » 


Il3o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  La  maturation  des  graines  et  l'apparition  delà 
faculté  germinative.  Note  de  M.  P.  Mazé,  présentée  par  M.  Roux. 

«  La  maturation  des  graines,  considérée  au  point  de  vue  de  l'acquisition 
du  pouvoir  germinatif,  a  fait  l'objet  d'un  grand  nombre  de  travaux.  La 
science  possède  sur  cette  question  des  renseignements  variés.  L'impression 
qui  s'en  dégage  c'est  que  la  faculté  de  germer  est  acquise,  le  plus  souvent, 
bien  avant  que  la  graine  ait  atteint  son  volume  définitif. 

»  J'ai  repris  l'étude  de  cette  question  dans  le  but  de  fixer  les  causes 
auxquelles  on  doit  attribuer  les  particularités  observées,  en  me  plaçant 
exclusivement  sur  le  terrain  de  la  Physiologie. 

»  Mes  premiers  essais  ont  porté  sur  le  pois  et  le  maïs;  les  graines  prises 
dans  la  gousse  ou  sur  l'épi,  au  moment  où  elles  sont  encore  laiteuses,  sont 
réparties  immédiatement,  une  à  une,  dans  des  tubes  à  essai  munis  de  deux 
tampons  de  coton,  l'un  servant  de  support  à  la  graine  à  la  surface  de  l'eau 
distillée  qu'ils  renferment,  l'autre  destiné  à  intercepter  l'accès  des  germes 
de  l'air,  toutes  les  précautions  avant  été  préalablement  prises  pour  éviter 
la  présence  des  microbes. 

»  Dans  ces  conditions,  les  graines  germent  après  un  séjour  plusou  moins 
long  à  l'étuve  à  3o°.  Le  maïs  donne  toujours  naissance  à  des  plantules 
normales  qui  se  développent  vigoureusement;  le  pois  ne  fournit,  le  plus 
souvent,  que  des  plantules  chétives  dont  la  racine,  incapable  de  rompre 
les  enveloppes  de  la  graine,  pousse  entre  le  testa  et  les  cotylédons.  Un 
grand  nombre  de  pois  ne  germent  pas. 

»  Si,  au  lieu  de  faire  germer  immédiatement  les  graines,  on  les  dessèche 
au  contact  de  l'air,  sur  de  l'acide  sulfurique  concentré,  pendant  vingt- 
quatre  ou  quarante-huit  heures  à  "ào^,  la  germination  s'accomplit  chez  le 
maïs  comme  chez  les  graines  parfaitement  mûres;  les  pois  germent  aussi 
en  donnant  des  plantules  normales;  quelques-uns  seulement  ne  se  déve- 
loppent pas. 

»  Je  donnerai  ici  quelques  essais  effectués  avec  le  maïs  : 

»  On  détache  de  l'épi  deux,  rangées  longitudinales  de  graines;  celles-ci  renferment 
45,6  pour  100  d'eau,  du  poids  humide;  le  premier  lot,  constitué  par  une  rangée, 
comprend  20  graines  qui  sont  mises  immédiatement  à  germer,  après  avoir  été  débar- 
rassées des  microbes  qu'elles  pouvaient  porter  à  leur  surface.  Le  deuxième  lot  a  été 
séché  sur  l'acide  sulfurique  concentré  pendant  48  heures  à  3o°;  celui-ci  comprenait 
dix-neuf  graines. 


SÉANCE  DU  l5  DÉCEMBRE  1902.  Il3l 

»  Les  observations  faites  sur  ces  deux  lots  sont  réunies  dans  le  Tableau  suivant  qui 
s'explique  de  lui-même: 

Tableau  I. 

Lot  n"  1.  Lot  n"  2. 

Nombre 

de 

graines  germées. 

3 

4 
6 

7 
8 

1 1 

i5 

17 

18 

19 

20 

»  Un  deuxième  essai  a  été  fait  avec  les  lots  suivants  : 

»  Premier  lot.  —  Une  rangée  longitudinale  comprenant  20  graines.  Humidité  : 
53, 1  pour  100  du  poids  humide. 

»  Deuxième  lot.  —  Une  rangée  longitudinale  comprenant  20  graines.  Humidité  : 
39,58  pour  100  du  poids  humide. 

))  Troisième  lot.  —  Une  rangée  longitudinale  comprenant  i5  graines.  Humidité  : 
87,41  pour  100  du  poids  humide. 

)>  Ces  trois  lots  provenaient  du  même  épi  ;  le  premier  avait  été  réparti  dans  les  tubes 
immédiatement  après  la  cueillette;  le  deuxième  avait  été  conservé  pendant  8  jours  au 
laboratoire  et  avait  perdu,  de  ce  fait,  une  partie  de  son  eau;  le  troisième  fut  desséché 
modérément  à  l'étuve  à  3o°  sur  de  Facide  sulfurique  de  faible  concentration  pendant 
8  jours.  Les  résultats  qu'ils  ont  fournis  sont  réunis  dans  le  Tableau  H. 


Te 

mps 

Nombre 

Temps 

après 
;erininati 

lequel 
on  a  dt 

^butc. 

grai 

de 
ines  germées. 

après  lequel 
la  germination  a   débuté. 

7, 

jours 

16 

I  jour  '/^ 

10 

'9 

2 

i4 

'7 

'9 

22 

23 

24 

26 

28 

3o 

Tableau 

H. 

Pre 

mier  lot. 

Deu 

xiéme  lot. 

Troi 

isième  lot. 

Nombre 

Temps 

Nombre 

Temps 

Nombre 

Temps 

de 

après  lequel 

de 

ap 

rès  lequel 

de 

après  lequel 

graines 

la  germination 

graines 

la  g 

ermination 

graines 

la  germination 

germées. 

a  débuté, 
jours 

germées. 

a 

débuté, 
jours 

germées. 

a  débuté, 
jours 

r 

10 

5 

2 

9 

2 

2 

i4 

9 

3 

1 5 

3 

2 

34 

12 
i5 
16 

17 
18 
20 

4 

5 

6 

10 

12 

i4 

Il32  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

))  Les  graines,  qui  germent  très  mal  au  moment  où  elles  sont  cueillies, 
acquièrent  rapidement  la  faculté  de  germer  lorsqu'on  les  dessèche  plus  ou 
moins  rapidement.  On  voit  également  que  la  température  de  dessiccation 
agit,  dans  une  certaine  mesure,  dans  le  même  sens  que  la  dessiccation; 
ceci  résulte  de  l'examen  des  lots  n°^  2  et  3  du  Tableau  IT.  » 


GÉOGRAPHIE  PHYSIQUE.  —  Sur  le  rôle  des  tourbillons  dans  l'érosion  éolienne. 
Note  de  M.  Jeax  Brunhes,  présentée  par  M.  de  Lapparent. 

«  J'ai  montré  précédemment  (')  quel  rôle  doit  être  attribué  aux  tour- 
billons dans  l'action  érosive  des  eaux  courantes.  C'est  encore  par  le  moyen 
des  mouvements  tourbillonnaires  que  doivent  être  expliqués  un  grand 
nombre  des  faits  d'érosion  produits  par  le  vent  {érosion  éolienne). 

»  Les  mouvements  tourbillonnaires  du  vent  sont  encore  moins  fixes  et  constants  que 
ceux  des  eaux  courantes;  et  leurs  effets  sont  en  général  plus  rares  et  plus  souvent 
oblitérés.  Aux  points  où  ils  rencontrent  le  sol  et  les  roches,  les  courants  atmosphériques 
se  heurtent  et  se  déplacent,  trouvant  dans  ce  manque  de  fixité  et  ces  incessantes  varia- 
tions de  direction  et  d'intensité  des  causes  de  faiblesse;  d'autre  part,  ils  ont  l'avantage 
de  rencontrer  pour  ainsi  dire  partout  à  leur  portée,  dans  la  plupart  des  régions  déser- 
tiques, les  instruments  d'attaque  dont  ils  ont  besoin,  é'est-à-dire  les  grains  ou  la 
poussière  de  sable  sec;  et  leurs  moindres  petits  tourbillons,  quoique  incessamment 
interrompus,  peuvent  en  tous  points  se  mettre  instantanément  à  l'œuvre.  Ainsi  la 
copieuse  dispersion  et  distribution  de  l'instrument  nécessaire  compense  l'inconstance 
de  la  force  qui  le  manie. 

»  En  outre,  il  faut  le  remarquer,  une  cavité  même  minuscule,  une  fois  amorcée,  est 
une  poche  qui  retient  et  garde  les  particules  de  sable;  dès  que  le  courant  agissant 
s'évanouit  ou  émigré,  les  grains  de  sable  cessent  d'user;  mais,  immobiles,  ils  restent 
toujours  là;  et,  dès  qu'un  nouveau  courant  éphémère  survient,  le  travail  reprend. 
Bien  mieux,  la  cavité  rigide  impose  souvent  aux  courants  inconstants  qui  l'abordent 
un  mouvement  de  giration  analogue  à  celui  des  tourbillons  antérieurs  :  en  vertu  de 
leur  propre  instabilité  et  variabilité,  les  courants  qui  viennent  aboutir  à  la  cavité 
s'adaptent  vite  et  aisément  aux  conditions  imposées  par  cet  atelier  en  miniature.  En 
fin  de  compte,  la  succession  multipliée  de  petits  courants,  se  pliant  aux  exigences  du 
travail  déjà  effectué  et  coopérant  ainsi  à  la  poursuite  du  même  travail,  équivaut  à 
l'action  longtemps  poursuivie  d'un  même  courant  qui  serait  égal  et  constant  ;  et  le 
total  de  ces  petits  effets  coordonnés  équivaut  à  un  effet  beaucoup  plus  un  et  beaucoup 


(')  Voir  Comptes  rendus,  \[\  février  1898,  7  août  1899,  20  mai  1902.  Voir  aussi: 
Le  trai'ail  des  eaux  courantes:  la  tactique  des  tourbillons  {Mémoires  de  la  Soc. 
fribourgeoise  des  Se.  nat.,  géol.  et  géog.,  t.  II,  fasc.  4,  1902,  72  p.,  i4  fig.  et  2  cartons). 


SÉANCE    DU    l5    DÉCEMBRE    1902.  il 33 

plus    continu    que    la    nature    même    de    l'énergie    éolienne    n'aurait    permis    de    le 
supposer. 

»  Ainsi  s'expliquent  des  phénomènes  d'érosion  tourbillonnaire  sem- 
blables à  ceux  que  représente  un  échantillon  de  calcaire  très  compact  et 
très  dur,  par  moi  recueilli  dans  le  désert  de  Nubie,  aux  environs  de  la 
deuxième  cataracte  du  Nil.  Cette  roche  est  traversée  de  part  en  part  par  des 
trous  allongés  semblables  à  des  tuyaux  d'orgue,  de  12*=™  de  longueur  et  d'un 
diamètre  à  peu  près  constant  variant  de  i^'^^'^à  20™°*;  les  parois  extérieures 
portent  des  cannelures  régulières  qui  ne  sont  autre  chose  que  des  trous  du 
même  ordre  aux  parois  partiellement  usées  ou  brisées. ('),  Les  uns  et  les 
autres  résultent  en  toute  évidence  de  la  perforation  exécutée  par  des  tour- 
billons de  l'air  manœuvrant  des  grains  de  sable  :  toutes  les  parois  de  ces 
divers  accidents  d'érosion  ont,  en  effet,  le  poli  luisant  qui  caractérise 
l'usure  produite  par  le  sable  sec.  Ces  parfaites  marmites  tourbillonnaires 
doivent  être  portées  sans  conteste  au  compte  du  vent. 

»  Il  est  assez  rare,  comme  nous  le  disions  au  début,  que  les  actions  du 
vent  se  traduisent  par  des  effets  aussi  caractérisés  que  ceux  de  l'échantillon  ; 
mais  à  voir  de  pareils  spécimens  de  l'usure  par  les  tourbillons  éoliens,  on 
est  en  droit  d'invoquer  leur  rôle  pour  expliquer  la  plupart  des  grandes 
actions  destructives  produites  par  le  vent.  Comme  pour  les  eaux  courantes, 
les  tourbillons  provoquent  à  titre  d'agents  exceptionnels  beaucoup  de 
faits  dont  l'aspect  actuel  ne  révèle  môms  plus  leur  directe  intervention. 
Tous  les  curieux  phénomènes  que  Johannes  W  alther  a  groupés  sous  le  nom 
de  Déflation,  et  qu'il  a  décrits  dans  ses  deux  Livres,  Die  Denudation  in  der 
Wiiste  et  Das  Gesetz  der  Wiïstenbildung (^Pilzfelsen,  Sdulengdnge  ou  Sàulen- 
galierie,  Steingilter,  Verwillerungsglôchern,  etc),soiit  les  résultais  du  travail 
du  vent  qui  attaque  les  roches,  soit  pour  les  démolir,  soit  pour  les  scu  Ipter  ; 
mais  les  effets  énormes  de  ce  travail  ne  sauraient  se  comprendre  que  par 
l'intervention  indéfuiimeat  renouvelée  et  multipliée  des  tourbillons.  Parla 
même  tactique  tourbillonnaire,  le  vent  détermine  les  phénomènes  les  plus 
considérables  d'évidement  et  de  creusement  :  ainsi  doit  être  expliqué  par 
exemple,  de  la  manière  la  plus  simple  et  la  plus  naturelle,  le  fait  qui  était 
signalé  ici  même  il  y  a  i3  ans  par  le  géologue  Contejean,  je  veux  dire  :  ce 
«  singulier  tunnel  »,  voisin  de  l'ancienne  Corinthe,  et  creusé  dans   le  grès 


(')  Des  photograpliies  de  cet  échantillon  seront  publiées  prochainement  dans  les 
Acta  de  la  Poiitijlcia  Accadcniia  dei  lSuo\?i  Lincei. 

C.  R.,  !902,  2»  Semestre.  (T.  GXXXV,  N°  24)  ^i^ 


II 34  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

au-dessous  d'une  couche  de  calcaire  très  dur,  par  les  souffles  répétés  et 

coutumiers  du  vent  du  Nord  (*).   » 

GÉOGRAPHIE  PHYSIQUE.  —  Sur  le  courant  et  le  littoral  des  Landes. 
Note  de  M.  L.-A.  Fabre,  présentée  par  M.  de  Lapparent. 

«  Un  courant  marin,  constant  et  collé  à  la  côte,  longe  du  nord  au  sud 
le  littoral  landais.  On  l'attribue  à  une  composante,  vers  le  sud,  du  courant 
superficiel  du  nord-ouest  qui,  sous  l'action  des  vents  dominants,  porte  à 
la  côte  :  j'attribue  sa  permanence  à  une  autre  cause. 

»  L'onde  des  marées  atteint  simultanément  notre  littoral  océanique,  du  Socoa  à 
Audierne.  Mais,  tandis  que  les  variations  d'amplitude  de  la  pleine  mer  sont  sensible- 
ment les  mêmes  au  nord  et  au  centre  (Lorient  :  4™»  5,  Royan  :  4"*,  7),  elles  atteignent 
leur  minimum  au  sud,  vers  Bayonne  (2™, 8). 

»  La  ligne  cotidale  dessine  donc,  de  Gordouan  au  fond  du  golfe,  et  à  l'instant  de  la 
pleine  mer,  une  pente  sensible  qui  explique  la  constance  et  l'intensité  du  courant 
observées  depuis  longtemps  pendant  le  jusant.  Aujourd'hui,  les  sables  qu'entraîne  ce 
courant  s'alignent  en  flèches,  obstruant  les  passes  et  boucaux  du  littoral.  Une  fois 
atterris,  ils  sont  chassés  vers  l'est  par  les  vents  du  large  qui  les  dressent  en  dunes. 

»  Lors  du  Pliocène,  les  torrents  fluvio-glaciaires  pyrénéens,  issus  du  Plateau  de 
Ger,  évacuaient  directement  dans  l'Océan,  par  une  suite  d'estuaires  dont  certains 
étangs  côtiers  sont  les  restes,  leurs  sables  argilo-caillouteux  étalés  sur  un  substratum 
à' argiles  bigarrées  et  de  sables  fauves  helvétiens.  On  trouve  le  cailloutis  du  Dec- 
kenschotter  à  la  base  du  sable  des  Landes,  sur  le  plafond  de  divers  étangs  côtiers, 
dans  tous  les  sondages  de  la  région.  Les  galets  sont  mélangés  aux  sables  de  plage  sur 
tout  le  littoral,  à  l'ouest  duquel  les  cartes  lithologiques  sous-marines  mentionnent 
d'importants  gisements  caillouteux.  Les  dragages  ont  fait  retrouver  des  cailloux  pyré- 
néens très  au  large  du  golfe  sur  la  plate-forme  préconlinentale. 

»  Le  phénomène  du  déjjlacement  des  thalwegs  vers  l'est  et  celui  des  captures, 
étudiés  en  haute  Gascogne,  expliquent  la  formation  de  la  Pénéplaine  landaise  :  les 
buttes  ai' argiles  bigarrées,  qui  surgissent  ça  et  là  au  milieu  des  sables  pléistocènes, 
sont  les  témoins  de  cette  abrasion.  La  capture  des  réseaux  fluvio-glaciaires  de  Ger  et 
d'Orignac  par  le  Gave  de  Pau  isola  la  Pénéplaine  de  toute  attache  hydrographique 
pyrénéenne  au  fur  et  à  mesure  qu'elle  s'alluvionnait  par  le  retour  éolien  des  sables 
littoraux  et  que  se  constituait  son  réseau  hydrographique  conséquent  (^). 

))  Parallèlement  à  l'érosion  continentale,  et  sous  l'influence  combinée  de 


(*)  Érosions  éoliennes  {Comptes  rendus,  t.  CVIII,  1889,  p.  1208-1209). 
(2)  L,-A.  Fabke,  L'Adour  et  le  Plateau  landais  {Bull,  de  Géographie  histor.  et 
descript.,  n°  2,  1901). 


SÉANCE   DU    l5   DÉCEMBRE    1902.  Il35 

l'érosion  marine  et  du  courant  des  Landes,  les  indentations  du  rivage  plio- 
cène tendaient  à  s'aligner;  les  sables  y  édifiaient  une  première  formation 
de  dunes  àiiQ?,  anciennes,  orientées  suivant  les  sinuosités  de  la  côte  pri- 
mitive. 

»  Peu  à  peu,  les  progrès  de  l'alignement  et  la  réduction  des  apports  aré- 
nacés  girondins,  consécutive  à  l'atténuation  des  pluies  pléistocènes  et  à 
l'action  de  la  végétation  continentale,  ralentirent  les  ensablements  et  per- 
mirent la  fixation  spontanée  des  dunes  anciennes  par  le  boisement. 

»  Dans  la  suite,  après  le  peuplement  du  bassin,  la  dénudation  culturale 
ouvrit  une  ère  nouvelle  de  charriages  arénacés,  d'ensablem  ents  littoraux. 
Les  aunes  modernes  s'édifièrent  du  nord  au  sud  le  long  de  la  côte  désormais 
rectiligne  sur  près  de  250*"°. 

»  Cet  alignement  se  maintient  tel  aujourd'hui  par  deux  causes  essen- 
tielles :  le  courant  permanent  du  littoral  des  Landes  et  l'évacuation  solide 
croissante  de  la  Gironde. 

»  Le  triage  des  troubles  du  fleuve  et  leur  orientation  par  les  courants  littoraux,  qui 
en  atterrissent  une  grande  partie,  s'opère  sur  les  hauts  fonds  voisins  de  l'estuaire.  Au 
nord,  les  vases  légères,  dites  Terre  de  Bri.  vont  aligner  l'ancien  persiliage  des  côtes 
saintongeoise  et  poitevine.  La  masse  des  sables  lourds  dirigée  au  sud,  vers  les  Landes, 
prolonge  les  flèches  et  exhausse  les  fonds  précontinentaux;  les  travaux  de  défense  et 
de  boisement  littoraux  ne  permettent  plus  à  ceux  qui  s'atterrissent  de  cheminer  vers 
l'est  ('). 

))  Le  littoral  d'Aquitaine  perd  actuellement  moius  par  l'érosion  marine 
qu'il  ne  gagne  par  le  fait  des  progrès  de  l'érosion  continentale.    » 

GÉOLOGIE.  —  Sur  V origine  de  la  coupure  transversale  de  la   Kosva  {Oural 
du  Nord).  Note  de  M.  Louis  Ddparc,  présentée  par  M.  Michel  Lévy. 

«  La  K.osva,  en  amont  du  village  de  Verkh-Rosva,  coule  sur  une 
longueur  de  plusieurs  kilomètres  dans  une  vallée  transversale,  profondé- 
ment encaissée,  plus  ou  moins  analogue  à  tirie  cluse  du  Jura,  mais  beau- 
coup plus  étendue.  La  rivière,  si  calme  d'habitude,  présente  à  cet  endroit 
des  rapides  appelés,  par  les  gens  du  pays,  touloum,  qui  sont  disposés  selon 
deux  barres  distinctes,  distantes  l'une  de  l'autre  de  3""°  à  4'""  environ.  Le 
cours  de  la  rivière,  entre  ces  deux  lignes  de  rapides,  est  relativement  peu 


(')   L.-A.  Fabre,  La  niagnéiite pyrénéenne  dans  les  sables  gascons  {/h/Il.  de  Géo- 
graphie hist.  et  descript..  n"  1,  1902). 


II 36  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

accidenté.  Celte  coupure  transversale  de  la  Kosva  est  entièrement  com- 
prise dans  la  grande  zone  des  quarlzites  et  conglomérats  qui,  sur  la  Carte 
géologique  de  Russie  (feuille  Solikamsk-Tscherdyn)  a  été  séparée  des 
formations  du  dévonien  inférieur.  D'après  Krolow,  cette  zone  forme  une 
grande  voûte  unique,  dont  le  cœur  est  constitué  par  des  quarlzites 
compactes  et  des  conglomérats  siliceux,  et  les  flancs  par  des  variétés 
schisteuses  représentées  par  des  quarlzites  schisteuses  et  micacées,  voire 
même  des  schistes  chloriteux  ou  séricitiques  d'origine  détritique. 

))  Les  travaux  que  je  poursuis  depuis  3  années  sur  le  bassin  supérieur 
de  la  Kosva  ont  démontré  que  cette  zone  des  quarlzites  et  conglomérats 
était  plus  compliquée  que  je  ne  l'avais  supposé  tout  d'abord,  et  forme,  en 
réalité,  plusieurs  anticlinaux  distincts,  qui  sont  généralement  déjetés  vers 
l'Ouest,  présentent  une  grande  régularité  et  se  poursuivent  souvent  sur 
une  assez  grande  longueur. 

»  Les  anticlinaux  sont  généralement  formés  par  les  quartziles  et  par  les  conglo- 
mérats compacts,  les  synclinaux  par  les  horizons  schisteux  représentés  par  des 
quartziles  micacées  et  chloriteuses,  des  schistes  détritiques,  voire  même  des  schistes 
aro^ileux  noirâtres,  qui  ne  se  distinguent  en  rien  de  ceux  du  Dévonien  inférieur.  Sur  la 
rive  droite  de  la  Kosva,  les  quartzites  et  les  conglomérats  forment  deux  anticlinaux 
distincts,  celui  de  FOstry  vers  l'Ouest  et  celui  du  Tscherdynsky  vers  l'Est;  ce  dernier 
se  complique  d'un  petit  repli  secondaire  qui,  vers  le  Nord,  prend  une  importance 
plus  grande  et  forme  la  montagne  du  Soukhoï  qui  paraît  terminer  ladite  zone  de  ce 
côté.  Ces  deux  anticlinaux  se  retrouvent  sur  la  rive  gauche  de  la  Kosva  avec  des 
caractères  identiques.  L'Ostry  se  continue  par  l'anliclinal  du  Diknr,  et  le  Tscherdynsky 
par  celui  du  Sloudkv;  le  synclinal,  assez  resserré  entre  l'Ostry  et  le  Dikar,  s'élargit 
considérablement  sur  la  rive  gauche  de  la  Kosva,  il  est  occupé  par  les  formations 
schisteuses  du  niveau  supérieur  aux  quartzites  et  conglomérats,  lesquels  forment  le 
cœur  des  anticlinaux.  Les  deux  lignes  de  rapides  indiquées,  formées  par  des  bancs 
disloqués  de  quartzites  et  conglomérats,  s'alignent  selon  les  axes  des  deux  anticlinaux, 
la  région  du  cours  de  la  Kosva,  comprise  entre  ces  deux  lignes,  y  est  peu  accidentée 
et  coïncide  avec  celle  du  développement  du  synclinal  dont  les  formations  érodées  par 
la  rivière  sont  moins  résistantes.  L'étude  de  ces  plis  montre  clairement  que  leurs 
axes  s'abaissent  rapidement  aux  approches  de  la  Kosva.  En  effet,  sur  les  éperons 
rocheux  qui  terminent  l'Ostry  et  le  Dikar  vers  le  Sud  et  vers  le  Nord,  on  voit  que  les 
plis  plongent  en  profondeur  de  part  et  d'autre  de  la  Kosva.  Cette  disposition  explique 
pourquoi  celte  rivière,  dont  le  niveau  en  cet  endroit  est  à  peu  près  de  700™  au-dessous 
du  sommet  du  Tscherdinsky,  n'érode  cependant  pas  des  formations  inférieures  à 
celles  qui  forment  les  anticlinaux  de  l'Ostry  et  du  Tscherdinsky. 

»  Il  résulte  de  ces  observations  que  la  coupure  transversale  de  la 
Kosva  n'est  autre  chose  qu'un  ancien  synclinal  plus  ou  moins  orthogonal 


SÉANCE    DU    l5    DÉCEMBRE    I902.  iiS^ 

sur  la  direction  des  plis.  Ce  phénomène  est  analogue  à  celui  qui  a  été 
observé  dans  certaines  vallées  alpines  (vallées  de  l'Arve,  du  Borne,  etc.) 
et  il  n'est  pas  impossible  que  les  coupures  transversales  analogues,  ren- 
contrées sur  d'autres  cours  d'eau  de  l'Oural,  aient  une  même  oriiïine.   » 


GÉOLOGIE.  —  Sur  des  gUes  de  phosphate  de  chaux  de  la  Craie  à  Bélemnites, 
formés  avant  le  soulèvement  du  Bray.  Note  de  M.  N.  de  Mercey,  présentée 
par  M.  Michel  Lévy. 

«  Des  gîtes  de  phosphate  de  chaux,  qui  viennent  d'être  reconnus  dans 
la  Craie  à  Bélemnites,  sur  le  bord  même  de  la  grande  faille  du  Bray,  à  la 
hauteur  d'Haiivoile,  près  de  Songeons  (Oise),  fournissent  une  preuve  évi- 
dente du  dépôt  de  cette  craie  sur  le  Bray  à  une  époque  antérieure  à  son 
soulèvement. 

»  Déjà  M,  de  Lapparent  (/)  avait  admis  avec  moi  que  la  limite  actuelle  de  la  Craie 
à  Bélemnites,  prolongée  du  Vexin  jusqu'aux  environs  de  Péronne,  résultait  évidem- 
ment de  l'ablation  d'un  dépôt  qui  s'étendait  plus  loin  vers  l'Ouest.  La  Craie  à  Bélem- 
nites n'avait  offert  un  aspect  littoral  que  sur  trois  points  situés  très  en  dehors  de  celte 
limite,  à  Hardivillers,  près  de  Breteuil  ;  à  Beauval,  près  de  DouUens  et  à  Dreuil-Hamel, 
près  d'Abbeville  où  j'avais  découvert  des  gisements  du  même  étage  dans  lesquels  la 
craie  était  grise,  grenue,  et  n'avait  plus  les  caractères  typiques  d'un  dépôt  de  haute 
mer.  Il  était  impossible  de  dire  si  des  dépôts  de  ce  genre  s'étaient  également  formés 
en  Normandie  d'où  l'érosion  les  aurait  fait  ensuite  disparaître. 

»  Cette  craie  grise,  indépendamment  de  ses  caractères  littoraux,  possédait,  comme 
je  l'avais  indiqué,  une  teneur  en  phosphate  de  chaux  susceptible  d'amener  son  exploi- 
tation comme  matière  d'engrais. 

»  On  sait  quelle  a  été,  depuis  une  quinzaine  d'années,  l'importance  des 
recherches  visant  en  Picardie  la  découveile  de  cette  craie  phosphatée  et 
des  sables  riches  qui  en  dérivent. 

»  Il  semblait  possible  d'établir,  au  moyen  de  ces  découvertes,  deux 
lignes  de  rivages  de  la  mer  de  la  Craie  à  Bélemnites. 

»  h^.  première,  bien  jalonnée  sur  une  longueur  de  168'''",  du  Nord-Ouest  au  Sud-Est, 
par  de  nombreuses  exploitations,  partait  du  nord  d'Auxy-Chàteau  pour  passer  notam- 
ment par  les  gîtes  de  Beauval,  Ribemont-sur-l'Ancre,  Éclusier-Yaux,  Hardécourt, 
Templeux-la-Fosse,  Hargicourt,  Étaves,  Ribemont-sur-l'Oise,  etc.,  pour  aboutir  à 
Villers-devant-le-Thour,  au  nord  dWsfeld,  aux  confins  de  la  Champagne. 

»  La  seconde  ligne,  formant  le  littoral  sud-ouest  de  cette  mer  de  la  Craie  à  Bé- 
lemnites  sur   une   longueur  de  75''"S  n'était  déterminée  que  d'une  façon   incomplète; 


(')  Le  Pays  de  Bray,  1879,  p.  [52. 


I  i38  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

car,  partant  de  Crécy-en-Ponthieu  et  Marcheville  pour  passer  par  Gorenflos  et  le 
groupe  des  gîtes  de  Sorel,  Wanel,  Hallencourt  et  Dreuil-Harael,  sa  trace,  après  une 
lacune  de  4o'''°,  disparaissait  complètement  au  delà  des  gîtes  d'Hardivillers. 

))  Les  gisements,  qui  viennent  d'être  reconnus  à  Hanvoile  et  aux  envi- 
rons, constituent  donc,  à  une  distance  de  27'^™,  au  sud-ouest  du  dernier 
ffisement  connu,  un  nouveau  jalon  qui,  en  raison  de  son  emplacement  sur 
le  bord  même  du  Bray,  vient  confirmer  les  prévisions  géologiques  anté- 
rieurement formulées. 

»  Il  a,  de  plus,  l'avantage,  tout  en  conduisant  à  compléter  les  recherches 
dans  cette  partie  de  la  Picardie,  d'ouvrir,  au  delà  du  Bray,  un  nouveau 
champ  d'explorations  pénétrant  en  Normandie. 

»  Et  même  il  ne  semble  pas  impossible  d'espérer  que  le  contour  de  ce 
littoral  ne  puisse  être  poursuivi,  un  jour,  à  travers  la  Champagne,  pour 
venir  rejoindre  Asfeld,  en  fermant  le  tracé  de  ce  golfe  de  la  Craie  à  Bélem- 

nites. 

»  Il  est  donc  bien  démontré  que  le  Bray  a  été  recouvert  par  la  mer  de 
la  Craie  à  Bélemnites,  tout  au  moins  dans  sa  partie  orientale.  Il  n'est  pas 
possible  de  dire  s'il  existait  déjà  un  dôme;  mais,  ce  qui  est  certain,  c'est 
que  l'épaisseur  des  couches  de  Craie  à  Micraster  C or-an guinum  et  à  Micraster 
Cor-testudinarium  est  très  faible. 

»  C'est  au  voisinage  des  affleurements  de  la  Craie  à  Micraster  breviporus 
qu'ont  été  effectuées  des  recherches  ayant  fait  reconnaître  divers  gîtes 
composés  de  craie  et  de  sables  phosphatés  tout  à  fait  analogues  à  ceux 
antérieurement  connus.    » 


HYDROLOGIE.  —  Sur  Vorig'n?  des  lapiaz  et  leur  rsladoi  a<-^ec  les  abîmes  et 
l'hydrologie  souterraine  des  calcaires.  Note  de  M.  E. -A.  Martel,  présentée 
par  M.  Albert  Gaudry. 

«  Les  lapiaz,  rascles,  karren,  schratten,  etc.,  des  calcaires,  que  l'on 
rencontre  aussi  dans  les  schistes,  le  gypse,  le  grès  (de  Martonne,  Comptes 
rendus  Soc.  géologique,  2,3  janvier  1899)  et  le  granité  (chérats  du  mont 
Piiat)  sont  généralement  attribués  à  l'action  chimique  ou  corrosion  des 
pluies  et  neiges,  chargées  d'acide  carbonique  (V.  Heim,  Tietze,  Neumayr, 
Becker,  Ratzel,  Van  den  Broeck,  Bougert,  Chaix,  Eckert,  Duparc,  etc.). 

»  Sans  nier  l'importance  du  facteur  chimique,  je  pense,  après  avoir, 
depuis  1882,  examiné  les  principaux  lapiaz  des  Alpes  et  de  la  France,  qu'ils 
ne  doivent  pas  leur  origine  entièrement  à  la  corrosion,  mais  que  le  rôle 
mécanique  de  l'eau  courante,  même  contemporaine,  est  très  influent. 


SÉANCE    DU    l5    DÉCEMBRE    1902.  I iSq 

»  En  effet,  on  n'a  jusqu'ici  étudié  les  lapiaz  que  dans  les  régions  alpestres 
élevées. 

»  Or,  il  en  existe  de  véritables  dans  des  plaines,  plateaux  et  fonds  de 
vallées  de  faible  altitude. 

»  Comme  lapiaz  de  rivières,  ou  des  fonds  de  vallées,  il  faut  citer  ceux  du  pont 
des  Ouïes  près  Bellegarde  (Ain),  de  la  sortie  des  gorges  du  Fier  (Haute-Savoie),  des 
gorges  de  l'Ardèche  près  Saint-Marcel  (Ardèche),  des  cataractes  du  Sautadet  près 
Bagnols  (Gard)  (voir  F.  Mazalric,  Spelunca,  1900,  p.  3i),  de  Bétharram  et  d'Orthez 
(Basses-Pyrénées),  etc.,  qui  montrent  clairement  comment  la  V'alserine,  le  Fier,  l'Ar- 
dèche, la  Gèze,  le  gave  de  Pau  sont,  de  nos  jours  encore,  activement  occupés  à  creuser 
mécaniquement,  dans  les  calcaires  du  crétacé  inférieur,  les  détails  de  ciselure  des 
karren  alpestres,  avec  des  gouffres  plus  ou  moins  remplis  d'eau,  atteignant  jusqu'à 
So"'  et  4o™  de  profondeur.  Dans  le  granit,  M.  J.  Brunhes  a  trouvé  des  manifestations 
analogues,  à  la  première  cataracte  du  Nil,  à  Assouan  (voir  Comptes  rendus,  7  avril 
1899,  et  Société  fribourgeoise  des  Sciences  naturelles,  t.  II,  4^  série,  T902). 

»  La  mer,  elle-même,  a  érodé  des  reliefs  lapiazés  dans  les  schistes  ardoisiers  de 
Kilkee  (Irlande);  les  porphyres  de  l'Estérel  (Var);  les  schistes  de  Saint-Jean-de-Luz 
(Basses-Pyrénées);  les  calcaires  miocènes  de  la  côte  sud-est  de  l'île  Majorque 
(Baléares),  etc.,  etc.  Enfin  les  rascles  à^érosion  abondent  dans  toutes  les  rivières  sou- 
terraines. 

»  On  ne  peut  donc  pas  soutenir  que  la  force  vive  et  le  frottement  des 
eaux  courantes  et  des  matériaux  qu'elles  entraînent  soient  moins  destruc- 
tifs que  l'usure  lente  produite  par  la  morsure  des  pluies  et  des  ruisselle- 
ments acidulés. 

«  D'ailleurs,  les  trois  grands  chaos  rocheux  de  Mourèze  (Hérault) 
(altitude  200™),  du  bois  de  Païolive  (Ardèche)  (altitude  200™),  de  Mont- 
pellier-le-Vieux  (Aveyron)  (altitude  760™),  sont  aussi  d'immenses  lapiaz 
exagérément  développés. 

»  Les  dolomies  jurassiques  y  ont  été  rasclées  de  So"*  à  100™  de  profon- 
deur par  les  rivières,  jadis  beaucoup  plus  puissantes,  de  la  Dourbie  (Mou- 
rèze) et  du  Chassezac  (Païolive)  et  par  le  grand  courant,  sans  doute 
tertiaire  qui  a  jadis  traversé  le  Causse  Noir  et  affouillé  Montpellier-le-Vieux. 

»  Similairement  j'ai  constaté  que  les  classiques  lapiaz  de  sommets  du 
Parmelan  et  du  désert  de  Plate  (Haute-Savoie),  des  Silberu  et  Karren  Alp 
(Glarnisch,  Suisse),  du  Steinernes  Meer  et  du  Dachstein  (Autriche), 
représentent  topo  graphiquement  des  portions  nettement  dessinées  d'anciens 
thalwegs  desséchés,  avec  une  pente  souvent  très  accentuée  vers  des  vallées 
actuelles  plus  profondes. 

))  Les  mouvements  tectoniques  tertiaires  et  même  pléistocènes  qui  ont 
provoqué  la  surreclion  des  Alpes  et,  selon  les  théories  de  MM.  Marcel 


Il4o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Bertrand,  Schardt,  Lugeon,  les  plissements  et  le  charriage  des  Préalpes 
calcaires,  permettent  de  comprendre  comment  ces  tronçons  de  thalwegs 
se  trouvent  maintenant  suspendus  sur  leur  socle  à  plusieurs  centaines  de 
mètres  en  l'air,  tandis  que  leurs  portions  disparues  ont  été  détruites  par 
les  effets  des  dislocations  ou  par  des  dénudations  postérieures. 

»  Au  Parmelan  même  il  y  a  eu  douîjle  intersection  de  la  vallée  primi- 
tive, à  looo™  environ  plus  haut  que  les  torrents  actuels  de  la  Fillière  au 
nord  et  du  Fier,  au  sud,  et  ce  lapiaz  occupe  aujourd'hui  un  large  berceau 
ou  gouttière  fortement  penché  vers  le  nord  et  représentant  la  partie 
médiane  du  thalweg,  où  de  puissants  courants  ont  dû  circuler  avant  la 
présente  période  géologique. 

»  Au  surplus,  j'ai,  sans  exception  aucune,  trouvé,  parmi  tous  les  lapiaz 
suivants,  ces  puits  naturels  et  points  d'absorption  des  eaux  superficielles, 
qui  ont  progressivement,  et  dans  toutes  les  formations  calcaires,  substitué 
une  circulation  souterraine  au  primitif  ruissellement  exlérieur,  et  créé  les 
résurgences,  dites  à  tort  fontaines  vauclusiennes,  savoir  : 

»  Lapiaz  de  la  forêt  des  Arbaiiles  (Basses-Pyrénées),  avec  les  lestas  (goufTres) 
d'Âhusquy,  etc.,  elles  sources  de  laBidouse,  d'Aussurucq,  etc.;  rascles  des  Gras,  avec 
les  avens,  goules  et  sources  de  l'Ardèche,  de  la  Braunhie  (Lot)  avec  les  igues  du  Causse 
de  Gramat,  et  les  sources  de  lOuysse  ;  du  Ventoux  avec  les  avens  et  la  fontaine  de  Vau- 
cluse  ;  du  Dévoluy  (atrophiés  par  les  glaciations  quaternaires)  avec  les  chouruns  et  la 
fontaine  des  Glliardes,  etc.  ;  de  Fondurle,  de  Lente,  de  Vassleux,  etc.  (Drônie),  avec 
les  scialets  et  sources  du  Vercors  ;  lapiaz  du  Parmelan,  avec  leurs  puits  à  neige  qui 
refroidissent  les  sources  tout  autour  de  la  base  du  massif;  du  désert  de  Plate,  avec  les 
gouffres  des  Verts,  etc.,  et  les  sources  de  Magland  ;  burrens  de  Galway  avec  leurs 
sluggas  et  turloughs  (Irlande)  ;  raîcles  de  l'île  Majorque  (Baléares)  à  Porto-Crlsto 
(Miocène)  avec  la  Gueva  dal'  Drach  et  à  VaUdemosa  (Jurassique)  avec  de  profonds 
abîmes  Inexplorés  et  la  Fuente  de  la  Cova,  etc.  ;  Montpellier-le-Vleux  et  Païolive 
aussi  sont  percés  d'avens  et  distillent  des  sources,  et  je  viens  d'établir  l'étroit  rapport 
entre  leskarren  fissurés  des  Glârnisch  [Voir  Hiîim,  Aa  n.  Club  alpin  suisse,  1877-1878, 
p.  421,  et  Atlas  Siegfried,  f.  899  et  4oo)  et  l'alimentation  de  la  source  du  Hôll-Locli 
ou  schlelchende  Brunneii  {Comptes  re:idus,  4  août  1902);  déjà  Simony  avait  reconnu 
que  le  massif  du  Daclisteln  a  des  glaciers  (Sohladmlng  et  Karls-Eisfeld  )  sans  émissaire 
aérien,  et  toute  une  circulation  souterraine  (caverne  de  Koppenbrûll  )  {voir  Dach- 
stein-Gebiet,  Vienne,  1891). 

»  Il  est  indubitable  que  l'on  constatera  les  mêmes  faits  auv  karren  de  l'Ifen 
(Bavière)  {voir  Eckert,  Peterni's  MitltieiL,  1898,  et  Der  Gottesactcer-Plateau,  Inns- 
bruck,  1902),  et  du  Stelnernes  Meer  {voir  H.  Grammer,  Peterni's  MittlieiL,  1897, 
p.  42  ;  et  1902,  p.  9). 

»  Cette  relation  absolue  et  générale  entre  les  abîmes  ou  points  d'absorp- 
tion du  calcaire  et  les  lapiaz  est  (donc  une  véritable  loi  géologique  et  hydro- 
logique. Elle  ne  semble  pas  avoir  encore  été  formulée  et,  en  tous    cas,  elle 


SÉANCE    DU    l5   DÉCEMBRE    1902.  Il4l 

justifierait  à  elle  seule  la  nouvelle  explication  que  je  propose  pour  la  for- 
mation originaire  sinon  de  tous,  du  moins  d'une  grande  partie  des  lapiaz 
ou  karren,  tant  de  rivières  que  de  sommets  ;  sous  cette  réserve  d'ailleurs 
qu  actuellement  ce  n'est  plus  guère  que  l'action  chimique  des  eaux  météo- 
riques (pluies  et  neiges  acidulées)  qui  trouve  à  s'exercer,  avec  un  faciès 
différent  et  sur  une  échelle  bien  plus  faible,  parmi  les  lapiaz  de  sommets.  » 

CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Influence  des  agents  de  catalyse  sur  le  fonctionne- 
ment de  l'organisme  :  spermine,  cérébrine  et  chloradrénal.  Note  de 
M.  Alexandre  de  Poehl,  présentée  par  M.  A.  Gautier. 

«  D'après  Ostwald  les  agents  catalytiques  n'influent  que  sur  la  durée  des 
processus  chimiques,  non  sur  leur  nature.  Il  propose  de  nommer  les  corps 
qui  les  accélèrent  catalyseurs  positifs  et  les  corps  qui  les  retardent  cataly- 
seurs négatifs. 

»  Les  catalyseurs  d'oxydation  dans  l'organisme  sont  les  oxydases.  Parmi 
elles,  la  spermine  (C^H'^Az'^,  d'après  mes  recherches),  produit  de  désinté- 
gration des  leucocytes,  joue  le  principal  rôle. 

»  J'ai  démontré  son  influence  sur  les  processus  d'oxydation  par  diverses 
expériences  de  laboratoire  :  transformation  du  magnésium  en  magnésie, 
des  aldéhydes  benzoïque  et  salicylique  en  acides  correspondants,  etc. 

))  Physiologiquement,  cette  influence  a  été  établie  par  le  Prince  Tark- 
hanofl,  les  professeurs  Senator,  Lœw^y,  Richter,  etc.,  sur  des  animaux 
dont  l'énergie  d'oxydation  était  abaissée  par  section  de  la  moelle,  infec- 
tions, intoxications  avec  le  chloroforme,  l'oxyde  de  carbone,  le  gaz  d'éclai- 
rage, le  cyanure  de  potassium,  etc.  Ces  poisons  plasmatiques  retardent  les 
oxydations;  ils  agissent  comme  catalyseurs  négatifs.  Leur  effet  nuisible  est 
neutralisé  par  l'influence  des  catalyseurs  positifs,  la  spermine  en  particulier. 

»  Dans  les  cas  d'intoxications,  par  suite  d'abaissement  de  la  respiration  tissulaire, 
dans  la  neurasthénie,  le  tabès,  etc.,  la  spermine  possède  aussi  une  action  très 
favorable. 

»  D'ailleurs,  son  influence  sur  le  coefficient  d'oxydation  azotée  qu'elle  élève  a  été 
démontrée  par  de  nombreuses  analyses  d'urine. 

»  La  spermine  est  bien  un  catalyseur,  car  déjà  une  quantité  de  06,00026  par  kilo- 
gramme de  poids  corporel  possède  un  efl'et  thérapeutique  très  net. 

»  Dans  la  respiration  tissulaire,  en  même  temps  que  la  spermine,  intervient  une 
autre  série  de  ferments  constituée  par  le  groupe  des  leucomaïnes  du  tissu  nerveux. 
Je  lui  ai  donné  le  nom  de  cérébrine  par  suite  de  la  terminologie  que  j'ai  adoptée. 

»   La  cérébrine  paraît  agir  sur  l'excrétion  des  produits  de  déchets  par  hydrolyse. 

»  En  effet,  l'excrétion  des  déchets  du  tissu  nerveux,  que  je  mesure  avec  Zuelzer  par 

G.  R.,  1902,  a«  Semestre.  (T.  CXXXV,  N»  24.)  l49 


Il42  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

lerapport  de  l'azote  total  à  l'acide  phosphorique,  ne  dépend  pas  seulement  de  l'énergie 
des  processus  d'oxydation.  Dans  certains  cas  de  neurasthénie,  d'alcoolisme,  certaines 
phases  de  l'épilepsie,  il  se  produit  une  rétention  des  leucomaïnes,  sans  que  les  pro- 
cessus d'oxydation  aient  sensiblement  diminué. 

))  La  cérébrine,  donnée  par  voie  buccale  ou  sous-cutanée,  favorise  l'excrétion  des 
leucomaïnes  et  augmente  le  rapport  de  Zuelzer. 

» .  Krainsky,  Slange,  Lion,  Pantschenko,  Tshetshott  ont  observé  cliniquement  les 
effets  favorables  de  la  cérébrine  dans  l'alcoolisme,  la  neurasthénie,  certaines  épi- 
lepsies,  etc. 

»  Les  observations  de  Babès,  Constantin-Paul,  Dufournier,  Hammond,  Robertson, 
Romanoff  et  d'autres,  montrent  les  résultats  favorables  obtenus  en  employant  opothé- 
rapiquement  la  substance  cérébrale  dans  les  maladies  nerveuses. 

))  On  peut  en  dire  autant  des  effets  de  destruction  du  poison  tétanique  qu'ont  ob- 
servé Wassermann  et  Takaki. 

»  Depuis  1895,  je  donne  à  l'ensemble  des  agents  actifs  extraits  d'un  organe  le  nom 
de  cet  organe  suivi  du  suffixe  ine.  J'ai  isolé  des  capsules  surrénales  la  suprarénaline, 
qui  contient,  outre  V adrénaline,  les  autres  leucomaïnes  de  la  glande  surrénale. 
L'adrénaline  ne  contenant  pas  l'ensemble  des  bases  actives  de  la  glande  et  étant  inso- 
luble, je  propose  le  nom  de  chloiadrénal  à  ce  principe  uni  à  l'acide  chlorhydrique. 

))  Vadrénaline  (G'"H'^AzO*)  de  Takamine,  produite  en  1901,  est  la  base  àuclilo- 
radré na l  {C^^W^ KzO'*\{C\)  que  j'ai  isolé  et  obtenu  très  pur. 

»  D'après  mes  recherches,  le  chloiadrénal  est  un  catalyseur  de  réduction  par  excel- 
lence. 11  accélère  les  processus  de  réduction,  même  à  la  dilution  de  un  millionième. 
Cet  effet  peut  se  constater  in  vitro  sur  les  sels  ferriques,  ceux  d'or,  d'argent,  l'acide 
iodique  étendu,  etc.,  qui  sont  tous  réduits. 

»  On  sait  que  l'influence  du  chloradrénal  sur  la  vasoconstriction  est  très  considé- 
rable :  elle  se  fait  sentir  même  en  employant  des  solutions  à  tôwô- 

»  L'action  toxique  du  chloradrénal  est  une  conséquence  de  ses  propriétés  réduc- 
tives.  Chez  le  lapin,  6™e  par  voie  sous-cutanée  produisent  une  forte  glycosurie 
(2  pour  100)  avec  un  grand  abaissement  du  coefficient  d'oxydation  azotée.  Le  professeur 
Prince  Tarkhanoff  a  constaté  qu'une  dose  de  os,  02  à  o^,  o4  de  chloradrénal  par  voie 
sous-cutanée  provoque  la  mort  du  lapin  en  20  ou  3o  minutes  par  asphyxie  et  avec  un 
rapide  abaissement  de  température.  Tous  ces  faits  montrent  que  le  chloradrénal  est 
bien  un  catalyseur  de  réduction.  Ce  qui  le  montre  encore,  c'est  que  la  spermine, 
catalyseur  d'oxydation,  en  détruit  les  effets  :  on  peut  prolonger  la  vie  des  animaux 
intoxiqués  par  le  chloradrénal  en  leur  injectant  la  spermine  par  voie  sous-cutanée 
(Prince  Tarkhanoft). 

»  Dans  l'organisme  il  existe  des  régulateurs  des  réactions  catalytiques  ;  c'est  ainsi 
que  les  processus  d'oxydation  de  la  spermine  se  trouvent  en  relation  avec  l'alcalinité 
du  sang.  Darrs  tous  les  états  de  fatigue  il  se  fait  une  accumulation  de  produits  orga- 
niques acides,  tels  que  l'acide  lactique,  qui  diminuent  l'alcalinité  du  sang  et  en  même 
temps,  comme  je  l'ai  démontré,  les  effets  catalytiques  d'oxydation  de  la  spermine. 
Mais  l'alcalinité  du  sang  ne  peut  jamais  dépasser  une  certaine  limite,  car,  par  suite 
de  l'oxydation  des  acides  organiques,  la  pression  de  l'acide  carbonique  dans  les  tissus 
se  trouve  augmentée  et  l'alcalinité  s'abaisse,  ce  qui  constitue  un  des  mécanismes  de 
régularisation  des  processus  d'oxydation. 


SÉANCE    DU    l5    DÉCEMBRE    1902.  II 43 

»  Je  pense  que  l'influence  téléologique  du  chloradrénal  se  manifeste  dans  la  vie 
cellulaire  surtout  par  son  action  dans  le  noyau.  Les  remarquables  travaux  du  profes- 
seur Armand  Gautier  ayant  montré  que  les  phénomènes  de  réduction  se  passent  sans 
cesse  dans  le  noyau  et  dans  les  parties  profondes  du  protoplasme,  j'ai  cherché  le 
chloradrénal  non  seulement  dans  les  glandes  surrénales,  mais  aussi  dans  les  autres 
organes,  et  j'y  ai  trouvé  des  substances  réductrices  qui  en  sont  très  voisines.  Presque 
identiques  au  chloradrénal,  ces  substances  sont  évidemment  les  catalyseurs  de  ré- 
duction. 

»  Les  capsules  surrénales  sont-elles  chargées  d'accumuler  seulement  le  chloradré- 
nal formé  ailleurs,  comme  le  veut  Battelli?  C'est  là  un  point  sur  lequel  mes  travaux 
ne  me  permettent  pas  encore  de  me  prononcer. 

»  Je  pense  que  la  plupart  des  toxines  sont  des  catalyseurs  négatifs  des  processus 
d'oxydation.  La  cérébrine  et  la  spermine  combattent  utilement  leurs  effets.   » 

MÉDECINE.  —  Les  maladies  de  la  déminéralisation  organique.  Anémie 
plasmatique .  Note  de  M.  Albert  Robix,  présentée  par  M.  Arm. 
Gautier. 

«  Il  existe  un  groupe  d'états  morbides  qui  reconnaissent  comme  l'une 
de  leurs  conditions,  sinon  de  leurs  causes,  soit  une  déminéralisation  de 
l'organisme,  soit  une  inaptitude  des  plasmes  et  des  tissus  à  fixer  les  prin- 
cipes inorganiques  de  l'alimentation. 

»  Parmi  ces  maladies,  mes  recherches  permettent  d'individualiser  déjà 
les  types  suivants  comme  premiers  termes  de  la  série  : 

»   a.  La  phtisie  pulmonaire  ; 

j»   b.  Le  phosphorisme; 

»   c.  Une  variété  particulière  d'hémoglobinurie  ; 

»  d.  Diverses  albuminuries  qui,  d'abord  fonctionnelles,  peuvent  abou- 
tir à  la  maladie  de  Bright,  comme  les  albuminuries  phospliaturiques  et  les 
albuminuries  dyspeptiques; 

»  e.  Un  groupe  important  d'anémies,  parmi  lesquelles  certaines  pré- 
sentent toutes  les  allures  cliniques  de  la  chlorose. 

»  La  chlorose  n'est  pas  une  entité  morbide,  mais  bien  un  ensemble  symptomatique 
qui  relève  de  conditions  morbides  fort  dissemblables  réclamant  des  traitements  diffé- 
rents, puisque  ce  qu'il  faut  traiter,  ce  n'est  pas  l'expression  symptomatique  dénom- 
mée chlorose  ou  anémie,  mais  bien  les  procédés  morbides  qui  aboutissent  à  cette 
expression. 

»  La  déminéralisation  organique  est  l'un  de  ces  procédés.  Les  chloroses  et  les 
anémies  qui  en  relèvent  offrent  certaines  particularités  cliniques  qui  permettent  de 
les  soupçonner  et  sur  lesquelles  je  reviendrai  plus  lard.  Mais,  pour  les  reconnaître  à 
coup  sûr,  il  faut  pratiquer  l'analyse  comparative  de  l'urine  et  du  sang.  La  déminéra- 
lisation est  prouvée  par  l'augmentation  du  résidu  minéral  de  l'urine  et  du  coefficient 


II 44  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

de  déminéralisation  et  par  la  diminution  corrélative  de   la  minéralisation  du  sang. 

)♦  C'est  ainsi  que,  d'une  part,  le  coefficient  de  déminéralisation  urinaire  s'élève 
à  48  pour  loo,  au  lieu  de  3o  pour  loo,  avec  os,4i4  de  résidu  inorganique  par  kilo- 
gramme de  poids  et  par  24  heures^  au  lieu  de  05,270,  tandis  que,  d'autre  part,  le  ré- 
sidu inorganique  du  sang  s'abaisse  à  5s,  6  au  lieu  de  la  normale  de  gs. 

»  L'analyse  démontre  que  cette  déminéralisation  porte  sur  le  plasma  sanguin  dont 
l'équilibre  salin  est  ainsi  rompu,  ce  qui  comporte,  comme  résultante  immédiate,  ou 
une  altération  des  globules  rouges,  ou  un  retard  dans  leur  renouvellement,  ou  une 
diminution  de  leur  activité.  De  fait,  dans  le  cas  qui  m'a  servi  de  tj'pe,  le  nombre  des 
globules  rouges  est  tombé  à  2829000,  avec  une  valeur  globulaire  de  0,72,  la  nor- 
male étant  l'unité. 

))  Celte  variété  d'anémie  mérite  donc  le  nom  à^ anémie  plasmatique. 

»  Pour  la  traiter  et  la  guérir  d'une  façon  pour  ainsi  dire  mathématique,  il  faut 
reconstituer  l'équilibre  salin  du  plasma  sanguin.  On  y  arrive  assez  rapidement  par 
l'emploi  d'une  association  de  sels  minéraux  à  divers  principes  organiques  dont  l'en- 
semble représente  une  sorte  de  thériaque  minérale. 

»  Cette  reconstitution  minérale  du  plasma  sanguin  demande  de  i5  à  5o  jours,  sui- 
vant les  cas.  Elle  se  traduit  par  une  augmentation  de  la  minéralisation  du  sang  et  par 
une  diminution  du  résidu  inorganique  de  l'urine,  malgré  l'ingestion  journalière  des 
sels  minéraux  médicamenteux. 

»  Après  traitement,  le  résidu  inorganique  de  l'urine  s'abaisse  à  os,  36 1  par  24  heures 
et  par  kilogramme  de  poids;  le  coefficient  de  déminéralisation  urinaire  tombe  à  35,97 
et  les  matières  inorganiques  du  sang  reviennent  à  la  normale  avec  le  chiffre  de  88,85. 

»  En  même  temps,  la  densité  du  sang  monte  de  io45  à  io5o  et  ses  matières  orga- 
niques passent  de  191^,6  à  2o4^  par  litre. 

»  Quand  l'équilibre  salin  du  plasma  sanguin  est  rétabli,  il  convient,  dans  une  se- 
conde étape  thérapeutique,  d'instituer  la  médication  ferrugineuse,  qui  agit  alors  avec 
une  surprenante  rapidité  sur  les  signes  extérieurs  de  la  chlorose.  Mais  on  peut  éviter 
aussi  ce  second  traitement  en  associant  directement,  et  dès  l'abord,  les  ferrugineux  à 
la  médication  saline. 

»  Le  diagnostic  et  le  traitement  de  l'anémie  plasmatique  fournissent  une  preuve  de 
la  certitude  qu'acquiert  la  thérapeutique  quand  elle  est  fondée  sur  les  procédés  exacts 
de  la  Chimie  pathologique.  » 

M.  P.  DE  ViviÈs  adresse  une  Note  ayant  pour  titre  :  «  Théorème  du  point 
symétrique  et  quelques-unes  de  ses  conséquences  ». 

A  4  heures  et  demie  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  5  heures. 

M.   B. 


ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

SÉANCE  PUBLIQUE  ANNUELLE  DU  LUNDI  22  DÉCEMBRE  1902, 
PRÉSIDÉE  PAR  M.  BOUQUET  DE  LA  GRYE. 


M.  Bouquet  de  la  Grye  prononce  l'alloculion  suivante  : 

«  Messieurs, 

»  Il  est  dans  la  vie  civile,  en  dehors  de  la  naissance  et  de  la  mort,  des 
circonstances  qui  peuvent  se  répéter,  le  Code  y  pourvoit,  l'Es^lise  catho- 
lique admet  que  certains  sacrements  soient  administrés  phisieurs  fois;  on 
peut  être  nommé  à  deux  reprises,  nous  l'avons  vu,  membre  de  la  même 
Académie,  mais  jamais,  au  grand  jamais  si  la  coutume  avait  été  observée, 
la  din^nité  de  Président  n'aurait  été  conférée  deux  fois  à  l'un  de  nos 
Confrères. 

»  Aucune  règle  ne  porte  pourtant  pareille  interdiction,  mais  elle  se  base 
sur  une  loi  de  mortalité  qui  paraît  sérieusement  établie,  et  l'un  de  nos 
savanls  Confrères  pourrait  seul  supputer  la  probabilité  qu'un  dernier  élu 
arrivât  à  la  présidence,  landis  que  le  plus  âgé  des  Membres,  pour  le  moins 
centenaire,  deviendrait  vice-président. 

»  Messieurs,  cet  honneur  unique  rend  très  fier  son  titulaire  :  il  lui  est 
donné,  quelle  que  soit  son  humilité,  de  parler  au  nom  de  l'Académie 
lorsqu'elle  applaudit  à  des  succès  et  aussi  hélas  lorsqu'elle  pleure  la  mort 
de  Confrères  estimés  et  aimés. 

»  Messieurs,  lorsqu'on  arrive  à  la  fin  de  celte  présidence  et  pour  mieux 
dire  des  deux  années  que  l'on  a  passées  au  Bureau,  on  voit  mieux  qu'étant 
assis  au  milieu  de  vous,  le  rôle  important  que  joue  dans  notre  état  social 
l'Académie  des  Sciences.  On  a  vite  dit,  au  dehors  :  les  séances  n'ont  pour 
trame  qu'une  énumération  rapide  de  faits  rarement  suivis  d'une  discussion, 
mais  cette  collection  ininterrompue  de  découvertes  répandues  par  les 
Comptes  rendus  est  le  plus  puissant  des  stimulants  que  l'on  puisse  donner 
à  la  Science.  Aussi  nos  volumes  vont-ils  en  grossissant  et  la  Commission 
administrative  a-t-elle  souvent  quelque  peine  à  en  solder  l'impression. 

G.  R.,  1902,  2«  Semestre.  (T.  CXXXV,  N»  25.)  l5»0 


Il46  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  C'est  pendant  les  deux  années  passées  dans  cette  Commission,  oîi  le 
pouvoir  exécutif  est  si  bien  rempli  par  les  deux  Secrétaires  perpétuels,  que 
j'ai  pu  juger  du  soin  avec  lequel  sont  gérés  les  intérêts  de  la  Science  et  de 
l'Académie. 

»  Nous  pourrons  bientôt,  Messieurs,  saluer  le  moment  oîi,  grâce  à  deux 
grosses  donations  non  affectées  à  des  prix,  la  gêne  actuelle  va  disparaître 
et  l'Académie  pourra  alors,  d'une  façon  plus  efficace,  venir  en  aide  à  des 
savants. 

))  Je  dis  ceci.  Messieurs,  parce  qu'à  regarder  l'ensemble  des  prix  que 
nous  décernons,  on  peut  nous  croire  très  riche.  Leur  total  s'accroît,  en 
effet,  très  rapidement:  de  iioooo*^^,  en  1874.  il  a  passé,  cette  année, 
à  317000*^^.  Mais,  à  la  vérité,  dans  ce  chiffre  sont  compris  deux  sommes 
de  100 ooo^'',  dout  on  ne  distribue  guère  que  le  revenu,  le  capital  devant 
être  donné,  d'une  part,  à  l'astronome  qui  conversera  avec  les  habitants 
d'un  astre  autre  que  Mars  et  à  celui  qui  aura  trouvé  un  remède  contre  le 
choléra.  Si  les  candidats  se  sont  présentés,  ils  n'ont  pas  été  agréés. 

»  Messieurs,  dans  cet  ensemble  de  prix  dont  on  va  donner  la  liste,  les 
Mémoires  couronnés  pourraient  tous  attirer  votre  attention,  mais  l'analyse 
en  a  été  faite  dans  de  savants  rapports  et  je  ne  puis  qu'y  renvoyer. 

»  Vous  m'excuserez  pourtant  si  je  vous  demande  de  faire  une  exception 
pour  ceux  qui  touchent  à  la  Section  de  Géographie  et  de  Navigation,  ne 
pouvant  me  détacher  de  ce  qui  a  été  l'objet  des  occupations  d'une  bonne 
partie  de  ma  vie. 

»  La  Géographie  était  assez  oubliée  au  milieu  du  siècle  dernier;  le  pu- 
blic ne  s'intéressait  que  peu  aux  entreprises  coloniales,  et  les  testaments 
des  personnes  amies  de  la  Science  contenaient  plutôt  des  legs  en  faveur 
des  progrès  de  la  Médecine  qu'à  des  découvertes  dans  des  pays  inconnus. 
»  Aujourd'hui,  en  revanche,  être  explorateur  est  un  titre  qui  conduit 
souvent  à  un  emploi;  si  quelques  voyageurs  ont  payé  leurs  découvertes  de 
leur  vie,  d'autres  sont  devenus  célèbres  et,  l'an  dernier,  l'Académie  a  très 
justement  décerné  le  grand  prix  à  la  Mission  Foureau. 

»  Cette  année-ci,  elle  est  très  heureuse  de  donner  une  partie  du  prix 
Binoux  à  M.  Marcel  Moanier,  explorateur  en  Chine,  ayant  parcouru 
3oooo''",  dont  12000'''°  levés  à  la  boussole.  28  Cartes  contiennent  ce  remar- 
quable levé. 

»   Le  prix  Gay  a  été  attribué  au  colonel  Berthaut. 

»  La  France,  oublieuse  de  ses  gloires,  ne  connaissait  guère  les  travaux 
des  ingénieurs  des  camps  et  armées  et  le  rôle  rempli,  pendant  la  première 


SÉANCE  DU  22  DÉCEMBRE  1902.  114-7 

moitié  du  siècle  dernier,  par  les  ingénieurs  géographes.  M.  Berthaut  a  ré- 
habilité les  uns  et  les  autres  et  fait  surtout  connaître  que  c'est  à  ces  der- 
niers que  l'on  doit  ia  triangulation  de  la  France  et  la  mise  en  train  de  la 
Carte  au  yût^-  L'T  suppression  du  Corps  de  géographes  en  i832  a  été  un 
gros  malheur  et  une  lourde  faute,  et  il  a  faHu  20  ans  d'efforts  pour  les 
réparer.  Nos  officiers  mesurent  à  nouveau,  à  l'heure  actuelle,  sous  le 
patronage  de  l'Académie,  le  méridien  de  Quito. 

»  Le  prix  Tcliihatchef  doit  être  décerné  à  des  naturalistes  qui  auront 
fait  des  explorations  dans  le  continent  asiatique.  M.  Sven  Hedin  a  rempli 
ces  conditions  en  parcourant  pendant  3  années  les  plateaux  neigeux  du 
Pamir  et,  pendant  3  autres  années,  le  Turkestan  chinois  et  le  Thibet. 
A  deux  reprises  différentes,  il  essaya  d'atteindre  Lhassa,  mais  fut  arrêté 
par  des  détachements  armés.  L'itinéraire  de  M.  Sven  Hedin  s'étend  sur 
une  longueur  de  10000'"°  et  ses  collections  forment  un  ensemble  rare  de 
choses  inédites. 

))  J'ai  placé  en  dernier  lieu  le  prix  extraordinaire  de  la  Marine  parce 
qu'une  partie  revient  seule  à  la  Géographie.  Il  s'agit  du  levé  de  la  côte 
ouest  de  Madagascar,  fait,  avec  les  méthodes  les  plus  précises,  par  M.  Drien- 
court,  ingénieur  hydrographe,  La  portion  la  plus  importante  du  prix  est 
donnée  à  M.  Romazotti  et  n'a  été  l'objet  d'aucun  rapport.  L'Académie 
récompense  ici  un  ensemble  de  travaux  qui  ont  permis  à  notre  pays  de 
construire  des  submersibles  ayant  rempli  toutes  les  conditions  imposées 
aux  ingénieurs. 

»  Messieurs,  après  la  navigation  sous  la  mer,  il  en  est  une  autre  qui 
passionne  à  l'heure  actuelle  les  inventeurs  de  tous  les  pays,  et  des  catas- 
trophes successives  ne  les  arrêtent  pas.  Nombre  de  Mémoires  sur  ce  sujet 
arrivent  chaque  année  à  l'Académie,  et  sont  renvoyés  à  une  Commission 
spéciale  qui,  après  avoir  été  réorganisée,  vient  de  commencer  ses  travaux. 
Un  Rapport  a  déjà  été  publié  dans  les  Comptes  j^endus ,  d'autres  suivront 
montrant  l'intérêt  que  porte  l'Académie  à  une  science  nouvelle.  Elle  le 
prouve  en  donnant,  cette  année,  un  prix  aux  frères  Renard. 

»  Vous  savez  que  des  initiatives  privées  ont  déjà  fourni  et  promis  des 
subventions  pour  certaines  réalisations  dans  la  marche  des  ballons,  nous 
crovons  personnellement  que  le  [)roblème  plus  général  de  l'aviation  ne 
peut  manquer  d'être  bientôt  résolu,  puisque  l'on  construit  des  machines 
puissantes  extra-légères  avec  lesquelles  on  obtient  des  rotations  attei- 
gnant 20000  tours  par  minute.  Dans  ces  conditions  l'air  peut  être  un  point 
d'appui. 


Il48  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

»  Messieurs,  l'an  dernier  nous  avions  assisté  dans  l'amphithéâtre  de  la 
Sorbonne  à  une  cérémonie  où  les  Savants  du  monde  entier  étaient  venus 
apporter  des  médailles,  des  diplômes  et  des  adresses  à  notre  illustre  Secré- 
taire perpétuel,  M.  Berthelot,  à  l'occasion  du  cinquantenaire  de  ses  travaux. 

»  Cette  année  une  cérémonie  plus  intime,  mais  très  touchante,  a  eu 
lieu  au  Muséum.  Il  s'agissait  du  cinquantenaire  du  professorat  cie  notre 
Vice-Président  et  ses  élèves,  ses  collègues  et  ses  amis  étaient  venus  lui 
dire  toute  l'estime  qu'il  leur  avait  inspirée  et  combien  avait  été  fructueuse 
pour  la  Science  sa  vie  tout  entière. 

»  11  est  encore  d'autres  faits  qui  ne  peuvent  être  passés  sous  silence 
dans  nos  annales  de  1902.  Un  sinistre  effroyable,  tel  que  l'histoire  d'aucun 
pays  n'en  contient  de  semblable,  est  venu  frapper  une  de  nos  vieilles 
colonies,  faisant  en  quelques  minutes  3oooo  victimes,  puis  quelques  jours 
après  de  nouvelles  hécatombes. 

))  L'Académie,  sur  la  demande  du  Ministre  des  Colonies,  a  envoyé  à  la 
Martinique  une  mission  de  trois  savants;  des  rapports  ont  été  remis  par 
eux,  expliquant  du  mieux  possible,  d'après  un  ensemble  de  témoignages, 
la  marche  de  ce  cyclone  de  feu.  M.  Lacroix  est  retourné  depuis  dans  l'île 
pour  organiser  des  stations  autour  du  volcan,  afm  de  suivre,  s'd  était  pos- 
sible, la  marche  du  phénomène  et  de  déceler  les  signes  prémonitoires  des 
éruptions. 

»  Hélas!  à  considérer  le  passé  cela  semble  bien  difficile.  La  terre  que 
nous  foulons  est  bien  peu  solide,  les  géologues  nous  affirment  qu'elle  a  été 
autrefois  le  siège  de  cataclysmes  effroyables  et  ne  répondent  nullement  que 
la  stabilité  du  sol  soit  désormais  assurée.  Les  études  faites  aux  obser- 
vatoires du  Vésuve  et  de  l'Etna  n'ont  pu  donner,  jusqu'à  présent,  de 
prévisions  à  longue  échéance;  pourra-t-on  faire  mieux  a  la  Martinique? 
Espérons-le;  quoi  qu'il  en  soit,  un  travail  interne  paraît  se  faire,  puisque 
des  éruptions  sont  signalées  tout  autour  du  globe,  et  l'opinion  publique 
en  Allemagne  et  ailleurs  s'en  préoccupe. 

»  Nous  avons  reçu,  en  effet,  par  voie  diplomatique,  le  vœu  formé  dans 
un  Congrès,  de  confier  à  une  institution  internationale  le  soin  d'étudier  les 
mouvements  du  soi  d'ordre  séismique ,  ils  font  d'adleurs  l'objet  de 
recherches  spéciales  dans  certains  pays. 

»  La  Commission  de  l'Académie  qui  a  été  chargée  d'examiner  cette 
question,  tout  en  pensant  que  de  pareilles  études  rentrent  dans  le  cadre 
de  celles  auxquelles  se  livre  l'Association  internationale  géodésique,  a 
demandé  sur  ce  sujet  l'avis  ilu  bureau  international  des  Académies,  organe 


SÉANCE   DU    22   DÉCEMBRE    1902.  II49 

dont  la  création  est  récente.  La  question  avait,  en  effet,  été  portée  devant 
plusieurs  Académies;  il  était  naturel  que  leur  Association  s'en  occupât. 

»  Je  terminerai,  Messieurs,  l'exposé  de  nos  travaux  en  rappelant  que 
M.  Doumer,  gouverneur  général  de  l'Indo-Chme,  nous  a  proposé  d'en- 
voyer au  Tonkin  une  mission  scientifique  permanente  dont  la  colonie 
ferait  tous  les  frais,  Les  statuts  de  cette  organisation  sont  presque  copiés 
sur  ceux  d'une  institution  analogue  placée  sous  le  patronage  de  l'Académie 
des  Inscriptions  et  Belles-Lettres,  et  qui  fonctionne  régulièrement;  notre 
Compagnie  les  a  discutés,  et  ils  ont  été  approuvés  par  le  Ministre.  Nous 
avons,  le  mois  dernier,  proposé  au  nouveau  Gouverneur  la  nomination  du 
Directeur  de  la  Mission,  et,  ces  jours-ci,  celle  de  ses  subordonnés;  tout 
nous  fait  espérer  que,  comme  son  aînée,  cette  création  aura  des  résultats 
heureux  pour  la  Science  française. 

»  Messieurs,  me  voici  arrivé  à  un  point  douloureux  de  ma  tâche,  je  dois 
rappeler  ici  le  souvenir  de  ceux  de  nos  Confrères  qui  nous  ont  été  enlevés 
cette  année,  et  malheureusement  le  nombre  en  est  grand.  Sept  d'entre  eux 
ont  disparu  en  1902,  et  c'est  un  chiffre  bien  rarement  atteint. 

M.  Cornu  figure  le  premier  sur  celte  liste  nécrologique;  il  était  entré, 
en  1860,  à  l'École  Polytechnique  et,  grâce  à  son  rang  de  sortie,  avait  pu 
choisir  la  carrière  très  disputée  des  Mines.  On  sait  que  nombre  d'ingé- 
nieurs de  cette  Administration  sont  devenus  Membres  de  notre  Académie, 
la  tradition  et  la  nature  de  leurs  travaux  les  poussent  à  s'occuper  des 
recherches  scientifiques;  Cornu  avait  une  véritable  passion  pour  la  Phy- 
sique, il  s'v  adonna  entièrement.  La  vie  de  laboratoire  était  sa  vie  :  doué 
d'une  habileté  maiHielle  étoTinante,  il  imaginait  et  construisait  constam- 
ment de  nouveaux  instruments  pour  déceler  tels  phénomènes  compliqués 
de  l'Optique. 

»  Puis  ce  lurent  des  expériences  pour  donner  un  chiffre  plus  exact  de 
la  densité  de  la  Terre. 

»  On  sait  qu'en  utilisant  un  |)r()cédé  imrginé  par  M.  Fizeau  dont  il  était 
l'élève  et  l'ami,  il  s'occupa  des  recherches  sur  la  vitesse  de  la  lumière.  Le 
chitïre  qu'il  donna,  à  la  suite  des  belles  expériences  faites  entre  l'Observa- 
toire et  la  tour  de  Montlhéry,  est  aujourd'hui  adopté  par  les  physiciens; 
mais  il  ne  le  satisfaisait  pas  entièrement,  il  voulait  partir  de  distances 
énormes  et  rêvait  de  mesurer  les  temps  employés  par  la  lumicre  pour 
aller  du  mont  Mounier  en  Corse  et  en  revenir. 

»   Mais  pour  réussir,  il  fallait  opérer  par  étapes  successives,  et  vous  avez 


lIDO  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

entendii,  ces  jours-ci,  l'habile  Directeur  de  l'Observatoire  de  Nice  donner 
des  premiers  résultats  qui  auraient  enchanté  M.  Cornu. 

»  Notre  Confrère,  Membre  de  l'Institut  dès  1878,  avait  été  nommé  au 
Bureau  des  Longitudes  en  1886.  Sa  collaboration  était  précieuse,  il  lui  avait 
donné  des  Notices  sur  l'électricité  et  les  dynamos,  du  plus  haut  intérêt. 

»  M.  Cornu  est  mort  en  pleine  activité  scientifique,  sa  perte  est  cruelle 
pour  l'Académie  et  pour  sa  famille  qu'il  adorait. 

»  Après  M.  Cornu,  l'Académie  a  appris  avec  un  douloureux  étonnement 
la  mort  d'Henri  Filhol  ;  il  n'était  des  nôtres  que  depuis  5  ans,  mais  il  y  en 
avait  3o  que  l'Académie  le  connaissait.  En  1876,  elle  lui  avait  décerné  le 
prix  Delalande-Guérineau,  en  1879  le  grand  prix  des  Sciences  physiques, 
et  en  i883  le  prix  Petit  d'Hormoy,  toutes  récompenses  justement  méritées, 
car  Filhol  sacrifiait  tout  à  la  science  qu'il  cultivait,  jusqu'à  une  partie  de 
sa  fortune. 

»  Messieurs,  j^ai  perdu  en  Filhol  un  véritable  ami,  mais  l'éloge  que  j'en 
puis  faire,  je  l'ai  trouvé  dans  toutes  les  bouches  et  partout  ou  il  a  passé  il 
n'a  trouvé  que  des  sympathies. 

))  Je  n'énumérerai  pas  ici  ses  travaux,  la  nomenclature  a  été  faite  par  le 
savant  Directeur  du  Muséum  ;  elle  seule  non  seulement  sauverait  son  nom 
de  l'oubli,  mais  le  placerait  à  la  suite  de  ceux  des  Cuvier,  des  Blainville  et 
des  Geoffroy  Saint-Hilaire. 

))  Le  public  peu  savant  pourra,  de  son  côté,  mesurer  la  reconnaissance 
que  l'on  doit  à  l'organisation  de  la  belle  galerie  du  nouveau  bâtiment  du 
Muséum.  Filhol  est  mort  d'un  excès  de  travail,  fait  qui  n'est  pas  rare 
parmi  ceux  qui  se  sont  assis  dans  cette  enceinte,  et  il  emporte  tous  nos 
regrets. 

))  Messieurs,  après  avoir  frappé  deux  jeunes  Confrères,  la  mort  est 
venue  nous  enlever  nos  deux  doyens,  MM.  Faye  et  Damour. 

))  Le  premier  était  Membre  de  l'Institut  depuis  1847  et  avait,  à  deux 
générations  de  savants,  présenté  des  Mémoires  sur  les  parties  les  plus 
élevées  de  la  Science  astronomique.  En  sortant  de  l'École  Polytechnique 
où  il  était  entré  en  )832,  il  n'avait  pns  pris  une  carrière  gouvernementale, 
mais,  son  père,  ingénieur  des  Ponts  et  Chaussées,  l'avait  attaché  à  une 
société  qui  lui  fit  faire  des  nivellements  et  des  études  dans  les  landes  de 
Gascogne  et  dans  des  terres  de  même  formation  en  Hollande. 

»  Ces  occupations  n'allaient  qu'à  moitié  à  la  nature  de  son  esj)rit  et  il 
fut  heuieux  d'entrer  en  1842  à  l'Observatoire  dirigé  alors  par  Arago. 


SÉANCE    DU    11   DÉCEMBRE    1902.  Il5l 

»  M.  Faye  voyait  l'année  suivante  son  nom  déjà  entouré  d'une  auréole 
de  bon  aloi.  Il  avait  eu  la  chance  de  découvrir  une  comète  et  le  talent 
d'en  calculer  tous  les  éléments.  L'année  suivante  il  donnait  ceux  de  la 
comète  de  Vico. 

»  Après  des  travaux  sur  les  mouvements  propres  des  étoiles,  M.  Faye 
aborda  la  détermination  de  leur  parallaxe  et  trouva  pour  une  étoile  de  la 
Grande  Ourse  le  chiffre  le  plus  grand  que  l'on  ait  encore  obtenu.  Celte 
étoile,  si  voisine  de  notre  Terre,  met  pourtant  3  années  pour  lui  envoyer  sa 
lumière. 

»  C'est  à  MM.  Faye  et  Laugier  qus  l'on  doit  d'avoir  inauguré,  à  l'Obser- 
vatoire, l'Astronomie  de  précision  en  étudiant  chacune  des  parties  des 
observations  à  la  lunette  méridienne  et  en  réduisant  au  minimum  les 
chances  des  erreurs  commises. 

»  Une  autre  question  devait  alors  occuper  l'esprit  de  notre  Confrère;  la 
loi  de  Newton  paraissait  être  en  défaut  pour  certaines  comètes  à  leur 
passage  au  périhélie.  M.  Faye  supposa  que  la  chaleur  solaire  pourrait  être 
répulsive,  et  cette  hypothèse  paraît  se  confirmer. 

»  Nous  n'énumérerons  pas  la  longue  série  des  Mémoires  qu'il  a  publiés; 
mais  il  est  impossible  de:ne  pas  dire  que  pendant  20  ans  il  a  été  professeur 
à  l'Ecole  Polytechnique  et  que  ses  leçons  publiées  forment  un  Ouvrage 
classique. 

«  M.  Faye  a  eu  une  longue,  glorieuse  et  heureuse  existence;  devenu  le 
doyen  des  astronomes  de  l'Europe,  tous  s'étaient  unis  pour  le  féliciter  lors 
du  cinquantenaire  de  sa  nomination  à  l'Institut. 

»  La  plus  haute  distinction  de  l'ordre  de  la  Légion  d'honneur  lui  fut 
accordée  par  le  Président  de  la  République,  au  milieu  d'un  bal  de  la 
Société  amicale  de  l'Ecole  Polytechnique. 

»  A  un  moment  donné,  M.  Félix  Faure,  entouré  de  quatre  Ministres, 
me  pria  d'aller  chercher  M.  Faye  et  lui  annonça  la  distinction  qui,  le 
matin,  avait  été  arrêtée  en  Conseil  des  Ministres.  Il  ajouta  qu'il  était 
heureux  de  le  complimenter  au  milieu  de  ceux  qui,  la  plupart,  avaient  été 
ses  élèves  et  lui  donner  une  juste  récompense  de  ses  travaux. 

))  Il  dit  ensuite  les  choses  les  plus  aimables  à  M™''  Faye  qui,  eu  vérité, 
était  plus  que  la  doublure  de  l'àme  de  son  mari.  Elle  n'a  pu,  du  reste,  lui 
survivre. 

»  Messieurs  la  mort  d'un  Associé  étranger,  M.  Virchow  a  suivi  de  prés 
celle  de  M.  Faye.  M.  Virchow  avait  été  élu  Correspondant  de  notre  Aca- 
démie en  1859,  et  sa  réputation  allait  croissant  en  Allemagne  et  en  France, 


It52  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

lorsque  arrivèrent  les  événements  de  1870.  Son  patriotisme  fnt-il  l\  ce 
moment  trop  démonstratif,  le  fait  est  qu'on  oublia  un  instant  sa  grande 
valeur  scientifique,  et  ce  ne  fut  qu'en  1897  que  l'Académie  lui  décerna  le 
plus  grand  honneur  qu'elle  pût  accorder  à  un  étranger.  Virchow  a  été 
chef  d'école,  il  a  cherché  dans  l'altération  de  la  cellule  la  première  cause 
de  sa  maladie,  et,  en  étudiant  cette  vie  cellulaire,  il  a  posé  les  premières 
bases  de  la  Science  pathologique. 

»  Dans  un  Congrès  tenu  l'an  dernier  à  Berlin,  Virchow  avait  pu  voir  avec 
quelle  unanimité  les  médecins  de  tous  les  pays  avaient  acclamé  son  nom. 
Il  est  mort  très  âgé  et  son  pays  lui  a  fait  de  pompeuses  funérailles.  L'Aca- 
démie avait  envoyé  à  sa  famille  et  à  ses  collègues  l'expression  de  son 
admiration  et  de  ses  regrets. 

»  Messieurs,  nous  avons  perdu  M.  Damour  le  22  septembre  dernier  ;  il 
s'est  éteint  à  l'âge  de  98  ans.  Il  avait  été  élu  Correspondant  en  1862  et  Aca- 
démicien libre  en  1878,  Cette  nomination  était  une  consécration  de  5o  ans 
de  travaux,  et  dans  le  rapport  fait  par  M.  Boussingault  sur  ses  œuvres  on 
peut  voir  combien  il  était  digne  ^d'être  notre  Confrère.  M.  Damour  s'était 
spécialisé  dans  la  recherche  et  dans  l'analyse  des  minéraux.  Il  trouvait  des 
espèces  nouvelles  là  011  des  minéralogistes  de  talent  avaient  passé,  et  a 
supprimé  aussi  nombre  de  doubles  emplois.  La  justesse  de  ses  conclusions 
était  tellement  reconnue  que  son  opinion  faisait  absolument  foi. 

»  M.  Damour  a  analysé  à  plusieurs  reprises  les  eaux  des  geysers  d'Islande 
et  montré  comment  elles  pouvaient  se  charger  d'éléments  minéralogiques. 
Repoussant  d'ailleurs  toute  idée  de  pouvoir  créer  de  toutes  pièces  des 
eaux  minérales  naturelles,  il  prévoyait  l'action  de  substances  à  doses  infi- 
niment petites,  hypothèse  pleinement  confirmée  à  l'heure  actuelle. 
M.  Damour  n'a  voulu  à  son  enterrement  ni  honneurs,  ni  fleurs,  ni  discours 
rappelant  ses  titres  à  notre  reconnaissance.  Il  laisse  pourtant  un  nom  dans 
la  Science  et  l'exemple  de  la  vie  d'un  sage. 

»  Je  croyais,  il  v  a  quelques  jours,  être  arrivé  au  bout  de  ma  tâche, 
lorsque  nous  apprîmes  la  mort  de  deux  de  nos  Confrères,  MiM.  Dehérain 
et  Hautefeuille,  arrivée  à  quelques  heures  d'intervalle. 

»  M.  Dehérain  avait  succédé  à  M.  Boussingault  dans  la  Section  d'Eco- 
nomie rurale.  Vous  avez  eu  connaissance  des  nombreux  discours  pro- 
noncés sur  sa  tombe  au  Père-Lachaise,  car,  en  dehors  de  l'Institut,  notre 
Confrère  était  membre  de  la  Société  nationale  d'Agriculture,  professeur  au 
Muséum,  à  Grignon,  etc.,  et  chaque  établissement  avait  tenu  à  rendre 
hommage  au  savant  qui,  pendant  de  longues  années  les  avait  fait  profiter 


SÉANCE  DU  22  DÉCEMBRE  1902.  ii53 

de  ses  travaux.  Ce  qui  les  caractérise,  c'est  leur  utilité  pratique.  Il  avait 
vite  compris  que  la  véritable  richesse  de  notre  pays  tient  à  sa  production 
agricole  et  que  pour  le  blé  par  exemple,  dont  la  récolte  par  hectare  varie 
entre  iSoo'^set  3ooo''^,  il  suffit  d'un  accroissement  de  loo''^  pour  augmenter 
le  revenu  agricole  de  100  millions  de  francs. 

))  Les  expériences  de  M.  Dehérain  ont  porté  sur  les  céréales,  les  racines 
et  les  tubercules,  cherchant  pour  les  uns  et  les  antres  les  meilleurs  asso- 
lements, les  fumures  qui  doivent  les  accompagner  et  les  variétés  dont  on 
doit  encourager  la  culture. 

»  On  ne  peut  oublier  la  part  considérable  qu'il  a  prise  dans  l'élucidation 
de  la  formation  de  l'azote  dans  les  terrains  couverts  de  légumineuses  aussi 
bien  que  dans  l'emploi  qu'il  préconisait  des  phosphates  naturels. 

»  Messieurs,  pendant  i5  ans,  nous  avons  entendu  M.  Dehérain  montrer 
avec  une  surabondance  de  preuves  les  résultats  qu'il  annonçait.  Son  nom 
restera  honoré  de  tous  les  agriculteurs;  pour  nous,  nous  regrettons  à  la 
fois  le  savant  et  l'ami. 

»   M.  Hautefeuille  clôt  la  liste  nécrologique  de  nos  Confrères. 

»  Les  premiers  travaux  qu'il  a  communiqués  à  l'Académie  datent 
de  i863,  mais  il  ne  fut  élu  Membre  qu'en  1897. 

M  En  sortant  de  l'École  Centrale,  il  était  entré  dans  le  laboratoire  de 
M.  Sainte-Claire  Deville  et,  dans  un  pareil  milieu,  sa  vocation  s'était  vite 
décelée. 

»  Il  voulait  suivre  les  traces  d'Ebelmen  et  de  Sénarmont,  en  recher- 
chant la  genèse  de  la  production  des  minéraux,  et  leur  réalisation  par  des 
procédés  de  laboratoire. 

»  Les  résultats  qu'il  obtint  dépassèrent  toute  attente;  il  produisit  des 
minéraux  en  cristaux  mesurables,  et  son  triomphe  fut  la  jjrésentation,  à 
l'Exposition  de  1900,  d'une  nombreuse  série  de  pierres  rares  qu'il  avait  pu 
faire  sortir  de  ses  fourneaux. 

»  M.  Hautefeuille  est  mort  jeune;  il  avait  été  le  collaborateur  de 
MM.  Fremy,  Troost  et  Cailletet,  et  il  laisse  le  souvenir  d'un  Confrère  de 
relations  charmantes. 

»  Sa  modestie  a  demandé  qu'on  ne  fît  pas  de  discours  sur  sa  tombe, 
mais  M.  Sainte-Claire  Deville  a  écrit  autrefois  sur  ses  travaux  le  Rapport 
le  plus  élogieux  et  les  minéralogistes  conserveront  sa  mémoire. 

))  Messieurs,  en  dehors  de  nos  Confrères,  l'Académie  a  perdu  un  de  ses 
Correspondants,  M.  Fuchs;  parler  d'un  analyste  avec  compétence  ne 
saurait  appartenir  qu'à  un  Membre  de  la  Section  de  Géométrie,  et  je  me 

C.  K.,  1902,  2*  Semestre.  (T.  CXXXV,  N"  25.)  l5l 


II 54  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

couvre  du  nom  et  de  la  science  de  M.  Jordan  en  disant  que  sa  mémoire 
vivra  surtout  parce  qu'il  a  été  le  précurseur  de  M.  Poincaré.  Notre  Confrère 
a  appelé  fonctions  fuchsiennes  les  transcendantes  nouvelles  dont  la  décou- 
verte a  commencé  sa  réputation. 

»  Messieurs,  j'ai  terminé,  l'âme  quelque  peu  assombrie  par  tant  de 
deuils,  par  le  départ  de  tant  d'amis  dont  je  ne  pourrai  plus  serrer  la  main. 
Mais,  toute  proportion  gardée,  ne  devrait-il  pas  toujours  en  être  ainsi?  On 
arrive  souvent  à  l'Académie  à  un  âge  avancé,  portant  un  bagage  scienti- 
fique qui  donne  presque  la  mesure  de  nos  années.  Par  suite,  nous  pou- 
vons ne  faire  ici  qu'un  stage;  mais,  ce  qui  nous  rassure,  nous  qui  aimions 
l'Académie  avant  d'en  taire  partie,  et  plus  encore  aujourd'hui,  c'est  que, 
grâce  à  des  choix  toujours  guidés  par  de  hautes  considérations  scienti- 
fiques, ceux  qui  partent  sont  sûrs  d'être  bien  remplacés;  aux  maîtres  qui 
s'en  vont  succéderont  des  savants  devenant  maîtres  à  leur  tour. 

»  Ici  on  n'intrigue  point  pour  avoir  un  gros  traitement,  on  recherche 
seulement  l'honneur,  et  c'est  pour  cela  que  l'Institut,  après  loo  ans  écou- 
lés, est  encore  toujours  jeune,  malgré  l'âge  de  ses  Membres.  L'avenir  lui 
est  assuré  par  les  travaux  de  ceux  qui  viendront  après  nous.  » 


PRIX  DÉCERNÉS. 

ANNÉE   1902. 


GEOMETRIE. 


GRAND  PRIX  DES  SCIENCES  MATHÉMATIQUES. 

(Commissaires    :   MM.   Jordan;   E.  Picard,  Poincaré,   Appell, 

Painlevé,    rapporteurs.) 

L'Académie  avait  proposé  la  question  s>\n\2.xi\.e'.  Perfectionner  enun point 
important  V application  de  la  théorie  des  groupes  continus  à  la  théorie  des 
équations  aux  dérivées  partielles . 


SÉANCE    DU    22    DÉCEMBRE    1902.  I I 55 

Cinq  Mémoires  ont  été  présentés  au  concours. 

L'auteur  du  Mémoire  n°  1,  portant  pour  devise  Araok  hepred,  aborde 
l'étude  des  systèmes  d'équations  aux  dérivées  partielles  d'une  façon  ori- 
ginale. Considérons  une  fonction  dépendant  de  n  variables  indépendantes 
et  d'une  infinité  de  paramètres  arbitraires.  Il  pourra  se  faire  que  cette 
fonction  satisfasse  à  un  système  d'équations  aux  dérivées  partielles  indé- 
pendantes de  ces  paramètres  et  que  l'on  obtiendra  par  l'élimination  de  ces 
paramètres.  Réciproquement,  l'intégrale  générale  d'un  pareil  système  se 
présentera  sous  la  même  forme  et  dépendra  d'une  infinité  de  constantes 
arbitraires  qui  seront,  par  exemple,  les  valeurs  initiales  de  certaines  des 
dérivées  dites  fondamentales.  Soient  Ui  l'une  de  ces  dérivées  et  x^  l'une 
des  variables  indépendantes;  prenons  pour  valeurs  initiales  aj/^  =  ^'^  et 
soit  u]  la  valeur  de  m,  pour  0?^  =  oc\.  Alors  z  et,  par  conséquent,  les  Ui  seront 
des  fonctions  des  x,^,  des  x\  et  des  u\  : 

Si  l'on  change  x\  en  x\  4-  h^  et  u.  en  ^i{x^  4-  h,  x\  11° )  ~  u\  il  est  clair 
que  l'on  aura  une  transformation  qui  conservera  chacune  des  intégrales 
du  système;  l'ensemble  de  ces  transformations  forme  un  groupe  que 
l'auteur  appelle  G.  Il  en  forme  les  transformations  infinitésimales  et  il  en 
étudie  les  invariants  qui  sont  en  nombre  infini.  Ce  n'est  pas  le  seul  groupe 
qu'il  considère;  il  envisage  le  groupe  général  R  qui,  portant  sur  les  x^  et 
les  w",  transforme  les  intégrales  les  unes  dans  les  autres,  et  le  groupe  de 
Darboux,  qui  transforme  également  les  intégrales  les  unes  dans  les  autres, 
mais  en  conservant  les  variables  indépendantes.  Les  rapports  de  ces  divers 
groupes  sont  analysés,  mais  pour  en  faire  comprendre  l'intérêt  nous 
devons  parler  d'une  autre  notion.  Considérons  une  ou  plusieurs  fonctions 
(!^{x,  u)  dépendant  des  variables  indépendantes  x  et  d'un  nombre  fini  de 
dérivées  fondamentales  u.  En  général,  ce  domaine  de  fonctions  présentera 
la  même  généralité  que  le  domaine  proposé  lui-même,  c'est-à-dire  que  le 
domaine  des  m,  de  sorte  que  la  connaissance  des  fondions  ^{x,  u)  pour 
toutes  les  valeurs  de  x  entraînera  celle  de  tous  les  u.  Il  peut  arriver  cepen- 
dant qu'il  n'en  soit  pas  ainsi,  et  alors  le  système  proposé  d'équations  aux 
dérivées  partielles  est  réductible.  Or  il  se  trouve  que  l'existence  d'un  pareil 
domaine  de  fonctions  ç,  entraînant  la  réductibilité  des  équations  aux 
dérivées  partielles,  est  liée  à  celle  d'un  sous-groupe  du  groupe  de  Darboux, 


II 56  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

de  telle  sorte  qu'il  n'y  a  pas  de  pareil  domaine  sans  sous-groupe.  La  réci- 
proque n'est  malheureusement  pas  vraie. 

Jusque-là,  l'auteur  était  resté  dans  ces  régions  où  l'on  perd  en  précision 
ce  qu'on  gagne  en  généralité.  Il  se  restreint  ensuite  aux  fonctions  de  deux 
variables  x  ety  et  aux  systèiues  d'équations  linéaires.  A  un  pareil  système 
doit  correspondre  une  infinité  de  fonctions  intégrales  dépendant  d'une 
infinité  de  constantes  «,;  soit 

s  =  laïUi. 

Les  ai  sont  les  valeurs  des  dérivées  fondamentales  pour  x  =  Xo,y  =yo; 
les  M^  sont  donc  des  fonctions  de  ^,j,^o  et  j^.  Le  choix  des  dérivées  fonda- 
mentales peut  d'ailleurs  être  fait  de  façon  que  les  m^- se  répartissent  en  suites 
ascendantes,  et  que  chacune  d'elles  soit  la  dérivée  par  rapport  à  oc^  de  celle 
qui  vient  après  elle  dans  la  même  suite. 

L'auteur  cherche  ensuite  si  parmi  les  intégrales  il  y  en  a  qui  corres- 
pondent à  un  sous-groupe  du  groupe  deDarbouxou  à  un  sous-groupe  de  K 
et  dont  la  présence,  par  conséquent,  puisse  faire  espérer  que  le  système  pro- 
posé est  réductible.  Soit  U,j  une  pareille  intégrale  s'annulant  pour  x  =  Xq, 
y  =  jç^,  ainsi  que  ses  dérivées  des  n  —  î  premiers  ordres. 

. ,  dU,,     ,  dU,i  ••       1        t  --  I.      • 

Alors,  -^  et  -r-^  appartiendront  au  même  sous-groupe,  et,  si  ce  sous- 

cIcCq         cLy  ^ 

groupe  est  de  première  classe,  pour  employer  la  terminologie  de  l'auteur, 
on  aura 

et  /   Q  CtîX/  A  CCoC  Q  CtJi-Q 

où  nous  supposons 

^         dxQ 

Or,  il  arrive  que  le  premier  coefficient  7^^  ^st  donné  par  une  équation 
algébrique  tout  à  fait  analogue  à  V équation  déterminante  de  Fuchs;  cette 
équation  peut  en  même  temps  servir  à  définir  les  caractéristiques  de 
Monge. 

Toute  racine  simple  de  cette  équation  nous  donnera  ainsi  un  sous-groupe 
de  première  classe;  malheureusement,  nous  avons  vu  que  l'existence  d'un 
sous-groupe  est  une  condition  nécessaire,  mais  non  suffisante  de  la  réduc- 
tibilité. 

Les  intégrales  U^  forment  alors  ce  que  l'auteur  appelle  un  cycle  de 
première  classe  ;  k  chaque  racine  simple  de  l'équation  en  1^,  ou  à  chaque 


SÉANCE  DU  22  DÉCEMBRE  I902.  I 1 Sy 

caractéristique  simple  de  Monge  correspond  donc  un  de  ces  cycles  ;  aux 
racines  multiples  correspondraient  alors  des  cycles  de  classe  supérieure. 
La  fin  du  Mémoire  est  consacrée  à  l'étude  de  ces  cycles. 

Il  faut  maintenant  porter  un  jugement  d'ensemble  sur  ce  travail.  Pas  de 
résultat  complet,  quelques  incorrections  dues  aune  rédaction  hâtive,  mais 
beaucoup  de  vues  originales  ;  peut-être  quelques-uns  des  faits  énoncés 
ne  sont-ils  pas  essentiellement  nouveaux,  mais  ils  sont  rajeunis  au  point 
d'être  parfois  méconnaissables,  ils  se  groupent  d'une  façon  inattendue  et 
par  là  s'éclairent  mutuellement.  Bien  que  rien  ne  puisse  encore  faire  prévoir 
si  ces  vues  ingénieuses  seront  fécondes,  la  Commission  estime  qu'il  y  a  lieu 
de  récompenser  les  remarquables  qualités  d'esprit  dont  l'auteur  a  fait 
preuve  en  lui  accordant  une  mention  très  honorable. 

Passons  au  Mémoire  n°  2,  qui  porte  pour  titre  :  Sur  les  invariants  d'un 
système  des  équations  linéaires  aux  dérivées  partielles,  par  418727.  L'auteur 
considère  un  système  de  deux  équations  linéaires  entre  deux  fonctions  y 
et  z  de  deux  variables  ic,  et  0^2  et  leurs  dérivées  de  premier  ordre.  Ce 
système  conserve  sa  forme  quand  on  change  de  variables  indépendantes  ou 
quand  on  fait  subir  k  y  ei  z,  ou  aux  deux  équations,  une  substitution 
linéaire.  L'auteur  forme  les  invariants  correspondant  à  ces  transformations 
et  en  donne  une  interprétation  géométrique  ingénieuse.  Ces  résultats  sont 
importants,  mais  ils  ne  présentent  pas  cependant  le  même  intérêt  général 
que  ceux  qui  sont  énoncés  dans  plusieurs  autres  Mémoires  présentés  au 
Concours. 

Le  Mémoire  inscrit  sous  le  n°  3  a  paru  à  la  Commission  digne  d'être 
signalé.  L'auteur  étudie  les  équations  linéaires  aux  dérivées  partielles  du 
second  ordre  avec  n  variables  à  deux  points  de  vue  principaux  :  il  donne 
d'abord  une  classification  de  ces  équations,  puis  il  cherche  des  méthodes 
permettant  de  déduire  d'une  solution  connue  une  autre  solution.  Pour 
classer  les  équations,  il  met  leur  premier  membre  sous  forme  d'une 
somme  de  carrés  symboliques  1X'^(/)  suivie  de  termes  du  premier 
ordre,  X^(/)  étant  un  opérateur  de  la  forme 

y       àf_  y       d£  -r       Ôf 

^'  dx,  '^^'^  ôx^'^'-  '^^-'dx^' 

il  dit  alors  que  l'équation  est  régularisée.  Le  nombre  des  carrés  symbo- 
liques donne  la  classe  de  l'équation.  L'exposé  de  la  niéthoûe  est  simplifié 


Il58  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

par  la  considération  de  n  vecteurs  issus  d'un  même  point  dans  l'espace 
à  n  dimensions  :  suivant  que  ces  vecteurs  sont  contenus  dans  un  espace 
à  n,  n  —  \^  n  —  2,  .  .  . ,  2,  i  dimensions,  l'équation  comprend  n,  n  —  i, 
n  —  2,  .  .  . ,  2,  I  carrés.  Cette  décom])osition  donne  un  moyen  de  trouver 
un  opérateur  qui  permute  les  solutions.  Si  tous  les  opérateurs  qui  régula- 
risent l'équation  sont  des  transformations  infinitésimales  permutables 
entre  elles,  celles-ci  définissent  un  groupe  de  translation,  et  l'équation 
peut  être  ramenée  à  avoir  ses  coefficients  constants.  Dans  un  supplément, 
l'auteur  s'occupe  en  particulier  des  équations  à  coefficients  constants  dont 
il  donne  certaines  solutions  sous  forme  de  séries  déduites,  par  la  méthode 
de  Cauchy,  de  la  formule  de  Fourier  et  contenant  une  fonction  arbitraire. 
Ce  Mémoire  trahit  de  l'inexpérience  et  un  manque  d'érudition  :  mais 
il  renferme  des  vues  ingénieuses  et  nouvelles,  et  la  Commission  lui  aurait 
volontiers  accordé  une  mention,  s'il  ne  s'écartait  pas  par  trop  du  sujet  pro- 
posé pour  le  prix. 

L'extension  des  idées  de  Galois  à  la  théorie  des  équations  aux  dérivées 
partielles  a  vivement  préoccupé  les  géomètres  dans  ces  vingt  dernières 
années.  Pour  les  équations  linéaires  ordinaires,  cette  extension  résulte, 
comme  on  sait,  des  travaux  de  M.  Picard  et  de  M.  Vessiot.  En  ce  qui  con- 
cerne les  équations  différentielles  ordinaires  quelconques  ou,  ce  qui  re- 
vient au  même,  les  équations  linéaires  aux  dérivées  partielles,  des  idées 
très  importantes  ont  été  émises,  il  y  a  quelques  années,  par  M.  Drach,  qui 
a  montré  dans  quelle  voie  devait  s'orienter  la  théorie;  toutefois,  à  cause 
de  certaines  lacunes  dans  les  énoncés  et  les  démonstrations,  il  était  né- 
cessaire de  reprendre  la  question.  Les  deux  derniers  Mémoires  dont  il 
nous  reste  à  parler  ont  consacré  de  nombreuses  pages  à  cet  important 
problème. 

Le  Mémoire  n**  4  a  dû  être  écarté  par  la  Commission  comme  inachevé, 
bien  qu'il  fût  loin  d'être  dépourvu  d'imagination  et  de  vues  nouvelles. 
Mais  le  temps  a  fait  évidemment  défaut  à  l'auteur  pour  terminer  son  travail, 
et  la  plupart  des  démonstrations  se  réfèrent  à  une  suite  du  Mémoire  qui  ne 
figure  pas  dans  le  manuscrit. 

L'objet  du  Mémoire  inscrit  sous  le  n*^  5  est  la  nature  des  intégrations  aux- 
quelles conduit  l'application  de  la  théorie  des  groupes  aux  systèmes  diffé- 
rentiels quelconques.  On  reconnaît  de  suite  chez  l'auteur  une  connaissance 
approfondie  des  travaux  de  Sophus  Lie  et  des  géomètres  qui  se  sont  occupés 


SÉANCE    DU    22   DÉCEMBRE    1902.  IlSg 

de  la  théorie  des  groupes.  Une  partie  étendue  du  Mémoire  est  consacrée  à 
un  problème  au  sujet  duquel  l'illustre  géomètre  norvégien  avait  déjà 
développé  quelques  idées  générales.  Quelle  est  la  nature  des  intégrations 
auxquelles  on  sera  ramené  pour  résoudre  un  système  différentiel  admettant 
un  groupe  continu  G  de  transformations  et  qui  est  le  plus  général  parmi 
ceux  qui  satisfont  à  cette  condition  (système  non  spécial)?  L'auteur  montre 
que  le  problème  peut  toujours  se  décomposer  en  deux  :  i"  intégration  d'un 
système  auxiliaire  ne  présentant,  au  point  de  vue  de  la  théorie  des  groupes, 
aucune  particularité;  i""  intégration  d'un  système  automorphe,  c'est-à-dire 
d'un  système  dont  la  solution  générale  se  déduit  d'une  solution  particu- 
lière quelconque  au  moyen  de  la  transformation  générale  de  G.  En  der- 
nière analyse,  on  doit  trouver  un  représentant  de  chaque  type  de  groupes 
primitifs  simples,  et  discuter  l'intégration  des  systèmes  aulomorphes  ayant 
pour  groupes  associés  les  divers  groupes  types  obtenus.  Si  maintenant  on 
passe  à  des  systèmes  spéciaux,  on  doit  se  demander  quelles  sont  les  simpli- 
fications que  peut  présenter  l'intégration  d'un  système  automorphe  particu- 
lier. On  est  alors  naturellement  conduit  à  chercher  à  établir,  pour  de  tels 
systèmes,  une  théorie  analogue  à  la  théorie  des  équations  algébriques  dues 
à  Galois;  ici,  en  effet,  le  domaine  de  rationalité  dans  lequel  on  veut  se 
mouvoir  joue  un  rôle  essentiel,  et  c'est  un  point  de  vue  laissé  entièrement 
de  côté  par  Sophus  Lie. 

Avant  de  s'occuper  des  équations  aux  dérivées  partielles,  l'auteur  du 
Mémoire  n°  5  revient  d'abord  longuement  sur  la  théorie  même  de  Galois 
relative  aux  équations  algébriques;  la  notion  de  système  automorphe  lui 
parait  jeter  une  lumière  nouvelle  sur  la  théorie  de  Galois,  en  mettant  en 
évidence  le  lien  qui  unit  le  point  de  vue  de  l'invariance  formelle  et  celui 
de  l'invariance  numérique.  Etant  donnée  une  équation  algébrique 
d'ordre  n,  que  l'on  regarde  comme  un  système  (S)  de  n  équations  entre 
les  racines,  quel  parti  peut-on  tirer  de  la  connaissance  de  certaines  autres 
relations  (A)  entre  ces  racines,  en  supposant  que  l'on  reste  dans  un 
domaine  déterminé  de  rationalité?  La  discussion  de  cette  question  amène 
à  la  considération  d'un  système  de  même  nature  que  le  système  (S,  A). 
mais  automorphe.  La  théorie  de  Galois  se  présente  alors  sous  la  forme 
suivante  :  il  existe  un  système  automorphe  rationnel,  tel  que  tout  sys- 
tème (S,  A)  également  rationnel  admet  toutes  les  solutions  du  premier  dès 
qu'il  en  admet  une;  le  groupe  de  ce  système  automorphe  est  le  groupe  de 
Galois. 

Ceci  va  s'étendre  aux  équations  linéaires  et  homogènes  aux  dérivées 


Il6o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

partielles  à  n -h  i  variables  indépendantes  ^  ?,,...,/„.  On  la  considérera 
comme  un  système  aiitomorphe  (S)  de  /^  équations  entre  n  fonctions  indé- 
pendantes a^,,  ^2.  "-y  ^n  (le  groupe  de  ce  système  automorphe  étant  le 
groupe  ponctuel  général);  pour  simplifier,  nous  supposons  que  le  domaine 
de  rationalité  est  le  domaine  naturel .  La  question  fondamentale,  pour  notre 
auteur,  est  de  savoir  quel  parti  l'on  peut  tirer,  pour  l'intégration  de  (S),  de 
la  connaissance  de  certaines  relations  (A),  entre  les  fonctions,  leurs  déri- 
vées et  les  variables  indépendantes  qui  sont  satisfaites  pour  quelque  solu- 
tion de  (S).  Il  est  ainsi  conduit  à  la  considération  d'une  série  de  systèmes 
automorphes  dont  les  groupes  associés  sont  du  même  type,  ces  groupes 
étant  en  général  infinis.  On  peut  d'ailleurs  déterminer  un  système  auto- 
morphe de  la  série  précédente,  de  telle  sorte  que  ce  système  admette  une 
solution  donnée  de  (S),  ce  qui  n'exigera  que  des  opérations  rationnelles, 
si  les  valeurs  des  £p,  pour  une  valeur  particulière  t  =:t^  de  t,  se  réduisent  à 
des  fonctions  rationnelles  de,  t^,t^,  . . .,  f„  et,  en  particulier,  a  t^,  t^,  . . .,  ?„, 
ce  que  l'auteur  appelle  la  solution  principale  c^.  Après  ces  préliminaires,  il 
est  possible  de  discuter  et  de  préciser  la  théorie  esquissée  par  M.  Drach, 
pour  le  cas  où  l'équation  donnée  est  spéciale,  c'est-à-dire  où  il  existe 
quelque  système  de  relations  (A)  rationnelles  par  rapport  aux  t,  aux  ^  et 
leurs  dérivées,  qui  soit  compatible  avec  (S).  L'auteur  montre  qu'on  peut 
se  limiter  aux  systèmes  (S,  A)  admettant  comme  solution  une  même  solu- 
tion principale  g^  de  (S)  et,  parmi  ceux-ci,  à  ceux  qui  sont  automorphes. 
On  établit  ensuite  que,  parmi  ces  derniers,  il  y  en  a  un  dont  tous  les  autres 
admettent  les  solutions;  à  ce  système  est  associé  un  groupe  G,  gui  est  le 
groupe  de  rationalité  de  V équation  proposée.  Le  groupe  associé  à  l'un  quel- 
conque des  autres  systèmes  contient  G  :  c'est  un  théorème  analogue  au 
théorème  célèbre  de  Galois.  Le  groupe  G  est  relatif  à  la  solution  princi- 
pale (7(,.  Le  point  qui,  pour  Fauteur,  constitue  une  différence  essentielle 
entre  la  solution  principale  n^  (ou  celles  qui  s'en  déduisent  par  transfor- 
mations rationnelles)  et  les  autres  est  que,  pour  une  solution  résultant  d'une 
transformation  T  que  nous  pouvons  appeler  Tir^,  il  n'existe  pas,  en  général, 
de  système  rationnel  admettant  seulement  pour  solution  Tcr^  et  ses  trans- 
formées par  les  transformations  du  groupe  T~'GT.  L'auteur  attache  une 
grande  importance  à  la  considération  des  solutions  principales  {ou  leurs 
transformées  rationnelles)  et  écrit  même  que  la  théorie  peut  se  faire  seule- 
ment avec  ces  solutions.  On  peut  émettre  quelque  doute  à  ce  sujet,  et  !a 
théorie  pourrait  probablement  être  présentée  d'une  manière  plus  large  ;  la 
notion  de  groupe  de  rationalité  de  l'équation  ne  s'en  trouverait  d'ailleurs 


SÉANCE  DU  22  DÉCEMBRE  1902.  Il6[ 

pas  modifiée.  Toute  cette  partie  du  Mémoire  forme  un  ensemble  1res  cohé- 
rent et  très  complet;  il  comble  entièrement  les  lacunes  qui  subsistaient 
dans  l'importante  question  ouverte  par  M.  Drach  pour  les  équations 
linéaires  aux  dérivées  partielles. 

))  Avec  une  équation  linéaire  aux  dérivées  partielles,  nous  avions 
affaire,  en  définitive,  à  un  système  automorphe  dont  le  groupe  était  le 
groupe  général.  Pour  d'autres  systèmes  automorphes,  l'extension  de  la 
théorie  de  Galois  présente  certaines  difficultés  signalées  par  l'auteur. 

Nous  n'avons  insisté  que  sur  les  grandes  lignes  du  Mémoire  très  étendu 
inscrit  sous  le  n**  5.  C'est  un  travail  extrêmement  soigné,  s'attaquant  à  des 
questions  d'un  caractère  général,  où  l'auteur  tire  un  très  heureux  parti  de 
son  érudition  considérable  dans  la  théorie  des  groupes  et  apporte  une 
importante  contribution  à  cette  théorie  si  fondamentale  dans  la  Science 
mathématique  à  notre  époque.  La  Commission  est  unanime  à  lui  accorder 
le  grand  prix  des  Sciences  mathématiques. 

En  résumé,  nous  proposons  d'accorder  le  grand  prix  des  Sciences 
mathématiques  à  l'auteur  du  Mémoire  inscrit  sous  le  n*^  5  et  portant  pour 
devise  : 

Es  liegt  in  cler  Nalur  der  Sache  (Sophus  Lie), 

et  une  mention  très  honorable  au  Mémoire  inscrit  sous  le  n°  1  et  portant 
pour  devise  : 

Araok  bepred. 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées. 

M.  le  Président  ouvre  en  séance  le  pli  cacheté  annexé  au  Mémoire  n**  5 
qui  porte  la  devise  : 

Es  liegt  in  der  l^atar  der  Sache  (Sophus  Lie). 

L'auteur  du  Mémoire  couronné  est  M.  Erxest  Vessiot,  professeur  à 
l'Université  de  Lyon. 

Sur  la  demande  de  l'auteur  du  Mémoire  inscrit  sous  le  n°  1,  il  est  pro- 
cédé à  l'ouverture  du  pli  cacheté  qui  s'y  trouve  annexé. 

L'auteur  de  ce  Mémoire,  qui  a  obtenu  une  mention  très  honorable,  est 
M.  Jean  Le  Roux,  Chargé  de  cours  à  la  Faculté  des  Sciences  de  Rennes. 

C.  R.,  1902,  2«  Semestre.  (T.  CXXXV,  N°  25.)  1^2 


1  l62  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


PRIX  BORDIN. 


(Commissaires  :  MM.  Poincaré,  Painlevé,  Emile  Picard,  Jordan; 
Darboux,  rapporteur.) 

L'Académie  avait  mis  au  concours,  pour  le  prix  Bordin  de  1902,  la 
question  suivante  : 

Développer  et  perfectionner  la  théorie  des  surfaces  applicables  sur  le  paraho- 
loïde  de  révolution. 

Un  seul  Mémoire  a  été  envoyé  au  concours.  Il  porte  la  devise  suivante  : 

Pour  vous  parler  franchement  de  la  Géométrie,  je  la  trouve  le  plus  haut  exercice  de 
l'esprit. 

L'auteur  y  rattache  de  la  manière  la  plus  ingénieuse  et  la  plus  élégante 
la  détermination  des  surfaces  applicables  sur  le  paraboloïde  à  la  considé- 
ration de  certains  systèmes  orthogonaux  dans  le  plan  dont  l'étude  paraît 
offrir  un  réel  intérêt.  Mais  il  se  contente  de  déterminer  par  ce  procédé  nou- 
veau l'équation  en  termes  fmis  des  surfaces  dont  l'Académie  proposait 
l'étude  aux  géomètres.  Il  retrouve  en  particulier  les  formules  qui  ont  déjà 
été  données  par  l'un  de  nous;  mais  il  n'aborde  la  solution  d'aucune  des 
questions  dont  l'Académie  espérait  la  solution  :  détermination  de  celles 
des  surfaces  qui  passent  par  un  contour  donné,  recherche  de  celles  qui 
sont  algébriques,  etc.  Pour  ces  motifs  votre  Commission  ne  peut  vous 
proposer  de  décerner  le  prix  Bordin.  Mais,  tenant  compte  de  l'élégance  et 
de  la  symétrie  de  ses  calculs,  elle  vous  propose  d'accorder  à  l'auteur  une 
mention  honorable  et  de  maintenir  au  concours  pour  1904  la  question  qui 
avait  été  proposée  cette  année. 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées  par  l'Académie. 

Sur  la  demande  de  l'auteur,  le  pli  cacheté  annexé  au  Mémoire  est  ouvert 
en  séance  par  M.  le  Président. 

L'auteur  du  Mémoire  est  M.  de  Tannenberg,  professeur  à  la  Faculté 
des  Sciences  de  Bordeaux. 


SÉANCE  DU  22  DÉCEMBRE  1902.  Il63 


PRIX  FRANCOEUR. 

(Commissaires  :  MM.  Poincaré,  Emile  Picard,  Appell,  Jordan; 
Darboux,  rapporteur.) 

L'Académie  décerne  le  prix  Francœur  â  M.  Emile  Lemoixe,  pour  l'en- 
semble de  ses  travaux  de  Géométrie. 


PRIX  PONCELET. 

(Commissaires  :  MM.  Poincaré,  Emile  Picard,  Jordan,  Appell; 
Darboux,  rapporteur.) 

L'Académie  décerne  le  prix  Poncelet  à  M.  Maurice  d'Ocagne,  pour  ses 
travaux  Sur  la  Nomo graphie. 


MECANIQUE. 


PRIX  EXTRAORDINAIRE  DE  SIX  MILLE  FRANCS. 

(Commissaires  :  MM.  Guyou,  Maurice  Levy,  de  Russy,  Sebert, 
Rouquet  de  la  Grye.) 

La  Commission  propose  de  donner  un  prix  de  quatre  mille  francs  à 
M.  RoMAzoTTi  pour  l'ensemble  de  ses  travaux  relatifs  aux  bateaux  sous- 
marins,  et  un  prix  de  deux  mille  francs  à  M.  Driencourt. 

Rapport  sur  les  travaux  de  M.  Driencourt,  par  M.  Guyou. 

Les  travaux  hydrographiques  les  plus  importants  effectués  par 
M.  Driencourt  ont  eu  pour  objet  le  levé  d'une  partie  de  la  côte  nord- 
ouest  et  (le  la  côte  ouest  de  Madagascar. 

Les  campagnes  de  1891  et  1892  ont  été  consacrées  au  levé  de  la  partie 
de  la  côte  nord-ouest  qui  s'étend  de  Nosy  Lava  (à  l'entrée  de  la  baie  de 


IIÔ!  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Narendry)  jusqu'au  cap  Tanjona,  sur  une  longueur  de  i4o  milles  marins; 
en  y  comprenant  les  deux  grandes  baies  de  Bombétoke  et  de  Mahajamba, 
le  développement  total  du  rivage  exploré  n'est  pas  inférieur  à  820  milles. 

Le  résultat  de  ce  travail  a  été  la  publication  de  5  Cartes,  dont  3  Cartes 
d'atterrissage,  et  d'une  Notice  hydrographique  contenant  des  rensei- 
gnements sur  la  climatologie  et  la  navigation.  C'est  grâce  à  ces  Cartes  que 
l'expédition  de  Madagascar  a  pu  être  entreprise  par  Majunga,  dont  la  rade 
n'avait  été  jusque-là  visitée  par  aucun  grand  bâtiment. 

Tout  le  levé  s'appuie  sur  une  triangulation  continue  comportant  une 
mesure  de  base,  et  des  observations  d'azimut,  de  latitudes  et,  à  titre  de 
vérification,  de  longitudes  par  le  transport  du  temps.  Cette  triangulation 
se  rattache,  à  son  extrémité  nord,  à  celle  que  M.  l'ingénieur  hydrographe 
Favé  avait  exécutée  antérieurement  en  partant  de  Diego-Suarez.  Les  opé- 
rations ont  présenté  des  difficultés  exceptionnelles  résultant  de  la  nature 
de  la  côte,  souvent  bordée  de  palétuviers,  en  arrière  de  laquelle  s'élèvent 
progressivement  des  plateaux  couverts  d'épaisses  forêts  qui  rendent  très 
laborieuse  la  recherche  des  points  culminants. 

Mais  ces  difficultés  n'étaient  rien  en  comparaison  de  celles  que  réservait 
l'exploration  du  plateau  des  sondes,  Madagascar  est  entourée  d'une  sorte 
de  mer  intérieure,  limitée  au  large  par  un  récif  noyé,  en  quelques  points 
duquel  il  ne  reste  que  3™  d'eau  à  basse  mer,  et  dont  les  coupures  consti- 
tuent des  passes  dont  il  était  indispensable  de  déterminer,  avec  précision, 
les  limites  et  la  profondeur.  Eu  face  des  baies  de  Bombétoke  et  de  Maha- 
iaml)a,  où  débouchent  les  plus  grands  fleuves  de  Madagascar,  le  récif  est 
repoussé  au  large  par  les  eaux  douces  et  s'écarte  jusqu'à  22  milles  du 
rivage.  On  se  rend  compte  aisément  des  difficultés  que  présentait  la  liaison 
trigonométrique  de  points  aussi  éloignés  avec  une  côte  de  faible  élévation, 
où  l'on  pouvait  à  peine  discerner  un  petit  nombre  de  points  saillants.  Ces 
obstacles  ont  été  surmontés  avec  plein  succès;  il  n'a  pas  été  nécessaire  de 
recourir  aux  observations  astronomiques  à  la  mer,  et  les  Cartes  de 
M.  Driencourt  présentent  toute  la  précision  des  levés  faits  en  vue  de  terre 
dans  les  conditions  normales.  La  surface  sondée  est  de  2000  milles  carrés; 
l'espacement  moyen  des  profils  est  d'un  demi-mille. 

La  reconnaissance  des  côtes  de  Madagascar,  interrompue  par  l'expédi- 
tion militaire,  fut  reprise  en  1899  sur  la  demande  du  général  Galliéni. 

En  abordant  le  levé  de  la  côte  ouest,  on  allait  se  trouver  en  présence 
de  difricukôs  analogues  à  celles  qu'avait  présentées  la  côte  nord-ouest, 
mais  singulièrement  accrues  par  le  plus  grand  éloignemient  du  récif  bar- 


SÉANCE    DU    11   DÉCEMBRE    1902.  II 65 

rière,  qui  s'écarte  jusqu'à  80  milles  du  rivage,  et  par  la  nature  de  la  côte, 
basse  et  marécageuse,  qui  avoisine  le  cap  Saint-André.  C'est  à  M.  Drien- 
court  que  fut  confiée  la  mission  de  commencer  ce  nouveau  travail,  qui  se 
présentait  dans  des  conditions  si  défavorables.  Un  bâtiment,  la  Rance, 
fut  armé  spécialement  pour  cette  campagne;  M.  Driencourt  s'occupa  acti- 
vement de  son  installation  pour  en  faire  un  bâtiment  hydrographe  offrant 
tous  les  moyens  de  travail  les  plus  perfectionnés.  Un  matériel  considérable 
de  balises  flottantes  destinées  à  former,  sur  les  immenses  étendues  du  banc 
de  Pracel,  un  véritable  réseau  permettant  de  prolonger  la  triangulation 
bien  au  delà  de  la  vue  des  terres,  avait  été  construit  sur  les  indications  de 
M.  Hanusse;  M.  Driencourt  étudia  avec  soin,  dans  tous  ses  détails,  le  fonc- 
tionnement de  ces  fragiles  engins,  sur  lesquels  allait  reposer  la  plus  grande 
partie  du  travail  à  la  mer. 

En  attendant  l'époque  favorable  pour  attaquer  la  cote  ouest,  la  nouvelle 
mission  fit  un  levé  très  détaillé  de  la  côte  sud  deNossi-Bé  et  de  ses  abords, 
et  entreprit  la  reconnaissance  de  la  grande  baie  d'Ampasindava,  qui  fut 
achevée  aux  deux  tiers.  Ce  travail  fut  relié  à  la  triangulation  de  M.  Favé. 

Avant  d'entreprendre  les  sondes  au  large  du  cap  Saint-André,  il  fallait 
d'abord  prolonger  la  triangulation  de  1891-1892,  qui  s'arrêtait  à  la  baie 
de  Baly.  Déjà  M.  Driencourt  avait  parcouru  toute  la  région  basse  et  insa- 
lubre du  cap  Saint-André,  de  Baly  à  Nosy-Volavo,  placé  les  signaux  et  fait 
les  stations  provisoires,  lorsque,  au  moment  d'entreprendre  les  observa- 
tions définitives,  il  fut  terrassé  par  un  accès  pernicieux  qui  mit  ses  jours 
en  danger,  et  l'obligea  à  rentrer  en  France  sans  avoir  recueilli  le  fruit  des 
fatigues  exceptionnelles  qu'il  venait  de  subir. 

Dans  l'exécution  de  ces  importants  travaux,  M.  Driencourt  avait  pour 
collaborateurs  de  jeunes  officiers  de  marine  animés  de  la  meilleure  volonté, 
mais  manquant  d'expérience  dans  ce  genre  d'opérations.  C'est  ainsi  qu'il  a 
été  conduit  à  modifier  les  méthodes  classiques  en  Hydrographie  pour  leur 
donner  le  plus  d'analogie  possible  avec  les  procédés  familiers  aux  naviga- 
teurs. L'emploi  simultané  du  calcul  et  de  la  construction  graphique,  que 
M.  Hatt  avait  inauguré  pour  la  détermination  des  coordonnées  linéaires,  a 
été  développé  par  M.  Driencourt,  et  des  abaques  destinés  à  simplifier  ou 
à  contrôler  les  calculs  ont  été  mis  en  service.  D'autre  part,  la  précision 
des  constructions  graphiques  a  été  notablement  accrue  par  le  perfection- 
nement de  l'abaque  en  usage  pour  la  construction  des  segments  capables 
sur  laquelle  repose  la  rédaction  de  tout  le  travail  à  la  mer. 

Sur  le  terrain,  l'action  de  M.  Driencourt  n'a  pas  été  moins  heureuse.  Il 


Il66  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

a  perfectionné  et  systématisé  les  procédés  employés  pour  l'exploration  du 
relief  sous-marin,  notamment  pour  la  recherche  des  têtes  de  roche  dans 
les  régions  à  courants  et  dans  les  eaux  troubles,  et  l'étude  des  chenaux 
dans  les  fonds  rocheux. 

De  ses  campagnes  à  Madagascar  M.  Driencourt  a  rapporté  de  nom- 
breuses observations  de  marée.  Le  premier,  en  France,  il  a  appliqué  les 
méthodes  indiquées  par  M.  Darwin  pour  le  calcul  des  constantes  harmo- 
niques au  moyen  de  courtes  périodes  d'observations.  Les  résultats  qu'il  a 
obtenus  ont  permis  au  Service  hydrographique  d'entreprendre  la  publica- 
tion d'un  Annuaire  des  marées  de  l'océan  Indien. 

Outre  ses  campagnes  de  Madagascar,  M.  Driencourt  a  pris  part  à  un 
£[rand  nombre  de  missions  hydrographiques  sur  toutes  les  côtes  de  France, 
et  en  Tunisie.  Sur  la  côte  sud  de  France  en  particulier,  où,  pour  la  pre- 
mière fois,  s'est  posé  le  problème  de  plans  hydrographiques  à  très  grande 
échelle,  il  a  montré  comment  les  méthodes  habituelles  permettent,  moyen- 
nant quelques  précautions,  d'obtenir  toute  la  précision  désirable. 

Enfin,  M.  Driencourt,  en  dehors  de  ses  travaux  hydrographiques  pro- 
prement dits,  a  pris  part  à  deux  importantes  missions  entreprises  sous  les 
auspices  du  Bureau  des  Longitudes.  La  première,  dirigée  par  M.  Bouquet 
delà  Grye,  en  i885,  avait  pour  but  la  détermination  des  différences  de 
longitude  de  Dakar,  Saint-Louis,  Santa-Cruz  de  Ténériffe  et  Cadix,  ainsi 
que  des  latitudes  des  deux  premiers  points  ;  les  résultats  en  ont  été  insérés 
dans  les  Annales  du  Bureau  des  Longitudes.  La  seconde  mission,  où 
M.  Driencourt  collaborait  avec  MM.  Hatt  et  Perrotin,  a  déterminé  les 
différences  de  longitude  d'Ajaccio,  l'Ile-Rousse  et  Nice.  Les  résultats  ont 
été  publiés  dans  les  Annales  de  l' Observatoire  de  Nice. 

Votre  Commission  estime  que,  par  cet  ensemble  d'importants  travaux 
exécutés  avec  un  talent  remarquable,  M.  Driencourt  a  rendu  de  grands 
services  à  la  navigation  en  général  et  en  particulier  à  la  marine  militaire. 
Elle  vous  propose,  pour  cette  raison,  de  lui  décerner  un  prix  sur  les  fonds 
mis  à  la  disposition  de  l'Académie  pour  récompenser  les  travaux  de  nature 
à  accroître  l'efficacité  de  nos  forces  navales. 

Les  propositions  de  la  Commission  sont  adoptées  par  l'Académie. 


SÉANCE    DU    22   DÉCEMBRE    1902.  n6' 


PRIX  MONTYON. 

(Commissaires  :  MM.  I^éauté,  Sarrau,  Boussinesq,  Sebert; 
Maurice  Levy,  rapporteur.) 

La  Commission  décerne  le  prix  à  M.  le  commandant  Hartmann,  pour 
les  expériences  à  l'aide  desquelles  il  a  su  faire  apparaître  à  la  surface 
des  corps  élastiques  les  lignes  de  glissement  produites  dans  leurs  défor- 
mations. 

Les  anciennes  expériences  deTresca,  sur  ce  qu'il  a  appelé  V écoulement 
des  corps  solides,  ne  fournissaient  pas  directement  ces  lignes.  La  méthode 
de  Tresca  consistait,  en  effet,  à  tracer  à  la  surface  du  corps  soumis  à 
l'épreuve  deux  réseaux  de  droites  rectangulaires  et  à  observer  leurs  trans- 
formées après  déformation.  Ce  sont  donc  deux  séries  de  lignes  choisies 
arbitrairement  qu'il  observait.  Il  a  cru  pouvoir  conclure  de  l'ensemble  de 
ses  observations  que  les  lignes  de  rupture  se  produisent  lorsque  la  rési- 
stance au  cisaillement  est  atteinte  ou  légèrement  dépassée  sur  tous  les 
points  du  corps. 

Cette  hypothèse  a  été  développée  sous  forme  mathématique,  en  1869, 
par  M.  de  Saint-Venant,  dans  le  cas  des  déformations  planes,  et  par  deux 
d'entre  nous,  dans  le  cas  le  plus  général  et,  plus  particulièrement,  dans 
celui  d'une  déformation  symétrique  autour  d'un  axe. 

En  i883,  M.  le  capitaine  Duguet,  dans  un  Ouvrage  remarquable  à  plus 
d'un  titre,  exprime  la  pensée  qu'outre  le  cisaillement  intervient  un  frotte- 
ment moléculaire.  Mais  cette  pensée,  bien  qu'appuyée  de  considérations 
plausibles,  restait  à  l'état  d'hypothèse.  Ce  sont  les  expériences  de  M.  Hart- 
mann qui  ont  tranché  la  question  par  l'affirmative. 

En  effet,  la  théorie  du  cisaillement  pur  aurait  pour  conséquence  que  les 
deux  systèmes  de  lignes  de  rupture  seraient  partout  inclinées  à  4^°  i>ur 
une  force  principale  supposée  unique.  Or,  il  résulte  des  observations  de 
M.  Hartmann  que  ces  deux  systèmes  de  lignes  ont  :  celles  de  l'un  des  sys- 
tèmes, une  inclinaison  un  peu  supérieure  et  celles  de  l'autre,  une  incli- 
naison un  peu  inférieure  à  l\^^.  Et  ceci  ne  peut  s'expliquer  que  par  l'inter- 
vention du'n  frottement  intérieur. 

Depuis,  ce  frottement  s'est  montré  dans  beaucoup  de  phénomènes  élas- 
tiques, et  tout  récemment  il  a  été  invoqué  comme  un  facteur  important  et 


Il68  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

souvent  essentiel  dans  les  belles  recherches  théoriques  et  expérimentales 
de  notre  Correspondant,  M.  Considère,  sur  la  résistance  du  ciment  armé. 

Les  conclusions  de  ce  Raj)port  sont  adoptées. 

PRIX  PLUMEY. 

(Commissaires  :  MM.  Guyou,  Sarrau,  Léauté,  Sebert; 
Maurice  Levy,  rapporteur.) 

L'Académie  décerne   le  prix  Plumey  à  M.  le  colonel    Rexard,   pour 
l'ensemble  de  ses  travaux. 


ASTRONOMIE. 


PRIX  PIERRE  GUZMAN. 
(Commissaires  :  MM.  Janssen,  Lœwy,  Callandreau,  Wolf,  Radau.) 

Le  prix  n'est  pas  décerné. 

PRIX  LALANDE. 

(Commissaires  :  MM.  Wolf,  Janssen,  Callandreau,  Radau; 
Lœwy,  rapporteur.) 

L'Académie  connaît  depuis  longtemps  les  titres  scientifiques  élevés  de 
M.  Trépied,  Directeur  de  l'Observatoire  d'Alger.  Elle  sait  qu'il  est,  parmi 
les  Astronomes  français,  l'un  des  plus  savants  et  des  plus  actifs;  elle  se 
souvient  d'avoir  été  à  même  d'apprécier,  en  maintes  circonstances,  la 
valeur  et  la  portée  de  ses  travaux  concernant  diverses  branches  de 
l'Astronomie. 

