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COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
PARIS. — IMPBIMERIE GAUTHIER-VILLARS, QUAI DES GRANDS-AUGUSTINS, 55.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PUBLIÉS,
CONFORMÉMENT A UNE DÉCISION DE L'ACADÉMIE
PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
TOME CENT TRENTE -CINQUIEME.
JUILLET — DÉCEMBRE 1902.
r^OQQ.^^^
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Grands-Augustins, 55.
1902
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 7 JUILLET 1902,
PRÉSIDENCE DE M. ROUQUET DE LA GRYE.
MÉMOIRES ET COMMUIVICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE. L'ACADÉMIE.
M. le Président rappelle à l'Académie la perte douloureuse quelle
vient de faire dans la personne de M. Paye, Membre de la Section d'Astro-
nomie, dont les obsèques ont eu lieu aujourd'hui même.
La séance sera levée, en signe de deuil, immédiatement après le
dépouillement de la Correspondance, et l'élection qui doit avoir lieu.
ÉLECTROCHIMIE. — Sur la relation entre V intensité du courant voltaïque
et la manifestation du débit électrolylique ; par M. Berthelot.
« Les expériences que j'ai publiées sur cette relation se rapportent à
des piles dont la force électromotrice est considérable et surpasse de
beaucoup celle qui est nécessaire pour électrolyser l'eau acidulée. C'est
6 ACADEMIE DES SCIENCES.
pourquoi il me paraît utile d'en présenter quelques-unes concernant des
piles dont la force électromotrice ne surpasse que de très petites quantités
la force contre-électromolrice du voltamètre. J'ai choisi comme élément
fondamental un élément dans lequel le vase poreux intérieur renfermait
So'^'^'de soude (NaOH = 5^), additionnée d'un cinquième de son volume de
pyrogallol (C® H®0^ = 5'); tandis que le vase extérieur contenait sSo'^™' de
chlorure de sodium (NaC! = 5'), additionné d'un cinquième de son vo-
lume d'eau oxygénée (H^O' — 5').
» I. J'ai opéré d'abord avec 2 éléments, et j'ai mesuré la force électro-
motrice, l'intensité, et l'action électrolytique ; puis j'ai répété les mêmes
essais avec un seul élément. Le tout à une température voisine de 25".
)) 11^24'". Force électromotrice : o"'"'*, 86 x 2 = i^°",72.
)) ii'*25"^. Le courant a été fermé sur une résistance extérieure
R = 54000 ohms.
)) 11^26™. Déviation en divisions de l'échelle : n = 53^^,5.
» Cette déviation, mesurée de minute en minute, est demeurée tout
à fait constante. A ii^3o™, on mesure la force électromotrice :
o^"i*,85 X 2 = i*'«it, 70.
On ouvre alors le circuit, puis on le referme sur le voltamètre.
)) Voltamètre àSO'H^ étendu; o"^,'j6o. Rien. Pression réduite à o'",oo8 :
Électrolyse lente, mais nette au bout de 2 minutes.
)) Voltamètre avec pyrogallol; o"',76. Électrolyse notable, avec déga-
gement d'hydrogène.
» La force électromotrice mesurée ensuite : o'^°'',85 X 2 = i^'^'^'yo.
))f On voit que cette pile s'est comportée comme d'intensité sensiblement
constante pendant la durée des essais.
» D'après la déviation du galvanomètre et la force électromotrice de la
pile, la résistance intérieure de celle-ci
1,70x2000000 ^, ^^ ,
p = — - — ^-5—^ 54000 = y55o ohms;
d'où l'on conclut
i = o^™P,ooooi;
dégagement d'hvdrogène par minute dans le voltamètre : o™^, 000 006; pour
un voltage calculé de : i , 70 — i , 60 ^ 0^°^*, i .
» Le voltage réel est un peu plus fort, la force électromotrice nécessaire
pour décomposer l'eau acidulée étant comprise, en réalité, entre i^"'S5
SÉANCE DU 7 JUILLET 1902. 7
et i^°^*,6; par suite le dégagement calculé d'hydrogène est compris entre
o™^, 000 01 2 et o™s,ooooo6.
» Observons d'ailleurs que la limite trouvée par expérience dans le
voltamètre avec 2 daniells, sous une pression de o'^jOoS, répond, comme
je l'ai indiqué, expressément, à o"^, 000014 par minute pour un dégage-
ment très net, et à une valeur à peu près moitié moindre, 0^^,000007,
pour le point où le phénomène commence à être visible.
» D'après ces indications, on ne doit apercevoir aucun dégagement
sous la pression o"', 76 (dégagement limite 0"^^, 000 87 ) ; mais on doit aper-
cevoir un dégagement d'hydrogène, faible et lent, à pression réduite ; c'est
exactement ce que l'expérience a montré.
» En opérant l'électrolyse avec un voltamètre à SO*H^ renfermant du
pyrogallol, le voltage calculé sera 1,7 — 0,8 = o^'^^Sg.
» t'=z o"'"P,oooo9 répond à un dégagement d'hydrogène de 0^^,000054
par minute; la limite d'un dégagement d'hydrogène très net étant
0,000087, ^^ celle d'un dégagement lent : o"'^, oooo43. Nous sommes
donc bien dans les limites d'une électrolyse mjinifeste • l'expérience et le
calcul concordent.
» II. Voici maintenant les expériences faites avec un seul élément, sem-
blable à ceux de la pile précédente.
» it\33". E = o^°'S87.
)) ii*'34". Courant fermé. Résistance extérieure, R = 54ooo ohms.
)) 11^35'". n = 2,']^^^ , 3 . — Cette déviation, mesurée^de minute en mi-
nute, reste identique jusqu'à 11 '^39'^.
» Alors E = o^°'*',82. Courant ouvert, puis refermé, E remonte à o^°'S87;
puis, après les essais d'électrolyse, o^°^*,83.
» J'adopterai pour le calcul cette valeur o^°'S 83.
» On en déduit :
-~ 2000000 — 54000 = 6080 ohms = p.
Ce chiffre surpasse un peu ^^— = 4775, qui répondait aux deux éléments
ci-dessus réunis.
)) Il n'y a pas lieu de se préoccuper, cette fois, de l'électrolyse de l'acide
étendu seul, E étant insuffisant.
» L'expérience d'ailleurs n'a rien donné, même à pression réduite.
8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Mais, pour le voltamètre avec pyrogallol,
., o,83 — 0,80 „„„ ,
équivalant à un dégagement d'hydrogène par minute de o™s, oooooSo,
quantité de peu inférieure à la limite d'un débit bien net, soit o™^, ooooo36,
sous pression réduite, mais supérieure à la limite extrême, o™^, 0000018.
» En fait, les essais d'électrolyse au moyen du voltamètre renfermant
du pyrogallol n'ont rien fourni sous la pression o",'76; tandis que, sous
une pression réduite à 0^,007, il s'est produit un lent dégagement de
bulles gazeuses. Il y a donc concordance entre les prévisions du calcul et
l'observation, même pour ces limites extrêmes, répondant à un excès de
force électromotrice de 0^°'*, o3 seulement.
» Observons, en outre, que cette limite suffit pour déterminer une
électrolyse visible; ce qui fournit d'ailleurs un nouveau contrôle pour
l'exactitude des mesures employées dans le calcul des phénomènes. »
MÉCANIQUE CÉLESTE. — Propriétés d'une certaine anomalie pouvant rem-
placer les anomalies déjà connues dans le calcul des perturbations des petites
planètes (^). Note de M. O. Callandreau.
« J'ai en vue l'étude qualitative des perturbations d'une petite planète
du type d'Hécube par Jupiter, au moyen des méthodes de Laplacedéjà uti-
lisées dans un travail antérieur (^).
» Il y a d'abord à obtenir l'expression de/dans (9).
» On passera de l'intégrale
de l'équation réduite
z= X =^ p sin (X. -\- q cos a
(') Voir les Comptes rendus, t. CX'XXIV, p. 1478.
(^) Sur quelques cas de comniensurahilitè . . . (Annales de l'Observatoire de
Paris, t. XXII). Il paraît, d'après les Mémoires des Œuvres complètes, que Laplace
s'est servi de cette méthode pour prévoir la forme des résultats, quitte à arriver ensuite
à ceux-ci de la manière la plus directe (voir en particulier le t. XI, p. 58, i[\%, 248).
SÉANCE DU 7 JUILLET 1902.
à l'équation (9), en déterminant p, q par les équations différentielles
(,o)
dp
d'j.
dq
d%
m' j/cosxdoL,
m' 1/ sinccdoi.
Comme il s'agit surtout d'une étude qualitative pour connaître la forme de
la solution ou choisir la valeur numérique à attribuer à 9'^+ fp'^ (la con-
stante arbitraire dans l'intégrale de Jacobi étant supposée déjà connue),
l'énumération des termes utiles dans /, c'est-à-dire ceux qui peuvent pro-
duire dans p, q des inégalités séculaires ou à longue période, est limitée
aux premiers termes; l'excentricité de l'orbite de Jupiter est négligée; l'ar-
gument à petit diviseur est désigné par
0 = a
"'/(^'y
du
d'ordre.
Termes
de/.
1 sin(fa 4- iO)
2 «ç' cos(ia + /0)
3 co" sin(fa + t©)
k cp'cfi"cos(ia + iQ)
5 cf'2sin(ia+ i0)
Valeurs utiles
de i.
= 2
= 2
= 1,3
:zzi,3
» Une première remarque est évidente : Si / ne contient que x = <p', et
si les termes m'^ sont négligés.
COS y. = — ^
dq
siiio.
dp
et les équations différenlielles s'écrivent
dp
d'x
dq
dq^ __ £F
d'j. dp
F = f/Vcû'.
» A cause de 9"- = 9- + <p"- — <p'^, la présence de puissances paires de 9"
dans / donne un résultat analogue ; il suffit, lorsqu'on néglige m!'\ de
multiplier les dérivées partielles de la forme— ^' + j- par des puissances
de/?--f-^\
G. R., 1902, 2' Semestre. (T. CXXXV, N" 1.)
lO
ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Le calcul direct pour chaque terme du Tableau ci-dessus montre que
les parties utiles correspondantes des équations différentielles sont telles
que
r)
dq
d'ordre.
1.
2.
3.
k.
5.
» Soit posé
p COS0 + q sine
(p'2 — q'^) COS2 0 + ipq sinji©
(jo^ — ^2 ^ ÇQ5 2 0 + 2pq sin 1 0
(^8_3^^2)cos30 + (3/>2g — ^3) sin30
{p^ 4-Ç'*)(/>cos0 4- 7 sin0)
u =pcosQ -h ^ sine = ecos(0 -I- cy),
{' = p sin0 — ^ros0 = e sin(6 + ct);
F,-
2(/J> COS0 + ^ sin0)
les équations différentielles pour u, v sont de la forme
_ d^
(")
i du
do.
d^
\ doL
(u^
^ av
d<è <?F , 2 ON dV,
dd ou ^ au
elles ne sont pas canoniques, mais on en déduit une intégrale approchée
(12) WiuyV-) — A,
comme si le système était canonique, en observant que la partie principale
de -r- dépend de cp'^ + 9"^ ou de u^ -\-v^\ et la courbe représentée par l'é-
quation ci-dessus, où h résulte des observations, permet de reconnaître s'il
s'agit du cas ordinaire ou du cas exceptionnel de la libration.
» Cette question se trouve traitée dans le Mémoire cité, mais d'une
naginière moins simple.
» L'idée est naturelle d'utiliser l'intégrale (12) et l'intégrale de Jacobi
comme point de départ des approximations. Toutefois les essais que j'ai
faits naguère dans ce sens au moyen de nombres empruntés à la Thèse re-
marquable de M. Simonin (voir les Tableaux des pages 67 et 78) m'ont
SÉANCE DU 7 JUILLET 1902. II
montré que les variations relatives de H étaient en moyenne de ^, trop
forts, il semble, pour que l'idée soit avantageuse en pratique. L'hypothèse
d'une ellipse mobile a servi de point de départ dans presque tous les tra-
vaux récents et se trouve justifiée par l'expérience.
» J'ajouterai, parce qu'elle se relie naturellement à ce qui précède,
une remarque sur le cas particulier où /, périodique et de période 27c par
rapport à a, ne contient pas -j-» cas qui comprend la plupart des exemples
traités dans le Chapitre I du Mémoire déjà cité. L'application de la méthode
ordinaire d'approximations successives a conduit, on l'a constaté, à des
systèmes canoniques, par suite à des intégrales. Or il y a là un fait général
qui résulte des premiers principes de la Théorie des invariants intégraux
de M. Poincaré. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur le développement des /onctions analytiques
en série de polynômes. Note de M. Paul Painlevê.
« 1. Soit y(s) une branche de fonction analytique, holomorphe à
l'origine, et définie dans le voisinage par une série de Mac-Laurin
(■) /(=)=/(o) + f/'(o) + f;^/"(o)+...+i^/""(o)+....
» Représentons par a Vétoile d' holomorphie attachée au développe-
ment (i), c'est-à-dire l'ensemble des points z du plan qu'on peut atteindre
sur une demi-droite issue de l'origine, sans rencontrer de singularités de
la fonction f{z) (prolongée analytiquement le long de la demi-droite) :
les points du plan qui sont exclus de l'étoile sont distribués sur des demi-
droites L issues de points singuliers de/(z) et menées en sens inverse de
l'origine.
» D'après un beau théorème de M. Mittag-Leffler, on peut former une
série de polynômes lPn(^z'), où
(2) p„(.)=i^;-v'=^<"+(£:-;^/|-''(o)c>...+^<'+/(o)cr.
qui converge vers f{z) dans toute l'étoile a.
» Appelons, avec M. Borel, série M une telle série. Les coefficients Cy"
sont numériques [indépendants de /(o), /'(o), ...]; ils peuvent être
choisis d'une infinité de manières. Sur les semi-droites exceptionnelles L,
12 ACADEMIE DES SCIENCES.
la série diverge en général (mais peut parfois être convergente ). Par
exemple, si/(^) est uniforme et méromorphe dans tout le plan, la repré-
sentation de M. Mittag-Leffler est en défaut, non seulement aux pôles
mais sur toutes les demi-droites L (issues des pôles).
» M. H. von Koch a montré récemment que, moyennant un choix conve-
nable des coefficients c]"\ la série 2P„(^) converge encore et repré-
sente /^(^) sur toutes les demi-droites L qui ne renferment que des pôles. En
particulier, si f(z) est méromorphe dans le plan, la série converge quel que
soit z, sauf aux pôles.
» Pour comprendre combien ce résultat est remarquable, il suffit de
songer que la série 2 P„ (s) ne peut converger uniformément sur un contour
fermé sans converger uniformément dans toute l'aire intérieure. Appliquée
à une fonction méromorphe, le développement de M. von Koch converge
uniformément dans toute aire fermée qui n'a pas de points communs avec
les demi-droites D, ainsi que sur tout segment (dénué de pôles) d'une de
ces droites : mais sur une circonférence décrite d'un des pôles comme
centre, la série com^erge sans converger uniformément.
» M. von Koch déduit son théorème de certaines propriétés de l'expo-
nentielle. Par une voie toute différente, j'étais parvenu au même résultat
en même temps qu'à d'autres propositions qui entraînent, au sujet des
développements de Mittag-Leffler, des conséquences que je crois neuves
et intéressantes. Ces propositions, que je me bornerai ici à énoncer synthé-
tiquement sous leur forme la plus brève, découlent presque immédiate-
ment d'une généralisation que j'ai donnée du théorème de Mittag-Leffler
{Comptes rendus, mai, juin 1899).
» 2. Introduisons avec M. Fredholm le polynôme
(3) Q„(x) = x(x-+-i)(x + 2)...(^-H^-i)^r+E;f^,^«-' ■+-...+ e;"':^;
remplaçons-y les V par y! /'{7.(a[7. -h sy-\ puis les \iJ^ par ^ -^ , S et soit
Rre(s» ^y s) le polynôme en z ainsi obtenu; posons enfin
(4) K,(^) =/(o) -t- ^R,(^, /•, s) + ^R,(z, r, s) +...+ - R„(s, r, 5),
avec
(5) h = i-' r=^(i--L:\
log/i\/log/i
SÉANCE DU 7 JUILLET I902. l3
» Le polynôme Kn(z), quand n croît indéfiniment, tend vers/(^) à
l'intérieur de l'étoile a. Si l'on veut encore, posons n„^R„— R„_,,
n„ = Kp =/(o) ; les n^ sont des polynômes de lajorme {i) et la série
(S) no(.-) + n, {z) .+-...+ n„(^) + . . .
converge uniformément vers/(z.) dans toute aire intérieure à l'étoile a. Mais,
de plus, elle converge sur toute droite L qui ne renferme que des pôles.
» Précisons les propriétés de cette série S. Soit s, = po(cos9o +?sinô(,)
un point d'une demi-droite L, et admettons qu'entre les deux demi-droites
60 et 60 -h A (A > o) il n'y ait pas, à l'intérieur du cercle | 2 | < p^, de sin-
gularités (le f(z); la fonction /(s) est alors holomorphe dans le secteur
de cercle ainsi défini D; si, au point ^0 f^" contour de D, elle est encore
holomorphe et prend la valeur /,, nous dirons que la valeur de /(z) à
gauche de L est holomorphe pour - = ^0 et égale à /, ; quand tous les
points ^0 d'un segment de L satisfont aux conditions précédentes, nous
dirons que ce segment est régulier pour f{z) à gauche de L.
» Puisque z^ est sur une demi-droite exceptionnelle L, la fonction f{z),
holomorphe dans le secteur D, présente au moins un point singulier, sur
la droite G», entre o et Zq. Représentons par S la distance d'un points à
cette droite, et supposons que dans D on ait :
1
|/(^)|<e^^' (^ entier positif) (').
» Dans ces conditions, la série S converge pour z =Z(^ et représente /«;
elle converge uniformément sur tout segment de L (entre o et ^0) régulier
pour f(z) à gauche de L. En particulier, si la demi-droite L ne renferme
que des points singuliers algébriques de/(z), la série S converge tout le long
de L {sauf peut-être aux points singuliers) et représente la valeur de f{z) à
gauche de L.
(') Il est loisible de remplacer l'inégalité précédente par une inégalité
où cp'est une fonction donnée qui croît avec -r aussi vite que l'on veut. Il faut alors,
dans les égalités (5), remplacer 0ôgn par une fonction de n qui croît plus lentement
avec n.
l4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
)) 3. Si, dans les égalités (5), on change le signe de i, tons les résultats
précédents subsistent, à cela près qu'il faut introduire la valeur de f{z) à
droite de L au lieu de la valeur à gauche.
» D'après cela, représentons par S, la série déduite de S en changeant i
en — i dans les égalités (5), et par 2S2, liS.^ les séries obtenues en ajou-
tant et en retranchant terme à terme les séries S et 84. Pour plus de clarté,
plaçons-nous dans le cas 011 la fonction/(s) définie par (ï) est algébrique,
et (^0 désignant un point d'une demi-droite L) appelons /g(zo) el/^Çz^,)
les valeurs de /(z), pour z = z^^, à gauche et à droite de L. Les séries S,
S^, S2 sont des séries (M); elles convergent dans tout le plan [sauf aux
infinis de/i^s)]; elles convergent uniformément dans toute aire intérieure à
l'étoile a, ainsi que sur tout segment de demi-droite L dénué de points singu-
liers; elles représentent y"(^) dans l'étoile oc; sur les demi-droites L, les
trois séries S, Sj, 83 convergent respectivement vers
M^h M^)' ^-^-
Quant à la série 83, ses termes ont encore la même forme que ceux d'une
série (M); elle converge de la même manière que les précédentes, mais
elle est égale à zéro dans toute l'étoile y,y et à ^-^ — r^ sur les demi-droites L.
j_
» 4. Appliquons ces généralités à la fonction (i — s)^ La série 82 con-
verge dans tout le plan : elle représente (1 — 3)"^ quel que soit 5, sauf sur la
demi-droite réelle (\ , +ao), ou elle est nulle. La série 83 converge au con-
traire vers zéro dans tout le plan, sauf sur la même demi-droite où elle est
égale à sjx — i. 8oit de même f {z) = (i — 3)' ; les séries 8, S, , 85 con-
vergent vers (i — zy dans tout le plan; sur la même demi-droite
(1, H- go), elles ont respectivement pour valeur
quant à 83, elle converge vers zéro, sauf sur la même demi-droite, où elle
tend vers — ^(x — i)'\
i
» 8oit encore /(.s)— ^ , ' Ji — ^V, /?, ^désignant des entiers
ité ,
positifs quelconques et a^^^ la quantité ( cos -^ -f- isin ^ V Les branches de
SÉANCE DU 7 JUILLET 1902. l5
/"(s) sont tontes holomorphes dans la circonférence T de ra\on r et de
centre O, et à l'extérieur de cette circonférence (qui est une coupure essen-
tielle de toutes ces branches). La série S^ converge dans tout le plan, repré-
sente/(z) dans r, et coïncide à l'extérieur de T avec une infinité de fonc-
tions analytiques distinctes; sur chaque demi-droite issue de l'origine et
extérieure à r, 83 représente une fonction holomorphe (le long de la
demi-droite), mais cette fonction change quand la demi-droite pivote
autour de l'origine, et les diverses fonctions ainsi représentées ne sont pas
les branches d'une même fonction analytique. En particulier, 83 coïncide
sur certaines demi-droites avec une branche de chacune des fonctions
obtenues en supprimant, dans f(z), un quelconque des termes
ip' + g'r
» 5. La plupart des auteurs qui ont écrit sur les séries (M) ont admis
implicitement que, si elles convergent (en dehors de l'étoile) en des
points z où f(z) existe encore, elles représentent y(^) (ou une de ses
branches). M. Borel a même eu l'idée ingénieuse et hardie de se servir des
séries (M) pour étendre les fonctions analytiques au delà de leurs hgnes sin-
gulières, et il a formé des exemples où cette extension apparaît comme
naturelle. Il est clair qu'une telle idée n'est admissible qu'à condition de
ne jamais entrer en contradiction avec le prolongement analytique clas-
sique : or nous venons de former des séries (M) qui convergent sur tout
1
l'axe réel et représentent ( i — x^ pour x <^i et zéro pour ^\> i . Cela ne
signifie point que l'idée de Mr Borel doive être abandonnée, mais que,
pour la poursuivre, il sera nécessaire d'imposer qqx séries (M) certaines
restrictions.
» 6. Les résultats énoncés dans cette Note s'étendent immédiatement
anjc fonctions de plusieurs variables, soit de trois variables z,u,v : d'après
le principe général que j'ai énoncé {Comptes rendus, loç, cit.), il suffit de
remplacer z, u, v par zt, ut, vt, de développer en série (M) la fonction
de t ainsi obtenue et de faire t = 1. Ep particulier, une fonction méro-
morphe de s, u, ç est représentable par une gérie de polynômes [de l'es-
pèce (M)], soiL5P«(2, u, ç^), pour toute valeur de z, u, (^(saqf aux pôles). »
l6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PATHOLOGIE. — Traitement local des localisations du rhumatisme,
par M. Ch. Bouchard.
K Dans le courant de ces deux dernières années, je me suis attaché à
faire le traitement local des maladies locales ou même des maladies locali-
sées, en injectant dans le lieu affecté d'un mal déterminé les médicaments
qui, par l'ingestion ou par les autres modes d'administration des médica-
tions générales, ont été reconnus efficaces pour ce mal déterminé.
» J'étais encouragé dans cette voie par les résultats heureux obtenus par
les oculistes quand ils injectent dans l'œil ou près de l'œil les médicaments
qui, donnés par le tube digestif, ne seraient pas efficaces. Je m'y trouvais
confirmé encore par les effets énergiques produits dans le traitement de
certaines affections des centres nerveux quand on porte directement le
médicament soit dans la cavité arachnoïdienne, soit même dans le tissu de
l'encéphale.
» C'est du traitement local des manifestations locales du rhumatisme
que je veux parler aujourd'hui, en me limitant à l'action d'un seul médica-
ment : le salicylate de soude. J'ai utilisé la solution aqueuse de salicylate
de soude, d'abord à 3 pour loo parce que, à ce titre, elle a le même point
de congélation que le sang humain (— o°,56) et, pour cette raison,
est considérée comme ayant même tension osmotique. Mais je me suis
assuré qu'on pouvait sans inconvénient employer des solutions plus con-
centrées. Je me suis arrêté à la solution à 5 pour loo, qui n'est encore ni
douloureuse ni nuisible pour les tissus. Inutile de dire que toutes les pré-
cautions antiseptiques étaient prises.
» Je n'ai trouvé aucun avantage à injecter en un seul point des
quantités inférieures à i"""' ni supérieures à 2*""', mais, quand l'étendue de la
lésion me paraissait réclamer une quantité de médicament plus grande ou
répandue sur un plus grand espace, je multipliais les piqûres et j'en ai pu
faire deux, trois, quatre sur la même lésion, dans une même séance.
» Souvent la médication a été bornée à une seule séance; on en a fait
deux ou plusieurs à des intervalles de i, 2, 3 jours, par prudence, en vue
d'empêcher une rechute, ou par nécessité, quand la lésion locale n'avait
pas cédé totalement à la première piqûre.
» Le médicament a été introduit toujours et exclusivement dans le tissu
cellulaire : en plein foyer morbide, si le tissu cellulaire était seul ou prin-
SÉANCE DU 7 JUILLET rg02. I7
cipalement affecté, ou flans le pins proche voisinage de la partie lésée,
séreuse articulaire ou tronc nerveux. Je n'ai fiiit les injections ni dans les
cavilés articulaires, ni dans l'épaisseur des nerfs.
» En cas de foyeis morbides multiples, on a fait le traitement isolé et suc-
cessif de chaque foyer, sauf dans le cas de lésions très nombreuses. On a
pu alors apphquer simultanément le traitement à deux ou trois foyers. On
a toujours limité le nombre des centimètres cubes injectés en une seule
séance de manière que la totalité d'i salicylate introduit ne j)ût pas
être considérée comme ayant exercé une action générale sensible.
» D'adleurs, on s'est abstenu systématiquement d'administrer à l'inté-
rieur le salicvlate ou tout autre médicament de même ordre en môme
temps qu'on poursuivait la médication locale, sauf dans les cas de rhuma-
tisme articulaire aigu en période envahissante. On n'a pas renoncé, dans
ces cas, à tout traitement local, mais on l'a réservé d'ordinaire pour celles
des articulations qui étaient le plus douloureuses.
» En dehors du rhumatisme articulaire aigu, où le traitement local n'a
trouvé son emploi que d'une façon accessoire, on a appliqué la méthode
aux arthrites persistantes, reliquat d'un rhumatisme aigu, au rhumatisme
sul)aigu ou chronique primitif, au rhumatisme partiel subaigu ou chro-
nique, aux névrites rhumatismales et même à celle du zona. A titre d'essai
l'on a employé la méthode dans certains cas de rhumatisme blennorrha-
gique. Je donne, à titre d'exemples, un court résumé tie quelques observa-
tions.
» I. Rhumatisme partiel subaigu tendant à la chronicité. — C'est ma première
observation. Homme de 35 ans. Arthrite du genou droit depuis plus de 2 mois.
Est traité dans l'tiôpital depuis 6 semaines par le salicyiate de soude, l'antipvrine, le
sulfate de quinine, Fiodure de potassium. Localement, on a eu recours au salicvlate
de méthyle, à la teinture d'iode, aux pointes de feu, à la compression. Pendant les
6 semaines employées à ces divers traitements, le malade a dû garder le lit en raison
de la douleur. Le genou est tuméfié, la rotule est soulevée, les mouvements sont très
limités. J'injecte au voisinage du cul-de-sac supérieur et antérieur de la synoviale
©•^"'jS de solution de salicylate de soude à 3 pour 100. Le lendemain, aucune modifi-
cation, aucun elTet de l'injection ; je fais alors deux piqûres de 2*^'"' de la même solution
en dehors et en dedans de la jointure. Le soir, à sa contre-visite, l'interne ne trouve
pas le malade, qui, ne souffrant plus, s'est levé et est descendu au jardin. Le lendemain
je ne constate ni douleur, ni tuméfaction, ni épanchement ; les mouvements sont libres.
Le malade, à ma prière, est resté encore plus de r5 jours à l'hôpital sans récidive.
» II. Rhumatisme polyarticulaire apyrétique. — Femme de 36 ans. Depuis 3 mois,
douleur du genou droit; depuis 2 mois, douleur et gonflement du genou gauche et
du pied gauche. A l'entrée, les deux genoux sont tuméfiés, avec choc rotulien et
C. R., 190a, 2« Semestre. (T. CXXXV, N» 1.) ^
l8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
mouvements rendus impossibles par la douleur, surtout adroite; le pied gauche,
également immobilisé par la douleur, est rouge et très tuméfié. Rien aux autres arti-
culations ni au cœur. Pas de fièvre. Je donne à l'intérieur, chaque jour, 5s de sali-
cylate de soude. Au bout de 4 jou's, le seul changement est une aggravation de la
douleur, malgré les applications de salicylate de méthjle qu'on a ajoutées au traite-
ment interne. Après 2 jours d'interruption de la médication générale, on supprime
aussi les applications de salicylate de méthyle et l'on injecte i*"""' de solution de sali-
cylate de soude à 5 pour 100 dans chaque genou.
» Le lendemain, la douleur est nulle à gauche; elle est seulement atténuée à droite.
On injecte de nouveau i*""' dans le genou droit et autant dans le pied gauche. En
quelques heures toute tuméfaction disparaît dans ces deux jointures ; les mouvements
du pied gauche sont libres. Les mouvements spontanés du genou droit se font avec
une assez grande amplitude, mais quand on cherche à les compléter, soit en flexion,
soit en extension, on réveille la douleur.
» On ne pratique plus désormais d'injections que dans le genou droit, à des inter-
valles de 2 ou 3 jours; la douleur s'éteint et les mouvements se rétablissent complète-
ment. Le genou et le pied gauches restent normaux.
» IIL Rhumatisme polyarticulaire aigu fébrile récidivant. — Femme de 48 ans.
A eu quatre attaques de rhumatisme aigu, la première à 18 ans, la quatrième à 44 ans.
Cette femme est admise à l'hôpital pour une cinquième attaque qui cède en 5 jours
au salicylate de soude administré à la dose de 5s par jour.
» 9 jours après, les douleurs articulaires reviennent avec une fièvre qui donne une
température de 89° au rectum. Les poignets, les hanches et les genoux sont surtout
douloureux. On reprend le même traitement, qui, en 8 jours, fait tomber la fièvre
et disparaître les fluxions articulaires. On continue sans interruption à administrer le
salicylate de soude à l'intérieur. Cependant, 22 jours après la seconde guérison appa-
rente, nouvelle rechute : gonflement, rougeur, douleur vive à la face dorsale du pied
gauche. On y injecte i*^""' de solution de salicylate de soude à 5 pour 100. L'améliora-
tion est immédiate. Dans l'espace de i heure, le gonflement, la rougeur et la douleur
ont disparu.
» De nouvelles fluxions se produisent à la facedorsale des mains, au cou, au genou,
toutes poursuivies, à mesure qu'elles se produisent, par le traitement local.
» Le dix-neuvième jour de cette rechute, un torticolis très douloureux et une dou-
leur vive de l'épaule droite se produisent encore et sont réprimés immédiatement par
les injections. Ce sont les dernières manifestations.
» Bien que le traitement général se soit montré impuissant à empêcher le retour
des fluxions articulaires, il a été maintenu. Peut-être a-t-il épargné les séreuses. Le
traitement local s'est montré partout immédiatement efficace, aucun foyer guéri par
l'injection n'a récidivé.
» \S .Rhumatisme polyarticulaire aigu. — Homme de 55 ans. A eu un rhumatisme
articulaire aigu à l'âge de 16 ans. Il entre à l'hôpital avec un sentiment général d'acca-
blement, des douleurs vagues dans les membres, des œdèmes disséminés. C'est un
artério-scléreux ; il y a un bruit de galop, la tension artérielle est élevée (28); l'urine
donne un nuage d'albumine. Il s'améliore sous l'influence du repos au lit et du
réeime lacté.
SÉANCE DU 7 JUILLET I902. IC)
» 9 jours après son entrée à l'hôpital, il est pris brusquement à la main gauche
d'une très vive douleur que le moindre contact exaspère, le poignet est immobilisé, le
dos de la main est tuméfié et d'un rouge vif.
» Le lendemain, l'état ne s'étant pas modifié, on injecte à la face dorsale de la main
2cm» d'une solution de salicylate de soucie à 5 pour 100. Pas de traitement interne.
Pendant une demi-heure après l'injection, cuisson assez vive, puis la douleur s'amende ;
24 heures après l'injection, l'amélioration est très nette, mais il reste un peu de douleur
à la pression. On pratique une seconde injection; le jour suivant, disparition de tous
les phénomènes inflammatoires.
» 2 jours plus tard, douleur au genou gauche, plaque tuméfiée, d'un rouge très
vif, en avant de la rotule. On y pousse une injection de 2*="'. i heure après, la
douleur, la tuméfaction, la rougeur ont disparu. Rien de nouveau ne s'est produit
depuis.
» V. Sciatique double. — Homme de 29 ans. A eu, il y a 8 ans, les fièvres de Mada-
gascar. Depuis 10 jours il souffre de douleurs dans le membre inférieur droit et
depuis quelques jours dans le membre gauche. Ces douleurs ont les caractères et assez
exactement les foyers des douleurs sciatiques.
» Dès l'entrée on fait un siphonage au chlorure de méthyle sur la partie postérieure
de la cuisse droite. La douleur, momentanément calmée, reprend le soir même. On
administre alors successivement 2s d'antipyrine, puis 3s de salicylate de soude, puis
2? de salipyrine, chaque médicament pendant une période de 3 jours, chacun sans le
moindre résultat. On revient pendant 3 jours au salicylate de soude, cette fois à 5s
par jour.
» Après l'insuccès de la réfrigération, après i5 jours consacrés sans profit aux.
divers traitements généraux, je fais injecter i*™' de solution de salicylate de soude
à 5 pour 100, à la partie externe de chaque genou. Le malade a pendant une demi-
heure, une sensation de chaleur au niveau des piqûres; au bout de i heure toute
douleur des genoux a disparu. Il a encore des douleurs vives aux pieds et à la face
postérieure des cuisses.
» 48 heures après les premières injections, on en fait deux autres à la partie posté-
rieure des cuisses; elles sont suivies aussitôt de disparition des douleurs. Mêmes
effets de soulagement immédiat pour des injections pratiquées les jours suivants aux
lombes et à la face dorsale des pieds.
» Après iJ jours de traitemement général absolument inefficace, i5 jours de traite-
ment local ont amené la guérison. Ce traitement local a consisté en neuf injections
de 1*^™' chacune, soit, en tout, ^^"^ distribués dans les divers foyers, une moyenne
de 3*'B de salicylate de soude par jour, alors que 5s donnés par la bouche se montraient
impuissants,
» VI. Névralgie intercostale suite de zona. — Femme de 58 ans, diabétique,
obèse, légèrement albuminurique. A eu, il y a 6 semaines, un zona intercostal gauche
très violent.
» La douleur du nerf sous-jacent à l'éruption persiste très pénible ; elle est constante,
avec exacerbations surtout nocturnes.
» Je fais faire une première injection de 2'="'" de solution de salicylate de soude à 5
pour 100, près de la colonne, à proximité de l'émergence du nerf malade.
20 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» La malade dort la moitié de la nuit, ce qu'elle n'avait pas fait depuis 5 semaines;
elle ne sent plus que quelques douleurs au voisinage du sternum.
» Le lendemain, nouvelle injection de 2"^^ à la partie antérieure, à la suite de
laquelle il n'y a plus que des douleurs insignifiantes.
>y On pratique une troisième injection sur la partie moyenne du nerf. Toute douleur
cesse définitivement.
» Je me borne à la courte relation de ces six cas. J'en pourrais joindre
beaucotjp d'autres recueillis par moi ou par mes collègues Le Noir et Claude
et par mon interne Balthazarfi, toutes démontrant, tantôt la guérison com-
plète et durable des manifestations locales du rhumatisme, tantôt le sou-
lagement immédiat des douleurs, la maladie résistant quoique indolente,
puis reprenant son caractère douleureux de 3 à i4 jours après la cessation
des injections. Dans le rhumatisme blennorrhagique, on a eu la sédation
de la douleur, mais la maladie n'a pas été entravée.
» Dans la majorité des cas, un foyer morbide est arrêté et comme dé-
truit par une seule injection et les foyers successifs peuvent être successi-
vement annihilés. C'est la guérison si le rhumatisme n'est pas en période
envahissante. Mais, s'il s'agit d'un rhumatisme en phase de généralisation,
le traitement local n'améliore pas l'état général, n'empêche pas la produc-
tion de nouvelles déterminations sur les jointures, sur les séreuses, jjeut-
étre sur les viscères. Les localisations sont réfrénées, la maladie continue
à marcher. C'est le traitement général seul qui pourra empêcher la multi-
plication des foyers ou la récédive de la maladie. Mais, quand on pratique
le traitement général, l'efficacité locale du traitement local reste encore
évidente. En effet, si l'on poursmt par les injections, sur un seul côté du
corps, toutes les fluxions qui s'y produisent, sans toucher à l'autre côté, la
maladie évolue avec ses symptômes généraux et avec les fluxions qui per-
sistent ou se multiplient sur le côté du corps qui n'est pas traité locale-
ment. On se trouve alors en présence d'une sorte de rhumatisme à forme
hémiplégique.
» Qu'un médicament à action générale soit introduit par une voie ou
par une autre, qu'il soit déposé sous la peau loin ou près d'un foyer morbide,
il peut influencer également le travail qui s'y accomplit.
» Mais le propre de cette méthode c'est de limiter le médicament à la
partie qui le réclame et de ne pas le répandi^e dans le reste de l'organisme,
oîi il n'a que faire et oii il pourrail être nuisible. Il me semble que 2""'' de
la solution à 5 pour loo, soit 10*^^ de salicylate de soude, introduits par une
seule piqûre n'exercent guère une action eflicace et très rapide que dans
un rayon de S'^'". Plus tard la diffusion portera le médicament plus loin.
SÉANCE DU 7 JUILLET 1902. 21
Je me représente le théâtre de l'action thérapeutique dans la première
demi-heure comme une demi-sphère de ô'^^^de diamètre représenta tit à peu
près 5o^ de tissu vivant.
» Le médicament s'y trouve dans la proportion de 2 pour 1000, ce
qui est énorme, malgré l'exiguïté de la dose. Pour qu'il fût apporté au tissu
malade diins cette même proportion par les procédés d'introduction des
médications générales, il faudrait introduire par la bouche, chez un homme
de 70''^, en une seule fois, i4o^ de salicylatede soude, pluseurs fois la dose
mortelle. Encore, malgré l'énormité de la dose, le tissu malade, vu la lenteur
de l'absorjjtion gastrique et la rapidité de l'élimination rénale, ne rece-
vrait-il pas autant du médicament que quand on y dépose directement
10^^ de la substance.
)) Je résume en deux mots les avant iges de la méthorle que je propose :
Verser le médicament dans le point seulement où il est utile, à la dose où il est
utiie^ épargner le reste de l'économie. »
NOMINATIONS.
L'Acaflémie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un
Membre de la Section d'Anatomie et Zoologie, en remplacement de
M. Filhol, décédé.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 52,
M. Bouvier obtient 89 suffrages
M. Houssay » 8 »
M. Henneguy » 4 »
M. R. Blanchard » i »
M. Bouvier, ayant obtenu la majorité absolue des suffrages, est [)ro-
clamé élu.
Sa nomination sera soumise à l'approbation du Président de la Répu-
blique.
CORRESPONDANCE.
M. le Président annonce à l'Académie que, en raison de la fête du
i4 Juillet, la séance de lundi prochain sera remise au mardi i5.
22 ACADÉMIE DES SCIENCES.
M. le Secrétaire PERPÉTUEL annonce à l'Académie que le Tome XXXII
(2* série) des « Mémoires présentés par divers savants à l'Académie des
Sciences « est en distribution au Secrétariat.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, un Volume intitulé : « The norwegian north polar Expé-
dition, 1893-189(3. Scientific results. Volume Itl w.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur un groupe nouveau, d'ordre fini, linéaire
à quatre variables. Note de M. Léon Autoxne, présentée par M. C.
Jordan.
« Conservons les définitions et notations employées dans mes Commu-
nications précédentes, dont la plus récente est du 17 mars 1902. La
méthode générale exposée dans ces Notes m'a permis de construire effec-
tivement un groupe G, quaternaire, régulier, d'ordre fini, indécom-
posable.
» Voici quel est ce groupe G, que je crois nouveau.
» G est isomorphe au groupe alterné V entre cinq lettres, dérivé des
trois permutations
^ = (01234), |5 = (o)(i4)(23), C = (o)(i2)(34).
« Il y a hémiédrie. A la substitution unité de F correspondent dans G
les deux substitutions singulières
(y -^ I, 2, 3, 4).
\oc,
H-
» G provient des trois substitutions A, B etC, qui correspondent respec-
tivement à ^, |5, € :
A =
X,
■î'o
X.,
X,
x^
-X,
— X,,
Xo
-- u,
où l'on a
SÉANCE DU 7 JUILLET 1902. 28
P=E,
5 » " 5
5 ' '- ~ 5 ' -^ "^
U est réelle, symétrique, orthogonale.
» On a les relations
A=^=[, B-=:C-=-i, BC = CB, AB = BA%
CAC = - A^CA\ CA^C = - £, îoA^BGA%
CA^C=: ACA, CA^C:.^ £,£.A='BCA%
au moyen desquelles on vérifie que l'expression générale des substitutions
dérivées de A, B et C est
±B^AP(7A^
S ou T = o ou i; p et cr^o, i, . . . , 4(nfiod5), G a donc bien 120 substitu-
tions, r en contenant 60.
» Il y a plusieurs manières de construire le groupe G, car, outre le
double signe de Si et t.,, il y a plusieurs façons de disposer, dans la cano-
nique A, les racines cinquièmes primitives de l'unité. »
PHYSIQUE. — Sur l' éleclrolyse de l'azotate d'argent. Note de M. A. Leduc,
présentée par M. Lippmann.
» I. On dit généralement qu'un bain d'azotate d'argent, primitive-
ment neutre par exemple, devient de plus en plus acide à mesure qu'on
en poursuit l'électrolyse, avec anode soluble, bien entendu. MM. Rodger
et Watson prouvent, au contraire, que l'acidité du bain diminue par
l'usage. La contradiction n'est qu'apparente : le résultat dépend des con-
ditions.
» 1. Lorsqu'on opère avec anode de platine, en solution suffisamment concentrée,
on voit se former sur l'anode des cristaux bruns, octaédriques ou aiguillés, suivant
les circonstances. Ce corps a été pris autrefois pour du peroxyde d'argent; M. Ber-
thelot lui attribue la formule 4Ag20^, uAgAzO^, H^O. Il se produit en même temps
24 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de l'acide azotique libre. Mais, lorsque l'acide a atteint une certaine concentration, il
réagit sur ce composé avec dégagement d'oxygène.
» Mettons fin à l'expérience et abandonnons le voltamètre à lui-même : le produit
brun finit par disparaître, et le résultat final est le même que s'il y avait eu simple-
ment réaction secondaire de AzO' sur l'eau. Mais il faut bien noter que les choses ne
se passent pas aussi simplement en réalité ; car on n'aperçoit aucun dégagement gazeux
au début de l'éleclrolyse.
» 2. 1^'acide produit de cette manière, ou préexistant dans le bain, est électrolysé
en même temps que l'azotate. L'hydrogène qui se porte à la cathode ne se dégage pas.
Il résulte de mes expériences qu'il ne se dilTuse pas non plus dans le liquide, et qu'il
n'est pas absorbé d'une manière appréciable par le dépôt cathodique, contrairement à
ce que j'ai constaté sur l'or dans d'autres conditions. 11 est complètement absorbé par
les réactions secondaires suivantes :
2A.gAzO»+ioFl =z AzH^AzO^H- 311^0 + Ag^
2H AzO^-h 8H=:AzH*Az03+3H20.
» 3. Anode soluble. — Si la densité du courant au voisinage de l'anode est suffisam-
ment faible (^0,002 C.G.S. par exemple, en bain de concentration normale), il ne semble
point se produire à l'anode autre chose que la réaction classique (Ag-t- AzO^ = AgAzO^).
» Mais, si la densité augmente, les réactions envisagées plus haut se produisent avec
une intensité croissante. Il en résulte une acidification du bain d'autant plus rapide que
celui-ci est plus étendu et la température plus élevée. On constate en même temps que
le bain s'appauvrit en azotate.
» 4. A la cathode, l'acide se détruit comme plus haut, de sorte qu'il s'établit un
état d'équilibre dans lequel Vacidité du bain prend une certaine valeur limite que
l'on rend aisément très faible.
» Si le bain était primitivement neutre, il devient légèrement acide, à moins que la
densité anodique ne soit suffisamment faible. L'introduction d'oxyde d'argent dans le
bain retarde évidemment l'apparition de l'acide.
» Si le bain est primitivement acide, et si son acidité est supérieure à ladite limite,
elle diminue, comme dans les expériences de MM, Rodger et Watson.
» Je donnerai quelques détails dans un Mémoire plus étendu.
» II. On dit couramment qu'il y a corrosion du dépôt calhodique par le
bain d'azotate d'argent, comme cela semble bien établi en ce qui concerne
le cuivre, surtout en bain acide et en présence de l'air.
» Ainsi, MM. Schuster et Crossley trouvent un dépôt d'argent un peu plus lourd en
opérant dans le vide et un peu moins lourd, au contraire, lorsqu'ils opèrent en présence
de l'oxygène. Le premier point a été confirmé par M. Myers, qui estime à liiHi ^^ ^^~
ficit d'argent dans un voltamètre non privé d"air; mais ses observations en présence de
l'oxygène sont en contradiction avec les précédentes.
» Les masses d'argent pesées par les div^TS savants qui ont traité ces
questions sont trop faibles, et c'est à cela qu'il faut attribuer les résultats
SÉANCE DU 7 JUILLET ig02. 25
contradictoiresqiie j'ai eu l'occasion d'enregistrer('). Voici une expérience
bien sinnple qui suffit, à prouver que cette prétendue corrosion n'existe pas.
» Après avoir pesé, avec les précautions convenables, l'argent déposé sur la capsule
formant la cathode, séché dans le vide, à la température ordinaire, je remets dans celte
capsule le bain, neutre ou légèrement acide, où s'est formé ce dépôt, et je l'y laisse
séjourner jusqu'à 19 heures; puis je décante, je lave et je sèche comme précédemment-
I^e résultat de ces opérations a été négatif : la masse du dépôt, voisine de 3o8, n'a point
varié d'une manière appréciable.
» III. Polarisation du voltamètre à azotate d'argent. — A celte occasion,
j'appellerai l'attenlion sur le procédé ima£(iné par M. Gore pour corriger
ses résultats de la corrosion cathodique dans l'électrolvse du cyanure double
d'argent et de potassium, ou du sidfate de cuivre. L'auteur détermine la
perte de masse d'une lame de même métal que le déj)ôt, isolée dans le bain
pendant que le courant passe.
» Or, d'une part, si la lame est épaisse et le courant suffisant, celui-ci
la traverse, et, comme le gain du côlé calhode n'égale jamais la perte du
côté anode, on ne mesure pas ainsi la corrosion.
» D'autre part, si l'on rem[)lace la lame par un fil fin, et si le courant est
suffisamment faible, on ne constate plus aucune altération, quelle que soit
la durée de IVxpérieiu^e. Cette observation m'a conduit à penser que la
force contre-éleclromolrice d'un voltamètre à azotate d'argent, que l'on
suppose généralement très faible ou même nidle, n'est pas, en ré dite, négli-
geable. Il résulte d'expériences qui seront décrites ailleurs que cette Jorce
éltctromolrice est voisine de o,o3 volt (-). »
ÉLECTRICITÉ. — Sur Taclion delà self-induction dans la partie ultraviolette
des spectres d'étincelles. Note de M. £ugè\e Néculcéa, présentée par
M. G. Lippmann.
« Nous avons étudié, dans notre précédente Communication (^Comptes
rendus, Su juin 1902), le caractère des raies i\\\ plomb et du zinc dans la
région ultra-violette comprise entre >. = 2700 et "X =: 2000. Nous deman-
dons la permission de nous occuper aujourd'hui des caractères des raies
du spectre de Tétain.
(') Rapport sur Véquivalent électrochimique de l'argent, présenté au Congrès
international de Physique, réuni à Paris en 1900.
(^) Voir, à ce sujet, G. di Ciommo, Nuovo Cimento, 4° série, t. Xll, p^ 268.
C. R., 1902, a» Semestre. (T. CXXXV, N" 1.) 4
26
ACADÉMIE DES SCIENCES.
Étain.
» (Cliché n" i44). Le spectre de l'étain clans cette région ultra-violette est carac-
térisé par des raies assez fortes comme intensité et en général nébuleuses. Les groupes
i 2657,9
les plus caractéristiques sont le triplel ' 2643,2, qui est très intense, ensuite le
( 263 I ,5
doublet S ^^^^'^ et la raie 2355, o; toutes ces raies possèdent presque la même
l 2421 ,8
intensité et rien ne pourrait faire soupçonner leur différence de caractère qui
est accusée avec la plus grande netteté par la self-induction : la moindre self-induc-
( 2657,9
tion fait, en effet, disparaître complètement le triplet j 2643,2 pendant que le
( 263 I ,5
doublet ^^^9' g^ j^ j-^ig commencent par diminuer graduellement d'intensité,
I 2421 ,8
présentent un minimum et augmentent ensuite d'intensité. Ce sont là des raies qui,
bien que leur intensité et leur aspect paraissent identiques, possèdent des caractères
essentiellement différents.
» Voici d'ailleurs les raies les plus caractéristiques de ce métal avec la description
des changements qu'elles éprouvent de la part d'une self-induction graduellement
croissante. Nous donnerons les longueurs d'onde d'après Hartley et Adeney. Les
constantes électriques de l'étincelle étudiée sont les suivantes : coupure dans le secon-
daire de 2™™; capacité du condensateur r= o,oo4i3 microfarad. Selfs variant de
o", 000 602 ào",o4i9i'
La raie 2664,9 nébuleuse, assez intense; disparaît avec une self de o", 000602 (^).
2660,2 fine et intense, diminue graduellement avec self croissante, pré-
sente min. pour o^,o2543.
2657,9
2645,4
2643,2
263 I ,5
2617,9
2593,6
2591,7
2670,5
2545,6
253o,8
2495,0
2488,0
2482,9
2455,5
2449,4
2445,2
2436,4
2433,3
le triplet (très intense) ainsi que la raie 2643,2 (nébuleuse) dis-
paraissent complètement avec o", 000602.
assez intense, disparaît complètement avec o", 000602.
fine et intense, présente min. pour o°,o2543.
faible et nébuleuse, disparaît complètement avec o", 000602.
fine, légèrement nébuleuse et intense, présente m.in. pour o",02543.
fine, intense, présente min. pour o", oi3 85.
fine, très faible, disparaît avec o", 000602.
fine, min. pour o",oi385.
nébuleuse très large, disparaît complètement avec o", 000602.
fine, min. pour o",oi385.
suite de raies fines, ou nébuleuses, qui disparaît complètement avec
o", 000602.
SÉANCE DU 7 JUILLET 1902. 27
) nébuleuses, mais nettes et intenses, présentent min. pour o",o2543
i et deviennent très fines et nettes.
nébuleuse, mais nette, disparaît avec o", 00689.
très faible, disparaît avec o", 000602.
faible, disparaît avec o", 000602.
fine, mais faible, diminue brusquement d'intensité, mais ne dispa-
raît complètement qu'avec o", 026 43.
beaucoup plus forte que la précédente, mais disparaît plus vite
(o", 00689).
nébuleuse, mais très intense, présente c?e«:r min. : pour o**, 000602
et pour 0^,02543.
nébuleuse, mais plus nette que la précédente; présente trois min.
avec o", 000 602, 0^,00689 et o",o2543.
nébuleuse, mais moins nette que la précédente; deux min.: pour
o''*, 000602 et 0^,01 3 85.
fine; min. pour o", 000602.
nébuleuse et intense ; deux min. pour o"", 000602 et pour o", 02543.
nébuleuse et faible; disparaît avec o", 000602.
très fine; disparaît avec o", 000 602.
nébuleuse, mais intense; deux min.: pour o", 000602 et o",oi385.
La raie 2429,3
2429, 8_
2408,0
2393,7
2382,3
238i , I
2368,3
2355,0
2335,3
23i7,9
2288,1
2270,0
2268,6
2267, 1
2247,0
2229,6
2221 .5
2210, I
2199,2
2195,0
2119,3
2 1 1 3 . 6
» En résumé, avec une self-induction de l'ordre de o", 04191, le spectre
d'étincelle de Fétain ne possède dans la région "X = 2700 à 1 ^ 2000 que
les raies suivantes qui sont toutes fines et nettes: 2660,2; 2598,6; 2570,3;
2545,6; 2495,0; 2482,9; 2429,3; 2421,8; 2355,0; 2335,3; 2317,9;
2288, 1 ; 2270,0; 2247,0.
» Ajoutons enfin que les lon^^ueurs d'onde que nous donnons ici ne sont
pas mesurées directement, mais seulement identifiées avec celles de HartlcY
et Adeney. m
ÉLECTRICITÉ. — Nouvelles recherches sur les courants ouverts. Note
de M. V. Crémieu, présentée par M. H. Poincaré.
« M. Pender (') a fait, à mes expériences sur la convection électrique,
l'objection suivante : les disques dont je me servais étaient, dans la plu-
disparaissent toutes avec o", 000602.
(') Phi t. Ma g., août 1901, p. 179.
28 ACADÉMIE DES SCIENCES.
pari des cas, recouverts de couches diélectriques destinées à éviter les
étincelles; M. Pender pense que ces couches devaient entraîner des
charges égales et de sens contraire à celles communiquées aux disques
tournants.
» Pour répondre à cette objection, j'ai entrepris de nouvelles expé-
riences dans lesquelles j'ai cherché à réaliser les conditions théoriques
d'une expérience de conveclion correcte, c'est-à-dire certitude expéri-
mentale :
» 1° Qu'on entraîne une charge avec son support pondérable;
» 2° Que seule celte charge peut agir sur les appareils destinés à dé-
celer les effets magnétiques dus à son mouvement;
)) 3** Qu'aucune perte appréciable de charge ne se produit pendant ce
mouvement.
» Un disque circulaire d'ébonite, de 6™"" d'épaisseur, 24'^'" de diamètre, porte, fixés
sur sa périphérie, i8 secteurs en micanite de i""™ d'épaisseur, séparés les uns des
autres par 2*^"" dair et parfaitement isolés sur l'ébonile. Le tout forme une sorte de
roue à ailettes planes, d'un diamètre total égal à Sc^"" et qui tourne dans un plan hori-
zontal.
» Les secteurs de micanite sont dorés, sur leurs deux faces, sur une largeur de d"""^
à partir de la périphérie.
» En un point de leur circonférence, ces secteurs viennent passer entre deux sec-
teurs métalliques fixes, reliés à une source électrique; en même temps, ils touchent
un balai A, relié au sol, et se chargent par influence.
» Ils quittent ensuite les secteurs fixes et tournent à l'air libre. Après trois quarts
de tour, ils renconlrent un balai B, relié au sol, sur lequel ils se déchargent. Un gal-
vanomètre interposé entre A ou B et le sol permet de mesurer les charges prises et
abandonnées par les secteurs.
» Les secteurs mobiles chargés viennent défiler à 8™'" en dessous d'un système
astalique très sensible protégé par un tube de verre recouvert de papier d'étain relié
au sol.
» A S"*™ en dessous et parallèlement au plan des secteurs, on a placé une nappe
conductrice témoin dans laquelle on peut envoyer les charges appelées en A ou
récoltées en B, ce qui permet de comparer l'action de la même quantité d'électricité
agissant par convection et par conduction.
» Pour qu'on puisse renverser le sens de la rotation du disque en faisant toujours
passer sous le système astatique des secteurs chargés, le balai B peut être fixé dans
deux positions diflférentes, symétriques par rapport au diamètre passant par A.
» On peut ainsi faire dans les deux sens des courants ouverts. Si l'on supprime le
balai B, on réalise la rotation continue d'une charge permanente, ou forme Rowland-
Maxwell.
» Cette méthode a l'inconvénient de ne permettre de réaliser que des
SÉANCE DU 7 JUILLET 1902. 29
débits relativement petits, par rapport à ceux aiie l'on calcule dans le cas
de disques tournant entre des armatures fixes reliées au sol.
» Les débits maximum mesurés ont été de .^ „ ^ „ ^ de coulomb par seconde, qui au-
raient dû produire, dans la position la plus favorable, une force magnétique de l'ordre
de 5 X lo-^C.G.S.
» Le système asiatique est formé de deux groupes composés chacun de sept aimants
cylindriques de 16"^'" de long fixés à o™,io l'un de l'autre, sur une lame de mica doré.
Moment magnétique M de chaque groupe 20 C.G.S.
Période d'oscillation dans l'air t^ o^, 8
Période d'oscillation du système complet dans l'air t^. . 10*
Rapport -- (K moment d'inertie) de chaque groupe. . . 0,001 5
Coefficient de réduction -\ 0,0064
On voit que le couple maximum agissant sur le système aurait été de io~* environ.
» Grâce au concours de M. Jean Javal, j'ai pu faire de nombreuses
séries d'expériences. On ne peut opérer qu'après que la circulation des
voitures a cessé, c'est-à-dire de i^ à 5*^ du matin.
» On observait simultanément le gnlvanomètre de mesure des débits et
le système asiatique.
» Les résultats sont les suivants :
» Le système asiatique reçoit, en général, au moment de la charge ou de la
décharge des secteurs mobiles, des impulsions qui sont le plus souvent dans le sens
prévu pour refifet magnélique de la convection.
» Souvent aussi ces impulsions sont suivies de déviations peemanentes dans le sens
prévu.
» Très nettes au début d'une série, les déviations et impulsions vont toujours en
diminuant et finissent par s'annuler, sans que les débits mesurés présentent des
variations correspondantes.
» Il n'existe aucun rapport entre la grandeur des déviations du système asiatique
et celle des débits mesurés.
» Le maximum de déviation permanente obtenu a été de 6™™; la moyenne générale
est un peu inférieure à 2"™.
)) En envoyant, dans un sens convenable, le débit des balais dans la nappe témoin,
on soumet le système asiatique à la résultante des actions en sens inverse du disque et
de la nappe. Les efifets du disque étant indépendants des débits, on obtient alors des
déviations dans le sens du disque si le débit est faible, en sens inverse s'il est fort.
» Les valeurs de v calculées d'après les déviations obtenues peuvent, par suite, être
nulles, négatives ou infinies; dans certains cas, elles concordent même avec la valeur
théorique.
3o ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Les effets obtenus sont les mêmes, que l'on supprime ou non le balai B.
» Leur grandeur ne varie pas tant que le système asiatique est au-dessus de la
dorure chargée, quelle que soit sa position relativement à l'axe de rotation. Ils s'an-
nulent dès que le fond de l'écran électrique qui protège le système n'est plus au-
dessus de la dorure.
» Si l'on change le sens de rotation du disque sans déplacer le balai B, les secteurs
mobiles ne sont plus chargés en passant sous le système astatique ; cependant les
déviations conservent quelquefois leur grandeur, mais leur sens est changé.
)) Pour toutes ces raisons, les déviations observées ne paraissent pas
dues à l'effet magnétique de la convection électrique. »
ÉLECTRICITÉ. — Sur la nature du cohéreur. Note de M. J. Fényi.
« En faisant des expériences sur la construction du cohéreur, j'ai été
conduit à des résultats qui me paraissent intéressants, aussi bien pour les
applications que pour la théorie.
» Si l'on dispose parallèlement quatre cohéreurs formés d'aiguilles d'acier, de ma-
nière que le courant passe simultanément par les quatre points de contact, le système
fonctionne tout à fait comme une seule paire d'aiguilles. Il ne fonctionne plus avec
précision, si le potentiel de la pile dépasse environ o^°^*, 25; avec le potentiel de i volt,
il cesse tout à fait. Au contraire, si l'on réunit les quatre cohéreurs en série, on peut
les insérer dans le circuit d'un élément de Meidinger, sans qu'il soit nécessaire d'affai-
blir le potentiel par un circuit secondaire. En disposant six cohéreurs en série, on peut
les insérer dans le circuit d'un élément Leclanché, dont le potentiel est de i^°'*,5.
En prenant même deux ou trois éléments Leclanché en série, on peut insérer un tel
cohéreur en batterie dans leur circuit, si l'on augmente le nombre des cohéreurs
simples à raison de trois ou quatre pour i volt de potentiel du circuit.
» Ces résultats s'expliquent par une propriété curieuse du cohéreur à
aiguilles, d'affaiblir le potentiel à chaque point de contact, d'environ
qvou 25^ et cela indépendamment de la grandeur de la tension absolue, au
moins dans certaines limites. On comprend, en effet, que le cohéreur
simple, quoique pratiquement isolateur, laisse passer un courant qui n'est
pas tout à fait nul; ce courant, presque infiniment petit, suffit pour établir
une distribution du potentiel dans le circuit, d'après les résistances.
Ensuite, à chaque point de contact s'établit un quantième, selon leur
nombre. Cette possibilité de transmettre un courant d'une tension notable
ne s'explique pas par un accroissement de résistance par suite de la pré-
sence du cohéreur simple, qui représente de 2 à i6 ohms. Car on a beau
SÉANCE DU 7 JUILLET 1902. 3l
affaiblir le courant d'une pile Leclanché unique, en insérant une résis-
tance de 2000 ohms, le très faible courant passe néanmoins par un cohé-
reur simple, et ne se rompt pas par des chocs.
» La propriété d'un cohéreur à un seul point de contact peut expliquer,
en quelque sorte, le fonctionnement du cohéreur usuel à limailles, ou à
débris de charbon. Les petits morceaux de métal se placent à la suite l'un
de l'autre, en une sorte de série : ce sont eux qui affaiblissent progressi-
vement la tension électrique, selon leur nombre, et l'on peut, en effet,
insérer le cohéreur à limailles dans le circuit d'un élément Leclanché.
D'autres particules forment des contacts parallèles et ne fonctionnent
qu'en diminuant la résistance.
» Mais ce qui constitue une différence importante entre le cohéreur en
batterie et le cohéreur à limailles, c'est que le premier permet un réglage
rationnel. Tout est alors mesurable ; on connaît le nombre des contacts,
on peut essuyer les aiguilles, varier et mesurer la pression entre 0^,2 et 6^.
Au contraire, les conditions du cohéreur à limailles sont tout à fait incon-
nues, et variables selon les hasards du choc. On ne sait pas combien de
particules se succèdent, combien se sont rangées parallèlement. En outre,
les morceaux, très irréguliers, se touchent par des points plus ou moins
aigus, exercent des pressions très diverses par unité de surface, et ces
pressions peuvent surpasser les limites admissibles. On s'explique ainsi
comment les cohéreurs à limailles se montrent fort capricieux, tandis que
les cohéreurs à aiguilles fonctionnent d'une manière infaillible.
» Il n'est aucune des conditions du cohéreur à limailles qu'on ne puisse réaliser
avec des cohéreurs à pointes, en les disposant convenablement. Une combinaison
semblable a d'ailleurs été proposée par M. Bosse. Ainsi s'explique aussi la pratique
prescrits, de prendre des limailles lourdes et de les cribler pour leur donner une égale
grosseur. On ne voit pas d'abord pourquoi des morceaux égaux conviendraient mieux
que des morceaux inégaux, qui semblent même plus sensibles à l'ébranlement. L'effi-
cacité du criblage des limailles lourdes est due à ce que les points trop fins deviennent
obtus.
» Dans la pratique de la télégraphie sans fil, on dit aussi qu'on ne doit
insérer le cohéreur que dans le circuit d'un seul élément Leclanché, et
que le courant ne doit pas dépasser un millième d'ampère. Mon installa-
tion ne me permet pas de faire des expériences de télégraphie sans fil à
grandes distances; mais les expériences jfiiites dans le laboratoire, avec
mon cohéreur en batterie, m'ont montré qu'on peut l'insérer dans le cir-
cuit de trois éléments Leclanché en série, sans autre résistance, et que le
32 ACADÉMIE DES SCIENCES.
cobérenr fonclionne alors régulièrement, quoique le courant soit de
l'ordre d'un dixième d'ampère.
» J'ai profité de celte propriété des cohéreurs à aig^uilles, de fonctionner
avec un courant d'une intensité notable, pour disposer des appareils d'une
simplicité surprenante.
» Si l'on place un cohéreur à 6 points sur un appareil à sonnerie convenable, et si
on les insère tous deux en série dans le circuit d'un élément Leclanché, on constate
qu'une petite étincelle électrique excite le cohéreur; la sonnerie retentit, ébranle le
cohéreur et se tait ensuite immédiatement.