Dans  ces  dernières  années  surtout,  les  services  rendus  par  M.  Trépied 
à  la  Science  française  ont  été  considérables.  Une  collaboration  directe  et 
des  plus  fructueuses  à  des  œuvres  de  première  importance,  telles  que  la 


SÉANCE    DU    22   DÉCEMBRE    1902.  j  i6q 

Carte  photographique  du  Ciel  et  la  recherche  d'une  valeur  définitive  de  la 
parallaxe  solaire  au  moyen  de  la  planète  Eros,  lui  a  fourni  l'occasion 
d'études  personnelles  poursuivies  avec  une  persévérante  habileté  sur  des 
questions  délicates  et  difficiles,  par  exemple  sur  la  détermination  des 
grandeurs  photographiques  des  étoiles  et  les  méthodes  à  employer  dans  le 
but  de  tirer  d'un  cliché  stellaire  tout  ce  qu'il  renferme  d'utilisable  pour 
l'Astronomie. 

Nous  ne  saurions  trop  insister  sur  le  rôle  si  important  joué  par  M.  Tré- 
pied, en  qualité  de  Secrétaire  général,  dans  les  Conférences  oii  furent 
posées  les  bases  et  discutées  les  conditions  d'accomplissement  des  deux 
grandes  entreprises  que  nous  venons  de  rappeler.  Par  son  initiative,  par 
son  action  incessante  et  souvent  décisive,  il  a  contribué  puissamment  à 
réaliser  l'entente  mémorable  qui  s'est  établie,  vers  la  fin  du  xix^  siècle, 
entre  les  savants  de  toutes  les  nations,  dans  le  dessein  d'étendre  et  d'enri- 
chir, avec  le  secours  de  la  Photographie,  le  domaine  de  l'Astronomie 
stellaire. 

Enfin,  tout  récemment  encore,  M.  Trépied  a  terminé  de  belles  études 
qui  achèvent  de  mettre  en  lumière  les  services  que  la  science  du  Ciel  doit 
recevoir  de  la  Carte  photographique,  en  montrant  les  applications  nou- 
velles, inattendues  et  fécondes,  qui  en  sortiront. 

La  Commission,  désirant  honorer  par  un  témoignage  de  haute  estime 
l'ensemble  de  tous  les  travaux  distingués  accomplis  par  M.  Trépied,  vous 
propose  de  décerner  à  cet  astronome  le  prix  fondé  par  Jérôme  de  Lalande. 

L'Académie  adopte  les  conclusions  de  ce  Rapport. 


PRIX  VALZ. 

(Commissaires  :  MM.  Janssen,  Callandreaîi,  Wolf,  Radau; 
Lœwy,  rapporteur.) 

M.  Hartwig,  Directeur  de  l'Observatoire  de  Bamberg,  a  effectué  de 
nombreux  travaux  scientifiques  d'une  grande  valeur  auxquels  il  convient 
d'ajouter  la  découverte  de  deux  comètes,  découverte  qu'il  a  eu  la  bonne 
fortune  de  taire  au  début  de  sa  carrière. 

M.  Hartwig  est  l'un  des  plus  habiles  observateurs  à  l'héliomètre,  instru- 
ment d'une  nature  complexe,  aussi  précieux  que  difficile  à  employer.  A 
l'aide  de  cet  appareil,  il  a  obtenu  une  détermination  très  exacte  des  dia- 

C.  K.,  1902,  2*  Semestre.  (T.  CXXXV,  N"  25.)  '•'^3 


II70  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

mètres  de  Vénus  et  de  Mars.  Tout  récemment,  à  l'occasion  de  l'entreprise 
internationale  ayant  pour  but  une  nouvelle  détermination  de  la  parallaxe 
solaire,  M.  Hartwig  est  parvenu,  grâce  à  la  puissance  particulière  de  son 
héliomètre  et  à  sa  grande  expérience,  à  réaliser  une  belle  série  de  posi- 
tions précises  de  la  planète  Eros,  alors  que,  avec  les  instruments  ana- 
logues, en  raison  du  faible  éclat  de  la  planète,  aucune  autre  tentative  n'a 
été  couronnée  de  succès. 

L'étude  des  étoiles  variables  acquiert  de  jour  en  jour  une  plus  haute 
importance  dans  la  Science  astronomique,  et  M.  Hartwig  est  un  des  plus 
assidus  et  des  plus  renommés  observateurs  de  ces  objets  célestes.  Il  a 
enrichi  ce  domaine  scientifique  de  longues  séries  d'observations,  accom- 
plies dans  d'excellentes  conditions  et  qui  l'ont  conduit  à  de  nombreux 
résultats  intéressants.  Dans  cet  ordre  d'idées,  il  a  fourni  un  contingent 
notable  d'estimations  soigneuses  de  la  grandeur  de  la  planète  Eros,  astre 
dont  l'éclat  a  présenté  des  variations  très  surprenantes. 

Ce  savant  publie  annuellement,  depuis  1892,  dans  la  revue  trimestrielle 
de  V Astronomische  Gesellschaft,  les  éphémérides  des  étoiles  variables  d'après 
les  éléments  basés,  en  majeure  partie,  sur  ses  propres  observations,  élé- 
ments qui  ont  rendu  souvent  de  sérieux  services  dans  la  rédaction  du  Cha- 
pitre consacré  aux  étoiles  variables  dans  V Annuaire  du  Bureau  des 
Longitudes. 

La  Commission  propose  de  décerner  le  prix  Valz  à  M.  Hartwig,  l'émi- 
nent  auteur  de  ces  beaux  travaux. 

L'Académie  adopte  les  conclusions  de  ce  Rapport. 

PRIX  DAMOISEAU. 

(Commissaires  :  MM.  Callandreau,  Radau,  Wolf,  Janssen; 
Lœwy,  rapporteur.  J 

Le  souvenir  des  recherches  si  brillantes  et  si  fécondes  de  Le  Verrier, 
dans  le  domaine  de  la  Mécanique  céleste,  subsiste  encore  dans  la  mémoire 
de  tous  les  savants.  Les  théories  planétaires  de  l'illustre  astronome  ont  été, 
pendant  de  longues  années,  la  base  unique  des  éphémérides  astrono- 
miques du  inonde  entier.  Aujourd'hui  encore,  les  calculs  de  la  Connais- 
sance des  Temps  sont  fondés  sur  ces  travaux  célèbres  qui  permettent  de 
calculer,  pour  une  époque  donnée,  les  lieux  occupés  dans  l'espace  par  les 
grosses  planètes  du  système  solaire. 


SÉANCE    DU    22   DÉCEMBRE    1902.  II71 

Malheureusement  une  difficulté  sérieuse  a  surgi,  menaçant  de  détruire 
l'unité  de  l'œuvre  qui  nous  a  été  léguée.  La  théorie  du  mouvement  de 
Saturne,  achevée  dans  les  dernières  années  de  la  vie  de  Le  Verrier,  accu- 
sait certaines  imperfections  qui  ont  beaucoup  préoccupé  les  astronomes  : 
les  positions  calculées  différaient  sensiblement  des  positions  réelles  de 
l'astre.  On  se  demandait  si  ce  désaccord  devait  être  attribué  à  une  erreur 
théorique  ou  à  une  cause  physique  qu'il  fallait  découvrir. 

Après  la  mort  de  Le  Verrier,  M.  Gaillot,  actuellement  Sous-Directeur 
de  l'Observatoire  de  Paris,  entreprit  de  rechercher  les  causes  des  ano- 
malies constatées.  Pour  atteindre  ce  but  il  fallait  non  seulement  refaire 
complètement  la  théorie  de  Saturne,  mais  encore  l'aborder  par  une 
méthode  plus  efficace,  dont  Le  Verrier  n'avait  fait  malheureusement 
qu'une  application  trop  sommaire,  et  qui  donne  la  faculté  d'atteindre  un 
degré  d'approximation  plus  élevé. 

Dans  le  calcul  des  perturbations  périodiques  de  Saturne  par  Jupiter, 
Le  Verrier  s'était  arrêté  aux  termes  qui  sont  de  second  ordre  par  rapport 
aux  masses,  ce  qui  était  insuffisant  dans  le  cas  donné.  Il  était  donc  néces- 
saire de  pousser  l'approximation  plus  loin.  L'emploi  de  la  méthode  d'inter- 
polation a  fourni  à  M.  Gaillot  le  moyen  d'arriver  à  ce  résultat. 

Par  une  application  rigoureuse  et  complète  de  cette  méthode,  il  a  obtenu , 
sans  aucune  omission,  l'ensemble  de  tous  les  termes  du  premier,  du 
deuxième  et  du  troisième  ordre  par  rapport  aux  masses  et,  en  outre,  tous 
ceux  d'ordre  supérieur  au  troisième  qui  dépendent  directement  du  premier 
et  du  second.  Enfin,  par  une  nouvelle  approximation,  il  a  fait  entrer  en 
ligne  de  compte  un  certain  nombre  de  termes  encore  sensibles  du  qua- 
trième ordre  par  rapport  aux  masses. 

Les  Tables  des  perturbations,  basées  sur  l'ensemble  des  résultats  obtenus 
par  ces  deux  calculs  successifs,  lui  ont  permis  de  représenter  le  mouve- 
ment de  Saturne  d'une  manière  complètement  satisfaisante  :  les  valeurs 
moyennes  des  écarts  entre  les  positions  calculées  et  les  positions  observées 
de  lySi  à  1899  ne  dépassent  guère  les  limites  des  erreurs  moyennes  des 
observations. 

Actuellement,  toute  la  partie  théorique  du  travail  est  complètement 
terminée  et  imprimée. 

liC  sujet  mis  au  concours  pour  le  prix  Damoiseau  se  trouve  donc  traité 
d'une  manière  magistrale  par  M.  Gaillot,  et  le  progrès  scientifique  que 
l'Académie  avait  en  vue  a  été  réalisé  dans  des  conditions  qui  font  le  plus 
grand  honneur  à  l'Astronomie  française.  Pour  couronner  des  efforts  aussi 


II 72  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

méritants   la  Commission  propose   de   décerner    à    M.   Gaillot  le    prix 
Damoiseau. 

L'Académie  adopte  les  conclusions  de  ce  Rapport. 


PRIX  JANSSEN  (Médaille  d'or). 

(Commissaires  :  MM.  Lœwy,  Wolf,   Callandreau,    Radau  ; 
Janssen,  rapporteur.) 

Ce  prix  est  accordé  à  M.  le  Comte  Aymar  de  la  Baume-Pluvinel  pour 
ses  travaux  en  Astronomie  physique  et  les  importantes  missions  qu'il  a 
exécutées  à  ses  frais,  à  la  demande  et  avec  les  instructions  de  M.  Janssen. 

La  carrière  scientifique  de  M.  le  Comte  de  la  Baume-Pluvinel  est  déjà 
longue. 

Dès  1 882,  nous  le  voyons  attaché  à  la  mission  de  notre  regretté  Confrère 
d'Abbadie  pour  l'observation,  à  l'île  de  Haïti,  du  passage  de  la  planète 
Vénus  de  i  882. 

D'Abbadie  s'est  grandement  loué  de  l'assistance  précieuse  qu'il  reçut  en 
cette  circonstance  de  M.  de  la  Baume-Pluvinel. 

En  1887,  M.  de  la  Baume-Pluvinel  ne  craignit  pas  de  faire  un  long  et 
coûteux  voyage  en  Russie,  à  Tver  près  de  Moscou,  pour  y  observer  une 
éclipse  totale.  Malheureusement  l'état  du  ciel,  au  moment  du  phénomène, 
ne  favorisa  pas  le  dévoué  et  zélé  observateur. 

En  1889,  M.  de  la  Baume-Pluvinel  recevait  du  Bureau  des  Longitudes 
la  mission  d'aller  observer  aux  îles  du  Salut  l'éclipsé  totale  du  22  dé- 
cembre 1889. 

M.  de  la  Baume-Pluvinel  fit  alors  l'importante  constatation  que  la  struc- 
ture de  la  couronne  rappelait  celles  de  1867  et  1878,  ce  qui  établissait 
une  relation  entre  les  phénomènes  extra-solaires  et  la  fréquence  des  taches, 
relation  que  j'avais  eu  l'occasion  de  signaler  à  propos  de  l'éclipsé  de  1871, 
observée  aux  Indes. 

M.  de  la  Baume-Pluvinel  signale  à  cette  occasion  la  forme  curviligne  des 
aigrettes  dans  la  couronne,  qu'il  considère  avec  raison  comme  due  à 
l'existence  d'une  force  de  projection  combinée  avec  la  rotation  du  Soleil. 

Pendant  l'éclipsé  annulaire  du  17  juin  1890,  M.  de  la  Baume-Pluvinel 
nous  rapportait  un  spectre  de  l'extrême  bord  du  Soleil,  lequel,  comparé  à 
celui  du  centre,  ne  montrait  aucune  accentuation  des  bandes  d'absorption 


SÉANCE  2U  22  DÉCEMBRE  1902.  II73 

de  l'oxygène,  ce  qui  démontre  une  fois  de  plus  que,  si  l'oxygène  existe  dans 
le  Soleil,  il  ne  s'y  trouve  pas  dans  Vétat  où  il  existe  dans  notre  atmosphère. 

En  1893,  le  16  avril,  une  éclipse  totale  avait  lieu  au  Sénégal.  M.  de  la 
Baume-Pluvinel,  empêché  par  des  affaires  de  famille  d'aller  lui-même 
observer  cette  éclipse,  voulut  faire  les  frais  d'une  mission  que  nous  con- 
fiâmes à  M.  Pasteur,  Chef  de  la  Photographie  à  l'Observatoire  de  Meudon. 

M.  Pasteur  rapporta  de  cette  mission  des  photographies  du  spectre  de  la 
couronne  qui  montrent  que  celle-ci  contient  incontestablement  de  la 
lumière  solaire  réfléchie  par  elle  et  qu'en  conséquence  elle  est  bien  un 
objet  réel. 

Le  5  septembre  1898,  M.  de  la  Baume-Pluvinel  voulait  bien,  à  ma 
demande,  monter  au  mont  Blanc  et  y  obtenait,  vers  midi,  des  spectres 
solaires  qui,  rapprochés  de  ceux  pris  dans  les  mêmes  circonstances  à  Paris, 
à  Chamonix,  montrent  incontestablement  l'origine  tellurique  des  raies  et 
bandes  de  l'oxygène. 

Ajoutons  qu'en  1900  et  1902  eurent  lieu  d'importantes  éclipses  en 
Espagne,  à  Sumatra  et  en  Egypte,  qui  toutes  furent  observées  par  M.  de  la 
Baume-Pluvinel.  Celle  d'Egypte,  notamment,  donna  un  très  intéressant 
résultat  en  confirmant  ce  que  nous  savions  sur  l'extrême  rareté  de  l'atmo- 
sphère lunaire,  s'il  en  existe  une. 

A  la  suite  de  son  observation,  M.  de  la  Baume-Pluvinel  partit  pour  la 
haute  Egypte,  où  il  fit  d'importantes  observations  d'analyse  spectrale. 

Tous  ces  travaux,  toutes  ces  missions  suffiraient  surabondamment  pour 
mériter  la  médaille  que  nous  prions  l'Académie  d'accorder  à  M.  de  la 
Baume-Pluvinel,  mais  nous  devons  ajouter  que  l'on  doit  encore  à  M.  delà 
Baume-Pluvinel  de  très  intéressants  Ouvrages  de  Photographie  théorique 
et  pratique  qui  ont  été  grandement  appréciés. 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées. 

Encouragement  et  une  médaille  Janssen  accordés  au  D"^  Jean  Binot. 

M.  le  D*^  Jean  Binot,  chef  de  laboratoire  à  l'Institut  Pasteur,  a  accompli, 
dans  le  massif  du  mont  Blanc  et  au  sommet  même  de  cette  montagne,  des 
travaux  très  intéressants  de  Bactériologie. 

Des  fouilles  méthodiques  et  habilement  distribuées  dans  le  massif  du 
mont  Blanc  lui  ont  permis  de  recueillir  des  échantillons  de  colonies  en- 
tières de  microbes  appartenant  à  des  espèces  variées. 

Ces  échantillons  placés  dans  des  bouillons  de  culture  sont  revenus  à  la 


II 74  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

vie,  ce  qui  démontre  la  vitalité  extraordinaire  de  ces  êtres.  Il  sera  d'un 
haut  intérêt  de  continuer  ces  études  relativement  à  des  colonies  existant 
dans  des  parties  encore  plus  anciennes  du  glacier. 

L'année  dernière,  une  grande  éclipse  totale  avait  lieu,  comme  on  sait, 
en  Asie. 

A  ma  demande,  M.  le  D*^  Binot,  muni  d'un  bon  appareil  photographique 
et  après  s'être  exercé  à  l'Observatoire  de  Meudon,  partit,  muni  d'une 
mission  gratuite  du  Ministre  de  l'Instruction  publique,  pour  l'île  de  France, 
où  les  chances  de  beau  temps  étaient  les  plus  grandes,  et  nous  rapporta 
une  belle  photographie  de  la  couronne  qui  a  été  présentée  à  l'Académie 
et  figure  dans  nos  Comptes  rendus. 

Ces  travaux  et  ces  services  rendus  à  la  Science  justifient  pleinement 
l'encouragement  que  l'Académie  accorde  au  D'"  Jean  Binot. 

Je  demande  à  l'Académie  d'y  joindre  ma  médaille  en  vermeil. 

Ces  conclusions  sont  adoptées. 


GEOGRAPHIE  ET  NAVIGATION. 


PRIX  BINOUX. 

(Commissaires  :  MM.  Guyou,  Bouquet  de  la  Grye,  Grandidier,  de  Bussy, 

Bassot.) 

La  Commission  partage  le  prix  entre  MM.  Claude,  Marcel  Monnier, 
Delpeuch. 

Rapport  sur  les  travaux  de  M.  Claude,  par  M.  Guyou. 

Les  instruments  dont  disposent  les  voyageurs  et  les  géographes  pour 
la  détermination  des  coordonnées  du  zénith  sur  la  sphère  céleste,  théodo- 
lite et  instruments  à  réflexion,  sont  loin  d'offrir  toute  la  précision  dési- 
rable. Pour  les  opérations  qui  demandent  une  grande  exactitude,  on  est 
forcé  de  recourir  aux  instruments,  tels  que  le  cercle  méridien,  qui  exigent 
la  construction  d'un  petit  observatoire,  opération  souvent  impraticable.  lî 


SÉANCE    DU    22    DÉCEMBRE    I902.  II^S 

manquait  un  instrument  à  la  fois  portatif  et  facile  à  installer  comme  les 
premiers  et  susceptible,  comme  les  seconds,  de  donner  une  grande  préci- 
sion. L'astrolabe  à  prisme  de  M.  Claude  vient  combler  cette  lacune. 

La  méthode  à  laquelle  cet  instrument  est  destiné  est  celle  des  hauteurs 
égales.  Cette  méthode  a  été,  comme  l'on  sait,  imaginée  par  Gauss  pour 
s'affranchir,  dans  les  observations  au  sextant,  des  erreurs  instrumentales. 
Généralisée  par  Anger  et  Rnorr,  elle  constitue  encore  actuellement  le  moyen 
théoriquement  le  plus  exact  de  déterminer  à  la  fois  l'heure  et  la  latitude. 
Mais  il  s'en  faut  que  le  sextant  remplisse  toutes  les  conditions  imposées 
par  elle  pour  donner  les  meilleurs  résultats. 

Le  faible  grossissement  de  la  lunette  et  les  difficultés  que  présente  l'opé- 
ration ne  permettent  pas  d'obtenir  des  observations  suffisamment  pré- 
cises, ni  en  assez  grand  nombre  pour  atténuer  l'influence  des  erreurs. 
Aussi  cette  méthode  a-t-elle  été  presque  complètement  abandonnée,  malgré 
les  louables  efforts  tentés  par  quelques  observateurs  et  notamment  en 
France  par  le  commandant  Perrin. 

L'astrolabe  de  M.  Claude  est  affranchi  de  tous  ces  inconvénients.  Il  est 
aussi  transportable  el  facile  à  installer  que  le  petit  théodolite  de  campagne. 
L'usage  en  est  assez  simple  pour  qu'une  séance  suffise  pour  exercer  un 
observateur. 

Enfin  le  grossissement  de  la  lunette,  qui  peut  aller  jusqu'à  65  fois,  per- 
met de  saisir  avec  une  très  grande  précision  le  contact  des  images  d'une 
même  étoile,  directe  et  réfléchie  dans  un  bain  de  mercure. 

L'instrument  ne  peut  mesurer,  il  est  vrai,  qu'une  hauteur  déterminée 
(environ  60°);  mais,  comme  on  peut  y  apercevoir  par  temps  clair  jus- 
qu'aux étoiles  de  la  'j^  grandeur,  le  nombre  des  étoiles  observables  dans 
une  séance  de  i  heure  est  considérable. 

Il  résulte  de  là  que,  dans  une  seule  séance  relativement  courte,  l'obser- 
vateur peut  recueillir  des  observations  déjà  très  précises,  individuellement, 
et  dont  le  grand  nombre  permet  en  outre  d'atténuer,  dans  une  grande  pro- 
portion, les  erreurs  accidentelles. 

Les  expériences  déjà  nombreuses  qui  ont  été  faites  avec  cet  instrument, 
par  différents  observateurs,  montrent  qu'il  permet  de  déterminer  la  posi- 
tion du  zénith  sur  la  sphère  céleste  à  moins  de  i  seconde  d'arc,  abstrac- 
tion faite,  bien  entendu,  de  l'erreur  personnelle. 

L'astrolabe  de  M.  Claude  consiste  en  un  prisme  droit  de  flint,  à  base 
triangulaire  équilatérale,  dont  deux  faces  renvoient  horizontalement  dans 
une  lunette  les  rayons  émanant  d'une  étoile  et  de  son  image  réfléchie  dans 


11-76  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

un  bain  de  mercure.  L'observation  consiste  à  noter  l'instant  précis  où  les 
deux  images  passent  en  coïncidence;  grâce  au  grossissement,  le  mouvement 
relatif  des  deux  images  est  rendu  i3o  fois  plus  rapide  que  celui  de  l'étoile. 

L'ensemble  du  prisme  avec  la  lunette  pivote  autour  d'un  axe  vertical 
monté  sur  un  plateau  horizontal  en  aluminium,  mobile  lui-même  autour 
d'un  axe  vertical,  et  qui  peut  être  orienté  dans  un  azimut  quelconque  à 
l'aide  d'un  index  et  d'un  cercle  divisé. 

Le  bain  de  mercure  repose  sur  le  plateau  horizontal  ;  cette  disposition, 
qui  a  beaucoup  facilité  l'emploi  de  l'astrolabe,  a  été  suggérée  à  l'inventeur 
par  M.  l'Ingénieur  hydrographe  Driencourt. 

L'instrument  exige  une  optique  très  soignée  pour  que  les  images  soient 
bien  nettes.  Ce  résultat  est  aujourd'hui  atteint  couramment  par  M.  Vion. 

Les  avantages  que  nous  avons  énumérés  plus  haut  font,  de  l'astrolabe  à 
prisme  de  M.  Glande,  l'instrument  de  voyage  par  excellence.  Les  deux  plus 
importants  Établissements  géographiques  de  France,  le  Service  géogra- 
phique de  l'Armée  et  le  Service  hydrographique  de  la  Marine,  l'ont  adopté. 
Son  usage  ne  peut  manquer  de  se  généraliser  rapidement  à  l'étranger. 

M.  Claude  a  donc  rendu  à  la  Géographie  le  très  grand  service  de  la 
doter  d'un  instrument  nouveau  qui,  tout  en  étant  aussi  m^aniable  que  ceux 
dont  disposaient  les  voyageurs,  atteint  une  précision  comparable  à  celle 
des  grands  instruments  astronomiques. 

Votre  Commission  propose  de  lui  donner  un  prix  sur  les  fonds  du  prix 
Binoux. 

Rapport  sur  les  travaux  de  M.  Marcel  Monnier,  par  M.  Alfred  Graxdidier. 

Déjà  connu  par  ses  voyages  en  Amérique  et  en  Afrique,  M.  Marcel 
3I0NNIER  est  parti  en  novembre  1894  pour  l'Asie,  oîi  il  a  successivement 
exploré  rindo-Chine,  la  province  chinoise  de  Rouang-Si,  le  Japon  et  la 
Chine,  allant  de  l'est  à  l'ouest  jusqu'au  Tonkin,  puis  du  sud-ouest  au  nord- 
est  jusqu'en  Corée  oi!i  il  a  suivi  un  itinéraire  nouveau.  Remontant  alors  le 
fleuve  Amour  et  traversant  le  massif  de  l'Altaï,  la  steppe  Rirghise,  le  Fer- 
»hanat,  la  Perse,  le  Caucase  et  la  Russie,  il  est  rentré  en  France  en 
juillet  1898,  ayant  parcouru  sur  le  continent  asiatique  plus  de  Soooo'^™, 
dont  loooo'^"^  à  cheval.  Il  a  levé  à  la  boussole  i358i''™  :  le  Yang-tsé 
(d'I-tchang  à  Tchoung-Ring)  et  la  route  jusqu'au  fleuve  Rouge,  soit  2700^"; 
5oo^™  en  Corée,  de  la  mer  Jaune  à  la  mer  du  Japon;  8937''™  de  Ourga  à 
Babylone,  et  i444'''"  ^^  golfe  Persique  à  la  mer  Caspienne. 


SÉANCE    DU    22   DÉCEMBRE    1902.  I177 

C'est  la  série  de  levers  faits  pendant  ce  long  et  intéressant  voyage  que 
la  Commission  du  prix  Binoux  propose  à  l'Académie  de  récompenser.  Ces 
levers  ont  été  publiés  sous  le  patronage  de  la  Société  de  Géographie,  dans 
un  Atlas  qui  contient  28  cartes,  7  à  -^j^,  1  à  ^^^  et  19  à  -^^^.  Ce 
sont  principalement  les  feuilles  18  et  19,  où  est  reporté  l'itinéraire  de 
M.  Marcel  Monnier  en  Corée,  et  les  feuilles  25  à  28  où  est  tracé  son  itiné- 
raire en  Perse,  qui  ont  le  plus  d'mtérêt  géographique.  Cet  Atlas  est  accom- 
pagné d'un  petit  Volume  où  l'auteur  a  condensé  les  notes  et  renseignements 
qu'il  a  recueillis  au  cours  de  ses  voyages  et  a  mis  une  série  intéressante 
d'images  photographiques.  Dans  un  Ouvrage  publié  antérieurement,  il  a 
raconté  en  détail  ses  pérégrinations. 

Votre  Commission  a  jugé  que  ces  publications  forment  un  ensemble 
d'une  valeur  géographique  réelle  et  propose  à  l'Académie  d'attribuer  à 
M.  Marcel  Monniek  un  prix  sur  les  fonds  du  prix  Binoux. 

Rapport  sur  les  travaux  de  M.  Delpeuch,  par  M.  de  Bussy. 

M.  le  Lieutenant  de  vaisseau  Delpeuch  a  publié,  sous  le  titre  de  La  Navi- 
gation sous-marine  à  travers  les  Siècles,  une  histoire  très  complète  de  la 
navigation  sous-marine.  Son  Ouvrage,  fruit  de  recherches  laborieuses, 
ne  constitue  pas  seulement  un  livre  d'une  lecture  attachante,  d  renferme 
un  ensemble  de  documents  dont  la  connaissance  est  utile  à  quiconque  veut 
s'occuper  de  perfectionner  la  navigation  sous-marine. 

Les  conclusions  de  ces  Rapports  sont  adoptées  par  l'Académie. 


PHYSIQUE 


PRIX  HEBERT. 

(Commissaires  :  MM.  Lippmann,  Becquerel,  Violle,  Potier; 
Mascart,  rapporteur.) 

Le  prix  est  décerné  à  M.  C.-F.  Guilbeiu',   pour  son  Ouvrage  intitulé 
«  liCS  générateurs  d'électricité  à  l'Exposition  de  1900.  » 


C.  H.,  1902,  2"  Semestre.  (T.  CXXXV,  N"  25.)  l54 


II 78  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

STATISTIQUE. 


PRIX  MONTYON. 

(Commissaires  :  MM.   Alfred  Picard,   Rouché,  de  Freycinet,  Laussedat, 
Brouardel;  Haton  de  la  Goupillière,  rapporteur.) 

Le  concours  pour  le  prix  Montyon  de  Statistique  a  reçu,  en  1902,  douze 
envois.  Deux  d'entre  eux  ont  été  écartés  par  votre  Commission,  l'un 
comme  insuffisant,  l'autre  parce  qu'il  ne  rentre  pas  dans  la  formule 
du  prix. 

Sur  les  dix  qui  ont  été  retenus,  cinq  ont  immédiatement  frappé  notre 
attention  comme  des  œuvres  d'une  grande  valeur,  s'élevant  dans  la  sphère 
ordinaire  de  la  récompense  supérieure.  Toutefois,  une  discussion  appro- 
fondie nous  a  permis  d'établir,  parmi  ces  Ouvrages,  les  distinctions  sui- 
vantes : 

Deux  de  ces  productions  ont  été  mises  en  première  ligne;  et  la  Com- 
mission partage  entre  elles,  par  égalité,  le  prix  Montyon  de  Statistique 
pour  1902,  à  savoir  : 

ï°  «  Étude  statistique  de  la  mortalité  par  gastro-entérite  chez  les  enfants 
du  premier  âge  en  France  »,  par  le  D"^  F.  Bordas; 

2°  «  Observations  météorologiques  de  Victor  et  Camille  Chandon  de 
Montdidier  »,  par  le  professeur  H.  Duchaussoy. 

La  Commission  accorde,  en  outre,  trois  mentions  exceptionnellement 
honorables  : 

3°  Elle  a  d'abord  distingué  le  travail  de  M.  le  D^"  Liétard  intitulé  : 
«  La  population  des  Vosges  ».  Elle  engage  expressément  cet  auteur,  qui 
n'a  encore  publié  qu'un  premier  Volume,  à  représenter  au  même  concours 
l'Ouvrage  complet,  après  l'apparition  du  Tome  second,  actuellement  en 
préparation; 

4°  M.  Paul  Dislère  a  présenté  un  important  «  Mémoiresur  la  colonisa- 
tion »,  d'une  forme  moins  directement  statistique  que  les  œuvres  précé- 
dentes, mais  rempli  de  vues  élevées  et  de  documents  utiles  présentés 
avec  le  grand  talent  de  l'auteur  ; 


SÉANCE    DU    22   DÉCEMBRE    1902.  II79 

5°  M.  le  D*"  Peyroux  a  soumis  à  l'Académie  une  «  Étude  sur  les  causes 
de  la  dépopulation  d'Elbeuf  et  sur  TOEuvre  des  gouttes  de  lait  ».  Ce  tra- 
vail reçoit,  comme  les  deux  précédents,  une  mention  exceptionnellement 
honorable. 

La  Commission  décerne  enfin  cinq  mentions  aux  Ouvrages  suivants  : 

6°  «  Contribution  à  l'étude  de  l'alcoolisme  en  Normandie  »,  par  le 
D^^  R.  Leroy  ; 

7**  «  Répartition  du  goitre  en  France;  statistique  de  l'alcoolisme  »,  par 
leD^  L.  Mayet; 

8°  «  Coup  d'œii  sur  l'état  sanitaire  du  pays  d'étangs  pendant  les  vingt- 
cinq  dernières  années,  mouvement  de  la  population  dans  quarante  com- 
munes  de  la  Dombes  pendant  le  xix*  siècle   »,  par  le  D*"  Passerat; 

9**  «  La  cécité  en  France,  statistique,  répartition  géographique  »,  par 
le  D*^  Trousseau; 

10°  «  De  l'entraînement  et  de  ses  effets  sur  l'artilleur  »,  par  un  Ano- 
nyme qui  a  pris  comme  devise  :  Primo  non  nocere. 

Les  Rapports  spéciaux  qui  suivent  font  connaître  avec  détails  les  motifs 
de  ces  décisions. 

Étude  statistique  de  la  mortalité  par  gastro-entérite  chez  les  enfants 
du  premier  âge  en  France,  par  M.  le  D^  Bordas. 

Rapport  de  M.  Brouardel. 

M.  le  D^  Bordas  adresse  à  l'Académie  un  Rapport  très  intéressant  sur  la 
statistique  de  la  mortalité  par  gastro-etérnite  chez  les  enfants  du  premier 
âge  en  France. 

Ce  travail  comprend  deux  Parties.  Dans  la  première,  accompagnée  de 
neuf  Tableaux  graphiques  soigneusement  tracés,  M.  Bordas  établit  que  la 
tuberculose  et  l'atrepsie  des  enfants  représente  3o  pour  100  de  la  morta- 
lité totale,  que  chacune  d'elles  se  partage  à  peu  près  exactement  ce  chiffre, 
si  bien  que,  même  dans  les  quelques  villes  où  la  natalité  dépasse  la  morta- 
lité, comme  à  Lille,  la  natalité  survivante  à  la  fin  de  l'année  est  inférieure 
à  la  mortalité  de  l'année. 

M.  Bordas  montre  que  les  villes  de  la  région  du  nord  dé  la  France  ont  une 
mortalité  par  gastro-entérite  qui  dépasse  le  double  de  celle  des  villes 
du  Midi,  que  cette  gastro-enlérite  atteint  plus  de  la  moitié  de  la  mortalité 


ll8o  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

infantile  dans  le  Nord,  et  à  peine  un  tiers  dans  la  région  située  au-dessous 
de  la  Loire. 

Des  Tableaux  montrent  l'influence  prédominante  des  chaleurs  pendant 
les  mois  de  juin,  juillet,  août  et  septembre;  ils  dénotent  la  sévérité  de  cette 
affection  dans  les  arrondissements  pauvres  de  Lille,  Paris,  Le  Havre. 

Quelle  est  la  cause  de  cette  mortalité  prédominante  dans  le  Nord  et  dans 
l'Ouest? 

M.  Bordas  montre  par  ses  statistiques  que  ce  sont  les  villes  placées  dans 
les  régions  agricoles  qui  fournissent  les  laits  les  plus  renommés  qui  accusent 
une  mortalité  infantile  excessive.  Il  constate  que,  à  Lille,  le  lait  est  écrémé 
de  telle  façon  que  la  moitié  des  analyses  (694)  démontre  que  le  lait  ne 
contient  plus  2^  de  beurre,  que  la  lécithine  passe  presque  totalement  dans 
la  crème  enlevée.  Il  reste  un  produit  dont  la  valeur  alimentaire  est  bien 
diminuée. 

M.  Bordas  a  constaté  que  ces  laits  écrémés  sont  des  bouillons  de  cul- 
ture parfaits  pour  tous  les  microbes;  que,  à  ce  point  de  vue,  leur  valeur 
augmente  pendant  l'été,  de  sorte  que  4  heures  en  été  équivalent  à  24  heures 
en  hiver. 

M.  Bordas  s'élève  donc  avec  énergie  contre  cet  écrémage,  dont  l'inten- 
sité concorde  avec  la  mortalité  des  enfants  âs^és  de  moins  de  i  an. 

Il  critique  les  mesures  prises  dans  différentes  villes,  autorisant  la  vente 
de  ces  laits  dans  des  conditions  qui  ne  répondent  pas  aux  intentions  des 
autorités  qui  les  ont  soumises  aune  réglementation  et  qui  leur  donnent  une 
existence  presque  légale,  et  il  conclut  que  ces  laits  écrémés  doivent  être 
poursuivis,  comme  à  Paris,  et  considérés  comme  des  falsification'^  alimen- 
taires. 

Ce  travail,  qui  a  demandé  des  recherches  statistiques  et  des  analyses 
extrêmement  multiples  et  longues,  mérite  une  récompense  élevée  et  votre 
Commission  a  décidé  de  p;irtager  j)ar  égalité  le  prix  Montyon  entre  son 
auteur,  M.  Bordas,  et  M.  le  professeur  Duchaussoy. 

Observations  météorologiques  de   Victor  et  Camille  Chandon,  de  Montdidier, 

par  M.  H.  Duchaussoy. 

Rapport  de  M.  Hato\  de  la  Goupilliêre. 

M.  H.  Duchaussoy,  professeur  de  Physique  au  lycée  d'Amiens,  a  pré- 
senté à   l'Académie,  pour  le  prix   Montyon  de   Statistique,    un    Volume 


SÉANCE    DU    11   DÉCEMBRE    1902.  I181 

in-octavo,  d'environ  600  pages,  imprimé  dans  les  Mémoires  de  la  Société 
linnéenne  du  nord  de  la  France,  sous  le  titre  :  «  Observations  météoro- 
logiques de  Victor  et  Camille  Chandon,  de  Montdidier   ». 

Ces  deux  modestes,  savants,  et  l'on  pourrait  dire  héroïques  obser- 
vateurs, ont,  l'un  après  l'autre,  enchaîné  leur  existence  dans  un  étroit 
esclavage  pour  laisser  à  la  postérité  et  aux  édifîcateurs  de  la  Science 
météorologique  un  admirable  monument  scientifique.  Il  embrasse,  de  1783 
à  1869,  une  série  de  86  années  à  laquelle  ne  manque  pas  une  seule  journée, 
avec  la  triple  observation  effectuée  à  6''  du  matin,  à  2''  et  à  10^'  du  soir.  On 
y  trouve  à  la  fois  la  pression  atmosphérique,  la  température,  la  pluie,  le 
vent,  l'état  des  nuages,  les  maladies  régnantes  (^)  et  les  phénomènes 
d'histoire  naturelle  les  plus  variés.  Lorsque  Victor  Chandon,  le  père,  et 
après  lui  son  fils  Camille,  se  trouvaient  empêchés,  la  mère  ou  la  fille  les 
suppléaient  avec  un  soin  extrême  et  une  grande  habileté. 

Camille  Chandon  a  légué  à  la  Bibliothèque  nationale  ses  86  registres 
annuels.  Ils  sont  encore  inédits.  A  peine  quelques  emj)runts  détachés  et 
sans  connexion  les  uns  avec  les  autres  ont  paru  dans  diverses  revues.  Les 
météorologistes  sont  unanimes  à  désirer  une  publication  intégrale  de 
ce  précieux  recueil.  A  défaut  de  cette  opération  colossale,  M.  le 
professeur  Duchaussoy  apporte  aujourd'hui  un  résumé  très  utile  établi  par 
lui  dans  les  conditions  suivantes  : 

Après  un  intéressant  historique,  on  trouve  d'abord  dans  ce  Volume 
86  doubles  Tableaux,  dressés  sur  recto  et  verso  et  permettant  d'embrasser 
d'un  seul  coup  d'œil  les  résultats  de  chaque  année.  On  v  lit  successi- 
vement la  pression,  maxima,  minima  ou  moyenne;  la  température, 
maxima,  minima  ou  moyenne,  pour  chacun  des  trois  instants  précités';  les 
nombres  de  jours  de  gelée,  de  pluie,  neige  ou  grêle  ;  la  hauteur  de  pluie  ; 
huit  colonnes  désignant  l'état  du  ciel,  huit  autres  colonnes  pour  les  direc- 
tions principales  du  vent,  et  une  dernière  pour  le  vent  dominant.  Ces 
nombreux  éléments  se  trouvent  répétés  sur  douze  lignes  horizontales 
présentant  la  moyenne  des  divers  mois,  et  une  treizième  pour  celle  de 
l'année  entière. 

Ces  172  Tableaux  ne  comprennent  pas  moins  de  32^22  nombres, 
dont  II  180  ont  dû  être  transformés  par  l'auteur  pour  les  ramener  au 
système  métrique. 

A  cette  première  partie  succède  un  journal  météorologique,  résumant  en 


(')  Victor  Cliandon  était  médecin , 


irl52  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

langage  ordinaire,  pour  chacune  des  86  années,  les  indications  fournies 
par  les  Tableaux  précédents,  et  y  ajoutant  une  foule  d'éléments  des  plus 
divers  :  orages  de  grêle,  dégâts  causés  par  les  mulots  ou  les  hannetons, 
épizooties,  sécheresses,  maladies  des  végétaux,  apparitions  de  comètes, 
bolides,  aurores  boréales,  arrivée  des  hirondelles,  premier  chant  du 
coucou  et  du  rossignol,  épiage  du  seigle,  etc.,  etc.,  d'après  94283  obser- 
vations. 

Des  Tableaux  récapitulatifs  sous  la  forme  décennale  s'ajoutent  encore  à 
cet  ensemble. 

S'il  s'agissait  en  ce  moment  d'honorer  les  premiers  auteurs,  l'Académie 
n'aurait,  en  vérité,  pas  de  récompense  trop  grande  pour  l'importance  de 
l'œuvre  accomplie  par  eux.  Mais  les  deux  Chandon  sont  morts,  et  depuis 
trop  longtemps  pour  qu'un  hommage  posthume,  sous  la  forme  des  prix 
qu'elle  décerne,  puisse  atteindre  leur  mémoire,  l'avantage  matériel  reve- 
nant à  leurs  ayants  droit. 

Nous  avons  uniquement  devant  nous  le  labeur  considérable,  intelligent 
et  utile  effectué  sur  ces  données  par  M.  Duchaussoy.  C'est,  du  reste,  pour 
nous,  un  cas  très  fréquent  d'avoir  à  récompenser  l'élaboration  effectuée, 
après  coup,  par  un  auteur,  d'après  des  documents  primordiaux  légués  par 
des  observateurs  originaux  ayant,  dans  des  conditions  variables,  recueilli 
des  matériaux  qui  ne  peuvent  que  gagner  beaucoup  à  être  ainsi  remaniés, 
groupés,  transformés. 

Dans  ces  conditions,  nous  n'hésitons  pas  à  reconnaître  au  travail  du 
professeur  Duchaussoy  un  grand  mérite  et  une  véritable  utilité,  en  raison 
desquels  votre  Commission  a  décidé  de  partager  par  égalité  le  prix 
Montyon  entre  son  auteur  et  M.  le  D^  Bordas. 

La  Population  des  Vosges,  par  M.  le  W  Liétard. 
Rapport  de  M.  Laussedat. 

Le  Volume  soumis  à  l'examen  de  la  Commission  du  prix  de  Statistique 
par  M.  le  D"^  Liétard  est  la  première  partie  d'une  importante  Monographie 
comme  il  serait  à  souhaiter  qu'on  en  publiât  sur  les  diverses  contrées  de 
la  France  et  des  autres  pays. 

Ce  premier  Volume  est  consacré  à  Y  Anthropologie  et  le  second,  qui  est  en 
préparation,  le  sera  à  la  Démographie. 

Dans  une  première  section  du  présent  Volume,  l'auteur  étudie  les  ori- 


SÉANCE    DU    22    DÉCEMBRE    1902.  II 83 

ginesde  la  population  vosgienne  depuis  les  époques  préhistorique  et  histo- 
rique et  son  développement  jusqu'à  nos  jours.  Il  y  analyse  d'abord,  en 
s'appuyant  sur  les  travaux  des  anthropologistes  les  plus  réputés,  qu'il  ne 
craint  pas  de  soumettre  à  la  discussion,  les  probabilités  de  l'importance 
relative  des  races  qui  ont  les  premières  peuplé  nos  provinces  de  l'Est. 
Arrivant  à  Tépoque  où  l'histoire  commence  à  mieux  éclairer  son  tableau, 
après  avoir  mentionné  la  présence  des  Ligures  refoulés  un  peu  plus  tard 
par  les  Celtes,  l'apparition  des  différentes  tribus  désignées  en  bloc  sous  le 
nom  de  Gaulois,  il  cherche  à  apprécier  l'influence  de  l'occupation  romaine 
et  successivement  celle  des  barbares,  en  particulier,  l'invasion  germa- 
nique. Enfin,  il  signale  ce  qu'il  appelle  les  éléments  secondaires  de  la 
population,  c'est-à-dire  les  Juifs  (souvent  d'origine  germanique  ou  slave, 
convertis  au  judaïsme),  les  Anabaptistes,  qui  forment  un  petit  groupe  très 
distinct,  et  les  Tsiganes. 

Chemin  faisant,  il  donne  des  renseignements  intéressants  sur  l'échelon- 
nement des  classes,  le  culte,  les  croyances,  la  langue  des  différentes  races 
et  leurs  vicissitudes. 

Toute  celte  section  est  une  œuvre  d'érudition  sérieuse,  mais  ne  com- 
porte que  des  ébauches  de  statistique. 

La  seconde,  qualifiée  Anthropologie  synthétique  (la  première  avait  été 
désignée  sous  le  nom  d'Ethno génie  analytique),  comprend  quatre  Chapitres 
intitulés  :  Le  crâne  vosgien,  la  taille  dans  les  Vosges,  la  santé  et  la  maladie, 
enfin  les  dialectes  et  les  patois. 

La  statistique  v  joue  un  grand  rôle  et  si  l'auteur  a  eu  recours,  pour  le 
premier  et  le  dernier,  aux  recherches  de  spécialistes  éminents,  en  faisant 
preuve  encore  une  fois  de  la  plus  saine  et  la  plus  vaste  érudition  ;  pour  le 
deuxième  et  le  troisième,  il  a  dû  remonter  lui-même  aux  sources  souvent 
difficiles  à  découvrir,  soumettre  les  chiffres  qu'il  réunissait  à  une  critique 
sévère,  en  un  mot,  entreprendre  un  travail  à  la  fois  considérable  et  délicat 
qu'il  me  semble  avoir  accompli  avec  beaucoup  de  sagacité  et  de  succès. 

Les  nombreux  diagrammes  etcartogrammes  qui  condensent  et  éclairent 
à  la  fois  les  faits  exposés  dans  ce  Volume  en  rendent  la  lecture  plus  facile 
et  aussi  attachante  que  peut  l'être  un  travail  de  cette  nature.  Encore  une 
fois,  il  serait  à  souhaiter  que  l'on  eût  des  renseignements  aussi  précis, 
aussi  complets  sur  toutes  les  parties  de  la  France. 

Dans  ces  conditions  la  Commission  accorde  à  l'auteur  une  mention 
exceptionnellement    honorable,    en  l'engageant  à  représenter  au  même 


II 84  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

concours,   pour  une  autre  année,  son  Ouvrage,  quand  il  l'aura   complété 
par  la  publication  du  second  Volume. 

Exposition  universelle  de.  n^oo.  —  Rapport  du  Jury  international.  —  Colo- 
nisation, par  M.  Paul  Dislère,  Président  de  Section  au  Conseil  d'État. 
I  vol.  grand  format,  190  p^'ges;  plus  17  annexes,  dont  4  Cartes  et 
i3  Tableaux  statistiques. 

Rapport  de  M.  de  Freycinet. 

Ce  remarquable  travail  n'est  pas  le  résultat  d'une  enquête  personnelle, 
faite  en  vue  de  conclusions  déterminées.  C'est  plutôt  une  synthèse  de  ren- 
seignements, dont  les  uns  sont  déjà  livrés  au  public,  et  dont  les  autres  ont 
dû  être  communiqués  à  l'auteur  par  les  nombreux  personnages  avec  les- 
quels sa  mission  l'a  mis  en  contact.  Mais  cette  synthèse  n'en  présente  pas 
moins  un  haut  intérêt  à  raison  de  la  compétence  de  l'auteur,  ancien 
Directeur  au  Ministère  de  la  Marine  et  des  Colonies,  et  de  l'art  avec 
lequel  il  a  su  composer  un  tableau  saisissant,  quoique  en  raccourci,  du 
mouvement  colonial  pendant  le  xix^  siècle. 

Les  matières  examinées  dans  cette  revue  rapide  sont  choisies  avec 
beaucoup  de  discernement  et  suffisent  à  donner  une  idée  complète  du 
sujet.  Ce  sont  : 

Les  moyens  de  communication  soit  à  l'intérieur  des  colonies,  soit  entre 
elles  et  la  métropole; 

Le  régime  de  la  propriété,  la  main-d'œuvre,  Témigration; 

Les  compagnies  de  colonisation  ; 

L'instruction  à  ses  divers  degrés; 

Les  produits  agricoles,  les  denrées  coloniales,  l'élevage,  la  pêche;  les 
richesses  forestières  et  minérales  ; 

Le  régime  économique,  les  banques  et  autres  moyens  de  crédit; 

La  balance  commerciale  entre  les  colonies  et  la  métropole; 

Enfin,  le  régime  politique  qui  prévaut  selon  la  nature  des  colonies  et 
selon  le  gouvernement  métropolitain. 

Chacun  des  objets  est  accompagné  de  chiffres  empruntés  aux  meilleures 
sources  et  aux  documents  authentiques  les  plus  récents.  L'exposition,  qui  est 
un  modèle  de  clarté  et  de  sobriété,  emprunte  à  ces  chiffres  mêlés  au  texte 
un  caractère  de  rigueur  qui  impressionne  et  charme  l'esprit.  On  est  amené 


SÉANCE  DU  22  DÉCEMBRE  I902.  Il85 

à  des  comparaisons  entre  les  méthodes  des  différents  peuples  et  l'on  saisit 
sur  le  vif  la  part  du  génie  de  chacun  d'eux. 

On  ne  peut  s'empêcher  de  regretter,  en  terminant  cette  attachante  lec- 
ture, que  l'auteur  n'ait  pas  cru  devoir  en  faire  ressortir  lui-même  les 
enseignements.  Nul  n'était  en  meilleure  situation  que  lui  pour  déduire 
certaines  règles  utiles  à  connaître.  Sans  doute  son  titre  de  rapporteur 
international  l'a  gêné  pour  celte  sorte  d'appréciations.  On  doit  souhaiter 
qu'il  les  produise  dans  un  Ouvrage  plus  étendu,  où  il  aurait  toute  sa 
liberté. 

Nous  proposons  en  faveur  de  ce  Livre  une  mention  exceptionnellement 
honorable.  Nous  n'aurions  pas  hésité  à  réclamer  un  prix  si  la  Commission 
ne  s'était  pas  trouvé  en  présence  de  certains  travaux  rentrant  peut-être 
plus  directement  dans  le  cadre  des  prix  Montyon,  décernés  par  l'Aca- 
démie des  Sciences. 

Élude  sur  les  causes  de  la  dépopulation  rapide  d'Elbeuf.  —  L'œuvre  des  gouttes 

de  lait,  par  M.  le  D*"  Peyroux. 

Rapport  de  M.  A.  Picard. 

M.  le  D""  Peyroux,  médecin-major  du  74^  régiment  d'infanterie,  soumet 
au  jugement  de  l'Académie  des  Sciences,  pour  le  Concours  du  prix  Mon- 
tyon de  Statistique  (1902)  :  1°  une  brochure  intitulée  «  Etude  sur  les 
causes  delà  dépopulation  rapide  d'Elbeuf  pendant  ces  dix  dernières  années 
(1881-1900);  moyens  d'y  remédier  »  ;  2*^  un  manuscrit:  «  L'œuvre  des 
gouttes  de  lait;  étude  du  groupe  normand  (Elbeuf,  Fécamp,  Havre)  ». 
La  brochure  et  le  manuscrit  sont  présentés  sous  la  devise  «  Fais  ce  que 
dois;  advienne  que  pourra  ». 

1.  Étude  sur  les  causes  de  la  dépopulation  d'Elbeuf.  —  Depuis  1891 ,  sans 
qu'aucune  épidémie  se  soit  manifestée,  Elbeuf  a  perdu  2276  habitants.  Sa 
population  s'est  réduite  de  2i'-J26  à  i9o5o.  Le  nombre  annuel  des  décès 
(6i5)  dépasse  de  128  unités  celui  des  naissances  (487).  Comparée  à  la  na- 
talité générale  de  la  France,  celle  d'Elbeuf  est  sufdsante;  mais  la  mortalité 
a  un  caractère  tout  à  fait  excessif. 

M.  le  D''  Peyroux  a  recherché  les  causes  du  mal  et  les  moyens  d'y 
remédier. 

Bien  que  les  mort-nés  n'entrent  ni  dans  la  statistique  des  naissances,  ni 
dans  celle  des  décès,  il  signale  avant  tout  leur  proportion  exagérée  :   un 

G.  R.,  1902,  2«  Semestre.  (T.  CXXXV,  N"  25.)  ^^^ 


II 86  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

treizième  des  naissances.  Suivant  lui,  les  avortements  et  les  accouchements 
prématurés  sont  imputables,  d'abord  à  la  syphilis,  surtout  à  la  syphilis 
paternelle,  puis  à  l'alcoolisme  et  aux  traumatismes  industriels.  L'influence 
de  la  syphilis  et  de  l'alcoolisme  est  bien  connue;  aussi  l'auteur  n'insiste-t-il 
que  sur  les  accidents  dus  à  l'incbistrie.  Il  explique  comment  les  ren- 
trayeuses,  les  épinceteuses  et  les  débarreuses  employées  à  la  fabrication  du 
drap  sont  obligées  parfois  de  monter  des  pièces  très  lourdes  aux  ateliers 
des  étages  supérieurs,  dans  tous  les  cas  de  manier  ces  pièces  et  d'accom- 
plir ainsi  un  laideur  néfaste  pour  l'évolution  de  la  grossesse.  Il  montre 
encore  les  tisseuses  sur  métier  léger  contraintes  de  se  pencher  en  avant 
pour  passer  dans  les  mailles  de  la  laine  le  fil  qui  a  pu  s'en  échapper  et 
d'appuyer  à  cet  effet  l'abdomen  sur  la  barre  rigide  du  métier;  ces  ouvrières 
restent  d'ailleurs  debout  pendant  ii  heures  en  moyenne  par  jour. 

Passant  aux  décès,  M.  le  D*"  Peyroux  constate  que  la  mortalité  frappe 
les  enfiints  au-dessous  d'un  an  dans  une  proportion  inusitée:  298  pour  1000 
des  naissances,  au  lieu  de  la  normale  200;  236  pour  1000  des  décès,  au  lieu 
de  167.  Cette  mortalité  résulte,  pour  les  deux  tiers,  d'atteintes  de  diarrhée 
infantile.  L'alcoolisme  des  parents  prédispose  les  enfants  à  la  gastro-enté- 
rite, leur  imprime  une  faiblesse  congénitale  qui  les  met  hors  d'état  de 
résister.  Puis  vient  la  cause  déterminante,  qu'il  faut  chercher  dans  les 
conditions  de  leur  allaitement.  Ne  pouvant  nourrir  ni  faire  nourrir  au  sein, 
l'ouvrière  confie  le  nouveau-né,  soit  à  une  gardeuse  médiocre,  soit  même 
aux  frères  ou  sœurs,  sous  la  vague  surveillance  d'une  voisine,  et  le  fait 
nourrir  au  moyen  d'une  provision  de  lait  achetée  et  laissée  au  lo^is  le 
matin.  Ce  lait  est  le  plus  fréquemment  altéré  ou  souillé  de  microbes  pa- 
thogènes; les  ingestions,  faites  à  l'aide  d'un  biberon  à  tube,  sont  fatale- 
ment irrégulières,  souvent  trop  copieuses.  L'œuvre  philanthropique  des 
gouttes  de  lait  s'est  efforcée  de  prévenir  le  danger,  mais  sans  y  réussir,  car 
le  lait  stérilisé  qu'elle  fournit  ne  tarde  pas  à  être  pollué  ou  même  mélangé 
d'eau  au  domicile  des  éleveuses;  la  crèche  fondée  par  cette  œuvre  est, 
d'ailleurs,  insuffisante. 

L'élévation  de  la  mortalité  au-dessous  d'un  an  a  j^our  conséquence  né- 
cessaire la  réduction  de  la  mortalité  aux  autres  âges.  Du  reste,  la  situation 
naturelle  et  le  climat  d'Elbeiif  sont  particulièrement  favorables.  Néan- 
moins, des  efforts  doivent  être  tentés  pour  diminuer  les  décès  d'adolescents 
et  d'adultes.  Un  septième  de  ces  décès  provient  d'affections  des  voies 
respiratoires  et  un  autre  septième  de  la  tuberculose.  L'alcoolisme  et  la 
syphilis  préparent  un  excellent  terrain  de  culture  à  la  tuberculose,  que 


SÉANCE    DU    22    DÉCEMBRE     1902.  II 87 

provoquent  ensuite  Tinsalubrité  des  logements  ouvriers,  l'insuffisance  de 
la  nourriture  et  la  falsification  des  aliments. 

Toutes  les  déductions  de  M.  le  D*"  Peyroiix  sont  corroborées  par  des 
rapprochements  entre  les  statistiques  d'Elbeuf  et  celles  d'autres  villes, 
judicieusement  choisies. 

Il  propose  les  mesures  suivantes  : 

i*^  Favoriser  et  appuyer  la  ligue  antialcoolique  locale; 

2°  Créer  une  ligue  antisyphilitique; 

3°  Entourer  de  soins  particuliers  les  ouvrières  enceintes;  installer  des 
monte-charges  dans  les  usines  qui  n'en  seraient  pas  encore  pourvues; 
arrêter  le  travail  au  huitième  mois  de  la  grossesse  et  assurer  anx  futures 
mères  un  salaire  compensateur  qui  leur  permette  de  rester  chez  elles  pen- 
dant le  neuvième  mois; 

4°  Provoquer  l'institution  par  l'Etat  d'une  nouvelle  crèche  de  cin- 
quante lits,  avec  obligation  pour  les  mères  d'y  apporter  le  matin  leurs 
nouveau-nés,  si  elles  ne  justifient  d'une  garde  sérieuse; 

5°  Remettre,  lors  des  déclarations  de  naissances,  aux  déclarants  non 
ouvriers,  des  instructions  concernant  l'allaitement  et  l'élevage  du  nou- 
veau-né; 

6°  Poursuivre  la  répression  sévère  de  l'alcoolisme  des  parents; 

7"  Appliquer  rigoureusement  la  loi  Roussel  ; 

8°  Lutter  contre  l'encombrement  et  l'insalubrité  des  logements  ouvriers  ; 
subventionner  les  comités  locaux  des  habitations  à  bon  marché. 

2.  L'œiwre  des  gouttes  de  lait.  Étude  du  groupe  normand.  —  M.  le  D*"  Pey- 
roux,  qui  avait  effleuré  dans  sa  brochure  la  question  tie  l'œuvre  des  gouttes 
de  lait,  y  revient  spécialement  dans  son  Mémoire  manuscrit. 

En  principe,  il  reconnaît  le  but  généreux  et  rationnel  de  cette  œuvre, 
basée  sur  la  stérilisation  du  lait  animal  et  sur  la  modification  de  ce  lait, 
toujours  très  différent  du  lait  de  femme,  c'est-à-dire  sur  des  opérations 
propres  à  combattre  la  cause  principale  de  la  diarrhée  infantile. 

Mais,  contrairement  aux  assertions  des  médecins  qui  la  dirigent  dans 
plusieurs  villes,  il  la  considère  comme  inefficace  et  comme  vouée  en  fait  à 
l'impuissance. 

Des  statistiques  détaillées  et  minutieuses  l'ont  amené  aux  constatations 
que  voici,  pour  Elbeuf,  Fécamp  et  Le  Havre  : 

i**  Loin  de  diminuer  depuis  la  fondation  de  l'œuvre,  le  pourcentage  des 
décès  au-dessous  d'un  an  imputables  à  la 'diarrhée  par  rapporta  l'ensemble 


II 88  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

des  décès  dans  la  même  limite  d'âge,  celui  des  mêmes  décès  par  rapport  aux 
naissances,  enfin  celui  des  décès  de  loule  origine  au-dessous  d'un  an  par 
rapport  aux  décès  à  tout  âge,  se  sont  accrus,  sauf  une  légère  exception  à 
Fécamp  en  ce  qui  concerne  le  dernier  pourcentage; 

1^  Malgré  la  diminution  des  naissances  à  Elbeuf,  le  nombre  total  des 
décès  d'enfants  au-dessous  d'un  an  et  celui  des  cas  mortels  de  diarrhée 
ayant  frappé  ces  enfants  ont  augmenté. 

A  Fécamp,  où  les  naissances  sont  restées  à  peu  près  stationnaires,  il  y  a 
eu  légère  diminution  i\\\  nombre  total  des  décès  au-dessous  d'un  an,  mais 
augmentation  de  la  part  de  ces  décès  dus  à  la  diarrhée. 

Au  Havre,  où  les  naissances  ont  progressé,  il  s'est  produit  un  accroisse- 
ment plus  rapide  des  décès  au-Jessous  d'un  an  et  une  énorme  augmenta- 
tion de  la  part  imputable  à  la  gastro-entérile. 

L'inefficacité  de  l'œuvre  s'explique  sans  peine. 

C'est  le  plus  souvent  un  enfant  qui  vient  chercher  le  lait  à  l'office  de 
distribution.  Bien  des  fois,  il  cède  à  la  tentation  (Fy  goûter  en  cours  de 
route  et  de  combler  le  vide  par  de  l'eau  prise  à  la  borne-fontaine. 

Au  domicile,  le  lait  subit  un  transvasement  funeste. 

Le  biberon  à  simple  téterelle,  qui  seul  devrait  être  employé,  mais  qu'il 
faudrait  tenir  à  la  main,  est  remplacé  par  un  biberon  à  long  tube. 

En  déj)it  des  recommandations  du  médecin  de  la  goutte,  si  le  nourrisson 
pleure,  une  bouillie  indigeste  lui  est  administrée. 

La  malpropreté  des  parents  rend,  en  outre,  parfois  difficile  le  nettoyage 
des  flacons. 

A  tout  cela  s'ajoute  l'irrégularité  avec  laquelle  les  enfants  sont  présentés 
au  médecin  de  l'OEuvre. 

Rien  n'<\st  malheureusement  possible  contre  de  telles  pratiques. 

L'auteur-  conclut  donc  à  supprimer  les  gouttes  de  lait  qui  ont  été  inca- 
pables de  faire  le  bien  et  qui  sont  susceptibles  de  faire  le  mai,  en  inspirant 
une  fausse  confiance  et  en  détoiirnant  les  mères  de  nourrir  au  sein. 

Un  seul  parti  s'impose,  favoriser  l'alluitcment  mixte  et,  a  fortiori,  l'allai- 
tement maternel.  C'est  runique  solution  du  problème,  l'unique  sauvegarde 
du  nouveau-né. 

Les  sommes  dépensées  pour  l'achat  et  la  préparation  du  lait  pourraient 
être  consacrées  à  des  bons  de  viande  et  à  des  primes  aux  mères  dont  les 
bons  soins  seraient  constatés.  A  cet  égard,  Kouen  vient  de  donner  un 
exemple  remarquable  et  d'obtenir  des  résultats  merveilleux. 


SÉANCE    DU    22    DÉCEMBRE    1902.  I I 89 

Des  consultations  de  nourrissons  surveilleraient  l'allaitement  maternel .  Une 
fois  par  semaine,  la  mère  présenterait  son  enfant  au  médecin  et  lui  deman- 
derait, au  besoin,  conseil  pour  mener  à  bien  sa  noble  tâche. 

Les  questions  traitées  par  l'auteur  sont  de  celles  qui  intéressent  au  plus 
haut  jjoint  l'avenir  du  pays. 

Des  causes  multiples  et  diverses  ont  enrayé  l'accroissement  de  la  popu- 
lation française.  La  puissance  et  la  richesse  nationales  risquent  d'en  subir 
une  cruelle  atteinte.  A  défaut  d'augmentation  de  la  natalité,  il  faut  au  moins 
prolonger  par  tous  les  moyens  possibles  la  vie  moyenne.  C'est  presque  un 
devoir  sacré,  pour  quiconque  le  peut,  de  lutter  contre  les  causes  d'affai- 
blissement et  de  mort  prématurée,  notamment  contre  la  mortalité  infantile, 
dont  les  ravages  sont  si  redoutables  dans  certaines  villes. 

M.  le  D""  Pevroux  a  fait  œuvre  de  science  et  de  bien,  en  consacrant  son 
savoir  et  son  labeur  à  la  cause  patriotique  qui  laisse  encore  trop  d'indiffé- 
rents. 

Ses  Mémoires  sont  empreints  d'un  esprit  d'analyse,  d'une  habileté  d'ob- 
servation et  d'un  amour  de  la  vérité,  auxquels  on  ne  saurait  trop  rendre 
hommage. 

La  Commission  lui  accorde  une  mention  exceptionnellement  honorable. 

Contribution  à  L'étude  de  r alcoolisme  en  Normandie  ; 
par  M.  le  D^  Leroy. 

Rapport  de  M.  E.   Rouché. 

La  brochure  de  M.  le  D''  Raoul  Leroy  est  relative  à  V Étude  de  V alcoo- 
lisme en  Normandie  et  particulièrement  dans  le  département  de  l'Eure. 

Elle  débute  |)ar  un  avant-propos  fort  intéressant  sur  l'abus  de  l'eau- 
de-vie  et  des  diverses  boissons  alcooliques.  Contractées  d'abord  dans  les 
foires  et  les  marchés,  ces  habitudes  déj)lorables  ont  passé  du  cabaret  au 
sein  même  de  la  famille  où  elles  ont  pénétré  si  profondément  qu'on  peut 
affirmer  aujourd'hui  que  tout  Normand,  à  quelque  classe  de  la  Société 
qu'il  appartienne,  s'alcoolise  à  domicile. 

Cette  introduction  est  suivie  de  plusieurs  paragraphes  ayant  successive- 
ment pour  titres  : 

«  Le  développement  de  la  consommation  alcoolique  et  les  débits  de 
boissons  »  ; 


Iigo  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

«   L'alcool  et  le  cidre  ou  le  vin   »  ; 

«   L'alcool  et  la  population,  l'aliénation  et  la  criminalité   »  ; 

«   L'alcool  et  les  suicides  ou  les  morts  acciilenlelles   ». 

Les  assertions  contenues  dans  ces  divers  paragraphes  sont  confirmées 
par  de  nombreux  renseignements  numériques  et  surtout  par  des  Tableaux 
graphiques  exécutés  avec  grand  soin  et  remarquables  par  leur  clarté. 
Médecin  de  l'Asile  des  aliénés  d'Évreux,  M.  le  D'"  Leroy  a  été,  par  sa  situa- 
tion, à  même  de  voir  le  péril  alcoolique  dans  toute  son  étendue.  Il  a  con- 
signé dans  cet  Ouvrage  de  très  nombreux  documents  permettant  d'établir 
le  bilan  de  l'alcoolisme  dans  l'Eure  pendant  le  xix®  siècle.  INous  croyons, 
en  terminant  l'analyse  sommaire  de  son  excellent  travail,  devoir  citer  ses 
conclusions  :  «  L'alcoolisme  est  un  mal  qui  anéantit  les  forces  vives  d'une 
nation.  Il  tue  l'individu  et,  avant  de  le  tuer,  le  déprave  et  l'avilit.  En 
accroissant  par  la  voie  héréditaire  la  foule  des  faibles  esprits,  des  criminels 
et  des  aliénés,  le  poison  contribue,  pour  une  large  part,  à  la  déchéance  de 
la  race.  Ainsi,  perte  du  capital  humain  par  la  multiplication  des  morts 
prématurées,  perte  du  capital  intellectuel  par  l'accentuation  de  la  dégéné- 
rescence, tel  est  le  bilan  de  ce  fléau.  »  M.  Leroy  vient  de  signaler  le  danger 
qui  menace  un  pays  qui  lui  est  cher;  mais  il  espère  que  la  saine  raison  du 
Normand  saura  conjurer  ce  péril  redoutable. 

La  Commission  accorde  une  mention  au  travail  de  M.  Raoul  Leroy. 

Répartition  géographique  du  goitre  en  France.  Statistiques  de  V alcoolisme  ; 
par  M.  le  D'"  Mayet  (Lucien). 

Rapport  de  M.  Brouardel. 

M.  L.  Mayet,  interne  des  hôpitaux  à  Lyon,  adresse  à  l'Académie  : 

i**  Une  étude  sur  la  répartition  géographique  du  goitre  en  France. 

De  ce  travail,  dans  lequel  les  recherches  de  ses  prédécesseurs  ont  servi 
de  points  de  comparaison,  il  résulte  que  la  fréquence  du  goitre  semble 
avoir  notablement  diminué,  que  l'endémie  reste  assez  intense  dans  une 
série  d'îlots  situés  dans  les  Alpes,  les  Pyrénées,  le  plateau  Central,  le  Jura 
et  les  Vosges. 

Malheureusement  les  causes  de  cette  persistance  dans  les  régions  mon- 
tagneuses, et  de  leur  disparition  dans  les  autres  régions  restent  encore 
inconnues. 

2*^  Des  statistiques  de  l'alcoolisme  très  étudiées  dans  lesquelles  il  relève 


SÉANCE    DU    22    DÉCEMBRE    1902.  II91 

la  production  et  la  consommation  des  alcools  en  France,  la  forme  sous 
laquelle  ils  sont  ingérés,  la  répartition  géogrMphi]ue  depuis  1870,  le  nombre 
toujours  croissant  des  débits  de  boissons,  et,  dans  un  second  Mémoire,  il 
compare  l'alcoolisme  et  la  dépopulation,  ralcoolisme  et  la  tuberculose, 
l'alcoolisme  et  le  suicide. 

C'est  une  œuvre  très  consciencieuse,  donnant  des  indications  précieuses 
sur  les  questions  qui  passionnent  à  jusle  titre  les  personnes  qui  s'inté- 
ressent à  l'avenir  de  la  France. 

La  Commission  décerne  une  mention  à  son  auteur. 


Coup  d'œil  sur  l'état  sanitaire  du  pays  d'étangs  pendant  les  26  dernières 
années.  —  Mouvement  de  la  population  dans  [\o  communes  de  la  Bombes 
pendant  le  xix**  siècle,  par  M.  le  D*"  Passerat. 

Rapport  de  M.  A.  Picard. 

M.  le  D''  Passerat,  de  Bourg  (Ain),  présente,  pour  le  prix  Montyon  de 
Statistique  (concours  de  1902),  deux  brochures  extraites  des  «  Annales 
de  la  Société  d'émulation  de  l'Ain  »  et  intitulées  :  l'une,  «  Coup  d'œil  sur 
l'état  sanitaire  du  pavs  d'étangs  pendant  les  23  dernières  années  »  ;  l'autre, 
«  Mouvement  de  la  population  dans  4o  communes  de  la  Bombes  pendant 
le  xix^  siècle  ». 

Ces  deux  opuscules  ont  trait,  l'un  et  l'autre,  à  ^o  communes  rurales  de 
l'arrondissement  de  Trévoux,  dont  le  territoire  est  partiellement  recouvert 
d'étangs.  Le  second  ne  constitue,  en  quelque  sorte,  que  le  développement 
du  premier. 

Les  étangs  dombistes  sont,  on  le  sait,  des  réservoirs  artificiels  alterna- 
tivement remplis  d'eau,  puis  mis  à  sec  et  cultivés.  Des  drainages  super- 
ficiels en  assurent  l'assainissement  pendant  les  périodes  amassée  ai  d'eVo- 
lage.  Beaucoup  d'entre  eux  ont  disparu  au  cours  de  la  seconde  moitié  du 
xix*^  siècle. 

Après  avoir  constaté  que  l'état  sanitaire  de  la  Dombes  est  en  progrès 
depuis  25  ans,  que  tout  en  gardant  un  caractère  endémique  le  jjaludisme 
a  notablement  diminué  dans  la  région  et  que  les  accès  ont  pris  le  plus  sou- 
vent une  allure  bénigne,  M.  le  D^  Passerat  s'est  demandé  si  cette  amélio- 
ration devait  être  attribuée  à  la  disparition  progressive  des  étangs.  H  a 
entrepris  une  série  d'éludés  l-iborieuses  et  intéressantes,  non  seulement 
sur   l'évolution  et  la  distribution   du  paludisme   à   diverses    époques  du 


1192  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

XIX*  siècle,  mais  aussi  sur  la  démographie  de  la  Dombes  ;  naissances, 
décès,  immigration,  émifi^ralion,  mouvement  de  ia  population. 

Les  recherclies  de  l'auteur  l'ont  amené  aux  conclusions  suivantes  : 

i"  La  population  du  pnys  d'étangs  a  augmenté  d'une  façon  continue 
jusqu'en  i89r  ;  depuis,  elle  est  en  forte  décroissance. 

Très  considérable  quand  les  étangs  étaient  nombreux,  l'accroissement 
a  diminué  dès  qu'ont  été  entreprises  les  opérations  de  dessèchement,  puis 
a  fait  place  à  une  réduction  quand  ces  opérations  se  sont  étendues. 

Durant  la  jiremière  moitié  du  xix^  siècle,  l'accroissement  de  la  popu- 
lation dombiste  était  trois  fois  plus  forte  dans  les  communes  possédant 
beaucoup  d'étangs  que  dans  les  communes  qui  en  avaient  très  peu. 

La  diminution  actuelle  est  plus  marquée  dans  les  communes  ayant  peu 
d'étangs. 

2°  Le  nombre  des  naissances  en  Dombes  a  crû  du  commencement  au 
milieu  du  siècle.  Depuis,  la  natalité  est  en  décroissance. 

Exception  faite  de  la  première  décade,  le  nombre  des  naissances  a  tou- 
jours dépassé  celui  des  décès.  L'excédent  est  plus  accentué  dans  les  com- 
munes couvertes  d'étangs  que  dans  celles  qui  n'en  ont  presque  plus. 

3^  Alors  que  les  étangs  occupaient  une  vaste  superficie,  la  Dombes  béné- 
ficiait d'une  importante  immigration.  Le  fait  inverse  a  succédé  au  dessè- 
chement et,  de  1891  à  1901,  il  s'est  produit  une  énorme  émigration. 

4°  La  mortalité  dans  le  pays  dombiste  s'est  graduellement  abaissée 
depuis  le  commencement  du  xix®  siècle.  De  3,83  par  100  habitants  pen- 
dant les  trente  premières  années,  elle  s'est  réduite  à  2  en  i89i,età  i,52 
en  1901. 

En  même  temps,  l'âge  moyen  des  décédés  suivait  une  progression  con- 
tinue. De  25  ans  il  montait  à  34  pour  1892  et  à  4o  pour  l'année  1901. 

Ce  relèvement  est  indépendant  de  la  surface  desséchée.  Il  l'est  aussi  de 
la  proportion  entre  la  surface  en  eau  et  la  surface  totale  du  territoire  des 
diverses  communes. 

L'auteur  considère,  en  résumé,  l'amélioration  de  l'état  sanitaire  de  la 
Dombes  comme  dû  aux  changements  survenus  dans  la  nourriture,  le  vête- 
ment et  l'habitation,  ainsi  qu'à  la  multiplication  des  voies  de  transport  et 
à  la  diffusion  de  l'instruction. 

Suivant  lui,  les  résultats  de  ses  recherches  répondent  victorieusement 
aux  accusations  portées  contre  la  salubrité  du  pays  et  fournissent  une 
solide  défense  du  système  des  eaux  jadis  en  faveur. 

Au  premier  abord,  la  thèse  de  M.  le  D'"  Passerat  peut  paraître  quelque 


-SÉANCE    DU    22    DÉCEMBRE    1902.  I 193 

peu  paradoxale.  En  effet,  l'un  des  objets  principaux  du  dessèchement  de 
la  Dombes  a  été  de  combattre  le  paludisme,  et  le  résultat  semble  avoir  été 
atteint. 

Cependant  une  étude  pins  attentive  des  faits  ne  tarde  pas  à  montrer  que 
la  doctrine  de  l'auteur  s'ap[)uie  sur  des  bases  solides. 

Les  fièvres  paludéennes  se  sont  atténuées  ou  ont  même  entièrement  dis- 
paru, dans  nombre  de  régions  du  territoire  couvertes  d'étangs,  sans  que 
ces  étangs  aient  élé  desséchés.  Il  y  a  là  un  effet  général  des  modifications 
heureuses  apportées  au  régime  de  la  vie  :  les  progrès  réalisés  en  ce  qui 
concerne  l'habitation,  la  nourriture  et  le  vêtement  ont  constitué  la  meil- 
leure prophylaxie  contre  le  paludisme. 

D'autre  part,  le  dessèchement  de  la  Dombes  n'a  pas  porté  les  fruits 
qu'on  en  attendait,  au  jiointde  vue  de  la  fécondation  du  sol.  L'ancien  sys- 
tème d'évolages  et  d'assecs  périodiques  était  particulièrement  approprié  à 
la  terre,  dont  les  produits  ont  diminué  dej)uis  l'abandon  de  ce  système. 
En  présence  de  l'appauvrissement  manifeste  du  pays,  plusieurs  députés 
ont  dû  proposer  et  les  Chambres  ont  voté  des  dispositions  tendant  à  la 
remise,  au  moins  partielle,  en  eau  des  anciens  étangs. 

Ainsi,  l'amélioration  de  la  santé  publique  ne  saurait  être  comptée  avec 
certitude  à  l'actif  du  dessèchement,  et  l'opération  a  eu,  sans  aucun  doute, 
des  conséquences  fâcheuses  pour  le  rendement  du  sol. 

Les  longues  et  attentives  observations  de  M.  le  D'"  Passerat,  le  discer- 
nement dont  il  a  fait  preuve,  le  courage  avec  lequel  il  a  combattu  des  idées 
jadis  admises  comme  un  dogme,  sont  autant  de  litres  à  la  bienveillance  de 
l'Académie;  votre  Commission  lui  accorde  une  mention. 

La  Cécité  en  France.  —  Statistiques.  —  Répartition  géographique, 
par  M.  le  D^  Trousseau. 

Rapport  de  M.  Bhouardel. 

Ce  travail  est  très  intéressant.  M.  Trousseau  relève  qu'en  France  il  y 
a  8  aveugles  pour  loooo  habitants. 

Une  Carte  établit  leur  répartition.  Plus  de  20  dans  le  département  de  la 
Corse,  moins  de  4  dans  la  Gironde,  le  Puy-de-Dôme,  etc. 

Je  ne  j)uis  exposer  la  statistique  des  causes  si  nombreuses  qui  déter- 
minent la  cécité.  M.  Trousseau  les  résume  ainsi  : 

La  vue  est  menacée  : 

Chez  les  enfants,  par  la  conjonctivite  purulente; 

G.  R.,  1902,  2'  Semestre.  (T.  CXXW,  N°  25.)  l56 


11^4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES.    . 

Chez  les  adultes,  par  l'atrophie  des  nerfs  optiques; 

Chez  les  vieillards,  par  le  glaucome. 

M.  Trousseau  compare  ensuite  la  cécité  binoculaire  à  la  cécité  mono- 
culaire. Dans  cette  dernière,  les  traumatismes  comptent  pour  20  pour  100. 

M.  Trousseau  établit  la  fréquence  des  différentes  causes  dans  les  diverses 
régions  de  la  France,  puis  arrive  aux  conclusions,  c'est-à-dire  à  la  pré- 
vention. 

Il  estime  à  35  pour  100  le  chiffre  des  cécités  évitables. 

Il   signale   notamment  : 

i**  L'ophtalmie  purulente  des  nouveau-nés,  la  méthode  de  traitement 
de  Crédé  qui,  à  la  Maternité  de  Leipzig,  a  fait  tomber  le  chiffre  des 
ophtalmies  purulentes  de  10,  8  pour  100  à  |  pour  100  ; 

2°  La  conjonctivite  granuleuse; 

3°  Les  traumatismes,  etc. 

Pour  ces  différents  groupes,  le  médecin  et  l'administration  peuvent 
intervenir  utilement. 

La  Commission  décerne  une  mention  à  l'Ouvrage  de  M.  le  D''  Trousseau. 

De  r entraînement  et  de  ses  effets  chez  l'artilleur,  par  un  Anonyme. 
Rapport  de  M.  Laussedat. 

Le  Mémoire  manuscrit,  présenté  sous  ce  titre  au  Concours  pour  le  prix 
Montyon  (Statistique),  sans  nom  d'auteur  et  avec  la  devise  :  Primo  non 
nocere,  doit  être  considéré  comme  un  excellent  Rapport  de  Médecine 
militaire. 

L'auteur  a  procédé  à  toutes  les  mensurations  de  nature  à  faire  connaître 
les  effets  de  l'entraînement  dans  l'artillerie,  sur  un  contingent  de 
479  recrues,  d'abord  au  moment  de  l'incorporation  et  6  mois  après 
environ,  c'est-à-dire  à  la  fin  des  exercices  d'entraînement  et  avant  les  fortes 
chaleurs  qui  troublent  les  résultats. 

lia  examiné  séparément  les  trois  catégories  de  recrues,  dans  l'état  actuel 
de  la  loi  militaire  :  dispensés,  appelés  et  ajournés,  réparties  dans  ces  trois 
autres  :  peloton  d'instruction  composé  des  aspirants  au  grade  de  brigadier 
et  à  l'avancement  ultérieur,  des  conducteurs  ou  canonniers  à  cheval  et 
des  servants  à  pied. 

Il  a  constaté,  par  la  comparaison  et  la  discussion  de  ses  mensurations,  que 
l'entraînement  avait  été  généralement  favorable  aux  servants  à  pied  et  à 


SÉANCE    DU    22    DÉCEMBRE    1902.  I lyS 

cheval,  mais  beaucoup  moins  aux  aspirants  brigadiers  soumis  à  un  véri- 
table surmenage.  Il  a  aussi  donné  une  explication  des  différences  révélées 
principalement  par  la  balance,  avant  et  après  l'entraînement  pour  les 
diverses  catégories,  et  essayé  d'en  discuter  les  causes  en  tenant  compte 
des  origines  des  recrues,  c'est-à-dire  de  leurs  professions  et  des  climats 
différents  auxquels  elles  appartenaient.  Ces  différentes  recherches  et  les 
nombreux  Tableaux  numériques  que  renferme  le  Mémoire  ont  paru  à 
votre  Commission  mériter,  pour  l'auteur,  une  mention  dans  le  Concours 
pour  le  prix  Monlyon  de  Statistique. 

Les  conclusions  de  ces  divers  Rapports  ont  été  adoptées. 


CHIMIE. 


PRIX  JECRER. 

(Commissaires  :  MM.  Troost,  Armand  Gautier,  Moissan,  Ditte, 
Lemoine;  Haller,  rapporteur.) 

L'Académie,  sur  la  proposition  qui  lui  a  été  faite  à  l'unanimité  j)ar  la 
Section  de  Chimie,  décerne  cette  année  le  prix  Jecker  à  M.  Rosenstiehl. 

Rapport  sur  les  travaux  de  M.  Rosenstiehl,  par  M.  Haller. 

Bien  que  M.  A.  Rosenstiehl  ait  mis  son  savoir  au  service  de  l'Industrie 
pendant  la  période  la  plus  féconde  de  sa  carrière,  l'œuvre  purement 
scientifique  qu'il  a  produite  n'en  est  pas  moins  remarquable  tant  par  l'ori- 
ginalité qu'elle  revêt  que  parla  continuité  avec  laquelle  elle  a  été  pour- 
suivie. 

Il  n'est  pas  de  région  de  ce  vaste  domaine  de  la  Science  chimique  où 
M.  Rosenstiehl  n'ait  porté  ses  investigations  et  011  il  n'ait  montré  ses 
brillantes  qualités  d'esprit  ingénieux  et  d'observateur  sagace.  Mais  c'est 
surtout  la  Chimie  organique  qui  fut  l'objet  de  ses  nombreuses  recherches. 
Son  premier  Mémoire  date  de  1860  et  a  trait  à  la  préparation  des  dérivés 
acétylés  et  chlorés  de  l'hexachlorobenzène. 


II96  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

A  ce  Mémoire  succéda  un  travail  sur  le  noir  d'aniline,  travail  qui  fut 
continué  dans  la  suite  et  amena  l'auteur  à  élucider  cette  question  si 
complexe  et  si  discutée  de  la  formation  de  ce  noir  et  du  rôle  que  jouent  les 
quantités  infiniment  petites  de  certains  sels  métalliques  nécessaires  à  la 
production  delà  couleur. 

Des  recherches  d'un  autre  ordre,  recherches  d'une  portée  plus  étendue, 
et  non  moins  fécondes  en  résultats  théoriques  et  pratiques  que  celles  qui 
précèdent,  n'ont  pas  tardé  à  captiver  l'attention  de  M.  Rosenstiehl  et 
l'ont  conduit  à  ce  bel  ensemble  de  découvertes  dans  la  série  des  dérivés 
du  triphénylméthone,  découvertes  qu'il  couronna  par  une  théorie  aussi 
simple  que  séduisante  de  la  fonction  des  colorants  basiques  dont  lediphé- 
nylméthane  et  le  triphénylméthane  sont  les  carbures  fondamentaux. 
Reprenant  l'étude  de  la  toluidine,  il  commença  par  démontrer  que  ce 
composé  n'était  pas  un  corps  unique,  mais  que,  outre  la  toluidine  solide  ou 
paratoluidine,  elle  renfermait  un  isomère,  la  pseudo-toluidine  ou  ortho- 
toluidine  comme  on  l'appela  depuis.  Cette  découverte  l'amena  à  préparer 
un  grand  nombre  de  dérivés  de  cet  isomère  et  en  particulier  le  pseudo- 
ou  orthonitrotoluène  qu'il  isola  du  nitrotoluène  de  Deville  pour  le  diffé- 
rencier du  paranitrotoluène  deJaworsky. 

La  synthèse  de  la  parafuchsine,  celle  de  quelques  rosanilines  isomères 
ou  appartenant  à  d'autres  séries,  la  préparation  de  carbures  homologues 
du  diphényltolylméthane,  terminèrent  ses  premières  études  sur  ce  groupe 
important  de  dérivés  du  triphénylméthane. 

Il  les  reprit  quinze  ans  plus  tard  dans  l'unique  but  d'étayer  par  des 
expériences  et  des  synthèses  nouvelles  les  conceptions  qu'il  se  faisait  de  la 
constitution  et  de  la  fonction  des  colorants  basiques  dont  la  fuchsine  est  le 
type  fondamental,  conceptions  auxquelles  i\I.  de  Bœyer,  l'éminent  chi- 
miste de  Munich,  vient  de  se  rallier. 

Entre  temps,  M.  Rosenstiehl  avait  porté  son  attention  sur  les  matières 
colorantes  de  la  garance  et  déterminé  la  part  qui  revient  à  chacune  dans 
le  phénomène  de  la  teinture.  Ses  recherches  eurent  comme  conséquence 
l'étude  des  rapports  qui  existent  entre  la  pseudo-purpurine  et  la  purpurine, 
la  synthèse  de  la  purpurine,  celle  de  la  nitroalizarine  et  de  divers  autres 
dérivés  qui  se  rattachent  au  grou[)e  de  l'anthracène. 

Ses  nombreuses  études  sur  les  composés  azoïques  n'ont  pas  été  moins 
fertiles  en  résultats.  Sa  découverte  du  noir  phénylène,  celle  non  moins 
importante  des  multiples  dérivés  d'azoxyaminos,  qu'il  lit  en  collaboration 
avec  M.  Nœlting,  et  qui  devait  aboutir  à  la  série  des  couleurs  connues 


SÉANCE  DU  22  DÉCEMBRE  1902.  II97 

SOUS  le  nom  de  rouges  de  Saint-Denis,  les  généralisations  et  les  déductions 
auxquelles  ses  nouvelles  recherches  donnèrent  lien,  ont  montré  que  tous 
les  chapitres  de  la  Chimie  organique  lui  sont  familiers  et  qu'à  tous  ceux 
qu'il  a  abordés  M.  Rosenstiehl  a  réussi  à  apporter  sa  contribution  person- 
nelle. 

A  cette  longue  énumération  de  titres  il  nous  faudrait  encore  ajouter  ses 
travaux  sur  la  Chimie  minérale  et  sur  la  Chimie  j^hysique,  ses  recherches 
sur  la  vision  des  couleurs,  celles  plus  récentes  sur  la  solubilité  de  la  matière 
colorante  rouge  du  raisin,  sur  la  stérilité  et  les  conditions  de  fermentation 
du  jus  des  fruits,  et  l'ensemble  des  innovations  et  des  perfectionnements  de 
toute  nature  qu'il  a  introduits  dans  la  pratique  si  délicate  de  la  teinture  et 
de  l'impression. 

Aussi  votre  Commission  a-t-elle  jugé  à  l'unanimité  que  l'œuvre,  utile  et 
féconde  pour  la  Science,  poursuivie  pendant  plus  de  quarante  ans  par 
M.  Rosenstiehl,  méritait  une  des  plus  hautes  récompenses  dont  dispose 
l'Académie  et  elle  vous  propose  en  conséquence  de  lui  accorder  le  prix 
Jecker. 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées  par  l'Académie. 


MIi\ERALOGIE  ET  GEOLOGIE 


PRIX  FONTANNES. 

(Commissaires  :  MM.  Albert  Gaudry,  Marcel  Bertrand,  Zeiller, 
Michel  Lévy;  die  Lapparent,  rapporteur.) 

M.  DE  Grossouvre,  Ingénieur  en  chef  des  Mines  et  l'un  des  plus  actifs 
collaborateurs  du  Service  de  la  Carte  géologique  de  France,  vient 
d'achever  la  publication  d'un  magistral  Mémoire  sur  «  Les  Ammonites 
de  la  Craie  supérieure  ».  Cette  formation,  ([ui  a  couvert,  en  France,  de  si 
vastes  espaces,  s'y  fait  remarquer,  en  général,  par  l'uniformité  de  ses  ca- 
ractères, qui  rend  très  difficile  l'établissement  des  subdivisions  et  impose, 
plus  étroitement  qu'ailleurs,  le  judicieux  emploi  de  l'argument  paléonto- 


IigS  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

logique.  Mais  la  valeur  des  conclusions  qu'on  en  tire  dépend  beaucoup  du 
genre  d'animaux  fossiles  auquel  on  l'applique;  et  l'expérience  a  prouvé, 
d'une  part,  que  la  consiciéralion  des  faunes  dans  leur  ensemble  donnait 
des  résultats  beaucoup  moins  nets  que  les  comparaisons  basées  sur  un 
groupe  très  restreint  d'animaux,  d'autre  part  que  rien  n'égalait,  à  ce  point 
de  vue,  la  sûreté  des  informations  fournies  par  l'étude  de  l'évolution  des 
Ammonites. 

Malheureusement,  dans  la  craie  de  notre  pays,  les  restes  d'Ammonites 
sont  aussi  rares  que  mal  conservés,  et  l'on  a  pu  croire  longtemps  qu'à 
l'époque  de  la  craie  supérieure  ces  animaux,  relativement  abondants  en 
Westphalie,  en  Bohème,  en  Galicie,  au  Texas,  en  Inde,  avaient  évité  de 
fréquenter  les  mers  de  la  région  française.  C'est  un  des  mérites  de  M.  de 
Grossouvre  d'avoir  établi  par  de  patientes  recherches  qu'il  n'en  est  rien, 
et  qu'en  réalité  presque  tous  les  types  décrits  à  l'étranger  peuvent  être 
retrouvés  dans  nos  gisements. 

Après  avoir  démontré  que  la  craie  de  Villedieu  en  Touraine,  jusqu'alors 
considérée  comme  une  unité  homogène,  abritait  en  réalité  trois  zones  dis- 
tinctes d'Ammonites,  M.  de  Grossouvre  a  entrepris  une  étude  approfondie 
de  tous  les  gisements  crétacés  connus,  non  seulement  en  Europe,  mais 
aussi  en  Inde  et  en  Amérique.  Il  en  a  tiré,  d'abord,  les  éléments  d'une 
stratigraphie  systématique  de  la  craie  supérieure,  uniquement  fondée  sur 
les  zones  d'Ammonites,  ensuite  ceux  d'une  revision  paléonlologique  dé- 
taillée de  cette  famille  d'animaux.  Il  a  été  ainsi  conduit  à  créer  plusieurs 
genres  nouveaux,  dont  chacun  caractérise  une  époque,  ainsi  qu'un  certain 
nombre  d'espèces  et  de  variétés,  ces  distinctions  étant  fondées,  tant  sur 
le  mode  d'enroulement,  la  forme  extérieure  et  l'ornementation,  que  sur 
la  considération  si  délicate  de  l'allure  des  cloisons.  Trente-neuf  planches 
en  phototypie,  d'une  exécution  parfaite,  accompagnent  cette  description, 
qui  ne  comprend  pas  moins  de  255  pages  in-4"^. 

L'auteur  ne  s'en  est  pas  tenu  là,  et  son  Ouvrage  renferme,  sous  le  titre 
de  «  Essai  sur  l'histoire  de  la  Terre  »,  un  important  Chapitre  d'aperçus 
généraux,  où  se  révèlent  la  pleine  compétence  du  savant  ingénieur  et  sa 
remarquable  érudition  dans  tout  ce  qui  touche  à  la  succession  des  terrains 
stratifiés  sur  le  globe  entier. 

Le  travail  de  M.  de  Grossouvre  est  considérable;  on  peut  presque  dire 
qu'il  épuise  la  matière;  et  il  a  paru  à  la  Commission  que  l'œuvre,  romar- 
quableà  la  fois  sous  le  rapport  de  la  Paléontologie  pure  et  au  point  de  vue 
des  conclusions  qui  en  rejaillissent  sur  l'histoire  des  formations  sédimen- 


SÉANCE   DU    22   DÉCEMBRE    1902.  II 99 

taires,  réunissait  à  un  haut  degré  les  conditions  indiquées  par  les  termes 
delà  fondation  du  prix  Fontannes.  La  Commission  est  donc  d'avis  d'attri- 
buer cette  récompense  à  M.  de  Grossouvre. 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées  par  l'Académie. 


GEOGRAPHIE  PHYSIQUE 


PRIX  GAY. 

(Commissaires  :  MM.  Bouquet  de  la  Grye,  Bassot,  Laussedat, 
Grandidier;  de  Lapparent,  rapporteur.) 

La  magistrale  série  d'Ouvrages  publiéje  sous  les  auspices  du  Service 
géographique  de  l'Armée,  et  où  le  colonel  Berthaut  a  relracé  l'histoire  de 
la  Carte  de  France,  ainsi  que  celle  du  Corps  des  Ingénieurs  géographes, 
répond  entièrement  à  la  question  posée  en  vue  du  prix  Gay  pour  1902. 

En  effet,  il  n'est  pas  un  seul  des  progrès,  réalisés  au  xix*  siècle  dans 
l'étude  et  la  représentation  du  terrain,  qui  ne  soit  analysé  à  son  heure,  et 
même  étudié  dans  ses  plus  lointaines  origines,  au  cours  de  l'un  de  ces 
deux  Ouvrages,  où  le  grand  nombre  et  le  bon  choix  des  cartes  et  dessins 
ajoutent  encore  à  l'intérêt  du  texte. 

On  y  peut  suivre  tour  à  tour  les  divers  développements  de  la  Géodésie 
qui,  selon  l'expression  de  l'auteur,  s'est  créée  de  toutes  pièces  entre  les 
mains  des  Ingénieurs  géographes,  depuis  l'emploi  du  théodolite  et  du  cercle 
répétiteur  jusqu'à  l'application  courante  de  la  méthode  de  réitération  et 
aux  progrès  des  observations  à  grandes  distances,  si  brillamment  affirmés 
en  1879  parla  jonction  géodésique  de  l'Algérie  avec  l'Espagne. 

L'auteur  nous  fait  assister  à  l'éciosion  de  la  Topographie,  qui  au 
commencement  du  siècle  ne  disposait  encore  que  de  la  planchette  et  de 
l'alidade  à  pinnules,  tandis  qu'à  partir  de  1810  apparaissent  les  éclimètres 
et  les  boussoles  nivelantes,  sans  cesse  perfectionnés  par  nos  officiers 
jusqu'au  jour  où  l'alidade  et  la  règle  à  éclimètre  les  remplacent.  Enfin 
l'emploi  du  tachéomètre  vient  affranchir  de  la  mesure  préalable  d'une  base 


I200  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

l'appréciation  rapide  des  distances,  tandis  que  le  y^rocédé  du  filage  des 
courbes  imprime  une  j)récision  nouvelle  à  hi  représentation  du  terrain, 
encore  facilitée  par  l'application  des  méthodes  photographicpies. 

En  ce  qui  concerne  le  figuré  du  sol,  l'histoire  de  la  Carte  de  France 
enregistre,  à  partir  de  1802,  la  disparition  des  derniers  restes  de  la  perspec- 
tive cavalière  ;  la  première  application  systématique  des  courbes  de  niveau; 
l'établissement,  dû  au  colonel  Clerc,  entre  1809  et  181 1,  d'une  véritable 
méthode  pour  la  définition  géométrique  du  terrain;  les  longues  délibé- 
rations qui  ont  abouti  à  l'emploi  des  hachures,  avec  combinaison  des  deux 
modes  d'éclairage,  zénithal  et  oblique;  enfin  les  ressources  qu'offre  de  nos 
jours  l'emploi  simultané  des  courbes  de  niveau  et  des  teintes  estompées 
avec  la  représentation  en  plusieurs  couleurs  des  particularités  de  la  Carte. 

En  matière  de  Cartographie,  le  colonel  Berthaut  expose  les  progrès 
réalisés  par  la  gravure  sur  cuivre,  notamment  en  ce  qui  concerne  la 
conservation  des  planches-mères,  si  bien  ménagées  aujourd'hui  par  l'acié- 
rage et  la  reproduction  galvanoplastique;  le  perfectionnement  des  reports 
sur  pierre;  l'heureuse  invention  de  la  zincographie,  à  la  foissiéconomi(]ue 
et  si  favorable  à  la  manipulation  des  planches;  enfin  les  fticilitésque  l'em- 
ploi des  procédés  électriques  est  venu  donner  pour  la  correction  des 
cartes. 

Tout  cela  est  exposé  en  détail,  avec  documents  à  l'appui,  dans  les 
Ouvrages  du  colonel  Berthaut;  et  ce  n'est  pas  une  mince  satisfaction  d'y 
pouvoir  constater  quelle  part,  tout  à  fait  prépondérante,  revient  à  la 
France  dans  cette  série  de  conquêtes  de  l'Art  et  de  la  Science.  L'auteur  met 
bien  en  lumière  les  services  rendus,  au  milieu  de  difficultés  et  de  déboires 
de  toute  nature,  par  les  Ingénieurs  géographes,  dignes  successeurs  des 
Ingénieurs  des  camps  et  armées,  et  si  fertiles  en  ressources  devant  les 
exigences  à  chaque  instant  suscitées  par  les  guerres  du  Consulat  et  de 
l'Empire. 

Ajoutons  que,  par  le  seul  exposé  des  choses  accomplies,  cette  dernière 
partie  de  l'œuvre  du  colonel  Berthaut  est  bien  faite  pour  raviver,  chez 
les  hommes  de  science,  le  regret  de  la  mesure  désastreuse  par  laquelle,  en 
i832,  la  suppression  du  Corps  des  Ingénieurs  géographes  a  été  décidée.  Par 
là  notre  pays  a  perdu  la  grande  avance  que,  depuis  Cassini,  il  avait  prise 
sur  toutes  les  autres  nations  dans  cet  ordre  de  travaux. 

Du  moins  il  n'en  a  pas  perdu  la  tradition,  et  l'on  sait  que  le  Service 
géographique  de  l'armée  est  en  mesure  de  procéder  à  la  rapide  exécution 
d'une  Carte  de  détail,  qui  de  nouveau  ferait  honneur  à  la  France.  L'Aca- 


SÉANCE   DU   22    DÉCEMBRE    1902.  r20l 

demie  des  Sciences  a  déjà  marqué,  par  son  intervention  près  des  Pouvoirs 
publics,  l'intérêt  qu'elle  portait  à  cette  oeuvre  malheureusement  encore 
ajournée.  Elle  jugera  bon  d'affirmer  une  fois  de  plus  ses  sympathies,  en 
décernant  le  prix  Gay  au  colonel  Berthaut,  membre  distingué  du  Service 
dont  elle  a  prisa  tâche  de  seconder  les  efforts. 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées. 


BOTANIQUE. 


PRIX  DESMAZIERES. 

(Commissaires  :  MM.  Van  Tieghem,  Guignard,  Bonnier,  Prillieux; 

Bornet,  rapporteur.) 

M.  Roland  Thaxter,  professeur  de  Cryptogamie  à  l'Université  de  Har- 
vard, à  Cambridge,  Mass.,  Etats-Unis  d'Amérique,  était  encore  élève  au 
laboratoire  de  M.  W.-G.  Farlow,  lorsque,  sur  le  conseil  de  son  maître,  il 
prit  pour  sujet  d'étude  les  Champignons  parasites  des  insectes  en  Amé- 
rique. Un  premier  Mémoire  sur  les  Entomophthorées  des  États-Unis  parut 
en  1888  et  plaça  son  auteur  au  rang  des  meilleurs  observateurs.  Le  second 
Mémoire,  qui  est  consacré  aux  Laboulbéniacées,  fait  époque  dans  l'histoire 
de  la  Botanique. 

Quand  Montagne  et  Robin,  en  i855,  établirent  le  genre  Lahoulbenia 
pour  une  production  hétéroclite  découverte  5  ans  auparavant  par  Rouget, 
sur  les  antennes  et  les  élytres  de  divers  Coléoptères,  ils  ne  se  doutaient 
pas  que  ce  Champignon  était  le  premier  représentant  d'une  famille  des 
plus  extraordinaires  qui  a  pris  subitement,  entre  les  mains  habiles  de 
M.  Thaxter,  une  extension  imprévue. 

Comme  les  Laboulbéniacées  n'infligent  aux  insectes  sur  lesquels  elles 
vivent  aucune  de  ces  maladies  épidémiques  que  déterminent  d'autres 
Champignons,  les  Entomophlhorées,  par  exemple;  que  leur  habitat  et  leur 
dimension  exiguë  n'attiraient  pas  l'attention  des  botanistes,  leur  connais- 
sance a  progressé  lentement.  En  1878,  16  ans  après  la  publication  faite 
par  Robin,  Peyritsch,  dans  une  revue  d'ensemble  de  la  famille,  en  énu- 

C,  n.,  1902,  2»  Semestre.  (T.  CXXXV,  N»  25.)  1^7 


I202  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

mère  12  espèces;  16  ans  plus  tard  encore,  dans  une  revision  nouvelle, 
M.  Berlese  n'en  cite  que  i3.  Deux  espèces  seulement  avaient  été  ajou- 
tées à  ce  chiffre  lorsque,  en  iSgS,  parut  la  Monographie  des  Laboulbé- 
niacées.  Le  nombre  des  espèces  qui  y  sont  décrites  est  devenu  dix  fois 
plus  grand  et  celui  des  genres  a  passé  de  6  à  28.  Depuis  lors,  M.  Thaxter 
ayant  visité  les  collections  entomologiques  de  plusieurs  musées  d'Europe, 
et  notamment  celles  du  Jardin  des  Plantes  de  Paris,  a  commencé  l'énu- 
mération  des  espèces  nouvelles  qu'il  a  découvertes.  Elles  se  montent  à  289, 
dont  iSg  pour  le  seul  genre  Laboulbenia.  Le  chiffre  précédemment  acquis 
est  donc  presque  doublé.  17  genres  nouveaux  s'ajoutent  aux  28  déjà 
connus. 

Mais  cet  énorme  accroissement  du  nombre  des  espèces  n'est  pas  le  seul 
ni  le  principal  mérite  de  l'œuvre  de  M.  Thaxter.  Il  a  utilisé  ces  riches 
matériaux  pour  étudier,  sous  tous  les  aspects,  la  structure  et  la  biologie 
des  Laboulbéniacées.  En  parcourant  les  figures,  dessinées  par  l'auteur, 
qui  remplissent  les  26  planches  de  la  partie  de  la  Monographie  déjà 
publiée,  on  est  frappé  de  la  diversité  de  modifications  de  détail  que  pré- 
sente le  type  d'organisation  si  particulier  des  Laboulbéniacées.  Toutes,  en 
effet,  se  composent  d'un  réceptacle  bicellulaire  le  plus  souvent  fixé  à 
l'enveloppe  chitineuse  des  insectes  par  une  pointe  conique,  d'appendices 
filiformes  sur  lesquels  se  développent  les  anthéridies,  et  d'un  ou  plusieurs 
périlhèces  contenant  des  thèques.  Parce  dernier  caractère,  elles  se  placent 
parmi  les  Champignons  Ascomycètes.  Mais,  ainsi  que  H.  Rarsten  l'a 
indiqué  le  premier,  et  comme  le  démontre  M.  Thaxter,  ces  thèques  se 
développent  dans  des  conditions  qui  présentent  une  étroite  analogie  avec 
les  phénomènes  observés  chez  les  Algues  de  l'ordre  des  Floridées.  En  effet, 
leur  appareil  femelle,  très  dillérencié,  est  constitué  par  un  procarpe  formé 
de  trois  cellules  superposées  :  une  inférieure  carpogène,  une  médiane 
trichophorique,  une  supérieure  prolongée  en  trichogyne.  Celui-ci  peut 
être  simple  ou  ramifié,  rester  indivis  ou  se  cloisonner,  suivant  les  genres 
011  on  l'examine.  Les  anthérozoïdes,  immobiles,  se  fixent  sur  ce  tricho- 
gyne et  s'y  soudent.  Bientôt  après,  il  se  flétrit  et  disparaît.  Alors  la  cellule 
carpogène  commence  à  subir  une  série  de  divisions  ayant  pour  résultat  de 
donner  naissance  aux  cellules  ascogènes  dont  le  bourgeonnement  produit 
les  thèques.  La  corrélation  entre  la  disparition  du  trichogyne  et  les  modi- 
fications de  la  cellule  carpogène  est  constante,  comme  chez  les  Floridées. 
Le  mode  de  développement  du  périthèce  des  Laboulbéniacées  montre 
aussi  beaucoup  de  ressemblance  avec  celui  du  péricarpe  de  ces  Algues.  On 


SÉANCE    DU    22    DÉCEMBRE    I902.  I2o3 

ne  saurait  méconnaître  la  grande  importance  de  la  double  parenté  des 
Laboulbéniacées  avec  les  Floridées  et  les  Champignons  pour  la  solution 
des  problèmes  que  soulève  l'origine  des  divers  groupes  des  Thallophytes. 

Les  phénomènes  relatifs  à  la  production  des  anthéridies  et  des  anthéro- 
zoïdes, à  la  fécondation,  aux  états  successifs  de  la  formation  du  fruil  sont 
exposés  dans  le  texte  avec  une  grande  lucidité.  Ils  sont  en  outre  repré- 
sentés par  des  figures  très  claires  qui  laissent  peu  de  doute  sur  la  réalité 
de  la  reproduction  sexuelle  chez  ces  végétaux.  Toutefois,  la  difficulté  de 
se  procurer  une  quantité  suffisante  de  matériaux  favorables,  l'imperméa- 
bilité presque  absolue  de  la  membrane  des  cellules  aux  réactifs  colorants 
n'ont  pas  permis  à  l'auteur  de  suivre  les  noyaux  au  moment  de  la  fécon- 
dation, d'en  observer  les  modifications  et  de  compléter  la  démonstration 
jusqu'au  bout,  ainsi  qu'on  a  pu  le  faire  chez  les  Algues  rouges. 

La  morphologie  générale  et  le  développement  des  Laboulbéniacées, 
depuis  la  spore  jusqu'à  l'état  parfait,  n'ont  pas  été  étudiés  par  M.  Thaxter 
avec  moins  de  soin  que  la  rej)roduction.  Les  détails  qu'il  donne  sur  les 
variations  normales  des  espèces  et  sur  les  causes  qui  les  déterminent,  sur 
le  temps  nécessaire  pour  que  les  jeunes  individus  atteignent  leur  croissance, 
sur  les  limites  de  leur  existence  se  lisent  avec  beaucoup  d'intérêt.  Des 
Chapitres  sont  consacrés  à  la  distribution  géographique  des  Laboulbé- 
niacées, à  la  statistique  des  hôtes  sur  lesquels  elles  vivent,  à  l'énumération 
des  parasites  qu'elles  hébergent. 

Dans  la  partie  systématique  de  sa  Monographie,  M.  Thaxter  discute  la 
place  des  Laboulbéniacées  dans  la  classification  et  fait  connaître  les  raisons 
qui  l'ont  conduit  à  prendre  les  organes  mâles  comme  base  de  l'arrange- 
ment qu'il  adopte.  Suivent  la  morphologie  spéciale  et  la  description  des 
genres  et  des  espèces.  La  méthode,  l'ordre  et  la  clarté  avec  lesquels  ce 
travail  a  été  exécuté  font  de  la  Monographie  des  Laboulbéniacées  un 
Ouvrage  fondamental. 

Il  faut  ajouter  que  l'on  doit  à  M.  Thaxter  des  recherches  non  moins 
précieuses  sur  divers  Champignons  aquatiques  nouveaux,  mal  connus  ou 
critiques,  de  la  famille  des  Saprolégniées. 

Sous  le  nom  de  Myxobactériacées,  il  a  créé  une  curieuse  famille  de 
Schizomycètes  dont  les  cellules  bacillaires  ont  la  propriété  de  s'agréger  à 
la  manière  des  plasmodes  des  Myxomycètes  Acrasiés  et  de  produire  des 
colonies  plus  ou  moins  compliquées,  de  formes  définies,  terminées  par  des 
kystes  où  sont  contenus,  soit  des  bâtonnets  semblables  à  ceux  qui  consti- 
tuent la  niasse  végétative,  soit  des  spores.  La  similitude  de  formes  résul- 


I2o4  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

tant  d'un  même  processus  qui  existe  chez  les  colonies  de  deux  groupes  de 
plantes  dont  les  éléments  primaires,  myxamibes  et  bacilles,  sont  si  diffé- 
rents, est  aussi  intéressante  qu'instructive. 

Afin  de  manifester  la  haute  estime  en  laquelle  elle  tient  les  remarquables 
travaux  de  M.  Roland  Thaxter,  la  Commission  lui  décerne  le  prix  Des- 
mazières  pour  1902. 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées  par  l'Académie. 


PRIX  MONTAGNE. 

(Commissaires  ;  MM.  Van  Tieghem,  Bornet,  Guignard,  Bonnier,  Zeiller; 

Prillieux,  rapporteur.  ) 

M.  VuiLLEMiiv,  professeur  à  l'Université  de  Nancy,  a  présenté  à  l'Académie 
un  ensemble  considérable  de  travaux  publiés  par  lui  depuis  i  5  ans  sur  la 
Morphologie  et  la  Biologie  des  Champignons  des  types  les  plus  variés, 
depuis  les  Mucorinées  et  les  Entomophthorées  jusqu'aux  Pézizes. 

L'auteur  y  a  fait  preuve  des  plus  remarquables  qualités  d'observateur; 
familiarisé  avec  les  méthodes  les  plus  perfectionnées  de  la  Science  moderne, 
il  a  su  faire  croître  en  culture  pure  les  petits  êtres  dont  il  a  suivi  le  déve- 
loppement et  utiliser  les  meilleurs  procédés  de  coloration  pour  étudier  la 
structure  intime  des  noyaux  dont  il  a  observé,  dans  les  Entomophthorées, 
les  multiplications  et  les  fusions  successives,  si  remarquables  dans  la  for- 
mation des  Azygospores.  Fort  érudit  et  très  au  courant  des  opinions  diverses 
émises  sur  les  plus  hautes  questions  de  Biologie  végétale,  il  profite  toujours 
de  l'étude  des  faits  de  détail  qu'il  observe  pour  en  tirer  quelques  consé- 
quences se  rapportant  aux  grandes  questions  d'ordre  général  et  particu- 
lièrement à  celles  qui  touchent  à  la  sexualité  et  à  la  fécondation  dans  la 
classe  des  Champignons. 

Les  Mémoires  et  Notes  présentés  par  M.  Vuillemin  sont  trop  nombreux 
pour  qu'il  soit  possible  d'en  donner  ici  une  analyse,  même  sommaire. 

Un  nombre  important  de  ces  travaux  portent  sur  des  Champignons  qui 
sont  causes  de  maladies  de  plantes  :  tumeurs  de  la  Betterave,  maladie  des 
Peupliers,  chancres  des  Conifères,  etc.  En  étudiant  les  Champignons  arbo- 
ricoles, M.  Ynillemin  a  découvert  beaucoup  de  faits  nouveaux  et  fait  con- 
naître des  organismes  si  particuliers  qu'U  en  a  pu  faire  les  types  d'une 
famille  nouvelle,    celle   des  Hypostomacées.   Comme   à    son    ordinaire, 


SÉANCE    DU    2  2    DÉCEMBRE    1902.  I2o5 

M.  Vuillemin  a  étendu  ces  études  spéciales  à  des  considérations  générales 
en  abordant  la  discussion  des  conditions  relatives  du  parasitisme  et  de  la 
symbiose. 

Toutes  ces  recherches,  très  précises,  très  délicates  et  éclairées  par  un 
esprit  large  et  généralisateur,  ont  paru  à  votre  Section  de  Botanique  justi- 
fier l'attribution  du  prix  Montagne  à  M.  Vuillemin. 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées  par  l'Académie. 


ANATOMIE  ET  ZOOLOGIE. 


PRIX  SA  VIGNY. 

(Commissaires  :  MM.  Perrier,  Giard,  Chatin,  Delage,  Grandidier.) 

Le  prix  n'est  pas  décerné. 

PRIX  THORE. 

(Commissaires   :  MM.   Chatin,  Delage,  Perrier,  Bonnier; 
Giard,  rapporteur.) 

Sous  le  titre  :  Recherches  sur  la  biologie  et  Vanatomie  des  Phasmes, 
M.  R.  DE  SixÉTY  a  présenté  au  concours,  pour  le  prix  Thore,  un  beau 
Mémoire  (164  pages,  4  planches  doubles  et  une  excellente  planche  en 
photographie  d'après  des  préparations  microscopiques  de  cellules  géni- 
tales en  cinèses  maturatives).  Ce  travail  tient  plus  que  son  titre  ne  promet, 
car  l'auteur  y  a  publié  de  précieuses  données  sur  la  spermatogenèse  des 
principales  familles  d'Orthoptères.  Il  répond  aussi  d'une  façon  très  large 
au  programme  du  prix  Thore,  puisque,  à  côté  de  résultats  fort  importants 
obtenus  en  France  par  l'éducation  et  l'observation  en  captivité  de  Phas- 
mides  exotiques,  M.  de  SinéLy  nous  apporte  une  foule  de  faits  intéressants 
relatifs  à  des  Insectes  d'Europe  :  Bacillus  Rossii  et  gallicus,  LepLynia  atte- 
iiuala,  etc. 


l2o6  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

La  parthénogenèse  est  connue  depuis  quelques  années  déjà  chez  divers 
Orthoptères  et  particulièrement  chez  les  Bacillus.  On  avait  même  observé 
que  cette  parthénogenèse  est  généralement  thélytoke,  c'est-à-dire  que  les 
produits  nés  sans  fécondation  appartiennent  au  sexe  femelle.  M.  de  Sinéty 
est  allé  plus  loin.  Par  des  expériences  délicates  poursuivies  pendant 
3  années,  il  a  montré  que  chez  Leptynia  attenuata  le  spermatozoïde  est  le 
déterminant  du  sexe  mâle.  C'est  là  un  résultat  bien  surprenant  et  tout  à  fait 
opposé  à  ce  que  nous  connaissons  de  la  parthénogenèse  chez  les  Abeilles. 
Chez  les  Phasmides,  oii  les  mâles  sont  normalement  nombreux,  la  non- 
fécondation  entraîne  comme  conséquences  secondaires  une  réduction  de 
la  ponte  globale  et  un  abaissement  du  laux  des  éclosions. 

Dans  un  autre  ordre  d'idées,  M.  de  Sinéty  nous  signale  un  fait  biologique 
non  moins  inattendu  :  un  mélanisme  prononcé  peut  être  provoqué  chez 
Dixippus  morosus  par  le  séjour  à  l'obscurité.  On  sait  que,  en  général,  les 
animaux  élevés  à  l'abri  de  la  lumière  présentent,  au  contraire,  une  ten- 
dance plus  ou  moins  grande  à  la  disparition  des  pigments. 

Jusque  dans  ces  dernières  années  l'anatomie  interne  des  Phasmes  était 
peu  connue;  nos  espèces  indigènes,  par  leur  petite  taille,  se  prêtent  mal  à 
la  dissection,  et  l'étude  par  coupes  d'animaux  à  revêtement  chitineux  très 
épais  est  aussi  fort  difficile.  M.  de  Sinéty  ne  s'est  pas  laissé  décourager  par 
ces  obstacles  :  il  a  d'ailleurs  confirmé  les  résultats  qu'il  avait  obtenus  chez 
Bacillus  et  Leptynia  par  l'examen  d'espèces  exotiques  de  plus  grandes 
dimensions  et  nous  a  révélé  beaucoup  de  détails  curieux  sur  l'organisation 
de  ces  animaux. 

L'épithélium  du  jabot,  impropre  à  l'absorption,  sert  à  l'accumulation 
de  graisse  de  réserve.  Les  tubes  de  Malpighi  sont  de  deux  espèces  qui  se 
distinguent  l'une  de  l'autre  par  des  caractères  embryogéniques,  anato- 
miques  et  physiologiques.  Des  carbonates  calcaires  se  trouvent  parmi  les 
concrétions  d'une  espèce  de  tubes,  et  chez  les  femelles  seulement. 

Les  formations  massives  paires,  connues  sous  le  nom  de  ganglions  pha- 
ryngiens antérieures  et  décrites  par  les  auteurs  comme  des  centres  nerveux, 
sont  un  appareil  de  soutien  et  un  intermédiaire  d'innervation  pour  l'aorte, 
qui  se  termine,  comme  chez  les  Diptères,  par  une  sorte  de  lame  voûtée. 

Je  passe  sur  les  constatations  nouvelles  de  M.  de  Sinéty  relativement 
aux  membranes  trachéolaires  et  aux  organes  génitaux  pour  signaler  plus 
spécialement  les  conclusions  tout  à  fait  remarquables  que  lui  a  fournies 
l'étude  de  la  spermatogenèse  des  Orthoptères. 

Contrairement  aux  idées  admises  par  la  plupart  des  embryologistes,  les 


SÉANCE    DU    22    DÉCEMBRE    I902.  1207 

processus  des  divisions  réductrices  se  sont  montrés  de  tout  point  semblables 
à  ceux  que  Guignard  et  Strassburger  ont  décrits  pour  les  végétaux.  Il  n'y 
a  pas  de  division  réductionnelle  au  sens  de  Weismann,  mais  les  groupes 
quaternes  doivent  leur  origine  à  une  double  division  longitudinale  des 
chromosomes  dans  les  spermatocytes  de  premier  ordre.  L'insertion  des 
groupes  quaternes  sur  le  fuseau  achromatique  peut  affecter  plusieurs 
modalités  qui  dépendent  de  leur  forme  et  de  leur  longueur;  les  différences 
d'interprétation  qui  séparent  les  auteurs  tiennent  à  ce  qu'ils  ont  négligé  ce 
fait  fondamental.  Gallardo  a  déjà  insisté,  d'ailleurs,  sur  les  erreurs  qui 
résultent  de  la  tendance  de  beaucoup  de  cytologistes  à  ne  pas  cherchera 
construire  dans  l'espace  les  figures  cinétiques  que  le  microscope  leur  fournit 
en  projections. 

Enfin  M.  de  Sinéty  a  retrouvé,  dans  les  cellules  sexuelles  de  divers 
Orthoptères  (Acridiens,  Locustiens,  Grylloniens,  Phasmes),  le  chromosome 
spécial  découvert  par  Wallace  (1900)  chez  une  Araignée  et  par  Montgo- 
mery  (1901)  chez  de  nombreux  Hémiptères.  Il  a  démontré  que  chez  un 
Locnstien  (Orphania)  ce  chromosome  ne  se  divise  pas  à  la  première  cinèse 
sexuelle,  mais  passe  intégralement  dans  un  des  spermatocvtes  de  second 
ordre,  de  sorte  que,  sur  quatre  spermatides  formant  la  descendance  d'un 
spermatocyte,  deux  se  trouvent  privilégiés.  Il  en  résulte  que,  malgré  la 
forme  extérieure  en  apparence  identique,  il  y  a  chez  ces  animaux  des  sper- 
matozoïdes de  deux  espèces  ddférentes. 

La  découverte  de  M.  de  Sinéty  prend,  ce  nous  semble,  une  signification 
nouvelle,  si  on  la  rapproche  des  belles  recherches  toutes  récentes  de  Mewes 
et  si  l'on  songe  au  double  rôle  que  le  spermatozoïde  doit  jouer  dans  la 
fécondation  :  i**  comme  agent  cinétique  déterminant  la  division  de  l'œuf; 
2°  comme  élément  destiné  à  l'apport  des  plasmas  ancestraux.  N'est-il  pas 
permis  de  supposer  que  ce  double  rôle  peut,  dans  certains  cas,  par  division 
du  travail,  être  partagé  entre  des  éléments  spermatiques  de  constitution 
différente? 

Cette  rapide  énumération  des  résultats  d'ordres  si  divers  présentés  par 
M.  R.  DE  Sinéty  nous  paraît  suffisante  pour  justifier  la  proposition  que 
vous  fait  la  Commission  d'attribuer  le  prix  Thore  à  ce  jeune  zoologiste. 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées  par  l'Académie. 


2o8  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 


PRIX  VAILLANT. 


(Commissaires  :  MM.  Chatin,  Perrier,  Giard,  Delage,    Grandidier, 

de  Lapparent.) 

Le  prix  n'est  pas  décerné. 


MEDECINE  ET  CHIRURGIE. 


PRIX  MONTYON. 

(  Commissaires  :  MM.  Marey,  Guyon,  d'Arsonval,  Lannelongue,  Laveran, 
Roux,  Chauveau,  Brouardel;  Bouchard,  rapporteur.) 

La  Commission  accorde  les  trois  prix  Montyon  à  MM.  J.  Dejerlve, 
G. -H.  Roger  et  P.  Ravaut. 


Sémiologie  du  système  nerveux,  par  M,  J.  Dejerine. 

La  sémiologie  du  système  nerveux  que  M.  Dejerine  présente,  dans  un 
fort  Volume  de  700  pages,  est  une  œuvre  essentiellement  originale.  Un 
pareil  sujet  aurait  pu  n'être  qu'une  compilation  documentée;  il  a  été  traité 
par  l'auteur  avec  le  souci  non  seulement  d'être  complet,  mais  d'apporter 
partout  la  note  personnelle  qui  fixe  les  idées  au  milieu  des  opinions  par- 
fois contradictoires.  Cette  préoccupation  était  justifiée  par  la  complexité 
de  certaines  questions  que  l'auteur  devait  aborder  en  passant  en  revue  les 
diverses  manifestations  de  la  pathologie  du  système  nerveux. 

Le  plan  de  l'auteur  est  des  plus  simples  :  il  étudie  successivement  les 
£:rands  symptômes,  expression  de  la  perturbation  des  grandes  fonctions 
des  organes  de  la  vie  de  relation.  Tout  d'abord  les  troubles  de  l'intelligence 
et  du  langage,  dans  lesquels  la  plus  grande  place  est  faite  aux  diverses  formes 
d'aphasie,  sujet  des  plus  délicats  et  que  l'auteur  a  rendu  particulièrement 
clair  grâce  à   un  grand  nombre  d'observations  résumées;  les  troubles  de 


SÉANCE    DU    2  2    DÉCEMBRE    1902.  I 209 

l'écriture,  que  Dejerine  rend  solidaires  de  l'aphasie,  sont  l'objet  d'une 
description  spéciale. 

Un  long  Chapitre  est  consacré  aux  troubles  de  la  motilité,  dont  les  mani- 
festations diverses  sont  soigneusement  analysées  et  extériorisées  par  de 
nombreuses  photographies  qui  donnent  une  vie  intense  aux  descriptions 
théoriques.  C'est  d'ailleurs  la  caractéristique  de  l'Ouvrage  :  toutes  les  fois 
que  l'occasion  s'en  est  présentée,  l'auteur  a  joint  à  son  exposé  didactique 
une  photographie,  un  schéma,  un  dessin  tirés  de  ses  collections  person- 
nelles (3oo  figures)  et  qui  gravent  dans  l'esprit  du  lecteur  les  particularités 
des  troubles  pathologiques  relatés,  de  sorte  que  ce  Traité  de  sémiologie 
nerveuse  théorique,  qu'on  aurait  pu  croire  d'une  monotonie  et  d'une  ari- 
dité un  peu  rebutantes,  devient,  en  quelque  sorte,  une  œuvre  de  clinique 
animée. 

Enfin  la  sémiologie  des  troubles  de  la  sensibilité,  les  topographies  ner- 
veuses, radiculaires,  médullaires,  segmentaires,  la  sémiologie  des  troubles 
visuels  sont  étudiés,  dans  des  Chapitres  spéciaux,  avec  une  clarté  remar- 
quable et  une  originalité  de  vues  justifiée  par  les  travaux  personnels  de 
l'auteur  sur  ce  sujet,  ou  les  recherches  entreprises  sous  sa  direction. 

En  somme,  livre  de  vulgarisation  remarquable  par  la  clarté  de  l'expo- 
sition et  œuvre  scientifique  en  même  temps,  pleine  d'aperçus  nouveaux, 
intéressant  également  les  psychologues,  les  neurologues,  comme  les  méde- 
cins praticiens. 

L'Ouvrage  de  M.  Roger  sur  les  tnaladies  infectieuses  ne  constitue  pas 
un  Traité  didactique  de  ces  maladies  infectieuses.  C'est  une  étude  de  Patho- 
logie générale  dans  laquelle  l'auteur,  tout  en  exposant  avec  les  détails 
nécessaires  les  travaux  faits  par  les  autres,  a  essayé  de  mettre  en  évidence 
les  résultats  de  ses  recherches  personnelles. 

La  première  partie  du  Livre  est  consacrée  à  l'histoire  et  au  mode  d'ac- 
tion des  causes  pathogènes.  Nous  y  signalerons  des  expériences  sur  les 
modifications  et  l'abolition  des  fonctions  chromogènes  des  bactéries  sous 
l'influence  des  agents  physiques  et  chimiques,  et  surtout  des  recherches  sur 
l'influence  des  hautes  pressions  :  l'auteur  a  pu  établir  la  résistance  des 
microbes  à  des  pressions  atteignant  3oo'^^  par  centimètre  carré.  C'est  sur- 
tout à  mettre  en  évidence  l'action  exercée  par  les  causes  favorisant  l'infec- 
tion que  M.  Roger  s'est  attaché.  Au  moyen  de  dispositifs  spéciaux,  il  étudie 
le  rôle  du  surmenage,  des  émotions,  de  l'inhalation  des  gaz  délétères.  Puis 
il  aborde   l'histoire  des   infections  combinées  et  des  associations  micro- 

C.  R.,  1902,  2'  Semestre.  (T.  CXXXV,  N»  25.)  l58 


I2IO  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

biennes  :  il  démontre  que  deux  microbes  qui,  pris  isolément,  sont  inoffen- 
sifs pour  un  animal,  peuvent  provoquer  une  maladie  mortelle  quand  on  les 
inocule  simultanément.  Dans  cette  expérience,  reprise  et  confirmée  par 
un  grand  nombre  de  baclériologistes,  un  des  deux  microbes  sert  d'auxi- 
liaire à  l'autre,  et  il  agit  par  les  substances  solubles  qu'il  sécrète.  Poussant 
plus  loin  l'analyse,  l'auteur  établit  qu'il  s'agit  d'un  produit  qu'on  peut 
extraire  au  moyen  de  la  glycérine  et  précipiter  par  l'alcool;  il  se  différencie 
des  ferments  par  sa  résistance  â  la  chaleur. 

Passant  à  l'étude  des  moyens  de  protection  de  l'organisme,  M.  Roger  a 
reconnu  que  différents  organes  sont  capables  d'arrêter  et  de  détruire  les 
microbes.  Le  poumon  et  surtout  le  foie  jouent,  sous  ce  rapport,  un  rôle 
capital.  Des  doses  de  culture  charbonneuse  vingt  fois  supérieures  à  celles 
qui  sont  mortelles,  quand  l'injection  est  poussée  par  une  veine  périphé- 
phérique,  restent  sans  effet  quand  on  les  introduit  par  un  rameau  de  la 
veine  porte,  c'est-à-dire  quand  on  leur  fait  traverser  le  réseau  capillaire  du 
foie.  Cette  action  protectrice,  dévolue  à  la  glande  hépatique,  peut  être 
rapprochée  de  l'action  que  le  foie  exerce  sur  les  poisons.  Mais  il  est  à 
remarquer  que  les  poisons  bactériens  ne  sont  pas,  pour  la  plupart,  modifiés 
parle  foie.  C'est  sur  l'élément  vivant  que  la  glande  agit:  son  rôle  peut  être 
accru  ou  diminué  dans  une  foule  de  circonstances  mises  en  évidence  par 
l'auteur. 

Les  Chapitres  suivants,  consacrés  aux  réactions  de  l'organisme,  con- 
tiennent quelques  faits  nouveaux.  C'est  ainsi  que  M.  Roger  démontre 
expérimentalement  que  les  fausses  membranes  et  la  diphtérie  sont  dues 
non  au  bacille  vivant,  comme  on  l'avait  cru  jusqu'alors,  mais  à  ses  toxines. 
Dans  le  Chapitre  consacré  à  la  suppuration,  nous  trouvons  relatées  les 
premières  recherches  expérimentales  entreprises  sur  l'appendicite;  dans 
le  Chapitre  consacré  à  la  gangrène,  on  relève  une  étude  sur  la  gangrène 
des  paupières  et  la  mannite  gangreneuse,  deux  types  cliniques  qui  sont  net- 
tement différenciés  et  semblent  dus  à  des  microbes  découverts  par  l'auteur; 
dans  l'histoire  des  septicémies,  nous  citerons  une  septicémie  nouvelle  con- 
sécutive au  choléra.  Enfin  le  Chapitre  sur  les  infections  modulaires  ren- 
ferme l'histoire  d'une  pseudo-tuberculose  découverte  avec  M.  Charrin,  et  de 
nombreuses  expériences  sur  la  tuberculose  des  oiseaux,  expériences  qui 
tendent  à  prouver  que  la  tuberculose  des  gallinacés  est  identique  à  celle 
des  mammifères.  Cette  conclusion,  vivement  attaquée  à  l'époque  où  elle 
fut  émise,  est  généralement  acceptée  aujourd'hui. 

La  deuxième  partie  de  l'Ouvrage  comprend  une  étude  systématique  des 


SÉANCE    DU    22    DÉCEMBRE    19^2.  121 I 

modifications  que  l'infection  provoque  dans  les  divers  organes  ou  tissus. 
Avec  l'aide  de  ses  élèves,  l'auteur  étudie  successivement  la  moelle  osseuse, 
le  thymus,  la  glande  thyroïde,  le  poumon,  le  foie,  le  cœur.  Il  donne  les 
résultats  de  ses  recherches  sur  le  fonctionnement  de  ces  diverses  parties, 
sur  leur  structure  histologique  et,  ce  qui  n'avait  pas  encore  été  entrepris 
jusqu'alors,  sur  leur  constitution  chimique.  Il  a  pu  établir  ainsi  que,  dans 
les  infections  où  l'organisme  est  sidéré  par  les  toxines  microbiennes,  l'eau 
des  tissus  diminue,  tandis  que  la  graisse  augmente.  Quand  l'organisme 
réagit,  le  résultat  est  inverse.  Les  variations  dans  la  teneur  en  eau  per- 
mettent de  juger  très  exactement  de  l'état  fonctionnel  de  la  partie  qu'on 
étudie. 

Nous  signalerons  encore,  dans  le  même  ordre  d'idées,  des  recherches 
poursuivies  au  moyen  de  la  méthode  graphique  sur  le  fonctionnement  du 
cœur,  sur  la  pression  sanguine,  sur  la  contractilité  musculaire,  enfin  sur 
l'état  de  la  moelle  épinière.  M.  Roger  est  le  premier  qui  ait  réussi  à  pro- 
voquer, chez  les  animaux,  des  myélites  d'origine  infectieuse. 

Le  Livre  se  termine  par  des  considérations  sur  l'immunité  et  sur  la  thé- 
rapeutique des  infections.  Dans  cette  dernière  partie,  nous  trouvons  des 
recherches,  faites  pour  la  plupart  avec  M.  Charrin,  sur  lesmodi6cations  du 
sang  au  cours  ou  à  la  suite  des  maladies  infectieuses.  Les  expériences  pour- 
suivies sur  ce  sujet  établissent  que  les  microbes  se  développent  mal  dans 
le  sérum  des  animaux  vaccinés,  que  leurs  formes  sont  altérées,  leurs  fonc- 
tions troublées;  enfin,  au  lieu  de  nager  librement  dans  le  milieu  de  culture, 
les  microbes  se  réunissent  en  petits  amas  :  c'est  le  phénomène  de  l'agglu- 
tinement  dont  on  trouve  ici  la  première  mention  et  dont  l'étude  devait 
conduire,  plus  tard,  à  d'importantes  applications  pratiques. 

L'Ouvrage  de  M.  P.  Ravaut  Sur  le  Cytodiagnostic  des  èpanchements 
de  la  plèvre  porte  sur  quelques  caractères  analomiques  bien  étudiés  de  la 
plèvre  enflammée  sous  l'influence  de  causes  diverses  et  sur  les  caractères 
des  éléments  cellulaires  en  suspension  dans  le  liquide  épanché.  Les  faits 
signalés  par  l'auteur  sont  peu  nombreux,  mais  ils  sont  nouveaux  et  ont  une 
importance  considérable  pour  la  détermination  toujours  si  délicate  et  si 
difficile  de  la  nature  des  pleurésies.  Ces  faits  peuvent  être  ainsi  résumés  : 

Dans  les  pleurésies  tuberculeuses  primitives  ou  secondaires  séro-fibri- 
neuses  ou  purulentes,  toujours  la  plèvre  est  recouverte  d'une  néomem- 
brane. 