» Si l'on insère un récepteur de Morse pnrallèlement avec la sonnerie, on obtient
un appareil qui peut servir à démontrer, dans le laboratoire, le principe de la télégra-
phie sans fil.
» En réunissant le cohéreur, des deux côtés, avec la terre et avec un conducteur
isolé très long, on obtient un appareil qui signale les tempêtes lointaines. Si l'on
insère, en outre, dans cet appareil, parallèlement avec la sonnerie, un électro-aimant
enregistreur sur un mouvement d'horlogerie, on obtient un appareil enregistreur des
décharges électriques, dans ratmos|>hère, pour les études météorologiques.
» Les expériences que j'ai faites sur la sensibilité de ces appareils m'ont montré
qu'elle est essentiellement déterminée, par la longueur du conducteur isolé, qui
remplace l'antenne. Un petit appareil avec un conducteur de 36o'" donnait simulta-
nément dix fois plus d'indications qu'un autre dont le conducteur était de 26™. ».
PHYSIQUE. — Action dissociante des diverses régions du spectre sur la matière.
Note de M. Gustave Le Box (*).
« Dès le début de mes recherches sur le mode d'énergie auquel j'ai
donné le nom de lumière noire, j'ai énoncé il y a 5 ans {j^) que les ef-
fluves qu'émettent les corps frappés par la lumière étaient de même nature
que les rayons uraniques généralement considérés aujourd'hui comme
identiques aux rayons cathodiques et constitués par des éléments d'atomes
dissociés porteurs de charges électriques.
» Étendant le cercle de ces recherches, j'ai montré plus tard (*) que les
mêmes elfluves se manifestaient dans un grand nombre de réactions chi-
miques, et j'ai pu conclure que cette production d'effluves sous des influences
(*) Cette Note avait été présentée à l'Académie dans la séance du 9 juin dernier.
(*) Comptes rendus, mai 1897, P" ^9^'
(*) Comptes renduSy avril 1900, p. 894, et Revue scLentiJiqaSy 1900, p. 452.
SÉANCE DU 7 JUILLET I902. 33
fort diverses constituait un des phénomènes les plus répandus dans la
nature.
» Depuis cette époque, divers auteurs, Lénard notamment, sont arrivés
également à cette conclusion que les métaux frappés par la lumière en-
gendrent des rayons cathodiques déviables par l'aimant.
» J'ai repris récemment mes anciennes expériences et essayé de déter-
miner l'énergie de dissociation produite sur les corps par les diverses
régions du spectre et mesurer l'activité des substances soumises à leur
action.
» Les corps soumis à l'expérience sont disposés en lames inclinées de 45**
à une certaine dislance au-Hessus du plateau d'un électroscope et sans au-
cune relation avec lui. Lorsque ces lames sont frappées par la lumière,
elles émettent des effluves qui déchargent l'électroscope, à la condition
qu'il ait reçu une charge positive. Dans l'expérience ainsi disposée, on
voit qu'un corps non électrisé (') émet, sous l'action de la lumière, des
effluves capables de décharger un corps électrisé. C'est ce que j'avais établi
il y a 5 ans.
» Les sources lumineuses employées ont été : le Soleil, pour les radiations
dont le spectre s'étend jusqu'à o"^, 295, et, pour les radiations allant jusqu'à
oi^, i85, les étincelles d'un condensateur éclatant entre des électrodes
d'aluminium placées dans une boîte fermée par une lame de quartz recou-
verte d'une toile métallique reliée à la terre afin de se mettre à l'abri de
toute influence électrique.
» Pour rendre les expériences comparatives, les corps sur lesquels devait
agir la lumière étaient tous taillés en lames carrées, deo™,io décote, placées
à 20*^°^ au-dessus de l'électroscope, dont le bouton est remplacé par un
plateau ayant même surface. Ce plateau était naturellement disposé de
façon que les rayons émis par la source lumineuse ne pussent tomber à sa
surface.
» Pour séparer les diverses régions du spectre et déterminer l'action de
chacune d'elles, on interposait, entre la lumière et les corps frappés par
elle, divers écrans: cuve de sulfate de quinine, verre épais, verre deo"'", r,
mica de o™™,ooi, quartz, sel gemme, etc., dont on avait d'abord déter-
miné la transparence pour les diverses radiations du spectre, par des pho-
tographies faites au spectroscope.
(') Dans les expériences de déperdition électrique à la lumière ultra-violette, les
corps sont, comme on le sait, en relation avec l'électroscope et chargés négativement.
G. R., 1902, 2« Semestre. (T. CXXXV, N" 1.) 5
34 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» En opérant comme il vient d'être dit, c'est-à-dire en interposant
divers écrans entre les rayons lumineux et le corps sur lequel ils doivent
agir, on constate, d'après la rapidité de décharge de l'électroscope, la quan-
tité d'effluves émis par chaque corps suivant les régions du spectre aux-
quelles il est soumis. On trouve ainsi que les divers corps ont une sen-
sibilité très différente pour les diverses radiations.
)) Voici du reste les résultats obteuns:
» 1° Corps sensibles aux radiations comprises dans le spectre solaire, c est-
à-dire ne dépassant pas o!*, 2g5. La plupart des corps sont sensibles, mais
dans des pj^oportions extrêmement différentes. La sensibilité peut varier,
en effet, entre 20° de décharge de l'électroscope en 5 secondes jusqu'à 1°
seulement en 2 minutes, soit environ 5oo fois moins pour les derniers.
» En représentant par 1000 l'action des corps les plus sensibles, on ob-
tient, d'après le temps nécessaire pour décharger du même nombre de
degrés un électroscope chargé positivement et dont les feuilles d'or ont été
portées au même potentiel, les chiffres suivants :
» L'étain amalgamé, le cuivre amalgamé, le zinc amalgamé donnent des
décharges représentées par 1000. V aluminium, le magnésium, le zinc, le
plomb amalgamé, le mercure contenant ^~ de son poids d'étain, des dé-
charges comprises entre 1000 et 4o. L'or, le cobalt, le mercure pur, l'étain,
le carton, le bois, les sulfures phosphorescents, etc., une décharge représentée
par I.
» Pour les corps à faible décharge, c'est-à-dire ceux mentionnés à partir
de l'or, on n'observe généralement d'effet que quand les rayons solaires
contiennent la région du spectre allant de M à U, région qui disparaît sou-
vent, même quand le temps est très clair, comme je l'ai constaté par de
nombreuses photographies faites au spectroscope.
» Si l'on recherche comment se répartit l'énergie des diverses régions
du spectre solaire sur les corps très sensibles, comme l'étain amalgamé ou
l'aluminium, on trouve, en représentant par loo l'énergie totale :
Énergie des radiations allant jusqu'à X=.oH-,4oo ôpourioo
Énergie des radiations allant de >. = o!^,4oo à X =z 36o 9 pour 100
Énergie des radiations allant de X =:oS^, 36o à X = 296 85 pour loo
» On peut, par divers artifices, sensibiliser certains corps pour des
régions où ils sont insensibles. Le mercure et l'étain, par exemple, sont
des corps fort peu sensibles. U suffit cependant tl'ajouter au premier ^7^ de
son poids du second pour le rendre trèsisensible pour la région de l'ultra-
SÉANCE DU 7 JUILLET 1902. 35
violet comprise entre 1 = 0^^,360 et 1 = o^^, 295. Le mercure ainsi préparé
est un réactif excellent pour étudier les variations de Tultra-violet suivant
l'heure, le jour et les saisons. Si la quantité d'étain ajoutée s'élève à
I pour F 00, le mercure devient sensible pour tout le reste du spectre.
» L'heure, la saison, la nature du nettoyage, lont varier sensiblement la
rapidité de la décharpje. Le détail de nos expériences, leur technique et les
propriétés des effluves qui se dégagent seront exposés prochainement dans
un Mémoire publié par la Revue scientifique.
)) 2" Corps ne devenant très sensibles qu aux radiations dont la longueur
d'onde est inférieure à 0^^,293 : Cadmium, étain, argent, plomb, etc.
» 3" Corps ne devenant très sensibles quaux radiations dont la longueur
d'onde est inférieure à \ = 0^,2^2 : Or, platine, cuivr(>, ier, nickel, sub-
stances organisées, composés chimiques divers (sulfate et [)hosphate de
soude, chlorure d'ammonium, etc.). Après les métaux, les corps les plus
actifs sont le noir de fumée et le papier noir. Les moins actifs sont les
corps organisés vivants, teuilles et plantes notamment.
)) Tous les effluves qui se dégagent sous l'action de la lumière dans les
conditions qui viennent d'élre exposées présentent les plus étroites ana-
logies avec les émissions décrites sous le nom de radio- activité de la
matière. Leur production semble donc bien, comme j'ai été seul à le sou-
tenir pendant longtemps, un cas particulier d'une loi très générale ('). La
loi générale serait que, sous des influences fort diverses, les atomes de la
matière peuvent subir une dissociation profonde et donner naissance à des
effluves possédant des propriétés fort différentes de celles des corps d'où
ils émanent. »
PtlYSIQUE. — La lumière noir-e et les phénomènes actino-électriques .
Note de M. Gustave Le Bon.
« Dans une Note insérée aux Comptes r^endus du 25 juin 1902, M. Nodon
annonce que, « lorsque des radiations lumineuses sont projetées sur une
» lame mince, elles tlonnent naissance, sur la face non éclairée de cette
» lame, à des radiations analogues aux rayons X et aux rayons du radium w.
Ces radiations, ajoule-t-il plus loin, « possèdent la propriété de traverser
» avec facdité les métaux en lame mince Elles déchargent les corps éltc-
» trisès )), etc.
(^) Comptes rendus, mai 1897, p. 896.
36 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Il me suffira de reproduire quelques passages des Notes insérées il y
a 5 ans dans les Comptes rendus, pour montrer que ces résultats sont
absolument identiques à ceux que j'ai fait connaître à propos de la lumière
noire.
« Les radiations obscures engendrées paila lumière tombant à la surface des corps
» déchargent Vélectroscope. Elles traversent les écrans électriques.... Ces radiations
» se rapprochent, par quelques-unes de leurs propriétés, des rayons X, mais elles en
» diffèrent par plusieurs points fondamentaux. . . . S'il est vrai, comme je tente de le
» démontrer depuis longtemps, que toutes les fois que les corps sont frappés par la
» lumière ils engendrent une forme particulière d'énergie, il s'ensuit que ce mode
» d'énergie, si peu connu encore, se trouve être pourtant un des plus répandus dans
» la nature. » {Comptes rendus, mars 1897, p. 755.)
)) M. Nodon a donné aux radiations qu'il croit avoir découvertes le nom
de rayons radio-actiniques . Elles sont identiques, comme on le voit, à celles
que j'ai désignées sous le nom de lumière noire. »
THERMOCHIMIE. — Sur l'hydratation de l'oxyde de zinc.
Note de M. de Forcrand.
« Pendant longtemps on a enseigné, d'après Thomson (' ), que la cha-
leur d'hydratation de l'oxyde de zinc était négative,
ZnO sol. -f- H^O liq. = Zn (OH)^ sol. - 2^^!, ^5 (^).
» M. Massol (^) a repris, il y a quelques années, cette détermination.
En dissolvant séparément dans un même acide (malonique) un oxyde pré-
cipité desséché à 100" [supposé Zn(OH)'^] et un oxyde précipité desséché
à 25o° (supposé anhydre), il a trouvé
ZnO sol. -h H^O liq. = Zn(OH)- sol. + 4^»', 32.
La différence avec le résultat de Thomsen est de 7^*', 07. J'ai cherché à
(*) Therm. Untersuchungen, t. III, p. 27^.
(2) En réalité, ce nombre devrait être ramené à — i^''S97) d'une part, parce que la
chaleur de formation de l'eau est -h 69*^^' et non pas -h 68'^''*, 36, et, de l'autre, parce
que la moyenne des déterminations (connues avant les expériences de Thomsen) delà
chaleur d'oxydation du zinc est -i- 85^''^', 29 et non pas -+- 85'^'*', 43, comme il l'admet.
Néanmoins, même avec cette correction, la chaleur resterait négative.
(^) Bulletin de la Soc. chim., t. XV, 1896, p. (lo^.
SÉANCE DU 7 JUILLET 1902. 87
élucider cette question en préparant des échantillons d'hydrates d'oxyde
de zinc par trois procédés différents.
» I. Hydrate cristallisé. — C'est Runge qui Ta signalé le premier, et J. Nicklés
l'a étudié plus tard, en i853 (*). C'est le seul procédé qui donne le véritable hydrate
Zn(OH)^
» Cet hydrate cristallisé se dissout dans l'acide sulfurique étendu, en dégageant
-1-23''*, o5. Et, comme l'oxyde anhydre qu'il donne lorsqu'on le chauffe à I25° dégage
H-25'^"';24 (^), on a
ZnO S0I.+ H^O liq. = Zn(0H)2 cristallisé +i^^\ 19
soit, à partir du H^O solide : — o^^^^yô (^).
» II. Hydrate amorphe préparé par voie humide. — On l'obtient par la méthode
bien connue : action de la potasse sur un sel de zinc dissous. Après lavage, le préci-
pité est étalé sur des plaques poreuses, sous cloche, en présence d'anhydride phospho*
rique. L'analyse permet de suivre chaque jour les progrès de la dessiccation.
» A partir de 4)5H20 environ, la masse, d'abord pâteuse, peut être pulvérisée. Un
échantillon, dont la composition était ZnO -t- 4,63 H^O, a donné -f- 17^^1,92 par disso-
lution dans l'acide sulfurique étendu. Peu à peu on arrive, à froid, à deux, limites de
déshydratation différentes :
» Si l'on opère sur de petites quantités, la limite correspond à ZnO -+- i,66H^O, et
elle est atteinte en quelques jours.
» Si la masse est plus considérable et par suite l'épaisseur de la couche plus grande,
la limite conduit à ZnO -l- i ,3i H^O, et il faut près d'un mois pour l'atteindre, mais
on n'obtient jamais l'hydrate normal Zn(OH)'.
» La chaleur de dissolution de Zn O -f- i , 66 H* O est H- 1 8*^''^, 48.
» Ce même corps, chauffé à 160°, dans un courant d'air sec, et jusqu'à poids constant,
contient encore Zn O -f- i ,28 H^O, et, dans cet état, sa chaleur de dissolution
est 4- i8cai,6i.
» L'échantillon Zn O -h i ,3i H^O , chauffé de la même manière, à 160°, a donné un
hydrate Zn O -f- 1 ,09 H-0 dont la chaleur de dissolution est H- 18^^', 83.
» Il s'agit évidemment ici d'hydrates d'oxydes condensés, et de plus en plus con-
densés, tels que :
Zn^O^SH^O, Zn»0^4H-0, Zn^O^.SH^O (^),
(*) Annales de Chimie et de Physique, 3« série, t. XXII, i853, p. 3i.
(^) Comptes rendus, t. XXXIV, p. 1248 et i544'
(') Ce qui correspond bien à 126"- pour la température T' de dissociation, car on
a : 0,76 X 33 = 25°, 08.
{'*) J'ai précisément obtenu des formules et des limites analogues avec les hydrates
du peroxyde de zinc {Comptes rendus, t. XXXIV, p. 601). Et, dans son étude des sul-
fures précipités, Souchay a signalé les composés suivants :
Zn'S^.H^O, Zn^S*. 2H2O, Zn^S^H^O.
38 ACADÉMIE DES SCIENCES.
et si leur chaleur de dissolution dans l'acide sulfurique étendu est sensiblement la
même, c'est que la déshydratation progressive est accompagnée d'une polymérisation
exothermique.
» Les hydrates précédents, chauffés à 260°, deviennent Zn 0 + 0,89 H- 0 (peut-être
Zn^O*+ 2 H-0) qui résiste ensuite même à une température de 4oo°, maintenue pen-
dant plusieurs heures. La chaleur de dissolution de ce corps est 28^^', 28.
» Bien plus, ce dernier hydrate ne perd que la moitié de l'eau qu'il contient lors-
qu'on le maintient pendant une heure au rouge dans un courant d'air. Ce n'est qu'au
rouge vif qu'il devient de l'oxyde anhydre Zn O, lequel dégage + 23*^^1,91 en se dis-
solvant dans l'acide sulfurique.
» L'affinité pour l'eau de ces oxydes condensés (acides métazimiques) est tout
à fait extraordinaire.
» Évidemment, chacun des nombres précédents retranchés de +23^*^,91 exprimera
la chaleur dégagée par la fixation d'une certaine quantité d'eau sur Zn O calciné.
Ainsi : +28,91 — 1 8, 88 = 5,8 pour i ,09 H-0, soit + 4)66 pour H^O ; de la même
manière : +28,28 — i8,6i = 4)62 pour le passage du ZnO+o,89H20 à
ZnO + 1 ,28 H-0, soit + 5, 19 pour H^O. Et ces nombres sont en effet assez voisins
de celui qu'a obtenu M. Massol (+4,82) en se plaçant précisément dans ces mêmes
conditions. Mais on conçoit qu'il est impossible de leur attribuer une signification
précise, à cause du changement de polymérisation.
» HL Hydratation de l'oxyde calciné. — L'oxyde anhydre, dont la chaleur de dis-
solution est +28,91, exposé à l'aie humide, absorbe de l'eau, d'abord assez vite
jusqu'à 0,20 H-0, puis de plus en plus lentement. On retrouve alors, par cette opé-
ration inverse, les hydrates condensés précédents. Ainsi, j'ai obtenu un corps
ZnO + 0,82 H-0 dont la chaleur de dissolution est +20*^*',i5. On pourra dire en-
core que 28,91 — 20, i5 =:+ 3,76 pour 0,82 H-0, soit + 4^*', 58 pour H"^0, en cal-
culant proportionnellement, ce qui est encore un nombre bien voisin de celui de
M. Massol, mais sans qu'on puisse davantage s'attacher à sa valeur absolue, et pour
les mêmes raisons que plus haut.
» Conclusions — L'oxyde anhydre, préparé à i25°, qui est vraisembla-
blement le moins condensé, se transforme en hydrate cristallisé normal
Zn(OH)- en dégageant + 1^^^, 19 à partir de H^O liq. C'est le seul résultat
qui me paraisse avoir une signification précise. Il s'éloigne à la fois de
celui de Thomsen et de celui de M. Massol.
» L'oxyde anhydre condensé, préparé au rouge vif, donne un certain
nombre d'hydrates de condensation différente. La valeur moyenne qui
correspond à 1™°' d'eau fixée serait comprise entre 4^'*',5 et 5^*'.
)) Les plus hydratés parmi ces derniers hydrates perdent de l'eau pro-
gressivement lorsqu'on les chauffe, en s'éthérifiant et en donnant des acides
métazinciques de plus en plus stables et de plus en plus polymérisés.
» La condensation de nZn (OH)- et sa transformation en (ZnO, H^O)"
dégage environ n x 3*^^', 80.
SÉANCE DU 7 JUILLET 1902. 89
» La chaux, et probablement beaucoup d'autres oxydes métalliques,
donnent lieu à des phénomènes analogues. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Propriétés oxydantes d' un pyrariol.
Note de M. R. Fosse, présentée par M. A. Haller.
« Dans des publications précédentes, nous avons établi que les hypo-
chlorites et bromites du pyranoxonium possédaient la propriété d'oxyder
l'alcool en aldéhyde et de se transformer en dérivé pyranique avec forma-
tion d'hydracide.
)) M. Haller et moi avons attribué à ces corps la formule générale
suivante, dans laquelle X est un halogène (Cl ou Br) :
CH
o~x
)) Nous avons également montré que ces corps peuvent fixer encore
2"*^ d'halogène pour donner des dérivés trihalogénés auxquels nous attri-
buons les formules suivantes :
CH
O
Br - Br
Br
CH
O
I
I-I-I
» Nous nous étions proposé de préparer l'hvpoiodite de dinaphto-
pyranoxonium. Par analogie avec l'une des préparations données par
nous pour les hypochlorite etbromite, nous avons fait réagir l'acide iodhy-
drique sur le dinaphtopyranol, pensant réaliser la réaction suivante :
Ciopjc
CHOH
O
;C'«H''^-HI = C'"H«
CH
I
•O -
;C<0JJC^H2Q^
I
» Nous avons été très surpris d'obtenir, non pas l'hypoiodite désiré,
mais le tniodure d'oxonium.
40 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Pour la formation de ce triiodure, il fallait admettre que, même
vers 5o°, l'acide iodhydrique peut perdre rapidement de l'hydrogène,
ainsi que le montre l'équation
/CHOH\ /CH\
(i) C'«H< ^"^" ;C'«H«+ 3HI = C'm\ I >C"'H«4- H^O -+- H^
^ ^ \ o / \ o /
I
» Or il ne se forme pas la moindre bulle gazeuse. En étudiant de plus
près la réaction, nous avons découvert la formation d'un produit de réduc-
tion : le dinaplitopyrane. Les deux atomes d'hydrogène disponibles se
portent sur une molécule depyranol, qui se transforme en pyrane d'après
de sorte que l'action de HI intéresse deux molécules de pyranol, dont l'une
se iode et l'autre se réduit, d'après l'équation (3), somme de (i) et (2),
i \ o / \ o /
» On voit que le dinaphtopyranol se conduit comme un oxydant vis-à-vis
de HI; nous démontrons, par un autre exemple très curieux, les propriétés
oxydantes de ce corps.
» Action du dinaphtopyranol sur le diphénopyranol. — On chauffe, au reflux, à
l'ébullltion, une solution acétique équimoléculaire de ces deux corps. La solution,
d'abord rouge foncé, se décolore peu à peu. Par refroidissement, on obtient des
aiguilles de dinaphlopyrane, caractérisé par sa forme cristalline, son point de fusion
et celui de son picrate. Par précipitation de la solution acétique, on obtient de la
diphénopyrone ou xanthone.
» On voit donc que le dinaphtopyranol s'est réduit en dinaphtopyrane, en oxydant
le diphénopyranol en diphénopyrone. La curieuse réaction de ces deux pyranols se
formule d'après :
C'o h«<^^"^^")g'o H« 4- c« h*<(^"q^")g»o h«
= H^ O 4- G'o H«((^^^'^Oo H6 _(_ G« H*<^^^C« H*.
SÉANCE DU 7 JUILT.ET I9(i2. /[ I
» Eti résumé, de même que les sels de pyranoxonium possèdent des
propriétés oxydantes, ainsi que nous l'avons montré, de même le dinaphlo-
pyranol jouit d'un certain pouvoir oxydant. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Condensation du iiitrométhane avec les aldéhydes
aromatiques. Note de MM. L. Bouveault et A. Wahl, présentée pur
M. A. Haller.
« Nous avons indiqué, dans une Note récente (Comptes rendus, t. CXXXIV,
p. ii45), que le nitrosLyrolène, réduit par l'amalgame d'aluminium ou par
le zinc et l'acide acétique, est transformé en l'oxime de l'aldéhyde phényl-
acétique. Après avoir montré que cette réaction est également applicable
aux dérivés nitrésgras non saturés (Com^ptes rendus, t. CKXXIV, p. 1226),
nous avons cherché à généraliser cette curieuse transformation, mais nous
nous sommes heurtés à la difficulté de préparer les homologues supé-
rieurs du nitrostyrolène.
» L'action du chlorure de zinc sur le mélange de nitrométhane et d'al-
déhyde benzoïque, qui donne aisément le nitrostyrolène, fournit surtout
des produits de décomposition goudronneux quand on remplace l'aldé-
hyde benzoïque par une autre aldéhyde aromatique (B. Priebs, Lieb. Ann.,
t. CCXXV, p. 35o; C. Posner, D. chenu G., t. XXXI, p. 656).
» M. J. Thiele (Z). chem. G., t. XXXH, p. l'^^i) a réussi à obtenir des
nitrostyrolènes substitués en opérant cette condensation au moyen de
potasse alcoolique. Nous avons répété ses expériences; mais, n'étant pas
satisfaits des rendements obtenus, nous avons substitué, dans sa méthode,
le méthylate de sodium à la potasse alcoolique.
)) On dissout dans l'alcool méthylique absolu le mélange équimoléciilaire d'aldéhyde
aromatique et de nitrométhane et l'on place la solution dans un mélange réfrigérant;
on y ajoute ensuite en plusieurs fois une molécule de méthylate de sodium dissous
dans l'alcool méthylique. Il se précipite avec un rendement presque intégral un com-
posé blanc cristallin qui est essoré et lavé à l'alcool absolu. Ce produit, que nous avons
isolé et analysé, est un produit d'addition de l'aldéhyde et du nitrométhane sodé formé
suivant l'équation
RCHO+CH^=zAz/^^, =:RCH(OH)-CH = Az/^^, .
XOJNa \OINa
» Ces sels sont très solubles dans l'eau, qui ne les dissocie pas; les acides les décom-
C. K., 1902, 2« Semestre. (T. CXXXV, N" 1.) ^
42 ACADÉMIE DES SCIENCES,
posent en meltant en liberté l'alcool nitré correspondant
R. CH OH - CH = Az^^ ^, + HX = R. CH ÔH - CH^ - AzO^ + Na X.
\0 IN a
» Au moment de sa formation, et en proportion variable suivant les cas particuliers,
cet alcool nitré se déshydrate en fournissant le nitrostjrolène cherché :
R CH OH - GH^— Ai; O* == H' O + R. CH = CH — Az O^
» Pour obtenir immédiatement une déshydratation intégrale, nous traitons le sel
de sodium par une solution bouillante de chlorure de zinc anliydre dans l'acide acé-
tique crislallisable. Après 3 ou 4 heures d'ébullition, le liquide est refroidi et versé
dans l'eau; le nilrostyrolène se précipite cristallisé avec de très bons rendements.
» Nousavons appliqué cette méthode aux condensations du nitrométhane
avec les aldéhydes anisique, pipéronylique, ortho-nitrobenzoïque et avec
le furfurol, et nous avons réduit dans les conditions indiquées les nitrosty-
rolènes ainsi obtenus.
» he parainélhoxy-(.o-nitrostyrolène (ou anisylidène-nilrométhan- )
CH^O - C«H^ — CH r= CH - AzO^
forme de magnifiques aiguilles jaunes, d'odeur faible assez agréable, fondant à 87°. Sa
réduction par le zinc et l'acide acétique donne la p.-mélhoxy-phénylacétaldoxUne
CH^O. C'^ H* — CH^ — CH — AzOH, qui constitue deâ feuillets incolores fondant à \\i°.
Nous n'avons pu jusqu'ici eti régénérer l'aldéhjde correspondante. Le pipéronyli-
dène-nitrométhane CH-0-. C^H* — CH -= CH — AzO^ cristallise en aiguilles jaunes
fondant à iSg"; la réduction le transforme en Voxime de V aldéhyde homopipérony-
lique CH-0^C«H3— CH2— CH— . AzOH. Feuillets incolores fondant à 120°. Le
furfurylidène nitrométhane cristallise dans l'alcool en magnifiques cristaux jauhés
fondant à 74° et bouillant à iSS*» soUs 20*""*; ils possèdent une odeur de c&rinelle et
provoquent sur la peau une sensation de brûlure. Sa réduction fournit avec de mauvais
rendements Voxlme de Vhomofurfarol C^H'^O — CH^ — CH^AzOH en longues
aiguilles incolores fondant à Gi^-ôa" et distillant à iàC-iSo" sous 35'"'". Ce corps
s'altère spontanément même en tube scellé et à l'obscurité.
» L'alcoolnitré AzO-— CM!*— CH(OH) — CH^.AzO- obtenu en parlant de laklé-
hyde o.-nilrobenzoïque est beaucoup plus stable que les autres composés du même
genre dont nous venons de parler; son sel de sodium est jaune, le chlorure de zinc ne
le déshydrate pas; on y arrive cependant en le distillant dans le vide : il se décomposa
alors en eau et ortho-co-dinitrostyrolène qui bout vers 200° sous 20"^'" et cristallise
aussitôt. L'alcool l'abandonne sous forme de belles aiguilles jaunes fondant à io6°-i07°.
Ce corps a déjà été obtenu en petite quantité par Priçbs dans la nitration de l'oj-
nitrostyrolèiie et par Posner dans l'action condensante du chlorure de zinc sur le
mélange de nitrométhane et d'aldéhyde orthonilro-benzoïque. La réduction dans
SÉANCE DU 7 JUILLET I902, 43
diverses conditions de ce dinitrostyrolèoe el de l'alcool correspondant u"a fourni que
des produits goudronneux. »
CHIMIE ORGANIQUE. — De V action des sels diazoïques sur la desmotroposan-
tonine et V acide desmotroposantoneux . Note de MM. E. AVedekin»
et Oscar Sciimidt, présentée par M. A. Haller.
« Il y a quelques années, l'un de nous (') a indiqué que l'acide santo-
nique se combine avec les sels diazoïques en solution alcaline en donnant
naissance à des substances d'une couleur rouge jaunâtre, contenant
4^* d'azote. Il a supposé qu'il s'agissait de corps diazoïques, dont la con-
stitution n'est pas encore éclaircie, parce que ces combinaisons sont assez
instables et difficiles à purifier.
» A cause de ces difficultés, nous nous sommes proposé d'étudier
l'action des sels diazoïques sur un autre isomère de la santonine : la desmo-
troposantonine, qui a été découverte par Andreocci ( ^ ). Ce savant explique
de la façon suivante la transposition par l'acide chlorliydrique de la santo-
nine en desmotroposantonine :
CO^
CH'
. O - HG -^^C/
GH-HC
I
OW GH2
I
G
/
G
I
GH^
GO
G0(
GH
3
GH2 G
0 - HG ^^G^ Vh
GH — HG
1
II
G -OH
GH^* GH* G
GH
3
Sanlonine.
Desmotroposantonine.
» Évidemment, la desmotroposantonine est la forme énolique de la san-
tonine. La desmotroposantonine ne se combine pas avec l'hydroxylamine,
tandis que la santonine donne facilement une oxime. Nous avons réussi
à combiner la desmotroposantonine avec les sels diazoïques et nous avons
obtenu des corps bien cristallisés et très stables. Au contraire, la santonine,
qui ne contient pas un noyau benzénique, ne se combine pas avec les
diazoïques, ce qui confirme la formule établie par le savant italien.
(') E. Wedekind, Berichte der deutsch. ehem. Gesellschaft, t. XXXI, p. 1680.
C^) Gazetta chimica italiana, t. XXIH, 2® série, p. 469.
44 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Il est curieux de constater que cette réaction se fait facilement avec un rende-
ment à peu près théorique, tandis que le /^.-diméthylnaphtol p, dont la constitution
ressemble beaucoup à celle de la desmotroposantonine, dont on le retire, ne se com-
bine pas avec les diazoïques ('). Or, le diméthylnaphtol suit la règle (-) d'après
laquelle les naphlols p ne donnent de combinaison avec les sels diazoïques que dans la
position a voisine. Puisque cette dernière est occupée par le groupe méthyle, le dimé-
thylnaphtol p ne donne pas de corps azoïques. D'autre part, la facilité avec laquelle
la desmotroposantonine donne des corps azoïques ne peut être expliquée que par
l'existence d'un seul noyau benzénique. L'autre étant hydrogéné, la desmotroposan-
tonine se comporte comme un dérivé du phénol et non du naphtol. Aussi le produit
de la réduction de la desmotroposantonine, l'acide desraotroposantoneux^ qui ne pos-
sède plus de chaîne lactonique, se combine avec les sels diazoïques et donne des com-
binaisons beaucoup plus solubles dans les alcalis caustiques. A cause de la stabilité de
ces corps azoïques, il n'est pas possible que la combinaison avec les diazoïques se
fasse dans la chaîne grasse.
» Pour ces raisons, nous attribuons les formules suivantes aux corps
mentionnés :
I I
CW- G CH= G
.0 — HG^ ^G
C0( Il
\GH — HG G,
G-Âzr=Az — Ar H^G^ '^G'^^GHAz^Az-Ar
G. OH, HOOG-HG-HG
G
GOH.
1 \/ \^ ■ ' I \/
CH GH^ G CH3 GH'- G
I t
cm cm
)) La préparation de ces matières colorantes s'effectue toujours de la
même façon. Nous choisissons pour exemple la préparation de l'anilinazo-
desmotroposantonine.
» 37S de desmotroposantonine sont dissous dans un excès de soude ; on refroidit
avec de la glace, on y ajoute une solution diazoïque préparée avec i4^ d'aniline, i isde
nitrite de sodium et environ Se d'acide chlorhydrique concentré. La solution rouge est
acidifiée après i5 minutes; le précipité qui se forme est encore lavé, séché et cristal-
lisé dans le benzène.
); De la même façon, nous avons obtenu les combinaisons azoïques de la
/?.-toluidine, de l'orlhonitraniline, de la/?.-nitraniline, de l'acide /î.-amino-
benzoïque, de l'acide sulfanilique et de la tolidine. Ce sont tous des
(') E. Wedekind, Berichte der deutsch. chem. Gesellschaft, t. XXXI, p. 1675.
(-) R. NiETZKi, Chemie der organischen Farbstoffe, 2. Aufl., p. 47-
SÉANCE DU 7 JUILLET 1902. 45
corps bien cristallisés, de couleur jaune ou rouge et qui fondent au-dessus
de 260".
» A-vec l'acide desmotroposantoneux, nous avons préparé les combinai-
sons azoïques de l'aniline et de la ^.-toluidine. Ces substances fon^lent
environ 5o° plus bas que les précédentes. »
CHIMIE INDUSTRIELLE. — Sur une nouvelle preuve de la résistance cellulaire
des saccharomyces, et sur une nouvelle application de cette propriété à
l'industrie de la distillerie. Note de M. Henri Aixiot, (Extrait.)
« Jusqu'ici, les mélasses de distillerie devaient être soumises à l'opé-
ration du dénitrage avant leur mise en fermentation qui, pratiquement,
eût été à peu près irréalisable sans cela. Le dénitrage consiste à diluer la
mélasse, l'additionner d'acide sulfurique, puis la porter à l'ébullition et
même insuffler de l'air d'après le procédé Barbet, opération qui fait
disparaître l'acide nitrique et les acides volatils.
» J'ai eu l'idée d'éviter cette phase du travail, en préparant des cultures
pures d'un ferment acclimaté à tous les antiseptiques contenus dans les
moûts de mélasse industriels. Mais, comme ils forment un ensemble com-
plexe, j'ai pensé que je les capterais tous, en recueillant toutes les vapeurs
chassées par le dénitrage et en ajoutant, à une culture d'une race de
levure de vin très vigoureuse, des doses progressives du liquide nauséa-
bond recueilli.
» On prend une cei'taine quantité de mélasse, additionnée de son poids d'eau et
de 4^ d'acide sulfurique par litre, et on l'introduit dans un alambic. On distille de
manière à obtenir un volume de liquide d'environ le cinquième de la masse mise
en distillation. On se sert de ce liquide, en l'ajoutant par petites portions, à quelques
heures d'intervalle, à une culture de levure pure dans un moût sucré nutritif quel-
conque utilisé dans les laboratoires. L'accoutumance de la levure s'effectue sans dif-
ficultés, en maintenant, bien entendu, la culture à une température suffisante (de 20°
à 25° C).
» La petite quantité de culture de levure initiale, dont il suffît de l'pour
une grande distillerie fermentant plus de looo''' de moijt par jour, ayant
seule besoin d'être acclimatée, l'opération se réduira à distiller préalable-
ment 25os à 3ooS de mélasse additionnée d'acide sulfurique, pour obtenir
les produits volatils antiseptiques à la présence desquels on accli-
matera les quelques cellules du ferment initial qui, cultivées ultérieure-
46 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ment dans un appareil propagateur de levure, conserveront la propriété
acquise pendant un temps suffisant pour que la fermentation industrielle
puisse se terminer.
)) En opérant comme je l'indique, j'ai pu effectuer deux essais qui ont
confirmé mes prévisions. »
CHIMIE ANIMALE, — Sur les principes actifs du venin de crapaud commun
(Bufo vulgaris L.). Note de MM. C. Phisalix et Gab. Bertrand, pré-
sentée par M. ïlouîf.
« Nous avons montré antérieurement que la grenouille est un bon
réactif du venin de crapaud. Elle succombe à l'injection de très petites
doses et présente un ensemble caractéristique de symptômes : de la para-
lysie, débutant parle train postérieur, du rétrécissement de la pupille, le
ralentissement et l'arrêt du cœur en systole (').
» Nous avons signalé en même temps l'existence de produits alcaloi-
çliques dans le venin, en faisant toutefois remarquer que c'était à d'autres
produits, de nature encore inconnue, qu'il fallait rapporter presque toute
l'activité de cette sécrétion.
» Ayant réussi, depuis, à nous procurer une assez grande quantité de
crapauds, nous avons repris l'étude de la composition chimique du venin,
que nous avions à peine ébauchée.
» Deux méthodes nous avaient servi, dans nos premières recherches,
pour nous procurer le venin. Au début, nous exprimions les glandes paro-
tides des animaux placés dans l'eau distillée. Puis, comme cette méthode
ét^it longue et désagréable, nous avons opéré autrement : les crapauds,
préalablement chloroformés, étaient écorchés et les peaux mises dans le
vide sur l'acide sulfurique. Lorsque ces peaux étaient sèches, on les épui-
sait de leurs matières grasses par le sulfure de carbone, puis on les faisait
macérer dans l'alcool à g5 pour loo. Celui-ci se chargeait de tous les pria-
cipes toxiques.
V Mais, comme nous l'avons reconnu ensuite, cette seconde niéthode,
qui permet de traiter facilement de grandes quantités de crapauds, est, en
réalité, bien inférieure à la précédente, au point de vue de l'analyse im-
(1) Il s'agit de fiana tempo/aria et de Bufo vulgaris. Voir Comptes rendus,
t. GXVI, 1893, p. 1080, et Archives de Physiologie, 5« série, t. V, 1898, p. 5ii.
SÉANCE DU 7 JUILLET Î902. /,7
médiate du venin; l'alcool dissout, en effet, non seulement les principes
toxiques qu'on recherche, mais encore d'autres substances, provenant des
parties non glandulaires de la peau, qui viennent souiller l'extrait alcoo-
lique. L'analyse est rendue plus difficile et les résultats qu'elle donne
restent incertains. Aussi sommes-nous revenus, dans nos nouvelles expé-
riences, à la méthode primitive, c'est-à-dire à l'extraction directe du venin.
Nous avons pratiqué celle-ci sur 5oo crapauds environ.
» Nos recherches ne sont pas encore définitives ; mais, à cause d'une
publication récente de Faust sur le même sujet ( ' ), nous croyons devoir en
donner dès aujourd'hui les principaux résultats; ils ne sont d'ailleurs pas
tout à fait d'accord avec ceux de Faust.
» En faisant macérer des peaux de crapauds dans l'alcool, cet expéri-
mentateur a extrait deux substances : labufonine et la bufotaline, capables
toutes deux d'arrêter le cœur en systole; il les considère comme les prin-
cipes actifs du venin.
M Cette conclusion nous paraît cfitiqiiable. La méthode employée par
Faust enlève à la peau du crapaud, comme nous l'avons indiqué au sujet
de nos propres recherches, des substances qui n'ont aucun rapport avec
le venin. C'est ce qui explique l'existence du corps décrit par lui sous le
nom de hujonine et que nous n'avons pu retrouver dans le venin extrait
directement des glandes (^).
)) En outre, les résultats de Faust ne rendent pas compte de tous les
caractères physiologiques du venin, car la bufotaline arrête les mouvements
du cœur, mais ne présente aucune action manifeste sur le système nerveux
central.
» Nous arrivons à extraire ei à séparer les constituants actifs du venin de crapaud
de la manière suivante : la tête des batraciens étant maintenue dans l'eau, on exprime
avec les doigts ou à l'aide de pinces le contenu des glandes parotides.
» On obtient de la sorte un liquide lactescent, à réaction acide, qu'on fdtre à la
bougie de porcelaine et qu'on évapore à consistance d'extrait. Pendant celle évapora-
tion, il se sépare une substance peu soluble, sous la forme d'une pellicule blanche,
qu'on enlève au fur et à mesure de sa formation. On lave cette substance à l'eau dis-
tillée, puis on la redissout dans l'alcool absolu ou le chloroforme. Il se sépare alors
un peu de matières albuminoïdes, et le liquide, rendu limpide par filtration, est éva-
poré complètement à sec.
y) Ueber Bufonin and Bufotalin, 35 pages. Leipzig, Hirschfeld, igo2.
(-) L'un de nous reviendra sur la nature de cette substance qui ne possède, lor:
qu'elle est pure, aucun pouvoir toxique.
/j8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Le corps obtenu de celle façon est un des principes actifs du venin, celui qui agit
sur le cœur de la grenouille et l'arrête en systole. Il se présente sous l'aspect d'une
résine transparente, presque incolore, dont la composition centésimale répond à la
formule G'i«H'7»0^\ ( Trouvé : C, 71,21; H, 8,67. —Calculé : G, 71,48; H, 8,55,)
» Malgré cette composition, différente de celle trouvée à la bufotalino
par Faust, nous croyons avoir affaire absolument au même principe. L •
bufotaline de Faust était souillée par un corps acide, car la nôtre est tout à
fait neutre.
» La bufotaline pure est très soluble dans l'alcool, le chloroforme, l'acétone, l'acé-
tate d'élhyle et l'acide acétique ; moins soluble dans l'éther, très peu dans le tétra-
chlorure de carbone, insoluble ou presque insoluble dans le sulfure de carbone, le
benzène et l'éther de pétrole. Lorsqu'on ajoute de l'eau à sa solution alcoolique, elle
se précipite en donnant une émulsion blanche qui finit par se dissoudre dans un grand
excès d'eau. C'est la solution aqueuse ainsi obtenue qui a servi aux expériences
physiologiques. Bien que très diluée, elle a une saveur fortement amère et laisse sur
la langue une sensation spéciale 1res persistante.
» Le second principe actif du venin, celui qui agit sur le système ner-
veux et détermine la paralysie, reste dans l'extrait aqueux d'oij l'on a
séparé le poison cardiaque.
» Il renferme encore une certaine quantité de celui-ci et quelques autres substances,
parmi lesquelles une matière albuminoïde et du chlorure de sodium. Pour le purifier,
on le reprend par l'alcool à 96°; la solution filtrée est distillée, et le résidu, dissous
dans l'eau, est déféqué par le sous-acétate de plomb et l'hydrogène sulfuré. On ob-
tient de la sorte une solution peu colorée qu'on épuise successivement par le chloro-
forme, pour extraire le reste de bufotaline, et par l'éther, qui enlève presque tout
l'acide acétique.
» Ce nouveau principe, que nous appelons bufoténine, se trouve dans le
résidu de la solution, évaporée à sec dans le vide.
)) En résumé, le venin de crapaud commun doit son activité à la pré-
sence de deux substances principales : la bufotaline, de nature résinoïde,
soluble dans l'alcool et peu soluble dans l'eau, et la bufoténine, très
soluble dans ces deux dissolvants. Injecté à la grenouille, il amène l'arrêt
du cœur en systole, à cause de la première substance, comme cela a été
reconnu d'abord par Faust; la paralysie est provoquée, au contraire, par
la bufoténine. »
SÉANCE DU 7 JUILLET 1902. ^g
CHIMIE ANIMALE. — Sur la nature de la bufomne.
Note de M. Gabriel Bertrand, présentée par M. Roux.
« On a vu, dans une Note que j'ai publiée avec M. C. Phisalix(*), que le
venin du crapaud doit sa toxicité à deux substances principales : la bufo-
taline, arrêtant le cœur de la grenouille en systole, absolument comme la
digitaline, et la bufoténine, que son action paralysante rapproche jusqu'à
un certain point du curare.
» Faust, d'après un Mémoire récent ('), a déjà obtenu la première de
ces substances, mais à l'état impur. La seconde lui a échappé, mais, par
contre, il a décrit un autre corps cristallisé, fusible à -h i^oP, auquel il a
donné le nom de hufonine.
» D'après lui, ce nouveau corps répondrait à la formule C^^H^^O".
Facilement soluble dans l'alcool chaud, le chloroforme et le benzène, il se
dissout difficilement dans l'éther, très peu dans l'alcool froid et dans l'eau.
Avec le chloroforme ou l'anhydride acétique et l'acide sulfurique, il donne
à peu prés les réactions colorées de la cholestérine; mais, au contraire de
cette substance, il peut être évaporé à sec avec de l'acide chlorhydrique
et du perchlorure de fer sans fournir aucune coloration. Enfin, la bufo-
nine posséderait la même action physiologique que la bufotaline, mais à
un degré très faible, vraisemblablement, ajoute Faust, à cause de sa dif-
ficile solubilité.
» Comme j'en ai déjà fait la remarque avec M. C. Phisalix, la hufonine
n'existe pas dans le venin du crapaud extrait directement des glandes. Elle
tire son origine des autres parties de la peau, et la confusion de Faust pro-
vient de la méthode employée par lui pour l'étude du venin.
» Cette méthode consiste, en effet, à faire macérer les peaux entières des crapauds
avec de l'alcool à 96°. Après plusieurs semaines, on évapore la solution pour chasser
l'alcool, et l'on reprend le résidu par l'eau. La partie insoluble, recristallisée dans
l'alcool chaud, constitue la hufonine (^).
» J'ai obtenu la même substance, non seulement par la méthode de Faust, mais
(*) Voir ci-dessus, p. 46.
(*) Ueher Bufonin und Bufotalin, brochure de 35 pages. Leipzig, Hirschfeld,
1902.
(*) Comme la bufotaline est très peu soluble dans l'eau, une certaine quantité doit
se précipiter aussi quand on reprend l'extrait alcoolique.
C. R., 190a, 2* Semestre. (T. CXXXV, N° 1.) 7
5o ACADÉMIE DES SCIENCES.
mieux encore en épuisant les peaux desséchées dans le vide par le sulfure de carbone.
L'extrait sulfocarbonique, placé dans un endroit froid, se prend peu à peu en une
bouillie cristalline. On essore à la trompe et l'on purifie la partie solide en la recristal-
lîsant plusieurs fois à l'aide de l'alcool.
» 11 m'a fallu i^oo crapauds pour obtenir 7^ de cette substance que j'ai pu identi-
fier ensuite avec la cholestérine ordinaire.
» Ce n'est cependant pas sans quelques difficultés que je suis arrivé à ce dernier
résultat. Le produit extrait des peaux de crapauds retient avec persistance une petite
quantité de substances étrangères, principalement des graisses, pour lesquelles il est
un très bon dissolvant, même à l'état solide. Ces substances modifient d'une manière
sensible ses propriétés physiques et ses réactions colorées, et, comme cela est arrivé
peut-être dans d'autres cas, on croit qu'il s'agit d'un corps différent de la choles-
térine.
» En prenant de l'alcool d'un titre relativement faible, à 90 centièmes, on arrive
déjà à une purification avancée. Cet alcool dissout à peine les matières grasses et les
sépare au mieux de la cholestérine qu'on retrouve, après une série de cristallisations,
avec ses principales constantes physiques : point de fusion, solubilité et pouvoir rota-
toire.
» Ce point acquis, on peut opérer la purification d'une manière beaucoup plus rapide
en traitant le produit, grossièrement purifié, parla potasse alcoolique. Dans une expé-
rience conduite quantitativement, on a chauffé 2s, 84 de produit, déjà cristallisé deux
fois dans l'alcool à 96°, avec io'='"M'alcool et os, 5 de potasse. Après 10 minutes d'ébul-
lition, on a évaporé à sec au bain-marie, repris le résidu par l'eau et épuisé l'émulsion
par l'éther, dans une boule à robinet. L'éther, filtré et distillé, a laissé 2^, 24 de résidu.
Celui-ci, recristallisé dans un peu d'alcool, a donné finalement 28,22 de cholestérine
blanche, nacrée, fondant à i48o (au bloc Maquenne).
» D'autre part, la solution alcaline, acidulée par l'acide chlorhydrique, évaporée à
sec et épuisée par l'éther, a abandonné à celui-ci os, 07 de substances ayant l'aspect et
les principaux caractères des acides gras.
» Si l'on tient compte du poids moléculaire de la cholestérine et des chiffres de
rendements donnés par cette expérience, on voit qu'on avait bien affaire à de la cho-
lestérine, légèrement impure, et non à une combinaison définie de ce corps.
» J'ai comparé, pour plus de certitude, la cholestérine des peaux de crapauds avec
celle extraite des calculs biliaires de l'homme et purifiée, elle aussi, avec grand
soin.
» Les analyses élémentaires ont donné des résultats concordants :
Cholestérine Cholestérine
du crapaud. biliaire.
Carbone 84, o3 84,16
Hydrogène 12,12 12, i5
» Les déterminations du point de fusion (au bloc Maquenne), de la solubilité (dans
l'alcool à 90°) et du pouvoir rotatoire (dans le chloroforme) ont donné les mêmes
chiffres :
SÉANCE DU 7 JUILLET 1902. 5l
Cholestérine Cholestériae
du crapaud. biliaire.
Point de fusion + i48° + i48°
Solubilité {t=:-+- i8°-i9°) 0,44 pour 100 0,42 pour 100
(«)d à + 25° (concentration : 2 pour 100) — 37°3o' — 37°3o'(*)
» Enfin, toutes les réactions colorées, y compris celle à l'acide chlorhydrique et au
perchlorure de fer, ont été absolument identiques.
» Il faut conclure de là que la bufonine de Faust n'est pas un principe
immédiat nouveau : c'est tout simplement de la cholestérine ordinaire,
lévogyre, souillée par diverses impuretés, parmi lesquelles un peu de bufo-
taline lui donne une certaine activité sur le cœur de la grenouille. »
CHIMIE VÉGÉTALE. — Influence de C acide suif ocyanique sur la végétation
de /'Aspergillus niger. Note de M. A. Fernbach, présenté par M. Roux.
« J'ai eu l'occasion d'observer à plusieurs reprises la végétation de
V Aspergillus niger sur un liquide Raulin, son milieu de culture habituel,
dans lequel avait été introduit accidentellement du sulfocyanate d'ammo-
niaque, sel qui se trouvait comme impureté dans le nitrate d'ammoniaque
ayant servi à la préparation du liquide.
» L'effet du sulfocyanate reste d'abord insensible, si l'on se contente
d'un examen superficiel, comme celui de l'aspect général de la culture.
Comme le démontrent les chiffres indiqués plus loin, le développement
du mycélium de la moisissure est à peu près normal jusqu'au moment où
commence habituellement la fructification. A partir de ce moment, le
mycélium semble rester inerte : on ne voit pas apparaître de spores, et la
végétation se maintient dans cet état pendant un temps d'autant plus long
que la dose de sulfocyanate est plus considérable.
» Voici une série d'expériences faites comparativement avec le liquide Raulin nor-
mal, et ce même liquide additionné de doses croissantes de sulfocyanate d'ammo-
niaque. Les cultures ont été faites dans des fioles à fond plat, renfermant chacune,
dans 55*^™' de liquide Raulin, 28,2 de sucre et ensemencées autant que possible avec le
même nombre de spores. Au bout de 69 heures, on a déterminé la quantité totale de
sucre consommé, et le poids de la récolte obtenue.
I. II. III. IV.
e g g g
Dose de sulfocyanate par litre 0,0 0,1 0,2 o,5
Sucre consommé 2,2 2,0 i ,85 i ,47
Poids de plante 1,024 0,807 0,721 0,621
Rapport du poids de plante au sucre consommé. o,5i o,4o Oj^g o,4i
(*) Rapporté au produit fondu, c'est-à-dire déshydraté.
52 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Au momeol où 4'expérience a été arrêtée, la fructification était normale dans le
vase I; le noircissement ne s'était produit que sur les bords dans la fiole II; il était
très discret sur la fiole III, et n'existait pas dans la fiole IV, qui est restée au même
état pendant 6 jours.
» Comaie on le voit, la présence du sulfocyanate d'ammoniaque ne
gêne pas d'une manière sensible le développement du mycélium, et ne se
traduit que par une utilisation un peu moins bonne du sucre, qui reste
d'ailleurs à peu près la même pour les diverses doses de sulfocyanate
étudiées.
» Le seul fait remarquable est l'arrêt de la fructification, qui ne com-
mence à apparaître, comme j'ai pu m'en convaincre, que lorsque le liquide
ne donne plus la réaction du sulfocyanate, c'est-à-dire lorsque la moisis-
sure est parvenue à éliminer ce sel, vraisemblablement par oxydation.
» Ce retard apporté à la fructification mérite d'autant mieux d'être
signalé qu'il est en opposition avec l'effet observé le plus généralement
dans l'action des substances gênantes sur le développement des êtres infé-
rieurs et en particulier des moisissures : celles-ci, au contraire de ce que
nous venons de constater, traduisent le plus souvent leur gêne par une
diminution très sensible du poids de mycélium, et par une augmentation
de la rapidité avec laquelle elles produisent leurs spores, c'est-à-dire leurs
formes de résistance. »
PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — De V influence de la choline sur les sécrétions
glandulaires. Note de M. A. Desgrez, présentée par M. Bouchard.
« Dans les recherches que nous avons faites, M. Zaky et moi, relative-
ment à l'influence de la choline et de la bétaïne sur les échanges nutritifs,
ces bases nous ont paru exercer une action excitante sur les sécrétions
salivaire et rénale. On sait, d'autre part, depuis longtemps, que la pilocar-
pine présente une action analogue avec une intensité toute particulière et
que, de plus, la sécrétion pancréatique qu'elle détermine est douée d'une
activité protéolytique manifeste. Comme la pilocarpine et la choline ren-
ferment un commun groupement de triméthylamine [Az(CH^)'], comme
elles se dédoublent l'une et l'autre, à chaud, par action de l'eau seule,
avec production de cette base, j'ai pensé que ces analogies de constitution
chimique et de facile décomposition pouvaient entraîner une analogie
d'effet physiologique, c'est-à-dire que la choline devait bien réellement
exercer, à la façon de la pilocarpine, une influence marquée sur les phé-
SÉANCE DU 7 JUILLET I902. 53
nomènes sécrétoires. L'intérêt de cette question réside non seulement
dans la démonstration de l'action d'un groupement chimique défini sur un
ordre de phénomènes physiologiques, mais encore dans ce fait que, lacho-
line étant une base très répandue dans l'organisme, il importe de déter-
miner exactement les divers rôles qu'elle peut y remplir.
» Les premières expériences que j'ai faites sur le lapin et le chien ont justifié mes
prévisions et montré que la choline injectée par voie intra-veineuse, à des doses variant
entre os,oo2 et os,oi5 par kilogramme d'animal, augmente tout à la fois les sécrétions
salivaire, pancréatique, biliaire et rénale.
» Grâce à l'obligeant concours de M.L. Camus, chef des travaux physiologiques à
la Faculté, j'ai pu inscrire les phénomènes et conserver une mesure exacte de l'in-
fluence de la choline sur les sécrétions précédentes. Les animaux recevant, par voie
intra-veineuse, o§, 10 de chloralose par kilogramme, étaient ainsi anesthésiés en un
temps variant entre 20 et 3o minutes. On isolait ensuite les divers canaux excréteurs
et prenait, s'il y avait lieu, une inscription de la sécrétion normale. La choline in-
jectée produisait son efl"et en une demi-minute ou une minute au plus, simultanément
j^our les sécrétions pancréatique et biliaire, avec un léger retard pour la sécrétion
salivaire, au contraire avec un retard très marqué pour la sécrétion rénale.
» L Sécrétion salivaire. — La salive mixte produite par injection de choline devient
tellement abondante chez le lapin qu'elle peut entraîner l'asphyxie de l'animal
endormi. Chez le chien, on a enregistré la sécrétion éliminée par le canal de War-
thon ; tandis qu'elle était, normalement, de i goutte en 3 ou 4 minutes, elle s'est accrue
de 38 à /40 gouttes, dans le même temps, sous l'influence de os,oi de choline par kilo-
gramme d'animal.
» II. Sécrétion pancréatique. — A été prise sur le canal de Wirsung, après liga-
ture préalable du canal accessoire de Santorini. Cette sécrétion, qui ne coulait pas
normalement, a donné de 8 à 10 gouttes de suc, en 4 minutes, avec la même dose de
base que précédemment. Quant à l'activité protéolytique du suc ainsi obtenu, elle s'est
montrée sensiblement égale à celle du suc fourni parla pilocarpine; 3*"°' de ce suc
ont dissous, en 24 heures et à 37°, 0^,70 d'albumine d'œuf coagulée; avec le même
volume de suc sécrété après injection de pilocarpine, 0^,70 d'albumine coagulée ont
été dissous en 20 heures.
» III. Sécrétion biliaire. — A été prise sur le canal cholédoque, après ligature du
canal cystique, afin d'éviter l'influence de contractions possibles de la vésicule biliaire.
Cette sécrétion est toujours accrue par la choline, quoique de façon inégale suivant
les animaux. Tandis qu'elle ne dépasse pas normalement 8 à 10 gouttes en 6 minutes,
elle atteint, chez le chien, 18 à 24 gouttes, dans le même temps, avec os,oi de choline
par kilogramme d'animal.
» IV. Sécrétion rénale. — Pour une chienne pesant i5''8 et n'ayant reçu en tout
que oe,02 de choline, on a eniegistré séparément les sécrétions fournies par chacun des
deux reins. Voici la somme des résultats inscrits après une première injection :
en 36 minutes, 167 gouttes pour le rein droit, 198 gouttes pour le rein gauche, alors
qu'à l'état normal le premier donnait 84 gouttes et le second 96 gouttes dans le même
54 ACADÉMIE DES SCIENCES.
temps. A la suite d'une deuxième injection de la même dose, ces différences se sont
encore accentuées : le rein droit a donné [\o\ gouttes, le rein gauche 478 gouttes en
54 minutes. Normalement, ils eussent inscrit : le premier 126 gouttes, le second
i44 gouttes dans le même temps.
» Sous l'influence de doses très faibles de choline, la sécrétion rénale peut donc
varier du simple au double ou même au triple. A noter qu'elle apparaît plus tardive-
ment que les précédentes et se prolonge plus longtemps.
» L'examen des urines ainsi éliminées a donné :
Azole total NaCl A
pour 1000. pour 1000. A. 6
g g o , o
1° Urine normale 8,67 i3,42 i,85 1,76
2° Urine du rein droit.. . 8,46 6,82 i,5i 1,87
3° Urine du rein gauche. 7,88 6,88 i,3o 1,42
» Les modifications de la sécrétion rénale ne consistent donc pas seulement en un
accroissement de l'activité glomérulaire, fait qui pourrait ne dépendre que de varia-
tions des conditions de la circulation sanguine, mais elles se traduisent également par
une augmentation très marquée de l'activité des épithéliums.
» Conclusion. — Bien qu'elle constitue un produit avancé du dédouble-
ment des albumines, la choline ne peut donc pas être considérée comme
inutile à l'organisme qui la produit ou qui la reçoit. Ce n'est pas un déchet,
au sens absolu du mot. J'ai déjà montré, avec M. Zaky, qu'elle exerce une
influence favorable sur les échanges nutritifs et contribue, en particulier,
à la rétention du phosphore. Les expériences précédentes établissent, en
outre, qu'elle agit par son groupement triméthylamine, identique d'ailleurs
à celui de la pilocarpine, pour provoquer, comme cette dernière, une
action favorisante marquée sur les sécrétions externes. »
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Disparition deS èthers dans le sang in vitro.
Note de MM. Maurice Doyon et Albert Morel, présentée par
M. A. Chauveau. (Extrait.)
« I. M. Hanriot avait annoncé une démonstration péremptoire de l'ac-
tion de sa lipase sur les graisses neutres naturelles, action que M. Arthus
venait de contester. M. Hanriot émulsionnait de l'huile avec du carbonate
de soude; le mélange additionné de sérum et placé à Tétuve devenait
acide. L'auteur concluait, de ce fait, à une saponification de l'huile. Nous
avons démontré que l'acidité est due, dans ces conditions, à l'action des
SÉANCE DU 7 JUILLET 1902. 55
microbes s'exerçnnt, principalement sinon exclusivement, sur le sérum;
la présence de l'huile n'est pas nécessaire. La réaction d'un mélange dé-
pourvu de microbes ne varie pas.
M II. Aujourd'hui M. Hanriot invoque une action qui s'exercerait sur
les graisses naturelles du sang : il entreprend d'en demander la preuve,
non plus à ses propres expériences, mais aux nôtres. Il faut distinguer
deux cas : le cas du sérum proprement dit, c'esL-à-dire débarrassé de glo-
bules; le cas du sang ou des sérums plus ou moins chargés de globules.
» 1. Dans le cas du sérum vrai, centrifugé, sans globules, notre Note
établit qu'il n'y a pas d'action lipasique appréciable. L'extrait éthéré ne
varie pour ainsi dire pas; il n'y a pas sensiblement d'acides gras; pas de
saponification. Les chiffres sont les suivants :
Acides
organiques
gras
combinés
combinés
orga-
Extrait
à Tétat
à l'état
niques
éthéré.
d'éthers.
de savons.
libres.
Glycérine.
3,96
2,95
0,29
0,53
néant
3,85
2,78
0,29
0,53
néant
Immédiatement après la saignée. 3,96
Après i44 heures à S'y" 3,85
» Cette expérience contredit nettement la préexistence d'une lipase
dans le plasma.
» 2. Deux autres expériences de la même Note se rapportent : l'une au
sang total du chien, l'autre à un sérum de cheval chargé de globules,
ayant séjourné des temps différents à l'étuve. Il se produit, dans ces
liquides, des actions que beaucoup de physiologistes tendent à attribuer
aux globules, car elles ont lieu dans le sang total; encore dans les sérums
globulaires; elles font défaut dans le sérum sans globules.
» Parmi ces réactions, il y a celles que nous avons indiquées; l'extrait
éthéré diminue dans le sang conservé aseptiquement à 37°; il n'apparaît
pas des quantités d'acides gras (libres ou combinés) ni de glycérine équi-
valentes. L'action qui fait disparaître les graisses n'est donc pas une sapo-
nification; le processus est autre. Le nouvel exemple que nous publions
vient à l'appui de nos premières conclusions.
» Du sang défibriné de chien (en digestion) est réparti en plusieurs
échantillons; ces échantillons sont flosés à des intervalles déterminés;
avant chaque dosage on recherchait la présence des microbes; tous ces
échantillons sont restés stériles, sauf le sang conservé en tube scellé.
56
ACADEMIE DES SCIENCES.
Acides
Immédiatement après
la saiffnée
Échantillons au con-1 Après 48 h., à Sy*
tact de l'air.
96
i44
192
organiques
gras
combinés
combinés
Extrait
à l'état
à l'état
organiques
éthéré.
d'éthers.
de savons.
libres.
Glycérine
Pour 1000.
Pour 1000.
Pour 1000.
Pour 1000.
Pour looc
s
6,7
4,982
0,620
0,20
Néant.
3,8
2,35o
o,6o3
0,29
Néant.
3,3
1,917
0,780
0,32
Néant.
2,4
1 ,25o
o,84o
0,45
Néant.
1,6
0,70
0,960
0,62
Néant.
Échantillon conservé
en tube scellé après 1
avoirété soumispen- > Après 192 h., à 37°.
dant 2 h. au vide de
la trompe (à i5°). /
6,1
0,49 Néant.
» En regard de cette lipase hypothétique, qui ne peut agir sur les graisses
vraies en présence de l'eau ni en l'absence d'oxygène, il convient de placer
la lipase réelle du pancréas, dont l'action est si nette et si facile, même dans
le vide de la trompe. »
PHYSIQUE BIOLOGIQUE. — Inhibition produite par voie d'interférence sur la
rétine. Note de M. Adg. Charpentier, présentée par M. d'Arsonval.
« Dans diverses Notes communiquées à l'Académie en 1891 et 1896,
j*ai montré que chaque excitation lumineuse détermine dans l'appareil
rétinien un double processus oscillatoire, qui se transmet à distance dans
des conditions que j'ai pu déterminer expérimentalement. J'ai pensé qu'en
partant de ce fait il serait possible de produire sur la rétine, comme je l'ai
déjà fait sur le nerf moteur, des phénomènes d'influence d'une excitation
sur une autre plus ou moins éloignée.
)) L'un des deux processus rétiniens se transmettant également dans
toutes les directions perd très rapidement de son intensité, et il n'est guère
possible de songer à lui pour réaliser ces phénomènes d'influence à
distance. Mais dans le second, la propagation s'opère en ligne droite, donc
sans perte trop grande, dans la direction du point de fixation, et de plus
on peut tirer parti du trait le plus apparent de cette réaction oscillatoire, la
production de la bande noire, qui n'est que la première phase négative de
SÉANCE DU 7 JUILLET 1902. 5^
roscillatfon rétinienne. La fréquence de cette dernière étant d'environ
36 par seconde, la bande noire connmencera à se produire environ ^r de
seconde après le début de l'excitation et se propagera avec une vitesse
connue d'après d'autres expériences. Si donc une excitation naît à un
instant donné en un point delà rétine, l'influence affaiblissante de la bande
noire se fera sentir sur une seconde excitation produite en un autre point
après un temps parfaitement déterminé et augmentant proportionnellement à
la distance des deux points excités. C'est en effet ce qu'on observe en se
plaçant dans certaines conditions. (Je néglige volontairement la première
phase de renforcement, dont j'ai observé aussi la transmission à distance,
mais qui est moins facile à étudier.)