Cette  néomembrane  manque  dans  les  autres  pleurésies. 


1212  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

Les  pleurésies  à  néomembranes  (tuberculeuses)  ne  renferment  jamais 
de  lambeaux  d'endothélium  en  suspension  dans  leur  liquide. 

Dans  les  pleurésies  non  tuberculeuses,  on  trouve  au  contraire  ces  lam- 
beaux d'endothélium. 

Dans  les  pleurésies  tuberculeuses,  le  liquide  ne  renferme  que  des  leuco- 
cytes uninucléés. 

Dans  les  autres  pleurésies,  les  leucocytes  polynucléaires  prédominent. 

Des  mentions  ont  été  accordées  à  MM.  Comimenge,  Comby  et  Guillemoxat. 

Le  livre  de  M.  Commenge,  Sur  la  Prostitution  clandestine,  est  le  résumé 
des  observations  faites  par  l'auteur  pendant  les  longues  années  où  ses 
fonctions  sanitaires  lui  ont  permis  d'observer  les  effets  pernicieux  de  la 
prostitution  clandestine. 

Dans  une  étude  sur  l'état  de  santé  de  plus  de  12000  fdles  mineures  de 
12  à  20  ans  qui  se  livraient  à  la  prostitution,  il  a  rencontré  la  syphilis  dans 
près  des  deux  tiers  des  cas. 

Il  signale  la  prostitution  des  domestiques,  son  extension  extraordinaire 
et  les  dangers  qui  en  résultent  pour  la  famille  et  plus  particulièrement 
pour  les  jeunes  enfants. 

Il  termine  par  un  examen  comparatif  de  la  syphilis  dans  les  différentes 
armées  et  trouve  dans  les  enseignements  de  la  statistique  des  arguments 
en  faveur  de  la  réglementation  et  de  la  surveillance  de  la  prostitution. 

M.  CoMBY  a  publié  sur  les  maladies  des  enfants  des  Mémoires  très 
nombreux  et  des  Livres  très  importants,  tous  marqués  au  coin  d'une 
observation  fidèle  et  judicieuse,  et  d'une  lecture  très  instructive.  Il  est 
impossible  d'énumerer  tous  ces  travaux.  Ceux  qui  ont  paru  à  votîe 
Commission  présenter  un  plus  grand  caractère  d'originalité  ont  trait  à  la 
tuberculose  des  très  jeunes  enfants,  à  l'nricéaiie,  à  la  lithiase  rénale,  au 
rein  mobile,  au  scorbut,  aux  complications  péritonéales  de  la  vulvo- 
vaginile,  au  rachitisme. 

M.  Guillemoxat  a  fait  une  série  de  recherches  expérimentales  fort  inté- 
ressantes qui  portent  principalement  sur  les  détériorations  organiques  que 
les  maladies  maternelles  produisent  sur  l'entant  né  au  cours  de  ces  mala- 
dies; sur  son  poids,  sur  sa  taille,  sur  la  rapidité  de  sa  croissance,  sur  la 
composition  de  ses  humeurs,  sur  la  structure  de  ses   tissus  et  même  la 


SÉANCE    DU    22    DÉCEMBRE    1902.  121 3 

malformation  de  ses  organes.  Ces  études,  commencées  chez  les  enfants  de 
femmes  malades,  ontété  poursuivies  par  rexjDérimentation  chez  les  animaux. 

D'autres  Mémoires  ont  trait  à  la  physiologie  pathologique  de  la  grossesse. 
Des  citations  sont  accordées  à  MM.  E.  Bodix,  Y.  Griffon,  E.  Fourxier, 

C    GuÉRIX,  CaSSAËT. 

Les  conclusions  du  Rapport  sont  adoptées  par  l'Académie. 

PRIX  BARBIER. 

(Commissaires  :  MM.  Bouchard,  Guyon,  Lannelongue,  Guignard; 

Marey,  rapporteur.) 

Ce  prix  est  partagé  entre  MM.  Grimbert  et  Le  Dextu. 

Rapport  sur  les  travaux  de  M.  !..  Grimbert. 

M.  Lèox  Grimbert,  Abrégé  à  l'Ecole  supérieure  de  Pharmacie  de  Paris, 
a  publié,  dans  ces  dix  dernières  années,  une  série  d'excellents  travaux 
relatifs  à  la  Chimie  biologique  et  à  la  Bactériologie. 

Apres  avoir  déterminé  d'abord  certaines  propriétés  encore  mal  définies 
des  sucres  les  plus  importants,  il  a  été  amené  à  rechercher  les  transfor- 
mations que  ces  hydrates  de  carbone,  ainsi  que  d'autres  corps  de  même 
nature,  subissent  sous  l'action  fermentaire  des  microorganismes. 

En  étudiant  la  fermentation  anaérobie  produite  par  le  bacille  orthobuty- 
lique  et  ses  variations  sous  certaines  influences  biologiques,  il  a  montré, 
un  des  premiers,  que  la  durée  de  la  fermentation,  la  réaction  du  milieu, 
l'âge  et  l'éducation  de  la  semence  amènent  des  changements  profonds 
dans  le  rapport  et  la  nature  des  produits  formés.  Il  en  résulte  qu'il  est 
illusoire  de  vouloir  représenter  le  phénomène  par  une  formule  unicie  et 
simple. 

Une  conclusion  analogue  se  dégage  de  l'étude  des  produits  de  décompo- 
sition qui  prennent  naissance  par  l'action  du  pneuniobacille  de  Friedliinder 
sur  les  hydrates  de  carbone.  Les  nombreuses  recherches  tie  M.  Grimbert 
sur  ce  microbe  ont  eu  en  outre  pour  résultat  de  montrer  tout  le  parti  que 
l'on  peut  tirer  de  la  connaissance  des  fonctions  biologiques  d'une  bactérie 
pour  établir  la  notion  d'espèce  et  de  race.  Il  a  montré,  en  effet,  qu'il  existe 


i2t4  académie  des  sciences. 

diverses  variétés  du  pneumobacille  de  Friedlânder  morphologiquement 
semblal^les,  mais  se  différenciant  parla  nature  des  produits  auxquels  elles 
donnent  naissance.  Plus  tard,  en  s'appuyant  sur  le  même  ordre  de 
recherches,  il  est  arrivé  à  identifier  complètement  le  Bacillus  laclis  aerogenes 
avec  le  pneumobacille  de  Friedlânder. 

La  fermentation  du  tartrate  de  chaux,  déjà  étudiée  par  Pasteur,  a  fourni 
â  M.  Grimbert  l'occasion  d'isoler  une  bactérie  nouvelle,  le  Bacillus 
tartricus,  point  de  départ  d'une  série  d'observations  sur  la  biologie  de  la 
cellule  vivante.  Il  a  découvert  ainsi,  parmi  les  produits  des  fermentations 
provoquées  par  cet  organisme,  un  corps  que  l'on  était  loin  de  s'attendre  à 
rencontrera  cette  place,  l'acétylméthylcarbinol,  obtenu  seulement  jusqu'ici 
par  synthèse  au  moyen  des  méthodes  si  délicates  de  la  Chimie  organique. 

La  décomposition  des  nitrates  par  les  êtres  vivants  est  un  point  de 
Physiologie  générale  que  l'on  ne  peut  analyser  qu'en  s'adressant  à  des 
cellules  de  même  nature  et  pour  ainsi  dire  isolées.  Ces  conditions  se 
trouvent  réalisées  en  pratique  par  l'emploi  des  bactéries.  En  faisant  agir 
sur  le  nitrate  de  potasse,  soit  le  bacille  coli,  soit  le  bacille  d'Eberth, 
M.  Grimbert  a  montré,  le  premier,  qu'il  fallait  distinguer  deux  sortes  de 
ferments  dénitrifiants  :  les  uns,  ferments  directs,  attaquent  directement 
les  nitrates  en  mettant  leur  azote  en  liberté;  les  autres,  ferments  indirects, 
n'arrivent  à  ce  résultat  qu'en  présence  des  matériaux  amidés  contenus 
dans  les  milieux  de  culture. 

Parmi  les  autres  travaux  les  plus  intéressants  du  même  auteur,  nous 
remarquons  en  particulier  les  suivants  :  un  Mémoire,  devenu  classique, 
sur  la  recherche  du  bacille  typhique  en  présence  du  bacille  coli;  une  élude 
critique  sur  la  préparation  du  milieu  d'EIsner;  une  série  d'expériences 
sur  l'abolition  ou  la  persistance  de  certaines  fonctions  biologiques  chez  un 
coli-bacille  soumis  à  des  conditions  dysgénétiques;  une  étude  d'ensemble, 
très  documentée,  sur  les  sérums  thérapeutiques;  un  travail  très  remarqué 
dans  lequel  M,  Grimbert  a  jeté  les  bases  d'une  entente  entre  les  bactério- 
logistes pour  unifier  les  méthodes  de  culture  et  a  tracé  du  même  coup  le 
plan  d'une  marche  méthodique  pour  l'étude  des  fonctions  biochimiques  des 
bactéries,  marche  qui  commence  à  être  suivie  dans  les  laboratoires  en 
France  et  à  l'étranger. 

En  résumé,  par  leur  originalité  et  leur  précision,  comme  par  leurs  impor- 
tantes applications  en  Chimie  biologique,  en  Bactériologie  et  en  Hygiène, 
l'ensemble  des  travaux  de  M.  Grimbert  présente  un  haut  intérêt. 


SÉANCE    DU   22   DÉCEMBRE    iqo2.  I2l5 


Le  cancer  du  sein,  étude  clinique  statistique,  par  M.  Le  Dentu. 
Rapport  de  M.  Guyo\. 

Ce  travail  est  basé  sur  l'analyse  de  53  observations  de  cancer  du  sein 
opéré  par  ce  chirurgien.  Sur  l'ensemble  de  ces  53  cas,  la  survie  moyenne 
est  de  4  ans  4  mois  et  i5  jours;  il  y  a  26  cas  de  survie  au  delà  de  3  ans 
représentées  par  le  rapport  49»  o5  pour  100,  presque  5o  pour  100. 

36  opérées  sont  mortes,  elles  donnent  une  moyenne  de  survie  de  3  ans 
6  mois  et  i5  jours;  sur  les  17  opérées  vivantes,  10  ont  dépassé  3  ans 
de  survie;  les  chiffres  oscillent  de  4  à  i3  ans,  dans  3  cas  le  chiffre  de 
10  ans  a  été  dépassé;  sur  les  l'j  opérées,  3  seulement  ont  eu  des  récidives. 

M.  Le  Denlu  compare  sa  statistique  à  celles  des  chirurgiens  qui  ont 
préconisé  et  pratiqué  les  ablations  les  plus  larges,  et  discute  la  question 
des  conditions  qui  donnent  à  l'intervention  les  chances  les  plus  grandes 
de  succès. 

De  l'analyse  des  faits  il  résulte  que  les  grandes  interventions  tardives,  si 
loin  qu'elles  soient  conduites,  demeurent  sans  bon  résultat,  quand  elles 
ne  sont  pas  nuisibles;  la  démonstration  de  l'action  préservatrice  de  l'inter- 
vention précoce  est,  par  contre,  établie. 

Il  est  permis  d'espérer  qu'en  opérant  aussitôt  qu'il  a  été  possible  de 
poser  le  diagnostic,  les  succès  deviendront  plus  nombreux  encore,  et  que 
les  survies  prolongées  pourront  augmenter  de  nombre,  si  l'ablation  est 
largement  faite.  Cependant  M.  Le  Denlu  doute  de  la  nécessité  de  très 
grands  sacrifices  dans  les  cas  simples,  et  ne  croit  pas  que,  dans  les  cas 
compliqués,  la  lutte  à  outrance  offre  des  chances  réelles  de  succès. 

Pareille  élude  provenant  d'uîi  chirurgien  d'une  expérience  aussi  étendue, 
d'un  opérateur  très  confiant  dans  les  interventions  hardies,  a  un  grand 
intérêt.  A  l'heure  actuelle,  nous  ignorons  la  nature  du  cancer  et  nous 
n'avons  d'autre  ressource  sérieuse  que  son  enlèvement.  Le  cancer  du  sein 
est  de  ceux  sur  lesquels  nous  sommes  le  plus  souvent  appelés  à  agir  et 
pour  lequel  nous  pouvons  faire  un  diagnostic  précoce  et  des  ablations 
étendues.  L'élude  très  documentée  de  M.  Le  Dextu  aidera  à  déterminer 
la  voie  qui  peut  conduire  aux  guérisons  durables. 


I2l6  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 


PRIX  BREANT. 


(Commissaires  :  MM.  Guyon,  d'Arsonval,  Lannelongue,  Laveran, 
Marey;  Bouchard,  rapporteur.) 

M.  le  D""  Ed.  Imbeaux,  Ingénieur  des  Ponts  et  Chaussées,  directeur  du 
Service  municipal  de  Nancy,  envoie  deux  Volumes  sur  l'alimentation  en 
eau  et  l'assainissement  des  villes. 

Les  connaissances  techniques  de  M.  Imbeaux  lui  ont  permis  d'étudier 
les  problèmes  que  soulèvent  les  adductions  d'eaux  potables,  avec  une  com- 
pétence spéciale.  Il  a,  avec  une  patience  et  une  clarté  parfaites,  exposé  les 
procédés  d'adduction,  de  filtration  des  eaux;  ceux  d'épuration  des  eaux 
usées. 

C'est  un  Ouvrage  très  remarquable,  indispensable  à  tous  ceux  qui  s'oc- 
cupent de  ces  diverses  questions. 

Le  prix  Bréant  (arrérages)  est  décerné  à  M.  le  D'"  Ed.  Imbeaux. 


PRIX  GODARD. 

(Commissaires:  MM.  Guyon,  Lannelongue,  Bouchard,  Laveran,  Marey; 

Giard,  rapporteur.) 

M.  G.  LoisEL  a  présenté  à  l'Académie  plusieurs  Notes  et  Mémoires  rela- 
tifs à  l'histogenèse  et  à  la  physiologie  des  éléments  sexuels  mâles  chez  les 
Oiseaux. 

De  l'ensemble  de  ces  recherches,  poursuivies  pendant  quatre  ans  avec 
une  remarquable  ténacité,  l'auteur  a  dégagé  beaucoup  de  résultats  intéres- 
sants. Il  a,  en  outre,  formulé  des  conclusions  générales  dont  la  discussion 
ne  pourra  qu'être  utile  pour  élucider  les  questions  encore  si  obscures  de 
la  physiologie  des  produits  génitaux. 

D'après  M.  Loisel,  les  éléments  primordiaux  du  testicule  peuvent  être 
assimilés  à  des  cellules  glandulaires  non  seulement  au  point  de  vue  de 
leur  aspect  général  et  de  leur  mode  de  formation,  mais  aussi  en  raison  du 
rôle  qui  leur  est  dévolu  et  qui  consiste  en  une  élaboration  graisseuse  par- 
ticulière destinée  à  activer  le  métabolisme  des  plastides  génitales. 

En  outre,  la  poussée  rythmique  qui  se  manifeste  chaque  printemps  dans 


SÉANCE    DU    >2    DÉCEMBRE    T902.  T217 

la  glande  mâle  des  Oiseaux  présente  deux  périodes  et  deîix  ordres  de  phé- 
nomènes dont  M.  Loisel  a  montré  l'importance. 

A  côté  des  processus  morphologiques  très  complexes  qui  accompagnent 
la  formation  du  spermatozoïde,  dernier  terme  de  l'évolution  de  la  lie^née 
cellulaire  niàle,  on  observe  des  phénomènes  chimiques  sur  lesquels  on 
n'avait  jusqu'à  présent  que  des  données  fort  insuffisantes  et  qui  préparent 
la  cellule  sperma tique  à  l'acte  fondameutal  de  la  fécondation.  Peu  à  peu, 
privé  d'eau  par  l'action  qu'exercent  sur  lui  les  sécrétions  de  certains  élé- 
ments testiculaires  (cellules  interstitielles  et  cellules  de  Sertoli),  le  sper- 
matozoïde devient  apte  à  aller  chercher  l'œuf  et  à  pénétrer  dans  le  cyto- 
plasme ovulaire.  Puis,  retrouvant  dans  l'élément  femelle  le  suc  nucléaire 
et  le  protoplasme  qu'il  avait  perdus  en  se  formant,  il  entrera  en  cinèse  et 
pourra  terminer  le  cycle  évolutif  interrompu  par  sa  déshydratation  mo- 
mentanée. 

D'autre  part,  en  se  continuant  chez  l'adulte,  la  sécrétion  embryonnaire 
et  fœlale  du  testicule,  localisée  désormais  dans  les  cellules  de  Sertoli,  qui 
ne  sont  que  des  cellules  germinatives  hypertrophiées,  peut  être  homo- 
loguée aux  sécrétions  folliculaires  ou  vitellogènes  de  la  glande  génitale 
femelle. 

Cette  sécrétion,  en  effet,  exerce  une  action  trophique  sur  l'élément  mâle. 
Mais  cette  action  nourricière  est  accompagnée  de  faits  très  curieux  de 
chimiot^xie  positive  :  les  spermatozoïdes,  d'abord  orientés  de  toutes  façons 
dans  les  culs-de-sac  glandulaires,  se  réunissent  en  faisceaux  bien  coor- 
donnés au  sommet  de  chaque  cellule  de  Sertoli. 

Outre  ces  points  essentiels,  les  travaux  de  M.  Loisel  renferment  beau- 
coup de  faits  nouveaux  sur  la  spermatogenèse  des  Oiseaux;  ils  tendent  à 
établir  notamment  que  la  tête  du  spermatozoïde  pourrait  être  considérée 
comme  un  noyau  en  cinèse  arrêté  au  stade  synapsis. 

Sans  entrer  dans  le  détail  de  ces  phénomènes,  l'Académie  approuvera, 
pensons-nous,  l'opinion  de  la  Commission  du  prix  Godard,  qui  propose 
d'attribuer  ce  })rix  à  M.  G.  Loisel. 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées  par  l'Académie. 


C.  R.,    1902,  i«  Semestre.  {'V .  CXXW.  N»  25.)  '  ^Q 


I2l<S  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


PRIX  BELLION 


(Commissaires  :  MM.  BouciiarLl,  Laveran,  Marey,  Guyon,  Lannelongae; 

BroLiardel,  rapporteur. ) 

Le  prix  est  décerné  à  M.  le  D*'  Pikrre  Lereboullet,  pour  son  Livre  sur 
«  les  cirrhoses  du  foie  ». 

PRIX  MÈGE. 

(Commissaires  :  MM.  Bouchard,  Marey,  Guyon,  Laveran; 
Lannelongue,  rapporteur.) 

L'Académie  décerne  le  prix  Mège  (arrérages)  à  M.  le  D'' A.  Clerc,  pour 
son  étude  nouvelle  sur  quelques  ferments  solubles  du  sérum  sanguin. 


PRIX  LALLEMAND. 

(Commissaires  :  MM.  Bouchard,  Perrier,  Ranvier,  d'Arsoaval  ; 
Marey,  rapporteur.) 

Le  prix  est  partagé  entre  : 

jo  jyjiie  PoMPiLiAN,  doctcur  en  médecine. 

Les  travaux  les  plus  méritants  en  Physiologie  sont  ceux  qui  synthétisent 
les  faits  épars  et  les  expliquent  par  une  théorie  simple,  théorie  qui,  à  son 
tour,  permet  des  prévisions  que  l'expérience  confirme. 

A  ce  titre,  le  travail  de  M"^  Porapilian  se  recommande  d'une  façon  parti- 
culière. L'auteur  explique,  de  la  façon  la  plus  simple,  des  faits  en  appa- 
rence inconciliables  :  Pourquoi  une  petite  partie  de  substance  nerveuse 
séparée  du  reste  de  l'organe  central  pro  luit-elle  dans  les  muscles  qui  en 
dépendent  des  mouvements  spontanés  régulièrement  intermittents?  Pour- 
quoi des  excitations  de  fore  égale  tantôt  provoquent  des  mouvements  et 
tantôt  restent  sans  effet?  Pourquoi  des  excitations  faibles  successives  s'ajou- 
tent-elles parfois  pour  provoquer  une  contraction,  tandis  que,  d'autres 
fois,  elles  produisent  l'arrêt  d'une  contraction  qui  existe?  (C'est  ce  que 
Brown-Séquard  appelait  V inhibition.) 


SÉANCE    DU    2  2    DÉCEMBRE    1902.  1219 

Tous  ces  faits  qui  semblent  contradictoires  s'expliquent  fort  simplement 
par  une  théorie  où  l'on  n'admet,  pour  ainsi  dire,  rien  qui  ne  soit  démon- 
trable directement.  Elle  apparaît  clairement  et  s'impose  à  l'esprit  dès  que 
l'on  considère,  uon  plus  seulement  l'acte  musculaire  spontané  ou  provo- 
qué dans  les  muscles,  mais  l'état  des  cellules  nerveuses  qui  commandent  à 
ce  mouvement;  cellules  qui  sont  le  siège  de  deux  influences  contraires  : 
la  production  d'influx  nerveux  à  potentiel  croissant  et  la  décharge  spon- 
tanée ou  provoquée  des  cellules. 

Suivant  la  façon  dont  se  combinent  ces  deux  influences  de  sens  contraire, 
se  produisent  tous  les  phénomènes  observés  par  les  expérimentateurs. 

Des  Tableaux  graphiques  montrent  clairement  la  façon  dont  l'auteur 
conçoit  le  jeu  varié  de  la  production  et  de  la  dépense  d'agent  nerveux.  Les 
courbes  de  ces  phénomènes  physiologiques  concordent  de  tous  points 
avec  celles  qu'on  obtient  dans  certaines  expériences  de  Physique  sur  !a 
chaleur,  l'électricité,  la  force  mécanique. 

Celte  importante  étude  témoigne  d'un  esprit  pénétrant  et  d'une  grande 
puissance  de  travail;  votre  Commission  propose  d'accorder  à  ]VP^  Pom- 
piLiAX  une  part  du  prix  Lallemand. 

2"  M.  Hauser. 

Le  travail  de  M.  Hauser,  Etudes  sur  la  Syringomyélie,  comprend  trois 
parties  : 

Les  deux  premières,  consacrées  à  l'étude  des  troubles  de  la  sensibilité 
dans  la  Syringomyélie,  fournissent  à  l'auteur  de  discuter  quelques-uns  des 
plus  importants  problèmes  de  Physiologie  et  de  Pathologie  médullaire. 
C'est  ainsi  que,  étudiant  la  conduction  de  la  sensibilité,  il  critique  l'opinion 
de  Schifl  et  repousse  également  l'existence  d'un  faisceau  sensitif  croisé, 
admise  ti'une  façon  presque  générale.  Il  faut,  selon  lui,  en  revenir  aux 
idées  de  Vulpian  qu'il  développe  et  appuie  à  l'aide  d'une  série  d'arguments 
nouveaux. 

Dans  son  étude  de  la  répartition  topographique  de  l'anesthésie,  étude 
basée  sur  l'examen  de  nombreux  malades,  M.  Hauser  adopte  l'opinion  de 
Max  Laehr  et  de  Dejerine,  en  faveur  de  laquelle  il  apporte  de  nouvelles 
observations.  [I  combat  la  ihéorie  des  centres  sensitifs  de  Head  et  de  Bris- 
saud,  dans  une  discussion  serrée  et  convaincante,  et  montre  que  les  notions 
anatomiques  reçues  suffisent  adonner  la  clef  de  la  distribution  radiculaire 
de  l'anesthésie. 

La  dernière  partie,  consacrée  à  l'élude  microscopique,  essaie  de  dégager 


I220  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

les  caractères  fondamentaux  de  la  lésion  et  d'en  préciser  les  rapports  avec 
les  autres  cavités  médullaires.  C'est  là  encore  une  partie  très  originale  de 
son  travail  et  qui  repose  sur  plusieurs  autopsies. 

La  Commission  demande  qu'il  soit  accordé  à  M.  Hauser  une  part  du  prix 
Lallemand. 

L'Académie  adopte  les  conclusions  de  ces  Rapports. 


PRIX  DU  BARON  LARREY. 

(Commissaires  :  MM.  Guyon,  Lannelongue,  Bouchard,  Marey; 
Laveran,  rapporteur.) 

La  Commission  décerne  le  prix  Larrey  à  M.  le  D"^  Triaire,  ancien 
médecin  de  l'armée,  pour  son  Ouvrage  intitulé  :  «  Dominique  Larrey  et 
les  campagnes  de  la  Révolution  et  de  l'Empire  ». 

Pour  la  rédaction  de  cet  Ouvrage  l'auteur  a  eu  à  sa  disposition  un  grand 
nombre  de  documents  inédits,  ce  qui  lui  a  permis  de  donner  une  biographie 
très  complète  et  très  précise  de  l'illustre  chirurgien  du  premier  Empire. 
La  tâche  n'était  pas  aisée  car  D.  Larrey  a  pris  part  à  toutes  les  guerres  de 
la  Révolution  et  de  l'Empire  et  son  biographe  a  dû  le  suivre  sur  tous  les 
champs  de  bataille,  en  Egypte,  en  Allemagne,  en  Espagne,  en  Russie. 
Ajoutons  que  chez  D.  Larrey  le  chirurgien  militaire  ne  faisait  pas  tort  à 
l'homme  de  science  et  que  son  œuvre  scientifique  est  considérable. 

M.  Triaire  a  retracé  avec  beaucoup  de  bonheur  les  nombreuses  péripéties 
de  la  carrière  de  D.  Larrey  et  il  a  réussi  a  faire  revivre  pour  ses  lecteurs 
cette  grande  et  noble  figure. 

En  donnant  le  prix  Larrey  à  M.  Triaire,  votre  Commission  à  été  heu- 
reuse de  récompenser  à  la  fois  un  auteur  de  grand  mérite  et  une  œuvre 
consacrée  à  la  glorification  du  père  de  notre  regretté  Confrère,  le  fonda- 
teur de  ce  prix. 

Une  mention  très  honorable  est  accordée  à  M,  le  D^'  Romary,  pour  son 
travail  intitulé  :  «.  Une  colonne  au  Sahara  ». 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées  par  l'Académie. 


SÉANCE    DU    11    DÉCEMBRE     1902.  I22I 


PHYSIOLOGIE 


PRIX  MONTYON  (PHYSIOLOGIE  EXPERIMENTALE). 

(Commissaires  :  MM.  d'Arsonval,  Bouchard,  Chauveaii,  Delage,  Bouvier; 

Marey,  rapporteur.) 

Le  prix  n'est  pas  décerné. 


PRIX  PHILIPEAUX. 

(Commissaires  :  MM.  Marey,  d'Arsonval,  Chauveau,  Bouchard; 
Perrier,  rapporteur.  ) 

Le  prix  Phih'peaux  est  décerné  à  M.  Pierre  Box.vier,  pour  ses  deux 
Ouvrages  :  l'Orientation  et  le  Sens  de  V altitude. 

Dans  le  premier,  l'auteur  distingue  l'orientation  de  !a  localisation  et  les 
rapports  que  ces  deux  notions  affectent  entre  elles;  l'orientation  définit 
non  le  lieu  de  chaque  chose  dans  l'espace,  mais  la  direction  dans  laquelle 
se  présente  ce  lieu  par  rapport  à  nous.  M.  Bonnier  passe  ensuite  à  la  défi- 
nition de  la  notion  d'espace.  Le  but  de  toute  cette  élude  est  de  montrer 
que  nous  ne  connaissons  pas  le  quelque  chose  sans  le  quelque  part,  et  que  la 
faculté  d'orientation  est  la  propriété  fondamentale  de  toute  noire  senso- 
rialité  et  de  notre  intellectualité.  Sous  la  dénomination  CC orientation  sub- 
jective ?,on\.  étudiés  le  sens  des  attitudes  et  celui  des  altitudes.  Le  sens  des 
altitudes  définit  le  lieu  de  chaque  partie  de  nous-mêmes  et  nous  permet, 
sous  la  forme  segmentaire,  de  savoir  à  tout  instant  localiser  une  partie 
de  nous-même  par  rapport  à  toutes  les  autres.  Cette  faculté  est  une 
aptitude  primordiale  de  la  taclilité  qui  localise  en  même  temps  qu'elle 
analyse.  Le  sens  des  attitudes  segmentaires  ne  doit  pas  être  confondu 
avec  le  sens  dit  musculaire. 

Le  sens  de  l'attitude  totale  est  étudié  dans  un  examen  comparatif  du  fonc- 
tionnement des  organes  marginaux  des  Méduses, de  l'organe  central  des 
Turbellariés  et  des  CténoplK)res,  des  appareils  otocystiques  en  général,  des 
organes  latéraux  des  Amphibiens  et  des  Poissons,  et  des  divers  appareils 
lahyrinthiques  des  Céphalopodes  et  des  Vertébrés. 


1222  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

M.  Bonnier  examine  ensuileles  rapports  de  l'orientation  subjective  avec 
la  motricité  (coordinatior),  appropriation  et  destination  motrices)  et  la 
sensibilité  (orientation  tactiie,  visuelle,  auditive;  notions  stéréogno- 
stiques).  Il  cherche  à  expliquer  l'orientation  lointaine  des  animaux  migra- 
teurs et  autres. 

Il  montre  enfin  comment  de  toutes  ces  conditions  se  dégagent  les  notions 
d'espace,  de  forme,  d'étendue,  de  dimension,  de  distance,  de  mouvement, 
de  force,  de  temps,  d'objectivité  et  de  subjectivité,  de  personnalité,  d'iden- 
tité, de  concret  et  d'abstrait.  ' 

Cet  Ouvrage  résume  en  outre  un  certain  nombre  de  vues  indiquées  dans 
des  Livres  antérieurs  sur  le  Vertige,  V Oreille,  le  Tube  labyrinthiqiie,  etc. 

Dans  le  Sens  de  l'altitude,  M.  Bonnier  recherche  la  valeur  statographique 
de  l'oreille,  au  cours  li'une  ascension. 

L'oreille  est,  dans  son  dispositif  comme  dans  son  fonctionnement,  abso- 
lument comparable  aux  baromètres  enregistreurs  et  fonctionne  comme  le 
statoscope.  Elle  est  d'une  grande  sensibilité  que  l'auteur  a  mesurée  à  dif- 
férentes altitudes  jusqu'à  [\\oç>^. 

L'aptitude  statographique  de  l'oreille,  peu  exploitée  par  l'homme  et  les 
animaux  qui  se  déplacent  dans  le  sens  horizontal,  doit  être  très  développée 
chez  les  animaux  qui,  par  leurs  déplacements  dans  le  sens  vertical,  ont  à 
subir  de  fortes  variations  de  pression,  comme  les  Poissons,  les  Oiseaux,  et 
surtout  les  Amphibies,  qui  ont  à  s'équilibrer  instantanément  avec  de 
grandes  variations  de  pression,  en  passant  d'un  milieu  liquide  à  un  milieu 
aérien  et  inversement. 

L'ensemble  du  travail  de  M.  Eonmier  coordonne  et  éclaire  les  notions 
que  nous  possédons  sur  une  des  questions  les  plus  obscures  de  la  Physio- 
logie ;  il  a  semblé  à  votre  Commission  qu'un  tel  résultat  méritait  l'attribu- 
tion du  prix  Philipeaux  à  ce  travail. 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées  par  l'Académie. 


PRIX  SERRES. 

(Commissaires  :  MM.  Giard,  Delage,  Ranvier,  Chatin; 
Perrier,  rapporteur.) 

La  Commission  du  prix  Serres  a  décerné  la  totalité  de  ce  prix  à  M.  Paul 
Marchal,  pour  ses  Recherches  sur  le  développement  des   Hyménoptères 


SÉANCE  DU  22  DÉCEMBRE  1902.  122.3 

parasites,  auxquelles  il  a  joint,  [)Our  le  concours,  un  Mémoire  sur  les  Céci- 
domyies  des  céréales  et  leurs  parasites.  Quelque  intéressant  que  soit  ce  der- 
nier travail,  nous  le  laissons  de  côté  dans  cette  analyse,  les  découvertes 
de  M.  Marchai  sur  le  développement  des  Hyménoptères  parasites  suffisanf 
à  elles  seules  pour  justifier  la  haute  récompense  que  la  Commission  propose 
de  lui  attribuer  dans  son  intégralité,  malgré  la  valeur  des  travaux  impor- 
tants présentés  par  ses  concurrents.  Le  nombre  des  parasites  étudiés  n'est 
pas  à  la  vérité  très  considérable,  mais  chaque  forme  a  donné  lieu  à  des 
constatations  d'un  intérêt  général  considérable,  faites  dans  des  condi- 
tions particulièrement  difficiles  en  raison  de  l'extrême  petitesse  des  para- 
sites, qui  comptent  parmi  les  plus  minuscules  insectes,  et  de  celle  de  leurs 
hôtes;  les  Hyménoptères  qui  ont  fait  l'objet  des  études  de  M.  Marchai 
appartiennent  aux  familles  des  Proctotrupides  (^Synopeas,  Tricliacis,  Poly- 
gnolus)  ei  des  Chalcidiens  (£'/îqyr/M^).  Les  premiers  déposent  leurs  œufs 
dans  les  œufs  ou  les  jeunes  larves  des  Cécidomyies,  petites  mouches  para- 
sites des  végétaux  et  dont  les  larves  vivent  dans  des  galles;  les  secondes 
pondent  dans  les  œufs  de  petits  papillons  du  genre  Hyponomeuta  dont  les 
chenilles  mangent,  suivant  leurs  espèces,  les  feuilles  des  pommiers,  des 
pruniers,  des  fusains  et  autres  plantes. 

Le  Synopeas  j'hanis  pond  dans  les  très  jeunes  larves  de  la  Cecidomyia 
(Perrisia)  ulmariœ,  avant  que  ces  larves  ne  soient  encore  entourées  de 
leurs  galles  qui  se  développent  sur  les  feuillesde  la  Rei ne-des-prés  (5/?ïrce<z 
ulmaria).  L'œuf,  au  moment  de  la  ponte,  est  entouré  d'un  follicule  qui  ne 
tarde  pas  à  disparaître;  il  contient  comme  d'habitude  une  vésicule  germi- 
native  qui  se  divise  bientôt  en  deux  noyaux.  Ces  deux  noyaux  s'éloi- 
gnent l'un  de  l'autre,  puis  se  divisent  à  leur  tour  chacun  en  deux  autr-es. 
Les  quatre  noyaux  ainsi  formés  auront  un  sort  bien  différent.  On  ne 
tarde  pas  à  distinguer  autour  de  l'un  d'eux  une  sphère  protoplasniique 
claire,  isolée  dans  une  sorte  d'alvéole  creusée  dans  le  corps  vitellin 
de  l'œuf,  tandis  que  les  trois  autres  noyaux  demeurent  plongés  dans  la 
masse  granuleuse  commune.  Le  premier  noyau  servira  seul  à  former 
l'embryon,  qui  demi  urera  lui-même  enfermé  dans  l'alvéole  agrandie  qui 
contenait  le  noyau;  les  autres  noyaux  se  multiplieront  au  point  d'at- 
teindre le  nombre  d'une  quinzaine  demeurant  dans  la  couche  de  pro- 
toplasme ovuliire  qui  entoure  l'alvéole  et  qui  persiste  jusqu'à  ce  que  la 
larve  soit  complètement  formée.  A  ce  moment  les  noyaux  contenus  dans 
cette  couche  se  sont  agrandis  en  longues  plaques  et  distribués  à  peu  près 
également  autour  de  l'embryon.  Plus  tard  cette  enveloppe  pi^otoplasmiqiie 


122.4  ACADÉMIE  DES    SCIENCES. 

de  l'embryon  se  dissocie  en  masses  séparées,  contenant  les  noyaux,  eux- 
mêmes  en  pleine  dée^énérescence;  ces  masses  tombent  avec  la  larve  d'Hv- 
ménoptère  dans  la  cavité  générale  de  la  larve  de  Cécidomyie,  au  moment 
où  se  rompent  les  enveloppes  de  la  larve  parasite. 

Que  signifient  ces  novaux  qui  n'évoluent  pas?  Au  point  de  vue  phvsio- 
logique,  il  est  évident  qu'ils  président  aux  transformations  grâce  aux- 
quelles le  protoplasme  vitellin  est  gradueliement  absorbé  par  la  larve  et 
qu'ils  s'usent  à  ce  travail.  C'est  là  une  intéressante  contribution  apportée 
à  ce  que,  nous  savions  déjà  du  rôle  des  noyaux.  Au  point  de  vue  morpho 
logique,  il  semble,  au  premier  abord,  que  leur  homologation  soit  facile. 

On  sait  que  les  embryons  des  Insectes  ne  se  constituent  qu'aux  dépens 
d'une  petite  région  du  blastoderme,  qui  s'invagiue,  par  des  procédés  variés, 
à  l'intérieur  de  celte  membrane.  La  calotte  blastodermique  opposée  à 
l'embryon  demeure  en  contact  avec  le  vitellus,  qu'elle  contribue  sans 
doute  à  digérer;  la  calotte  péri-embryonnaire  et  la  partie  invaginée  du  bla- 
stoderme contribuent  à  former  à  l'embryon  une  double  enveloppe  qui 
finit  par  mettre  tout  le  blastoderme  à  contribution  et  qu'on  nomme 
Vamnios.  M.  Marchai  assimile  l'enveloppe  protoplasmique  des  embrvons 
de  Synopeas  k  cet  amnios.  Elle  en  remplit,  en  effet,  les  fonctions  et  il  est 
bien  possible  qu'elle  en  dérive  généalogiquement;  mais  ce  serait  alors 
un  amnios  profo'ndém(mt  modifié  et  dont  le  mode  de  formation  mérite 
toute  l'attention.  Cet  amnios  ne  s'achève  pas;  il  n'enveloppe  pas  le  vitel- 
lus, c'est  le  vitellus  lui-même,  abstraction  faite  de  la  partie  qui  entoure  le 
noyau  unique,  véritable  œul  de  seconde  formation  d'où  procédera  l'em- 
bryon du  Synopeas;  l'embryon,  au  lieu  de  se  caractériser  tardivement  à 
la  surface  du  biasto  ierme,  s'en  sépare  d'emblée;  et  de  même  que  dans 
certains  animaux  [Cladocères,  Rotifères,  divers  Vertébrés,  les  Raies  notam- 
ment ('),  etc.],  les  cellules  germinatives  s'isolent  dès  les  premiers  stades  de 
segmentation,  ce  qui  a  donné  lieu  à  la  fameuse  théorie  de  la  continuité  du 
plasma  germinalif,  les  éléments  blastodermiques  s'isolent  ici  dès  la  seconde, 
peut-être  dès  la  première  segmentation.  Il  y  a  là  une  accélération  des  plus 
intenses  des  phénomènes  de  l'embryogénie,  un  effet  des  plus  remarquables 
de  cette  faculté  accélératrice  de  l'hérédité,  qui  a  joué  un  si  grand  rôle  non 
seulement  dans  les  modifications  des  processus  embryogéniques,  mais  aussi 
dans  les  transformations  des  organismes  et  à  laquelle  le  nom  de  tachy genèse 


(*)  Beard,   The  germ  cells  in  Raja  bâtis  {Anotomischen  Anzeiger,   Bd.    XVIII, 
igoo).  —  Id. ,  The  gerni  cells  of  Pristiurus  {Ibid.,  Bd.  XXÏ,  «902). 


SÉANCE    DU    22    DÉCEMBRE    1902.  12  25 

OU  accélération  embryogénique  a  été  donné  (').  N'est-il  pas  possible  d'aller 
plus  loin  dans  l'interprétation  des  noyaux  qui  caractérisent  cet  amnios  si 
éminemment  tachygénétique  ?  N'y  aurait-il  pas  lieu  de  rechercher  si  leur 
formation  est,  comme  d'habitude,  précédée  de  celle  des  globules  polaires; 
si  dans  ces  œufs  minuscules,  plongés  dès  la  ponte  dans  un  milieu  nutritif 
et  qui  n'ont  pas  eu,  en  conséquence,  à  accumuler  d'importantes  réserves, 
le  premier  noyau  •«  amniotique  »  ne  correspondrait  pas  à  un  globule  po- 
laire dont  le  noyau  n'ayant  subi  qu'une  faible  usure  serait  demeuré  apte 
à  se  diviser  dans  le  vitellus  périphérique  de  l'œuf  et  à  présider  aux  chan- 
gements dont  il  est  le  siège?  Ce  serait  là  encore  un  simple  fait  de  tachy- 
genèse,  mais  qui  serait  une  intéressante  confirmation,  a  posteriori,  de  l'ori- 
gine que  l'on  tend  à  attribuer  aujourd'hui  aux  globules  polaires. 

Il  est  probable  que  chez  les  Trichacis  remuais,  parasites  des  larves  de  la 
Cécidomyie  destructrice  et  de  celle  des  Céréales,  les  choses  se  passent 
comme  chez  le  Synopeas  rhanis,  quoique  M.  Marchai  n'ait  pu  observer  ici 
l'origine  des  noyaux  amniotiques,  car  il  n'y  avait  encore  que  deux  de  ces 
noyaux  dans  les  plus  jeunes  œufs  qu'il  ait  eus  à  sa  disposition  et  où  l'em- 
bryon avait  déjà  la  forme  d'une  niorula. 

L'Hyménoptère  choisit  ici,  pour  déposer  sa  ponte,  non  plus  un  point 
quelconque  de  la  jeune  larve  de  Cécidomyie,  mais  l'ébauche  de  la  chaîne 
nerveuse  de  cette  larve  soit  avant,  soit  immédiatement  après  son  éclo- 
sion  ;  l'œuf  et  l'embryon  des  parasites  sont  ensuite  refoulés  latéralement 
jusque  sous  la  gaine  conjonctive  de  la  chaîne  nerveuse  ou  longitudina- 
lement  jusqu'à  l'extrémité  postérieure  de  la  chaîne.  Dans  tous  les  cas 
l'embryon  de  l'Hyménoptère  distend  cette  gaine,  qui  constitue  autour  de 
lui  une  sorte  de  kyste  suspendu  à  la  chaîne  nerveuse  et  remarquable  par 
les  cellules  colossales  dont  il  est  entouré.  Ces  cellules  ne  sont  manifes- 
tement que  des  cellules  conjonctives  de  la  Cécidomyie,  modifiées  par 
quelque  sécrétion  de  son  parasite,  mais  qui  peuvent  de  ce  chef  avoir 
acquis  quelques  propriétés  profitables  à  ce  dernier.  C'est  un  exemple  de 
ces  adaptations  réciproques  des  organismes  dont  l'auteur  de  ce  Rapport 
signalait  l'importance  et  tirait  parti  en  1881  (-)  pour  expliquer  toute  une 
série  de  faits  importants  en  Morphologie,  et  dont  M.  Giard  a  fait  une  si 


(')  E.  Perrier,  Les  colonies  animales,  1881;  Comptes  rendus  de  la  Société  de 
Biologie,  1898;  Comptes  rendus  du  Congrès  zoologique  international  de  Berlin, 
1902. 

(-)  E.  Perrier,  Les  colonies  animales  et  la  formation  des  organismes,  p.  7/0. 

G.  R.,  1902,  2»  Semestre.  (T.  CXXXV,  N-  25.)  ï^<^ 


1226  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

brillante  application  dans  ses  études  sur  la  castralioii  parasitaire .  M.  Mar- 
chai compare  à  une  galle  ce  kyste  à  cellules  géantes.  De  tels  rappro- 
chements entre  les  productions  animales  et  les  productions  végétales 
séduisent  par  ce  qu'ils  ont  d'inattendu  et  parce  qu'ils  semblent  ajouter 
une  unité  à  ces  phénomènes  de  la  vie  communs  aux  animaux  et  aux  végé- 
taux dont  Claude  Bernard  fit  autrefois  le  sujet  d'un  cours  du  Muséum 
demeuré  célèbre.  Mais  on  ne  saurait  trop  se  méfier  de  ces  assimilations 
de  mots,  si  souvent  trompeuses  quand  il  s'agit  d'êtres  aussi  éloignés  qu'une 
Mouche  et  une  Rosacée  et,  en  tous  cas,  stériles.  Comparer  un  kyste 
entouré  de  cellules  géantes  à  une  galle  n'ajoute  rien  à  ce  que  nous  savons 
de  ce  kyste. 

Le  Poly gnotus  minutas  est  aussi  un  Proctotrupide  parasite  de  la  Cécido- 
myie  destructrice  et  de  la  Cécidomyie  de  l'Avoine.  Les  embryons  sont  tou- 
jours contenus  dans  l'estomac  de  la  jeune  larve  ;  l'œuf  y  est  introduit  tout 
près  du  moment  de  l'éclosion,  mais  on  ignore  si  c'est  avant  ou  après.  Dans 
les  œufs  des  Polygnotus  le  noyau  se  divise  comme  dans  les  œufs  dont  nous 
venons  de  parler,  et  leur  division  répétée  conduit  à  la  formation  d'une  ving- 
taine de  noyaux  qui  se  rassemblent  en  une  masse  muriforme  dont  tous  les 
éléments  sont  encore  strictement  semblables  entre  eux.  C'est  seulement  à 
ce  moment  que  les  noyaux  qui  occupent  la  périphérie  de  cette  masse  gran- 
dissent plus  que  les  autres  et  se  caractérisent  comme  des  noyaux  amnio- 
tiques dont  le  nombre  ne  dépasse  pas  12  ou  i5;  ces  derniers  grandissent 
rapidement  et  finissent  par  devenir  cinq  fois  plus  gros  que  les  noyaux  em- 
bryonnaires qui  occupent  la  partie  centrale  de  la  masse  et  dont  la  multipli- 
cation est,  au  contraire,  rapide.  La  différenciation  de  l'amnios  est  donc  ici 
plus  tardive  que  dans  les  genres  précédents,  la  tachygenèse  a  agi  moins 
énergiquement  sur  le  développement  de  cette  enveloppe;  elle  prend  sa 
revanche  en  ce  qui  concerne  les  embryons,  et  de  la  façon  la  plus  remar- 
quable; la  masse  embryonnaire  ne  s'organise  pas,  comme  c'est  la  règle 
chez  presque  tous  les  animaux,  en  un  embryon  unique;  elle  se  divise  en 
quatre  ou  cinq  sphères  creuses,  véritables  blastula  circonscrites  par  un  seul 
rang  de  cellules.  Ces  sphères  grandissent  par  la  multiplication  de  leurs  cel- 
lules, se  divisent  à  nouveau,  et  il  se  forme  finalement  10  à  12  blastules  qui 
deviennent  chacune  un  embryon  complet. 

Chaque  œuf  d'un  Polygnotus  donne  ainsi  naissance  à  une  douzaine 
d'embryons.  Il  y  a  là  une  combinaison  de  faits  unique  jusqu'ici  dans  le 
règne  animal.  Un  assez  grand  nombre  d'animaux  bourgeonnent  dans 
l'œuf,  de  sorte  que  celui-ci  donne  naissance  également  et  d'un  seul  coup  à 


SÉANCE    DU    22   DÉCEMBRE    1902.  1227 

plusieurs  individus  {Lophopus,  Cristatella,  Pyrosomaf  etc.);  mais  il  n'en  a, 
en  réalité,  produit  qu'un  seul  qui  a  bourgeonne  à  son  tour  d'une  façon  très 
précoce,  si  précoce  même  que,  dans  certains  cas,  il  paraît  à  un  examen 
superficiel  s'être  dédoublé  (^Diplosoma).  Il  v  a  très  loin  de  ces  organismes 
bourgeonnants  aux  Polygnotus.  Le  cas  des  embryons  de  certains  Lombrics 
qui  se  divisent  chacun  dans  l'œuf  en  deux  on  plusieurs  embryons  s'en 
rapproche  davantage,  mais  c'est  ici  un  embryon  déjà  avancé  qui  se  divise. 
Expérimentalement,  on  est  arrivé  plus  près  du  cas  des  /*o/y^/?o^M5 lorsqu'on 
dissociant  les  biastomères  d'un  œuf  en  voie  de  segmentation  on  a  obtenu  de 
chacun  d'eux  un  embrvon.  C'est  bien  cette  faculté  des  biastomères  d'évo- 
luer séparément,  chacun  pour  son  compte,  et  de  former  un  embryon  par- 
fait qui  est  ici  mise  en  jeu,  mais  elle  est  mise  en  jeu  spontanément,  favorisée 
sans  doute  parles  facilités  de  nutrition  que  le  parasitisme  accumule  autour 
des  biastomères  isolés.  La  formation  des  Cercaires  ou  des  Rédies  des  Dis- 
tomes présente  des  phénomènes  analogues  de  dissociation,  mais  les  élé- 
ments initiaux  ne  sont  pas  ici  des  œufs  proprement  dits,  quoiqu'ils  pro- 
viennent peut-être  directement,  comme  les  cellules- germes  de  beaucoup 
d'animaux,  de  Tune  des  premières  segmentations  de  l'œuf  fécondé  et  qu'ils 
puissent  être,  dans  ce  cas,  considérés  comme  des  biastomères  ;  en  tous  cas, 
ces  éléments  se  développent  non  pas  dans  une  simple  enveloppe  amnio- 
tique, mais  dans  un  organisme  complexe  qui  peut  passer  pour  leur  pro- 
géniteur, et  ils  demeurent  à  l'intérieur  de  celui-ci.  Le  développement 
polyembryonnaire,  s'il  n'est  pas  un  phénomène  tout  à  fait  à  part  et  qu'on 
ne  puisse  grouper  en  série  avec  d'autres,  est  donc  bien  un  phénomène 
embryogénique  nouveau  et  propre  à  nous  édifier  sur  l'équivalence  des 
éléments  issus  des  premières  segmentations  de  l'œuf. 

Toute  la  série  des  phénomènes  que  nous  venons  de  résumer  s'exagère, 
en  quelque  sorte,  dans  le  développement  de  VEncyrtus  fuscicollis,  le  pre- 
mier justement  que  M.  Marchai  ait  étudié  et  qui  a  causé  une  si  vive  sur- 
prise, lorsqu'il  fut  exposé  devant  l'Académie,  bien  que  M.  Marchai  n'eût 
pas  encore  réussi  à  en  saisir,  dans  tous  ses  détails,  l'exacte  signification. 
V  Encyrl  us  fuscicollis  pond  dans  l'œuf  même  des  papillons  du  s^enre  Hypo- 
nomeula  (Hyponomeuta  cagna délia,  H.  mahalehella,  H.  padella,  H.malinella). 
On  le  retrouve,  plus  tard,  dans  la  cavité  générale  de  la  Chenille,  soit  tout 
contre  le  tube  digestif,  soit  dans  le  tissu  adipeux.  Il  grandit  énormément 
et  prend  l'aspect  d'un  cylindre,  toujours  enveloppé  d'une  membrane  épi- 
théliale,  ayant  tout  l'aspect  d'un  épilhélium  pavimenteux.  Cet  étui  mem- 
braneux, tubulaire,  avait  d'abord  été  pris  par  M.  Brugnion,  qui  l'a  décou- 


1228  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

vert,  puis  par  M.  Marchai  lui-même,  pour  l'amnios  de  l'embryon  parasite. 
Mais  M.  Marchai  a  plus  tard  reconnu  que  c'était  là  une  membrane  adven- 
tive  fournie  par  la  Chenille  parasitée,  exactement  comme  le  kyste  des 
Synopeas,  nouvel  exemple  de  X adaptation  rècwroque  du  parasite  et  de  son 
hôte('). 

Pendant  que  l'œuf  prend  ainsi  un  développement  énorme,  il  se  pro- 
duit, dans  son  vitellus,  des  phénomènes  tout  à  fait  extraordinaires.  Très 
vraisemblablement,  la  vésicule  vitellinese  divise  d'abord  par  bipartition  en 
deux  noyaux;  mais  M.  Marchai  n'a  pu  saisir  cette  phase  de  division.  Les 
plus  jeunes  œufs  qu'il  ait  examinés  contenaient  déjà  cinq  ou  six  noyaux  ;  mais 
l'un  de  ces  noyaux,  et  un  seul,  présentait  un  aspect  tout  différent  des  autres  ; 
il  était  beaucoup  plus  gros,  lobé,  d'apparence  amiboïde.  C'était  manifes- 
tement un  noyau  amniotique;  ici  ce  noyau  demeure  unique  pendant  la 
plus  grande  partie  de  la  durée  de  l'évolution,  prend  des  proportions 
gigantesques,  envoie  des  ramifications  dans  toutes  les  parties  de  l'œuf 
lui-même  très  agrandi,  et  ne  se  désagrège  que  tardivement  en  fragments 
qui  n'ont  plus  qu'une  courte  période  d'activité.  La  tachygenèse  a  donc 
déterminé  chez  XEncyrlus  une  différenciation  des  plus  précoces  d'un  élé- 
ment d'où  devrait  dériver  l'amnios,  mais  l'amnios  lui-même  ne  se  forme 
pas;  mais  par  tachygenèse  la  phase  du  développement  qui  lui  correspond 
et  qui  précède  la  formalion  de  l'embryon  est  presque  entièrement  sautée. 
Il  y  a  là  quelque  chose  d'analogue  à  ce  qu'on  observe  dans  le  développe- 


(')  Sous  la  dénomination  de  castration  parasitaire,  on  comprend  souvent  implici- 
tement deux  catégories  de  phénomèmes  qu'il  importe  de  distinguer  bien  nettement  : 
1°  la  suppression  des  organes  génitaux  par  le  développement  du  parasite,  qui  peut  se 
substituer  à  eux  complètement,  et  les  conséquences  que  cette  suppression  entraîne  avec 
elle  et  qu'elle  entraînerait  alors  même  qu'elle  serait  chirurgicale;  i"  les  conséquences 
qu'entraîne  la  présence  d'un  parasiteprovoquant,  dans  les  tissus  de  son  hôte,  des  excita- 
tions nouvelles,  déversant  dans  son  organisme  des  excrétions  spéciales  ou  détournant  à 
son  profit  une  part  de  ses  aliments.  Ceci  n'est  plus  de  la  castration  parasitaire;  c'est  de 
l'adaptation  réciproque  pouvant  coïncider  ou  non  avec  cette  castration.  L'importance  de 
cette  distinction  apparaîtra  nettement  dans  le  fait  suivant  :  chez  un  grand  nombre  de 
Polypes,  la  présence  de  certains  parasites,  qui  rendent  les  Polypes  stériles,  et  le  déve- 
loppement des  organes  génitaux  produisent  les  mêmes  phénomènes  d'avortement  des 
tentacules.  Cet  avortement,  dans  la  phraséologie  courante,  devrait  être  considéré,  dans 
le  premier  cas,  comme  un  phénomène  de  castration  parasitaire;  mais  alors  il  faudrait 
dire,  dans  le  second,  que  l'animal  est  châtré  par  le  développement  de  ses  propres 
organes  génitaux,  ce  qui  est  absurde.  En  fait,  l'avortement  des  tentacules  est  un  phéno- 
mène, non  de  castration  parasitaire,  mais  ^'adaptation  réciproque. 


SÉANCE    DU  22   DÉCEMBRE    I902.  1229 

ment  des  Trématodes  et  des  Cestoïdes  ;  la  larve  ciliée  dans  laquelle  se  déve- 
loppe, par  exemple,  la  rédie  de  Monostomiim  mutabile  fait  place,  chez  les 
Bothriocéphales,  à  une  simple  enveloppe  ciliée,  l'embryophore,  réduite  à 
quelques  cellules  qui  s'isolent  de  l'embryon  dans  l'œuf  même  chez  les 
Ténias.  Ce  qui  se  passe  chez  les  Vers  plats  laisse  même  planer  quelque 
doute  sur  la  signification  de  l'enveloppe  au  sein  de  laquelle  se  développent 
les  œufs  de  nos  Hyménoptères.  Cette  enveloppe  correspond-elle  vraiment 
à  un  amnios?  N'est-elle  pas,  comme  le  sporocyste  des  Trématodes,  l'équi- 
valent d'un  embryon  dans  lequel  se  seraient  multipliées  des  cellules  ger- 
minatives?  Il  faudrait,  pour  le  décider,  connaître  un  plus  grand  nombre  de 
cas  convenablement  placés  dans  la  série  généalogique. 

L'accroissement  de  l'œuf  et  du  noyau  amniotique  est  accompagné  d'une 
multiplication  des  noyaux  embryogènes  qui  fournit  en  se  multipliant  de 
petites'morules  susceptibles  elles-mêmes  de  se  diviser,  au  point  de  s'élever 
au-dessus  de  la  centaine.  Chacune  de  ces  morules  devient  un  embryon 
distinct.  Ce  n'est  plus  une  quinzaine  d'£'/zcyr/w*,  c'est  plus  de  cent  qui  sont 
produits  par  un  même  œuf. 

Un  tel  résultat  n'échappe  pas,  sans  doute,  aux  lois  générales  de  la  re- 
production, et  nous  avons  essayé  de  montrer  dans  ce  Rapport  comment  il 
avait  été  graduellement  réalisé;  mais  il  dépasse  les  prévisions  les  plus 
hardies,  lia  fallu  à  M.  Marchal,  pour  le  mettre  hors  de  doute,  la  plus  grande 
patience,  comme  la  plus  grande  sagacité.  Nous  ne  doutons  pas  qu'il  ne 
fasse  tous  ses  efforts  pour  découvrir  tous  les  anneaux  d'une  chaîne  dont 
les  plus  brillants  sont,  sans  doute,  entre  ses  mains,  et  la  haute  récompense 
que  l'Académie  lui  décerne  sera  considérée  par  lui  comme  un  encourage- 
ment à  achever,  par  la  coordination  méthodique  d'un  grand  nombre  de 
faits  formant  série  avec  ceux  qu'il  a  découverts,  une  œuvre  qui  est  déjà  fort 
belle. 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées  par  l'Académie. 


PRIX  POURAT. 

(Commissaires  :  MM.  Marey,  Perrier,  Giard,  d'Arsonval; 
A.  Chauveau,  rapporteur.) 

La  question  mise  au  concours  était  V Elude  comparative  du  mécanisme  de 
la  respiration  chez  les  Mammifères. 

Cette  question  présentait  plusieurs  aspects.  Par  exemple,  on  pouvait 


I23o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

comparer  entre  elles  les  diverses  familles  de  Mammifères,  en  recherchant 
les  différences  qu'elles  présentent  an  point  de  vue  des  phénomènes  méca- 
niques de  la  respiration.  Cette  recherche  était  tout  au  plus  propre  à 
apporter  quelque  précision  dans  des  détails  déjà  connus. 

On  pouvait,  d'autre  part,  comparer  le  mécanisme  respiratoire  avec  lui- 
même,  chez  un  même  sujet,  dans  des  conditions  différentes  capables  de 
faire  varier  ce  mécanisme.  C'est  ce  qu'a  fait  M.  J.  Tissot,  et  il  a  su  en 
tirer  profit. 

Bien  nombreuses  sont  les  modifications  qu'on  peut  imprimer  aux  condi- 
tions de  l'acte  respiratoire  et  dont  l'étude  présente  un  haut  intérêt. 
M.  J.  Tissot  s'est  borné  à  étudier  celles  qui  tiennent  à  la  valeur  de  la  pres- 
sion de  l'air  dans  lequel  cet  acte  s'accomplit.  Il  a  voulu  voir  comment 
l'organisme  s'adapte  à  ces  conditions,  en  instituant  deux  séries  d'expé- 
riences, savoir  : 

A.  Des  expériences  dans  lesquelles  le  sujet,  au  repos,  respire  :  i'' dans 
l'air  à  la  pression  ordinaire;  2°  dans  l'air  raréfié  des  hautes  altitudes 
atteintes  par  ascension  en  ballon;  3*^  dans  l'air  raréfié  d'une  enceinte  fer- 
mée où  une  pompe  aspirante  fait  de  la  décompression. 

B.  Des  expériences  absolument  symétriques  aux  précédentes,  mais 
portant  sur  le  sujet  soumis  à  un  travail  musculaire  d'une  certaine  activité. 

Les  expériences  de  M.  J.  Tissot  ont  été  exécutées  avec  un  soin  tout  par- 
ticulier soit  sur  lui-même,  soit  sur  des  aides  ou  assistants.  Il  serait  oiseux 
de  rappeler  toutes  les  garanties  de  succès  dont  il  a  dû  s'entourer.  Bornons- 
nous  à  indiquer  très  brièvement  les  résultats  obtenus,  tant  dans  les  expé- 
riences en  ballon  jusqu'à  l'altitude  de  /j3oo™  que  dans  les  expériences  en 
enceinte  fermée,  où  la  dépression  atteinte  correspondait  à  l'altitude 
de  35oo™. 

A.   Chez  le  sujet  au  repos. 

1°  Le  débit  respiratoire,  c'est-à-dire  le  volume  d'air  expiré,  mesuré  à  la 
température  et  à  la  pression  actuelles,  paraît  subir  une  légère  diminution 
au  début  de  l'ascension  ou  de  la  décompression.  Puis  la  valeur  de  ce  débit 
se  maintient  presque  sans  changement  jusqu'au  bout. 

2**  Mais,  si  l'on  calcule  ce  débit  en  ramenant  le  volume  de  l'air  à  ce  qu'il 
serait  à  la  température  o°età  la  pression  760™™,  on  constate  qu'il  diminue 
à  peu  près  comme  la  pression  barométrique  elle-même. 

3°  Néanmoins,  la  valeur  absolue  des  échanges  respiratoires  ne  varie 
pas.  Elle  ne  subit  que  les  légères  oscillations  que  l'on  rencontre  d'ordi- 
naire dans  les  expériences  sur  la  respiration. 


SÉANCE  DU  22  DÉCEMBRE  1902.  123l 

4**  Cette  fixité  des  échanges  résulte  d'une  augmentation  des  altérations 
subies  par  l'air  dans  le  poumon.  Les  courbes  de  O-  absorbé  et  de  CO" 
exhalé  suivent,  en  effet,  une  marche  inverse  à  celle  du  débit  respiratoire 
réel. 

B.   Chez  le  sujet  qui  travaille. 

1°  Les  échanges  respiratoires,  pendant  le  travail  musculaire,  subissent 
le  même  accroissement  si  le  travail  est  identique,  qu'il  soit  effectué  en 
ballon  à  de  hautes  altitudes,  ou  dans  une  enceinte  à  air  raréfié,  ou  enfin 
à  la  pression  normale  au  niveau  du  sol. 

2"  Le  travail  entraîne  donc  un  excès  de  dépense  identique  dans  les  trois 
cas  :  pression  atmosphérique  ordinaire,  dépression  de  28*^"^  dans  une 
enceinte  au  niveau  du  sol,  dépression  existant  à  l'altitude  de  4300*". 

Ce  sont  là  des  faits  dont  la  précision  ne  laisse  rien  à  désirer.  M.  J.  Tissot 
a  exécuté  le  premier  les  expériences  en  ballon  qui  ont  permis  l'acquisition 
de  ces  faits  et  des  conclusions  qui  en  découlent. 

La  Commission  lui  décerne  le  prix  Pourat. 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées  par  l'Académie. 


PRIX  MARTIN-DAMOURETTE. 

(Commissaires  :  MM.  Bouchard,  d'Arsonval,  Guyon,  Laveran; 
Marey,  rapporteur.) 

M.  H.  Bloxdel  de  JoiGNY,  Médecin  aide-major  de  i'^  classe,  envoie 
deux  travaux  au  Concours  : 

1°  Un  Mémoire  imprimé  sous  ce  titre  :  «  Pathogénie  et  prophylaxie  de 
la  Myopie  m.  C'est  un  travail  d'érudition  où  les  théories  les  plus  contradic- 
toires sur  la  nature  de  cette  affection  sont  exposées.  Il  semble  que  l'auteur 
se  soit  complu  à  montrer  combien  les  avis  sont  partagés  sur  cette  question 
et  combien  il  est  nécessaire  de  trouver  une  théorie  nouvelle  mieux  en 
accord  avec  les  expériences  des  physiologistes  et  les  observations  des  pra- 
ticiens. C'est  en  effet  ce  qu'il  fera  dans  un  second  Mémoire  dont  nous 
allons  parler.  Toutefois  le  travail  imprimé  de  M.  de  Joigny  se  termine  par 
un  remarquable  Chapitre  sur  l'emploi  des  «  verres  sphériques  prisma- 
tiques »  dans  le  traitement  de  la  myopie. 

On  sent  que  l'auteur  possède  à  fond  les  questions  physiques  de  l'emploi 
des  verres  correcteurs  de  la  myopie;  ceux  dont  il  préconise  l'emploi  ont  le 


Ï232  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

double  effet  de  supprimer  les  efforts  d'accommodation  et  ceux  de  conver- 
gence. 

2"^  Le  Mémoire  manuscrit  de  M.  de  Joigny  a  pour  titre  :  «  Hypothèse 
nouvelle  sur  le  mécanisme  de  l'accommodation  cristallinienne  ».  Dans  ce 
travail,  tout  à  fait  original,  l'auteur  expose  les  théories  régnantes  sur 
le  mécanisme  de  l'accommodation  rétinienne;  il  prouve  que  nulle  de 
ces  théories  ne  satisfait  à  toutes  les  conditions  du  problème  et  n'explique 
les  faits  physiologiques  et  chimiques  si  nombreux  dans  la  bibliographie 
spéciale. 

Par  d'ingénieuses  expériences  il  montre  que  des  efforts  de  traction 
exercés  sur  la  zonule  peuvent,  suivant  qu'ils  sont  faibles  ou  forts,  rendre 
le  cristallin  plus  épais  et  moins  convexe,  ou  plus  mince  et  plus  convexe. 
Résultat  paradoxal  en  apparence,  mais  qu'il  explique  très  bien  par  la  com- 
pressibilité  moindre  du  noyau  cristallinien. 

Des  études  d'anatomie  humaine  et  comparée  l'auteur  arrive  à  cette  con- 
clusion que  deux  appareils  distincts  président  à  l'accommodation  :  la  zonule 
agissant  comme  un  spliyncter,  animée  par  le  nerf  grand  sympathique,  et  le 
muscle  ciliaire  rayonné,  qui  par  les  nerfs  ciliaires  dépend  du  moteur  ocu- 
laire commun. 

Ces  deux  forces  antagonistes  expliquent  pour  l'auteur  tous  les  faits  d'ac- 
commodation augmentée  ou  diminuée,  et  pour  lui  cette  théorie  s'accorde 
avec  les  circonstances  connues  où  les  excitations  survenues,  l'action  des 
médicaments  ou  les  conditions  pathologiques  modifient  l'accommodation 
dans  un  sens  ou  dans  l'autre. 

Dans  une  question  aussi  complexe  et  sur  laquelle  s'est  exercée  la  saga- 
cité d'illustres  savants,  il  serait  périlleux  de  prendre  parti  pour  la  théorie 
de  M.  de  Joigny  et  de  la  considérer  comme  établie.  Mais  il  est  incontes- 
table qu'elle  est  déduite  avec  une  grande  sagacité  des  faits  connus  et  des 
expériences  très  ingénieuses  de  l'auteur,  et  votre  rapporteur  pense  que  le 
travail  de  M.  de  Joigny  peut  être  récompensé  par  le  prix  Martin-Damou- 
rette,  en  invitant  l'auteur  à  chercher  dans  l'expérimentation  un  nouveau 
renfort  de  preuves  à  l'appui  de  son  ingénieuse  théorie. 

La  Commission  accorde  le  prix  à  M.  H.  Bloxdel  de  Joigny. 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées  par  l'Académie. 


SÉANCE    DU    22   DÉCEMBRE    1902, 


1233 


PRIX  GENERAUX. 


MEDAILLE   LAVOISIER. 

L'Académie  décide  d^attribuer  la  médaille  Lavoisier  à  M.  S.  Caxnizzaro, 
professeur  de  Chimie  à  Rome,  pour  l'ensemble  des  belles  recherches  qu'il 
a  publiées  depuis  un  demi-siècle. 

MÉDAILLE    BERTHELOT  ('). 
(M.  Darboux,  rapporteur.) 

La  Médaille  Berthelot  est  décernée  à  : 

M.  RosExsTiEHL  (pHx  Jeckcr)  :  Travaux  de  Chimie  organique; 

M.  Adolphe  Mixet  (prix  Saintour)  ;  Recherches  sur  l'aluminium; 

M.  le  D'"  A.  Clerc  (prix  Mège)  :  Recherches  sur  les  sérums; 

M.  le  D'"  Imbeaux  (prix  Bréant)  :  Études  sur  les  eaux  potables; 

M.  le  D'"  F.  Bordas  (prix  Montyon)  :  Etude  sur  le  lait  employé  dans 
l'alimentation  des  enfants; 

M.  DisLÈRE  (mention  Montyon)  :  Étude  sur  les  produits  coloniaux  et 
la  colonisation; 

M.  le  D''  Peyroux  (mention  Montyon)  :  Études  sur  le  lait; 

M.  L.  Grmibert  (prix  Barbier)  :  Études  de  Chimie  biologique; 

M"*  Curie  (prix  Gegner)  :  Recherches  sur  le  radium  ; 

M.  Grigxard  (prix  Cahours); 

M.  Fosse  (prix  Cahours); 

M.  31arquis  (prix  Cahours)  ; 

L'Académie  approuve  ces  propositions. 


(')  L'Académie,  dans  sa  séance  du  3  novembre  190?.,  a  décidé  la  fondation  de  celte 
Médaille. 

Chaque  année,  sur  la  proposition  de  son  Bureau,  l'Académie  décernera  un  certain 
nombre  de  «  Médailles  Berthelot  »  aux  savants  qui  auront  obtenu  cette  année-là  des 
prix  de  Chimie  ou  de  Physique;  à  chaque  Médaille  sera  joint  un  exemplaire  de 
l'Ouvrage  intitulée  La  synthèse  chimique. 

C.  R.,  1902,  2*  Semestre.  (T.  CXXXV,  N°  25.)  161 


I23/i  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


PRIX  MONTYON  (ARTS  INSALUBRES). 

(Commissaires  :  MM.  Schlœsing,  Moissan,  Gautier,  Haller; 
Troost,  rapporteur.) 

La  Commission  a  attribué  le  prix  à  M.  Claude  Boucher. 

Rapport  sur  les  procèdes  de  fabrication  mécanique  des  bouteilles, 
de  M.  Claude  Boucher;  par  M.  Troost. 

La  fabrication  des  bouteilles  était,  jusque  dans  ces  dernières  années, 
considérée  comme  une  des  industries  les  plus  meurtrières.  Lorsqu'on  visi- 
tait une  verrerie  à  bouteilles,  on  était  frappé  par  l'agglomération  d'ouvriers 
souffleurs,  grands  garçons  et  cueilleurs,  entassés  sur  la  plate-forme  de 
travail,  à  côté  du  four  de  fusion,  dans  une  atmosphère  suffocante.  Ils 
avaient  à  peine  l'espace  pour  se  mouvoir. 

Les  ouvriers  chargés  de  la  confection  des  bouteilles  étaient  soumis  à  un 
véritable  surmenage,  dû  non  seulement  à  la  grande  rapidité  avec  laquelle 
les  bouteilles  doivent  être  façonnées,  à  la  fatigue  du  soufflage,  et  au 
poids  du  verre,  auquel  s'ajoutait  celui  de  la  canne  maniée  d'une  manière 
continue,  mais  aussi  aux  conditions  dans  lesquelles  ils  travaillaient,  obligés 
de  se  tenir  en  permanence  à  proximité  du  four  contenant  le  verre  en 
fusion,  dont  le  rayonnement  leur  causait  à  la  longue  une  grave  affection 
de  la  vue. 

Il  en  résultait  que,  dans  les  fabriques  de  bouteilles,  les  ouvriers  ne  pou- 
A^aient  exercer  leur  profession  que  jusqu'à  un  âge  peu  avancé. 

A  45  ans,  la  plupart  se  trouvaient  usés  et  incapables  de  continuer  le 
travail. 

Le  recrutement  de  cette  catégorie  d'ouvriers  était  de  plus  en  plus 
difficile. 

Frappés  de  ces  inconvénients,  un  grand  nombre  d'inventeurs  se  sont 
ingéniés  à  trouver  des  procédés  permettant  de  remédier  à  ce  qu'a  d'épui- 
sant ce  travail  de  la  préparation  et  du  soufflage  de  la  bouteille. 

Mais  les  procédés  mécaniques  imaginés  pour  éviter  aux  ouvriers  la 
fatigue  du  soufflage  à  la  bouche,  et  les  dangers  des  graves  maladies  conta- 
gieuses auxquelles  il  expose,  ne  dispensaient  pas  d'un  long  apprentissage, 
pouvant  durer  -7  à  8  ans;  ils  exigeaient  toujours  une  habileté  manuelle 


SÉANCE    DU    22   DÉCEMBRE    1902.  1235 

s' exerçant  dans  des  conditions  particulièrement  pénibles;  aussi  n'ont-ils 
qu'imparfaitement  répondu  au  but  qu'on  se  proposait  d'atteindre. 

Il  en  a  été  de  même  de  nombreuses  inventions  destinées  à  substituer  com- 
plètement les  moyens  mécaniques  au  travail  manuel. 

Le  problème  a  été  pour  la  première  fois  résolu,  d'une  manière  com- 
plète, par  M.  Claude  Boucher,  maître  verrier  à  Cognac  (Charente). 

Il  avait  commencé  à  travailler,  à  l'âge  de  10  ans,  dans  une  verrerie; 
mettant  à  profit  les  observations  journalières  qu'il  avait  pu  faire  dans  sa 
longue  pratique,  il  a  cherché  très  judicieusement,  et  c'est  là  une  des  causes 
de  son  succès,  à  se  rapprocher  le  plus  possible,  par  les  dispositions  méca- 
niques qu'il  adoptait,  de  la  succession  des  opérations  manuelles  par  les- 
quelles l'ouvrier  façonnait  jusqu'alors  les  bouteilles. 

A  la  suite  de  5  années  d'essais  et  de  tâtonnements,  il  est  parvenu  à 
créer  une  machine  de  construction  simple  et  robuste,  avec  laquelle  les 
ouvriers  arrivent,  au  bout  de  quelques  jours,  à  être  capables  de  fabriquer 
les  bouteilles,  les  carafes,  les  flacons  et  bocaux  les  plus  divers. 

M.  Boucher  a  réalisé  ainsi  la  suppression  du  long  apprentissage,  jus- 
que-là indispensable. 

De  plus,  les  manipulations  pénibles  et  dangereuses  ont  été  supprimées. 
L'ouvrier  chargé  de  puiser  le  verre  n'a  plus  maintenant  une  lourde  canne, 
mais  une  simple  tige  de  fer  très  légère;  il  ne  demeure  plus  pendant  de 
longues  heures  dans  le  voisinage  immédiat  du  four,  il  va  porter  à  la 
machine  le  verre  qu'il  a  cueilli,  et  l'y  laisse  couler  dans  un  moule  mesureur 
préalablement  porté  à  une  température  convenable. 

Le  mouleur,  assis  devant  sa  machine  éloignée  du  four,  n'est  ni  fatigué 
par  une  atmosphère  surchauffée,  ni  exposé  à  perdre  la  vue  par  la  réver- 
bération du  verre  en  fusion.  Après  avoir  coupé  le  verre  qui  dépasse  le 
moule  mesureur,  il  n'a  plus  qu'à  agir  sur  des  pédales  ou  des  manivelles, 
pour  la  manœuvre  des  différents  moules  où  passe  successivement  la  matière, 
et  pour  le  réglage  de  l'air  comprimé  qu'il  emploie,  sous  deux  pressions 
différentes,  suivant  les  phases  de  la  fabrication  de  la  bouteille. 

L'ouvrier  verrier,  faisant  dorénavant  un  travail  beaucoup  noins  fatigant 
que  par  le  passé,  pourra  exercer  sa  profession  jusqu'à  un  âge  plus  avancé. 
Son  salaire  n'est  d'ailleurs  pas  diminué  grâce  à  ce  que  dans  le  même  temps 
on  fabrique  un  plus  grand  nombre  de  bouteilles. 

Le  patron  y  trouve,  de  son  côté,  une  sécurité  plus  grande  pour  l'organi- 
sation de  son  travail,  et,  en  particulier,  au  point  de  vue  des  grèves,  par 
suite  de  la  suppression  du  long  apprentissage. 


12'66  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

La  machine  inventée  j3ar  M.  Boucher  fonctionne  déjà  industriellement 
non  seulement  en  France,  mais  en  Belgique,  en  Espagne,  en  Italie  et  en 
Amérique. 

Des  licences  ont  été  concédées  qui  permettront  son  emploi  prochain  en 
Angleterre,  en  Russie,  en  Hongrie  et  au  Japon. 

La  Société  d'encouragement  pour  l'Industrie  nationale  a  consacré  la 
valeur  de  cette  invention,  au  double  point  de  vue  de  l'industrie  et  de 
l'hygiène  des  ouvriers,  en  décernant  une  médaille  d'or  à  son  auteur. 

Le  Jury  international  de  la  Classe  78  de  l'Exposition  universelle  de  1900, 
«  reconnaissant  à  l'unanimité  que  M.  Claude  Boucher  a,  le  premier,  résolu 
le  difficile  problème  de  la  fabrication  mécanique  des  bouteilles,  recon- 
naissant également  l'immense  service  rendu  par  cet  inventeur  à  l'industrie 
verrière  et  à  l'hygiène  des  ouvriers  verriers,  lui  a  décerné  un  Grand  Prix  ». 

Votre  Commission  est  assurée  d'entrer  dans  les  vues  du  fondateur  du 
prix  des  Arts  insalubres,  en  vous  proposant  de  décerner  le  prix  Montyon 
à  M.  Claude  Bouchek. 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées  par  l'Académie. 


PRIX  H.  WILDE. 

(Commissaires  :  MM.  Berthelot,  Maurice  Levy,  Marcel  Bertrand,  Fouqué; 

Lœwy,  rapporteur.) 

Depuis  les  mémorables  travaux  de  l'astronome  milanais  Scliiaparelli, 
qui  a  montré  la  connexion  intime  qui  existe  entre  les  comètes  et  les  étoiles 
filantes,  l'étude  de  tous  les  phénomènes  se  rattachant  à  ces  deux  caté- 
gories d'astres  nomades  a  acquis  une  importance  de  premier  ordre  pour 
l'Astronomie  moderne.  Ces  études,  de  nature  très  diverse,  ont  pour  objet 
de  nous  fournir  des  renseignements  sur  l'origine  de  ces  corps  célestes,  sur 
leur  constitution  intime,  sur  le  rôle  qui  leur  est  assigné  dans  notre  Univers, 
sur  l'influence  qu'ils  peuvent  exercer  sur  notre  globe  terrestre,  sur  tous  les 
faits  multiples  et  si  curieux  qui  accompagnent  leur  marche  à  travers 
l'espace.  Ces  derniers  problèmes  relatifs  à  leur  mouvement  ont  un  intérêt 
tout  spécial  pour  la  philosophie  naturelle. 

Nous  savons  déjà  que,  lorsque  à  la  suite  de  leurs  conditions  de  genèse 
les  masses  cométaires  sont  obligées  de  passer  au  voisinage  du  Soleil,  les 
forces  répulsives  et  de  toute  autre  nature  qui  émanent  de  ce  foyer  gigan- 


SÉANCE  DU  '11    DÉCEMBRE  1902.  1287 

tesque  désagrègent  ces  matières,  les  séparent  quelquefois  en  plusieurs 
fragments  distincts.  On  se  trouve  dès  lors  en  présence  de  toute  une  famille 
de  comètes  sorties  d'un  seul  noyau  cométaire. 

Ces  formations  nouvelles,  au  début,  circulent  à  peu  près  dans  des  trajec- 
toires identiques  autour  de  notre  astre  central,  mais  lorsque,  dans  leurs 
révolutions  successives,  elles  passent  dans  le  voisinage  d'une  grosse  pla- 
nète, elles  s'en  trouvent  inégalement  attirées  et  déviées  de  leur  trajectoire 
primitive. 

Les  divers  membres  de  la  famille  sont  ainsi  amenés  à  suivre  des  routes 
tellement  différentes,  qu'il  devient  très  difficile  de  reconnaître  leur  com- 
munauté d'origine.  C'est  un  problème  des  plus  importants  que  de  recon- 
stituer l'histoire  de  ces  corps  célestes,  d'établir  leur  parenté  et  d'assigner 
les  circonstances  réelles  de  leur  séparation. 

L'étude  de  certaines  comètes  périodiques  et  des  perturbations  qu'elles 
pourront  subir  s'impose  encore  à  d'autres  points  de  vue.  Elle  permet  de 
prévoir  avec  certitude  les  pluies  exceptionnelles  de  météores  en  vertu  de 
la  corrélation  qui  existe  entre  ces  essaims  et  les  comètes.  Tous  ces  astres 
sont  sujets  à  se  rapprocher  très  notablement  de  l'une  ou  de  l'autre  des 
grosses  planètes  de  notre  système,  et  les  perturbations  intenses  qu'ils 
éprouvent  en  pareil  cas  fournissent  un  moyen  précis  pour  évaluer  la  masse 
de  l'astre  troublant;  d'autre  part,  des  anomalies  que  l'expérience  révèle 
et  qui  ne  s'expliquent  pas  par  l'action  d'une  grosse  planète,  fournissent  la 
démonstration  de  l'existence  soit  d'un  milieu  résistant,  soit  d'essaims  de 
corpuscules  répandus  dans  l'espace  et  trop  ténus  pour  pouvoir  être  aperçus 
dans  nos  plus  puissants  instruments. 

M.  ScHCLHOF  s'est  passionnément  attaché  à  l'étude  de  ces  belles  ques- 
tions; durant  près  de  3o  années  les  comètes  et  les  étoiles  filantes  ont 
été  l'objet  de  ses  incessantes  et  fécondes  recherches. 

Pour  reconstituer  l'histoire  de  ces  astres,  toutes  les  vicissitudes  qu'ils 
ont  subies  durant  des  siècles,  il  faut  à  la  fois  être  un  érudit,  posséder  les 
connaissances  théoriques  les  plus  élevées,  déployer  une  sagacité  particu- 
lière et  une  grande  énergie. 

Aussi,  à  cause  des  immenses  labeurs  que  ces  études  nécessitent,  ne  con- 
naissons-nous actuellement  que  trois  ou  quatre  comètes  périodiques  dont 
la  théorie  se  trouve  dans  un  état  d'avancement  satisfaisant. 

La  Science  est  redevable,  dans  ce  domaine,  à  M.  Schulhof  de  nombreux 
travaux  de  théorie  et  de  calculs  exécutés  avec  un  très  grand  esprit  de  suite 
et  une  puissante  logique.  Les  efforts  de  M.  Schulhof  ont  été  surtout  con- 


1238  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

sacrés  aux  trois  ordres  de  recherches  suivants  :  reconnaître  les  comètes 
dont  les  mouvements  périodiques  étaient  ignorés;  déterminer,  à  l'aide 
d'une  discussion  approfondie  des  observations  obtenues  lors  de  la  décou- 
verte d'une  comète,  les  éléments  de  son  orbite  avec  une  précision  suffi- 
sante pour  permettre  de  retrouver  l'astre  dans  ses  apparitions  ultérieures; 
calculer,  enfin,  la  masse  de  Jupiter,  une  des  grandeurs  fondamentales  du 
Système  planétaire,  au  moyen  des  perturbations  qu'il  a  provoquées  dans  le 
mouvement  d'une  comète  dans  l'intervalle  de  plusieurs  révolutions. 

En  ce  qui  concerne  la  première  série  de  problèmes,  M.  Schulhof  a 
calculé  les  éléments  définitifs  de  7  ou  8  comètes,  et  il  a  eu  la  bonne  for- 
tune de  reconnaître  la  courte  durée  de  révolution  de  la  comète  i858  III. 

Il  a,  de  plus,  déterminé  les  orbites  de  tous  les  astres  nouvellement 
découverts  qui  lui  paraissaient,  par  certains  indices,  devoir  être  elli])tiques. 

Il  a  mis  ainsi  hors  de  doute,  d'une  manière  indépendante  des  conclu- 
sions publiées  par  d'autres  astronomes,  le  caractère  elliptique  des  éléments 
des  7  comètes  suivantes  :  Tempel  1878  II,  Denning  1881  V,  Barnard 
1892  V,  Holmes  1892  III,  Denning  1894  I,  E.  Swift  1894  IV,  et  L.  Swift 
1895  II. 

Les  efforts  relatifs  à  la  seconde  catégorie  des  recherches  ont  été  égale- 
ment couronnés  de  succès.  Grâce  à  ses  travaux,  on  a  pu  retrouver  à  leur 
retour  les  comètes  Tempel  1878  II,  Finley  t886  VII  et  Pons  181 2.  I^es 
calculs  relatifs  à  ce  dernier  astre  ont  été  faits  en  commun  avec  M.  Bossert. 

Il  convient  d'insister  particulièrement  sur  la  théorie  remarquable  de 
M.  Schulhof,  concernant  la  comète  Tempel  1878  II,  en  cours  de  publica- 
tion; on  y  trouve  à  la  suite  de  longs  et  laborieux  travaux,  calculées  avec 
rigueur,  les  perturbations  subies  depuis  1873  par  la  comète  de  la  part  de 
toutes  les  autres  planètes.  Cette  étude  a  pour  but  d'obtenir  une  nouvelle 
valeur  delà  masse  de  Jupiter,  astre  qui,  après  le  Soleil,  joue  le  plus  grand 
rôle  dans  notre  monde  planétaire. 

Dans  trois  Mémoires,  d'une  valeur  classique,  M.  Schulhof  résume 
d'après  l'état  actuel  de  la  Science  l'historique  des  étoiles  filantes  et  des 
comètes  périodiques.  Dans  ces  Ouvrages  on  rencontre  les  résultats  de  ses 
recherches  propres  et  des  conclusions  nouvelles  sur  les  groupes  de 
comètes  ayant  une  origine  commune. 

M.  Schulhof  a  publié  en  outre  une  histoire  très  détaillée  et  très  instruc- 
tive de  toutes  les  comètes  en  général  qui  ont  paru  depuis  1800,  quelle  que 
soit  la  nature  de  leur  mouvement  autour  du  Soleil,  ouvrage  qui  renferme 
tout'ce  que  l'on  sait  à  l'heure  actuelle  de  ces  corps  célestes. 


SÉANCE    DU    22    DÉCEMBRE    T902.  12.39 

Pour  témoigner  sa  haute  estime  pour  le  vaste  ensemble  de  beaux  tra- 
vaux dont  M.  SciiULHOF  a  enrichi  l'Astronomie,  la  Commission  propose  de 
décerner  à  cet  astronome  le  prix  Wilde. 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées  par  l'Académie. 

PRIX  CAHOURS. 
(Commissaires  :  MM.  Moissan,  Troost,  Gautier,  Haller,  Berthelot.) 

Le  prix  Cahours,  pour  l'année  1902,  est  partagé  entre  MM.  Fosse, 
Grigxard  et  Marquis. 

PRIX  TCHIHATCHEF. 

(Commissaires  :  MM.  Perrier,  Bouquet  de  la  Grye,  de  Lapparent, 
Van  Tieghem;  Grandidier,  rapporteur.) 

Le  D'  SvEN  Hedin  a  fait,  dans  l'Asie  centrale,  deux  voyages  qui  comptent 
parmi  les  plus  difficiles  et  les  plus  dangereux  qui  aient  été  exécutés  dans 
ces  régions,  théâtre  cependant  de  tant  de  hardies  explorations.  Dans  le 
premier,  quia  duré  3  années,  du  23  février  1894  au  2  mars  1897,  il  a 
parcouru  les  plateaux  neigeux  de  Pamir,  franchi  les  monts  Alaï,  tenté 
l'ascension  du  Mous-tag-ata,  le  «  Père  des  monts  déglace  »,  dont  l'altitude 
est  de  7800™  et  qu'il  a  gravi  jusqu'à  une  hauteur  de  près  de  6000™;  se 
lançant  ensuite  en  plein  inconnu,  il  a  traversé  la  partie  occidentale  du 
désert  de  Takla-Makane,  «  qui  ressemble  à  une  mer  gelée,  couverte  d'im- 
menses vagues  »,  oii  il  n'y  a  nulle  part  de  trace  de  vie,  où  il  n'y  a  pas  la 
moindre  eau  et  où  des  vents  violents  soulevaient  des  montagnes  de  sable 
prêtes  à  ensevelir  les  voyageurs.  Ce  ne  fut  qu'après  25  jours  de  grandes 
souffrances  et  de  fatigues  considérables  que  le  D""  Sven  Hedin  est  arrivé  au 
Rhotan-Darya,  où  il  a  enfin  trouvé  l'eau  qui  lui  faisait  complètement  défaut 
depuis  5  jours.  Il  avait  perdu  tous  ses  bagages,  tous  ses  instruments,  tous 
ses  chameaux  et  deux  de  ses  compagnons;  c'est  à  son  énergie  qu'il  a  du 
d'échapper  et  de  faire  échapper  son  escorte  à  la  plus  terrible  des  morts. 

Après  quelques  mois  de  repos  à  Racligar,  il  a  exploré  le  sud-est  du 
Pamir  et  FHindou-Kouch  et  a  suivi  la  route  parcourue  600  ans  auparavant 
par  Marco  Polo.  En  189G,  il  a  traversé  dans  sa  plus  grande  largeur  le 
désert  qui  s'étend  à  l'est  du  Takla-Makane  et  où  il  découvrit  les  ruines  de 


124o  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

quelques  villes  que  les  sables,  qui  ne  cessent  de  s'avancer  vers  le  Sud- 
Ouest  sous  la  poussée  continue  des  vents,  ont  enfouies  dans  les  premiers 
siècles  de  l'ère  chrétienne;  ce  voyage,  dur  et  pénible,  a  duré  4  mois  et 
demi.  Ses  études,  fort  importantes  au  point  de  vue  géographique,  ont 
porté  principalement  sur  le  cours  du  Kerya-Darya,  qui  finit  par  se  perdre 
dans  les  sables,  sur  le  bassin  du  Tarim  et  sur  le  Lop-Nor.  Il  s'est  rendu  à 
Pékin  en  traversant  de  l'Ouest  à  l'Est,  dans  le  Tibet  septentrional  et  dans 
la  Chine,  une  contrée  en  grande  partie  inconnue. 

Le  second  voyage  du  D""  Sven  Hedin  a,  comme  le  premier,  duré  3  ans, 
du  i8  septembre  1899  au  j4  mai  1902,  et  a  aussi  été  exécuté  dans  le  Tibet. 
Il  a  commencé  par  relever  avec  beaucoup  de  soin  et  en  grand  détail  le 
cours  du  Yarkand-Darya,  puis  il  a  traversé  l'extrémité  orientale  du  désert 
de  Takla-Makane,  dont  il  avait,  en  avril  1895,  exploré  la  partie  orientale 
au  milieu  de  souffrances  inouïes,  et  il  a  étudié  à  nouveau  le  bassin  du 
Tarim,  le  grand  fleuve  du  Turkestan  chinois,  et  exécuté  un  nivellement 
de  précision  entre  l'ancien  Lop-Nor,  qui  est  aujourd'hui  desséché,  et  le 
Kara-Rochun.  Il  a  ensuite  exploré  le  nord-est  du  Tibet,  traversant  des 
régions  absolument  désertes  et  inconnues  où  il  a  fait  d'importantes 
découvertes  géographiques,  et  il  s'est  acheminé  vers  Lhassa,  déguisé  en 
Mongol;  après  9  jours  de  marche,  il  a  été  arrêté  par  un  corps  armé  de 
Tibétains  qui  l'ont  contraint  à  battre  en  retraite.  Une  seconde  tentative 
ne  réussit  pas  davantage,  et  il  dut  se  résigner  à  gagner  le  Ladak;  le  20  dé- 
cembre 1901,  à  bout  de  forces  et  de  ressources,  ayant  perdu  presque 
toute  sa  caravane,  il  a  atteint  Leh,  d'où  il  est  allé  à  Kachgar,  fermant  le 
polygone  de  ses  itinéraires. 

Les  levés  que  le  D^  Sven  Hedin  a  exécutés  pendant  ce  second  voyage 
remplissent  1149  feuilles,  représentant  un  itinéraire  de  plus  de  loooo**"", 
dont  les  neuf  dixièmes  en  pays  inconnu  ;  ils  s'appuient  sur  1 1 4  points  déter- 
minés astronomiquement.  Ses  études  sur  le  Tarim  et  les  causes  des  varia- 
tions annuelles  de  son  débit,  sur  les  déserts  du  centre  de  l'Asie,  sur  les 
déplacements  du  Lop-Nor,  etc.,  présentent  aussi  un  grand  intérêt  pour  la 
Géographie.  Ses  observations  météorologiques  embrassent  une  période 
beaucoup  plus  longue  que  toutes  celles  faites  précédemment  dans  ces 
régions.  Le  D'"  Sven  Hedin  a,  en  outre,  rapporté  de  ses  voyages  quelques 
collections  zoologiques  et  botaniques  et  surtout  une  série  nombreuse 
d'échantillons  géologiques  précieux  pour  la  connaissance  de  la  constitution 
du  sol  du  Tibet. 

Ce  court  et  très  incomplet  résumé  des  belles  et  difficiles  explorations 


SÉANCE  DU  22  DÉCEMBRE  1902.  I24l 

du  D'"  Sven  Hedin  dans  l'Asie  centrale  suffit  pour  montrer  tout  l'intérêt 
scientifique  qui  s'y  attache,  et  l'Académie  ne  peut  qu'approuver  l'attribution 
que  la  Commission,  à  l'unanimité,  a  faite  au  D^"  Svex  Medix  du  prix  fondé 
par  M.  de  Tchihatchef. 

L'Académie  adopte  les  conclusions  de  ce  Rapport. 


PRIX  DELALANDE-GUERINEAU. 

(Commissaires  :  MM.  Grandidier,  Gaudry,  Bouquet  de  la  Grye, 
Perrier;  Bassot,  rapporteur.) 

La  Commission  décerne  le  prix  à  M.  Gonxessiat,  astronome  français, 
Directeur  de  l'observatoire  de  Quito,  pour  sa  collaboration  à  l'œuvre  entre- 
prise par  la  Mission  géodésique  de  l'Equateur,  dans  les  opérations  astro- 
nomiques relatives  à  la  mesure  d'un  arc  de  méridien  dont  cette  Mission 
est  chargée. 


Cette  proposition  est  adoptée  par  l'Académie. 


PRIX  JEROME  PONTL 


(Commissaires  :  MM.  Berthelot,  Darboux,  Maurice  Levy, 
Bouquet  de  la  Grye;  Albert  Gaudry,  rapporteur.) 

M.  André  Tourxouër  est  actuellement  en  Patagonie,  entreprenant  |)our 
la  quatrième  fois  des  explorations  paléontologiques.  MM.  Ameg^hino, 
IMorenoet  d'autres  savants  de  la  République  argentine  ont  découvert  dans  le 
sud  et  le  centre  de  la  Patagonie  d'admirables  gisements  de  fossiles  tertiaires. 
La  France  n'en  possédait  jusqu'à  présent  aucun  débris.  M.  AndréToin-nouër, 
qui  a  séjourné  dans  la  République  argentine,  a  voulu  que  notre  pays  eût 
sa  part  des  richesses  scientifiques  cachées  dans  les  terrains  de  la  Patagonie, 
et  il  s'est  livré  à  ses  frais,  avec  de  grandes  fatigues,  à  des  reclierches  qui 
ont  eu  les  plus  heureux  résultats.  Pour  ses  derniers  voyages,  il  a  rrçu  une 
Mission  du  Ministère  de  l'Instruction  publique  et  du  Muséum  d'Histoire 
naturelle.  Il  a  tour  à  tour  fouillé  à  Coli  Huapi,  au  Monte-Leone,  sur  les 
bords  du  Rio  Coyle  et  enfin  au  Deseado. 

Les  bêtes  fossiles  de  Patagonie  sont  si  étonnantes  par  leur  physionomie 
G.  R.,  1902,  2»  Semestre.  (T.  CXXXV,  N»  25.)  1^2 


I2^[2  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

particulière  que  l'on  commence  à  se  demander  s'il  n'y  aurait  pas  eu  un 
vaste  continent  austral  sur  lequel  la  marche  de  la  vie  aurait  été  différente 
de  ce  qu'elle  a  été  dans  l'hémisphère  boréal.  Les  Mammifèresnerenlrentpas 
dans  nos  classifications.  Par  exemple,  les  zoologisLes  avaient  rangé  les 
Mammifères  en  Marsupiaux  et  en  Placentaires;  mais  nous  ne  pouvons  plus, 
avec  les  liorhyœna  et  les  Prothylacynus  de  Patagonie,  dire  où  les  Marsu- 
piaux finissent,  où  les  Placentaires  commcDceiit.  On  avait  partagé  les  Pla- 
centaires terrestres  en  Onguiculés  et  en  Ongulés,  eux-mêmes  séparés  en 
Paridigités  et  Imparidigités;  or  Nesodon  de  Patagonie  par  ses  dents  se  rat- 
tache aux  Imparidigités,  par  ses  jambes  ressemble  aux  Paridigités,  par  ses 
avant-bras  rappelle  les  Lions.  Parmi  les  Onguiculés,  on  avait  réuni  sous  le 
nom  d'Edentés  ceux  qui  n'ont  pas  de  dents  en  avant,  et  voici  que  Peltephiliis 
de  Patagonie  a  une  rangée  de  dents  ininterrompue  en  avant  de  sa  mâ- 
choire supérieure  comme  de  sa  mâchoire  inférieure.  Le  fameux  Pyro- 
therium,  d'après  ce  que  nous  en  connaissons,  ne  s'intercale  pas  dans  nos 
classifications;  bien  qu'il  ait  certaines  apparences  des  Proboscidiens,  des 
Pachydermes,  des  Marsurpiaiix,  nous  ne  savons  dans  quel  ordre  le  placer. 
Ainsi  la  paléontologie  de  la  Patagonie  soulève  de  curieuses  questions. 
M.  TouRxouER  nous  aide  à  les  aborder.  Votre  Commission,  à  l'unanimité, 
a  pensé  qu'un  si  courageux  et  si  désintéressé  explorateur  mérite  de  rece- 
voir le  prix  Jérôme  Ponti. 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées  par  l'Académie. 

PRIX  HOULLEVIGUE. 

Commissaires   :  MM.   Berthelot,  Darboux,  Bouquet  de  la  Grye,  Sarrau  ; 

Mascart,  rapporteur.) 

Le  prix  est  décerné  à  M.  Teisserexc  de  Bort,  pour  ses  recherches  sur 
l'état  de  l'atmosphère  aux  grandes  altitudes  au  moyen  des  cerfs-volants  et 
des  ballons-sondes. 

PRIX  SAINTOUR. 

(Commissaires  :  MM.  Berthelot,  Poincaré,  Gaudry,  Lippmann; 
Darboux,  rapporteur.) 

Le  prix  est  partagé  entre  M.  Riquier,  pour  ses  travaux  sur  l'intégration 
des  systèmes  d'équations  aux  dérivées  partielles,  et  M.  Adolphe  Mixet, 
pour  ses  recherches  sur  la  préparation  électrolytique  de  l'aluminium. 


SÉANCE  DU  22  DÉCEMBRE  I902.  12^|3 


PRIX  GEGNER. 

(Commissaires  :  MM.  Berthelot,  Bassot,  Michel  I^évy  ; 
Mascart,  rapporteur.) 

La  Commission  décerne  le  prix  à  M™®  Curie,  pour  la  continuation  de 
ses  recherches  sur  les  corps  radio-actifs. 

L'Académie  adopte  les  conclusions  de  ce  Rapport. 

PRIX  TRÉMONT. 

(Commissaires  :  MM.  Brouardel,  Lannelongue,  Berthelot,  Maurice  Levy; 

Mascart,  rapporteur.) 

Le  prix  est  décerné  à  M.  Frémoxt. 

PRIX  FONDÉ  PAR  M'"^  la  Marquise  DE  LAPLACE. 

Une  Ordonnance  royale  a  autorisé  l'Académie  des  Sciences  à  accepter 
la  donation,  qui  lui  a  été  faite  par  M™*  la  Marquise  de  Laplace,  d'une  rente 
pour  la  fondation  à  perpétuité  d'un  prix  consistant  dans  la  collection  com- 
plète des  Ouvrages  de  Laplace,  qui  devra  être  décerné  chaque  année  au 
premier  élève  sortant  de  l'Ecole  Polytechnique. 

Le  Président  remet  les  cinq  Volumes  de  \!a.  Mécanique  céleste ,  V Exposition 
du  Système  du  monde  et  le  Traité  des  Probabilités  à  M.  Aurrux,  entré,  en 
qualité  d'Élève  Ingénieur,  à  l'École  nationale  des  Mines. 

PRIX  FONDÉ  PAR  M.   FÉLIX  RIVOT. 

Conformément  aux  termes  de  la  donation,  le  prix  Félix  Rivot  est  décerné 
à  MM.  AuBRUN  et  IXiewenglowski,  entrés  les  deux  premiers  en  qualité 
d'Élèves  Ingénieurs  à  l'École  nationale  des  Mines;  et  à  MM.  Barrillox 
et  Bêisézit,  entrés  les  deux  premiers  au  même  titre  à  l'École  nationale 
des  Ponts  et  Chaussées. 


1244  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


PROGRAMME    DES    PRIX    PROPOSÉS 
POUR  LES  ANNÉES  1903,  1904,  1905  ET  1906. 


GEOMETRIE. 


PRIX  FRANCOEUR  (tooo'»). 

Ce  prix  annuel  ser^i  décerné  à  l'auteur  de  découvertes  ou  de  travaux 
utiles  au  progrès  des  Sciences  mathématiques  pures  et  appliquées. 


PRIX  PONCELET  (2000''). 

Ce  prix  annuel,  fondé  par  M"^^  Poncelel,  est  destiné  à  récompenser 
l'Ouvrage  le  plus  utile  aux  progrès  des  Sciences  mathématiques  pures  ou 
appliquées,  publié  dans  le  cours  des  dix  années  qui  auront  précédé  le 
jugement  de  l'Académie. 

Une  donation  spéciale  de  M°^^  Poncelet  permet  à  l'Académie  d'ajouter 
au  prix  qu'elle  a  primitivement  fondé  un  exemplaire  des  OEuvres  complètes 
du  Général  Poncelet. 


GRAND  PRIX  DES  SCIENCES  MATHEMATIQUES. 

(Prix  du  Budget  :  Sooo^"'. ) 

L'Académie  a  mis  au  concours,  pour  le  grand  prix  des  Sciences  mathé- 
matiques de  1904,  la  question  suivante  : 

Perfectionner,  en  quelque  point  important,  F  étude  de  la  convergence  des 
fractions  continues  algébriques. 


SÉANCE  DU  22  DÉCEMBRE  1902.  1245 


PRIX  BORDIN  (3ooo'0. 

L'Académie  a  mis  de  nouveau  au  Concours,  pour  le  prix  Bordin  de  1904, 
la  question  suivante  : 

Développer  et  perfectionner  la  théorie  des  surfaces  applicables  sur  le  para- 
boloide  de  révolution . 

PRIX  VAILLANT  (4 000*'). 

L'Académie  a  décidé  que  le  prix  fondé  par  M.  le  Maréchal  Vaillant 
serait  décerné  tous  les  deux  ans.  Elle  a  mis  au  concours,  pour  l'année  1904, 
la  question  suivante  : 

Déterminer  et  étudier  tous  les  déplacements  d' une  figure  invariable  dans  les- 
quels les  différents  points  de  la  figure  décrivent  des  courbes  sphériques. 


MECAIVIQUE 


PRIX  EXTRAORDINAIRE  DE  SIX  MILLE  FRANCS, 

DESTINÉ   A    RÉCOMPENSER    TOUT    PROGRÈS    DE   NATURE    A    ACCROITRE    l'eFFICACITÉ 
DE   NOS    FORCES    NAVALES. 

L'Académie  décernera  ce  prix,  s'il  y  a  lieu,  dans  la  prochaine  séance 
publique  annuelle. 


PRIX  MONTYON  (MÉCANIQUE)  (700^'). 

Ce  prix  annuel  est  fondé  en  faveur  de  «  celui  qui,  au  jugement  de  l'Aca- 
»  demie  des  Sciences,  s'en  sera  rendu  le  plus  digne,  en  inventant  ou  en 
))  perfectionnant  des  instruments  utiles  aux  progrès  de  l'Agriculture,  des 
M   Arts  mécaniques  ou  des  Sciences  >) . 


1246  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 


PRIX  PLUMEY  (2  5oo"). 

Ce  prix  annuel  est  destiné  à  récompenser  «  l'auteur  du  perfectionne- 
»  ment  des  machines  à  vapeur  ou  de  toute  autre  invention  qui  aura  le 
»  plus  contribué  au  progrès  de  la  navigation  à  vapeur  ». 


PRIX  FOURNEYRON  (looo"). 

L'Académie  rappelle  qu'elle  a  mis  de  nouveau  au  concours  pour  sujet 
du  prix  Fourneyron,  qu'elle  décernera,  s'il  y  a  lieu,  dans  sa  séance  pu- 
blique de  1903,  la  question  suivante  : 

Etude  théorique  ou  expérimentale  des  turbines  à  vapeur. 


ASTRONOMIE. 


PRIX  PIERRE  GUZMAN  (100000^»). 

jy/jme  yeuve  Guzman  a  légué  à  l'Académie  des  Sciences  une  somme  de 
cent  mille  francs  pour  la  fondation  d'un  prix  qui  portera  le  nom  de  prix 
Pierre  Guzman,  en  souvenir  de  son  fds,  et  sera  décerné  à  celui  qui  aura 
trouvé  le  moyen  de  communiquer  avec  un  astre  autre  que  la  planète 
Mars. 

Prévoyant  que  le  prix  de  cent  mille  francs  ne  serait  pas  décerné  tout  de 
suite,  la  fondatrice  a  voulu,  jusqu'à  ce  que  ce  prix  fût  gagné,  que  les  inté- 
rêts du  capital,  cumulés  pendant  cinq  années,  formassent  un  prix,  toujours 
sous  le  nom  de  Pierre  Guzman,  qui  serait  décerné  à  un  savant  français,  ou 
étranger,  qui  aurait  fait  faire  un  progrès  important  à  l'Astronomie. 

he prix  quinquennal,  représenté  parles  intérêts  du  capital,  sera  décerné, 
s'il  y  a  lieu,  pour  la  première  fois  en  igoS. 


SÉANCE  DU  22  DÉCEMBRE  1902.  1 247 


PRIX  LALANDE  (54o"). 

Ce  prix  doit  être  attribué  annuellement  à  la  personne  qui,  en  France  ou 
ailleurs,  aura  fait  l'observation  la  plus  intéressante,  le  Mémoire  ou  le 
travail  le  plus  utile  aux  progrès  de  l'Astronomie. 


PRIX  YALZ  (46o'^'). 

Ce  prix  annuel  est  décerné  à  l'auteur  de  l'observation  astronomique  la 
plus  intéressante  qui  aura  été  faite  dans  le  courant  de  l'année. 


PRIX  G.  DE  PONTÉCOULATST  (700"). 

Ce  prix  biennal,  destiné  à  encourager  les  recherches  de  Mécanique 
céleste,  sera  décerné  pour  la  première  fois  dans  la  séance  publique 
annuelle  de  1903. 

PRIX   JANSSEN. 

Ce  prix  biennal,  qui  consiste  en  une  médaille  d'or  destinée  à  récom- 
penser la  découverte  ou  le  travail  faisant  faire  un  progrès  important  à 
l'Astronomie  physique,  sera  décerné  en  1904. 

M.  Janssen,  dont  la  carrière  a  été  presque  entièrement  consacrée  aux 
progrès  de  l'Astronomie  physique,  considérant  que  cette  science  n'a  pas 
à  l'Académie  de  prix  qui  lui  soit  spécialement  affecté,  a  voulu  combler 
cette  lacune. 

PRIX  DAMOISEAU  (aooo"^"^). 

Ce  prix  est  triennal. 

'I/Académie  a  mis  au  concours,  pour  l'année  1905,  la  question  suivante  : 

Il  existe  une  dizaine  dé  comètes  dont  l'orbite,  pendant  la  période  de  visibi- 
lité, s'est  montrée  de  nature  hyperbolique.  Rechercher,  en  remontant  dans  le 
passé  et  tenant  compte  des  perturbations  des  planètes,  s'il  en  était  ainsi  avant 
l'arrivée  de  ces  comètes  dans  le  système  solaire. 


1248  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


GEOGRAPHIE  ET  MAYÎGATÏON. 


PRIX  BINOUX  (2000"). 

Ce  prix   annuel  est  atlribué  alternativement  à  des  recherches   sur  la 
Géographie  ou  la  Navigation  et  à  des  recherches  sur  V Histoire  des  Sciences. 

Ce  prix  sera  décerné,  en  1904,  à  l'auteur  de  travaux  sur  la  Géographie 
ou  la  Navigation. 


PHYSIQUE. 


PRIX  HÉBERT  (1000^^). 

Ce  prix  annuel  est  destiné  à  récompenser  l'auteur  du  meilleur  Traité  ou 
de  la  plus  utile  découverte  pour  la  vulgarisation  et  l'emploi  pratique  de 
l'Électricité. 

PRIX  HUGHES  (2500'^'^). 

Ce  prix  annuel,  dû  à  la  libéralité  du  physicien  Hughes,  sera  décerné 
pour  la  première  fois  dans  la  séance  publique  de  1903.  Il  est  destiné  à 
récompenser  l'auteur  d'une  découverte  ou  de  travaux  qui  auront  le  plus 
contribué  au  progrès  de  la  Physique. 


PRIX  GASTON  PLANTÉ  (SgooI^^. 

Ce  prix   biennal  est  attribué,   d'après  le   jugement  de  l'Académie,    à 
l'auteur  français  d'une  découverte,  d'une  invention  ou  d'un  travail  im- 


SÉANCE    DU    22    DÉCEMBRE     1902.  12/19 

portant  dans  le  domaine  de  rÉlectricité.  L'Académie  décernera  ce  prix, 
s'il  y  a  lieu,  dans  sa  séance  annuelle  de  igoS. 

PRIX   KASTNER-BOURSAULT  (2000*'). 

Ce  prix  triennal  sera  décerné,  s'il  y  a  lieu,  en  1904,  à  l'auteur  du 
meilleur  travail  sur  les  applications  diverses  de  l'Électricité  dans  les  Arts, 
l'Industrie  et  le  Commerce. 


PRIX  L.  LA  CAZE  (ioogo^O. 

M.  Louis  La  Caze  a  légué  à  l'Académie  des  Sciences  trois  rentes  de  cinq 
mille  francs  chacune,  dont  il  a  réglé  l'emploi  de  la  manière  suivante  : 

«  Dans  l'intime  persuasion  où  je  suis  que  la  Médecine  n'avancera  réel- 
lement qu'autant  qu'on  saura  la  Physiologie,  je  laisse  cinq  mille  francs 
de  rente  perpétuelle  à  f  Académie  des  Sciences,  en  priant  ce  corps  savant 
de  vouloir  bien  distribuer  de  deux  ans  en  deux  ans,  à  dater  de  mon 
décès,  un  prix  de  dix  mille  francs  (10000  fr.)  à  l'auteur  de  l'Ouvrage 
qui  aura  le  plus  contribué  aux  progrès  de  la  Physiologie.  Les  étrangers 

pourront    concourir 

))  Je  confirme  toutes  les  dispositions  qui  précèdent;  mais,  outre  la 
somme  de  cinq  mille  francs  de  rente  perpétuelle  que  j'ai  laissée  à  V  Aca- 
démie des  Sciences  de  Paris  pour  fonder  un  prix  de  Physiologie,  que  je 
maintiens  ainsi  qu'il  est  dit  ci-dessus,  je  laisse  encore  à  la  même  Acadé- 
mie des  Sciences  deux  sommes  de  cinq  mille  francs  de  rente  perpétuelle, 
libres  de  tous  frais  d'enregistrement  ou  autres,  destinées  à  fonder  deux 
autres  prix,  l'un  pour  le  meilleur  travail  sur  la  Physique,  l'autre  pour 
le  meilleur  travail  sur  la  Chimie.  Ces  deux  prix  seront,  comme  celui  de 
Physiologie,  distribués  tous  les  deux  ans,  à  perpétuité,  à  dater  de  mon 
décès,  et  seront  aussi  de  dix  mille  francs  chacun.  Les  étrangers  pourront 
concourir.  Ces  sommes  ne  seront  pas  partageables  et  seront  données  en 
totalité  aux  auteurs  qui  en  auront  été  jugés  dignes.  Je  provoque  ainsi, 
par  la  fondation  assez  importante  de  ces  trois  prix,  en  Europe  et  peut- 
être  ailleurs,  une  série  continue  de  recherches  sur  les  Sciences  naturelles, 
qui  sont  la  base  la  moins  équivoque  de  tout  savoir  humain;  et,  en 
même  temps,  je  pense  que  le  jugement  et  la  distribution  de  ces  récom- 

C.  R,  1903,  a»  Semestre.  (T.  CXXXV,  N«  25.)  l63 


I25o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  penses  par  V Académie  des  Sciences  de  Paris  sera  un  titre  de  plus,  pour 

»  ce  corps  illustre,  au  respect  et  à  l'estime  dont  il  jouit  dans  le  monde 

»  entier.  Si  ces  prix  ne  sont  pas  obtenus  par  des  Français,  au  moins  ils 

»  seront  distribués  par  des  Français,  et  par  le  premier  corps  savant  de 

»  France.  » 

L'Académie  décernera,  dans  sa  séance  publique  de  l'année  igoS,  deux 
prix  de  dix  mille  francs  chacun  aux  Ouvra^^es  ou  Mémoires  qui  auront  le 
plus  contribué  aux  progrès  de  la  Physiologie  et  de  la  Chimie. 

L'Académie  décernera  le  prix  relatif  à  la  Physique  dans  sa  séance 
publique  de  l'année  igoS. 


STATISTIQUE. 


PRIX  MONTYON  (Soo*'^). 

L'Académie  annonce  que,  parmi  les  Ouvrages  qui  auront  pour  objet  une 
ou  plusieurs  questions  relatives  à  la  Statistique  de  la  France,  celui  qui,  à  son 
jugement,  contiendra  les  recherches  les  plus  utiles,  sera  couronné  dans  la 
prochaine  séance  publique.  Elle  considère  comme  admis  à  ce  concours 
annuel  les  Mémoires  envoyés  en  manuscrit,  et  ceux  qui,  ayant  été  imprimés 
et  publiés,  arrivent  à  sa  connaissance. 


CHIMIE. 


PRIX  JECRER  (loooo'^r). 

Ce  prix  annuel  est  destiné  à  récompenser  les  travaux  les  plus  propres 
à  hâter  les  progrès  de  la  Chimie  organique. 


SÉANCE  DU  22  DÉCEMBRE  1902.  I25l 

PRIX  L.  LA  GAZE  (10 000''). 


Voir  page  1249. 


MINERALOGIE  ET  GEOLOGIE 


PRIX  DELESSE  (i4oof>). 

jYjme  yve  Dgigssg  3  fj^jj-  j^Iqj^  ^  l'Académie  d'une  somme  de  vingt  mille  francs, 
destinée  par  elle  à  la  fondation  d'un  prix  qui  sera  décerné  tous  les  deux 
ans,  s'il  y  a  lieu,  à  l'auteur,  français  ou  étranger,  d'un  travail  concernant 
les  Sciences  géologiques,  ou,  à  défaut,  d'un  travail  concernant  les  Sciences 
minéralogiques. 

Le  prix  Delesse  sera  décerné  dans  la  séance  publique  de  l'année  igoS. 


PRIX  FONTANNES  (2000^''). 

Ce  prix  triennal  est  attribué  à  V auteur  de  la  meilleure  publication  palëon- 
tologique.  Il  sera  décerné,  s'il  y  a  lieu,  dans  la  séance  publique  de  igoS. 


PRIX  ALHUMBERT  (1000^^). 

L'Académie  a  mis  au  concours,  pour  sujet  de   ce  prix  quinquennal  à 
décerner  en  1905,  la  question  suivante  : 

Etude  sur  rage  des  dernières  éruptions  volcaniques  de  la  France. 


1252  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


GEOGRAPHIE  PHYSIQUE. 


PRIX  GAY  (2  5oof^). 

L'Académie  rappelle  que  le  prix  Gay,  qu'elle  doit  décerner  dans  sa 
séance  publique  de  l'année  igoS,  sera  attribué  à  l'auteur  d'un  travail 
ayant  pour  but  la  détermination,  aussi  précise  que  possible,  d'une  série  de 
positions  géographiques  dans  une  colonie  française . 


PRIX  GAY  (i  500^0. 

L'Académie  a  mis  au  concours  pour  sujet  du  prix  Gay,  qu'elle  doit 
décerner  dans  sa  séance  publique  de  l'année  1904,  la  question  suivante  : 

Etudier  les  variations  actuelles  du  niveau  relatif  de  la  terre  ferme  et  de  la 
mer,  à  l'aide  d' observations  précises,  poursuivies  sur  une  portion  déterminée 
des  côtes  de  l'Europe  ou  de  l' Amérique  du  Nord. 


F^OTANIQUE. 


GRAND  PRIX  DES  SCIENCES  PHYSIQUES. 

(Prix  du  Budget  :  3ooo^''.) 

L'Académie  rappelle  qu'elle  a  mis  au  concours,  pour  l'année  igoS,  la 
question  suivante  : 

Rechercher  et  démontrer  les  divers  modes  de  formation  et  de  développement 
de  r œuf  chez  les  Ascomycétes  et  les  B asidiomj cèles . 


SÉANCE  DU  22  DÉCEMBRE  1902.  1253 


PRIX  BORDIN  (3  000'''-). 

L'Académie  rappelle  qu'elle  a  mis^au  concours,  pour  l'année  igoS,  la 
question  suivante  : 

Démontrer,  s'il  y  a  lieu,  par  l'étude  de  types  nombreux  et  variés,  la  géné- 
ralité du  phénomène  de  la  double  fécondation,  ou  digamie,  c'est-à-dire  de 
la  formation  simultanée  d'un  œuf  et  d'un  trophime,  chez  les  An  gios pennes . 

PRIX  DESMAZIÈRES  (iGoo"). 

Ce  prix  annuel  e?X  SiXXr'ihné  «  à  \'ix\i\.e\iv,  français  ou  étranger,  du  meil- 
»  leur  ou  du  plus  utile  écrit,  publié  dans  le  courant  de  l'année  précédente, 
»   sur  tout  ou  partie  de  la  Cryptogamie  ». 

PRIX  MONTAGNE  (iSoof»-). 

Par  testament  en  date  du  11  octobre  1862,  M.  Jean-François-Camille 
Montagne,  Membre  de  l'Institut,  a  légué  à  l'Académie  des  Sciences  la  tota- 
lité de  ses  biens,  à  charge  par  elle  de  distribuer  chaque  année,  sur  les 
arrérages  de  la  fondation,  un  prix  de  iSoo^""  ou  deux  prix  :  l'un  de  looo*"'", 
l'autre  de  Soo*^"",  au  choix  de  la  Section  de  Botanique,  aux  auteurs  de  tra- 
vaux importants  ayant  pour  objet  l'anatomie,  la  physiologie,  le  dévelop- 
pement ou  la  description  des  Cryptogames  inférieures  (Thallophytes  et 
Muscinées). 

Les  concurrents  devront  être  Français  ou  naturalisés  Français. 


PRIX  THORE  (200^'). 

Ce  prix  annuel  est  attribué  alternativement  aux  travaux  sur  les  Crypto- 
games cellulaires  d'Europe  et  aux  recherches  sur  les  mœurs  ou  l'ana- 
tomie d'une  espèce  d'Insecte  d'Europe.  (Voir  page  i255.) 

Ce  prix  sera  décerné,  s'il  y  a  lieu,  dans  la  séance  annuelle  de  jgoS, 
au  meilleur  travail  sur  les  Cryptogames  cellulaires  d'Europe. 


1254  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 


PRIX  DE  LA  FONS-MÉLICOCQ  (900^'), 

Ce  prix  sera  décerné  «  tous  les  trois  ans  au  meilleur  Ombrage  de  Botanique, 
»  manuscrit  ou  imprimé,  sur  le  nord  de  la  France,  c'est-à-dire  sur  les 
»  départements  du  Nord,  du  Pas-de-Calais,  des  Ardennes,  de  la  Somme,  de 
»   V Oise  et  de  r Aisne  w. 

Ce  prix  sera  décerné,  s'il  y  a  lieu,  dans  la  séance  annuelle  de  190^^. 


ECOIVOMIE   RURALE. 


PRIX    BIGOT    DE    MOROGUES  (1700'^'^). 

Ce  prix  décennal  sera  décerné,  dans  la  séance  annuelle  de  igoS,  à  l'Ou- 
Tage  qui  aura  fait  faire  le  plus  de  progrès  à  l'Agriculture  de  France. 


ANATOMIE  ET  ZOOLOGIE. 


PRIX  SAVIGNY,  FONDÉ  PAR  M"**  LETELLIER  (iSgo^'). 

«  Voulant,  dit  la  testatrice,  perpétuer,  autant  qu'il  est  en  mon  pouvoir 
»  de  le  faire,  le  souvenir  d'un  martyr  de  la  science  et  de  l'honneur,  je 
))  lègue  à  l'Institut  de  France,  Académie  des  Sciences,  Section  de  Zoologie, 
»  7)ingt  mille  francs,  au  nom  de  Marie-Jules-César  Le  Lorgne  de  Savigny, 
))  ancien  Membre  de  l'Institut  d'Egypte  et  de  l'Institut  de  France,  pour 
»  l'intérêt  de  cette  somme  de  vingt  mille  francs  être  employé  à  aider  les 
»  jeunes  zoologistes  voyageurs  qui  ne  recevront   pas  de  subvention   du 


SÉANCE  DU  22  DÉCEMBRE  I902.  1255 

»   Gouvernement  et  qui  s'occuperont  plus  spécialement  des  animaux  sans 
»  vertèbres  de  l'Egypte  et  de  la  Syrie.   » 

PRIX  DA  GAMA  MACHADO  (i2oo'>). 

L'Académie  décernera,  tous  les  trois  ans,  le  prix  da  Gama  Machado  aux 
meilleurs  Mémoires  qu'elle  aura  reçus  sur  les  parties  colorées  du  système 
té^umentaire  des  animaux  ou  sur  la  matière  fécondante  des  êti"es  animés. 

Il  sera  décerné,  s'il  y  a  lieu,  en  iqoS. 

PRIX  THORE  (200"). 
Voir  page  i253. 

Ce  prix  alternatif  sera  décerné,  s'il  y  a  lieu,  dans  la  séance  annuelle 
de  1904,  au  meilleur  travail  sur  les  mœurs  et  l'anatomie  d'une  espèce 
d'Insectes  d'Europe. 


MÉDECINE  ET  CHIRURGIE. 


PRIX  MONTYON 

(Trois  prix  de  2  5oo'^%  trois  mentions  de  i  Soo'^''). 

Conformément  au  testament  de  M.  Auget  de  Montyon,  il  sera  décerné, 
tous  les  ans,  un  ou  plusieurs  prix  aux  auteurs  des  Ouvrages  ou  des  décou- 
vertes qui  seront  jugés  les  plus  utiles  à  Vart  de  guérir. 

L'Académie  juge  nécessaire  de  faire  remarquer  que  les  prix  dont  il 
s'agit  ont  expressément  pour  objet  des  découvertes  et  inventions  propres  à 
perfectionner  la  Médecine  ou  la  Chirurgie. 

Les  pièces  admises  au  Concours  n'auront  droit  au  prix  qu'autant  qu'elles 
contiendront  une  découverte  parfaitement  déterminée. 


1256  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Si  la  pièce  a  été  produite  par  l'auteur,  il  devra  indiquer  la  partie  de  son 
travail  où  cette  découverte  se  trouve  exprimée;  dans  tous  les  cas,  la  Com- 
mission chargée  de  l'examen  du  concours  fera  connaître  que  c'est  à  la  dé- 
couverte dont  il  s'agit  que  le  prix  est  donné. 


PRIX  BARBIER  (2000'"^). 

Ce  prix  annuel  est  attribué  à  «  l'auteur  d'une  découverte  précieuse  dans 
»  les  Sciences  chirurgicale,  médicale,  pharmaceutique,  et  dans  la  Botanique 
»  ayant  rapport  à  l'art  de  guérir  » . 


PRIX  BRÉANT  (100000^'). 

M.  Bréant  a  légué  à  l'Académie  des  Sciences  une  somme  de  cent  mille 
francs  pour  la  fondation  d'un  prix  à  décerner  «  à  celui  qui  aura  trouvé 
»  le  moyen  de  guérir  du  choléra  asiatique  ou  qui  aura  découvert  les  causes 
»   de  ce  terrible  fléau  ». 

Prévoyant  que  le  prix  de  cent  mille  francs  ne  sera  pas  décerné  tout  de 
suite,  le  fondateur  a  voulu,  jusqu'à  ce  que  ce  prix  fût  gagné,  que  Vintérêt 
du  capital  fût  donné  à  la  personne  qui  aura  fait  avancer  la  Science  sur  la 
question  du  choléra  ou  de  toute  autre  maladie  épidémique,  ou  enfin  que  ce 
prix  pût  être  gagné  par  celui  qui  indiquera  le  moyen  de  guérir  radicale- 
ment les  dartres  ou  ce  qui  les  occasionne. 

Les  concurrents  devront  satisfaire  aux  conditions  suivantes  : 

i**  Pour  remporter  le  prix  de  cent  mille  francs,  il  faudra  :  «  Trouver  une 
»  médication  qui  guérisse  le  choléra  asiatique  dans  V  immense  majorité  des  cas  »  ; 

Ou  :  «  Indiquer  d'une  m.aniére  incontestable  les  causes  du  choléra  asiatique,  de 
»  façon  qu'en  amenant  la  suppression  de  ces  causes  on  fasse  cesser  l' épidémie  »  ; 

Ou  enfin  :  «  Découvrir  une  prophylaxie  certaine  et  aussi  évidente  que  l'est, 
»  par  exemple,  celle  de  la  vaccine  pour  la  variole  » . 

2**  Pour  obtenir  le  prix  annuel,  représenté  par  l'intérêt  du  capital,  il 
faudra,  par  des  procédés  rigoureux,  avoir  démontré  dans  l'atmosphère 
l'existence  de  matières  pouvant  jouer  un  rôle  dans  la  production  ou  la 
propagation  des  maladies  épidémiques. 


SÉANCE    DU    22    DÉCEMBRE    1902.  10.5-] 

Dans  le  cas  où  les  conditions  précédentes  n'auraient  pas  été  remplies,  le 
prix  annuel  pourra.,  aux  termes  du  testament,  être  accordé  à  celui  qui  aura 
trouvé  le  moyen  de  guérir  radicalement  les  dartres,  ou  qui  aura  éclairé  leur 
étioloffie. 

PRIX  GODARD  (ioog*"^). 

Ce  pria:  annuel  sera  donné  au  meilleur  Mémoire  sur  l'anatomie,  la  phy- 
siologie et  la  pathologie  des  organes  génito-urinaires.  Aucun  sujet  de 
prix  ne  sera  proposé. 


PRIX  LALLEMAND  (i  800^»^). 

Ce  prix  annuel  est  destiné  à   «  récompenser  ou  encourager  les  travaux 
relatifs  au  système  nerveux,  dans  la  plus  large  acception  des  mots  ». 


PRIX  DU  BARON  LARREY  (750'^^). 

Ce  prix  sera  décerné  annuellement  à  un  médecin  ou  à  un  chirurgien 
des  armées  de  terre  ou  de  mer  pour  le  meilleur  Ouvrage  présenté  à  l'Aca- 
démie et  traitant  un  sujet  de  Médecine,  de  Chirurgie  ou  d'Hygiène  mili- 
taire. 

PRIX  BELLION,  FONDÉ  PAR  M"«  FOEHR  (1400^0. 

Ce  pri.r  annuel  sera  décerné  aux  savants  «  qui  auront  écrit  des  Ouvrages 
»  ou  fait  des  découvertes  surtout  profitables  à  la  santé  de  l'homme  ou  à  l'amé- 
»  lioration  de  V espèce  humaine  ». 


PRIX  MÈGE  (loooof'). 

Le  D"*  Jean-Baptiste  Mège  a  légué  à  l'Académie  «  dix  mille  francs  à  donner 
»  en  prix  à  V auteur  qui  aura  continué  et  complété  son  Essai  sur  les  causes  qui 
»  ont  retardé  ou  favorisé  les  progrès  de  la  Médecine,  depuis  la  plus  haute  anli- 
»   quité  jusquà  nos  jours. 

»  L'Académie  des  Sciences  pourra  disposer  en  encouragements  des  inté- 
»  rets  de  cette  somme  jusqu'à  ce  qu'elle  pense  devoir  décerner  le  prix.    » 

C.  R.,  190a,  a*  Semestre.  (T.  CXXXV,  N"  25.)  l64 


1258  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

L'Académie  des  Sciences  décernera  le  prix  Mège,  s'il  y  a  lieu,  dans  sa 
séance  publique  annuelle  de  iqoS. 


PRIX  CHAUSSIER  (10000^^). 

Ce  prix  sera  décerné  tous  les  quatre  ans  au  meilleur  Livre  ou  Mémoire 
qui  aura  paru  pendant  ce  temps,  et  fait  avancer,  soit  la  Médecine  légale, 
soit  la  Médecine  pratique. 

L'Académie  décernera  ce  prix  dans  la  séance  annuelle  de  igoS,  au  meil- 
leur Ouvrage  paru  dans  les  quatre  années  qui  auront  précédé  son  juge- 
ment. 

PRIX  SERRES  (7500^^). 

Ce  prix  triennal  «  sur  V Embryologie  générale  appliquée  autant  que  possible 
»  à  la  Physiologie  et  à  la  Médecine  »  sera  décerné  en  igoS  par  l'Académie 
au  meilleur  Ouvrage  qu'elle  aura  reçu  sur  cette  importante  question. 


PRIX  DUSGATE  (2  5oo'''). 

Ce  prix  quinquennal  serai  décerné,  s'il  y  a  lieu,  en  1903,  à  l'auteur  du 
meilleur  Ouvrage  sur  les  signes  diagnostiques  de  la  mort  et  sur  les  moyens 
de  prévenir  les  inhumations  précipitées. 


PHYSIOLOGIE. 


PRIX  MONTYON  (750^^). 

L'Académie  décernera  annuellement  ce  prix  de  Physiologie  expérimen- 
tale à  l'Ouvrage,  imprimé  ou  manuscrit,  qui  lui  paraîtra  répondre  le  mieux 
aux  vues  du  fondateur. 


SÉANCE  DU  22  DÉCEMBRE  1902.  I  sSq 

PRIX  PHILIPEAUX  (900*^0- 

Ce  prix  annuel  de  Physiologie  expérimentale  sera  décerné  dans  la  pro- 
chaine séance  publique. 

PRIX  L.  LA  GAZE  (loooof-^). 
Voir  page  1249. 

PRIX  POURAT  (1000'^^). 

L'Académie  rappelle  qu'elle  a  mis  au  concours,  pour  Tannée  1903,  la 
question  suivante  : 

Action  des  courants  de  haute  fréquence  sur  les  phénomènes  de  la  vie. 

PRIX  POURAT  (looo'O- 

(Question  proposée  pour  l'année    1904.) 

Les  phénomènes  physiques  et  chimiques  de  la  respiration  aux  grandes  alti- 
tudes. 

PRIX  MARTIN-DAMOURETTE  (i4oo"). 

CQprix  biennal  sera  décerné,  s'il  y  a  lieu,  dans  la  séance  publique  an 
nuelle  de  1904. 


HISTOIRE  DES  SCIENCES. 


PRIX  RINOUX  (2000^»'). 

Ce   prix   alternatif  sera  décerné,  en  1903,  à   l'auteur   de  travaux  sur 
'Histoire  des  Sciences. 
Voir  page  1248. 


26o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


1>R1X  GENERAUX. 


MEDAILLE  ARAGO. 

L'Académie,  dans  sa  séance  du  i4  novembre  1887,  a  décidé  la  fondation 
d'une  médaille  d'or  à  l'effigie  d'Arago. 

Cette  médaille  sera  décernée  par  l'Académie  chaque  fois  qu'une  décou- 
verte, un  travail  ou  un  service  rendu  à  la  Science  lui  paraîtront  dignes  de 
ce  témoignage  de  haute  estime. 


MEDAILLE  LAVOISÏER. 

L'Académie,  dans  sa  séance  du  26  novembre  1900,  a  décidé  la  fonda- 
tion d'une  médaille  d'or  à  l'effigie  de  Lavoisier. 

Cette  médaille  sera  décernée  par  l'Académie,  aux  époques  que  son 
Bureau  jugera  opportunes  et  sur  sa  proposition,  aux  savants  qui  auront 
rendu  à  la  Chimie  des  services  éminents,  sans  distinction  de  nationalité. 

Dans  le  cas  où  les  arrérages  accumulés  dépasseraient  le  revenu  de  deux 
années,  le  surplus  pouri  ait  être  attribué,  par  la  Commission  administrative, 
à  des  recherches  ou  à  des  publications  originales  relatives  à  la  Chimie. 


MEDAILLE  BERTHELOT. 

Chaque  année,  sur  la  proposition  de  son  Bureau,  l'Académie  décernera 
un  certain  nombre  de  «  Médailles  Berthelot  »  aux  savants  qui  auront 
obtenu,  cette  année-là,  des  prix  de  Chimie  ou  de  Physique;  à  chaque 
Médaille  sera  joint  un  exemplaire  de  l'Ouvrage  intitulé  :  La  Synthèse 
chimique. 


SÉANCE  DU  22  DÉCEMBRE  1902.  1261 

PRIX  MONTYON  (ARTS  INSALUBRES). 

(Les  prix  sont  de  2  Soo'^'"  et  les  mentions  de   1 5oo''^) 

Il  sera  décerné  chaque  année  un  ou  plusieurs  prix  aux  auteurs  qui 
auront  trouvé  les  moyens  de  rendre  un  art  ou  un  métier  moins  insalubre. 

L'Académie  juge  nécessaire  de  faire  remarquer  que  les  prix  dont  il 
s'agit  ont  expressément  pour  objet  des  découvertes  et  inventions  qui  dimi- 
nueraient les  dangers  des  diverses  professions  ou  arts  mécaniques. 

Les  pièces  admises  au  concours  n'auront  droit  au  prix  qu'autant  qu'elles 
contiendront  une  découverte  parfaitement  déterminée. 

Si  la  pièce  a  été  produite  par  l'auteur,  il  devra  indiquer  la  partie  de  son 
travail  où  cette  découverte  se  trouve  exprimée;  dans  tous  les  cas,  la  Com- 
mission chargée  de  l'examen  du  concours  fera  connaître  que  c'est  à  la  dé- 
couverte dont  il  s'agit  que  le  prix  est  donné. 

PRIX   WILDE  (4ooo'^'-). 

M.  Henry  Wilde  a  fait  donation  à  l'Académie  desSciences  d'une  somme 
de  cent  trente-sept  mille  cinq  cents  francs^  qui  a  été  convertie  en  rente 
3  pour  100  sur  l'État  français.  Les  arrérages  de  ladite  rente  sont  consa- 
crés à  la  fondation  à  perpétuité  à\\n  prix  annuel  qui  porte  le  nom  de 
Prix  Wilde. 

L'Académie,  aux  termes  de  cette  donation,  a  la  faculté  de  décerner  au 
lieu  d'un  seul  prix  de  quatre  mille  francs,  deux  prix  de  deux  mille  francs 
chacun. 

Ce  prix  est  décerné  chaque  année  par  l'Académie  des  Sciences,  sans 
distinction  de  nationalité,  à  la  personne  dont  la  découverte  ou  l'Ouvrage 
sur  V Astronomie^  la  Physique,  la  Chimie,  la  Minéralogie,  la  Géologie  ou  la 
Mécanique  expérimentale  aura  été  jugé  par  l'Académie  le  plus  digne  de 
récompense,  soit  que  cette  découverte  ou  cet  Ouvrage  ait  été  fait  dans 
l'année  même,  soit  qu'il  remonte  à  une  autre  année  antérieure  ou  posté- 
rieure à  la  donation. 


1202  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 


PRIX  TCHIHATCHEF  (3ooo*'). 

M.  Pierre  de  Tchihatchef  a  légué  à  l'Académie  des  Sciences  la  somme 
de  cent  mille  francs . 

Dans  son  testament,  M.  de  Tchihatchef  stipule  ce  qui  suit  : 

«  Les  intérêts  de  cette  somme  sont  destinés  à  offrir  annuellement  une 
»  récompense  ou  un  encouru g^ement  aux  naturalistes  de  toute  nationalité  qui 
»  se  seront  le  j31lis  distingués  dans  l'exploration  du  continent  asiatique 
»  (ou  îles  limitrophes),  notamment  des  régions  les  moins  connues  et,  en 
»  conséquence,  à  l'exclusion  des  contrées  suivantes  :  Indes  britanniques, 
»  Sibérie  proprement  dite,  Asie  Mineure  et  Syrie,  contrées  déjà  plus  ou 
»   moins  explorées. 

»  Les  explorations  devront  avoir  pour  objet  une  branche  quelconque 
»   des  Sciences  naturelles,  physiques  ou  mathématiques . 

»  Seront  exclus  les  travaux  ayant  rapport  aux  autres  sciences,  telles 
»   que  :  Archéologie,  Histoire,  Ethnographie,  Philologie,  etc. 

»  Il  est  bien  entendu  que  les  travaux  récompensés  ou  encouraoés 
»  devront  être  le  fruit  d'observations  faites  sur  les  lieux  mêmes  et  non  des 
n   œuvres  de  simple  érudition.    » 


PRIX  GUVIER  (.5oo"). 

Ce  prix  est  attribué  tous  les  trois  ans  à  l'Ouvrage  le  plus  remarquable 
sur  l'étude  des  ossements  fossiles,  l'Anatomie  comparée  on  la  Zoologie. 

L'Académie  décernera,  s'il  y  a  lieu,  le  prix  Cuvier,  dans  sa  séance  pu- 
blique annuelle  de  1908,  à  l'Ouvrage  qui  remplira  les  conditions  du 
concours,  et  qui  aura  paru  depuis  le  i*'  janvier  1901. 

PRIX  PARRIN  (3400^0- 

Cid prix  triennal  e?>i  àQsXxnéi  à  récompenser  des  recherches  sur  les  sujets 
Suivants  : 

«    1°  Sur  les  effets  curatifs  du  carbone  sous  ses  diverses  formes  et  plus 


SÉANCE    DU    0.1   DÉCEMBRE    I902.  1203 

»   particulièrement  sous  la  forme  gazeuse  ou  gaz  acide  carbonique,  dans 
»  le  choléra,  les  différentes  formes  de  fièvre  et  autres  maladies; 

))  2°  Sur  les  effets  de  l'action  volcanique  dans  la  production  de  maladies 
»  épidémiques  dans  le  monde  animal  et  le  monde  végétal,  et  dans  celle  des 
»   ouragans  et  des  perturbations  atmosphériques  anormales,  » 

Le  testateur  stipule  : 

«  1°  Que  les  recherches  devront  être  écrites  en  français,  en  allemand 
»   ou  en  italien  ; 

»  2°  Que  l'auteur  du  meilleur  travail  publiera  ses  recherches  à  ses  pro- 
»  près  frais  et  en  présentera  un  exemplaire  à  l'Académie  dans  les  trois 
»   mois  qui  suivront  l'attribution  du  prix; 

))  3°  Chaque  troisième  et  sixième  année  le  prix  sera  décerné  à  un  tra- 
))  vail  relatif  au  premier  desdits  sujets,  et  chaque  neuvième  année  à  un 
»   travail  sur  le  dernier  desdits  sujets.  » 

T/Académie  ayant  décerné  pour  la  première  fois  ce  prix  dans  sa  séance 
publique  de  1897,  attribuera  ce  prix  triennal,  en  l'année  1908,  à  un  tra- 
vail sur  le  dernier  desdits  sujets,  conformément  au  vœu  du  testateur. 


PRIX  PETIT  D'ORMOY. 

(Deux  prix  de  loooo'^'". ) 

L'Académie  a  décidé  que,  sur  les  fonds  produits  par  le  legs  Petit  d'Or- 
moy,  elle  décernera  tous  les  deux  ans  un  prix  de  dix  mille  francs  pour  les 
Sciences  mathématiques  pures  ou  appliquées,  et  un  prix  de  dix  mille  francs 
pour  les  Sciences  naturelles. 

L'Académie  décernera  les  prix  Petit  d'Ormoy,  s'il  y  a  lieu,  dans  sa 
séance  publique  annuelle  de  [908. 


PRIX  BOILEAU  (i3oo'^). 

Ce  prix  triennal  e?>l  àesXÀné  à  récompenser  les  recherches  sur  les  mou- 
vements des  fluides,  jugées  suffisantes  pour  contribuer  au  progrès  de 
l'Hydraulique. 


1264  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

A  défaut,  la  rente  triennale  échue  sera  donnée,  à  titre  d'encouragement, 
à  un  savant  estimé  de  l'Académie  et  choisi  parmi  ceux  qui  sont  notoire- 
ment sans  fortune. 

L'Académie  décernera  le  prix  Boileau  dans  sa  séance  annuelle  de  igoS. 


PRIX  ESTRADE-DELCROS  (SGoof^. 

M.  Estrade-Delcros,  par  son  testament  en  date  du  8  février  1876,  a 
légué  toute  sa  fortune  à  l'Institut.  Conformément  à  la  volonté  du  testateur 
ce  legs  a  été  partagé,  par  portions  égales,  entre  les  cinq  classes  de  l'Institut, 
pour  servir  à  décerner,  tous  les  cinq  ans,  un  prix  sur  le  sujet  que  choisira 
chaque  Académie. 

Ce  prix  ne  peut  être  partagé.  Il  sera  décerné  par  l'Académie  des 
Sciences,  dans   sa  séance  publique  de  1903. 


PRIX  CAHOURS  (Sooof^. 

M.  Auguste  Cahours  a  légué  à  l'Académie  des  Sciences  la  somme  de 
cent  mille  francs. 

Conformément  aux  vœux  du  testateur,  les  intérêts  de  cette  somme  se- 
ront distribués  chaque  année,  à  titre  d'encouragement,  à  des  jeunes  gens 
qui  se  seront  déjà  fait  connaître  par  quelques  travaux  intéressants  et  plus 
particulièrement  par  des  recherches  sur  la  Chimie. 


PRIX  SAINTOUR  (3ooof»). 
Ce  prix  annuel  est  décerné  par  l'Académie  dans  l'intérêt  des  Sciences. 

PRIX  TRÉMONT  (1100^'). 

Ce  prix  annuel  est  destiné  «  à  aider  dans  ses  travaux  coût  savant,  ingé- 
nieur, artiste  ou  mécanicien,  auquel  une  assistance  sera  nécessaire  pour 
atteindre  un  but  utile  et  glorieux  pour  la  France   ». 


SÉANCE  DU  22  DÉCEMBRE  I902.  1265 


PRIX  GEGNER  (3  800'^). 


Ce  prix  annuel  est  destiné  «  à  soutenir  un  savant  qui  se  sera  signalé  par 
des  travaux  sérieux,  et  qui  dès  lors  pourra  continuer  plus  fructueusement 
ses  recherches  en  faveur  des  progrès  des  Sciences  positives  ». 


PRIX  FONDE  PAR  M°^«  la  Marquise  DE  LAPLACE. 

Ce  prix,  qui  consiste  dans  la  collection  complète  des  Ouvrages  de 
Laplace,  est  décerné,  chaque  année,  au  premier  élève  sortant  de  l'Ecole 
Polytechnique. 

PRIX  FÉLIX  RIVOT  (iSoo^'-). 

Ce  prix  annuel  sera  partagé  entre  les  quatre  élèves  sortant  chaque 
année  de  l'Ecole  Polytechnique  avec  les  n^^  1  et  2  dans  les  corps  des 
Mines  et  des  Ponts  et  Chaussées. 


PRIX  LECONTE  (  joooo*' ). 

Ce  prix  doit  être  donné,  en  un  seul  prix,  tous  les  trois  ans,  sans  préférence 
de  nationalité  : 

i^  Aux  auteurs  de  découvertes  nouvelles  et  capitales  en  Mathématiques, 
Physique,  Chimie,  Histoire  naturelle.  Sciences  médicales; 

2°  Aux  auteurs  d'applications  nouv^elles  de  ces  sciences,  applications  qui 
devront  donner  des  résultats  de  beaucoup  supérieurs  à  ceux  obtenus 
jusque-là. 

L'Académie  décernera  le  prix  Leconte,  s'il  y  a  lieu,  dans  sa  séance 
annuelle  de  1904. 


G.  R.,  1902,  2'  Semestre.  (T.  CXXXV,  N°  25.)  1  <î:> 


1266  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 


PRIX  JEAN-JACQUES  BERGER  (iSooo^'). 

Le  prix  Jean-Jacques  Berger  est  décerné  successivement  par  les  cinq 
Académies  à  l'OEuvre  la  plus  méritante  concernant  la  Ville  de  Paris;  il 
sera  décerné,  par  l'Académie  des  Sciences,  en  1904. 


PRIX  DELALANDE-GUÉRINEAU  (1000*'^). 

Ce  prix  biennal  sera  décerné  en  1904  «  au  voyageur  français  ou  au  savant 
»  qui,  l'un  ou  Vautre,  aura  rendu  le  plus  de  services  à  la  France  ou  à  la 
»  Science  » . 

PRIX  JEROME  PONTI  (SSoo*'). 

Ce  prix  biennal  sera  accordé  à  l'auteur  d'un  travail  scientifique  dont  la 
continuation  ou  le  développement  seront  jugés  importants  pour  la  Science. 

L'Académie  décernera  ce  prix,  s'il  y  a  lieu,  dans  sa  séance  publique 
de  1904. 

PRIX  HOULLEVIGUE  (Sooo'O- 

Ce  prix  est  décerné  à  tour  de  rôle  par  l'Académie  des  Sciences  et  par 
l'Académie  des  Beaux-Arts. 

L'Académie  des  Sciences  décernera  ce  prix,  dans  l'intérêt  des  Sciences, 
dans  la  séance  publique  annuelle  de  1904. 


PRIX  JEAN  REYNAUD  (10 000"). 

]y[me  yve  j^an  Rcjuaud,  «  voulant  honorer  la  mémoire  de  son  mari 
et  perpétuer  son  zèle  pour  tout  ce  qui  touche  aux  gloires  de  la  France  » , 
a  fait  donation  à  l'Institut  de  France  d'une  rente  sur  l'État  français,  de  la 
somme  de  dix  mille  francs ,  destinée  à  fonder  un  prix  annuel  qui  sera  suc- 
cessivement décerné  par  les  cinq  Académies  «  au  travail  le  plus  méritant, 


SÉANCE   DU   2  2    DÉCEMBRE    1902.  I 267 

relevant  de  chaque  classe  de  l'Institut,  qui  se  sera  produit  pendant  une 
période  de  cinq  ans  » . 

«  Le  prix  J.  Reynaud,  dit  la  fondatrice,  ira  toujours  à  une  œuvre  origi- 
n    nale,  élevée  et  ayant  un  caractère  d'invention  et  de  nouveauté. 
»   Les  Membres  de  l'Institut  ne  seront  pas  écartés  du  concours. 

»  Le  prix  sera  toujours  décerné  intégralement;  dans  le  cas  où  aucun 
))  Ouvrage  ne  semblerait  digne  de  le  mériter  entièrement,  sa  valeur  sera 
))   délivrée  à  quelque  grande  infortune  scientifique,  littéraire,  ou  artistique.  » 

L'Académie  des  Sciences  décernera  le  prix  Jean  Reynaud  dans  sa  séance 
publique  de  l'année  1906. 


PRIX  DU  BARON  DE  JOEST  (2000^'). 

Ce  prix,  décerné  successivement  par  les  cinq  Académies,  est  attribué 
à  celui  qui,  dans  l'année,  aura  fait  la  découverte  ou  écrit  l'Ouvrage  le  plus 
utile  au  bien  public.  Il  sera  décerné  par  l'Académie  des  Sciences  dans  sa 
séance  publique  de  1906. 


^•^>Oi^^^^^»- 


I2:'H  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

CONDITIONS  COMMUNES  A  TOUS  LES  CONCOURS. 

Les  pièces  manuscrites  ou  imprimées  destinées  aux  divers  concours  de 
l'Académie  doivent  être  directement  adressées  par  les  auteurs  au  Secré- 
tariat de  l'Institut,  avec  une  lettre  constatant  l'envoi  et  indiquant  le 
concours  pour  lequel  elles  sont  présentées. 

Les  Ouvrages  imprimés  doivent  être  envoyés  au  nombre  de  deux 
exemplaires. 

Les  concurrents  doivent  indiquer,  par  une  analyse  succincte,  la  partie 
de  leur  travail  où  se  trouve  exprimée  la  découverte  sur  laquelle  ils  appellent 
le  jugement  de  l'Académie. 

Les  concurrents  sont  prévenus  que  l'Académie  ne  rendra  aucun  des 
Ouvrages  ou  Mémoires  envoyés  aux  concours;  les  auteurs  auront  la  liberté 
d'en  faire  prendre  des  copies  au  Secrétariat  de  l'Institut. 


Par  une  mesure  générale,  l'Académie  a  décidé  que  la  clôture  de  chaque 
concours  serait  fixée  au  premier  juin  de  l'année  dans  laquelle  doit  être 
jugé  ce  concours. 

Le  montant  des  sommes  annoncées  pour  les  prix  n'est  donné  qu'à  titre 
d'indication  subordonnée  aux  variations  du  revenu  des  fondations. 


Nul  n'est  autorisé  à  prendre  le  titre  de  Lauréat  de  l'Académie,  s'il  n'a 
été  jugé  digne  de  recevoir  un  Prix.  Les  personnes  qui  ont  obtenu  des  ré- 
compenses, des  encouragements  ou  des  mentions,  n'ont  pas  droit  à  ce  titre. 


LECTURES. 


M.  Berthelot,  Secrétaire  perpétuel,  lit  une  Notice  historique  sur  la  vie 
et  les  travaux  de  M.  Chevri';ul,  Membre  de  l'Institut. 


M.  B.   et  G.  D. 


SÉANCE   DU    22   DÉCEMBRE    I902. 


1269 


TABLEAUX 

DES    PRIX    DÉCERNÉS    ET    DES    PRIX    PROPOSÉS 

DANS  LA  SÉANCE  DU  LUNDI  22  DÉCEMBRE  1902. 


TABLEAU   DES  PRIX  DECERIVÉS. 


ANNÉE  1902. 


GÉOMÉTRIE. 

Grand  Prix  des   Sciences  mathématiques. 

—  Le  prix  est  décerné  à  M.  Ernest  Vessiot. 
Une  mention  très  honorable  est  accordée 

à  M.  Jean  Le  Roux 1 1 54 

Prix  Bordin.  —  Le  prix  n'est  pas  décerné. 

Une    mention    honorable    est  accordée    à 

M.  de  Tannenberg 1 16;! 

Prix  Francœur.  —  Le  prix    est   décerné  à 

M.  Emile  Lemoine  ....    i  iG3 

Prix    Poncelet.  —  Le   prix  est   décerné    à 

M.  Maurice  cl  'Ocagne 1 1 63 

MÉCANIQUE. 

Prix  extraordinaire  de  six  mille  francs. 

—  Un  prix  de  quatre  mille  francs  est 
décerné  à  M.  Romazotti.  Un  prix  de  deux 
mille  francs  à  M .  Driencourt 1 16> 

Prix  Montyon.  —  Le  prix  est  décerné  à 
M.  le  Commandant  Hartmann n6- 

Prix  Plumey.  —  Le  prix  est  décerné  à 
M.  le  Colonel  Renard 11G8 

ASTRONOMIE. 

Prix  Pierre  Guzman.  —  Le  prix  n'est  pas 
décerné 1168 

Prix  Lalande.  —  Le  prix  est  décerné  à 
M.  Trépied i i(i8 

Prix  Valz.  —  Le  prix  est  décerné  à  M.  E. 
Hartwig 1 169 


17a 


Prix  Damoiseau.  —  Le  prix  est  décerné  à 
M.  Gaillot 

Prix  Janssen.  —  Le  prix  est  décerné  à 
M.  le  Comte  Aymar  de  La  Raume-Plu- 
vinel.  Un  encouragement  et  une  médaille 
de  vermeil  sont  accordés  à  M./ea/i  Binot.. 

GÉOGRAPHIE    ET    NAVIGATION. 

Prix  Binoux.  —  Le  prix  est  partagé  entre 
MM.  Claude,  Marcel  Monnier,  Delpeuch. 

PHYSIQUE. 

Prix  Hébert.  —  Le  prix  est  décerné  à 
M.  CF.  Guilberl 


STATISTIQUE. 

Prix  Montyon.  —  Le  prix  est  partagé 
entre  M.  F.  Bordas  et  M.  Duchaussoy. 
Trois  mentions  exceptionnellement  hono- 
rables sont  accordées  à  MM.  Liétard, 
Dislère,  Peyroux;-  cinq  mentions  sont 
accordées  à  MM.  R.  Leroy,  Lucien  Mayet, 
Passerai,  Trousseau,  et  au  Manuscrit 
anonyme  ayant  pour  devise  Primo  non 
nocere 1158 


Prix   Jecker.   —   Le   prix    est    décerné   à 
M.  Rosenstiehl 1195 


1270  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

MINÉRALOGIE    ET    GÉOLOGIE.  1  PHYSIOLOGIE. 


Prix  Fontannes.  —  Le  prix  est  décei'né  à 
M.  de  Grossouvre 1 197 

GÉOGRAPHIE    PHYSIQUE. 

Prix  Gay.  —  Le  prix  est  décerné  à  M.  le 
Colonel  Berthaut 1 199 

BOTANIQUE. 

Prix  Desmazières.  —  Le  prix  est  décerné  à 
M.  Roland  Thaxter 1201 

Prix  Montagne.  —  Le  prix  est  décerné  à 
M.  Vuillemin i ■204 

ANATOMIE    ET    ZOOLOGIE. 

Prix  Savigny.  —  Le  prix  n'est  pas  décerné.   i2o5 
Prix    Thore.    —    Le    prix    est    décerné    à 

M.  R.  de  Sinéty , 1 2o5 

Prix  Vaillant.  —  Le  prix  n'est  pas  décerné.   1208 

MÉDECINE    ET    CHIRURGIE. 

Prix  Montyon.  —  Les  prix  sont  décernés  à 
MM.  Dejerine,  Roger,  Ravaut.  Les  men- 
tions sont  attribuées  à  MM.  Commenge. 
Comby,  GuUlenionat.  Des  citations  sont 
accordées  à  MM.  Bodin,  Griffon,  Four- 
nier,  Guérin,  Cassaët 1208 

Pri.x:  Barbier.  —  Le  prix  est  partagé  entre 
MM.  L.  Grinibert,  A.  Le  Dentu i2i3 

Prix  Bréant.  —  Les  arrérages  du  prix 
Bréant  sont  attribués  à  M.iEd.  Imbeaux.  1216 

Prix  Godard.  —  Le  prix  est  décerné  à 
M.  G.  Loisel 1216 

Prix  Bellion.  —  Le  prix  est  décerné  à 
M.  Pierre  Lereboullet 1218 

Prix  Mège.  —  Les  arrérages  du  prix  Mège 
sont  attribués  à  M.  A.  Clerc 1218 

Prix  Lallemand.  —  Le  prix  est  partagé 
entre  M'i»  Pompilian  et  M.  Hauser 1218 

Prix  du  baron  Larrey.  —  Le  prix  est  dé- 
cerné à  M.  Triaire.  Une  mention  très  ho- 
norable est  attribuée  à  M.  Romary 1220 


Prix  Montyon  (Physiologie  expérimentale). 

—   Le  prix  n'est  pas  décerné 1221 

Prix  Philipeaux.    —    Le    prix  est  décerné 

à  M.  Pierre  Bonnier 1 2 1 1 

Prix    Serres.   —   Le   prix    est    décerné    à 

M.  Paul  Marchai «222 

Prix    Pourat.    —    Le    prix  est   décerné    à 

M .  /.  Tissot 1229 

Prix  Martin-Damourette.   —  Le  prix   est 

décerné  à  M.  H.  Blondel  de  Joigny 1281 

PRIX    GÉNÉRAUX. 

MÉDAILLE  Lavoisier.   —  Cette   médaille  est 

décernée  à  M.  Stanislas  Cannizzaro. . . .  i233 
Médaille  Berthelot.  —  Des  médailles  Ber- 

thelot  sont  accordées  à  MM.  Rosenstiehl, 

Minet,  Clerc,  Inibeaux,  Bordas,  Dislère, 

Peyroux,    Grinibert,    à    M""'    Curie,    à 

MM.  Grignard,  Fosse,  Marquis i233 

Prix  Montyon  (Arts  insalubres).  —  Le  prix 

est  décerné  à  M.  Claude  Boucher 1284 

Prix    Wilde.    —    Le    prix    est    décerné    à 

M.  Schulhof 12  36 

Prix  Cahours.  —  Le  prix  est  partagé  entre 

MM.  Fosse,  Grignard,  Marquis 1289 

Prix  Tchihatchef.  —  Le  prix  est  décerné 

à  M.  Sven  Hedin 1 289 

Prix  Delalande-Guérineau.  —  Le  prix  est 

décerné  à  M.  Gonnessiat 1 241 

Prix  Jérôme  Ponti  —  Le  prix  est  décerné 

à  M.  André  Tournouër 1241 

Prix  Houlleyigue.  —  Le  prix  est  décerné 

à  M.  Teisserenc  de  Bort 1 242 

Prix  Saintour.  —  Le  prix  est  partagé  entre 

M.  Riquier  et  M.  Adolphe  Minet 1242 

Prix   Gegner.    —   Le   prix    est   décerné    à 

M"°  Curie 1248 

Prix  Tremont.  —  Le    prix   est  décerné    à 

M.  Fréniont 1 243 

Prix   Laplace.  —    Le   prix  est   attribué  à 

M.  Aubrun 1243 

Prix  Rivot.   —   Le  prix  est  partagé  entre 

MM.  Aubrun,  Niewenglowski,  Barrillon, 

Bénézit "43 


SÉANCE    DU    22    DÉCEMBRE    1902. 


127 


PRIX  PROPOSES 

pour  les  années  igoS,   1904,   190 5  et  1906. 


GÉOMÉTRIE. 

1903.  Prix  Frangœur i244 

1903.  Prix  Poncelet 1^44 

1904.  Grand  prix  des  Sciences  mathéma- 
tiques. —  Perfectionner,  en  quelque  point 
important,  l'étude  de  la  convergence  des 
fractions  continues  algébriques 1244 

1904.  Prix  Bordin.  —  Développer  et  per- 
fectionner la  théorie  des  surfaces  appli- 
cables sur  le  paraboloïde  de  révolution..    i245 

1904.  Prix  Vaillant.  —  Déterminer  et  étu- 
dier tous  les  déplacements  d'une  figure 
invariable  dans  lesquels  les  différents 
points  de  la  figure  décrivent  des  courbes 
sphériques 1245 

mécanique. 

1903.  Prix  extraordinaire  de  six  mille 
FRANCS. —  Destiné  à  récompenser  tout  pro- 
grès de  nature  à  accroître  l'efficacité  de 

nos  forces  navales 1 245 

1903.  Prix  Montyon 1245 

1903.  Prix  Plumey 1246 

1903.  Prix  Fourneyron.  —  Étude  théorique 
ou  expérimentale  sur  les  turbines  à  vapeur.  1246 

ASTRONOMIE. 

1903.  Prix  Pierre  Guzman 1246 

1903.  Prix  Lalande 1247 

1903.  Prix  Valz 12^7 

1903.  Prix  G.  de  Pontecoulant 1247 

1904.  Prix  Janssen.  —  Médaille  d'or  des- 
tinée à  récompenser  la  découverte  ou  le 
Travail  faisant  faire  un  progrès  important 

à  l'Astronomie  physique 1247 

1905.  Prix  Damoiseau.  —  Il  existe  une  di- 
zaine de  comètes  dont  l'orbite,  pendant 
la  période  de  visibilité,  s'est  montrée  de 
nature  hyperbolique.  Rechercher,  en  re- 
montant dans  le  passé  et  tenant  compte 
des  perturbations  des  planètes,  s'il  en 
était  ainsi  avant  l'arrivée  de  ces  comètes 
dans  le  système  solaire 1247 

GÉOGRAPHIE    ET    NAVIGATION. 
1904.  Prix  Binoux 124^ 


physique. 

1903.  Prix  Hébert 1248 

1903.  Prix  Hughes 1248 

1903.  Prix  Gaston  Planté 1248 

190i.  Prix  Kastner-Boursault 1249 

1905.  Prix  L.  La  Gaze 1249 

STATISTIQUE. 

1903.  Prix  Montyon 1 25o 

CHIMIE. 

1903.  Prix  Jecker i  aSo 

1903.  Prix  L.  La  Gaze i25i 

MINÉRALOGIE    ET    GÉOLOGIE. 

1903.  Prix  Delesse i25i 

1905.  Prix  Fontannes 1261 

1905.  Prix  Alhumbert.  —  Étude  sur  l'âge 
des  dernières  éruptions  volcaniques  de  la 
France laSi 


GÉOGRAPHIE    PHYSIQUE. 

1903.  Prix  Gay.  —  Le  prix  sera  attribué  à 
l'auteur  d'un  Travail  ayant  pour  but  la 
détermination,  aussi  précise  que  possible, 
d'une  série  de  positions  géographiques 
dans  une  des  Colonies  françaises 1262 

1904.  Prix  Gay.  —  Étudier  les  variations 
actuelles  du  niveau  relatif  de  la  terre 
ferme  et  de  la  mer,  à  l'aide  d'observations 
précises,  poursuivies  sur  une  portion  dé- 
terminée des  côtes  de  l'Europe  ou  de 
l'Amérique  du  Nord r252 


botanique. 

1903.  Grand  prix  des  Sciences  physiques. 
—  Rechercher  et  démontrer  les  divers 
modes  de  formation  et  de  développement 
de  l'œuf  chez  les  Ascomycètes  et  les  Basi- 
diomycètes 

1903.  Prix  Bordin.  —  Démontrer,  s'il  y  a 
lieu,   par  l'étude  de  types  nombreux  et 


i25a 


I2']2 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


variés,  la  généralité  du  phénomène  de  la 
double  fécondation,  c'est-à-dire  de  la  for- 
mation simultanée  d'un  œuf  et  d'un  tro- 

phime,  chez  les  Angiospermes i253 

1903.  Prix  Desmazières i253 

1903.  Prix  Montagne i253 

1903.  Prix  Thore i253 

1904.  Prix  de  la  Fons-Melicocq 1254 

économie    rurale. 
1903.  Prix  Bigot  de  Morocues 1254 

AnAtomie  et  zoologie. 

1903.  Prix  Savigny 1264 

1903.  Prix  da  Gama  Machado i255 

1904.  Prix  Thore i255 

médecine  et  chirurgie. 

1903.  Prix  Montyon 1 255 

1903.  Prix  Barbier 1 256 

1903.  Prix  Bréant i256 

1903.  Prix  Godard 1257 

1903.  Prix  Lallemand 1267 

1903.  Prix  du  baron  Larrey 1257 

1903.  Prix  Bellion 1257 

1903.  Prix  Mège 1267 

1903.  Prix  Chaussier i258 

1905.  Prix  Serres i258 

1905.  Prix  Dusgate 1 258 

PHYSIOLOGIE, 

1903.  Prix  Montyon i258 

1903.  Prix  Philipeaux 1259 

1903.  Prix  L.  La  Gaze 1259 


1903.  Prix  Pourat.  —  Action  des  courants 
de  haute  fréquence  sur  les  phénomènes  de 

la  vie J25g 

1904.  Prix  Pourat.  —  Les  phénomènes  phy- 
siques et  chimiques  de  la  respiration  aux 
grandes  altitudes 1259 

1904.  Prix  Martin-Damourette 1259 


histoire  des   sciences. 
1903.  Prix  Binoux 1259 

PRIX    GÉNÉRAUX. 

MÉDAILLE  ArAGO 1260 

MÉDAILLE  LaVOISIER 1260 

1903. 
1903. 
1903. 
1903. 
1903. 
1903. 
1903. 
1903. 
1903. 
1903. 
1903. 
1903. 
1903. 
1903. 
1903. 
1904. 


Médaille  Berthelot 1260 

Prix  Montyon,  Arts  insalubres  ....   1261 

Prix  Wilde 1261 

Prix  Tchihatchef 1262 

Prix  Cuvier 1262 

Prix  Parkin 1 262 

Prix  Petit  d'Ormoy 1263 

Prix  Boileau 1263 

Prix  Estrade-Delcros 1264 

Prix  Cahours 1264 

Prix  Saintour 1264 

Prix  Trémont 1264 

Prix  Gegner 1 265 

Prix  Laplace 1265 

Prix  Bivot 1265 

Prix  Leconte 1265 

1904.  Prix  Jean-Jacques  Berger 1266 

1904.  Prix  Delalande-Guérineau 1266 

1904.  Prix  Jérôme  Ponti 1266 

1904.  Prix  Houllevigue 1266 

1906.  Prix  Jean  Reynaud 1266 

1906.  Prix  du  Baron  de  Joest 1267 


Conditions  communes  à  tous  les  concours 

Avis  relatif  au  titre  de  Lauréat  de  l'Académie 


1268 
1268 


SÉANCE  DU  22  DÉCEMBRE  1902. 


1273 


TABLEAU  PAR  ANNÉE 

DES    PRIX     PROPOSÉS     POUR    1903,     1904,    1905    ET    1906. 


1905 


GÉOMÉTRIE. 

Prix  Francœur.  —  Découvertes  ou  travaux 
utiles  au  progrès  des  Sciences  mathématiques 
pures  et  appliquées. 

Prix  Poncelet.  —  Décerné  à  l'auteur  de  l'Ou- 
vrage le  plus  utile  au  progrès  des  Sciences  ma- 
thématiques pures  ou  appliquées. 

MÉCANIQUE. 

Prix  extraordinaire  de  six  mille  francs.  — 
Progrès  de  nature  à  accroître  l'efficacité  de  nos 
forces  navales. 

Prix  Montyon.  —  Mécanique. 

Prix  Plumey.  —  Décerné  à  l'auteur  du  per- 
fectionnement des  machines  à  vapeur  ou  de  toute 
autre  invention  qui  aura  le  plus  contribué  aux 
progrès  de  la  navigation  à  vapeur. 

Prix  Fourneyron.  —  Etude  théorique  ou  expé- 
rimentale sur  les  turbines  à  vapeur. 

ASTRONOMIE. 

Prix  Pierre  Guzman.  —  Décerné  à  celui  qui 
aura  trouvé  le  moyen  de  communiquer  avec  un 
astre  autre  que  Mars. 

A  défaut  de  ce  prix,  les  intérêts  cumulés  pen- 
dant cinq  ans  seront  attribués,  en  igoS,  à  un  sa- 
vant qui  aura  fait  faire  un  progrès  important  à 
l'Astronomie. 

Prix  Lalande.  —  Astronomie. 

Prix  Valz.   —  Astronomie. 

Prix  G.  de  Pontécoulant.  —  Mécanique  cé- 
leste. 

PHYSIQUE. 

Prix  Hébert.  —  Décerné  à  l'auteur  du  meil- 
leur traité  ou  de  la  plus  utile  découverte  pour 
la  vulgarisation  et  l'emploi  pratique  de  l'Élec- 
tricité. 

Prix  Hughes.  —  Décerné  à  l'auteur  d'une  dé- 


C.  R.,  1902,  2"  Semestre.  (T.  CXXXV,  N»  25.) 


couverte  ou  de  travaux  qui  auront  le  plus  con- 
tribué aux  progrès  de  la  Physique. 

Prix  Gaston  Planté.  —  Destiné  à  l'auteur  fran- 
çais d'une  découverte,  d'une  invenlion  ou  d"un 
travail  important  dans  le  domaine  de  l'Électricité. 

STATISTIQUE. 

Prix  Montyon.  —  Statistique. 

CHIMIE. 

Prix  Jecker.   —  Chimie  organique. 

Prix  La  Gaze.  —  Décerné  aux  Ouvrages  ou 
Mémoires  qui  auront  le  plus  contribué  aux  pro- 
grès de  la  Chimie. 

MINÉRALOGIE    ET    GÉOLOGIE. 

Prix  Delesse.  —  Décerné  à  l'auteur,  français 
ou  étranger,  d'un  travail  concernant  les  Sciences 
géologiques  ou,  à  défaut,  d'un  travail  concernant 
les  Sciences  minéralogiques. 

GÉOGRAPHIE    PHYSIQUE. 

Prix  Gay.  —  Le  prix  sera  attribué  à  l'auteur 
d'un  Travail  ayant  pour  but  la  détermination, 
aussi  précise  que  possible,  d'une  série  de  posi- 
tions géographiques  dans  une  des  Colonies  fran- 
çaises. 

BOTANIQUE. 

Grand  prix  des  Sciences  physiques.  —  Re- 
chercher et  démontrer  les  divers  modes  de  for- 
mation et  de  développement  de  l'œuf  chez  les 
Ascomycètes  et  les  Basidiomycètes. 

Prix  Bordin.  —  Démontrer,  s'il  3'  a  lieu,  par 
l'étude  de  types  nombreux  et  variés,  la  généra- 
lité du  phénomène  de  la  double  fécondation,  c'est- 
à-dire  de  la  formation  simullanée  d'un  œuf  et 
d'un  trophime,  chez  les  Angiospermes. 

166 


1274 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


Prix  Desmazières.  — Décerné  à  l'auteur  de 
l'Ouvrage  le  plus  utile  sur  tout  ou  partie  de  la 
Cryptogamie. 

Prix  Montagne.  —  Décerné  aux  auteurs  de 
travaux  importants  ayant  pour  objet  l'Anatoinie, 
la  Physiologie,  le  développement  ou  la  descrip- 
tion des  Cryptogames  inférieures. 

Prix  Thore.  —  Botanique. 

ÉCONOMIE    RURALE. 
Prix  Bigot  de  Morogues.  —  Agriculture. 

anAtomie  et  zoologie. 

Prix  Savigny,  fondé  par  M"°  Letellier.  —  Dé- 
cerné à  de  jeunes  zoologistes  voj^ageurs. 

Prix  Da  Gama  Maciiado.  —  Décerné  aux  meil- 
leurs Mémoires  sur  les  parties  colorées  du  sys- 
tème tégumentaire  des  animaux  ou  sur  la  matière 
fécondante  des  êtres  animés. 

MÉDECINE    ET    CHIRURGIE. 

Prix  Montyon.  —  Médecine  et  Chirurgie. 

Prix  Barbier.  —  Décerné  à  celui  qui  fera  une 
découverte  précieuse  dans  les  Sciences  chirurgi- 
cale, médicale,  pharmaceutique,  et  dans  la  Bo- 
tanique ayant  rapport  à  l'art  de  guérir. 

Prix  Bréant.  —  Décerné  à  celui  qui  aura 
trouvé  le  moyen  de  guérir  le  choléra  asiatique. 

Prix  Godard.  —  Sur  l'anatomie,  la  ph3'siologie 
et  la  pathologie  des  organes  génito-urinaires. 

Prix  Lallemand.  —  Destiné  à  récompenser  ou 
encourager  les  travaux  relatifs  au  système  ner- 
veux, dans  la  plus  large  acception  des  mots. 

Prix  du  baron  Larrey.  —  Sera  décerné  à  un 
médecin  ou  à  un  chirurgien  des  armées  de  terre 
ou  de  mer  pour  le  meilleur  Ouvrage  présenté  à 
l'Académie  et  traitant  un  sujet  de  Médecine,  âe 
Chirurgie  ou  d'Hygiène  militaire. 

Prix  Bellion,  fondé  par  M""  Foehr.  —  Dé- 
cerné à  celui  qui  aura  écrit  des  Ouvrages  ou  fait 
des  découvertes  surtout  profitables  à  la  santé 
de  l'homme  ou  à  l'amélioration  de  l'espèce  hu- 
maine. 

Prix  Mège.  —  Décerné  à  celui  qui  aura  con- 
tinué et  complété  l'essai  du  D'  Mège  sur  les 
causes  qui  ont  retardé  ou  favorisé  les  progrès  de 
la  Médecine. 

Prix  Chaussier.  —  Décerné  à  l'auteur  du  meil- 
leur Ouvrage,  soit  sur  la  Médecine  légale,  soit  sur 
la  Médecine  pratique,  qui  aura  paru  pendant  les 
quatre  années  qui  auront  précédé  le  jugement  de 
l'Académie. 

PHYSIOLOGIE. 

Prix  Montyon.  —  Physiologie  expérimentale. 

Prix  Piiiupeaux.  —  Physiologie  expérimentale. 

Prix  La  Gaze.  —  Décerné  aux  Ouvrages  ou 
Mémoires  qui  auront  le  plus  contribué  aux  pro- 
grès de  la  Physiologie. 

Prix  Pourat.  —  Action  des  courants  de  haute 
fréquence  sur  les  phénomènes  de  la  vie. 


HISTOIRE    DES    SCIENCES. 
Prix  Binoux.  —  Histoire  des  Sciences. 

PRIX    GÉNÉRAUX. 

MÉDAILLE  Arago.  —  Cette  médaille  sera  dé- 
cernée par  l'Académie  chaque  fois  qu'une  décou- 
verte, un  travail  ou  un  service  rendu  à  la  Science 
lui  paraîtront  dignes  de  ce  témoignage  de  haute 
estime. 

MÉDAILLE  Lavoisier.  —  Cette  médaille  sera  dé- 
cernée par  l'Académie  tout  entière,  aux  époques 
que  son  Bureau  jugera  opportunes  et  sur  sa  pro- 
position, aux  savants  qui  auront  rendu  à  la  Chi- 
mie des  services  éminents,  sans  distinction  de 
nationalité. 

MÉDAILLE  Bbrthelot.  —  Décernée,  sur  la  pro- 
position du  Bureau  de  l'Académie,  à  des  lauréats 
de  prix  de  Chimie  et  de  Physique. 
Prix  Montyon.  —  Arts  insalubres. 
Prix  H.  Wilde. 

Prix  Tchihatchef.—  Destiné  aux  naturalistes 
de  toute  nationalité  qui  auront  fait,  sur  le  conti- 
nent asiatique  (ou  îles  limitrophes),  des  explo- 
rations ayant  pour  objet  une  branche  quelconque 
des  Sciences  naturelles,  physiques  ou  mathéma- 
tiques. 

Prix  Cuvier.  ~  Destiné  à  l'Ouvrage  le  plus 
remarquable  soit  sur  le  règne  animal,  soit  sur  la 
Géologie. 

Prix  Parkin.  —  Destiné  à  récompenser  des  re- 
cherches sur  les  effets  de  l'action  volcanique  dans 
la  production  de  maladies  épidémiques  dans  le 
monde  animal  et  le  monde  végétal  et  dans  celle 
des  ouragans  et  des  perturbations  atmosphé- 
riques anormales. 

Prix   Petit   d'Ormoy.  —    Sciences   mathéma- 
tiques pures  ou  appliquées  et  Sciences  naturelles. 
Prix  Boileau.  —  Hydraulique. 
Prix  Estrade-Delcros. 

Prix  Cahours.  —  Décerné,  à  titre  d'encoura- 
gement, à  des  jeunes  gens  qui  se  seront  déjà  fait 
connaître  par  quelques  travaux  intéressants  et 
plus  particulièrement  par  des  recherches  sur  la 
Chimie. 
Prix  Saintour. 

Prix  Trémont.  —  Destiné  à  tout  savant,  artiste 
ou  mécanicien  auquel  une  assistance  sera  néces- 
saire pour  atteindre  un  but  utile  et  glorieux  pour 
la  France. 

PrixGegner.  —  Destiné  à  soutenir  un  savant 
qui  se  sera  distingué  par  des  travaux  sérieux 
poursuivis  en  faveur  du  progrès  des  Sciences 
positives. 

Prix  Laplace.  —  Décerné  au  premier  élève 
sortant  de  l'École  Polytechnique. 

Prix  Rivot.  —  Partagé  entre  les  quatre  élèves 
sortant  chaque  année  de  l'École  Polytechnique 
avec  les  n°'  1  et  2  dans  les  corps  des  Mines  et 
des  Ponts  et  Chaussées. 


SÉANCE    DU    11   DÉCEMBRE 


1902. 


127; 


1904 


Grand  prix  des  Sciences  mathématiques.  — 
Perfectionner,  en  quelque  point  important,  l'étude 
de  la  convergence  des  fractions  continues  algé- 
briques. 

Prix  Bordin.  —  Développer  et  perfectionner 
la  théorie  des  surfaces  applicables  sur  le  parabo- 
loïde  de  révolution. 

Prix  Vaillant.  —  Déterminer  et  étudier  tous 
les  déplacements  d'une  figure  invariable  dans 
lesquels  les  différents  points  de  la  figure  dé- 
crivent des  courbes  sphériques. 

Prix  Janssen.  —  Astronomie  physique. 

Prix  Binoux.  —  Géographie  ou  Navigation. 

Prix  Kastner-Boursault.  —  Décerné  à  l'au- 
teur du  meilleur  travail  sur  les  applications 
diverses  de  l'Électricité  dans  les  A.rts,  l'Industrie 
et  le  Commerce. 

Prix  Gay.  —  Étudier  les  variations  actuelles 
du  niveau  relatif  de  la  terre  ferme  et  de  la  mer, 
à  l'aide  d'observations  précises,  poursuivies  sur 
une  portion  déterminée  des  côtes  de  l'Europe  ou 
de  l'Amérique  du  Nord. 

Prix   de    la   Fons-Mélicocq.  —    Décerné   au 


meilleur  Ouvrage  de  Botanique  sur  le  nord  de 
la  France,  c'est-à-dire  sur  les  départements  du 
Nord,  du  Pas-de-Calais,  des  Ardennes,  de  la 
Somme,  de  l'Oise  et  de  l'Aisne. 

Prix  Thore.  —  Décerné  aux  recherches  sur 
les  mœurs  ou  Tanatomie  d'une  espèce  d'Insectes 
d'Europe. 

Prix  Pourat.  —  Les  phénomènes  physiques  et 
chimiques  de  la  respiration  aux  grandes  altitudes. 

Prix  Martin-Damourette.  —  Physiologie  thé- 
rapeutique. 

Prix  Leconte.  —  Décerné  :  1°  aux  auteurs  de 
découvertes  nouvelles  et  capitales  en  Mathéma- 
tiques, Physique,  Chimie,  Histoire  naturelle, 
Sciences  médicales  ;  2°  aux  auteurs  d'applications 
nouvelles  de  ces  sciences,  applications  qui  devront 
donner  des  résultats  de  beaucoup  supérieurs  à 
ceux  obtenus  jusque-là. 

Prix  J.-J.  Berger.  —  Décerné  à  l'œuvie  la  plus 
méritante  concernant  la  Ville  de  Paris. 

Prix  Delalande-Guérineau. 

Prix  Jérôme  Ponti. 

Prix  Houllevigue. 


1905 


Prix  Damoiseau.  —  Il  existe  une  dizaine  de 
comètes  dont  l'orbite,  pendant  la  période  de 
visibilité,  s'est  montrée  de  nature  hyperbolique. 
Rechercher,  en  remontant  dans  le  passé  et  tenant 
compte  des  perturbations  des  planètes,  s'il  en 
était  ainsi  avant  l'arrivée  de  ces  comètes  dans  le 
système  solaire. 

Prix  Fontannes.  —  Ce  prix  sera  décerné  à 
l'auteur  de  la  meilleure  publication  paléontolo- 
gique. 


Prix  Alhumbert.  —  Élude  sur  l'âge  des  der- 
nières éruptions  volcaniques  de  la  France. 

Prix  Dusgate.  —  Décerné  au  meilleur  Ouvrage 
sur  les  signes  diagnostiques  de  la  mort  et  sur 
les  moyens  de  prévenir  les  inhumations  préci- 
pitées. 

Prix  Serres.  —  Décerné  au  meilleur  Ouvrage 
sur  l'Embryologie  générale  appliquée  autant  que 
possible  à  la  Physiologie  et  à  la  Médecine. 


1906 


Prix  Jean  Reynaud.  —  Décerné  à  l'auteur  du  1  Prix  du  Baron  de  Joest.  —  Décerné  à  celui 
Travail  le  plus  méritant  qui  se  sera  produit  pen-  qui,  dans  l'année,  aura  fait  la  découverte  ou  écrit 
dant  une  période  decinq  ans.  !   l'Ouvrage  le  plus  utile  au  bien  public. 


1276  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  i"  décembre  1902. 

Faustino  Malaguti  e  le  sue  opère,  di  Icilio  Guareschi.  {Storia  délia  Chimica,  II.) 
Turin,  1902;  I  fasc.  in-8°.  (Hommage  de  l'auteur.) 

Metallurgical  laboratory  notes,  by  Henry  M.  Howe.  Boston,  Mass.,  1902;  i  vol. 
in-8°. 

Observations  de  l'éclipsé  totale  du  Soleil  du  28  mai  1900,  à  E Iche près  d' Alicante 
{Espagne),  par  M.  N.  Donitch;  avec  3  figures  et  3  phototypies.  Saint-Pétersbourg, 
1901  ;  I  fasc.  in-4°.  (Hommage  de  l'auteur.) 

Rapporta  annuale  dello  I.  fi.  Observatorio  astronomico-meteorologico  di  Trieste, 
per  l'anno  1899,  redatto  da  Edoardo  Mazelle;  vol.  XVI.  Trieste,  1902;  i  vol. 
in-4°. 

From  the  Washington  observations  for  1891.  Meteorological  observations  results. 
United  States  naval  observatory,  1891.  Washington,  1902;   i  fasc.  in-4°. 

Kaiserliche  Akademie  der  Wissenschaften  in  Wien.  II.  Bericht  iiber  den  Stand 
der  Arbeiten  der  Phonogramm.  Archivis-Commission,  erstattet  in  der  Sitzung 
der  Gesammt- Akademie  vom  1 1.  Juli  1902,  von  M.  Sigm.  Exner.  Vienne,  1902  ;  i  fasc. 
in-80. 

O  prima  incercare  asupra  lu  crarilor  astronomice  din  fiomânia  pana  la  finele 
secolului  al  A^IJT-I  ea,  de  Stefan  C.  Hepites.  Bucharest,  1902;  i  fasc.  in-4°.  (Hom- 
mage de  l'auteur.) 

Astronomul  Capitaneanu,  de  St.  C,  Refîtes.  Bucharest,  1902;  i  fasc.  in-12. 
(Hommage  de  l'auteur.) 

{A  suivre.) 


ERRATA. 


(Séance  du  8  décembre   1902.) 

Noie  de  M.  Thomas,  Sur  le  chlorure  thalHque  : 

Page  io52,  ligne  21,  au  lieu  de  23°^'",  lisez  9°"",  5. 


ACADÉMIE   DES   SCIENCES 

SÉANCE   DU    LUNDI  29   DECEMBRE   1902, 

PRÉSIDENCE  DE  M.  BOUQUET  DE  LA  GRYE. 


REIVOUVELLEMEIVT    ANNUEL 

DU  BUREAU  ET  DE  LA  COMMISSION  CENTRALE  ADMINISTRATIVE. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nominatioa  d'un  Vice- 
Président  pour  l'année  igo3,  lequel  doit  être  choisi  dans  l'une  des  Sections 
des  Sciences  mathématiques. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  5o, 

M.  Mascart  obtient 4^  suffrages. 

Il  y  a  2  bulletins  blancs. 

M.  Mascart,  ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est  pro- 
clamé élu. 


L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  de  deux  de 
ses  Membres  qui  devront  faire  partie  de  la  Commission  centrale  admi- 
nistrative pendant  l'année  igoS. 

MM.  BoRNET  et  Maurhce  Levy  sont  réélus  par  l'unanimité  des  suffrages. 


G.  R.,  1902,    2*  Semestre.  (  J.  GXXXV,  N"  26.)  ^  67 


1278  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  la  présence  de  l'argon  dans  les  gaz  de  la  source 
Bordeu  à  Luchon,  et  sur  la  présence  du  soufre  libre  dans  l 'eau  sulfureuse  de 
la  grotte  et  dans  les  vapeurs  de  humage.  Note  de  M.  Henri  Moissan. 

«  Nous  rappellerons  que  les  eaux  sulfureuses  de  Luchon  ont  fait  le  sujet 
de  nombreux  travaux  parmi  lesquels  nous  citerons  ceux  de  Bayen,  d'An- 
fiflada,  de  Boullay  et  Henry,  de  Fontan,  de  Filhol,  et  enfm  les  recherches 
du  D^  Garrigou,  qui  a  fait  remarquer,  avec  beaucoup  de  raison,  que  les 
sources  d'un  même  groupe  d'eaux  sulfureuses  peuvent  être  très  diffé- 
rentes. 

»  M.  le  D""  de  Lavarenne  ayant  appelé  notre  attention  sur  certaines  pro- 
priétés des  eaux  sulfureuses  de  Luchon,  nous  avons  visité  les  galeries  où 
se  trouvaient  les  griffons  de  ces  sources,  et  nous  avons  entrepris  quelques 
expériences  dont  nous  donnerons  le  résumé  dans  cette  Note. 

»  Source  Bordeu.  —  La  source  Bordeu,  n°  1,  possède  un  véritable 
griffon,  présentant  plusieurs  fissures  longitudinales  par  lesquelles  on  voit 
arriver  l'eau  sulfureuse  chaude  et  se  dégager  quelques  bulles  de  gaz.  L'eau 
sort  de  la  roche  à  une  température  de  44"  ^^"^  milieu  de  couches  schisteuses, 
plus  ou  moins  attaquées.  La  température  de  l'eau  augmente  de  un  degré 
lorsque  l'on  enfonce  le  thermomètre  dans  la  faille  traversée  par  l'eau. 
Le  griffon  se  trouvait  au  fond  d'une  vasque  naturelle,  il  nous  a  été 
facile  de  disposer  sur  des  entonnoirs  retournés  des  flacons  remplis  d'eau 
sulfureuse  prise  au  fond  même  de  cette  vasque  de  façon  à  éviter  l'action  et 
le  contact  des  gaz  de  l'air.  L'eau  produite  en  notable  quantité  par  cette 
source  est  conduite  par  un  caniveau  dans  un  grand  réservoir  réunissant 
le  débit  de  plusieurs  sources. 

»  Les  gaz  que  nous  avons  recueillis  n'étaient  pas  très  abondants  et  les 
différentes  fissures  du  griffon  en  dégageaient  des  quantités  variables,  bien 
que  toujours  assez  faibles. 

»  Lorsque  nos  flacons  de  250*^™^  étaient  remplis  de  gaz,  ce  qui  deman- 
dait deux  à  trois  jours,  on  les  fermait  au  moyen  d'un  bouchon  de  verre 
rodé  enduit  de  paraffine,  puis  on  coulait  de  la  paraffine  fondue  dans 
l'espace  annulaire  du  goulot  de  la  bouteille. 


SÉANCE    DU    29   DÉCEMBRE    1902.  ^^19 

»  Ce  gaz  transvasé  sur  la  cuve  à  mercure  attaquait  très  légèrement  la 
surface  de  ce  métal.  Il  ne  renfermait  pas  trace  d'hydrogène  sulfuré,  car  un 
papier  à  l'acétate  de  plomb  n'a  pas  noirci  à  son  contact.  Ce  fait  semble 
indiquer  que  l'eau  sulfureuse  de  la  source  Bordeu  ne  renferme  pas  de 
sulfhydrate  de  sulfure  au  moment  de  l'émergence,  sans  quoi,  ce  composé, 
par  simple  dissociation,  devrait  fournir  de  l'hydrogène  sulfuré.  Nous  ferons 
remarquer  que  cet  échantillon  de  gaz  a  été  recueilli  absolument  à  l'abri  de 
l'air.  Dès  que  l'eau  de  la  source  Bordeu  est  en  présence  de  l'acide  carbo- 
nique de  l'air,  de  l'hydrogène  sulfuré  se  produit  et  peut  être  décelé  avec 
facilité.  Pour  cette  source,  la  formation  de  l'hydrogène  sulfuré  est  due  à 
l'action  secondaire  de  l'acide  carbonique  de  l'air  sur  le  sulfure  de  sodium. 

))  Ce  gaz  ne  renfermait  pas  d'acide  carbonique,  il  ne  contenait  pas  trace 
d'oxygène,  car  il  ne  colorait  même  pas  la  solution  de  pyrogallate  de  potas- 
sium. Il  était  entièrement  formé  d'une  petite  quantité  de  méthane,  de 
beaucoup  d'azote  et  d'un  peu  d'argon. 

»   Son  analyse  quantitative  nous  a  fourni  les  chiffres  suivants  : 

Formène 1,22 

Argon 2 ,  56 

Azote 96 ,  22 

»  L'étude  spectrale  de  cet  argon  ne  nous  a  pas  indiqué  la  présence  de 
l'hélium. 

»  Ce  gaz  renferme  donc  une  petite  quantité  d'argon,  et  l'on  sait  que  la 
présence  de  ce  corps  simple  a  été  déjà  indiquée,  en  189.5,  dans  l'eau  de 
Bath  par  lord  Rayleigh  et  sir  William  Ramsay  ('),  dans  une  eau  chlorurée 
par  MM.  Bedson  et  Shaw  (-),  dans  les  eaux  de  Cauterets  par  M.  Bou- 
chard (^),  dans  les  eaux  de  Maizières  par  M.  Moureu  ('),  et  dans  les  eaux 
de  Wildbad,  dans  la  Forêt-Noire,  par  H.  Rayser  (*).  Le  dégagement  d'azote 
par  les  eaux  minérales  avait  été  indiqué  dès  1784  parle  D^"  Pearson,  et 


(')  Lord  Rayleigh  et  sir  William  HAmsxY,  Zeitschri/t  fiir p/tysikalische  C hernie, 
t.  XVI,  189.5,  et  t.  XIX,  J896,  p.  371. 

(2)  Bedson  et  Shaw,  Chem.  News,  t.  LXXII,  juin  iSgS,  p.  48. 

(^)  BoucHAKD,  Sui-  la  présence  de  l'argon  et  de  l'hélium  dans  certaines  eaux 
minérales  {Comptes  rendus,  t.  CXXI,  p.  892).  —  Voir  aussi  Troost  et  Ouvrakd, 
Comptes  rendus,  t.  CXXI,  iSgS,  p.  392-895. 

(*)  Moureu,  Sur  la  présence  de  l'argon  et  de  l'hélium  dans  une  source  d'eau 
naturelle  {Comptes  rendus,  t.  CXXI,  1895,  p.  819). 

(5)  H.  Kayser,  Note  sur  l'hélium  et  l'argon  {Chem.  News,  n"  1865,  1895,  p.  89). 


I28o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Anglada  l'avait  mis  en  évidence  en  particulier  pour  les  sources  thermales 
des  Pyrénées. 

M  Source  de  la  grotte.  —  Cette  source  est  une  des  plus  anciennes  parmi 
les  eaux  sulfureuses  de  Luchon  ;  sa  température  prise  au  griffon  est  de  39*^. 
Elle  présente  un  intérêt  particulier,  parce  qu'elle  est  utilisée  pour  le 
humage.  Au  moyen  d'appareils  installés  en  1890  par  le  D'' Frébault  ('), 
on  fait  passer  sur  une  surface  de  cette  eau  thermale  un  courant  d'air  qui 
monte  dans  les  appareils  de  humage  et  qui  possède,  au  point  de  vue  thé- 
rapeutique, des  propriétés  particulières.  Les  médecins  ne  sont  point  d'ac- 
cord sur  les  causes  de  cette  action.  Mais,  sans  vouloir  nous  prononcer  sur 
le  rôle  de  la  vapeur  d'eau  chaude  ou  des  composés  variés  qui  peuvent  se 
produire  dans  ces  circonstances,  nous  avons  pensé  faire  œuvre  utile  en 
poursuivant  quelques  expériences  sur  ce  sujet. 

))  Lorsque  l'on  hume  ce  mélange  de  gaz  et  de  vapeurs  d'eau,  on  ne 
perçoit  nullement  l'odeur  d'hydrogène  sulfuré,  odeur  si  caractéristique 
même  lorsque  ce  gaz  n'existe  qu'en  très  petite  quantité.  De  plus,  un  hu- 
mage  prolongé,  excessif,  n'a  jamais  amené  les  phénomènes  toxiques  de 
l'empoisonnement  par  l'hydrogène  sulfuré.  Enfin,  nous  ferons  remarquer 
que  les  garçons  de  salle  qui,  pendant  quatre  mois,  passent  toutes  leurs 
journées  dans  cette  atmos|)hère,  à  odeur  spéciale,  ne  présentent  jamais 
trace  d'intoxication  par  l'hydrogène  sulfuré. 

(c  Cependant  des  objets  en  argent  laissés  dans  les  salles  de  humage  se 
recouvrent,  en  24  heures,  d'une  patine  noire  de  sulfure  d'argent.  Dans  le 
cas  particulier  que  nous  envisageons,  cette  sulfuration  rapide  de  l'argent 
doit  être  attribuée  à  une  autre  cause  que  celle  de  l'hydrogène  sulfuré. 

»  Si  nous  })laçons,  en  effet,  du  papier  à  l'acétate  de  plomb  devant  l'un 
de  ces  tubes  à  humage,  il  est  facile  de  reconnaître  qu'il  ne  se  colore  en 
marron  très  clair  qu'avec  une  extrême  lenteur,  et,  chose  assez  curieuse,  ce 
ne  sont  pas  les  émanations  qui  donnent  les  l^coloraLions  les  plus  mtenses 
au  papier  à  l'acétate  de  plomb  qui  sont  les  plus  actives  au  point  de  vue 
thérapeutique. 

»  Pour  rechercher  les  composés  qui  pouvaient  prendre  naissance  dans 
ces  conditions,  nous  avons  condensé  sur  un  récipient  en  verre  rempli  de 
glace,  la  vapeur  qui  sortait  des  tubes  de  humage.  On  obtient  ainsi  un 
liquide  incolore  qui  fournit  un  très  léger  dépôt.  Ce  liquide  possè  le  une  faible 


,    (')  A.  Frébault,  Le  Humage  à  Bagiières-de-Luchon,  Imprimerie  Sarihe,  Luchon  ; 
1890. 


SÉANCE    DU    29    DÉCEMBRE    1902.  I'28l 

odeur  d'acide  sulfureux,  et  présente  les  réactions  d'une  solution  très 
étendue  de  ce  gaz  :  décoloration  instantanée  à  froid  d'une  solution  étendue 
de  permanganate  de  potassium  et  décoloration  d'empois  d'amidon  bleui  par 
une  petite  quantité  d'eau  iodée.  Il  contient  aussi  une  très  petite  quantité 
d'hydrogène  sulfuré  et  des  traces  d'acide  sulfurique. 

»  Les  belles  recherches  de  notre  confrère  M.  Armand  Gautier  sur  l'exi- 
stence de  l'arsenic  normal  pouvaient  laisser  croire  que  ce  métalloïde  inter- 
venait à  l'état  de  traces  dans  cet  entraînement  de  vapeurs  des  eaux  sulfu- 
reuses. 

»  M.  Bertrand  a  bien  voulu  rechercher  si  notre  liquide  de  condensation 
ne  renfermait  pas  une  petite  quantité  d'arsenic  par  la  méthode  délicate 
qu'il  vient  de  publier  (').  Il  n'a  pas  rencontré  d'arsenic  dans  ce  liquide,  et, 
comme  sa  méthode  peut  déceler  nettement  des  traces  d'arsenic,  on  ne  peut 
attribuer  à  une  impureté  arsenicale  l'action  thérapeutique  produite  dans 
le  humage  des  eaux  de  la  grotte. 

»  Le  dépôt  provenant  de  la  condensation  des  vapeurs  d'un  appareil  de 
humage  a  été  étudié  au  microscope.  Il  était  formé  de  quelques  filaments 
et  poussières  provenant  de  l'air  atmosphérique,  et,  en  plus,  de  fragments 
irréguliers,  faiblement  colorés,  de  couleur  jaune,  à  indice  de  réfraction 
différent  de  celui  de  l'eau.  Nous  v  avons  rencontré  aussi  quelques  petites 
masses  agglomérées  ayant  l'apparence  de  l'ambre  claire,  et  quelques  fila- 
ments recouverts  par  place  de  très  petits  cristaux  jaunes.  Ces  poussières 
sèches,  placées  entre  deux  lames  de  verre  et  portées  à  une  température 
de  i5o**,  laissent  voir  la  fusion  d'un  grand  nombre  de  ces  petites  particules 
en  un  liquide  jaune,  et,  si  l'on  chauffe  davantage,  on  reconnaît  que  les 
parcelles  fondues  se  vaporisent.  Ce  sont  là  les  caractères  du  soufre. 

))  En  chauffant  ce  résidu  à  100°,  on  perçoit  nettement  l'odeur  camphrée 
de  la  vapeur  de  soufre. 

»  Si  nous  rencontrons  une  petite  quantité  de  soufre  en  nature  dans  les 
vapeurs  qui  sortent  des  appareils  de  humage,  nous  devons  en  trouver  une 
quantité  beaucoup  plus  grande  condensée  dans  les  tubes  de  porcelaine  en 
col  de  cygne  qui  terminent  ces  appareils.  En  effet,  il  suffit  de  recueillir  la 
poussière  qui  tapisse  l'intérieur  de  ces  tul)es  pour  voir  qu'elle  est  entière- 
ment formée  d'une  poudi-e  d'un  blanc  jaunâtre  formée  de  petits  octaèdres 


(^)  Berthand,  Sur  l'existence  de  l'arsenic  dans  l'organisme  {lialletin  de  la  So- 
ciété chimique,  3*  série,  t.  XXVIl,  1902,  p.  847). 


1282  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

possédant  tous  les  caractères  du  soufre.  Si  la  vapeur  de  soufre  ne  s'oxyde 
que  faiblement  dans  ces  conditions,  cela  tient  à  ce  qu'elle  est  noyée  dans 
un  grand  excès  de  vapeur  d'eau. 

»  Une  notable  partie  de  ce  soufre  peut  provenir  de  l'oxydation  par 
l'oxygène  en  présence  de  la  vapeur  d'eau  du  gaz  hydrogène  sulfuré  (') 
dégagé  du  monosulfure  de  sodium  sous  l'action  de  l'acide  carbonique  de 
l'air.  Et  cette  oxydation  est  assez  complète  pour  qu'il  ne  se  dégage  que  des 
traces  d'hydrogène  sulfuré  aux  appareils  de  humage.  Mais  une  autre  partie 
provient  de  la  vaporisation  du  soufre  qui  se  trouve  en  solution  dans  l'eau 
sulfureuse. 

»  Le  soufre,  en  effet,  est  légèrement  soluble  dans  ce  liquide,  il  est  même 
un  peu  soluble  dans  l'eau  distillée  à  la  température  de  5o**. 

»  Nous  avons  été  conduit  alors  à  faire  quelques  expériences  synthé- 
tiques pour  bien  démontrer  cet  entraînement  d'une  petite  quantité  de 
soufre  soit  par  de  l'eau  distillée  à  60°,  soit  par  une  solution  étendue  de 
monosulfure  de  sodium  à  la  même  température. 

»  Si  l'on  place  dans  un  tube  scellé  un  fragment  solide  de  soufre  et  une 
petite  quantité  d'eau,  puis  si  l'on  maintient  le  bas  du  tube  à  une  tempéra- 
ture constante  de  60°  pendant  plusieurs  jours,  on  voit  se  former  de  petits 
cristaux  blancs  de  soufre  à  la  partie  supérieure,  c'est-à-dire  dans  la  partie 
froide  du  tube. 

w  De  même,  si  l'on  fait  passer  d'une  façon  continue  un  courant  d'eau 
distillée  privé  d'air,  dans  un  tube  horizontal  contenant  des  fragments  de 
soufre  solide  maintenu  à  -H  60°,  puis  que  l'on  dirige  cette  eau  dans  un 
récipient  refroidi,  on  voit  se  condenser  dans  la  partie  froide  de  l'appareil 
un  léger  dépôt  de  soufre  de  couleur  ambrée. 

»  Du  reste,  il  suffît  de  prendre  de  l'eau  exempte  d'oxygène  et  de  la 
maintenir  à  l'ébullition  en  contact  avec  quelques  morceaux  de  soufre  solide, 
puis  de  la  filtrer  rapidement  pour  voir  se  former,  par  refroidissement, 
dans  un  verre  conique,  un  dépôt  de  petits  cristaux  microscopiques  jaunes 
qui  possèdent  les  propriétés  du  soufre. 

»   Bunsen  (*)  avait  déjà  mentionné  que,  en  distillant  de  l'eau  contenant 


(^)  Dumas,  Su/'  la  conversion  de  l'hydrogène  suif  iiré  en  acide  suif  urique  {Annales 
de  Ch.  et  de  Phys.,  3«  série,  t.  XVllI,  1846,  p.  5o6). 

(^)  Bunsen,  Recherches  sur  les  rapports  intrinsèques  des  pliénoniènes  pseudoçol- 
caniques  de  l'Islande  {Ann.  de  Ch.  et  de  Phys.,  3"  série,  t.  XXXVIII,  i853,  p.  385). 


SÉANCE   DU    29   DÉCEMBRE    igo2.  1283 

de  la  fleur  de  soufre,  les  vapeurs  entraînaient  toujours  une  petite  quantité 
de  ce  corps  simple. 

»  Dans  toutes  nos  expériences,  nous  avons  employé  du  soufre  octaé- 
drique.  Nous  n'avons  pas  abordé  l'étude  de  la  solubilité  des  différentes 
variétés  de  soufre  et,  en  particulier,  du  soufre  soluble  mentionné  par 
M.  Engel  ('). 

))  Enfin,  si  l'on  répète  les  expériences  précédentes  avec  une  solution 
aqueuse  à  i  pour  1000  de  monosulfure  de  sodium,  la  solubilité  du  soufre 
devient  plus  grande. 

»  Ces  expériences  de  synthèse  viennent  confirmer  l'examen  microsco- 
pique du  résidu  d'un  échantillon  d'eau  de  la  grotte  pris  au  griffon  à 
l'abri  de  l'air,  examen  qui  nous  a  indiqué  un  faible  dépôt  de  cristaux  de 
soufre  produit  par  le  refroidissement  de  cette  eau  sulfureuse  dans  un  fla- 
con plein  et  bien  fermé  (-  ). 

))  Nos  expériences  établissent  donc  que  l'eau  de  la  grotte  renferme  du 
soufre  en  solution.  Elles  démontrent  de  plus  que  la  vapeur  sortant  des 
tubes  de  humage  contient  une  très  petite  quantité  d'hydrogène  sulfuré  et 
d'acide  sulfureux,  ainsi  que  de  la  vapeur  de  soufre.  Cette  dernière  pro- 
vient de  trois  sources  différentes  :  i*'  combustion  lente  de  l'hydrogène 
sulfuré;  2°  réaction  d'une  petite  quantité  d'acide  sulfureux  sur  l'hydrogène 
sulfuré;  enfin  S**  vaporisation  du  soufre  en  solution  dans  l'eau. 

»  Cette  vapeur  de  soufre  peut  jouer  un  rôle  dans  l'action  thérapeutique 
du  humage  soit  comme  antiseptique,  soit  par  la  facilité  de  son  assimilation. 

»  Nos  remarques  pourraient  faire  comprendre  pourquoi  le  humage  ne 
peut  se  faire  qu'à  une  petite  distance  du  griffon,  lorsque  la  température 
de  l'eau  est  aussi  élevée  que  possible,  c'est-à-dire  lorsqu'elle  est  très 
chargée  de  vapeurs  de  soufre.   » 


(*)  Engel,  Sur  deux  nouveaux  états  du  soufre  {Comptes  rendus,  t.  CXII,  1891, 
p.  866). 

(2)  L'eau  de  la  grotte  prise  au  griffon,  à  l'abri  de  l'acide  carbonique  de  l'air,  ne 
fournit  pas  la  réaction  des  sulfhydrates  de  sulfures  par  le  nitroprussiate  de  sodium. 


1284  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


CHIMIE  MINÉRALE.   —  Sur  une  nouvelle  préparation  de  l'hydrure 
de  silicium  Si" H*.  Noie  de  M.  Henri  Moissan. 

«  Dans  un  Mémoire  (^)  publié  aux  Annales  de  Chimie  et  de  Physique 
en  collaboration  avec  M.  Smiles,  nous  avons  indiqué  l'existence  d'un 
nouvel  hydrure  de  silicium  Si'^H^  que  nous  obtenions  par  la  condensation 
partielle  à  —  200**  d'un  hydrogène  silicié  impur  préparé  par  l'action  de 
l'acide  chlorhydrique  sur  un  siliciure  de  magnésium  non  défmi.  D'autre 
part,  nous  avons  indiqué  que,  par  l'action  du  silicium  sur  le  lithium  en 
fusion,  il  était  facile  de  préparer  un  siliciure  de  lithium  (-)  répondant  à  la 
formule  Si^Li*. 

»  Nous  avons  repris  l'étude  de  quelques  propriétés  de  ce  dernier  com- 
posé, et  nous  avons  pu  passer  du  siliciure  métallique  Si^Li*^  à  l'hydrure  de 
silicium  correspondant  Si^H^. 

»  Lorsque  ce  siliciure  de  lithium  est  légèrement  chauffé  dans  un  cou- 
rant de  gaz  acide  chlorhydrique  sec,  on  obtient  de  l'hydrogène  et  des 
chlorures  de  lithium  et  de  silicium.  Si,  au  contraire,  on  emploie  une  solu- 
tion étendue  d'acide  chlorhydrique  dans  l'eau,  pour  attaquer  ce  siliciure 
de  lithium,  il  ne  se  dégage,  ainsi  que  nous  l'avons  indiqué  précédemment, 
que  de  l'hydrogène  pur.  Cela  tient  à  ce  que  chaque  parcelle  de  siliciure  de 
lithium  au  contact  de  la  solution  étendue  d'acide  décompose  et  l'acide 
chlorhydrique  et  l'eau.  Elle  produit,  en  même  temps  que  du  chlorure  de 
lithium,  de  la  lithine  qui  rend  le  liquide  alcalin  et  qui  détruit  l'hydrure  de 
silicium  au  moment  même  de  sa  formation. 

))  Il  en  est  tout  autrement,  si  nous  laissons  tomber  lentement  du  sili- 
ciure de  lithium  dans  une  solution  concentrée  d'acide  chlorhydrique  con- 
tenant, par  suite  de  la  dissociation  de  l'hydrate  HCI4-  2H^0,  de  l'acide 
gazeux  en  solution  dans  le  liquide,  ainsi  que  l'a  démontré  M.  Berthelot. 
Dès  lors,  l'hydrogène  sihcié  Si^  H^  se  forme  en  abondance,  et  il  suffît  pour  le 
condenser  de  faire  passer  le  mélange  gazeux  dans  de  l'air  liquide  à  —  200°. 
On  utilise,  pour  celte  préparation,  l'appareil  que  nous  avons  décrit  dans 
nos  premières  recherches.    » 


(»)  H.  Moissan  et  S.  Smiles,  Ann.  de  Cliim.  et  de  Phys.,  7^  série,  t.  XXVII,  p.  5; 
1902. 

(^)  H.  Moissan,  Étude  du  siliciure  de  lithium  {Comptes  rendus,  t.  GXXXIV, 
p.  io83  ;  1902). 


SÉANCE  DU  29  DÉCEMBRE  1902. 


BOTANIQUE.    —   Cultures  expérimentales  dans  la  région  méditerranéenne  : 
modifications  de  la  structure  anatomique.  Note  de  M.  Gaston  Boxxier. 

«  Dans  une  précédente  Communication  (^)  j'ai  rendu  compte  à  l'Aca- 
démie des  modifications  que  présente  l'aspect  extérieur  des  mêmes  plantes 
cultivées  dans  un  sol  identique,  les  unes  à  Fontainebleau,  dans  la  ré- 
gion parisienne,  les  autres  à  La  Garde-près-Toulon,  dans  la  région  médi- 
terranéenne; je  vais  résumer  dans  cette  présente  Note  les  résultats  relatifs 
aux  modifications  de  structure  qui  se  produisent  dans  les  organes  compa- 
rables. 

»  Je  rappellerai  que  j'ai  établi  en  1898  ces  cultures  expérimentales  qui 
portent,  sur  une  cinquantaine  d'espèces  vivaces,  de  la  manière  suivante  : 
La  terre  de  La  Garde-près-Toulon  a  été  transportée  à  Fontainebleau  ;  chaque 
pied  initial  provenait  de  Fontainebleau;  chaque  individu  a  été  divisé  en 
deux  parties  égales,  dont  l'une  a  été  plantée  à  Fontainebleau  dans  la  terre 
de  La  Garde  et  l'autre  à  La  Garde  dans  un  sol  identique. 

))  Les  modifications  de  morphologie  extérieure  que  j'avais  signalées 
dès  1899,  après  une  seule  saison  de  végétation,  n  ont  fait  que  s'accentuer; 
et  au  bout  de  trois  ans,  tous  les  plants  cultivés  près  de  Toulon  avaient  déjà 
pris  l'aspect  que  possèdent  les  individus  de  même  espèce  croissant  natu- 
rellement dans  la  région  méditerranéenne. 

»  T**  Comparaison  des  deux  climats.  —  Pour  comprendre  quelle  signifi- 
cation l'on  peut  attribuer  aux  modifications  anatomiques  obtenues,  il  est 
essentiel  de  comparer  les  conditions  climatériques  des  deux  régions  où  ont 
été  établies  les  cultures. 

»  La  moyenne  de  la  température  pendant  une  période  de  20  années 
(1877-1896)  dans  la  région  parisienne  est  de  9°, 3;  cette  moyenne,  à  Tou- 
lon, est  égale  à  i4°»3. 

»  Mais  si  l'on  considère  les  parties  des  végétaux  qui  vivent  seulement 
pendant  toute  une  saison,  la  comparaison  de  ces  deux  noujbres  n'est  pas 
celle  qui  nous  intéresse.  S'il  s'agit  des  feuilles  des  arbres  ou  arbustes  à 
feuilles  caduques,  par  exemple,  il  faut  faire  intervenir  la  durée  de  la  végéta- 

(*)  Gaston  Bonnier,  Cultures  expérimentales  sur  l'adaptation  des  plantes  au 
climat  méditerranéen  {Comptes  rendus,  t.  GXXIX,  1899,  p.  1207). 

C.  R.,  1902,  2'  Semestre.  (T.  CXXXV,  N»  26.)  1^8 


r286  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

tion;  or,  en  moyenne,  l'apparition  des  feuilles  se  produit  vers  le  i5  mars  à 
Toulon,  et  la  chute  des  feuilles  vers  le  i"  décembre;  tandis  qu'en  moyenne 
l'apparition  des  feuilles  a  lieu  à  Paris  vers  le  20  avril,  et  la  chute  des  feuilles 
vers  le  i5  octobre.  En  fait,  pour  les  espèces  ligneuses  mises  en  culture,  la 
durée  de  la  végétation  des  pousses  feuillées  a  été  de  260  jours  à  Toulon, 
tandis  qu'à  Paris  elle  n'a  été  que  de  i  ;;8  jours.  Il  en  résulte  que  la  somme 
des  températures  pendant  la  vie  d'une  feuille  est  représentée  environ  par 
le  nombre  4600  pour  Toulon  et  par  le  nombre  2750  pour  la  région  pari- 
sienne. On  peut  presque  dire  que,  dans  la  région  méditerranéenne,  la 
feuille  a  reçu  deux  fois  plus  <îe  chaleur  et  que  cette  chaleur  a  été  répartie 
pendant  une  saison  végétative  d'un  tiers  plus  longue  que  celle  de  Paris. 
On  conçoit  que  ces  conditions  soient  favorables  à  une  plus  grande  assimi- 
lation, à  une  plus  grande  transpiration,  et  aussi  à  une  formation  plus  con- 
sidérable des  tissus  secondaires. 

»  Il  faut  noter  encore  que  les  différences  journalières  de  températures 
entre  le  maximum  et  le  minimum  sont  moins  grandes  à  Toulon  qu'à  Paris; 
la  différence  entre  le  maximum  absolu  et  le  minimum  absolu  y  est  aussi 
moins  forte;  cette  dernière  différence  est  de  64"  pour  Paris  pendant  une 
période  de  20  ans,  et  seulement  de  42°,  2  pour  Toulon  pendant  la  même 
période.  On  voit  donc  que,  d'une  manière  générale,  les  tissus  ont  à  subir 
des  variations  de  température  beaucoup  plus  grandes  dans  la  région 
parisienne  que  dans  la  région  méditerranéenne  qui  est,  à  cet  égard, 
une  région  extrêmement  tempérée. 

))  Mais  les  différences  climatériques  les  plus  importantes  sont  celles  re- 
latives à  la  distribution  des  pluies.  Si  l'on  ne  considérait  que  la  quantité 
d'eau  tombée  pendant  toute  l'année,  en  moyenne,  on  pourrait  croire  que 
la  région  de  Toulon  est  beaucoup  jilus  humide  que  celle  de  Paris.  En 
effet,  cette  quantité  deau  est  représentée  par  les  nombres  joS  pour  Toulon 
et  627  })our  Paris;  or,  ce  qui  nous  importe  le  plus  au  point  de  vue  de 
l'effet  produit  sur  la  végétation,  ce  n'est  pas  le  total  de  la  quantité  d'eau 
tombée  pendant  l'année,  mais  la  répartition  des  pluies  depuis  le  premier 
printemps  jusqu'à  la  Un  de  l'automne.  On  voit  alors  que,  tandis  que  la 
quantité  d'eau  tombée  varie  très  peu  dans  la  région  parisienne,  la  courbe 
mensuelle  qui  représente  cette  quantité  d'eau  tombée  à  Toulon  s'élève 
à  65  en  mars,  avril  et  mai,  s'abaisse  brusquement  en  juin  et  juillet,  tombe 
à  8  en  août  et  se  relève  ensuite  pour  atteindre  des  ordonnées  beaucoup 
plus  hautes,  en  octobre  (70)  et  novembre  (100).  Ainsi,  le  climat  méditer- 
ranéen présente  deux  saisons  de  pluies  bien  déterminées  :  l'une  au  prin- 


SÉANCE  DU  29  DÉCEMBRE  I902.  1287 

temps,  l'autre  à  la  fin  de  l'automne,  séparées  par  une  assez  longue  période 
de  sécheresse  pendant  laquelle  la  végétation  subit  une  sorte  de  ralentisse- 
ment. 

»  Au  point  de  vue  de  l'action  de  la  lumière,  la  considération  du  nombre 
des  jours  pluvieux  est  également  intéressante.  Pendant  les  mois  de  juin, 
juillet,  août  et  septembre,  il  n'y  a  que  3  à  5  jours  pluvieux  par  mois 
à  Toulon,  et  durant  tous  les  autres  jours  le  ciel  est  presque  complètement 
découvert.  Pendant  les  mêmes  mois  à  Paris,  il  y  a  de  i3  à  i4  jours  plu- 
vieux par  mois,  et  pendant  les  autres  jours  le  ciel  est  tantôt  nuageux  et 
tantôt  découvert.  C'est  là  encore  une  nouvelle  condition  qui  favorise  les 
fonctions  de  la  plante  dans  la  région  méditerranéenne. 

»  2°  Modifications  anatomiques  obtenues.  —  Si  l'on  considère  d'abord 
les  arbres  ou  arbustes  (Hêtre,  Marronnier,  Robmier,  Tdleul,  Frêne,  Lilas, 
Fusain,  etc.)  mis  en  culture  expérimentale  dans  les  deux  régions,  on 
constate,  dans  leurs  divers  tissus,  les  principdes  différences  suivantes: 

M  D'une  manière  générale,  dans  la  tige,  le  bois  de  printemps,  formé  en 
mars,  avril  et  mai,  est  bien  développé  dans  la  région  méditerranéenne  et 
renferme  de  nombreux  vaisseaux,  souvent  d'un  calibre  plus  grand  que 
ceux  qui  leur  correspondent  dans  le  plant  de  la  même  espèce,  cultivé  à 
Fontainebleau. 

»  Cette  formation  du  tissu  ligneux  semble  en  rapport  avec  les  pluies  du 
printemps  plus  abondantes  à  Toulon  qu'à  Paris.  La  partie  du  bois  qui  fait 
suite  à  ces  vaisseaux  et  qui  se  développe  de  juin  à  septembre  renferme 
beaucoup  plus  de  fibres  dans  les  cultures  de  Toulon.  Souvent  même,  tout 
l'anneau  ligneux  n'est  composé  que  de  fibres  dans  le  bois  qui  correspond 
à  cette  période,  tandis  que  le  tissu  formé  à  la  même  époque  dans  la  région 
parisienne  continue  à  produire  de  nombreux  vaisseaux,  çà  et  là  entremêlés 
de  fibres.  Ce  grand  développement  du  tissu  fibreux,  dans  toutes  les  espèces 
ligneuses  cultivées  à  Toulon,  coïncide  nettement  avec  la  période  de  séche- 
resse qui  se  produit  dans  la  région  méditerranéenne.  En  outre,  dans 
presque  tous  les  cas,  chez  les  plants  méditerranéens,  on  voit  réapparaître 
quelques  gros  vaisseaux,  formés  tout  à  fait  à  la  fin  de  la  saison,  en  octobre 
et  novembre,  et  qui  paraissent  correspondre  à  la  seconde  période  de  pluie. 
Il  ne  faut  pas  confondre  cette  formation  avec  la  zone  de  vaisseaux  plus 
gros  qui  se  produit  quelquefois  en  juillet  et  août,  chez  les  plants  cultivés  à 
Fontainebleau,  et  qui  dépend  des  pousses  feuillées  supplémentaires  (sève 
d'août).  En  effet,  pendant  ces  mêmes  mois  de  juillet  et  d'août,  les  plants 


1288  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

médiLerraiiéeiis  ne  produisent  presque  exclusivement  que  des  fibres.  De 
plus,  en  général,  le  tissu  parenchymateux  qui  entoure  le  bois  primaire  est 
lignifié  dans  les  plants  de  Toulon,  tandis  qu'il  ne  l'est  pas  dans  les  plants 
de  Fontainebleau.  Cette  lignification  du  parenchyme  s'effectue  pendant 
la  période  de  sécheresse. 

»  Il  faut  remarquer,  d'autre  part,  que  l'anneau  ligneux  de  première  année 
ainsi  que  les  suivants  sont  devenus  beaucoup  plus  épais  dans  les  tiges  de 
la  région  méditerranéenne;  ce  caractère  correspond  surtout  à  la  plus 
longue  période  de  végétation  qui  est,  comme  nous  l'avons  vu,  de  260  jours 
à  Toulon  au  lieu  de  178  dans  la  région  parisienne. 

»  Le  plus  souvent,  le  nombre  des  assises  du  péricycle  est  plus  grand 
dans  le  plant  de  Toulon,  tandis  que  le  nombre  des  assises  de  l'écorce 
est  au  contraire  plus  faible;  l'épiderme,  lorsqu'il  existe  encore,  a  des 
cellules  à  cuticule  plus  épaisse  et  qui  sont  plus  allongées  perpendiculaire- 
ment à  l'axe  de  la  tige. 

»  Quant  aux  feuilles  de  ces  mêmes  espèces  arborescentes,  elles  sont 
devenues  à  Toulon  d'un  tiers  ou  de  moitié  plus  épaisses  qu'à  Fontaine- 
bleau; le  tissu  en  palissade  y  a  acquis  des  cellules  beaucoup  plus  allongées 
ou  dans  d'autres  cas,  il  s'est  produit  deux  ou  trois  assises  en  palissade  au 
lieu  d'une  seule  ;  en  outre,  les  stomates  sont  plus  nombreux  et  les  nervures 
tertiaires  ou  même  quaternaires  sont  plus  saillantes  et  ordinairement  en- 
tourées d'un  anneau  complet  de  sclérenchyme.  Dans  les  nervures  princi- 
pales et  dans  le  pétiole,  on  observe  des  différences  analogues  à  celles  que 
présente  la  tige.  Ces  modifications  paraissent  être  évidemment  en  rapport 
avec  la  plus  longue  durée  de  la  végétation  ainsi  qu'avec  l'éclairement  plus 
intense  et  surtout  plus  fréquent. 

))  D'autres  adaptations  peuvent  être  rapportées  à  la  résistance  qui  se 
produit  dans  la  feuille  contre  une  transpiration  trop  active  pendant  la 
période  de  sécheresse.  C'est,  en  effet,  pendant  cette  période  que  l'on  voit 
la  cuticule  s'épaissir  beaucoup  plus  à  Toulon  qu'à  Fontainebleau;  il  en 
résulte  que  les  stomates  nombreux,  qui  ont  servi  à  une  transpiration 
nécessaire  pendant  la  période  de  pluie  au  printemps,  se  trouvent  plus 
enfoncés  au-dessous  de  la  surface  de  la  feuille,  et  souvent  même  presque 
complètement  fermés.  D'ailleurs,  les  jeunes  branches  présentent  une 
adaptation  analogue,  avec  un  développement  plus  marqué  du  coUenchyme 
sous-épidermique  et  une  réduction  du  nombre  des  assises  de  l'écorce. 

»  Si  l'on  considère  maintenant  les  nombreuses  espèces  vivaces  herba- 
cées dont  les  parties  aériennes  persistent  pendant   toute   la   saison,   on 


SÉANCE  DU  29  DÉCEMBRE  I902.  ^289 

constate  qu'il  s'y  produit  toutes  les  modifications  de  structure  qui  ont  été 
signalées  par  M.  W.  Russell  (')  en  examinant  des  échantillons  croissant 
naturellement  dans  la  région  méditerranéenne.  J'ai  donc  obtenu  expéri- 
mentalement, en  moins  de  trois  années,  la  production  de  ces  caractères 
d'adaptation  qui  se  manifestent  sur  des  plantes  spontanées  végétant  depuis 
un  temps  très  long  dans  la  région  considérée.  De  plus,  par  la  manière 
dont  j'ai  opéré,  j'ai  éliminé  toute  erreur  pouvant  provenir  d'espèces  affmes, 
puisque  j'ai  toujours  comparé  deux  plants  issus  d'un  même  pied  initial. 

»  D'ailleurs,  j'ai  vérifié  que  toutes  les  modifications  obtenues  avaient 
acquis  la  même  intensité  que  chez  les  échantillons  des  mêmes  espèces, 
croissant  spontanément  dans  la  région  méditerranéenne. 

»  C'est  ainsi  qu'aux  différences  précédentes  on  peut  encore  ajouter  les 
suivantes  dans  toutes  ces  espèces  herbacées,  pour  les  plants  cultivés  à 
Toulon  :  stomates  plus  nombreux  sur  la  face  supérieure  des  feuilles, 
cellules  épidermiques  engrenées  entre  elles,  collenchyme  plus  abondant, 
poils  plus  développés;  autant  de  caractères  qui  semblent  se  rapporter  aux 
différences  signalées  plus  haut  dans  les  conditions  climatériques. 

»  Les  espèces  annuelles  ou,  d'une  manière  plus  générale,  celles  dont 
les  tiges  aériennes  meurent  pendant  la  période  de  sécheresse,  ne  pré- 
sentent pas  toutes  ces  modifications  de  structure;  elles  ont  seulement  des 
vaisseaux  plus  grands,  des  tissus  chlorophylliens  plus  développés  et  des 
stomates  plus  nombreux,  offrant  ainsi  pour  leurs  organes  aériens  tous  les 
caractères  d'une  vie  intense  et  rapide,  qui  évolue  du  i5  mars  au  1^^  juin. 

»  D'autre  part,  j'ai  installé  soit  dans  des  armoires  vitrées  inégalement 
chauffées,  soit  à  des  éclairements  variés,  soit  dans  de  l'air  plus  ou  moins 
sec,  des  expériences  oîi  l'une  des  conditions  seule  se  trouvait  modifiée. 
Les  changements  de  structure  obtenus  ainsi,  dans  chacun  des  cas,  sont 
venus  confirmer  les  conclusions  précédentes. 

))  Or,  les  plantes  appartenant  à  des  espèces  exclusivement  spéciales  à  la 
région  méditerranéenne  présentent  en  général,  d'une  manière  exagérée, 
tous  les  caractères  qui  viennent  d'être  signalés. 

»  Il  est  très  intéressant  de  remarquer  que  les  modifications  obtenues  en 
transportant  des  plantes  dans  la  région  méditerranéenne  se  produisent 
toutes  dans  le  même  sens  et  avec  les  mêmes  adaptations.  » 

(*)  Influence  du  climat  méditerranéen  sur  la  structure  des  plantes  communes  en 
France.  {Annales  Se.  nat.:  Bot.,  8"  série,  l.  1,  1896,  p.  323). 


1290  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


MÉCANIQUE.  —  Des  conditions  nécessaÎT es  pour  qu  un  fluide  soit  en  équilibre 

stable.  Note  de  M.  P.  Duhem. 

«  Les  méthodes  imaginées  par  M.  Liapounorf  et  par  M.  Hadamard,  et 
appliquées  par  ces  géomètres  à  des  systèmes  qui  dépendent  d'un  nombre 
limité  de  variables,  peuvent  s'étendre  à  certains  systèmes  fluides  et  indi- 
quer que  certaines  conditions  sont  indispensables  à  la  stabilité  de  ces 
svstèmes. 

»  Comme  exemple,  nous  traiterons  ici  le  cas  d'un  fluide  homogène  et 
incompressible,  dont  les  éléments  sont  soumis  à  des  forces  qui  dérivent 
d'une  fonction  potentielle  V  et  dont  la  surface  terminale  So  est  soumise  à 

une  pression  uniforme  et  constante. 

.  âS 
»   Soit  n  la  normale  à  la  surface  Sq,  vers  l'intérieur  du  fluide.  Si  ^ 

n'est  négatif  en  aucun  point  de  la  surface  S^  et  est  positif  en  tout  point  d'une 
aire  d'étendue  finie  appartenant  à  cette  surface,  r équilibre  du  fluide  ne  peut 
être  stable. 

»  Prenons  le  fluide  en  équiUbre  et,  sans  déranger  aucun  des  points 
matériels  qui  le  forment,  imprimons  à  ces  points  des  vitesses  initiales. 
A  l'instant  t,  le  point  matériel  dont  les  coordonnées,  en  l'état  d'équilibre, 
étaient  œ,  y,  z  a  pour  coordonnées 

X  -^  a(^x,y,z,t),     y  -^  b{x,y,z,t),     z  +  c{x,y,  z,  t). 

»  Si  l'équilibre  du  système  était  stable,  on  pourrait  limiter  supérieure- 
ment les  vitesses  initiales  de  telle  sorte  que  l'on  ait,  quels  que  soient  x, 

(i)  \a\<k,     \b\<:k,     |6-|<A, 

A  étant  une  constante  positive  arbitrairement  choisie  d'avance. 

»  D'autre  part,  la  théorie  des  petits  mouvements  des  fluides  incompres- 
sibles nous  enseigne  que,  si  Ane  surpasse  pas  une  certaine  valeur,  on  peut 
écrire 

(2)  a=-g(i+>A),  è  =  -0(i  +  p,B),  c  =  -^(.  +  vC), 
"ky  [;.,  V  étant  trois  fonctions  de  x,  y^  z,  t  dont  la  valeur  absolue  ne  surpasse 


SÉANCE    DU    29   DÉCEMBRE    1902.  I291 

pas  une  certaine  limite  F  : 

(3)  IM<F,  1[^-|<F,  |vl<F, 

et  '\i{sc,  y,z,  t)  étant  une  fonction  qui  vérifie  les  conditions  suivantes  : 
M    1°  En  tout  point  de  la  surface  S^  qui  limite  le  fluide  en  équilibre, 


on  a 


(4) 


d^        dY  d^ 
dt^         On   an 


o; 


»   2°  En  tout  point  de  la  paroi  immobile  2,  on  a 


(5) 


TT  =  ^'^ 
on 


))   3°  En  tout  point  du  volume  cj,  limité  par  les  surfaces  S^  et  1,  on  a 
(6)  A^  =  o; 

»   4"  En  tout  point  du  volume  cr,  à  l'instant  /  =  o,  on  a 


(7) 


àt\U 


=  o. 


»   De  (i),  (2)  et  (3)  on  tire  sans  peine  la  proposition  suivante  : 
))    Quelle  que  soit  la  quantité  posiiiçe  W,  on  peut  toujours  limiter  supérieu- 
rement les  vitesses  initiales  de  telle  sorte  que  l'on  ait,  quels  que  soient  oc, y,  5,  t. 


(8) 


<^, 


ày 


<^, 


âz 


<T. 


»   Considérons  l'expression,  relative  à  la  surface  S^  qui  termine  le  fluide 
en  équilibre, 

(9)  -=/^(^)^''^o 

qui  n'est  jamais  positive;    elle  ne  peut   surpasser   W-  j  y-â?So.    Si   donc 

l'équilibre   du    système    est    stable,   on   peut  limiter  supérieurement  les 
vitesses  initiales  de  telle  sorte  que  l'on  ait,  quel  que  soit  /, 

(10)  £2<M, 

M  étant  une  quantité  positive  arbitrairement  choisie  d'avance. 
))   L'égalité  (9)  donne 


00 


li 


"J    dn  dn  ânât       ">' 


1292  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

puis 

»   Mais  l'égalité  (4)  donne 

J    dn   an  dn    ^^^  «^0  —        J    ^^.>   ^,^  "^2  «^o» 
tandis  que  les  égalités  (5)  et  (6)  permettent  d'rcrire 

J     dr-  Jn    dr-  ^"  ~        J     ât'   dn    âf'  ^^^»  "^  J     dt'-  dn    dt'  ^ 


Wdx  dt^J  ^ 

\0y  Of^J  ^ 

(.3) 


»   I/égalité  (12)  devient  donc 

)  dt'   ~       ^J    dn  \dndtj   ^" 

j  ,      r\[  d  â^y     fd  (T'^y     fd  d^^y\  , 


»   Les  égalités  (4)  ^t  (?)  montrent  que,  pour  t  =  o,  -y-  =  o  ;  donc,  selon 

les  égalités  (9)  et  (j  i),  pour  ;  =  o, 

^  dQ 

^  =  o,         -;-  =  o. 

'  dt 

d^Q. 
»   Selon  l'égalité  (i3),  -j-^  n'est  jamais  négatif;  selon  l'égalité  (7),  le 

second  terme  de  cette  expression  de  -j-^  est  nul  pour  /  =  o;  mais  nous 

pouvons  prendre  .    ^   différent  de  o,  à  l'instant  /  =  o,  en  tous  les  points 

,  dY      ^         .-r    J,     ,  d-Q.      ,     ,  .  .^ 

ou  -T-  est  positif;  des  lors,  pour  /  =  o,  -jr  est  sûrement  positif. 

»   Ces  renseignements  nous  prouvent  que  ii  croît  au  delà  de  toute  limite 

en  même  temps  que  t,  ce  qui  est  impossible,  selon  l'inégalité  (10),  lorsque 

l'équilibre  est  stable.  Le  théorème  énoncé  est  donc  démontré. 

»  La  même  méthode  s'applique  aux  deux  cas  suivants  : 

»    i'*  Le  fluide  est  homogène,  compressible,  de  température  uniforme  et 

constante;  ses  éléments  sont  soumis  à  des  actions  extérieures  newtoniennes 


SÉANCE    DU    29   DÉCEMBRE    1902.  1298 

OU  non-newtoniennes,  qui  dérivent  d'une  fonction  potentielle;  sa  surface 
terminale  est  soumise  à  une  pression  uniforme  et  constante; 

»  2**  Le  fluide  est  homogène,  compressible,  soumis  à  une  pression  uni- 
forme et  constante,  et  soustrait  à  toute  autre  action  extérieure;  à  partir  de 
l'état  d'équilibre,  il  se  meut  de  telle  sorte  que  l'entropie  spécifique  soit  une 
fonction  de  la  température  ou  une  constante,  la  même  en  tous  les  points  de 
la  masse  Jluide. 

»  Ces  cas  sont  précisément  ceux  où  la  méthode  de  Lagrange  et  de 
Lejeune-Dirichlet  permet  de  fixer  complètement  les  conditions  qui  assurent 
la  stabiHlé  de  l'équilibre;  ces  conditions  suffisantes  ne  sont  pas  les  condi- 
tions reconnues  nécessaires  par  la  méthode  que  nous  venons  d'esquisser.  La 
détermination  des  conditions  à  la  fois  nécessaires  et  suffisantes es\.\om à' q\.yq 
achevée.  » 


ÉLECTRICITÉ.  —  Sur  la  vitesse  avec  laquelle  les  différentes  variétés  de  rayons  X 
se  propagent  dans  l'air  et  dans  différents  milieux.  Note  de  M.  R.  Blondlot. 

«  Les  rayons  X  sont,  comme  on  sait,  plus  ou  moins  pénétrants,  selon 
qu'ils  sont  émis  par  des  tubes  où  le  vide  est  pins  ou  moins  avancé.  Je  me 
suis  proposé  de  rechercher  si  ces  différentes  variétés  de  rayons  X  se  pro- 
pagent dans  l'air  avec  la  même  vitesse. 

»  Ayant  pris  d'abord  un  tube  très  mou,  donnant  sur  l'écran  une  ombre 
de  la  main  où  l'on  ne  pouvait  aucunement  distinguer  les  os,  je  déterminai 
par  la  méthode  que  j'ai  décrite  précédemment  (*)  le  rapport  de  la  vitesse 
des  rayons  X  émis  par  ce  tube  à  celle  des  ondes  électriques;  l'allongement 
donné  aux  fds  de  transmission  étant  de  3o^"S  ce  rapport  fut  trouvé  égal 

à  -^  =  i,o/|.  Antérieurement,  avec  un  tube  de  dureté  moyenne,  dont 

les  rayons,  non  seulement  faisaient  voir  les  os  dans  l'ombre  de  la  main,  mais 

même  traversaient  tant  soit  peu  ces  os,  j'avais,  en  donnant  aux  fils  de 

transmission  les  mêmes  longueurs,  obtenu  pour  le  rapport  des  vitesses  le 

1       3o,6 
nombre -rr—  =  1,02. 

00 

»   J'interposai  ensuite  sur  le  trajet  des  rayons  X  une  plaque  d'aluminium 
épaisse  de  2^™  :  à  peine  pouvait-on  alors  apercevoir  sur  l'écran  une  ftùble 


Cj   Comptes  rendus,  t.  CXXXV,  p.  666  et  721. 
G.  R.,  1902,  2*  Semestre.  (T.  CXXXV,  N'  36) 


169 


\.' 


1294  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

fluorescence,  et,  de  cette  façon,  il  ne  passait  que  des  rayons  extrêmement 
pénétrants.  L'action  sur  l'étincelle  était  très  faible,  mais  encore  visible,  et 
je  parvins  à  déterminer,  sans  beaucoup  de  précision  toutefois,  la  position 
du  lube  correspondant  au  minimum  d'étincelle  pour  une  longueur  des  fds 
de  transmission  égale  à  iio''"'  :  la  distance  du  tube  à  la  coupure  était  alors 
ein^imn  23^*^,7.  Sans  l'interposition  de  l'aluminium,  elle  était  de  21^"», 3. 

»  Avec  le  plus  dur  de  tous  les  tubes  pouvant  fonctionner  dans  mon 
appareil  sans  donner  d'étincelles  latérales,  tube  dont  les  rayons  traver- 
saient manifestement  les  os  de  la  mam,  j'ai  obtenu  la  di^tance  22*^"', 3. 

»  Toutes  ces  observations  montrent  que,  au  degré  d'approximation  des 
mesures,  les  vitesses  de  propagation  des  rayons  émis  par  tous  mes  tubes 
sont  les  mêmes. 

))  Déjà,  d'après  mes  expériences  antérieures,  on  pouvait  s'attendre  à 
cette  égalité  de  vitesse  des  fliflérentes  variétés  de  rayons  X  :  dans  ces  expé- 
riences, en  effet,  j'avais  employé  un  tube  de  dureté  moyenne,  émettant  par 
conséquent  des  rayons  K  de  pénétrations  diverses;  or,  il  est  clair  que  si 
ces  rayons  avaient  des  vitesses  de  propagation  tliffiîrenles,  il  n'y  aurait  pas 
eu  de  maximum  de  l'étincelle,  puisque,  chacune  des  radiations  tendant  à 
en  faire  naître  un  à  une  distance  différente,  la  superposition  n'eût  donné 
qu'un  résultat  confus. 

»  L'absence  de  réfraction  des  rayons  X  indique  que  leur  vitesse  est 
indépendante  des  milieux  où  ils  se  propagent.  Il  m'a,  néanmoiiis,  paru 
intéressant  de  comparer  directement  ces  vitesses.  Pour  cela,  ayant  donné 
aux  fils  de  transmission  une  longueur  arbitraire  mais  constante,  j'ai  déter- 
mmé  la  position  du  tube  correspondant  au  minimum  détincelle;  puis, 
après  avoir  interposé  entre  le  tube  et  l'étincelle  la  substance  dans  laquelle 
je  voulais  étudier  la  propagation,  je  répétais  la  détermination.  Toujotirs  la 
position  du  tube  s'est  retrouvée  la  niême,  aux  erreurs  d"exj)érience  près. 
Voici  quelques  valeurs  de  la  distance  du  tube  (de  dureté  moyenne),  cor- 
respondant au  maximum  d'étincelle. 

))   Propagation  à  travers  : 

L'air ai, 3 

Un  bloc  de  hêtre  de  6'^'" 20 

»  paraffine  de  5/^ 21, 3 

yne  colpDne  d'essence  de  térébenthine  de  ô*'",^. . .  •  22,4 

»  d'huile  de  vaseline  de  6'='",  5 21,7 

5)  Avec  le  plus  dur  de  mes  tubes,  la  di§t£»nce  correspondant  au  mi- 


SÉANCE   DU    29   DÉCEMBRE    Ï902.  129^ 

nimum  22*^™,  3,  resta  exactement  la  même  après  l'interposition  d'un  bloc 
de  paraffine  épais  de  9*^™, 5. 

»  La  conclusion  définitive  des  observations  rapportées  dans  la  présente 
Note  est  qtie,  dans  les  litnites  des  conditions  et  des  erreurs  des  expériences 
décrites,  la  vitesse  de  propagation  des  différentes  variétés  de  rayons  X 
dans  les  différents  milieux  est  égale  à  celle  de  la  lumière  dans  l'air.    » 


PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  le  pouvoir  germinatif  des  graines  exposées 
à  la  lumière  solaire.  Note  de  M.  £i»ile  JLAunENT. 

«  Les  rayons  solaires,  surtout  les  plus  réfrangibles,  ont  une  action 
nuisible,  souvent  mortelle,  sur  les  cellules  vivantes  des  organismes  infé- 
rieurs :  les  cellules  végétatives  des  Bactéries  et  des  Levures  ainsi  que  les 
spores  des  Bactéries,  des  moisissures  et  du  charbon  des  céréales,  exposées 
au  soleil  en  présence  d'oxygène,  sont  tuées  au  bout  de  quelques  heures. 

»  Cette  action  paraît  être  en  relation  avec  les  phénomènes  d'oxydation 
de  diverses  substances  organiques  étudiés  par  M.  Duclaux. 

»  Il  y  a  déjà  longtemps  que  je  me  suis  demandé  si  les  graines  des 
plantes  su})érieures,  à  l'état  de  repos,  sont  également  sensibles  aux  rayons 
solaires.  Les  expériences  actuelles  remontent  à  l'année  1895.  Depuis  lors 
M.  Tine  Tammes  (')  a  fait  des  essais  analogues  aux  miens,  mais  qui  ont 
donné  des  résultats  négatifs.  Plus  récemment  encore,  M.  V.  Jodin  (^)  a 
repris  cette  étude  et  a  conclu  que,  pour  les  graines  non  desséchées  de 
Cresson  alénois,  la  résistance  à  la  radiation  paraît  dépendre  beaucotq)  plus 
de  l'action  calorifique  que  de  l'action  lumineuse. 

»  Mes  expériences  ont  été  faites  pendant  une  période  de  vive  insolation 
(fin  mai  à  commencement  de  juillet  1895)  sous  un  ciel  presque  toujours 
très  cl.iir   et    par   un   soleil    ardent. 

»  Le  29  mai  de  cette  année,  des  graines  de  diverses  espèces  furent  expo- 
sées en  couche  mince  au  soleil  dans  des  tubes  à  es>ais  soigneusement  net- 
toyés. Ceux-ci  sont  disposés  en  plein  soleil,  presque  horizontalement  sur 
une  planchette  recouverte  d'un  papier  blanc  et  sont  fermés  par  un  tampon 
de  coton. 


(*)  Landwirt.  Jahrbiicher,  Bd.  XXIX,  1900,  p.  467. 
(-)  Comptes  rendus,  t.  CXXXV,  1902,  p.  443. 


1296  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

»   Voici  les  espèces  mises  en  observation  : 

»  Tritlcum  vulgare  (Froment  Dattel),  de  189/4.  Secale  céréale  (Seigle  de  Zélande), 
de  1894.  Brassica  /«'^/«(Moutarde  noire  d'Alsace),  de  i^^'è.  Sinapis  alba  (Moutarde 
blanche).  Lepidiiun  salivum  (Cresson  alénois).  Trifolium  tepens  (Trèfle  blanc). 
Taiaxacum  officinale  (Pissenlit),  de  189/4.  Hieracium  murorum,  de  1894.  Hieva- 
cium  petrœum,  de  1894.  Hieracium  tridentatum,  de  1894.  Sonchus  oleraceus,  de 
1894.  Senecio  vulgaris.  de  1894. 

»  Il  y  avait  quatre  tubes  de  graines  de  chacune  des  six  premières  espèces 
et  un  seul  des  autres. 

»  Les  akènes  de  Taraxacum,  Hieracium,  Sonchus  et  Senecio  avaient  été 
choisis  à  cause  de  leur  petitesse  et  de  leur  couleur  plus  ou  moins  foncée, 
conditions  favorables  à  la  pénétration  de  la  radiation. 

»  Les  journées  des  29  et  3o  mai,  i^'',  2,  3  et  4  juin  furent  favorisées  par 
un  soleil  ardent;  néanmoins  la  température  ne  dépassa  pas  43°,  5  à  l'inté- 
rieur des  tubes.  Le  3i  mai  et  le  5  juin,  le  ciel  fut  couvert  tout  le  temps. 

»  Le  5  juin,  on  retira  un  tube  des  espèces  suivantes  :  Froment,  Seigle, 
Moutarde  blanche  et  noire.  Cresson  alénois  et  Trèfle  blanc.  Les  graines 
furent  mises  en  germination  sur  du  papier  humide  au  fond  de  cristallisoirs, 
comparativement  avec  des  graines  de  même  origine,  mais  non  insolées. 

»  Aucune  différence  n'a  été  constatée  dans  la  rapidité  de  la  germination 
ni  dans  le  pouvoir  germinatif  des  semences  des  deux  catégories. 

»  Le  temps  fut  couvert  le  6  juin  et  les  tubes  ne  furent  remis  au  soleil  que 
le  7  au  matin. 

»  Les  7,  8,  9,  10,  12,  i3,  17  et  18  juin,  la  radiation  fut  très  vive;  mais  il 
lien  fut  pas  ainsi  les  6,  1 1,  14,  1 5  et  16  juin,  jours  de  temps  couvert  ou 
pluvieux. 

»  Le  19  juin  au  matin,  on  retira  un  tube  des  espèces  examinées  le  5  du 
même  mois  et  l'on  mit  les  graines  germer  à  côté  des  graines  témoins  non 
exposées  au  soleil. 

»  Le  21,  après  48  heures,  aucune  différence  ne  fut  constatée  dans  les 
semences  de  Cresson  alénois,  de  Seigle  et  de  Froment.  Les  graines  de 
Moutarde  blanche  et  de  Trèfle  insolées  sont  nettement  en  retard;  la  plu- 
part de  celles  de  Moutarde  noire  ne  germent  pas,  tandis  que  beaucoup  des 
témoins  de  cette  espèce  sont  développés. 

»  Les  19  et  20  juin  furent  pluvieux  et  les  tubes  à  essais  furent  gardés  au 
laboratoire;  le  21  au  matin,  ils  furent  remis  en  plein  soleil.  Ce  jour-là  et  le 
suivant  furent  bien  clairs. 


SÉANCE. DU    29   DÉCEMBRE    1902.  1297 

»  Le  22,  on  a  mis  en  germination  une  partie  des  akènes  insolésde  Tara- 
xacum,  des  trois  espèces  cVHieracium,  de  Sonchus  et  de  Senecio,  à  côté  de 
semences  non  insolées  de  même  origine.  Aucune  différence  ne  fut  observée 
chez  le  Senecio  et  le  Sonchus  mais  bien  chez  les  Hieracium  et  le  Taraxacum. 

»  Ainsi  le  26  juin,  les  graines  insolées  à' Hieracium  tridentatum  avaient  un 
léger  retard.  Sur  12  akènes  de  Taraxacum  insolés,  un  seul  germe,  et  il  en 
est  10  sur  3i  parmi  ceux  qui  ne  furent  pas  exposés  au  soleil  qui  se  déve- 
loppent. Chez  le  H.  murorum,  2  akènes  insolés  sur  36  germent  et  7  sur  4o 
dans  les  témoins. 

y  Enfin  pour  1'^.  petrœum,  i  semence  sur  4o  insolées  est  en  germina- 
tion et  parmi  les  témoins  6  sur  5o. 

»  Les  expériences  ont  été  continuées  jusqu'au  2  juillet.  Les  28,  24,  23, 
26,  27,  28,  29  et  3o  juin  et  le  i^^"  juillet  le  ciel  fut  très  clair  et  le  soleil 
assez  ardent. 

»  Les  derniers  tubes  furent  retirés  le  2  juillet  au  matin  et  les  graines  de 
toutes  les  espèces  furent  mises  en  germination,  en  même  temps  que  des 
graines  de  même  origine  conservées  à  l'obscurité. 

»  Après  24  heures,  il  y  avait  un  léger  retard  dans  la  germination  du 
Cresson  et  de  la  Moutarde  blanche,  mais  non  chez  le  Seigle.  Cette  diffé- 
rence n'est  plus  sensible  après  deux  jours.  Le  retard  est  plus  manifeste 
chez  le  Froment,  le  Trèfle  et  la  Moutarde  noire.  Cependant  la  proportion 
de  graines  germées  chez  le  Cresson,  la  Moutarde  blanche  et  le  Froment 
était  la  même  dans  les  deux  catégories.  Au  contraire,  au  cinquième  jour, 
sur  100  graines  de  Moutarde  noire  insolées,  4^  ont  germé,  tandis  que  sur 
100  graines  témoins  67  se  sont  développées. 

»  Pour  le  Trèfle,  36  pour  100  des  graines  insolées  sont  restées  inertes 
et  12  pour  100  seulement  parmi  celles  qui  n'avaient  pas  subi  l'influence 
du  soleil. 

»  Enfin  le  10  juillet,  on  a  mis  fin  à  l'expérience  en  comptant  les  akènes 
des  composés  qui  avaient  germé  : 

Akènes  Akènes 

au   soleil  témoins 

pour  100.  pour  100. 

Taraxacum  officinale o  66 

Hieracium  petrœum 12  64 

Hieracium  tridentatum 8  36 

Senecio  vulgaris 7 5  92 

»  Il  n'y  avait  plus  de  semences  de  Sonchus  oleraceus  ni  de  Hieracium 
murorum . 


I:jiq8  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

»  La  lumière  solaire  exerce  donc  sur  les  semences  des  plantes  supé- 
rieure, à  l'état  de  graines  nues  ou  de  fruits  secs,  une  action  nuisible,  qui 
se  manifeste  d'abord  par  un  retard  dans  la  germination,  puis  par  la  mort 
des  embryons. 

»  En  fifénéral,  les  graines  assez  volumineuses  (Seigle,  Froment)  ou 
à  téguments  clairs  (Moutarde  blanche)  sont  moins  sensibles  à  la  radiation 
que  les  plus  petites,  surtout  que  celles  pourvues  d'enveloppes  foncées.  » 


Notice  sur  M.  Millardet,  par  M.  Bor^îet. 

«  La  Section  de  Botanique  a  perdu,  le  i.5  décembre,  un  de  ses  Corres- 
pondants nationaux  dont  le  nom  est  attaché,  d'une  manière  indissoluble, 
à  la  recoristitution  du  vignoble  français. 

»  Né  à  Montmirey-la-Vdle  (Jura),  le  3  décembre  i838,  Pierre-Marie- 
Alexis  Millardet  fit  ses  premières  études  à  Dole  et  à  Besançon.  Il  vint 
ensuite  à  Paris  où  il  fut  reçu,  en  1861,  licencié  es  sciences  naturelles. 
Désireux  de  s'initier  à  d'autres  méthodes  de  recherches  et  d'enseignement 
que  les  nôtres,  il  alla  passer  f\  années  dans  les  Universités  de  Heidelberg 
et  de  Fribourg-en-Brisgau,  oii  il  eut  pour  maîtres  les  savants  illustres  qui 
se  nommaient  Hofmeister,  Sachs  et  de  Bary. 

»  Ses  premières  publications  montrent  qu'il  était  capable  d'entreprendre 
et  de  mener  à  bien  des  études  très  diverses.  En  peu  d'années  il  donna  ses 
recherches  sur  l'accroissement  du  corps  ligneux  dans  les  Yucca  et  les 
Dracœna;  sur  le  développement  en  épaisseur  des  membranes  cellulaires  ; 
des  Notes  sur  divers  Cryptogames;  une  étude  sur  la  matière  colorante  des 
Algues  bleues  et  des  Diatomées;  des  recherches  sur  les  mouvements  des 
feuilles  de  la  Sensitive.  Du  Mémoire  classique  intitulé  :  «  Le  prothallium 
mâle  des  Cryptogames  vasculaires  »  résulte  (pie  la  différence  considérable 
qu'on  admettait  alors  entre  ces  plantes  et  les  Phanérogames  est  moins 
profonde  en  réalité.  M.  Millardet  prouve  qu'il  existe  entre  les  deux 
groupes  un  plan  de  structure  commun  et  qu'ds  s'enchaînent  par  une  série 
de  gradations.  Les  observations  ultérieures  ont  confirmé  la  justesse  de 
ces  conclusions. 

»  Après  avoir  été  professeur  suppléant  à  Strasbourg,  puis  chargé  de 
cours  à  Nancy,  il  fut  nommé,  en  i8y6,  professeur  titulaii  e  de  Botanique  à 
la  Faculté  des  Sciences  de  Bordeaux.  Il  arrivait  en  pleine  crise  phvlloxé- 
rique.  Chargé  par  la  Commission  du  Phylloxéra  d'étudier  les  Vignes  sau- 


SÉANCE    DU    29    DÉCEMBRE    1902.  1299 

vages  des  Etats-Unis  au  point  de  vue  de  leur  résistance  à  l'insecte,  il  s'ac- 
quitta de  sa  lâche  avec  la  rigueur  scientifique  et  les  qualités  d'observateur 
et  d'expérimentateur  qu'il  avait  acquises  au  laboratoire. 

»  On  savait,  depuis  les  travaux  d'Ein.  Planchon,  que  les  Viennes  amé- 
ricaines résistent  au  Phylloxéra.  Mais  on  n'avait  que  des  données  insuffi- 
santes sur  les  degrés  de  résistance.  M.  Millardet  les  détermina  avec 
précision  et  fit  connaître  les  détails  des  variations  des  espèces  sauvages  et 
leur  valeur  comme  porte-greOes. 

»  Un  (les  premiers  il  préconisa  l'hybridation  de  la  Vigne  européenne 
avec  les  Vignes  américaines.  Pour  sa  part,  avec  l'aide  de  M.  Grasset,  il  ne 
créa  pas  moins  de  12000  hybrides.  Si  aucun  d'eux  n'a  donné,  comme  les 
créateurs  l'espéraient  d  abord,  un  producteur  dirrct  capable  de  remplacer 
les  anciens  cépages  français,  quelques-uns,  surtout  parmi  les  hybrides 
provenant  du  croisement  des  Vignes  sauvages  entre  elles,  ont  fourni  des 
porte-greffes  de  première  valeur.  La  plantation  des  espèces  ou  des 
hybrides  résistants  fut  d'abord  essayée  un  peu  à  l'aventure  parce  qu'on 
ignorait  dans  quelles  comlilions  croissent  chez  elles  les  Vignes  améri- 
CHines.  Mais  lorsque  M.  Viala  eut  rapporté  de  sa  mission  aux  Eiat^-Unis 
des  renseignements  précis  sur  les  milieux  où  elles  vivent,  on  sut  quelles 
combinaisons  devaient  être  réalisées  pour  que  le  produit  fût  à  la  fois  résis- 
tant aux  maladies  et  adapté  aux  exigences  variables  du  sol  où  ou  le  plante. 

»  Les  viticulteurs  doivent  encore  à  M.  Millardet  des  Études  sur  diverses 
maladies  de  la  Vigne  causées  par  les  Champignons  et  en  particulier  par 
le  Peronospora  du  Mildiou,  mais,  ce  qui  leur  importait  davantage,  le 
moyen  de  les  combattre  avec  efficacité.  C'est  ce  qu'ils  font  depuis  i883 
grâce  à  la  découverte  des  bouillies  cupriques  dont  l'emploi  et  les  méthodes 
d'application  leur  furent  indiqués  pour  la  première  fois  par  MM.  Millar- 
det et  Gayon. 

»  En  terminant,  je  rappellerai  ses  recherches  sur  les  faux-hybrides  de 
Fraisiers  qui  reproduisent  le  type  du  père  ou  de  la  mère  sans  jamais  réunir 
à  la  fois  aucun  des  caractères  distinctifs  des  deux  espèces  composantes. 
Ces  curieux  résultats,  que  l'auteur  a  aussi  rencontrés  dans  les  Vignes  et 
dans  les  Ronces,  ont  fourni  l'explication  de  faits  que  les  producteurs 
d'hybrides  avaient  parfois  observés  et  dont  ils  ne  se  rendaient  pas  compte. 

»  M.  Millardet  était  Correspondant  de  l'Académie  depuis  i888.  Il  avait 
remplacé  Edmond  Boissier.   » 


l3oo  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


RAPPORTS. 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Anomalies  du  champ  magnétique  terrestre  sur 
le  Puy  de  Dôme.  Mémoire  présenté  par  MM.  B.  Brunhes  et  David. 
Rapport  de  M.  Rouquet  de  la  Guye. 

a  M.  Moureaux  nousa  donné  il  y  a  quelques  années  des  Cartes  du  Magné- 
tisme en  France  sous  ses  trois  formes,  déclinaison,  inclinaison,  intensité, 
en  utilisant  les  résultats  obtenus  dans  617  stations,  et  il  avait  vérifié  qu'en 
divers  points  de  notre  territoire  il  existait  des  anomalies  magnétiques 
extraordinaires.  La  région  despuys,  c'est-à-dire  l'Auvergne,  avait  été  soup- 
çonnée par  lui  d'en  renfermer,  mais  elle  était  restée  en  blanc  sur  ses  Cartes. 
MM.  Brunhes  et  David  ont  étudié  l'été  dernier  un  point  particulier  de  cette 
région,  le  sommet  du  Puy  de  Dôme,  et  ils  ont  fait  pour  cela  58  stations  dans 
une  zone  de  iSo"*  autour  de  l'observatoire.  Ils  ont  trouvé  que  la  décli- 
naison est  minimum  à  l'ouest  où  elle  descend  à  12**  et  maximum  à  l'est  où 
elle  remonte  à  19". 

»  La  composante  horizontale  est  minimum  au  nord  de  la  Tour  et  maxi- 
mum au  sud  et  l'écart  de  deux  points  distants  de  25o™  est  de  o,o32.  Le 
sommet  du  puy  n'agit  pas  comme  un  centre  de  perturbation  défini,  c'est 
la  montagne  entière  qui  agit  comme  un  pôle  boréal. 

»  Une  Carte  accompagne  le  Mémoire  de  MM.  Brunhes  et  David;  elle 
donne  les  lignes  isogones  et  de  même  composante  horizontale.  Nous  ne 
pouvons  qu'engager  ces  messieurs  à  poursuivre  cette  étude  en  l'étendant 
sur  toute  la  région,  ils  y  trouveront  nombre  d'anomalies  analogues  non 
seulement  au  voisinage  des  volcans  mais  aussi  dans  la  plaine  où  l'on 
trouve  des  affleurements  de  roches  volcaniques,  et  l'Académie  ne  peut 
qu'encourager  une  pareille  recherche.   » 


CORRESPONDANCE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  uiiprimées  de  la 
Correspondance  : 

Un  Ouvrage  de  M.  Emmanuel  de  Martonne  ayant  pour  titre  :  «  La  Vala- 
chie,  essai  de  monographie  géographique.  (Présenté  par  M.  de  Lapparent.) 


SÉANCE    DU   29   DÉCEMBRE     1902.  r3oi 

M.  Caxnizzaro,  m™*  Curie,  MM.  Commenge,  Driencourt,  Gaillot,  Gri- 

GÎÎARD,    Gri>IBERT,     DE    GrOSSOUVRE,    GuILBERT,     HaRTWIG,    ImBEAUX,    DE    LA 

BaUxME-Puvixel,  Lemoixe,  Le  Roux,  Loisel,  Marquis,  M.  Mo.nxier, 
d'Ocagxe,  Peyroux,  Ravaut,  Romazotti,  Rosexstiehl,  Schulhof,  Svex 
Hedix,  de  Taxnenberg,  Teisserenc  de  Bort,  Tourxouer,  Trépied,  Vessiot, 
VuiLLEMiN  adressent  des  remercîments  à  l'Académie  pour  les  distinctions 
dont  leurs  travaux  ont  été  l'objet  dans  la  dernière  séance  publique. 

Sur  la  demande  de  l'auteur  du  Mémoire  intitulé  :  k  De  l'entraînement 
et  de  ses  effets  sur  l'artilleur  »,  présenté  au  concours  Montyon  de  Sta- 
tistique pour  1902,  avec  la  devise  :  Primo  non  nocere,  et  qui  a  obtenu  une 
mention  honorable,  le  pli  annexé  au  Mémoire  est  ouvert  en  séance  par 
M.  le  Président. 

L'auteur  du  Mémoire  est  M.  Cassedebat,  médecin-major  au  29*  d'artil- 
lerie, à  Toulouse. 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Nouvelles  observations  sur  les  éruptions  volcaniques  de 
la  Martinique.  Extraits  de  Lettres  adressées  par  M.  Lacroix  à  MM.  Dar- 
boux  et  Michel  Lévy. 

«  Fort-de-France,  23  novembre. 

»  Le  18,  à  9^  précises  du  matin,  nous  avons  vu  subitement  sortir  de 
l'échancrure  sud-ouest  du  cratère,  dont  les  bords  étaient  cachés  dans  les 
nuages,  une  véritable  cataracte  de  volutes  de  vapeurs  très  denses,  d'un 
brun  roux  foncé;  elles  sont  descendues  dans  le  fond  de  la  vallée  de  la 
rivière  Blanche,  puis,  lorsqu'elles  ont  eu  touché  celle-ci,  elles  ont  continué 
leur  marche  en  rampant  sur  le  sol  jusqu'à  la  mer,  tout  en  étant  animées 
en  même  temps  d'un  mouvement  plus  lent  d'ascension  verticale.  Ce 
nuage,  formant  des  volutes  qui  ressemblaient  à  des  balles  de  coton  très 
serrées,  marchait  dans  la  direction  horizontale  avec  la  vitesse  d'environ 
jkin  ^^  Ij^  minute  (6  minutes  pour  aller  du  cratère  à  la  mer);  il  s'est  élevé 
à  environ  2000  mètres. 

»  Arrivé  sur  le  bord  de  la  mer,  il  s'est  lentement  diffusé  à  la  surface  de 
celle-ci,  obscurcissant  l'horizon  pendant  près  de  2  heures. 

»  Je  ne  doute  pas  que  nous  n'ayons  assisté  à  un  phénomène  comparable, 
quoique  beaucoup  moins  intense,  à  celui  qui  a  détruit  Saint-Pierre. 

»   Quoi  qu'il  en  soit,  la  vue  de  la  sortie  et  de  la  marche  de  ce  nuage  était 

C.  R.,  1902,  2»  Semestre.  (T.  CXXXV,  N°  26.)  I  70 


j3o2  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

un  speciacle  inoubliable,  et  surtout  intéressant  pour  nous  qui  avons  passé 
un  si  grand  nombre  de  journées  entières  dans  la  vallée  de  la  rivière 
Blanche  et  qui  avons  encore  tant  d'observations  à  y  faire.  Il  y  a  là  évidem- 
ment un  nouveau  et  désaj^réable  facteur,  dont  nous  aurons  à  tenir  compte 
désormais.  Une  éruption  similaire  avait  eu  lieu  le  6,  c'esl-à-dire  deux 
jours  auparavant. 

»  Depuis  quelques  jours,  les  fumerolles  des  embouchures  des  rivières 
Blanche,  Sèche,  et  des  Pères  ont  repris  par  intermittence  leur  activité  de 
la  fin  du  mois  de  juin.    » 

«  Fonds-Saint-Denis,  29  novembre. 

»  Hier,  à  l'^So™,  nous  avons  assisté  à  la  plus  grosse  éruption;  elle  était 
du  même  type  que  celle  du  i8,  décrite  dans  ma  dernière  lettre.  En  9  mi- 
nutes, l'espace  de  6''™  compris  entre  le  cratère  et  la  mer  a  été  otcuj)é  par 
un  épais  nuage  à  contours  nets  se  prolongeant  à  perte  de  vue  sur  la  mer  et 
montant  à  320o™.  Les  lourdes  volutes  grises  rousses  rouhinl  les  unes  sur 
les  autres  comme  des  solides  étaient  des  plus  imposantes.  Quand  ie  nuage 
s'est  dissipé,  nous  avons  vu  tout  l'espace  compris  entre  la  rivière  Blanche 
et  Sainte-Philomène  couvert  de  cendres  blanches  comme  la  neige  avec 
beaucouj)  d'énormes  blocs  sur /<?.?  talus  horânnl  la  rivière  Blanche.  Ces  pro- 
jections plongeantes  parlant  du  cratère  paraissent  devenir  caractéristiques 
des  éruptions;  je  comple  aller  étuflier  de  près  ce  qui  est  tombé,  mais  c'est 
trop  dangereux  par  terre;  j'attendrai  mardi  soir,  jour  où  j'ai  un  bateau  à 
ma  disposition. 

»  Un  moi  ceau  du  cône  ayant  environ  90°"  de  hauteur  s'est  délaché  cette 
nuit,  grâce  à  une  fis^ure  longitudinale  |)r()duite  au  sommet,  mais  celui-ci 
reste  à  très  peu  de  chose  près  à  la  même  hauteur  voisine  de  iSoo"^. 

>*  Fort-rle-France,  lo  décemlji'e. 

»  Les  communications,  par  télégraphie  sans  fd,  avec  la  Guadeloupe, 
viennent  d'êire  inaugurées.  M.  le  capitaine  Ferrie,  qui  avait  été  mis  pour 
cela  à  ma  disposition  par  M.  le  Ministre  des  Colonies,  s'est  acquitté  avec  le 
plus  grand  succès  de  sa  lâche,  ainsi  que  M.  Magne,  inspecteur  des  Télé- 
graphes, (pua  organisé  le  poste  de  la  Guadeloupe. 

))  Jtisqu'à  présent,  le  volcan  n'a  introduit  aucune  perturbation  constante 
dans  les  transmissions,  bien  que  plusieurs  éruptions  se  soient  produites 
depuis  le  commencement  des  expériences.  Des  observations  régulières 
vont  du  reste  être  faites  à  ce  sujet  et  j'ai  demandé  au  capitaine  Ferrie  de 


SÉANCE    DU    29    DÉCEMBRE    I902.  l3o3 

vouloir  bien  rédiger,  sur  l'ensemble  de  ses  opérations,  une  Note  que  TAca- 
démie  jugera  probablement  à  propos  de  publier  avec  les  autres  résultats  de 
la  mission. 

»  J'envoie  à  M.  Michel  Lévy  une  Note  sur  les  dernières  éruptions  qui 
sont  extrêmement  intéressantes,  mais  qui  ne  sont  pas  sans  me  gêner  dans 
mes  explorations;  la  rivière  Blanche,  où  se  trouve  la  clef  de  beaucoup  de 
problèmes  intéressants,  étant  devenue  presque  inabordable. 

»  Dans  les  ruines  de  Saint-Pierre,  j'ai  recueilli  beaucoup  de  documents 
qui,  pour  n'avoir  qu'un  rapport  indirect  avec  le  volcan,  n'en  sont  pas 
moins  pleins  d'intérêt  au  point  de  vue  minéralogique. 

Lettre  de  M.  Lacroix  à  M.  Michel  Lévy. 

«  10  décembre  1902. 

»  Depuis  ma  dernière  Communication  à  l'Académie,  les  manifestations 
éruptives  de  la  Montagne  Pelée  se  poursuivent  avec  les  mêmes  caractères, 
c'est-à-dire  sans  grandes  explosions,  mais  avec  modifications  incessantes 
du  cône,  production  discontinue  de  blocs  de  lave  et  de  nuages  denses,  char- 
riant à  la  fois  des  cendres,  des  fragments  et  des  blocs  de  lave.  J'ai  pu  suivre 
ces  diverses  manifestations  volcaniques  d'assez  près  pour  pouvoir  en  pré- 
ciser les  différents  caractères. 

))  Le  cône  s'est  très  rapidement  accru  pendant  la  fin  du  mois  de  novembre 
et  cet  accroissement  a  été  surtout  caractérisé  par  la  production  d'une 
aiguille  terminale,  en  forme  d'obélisque  à  faces  plus  ou  moins  planes,  qui 
a  atteint  environ  1  Soo""  d'altitude.  Au  cours  des  éruptions  du  commence- 
ment de  décembre,  le  sommet  s'est  peu  à  peu  écroulé  et  a  perdu  ainsi 
environ  60™  de  hauteur,  mais  au  moment  où  sont  écrites  ces  lignes 
(10  décembre),  il  reprend  son  mouvement  ascendant. 

»  Les  observations  de  nuit,  faites,  soit  de  l'observatoire,  soit  de  la  mer, 
à  bord  du  Joiiffroy ^  m'ont  permis  de  suivre  le  mécanisme  de  la  production 
du  cône.  Lorsque  le  temps  est  clair,  on  voit  que  la  masse  rocheuse  formant 
le  sommet  du  cône  est  parcourue  de  fentes,  généralement  verticales;  elles 
sont  lumineuses;  la  variété  d'intensité  lumineuse  tient  à  l'afflux  intermittent 
de  matière  fondue,  dont  on  peut  suivre  la  marche  ascendante.  De  temps 
en  temps,  on  voit,  en  outre,  comme  si  la  fente  n'était  pas  assez  large  pour 
contenir  la  lave  qui  y  circule,  celle-ci  s'échapper  sous  forme  de  blocs  in- 
candescents. C'est  un  magnifique  spectacle  que  celui  fourni  par  la  vue  de 
ces  blocs  lumineux  tombant,  au  milieu  de  la  nuit,  des  parois  de  l'aiguille, 


l3o4  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

et  traversant  les  vapeurs  ascendantes,  sorties  d'ouvertures  plus  basses  et 
rendues  elles-mêmes  incandescentes  par  leur  passage  vis-à-vis  des 
fissures. 