» Cette expérience nous fournit donc, d'une part, une confirmation de
nos précédentes recherches; mais, en outre, elle nous permet de déter-
miner, par une nouvelle méthode, et la fréquence et la vitesse de propa-
gation radiale des oscillations rétiniennes.
» Remarquons l'analogie de cette méthode avec celle qui nous a servi
précédemment à mesurer la vitesse de propagation de l'excitation uni-
polaire dans le nerf (note du 26 juin 1899). On produit deux excitations
brèves en deux points séparés par une distance / sur la rétine (comme sur
le nerf) ; on cherche après combien de temps t lu seconde doit se produire
pour être influencée par la première. L'influence partie du premier point
s'étant produite après un temps k et s'étant propagée avec une vitesse Vy
on a
7 l
V
)) On répète l'expérience pour une nouvelle distance /' des deux points
excités, et l'on trouve un nouvel intervalle de temps t' dont la valeur est
t' = k -\- -■
V
» On tire de là
» On peut aussi calculer k, qui est égal à . — -p—; cela représente, dans
le cas actuel, la durée de la demi-période oscillatoire, après laquelle se
produit la bande noire dont nous apprécions l'effet à distance. Cet effet se
manifeste par l'obscurcissement d'une seconde excitation, quand les con
ditions de distance et de temps établies ci-dessus sont réalisées.
C. R., 1902, 2* Semestre. (T. CXXXV, N° 1.) ^
58 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Cette mélhode, facile à concevoir en principe, est plus difficile à
mettre en pratique. Il faut d'abord que la seconde excitation soit très
faible, pour qu'on puisse juger de l'arrivée de la bande noire par extinc-
tion ou quasi-extinction. Sa durée ne doit pas dépasser celle de la réaction
négative, soit yV de seconde, et il est préférable de la rendre plus faible
encore.
» De même il est bon de ne pas faire dépasser à l'excitation initiale
(beaucoup plus intense) la durée d'une oscillation rétinienne, soit j^ de
seconde. Il est facile d'obtenir ces deux excitations par deux secteurs de
largeur convenable qui passeront devant deux petites fenêtres fixes prati-
quées dans un large écran noir. Les deux secteurs pourront être écartés
plus ou moins l'un de l'autre pour faire varier l'intervalle de temps entre
les deux excitations. Je n'ai pas eu jusqu'ici les moyens de réaliser cette
variation d'une façon continue, aussi dans une première série d'expériences
j'ai opéré par tâtonnements successifs en achevant le réglage par de petits
changements de la distance de l'œil et, par suite, de l'intervalle rétinien
des points excités. Après une première détermination on répète l'expérience
en regardant à oeu près à la même distance deux autres fenêtres semblables
un peu plus écartées et pour lesquelles on a établi par tâtonnements un
autre intervalle de temps convenable. On doit fixer la seconde fenêtre ou
un point assez voisin situé sur la droite qui la joint à la première. Il y a en
outre des détails d'expérience assez délicats sur lesquels je ne puis insister.
)) J'ai obtenu, comme résultat moyen de i8 déterminations, yi*"
par seconde pour la vitesse de propagation de la réaction négative, et
33 périodes par seconde pour la fréquence de l'oscillation, ce qui concorde
suffisamment avec les résultats de mes précédentes méthodes. »
BIOLOGIE. — Sur l' autorégulation par l'acide carbonique du fonctionnement
énergélique des organismes. Note de M. Raphaël Dubois.
« Dans mon Livre sur le Mécanisme de la thermogenèse et du sommeil
chez les Mammifères (voir principalement p. 246-247 et 267) et dans
diverses publications antérieures et postérieures, j'ai montré que, seule,
l'accumulation de l'acide carbonique dans l'organisme peut a expliquer
» d'une manière satisfaisante le cycle du travail, de la fatigue, du sommeil
), et du réveil ». Par de nombreuses expériences j'ai prouvé que le som-
meil des aninuiux et des végétaux est une autonarcose carbonique, résultant
SÉANCE DU 7 JUILLET I902. , Sg
de leur fonctionnement périodique alternativement diurne et nocturne, et
que le sommeil hivernal, lui-même, n'est qu'une exagération de l'état de
sommeil ordinaire. L'étude approfondie des animaux hivernants m'a permis,
en outre, de mettre en lumière l'influence frénatrice de l'acide carbonique
sur la calorification, et d'établir que l'acide carbonique constitue le plus
admirable des régulateurs thermiques ( * ).
» On sait, en effet, que son pouvoir antithermique est considérable; or,
comme sa {)roduction augmente précisément en même temps que les causes
d'hyperthermie, telles que le travail musculaire ou, d'une manière générale,
proportionnellement aux oxydations, lesquelles présentent les plus impor-
tants des phénomènes exothermiques et exoénergétiques, il en résulte une
admirable compensation automatique. Cette dernière, par sa généralité et
par son intensité, laisse bien loin derrière elle tous les mécanismes de
régulation thermique, dont il est question dans les Traités de Physiologie
anthropologique.
» Chacun connaît les étroites relations qui relient le travail à la calori-
fication, à la fatigue, et l'influence de cette dernière sur le sommeil; mais,
en outre, on peut prouver expérimentalement que la fatigue est obtenue
par l'acide carbonique agissant directement sur l'économie, alors même
que celle-ci n'a pas épuisé ses réserves de potentiel énergétique. Pour
cela, il suffit de surcharger lentement de CO^ l'organisme, en respirant des
mélanges de CO- et d'air ou, mieux, de CO" et d'O, pour écarter toute in-
fluence anoxémique. Au bout d'un temps variable avec les proportions
du mélange gazeux et l'état du sujet, il survient une /a^yY^e telle que le
sujet a la plus grande peine à se tenir debout et à marcher, comme s'il avait
fait une marche forcée . C'est la fatigue, que tout le monde connaît, et pour-
tant CO-, loin d'avoir, dans ce cas, provoqué un épuisement des réserves,
a, bien au contraire, ralenti leur consommation, ainsi que l'indique la
sensation de froid et la tendance à l'hypothermie qui suit son inhalation
prolongée. Il y a donc, en même temps, économie par frénation des dé-
penses et production d'une sensation de fatigue intense.
» Comment peut-on expliquer cette autofrénation énergique par CO^ ?
» Si, au lieu d'air, on fait passer avec la vitesse d'une bulle par seconde
un mélange à parties égales d'air et d'acide carbonique, dans une solution
d'hydroquinone titrée contenant de la laccase, on remarque une diminu-
tion considérable de l'.îclioîi de l'oxydase.
(') Voir loc. cit., p. 263.
6o ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Il est possible que cela tienne uniquement à ce que CO- agit sur la lac-
case par sa fonction acide, mais il ne faut pas oublier qu'il est aussi un anes-
thésique très général pour le bioprotéon ou substance vivante. J'ajouterai
que, d'après mes expériences, ce n'est pas sur le pouvoir glycolytique du
sang que son action paraît s'exercer.
» En résumé, ce qu'il importe surtout de noter c'est que Vacide carbo-
nique produit la fatigue, même en présence de réserves énergétiques abondantes,
et qu'il est le plus général, le plus important et le plus merveilleux autorégula-
teur des phénomènes bioénergétiques : travail, biolhejmo genèse, bioélectro ge-
nèse, biophoto genèse et, principalement, de tous ceux dans lesquels l'oxygène
intervient.
» L'acide carbonique est le contrepoids de l'oxygène, qui provoque sa
formation dans le bioprotéon. Dans les organismes, il sert à empêcher les
dégagements exagérés de potentiel, de même qu'il est employé commu-
nément à combattre les incendies, mais toutefois par un mécanisme qui
n'est pas identique dans les deux cas. Il est temps de cesser de considérer
CO^ comme un simple déchet, inutile, sinon nuisible. »
ZOOLOGIE. — Influence de la température sur le développement parthé-
jiogénëtique. Note de M. C. Viguier, présentée par M. Edmond Perrier.
« Depuis que j'annonçai la parthénogenèse naturelle des Sphœrechinus,
Toxopneustes et Arbacia (^Comptes rendus, 20 juin 1900, et publications sub-
séquentes), elle n'a été affirmée pourjCes|animaux que par Ariola (/Ir^ac/a,
in Società Ligustica di Scienze, Gênes, 1902). Mais cet auteur n'a vu que
ce qu'il appelle « un principio di divizione partenogenetica, che e inferiore
allô stadio dimorula » et qui correspond à ce que je nomme segmentations
irrégulières ou fausses segmentations. Les figures de sa planche IX sont
démonstratives à cet égard. Quant à moi, je n'ai jamais parlé de parthéno-
genèse que lorsque j'obtenais des larves régulières et actives. Les Arbacia
de Napies sont donc, à cet égard, moins favorables à l'élude que ceux
d'Alger; ou plutôt Ariola n'étudia qu'un troj) petit nombre de sujets.
» J'avais, en 1901, repris ce travail sur les Toxopneustes el les Arbacia
seulement; obtenant des plutei pour les premiers, et seulement des gas-
trulas pour les seconds.
» Aussi A. -P. Mathews (Am. J. ofPhys., t. VI, p. i5i) attribue-t-il mes
résultats moins favorables de 1901 à ce que l'eau de mes expériences était
SÉANCE DU 7 JUILLET 1902. 61
mieux stérilisée; les développements signalés par moi comme parthénogé-
nétiques étant dus, suivant lui, comme suivant Loeb(/lm. J.of. Phys., t. V,
p. 434)» à une fécondation involontaire des œufs témoins.
» J'ai d'autant plus lieu de m'étonner de cette assertion que, si des œufs
témoinsétaient involontairement fécondés, ils devraient avoir un dévelop-
pement semblable à celui des œufs volontairement fécondés. Le fait même
qu'ils évoluent autrement, fait que j*ai signalé dès le début, montre que
leur nature est différente.
» J'avais, du reste, dit expressément, dans ma Note ( Com/>;e5 rendus^
10 juin 1901), que la température me paraissait surtout jouer un rôle; et
Mathews aurait dû connaître cette Note.
» J'ai repris une troisième fois, cette année, ces études sur leSph., le Toa;. elVArb.,
et le Service météorologique de l'Algérie a bien voulu me communiquer ses feuilles
de 1900, 1901 et 1902.
Nombre d'heures au-dessus de 3o°
» 25°
» 20"
» i5°
Nombre d'heures au-dessous de i5°
Total ....
)) Les conditions de ce mois de mai ont donc été plus défavorables encore qu'en 1901 ;
et je ne dois d'avoir obtenu des résultats probants qu'à ce que j'ai pu suivre mes
expériences jusqu'au 9 juin. La température ne se releva définitivement qu'à partir du
27 mai, et les 10 premiers jours de juin donnent, pour 2^0 heures : 3o minutes au-dessus
de 35°, 4 heures au-dessus rie 3o°, i5 heures au-dessus de 25°, i33 heures au-dessus
de 20°; et 87 heures 3o minutes au-dessus de i5°, o au-dessous.
» Je publierai les courbes, et celles des mois d'avril.
» J'ai fait cette année i4 cultures de Sphœiechinus (1129) du 17 avril au 6 juin
(les cultures sont toujours indiquées ici par leur date d'origine).
» Pour les Toxopneustes, 12 cultures (io6ç)) du i""" mai au 6 juin.
» Pour les Arbacia, 12 cultures (1769) du 3o avril au 7 juin.
)) Total 39^9, des 3 espèces; et, pour les 3 années, 7i3q comptées, plus un cer-
tain nombre non compté en 1900.
» Si l'on tient compte de la température, les lésultats des 3 années concordent tout
à fait.
» Les 7 premières cultures de Sphœrechinus, du 17 avril au 16 mai, ne m'ont rien
donné. La température monte brusquement le 19, et la culture du 21 donne des larves
rares, qui s'arrêtent au stade blastula; le 23, j'obtiens des blastulas, des gastrulas, et
des plutei fort rares. Le thermomètre avait de nouveau baissé; et, pour la culture
Mois de Mai .
1900.
igoL
1902.
Il
h
h
2
0
0
36
5
I I
25o
127
lOI
/il2
5i7
4i5
44
95
217
744
744
744
62 ACADÉMIE DES SCIENCES.
du 23, je ne trouve que 2 plutei; pour celle du 3o, que de rares blastulas peu actives.
La température remontant à partir du 27, la culture du 3i donne des plutei à grands
bras et des larves à tous les états, toutes très actives. Une légère baisse se produit à
partir du i*"" juin : la culture du 5 ne donne que quelques plutei, et celle du 6 rien.
» Toxopneustes : 2 et 7 mai, rien; 9, une seule blastula immobile; i4, des blastulas
mobiles très actives; 16, rien; 21, plutei de tous âges; 23, quelques très grands
plutei; 28, rien; 3o, une seule blastula très active; 5 juin, grands plutei très actifs;
6, rien.
» Arbacia : 3o avril, segm. 4 ; 7 mai, début de l'invagination gastrulaire ; 16, une blas-
tula très jeune; 21, des blastulas très petites et très rares; 22, des gastrulas; 28, des
gastrulas; 3o, une seule blastula; 5 juin, des plutei très actifs; 6 et 7 juin, des plutei
à grands bras, ces derniers très en avance sur les fécondés de même origine.
» Les états indiqués ci-dessus sont les états les plus avancés observés
chez les parthénogénétiques naturels. »
ZOOLOGIE. — Sur révolution des formations branchialea chez le Lézard
et l'Orvet. Note de MM. Prexant et Saint-Remy, présentée par
M. Edmond Perrier.
« Le développement des dérivés branchiaux des Sauriens a été suivi,
chez les Lacerla, par de Menron, van Bemmelen, Maurer. Nous avons
reconnu, sur 'es L. agiiis elL. viridis, l'exactitude générale des données de
Maurer (Morph. Jahrb., t. XXVII); son désaccord avec la {)kipnrt des au-
teurs sur le nombre des fentes tient à ce qu'il ne compte pas la fente buc-
cale, dont le caractère de fente branchiale est bien prouvé par ce fait que,
chez les Couleuvres, elle donne un dérivé identique à celui de la fente
suivante, il y a donc, chez les Lacerta, cinq fentes branchiales dont la
première ne fournitaucune ébauche, et les quatre fentes de Maurer doivent
être reculées d'un rang.
» Nous avons étudié également l'Orvet, qui appartient à un autre sous-
ordre. Il s'y développe les mêmes organes que chez les Lacerta; mais, par
suite de la suppression de la dernière fente, ces organes se constituent
respectivement aux dépens de la fente précédente, de la façon suivante :
» 1''^ fente. — Elle ne forme aucune ébauche; elle présente au début un organe sen-
soriel dorsal qu'on observe aussi chez le Lézard et la Couleuvre.
» 11^ fente. — Elle émet une très petite évaginalion dorso-interne, dont l'épithélium
prend un développement considérable et s'allonge pour former en arrière un volu-
mineux bourgeon plein, qui devient le thymus antérieur. tJn pédoncule grêle ra(-
SÉANCE DU 7 JUILLET 1902. 63
tache encore quelque temps cette ébauche au pharynx et, quand il se détruit, il laisse
sa base implantée dans l'épithélium pharyngien, où elle devient un petit nodule d'élé-
ments lymphoïdes, d'importance très variable, qu'on retrouve chez des embryons très
avancés.
» Il l^ fente. — Elle donne naissance également à une petite évagination dorso-
interne dont l'épithélium s'allonge et se renfle en massue pour former l'ébauche
pleine du thymus postérieur, organe qui fait suite au premier et n'en difi'ère que par
le volume. Ventralement la fente se creuse et émet un cordon épithélial plein qui dis-
paraît de bonne heure, mais est intéressant par son analogie avec le bourgeon thy-
mique des Mammifères. Dans cette région, la feule s'isole de l'épithélium tégumentaire,
du pharynx et de l'ébauche thymique et se développe en une ébauche creuse qui de-
vient une glandule parathy inique {corpuscule épithélial) située contre la partie
postérieure et ventrale de ce thymus.
» IV^ fente. — La portion proximale de la fente, isolée de l'épithélium tégumen-
taire, épaissit beaucoup sa paroi et devient une ébauche creuse qui peut être comparée
à la glandule parathymique : mais elle se détruit par régression et disparaît complè-
tement de bonne heure.
» V^ fente. — Elle s'est montrée réduite à une sorte de petite évagination du pha-
rynx chez nos plus jeunes embrj'ons mesurant 10"'™ de longueur; elle n'est bientôt
plus représentée que par un jjelit bouton et ne tarde pas à disparaître.
» Evagination post-branchiale. — Elle se forme à l'origine des deux côtés, mais
bientôt celle du côté gauche régresse et disparaît complètement, sauf de rares excep-
tions ; celle de droite seule se développe en une glande qui atteint son maximum dans
le jeune âge et régresse chez l'adulte. »
ZOOLOGIE. — Contributions à L'étude anatomique du Rhabdopleura
Normani Allm. Note de MM. A. Conte et C. Vaney, présentée par
M. Alfred Giard.
« Au cours de la campagne du Caudan, dans le golfe de Gascogne,
M. le professeur R. Rœhler a rencontré, sur des branches de Lophohelia
proliféra Pallas, de nombreuses colonies de Rhabdopleura Normani Allm.
Ge sont ces matériaux, mis obligeamment à notre disposition et, pour la
plupart, dans un état de parfaite fixation, qui nous ont permis de reprendre
toute l'étude de l'anatomie et du bourgeonnement de cette curieuse espèce.
Malgré les recherches d'Allman, Sars, Ray-Lankester etFowler, l'anatomie
n'en est qu'imparfaitement connue et Fowlei-, qui en précise les affinités,
reconnaît n'avoir eu en main que des matériaux d'une conservation impar-
faite.
» La paroi du corps de l'animal présente une cuticule, surtout bien visible chez les
formes en dégénérescence. Le pédoncule s'insère tout à fait en avant, en un point d'où
64 ACADÉMIE DES SCIENCES.
divergent le corps proprement dit, répistome et les deux bras. Les fibres musculaires
de ce pédoncule se prolongent dans les bras et dans Tépistome.
» L'épistome présente de grosses taches pigmentaires dont le groupement en un
point a fait considérer cette région comme pourvue d'un organe visuel; cette hypo-
thèse ne peut être admise, la disposition et le nombre des taches pigmentaires variant
avec les individus.
» Le tube digestif présente la disposition et les caractères observés par Ray-Lan-
kester. En ce qui concerne les organes génitaux, cet auteur a signalé un testicule
dont l'existence a été depuis niée par Fowler. Nous avons retrouvé cet organe dans un
grand nombre d'exemplaires; il a exactement la forme allongée figurée par Ray-Lan-
kester, mais nous n'avons pas constaté l'existence d'un pore génital mâle. Nous avons
pu observer la spermatogenèse; toutefois, les spermatozoïdes de nos échantillons n'ont
pas tout à fait la forme représentée par ce savant : ces spermatozoïdes sont de petits
bâtonnets légèrement effilés à une extrémité. Le testicule lui-même provient d'une
difi"érenciation de l'extrémité antérieure du pédoncule; celle-ci se produit sur une
longueur presque égale à celle du corps de l'animal; la portion axiale de cet organe
seule se dinférencie et elle est entourée par une membrane d'enveloppe formée de la
portion périphérique du pédoncule. Quant à l'ovaire, il était totalement inconnu.
Nous avons rencontré sur de nombreux individus et à la base du pédoncule des ovules
en voie de développement; ceux-ci se forment aussi aux dépens de la portion axiale
du pédoncule, mais à l'extrémité opposée à celle où se développe le testicule. En ce
qui concerne la sexualité, il paraît y avoir un hermaphroditisme successif avec proto-
gynie ; les individus pourvus d'un testicule bien développé sont en dégénérescence.
» L'espace compris entre la paroi du corps et l'intestin est occupé par un tissu
formé de travées cellulaires; ce tissu se continue sans aucune interruption dans
l'épistome et les bras; les subdivisions indiquées par Fowler n'existent pas. Tout
l'espace ainsi occupé par ce tissu a été considéré comme la cavité générale : une
semblable homologation ne peut être admise surtout chez un être aussi aberrant
et seule la connaissance de son développement embryonnaire pourra permettre de
résoudre cette question ; mais nous pensons, qu'en l'état actuel il n'y a pas lieu de
baser, sur ce caractère, les affinités du Rhabdopleura. Nous avons vainement cherché
les canaux excréteurs et les pores collaires signalés par Fowler et représentés par cet
auteur dans des coupes histologiques schématiques.
« Un dernier point important nous reste à examiner, c'est celui de la présence d'un
organe identifié par Fowler à une notochorde et qui a conduit cet auteur à réunir
celte espèce dans le groupe des Hémichordés, avec le Balanoglossas et le Cephalo-
discus. Nous avons été assez heureux pour retrouver, tant sur des individus in toto
que sur des coupes en série, l'organe décrit comme chorde dorsale, mais il n'existe
pas sur tous nos échantillons. Nous avons pu constater que cette prétendue chorde
n'était autre chose que l'extrémité antérieure du pédoncule; celle-ci va donner nais-
sance au testicule et elle off"reau cours de sa transformation une structure identique à
celle signalée par Fowler pour la notochorde.
» En résumé, de cette étude anatomique du Rhabdopleura Normani Ali m.
résultent les conclusions principales suivantes :
SÉANCE DU 1 JUILLET î(J0 2. 6*)
» 1** Le testicule et l'ovaire j)roviennent de diCféreRciations des deux
extrémités du pédoncule;
» Q."" L'espace compris entre la paroi du corps et les organes internes est
occupé par un tissu conjonctif trabéculaire; il n'est pas subdivisé par des
septums et, en l'état actuel, il ne peut pas être homologué à une cavité
générale;
)) 3° Il n'v a pas de notochorde.
M Dans une Note ultérieure, nous nous proposons d'examiner en détail
le bourgeonnement et les affinités de cet animal. «
ZOOLOGIE. — Sur la cause des colorations changeantes des téguments.
Note de M. le D'" H. Mandoul, présentée par M. Alfred Giard.
« Certaines couleurs, telles que les irisations des coquilles, des écailles
des Poissons, des ades des Insecles, les teintes chatoyantes et les reflets
métalliques des Insectes, des plumes des Oiseaux, se distinguent pnr leur
éclat et leur variabilité. Des opinions diverses ont été émises sur le méca-
nisme de leur production. Les uns (Gadow, Krukenberg) les attribuent à
des phénomènes de dispersion (par les prismes ou les réseaux); Bi ùcke les
considère comme dus à des phénomènes de lames minces. Aucun n'a
donné la preuve de son assertion. J'ai pu me convaincre, par l'étude de
ces colorations à l'aide de moyens rigoureux d'investigation, que c'est aux
phénomènes d'interférence par les lames minces qu'elles doivent être
rattachées.
» L'aspect de ces colorations (poils de V Aphrodite aculeata, corpu'lle
d'Haliotis tuberculata, aile de Morpho Cypris; plumes de la gorge du Pigeon,
du Sifilet, du Rubis-topaze, du Douinate confère, du Couroucou resplen-
dissant, du Paon, etc.) rappelle celui des couleurs des lames minces de
Newton d'ordre [)lus ou moins élevé, c'est-à-dire correspondant à des
épaisseurs de lame plus ou moins grandes. L'observation directe montre, en
outre, que ces teintes changent avec l'incidence, fait bien connu pour les
couleurs des lames minces.
» La comparaison des spectres de ces colorations et des spectres donnés
par les teintes des lames minces permet d'établir entre elles un nouveau
rapprochement. (iMéthode des spectres cannelés de Fizeau et Foucault.)
» D'ailleurs, ces couleurs ne montrent pas de dichroisme véritable
(examen à la loupe dycliroscopique d'Heidinger), sauf, peut-être, celles
de certains Coléoptères. On ne peut extraire de pigments ayant ce carac-
tère, et, enfin, la teinte disparait à la lumière transmise.
G. R., icjo;, 2= Semestre. (T. CXXXV, N° 1.) V)
66 ACADÉMIE DES SCIENCES.
)) L'examen microscopique des téguments montre que l'on a affaire,
dans tous ces cas, à une structure lamelleuse (les lames ayant des dimen-
sions de l'ordre de la longueur d'onde) : lamelles de la couche nacrée des
coquilles ; cuticule mmce des Vers, des Insectes, des barbules de plumes ;
lames de guanine et de guanate de chaux (Poissons, Amphibiens). La cou-
leur des lames dépend de leur nature, de leur épaisseur et de l'incidence
sous laquelle on les examine. La présence d'un écran pigmentaire noir,
sous-jacent, est une condition favorable à la manifestation de ces colora-
tions. Je n'ai jamais trouvé, dans tous ces cas, une vraie structure réticulée
(réseau physique) permettant la production du phénomène des réseaux,
comme certains auteurs l'ont avancé. Ce phénomène nécessite, en effet,
un système de stries très régulières, très fines, et dont les dimensions et
l'écartement soient de l'ordre de la longueur d'onde (5o, loo, 200,
3oo stries par millimètre).
» La distribution de la coloration à la surface du corps apparaît sou-
vent comme étant déterminée par les rapports que les diverses régions
présentent avec le milieu. C'est ainsi que, chez les Oiseaux, les couleurs
de structure se localisent de préférence sur les plumes de revêtement
(gorge, cou, tète). La fonction de ces plumes leur permet, en effet, de
présenter une structure éminemment favorable à la production de ces cou-
leurs (élargissement de la barbule, disparition des crochets, lame cuticu-
laire mince et écran pigmentaire sous-jacent bien développé). »
ÉCONOMIE RURALE. — Sur un nouveau, procédé pour la destruction de la
pyrale et d'autres insectes nuisibles. Note de MM. Vermorel et Gastine,
présentée par M. Joannes Chatin.
« Malgré l'application généralisée de l'ébouillantage, les ravages de la
pyrale se sont notablement étendus, cette année, dans le Beaujolais. Il est
manifeste que la méthode de Raclet est insuffisante ou incertaine dans ses
effets, par suite des ddflcultés d'application.
» En présence de cette insuffisance, nous avons organisé, à la Station
viticole de Villefranche, une série d'expériences, en vue de détruire cet
insecte pendant la période même de ses ravages.
» Les pulvérisations avec des liquides insecticides, solutions ou émul-
sions savonneuses de pyrèlhre, de nicotine, de pétrole, de poisons végé-
taux divers, de SLdfure de carbone, sels de cuivre, etc., dont l'énomération
serait trop longue à fournir, ne nous ont donné aucun résultat. Protégées
par les toiles qu'elles tissent entre les feuilles, en repliant ces dernières,
les pyrales sont parfaitement à l'abri des liquides les plus pénétrants.
SÉANCE DU 7 JUILLET 1902. 67
» Abandonnant cette voie, nous avons eu recours aux. gaz et aux vapeurs toxiques :
gaz cyanhydrique, sulfureux: hydrogène sulfuré; vapeurs de nicotine, de sulfure de
carbone, etc., en opérant sous des cloches coniques en métal dont nous recouvrions
les souches en olUurant la base des cloches, reposant sur le sol, par un peu de terre
ramenée sur leurs parois. A l'intérieur des cloches on dégageait des doses croissantes
de ces gaz ou vapeurs; on faisait varier le temps de leur contact en observant les
effets sur les pyrales et sur la vigne.
» Le gaz cyanhydrique attaque violemment la végétation, même à doses minimes,
sans tuer toutes les pyrales. Le gaz sulfureux détruit bien la pyrale, mais aussi les
feuilles des vignes. La nicotine affecte la vigne, tout en n'offrant qu'une action insuf-
fisante sur la pyrale. Le sulfure de carbone est dans le même cas : de forts dosages
sont nécessaires pour atteindre la pyrale; mais, dans ce cas, les feuilles de la vigne
sont tuées et se dessèchent. De plus, un grand nombre des pyrales, paraissant mortes
après l'opération, ne sont qu'anesthésiées et se rétablissent en quelques heures. Le
chloroforme offre les mêmes inconvénients encore aggravés. L'hydrogène sulfuré agit
beaucoup mieux; à la dose de 5 à 7 pour 100 en volume dans l'atmosphère de la
cloche, la vigne ne souffre pas pour des expositions d'une durée d'une demi-heure;
beaucoup de pyrales sont empoisonnées. L'action insecticide reste toutefois insuffi-
sante, car elle épargne les pyrales les mieux renfermées dans leurs toiles. Ces pro-
cédés chimiques, même combinés entre eux, n'offrent pas, en résumé, une solution
satisfaisante.
» Nous avons eu recours alors à un procédé entièrement nouveau : l'ac-
tion (le la chaleur, que des expériences de laboratoire, effectuées par M. le
D*" Dewitz, à la Station viticole de Villefranche, nous avaient démontré très
efficaces contre nombre d'insectes. Les pyrales, exposées à une tempéra-
ture de 48*' à 5o°, meurent au bout de 3 à 4 minutes. Elles sont tuées bien
au-dessous de ces températures, à 4^°C., si l'exposition dure plus long-
temps, 10 minutes. Vers 4o°C. elles s'agitent désespérément et sortent de
leur retraite, ce qui assure mieux l'effet de la température destructive.
Enfin, point capital, les organes foliacés de la vigne résistent à la tempé-
rature de 5o°C., à la condition qu'elle soit maintenue peu de temps.
» Ceiéluvcfge à température et à durée limitée constitue notre procédé de destruc-
tion de la pyrale. Il est applicable à la cochylis, qui se comporte comme la pyrale.
Pour d'autres insectes, il y a lieu de fixer par des recherches complémentaires les
températures limites convenables; mais le procédé peut d'ores et déjà être considéré
comn^e général et applicable aux parasites des plantes agricoles et horticoles. Pour
un insecte aussi bien protégé que la pyrale, le problème particulièrement délicat était
d'atteindre sûrement le parasite en respectant la végétation.
» Les appareils dont nous nous sommes servis sont les mêmes cloches coniques en
métal plus haut signalées. Nous avons employé la vapeur d'eau produite par ces chau-
dières portatives que jDOSsèdent tous nos vignerons.
)) Cette vapeur est tout d'abord amenée, par un tube flexible, dans une boîte circu-
laire très aplatie, sorte de plateau discoïde à doubles parois écartées l'une de l'autre
68 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de 1"^"^ La paroi supérieure esl percée circulairement de petits trous pour la sortie de
la vapeur. Ce plateau est échancré, suivant l'un de ses rayons, afin qu'on puisse le
placer au-dessous de la souche dont le tronc vient occuper l'échancrure vers le centre
du disque. On place la cloche conique sur ce disque creux, puis on injecte la vapeur
d'eau et l'on observe un thermomètre placé au sommet de la cloche.
» Lorsque la température arrive à 5o°-52° au maximum, on arrête la vapeur. On
laisse la cloche en place pendant 4 à 5 minutes, puis on la retire aussitôt ce laps de
temps écoulé.
» Les pjrales surprises par la chaleur, qui se répartit assez vite et assez uniformé-
ment dans la cloche, sortent de leurs nids et viennent en se débattant tomber sur le
disque distributeur de vapeur. Elles sont instantanément détruites par la temj)érature
de 100° G. qui règne sur ce disque. Celles qui, au cours de leur chute, sont demeu-
rées sur les feuilles ou qui n'ont pu sortir de leurs abris, sont échaudées sur place.
Dans des vignes fortement pjralées, c'est par centaines sur chaque souche et principa-
lement sur le plateau que l'on peut recueillir les py raies brûlées vives, tordues et en-
roulées sur elles-mêmes.
» Si l'on dépasse la température limite ou le temps utile pour réaliser ces eOets, on
peut brûler les pousses tendres de la vigne, qui brunissent immédiatement. C'est un
dommage peu appréciable qui correspond à un rognage ou pincage. Ces brûlures sont
surtout produites par le contact du sommet de la cloche.
» Employé avec les soins convenables, ce procédé est radical contre l'insecte et
inofTensif pour les vignes. Dans la pratique, l'observation du thermomètre est rempla-
cée par l'emploi plus facile et plus sûr d'un avertisseur thermique qui signale à la vue
et à l'ouïe le moment où il faut supprimer linjection de la vapeur. Avec une chau-
dière suffisante ])our alimenter simultanément plusieurs cloches d'étuvage, on arrive,
à l'aide d'une petite équipe de deux à trois personnes, à conduire ce travail d'étuvage
d'une manièie rapide et économique.
» En hiver, nous nous proposons d'employer le même SAStème d'étuvage, mais alors
à haute température, ioo° C, pour remplacer l'ébouillantage suivant la méthode de
Raclet. Le plateau distributeur de vapeur est remplacé par un tube circulaire disposé
à la base intérieure de la cloche d'étuvage. Nous comptons atteindre ainsi bien plus
sûrement la temj^éralure de go° nécessaire pour détruire les larves dormantes de la
pyrale, et surtout éviter les manques qui se produisent forcément avec l'ébouillantage.
» Nous croyons devoir attirer raltenlioii stir l'emploi de ces nouvelles
méthodes purement physiques, qui semblent offrir un grand intérêt, non
seulement contre la pyrale et la cochylis de la vigne, mais encore contre
Yeudemis et nombre de parasites des piaules cultivées. »
GÉOLOGIE. — Sur la présence de l' étage aptien dans le sud-est de r Afrique.
Note de M. W. Kiliax, présentée par M. Marcel Bertrand.
« Au commencement de cette année, M. le professeur Gottsche. conser-
vateur du Musée d'Histoire naturelle de Hambourg, voidut bien, sur- ma
SÉANCE DU 7 JUILLET 1902. 69
demande, me confier quelques échantillons de fossiles crétacés recueillis
en 1899 par M. Ackermann aux environs de la haie de Delagoa, sur la
côte orientale de l'Afrique du Sud. L'étude de ces matériaux m'a permis
de reconnaître une iaunule aptienne nettement caractérisée dont la pré-
sence dans l'Afrique australe me semble assez intéressante pour être signalée
dans une note préliminaire.
Voici la liste des fossiles que contiennent les récoltes de M. Ackermann :
» 1. Acaiithoceras {Parahopliles) Abicin Antli. %\\. var. africana Kilian, forme
intermédiaire entre Ac. Abiclii A.n\.\\. sp. et Ac. Ala/ti/ii cVOvh. sp.
» 2. Acanthoceras {Paralioplites) Martini d'Orb. sp. var. Gottschei Kilian; assez
abondante. Cette forme, qui peut-être constitue une espèce distincte, diffère du
type de Ac. Martini pur une série de caractères secondaires.
» 3. Acanthoceras Albrechti Austriœ Uhlig. Un échantillon typique, conforme
aux figures et aux échantillons des Karpatheset du Bedonlien des Basses-Alpes.
•» k. Appeiia Nisus d'Orb. sp. Un échantillon très net.
» 5. Ancy laceras sp. Gros fragment de spire qui, par ses cloisons très bien conservées
et par son ornemenlalion^ se rattaclie au groupe de A/icyl. Hilhi Sow. {=: BoiX'erbanki
Sow.), mais que son état incomplet empêche de déterminer spécifiquement.
» 6. Ancyloceras sp. ; cette forme, qui existe aussi dans VAptien de Lieoax (Basses-
Alpes), sera décrite sous le nom à.' Ancyloceras Ackernianni n. sp. Cette espèce se
rattache au groupe aptien de Ancyloceras ( Amnionitoceras) Ucetiae Dumas.
» 7. Haniites Royerianas d'Orb. Fragments très nets.
» 8. Gastropodes. Moules peu déterniinables.
» 9. Pélécypodes divers des genres Ostrea, Anoniia, Pinna, Cardiiun, etc. J'y ai
reconnu Anoniia lœvigata Sow. et Pinna sp. Robinaldina d'Orb., formes du Crétacé
inférieur.
» 10. Teredo sp. Nombreux moules de cavités creusées par des tarets.
» 11. Bois fossile abondant, dont un morceau criblé de perforations de Teredo.
» Le caractère de cette faune est nettement aptien; tous les Céphalo-
podes susmentionnés sont, en effet, soit des espèces qui se rencontrent à
ce niveau en Finance, soit des formes très voisines qui caractérisent, chez
nous, soit la zone à Ancyloceras Matheroni et Acanthoceras Martini, soit le
Gargasienà Oppelia nisus et Hoplites furcatus (= Dafrenoyi).
» C'est la première fois, à ma connaissance, que l'on signale la présence
de l'étage aptien dans l'Afrique australe.
» Il importe également d'attirer l'attention sur le cachet européen de
cette faune aptienne du sud de l'Afrique, dont les principaux éléments, et
en particulier les Ammonitidés, appartiennent non seulement à des espèces,
mais, quelques-unes même, à des variétés qui se rencontrent en France,
tandis que le cachet fa unique de la formation néocomienne d'Uitenhage
décrite par Krauss, Sharpe, Neumayr et Holub de la môme région, s'éloigne
70 ACADÉMIE DES SCIENCES.
beaucoup, au pointde vue paléontologique, de celui des dépôts néocomiens
de même âe^e de l'Europe. Celte remarquable uniformité de la faune aptienne
a été déjà remarquée dans des régions fort éloignées les unes des autres;
elle s'observe (*) non seulement pour le sud-est et le nord de la France, mais
aussi pour l'Angleterre, le Hanovre (Alaus), la Russie (Saratow); on con-
naît, en outre, l'aptien à Céphalopodes dans le Caucase, dans l'Hindoustan,
à Ukruhill (Rutsch), où les couches à Acanthoceras Martini sont connues
depuis longtemps, dans le Daghestan, en Perse, sur la frontière du Louristan
(^Ac. Martini), et au nord d'Ispahan (MM. Douvillé et de Morgan), etc. ; en
Afrique, il existe en quelques points de l'Algérie, au pays des Somalis
(faune décrite par M. Mayer-Eymar), dans l'Afrique orientale allemande
(MM. Bernhardt et G. Mùller), à Mombaz (Ostrea aquila, O. macroptera),
et à Madagascar (où Ac. il/ar/m? a été signalé d'après M. de Grossouvre).
)) Le contraste entre les faunes de Céphalopodes des régions méso-
géennes et celles des autres contrées s'atténue donc momentanément d'une
façon frappante à l'époque aptienne; en même temps qu'à cet étage
correspond, dans beaucoup de régions, une transgressivité; cette trans-
gression paraît s'étendre jusqu'au Texas, où les Sables de Trinity, formant
la base de la série crétacée marine, ont fourni Hoplites furcatus Sow.
(^Dufrenoyi d'Orb.) bien reconnaissable, que j'ai récemment pu déterminer
et étudier, grâce à l'obligeance de M. le professeur Frech, dans les collec-
tions de l'Université de Breslau. Cette distribution cosmopolite de quelques
Ammonites caractéristiques rappelle ce qui s'est passé pour le Callovien,
et conduit à conclure, après MM. Suess et Haug, que l'époque aptienne
paraît avoir correspondu à une période de transgression facilitant l'échange
des éléments fauniques entre les divers géosynclinaux et préludant à celles
plus importantes encore de l'Albien et du Cénomanien. Quant à la nature
élastique et littorale des grès aptiens de Delagoa-Bay, elle ne fait que con-
(*) Si l'on fait abstraction d'un petit nombre d'esjDèces mésogéennes dérivant des
formes barrémiennes de la région méditerranéenne, telles que Phylloceras Guettardi
d'Orb. ?,^.,Phyll. GoretiYaX.., Tetragonites Duvali à''Orh., Puzosia Emerici à^Orh.
et formes voisines qui, dans certaines parties à faciès vaseux du sud-est de la France
(notre type colonial de l'aptien supérieur) et d'Algérie (Djebel Cheniour) se mon-
trent au sommet de l'étage localement associées aux types aptiens habituels, l'aptien
à Céphalopodes, et surtout l'aptien inférieur, conserve partout les mêmes caractères
paléontologlques, et se trouve toujours caractérisé par les mêmes groupes d'espèces,
du reste peu nombreux (groupe iV Acanthoceras Martini; groupe de Hoplites Des-
hayesi; groupe de Hoplites furcatus {Dufrenoyi)\ groupe d'Ancyloceras Afat/ie-
roni, etc.); on le retrouve en Amérique, à Bogota (Acanth. Martini) et au détroit
de Magellan avec Ancyloc. Matheroni,
SÉANCE DU 7 JUILLET 1902. n£
firmer la conclusion précédente et permet de voir dans ces assises les traces
d'un retour offensif de la mer sur le bord occidental du continent africano-
brésilien. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur l'éruption volcanique du 8 mai à la Martinique.
Note de M. Thierry, présentée par M. de Lapparent.
« Le 8 mai, dès le matin, je me trouvais dans la région du Morne Rouge,
à 3^"^ environ du cratère à vol d'oiseau. Rien ne gênait la vue; l'air était
profondément pur, à la suite d'un orage épouvautable qui avait eu lieu
pendant la nuit.
» La colonne de fumée du volcan se découpait nettement, et c'était un spectacle mer-
veilleux à voir, d'autant plus que ce matin-là la fumée n'avait pas son aspect accoutumé.
Habituellement la fumée sortait sous la forme de nuages plus ou moins gris, tandis
que, le matin du 8, elle était tout à fait blanche, quoique épaisse et, comme argentée,
avec des sillons couleur vieil argent qui faisaient ressortir davantage encore la blan-
cheur et l'opacité du nuage. C'était comme un immense chou-ileur sortant du gouflTre
et s'élevant dans l'air.
» Cette sorte de fumée m'a, depuis, paru caractéristique des grosses éruptions. Je
l'ai revue le 20 mai, du Gros jMorne où je me trouvais, et, le 26 mai, du Morne Rouge
où j'étais revenu pour quelques instants ; or le 20 et le 26 nous avons eu des éruptions
terribles.
» En regardant la montagne, je vis d'abord, sur la coulée de la Rivière Blanche,
toute une série de colonnes de fumée allant du sommet de la montagne à la mer et
qui paraissaient sortir d'autant de petits cratères. Ces colonnes de fumée provenaient
sans doute d'un écoulement de boue chaude survenu pendant la nuit et qui aurait
suivi la même voie que celui qui, trois jours avant, avait englouti l'usine Guérin.
» On avait tellement raconté partout que la montagne s'ouvrait de toutes parts et
que de nouveaux cratères se formaient en divers points, que ma première impression,
en voyant cette série de colonnes de fumée, fut que la vallée de la Rivière Blanche
n'était plus qu'une suite de cratères.
» Je comptai ces colonnes de fumée et j'en notai très distinctement 6, avant d'arri-
ver au vrai cratère, sur lequel je venais seulement de fixer les yeux pour compter 7,
lorsque je vis une gerbe de rochers sortir du cratère, projetés à une hauteur approxi-
mative de So"" à 100'" au-dessus de la crête de la montagne et prendre, en retombant,
la direction du bord de la mer du côté de Saint-Pierre, enjambant la crête de la
colline qui sépare la vallée de la Rivière Blanche delà vallée de Saint-Pierre.
» En même temps un bruit formidable se fît entendre, et, sur les côtés de la
gerbe ou de la fusée dont je ne pouvais plus voir le centre qu'emplissait une fumée
épaisse, je vis encore d'énormes rochers qui, suivant toujours la même direction,
filaient sur Saint-Pierre avec une vitesse énorme, laissant derrière eux une sorte de
traînée qui se profilait en noir sur la blancheur extérieure du nuage.
» Terrifié, je sortis dans la rue et j'allai ainsi pendant ioo™ environ, quand je vis.
72 ACADÉMIE DES SCIENCES.
par un inlervalle entre deux maisons et à une distance qui me parut fort rapprochée,
un énorme nuage gris roux, descendant jusqu'à terre, qui s'avançait sur nous comme
une muraille et tellement sillonné d'éclairs que ces éclairs formaient comme un ré-
seau ininterrompu à mailles serrées. Comme bien vous vous l'expliquez, ma curiosité
céda à l'inslinct de conservation, et je fis volte-face pour aller du côté de ma maison
et rejoindre les miens.
» En cours de route, après loo™ de cette marche très accélérée, en passant devant
la gendarmerie, je regardai le cratère; il fumait toujours, comme à l'ordinaire, mais
ne projetait plus rien. Immédiatement au-dessous du cratère la montagne s'éclaircis-
sait. Aussi j'estime que la projection de la trombe meurtrière n'a pas duré plus de
2 à 3 minutes, si même elle a duré ce temps-là, et non pas un quart d'heure, comme on
l'a dit.
» En somme, il n'y a eu ni feu proprement dit, ni lave incandescente
projetée le 8 mai; il y a eu, d'après ce que j'ai vu, une quantité énorme de
rochers incandescents qui sont partis comme la décharge d'un canon.
» En ce qui concerne les transformations de l'île, les affaissements de
2000™ à 3000°^ Signalés au large du Prêcheur ne paraissent pas s'être pro-
duits. On a dit aussi que la crête de la montagne s'était affaissée et que
l'ensemble avait diminué de 3oo™ au moins de hauteur. Je ne le crois pas,
car les anciens points culminants, en j)articulier le Morne, la Ooix, se
voient encore des mêmes points d'observation. Mais le sommet de la mon-
tagne a entièrement changé de forme, par suite de l'accumulation des
cendres et des pierres autour du cratère en activité. Au lieu d'être terminée
par un pic, la montagne présente maintenant, au sommet, la forme en en-
tonnoir classique, ébréché du côté de Saint-Pierre.
)) D'autre part, un second cratère s'est formé au-dessus de l'Ajoupa-
Boudlon, au Weu dit le Tria non. Ce nouveau cratère a déjà plus de lOo'"
de lon^ et 5o^ de large; ces jours derniers, il fumait comme le cratère
principal au début de l'éruption.
» Je ne pense pas que quelqu'un se soit trouvé mieux placé que moi
pour observer les phénomènes du 8 mai, surtout ayant, au moment exact,
les yeux fixés sur le cratère. Les quelques rares blessés restants se trouvaient
sur les confins de la zone meurtrière et ne peuvent fournir de renseigne-
ments détaillés, tant ils ont été terrifiés et tant le coup a été subit : un
grand bruit, des nuages, du feu, c'est tout ce qu'ils ont vu et entendu. »
F^a séance est levée à 4 heures un quart.
G. D.
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU MARDI 15 JUILLET 1902.
PRÉSIDENCE DE M. BOUQUET DE LA GRYE.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le MixisTRE DE lTxstiîuction publique et des Beaux- Arts adresse
l'ampliation du Décret par lequel le Président de la République approuve
l'élection de M. Schiaparelli, comme Associé étranger, en remplacement de
M. Nordenskiold.
Il est donné lecture de ce Décret.
M. le 3Î1NISTRE DE l'Instruction publique et des Beaux-Arts adresse
l'ampliation du Décret par lequel le Président de la République approuve
l'élection de M. Bouvier, dans la Section d'Anatomie et Zoologie, en rem-
placement de M. Filhol.
Il est donné lecture de ce Décret.
Sur l'invitation de M. le Président, M. Bouvier prend place parmi ses
Confrères.
ASTRONOMIE. — Sur la structure et V histoire de Vècorce lunaire: observations
suggérées par le cinquième et le sixième fascicule de V Atlas photographique
de la Lune, publié par l' Observatoire de Patois; par MM. Lœwy et
P. PUISEUX.
« En étudiant les parties de notre satellite qui sont voisines du bord, les
séicnographes ont trouvé de grandes difficultés à y définir des objets nets,
C. R., 1902, -i' Semestre. (T. CXXXV, N» 2.) lO
74 ACADÉMIE DES SCIENCES.
susceptibles de mesures précises et d'une identification certaine. Il en est
résulté dans les Cartes et dans les descriptions des lacunes signalées par
les auteurs eux-mêmes. L'origine de ces difficultés réside à peu près unique-
ment dans un éclat excessif, qui noie tous les objets dans une blancheur
confuse et supprime la perception des faibles différences de teinte. Le
même effet se produit dans les images photographiques, quand on adopte
pour les régions du bord le temps de pose reconnu nécessaire pour donner
une image du terminateur. On peut, dans une certaine mesure, considérer
cette absence de détails dans les parties claires comme favorable à l'effet
artistique d'une image d'ensemble. Mais, si l'on veut condenser dans une
même feuille la plus grande somme possible de renseignements, on doit
viser à obtenir une représentation uniformément détaillée. Nous avons en
conséquence adopté, aussi bien pour les agrandissements que pour les
clichés directs, des dispositions qui font varier la durée de la pose suivant
l'intensité lumineuse. On arrive ainsi à des images riches en détails jusque
vers les bords, et l'on conserve des linéaments précis à des objets rarement
accessibles à l'observation oculaire.
» Cette manière d'opérer s'imposait, en particulier, pour la planche XXX
de notre Atlas, qui conduit, en suivant le bord oriental, du pôle Sud à la
mer des Humeurs et à Gassendi. Nous y remarquons, à la limite de la partie
visible, les excroissances des monts Dorfel, attestant l'énergie des forces
qui ont déformé la calotte australe. La mer des Humeurs manifeste la dis-
position concentrique, déjà reconnue et commentée, d'une série de veines
saillantes et d'une série de crevasses ouvertes. De même que la région de
Gutenberg dans l'hémisphère opposé, cette zone offre un certain nombre
de plaines déprimées, à la fois très sombres et très unies, ce qui a fait penser
à Màdler qu'il s'y produisait une réflexion spéculaire. Nous croyons que
cette manière de voir doit être abandonnée, et que ces deux caractères
associés sont l'un et l'autre la conséquence d'une solidification récente.
» Revenant avec la planche XXXI à l'hémisphère ouest, nous recon-
naissons que la mer du Nectar, cn^culaire à première vue, s'encadre dans
des cassures rectilignes qui dessinent un parallélogramme. La partie cen-
trale et déprimée se divise en zones bien distinctes. Allant de l'extérieur
au centre, on trouve d'abord une terrasse d'altitude intermédiaire formant
un socle continental, puis une ceinture de taches sombres indiquant les
bassins les plus profonds. Le premier trait, commun aux mers du Nectar,
des Crises et des Humeurs, manque à la plupart des autres. Il semble que,
sur les mers lunaires comme sur les mers terrestres, la disposition des
SÉANCE DU l5 JUILLET 1902. ^5
fosses océaniques en ceinture est en règle, mais que l'existence d'un socle
continental n'a rien de nécessaire. Nombreux sont les exemples de cirques
contrariés dans leur développement par im obstacle extérieur, de simili-
tudes de plan entre les enceintes polygonales d'une même région. Le
retour fréquent de ces deux faits est une très forte raison pour regarder la
limite des cirques comme déterminée par la résistance interne de la croûte
plutôt que par un projectile venu du dehors. La même conséquence se tire
de la distribution des petits cirques, et de leur préférence constante pour
les lignes en relief.
» On observe, du reste, une tendance analogue dans les formations plus
vastes. Ainsi la planche XXXII, extraite du même cliché que la précédente,
fournit bien des exemples d'arêtes venant s'appuyer extérieurement sur
une enceinte et alignées sur son centre. Cette feuille a été pour nous
l'occasion d'étudier avec quelque détail les apparences successives d'une
même tache, depuis le lever jusqu'au coucher du Soleil. Notre examen a
porté sur un plateau bien limité, de forme ovale, voisin de Vitruve A et
mesurant à peu près 270'^™ de superficie. Très sombre au début par rapport
à la plaine voisine, ce plateau se confond avec elle sous une illumination
méridienne, et se remontre ensuite sous forme de tache claire de plus en
plus apparente. Les contours de ce plateau restent d'ailleurs invariables;
aucune ombre ne s'y forme et son inclinaison générale ne peut être que
très faible. Il est donc difficile d'échapper à cette conséquence qu'un
changement périodique s'accomplit ici sous l'influence des rayons solaires.
» Ramenés avec la planche XXXIII à la partie centrale et à l'hémisphère
oriental, nous retrouvons les réseaux de traits rectilignes, soit en creux,
soit en relief, que cette même région avait montrés sous l'éclairement
opposé. Aux deux directions ainsi associées correspondent, dans les cirques
polygonaux voisins, des côtés d'orientation concordante. Des taches
sombres et des auréoles claires apparaissent à des distances du termina-
teur où l'observation oculaire semble incapable de les montrer. De nou-
veaux exemples viennent confirmer que, sur le trajet des traînées diver-
gentes, les arrêts brusques et les lacunes se produisent à la rencontre de
bassins déprimés, et les recrudescences à la traversée des montagnes.
» La planche suivante (XXXIV) doit un aspect particulièrement
attrayant au contraste de plaines sombres et de montagnes très hautes et
très photogéniques. Le groupe des Apennins, placé ici en pleine lumière
est, de tous les massifs saillants de la Lune, le mieux délimité et le moins
76 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dégradé par des formations ériiptives. Aussi y reconnaît-on avec facilité la
division en compartiments rectangulaires, déjà visible avant la pleine
Lune. La manière dont s'effectue la transition de la région montagneuse
à la plaine est ici particulièrement intéressante à étudier. On voit qu'il n'y
a nulle part accumulation de plis concentriques sur la limite des mers, pas
davantage entassement de dépôts sur leurs bords, mais au contraire
rupture et disjonction des parties périphériques du plateau. Ces fragments,
dénivelés par un mouvement de bascule, sont ensuite entraînés en plaine.
Après un charriage de So*^™ à So*""*, ils montrent encore une correspon-
dance visible avec les échancrures de la bordure montagneuse dont ils ont
fait partie, en sorte que l'on ne saurait guère conserver de doute au sujet
de leur origine.
» Avec la dernière feuille {PL XXXV), nous atteignons la calotte
boréale, que la libration présente sous'un angle exceptionnellement favo-
rable. Nous devons à cette circonstance de pouvoir ajouter un nom,
celui d'Endymion, à la liste peu nombreuse des cirques dont le fond plat
se divise en bandes parallèles d'inégale luminosité. Aristote présente non
moins bien à l'étude ses sillons divergents, qu'un examen attentif porte à
considérer comme des produits volcaniques et non comme des travaux
d'érosion.
» L'ensemble des documents que nous venons de passer en revue
tend, à ce qu'il nous semble, à élargir les notions reçues au sujet des
déformations possibles d'une écorce planétaire. Tout en considérant le
refroidissement séculaire comme le facteur principal du relief, on doit
admettre qu'il peut se traduire, suivant les cas, par des effets très diffé-
rents.
» Nous constatons, en effet, que les plissements superficiels, si étendus
et si multipliés sur le globe terrestre, n'ont sur la Lune qu'un rôle effacé.
D'un pôle à l'autre, ce sont les étirements, les dislocations que l'on y voit
prédominer.
» La raison de cette différence peut être pressentie si l'on prend comme
point de départ un remarquable travail publié il y a quelques années par
M. C. Davison et dont les conclusions ont obtenu l'assentiment de la
plupart des géologues. Nous admettrons avec eux que, pour un globe dont
le refroidissement superficiel est achevé, la tendance au plissement est
localisée dans une croûte relativement mince, limitée inférieurement par
une couche de tension nulle. Au-dessous la tendance à l'étirement se
SEANCE DU 13 JUILLET 1902. . -7-7
manifeste, passe par un maximum et va ensuite en s'atténnant vers le
centre.
» Les données thermiques actuellement réunies pour le globe terrestre
ont permis d'estimer à 8*^™ la profondeur de la couche de tension nulle,
à iio'"'^ celle de la couche d'étirement maximum. Ces nombres doivent, si
aucune perturbation extérieure ne survient, croître comme la racine
carrée du temps écoulé depuis la solidification superficielle.
» Les mesures de température du globe lunaire, si elles étaient possibles,
conduiraient-elles à des chiffres analogues ? [1 y a tout lieu d'en douter. Si,
en effet, on suppose qu'une cause de refroidissement plus intense se fasse
sentir au dehors, la couche où s'elTectue la déperdition maximum de cha-
leur se trouve ramenée à la surface et la tendance au plissement sera
entravée. Il faut, pour qu'elle renaisse, que la surface parvienne à un
nouveau régime d'équilibre. Mais pendant longtemps encore les plisse-
ments seront localisés dans une écorce très mince, et totalement masqués
par l'étirement des couches sous-jacentes.
» Il semble donc que le relief lunaire accuse un refroidissement super-
ficiel plus rapide que celui qui serait dû à la déperdition du calorique
interne. Or d'autres indices nous ont déjà conduits à admettre qu'à une
époque reculée, [postérieure cependant à la consolidation de la surface,
la Lune a possédé une atmosphère d'une densité très appréciable, et que
cette atmosphère a disparu par la suite. Cette disparition a eu pour consé-
quence nécessaire un abaissement de la température moyenne, abaissement
général et indépendant de la radiation solaire. Nous pouvons nous faire
une idée de cette chute par celle qui se réalise sur notre globe entre le
niveau de la mer et les sommets des plus hautes montagnes.
» On peut entreprendre d'analyser plus complètement les conséquences
d'une disparition présumée de l'atmosphère. Le refroidissement qui en
résulte s'étendra, cela n'est pas douteux, au globe tout entier. Mais il sera
très inégalement réparti suivant les latitudes. Nous savons, en effet, qu'à
la limite supérieure de l'atmosphère la distinction des climats est presque
effacée. La zone équatoriale de la Lune va se refroidir incomparablement
plus que les calottes polaires, qui n'avaient déjà plus que peu de chaleur à
dissiper (hms l'espace. Elle va donc subir im étirement tendant à diminuer
sa courbure et formera une zone affaissée. Il en résultera un écoulement,
dans la direction de l'équateur, des masses liquides qui pouvaient exister
encore à des latitudes plus hautes.
^8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Or la prédominance des mers dans les basses latitudes, la submersion
partielle des massifs montagneux de la région éqùatoriale sont des faits
connus de longue date et faciles à vérifier. D'autre part, les feuilles de
notre Atlas indiquent en grand nombre des traces de courants superficiels
dirigés, dans les deux hémisphères, des pôles vers Téquateur.
» [ja persistance et la généralité de ces traits doivent contribuer à nous
faire regarder la raréfaction de l'atmosphère lunaire comme un phéno-
mène relativement récent et qui n'a peut-être pas atteint son dernier
terme. »
CHIMIE MINÉRALE. — Préparation et propriétés d'un siliciure de vanadium.
Note de MM. H. Moissan et Holt.
« En dehors de l'acide vanadique et des vanadates, les composés du
vanadium ont été peu étudiés jusqu'ici. L'un de nous a déjà indiqué l'exis-
tence d'un carbure de vanadium, de formule CV , préparé au four élec-
trique ('), Ce composé est stable, très dur et est attaqué facilement par
l'acide nitrique.
» Nous avons pensé qu'il était utile de reprendre l'étude des composés
du silicium et du vanadium. L'acide vanadique, duquel nous sommes
partis, a été préparé soit par la méthode que nous avons indiquée précé-
demment, soit par décomposition au moyen d'une élévation de tempéra-
ture du métavanadate pur. L'acide, après sa préparation, était refondu au
moment même de l'expérience, dans une capsule de platine, pour le priver
complètement d'eau. Nous devons rappeler que, à la haute température du
four électrique, ce composé est très volatil ; aussi, dans un grand nombre
de nos expériences, avons-nous préféré partir de l'oxyde V^0% qui était
obtenu par réduction de l'acide vanadique au rouge dans un courant
d'hydrogène pur et sec.
» Préparation du siliciure V Si^. — i** Dans une série d'expériences préli-
minaires, nous avons chauffé, au four électrique, de l'acide vanadique avec
des proportions variables de silicium. La masse fond avec rapidité, et, en
étudiant ensuite les produits obtenus, on reconnaît facilement, par des trai-
(') H. Moissan, Préparation et propriétés du carbure de vanadium {Compte^
rendus, t. GXXII, 1896, p. 1297).
SÉANCE DU l5 JUILLET 1902. rjg
tements avec une solution alcaline étendue, que l'on se trouve en présence
de différents siliciures.
» Il se produit un équilibre variable avec la température et la présence
d'un excès plus ou moins grand de silicium fondu. Pour arriver au com-
posé VSi^, nous avons chauffé un mélange d'oxyde vanadique, V-0', avec
un peu plus de cinq fois son poids de silicium |)ur et cristallisé. La réac-
tion se produit selon l'égalité suivante :
2 V- o» + 1 1 Si -= 4 vsi^ + 3 Si o^
» Dans ces conditions, il reste dans le bain en fusion un excès de sili-
cium, et il ne se produit que le composé VSi^ à l'état cristallisé.
» Ces expériences avaient été faites avec un courant de 600 ampères
sous 5o volts. La chauffe , qui durait de 4 à 5 minutes, était assez difficile
à conduire, à cause de la grande volatilité des composés du vanadium.
» Nous avons préféré ensuite employer un courant plus intense et
chauffer moins longtemps. Dans une nouvelle série d'expériences, nous
avons utilisé un courant de 1000 ampères sous 5o volts et nous n'avons
chauffé que 2 minutes.
» Le culot métallique obtenu dans ces conditions est traité au bain-
marie par une solution de potasse à 10 pour 100 jusqu'au moment oîi tout
dégagement gazeux est terminé. Le dépôt cristallin est lavé ensuite par
décantation, puis chauffé au bain-marie avec de l'acide azotique à 5o pour
100 ou de l'acide sulfurique concentré. Il est utde de renouveler le traite-
ment par la potasse et par l'acide cinq ou six fois, afin que le siliciure soit
tout à fait pur. Enfin, dans certaines opérations, on sépare quelques petites
lamelles de graphite au moyen du bromoforme. Le graphite vient nagera
la surface de ce liquide et peut être enlevé avec rapidité.
» 2.° On peut encore préparer ce siliciure par la réduction d'un mé-
lange de silicium et d'acide vanadique par du magnésium en poudre.
» Pour faire cette expérience on mélange lo^ d'anhydride vanadique,
lo^ de silicium et 5^,5 de magnésium en poudre fine exçmpt d'huile et de fer.
Ce mélange était allumé par le procédé de Goldschmidt en l'additionnant
d'une petite quantité de magnésium et de peroxyde de baryum. Lorsque la
réaction est bien conduite on trouve, au fond du creuset, une masse
de siliciure parfaitement fondue, que l'on traite par l'acide azotique
à 10 pour 100, d'abord à froid, puis à l'ébullition. Le produit cristallisé,
séparé par lévigation, est chauffé ensuite au bain-marie avec une solu-
/^- kl
8o ACADÉMIE DES SCIENCES.
lion de potasse à lo pour loo. Enfin, le résidu est lavé et séché, puis
traité au bain de sable par de l'acide sulfurique concentré, pour atta-
quer quelques fragments de magnésie fondue. Ces traitements doivent
être répétés jusqu'à ce que les réactifs ne produisent plus aucune décom-
position.
» Propriétés. — Ce siliciure se présente sous forme de prismes brillants
à aspect métallique. Il a une densité de 4^42, raye le verre, est fusible et
volatil au four électrique.
» Ce siliciure, semblable en cela à de nombreux produits préparés au
moyen du four électrique, possède une grande stabilité. Il est insoluble dans
l'eau, la benzine, l'éther, l'alcool. Nous ne lui avons trouvé, comme véri-
table dissolvant, que le silicium en fusion, au milieu duquel il cristallise
par refroidissement, ou le siliciure de cuivre fondu.
)) Les solutions de potasse et d'ammoniaque, les acides nitrique, sul-
furique, chlorhydrique sont sans action sur lui. Des mélanges, soit d'acides
nitrique et chlorhydrique, soit d'acides nitrique et sulfurique ne l'attaquent
pas. Au contraire, l'acide fluorhydrique, même étendu et froid, l'attaque
immédiatement.
» A la température ordinaire, le siliciure de vanadium n'est pas attaqué
par le fluor. Il faut même le porter au rouge pour que la décomposition
se produise; il l)rùle alors avec incandescence, en fournissant un résidu
brun verdàtre. Chauffé dans le chlore, la réaction se produit sans dégage-
ment de lumière; elle fournit un liquide brun foncé qui se solidifie, à
— 38°, en une masse cristalline de couleur rouge. Ce liquide est immédia-
tement décomposé par l'eau, en donnant de la silice hydratée, une solu-
tion bleue d'oxyde de vanadium et de l'acide chlorhydrique. Ce sont les
caractères d'un mélange de chlorure de silicium, Si CP, et de chlorure de
vanadium, VCP.
» Le brome attaque ce siliciure sans incandescence au rouge et fournit:
un sublimé noir amorphe, du bromure VBr% un léger sublimé orange dé-
composable par l'eau et donnant les caractères du tribromure de vanadyle
VO-Br% et enfin un résidu jaunâtre qui reste dans la nacelle et qui pos-
sède les caractères du bromure de silicium Si^Br^
» La vapeur d'iode fortement chauffée avec ce siliciure de vanadium ne
produit qu'une attaque superficielle et sans incandescence.
» De même, l'oxygène, le soufre et ll'hydrogène sulfuré ne produisent
qu'une attaque très lente à la température de fusion du verre.