))  Mais  ce  n'est  point  par  ces  fissures  du  sommet  du  cône  que  sort  la  plus 
grande  quantité  de  matière  fondue:  c'est  de  la  jonction  de  l'aiguille  et  de 
son  soubassement  plus  large  (sur  les  flancs  ouest  et  sud-ouest).  Dans  cette 
région  du  cône,  on  voit  parfois  subitement  apparaître  un  ou  plusieurs 
points,  extrêmement  brillants,  qui  se  détachent  brusquement  et  roulent 
sur  un  talus  d'éboulis  ;  après  avoir  été  dirigé  d'abord  Est-Ouest,  il  contourne 
le  piton  du  Petit-Bonhomme  et  aboutit  à  la  rivière  Blanche.  Ces  blocs, 
laissant  derrière  eux  un  sillage  incandescent,  se  brisent  peu  à  peu,  four- 
nissant ainsi  un  grand  nombre  de  blocs  plus  petits  qui  se  comportent 
chacun  comme  le  bloc  principal.  Ces  émiettements  successifs  de  blocs  in- 
candescents peuvent  être  comparés  à  autant  de  gerbes  terminant  une  fusée. 
Lorsqu'il  y  a  à  la  fois  plusieurs  poussées  de  ce  genre,  les  pentes  du  cône, 
dressées  sur  cet  énorme  piédestal  qu'est  la  Montagne  Pelée,  semble  cou- 
vertes par  une  cascade  de  feu. 

»  Cette  production  de  blocs  incandescents  est  à  certains  moments 
presque  continue,  mais  plus  souvent  elle  est  masquée  par  une  épaisse 
calotte  de  nuages  ;  elle  est  due  à  l'arrivée  lente  de  matière  fondue  en  quan- 
tité trop  peu  considérable  pour  former  une  véritable  coulée;  le  magma 
peu  fusible  se  solidifie  dès  son  arrivée  à  proximité  de  l'extérieur;  l'andé- 
site ainsi  produite  est  poussée  au  dehors  sous  l'influence  de  la  pression 
interne  qui  est  continue.  Ces  blocs  sont  souvent  énormes  et  ils  peuvent 
parvenir  jusqu'à  la  mer  (c'est-à-dire  à  ô''™  du  cratère)  avec  des  dimen- 
sions dépassant  loo""'.  Dans  la  nuit  du  9  au  lo  décembre,  nous  avons  vu 
brusquement  apparaître  près  de  la  côte  un  semblable  bloc  non  loin  de 
l'ancienne  embouchure  de  la  rivière  Blanche.  Il  est  resté  vivement  lumi- 
neux pendant  plusieurs  minutes,  puis  s'est  refroidi  lentement. 

))  Je  m'étais  demandé  antérieurement  si  le  cône  s'accroissait  uniquement 
par  afflux  de  lave  à  son  sommet  ou  si  son  aiguille  terminale  n'était  pas  en 
même  temps  soulevée  par  sa  base;  mes  récentes  observations  me  font  élimi- 
ner cette  dernière  hypothèse  ;  nous  avons  des  preuves  pour  montrer  que 
l'accroissement  se  fait  en  hauteur  et  en  largeur,  la  base  restant  absolument 
stable.  De  plus,  la  base  même  du  cône  s'accroît  aussi  latéralement;  le  talus 
d'éboulis  qui,  au  milieu  de  novembre,  se  voyait  encore  par  l'échancrure 
sud-ouest  du  cratère,  a  été  poussé  en  avant  et  s'est  effondré  dans  le  haut 
ravin  de  la  rivière  Blancbe;  il  est  remplacé  maintenant  par  une  paro*i  ro- 


SÉANCE    DU    2g   DÉCEMBRE    I902.  l3o5 

cheuse  qui  domine  celui-ci  ;  on  y  distingue  quelques  points  lumineux,  et  il 
est  probable  que,  s'il  se  produit  à  un  moment  donné  une  coulée,  c'est  là 
que  sera  son  origine. 

))  Tous  les  phénomènes  qui  viennent  d'être  décrits  se  produisent  d'une 
fatçon  lente  et  presque  continue,  sans  projection  et  sans  dégagement  consi- 
dérable de  vapeurs. 

))  Il  me  reste  à  m'occuper  des  nuages  denses  ou  nuées  ardentes,  dont 
j'ai  déjà  signalé  l'existence  à  l'Académie,  et  qui  constituent,  eux,  un  phé- 
nomène violent,  discontinu. 

»  Ils  sont  généralement  précédés  par  des  grondements  sourds  s'enten- 
dant  jusqu'à  iS"^™  du  volcan  et  peut-être  même  davantage  sans  qu'ils  soient 
accompagnés  de  trépidation  du  sol. 

»  En  mesurant  l'intervalle  de  temps  qui  s'écoule  entre  la  chute  de  gros 
blocs  incandescents  et  la  perception  de  ces  grondements,  j'ai  acquis  la 
certitude  que  ces  bruits  sont  dus  à  des  éboulements  produits  dans  le 
cratère. 

))  Ces  nuages  lourds  sont  formés  par  une  grande  quantité  de  vapeur 
d'eau,  entraînant  à  la  fois  de  la  cendre,  des  iapillis  et  des  blocs  de  lave; 
ils  ont  comme  origine  les  points  de  sortie  des  blocs  incandescents,  dont 
j'ai  parlé  plus  haut,  on  les  voit  descendre  le  long  du  cône,  s'engager  dans 
la  vallée  de  la  rivière  Blanche  et  rouler  jusqu'à  la  mer.  A  partir  du  moment 
où  ils  ont  atteint  le  fond  de  la  vallée,  ils  sont  en  outre  animés  d'un  mouve- 
ment ascensionnel,  beaucoup  plus  lent;  parfois  cependant,  au  moment  de 
la  sortie  du  nuage,  il  se  produit  en  outre  une  poussée  verticale  moins  forte 
qui  d'ordinaire  monte  le  long  de  l'aiguille  terminale. 

»  Ces  nuages  lourds  sortent  donc  obliquement  du  cratère  et  sont  animés 
d'un  mouvement  plongeant  de  haut  en  bas.  Ils  semblent  en  outre  couler 
comme  un  liquide  dans  le  lit  de  la  rivière  Blanche;  c'est  en  effet  dans 
celui-ci  qu'après  leur  passage  j'ai  observé  le  maximum  d'épaisseur  de  la 
cendre  et  la  presque  totalité  des  gros  blocs.  Arrivés  au  point  de  la  vallée 
où  celle-ci  cesse  d'être  encaissée,  les  cendres  et  les  blocs  s'étalent  pour 
former  une  sorte  de  delta. 

»  La  vitesse  de  translation  dans  le  sens  de  la  vallée  est  en  moyenne 
de  i*""  à  la  minute,  et  il  ne  semble  pas  possible  d'admettre  que  ces  nuages 
soient  dus  au  simple  écroulement  de  parties  importantes  du  cône,  il  me 
semble  nécessaire  d'admettre  une  force  de  projection  assez  considérable. 
Ils  contiennent,  en  outre,  une  grande   quantité  de  vapeur  d'eau,   car, 


l3o6  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

lorsque  la  majeure  partie  de  la  cendre  qu'ils  renferment  est  tombée,  ils  se 
transforment  en  nuages  atmosphériques. 

»  Les  plus  gros  de  ces  nu;iges,  une  fois  arrivés  au  contact  de  la  mer, 
deviennent  plus  épais  encore,  leurs  volutes  roulent  les  unes  sur  les  autres 
avec  plus  de  rapidité,  ce  qui  paraît  dû  à  une  condensation  rapide,  produite 
par  une  différence  de  température.  La  proportion  de  cendres  tombéeainsi 
sur  le  littoral  est  toujours  considérable,  comme  nous  avons  pu  nous  en 
assurer  peu  de  temps  après  le  passage  de  ces  nuages,  avant  que  la  pluie  ou 
le  vent  ait  pu  modifier  cet  apport  :  les  modifications  de  cet  ordre  sont  très 
rapides  et  très  variées. 

»  La  quantité  de  cendres  et  de  blocs  charriés  par  ces  nuages  est  énorme; 
ils  ont  comblé  les  ravins  du  haut  de  la  vallée  de  la  rivière  Blanche, 
encaissés  par  des  falaises  de  plus  de  loo™  et  que  j'ai  encore  parcourus  au 
commencement  de  novembre.  La  basse  vallée  est  aujourd'hui  nivelée, 
comme  par  une  chute  abondante  de  neige.  Ces  cendres  sont  extrêmement 
mobiles,  le  moindre  vent  y  soulève  des  tourbillons  de  poussière,  on  y 
enfonce  comme  dans  un  liquide  ;  leur  température,  7  jours  après  le  passage 
d'un  de  ces  nuages,  était  encore  à  !0''i*^C.  à  o™,io  de  la  surface  et  à  6*^™  tlu 
cratère.  On  s'explique  dès  lors  pourquoi,  après  la  moindre  pluie,  l'ancien 
trajet  de  la  rivière  est  marqué  par  une  traînée  continue  de  vapeurs. 

»  La  rivière  elle-même  a  disparu  et  aucune  de  ses  fumerolles  ne  fonc- 
tionne depuis  quelques  jours.  Il  est  probable  d'ailleurs  qu'à  la  première 
série  de  pluies  torrentielles,  un  nouveau  lit  va  se  creuser,  comme  nous 
l'avons  déjà  vu  à  plusieurs  reprises  au  cours  de  notre  précédente  mission. 

»  La  chute  des  cendres  n'est  pas  loccdibée  à  la  seule  vallée  de  la  rivière 
Blanche,  eile  a  couvert  d'une  couche  uniforme  tout  l'espace  compris  entre 
celle-ci  et  le  Prêcheur.  Elle  est  extrêmement  fine  et  j'ai  pu  suivre  par  elle 
le  mécanisme  de  cette  curieuse  structure  globulaire  que  j'ai  signalée  dans 
une  de  mes  précédentes  lettres  à  l'Académie,  comme  très  caractéristique 
des  cendres  actuelles  de  la  Montagne  Pelée.  Cette  structure  se  produit 
toutes  les  fois  qu'une  pluie  de  très  courte  durée  (insuffisante  pour  humecter 
entièrement  le  sol)  tombe  sur  une  cendre  fine  et  chaude,  avec  des  alter- 
nances de  soleil,  permettant  une  dessiccation  rapide.  Le  8  décembre,  nous 
avons  vu  ainsi,  sur  près  de  5^™,  la  couche  de  cendres  entièrement  trans- 
formée en  petits  granules  de  la  grosseur  d'un  grain  de  millet  qu'il  était 
facile  d'isoler. 

»  Les  cendres  des  éruptions  qui  nous   occupent    sont   extrêmement 


SÉANCE    DU   29   DÉCEMBRE    1902.  1 3o7 

blanches,  les  lapillis  et  les  blocs  qu'elles  contiennent  sont  tous  de  même 
composition,  sans  aucun  mélange  avec  ces  fragments  arrachés  aux  |)arois 
de  la  cheminée,  qui  sont  si  fréquents  dans  les  grandes  explosions  précé- 
dentes. 

»  La  lave  produite  actuellement  est  une  andésite  à  hypersthène  d'un 
gris  clair,  riche  en  verre,  tantôt  compacte  et  tantôt  âpre  au  loucher;  les 
types  très  vitreux  sont  moins  abondants  que  le  mois  dernier,  la  ponce  est 
relativement  peu  fréquente,  alors  qu'elle  a  été  le  principal  produit  rejeté, 
dans  celte  même  région,  le  9  juillet  et  le  3o  août. 

»  Je  noterai  en  terminant  l'absence  complète,  dans  les  nuages  denses, 
de  bombes  à  périphérie  vitreuse  fendillée,  ce  qui  indique  bien  nettement 
que  les  blocs  qu'ds  renferment  sont  partis  entièrement  solides  du  cratère, 
à  l'inverse  de  ce  qui  s'est  passé  dans  les  grandes  explosions  verticales.    » 


ASTRONOMIE.  —  Observations  de  la  comète  d  (^\€)Oi),  faites  à  L'Observatoire 
d'Alger  {équatonal  coudé  de  o'°,3i8  d'ouverture),  par  MM,  RAiMBAUD  et 
Sy,  présentées  par  M.  Lœwy. 

Comète.  —  Étoile. 

Étoiles ■  — — ^ Nombre 

Dates.  de  Ascension  de 

1902.  compar.    Grandeur.  droite.  Déclinaison.  compai'.     Observ. 

m        s  /  ., 

Dec.  3.. a  9,2  — i.i5,o3  +  3. 14,7  i5:io  S 

3 a  9,2  — 1.15,71  +  3.32,8  i.5:io  R 

6 b  8,1  +o.56,35  —  2.19,7  i5:io  S 

6 b  8,1  +0.55,89  —  2.10,0  i5;io  R 

Positions  apparentes,  des  étoiles  de  comparaison. 

Asc.  droite  Réduclion  Déclinaison  Réduction 

Dates,                                         moyenne                   au  moyenne                    au 

19U2.                 Étoiles.            19U2,0.                 jour.  1902,0.                   jour.                    Autorités. 

h       m      s                          s  .         ,        „                       » 

Dec.  3 a  7.18.40,18       +4)23       —   1.55.19,7     —12,4       AG  Nicolajewi)°2I48 

6 b  7.13.37,70       +4,32       —   1.24.49,1     —12,8       AG.  Nlcolajewn°2132 

Positions  apparentes  de  la  comète. 

Temps  Ascension 

Dales.                     moyen                       droite  Log.   fact.  Déclinaison            Log.fact. 

1902.                      d'Alger.  apparente.  parallaxe,                 apparente.            parallaxe, 

hms  bus  .>« 

Dec.  3....  10. 46-53  7,17.29,38  ï,593„  —  1. 5a, 17, 4  0,732 

3....  11.48.46  7.17.28,70  ï,486„  —  i.5i.59,3  0,736 

6...,  9.44-26  7.16.38,37  ï,643;j  —  1.27,21,6  0,727 

6,...  10.14.36  7.16.37,91  T,6i6„  —  1.27.11,9  0,729 


:3o8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


ASTRONOMIE.    —  Observations  des  Perséides,   Léonides  et  Biélides,   faites  à 
Athènes  en  1902.  Note  de  M.  D.  Égixitis,  présentée  par  M.  T.œwy. 

«  Les  Perséides  ont  été  observées,  cette  année,  à  Athènes  pendant 
6  jours  de  suite,  du  8  au  i3  août,  par  un  ciel  très  beau.  Le  maximum  de 
leur  chute  a  eu  heu  le  11  août,  de  iS*"  à  16'';  en  général,  elles  ont  été 
moins  nombreuses  que  dans  les  cinq  dernières  années. 

»  Voici  les  résultats  de  nos  observations  : 


Nombre 
Dates.  1902.  Heure.  de  météores.        horaire.  Radiants. 


Il        m       11        ni 

8  août 8.80-12.45  18  4 


9  »  10.   o-i4-3o  28  6 

10  »  9.80-16.   o  68  10 

11  »  9.0-16.0  1 5o  21 

12  »  9.   0-16.   o  99  i4 

1 3  »  9.0-18.0  1 5  4 


a  z=  45>  43. 
8  =  55,  42. 
a  =  48,  4o,  44,  4o. 

0  =  57,  59,  54,  54,5. 

a  rz:  45,    4o« 

8  =  53,  55,5. 

a  =  44,    54,    58. 
0  :=  56,  [\o,  45. 

arzz42,    [\0,    45. 

8r=53,  56,  58. 
a  =  4o« 
8  —  55. 


»  Le  grand  nombre  des  radiants,  que  nous  donne  régulièrement, 
depuis  plusieurs  années,  le  tracé  sur  les  cartes  spéciales  des  météores 
observés  avec  précision,  et  l'impression  produite  en  général  chez  l'observa- 
teur par  l'ensemble  des  Perséides  relatives,  qu'on  voit  tomber  pendant  les 
soirées  d'observation,  font  croire  que  le  radiant  de  cet  essaim,  qui  est 
situé  près  de  i\  Persée,  n'est  pas  un  point,  mais  toute  une  aire,  ayant  une 
étendue  assez  grande. 

»  Les  météores,  appartenant  au  radiant  situé  près  de  a  Persée, 
étaient  rouges  et  brillants,  tandis  que  ceux  de  ti  Persée  avaient  en  général 
un  éclat  faible  et  une  couleur  jaune  rougeâtre. 

»  Pendant  les  mêmes  soirées,  on  a  vu  tomber  quelques  étoiles  filantes 
des  constellations  du  Bélier,  de  la  Girafe,  de  Gassiopée,  du  Triangle  et 
d'Andromède. 

»  A  cause  du  mauvais  temps  on  n'a  pu  observer  les  Léonides  que  le 
i5  novembre,  par  un  ciel  beau.  On  n'a  vu  que  17  météores,  de  12*" 
à  18^;  la  lumière  de  la  pleine  Lune  entravait  beaucoup  les  observations; 


SEANCE    DU    29    DÉCEMBRE    1902.  i3oq 

on  ne  voyait  que  les  étoiles  jusqu'à  la  S»"*  grandeur.  Les  radiants  observés 
sont  : 

a=       i52°  149», 

»  Les  Biélides,  par  suite  du  mauvais  temps  aussi,  n'ont  été  observées 
que  le  24  novembre,  par  un  beau  ciel;  la  Lune  était  âgée  de  24  jours. 
De  7*»  à  17''  on  a  vu  seulement  9  météores,  qui  ont  émané  du  radiant 
suivant  : 

Cf.—         24°,  5  22°, 

^  =  +42«  +45«. 

»  En  outre,  on  a  observé  quelques  météores,  qui  sont  tombés  de  Persée 
et  du  Triangle. 

»  Ces  observations  ont  été  faites  avec  l'aide  de  MM.  Ferzakis,  Maris  et 
Nicolaou.    » 


ANALYSE   MATHÉMATIQUE.    ~    Sur  les  fonctions   entières. 
Note  de  M.  Hadamard,  présentée  par  M.  Poincaré. 

«  Une  fonction  entière  F(^)  étant  donnée,  on  peut  souvent,  si  elle 
est  de  genre  fini,  reconnaître  a  />nbrï  qu'elle  ne  se  trouve  pas  dans  le  cas 
d'exception  réservé  par  le  théorème  de  M.  Picard,  c'est-à-dire  qu'il  ne 
peut  pas  exister  de  constante  a  [ou  même  de  polynôme /?(^)],  tels  que 
l'équation 

Y{x)  =  a         ou         Ç{x)  =p{x) 

n'admette  qu'un  nombre  fini  de  racines. 

»  C'est,  en  effet,  ce  qui  arrive  toutes  les  fois  que  le  mode  de  croissance 
de  F  (a;)  n'est  pas  celui  de  e''',  où  h  est  un  entier. 

»  Il  m'a  paru  intéressant  de  rechercher  si  l'on  ne  pourrait  pas  trouver, 
même  pour  les  fonctions  de  genre  infini,  une  pareille  règle  d'exclusion,  en 
se  fondant  sur  une  remarque  bien  connue  et  qui  vient  d'être  appliquée  par 
M.  Fabry  (')  à  la  distribution  des  zéros  d'une  fonction  entière.  Cette 
remarque  est  la  suivante  :  si  l'on  a,  sur  le  contour  où  les  fonctions/(x) 
et  <s^{x)  sont  régulières. 


/(^) 


<i, 


(')  Bull.  Soc.  math.  Fr.,  t.  XXX,  1902,  p.  172. 

G.  K.,  1902,  2«  Semestre.  (T,  CXXXV,  N°  26.)  17 


l3lO  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

les  deux  fonctions /(:r)  et /(^) -t- <p(^'),  ont,  dans  cette  aire,  le  naênae 
nombre  de  racines. 

»  Une  telle  règle  existe  effectivement,  et  cela  non  seulement  pour  les 
fonctions  entières,  mais  aussi  pour  les  fonctions  de  la  forme 

[F(^)  étant  une  fonction  entière  et  F^  une  série  entière  à  rayon  de  con- 
vergence non  nul],  de  sorte  qu'elle  est  applicable  à  l'étude  d'une  fonction 
analytique  au  voisinage  d'un  point  essentiel. 

»   Pour  l'obtenir,  soient  [comme  dans  un  précédent  article  (')] 

(2)  ^a^x-^ 

la  fonction  donnée  [w  variant  de  0  à  -h  oo  s'il  s'agit  d'qne  fonction  entière, 

de  —  ce  à  4-  GO  dans  le  cas  de  la  fonction  (i)]  ;  [x  =  L  —  ;  P,  le  polygone 

de  Newton  circonscrit  aux  points  (7/2,  p:,).  Considérons  un  sommet  de  ce 
polygone,  le  côté  qui  arrive  en  ce  somnfiet  îiyant  pour  éi^uation 

[7-  =  P  —  ma, 
et  le  côté  qui  (en  part 

»  Soient  p  =  e*~"' \  u  =^\x\  e~"' ;  ç^  =  - — - e",  de  sorte  que,  pour  un  choix 
convenable  de  \x\,  les  nombres  p,  «,  v  sont  plus  petits  que  i  et  que  l'pp  ^ 

(3)  uv  =  ^. 

»  Nous  appliquerons  la  reniarque  précédemment  rappelée  en  prenant 
poury"(a;)  la  quantité  a^x"'  et  pour  <p(^)  l'ensemble  des  autres  termes, 
tant  précédents  que  suivants,  de  la  série  (2),  Ou  a  alors  aisément 


^i^) 


< 


»   Or,  on  peut  rendre  le  second  membre  de  cette  inégalité  inférieur  à  i , 
tout  en  satisfaisant  à  l'équation  (3),  si  l'on  a 

(4)  P<^. 


(»)  Bull.  Soc.  math.  Fr.,  t.  XXIV,  i8q6,  p.  i! 


SÉANCE   t>V   ^9   DÉCEMBRE    1902.  l3ll 

y)  Si  cette  dernière  inégalité  est  vérifiée  par  une  infinité  de  sommets  du 
polygone,  la  loi  de  condensation  des  racines  de  la  fonction  (2)  est  aussi 
rapide  que  le  comporte  la  loi  de  décroissance  des  coefficients.  Comme 
d'ailleurs,  en  ajoutant  une  constante  ou  un  polynôme,  on  ne  change  qu'un 
nombre  fini  de  côtés  du  polygone  P,  on  voit  bien  que  cette  fonction  ne 
rentre  pas  dans  le  cas  d'exception  que  comporte  le  théorème  de  M.  Picard. 

»  Au  reste,  le  seul  fait  que,  sur  le  cercle  de  rayon  \x\,  le  rapport  du 
rtïodule  maximum  de  la  fotiction  à  son  niiodule  hiinimum  reste  fini  suffît 
poitr  montrer  qu'if  en  est  ainsi,  et  cela  même  pour  le  cas  ou  l'on  ajoute 
à  F(x)  non  plus  un  polynôme,  mais  une  fonction  entière  quelconc^ùe. 
Croissant  moins  rapidement  que  la  première. 

»  Si  nous  changeons  le  sens  du  mot  angle,  en  convenant  de  désigner 
comme  l'angle  de  deux  directions  de  coefficients  angulaires  a  et  a,,  la 
différence  de  ces  coefficients  angulaires,  il  résulte  de  ce  qui  précède  que, 
pour  une  /onction  appartenant  au  cas  d'exception,  les  angles  du  polygone 
de  Neççton  sont,  à  partir  d'un  certain  rang,  tous  inférieurs  à  Lg. 

»  Comme  nous  l'avons  dit  en  commençant,  il  existe  manifestement  des 
fonctions  à  croissance  aussi  élevée  qu'on  le  veut,  pour  lesquelles  cette 
condition  n'est  pas  remplie. 

»  Il  semble  d'ailleurs  à  peu  près  évident  que  cette  limite  Lj,  n'est  pas  la 
véritable  (*)  et  que  les  angles  en  question  doivent  tendre  vers  zéro.  C'est 
Ce  que  l'on  peut  espérer  établir  pai*"  l'emploi  d'artifices  connus  :  mais  je 
n'entreprendrai  pas  aujourd'hui  cette  démonstration.    » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Bemarque  relative  à  ma  Note  Sur  la  représen- 
tation approchée  des  fonctions.  Note  de  M.  W.  Stekloff,  présentée  par 
M.  Emile  Picard. 

«  Dans  les  recherches  de  ma  Note  du  17  novembre  1902  j'ai  introduit, 
par  une  inadvertance,  une  restriction  inexacte  qui  m'a  empêché  de  déduire 
les  conséquences  intéressantes  de  la  méthode  proposée.  Je  crois  devoir 
corriger  mon  inexactitude  et  étudier  la  question  dans  toute  sa  généralité. 


(*)  Il  est  clair  que  l'on  peut  arrÏA'er  à  des  résultats  plus  pi*écis  s'il  existe  des  coeffi- 
cients nuls. 


i^^I2  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

»  Considérons  l'intégrale   /    p^(^ndcc  de  ma  Note  citée.  On  aura,  pour 
chaque  position  de  l'intervalle  (a,  p)  à  l'intérieur  de  (a,  [3o)  =âp7» 

2  étant  un  nombre  donné, à  l'avance.  On  peut  démontrer  que  la  valeur 
moyenne  9,, (E)  varie  d'une  façon  continue  de  <p„(^,  )  à  ^«(Ha),  lorsque  le 
segment  a[i  se  déplace  de  ap  à  p^^  suivant  l'axe  des  ^,  mais  nous  ne  pouvons 
pas  affirmer  qu'il  en  sera  de  même  du  point  ^  et  quil  passera  par  tous  les 
points  du  segment  Itl^.  C'est  là  l'assertion  inexacte  de  ma  Note  du  17  no- 
vembre 1902.  Mais  on  peut  affirmer  qu'il  existe,  en  général,  une  infinité 
de  points  l  à  l'intérieur  de  x^^  tels  qu'on  a 

\9n(l)\<^, 

et  cela  quelle  que  soit  la  position  du  segment  a^a  et  quel  que  petit  qu'il 
soit. 

»  On  en  déduit  le  théorème  suivant,  en  posant,  pour  plus  de  simplicité, 
p(x)  =  i  : 

»  //  existe,  en  général,  une  infinité  de  points  dans  tout  intervalle  c,  si  petit 
qu'il  soit,  situé  à  r intérieur  de  l'interçalle  donné  (a,  b),  où  la  série  de  Lagrange 
{Fourier) 

co 

/,\  V"  A      •     k'K{œ  —  a)  "^        C    /•/     \    •     k-!z(œ  —  a)   , 


k=l 


converge  versf{x),  si  cette  fonction  reste  continue  dans  l'intervalle  («,  b). 

M  Posons,  pour  plus  de  simplicité,  a  =  o,  b  ^=t..  Soit  x  un  point  quel- 
conque dans  l'intervalle  (o,  x).  Prenons  l'intervalle  {x,  x  -\- ^)  et  dési- 
gnons par  ^  le  point  intérieur  à  cet  intervalle,  où  la  série  (i)  converge. 
Considérons  les  sommes 

n  n 

S«'(^)=2AAsin>î;^.e-^\  S\l\x)  =^kj,s\nkx  .e''^'^,         ^>o. 

*=1  k=i 


SÉANCE   DU    29   DÉCEMBRE    1902.  3ll3 

»   On  trouve,  en  choisissant  convenablement  le  nombre  ^, 

n 

»  D'autre  part,  en  choisissant  n  =  v  assez  grand,  on  aura 

(4)  l/(ï)-S;,"(ï)|<e. 
»  Les  nombres  ^  et  n  ainsi  fixés,  posons 

£   or 

^  v2(v  +  i) 

»   On  aura 

(5)  lS-(0  -S„(^)|<3, 

(^)  |s;;>(^)-s,(a;)|<£. 

))  Les  inégalités  (2),  (3),  (4)  et  (5)  donnent 

l/(x)-s;;'(a;)|<4e, 

ce  qui  exprime  le  théorème  de  Weierstrass-Picard.  En  tenant  compte  de 
l'inégalité  (6),  on  trouve  encore 

|/(^)-S„(^)|<5e. 

On  peut  donc  toujours  construire  une  suite  finie  S;j(a?)  de  Fourier  telle  que 
la  fonction  continue  f(^x^  puisse  être  représentée  en  tous  les  points  de  l'inter- 
valle donné  par  S^^x)  o.vec  l'approximation  donnée  à  V  avance.  Cest  précisé- 
ment le  théorème  énoncé  à  la  fin  de  ma  Note  du  1 7  novembre  1 902 . 

))  Si  J\x)  admet  une  dérivée  continue,  le  point  l,  varie,  en  effet,  d'une 
manière  continue,  lorsque  le  segment  a[i  se  déplace  suivant  l'axe  des  x. 
Dans  ce  cas,  la  série  de  Fourier  converge  uniformément  en  tous  les  points 
de  l'intervalle  donné. 

»  Il  importe  de  remarquer  que  la  méthode  indiquée  est  très  générale  : 
qWq  s' applique  plus  spécialement  aux  séries  trigonométriques,  mais  aussi  aux 
cas  beaucoup  plus  généraux  et,  en  particulier,  aux  séries  procédant  suivant 
les  polynômes  de  Tchébiche(f\    » 


l3ï4  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  Id  formule  fondamentale  de  Dùichlet  qui 
sert  à  déterminer  le  nombre  de§  blasses  de  formes  quadratiques  binaires 
définies.  Note  de  M.  3Iathias  Leech,  présentée  par  M.  Emile  Picard. 

«  J'ai  remarqué  depi^i's  longteiïïps  qtie  piifSïerifg  résultats  de  Kronecker 
s'obtiennent  avec  très  peu  de  calcul,  si  l'on  envisage  les  quantités 

v  =  o 

(■i)  ¥s.(a,  b,c;  s)  =  ^  - — ~, , -- 

(jn,  72  =  o,  ±  I,  ±  2,  .  .  .,  excepté  m=^  n  =  o), 


où   (a,b,c)   est   une    forme    positive    du   discriminant    —  A  =  b^  —  ^ac, 
aux  coefficients  réels  quelconques.   En   effet,  on    sait   que   la  différence 

R(to,  s) — --  est  une  fonction  entière  de  s  et  j'ai  démontré  la  même 

chose  au  sujet  de  la  quantité 


E.(à,biôis} 


\/^  s  —  i 

dans  mon  Mémoire  :  «  Sur  les  séries  malmsténiennes  »  (Académie  de 
Prague,  1891).  Cela  étant,  la  formule  fondamentale  de  Dirichlet  fournit  la 
relation 

A-i 

(3)  2  M^,b\cis)  =  rA-'n(i,s)^(^~^R(^'^,s 

qui  subsiste  dans  tout  le  plan  de  la  variable  complexées;  ici  (a,  b,  c)  par- 
court un  système  complet  des  représentants  des  différentes  classes  primi- 
tives et  positives  du  discriminant  négatif  —  A  supposé  fondamental,  puis 
on  a  T  =  2  à  l'exception  de  A  =  3  où  t  =  6,  et  de  A  =  4  où  t  =  4- 

»   D'après    un   théorème  donné,   en   1867,   par  Ernest  Schroeder,  on 
connaît  les  deux  premiers  termes  dans  le  développement  de  Maclaurin 

(4)  R(a„,)=Q-.»)+logî^'.+..., 


SÉANCE  pu  29  DÉCEMBRE  1902.  l3l5 

puis  j'ai  troqyé,  dfins  le  Mémoire  cité  plus  haut,  le  développement  analogue 

(5)  m«,...)  =  _,_.„og[i;i,(.-:i_hiv5)H(^)' 

en  désignant  par  H(co)  le  produit  infini 


UITZt 


e''  JJ(i    -  e^"'^'"')- 


»  Au  moyen  de  ces  préliminaires  on  trouve  aisément  les  deux  premiers 
coefficients  dans  les  développements  par  la  série  de  Maclaurin  des  deux 
membres  de  l'équation  (3).  En  comparant  les  termes  constants,  il  s'ensuit 
immédiatement  la  formule  connue 


(A)  Cl(-â)  =  ^-^2(^)'-. 

le  premier  membre  désignant  le  nombre  des  classes.  La  comparaisprj  des 
termes  en  s  fourpit  la  relation 


A-i 


(P) 


2 


j'avais  annoncé  en   iSg'j  (^Bulletin  de  M.  Darboux)   qu'on  peut  l'obtenir 
d'une  manière  directe  qui  vient  d'être  exposée,  Elle  contient,  pour  A  =  3 

et  A  =  4»  les  résultats  obtenus  par  M.  Bigler  au  sujet  des  quantités  r(  ^) 

»  J'ai  obtenu  de^  résultats  analogues  pour  les  formes  de  discriminants 
positifs.  » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Une  application  de  la  théorie  des  résidus  au 
prolongement  analytique  des  séries  de  Taylor.  Note  de  M.  Erxst 
LixDELOF,  présentée  par  M.  E.  Picard. 

«    l.   Soit  F  (ic)  une  fonction  analytique  holomorphe  à  l'origine,  et 

a^-+- a^x -{- a,;^x- -v- ..  .-\- a^x'^ -r-   ... 


3fl6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

son  développement  de  Taylor  en  ce  point,  et  désignons  d'autre  part,  avec 
M.  Mittag^-Leffler,  par  A  Tétoile  principale  relative  aux  constantes  a  et 
par  FA(ic)  la  branche  correspondante  de  F(£c).  On  peut  se  proposer  de 
trouver   une  fonction  9(5,  a),  dépendant  d'un  paramètre  ol  et  vérifiant  la 

condition  lim  |  cp(/i,  a.)]"  =  o,  telle  que,  a.  tendant  vers  zéro,  la  fonction  entière 

(1)  ao<p(o,  a)-h«,<p(i,a)^-h...-f-  a„(ij)(n,  cc)x'^  -+-.  .  . 

tende  uniformément  vers  ¥A(œ)  dans  tout  domaine  intérieur  à  A. 

»  On  sait,  d'après  une  remarque  due  à  M.  Borel,  qu'il  suffit  de  déter- 
miner la  fonction  9(2,  a,)  de  telle  sorte  que  l'égalité 

00 

(2)  lim^  ?(^.  a)^'^=  — ^ 

0 

ait  lieu   uniformément   dans  tout    domaine  fini  T    n'ayant  aucun   point 

commun  avec  le  segment  4-  i hoc  de  l'axe  réel.  Or,  pour  résoudre 

ce  dernier  problème,  on  est  conduit  tout  naturellement  à  faire  usage  de  la 
théorie  des  résidus  de  Cauchy. 

»  2.  Considérant  d'abord  un  cas  particulier,  nous  montrerons  que, 
a  tendant  vers  zéro  par  des  valeurs  positives,  on  a  uniformément,  dans 
tout  domaine  tel  que  T, 

0 

Le  théorème  de  Cauchy  permet  d'écrire 

(''0  hjjï^^  ^  ^^  =  2  (^)  ' 

le  contour  ai.  étant  par  exemple  un  rectangle  aux  côtés  parallèles  aux  axes 
des  coordonnées,  symétrique  par  rapport  à  l'axe  réel,  de  hauteur  2/1,  et 

dont  les  côtés  verticaux  passent  respectivement  par  les  points  z  =  -  et 

I 

z  =  V  -\ 

2 

»  Posons  z  =  ^  -h  it  et  œ  =  re^^'^'^^\  de  sorte  que  9  désigne  l'angle  formé 

par  le  rayon  vecteur  du  point  x  avec  l'axe  réel  négatif;  on  trouve 

,r\  g~'^''"     ^^       I  r^ /aarctang;^-?') 


SÉANCE  DU  29  DÉCEMBRE  T902.  t3i7 

»  En  supposant  <p  =  o,  r<i,  o<a<i,  on  en  conclut  d'abord  que  les 
parties  de  l'intégrale  (4)  qui  se  rapportent  aux  côtés  horizontaux  du 
rectangle  Si.  s'évanouissent  pour  lira  h  =  ce,  et  d'autre  part  que  l'intégrale 


/' 


dz 


tend  vers  zéro  lorsque  l'entier  ç^  croît  indéfiniment.  De  l'égalité  (4)  on  pourra 
donc  tirer  la  suivante  (en  supposant  toujours  —  i  <^cc  <^o,  o^a<^i): 


(6) 


21J1 


d_=\      ^ 


sin-iTS  z'^-    ^ 


»  Pour  T  =  -j  l'égalité  (5)  nous  donne 


<2 


2  ^2  e 


■(' 


liî 


■) 


1 1 1 


»  Fixons  un  angle  g  aussi  petit  et  une  longueur  X  aussi  grande  qu'on 
voudra,  et  faisons  o^a,<^  -;  on  aura,  dans  tout  le  domaine 


(7) 


■t:  —  G, 


<2 


r<X, 


l'e 


et  l'on  en  conclut   que   le  premier  membre  de  l'égalité  (6)  définit  une 
fonction  analytique  holomorphe  dans  le  domaine  (7)  et  que,  par  suite, 

l'égalité  en  question  subsiste  dans  tout  ce  domaine,  pourvu  que  o  ^    <^  :;^' 
»   Or,  pour  a  =  o,  l'égalité  (6)  devient 


(8) 


2<  Ji 


■ce- 


dz 


et  l'on  s'assure  immédiatement  que,  a  tendant  vers  o,  la  différence  entre 
les  premiers  membres  des  égalités  (6)  et  (8),  et  par  suite  aussi  la 
différence 


tend  uniformément  vers  zéro,  dans  tout  le  domaine  (7).  Cette  dernière 


C.  R.,  1902,  2»  Semestre.  (T.  CXXXV,  N"  26.)j 


72 


l3l8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

circonstance  se  présenlant  également  dans  le  cercle  /"  !£  i  —  £,  quelque 
petit  que  soit  £,  notre  assertion  relative  à  l'égalité  (3)  se  trouve  donc 
justifiée. 

»   3.    Nous  arrivons  ainsi  au  résultat  suivant,  qui  ne  laisse  rien  à  désirer 
en  fait  de  simplicité  : 

»   Lorsque  a  tend  vers  zéro,  la  fonction  entière  2<^«(-^)     ^e/^^  unifor- 

0 

mément  vers  FA  (a?)  dans  tout  domaine  fini  intérieur  à  A. 

»   Si  on  le  préfère,  on  pourra  donner  à  ce  résultat  la  forme  suivante  : 

»    a  tendant  vers  zéro,  le  polynôme   2!^"(~â)      tendra    uniformément 

0 

vers  FA  (a?)  dans  tout  domaine  fini  intérieur  à  A,  si  l'on  choisit  constamment 

Va  ^  e^     °^\  la  fonction  w  (  -  ]  allant  en  croissant  indéfiniment,  d'ailleurs  aussi 

lentement  qu'on  le  voudra,  lorsque  a  tend  vers  zéro. 

»  Le  résultat  précédent,  comme  nous  l'avons  déjà  dit,  rentre  comme 
cas  particulier  dans  un  théorème  plus  général,  dont  voici  l'énoncé  : 

»   Soit   o(js,  oc)  une  fonction   analytique  de  j^iEEET-hii   dépendant  d'un 

paramétre  positif  a,  et  supposons 

1 
»    1'^  Qwe  lim  I  (p  (>?,  a)|"  =  o,joow/' a.^  o; 

))    2''  Que  (p(z,  a)  soit  holomorphe  dans  le  demi-plan  t!:  o  ; 
)>   3^  Que,   en  tout  domaine  fini  faisant  partie  de  ce  demi-plan,  o(z,  a) 
tende  uniformément  vers  l'unité  lorsque  a  tend  vers  zéro  ; 

»  4°  Que,  en  posant  z  =  pe"^,  on  ait  |  -p  (z,  a.  ;  |  <^  e^^^^^  pour  \'\)\-^-,  'a  quan- 
tité K(^a.)  tendant  vers  zéro  en  même  temps  que  se. 

»  Dans  ces  conditions ,  la  fonction  entière  (  i  )  tendra  uniformément  vers 
FA  (  ^  )  dans  tout  domaine  fini  intérieur  à  A,  lorsque  le  paramètre  a  tend  vers  o. 

c\  U    •    •  I  I  r[^(i— a)-M] 

))  Un  pourra  choisir  par  exemple  cp  =  t^t-zt^-t^?  ou  encore  ^  =       ', r — -> 

et  l'on  a  alors  une  solution  donnée  par  M.  I.e  Roy.    » 

GÉOMÉTRIE .  —  Sur  une  représentation  plane  de  l'espace  et  son  application  à 
la  Statique  graphique.  INote  de  M.  B.  Mayor,  présentée  par  M.  Maurice 
Levy. 

«  Les  théories  de  la  Géométrie  réglée  permettent  de  résoudre,  à  l'aide 
de  procédés  simples  et  uniformes,  les  problèmes  relatifs  à  l'équilibre  des 


SÉANCE   DU    59   DÉCEMBRE    IfjOK  l3iy 

solides.  Il  paraît  dès  lors  nécessaire,  si  l'on  désire  étendre,  d'une  manière 
quelque  peu  systématique,  les  méthodes  de  la  Statique  graphique  à  l'étude 
des  systèmes  de  trois  dimensions,  de  rechercher  un  mode  de  représen- 
tation plane  de  l'espace  approprié  à  la  nature  spéciale  des  figures  réglées 
et  qui,  avant  tonte  autre  chose,  respecte  le  caractère  dualistique  que  pré- 
sente la  ligne  droite  dans  l'espace. 

))  A  cet  effet,  remarquons  que  l'ensemble  d'une  droite^ et  d'un  point  g-', 
quelconques  l'un  et  l'autre  dans  le  plan  n  où  l'on  se  propose  de  représenter 
j'espace,  constitue  le  plus  simple  des  éléments  dualistiques  dans  la  géo 
métrie  du  plan  et  susceptible,  en  outre,  puisqu'il  dépend  de  quatre  para- 
mètres, de  représenter  une  droite  quelconque  de  l'espace.  Si  donc  on 
convient  de  désigner  par  la  notation  (g,  g')  un  pareil  élément  et  par  (^) 
la  droite  de  l'espace  qu'il  représente,  il  suffira,  pour  atteindre  le  but  pro- 
posé, de  déterminer  la  plus  simple  de  toutes  les  correspondances  linéaires 
qu'il  est  possible  d'établir  entre  les  éléments  {g,  g')  et  les  droites (j^').  I^es 
considérations  suivantes  permettent  de  résoudre  ce  problème. 

i)  Lorsque  la  droite  g  de  Tensemble  quelconque  (g,  g')  demeure  fixe, 
le  point  ^'  étant,  au  contraire,  variable,  la  droite  correspondante  engendre 
dans  l'espace  une  congruence  dont  l'ordre  sera  désigné  par  m,  et  la  classe, 
parrt;  de  même,  g'  étant  supposé  fixe,  et  g  variable,  (g)  engendre  une 
deuxième  congruence  d'ordre  m'  et  de  classe  n'.  A  tout  élément  (g,  g') 
correspondent  ainsi  deux  congruences  ayant  en  commun  la  seule  droite  (g), 
puisque  la  correspondance  cherchée  est  assujettie  à  la  condition  d'être 
linéaire.  On  aura  donc 

mm'  H-  nn'  =  i , 

et  cette  relation  ne  peut  être  satisfaite  que  par  Tune  ou  l'autre  des  solu- 
tions 

(d)  n=±n'=^i,         mm'===o; 

(b)  m==fn'r==ï,  nn'==o. 

»  Considérant  tout  d'abord  la  solution  (a)  et  supposant,  pour  simplifier 
le  mode  de  représentation  et  par  raison  de  symétrie,  que  l'on  ait  séparé- 
ment m  =  m'=o,  on  démontre  immédiatement  que  la  correspondance 
cherchée  s'obtient  en  établissant  deux  corrélations  homographiques  quel- 
conques, d'une  part  entre  les  plans  d'une  première  gerbe  de  centre  quel- 
conque S  et  les  droites  g  de  n*  et,  d'autre  part,  entre  les  points  g'  de  n  et 
les  plans  d'une  deuxième  gerbe  dont  le  centre  S',  également  quelconque, 


.  l320  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

doit,  cependant,  être  supposé  différent  de  S.  L'élément  représentatif  d'une 
droite  {g)  est  alors  constitué  par  la  droite  et  le  point  de  II  qui  correspon- 
dent aux  plans  des  deux  gerbes  qui  passent  par  {g);  de  cette  manière  à 
toute  droite  de  l'espace  correspond  bien,  en  général,  un  élément  repré- 
sentatif unique  et  réciproquement. 

»  Le  mode  de  représentation  ainsi  obtenu  est  susceptible  d'une  première 
simplification  fondamentale.  On  l'obtient  en  assujettissant  les  deux  corré- 
lations homographiques  à  des  relations  telles  que  la  condition  de  rencontre 
de  deux  droites  définies  par  leurs  éléments  représentatifs,  condition  dont 
on  connaît  le  rôle  essentiel  en  géométrie  réglée,  se  présente  sous  la  forme 
la  plus  simple.  Sans  entrer  dans  le  détail  d'une  discussion  très  élémentaire, 
il  suffit  d'indiquer  ici  qu'on  obtient  ce  résultat  lorsque  la  droite  et  le  point 
de  n  qui  correspondent  à  un  même  plan  quelconque  du  faisceau  commun 
aux  deux  gerbes  sont  unis.  Si  l'on  désigne  alors  par  O  le  point  commun 
à  toutes  les  droites  qui  correspondent  aux  plans  de  ce  faisceau,  par  E  la 
droite  engendrée  par  les  points  qui  correspondent  à  ces  mêmes  plans  ;  si 
l'on  convient,  de  plus,  pour  faciliter  le  langage,  d'appeler  ligne  de  fuite 
d'un  point  de  n  la  droite  qui  joint  ce  point  à  O  et  point  défaite  d'une  droite 
de  n  son  point  de  rencontre  avec  E,  on  peut  alors  énoncer  la  proposition 
fondamentale  qui  suit  : 

»  Pour  que  deux  droites  définies  par  leurs  éléments  représentatifs  (g^ ,  g\  ) 
^^  (^2  5  ë'S)se  coupent,  il  faut  et  il  suffit  que  la  ligne  de  fuite  du  point  d'inter- 
section de  g^  et  de  g^  passe  par  le  point  de  fuite  de  la  droite  qui  joint  g\  et  g'^. 

))  On  démontre  encore  facilement  les  propriétés  suivantes  qui  mettent 
en  évidence  un  nouvel  élément  géométrique  dont  le  rôle  est  essentiel  : 

»  Lorsque  les  deux  éléments  représentatifs  d'une  même  droite  sont  unis, 
cette  droite  appartient  à  un  complexe  linéaire  que  nous  appellerons  le  complexe 
directeur.  Il  faut  toutefois  excepter  de  cet  énoncé  le  cas  où  la  droite  repré- 
sentative passe  par  O,  le  point  représentatif  étant,  en  outre,  situé  sur  E. 
Les  droites  correspondantes  de  l'espace,  qui  sont  d'ailleurs  incomplètement 
représentées,  forment  un  complexe  linéaire  spécial  dont  le  rôle  est  secon- 
daire. 

»  Lorsque  deux  droites  de  l'espace  sont  conjuguées  par  rapport  au  com- 
plexe directeur,  leur  s  points  représentatifs  sont  alignés  sur  O,  leurs  droites  re- 
présentatives se  coupent  sur  E  et,  enfin,  le  point  représentatif  de  l'une  quel- 
conque d'entre  elfes  et  la  droite  représentative  de  l'autre  sont  unis. 

»  Considérant,  à  présent,  toutes  les  droites  qui  passent  par  un  même 
point  (P)  de  l'espace,   on  voit  que  leurs  droites  représentatives  passent 


SÉANCE    DU    29   DÉCEMBRE    1902.  t32I 

par  la  projection  P  de  ce  point  sur  le  plan  H,  tandis  que  leurs  points  re- 
présentatifs sont  alignés  sur  une  même  droite  P'.  De  plus,  la  ligne  de  fuite 
de  P  et  le  point  de  fuite  de  P'  sont  unis  et  à  tout  élément  de  II  constitué 
par  la  réunion  d'un  point  et  d'une  droite  jouissant  de  cette  propriété,  élé- 
ment que  nous  désignerons  par  la  notation  (P,  P'),  correspond,  en  géné- 
ral, un  point  (P)  de  l'espace,  et  un  seul. 

»  En  considérant  de  même  un  plan  quelconque  (a)  comme  formé  par 
l'ensemble  des  droites  qu'il  renferme,  on  est  conduit  à  le  représenter  par 
sa  trace  a  et  par  la  projection  a'  de  son  foyer  sur  II,  c'est-à-dire  par  les  élé- 
ments qui  définissent  son  foyer.  D'après  cela,  un  point  et  un  plan  de 
l'espace  sont  représentés  de  la  même  manière,  ce  qui  ne  peut  donner  lieu 
à  aucune  ambiguïté  si  l'on  réserve,  comme  nous  l'avons  fait,  les  majus- 
cules latines  pour  les  points  et  les  minuscules  grecques  pour  les  plans. 

»  Ajoutons  que  la  solution  (è)  ci-dessus,  que  nous  n'avons  pas  dévelop- 
pée, conduirait  à  une  représentation  identique  à  celle  qui  précède  en  rem- 
plaçant chaque  droite  par  sa  conjuguée  relativement  au  complexe  direc- 
teur.   » 


ÉLECTRICITÉ.  —  Étude  de  la  magnéto  friction  du  faisceau  anodique.  Note  de 
M.  H.  Pellat,  présentée  par  M.  Lippmann. 

«  Dans  plusieurs  Notes  antérieures  ('),  j'ai  eu  l'honneur  de  signaler 
à  l'Académie  une  série  de  phénomènes  qui  se  produisent  quand  on  fait 
agir  un  champ  magnétique  intense  sur  le  flux  cathodique  ou  sur  le  flux 
anodique  des  tubes  à  gaz  raréfiés  et  qui  sont  inexplicables  par  les  lois  de 
l'électromagnétisme.  Ils  s'expliquent  parfaitement  par  un  frottement  ani- 
sotrope  que  subiraient  les  particules  en  mouvement,  très  grand  dans  le 
sens  perpendiculaire  aux  lignes  de  forces  du  champ  magnétique  et  beau- 
coup plus  faible  ou  nul  dans  le  sens  des  lignes  de  forces.  Pour  rappeler 
celte  propriété,  je  propose  de  donner  à  ces  phénomènes  le  nom  général  de 
magnéto  friction  du  faisceau  cathodique  ou  anodique. 

»   L'objet  de  cette  Note  est  de  résumer  l'étude  que  j'ai  faite  de  la  manière 


(')  Tubes  de  forces  d'un  champ  magnétique  rendus  visibles  par  les  rayons 
cathodiques  {Comptes  rendus,  t.  GXXXIV,  1902,  p.  352).  —  Des  forces  qui  agissent 
sur  le  flux  cathodique  placé  dans  un  champ  magnétique  (Ibid.,  p.  697).  —  Action 
d'un  champ  magnétique  intense  sur  le  flux  anodique  {Ibid.,  p.  io46). 


l322  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

dont  varie  la  magnétofriction  d'un  faisceau  anodique  suivant  la  pression  et 
là  nature  du  gaz. 

»  Les  gaz  étaient  étudiés  dans  un  tube  cylindrique  ayant  environ  i™  delong^  et  ji^™"' 
de  diamètre  dont  le  milieu  était  placé  entre  les  pièces  polaires  planes  d'un  fort  électro- 
aimant Weiss  distantes  de  o"\02  et  donnant  un  champ  à  peu  près  uniforme  sur  une 
longueur  de  0^,07;  les  trous  pratiqués  dans  l'axe  des  pièces  polaires  permettaient 
d'examiner  le  tube  de  côté.  De  cette  façon,  le  faisceau  anodique  coupait  à  angle  droit 
les  lignes  de  forces  du  champ  magnétique.  Les  gaz  étudiés  ont  été  l'hydrogène,  l'oxy- 
gène, un  mélange  d'oxygène  et  d'hydrogène  et  enfin  l'air  sec.  L'ox}  gène  et  l'hydro- 
gène étaient  préparés  par  l'électrolyse  d'une  solution  de  potasse;  ils  étaient  desséchés 
par  un  séjour  prolongé  sur  de  la  potasse  en  morceau,  qui  avait  longtemps  été  main- 
tenue à  l'état  de  fusion. 

))  D'une  façon  générale,  voici  quels  sont  les  phénomènes  que  l'on  observe 
quel  que  soit  le  gaz. 

»  Si  l'on  augmente  progressivement  l'intensité  du  champ  magnétique  à  partir  de 
zéro,  le  faisceau  anodique  se  resserre  de  plus  en  plus  le  long  de  la  paroi  du  verre 
conformément  aux  lois  de  l'éleclromagnétisme,  et  forme  en  avant  ou  en  arrière,  sui- 
vant le  sens  du  champ  ou  de  la  décharge,  un  filet  d'autant  plus  mince  que  le  champ 
est  plus  intense.  Mais  à  partir  d'une  certaine  intensité  du  champ,  que  je  désignerai 
par  H,  le  faisceau  anodique  se  diffuse  autour  du  filet,  d'abord  sous  forme  d'un  nuage 
qui  ne  s'écarte  pas  beaucoup  du  filet,  puis  la  diffusion  augmente  de  plus  en  plus 
jusqu'à  envahir  toute  la  section  du  tube,  quand  le  champ  augmente  d'intensité.  Enfin 
le  filet  lui-même  disparaît  dans  les  dhanips  très  intenses  et  l'effet  des  forces  électro- 
magnétiques ne  se  manifeste  plus  que  par  une  intensité  lumineuse  un  peu  plus  grande 
sur  le  bord  où  était  le  filet,  quand  on  regarde  le  tube  de  côlé.  Cette  différence  d'inten- 
sité diminue,  du  reste,  et  tend  à  s'eflacer  lorsque  le  champ  continue  à  croître.  La 
partie  diffusée  ne  présente  jamais  de  stratifications;  le  filet  ne  peut  en  présenter  que 
lorsqu'il  est  très  large,  dans  les  champs  très  peu  intenses,  par  conséquent. 

»  Mais  il  y  a  une  très  grande  différence  entre  les  valeurs  du  champ  qui  donnent  un 
des  aspects  qui  viennent  d'être  indiqués  suivant  la  pression  et  la  nature  du  gaz.  On 
en  jugera  par  le  Tableau  suivant,  qui  indique  pour  l'hydrogène  et  pour  l'oxygène  les 
valeurs  de  H  suivant  la  pression. 

Valeur  du  champ  à  pdrtir  de  laquelle  la  diffusion  du  faiscèdil 
due  à  la  tnâgnétofi'iction  commence  à  appàVâitrei. 

Oxygène!. 


\     supérieure 

(    7000  C.G.  S. 

Id. 


Hydrog 

ène. 

Pression  (' 

')• 

H. 

Pression. 

20 

1740  C.G. S. 

1,3 

16 

i34o 

0,97 

H. 

Pression. 

890  C.  G.  S. 

mm 

1,5 

890 

0,7 

(')   Les  pressions  inféfieiJres  à  a"""  de  mercure  étaient  bien  évaluées  au  moyen  de 


SÉANCE   DU   29   DÉCEMBRE    1902.  l3l3 

Hydrogène.  Oxygène. 


Pression. 


mm 
2 

1090 

0 

1000 

7 

4,6 

3 

920 
84o 
570 

2 

390 

Pression. 

H. 

mm 

0,70 

390 

o,38 

390 

o,i4 

390 

o,o3 

390 

0,0078 

3oo 

Pression. 

H. 

mm 

0,54 

2430  C.G.S 

0,  i3 

i58o 

o,o3 

3oo 

M  Ainsi,  à  mesure  que  la  pression  diminue,  l'intensité  H  du  champ  à 
partir  de  laquelle  la  diffusion  commence  à  apparaître  diminue  aussi.  Mais 
il  y  a  une  énorme  différence  entre  les  nombres  correspondant  à  une  même 
pression  pour  l'hydrogène  et  pour  l'oxygène  (si  l'on  excepte  toutefois  les 
pressions  très  faibles).  J'ajouterai,  pour  mieux  montrer  la  dissemblance 
des  deux  gaz,  qu'avec  une  pression  de  i™"^,  3  de  mercure  et  un  champ 
de  7000  C.G.S.,  pour  l'hydrogène  la  diffusion  du  faisceau  anodique 
est  complète,  le  filet  n'étant  plus  visible,  tandis  que  pour  l'oxygène  le 
faisceau  est  resserré  en  un  mince  filet  très  brillant  sans  diffusion  appréciable. 
Pour  qu'avec  un  champ  de  7000  G.  G.  S.  l'oxygène  donne  une  diffusion 
complète,  comme  celle  qui  vient  d'être  indiquée  pour  l'hydrogène,  il  faut, 
au  lieu  de  i™°^,3,  descendre  jusqu'à  une  pression  voisine  de  o™™,  t3. 

))  On  voit  par  là  que  l'oxygène  subit  beaucoup  plus  difficilement  les  effets 
de  la  magnétofriclion  que  l'hydrogène. 

»  Il  était  intéressant  de  voir  si,  dans  un  mélange,  les  effets  sur  les  deux 
gaz  se  manifesteraient  séparément.  L'expérience  a  été  faite  sur  un  mélange 
à  volumes  grossièrement  égaux  d'oxygène  et  d'hydrogène;  elles  a  montré 
qu'au  point  de  vue  de  la  magnélofriction  un  mélange  se  comportait  comme 
un  gaz  unique  jouissant  de  propriétés  intermédiaires  entre  celles  des  com- 
posants :  le  spectroscope  décelait  les  raies  brillantes  de  l'hydrogène  et  les 
raies  ou  bandes  beaucoup  plus  pâles  de  l'oxygène,  aussi  bien  dans  le  filet 
que  dans  la  partie  diffusée  qui  l'entourait  ;  pour  les  pressions  totales 
o™'",94  et  o™™,46,  H  fut  trouvé  respectivement  égal  à  3ooo  et  1 100  G.  G.  S. 
L'air  s'est  comporté  d'une  façon  analogue. 


la  jauge  Mac  Lead;  mais  les  pressions  égales  ou  supérieures  à  2™'"  n'étaient  que  gros- 
sièrement évaluées.  Cela  n'a  aucun  inconvénient,  puisque  le  phénomène  ne  change  que 
lentement  avec  la  pression.  D'autre  part,  le  phénomène  de  l'apparition  de  la  diirusion 
étant  délicat  à  observer,  les  valeurs  indiquées  pour  H  ne  sont  déterminées  qu'à  plu- 
sieurs dizaines  d'unités  près. 


l324  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

»  Dans  cette  Note,  je  n'ai  exposé  que  des  faits.  Dans  une  prochaine 
Communication,  j'indiquerai  quelques  conclusions  qu'il  me  paraît  légitime 
de  tirer  de  ces  expériences.  » 


ÉLECTRICITÉ.  —  Sur  l'émanation  du  phosphore.  Note  de 
M.  Eugène  Bloch,  présentée  par  M.  Mascart. 

«  On  sait  depuis  fort  longtemps  que  l'air  placé  au  voisinage  d'un  bâton 
de  phosphore  devient  conducteur  de  l'électricité.  Mais  ce  phénomène  n'a 
commencé  à  attirer  l'attention  des  physiciens  que  dans  ces  dernières  années, 
en  même  temps  que  les  autres  cas  de  conductibilité  des  gaz.  Barus  (Phil. 
Mag.,  1899- 1902,  passirn)  établit  que  \' émanation  du  phosphore  est  non 
seulement  conductrice,  mais^possède  la  propriété  de  condenser  la  vapeur 
d'eau  même  non  saturante;  ses  expériences  sembleraient  d'ailleurs  prou- 
ver l'indépendance  des  deux  phénomènes;  de  plus  elles  laissent  sans 
réponse  toutes  les  questions  que  l'on  peut  se  poser  sur  la  nature  de  la 
conductibilité.  G.  C.  Schmidt  (^Phys.  Zeitschr.,  t.  III,  juillet  1902,  p.  47^) 
nie  que  l'on  soit  en  présence  d'une  véritable  ionisation  et  attribue  la  con- 
ductibilité à  la  convection  de  l'électricité  par  les  produits  d'oxydation  du 
phosphore  qui  formeraient  les  nuages  observés.  Hd^rvas  (^Phy s.  Zeitschr., 
t.  IV,  p.  III,  novembre  1902)  combat  cette  opinion  par  quelques  expé- 
riences presque  purement  qualitatives. 

»  En  présence  de  ces  contradictions  sur  les  points  les  plus  essentiels,  il 
m'a  paru  utile  de  faire  connaître  les  premiers  résultats  des  recherches  que 
je  poursuis  sur  ce  sujet, 

»  Je  me  suis  efforcé  d'abord  d'obtenir  des  phénomènes  réguliers  et  par  suite  de 
rendre  les  mesures  possibles.  J'y  suis  parvenu  en  faisant  passer,  avec  une  vitesse 
constante  sur  du  phosphore  desséché  et  maintenu  à  la  température  ordinaire,  un  cou- 
rant d'air  rigoureusement  sec.  Cet  air  devient  conducteur  sans  qu'il  soit  possible 
d'apercevoir  dans  le  gaz  vivement  éclairé  aucune  poussière  ou  fumée;  une  pareille 
fumée  ne  se  produit  qu'à  la  sortie  de  l'appareil,  au  moment  où  l'émanation  arrive  au 
contact  de  l'air  extérieur;  il  se  forme  alors  un  nuage  de  vapeur  d'eau. 

»  En  ce  qui  concerne  la  conductibilité  électrique,  j'ai  établi  d'abord,  en  envoyant 
le  courant  gazeux  dans  le  champ  d'un  simple  condensateur  cylindrique,  et  en  utilisant 
pour  les  mesures  un  électromètre  à  quadrants  sensible,  que  le  courant  que  l'on  peut 
faire  passer  dans  le  gaz  n'est  pas  proportionnel  à  la  force  électromolrice,  mais  qu'il 
tend  vers  un  maximum  (courant  de  saturation)  quand  la  force  électromotrice  est 
suffisamment  élevée.  D'autre  part,  si  l'on  envoie  l'émanation  dans  un  tube  cylin- 
drique chargé  à  un  potentiel  élevé,  et  suivant  l'axe  duquel  sont  placées  deux  électrodes 


SÉANCE   DU   29    DÉCEMBRE    1902,  1^25 

isolées  identiques,  on  constate  que  l'électromètre  ne  décèle  plus  aucun  courant  à  la 
seconde  électrode  quand  la  première  est  reliée  au  sol.  L'ensemble  de  ces  faits  justifie 
l'hypothèse  d'une  ionisation  du  gaz. 

»  La  conductibilité,  supprimée  dans  la  dernière  expérience  par  l'établissement  d'un 
champ  sur  la  première  électrode,  est  supprimée  déjinitivement,  c'est-à-dire  qu'elle  ne 
reparaît  pas  plus  loin  dans  le  gaz  par  suite  d'une  prolongation  possible  de  l'oxjdation. 
Il  est  dès  lors  légitime  d'appliquer  au  cas  actuel  une  méthode  telle  que  celle  des 
courants  gazeux  (Zeleny)  pour  mesurer  les  mobilités  des  ions.  Les  mobilités  obtenues, 
à  peu  près  égales  pour  les  deux  espèces  d'ions,  sont  extrêmement  faibles,  de  l'ordre 
de  -jyg-  de  millimètre  par  seconde  dans  un  champ  de  un  volt  par  centimètre.  Les  ions 
actuels  diffèrent  donc  beaucoup  à  cet  égard  des  ions  que  l'on  rencontre  d'ordinaire 
dans  les  gaz;  ils  sont  au  contraire  à  rapprocher  de  ceux  que  Townsend  a  le  premier 
signalés  dans  les  gaz  récemment  préparés  par  voie  électrolytique  et  qui  possèdent 
justement  des  mobilités  du  même  ordre  que  les  précédentes  (Townsend,  Phil.  Mag., 
t.  XLV,  1898,  p.  X25). 

»  Cette  analogie  est  confirmée  par  l'étude  des  phénomènes  de  condensation.  Gomme 
ceux  des  gaz  électrolytiques,  les  ions  du  phosphore  condensent  la  vapeur  d'eau  même 
non  saturante  (contrairement  aux  ions  ordinaires).  Le  nuage  produit  disparaît  presque 
complètement  si  l'émanation  a  passé  au  préalable  dans  un  long  condensateur  cylin- 
drique à  l'intérieur  duquel  on  a  créé  un  champ  intense.  Il  est  donc  extrêmement  vrai- 
semblable que  la  vapeur  d'eau  se  condense,  au  moins  en  grande  partie,  sur  les  ions. 
La  même  expérience  réussit  tout  aussi  bien  avec  l'hydrogène  électrolytique,  et  ce  fait 
confirme  les  idées  de  Townsend  sur  le  rôle  joué  dans  la  condensation  par  les  ions  con- 
tenus dans  les  gaz,  rôle  qu'il  n'avait  mis  en  évidence  que  d'une  manière  assez  indi- 
recte, et  qui  avait  été  contesté  parH.-A.  Wilson  {Phil.  Mag.,  t.  XLV,  1898,  p.  454). 
J'ai  pu,  dans  le  cas  du  phosphore,  démontrer  rigoureusement  qu'une  bonne  partie  du 
nuage  se  condense  sur  les  ions,  en  plaçant,  à  l'exemple  de  C.-T.-R.  Wilson,  trois 
plateaux  parallèles  identiques  au  sein  de  l'émanation  et  en  créant  un  champ  intense 
et  uniforme  entre  le  plateau  central  et  un  latéral  :  le  nuage  disparaît  seulement  du 
côté  où  existe  le  champ. 

»  Signalons  encore  que  les  phénomènes  de  conductibilité  électrique  sont  simple- 
ment affaiblis  sans  perdre  aucun  de  leurs  caractères  par  le  passage  de  l'émanation  au 
travers  d'un  tampon  de  coton  de  verre,  d'une  éprouvette  à  potasse  solide,  d'une  solu- 
tion de  potasse,  d'un  barboteur  à  acide  sulfurique  pur,  d'une  solution  concentrée 
d'iodure  de  potassium. 

»  E71  résumé,  la  conductibilité  de  l'air  sec  qui  a  passé  sur  le  phosphore 
est  due  à  des  ions  de  très  faible  mobilité  qui  servent  de  noyaux  de  conden- 
sation à  la  vapeur  d'eau  même  non  saturante.  Il  faut  réserver  pour  l'instant 
la  question  de  savoir  par  quel  mécanisme  chimique  ces  ions  sont  produits, 
et  si  leur  formation  est  lice  à  celle  d'un  composé  défini  tel  que  l'ozone  ou 
un  oxyde  du  phosphore,  ou  bien  s'il  s'agit  d'une  simple  modification  de 
l'oxygène.  Cette  question  est  évidemment  liée  à  l'étude  chimique  précise 

C.  R.,  1902,  1"  Semestre.  (T.  CXXXV,  N°  26.)  ly^ 


l326  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

de  l'oxydation  du  phosphore,  sur  laquelle  nous  n'avons  actuellement  que 
des  données  insuffisantes.  » 


ÉLECTRICITÉ.  —  Sur  V effet  Hall  et  les  mobilités  des  ions  cVune  vapeur  salée. 
Note  de  M.  Georges  Moreau,  présentée  par  M.  Mascart. 

«  Mobilité  des  ions.  —  Dans  une  IN^ote  récente  (^)  j'ai  indiqué  le  méca- 
nisme de  l'ionisation  d'une  flamme,  chargée  d'un  sel  alcalin  par  vaporisa- 
tion d'une  solution  de  concentration  connue. 

»  On  peut  se  proposer  de  déterminer  les  mobilités  des  ions  produits. 
Une  méthode  indiquée  précédemment  (*)  m'a  fourni,  pour  les  ions  néga- 
tifs, une  mobilité  diminuant  quand  la  concentration  croît  et  uniquement 
fonction  de  la  nature  du  métal.  Pour  les  sels  de  R  et  de  Na,  dont  la  concen- 
tration est  comprise  entre  i*""*  et  ^  de  molécule  par  litre  de  solution 

c  m  cm 

vaporisée,  elle  varie  de  660  —  à  i32o  —  pour  une  chute  de  i"*""**  par  cen- 


timètre.  La  limite  i35o  —  est  la  mobilité  des  ions  nés^atifs  de  la  flamme 

sec  ° 


pure  et  chaude  d'un  bec  Bunsen. 


cm 


»  La  même  méthode,  appliquée  aux  ions  positifs,  donne  80  — -,  quell 


sec 


que  soit  la  nature  du  sel  ou  la  concentration.  Pour  la  flamme  pure,  ce 

sera  donc  aussi  80 Les  ions  négatifs  sont  notablement  plus  rapides  que 

les  ions  positifs;  ils  ont  donc  une  masse  plus  faible  qui  s'accroît  avec  la 
concentration.  L'inégalité  des  mobilités  est  un  fait  général  déjà  observé 
chez  les  gaz  ionisés  par  d'autres  procédés  ;  elle  est  seulement  plus  accentuée 
pour  les  vapeurs  salines  où  les  mobilités  sont  aussi  plus  considérables  à 
cause  de  la  haute  température  du  milieu. 

»  Effet  Bail.  —  Soit,  dans  une  flamme,  un  champ  électrique  X  paral- 
lèle à  Oicet,  suivant  Oy,  un  champ  magnétique  H.  Parallèlement  à  O:;,  se 
produit,  sous  l'action  de  H,  un  champ  électrique  Z  qui  définit  l'effet  Hall. 

Z 

Le  coefficient  de  rotation  R=  tj^  a  été  mesuré  par  Marx  (^)  pour  les 

flammes  chargées  de  KCl  à  différentes  concentrations  et  pour  NaCl. 


(*)  Comptes  rendus,  i(\  novembre  1902. 

(-)  Ibid.,  Sojuin  1902. 

(^)  Marx,  Wied.  Ann.,  1900. 


SÉANCE    DU   29  DÉCEMBRE    1902.  l'52'J 

»  Avec  la  notion  des  ions,  l'interprétation  de  R  est  simple.  En  admettant 
que  le  champ  H  exerce  sur  chaque  ion  chargé  qui  se  déplace  suivant  Ox 
une  action  pondéromotrice  électromagnétique,  on  établit  (')  la  formule 

(I)  R  =  K,-K,, 

Kg  et  K^  étant  les  mobilités  des  ions  positifs  et  négatifs. 

»  Cette  formule  n'est  cependant  qu'approximative,  car  on  néglige  les 
chutes  de  pression  des  ions  qui  s'établissent  suivant  0:ï  et  qui  diminuent 
légèrement  R. 

»  Avec  les  valeurs  que  j'ai  mesurées  pour  Kg  et  R,,  on  peut  calculer  R 
d'après  (I)  et  le  comparer  aux  nombres  de  Marx.  Dans  le  Tableau  suivant, 
R  est  évalué  en  C.G.S.  : 

KCl.  NaCI. 


Concentr. 

FI.  pure. 

M 

64' 

M 

8  ■ 

M 
4' 

M 

2 

2  M. 

2M. 

—  lO^R  cale.  . 

..        i2,7 

II 

8,2 

7 

6,2 

5,2 

6,4 

—  io®R  obs  .  . . 

IO,2 

non  obs. 

8,3 

5,4 

4,3 

3,8 

5,1 

»  Les  valeurs  calculées  sont  plus  élevées  que  les  valeurs  observées,  ce 
qu'on  pouvait  prévoir.  Telle  quelle,  la  formule  (I)  représente  suffisam- 
ment bien  l'allure  du  phénomène,  si  l'on  tient  compte  des  différences  de 
température  dans  lesquelles  les  observations  des  mobilités  et  de  R  ont  été 
faites,  puisqu'on  expérimente  sur  des  flammes,  c'est-à-dire  sur  des  milieux 
facilement  modifiables. 

»  Marx  a  étudié  différents  sels  alcalins  et  a  trouvé  qu'à  concentration 
égale  le  coefficient  R  dépend  uniquement  du  métal,  d'après  la  formule 

(II)  Rv/M  =  const., 

011  M  est  le  poids  moléculaire  du  métal.  Puisque  Kg  est  notablement  plus 
petit  que  K,,  on  peut  écrire 

(III)  R,  v^M  =  const. 

»  Cette  formule  III  est  bien  vérifiée  par  mes  observations  sur  les  mobi- 
lités du  R  et  du  Na.  Elle  est  d'ailleurs  une  conséquence  de  la  théorie  de  la 
diffusion  des  gaz,  si  la  masse  de  l'ion  négatif  est  égale  ou  supérieure  à 
celle  des  molécules  du  milieu  enflammé. 


(')  DoNNAN,  Phil.  Mag.,  1898. 


l32S  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Conclusion.  —  La  formule  (I)  fournit  une  interprétation  cinématique  de 
l'effet  Hall  que  l'expérience  vérifie  :  c'est  la  première  fois  qu'à  ma  connais- 
sance cette  preuve  directe  a  été  faite.  La  formule  (II)  ne  fait  que  confirmer 
ce  que  mes  propres  observations  ont  établi,  à  savoir  que  l'ion  négatif  ne 
dépend  que  du  métal  de  la  vapeur.  Il  me  paraît  constitué  d'un  noyau  pro- 
venant de  la  dislocation  de  l'atome  métallique,  qui  groupe  autour  de  lui 
d'autres  atomes  non  ionisés,  en  nombre  croissant  avec  la  concentration. 
L'ion  positif  sera  le  reste  de  l'atome  avec  des  molécules  du  milieu  enflammé. 

Ainsi  s'explique  l'influence  prépondérante  du  métal  qu'Arrhénius  a  ob- 
servée dans  la  conductibilité  des  vapeurs  salines.    » 


ÉLECTRICITÉ. —  Sur  Un  nouçel  accumulateur  électrique. 
Note   de  M.    D.  Tommasi,   présentée    par  M.   H.   Moissan. 

«  Les  plaques  de  cet  accumulateur  se  composent  d'un  cadre  en  plomb 
contenant  un  très  grand  nombre  de  lamelles  également  en  plomb,  très 
rapprochées  les  unes  des  autres,  destinées  à  retenir  la  matière  active  et 
à  y  amener  le  courant  dans  ses  différents  points. 

»  Ces  lamelles,  par  groupe  de  sept,  sont  disposées  alternativement  sui- 
vant deux  directions  rectangulaires  ;  les  unes  sont  verticales,  les  autres 
horizontales. 

»  Par  ces  dispositions,  la  dilatation  de  la  plaque  se  fait  à  la  fois  dans  les  deux  sen  s 
et,  par  suite,  elle  est  beaucoup  moins  sensible. 

»  Chaque  plaque  renferme  8i  cases  de  iS'"'^^  contenant,  ainsi  qu'il  a  été  dit, 
7  lamelles. 

»  Au  centre  de  chaque  case,  la  lamelle  correspondante  porte  une  petite  bague  de 
plomb  destinée  à  permettre  le  passage  de  l'électrolyte  et  sa  diffusion  dans  la  matière 
active. 

»  La  plaque  est  munie  sur  ses  deux  faces  d'une  lame  diagonale  en  plomb,  permet- 
tant au  courant  de  se  rendre  directement  dans  tous  les  points  de  la  plaque,  assurant 
ainsi  une  répartition  uniforme  du  courant. 

»  La  matière  active  est  introduite  dans  tous  les  espaces  vides  que  présente  la  plaque 
et  est  retenue  par  les  différentes  lamelles  qui  traversent  ces  espaces  vides. 

»  La  matière  active  qui  obstrue  les  petites  baguas  placées  au  milieu  de  chaque  case 
est  ensuite  enlevée  de  façon  que  l'électrolyte  puisse  venir  facilement  en  contact  avec 
tous  les  points  de  la  matière  active. 

»  Cette  disposition  évite  ainsi  la  formation  de  courants  de  concentration  ,  par  suite 
de  la  diffusion  parfaite  de  l'électrolyte  dans  les  différentes  parties  de  la  masse  active. 


SÉANCE    DU  29   DÉCEMBRE    1902.  1829 

))   Les  constantes  de  cet  accumulateur  peuvent  se  résumer  ainsi  : 

Nombre  de  plaques 5 

»            positives 2 

Longueur  des  plaques  en  millimètres 1^0 

Largeur                           »                           i4o 

Epaisseur                       »                           3 

Poids  total  en  grammes 2000 

»           de  deux  positives  et  de  deux  négatives 1600 

Durée  de  la  décharge  en  heures 5 

Différence  de  potentiel  moyenne  utile  en  volts - .  .  .  i  ,9 

Débit  en  ampères 6 

»                 par  kilogramme  de  plaques  utiles  (^) 3,8 

Capacité  en  ampères-heure 2,8 

»                         par  kilogramme  de  plaques 17 ,75 

Puissance  en  watts 1 1 , 4 

»                 par  kilogramme  de  plaques 7,1 

Énergie  en  watts-heure ol^,io 

»                      par  kilogramme  de  plaques 33,7 

»  Au  régime  d'un  ampère  par  kilogramme  de  plaques,  on  arrive  cou- 
ramment à  une  capacité  de  34  à  38  ampères-heure,  soit  22  à  24  ampères- 
heure  utilisables,  toujours  par  kilogramme  de  plaques.    » 


SPECTROSCOPIE.  —  Sur  les  spectres  de  flammes. 
Note  de  M.  C  de  Watteville,  présentée  par  M.  Lippmann. 

«  On  peut  ranger  en  deux  catégories  principales  les  spectres  que  nous 
savons  produire:  ceux  quisontd'originepurementcalorifique(flammes,  etc.), 
et  ceux  qui  sont  d'origine  électrique  en  même  temps  que  calorifique  (arc, 
étincelle).  L'étude  des  premiers,  seuls  connus  au  début  delà  spectroscopie, 
a  été,  depuis,  négligée  comparativement  à  celle  des  seconds;  elle  laisse  à 
désirer,  en  particulier,  au  point  de  vue  des  différences  que  présentent  les 
spectres  des  parties  constitutives  de  la  flamme.  On  sait,  en  effet,  qu'on 
trouve  dans  une  flamme  deux  régions  principales,  le  cône  intérieur  ou 
noyau,  et  la  flamme  proprement  dite,  qui,  extérieure  au  précédent,  l'enve- 
loppe et  s'y  raccorde  à  l'orifice  du  brûleur.  C'est  à  M  .  Gouy  qu'est  due  la 
découverte  de  raies  spectrales  dans  le  noyau  de  la  fl  imiia  produite  par  la 


(*)  Deux  positives  et  deux  négatives. 


l33o  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

combustion  d'un  mélange  de  gaz  d'éclairage  et  d'air  chargé  de  poussières 
d'un  sel  métallique.  Ces  raies,  qui  appartiennent  au  spectre  du  métal  con- 
sidéré, peuvent  ne  pas  être  visibles  dans  la  flamme  proprement  dite  et 
n'apparaissent  pas  lorsqu'un  sel  est  simplement  introduit  dans  la  flamme 
depuis  l'extérieur.  M.  Gouy  a  d'ailleurs  borné  ses  observations  aux  quelques 
raies  existant  dans  la  partie  visible  du  spectre  des  différents  métaux  (  *). 

))  D'après  les  conseils  de  M.  le  Professeur  Schuster,  qui  a  bien  voulu 
me  diriger  au  cours  de  ce  travail,  et  m'accorder  dans  son  magnifique  labo- 
ratoire d'Owens  Collège  (Manchester)  une  hospitalité  dont  je  lui  garde  la 
plus  grande  reconnaissance,  j'ai  repris  cette  étude  pour  la  prolonger  dans 
l'ultra-violet  du  spectre  et,  aussi,  pour  rechercher  si  certaines  raies,  trop 
faibles  pour  être  observées  à  l'œil  nu,  seraient  enregistrées  par  la  photo- 
graphie. 

»  Mes  résultats,  tout  en  confirmant  ceux  qui  ont  été  obtenus  avant  moi 
par  d'éminents  expérimentateurs,  tels  que  MM.  Eder  et  Valenta  et 
M.  Hartley,  les  étendent  très  notablement,  puisque,  d'après  leur  mode 
même  d'observation,  les  données  de  ces  savants  ne  s'appliquent  qu'à  la 
partie  externe  de  la  flamme.  En  effet,  un  nombre  considérable  de  raies, 
invisibles  même  quand  on  se  sert  du  chalumeau  à  oxygène  et  gaz  d'éclai- 
rage, apparaissent  par  le  simple  emploi  de  lait  auquel  le  sel  est  préalable- 
ment mêlé. 

»  La  méthode  employée  est  essentiellement  celle  de  M.  Gouy,  avec 
quelques  très  légères  modifications,  inutiles  à  décrire  ici,  et  qui  n'avaient 
d'autre  but  que  de  rendre  le  fonctionnement  de  l'appareil  suffisamment 
automatique,  pour  ne  pas  exiger  une  attention  trop  constante  de  la  part 
de  l'opérateur  pendant  les  8  heures  qui  étaient  nécessaires  à  la  prise  des 
photographies. 

»  M.  Schuster  a  bien  voulu  me  confier  un  beau  réseau  concave  de  Row- 
land,  comprenant  i5ooo  traits  au  pouce  anglais  et  ayant  une  longueur 
utile  de  3  pouces  et  demi.  Grâce  au  rayon  exceptionnellement  court  (i™) 
de  cet  appareil  et  malgré  sa  forte  dispersion,  les  raies  ont  une  intensité 
lumineuse  très  notable.  Sur  les  pellicules  employées,  une  longueur  de  i™"^ 
correspond  à  une  différence  de  longueur  d'onde  d'environ  i6,8  unités 
d'Angstrom. 

»  Sans  entrer  dans  les  détails  particuliers  à  chacun  des  19  spectres  des  métaux 
étudiés  (Li,  Na,  K,  Cu,  Ag,  Mg,  Ca,  Zn,  Sr,  Cd,  Ba,  Sn,  Pb,  Bi,  Cr,  Mn,  Fe,  Go,  Ni) 

(')  Gouy,  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  5»  série,  t.  XVIII,  1870. 


SÉANCE  DU  29  DÉCEMBRE  1902.  l33l 

détails  qui  seront  publiés  prochainement,  je  me  bornerai  à  l'énoncé  des  quelques 
conclusions  suivantes  : 

»  1°  Dans  les  conditions  où  je  me  suis  placé,  le  spectre  de  flamme  peut  s'étendre 
assez  loin  dans  l'ultra-violet.  Ainsi,  la  raie  2269  de  l'élain  y  est  encore  visible; 

»  2°  Toutes  les  raies  observées  dans  la  flamme  sont  communes  aux.  spectres  de 
l'étincelleet  de  l'arc;  les  raies  caractéristiques  de  l'étincelle,  dans  laquelle  elles  sont 
parfois  très  fortes,  ne  se  trouvent  pas  dans  le  spectre  de  la  flamme; 

»  3°  Ce  sont  les  raies  les  plus  fortes  de  l'arc  qui  existent  dans  la  flamme  et  il  n'y  a 
pas  de  changement  relatif  d'intensité  entre  des  raies  faisant  partie  des  deux  spectres 
d'arc  et  de  flamme,  quand  on  passe  de  l'un  de  ces  spectres  à  l'autre; 

»  4*  Toutes  les  raies,  sans  exception,  de  la  flamme  sont  celles  qui  subsistent  dans 
l'étincelle  rendue  oscillante  et  étudiée  par  M.  Hemsalech.  Mais  la  réciproque  n'est  pas 
exacte,  quoique  celles  des  raies  de  l'étincelle  oscillante  qui  manquent  dans  la  flamme 
aient  dans  la  première  une  intensité  très  faible  et  qu'il  ne  soit  pas  impossible  qu'une 
prolongation  du  temps  de  pose  pourrait  les  faire  apparaîti'e  dans  la  photographie  du 
spectre  de  la  flamme; 

»  5°  Enfin,  le  spectre  du  noyau  de  la  flamme  des  métaux  du  groupe  du  fer 
(Fe,Ni,  Co,  Mn)  est  identique  à  celui  de  l'étincelle  oscillante,  tant  au  point  de  vue  de 
la  présence  des  raies  qu'à  celui  de  leurs  intensités  relatives,  si  bien  que  le  spectre  de 
comparaison  (étincelle  oscillante),  pris  au  milieu  de  chaque  spectre  de  flamme,  semble 
par  endroits  se  confondre  avec  ce  dernier. 

»  La  température  est-elle  le  seul  facteur  qui  influe  sur  la  constitution 
des  spectres,  ou  leur  caractère  peut-il  être  modifié  par  des  causes  particu- 
lières, de  nature  électrique?  On  sait  que  la  question  est  très  discutée.  La 
seconde  hypothèse  est  la  plus  généralement  adoptée;  elle  l'est,  en  parti- 
culier, par  des  autorités  telles  que  MM.  Kayser,  Liveing  et  Dewar  (*). 
Mes  expériences  semblent  montrer  cependant  que  c'est  la  température  seule 
qui  joue  un  rôle  actif. 

»  En  effet,  on  peut  se  demander  à  quoi  est  due,  dans  la  flamme,  la  diffé- 
rence entre  les  spectres  de  ses  deux  parties,  si  elle  provient  d'un 
écart  de  la  température  de  ces  deux  régions,  ou  si,  peut-être,  la  transfor- 
mation de  la  combinaison  saline,  dans  son  passage  du  milieu  réducteur  au 
milieu  oxydant,  ne  libère  pas,  pendant  un  instant  très  court,  à  la  surface 
du  cône,  de  la  vapeur  métallique  à  une  température  plus  basse  que  celle  à 
laquelle  elle  existe  ordinairement;  mais,  quoi  qu'il  en  soit,  le  phénomène 
spectral  dans  la  flamme  est  d'origine  calorifique,  et,  vu  la  similitude  des 
deux  spectres,  il  en  est  probablement  de  même  dans  l'étincelle  oscillante. 
C'est  d'ailleurs  à  une  simple  différence  de  température  que  M.  Hemsalech, 


(•)  Kayser,  Handbuch  der  Spectroscopie,  t.  II,  p.  235. 


l332  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

dont  l'ojDinion  a  été  combattue  depuis,  attribuait  la  différence  des  spectres 
de  l'étincelle  oscillante  et  de  l'étincelle  condensée.    » 


CHIMIE.  —  Sur  la  proportion  de  l'hydrogène  dans  l' air  atmosphérique , 
Note  de  M.  AxATOLE  Leduc, 

«  M.  A.  Gautier  m'a  fait  l'honneur  de  discuter  avec  détails  mes  obser- 
vations relatives  à  la  proportion  de  l'hydrogène  dans  l'air  atmosphé- 
rique (*).  Je  demande  la  permission  d'examiner  les  deux  prémisses  sur 
lesquelles  repose  son  argumentation. 

»  I.  D'après  ce  savant  (p.  1028),  j'aurais  confondu  sous  le  même 
signe  d'  deux  densités,  savoir  :  1°  celle  de  l'azote  atmosphérique,  c'est- 
à-dire  renfermant  tons  les  gaz  non  absorbables  par  la  potasse  et  les  dessé- 
chants, y  compris  par  conséquent  l'hydrogène  et  le  formè.ne,  et  2°  celle  de 
ce  même  azote  atmosphérique  dépouillé  de  ces  derniers  gaz. 

»  Or  j'ai  insisté  à  diverses  reprises  (^)  sur  ce  qu'il  fallait  avoir  soin, 
dans  la  préparation  de  l'azote  atmosphérique,  au  moyen  du  cuivre  au 
rouge,  à' oxyder  préalablement  ce  dernier  sur  une  longueur  de  10^^  près  de 
la  sortie  du  gaz.  De  cette  manière  l'hydrogène  et  ses  carbures,  d'où  qu'ils 
viennent,  sont  entièrement  transformés  en  eau  et  anhydride  carbonique, 
que  l'on  absorbe  ensuite  comme  chacun  sait. 

»  Ce  n'est  donc  point  par  inadvertance  que  j'ai  employé  le  même 
symbole  dans  les  deux  équations  reproduites  par  M.  Gautier;  d'  y  repré- 
sente bien  une  seule  et  même  chose  :  la  densité  de  l'azote  atmosphérique 
exempt  d'hydrogène  et  de  carbures. 

»  II.  M.  A.  Gautier  pense  que,  contrairement  à  ce  que  j'ai  affirmé 
autrefois,  le  cuivre  employé  par  Dumas  et  Boussingault  dans  leur  célèbre 
analyse  de  l'air  ne  renfermait  pas  d'hydrogène.  Or,  j'ai  démontré  (/oc. 
cit.^  qu'il  en  contenait  nécessairement. 

»  La  précaution  prise  par  eux  de  faire  passer  d'abord  quelques  litres 
d'air  dans  le  tube  à  cuivre  porté  au  rouge  n'avait  d'autre  but,  comme  le 
prouve  la  citation  de  M.  Gautier,  que  d'enlever  toute  humidité,  et  elle 
ne  pouvait  avoir  d'autre  effet  appréciable. 

))   En  effet,  l'hydrogène  forme  avec  le  cuivre,  ainsi  que  je  l'ai  montré, 

(^)  A.  Gautier,  Comptes  rendus,  t.  CXXXV,  p.  1026  et  A.  Leduc,  Ibid.,  p.  860. 
(2)  A.  Leduc,  Comptes  rendus,  CXIII,  1891,  p.  71. 


SÉANCE    DU    29    DÉCEMBRE    1902.  l333 

une  combinaison  1res  stable  au-dessous  du  rouge  (');  la  tension  de  disso- 
ciation de  cet  hydrure  ne  devient  importante  qu'  au-dessus  du  rouge  sombre, 
qui  suffit  à  l'absorption  coraplète  de  l'oxygène  par  le  cuivre.  Dans  l'expé- 
rience préliminaire  de  Dumas  et  Boussingauit,  cet  hydrogène  n'était  donc 
pas  sensiblement  éliminé,  si  ce  n'est  dans  la  partie  oxydée.  J'insiste  sur  ce 
que,  pour  se  débarrasser  entièrement  de  l'hydrogène,  il  faudrait,  ou  bien 
oxyder  à  peu  près  complètement  le  cuivre,  ou  bien  faire  passer  un  courant 
de  gaz  inerte  pendant  fort  longtemps  et  à  une  température  très  élevée. 

»  En  résumé,  je  n'ai  donc  rien  à  changer  à  mes  précédentes  conclu- 
sions (^).  » 

THERMOCHIMIE .  —  Étude  thermique  de  l'acide  mètaphosphorique. 
Note  de  M.  H.  Girax. 

«  J'ai  mesuré  : 

»  1°  La  quantité  de  chaleur  dégagée  dans  la  transformation  de  l'acide 
mètaphosphorique  en  acide  orthophosphorique  par  une  méthode  identique 
à  celle  qui  m'a  déjà  servi  pour  étudier  la  transformation  de  l'acide  pyro- 
phosphorique  en  acide  orthophosphorique,  c'est-à-dire  par  l'action  de 
Wc'vAei  snMuTiç^OiQ  (Comptes  rendus,  t.  CKX.X.V,  p.  961); 

»  2*^  La  chaleur  de  dissolution  de  l'acide  mètaphosphorique  solide  pré- 
paré par  calcination  de  PO'tP  ; 

»  3*^  La  chaleur  de  dissolution  du  métaphospha  te  de  soude  fondu  (méta- 
phosphate  soluble  de  Graham); 

»  4°  La  chaleur  de  neutralisation  de  l'acide  mètaphosphorique  par  la 
soude. 


(^)  Divers  auteurs  ont  signalé,  après  Melsens,  la  présence  d'hydrogène  occlus  ou 
condensé  dans  le  cuivre  réduit  (voir  Comptes  rendus,  t.  XLVIÏI,  p.  iio3).  Ce 
sont  sans  doute  ces  termes  un  peu  vagues  qui  ont  fait  croire  qu'on  pourrait  déplacer 
l'hydrogène  aussi  facilement  que  l'humidité  condensée  dans  le  cuivre.  M.  Gautier 
écrit  ailleurs  {Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  7*^  série,  t.  XXII,  note  de  la 
page  25)  que  l'hydrogène  est  faiblement  combiné,  et  se  dégage  totalement  au-dessous 
du  rouge.  Je  crois  avoir  nettement  prouvé  le  contraire. 

(-)  J'ai  montré  qu'il  convenait  de  rapporter  les  densités  des  gaz  à  l'oxygène  et  non 
à  l'hydrogène,  le  choix,  de  ce  dernier  gaz  comme  terme  de  comparaison  excluant  la 
précision  du  dix-millième.  Notons  que  la  densité  par  rapport  à  l'air  de  l'azote  atmo- 
sphérique exempt  d'hydrogène  et  de  carbures  est  bien  0,97208,  et  non  0,9723.  Celle 
du  formène  est  o,5545,  et  non  o, 556.  Enfin,  la  densité  de  l'hydrogène  donnée  par 
Regnault  est  0,06926,  et  non  0,06949. 

G.  R.,  1902,  2»  Semestre.  (T.  GXXXV,  N»  26.)  ^1^ 


[334  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  J'ai  obtenu  les  résultats  suivants  (^)  : 


Cal 


PO^H  sol.  +  H-^O  liq.  +  aq.  =  PO^HMiss +12 ,91 

PO'Hsol. +  aq  =  P03Hdiss +  9,7^ 

PO^Na  sol.  +  aq.  =  PO^Na  diss +3,97 

PO^ H  diss.  4-  Na OH  diss.  =  PO^  Na  diss + 1 4 ,  84 

»  Thomsen  avait  déjà  déterminé  cette  chaleur  de  neutralisation;  il  avait 
trouvé  +i4^*\5i. 

»  Si  l'on  ajoute  à  ces  résultats  ceux  que  j'ai  donnés  récemment  à  propos 
de  l'acide  pyrophosphorique  ;  à  savoir  : 

P^O^H^sol.  +  H^Oliq.  =  2PO^H3sol +6^^1,97 

p-^O'HMiss.  +  H^O  liq.  =  2  PO^H^diss +4t«i,  25 

et  si  l'on  tient  compte  de 

PO^H^sol.  4-aq.  =  PO^H3diss +   2^^', 69  (Thomsen) 

Nasol.  -i-aq.  =  NaOHdiss. +H.     +42^*1,40  (M.  Joannis) 

on  en  déduit  aisément  les  résultats  thermiques  suivants  : 

Cal 

PO^Hsol.      +H2  01iq.  z=:PO^H*sol.. +10,22 

PO^Hdiss.    H-H^Oliq.  =  PO^H^diss +  3,i5 

2PO^Hsol.    +H2  0ilq.  — .P^O^H^sol -i-i3,47 

2P03Hdiss.4-H-01iq.  =  P2  0'H*diss +  2,o5 

PO» H  sol.      +  Nasol.     ^PO^Nasol.  H-H -i-63,o3  (-) 

»  Ce  dernier  résultat,  se  rapportant  à  des  corps  tous  solides,  mesure  la 
véritable  acidité  de  l'acide  métaphosphorique;  il  est  de  l'ordre  de  ceux 
qui  sont  fournis  par  les  acides  forts.  J'ai  trouvé  d'autre  part  (^Comptes 
rendus,  t.  C XXXIV,  p.  i499)  ^_^^  l'acidité  moyenne  de  l'acide  pyrophos- 


(^)  Vers  4-1 5". 

(-)  Pour  calculer  ce  résultat,  j'admets  que,  quand  on  neutralise  par  la  soude  une 
dissolution  d'acide  inétaphosphorique,  on  obtient  la  même  dissolution  qu'en  dissol- 
vant du  mélapliospliate  de  soude  fondu.  Cette  hypothèse  me  paraît  seule  admissible 
puisque  le  sel  de  soude  fondu  est  le  seul  métaphosphate  soluble,  et  que  la  neutralisa- 
tion de  l'acide  ne  donne  aucun  précipité.  Elle  est,  d'ailleurs,  conforme  aux  idées  de 
Fleitmann  qui  considère  l'acide  métaphosphorique  provenant  de  la  calcination 
dePO^H^  comme  de  l'acide  hexamétaphosphorique  et  le  sel  fondu  de  Grahâm  comme 
de  l'hexamétapliosphate  de  soude.  De  plus,  j'ai  constaté  que,  si  Ton  précipite  par 
Fazotale  d'argent  une  dissolution  de  métaphosphate  fondu,  ou  bien  Une  dissolution 
d'acide  métaphosphorique  neutralisée  par  la  soude,  on  obtient  dans  les  deux  cas  le 
même  phénomène  thermique. 


SÉANCE    DU    29   DÉCEMBRE    1902.  l335 

phorique  était  mesurée  par  le  nombre  -h  54^^\  11,  et  M.  de  Forcrand  a 
trouvé  (^Comptes  rendus,  t.  CXV,  p.  610),  pour  celle  de  l'acide  orthophos- 
phorique,  -+-  49^^',  38.  Les  trois  acides  phosphoriques  sont  donc  troisacides 
torts,  dont  l'acidité  décroît  régulièrement  quand  l'hydratation  augmente. 
»  Les  résultats  précédents  permettent  encore  de  cilculer  la  chaleur  de 
formation  de  l'acide  métaphosphoriqiie  à  partir  de  ses  éléme  nts.  On  trouve  : 

P  +  O^+HnrPO^Hsol ^224^^^  88;         diss H-234«"i,64. 

Dans  ce  calcul,  j'ai  dû  faire  intervenir  Li  chaleur  de  formation  de  l'acide 
orthophosphorique  mesurée  par  Thomsen  : 


P  +  O^+H^': 


A  cause  de  l'incertitude  de  ce  résultat,  il  v  a  lieu  de  faire,  sur  la  chaleur 
de  formation  de  l'acide  métaphosphorique  à  partir  de  ses  éléments,  les 
mêmes  réserves  que  j'ai  déjà  formulées  à  propos  de  celle  de  l'acide  pyro- 
phosphorique.  » 


CHIMIE  MINÉRALE.    —  Sur  quelques  so'irces  de  gxz  minérales. 
Note  de  M.  Ch.  Mocrec,  présentée  par  M.  H.  Moissan . 

«  Depuis  la  brillante  découverte  de  l'argon  par  lord  Ravleigh  et  Ramsav 
en  1894,  l'attention  des  physiciens  et  des  chimistes  s'est  portée,  un  peu 
partout,  sur  les  nombreuses  sources  gazeuses  qu'on  rencontre  dans  la 
nature.  Bornons-nous  à  rappeler,  à  cet  égard,  les  recherches  de  M.  Bou- 
chard sur  les  eaux  de  Cauterets  (1895)  (^),  nos  propres  expériences  pra- 
tiquées la  môme  année  sur  le  gaz  de  Maizières  (Côte-d'Or)  (-),  celles  qui 
furent  effectuées  en  1896  par  MM.  Bouchard  et  Desgrez  sur  la  source  de 
Bagnoles-de-l'Orne  (^)  et  par  M.  Schlœsing  fils  sur  le  grisou  (''),  et  les 
recherches  toutes  récentes  de  M.  Moissan  sur  les  gaz  volcaniques  de  la 
Martinique  (^).  Ces  études  restaient,  à  différents  points  de  vue,  inté- 
ressantes à  poursuivre. 


(*)  Comptes  rendus,  t.  CXXI,  p.  892. 

(^)  Ibid.,  t.  CXXI. 

(3)  Ibid.,  t.  GXXIII,  p.  969. 

(■►)  Ibid.,  t.  CXXIII,  p.  233. 

(^)  Ibid.,   Séance  du  i5  décembre  1902. 


l356  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Nous  avons  l'honneur  de  communiquer  à  l'Académie  les  analyses  de 
cinq  sources  de  gaz  minérales  de  la  région  pyrénéenne.  Quatre  sont  du 
versant  français  :  ce  sont  les  sources  Peyré,  d'Ogeu  (Basses-Pyrénées); 
Nehe  ou  Fontaine-Chaude,  de  Dax  (Landes);  Trou  des  Pauvres,  de  Dax 
Landes);  et  Vieille,  d'Eaux-Bonnes  (Basses-Pyrénées).  La  cinquième  est 
la  source  Saint-Augustin,  delà  célèbre  station  de  Panticosa,  située  sur  le 
versant  espagnol,  en  Aragon. 

»  Dans  toutes,  le  gaz  est  très  riche  en  azote  et  s'échappe  spontanément,  au  griffon 
de  la  source,  par  bulles  plus  ou  moins  volumineuses. 

»  Les  échantillons  ayant  été  recueillis  et  transportés  avec  toutes  les  précautions 
nécessaires  pour  éviter  leur  mélange  avec  l'air,  nous  avons  étudié  les  divers  gaz,  dans 
le  laboratoire  de  M.  Moissan,  d'après  la  marche  suivante  : 

»  Une  analyse  ordinaire  est  d'abord  faite  sur  ia  cuve  à  mercure.  On  absorbe  l'acide 
carbonique  par  la  potasse  et  l'oxygène  par  le  pyrogallate  de  potasse.  Ces  deux  gaz 
sont  toujours  en  faible  proportion,  et  le  résidu  présente  les  caractères  généraux  de 
Tazote. 

»  L'argon  et  ses  congénères  ne  peuvent  se  trouver  que  dans  l'azote  résiduel.  On  com- 
bine l'azote  au  calcium,  et  le  nouveau  résidu  est  soumis  à  l'analyse  spectrale.  En  pra- 
tique, le  gaz  naturel  brut  était  d'abord  laissé  en  contact  prolongé  successivement  avec 
de  la  potasse  hj'dralée  et  de  la  potasse  fondue;  ainsi  débarrassé  d'acide  carbonique  et 
parfaitement  desséché,  il  était  ensuite  chauffé  au  rouge  sombre,  conformément  à  la 
méthode  de  M.  Maquenue,  en  présence  d'un  mélange  intime  de  chaux  anhydre  (  5  par 
ties)  et  de  magnésium  bien  sec  (3  parties),  mélange  qui  fixait  à  la  fois  l'azote  et 
l'oxygène.  On  faisait  enfin  l'examen  spectroscopique  dans  des  tubes  de  Plucker  à  élec- 
trodes d'aluminium,  sous  une  pression  de  a^"""  à  3'""^  de  mercure  ('). 

»  Les  cinq  gaz  naturels  examinés  nous  ont  tous  donné  des  résidus  non  ab-orbables. 
Pour  ioo^°^  de  gaz  sec,  la  source  Peyré  a  laissé  o^'°'',9  de  résidu  ;  la  source  Nehe,  i'*'''\6; 
la  source  Trou  des  Pauvres,  P^^a;  la  source  Vieille,  i'''\8:la  source  Saint-Augustin, 
i"^°\2.  Chaque  résidu  nous  a  montré,  au  spectroscope,  les  raies  caractéristiques  de 
l'argon. 

»  M.  Deslandres  a  bien  voulu  compléter  cette  étude  spectrale.  En  dehors  de  l'argon, 
dont  la  présence  y  a  été  confirmée,  les  sources  Peyré,  Nehe,  Trou  des  Pauvres  et  Saint- 
Augustin,  n'ont  rien  offert  de  particulier.  Dans  la  source  Vieille,  par  co!itre,  M.  Des- 
landres a  mis  en  évidence,  outre  l'argon,  une  certaine  proportion  d'hélium.  Nous 
ajouterons,  relativement  à  cette  même  source,  que  diverses  raies  ont  été  vues  qui  ne 
paraissent  appartenir  ni  à  l'argon,  ni  à  l'hélium  ;  elles  seront  identifiées  ultérieure- 
ment. 

(')  Les  détails  opératoires  paraîtront  prochainement  dans  le  Bulletin  de  la  Société 
chimique. 

Nous  avons  été  habilement  secondé,  au  cours  de  ces  délicates  manipulations,  par 
M.  Rigaut,  préparateur  à  la  Sorbonne,  à  qui  nous  adressons  nos  plus  vifs  remercî- 
nients. 


SÉANCE   DU    29   DÉCEMBRE    1902.  i33t 

»  On  voit,  en  résumé,  que  les  diverses  sources  examinées,  très  riches  en 
azoLe,  renferment  de  l'argon,  et  que  la  source  d'Eaux-Bonnes  contient  en 
outre,  de  l'hélium. 

»  Il  €st  intéressant  de  comparer  ces  analyses  avec  celles  qui  ont  été  déjà 
faites  de  divers  gaz  naturels.  Ce  rapprochement  met  immédiatement  en 
reîiefla  source  de  Maizières  (Côle-d'Or),  étudiée  par  nous  en  1893  :  le  ^az 
qui  s'en  échappe  par  grosses  bulles  au  griffon  renferme,  en  effet,  une 
énorme  proportion  (environ  8  pour  100)  d'un  mélange  d'aigon  et  d'hé- 
lium; il  se  trouve  être  actuellement  la  source  d'hélium  la  plus  riche  qui 
soit  connue. 

M  La  voie  d'introduction  de  l'argon  et  de  l'hélium  dans  les  eaux  miné- 
raies  a  déjà  élé  discutée  par  M.  Bouchard  et  par  MM.  ïroost  et  Ouvrard  (M, 
qui  ont  écarté  la  possibilité  d'une  origine  souterraine.  C(  tte  opinion  s'im- 
pose pour  l'hélium,  qui  n'existe  pas  dans  l'air,  et  que  l'on  obtient  facile- 
ment pnr  le  traitement  de  la  clévéite  et  de  quelques  autres  minéraux.  Quant 
à  l'argon,  l'idée  de  sa  provenance  souterraine  nous  semble  toute  naturelle, 
après  les  récentes  et  belles  expériences  de  M.  Armand  Gautier  sur  les 
roches  ignées,  d'où  il  a  pu  retirer  de  l'argon  par  la  seule  action  de  l'eau 
à  température  j-eu  élevée  (-).  Il  est  probable  que  l'argon  et  l'hélium 
existent  dans  le  sous-sol  sous  forme  de  composés  métalliques  peu  stables, 
qui  seraient  facilement  destructibles  par  l'action  combinée  de  l'eau  et  de 
la  chaleur. 

»  L'intérêt  de  ces  recherches  est  loin  d'êlre  épuisé.  Le  crypton,  le  néon 
et  le  xénon,  trois  nouveaux  gaz  que  M.  Ramsay  vient  de  découvrir  dans 
l'air,  doivent  se  rencontrer  ailleurs,  ei^,  ne  fût-ce  qu'à  ce  point  de  vue, 
il  y  aura  Heu,  à  l'avenir,  de  soumettre  tous  les  gaz  naturels  au  plus  minu- 
tieux examen.   » 


CHIMIE   MINÉRALE.    —   Sur  les  cryolithes. 
Note  de  M.  E.  Baud. 

«  L  Cryolithe  sadique  hydraiée.  —  A  «ne  solution  neutre  de  fluorure  d'aluminium 
(i'"o'  dans  2/4"'^)  placée  dans  le  calorimètre,  j'ai  ajouté  une  dissolution  de  fluorure  de 
sodium  (6NaF  dans  24''').  11  se  produit  un  précipité  gélatineux  et  translucide,  à  peine 
visible.  Séché  sur  plaque  poreuse,  il  a  pour  composition  Al-F''',  6NaF,  7H-O. 


(*)  Comptes  rendus,  t    GXXI,  p.  798. 

("-)  Bulletin  de  la  Société  chimique,  3*^  série,  t.  XXV,  p.  4o3. 


l338  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  II  est  un  peu  soluble,  loos""  d'eau  en  dissolvent  og"",  352  à  ■+- 16°.  Sa  chaleur  de  dis- 
solution vers  +i6°  est  de  —  25*^-''', 87.  En  faisant  les  corrections  nécessaires  pour  tenir 
compte  de  cette  solubilité,  on  trouve  pour  la  chaleur  de  précipitation  : 

APF"  dissous  4- 6NaF  dissous  ^Al^F^,  6Na  F,  7H2O  précipité +26^^',  22 

»  Connaissant  les  chaleurs  de  dissolution  de  APF%  7H2O  et  de  6NaF  on  trouve 

APF«,7H2  0solide(soluble)+6NaFsolide=r  A12F«,  6NaF,  7H2  0solide.     +i9C-'i,29 

»  II.  CryoUthe  potassique  hydratée.  —  Avec  le  fluorure  de  potassium  la  réaction 
est  identique.  Le  précipité  est  gélatineux,  blanc  et  opaque,  mais  non  translucide 
comme  le  précédent.  II  est  un  peu  soluble  :  looS''  d'eau  en  dissolvent  oS'",3S5  à  +16"; 
sa  chaleur  de  dissolution  vers  H- 16"  est  de  — 4o*^^',64.  Toutes  corrections  faites,  on 
trouve  pour  la  précipitation   : 

APF6  dissous +  6KF  dissous  =  AI' F«,  6KF,  7 H^O  précipité +37C''i,62 

d'où  l'on  déduit  : 

APF%7H-0  solide  (soluble) -I- 6  KF  solide  rrAl^F^,  6KF,  7H2O  solide. .      +55^^', 89 

»  III.  Fluorure  double  ammonique.  —  En  opérant  comme  pour  les  précédentes 
précipitations,  c'est-à-dire  en  versant  6AzH^F  dissous  dans  Al-F^  dissous,  on  n'ob- 
tient pas  une  véritable  cryolithe  ammonique,  mais  un  fluorure  double  hydraté 

APFS /iAzH^F,  3H2  0. 

»  Ce  composé  provient  du  remplacement  de  4H^0  de  l'hydrate  APF^7H- O  par 
4AzH*CI,  ou,  ce  qui  revient  au  même,  de  l'union  de  4  AztPCl  avec  un  hydrate  infé- 
rieur Al- F*',  3H^0.  Ceci  concorde  bien  avec  les  résultats  que  j'ai  obtenus  dans  l'action 
de  la  chaleur  sur  l'hydrate  à  7H-O  (dégagement  de  4H^0  entre  110°  et  120°). 

»  La  combinaison  est  assez  soluble  dans  l'eau  et,  par  suite,  sa  précipitation  est  in- 
complète. Il  s'en  dissout  18  dans  loos  d'eau  à  -+-  16". 

»  Au  moment  où  l'on  fait  le  mélange,  il  se  produit  une  élévation  de  température 
qui  cesse  au  bout  de  2  minutes,  puis,  2  ou  3  minutes  après,  une  nouvelle  élévation  se 
produit,  qui  dure  i5  minutes  environ. 

»  Le  précipité,  qui  était  d'abord  gélatineux,  est  devenu  plus  dense  et  se  rassemble 
rapidement  au  fond  du  calorimètre. 

»  Il  y  a  là  un  changement  d'état,  probablement  une  polymérisation,  qui  se  produit 
avec  un  dégagement  de  chaleur  de  +  3*^^\7. 

»  La  chaleur  de  dissolution   dans  l'eau,  vers  4- 16°,  de  ce  fluorure  double  est  de 

—  I7Cal^09. 

»  IV.  CryoUthes  anhydres.  —  La  cryolithe  sodique  naturelle  est  à  peu  près 
anhydre.  J'ai  trouvé  dans  deux  échantillons  o,  2  à  0,311-0.  Elle  est  un  peu  soluble 
dans  l'eau  :  il  s'en  dissout  os,o34  dans  loo?  d'eau  à  i5°. 

»  La  cryolithe  hydratée  sodique  ne  perd  complètement  son  eau  qu'à  la  tempéra- 
ture de  fusion,  c'est-à-dire  au  rouge  vif. 

»  Pour  déterminer  la  chaleur   d'hydratation,  j'ai    dissous  comparativement  dans 


SÉANCE  DU  29  DÉCEMBRE  1902.  l339 

l'acide  fluorhydiique  à  19  pour  100  :  1°  la  cryolithe  naturelle,  2°  la  crjollthe  sodique 
déshydratée,  3°  la  cx-jolithe  hydratée. 

»  J'ai  trouvé,  pour  la  chaleur  de  dissolution  dans  l'acide  fluorhydrique,  sensible- 
ment le  même  nombre  pour  la  cryolithe  naturelle  et  pour  la  cryolithe  anhydre  artifi- 
cielle, soit  :  4-58*^^',  Sa;  pour  la  cryolithe  hydratée  :  +13*^*^,98. 

»  La  différence  +44^''^,  54  représente  la  chaleur  de  fixation  de  7H'-0  liq.  sur 
Al^ps,  6NaF. 

»  Avec  les  données  qui  précèdent  on  peut  déduire,  au  moyen  des  cycles  suivants, 
la  chaleur  de  formation  de  la  cryolithe  anhydre  : 

1"  A12F«  sol.  +  7H2O  liq.  =  APF«,  7 H^ G  solide  (soluble) +64,95 

APF«,  7H'- O  +  6NaF  =  AP FS  6NaF,  7 H^O +19, 29 

2°  Al^F-^sol.+ÔNaFsol. --^APF«,  ôNaFsol +y 

APF6,  6NaFsol.  +  7H201iq.  =  APF«,6NaF,  7H-^0 +44,54 

d'où 

J=z  39^^1,70; 

Al2F«sol.  +  6NaFsol.  =  APF6,  ÔNaFsol +  39^^1,70. 

»  J'ai  opéré  de  même  pour  la  cryolithe  potassique,  j'ai  trouvé  pour  chaleur  d'hy- 
dratation +  33*^*',  o4  et,  au  moyen  de  deux  cycles  de  réactions  parallèles  aux  précédents, 
on  obtient  : 

A1'F<5+  6KF  =  APFS  6KF +  87<^''',8o. 

»  De  même  que  pour  les  dérivés  chlorés  correspondants  AP  Cl'',  6  M  Cl,  on  voit  que 
la  combinaison  potassique  est  beaucoup  plus  stable  que  la  combinaison  sodique,  et  la 
différence  des  chaleurs  de  formation  est  du  même  ordre. 

))  La  connaissance  de  la  chaleur  de  formation  de  la  cryolithe  sodique  et 
de  celle  du  fluorure  d'aluminium  anhydre  est  indispensable  lorsqu'on 
veut,  dans  la  métallurgie  de  l'aluminium,  calculer  la  quantité  d'énergie 
électrique  nécessaire  pour  décomposer  la  cryolithe.   » 


CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  Sur  une  nouvelle  méthode  de  dosage  volumé- 
trique  de  V hydroxylainiae.  Note  de  M.  M.-L.-J.  Simon,  présentée 
par  M.  H.  Moissan. 

»  Si  Ton  se  reporte  à  la  littérature  scientifique  et  en  particulier  à  cer- 
tains Mémoires  récents  (Maxwell,  Adams,  Amer.  ch.  /. ,  t.  XXVllI, 
sept.  1902,  p.  198),  on  en  garde  l'impression  qu'il  n'existe  pas  de 
méthode  satisfaisante  propre  au  dosage  de  l'hydroxylamine.  L'objet  de 
cette  Note  est  d'en  indiquer  une  que  je  soumets  à  l'appréciation  des 
chimistes. 


l3/|0  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Cette  méthode  est  fondée  sur  i'aclion  particulière  exercée  par  le 
permanganate  de  potassium  sur  l'oxalale  d'hydroxylamine,  sel  bien  cris- 
tallisé et  anhydre  que  l'on  peut  obtenir  très  facilement  à  l'état  de  pureté, 
grâce  à  sa  faible  solubilité  dans  l'eau  (i4^,  56  par  litre  à  iS"). 

»  I.  L'action  du  permanganate  sur  l'oxalate  d'hydroxylamine  s'effectue 
en  deux  phases  bien  distinctes  : 

»  1°  Dans  la  première  phase,  en  l'absence  d'acide  sulfurique,  Thydroxy- 
lamine  seule  est  oxvdée;  l'azote  qu'elle  renferme  se  dégage,  partie  à 
l'état  élémentaire  (3^°^),  partie  à  l'état  d'oxyde  azoteux  (i^**');  l'acide 
oxalique  n'intervient  donc  que  pour  salifier  la  potasse  et  l'oxyde  man- 
ganeux  provenant  de  la  réduction  du  permanganate.  Cependant  c'est  cette 
intervention  qui,  en  maintenant  la  neutralité  de  la  liqueur,  donne  au 
titrage  toute  son  exactitude. 

))   La  réaction  s'exprime  par  l'équation  : 

2Mn02R  +  4[G=^O^H=^  2(AzH^pH)] 

=  2C^0"Mn  +  2C20''KH  +Az-Oh-6Az  +  i5H=^0 

»  1"^°^  de  permanganate  oxyde  donc  2™"'  d'oxalate  d'h^alroxylamine  ou,  si  Ton 
préfère,  4"°'  d'hydroxylamine.  La  décoloration  est  immédiate  et  l'apparition  de  la 
teinte  rose  persistante  s'enregistre  très  nettement  pour  des  liqueurs  décimoléculaires, 
sans  que  l'on  soit  gêné  par  la  précipitation  d'oxalate  manganeux.  La  liqueur  est 
neutre,  en  ce  sens  qu'elle  laisse  à  l'hélianthine  et  à  la  phtaléine  leur  teinte  propre; 
mais  on  peut  ajouter  i™°^  de  potasse  pour  i™*^^  de  permanganate  employé  avant 
d'atteindre  le  virage  rose  à  la  phtaléine  :  ceci  s'accorde  pleiuement  avec  la  présence 
de  l'oxalate  mônopotassique  que  traduit  la  formule  écrite  plus  haut. 

»  Remarque.  —  On  pourrait  très  bien  utiliser  Toxalale  d'hydroxylamine  à  fixer  le 
titre  du  permanganate.  Si  l'on  emploie  une  solution  d'oxalate  à  lospar  litre,  5o'"^^  d'une 
telle  solution  décolorent  lô*^""'  d'une  solution  décimoléculaire  de  caméléon. 

))  2°  Dans  la  seconde  phase,  en  présence  d'acide  sulfurique,  l'acide 
oxalique  est  oxydé  à  la  manière  habituelle  avec  dégagement  de  gaz 
carbonique. 

»  Comme  chacun  sait,  2™°^  de  permanganate  oxydent  5'"°^  d'acide  oxalique  :  pour 

gmol 

les  4™°'  d'oxalate  qui  entrent  en  jeu  dans  la  première  phase,  il  faudra  donc  ajouter  -— — 

jmjl 

de  permanganate  ou  —^  par  molécule  d'hydroxylamine  tandis  que  la  première  phase 


5 


I  mol 

en  exigeait  — — 
4 


))  IL  L'oxydation  du  sulfate  d'hydroxylamine  peut  être  réalisée  de  la 
même  manière  en  deux  phases  distinctes. 


SÉANCE  DU  29  décembrp:   1902.  i34i 

»  i**  Dans  la  première  pliase,  en  l'absence  d'acide  sulfurique,  l'hy- 
(ii'oxvlamine  est  oxvdée;  l'azote  qu'elle  renferme  se  dégage  en  partie  sous 
forme  d'azote  libre  et  d'oxyde  azoteux  à  volumes  égaux;  une  autre  partie, 
le  cinquième  exactement,  passe  à  l'état  d'azotite  de  potassium  qui  ne  se 
modifie  pas  dans  ces  conditions. 

»   La  réaction  s^exprime  par  i'équation 

4]VTnO''R  +  5[SO''ir-:>(AzR=^OÎI)] 

=  4S0'Mn  +  SOMi-  +2Az02R  -+-  2AZ-O  +4Az  +  2OH-O. 

/  mol 

»    1'"°'  de  sulfate  décolore  donc  '—p~  de  })ermanganate.  La  fin  de  cette 

réaction  est  indiquée  assez  nettement  par  l'apparition  d'une  teinte  jaune 
brun  due  à  une  trace  d'oxvde  de  manganèse. 

))  2°  Si,  à  ce  moment,  on  acidulé  franchement  on  peut  alors  décolorer 
une  nouvelle  quantité  de  permanganate,  le  cinquième  de  la  quantité  précé- 
demment emplovée.  Les  apparences  sont  tout  à  fait  celles  que  l'on  observe 
dans  le  dosage  des  azotites  par  le  caméléon.  Qualitativement  et  quantitati- 
vement le  phénomène  est  donc  bien  traduit  par  la  formule  indiquée  plus 
haut.  Les  choses  se  passent  de  même  lorsqu'on  étudie  au  même  point  de 
vue  le  chlorhydrate  d'hydroxylamine. 

»  IIL  Arrivons  maintenant  au  dosage  proposé  [)Our  l'hydroxylaminc. 
Pour  cela  ajoutons  à  une  solution  de  sulfate,  ou  de  chlorhydrate,  d'hydroxy- 
lamine une  quantité  d'oxalate  disodique  quelconque,  mais  nolahlement 
supérieure  à  1^°^  pour  1"*''  de  sulfate. 

»  Dans  les  conditions  de  dilution  ou  l'on  opère  rien  ne  se  précipite; 
mais,  quant  à  l'oxydation,  tout  se  passe  comme  si,  dans  la  solution, 
rhydroxylamine  se  trouvait  tout  entière  à  l'état  d'oxalate. 

»  i"  Dans  la  phase  neutre  la  quantité  de  permanganate  décolorée  est 
absolument  indépendante  de  l'oxalale  ajouté  et  ne  dépend  que  de  l'hy- 

I  mol 

droxylamine  ])résente,  1'""'  de  celle-ci  décolorant  —7-  de  permanganate  en 

sorte  que  le  poids  d'hydroxylamine  qui  décolore  n""^^  d'une   solution   de 
caméléon  de  titre  G™"^'  est  donné  par  la  formule 

/>  =  4 X  33  =  — 

*  1000  1000 

»  2^  Dans  la  phase  acide,  qui  est  d'ailleurs  secondaire  au  point  de  vue 
qui  nous  occupe,  la  quantité  de  permanganate  décoloré  est  indépendante 

C.  R.,  1902,  2-  Semestre.  (T.  CXXXV,  N°  26.)  ^1^ 


l342  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

du   sulfate   d'hydroxylamiiie   et  est  rigoureusement    proportionnelle    au 
poids  d'oxaiate  ajouté. 

»  Pratiqiiemenl,  la  liqueur  à  do  ser  étant  neutre,  c' est-à-dire  ne  colorant 
en  rose  ni  l' hélianthine,  ni  la  phtaléine,  on  ajoutera  un  excès  arbitraire ,  mais 
suffisant,  d' oxalale  disodique  et  l'on  versera  le  caméléon  jusqu'à  coloration 
rose  persistante.  Le  poids  d' hydroxy lamine  se  déduira  du  volume  de  caméléon 
à  l'aide  de  la  formule  précédente .    » 


MÉTALLURGIE.    —    Sur  les  procédés  de  fabrication  des  armes   à   l'époque 
du  bronze.  Note  de  M.  F.  Ossioxd,  ])résentée  par  M.  Moissan. 

«  M.  le  D*^  Capitan  a  eu  l'obligeance  de  me  donner  un  fragment  d'épée 
de  l'époque  du  bronze,  en  vue  de  rechercher  si  un  examen  microscopique 
pourrait  fournir  des  renseignements  sur  les  procédés  primitifs  de  fabri- 
cation. 

»  Ce  fragment  était  assez  profondément  oxydé.  La  teneur  en  étaln,  indiquée  par  la 
proportion  d'eutectique,  n'est  pas  éloignée  de  lo  pour  loo;  le  plomb,  dosé  au  labora- 
toire des  Aciéries  de  Denain,  atteint  3, 12  pour  100;  le  zinc  n'est  présent  qu'à  l'état  de 
traces.  La  faible  proportion  d'alliage  dont  on  disposait  ne  permettait  pas  une  analyse 
chimique  bien  complète. 

»  Une  coupe  parallèle  au  plat  de  l'épée,  polie,  puis  frottée  sur  un  drap  saupoudré 
d'alumine  et  imbibé  d'eau  ammoniacale,  montre,  en  brun,  les  cristallites  rectangulaires 
connus,  généralement  considérés  comme  un  dépôt  de  première  consolidation, plus  riche 
en  cuivM-e  que  la  moyenne  de  l'alliage  et  restés  reconnaissables,  bien  que  l'étain  se  soit 
ultérieurement  réparti  uniformément  dans  toute  la  masse  de  la  solution  solide.  Ces 
cristallites  ont  ici  leurs  axes  pratiquement  rectilignes  et  réguliers,  ce  qui  ferait  penser 
tout  d'abord  que  le  bronze  considéré  est  demeuré  brut  de  coulée;  mais  sur  une  coupe 
transversale,  ces  axes  de  cristallites  s'incurvent  et  tendent  à  devenir  parallèles  entre 
eux  et  aux  surfaces  à  mesure  que  l'on  se  rapproche  des  tranchants.  Il  résulte  de  là  que 
les  tranchants  ont  été  obtenus  par  forgeage,  le  corroyage  étant  beaucoup  plus  accentué 
sur  les  bords  qu'au  milieu  de  la  lame. 

»  Ou  sait  que  le  bronze  possède,  outre  le  réseau  cristallitique  primitif,  un  réseau 
cristallin  révélé,  après  attaque  convenable,  par  des  stries  parallèles  et  rectilignes  con- 
stantes dans  le  domaine  de  chaque  grain  (H.  Le  Chatelier,  Bulletin  de  la  Société 
d'Encouragement,  avril  1896).  Dans  les  échantillons  industriels  que  j'ai  eu  l'occa- 
sion d'étudier,  ces  deux  réseaux,  cristallitique  et  cristallin,  sont  concordants.  Au  con- 
traire; dans  l'épée  antique,  le  réseau  cristallin  n'est  plus  défini  par  les  stries  ordi- 
naires ;  il  est  remplacé  par  des  grains  non  striés,  mais  recoupés  de  macles  relativement 
épaisses.  Ces  grains  niaclés,  qui  apparaissent  quand  on  laisse  agir  pendant  quelques 
minutes  uwq  goutte  d'ammoniaque  déposée  sur  la  coupe,  n'ont  pas  plus  de  j-|f„  de  mil- 


SÉANCE    DU    29   DÉCEMBRE    1902.  l3/i3 

limètre  de  diamèlre,  alors  que  les  cristallites  sont  déjà  visibles  à  la  loupe  ;  il  y  a  discor- 
dance absolue  entre  les  deux  réseaux  qui  se  coupent  d'ailleurs  au  hasard.  Ces  faits 
sont  caractéristiques  d'un  recuit  après  forgeage.  Mais  comme  le  recuit  comporte  deux 
facteurs  indépendants  et  qu'on  ne  peut  déterminer  deux  inconnues  avec  une  seule 
équation,  il  est  difficile  de  préciser  les  conditions  de  temps  et  de  température.  On 
peut  dire  seulement,  en  raison  de  la  petitesse  extrême  du  grain,  que  le  recuit  a  été 
très  peu  poussé. 

»  Le  forgeage  a  causé  quelques  criques  superficielles  qui  se  sont  remplies  de  scorie. 
Dans  la  suite  des  temps,  ces  veines  de  scorie  ont  été  l'un  des  chemins  suivis  par  l'oxy- 
dation :  elles  se  montrent  actuellement  entourées  de  couches  parallèles  hétérogènes 
dont  certaines,  d'une  couleur  gris  verdàlre,  correspondent  au  vert-de-gris.  A  leur 
contact,  le  métal  peut  avoir  subi  un  commencement  d'oxydation  et  prendre  une  patine 
brune  par  simple  polissage  plan.  A  l'intérieur,  on  retrouve  nombre  de  petites  taches 
présentant  ce  même  aspect,  et  ces  taches  se  trouvent  être  les  points  d'intersection  des 
branches  de  cristallites.  C'est  donc  là,  vraisemblablement,  un  deuxième  chemin  ouvert 
à  l'oxydation,  et  le  fait  peut  être  utile  à  noter  comme  se  rattachant  à  la  porosité  de 
certains  bronzes. 

»  Les  résultats  de  mon  examen  micrographique  étaient  imprévus  de  moi.  J'ai  donc 
tenu  à  reproduire  par  synthèse,  sur  des  bronzes  de  même  composition  préparés  au 
laboratoire,  les  caractères  micrographiques  particuliers  à  l'épée  antique.  Et  j'y  ai 
réussi  sans  difficultés,  sauf  pour  la  grosseur  des  grains  maclés  que  mon  recuit,  au 
rouge  cerise  pendant  une  heure,  m'a  donnés  beaucoup  plus  gros  que  ceux  de  l'original  ; 
mais  la  dilTérence  ne  portait  que  sur  les  conditions  et  non  sur  le  principe  du  traite- 
ment. Enfin,  pour  plus  de  sûreté,  ne  me  trouvant  pas  suffisamment  familier  avec 
l'industrie  du  bronze,  j'ai  eu  recours  à  M.  Guillemin,  qui  conduit  sa  fabrication  à 
l'aide  des  procédés  scientifiques  de  la  micrographie,  et  mes  conclusions  ont  été  plei- 
nement confirmées  par  son  avis. 

»  On  voit  que  les  métallurgistes  de  l'antiquité  mettaient  en  œuvre,  dans 
le  traitement  du  bronze,  des  procédés  qui  se  sont  perdus  ultérieurement, 
lorsque  les  arts  de  la  guerre  et  de  la  paix  eurent  trouvé  dans  le  fer  ou  ses 
dérivés,  devenus  communs,  le  métaux  les  mieux  appropriés  à  leurs  besoins. 
Par  le  forgeage  suivi  d'un  recuit  à  température  assez  basse,  on  arrivait 
certainement  à  diminuer  la  fragilité  du  bronze  coulé  et  à  conserver  aux 
épées  une  partie  de  la  rigidité  due  à  l'écroliissage. 

»  On  n'a  dû  arriver  que  lentement  à  des  procédés  aussi  savants.  Il  est 
donc  probable  que  des  études  méthodiques  dans  la  voie  que  je  viens  d'in- 
diquer permettraient  d'établir  des  divisions  dans  l'époque  du  bronze  et  de 
classer,  dans  une  certaine  mesure,  les  objets  qu'elle  nous  a  légués.  Le  plus 
petit  fragment  d'un  alliage  porte  son  histoire  écrite  dans  sa  structure  et 
TexaDuen  microscopique  permet  de  reconstituer  cette  histoire.  » 


l341  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  la  composition  et  la  constitution 
des  hydrates  sulj hydres.  Note  de  M.  de  Forcraxd. 

«  J'ai  lait  connaître  en  1882  (')  toute  une  série  d'hydrates  mixtes  aux- 
quels, d'après  mes  analyses,  j'attribuais  uniformément  la  composition 

M  4-  2H^S-t-23H-0, 

M  étant  un  composé  organique  halogène  assez  volatil,  analogue  aux  éthers 
simples  de  la  série  grasse.  On  peut  aussi  remplacer  2H^S  par  2H^Se. 

»  Ces  corps,  parfaitement  cristallisés  dans  le  système  cubique,  et  d'une 
stabilité  plus  grande  que  l'hydrate  d'hydrogène  sulfuré,  sont  certainement 
analogues  à  d'autres  hydrates  mixtes  qui  ont  été  signalés  (^). 

))  L'idée  la  plus  naturelle  ({ui  vient  à  l'esprit  est  que  tous  ces  composés 
sont  formés  par  l'union  de  deux  hydrates  simples 

(M  4-  mH-O)  4-  2(ir-^S  +  m'H^O), 

7n'  étant  probablement  égal  à  6,  puisque  la  formule  de  l'hydrate  simple 
d'hydrogène  sulfuré  est 

ir^s  +  Gii-o    (^). 

»  Je  crois  que,  par  un  raisonnement  analogue  à  celui  qui  m'a  permis 
d'établir  la  composition  des  hydrates  simples,  on  peut  arriver  à  connaître 
la  formule  des  hydrates  suifhydrés  plus  exactement  que  par  l'analyse 
directe,  laquelle  laisse  toujours  quelques  doutesj  sur  le  nombre  de  molé- 
cules d'eau  fixées. 

»  Dans  l'étude  que  j'en  avais  faite  il  y  a  20  ans,  j'avais  déterminé  les  tensions  de 
dissociation  d'un  assez  grand  nombre  de  ces  hydrates  mixtes.  On  sait  aujourd'hui  que 
ces  mesures  peuvent  avoir  une  signification  précise,  car  il  s'agit  de  véritables  systèmes 
univariants,  c'est-à-dire  possédant  bien  une  tension  fixe  à  une  température  déter- 
minée (')  ;  on  peut  donc  raisonner  ici  comme  avec  les  hydrates  simples  des  gaz. 


(^)   Ann.  de  Chiin.  et  de  Pliys.,  5^  série,  t.  XXVIII,  p.  5. 

C^)  Aiin.  der  Cliem.  u.  Pharm.,  t.  XXXIII,  p.  iio.  —  Bult.  Soc.  cliiin.,  t.  XXV, 
p.  i46.  —  Comptes  rendus,  t.  XGV,  p.  61  et  t.  GXXV,  p.  109. 

(^)  Comptes  rendus,  t.  CXXXV,  p.  909. 

(*)  Trois  conslituanls  et  qu  ;Uo  nhasss  :  cristaux,  composé  liquide  halogène,  eau 
et  vapeur. 


SÉANCE  DU  29  DÉCEMBRE  I902.  l345 

»  J'avais  aussi  mesuré  direclement  la  chaleur  de  formation  de  deux  d'entre  eux,  et 
trouvé,  en  paa'tlculier,  pour  l'hydrate  sulfhydré  du  chloroforme,  -1-47^31  pour  CHCl^ 
[à  partir  de  CH  Gl^  liq.,  de  2 11- S  gaz  et  de  {/u  -+■  ini')  Il-O  liq.]. 

»    On  en  déduit  pour  H" S  : 

Q'  :^  +  ^   ^  +  23Cal^  5^^ 

»  D'autre  part,  pour  le  même  hydrate  sulfhydré,  la  formule  de  Clapeyron,  appliquée 
aux  nombres  que  j'ai  donnés  pour  les  tensions  (*),  conduit  à 

La  moyenne  serait 

»  J'ai  constaté  aussi,  il  y  a  20  ans,  que  la  tension  de  dissociation  de  ce  même 
corps  est  de  ^60™"^  à  -t-  17";  donc 

ï'zz:  290°  absolus; 
par  conséquent  on  aura 

28,  89  :r.-  290  X  00  -h  /i  X  1 ,43  H-  J  S 

n  étant  égal  a  ^^ et  b  représentant  la  chaleur  de  solidification  d'une  molécule 

de  chloroforme  liquide. 