SÉANCE DU l5 JUILLET 1902. 81
» Le siliciure de vanadium, chauffé dans un courant de qaz acide
chlorhydrique, est attaqué sans incandescence et produit un liquide
incolore bouillant à -f- 32", qui est le silicichloroforme, un sublimé
verdàtre qui fournit les réactions du chlorure VCP et un résidu brun
rouge très déliquescent, soluble dans l'eau et donnant les réactions du
chlorure VCP.
» Quand on traite ce siliciure par de la potasse en fusion, il y a tout
d'abord un vif dégagement de gaz et il se produit un mélange de silicate et
de vanadate de potassium. Pour être complète l'attaque doit être assez
longue. Si l'opération ne dure que quelques minutes, il se produit tout
d'abord un résidu insoluble riche en acide vanadique. La soude donne des
réactions identiques.
» Le gaz ammoniac à 1000" ne produit qu'une attaque superficielle.
» Les métaux en fusion se conduisent différemment au contact de ce
siliciure, suivant qu'ils forment plus ou moins facilement des combinaisons
soit avec le silicium, soit avec le vanadium. C'est ainsi que le cuivre
fondu décompose complètement une petite quantité de ce siliciure en pro-
duisant du siliciure de cuivre et un alliage cuivre-vanadium. Au contraire,
en présence de l'argent, il ne sera que partiellement décomposé, en four-
nissant du silicium et du vanadium que l'on peut ensuite retirer du culot
d'argent métallique. Avec l'étain, la réaction serait identique.
» Analyse. — L'analyse assez délicate de ce composé ne nous a pas permis de
doser le silicium et le vanadium dans le même échanlillon.
» Pour doser le vanadium, on attaque un poids déterminé de siliciure par l'acide
fluorhydrique pur à 5 pour 100. On filtre pour séparer le silicium insoluble, puis on
évapore à sec, après addition d'une petite quantité d'acide nitrique pur. L'acide vana-
dique ainsi obtenu est fondu, puis pesé.
» Le dosage du silicium a été exécuté en attaquant un poids donné de siliciure par
de la potasse en fusion. On reprend par l'eau, on additionne d'acide chlorhydrique et
l'on évapore à sec. Cette opération doit être reprise trois fois. Enfin la silice est déter-
minée par la méthode ordinaire en évaporant à sec, et en reprenant par l'acide sulfu-
rique étendu.
)) Nous avons obtenu ainsi les chiffres suivants :
1.
Vanadium 47>98
Silicium combiné 5i ,76
Silicium libre o,5o
G. R., 1902, Q» Semestre. (T. CXXXV, N° 2.) I ï
Théorie
2.
3.
pour VSi*.
48,25
48, 3o
47,80
5i ,60
52,02
52,20
0,02
néant
»
8a ACADÉMIE DES SCIENCES.
ZOOLOGIE. — Sur la coccidie trouvée dans le rein de la Rana esculenta et
sur V infection générale quelle produit. Note de MM. A. Laveran et
F. AIesnil.
« En i854, Lieberkùhn (') a signalé, dans le rein de grenouilles, l'exis-
tence de kysles dont le diamètre atteignait 670^^, renfermant de nombreux
corpuscules psorospermiques avec 3-4 germes falciformes ; cette obser-
vation a été confirmée par Solger (cité par Bûtschli, Bronns Tierreich).
Enfin, Labbé (^) a retrouvé cette coccidie chez une seule Rana esculenta;
il se contente de dire que « les kystes pouvant atteindre jusqu'à 200^^ à
3oof* se trouvent dans le tissu conjonctif de l'enveloppe des reins de la
grenouille, à côté des capsules surrénales »; chaque kyste donnerait nais-
sance à un nombre illimité de sporocystes ovalaires avec, tantôt 2, tantôt
4 sporozoïtes.
» Labbé a créé, pour cette espèce, le ^exire Hyaloklossia {doni la diagnose
est, en employant la terminologie actuelle : coccidie polysporocystée di-
ou tétrazoïque; sporocystes ovalaires), et il a appelé l'espèce Hyaloklossia
LieherkiXhni. Disons de suite que les véritables ookystes de cette espèce
n'ont jam^iis plus de 5of* suivant leur grand axe et ne renferment que deux
sporocystes avec, toujours, quatre sporozoïtes. C'est dorjc une coccidie dispo-
rocystée tétrazoïque, c'est-à-dire une Isospora Schneider (^) ( = Diplospora
Labbé), et elle doit s'appeler Isospora Lieberkùhni. Le genre Hyaloklossia,
créé à tort pour cette espèce, doit disparaître.
» Infections naturelles. — En mai et juin de cette année, les deux tiers
environ des Rana esculenta petites et moyennes, pèchées à Garches et à
Bellevue (Seine-et-Oise), avaient le rein parasité; les grosses grenouilles
étaient toujours indemnes.
» Les plus jeunes stades que nous ayons observés dans les reins des gre-
nouilles infectées naturellement étaient des macrogamètes de 20^^ de
(*) LiEBERKÏJeN, Miiller^s Archiv, i854, p. 1-24.
(-) Labbé, Archives Zool. expérim., (3), t. IV, 1896, p. 535-536, p. 612 {fig. 7) et
pLXVlII {fig. 16-20).
(') Cette acception du genre Isospora a été admise successivement par Laveran,
Mesnil, Schaudinn, R. Blanchard.
SÉANCE DU l5 JUILLET 1902. 83
diamètre, tels que ceux de la ligure i, et des micro gamétob las tes constitués
par une grosse masse protoplasmique avec, à sa surface, de nombreux
noyaux. Ces noyaux s'allongent, et il se constitue des microgamétes dont la
partie chromatique a io'*-i2'^de long et dont le protoplasme est représenté
par une mince enclave axiale complètement entourée de chromatine
(/ig. 3). Ces éléments portent deux cils dont la longueur est environ le
'.^-^
Différentes formes de Isospora Lieberkiihni. Gr. loooD.
double de celle du corps et qui sont probablement insérés tous les deux
à l'extrémité antérieure.
» Les macro gamètes arrivent finalement à être des corps ovoïdes de 40^*
environ de long (^fig. 4)» dont souvent une face est presque plane ou
même légèrement concave ; ces corps sont bourrés de granulations rondes
ou ovales de 2^^ environ de diamètre, extrêmement réfringentes. Ces gra-
ntdations ne se teintent ni par l'acide osmique (en revanche le proto-
plasme qui entoure les granules noircit assez fortement), ni par l'éosine;
dans les préparations montées dans le baume, on remarque souvent un
petit grain central très léfringent qui se colore en rose par la safranine.
Le noyau du macrogamète {fig. 4)aï'ï'ondi renferme unkaryosome central
assez gros et de petits granules de chromatine périphériques.
» Ces divers stades se rencontrent, soit inclus dans l'épithélium canali-
culaire, soit dans la lumière des canaux urinifères, parfois encore entourés
des restes de la cellule hôte.
84 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» La fécondation et toute l'évolution sporogonique ont lieu dans la
lumière des canaux du rein.
» Le macrogamète qui se prépare à être fécondé subit des changements nucléaires ;
le noyau prend des contours irréguliers et émigré vers la périphérie de la cellule ;
son karjosome s'émlette et se dissout en partie dans le suc nucléaire. C'est donc un
tel noyau que le microgamète pénètre ; il se contracte d'abord {mi, fig. 5), puis se
décompose en filaments chromatiques extrêmement ténus, semblables à ceux figurés
par Siedlecki chez Adelea ovata. En même temps, le noyau fécondé envoie un pro-
longement qui atteint le pôle du macrogamète opposé à celui par où a eu lieu l'entrée
du microgamète. Puis les chromatines mâle et femelle se mélangent intimement
pendant que le noyau prend cette forme en fuseau si constante chez toutes les
coccidies, à ce stade ; de longs filaments chromatiques remplissent ce fuseau d'un
bout à l'autre.
» C'est à cette période que le macrogamète s'entoure d'une mince membrane
kystale. 11 se produit ensuite une contraction du protoplasme ; le fuseau nucléaire se
désagrège, et toute la chromatine, passant entre les granules protoplasmiques, vient se
réunir à un pôle de l'œuf. Puis cette masse nucléaire s'étire et l'on arrive à avoir deux
noyaux situés aux pôles opposés de la sphère protoplasmique et réunis par un mince
trabécule qui finit par se rompre {fig. 6). Chacun de ces deux noyaux se divise à son
tour par le même processus, et l'on a alors une cellule avec quatre noyaux situés aux
quatre sommets d'un carré inscrit à son intérieur. A ce moment se produit une
constriction équaloriale et l'on arrive au stade avec 2 sporoblastes {fig- 7) ellipsoïdaux,
chacun avec 2 noyaux aux pôles opposés.
» Ces sporoblastes, qui noircissent fortement par l'acide osmique, se transforment
rapidement en spoiocystes. Chaque noyau se divise en deux et devient le centre de
formation de deux sporozoïtes qui s'allongent peu à peu et arrivent à se croiser avec les
deux sporozoïtes du pôle opposé. Finalement, on a {fig. 8) des sporocystes ovoïdes ou
fusiformes, de 25^- à 3o!^ de long, renfermant, à l'intérieur d'une membrane trans-
parente, assez résistante, 4 sporozoïtes et, d'un même côté, un reliquat sphérique
volumineux où l'on retrouve les granulations du macrogamète; dans les préparations
fixées à un liquide osmique, ce sont les sporozoïtes qui deviennent sombres, le reli-
quat l'estant clair. Ces sporocystes dépriment la mince membrane du kyste, qui se
rompt généralement.
» Les sporozoïtes, qui mesurent 25!^ de long, ont une extrémité antérieure arrondie
renfermant le noyau (tache claire de la figure 9, tache colorée de la figure ro) et une
extrémité postérieure plus mince et effilée. Isospora Lieberkûhni est surtout voisine
de 7. {Diplospora) Laverani Hag., à membrane kystale mince et dont les sporo-
cystes sont à pôles semblables.
» li'infection des reins de nos Rana escidenta était généralement très
intense; mais, chez une grenouille déterminée, presque toutes les coccidies
étaient au même stade ou à des stades voisins. Ainsi, certaines grenouilles
SÉANCE DU j5 juillet 1902. 85
ne renfermaient que des stades allant de macrogamètes et miercamètes
^presque mûrs à des ookystes avec noyau en fuseau; chez d'autres, on allait
de ce dernier stade à celui de formation des sporoblastes ; chez d'autres
encore, on observait uniquement des stades de transformation de sporo-
blastes en sporocysles; enfin, plus de la moitié des grenouilles parasitées
renfermaient uniquement des sporocystes mûrs, sortis de l'enveloppe
kystale.
» Lésions rénales. — Elles sont très nettes. Les parasites distendent les
parois des canalicules, les rompent parfois, et le rein arrive à occuper un
volume qui peut être dix fois celui du rein d'une grenouille de même taille.
Dans certains canalicules, les macrogamètes ou les ookystes sont si nom-
breux qu'ils sont pressés les uns contre les autres et constituent des amas
volumineux entourés par les parois distendues du canalicule rénal (nous
en avons mesuré un de sSo^^ de long); ce sont évidemment ces masses qui
ont donné à nos devanciers l'impression d'énormes kystes coccidiens pro-
duisant un grand nombre de sporocystes. Quand de pareils amas obstruent
un canal, on trouve en amont des cylindres albumineux avec de nombreux
déchets chromatiques.
» Le parasite, quand il est dans la cellule épithéliale rénale, amène
d'abord un gonflement notable de la cellule et surtout de son noyau, puis
une atrophie. La desquamation épithéliale est donc importante; mais il se
produit une rénovation intense. Les noyaux des cellules nouvelles se pro-
duisent par karyokinèse; on voit ces noyaux pressés les uns contre les
autres, et souvent même il se produit, dans la lumière des canalicules, de
petits bourgeons épithéliaux. Beaucoup de noyaux de ces cellules épithé-
liales de nouvelle formation ont un volume double ou triple de ceux des
cellules d'un rein normal. Cette réaction épithéliale est accompagnée
d'une forte réaction conjonctive et l'on a, en résumé, une néphrite
aiguë mixte.
» Infections expérimentales. — Notre étude des grenouilles infectées
naturellement laisse deux questions principales sans solution. Par quelle
voie se fait l'infection du rein? Comment a lieu l'auto-infection? Nous
avons essayé de combler ces lacunes en réalisant des infections expéri-
mentales.
» Les sporocystes, mis en contact avec du suc intestinal, éclatent rapidement et les
sporozoïtes, devenus libres, manifestent une mobilité assez grande.
» Si l'on sacrifie une grenouille 20 heures après une ingestion de sporocystes, on
86 ACADÉMIE DES SCIENCES.
trouve, dans l'intestin grêle, de nombreux sporozoïtes, libres et mobiles dans la
lumière, ou situés à l'intérieur des cellules épilhéliales (la vérification a été faite sur
coupes); dans ces cellules, les sporozoïtes sont ramassés et vacuolaires {fig. ii).
» Chez une grenouille, 2/4 heures après une ingestion de sporocysles, le sang ren-
fermait des formes variées appartenant incontestablement au cycle évolutif à^Isospora:
macrogamètes d'un diamètre moyen de ly!^- i^fig. i); microgamétoblastes avec micro-
gamètes déjà filiformes, mais non encore mûrs; autres formes avec un grand nombre
de noyaux conduisant évidemment soil à des microgamètes, soit à des petits corps tels
que celui de la figure 2, que nous regardons comme des mérozoïtes, et qui se trou-
vaient libres dans le plasma sanguin, comme d'ailleurs la majorité des corps précé-
dents (1).
» Cette grenouille, sacrifiée 48 heures après le début de l'expérience, nous à mon-
tré une infection généralisée intense à Isospora Lieherk'ùhni. Les organes que nous
avons étudiés peuvent se ranger ainsi, en suivant l'ordre décroissant du degré d'infec-
tion : poumon, rein, corps gras, foie et rate, intestin grêle. Le sang des gros vaisseaux
renfermait des formes analogues à celles de la veille, mais bien moins nombreuses.
» Dans tous ces organes, tes parasites (macrogamètes et microgamètes, mûrs et
non mûrs, mérozoïtes) se trouvaient presque uniquement dans les capillaires ou les
petits vaisseaux, libres ou le plus souvent à Vintérieur des cellules endoLhéliales ;
certains nous ont paru être dans l'épithélium pavimenteux qui tapisse les alvéoles
pulmonaires; enfin, de très rares paraissaient bien être dans les cellules de l'épithélium
pulmonaire cylindrique cilié. Dans le rein, les parasites étaient surtout abondants
dans les glomérules, mais il y en avait aussi de nombreux, de toute taille et de toute
variété, dans les espaces intercanaliculaires ; il n'y en avait pas un seul dans les cellules
épilhéliales ni dans la lumière des canalicules.
» Cycle évolutif de Isospora Lieberkûhni. — Ces faits nous per-
mettent de reconstituer le cycle évolutif de la coccidie et de comprendre
la façon dont l'infection du rein est réalisée. L'animal ingère des sporo-
cystes. Les sporozoïtes, devenus libres dans le tube digestif, passent vile
dans le système sanguin; c'est là qu'ils se développent, et il est tout naturel
de les trouver surtout dans les organes oii le système capillaire est le mieux
représenté, le poumon et le rein.
» Dans le rein, les parasites, en s'accumulant dans les glomérules,
amènent la rupture de la iTiince paroi qui sépare les capillaires des cana-
licules; ils deviennent alors libres dans les canalicules. Quanta l'infection
de l'épithéliuu) rénal, elle se fait sans doute par des mérozoïtes jeunes, et
il est probable que ce parasitisme intra-épilhélial n'a pas un caractère de
nécessité.
(*) Quelques-uns, en effet, étaient dans des leucocytes mononucléaires, soit entiers,
soit en débris.
SÉANCE DU l5 JUILLET 1902. 87
M Chez les grenouilles infectées naturellement, le rein seul renfermait
des parasites; nous n'avons rien trouvé dans les autres organes (' ). C'est
donc par suite de la structure particulière du rein que l'évolution de la
coccidie peut arriver à son terme final dans cet organe. Les parasites qui
se sont développés ailleurs, ou bien sont peu à peu charriés au rein, ou
bien sont résorbés sur place; nous avons en effet noté des phénomènes
phagocytaires très nets.
» En résumé, l'intérêt principal de cette étude est de montrer qu'une
coccidie typique est capable de produire, par voie sanguine, une infection
généralisée; l'évolution sporogonique n'est possible, d'ailleurs, qu'après
que le parasite a franchi les parois du filtre rénal. «
CHLMlE ORGANIQUE. — Hydrogénation directe de carhiires acèlyléniques par la
méthode de contact. Note de MM. Paul Sabatier et J.-B. Sexderens.
« Dans une Note publiée récemment {Comptes rendus, t. CXXXIV,
p. II 27), nous avons montré que notre méthode générale d'hydrogénation
directe peut s'appliquer avec succès aux carbures éthyléniques, qui sont
transformés en carbures forméniques correspondants : le nickel réduit con-
vient dans tous les cas; au contraire, avec le cuivre, la fixation de l'hydro-
gène a été trouvée limitée aux carbures élhvléniques a.
» Antérieurement {Comptes rendus, t. CXXVIII, j). 1 173, puis t. CXXX,
p. i559 et 1628, et t. CXXXI, p. (\o), nous avons indiqué que la méthode
s'applique facilement à V acétylène, qui se trouve successivement changé en
éthylène, puis en élhane, généralement accompagné d'une certaine pro-
portion de carbures forméniques supérieurs : le nickel agit à froid et, en
présence d'un excès d'hydrogène, conduit à des produits exclusivement
forméniques. Le cuivre ne réagit qu'au-dessus de 180** et transforme assez
vite l'acétylène en éthylène, la transformation finale en éthane n'ayant lieu
que bien plus lentement.
» M. Ch. Moureu, qui a récemment exécuté d'importantes synthèses à
partir de deux carbures acétyleniques, Vheptine a et le phénylacétylène, a
mis à notre disposition une certaine quantité de ces corps : nous leur
avons appliqué notre méthode d'hydrogénation. ,
(*) Il nous est arrivé parfois de trouver une ou deux spores à l'examen du poumon ;
nous pensons que, si l'évolution sporogonique peut s'accomplir dans cet organe, c'est
à titre tout à fait accidentel.
88 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» [. Heptine a. — L'hepline a, souvent appelé œnanthylidène, bout à 102".
» En présence du nickel réduit, vers 170°, l'hydrogène employé en excès transforme
facilement le carbure en heptane normal, bouillant à 98°, 6-99°, 5 (corr.), de densité
d'^ =10,0708, inattaquable par l'acide sulfurique concentré: il est accompagné d'une
petite proportion de carbures forméniques supérieurs.
» En présence du cuivre réduit, l'hydrogénation se produit bien, à 200° ou au-dessus:
mais elle est beaucoup plus lente qu'avec le nickel, et la dose des carbures de molé-
cule condensée y est bien plus considérable.
» A conditions égales, là où le nickel produit une transformation totale en heptane,
une colonne de cuivre de même longueur fournit un mélange d'hydrocarbures que le
fractionnement divise en trois portions distillant respectivement au voisinage de 100",
de 260° et de 35o°.
» La première portion, qui passe de 97° à 100°, possède une densité r/^ =0,727 :
elle est en majeure partie formée par de Vheptène a CHV\ bouillant à 97°-99° {dl voi-
sine de 0,789), attaquable par l'acide sulfurique concentré qui le transforme partiel-
lement en polymères. Elle contient aussi une certaine quantité à'heptane normal
CH^^ {dl =: 0,708), inattaqué par le mélange nitrosulfurique.
» La deuxième portion, qui passe à la distillation vers 260°, possède une den-
sité <ig =0,798. Elle est presque entièrement constituée par un carbure éthylé-
nique G**H^*, bouillant à aSo" (corr.) : c'est un diheptène identique à celui que
fournit la polymérisation de l'heptène par l'acide sulfurique concentré. Il est violem-
ment attaqué parle mélange nitrosulfurique.
» La troisième portion bout au-dessus de 35o° en se décomposant partiellement; sa
densité est dl =o,844- Ce carbure, qui est vivement attaqué par le mélange sulfoni-
trique, paraît en majeure partie formé de triheptène C^*H'*^.
» Ces détails montrent que le cuivre [Dermet de réaliser facilement la
première étape de transformation, passage aux carbures éthyléniques, mais
qu'il n'accomplit que lentement la deuxième étape, passage aux carbures
forméniques.
» IL Phénylacétylène. — Ce carbure bout à 142".
» En présence du nickel réduit, maintenu vers 180°, un excès d'hydrogène agit très
aisément : l'hydrogénation porte à la fois sur une branche acétylénique et sur le noyau
aromatique. On a
C«H^- C = CH + 5H2 = C«H".CH2.CIP.
» La contraction du gaz est énorme. Le liquide obtenu est très peu attaqué par le
mélange nitrosulfurique, qui lui enlève les traces de carbures non saturés : après
lavage à la soude et dessiccation au chlorure de calcium, il se présente avec une odeur
d'héliotrope, et il est constitué par de V éthylcyclohexane bouillant à i3o°, accompa-
gné d'une petite proportion de méthylcyclohexane qui bout vers 100°.
» Le résultat atteint est donc identique à celui que fournit l'hydrogénation directe
de l'éthylbenzène ou du styrolène en présence du nickel {Comptes rendus, t.CXXXII,
p. 1254).
SÉANCE DU l5 JUILLET 1902. 89
» On pouvait prévoir que l'emploi du cuivre réduit conduirait à des résultats dif-
férents. En effet, nous avons trouvé antérieurement {Comptes rendus, t. CXXXII,
p. 566) que le cuivre est incapable de provoquer l'hydrogénation directe du noyau
iDenzénique, tandis qu'il peut agir sur la branche acétylénique. L'expérience vérifie
qu'il en est réellement ainsi.
» Le cuivre étant maintenu de 190° à 25o°, la fixation d'hydrogène se produit. Une
certaine quantité de métastyrolène solide, issu d'une formation transitoire de styro-
lène, se produit sur certains points du tube à métal. On recueille un liquide un peu
jaune, très fluorescent, qui, soumis au fractionnement, fournit à peu près parties
égales d'un carbure bouillant au-dessous de j5o" et d'un carbure fluorescent bouillant
au delà de 3oo°, avec une petite quantité de carbures non volatilisables, de molécules
très lourdes.
» La portion volatile au-dessous de iSo" est totalement attaquée par le mélange
nitrosulfiirique : elle ne contient pas de carbure cyclohexanique. Par rectification, on
trouve qu'elle est formée presque enlièremenl à' éthv Ibenzène, bouillant à i36° (corr.),
associé à des traces de styrolène C^H^CH = CH^, et toujours accompagné d'environ
-^ de toluène, produit avec séparation corrélative de méthane.
» La portion fluorescente se solidifie, soit spontanément, soit par fractionnement,
en cristaux incolores volumineux, qui sont essorés par compression dans du papier et
purifiés par de nouvelles distillations et cristallisations. Ce sont des aiguilles ou des
tables, rectangulaires ou rhombes (angle voisin de 67°, 5), qui atteignent parfois a'^'"
de côté : l'examen optique montre qu'ils dérivent d'un prisme orthorhombique. Ces
cristaux fondent à 52° et bouillent à 317° (corr.). Ils sont très solubles dans l'alcool,
l'élher et les carbures.
» Le composé liquéfié, ainsi que ses solutions, possède une magnifique fluorescence
bleue. C'est le diphénylbutanex^^ :
C« H^ . CH'î . CH2 . CH2 . CH^ . C« H%
identique à celui qui a été obtenu par Freund {Berichte, t. XXIII, p. 2858) en hydro-
génant, par l'action prolongée de l'acide iodhydrique, à 25o°, le diphényli^^-butène.
» Le rendement en diphénylbutane, symétrique à partir du phénylacétylène, peut
atteindre la moitié : cette réaction peut donc être considérée comme une méthode
avantageuse de préparation de ce carbure. »
RAPPORTS.
Rapport sur des expériences faites à l'Observatoire de Montsouris,
relatives à la composition de Vair atmosphérique.
(Commissaires : MM. Armand Gautier, Haller; Ad. Carnot, rapporteur.)
« L'Observatoire municipal de Montsouris a organisé depuis 25 ans un
service journalier d'analyses de l'air atmosphérique, ayant pour objet le
G. R., 1902, 2« Semestre. (T. CXXXV, N" 2.) '^
90 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dosage des éléments qu'il contient en quantités variables, notamment de
l'acide carbonique.
» Ces dosages ont été l'occasion de recherches spéciales commencées
en 1895 et continuées depuis cette époque, sous la direction de M. Albert
Lévy, par ses collaborateurs MM. Henriot et Pécoul, recherches dont les
})remiers résultats ont été présentés dans des Notes insérées aux Comptes
rendus de l' Académie les 6 juin et i5 août 1898 et auxquelles se rapporte
une nouvelle Communication de M. Henriet, présentée le 10 février
dernier.
» Les laits énoncés dans ces notes peuvent être résumés ainsi :
» Lorsque de l'air atmosphérique, pris à Paris ou dans la péri[)hérie de
Paris, a été soumis, comme il est d'usage pour retenir l'acide carbonique
contenu, à l'action d'une solution d'alcali ou de baryte placée dans plu-
sieurs tubes à boules et qu'il lui a cédé la. totalité de cet acide, c'est-à-
dire une proportion de gaz carbonique voisine de 3o^ pour loo""'
d'air, il peut encore, par circulation répétée à travers du mercure et
contact prolongé avec l'alcali ou la baryte, lui abandonner une nouvelle
quantité du même gaz, quantité très variable, pouvant aller depuis 4'
jusqu'à 3o' et plus pour loo""' d'air. Ce gaz carbonique, qui assuré-
ment ne préexistait pas, ne peut s'être produit que par transformation
d'un autre composé carboné volatil.
» L'Académie a jugé que ces assertions devaient être contrôlées de près,
et elle en a confié l'examen à une Commission composée de MM. Armand
Gautier, Haller et Adolphe Carnot.
» Cette Commission s'est réunie plusieurs fois au laboratoire de M. Albert
Lévy et a assisté aux expériences suivantes de MM. Henriet et Pécoul.
» De l'air atmosphérique, prélevé par aspiration sur la place Saint-
Gervais, à côté du laboratoire, passe bulle à bulle, à raison de 1' à l'heure,
à travers une coionne de 20*^"^ de laine de verre, destinée à retenir toutes
les poussières minérales ou organiques qu'il pouvait renfermer. Il tiouve
ensuite trois tubes à boules contenant une solution de baryte et se rend
dans un ballon jaugé, où l'on a fait le vide.
» Les deux derniers tubes d'eau de baryte ne servent que de témoins
et conservent leur limpidité et leur titre primitif. Le titrage de l'eau de
baryte du premier tube avant et après le passage de l'air fait connaître la
quantité de gaz carbonique libre, ou préexistant dans l'air, quia été ensuite
reçue dans le ballon.
» L'air de ce ballon e^t aspire dans un appareil à écoulement de
SÉANCE DU l5 JUILLET I902. 9I
mercure, imaginé par M. Pécoul et décrit clans les Annales de V Observatoire
de Mnntsourîs (t. I, p. 369); il traverse bulle à huile une solution tiirée de
baryte de volume connu, revient au ballon et circule ainsi d'une manière
continue dans l'appareil pendant un laps de temps de il\ heures.
» Il se produit alors dans l'eau de baryte un précipité blanc, que la
Commission a vérifié être bien du carbonate de baryum.
)) A la demande de la Commission, de nouvelles expériences ont été
faites en conduisant l'air : d'abord à travers de la laine de verre htimectée
d'eau et assez fortement tassée dans un tube de verre, sur 3o*^™ de longueur;
ensuite dans un grand barboteur à potasse de densité i,3o (A); puis dans
un tube en U contenant de l'hydrate de baryte cristallisé en petits frag-
ments transparents et humectés d'eau, sur une longueur de So*'" environ
(B); enfin dans un barboteur à eau de baryte (C).
)) A la suite de ces appareils, qui ne doivent laisser passer aucune trace
de poussières, ni de gaz carbonique, l'air est reçu dans un ballon jaugé
vide, de 6^ environ (O).
» De là il est dirigé dans l'appareil circidus de M. Pécoul, où la Commis-
sion a vu se reproduire les phénomènes déjà mentionnés plus haut.
» La Commission a constaté, dans ces expériences :
» i** Que la solution de baryte du barboteur (C), placé à la suite des
premiers appareils A et B, était restée parfaitement limpide et que son titre
alcalin était identique au titre primitif;
» 2° Que l'air du ballon D, en circulant pendant 24 heures à travers les
tubes à mercure et dans un nouveau tube à eau de baryte, avait donné
dans celui-ci un précipité de carbonate de baryum dont elle a constaté la
nature et la proportion;
» 3** Qu'en opérant sur de l'air prélevé le 27 juin sur la place Saint-
Gervais, le carbonate de barvum formé après élimination complète du
gaz carbonique préexistant correspondait à 21', 6 pour looooo' d'air;
» 4** Que l'air du ballon D, après avoir circulé de nouveau pendant
24 heures à travers de l'eau de baryte litrée, n'y produisait plus aucun
trouble, ni aucun changement de titre;
» 5° A l'objection, soulevée par l'un des membres de la Commission,
qu'il pourrait y avoir du gaz carbonique retenu par adhérence aux parois
intérieures ou dissous dans le verre du ballon, malgré le vide qui y avait
été fait, il a été répondu que, ce ballon ayant déjà servi à l'expérience pré-
cédente, où l'on avait constaté l'absence complète de gaz carbonique (con-
ditions énoncées au 4°)» il ne pouvait assinément pas non plus y avoir de
g2 ACADEMIE DES SCIENCES.
gaz carbonique adhérent aux parois du même ballon, après qu'on y avait
fait le vide.
» En conséquence, la Commission déclare bien fondées les observations,
qu'elle avait été chargée de contrôler, et ne peut qu'encourager les au-
teurs à poursuivre leurs recherches, en vue d^une explication complète du
phénomène qu'ils ont signalé. »
Les conclusions de ce Rapport sont mises aux voix et adoptées.
MEMOIRES LUS.
PHYSIQUE DU GLOBE. — Le tir des fusées paragrêle.
Note de M. E. Vidal. (Extrait.)
« Dans le courant du mois de juillet 1900, j'ai fait à l'Académie une
Communication sur l'emploi des fusées d'artifice contre les orages en
général, et contre la grêle en particulier. Depuis cette époque, des expé-
riences assez nombreuses exécutées, soit par nous, soit par des observateurs
disséminés sur divers points de la France, sont venues confirmer nos pré-
visions, et les fusées paragrêle ont pu faire bonne figure au Congrès
international de Lyon, à côté des canons-tromblons les plus perfectionnés.
» Les résultats obtenus jusqu'à ce jour, et qui sont reproduits dans la
brochure que j'ai l'honneur d'offrir à l'Académie, ne sont pas égale-
ment concluants au point de vue de la lutte cotitre la grêle, mais pas
un seul des tirs exécutés n'a été suivi d'insuccès, et tous démontrent l'ac-
tion générale des fusées sur les zones supérieures de l'atmosphère.
» C'est ainsi que, par un temps clair et sans nuages apparents, nous
avons involontairement provoqué, au-dessus de nos têtes, la formation d'un
anneau composé de plusieurs couches concentriques de vapeurs conden-
sées, qui se sont brusquement teintées des couleurs de l'arc-en-ciel (voir
obs. n° 14) (voir les expériences imprimées dans notre Rapport au Congrès
et à sa suite);
» Que des trouées circulaires, laissant apercevoir le bleu du ciel, ont été
produites au milieu des plus sombies nuées (voir obs. n*'* 1, !2, 5, 6, 19);
» Que des orages ont été arrêtés, déchirés, coupés eu deux, ou disper-
sés (voir oIjs. u°*3, 6, ii, 15, 16, 21, 22);
» Que les décharges électriques ont été brusquement suspendues, ou
bien écartées (voir obs. n''* 1, 7, 8, 9, 11, 12, 21);
SÉANCE DU l5 JUILLET 1902. 98
» Que les vents les plus violents ont été apaisés (voir obs. n°* 7, 10);
» Que la pluie a été arrêtée ou modérée (voir obs. n°* 13, 14);
» Et qu'enfin les champs défendus par les fusées ont été complètement
préserves de la chute des grêlons, tandis que les récolles voisines étaient
détruites (voir obs. n«* 1, 2, 3, 5, 11, 16, 17, 18, 19, 20).
» De toutes ces observations, je n'en développerai qu'une seule, la
dix-septième, parce qu'elle indique en quelques mots les résultats ob-
tenus par les fusées contre la grêle et qu'elle fait partie de la déposition
de M. Etienne Salomon, de Thomery, au Congrès international de Lyon.
» Je tiens, dit ce viticulteur éraérite, à confirmer les dires de M. Vidal sur les expé-
riences de fusées. Je suis propriétaire dans Seine-et-Marne et j'ai eu, au mois de
juin dernier, l'occasion d'expérimenter ce procédé contre un orage qui s'avançait très
menaçant et que les fusées ont très bien dissipé. Tout autour de la surface protégée,
la grêle est tombée et a complètement ravagé les champs de betteraves, alors que
ma pépinière de vignes n'a eu que des dégâts insignifiants.
» La conclusion est évidemment en faveur des fusées, auxquelles j'ai dû reconnaître
une influence incontestable. Je ne cherche pas à expliquer comment le fait s'est pro-
duit; je cite simplement un fait que j'ai tenu à ajouter aux affirmations du D*" Vidal
qui, je le sais, a fait beaucoup d'expériences {Congrès international de défense
contre la grêle, t. I, p. 3oo).
»... Suivant qu'ils sont plus ou moins éloignés de leur point de forma-
tion, qu'ils sont plus ou moins denses, qu'ils sont poussés par un vent
plus ou moins fort et que les terrains sont plus ou moins inclinés, les
nuages chargés de grêle sont tantôt très élevés dans les airs et tantôt très
bas, ce qui explique les échecs subis dans certaines régions par le tir des
canons; ces échecs auraient sans doute été évités, si l'on avait méthodi-
quement lutté contre les orages, et si l'on avait compris que les postes
destinés à préserver une plaine fertile doivent souvent être échelonnés à
quelques kilomèties plus loin, sur les flancs d'une montagne. Telle ne
paraît pas avoir été, jusqu'à ce jour, la tactique suivie par les syndicats de
défense contre la grêle, dont les batteries sont, en général, disposées sim-
plement de façon à couvrir la plus grande surface possible — »
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, un Volume de ^\.S.-H. Finne-Gronn, intitulé « Abcl, den
store malhematikers slegt, Christiania, 1899-1900. «
94 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Application de la méthode de la moyenne aritli-
mètique aux surfaces de Riemann. Note de M. A. Korn, présentée par
M. Emile Picard.
« J'appelle transformation de Poincarè correspondant à un contour s,
fermé dans le plan, toute transformation
^ = ^(X,Y), 7=j(X,Y),
qui définit une correspondance uniforme entre les points intérieurs d'un
cercle (dans le plan des X, Y) et les points intérieurs de s (dans le plan
des X, y), et une correspondance uniforme entre les points extérieurs du
même cercle et les points extérieurs de s, sous la seule supposition que les
fonctions X, Y et x, y soient continues dans tout le plan, et qu'elles
admettent des dérivées
()X r;X ^ aY_ d^ d^ dj^ dj^
â^" dy' ^' âf' W f)Y' r/x' ^Y
finies et inlégrables.
» On peut trouver de telles transformations pour tout contour s dont
l'intérieur est simplement connexe, s'il est de courbure continue (A. Korn,
Lehrbuch der Potentialtheorie, 2" Vol., p. 3o2) ou un composé d'un
nombre fini de lignes (') de courbure continue (A. Korn, Abhandlungen
zur Potentialtheorie, n'' 2, p. 19). Avec la connaissance d'une telle transfor-
mation, on peut démontrer que la méthode de M. Neumann résout le pro-
blème de Dirichlet pour l'intérieur et l'extérieur de s, en supposant les
valeurs limites /" de la fonction harmonique cherchée continues (ou conti-
nues par intervalles) (-).
» Il est facile de généraliser ces résultats en passant du plan aux sur-
(') A pari des sommets formés par ces différentes parties du contour, toute singu-
larité est exclue; nous excluons aussi les pointes.
(^) Pour les contours composés, il faut encore une condition supplémentaire sur f
aux environs des sommets (qui est du reste toujours remplie, si f admet des premières
dérivées finies et intégrables).
SÉANCE DU l5 JUILLET 1902. gS
faces de Riemann. Par une représentation conforme
î = .f(=),
r — l-^ir,, z = x ^ iy,
on peut faire correspondre à l'intérieur de s une partie simplement con-
nexe d'une surface de Riemann limitée par un contour c (bornons-nous,
pour plus de simplicité, au cas que les fonctions S soient algébriques); en
appelant cette partie Vintérieur de a, nous pouvons maintenant résoudre
le problème de Diriclilet pour l'intérieur de <y par une méthode analogue à
celle de M. Neumann, puisque chaque fonction harmonique à l'intérieur
de s devient par la transformation 1^=z^Çz) une fonction harmonique à
l'intérieur de g et vice versa. Un pareil raisonnement peut être fait pour des
domaines extérieurs.
)) Il va sans dire que les fonctions composant les séries de M. Neumann
n'ont plus pour a la même bignification simple que pour s.
» Nous pouvons maintenant aussi procéder au cas où l'aire limitée
par a n'est plus simplement connexe; en ajoutant au contour g les deux
bords de certaines coupures, nous pouvons toujours ramener ce cas au
cas d'une aire simplement connexe avec un contour dont aucune partie
n'est parcourue deux fois sur une surtace de Riemann un peu plus compli-
quée, et nous arriveions ainsi toujours à des représentations des solutions
du problème de Dirichlet en forme de séries analogues aux séries de
M. Neumann.
» Personne ne se servira sans doute de cette méthode pour calculer les
valeurs de la fonction harmonique en question, mais ces raisonnements
ont une certaine importance pour une autre raison : ils permettent de
démontrer un grand nombre de théorèmes très généraux sur les fonctions
harmoniques et leurs dérivées; je ne cite comme exemple que la généra-
lisation des théorèmes de M. Liapounoff, qui permettent de décider dans
quels cas les fonctions harmoniques définies par les valeurs limites /
admettent des dérivées normales. »
PHYSIQUE. — Sur la formai ion des gouttes liquides et la loi de Ta te. Note de
MJVI. Leduc et Sacerdote, présentée par M. Lippmaun.
« La loi de Tate dit que le poids des gouttes d' un même liquide qui s' écoulent
à l'extrémité d'un tube est proportionnel au rayon de l'orifice de ce tube (sup-
96 ACADÉMIE DES SCIENCES.
posé circulaire). Pour justifier cette loi, on a l'habitude de faire le raison-
nement suivant (^ ).
» Lorsque la goutte est sur le point de se détacher, elle présente à sa partie supé-
rieure un étranglement ou gorge (^), dont le rayon r est peu difTérent de celui R de
l'orifice; la rupture a lieu lorsque le poids p de la goutte, limitée au cercle de gorge,
l'emporte sur l'efTort dû à la tension superficielle, qui s'exerce verticalement sur le
contour de ce cercle; le poids des gouttes est donc proportionnel au rayon R de
l'orifice, s'il y a proportionnalité entre /' et R.
» Ce raisonnement est inexact. Si, en effet, la séparation de la goutte
avait lieu par arrachement, son poids aurait à surmonter non seulement
l'effort dû à la tension superficielle, mais aussi celui dû aux forces de cohé-
sion qui s'exercent sur toute la section du cercle de gorge. L'expression du
poids p serait donc de la forme : p = Ar -+- B/'% B étant très grand par
rapport à A, comme cela résulte d'expériences que nous avons décrites
précédemment (').
» Observons d'ailleurs que la formation d'une gorge n'a lieu qu'avec
des tubes de quelques millimètres de diamètre, et non avec des tubes fins
ou très larges.
» En réalité, la séparation de la goutte na pas lieu par arrachement, mais
hien par étranglement. — A l'équation différentielle de l'équilibre, et à la
condition aux limites consistant en ce que le raccordement doit avoir lieu
sur une circonférence donnée, correspondent pour la goutte une infinité
de figures d'équilibre, toutes comprises entre deux formes extrêmes, dont
l'une, le plan, présente un volume nul, et l'autre un volume maximuiu.
» Quand la goutte aura atteint cette dernière forme, la moindre quan-
tité supplémentaire de liquide qui y pénétrera lui donnera une forme qui
ne sera plus d'équilibre, et la pression extérieure, l'emportant sur l'inté-
rieure, étranglera la goutte le long d'un parallèle bien déterminé.
» Expérience. — La justification théorique de la loi de Tate ayant ainsi
perdu toute sa valeur, il nous a semblé nécessaire de soumettre cette loi à
une nouvelle étude expérimentale.
» Nous avons opéré sur l'eau et le mercure. Il est clair que, dans tous
les cas, ce que nous avons désigné sous le nom cVori/ice, c'est le cercle
(' ) DuCLAUX, Ann. de Ch. et de Phys.. 4^ série, t. XXI, 1870, p. 386.
(*) DuPRÉ, Ann. de Ch. et de Phys., 4* série, t. IX, 1866, p. 345.
(^) Leduc et Sacerdote, Comptes rendus^ t. CXXXIV, p. 589, et Journ, de Phys.,
4* série, t. I, 1902, p. 364.
SÉANCE DU j5 juillet 1902. 97
autour duquel le liquide se raccorde avec le verre, c'est-à-dire la secLion du
canal pour le mercure, et celle du verre dans le cas de l'eau. Le diamètre d
de Torifice ainsi défini a varié pour le mercure de o'''°,o27 à oT'^.Z'^'o, et
pour l'eau de 0*=™, 1 10 à 2*^", 5.
ci
E-. e
ow ^ -6,
Intervalle dans lequel la loi
de Tate s'applique sensiblement.
» Nous avons d'abord vérifié, comme l'a fait M. Duclaux| pour d'autres
liquides, qu'^ égaillé de diamètre d'orifice, les poids des gouttes de mer cure et
d'eau sont proportionnels aux tensions superficielles de ces deux Jiquides : le
rapport est environ 6,3.
M Ceci étant, pour examiner la valeur de la loi de Tate, nous pouvons
nous servir indifféremment des résultats obtenus avec les deux liquides, à
condition de diviser les poids de mercure par 6,3. Voici un extrait du
Tableau que nous avons ainsi formé:
d.
cm
0,027
o,o63
o , n o
0,200
0,340
0,8/10
i,48o
2 ,010
(eau]
0,0190
170
162
i48
i46
129
-, : 6,3 ( mercure).
a
o,o352
216
193
175
C. R., 1902, 2= Semestre. (T. CXXXV, N" 2.)
i3
gS ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Enoncer la loi de Tate, c'est dire que le rapport - est constant.
L'inspection de ce Tableau montre que la loi de Taie s'applique sensiblement
pour les diamètres moyens, compris entre o'^^.S et i*'™,5, mais quelle est de
moins en moins vraie à mesure qu'on s'écarte de ces limites.
» Remarques. — l! faut observer que c'est à peu près (uitre ces limites
(0,33 cà 1,57) qu'a opéré Tate (' ), et que d'ailleurs son nombre relatif au
plus petit orifice présente déjà un écart sensible avec sa loi.
» Pour des orifices de diamètre supérieur à 2*^™, le poids des gouttes
d'eau est sensiblement constant et égal à 0^,26. Il est évident que le
rapport -. tend vers zéro lorsque d augmente indéfiniment. La courbe ci-
jointe, qui représente l'ensemble de nos résultats, semble indiquer que ce
rapport augmente, au contraire, indéfiniment lorsque <^ tend vers zéro. »
ACOUSTIQUE. — Sur les accords binaires. Noie de M. A. Guillemix,
présentée par M. J. Violle.
« Représentation géométrique du son H. — Le son H, centre de gravité
des accords binaires M : N, défini par la relation
(a) H(m + n) — 2Mn = 2Nw ^=: 2mnF,
peut être établi comme il suit :
» Le son aigu M étant situé sur la règle A à la hauteur M, je marque au-
dessus et au-dessous de M des points équidistants, qui représenteront les
sons M ± cm. Sur la règle B, parallèle à A, je marque de même la posi-
tion de son grave N et des points équidistants (ils sont plus rapprochés que
M
les précédents), qui figureront les sons N=j=c/i. L'accord juste ^ sera
représenté par la droite MN; les accords faux ayant nîéme centre de
.. M±cm . . , , 1 j" -,
gravite, -ï^7-:ii — ? seront représentes par les droites voisines.
» A cause de la similitude des triangles, il est clair que toutes ces droites
passent par un même point H, dont la hauteur est celle du son H.
(') Tate, Philos. Magaz., 4« série, t. XXVII, i864, p. 176.
SÉANCE DU l5 JUILLET T902.
99
» Signification acoustique du son H. — Des équations (x) on déduit
facilement
I ' / ' '
H "^ 2 \ M ^ N
ou bien, à cause de la formule connue Nt = i,
'^.i=7("m+-^.n);
d'où cette définition : le son H est celui dont la durée de vibration t^ est
moyenne arithmétique entre les durées de vibration Tj, et t^ des deux sons
de l'accord M : N.
» Accords binaires normaux. — Je désigne ainsi les accords dont le
centre de gravité coïncide avec le diapason normal A = 434.3 :
= tierce majeure,
9-^
quinte,
4
3
2
5
7- =: Sixte majeun
3
octave
- = douzième.
I
double octave
9^
10
8
■'""-3 •^"ij
5a _
5a
T
ou
fa#^— utUi,
5
4A
3
ou
fa., — ré,,,
3a .
4 "
3A
2
ou
mi-, — mi,,,
2A
~3~
I
ou
réi — la,,,
5a
8
2
ou
utii;, — at^a,
tOO ACADEMIE DES SCIENCES.
)) Il y a d'autres accords dont les centres de gravité ne correspondent pas à des notes
de la gamme; exemple :
6 . . iiA II A
- ^ tierce mineure
5 12
4 7A
-rz: quarte ^
8 . . i3a
— = sixte mineure — tt •
5 10 10
10
7A
6 •
i3a
» Propriété de la série des sous-harmoniques. — Elle donne sans calcul la
position du centre de gravité d'un accord binaire quelconque. En effet, si
l'on considère les nombres de vibrations N, cette série est, par définition,
I I 1 I
— > — > -jjj 75 • • ••
1254
» Mais si l'on considère les t, qui valent ^j elle est
1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10.
mi\ f)iii la^ mi^ ut^ la^ ^fa'^ mi^ réi uti
» On voit tout de suite que uto est le centre de gravité des accords
/«i — m«2 puisque 5 =1(6 -t- 4))
fa#i— la, )) =1(7 + 3),
mil — ^^h » =2(8 + 2),
» Accords ternaires mineurs. — J'appelle ainsi tous les accords formés
par les trois sons N : H : M, où la médiante est le centre de gravité des sons
extrêmes :
6:5:4 ou Ia^ — ul^ — jni^,
5 : 4 I 3 011 Utç, — 772Ï2 — 1(^2^
4:3:2 ou mi.y — la^ — m^g,
8:2:1 ou la^ — mi^ — mi^,
5 : 3 : I ou w^2 — ^<^2 ~ ^^^4»
» Accords ternaires majeurs. — Ce sont ceux pour lesquels la médiante
a son nombre de vibrations moyen arithmétique entre les nombres de
SÉANCE DU l5 JUILLET 1902. loi
vibrations des sons extrêmes M et N. Tels sont :
4 I 5 ! 6 ou ut^ — mi^ — 50/3,
3 ! 4 ' 5 ou ^0/2 — M/3 — Tni^,
2 ; 3 ! 4 ou uU — ^0/0 ~ ^^^3»
112:3 ou lU^ — ZZ/o — -^^h^
I *. 3 ! 5 ou z//, — soh — mi^.
» Remarque I. — Les deux premiers accords de ces deux listes d'accords sont les
accords parfaits mineur et majeur des musiciens, qui avaient trouvé en fait le
centre de gravité de la quinte.
» Remarque II. — Les deux accords inscrits en seconde ligne sont, pour nous, de
vrais accords mineur et majeur, et ne méritent pas d'être dits des renversements. Ils
sont plus consonants que les accords dits parfaits dont on les fait dériver.
» Remarque III. — Les accords mi — la — do et mi — sol — do doivent, au
contraire, continuer à s'appeler des renversements, puisqu'ils ne peuvent figurer sur
aucune de nos listes; leur médiante n'est, en effet, ni le centre de gravité H, ni la
M + N
moyenne • »
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur une nouvelle vapeur organique de l'air
atmosphérique. Note de M. H. Henriet, présentée par M. Ad.
Carnot.
« Nous avons montré, M. Albert-Lévy et moi ('), qu'on obtenait des
résultats très différents en dosant l'acide carbonique atmosphérique, soit
par simple passage de l'air sur un alcali, soit par maintien de l'air et de
l'alcali en contact très prolongé.
» La quantité totale d'acide carbonique que l'on obtient ainsi est beau-
coup plus élevée que celle de l'acide carbonique normal. L'excès qu'elle
présente sur ce dernier, et qui se produit aux dépens d'un corps carboné
existant dans l'air, peut être mis nettement en évidence. Il suffit pour cela
de remplir un ballon vide de gaz avec de l'air débarrassé de toute trace
d'acide carbonique, puis, à l'aide d'un appareil à mercure dû à M. Pé-
coul (") et qui permet de faire circuler indéfuiiment une même masse
(1) Comptes rendus, t. GXXVII, p. 353.
(^) Annales de l'Observatoire de Montsouris, t. I, p. Sôg.
I02 ACADEMIE DES SCIENCES.
gazeuse dans un barboteur, de faire passer l'air sur une solution claire de
baryte, pendant 24 heures. Au bout de ce temps, cette baryte présente un
précipité très net de carbonate de baryum.
» Ce phénomène dûment constaté, j'ai poursuivi ces recherches en vue
de caractériser le corps qui le produit.
» Je résumerai ici très brièvement les résultats de celte étude, qui sera
développée dans une publication ultérieure.
» Après de nombreux essais, j'ai été amené à mélanger l'air filtré sur du coton de
verre avec de la vapeur d'eau, que j'ai condensée ensuite à l'abri de toute matière
organique et que j'ai étudiée.
» L'eau de condensation réduit le nitrate d'argent à l'ébullition; cette réaction n'a
plus lieu si, avant d'ajouter le sel d'argent, on évapore à sec en présence d'acide sul-
furique. Si l'on concentre l'eau condensée, elle ramène alors le bichlorure de mercure
à l'état de calomel, réduit les sels d'or et le permanganate de potassium, ce dernier
seulement en solution alcaline. Or, ces caractères sont ceux de l'acide formique.
» Avec le réactif de Nessler, l'eau de condensation ne donne pas la coloration jaune
brun caractéristique des sels ammoniacaux, mais un louche vert jaunâtre qui se pro-
duit au bout d'un temps plus ou moins long, selon le degré de concentration de la
liqueur. Cette réaction a lieu beaucoup plus rapidement si l'on chauffe préalablement
Feau de condensation, soit avec un peu de potasse pure, soit avec de l'acide chlorhy-
drique. Ce fait montre que le corps agissant n'existe pas tout formé dans l'eau, mais
prend naissance grâce â un phénomène d'hydratation.
» En étudiant l'action des sels de diverses aminés sur le réactif de Nessler, j'ai
constaté que, d'une façon générale, leur sensibilité vis-à-vis de ce réactif est très
inférieure à celle des sels ammoniacaux; mais ils produisent des teintes louches et
verdâtres, semblables à celle que j'ai observée avec les produits de condensation.
» J'ai donc pensé qu'il devait exister une aminé à côté de l'acide formique. Pour
mettre cette aminé en évidence, j'ai comparé la coloration fournie par le Nessler sur
l'eau de condensation telle quelle, à celle de la même eau traitée par le procédé
Kjeldhal. Après une distillation très soignée, j'ai obtenu une teinte beaucoup plus
intense qu'avec l'eau brute. Or, pendant l'action de l'acide sulfurique, le mélange n'a
pas noirci. Il est donc vraisemblable que l'azote ammoniacal obtenu d'après Kjeldhal
provient d'une aminé.
» J'ai cherché ensuite le rapport existant entre le poids de l'acide et celui de
l'aminé. Pour ^o"""" d'eau de condensation, j'ai trouvé un poids d'azote égal à o™s, i3
et, pour le même volume d'eau, un poids d'acide formique qui, calculé en azote, est
égal à 0°^, 14. Il y a donc équivalence entre l'acide et la base.
» Cependant, il est inadmissible que l'on soit en présence d'un sel, car j'ai montré
plus haut que l'aminé ne prend naissance que grâce à un phénomène d'hydratation.
Le corps dissous dans l'eau de condensation me semble donc être une amide for-
mique.
» Le groupe AzH^ de cette amide pouvant posséder un ou deux radicaux monova-
lents substitués aux deux atomes d'hydrogène, il fallait rechercher si l'aminé issue de
SÉANCE DU l5 JUILLET 1902. Io3
ce corps était primaire ou secondaire. A cet eflfet, j'ai évaporé au bain-marie, en pré-
sence d'acide chlorliydrique, l'eau de condensation de 100^ d'air du centre de Paris.
Le résidu obtenu, traité par la potasse et le chloroforme, m'a donné d'une façon très
intense l'odeur repoussante des carbylamines. Une seconde expéiience faite dans les
mêmes conditions m'a conduit au même résultat. Le groupe AzH- est donc de la
forme Azv
)) De l'ensemble de ces faits il paraît résulter que le corps existant dans
l'air et retenu en dissolution dans l'eau de condensation est une for-
miamide monosubstituée (HCOAz. j; de nouvelles expériences en
cours permettront, je l'espère, de fixer définitivement la véritable nature
de ce composé, ainsi que celle du radical R, que je me propose de déter-
miner en étudiant le chloroplalinaLe de l'aminé correspondante.
» Si maintenant on rapproche des résultats obtenus les premiers phé-
nomènes observés, on voit que l'acide carbonique produit résulte de
la transformation de l'acide formique, qui, dans l'appareil de M. Pécoul,
subit, au contact de l'alcali, de l'air qui circule constamment et des oxydes
de mercure qui se forment, une oxydation complète. »
CHIMIE. — Sur les propriétés et la constitution des peroxydes de zinc.
Note de M. de Forcrand.
« J'ai décrit précédemment (' ) quatre peroxydes de zinc qui, d'après
leurs modes de préparation, me paraissent être des composés définis :
Zn3 0^+2H-0 ou Zn^O^+aH^O-,
Zn^O^+SH^O ou Zn3 03+2lPO'-+H2 0,
Zn*0" + 4H20 ou Zn*0^ -t-SH^O^+H^O,
ZnO-^+2,5H20 ou ZnO + W'^O^+i.ôW'O C).
» I. Au moment oi^i on les sépare par le filtre, ces substances sont des
précipités gélatineux, parfaitement blancs, dont l'aspect ne diffère pas de
(') Comptes rendus, t. CXXXIV, p. 601.
(^) L'état d'hydratation de ce dernier composé, vu son extrême instabilité, est un
peu incertain. Il est possible que ce soit :
Zn02+2H*0 ou ZnO + tP02+H«0.
Io4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
celui du proloxyde hydraté précipité. Par la dessiccation sur plaques po-
reuses, ils forment une poudre assez dense, formée de très petits grains
durs, qui cependant ne paraissent pas cristallins, même au nucroscope. Ils
restent parfaitement blancs. Les trois premiers sont inaltérables à l'air sec
ou humide et ne se carbonatent pas. Le dernier perd peu à peu de l'eau
et de l'oxygène dans l'air sec et passe à l'état de Zn^O^ -+- 2H-O.
» Lorsqu'on chauffe à 100** le composé Zn^0^4-4H"0, soit à l'air
libre, soit en vase clos, il ne cède pas d'eau, mais une quantité d'oxygène
correspondant à la différence entre Zn*0^ et Zn^O% et devient
Zn^O^-l-SH^O.
» Quant aux comj^osés Zn^ 0^-1-3 H" O et Zn^O^H-2H^O, ils sont
stables l'un et l'autre à 100°. Si on les chauffe au-dessus de cette tempéra-
ture, en vase clos, on n'observe aucun phénomène jusqu'à 190° pour le
premier et 210° pour le second. A ces températures (*) il se dégage
brusquement une grande quantité d'eau, qui se condense en hautdu tube;
après refroidissement, on recueille un volume d'oxygène qui corres})ond au
passage de Zn^O^ à ZnO. Le résidu solide est du protoxyde de zinc ZnO
retenant seulement quelques centièmes d'eau.
» Si l'on chauffe en vase ouvert l'un des quatre composés, il se détruit
brusquement vers 200", en dégageant à la fois de l'eau et de l'oxygène, et
laisse du protoxyde à peu près anhydre; la réaction est faiblement explo-
sive.
» Tous ces corps se dissolvent aisément dans l'acide sulfurique étendu,
et leurs dissolutions se comportent comme des mélanges de sulfate de zinc
et d'eau oxygénée. On n'observe, pendant cette réaction, aucun déga-
gement d'oxygène libre, ce qui permet de faire l'étude thermique de ces
composés.
» IL J'ai obtenu, vers +15*^, pour la dissolution de chacun de ces
peroxydes dans la quantité exactement calculée de SO''fP étendu
(98s = 4'), les nombres suivants :
Cal
Zn305+ aH^Osol. + SSO^HMissous H- 16, o4 x 3
Zn^O^+SH^Osol.-hSSO^H^dissous -H 16,49 x 3
Zn*0^-l-4H-Osol. + 4SO*HMissous +i4,86x4
ZnO^ +2H2OS0I.+ SO^H^dissous +i4,86
(*) M. Kouriloff avait déjà indiqué que le produit obtenu dans ses expériences se
décomposait un peu au-dessus de 180° (Ann. de Chim. etde Phys., 6« série, t. XXIll,
p. 429).
SÉANCE DU l5 JUILLET 1902. lOD
ce qui permet de calculer les chaleurs de formation suivantes dans les
deux hypothèses possibles (').
M Première hypothèse. — Les produits obtenus sont de véritables
peroxydes plus ou moins hydratés : ZnO"-l- mH^O :
Cal
Zn303,2H20soI.+ 02oaz — Zn^OSaH^Osol —18,47x2 ou —8,98x3
Zn»0^3H20sol.^-0-gaz = Zn^0^3^POsoI —16,06x2 ou — 10,71 x 3
Zn*0^4H20sol. + 03gazr=Zn*0^4H^Osol — i5,85x3 ou —11, 88x4
ZnO, 2H^Osol.+ 0 gaz = Zn OS2H^Osol —18, 64
» Seconde hypothèse. — Il s'agit de combinaisons d'addition formées
par l'eau oxygénée, soit avec le protoxyde anhydre, soit avec les divers
protoxydes hydratés :
Zn^O'sol. + 2H^02 liq. anhydre = Zn^O^, 2H-0'2soI +12,29x2 ou +8,19x8
Zn30%H20sol.+ 2H20- » =Zn30^H20,2H20■^sol.. +12,24x2 ou +8,i6x3
Zu^OSH-^Osol.+ SH^O^ » ~Zn*OSH20,3H^02soI.. +11,96x8 ou +8,97x4
Zn(OH)2sol. + H^O^ »' =Zn(OH),H202soI +4,87
» m. chacune de ces hypothèses peut à la rigueur se défendre. Cepen-
dant, la seconde me paraît plus probable pour plusieurs raisons :
)i i** Aucun de ces composés ne contient moins de molécules d'eau que
d'atomes d'oxygène actif;
» 2° Leur stabilité relative s'explique mieux, tous les nombres du
second Tableau étant positifs;
» ?>^ Il existe, en fait, une grande différence de stabilité entre le second
et le dernier de ces composés, l'un ne se détruisant qu'à 190°, et l'autre se
décomposant déjà à froid. Cette différence n'apparaît guère dans le pre-
mier Tableau (— 16,06 et — 18,64), tandis qu'elle est manifeste dans
l'autre hypothèse (+12,24 et +4,87). Bien plus, l'écart entre les deux
nombres (+7,37) correspond précisément à une différence de stabilité
de 200° environ.
» Je crois donc qu'il faut écrire les formules de ces quatre combinaisons
(•) Je prends comme données auxiliaires les nombres suivants, qui résultent d'an-
ciennes expériences ou de celles que j'ai fait connaître récemment pour les oxydes de
zinc hydratés et condensés : chaleur de dissolution, dans l'acide sulfurique étendu,
de ZnO : + 23^=^1, 91 ; de Zn(0H)2 : + 19c»!, 25; de ZnO, 2H2O : +i7Cai,92; chaleur
de formation de l'eau oxygénée anhydre liquide : — 21^3^,22 à partir de O gaz et de
H^O liquide. Enfin chaleur de dissolution de H^OMiquide: +o^«',48.
C. R., 1902, 2» Semestre. (T. CXXW, N° 2.) l4
Io6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de la manière suivante :
Zn^OSH^O + aH^O^ ou OH-Zn-O - Zn - O - Zn - OH + aH^OS
Zn^OSH^O + SH^O^ ou OH-Zn-O-Zn-O — Zn-0-Zn-0H + 3IP0S
ZnO,H20 + H202 ou OH — Zn — OH + H-OS
les oxydes Zn^O% H-O et Zn^O\ H^O étant des acides polyzinciques ou
métazinciques, du même genre que les hydrates d'oxyde condensés que
j'ai étudiés précédemment, et analogues aux sulfures hydratés Zn' S% H^O
etZn^S%H^O.
)) Cette constitution pourrait sans doute être rapprochée de celle de
l'acide perchromique, qui serait CrO% H'O- d'après M. Moissan, ou bien
Cr20% 2H^O, H-O^ d'après M. Berthelot, en écrivant cette dernière for-
mule
Cr20%H^0H- 2H20-
ou
OH - CrO^ - O - CrO^ - OH + 2H^0S
c'est-à-dire en mettant en évidence un acide métachromique ou dichro-
mique (l'acide des dichromates), de même que les acides métazinciques
seraient sans doute les acides de certains zincates alcalins.
» Dans tous les cas, ces peroxydes de zinc hydratés seraient très diffé-
rents des véritables peroxydes hydratés de calcium, de baryum, de lithium,
de sodium. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l'acide oxyisopwpylphosphinique. Note
de M. C. Marie, présentée par M. H. Moissan.
« Les dérivés éthérés de cet acide se préparent facilement au moyen
des lodures alcooliques et du sel d'argent neutre que j'ai décrit précédem-
ment (^Comptes rendus, t. CXXXIV, p. 994)-
» Éther méthylique : C^HeOPO^HCCH^)^ — On traite le sel d'argent finement
pulvérisé par un excès d'iodure de méthyle dilué avec de l'étlier; après quelques
heures d'ébullition, l'éther, filtré et évaporé, laisse cristalliser le produit en beaux
cristaux limpides et fusibles à 76". L'analyse et le dosage acidimétrique correspondent
à la formule de l'éther neutre.
» L'éther éthylique, préparé comme le précédent, est liquide et répond à la formule
C3H6 0P03H(C2H«)^
» Ces étliers ne peuvent être distillés sans décomposition; celle-ci s'etl'eclue avec
SÉANCE DU l5 JUILLET 1902. 107
perte d'acétone et paraît devoir donner naissance à des composés intéressants. C'est
ainsi que l'éther éthylique, maintenu à l'ébullition dans le vide jusqu'à ce que le point
d'ébullition s'élève à i3o°-i4o° sous 20"""', perd de l'acétone et donne par distillation,
sans formation d'hydrogène phosphore, un liquide qui, refroidi dans un mélange
réfrigérant, se prend en une masse cristalline fusible à la température ordinaire.
» Le produit ainsi obtenu a les propriétés suivantes : c'est un liquide peu mobile,
d'odeur éthérée, soluble dans l'eau, neutre à l'hélianthine et à la phtaléine et sapo-
njfîable progressivement par les alcalis. La solution du produit ainsi saponifié n'a
aucune des réactions des acides oxyisopropylphospliorique ou phosphoreux avec les
sels d'argent, de mercure et de plomb; mais, après ébullition avec un excès d'acide
azotique, même très étendu, les réactions de l'acide phosphoreux apparaissent nette-
ment, ce qui montre que ce corps doit être un pyro dérivé susceptible d'hydratation
sous l'influence des acides étendus. Les titrages acidimétriques avant et après l'ébul-
lition conduisent d'ailleurs à la même conclusion. Je n'ai pu, faute de matière,
pousser cette étude plus loin et me propose d'y revenir ultérieurement.
» La saponification des deux éthers, méthylique et éthylique, décrits plus haut,
a lieu très nettement en deux phases : dans la première, l'alcali ajouté est saturé
presque instantanément et ceci jusqu'à ce que la quantité correspondant à un groupe
éther ait été utilisée; puis la saponification s'arrête et il faut alors, pour mettre en
évidence la seconde fonction acide, ajouter un excès de base et faire bouillir pendant
plusieurs heures. Ces faits indiquent l'existence probable et la stabilité d'acides com^
parables aux acides méthyl- et éthylphosphoreux, et je me réserve de les étudier plus
complètement.
» Dérivé benzoylé de l'acide oa:yisopropylphosphiniqaeC^l{^{OC^}i^CO)PO^B^.
— Pour démontrer la présence d'un OH alcoolique dans cet acide, j'ai essayé de pré-
parer son dérivé benzoylé. L'action directe du chlorure sur l'acide provoquant sa
décomposition avec départ d'acétone, j'ai dû effectuer la benzoylation en présence de
pyridine pour éviter l'action destructive de l'HCl formé. A la solution de l'acide dans
un excès de pyridine on ajoute peu à peu un léger excès de chlorure de benzoylé dis-
sous dans l'éther. Après réaction, on traite par l'eau, on chasse l'excès par des éva-
poratjons à sec successives et l'on précipite par l'acétate de plomb. Le précipité
obtenu, lavé, est ensuite mis en suspension dans l'eau et traité par l'H^S. La solution
séparée du sulfure de plomb et concentrée laisse, par refroidissement, cristalliser de
belles aiguilles qui représentent le corps cherché. Celui-ci fonda ro2°; il est assez
soluble dans l'eau, surtout à chaud, très soluble dans l'alcool et très peu soluble dans
l'éther, même bouillant (à peine i pour 100).
» Cet acide correspond à la formule d'un dérivé monobenzoylé
C3H«(OC«H5CO)P03H2;
neutralisé par la soude, il fournit avec AzO'Ag un précipité blanc cristallisé qui
représente, d'après son analyse, le sel neutre d'argent C*H6(OC«H«CO)P03Ag^
» En résumé, les formules des sels et des éthers et l'existence d'un
dérivé benzoylé justifient le nom donné à cet acide et permettent de lui
Io8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
attribuer la formule
(CH^)2 = C-OH
0 = P = (OH)^
» C'est le premier corps d'une série nouvelle d'acides oxyphosphiniques
qui viennent se placer à côté des acides oxyphosphiniques préparés par
l'action de PCI'* sur les aldéhydes grasses ou aromatiques (Fossek, Mon.
f. CL, t. Y, p. 627). »
CHIMIE ORGANIQUE. — Nouvelle méthode de préparation des éthers ^-céto-
niques-y. substitués. Note de M. René Locquin, présentée par M. A.
Haller.
« Point de départ. — En faisant réagir les chlorures des acides gras
sur les éthers acétylacétiques sodés, MM. Bouveault et Bongert ont obtenu
un mélange des deux dérivés acylés isomères {Comptes rendus, t. CXXXII,
i9oi,p. 701).
QW^ co\
» Les C.-acidylacétates ^CH — CO-R', traités par la potasse
aqueuse ou l'ammoniac gazeux, leur ont fourni la série des acidylacétates
R — CO — CH — CO-R', possédant des propriétés analogues à celles des
acétylacétates et, entre autres, celle de remplacer un des atomes d'hydro-
gène de leur groupe CH- par un radical R'' quand on les traite par un mé-
lange d'éthylate de soude et d'un iodure alcoolique R"I.
» En faisant réagir l'iodure de méthyle sur le C.-butyrylacétylacétate de
méthyle sodé, en solution méthy [alcoolique, ces deux savants ont obtenu,
non pas le méthylbutyrylacétylacétate de méthyle
CH^-CO/ \CO-CH^
qu'ils attendaient, mais son produit de dédoublement, le méthylbutyrylacé-
late de méthyle
C=*H' - CO - CH — CO-CH'
CH^
formé par suite de la séparation du groupement CO — CH' (' ).
(') Bongert, Thèse de la Faculté des Sciences de Nancy, 1901, p. 4'»
SÉANCE DU l5 JUILLET 1902. lOû
» Si ce mode de formation des éthers acidylacétiques-y. substitués peut
être généralisé, il constituera une réaction importante, parce qu'il permettra
d'obtenir en une seule fois ces composés sans qu'on soit obligé de passer
par l'intermédiaire des éthers acidylacétiques non substitués.
» M. Bouveault m'a prié d'examiner comment se passait cette réaction
en partant des dérivés C.-acidylacétylacétate et en traitant leurs dérivés
sodés par des iodures alcooliques de condensation moléculaire très diffé-
rente. J'ai trouvé que, dans tous les cas, la réaction obéit à l'équation
suivante :
(I) \ =CFP— CO^G^H^H-Nal + R-CO — CH — CO-C^H»
( R'
et que les rendements étaient bons.
» Si l'on emploie des éthers bromhydriques, la réaction est moins
nette et moins complète; une partie du produit obéit à l'équation :
^ r'- CO/^^^ - CO^'C^FP+ C-H^ONa + R'Br
(") { ^RGO^C^H^ + Nal + CH'-CO-CH-CO^G-H^
I
R'
» Quant aux éthers chlorhydriques, ils ne réagissent pas en général.
» J'ai eu soin de caractériser tous ces éthers [i-cétoniques par les pro-
duits de condensation qu'ils donnent avec l'hydrate d'hydrazine.
» Il se fait des pyrazolones bisubstituées suivant le schéma :
AzH2— AzH- Az'2 ^G0
+ G02C2H5=H20 + C2H«Oh-
R-C
R _ CO - CH — R'
GH — R'
et qui, sauf pour les radicaux de poids moléculaires élevés, sont très bien
cristallisées et très caractéristiques.
» Mode opératoire suivi. — D'une façon générale, il est avantageux de laisser en
contact prolongé et à froid le dérivé G.-ac_ylé à employer et l'alcoolate de soude. On
ajoute ensuite l'iodure alcoolique et l'on chauffe à l'autoclave entre 100° et 1 10° pendant
6 heures au moins. Après refroidissement, on chasse l'alcool dans le vide, on reprend
par l'eau, on neutralise s'il y a lieu, on extrait à l'éther et l'on rectifie dans le vide.
IIO ACADEMIE DES SCIENCES.
» Les éthers ainsi obtenus sont tous incolores et liquides à la températvire ordi-
naire.
Réactions effectuées et produits obtenus.
» A. Action de Viodure d'éthyle sur le C-caproylacétylacétate d'éthyle, —
Nous avons préparé le G.-caproylaoétjlacétate d'éthyle en partant du chlorure de
caproyle et de l'éther acétylacétique sodé suivant le procédé de MM. Bouveault et
Bongert {loc. cit.). On atteint un rendement de 60 pour 100.
» Le G.-caproyIacétylacétate d'éthyle bout à i36° sous 10™™ et sa densité à 0° est
de I ,082.
» Le sel de cuivre correspondant est violet, soluble dans tous les réactifs orga-
niques, insoluble dans l'eau, et fond à 53°.
» En faisant réagir Fiodure d'éthyle sur ce dérivé G.-acylé, on obtient, avec un
rendernent de 76 à 80 pour 100, Véthylcaproylacétate d'éthyle bouillant à 128°-! 29°
sous i3™™. D* =0,9325.
» La pyrazolone correspondante, ou Z-amyl [^-éthylpyrazolone, soluble dans l'al-
cool, insoluble dans le pétrole, assez soluble dans la benzine bouillante, forme des
lamelles brillantes fondant à 136°.
» B. Action du bromure d'éthyle sur le O.-butyrylacétylacétate d'éthyle. —
Il se fait (suivant les schémas II et I) un mélange d' éthylacétylacétate d'éthyle et
d^éthylhutyrylacétate d'éthyle (*) qu'on ne peut séparer par rectification.
» Ce mélange, traité par l'hydrate d'hydrazine, donne les deux pyrazolones corres-
pondantes, inconnues l'une et l'autre, qu'on sépare par cristallisation fractionnée dans
l'éther et la benzine.
» L'une, identique à celle que l'on obtient en partant directement de l'éthylacélyl-
acétate d'éthyle, est la 2>-?néthyl, t^-éthylpyrazolone. Elle est soluble dans l'alcool,
peu soluble dans l'éther, presque insoluble dans la benzine bouillante, et cristallise en
paillettes fondant à 190°.
» L'autre correspond à l'éthylbutyrj'lacétatej c'est la Z-propyl^ [\-éthylpyrazolone;
elle est plus soluble que la précédente dans les mêmes réactifs et fond vers i45°.
» C. Action de Viodure d'octyle secondaire sur le C-b utyry lacé ty lacé taie
d'éthyle. — La réaction I a lieu avec les iodures secondaires comme avec les iodures
primaires, mais le rendement est moins bon. On retrouve du butyrate d'éthyle, de
l'alcool caprylique, etc.; quant au caprylbutyrylacétate d'éthyle
CH^ — ( CH2)2 _ CO — CH — CO^C^ IP
CH» — CH — (CH^)^ — CFP,
obtenu avec un rendement de 45 pour 100, il bout à 166° sous 16™"". DJ ■=. 0,9347.
» La pyrazolone se forme difficilement; elle reste liquide et bout en se décomposant
partiellernept vers 270° sous 30"*™, »
(*) L'éthylbutyrylacétale d'éthyle (ou butyrylbutyrate d'éthyle) a déjà été préparé
différemment par M. Hamonet \BL, (3), t. II] et par MM, Moureu et Delange \Bl., (3),
t. XXVIL
SÉANCE DU l5 JUILLET I902. III
PHYSIQUE BIOLOGIQUE. — Résisdvités électriques de sérurns sanguins patho-
logiques et cV épanchements séreux chez l'homme. Note de MM. Lesage et
DoNGiER, présentée par M. Lippmann.
« Nous avons déjà utilisé l'appareil d'Ostwald, servant à mesurer les
résistances électriques des solutions, dans l'étude de la fermentation lac-
tique (') et dans l'étude du sérum sanguin normal chez l'homme et chez
divers animaux (-). Nous avons annoncé, en particulier, que la résistivité
du sérum sanguin normal de l'homme oscillait à 16°, 7 entre 100 et io3 ohms.
Les recherches que nous avons poursuivies chez l'homme sont relatives :
1° aux sérums pathologiques; 2" aux épanchements des séreuses.
» Les malades ont été observés dans le service de l'un de nous à la
Maison municipale de Santé. Les mesures ont toutes été rapportées à la
température de 16^,7.
L — Sérums pathologiques humains.
» a. Dans les maladies infectieuses fébriles, chez l'adulte (rougeole, scarlatine,
oreillons, érjsipèle, grippe, pneumonie, rhumatisme articulaire aigu, rhumatisme
blennorrhagique), les valeurs de la résistivité ont varié, comme pour le sérum normal,
entre 100 et io3 ohms. Ces résultats ne paraissent pas être influencés par l'intensité
de l'infection, par l'état thermique et par la période de la maladie. Exceptionnellement
et sans cause apparente, quelques-uns des nombres ont atteint io5 ohms ou sont des-
cendus à 98 ohms; mais il est juste de dire que la grande majorité des cas relatifs à
une même maladie a fourni des valeurs normales.
» h. Dans les maladies chroniques (syphilis, cancer, diabète, tabès, neurasthénie,
alcoolisme, artériosclérose, emphysème, apoplexie, affections cardiaques, albuminurie
sans accidents urémiques), les valeurs de la résistivité sont restées normales et com-
prises entre 100 et io3 ohms.
» c. L'urémie et surtout la fièvre typhoïde s'écartent notablement des maladies dont
il vient d'être fait mention ; elles accusent une augmentation de la résistivité du sérum.
» Urémie. — Les albuminuriques sans accidents urémiques fournissent des valeurs
normales; au contraire, dans le cas d'accidents urémiques, avec ou sans albumine,
nous avons obtenu des nombres plus élevés, 108 ohms et même il3 ohms. L'accident
urémique paraît être en relation avec cette augmentation. Ainsi, un malade en crise
d'urémie fournit un sérum à ii3 ohms. On le traite par la saignée; les accidents uré-
miques disparaissent et, 2 jours après, le sérum redevient normal à 10 1 ohms.
(*) Comptes rendus, 10 mars 1902.
(■') Comptes rendus, i4 avril 1902.
112 ACADEMIE DES SCIENCES.
» Fièvre typhoïde. — La fièvre typhoïde se place tout à fait à part des maladies
précédentes, et les résultats obtenus sont remarquables par leur netteté. D'une manière
constante et sans exception, nous avons observé les valeurs comprises entre io6 et
109 ohms dans les cas bénins, 109 et 112 ohms dans les formes moyennes, 11 2 et 1 18 ohms
dans les formes graves (*).
» La résistivilé, observée pendant l'évolution de la maladie, augmente à mesure que
la maladie progresse, passe par un maximum au début de la convalescence, puis tend
à devenir normale. 11 ne semble pas qu'il y ait un parallélisme nécessaire entre l'élé-
vation de la température du malade et l'élévation de la résistivité du sérum.
» Voici quelques exemples :
A.
B.
C.
10* jour. . .
• 109,5
12" jour. . .
1 13,3
16" jour. . .
0)
110,5
16" jour. . .
118,0
16*' jour. . .
1 16,6
26* jour. . .
• 109,0
28" jour. . .
111,0
36'' jour...
. 108,5
» Comme toutes ces observations ont été prises chez des malades soumis
au régime lacté, on ne saurait attribuer à l'alimentation les différences
observées. Par exemple, deux albuminuriques, l'un avec accidents uré-
miques, l'autre sans accidents, soumis à la même alimentation lactée, ont
fourni des nombres différents. De même, chez le typhique, l'abaissement
de la résistivité est observé pendant la convalescence, alors que le régime
lacté continue à lui être appliqué.
II. — ÉPANCHEMENTS SÉREUX.
» Les valeurs suivantes de la résistivité électrique ont été obtenues chez des
malades fébricitants ou non :
(0 w
Liquide pleural séro-fibrineux 95,7 â 102
Liquide articulaire blennorrhagique 98
Liquide ascitique 89 à 90
Liquide céphalo-rachidien. 80 à 82
» La coagulation de ces liquides par la chaleur ne change pas la résistivité. Ceci
est d'ailleurs un fait connu; les albumines ne jouent pas de rôle appréciable dans la
dissociation ionique des solutions salines.
» Il y a lieu de remarquer que les liquides des séreuses pleurales et articulaires ont
une résistivité voisine de celle du sérum normal. Le liquide ascitique a une résistivité
un peu moindre et le liquide céphalo-rachidien s'en éloigne davantage.
» Dans le cas où plusieurs ponctions ont pu être faites successivement, à quelques
jours d'intervalle, nous avons noté chaque fois une décroissance de la résistivité.
(^) Le diagnostic était établi par l'observation clinique et par le phénomène de
l'agglutination.
SÉANCE DU ï5 JUILLET 1902. ii3
Exemples. — Liquide ascitique.
Première ponction. Deuxième ponction. Troisième ponction.
3 janvier. 11 janvier. 16 janvier.
89''^ 2 87*- 83">
Liquide pleural.
5 janvier. 11 janvier.
98" 92"^
CHIMIE BIOLOGIQUE. — La zymase de /'Eurotiopsis Gayoni.
Noie de M. Mazé, présentée par M. Roux.
« Dans le cours de mes recherches sur l'assimilation des aliments ter-
naires par les végétaux et les champignons, j'ai été conduit, à différentes
reprises, à admettre l'existence de la zymase chez les cellules aérobies, et
à supposer qu'elle est présente exclusivement dans les éléments jeunes.
» Je me propose, dans cette Note, d'apporter quelques faits destinés à
justifier ces déductions. Mes expériences ont porté sur Y Eurotiopsis Gayoni.
» La question à résoudre comporte les deux propositions suivantes :
» i*^ Montrer que le mycélium développé sous forme de voile superficiel,
en large contact avec l'air, renferme de la zymase, sans qu'il soit néces-
saire de le soumettre au préalable à'des conditions de vie anaérobie ;
M 2° Établir, toujours avec des cultures aérobies, que la quantité de zy-
mase contenue dans l'unité de poids de mycélium diminue rapidement avec
l'âge des cultures.
» Le moyen le plus pratique pour atteindre le but proposé consiste à
fixer la diastase en soumettant le mycélium au moment où on le recueille,
après un pressurage rapide entre des feuilles de papier buvard, à l'action
d'un mélange de 3 parties d'alcool absolu pour 1 d'éther suivant les indi-
cations de M. Albert (' ).
» Ce traitement fixe la zymase en tuant le mycélium; le champignon,
réduit ensuite en poudre très fine et placé dans une solution de glucose à
3o pour 100, donne naissance à un dégagement d'acide carbonique qui se
manifeste au bout de i heure à 35° et devient bientôt tumultueux, mais les
quantités d'acide carbonique et d'alcool recueillis ne sont pas comparables
d'une expérience à l'autre parce que le traitement détruit la plus grande
partie de la diastase.
') Berichle der d. cli. GeselL, l. XXXIII, 1900, p. 8775.
G. H., 190J, -i' Semestre. (T. CXXXV, N" 3.)
ID
jl^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
» La zymase de Y Euroliopsis est d'ailleurs bien plus fragile que celle de
la levure, du moins en apparence, car elle ne résiste même pas à une des-
siccation dans le vide sec.
)) Mais le mycélium qui a été traité suivant ce dernier procédé ne récu-
père pas sa zymase, lorsqu'il est placé à l'abri de l'oxygène, dans le liquide
Raulin ordinaire, et pourtant il se développe facilement an contact de l'air.
Cela prouve que cette diastase exige, pour se former, la vie aérobie. Voilà
le fait intéressant fourni par ces procédés qui, sur tous les autres points
visés, ne donnent que des résultats irréguliers.
» Pour obtenir des chiffres qui traduisent aussi fidèlement que possible la quantité
de zymase présente dans le iTiycélium à un moment quelconque, j'ai placé les cultures
développées sur milieu Raulin à lo pour loo de sucre, dans des solutions de sucre
interverti stérilisées, réparties dans des fioles de 2oo<=™'; l'air des récipients était
enlevé avec soin et remplacé par de l'hydrogène. Le dégagement d'acide carbonique
commence immédiatement ; ce gaz a été recueilli sous le mercure.
» L'acide carbonique mis en liberté dans ces conditions mesure la quantité de
zymase présente dans le mycélium. J'ai montré, en effet (*), que les cultures effec-
tuées sur milieu alcoolisé ne dégagent pas d'acide carbonique lorsqu'on les prive
d'oxygène, bien qu'on ait pris la précaution de les laisser en présence d'alcool. Cela
veut dire que, si les cultures sur milieu sucré, traitées de la même façon, produisent
de l'acide carbonique, celui-ci doit être rapporté exclusivement à la fermentation
alcoolique du sucre.
» J'ai consigné dans le Tableau I les résultats obtenus en soumettant à la fermenta-
tion des solutions de sucre interverti de concentration variable par des voiles de
24 heures. Cet essai a pour but de fixer la dose optimum de sucre interverti qui con-
vient à la zvmase. Les chiffres inscrits au Tableau I expriment les volumes de gaz
dégagés en 24 heures, évalués sous la pression normale et la température de 0°. L'expé-
rience a été réalisée comme celles qui sont relatées plusUoin, à la température de So".
Tableau L
Concentration pour too de la
liqueur sucrée 5 10 20 3o 4o So
CO- dégagé pendant les premières 1 , , , ^ »
s » I I 011)3 cm^ cm' cm' cm' cm'
24 heures 99,8 129,2 201,7 207,7 79,7 36,3
CO^ dégagé pepdant les deuxièmes
24 heures 64 86,9 169,3 209,4 118,1 24,7
CO^ dégagé pendant les troisièmes
24 heures 59 78,1 142, 5 172,8 u4>i ^3,8
CO^ dégagé pendant les quatrièmes
24 heures 45,8 67,2 i35,8 « 11 3, 7 23,4
(') Annales de l'Institut Pasteur, mai 1902.
SÉANCE DU l5 JUILLET 1902. Il5
CO' dégagé pendant les cinquièmes
o o r n cm' cm' cm3 cm» om^ ima
24 heures 44,8 60,8 i33,2 161,4 ïi3,4 19,2
GO^ dégagé pendant les sixièmes
24 heures 86,7 58,7 '29 i56,8 97,6 i5,6
Poids du mycélium 259'"?, 4 317™? 289"g 307"^', 8 275'"s,3 207""?, 2
Volume maximum dégagé en
24 heures rapporté à i^ 384^""', 7 4o7'^°'^5 697'^■"^8 680""', 3 428='"%9 i75«-"', i
)) On voit que la dose optimum varie entre des limites très étendues. J'ai adopté
pour les expériences qui suivent la concentration de 20 pour 100. Les résultats réunis
dans le Tableau II ont été fournis par des voiles d'âge variable, empruntés à des cul-
tures réalisées sur des milieux sucrés, glycérines, lactiques et alcoolisés.
Tableau II.
Smre iiileiTorii.
Glïcérine.
Acide lactiqua.
Alcool.
3s voi
le=.
1.
2i li.
.',8 h.
3.
't.
36 h.
5.
3 j. iGh.
6.
7.
3i.
8.
9.
10.
24 b.
II.
48 11.
12.
Age di
H-
6j.
5j
cm'
om'
cm'
cm a
cm»
cm»
cm'
cm'
cm'
cm»
cm'
cm
CO- dégagé
, 1*''
jour
i4o
46,4
21,7
10,8
i3
7 , ■"
10,8
i4,6
9
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6,1
0
»
a'
»
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23,1
22,3
i5,3
32,8
21,5
«9,9
3,8
7,7
»
3=
» .....
111,2
87,5
33,7
25,8
24
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26,9
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104,3
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))
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ICI ,6
78,8
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40,8
21,1
22,5
6,6
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46,7
18,4
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18,8
20,7
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1 1°
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»
»
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19,8
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17 ,6
19,6
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»
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16
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19°
»
»
»
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6,1
37,5
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Poids, en 1
inilli
gi'ammes,
du mycéli
Volume maî
ium .
2l5
347
446,6
127,4
195,6
229,5
363,9
27', 7
38i,i
36,4
i5g,3
timu
im,en cen-
timètres
cubes, de CO-
dégagé en
1 24!
heures par
gramme de m
ycélium. .
65 1
269
i34
201
129
66
lOI
79
32
io4
64
» Ces chiffres montrent que les cultures jeunes sont les plus riches en
zymase; la diastase se détruit rapidement à mesure que les cultures vieil-
lissent; la deuxième partie du problème posé est donc démontrée.
» La levure cultivée en surface sur milieu solide donne lieu à des
Il6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
observations de même ordre que les précédentes; mais avec elle la
question se complique, en raison, sans doute, de la réserve d'oxygène
qu'elle se crée pendant la vie aérobie. Avant d'exposer les résultats qu'elle
m'a fournis, il convient de préciser ce détail important ('). »
CHIMIE. — Sur la guérison de la casse des vins par l'addition d'acide
sulfureux. Note de M. J. Laborde, présentée par M. Roux.
« Dans une précédente Communication (^), j'ai montré, par des expé-
riences assez nombreuses qui ont été répétées plusieurs fois depuis, que
la guérison d'un vin cassable par l'addition d'une quantité minimum
d'acide sulfureux exige que cet acide soit à l'état libre, c'est-à-dire
oxydable dans le vin par l'iode à froid, et exige aussi l'intervention de
l'oxygène de l'air, lequel paraît être le principal agent de destruction de
l'oxydase et non l'acide sulfureux, comme l'avait supposé tout d'abord
M. Bouffa rd. Cependant, cet auteur, dans une Note récente (^), main-
tient sa manière de voir en s'appuyant sur des expériences analogues aux
miennes et dont les résultats sont en désaccord avec ceux que j'ai indi-
qués. M. Bouffard s'est, dit-il, placé dans les mêmes conditions que moi;
j'ai cependant lieu de croire que ces conditions ont été assez différentes,
comme je le montrerai plus loin,
» M. Bouffard m'oppose aussi des résultats basés sur la précipitation de
l'oxydase par l'alcool et sur la réaction qu'elle fournit avec la teinture de
gaïac.
» Par exemple, le précipité du vin cassable non traité par l'acide sulfureux agissant
fortement sur le gaïac ou sur un vin sain, tandis que le précipité du vin traité est
inactif sur le gaïac et, encore mieux, sur le vin non cassable, la conclusion est que
l'oxydase a été détruite par l'acide sulfureux.
» Je ferai remarquer que le précipité inactif au gaïac contient toujours une petite
quantité d'acide sulfureux, et cette même quantité, ajoutée à la solution du précipité
actif, suffit pour le rendre inactif. Cela ne prouve pas, il est vrai, que l'oxydase n'est
pas détruite dans le précipité du vin sulfite, mais on le démontre en rendant ce préci-
(') Ma Note du 3 février igo2 {Comptes rendus) renferme un erratum. Tableau II,
au lieu de (huiles retirées du lot n° 1), lisez (huiles retirées du lot réservé pour l'ana-
lyse). Faire la même correction ligne i3, même page.
{"') Comptes rendus, 2/4 mars 1902.
(^) Comptes rendus, 9 juin 1902.
SÉANCE DU l5 JUILLET 1902. 11'^
pité actif en éliminant l'acide sulfureux., soit par une seconde précipitation, soit par
l'eau oxygénée (employée convenablement) suivant le procédé de M. Dienert.
» A plus forte raison doit-on obtenir un précipité actif sur le gaïac et sur un vin
sain, en traitant par l'alcool un vin, additionné de la quantité minimum de SO^ libre
nécessaire pour le guérir à l'air, mais conservé sans air jusqu'à la disparition de SO-
libre, lui laissant la faculté de casser par aération : l'expérience montre, en effet, que
ce précipité est aussi actif que celui du vin non sulfite, tandis que, dans le précipité
du vin guéri par SO- et l'aération, l'oxydase paraît détruite comme dans un témoin
porté à l'ébullition.
» C'est cette dernière partie de l'expérience seulement qui doit expliquer le résultat
suivant que M. BoufTard croit avoir obtenu dans les conditions de la première partie :
un vin traité par SO^, ne cassant plus et donnant, 20 jours après le traitement, un
précipité inactif au gaïac alors qu'il ne contenait plus que 08,0012 de SO^ libre au lieu
de os, 02.5 primitivement. Le soin d'éviter le contact de l'air paraissant avoir été négligé,
c'est donc probablement l'aération qui avait fait disparaître les propriétés de l'oxydase
et non l'acide sulfureux.
» Enfin, je citerai une dernière expérience qui continue à infirmer l'hypothèse de
M. Bouff"ard : si l'on traite, à l'abri de l'air, un vin cassable par des doses variables
de SO^ et que, 24 heures après, temps laissé à SO^ pour agir sur l'oxydase^ on expose
à l'air une j^arlie de chaque essai tandis que l'autre est précipitée par l'alcool, on
constate qu'un ou plusieurs de ces précipités bleuissent le gaïac, bien que la partie
de l'essai correspondante exposée à l'air soit exempte de casse.
)) J'examinerai maintenant une autre hypothèse, due à M. Dienerl,
d'après laquelle l'acide sulfureux serait un paralysant et non un destruc-
teur de l'oxydase.
» Avec cette hypothèse, qui est opposée également à celle de M. Bouffard, on ne
peut expliquer la guérison de la casse qu'en faisant intervenir l'oxydation par l'air
pour détruire la diastase paralysée ; quant au cas des vins cassables sulfites et cassables
encore après disparition de SO- libre, il rentre facilement dans l'hypothèse.
» Je ne crois pas cependant que les doses de SO^ qui guérissent les vins cassables
avec l'aide de l'air puissent exercer une action paralysante bien sensible sur l'oxydase.
J'ai montré, en effet, antérieurement, que les phénomènes d'oxydation par l'air sont,
dans un temps donné, tout aussi énergiques dans un vin cassable sulfite que dans le
même vin non sulfite; les seules différences étant, pour le premier cas, l'absence de
précipitation de la couleur et une production de CO- un peu plus grande. D'autres
expériences m'ont montré, par contre, que, toutes choses égales d'ailleurs, dans les
vins sains traités par SO-, les phénomènes d'oxydation par l'air sont notablement
moins intenses que dans les mêmes vins non sulfites; de sorte que, pour les vins cas-
sables, cette différence d'intensité devrait être bien plus considérable si l'oxydase était
paralysée. L'oxydase restant au contraire active et la tnatière colorante étant protégée
de l'oxydation comme elle paraît l'être dans un vin sain sulfite, cette activité se porte
davantage sur les autres éléments oxydables du vin qui fournissent un surcroît de CO^.
» En outre, quand on étudie l'action paralysante de SO^ vis-à-vis de la réaction au
Il8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
gaïac des liquides de culture à\x Botrytis cinérea, on trouve que c'est seulement à des
doses plus de vingt fois supérieures à celles qui guérissent les vins les plus cassables,
que cette action paralysante est complète ; or, il est difficile d'admettre que ces liquides
de culture contiennent vingt fois plus d'oxjdase que ces vins.
» En somme, les résultats qui précèdent me permettent de maintenir
fortement ma théorie sur la guérison de la casse par l'addition de SO'',
théorie que je développerai de la manière suivante :
» Dans les vins cassables, la matière colorante et tout ou partie de
Toxydase, deux corps colloïdes, sont intimement unies dans une sorte de
combinaison soluble à l'abri de l'air, mais insoluble au contact de l'air par
fixation d'oxygène. L'introduction de SO" romprait cette union intime des
deux corps, mais l'acide sulfureux libre seulement, qui peut se fixer sur la
couleur et former obstacle à son oxydation trop brutale.
» L'oxygène de l'air absorbé par le vin se répartissant sur les éléments
oxydables de ce liquide et notamment sur l'oxydase et l'acide sulfureux
qui sont détruits simultanéinent, le vin se trouve guéri de la casse, après
une aération suffisante, si la quantité de SO^ libre est égale ou supérieure
à une quantité minimum variable avec la quantité d'oxydase. »
MÉDECINE. — Recherches sur les Calicides de V Algérie, ^oie de M. H. Soulié,
présentée par M. A. Laveran.
« L'opinion émise par M. Laveran, depuis plusieurs années, sur le rôle
des Culicides dans la propagation du paludisme a été confirmée d'une
manière éclatante par les recherches de Ronald Ross, de Koch, de Grassi
et de P. Manson. Il était indiqué d'en poursuivre la vérification dans un
pays palustre comme l'Algérie; c'est le but que je me suis proposé. Je résu-
merai dans cette Note les premiers résultats de mes recherches.
» Je me suis efforcé d'abord de déterminer si toutes les régions palustres
étaient habitées par des moustiques, et de savoir à quels genres et à
quelles espèces ils appartenaient.
» Pour avoir la répartition des moustiques dans les centres exposés au
paludisme, j*ai fait appel à l'obligeance de mes confrères et à celle de
quelques autres personnes qui ont bien voulu me prêter leur concours.
J'ai envoyé les instruments, avec les instructions nécessaires pour la
récolte, dans un grand nombre de points. J'ai reçu des échantillons de
34 localités: 27 proviennent du département d'Alger, 4 de celui d'Oran,
SÉANCE DU l5 JUILLET 1902. jjq
et 3 de celui de Constantine. Je prie mes correspondants de vouloir bien
agréer mes sincères remerciments (' ).
» Les récoites ont commencé au mois de juillet 1901 et se sont pour-
suivies, avec plus ou moins de régularité et de succès, depuis lors. Elles
ont été abondantes surtout pendant les mois de septembre et d'octobre. Le
nombre total d'insectes capturés au 3i décen)bre dernier était de336i,
comprenant 107 Anophèles, 3097 Culex et 107 insectes divers (Diptères,
Névroptères, etc.).
» Je n'ai pas pu procéder à la détermination de tous les moustiques récoltés, faute
de temps et faute aussi des ouvrages nécessaires. J'ai constaté que, parmi les Anophèles,
A. claviger est de beaucoup Vespèce la plus répandue. A. Tablât j'ai trouvé A. clavi-
ger tX, A. superpictus (Grashi), Les Culex sont représentés par un grand nombre
d'espèces; C. pipiens est l'espèce la plus commune. On s'explique la prépondérance
des Culex par les conditions moins difficiles exigées pour le développement de leurs
larves. On sait que ces larves peuvent se développer dans les fosses d'aisance. A Ma-
rengo, l'Ecole des Frères ainsi que les maisons voisines, à Desaix, l'Ecole communale
sont rendues presque inhabitables à cause du grand nombre de moustiques qu'on a-
rencontre, et dont la multiplication est favorisée par des fosses d'aisance défectueuses.
A Tipaza il existe une espèce de Culex dont les larves vivent dans l'eau de mer; ces
larves trouvent des conditions favorables à leur développement dans les creux des ro-
chers érodés par les vagues. Le nombre des moustiques est tel, pendant l'été, que les
baigneurs en sont fort incommodés.
)) Sauf dans quelques rares localités, j'ai trouvé des Anophèles dans toutes les ré-
gions où règne le paludisme; il est probable que les Anophèles existent dans ces loca-
lités, mais qu'ils y sont beaucoup plus rares et, par suite, plus difficiles à découvrir.
Dans une ferme voisine de Duperré, le Bou Zehar, dont presque tous les habitants ont
été impaludés, je n'ai rencontré tout d'abord que des Culex ; un dernier envoi ren-
fermait un seul Anophèles claviger ; le nombre total des Culex était de 207.
» Tandis que les Anophèles se sont montrés rares dans les parties basses du Tell,
ils ont été beaucoup plus nombreux dans les centres élevés ou dans ceux des Hauts-
Plateaux, tels que Tablât et Vialar. Les moustiques provenant de ce dernier village,
très éprouvé par le paludisme, appartiennent, pour la majeure partie, au genre Ano-
phèles. A Maison-Carrée, j'ai trouvé les Anophèles plus nombreux dans les parties
basses de la ville, encore exposées à la malaria, que dans les parties élevées; le quar-
tier de Belfort m'a fourni une abondante récolte de moustiques composée presque
(') Localités du département d'Alger: Mustapha, Maison-Carrée, L'Arba, Gué-de-
Gonstantine, Maison-Blanche, Goléa, Boufarik, La ChifTa, Rouïba, El-Biar, Vialar,
Tablât, Marengo, Desaix, Tipaza, Meurad, Marceau. Zurich, Cherchel," Montebello,
Bourkika, El-Affroun, Lavigerie, Duperré, Boghni, Mirabeau, Rebeval.
Pour Oran: Relizane, Mascara, Tlemcen, Aïn-Témouchent.
Pour Constantine: Philippeville, Oued-Marsa, Bône.
I20 ACADÉMIE DES SCIENCES.
uniquement de Culex. Ce quartier est très sain; les malariqiies qu'on y rencontre ont
contracté les fièvres ailleurs.
» Les expériences suivantes, réalisées dans le courant du mois d'octobre
dernier, tendent à prouver, comme d'autres antérieures, que les Calex ne
sont pas susceptibles de propager le paludisme.
» Dans une pièce de la prison de l'Harrach (Maison-Carrée), j'ai placé quatre mala-
riques dont le sang contenait de nombreux hématozoaires. Après quatre jours, ces
malades ont été remplacés par quatre détenus n'a} ant jamais été impaliidés, et dont
le sang ne contenait pas d'hématozoaires. Des mousselines placées aux fenêtres empê-
chaient les moustiques qui avaient piqué les fiévreux de sortir. Ces hommes ont été
laissés cinq jours en contact avec les moustiques emprisonnés avec eux. A la fin
de l'expérience, tous les moustiques vivants ont été capturés. L'expérience a été
recommencée une seconde fois; les fiévreux ont été remis dans la salle après l'enlève-
ment des mousselines et laissés quatre jours en contact avec de nouveaux moustiques
venus du dehors. Les fenêtres ayant été de nouveau protégées, on place quatre hommes
indemnes de fièvre (dilTérents de ceux qui avaient servi à la première épreuve) dans
cette même salle, et on les laisse cinq jours sans sortir en présence des moustiques
qui avaient piqué les fiévreux quelques jours avant. Un mois après, aucun de ces huit
hommes n'avait été atteint de paludisme.
» Les moustiques capturés après la première, comme après la seconde
expérience, étaient tous des Culex pipiens ; il n'y avait pas un seul Anophèles.
Quelques-uns de ces Culex ont été disséqués. J'ai trouvé, parmi les globules
plus ou moins altérés, des hématozoaires parfaitement reconnaissables,
mais je n'ai pas assisté à la transformation des croissants, à la conjugaison
des flagelles et des corps sphériques ; je n'ai trouvé ni kystes, ni sporozoïtes.
Quelques autres Culex ont été soumis à des coupes; les résultats ont été
également négatifs.
» Mes investigations m'ont fait connaître un certain nombre de régions
malariques riches eu Anophèles. Je compte reprendre cet été mes recherches;
j'espère qu'elles me permettront d'élucider quelques questions qui n'ont
pu l'être l'année dernière. »
PATHOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur le traitement du Black Rot. Note de
M. A. Pruxet, présentée par M. Gaston Bon nier.
« Les méthodes de traitement du Mildiou furent appliquées au Black
Rot dès son apparition en France. A côté de quelques succès, il y eut des
échecs retentissants, et l'efficacité des bouillies cupriques fut mise en doute.
SÉANCE DU l5 JUILLET 1902. 121
En réalité, ces bouillies sont efficaces, mais le Black Rot est une maladie
très différente du Mildiou : elle doit être traitée tout autrement.
» Les caractères particuliers que présente le Black Rot tiennent au mode de dissé-
mination des spores d'été ou de propagation de son parasite. On sait que ces spores
se développent dans des pycnides qui se forment en grand nombre à la surface des
lésions de Black Rot. On sait aussi qu'à leur maturité ces spores sont englobées dans
un mucilage plus ou moins oléagineux. Quand le temps est sec, le mucilage les
retient dans la cavité des pycnides; quand le temps est humide, le mucilage gonfle en
absorbant de l'eau et sort par l'orifice des pycnides en entraînant les spores. L'eau
permet donc seule aux spores de quitter la cavité des pycnides. C'est encore l'eau qui
les libère, après leur sortie, en dissolvant ou dissociant le mucilage qui les relient
dans sa masse. Si l'eau vient à manquer, avant leur libération complète, elles restent
fixées et comme collées à la surface des corps où elles étaient parvenues.
» On comprend que ce processus a pour résultats : 1° de favoriser la conservation
des spores qui sont maintenues dans la cavité des pycnides, lorsque le temps est sec;
2° de favoriser leur accumulation dans les lieux où elles se sont formées; 3° de faire
obstacle à leur dissémination à de grandes distances. Par là se trouvent expliqués les
caractères propres du Black Rot : ses allures endémiques, sa tendance à former des
foyers; l'intensité foudroyante qu'il présente dans ses foyers, lorsque les conditions
atmosphériques lui sont favorables; la lenteur de sa propagation.
» Le Black Rot se propage si lentement que, pendant la première année,
tout au moins, de son arrivée dans une région, il ne présente qu'une faible
intensité. Il en résulte que le traitement du Black Rot n'a pas besoin d'être
appliqué en dehors des foyers de cette maladie. On sait qu'au contraire le
traitement des maladies à allures épidémiques, à propagation rapide,
comme le Mildiou et l'Oïdium, doit être appliqué chaque année dans tous
les vignobles.
» Dans les foyers de Black Rot, le parasite envahit au printemps les pre-
mières feuilles de la vigne et, par invasions successives, gagne les divers
organes au fur et à mesure de leur développement. Les organes végétatifs
perdent avec l'âge toute réceptivité pour le Black Rot et ne souffrent géné-
ralement que fort peu de ses atteintes. Les fruits peuvent être attaqués à
tout âge, et, dans les vignes non traitées ou insuffisamment traitées, ils sont
chaque année plus ou moins complètement détruits. Le traitement du
Black Rot n'a par conséquent pour objectif que la conservation des fruits.
Les invasions primaires, qui sont dues aux spores formées dans les organes
de conservation, ont lieu avant l'apparition du fruit; le fruit n'est donc
exposé qu'aux invasions secondaires, qui sont dues aux spores d'été formées
dans les pycnides qui se sont développées sur les feuilles et les axes floraux
à la suite des invasions primaires.
G. R., 190Î, 2« Semestre. (T. CXXXV, N» 2.) 16
122 ACADEMIE DES SCIENCES.
)) On pourrait, par suite, être tenté de croire que les invasions pri-
maires peuvent être négligées et que tout l'effort du traitement doit être
dirigé contre les invasions secondaires, en vue de la protection directe du
fruit.
» Les expériences que j'ai faites pendant les cinq dernières années montrent que
cette manière de procéder, qui est très coûteuse et présente de grandes difficultés à
cause du développement considérable de l'appareil végétatif à l'époque des invasions
du fruit, ne donne généralement que des résultats partiels lorsque les étés sont secs, et
des résultats désastreux lorsque les étés sont pluvieux. Le processus de la dissé-
mination des spores d'été explique aussi ces résultats. L'eau de pluie fait sortir les
spores des pycnides provenant des invasions primaires et les entraîne ensuite; elle
coule d'une feuille sur une autre, glisse le long des pampres, rejaillit en divers sens,
pénètre les grappes les plus compactes et dépose sur son passage les spores dont elle
s'est chargée en balayant les organes blackrotés. Ces spores se fixent d'autant mieux
qu'elles sont plus ou moins imprégnées de mucilage, c'est-à-dire de substance collante.
Or, comme il est impossible, dans les conditions de la pratique, de recouvrir complè-
tement de bouillie tous les organes doués de réceptivité pour le Black Rot et particu-
lièrement les grains de raisin, comme les spores sont entraînées en grandes masses et
que l'eau qui leur sert de véhicule assure en même temps leur germination, de nou-
velles infections doivent fatalement se produire.
)) Toutes les expériences que j'ai faites pendant ces dernières années
montrent d'une façon concordante que la destruction des fruits provient
de l'auto-infection des ceps par les spores formées sur le feuillage et les
axes floraux à la suite des invasions primaires et que, pour sauvegarder la
récolte, il suffit de protéger complètement les ceps contre les invasions
primaires.
)) Les spores qui produisent les invasions primaires, spores qui arrivent sur les or-
ganes par l'intermédiaire de l'air, existent en grand nombre dans les foyers de Black
Rot, lorsque la vigne épanouit ses premières feuilles; on peut les considérer comme
épuisées après la floraison. Le traitement du Black Rot commence donc au début de
la végétation de la vigne et se termine à sa floraison.
» Les invasions primaires peuvent être au nombre de deux à trois, et
chacune doit être prévenue par un traitement spécial. J'ai montré qu'une
invasion est toujours due à une période de pluie d'une certaine durée, et
que les traitements isolés, effectués peu de jours avant une période de pluie,
préservent seuls entièrement de l'invasion qu'elle est susceptible de produire.
Dans l'état actuel de la Science, il est impossible de prévoir avec certitude
les périodes de pluie susceptibles de produire des invasions. Dans les
petits vignobles, on peut attendre pour traiter que le temps devienne
SÉANCE DU (5 JUILLET 1902. 123
incertain, quitte à terminer, s'il y a lieu, le sulfatage sous la pluie. Dans
les grands vignobles, dont le traitement exige de 3 à 6 jours ou davantage,
cette méthode est difficilement applicable.
» J'ai déterminé expérimentalement la durée de l'intervalle maximum
que l'on peut laisser entre deux traitements successifs, pour prévenir les
invasions; j'ai trouvé que cet intervalle est de dix Jours. En règle générale,
on devra donc traiter, chaque 10 jours, depuis le début de la végétation
jusqu'à la floraison. Mes expériences ont été faites dans les foyers particu-
lièrement intenses du Bas-Armagnac et des Landes, avec la Folle blanche,
cépage extrêmement sensible au Black Rot. Avec d'autres cépages, on
pourrait peut-être espacer un peu plus les traitements. D'ailleurs, les
traitements se font à une époque où ils sont faciles et peu onéreux, par
suite du faible développement de la vigne.
» Il faut remarquer, en outre, que ces traitements ne devront pas êti-e répétés
chaque année indéfiniment. Les foyers de Black Rot s'éteignent lorsque les récoltes
sont préservées, parce que le parasite ne forme pas d'organes de conservation. La
plupart des foyers qui existaient en France de 1896 à 1897 peuvent être considérés
comme pratiquement éteints, puisque le Black Rot ne s'y montre plus en l'absence de
tout traitement spécial. Il y a tout lieu de croire que les foyers actuels du Bas-
Armagnac et de la Ghalosse s'éteindront à leur tour, lorsque la méthode que je viens
d'indiquer y sera rigoureusement appliquée. »
GÉOLOGIE. — Sur le Gothlandien inférieur du massif armoricain. Note
de M. F. Kerforne, présentée par M. de Lapparent.
« Le Gothlandien inférieur (Llandovery et Tarannon) présente, dans le
massif armoricain, des modifications de faciès qui l'ont fait souvent mécon-
naître. Dans le sud du massif et particuhèrement dans l'Anjou, le Llando-
very est représenté par des grès, auxquels succèdent des schistes avec
intercalations de phlanites et quelquefois de calcaires. En certains points,
les phtanites alternent avec des ampélites. En dehors de cette région et
de ce faciès, ce niveau ne paraissait pas être représenté jusqu'à présent.
» Les ampélites du célèbre gisement de Poligné, quoiqu'elles présentent
des espèces communes avec les phtanites de l'Anjou, étaient rangées à un
niveau plus élevé : le Tarannon. Je viens de constatera Poligné la présence
àçi Rastrites Linnœi^3iYr. et de Monograptus lobiferus M'Coy. Ces espèces
montrent que tout au moins une partie des ampélites de cette localité
appartient au Llandovery.
124 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Dans le nord de l*Ille-et-Vilaine, le Llandovery est représenté, comme
à Poligné, par des grès avec ampélites intercalées. Dans la carrière exploi-
tée au Rocher d'Andouillé, j'ai constaté la présence de quatre zones am-
pélitiques bien distinctes. La première contient Mon. lobiferus M'Coy,
Diplograptus palmeus^^iTr., Mon. cf. nuntius Barr. et appartient au Llan-
doverv. La seconde, séparée de la première par des grès, contient des
espèces complètement différentes, parmi lesquelles : Mon. crispas Lapw.
et un Diplograptus différent du D. palmeus Barr.; elle paraît appartenir
au Tarannon. Au-dessus, se trouvent encore quelques bancs de grès peu
épais, puis viennent deux zones ampélitiques du Wenlock : la zone à
RetioUtes Geinitzi Barr. et la zone à Mon. nccartonensis Lapw.; les couches
supérieures ne sont pas visibles.
» Dans l'ouest du massif, le Gothlandien inférieur est probablement
représenté par les grès peu épais subordonnés aux ampélites du Wenlock;
ils ne m'ont fourni aucun fossile.
» Les ampélites du Gothlandien inférieur paraissent former dans les grès
des bancs sans continuité, s'effilant aux extrémités; ces lentilles ampéli-
tiques semblent même ne pas occuper exactement le même niveau dans
toutes les localités.
» Cette intercalation irrégulière d'ampélites au milieu de sédiments très
détritiques est incompatible avec leur ancienne attribution à des dépôts de
grande profondeur. Il en est de même de leur composition; elles ne sont
pas constituées exclusivement par des précipités organiques et chimiques;
le quartz élastique n'est pas rare dans les ampélites de Bretagne, et toutes
contiennent en abondance des parcelles de mica terrigènes. »
GÉOLOGIE. — Faits nouveaux ou peu connus, relatifs à la période glaciaire.
Note de M. David Martin, présentée par M. de Lapparent.
« La présente Note est le résumé de quelques-uns des résultats que
nous exposons dans un long travail, fruit de 32 années d'explorations dans
le bassin de la Durance et dans celui du haut Drac.
» 1° Le creusement de la vallée de la Durance comprend deux phases : a ei b.
» a. Le creusement de la basse vallée (aval de Manosque) date de la fin du
Miocène.
» b. La partie amont est pléistocène et antéglaciaire. Le creusement jusqu'à ôSo*"
de profondeur de cette partie a été précédé et suivi de phases à climat doux et humide
SÉANCE DU l5 JUILLET 1902. 125
plus tempéré que celui d'aujourd'hui. Ces deux phases sont caractérisées par la faune
et la flore de lufs calcaires édifiés sur le thalweg de la vallée et par l'absence de tout
ruissellement torrentiel.
» 2° Les glaciers n'apparurent donc que bien longtemps après la surrection des
grands massifs montagneux. Car le climat tempéré dont jouissait la vallée pendant
le Pliocène et les longs débuts du Pléistocène exclut toute idée de glaciers sur les
Alpes de la Duraiice.
» 3° Il existe deux types bien définis de moraines profondes : A et B.
» Le type A, appartenant aux vallées granitiques (*), a un faciès torrentiel : vallées
du Pelvoux.
Le type B, à argile à blocaux des auteurs, est uniquement propre aux vallées schis-
teuses ou calcaires : Queyras, Uhaje, Dévoluy, etc.
» Les migrations transversales du glacier ont déterminé, sur la vallée confluente,
l'interstratification de moraines profondes caillouteuses (terrasses) et de moraines
argileuses.
» 4° Lors de la retraite des glaciers, les eaux de ruissellement des croupes émergées
ont provoqué, sur les bords des glaciers, la formation de terrasses adventives, étagées
sur la pente des vallées. Assez fréquemment ces terrasses accidentelles ont été recou-
vertes de blocs ou de moraines pendant les oscillations des glaciers : Terrasses de
Vaumeilh (*) coincées à Vaval dans du glaciaire homogène et d'une seule venue.
» 5° En remaniant les alluvions anciennes à éléments altérés de Bellevue et les car-
gneules poudreuses et rutilantes d'Upaix, le glacier donna, à l'aval, aux moraines de
Mison, Sisteron, un aspect, très accentué, de haute antiquité. Cet aspect est donc tout
à fait accidentel.
» 6° Le phénomène du remontage de matériaux opéré par le fond des glaciers sur les
contre-pentes se trouve vérifié parle transport de spilites jusqu'à plus de Soc"" au-
dessus de leur gisement dans huit vallées latérales envahies par l'aval : vallée de
Bréziers, etc.
» 7° Les amas d'éboulis de pente équilibrés dans le glaciaire sur les pentes des
escarpements ensoleillés au pied desquels sont venus expirer les lobes du glacier
fournissent de très intéressants renseignements sur le taux annuel moyen des dépôts
glaciaires. (Crevasses annuelles entre les escarpements rocheux et le front des lobes du
glacier : Modard d'Espinasse, Piégut, Bréziers, etc.)
» 8° Au début les glaciers ont d'abord donné, par leurs moraines profondes, un
profil en U à leur vallée. Puis, par leurs remaniements, ils ont plus ou moins rétabli le
profil en V primitif. Pendant ce déblaiement et au fur et à mesure de l'ablation, ils ont
en général édifié sur leurs bords une topographie morainique marquée par des moraines
frontales et latérales. Celles-ci, très nombreuses, sont étagées sur les pentes et indiquent
une ablation continue mais intermittente jusqu'au fond des vallées. Il n'y a donc eu
ni fusion en masse ni débâcle finale de ce fait.
(') Les glaciers sont absolument inaptes à transformer en argile plastique des gra-
nités non déjà kaolinisés; c'est une simple constatation.
( "^ ) Ces terrasses, quelle que soit leur altitude, ont leurs éléments inaltérés et présen-
tent' à leur base des assises inclinées dans divers sens.
126 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» En revanche les moraines frontales sont très rares, et leur existence est presque
toujours justifiée par une topographie spéciale : par une dépression préexistante, ou
par une exposition au nord d'un escarpement qui, en retardant la fusion, a permis un
arrêt et le dépôt des moraines frontales.
» 9° Il n'existe pas, en Durance, de cônes fluvio-glaciaires. Ceux signalés par
MM. Kilian et Haug dans le Buëch et la Luye nous paraissent des terrasses advendves
déterminées par le glacier principal qui barrait ces vallées à l'aval.
» 10° L'action glaciaire a dû favoriser le concrétionnement des cailloutis, car des
poudingues grossiers et très caverneux ont reçu des polis glaciaires formant miroir
que ne pourrait reproduire l'art humain par le simple effet du limage le plus délicat.
» Conclusion. — Les quelques particularités que nous venons de signaler
suffisent, croyons-nous, pour faire entrevoir la valeur des raisons qui
étayent notre conviction en faveur de l'unité de la période glaciaire dans la
vallée de la Durance. Nous ne serions pas surpris que, par le caractère
général de quelques-uns, les faits que nous exposons eussent une portée
dépassant les limites de notre région. »
La séance est levée à 4 heures un quart.
M. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du g juin 1902.
Jubilé de M. Albert Gaudry, 9 mars 1902. Paris, imp. Lahure; i fasc. in-S".
(Présenté en hommage par M. Edmond Perrier.)
Poudres et explosifs. Dictionnaire des matières explosives, par le D'" J. Daniel;
Préface de M. Berthelot, Membre de l'Institut, Paris, V'"' Ch. Dunod, 1902; i vol.
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Etat-Major général de la Marine. Service hydrographique : Constantes harmo-
niques d' un certain nombre de ports calculées par le Service des marées. Paris,
Imprimerie nationale, 1902; i fasc. in-S". (Présenté par M. Hatt.)
Le Ricin : botanique, culture, industrie et commerce, par Marcel Dubard et
Philippe Eberhardt. Paris, A. Ghallamel, 1902; i fasc. in-8°. (Présenté par M. Bonnier.)
Paléobotanique : Flore fossile des terrains houillers du Tarn, par Alfred Caraven-
Gachin. Paris, Masson et C'«, J.-B. Baillière et fils, 1902; i fasc. in-8°. (Hommage de
l'Auteur.)
Photographs of stars, star clusters, and nebulœ, by Isaac Roberts. Londres,
s. d.; 2 vol. in-4°. (Hommage de l'Auteur.)
SÉANCE DU l5 JUILLET 1902. I27
L'etere e la materia ponderahile : Teoria meccanica dei principali fenomeni
Jisici; con 18 figure nel testo, per Ing. M. Barbera. Turin, 1902; i fasc. in-8<'.
Is the Moon a dead planet? bj William-H. Pickertng. (Extr. de The Century
Magazine, mai 1902.) i fasc. in-8°.
The John Crerar library si'enth annual Report, for the year 1901. Chicago,
1902; I vol. in-8°.
Nova acta Regiœ Societatis Scientiarum Upsaliensis; ser. III, vol. XX, fasc, 1,
1901. Upsal, Ed. Berling, 1901; i vol. \n-[\°.
Abhandlangen der Kôniglich preussischen Akadeniie der Wissenschaften, aus
dem Jahre 1901, mit 7 Tafeln. Berlin, Georg Reimer; i vol. in-4°.
Sitzungsberichte der Kôniglich preussischen Akadeniie der Wissenschaften zu
Berlin; I-XXII, 9 Januar-24 April 1902. Berlin, Georg Reimer; 12 fasc. gr.-in-8°.
Ouvrages reçus dans la séance du 16 juin 1902.
Études et données sur l'Hydrologie générale de la France au point de vue de
l'annonce des crues, publiées par M. Georges Lemoine, avee la collaboration de
M. Babinet. Bassin de la Garonne et de l'Adour. Paris, Imprimerie Nationale, 1902;
I vol. in-4°. (Présenté par M. G. Lemoine.)
Bulletin de la Commission météorologique du département de la Haute-Garonne ;
t. I, fasc. 1, 1901. Toulouse, E. Privât, 1902; i fasc. in-4°. (Présenté par M. Mascart.)
Rapport général, présenté à M. le Ministre de V Intérieur par l' Académie de
Médecine, sur les vaccinations et revaccinations pratiquées, en France et dans les
Colonies, pendant l'année 1900. Melun, 1901; i fasc. in-i2.
Douze cent mille ans d' humanité et Vâge de la Terre, par l'explication de révo-
lution périodique des climats, des glaciers et des cours d'eau, par L. Rémond.
Imprimerie de Monaco, 1902; i vol. in-12.
Nouvelle théorie céleste, par A. -A. Humbert. Marseille, 1899; i fasc. in-12.
La fièvre bilieuse hémoglobinurique observée en Grèce : Statistique, étiologie,
^/•aiVewert^, par le D'^Jean-P. Cardamatis (d'Athènes). Paris, Maloine, 1902; r fasc. in-S".
Mémoires de la Société nationale d' Agriculture, Sciences et Arts d'Angers;
5" série, t. IV, année 1901. Angers, Germain et G. Grassin, 1902; i vol. in-8''.
Bulletin trimestriel de la Société de l'Industrie minérale; 4® série, 1. 1, 2" livraison,
1902; texte et allas. Saint-Etienne; i vol. in-8° et i fasc. in-4°.
Catalogue of scientifîc papers (1800-1883). Supplementary volume, compiled bj
the Royal Society of London; vol. XII. Londres, C.-J. Clay et fils, 1902; i vol. in-4''.
The American Ephemeris and Nautical Almanac for the year 1906; first
édition. Washington, 1901; i vol. in-4°.
Report of the Astronomer Royal to the Royal Observatory, Greenwich^ read at
the annual Visitation of the Royal Observatory, 1902, June 7, by W.-H.-M. Christie.
s. L; I fasc. in-4°.
Memorie del R. Observatorio del Collegio Romano, pubblicate per cura del
Direttore Pietro Tacchini; série III, vol. I-III. Rome, 1899-1902; 3 vol. in-4^.
Berichte ïtber Land- und Forstwirtschaft in Deutsch-Ostafrica, herausgeg. v.
128 ACADÉMIE DES SCIENCES.
kaiserlichen Gouvernement von Deutsch-Ostafrica Dar-es-Salâm ; Bd. I, Hefte 1, 2.
Heidelberg, 1902; 2 fasc. in-8°.
Celeritas, journal sténographique Duployer; 2^ année, mai 1902. Bruxelles; i fasc.
in-4°.
ERHATA.
(T. CXXXIV, séance du 23 juin 1902.)
Note de M. A. Barillé, Analyse chimique du Piper Famec/ioni Heckel y ou
poivre de Rissi (Haute-Guinée) :
Page i5i4, ligne 9, au lieu de :
Cendres insolubles 9)4o
lisez :
Gendres insolubles 0,94
Page i5i4, lignes 8, 9 et i4, les substances :
Extrait alcoolique i9,25o
» aqueux 16,076
Azote total i ,820
ne faisant pas partie de la composition centésimale, figurent par erreur dans le Ta-
bleau.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 21 JUILLET 1902.
PRÉSIDENCE DE M. BOUQUET DE LA GRYE.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
ÉLECT KG CHIMIE. — Actions électrolytiques manifestes, développées par les
piles constituées par la réaction de deux liquides renfermant l'un un acide.
Vautre un alcali; par M. Berthelot.
« La découverte des conditions précises qui déterminent la limite de
visibilité des réactions électrolytiques m'a conduit à reprendre, à ce point
de vue, l'étude des piles fondées sur la combinaison d'un acide et d'une
base, en dissolutions étendues. J'ai réussi à constater que ces piles sont, en
effet, susceptibles de déterminer des électrolyses visibles et continues. Je
vais résumer mes nouvelles expériences.
» 1. Acide chlorhydrique et soude ; HCl ■+- NaOH.
» (a). 6 éléments avec vases poreux,
E = 2^'^"%4o initial; r°^32 et i^«'S58 finals.
)) On a fait agir le courant sur un voltamètre renfermant de l'acide sul-
furique étendu additionné de pyrogallol, sous une pression de o™,oo2. Il
y a eu dégagement d'hydrogène continu, net, quoique faible. On a mesuré
simultanément l'intensité, en plaçant le galvanomètre sur le circuit, sans
autre résistance que celle de l'instrument (2o5 ohms). On a trouvé ainsi
directement
i' =■ = o^™P,ooooo3,
2 000 000
ce qui répond, d'après le calcul, à un dégagement d'hydrogène par minute
égal à o™^,oooooi 8.
G. R., 190a, 2» Semestre. (T. CXXXV, N-> 3.) 17
t3o académie des sciences.
» La limite de sensibilité, d'après mes études préliminaires, sous une
pression de o™, oo5, c'est-à-dire un peu plus forte, était comprise entre
o™^,ooooo3 et o™^,oooooi5; il y a donc accord expérimental.
» (b). Un autre essai semblable, fait sous une pression décuple (o™,oi 8),
a fourni un résultat négatif, c'est-à-dire non visible, conformément à ce
qui était prévu d'après les mêmes études.
» Je rappellerai mes essais antérieurs sur l'acide sulfurique.
» 2. Acide salfarique et soude. — D'après deux expériences, signalées
dans les Comptes rendus (28 juin 1902, p. 1472), 6 éléments de ce genre,
sans vases poreux, dégagent d'une façon continue de l'hydrogène dans un
voltamètre à pyrogallol, sous une pression de o™,oo5; résultat conforme
d'ailleurs à la limite déduite des mesures d'intensité.
» 3. Acide lactique et soude : C'H*0' H- NaOH.
» (a) 6 éléments avec vases poreux. E initial = 2^°'^, 6; final 1'*'°'*, 86.
On ferme le courant sur le voltamètre à pyrogallol et le galvanomètre
(R = 2o5 o''™^) réunis. Aussitôt : déviation, 4^'^^^; pression dans le volta-
mètre, o™,oo5.
» Électrolyse très nette. La déviation tombe rapidement à 33**'^;
le dégagement gazeux, sous pression de o", oo5, devient moins actif,
t' = o^™P, ooooi65, correspondant à hydrogène par minute : o™, 000008 ;
valeur supérieure à la limite o,ooooo3. A. ce moment E = i^'*",86.
w Le courant est refermé de nouveau, sur une résistance extérieure de
54000 °^™*. Après 5 minutes : déviation, 18*^'^, 4. E = 1^°'*, 6.
» i' calculé répond à o™^, 000004 d'hydrogène par minute. Électrolyse
visible. On voit ici la décroissance simultanée de l'intensité et du débit
électrolytique, jusque vers la limite de visibilité.
» (6) 12 éléments. E initial = 4^°'*% 4 5 final, 3^°"%o (12 éléments).
Électrolyse nette, continue, mais faible, dans le voltamètre à pyrogallol;
pression, 8™,oo5. Le dégagement n'est pas visible sous la pression o™, 760.
» L'intensité a été déterminée par deux procédés : d'un côté, I mesurée
sans voltamètre avec R extérieure = 54000°^*"*. Déviation après 5 mi-
nutes : i6'^i^,5. E=3,o. Calcul pour E==3^°"*, o — 0^°'*, 8, î' = o^'"p,ooooo6 7 ;
débit calculé d'hydrogène par minute, 0°*^, 000004, chiffre supérieur à la
limite o,ooooo3.
» D'autre part : i' mesuré directement, avec galvanomètre interposé
sans autre résistance dans le circuit :
t' = o^'^P, 0000062 (mesure directe).
SÉANCE DU 21 JUILLET 1902. l3l
» Débit calculé de H par minute : o™^,ooooo3 7.
» Les deux valeurs concordent et elles assurent un dégagement d'hydro-
gène vers la limite avec le voltamètre à pyrogallol, sous pression réduite :
ce que l'expérience a vérifié. Or la comparaison des deux expériences
exécutées, l'une avec 12 éléments, l'autre avec 6 éléments, montre que
l'intensité finale n'a pas été accrue, au contraire, — non plus que le débit
de l'hydrogène, — en doublant le nombre des éléments. C'est là une obser-
vation importante; la possibilité d'un semblable maximum est facile à pré-
voir d'après le calcul de I, p et i' et la décroissance de E; mais il est inté-
ressant d'en constater la réalisation expérimentale. On va confirmer le fait
sur d'autres piles analogues.
.1 4. Acide oxalique et soude : C^H^O* -h NaOH.
» (a) 6 éléments avec vases poreux, E initial 2''""%64; final 2^°'^*,4-
n Courant fermé sur le voltamètre (avec pyrogallol) et le galvano-
mètre (R = 205°^"°') :
» Déviation 33**'''. i' = o*™P,ooooi35 répond à H par minute o"^, 000008.
? Liectrolyse nette et continue, sous une pression de o™,oo6.
» (b) Autre essai avec la même pile, E = 2"^°'*', 4; ^n-^^U l'^'^'SS.
R = 54000**^™% déviation après 5 minutes, iQ**'^; p — i35 5oo;
-, I 1,1,8 — 0,8 „ ,
i calcule .y. r =" o^™P, 000007 4,
répond à H par minute o™^,ooooo44-
» On essaie l'électrolyse avec le galvanomètre, la résistance dans le cir-
cuit étant 2o5•^^™^ Déviation 12'*"'. Mesure directe :
i' = o^™P, 000006; répond à H par minute o™^,ooooo36.
» Electrolyse nette, faible et continue.
» (c) 12 éléments. E initial, 4 ^°'*%4-
» Courant fermé sur le voltamètre (avec pyrogallol) et galvanomètre
réunis :
Déviation 21'*''^. i'=ro^™P,ooooi i mesure directe. H par minute o™^, 0000066.
» Electrolyse nette et continue — les résultats ne diffèrent guère de
ceux observés avec 6 éléments seulement. Ceci m'a donné l'idée d'en di-
minuer le nombre.
» (r/). 4 éléments.
» Le courant fermé sur le galvanomètre et le voltamètre à pyrogallol.