»  11  est  vrai  que  l'on  ne  connaît  pas  S,  mais  on  peut  le  calculer  de  la  manière  sui- 
vante : 

»  La  courbe  des  tensions  de  vapeurs  du  chloroforme  (d'après  Regnault)  fournit  vers 
60°  G.  (soit  aSS-abs.):  L=  7876'^^»'. 

»  En  outre 

L  +  S  =1 3o  X  883  —  9990'^=''  ; 
donc 

S  =  9990  —  7876  =  2620''^>. 

»   On  peut  alors  écrire 

28 ,  89  ^r  290  X  80  +  /<  X  1,43  +  0,5  X  2,62, 
ce  qui  donne  : 

n  =9,70 
et 

2  /^  =  /;t  +  2  m'  =:  19 ,  4o. 

))  La  formule  brute  est  donc  : 

CHCP-)-2H-^S  +  i9     ou     20H2O     (2) 


(*)  En  ayant  soin  de  retrancher  de  chaque  tension  observée  la  tension  minima  du 
chloroforme. 

(*)  Si  l'on  part  du  nombre  expérimental  (^'=z+ 47'^"',  on  trouve  2/i  =  18,86,  soit 

sensiblement  i9H'^0;  si  l'on  fait  le  calcul  au  moyen  du  nombre  déduit  de  la  courbe 

.     .  O' 

de  dissociation  :  -^  =24,27,  on  obtient  :  in  =z  19,94,  soit  à  peu  près  20H-O. 


t'^^6  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

et,  comme  l'hydrate  simple  d'hydrogène  sulfuré  est  :  H^SH-6H^0,  ou  doit  admettre 
la  constitution  suivante  : 

(CHGP+7H20)  +  2(H«S  +  6H20) 

(GHCl^+SH20)  +  2(H2S  +  6H-0). 

»   On  peut  conclure  de  là  : 

»  i"  Que  le  chlorofoime  doit  lui-même  donner  un  hydrate  simple  à  7 
ou  8H^0.  En  fait,  MM.  Chancel  et  Parmentier  ont  décrit  un  corps  de  ce 
genre  pour  lequel  ils  ont  trouvé  gtPO;  il  est  probable  que,  comme  dans 
tous  les  cas  analogues,  leur  hydrate  était  un  peu  humide. 

))  2°  Que  les  analyses  que  j'ai  publiées  en  1882  (23H^O)  attribuaient 
aux  hydrates  sulfhydrés  3™'''  ou  4™°^  d'eau  en  trop,  et  toujours  pour  la 
même  raison  (eaux  mères  retenues  par  les  cristaux),  soit  pour  chaque  hy- 
drate simple,  1™°'  d'eau  en  trop. 

M   3°  Que  puisque  j'ai  trouvé  cette  composition  uniforme  : 

M-f-2H^S-+-23H20, 

pour  tous  les  hydrates  sulfhydrés  étudiés,  il  est  très  probable  qu'ils  ont 
tous  pour  composition  : 

(M +  7  ou  8H^O)-f- 2(H-S  +  6H-0). 

»  4**  Q^ie  l'on  doit  prévoir  l'existence  d'hydrates  simples  à  7  ou  8  H^O 
pour  les  trente  dérivés  organiques  halogènes,  dont  j'ai  décrit  les  hydrates 
sulfhydrés.  D'ailleurs,  j'ai  montré  précédemment  que  le  chlorure  de  mé- 
thyle  (qui,  précisément,  fournit  un  hydrate  sulfhydré)  donne  un  hydrate 
simple  de  formule  CH^  Cl  +  7  H'O.    » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  le  dibromure  de  métho-éthénylbenzcne. 
Note  de  M.  M.  Tiffëneau,  présentée  par  M.  Haller. 

«  Ledibromométhoéthénylphène  C*^H^  —  CBr(CH^)  —  CH^Br,  soumis  à 
l'action  de  KOH  alcoolique,  perd  un  HBr  en  donnant  le  composé  C^H^Br 
qui  répond  à  l'une  des  deux  formules 

(I)  C/îP-C(CïPBr)=CH^' 

ou 

(H)  C«H»  -C(CH*)  =  CHBr. 


SÉANCE    DU    29   DÉCEMBRE    1902.  l347 

Toutefois,  comme  ce  dérivé  brome  ne  fournit  à  l'oxydation  manganique  que 
de  l'acétopliénone  et  pas  debromacètophénone;  comme,  d'autre  part,  il  se 
conduit  vis-à-vis  de  Mg  et  tle  Na  de  la  même  façon  que  Tto-hromostyrolène, 
il  faut  attribuera  ce  corps  la  formule  (II)  qui  en  fait  un  a-méthyboi-bromo- 
styrolène.  C'est  un  liquide  (r/,,  =  i,366)  bouillant  vers  loS'^-ioô^  sous  9""", 
et  distillant  sans  décomposition  à  la  pression  ordinaire  vers  225°-228*'. 
»  La  potasse  fondue  vers  180*^  lui  enlève  HBr  et  le  transforme  en  phé- 
nylallylène  bouillant  à  i8i*'-i85*',  précipitant  HgCl^  aqueux  et  caractérisé 
j)ar  son  hydratation  en  propiophénone  C*H^ — CO  —  CH^  —  CH'.  Cette 
transformation  curieuse  d'une  chaîne  ramifiée  en  chaîne  linéaire  s'effectue 
très  probablement  par  formation  intermédiaire  de  {)hénylcyclopropène  : 

C«H^-Ct  ":  .,  -^     C'iV-Cf    I    -^     C«H^  — C  =  C-CH\ 
XCH^»  \CH- 


Avant  d'aborber  l'étude  de  l'action  de  Mg  sur  l'a-méthyl-w-bromostyrolène, 
j'ai  voulu  tout  d'abord  examiner  comment  se  conduit  ce  métal  vis-à-vis  de 
i'cL)-bromostyrolène. 

1.  Action  du  magnésium  sur  iia-bronioslyiolène  dans  l'étlier  absolu.  —  Dans  cette 
réaction  complexe  Mg  agit  de  trois  façons  différentes  : 

»  1°  Il  donne  un  composé  magnésien  vrai  CH^ —  CH=:CHMgBr;  2°  il  s'empare 
de  2Br  et  fournit  le  i  .^-diphénylbutadiène  fusible  à  149°;  3"  il  élimine  HBr  sans  dé- 
gagement de  il  en  donnant  du  phénylacétylène  et  du  styrolène  d'après  l'équation 

2  a-  IP  —  CH  =  Cil  Br  +  Mg  =  CMi»—  G  E=  CH  +  C^H^  -  GH  =  CW-  +  MgBr% 

en  outre  (^)  le  phénylacétylène  formé  réagit  sur  le  dérivé  magnésien  ci-dessus  pour 
donner  naissance  à  du  styrolène  et  au  dérivé  magnésien  C^  H^  —  C  ^  C  —  Mg  Br. 

»  Il  en  résulte  que  si  l'on  décompose  par  Teati  on  obtient,  outre  le  i  .4-diphényl- 
butadiène,  du  pliénylacétylène  et  du  styrolène  dans  la  proportion  1:2;  mais  si,  aupa- 
ravant, on  fait  agir  CO*,  les  dérivés  magnésiens  fournissent  les  acides  correspondants, 
c'est-à-dire  les  acides  pliénylpropiolique  et  cinnamique. 

»  Avec  le  sodium,  l'action  sur  C^H* — CH=rCiiBr  est  beaucoup  plus  simple; 
Na  joue  alors,  comme  l'a  montré  Nef  {Lieb.  Ann.,  t.  CCGVIII,  p.  267),  le  rôle  d'éli- 
minateur de  HBr,  et  le  phénylacétylène  formé  passe  à  l'étal  de  dérivé  sodé. 

»  J'ai   observé  que   i\lg  et  Na   agissent  d'une  façon   analogue  non   seulement  sur 


(*)  JoTSircH  (/.  Soc.  cil.  russe,  t.  XXXIV,  1902,  p.  loo)  a  en  effet  montré  que  les 
carbures  acétyléniques  vrais  déj)lacent  JMgBr  des  combinaisons  orgauomagnésiennes 
BMgBr  en  donnant  BH  et  un  composé  magnésien  acétylénique. 


l348  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

G^H^CHBr  —  CH^Br,  mais  aussi  sur  C^H^  —  CBr  =  CH-  ;  avec  le  dérivé  magnésien 
de  ce  dernier,   CO^  donne  comme  produits  acides  un  liquide  non  encore  étudié. 

»  II.  Action  du  magnésium  sur  l'a-méthyl-hi-bromostyrolène  dans  l'étlier  absolu. 
—  On  obtient  également  :  i"  un  dérivé  magnésien  vrai  G"  H^  —  G  (GH^)  =  GHMgBr  ; 
2°  élimination  de  aBr  et  formation  du  2.5-diphényl-2 . 4-butadiène  fusible  à  iSS"  ; 
3°  élimination  de  HBr  sans  dégagement  de  II  avec  formation  de  carbures  G^H^  (à  odeur 
forte  de  phénylallylène  et  précipitant  HgGl*)  mélangés  des  carbures  G'H*^  provenant 
de  leur  hydrogénation.  Il  ne  m'a  pas  été  possible  jusqu'ici  de  caractériser  le  phényl- 
cyclopropène  parmi  ces  carbures  [le  cyclopropène  de  Freundier  précipite  également 
par  HgG|2  {BuL  Soc.  chim.,  3«  série,  t.  XVII,  p.  6i4). 

»  Ge  qu'il  importe  de  remarquer  c'est  que  les  carbures  G^H^  ainsi  formés  ne  con- 
tiennent pas  de  carbures  acétyléniques  vrais,  de  sorte  qu'ils  ne  peuvent  comme  en  (I), 
réagir  sur  le  dérivé  magnésien  primitif,  pour  former  un  composé  magnésien  acétylé- 
nique.  II  s'ensuit  que  l'action  ultérieure  de  GO^  ne  s'effectue  que  sur 

G«H5  _  G(GIP)  -^  GHMgBr; 

on  obtient  alors  deux  acides  non  acétyléniques  fusibles  Fun  vers  80°,  l'autre  vers  iSo"; 
ce  sont  probablement  les  deux  acides  p-méthylcinnamiques  stéréoisomères;  j'en  pour- 
suis l'étude.  » 


CHIMIE   ORGANIQUE.  —  Sur  la  synthèse  d'un  carbure  aromatique  dérivé 
du  camphre.  Noie  de  M.  C.  Charrié,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

«  .l'ai  pensé  qu'il  pouvait  y  avoir  des  faits  curieux  à  observer  en  faisant 
réagjir  le  monochlorure  de  camphre  sur  le  benzène  en  présence  du  chlo- 
rure d'aluminium.  Il  fallait,  en  effet,  prévoir  que  le  chlorure  de  camphre 
ne  donnerait  pas  simplement  un  produit  de  condensation  par  substitution 
d'un  groupe  phénvle  à  l'atome  de  chlore,  comme  cela  a  lieu  ordinaire- 
ment dans  les  réactions  produites  par  la  méthode  de  MM.  Friedel  et  Crafts, 
mais  qu'il  y  aurait,  sous  l'action  déshydratante  du  chlorure  d'aluminium, 
élimination  d'eau  dans  la  molécule  de  camphre  en  plus  de  la  substitution 
du  phényle  au  chlore.  On  pouvait  espérer,  par  suite,  la  formation  d'un  ou 
de  plusieurs  composés  intéressants. 

»  J'ai  chaufTé  loos  de  chlorure  de  camphre  avec  65os  de  benzène  au  réfrigérant  à 
reflux,  et  j'ai  ajouté,  par  petites  portions,  du  chlorure  d'aluminium  jusqu'à  ce  qu'une 
nouvelle  addition  de  ce  composé  ne  provoquât  plus  de  dégagement  de  gaz  chlorhy- 
drique.  La  totalité  du  chlorure  d'aluminium  a  été  de  oi'j'i. 

»  Il  est  à  remarquer  qu'à  chaque  quantité  nouvelle  de  ce  composé  introduite,  il  se 
produisait  une  très  vive  eflTervescence  qui  n'augmentait  pas  si  l'on  continuait  à  en 
jeter  dans  la  solution  benzénique;  seules,  les  premières  portions  de  chaque  dose  de 
chlorure  d'aluminium  déterminaient  une  réaction  manifeste. 


SÉANCE  DU  29  DÉCEMBRE  1902.  1849 

«  II  est  encore  à  noter  que  la  couleur  du  benzène,  qui  n'avait  pas  beaucoup  changé 
pendant  les  premières  heures,  est  devenue  tout  à  coup,  après  4  heures  de  chauffe 
environ,  d'un  rouge  grenat  foncé  caractéristique.  Ce  changement  à  la  fois  tardif  et 
brusque  de  couleur  n'est  pas  habituel  dans  ce  genre  de  réaction  et  il  n'était  pas  fortuit 
dans  l'opération  précédente,  car  il  s'est  reproduit  chaque  fois  que  les  mêmes  composés 
ont  été  mis  de  nouveau  en  présence  dans  les  mêmes  conditions. 

»  La  réaction  a  exigé  ^o  heures  avec  les  proportions  indiquées,  mais  son  activité 
a  décru  rapidement  après  la  vingt-deuxième  heure. 

M  La  quantité  de  gaz  chlorhydrique  dégagé  ne  correspondait  pas  au 
départ  d'une  molécule  de  gaz  chlorhydrique  comme  cela  aurait  eu  lieu  s'il  y 
avait  eu  substitution  simple  d'un  groupe  phényle  à  l'atome  de  chlore  du 
chlorure  de  camphre,  mais  cette  quantité  était  presque  triple,  ce  qui  était 
nécessaire  si,  en  plus  de  cette  substitution,  il  y  avait  eu  départ  d'une  molé- 
cule d'eau  qui,  réagissant  sur  le  chlorure  d'aluminium,  devait  donner  deux 
molécules  de  gaz  chlorhydrique. 

»  Dans  le  premier  cas  on  aurait  eu  : 

C'^H'^CIO  -l-C*'IP  =  C'''H'^C''H\0+  HCl; 

dans  le  second,  on  avait  : 

C'H'^CIO  -H  C»H«=  C"'H'\C"H»+  H-O  +  H  Cl 
avec  : 

APC1« -f- 3  (H^O)  =  Al-O^  +  3  (2H  Cl). 

Le  résultat  de  la  réaction  a  été  traité  par  l'eau  additionnée  d'acide  chlorhy- 
drique, le  liquide  huileux  surnageant  a  été  séparé  de  l'eau,  puis  séché  et 
distillé. 

»  II  a  donné,  après  distillation  du  benzène  en  excès  : 

»  1.  Un  liquide  prenant  rapidement  une  coloration  violet  foncé  et  pas- 
sant de  160°  à  25o°. 

M  IL  Un  liquide  jaune  clair  de  2  jo"  à  SoS". 

»   IIL  Un  liquide  limpide  peu  coloré  en  jaune  passant  de  3o5"  à  325''. 

»   IV.  Un  liquide  rougeâtie  passant  de  325°  k  5^i°. 

»  V.  Un  liquide  limpide,  mais  fortement  coloré  en  rouge  foncé,  passant 
de  342°  à  362°  et  laissant  déposer  une  petite  quantité  de  cristaux  jaunes. 

»  VI.  Un  corps  se  prenant  par  refroidissement  en  cristaux  jaunes 
solubles  dans  l'alcool  et  fondant  au-dessus  de  100",  passant  au-dessus 
de  36o«. 

Après,  il  y  avait  décomposition  et  le  résidu  brun  rougeâlre  resté  dans  le 

C.  R.,  1902,  2'  Semestre.  (T.  CXXXV,  N»  26)  I76 


t35o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

ballon  était  en   partie   soluble  dans  l'alcool  qui  le  laissait  déposer  sous 
forme  de  goudron. 

»  Pal-mi  les  composés  constituant  ces  liquides^  j'ai  isoléj  par  distillation 
fractionnée  de  la  partie  passant  à  305^-325",  un  liquide  à  peine  Coloré  pas- 
sant vers  3i5°  et  dont  la  composition  (')  répond  à  la  formule  C'^ H ^^.  C'est 
Ini  qni  correspond  à  la  réaction 

C'^îi'^cio  -[-  c•'iï''  =  (:'n^'^c^•n^  +  IP0  4-HCl. 

»  L'étude  de  ce  nouveau  carbure  aromatique  dérivé  du  camphre  et  des 
autres  produits  qui  se  forment  en  môme  temps  que  lui  fera  l'objet  de  nou- 
velles i^ublications.    )i 


CHIMIE  ORGANIQUE,  —  Sur  une  méthode  de  transformation  des  dérivés  mono- 
chlorés et  monobromés  des  hydrocarbures  en  dérivés  monoiodés .  Note  de 
M.  F.  îloDROux,  présentée  par  M.  Troost. 

«  Lorsqu'on  ajoute  par  petites  portions  de  l'iode  à  une  solution  éthérée 
d'un  chlorure  ou  d'un  bromure  d'alcoylmagnésium,  j'iode  disparaît  rapi- 
demment  et  la  liqueur  s'échauffe.  La  réaction  se  passe  entre  une  molécule 
du  composé  organo-métallique  et  une  molécule  d'iode,  elle  donne  nais- 
sance à  un  sel  double  de  magnésium  et  à  un  dérivé  iodé  : 

)>  Le  bromure  de  j)ropyle  et  le  chlorure  d'isoamyle  ont  fourni  ainsi  les 
iodures  correspondants,  avec  un  rendement  de  80  pour  100  environ. 

»  Il  était  intéressant  devoir  si  cette  même  réaction  pouvait  s'appliquer 
avec  succès  à  la  série  aromatique,  car  les  méthodes  employées  polir  la 
préparation  |des  dérivés  iodés,  dans  le  noyau  des  hydrocarbures,  sont 
pénibles,  ou  ne  donnent  que  de  mauvais  rendëmenls.  J'ai  opéré  sur  les 
bromures  de  jjhénylemagriésium  et  dé  pàratolylemàgnésium  et  j'ai  obtenu 
fiiCilenient,  avec  un  rendement  de  80  pour  lOo,  l'iodure  de  phényle  et  le 
paraiddololuèné. 


(1)  L'analyse  a  donné  :  C  =  91 ,87;  H  =  8,53,   Théorie  pour  G'°H'^  :  C  =:  gt  ,43  ; 
H  =  8,57. 


SÉANCE  DU  29  DÉCEMBRE  ig02.  l35l 

»  Le  mode  opér^loire,  dans  tous  les  cas,  est  le  suivant  : 

»  La  solution  du  composé  organomélallique  est  placée  dans  un  ballon  à  long  col, 
refroidi  par  un  courant  d'pau  froide.  On  y  ajoute  par  petites  portions  l'iode  préala- 
blement pulvérisé  et  l'on  agite  constamment.  Tant  qu'il  v  a  du  composé  organoma- 
gnésien  en  liberté  la  liqueur  reste  limpide;  l'opération  est  terminée  lorsqu'une  petite 
addition  d'iode  la  colore  eu  brun. 

»  Le  contenu  du  ballon  est  versé  dans  une  solution  étendue  d'acide  chlorydrique  et 
i'éther  qui  surnage,  décanté,  séché  sur  du  chlorure  de  calcium  est  ensuite  agité  avec 
du  mercure  pour  enlever  l'iode  libre  qu'il  contient.  Après  fillration,  on  chasse  I'éther 
et  l'on  distille  le  résidu. 

»  A  la  fin  de  la  distillation  il  j  a  un  abondant  dégagement  de  vapeurs  d'iode,  et  le 
liquide  obtenu  est  plus  ou  moins  coloré.  Après  agitation  avec  du  mercure,  on  le  rectifie 
et  l'on  obtient  alors  à  l'état  de  pureté  l'iodure  cherché. 

»  La  moitié  de  l'iode  employé  sert  à  la  préi)aration  de  ces  composés  organiques,  le 
reste  se  trouve  dans  les  eaux  de  lavage  d'où  il  est  facile  de  le  précipiter. 

»  La  réaction  précédente  permet  d'obtenir,  avec  de  bons  rendements  et 
en  qiielrpu's  heures,  les  dérivés  monoioilés  des  carbures  benzéniques  à 
partir  des  dérivés  monobromés.  Elle  est  générale,  et  dans  une  prochaine 
Communication  je  ferai  connaître  quelques  nouveaux  composés  que  j'étudie 
en  ce  moment.    » 


CHLMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  la  décomposition  de  quelques  acides  organiques 
di-  et  tribasiques.  Note  de  MM.  C^cïisxs.r  de  Coxixck  et  ï\aynaud,  pré- 
sentée par  M.  IL  Moissan. 

«  Nos  expériences  ont  porté  sur  les  acides  maloniqne,  succinique,  tar- 
Irique,  malique  et  citrique;  nous  les  avons  décomposés  méthodiquement 
en  les  chauffant  avec  chi  glyco!,  ou  avec  de  la  glycérine,  ou  avec  de  l'acide 
sidfuriqnc. 

»  Acide  malonique  et  glycol.  —  La  réaction  du  gljcol  sur  l'acide  oxalique  signalée 
par  Loureriço  et  étudiée  par  Lorin,  nous  a  engagés  à  remplacer  l'acide  oxalique  par 
l'acide  malonique.  Si  l'on  chauffe  ce  dernier  acide  avec  un  léger  excès  de  glycol,  il  se 
dégage  CO"^  et  il  distille  de  l'acide  acétique  étendu.  Nous  avons  obtenu  ainsi  un  acide 
acétique  à  \  pour  100  et  à  5  pour  100.  En  desséchant  l'acide  malonique  vers  100°  et  en 
rectifiant  le  glycol,  nous  avons  obtenu  un  acide  à  8  pour  100. 

»  Acide  malonique  et  glycérine.  —  Dans  d'autres  expériences,  nous  avons  chaulTé 
l'acide  malonique  avec  de  la  glycérine  (>),  la  décomposition  se  fait  régulièrement  avec 

(')  L'un  de  nous  a  fait  cette  expérience,  en  1894-  Voyez  Cours  de  Chimie  orga- 
nique, par  OEchsner  de  Coninck,  1894,  t.  I,  p.   i-JQ- 


l352  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

départ  de  CO'^  el  il  distille  un  acide  acétique  à  3  pour  loo,  à  6  pour  loo,  à  7,5  pour  loo 
et  à  9  pour  loo,  suivant  les  conditions  de  rexpérience. 

»  Acide  succinique  el  glycérine.  —  L'acide,  pur  et  cristallisé,  a  été  chauffé  avec  un 
excès  de  glycérine  officinale;  nous  avons  observé  les  conditions  réalisées  dans  les  expé- 
riences précédentes.  Aucun  gaz  ne  s'est  dégagé;  par  contre,  il  s'est  formé  une  notable 
quantité  d'acroléine  et  un  peu  d'acide  acrylique  que  nous  avons  caractérisé  par  son  sel 
de  plomb. 

»  Acide  tartrique  droit  et  glycérine.  —  Dans  les  mêmes  conditions,  l'acide  tar- 
trique  droit,  bien  cristallisé,  a  fourni  une  grande  quantité  de  CO"  et,  en  plus  faible 
proportion,  un  gaz  brûlant  avec  une  flamme  peu  éclairante  et  non  absorbable  par  le 
brome  à  la  température  ordinaire.  Il  s'est  produit  aussi  de  l'acroléine. 

»  Acide  malique  et  glycérine.  —  Il  s'est  dégagé  du  gaz  carbonique  et,  dans  la 
distillation,  il  y  a  eu  production  d'acroléine. 

»  Acide  citrique  et  glycérine.  —  Cet  acide  nous  a  fourni  surtout  CO-,  une  très 
faible  proportion  de  CO  et  un  gaz  brûlant  avec  une  flamme  peu  éclairante,  que  le 
brome  n'absorbait  pas  à  la  température  ordinaire.  Il  nous  paraît  probable  que  la  réac- 
tion doit  s'exprimer  ainsi  : 

CH^-  COni  -  C<^^JJ,^^-  CIP-  CO'-H  =  3C0^  +  CO  +  ^Cli*. 

»  Acide  tartrique  droit  et  glycol.  —  L'acide  tartrique  se  dissout  facilement^  à 
chaud,  dans  un  excès  de  glycol.  Si  l'on  chaufl'e  jusqu'à  l'ébullilion,  il  y  a  dépari  d'une 
petite  quantité  de  CO'. 

))  Acide  malonique  et  acide  sulfurique.  —  Yient-on  à  chaufTer  l'acide  malonique 
avec  un  excès  de  SO^IP,  il  se  dégage  tout  d'abord  CO-  et  un  peu  d'acide  acétique.  Si 
l'on  continue  à  chaufl"er,  il  ne  se  dégage  que  du  gaz  carbonique,  jusqu'au  moment  où 
Tanhydrique  sulfureux  apparaît. 

»  Acide  succinique.  —  Cet  acide  se  dissout,  à  chaud,  dans  SO^H-,  sans  décomposi- 
tion ;  nous  n'avons  pas  essayé  l'action  de  la  surchauffe. 

»  Acide  malique.  —  Dégagement  de  CO^  et  de  beaucoup  d'oxyde  de  carbone,  puis 
la  masse  noircit  el  l'anhydride  sulfureux  apparaît.  Si  Ton  chaufl'e  fortement  les  acides 
malique  el  sulfurique  en  tubes  scellés,  il  se  dégage  un  peu  de  formène,  outre  CC  et 
CO.  Ce  résultat  est  conforme  à  celui  de  Weith  qui  a  obtenu  de  l'aldéhyde  en  faisant 
bouillir,  sous  la  pression  atmosphérique,  une  solution  d'acide  malique  dans  l'acide 
sulfurique: 

CO .  OH  -  CtP  —  CH .  OH  -  CO .  OH  =  CO^  +  CO  +  H^  O  +  CH^  -  CHO. 

»  Le  formène  résulte  sans  doute  du  dédoublement  de  l'aldéhyde  en  CH*H-  CO. 

»  Acide  tartrique  droit.  —  Dégageaient  de  CO"^,  CO  et  d'un  gaz  brûlant  avec  une 
flamme  peu  éclairante  et  non  absorbable  par  le  brome  à  la  température  ordinaire,  nous 
recherchons  si  la  réaction  ne  correspond  pas  à  l'équation  suivante  : 

CO.OH  — CH.OH-CH.OH  —  CO.OH  ^  2C0^+ CO  +  ll-O  +  CH\  » 


SÉANCE  DU  29  DÉCEMBRE  1902.  l353 


CHIMIE  AGRICOLE.  —  Sur  la  nature  des  composés  azotés  qui  existent  dans  le  sol 
à  différentes  hauteurs.  Noie  de  M.  G.  Andké. 

«  L'étude  de  la  transformation  de  la  matière  azotée  dans  le  sol  présente 
le  plus  grand  inlérôt  :  c'est,  en  effet,  par  suite  du  travail  incessamment 
renouvelé  des  microorganismes  que  l'azote  organique  se  métamorphose 
[)eu  à  peu  (suivant  les  conditions  essentiellement  variables  d'humidilé, 
d'aération,  de  température,  d'alcalinité)  en  azote  ammoniacal  d'existence 
transitoire,  puis  en  azote  nitrique. 

M  J'ai  continué  l'étude  de  la  constitution  de  la  matière  azotée  (')  en 
clA^rchant,  sur  des  échantillons  de  terre,  prélevés  à  différentes  hauteurs, 
comment  variait  la  nature  de  cet  azote. 

»  A  cet  effet,  j'ai  découpé  des  prismes  de  quelques  décimètres  carrés  de  surface, 
dans  des  sols  qui  n'avaient  pas  reçu  de  fumure  depuis  de  longues  années,  jusqu'à  une 
profondeur  d'environ  60'"'  à  65'^"',  comprenant  ainsi  une  partie  du  sous-sol.  On  admet 
souvent  que,  plus  on  s'enfonce  dans  le  sol,  plus  les  composés  azotés  se  simplifient; 
l'azote,  beaucoup  moins  abondant  dans  les  profondeurs  qu'à  la  surface,  ne  pénétrerait 
peu  à  peu  que  parce  que  les  transformations  qu'il  a  subies  à  la  surface  lui  donneraient 
une  forme  plus  simple  et,  conséquemment,  plus  diffusible.  D'ailleurs,  il  est  à  supposer 
qu'il  existe  à  cet  égard  des  variations  notables  quand  on  s'adresse  à  des  terres  d'ori- 
gines différentes  et  à  des  moments  différents  de  l'année. 

»  J'ai  soumis  200s  de  terre,  rapidement  séchée  à  l'air  et  tamisée;  i"  à  l'action  de 
l'acide  chlorhvdrique  employé  d'une  manière  uniforme  à  raison  de  Sc^'""  d'acide 
chlorhjdrique  pur  (à  36  pour  100  IICl  réel)  dans  SoC""' d'eau  ;  2«  à  l'action  d'une 
solution  de  potasse  qui,  dans  500"=°''  de  liqueur,  contenait  20  fois  autant  de  cet 
alcali  (K^O)  qu'il  y  avait  d'azote  dans  l'échantillon  considéré.  J'ai  chauffé  pendant 
i5  heures  au  bain-marie  à  100°,  en  faisant  passer  au  travers  du  ballon,  dans  le  cas 
de  l'emploi  de  la  potasse,  un  courant  d'hydrogène  destiné  à  entraîner  l'ammoniaque 
qui  a  été  recueillie  dans  un  acide  étendu,  puis  dosée. 

»  Dans  cet  ensemble  complexe  qui  constitue  la  matière  azotée  du  sol,  l'acide  chlor- 
hydrique  et  la  potasse  ne  portent  pas  leur  action  sur  les  mêmes  matières,  caries  résul- 
tats que  fournissent  ces  deux  agents  ne  sont  pas  toujours  comparables,  principalement 
quand  ce  traitement  est  effectué  sur  des  terres  prises  à  différents  moments  de  l'année. 
La  potasse,  dans  tous  les  cas,  solubilise  toujours  une  plus  grande  quantité  d'azote. 

))    l.  Le   premier   échantillon   dont  je  me   suis    servi   a   été  prélevé  le 
23  octobre  1901.  La  teneur  en  azote  total  était  la  suivante  dans  i^s  de  terre 


(1)  Voir  Comptes  rendus,  t.  CXXVII,  p.  4i4  et  446,  t.  CXXVill,  p.  5i3. 


l354  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

supposée  séchée  à  loo"  :  i°  surface  =i^,6Gi,  2°  à  3o""  de  j^rofondeur 
=:  0^9319,  3°  à  65^'"  =  oîî,/f88o. 

»  Action  de  l'acide  chlorhydrique.  —  Apres  1 5  heures  de  chauffage,  exécuté 
comme  je  l'ai  dit  plus  haut,  on  a  filtré  et  lavé  hi  masse  demeurée  insoluble. 
Le  liquide  filtré,  neutralisé  exactement  par  la  potasse  et  additionné  de 
magnésie  calcinée,  a  été  soumis  à  l'ébullition  pour  en  dégager  l'ammo- 
nia(}ue  ayant  {)ris  naissance  dans  le  traitemepL  L'azote  ammoniacal,  ainsi 
dégagé,  s'élevait,  dans  les  trois  prises  précédentes,  à  ^  environ  de  l'azote 
total  initial,  soit  i°=  1/^,37,  2°=  i/},  10,  3°=  14,87.  La  matière  azotée  esj: 
donc,  à  cet  égard,  comparable  à  elle-même  aux  trois  hauteurs. 

»  Action  de  la  potasse.  —  A{)iès  iS  heures  de  traitement,  l'azote  ammo- 
niacal dégagé,  recueilli  dans  un  acide  dilué,  s'élevait  à  :  i°=i3,Gi, 
2°r=i3,4i,  3^=12,04  (pour  loo  de  l'azote  total  initial).  Ces  chiffres, 
voisins  les  uns  des  autres,  s'écartent  peu  de  ceux  qu'a  fournis  l'acide  chlor- 
hydrique. 

»  ri.  Un  autre  échantillon  de  terre  avait  été  prélevé  le  20  octobre  1900 
dans  un  endroit  ^ssez  éloigné  du  premier.  Il  contenait  en  azote  total  et  par 
kilogramme  de  matière  sèche  :  1°  à  la  siu^face  =  i^',43pG,  2°  à  30^"'"  =  1^,3434, 
3**  a  65*"*^  =0?,  74o3.  A  la  suite  du  traitement  chlorhydrique,  on  a  obtenu  : 
azote  ammoniacal  i*"  =  17,^7,  2"  =  18,74,  3*^  =  18,87  (po'^i'  100  ^'e  l'azote 
total).  L'action  de  la  potasse  a  fourni  respectivement  i5,34,  i5,G3, 
i3,3o  (azote  ammoniacal  pour  cent  de  l'azote  initial).  Ces  chiffres  sont  un 
peu  plus  faibles  que  ceux  (|ue  donnent  le  traitement  chlorhydrique. 

»  IIL  Un  troisième  échanfillon,  prélevé  le  i*""  avrd  1902,  dans  un 
endroit  voisin  du  premier,  contenait  en  azote  total  par  kilogramme  : 
surface  =1,9019,  à  3o''"'=  i,3664,  ^  G5"^°*  =o,34ji.  L'action  de  l'acide 
chlorhvdrique  a  fourm",  en  azote  ammoniacal  :  14,87,  iG,32,  18,29.  Ici, 
l'azote  rendu  ammoniacal  par  le  traitement  acide  est  d'autant  plus  abondant 
que  l'on  s'adresse  à  une  couche  de  terre  plus  éloignée  de  la  surface.  Cette 
différence  se  traduit  mieux  encore  lorsqu'oti  prolonge  le  chauffage  de 
cet  échantidon. 

»  Ainsi,  après  un  chauflTage  de  28  heures  avec  l'acide  chlorhydrique,  on  a  divisé  en 
trois  parties  le  liquide  filtré.  La  première,  neutralisée  immédiatement  et  additionnée 
de  magnésie  a  fourni,  aux  trois  hauteurs:  azote  ammoniacal  19,52,  28,77,  28,62.  La 
secondç,  chaull'ée  en  plus  pendant  12  heures  au  réfrigérant  ascendant,  a  donné  . •'21 ,44» 
27,97,  34,20;  la  troisième,  chaulîée  comme  la  seconde,  mais  pendant  24  heures,  a 
donné  :  22,^8,  28,20,  34,20. 

»  Le  résidu  terreux,  demeuré  insoluble  après  28  heures  de  chaulTage,  une  fois  lavé, 
a   été   repris    par  l'acide  chlorhydrique  à  la   même  concentration  qu'au  début,  puis 


SÉANCE  DU  2()  DÉCEMBRE  1902.  1^55 

chauffé  encore  pendant  28  heures  à  100°.  Le  liquide  filtré  â  été  divisé  en  deux  portions. 
La  première,  neutralisée  exactement  et  additionnée  de  magnésie,  a  donné  eh  azote 
ammoniacal  :  3, 1 1,  3,83,  i  i  ,4i  ;  la  seconde,  chaufTée  au  réfrigérant  ascendant  pendant 
12  lieureSj  puis  traitée  coiiime  la  seconde,  a  donné  :  3,67,  4)53,  14,69; 

»  Doncj  en  chiffres  ronds,  les  prises  d'essai  faites  à  la  surface,  à  3o''™,  à  65*'"*  de 
profondeur  ont  fourni  respectivement,  au  bout  de  ce  long  temps  de  chauffage,  comme 
azote  transformable  en  azote  ammoniacal  :  26,82  et  49  pour  100  de  l'azote  total  initial, 

»  La  potasse,  au  contraire,  après  i5  heures  de  chauffage  à  100",  a  transformé  en 
azote  ammoniacal  une  quantité  de  l'azolé  total  qui  décroît  à  mesuré  que  l'bn  s'fenfohcë 
dans  le  sol,  soit  i5,7î  ;  i4, 18;  10,  56. 

))  IV.  On  peut  conclure  de  l'inspection  des  chiffres  qu'a  fotirnis  le  trai- 
tement chlorhydrique  que,  à  ce  moment  de  l'année  (avril),  la  matière 
azotée  de  la  surftice  du  sol  (sur  laquelle  de  nombreuses  espèces  micro- 
biennes ont  exercé  leur  action,  favorisée  par  la  température  de  l'été  pré- 
cédent) est  devenue  plus  diffusible  et  a  pénétré  lentement  pendant  l'hiver 
dans  les  couches  profondes  du  sol,  où  on  la  retrouve,  au  début  du 
printemps,  sous  une  forme  plus  attaquable  par  l'acide  chlorhydrique  que 
celle  des  couches  supérieures.  A  la  fin  de  l'été,  au  contraire,  il  y  a,  ainsi 
que  la  chose  ressort  de  l'examen  des  deux  premiers  échantillons,  sensi- 
blement égalité  entre  les  différentes  couches  de  terre  au  point  de  vue  de 
l'azote  rendu  ammoniacal  par  l'action  de  l'acide  ou  celle  de  l'alcali. 

»  J'examinerai  prochainement,  dans  les  différentes  couches  de  terre, 
la  répartition  de  l'azole  qui,  à  la  suite  des  traitements  acide  et  alcalin, 
demeure  sous  forme  soluble  non  ammoniacale,  ainsi  que  celle  de  l'azote 
qui,  indépendamment  de  tout  contact  de  la  terre  avec  des  réactifs  puis- 
sants tels  qiie  ceux  que  j'ai  employés,  existe  dans  le  sol  sOLis  forme  ammo- 
niacale.   » 


EMBRYOGÉNIE;    —  L' hermaphrodisme    normal  des  Poissons. 
TS^ote  de  M.  Lnuis  Koule,  présentée  par  M.  Alfred  Giard. 

«  Les  anciens  auteurs  ont  souvent  signalé,  chez  divers  Poissons,  la 
présence  tie  cas  d'hermaphrodisme.  Plusieurs  ont  remarqué,  en  sus,  hi 
fréquente  différence  de  taille  des  mâles  et  des  femelles,  les  premiers  étant 
plus  petits,  et  les  secondes  plus  grosses.  Ces  données  se  sont  à  la  fois 
précisées  et  étendues  au  cours  de  ces  dernières  années.  Certaines  espèces 
ont  vrainjent  un  hermaphrodisme  complet  et  simultané,  car  leurs  glandes 
sexuelles  produisent  à  la  fois  des  spermatozoïdes  et  des  ovules,  mùis  en 


l356  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

même  temps.  D'autres  ont  un  hermaphrodisme  protandrique;  les  individus 
encore  jeunes  commencent  par  être  mâles,  puis  deviennent  femelles  en 
acquérant  leurs  dimensions  définitives.  Enfin  quelques  observations  isolées 
dénotent  bien  une  apparition  précoce  de  la  sexualité  mâle  et  tardive  de  la 
femelle  chez  des  espèces  considérées  encore  comme  unisexuées,  mais  elles 
n'indiquent  pas  davantage.  Ces  notions  sont  résumées  et  augmentées  sur 
nombre  de  points,  dans  un  excellent  travail  de  Stéphan  (  De  Vherma- 
nhrodisme  chez  les  Vertébrés;  thèse  de  Montpellier,  1901). 

»  L'importance  d'une  telle  question  m'a  conduit  à  tâcher  de  l'élucider 
au  complet  sur  une  famille  déterminée,  et  j'ai  choisi,  à  cause  de  la  com- 
modité des  recherches,  celles  des  Cyprinides  de  nos  eaux  douces.  Mes 
premières  études  ont  porté  sur  une  statistique  préliminaire  :  établir,  à 
l'époque  du  frai,  la  relation  entre  la  nature  de  la  sexualité  et  les  dimensions 
du  corps.  Une  telle  statistique  doit  porter,  pour  avoir  de  la  valeur,  sur  le 
plus  grand  nombre  possible  d'individus,  et  c'est  elle  seule  que  je  mentionne 
en  ce  moment.  Elle  se  base  sur  l'examen  de  plus  de  i5oo  échantillons, 
péchés  en  1901  et  1902.  Je  ne  saurais  trop  remercier  plusieurs  de  mes 
élèves,  MM.  Andigé  père  et  fils,  M.  de  Cardaillac,  qui  m'ont  aidé  dans  ce 
travail. 

»  Je  ne  puis  songer  à  fournir  ici  tous  les  résultats.  Je  me  bornerai, 
comme  exemple,  à  citer  le  cas  d'un  lot  de  Rotengles  (Scardinius  erytroph- 
thalmus  L.),  pris  dans  un  étang  que  l'on  avait  vidé.  Ce  lot  comprenait 
170  individus,  de  tailles  différentes,  en  état  de  maturité  sexuelle.  Il  se 
décompose  de  la  manière  suivante  : 

»  1°  91  échantillons  mesurant  2'=™  à  'j'^'^  de  longueur,  comptés  du  bord  postérieur 
de  foeil  à  la  base  de  la  queue  :  tous  sont  mâles. 

»  2°  25  mesurant  8*=™  et  g*^™  de  longueur  :  i3  sont  mâles  et  12  femelles. 

»  3°  54  mesurant  lo'^"^  à  19'='°  de  longueur  :  tous  sont  femelles. 

))  Cette  liste  démontre  non  seulement  que  le  nombre  des  mâles,  dans  un  lot  pris  au 
hasard,  dépasse  celui  des  femelles,  et  que  la  sexualité  mâle  est  d'apparition  plus 
précoce,  mais  encore  elle  dénote  ce  fait  intéressant  que  tous  les  individus  de  petite 
taille,  ayant  une  sexualité  affirmée,  sont  des  mâles,  et  que  ceux  de  grandes  dimensions 
sont  exclusivement  des  femelles.  Des  résultats  similaires  sont  fournis  par  les  autres 
espèces  des  Cyprinides  de  nos  eaux  douces.  Chacune  d'elles  possède,  en  chaque  loca- 
lité, une  longueur  moyenne  où  les  individus  des  deux  sexes  sont  en  nombre  égal  ou 
peu  différent;  au-dessous  de  cette  longueur,  tous  les  individus  sont  mâles;  et  au-dessus, 
tous  sont  femelles. 

))  On  peut,  d'après  cette  seule  statistique,  proposer  deux  opinions. 
L'une  consiste  à  admettre  l'unisexualité  stricte  de  ces  espèces,  avec  nanisme 


SÉANCE   DU    29   DÉCEMBRE    1902.  ï^Sy 

des  mâles  et  précocité  dans  l'apparition  de  leur  sexualité.  Seulement,  si 
elle  est  exacte,  on  devrait  rencontrer,  parmi  les  individus  dont  la  taille 
se  tient  au-dessous  de  la  moyenne,  et  à  côté  des  mâles,  de  jeunes  femelles 
dont  les  glandes  sexuelles  ne  seraient  point  développées  encore.  La  pro- 
portion numérique  de  ces  dernières  devrait  concorder  avec  celle  des 
femelles  adultes.  Or,  cela  n'est  pas.  Aussi  la  seconde  opinion,  relative  à 
l'hermaphrodisme  protandrique  de  ces  animaux,  paraît  plus  plausible. 
Du  reste,  autant  que  je  puis  en  juger  jusqu'ici,  elle  s'accorde  avec  l'étude 
histologique,  sur  laquelle  j'insisterai  dans  une  prochaine  Communication.  » 


ZOOLOGIE.   —    Variations  organiques  chez  des  Poules  carnivores 
de  seconde  génération.  Note  de  M.  Frédéric  Houssay. 

«  Les  différents  organes  dont  je  vais  indiquer  la  variation  sont  rappor- 
tés soit  au  poids  actif,  soit  au  poids  total  de  chaque  animal  en  expé- 
rience (').  Les  deux  catégories  de  rapports  sont  ordinairement  concor- 
dantes, sauf  dans  les  cas  de  variation  faible  que  je  signalerai.  Je  me  borne 
aujourd'hui  à  publier  les  valeurs  moyennes  des  rapports  au  poids  actif  dans 
chaque  génération  :  la  première  granivore,  les  deux  suivantes  carnivores. 
Pour  simplifier,  je  réunis  ces  données  en  un  graphique  composé  en  comp- 
tant sur  les  abscisses  20™™  pour  la  durée  d'une  génération,  et  sur  les 
ordonnées  i™™  par  M/îi/e  d'organe  pour  i*"^  acti^f  d'animal.  L'unité  est,  sui- 
vant le  cas,  le  gramme,  le  millimètre  ou  le  centimètre.  La  figure  ci-après 
est  un  graphique  réduit  de  un  quart. 

»  Les  organes  se  rangent  en  trois  séries  :  ceux  qui  ne  varient  pas,  ceux 
qui  décroissent  et  ceux  qui  croissent. 

»  I.  La  quantité  de  sang  (courbe  D)  est  restée  sensiblement  constante;  il  en  est  de 
même  pour  le  cœur  (K)  qui,  après  une  légère  hausse,  a  diminué  d'autant.  Enfin,  le 
foie  (F)  n'a  pas  varié.  Si  notre  graphique  accuse  en  grammes  une  très  légère  ascen- 
sion, les  rapports  au  poids  total  donnent  une  légère  baisse,  au  résumé,  pas  de  modifi- 
cation appréciable.  Ce  résultat  ne  concorde  pas,  au  moins  pour  les  Oiseaux,  avec  une 
des  conclusions  de  Maurel  (-). 

»   II.  Les  organes  qui  ont  décru  ou  qui  décroissent  encore  sont  : 
»   1°  Le  jabot,  jaugé  en  centimètres  cubes,  à  l'eau  (E)  ou  au  mercure  (C);  ces  deux 
courbes  montrent  que  si  la  capacité  moyenne  ne  diminue  plus,  du  moins  l'extensibilité 


(')  Voir  Comptes  rendus,  8  décembre  1902. 
(2)  Voir  Comptes  rendus,  i*"  décembre  1902. 

C.  R.,  1902,  2'  Semestre.  (ï.  CXXXV,  N"  26.)  '77 


i358 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


se  réduit  encore;  2°  Tintestin  exprimé  en  centimètres  (A)  :  le  rapport  au  poids  total 
accuse  une  légère  descente  au  lieu  de  l'arrêt  marqué  ici  ;  3°  les  cœcums  exprimés  en 
millimètres  (B)  ;  4"  l'estomac  entier  (G);  5°  le  gésier  (H);  6°  enfin,  le  pancréas,  qui 


ne  peut  être  représenté  utilement  à  cette  échelle,  et  dont  la  décroissance  est  marquée 
par  les  nombres 

2,2  1,9  1,8 

»  III.  Les  organes  qui  croissent  sont  les  reins,   dont  nous  avons  parlé  déjà,  le  pou- 


SÉANCE  DU  29  DÉCEMBRE  I902.  iSSq 

mon  et  la  rate.  Tous  sont  de  trop  faible  poids  pour  notre  échelle;  leur  variation  est 
représentée  dans  le  Tableau  suivant  : 

Rein 6,2  8,8  10,6 

Poumon 3,9  5  5,1 

Rate 0,9  1)3  i  ,4 

»  L'accroissement  de  la  rate  ne  nous  paraît  que  très  indirectement  dû  à  l'alimen- 
tation, et  seulement  par  l'intermédiaire  de  l'accroissement  de  la  mue.  Après  l'his- 
toljse  des  ovules  et  des  graisses  la  rate  est  simplement  de  plus  en  plus  encombrée  par 
les  leucocytes,  ce  qui  influe  sur  son  poids. 

»  En  examinant  ces  données,  on  voit  facilement  que  toutes  les  varia- 
tions croissantes  ou  décroissantes  sont  beaucoup  moins  rapides  en  passant 
de  la  deuxième  génération  à  la  troisième  que  de  la  première  à  la  deuxième. 
On  serait  assez  porté  à  croire  que  les  animaux  ç,' adaptent  à  leur  nouveau 
régime  et  ne  varient  plus  guère  sous  son  influence.  Mais  l'on  pourrait 
tout  aussi  bien  dire  que  la  première  génération  Carnivore,  brusquement 
changée  de  régime,  a  subi  une  sorte  de  révolution  organique  ou  de  coup  de 
fouet  et  qu'elle  a  varié  plus  que  ne  comportait  le  régime  nouveau.  Des 
phénomènes  que  nous  ferons  prochainement  connaître  montrent  en  tous 
cas  que  le  problème  est  complexe,  et  la  solution  certaine  n'en  sera  donnée 
que  par  la  suite  de  l'expérience.  On  voit  aussi  de  là  que  toute  variation 
organique  obtenue  par  un  changement  de  régime  de  quelques  mois  ou 
même  d'une  année  n'est  guère,  malgré  son  intérêt  physiologique  ou 
médical,  immédiatement  susceptible  d'application  précise  en  Anatomie 
comparée.   » 


EMBRYOGÉNIE.  —  Sur  l'origine  du  ISehenkern  et  les  mouvements  nuclèiniens 
dans  la  spermatide  de  Notonecta  glauca.  Note  de  MM.  J.  Pantel  et  R. 
DE  SiNÉTY  ('),  présentée  par  M.  Alfred  Giard. 

«  Origine  du  Nebenkern.  —  Comme  l'idiozome,  nous  croyons  devoir 
définir  le  Nebenkern  par  sa  manière  d'être  une  fois  qu'il  est  constitué,  c'est- 
à-dire  par  sa  structure  très  spéciale  et  par  sa  polarité.  Ce  sont  là  des  carac- 
tères sûrs  et  immédiatement  saisissables  chez  les  Insectes,  où  d'ailleurs 
cette  inclusion  atteint  ses  plus  grandes  dimensions  et  son  plus  haut  degré 

(*)  Comptes  rendus,  t.  CXXXV,  p.  997  et  11 24. 


l36o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

de  complication  structurale.  S'ils  ne  sont  pas  applicables  aux  formations 
de  même  nom  que  l'on  a  décrites  dans  d'autres  groupes,  c'est  peut-être 
que  leur  homologation  à  celle-ci  exigerait  de  nouvelles  études. 

»   Même  à  ne  considérer  que  le  Nebenkern  des  Insectes,  on  se  trouve  en 
présence  de  trois  opinions,  relativement  à  l'origine  de  ses  constituants  : 

»  a.  Pour  Meves  (^),  dont  les  recherches  ont  porté  sur  un  Lépidoptère  (Pygaera), 
le  premier  matériel  est  représenté  par  des  corpuscules  jnitochoiidriens,  différenciés 
de  très  bonne  heure  au  sein  du  cytoplasme  et  déjà  observables  dans  les  spermatocytes. 
C'est,  au  fond,  l'opinion  formulée  un  peu  auparavant,  d'après  un  Hémiptère  {Anasa), 
par  Paulmier  (-),  bien  que  cet  auteur  ait  admis  l'intervention  possible  du  reste  fuso- 
rial,  à  titre  de  constituant  secondaire  (^). 

»  b.  L'opinion  d'une  origine  purement  fusoriale,  proposée  pour  la  Blatte  par 
La  Valette,  successivement  adoptée,  pour  les  Lépidoptères  {Pygaera,  Sphinx)  par 
Plalner  et  pour  un  Acridien  {Calop tenus)  par  Wilcox,  vient  d'êlre  reprise  d'après  un 
Grillon  par  Baumgartner  (*). 

»  b.  Une  opinion  mixte  a  été  émise  par  Henking  (^)  au  sujet  d'un  Hémiptère 
{Pyrrhocoris). 

))  Les  figures  que  nous  avons  données  montrent  suffisamment  que 
l'opinion  de  Meves  s'accorde  le  mieux  avec  les  résultats  fournis  par  notre 
objet.  Le  matériel  formateur  du  Nebenkern  est  le  produit  d'une  différen- 
ciation très  précoce,  se  laissant  poursuivre  jusque  dans  le  spermatocyte  de 
premier  ordre  et  ayant  toutes  les  allures  du  corps  mitochondrien .  Ce  corps, 
il  est  vrai,  se  condense  autour  du  reste  fusorial  (partie  équatoriale)  ;  de  ce 
chef,  on  peut  dire  que  la  substance  de  la  dernière  figure  achromatique 
intervient,  mais  comme  centre  d'orientation,  non  comme  constituant 
matériel,  proprement,  sa  quantité  étant  minime  par  rapport  à  celle  des 
condensations  mitochondriennes  ;   peut-être  le   Nebenkern  lui  doit-il  sa 


(^)  Fr.  Meves,  Ueber  den  von  La  Valette  Saint-George  entdekten  Nebenkern 
(Mitochondrienkorper)  der  Samenzellen  {Arch.  f.  Mikr.  Anat,,  1900). 

(^)  F. -G.  Paulmier,  The  Spermatogenesis  0/  Anasa  tristis  {Journ.  of  Morph., 
1899). 

(3)  11  nous  paraît  que  Baumgartner  ne  lient  pas  suffisamment  compte  de  cette  res- 
triction de  Paulmier  quand  il  le  compte  simplement  parmi  les  partisans  de  l'origine 
mixte. 

(*)  W.-J.  Baumgartner,  Spermatid  transformations  in  Gryllus  assimilis  {Kans . 
Univ.  Se.  Bull.,  febr.  1902). 

{'")  H.  Henking^  Ueber  Sperniatogenese  und  deren  Beziehung  zur  Entwicke- 
lung  Z^ei  Pyrrhocoris  apterus  {ZeitscJir.  f.  wiss.  ZooL,  1891). 


SÉANCE   DU    29   DÉCEMBRE    1902.  l36l 

polarité,  il  ne  lui  doit  pas  en  tout  cas  sa  constitution.  Quant  à  dériver  les 
condensations  mitochondriennes  elles-mêmes  des  anciennes  figures  achro- 
matiques desspermatocytes  et  des  spermatogonies,  nous  ne  le  pourrions 
jusqu'ici  sans  outrepasser  les  faits  ('  ). 

»  Échanges  de  nucléine  ou  de  facteurs  nucléiniens  entre  le  noyau  elle  corps 
cellulaire.  —  L'un  des  traits  les  plus  frappants  duchimisme  nucléaire,  dans 
la  spermatide,  c'est  un  mouvement  à  peu  près   continu,  alternatif,  qui 
entraîne  hors  du  noyau,  pour   l'y  ramener  plus  tard,  soit  la  substance 
chromatique,  soit  plutôt  quelqu'un  de  ses  constituants  plus  mobiles.  Un  tel 
échange  a  lieu  tout  d'abord  entre  le  noyau  et  le  cytoplasme.  Du  côté  du 
noyau  l'appauvrissement  chromatique  se  dénonce  par  une  décroissance 
très  sensible  de  l'élément  nucléinien  figuré,  tandis  que  l'enrichissement  du 
cytoplasme  est  rendu  manifeste  par  l'apparition  des  corpuscules  chromati- 
niféres;  c'est  la  phase  de  sortie.  La  phase  de  retour  présente  cette  circon- 
stance inattendue  que  le  transport  est  effectué  par  des  corps  figures  spé- 
ciaux auxquels  nous  avons  donné  le  nom  de  calottes.  Nous  ferons  remarquer, 
au  sujet  de  ces  formations,  que  Broman  (')  en  a  probablement  vu  les  élé- 
ments formateurs,  sans  que  son  matériel  lui  ait  permis  de  saisir  leur  desti- 
nation. Cet  auteur  parle  en  effet  de  corpuscules  structurés,  hétérogènes, 
inégalement  colorables  dans  leurs  diverses  parties  :  autant  de  caractères 
qui  conviennent  à  nos  corpuscules  chromatophiles.  Il  n'a  pas  observé  leur 
mode  de  formation  et  se  montre  disposé  à  les  rattacher  à  une  fonction 
sécrétoire. 


(1)  L'étude  du  Nebenkern  appellerait  celle  du  corpuscule  sldérophile  qui  apparaît» 
à  un  moment  donné,  entre  cette  inclusion  et  le  noyau,  et  duquel  pousse  le  filament 
axile.  Nous  nous  bornerons  ici  à  rendre  compte  du  terme  de  blé pharo plante,  par 
lequel  nous  l'avons  désigné. 

C'est  actuellement  une  opinion  très  généralement  acceptée  que  ce  corpuscule  n'est 
autre  que- le  centrosome  de  la  précédente  cinèse.  Quant  à  nous,  nous  avons  toujours 
vu  le  centrosome  disparaître  avant  la  régression  de  l'aster,  dans  le  spermatocyte  de 
deuxième  ordre,  comme  dans  celui  de  premier  ordre.  Sans  nier  qu'il  puisse  passer 
par  une  période  de  non-visibilité,  tandis  que  s'accontiplirait  sa  migration  et  reparaître 
ensuite  entre  le  noyau  et  le  Nebenkern,  nous  ne  croyons  pas  avoir  des  raisons  suffi- 
santes d'admettre  une  continuité  substantielle  entre  ces  états.  Il  nous  a  paru  préférable 
de  faire  abstraction  de  cette  hypothèse  et  d'appliquer  au  corpuscule  formateur  du 
filament  axile  une  désignation  empruntée  aux  botanistes,  qui  a  l'avantage  d'en  rappeler 
la  fonction  actuelle  sans  préjuger  en  rien  sa  genèse. 

(-)  I.  Broman,  Ueber  gesetzmàssige  Bewegungs- und  Wachslungserscheinungen 
{Taxis-  und  Tropisnienfornien  )  der  Spcrniatiden,  etc.  {Arch.f.  mikr.  Anat.,  1901 .) 


l362  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

»  Échanges  entre  le  noyau  et  l'acrosome.  —  Malgré  l'apport  des  calottes, 
le  noyau  ne  s'enrichit,  semble-t-il,  que  temporairement  de  substance  Colo- 
mbie; le  volumineux  caryosome  qui  représente  à  cette  époque  la  plus 
grande  partie  de  l'élément  nucléinien  perd  en  effet  bientôt  sa  chromato- 
philie.  Par  contre,  une  quantité  considérable  de  matière  chromatophile 
apparaît  dans  l'acrosome,  d'abord  sous  la  forme  de  masses  discrètes,  plus 
tarda  l'état  diffus;  sans  vouloir  lui  attribuer  une  origine  exclusivement 
et  immédiatement  nucléaire,  il  nous  paraît  difficile  que  le  noyau  ne  con- 
tribue pas  à  cette  accumulation  par  une  nouvelle  migration  de  facteurs 
nucléiniens.  Enfin,  les  derniers  stades  de  la  transformation  de  la  sperma- 
tide  sont  marqués  par  une  condensation  et  une  chromatophilie  croissantes 
de  l'élément  nucléinien,  corrélatives  de  la  diminution  graduelle  et  de  la 
disparition  définitive  de  la  colorabilité  dïins  l'acrosome,  double  phénomène 
qui  pourrait  correspondre  à  une  dernière  récupération  de  matière  chroma- 
tique par  le  noyau. 

M  Pris  dans  leur  ensemble,  les  mouvements  nucléiniens  qui  s'accom- 
plissent dans  la  cellule  mâle,  au  cours  de  ses  métamorphoses,  ne  peuvent 
manquer  de  rappeler  ceux  de  l'ovocyte.  Il  s'agit,  de  part  et  d'autre,  d'une 
des  manifestations  les  plus  sensibles  de  ce  travail  intime  qu'est  la  différen- 
ciation sexuelle.  Seulement  la  période  la  plus  active  de  ce  travail  semble 
pouvoir  se  placer  à  une  époque  un  peu  variable,  avant  (  9)  ou  après  (cf) 
les  divisions  maturatives.  » 


ZOOLOGIE.   —  Les  otocystes  des  Annélides  Polychètes. 
Note  de  M.  F'ierre  Fauvel. 

«  Quelques  espèces  seulement  d'Annélides  Polychètes  possèdent  des 
otocystes;  elles  appartiennent  presque  toutes  à  la  famille  des  Sabelliens. 
En  dehors  de  cette  famille,  ces  organes  ne  se  rencontrent  que  chez 
quelques  Térébelliens,  les  Arénicoliens,  deux  ou  trois  Anciens  et  quelques 
Alciopiens. 

»  Laissant  de  côté  les  Ariciens  dont  je  n'ai  pu  me  procurer  de  spécimens  porteurs 
d'otocystes  et  les  Alciopiens  chez  lesquels  ces  organes  difTèrent  complètement  de  ceux 
des  autres  Annélides,  j'ai  étudié  à  ce  point  de  vue:  6  Sabelliens:  Braiichioimna 
vesiculosum  Mont.,  Jasmineira  elegans  Saint-J.,  Oria  Arniandi  C\p.,  Amphiglena 
Medilerranea  Leyd.,  Myxicola  œsthetica  0\^.,  M,  infundibulam  Monl.;  ^  Aréni- 
coliens  :  Arenicola  marina  L.,  A.  ecaudata  Johnst.,  A.  Gruhi  Glp.,yl.  cristata 
Stimps.  ;  2  Térébelliens  :  Lanice  conchilega  Pall.,  Amphitrile  Edwardsi  Qtf. 


SÉANCE  DU  29  DÉCEMBRE  I902.  l363 

»  Chez  VA.  Edwardsi  les  otocystes  décrits  sur  le  cerveau  et  figurés  par  M.  de 
Saint-Joseph  n'existent  pas,  ainsi  qu'il  est  facile  de  s'en  assurer  en  pratiquant  des 
coupes.  On  rencontre  souvent,  enkystés  dans  les  muscles  de  cette  espèce,  de  petits 
Distomes.  Quand  ces  kystes  se  trouvent  au  voisinage  du  cerveau  ils  peuvent  induire  en 
erreur,  lors  d'un  examen  superficiel,  fait  par  transparence.  Le  kyste  simule  une  vési« 
cule  auditive  et  l'aspect  granuleux  de  son  contenu  rappelle  vaguement  un  amas 
d'otolithes.  Sur  des  coupes  l'erreur  n'est  plus  possible  et  l'on  retrouve  très  nettement 
les  deux  ventouses  caractéristiques  du  Distome.  Ces  kystes  se  rencontrent  un  peu 
partout  dans  le  tissu  musculaire. 

»  Les  otocystes  de  Lanice  conchilega  n'ont  été  signalés  jusqu'ici,  chez  l'adulte, 
que  par  Meyer  qui  les  a  seulement  figurés  à  petite  échelle  et  sans  description.  Ces 
deux  organes  sont  situés  immédiatement  au-dessous  de  l'épais  bourrelet  glandulaire; 
épidermique  du  premier  segment  branchial.  Leur  cavité,  tapissée  de  cils  vibratiles 
renferme  de  nombreux  otolithes  de  31^  à  9!^,  réfringents,  irréguliers,  anguleux,  ne  se 
colorant  pas  par  les  réactifs  et  paraissant  formés  de  petits  grains  de  quartz.  Chez 
l'adulte,  ils  sont  relativement  moins  développés  que  chez  les  jeunes  et  ils  présentent 
les  traces  d'un  canal  atrophié,  qui,  chez  la  larve,  devait  faire  communiquer  leur  cavité 
avec  l'extérieur. 

»  Chez  le  Branchiomma  vesiculosum  adulte,  les  deux  otocystes  communiquent  en- 
core avec  l'extérieur  par  un  long  canal,  très  nettement  cilié,  qui  a  cependant  échappé 
à  Brunotte,  ainsi  que  les  cils  vibratiles  de  l'otocyste.  Les  otolithes  nombreux,  réfrin- 
gents, irréguliers,  anguleux,  insensibles  aux  réactifs,  paraissent  être  aussi  des  grains 
de  quartz. 

»  ChezVArenicola  marina,  nous  retrouvons  également  la  même  structure;  oto- 
cystes communiquant  avec  l'extérieur  par  un  canal  cilié  et  renfermant  des  otolithes 
constitués  par  de  petits  grains  de  quartz. 

»  Chez  toutes  les  autres  Annélides  à  otocystes  clos,  nous  rencontrons,  au  contraire, 
des  otocystes  sphériques,  de  nature  organique,  sécrétés  par  l'organe.  Chez  Oria 
Arinandi,  Arenicola  cristata,  Jasmineira  elegans,  Myscicola  infundihulum  et 
M.  œsthetica,  l'otolithe  est  unique.  Chez  Amphiglena  mediterranea,  Arenicola 
ecaudata  et  A.  Grubii,  les  otolithes  sont  très  nombreux. 

»  Sauf  chez  ces  deux  dernières  espèces,  les  otolithes  sont  mis  en  mouvement  par 
le  Jeu  des  cils  vibratiles,  ainsi  qu'il  est  facile  de  s'en  assurer  en  examinant  par  trans- 
parence, sous  le  compresseur,  des  individus  de  taille  convenable.  Les  mouvements  des 
cils,  d'abord  très  vifs,  se  ralentissent  peu  à  peu  et  l'on  peut  voir  nettement  et  compter 
leurs  battements,  ceux-ci  durant  encore  quelque  temps  après  la  mort  de  l'animal  en 
expérience. 

»  Chez  VA.  ecaudata  et  VA.  Grubii,  les  otocystes  ne  renferment  pas  trace  de  cils 
vibratiles;  néanmoins,  le  mouvement  des  otolithes  est  très  vif,  et  il  existe  toujours 
chez  l'animal  vivant,  ainsi  qu'il  est  facile  de  s'en  assurer  :  i°  en  examinant  par  trans- 
parence, dans  un  verre  dq  montre,  les  stades  post-larvaires  nageant  librement  dans 
l'eau  de  mer  sans  compression  aucune;  2*  en  étalant  sur  une  lame  de  verre  une  bande 
des  téguments  enlevée  à  la  partie  antérieure  d'un  adulte  bien  vivant  et  débarrassée  en 
partie  de  la  couche  musculaire  interne.  Les  otocystes  sont  alors  bien  visibles  par  trans- 
parence.  Or,  soit  qu'on  les  examine  ainsi  sans  autre  préparation,  soit  qu'on  les  place 


l364  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

dans  le  liquide  cœloniique  ou  dans  l'eau  de  mer  et  que  l'on  recouvre,  ou  non,  d'une 
lamelle,  on  constatera  toujours  le  mouvement  des  otolilhes,  sauf  le  cas  de  lésion  de 
Tolocyste  ou  de  pression  trop  considérable  de  la  lamelle.  J'ai  répété  cette  expérience 
plus  de  quarante  fois.  Ces  mouvements  peuvent  parfois  continuer  pendant  plusieurs 
heures.  On  les  fait  cesser  rapidement  en  crevant  l'otocyste  avec  une  aiguille  ou  en 
ajoutant  des  liquides  de  densité  différente  ou  des  réactifs. 

»  Ces  mouvements  ne  sont  donc  pas  dus  à  des  courants  de  diffusion  produits  par  la 
dissection  sous  l'eau  de  mer,  comme  le  prétendent  Gamble  et  Ashworth.  Contrairement 
à  ces  auteurs,  j'ai  toujours  observé  ce  mouvement  dans  les  otocvstes,  intacts,  montés 
dans  le  liquide  cœlomique. 

»  En  réalité,  cette  trépidation  des  otolitlies  est  due  au  mouvement  brownien. 

»  Un  otocyste  renferme  habituellement  un  ou  plusieurs  gros  otolithes  (de  i5!^  à  Sol-"), 
un  assez  grand  nombre  de  taille  moyenne,  puis  une  multitude  de  plus  petits,  dont 
beaucoup  ont  à  peine  de  iH-  à  3i^. 

»  La  masse  centrale  formée  des  plus  gros  otolithes  est  simplement  ébranlée  et  tré- 
pide lentement,  tandis  que  l'espace  qui  la  sépare  des  parois  de  l'otocyste  est  remplie 
par  une  multitude  innombrable  d'otolithes  de  plus  en  plus  petits,  animés  d'un  mou- 
vement extrêmement  vif,  et  venant  jusqu'au  contact  de  la  cuticule,  ce  qui  prouve 
encore  l'absence  de  cils  vibraliles  sur  celle-ci. 

»  Ce  sont  ces  petits  otolilhes,  animés  d'un  mouvement  brownien  très  vif,  vu  leur 
petite  taille  (il^  à  3!^),  qui  ébranlent,  par  leurs  chocs  répétés,  la  masse  centrale  des 
otolithes  trop  gros  pour  être  sujets  au  mouvement  brownien. 

»  Dans  un  Mémoire  détaillé  sur  cette  question  je  reviendrai  sur  la  structure  et  les 
réactions  de  ces  otolithes. 

«  Sur  les  Ai-enicola  marina,  A.  Grubii  et  A.  ecaudata,  j'ai  réussi  à  colorer  par  le 
bleu  de  méthylène  les  cellules  sensorielles  de  l'otocyste.  Ces  cellules  bipolaires,  fusi- 
formes,  à  noyau  occupant  le  centre  du  renflement,  sont  disposées  radialement.  Leur 
prolongement  périphérique  à  pointe  courte  et  effilée,  ou  parfois  au  contraire  presque 
cylindrique,  s'étend  jusqu'à  la  limite  interne  de  l'otocyste,  tandis  que  leur  extrémité 
centrale,  mince,  filiforme,  un  peu  sinueuse,  va  se  perdre  dans  le  nei-f  de  l'organe. 

>)  Les  connectifs  œsophagiens  donnent  naissance  à  trois  paires  de  nerfs,  avant  leur 
réunion  ;  la  paire  la  plus  antérieure  innerve  l'otocyste. 

»  En  résumé,  chez  les  Polychèles,  comme  chez  les  Crustacés  et  les 
Mollusques,  on  rencontre  deux  sortes  d'otocystes  : 

»  1°  Les  uns  restant  en  communication  avec  l'extérieur  par  un  canal 
cilié  et  renfermant,  dans  ce  cas,  des  otolithes  formés  de  corps  étrangers 
(petits  grains  de  quartz); 

»  2°  Les  autres,  complètement  clos,  à  otolithes  sphériques,  à  couches 
concentriques,  de  nature  organique  et  sécrétés  par  Torgane. 

))  Les  otocystes  clos  renferment  un  ou  plusieurs  otolithes.  Les  otolithes 
sont  mis  en  mouvement  par  le  jeu  des  cils  vibratiles,  sauf  chez  1'^.  Grubii 
et  r^.  ecaudata  où  ces  cils  font  complètement  défaut.  Dans  ce  dernier  cas, 


SÉANCE  DU  29  DÉCEMBRE  I902.  l365 

le  mouvement  des  otolithes  existe  néanmoins  toujours  chez  l'animal 
vivant,  mais  il  est  du  au  mouvement  brownien  et  non  aux  courants  de 
diffusion . 

»   JJ Amphitrite  Edwardsi  ne  possède  pas  d'otocystes  :  ce  sont  de  petits 
Distomes  enkystés  qui  ont  été  pris  pour  ces  organes.   » 


ZOOLOGIE.  —  Sur  des  émissions  nucléaires  observées  chez  les  Protozoaires. 
Note  de  MM.  A.  Coxte  et  C.  Vaney,  présentée  par  M.  Alfred  Giard. 

«  Nous  avons  rencontré  en  abondance,  dans  l'intestin  de  Triton  tœniatus 
Schn.,  des  Infusoires  que  nous  rapportons  à  Opalina  intestinalis  Ehrbg.  Sur 
des  coupes,  cette  espèce  montre  à  l'intérieur  de  son  cytoplasme  de  nom- 
breux granules  dont  la  plupart,  tant  par  leurs  formes  que  par  leurs  affi- 
nités pour  certains  colorants,  ressemblent  tout  à  fait  aux  noyaux  multiples 
décrits  chez  Opalina  ranarum  Ehrbg.  Il  nous  a  été  facile,  par  un  examen 
plus  attentif  de  déceler  l'origine  de  ces  granulations. 

«  Le  noyau  de  cette  Opaline  est  primitivement  unique,  très  volumineux,  de  forme 
ovalaire  et  limité  par  une  membrane  nucléaire  bien  nette.  Ce  noyau  est  très  riche  en 
chromatine.  Chez  quelques  individus,  il  se  dédouble  et  l'on  pourrait  croire  alors  qu'il 
existe  un  micro  et  un  macronucleus;  cette  forme  a  été  figurée  par  ZelUer;  elle  est  en 
réalité  exceptionnelle. 

»  Chez  la  plupart  de  ces  Protozoaires,  on  voit  la  membrane  nucléaire  disparaître  sur 
une  étendue  plus  ou  moins  grande  et,  par  cette  ouverture,  s'échapper  de  nombreuses 
granulations  chromatiques  qui  se  disséminent  dans  le  cytoplasme.  Cette  émission  se 
fait  irrégulièrement  aux  dépens  d*une  portion  plus  ou  moins  importante  du  noyau  et 
en  un  point  quelconque  de  ce  noyau. 

»  11  est  facile  de  suivre  l'évolution  de  ces  granules  dans  le  cytoplasme.  Tout  d'abord 
compacts,  ils  ne  tardent  pas  à  se  transformer  en  sphérules  où  l'on  distingue  ordinaire- 
ment un  point  central.  Ces  sphérules  ont  la  même  chromaticité  que  le  noyau  et  elles 
ont  été  probablement  prises  souvent  pour  de  véritables  noyaux.  La  première  transfor- 
mation que  montrent  ces  sphérules  est  un  changement  de  chromaticité.  Par  l'héma- 
téine  et  le  bleu  de  méthylène,  elles  prennent  une  teinte  rougeâtre  de  plus  en  plus 
accentuée.  En  même  temps,  ces  sphérules  rouges  se  gonflent,  deviennent  très  volumi- 
neuses et  prennent  une  forme  discoïdale.  Leurs  contours  s'atténuent  et  elles  finissent 
par  former  des  membranelles  éparses  qui  paraissent  achever  de  se  dissoudre  graduel- 
lement. 

»  La  formation  de  ces  grains  rouges  est  identique  à  ce  que  l'on  observe  dans  les 
cellules  sécrétantes  de  l'intestin  du  Triton  où  l'on  voit  le  noyau  changer  de  chroma- 
ticité et  se  résoudre  en  granules  rouges  qui  sont  émis  dans  la  cavité  intestinale.  La 
présence  de  ces   grains  est  bien  connue  de  tous  les  hislologisles  qui  les  ont  décrits 

C.  R.,  1902,  a»  Semestre.  (T.  GXXW,  N»  26.)  17^ 


l366  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

dans  les  cellules  sécrétantes  où  ils  constituent  les  grains  de  zjmogène.  L'origine  de 
ces  grains  est  seule  contestée;  pour  certains  auteurs  ce  sont  des  formations  cytoplas- 
miques,  pour  d'autres  des  dérivés  nucléaires.  Nos  observations  établissent  nettement 
leur  formation  aux  dépens  de  la  chromatine.  Elles  établissent  en  outre  des  rapports 
entre  ces  grains  et  les  formations  ergatoplasmiques  des  éléments  glandulaires. 

»  Les  grains  rouges  ont  été  déjà  signalés  chez  des  Protozoaires;  ils  ont  été  depuis 
homologués  aux  corpuscules  métachromatiques  des  levures.  Ces  corpuscules  ont  été 
considérés  comme  des  produits  de  réserve;  en  étudiant  sur  coupes  des  levures  de 
bière,  nous  avons  pu  constater  que  les  corps  métachromatiques  offrent  toutes  les 
réactions  bien  connues  comme  caractéristiques  des  grains  de  zymogène. 

»  Les  faits  que  nous  avons  observés  sont  importants  en  ce  qu'ils  per- 
mettent d'interpréter  la  formation  des  noyaux  vitellins  dans  les  œufs 
d'Insectes,  de  Myriapodes,  de  Vertébrés,  etc.  Ces  noyaux  sont  des  pseudo- 
noyaux, simples  émissions  nucléaires,  comme  l'ont  constaté  beaucoup 
d'auteurs  et  en  rapport  avec  la  digestion  du  vitellus  par  l'embryon. 

»  En  résumé,  nous  concluons,  tant  de  nos  recherches  que  de  l'interpré- 
tation qu'elles  permettent  de  faits  bien  connus,  que  le  noyau  participe 
directement  à  la  formation  des  grains  de  zymogène  et  des  productions 
ergatoplasmiques  et  que,  par  suite,  il  a  un  rôle  d'une  haute  importance 
dans  les  phénomènes  de  digestion  aussi  bien  intra-cellulaires  qu'extra- 
cellulaires.   » 

ZOOLOGIE.    —   L' organisation  du  Trepomonas  agilis  Dujardin. 
Note  de  M.  P. -A.  Dangeard,  présentée  par  M.  Guignard. 

«  Dans  le  cours  de  nos  observations  sur  les  Protozoaires  et  les  Proto- 
phytes,  nous  avons  eu  l'occasion  d'élucider  la  structure  du  Trepomonas 
agilis  déjà  étudié  par  un  grand  nomjbre  d'auteurs  parmi  lesquels  il  faut 
citer  Stein,  Butschli  et  Klebs. 

»  Le  Trepomonas  agilis,  contrairement  à  la  description  qui  en  a  été  donnée,  ne 
répond  pas  au  schéma  ordinaire  des  Flagellés  ;  il  est  constitué  par  une  cellule  double  ; 
c'est  le  premier  exemple  dûment  établi  d'une  telle  organisation  dans  ce  groupe;  mais 
il  est  à  prévoir  que  cette  particularité  se  retrouvera  chez  les  genres  voisins  de  la 
famille  des  DisLomatineœ. 

»  L'espèce  se  développe  dans  les  infusions;  le  corps  est  aplati;  son  contour  est 
ovale  ou  elliptique;  il  existe  deux  groupes  de  flagellums  opposés  l'un  à  l'autre  dans  la 
partie  équatoriale;  sous  chacun  d'eux  se  trouve  une  ouverture  pour  l'entrée  des  ali- 
ments. 

»  Nous  laisserons  de  côté  les  détails  de  nature  purement  morphologique  pour 
insister  sur  la  disposition  de  l'appareil  nucléaire. 


SÉANCE   DU   29   DÉCEMBRE    I902.  1367 

»  Sur  les  exemplaires  fixés  et  colorés,  on  remarque  à  l'avant  du  corps  une  forma- 
tion chromatique  recourbée  en  croissant  :  les  deux  extrémités  amincies  de  l'arc  se 
prolongent  jusqu'au  point  d'insertion  des  flagellums.  Cette  apparence  nous  avait  forte- 
ment intrigué  au  début  et  nous  avons  cherché  pendant  longtemps  un  novau  en  dehors 
de  cet  appareil  chromatophile.  L'arc  se  compose  de  deux  parties  réunies  au  contact  à 
l'avant  du  corps  par  leur  extrémité  renflée  :  chacune  a  la  valeur  d'un  noyau  et  com- 
prend une  membrane  nucléaire  très  nette  et  un  nucléoplasme  peu  chromatique. 

»   L'étude  de  la  division  nucléaire  pouvait  seule  justifier  cette  interprétation. 

»  Le  Trepomonas,  au  moment  où  il  se  prépare  à  une  bipartition,  augmente  d'épais- 
seur; chaque  noyau  forme  son  fuseau  suivant  cette  direction;  les  deux  tonnelets  à  la 
métaphase  sont  parallèles  et  très  distincts  l'un  de  l'autre  quoique  se  touchant  presque. 
L'échancrure,  qui  sépare  suivant  un  plan  médian  vertical  les  nouveaux  individus,  con- 
serve donc  à  chaque  organisme  deux  éléments  nucléaires  d'origine  cUjfférente ;  ceux- 
ci  en  passant  à  l'état  de  repos  reprennent  leur  disposition  en  croissant. 

»  En  résuméy  la  cellule  du  Trepomonas  renferme  deux  énergides  :  elle 
représente  un  organisme  double  comparable  aux  deux  frères  siamois, 
avec  cette  différence  toutefois  qu'il  s'agit  ici  d'une  organisation  normale 
se  transmettant  à  travers  toutes  les  générations. 

»  Nous  proposons  de  désigner  sous  le  nom  de  Diplomonadiens  les  Fia- 
gellés  possédant  cette  structure  et  sous  le  nom  plus  général  de  Diplozoides, 
les  animaux  ainsi  constitués. 

»  Chez  le  Trepomonas^  l'origine  de  cette  anomalie  provient  soit  d'un 
dédoublement  primitif,  soit  de  la  fusion  incomplète  de  deux  individus  ;  en 
tout  cas,  elle  s'est  transmise  à  la  descendance;  nous  retrouvons  dans 
Y Am,œba  binucleata  un  phénomène  analogue  :  d'autres  Diplozoides  pour- 
raient devoir  leur  organisation  à  un  dédoublement  s'efifectuant  à  chaque 
génération. 

»  L'existence  des  Diplozoides  soulève  une  foule  de  questions  intéres- 
santes ;  nous  nous  proposons  d'en  développer  quelques-unes  dans  un  pro- 
chain Mémoire.   » 


BOTANIQUE.  —  Le  bois  intermédiaire.  Note  de  M.  Paul  Vuillewiv, 
présentée  par  M.  Guignard. 

«  I^a  distribution  des  vaisseaux  de  la  racine  peut  être  envisagée  à  trois 
points  de  vue  différents,  suivant  :  1°  leur  origine,  2°  leur  position,  3°  leur 
succession. 

)>  On  admet  une  concordance  entre  les  trois  caractères  d'origine,  de 
position  et  de  succession.  De  cette  façon,  le  bois  primaire  serait  défini  par 


l368  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

sa  formation  :  i*'  aux  dépens  du  méristème  primitif,  2°  en  bandes  rayon- 
nantes, 3**  en  direction  centripète;  le  bois  secondaire  par  sa  formation  : 
I**  aux  dépens  du  méristème  secondaire,  2°  dans  le  péricycle  extra- 
!i»neux  et  le  conjonctif  intra-libérien,  3°  en  direction  centrifuge. 

»  Si  fréquente  que  soit  cette  concordance,  elle  n'est  pas  nécessaire. 
Déjà  M.  Van  Tieghem  a  signalé,  sous  le  nom  de  mètaxylème,  des  vaisseaux 
situés  entre  les  rayons  ligneux  et  les  îlots  libériens,  dans  le  conjonctif  non 
recloisonné.  Au  point  de  vue  génétique,  le  mètaxylème  appartiendrait  au 
bois  primaire,  tandis  qu'il  concorde  avec  le  bois  secondaire  pour  la  posi- 
tion et  l'ordre  de  succession. 

»  Dans  la  racine  de  Gentiana  ciliata,  nous  avons  vu,  au  voisinage  du 
vaisseau  primitif,  des  cellules  du  péricycle  encore  simples  se  différencier 
en  vaisseaux  en  même  temps  que  des  cellules  du  conjonctif  intra-libérien. 
Tous  les  éléments  qui,  par  leur  situation  topographique,  sont  appelés  à 
évoluer  en  bois  secondaire,  sont  donc  susceptibles  de  s'organiser  directe- 
ment en  vaisseaux  sans  s'être  constitués  en  méristème  secondaire. 

»  L'étude  des  racines  de  la  même  plante  nous  a  offert,  en  outre,  des 
transitions  :  1°  entre  le  méristème  primitif  et  le  méristème  secondaire, 
1^  entre  les  vaisseaux  disposés  en  séries  rayonnantes  et  les  vaisseaux  dis- 
posés en  îlots  ou  en  nappes  entre  les  rayons  ligneux  et  les  groupes  libé- 
riens, 3°  entre  l'ordre  centripète  et  l'ordre  centrifuge. 

»  1°  Quand  on  parle  de  méristème  secondaire,  on  tient  compte  uniquement  des 
cloisonnements  qui  affectent  simultanément  plusieurs  cellules  contiguës  et  qui  se 
répètent  plusieurs  fois  en  donnant,  dans  chaque  cellule-mère,  une  série  de  cloisons 
parallèles.  Ce  sont  les  plus  faciles  à  vérifier,  puisque  la  marche  des  divisions  cellulaires 
reste  inscrite  sur  le  tissu  adulte. 

»  On  néglige  à  tort  les  cloisonnements  moins  réguliers  qui  se  produisent  dans  le 
plérome  en  voie  d'accroissement.  Leur  intervention  dans  la  production  du  mètaxylème 
n'est  pas  exclue  par  les  observations  antérieures;  en  sorte  qu'on  n'est  pas  en  droit  de 
rattacher  ce  groupe  de  vaisseaux  au  bois  primaire  plutôt  qu'au  bois  secondaire  auquel 
le  rattache  sa  topographie. 

»  Si  nous  envisageons,  dans  les  racines  de  Gentiana  ciliata,  les  vaisseaux  péri- 
cycliques  extra-ligneux,  nous  verrons,  tantôt  une  série  répondant  au  type  classique 
du  bois  secondaire,  tantôt  un  vaisseau  touchant  en  dedans  le  vaisseau  primitif,  en 
dehors  l'endoderme,  tantôt  enfin  un  vaisseau  formé  dans  un  segment  de  cellule  péri- 
cyclique  taillée  en  biseau,  de  telle  sorte  que  sur  une  coupe,  il  louche  l'endoderme, 
tandis  que,  sur  la  suivante,  il  en  est  séparé  par  la  moitié  non  différenciée  de  la  cellule 
péricyclique. 

»  2°  Dans  les  plus  fortes  racines  de  Gentiana  ciliata,  deux  bandes  ligneuses  de  trois 
vaisseaux  chacune  occupent   un  plan  diamétral  et  restent  séparées  par  une  ou  deux 


SÉANCE    DU    29   DÉCEMBRE    1902.  l36g 

cellules  parenchymateuses;  dans  les  racines  plus  grêles,  le  troisième  vaisseau,  parfois 
déjà  celui  qui  suit  le  vaisseau  primitif,  est  dévié  en  sens  inverse  pour  chaque  bande, 
en  sorte  que  les  bandes  vasculaires  planes  sont  remplacées  par  des  surfaces  à  coupe 
spiralée  chevauchant  l'une  sur  l'autre. 

»  3°  Dans  l'exemple  précédent,  les  premiers  vaisseaux  ne  se  succèdent  pas  en  direc- 
tion centripète,  mais  s'écartent  de  plus  en  plus  du  rayon.  Il  est  alors  impossible 
d'établir  une  limite  entre  le  bois  centripète  et  le  bois  centrifuge,  puisque  tous  les 
vaisseaux  organisés  avant  l'apparition  du  recloisonnement  régulier  se  succèdent 
suivant  un  ordre  intermédiaire  entre  l'ordre  centripète  et  l'ordre  centrifuge  et  con- 
duisent progressivement  du  vaisseau  primitif  aux  vaisseaux  issus  d'un  méristème 
secondaire. 

»  Nous  proposons  de  réunir,  sous  le  nom  de  bois  intermédiaire,  une 
série  indéterminée  de  formations  ligneuses  qui,  comme  les  précédentes 
(v  compris  le  métaxylème),  s'écartent  de  la  notion  classique  de  bois  pri- 
maire et  de  bois  secondaire,  soit  par  leur  origine,  soit  par  leur  position, 
soit  par  leur  ordre  de  succession.  Loin  de  créer  une  nouvelle  catégorie 
fermée  entre  les  deux  catégories  classiques,  nous  voyons,  dans  le  bois 
intermédiaire,  une  manifestation  de  la  loi  de  continuité  qui  relie,  dans  le 
temps  et  dans  l'espace,  les  divers  éléments  du  bois  de  la  racine.  Des  inter- 
ruptions topographiques  et  chronologiques,  produites  secondairement, 
avaient  fait  méconnaître  cette  loi.  » 


PHYSIOLOGIE  VÉGÉLALE.  —  Injluence  de  l'aldéhyde  formique  sur  la  i)égé- 
tation  de  quelques  Algues  d'eau  douce.  Note  de  M.  Raoul  Bocilhac,  pré- 
sentée par  M.  Duclaux. 

«  J'ai  montré  que  le  Nosloc  Punctifornie  et  V Anabœna  cultivés  ensemble 
dans  un  endroit  assez  obscur  pour  perdre  la  propriété  de  décomposer 
l'acide  carbonique,  végétaient  encore  et  donnaient  des  récoltes  abondantes 
lorsque.j^ajoutais  du  méthylal  à  leurs  solutions  nutritives. 

))  Je  me  suis  proposé  de  rechercher  si  une  plante  verte  pouvait  être 
alimentée  avec  de  l'aldéhyde  formique.  La  toxicité  de  cette  aldéhyde  étant 
connue  depuis  longtemps  je  devais  m'assurer  en  premier  lieu  qu'il  y  avait 
moyen  d'obtenir  des  cultures  en  sa  présence.  Des  expériences  préliminaires 
m'apprirent  bientôt  que  plusieurs  Algues  et  notamment  V Anabœna  et  des 
Nostocs  supportaient  une  trace  d'aldéhyde.  Ce  résultat  acquis  j'ai  disposé 
plusieurs  essais  de  culture  dans  les  conditions  suivantes  : 

»   1°  Au  mois  de  juillet  1901^  j'ai  préparé  une  solution  nutritive  dont  j'ai  déjà  donné 


I^yo  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

la  formule  et  j'ai  versé  2^,5  de  cette  solution  dans  deux  grands  raatras  de  3'  qui 
furent  ensemencés  avec  un  voile  mince  de  Nostoc  et  à'Anabœna.  Ces  raatras  furent 
placés  dans  une  terre  voisine  du  laboratoire  et  dans  un  endroit  où  la  lumière  arrive 
si  faible  que  les  plantes  ne  se  développent  qu'à  la  condition  d'être  alimentées  avec 
une  matière  organique.  En  ajoutant  des  gouttes  d'aldéhyde  à  leurs  solutions  nutri- 
tives et  en  renouvelant  plusieurs  fois  cette  addition,  les  plantes  végétèrent  normale- 
ment. 

»  2°  Au  cours  de  cette  année,  j'ai  repris  ces  essais.  Toutefois,  j'ai  tenu  à  me  servir 
d'une  aldéhyde  rigoureusement  pure,  ne  contenant  aucune  trace  de  méthylal  ou  d'al- 
cool méthylique.  Cette  aldéhyde  a  été  préparée  dans  ce  but  par  M  Trillat,  chef  de 
service  à  l'Institut  Pasteur,  que  je  suis  heureux  de  remercier  ici. 

»  Le  1/4  avril  1902,  j'ai  placé  trois  grands  matras  préparés  comme  dans  l'expérience 
n°  1  dans  l'endroit  peu  éclairé  que  j'utilise  habituellement.  Ces  matras  furent  ense- 
mencés avec  un  mélange  de  Nostoc  et  d'Anabœna  pris  dans  des  cultures  antérieures  et 
reçurent  en  même  temps  trois  gouttes  de  la  solution  d'aldéhyde  de  M.  Trillat;  cette 
solution  était  à  2.5  pour  100.  Mes  matras  furent  entourés  de  huit  autres  matras  qui 
restèrent  dépourvus  de  toute  matière  organique  et  constituèrent  ainsi  des  témoins. 

»  Dans  mes  grands  matras  contenant  de  l'aldéhyde  formique  les  plantes  ayant  com- 
mencé à  végéter  dès  que  la  température  atteignait  20°,  je  continuais  à  verser  régu- 
lièrement des  gouttes  d'aldéhyde,  et  au  3i  juillet,  j'étais  en  possession  de  récoltes 
suffisantes.  La  culture  fut  poursuivie  jusqu'au  i"''  octobre,  date  à  laquelle  j'ai  mis  fin 
à  l'expérience. 

»  Ces  résultats  sont  consignés  dans  le  Tableau  suivant  : 

Poids  Aldéhyde 

des  récoltes  i-etrouvée 

Numéros  pesés  dans  ôoocm' 

des  à  de  la 

matras.  l'état  sec.  solution  nutritive. 

Matras  témoins Néant.  » 

Matras  n°  1 02,078  Traces. 

»       n°  2 08, 335  Traces. 

0        n°  3 ig,6oi  Néant. 

»  Toutefois,  dans  le  matras  n°  3,  une  algue  nouvelle  non  semée  s'était  développée 
à  côté  des  deux  premières,  et  cette  circonstance  m'engagea  à  soumettre  un  échan- 
tillon de  cette  culture  à  M.  Bornet,  qui  a  bien  voulu  me  transmettre  la  Note  suivante  : 

»  La  majeure  partie  du  voile  que  vous  m'avez  apporté  est  composée  d'un  Nostoc  qui 
»  n'est  pas  le  punctiforme  et  qui  était  en  bel  état  de  végétation.  La  manière  dont  les 
»  filaments  s'agglomèrent,  la  couleur  ardoisée  de  la  chromule  indiquent  une  autre 
»  espèce.  Le  Nostoc  est  mélangé  d' Anabœna  et  d'une  assez  grande  quantité  de  Chlo- 
»  relia  vulgar'is.   » 

»  Des  cellules  de  Chlorella  vulgaris  se  sont  introduites  dans  le  matras  n"  3  au 
cours  de  l'expérience,  et  je  me  propose  de  faire  bientôt  des  cultures  de  cette  Algue  en 
présence  de  la  formaldéhyde. 

»  En  répétant  ces  essais  dans  un  endroit  sensiblement  moins  éclairé  que  le  précé- 


SÉANCE    DU    29   DÉCEMBRE    1902.  187 I 

dent,  je  n'ai  obtenu  que  quelques  colonies  de  Nostoc  et  d'Anabœna  qui  se  sont  déve- 
loppés péniblement  à  la  surface  des  solutions  nutritives.  A  l'obscurité  complète  les 
cultures  ont  totalement  échoué. 

»  Conclusions.—  1°  L'aldéhyde  formique  peut  servir  d'aliment  au  Nostoc 
et  à  y Anabœna  cultivés  dans  une  solution  nutritive  assez  peu  éclairée  pour 
que  ces  plantes,  ne  conservant  plus  la  propriété  de  décomposer  l'acide 
carbonique,  soient  obligées  de  vivre  aux  dépens  d'une  matière  organique. 

»  2°  Une  certaine  quantité  de  lumière  est  nécessaire  pour  permettre 
au  Nostoc  et  à  Y  Anabœna  de  polymériser  l'aldéhyde  formique  et  le  minimum 
de  cette  quantité  de  lumière  est  très  voisin  de  celui  qui  est  nécessaire  à  ces 
plantes  pour  décomposer  l'acide  carbonique  aérien.    » 


BOTANIQUE.  —   Sur  la  végétation  du  lac  Pavin.  Note  de  M.  C.   Bruyant, 

présentée  par  M.  Perrier. 

«  Dans  ses  Recherches  sur  la  végétation  des  lacs  du  Jura,  M.  le  professeur 
Magnin  a  déterminé  d'une  façon  précise  le  mode  de  distribution  des  végé- 
taux dans  les  lacs  de  cette  région.  Les  zones  s'échelonnent  régulièrement 
sur  la  grève,  la  beine,  le  mont  et  le  talus  du  lac,  jusqu'à  une  profondeur 
maximale  de  12"^  à  i3™,  au  delà  de  laquelle  on  ne  rencontre  plus  de  végé- 
tation macrophytique. 

»  Les  études  poursuivies  au  lac  Pavin  montrent  que  cette  stratification 
y  existe  d'une  façon  très  nette.  Elles  amènent  en  outre  à  reculer  d'une 
façon  sensible  la  limite  inférieure  de  la  zone  littorale  occupée  par  la  végé- 
tation macrophytique. 

»  La  rive  du  lac  présente  une  inclinaison  considérable;  par  suite,  la  beine  est  très 
étroite.  Les  végétaux  ne  trouvent  donc  qu'un  champ  restreint  pour  se  développer;  le 
nombre  des  espèces  est  réduit;  mais  si  la  flore  est  pauvre,  le  tapis  végétal  n'en  est  pas 
moins  fourni. 

»  Les  plantes  de  la  première  zone  (Phragmitrie)  sont  très  disséminées.  Elles 
appartiennent  aux  espèces  suivantes  :  Phalaris  arundinacea,  Equisetuni  limosum, 
Equisetum  palustre. 

»  La  zone  des  Myriophilles  s'étend  depuis  le  bord  jusqu'à  la  profondeur  maximale 
de  4""-  C'est  en  réalité  la  première  zone  littorale.  L'espèce  prédominante  est  le  yj/y/-ib- 
phyllum  spicatum,  à  laquelle  se  joignent  çà  et  là  les  Ranunculus  aquatlUs,  Calli- 
triche  hamulala,  Potainogeton  natans. 

»  La  Potamogetonaie  est  très  nettement  caractérisée.  Elle  forme  une  ceinture 
presque  continue  entre  les  courbes  isobathes  de  4"^  et  de  7"%  empiétant  par  endroits 
sur  les  zones  voisines  (minimum,  2°*;  maximum,  8").  Elle  est  exclusivement  occupée 


l372  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

par  Potamogeton  prœlongus  Wulf.  Cette  forme  intéressante,  connue  des  lacs  alle- 
mands et  de  certains  lacs  suisses,  est  nouvelle  pour  notre  région.  M.  Magnin  avait 
signalé  le  premier  sa  présence  en  France  dans  les  lacs  de  Val-Dessous  (ait.,  5i8™),  de 
Saint-Point  (ait.,  S^g™),  des  Taillères  (ait.,  1037""),  de  Bellefontaine  (ait.,  1088"")  et 
du  Boulu  (ait.  ii52")  (Jura  oriental  et  central). 

»  Enfin,  la  zone  des  Cliara  succède  à  la  précédente  jusqu'à  la  profondeur  de  17". 
Les  sondages  effectués  au  lac  Chauvet  indiquent  la  même  limite  inférieure. 

»  D'autre  part,  le  F.  Héribaud  a  signalé  la  présence,  dans  la  zone  de  la  grève,  d'un 
certain  nombre  de  mousses  parmi  lesquelles  :  Aniblystegium  irriguuni  var.  hetero- 
phylla,  découverte  par  Thériot  en  septembre  1898,  Fontinalis  squamosa,  F.  antipy- 
retica  et  F.  arvernica.  Cette  dernière,  décrite  par  Renaud  en  1886,  a  été  trouvée 
également  à  Lugano  (Italie)  et  à  Pola  (Istrie),  ainsi  que  Cardot  Ta  constaté  dans 
l'herbier  de  Bottini  (').  La  Fontinalis  arvernica  est  une  forme  très  voisine  de  la 
F.  antipyretica  dont  elle  semble  une  race  adaptée,  non  seulement  à  la  vie  lacustre, 
comme  l'ont  indiqué  déjà  certains  bryologues  (Cardot,  Limpricht,  Héribaud),  mais 
encore  à  la  vie  profonde.  Nous  l'avons,  en  effet,  rencontrée  dans  différents  sondages 
et  elle  atteint  au  moins  la  profondeur  de  aS"*,  à  laquelle  elle  est  encore  abondante 
dans  quelques  points  du  lac  (^). 

»  Ces  faits  démontrent  que,  dans  les  lacs  d'Auvergne  ou  du  moins  dans 
certains  d'entre  eux,  la  végétation  s'étend  jusqu'à  une  profondeur  bien 
plus  considérable  que  dans  les  lacs  du  Jura.  Des  deux  facteurs,  radiation 
et  température,  qui  régissent  la  répartition  des  végétaux  dans  la  zone 
profonde,  on  ne  peut  guère  retenir  que  le  premier.  C'est  ce  qu'indiquent, 
en  effet,  la  comparaison  des  altitudes  auxquelles  se  trouvent  situés  les 
différents  lacs  étudiés  et  celle  des  chiffres  fournies  par  les  observations 
faites  à  l'aide  du  disque  de  Secchi.  Ces  observations  accusent  une  transpa- 
rence bien  plus  marquée  en  faveur  de  nos  lacs,  en  particulier  Pavin  et 
Chauvet  (8™  à  lo""  au  lieu  de  3'"  à  5™  en  moyenne).   » 

PATHOLOGIE   VÉGÉTALE.    —    Sur  une  forme  conidienne   du    Champignon 
du  Black-rot.  Note  de  M.  G.  Delacroix,  présentée  par  M.  Prillieux. 

«  J'ai  signalé  en  avril  1901  (^)  une  forme  conidienne  du  Champignon 
du  Black-rot  [Guignardia  B idwellii (Ellis)  Viala  etRavaz],  forme  déjà  vue 

(*)  YitMSkxiii,  Les  M uscinées  d'Auvergne,  1899. 

(^)  Forel  a  signalé  l'existence  du  Thamniiun  Lemani  Schnetzler  par  Go'"  de  pro- 
fondeur, sur  la  moraine  sous-lacustre  d'Yvoire,  dans  le  lac  de  Genève.  C'est  là  «  un 
cas  unique  et  encore  inexpliqué  ».  Forel,  Handbiich  der  Seekunde,  p.  188. 
Stuttgart,  1901. 

(^  )  Comptes  rendus,  i'^'' avril  (901. 


SÉANCE    DU    29   DÉCEMBRE    1902.  iSyS 

aux  États-Unis  et  figurée  par  Lamson  Scribner  en  1887,  mais  qui  n'avait 
|)as  été  vue  en  France,  où  elle  ne  semble  pas  d'ailleurs  fort  répandue. 

»  MM.  Viala  et  Ravaz  avaient  décrit  en  1886  une  forme  toute  différente 
qu'ils  considéraient  comme  se  rapportant  au  Champignon  du  Black-rot  et 
M.  Viala  l'a  figurée  comme  forme  conidienne  du  Guignardia  Bidwellu, 
dans  son  Ouvrage  sur  les  maladies  de  la  Vigne.  Il  a  décrit  dans  la  Revue  de 
Viticulture  (T.  VI,  p.  3i\)  les  infections  de  raisins  faites  par  lui  avec 
ces  sortes  de  conidies,  qui,  telles  qu'il  les  a  figurées  se  rapportent  sans 
doute  à  un  Verticillium  ou  à  un  Acrocylindrium . 

»  M.  Viala  a  contesté  que  la  forme  conidienne  que  j'ai  décrite  appar- 
tienne au  cycle  de  développement  du  Guignardia  Bidwellii;  il  y  verrait 
plutôt  un  saprophyte  venu  par  hasard  sur  les  sclérotes,  les  pycnides  ou  les 
spermogomies  de  ce  Champignon. 

»  J'ai  pu  faire  cette  année  (1902)  la  preuve  des  faits  que  j'avais  précé- 
demment avancés. 

»  J'ai  rencontré  à  Brives,  en  août  dernier,  des  grains  de  raisin,  chargés  des  pustules 
noires  du  Black-rot,  sur  lesquelles  je  reconnus  la  forme  conidienne  que  j'avais  observée 
précédemment.  Un  nouvel  envoi  que  me  fit  dès  mon  retour  à  Paris  M.  Labounoux, 
professeur  d'agriculture  à  Brives,  me  permit  de  faire  toutes  les  recherches  nécessaires 
sur  le  caractère  infectant  de  cette  forme  conidienne.  Plusieurs  de  ces  grains  ne  por- 
taient que  des  sclérotes  avec  forme  conidienne,  sans  aucune  pycnide,  ni  spermogonie 
fructifîée.  C'est  de  ces  derniers  que  je  me  suis  servi  pour  mes  essais  d'infection. 

»  Cette  forme  conidienne,  telle  que  je  l'ai  décrite,  présente  les  caractères  d'un  Scoleco- 
trichuni;  les  conidies  sont  toujours  isolées  à  l'extrémité  d'un  fdament  fructifère  dressé, 
ou  parfois  d'une    courte    ramification  latérale  divariquée  et  insérée  près  du  sommet. 

»  A  la  germination  faite  en  chambre  humide,  dans  l'eau  distillée,  on  voit  générale- 
ment un  seul  filament  germinalif  hyalin  se  produire  à  une  extrémité  de  la  conidie. 
A  une  certaine  distance  de  son  point  d'origine,  il  s'y  forme  des  cloisons;  le  filament 
se  colore  à  peine,  et  je  n'ai  pu  y  observer  de  production  de  conidies  secondaires  ou  de 
chlamydospores.  Les  germinations  se  comportent  à  peu  près  de  même  dans  les  milieux 
nutritifs. 

»  J'ai  tenté  l'infection  de  grappes  laissées  sur  le  cep,  mais  placées  dans  un  milieu 
saturé  d'humidité  avec  des  conidies  prélevées  directement  sur  des  sclérotes. 

»  Parmi  les  essais  effectués,  quatre  infections  ont  été  faites  en  déposant  ces  conidies 
sur  la  surface  intacte  des  raisins.  J'ai  constaté  au  bout  de  12  jours  trois  infections. 
Deux  d'entre  elles  ont  donné  abondamment  à  la  fois  des  sclérotes  et  des  pj^cnides,  et 
plusieurs  de  celles-ci  montraient  la  forme  conidienne. 

»  Bien  que  cette  expérience  parût  très  démonstrative,  on  pouvait  craindre  cepen- 
dant que  le  mycélium  de  Guignardia  contenu  dans  la  portion  du  grain  ayant  servi  à 
l'infection  ait  pu  pénétrer  dans  le  raisin  et  y  produire  ainsi  l'infection.  Pour  répondre 

G.  R.,  1902,  2"  Semestre.  (T.  CXXXV,  N"  26.)  179 


l374  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

à  cette  objection,  dans  une  seconde  série  d'essais  d'infection,  je  me  suis  servi  exclusi- 
vement de  germinations  de  conidies  brunes  prises  sur  les  grains  choisis  dépourvus  de 
tout  conceptacle  fructifié.  Sur  cinq  grains  infectés  avec  les  conidies  germées,  trois  ont 
montré  l'atteinte  du  Black-rot  au  bout  de  12  jours,  et  ils  portèrent  des  sclérotes  et  des 
pycnides  en  voie  de  sporulation,  quelques-uns  avec  forme  conidienne. 

»  Ces  expériences  me  paraissent  fournir  la  preuve  incontestable  de 
l'exactitude  des  faits  que  j'ai  avancés  dans  ma  première  Communication. 

Les  observations  sont  encore  trop  peu  nombreuses  pour  déterminer 
l'importance  de  cette  forme  au  point  de  vue  de  l'extension  du  Black-rot 
en  France.  Mais  il  semble  bien  prouvé,  en  tout  cas,  comme  l'a  dit  en  Amé- 
rique M.  Lamson  Scribner,  que  la  persistance  de  l'humidité  est  la  condi- 
tion indispensable  de  son  évolution,  comme  de  celle  des  autres  formes  de 
fructification  du  Guignardia  Bidwellii.    » 


GÉOLOGIE.  —  Sur  quelques  rapprochements  entre  la  genèse  des  Gîtes  Métallifères 
et  la  Géologie  générale.  Note  de  M.  L.  De  Laujïay,  présentée  par 
M.  Michel  Lévy. 

«  La  cristallisation  des  minerais  dans  leurs  gisements  accessibles  à 
nos  efforts  présente  un  caractère  accidentel,  qui,  joint  à  leur  valeur  indus- 
trielle toute  spéciale,  a  contribué  à  faire  envisager  leur  genèse  comme  un 
sujet  d'études  distinct  et  à  l'isoler  de  la  Géologie  générale.  Cet  accident  se 
rattache  pourtant,  d'une  façon  très  intime,  au  phénomène  d'ensemble,  qui 
constitue  la  formation  de  notre  globe  et  je  voudrais  indiquer  sommaire- 
ment comment  il  est  permis  d'étendre  aux  gîtes  métallifères,  pour  mettre 
de  l'ordre  dans  leur  classification  et  dans  leur  histoire,  certains  résultats 
récemment  acquis  par  la  science  géologique. 

»  L'idée  toute  naturelle  qui  m'a  guidé  a  été  de  considérer  les  formations 
métallifères  comme  un  corollaire  des  formations  de  roches  cristallines, 
celles-ci  étant  elles-mêmes  un  contre-coup  des  mouvements  tectoniques  : 
ce  qui  met  en  évidence  le  lien  intime,  par  lequel  se  rattachent  l'une  à 
l'autre  les  trois  sciences  de  la  tectonique,  de  la  pétrographie  et  des  gîtes 
métallifères. 

»  La  relation  originelle  des  minerais  avec  les  roches  éruplives  implique, 
pour  s'accorder  avec  leur  isolement  actuel,  un  processus,  où  les  actions  de 
simple  différenciation,  de  liquation,  de  ségrégation  proprement  dite  ont  pu 


SÉANCE  DU  29  DÉCEMBRE  I902.  1373 

intervenir  ('  ),  mais  où  j'ai  étéconduità  attribuer,  presque  partout,  suivant 
l'exemple  d'Elie  de  Beaumont,  un  rôle  important  aux  fumerolles,  dont  j'ai 
essayé  autrefois  de  préciser  et  de  classifier  le  rôle  (^). 

»  On  arrive  à  un  groupement  rationnel  des  gîtes  métallifères  et,  par 
suite,  à  une  idée  tout  à  fait  générale  sur  leur  mode  de  formation  en  consi- 
dérant :  1°  ce  qui  a  dû  se  produire  dans  une  région  déterminée,  pendant 
une  période  de  plissement  déterminée,  en  raison  des  déplacements  de 
magmas  éruptifs  provoqués  par  ce  plissement  et  des  localisations  métalli- 
fères qui  en  ont  été  la  conséquence  ;  2°  en  comparant  les  unes  aux  autres 
les  diverses  régions  métallifères  situées  sur  une  même  chaîne  de  plissement 
ou  dans  des  conditions  comparables  par  rapporta  cette  chaîne  et  montrant 
ainsi  l'unité  fondamentale  de  ces  longues  zones  métallifères,  directement 
reliées  à  la  disposition  tectonique  du  continent  envisagé  ;  3"  en  établis- 
sant, au  contraire,  les  différences  entre  les  diverses  zones  métallifères  que 
présente  un  continent  :  zones  dont  l'âge  de  formation  et,  par  suite,  la 
profondeur  initiale  (résultant  des  érosions  plus  ou  moins  avancées)  sont 
très  dissemblables;  ce  qui  permet,  en  résumé,  de  retracer  l'histoire  métal- 
lifère du  continent,  comme  on  l'a  fait  pour  l'histoire  tectonique  et  l'histoire 
pétrographique,  et  de  relier  les  unes  aux  autres  les  phases  principales 
de  ces  trois  histoires. 

»  Le  résultat  général  de  cette  étude  est  —  sans  nier  la  possibilité  d'une 
évolution  progressive  dans  les  conditions  d'ensemble  qu'a  présentées 
notre  globe  au  fur  et  à  mesure  de  son  refroidissement  ;  en  admettant  éga- 
lement l'existence  de  conditions  locales,  manifestées  par  les  types  chi- 
miques de  groupes  rocheux,  sur  lesquels  on  a  beaucoup  insisté  dans  ces 
dernières  années,  —  de  mettre  en  relief  des  récurrences  très  nettes,  qui, 
à  chaque  plissement,  ont  provoqué  des  successions  de  phénomènes  métalli- 
fères analogues. 

»  Ainsi,  pour  le  premier  point  :  [i°]  dans  une  région  déterminée,  la  suc- 
cession ordinaire  des  fumerolles,  d'abord  chlorurées,  puis  sulfurées,  puis 
carburées,  que  Sainte-Claire  Deville  et  M.  Fouqué  ont  observées  dans  les 
phénomènes  volcaniques,  paraît  s'être  traduite  par  des  ^cristallisations 
successives  de  minerais,  où  ont  dominé  tour  à  tour  les  influences  de  ces 
trois  réactifs  (chlore,   soufre,   carbone)   à   des  distances  différentes    du 


(')  Voir:  Contribution  à  l'étude  des  gUes  métallifères.  I:  [Sur  l'importance  des 
gîtes  dHnclusions  et  de  sègrégration  (  Annales  des  Mines,  1897). 
(^)  Formation  des  gites  métallifères,  i  vol.,  1898,  p.  3o,  129,  etc. 


1.376  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

magma  érupliC  fondamental,  ou  à  des  étapes  distincLes  de  sa  montée  et  de 
son  refroidissement.  C'est  quelque  chose  d'analogue  à  la  relation  que  l'on 
peut  observer,  en  pétrographie,  entre  les  granités,  microgranulites,  por- 
phyrites,  etc.,  d'une  même  formation. 

»  [2*^]  Sur  toute  la  longueur  d'une  même  chaîne  de  plissement,  ces  phé- 
nomènes sont  comparables  et  à  peu  près  contemporains.  Quand  on  passe,  au 
contraire,  d'une  chaîne  à  une  autre,  on  trouve,  pour  les  minerais  comme 
pour  les  roches,  des  récurrences  de  séries  analogues  à  des  âges  divers.  Sui- 
vant l'âge  de  la  chaîne,  la  richesse,  l'abondance  des  types  représentés  ne 
sont,  il  est  vrai,  pas  les  mêmes;  on  rencontrera,  par  exemple,  moins 
d'étain  et  plus  de  mercure  dans  une  chaîne  tertiaire  que  dans  une  chaîne 
primaire,  de  même  qu'on  y  observe  plus  de  roches  d'épanchement  et 
moins  de  magmas  cristallisés  en  profondeur,  à  type  granitique  ou  basique  ; 
mais,  comme  pour  les  roches,  plus  les  études  se  multiplient,  plus  les  séries 
se  complètent,  plus  aussi  on  est  conduit  à  s'écarter  des  idées  anciennes, 
qui  attribuaient  un  ou  deux  âges  uniques  à  chaque  métal  comme  à  chaque 
roche. 

«  [3°]  Les  différences  que  l'on  observe  en  passant  d'une  zone  à  l'autre 
entre  les  types  régionaux  (suivis,  d'autre  part,  sur  toute  la  longueur  d'une 
même  chaîne)  peuvent  s'expliquer,  ainsi  que  j'ai  essayé  de  le  montrer 
précédemment  ('),  par  la  profondeur  plus  ou  moins  grande  mise  à  nu 
par  les  érosions  sur  la  chaîne  considérée. 

))  J'ajoute  que  l'on  peut  observer  encore  cette  relation  générale  des  ge- 
nèses métallifères  avec  la  Géologie  en  passant  des  minerais  d'inclusions  etde 
ségrégation,  ou  des  minerais  filoniens,  aux  minerais  sédîmentaires.  Ceux-ci 
également  obéissent  à  des  lois,  que  l'on  retrouve  toujours  les  mêmes  sur 
la  longueur  de  certaines  zones  en  rapport  direct  avec  les  mouvements  oro- 
géniques; ils  sont,  en  effet,  le  produit  de  concentrations,  qui  se  sont  effec- 
tuées, soit  dans  une  série  de  lagunes  isolées  et  évaporées  sur  le  bord  d'une 
chaîne,  comme  c'est  le  fait  pour  le  cuivre  et  le  plomb  le  long  de  la  chaîne 
hercynienne  en  Europe,  soit  sur  un  rivage  ancien,  comme  cela  arrive  pour 
le  fer  et  le  phosphore.  » 


(')  Comptes  rendus  :  Sur  les  types  régionaux  de gites  métallifères  {11  mars  1900). 
Sur  la  notion  de  profondeur  appliquée  aux-  gisements  métallifères  africains 
(20  juin  1902).  —  Les  richesses  minérales  de  l' Afrique  (  i  vol.,  1902).  —  La  répar- 
tition et  les  caractères  de  la  richesse  minérale  en  Afrique  {Revue  générale  des 
Sciences,  ^onow,  1902). 


SÉANCE    DU    29   DÉCEMBRE    1902.  1877 


GÉOLOGIE .  —  Sur  l'âge  des  formations  volcaniques  anciennes  de  la  Martinique. 
Note  de  M.  J.  Giraud,  présentée  par  M.  Michel  Lé\  y. 

«  Pendant  la  dernière  semaine  du  séjour  que  j'ai  fait  à  la  Martinique 
avec  la  mission  désignée  par  l'Académie  des  Sciences,  j'ai  pu  parcourir 
rapidement  la  partie  orientale  et  méridionale  de  l'île,  c'est-à-dire  la  région 
comprise  entre  Fort-de-France,  Bourg-Sainte-Marie  et  l'extrémité  méri- 
dionale vers  Bourg-Sainte-Anne.  Bien  que  mes  observations  soient  encore 
bien  incomplètes,  je  crois  intéressant  d'en  faire  connaître  les  résultats 
relatifs  à  làge  des  premières  éruptions  anciennes. 

»  La  région  que  j'ai  parcourue  est  entièrement  formée  par  des  tufs  volcaniques  avec 
dykes  et  coulées  de  labradorites.  Ces  roches  sont  profondément  altérées  aux.  affleu- 
rements, d'ailleurs  assez  rares,  et  transformées  en  une  argile  brune  ou  rougeâtre  dont 
l'épaisseur  dépasse  souvent  plusieurs  mètres.  Dans  les  tranchées  de  routes  récentes  et 
assez  profondes,  on  peut  s'assurer  que  les  tufs  qui  forment  la  plus  grande  partie  de  la 
masse  sont  le  plus  souvent  dépourvus  de  stratification.  Leur  épaisseur  est  considérable 
et  certainement  supérieure  à  200™.  On  ne  possédait  jusqu'ici  aucune  donnée  précise 
sur  leur  âge.  Un  seul  fossile  :  Turritella  tornata  du  Miocène  des  Antilles  y  avait  été 
signalé  (')  sans  indication  de  gisement.  Au  moment  de  mon  départ,  M.  Cossmann  avait 
eu  l'obligeance  de  m'indiquer  que  ce  fossile,  ainsi  que  des  Olives,  des  Bivalves  et  des 
Foraminifères,  provenait  d'une  terre  noire,  mélangée  de  glaise  rougeâtre,  aux  environs 
de  la  rivière  du  Galion,  près  de  la  Trinité.  Les  relations  de  cette  terre  noire  avec  les 
formations  volcaniques  de  l'île  étaient  ignorées. 

»  En  plusieurs  points  j'ai  observé  une  stratification  nette  dans  ces  tufs  volcaniques 
et,  en  même  temps,  le  mélange  en  proportions  plus  ou  moins  grandes  d'éléments  cal- 
caires. C'est  ainsi  que  près  du  Marin,  dans  les  tufs  stratifiés,  il  existe  des  lits  marneux 
et  des  couches  d'un  calcaire  impur,  noduleux,  mélangé  de  débris  volcaniques;  sur  la 
route  du  Vauclin,  ces  couches  supportent  des  bancs  irréguliers  d'un  calcaire  parfois 
oolitique,  d'autres  fois  marmoréen  et  très  dur,  dans  lequel  l'infiltration  de  l'eau  a 
creusé  des  cavités  sinueuses  (comme  dans  le  calcaire  à  ravets  étudié  par  Duchassaing 
à  la  Guadeloupe).  J'ai  observé  les  mêmes  Intercalations  de  calcaire  sur  la  route  du 
Marin  au  Vauclin,  près  de  l'habitation  Puyferrat  et,  plus  au  nord,  dans  la  presqu'île 
de  la  Caravelle,  à  l'ouest  de  l'habitation  Spoultourne.  Ces  calcaires  renferment  des 
restes  indéterminables  et  très  clairsemés  de  Gastéropodes  avec  des  Foraminifères. 
L'examen  des  coupes  minces  de  ces  roches  a  montré  à  M.  Douvillé  qu'elles  étaient 
formées  par  une  agglomération  de  débris  de  Zt7/<o^A«/n«««m  associés  à  des  Orbitoïdes 


(')  Douvillé,  Sur  V âge  des  couches  traversées  par  le  canal  de  Panama  {Bull. 
Soc.  Géol.  de  France,  3*  série,  t.  XXVI,  1898,  p.  587). 


1878  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

{Lepidocyclina)  et  à  des  Aniphistegina.  Les  algues  calcaires  sont  particulièrement 
abondantes  dans  les  calcaires  de  la  Caravelle,  tandis  que  les  débris  volcaniques  (verre 
avec  labrador  et  labrador-bytownite)  sont  si  nombreux  dans  les  roches  du  Marin 
qu'elles  apparaissent  parfois  comme  des  tufs  calcaires.  La  présence  des  Lepidocyclina 
permet  d'affirmer  que  ces  calcaires  ainsi  que  les  tufs  encaissants  appartiennent  à 
l'Aquitanien. 

»  A  l'ouest  du  bourg  de  la  Trinité^  près  de  l'habitation  Bassignac,  au-dessus  des 
formations  calcaires,  j'ai  découvert  un  gisement  fossilifère  dans  des  tufs  labradori- 
tiques  très  altérés,  paraissant  dépourvus  de  stratification.  Ce  gisement^  d'après  les 
renseignements  de  M.  Bailly,  de  la  Trinité,  est  à  quelques  centaines  de  mètres  de  celui 
qui  avait  fourni  les  fossiles  de  M.  Cossmann  et  qui  est  aujourd'hui  oblitéré  et  couvert 
de  végétation.  Je  n'ai  pu  encore  dégager  et  étudier  les  nombreux  fossiles  engagés 
dans  le  tuf;  parmi  les  échantillons  recueillis  à  la  surface  du  gisement,  j'ai  déterminé 
les  espèces  suivantes  : 

»  Turritella  tornala  Guppy,  excessivement  abondante.  T.  Gatunensis  Conr., 
Terehra  duplicata  Lin.,  Conus  granozonatus  Gup.,  C.  marginatus  Sow.,  Coluni- 
hella  ambigua  Gup,,  Phos  cf  Guadaliipensis  Petit,  Natica  {Stigmaulax)  sulcata 
Born,  TV.  Millevi  Gabb,  Oliva  hispidula  Lam.,  Bulla  cf  plicatula  Grat.,  Pecteii 
scabrellus  Lam.,  P.  oxygonum  Sow.,  Chaîna  {Echinochama)  arcinella  Lam., 
Cytherea  {CaUista) planivieta  Gup.,  Venus  Woodwardi  Gup.,  Crassntella  cî  niac- 
tropsis  Conr.,  Cardium  haitense  Sow.,  Cardita  sp.;  Clypeaster  ellipticus  Mich. 
Scutella,  Flabelluni  cî  acutum  M.  E.  et  H.,  Orbitolites  (Amphisorus)  (*). 

»  L'âge  de  cette  faune,  caractérisée  surtout  par  Turritella  tornata,  Natica  sulcata, 
Clypeaster  ellipticus  et  les  Orbitolites,  est  bien  connu  :  la  plupart  des  espèces 
existent  dans  les  couches  de  Gatun  (isthme  de  Panama)  qui  appartiennent^  comme  l'a 
montré  M.  Douvillé,  au  Miocène  inférieur. 

»  Il  est  intéressant  de  noter  les  grandes  analogies  que  présentent  les 
formations  de  la  Martinique  et  celles  de  l'isthme  de  Panama  :  les  calcaires 
inférieurs  du  Marin  et  de  la  Caravelle  doivent  être  rapprochés  du  système 
inférieur  de  Panama  (couches  de  San  Juan  et  de  Peûa  Blanca),  tandis  que 
les  tufs  des  environs  de  la  Trinité  renferment  une  faune  identique  à  celle 
du  système  supérieur  de  l'isthme,  tel  qu'il  a  été  établi  par  M.  Douvillé. 
Ces  analogies  se  retrouvent  d'ailleurs  pour  les  terrains  de  cette  époque 
compris  dans  la  Mésogée;  les  ressemblances  des  faunes  néogènes  martini- 
quaises avec  celles  de  l'Aquitaine  et  du  bassin  méditerranéen  sont  nom- 
breuses. M.  Schlumberger  a  été  frappé  par  la  ressemblance  des  tufs  cal- 
caires à  Orbitoïdes  du  Marin  avec  ceux  du  même  âge  qui  existent  à  l'île 
Christmas,  dans  l'océan  Indien. 


(')  Ces  déterminations  ont  été  faites  à  l'Ecole  des  Mines,   dans  le  laboratoire  de 
M.  Douvillé,  que  je  tiens  à  remercier  de  ses  conseils  et  de  ses  renseignements. 


SÉANCE   DU    29   DÉCEMBRE    I902.  1879 

»  De  ces  observations  il  résulte  donc  que  les  tufs  labradoritiques  des 
parties  centrale  et  méridionale  de  la  Martinique,  correspondant  aux  érup- 
tions qui  paraissent  les  plus  anciennes,  ont  pris  naissance  pendant  l'Oligo- 
cène et  le  Miocène  inférieur.  Ils  ont,  ensuite,  continué  à  se  former  pendant 
une  longue  période,  si  l'on  en  juge  par  la  masse  de  ces  formations  qui 
surmonte  les  couches  fossilifères. 

))  De  nouvelles  recherches  seront  nécessaires  pour  fixer  l'âge  des  der- 
nières éruptions  labradoritiques  ainsi  que  celui  des  rhyolites  de  la  partie 
méridionale  (Diamant,  les  Islets)  et  occidentale  de  l'île  (région  du  Carbet), 
en  même  temps  que  le  début  des  éruptions  andésitiques  de  la  Montagne 
Pelée.  Des  études  plus  détaillées  permettraient,  en  outre,  de  préciser  l'âge 
et  la  nature  des  mouvements  du  sol  qui  ont  affecté  l'île  jusqu'à  une  époque 
relativement  récente,  comme  le  montrent  la  forme  particulière  des  vallées 
près  de  la  mer  et  l'existence  de  calcaires  coralligènes  à  faune  récente, 
émergés  sur  la  côte  orientale.  Ces  calcaires,  ceux  des  anses  de  Macabou, 
au  sud  du  Vauclin  notamment,  sont  probablement  l'équivalent  des  for- 
mations quaternaires  signalées  à  la  Guadeloupe  et  dans  quelques  autres 
îles  de  l'archipel  antillien.  » 

GÉOLOGIE.  —  Sur  la  découverte  d'un  nouveau  massif  granitique  dans  la  vallée 
de  l' Arve,  entre  Servez  et  les  Mouches.  Note  de  MM.  E.  Haug,  M.  Lugeon 
et  P.  CoRBiN,  présentée  par  M.  Michel  Lévy. 

«  La  haute  vallée  de  l'Arve,  avec  les  massifs  cristallins  qui  l'entourent, 
pouvait  passer  pour  une  des  mieux  connues  des  Alpes  françaises,  grâce 
surtout  aux  travaux  classiques  d'Alphonse  Favre  et  de  M.  Michel  Lévy  et  à  la 
publication  récente  de  la  Carte  géologique  du  Mont-Blanc  de  MM.  Duparc 
etMrazec.  Sur  cette  Carte,  de  même  que  sur  la  feuille  d'Annecy  de  la  Carte 
géologique  détaillée  de  la  France,  figure,  dans  la  coupure  transversale  de 
l'Arve,  entre  Servoz  et  les  Houches,  au  milieu  d'une  grande  étendue  de 
terrain  houiller,  un  lambeau  de  Trias  inférieur.  Les  quartzites  qui  consti- 
tuent cet  étage  affleurent  en  effet,  comme  nous  le  verrons  plus  loin,  en 
plusieuts  endroits,  tout  en  occupant  une  surface  beaucoup  plus  restreinte 
que  celle  qui  leur  avait  été  attribuée.  C'est  dans  cet  espace  même  que  des 
circonstances  particulièrement  favorables  nous  ont  permis  de  reconnaître 
la  présence  d'un  affleurement  granitique,  qui  avait  jusqu'ici  échappé  à  tous 
les  observateurs,  quoiqu'il  s'étende  sur  une  longueur  de  S''^™  avec  une 
largeur  variable. 


l38o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Les  tranchées  du  nouveau  chemin  de  fer  électrique  du  Fayet  à  Chamonîx  ont  mis 
à  nu  des  roches  très  fraîches  et  nous  ont  permis  de  relever,  à  travers  cet  affleurement, 
une  coupe  détaillée,  en  prélevant  de  nombreux  échantillons,  dont  M.  Michel  Lévy  a 
bien  voulu  entreprendre  l'étude. 

»  La  roche  dominante  est  «  un  très  beau  granité  du  type  de  Vallorcine,  à  mica  noir 
»  abondant,  quelquefois  intact,  le  plus  souvent  chloritisé,  à  orthose  moulant  tous  les 
»  autres  éléments  excepté  le  quartz,  à  quartz  écrasé  et  recristallisé  en  forme  déciment 
»  à  grain  grossier;  enfin,  à  oligoclase-albite  (')  ». 

»  A^  l'endroit  où  l'ancienne  route  de  Ghamonix  par  les  Houches  coupe  la  voie  ferrée, 
la  masse  granitique  est  traversée  par  plusieurs  superbes  dykes  de  kersantite  et  de  por- 
phyrite,  de  5"^  à  2'"  d'épaisseur. 

))  Nous  avons  pu  suivre  le  granité  vers  le  nord  jusqu'à  la  lour  Saint-Michel,  vers  le 
sud  jusqu'au  hameau  des  Ghavans,  au-dessus  de  la  prise  d'eau  de  l'usine  électrique. 
Il  forme,  en  général,  un  bande  d'une  largeur  moyenne  de  200"%  plus  ou  moins  paral- 
lèle à  l'Arve,  mais,  à  partir  du  Jour  d'en  Haut,  l'affleurement  s'élargit  considérable- 
ment vers  le  sud,  car  le  granité  se  couche  de  plus  en  plus  sur  les  schistes  encaissants, 
pour  les  recouvrir,  aux  Bochards,  en  nappe  horizontale,  épaisse  de  quelques  mètres 
seulement,  comme  l'avait  très  bien  reconnu  M.  Michel-Lévy  (^),  en  attribuant,  il  est 
vrai,  cette  allure  tectonique  à  la  «  bésimaudite  ».  D'ailleurs,  le  granité  est  lui-même 
recouvert  par  des  quartzites  triasiques,  qu'un  esprit  non  prévenu  ne  pourrait  pas  dis- 
tinguer des  granités  sous-jacents,  ici  particulièrement  chloriLeux. 

»  Un  second  pointement  granitique,  beaucoup  moins  étendu,  existe  à  l'ouest  de 
l'affleurement  principal,  entre  le  Rozier  et  Rajis.  La  roche,  fortement  écrasée  et 
altérée,  est  pauvre  en  mica  et  peut  être  qualifiée  de  protogine. 

)>  Dans  toute  la  coupure  transversale  de  l'Arve,  de  Servoz  aux  Houches, 
les  Cartes  existantes  n'indiquaient,  outre  le  Trias  inférieur,  que  du 
Houilier.  En  réalité,  la  masse  schisteuse,  dans  laquelle  on  voit  pointer  le 
granité,  est  beaucoup  plus  complexe.  Nous  y  avons  reconnu  plusieurs 
bandes  très  développées  de  schistes  à  séricite  et  de  cornes  vertes  plus  ou 
moins  cristallines,  qui  nous  ont  paru  identiques  aux  roches  attribuées  au 
Précambrien  par  M.  Michel  Lévy,  dans  les  massifs  du  Mon.t-Blanc,  des 
Aiguilles  Rouges  et  du  Prarion.  L'un  de  nous  (P.  G.)  y  a  observé,  au  pied 
de  l'escarpement  qui  porte  la  tour  Saint-Michel,  et  sous  le  granité,  un  banc 
de  cipolin  gris-perle,  bien  stratifié.  La  cristallinité  de  ces  schistes  verts  est 
probablement  due  en  grande  partie  au  dynamométamorphisme  ;  nous 
avons  cependant  recueilli,  à  loo"^  au-dessus  de  l'hôtel  des  Montées,  sur  la 


(')  Les  mots  entre  guillemets  sont  empruntés  aux  diagnoses  que  M.  Michel  Lévy  a 
eu  l'amabilité  de  nous  communiquer. 

(^)  /Vote  sur  la  prolongation  vers  le  Sud  de  la  chaîne  des  Aiguilles  Rouges 
{Bull.  Serv.  Carte  géoL,  n°  27,  p.  i4,  fig.  5). 


SÉANCE    DU    29   DÉCEMBRE    1902.  l38l 

route  départementale,  tout  près  du  granité,  une  véritable  roche  de 
contact  que  M.  Michel  Lévy  qualifie  de  «  schiste  micacé  feldspathisé,  du 
type  Saint-Léon,  ayant  subi  sans  conteste  l'action  du  granité  ». 

»  Il  est  presque  toujours  extrêmement  difficile  de  séparer  d'une  manière 
précise  les  schistes  cristallins  et  cornes  vertes  des  schistes  ardoisiers  noirs 
et  des  grès,  que  Ton  attribue  au  Rouiller,  en  raison  de  la  présence  de 
fossiles  végétaux  dans  plusieurs  localités  voisines.  Il  semble  même  exister 
des  passages  insensibles  entre  les  schistes  cristallins  et  les  roches  nette- 
ment détritiques.  Nous  avons  observé,  d'autre  part,  au-dessus  de  la 
chambre  de  décantation  de  la  prise  d'eau  du  P.-L.-M.,  des  argilolithes 
rouges  et  vertes,  qui  représentent  peut-être  le  Permien. 

»  Si  les  cornes  vertes  et  les  schistes  sériciteux  étaient  véritablement 
houillers,  comme  pourrait  le  faire  supposer  leur  liaison  intime  avec  les 
schistes  et  les  grès  de  cet  âge,  on  serait  conduit  à  les  envisager  comme  du 
Houiller  métamorphisé  au  contact  du  granité  et  l'on  devrait  considérer  le 
granité  lui-même  comme  postcarbonifère.  Mais  nous  ne  pouvons  donner 
cette  conclusion  qu'à  titre  purement  hypothétique,  d'autant  plus  que  les 
recherches  d'Alphonse  Favre  et  de  M.  Michel  Lévy  ont  démontré  l'âge 
antéhoullier  du  granité  de  Vallorcine  et  de  la  protogine,  et  que  d'ailleurs 
la  pénétration  du  Houiller  et  des  schistes  sériciteux  pourrait  être  due 
uniquement  à  des  actions  mécaniques. 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  le  pointement  granitique  principal  que  nous  avons 
décrit  et  les  affleurements  de  houiller  franc  et  de  schistes  métamorphiques 
forment  des  bandes  orientées  à  peu  près  nord-sud,  parallèlement  au  cours 
de  l'Arve.  Les  plans  de  stratification  des  schistes  plongent  assez  régulière- 
ment vers  l'est,  avec  des  angles  variant  de  So**  à  la  verticale.  Nous  sommes 
évidemment  en  présence  d'un  faisceau  très  serré  de  plis  isoclinaux  déversés 
vers  l'ouest  et  grossièrement  parallèles  aux  plis  des  massifs  du  Prarion  et 
des  Aiguilles  Rouges,  tandis  que  leur  direction  est  coupée  à  45°  par  celle 
des  plis  du  Mont-Blanc. 

)>  Il  convient  d'ajouter  que,  dans  toute  la  région,  les  surfaces  de  e^lisse- 
ment  parallèles  aux  couches,  de  même  que  les  nombreuses  fissures  transver- 
sa les,  sont  presque  partout  minéralisées,  comme  l'attestent  les  anciennes 
galeries  d'exploitation  de  pyrite  cuivreuse  et  de  galène. 