Pression, o™,oo6. Déviation, 21'*'^. Electrolyse nette et continue :
l32 " ACADÉMIE DES SCIENCES.
» i' = o^™P,ooooi; mesure directe; répond à H par minute o™s, 000006.
)) Ce sont à peu près les mêmes résultats qu'avec 12 éléments.
» (e). 2 éléments. Déviation, S'^'^. i' y mesure directe =o^™p, 00000 1 5.
Pas d'électrolyse.
» (/). 3 éléments. Déviation, 12^'^. i' mesuré directement =o^°^p, 000 006;
répond à H par minute o™s,ooooo36. Électrolyse nette et continue.
E = i^°'S4i = 0,47x3.
» La limite de l'aptitude électrolytique est ici marquée nettement entre
2 et 3 éléments.
» 5. Acide acétique et soude : G^H* O^ H- NaOH.
» (a). 6 éléments. Vases poreux : à 5^ 1 1, E = 2'^°'*%22; croît; à 5'' 26,
2Toits 52 ou 0,42 X 6 initial; E final = 2^"^^, 3^.
» Courant fermé sur galvanomètre et voltamètre à pyrogallol. Pression :
o™,oo2. Électrolyse nette et continue. Déviation, 22*^'^.
» /' mesure directe =o^™P, 000014 ; répond à H par minute 0^^,0000084.
» (b). 4 éléments. Déviation, 10*^'^. Électrolyse plus faible.
i'z= o^™P,ooooo5, H calculé par minute = o™s,ooooo3.
» (c). 3 éléments. Déviation, 4'^^^. H par minute calculé, o™^, 000 0001.
Électrolyse invisible.
» (d). Élément E initial, 2^«i'%34; E final, i^^'SS.
)) Déviation : i6'^'^,5 après 5 minutes, R = 54ooo°*"°% p = 1 64000°^™%
i' = ''Ir'"'^ = o^^^P, 0000061 ,
164000
H calculé par minute, o™s,ooooo36.
» Électrolyse visible sous pression réduite.
» 6. Acide chlorhydrique et ammoniaque : H Cl + AzH^.
w (a). 6 éléments, vases poreux. E initial monte de i^'^'^ôS à i^^^^go;
final, r«\32,
R= 54ooo°*'™^ Déviation après 5 minutes, 4'''^'
Calcul de î'= o^'"P,ooooo2. H par minute, o™^, 0000012.
» Pas d'électrolyse visible sous une pression de o™,oo3.
» {b). 6 éléments. E =2^'*''^, 02.
SÉANCE DU 21 JUILLET 1902. 1 33
» Aussitôt, on interpose le voltamètre à pyrogallol et le galvanomètre.
Pression, o™,oo3.
» Déviation, 12*^'^ : i' = o^'^PjOooooe; H par minute, o™s,ooooo36.
» Electrolyse nette, quoique faible.
» (c). 4 éléments. Même disposition. E = o^°^\c)8. Déviation, S'^'^, 5.
H par minute, o™^, 0000016.
» Electrolyse visible, à la limite.
» (d). 3 éléments. Rien.
)) D'après ces expériences, les piles fondées sur la combinaison d'un
acide et d'une base possèdent une force électromotrice définie, dévelop-
pent un courant continu d'une intensité mesurable, et sont susceptibles
d'électrolyser l'eau acidulée et additionnée de pyrogallol d'une façon con-
tinue et visible sous pression réduite, en en dégageant de l'hydrogène. »
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Existence^ dans V albumen de Vœuf d'oiseau,
d'une substance fibrinogène pouvant se transformer, in vitro, en mem-
branes pseudo-organisées . Note de M. Armand Gautier.
« La coagulation ou précipitation des divers albuminoïdes solubles, par
des ferments qui les insolubilisent en les isomérisant ou les dédoublant,
est un phénomène classique : la caséase ou lab précipite la caséine soluble;
la fibrinase, en agissant sur le fibrinogène, la myosinase, en modifiant le
myosinogène, produisent la fibrine et la myosine ordinaires, les aggluti-
nines coagulent certains albuminoïdes spécifiques, etc. Mais les matières
ainsi chimiquement transformées se présentent sous forme amorphe, gra-
nuleuse, ou bien, si elles offrent quelque semblant d'organisation, comme
la fibrine, elles se sont généralement formées au sein d'une humeur encore
vivante, telle que le sang au sortir des vaisseaux. Existe-t-il des ferments
aptes à transformer, en dehors de toute influence cellulaire, certaines
substances albuminoïdes en fibrilles, que la cellule vivante n'a plus ensuite
qu'à disposer suivant les lois mystérieuses de son développement? Les
faits que je vais faire connaître semblent permettre de répondre par l'af-
firmative à cette question. Ils établiront, en outre, l'existence dans l'albu-
men d'œuf d'oiseau d'une substance protéique soluble, analogue au fibrino-
gène du plasma sanguin et au myosinogène de la fibre musculaire.
» Il y a plus de 5o ans que Melsens observait que du blanc d'œuf frais,
l34 ACADÉMIE DES SCIENCES.
étendu d'eau et privé de tout corps en suspension grâce à une bonne
filtration, se trouble dès qu'on l'agite ou qu'on fait traverser la solution
par un courant de gaz quelconques, secs ou humides ('). Je me suis
assuré de la réalité de ce singulier phénomène; il se produit avec l'hydro-
gène, Fazote, l'acide carbonique et par agitation de la solution albumineuse
dans l'air ou dans le vide.
» La substance qui vient ainsi troubler légèrement le blanc d'œuf se
précipite sous forme de membranules transparentes, élastiques, d'une
épaisseur de 7 à ^^ de millimètre. On y distingue, au sein d'un substratum
amorphe granuleux, des sortes de fibrilles de i^,5 à 2^ de diamètre, droites
ou onduleuses, libres ou réunies entre elles. On dirait un commencement
d'organisation.
» Il ne faudrait pas croire, avec l'auteur de ces premières observations,
que la matière qui se membranise ainsi soit l'ovalbumine elle-même et que
l'agitation suffise à insolubiliser l'albumine. Je me suis assuré que, après
bonne filtration sur papier, l'albumine brute de l'œuf, étendue de 2""°^ à
3^°' d'eau, reçue dans un vase plein d'azote ou d'acide carbonique, puis
soumise à une longue agitation mécanique en présence de boules de verre
destinées à fouetter la matière, ne donne jamais un dépôt dépassant o^,5
à 0^,6 pour 100 grammes d'albumine, le tout calculé à l'état sec; le reste
refuse ensuite de se transformer. La matière spéciale que fait apparaître
l'agitation augmente si, immédiatement avant la filtration, l'albumen a été
soigneusement dilacéré. Si l'on prend au contraire des œufs bien frais,
qu'on se borne à faire passer leur albumen sous très faible pression à
travers une toile métallique, qu'on délaye la masse dans l'eau et filtre
aussitôt, la matière insolubilisée ensuite par agitation ou passage des gaz
est minime. Avec dix blancs d'œufs ainsi .traités je n'ai obtenu que o',3o de
membranules pesées sèches.
» La substance qui se sépare, par agitation, de l'albumine brute /iltrée
dérive elle-même d'un générateur soluble apte, comme on le verra, à être
modifié par un ferment contenu dans les loges de l'albumen, et la matière
précipitée par le choc ne correspond qu'à la partie variable de cette sub-
stance génératrice qui avait été modifiée avant filtration et qui était restée
en solution, comme par une sorte de sursaturation que l'agitation fait cesser;
mais une bonne partie de la substance transformable en membranules.
') Ann. de Chimie et de Physique, 3« série, t. XXXIII, i85i, p. i85.
SÉANCE DU 21 JUILLET 1902. l35
celle qui n'a pas encore subi la modification, reste en solution malgré l'agi-
tation, et propre à être précipitée, après action du ferment, ainsi que nous
le montrerons plus loin.
» La matière que l'agitation précipite du blanc d'œuf brut filtré est un
àlbuminoïde qui appartient à la famille des fibrines. L'analyse m'a donné
pour sa composition élémentaire :
G = 52,85; H = 7,02; Az = 15,77; Cendres: i "/o environ (').
)) A. Wurlz a trouvé pour l'ovalbumine :
0 = 32,90; H = 7,2o; Az=i5,8o
» Dumas et Cahours ont obtenu pour la fibrine du sang humain :
C = 52,8, H = 7,o, Az = i6,8, ...;
Chittenden et Gummin ont trouvé pour la myosine :
0 = 32,82, H = 7,ii, Az = i6,77, ....
» La matière précipitée par l'agitation de l'albumen étendu et filtré
possède d'ailleurs toutes les propriétés générales des albuminoïdes; elle
se rapproche tout particulièrement de la fibrine du sang et de la myo-
sine. Comme ces derniers corps, en effet, mais plus lentement qu'eux, elle
décompose l'eau oxygénée. Elle se dissout imparfaitement dans les solu-
tions étendues de sel marin et de nitre, et ces solutions coagulent faible-
ment à chaud lorsqu'on en sépare l'excès de sel par dialyse. Cette sub-
stance diffère cependant de la fibrine du sang en ce qu'elle se gonfle
difficilement dans l'ammoniaque ou le carbonate sodique étendus. Les
membranules dans lesquelles se transforme le générateur soluble présen-
tent, enfin, l'état fibrillaire et l'élasticité de la fibrine, et l'on a vu que,
comme pour cette dernière, l'agitation hâte leur précipitation.
» Il existe donc dans le blanc d'œuf d'oiseau une globuline soluble
spéciale, analogue au fibrinogène et au myosinogène, apte à passer de
l'état soluble à l'état insoluble, comme le font ces substances et dans les
mêmes conditions apparentes, et il nous a paru très probable que, comme
pour ces substances aussi, l'agent de cette modification devait être un
ferment soluble.
(') Elles étaient formées de phosphates et de chlorures alcalins avec un peu de
chaux, et de magnésie.
l36 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Il ne faudrait pas croire, en effet, comme Melsens, que l'agitation des
solutions d'albumine suffise, ou même soit nécessaire pour insolubiliser
tout ou partie de cette substance. J'ai pensé que le choc ou le battage du
blanc d'œuf agissaient indirectement surtout en dilacérant les loges de
l'albumen, mélangeant et mettant en contact intime et direct toutes les
parties du protoplasma, et hâtant ensuite, mais accessoirement, la forma-
tion d'un précipité de membranules nouvelles qui, dans le blanc d'œuf
brut, qu'on ne filtre pas, se confondent avec les membranes préexistantes
et ont pu échapper ainsi à l'observation.
» Les expériences suivantes ont pour but de montrer l'exactitude de
cette opinion, l'existence du ferment modificateur et l'action secondaire,
mais non nécessaire, de l'agitation ou du battage.
» Quatre blancs d'œufs frais, pesant ensemble i4os à l'état humide,
furent directement versés, sans agitation ni dilacération, dans quatre
assiettes plates et rapidement séchés à 38° dans un courant d'air sec
renouvelé. La matière pesait i8^, 52 à l'état sec. On la porphyrisa très
soigneusement au mortier d'agate pour détruire les membranes préexis-
tantes et bien mélanger toutes les parties du protoplasma primitif, et l'on
divisa cette poudre en deux parties égales de 9^,25 chacune. La première,
A, fut versée avec précaution dans 4oos d'eau froide et lavée soigneu-
sement au centrifugeur, sans agiter, pour séparer les membranes qu'on
pesa sèches. On trouva :
Parties membraneuses préexistantes en A : 06,970.
» L'autre partie B fut également versée en 4oo*^*^ d'eau (avec addition
de 2 gouttes de CS^ pour éviter toute action bactérienne) et laissée 7 jours
à l'étuve à Sg" dans le but de permettre l'action du ferment insolubilisant,
s'il existait, ferment que la porphyrisation très exacte avait eu pour but de
libérer de ses loges membraneuses. Après 7 jours d'étuve, on traita la
partie B comme A, par lavages, centrifugation et dessiccation, et l'on
trouva :
Parties insolubles préexistantes ou nouvelles formées en B : 16,0959.
» La différence B — A = 0^,1259 indique la quantité d'ovofibrinogène
insolubilisé pendant l'étuvage.
» En rapportant à loo^ d'albumine brute d'œuf de poule calculée sèche,
on voit qu'il s'est fait, dans cette expérience, i^, 36 d'ovofibrine nouvelle
SÉANCE DU 21 JUILLET If)02. l'^'j
par action mutuelle et prolongée des diverses parties de l'albumen, et sans
que le choc ou l'agitation aient été nécessaires. C'est une quantité dix fois
plus grande au moins que celle qui se forme, par agitation, dans le blanc
d'œuf frais brut étendu. La différence provient ici de l'insolubilisation à
peu près totale, par le ferment mis en liberté, de l'ovofibrinogène de
l'albumen pris dans sa totalité.
» Dans cette expérience, pour 0^,970 de membranes préexistantes, il
s'est formé o^, 1259 d'ovofibrine nouvelle, soit une augmentation de 12,9
pour 100 de parties insolubles.
» A ce commencement de démonstration de la formation de celte ovo-
fibrine par coagulation d'un ovofibrinogène dans les conditions aptes à
favoriser l'action d'un ferment insolubilisant, je ne pouvais ajouter ici la
preuve tirée de la disparition de l'activité de ce ferment lorsqu'on fait
agir la chaleur qui eût coagulé, dans ce cas particulier, la totalité de
l'albumine en expérience. J'ai donc été obligé de recourir à une démon-
stration indirecte. J'ai pensé que, l'albumen de l'œuf étant naturellement
alcalin, cette alcalinité devait être une condition nécessaire ou du moins
très favorable de l'action du ferment membranigène, et que cette action
devait s'atténuer ou disparaître si, préalablement, on rendait le milieu
légèrement acide. C'est ce que l'expérience a confirmé.
» Six blancs d'œufs frais furent directement reçus en six assiettes aussi-
tôt placées dans des cloches à vide à 4o°» àe façon que le ferment restât
autant que possible dans ses loges membraneuses et sans agir, comme
dans l'œuf intact. Après dessiccation (i4 heures) les albumens bien secs
furent finement porphyrisés et la poudre divisée en deux parts A et B de
poids égaux. On versa lentement chacune d'elles en 4oo centimètres cubes
d'eau bouillie et, après quelques heures, où l'on mélangea suffisamment et
dissolvit les parties solubles en agitant le moins possible, on versa, dans
la partie A, un volume d'acide acétique faible titré suffisant pour obtenir
une très légère acidulation du milieu. La partie B, au contraire, ne reçut
pas d'acide. Les deux flacons A et B, chacun additionnés d'une boule de
naphtaline pour empêcher toute altération microbienne, furent alors
placés 6 jours à l'étuve à 39*' pour laisser agir le ferment dans ces deux
conditions dissemblables. Après ce temps, le flacon B reçut le volume
exact d'acide acétique dilué qu'avait reçu A, et les deux mélanges furent
encore laissés ^S heures à l'étuve pour assurer, en chaque cas, une égale
action de l'acide ajouté. A et B furent ensuite centrifugés, filtrés et lavés
C. R., 1902, 2* Semestre. (T. CXXXV, N» 3.) l8
l38 ACADÉMIE DES SCIENCES.
soigneusement pour ne conserver que les parties insolubles. On obtint
après dessiccation :
Parties insolubles de B o, 58^2
Parties insolubles de A 0,4486
Di/Térenee : B — A =: o, i356
» Ainsi dans le milieu alcalin naturel de l'albumen, milieu évidemment
favorable à l'action de ses ferments naturels, la quantité de corps
membraneux insolubles de l'albumen primitif avait été augmentée de
24 pour 100.
» De ces expériences je tirerai les conclusions suivantes :
w i" Il existe dans l'albumen de l'œuf de poule près de i,5 pour 100
d'une substance soluble, analogue au fibrinogène ou au myosinogène, apte
comme ces dernières, sous les influences qui favorisent l'action de leurs
ferments spécifiques, à se transformer en une matière insoluble que le
choc sépare à l'état membraniforme, ayant les propriétés générales des
fibrines.
» 2° L'agitation n'est pas nécessaire à la formation de cette substance ; elle
constitue seulement une condition favorable à son apparition dans l'albu-
mine brute filtrée; le choc ou l'agitation en séparent la partie de l'ovofi-
brinogène déjà modifiée par le ferment, et tenue comme en état de sursa-
luration avant cette agitation, par un phénomène tout semblable à celui
qui fait plus rapidement se concréter la fibrine dans le sang qu'on soumet
à l'agitation.
» 3° L'humidité, la dissolution dans l'eau, la chaleur, l'alcalinité du
milieu, c'est-à-dire les conditions qui favorisent l'action des ferments cellu-
lulaires animaux, favorisent aussi la transformation de l'ovofibrinogène en
ovofibrine membraniforme ou amorphe.
» 4" Dans le blanc d'œuf intact, le ferment paraît contenu dans les
loges membraneuses de l'albumen et être ainsi séparé de la substance
fibrinogénique sur laquelle il n'agit dans ces conditions que très lentement.
Son action devient plus rapide et complète si l'on dilacère l'albumen et
détruit par battage l'organisation de ses membranes naturelles.
» 5** Des ferments analogues à lafibrinase ou à la caséase sont certaine-
ment répandus dans beaucoup d'organes et tissus, mais celui de l'albumen
d'œuf d'oiseau, et sans doute aussi de bien d'autres protoplasmas cellu-
laires, est remarquable par l'aptitude qu'il possède de transférer une sorte
de pseudo-organisation à l'albuminoïde qu'il insolubilise. Il ne reste plus
SÉANCE DU 2 1 JUILLET 1902. iSg
aux forces organisatrices de la cellule qu'à disposer cette matière fibrillaire
suivant les lois qui règlent les formes histologiques de l'élément ou du
tissu. »
CHIMIE ANIMALE. — Sur l'acide glycuronique dans le sang du chien.
Note de MM. R. Lépine et Boulud.
K Nous insistons de nouveau (voir Comptes rendus, 4 novembre 1901)
sur le fait que le sang du chien à l'état de santé renferme toujours une forte
proportion d'acide glycuronique conjugué. Il n'est pas rare que l'extrait
de sang, tel que nous le préparons, c'est-à-dire sans le faire bouillir en
présence d'un acide, donne, à l'examen polarimétrique, o, et n'ait qu'un
pouvoir réducteur assez faible, tandis qu'après ébullition en présence d'un
acide, on a une déviation à droite et un pouvoir réducteur qui excède
d'un bon tiers celui qui existait avant le chauffage. 11 est à noter que ce
pouvoir réducteur est souvent plus fort que celui que ferait prévoir le
chiffre (exprimé en glucose) donné par le polarimètre.
» En soumettant à la fermentation, en présence de la levure de bière,
un de nos extraits de sang normal, on constate que le liquide, après
l'achèvement de la fermentation, dévie toujours à gauche. Si alors on le
chauffe en présence d'un acide, on a une déviation à droite et une réduc-
tion en général plus abondante qu'avant le chauffage.
» Si l'on traite l'extrait de sang normal par la parabromophénylhydra-
zine, on obtient un osazone déviant à gauche en solution pyridique
(Neuberg).
» L'acide glycuronique est plus abondant dans le sang défibriné, et
ayant séjourné quelque temps à l'air, que dans le même sang que l'on a
fait tomber directement dans l'alcool au sortir du vaisseau.
» Le sang artériel d'un chien asphyxié (par obstruction des narines)
peut renfermer autant d'acide glycuronique que le sang artériel normal.
Dans le sang d'un chien asphyxié par le gaz d'éclairage, nous n'en avons
pas trouvé (ce sang était rutilant). L'extrait, pour looo^ de sang, a donné
les résultats suivants :
» Polarimètre : -h i^j/j. Pouvoir réducteur (en glucose) : 2^,26.
» Après chauffage en présence d'un acide, mêmes valeurs.
» Le foie de ce chien, une demi-heure après la mort, renfermait de
l'acide glycuronique.
l4o ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Le sang d'un autre chien, asphyxié à la fois par le gaz d'éclairage et
par l'obstruction des narines, donnait les valeurs suivantes :
» P :+ o°, 2. Pouvoir réducteur: i^,3o.
» Après chauffage en présence d'un acide, P : + o°,5. Pouvoir réduc-
teur : i^, 20.
» Dans ce cas, la déviation à droite est notablement plus forte après le
chauffage; mais le pouvoir réducteur n'est pas augmenté. Il est probable
que la conjugaison de l'acide glycuronique était ici assez fragile pour que
l'ébullition en présence de la liqueur cuivrique ait détruit cette conjugai-
son. On sait d'ailleurs qu'il y a des acides glycuroniques conjugués, doués
d'un pouvoir réducteur.
» Nous avons eu l'occasion d'observer un grand nombre de cas de ces
faibles conjugaisons. En voici un qui appartient à un chien ayant reçu une
petite dose de nitrite d'amyle :
)) P : 0°. Pouvoir réducteur : i^,32.
)) Après chauffage en présence d'un acide, P : 4- o°,5. Pouvoir réduc-
teur : i^,3o. (La légère diminution du pouvoir réducteur dans ce cas et
dans le précédent s'explique par la destruction si facile de l'acide glycu-
ronique par l'ébullition en présence d'un acide.
» L'augmentation de la déviation à droite coexistant avec l'augmenta-
tion du pouvoir réducteur, après ébuUition en présence d'un acide, ne
suffit d'ailleurs pas pour qu'on puisse affirmer dans un extrait de sang
l'existence d'acide glycuronique. Dans des cas, exceptionnels d'ailleurs,
la présence de glycogène (ou d'une substance analogue) peut amener ce
double résultat. Ainsi, dans le sang des veines sus-hépatiques d'un chien
très bien nourri, assommé par un coup de maillet sur le crâne, nous avons
trouvé, environs minutes après l'assommement, les valeurs suivantes :
» P : -f- 1°,6. Pouvoir réducteur : 4^>09-
» Après chauffage en présence d'un acide et de perchlorure de fer,
P : -h 2°. Pouvoir réducteur : 4^,28.
» Après chauffage prolongé, en présence de lo*""' de H Cl, pouvoir ré-
ducteur : 8^,44- »
SÉANCE DU 21 JUILLET I902. I^I
RAPPORTS.
Rapport sur un Mémoire de M. Torres, concernant un avant-projet de ballon
dirigeable, présenté à l' Académie dans la séance du 26 mai 1902.
(Commissaires : MM. Sarrau, Cailletet; Appell, rapporteur.)
« M. Torres, dont on connaît les remarquables travaux sur les machines
à calculer (*), vient de présenter à l'Académie un Mémoire Sur un avant-
projel de ballon dirigeable à quille intérieure.
» La Commission désignée pour examiner ce Mémoire s'est occupée,
non du côté technique, qui n'est pas du ressort de l'Académie, mais du
côté théorique du projet. Elle a trouvé, dans le travail de M. Torres, non
seulement la description d'un type nouveau de ballon, mais des vues théo-
riques précisant le problème général de l'Aéronautique.
» Voici d'abord l'idée fondamentale qui a conduit l'auteur au type qu'il
préconise. Il semble que les difficultés présentées actuellement par le pro-
blème de l'Aéronautique viennent moins de l'insuffisance des moteurs que
du défaut de stabilité des ballons. L'auteur met en évidence les causes
d'instabilité pour un ballon actionné par une hélice. Quatre forces princi-
pales agissent sur l'ensemble formé par le ballon et la nacelle : le poids P
du système, la force ascensionnelle A, la force propulsive de l'hélice/?, et
la résistance de l'air qui, par raison de symétrie, peut, dans la marche
normale, être réduite à une force R. Ce sont les changements dans la
grandeur ou dans la position d'une de ces forces qui produisent les pertur-
bations dans la marche. Il est inutile de rappeler ici les précautions habi-
tuellement prises pour éviter toute variation dangereuse des points d'ap-
plication des forces A et P; la grandeur de chacune de ces forces varie
d'une manière continue à mesure qu'on consomme du pétrole pour ac-
tionner le moteur et qu'on remplace son poids par de l'air introduit dans
le ballonnet, mais elle ne subit pas de variation brusque, sauf au moment
oïl l'on jette du lest, ce qui produit sur P un changement de peu d'impor-
tance. La grandeur et la position de la résistance de l'air sont à peu près
constantes dans la marche normale à une vitesse donnée : cette force peut
(*) Comptes rendus, t. CXXX, 1900, p. 472 61874; Savants étrangers, t. CXXXII,
1901.
l42 ACADÉMIE DES SCIENCES.
subir des variations importantes et même être remplacée par une force et
un couple dans le cas où des oscillations brusques viendraient à se pro-
duire; elle peut donc accentuer les oscillations, mais non les faire naître.
La force propulsive p a un point d'application fixe ; seulement sa grandeur
est sujette à des variations considérables; d'abord, chaque fois qu'on ar-
rête ou qu'on met en mouvement la machine, p subit une variation brusque,
tandis que la vitesse du ballon et, par suite, la résistance R varient d'une
manière continue; mais ce sont là les cas les moins importants. Il n'est
nullement nécessaire que l'hélice s'arrête tout à fait pour que l'effort/?
devienne nul, ou même négatif; on sait, en effet, que l'effort de propulsion
dépend non de la vitesse longitudinale V d'un élément de l'hélice par
rapport au ballon, mais de la différence V — Y entre cette vitesse et la
vitesse V du ballon; on admet, dans la pratique, que cet effort est propor-
tionnel au carré de V — V : dans les essais de Dupuy de Lôme et dans ceux
du colonel Renard, on avait à peu près V = JV, de sorte qu'il suffisait de
diminuer brusquement V d'un quart de sa valeur pour que la force pro-
pulsive s'annulât momentanément; cette variabilité de p est, d'ailleurs,
d'autant plus marquée que le rapport V:V' est plus voisin de l'unité, cas
limite dont on doit, au point de vue du rendement, chercher à se rap-
procher autant que possible.
» Quand l'hélice est fixée à la nacelle, les deux forces horizontales p
et R ne sont pas sur une même horizontale et les variations brusques de p
produisent un couple de renversement dont les effets sont d'autant plus
grands que la vitesse est plus grande. L'auteur voit dans ce fait le principal
obstacle à une marche à grande vitesse. Il propose alors de rendre inoffen-
sives les variations de/? en s'arrangeant pour que la ligne d'action de cette
force coïncide à peu près avec celle de la résistance R. Dans ce but, il place
l'hélice à la partie postérieure du ballon lui-même {Jig. 2). Ce n'est certes
pas la première fois qu'on a proposé cette solution, mais l'auteur la rend
réalisable par un dispositif ingénieux que nous allons maintenant décrire.
» Les ballons généralement employés sont fusiformes et portent une na-
celle soutenue au moyen d'un système de suspentes : quand le ballon est
allongé comme il doit l'être pour pouvoir marchera grande vitesse, on est
obligé d'allonger la nacelle, qui constitue une sorte de poutre de longueur
comparable à celle du ballon. La modification proposée par l'auteur se
réduit, en principe, à mettre à l'intérieur du ballon les suspentes et la poutre
qui forment alors une quille intérieure rigide allant d'une pointe à l'autre;
la nacelle est réduite au minimum nécessaire et très rapprochée du bal-
SÉANCE DU 2î JUILLET 1902. 1 43
Ion. Voici, sans entrer dans de longs détails, la façon dont ce dispositif est
réalise,
» Description sommaire. — Le ballon est cylindrique dans la partie centrale,
affilé aux extrémités; son profil a la forme indiquée {fig. i); il est formé par la
juxtaposition de plusieurs profils semblables à celui de la figure i; dans chaque
profil, la quille ab est attachée au ballon par cinq suspentes.
Fii
» La forme du profil est calculée d'après la distribution des pressions intérieures et
extérieures et des tensions des toiles. Au bas de quelques-uns de ces profils se trouve
fixée la nacelle, comme le montre la figure i ; le mouvement est transmis de la nacelle
à l'hélice par un câble télédynamique C {fig. 2); la manœuvre du gouvernail se .fait
Fig. 2.
par un autre câble D. Quand la machine marche, les tensions du câble C sur les
poulies, telles que P et Q, produisent un moment de torsion considérable dont il faut
se préoccuper, la pointe de la quille étant trop faible pour y résister; nous ne pouvons
pas entrer dans le détail des pièces destinées à résister à cet eflFort. D'une façon
générale, la plupart des pièces employées travaillent à l'extension. Quelques-unes
seulement travaillent à la compression, notamment la quille, qui doit être regardée
comme un prisme chargé debout.
» Le ballon est divisé en plusieurs compartiments par des cloisons en toile per-
méable; quatre des entre-profils sont munis de poches à air symétriquement placées
l44 ACADÉMIE DES SCIENCES.
par rapport au milieu du ballon; ces poches sont manœuvrées par un distributeur
d'air que i'aéronaute commande à l'aide d'un robinet à trois voies, suivant qu'il veut
monter, descendre ou rester à la même hauteur; en outre, une espèce de coulisse
commandée par un pendule répartit l'air automatiquement entre les poches d'avant et
d'arrière pour maintenir l'horizontalité du ballon. Pour augmenter la stabilité et
prévenir les effets des courants d'air obliques (ascendants ou descendants), l'auteur
prévoit l'addition d'un poids porté par deux, suspentes de grande longueur. Enfin,
pour éviter les chances d'incendie par le moteur, il propose d'envelopper ce dernier
d'une chemise incombustible en amiante et de conduire par un tube de dégagement
les produits de la combustion à l'arrière du ballon.
» Données expérimentales admises. — Pour ses calculs l'auteur accepte les données
courantes. Ainsi il admet que la résistance R de l'air est liée à la vitesse V et à la
maîtresse section S par une relation de la forme
(i) R = ASVS
tout en faisant des réserves sur l'approximation avec laquelle cette formule représente
les faits et sur la détermination de la constante k. Il prend les valeurs généralement
admises pour les efforts de tension que peuvent supporter les toiles et les tirants;
quant à l'effort admissible, par millimètre carré, dans les pièces comprimées, il ne
le considère pas comme complètement connu et le fait intervenir dans les calculs par
un coefficient littéral 6, de façon à laisser une certaine latitude aux constructeurs
suivant la nature des matériaux, et la forme des pièces.
» Marche des calculs. — Ces données étant admises et le type du ballon étant
défini, l'auteur admet que l'on construise divers ballons dont les formes extérieures
seront géométriquement semblables, et dont les grandeurs seront caractérisées par la
valeur d'un certain module L, égale au cinquantième de la longueur du ballon. Il cal-
cule en fonction de L et du coefficient 6 déjà défini tous les poids qui en dépendent,
excepté le poids du moteur et des approvisionnements. En retranchant le poids ainsi
calculé de la force ascensionnelle on obtient le poids n dont on dispose pour le moteur
et le pétrole. L'auteur montre que le ballon peut être caractérisé par la valeur de la
quantité
. _ iU
('^) ?=^'
dans laquelle i représente le coefficient de rendement de l'hélice et de la transmission,
S la surface de la maîtresse section et A" le coefficient figurant dans la loi de la résistance
de l'air. On pourra distribuer le poids n différemment entre le moteur et le pétrole,
suivant qu'on veut atteindre une grande vitesse pendant un temps très court ou une
plus petite vitesse pendant un temps plus long. A cet égard, l'auteur montre qu'il
existe, entre la vitesse V et le temps t pendant lequel on peut marcher à cette vitesse,
une relation de la forme
.... I '.2 I
/i V"* mn
où m désigne le nombre de kilogrammètres qu'on peut produire par kilogramme du
SÉANCE DU 21 JUILLET 1902. l45
moteur, et n le nombre de kilogrammes de pétrole qu'il faut dépenser pour produire
pendant i heure i'^^™ à la seconde.
» On peut, comme on a vu, calculer II en fonction de 0 et de L; on a alors
d'après (2),
(4) 9=/(/.-, /, L, 6);
portant cette valeur de n dans la formule (3) ci-dessus, on obtient une relation entre
0, L, /, /.,^ V, t.
» Cette relation est traduite graphiquement dans les monogrammes {fig. 3) qui
donneront des indications utiles sur la marche à suivre dans les expériences et sur les
Fig. 3.
5000
100.
50 -t-
100 90 80 70 60 SO "fO 30
k.
meilleurs moyens à employer pour améliorer un type de ballon donné. La figure 3
comprend deux monogrammes : l'un (M) à triple réglure, avec une échelle binaire, cor-
respond à l'équation (4), et l'autre (N) à points alignés, correspondant à l'équa-
tion (3). Il faut remarquer que k, i, 0 ne sont pas de véritables variables, mais des
paramètres que l'auteur laisse indéterminés dans de certaines limites, car leurs valeurs
expérimentales ne sont pas entièrement déterminées. On commencera donc par fixer
les valeurs de ces trois paramètres, puis, en choisissant le module L, on lit sur l'échelle
du monogramme M la valeur de la caractéristique o. On reporte cette valeur sur
l'échelle du monogramme N et celui-ci donne le temps t pendant lequel on pourra
marcher à une vitesse V; inversement, en se donnant, dans des limites possibles,
t et V, on peut, en remontant, calculer cp et L.
» Conclusions. — En résumé, le travail de M. Torres constitue une con-
tribution très intéressante à la théorie des ballons dirigeables. L'avant-
projet est bien étudié, et, tout en faisant ses réserves sur les difficultés
C. R., T902, 2' Semestre. (T. CXXXV, N" 3.) 19
l46 ACADÉMIE DES SCIENCES.
d'exécution pratique, la Commission estime qu'il y aurait intérêt, pour le
progrès de la Science, à ce que l'aérostat de M. Torres fut expérimenté. »
Les conclusions de ce Rapport sont mises aux voix et adoptées.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
M. Odier adresse un « Essai d'une théorie mathématique des conso-
nances et des dissonances musicales ».
(Commissaires : MM. Mascart, Violle.)
M. Senemaud demande l'ouverture de deux plis adressés antérieure-
ment par lui, et y joint une Note complémentaire : ces diverses pièces
sont relatives à la stabilité des appareils aviateurs, plus lourds que l'air.
(Renvoi à la Commission des Aérostats.)
CORRESPONDANCE.
L'Académie désigne MM. G. Darboux et E. Picard pour la représenter
aux fêtes du centenaire du grand mathématicien N.-H. Abel, qui auront
lieu à Christiania les 5-7 septembre.
M. le Secrétaire perpétuel présente à l'Académie deux Volumes portant
pour titre : « International Catalogue of scientific literature, first annual
issue; D, Chemistry, Part I, et M, Botany, Part I ».
Ce sont les deux premiers parus du grand Catalogue international dont
la Société royale de Londres a entrepris la publication, avec le concours
de tous les pays civilisés.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
1° Trois Volumes portant pour titre : « IV® Congrès international de
Chimie appliquée, tenu à Paris du 23 au 28 juillet 1900. Compte rendu
SÉANCE DU 21 JUILLET I902. l/J^
in extenso, par MM. Henri Moissan et François Dupont », (Présenté par
M. Moissan.)
1^ Un Ouvrage de M. Gino Loria, traduit en allemand sous le titre :
« Spezielle algebraische und transcendente ebene Rurven, Théorie und
Geschichte ». (Présenté par M. Haton de la Goiipillière.)
3° Un Volume intitulé : « Die Mechanik des Himmels, Vorlesungen
von Carl-Ludwig Charlier , erster Band ». (Présenté par M. H. Poincaré.)
PHYSIQUE DU GLOBE. — Mission de la Martinique. Extrait d'une Lettre
de M. Lacroix à M. Michel-Lévy.
« I" juillet 1902.
» .... L'activité du volcan est minime en ce moment; nous n'avons
observé aucune éruption importante; de temps en temps le cratère, situé
sur le revers Sud-Ouest de la Montagne Pelée, près du sommet, lance des
colonnes de fumée et de cendres fines, que le vent dominant rejette dans
la direction du Prêcheur.
» Toute la partie de l'île comprise entre l'îlot de La Perle et Saint-Pierre
offre jusqu'à la mer un aspect saisissant. Toute végétation a disparu; plus
d'arbres, les détails du sol apparaissent comme dans une carte en relief, qui
serait couverte de cendres d'un gris clair. Quand on est dans le nuage de
cendres, le paysage prend l'aspect de celui que l'on voit à travers la fumée
d'un four à chaux.
» Du côté Est et Nord, la végétation a repris jusqu'à l'altitude de 5oo™
à 600™; c'est au-dessus seulement que l'on observe cet aspect désolé
qui caractérise le versant occidental.
» Nous avons séjourné, la nuit dernière, vis-à-vis de Saint-Pierre et nous
n'avons vu sortir du cratère que de vagues lueurs. Depuis notre arrivée,
le sommet de la Montagne Pelée a toujours été dans le brouillard; nous
avons cependant fait l'ascension avant-hier; nous sommes arrivés à l'ancien
lac des Palmistes, sous une pluie dont vous n'avez pas l'idée; il est rem-
blayé par de la cendre transformée en boue, et celle-ci est traversée par
une fente rectiligne Nord Ouest, d'environ i'" de profondeur, qui
paraît servir à l'écoulement des eaux dans la direction de la Basse-Pointe.
En tout cas, celte fente n'émet aucune fumerolle.
» Grâce à une éclaircie, nous avons vu plusieurs autres fentes de même
nature. Nos nègres ont à ce moment refusé de marcher; nous sommes
l/jS ACADÉMIE DES SCIENCES.
arrivés peu après à l'autre bord de l'ancien lac, où nous avons touché un
petit piton d'andésite rouge, à la cote i25o'". Il est probable que c'est là
un reste du Morne Lacroix; mais la brume était alors si épaisse qu'il nous
a été impossible de savoir s'il existait des sommets plus élevés.
)) Nous avons été arrêtés par un à pic de plusieurs centaines de mètres,
donnant dans le cratère; les parois, malgré une pente de près de 60°
jusqu'au bord même du gouffre, sont recouvertes par de la cendre trans-
formée en boue, atteignant par places une épaisseur d'au moins 80*^™.
Nous n'avons pu aborder le bord du gouffre qu'en entrant là dedans
jusqu'aux genoux.
» Cette cendre provient certainement d'éruptions postérieures aux
grandes explosions; elle recouvre en effet les grosses bombes que l'on
rencontre ça et là sur l'emplacement de l'ancien lac. Des bombes de
moindre dimension abondent sur les parois est de la montagne, jusqu'à
une altitude d'environ 680™; elles sont constituées par une andésite vi-
treuse.
» On nous avait parlé d'un nouveau cratère qui se serait ouvert auprès
du Camp de Trianon, au-dessus d'Ajoupa-Bouillon; nous n'y avons vu
qu'un très profond ravin, anciennement creusé dans les tufs andésifiques
(rivière Falaise), et qui aurait donné à plusieurs reprises de forts dégage-
ments gazeux dont il ne reste aucune trace aujourd'hui ; il me semble que les
cendres voisines proviennent du grand cratère.
» Les seules manifestations actives que nous ayons pu étudier de près
sont de nombreuses fumerolles, sortant des vallées des rivières Sèche et
Blanche, et de l'embouchure de la rivière des Pères. Il semble que ces val-
lées soient d'anciennes fractures rouvertes. Les fumerolles s'y observent
depuis le cratère jusqu'à la mer; les unes sont intermittentes et émettent
des torrents de vapeur d'eau sortant soit du lit même de la rivière, soit
des talus élevés qui l'encaissent et qui sont constitués par des cendres et
des blocs charriés. Alors la vapeur constitue des volutes blanches, très
denses, qui roulent lentement jusqu'à la mer, d'oi^i l'on pourrait croire de
loin qu'elles sortent.
» D'autres fumerolles sont permanentes; les unes à too° sont riches en
hydrogène sulfuré, et déposent à leur émergence de nombreux cristaux de
soufre; les autres, à une température supérieure à 36o", donnent du chlor-
hydrate d'ammoniaque.
» Je ne vous ai pas encore parlé de Saint-Pierre; l'aspect de cette ville
détruite est lugubre; cette nuit, le commandant du d' Assas nous a fait
SÉANCE DU 2T JUILLET T902. 1^9
passer près du rivage et a éclairé les ruines avec ses projecteurs; c'était un
spectacle tout à fait impressionnant. Nous avons longuement étudié la
ville en tous sens; le quartier du Port ne fournit plus rien, tout a été rasé ;
le quartier du centre est moins entièrement détruit, mais c'est surtout celui
du Mouillage qui fournit d'utiles indications. La plupart des murs préservés
ont une orientation moyenne N.-S.; c'est aussi la direction des arbres
couchés, du phare renversé; c'est celle du déplacement horizontal des
pierres du cimetière.
» Il n'est tombé à Saint-Pierre que de la cendre fine, mêlée de petits la-
pillis, et en quantité relativement peu considérable. On n'y observe aucune
bombe; il faut donc admettre que la destruction de cette ville a été pro-
duite par des dégagements gazeux à haute température, provenant directe-
ment du cratère et animés d'un rapide mouvement N.-S. Je ne vous parle
pas aujourd'hui des récits des rares témoins du phénomène ; nous cherchons
à dégager la vérité de ces récits contradictoires, et je crains qu'il ne reste
beaucoup d'incertitude à cet égard.
)) J'avais pensé pouvoir tirer d'utiles renseignements de l'étude des
objets métalliques trouvés dans les ruines ; malheureusement l'incendie a
superposé ses effets à ceux du volcan et vient beaucoup compliquer la ques-
tion; les inondations subséquentes comblent tous les jours les ruines, dont
l'aspect change rapidement. S'il n'y a pas de nouveaux paroxysmes, je suis
persuadé qu'à la fin de l'année nous trouverons tout couvert de verdure.
» La visite de Saint-Pierre est pénible à beaucoup d'égards; il se dégage
de ces ruines une odeur d'incendie et de décomposition cadavérique; on
marche enveloppé d'un essaim de mouches, dont la plus grande abon-
dance indique la présence de cadavres à fleur de terre ou à peine recou-
verts par les décombres. La décomposition marche, d'ailleurs, très rapide-
ment, et, lors de notre dernière visite, nous n'avons plus trouvé de
cadavres à chair visible, comme le premier jour. Ajoutez à cela une cha-
leur torride, augmentée par celle des incendies qui couvent encore çà et
là : un dépôt de charbon est encore incandescent pendant la nuit.
» M. Rollet de l'Isle a fait de nombreux sondages, d'où il résulte que
les fonds voisins de la côte n'ont pas changé sensiblement; il poursuit
ses recherches vers le nord.
)) Les pluies torrentielles ont causé de terribles ravages; les bourgs du
Prêcheur, de Sainte-Phdomène, de Basse-Pointe ont été en partie détruits
par des torrents de boues et de blocs, dont l'accumulation a parfois,
comme à Basse-Pointe, changé l'hydrographie de la côte; ils semblent dus
l5o ACADÉMIE DES SCIENCES.
surtout aux pluies abondantes dans la région haute de la Montage Pelée,
couverte par les projections récentes et aujourd'hui dépourvue de son
revêtement ordinaire d'herbes et de forêts.
)) Les tufs et les conglomérats jouentUe rôle dominant dans la constitu-
tion de la montagne. . ..
» Nous avons, M. Giraud et moi, fait de nombreuses observations géo-
logiques; plus des trois quarts de l'île sont en tufs ou en brèches; il y a
peu d'affleurements; le pays est entièrement cultivé et couvert par une
luxuriante et admirable flore tropicale; les roches superficielles sont
extrêmement altérées. ...»
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la généralisation du prolongement analytique.
Note de M. Emile Borel, présentée par M. P. Painlevé.
« Les remarquables résultats publiés par M. Painlevé dans les Comptes
rendus du 7 juillet donnent une nouvelle actualité à la théorie des fonc-
tions (M) et du prolongement analytique généralisé; il ne me paraît pas
inutile de montrer que ces résultats non seulement ne contredisent en
rien les idées que j'ai émises à ce sujet, mais encore contribuent à faire
espérer que ces idées pourront conduire à une théorie plus générale que
celle de Weierstrass et aussi cohérente.
» Je rappelle d'abord la définition que j'ai donnée (' ) à' une fonction (JA)
sur un segment AB : c'est une fonction admettant des dérivées de tous les ordres
en tous les points de AB et telle que la fonction (M) correspondant à un point
quelconque de AB la représente sur tout le segment. Celte définition conduit
naturellement à une extension de la théorie du prolongement analytique :
cette extension n'est jamais en contradiction avec la théorie classique. Réser-
vons d'abord le cas d'une ligne singulière, ouverte ou fermée; j'ai, depuis
longtemps, indiqué que toute généralisation de la théorie du prolongement
conduirait à modifier la notion de l'uniformité, c'est-à-dire à faire regarder
comme non uniformes des fonctions uniformes au point de vue classique;
cette remarque a même été l'origine de mes recherches sur ce sujet (-).
» Considérons maintenant un point singulier C, isolé sur AB; d'après la
définition qui vient d'être rappelée, il ne suffit pas qu'un développement
(^) Comptes rendus, t. CXXX, p. m 5.
(■'') Comptes rendus, avril 1894, et Thèse de Doctorat.
SÉANCE DU 21 JUILLET 1902. l5l
relatif à un point de AC donne une série convergente sur CB; il faut aussi que
Ton puisse revenir d'un point quelconque de CB et trouver sur AC la fonc-
tion dont on est parti; il faut enfin que les dérivées existent en C et que
le développement (M) correspondant représente aussi la fonction sur ACB.
Ces diverses conditions ne sont pas vérifiées dans les exemples que donne
M. Painlevé. Ces exemples ne sauraient donc entraîner aucune restriction
nouvelle à la définition des fonctions (M).
)) Il était d'ailleurs aisé de former des développements, bien moins inté-
ressants que ceux de M. Painlevé, au point de vue de la théorie générale
des fonctions, mais tout à fait analogues et entraînant les mêmes consé-
quences au point de vue de la généralisation du prolongement analytique.
On sait en effet qu'en remplaçant les droites de M. Mittag-Leffler par des
courbes quelconques, et en particulier par des spirales logarithmiques, il
est possible de définir les diverses branches de toute fonction non uniforme ;
si/,,/o, . . ., 4 désignent n de ces développements et si l'on pose
/ \ P ^1./l -^ Cl^fl-\- . . .-^r- Cl,iJ,i
^ ^ " flf, H- «2 + . . . + «,j '
on obtient un développement qui représente la fonction au voisinage de
l'origine, et qui, dans certaines régions du plan, représente une combi-
naison linéaire des n branches considérées. Il y a seulement, en général,
des lignes de discontinuité; mais en choisissant un point singulier où la
fonction reste finie, il peut y avoir continuité sur une droite issue de l'ori-
gine et passant par ce point.
)) On pourrait ainsi concevoir une théorie plus étendue que celle du
prolongement analytique, et dans laquelle on étudierait un co/p5 de fonctions
comprenant à la fois les diverses branches d'une même fonction analytique,
et leurs combinaisons de la forme (i); d'ailleurs, une fonction f ne serait
dite un représentant cojnplet du corps que si, en partant de f, on peut
retrouver toutes les fonctions du corps : c'est ce qui a lieu visiblement, au
moins pour une fonction algébrique, si a,, «2» • • ., cin sont quelconques.
» Mais revenons à la généralisation proprement dite de la théorie du
prolongement analytique; il ne suffit pas qu'elle ne soit pas en contradic-
tions avec la théorie classique, il faut aussi qu'elle ne soit pas en contra-
diction avec elle-même et surtout qu'elle ne soit pas trop compliquée.
C'est pourquoi il me paraît qu'on sera amené à faire un choix parmi l'infi-
nité des développements (M) possibles : ce choix sera d'autant plus aisé
que ces développements auront été mieux étudiés. Il se présentera des
132 ACADEMIE DES SCIENCES.
facilités particulières dans l'élude des fonctions (M) uniformes dans une ré-
gion du plan : c'est sans doute par elles qu'il y aura lieu de commencer.
Les résultats obtenus par M. Helge von Koch et par M. Painlevé pour les
fonctions méromorphes permettraient d'ailleurs, sans doute, dans cer-
tains cas, de former un développement donnant la valeur de ces fonctions
e/i tous les points où la fonction a une valeur finie. Il suffirait, pour cela, de
considérer la fonction
î(-^)=i:ss
A
^ À^ À^ pa-\-qb-\-rc
' ' a -h b -]- c
et de prendre les numérateurs A^^^,. assez petits; on pénétrerait ainsi à
l'intérieur du triangle lacunaire abc : il y aurait lieu d'y étudier la conver-
gence. Mais la non-uniformité de la convergence entraîne de graves diffi-
cultés, et il sera sans doute préférable, malgré l'importance et la beauté
des résultats obtenus, de se borner d'abord aux séries telles que la conver-
gence dans une aire quelconque entraîne la convergence uniforme dans toute
aire intérieure. »
Observations sur la Communication précédente, par M. P. Painlevé.
« Les restrictions imposées par M. Borel aux séries (M) qui peuvent
représenter une fonction (M) rendent, en effet, peu vraisemblable qu'il
puisse se présenter une contradiction entre ses définitions et la théorie des
fonctions analytiques. Je crois intéressant, toutefois, de signaler l'exemple
suivant : j'ai pu former des séries (M) qui convergent pour toutes les va-
leurs réelles de la variable x, ainsi que toutes les séries dérivées terme à
terme et qui répondent aux conditions suivantes :
M 1° La somme F(a:) de la série est continue, ainsi que toutes ses dé-
rivées, quel que soit x (et ces dérivées s'obtiennent en dérivant la série
terme à terme).
)) 1° Si l'on forme la même série (M) en prenant .Xp comme origine, à
l'aide des valeurs F(x\,), r'(j?y), etc., la série ainsi obtenue jouit des
mêmes propriétés et représente encore Y(x). Il n'y a d'exception que pour
.Tq = i; en ce point, toutes les dérivées de F {x) sont nulles et la série (M)
correspondante se réduit à une constante.
» 3° Pour a;^i, 'P{x) coïncide avec une fonction analytique (holo-
SÉANCE DU 21 JUILLET 1902. l53
morphesur l'axe réel sauf pour x = i): pour x^i, F(^) coïncide avec une
fonction analytique toute différente.
» Dans cet exemple, les conditions de M. Borel sont remplies, à cela
près, circonstance essentielle, que, pour x^i — l, la condition 2° est en
défaut.
» J'ajoute que la remarquable théorie, ainsi amorcée par M. Borel, ne me
paraît pouvoir sortir du domaine purement spéculatif que le jour où l'on
aura formé explicitement une série (M) telle que sa convergence en-
traîne d'elle-même les conditions énoncées par M. Borel, ainsi qu'il arrive
pour la série de Taylor. »
ÉLECTRICITÉ. — Anomalies présentées par la charge de conaucteurs isolés
sur des dièleclriques solides. Phénomènes magnétiques particuliers constatés
au voisinage de nœuds d'oscillations électriques. Note de M. V. Crémieu,
présentée par M. H. Poincaré.
« Au cours des recherches sur la convection électrique que j'ai résumées
dans une précédente Note, j'ai observé les deux séries de faits suivantes :
» i** Dans ces expériences, des secteurs de micanite mobiles dorés sur
les deux faces se chargeaient par influence entre deux secteurs fixes et l'on
pouvait mesurer la charge prise, puis abandonnée par eux. En faisant des
séries de mesures quand on charge les secteurs fixes successivement -f- et — ,
on a observé que les débits mesurés sont constamment plus forts quand les
secteurs mobiles sont chargés positivement que lorsque leur charge est
négative.
» Dans certaines séries, les secteurs de micanite étaient entièrement
dorés; ils étaient isolés les uns des autres par l'air et le disque d'ébonite
sur lesquels ils sont fixés. La dissymétrie entre les débits des deux signes
atteint alors 25 à 3o pour 100 en faveur des charges positives.
» Dans d'autres séries, les secteurs de micanite étaient dorés sur 5*^™ de
large, l'isolement était dû à la micanite même, à l'ébonite et à l'air. La
dissymétrie était alors de 75 à 100 pour 100 en faveur des charges positives.
» Enfin, dans certaines conditions, qui n'ont pu être encore exacte-
ment précisées, la dorure, après avoir été chargée positivement pendant
un certain temps, refuse complètement de se charger négativement; les
débits négatifs deviennent nuls.
» Ces phénomènes, qui paraissent dus à la pénétration des charges, se
G. R., 1902, 2« Semestre. (T. CXXXV, N° 3.) 20
l54 ACADÉMIE DES SCIENCES.
produisent dès les premières mesures effectuées même avec des diélec-
triques neufs. Ils paraissent ne se produire qu'à partir de certains
voltages, 4ooo volts pour la micanite, beaucoup pluâ pour l'ébonite.
» Lorsqu'on fait des séries de mesures en élevant graduellement le
potentiel de charge, les dissymétries augmentent avec ces potentiels et
sont toujours en faveur des charges positives; mais, si l'on vient à diminuer
ensuite les potentiels, on constate que les dissymétries sont en faveur des
charges négatives et du même ordre de grandeur.
» L'étude de ces faits est rendue extrêmement difficile, parce que les phé-
nomènes dépendent en partie de l'état initial des diélectriques, qu'il est
impossible de connaître.
)) 2° Au cours des vérifications opérées à l'aide de la nappe témoin
placée sous les secteurs mobiles, le phénomène suivant a été observé :
» Imaginons une lame métallique L, reliée à l'extrémité d'un conduc-
teur C sans self-induction et de faible résistance, dont l'autre extrémité
est au sol. Plaçons au-dessus de la lame L, supposée horizontale, un
svstème astatique enfermé dans un écran électrique. Si nous venons alors
à décharger un condensateur en un point du conducteur € intermédiaire
entre L et le sol, le système magnétique placé au-dessus de L recevra une
violente impulsion, suivie d'un changement de zéro très notable qui dé-
note une véritable démagnétisation des aiguilles aimantées.
» Avec des systèmes très sensibles, les impulsions ont provoqué plusieurs
tours complets et le zéro a varié de i8o°.
» Si la lame L est placée verticalement, en avant ou en arrière du sys-
tème astatique, celui-ci reçoit des impulsions d'un caractère différent. JLe
système astatique se comporte comme s'il recevait un choc latéral; on ne
constate d'ailleurs pas de changement de zéro dans ce second cas.
» Si l'on décharge le condensateur sur la ligne C à travers une forte
résistance liquide, tous ces phénomènes disparaissent. Ils disparaissent
encore si l'on interpose un très large écran électrique, relié au sol, entre la
lame et l'écran électrique qui contient le système astatique. Au contraire,
un écran de faibles dimensions par rapport à L, et relié au sol, ou un
large écran isolé, sont sans action appréciable.
» Enfin, si l'on relie la lame L à un deuxième fil dont l'autre extrémité
soit solée et loin de L, le système astatique ne reçoit plus aucune impul-
sion. Ce dernier fait semble bien démontrer que la lame L doit se trouver
à un nœud de vibration pour produire les effets décrits.
» Il semble donc bien que ces phénomènes présentent un caractère
SÉANCE DU 7.1 JUILLET T902. IJO
hertzien. Mais leur action sur des aimants permanents, protégés par nu
écran électrique fermé, paraît pour le moment inexplicable.
» Il semble cependant qu'on puisse déjà en tirer une conclusion relative
aux expériences de convection électrique.
» Dans toutes ces expériences, on charge et décharge brusquement des
corps en mouvement; ces mouvements eux-mêmes s'accompagnent de
variations assez brusques dans la distribution électrique. Il est vraisem-
blable que ces variations et ces décharges donnent lieu à des phénomènes
de l'ordre de celui que je viens de décrire, et ceux-ci pourront agir sur
les systèmes magnétiques ou les bobines induites placées au voisinage,
même à l'intérieur d'écrans électriques.
» Il est impossible de tirer, pour le moment, de ces différents faits, des
conclusions définitives au sujet de l'effet magnétique de la convection
électrique. J'ai cru toutefois devoir les signaler dès maintenant à l'atten-
tion des expérimentateurs qui ont abordé le sujet.
» En particulier, les dissymétries observées dans la charge des couches
métalliques déposées sur des diélectriques solides montrent combien sont
illusoires les calculs basés sur la capacité géométrique de ces couches, et
les coïncidences entre les résultats de pareils calculs et des prévisions
théoriques. »
ÉLECTRICITÉ. — Sur les phénomènes mécaniques de la décharge disruptîve.
Note de M. Jules Semejîov, présentée par M. Lippmann.
« Il V a lieu de se demander dans quel état se trouve la matière trans-
portée d'un pôle à l'autre, lors d'une décharge électrique? On admet
^^énéralement que, lorsqu'une étincelle jaillit entre deux conducteurs, les
particules matérielles sont arrachées de chaque pôle et transportées sur le
pôle opposé. Or^ j'ai pu me convaincre que tel n'est pas le cas. Comme les
phénomènes qui se produisent sur les deux pôles sont d'espèces diffé-
rentes, nous allons les analyser chacun séparément.
)) Je fais passer la décharge d'une bobine d'induction entre une flamme
de 2[az et une solution saline renfermée dans un tube de verre de o'"'",5
à I™'" de diamètre intérieur. Lorsque la solution est placée au pôle néga-
tif, les particules constituant le flux anodique arrivent avec une grande
vitesse sur la surface du liquide qui, sous l'influence de cette chute, jaillit
du tube sous forme d'un jet lumineux. Ce jet, qui peut atteindre plusieurs
l56 ACADÉMIE DES SCIENCES.
millimètres de longueur, est doué d'un éclat considérable, fait dont on à,
comme on sait, tiré un grand profit pour l'étude spectroscopique des solu-
tions salines. J'ai trouvé que la direction du jet dépend de l'angle formé
par le plan de l'orifice du tube avec l'axe de ce dernier. Quand l'ouver-
ture est droite, le jet lumineux du liquide paraît se diriger parallèlement
à l'étincelle. Mais si l'on taille en biseau l'extrémité du tube, le jet lumi-
neux, tout en conservant sa base au point d'aboutissement de l'étincelle,
s'en écarte d'autant plus que l'angle d'incidence de l'étincelle est plus
grand. On peut en conclure que le flux anodique, en se réfléchissant sur
la surface du pôle négatif liquide, entraîne avec lui une partie de la solu-
tion saline, sous forme de jet lumineux. L'énergie du flux anodique sert
de la sorte à la production du travail. Il en résulte que la cathode s'échauffe
beaucoup moins que dans le cas où il n'y a pas de travail produit. Et, de
ce fait, le liquide du pôle négatif n'entre jamais en ébuUition; par contre,
la quantité de chaleur dégagée sur une cathode solide, où il n'y a aucune
production de travail, est suffisante pour faire fondre une aiguille en acier.
» La réflexion du flux anodique sur le gaz donne lieu au même phéno-
mène que dans le cas des liquides. J'ai déjà signalé, dans une Communica-
tion antérieure (*), le dédoublement de la flamme au pôle négatif, et j'ai
donné le nom de reflux cathodique à ce phénomène. On peut le définir
comme un entraînement de matière par le flux anodique après sa réflexion
sur la cathode.
)) J'ai observé encore un autre phénomène secondaire, accompagnant la
réflexion du flux anodique sur la cathode liquide. Il consiste dans la forma-
tion, autour de la cathode, d'une nuée de gouttelettes microscopiques volti-
geant autour de l'étincelle comme la poussière dans un faisceau de rayons
lumineux. Une lame de verre, introduite dans cette région, se recouvre
d'une buée qui, examinée au microscope, se présente comme une multitude
de gouttelettes toutes de même ordre de grandeur (quelques centièmes
de millimètre). Le liquide s'évapore très vite, abandonnant sur le verre
des cristaux parfaitement bien formés. Quand le liquide faisant office de
cathode est une solution de NaCl, on aperçoit, au microscope, sur la lame
de verre, des cubes transparents assemblés en anneaux et dessinant ainsi
les contours des gouttelettes évaporées; à l'intérieur de ces anneaux se
trouvent clairsemés d'autres cubes de plus grandes dimensions, souvent
munis de trémies. Il s'ensuit que le liquide, projeté sous forme de pous-
(') Comptes rendus, t. CXXXIV, p. 1200.
SÉANCE DU 21 JUILLET 1902. rSy
sière en dehors du tube, n'est pas altéré. La cause du phénomène en ques-
tion est donc purement mécanique. On se trouve en présence de quelque
chose d'analogue au nuage qui se forme au bas d'une chute d'eau. Lorsque
l'ouverture du tube, contenant la solution, est perpendiculaire à l'axe,
aucun courant d'air extérieur ne venant troubler le phénomène, la pous-
sière liquide se dirige vers le pôle positif.
» Les figures I et II représentent le chemin que prennent ces goutte-
lettes, suivant les conditions de l'expérience. L'étincelle éclate entre deux
tubes de verre remplis de CuCP et disposés horizontalement. Au-dessous
de ces tubes, à une distance de quelques millimètres, dans un plan hori-
zontal, est placée une lame de mica dont la forme et les dimensions sont
indiquées sur les figures. Les extrémités des tubes se trouvent juste au-
dessus des points extrêmes du grand diamètre de l'ouverture destinée au
passage d'une petite flamme. Lorsque la flamme se trouve en communi-
cation avec le pôle négatif {fig^ II), la poussière liquide se dirige vers le
pôle positif, contournant la flamme et déposant des cristaux sur la lame de
mica, où elle trace ainsi l'empreinte de son trajet. Sur la figure I, la flamme
est positive : les cristaux se déposent à droite et à gauche du pôle négatif,
sans manifester de tendance à dépasser la flamme. Avec la solution deNaCl,
on voit la courbe correspondant à la disposition de la figure 2 se fermer
en ellipse. Les sels lourds tracent des courbes plus ouvertes.
» Lorsqu'on fait passer la décharge entre une flamme et une solution
saline placée (dans un tube de verre) au pôle positif, l'eau s'évapore très
vite et il pousse sur l'orifice du tube un champignon de sel décomposé par
l'électrolyse et par la chaleur; des vapeurs métalliques se produisent et la
l58 , ACADÉMIE DES SCIENCES.
flamme se colore faiblement, suivant le sel employé. Mais, si le liquide
s'écoule goutte à goutte, l'étincelle jaillit entre la flamme et chaque goutte
en voie de formation. Dans ce cas, ni l'étincelle ni la flamme ne se colorent
jamais, même quand on se sert du NaCl. Avec le dispositif décrit plus haut,
j'ai pu, en analysant les dépôts cristallins sur la lame de mica, constater
les faits suivants : si l'on fait passer la décharge entre deux sels différents,
par exemple entre une solution de CuSO'' au pôle positif et une solution
de NaCl au pôle négatif, il se forme sur le mica un dépôt composé exclu-
sivement de cristaux de NaCl, si l'écoulement au pôle positif est constant.
Mais, dès qu'on arrête cet écoulement, on voit se déposer, parmi les cris-
taux de NaCl, des globules opaques qui communiquent une coloration
bleue à une goutte d'ammoniaque. La matière de l'anode même n'est donc
transportée que si réchauffement du pôle positif donne lieu à la produc-
tion de vapeurs métalliques.
)) Ces faits démontrent qu'il n'y a pas d'arrachement de particules du
pôle positif et que la matière transportée par Tétincelle vers le pôle négatif
provient exclusivement du gaz ou de la vapeur se trouvant au voisinage
immédiat du pôle positif. »
ÉLECTRICITÉ. — Photographie d' lin éclair multiple . Note de M. Piltschikoff,
présentée par M. Mascart.
« J'ai l'honneur de présenter à l'Académie une photographie de l'éclair,
faite le 1 1 mai dernier par M. Pedaeff, au nouvel observatoire météorolo-
gique de rUniversité de Rharkov.
)) L'intérêt particulier de cette photographie consiste en ce qu'elle
représente un éclair multiple avec plusieurs branches qui paraissent être
rigoureusement parallèles. Une branche A de l'éclair, d'une longueur d'en-
viron /j'"™. traverse la plaque dans la direction horizontale; elle est suivie
sur environ 33o™ (comptés en ligne droite) dans sa partie gauche par
une autre branche B, et dans sa partie droite, sur environ 770™, par une
nouvelle branche C. Ces deux branches B et C, étant bien parallèles à la
branche A, en gagnant le milieu de la plaque, quittent la branche princi-
pale A et tombent au bas de la plaque (au sol) et, ce qui est plus remar-
quable, les parties descendantes des branches B et C sont aussi parallèles.
» Les branches A, B et d'autres sont linéaires, la branche C est un
éclair-bande.'
SÉANCE DU 21 JUILLET 1902. l5q
» La distance entre les branches A et B et les branches A et C dans leurs
parties parallèles est au moins de'iô""; entre les branches B et C, dans leur
partie parallèle, la distance est au moins de 22"". ;>
PHYSIQUE. — Sur la biréfringence magnétique. Note de M. Qvirino Majohana,
présentée par M. Mascarl.
« Voulant rechercher dans un champ magnétique un phénomène ana-
logue à celui de Kerr en électrostatique, j'ai entrepris des expériences en
faisant agir un champ magnétique sur des solutions particulières de sub-
stances magnétiques; je signalerai d'abord la biréfringence magnétique àans
ïes solutions de chlorure ferreux et de fer dialyse.
y> Le champ magnétique est produit par un électro-aimant du type Weiss. Les pôles
sont garnis d'expansions linéaires avec un entrefer de o™,oo8; la longueur du champ,
normalement aux lignes de force, est de o«",o7,et l'intensité peut atteindre tSooo unités.
Une petite cuvette destinée à recevoir le liquide est fermée par des plaques de verre
de la meilleure qualité. La source de lumière est une lampe électrique à filament très
brillant, ou bien un arc voltaïque. Entre la cuvette et l'analyseur sont placées tïeux
lames de verre qui peuvent être comprimées par des vis et peuvent tournef séparément
avec leur monture autour de l'axe optique du système. L'une d'elles, C, convenable-
ment comprimée et tournée, Compense la biréfringence accidentelle des plaques de la
cuvette; l'autre, C, sert à mesurer la biréfringence que l'on étudie, autant du moins
que la différence de marche reste inférieure à | de longueur d'onde du jaune. Pour
des valeurs supérieures, on procède comme il sera indiqué par la suite.
» Après avoir introduit le liquide dans la petite cuvette, on règle le système des
niçois et le compensateur G de façon à obtenir l'obscurité. Si le plan de polarisation
est parallèle ou normal aux lignes de force, on ne voit jamais reparaître la lumière en
excitant le champ. Mais, si ce plan est dans l'azimut de 45°, une certaine quantité de
lumière reparaît sous l'influence du champ, quand le liquide est actif. On peut
l'éteindre en comprimant le compensateur C parallèlement ou normalement aux
lignes de force. Ces deux cas correspondent à la manière dont se comporte, sous
l'action du champ, un cristal uniaxe parallèle aux lignes de force, respectivement
positif ou négatif.
» La solution de chlorure ferreux, de récente préparation et peu concentrée,
donne souvent une trace de biréfringence positive» Pour 18000 unités, la différence de
marche des deux rayons, ordinaire et extraordinaire, est égale à -^^ ou j-f^ de lon-
gueur d'onde.
» Le/e/- dialyse ou oxyde ferrique colloïdal présente, dans certains cas, des phé-
nomènes bien plus marqués. Voici les différents types de ce liquide :
» Premier type. — Il donne une biréfringence positive très nette, régulièrement
croissante avec le champ. On peut, dans tous les cas, la compenser en comprimant le
l6o ACADÉMIE DES SCIENCES.
compensateur C parallèlement au champ. C'est le type le plus commun, et les prépa-
rations ordinaires récentes en fournissent très facilement des échantillons.
» Deuxième type. — Biréfringence de même ordre, mais plus faible, négative. Ce
cas est plutôt rare; je ne l'ai rencontré que dans des échantillons récents de
fer Bravais.
» Troisième type. — Biréfringence d'abord positive ; elle s'annule pour une certaine
valeur du champ (point d'inversion), pour devenir fortement négative avec l'accrois-
sement du champ {fer Bravais ou Erba ayant au moins lo années).
» Quatrième type. — Biréfringence faible, ordinairement positive, unie à rotation
bimagnétique. Ce type est également assez rare; je ne m'en occuperai pas pour
le moment.
» Le liquide du premier type, à la densité de i, 002, donne, avec le champ maximum
(18 000 unités), une biréfringence de o,33 X dans le rouge. A 5ooo ou 6000 unités, le
phénomène est inobservable.
» Pour le fer Bravais vieux et très actif (troisième type), le liquide fut dilué à la
densité de 1,001, parce qu'il a un grand pouvoir absorbant. A 3ooo unités, la biré-
fringence positive est maximum (0,6 X); à 545o unités, point d'inversion; la biréfrin-
gence passe à des valeurs négatives et croît rapidement en valeur absolue.
» Le compensateur C ne pouvant plus servir, on le remplace par un spectroscope
à la suite de l'analyseur. On observe seulement une partie du spectre d'absorption
dans le jaune, car, pour une même valeur du champ, la biréfringence varie avec la
couleur.
» En augmentant la force du champ, l'extinction se reproduit chaque fois que la
différence de marche passe par un nombre entier de longueurs d'onde.
» De cette manière, on peut faire les observations suivantes :
Champ o 545o 85oo 10726 18075 i5ooo 17260
Biréfringence o o X 2X SX 4^ ^^
» Tous les échantillons de fer dialyse que j'ai étudiés rentrent dans ces trois cas; je
crois que la variété des phénomènes observés doit être attribuée à l'âge des différents
échantillons. Il est certain que, si l'oxyde ferrique colloïdal n'est pas coagulé et est
très vieux, il présente des phénomènes d'une netteté et d'une intensité remarquables.
» Le phénomène de l'inversion rend l'étude des lois de la biréfringence
assez difficile. Si la partie positive est très réduite, on peut vérifier avec une
bonne approximation, et moyennant le spectroscope, les lois suivantes:
» La biréfringence ^ est : 1° proportionnelle à l'épaisseur / du liquide
normalement aux lignes de force; 2*^ à la concentration du liquide, ou à
l'excès S — I de la densité par rapp.ort à l'eau sur l'unité; 3° au carré du
champ H; 4° en raison inverse du carré de la longueur d'onde X. D'où la
formule
,/(r:_l)H'-Xf,
SÉANCE DU 2 1 JUILLET 1902. 161
dans laquelle k est une constante et \^ la longueur d'onde de la ligne
jaune du sodium. De cette manière, les biréfringences sont rapportées à
celles qu'on observerait pour la couleur jaune. Pour le fer Bravais vieux,
k=^ — 0,0000048. Ce n'est là, du reste, qu'une valeur approchée, à cause
du point d'inversion.
» Les mesures effectuées m'ont conduit à ranger parmi les liquides inac-
tifs ceux pour lesquels on a, en valeur absolue, Xr<[2. io~*. »
CHIMIE. — Sur le poids atomique du radium. Note de M™" Curie,
présentée par M. Mascart.
« En concentrant par cristallisation fractionnée la plus grande partie
du baryum radifère qui était à ma disposition, je suis arrivée à obtenir en-
viron i*^^ de chlorure de radium parfaitement pur, ce qui m'a permis de
faire une détermination de poids atomique du radium.
» Il résulte des expériences qui suivent que le poids atomique du radium
est 225 (^), avec une incertitude ne dépassant probablement pas une
unité, le radium étant considéré comme un élément bivalent.
» La méthode employée consiste à doser, à l'état de chlorure d'argent,
le chlore contenu dans un poids connu de chlorure de radium anhydre.
Comme expériences de contrôle, j'ai déterminé le poids atomique du
baryum par la même méthode, dans les mêmes conditions et avec la
même quantité de matière. Les nombres trouvés étaient toujours compris
entre iSy et i38. J'ai vu ainsi que cette méthode donne des résultats satis-
faisants, même avec une aussi faible quantité de matière. !
» Plusieurs déterminations ont été faites avec le chlorure de radium ; après chaque
opération, le radium était ramené à l'état de chlorure de la manière suivante. La liqueur
contenant, après le dosage, l'azotate de radium et l'azotate d'argent en excès était
additionnée d'acide chlorhydrique pur; on séparait le chlorure d'argent par filtration;
la liqueur était évaporée à sec plusieurs fois avec un excès d'acide chlorhydrique pur.
L'expérience montre qu'on peut ainsi éliminer complètement l'acide azotique.
» Les pesées étaient faites sur une balance apériodique Curie, parfaitement réglée,
précise au vingtième de milligramme. Cette balance à lecture directe permet de faire
des pesées très rapides, ce qui est une condition essentielle pour la pesée des chlorures
anhydres de baryum et de radium, qui absorbent lentement de l'eau, malgré la pré-
sence de corps desséchants dans la balance. Les matières à peser étaient placées dans
(') En adoptant Cl = 35,4 et Ag=: 107,8.
G. R., 1902, i" Semestre. (T. CXXXV, N" 3.) 2 1
l62 ACADÉMIE DES SCIENCES.
un creuset de platine; ce creuset était en usage depuis longtemps, et j'ai vérifié que
son poids ne variait pas d'un dixième de milligramme au cours d'une opération.
» Le chlorure hydraté obtenu par cristallisation était chauffé à l'étuve pour être
transformé en chlorure anhydre. L'expérience montre que, lorsque le chlorure a été
maintenu quelques heures à ioo°, son poids ne varie plus, même lorsqu'on fait monter
la température jusqu'à 200° et qu'on l'y maintient pendant quelques heures. Le chlo-
rure anhydre ainsi obtenu constitue donc un corps parfaitement défini.
» Dans toutes les mesures, le chlorure était desséché à i5o°.
» M. Demarçay a bien voulu examiner le spectre du chlorure de radium soumis à
l'analyse et me donner des renseignements précieux sur l'état de pureté de cette sub-
stance.
» Deux séries d'expériences ont été faites. La première série a été faite avec un
chlorure de radium que M. Demarçay considérait comme sensiblement pur, mais
dont le spectre présentait cependant encore les trois raies principales du baryum
avec une intensité notable. Les nombres obtenus dans quatre opérations successives
sont les suivants :
220,7, 223,0, 222,8, 223,1.
» J'ai entrepris alors une nouvelle purification du produit et je suis arrivée à obte-
nir une matière beaucoup plus pure. M. Demarçay pense que ce second produit ne
contient qu'une « quantité minime de baryum, incapable d'influer d'une façon appré-
» ciable sur le poids atomique ».
» Voici le résultat de trois mesures faites avec ce radium parfaitement pur :
225,3, 225,8, 224,0.
» Ces nombres donnent une moyenne de 225. Je pense que ce nombre
est exact, à une unité près.
» Le chlorure d'argent du dosage était toujours radio-actif et lumineux.
Je me suis assurée qu'il n'avait pas entraîné de quantité pondérable de
radium, en déterminant la quantité d'argent qui y était contenue. J'ai con-
staté également que le poids de chlorure de radium régénéré n'avait pas
varié dans les opérations.
)) La séparation du chlorure de radium a été obtenue par cristallisation
fractionnée en liqueur chlorhydrique du chlorure de baryum radifère préa-
lablement purifiée avec soin. Quand la concentration en radium est assez
grande, les cristaux, d'abord incolores au sein de la solution, deviennent
jaunes ou roses quelques heures après le dépôt. Cette coloration disparaît
par la dissolution. Elle semble due à la présence simultanée du baryum et
du radium, car les cristaux de chlorure de radium pur ne se colorent pas.
On peut se servir de cette observation pour suivre la marche du fraction-
nement.
SÉANCE DU 21 JUILLET 1902. l63
» Le chlorure de radium pur anhydre est spontanément lumineux. '
» D'après ses propriétés chimiques, le radium est un élément <le la série
des alcalinoterreux. Il est, dans cette série, l'homologue supérieur du
baryum.
» D'après son poids atomique, il vient se placer également, dans le
Tableau de Mendeleeff, à la suite du baryum dans la colonne des alcalino-
terreux et sur la rangée qui contient déjà le thorium et l'uranium. »
CHIMIE. — Action de l'acide chlorhydriqiie sur les sulfates de sesquioxyde
d' aluminium, de chrome et de fer. Note de M. A. Recoura.
« On sait que les sels de sesquioxyde d'aluminium, de chrome et de fer,
lorsqu'ils sont dissous dans l'eau, éprouvent, surtout à chaud, une décom-
position partielle qui a pour effet de mettre en liberté une partie de l'acide
du sel. D'autre part, il est probable, d'après ce que l'on sait sur ces com-
posés, que les trois hydroxyles des bases Al(OH)% Cr(OH)^ et Fe(OH)'
ne sont pas identiques et que certains d'entre eux peuvent même, dans des
circonstances déterminées, changer de fonctions, comme M. Wyrouboff l'a
très bien mis en lumière dans son Mémoire Sur la constitution des composés
du chrome (Bull. Soc. chim., 3® série, t. XXVIII, p. 666).
» Dans ces conditions, il était intéressant de rechercher comment se
comporteraient les solutions de ces sels, quand on ferait agir sur elles
un acide différent de celui du sel et d'une énergie moindre. Ainsi, par
exemple, le sulfate de sesquioxyde de chrome dissous abandonnant sous
l'action de la chaleur, ainsi que je l'ai montré, une partie de son acide sul-
furique, qui devient libre, il était probable que, si ce dédoublement s'opé-
rait en présence d'un autre acide, plus faible que l'acide sulfurique, comme
l'acide chlorhydrique, et employé en grand excéSy le ou les hydroxyles de la
base, devenus libres par la séparation de l'acide sulfurique, pourraient
fixer une ou plusieurs molécules d'acide chlorhydrique, et donner ainsi
naissance à un sel polyacide dans lequel les hydroxyles de la base seraient
saturés, les uns par de l'acide sulfurique, les autres par de l'acide chlorhy-
drique.
» L'expérience a vérifié ces }3révisions. Je vais faire connaître aujour-
d'hui les premiers résultats que j'ai obtenus en faisant agir, en dissolution
et à chaud, l'acide chlorhydrique sur les sulfates d'aluminium, de chrome
et de fer.
l64 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Avec les sulfates d'aluminium et de chrome, j'ai obtenu, suivant mes
prévisions, un sel poly acide :
Al,S0\Cl,6H-0 et Cr,S0%Cl,6H=^0,
tandis qu'avec le sulfate de fer j'ai transformé le sulfate ferrique Fe^, 3S0*
en un sulfate acide Fe-,3 SO%SO^H^,8H-0. Je vais d'abord décrire le
composé chromique, qui présente des propriétés fort intéressantes.
» Chlorosalfate de chrome, Cr, S0*,C1,6H^0. — On obtient ce composé très
facilement de la façon suivante. A 50*=™' d'acide chlorhydrique fumant, porté à l'ébulli-
tion, on ajoute 6os de sulfate violet de chrome, qui s'y dissolvent immédiatement en
donnant une liqueur verte. On laisse bouillir un quart d'heure, puis on abandonne la
liqueur. Au bout de quelques jours, elle se transforme en une bouillie cristalline, qu'on
essore aussi complètement que possible et qu'on lave ensuite avec un mélange d'al-
cool et d'acétone. On obtient ainsi une poudre verte, très soluble dans l'eau, à laquelle
l'analyse assigne la composition Cr,SO^, C1,6H^0 (*).
» On remarquera que l'on retrouve dans ce composé les 6™°* d'eau qui existent dans
les deux chlorures de chrome, le chlorure vert et le chlorure violet, qui ont tous deux
pour composition GrCP,6H^0. Ces ^^^^ d'eau sont de l'eau de constitution, car,
comme je le montrerai plus loin, le départ d'une seule de ces molécules modifie
profondément les propriétés du corps. Il y a lieu de noter que, tandis que le chlorure
vert de chrome est soluble dans l'alcool et dans l'acétone, ce composé y est insoluble.
J'ajouterai qu'il faut lui attribuer la formule moléculaire GrSO*Cl, et non pas une for-
mule double ou triple, ainsi que cela résulte des mesures cryoscopiques exposées plus
loin.
» La propriété la plus intéressante de ce corps est la suivante : Le chlore qu'il ren-
ferme n'est pas précipitable par l'azotate d'argent, tandis que la totalité de l'acide
sulfurique est immédiatement précipitable par le chlorure de baryum. L'expé-
rience doit être faite de la façon suivante : A une solution étendue (i™oi dans 35'
environ) qui vient d'être faite et qui est refroidie à o° et acidulée avec de l'acide azo-
tique, on ajoute la quantité équivalente d'azotate d'argent. La liqueur reste parfaite-
ment limpide pendant plus d'un quart d'heure. Elle louchit ensuite et précipite peu à
peu. Si l'on opère à la température ordinaire et sans addition d'acide azotique, la
liqueur commence à précipiter presque aussitôt. Car, comme tous les composés com-
plexes du chrome que j'ai décrits, et dans lesquels des radicaux acides sont dissimulés,
celui-ci est assez rapidement transformé par l'eau. Ainsi, au bout d'un certain temps,
la dissolution de ce corps, qui, au début, est verte, vire au violet, et elle n'est plus alors
qu'un mélange de chlorure violet et de sulfate violet, comme il est facile de le véri-
fier par la cryoscopie.
» Chlorosulfate de chrome, Cr, S0*,C1,5H2 0. — Le sel précédent, qui renferme
graoi d'eau, maintenu à une température de 85°, perd 'peu à peu de l'eau, et l'on con-
(') Trouvé: Crz=i, SO* = i,oo3, Glir=i,ooi, H20 = 5,95.
SÉANCE DU 21 JUILLET 1902. l65
State que, quand il a perdu i"»''', sa dissolution très étendue (1'"°' dans 5oo'), qui, aupa-
ravant, précipitait par le chlorure de baryum, ne précipite plus, toutes choses égales
d'ailleurs. Elle ne précipite pas non plus par l'azotate d'argent. Le départ de \"'°^ d'eau
a donc eu pour effet de faire entrer l'acide sulfurique dans le radical complexe
qui renfermait déjà le chlore et le chrome. Si l'on continue à chauffer, toujours
à 85°, le composé continue à perdre de l'eau, devient plus difficilement soluble; mais
il perd en même temps un peu d'acide chlorhj'drique.
» Il était intéressant de déterminer l'abaissement du point de congélation des
solutions aqueuses de ce composé. On sait, en effet, que, tandis que l'abaissement
moléculaire dans l'eau des composés non électrolytes est )8,5, les électrolytes ont tou-
jours un abaissement moléculaire beaucoup plus élevé, ce que l'on explique générale-
ment par la dissociation partielle en leurs ions, qu'ils éprouvent de la part de l'eau, ce
qui a pour eflfet d'augmenter le nombre des particules actives. Or, le composé actuel
ne se prêtant pas aux doubles décompositions, il était à présumer qu'il se comporte-
rait comme les non électrolytes. C'est ce que l'expérience a pleinement vérifié. J'ai
trouvé pour l'abaissement moléculaire du composé Gr , SO"*, Cl, 51P0 le nombre 18,8,
c'est-à-dire l'abaissement des non électrolytes, alors que, dans les mêmes conditions
de dilution (i™"i dans 10'), le composé à 6""°' d'eau, qui est dissociable, donne 28,7 et
le chlorure vert de chrome CrCI^,6H-0 donne [\0. 11 y a lieu de signaler que le com-
posé à 5™°' d'eau se transforme très rapidement, quand il est dissous, en le composé
dont l'acide sulfurique est précipitable. Ainsi, au bout de 20 minutes de dissolution,
l'abaissement moléculaire s'est déjà relevé à 21,1 et la liqueur précipite partiellement
par le chlorure de baryum. Mais, si l'on a poussé la désh^'dratation plus loin, par
exemple si le produit a perdu 2"'°' d'eau, sa solution est alors beaucoup plus stable;
l'acide sulfurique y est dissimulé pendant beaucoup plus longtemps. Je reviendrai plus
tard sur la constitution de ces composés, qui aidera à fixer celle des autres composés
complexes du chrome, qui préoccupe actuellement nombre de chimistes. »
CHIMIE. — Sur les mixtes formés par le soufre et le phosphore au-dessous
de 100''. Note de M. R. Boulouch, présentée par M. Georges Lemoine.
« L'existence des sulfures de phosphore de Berzélius P' S, P-S, P-S'' a
été contestée par phisieurs chimistes qui ont considéré ces corps comme
de simples mélanges de soufre et de phosphore laissant déposer par refroi-
dissement, tantôt du soufre, tantôt du phosphore.
» La détermination des lignes de solidification et des lignes de fusion
de mélanges à proportions variables de ces deux corps simples permet
de définir complètement les mixtes qui peuvent prendre naissance par
simple contact au-dessous de 100".
» Courbe de solidification. — La température de solidification est celle
de l'apparition du premier cristal pendant le refroidissement. Comme, en
l66 ACADÉMIE DES SCIENCES.
opérant en tubes scellés, on ne peut éviter la surfusion, j'ai dû déterminer
la température correspondant à la disparition du dernier cristal pendant le
réchauffement.
» Si l'on porte en abscisses le rapport du poids du soufre au poids total,
et en ordonnées la température de solidification, on obtient les lignes PE,
SE, qui se coupent au point E, dont les coordonnées sont <7 (concentra-
tion) = 0,228 et 6 = 9*^,8. Tout mélange de concentration ^ < a, pris à
l'état liquide, abandonnera le long de PE des cristaux a isomorphes du
phosphore blanc; et tout mélange de concentration ^ > c abandonnera le
long de SE des cristaux ^ isomorphes du soufre octaédrique. Au point E,
dans les deux cas, s'il n'y a pas surfusion, le liquide restant se prendra en
masse, formant un conglomérat de cristaux a et ^ : le point E est un point
d'eutexie.
» Mais les cristaux [3 demeurent facilement en faux équilibre, de telle
sorte que l'on peut déterminer des points de la ligne de solidification des
cristaux a jusqu'à — 20° et même au delà; ces points se placent sur le
prolongement de la ligne PE. Ainsi, à un mélange déconcentration donnée
correspondent deux points de solidification souvent fort éloignés, relatifs,
l'un au véritable équilibre, l'autre au faux équilibre du liquide qui peut
donner les cristaux ^.
» Courbe de fusion. — Les cristaux a et ^ ne sont pas, comme on l'a pré-
tendu, du phosphore et du soufre purs. S'il en était ainsi, un mélange
quelconque solidifié contiendrait toujours un peu d'eutectique, et la ligne
de fusion (apparition de la première goutte liquide) serait la droite AB
passant par le point E et terminée aux deux ordonnées extrêmes. Or l'étude
dilalométrique des solides complexes obtenus par refroidissement montre
que la ligne de fusion se compose de la partie AB et, en plus, du côté du
phosphore, de la ligne PA correspondant aux points de fusion de cris-
taux mixtes de phosphore et de soufre, de concentration inférieure
à 0,04.
» La partie EB de la ligne de fusion a été facilement déterminée, d'une
façon un peu grossière, par l'observation directe. Quant à la partie S'B,
quelques points ont pu être déterminés par l'observation au microscope ,
et le point le plus bas par la détermination pondérale des proportions
relatives de liquide et de solide dans un mélange de composition donnée.
» L'analyse chimique peut difficilement vérifier les résultats précédents
pour la ligne PA; mais les analyses si minutieuses de Berzélius fournissent
un contrôle précieux pour la hgne S'B, carie sulfure P^o'- constitue des
SÉANCE DU 21 JUILLET 1902. 167
cristaux mixtes non homogènes dont la composition moyenne, donnée par
la ligne S'B, correspond bien à la formule précédente.
100
00
80
70
60
40
30
20
10
10
^
/S
/S'
V
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1
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\y
0,2
0,3
0.4
0,f>
0,(i
0,7
0,8
0,9
» Conclusions : i" Il n'existe pas de sulfure de phosphore, composé
défini, formé au-dessous de 100°;
» 2P Tl existe des cristaux mixtes de soufre et de phosphore, riches en
soufre, isomorphes du soufre octaédrique, qui peuvent demeurer facile-
ment en faux équilibre à l'état liquide ;
l68 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» 3" Il existe des cristaux mixtes riches en phosphore, isomorphes de
ce corps, et que l'on peut isoler même à très basse température, grâce au
faux équilibre des précédents;
» 4° Il existe un eutectique, conglomérat des deux espèces de cristaux
mixtes, contenant 0,228 de soufre pour 0,772 de phosphore et qui,
fondant brusquement et complètement à la température de 9°, 8, simule
ainsi un composé défini. »
CHIMIE. — Sur la précipitation du chlorure et du bromure cuivriques par
l'acide sulfurique. Note de M. Georges Viard, présentée par M. Georges
Lemoine.
« Un excès d'acide sulfurique concentré donne avec une solution de
chlorure cuivrique un précipité jaune brun de chlorure anhydre, avec une
solution de bromure cuivrique un précipité noir de bromure anhydre. I^es
mêmes précipités se produisent en ajoutant un excès d'acide sulfurique à
un sel cuivrique quelconque mélangé soit de chlorure, soit de bromure
alcalin (' ).
» Chlorure cuivrique. — L'acide sulfurique, ajouté en grand excès, précipite à
l'état de chlorure anhydre la presque totalité du sel dissous en dégageant quelques
bulles (HCl) et le mélange s'échauffe fortement. La proportion de chlorure décom-
posé est très faible si l'on ajoute l'acide peu à peu pour éviter l'élévation de tempé-
rature; il ne reste alors que très peu de cuivre en solution : en versant goutte à goutte
2^°^ de SO*H- dans 1^°' d'une solution de chlorure au -j^ entouré d'eau froide, une
fois le précipité déposé, le liquide clair ne contenait plus par gramme que o™s,65
de cuivre. Aussi cette précipitation par SO*H^ en excès est-elle une réaction
assez sensible du chlorure cuivrique : une solution à -^ donne après quelques
instants un précipité jaune appréciable.
» Quand SO^H^ n'est pas en excès suffisant, c'est le chlorure hydraté vert
(CuCl'-i- aH^O) qui se précipite; il faut que la liqueur à la température de i5° con-
tienne plus de 68,4 pour 100 de son poids de SO* H- pour que l'on ait du chlorure
anhydre.
» L'action déshydratante de SO*H^ varie d'ailleurs avec la température et dans le
même sens que celle-ci. Aussi, quand on précipite du chlorure cuivrique par SO*H^
en quantité telle que la teneur de cet acide soit inférieure, mais pas de beaucoup,
à 68,4 pour 100, on observe, au moment où on le verse, la précipitation de chlorure
(') Les Traités d'analyse récents sont muets sur cette réaction; elle avait cependant
été signalée sommairement par Gmelin ( i844) et dans V Analyse qualitative de
H. Rose (18.59).
SÉANCE DU 21 JUILLET 1902. 169
anhydre jaune, et ce n'est qu'après refroidissement que ce chlorure anhydre se trans-
forme eu chlorure vert hydraté que l'on peut retransformer en chlorure jaune en
chauffant modérément la liqueur. Le passage du sel anhydre au sel hydraté par refroi-
dissement de la liqueur après qu'on a versé SO^H^ se fait d'autant plus lentement
qu'on est plus près de la limite 68,4- Aussi faut-il abandonner longtemps le mélange
à la température de i5° avant de savoir si, dans l'état d'équilibre, c'est le sel jaune ou
le sel vert qui persiste. Ainsi, pour un mélange dont la teneur en SO^H- était 68,1,
les cristaux verts ont apparu en petite quantité au-dessus du sel jaune au bout de i jour
et ont toujours été en augmentant aux dépens du sel jaune; mais ce n'est qu'au bout
de i3 jours que tout était transformé en chlorure hydraté vert.
» Il semblerait donc à première vue que SO^H^ n'attaque pas du tout à froid le
chlorure cuivrique, et cela est dit dans les Traités de Gmelin, Dammer, etc. Cette
affirmation est trop absolue : il y a une attaque qui s'arrête vraisemblablement quand
la teneur du liquide en H Cl atteint une certaine valeur qui dépend de la teneur
en SO^H^ et est toujours très faible. Si l'on enlève H Cl en faisant barboter de l'air
dans le liquide, l'attaque continue jusqu'à destruction complète du chlorure. On peut
suivre cette action en faisant passer l'air au sortir du mélange dans AzO^Ag et l'on
constate ainsi qu'elle est très lente : pour obtenir la réaction complète d'un mélange
de 2^°^ de SO^H- avec i''"^ de chlorure à ^, il a fallu faire passer environ une bulle
par seconde pendant une douzaine d'heures.
» H va sans dire que, pour éliminer H Cl au fur et à mesure de sa mise en liberté,
au lieu de faire passer de l'air, on peut placer le mélange dans le vide au-dessus de
potasse caustique; on arrive également ainsi, en quelques jours, à la décomposition
complète du chlorure.
» Le chlorure cuivrique est donc, en somme, attaquable à froid, mais faiblement,
par SO*H^, et il l'est encore assez peu même à chaud. Si l'on chauffe graduellement la
bouillie jaune obtenue en versant un grand excès de SO^H^ dans du chlorure cui-
vrique, elle se dissout complètement, en même temps qu'il se dégage quelques bulles
de H Cl; mais la quantité de chlorure ainsi décomposée est faible si l'on cesse de
chauffer aussitôt la dissolution effectuée et, par refroidissement de la liqueur verte,
le chlorure non décomposé dissous à chaud se reprécipite. On peut le redissoudre en
chauffant à nouveau et répéter ces alternatives de dissolution et de reprécipitation un
assez grand nombre de fois avant que le chlorure soit entièrement décomposé.
» Le chlorure anhydre, précipité par SO*H', se présente au microscope en très
petits cristaux jaunes. En laissant refroidir lentement la dissolution verte de CuCP
dans SO^H*, elle dépose des cristaux arborescents beaucoup plus volumineux, mais
assez mal formés. Cette cristallisation du chlorure anhydre dans l'acide sulfurique
montre combien est faible, même à chaud, l'attaque par cet acide.
» Bromure cuiçrique. — Les réactions sont analogues : un excès de SO^H^ préci-
pite la solution; mais ce précipité consiste toujours en bromure anhydre noir, et jamais
en bromure hydraté; M. Sabatier a, en effet, montré (Comptes rendus, t. CXVIII,
p. 980) que ce dernier se forme assez difficilement et est instable.
» La réaction est encore plus sensible que pour le chlorure : une solution de CuBr^
à -~ donne, avec un excès de SO*H', un abondant précipité noir.
» La grande insolubilité du bromure cuivrique dans une liqueur très chargée
C. R., 1902, 2» Semestre. (T. CXXXV, N" 3.) ^^
170 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de SO^H^ permet une précipitation presque complète : en ajoutant à 1^°' de CuBr^
à j^ 2>">i de SO'ir-, le liquide incolore qui surmonte le précipité noir est exempt de
cuivre et ne contient qu'une quantité inappréciable de HBr.
» Le bromure cuivrique est cependant, lui aussi, attaquable à froid par SO'' H-, mais
avec une extrême lenteur. En recueillant le bromure d'argent précipité d'une solution
de AzO^Ag par l'air qui a passé dans le mélange, on voit qu'en supposant la vitesse
d'attaque constante, alors qu'elle doit évidemment diminuer, il faudrait faire passer
une bulle par seconde pendant environ 1800 heures pour obtenir une décomposition
complète.
» Même à chaud, l'attaque par SO*H- est très faible : on peut, en chauffant le pré-
cipité noir avec un excès suffisant d'acide, le redissoudre totalement en ne dégageant
que peu de HBr; on obtient ainsi une liqueur faiblement colorée en jaune, qui repré-
cipite du bromure noir par refi'oidissement.
» Application à l'analyse qualitaWe. — Ce qui précède fournit une
distinction commode des chlorures et des bromures. Le mieux est de
préparer d'avance un mélange de 1"^°' de sulfate de cuivre à -^ avec 10"*°'
de SO''H^. En versant sur ce réactif quelques gouttes du sel à reconnaître,
on a un précipité jaune si c'est tin chlorure, noir si c'est un bromure. On
peut ainsi caractériser une solution de KCl à -^ ou de RBr à ■^.
)> Ces précipités se produisent également en versant sur ce réactif
quelques gouttes d'acide chlorhydrique ou d'acide bromhydrique; ces
acides déplacent donc ici l'acide sulfurique du sidfate de cuivre, comme
dans les expériences classiques de M. A. Colson (^Comptes rendus, t. CXXIV,
p. 81) où HCl gaz décompose SO^Cu anhydre. »
CHIMIE MINÉRALE. — Etude du siliciure de céruim.
Note de M. Sterba, présentée par M. Henri Moissan.
« La première indication sur le siliciure de cérium a été donnée par
M. Ulik (^), qui a obtenu accidentellement, en électrolysant le fluorure de
cérium et de potassium, un corps répondant à la formule Ce- Si.
» Nous avions étudié les produits de l'action de l'oxyde de cérium sur
le silicium à la température du four électrique de M. Moissan. Des mélanges
à différenles proportions des deux corps nous ont donné un corps bien
défini et cristallisé répondant à la formule CeSi^, qui se forme toujours
lorsqu'on fait réagir l'oxyde de cérium sur le silicium cristallisé.
(^) Chemisches Cetitral-Blatt^ i865, p. io45.
SÉANCE DU 21 JUILLET I902. I^L
» Préparation. — Un mélange intime de 172S d'oxyde de cérium pur préparé par
le procédé indiqué précédemment (^) et de 85s, 2 de silicium pur finement pulvérisé
était placé dans une nacelle de graphite, chauflfée, dans un tube de même substance,
au four électrique de M. Moissan, avec un courant de 600 ampères et loo volts :
» La réaction commence instantanément; elle est terminée quand la matière est
fondue,
» Le culot obtenu, séparé mécaniquement et d'une façon aussi complète que possible
de la scorie, forme des morceaux fondus et homogènes d'un poids de plusieurs
grammes.
» Les culots concassés sont traités au bain-marie par une solution de potasse
à 5 pour 100 pour enlever le silicium libre.
» Toute la masse est formée de cristaux microscopiques d'une couleur d'acier. Ces
cristaux sont purifiés par lévigation et séchés à l'étuve à 100°.
» Ces cristaux sont très cassants ; ils donnent une poudre noire dont la densité, prise
dans l'eau à 17°, est de 6,67.
» Analyse. — L'analyse qualitative nous a indiqué la présence du cérium et du si-
licium avec très peu de carborundum et des traces de fer.
» L'analyse quantitative a été elTectuée de la manière suivante : le siliciure a été
traité au bain-marie plusieurs fois par l'acide chlorhydrique et étendu pour insolubi-
liser la silice et dissoudre le cérium. La silice a été attaquée par l'acide fluorhydrique
et le résidu a été pesé comme carborundum.
» Nous avons obtenu les chiffres suivants :
Ce.
Si .
Théorie
I.
II.
m.
IV.
pour CeSi=,
7i'i7
70,70
70,81
71,42
71,16
28,97
28,60
28,86
28,67
28,83
» Ces chiffres ont été obtenus avec des siliciures provenant de diflférentes prépa-
rations. La quantité de carborundum variait entre 3,5 pour 100 et 6,64 pour 100.
» Ce siliciure de cérium se présente sous forme de cristaux microscopiques opaques,
de couleur d'acier : il est insoluble dans l'eau, qui ne l'attaque que très lentement,
après plusieurs jours de contact en présence de l'air; insoluble dans les dissolvants
organiques.
» L'hydrogène n'agit à aucune température; le fluor agit à froid avec incandescence ;
le chlore, le brome et l'iode agissent également avec incandescence, mais seulement
après avoir été chauffés.
» L'air et l'oxygène n'agissent pas à froid. Au rouge, l'oxydation se fait avec incan-
descence; projeté dans une flamme, le siliciure de cérium donne de brillantes étin-
celles.
» Le soufre et le sélénium agissent à l'ébullition avec une légère incandescence;
chauffé avec le magnésium dans une atmosphère d'hydrogène, il donne un siliciure de
magnésium qui, attaqué par l'acide chlorhydrique, dégage de l'hj'drure de silicium
spontanément inflammable.
(') Comptes rendus, t. GXXIV, p. i233.
172 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» L'acide chlorhydrique gazeux l'attaque au rouge avec une légère incandescence.
» Les acides chlorhydrique et fluorhydrique en solution l'attaquent et dégagent de
l'hydrogène.
» L'hydrogène sulfuré le transfornne en sulfure.
» La vapeur d'eau est décomposée au rouge.
» Les acides minéraux agissent comme les hydracides, en dégageant de l'hy-
drogène.
» Les solutions d'acides organiques ne réagissent qu'à chaud.
)) L'hypoazotide n'agit à aucune température.
» Les alcalis en solution sont presque sans action; fondus, ils agissent avec incan-
descence.
» L'ammoniaque n'agit pas ; le gaz ammoniac agit au rouge.
» Le siliciure cristallisé fond au four électrique en une masse métallique cristalline
ayant l'aspect de l'argent.
» Conclusions. — En résumé, nous avons obtenu un siliciure de for-
mule CeSi^ différent du siliciure de M. Ulik; la stabilité assez grande de
ce corps permet sa préparation facile au four électrique de M. Moissan.
» Ses propriétés sont différentes de celles du siliciure de calcium (');
elles le rapprochent des siliciures des métaux lourds. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Action des alcools sur les dérivés sodés d'autres alcools.
Note de M. Marcel Guerbet, présentée par M. H. Moissan.
« Dans plusieurs Communications antérieures (-), j'ai montré que les
alcools primaires, chauffés au-dessus de 220^^ avec leurs dérivés sodés,
donnent naissance à d'autres alcools deux fois plus condensés suivant la
réaction :
C«ji2«4-i Qi£ _^ c^H^"-^' O Na = C2«H^«+' OH -1- NaOH.
» Il était à prévoir qu'une condensation analogue se produirait entre
les alcools et les dérivés sodés d'autres alcools : elle se produit, en effet,
comme je vais l'établir, entre les alcools éthylique ou propylique et le dé-
rivé sodé de l'alcool œnanthylique; elle peut être formulée :
Qm jj2/«+i OH -h C"H-«+' ONa = C'"+«h-("'+«)+* OH -4- NaOH.
(^) Moissan et Diltheï, Recherches sur le siliciure de calcium {Comptes rendus,
t. CXXXIV, p. 5o3).
(2) Comptes rendus, t. CXXXII, p. 207; t. GXXXIII, p. 1220.
SÉANCE DU 21 JUILLET 1902. jnS
» Condensation de V alcool œnanthylique avec l'alcool éthylique. — Il résulte
des recherches de M. de Forcrand (^) que tous les alcools primaires dé-
gagent une quantité de chaleur à peu près constante en se combinant avec
le sodium. Il est donc permis de penser qu'en faisant réagir ce métal sur
un mélange des alcools éthylique et œnanthylique, on obtient un mélange
des deux alcoolates. Si l'on chauffe un tel mélange en présence des alcools
correspondants, la réaction habituelle s'effectuera, et l'on pourra obtenir
théoriquement quatre alcools différents; en réalité, on obtient surtout
Valcool nonylique normal CH^**0, qui résulte de la condensation de
l'œnanthylate de sodium avec l'alcool éthylique :
C^H'^ONa -\- CW - CH^OH =. C^H'^ - CH^ — CH-OH + NaOH.
)) Remarquons que cette réaction permet de passer d'un alcool pri-
maire à son homologue supérieur, plus riche que lui de 2^* de carbone.
» On la réalise en chauffant en tubes scellés à 280° un mélange obtenu en dissolvant
is, 20 de sodium dans 8s d'alcool œnanthylique et los d'alcool éthylique. On opère
exactement comme il est dit pour la préparation de l'alcool dipropylique (^) : il se
forme de l'hydrogène, de l'éthylène, de l'acide acétique, de l'acide œnanthylique et
des alcools que la distillation fractionnée permet de séparer.
» Les alcools mis en réaction restent inaltérés pour la plus grande partie : ils dis-
tillent avant 175°; on obtient ensuite, en partant de 200S d'alcool œnanthylique et
après quatre rectifications à la colonne Le Bel-Henninger, 4^ de liquide distillant
entre 175° et 190", puis 20s entre 190° et 2i5°. A partir de cette température, le ther-
momètre monte très rapidement jusqu'à 24o°, tandis que quelques gouttes seulement
passent à la distillation. Elles sont formées surtout d'alcool diœnanthylique j3C'^H^"0.
» La fraction 190^-2 1 5° est rectifiée de nouveau et l'on sépare enfin 8s d'un alcool
bouillant à 2i2°-2i/4°(corr. ), qui présente la composition de Valcool nonylique nor-
mal C^H-^O. Il se solidifie à — 20° et ne fond plus alors qu'à — 10°; sa densité à 0°
est 0,8891; or l'alcool nonylique normal a pour densité, à 0°, o,84i5; solidifié, il fond
à — 5°, puis entre en ébullition à 2i3°,5( corr. ).
» Afin de compléter l'identification, j'ai préparé l'acide correspondant
à l'alcool que j'avais obtenu, puis j'ai transformé l'acide en amide. Celui-
ci, purifié par cristallisation dans l'alcool, fondait à 9o''-92°, alors que
l'acide pélargonique provenant de l'alcool nonylique normal fournit un
amide qui fond à 92*'-93''.
(^) Ann, de Chim. et de Phys., 6'' série, t. II, p. 456.
(^) Comptes rendus, t. CXXXIII, p. 1220.
174 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» C'est donc bien l'alcool nonyliqiie normal qui s'est formé dans la
condensatioii de l'alcool éthyliqne avec l'alcool œnanthylique.
» Il y a lien <le remarquer que l'élimination de l'eau produite dans
cette conciensation s'effectue aux dépens de la fonction alcoolique de l'al-
cool le plus riche en carbone.
» Condensalion de T alcool œnanlhylîque avec V alcool propylique . — L'opé-
ration, conduite comme dans le cas précédent et effectuée sur loo*-' d'alcool
œnanlhyliqne et 260^ d'alcool propylique, a fourni 18^ d'un alcool bouil-
lant à 221 ''-223° (corr.), répondant à la formule C*''H-''0.
» Cet alcool décyîiqne a pris naissance dans la réaction :
C^H^^^ONa H-CFP-CH-- CH^ OH
= C^H'^- (:H(CH') ^- CH-OH + NaOH.
)) Il s'est produit simultanément à peu près autant d'alcool dipropylique
C^H^^'O, que la distillation fractionnée permet de séparer facilement.
» Comme nous le verrcms dans la snite, cet alcool décylique a pour
constitution CH^» - (CH-)*^ - CH (CH"') - CH=^OH; c'est le méthyl-^,
nonylol-g; il est liquide, incolore, huileux; sa densité est, à 0°, 0,8457
er, à i5°, o,8333.
)) Son éther acétique, liquide incolore, huileux, à odeui' faible de citron, bout à
238°-24o°; il a pour densité, à 0°, 0,8812 et, à i5", 0,8705.
» Chauffé à 25o° avec la potasse récemment fondue, cet alcool décylique se transforme
en acide correspondant C^''H-'*0^, qui est liquide, incolore, possède une faible odeur
(le suif et bout à 26i°-265° (corr.). Sa densité à 0° est 0,9127. L'amide correspondant
cristallise dans l'alcool en belles aiguilles prismatiques incolores, groupées en étoiles,
fondant à 76°.
)) Pour établir la constitution de cet acide, je l'ai oxydé avec ménagement par le
mélange chromique, et j'ai pu isoler des produits delà réaction une acétone qui donne
avec le bisulfite de soude une combinaison cristalline. Elle répond à la formule G^ll'^0
et fournit une semicarbazone qui fond à 118° : ce sont précisément les propriétés de
la méthylheptylcétoiie G'H'^ — GO — CH^ décrite dernièrement j)ar M. Thoms (').
» Il se produit en même temps, dans l'oxydation de l'acide décylique,
les acides carbonique, acétique, œnanthylique eX capryfique ; il a donc pour
constitution :
C'H''- CH(CH=') -CO-H.
(') Berichle cl. deutsch. cheni. Gescllschaft, 1901,
SÉANCE DU i JUILLET 1902. ! 73
On en déduit pour l'alcool correspondant, la formule
C^îl'^ - CH (CH') - CH-OH,
et l'on voit que, dans la réaction qui donne naissance à cet alcool, l'élimi-
nation de la molécule d'eau entre les deux alcools générateurs s'effectue
aux dépens de l'oxhydryle de l'alcool œnanthylique, c'est-à-dire aux
dépens de la fonction alcoolique de l'alcool le plus condensé, comme cela
s'était déjà produit dans la formation de l'alcool nonylique normal. »
CHIMIE PHYSIQUE. — Elude sur la distillation simultanée de deux substances
non miscibles. Note de MM. Eug. Cuarabot et J. Kocherolles, présentée
par M. A. Haller.
« En i863, M. Bertheloî (^Ann. de Chim. et de Phys., If série, t. I,
p. 384) étudia le phénomène particulièrement intéressant de la distilla-
tion des liquides mélangés, et mit en lumière des faits fondamentaux. Il
formula, entre autres conclusions, celles que voici : i** deux corps bouil-
lant simultanément se vaporisent suivant des rapports de poids déterminés
par le produit des densités de vapeurs multipliées par leurs tensions
actuelles dans les conditions de l'expérience; 2° deux corps n'exerçant
aucune action réciproque entrent simultanément en ébuUition à la tempé-
rature à laquelle la somme de leurs tensions maxima fait équilibre à la
pression qui s'exerce à la surface du liquide. Le cas de la distillation de
deux liquides non miscibles était ainsi nettement distingué. MM. Isidore
Pierre et Puchot (Ann. de Chim. et de Phys., If série, t. XXII, p. 356, et
t. XXIII, p. 145) en reprirent l'étude en 1871. Plus tard, M. Naumann
(i>, chem. GeselL, t. X, p. \f\'ii) appliqua à la détermination des poids mo-
léculaires une formule résumant l'une des conclusions de M. Berthelot
(^loc. cit., p. 387) et donnant le rapport entre les poids P et P' de deux
substances non miscibles distillant simultanément. Si M et M' sont les
poids moléculaires respectifs des deux corps, F et F' leurs tensions de
vapeur à la température à laquelle s'effectue la dilatation, on aura
F _ MF
P' ~ M^"
» Étant donnée l'importance industrielle de la distillation avec la
vapeur d'eau, nous avons entrepris une série d'études sur cette question.
176 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Après avoir constaté expérimentalement qu'un accroissement de pression
dans un appareil distillatoire peut avoir, dans un grand nombre de cas,
pour effet d'augmenter sensiblement le rendement en essence, nous avons
été amenés à expliquer ce résultat en étudiant les variations subies par le
P
rapport p7 lorsqu'on modifie la pression à la surface du liquide, c'est-à-dire
lorsqu'on fait varier la température d'ébuliition simultanée de l'eau et d'un
corps non miscible à l'eau.
P
» Parmi les diverses substances, il en est pour lesquelles le rapport =p entre le
poids de ces substances et le poids d'eau qui distillent simultanément est inférieur à
l'unité; d'autres pour lesquelles ce rapport est supérieur à i.
» Examinons séparément ces deux cas.
P
» 1° Substances pour lesquelles le rapport -r^, est inférieur à l'unité. — Nous
citerons quelques exemples :
» Le limonène, C^^H^^ bout à 57°,5 sous 12'"°" de pression et à 1760 sous 760'"™.
^ 1 < t . t P i36 X T2 P i36 X 760 -,
On a donc, a 57%5. p =^ ^3 ^ ^3^^^ =^ 0,68; et a 1760, - = -^-^ = 0,84.
P
On voit que le rapport — augmente avec la température. De même, pour le géraniol
et l'eau, on trouve 0,08 à 110° et o,3i à 280°; pour le linalol et l'eau, 0,19386°
et 0,60 à 198°; pour le citronellol et l'eau, 0,11 à 118° et o, 34 à 226°; pour la mé-
thylhepténone et l'eau, o , 94 à 84° et o , 97 à 168°. Il est intéressant de noter que, dans ce
P ,
dernier exemple, la valeur du rapport -p^ étant déjà très voisine de l'unité pour une
température de 84°, ce rapport n'augmente que d'une façon insensible, malgré une
élévation de température de 84°. Nous nous bornerons à ces exemples pour montrer
que le rapport entre le poids d'un corps et le poids d'eau qui distillent simulta-
nément croît avec la température lorsqu'il s'agit d'un produit pour lequel ce rap-
port est inférieur à l'unité.
» Efïectivement, nous avons pu vérifier cette loi par l'expérience, en soumettant à
la distillation, d'une part sous pression réduite, d'autre part sous pression normale,
de l'eau et des substances non miscibles à l'eau. Nous indiquerons, pour fixer les idées,
les résultats que nous avons obtenus en opérant avec le linalol et l'eau. Sous 200™"
de pression, nous avons recueilli i3s, 2 de linalol pour loos d'eau, tandis que, sous la
pression normale, 22s, 3 de linalol ont distillé en même temps que loo? d'eau.
P
» 2° Substances pour lesquelles le rapport -^i est supérieur à l'unité. — Pour
P
le pinène, CTP^, le calcul montre que le rapport p^ prend les valeurs suivantes :
3,3o à 0°; 2,49 à 10°; 1 ,95 à 20°; 1 ,66 à 3o°; i ,5i à 4o°; i jSg à 00°; i ,87 à 60°;
1,32 à 70°; i,3o à 80°; i,3o à ioo°; i,3o à 120°; 1 ,29 à i4o°; 1,26 à 160°; i,i4 à 200°.
SÉANCE DU 2 1 JUILLET 1902. 1 77
» Dans le cas de la benzine, G^IrP, on trouve : aS à 0°; 12,7 à 5o°; 7,7 à 100°;
5,3 à i5o°; 3,9 à 200°; 3,2 à 25o°.
» Poussons, pour quelques corps, le calcul jusqu'au voisinage de l'état critique.
P
Dans le cas de l'isopentane, C^H'-, ^ =: 22.5,6 à 0°; 28,2 à 100°, et, enfin, ce rapport
prend des valeurs voisines de 10,9 lorsque la température est voisine de 188°, tempé-
rature critique de la substance. Pour l'hexane normal, C^W^, on trouve 46,9 à 0°;
II ,5 à 100°, et des valeurs voisines de 5 dans le voisinage de l'état critique qui se ma-
nifeste à 235°. Citons encore l'exemple du tétrachlorure de carbone, CCI*, pour lequel
P ...
•p7 prend les valeurs : 61 ,7 à 0°; i4,2 à 100°, et une valeur voisine de 12 aux environs
de 283°, température critique.
» On voit que le rapport entre le poids cVune substance et le poids d'eau qui
distillent simultanément décroit lorsque la température augmente, s'il s'agit d'un
corps pour lequel ce rapport est supérieur à l' unité.
» Nous avons soumis cette loi à diverses vérifications expérimentales. L'essence de
térébenthine et l'eau, par exemple, ont distillé : sous 210™™ de pression, dans la pro-
portion de i23s d'essence de térébenthine pour loos d'eau; sous la pression normale,
dans la proportion de 102S de la première substance pour loos de la seconde.
» Conclusion. — Les deux lois que nous venons de faire connaître
peuvent être comprises dans l'énoncé général que voici : Le rapport entre
le poids d'un corps non miscible à l'eau et le poids d'eau qui distillent simulta-
nément varie dans le sens qui le rapproche de l'unité, lorsque la température
croit sans atteindre la température critique de l'une des deux substances. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur un nouveau phénol diio dé.
Note de M. P. Brenans, présentée par M. A. Haller.
« J'ai étudié antérieurement (') deux phénols diiodés
OH-C«H='Pi.2.4 et OH — C*'Hn^i.2.6.
La présente Note a pour objet de faire connaître un isomère nouveau, le
phénol diiodé, OH — CH^P i.3.6, que j'ai obtenu en partant de
l'orlhonitraniline. En mélangeant des solutions de chlorure d'iode et
d'orthonitraniline dans Tacide acétique, j'ai préparé l'orlhonitraniline
monoiodée, C''H^(AzH^) (AzO^) (I) 1.2.4. Le dérivé diazoïque de ce der-
nier corps a été décomposé au moyen de l'iodure de potassium et a fourni
(') Comptes rendus, L CXXXII, p. 83i; t. GXXXIV, p. 357. .
G. R., 1902, 2« Semestre. (T. CXXXV, N° 3.) ^^
iy8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
un nitrobenzène diiodé, C*H='(AzO-) (P) i.3.6. La base correspondante,
Vaniline diiodèe, C''H='(AzH^) (P) 1.3.6, a donné, par diazotation et
décomposition du diazoïque en présence de l'eau, le diiodophénol,
OH— CH^P 1.3.6. Je vais indiquer les modes de production et les
propriétés de ces différents corps.
» I. OftTHOiVITRÂNlLINÊ MONOIODÉE C H*( Az H^) ( Az O" ) ( I ) 1 . 2 . 4- — Elle a été
obtenue en versant peu à peu, en agitant, une solution acétique de 23S,55 de chlorure
d'iode (i'"°^) dans une dissolution de 20§ d'orthonitraniline (i™°') et 8os d'acide
acétique.
» La réaction, commencée à froid, est achevée en portant la température vers 80",
1 ou 2 heures; il y a dégagement d'acide chlorhydrique et dépôt d'un précipité
cristallin. On verse le mélange dans 2' d'eau bouillante, on entraîne au moyen de la
vapeur d'eau utie partie de l'acide acétique, un peu d'iode et de l'orthonitraniline qui
n'ont pas réagi. La solution fournit, en refroidissant, 358 à 36s d'un corps cristallisé
en aiguilles jaune orangé. Par recristaliisation dans l'alcool chaud, celui-ci s'est
déposé en gros prisnies, fusibles à 122°; il présente les propriétés de Vorthonitraniline
iodée, C®H-^(AzH^) (AzO-) (I)i.2.4, déjà obtenue par une voie différente (').
» II. Nitrobenzène diiodé C''H^(AzO^) (P) i .3.6. — Pour transformer l'ortho-
nitraniline monoiodée, G^H^(Az H-) ( AzO^) (I) i . 2 ./j, en nitrobenzène diiodé,
G^H^(AzO^) (P) 1 .3.6, je dissous 262,4 d'orthonitraniline iodée dans un mélange
froid de 70'^"' d'acide acétique, 70*^"' d'acide sulfurique et yS*^^"^' d'eau. La solution,
refroidie à 0°, est additionnée, en agitant au moyen d'une turbine, d'une solution de
7S de nitrite de soude dans So"^"' d'eau glacée.
» L'addition terminée après i heure, j'y ajoute, en refroidissant, une solution de l6t5,6
d'iodure de potassium dans 3o*^'"' d'eau; de l'azote se dégage et il se dépose un j^ro-
duit cristallin, jaune foncé. Le mélange est porté ensuite lentement vers 60°, afin
d'achever la réaction. Le précipité total, obtenu après refroidissement et dilution du
liquide, est lavé au bisulfite de soude, puis séché. Pour le purifier, je le dissous dans
l'alcool chaud et je fais bouillir i heure la solution avec du nôîr animal. La dissolu-
tion, filtrée chaude, abandonne 3os d'un corps formé de fines aiguilles, jaunes, fusibles
à io9°-iio°, présentant la composition du nitrobenzène diiodé (Z^\i^{KzO^'){l^)\.Z,6.
Ce dérivé est peu soluble dans l'eau ; il est plus soluble dans l'alcool, l'éther, le chloro-
forme, le benzène.
» III. Aniline diiodée C'^H^(AzII-) (I-) i .3.6. — Pour transformer le nitroben-
zène diiodé 1.3.6 en aniline diiodée, on mélange à froid i5s de nitrobenzîéne avec
5(jcm3 d'acide chlorhydrique; on ajoute peu à peu 273,5 de protochlorure d'étain et
l'on porte le tout vers So"* pendant 2 heures. Après la fin de la réaction, la base est
mise en liberté en additionnant lentement le mélange de lessive de soude étendue. On
jette le précipité sur un filtre, on le lave, on le sèche entre deux feuilles de papier à
filtrer, on dissout l'aniline dans l'alcool et l'on filtre la solution. La liqueur, concen-
trée par distillation, est portée à l'ébullition avec du noir animal et filtrée de nou-
(^) MicuAEL et Norton, Deutsch. chem. GeselL, t. W^ p. 109*
SÉANCE DU 2f JUILLET T902. I 79
veau; elle abandonne par refroidissement des aiguilles incolores, à odeur de naphta-
line, fusibles à 88°-89", possédant la composition d'une aniline diiodée G''H^(AzH'-)(P).
C'est Tisomère i.3.6. Cette base distille avec la vapeur d'eau; elle est soluble dans
les solvants organiques. Ses solutions s'altèrent à la lumière.
» IV. Phénol diiodé OH — C^H^P i.3.6. — Pour l'obtenir, je dissous 5s de
l'aniline diiodée 1.3.6 dans un mélange tiède de aS'^'"' d'acide acétique et de SS*^""'
d'acide sulfurique ; en refroidissant la solution à 0° et en agitant à l'aide d'une turbine,
une partie de la base se dépose sous forme d'un précipité très divisé. J'y ajoute is de
nitrite de soude pulvérisé, par portions de oS, 10. Après i heure d'agitation, le mé-
lange est versé lentenient sur loos de glace pilée, puis la température est portée, peu
à peu, vers 60". Je dilue le liquide et je le traite par un courant de vapeur d'eau. Le
phénol diiodé distille en aiguilles incolores; le rendement est de plus de 3s. Pour le
purifier, je le dissous à chaud dans l'éther de pétrole; la solution fournit des prismes
aplatis, fusibles à 99°, présentant la composition d'un phénol diiodé ^ OH-^Ç^H^I-;
c'est l'isomère i.3.6. Ce diiodophénol est un peu soluble dans l'eau, l'éther; il est
très soluble dans l'alcool, le chloroforme, l'acide acétique, le benzène, l'éther de
pétrole.
» Afin de caractériser ce phénol diiodé, j'ai préparé son éther acétique,
CWO^—C^nn^ 1.3.6
en maintenant 2 heures à l'ébullition le diiodophénol avec un excès d'anhydride
acétique; après refroidissement, j'ai versé la solution dans l'eau. Le précipité obtenu
a été dissous dans l'alcool méthylique; par évaporation, l'éther acétique a cristallisé
en prismes allongés, incolores, fusibles à 70", présentant la composition C^H^O^l-.
Ce corps est très soluble dans l'alcool méthylique, l'acide acétique, le benzène et
l'éther de pétrole. »
CHIMIE ORGANIQUE. ~ Action de l'acide nilreux, en solution acide, sur les
éthers ^-cétoniques a substitués; synthèse des homologues de l'acide pyru-
vique. Note de MM. L, Bouveault et U. Locquin, présentée par M. A.
Haller.
« Om sait, par les travaux de V. Meyer et de ses élèves, que l'acide
nitreqx, réagissant sur les éthers acétylacétiques oc substitués, s'y combine
en donnant deux réactions absolument différentes qui peuvent être repré-
sentées par les équations (I) et (II) :
(I) CH='-CO CH CO-G-H'
I +AzOOH = CH=^-CO-H + R- C-CO-C=^H%
R II
AzOH
(II) CH^ — CO-CH-CO^C=^H^-hAzOOH = CH='-CO-C-R + CO-H-C'H«0.
I II
R AzOH
l8o ACADÉMIE DES SCIENCES.
» V. Meyer admet qu'il se forme d'abord un nitrosé vrai
CH'-CO\ /AzO
susceptible de s'hydrater de deux manières différentes suivant les condi-
tions. Mais il n'a établi ni l'existence de ce nilrosé intermédiaire, ni les
conditions dans lesquelles il faut se placer pour obtenir à volonté l'un ou
l'autre dédoublement!
» Dans les expériences de V. Meyer, Zûblin, Wleiigel, Gutknecht,
Treadwell et Fûrth, expériences qui se font en liqueur alcaline, aqueuse ou
alcoolique, les réactions (I) et(II) prennent naissance simultanément, mais
l'on n'obtient la réaction (1) qu'avec des rendements très mauvais; aussi,
l'étude des acides a isonitrosés et de leurs éthers est-elle relativement peu
avancée.
» La réaction (II), au contraire, a été mieux élucidée, d'abord par Wes-
tenberger et ensuite par von Pechmann et ses élèves.
» Nous nous sommes proposé d'étudier de près le mécanisme de ces
mêmes réactions et de déterminer les conditions permettant d'obtenir l'un
des deux dédoublements à l'exclusion complète de l'autre.
» Nous avons fait réagir l'acide nitreux, non pas en solution alcaline
comme nos devanciers, mais en solution acide, et nous avons constaté que,
dans ces conditions, cest toujours la réaction (I) seule qui prend naissance.
» Mode opératoire suivi et résultats obtenus. — On peut dissoudre l'éther p-céto-
nique dans l'acide chlorhydiique aqueux fumant auquel on ajoute, s'il y a lieu, de
l'acide acétique cristallisable pour favoriser la dissolution. Puis, dans le liquide main-
tenu au-dessous de o°, on fait tomber goutte à goutte et en agitant une solution con-
centrée de nitrite de soude en quantité calculée. Cette addition terminée, on verse sur
l'eau glacée, on agite à l'éther, on lave la solution éthérée au carbonate de soude, on
évapore l'éther et l'on rectifie le produit dans le vide.
» On recueille toujours ainsi un mélange de l'éther glyoxylique substitué et de son
oxime. La formation de glyoxylate substitué s'explique, car, dans les conditions
expérimentales, l'oxime formée se décompose en chlorhydrate d'hydroxylamine et
éther correspondant.
» Cette décomposition est totalement évitée si, au lieu d'opérer en solution hydro-
chlorhydrique, on opère dans l'acide sulfurique concentré. Il est alors avantageux de
remplacer l'addition de nitrite de soude par celle de cristaux des chambres de plomb
(sulfate acide de nitrosyle) préalablement dissous eux-mêmes dans deux fois leur poids
d'acide sulfurique. On termine l'opération comme précédemment. Le rendeaient en
éther-oxime est alors intégral.
» 11 est à remarquer, en outre, que le doublement a toujours lieu suivant le
SÉANCE DU 21 JUILLET 1902. 181
schéma (I), quelle que soit la condensation moléculaire de Féther P-cétonique employé,
et que, dès lors, il est pratiquement beaucoup plus avantageux d'employer simple-
ment des éthers acétylacétiques substitués plutôt que des éthers acidylacéliques
substitués plus complexes.
» Ainsi;, en partant de l'éthylcaproylacétate d'éthyle (dont nous avons
récemment indiqué la préparation) on obtient la même oxime d'éther
glyoxylique qu'en partant del'éthylacétylacétated'éthyle; seulement, dans
'le premier cas, le lavage au carbonate de soude enlève de l'acide caproïque,
tandis que, dans le second cas, il enlève de l'acide acétique. Les deux
réactions peuvent s'écrire ainsi :
CMiii _ CO — CH — CO^C^HM
+ AzOOII=:C2H5_C-CO^C2fP \^ ^ .<-u H.
ou ) Il + / ou
I A7 OH 1
CH'- CO - CH - CO^C^H^ "^^^^ ( GH^C02H.
C^Hs I
» Ij oxime de V étliylglyoxylate d'éthyle (^) (ou oxime du méthylpyruvate
d'éthyle), qui prend ainsi naissance dans les deux cas, bout de 125" à i3o°
sous 10°^™. Elle cristallise en aiguilles blanches solubles dans le pétrole
léger en fondant à 58".
» En chauffant à 100°, en tube scellé, cet éther-oxime avec une solution
alcoolique d'acide chlorhydrique, on le transforme complètement en mé-
thylpyruvate.
)) On a préparé de la même manière :
» 1° En partant de l'isoamylacétylacétate d'éthyle, Voxime de l'isoamylglyoxylate
d'éthyle (ou oxime de l'isobutylpyruvate d'éthyle)
(CIP)-= CH — (CH2)2— C — CO^GMi^
II
AzOH
qui est assez visqueuse et bout à 1 14° sous 12™°'. D^ = 0,91 14.
» Uacide correspondant s'obtient facilement en saponifiant l'éther par la potasse
aqueuse. Il fond à 160° en se décomposant. L'éthérification est d'ailleurs aussi aisée
que la saponification. Quant à Visocunylglyoxylate d'éthyle lui-même, il bout
vers io5° sous 18"^™.
» 2° En partant de l'octyl (secondaire) acétylacétate d'éthyle (ou caprylacétylacétate
(^) Cette même oxime a déjà été préparée différemment par Lepercq, qui la donne
comme fondant à 5i° {Bl. (3), 11, 885].
i8:î académie des sciences.
d'éthyle), nous avons obtenu Voxime de l'octyl{secondaire) glyoxylate d'étliyJe (ou
oxime du méthyl-hexylpjruvate d'éthyle). Elle bout à 177° sous 16™™, D* = 0.9859,
et a pour formule
CH»— CH — ( CH'-)' — CH^
AzOHr=:C-GO^C2fP.
)) L'acide correspondant, d'aspect stéarineiix, fond à SS^^Sg".
« En un mot, ces réactions sont d'une netteté parfaite. La nitrosation^
en liqueur acide, des éthers ^-cétoniques a substitués pfir un radical quel-
conque, primaire ou secondaire, fournit exclusivement, par séparation du
radical acide, des oximes d'éthers glyoxyliques substitués. De là un moyen
très commode de préparer un grand nombre d'éthers homologues supé-
rieurs des pyruvales.
)) Nous nous occupons de généraliser cette réaction. »
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Méthode permettant de séparer, des liquides animaux
ou végétaux complexes , la plupart de leurs matières ternaires et plusieurs
des bases qui peuvent les accompagner. Note de M. S. Dombrowski,
présentée par M. A. Gautier.
« Lorsqu'on traite les liquides d'origine animale ou végétale par l'acé-
tate neutre de plomb, ce réactif laisse après filtration un certain nombre
de corps azotés. On les enlève presque entièrement, comme le fait M. Arm.
Gautier ('), par l'acétate neutre de mercure. Après filtration et séparation
du mercure ajouté, on trouve dans cette liqueur la plupart des corps ter-
naires et quelques rares composés azotés.
» C'est cette méthode, qui fait le sujet du présent travail, que j'ai étudiée
et perfectionnée au laboratoire de M. A. Gautier, que je remercie. Pour
l'appliquer, nous nous sommes adressé à un des liquides les plus com-
plexes, les urines normales.