»  Nous  pensons  être  bientôt  à  même  de  publier  sur  cette  partie  de  la 
vallée  de  l'Arve,  qui  nous  a  fourni  tant  de  faits  nouveaux,  un  Mémoire 
détaillé,  accompagné  de  levés  au  7^^  et  d'une  étude  pétrographique,  pour 

G.  R.,  1902,  2'  Semestre.  (T.  CXXXV,  N«  26.)  180 


l382  ACADÉMIE    DES  SCIENCES. 

laquelle  nous  sommes  heureux  depouvoir  compter  sur  le  précieux  concours 
de  M.  Michel  Lévy.    » 


THÉRAPEUTIQUE.    —  La  cryogénine  dans  les  fièvres.  Note  de  M.  Carrière, 

présentée  par  M.  Marey. 

«  Il  y  a  quelques  mois,  MM.  Lumière  et  Chevrotier  ont  découvert,  isolé 
et  préparé  une  semicarbazide  aromatique,  la  métabenzaminosemicarbazide 
à  laquelle  ils  ont  donné  le  nom  de  cryogénine. 

»  Ces  auteurs  ont  établi  que  ce  produit  n'étoit  pas  toxique,  qu'il  n'avait 
aucune  action  fâcheuse  sur  ses  fonctions,  et  qu'il  possédait  une  action 
antithermique  des  plus  nettes. 

»  MM.  Lumière  ont  bien  voulu  me  faire  parvenir  une  certaine  quantité  de 
cryogénine  pour  en  étudier  l'action  thérapeutique.  Mes  recherches  étaient 
avancées  lorsque  M.  Dumarest  publia,  dans  le  Lyon  médical,  une  étude 
sur  l'action  de  la  cryogénine  dans  la  fièvre  des  tuberculeux. 

»  M.  Gelibert  a  aussi  apporté  devant  la  Société  des  Sciences  médicales 
de  Lyon  le  résultat  de  ses  recherches. 

»  La  publication  de  ces  divers  travaux  m'a  décidé  à  publier  le  fruit  de 
mes  investigations. 

»  \.  Chez  des  sujets,  adultes  ou  enfants,  sains,  on  constate  que  la  cryogénine  n'est 
nullement  toxique  aux  doses  de  : 

os,  lo  de  la  naissance  à   i5  mois 
os,  i5  à  os,  25  de   i5  mois  à     3  ans 
os,25  à  os,4-0  de     3  ans     à     5    » 
os,4o  à  08,76  de     5    )'       à   i5    » 
oS,  ^5  à   1^,20      à  partir  de   i5    » 

»  Ces  doses  peuvent  être  données  en  cachets,  en  solution  ou  dissoutes  extempora- 
nément  dans  du  lait. 

»  Sous  l'influence  de  ce  médicament  pris  en  une  ou  deux  doses  par  voie  buccale,  la 
température  s'abaisse  de  -j^jj  à  -^j^  de  degré.  L'abaissement  commence  i'^3o™  après 
l'absorption,  dure  5  à  6  heures  puis  revient  à  la  normale. 

»   Le  lendemain  la  température  évolue  suivant  le  mode  ordinaire. 

»  Sous  l'influence  de  la  médication  immédiate  ou  prolongée  je  n'ai  noté  aucune 
modification  dans  la  composition  des  urines,  la  quantité  seule  augmente  légèrement. 
Il  n'y  a  pas  de  sudation,  et  l'on  ne  constate  aucune  modification  du  sang,  sauf  une 
leucocytose  légère.  Le  pouls  n'est  pas  sensiblement  modifié,  la  tension  artérielle  est 
légèrement  diminuée. 


SÉANCE  DU  29  DÉCEMBRE  1902.  I 383 

»  II.  Examinons  maintenant  l'action  de  la  cryogénine  dans  les  fièvres.  En  général, 
et  d'une  manière  quasi-constante,  la  température  baisse  sous  l'influence  de  cette 
médication. 

»  Je  dois  me  hâter  d'ajouter  que  dans  les  infections  aiguës  la  chute  est  générale- 
ment peu  accentuée  (^  à  ^  de  degré).  C'est  ce  que  j'ai  observé  dans  les  angines, 
dans  la  diphtérie,  dans  les  bronchites,  les  broncho-pneumonies,  les  pneumonies,  les 
pleurésies.  C'est  ce  que  j'ai  encore  constaté  dans  la  rougeole,  la  scarlatine,  la  variole, 
la  varicelle. 

»  Dans  tous  ces  cas,  chute  de  0",^  à  o°,8  survenant  i  ou  2  heures  après  l'ingestion 
et  persistant  5  à  6  heures,  pouvant  persister  48  heures  à  3  jours  après  une  adminis- 
tration prolongée. 

»  Dans  la  fièvre  typhoïde,  la  cryogénine  abaisse  la  température  de  i°,5  à  2°,  les 
autres  symptômes  restant  les  mêmes,  de  telle  sorte  que  des  fièvres  typhoïdes  traitées 
dès  le  4*  ou  S*' jour  avec  la  cryogénine  peuvent  évoluer  sans  fièvre  pendant  toute  leur 
durée.  J'ai  commencé  dans  ces  cas  par  des  doses  fortes,  continuées  1  ou  2  jours  puis 
diminuées  et  enfin  espacées.  Dans  la  grippe  de  toutes  formes,  bons  résultats.  Dans  le 
rhumatisme  les  résultats  ont  été  variables,  tantôt  peu  accusés  (0°, 3  à  0°, 8  de  chute), 
tantôt  très  accusés  (i'',6  à  2°,  3  de  chute). 

»  Dans  la  fièvre  nerveuse,  la  chute  thermique  a  été  très  marquée.  11  en  fut  de 
même  dans  nw^  fièvre  chlorotiqae. 

»  Dans  les  fièvres  de  suppurations  (consécutives  à  des  abcès  ou  des  collections  puru- 
lentes ouvertes),  la  cryogénine  absorbée  avant  le  moment  où  la  température  monte, 
abaisse  cette  dernière  et  supprime  la  poussée  fébrile. 

»  Dans  quelques  cas  à^ impaludisme  les  résultats  ont  été  satisfaisants  et  comparables 
à  ceux  qu'on  obtient  à  l'aide  de  la  quinine. 

»  Enfin  il  semble  que  la  cryogénine  ait  surtout  une  action  élective  sur  la  fièvre  des 
tuberculeux.  Chez  ces  malades  la  cryogénine  n'a  qu'une  action  peu  intense  lorsqu'il 
s'agit  de  formes  aiguës  (granulie,  méningite,  péritonites  aiguës,  bronchopneumonie, 
pneumonie  caséeuse;  mais  l'action  est  extrêmement  intense  dans  la  fièvre  des  formes 
chroniques.  A  doses  moyennes  la  cryogénine  ramène  la  température  à  la  normale,  si 
élevée  qu'elle  soit  primitivement.  Cette  chute  dure  24  heures  en  général.  Si  l'adminis- 
tration est  continuée  plusieurs  jours  on  peut  voir  son  action  se  prolonger  pendant 
longtemps  et  quelquefois  même  la  température  ne  s'élève  plus. 

»  J'ai  en  ce  moment  des  tuberculeux  qui,  en  septembre,  avaient  Sg"  à  39",  5  chaque 
soir  et  qui,  depuis  qu'ils  ont  pris  ou  qu'ils  prennent  de  la  cryogénine,  ne  montent  pas 
à  plus  de  37", 8. 

))  Dans  tous  ces  cas  j'ai  commencé  par  donner  la  dose  forte,  je  la  continue  pen- 
dant deux  jours,  je  diminue  ensuite  de  os,io  par  jour  jusqu'à  moitié  de  la  dose  primi- 
tive. Si  la  fièvre  ne  reparaît  pas  j'interromps  i  jour,  puis  2,  3,  etc.  Si  elle  reparaît, 
je  redonne  la  cryogénine  à  une  dose  de  os,io  plus  élevée. 

»  Je  n'ai  jamais  noté  d'accidents,  de  frissons,  de  diarrhée,  de  céphalée,  d'insomnie, 
de  troubles  digestifs,  d'anorexie  à  la  suite  de  l'administration  courte  ou  prolongée  de 
ce  médicament. 

»  J'ai  souvent  noté  des  sueurs  plus  ou  moins  abondantes  et,  dans  un  cas  de  dolhié- 
nentérie,  une  éruption  miliaire  respectant  la  face  et  la  partie  moyenne  des  membres, 


l384  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

mais  confluente  en  tous  les  autres  points.  Dans  ce  cas  il  y  eut  en  même  temps  hémo- 
globinhémie  et  hémo^lobinurie,  mais  je  dois  dire  que  la  dose  un  peu  forte  de  is,  5o 
par  jour  chez  un  enfant  de  i4  ans  et  demi  avait  été  prolongée  5  jours, 

)/  Dans  les  états  fébriles  comme  chez  les  sujets  sains  on  note  seulement  une  légère 
augmentation  de  la  quantité  des  urines,  une  leucocjtose  légère^  une  légère  diminution 
de  la  tension  artérielle. 

»  Dans  tous  ces  cas  la  crjogénine  était  donnée  en  cachets  ou  en  potions,  en  une  ou 
deux  prises  avant  que  la  température  ne  commençât  à  monter,  c'est  à-dire  vers  i^  ou 
2^  de  l'après-midi. 

»  En  résumé  il  s'agit  là  d'un  antithermique  à  action  variable,  mais  dont 
il  convient  de  retenir  la  puissance  dans  la  fièvre  des  tuberculeux  et  dans 
celle  des  dothiénentériques.   w 


M.  Mascart,  en  communiquant  à  l'Académie  des  observations  qu'il  a 
reçues  sur  l'abandon,  par  les  oiseaux,  des  pays  atteints  par  le  choléra, 
s'exprime  comme  il  suit  : 

«  Le  P.  Victor,  trappiste  au  monastère  de  El  Athroun,  par  Gaffa  (Pales- 
tine), me  signale  dans  une  longue  lettre  un  grand  nombre  d'observations 
qui  semblent  démontrer  que  certains  oiseaux,  en  particulier  les  hirondelles 
et  les  moineaux,  disparaissent  des  localités  atteintes  par  la  peste  ou  par  le 
choléra.  On  peut  se  demander  si  le  même  phénomène  a  lieu  pour  la  fièvre 
jaune,  dont  la  propagation  par  les  moustiques  paraît  aujourd'hui  établie, 
ou  pour  d'autres  maladies  contagieuses.  En  tous  cas,  l'observation  du 
P.  Victor  offre  un  grand  intérêt  et  il  serait  utile  d'appeler  sur  ce  point 
l'attention  des  observateurs  dans  les  pays  contaminés.  » 

M.  Marcel  Guédras  adresse  une  Note  «  Sur  le  lithopone  ». 

A  3  heures  trois  quarts  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  5  heures. 

G.  D. 


SÉANCE   DU    29   DÉCEMBRE    1902.  l385 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  i**"  décembre  1902. 
(Suite.) 

Buletinul Societatiide  Sciinte  clin  Bucuresci,  România;  an  XI,  n°^  1  si 2.  Bucharest, 
1902  ;  I  fasc.  in-8°. 

Akademia  Uraiejetnosci  W.  Krakowie.  Sprawozdanie  komisyi fizyograficznej ; 
t.  XXXVI.  Cracovie,  1902;  t  vol.  in-8°. 

Boletin  de  la  Real  Sociedad  geografica;  t.  XLIV,  primero  e  segundo  trimestres 
de  1902.  Madrid,  1902;  i  vol.  in-8°. 

Upsala  Làkarefôrenings  Fôrhandlingar ;  B.  VIII,  Hâft  I,  1902-1908.  Upsal, 
1902;  i  fasc.  in-8°. 

The  Journal  of  the  British  astronomical  Association  ;  vol.  XIII,  num.  1.  Londres, 
1902  ;  1  fasc.  in-8°. 

Journal  and  proceedîngs  of  the  Royal  Society  of  New  South  Wales;  vol.  XXXV, 
1901.  Sydney,  1902;  i  vol.  in-8°. 

Mededeelingen  uit'  s  Lands  Plantentuin;  LVIII.  De  landbouw  der  Inlandsche 
bevolking  op  Java,  door  H.-C.-H.  De  Bie;  ged.  LVIII.  Batavia,  G.  KolfFet  0%  1902; 
I  fasc.  in-8°. 

The  University  of  Nebraska.  Fifteenth  annual  Report  of  the  agricuUural 
E X périment  station  of  Nebraska.  Lincoln,  Nebraska,  1902;  i  fasc.  in-8°. 

Memorias  y  revista  de  la  Sociedad  cientifica  «  Antonio  Alzate»;  t.  XVII  (1902), 
num.  1,  2,  3.  Mexico,  1902;  2  fasc.  in-8°. 

Proceedings  of  the  American  Academy  of  Arts  and  Sciences;  vol.  XXXVIII, 
n°»  1-3.  Boston,  Mass.,  1902;  3  fasc.  in-8°. 

Transactions  of  the  Academy  of  Sciences  of  Saint-Louis;  vol.  XI,  n°^  6-8; 
vol.  XII,  n°s  1-11.  Saint-Louis  (États-Unis),  1901-1902;  i4  fasc.  in-8°. 

The  Aeronautical  World;  vol.  I,  n°  k.  Glenville,  Ohio,  1902;  i  fasc.  in-B». 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  8  décembre  1902. 

Anthropoligia  Suecica;  Beitrdge  zur  Anthropologie  der  Schweden  nach  den  auf 
Verstaltung  der  schwedischen  Gesellschaft  fiir  Anthropologie  und  Géographie  in 
den  Jahren  1897  und  1898,  ausgefùhrten  Erhebungen,  ausgearbeitet  und  zusam- 
mengestellt  von  GusTAF  Retzius  und  Carl-M.  Fijrst;  mit  i3o  Tafeln,  i4  Karlen  und 
7  Proportionstafeln  in  Farbendruck,  vielen  Kurven  und  anderen  Illustrationen. 
Stockholm,  1902;  I  vol.  in-f°.  (Hommage  des  auteurs.) 

Petit  traité  d'Agriculture    tropicale,    par  H.-A.    Alford    Nicholls;    traduit  de 
l'anglais  par  E.  Raoul.  Paris,  Augustin  Challamel,  1901  ;  i  vol.  in-8°. 


l386  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

La  stabilité  des  murs  de  barrage;  détermination  des  profils  rationnels  dans 
l'hypothèse  de  Vintervention  des  sous-pressions,  par  Pierre  Vandeuren.  Bruxelles, 
1902;  I  fasc.  in-8°.  (Présenté,  ainsi  que  l'Opuscule  suivant,  par  M.  Maurice  Levy. 
Hommage  de  Fauteur.) 

Etude  sur  la  tension  du  fil  téléphonique  ;  calcul  des  poteaux  métalliques  en 
treillis  soutenant  les  grands  faisceaux  aériens,  par  Pierre  Vandeuren.  Bruxelles, 
1902;  I  fasc.  in-8°. 

Bericht  ïiber  die  internationale  Experten-Conferenz  flir  Wetterschiessen  in 
Graz.  Vienne,  1902;  i  fasc.  in-4°. 

Die  Staatsquellen  von  Vichy,  herausgegeb.  v.  der  Verwaltung  des  Bades  Vichy; 
mit  einem  einleitenden  Bericht  des  Geh.  Medicinalraths  Prof.  D""  Liebreich. 
Strassburg,  1902;  i  fasc.  in-12. 

Census  ofindia,  1901  ;  vol.  II,  II  a,  V,  V«,  XVIIa,  XXI,  XXIa.  Bombay,  Lahore,..., 
1902;  6  vol.  petit  in-f°. 


OCVRAGES    REÇUS   DANS   LA    SÉANCE   DU    lô    DÉCEMBRE    I9O2. 

Annuaire  pour  l'an  1903,  publié  par  le  Bureau  des  Longitudes,  avec  Notices 
scientifiques.  Paris,  Gauthier-Villars;  i  vol.  in-12.  (Présenté  par  M.  le  général  Bassot.) 

Cahiers  du  Service  géographique  de  l'Armée  :  n°  16.  Matériaux  d'étude  topolo- 
gique pour  l'Algérie  et  la  Tunisie  (3"  série);  n°  17.  Rapport  sur  les  travaux 
exécutés  en  1901.  Paris,  Imprimerie  du  Service  géographique  de  l'Armée,  1902; 
2  fasc.  in-8°.  (Présenté  par  M.  le  général  Bassot.) 

La  Mécanique  à  l'Exposition  de  1900,  publié  sous  la  direction  de  M.  Haton  de  la 
GoupiLLiÈRE,  Membre  de  l'Institut;  t.  I-III.  Paris,  V^"  Ch.  Dunod,  1902;  3  vol.  in-4°* 
(Présenté  par  M.  Haton  de  la  Goupillière.) 

M.  Jean  Brunhes,  Professeur  à  l'Université  de  Fribourg,  fait  hommage  à  l'Académie 
des  trois  Ouvrages  suivants  : 

Étude  de  Géographie  humaine.  L'irrigation,  ses  conditions  géographiques,  ses 
modes  et  son  organisation  dans  la  Péninsule  ibérique  et  dans  V Afrique  du  Nord, 
par  Jean  Brunhes.  Paris,  C.  Naud,  1902;  1  vol.  in-8''. 

Le  travail  des  eaux  courantes  :  la  tactique  des  tourbillons;  par  Jean  Brunhes. 
Fribourg  (Suisse),  1902;  i  fasc.  in-8''. 

De  vorticum  opéra  seu  quo  modo  et  quatenus  aquœ  currentes  per  vortices 
circumlatœ  ad  terram  exedendam  operam  navent^  Jean  Brunhes.  Fribourg  (Suisse), 
1902;  I  fasc.  in-8°. 

U.  S.  Department  of  Agriculture.  Seventeenth  annual  Report  of  the  Bureau  of 
animal  industrie  for  the  year  1900.  Washington,  1901  ;  i  vol.  in-8°. 

Proceedings  and  transactions  of  the  Royal  Society  of  Canada;  ser.  II,  vol.  VII. 
Ottawa,  1901  ;  i  vol.  in-S". 

Transactions  of  the  American  Society  of  mechanical  Engineers;  vol.  XIII.  New- 
York,  1902;  I  vol.  in-8°. 

Lotabweichungen.  Heft  II  :  Geoddtische  Linien  siidlich  der  europàischen  Làngen- 


SÉANCE   DU    29   DÉCEMBRE    1902.  î387 

gradmessung  in  52  Grad  breite,  von  A.  Bôrsch  und  L.  Kruger.  Berlin,  1902;  1  fasc. 


in-4°. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  29  décembre  1902. 


Le  cône  de  la  Montagne  Pelée  le  8  novembre  1902.  (Observations  de  M.  Lacroix.) 
s.  1.  n.  d,  I  feuille  héliogravure  et  i  feuille  texte,  in-8°.  (Présenté  par  M.  Michel 
Lévy.) 

La  Valachie,  essais  de  Monographie  géographique,  ^dirM..  Emmanuel  de  Martonne  ; 
avec  5  cartes,  12  planches  h.  t.  et  48  figures.  Paris,  Armand  Colin,  1902;  i  vol.  in-8°, 
(Présenté  par  M.  de  Lapparent.) 

Note  sur  une  espèce  nouvelle de¥\sch.Qve\\di]  par  M.  Maurice  Gomont ;  avec  i  planche 
h.  t.  (Extrait  du  Journal  de  Botanique,  t.  XVI,  n"  9,  1902.)  Paris,  impr.  J.  Mersch  ; 
I  fasc.  in-S".  (Hommage  de  l'auteur.) 

Recherche  sur  V orbite  de  la  comète  périodique  de  Holmes  et  sur  les  perturbations 
de  son  mouvement  elliptique,  par  le  D""  H.-J.  Zwiers  ;  2«  Mémoire.  Leyde,  1902; 
I  fasc.  in-4''.  (De  la  part  de  l'Observatoire  de  Leyde.) 

Untersuchungen  iïber  den  Lichtwechsel  Algols,  von  Ant.  Pannekoek.  Leyde, 
L.  Van  Nifterik,  1902;  i  vol.  in-4°. 

Annalen  der  Sternwarte  in  Leiden,  herausgeg.  von  D''  H. -G.  Van  de  Sande 
Bakhuyzen;  Bd.  VIIL  Leyde,  1902;  i  vol.  in-4°. 

Catalogus  van  de  boeken  aanweizig  in  de  Bibliotheek  der  Sterrenwacht  te  Leiden, 
uitgegeven  door  H. -G.  v.  D.  Sande  Bakhuyzen.  Leyde,  1902;  i  vol.  in-8°. 

A  Balaton  kovamoszatai  vagi  bacillariai,  D''  Pantocsek  Jozsef.  Budapest,  1901; 
1  vol.  in-4°.  (Hommage  de  l'auteur.) 

Regenwaarnemingen  in  Nederlandsch-Indië,  1901.  Batavia,  1902;  i  vol.  in-8°. 

Statistiek  van  den  Handel,  de  Scheepvaart  en  de  in-  en  uitvoerrechten  in 
Nederlandsch-Indië  over  hetjaar  190L  Batavia,  1902;  i  vol.  in-4''. 


ERRATA. 


Table  des  matières  du  Tome  CXXXIV. 


Page  i655,  2"  colonne,  ligne  26,  au  lieu  de  Leduc  (S.).  —  Sur  la  cohésion  des 
liquides.  (En  commun  avec  M.  Sacerdote.)  lire  Leduc  (A.).  —  Sur  la  cohésion  des 
liquides.  (En  commun  avec  M.  Sacerdote.) 


l388  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

(Séance  du   i5  décembre   1902.) 

Note  de  M.  Garrigou,  La  diffusion  de  l'arsenic  dans  la  nature 
Page  iii3,  dernière  ligne,  an  lieu  de  iridium,  lisez  indium. 


FIN   DU   TOME    CENT    TRENTE-CINQUIEME. 


COMPTES  RENDUS 


DES   SÉANCES  DE  UÀCÂDEMIE  DES   SCIENCES 


TABLES    ALPHABÉTIQUES 


JUILLET  —  DECEMBRE  1902. 


TABLK  DES  MATIERES  DU  TOME  CXXXV. 


Pages. 
Académie.  —  M.   le   Président   annonce 
que  la  séance  du  lundi  f4  juillet  sera 
remise  au  mardi  i5 ii 

—  M.  Mascari  est  élu  Vice-Président  de 

l'Académie  pour  l'année  igoS i"277 

—  MM.   Bornet  et   Maurice   Lévy  sont 

réélus  Membres  de  la  Commission 
centrale  administrative  pendant  l'an- 
née 1903 (277 

—  Allocution  de  M.  Boiuiuet  de  Ui  Grye, 

dans   la  séance   publique  annuelle  du 

22  décembre  1902 1 145 

AciDtMÉTRiE.  —  Sur  un  nouvel  indicateur 

acidimétrique;  par  M.  L.-J .  Simon.     437 

Accumulateurs.  —  Sur  un  nouvel  accu- 
mulateur électrique;  par  M.  D.  Tom- 
tnasi r  828 

Acoustique.  —  Sur  les  accords  binaires; 

par  M.  A.  Guillemin 98 

—  Classement  des  accords  binaires.  Con- 

sonances et  dissonances  spécifiques; 

par  M.  J.  Giàllemin 896 

—  Sur  la  construction  d'électrodiapasons 

C.  R.,  1902,  2' Semestre.  (T.  CXXXV.) 


Pages, 
à    longues    périodes   variables;    par 
M.  E.  Mercddier 898 

—  M.  0(^^/fr  adresse  un  «  Essai  d'une  théo- 

rie mathématique  des  consonances  et 

des  dissonances  musicales».  146,  2-27  et  5 17 

—  M.  Girod  adresse   un  Mémoire   «  Sur 

une  méthode  de  transposition  en  mu- 
sique »  1 096 

Adrénaline.  —  Recherches  expérimen- 
tales sur  l'adrénaline;  par  MM.  Ch. 
Bouchard  et  Henri  Claude 928 

AÉRONAUTIQUE.  —  Rapport  de  M.  Appell 
sur  un  Mémoire  de  M.  Tnrres,  con- 
cernant un  avant-projet  de  ballon  di- 
rigeable   , I  :j  I 

—  Ouverture  de  deux  plis  cachetés,  et  Note 

complémentaire,  concernant  la  stabi- 
lité des  appareils  aviateurs,  plus  lourds 
que  l'air;  par  M.  Senemaud 146 

—  Ouverture  d'un  pli  cacheté  contenant 

une  Note  intitulée  :  «  Contribution  à 
l'étude  de  l'aviation  »  ;  par  M.  /.  Cons- 
tantin       3o8 

181 


cSJo?/^ 


i39o 


TABLE    DES 


Vaç[OB. 

—  M.  H.  Podcnr  adresse  un  Mémoire  sur 

la  «  Direction  des  ballons  » 617 

—  M.  Ed.  Eldin  adresse  une  Note  rela- 

tive aux  causes  de  la  catastrophe 
survenue  à  l'aérostat  «  Le  Bradsky  ».     63- 

—  Nouvelles  expériences  d'Aéronautique 

maritime;  par  M.  //.  Hervé 71a 

—  M.  H.-L.  Malécot  adresse  une  Note 

intitulée  :  «  De  l'équilibre  du  ballon 
libre  et  indépendant,  réalisé  à  toute 
altitude,  sans  communications  avec  la 
surface  terrestre  » 754 

—  M.  R.  Sherra  adresse  une  Note  relative 

à  la  Navigation  aérienne 919 

—  M.  /.  Faleion  adresse  une  Note  sur 

«  la  locomotion  aérienne  par  les  aéro- 
planes » 945 

—  M.  Jinifcdiid  adresse  une  Note  relative 

à  l'Aérostation g^ô 

—  M.  Delmiricr  adresse  une  Note  ayant 

pour  titre  ;  «  Recherches  sur  la  navi- 
gation aérienne  » rogO 

—  Liste  des  membres  de  la  Commission 

d'Aéronautique  :  MM.  Mnrey,  Mas- 
cnrt,  Maurice  Le'vy,  Marcel  Deprez, 
Le'auté,  Appell  et  les  Membres  com- 
posant le  Bureau 715 

—  Membres  adjoints  à  la  Commission  de 

l'Aéronautique  :  MM.  Janssen,  Bou- 
quet de  la  Grye,   Violle 754 

—  M.  Cailletet  est  adjoint  à  la  Commis- 

sion de  l'Aéronautique 88G 

AiB  ATMOSPHÉRIQUE.  —  Rapport  sur  des 
expériences  faites  à  l'Observatoire  de 
Montsouris,  relatives  à  la  composition 
de  l'air  atmosphérique;  par  lAL  Jd. 
Carnot ,Sg 

—  Sur  une  nouvelle  vapeur  organique  de 

l'air  atmosphérique;  par  M.  H.  Hcn- 
riet ,01 

—  Sur  le  dosage  de  l'oxyde  de  carbone  et 

de  l'acide  carbonique  dans  les  airs 
viciés;  par  M.  Ferdinand  Jean 746 

—  Sur  l'hydrogène  atmosphérique;   par. 

M.  Anatole  Leduc 860 

—  Sur  la  quantité  d'hydrogène  libre  de 

l'air  et  la  densité  de  l'azote  atmosphé- 
rique ;  par  M.  Armand  Gautier io25 

—  Sur  la  proportion  de  l'hydrogène  dans 

l'air  atmosphérique;  par  M.  Anatole 

Leduc ,33.^ 

Alcalis.  —  Préparation  des  alcalis  et  du 
peroxyde  de  manganèse;  par  M.  ti. 
Baubignj , ,  10 


MATIERES. 

Pages. 

Alcools.  —  Action  des  alcools  sur  les 
dérivés  sodés  d'autres  alcools;  par 
M.  Marcel  Guerbet 172 

—  Synthèse  de  quelques  alcools  tertiaires 

(II).  Diphénylcarbinols:   par  M.   H. 

Masson 533 

Aldéhvdes.  —  Condensation  du  nitromé- 
thane  avec  les  aldéhydes  aromati- 
ques; par  MM.  L.  Bowcauh  el  A . 
IVahl 4i 

—  Sur  l'aldéhyde  /)-benzène-azobenzoïque 

et  ses  dérivés  ;  par   MM.  P.  Freun- 

dler  et  de  Laborderie 1 1 1 6 

Alimentaires  (surstances).  —  Sur  une 
nouvelle  réaction  du  formol,  permet- 
tant sa  recherche  dans  les  denrées 
alimentaires;  par  MM.  Manget  et 
Marion 584 

—  M.  Balland  adresse  une  Note   «  Sur 

les  principales  plantes  fourragères  ».     545 

—  Sur  quelques  Graminées  exotiques 
employées  à  l'alimentation  (Eleusine, 
Paspale,  Pénicillaire,    Sorgho,   Tef); 

par  M.  Balland 1079 

—  M.  iV.    Tamhon  demande   l'ouverture 

d'un  pli  cacheté  contenant  de  «  Nou- 
velles méthodes  d'analyse  pour  re- 
connaître les  falsifications  des  huiles 
d'olivp,  et  en  général  des  huiles  les 

unes  par  les  autres  « Grg 

Voir  aussi  Lait,  Vins. 
x\lumimum  et  ses  composés.  --  M.  le  Se- 
crt'taire  perpétuel  signale  une  tra- 
duction allemande  d'un  Ouvrage  de 
M.  Adolphe  Minel,  portant  pour 
titre  :  «  Die  Gewinnung  des  Alumi- 
niums und  dessen  Bedeulung  fiir  Han- 
del  und  Industrie  » 45i 

—  Sur  un  chlorosulfate  d'aluminium;  par 

M.  A.  Recnura 736 

—  Aluminate   de  manganèse  :  Al^O^Mn  ; 

par  M.  Ein.  Dufau g63 

—  Sur    le    fluorure    d'aluminium;    par 

M.  E.  Baud i  io3 

Aminés.  —  Sur  les  combinaisons  des  cya- 
nures complexes  avec  les  aminés  de 
la  série  grasse;  par  M.  P.  Chrétien.     901 

—  Action  des  aminés  grasses  sur  le  diben- 

zoate  de  méthylène;  par  M.  Marcel 
Descudé 972 

—  Sur  une  nouvelle  méthode  de  dosage 

volumétrique  de  l'hydroxylamine  ;  par 

M.  M.-L.-J .  Simon. . .:'. 1389 

Ammoniaque.  —  Action   du   chlorure  do 


TABLE   DES 

Pa(;es. 

bore  sur  le  gaz  iimmoniac;  par  M.  A. 

Joannis 1 1  oG 

Analyse  mathématique.  —  Sur  le  déve- 
loppement des  fonctions  analytiques 
en  série  de  polynômes:  par  M.  Paul 
Pdinlevé 1 1 

—  Sur  un  groupe  nouveau,  d'ordre  fini, 

linéaire  à  quatre  variables;  par  M. 
Léon  Aulonnc l'i 

—  Application  de  la  méllioùe  de  la 
moyenne  arithmétique   aux  surfaces 

de  Riemann  ;  par  M.  J.  Korn 94 

—  Sur  la  généralisation  du  prolongement 

analytique  ;  par  M.  Emile  Bord. ...      i  Jo 

—  Observations  sur  cette  Communication 

de  M.  Borel;  par  M.  l\  Painlcvé.. . .     xbj. 

—  Sur  les  fonctions  entières  de  genre  fini  ; 

par  M.  hrnsl  Litidelôf. 3 iG 

—  Sur  les    fonctions    entières   et    quasi 

entières  et  les  équations  difféien- 
tielles;  par  M.  Ednwiid  Maillet 891 

—  Sur  les  équations  différentielles  et  la 

lliéorie  des  ensembles;  par  j\l.  Ed- 
mond Maillet 434 

—  Sur   les   équations    différentielles    du 

second  ordre  à  points  critiques  fixes; 

par  M.  /{.  LiounUe 892 

—  Sur  l'irréductibilité  des  transcenduntes 

uniformes  définies  par  les  équations 
différentielles  du  second  ordre;  par 
M.  Paul  Painlevé 4 1 1 

—  Démonstration  de  l'irréductibilité  abso- 

lue de   l'équation  j"=  6/- -H  jc;  par 

M.  P.  Painlevé 64  i 

—  Sur  les  transcendantes  uniformes  défi- 

nies par  les  équations  dilférentielles 

du  second  ordre  ;  par  M.  R.  Liouville.     781 

—  Sur  les  transcendantes  uniformes  défi- 

nies par  l'équation  y"  —  i')y^-\-  x;  par 

M.  P.  Painlevé 7>7 

—  Sur  un  théorème  de  M.  Fiobenius ;  par 

M.  de  Ségider 5iS 

—  Sur  la  théorie  des  fonctions  algébriciues, 

par  M.  Liuhv'ig  Sc/desi/t^cr 67(1 

—  Sur  l'équation  de  Bessel  avec  second 

membre;  par  M.  Jlejaiulre-S.  Chcs- 

sin 678 

—  Sur  certaines  égalités  remarquables; 

par  M.  IV.  Steklnjf' -. . . .     788 

—  Sur  la  rcpréseiilation  approchée  des 

fonctions  ;  pur  M.  \\ .  Stekhff. 848 

—  Sur  la  structure  des  groupes  infinis; 

par  M.  E.  Citrtan 83 1 

—  Sur  les  fonctions  monodromes  à  point 


MATIÈRES.  1391 

Pages. 

singulier  essentiel  isolé;  par  M.  Ed- 
mond Maillet 8S9 

—  Sur  une  extension  de  la  notion  de  pé- 

riodicité; par  M.  E.  Esclangon 891 

—  Sur  l'intégrale  de   Laplace-Abel  ;  par 

M.  G.  MUtag-Lefflcr 987 

—  Sur  quelques  conséquences  de  certains 

développements  en  séries  analogues 
aux  développements  Irigonométri- 
ques;  par  M.  f^F .  Ste/du(J'. 946 

—  Sur  les  congruences  à  plusieurs  incon- 

nues relativement  à  un  nombre  pre- 
mier imjjair;  par  M.  R.  Levavasseur.     949 

—  Sur  la  généralisation  des  fractions  con- 

tinues; par  M.  Aiiric 95o 

—  Sur  les  transcendantes  uniformes,  dé- 

finies par  des  équations  différentielles 

du  second  ordre;  par  M.  R.  Liouville.     95-2 

—  Sur  l'irréductibilité  de  l'équation 

par  M.  P.  Painlevé 1020 

—  Sur  une  formule  sommaloire  dans  la 

théorie  des  fonctions  à  deux  variables; 

par  M.  Martin  Krause 1045 

—  Sur   l'intégration  d'une  équation  aux 

dérivées  partielles  du  second  ordre, 
du  type  hyperbolique,  à  plus  de  deux 
variables  indépendantes;  par  M.  R. 
d'Adhémnr 1 100 

—  Sur  les  fonctions  entières;  par  M.  Ha- 

daniard 1 809 

—  Remarque  relative  à  sa  Note  «  Sur  la 

représentation  approchée  des  fonc- 
tions »  ;  par  M.  fV.  Sleklojf 181 1 

—  Sur  la  formule  fondamentale  de  Diri- 

chletqui  sert  à  déterminer  le  nombre 
des  classes  de  formes  quadratiques 
binaires  définies;  par  M.  Mathias 
Ltrch i3 14 

—  Une  application  de  la  théorie  des  rési- 

dus au  prolongement  analytique  des 
séries  de  Taylor;  par  M.  Ernst  Lin- 
delôf. 1 3 1 5 

—  Rapport  sur  le  concours  du  grand  prix 

des  sciences  mathématiques  en  1902; 

par  .M.  Paul  Painhvé 1 154 

Voir  aussi  Géométrie,  Mécaiûiiae,  Phy- 
sique mathématique. 
Anvtomie  animale.  —  Contribution  à  l'é- 
tude anatomique  du  Rabdopleura 
Normani  Allm  ;  par  MM.  A.  Conte  et 
C.    Vanry 63 

—  Distribution    des    corps   suprarénaux 


l392  TABLE  DES 

Pages. 

des  Plagiostomes  ;  par  M.  Ed.  Gryn- 
fellt 33o 

—  Structure   des  corps  siiprarénaux  des 

Plagiostomes;  par  M.  E.  Grynfelti..     SjS 

—  Sur  le  corps  interrénal   des  Plagiosto- 

mes ;  par  M.  Ed.  Grynfelu 4^9 

—  Sur  la  continuité  fibrillaire  des  cellules 

épithéliales  et  des  muscles  chez  les 
Nehalla\  par  M.  Alplionse  I.fd)bé..  .  .      jjo 

—  Sur  la  structure  des  muscles  de  X Ano- 

nnn  rpliippimir.  par  J\].  Jnbert 906 

—  Variations  morphologiques   et   anato- 

miques  présentées  par  le  gésier  chez 
quelques  Coléoptères;  par  M.  L.  Bor- 
das       ()8'2 

—  Sur  la  présence  des  corpuscules  acido- 

philes  paranucléolaires  dans  les  cel- 
lules du  lociis  niger  et  du  Incus  cœ- 

ruleus\  par  M.  G.  Mnrincscq iood 

Voir  aussi  Embryngénie  et  Zonlogu-. 

Anatomie  végétale.  —  Le  byis  intermé- 
diaire ;  par  M.  Paul  Vitilleniin 1  3()7 

Voir  aussi  Botanique. 

Anii.ixr.  —  Sur  quelques  produits  d'oxy- 
dation de  l'aniline  par  l'oxygène  de 
l'air;  par  M.  C.-l.  Istrati -\>. 

Arsenic.  —  Sur  l'existence  de  l'arsenic 
dans  la  série  animale;  par  M.  Gabrid 
Bertrand So<) 

—  Observations  de  M.  Armand  Gautier, 

à  propos  de  celte  Note 812 

—  Localisation  de   l'arsenic  normal  dans 

quelques  organes  des  animaux  et  des 
plantes.  Ses  origines  ;  parRL  Armand 
Gautier j^33 

—  La  ditïusion  de  l'arsenic  dans  la  nature, 

par  M.  F.  Gnrrignu 1 1 1 3 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication      i38,S 

—  Observations  au   sujet  de  la   Note  de 

M.  Garrigou;    par  M.  Armand  Gau- 

t'f^r iii5 

AsTnoNOMiE.  —  Méthode  spectrale  capable 
de  fournir  la  loi  de  rotation  encore 
inconnue  des  planètes  à  faible  éclat. 
Vérifications  de  la  méthode.  Premiers 
résultats;  par  M.  H.  Deslandres 'ri^ 

—  Recherches  spectrales  sur  la  rotation 

de  la  planète  Uranus;  par  M.  H.  Des- 


MATIÈRES. 

Pages. 
Inndres 47* 

—  Organisation,  à  l'Observatoire  de  Meu- 

don,  des  spectrographes  automatiques 
dits  des  vitesses,  qui  enregistrent  les 
mouvemenîs  radiaux  et  l'épaisseur  de 
la  chromosphère  solaire;  par  M.  H. 
Deslandres 5oo 

—  Sur  la    surface   focaln  principale    de 

l'objectif  de  l'cquatorial  phologra- 
[)hique  de  l'Observatoire  de  Toulouse  ; 
par  MM.  B.  Bnillaud  et  Montange- 
rand 449 

—  Comparaison  des  Tables  de  Vesta  avec 

les  observations  méridiennes  faites 
de  1890  à  1900;  par  M.  Gustave  Lc- 
veau 525 

—  Sur  la  visée  d'une  surface  de  mercure 

éclairée  par  un  faisceau  de  lumière 
horizontal;  par  M.  G.  Lippmann . . .     83 1 

—  Vitesse  de  la  lumière;   parallaxe   so- 

laire ;  par  M.  Permtin 881 

—  M.  Conrad  de  Liebhabcr  adresse  une 

Note  «  Sur  le   phénomène  de   la  nuit 

et  des  étoiles  changeantes  » 3o8 

—  Rapport  de  M.  Lœwy,  concluant  à  dé- 

cerner le  prix  Lalande    pour  1902  à 

M.   Trépied 1  168 

—  Rapport  de  M.  Lœwy,  concluant  à  dé- 

cerner  le    prix    Valz   pour    1902   à 

M.  Hartwig 1  1 69 

—  Rapport  de  M.  Lœwy,  concluant  à  dé- 

cerner le   prix  Damoiseau   pour  1902 

à  M.  Gaillot 1 1 70 

—  Rapport  de  M.  Janssen,   sur  le  con- 

cours du  prix  Janssen  en  1902 1 172 

—  Rapport  de  M.  Lœwy,  concluant  a  dé- 

cerner le   prix  H.  Wilde  pour  1902  à 

M.  Schulhof 1236 

—  Rapport  de  M.  Bnssnt,  concluant  à  dé- 

cerner   le   prix  Delalande-Guérineau 

pour  1902  à  M.  Gonessint 124' 

Voir   aussi    Comètes,    Étoiles  filantes, 
Lune,  Planètes,  Soleil. 

Aveugles.  —  Sur  un  nouveau  procédé 
destiné  à  faciliter  l'écriture  et  le  cal- 
cul aux  aveugles;  par  M.  Dussaud.. .     600 

AzoTiiRES.  —  Sur  un  procédé  général  de 
formation  des  azotures  métalliques; 
par  M.   Guntz 738 


TABLE    DES    MATIERES 


1:^93 


B 


Page».    I 

Balistique.  —  Sur  la  loi  des  pressions 
dans  les  bouches  à  feu,  par  M.  E. 
VnUier 3i4  cl     %'\-i 

—  Tracé  des  courbes  de  pressions:   par 

M.  E.  Fallier 94  < 

Baryum.  —  Sur  le  baryum-ammonium  cl 

l'amidure  de  baryum  ;  par  M.  Mentrei.  740 
Benzènes.  —  M.    Tiffenenu   adresse  une 

Note  «Sur le  mélhoélhénylbenzène». .  3o8 
Bétons.  —  Résistance   à   la   traction   du 

béton  armé  ;  par  M.  Considère 33; 

—  Étude  théorique  de  la  résistance  à  la 

compression    du    béton    iretté  ;    par 

M .  Considère 363 

—  Etude  expérimentale  de  la  résistance  à 

la  compression  du  béton  fretté  ;  par  M. 

Considère 4  '  ^ 

Bioi.OGiii.  —  Sur  rauloréi^ulation  par 
l'acide  carbonique  du  fonction- 
nement énergétique  des  organismes; 
par  ]\l.  Raphaël  Dubois ")8 

—  Transmission  expérimentale  aux  des- 

cendants, fies  lésions  développées  chez 
les  ascendants;  par  MM.  A.  Cliarrin. 
G.  Dp /a  mare  el  Moussu 1  S<) 

—  Germination  des  spores  àe  Stcrii^nia- 

tocysiis  nip;ra  dans  la  trachée  de 
quelques  oiseaux  ;  par  M.  Pierre 
Lesage * 63'. 

—  Le  rythme  vital;  par  MM.   Vaschide  el 

Fitrpas ~^i 

—  ipplication  d'un  caractère  d'ordre 
élhologique  à  la  classification  natu- 
relle; par  L.  Matruchot 988 

Voir  aussi  Chimie  blolo^uiue . 

Bore.  —  Action  du  chlorure  de  bore  sur 

le  gaz  ammoniac;  par  M.  A.  Joannis.   1  inC) 

Botanique.  —  Sur  quelques  plantes  à 
caoutchouc  delà  côte  occidentale  d'A- 
frique; par  M.  Aug.    Chevalier 44' 

—  Sur  la  liane  à  caoutchouc  des  forêts  du 

Congo  français;  par  i\L  Aug.  Che- 
Kxdier 4*" 

—  Sur  les  Landolphiées  donnant  le  caout- 

chouc des  herbes  au  Congo  français; 

par  M.  Aug.  Chevalier j  r^ 

—  Le  Landolphia  Pierrei,  espèce  nouvelle 

du  Gabon,  considérée  comme  pouvant 
fournir  du  caoutchouc;  par  M.  Henri 
Hua 868 


Pages. 

—  Sur  l'existence  déformes  levures  stables 

chez   quelques   moisissures;  par    M. 

G.  Odin 479 

—  Sur  une    modification   produite    chez 

\q  Sropolia  rarninlica  à  la  suite  de  sa 
greffe  sur  Tomate;  par  M.  Lucien 
Daniel..  .    4^1 

—  Sur  le   pollmi  des  Asclépiadées;    par 

M.  PaulD'p 710 

—  Sur  le    (iéveloppemenl  de    l'ovule  drs 

Asclépiadées;  par  M.  Paul  D<>p 800 

—  Recherches  sur  le  bourgeonnement  de 

Rh(d)dopleura  Normanni  Ali;  })ar 
MM.  C.  Vanej  et  .-/.  Conte 74 S 

—  La  théorie  des  phytons  chez  les  Gym- 

nospeiines;  par  M.  G.  Chniiveaud. . .     y  10 

—  Sur  le  mode  de  végétation  et  de  repro- 

duclion  de  VA/ny^lomyces  Rouxii. 
champignon  Ai^Và  levure  rhi/ioise:  par 
M.  y.  Tunpiet 91-2 

—  De  la  répartition  des   sphérulins  dans 

les  familles  végétales;  par  M.  Louis 
Petit 991 

—  Cultures  ex|)érimentales  dans  la  région 

méditerranéenne,  modifications  de  la 
structure  an;itomique;  par  M.  Gaston 
Bonnier i  '-85 

—  Sur  la   végétation   du  lac  Pavin;  par 

M .  C.  Bru  y  ant 1871 

—  M.   Gaston  Bonnier  fait   hommage    à 

l'Académie  du  deuxième  fascicule  du 
n  Cours  de  Botanique»  publié  par  lui 
en  collaboration  avec  M.  Lcclerc  du 
S.thlon 846 

—  Rapport  de  M.  Bomet,  concluant  à  dé- 

ceiner  le  prix  Desm;izières  pour  igo?. 

à  M.  Roland  Tha.rter 1201 

—  Rapport  de  M.  Pnllieuj:,  conchianl  à 
décerner  le  prix  Montagne  pour  igoi 

à  M.  P.  Vuiltemin i'2o3 

Voir  aussi  Physiologie  végétale.  Ana- 
tomie  végétale^  Pathologie  ve'gétale, 
Biologie . 

UoTANiQUE  FOSSILE.  —  Sur  quelques  pol- 
lens fossiles.  Prothalles  mâles.  Tubes 
polliniques,  etc.  du  terrain  huuiller; 

par  M.  B.  Renault 35o 

—  M.  R.  Zeiller  présente  un  travail  : 
«  Observations  sur  quelques  plantes 
fossiles  des  Lower  Gondwanas  ».. .  .     610 


i394 

Pages. 

—  M.  Zeiller  fait  hommage   de  son  Allas 

de  la  «  Flore  fossile  des  gîtes  de  char- 
bon du  Tonkin  » 7C9 

—  M.  Zcillcr  fait  hommage  d'une  Note, 

^juijliée  en  espagnol  et  en  français, 
«  Sur  quelques  empreintes  végétales 
du  Kimmériilien  de  Santa  Maria  de 
^leya,  province  de  Lérida  (Espa- 
gne) » 770 

Bulletins  biblioghaphiques,  126,  307, 
375,  463,  483,  517,  546,  607,  716, 
754,  818,  xoi5,  io8-2,  1276,  i335. 

Bureau  des  lo.ngitudks.  —  M.  Bassoi 
présente  à  l'Académie  le  Volume  de 


TABLE    DES    MATIERES. 


Pages, 
la   «  Connaissance  des  Temps,   pour 
l'année  igoS  » 671 

—  M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publi- 

que invile  l'Académie  à  lui  présenter 
une  liste  de  deux  candidats  pour  la 
place  de  Membre  titulaire  du  Bureau 
des  Longitudes,  vacante  par  le  décès 
de  M.  Cornu 84G 

—  Liste  de  candidats  pré.-enlée  à  M.  le 

Ministre  pour  cette  place  :  1°  M.  Dar- 
boux;  2°  M.  Hait 944 

—  M.  le  Général  Bassni  présente  à  l'Aca- 

démie, au  nom  du  Bureau  des  Longi- 
tudes, \ Annuaire  pour  l'an  igo3.  . .    1094 


c 


Candidatuues.  —  M.  Andoycr,  .\i.  F. 
Puiseux  prient  l'Académie  de  les 
comprendre  parmi  les  candidats  à  la 
place  vacante,  dans  la  Section  d'As- 
tronomie, par  le  décès  de  M.  Fave. .     846 

Carbone.  —  Sur  la  température  d'inflam- 
mation, et  sur  la  combustion,  dans 
l'oxygène,  des  trois  variétés  de  car- 
bone ;  i)ar  M.  Henri  Mnissan 921 

—  Sur  la   Iransl'ormalion  du  diamant  en 

carbone  noir  (charbon)  pendant  son 
oxydation,  et  sur  les  changemenls 
isomériques  des  corps  simples  pen- 
dant les  décompositions  et  combinai- 
sons ;  par  M .  Bcrilielot 1018 

Carburateurs.  —  Sur  un  carburateur 
automatique  pour  moteurs  à  explo- 
sions; par  M.  A.  Krebs 89 ^ 

CÉRiuM.  —  Étude  du  siliciure  de  ceriiiui; 

pa r  M.  Slerbri 170 

Chaudières.  —  Sur  une  des  causes  d'ex- 
plosion des  ciiaudières  à  vapeur  et 
sur  le  moyen  delà  prévenir;  par  M.  J. 
Fouriner -ïy). 

Chemins  de  fer.  —  M.  Archambaull 
adresse  une  Note  sur  un  projet  d'ap- 
pareil de  sûreté  contre  les  tamponne- 
ments des  trains  de  chemins  de  fer. .     •i^S'^ 

Chirurgie.  —  Rapport  de  M.  Ldvrran, 
concluant  à  décerner  le  prix  du 
baron  Larrey  pour  igoi  à  M.  le 
D''  Tridire 1 27.0 

Chimie  agricole.  —  Ét'.ides  sur  la   tenu 

végétale;  par  M.  Th.  Selilœsiug 601 

—  Sur  la  nature  des  composés  azotés  qui 

existent  dans  le  sol  à  différentes  hau- 


teurs; par  M.  G.  André i353 

Chimie  animale.  —  Sur  la  nature  de  la 

bufonine  ;  par  M.  Gabriel  Bertrand.        49 

—  Existence,    dans    l'albumen    de    l'œuf 

d'oiseau,  d'une  substance  fibrinogène 
pouvant  se  transformer,  in  vitro,  en 
membranes  pseudo-organisées;  par 
M.  Armand  Gautier i33 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication       'i68 

—  Sur  l'acide  lycuronique  dans  le  sang 

du  chien;  par  MM.  l.-B.  Lépi/ie  et 
Boulud 1 39 

—  Sur  la  mannite,  les  azotates  et  les  alca- 

loïdes des  urines  normales;  par  M.  S. 
Donibroivshi 244 

—  Essai    d'analyse    immédiate    du    tissu 

nerveux;  par  M.  Z\^.-/i//;tWo  Barbieri.     246 
— •  Sur  la  muso:d.anine,  base  dérivée  des 
muscles;   par   MM.   A.  Etard  et  A. 
nia 698 

—  Sur  l'origine  de  la  coloration  naturelle 

des  soies  de  Lépidoptères;  par 
^L\L  D.  Levrat  et  A.  Conte 700 

—  Sur  l'existence  de  l'arsenic  dans  la  série 

animale;  par  M.  Gabriel  Bertrand..     809 

—  Observations  de  M.  Armand  Gauiitr  à 

propos  de  celle  Note 812 

—  Localisation  de  l'arsenic  normal  dans 

quelques  organes  des  animaux  et  des 
plantes;  par  M.  Arm.  Gautier 833 

--  Quelques  remarques  sur  la  muscula- 
mine,  base  dérivée  des  muscles;  par 
M.  S.  Pasternak S(J5 

--  Sur  les  varialions  du  phosphore  miné- 
ral, conjugué  et  organique,  dans  les 


TABLE    DES 

Pages. 

tissus  animaux;   par  M.  A.-L.  Pcr- 

cii'nl I  oo5 

Voir  aussi   Diaslnscs,  Seing,    Urologie, 
Venins . 
Chimie  biologique.  —  La  zymase  do  Y Ea- 

rotiopsis  Gayoni,  par  M.  Mnzé i  i  3 

—  Méthode  perineltant  de  séparer,   des 

liquides  animaux  et  végétaux  com- 
plexes, la  plupart  de  leurs  matières 
ternaires  et  plusieurs  des  bases  qui 
peuvent  les  accompagner;  par  M.  .S'. 
Donibrowsky 1 8>. 

—  Sur    le    sérum    antiparamécique;    par 

M.  Ledoux-Le.bnrd .^98 

—  Action   de  la  fermentation   alcoolique 

sur  le  bacille  typhique  et  sur  le  Bac- 
terium  coli  commune  ;  par  MM.  E.  Ba- 
din et  F.  Paillierct 299 

—  Elude  comparée  des  liquides  organi- 

ques de  la  sacculine  et  du  crabe;  i)ar 
MM.  Louis  Bruntz  elJcan  Gautrelet .     349 

—  Induence  des  agents  de  caialyse  sur  le 

fonctionnement  de  l'organisme  :  sper- 
mine,  cérébrine  et  chloradrénal;  par 

M.  Alexandre  de.  PoeJd i  1 4 1 

Voir  aussi  Arsenic. 
Chimie  indistrieli.e.  —  Sur  une  nou- 
velle preuve  de  la  résistance  cellu- 
laire des  saccharomyces,  et  sur  une 
nouvelleapplicalionde  celte  propriété 
à  l'industrie  de  la  distillerie;  par 
M.   Henri  Alliot 4-^ 

—  Sur  le  pouvoir  calorifique  de  la  houille; 

par  M.  Goûtai 477 

—  Sur  la  recherche  et  le  dosage  de  l'ex- 

trait de  châtaignier  en  mélange  avec 
l'extrait  de  chêne;  par  M.  Ferdinand 
Jean 536 

—  Essais  sur  la  constitution  chimique  des 

copals;  par  M.  Marcel  Guédras.  .  .  .      797 

—  Production  de  couleurs  fixes  sur  tous 

genres  de  cuirs,  par  l'emploi  de  sels 
de  molybdène  combinés  à  des  matiè- 
res tannantes  ou  à  des  couleurs  mor- 
dantes végétales;  par  M.  Emni.  Pozzi- 
Escol 880 

—  Ouvertuie  d'un  pli  cacheté  renfermant 

une  Note  «  Sur  la  préparation  du  gaïa- 
col  et  du  créosol  purs  au  moyen  de  la 
créosote  de  hêtre  »;  par  MM.  Chapo- 
teaut  et  Ciraud 1042 

—  M.  le  Secréinire  perpe'lucl   signale  les 

trois  Volumes  du  Compte  rendu  du 
quatrième    Congrès   international   de 


MATIÈRES.  1395 

Pages. 

Chimie  appliquée,  tenu  en  1900 146 

Voir  aussi  AUmcnlaires  {Substances), 
Fins,  Carburateurs. 
Chimie  MiNiiRALE.  —  Action  de  l'acide 
chlorhydrique  sur  les  sulfates  de  ses- 
quioxyde  d'aluminium,  de  chrome  et 
de  fer  ;  par  M.  A.  Becoura i63 

—  Sur  les  mixtes  formés  par  le  soufre  et 

le  phosphore  au-dessous  de  100";  par 

M.  A'.  Boulouch ifi5 

—  Sur  la   précipitation  des  chlorures  et 

bromures  de  cadmium,  de  mercure  et 
d'étain  par  l'acide  sulfurique;  par 
M.    Georges  Viard 242 

—  Sur  quelques  sources  de  gaz  minérales; 

par  M.  Ch.  Moureu 1 335 

—  Sur  les  cryoiithes;  par  M.  E.  Baud. .    1337 
Voir  aussi  les  Articles  spéciaux  :  Alu- 

niinium,  Azoturrs,  Baryum,  Carbone, 
Cériuin,  Cobalt,  Cuivre,  Fluor,  Ma- 
gnésium, Phosphates,  Radium,  Sili- 
cium, Thidlium,  Uranium,  Vanadium, 
Zinc,  et  Thernwchimie. 
Chimie  ouganique.  —  Propriétés  oxydan- 
tes d'un  pyranol  ;  par  M.  R.  Fosse. . .       39 

—  De  l'action  des  sels  diazoïques   sur  la 

desmotroposanlonine  et  l'acide  des- 
motroposantoneux;  par  MM.  E.  fFe- 
dc/>i/id  et   Oscar  Schnndt 43 

—  Hydrogénation  directe  de  carbures  acé- 

tyléniques  par  la  méthode  de  contact; 
par  MM.  Paul  Sabatier  et  J.-B.  Sen- 
drrens 87 

—  Réduction  des  dérivés  nitrés  parla  mé- 

thode d'hydrogénation  directe  au  con- 
tact de  métaux  divisés;  par  MM.  Paul 
Sabatier  et  J.-B.  Scnderens 225 

—  Hydrogénation  directe   des  oxydes   de 

l'azote  par  la  méthode  de  contact; 
par  MM.  Paid  Sabatier  et  J.-B.  Sen- 
dcrens 278 

—  Sur  l'acide  oxyi.sopropylphosphinique; 

|)ar  M.  C.  Marie 106 

—  Propriétés  pharmacodynamiques  de 
certaines  semicarbazides  aromati- 
ques; par  MM.  Auguste  Lumière, 
Louis  Lumière  et  J .  Chevrottier 187 

—  Sur  quelques  nouveaux  composés  orga- 

niques d'addition  ;  [lar  M.  P.  Lemoult.     346 

—  Sur   l'acide   nitropyromucique  et   son 

élher  éthylique.  Sur  le  diiiitrol'urfu- 
rane;  par  M.  R-  Marqids 5o5 

—  Sur  un  nouveau   composé  du  groupe 

de     l'hexamélhylènetétramine;     par 


1396 


TABLE    DES 


Pages. 
M.  Marcel  Dcscudé 69 'i 

—  Action  du  chlore  cl  du  bronv  sur  Ifs 

véralrols  moiionilrés;  par  M.  H. Cou- 
sin      967 

—  Sur  rhydro.m'iiatiori    de    l'acélol;    par 

M.  Aiiclrc  Klirii:; (jjo 

—  Action   des   éttiers   lialui;énés    ?ur    le 

thiosiilfocorbamale  d'ammonium;  par 

M.  Marcel  Dele'plne 97  j 

—  Dérivés  d'addition  du  cycloiiexeiie  ;  par 

M.  Léon  Britnel loV) 

—  Sur  un  dichiorhydrale  et  un  dibrom- 

hydrate  de  cadinène  et  un  cadinène 
régénéré  dextrogyres;  par  M.  Emile 
Grimai 1 067 

—  Sur    l'acide    oxybenzylphosphinitpie  ; 

par  M.  C.  Marie 1  n S 

—  Sur  le  dibromure  de  métho-étlienyl- 

benzène;  par  M.  M.  Ti[lcneau \'i\ii 

—  Sur  la  synthèse  d'un  carbure  ai  orna- 

tique  dérivé  du  camphre;  par  M.  C. 
Chabrié 1 348 

—  Sur   une   méthode  de    transformation 

des  dérivés  monochlorés  et  monobro- 
més  des  hydrocarbures  en  dérivés 
monoiodés;  par  iM.  F.  Bodroux ia5o 

—  Sur  la  décomposition  de  quelques  aci- 

des organiques  di-  et  tribasiques; 
par  MM.  OEc/isncr  de  Coninck  et 
Raynatid 1 35 1 

—  Rapport  de  M.  Haller,  concluant  à  dé- 

cerner  le   prix  Jt'tker   pour    1902  à 

M.  Rnsenslècht 1193 

Voir  aussi  Alr(dis,  Aldéhydes,  Alcools^ 
■  Aminés,  Aniline,  Benzènes^  Cyanu- 
res, Etiiers,  Fermentations^  Phénols, 
Sucres. 
Chimie  végétale.  —  Sur  la  présence  de 
la  lécithine  dans  les  végétaux;  par 
MM.  Schla^deniiaujfen  et  Reeb s>,o5 

—  Le  méthylanthranilale  de  méthyle  dans 

l'organisme  végétal;  par  M.  Eugène 
Charabot 5So 

—  Sur    l'essence    de   bois    de   Cèdre   de 

l'Atlas;  par  M.  Émilien  Grimai 582 

—  Sur   la   composition  des  hydrates   de 

carbone  de  réserve  de  l'albumen  de 
quelques  Palmiers;  par  M.  E.  Lié- 
niird 593 

—  Méthode  de  dosage   volumétrique  du 

tannin  et  analyse  des  bois  et  extraits 
tanniques;  \)^r}ti.  Albert  Thompson .     689 

—  Sur  l'acide  solide  de  l'huile  d'Elceo- 

cocca  vernicia;  par  M.  L.  Maquenn^.     (j()6 


MATIERES. 

Pages. 

—  Sur  une  matière  albuminoïde  extraite 

du  grain  de  maïs;  par  MM.  /.'.  Do- 
nard  et  H.  Lahbé 744 

—  Sur    la  présence  do  la  volémite  dans 

quelques  Frimulacées;  par  MM.  /. 
Bougault  et  G.  AUard 796 

—  Sur  l'essence  de  vétsver;  par  MM.  P. 

Genvresse  et  G.  Langlnis 1059 

Chlorures.  —  Action  du  chlorure  de 
bore  sur  le  gaz  ammoniac;  par  M.  A. 
Joannrs 1 1  oG 

—  Sur  une  nouvelle  méthode  de  chlorura- 

lion  des  carbures  aromatiques;  par 
MM.  Seyewetz  et  Biot 1 120 

Choléra.  —  M.  Mascart  communique  à 
l'Académie  des  observations  qu'il  a 
reçues  sur  l'abandon,  par  les  oiseaux, 
des  pays  allemts  par  le  choléra i384 

Clavelée.  —  Traitement  préventif  de  la  . 
clavelée.    Sérum    anticlaveleux;    par 
M.  F.-J.  Base... 4o5 

Cobalt.  —  Sur  les  combinaisons  du  sili- 
cium avec  le  cobalt  et  sur  un  nouveau 
siliciure  de  ce  métal;  par  M.  P.  Le- 
beau \-/i 

CoHÉREURS.  —  Sur  la  nature  du  cohéreur,; 

par  M.  y.  Fenyi 3o 

Comètes.  —  Observations  de  la  comète  h 
1902,  découverte  le  i'"'  septembre  par 
M.  Perrine  et  le  2  septembre,  d'une 
manière  indépendante,  par  M.  Bor- 
relly,  à  l'Observatoire  de  Marseille  ; 
parMM.  Borelly  et  L.  Fabry 433 

—  Observations  de  la  comète    1902   /;,  à 

l'Observatoire  de  Besançon;  par  M.  P. 
Chofardet 4^3 

—  Observations    de    la    comète   Perrine- 

Burrelly  (1902  Z»),  à  l'Observatoire  de 
Lyon  ;  par  M.  7.   Gudlaume 499 

—  M.  Max  rF«// adresse  une  Note  rela- 

tive à  des  «  photographies  stéréo- 
scopiques  de  la  comète  Perrine- 
Borelly  » G37 

—  Observations    de   la    nouvelle   comète 

Giacobini  {d  1902),  faites  à  l'Obser- 
toirede  Paris;  par  MM.  J.  Bigourdan, 
G.  Fayet  et  P.  Salet io43 

—  Éléments  provisoires  de  la  comète  Gia- 

cobini (2  décembre  1902);  par  M.  G. 
Fayet .1 044 

—  Observations  de  la  comète  Giacobini 

(1902  d),  faites  à  l'Observatoire  de 
Besançon;  par  M.  P.  Chojiadet 1099 

—  Observations  de  la  comète  d  (1902), 


TABLE    DES 

Pages. 

faites  à  l'Observatoire  d'Alger;  par 
^[M.  Enmbaucl et  Sj 1 3o7 

Cristallographie.  —  Sur  les  groupements 
de  cristaux  d'espèces  différentes;  par 
M.  Fréci.  fVnllerant 798 

CuivRK  ET  SES  COMPOSÉS.  —  Sur  la  préci- 
pitation du  clilorure  et  du  bromure 
cuivriques  par  l'acide  sulfurique;  par 
M.  Georges  Viard 168 


MATIERES. 


•^97 

Pages. 


—  Chlorures     cuivriques     ammoniacaux 

anhydres.     Radicaux     cupro-ammo- 
niques  par  M.  Bmizat 292 

—  Sulfates  cupro-ammoniques  anhydres; 

par  M.  Boiizat 534 

Cyanures.  —  Sur  les  combinaisons  des 
cyanures  complexes  avec  les  aminés  de 
la  série  grasse;  par  M.  P.  Chrétien. .     901 


1) 


DÉCÈS  DE  Membres  et  Correspondants  de 
l'Académie.  —  M.  le  Président  rap- 
pelle à  l'Académie  la  perte  qu'elle 
vient  de  faire  dans  la  [lersonne  de 
M.  Faye,  Membre  de  la  Section 
d'Astronomie 0 

—  M.  le  Présiilcnt  annonce  à  TAcadémie 

la  mort  de  M.  H.  Virclunw    Associé 
étranger 409 

—  Allocution  à  l'occasion  de  la  mort   de 

R.  Firchoiv ;  par  M.   Bouchard 409 

—  M.  le  Président  annonce  à  l'Académie 

la  mort  de  M.  Damour,    Académicien 
libre 4^'^ 

—  M.  le  Président,  annonce  à  l'Académie 

les  décès  de  MM.  Dehérain  et  Enute- 
fe  aille 1017 

—  Notice  sur  M.  MllUirdet ;  par  M.  Bor- 

net [  29S 

Décrets.  —  Décret  approuvant  l'élection 
de  M.  Schiaporelli^  comme  Associé 
étranger 7'! 

—  Décret  approuvant  l'élection  de  M.  Bou- 


vier, dans  la  Section  d'Anatomie  et 
Zoologie 73 

—  Décret  approuvant  l'élection  de  M.  Des- 

landres,  dans  la  Section  d'Astrono- 
mie      I  o85 

DusTASES.  —  La  zymase  de  \ Eumiiopsis 

Gnjoni ;  par  M.  Mnzé 1  1  5 

—  ^L  Emni.  Pozzi-Escot  adresse  des  «  Re- 

cherches sur  les  ferments  diastasiques 

de  VEurotium  Orizœ  » 216 

—  Les  kinases  microbiennes.  Leur  action 

sur  le  pouvoir  digestif  du  suc  pan- 
créatique vis-à-vis  de  l'albumine; 
par  M.  C  Delezenne 'l'n. 

—  Théorie  générale  de  l'action  de  quelques 

diastases;  par  M.  Victor  Henri 916 

Diffusion.  —  Sur  une  conséquence  de  la 
théorie  cinétique  de  la  dillusion  ;  par 

M.  J .  Thovert 679 

Distillation.  —  Étude  sur  la  distillation 
simultanée  de  deux  substances  misci- 
bles: par  MM.  Eugène  Chcirnbot  Qi 
J .  RocheroUes 175 


Eau  oxygénée.  —  Sur  un  dérivé  de  l'eau 

oxygénée  :  par  M.  R.  Fosse 53o 

ÉCOLE  polytechnique.  —  xMM.  H.  Poin- 
c(tré  et  Hdton  de  la  Goupillière  sont 
désignés  à  M.  le  Ministre  de  la  Guerre 
pour  faire  partie  du  Conseil  de  perfec- 
tionnement de  l'École  Polytechnique 
pendant  l'année  1 902-1903 5^2 

Économie  rurale.  —  Culture  du  lupin 
jaune  {Lupinus  lutcus)  ;  par  MM.  P.-P 
Dehérain   et  E.  De  mous  s j 44^ 

—  Culture  du  blé  au  ch.imp  d'expériences 
de  Grignon,  en  1902;  par  MM.  P.-P. 
Dehérain  et  C.  Dupont G64 

C.   1;.,   uj,n    1'-    <Li<.i-tr<.  (T.   GXXXV 


—  Sur  l'appréciation  économique  des  amé- 

liorations culturales;  par  M.  E.  Ra- 
bat é  1 074 

Voir  aussi  Viticulture.,  Chimie  n^ncole. 
Élasticité.—  Mesure  de  la  limite  élastique 

des  métaux;  par  M.  Ch.  Fremont...     uSi 

—  Sur  les  paramètres  élastiques  des  fds 

de  soie;  par  M.  F.  Beaidard 6i3 

—  Précautions  à  prendre   jiour    l'emploi 

des  Qls  decocon  comme  iils  de  torsion  ; 

par  M.  V.  Crémieu 682 

ÉLEc.iiciTÉ.  —  Nouvelles  recherches  sur 
iiS  courants  ouverts;  par  M.  V.  Cre- 

mi(  u 27 

182 


iSqS  table  des 

Pages. 

—  Anomalies  présentées  par  la  charge  de 

conducteurs  isolés  sur  des  diélectriques 
solides.  Phénomènes  magnétiques 
particuliers  constatés  au  voisinage  de 
nœuds  d'oscillations  électriques;  par 
M.  V.  Crémieu 1 53 

—  La  lumière  noire  et  les  phénomènes 

actino-électriques;  par  M.  Gustave  Le 
Bon 35 

—  Sur  les  phénomènes  mécaniques  de  la 

décharge  disruptive;  par  M.  Jules 
Sernenni' j55 

—  Photographie  d'un  éclair  mulliple;  par 

M.  Pilischikojf. i58 

—  Moyen  de    régler,  les    résonateurs  de 

haute  fréquence,  en  vue  de  leur  em- 
ploi médcal;  par  M.  H.  Guilleimmt.     288 

—  Sur  les  différences  de  potentiel  au  con- 

tact; par  M.  Pierre  Boley 454 

—  Sur  la  résistance  électrique  des  corps 

peu  conducteurs  aux  très  basses  tem- 
pératures; par  M.  Edmond  van  Au- 
tel      45G 

—  Errata  se   rapportant  à  cette  Commu- 

nication       640 

—  Sur  la  résistance  électrique  du  sulfure 

de  plomb  aux  très  basses  températu- 
res; par  M.  Edmond  van  Aubel.  .  .  .      784 

—  Sur  la  conductibilité  des  dissolutions 

aux  basses  températures;  pai-  M.  /. 
Kunz 788 

—  Lames  minces  métalliques  obtenues  par 

projection  cathodique;  par  M.  L. 
Houllevigue 626 

—  La  vision  à  distance  par  l'électricité; 

par  M.  J.~H.  Coblyn 684 

—  Nouvelles  expériences  sur  la  résistance 

électrique  du  sélénium  et  ses  applica- 
tions à  la  transmission  des  images 
et  des  impressions  lumineuses  ;  par 
M.  Dussaud 790 

—  Étude  de  la  magnélofriction  du  faisceau 

anodique;  par  M.  //.  Pcllat 1821 

—  Sur    l'émanation  du   phosphore;    par 

M.  Eugène  Bloch 1 324 

Voir  aussi  Electrochimle,  Hertziennes 
{Ondes),  Cohércurs,  Accumulateurs, 
Rayons  X,  Thermo-électricité . 
Electrochimie.  —  Sur  la  relation  entre 
l'intensité  du  courant  voltaïque  et  la 
manifestation  du  débit  électrolytique  ; 
par  M.  Berthtdot 6 

—  Actions     électrolyliques     manifestes, 
développées  par  les  piles  constituées 


MATIÈRES. 

Pages, 
par  la  réaction  de  deux  liquides  ren- 
fermant  l'un    un    acide,    l'autre    un 
alcali  ;  par  M.  Bertheloi 129 

—  Nouvelles  expériences  sur  la  limite  d'in- 

tensité du  courant  d'une  pile  qui  cor- 
respond à  la  manifestation  d'un  débit 
électrolytique  extérieur,  apparent  dans 
un  voltamètre;  par  M.  BertheUu  .  .  .     485 

—  Sur  l'électrolyse  de  l'azotate  d'argent; 

par  M.  Anatole  Leduc 28 

—  Sur  l'équivalent    électrochiuiique    de 

l'argent;  par  M.  Anatole  Leduc 287 

—  Élecirolyse  de  mélanges  de  sels;  par 

M.  Anatole  Leduc SgS 

—  Sur    les    électrodes    bipolaires;      par 

MM .  André  Brochet  et  C.-L.  Barillet.     854 

—  L'électrolyse  des  sels  métalliques 
séjournant  dans  les  tissus;  par  M.  An- 
dré Poëy.  . .  ._ 874 

—  Sur   l'ionisation   d'une    flamme  salée; 

par  M.   Georges  Moreau 898 

—  Sur  les  électrodes  bipolaires  à  anode 

soluble;  par  MM.  André  Brochet  cl 
C.-L.    Barillet 1049 

—  Procédé  de  séparation  électrique  de  la 

partie  métallique  d'un  minerai  et  de  sa 
gangue;  par  M.  D.  Ncgreano 1 108 

—  Sur  reiïet  Hall  et  les  mobilités  des  ions 

d'une  vapeur  salée;  par  M.  Georges 
Moreau 1  826 

—  M.  André  /"oé/ adresse  une  Note  rela- 

tive à  «  l'électrolyse  des  sels  métalli- 
ques séjournant  dans  les  tissus  ».. . .     867 
Embryogénie.    —   Sur    l'évolution    de   la 
spermatide  chez  le  Notonccta  glauca] 
piir   MM.  J.   Pantel  et  R.  de  Sinéty.     997 

—  L'herma|ihrodisme  normal  des  Pois- 
sons; par  M.  Louis  Roule i855 

—  Sur  l'origine  du  Nebenkern  et  les  mou- 

vements nucléiniens  dans  la  sperma- 
tide  de  Notonccta  glauca  ;  par  MM.  /. 

Pantel  et  R.  de  Sinétj 1  SSq 

Eruata,  128,  216,  268,  876,  4G4,  ^'^o, 
640,  716,  920,  1016,  1084,  1276, 
i388. 
Éthers.  —  Nouvelle  méthode  de  prépa- 
ration des  éthers  p-cétoniques  a  sub- 
stitués; par  M.  René  Locijuin 108 

—  Action  de  l'acide  nilreux,  en  solution 

acide,  sur  les  éthers  p-cétoniques 
a  substitués;  synthèse  des  homo- 
logues de  l'acide  pyruvique;  par 
MM.  L.  BoiH'eault  et  R.  Locquin  ...      179 

—  Action  d»  l'acide  nitreux,  en  solution 


TABLE    DES 

Pages. 

alcaline,  sur  les  étiiers  j3-cétoniqiies 
a  substitués;  par  MM.  £ou(>ea{tit  et 
René  Locquin agS 

—  Sur  la  saponification  des  élhers  nitri- 

ques; parMM.  Léo  Vfgno/?  el  I.  B(iy.     507 

—  Action  des  combinaisons  organo-mao:né- 

siennes  mixtes  sur  les  élliers  d'acides 
cétoniques  (II);  par  M.  V.  Gn^nant.    ^27 

—  Sur  les  dérivés  de  l'éllier  pyriivyljiy- 

ruvique  (II).  Hydrazones  stéréo-iso- 
mères ;  par  M.  L.-J.  Simon 63o 

Étoiles  filantes.  —  Sur  quelques  parti- 


MATIÈRES.  1399 

Pages, 
cularités   de   la    théorie   des   étoiles 
filantes.  Existence  de  points  radiants 
stalionnaires  par  45°  de  latitude;  par 
M.  O.  Callandrenu 557 

—  Observations  des  Perséides,  Léonides 
et  Biélides,  faites  à  Athènes  en  1902; 
par  M.  D.  Egnniis i3o8 

Expéditions  scientifiques.  —  M.  le  .9"- 
crétaire  perpétuel  signale  un  Volume 
intilulé  :  «  The  norwei^ian  north  po- 
lar Expédition,  1893-1896.  Scientific 
results.  Volume  III  » 22 


Ferme.ntations.  —  Sur  la   fermentation 

peclique ;  par  M.  Goyntul 53; 

—  M.  Goyaud  adresse  une  nouvelle  Note 

«  Sur  la  fermentation  pectique  » . . . .     713 


Fluor  et  ses  composés.  —  Étude  du  pen- 
tafluorure  d'iode,  par  M.  Henri  Mois- 
san , 563 


G 


GÉOGRAPHIE.  —  Sur  la  géographie  physi- 
que de  la  Yaïla  occidentale  (Crimée); 
par  M.  E.  Daniloff. 355 

—  1\!.  le  Secrétaire  perpétuel  signale  les 

cahiers  16  et  17  du  Service  géogra- 
phiqu(>  de  l'armée 1096 

—  M.   le  Secrétaire  perpétuel  sign.nle  un 

Ouvrage  de  JM.  Enunanuel  de  Mnr- 
tonne  intitulé  :  a  La  Valachie,  essai 
de  monographie  géogr.iphique  ». . . .    i3oo 

—  Rapports  sur  le  concours  du  prix  Binoux 

en  1902. 1 174 

—  Rapport  de  M.  de  Lapparent^  con- 
cluante décerner  leprixGay  pourt902 

à  M.  le  colonel  Berilutttt 1 199 

—  Rapport   de  M.  Grnndidier.  concluant 

à  décerner  le  prix  Tchihalclief  pour 

1902  à  M.  le  D'^  Scen  Hedtn 1239 

Géologie.  —  Sur  la  présence  de  l'étage 
aplien  dans  le  sud-est  de  rAfri{|ue; 
par  M.  W.  Kilinn 68 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication      21G 

—  Sur  le  Gothlandien  inférieur  du  massif 

armoricain;  par  M.  F.  Kerfnme .  . .  .      \ïi 

—  Faits  nouveaux  ou  peu  connus,  relatifs 

à  la  période  glaciaire;  par  M.  David 
Martin 1 24 

—  Sur  la   caverne  du    HiJll-Loch    (Trou 

d'Enfer)  et  la  Schleichende  Brunncn 


(source     rampante)     (Suisse);    par 

M.  E.-A.  Martel 3o5 

Sur  la  constitution  géologique  des  en- 
virons d'Alexandrie  (Egypte);  par 
MM.  R.  Fuurtau  et  D.-É.  Pachun- 
dahi 59G 

Sur  le  Grès  nubien;  par  M.  R.  Four- 
tau  8o3 

Analogie  entre  les  Carpalhes  et  les 
Alpes;  par  M.  Maurice  Lugeon 872 

Production  actuelle  de  soufre  natif  dans 
le  sous-sol  de  la  place  de  la  République 
à  Paris;  par  M.  Stanislas  Meunier..     915 

Sur  les  terrains  paléozoïquesde  l'Oued 
Saoura  et  du  Gourara,  par  .M.  E.~F. 
Gautier 1 07  r 

Sur  l'origine  de  la  coupure  transver- 
sale de  la  Kosva  (Oural  du  Nord); 
par  M.  Louis  Duparc 1 1 35 

Sur  des  gîtes  de  phosphate  de  chaux 
de  lii  Craie  à  Bélemnites,  formés  avant 
le  soulèvement  du  Bray;  par  M.  iV. 
de  Mercey 1137 

Sur  quelques  rapjirochemenls  entre  la 
genèse  des  Gîtes  Métallifères  et  la 
Géologie  générale;  par  M.  L.  de  Lau- 
'ioy i374 

Sur  la  découverte  d'un  nouveau  massif 
granitique  dans  la  vallée  de  l'Arve, 
entre  Servez   et   les  Bouches;   par 


1 4oo 


TABLE    DES    MATIERES. 


Pages. 
MM.    E.    Houg,   M.    Lugeon   et   P. 
Corhin 1 379 

—  Rapport    de   M.   de  Lappareni ,  con- 

cluant à  décerner   le   prix   Fontanes 

pour  1902  à  M.  Grossouvre 1 197 

Voir  aussi  Botanique  fossile.  Paléonto- 
logie^ Pétrographie,  Hydrologie ,  Phy- 
siipie  du  globe. 
GÉOMÉTRIE.  —  Sur  une  propriété  curieuse 
d'une  classe  de  surfaces  algébriques; 
par  M.  Emile  Picard -217 

—  Sur  le  problème  de  Dirichlet  pour  des 

domaines  limités  par  plusieurs  con- 
tours (ou  surfaces);  par  M.  A.  Korn.     28 1 

—  Sur  la  déformation  continue  des  sur- 

faces; par  M.  G.  Tzitzéica 5o3 

—  Sur  l'habillage  des  surfaces;  par  M.  Af. 

Servant jtS 


Pages. 

—  Sur  la  résolution    nomographique  du 

triangle  de  position  pour  une  latitude 
donnée  ;  par  M.  Maurice  d'Ocagne.  .     728 

—  Sur    les    substitutions    crémoniennes 

dans  l'espace;  par  M.  Léon  Autonite.     776 

—  Sur  les  propriétés  du  plan  au  point  de 

vue  de  VAnulysis  situs  ;  par  M.  Coni- 
bebiac 1044 

—  Sur  une  représentation   plane  de  l'es- 

pace et  son  application  à  la  Statique 
graphique;  par  M.  B.  Mayor i3i8 

—  M.  P.  de  V'n'iès  adresse  une  Note  inti- 

tulée :  «  Théorème  du  point,  symé- 
trique et  quelques-unes  de  ses  consé- 
quences » 1 1 44 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Bor- 

din  en  1902  ;  par  M.  Darboux 1 162 

Voir  aussi  Analyse  mathématique. 


H 


Hertziennes  (Ondes).  —  Sur  les  proprié- 
tés des  enceintes  fermées,  relatives 
aux  ondes  électriques;  par  M.  A. 
Turpain 435 

—  Sur  l'analogie  entre  les  rayons  X  et 

les  oscillations  hertziennes;  par  M.  P. 

Duhem 845 

Histoire  des  sciences.  —  M.  le  Secré- 
taire perpétuel  annonce  que  le  To- 
me XXXII  (2'  série)  des  «  Mémoires 
présentés  par  divers  savants  à  l'Aca- 
démie des  Sciences  «  est  en  distri- 
bution au  Secrétariat 22 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale  un 

Volume  de  M.  S.-H.  Finne-Gronn, 
intitulé  :  «  Abel,  den  store  malhe- 
matikers  siegt,  Christiania,  1899- 
1 900  » 93 

—  M.    le  Secrétaire  perpétuel   présente 

deux  Volumes  de  1'  «  International 
Catalogue  of  scientific  literature,  first 
annual issue;  D,  Chemistry,  Part  I,  et 
M,  Botany,  Part  I  » " 1 46 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale  le 

Tome  I  des  «  Opère  matematiche  di 

Eugenio  Bellranti  » 228 

• —  M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale  le 
Tome  I  des  «  Œuvres  complètes  de 
J .-C.  Galissard  de  Marignac,  1840- 
1860  » 523 

—  Sur  les   registres  de   laboratoire  de 

Lavoisier;  par  M.  Berthelot 54g 


—  Les  quatorze  grands  Registres  de  labo- 

ratoire de  Lavoisier.  l>e  Registre  II, 
signalé  perdu,  et  nouvellement  re- 
trouvé; par  M.  H.  Brocard 523 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale  une 

brochure  de  M.  Icdio  Guareschi, 
ayant  pour  titre  :  «  Faustino  Mala- 
guti  e  le  sue  opère  » 945 

—  M.  Lœay  fait  hommage  à  l'Académie, 

au  nom  de  M.  Hepites,  d'un  «  Essai 
historique  sur  les  travaux  astronomi- 
ques exécutés  en  Roumanie  jusqu'à 
la  fin  du  xix"  siècle  » 945 

—  M.  H.  Poincaré  fait  hommage  de  son 

Ouvrage  intitulé  :  «  La  Science  et 
l'Hypothèse  » 770 

—  Sur  les  procédés  de   fabrication  des 

arraps    à   l'époque    du   bronze;   par 

M.  Osmond 1842 

Hydrates.  —  Sur  la  composition  des  hy- 
drates de  gaz;  par  M.  de  Forcrand.     959 

—  Sur  la  composition   et  la   constitution 

des  hydrates  sulfhydrés;   par  M.  de 

Forcrand • 1 344 

Hydrographie.  —  Sur  le  régime  hydro- 
graphique du  Tidikelt  (archipel 
Toualien  ),  Sahara  central  ;  par  M.  G.- 
B.M.  Flamand 212 

—  Rapport  sur  les  travaux  de  M.  Drien- 

court  (concours  du  prix  extraordi- 
naire de  six  mille  francs);  par 
M •  Guyou 1 1 63 


TABLE    DES 

Pages. 
Hydrologie.  —  Sur  le  fonctionnement  et 
l'alimentation  de  la   fontaine  de  V;ui- 
cluse ;  par  M.  E.-A.  Martel 8 1 5 

—  Sur  l'origine  des  lapiaz  el  leur  relation 

avec  les  abîmes  et  l'hydrologie  sou- 
terraine des  calcaires;  par  M.  E.-J. 
Martel i  i  38 

—  Sur  la  présence  de  l'argon  dans  le  gaz 

de  la  source  Bordeu  à  Ludion,  et  sur 
la  présence  du  soufre  libre  dans  l'eau 
sulfureuse  de  la  grotte  el  dans  les 
vapeurs  de  humage;  par  M.  Henri 
Moissnn i  •>.';% 

—  Sur  quelques  sources  de  gaz  minérales; 

par  M .   Cil.  Moureu i  'î3  j 

—  M.  Lœwy^^\\,  hommage  à  l'Académie, 

au  nom  de  M.  Cnds,  d'un  Rapjjort 
sur  les  travaux  accomplis  eu  1901 
par  la  Commission  brésilienne  chiir- 
gée  de  procéder   à    l'exploration  des 

sources  principales  du  Javary 887 

Hydrostatiqle.  —  Sur  la  formation  des 
gouttes  liquides  et  la  loi  de  Taie;  par 
MM.  Â.  Leduc  el  Sac er dote 9 5 


MATIÈRES.  i4oi 

Pages. 

—  Sur  la  formation  des  gouttes  liquides  et 

les  lois  de  Taie;  par  xMiM.  Ph.-J. 
Giiret  el  F. -Louis  Perrot 459 

—  Errata  se  rapportant  à  celle  Commu- 

nication        0510 

—  Sur  la  formation  des  gouttes  liquides 

et  les  lois  de  Taie;  par  MM.  Ph.-A. 
Guje  el  F. -Louis  Perrot 6ii 

—  Sur  la  formation  des  gouttes  liquides 

el  la  loi  de  Taie;  par  MM.  A.  Leduc 

et  P.  Sacerdote 73^ 

Hydrosulfites.  —  Synthèse  des  hydrosul- 
files  alcalins  et  alcalino-terreux  anhy- 
dres ;  par  M.  H.  Moissan 647 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commii- 

niration 1084 

Hygiène  publique.  —  Sur  le  dosage  de 
l'oxyde  de  carbone  et  l'acide  carbo- 
nique dans  les  airs  viciés;  par  M.  Fer- 
dinand Jean 746 

—  Rapport  de  M.  Troost,  concluant  à  dé- 

cerner le  prix  Montyon  (Arts  insalu- 
bles)  pour  1902  à  M.  Claude  Bou- 
cher     1 234 


I 


Lnfectieuses  (maladies).  —  Recherches 
sur  les  Culicides  de  r.4lgérie  ;  par 
M.  H.  Soulié u8 

—  Les  moustiques  el  la   lièvre  jaune  à  la 

Havane;  par  M.  And'é  Poey 193 

—  Traitement   préventif  de   la   clavelée; 


sérum  auticlaveleux;   par    M.   F. -S. 

Bosc !\o'i 

—  Contribution   à  l'élude   des  Anophèles 
de  l'isthme  de  Suez;   par  M.  Cani- 

boulin 704 

Voir  aussi  Toxines,  Vcinns. 


Lait.  —  Variation  de  l'acide  phosphoricpie 
suivant  l'âge  du  lait  ;  par  MM.  F.  Bor- 
das et  Sis;,  de  Racikowski 3o>. 

—  De  l'influence  de  l'écrémage  sur  la  ré- 

partition des  principaux  éléments 
constitutifs  du  lait;  par  MM.  F.  Bor- 
das el  Sig.  de  Rnczkowskl 35 '1 

—  De  la  traite  mécanique,  dans  l'iiuliis- 

trie  laitière;  par  M.>L  F.  bordas  el 

Si°.  de  Kaczkowski 371 

LÉciTHiNE.  —  Sur  la  présence  de  la 
lécilhine    dans    les    végétaux;     par 


MM.  Sihlagdenhaujfrn  et  Reeh -205 

LuNK.  —  Sur  la  structure  el  l'histoire  de 
l'écorce  lunaire  :  observations  suggé- 
rées par  le  cinquième  et  le  sixième 
fascicule  de  l'Atlas  photographique  de 
la  Lune,  publié  par  l'Observatoire  de 
Paris;  par  MM.   Lœ^vy  el  P.  Pui- 

seux 73 

—  Sur  l'accéléralion  séculaire  de  la  lon- 
gitude moyenne  de  la  Lune;  par 
M.  H.  Andorer 432 


l402 


TABLE    DES    MATIÈRES. 


M 


Pa[;es. 

Magnésium.  —  Sur  les  alliao;es  de  cuivre 
et  de  magnésium;  par  J\l.  O.  Bnu- 
clnunrd -q  / 

Magnétisme.  —  La  déviation  ma.i,'nélique 
et  électrique  des  rayons  Becquerel  et 
la  masse  électromagni'tique  des  élec- 
trons ;  par  M.  (F.  Knufnmnn 077 

—  M.  Fraichet  adresse  le  résumé   d'un 

travail  «  Sur  la  variation  de  résis- 
tance magnétique  d'un  barreau  de 
traction  » 53^ 

—  Variation  de  la  résistance  magnétique 

d'un  barreau  de  traction  ;  par  M.  Frni- 

<'het 685 

Magnétisme  terrestre.  —  La  relaiion 
entre  les  protubérances  solaires  et  le 
magnétisme  terrestre;  par  Sir  Nor- 
man Lorkyer 3g/ 

—  MM.  B.  Brunhcs  et  P.  David  soumet- 

tent au  jugement  de  l'Académie  un 
Mémoire  intitulé  :  «  Étude  des  ano- 
malies du  champ  magnétique  terres- 
tre sur  le  Puy  de  Dôme  » 1096 

—  Rapport  sur  ce  Mémoire  de  MM.  B. 

Brunhes   et   David;  par  M.   Bouquet 

de  la  Grye 1 3oo 

Manganèse  et  ses  composés.  —  Alumi- 
nato  de  manganèse  Al^O'^Mn;  par 
M.  Dufau ç)63 

—  Sur  le  dosage  du  manganèse;  par 

M.  H.  Baubig/iy q55 

—  Errata  se   rapportant  à  celte  Commu- 

nication     10S4 

—  Préparation  des  alcalis  et  du  peroxyde 

de  manganèse;  par  M.  H.  Baubignr.    11 10 

—  Sur  le  métaphosphatemanganique  vio- 

let de  Gmelin;  par  M.  Ph.  Barbier..    io54 

—  Sur  un  phosphate   ammoniaco-mary- 

conigraphe  violet;  par  M.  Ph.  Bar- 
bier     1,09 

MÉCANIQUE.  —  Présentation  d'un  «  Traité 
de  Mécanique  rationnelle  »;  par  M.  P. 
Appell 521 

—  Sur  l'assemblage   de   deux  corps;  par 

M.  G.  Kœnicrs 343 

—  Remarque  sur  un  problème  de  Clebsch 

sur  le  mouvement  d'un  corps  solide 
dans  un  liquide  indéfini  et  sur  le  pro- 
blème de  M.  de  Brun;  par  M.  fV. 
Siekloff. 526 


Pages. 

—  Sur  le  problème  des  brachisfochrones; 

par  M.  H  a  ton  de  la  Gnupillirre 61 4 

—  Quelques  cas  d'intégration  de  l'équation 

des  brachistochrones  ;  par  M.  Haton 

de  la  GoiiplUière 6^7 

—  Sur  un  exemple  de  transformalion  cor- 

rélative en  Mécanique;  par  M.  Paid- 

J.  Suehar 679 

—  Sur  la  rupture  et  le   déplacement  de 

l'équilibre  ;  par  M.  Jouguet 778 

—  Sur  l'équivalence  des  systèmes  diffé- 

rentiels ;  par  M.  E.  Cartan 781 

—  Sur   les  quasi-ondes;  par  M.  P.  Du- 

hem 761 

—  Sur  les  conditions  nécessaires  pour  la 

stabilité  de  Tcquilibre  d'un  système 
visqueux;  par  M.  P.  Dulicm 939 

—  Sur  la  stabilité   de  l'équilibre  et  les 

variables  sans  inertie;  par  M.  P. 
Duiteni 1 088 

—  Des  conditions  nécessaires  pour  qu'un 

fluide  soit  en  équilibre  stable;    par 

M.  P.  Duhent 1 290 

Voir    aussi    Balistique,  Hydrostatiijur, 
PJiy.siqite  iiialliénialique. 
MÉCANIQUE  APPLIQUÉE.  —   U.  L.  FrcHcket 

adresse  im  Mémoire  portant  pour  litre: 
«  Méthode  d'essai  des  métaux,  basée 
sur  la  variation  de  la  réluclanre  d'un 
barreau  de  traction  » 886 

—  M.  Henri  Fillard  soumet  au  jugement 

de  l'Académie  les  résultats  d'expé- 
riences qu'il  a  effectuées  avec  de 
grandes  hélices  à  très  iietiis  pas....     9î5 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale  un 

Ouvrage  intitulé  :  «  La  Mécanique  à 
l'Exposition  de  1900  » 109G 

—  Rapport  sur  les  travaux  de  M.  Hart- 

mann (concours  du  prix  Montyon, 
Mécanique,  en  1902);  par  M.  Mau- 
rice Lévy 1  j  67 

Voir  aussi  Carburateurs,  Chaudières^ 
Elasticité,  Bétons. 
MÉCANIQUE  CÉLESTE.  —  Propriétés  d'une 
certaine  anomalie  pouvant  remplacer 
les  anomalies  déjà  connues  dans  le 
calcul  des  perturbations  des  petites 
planètes;  par  M.  O.  Callandreau. . .         S 

—  Perturbations  indépendantes  de  l'ex- 

centricité; par  M.  Jean  Mascart. .  . .    1097 


TABLE   DES 

Pages. 
MÉDECINE.   —   Rapport  de   M.   Bouchard 
sur   le    concours   des  [>rix    Monlyoïi 
(Médecine  et  Cliirurgie)  en  1902 ....    1208 

—  Rapports  de  M.  Marey  fit  de  M.  Guron 

sur  le  concours  du  prix  Barbier    on 

1 902 1 2 1 3 

—  Rapport  de  M.  Bonc/iard  sur  io   con- 

cours du  prix  Brc^ant  en  1902 i2i3 

Voir  aussi  P/iysio/ogie  pat/iu/n<.^if/i/e, 
T/ie'rt/pt'utique. 
MÉTÉOROLOGIE.  —  Variations  solaires  et 
météorologiques  à  courte  période;  par 
Sir  Norman  Lockyer  et  fViUiain 
Lockyer .      36 1 

—  Étude  sur  le  climat  de  Toulouse,  de 

i863  à  1900;  par  M.  B.  Balllaud...     766 

—  Ouverture  d'un  pli  cacheté,  relatif  à  un 

«  Anémoscope  électrique  »  ;  par  M.  P. 

Le  Goaziou 5  1 6 

Minéralogie.  —  Production  artificielle  du 

rubis  par  fusion;  par  M   A.  Vcrnsuil.     791 

—  M.  A,  Dnhoin  adresse  une  Note  «  Sur 


MATIÈRES.  i4o3 

Pages, 
la   production  du  rubis  par  fusion  » .     919 

—  Quelques  observations  minéralogiques, 

faites  sur  les  produits  de  l'incendie  de 
Saint-Pierre  (Martinique);   par  M.  A. 

Lacroix j  068 

Voir  aussi  Pétrographie,  Cristallo- 
graphie. 
Mines.  —  Analyse  de  neuf  échantillons 
d'air  recueilli  dans  les  galeries  d'une 
mine  de  houille;  par  M.  Nestor 
Gréhant -726 

—  Remarques  au  sujet  de  cette  Communi- 

cation de  M.  Gréhant;  par  M.   Haton 

de  la  Gotipillièrr 768 

MOLYBDÈNK  ET    SES    COMPOSÉS ^  —   Sur    les 

oxalomolybdites;  par  M.  Bailhache..     86'. 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Communi- 

cation     108  4 

Mo.VNAiES.  —  M.  Troost  est  réélu  membre 
de  la  Commission  de  contrôle  de  la 
circulation  monétaire  au  Ministère 
dos  Finances 1081 


N 


Navigation.  —  Sur  la  cavilation  dans  les 
navires  à  hélices;  par  M.  J.-A.  Nor- 
man       6G2 

—  S.  A.  le  Prince  de  Monaco  fait  hom- 

mage à  l'Acailémie  d'un  Volume  ayant 
pour  titre  :  «  La  carrière  d'un  navi- 
gateur, par  Albert  P"",  Prince  de  Mo- 
naco » 726 

—  Rap[>orlsur  le  concours  «lu  prix  extra- 

ordinaire de  six  mille  francs;  par  M. 
Bouquet  de  la  Grye "  1 16 3 


o 


Observatoires.  —  Sur  les  travaux  de 
cette  année,  à  l'Observatoire  du  som- 
met du  mont  Blanc;  par  M.  7.  Jans- 
sen 34  I 

—  Sur  les  récentes  publications  émanant 
de  l'Observatoire  de  Paris  :  Catalogue 
stellaire  (IV  Part.);  Catalogue  pho- 
tographique (I*^'  Vol.);  Annales^  Ob- 
servations de  1898;  Mémoires 
(T.  XXIII);  Bulletin  du  Comité  inter- 
national (T.  lil):  par  M.  Lœwy 824 

Optique.  —  La  lumière  noire  et  les  phé- 
nomènes aclino-électriques;  par  M.  G. 


—  Rapports  sur  le  concours  du  prix  Di- 

noux 1 1 74 

Navigation  aérienne.  —  Voir  Aéronau- 

tique. 
Nominations.  —  M.  Bouvier  csi  élu  Mem- 
bre de  la  Section  d'Anatomie  et  Zoo- 
logie, en  remplacement  de  M.  Fil- 
hol. 21 

—  M.  Deslaiidrcs  est  élu  Membre  de   la 
-    Section  d'Astronomie,  en  romplace- 

meîit  de  M.  Faye 945 

Le  Bon 35 

—  Sur  la  biréfringence   magnétique;  par 

M.  Qui  ri/10  ÏMajorana 1  59 

—  Sur    le    dichroïsme   magnétique;    par 

M.  Quirino  Majnrana 235 

—  Sur  une  nouvelle  méthode  de  mesure 

optique  des  épaisseurs;  par  MM.  /. 
Macé de  Lépinay  et  H.  Buisson.  ...     a83 

—  Réflexion  de  la  lumière  sur  un  miroir 

de  fer  aimanté  perpendiculairement 
au  plan  d'incidence;  par  M.  P.  Cnin- 
man 28G 

—  M.  Foveau  de  Courniclles  adresse  une 


i4o4 


TABLE    DES    MATIERES. 

Pages. 


Note  sur  «  Les  énergies  pholochimi- 
ques  comparées  de  diverses  sources 

lumineu;;es  » 216 

—  M.  E.  Deldtour  adresse  un  Mémoire 
relatif  à  un  «  Appareil  de  poin- 
tage » 25-7 

Voir  aussi  Photogrnpliw,  Sjiectroscnpie, 


Rayo/is  X,  Vision,  Physique  mathé- 
matique. 
Oxygène.  —  Sur  les  impuretés  de  l'oxy- 
gène comprimé  et  sur  leur  rôle  dans 
les  combustions  opérées  au  moyen 
de  la  bombe  calorimétrique  ;  par 
M.  Berthflot 


Pages. 


821 


Paléontologie. —  Les  figurations  préhis- 
toriques de  la  grotte  de  La  Moulhe 
(Dordogne);  par  AL  Emile  Rivière. .     -^.65 

—  Sur  un   Carnassier  gigantes(iue  trouvé 

dans  l'argile  plastique  d(3  Vaugirard, 
près  de  Paris;  par  M.  MarcelUn  Boule.     543 

—  Recherches  paléonlologiques  en  Pata- 

gonie;  par  M.  An  Iré  Tournowr .  .  .  .     540 

—  M.  Albert  Griurlry  fa\l  hommage  à  l'A- 

cadémie d'un  Opuscule  intitulé  : 
«  Recherches  paléonlologiques  de 
M.  André  Tournouër qi\  Palagonie  ».     619 

—  Sur  l'origine  et  la  dispersion    géogra- 

phique du  Lngomys  corsicanus ;  p.ir 

M.  Ch.  Depérel 884 

—  Sur  quelques  nouveaux  infusoir(\s  lus- 

siles;  par  M.  B.  Renault 1064 

—  M.  Zanihdco-Pat ha  fait  hommage 
d'une  brochure  intitulée  :  «  Les  mo- 
numents mégalithiques  de  l'Atmori- 

que  et  leurs  sculptures  lapidaiies  ». .     770 

—  Rapport  de   IM.   Albert  Gaudr) ,  con- 

cluant à  décerner  le  prix  Jérôme  Ponti 
pour  1902  à  IM.  André  Tmirnoucr..    ii\i 
Voir  aussi  Botanique  fossUe. 
ParthÉinogenése.  —  Influence  de  la  tem- 
pérature sur  le  développement  parthé- 
nogénétique;  par  M.  C.  Viguier. . . .       60 

—  Sur  la  parthénogenèse  artificielle;  par 

M.  C.   Viguier 197 

—  L'acide  carbonique   comme  agent   de 

choix  de  la  parthénogenèse  expé- 
rimentale chez  les  Astéries;  par 
M.  y  ces  Delage 670 

—  Sur  le  mode  d'action  de  l'acide  c.irbu- 

nique  dans  la  parthénogenèse  expéri- 
mentale ;  par  M.  Yves  Delage 6o5 

Pathologie  animale.  —  Traitement  local 
des  localisations  du  rhumatisme;  par 
M.  Ch.  Bouchard r6 

—  Hémoglobinurie  d'origine  musculaire  ; 

par  MAL  Jean  Camus  et  P.  Pagnirz. 

325  et  1010 


—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication       076 

' —  Sur  la  difficulté  d'isoler  le  Bacteriuni 
coli  normal  dans  la  dysenterie  colo- 
niale; par  M.  Lcsagc jo3 

—  Le  Nagana  et  le  Mal  de  caderas  sont 

deux  entités  morbides  bien  distinctes; 
par  MM.  A.  Lavemn  et  F.  Mesnit .  .  838 
Voir  aussi  Physiolagie  pathologique. 
Toxines,  Infectieuses  {m/dadies). 
Pathologie  végétale.  —  Les  périthèces 
du  Rosellirda  nccn(rix\  par  M.  Ed. 
PrilUeux 1-^ 

—  De  l'immunisation  de  la  Laitue  contre 

le  Meunier;  par  M.  E.  Marchai 1067 

—  Sur  une  forme  conidienne  du  Champi- 

gnon du  Black-rot;  par  M.  G.  Dela- 

cioix 1 372 

Voir  aussi  Viticulture. 
Pendule.  —  Ouverture  d'un  pli  cacheté 
relatif  à  l'expérience  du  pendule  de 
Foucault;  par  M.  P.  Le  Gonziou..  ..     545 

—  Pendule  de  Foucault  simplifié;  Note  de 

M.  (ïArsonvnl 832 

—  M.  Aug.   Corel  adresse  deux  Notes, 

SHr  un  mode  de  suspension  du  pen- 
dule, et  sur  un   projet  de  pendule  de 

Foucault  «  à  force  vive  » 919 

Pesanteur.  —  La  pesanteur  le  long  du 

parallèle  moyen;  par  M.  J.  Collet. . .     774 

et  956 

—  M.  Le'on  Silhol  adresse  un  travail  por- 

tant pour  litre  :  «  Déviation  de  la  pe- 
santeur sensible  avec  l'altitude  seule  ».     357 

Phénols.    —    Sur    un    nouveau    phénol 

diiodé;  par  M.  P.  Brenans 177 

Phonographes.  —  Reproduction,  en  nom- 
bre illimité,  de  phonogrammes  en 
cire,  pour  musées  phonographiques, 
par  le  moulage  galvanoplaslique.  Pro- 
cédé par  fusion  et  procédé  par  com- 
pression et  chaleur  combinées;  par 
M.  L.  Azoulay 879 


TABLE    DES   MATIERES. 


i4o5 


Pages. 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication     10 '6 

Phosphates.  —  Sur  le  métaphosphate  man- 
ganique  violet  de  Gmelin  ;  par  M.  Ph. 
Barbier io54 

—  Sur  un  phosphate  ammoiiiaco-manga- 

nique  violet;  par  M.  Pli.  Barbier...   1109 
Phosphore.  —  Sur  l'émanation  du  phos- 
phore ;  par  M.  Eugène  Bloch 1 324 

PnospnoRîQUES  (acides).  —  Transforma- 
tion de  l'acide  pyrophosphorique  en 
acide  orthophosphorique;  par  M.  H. 
Giran 9^" 

—  Étude  thermique  de  l'acide  métaphos- 

phorique  ;  par  M.  H.  Giran i333 

Photographie.  —  Argenture  du  verre  et 

daguerréotype  ;  par  M.  Izarn ■i\o 

—  M.  ^iig.  Berthier  adresse   une   Note 

intitulée  :  «  Photogra|)hie  électroly- 
tique;  nouveau  procédé  physique 
pour  obtenir  des  images  photogra- 
phiques » 1042 

—  Sur  une  chambre  noire  pour  la  photo- 

graphie trichtome;  par  M.  Prieur. . .    1048 
Physiologie  animale.  —  Sur  la  cause  des 
colorations     changeantes    des    tégu- 
ments ;  par  M.  H.  Mandoul 65 

—  L'élaboration  du   zymogène  dans  les 
glandes  gastriques  de  la  s'x'^kx^  Berus ; 

par  M.  L.  Luunoj igS 

—  La  spermatogenèse    chez   le   Cybisier 

Rosellii;  par  M.  D.-N.  Voïnnv 201 

—  La  sécrétion  interne  du  testicule  chez 

l'embryon     et    chez    l'adulte;     par 

M.  Gustave  Loixel 25o 

—  Sur  une  nouvelle  forme  de  la  sensibi- 

lité   tactile    :    la   trichesthésie;    par 
MM.  N.  Fascliide  et  P.  llnusseau  .  .  .      aSg 

—  Nouvelles  contributions  à  la  physiolo- 

gie des  leucocytes;  par  M\L  H.  Stas- 
sano  et  F.  BilLon 822 

—  Sur  le  centre  nerveux  qui  innerve  la 

périphérie  du  manteau  chez  K^Pecten; 

par  M.  Louis  Bnutan 587 

—  L'excrétion  chez  les   crustacés  supé- 

rieurs ;  par  M.  L.  Bruntz 589 

—  De  la  nature  des  courants  électriques 

du  nerf;  par  M.  N.-E.  [Vedensky.. .     804 

—  Rôle  de  la   fonction   adipogénique  du 

foie  chez  les  Invertébrés;  par  M"''  C. 
Deflandre 807 

—  Le  cœur  à  l'état  normal  et  au  cours  de 

la  grossesse;  par  MM.  Cit.  Bouchard 

et  Balthuzard gS  i 

C.  H.,  1902,  a»  Semestre.  (  T.  CXXXVO 


Pages. 

—  L'excrétion   chez    les  Cirripèdes;   par 

M.  L.  Bruntz 987 

—  Rapport  du  poids  du  foie  au  poids  total 

de  l'animal  ;  par  M.  E.  Maurel 1002 

—  Sur  l'évolution  de  l'acrosome  dans  la 

spermatide  du  Nolonecle;  par  MM./. 
Pantel  et  R.  de  Sinéty 1 124 

—  La  téléomitose  chez  VAmœbn  Gleiche- 

nii  Dujard;  par  M.  P. -A.  Dangeard.   11 2G 

—  M.  Raphaël  Dubois  adresse  une  Note 

«  Sur  le  mécanisme  intime  de  la  fonc- 
tion photogénique;  réponse  à  M.  Ja- 
mex  Dcivar  » 636 

—  Rapport  de  M.  Giard,  concluant  à  dé- 

cerner  le  prix  Godard   pour  1902  à 

M.  G.  Loisel 1216 

—  Rapport  de  M.  Morey  sur  le  concours 

du  prix  Lallemand  en  1902 1216 

—  Rapport  de  M.  fi.  Perrier,   concluant 

à  décerner  le  prix  Philipeaux  pour  1 902 

à  M.  Pierre  Ronnier 1221 

~  Rapport  de  M.  E.  Perrier^  concluant 
à  décerner  le  prix  Serres  pour  1902 
à  M.  Paul  Marchai 1222 

—  Rapport  de  M.  Chameau.,  concluant  à 

décerner  le   prix  Pourat  pour  1902  à 

M.  J.  Tissot i23i 

—  Rapport  de  M.  Marey.,  concluant  à  dé- 

cerner le  prix  Martin-Damouretîe 
pour   1902   à   M.  //^.  Blondel  de  Joi- 

gny 1 23 1 

Voir    aussi    Biologie,    Parthénogenèse, 
Sang,  Vision. 
Physiologie  expérimentale.  —  De  l'in- 
fluence de  la  choline  sur  les  sécrétions 
glandulaires;  par  M.  A.  Desgrez 'Si 

—  Sur  l'évolution  delà  rondelle  crânienne 

détachée  par  le  trépan  et  immédiate- 
ment réimplantée;  par  MM.  F.  Cor- 
nil  et  Paul  Coudray 191 

—  Production  du  sommeil  et  de  Fanes- 

thésie  générale  et  locale  par  les  cou- 
rants électriques;  par  M.  Stéphane 
Leduc 199 

—  Sur  le  rôle  de  la  rate  dans  la  fonction 

hématolytique;  par  M.  Louis  Lapic- 

que io3 

—  Sur  la  ligature  de  l'extrémité  appendi- 

culaire  du  cœcum  chez  le  Cercopithc- 
cus  cephus  Erxl;  par  M.  Jean  Mau- 
mus 248 

—  Recherches  expérimentales  sur  la  con- 

servation du  potentiel  musculaire  dans 
une  atmosphère  d'anhydride  carbo- 

i83 


i4o6 


TABLE   DES    MATIERES. 


Pages, 
nique;  par  M.  Lhotak  de  Lhnta 348 

—  Les  excitants  et  les  [toisons  du  nerf; 

par  M.  N.-E.  fVedenshy 584 

—  Effets   de   l'excision    du    madréporile 

chez  les  Astéries;  par  W.  Y.  Délasse.     841 

—  Observations  à   propos  des  injections 

physiologiques;  par  M.  Yves  Délace.     936 

—  Production  du  sommeil  et  de  l'anesthé- 

sie  générale  par  les  courants  électri- 
ques; par  M.  Stéphane  Leduc 878 

—  Sur  la  formation  des  anticorps  dans  le 

sérum  des  animaux  vaccinés;  par 
MM.  J.  Calmette  et  E.  Breton ici 3 

—  Sur  la  mue,  l'excrétion  et  la  variation 

du  rein  chez  des  Poules  carnivores  de 
seconde  génération;  par  M.  Frédéric 
Houssay 1061 

—  Variations  organiques  chez  les  Poules 

carnivores  de  seconde  génération;  par 

M.  Frédéric  Houssay 1357 

—  MM.  Th.  Simon  et  J.-Ch.  Roux  adres- 

sent une  Note  «  Sur  un  nouvel  ergo- 

mètre  « 545 

Physiologie  pathologique.  — Sur  la  coc- 
cidie  trouvée  dans  les  reins  de  la  Ra- 
na  esculenta  et  sur  l'infection  géné- 
rale qu'elle  produit;  par  MM.  A.  La- 
veran  et  F.  Mesnil 82 

—  Nature  parasitaire  (Oo,v/7om)  de  cer- 

taines dégénérescences  calcaires,  de 
quelques  tumeurs  inflammatoires  et 
de  lésions  spéciales  du  squelette;  par 
MM.  A.  Charria  et  G.  Delamare .  . .     255 

—  Recherches  physiologiques  sur  les 
effets  de  la  smypathicectomie  cervi- 
cale; par  MM.  Moussu  et  Chatrin. .  .    1008 

—  Les  maladies   de   la  déminéralisation 

organique.  Anémie  plasmatique;  par 

M.  Albert  Robin 1 143 

Voir  aussi  Fenins,  Infectieuses  {main' 
dies),  Urologie. 
Physiologie  végétale.  —  Influence  de 
l'acide  sulfocyanique  sur  la  végétation 
de  VAspergillus  niger;  par  AI.  A. 
Fernbach 5 1 

—  Sur  la    conservation  du  pouvoir  ger- 

minatif  des  graines;  par  M.  L.  Ma- 
quenne 208 

—  Observations  sur  la  durée  germinative 

des  graines;  par  M.  Jules  Poisson. . .     333 

—  Sur  la  durée  germinative  des  graines 

exposées  à   la  lumière  solaire;  par 

M.  yictnr  Jodin 4^3 

—  De   la  spécialisation   du    parasitisme 


Pages, 
chez  V Erysiphe  graminis ;  par  M.  Em. 
Marchai 210 

—  Démonstration  expérimentale  de  la  dé- 

composition de  l'acide  carbonique 
par  les  feuilles  insolées;  par  MM.  P.- 
P.  Dehérain  et  E.  Demomsy a74 

—  Recherches  sur  l'assimilation  chloro- 

phyllienne des  feuilles  dont  on  éclaire 
soit  la  face  supérieure,  soit  la  face 
inférieure;  par  M.  Ed.  Griffon 3oS 

—  Sur  la  double  fécondation  chez  les  Cru- 

cifères ;  par  M.  L.  Guignard 497 

—  Sur  l'utilisation  des  principes  minéraux 

par  les  plantes  greflees;  par  MM.Z,«- 
cien  Daniel  et  P.  Thomas 5  09 

—  Expériences   sur    la  germination  des 

grains  de  pollen  en  présence  des 
stigmates;  par  M.  Pierre-Paul  Ri- 
cher 634 

—  Observations   sur   la  germination  des 

spores   du  Saccharomyces  Lud^'igii; 

par  M.  A.  Guilliermond 708 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication       920 

—  Conditions  physiques  de  la  tubérisalion 

chez  les  végétaux;  par  M.  Noël  Ber- 
nard       706 

—  Sur  la  variation  des  réserves  hydrocar- 

bonées dans  la  tige  et  la  racine  des 
plantes  ligneuses;  par  M.  Leclerc  du 
Sablon 866 

—  Influence  des  matières  organiques  sur 

le  développement  et  la  structure  ana- 
tomique  de-  quelques  Phanérogames; 
par  M.  Jules  Laurent 870 

—  De  l'action  interne  du  sulfate  de  cuivre 

dans  la  résistance  de  la  pomme  de 
terre  au  Phytophthora  infestnns;  par 
M.  Emile  Laurent 1040 

—  Formation    de   la    chlorophylle,    dans 

l'air  raréfié  et  dans  l'oxygène  raréfié; 

par  M.  Jean  Frirdel io63 

—  Expériences  sur  la  durée  du  pouvoir 

germinatif  des  graines  conservées  dans 

le  vide;  par  M.  Emile  Laurent 1091 

—  Sur  le  pouvoir  germinatif  des  graines 

exposées  à  la  lumière  solaire;    par 

M.  Emile  Laurent 1296 

—  La  maturation  des  graines  et  l'appari- 

tion de  la  faculté   germinative;   par 

M.  P.  Mazé ii3o 

—  Sur  la  photosynthèse  en  dehors  de  l'or- 

ganisme; par  M.  Luigi  Macrhiati .  .  .    1128 

—  Influence  de  l'aldéhyde  formique  sur  la 


TABLE   DES 
Pages. 

végétation  de  quelques  Algues  d'eau 

douce;  par  M.  Raoul  Bouilhac 1869 

Voir  aussi   Biolngie,    Chimie  vef^etnle. 
Pathologie  'végétale. 
Physique  du  globe.  —  Le  tir  des  fusées 

paragrôles;  par  M.  E.  Vidal g-i 

—  M.  J.   Bulnndiade  adresse  une  Note 

relative  à  des  «  Bombes  et  fusées  pa- 
grôles  » 943 

—  Sur  la  consUlution  du  sol  sous-marin; 

par  AL  /.  Thoidet 2i5 

—  M.    le    Secrétaire   perpétuel   signale 

r  «  Allas  bathymétrique  et  lithologi- 
que des  côtes  de  Fiance,  par  M.  /. 
Thoulet  » 369 

—  La  vérification   do  la  loi  des  hauteurs 

barométriques;  par  M.  fV.  de  Fou- 
vielle  335 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale  une 

Lettre  de  M.  Hergesell  relative  aux 
résultats  obtenus  au  moyen  des  bal- 
lons-sondes       6'2o 

—  M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publi- 

que transmet  à  l'Académie  un  Mé- 
moire de  i\L  Ryder,  résumant  les 
études  entreprises  sur  les  courants 
entre  la  Norvège,  l'Éco.sse  et  le  Gro- 
enland       67 1 

—  Sur  le  courant  et  le  littoral  des  Landes  ; 

par  M.  L.-A.  Fabre 1 134 

—  Sur  les  lueurs  crépusculaires  récentes; 

par  M.  Perrotin 724 

—  Sur  les  récentes  lueurs  crépusculaires 

observées  à  Bordeaux;  par  M.  E.  Es- 
clangon 846 

—  Sur  les  crépuscules  rouges  observés  à 

Athènes  dans  les  mois  d'octobre  et  do 
novembre  1902;  par  M.  D.  Eginiiis.    1080 

—  Sur  le  rôle  des  tourbillons  dans  réro- 

sion  éolienne  ;  par  M.  Jea/i  Brunhes .    11 82 
Voir  aussi  Magnétisme   terrestre,   Mé^ 
téorulogie,    Tremblements   de    terre, 


MATIÈRES.  1407 

Pages. 
Volcaniques  (^Phénomènes),  Hydro- 
logie. 
Physique  mathématique.  —  Réflexion  et 
réfraction  par  un  corps  transparent 
animé  d'une  translation  rapide  :  équa- 
tions du  mouvement  et  conséiiuences 
générales;  par  M.  J .  Boussinesq . . . .     220 

—  Réflexion  et  réfraction  par   un  corps 

transparent  animé  d'une  translation 
rapide  :  ondes  réfléchies  et  réfractées; 
amplitude  des  vibrations;  par  M.  /. 
Boussinesq ^69 

—  Réflexion  et   translation  par  un  corps 

animé  d'une  translation  rapide  :  con- 
struction des  rayons,  indépendante  de 
la  translation,  et  rotation,  paraissant 
au  contraire  en  dépendre,  du  plan  de 
polarisation  du  rayon  réfracté;  par 
M.  J.  Boussinesq Sog 

—  Extension  du  Principe  de  Fermât,  sur 

l'économie  du  temps,  au  mouvement 
relatif  de  la  lumière  dans  un  corps 
transparent  hétérogène,  animé  d'une 
translation  rapide;  par  M.  /.  Bous- 
sinesq      465 

—  Démonstration  générale  de  la  construc- 

tion des  rayons  lumineux  par  les  sur- 
faces d'onde  courbes;  par  M.  J.  Bous- 
sinesq      559 

—  Sur  une  conséquence    de   la    théorie 

cinétique  de  la  diffusion;  par  M.  /. 
Thoverl ". .  .  579 

—  iM.   R.  Legouez  adresse  un  Mémoire 

«  Sur  une  extension  de  la  théorie  ana- 
lytique de  la  chaleur  de  Fourier  au 

cas  de  la  congélation  » 846 

Prix  décernés  par  l'Académie.  —  Tableau 

des  prix  décernés  en  1902 1269 

—  Rapports  snr  les  prix  décernés • .    1 154 

Prix  proposés  par  l'Académie.  —  Tableau 

des  prix  proposés  en  1902 1271 

—  Tableau,  par  année,  des  prix  proposés.  1273 


R 


Radioactifs  (Corps).  —  M.  Th.  Tomma- 
sina  adresse  une  Note  «  Sur  les 
charges  oscillantes  des  surfaces  radio- 
actives » 545 

—  La  déviation  magnétique  et  électrique 
des  rayons  Becijuerel  et  la  majse  élec- 
tromagnétique des  électrons;  par 
M.   W.    Kauffniann 677 


—  Sur  la  constante  de  temps  caractéris- 
tique de  la  disparition  de  la  radioac- 
tivité induite  par  le  radium  dans  une 
enceinte  fermée;  par  M.  P.  Curie. . .     85 j 

Radium.  —  Sur    le    poids    atomique  du 

radium  ;  par  M'"*  Curie 161 

Rayons  X,  ou  Rayons  Rontgen. — Sur  le 
mode  de  formation  des  rayons  calho- 


i4o8 


TABLE    DES   MATIERES. 


Pages. 

diques  et  des  rayons  de  Rontgen  ;  par 

M.  Th.  Tonimnsina Sig 

A  propos  de  la  Note  précédente  de 
M,  Th.  Toramasina;  par  M.  JuUs 
Semcnnv 457 

Sur  la  vitesse  de  propagation  des 
rayons  X;  par  M.  R.  Blondlnt 666 

Sur  l'égalité  de  la  vitesse  de  propagation 
des  rayons  X  et  de  la  vitessi;  de  la 
lumière  dans  l'air;  [)ar  M.  R.  Blon- 
dlot 72 1 

Errata  se  rapportant  à  ces  Communi- 
cations      920 


Pages. 

Observations  et  expériences  complé- 
mentaires, relatives  à  la  détermina- 
tion de  la  vitesse  des  rayons  X.  Sur 
la  nature  de  ces  rayons;  par  M.  R. 
Blondlot 763 

Sur  la  vitesse  avec  laquelle  les  diffé- 
rentes variétés  de  rayons  X  se  pro- 
pagent dans  l'air  et  dans  différents 
milieux;  par  M.  B.  Blondlot 1293 

Sur  l'analogie  entre  les  rayons  X  et 
les  oscillations  hertziennes;  par  M.  P. 
Diihcm 845 


S 


Sang.  —  Disparition  des  éihers  dans  le  sang 
in  vitro;  par  MM.  Maurice  Doyon  et 
Albert  Morel. 54 

—  Résislivités  électriques  de  sérums  san- 

guins pathologiques  etd'é[)anchemenls 
séreux  chez  l'homme  ;  par  MM.  Lesnge 
et   Dongier 111 

—  Sur  l'.fcide  glycuroniqiie  dans  le  sang  du 

chien;  par  MM.  R.  Lépine  ei  Bouli/d.     139 

—  Variations    de    l'iode   du   sang;    par 

MM.  £.  Glej  et  P.  Bourcet i85 

Sections  DE  l'Académie.  —  Liste  de  can- 
didats présentés  pour  la  place  vacante 
par  le  décès  de  M.  Faye,  dans  la 
Section  d'Astronomie  :  i"  M.  Bigour- 
dan;  1°  MM.  Andoyer,  Deslandres, 

Hamy,  Puiséux 920 

Silicium  et  ses  composés.  —  Préparations 
et  propriétés  d'un  siliciure  de 
vanadium;  MM.  Moissan  et  Holt. ...       78 

—  Étude    du    siliciure   de    cérium;    par 

M.  Sterba 1 70 

—  Sur  les  combinaisons  du  silicium  avec 

le  cobalt,  et  sur  un  nouveau  siliciure 

de  ce  métal  ;  par  M.  P.  Lebeau 475 

—  Préparations   et  propriétés  d'un  nou- 

veau siliciure  de  vanadium;  [tar 
MM.  H.  Moissan  et  Holt 493 

—  Sur  une  nouvelle  préparation  de  l'hy- 

drure  de  silicium  Si^  11"^  ;  par  M.  Henri 

Moissan 1 284 

Soleil.  —  Variations  solaires  et  météoro- 
logiques à  courte  période;  par  Sir 
Norman  Lockyer  e  t  William  Lockj  er.     36 1 

—  La   relation  entre  les   protubérances 

solaires  et   le  magnétisme  terrestre; 

par  Sir  Norman  Lockyer 364 


—  Observations  du  Soleil  faites  à  l'Obser- 

vatoire de  Lyon  pendant  le  premier 
trimestre  de  1902;  par  M.  /.  Guil- 
laume       523 

—  Observations    du    Soleil    pendant   le 

deuxième   trimestre    de    1902;    par 

M.  /.  Guillaume 674 

—  Observations    du    Soleil,    pendant    le 

troisième    trimestre    de    1902:    par 

M.  /.  Guillaume 887 

Solennités  scientifiques.  —  MM.  G. 
Darboux  %\,  E.  Picard  sont  désignés 
par  l'Académie  pour  la  représenter 
aux  fêtes  du  centenaire  du  mathé- 
maticien N.-H.  A  bel 146 

Spectroscopie.  —  Sur  l'action  de  la  self- 
induction  dans  la  partie  ultra-violette 
des  spectres  d'étincelles;  par  M.  Eu- 
gène Néculcéa 25 

—  Action  dissociante  des  diverses  régions 

du    spectre    sur    la    matière;     par 

M.  Gustave  le  Bon 32 

—  Sur    les    spectres    de    flammes  ;    par 

M.  C.  de  ff'attevilte 1 329 

Statistique.  —  Rapports  sur  le  concours 

du  prix  Montyon  (Statistique)  en  1902.  1 178 

—  Ouverture  d'un  pli  cacheté   indiquant 

M.  Cassedebat  comme  l'auteur  d'un 
Mémoire  qui  a  obtenu   une  Mention 

honorable  à  ce  concours 1 3oi 

Sucres.  —  Sur  le  gentiobiose  :  prépara- 
tion et  propriétés  du  gentiobiose 
cristallisé;  par  MM.  Em.  Bourquelot 
et  H.  Hérissey 290 

—  Action  des  ferments  solubles  et  de  la 

levure  haute  sur  le  gentiobiose.  Re- 
marques sur  la  constitution  du  gen- 


TABLE    DES    MATIERES. 

Pages. 


1409 

Pages. 


lianose;  par  MM.  Eni.  Bourquclot  et 

H.  Hérissf.y 099 


—  Sur  une  nouvelle  base  dérivée  du  ga- 
lactose •,  par  M.  E.  Roux 691 


Tanin.  —  Méthode  de  dosage  voluiné- 
trique  du  tanin  el  analyse  des  bois 
et  extraits  tanniques;  par  M.  Albert 
Thnmj)snn G89 

TÉRATOLOGIE.  —  Un  nouveau  genre  de 
Téralopage,  les  Hypogaslropages  de 
type  opérable;  par  M  Marcel  Bau- 
douin       812 

Thallium  et  ses  composés.  —  Sur  le 
chlorure  thallique;  par  M.  V.  Tho- 
mas     I o5 1 

—  Errata  se  rapj;oriatit  à  cette  Coiiiinii- 

nication i-ij^' 

Thérapeutiqi'E.  —  Traitement  l'Cal  des 
locali-ations  du  rliinnatisinc  ;  par 
M.  Ch.  Bouchard iG 

—  Recherches  expérimentales  sur  l'adré- 

naline;  par   MM.    Ch.   Bouchard   et 
Henri  Claude 928 

—  La  cryogénine  dans  les    fièvres;   par 

M.  Carrière i  382 

Voir  aussi  Infectieuses  {Maladies). 

Ther.mochi.mie.    —  Sur  l'hydratation   de 

l'oxyde  de  zinc;  par  M.  de  Forrraad.       36 

Thermoélectricité.  —  Force  élerlromo- 
trice  d'un  élément  de  pile  thermo- 
électrique; par  M.  P"«.vo/ 68G 

—  Remarque  au   sujrt  de  cette  Note  de 

M.  Ponsot;  [)ar  M.  H.  Pellat 733 

—  Sur  le  phénomène  de  Hall  et  le  pou- 

voir thermo-électrique;  par  M.   Ed- 
mond van  Aubel 786 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication      1016 


Thermométrie.  —  Méthode  pour  évaluer 
les  temj)ératures  dans  Téchelie  ther- 
modynamique centigrade  ;  par  Vi.Pon- 
soi 954 

Toxines.  —  Toxine  tétanique;  observa- 
tions de  la  résistance  électrique  et  de 
l'indice  de  réfraction;  par  MM.  Don- 
gier  et  Lesage 3v9 

Tremblements  de  terre.  —  M.  le  Minis- 
tre de  r Instruction    publifjue   invile 
l'Académie  à  lui   faire  connaître  son 
avis,  au   sujet  de   la  création   d'une   " 
Union   internationale  sismo!o,uique. .     343 

—  Le  tremblement  de  terre  de  Salinnpie; 

par  M.  Christomanos 5 1 5 

—  Sur   les  causes  générales  d'insla!41ilc 

sismique  dans  l'Inde;  par  -M.  b\  de 
Montessus  de  Batlore 698 

—  M.   de  Saintis^non  adresse  un    travail 

intitulé  :  «  Sur  les  tremblements  de 
terre;  le  mouvement  difterentit-l  »...     619 

—  M.  le  Ministre  de  P Instruction  publi- 

qiie  transmet  une  Lettre  relative  à  un 
tremblement  de  terre  dans  l'ÉLat  de 
Soiith  Australia 770 

—  M.  L.  Qnssuin  adresse    une  Note  sur 

un  tremblement  de  terre  à  Busselino 

(Italie) 9'9 

Tuberculose.  —  M.  Guerder  adresse  un 
Mémoire  inlilnlé  :  «  Étude  clinique 
sur  une  antitoxine  tuberculeuse.  Ré- 
sultats thérapeutiques  dans  les  tuber- 
culoses localisées  » 886 


u 


Uranium  et  ses  composés.  —  Quehiues 
observations  sur  l'oxyde  uraneux:  par 
M.  OEchsner  de  Coninck 900 

Urologie.  —  Sur  la  mannite,  les  azotates 
et  les  alcaloïdes  des  urines  normales; 


par  M.  S.  Dombrowshy 244 

—  Hémoglobinurie  musculaire;  par  MM. 

Jean  Camus  el  P.  Pagniez.      325  et   1010 

—  Errata  se   rapportant    à   la   première 

Communication 3^6 


i4i  o 


TABLE    DES   MATIERES. 


Pages. 

Vanadium.  —  Préparation  et  propriétés 
d'un  siliciure  de  vanadium;  par 
MxM.  H.  Muissan  et  H  oit 78 

—  Préparation  et  propriétés  d'un   nou- 

veau   siliciure    de    vanadium;     par 

MM.  H.  Moissan  et  Holi 490 

Venins.  —  Sur  les  principes  actifs  du 
venin  de  crapaud  commun  (Bufo 
vulgaris  L.  );  par  MM.  C,  Phisalix  et 
Gab.  Bertrand 4^^ 

—  Étude  comparée  de  l'hématolyse  par 

les  venins  chez  le  chien  et  le  lapin; 

par  M.  C.  PhisdUx 9.57 

—  Sur  l'existence  d'une  kinase  dans    le 

venin  des  serpents;  par  M.  C.  Dcle- 
zrnne 328 

—  Sur  raclion  proléoly tique  des  venins; 

par  M.  L.  Launoy 4of 

—  L'élaboration  du  vénogène  et  fin  venin 

dans  la  glande  parotide  de  la  T'ipera 

Aspis;  par  M.  L.  Launoy 53ç) 

Vins.  —  Sur  la  guérison  de  la  casse  des 
vins  i)ar  l'addition  d'acide  sulfureux; 
par  M.  y.  [.aborde 116 

—  Sur  un  procédé  de  concentration  des 

vins;   par    MM.    Baudoin    et   Schri- 
baux 263 

—  Sur  des  procédés  de  concentration  de 

liquides  alimentaires,  et  particulière- 
ment du  vin;  par  M.  F.  Garrigou.  ..     369 

—  Résultats  physiques,  chimi(iues  et  pra^ 

tiques  cie  la  concentration  du  vin;  par 

M .   F.  Garrif^ou ^07 

—  Procédé  de  dosage  de  la  glycérine  dans 

le  vin;  par  M.  J.  Trlllai goS 

Vision.  —  Inhibition  produite  par  voie 
d'interférence,  sur  la  rétine;  par 
M.  Aug.  Charpe/itier 56 

—  Appareil  pour  déterminer  la  durée  des 

impressions  lumineuses  sur  la  rétine; 

par  M.  Maurice  Dupont 876 

ViTicuLTURrî.  —  Sur  un  nouveau  procédé 
pour  la  destruction  de  la  pyrale  et 
d'autres  insectes  nuisibles;  par 
MM.  Fer  mord  et  Gastine 66 

—  Sur  le   traitement  du   Black-rot;    par 

M.   J.  Prunrt 1 20 

—  Sur  la  possibilité  de  combattre  par  un 

même  traitement  liquide  le  mihJew  et 
l'oïdium  de  la  Vigne;  par  M.  J.-M. 


Pages, 
Guillon 261 

—  M.    Th.   Drsconips  adresse  une  Note 

sur  le  «  Black-rot  atmosphérique  »  . .     5 16 

—  Sur  la  préparation  d'un  soufre  pulvéru- 

lent directement  miscible  aux  bouil- 
lies cu[)riques.  et  sur  l'efficacité  d'un 
traitement  simultané  des  vignobles 
contre  l'oïdium  et  le  mildew;  par 
MM.  M.  et  J.  Campa^rne 8 14 

—  Sur  rap[)lication  des  engrais  chimiques 

à  la  cultuie  de  la  Vigne  dans  les 
terrains  calcaires  des  Charcutes;  par 
MM.  J.-M.  Guidon  et  G.  Gouirand .  1076 
Volcaniques  (phénomènes).  —  Sur  l'é- 
rupiion  volcanique  du  8  mai  à  la 
Martinique  ;  par  M.  Thierry 71 

—  Extrait  d'une  lettre  relative  à  la  Mission 

de  la  Martinique;  par  M.  A,  Lacroix.     147 

—  Phénomènes    observés    à    Zi-Ka-Wei 

(Chine)  lors  de  l'éruption  de  la  Mar- 
tinique ;  par  M.  de  Moidrey 822 

—  Sur  l'éruption  de  la   Martinique;  par 

MM.  A.  Lacroix,  Rollet  de  l'Isieei 
Giraud 377  et     419 

—  Errata  se  rapportant  à  ces  Connnuni^ 

cations 464 

—  Sur  les  roches  rejelées  par  l'éruption 

actuelle   de  la  Montagne  Pelée;  par 

^\.  A.  Lacroix 4^1 

—  Les  enclaves  des  andésites  de  l'éruption 

actuelle  de  la  Montagne  Pelée;   par 

M.  A .  Lacroix 470 

—  M.  le  Ministre  de  r Instruction  publi- 

que transmet  à  l'Académie  une  Lettre 
concernant  l'éruption  volcanicpie  sur- 
venue  à  l'île  Torishinia  (Japon)....     620 

—  Nouvelles  observations  sur  les   érup- 

tions volcaniques  de  la  Martinique  ; 

par  M.  A.  Lacroix 672 

—  Sur  l'état  actuel  du  volcan  de  la  Mon- 

tagne Pelée   à    la    Martinique;     par 

M.  A.  Lacroix 771 

—  État  actuel  du  volcan  de  la  Martinique; 

par  M.  A.  Lacroix 992 

—  Nouvelles  observations  sur  les  érup- 

tions volcaniques  de  la  Martinique; 

par  M.  A .  Lacroix i3oi 

—  Sur  la  présence  de  l'argon,  de  l'oxyde 

de  carbone  et  des  carbures  d'hydro- 
gène   dans    les    gaz    des    fumerolles 


TABLE    DES   MATIERES. 


l4l  1 


Pages. 

du   Mont  Pelé  à  la  Martinique;   par 

M.  Henri  Moissan io85 

—  Sur  l'âge  des  formations  volcaniques 

anciennes  de  la  Martinique;  par  M.  J. 
Giraud 1 377 

—  M.  Cipriani  adresse  une  nouvelle  Noie 


relative  aux  volcans 

M.  André  Poey  adresse  une  Note  inti- 
tulée :  «  Rapport  entre  les  érup- 
tions volcaniques,  les  tremblements  de 
terre,  etc.  et  les  taches  solaires  »  . . 


Pages. 


463 


Zinc  et  ses  composés.  —  Sur  les  proprié- 
tés et  la  constitution  des  peroxydes 
de  zinc;  par  M.  de  Forcrrind io3 

Zoologie.  —  Sur  l'évolution  des  forma- 
tions branchiales  chez  le  Lézard  et 
l'Orvet;  par  MM.  Prenant  et  Soint- 
Rémy 62 

—  Sur  la  coccidie  trouvée  dans  les  reins 

de  la  Rann  esndentn  et  sur  l'infection 
générale  qu'elle  produit;  par  MM.  J. 
Laveran  et  F.  Mesnil 82 

—  Sur    les    Hématozoaires    des   Poissons 

marins;  par  MM.  A.  Laveran  et  F. 
Mesnil 567 

—  Sur  un  Cérianthaire  pélagique  adulte; 

par  M.  Ch.  Gravier Sgi 

—  Sur    quelques    Protozoaires    parasites 

d'une  Tortue  d' Asie  (Damonia  Rrc- 
f>esii)\  par  MM.  ^.  Lacer  an  et  /'. 
Mesnil 609 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication       716 

—  Contribution  à  l'Étude  des  Anophtlcs 

de  l'isthme  de  Suez;  par  M.  Cambou- 

liii 70  4 

—  Au  sujet  de  deux   Trypanosomes  des 

Bovidés  du  Transvaal;  par  M.  J.  La- 
veran       717 

—  Sur  des  formes  nouvelles  ou  peu  con- 

nues de  Rhabditis ;  par  M.  An};- 
Michel 907 

—  Sur  le  genre  nouveau   Gyrinocheilas, 


de   la    famille   des    Cyprinldœ ;   par 

M.  Léon   Vaillant 702 

Sur  la  faune  ichthyologique  des  eaux 
douces  de  Bornéo;  par  M.  Lénn 
Vaillant 977 

Sur  les  Poissons  du  genre  Chondros- 
tome,  dans  les  eaux  douces  de  la 
France  ;  par  M.  Louis  Roule 980 

-  Sur   les   Annélides    polychètes    d'i^au 

douce;  par  .M.  Ch.  Gravier 984 

-  Sur  le  dévelot)pement  des  Péripatidés 

de  l'Afrique  australe;  par  M.  E.-L. 
Bouvier io33 

-  Sur  quelques  Ilémogrégarines  des 
Ophidiens;  par  M.  A.  Laveran io36 

•  Grégarine  cœlomique  chez  un  Coléop- 

tère;  par  M.  L.-F.  Blanchard 1 123 

■  Les  otocystes  des  Annélides  PolyChè- 

tes  ;  par  M.  Pierre  Fauvel 1 362 

-  Sur  des  émissions   nucléaires    obser- 

vées    chez     les     Protozoaires;     par 
MM.  J.  Conte  et  C.  Vaacy i365 

-  L'organisation    du    Treponionas  agilis 

Dujardin;  par  M.  P.- A.  Dangeard..    i366 

-  Rapport  de  M.  Giard,  concluant  à  dé- 

cerner le  prix  Thore  pour  1902  à  M. 
R.  de  Sinéty,  pour  ses  «  Recherches 

sur  les  Phasmes  » i2o5 

Voir  aussi  Anatomie  animale.  Biologie, 
Embryogénie,  Parthénogenèse)  Phy- 
siolosie  animale. 


TABLE  DES  AUTEURS. 


A 


MM.  Pages. 

ADUÉMAR  (R.  I)').  —  Sur  l'inlégralidii 
d'une éqiialion  aux  dérivées  partielles 
du  second  ordre,  du  type  liy[)erbo- 
lique,  à  plus  de  deux  variables  indé- 
pendantes       1  lOO 

ALBERT  P'',  Prince  de  Monaco,  l'ail  hom- 
mage à  l'Acadéaiie  d'un  Volume  ayant 
pour  titre  :  «  La  carrière  d'un  navi- 
gateur » 72G 

ALLARD  (G.)-  —  Sur  la  présence  de  la 
volémiie  dans  quelques  Primuiacées. 
(lin  commun  avec  M.  Bou^i^auli?). . . .     796 

ALLIOT  (Henri).  —  Sur  une  nouvelle 
preuve  de  la  résistance  cellulaire  des 
saccliaromyces,  et  sur  une  nouvelle 
application  de  cette  propriété  à  l'in- 
dustrie de  la  distillerie 4  > 

ANDOYERiH.).  —  Sur  l'accélération  sécu- 
laire de  la  longitude  moyenne  de  la 
Lune 4^2 

—  Prie    l'Académie   de    le     comprendre 

parmi  les  candidats  à  la  place  vacame, 
dans  la  Section  d'Astronomie,  p.u-  le 
décès  de  M.  Ftiye 8_i() 

—  Est  porté  sur  la  liste  des  candidats  pré- 

sentés par  la  Section 920 

ANDRÉ  (G.).  —  Sur  la  nature  des  com- 
posés azotés  qui  existent  dans  le  sol 

à  différentes  hauteurs i353 

APPELL  (P.).  —  Rapport  sur  un  Mémoire 
de  M.  Torres,  concernant  un  avant- 
projet  de  ballon  dirigeable 141 

—  Présentation  de  la  lin  de  son  Tidité  de 

Méccirtiquc  nilionnclle 5ii 

—  Est   élu    membre    de    la  Commission 

d'aéronautique 715 


MM.  Pages. 

ARCHAMBAULT  adre^^e  ime  Note  sur  un 
projet  d'appareil  de  sûreté  contre  les 
tamponnements  des  trains  de  chemins 
de  fer 268 

ARSONVAL  (d').  —  Pendule  de  Foucault 

simiilifié 83^ 

AU15EL  (  Edmond  van  ).  —  Surla  résislam e 
électrique  des  corps  peu  conducteurs, 
aux  très  basses  températures 4^6 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication      640 

—  Sur  la  résistance  électi'ique  du  sulfure 

de  plombaux  très  basses  températures.     784 
--  Sur  le  phénomène  de  Hall  et  le  pouvoir 

thermo-électrique 786 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication     1016 

AUBRUN.    —    Un    prix   Laplace    lui    est 

attribué i  ii43 

—  Un  prix  Rivot  lui  est  attribué r245 

AUlUC.  —  Sur  la  généralisation  des  frac- 
lions  continues gn) 

AUTONNE  (Léon).  —  Sur  un  groupe 
nouveau,  d'ordre  fini,  linéaireàquatre 
variables .ix 

—  Sur    les    substitutions    crémoniennes 

dans  l'espace 776 

AZOULAY  (L.).  —  Reproduction  en 
nombre  illimité  des  phonogrammes  en 
cire,  pour  musées  phonograpliiques, 
par  le  moulage  galvanoplastique.  Pro- 
cédé par  fusion  et  procédé  |>ar  com- 
pression et  chaleur  combinées 879 

—  /:>/v//c/ se  rappoi  tant  à   cette  Commu- 

nication      1016 


C.  H.,  1902,  2»  Semestre.  ('!'.   CVWN.) 


l^^l 


i4i4 


TABLE    DES    AUTEURS. 


B 


MM.  Pages, 

BAILHACHE.  —  Sur  les  oxalomolybdiles.     86^ 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Com mu- 

cation 1084 

BAILLAUD  (B.).  —  Sur  la  surface  focale 
principale  de  l'objectif  de  l'équatorial 
photographique  de  l'Observatoire  de 
Touluuse.  (En  commun  avec  M.  Mon- 
tan^erancl.) 449 

—  Étude  sur  le  climat  de  Toulouse,  de 

i8G3  à  1900 766 

BALLAND  adresse  une  Note  «  Sur  les  prin- 
cipales plantes  fourragères  » 54^ 

—  Sur    quelques    Graminées     exotiques 

employées  à  ralim(>nlation  {Elensine 
paspale,  Pénicilliairc,  Sorglio,  Tfj)..    1079 

BALOiNDRADE  (J.)  adresse  une  Note  rela- 
tive à  des  «  Bombes  et  fusées  para- 
grêles  » 945 

BALTHAZARD.  —  Le  cœur  à  l'état  normal 
et  au  cours  de  la  grossesse.  (En  com- 
mun avec  M.   Ch.  Bouchard.) 93  i 

BARBIER  (Ph.).  —  Sur  le  métaphosphale 

manganique  violet  de  Gmelin io54 

—  Sur  un  phosphate  ammoniaco-manga- 

nique  violet 1 109 

BARBIERI  (N. -Alberto).  —  Essai  d'ana- 
lyse immédiate  du  tissu  nerveux 246 

BARILLÉ  (A.).  —  Errata  se  rapportant  à 
une  Communication  du  28  juin  1902, 

sur  l'analyse  du  poivre  de  Kissi 128 

BARILLET  (C-L.).  —  Sur  les  électrodes 
bipolaires.  (En  commun  avec  M.  J. 
Brochet .  ) 834 

—  Sur  les  électrodes   bipolaires  à  anode 

soluble.  (En  commun  avec  M.  André 
Brochet.) 1049 

BARBILLON.    —   Un   prix   Rivot   lui   est 

attribué 1243 

BASSOT  présente  à  l'Académie  le  Volume 
de  la  «  Connaissance  des  Temps,  pour 
l'année  i goS  » (J7 1 

—  Présente  à  l'Académie,  au  nom  du  Bu- 

reau des  Longitudes,  X Annuaire  pour 

Van  igo3 1094 

BAUBIGNÏ (H.).  —  Sur  le dosagedu manga- 
nèse       963 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication      1 084 

—  Préparation  des  alcalis  et  du   peroxyde 

de  manganèse 1 1 10 


MM.  Pages. 

RAUD  (E.).  —  Sur  le  fluorure  d'iduminium.  1  iu3 
BAUi)01N.  —  Sur  un  procédé  de  couieii- 

tration  des  vins.  (En  commun  avec  .M. 

Schribaux.  ) .  .      ,{63 

BAUDOIN  (Marckl).  —  Un  nouveau  genre 

de  Tératopage,   les    Hypogastropages 

lie  type  opérable 812 

BAUME-PLUVINEL  (delà).  -   Le  prix 

Janssen  lui  est  décerné 1 1 72 

—  Adressedes  remercîmentsàl'Aca'Jémie.  i3oi 
3AY(I.).  — Sur  la  saponification  deséthers 

nitriques.  (En  commun  avec  M.  Léon 
Vignon  .) 507 

BEAULARD  (F.).    --   Sur  les  paramètres 

élastiques  des  fils  de  soie ()23 

BÉNÉZIT.  —  Un  prix  Hivotlui  estaltribué.    1243 

BERNARD(Noel).  —  Conditions  physiijues 

de  la  tubérisation  chez  les  végétaux.     706 

BERTHAUT.  —  Le  prix  Gay  (Géographie 

physique)  lui  est  décerné 1204 

DERTHELOT.  —  Sur  ia  relation  de  l'inten- 
sité du  courant  vollaïque  et  la  mani- 
festation du  débit  électrolytique. . . .         (i 

—  Actions  électrolytiques  manifestes,  dé- 

veloppées par  les  piles  constituées 
par  la  réaction  de  deux  liquides  ren- 
fermant l'un  un  acide,  l'autre  un  alcali.     129 

—  Nouvelles    expériences    sur    la    limite 

d'intensité  du  courant  d'une  pile  qui 
correspond  à  la  manifestation  d'un 
débit  électrolytique  extérieur,  appa- 
rent dans  un  voltamètre 485 

—  Sur    les    registres    de  laboratoire    de 

Lavoisier 549 

—  Sur  les  impuretés  de  l'oxygène  com- 

primé et  sur  leur  rôle  dans  les  com- 
bustions opérées  au  moyen  de  la  bombe 
calorimétrique 8i  i 

—  Sur  la  transformation  du  diamant  en 

carbone  noir  (charbon)  pendant  son 
oxydation,  et  sur  les  changements  iso- 
mériques  des  corps  simples  pendant 
les  décôm|)Ositions  et  combinaisons..    1018 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale  un 

Volume  de  i\l.  S.-H.  Finne-Gronn, 
intitulé  :  «  Abel,  den  store  mathema- 
tikers  slegt.  Christiania,  1899-1900  », 
93.  —  Le  Tome  I  des  «  0|)ere  mate- 
matiche  di  Eugenio  Beltra'ui  ».  228. 
—  Les  «  Œuvres  complètes  de/.-'^. 


TABLE  DES 

MM.  Paires. 

Gnlispartl de  Miirignnc,  Tomel,  1840- 
18G0  »,  5a3.  —  Une  Lettre  de  M. 
HrrgescU  relalivo  nux  résultats  obte- 
nus au  moyen  des  balIons-soiides, 
G20.  —  Une  brochure  de  M.  Trilio 
Gunrrschi,  ayant  pour  titre  :  «  Faus- 
tino  Malaguti  e  le  sue  opère  »,  945.  — 
Un  Ouvrage  intitulé  :  «  La  Mécanique 
à  l'Exposition  de  1900  »;  et  les  Cahiers 
16  et  17  du  Service  géographique  de 
l'armée 109^ 

BlîRTHILR  (AuG.)  souniot  au  jugement 
de  l'Académie  une  Note  intitulée  : 
«  Phologra[)hie  électrolylique:  nou- 
veau procéda  physique  pour  uhlenir 
des  images  pliologra|ihi([ues  » 1042 

BERTRAND  (Gab.).  —  ^ur  les  principes 
actifs  du  venin  de  crapaud  commun 
{Bitfo  vidgdris  L.)  (En  commun  avec. 
M .  C.  Pliisnlix) 4(i 

—  Sur  la  nature  de  ia  bufonine ,9 

—  Sur  l'existence  de  l'arsenic  dans  la  série 

animale 809 

BIGOURDAN.  —  Est  porté  sur  la  liste  des 
candidats  présentés  par  la  Section 
d'Astronomie  pour  remplacer  M.  Fm  r.     gjio 

—  Observations   de   la    nouvelle   comète 

Giacobini  {d  1900,),  faites  à  l'Obser- 
valoire  de  Paris io43 

BILLON  (F.)-  —  Nouvelles  contributions 
à  la  physiologie  des  leucocytes.  (\l\\ 
commun  avec  M.  11.  Stnssnnn.) 3-.?.u 

BINOT  (Juan).  —  Un  encouragement  et 
une  médaille  lui  sont  accordés  dans  le 
concours  du  prix  •kins.'^en \i-.>. 

BLANCHARD  (L.-F.).  —  Grégarine  cœlo- 

mique  chez  un  Coléoplère 1123 

BLOCll  (Eugè.ne).  —   Sur  l'émanation  du 

phosphore 13^4 

BLONDLL  DE  .lOlGNY.  —  Le  prix  Martin- 

Damourette  lui  est  décerné ii3[ 

BLONDLOT  (R.).  —  Sur  la  vitesse  av<<c 
laquelle  les  différentes  variétés  de 
rayons  X  se  propagent  dans  l'air  et 
dans  différents  milieux 1293 

—  Sur  ht-vitessede  [)ropagation  des  rayons 

X ." Gfit; 

—  Errata  se  rapportant  à   cette  Commii- 

nicalion 9'i() 

—  Sur  l'égalité  de  la  vitesse  de  propaga- 

tion des  rayons  X  et  de  la  vitesse  de 

la  lumière  dans  l'air 711 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication       9-20 


AUTEURS.  TZiin 

MM.  Pages. 

—  Observations  et  expériences   com|)lé- 

menlaires,  relatives  à  la  détermination 
de  la   vitesse  des  rayons  X.  Sur  la 

nature  de  ces  rayons 763 

BODIN  (E.).  —  Action  de  la  fermentation 
alcoolique  sur  le  bacille  typhique  et 
sur  le  Bacteriuni  coli  cnmmime.  (En 
commun  avec  M.  F.  Pail/icret) 299 

—  Une  citation  lui   est  accordée  dans  le 

concours  du  prix  Montyon  (Médecine 

et  Chirurgie) [208 

BODROUX  (F.).  -  Sur  une  méthodi^  de 
lran^f(l^mation  des  dérivés  mono- 
chlorés et  monobromés  des  hydrocar- 
bures en  dérivés  monoiodés i35o 

BOLEY  (Pikrre).  —  Sur  les  différences  de 

potentiel  au  contact 454 

BONNIER  (Gaston)  fait  hommage  à  l'Aca- 
démie (lu  deuxième  fascicule  du 
«  Cours  de  Botanique  »  publié  par 
lui  en  collaboration  avec  M.  Lcclcrc 
du  Sabton 846 

—  Cultures  expérimentales  dans  la  région 

méditerranéerme;  modifications  de  la 
structure  anatomique raSS 

BONNIER  (Pierre).  —Le prix  Phiiippeaux 

lui  est  décerné 1211 

BORDAS  (F.).  —  Variation  de  l'acide 
phosphorique  suivant  l'âge  du  lait, 
(En  commun  avec  M.  Sig.  de  Rnrz- 
/lOiws'ki .) 3o2 

—  De   l'influence    de    l'écrémage   sur   la 

répartition  des  principaux  éléments 
constitutifs  du  lait.  (En  commun  avec 
I\L  S/g.  de-  RaczkoivshL) 354 

—  De  la  traite  mécanique,  dans  l'industrie 

laitière.  (En  commun  avec  M.  Sig.  de 
RdczIiOivski.) 371 

—  Un  prix  Montyon  (Statistique)  lui  est 

décerné 1 1 78 

—  Une  médaille  Berthelot  lui  est  accordée.   i23J 
BORDAS   (L.).   —   Variations   morpholo- 
giques et  anatomiques  présentées  par 

le  gésier  cliez  quelques  Coléoptères. .  982 
BOREL  (  É.MILE).  —  Sur  la  généralisation 

du  prolongement  analytique i5o 

BORNET.  —  Rapport  sur  le  concours  du 

prix  Desmazières  (Botanique.) 1201 

—  Est  réélu  membre  de   la   Commission 

centrale  administrative  pendant  l'an- 
née  igoS 1-277 

—  Notice  sur  M.   Mdlardet 1298 

BORRELLY.  —  Observations  de  la  comète 

h  igo.i,  découverte  le   i*''  septembre 


I4I^ 


TABLE  DES  AUTEURS. 


MM.  Pages. 

par  M.  Périne  et  le  2  septembre,  d'une 
manière  indépendante,  par  M.  B'>r- 
relly 433 

BOSC  (F.-.!.).  —  Traitement  préventif  de 

la  clavelée.  Sérum  anticlaveleux  ....     4o5 

BOUCAUD- adresse   une   Note    relative   à 

l'Aéroslalion 945 

BOUCHARD  (Ch.).  —  Traitement  local  des 

localisations  du  rhumatisme iG 

—  Allocution  à  l'occasion  de  la  mort  de 

R.  Virclinw 409 

—  Recherches  expérimentales  sur  l'adré- 

naline. (En  commun  avec  M.  Henri 
Clnude.  ) g^y 

—  Le  cœur  à  l'état  normal  et  au  cours 

de  la   grossesse.    (En  commun  avec 

M.  BahliazanL) 93  r 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Mon- 

lyon  (Médecine  et  Chirurgie.) 1208 

BOUCHER  (Claudiî).  —  Le  prix  Montyon 

(Arts  insalubres)  lui  est  décerné. . .  .    1234 

BOUDOUARI)  (0.).  -  Sur  les  alliages  de 

cuivre  et  de  magnésium 794 

BOUGAULT  (J.).  _  Sur  la  présence  de  la 
volémite  dans  quelques  Primulacées. 
(En  commun  avec  M.  G.  Allord.). . .     796 

BOUILHAC  (Raoul).  —  Influence  de  l'aldé- 
hyde formique  snr  la  végétation  de 
quelques  Algues  d'eau  douce i36 

BOULE  (Marcei.lin).  —  Sur  un  Carnassier 
gigantesque  trouvé  dans  l'argile  plas- 
tique de  Vaugirard,  près  de  Paris. . .     543 

BOULOUCH  (R.).  -  Sur  les  mixtes  formés 
par  le  soufre  et  le  phosphore  au- 
dessous  de  100" i65 

BOULUD.  —  Sur  l'acide  glycuronique  dans 
le  sang  du  chien.  (En  commun  avec 
M.  /?.  Lépine.) , 3g 

BOUQUET  DE  LA  GRYE,  Président,  rap- 
pellp  à  l'Académie  la  perte  douloureuse 
qu'elle  vient  de  faire  dans  la  personne 
de  M.  F<i)c,  Membre  de  la  Section 
d'Astronomie C, 

—  Annonce  à  l'Académie  la  mort  de   R. 

Virchow^  Associé  étranger 409 

—  Annonce  à    l'Académie    la    mort    de 

M.  Damour,  Académicien  libre....     465 

—  Annonce   à   l'Académie   les  décès  de 

MM.  Dehérain  et  Hnutefeuillc 10 17 

—  Allocution    de  M.    le  Président   à    la 

séance  publique  annuelle  du   22  dé- 
cembre 1902 ,,54 

—  Rapport  sur  un  Mémoire  de  MM.  B. 

Brunhes  et  Dmnd,  relatif  aux  «  Ano- 


1.S5 


90 


IVIM.  PaRes. 

malies  du  champ  magnétique  sur  le 
Puy  de  1  )ôme  » 1 3oo 

—  Est  élu  membre  adjoint  de  la  Commis- 

sion de  l'Aéionautique 754 

BOURCKT.  —  Variations  de  l'iode  du 
sang.  (En  commun  avec  M.  E.  Glcy.). 
BOURQÙELOT  (Em.).  —  Sur  le  gentio- 
biose  :  préparation  et  propriétés  du 
gentiobiose  cristallisé.  (En  commun 
avec  M.  H.  Hcrissry .) 

—  Action  des  ferments  solubles  et  de  la 

levure  haute  sur  le  gentiobiose.  Re- 
marques sur  la  constitution  du  gen- 
tianose.    (En  commun  avec   M.   H. 

Hérisser,  ) 399 

BOUSSINESQ.  —  Réilexion  et  réfraction 
par  un  corps  transparent  animé  d'tme 
translation  rapide  :  équations  du 
mouvement  et  conséquences  géné- 
rales      220 

—  Réflexion   et  réfraction    par   un   corps 

transparent  animé  d'une  translation 
rapide  :  ondes  réfléchies  et  réfractées; 
amplitude  des  vibrations 2G9 

—  Réflexion  et  réfraction  par  un   corps 

animé  d'une  translation  rapide  :  cons- 
truction des  rayons,  indépendante  de 
la  translation,  et  rotation,  paraissant 
au  contraire  en  dépendre,  du  plan  de 
polarisation  du  rayon  réfracté 809 

—  Extension  du  Principe  de  Fermât,  sur 

l'économie  du  temps,  au  mouvement 
relatif  de  la  lumière  dans  un  corps 
transparent  hétérogène,  animé  d'une 
translation  rapide 

—  Démonstration  générale  de  la  construc- 

tion des  rayons  lumineux  par  les  sur- 
faces d'onde  courbes 

BOUTAN  (Louis).  —  Sur  le  centre  ner- 
veux qui  énerve  la  périphérie  du 
manteau  chez  le  Pecten 587 

BOUVEAULT  (L.).  -  Condensation  du 
nitrométhane  avec  les  aldéhydes  aro- 
matiques. (En  commun  avec  M.  J. 
ÏVrdd.) 4, 

—  Action  de  l'acide  nitreux,  en  solution 

acide,  sur  les  étiiers  ^-cétoniques 
a  substitués;  synthèse  des  homolo- 
gues de  l'acide  pyruvique.  (En  com- 
mun avec  M.  René  Lnrquin.) 179 

—  Action  de  l'acide  nitreux,  en  solution 

alcaline,  sur  les  élhers  ^-cétoniques 
a-substitués.  (En  commun  avec 
M.   René  Lnrcjidn.) 295 


465 


559 


TABLE    DES 

MM.  Paires. 

BOUVIER  ost  élu  Membre  de  la  Section 
d"An>itomie  et  Zoologie,  en  rempla- 
cement (ie  M .  Filknl ?  i 

—  Sur  le  développement  des  PéripiUidé.s 

de  l'Afrique  australe io33 

BOUZAT.  —  Chlorures  cuivriques  ammo- 
niacaux anhydres.  Radicaux  cupro- 
ammoniques -isyi 

—  Sulfates  cupro-ammoniques  anlndres.     Wl\ 
BRÉCHARO  adresse  un  Travail  relalif  à  de 

«  nouveaux  panlographes  » r}- 

BRENANS  (P.).  —  Sur  un  nouveau  phé- 
nol diiodé 1-7 

BREÏON  (E.).  —  Sur  la  formation  des 
(inticorps  dans  le  sérum  des  animaux 
vaccines.  (Eu  couimun  avec  M.  .-/. 
Calniettc.) 1  o  1 1 

BROCARD  (H.).  —  Les  quatorze  grands 
Registres  de  laboratoire  de  Lavoisier. 
Le  Registre  H  signalé  perdu  et  nou- 
vellement retrouvé 574 

BROCHET  (André).  -  Sur  les  électrodes 
bipolaires. (En commun  avec  M.  C.-L. 
Barillet.) 854 

—  Sur  les  électrodes  bipolaires  à  anode 

soluble.  (Eu  couunun  avec  ,M.  C-L. 
liarillft.  ) 1 04  q 


AUTEURS.  141-7 

MM.  Pages. 

BRUNEL  (LÉON  ).  —  Dérivés  d'addition  du 

cyclohexène io55 

BRUNHES  (ii.)  adresse  un  Mémoire  inti- 
tulé :  «  Etude  des  anomalies  du  champ 
magnéli(]ue  terrestre  sur  le  Puy  de 
Dôme  ».  (En  commun  avec  M.  P. 
David.  ) ,  o()G 

—  Ra[)port  sur  ce  Mémoire  par  M.  liou- 

(jiiet  lie  la  Go  e 1 3oo 

BRUNHES    (.Ikan).   —  Sur    le    rôle    des 

tourbillons  dans  l'érosion  éolienne..    11 'ia 
BBUNTZ  (Louis).  —  Étude  comparée  des 
liquides  organiques  de  la  sacculine  et 
du  crabe.  (En  commun  avec  M.  Jean 
Gaiitrclct .  ) 349 

—  L'excrétion   rlnv,   les  Crustacés  supé- 

rieurs        589 

—  L'excrétion  chez  les  Cinipèdes (J87 

BRUYANT  (C).  -  Sur  la   végétation  du 

lac  Paviti 1071 

BUISSON  (H.).  —  Sur  une  nouvelle  mé- 
thode de  misure  0[)tique  des  épais- 
seurs. (  l']ti  commun  avec  M.  Mace.  de 

Lépinaj .) 9^8  i 

BUSSV  (DR).  —  Kapport  sur  la  part  prise 
par  M.  Deipei  cil  dans  le  concours  du 
prix  Binoux 1174 


C 


CAH^LETET  est  adjoint  à  la   Commission 

de  l'Aéronautiiiue 88G 

CALLANDREAU  (0.).  —  Propiiétés  d'une 
certaine  anomalie  pouvant  remplacer 
les  anomalies  déjà  connues  dans  le 
calcul  des  |)erturbations  des  petites 
planètes 8 

—  Sur  quelques  parliculaiités  de  la  théo- 
rie des  étoiles  (ilanles.  Existence  de 
points  radiants  staiiomiaiies  par  4^" 
de  latitude iiJJ 

CALMETTE  (A.).  —  Sur  l.i  formation  des 
(inticorps  dans  le  sérum  des  animaux 
vaccines.  (En  commun  avec  M.  E. 
Breton .) ioi3 

CAMBOULIU.    —   Contribution    à    l'étude 

des  Anophèles  de  i'isthme  de  Suez..     704 

CAMMAN  (P.).  —  Réilexion  de  la  lumière 
sur  un  miroir  de  fer  aimanté  perpen- 
diculairement au  plan  u'iiicidence.  . .     ■^8() 

CAMPAGNE  (A.).  —  Sur  la  préparation 
d'un  soufre  puKérulent  directement 
miscible  aux  bouillies  cupriques,   et 


sur  l'efficacité  d'un  traitement  simul- 
tané des  vignobles  contre  l'oïdiurn  et 
le  inildew.  (En  commun  avec  M.  M. 
Cantpaj^iic .  ) 814 

CAMPAGNE  (M.).  —  Sur  la  |)réparali()a 
d'un  soufre  pulvérulent  directement 
miscible  aux  bouillies  cupricjues,  et 
sur  l'efficacité  d'un  traitement  simul- 
tané des  vignobles  contre  l'oïdium  et 
le  mildew.  (En  commun  avec  M.  A. 
Canipai^ne .  ) 814 

CAMUS  (Jea.n).  —  Hémoglobinurie  d'ori- 
gine musculaire.  (En  commun  avec 
M.  F.  Pogniez.) 325 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  commu- 

nication       376 

—  Hémoglobinurie  musculaire.  (En  com- 

mun avec  M.  P .  Fagniez.) loio 

CANNIZARO  (STANISLAS).  —  La  médaille 

Lavoisier  lui  est  décernée r233 

—  Adresse  des  nmercîments  à  l'Acadé- 

mie       IJOI 

CARNuT  (Ao.j.  —  Rapport  sur  des  expé- 


i4i8 


TABLE    DES 


MM.  Pafjps. 

riences  faites  à  l'Observatoire  deMonl- 
souris,  relatives  à  la  composition  de 
l'air  atmosphérique 89 

CARRIÈRE.   —    La  cryogénine  dans    les 

fièvres 1 382 

CARTAN  (E.).  —  Sur  Téqui valence  des 

systèmes  différentiels 781 

—  Sur  la  structure  des  groupes  infinis.. .     85 1 
CASSAÈT.  —  Une  Citation  lui  est  accor- 
dée dans  le  Concours  du  prix  Montyon 
(Médecine  et  Chirurgie) 1208 

CASSEDEBAT.  —  Ouverture  d'un  pli  ca- 
cheté indiquant  i\L  Cnsscdehat  comme 
l'auteur  d'un  Mémoire  qui  a  obtenu 
une  Mention  honorable  au  concours 
Montyon  de  Statistique  pour  1902...    i3or 

CHARRIÉ  (C).  —  Sur  la  synthèse  d'un 
carbure  aromatique  dérivé  du  cam- 
phre      i348 

CHAPOTEAUT.  —  Ouverture  d'un  pli 
cacheté  renfermant  une  Note  «  Sur  la 
préparation  du  gaïacol  et  du  créosol 
purs  au  moyen  de  la  créosote  de 
hêtre  ».  (En  commun  avec  M.  G/- 
rand.) 10:1 2 

CHARABOT  (Eugène).  --  Élude  sur  la 
distillation  simultanée  de  deux  subs- 
tances misciblei.5.  (En  commun  avec 
M .  /.  Rocheroilps .  ) 175 

—  Le  méthylanthranilale  de  méthyle  dans 

l'organisme  végétal "180 

CllARPÈiNTIIiR(Ai:G.).  —Inhibition  pro- 
duite par  voie  d'interférence  sur   la 

rétine 56 

CHARRIN(A.).  —  Transmission  expéri- 
mentale aux  descendants  des  lésions 
développées  chez  les  ascendants.  (En 
commun  avec  MM  .  G.  Dclamare  et 
Moussu.) .- 189 

—  Nature  parisilaire  {Ocspnm)  de  cer- 

taines dégénérescences  calcaires,  de 
quelques  tumeurs  inflammatoires  et 
de  lésions  spéciales  du  squelette.  (En 
commun  avec  M.  G.  Dclamare.)..  , .     255 

—  Recherches  physiologiques  sur  les  effets 

de  la  sympathicectouiie  cervicale.  (  En 
commun  avec  M.  Moussu.) 1008 

CHAUVEAU  (A.).  —  Rapport  sur  le  con- 
cours du  prix  Pourat  {  Physiologie). . .    1229 

CIIAUVEAUD    (G.).    —    La  'théorie    des 

phytons  chez  les  Gymnospermes. . . .     920 

CHESSIN  ( Ai,EX\NDRE-S.  ).  —  Sur  l'équa- 
tion de  Bessel  avec  second  membre.     678 

CHEVALIER    (Aug.).    —    Sur    quelques 


AUTEURS. 

MM.  Paf[es. 

plantes  à  caoutchouc  de  la  côte  occi- 
dentale d'Afrique 44  i 

—  Sur  les  Landolphiées  donnant  le  caout- 

chouc des  herbes  au  Congo  français.     5 12 
CHEVROTTiER  (J.).  -  PropViétés  phar- 
maco-dynamiques  de  certaines  .«emi- 
carbazides  aromatiques.  (En  commun 
avec  MM.  Aiii^ustc  Lumière  et  Louis 

Lumière .  ) 1 87 

CHOFARDET  (P.).  —  Observations  de  la 
comète  1902  A,  faites  à  l'Observatoire 
de  Besançon , 433 

—  Observations  de  la  comète  Giacobini 

(1902  c/),   faites  à  l'Observatoire  de 
Besançon 1099 

CHRÉTIEN  (P.).  —  Sur  les  combinaisons 
des  cyanures  complexes  avec  les 
aminés  de  la  série  grasse 901 

CHIUSTOMANOS.  —  Le   tremblement  de 

terre  de  Salonique 5r5 

CIPRIANI  adresse  une  nouvelle  Note  rela- 
tive aux  volcans 754 

CLAUDE.- —  Une  [)art  lui  est  attribuée 
dans  le  concours  du  prix  Binoux 
(Géographie  et  Navigation.) 11-4 

CLAUDE  (Henri).  —  Recherches  expé-_ 
rimentales  sur  l'adrénaline.  (En  com- 
mun avec  J\I.  Cil.  Boacluird.) 928 

CLERC  (A.),    —   Les  arrérages  du   prix 

Mège  lui  sont  attribués 1218 

—  Une  médaille  Berlhelot  lui  est  accor- 

dée      1233 

COBLYN  (J.-H.  ).  —  La  vision  à  distance 

par  l'électricité 684 

COLLET  (J.).  —  La  pesanteur  le  long  du 

parallèle  moyen 774  et     956 

COMBEBLAC.  —  Sur  les  propriétés  du  plan 

au  point  de  vue  de  VAnalysis  silus.  .    lo4^ 

COMBY.  —  Une  mention  lui  est  attribuée 
dans  le  concours  du  prix  Mont} on 
(Médecine  et  Chirurgie) 1208 

COM.MENGE.  —  Une  mention  lui  est  attri- 
buée dans  le  concours  du  prix  Mon- 
tyon (Médecine  et  Chirurgie) 1208 

—  Adresse  ses  remercîmenls  à  l'Acadé- 

mie     i3oi 

CONSIDÈRE.   —  Résistance  à  la   traction 

du  béton  armé 337 

—  Étude  théorique  de  la  résistance  à  la 

compression  du  béton  fretté 365 

—  Étude  expérimentale  de  la  résistance  à 

la  compression  du  béton  fretté 4  1 5 

CONSTANTIN  (J.).  -  Ouverture  d'un  pli 
cacheté  contenant  une  Note  intitulée  : 


TABLE   DES 

MM.  Pages. 

«  CoiUributioii  à  l'élude  de  l'avia- 
tion » 3o8 

CONTE  (A.).  -  Contributions  à  l'étude 
anatoniique  du  Rlinhdopleitra  Nor- 
rmitii  Allm.  (  En  commun  avec  M.  C. 
Vaney.) 63 

—  Sur  l'origine  de   la   coloration   naïu- 

relle  des  soies  de  Lépidoptères.  (Ru 
commun  avec  M.  C  Fancf.) 700 

—  Rocherches  sur  le  bourgeonnement  de 

Rhabdoplcura  Nornifirini  Ali.  (En 
commun  avec  M.  C.  Vw/cy.) 74S 

—  Sur  des  émissions  nucléaires  observées 

chez  les  protozoaires.  (En  commun 
avec  M.  C.  Vaney .) i365 

CORBIN  (P.).  —  Sur  la  découverte  d'un 
nouveau  massif  granitique  dans  la 
vallée  de  l'Arve,  entre  Servez  et  les 
Bouches.  (Eu  commun  avec  MM.  E. 
Hnri!^  et  M.  Ltigeon.  ) i  3/9 

GORET  (AuG.)  adresse  deux  Notes,  sur 
un  mode  de  suspension  du  pendule, 
et  sur  un  projet  de  pendule  de  Fou- 
cault «  à  force  vive  » 919 

CORML  (V.).  —  Sur  l'évolution  de  la 
rondelle  crânienne  détachée  par  le  tré- 
pan el  immédiatement  réimplantée. 
(En  commmun  avec  M.  P.  Coiidray.).     191 


AUTEURS.  1419 

MM.  Pages. 

COUDRAY  (Paul).  —  Sur  l'évolution  de 
la  rondelle  crânienne  détachée  par 
le  trépan  et  immédiatement  réimplan- 
tée. (En  commun  avec  M.  F.  Cortnl.).     191 

COUSIN  (H.).  -  Action  du  chlore  et  du 

brome  sur  les  vératrols  mononitrés..     967 

CRÉiMlEU  (V.).   —  Nouvelles  recherches 

sur  les  courants  ouverts -27 

—  Anomalies  i>résenléi'S  par  la  charge  de 

conducteurs  isolés  sur  fies  diélectri- 
ques solides.  Phénomènes  magnéti- 
ques particuliers  constatés  au  voisi- 
nage de  nœuds  d'oscillations  élec- 
triques        1 33 

—  Précautions  à   prendre    pour  l'emploi 

des  Gis  de  cocon  comme  (ils  de  tor- 
sion      G8-2 

(>URIE  (P.).  —  Sur  la  constante  de  temps 
caractéristique  de  la  disparition  de  la 
radioactivité  induite  par  le  radium 
dans  une  enceinte  fermée 857 

CURIE  (M'"").  —  Sur  le  poids  atomique  du 

radium 161 

—  Le  prix  Gegner  lui  est  décerné r243 

—  Une  médaille  Beithelot  lui  est  accor- 

dée      i'233 

—  Adresse   des  remercîmeuts  à  l'Acddé- 

mie i3oi 


D 


DA.MOUR.    —   Sa  mort  est   annoncée   à 

l'Académie 4<>5 

DANGEARD  (P. -A.).   —  La    téléomitose 

chez  \ Ainœba  Glcichenii  Diijard.  ...    1  liG 

—  L'organisation  du    Trcjjoino/uis  agilis 

Dujardiu 1 3GG 

DANIliL  (Lucien  ).  —  Sur  une  modification 
produite  chez  le  Scopolin  ccirniolicn  à 
la  suite  de  sa  grelTc  sur  Tomate 481 

—  Sur  l'utilisation  dos  principes  minéraux 

|iar  les  plantes  greilées.  (En  commun 
avec  M.  V .  Thnmns.) 009 

DANILOFF  (E.).  —  Sur  la  géographie  phy- 
sique de  la  Yaïla  occidentale  (Crimée) .     35ï 

DARBOUX  (G.)  est  désigné  par  l'Acadé- 
mie pour  la  représenter  aux  fêtes  du 
centenaire  du  grand  mathématicien 
N.-H.   Jhrl...'. 14G 

—  Est  présenté  à  M.  le  iMuii?tre  de  l'ins- 

truction publique  pour  la  |ilace  laissée 
vacante,  au  Bureau  des  longitudes, 
par  le  décès  de  M.  Cornu 944 


Ra()porl  sur  le  coucour.-?  du  pri.x  Fran- 
cœur  (Géométrie) 1 163 

Rapport  sur  le  concours  du  prix  Pon- 
celet  (Géométrie) i  iG3 

Rapport  sur  le  concours  du  prix  Sain- 
tour 1242 

M.  le  Secrétaire  prrpctiicl.  signale  un 
Volume  intitulé  :  «  The  norwegian 
nortli  polar  Expédition,  [893-1896. 
Scientific  resutts.  Volume  111  »,  22.  — 
Les  trois  Volumes  du  Compte  rendu 
du  quatrième  Congrès  international  de 
Chimie  appliquée,  tenu  en  1900,  et 
divers  Ouvrages  de  M.  Gino  Loria  et 
et  de  M.Carl-Ludwiij;  Charlier,  i46. 
—  L'  «  Atlas  bathymélrique  et  litho- 
logique des  côtes  de  France,  par 
M.  /.  Thnidet  ».  369.  —  Une  traduc- 
tion allemande  d'un  Ouvrage  de 
M.  Jdolp/ie  Minet,  portant  pour 
titre  :  «  Die  Gewinnung  dos  Alumi- 
niums und  dcssen  Bedoulung  fiir  Han- 


MM. 


TABLE    DES 


l'ages. 

fiel  uiid  liKiustrie  »,  45 1-  —  Divers 
Ouvrages  en  allemand,  de  M.  J. 
Korn.  574.  —  Divers  Ouvrages  de 
M.  Glno  Loria^  de  M.  A.  Konna,  de 
M.  L.  Dumas  et  de  M.  S  ta /lis  las 
Meunier,  67  [.  —  Un  Ouvrage  de 
MM.  Retzius  et  F'àrst,  deux  brochures 
de  M.  Vandeuren,  io43.  —  Un  Ou- 
vrage de  M.  Eininaimel  de  Marianne 
intitulé  :  «  La  Valachie,  essai  de 
monographie  géographique  »,  i3oo. 
—  Deux  Volumes  portant  pour  titres  : 
«  Inleraatioiial  Catalogue  of  scienti- 
fic  literature,  first  annual  issue;  D, 
Chemistry,  Part  I,  et  M,  Bulany, 
Part  I  »,  146.  —  Divers  Ouvrages 
adressés  i)ar  V.  Bje.rknes,  M.  Ch. 
Lalleniand,  M.  Nedelkm'i  te  h  , 
MM.  Lortet  et   C.  Gaillard ........      8.S7 

—  Annonce  que  le  Tome  XXXII  (^x"  série) 

des  «  Mémoires  présentés  par  divers 
savants  à  l'Académie  des  Sciences  » 
est  en  distribution  au  Secrétariat.. . .  22 
DAVID  (P.)  soumet  au  jugement  d'>  i'A- 
radémie  un  iMémoire  intitulé:  «  Étude 
des  anomalies  du  chaiiip  magnétique 
terrestre  sui'  le  Puy  de  Dôme.  (En 
commun  avec  M .  B.  Brulines .) i ocjG 

—  Rapport  sut'  ce  Mémoire  p;ir  M.  Bou- 

quet de  1(1  Grye l'jucj 

DEFLANDllE  (C.j.  — Rôle  de  la  fonction 
adipogénique  du  loie  chez  les  Inver- 
tébrés       807 

DEHKUAIN  (P.-P.).  —  Démonstration 
expérimentale  de  la  dé(  om[)Ositiori  de 
l'acide  carbonique  par  les  feuilles 
insolées  (En  cominun  avec  M.  E. 
Denwussy.) 274 

—  Cultui'e  du  lupin  jaune  {Lupinus  lu- 

teus.  (En  commun  avec  M.  E.  De- 
moussy .) G.'>4 

—  Culture  du  blé  au  champ  d'expériences 

de  Grignon,  en  1902.  (En  commun 
avec  M.  C.  Dupo'/t.) (J54 

—  Sa  mort  est  annoncée  à  l'Académie.  .  .    1017 
DEJEUINE.  —  Un  prix   Montyon   lui    est 

déceriu^  (Médecine  et  Chirurgie). . . .    1208 
DELACROIX  (G.).  —  Sur  une  forme  coni- 

dienne  du  Champignon  du  13lack-rot.    1872 
DELAGE  (Yves).   —   L'acide  carbonique 
comme  agent  de  choix  de  la  parthéno- 
genèse expérimentale  chez  les  Astéries.    070 

—  Sur  le  mode  d'action  de  l'acide  carbo- 

nique dans  la  parthénogenèse  expé- 


AUTEURS. 

MM.  Patres 

rimentale 6o5 

—  Efï'eis  de  l'excision  du  madréporite  chez 

les  Astéries 84 1 

—  Observations  à  propos  des  injections 

|>hysiologi(iues gBG 

DELAMARE  (G.).  —  Transmijsion  expé- 
rimentale aux  descendants  des  lésions 
développées  chez  les  ascendants.  (En 
commun  avec  MM.  J.  Charria  et 
Moussu .) 189 

—  Nature  parasitaire  (  Oosjtnra)  de  cer- 

taines dégénérescences  calcaires,  de 
quelques  tumeurs  inflamnuitoires  et 
de  lésions  spéciales  du  squelette.  (En 
commun  avec  M.  A.  Charria.) 255 

DEI.ATOUR  (E.)  adresse  un  Mémoire  rela- 
tif à  un  «  Appareil  de  [)ointage  ».. .  .     227 

DELALIRIEH  adresse  une  Note  avant  iiour 
Mire  :  «  Recherches  sur  la  navigation 
aérienne  » 1096 

DELÉi^lNE  (Maucel).  —  Action  deséthers 
halogènes  sur  le  thiosulfucarbumate 
d'ammonium 974 

DELEZENNE  (C).  —  Les  kinase»  micro- 
biennes. Leur  action  sur  le  pouvoir 
dige.stif  du  suc  pancréc.'tique  vis-à-vis 
(le  l'albumine irx 

—  Sur    l'existence  d'une   kmase  dans   le 

venin  des  serpents 828 

DELPEUCIl.  —  Une  part  lui  e.-t  attribuée 
dans    le    concours    du    prix   Binoux 

(Géographie  et  Navigation  j 1174 

DEMOLISSY  (  E.).  —  Démonstration  expé- 
périmentale  de  la  décomposition  de 
l'acide  carbonique  par  les  feuilles 
insolées.  (En  commun  avec  M.  P. -P. 
J)e/iérai//.) 274 

—  Culture  du  lupinjaune  (  Liz/ji/u/s  l/z/tas). 

(En  commun  avec  M.  P. -P.  Dché- 
raiii.) 44  J 

DEPËUET  (  Cil.  ).  — Sur  l'origine  et  la  dis- 
persion géographique  du  Logonijs 
corsicaniis 884 

DESCOMP.S  (Tu.)  adresse  une  Noie  sur  le 

«  Black-rot  atmosphérique  » 5i6 

DESCUDE  (Maucel).  —  Sur  un  nouveau 
composé  du  groupe  de  l'hexamethy- 
lènetétramine 698 

—  x\clion  des  aminés  grasses  sur  le  diben- 

zoate  de  méthylène 972 

DESGREZ(A.).  —  De  i'inlluence  de  la 
choline  sur  les  sécrétions  glandu- 
laires   02 

DESLANDRES  (II.).  —  Méthode  spectrale 


TABLE  DES  AUTEURS. 


r/l2I 


MM.  Pages, 

capable  de  fournir  !a  loi  de  rotation 
encore  inconnue  des  planètes  à  faible 
éclat.  Vérifications  de  la  méthode. 
Premiers  résultats riS 

—  Recherches  spectrales  sur  la  rotation 

de  la  planète  Uranns 472 

—  Organisation,  à  l'Observatoire  de  Meu- 

don,  des  spectrographes  automatiques 
dits  det  vitesses,  qui  enregistrent  les 
mouvements  radiaux  et  l'épaisseur  de 
la  chromosphère  solaire. )oo 

—  Est   porté  sur    la   liste  des  candidats 

présentés  par  la  Section  d'Astronomie 
pour  remplacer  M.  Faye 99.0 

—  Est  élu  Membre  de  la  Section  d'Astro- 

nomie, en  remplacement  de  M.  Faye.     9|5 
DISLÈRE.  —Une  médaille  Berthelot"  lui 

est  accordée 1233 

DOMBROWSKY  (S.).  -  Méthode  per- 
mettant de  séparer,  des  liquides  ani- 
maux et  végétaux  complexes,  la  plu- 
part de  leurs  matières  ternaires  et 
plusieurs  des  bases  qui  peuvent  les 
accompagner 1 82 

—  Sur  la  mannite,  les  azotates  et  les 
alcaloïdes  des  urines  normales 244 

DONARD  (E.).  —  Sur  une  matière  albu- 
minoïde  extraite  du  grain  do  maïs. 
(En  commun  avec  M.  //.  Labbé,). ,  .     ^44 

DONGIER.  —  Résistivités  électriques  de 
sérums  sanguins  pathologiques  et 
d'épanchements  séreux  chez  l'homme. 
(En  commun  avec  M.  Lesnge.) m 

—  Toxine  tétanique;   observations  de  la 

résistance  électrique  et  de  l'indice 
de    réfraction.     (En    commun    avec 

M.  Lesnge.) 029 

DOP  (Paul).  —  Sur  le  pollen  des  Asclé- 

piadées 710 

—  Sur  le  développement  de  l'ovule  des 

Asclépiadées 800 

DOYON    (Maurice).    —    Disparition    des 
éthers   dans    le   sang  in  vitro.    (En 
commun  avec  M.  Jlbert  MnreL). ...       54 
DRIENCOURT.  —  Un  prix  de  deux  mille 


i5oi 


9<9 


58 


636 


MM.  Pages. 

francs  sur  le  prix  extraordinaire  de 
six  mille  francs  (Mécanique)  lui  est 
attribué 1 163 

—  Adresse  des  remercîments  à  l'Acadé- 

mie   

DUBOIN  (A.)  adresse  une  Note  «  Sur  la 
production  du  rubis  par  fusion  ». . . . 

DUBOIS  (Raphaël).  —  Sur  l'autorégula- 
tion,  par  l'acide  carbonique,  du  fonc- 
tionnement énergétique  des  organis- 
mes   

—  Adresse  une  Note  «  Sur  le  mécanisme 

intime  de  la  fonction  photogénique; 
réponse  à  M.  James  Dewnr  » 

DUCHAUSSOY.  —  Un  prix  Montyon  (Statis- 
tique) lui  est  décerné 1 178 

DUFAU(Em.).  —  Aluminate  de  manga- 
nèse :  Al^O^Mn 9^3 

DUHEM  (P.  ).  —  Sur  les  quasi-ondes 761 

—  Sur  l'analogie  entre  les  rayons  X  et 

les  oscillations  hertziennes 845 

—  Sur  les  conditions  nécessaires  pour  la 

stabilité  de  l'équilibre  d'un  système 
visqueux 9-^9 

—  Sur  la  stabilité  de    l'équilibre   et   les 

variables  sans  inertie 1088 

—  Des  conditions  nécessaires  pour  qu'un 

fluide  soit  en  équilibre  stable 1290 

DUPARC  (Louis).  —  Sur  l'origine  de  la 
coupure  transversale  de  la  Kosva 
(Oural  du  Nord) ii35 

DUPONT  (C.  ).  —  Culture  du  blé  au  champ 
d'expériences  de  Grignon,  en  1902. 
(En  commun  avec  M.  P. -P.  Dché- 
rnin) 6j4 

DUPONT  (Maurice).  —  Appareil  pour 
déterminer  la  durée  des  impressions 
lumineuses  sur  la  rétine 876 

DUSSAUD.  —  Sur  un  nouveau  procédé 
destiné  à  faciliter  l'écriture  et  le  cal- 
cul aux  aveugles 600 

—  Nouvelles  expériences  sur  la  résistance 

électrique  du  sélénium  et  ses  appli- 
cations à  la  transmission  des  images 
et  des  impressions  lumineuses 790 


E 


EGINITIS  (M.-D.).  —  Sur  les  crépuscules 
rouges  observés  à  Athènes  dans  les 
mois  d'octobre  et  de  novembre  1902. 

—  Observations  des  Perséides,  Léonides  et 
Biélides,  faites  à  Athènes  en  1902. . . 


1080 


i3o8 


C.  R.,  1902.  2"  Semestre.  (T.  CXXXV.  ) 


ELDIN  (Ed.)  adresse  une  Note  relative 
aux  causes  de  la  catastrophe  survenue 
à  l'aérostat  «  Le  Bradsky  » 637 

ESCLANGON  (E.).  —  Sur  les  récentes 
lueurs  crépusculaires  observées  à 
i85 


l422 
MM. 


TABLE   DES    AUTEURS. 


Pafjes. 

Bordeaux , 846 

Sur  une  extension  de   la   notion  de 
périodicité 891 


MM.  Pages. 

ETARD  (A.).  —  Sur  la  musculamine, 
base  dérivée  des  muscles.  (En  com- 
mun avec  M.  J.  Fila.) 698 


FABRE  (L.-A.).  —  Sur  le  courant  et  le 

littoral  des  Landes 1 134 

FABRY(L.).  —  Observations  de  la  co- 
mète b  1902,  découverte  le  i^'  sep- 
tembre par  M.  Péri  ne  y  et  le  2  sep- 
tembre, d'une  manière  indépendante, 
par  M.  Borrellf,  à  l'Observatoire  de 
Marseille 433 

FAU'V^EL  (Pierre).  —  Les  otocystes  des 

Annélides  Polvchèles i362 

FAYET  (G.).  —  Observations  de  la  nou- 
velle comète  Giacobini  {d  1902), 
faites  à  l'Observatoire  de  Paris io43 

—  Éléments  provisoires  de  la  comète  Gia- 

cobini (2  décembre  1902) io44 

FENYI  (  J.  ).  —  Sur  la  nature  du  cohéreur.  3o 
FERNBACH  (A.).  —  Influence  de  l'acide 

sulfocyanique   sur    la    végétation    de 

V Aspergillus  /li^er 5 1 

FLAMAND  (G.-B.-M.).  —  Sur  le  régime 

hydrographique  du  Tidikelt  (archipel 

Touatien),  Sahara  central 212 

FON VIELLE  (W,  de).  —  La  vérification 

de  la  loi  des  hauteurs  barométriques.  335 
FORCRAND  (de).  —  Sur  l'hydratation  do 

l'oxyde  de  zinc 36 

—  Sur  les  propriétés  et  la  constitution  des 

peroxydes  de  zinc io3 

—  Sur  la  composition  dos  hydrates  de  gaz.     959 

—  Sur  la  composition  et  la  coiibtitution 

des  hydrates  sulfhydrés 1344 

FOSSE  (R.)-  —  Propriétés  oxydantes  d'un 

pyranol 39 

—  Sur  un  dérivé  de  l'eau  oxygénée 53o 

—  Une  médaille  Berthelot  lui  est  accor- 


dée     1233 

—  Un  prix  Cahours  lui  est  attribué 1289 

FOURNIER.  —  Une  citation  lui  estaccordée 

dans  le  concours  du  prix  Montyon 
(Médecine  et  Chirurgie) 1208 

FOUIUMER(J.).  —  Sur  une  des  causes 
d'explosion  des  chaudières  à  vapeur  et 
sur  le  moyen  de  la  prévenir 282 

FOURTAU  (R.).  —  Sur  la  constitution 
géologique  des  environs  d'Alexandrie 
(Egypte).  (En  commun  avec  M.  D.-E. 
Pûcliu/idaki.  ) 596 

—  Sur  le  Grès  nubien 8o3 

FOVEAU  DE  COUR.MELLES  adresse  une 

Note  portant  pour  titre  :  «  Des  éner- 
gies   photochimiques   comparées   de 

diverses  sources  lumineuses  » 216 

FRAKIHET  adresse  le  résumé  d'un  travail 
«  Sur  la  variation  de  résistance  ma- 
gnétique d'un  barreau  de  traction  ».     687 

—  Variation  de  la  résistance  magnétique 

dun  barreau  de  traction 685 

—  Adresse    un    Mémoire   portant    pour 

titre  :  «  Méthode  d'essai  des  métaux, 
basée  sur  la  variation  de  réluctance 

d'un  barreau  de  traction  )> 886 

FREMONT  (Ch.).  —  Mesure  de  la  limite 

élastique  des  métaux 281 

—  Un  prix  Trémont  lui  est  décerné 1243 

FREUNDLER  (P.).  -  Sur  l'aldéhyde/^ben- 

zène-azobenzoïque  et  ses  dérivés.  (En 
commun  avec  M.  de  Lnbonleric .). . .    1 1  iG 
FRIEDEL    (Jean).    —    Formation    de    la 
chlorophylle,  dans  l'air  raréfié  et  dans 
l'oxygène  raréfié io63 


GAILLOT.  —  Le  prix  Damoiseau  lui  est 
décerné 

—  Adresse  des  remercîments  à  l'Acadé- 

mie  

GARRIGOU  (F.)-  —  Sur  des  procédés  de 
concentration  de  liquides  alimen- 
taires, et  particulièrement  du  vin. . . . 

—  Résultats    physiques,    chimiques    et 


1 170 
i3oi 

369 


pratiques  de  la  concentration  du  vin.     407 

—  La  diffusion  de  l'arsenic  dans  la  na- 

ture     1 1 13 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication      i388 

GASTINE.  —  Sur  un  nouveau  procédé 
pour  la  destruction  de  la  pyra^e  et 
d'autres  insectes  nuisibles.  (En  com- 


TABLE    DES    AUTEURS. 


1^26 


MM.  Pages, 

miin  avec  M.  Fermorel.) 66 

GAUDRY  (Albert)  fait  hommage  à  l'Aca- 
démie d'un  Opuscule  intitulé  :  «  Re- 
cherches paléontoloi^iques  de  M.  An- 
dré Tnurnnnër  en  Patagonie  » 619 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Jérôme 

Ponti 124' 

GAUTIER  (Armaxd).  —  Existence,  dans 
l'albumen  de  l'œuf  d'oiseau,  d'une 
substance  fibrinogène,  pouvant  se 
transformer,  in  vitro,  en  membranes 
pseudo- organisées i33 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication       ■>.^'^ 

"  Observations  à  propos  d'une  Note  de 
M.  G.  Bertrand^  sur  l'existence  de 
l'arsenic  dans  la  série  animale <Siî 

—  Localisation  de  l'arsenic  normal  dans 

quelques  organes  des  animaux  et  des 
plantes.  Ses  origines 833 

—  Sur  la  quantité  d'hydrogène  libre  de 

l'air  et  la  densité  de  l'azote  atmosphé- 
rique      I025 

—  Observations  au  sujet  d'une  Noie  de 

M.  GaîTignu,  sur  la  diffusion  de  l'ar- 
senic dans  la  nature 1 1 15 

GAUTIER  (E.-F.).  —  Sur  les  terrains  pa- 
léozoïques  de  l'Oued  Saoura  et  du 
Gourara 1071 

GAUTRELET  (Jean).  -Étude  comparée 
des  liquides  organiques  de  la  saccuiine 
et  du  crabe.  (Eu  commun  avec  M.  Louis 
Bruntz .) 3  {9 

GENVRESSE  (P.).  —  Sur  l'essence  de 
vétyver.  (En    commun  M.  G.  Lan- 

f^l'^i''-) 1059 

GlARD.   —  Rapport  sur  le  conrours  du 

prix  Thore  (Analomie  et  Zoologie)..    (■?.9;'i 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Godard 

(Médecine  et  Chirurgie) f2i6 

GIRAN  (H.).  —  Transformation  de  l'acide 
pyrophosphorique  en  acide  orthophos- 
phorique 96 1 

—  Étude  thermique  de  l'acide  métaphos- 

phorique i333 

GIRÂUD.  —  Ouverture  d'nn  pli  cacheté 
renfermant  une  Note  «  Sur  la  prépa' 
ration  du  gaïacol  et  du  créosol  purs 
au  moyen  de  !a  créosote  de  hêtre  ». 
(En  commun  avec  M.  Chajmtcuut.).  \o\-i 
GIRAUD  (J.).  —  Surl'érupliondela  Marti- 
nique. (En  commun  avec  MM.  A.  La- 
croix et  Rnllet  de  Vlsle.)  ,  ,      877  et     4 '9 

—  Errata  se  rapportant  à  ces  deux  Com- 


MM.  Pages. 

munications 464 

—  Sur  l'âge  des  formations  volcaniques 

anciennes  de  la  Martinique 1877 

GIROD  adresse  un  Mémoire  «  Sur  une 
méthode  de  transposition  en  musi- 
que » 1096 

GLEY  (E.).  —Variations  de  l'iode  du  sang. 

(En  commun  avec  M.  P.  Bmircet). . .     i85 

GONNESSIAT.  —  Le  prix  Dclalande-Guéri- 

neau  lui  est  décerné 1241 

GOSSUIN  (L.)  adresse  une  Note  sur  un 
tremblementde  (erre  à  Busselino  (Ita- 
lie)      919 

GOUTAL.  —  Sur  le  pouvoir  calorifique  de 

la  houille 477 

GOYAUD.  —  Sur  la  fermentation  pectique.     537 

—  Adresse  une  nouvelle   Note  «   Sur   la 

fermentation  pectique  » 71 5 

GRANDIDIER.  —  Rapport  sur  la  part  priae 
par  M.  Marcel  Monnier  dans  le  con- 
cours du  prix  Binoux 1 174 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Tchi- 

hatchef 239 

GRAVIER  (C}i.).  —  Sur  un  Cérianthaire 

pélagique  adulte 591 

—  Sur  les  Annclides  polychètes  d'eau 
douce 984 

GRÉHANT  (Nestor).  —  Analyse  de  neuf 
échantillons  d'air  recueilli  dans  les 
galeries  d'une  mine  de  houille 726 

GRIFFON  (Ed).  —  Recherches  sur  l'assi- 
milation chlorophyllienne  des  feuilles 
dont  on  éclaire  soit  la  face  supérieure, 
soit  la  face  inférieure 3o3 

GRIFFON  (V.).  —  Une  citation  lui  est 
accordée  dans  le  concours  du  prix 
Montyon  (Médecine  et  Chirurgie) . . .   120S 

GRIGNARD  (V.).  —  Action  des  combi- 
naisons organo-magnésiennes  mixtes 
sur  les  éthers  d'acides  cétoniques 
(II) 627 

—  Une  médaille  Berthelot  lui  est  accor- 

dée     1^33 

—  Un  prix  Cahours  lui  est  attribué i^Sg 

—  Adresse  des  remercîmcnts  à  à  l'Acadé- 

mie      '  3o  t 

GRIMAL  (ÉMiLiEN).  —   Sur  l'essence  de 

bois  de  Cèdre  de  l'Atlas 582 

—  Sur  un  dichlorhydrate  et  un  dibrom- 

hydrate  de  cadinène,  et  un  cadinène 

régénéré  dexlrogyres 1037 

GRLMBERT  (L.).  —  Un  prix   Barbier  lui 

est  décerné i2i3 

—  Une  médaille  Berthelot  lui  est  accordée.  i233 


'424 


TABLE  DES  AUTEURS. 


MM.  Pages. 

—  Adresse  des  remercîmcnts  à  l'Académie.  1 5o  i 
GROSSOUVRE  (de).   —    Le    prix    Fon- 

tanes  lui  est  décerné 1197 

—  Adresse  des  remercîmcnts  à  l'Acadé- 

mie    i5oi 

GRYNFELTT  (Ed.).    —   Distribution   des 

corps  suprarénaux  Plagiostomes 33o 

—  Structure  des  corps  suprarénaux  des 

Plagiostomes 373 

—  Sur  le  corps  interrénal  des  Plagios- 

tomes       439 

GUÉDRAS  (Marcel).   —    Essai    sur    la 

constitution  chimique  des  copals. . . .     797 

—  Adresse  une  Note  «  Sur  le  iithopone  ».    i384 
GUERBET  (Maucel).—  Action  des  alcools 

sur  les  dérivés  sodés  d'autres  alcools.     ^■^J^l 

GUERDER  adresse  une  «  Elude  clinique  sur 
une  antitoxine  tuberculeuse.  Résultats 
thérapeutiques  dans  les  tuberculoses 
localisées  » 886 

GUÉKIN.  -  Une  citation  lui  est  accordée 
dans  le  concours  du  prix  Monijon 
(Médecine  et  Chirurgie) i-io'è 

GUIGNARD  (L.).  —  Sur  la  double  fécon- 
dation chez  les  Crucifères 497 

GUILLAUME  (J.).  —  Observations  de  la 
comète  Perrine-Borrelly  (1902  b), 
à  l'Observatoire  de  Lyon 49g 

—  Observations  du  Soleil,  faites  à  l'Obser- 

vatoire de  Lyon  pendant  le  premier 
trimestre  de  1902 59.3 

—  Observations  du  Soleil,  faites  à  l'Obser- 

vatoire de  Lyon  pendant  le  deuxième 
trimestre  de  1902 674 

—  Oservations  du  Soleil,  faites  à  l'Obser- 

vatoire de  Lyon  pendant  le  troisième 

trimestre  de  1 902 887 

GUILBERT  (C.-F.).    -  Le  prix  Hébert 

lui  est  décerné  (Physique) 1 177 

—  Adresse  des  remercîments  à  l'Acadé- 

mie     j3oi 


MM.  Pages. 

GUILLEMIN    (A.).    —    Sur    les    accords 

binaires 98 

—  Classement  des  accords  binaires.  Con- 

sonances et  dissonances  spécifiques. .     396 
GUILLEMLNOT  (H.).  —  Moyen  de  régler 
les  résonateurs  de  haute  fréquence,  en 

vue  de  leur  emploi  médical 288 

GUILLEMONAT.  —  Une  mention  lui  est 
accordée  dans  le  concours  du  prix 
Montyon  (Médecine  et  Chirurgie). . .  1208 
GUlLLIERMOiND  (A.).  —  Observations 
sur  la  germination  des  spores  du  .Sac- 
cluirotnyces  Liichvigii 708 

—  Ernitci  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication      920 

GUILLON  (J.-M.).  —  Sur  la  possibilité 
de  combattre  par  un  même  traitement 
liquide  le  niildew  et  l'oïdium  de  la 
Vigne 261 

—  Sur  l'applicaliou  des  engrais  chimiques 

à  la  culture  de  la  Vigne  dans  les  ter- 
rains (alcaires  des  Charcutes.  (En 
commun  avec  M.  G.  Gouiran.) 1076 

GUNTZ.   —   Sur   un   procédé   général   de 

formation  desazolures  métalliques...     738 

GAILLOT.  —  Le   prix  Damoiseau  lui  est 

décerné  (Astronomie) 1 170 

GUYE.  —  Sur  la  formation  des  gouttes 
liquides  et  les  lois  de  Tate.  (En  com- 
mun avec  M.  Louis  Perrot.) 45g 

—  Errata  se   rapportant  à  cette  Commu- 

nication       5>.o 

—  Sur  la  formation  des  gouttes  liquides 

et  les  lois  de  Tate.  (En  commun  avec 

M.   Louis  Perrot.) 621 

GUYOU.  —  Rapport  sur  le  concours  du 
prix  extraordinaire  de  six  mille  francs 
(Mécani(|ue) 1166 

—  Rapport  sur  la  part  attribuée  à 
M.  Claude  dans  le  concours  du  [)rix 
Binoux 1 174 


H 


HAt)AMARD.  —  Sur  les  fonctions  entières.   1 309 

HALLER.  —  Rapport  sur  le  concours  du 

prix  Jecker  (Chimie) 1295 

HAMY.  —  Est  porté  sur  la  liste  des 
candidats  présentés  par  la  Section 
d'Astronomie  pour  remplacerM.  Paye.     920 

HARTMANN.  —  Le  prix  Montyon  (Méca- 
nique) lui  est  décerné 1 167 

HARTWIG  (E.).  -  Le  prix  Walz  (Astro- 


nomie) lui  est  décerné 1  iGg 

—  Adresse  des  remercîments  à  l'Acadé- 

mie      1 3o  I 

IIATON  DE  LA  GOUPILLIÈRE  est  désigné 
à  M.  le  Ministre  de  la  Guerre  pour 
faire  partie  du  Conseil  de  perfection- 
nement de  l'École  Polytechnique  pen- 
dant l'année    1902- 1903 5i2 

—  Sur  le  problème  des  brachistochrones.     614 


TABLE    DES 

MM.  Pages. 

—  Quelques  cas  d'intégration  de  l'équa- 

tion des  bracliistochrones 6^7 

—  Remarques  au  sujet  d'une  Communi- 

cation de  M.  Gréhant  sur  l'air  recueilli 
dans  les  galeries  d'une  mine  de  houille.     768 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Mon- 

tyon  (Statistique) 1 178 

HATT  est  présenté  à  M.  le  Ministre  de 
l'Instruction  publique  pour  la  place 
laissée  vacante,  au  Bureau  des  Longi- 
tudes, par  le  décès  de  i\I.  Coma.  . .  .     944 

HAUG  (E.)-  —  Sur  la  découverte  d'un 
nouveau  massif  granitique  dans  la 
vallée  de  l'Arve,  entre  Servez  et  les 
Houches.  (En  commun  avec  MM.  Lu- 
geon  et  P.  Corbin .) 1 379 

HAUSER.  —   Un  prix   Lallemand  lui   est 

attribué 1218 

HAUTEFEUILLE.  —  Sa  mort  est  annoncée 

à  l'Académie 1017 

HENRI  (Victor).  —  Théorie  générale  de 

l'action  de  quelques  diastases 91 G 

HENRIET.   —   Sur  une  nouvelle   vapeur 

organique  de  l'air  atmosphérique. ...      10 1 

HÉRISSEY  (H.).  —  Sur  le  gentiobiose  : 
préparation  et  propriétés  du  gentio- 
biose cristallisé.   (En   commun  avec 


AUTEURS.  1425 

MM.  P.iges. 

M .  Eni.  Bnunjiiclot.  ) ugo 

—  Action  des  ferments  îrolubles  et  de  la 

levure  haute  sur  le  getiliobiose.  Re- 
marques sur  la  couïtiiulion  du  gen- 
tiobiose. (En  commun  avec  M.  Em. 
Bourquelot .  ) 399 

HEUVÉ  (H.).    —  Nouvelles   expériences 

d'Aéronautique  maritime 71'^ 

IIOLT.  —  Préparation  et  propriétés  d'un 
siliciure  de  vanadium.  (En  commun 
avec  M.  Moissnn .) 78 

—  Préparation  et  |)ro[)riétés  d'un  nouveau 

siliciure  de  vanadium.  (En  commun 
avec  M.  Moissan . ) 493 

HOULLEVIGUE  (L.).  —  Lames  minces 
métalliiiues  obtenues  par  projection 
cathodique fv.>.G 

IIOUSSAY  (FiiÉDKRic).  —  Sur  la  mue, 
l'excrétion  et  la  variation  du  rein,  chez 
des  Poules  carnivores  de  seconde 
généra  tion 1 06 1 

—  Variations  organiques  chez  les  Poules 

carnivores  de  seconde  génération...    i357 
HUA  (Henri).  —  Le  Landolpltia  Fier/ci, 
espèce  nouvelle  du  Gabon,  considérée 
comme    pouvant   fournir    du    caoui- 
chouc 868 


IMBEÂUX  (Ed.).  —  Les  arrérages  du  prix 

Bréant  lui  sont  attribués r^iô 

—  Une  médaille  Berthelot  lui  est  accordée.   r>.33 

—  Adresse  ses  remerciments  à  l'Acadé- 

mie     i5oi 


ISTRATI  (G.-L).  —  Sur  quelques  produits 
d'oxydation  de  l'aniline  par  l'oxygène 
de  l'air 742 

IZARN.  — Argenture  du  verre  et  daguer- 
réotype      '240 


JANSSEN  (J.).  —  Sur  les  travaux  de  celte 
année,  à  l'Observatoire  du  sommet  du 
mont  Blanc 34  ' 

—  Est  élu  membre  adjoint  de  la  Commis- 

sion de  l'Aéronautique 754 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Jans- 

sen,    décerné    à    M.    Aymar  de   la 
Biiume-Phivinel  (Astronomie) 117'/ 

—  Rapport  sur  les  travaux  du  D"'  Jean  Bi- 

riot,  auquel  un  encouragement  et  une 

médaille  Janssen  sont  accordés 1 172 

JEAN  (Ferdinand).  —  Sur  la  recherche 
et  le  dosage  de  l'extrait  de  chàtaigtiier 


en  mélange  avec  l'extrait  de  chêne. .     53G 

—  Sur  le  dosage  de  l'oxyde  de  carborie  et 
de  l'acide  carbonique  dans  les  airs 
viciés 74G 

JOANNIS  (A.).  —  Action  du  chlorure  de 

bore  sur  le  gaz  ammoniac 1  loG 

.lOBERT.  —  Sur  la  structure  des  muscles 

de  V  Anoinia  eijlii/>piit/n 90G 

JODIN  (Victor).  —  Sur  la  durée  germi- 
nativedesgrainesexposéesà  la  lumière 
solaire 443 

JOUGUET.  —  Sur  la  rupture  et  le  dépla- 
cement de  l'équilibre 778 


l/|26 


TABLE    DES    AUTEURS. 


K 


MM.  Pafjes. 

KAUFiMANN  (W.)-  —  La  déviation  ma- 
gnétique et  électrique  des  rayons  Bec- 
<juerel,  et  la  masse  éleclromagnélique 
des  élecl  rons 577 

KERFORNE  (F.).  —  Sur   le  Gothiandien 

inférieur  du  massif  armoricain i?.3 

KILIAN  (W.).  —  Sur  la  présence  de 
l'étage  aptien  dans  le  sud-est  de 
l'Afrique 6<S 

—  Errata  se  rapportant  à  celte  Commu- 
nication       216 

KLING  (André).  —  Sur  l'hydrogénalion 

de  l'acétol 970 

KOENIGS  (G.).   -  Sur  l'assemblage  de 


MM.  l'ages. 

deux  corps 343 

KORN  (A.).  —  Application  de  la  méthode 
de  la  moyenne  aritlmiétique  aux 
surfaces  de  Riemann g4 

—  Sur  le  problème  de  Dirichlet  pour  des 
domaines  limités  par  plusieurs  con- 
tours (ou  surfaces) 23i 

KRAUSE  (Martin).  —  Sur  une  formule 
sommatoire  dans  la  théorie  des  fonc- 
tions à  deux  variables 10  (5 

KREBS  (A.).  —  Sur  un  carburateur  auto- 
matique pour  moteurs  à  explosions. .     894 

KUNZ  (J.).  —  Sur  la  conductibilité  des 

dissolutions  aux  basses  températures.     788 


LABBÉ  (Alphonse).  —  Sur  la  continuité 
fibrillaire  des  cellules  épithéliales  et 
des  muscles  chez  les  NdniUa 

LABBÉ  (H.).  —  Sur  une  matière  albumi- 
noïile  extraite  du  grain  de  maïs.  (En 
commun  avec  I\I.  E.  Dnnanl.) 

LABORDfi  (J.).  —  Sur  la  guérison  de  la 
casse  des  vins  par  l'addition  d'acide 
sulfureux ^ 

L.4CR0IX  (A.).  —  Extrait  d'une  lettre  rela- 
tive à  la  Mission  de  la  Martinique. . . 

—  Sur  l'éruption  de  la   Martinique.  (En 

commun  avec  MM.  Roi  le  t  de  rislc  et 
Giraiul.  ) 877  et 

—  Errata  se  rapportant  à  ces  deux  Com- 

munications  

—  Sur  les  roches   rejetées  par  l'éruption 

actuelle  de  la  Montaizne  Pelée 

—  Les  enclaves  des  andésites  de  réru[)tion 

actuelle  de  la  Montagne  Pelée 

—  Nouvelles  observations  sur  les  éruptions 

volcaniques  de  la  Martinique 

—  Sur  l'état  actuel  du  volcan  de  la  Mon-- 

tagne  Pelée  à  la  Martinique 

—  Étal  actuel  du  volcan  de  la  Martini- 


que 


—  Quelques  observations  minéralogiques 

faites  sur  les  produits  de  l'incendie  de 
Saint-Pierre  (Martinique) 

—  Nouvelles   observations  sur  les  érup- 

tions volcaniques  de  la  Martinique.. 
LANGLOIS(G.).  -Sur  l'essence  de véty- 


700 

744 

116 

147 

419 
4G4 
45i 
4^0 
672 
771 
99'^ 

1068 
i3oi 


ver.  (En  commun  avec  M.  P.  Gen- 
vressc.) lojg 

LAPICQUE  (Louis).  —  Sur  le  rôle  de  la 

rate  dans  la  fonction  hémalolylitpie. .     2o3 

LAPPARENT  (de).  —  Rapport  sur  ie  con- 
cours du  prix  Fontannes  (Minéralogie 
et  Géologie) 1197 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Gay 

(Géographie  physique) i  rgg 

LAUNAY  (L.  de).  —  Sur  quelques  rap- 
prochements entre  la  genèse  des 
Gîtes  Métallifères  et  la  Géologie  géné- 
rale     i374 

LAUNOY  (L.).  —  L'élaboration  du  zymo- 
gène  dans  les  glandes  gastriques  de  la 
vipère  Bents 193 

—  Sur  l'action  proléolytique  des  venins.     401 

—  L'élaboration  du  vénogène  et  du  venin 

dans  la  glande  parotide  de  la  Vipera 

Aspis 539 

LAURENT  (Emile).  —  De  l'action  interne 
du  sulfate  de  cuivre  dans  la  résistance 
de  la  pomme  de  terre  au  Pliyto- 
plitkora  infestans io4o 

—  Expériences  sur  la  durée  du  pouvoir 

germina  tif  des  graines  conservées  dans 

le  vide 1091 

—  Sur  le  pouvoir  germinaiif  des  graines 

exposées  à  la  lumière  solaire 1295 

LAURENT  (Jules).  —  Influence  des  ma- 
tières organiques  sur  le  développe- 
ment et  la  structure  anatomique  de 


82 
56; 

6o9 

7  '  7 

838 
io36 


TABLE   DES 

1..1*  Pages. 

quelques  Phanérogames o,c 

LAVERAN  (A.)-  —  Sur  la  coccidie  trou- 
vée dans  les  reins  de  la  Rann  escii- 
lenta  et  sur  l'infection  générale  qu'elle 
produit.  (En  commun  avec  M.  F. 
Mesnil.) 

—  Sur  les  Hématozoaires  des  Poissons 
marins.  (En  commun  avec  M.  F.  Mes- 
nil.)  

—  Sur  quelques  Protozoaires  parasites 
d'une  Tortue  d'Asie  {Damnnia  Reroc- 
sit).  (Eu  commun  avec  M.  F.  Mes- 
nil.)  • 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication   •  •  ' 

—  Au    sujet  de  deux  Irypanosomes  des 

Bovidés  du  Transvaal 

—  Le  îsagana  et  le  Mal   de   caderas  sont 

deux  entités  morbides  bien  distinctes. 
(En  commun  avec  M.  F.  Mesnil.). ._. 

—  Sur  quelques  Hémogrégarines  des  Ophi- 

diens  ■  *  ■  ■ 

LÉAUTÉ.  —  Est  élu  membre  de  la  Com- 
mission d' Aéronautique 7'^ 

LEBEAU  (P.)-  •""  S"''  ^^*  combinaisons  du 
silicium  avec  le  cobalt  et  sur  un  nou- 
veau siliciure  de  ce  métal i7^ 

LE  BON  (Gustwe).  —  Action  dissociante 
des  diverses  régions  du  spectre  sur 

la  matière ^^' 

—  La  lumière  noire  et  les  pliénomènes 

actino-éleclriques 

LECLERC  DU  SABLON.  —  Sur  la  variation 

des  réserves  hydrocarbonées  dans  la 

tige  et  la  racine  des  plantes  ligueuses. 

LEDENTU(A.).  -  Un  prix  Barbier  lui 

est  décerné 

LEDOUX-LEBARD.  —  Sur  le  sérum  anti- 

paramécique 

LEDUC  (Anatole).  —Sur  l'électrolyse de 
l'azotate  d'argent 

—  Sur    l'équivalent   électrochimique   de 

l'argent 

—  Électrolyse  de  mélanges  de  sels 

—  Sur  l'hydrogène  atmosphériqne 

—  Sur  la  proportion  de  l'hydrogène  dans 

l'air  atmosphérique •  •  • 

—  Sur  la  formation  des  gouttes  liquides 

et  la  loi  de  Taie.  (En  commun  avec 

M.  Sacerdntc.) <è'^  ^^ 

LEDUC  (Stéphane).  —  Production  du 
sommeil  et  de  l'anesthésie  générale  et 
locale  par  les  courants  électriques. . . 

—  Production  du  sommeil  et  de  l'aneslhé- 


AUTEURS. 
MM. 


1427 


Pages. 


sie  générale  par  les  courants  électri- 
ques  ; •. 

LE  GOAZIOU  (P.).  —  Ouverture  d  un  pli 
cacheté,  relatif  à  un  «  Anémoscope 
électrique  » •  •  • 

—  Ouverture  d'un  pli  cacheté,  relatif  à 

l'expérience  du  pendule  de  Foucault. 

LEGOUEZ  (R.)  adresse  un  Mémoire  «  Sur 
une  extension  de  la  théorie  analytique 
de  la  chaleur  do  Fouricr  au  cas  de  la 
congélation  y^ . .  , 

LEMOINE  (Ernest).  -  Le  prix  l" rancœur 
lui  est  décerné •  •  -^ • 

—  Adresse  des  remercîmenis  à  l' Acadé- 


mie 
545 

846 
ii63 
i3oi 


3j 


8G6 


104 


i3ot 


LEMOULT  (P.).  —  Sur  quelques  nouveaux 

composés  organiques  d'addition 346 

LÉPINE  (R.).  —  Sur  l'acide  glycuroni(iue 
dans  le  sang  du  chien.  (En  commun 

avec  M.  Butilud.  ) 1^9 

LERCH  (Mathias).  —  Sur  la  formule 
fondamentale  de  Dirichlet,  qui  sert  à 
déterminer  le  nombre  des  classes  de 
formes  quadratiques  binaires  définies.  i3i4 
LEREBOULLET  (  Pierre).  -  Le  prix  Bel- 
lion  lui  est  décerné l'^iS 

LE  ROUX  (Jean).  —  Une  mention  très 
honorable  lui  est  accordée  dans  le 
concours  du  grand  prix  des  Sciences 

mathématiques ■•  • •  • 

—  Adresse  des  remercîments  à  l'Acadé- 
mie  .'  ■  ■  ■ 

LEROY  (R.).  —  Une  mention  lui  e^t 
acrorilée   dans   le   concours  du   prix 

Montyon  ( Statistique) '■ 

LESAGE.  —  Résistivités  électriques  de 
sérums  sanguins  pathologiipies  et  d'é- 
panchements  séreux  chez  l'homme. 
(En  commun  avec  M.  Dongier.) 

—  Toxine  tétanique;  observations  de  la 
résistance  électrique  et  de  l'indice  de 
réfraction.  (En  commun  avec  M.  Le- 
sage .  ) 

—  Sur  la  difficulté  d'isoler  le  Bactcnum 
coli  normal  dans  la  dysenterie  colo- 
niale  

—  Germination  des  spores  de  Slcnginat»- 
cystis  riigra  dans  la  trachée  de  quel- 
ques oi>eaux 

3.,      LEVAVASSEUR  (  R-  )•  -  Sur  les  congruen- 
ces    à    plusieurs   inconnues    relative- 
ment à  un  nombre  premier  impair.. . 
Li'VEAU  (Gustave).  —  Comparaison  des 
Tables  de  Vesta  avec  les  observations 


•,>,37 
391 
8  Go 

i33?. 


329 


4o3 


632 


949 


'  y.» 


r428 

MM.  Pages, 

méridiennes  faites  de  1890  à  1900. .     59.5 

LEVRAT  (D.  )•  -  Sur  i'ori.^ine  de  h  colo- 
ratinn  naturelle  des  soies  de  Lépidop- 
tères.(En  commun  avec  M.  ^.  Ciifiit'.)    700 

LÉVY  (Maurice).  —  Rapport  sur  le  con- 
cours du  prix  Monlyon  (Mécanique).    1 1G8 

—  Est    élu  membre    de    la    Commission 

d'aéronautique 71 5 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  PIu- 

mey  (Mécanique) 1 168 

—  Est  réélu  Membre  de  la   Commission 

Centrale  administrative  pendant  l'an- 
née 1903 1977 

LHOTAK  DE  LHOTA.  —  Recherches  expé- 
rimentales sur  la  conservation  du  po- 
tentiel musculaire  dans  une  atmo- 
sphère d'anhydride  carbonique 348 

LIEBHABER  ((Conrad  de)  adresse  une 
Note  «  Sur  le  phénomène  de  la  nuit 
et  des  étoiles  changeantes  » 3o8 

LIÉNARD  (E.).  —  Sur  la  composition  des 
hydrates  de  carbone  de  réserve  de 
l'albumen  de  quelques  Palmiers 693 

LIÉTARD.  —  Une  mention  exceptionnel- 
lement honorable  lui  est  accordée  dans 
le  concours  du  prix  Montyon  (Statis- 
tique)     II 78 

LINDELÔF  (Ernst).  —  Sur  les  fonctions 

entières  de  genre  fini 3 16 

—  Une  application  de  la  théorie  îles  rési- 

dus au  prolongement  analytique  des 

séries  de  Tavlor i3i5 

LIOUVILLE  (R.).  —  Sur  les  équations 
différentielles  du  second  ordre  à  points 
critiques  fixes 392 

—  Sur  les  transcendantes  uniformes  défi- 

nies par  les  équations  dilîérentielles 

du  second  ordre 73 1  et     952 

LIPPMANN  (G.).  —  Sur  la  visée  d'une 
surface  de  mercure  éclairée  par  un 
faisceau  de  lumière  horizontal 83 1 

LOCKYER  (Norman).  —  Variations  so- 
laires et  météorologiques  à  courte 
période.  (En  commun  avec  M.  Wil- 
liam Lnckyrr.  ) 36 1 

—  La  relation  entre  les  protubérances  solai- 

res et  le  magnétisme  terrestre 364 

LOCKYER  (William).  —  Variations  solai- 
res et  météorologiques  à  courte  pé- 
riode. (En  commun  avec  M.  Norman 

Lnrkyer.) 36 1 

LOCQUIN  (René).  —  Nouvelle  méthode 
de  préparation  des  éthers  ^-cétoniques 
«-substitués 108 


TABLE  DES  AUTEURS. 


■^ni.  Pages. 

—  Action  de  l'acide  nitreux,  en  solution 

acide,  sur  les  éthers  p-cétoniques 
a-substitués;  synthèse  des  homologues 
de  l'acide  pyruvique.  (En  commun 
avec  M.  L.  Bomenult . ) 1 79 

—  Action  de  l'acide  nitreux,  en    solution 

alcaline,  sur  les  éthers  p-cétoniques 
«-substitués    (En    commun    avec 

M.  Bouvcai(lt.) 295 

LCEWY.  —  Sur  la  structure  et  l'histoire 
de  Técorce  lunaire  :  observations  sug- 
gérées par  le  cinquième  et  le  sixième 
fascicule  de  l'Atlas  photographique  de 
la  Lune,  publié  par  l'Observatoire  de 
Paris.  (En  commun  avec  P.  Puiieux).       73 

—  Sur  les  récentes  publications  émanant 

de  l'Observatoire  de  Paris  :  Catalo- 
gue stellaire  (IV"  Part.);  Catalogue 
photographique  (?''  Vol.);  Annales, 
Observations  de  1898;  Mémoires 
(T.  XXllI);  Bulletin  du  Comité  inter- 
national (T.  III) 824 

—  Fait  hommage  à  l'Académie,  au  nom  de 

M.  Cruls,  d'un  Rapport  sur  les  tra- 
vaux accomplis  en  1901  par  la  Com- 
mission brésilienne  chargée  de  procé- 
der à  l'evploration  des  sources  princi- 
pales du  Javary 887 

—  Fait  hommage  à  l'Académie,  au  nom  de 

M.  HrpKcs,  d'un  Essai  historique  sur 
les  travaux  astronomiques  exécutés 
en  Roumanie  jusqu'à  la  fin  du  xix* 
siècle 9(5 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  La- 

lande  (Astronomie) 1 168 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Valz 

(Astronomie) 1 169 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Damoi- 

seau (Astronomie) 1 172 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  W^ilde 

(Prix  généraux) i236 

LOISFL  (Gustave).  —  La  sécrétion 
interne  du  lesiicule  chez  l'embryon  et 
chez  l'adulte a5o 

—  Le  prix  Godard  lui  est  décerné 1216 

—  Adresse  des  remercîments  à  l'Acadé- 

mie     i3oi 

LUGEON  (  Maurice).  —  Analogie  entre  les 

Carpathes  et  les  Alpes 872 

—  Sur  la  découverte  d'un  nouveau  mas- 

sif granitique  dans  la  vallée  de  l'Arve. 
entre  Servoz  et  les  Houches.  (  En  com- 
mun avec  MM.  E.  Hau^  et  P.  Corbin.)   1 379 
LUMIÈRE  (Auguste).  —  Propriétés  phar- 


TABLE    DES  AUTEURS. 


MM.                                                                           Pages, 
inaco-dynamiqiie.s  de  certaines  semi- 
carbazides  aronniliques.  (En  commun 
avec  MM.  Louis  Lumière  et   G.  Chf- 
vrottier .  ) '87 

F.UMTÈRE    (Louis).  —  Propriétés    pliar- 


\1M. 


1429 

Paffcs. 


maco-dynamiqiies  de  certaines  semi- 
carbazides  aromatiques.  (En  commun 
avec  iMM.  Auguste  Lumière  et  J. 
ChevroClier.) 1 87 


M 


MACCHIATI  (LuiGi)-  —  Sur  la  plioiosyn- 

thèse  en  dehors  de  l'organisme 1128 

MACÉ  DE  LÉPINAY.  —  Sur  une  nouvelle 
méthode  de  mesure  optique  des  épais- 
seurs. (En  commun  avec  M.  Buis- 
son.)       2^3 

MAILLET  (Edmond).  —  Sur  les  fonctions 
entières  et  quasi  entières  et  les  équa- 
tions différentielles Sgi 

—  Sur  les  fonctions  monodromes  à  point 

singulier  essentiel  isolé 889 

MAJORÂNA(QuiRiNO).  —  Sur  la  biréfrin- 
gence mai;nétique 1Ï9 

—  Sur  le  dichroïsme  magnétique 235 

MALÉCOT  (H.-L.)  adresse  une  Note  inti- 
tulée :  «  De  l'équilibre  du  ballon  libre 

et  indépendant,  réalisé  à  toute  alti- 
tude, sans  communications  avec  la 
surface  terrestre  » 7^) i 

MANDOUL  (H.).  —  Sur  la  cause  des  colo- 
rations changeantes  des  téguments..       65 

MANGET.  —  Sur  une  nouvelle  réaction  du 
formol,  permettant  sa  recherche  dans 
les  denrées  alimentaires.  (En  com- 
mun avec  M .  Mnrion . ) 584 

MAQUENNE  (L.).  —  Sur  l'acide  solide  de 

l'huile  dUEIœococcn  verntcin 69G 

—  Sur  la  conservation  du  pouvoir  germi- 

natif  des  graines 208 

MARCHAL  (ÉM.).  —  De  la  spécialisation 
du  parasitisme  chez  \ Ery^lphe  gra- 
minis 210 

—  De  l'immunisation  de  la  Laitue  contre 

le  Meunier 1 067 

MÂRCHAL  (Paul).  —  Le  pri.\  Serres  lui 

est  décerné i  ni 

MAREY.  —  Est  élu  membre  de  la  Com- 
mission d'aéronautique 715 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Bar- 

bier (Médecine  et  Chirurgie) i2i3 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Martin 

Damouretle i  l'i  1 

MARIE  (G.).  —  Sur  l'acide  oxyisopropyl- 

phosphinique io6 

—  Sur  l'acide  oxybenzylphosphinique. . .    1118 

C.  R.,  1902,  2«  Semestre.  (T.  CXXXV.) 


iMARINESCO  (G.  ).  —  Sur  la  présence  des 
corpuscules  acidophiles  paranucléo- 
laires  dans  les  cellules  du  locus  niger 
et  du  Incus  cœruleus 1000 

MARION.  —  Sur  une  nouvelle  réaction 
du  formol,  permettant  sa  recherche 
dans  les  denrées  alimentaires.  (En 
commun  avec    M.  Mnnget.) 584 

M.iRQUIS  (R.).  -  Sur  l'acide  nitropyro- 
mucique  et  son  éther  éthylique.  Sur 
le  dinitrofurfurane 5o5 

—  Un  prix  Cahours  lui  est  attribué 1239 

—  Une  médaille  Beriheinliui  est  accordée.   i233 

—  Adiesse  des  remerciments  à  l'Acadé- 

mie    iSoi 

MARTEL  (E.-A.).  —  Sur  la  caverne  du 
Holl-Loch  (Trou  d'Enfer)  et  la  Schlei- 
chende  Brunnen  (source  rampante) 
(Suisse) 3o5 

—  Sur  le  fonctionnement  et  l'alimentation 

de  la  fontaine  de  Vaucluse 8i5 

—  Sur  l'origine  des  lapias  et  leur  relation 

avec  les  abîmes  et  l'hydrologie  sou- 
terraine des  calcaires 1 138 

MARTIN  (David).  —  Faits  nouveaux  ou 
peu  connus,  relatifs  à  la  période  gla- 
ciaire       I  ■.>4 

MASCART.  -  E>t  élu  Vice-Président  de 

l'Académie  pour  l'année  igo3 1277 

—  Communique  à  l'Académie  des  obser- 

vations qu'il  a  reçues  sur  l'abandon, 
par  les  oiseaux,  des  pays  atteints  par 
le  choléra 1384 

—  Est  élu  membre  de  la  Commission 
d'Aéronautique 715 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Hé- 

bert     I,-- 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Houlle- 

vigue 124,1 

—  Rapport     sur     le    concours    du  [uix 

Gegner 1-243 

MASCART  (Jean).  —  Perturbations  indé- 
pendantes de  l'excentricité 1097 

MASSON  (H.).  —  Synthèse  de  quelques 
alcools  tertiaires  (II).  Diphénylcarbi- 

186 


i43o 


TABLE  DES  AUTEURS. 


MM.  Pages. 

nols 533 

MATRUCHOT  (L.)-  —  Application  d'un 
caractère  d'ordre  éthologique  à  la 
classification  naturelle 98S 

MAUMUS  (Jean).  —  Sur  la  ligature  de 
l'extrémité  appendiculaire  du  caecum 
chez  le  Cercopithcciis  ce-plitts  Erxl..  .     248 

MAUREL(E.)-   —  Rapport  du  poids  du 

foie  au  poids  total  de  l'animal 1002 

MAYET  (Lucien),  —  Une  mention  lui  est 
accordée  dans  le  concours  du  prix 
Montyon  (  Statistique  ) 1 1 7.S 

MAYOR  (B.).  —  Sur  une  représentation 
plane  de  l'espace  et  son  application  à 
la  Statique  graphique i3i8 

MAZÉ.    —    La  zymase    de   VI{(i/otin/>.sis 

Gay  oui 1  1 3 

—  La  maturation  des  graines  et  l'appari- 

tion de  la  faculté  germinative i  i3o 

MENTREL.  —  Sur  le  haryum-ammonium 

et  l'amidure  de  baryum 740 

MERCADIER  (E.).  —  Sur  la  construction 
d'électrodiapasons  à  longues  périodes 
variables 89S 

MERCEY  (N.  DK).  —  Sur  des  gîtes  de 
phosphate  de  chaux  de  la  Craie  à 
Bélemnites,  formés  a\anl  le  soulève- 
ment du  Bray , 1  i3- 

MESNIL  (F.).  --  Sur  la  corcidie  trouvée 
dans  les  reins  de  la  Raria  esndenta  et 
sur  l'infection  générale  qu'elle  pro- 
duit. (  En  commun  avec  M.  Le^'cran).       85 

—  Sur    les   Hématozoaires   des   Poissons 

marins.  (En  commun  avec  M.  Lcn'c- 
ran . ) 

—  Sur    quehjues    Protozoaires    parasites 

d'une  tortue  d'Asie  (Damonia  Reevesii) 
(En  commun  avec  i\L  Lavera/i .) .... 

—  Errata  se  rap[)orlant  à  cette  Commu- 

cation 

—  Le  Nagana  et  le  Mal  de   caderas  sont 

deux  entités  morbides  bien  distinctes. 
(En  commun  avec  M.  A.  Lavcran.). 

MEUNIER  (Stanislas).  —  Production 
actuelle  de  soufre  natif  dans  le  sous- 
sol  de  la  place  de  la  République,  à 
Paris 

MICHEL  (AuG.  ).  —  Sur  des  formes  nou- 
velles ou  peu  Connues  de  Rliabdltls. . 

MINET.  —  Une  médaille  Berthelot  lui  est 

accordée i23 3 

—  Un  prix  Sainlour  lui  est  décerné 124  >. 

MINISTRE  DE  L'INSTRUCTION  PUBLI- 
QUE  (M.   le)   adresse    l'ampliation 


3(3- 

G09 
71G 

838 
9^7 


MM.  Puijes. 

du  Décret  approuvant  l'élection  de 
M.  SchiaparclU^  comme  Associé  étran- 
ger         -]?> 

—  Adresse  l'ampliation  du  Décret  approu- 

vant l'élection  de  M.  Bouvier 73 

—  Invite  l'Académie  à  lui  faire  connaître 

son  avis,  au  sujet  d'un  vœu  émis  par 
la  première  Conférence  sismologique 
internationale,  en  faveur  de  la  créa- 
tion d'une  Union  internationale  sismo- 
logique      343 

—  Transmet  à  l'Académie  une  Lettre  con- 

cernant l'éruption  \olcanique  surve- 
nue à  l'île  Torishima  (.Japon) 6510 

—  Transmet  à  l'Académie  une  Lettre 
relative  à  un  tremblement  de  terrg 
dans  l'État  de  South  Australia 770 

—  Invite  l'Académie  à  lui  présenter  une 

liste  de  deu.ç  candidats  pour  la  place 
de  Membre  titulaire  du  Bureau  des 
Longitudes,  vacante  par  le  décès  de 
M.  Cornu 846 

—  Adresse   une  ampliation  du  Décret  ap- 

prouvant l'élection  de  M.  Deslamlres .    io85 
MITTAG-LEFFLER(G.).  —  Sur  l'intégrale 

de  Laplace-Abel 937 

MOIDREY  (de).  —  Phénomènes  observés 
à  Zi-Ka-Wei  (Chine)  lors  de  l'érup- 
tion de  la  Martinique 322 

.MOISSAN  (H.).  —  Préparation  et  proprié- 
tés d'un  siliciure  de  vanadium.  (En 
commun  avec  M.  H.  Holt.) 78 

—  ['réparation  et  propriétés  d'un  nouveau 

siliciure  de  vanadium.  (En  commun 
avec  M.  Holt.) 498 

—  Élude  du  pentalluorure  d'iode 563 

—  Ernita  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication     1084 

—  Synthèse  des  hydrosulfites  alcalins  et 

alcalino-terreux  anhydres 647 

—  Sur  la  température  d'inflammation  et 

sur   la  combustion,   dans  l'oxygène, 

des  trois  variétés  de  carbone 921 

—  Sur  la  présence  de  l'argon,  de  l'oxyde 

de  carbone  et  des  carbures  d'hydro 
gène,  dans  les  gaz  des  fumerolles  du 
Mont  Pelé  à  la  Martinique io85 

—  Sur  la  présence  de  l'argon  dans  le  gaz 

delà  source  Bordeu  à  Luchon,  et  sur 
la  présence  du  soufre  libte  dans  l'eau 
sulfureuse  de  la  grotte  et  dans  les 
vapeurs  de  hnmage 1278 

—  Sur  une  nouvelle  préparation  de  l'hy- 

drure  de  silicium  Si- H'' 1284 


TABLE  DES  AUTEURS. 


l43[ 


MM.  PaR«»- 

MONNIER  (Marcel).  —  Un  prix  lui  est 
attribué  dans  le  concours  du  prix 
Bilieux  (Géographie  et  Navigation). .    1174 

—  Adresse  des  remercîmenls  à  l'Acadé- 
mie     i3oi 

MONTANGERAND.  —  Sur  la  surface  focale 
principale  de  l'objectif  de  l'équatorial 
photographique  de  l'Observatoire  de 
Toulouse.  (En  commun  avec  M.  B. 
Bnill'iad.) 449 

IMONTESSUS  DE  BALLOKE  (F.  de).  - 
Sur  les  causes  générales  d'instabilité 
sismique  dans  l'Inde SgS 

MOREAU  (Georges).  —  Sur  l'ionisation 

d'une  flamme  salée 898 

—  Sur  l'effet  Hall  et  les  mobilités  des  ions 


MM.  Pages. 

d'une  vapeur  salée i3'i6 

iMOREL  (Albert).  —  Disparition  des 
étliers  dans  le  sang  in  vitm.  (En 
commun  avec  M.  Maurice  Doyon.).        54 

MOUIŒU  (Ch.).  —  Sur  quelques  sources 

de  gaz  minérales 1 335 

MOUSSU.  —  Transmission  expérimen- 
tale aux  descendants,  des  lésions  dé- 
veloppées chez  les  ascendants.  (En 
commun  avec  MM.  A.  Cliarrin  et  G. 
Delomarre.  ) 1 89 

—  Recherches  physiologiques  sur  les 
effets  de  la  sympathicectomie  cer- 
vicale. (En  commun  avec  M.  J. 
Charrin.) •  008 


NÉCULCÉÂ  (Eugène).  —  Sur  l'action  de 
la  self-induction  dans  la  partie  ultra- 
violette des  spectres  d'étincelles 

NEGREANO  (D.).  —  Procédé  de  sépara- 
lion  électrique  de  la  partie  métallique 


N 


d'un  minerai  de  sa  gangue no3 

NIEVVENGLOWSKI.  —  Un  prix  Rivot  lui 

est  atti ibué •  '^43 

NORMAND  (J.-A.).  —  Sur  la  cavilation 

dans  les  navires  à  hélices tiba 


o 


OCAGNE  (Maurice  u).  —  Sur  la  résolu- 
tion nomographique  du  triangle  de 
position  puur  une  latitude  donnée. . 

—  Le  prix  Poncelet  lui  est  décerné  (Géo- 

métrie)  • 

—  Adresse  des   remercîments  à  l'Acadé- 

mie  

ODIER  adresse  un  «  Essai  d'une  théorie 
mathématique  des  consonances  et  des 
dissonances  musicales  ».    146,  227  et 


728 


ii63 


i3oi 


5i7 


ODIN.  —  Sur  l'existence  déformes-levures 

stables  chez  quelques  moisissures. . .     4/9 

CëCHSNER   DE  CONINCK.   —  Quelques 

observations  sur  l'oxyde  uraneux.. . .     yoo 

—  Sur  la  décomposition  de  quelques 
acides  organiques  di-  et  Iribasiques. 
(En  commun  avec  Œchsner  de  Co- 
ninck.) l35i 

OSMOND.  —  Sur  les  procédés  de  fabri- 
cation des  armes  à  l'époque  du  bronze.    i34  • 


PACIIUNDAKI  (D.-E.).  —  Sur  la  constitu- 
tion géologique  des  environs  d'Alexan- 
drie (Egypte).  (En  commun  avec 
M.  R.   Fourtau.) 59G 

PAGNIEZ  (P.).  —  Hémoglobimirie  d'ori- 
gine musculaire.  (En  commun  avec 
M.  Jcnn  C/imus.) 325 

PAIL11ERET(  F.)  — Action  de  la  fermenta- 
tion alcoolique  sur  le  bacille  typhicpie 
et  sur  le  Bacteriui»  roli  coniinune. 
(En  commun  avec  M.  E.  Bo.lin.  ). . .     29<) 


PAINLEVÉ  (Paul).  —  Sur  le  développement 
des  fonctions  analytiques  en  série  de 
polynômes '  ' 

—  Observations  sur  la  Communication  de 

M.  Borel  :  «  Observaiions  sur  la  gé- 
néralisation du  prolongement  analy- 
tique. » '^^ 

—  Sur  l'irréduclibililédes  iranscendantea 

uniformes  définies  par  les  équations 
différentielles  du  second  ordre 4i' 

—  Démonstration  de  l'irréductibilité  ab- 


i432 


TABLE  DES  AUTEURS. 


MM.  l»a-<   . 

solue  de  l'équalion 

y"  =  Or''  -\-  X 64  i 

—  Sur  les  transcendantes  uniformes  défi- 

nies par  l'équation 

y'  =  6jî  +  x 757 

—  Sur  rirréductibililé  de  l'équation 

/'=  Gr'^  +  .r 1020 

—  Rapport  sur  le  concours  du  grand  prix 

des  Sciences  mathémaliques 1161 

PANTEL  (J.).  —  Sur  l'évolution  de  la 
spermatidechez  le  Notonccta  glanca. 
(En  commun  avec  M.  de  Sinéty.) .  .  .     997 

—  Sur  l'évolution  de  l'acrosome  dans  la 

spermatide du  Notonecte,  (En  commun 
avec  M.  de  Sinéty.) 1 1 24 

—  Sur  l'origine  du  Nebpiikern  et  les  mou- 

vements nurléniens  ddns  la  spermatide 
de  Notonccta  glaucn.  (En  commun 
avec  M.  de  Sinéty.) 1 359 

PASSERAI.  —  Une  mention  lui  est  ac- 
cordée dans  le  concours  du  prix 
Montyon  (statistique) 1 1 78 

PELLAT  (H.).—  Remarque  au  sujet  d'une 
Note  de  M.  Pansot,  sur  la  force  élec- 
tromotrice d'un  élément  de  pile 
thermo-électrique -33 

—  Étude  de  la  magnétofriction  du  faisceau 

anodique 1821 

PERCIVAL  (A.-L.).  —  Sur  les  variations  du 
phosphore  minéral,  conjugué  et  or- 
ganique, dans  les  tissus  animaux.. . .  ioo5 
PERRIER  (Edmond).  —  Rapport  sur  le 
concours  du  prix  Serres  (Physio- 
logie)     vr.ij. 

PERROT  (F.-Louis).  —  Sur  la  formation 
des  gouttes  liquides  et  les  lois  de  Taie. 
(En  commun  avec  M.  P//.-^.  Guye.).     459 

—  Errata  se  rapportant  à  celte  Communi- 

cation   y^O 

—  Sur  la  formation  des   gouttes  liquides 

et  les  lois  deTate.  (En  commun  avec 

M.  Ph.-J.  Guye.) 6ii 

PERROTIN.—  Sur  les  lueurs  créiMisculaires 

récentes "3,4 

—  Vitesse  de   la   lumière;   pyrallaxe  so- 

laire      881 

PETIT  (Louis).  —  De  la  répartition  des 

sphérulinsdans  les  familles  végétales.     991 
PEYROUX.  —  Une  mention  exceptionnel- 
lement honorable  lui  est  accordée  dans 
le  concours  du  prix  Montyon  (Statisti- 
que)  " 1,-8 


>1iV-  Pages. 

—  Une  médaille  Berthelot  lui  est  accordée.  i233 

—  Adresse  des  remerctments  à  l'Acadé- 

mie     i3oi 

PHISALIX  (C).  —  Sur  les  principes 
actifs  du  venin  de  crapaud  commun 
{Bitfo  vulgaris  L.  )  (En  commun  avec 
M.  Gab.  Bertrand.) 4^ 

—  Étude  comparée  de  l'hématolyse  parles 

venins  chez  le  chien  et  le  lapin •157 

PICARD  (E.).  —  Est  désigné  par  l'Acadé- 
mie pour  la  représenter  aux  fêtes  du 
centenaire  du  grand  mathématicien 
N.-H.  Ai)el i4(j 

—  Sur    une    propriété    curieuse     d'une 

classe  de  surfaces  algébriques 217 

PILTSCHIKOFF.    -     Photographie    d'un 

éclair  multiple i58 

PODRUR  (H.)  adresse  un  Mémoire  sur  la 

«  Direction  des  ballons  » 517 

POEY  (André).  —  Les  moustiques  et  la 

fièvre  jaune  à  la  Havane 193 

—  Adresse  une  Note  relative  à  «   l'élec- 

trolyse  des  sels  mélalli(|ues  séjournant 
dans  les  tissus  » 357 

—  L'électrolyse  des  sels  métalliques 
séjournant  dans  les  tissus 874 

POEHL (Alexandre  de).  — Inllucnce  des 
agents  de  catalyse  sur  le  fonction- 
nement de  l'organisme  :  spermine, 
cérébrine  et  chloradrénal 1 14  r 

POINCARÉ  (H.)  est  désigné  à  AL  le  Minis- 
tre de  la  Guerre  pour  faire  partie  du 
Conseil  de  perfecliuimement  de  l'É- 
cole Polytechnique  pour  l'année  1902- 

1903 522 

—  Fait  hommage  de  son  Ouvrage  intitulé  : 

«  La  Science  et  l'Hypothèse  » 770 

POISSON  (Jules).  —  Observations  sur  la 

durée  germinative  des  graines 333 

POMPILIAN  f  M'"^).  —  Un  j.rix  Lallemand 

lui  est  attribué 1218 

PONSOT.   —    Force    électromotrice   d'un 

élément  de  pile  thermo-électrique. . .     686 

—  Méthode  pour  évaluer  les  températures 

dans  l'échelle  thermodynamique  cen- 
tigrade       954 

POSTERNAK(S.).  —  Quelques  remarques 
sur  la  musculamine,  base  dérivée  des 
muscles 86'> 

POZZI-ESCOT  (Emm.)  adresse  des  «  Re- 
cherches sur  les  ferments  diastasi- 
ques  de  V Eurutium  Orizœ  » 216 

—  Production  de  couleurs  fixes  sur  tous 

genres  de  cuirs,  par  l'emploi  de  sels 


TABLE    DES 

MM,  Pages, 

de  molybdène  combinés  à  des  matières 
mordantes  véiiétales 880 

PRENANT.  —  Sur  l'évol'ition  des  forma- 
lions  branchiales  cliez  le  lézard  et 
l'orvet.  (En  commun  avec  M.  Sninr- 
Réniy.) 62 

PRIEUR.  —  Sur  une  chiinibre  noiie  [lour 

la  photographie  Irichrome, 10  JS 

PRILLIEUX  (Ed.).   —  Les  périthèces  du 

Rnsellinici  iiecntrix lyS 

—  Rapport  sur  le  roncours  du  prix  .Mon- 

tvon  (Botanique) \>o\ 

PRUNET  (A.).  —  Sur  le   Irailement  du 


RABÂTÉ  (E.).  —  Sur  l'appréciation  éco- 
nomique des  améliorations  cullurales.    1074 

RACZKOWSKI  (SiG.  de).  —  Variation  de 
l'acide  phosphorique  suivant  l'â.^e  du 
lait.  (En  commun  avec  M.  Bordas.).     3o'2 

—  De  l'influence   de    l'écrémage    sur    la 

répartition  des  principaux  éléments 
constitutifs  du  lait.  (En  commun  avec 
W.  Bordas.) 354 

—  De  la    traite  mécanique,    dans    l'in- 

dustrie laitière.   (En    commun   avec 

M .  Bordas .) 371 

RAMBAUD.  —  Observations  de  la  comète 
d  (1902),  faites  à  l'Observatoire  d'Al- 
ger      1 307 

R.AVAUT(P.).  -  Un  prix  Montyon  lui  e.>t 

décerné  (Médecine  et  Chirurgie) ....    1208 

RECOUR  A  (A.).  —  Action  de  l'Acide 
chlorhydrique  sur  les  sulfates  de 
sesquioxyde  d'aluminium,  de  chrome 
et  de  fer i63 

—  Sur  un  chlorosulfate  d'aluminium. .  . .     736 
REEB.  —  Sur  la  présence  de  la  lécilhine 

dans  les  végétaux.  (En  commun  avec 

M.  Sclil(tgdfrili(Ui(frn.) ao5 

RENARD.  —  Le  prix  PInmey  lui  est  dé- 
cerné (Mécanique) 1 168 

RENAULT  (Bernard).  —  Sur  quelques 
pollens  fossiles.  Prolhalles  mâles. 
Tubes  polliniques,  etc.  du  terrain 
houiller 35o 

—  Sur  quelques  nouveaux  Infusoires  fos- 

siles     1064 

RICHER  (Pierre-Paul).  —  Expériences 
sur  la  germination  des  grains  de  pol- 
len en  présence  des  stigmates (i34 

RIQUIER.  —  Un  prix  Saintour  lui  est  ac- 


R 


AUTEURS.  14^3 

MM.  P.iges, 

Black-rot 1 20 

PUISEUX.  —  Sur  la  structure  et  l'histoire 
de  l'écorce  lunaire":  observations  sug- 
gérées par  le  cin(juième  et  le  sixième 
fascicule  de  l'Atlas  photographi(iiie  de 
la  Lune,  publié  par  l'Observatoire  de 
Paris.  (En  commun  avec  M.  L'iëa-y.)       y'i 

—  Prie  l'Académie  de  le  comprendre  parmi 

les  candidats  à  la  place  vacante,  dans 
la  Section  d'Astronomie,  par  le  décès 
de  M.  Faye 846 

—  Est  porté  sur  la   liste   des   candidats 

présentés  par  la  Section 920 

cordé 1 242 

RIVIÈRE  (É.MILE).  —  Les  figurations  pré- 
historiques de  la  grotte  de  La  i\Iou- 
the  ( Dordogne) 265 

ROBIN  (Albert).  —  Les  maladies  de  la 
déminéralisation  organique.  Anémie 
plasmatique 1 143 

ROCHEROLLES.  —  Étude  sur  la  distilla- 
lion  simultanée  de  deux  substances 
miscib'es.  (En  commun  avec  M.  Eu- 
gène Cliarabot.) 175 

ROGER  (C.-H.).  —  Un  prix  Monlyon  lui 

est  décerné  (Médecine  et  Chirurgie).    19.08 

ROLLET  DE  L'ISLE.  —  Sur  l'éruption  de 
la  JMartinique.  (En  commun  avec 
MM.  A.  Lacroix  et  Gintiid.).      377,     4 '9 

—  Errata  se  rapportant  à  celle  Commu- 

nication       4^4 

ROMARY.   —  Une  mention  très  honorable 

lui  est  attribuée i2).o 

ROMAZOTTI.  —  Un  prix  de  quatre  mille 
francs  lui  e.^l  accordé  sur  le  prix  extra- 
ordinaire de  six  mille  francs  (  Méca- 
nique ) 1  iG3 

—  Adresse  des  remercîmenls  à  l'Acadé- 

mie     i3oi 

ROSENSTIEHL.  —  Le  prix  Jecker  lui  est 

décerné 1 19J 

—  Une  médadie  Berlhelol   lui  est  accor- 

dée     1233 

—  Adresse  des  remercîmenls  à  l'Acadé- 

mie     i3oi 

ROULE  (Loris).  —  Sur  les  Poissons  du 
genre  Chondrostome  dans  les  eaux 
douces  de  la  France 980 

—  L'hermaphrodisme   normal    des    Pois- 

sons  , 1 355 


i434 


TABLE    DES   AUTEURS. 


MM.  Piifres. 

ROUSSEAU  (P.).  —  Sur  une  nouvelle 
forme  de  la  sensibilité  tactile  :  la  tri- 
chestliésie.  (En  commun  avec  M.  f'as- 
chidc.  ) 9.^9 

ROUX  (E.)-  —Sur  une  nouvelle  base  dô- 


MM. 

rivée  du  galactose 691 

ROUX  (J.-Cn.).  —  Adresse  une  Noie 
«  Sur  un  nouvel  ergomètre  w.  (Rn 
commun  avec  M.  Th.  Simin.) 545 


SABATIER  (Paul).  -  Hydrogénation  di- 
recte de  carbures  iicétyléniqucs  par 
la  méthode  de  contact.  (En  commun 
avec  J.-B.  Scnderens.) 87 

—  Réduction    des    dérivés  nitrés   par  la 

méthode  d'hydrogénation  directe  au 
contact  de  métaux  divisés.  (En  com- 
mun avec  M.  J.-B.  Senderens.). .  . .     i)/j 

—  Hydrogénation  directe   des  oxydes  de 

l'azote  par  la  méthode  de  contact. 
(En  commun  avec  M.  J.-B.  Sende- 
rens .) 278 

SACERDOTE.  —  Sur  la  formation  des 
gouttes  liquides  et  la  loi  de  Taie.  (  En 
commun  avec  xM.  J,  Leduc).     g5  et     73-2 

SAINTIGNON  (de)  adresse  un  travail 
intitulé  :  «  Sur  les  tremblements  de 
terre,  le  mouvement  différentiel  ».,     619 

SAINT-RÉMY.  —  Sur  l'évolution  des  for- 
mations branchiales  chez  le  lézard  et 
l'orvet.  (En  commun  avec  M.  Pre- 
nant.)         Qj, 

SALET.  —  Observations  de  la  nouvelle 
comète  Giacobini  (<■/ 1902),  faites  à 
rObservaloire  de  Paris io45 

SBERRA  (R.)  adresse  une  Note  relative  ti 

la  Navigation  aérieniie 919 

SCHIAPAllELLI,  nommé  Associé  étranger, 
adresse  ses  remercîments  à  l'Acadé- 
mie      227 

SCHLAGDENHAUFEN.  ~  Sur  la  pré- 
sence de  la  lécithine  dans  les  végé- 
taux. (En  commun  avec  M.  Rreb.). .     2o5 

SCHLESINGER  (LunwiG),  —  Sur  la  théo- 
rie des  fonctions  algébriques 676 

SCHLOES]NG(Tn.).  —Études  sur  la  terre 

végétale 601 

SCHMIDT  (Oscar).  —  De  l'action  des  sels 
diazoïques  sur  la  desmotroposanto- 
nine  et  l'acide  desmotro[)osanloneux. 
(En  commun  avec  M.  jÇ".  Wedriând).       43 

SCHllIB\UX.  —  Sur  un  procédé  de  con- 
centration des  vins.  (En  commun  avec 
M.  Baudoin.) ■^63 

SCHULHOF.  -  Le  prix  Wilde  lui  est  dé- 


cei  né 1236 

—  Adresse  des   remercîmenis  à  lAcadé- 

mie i3oi 

SÉGUIER  (de).  —  Sur  un   théorènie  de 

M.  Frobenius .       52 

SEMENOV  (Jules).  -  Sur  les  phéno- 
mènes mécaniques  de  la  décharge 
disruptive i55 

—  A  propos  de  la  Note  de  M.  Th.  Toni- 

masiu'i^  sur  le  mode  de  formation  des 
rayons  cathodiques  et  des  rayons  de 

Rontgen 457 

SENDERENS  (J.-B.).  —  Hydrogénation 
directe  de  caibures  acétyléniques  par 
la  méthode  de  contact.  (En  commun 
avec  M.  Paul  Sahader .) 87 

—  Réduction  des  dérivés  nitrés  par  la  mé- 

thode d'hydrogénation  directe  au  con- 
tact de  métaux  divisés.  (En  commun 
avec  M.  Paul  Sabatier.) 225 

—  Hydrogénation  directe   des  oxydes  de 

l'azote  par  la  méthode  de  contact.  (En 
commun  avec  M.  Paid  Saha/ier.). . .     278 

SENEMAUD.  —  Ouverture  de  deux  plis 
cachetés  et  Note  complémentaire  con- 
cernant la  stabilité  des  ap[)areils  avia- 
teurs, plus  lourds  qne  l'air i  jG 

SERVANT  (M.).    —    Sur   l'habillage  des 

surfaces 576 

SEYEWETZ.  —  Sur  une  nouvelle  méthode 
de  chloruration  des  carbures  aroma- 
tiques. (En  commun  avec  M.  Biot.).    1120 

SILHOL  (LÉoxjadres'^e  un  travail  portant 
pour  titre  :  «  Déviation  de  la  pesan- 
teur sensible  avec  l'altitude  seule  »..     3^7 

SIMON  (L.-J.).  —  Sur  un  nouvel  indica- 
teur acidimétrique 4^7 

—  Sur  les  dérivés  de  réllier  pyruvylpy- 

ruvique  (H).  Hydrazones  stéréo-iso- 
mères       G3o 

— -  Sur  une  nouvelle  méthode  de  dosage 

volumétrique  de  l'hydroxylamine. ...    1 339 

SIMON  (Th.)  adresse  une  Note  «  Sur  uu 

nouvel  ergomètre  » 545 

SINÉTY  (R.  DE).  —  Sur  l'évolution  de  la 


TABLE    DES   AUTEURS. 


1435 


MM.  Pa-ges. 

spermaliiie  chez  le  Notonccta  ^laiicii. 
(En  commun  avec  .M.  /.  Pantel.  ).  . .     997 

—  Le  prix  Thore  lui  est  décerné  (An;Uo- 

niie  et  Zoologie) laoS 

SOULIÉ  (IL). —  Recherches  sur  les  Cu- 

licides  de  l'Algérie 118 

STASSANO  (H.).  —  Nouvelles  contribu- 
tions à  la  physiologie  des  leucocytes. 
(En  commun  avec  AL  F.  liillon .  ).  .  .  oij. 
STEKLOFF  (VV.).  —  Remarque  sur  un 
problème  de  Clebsch  sur  le  mouve- 
ment d'un  corps  solide  dans  un  liquide 
indéfini  et  sur  lo  problème  de  M.  de 
Brun 026 

—  Sur  certaines  égalités  remarquables..     7H3 

—  Sur  la  représentation   approchée   des 

fonctions S48 


M\l.  Pages. 

—  Sur  quelques  conséquences  de  certains 

développements  en   séries  analogues 

aux  développements  trigonomélrique.«i.     94(3 

—  Remarque   relative  à  sa  Note  «  Sur  la 

représentation    approchée    des    fonc- 
tions » i3ii 

STFIIBA.  —  Étude  du  siliciure  decérium.     170 
SVRN  IIEDIN.  —  Le  prix  Tchdialchef  lui 

est  décerné 1 269 

—  Adresse  des  remerrîmeuls  à  l'Acadé- 

mie     1 3o  1 

SUCHAR  (Paul.!.).  —  Sur  un  exemple  de 
transformation  corrélative  en  Méca- 
nique       679 

SY.  —  Observations  de  la  c  )mète  d  { i90'i), 

faites  à  l'Observatoire  d'Alger i3o7 


TAMBON  (N.)  demande  l'ouverture  d'un 
pli  cacheté  contenant  un  Alémoire 
intitulé  :  «Nouvelles  méthodes  d'ana- 
lyse pour  reconnaître  les  falsifications 
des  huiles  d'olive,  et  en  général  des 
huiles  les  unes  par  les  autres  » 619 

TANNENBERG  (de).  —  Une  mention 
honorable  lui  est  accordée  dans  le 
concours  du  pri.x  Bordin 1  i6i 

—  Adresse  des   remercîments  à  l'Acadé- 

mie     i3oi 

TEISSERENC  DE  BORT.  —  L(!  prix  Houl- 

levigne  lui  est  décerné \'i!\i 

—  Adresse  des   remercîments  à   l'Acadé- 

mie     i3or 

THAXTER  (RoL\xD).  -  Le  prix  Desma- 

zières  lui  est  décerné  (Botanique).  . .  1201 
THIERRY.  —  Sur  l'éruption  volcanique  du 

8  mai  à  la  iMarlinique 71 

THOMAS  (V.).  —  Sur  l'utilisation  des 
principes  minéraux  par  les  [)laiiles 
greffées.  (En  commun  avec  M.  Lucien 
Daniel.) Sog 

—  Sur  le  chlorure  thallique loji 

THOxMPSON    (Albekt).   —    Méthode    de 

dosage   volumélriiiue     du    tannin   et 

analyse  des  bois  et  extraits  tanniques.  (389 
TIIOULET  (J.).  —  Sur  la  constitution  du 

sol  sous-marin 21 3 

THOVEIIT  (.1.).  —   Sur  une  conséquence 

de  la  théorie  cinétique  de  la  dilfiisioii.  579 
TIFFEiNEAU  adresse   une  Note   «  Sur  le 

métho-élhénvlbenzène 3o8 


~  Sur   le  dibromure  de  mélho-élhényl- 

benzène i346 

TISSOT(J.).   —    Le  prix  Pourat  lui   est 

décerné 1  219 

TOM.MASI  (D.).    -   Sur  un  nouvel  accu- 

midaleur  électrique i3'i8 

TOMMASINA  (Tii.).  -  Sur  le  mode  de 
formation  des  rayons  cathodiijues  et 
des  rayons  de  Rontgen 319 

—  Adresse  une  Note  «   Sur  les  charges 

oijcillanles  des  surfaces  radioactives  ».     5(5 
TODRNOUËR   (André).    —    Recherches 

paléontologiques  en  Patagonie 540 

—  Le  prix  Jérôme  Ponti  lui  est  décerné. .    ii\\ 

—  Adresse  des   remercîments  à  l'Acadé- 

mie     i3oi 

TUÉPIED.  —  Le  prix  Lalande  lui  est  dé- 
cerné (Astronomie) 1 1O8 

—  Adresse  des  remercîments  à  l'Acadé- 

mie     1  îoi 

TRIAiUE.  —  Le  prix  du  Baron  Larrey  lui 

est  décerné iim 

TIULLÂT  (A.).  —  Procédé  de  dosage  de 

la  glycérine  dans  le  vin 90,3 

TIlOOST  (  L.)  est  réélu  membre  de  la  Com- 
mission de  contrôle  de  la  circulation 
monétaire  au  Ministère  des  finances  .    1081 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  .Mnn- 

lyon  (.4rts  insalubres) 1234 

TIIOUSSEAU.  —  Une  mention  lui  est 
accordée  dans  le    concours   du    piix 

Montyon  (Slalisticpie) 1178 

TURPAIN  (A.,).  —  Sur  les  pro[)riétés  des 


i436 

M  M .  Pages 

enceintes  fermées,  relatives  aux  ondes 
éler- triqups 43: 

TURQUET  (J.).  —  Sur  le  mode  de  végé- 
tation et  de  reproduction  de  VAinjlo- 


TABLE  DES  AUTEURS. 


MM.  Pajjes. 

myces    Rotixii,    champignon    de    la 

Irvnre  clnnnise gia 

TZITZEICA  (G.)-   —  Sur  la  déformation 

continue  des  surfaces 5o3 


VAILLANT  (Léon).  —  Sur  le  genre  nou- 
veau GyrinoccJieilus^  delà  f;imilledes 
Cjprinidœ j02 

—  Sur  hi  fiiune  ichtliyologique  dt^s  c;uix 

doures  de  Bornéo 977 

VALETON  (J.)  adresse  une  Note  sur  «  La 
locomotion  aérienne  par  les  aéropla- 
nes » 94  5 

VALLIER  (E.).  —  Sur  la  loi  des  pressions 

dans  les  bouches  à  feu 3r/i  et     842 

—  Tracé  des  courbes  de  pressions 942 

VANEY  (C).  —   Contributions  à  l'élude 

analomique  du  Rliabilnplcura  Norma- 
rii  Allm.  (En  commun  avec  M.  A. 
Conte.) 63 

—  Recherches  sur  le  bourgeonnement  de 

RJuibdopleura     Nornianni    AH.    (En 

commun  avec  M.  J.  Conte.) 748 

VASCHIDE  (N.).  —  Sur  une  nouvelle 
forme  de  la  sensibilité  tactile  :  la 
trichesthésie.  (En  commun  avec 
M.  Rousseau .) aSg 

—  Le   rythme   vital.   (En   commun  avec 

M.  Cl.  Vurpas .) 762 

VERMOREL.  —  Sur  un  nouveau  procédé 
pour  la  destruction  de  la  pyrnle  et 
d'autres  insectes  nuisibles.  (En  com- 
mun avec  M.  Gastine.) 66 

VERNEUIL(A.).  —  Production  artificielle 

du  rubis  par  fusion 791 

VESSIOT  (Erxest).  —Le  grand  j.rix  des 
Sciences  mathématiques  lui  est  dé- 
cerné     1154 

—  Adresse  des   remeicîments  à  l'Acadé- 

mie     i3oi 

VIARD  (GiioncES).  —  Sur  la  précipitation 
du  chlorure  et  du  bromure  cuivriques 
par  l'acide  sulfurique t68 


—  Sur  la   précipitation  des  chlorures  et 

bromures  de  cadmium,  de  mercure  et 
d'étain  par  l'acide  sulfurique -242 

VIDAL  (E.).  —  Le   tir  des   fusées  païa- 

giêle 92 

VIGNON(LÉo).  —  Sur  la  saponification 
des  éthers  nitriques.  (En  commun 
avec  iM.  1.  Buy.), 607 

VIGUIEU  (C).  -  Innuence  de  la  tempé- 
rature sur  le  dé\el{)ppement  parlho- 
génétique 60 

—  Sur  la  parthénogenèse  artifitielle 197 

VILA  (A.).  —  Sur  la   musculaniine,  base 

dérivée  des  muscles.  (En  commun 
avec  M.  A.  Etanl.) 698 

VILLARD  (Henki)  soumet  au  jugement  de 
l'Académie  les  ré.-,uliats  d'expériences 
qu'il  a  effectuées  avec  de  grandes 
hélices  à  très  petits  pas 9^5 

VIOLLE.  —  Est  élu  membre  adjoint  de  la 

Commission  de  l'Aéronautique 754 

VIRCHOW  (R.  ).  _  Sa  mort  est  annoncée 

à  l'Académie 409 

VIVIES  (P.  DE)  adresse  une  Note  intitu- 
lée :  «  Théorème  du  point  symétrique 
et  quelques-unes  de  ses  conséquen- 
ces » 1144 

VOÏNOV  (D.-N.).  —  La   siiermalogenèse 

chez  le  Cybistrr  Rocselii 201 

VUILLEMIN  (Paul).  —  Le  bois  intermé- 
diaire     1367 

—  Le  piix  Montagne  lui  est  décerné  (Bo- 

tanique)      1204 

—  Adresse  des  remercîments  à  l'Acadé- 

mie      i3oi 

VURPAS  —  Le  rythme  vital.  (En  commun 

avec  M.  Voschide.) 762 


WAHL  (A.)  —  Condensation  du  nitromé- 
thane  avec  les  aldéhydes  aromatiques. 
(En  commun  avec  M.  L.  BouvcaaU.). 

WALLERANT  (  Fréu.).  —Sur  les  groupe- 


w 


4' 


ments   de   cristaux    d'espèces   diffé- 
rentes      798 

WATTEVILLE  (C.  de).  —  Sur  les  spectres 

de  flammes 1 329 


TABLE  DES  AUTEURS. 


MM .  Pages, . 

WEDEKIND  (E.).  —  De  l'action  des  sels 
diazoïques  sur  la  desmolroposantonine 
et  l'acide  desmotroposanloneux.  (En 
commun  avec  M.  Oscar  SchmicU.)  .  .       43 

WEDENSKY(N.-E.).  —  Les  excitants  et 

les  poisons  du  nerf 584 


1437 

MM.  Pages. 

—  De  la  nature  des  courants  électriques 

du  nerf 804 

WOLF  (Max)  adresse  une  Note  relative  à 
des  «photographies  stéréoscopiques  de 
la  comète  Perrine-Borrelly  » 63; 


ZAMBACO-PACHA  fait  hommage  d'une 
brochure  intitulée  :  «  Les  monuments 
mégalithiques  de  i'Armorique  et  leurs 
sculptures  lapidaires  » 770 

ZEILLER  (H.)  présente  un  travail  intitulé: 
«  Observations  sur  quelques  plantes 
fossiles  des  Lower  Gondwanas  »...     G19 

—  Fait  hommage  de  son  Allas  de  la  «  Flore 


fossile    des    gîtes    de    charbon    du 

Tonkin  » 769 

Fait  hommage  d'une  Note,  publiée  en 
espagnol  et  en  français,  «  Sur  quelques 
empreintes  végétales  du  Kimméridien 
de  Santa  Maria  de  Meya,  province  de 
Lérida  (Espagne)  > 770 


GAUTHIER-VILLARS,   XMPBIMEUR-LIBRAIRE  DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE   L'aCADÉMIE  DES  SCIENCES. 

32146  Paris.  —  Quai  des  Grands-Augusliiis,  55. 

187 


C.  R.,  1902,  2=  Semestre.  (T.  CXXXV.) 


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