» 100' d'urines normales sont neutralisés par le carbonate de potassium, puis pré-
cipités par l'acétate neutre de plomb. La liqueur, privée de plomb par CO^K-, neu-
tralisée, concentrée dans le vide, est reprise par l'alcool à 80° à froid. On obtient ainsi
un résidu A et une solution B.
)) Résidu A. — C'est le moins important. On le traite par l'acétate de plomb pour
précipiter une partie des chlorures, puis on fait digérer avec de l'acétate d'argent qui
(}) Comptes rendus, t. CXXIX, 1899, p. 701.
SÉANCE DU 2 1 JUILLET I902. 1 83
enlève le reste du chlore^ Lé liquide privé du chlore est traité par l'acétate de Hg
en présence de CO^K^ jusqu'à ce que le précipité qui se forme devienne jaunâtre. Ce
précipité contient tous les corps azotés (urates et composés puriques en particulier);
dans le fîltratum, on ne retrouve plus que quelques matières minérales^
» Solution B. ■ — Cette solution est alcoolique distillée dans le vide : le résidu est
repris par l'eau et additionné de H^SO^ dilué pour transformer en sulfates les acétates
produits dans les réactions précédentes. Les liquides filtrés réunis sont concentrés
dans le vide. Le résidu est épuisé à chaud par l'alcool à 80°.
» Dans le cas des urines, cet extrait alcoolique, évaporé dans le vide, est congelé
plusieurs fois pour séparer en graùde partie l'urée.
» On obtient alors des eaux mères que l'on traite en solution aqueuse par l'acétate
neutre de mercure en présence de CO^K^ jusqu'à nuance jaune du précipité. On
sépare le meï"Gure par H^S, on transforme les acétates en siilfates et l'on concentre dans
le vide pour éliminer l'acide acétique.
» A son tour, le produit de la concentration est soigneusement extrait par l'alcool
à 80° à chaud. On a ainsi Vextrait alcoolique C contenant les corps des urines so-
lubles dans l'alcool après qu''on a eu séparé par l'acétate de mercure, l'urée, la
créatinine, les sels ammoniacaux et d'autres corps asôtés, ainsi que la plupart
des principes minéraux déjà séparés en grande partie par l'acétate de plomb.
» Extrait alcoolique C. — On distille cette solution alcoolique dans le vide à
consistance de sirop épais, qu'on dissout ensuite dans l'eau. Pendant cette concëntra-
tiori, le distillatum, légèrement coloré en jaune, entraîne des traces d'acides azotique
et azoteux^ Cette observation nous a conduit à rechercher et à trouver les azotates
dans le produit de la concentration. Ces Sels se retrouvent, en effet, d'après nos
observations, dans toutes les urines normales.
» La solution aqueuse du sirop C est traitée par l'hydrate de baryum en solution*
Le dépôt est constitué principalement de BaSO*j d'hydrate et d'oxychlorùre de Mg*
» La liqueur contenant les composés barytiques solubles dans l'eau est alcaline
et dégage une odeur fade d'aminés. On l'évaporé dans le Vide à basse tertipérature à
consistance sirupeuse, en recueillant les traces des bases volatiles.
» Le sirop barytique est malaxé avec un excès d'alcool à g5°; il se forme un pré-
cipité poisseux, tandis que l'alcool se charge de matières bruries*
» Ainsi, par ce moyen, nous divisons le groupe des composés barytiques solubles
dans l'eau en deux sous-groupes : oc et (3, l'un soluble, l'cJutre insoluble dans l'alcool
fort à froid.
)) Les sous-groupes indiqués sont privés de baryte par l'acide sulfurique dilué
et soumis à la dialyse pendant plusieurs jours, en prenant les précautions nécessaires
pour éviter toute fermentation.
» Les liqueurs dialysées sont réunies et concentrées dans le vide jusqu'à formation
de cristaux. On les sépare. Ils constituent^ dans le cas des urines, un acide très ana-
logue à l'acide hippurique, mais en différant par quelques caractères. Le sirop dont
cet acide a été séparé est traité à froid par l'alcool absolu. Ce traitement donne deux
parties :
» Une soluble ^j.^^ l'autre insoluble a^.
l84 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Partie i.'ï.. — Concentrée et abandonnée à une cristallisation spontanée, elle laisse
un dépôt cristallin. Nous avons constaté par tous ses caractères qu'il est formé de
jnannite.
» Le sirop, après séparation de la mannite, contient des corps réducteurs, des bases
et des composés qui précipitent par l'acétate de cuivre à chaud.
» Pour séparer ces derniers corps, on fait digérer le sirop à la température 6o°-70°
avec du carbonate de cuivre bien pur et en petit excès.
» On filtre à chaud; le fdtratum est concentré dans le vide et traité alors par
l'alcool absolu qui précipite un dépôt floconneux qu'on sépare par centrifugation.
» Les composés ciwriques aa-a solubles dans falcool sont plus abondants que la
partie insoluble aa-6. Nous ne nous occuperons dans cette élude que des premiers.
» La solution de ces composés privée de cuivre contient entre autres des alcaloïdes,
des phénols et des corps réducteurs. Ce sirop possède une réaction acide et décom-
pose les carbonates.
» Extraction des alcaloïdes du sirop aa-a. — • On traite ce sirop par un excès
d'hydrate de baryum. Les basés mises en liberté sont les unes solubles dans l'éther
légèrement alcoolisé, les autres solubles seulement dans l'alcool. On précipite les bases
de la solution éthérée à l'état de sels doubles de platine et on les soumet à une cris-
tallisation fractionnée. On obtient ainsi deux chloroplatinates. La majeure partie est
constituée par du chloroplatinate de cadavérine.
» Le sirop, après extraction par l'éther alcoolisé, est extrait par l'alcool.
» Les bases étant accompagnées de corps à fonction phénolique également solubles
dans l'alcool, on les sépare à l'état de précipité phosphomolybdique. Le précipité est
décomposé par la baryte, qu'on élimine dans un courant de CO'.
» La liqueur concentrée est extraite par l'alcool et les bases transformées en chlor-
hydrates. On précipite la solution alcoolique des chlorhydrates des bases par le chlo-
rure de platine. On obtient ainsi deux chloroplatinates différents, dont l'un est le
chloroplatinate de la base C^H^^AzO^.
» Après l'extraction des bases, le sirop primitif aa-a, débarrassé de l'excès de baryte
par un courant de CO^, laisse déposer des cristaux d'azotate de baryum, originaire
des azotates normaux des urines signalés plus haut.
» Après séparation de ce sel, le sirop résiduel est décomposé avec précaution par
H^SO* dilué. On obtient un sirop clair qui rappelle, par ses propriétés, l'acide glycu-
ronique, mais ne se confond pas avec lui.
» Partie a[3. — Elle contient des composés qui, à l'état de combinaisons barytiques,
sont solubles dans l'alcool à gS". Après élimination de la baryte et dialyse, ces com-
posés précipitent par l'alcool absolu. Ils sont facilement solubles dans l'alcool méthy-
lique. La solution méthylique abandonnée à l'évaporation à l'air dépose encore de la
mannite.
» Je me réserve de continuer cette étude. Elle m'a permis jusqu'ici de séparer la
presque totalité des composants de l'urine normale à l'état cristallisé. »
SÉANCE DU 21 JUILLET 1902.
i85
CHIMIE ANIMALE. — Variations de l'iode du sang. Note de MM, E. Gley
et P. BouRCET, présentée par M. Arm. Gautier.
« Nous avons montré (') que l'iode est un élément normal du sang. Il
s'y trouve en quantité très variable, oscillant entre o™8^,oi3 et o™s,ii2
par litre, soit de i à 10. En raison même de ces différences, il ne paraît
pas facile de déterminer l'importance des conditions qui peuvent faire
varier cette teneur. Nous avons commencé par étudier l'influence de la
saignée. Il s'agit, dans ces expériences, de saignées très abondantes,
puisque, pour doser l'iode avec une exactitude suffisante dans le sang, il
faut opérer sur Soo"""' à igoo'""', 5oo"°' étant le volume minimum que l'on
doive employer.
» Toutes nos expériences ont été faites sur des chiens mâles. Ces ani-
maux étaient nourris avec une soupe de pain et de viande. Le sang était
pris dans une artère fémorale ou dans une carotide. Après la seconde sai-
gnée, l'animal était sacrifié par section du bulbe; on enlevait la glande
thyroïde et l'on y dosait l'iode.
» Nous résumons, sous forme de Tableau, les résultats que nous avons
obtenus :
Poids
des
animaux.
kg
26,700
20,5oo
Iode du sang pour 1000.
° saignée (^). 2" saignée.
mg
0,098
3
{')
0,00
0,198
Temps
entre
les
2 saignées.
j h
2
2,19
Poids
des
animaux
lors de la
2° saignée.
Poids
de la
thyroïde
fraîche.
g
2,625
2,336
Poids sec.
s
0,77
o,8i5
Iode
de la
glande.
vue
I
0,264
(') Comptes rendus, 18 juin 1900.
(^) Volumes des saignées respectives :
Animaux. i" saignée. 2= saignée.
cm' cm'
1 55o 5oo
2 5oo 55o
3 5oo 5oo
h .5oo 5oo
5 5oo 5oo
6 600 1000
7 600 65o
8 700 960
(') Ce chiffre est tout à fait exceptionnel. L'animal ne présentait rien de particulier.
Il arrivait de la fourrière; son alimentation antérieure nous était donc inconnue.
C. R., 1902, a« Semestre. (T. CXXXV, N° 3.) 24
l86 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Poids
Temps des Poids
Poids Iode du sang pour looo. entre animaux de la Iode
des —- — ■■ — — ^ ^- les lors de la thyroïde delà
animaux. i" saignée. 2* saignée. 2 saignées. 2' saignée. fraîche. Poids sec. glande,
kg mg mg ■- h kg g g mg
3 2i,5oo 0,066 0,029 3 22 2,27 0,700 o>i94
4- 29 0,098 0,00 3 3,073 o,23f
5 17,600 trace (*) trace (') "4 i6,3oo 1,069 0,3^2 0,628
6 17 0,0275 0,00 16 i3,8oo 1,94 0,545 0,99
7 20,5oo 0,0678 0,00 18 i9,5oo 3,72 Ï5195 2,o46
8 3i 0,0942 0,00 21 28 0,745 0,241 0,528
» Il résulte de ces chiffres que, après une saignée abondante, l'iode du
sang diminue rapidement et, au bout de quelques jours, disparaît complè-
tement.
» La question se pose alors de savoir au bout de combien de temps
l'iode peut reparaître. Nos chiens étaient alimentés avec de la viande et du
pain, substances qui contiennent très peu d'iode; en ajoutant du lait à
cette alimentation, on verrait sans doute l'iode reparaître plus vite. C'est
une recherche à faire. Quoi qu'il en soit, dans nos expériences, après
20 jours, il n'y avait pas encore d'iode dans le sang.
» Il est permis de supposer que la glande thyroïde retient fortement tout
ce métalloïde. En effet, la teneur des glandes de nos animaux est au
moins égale à la teneur moyenne des glandes des chiens de la région
parisienne. Cette teneur moyenne est d'environ o'"s,4 (moyenne d'une
vingtaine de dosages, à la même époque, sur des chiens, dans les mêmes
conditions). Si l'on prend la moyenne des huit dosages du Tableau ci-
dessus, il vient un chiffre de o^^.'jiS; toutefois on devrait peut-être
éliminer du calcul le chiffre de 2"'s,o46 (chien n° 7), qui est exceptionnel;
on aurait alors comme moyenne des sept dosages restants o^^,534, chiffre
légèrement supérieur à la moyenne ordinaire. Il semble donc que la glande
non seulement retienne fortement son iode, mais encore s'empare des
faibles quantités qu'une alimentation, pauvre en ce corps, fait passer dans
le sang. »
(*) C'est-à-dire quantité inférieure à j~ de tniliigramnio.
SEANCE DU 21 JUILLET 1
902. 187
CHIMIE ORGANIQUE. — Propriétés pharmaco dynamiques de certaines semi-
carbazides aromatiques. Note de MM. Auguste Lumière, Louis Lumière
et J. Chevrottier, présentée par M. Marey.
« On sait que les semicarbazides aromatiques peuvent être représentées
par la formule
R — AzH — AzH -CO — AzH%
dans laquelle R est un radical aromatique monovalent. L'étude de ces
corps, au point de vue de leur action physiologique, nous a permis de
constater qu'ils sont doués de propriétés antipyrétiques fort intéressantes.
» Nos recherches ont porté sur les semicarbazides suivantes :
» Phénylsemicarbazide, C H* — AzH — Az H — CO — AzH";
/Rr
» Bromophénylsemicarbazide, Q^H'^i . _. , ^_ ^_, , .- •
^ -^ \ Az H — Az H — CO — Az H^ '
.,, -r 1. , • 1 .J /-«Ti./OGH» ou OC^H^
» Metoxy- et ethoxyphenylsemicarbazide C^H*C , ^^ , ^^ ^^ , ^^„r
^ ^r J \AzH — AzH— CO — AzH2'
1»*' u • • 1- -1 r.«TT,/GO — NH2 (i)
» Metabenzaminoseimcarbazide C^H*\ . ^^ . ^t ^^ » ..„ \ •
\AzH — AzH — CO — AzH2 (3)
» Pour chacun de ces corps, nous avons déterminé la toxicité par les
voies intra-veineuse, sous-cutanée et intra-gastrique; l'action sur quelques
grandes fonctions : respiration, circulation, calorification, nutrition, puis
le pouvoir antivégétatif et antiseptique. Nous avons constaté, en premier
lieu, que les propriétés éminemment toxiques des hydrazines, d'où dé-
rivent ces semicarbazides, sont considérablement atténuées par la substi-
tution du groupement CO — AzH^ à l'un des hydrogènes du groupe AzH^
qui termine la chaîne hydrazinique. Nous avons, en outre, remarqué que
l'introduction de ces corps dans la circulation, dans l'estomac ou dans le
tissu cellulaire sous-cutané des animaux fébricitants, s'accompagne, d'une
manière constante, d'un abaissement de la température, sans aucun autre
phénomène important.
» Nous avons donné le nom générique de cryogénmes aux substances
présentant cette fonction antipyrétique, caractérisée par le groupement
AzH — AzH — CO — AzH^ lié à un radical aromatique.
» Parmi les semicarbazides que nous avons étudiées, la métabenza-
minosemicarbazide nous a semblé réunir un ensemble de propriétés (sta-
l88 ACADÉMIE DES SCIENCES.
bilité, solubilité, facilité de préparation, etc.) qui la placeront sans doute
au premier rang des antipyrétiques de cette classe. Aussi résumerons-
nous les principales expériences auxquelles cette substance a donné lieu.
» Toxicité, — Un lapin de 2''?, 429 reçoit, dans la veine marginale de l'oreille, Soo''™'
d'une solution à 2 pour 100, soit 2s, 47 par kilogramme de poids vif. Sa température
descend de 39°, i à 33", 8 et l'animal survit à cette haute dose de ce produit. La respi-
ration et la circulation n'ont subi qu'un faible ralentissement pendant l'expérience,
qui a duré 2 heures 25 minutes.
» Un mois après, le poids de l'animal s'était élevé à i^^^'joo.
» La métabenzaminosemicarbazide a été donnée à des cobayes, par injection sous-
cutanée et intra-péritonéale, à des doses croissantes, jusqu'à ce, 5o et, par ingestion,
jusqu'à 2S par kilogramme d'animal. Tous les animaux ont survécu, ont augmenté de
poids par la suite et n'ont présenté, comme phénomène anormal, qu'un abaissement
irrégulier de la température.
» Circulation, respiration. — On a pris des tracés du pouls, de la pression caroti-
dienne et de la respiration sur des chiens, dans la jugulaire desquels on injectait une
solution à 2 pour 100 de benzaminosemicarbazide; ces tracés ont montré que le pro-
duit, à la dose de is par kilogramme, ne détermine pas de modification sensible
dans ces fonctions.
» Nutrition. — La nutrition des chiens soumis à l'action du produit administré soit
par injection, soit par ingestion, n'a paru subir aucune variation. Donné pendant
10 jours, à la dose de is par jour, pour un chien de 10''^, le médicament n'amène
aucun changement ni dans l'appétit, ni dans la diurèse, ni dans les éléments princi-
paux de l'urine.
» Pouvoir antiseptique, antivégétatif, antifermentatif et réactions diverses. — La
benzaminosemicarbazide ne possède que des propriétés antiseptiques insignifiantes.
Le bacille de Loeffler végète dans des solutions à i pour 100 ainsi que l'actinomycose.
Les cultures de bacilles suivants : coli, subtilis, Eberth, staphylocoque se déve-
loppent encore dans les solutions à 5 pour 100.
» Les digestions diastasique et pancréatique ne sont entravées par la substance qui
nous occupe que d'une façon insignifiante.
)) Le sang additionné d'une solution de benzaminosemicarbazide ne précipite pas
et montre les bandes de l'oxyhémoglobine.
» La solution, saturée du produit, n'est pas irritante; instillée dans l'œil elle ne
détermine aucune rougeur de la conjonctive. Les injections intra-musculaire ou
sous-cutanée sont bien absorbées et ne s'accompagnent d'aucun accident.
» Action antipyrétique. — La propriété antipyrétique caractéristique des semi-
carbazides aromatiques se manifeste à un haut degré dans la métabenzaminosemi-
carbazide, principalement chez les animaux fébricitants. De nombreux cobayes tuber-
culeux, présentant chaque soir des températures atteignant 39°, 5 à [\o°, ont reçu des
doses de produit variant de os,oi à os, i par kilogramme d'animal. Sous celte influence,
la température a rarement dépassé 38", 5. L'expérimentation clinique montrera si celte
propriété ofl^re la même constance chez l'homme et déterminera les autres pyrexies
qui seront justiciables du traitement par les semicarbazides aromatiques. »
SÉANCE DU 21 JUILLET 1902. 189
PHYSIOLOGIE. — Transmission expérimentale aux descendants des lésions
développées chez les ascendants. Note rie MiM. A. Charrin, G. Delaihare
pt Moussu, présentée par M. (l'Arsonval.
« La transmission des caractères acquis a été souvent discutée; on s'est,
par exemple, demandé si des lésions provoquées chez la mère peuvent se
reproduire chez le rejeton : tout en laissant à part le point de vue morpho-
logique pur, nous avons réalisé plusieurs séries d'expériences qui parais-
sent trancher le débat dans le sens de l'affirmative.
» Chez des lapines et des cobayes en gestation, après laparotomie, nous avons
aseptiqiiement réalisé de très larges délabrements du foie ou des reins. Or, quand, au
bout d'un temps suffisant (au minimum une semaine), des femelles ainsi traitées ont
mis bas, nous avons observé, chez un bon nombre de leurs descendants nés av.ant
terme ou sacrifiés au moment de la naissance, d'indiscutables lésions des glandes hé-
patique ou rénale (congestion, hémorragies, dégénérescence, quelques cylindres, etc.) :
l'organe malade était précisément l'homologue du viscère volontairement détérioré
chez la mère.
» Il était, dès lors, naturel de rechercher l'explication de ces résultats,
bien faits pour mettre en évidence la solidarité organique, la possibilité de
transmettre, à l'appareil fœtal correspondant, une tare imposée à l'un des
appareils maternels.
» A cet égard, il est nécessaire de rappeler que, sous l'influence de
certains processus morbides, des sucs ou des débris et jusqu'à des cellules
entières d'un parenchyme donné passent quelquefois dans la circulation.
En dehors des embolies connues de la moelle osseuse ou des néoplasmes,
Charrin et Levaditi ont décelé, dans les capillaires du poumon, des cel-
lules du foie et du myocarde, tant chez une typhique atteinte de dégéné-
rescence aiguë de ces viscères que chez un cobaye intoxiqué par la trypsine;
Maximow et, avec lui, divers auteurs ont, du reste, enregistré des consta-
tations analogues. D'autre part, si dans une économie déterminée on fait
pénétrer des éléments anatomiques ou simplement des parcelles, des
extraits de ces éléments, au sein de cette économie se développe bientôt
une substance capable de détériorer le tissu qui a fourni ces produits;
c'est ainsi, en particulier, que des injections répétées de cellules micro-
biennes, hépatiques, rénales ou nerveuses, etc., peuvent faire naître, dans
le sang des animaux qui les ont reçues, des composés respectivement
iqo ACADÉMIE DES SCIENCES.
microbicides, hépatotoxiques, néphroloxiques ou neurotoxiques (' ), etc.
» Ces considérations conduisent à se demander si des lésions viscérales
réalisées chez une mère ne provoquent pas, en quelque sorte par de véri-
tables auto-injections du parenchyme compromis, la formation de la cyto-
lysine qui correspond à ce parenchyme et ne retentissent pas à l'aide de
cette cytolysine sur l'organe homologue du fœtus. Pour vérifier cette
hypothèse, nous avons tenté d'obtenir, en engendrant des cytotoxines
maternelles, des altérations localisées chez le rejeton sur le viscère en
rapport avec la variété de ces cytotoxines expérimentalement formée.
» Dans ce but, à une série de femelles pleines (chèvre, chiennes, lapines), par voie
sous-cutanée ou rarement intra-veineuse, nous avons, à plusieurs reprises, administré
des extraits de foie ou de rein frais empruntés à des animaux habituellement d'espèce
semblable. Or, assez fréquemment, quand, huit jours au moins après la dernière de
ces injections, ces femelles ont mis bas, nous avons constaté que les détériorations
portaient avant tout, suivant qu'on avait utilisé des éléments hépatiques ou rénaux,
sur la glande biliaire ou urinaire des nouveau-nés (^). Nous avons même, non sans
quelque succès, déterminé des dyscrasies hématiques fœtales, en faisant pénétrer du
sang défibriné sous la peau des génératrices.
)) De l'ensemble de ces recherches se dégagent plusieurs conclusions.
(1) Ces poisons cellulaires se forment plus aisément lorsqu'on introduit, chez un
sujet, des principes provenant d'un animal d'une autre espèce (hétérotoxines); néan-
moins, ils se développent, quoique plus discrètement, quand on ne change pas d'es-
pèce (isolysines), et leur activité se maintient même si l'on soumet (donnée dans notre
cas indispensable) des rejetons à l'influence de cytolysines élaborées chez leurs
ascendants. La discussion porte sur les propriétés des autocylotoxines ; nos expé-
riences tendent à prouver que l'action de ces corps est inconstante et dépend de l'état
des viscères : d'ailleurs, cette question n'intéresse pas directement l'objet de nos
recherches.
(2) Nos expériences établissent que le placenta est perméable à ces cytotoxines;
indispensable dans l'espèce, cette perméabililé ne pouvait être admise a priori,
puisque certains albuminoïdes sont retenus. — Ces expériences montrent aussi que la
localisation de ces lésions n'est pas toujours absolue, exclusive; la glande biliaire, en
particulier, est parfois modifiée en dehors de la mise en jeu de l'hépatotoxine, qui
semble être la plus active de ces cylolysines. Il est vrai que le rôle antitoxique de
cette glande biliaire, joint à la disposition de la circulation intra-utérine qui lui im-
pose le premier choc des poisons maternels, explique peut-être en partie cette prédo-
minance hépatique.
Quoi qu'il en soit, les efTets obtenus sont variés, car on enregistre même des échecs
complets; cette variété dépend, du reste, de causes multiples (insuffisance des doses,
des survies, des lésions réalisées; défaut de résorption, de réaction, etc.).
SÉANCE DU 21 JUILLET 1902. igi
En premier lieu , des caractères acquis par la mère peuvent être transmis
aux descendants. En second lieu, cette transmission, cette action élective
à distance, cette induction, vitale, cette influence d'un organe d'ascendant
sur l'organe homologue du rejeLon s'exercent grâce à des substances so-
lubles ('). En troisième lieu, ces résultats expliquent la répercussion de
génération en génération de certaines dystrophies congénitales qui font
que dans telle famille le foie est débile, tandis que dans telle autre cette
débilité porte sur le rein, etc. »
PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Sur l' évolution de la rondelle crânienne
détachée par le trépan et immédiatement réimplantée. Note de MM. V.
CoRNiL et Paul Coudray, présentée par M. Roux.
« On croyait autrefois, et cette opinion est encore affirmée par quelques
travaux assez récents (Ollier, Mossé, A. Schmitt ), que la rondelle crânienne
détachée par le trépan et réimplantée ne tardait pas à faire corj)s avec l'os
voisin et continuait à vivre au même titre que cet os lui-même. A l'œil
nu, en effet, il est facile de constater cette soudure, qui, dans les expé-
riences, semble complète au bout d'un mois environ; mais l'étude histo-
logique établit, d'une façon certaine, que le tissu osseux de la rondelle est
résorbé et remplacé progressivement par de l'os nouveau.
» Cette disparition progressive de la rondelle a été annoncée d'une ma-
nière générale par A. Barth (de Marburg).
(1) Nos travaux étendent encore le rôle sans cesse croissant des produits solubles
d'origine cellulaire; déjà, en pareille matière, dans ces phénomènes dits héréditaires,
Charria et Gley ont mis en lumière l'intervention, en général moins étroitement spé-
cifique, des sécrétions bactériennes. Toutefois, en dépit de l'importance de ces produits
solubles, ces processus sont trop complexes pour admettre un unique mécanisme.
Ajoutons qu'en dehors de nos conclusions il est aisé d'entrevoir la portée de nos re-
cherches. Aussi poursuivons-nous dans la même voie une série d'expériences; les unes
tendent à préciser la part des éléments mâle et femelle dans l'hérédité, que nous envi-
sageons également chez les ovipares, dont l'œuf, impressionné dès le début par les
cytotoxines, échappe ensuite aux influences maternelles directes; les autres visent
certaines modifications indûment réputées héréditaires. En outre, avec M. Leri, en
injectant des doses minimes, uniquement capables de troubler le fonctionnement des
appareils sans les altérer visiblement, nous nous efForçons de provoquer des localisa-
tions des agents morbifiques, de créer des prédispositions, des lieux de moindre ré-
sistance.
192 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Nos expériences ont porté, comme celles de A. Barth, surtout sur des
chiens et sur des lapins. Chez le chien, nous avons examiné le processus
de réparation depuis 3 jours jusqu'à 6 mois. Les rondelles du trépan
avaient un diamètre de 7™'", et le péricrâne était détaché par la rugine.
» Déjà, au bout de 3 jours, les éléments vivants de la rondelle dégénèrent : les
noyaux cellulaires, tant dans la moelle que dans les canaux de Havers, ne se colorent
plus ou presque plus, et ils sont atrophiés; il en est de même des noyaux contenus
dans les ostéoplastes. Inversement, sur le bord de Tos récepteur, s'ébauche un travail
de réparation. Là, les cavités médullaires renferment, outre de nombreux globules
blancs, des cellules de tissu conjonctif hypertrophiées et multipliées. Ce processus de
réparation est évident le quatrième jour et consiste dans la néoformation de cel-
lules de tissu conjonctif au contact de la dure-mère et à ses dépens.
» Un peu plus tard, au septième jour, les parcelles osseuses traumatisées par le
trépan : bords de l'os récepteur, petits fragments microscopiques, sont entourées d'os-
téoblastes et de tissu conjonctif, tandis qu'au contact de la dure-mère il existe déjà
une couche ostéoïde nouvelle. Sous le péricrâne, on trouve aussi un tissu conjonctif
enflammé riche en cellules.
» Au huitième jour, le néo-tissu conjonctif est complet, avec ses vaisseaux capil-
laires larges, parfois dilatés, et remplis de sang. Entre la dure-mère et Vos récepteur,
ce tissu conjonctif forme des bourgeons fibro-vasculaires qui pénètrent dans les
cavités de ce dernier os en produisant des lacunes festonnées. Ce fait est surtout
appréciable à la partie profonde du sillon où ce tissu conjonctif creuse des aréoles
dans l'os en forme de petites lacunes de Howship, avec des cellules géantes à 5, 6
ou 7 noyaux. Ce tissu conjonctif avec des cellules géantes (myéloplaxes) existe non
seulement en ce point, mais entre les petits fragments d'os et aussi sous le péricrâne.
» Au douzième jour, on voit également, à la partie profonde de la rondelle, des
lacunes osseuses comblées par du tissu conjonctif. De même, à la surface de la ron-
delle comme dans son voisinage immédiat sous le péricrâne, on constate un grand
nombre de lacunes de Hov^^ship, creusées par les vaisseaux et le tissu conjonctif.
» Nous insistons sur l'existence de ces lacunes et de ces cellules géantes. Ainsi que
Barth l'a indiqué, ces cellules géantes n'existent pas dans toutes les préparations,
mais leur absence dans quelques points ne nous semble pas suffisante pour invoquer
un mécanisme spécial et exceptionnel de résorption, les cellules du tissu conjonctif
pouvant suppléer les cellules géantes dans cette fonction.
» Au dix-huitième jour, chez le chien, nous retrouvons encore les lacunes de
Howship sur les bords de l'os récepteur et à la surface de la rondelle, ainsi que des
cellules géantes. A cette époque, la néoformation osseuse est très avancée. Le sillon
qui sépare la rondelle de l'os récepteur est encore fibreux, mais l'os dure-mérien est
très étendu et organisé ; les petits fragments osseux sont envahis par un tissu ostéoïde
nouveau. Dans ce tissu, comme dans l'os dure-mérien, les ostéoplastes sont gros, avec
des cellules volumineuses.
» Au bout de vingt-six jours, la réparation osseuse est presque complète. Au
centre de la rondelle, de chaque côté du trou de la tige du trépan, existe un tissu
SÉANCE DU 21 JUILLET 1902. ig3
ostéoïde nouveau qui se dirige latéralement en éventail pour rejoindre le tissu ostéoïde
du sillon, tandis que l'os dure-mérien s'étend, ainsi que l'os sous-épicrànien. La
résorption du tissu osseux ancien continue à se faire; on retrouve encore les lacunes
de Ilowship et les cellules géantes dans les points indiqués précédemment.
» La résorption de la rondelle n'est cependant pas encore achevée au bout
de trois mois; mais il n'en reste plus qu'un minime fragment, entouré de
fibres musculaires qui ont conservé à peu près leur structure normale. Il
est à noter que les fibres musculaires, dans beaucoup de cas, s'enfoncent
dans le sillon à une profondeur plus ou moins grande. Les bords de ce
qui reste de la rondelle présentent de petites échancrures ou lacunes de
How^ship. Les ostéoplastes sont vides, quelques-uns sont agrandis.
» Au bout de six mois, la place de la rondelle est indiquée par une zone
musculaire avec une dépression centrale superficielle, indice d'une atro-
phie osseuse au niveau de l'ancienne rondelle; on est en face d'un os
nouveau, présentant un système complet d'irrigation. Des canaux de
Havers, étroits, partent de la surface et renferment des vaisseaux prove-
nant du péricrâne nouveau. Ces vaisseaux se continuent avec ceux de la
dure-mère, qui reste adhérente au niveau de cette cicatrice osseuse.
» Partout on trouve de l'os nouveau, avec des ostéoplasles et de petites
cellules osseuses. »
MÉDECINE. — Les moustiques et la fièvre jaune à la Havane.
Note de M. André PoiÉY. (Extrait.)
« Aux recherches qui ont été faites et publiées à la Havane et aux États-
Unis sur la fièvre jaune, j'ai cru devoir ajouter quelques remarques géné-
rales au double point de vue de l'hygiène publique et de la colonisation,
qui sont l'objet des plus vives préoccupations de M. Estrada Palma, Prési-
dent de la République de Cuba.
)) Un laboratoire d'expériences et d'inoculations a été créé sous la direc-
tion d'un médecin distingué, M. Jean Guiteras, professeur de pathologie
générale et en particulier de pathologie intertropicale à l'Université.
» Se basant sur ses études sur les moustiques, le D^ Guiteras avait
pu prévoir que, dans le court espace de cinq années, l'épidémie annuelle
de fièvre jaune disparaîtrait complètement à la Havane. Aujourd'hui sa pro-
phétie parait être en pleine voie d'accomplissement. En même temps, il
confirmait la théorie émise en 1880 par le D' Ch. Finlay sur la transmission
G. R., 1902, 2« Semestre. (T. CXXXV, N" '6.) ^^
194 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de la fièvre jaune par le moustique, ayant pratiqué des inoculations dès
l'année suivante.
» Au mois de février 1901, un système prophylactique fut établi à la
Havane, d'aj)rès la doctrine de Finlay, alors que l'épidémie de 1900 était
terminée et pendant l'été de cette dernière année elle disparaissait complè-
tement, car on n'enregistra que cinq décès dans toute la Havane. Depuis le
28 septembre 1901 jusqu'au 19 juin dernier, m'écrit le D"" Guiteras « il
» n'y a pas eu un seul cas de fièvre jaune à la Havane ». On doit encore
tenir compte que l'épidémie annuelle débute précisément au mois de juin,
en dehors des cas sporadiques. C'était la première fois qu'un fait aussi
remarquable était observé à la Havane.
» On n'est pas exactement fixé sur le nom du Culicide cubain qui pro-
page la fièvre jaune. Le D"^ Guiteras, dit Finlay, l'appela Culex mosquito,
croyant le reconnaître dans l'espèce décrite par Robineau-Desvoidy. La
Commission de l'armée des États-Unis adopta le nom de Culex fasciatus,
de Fabricius. Meigen a proposé celui de Culeœ taeniatus. La meilleure des-
cription serait celle de Ficalbi, qui le nomma Culex elegans. D'après Theo-
bald, le moustique cubain, producteur de la fièvre jaune, serait \q Stegomyia
fasciata.
» L'identité zoologique du moustique de la fièvre jaune offre une cer-
taine importance dans ce sens qu'il n'existe à la Havane, par bonheur,
qu'une seule espèce infectieuse. Le Stegomyia fasciata présente une autre
particularité : c'est qu'il est un moustique diurne, et non pas nocturne,
comme on croit à l'étranger, et comme l'est le moustique du paludisme et
de la filariose. C'est un moustique aux ailes courtes et débiles, de peu
d'envolée, sédentaire dans les maisons où il prend naissance et où il habite
de préférence, de sorte que sa propagation est très limitée.
» Dans une désinfection faite à l'hôpital de « Las Animas », sur 820 mous-
tiques de différentes espèces, la plupart des pungens, le D^ Guiteras ne
trouva que neuf individus du genre Stegomyia.
)) Le D"^ Guiteras se pose la question de savoir quel usage le Moustique
peut faire du sang humain qu'il suce. Il doute que ce sang puisse servir à
sa nutrition, attendu que le mâle ne suce jamais le sang, et que les deux
sexes peuvent vivre indéfiniment sans ingérer une goutte de sang. Quoi
qu'il en soit, la femelle ne pond qu après quelle a piqué.
» La durée normale de la vie du mousLique offre également un grand
intérêt au point de vue médical, car elle nous fournit l'étendue du temps
pendant lequel ce Diptère peut propager la maladie dont il est infecté. Dans
SÉANCE DU 2 1 JUILLET 1902. 195
les conditions artificielles de nos laboratoires, dit le D* Guiteras, les Ciili-
cides vivent en moyenne de 3o à 4^ jours, et fréquemment encore plus,
mais ce savant les a fait vivre jusqu'à 112 jours.
» Une première Commission de l'Armée américaine, composée de
MM. W. Reed, J. Carroll, A. Agramonte, et J.-W. Lazear, à la suite de
remarquables expériences, à l'appui de la théorie de Finlay, a pu fixer
l'espace de temps écoulé entre le moment de la piqûre infectieuse et la
transmission de la fièvre jaune, qui fut de 12 à l'-j jours, dans 34 cas. On
trouva, en outre, que la fièvre jaune est également transmise par l'inocu-
lation directe du sang provenant des malades.
» Ceci me suggère l'idée de la présence d'hématozoaires dans cette
endémie, comme dans le paludisme, qui, du reste, offre les plus grands
rapports avec la fièvre jaune.
» Le D*^ Guiteras observe que l'infection du moustique n'affecte ni sou
existence, ni la durée de sa vie.
» Il est démontré que le paludisme est dû au développement des héma-
tozoaires de Laveran (1880), et que le moustique en est l'agent propaga^
teur. Il est encore démontré depuis Patrick Manson, en 1884, que \di fila-
riose est également transmise par le moustique. Mais chaque jour on apprend
de nouveaux méfaits de ce diptère, au nombre desquels le D^' R. Blanchard
comprend la lèpre, V éléphantiasis et toutes sortes de maladies filariennes.
» Toute découverte scientifique a des antécédents de priorité remontant
souvent à des siècles passés, qui sont les meilleurs gages de la certitude des
nouvelles théories émises. C'est ainsi qu'en 1848 Josiah Nott, de Mobile
(Alabama), émettait l'opinion que les moustiques inoculent le paludisme
et la fièvre jaune. En i855, La Roche attirait l'attention sur l'épidémie
meurtrière de fièvre jaune à Philadelphie, en 1797, pendant laquelle
l'affluence des moustiques fut tellement considérable, qu'on ne l'avait
jamais observée. Finlay rapporte, d'après les anciennes chroniques, que la
présence des moustiques est signalée dans tous les foyers actuels de fièvre
jaune. On peut ajouter qu'il en est de même quant au paludisme. »
PHYSIOLOGIE. — V élaboration du zymogène dans les glandes gastriques
de /a yï/?ereBerus.Note de M. L. Launoy, présentée par M. Edmond Perrier.
(c Les glandes gastriques de la vipère appartiennent au type mueo-
peptique de Renault; dans cette Note, j'ai laissé volontairement de côté les
Ip^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
cellules muqueuses situées à la partie antérieure du tube glandulaire, pour
ne considérer que les cellules g^ranuleuses du fond. Cette étude a été faite
sur des cellules à l'état de repos et des celltdes soumises à une sécrétion
expérimenlnle par injection à l'animal de chlorhydrate de pilocarpine.
)) i" Les cellules granuleuses chez l'embryon. — Au moment de la naissance, les
cellules du fond sont quadrangulaires, basses, à noyau volumineux occupant la moitié,
quelquefois les deux tiers du corps cellulaire; ce noyau est sphérique ou ellipsoïdal,
tangent à la basale par une large surface dans le premier cas, par un sommet de
l'ellipse dans le second, le grand axe de celle-ci étant parallèle à l'axe vertical de la
cellule ou formant avec lui un angle très aigu, rarement on observe des noyaux ellip-
tiques reposant sur leur grand axe. A l'examen de préparations fixées au HgCl^ acé-
tique et colorées par l'hématoxyline au fer suivie du mélange de Benda ou du vert
lumière, on trouve des noyaux, d'ailleurs en petit nombre, englobés dans une couronne
d'ergastoplasme, ce sont là des noyaux en stade d'élaboration que caractérisent encore
un nucléole entouré d'un halo clair à la périphérie duquel sont de fines granulations
sidérophiles, isolées ou en plages, des masses de chromatine et un réseau chromatique
fragmenté. Sur les mêmes préparations dans le noyau à l'état de repos absolu, le
nucléole central ou périphérique contigu au réseau se laisse facilement définir des gra-
nulations nodales ou intra-caryoplasmiques. Le cytoplasme présente deux sortes de
granulations : les unes petites, serrées, remplissent à peu près totalement la cellule, elles
prennent les colorants plasmatiques; les secondes, beaucoup plus volumineuses, peu
nombreuses, réparties à l'extrémité distale de la cellule en deux ou trois lignes horizon-
tales séparées les unes des autres par une bande étroite d'hyaloplasme, fixent avec
intensité les colorants nucléaires. Le meilleur moyen de différencier ces granulations
consiste à surcolorer les coupes par le bleu de Unna, on décolore progressivement par
une solution d'alcool-gaïacol. Dans la cellule ainsi traitée, la membrane nucléaire,
l'ergasloplasme, les graines de chromatine et le nucléole ont une coloration bleu
violet; les granulations cytoplasmiques ont une coloration verte, celte métachromasie
est caractéristique des grains de zymogène.
» 2° Les cellules granuleuses chez l'adulte (après un jeûne prolongé, sep-
tembre 1901-mai 1902). — Ici les cellules sont hautes, les deux épithéliums du tube
glandulaire, presque en contact, ne laissent entre eux qu'une lumière très étroite ; sur
des préparations fixées au lindsay et colorées au magenta-lichtgrun, on distingue
dans la cellule granuleuse trois parties. Tout contre la lumière, prêtes à être évacuées,
sont deux ou trois rangées de petites granulations colorées parle lichtgriin, immédia-
tement au-dessous d'elles, une zone claire homogène ou très finement granuleuse et
enfin la zone nucléaire. Pour intéressante que soit la constitution du noyau, je ne dé-
crirai ici que les granulations péri-nucléaires, qui surtout sont importantes; elles sont
en très grand nombre, concentriques au pôle supérieur du noyau, quelquefois appli-
quées contre la membrane nucléaire, le plus généralement séparées d'elles par un
espace clair sans éléments figurés, chaque granulation est séparée du cytoplasme par
un petit cercle hyalin, incolore; ces granulations sont colorées par le rouge magenta,
la safranine, l'hématoxyline au fer ; elles donnent les réactions de la nucléine et, comme
SÉANCE DU 2i JUILLET 1902. I97
les granulations décrites dans les cellules gastriques de Fembryon, donnent avec le bleu
de Unna la métachromasie spéciale.
» Il est hors de doute que ces granulations à zymogène ont une origine nucléaire;
leur mode d'expulsion du noyau dans le cytoplasme semble assez complexe et sans
doute dû au jeu de forces physiques; jamais je n'ai pu mettre en évidence une
solution de continuité dans la membrane nucléaire, ni l'étranglement des expansions
tubulées que l'on rencontre quelquefois et qui renferment un grain de chromatine ; il
est assez probable que l'on a affaire dans ce cas à un noyau altéré.
» 3° Les cellules granuleuses après injection de pilocarpine. — (o''s,o/4, l'animal a
été sacrifié un quart d'heure après l'injection). La cellule est gonflée, le noyau a subi
un léger mouvement d'antéro-pulsion, les granulations à zymogène sont à peu près
complètement disparues, le cyloplasme ne renferme que des granulations prenant les
colorants plasmatiques.
» Le zymogène a été transformé en ferment soluble.
» En résumé, il faut conclure de ce fait :
» 1° La formation des grains de zymogène dans les cellules gastriques
de la vipère est complètement indépendante de toute action réflexe (selon
le sens de Pawlow) ou mécanique, et a lieu même lorsque le tube digestif
a été laissé dans un état de repos absolu par privation prolongée d'aliments;
)) 2° L'élaboration des grains de zymogène est endonucléaire ;
» 3** La tranformation du zymogène en ferment s'accomplit dans le
cytoplasme, cette transformation est seule fonction des actions réflexes,
mécaniques, des excitants physiques ou chimiques agissant sur la cellule. »
EMBRYOGÉNIE. — Sur la parlhéno genèse artificielle. Note de M. C. Yiguier,
présentée par M. Edmond Perrier.
« Maintenant que la question est définitivement posée sur son vrai ter-
rain, et qu'on ne parle plus de fécondation (^fertilisation) artificielle, il est
intéressant d'examiner les causes actuellement connues qui peuvent déter-
miner le développement, ou un commencement de développement, d'œufs
qui, spontanément, ne se développeraient pas. Les principales sont :
» 1° Les variations de température auxquelles on expose les œufs
pondus;
» 2° Les excitations mécaniques, et principalement l'agitation;
» 3° Le traitement par des solutions diverses, que l'on suppose agir soit
par réactions chimiques, soit par variation de la pression osmotique, ou
même par action catalytique;
» [\° Ce que l'on a considéré jusqu'ici comme des fécondations croisées,
igS ACADÉMIE DES SCIENCES.
tout en constatant que l'hybridation est exceptionnelle, même entre
Oursins, et que la plupart des larves ont un caractère purement maternel
(Boveri, Seeliger, Driesch, Morgan, Vernon, ce dernier croyant qu'il y a
toujours quelques vestiges d'hybridation) et que le croisement entre
Oursins et Astéries n'existe jamais, les débuts de segmentation, parfois
observés sur les œufs ainsi traités, devant être attribués à la parthénoge-
nèse (von Dungern, Mathew^s).
» Sans entrer dans la discussion, je veux seulement ici prendre date
pour mes observations.
» 1° A. Uéléi'alion de température n'a aucune action sur les œufs pondus. Greeley
(Âni. J. of Phys., t. VI, p. 3o4) l'a constaté après moi {Comptes rendus, lo juin 1901)
bien que ce soit, ainsi que le montre ma Note du 7 juillet 1902, la cause la plus nette
que nous puissions reconnaître, quand elle agit sur l'œuf encore dans l'organisme ma-
ternel, pendant sa maturation.
» B. Le refroidissement pendant 2 heures entre 0° et 5°, qui a donné des résultats
à Greeley pour VAsterias Forbesii {Am. J. of Phys., t. VI, p. 297) et à Bataillon pour
les Amphibiens {Comptes rendus, 21 avril 1902), ne m'a rien donné chez des Oursins
des genres AS/>/^a?rec/^^/^^<5, Toxopneustes et Arbacia. Du reste, Morgan {Ârch.f.
Enlw. mech., t. X, p. 497); <!"' essaya, après O.et R. Hertwig, l'action du refroidis-
sement sur les œufs à^ Arbacia, n'a pas obtenu de segmentations régulières, mais
quelques fragmentations qui se produisent aussi bien sans l'action du froid,
» 2° Vagitation, qui a donné des résultats à Mathews pour VAst. Forbesii {Am.
J. of Phys., t. VI, p. 142), ne m'a rien donné chez les Oursins, qu'elle fût faible, ou
au contraire assez forte pour détruire la plupart des œufs. Mathews constate du reste
(p. ]5o) que les Arbacia ne réagissent pas à cette excitation.
» Les œufs refroidis ou agités, fécondés, donnaient toujours des larves,
» 3° Solutions salines. — Il a été trop écrit sur le sujet pour que je puisse passer
ici la question en revue. Il est évident que, si je l'avais pu, j'aurais expérimenté toutes
les solutions indiquées. Ne pouvant y songer, j'ai débuté, comme il était logique, par
20 ...
essayer la solution favorite de Lœb : MgCP-g-" au | sur le type Arbacia qui avait
servi à ses études. Trois ans de suite, j'ai constaté qu'elle tue infailliblement les œufs
des trois espèces observées par moi; et Ariola a vérifié le fait pour les Arbacia de
Naples {Soc. Ligustica di Scienze, 1902, p. 12 ).
» Lœb faisait du reste subir à ses sujets un traitement qui tuait sûrement tous les
miens {Comptes rendus, i5 juillet 1901); ce qui montre que les Arbacia méditerra-
néens réagissent autrement que les siens.
» Ce n'était point une raison pour ne pa? essayer une autre solution, et j'ai traité
NaCl- 1 « à 10 pour 100 ou i5 pour 100. Je n'ai obtenu dans des cultures sans parthéno-
génétiques naturels que : Sph. du 9 mai, 10 pour 100 rien; i5 pour 100 : i division en 2;
Sph. du i4 mai, 10 pour 100 rien, i5 pour 100 nombreuses segmentations, la plupart
irrégulières, arrivant à des blastulas irrégulières, sauf 2 régulières. Tox. du 2 mai,
SÉANCE DU 21 JUILLET 1902. 199
10 pour 100 début de la gastrula, i5 pour 100 rien; du 16 mai, lo pour 100 rien,
i5 pour 100 nombreuses blastulas et gastrulas mobiles.
» Arb. du 7 mai, 10 pour 100 : i blastula ; i5 pour 100 quelques blastulas.
» Toujours une moitié des œufs était fécondée, et les résultats, trop variables pour
être exposés ici, montraient une action inhibitrice des solutions (conforme aux faits
connus) et celte action inhibitrice s'est manifestée sur les œufs vierges qui donnaient
des parlhénogénéliques.
» 4° Fécondation croisée entre oursins. — Dans les cultures sans parth. : Sph.Q
du 9 mai par Toar. d, i blastula immobile; Sph. 9 du 1/4 mai par Tox. cf , des gastrulas
et I pluteus; Tox.9 du 7 mai par Arb. (3^ des gastrulas; Tox.9 du 9 mai par
Sph.d', I blastula épaisse; Arb. 9 du 7 mai par Tox. cf, des gastrulas.
» Quand les cultures ont donné des parthénogénétiques naturels, l'hybridation était
très rare, comme l'ont constaté mes devanciers, et les larves avaient presque toutes le
caractère maternel.
» La température s'élevant, l'action primitivement excitatrice est devenue inhibi-
trice, et le fait se produisit même à la fin {Arb. du 7 juin), pour la fécondation par
les cf de même espèce (voir Note Comptes rendus du 7 juillet 1902).
)) Solutions salines, fécondations croisées, et même fécondation nor-
male ont donc une similitude d'action qui s'accorde avec ce que disait
Giard {Comptes rendus de la Société de Biologie, 18 mai 1900). Mais je
réserve ici toute théorie et, du reste, les tentatives de croisements entre
trois espèces d'Oursins et quatre espèces d'Astéries n'ont jamais montré,
à moi non plus, une seule segmentation. »
PHYSIQUE BIOLOGIQUE. — Production du sommeil et de l'anesthésie générale
et locale par les courants électriques. Note de M. Stéphane Leduc, pré-
sentée par M. d'Arsonval.
« On emploie un générateur de courants continus, ayant une faible
résistance intérieure et permettant d'augmenter graduellement la force
électromotrice dans le circuit (accumulateurs ou piles avec collecteur,
réducteur de potentiel, etc.)
» On place dans le circuit un interrupteur, sans self-induction, donnant de i5o
à 200 interruptions par seconde et un milliampèremètre dont la période d'oscillation
est beaucoup plus longue que la durée d'interruption du courant; dans ces conditions,
lorsque l'instrument est traversé par un courant intermittent, l'aiguille subit une
déviation stable qui permet de comparer les intensités de courants ayant la même
intermittence et la même durée de passage.
» On place l'animal dans le circuit, en mettant sur la tête rasée une cathode formée
de coton hydrophile imprégné d'une solution de chlorure de sodium à 0^,60 et
recouvert d'une plaque métallique; une large anode est placée sur le dos rasé de
200 ACADEMIE DES SCIENCES.
l'animal, à l'extrémité postérieure du corps; l'interrupteur étant en marche, on
augmente rapidement la force électromotrice dans le circuit jusqu'à la production de
contractures généralisées, l'animal tombe sur le flanc, la respiration s'arrête; on
ramène alors la manette du collecteur en arrière jusqu'à ce que la respiration se réta-
blisse; pour une certaine valeur du courant, on obtient un sommeil tranquille et
régulier, la respiration continue sans modification, le cœur fonctionne normalement,
mais toutes les fonctions cérébrales sont supprimées; l'animal, chien ou lapin, libre,
sans entraves, reste couché immobile dans un profond sommeil, les muscles sont dans
la résolution; l'animal, si on le soulève par un pli de la peau, est flasque et complète-
ment inerte; si on le pince, le pique ou le coupe, il ne réagit pas, si ce n'est par
quelques mouvements réflexes.
» La durée du sommeil peut être très prolongée; nous avons plusieurs animaux qui
ont été maintenus endormis bien des fois pendant plus de 2 heures consécutives sans
aucune altération de leur santé.
» Le réveil est brusque, subit; aussitôt le courant interrompu, l'animal se met sur
les pattes et gambade joyeusement; non seulement il n'y a aucun effet consécutif,
mais les chiens semblent aussitôt après le réveil plus joyeux et plus gais.
» L'établissement du courant ne semble pas provoquer de douleur, car les animaux
ne profèrent pas un cri; en dehors tles contractions et contractures provoquées par le
courant, ils ne font aucun mouvement de défense ou de fuite. Si l'on établit lente-
ment le courant pour ne pas dépasser la dose nécessaire et éviter la contracture, on a
une période de contractions cloniques, d'agitation, analogue à celle que donne le chlo-
roforme; le sommeil est alors plus long à obtenir, et l'opération semble plus pénible.
» L'établissement du courant donne presque toujours lieu à l'évacuation de
l'intestin et de la vessie.
» Nous avons essayé un grand nombre de courants : ce sont les courants ayant de
i5o à 200 intermittences par seconde, passant pendant le minimum de temps possible,
avec une tension de 12 à 3o volts, sans self-induction dans le circuit, marquant de 2 à
10 milliampères suivant les animaux, avec la cathode sur la tête, qui nous ont donné
les plus parfaits résultats.
» Eu résumé, avec ces courants, on peut instantanément, sans douleur
apparente, réaliser l'inhibition complète des centres cérébraux, en lais-
sant intacts les centres de la respiration et de la circulation ; on obtient
ainsi un sommeil tranquille, prolongé, et une anesthésie générale com-
plète; l'action somnifère se règle et se suspend aussi vite que l'on peut
agir sur le courant électrique; le sommeil n'est suivi d'aucune réaction
consécutive.
» Anesthésie locale. — La cathode du même courant placée chez l'homme
sur le trajet d'un nerf sensible ou mixte superficiel, sur le médian au poi-
gnet par exemple, donne pour une certaine intensité, avec une forte sen-
sation de fourmillement, non douloureuse, une anesthésie complète et
absolue de la région innervée par le nerf. »
SÉANCE DU 21 JUILLET I(j02. 20I
ZOOLOGIE. — La spermato genèse chez le Cybister Roeselii. Note de
M. D.-]\. VoÏNov, présentée par M. Yves Delage.
« En étudiant le développement des éléments sexuels mâles du Cybister
Roeselii j'ai trouvé deux spermatogenèses différentes, qui donnent deux
sortes de spermatozoïdes de valeur morphologique et probablement biolo-
gique différente. Ce dimorphisme des spermatozoïdes est sûrement impor-
tant pour la question de la sexualité; il a été décrit jusqu'à présent chez
quelques Mollusques prosobrauches (Paludina vivipara, von Siebold,
Auerbach, Meves) et parmi les Insectes chez Pygaera bucephala (Meves)
et Slaphylinus (Nils Holmgren).
» Les deux processus sont distincts et ont lieu à des époques différentes
de l'année; cependant on trouve, parmi les éléments d'une lignée donnée,
des représentants avortés de l'autre.
» Je donne dans cette Note les résultats généraux de la spermatogenèse
normale :
» On trouve, dans le testicule très long et enroulé du Cybister, les quatre zones ou
phases caractéristiques pour le développement des spermatozoïdes :
» La zone germinative, contenant les spermatogonies primitives, se trouve à l'extré-
mité en forme de caecum du testicule. On peut distinguer deux régions dans cette
zone; l'une tout à fait terminale où les éléments sexuels remplissent complètement la
cavité de la glande. Ils sont disposés irrégulièrement et sans aucune différenciation.
Dans la région suivante apparaît la différenciation des cellules sexuelles en spermato-
gonies et cellules nutritives ou folliculaires. Cette différenciation détermine l'arrange-
ment en cystes et follicules, qui se maintiendra ensuite tout le long du testicule.
» La cellule de Verson décrite chez d'autres Insectes n'existe pas ici.
» La zone d'accroissement contient les spermatocytes de premier ordre, qui passent
par trois stades successifs :
» a. Le stade de synapsis et de post-synapsis, où les spermatocytes sont petits et
très rapprochés l'un de l'autre. Le corps cellulaire se distingue difficilement, surtout
dans le stade de synapsis. On y voit très bien le nucléole chromosomique de Montgo-
mery (1898) qui garde son individualité. Le centrosome a la forme d'une granulation
sphérique assez grande.
» b. Pendant la télophase les spermatocytes s'isolent et prennent une forme pyra-
midale. Le noyau est excentrique, la substance chromatique et le cytoplasme s'ac-
croissent, et les centrosomes se divisent en quatre granulations groupées en deux
paires. La chromatine se transforme en filaments chromatiques, qui subissent plus
tard une division longitudinale évidente. Le nucléole chromosomique prend la forme
d'une tétrade qui garde sa position périphérique caractéristique.
G. R., 1902, 2= Semestre. (T. CXXXV, N» 3.) ^^^
202 ACADEMIE DES SCIENCES.
» c. Pendant la période de repos les spermatocytes de premier ordre sont caracté-
risés par la position centrale de leur noyau sphérique et l'acheminement de la chro-
matine vers la forme réticulaire. Le cytoplasme est différencié en deux zones : Tune
interne, granuleuse et dense qui entoure le noyau; l'autre périphérique, claire, vacuo-
laire et incolore. Cette dernière donne de nombreux prolongements, d'aspect pseu-
dopodique, qui s'étendent dans la cavité folliculaire {excrescences hyalines de
Platner, 1886). Cette différenciation du cytoplasme et les particularités qu'il présente
donnent aux spermatocytes l'aspect amœboïde. On trouve en ce moment, dans les
spermatocytes, deux centrosomes en forme de V, à branches très longues, pareils à
ceux décrits par Meves chez quelques Lépidoptères (1897). Le cytoplasme renferme
des corps sphériques, incolores et réfringents, contenant un corpuscule central et une
granulation. Je pense qu'on pourrait rapprocher ces corps plutôt des pseudo-parasites,
décrits dans la cellule cancéreuse surtout par Sawtchenko (iSgS) et Borrel (1901),
que de toute autre inclusion spermatocytique. Si l'on peut homologuer ces inclusions
avec les pseudo-parasites des cellules cancéreuses, et si l'on admet l'interprétation
donnée par Borrel à ces derniers, nous sommes forcés d'admettre chez cet animal, que
l'idiosome, après avoir traversé une évolution atypique, est expulsé du corps des sper-
matocytes. Pendant la première division de maturation, ces corps ne se trouvent plus
dans les cellules séminales, mais en dehors et à côté d'elles, dans la cavité folliculaire.
Les centrosomes en forme de V sont mobiles, ce qui n'a jamais été décrit, et les extré-
mités de leurs branches sont en rapport avec les corps sphériques inclus dans le cyto-
plasme. Les centrosomes sont mobiles non seulement pendant la prophase, mais aussi
pendant la longue période de repos. Les extrémités de leurs branches, au lieu d'être
toujours dirigées vers l'extérieur de la cellule et en contact permanent avec la mem-
brane cellulaire, comme Meves (1897, ^QO^) et Korff(i9oi) l'ont décrit, ont différentes
positions. Elles accompagnent les inclusions sphériques dans leur marche vers l'exté-
rieur de la cellule. Les centrosomes en forme de V doivent être considérés comme
descendant des formes centrosomiques granulaires sphériques, que les spermatocytes
contiennent dans leurs jeunes stades.
» La zone de maturation est caractérisée par la grande lapidité des deux divisions
successives, de façon que les quatre spermatides sont d'abord unies entre elles. La
première division de maturation s'annonce par le rapprochement des centrosomes du
noyau et par une différenciation importante du cytoplasme. Le cytoplasme se con-
dense autour du noyau en zone dense, compacte et granuleuse, et donne par différen-
ciation les fibres périphériques du fuseau. On trouve 12 chromosomes primaires dans
la plaque équatoriale de la première division, 12 chromosomes fils dans la plaque
équatoriale de la deuxième division et 6 chromosomes dans le noyau de la spermatide.
» Dans les deux divisions de maturation on voit, dans chaque cellule, un corpuscule
chromatique, qui garde une position excentrique pendant la mitose et reste en dehors
du noyau. Il est probablement formé par les divisions du nucléole chromosomique
(Montgomery) des spermatocytes de premier ordre.
» Chaque spermatide possède un noyau, un corpuscule chromatique (nucléole chro-
mosomique), un centrosome en forme de baguette, qui s'étend de la paroi nucléaire
à la paroi de la membrane cellulaire et un Nebenkern très développé.
» Le Nebenkern se forme des fibres périphériques du fuseau qui sont ici très déve-
SÉANCE DU 21 JUILLET 1902. 2o3
loppées. En ce qui regarde donc l'origine du Nebenkern, je ne suis pas de l'avis de
Meves. »
PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — • SuT le rôle de la rate dans la
Jonction hématolj tique. Note de M. Louis Lapicque, présentée par
M. Alfred Giard.
« J'ai pensé qu'on pouvait obtenir la démonstration du rôle hématoly-
tique de la rate et presque la mesure de l'importance de ce rôle en aug-
mentant l'intensité du travail hématolytique à accomplir. Ceci peut se réa-
liser très simplement par une transfusion : on sait que l'hyperglobulie
ainsi produite est de courte durée; les globules surnuméraires sont donc
détruits dans l'espace de quelques jours. Comment cette hématolyse
est-elle modifiée dans le cas de splénectomie préalable?
» Voici le résultat d'expériences que j'ai faites en ce sens, avec M. Calu-
gareanu :
» Nous avons choisi le chien comme sujet : le sang de chaque animal était examiné
à diverses reprises avant toute expérience, afin de bien connaître sa richesse normale;
les globules rouges étaient comptés et la teneur en hémoglobine déterminée colorimé-
triqueraent sur une petite prise de sang faite dans l'artère médiane de l'oreille. La
transfusion était pratiquée aseptiquement et directement de l'artère du transfuseur à
la veine du transfusé ; le transfuseur était choisi aussi semblable que possible au trans-
fusé et, en tout cas, du même sexe; la quantité de sang injecté a toujours été de 35s
à 4o^ p3ir kilogramme, c'est-à-dire environ la moitié du sang supposé exister chez le
sujet.
» Le nombre des globules, qui était d'environ 7 millions par millimètre cube avant
la transfusion, arrive le lendemain, ou mieux le surlendemain de l'opération, à un
chiffre compris entre 9 et 10 millions, et l'hémoglobine, exprimée en milligrammes de
fer par centimètre cube de sang, passe d'environ 0,45 à un chiffre compris entre 0,60
et 0,70.
» Sur un chien normal, cette proportion considérable se maintient sans change-
ment marqué pendant 10 à 12 jours, puis rapidement, en 3 ou 4 jours, les chiffres
reviennent à la normale.
» Sur les chiens splénectomisés, les résultats ont été très divergents. Notre pre-
mière expérience ferait attribuer à la rate un rôle de premier ordre dans cette dispa-
rition de la pléthore expérimentale; en effet, l'animal présenta une richesse globulaire
dépassant 9 millions, avec une teneur en hémoglobine correspondante, pendant plus
de trois semaines, jusqu'au moment où il fut sacrifié. Mais les expériences suivantes
ne confirmèrent nullement cette indication; en effet, le retour à la normale commença
le dixième jour (Exp. II), le sixième jour (Exp. III), le dixième jour (Exp. IV) et le
quatrième jour (Exp. V). Il serait imprudent d'établir une moyenne sur cinq chiffres
204 ACADÉMIE DES SCIENCES.
aussi divergents; d'ailleurs il y aurait probablement lieu de mettre à part le résultat
de l'expérience III (faite sur le même chien qui avait servi peu de temps auparavant
à l'expérience II) et le résultat de l'expérience V (faite sur un animal non encore
adulte). Mais on peut dire que la splénectomie n'a pas comme conséquence systéma-
tique d'allonger le délai au bout duquel disparaissent les eflTets de la transfusion.
» La rate serait donc, même dans le cas d'un travail hématolytique
considérable (destruction en quelques jours d'une quantité de globules
égale à près de la moitié des globules normaux), facilement vicariée par
d'autres organes.
» Quels sont ces organes? Nous pouvons suivre la trace du travail héma-
tolytique supplémentaire par la recherche de la rubigine. Diverses séries
d'expériences que j'ai faites au cours de ces dernières années m'ont appris
que ces granulations d'hydrate ferrique si faciles à caractériser s'accumu-
lent dans les organes hématolytiques à la suite d'injections de sang suivant
une locaHsation régulière qui est en relation avec la quantité de sang
injectée; on observe la rubigine dans la moelle des os et la rate à l'exclu-
sion du foie, si les injections sont peu abondantes; dans la moelle des os,
la rate et le foie, si les injections sont massives (*). Dans nos expériences
actuelles, la quantité de sang injecté avait été intentionnellement choisie
dans la proportion où la rubigine commence à apparaître dans le foie,
c'est-à-dire oii l'ensemble des autres organes hématolytiques est, semble-t-il,
à la limite de sa puissance. On est donc en droit de se croire dans les meil-
leures conditions pour saisir l'effet de la suppression de la rate.
» Les chiens normaux ont donné des résultats semblables à ceux de mes séries
antérieures (^) : la moelle osseuse et la rate sont riches en rubigine; pas ou très peu
de rubigine dans le foie; pas de rubigine dans les ganglions lymphatiques.
Les chiens dératés montrent beaucoup de rubigine dans la moelle osseuse, un peu
dans le foie, très peu dans les ganglions lymphatiques. Corrélativement, les dosages
de fer montrent une légère augmentation de la teneur du foie (o,33 et o,25 contre
G, 21 et o,i8): l'augmentation du fer des ganglions lymphatiques n'est pas appré-
ciable (ganglions rétro-péritonéaux, o, i5 et o, i4 contre o, i6 et o, i3).
» La rate a été vicariée par la moelle osseuse à laquelle se sont adjoints
le foie dans une faible mesure et les ganglions lymphatiques d'une façon
presque insignifiante.
(*) De plus, dans les ganglions lymphatiques des voies efférentes, l'injection ayant
été faite dans le tissu conjonclif ou dans une séreuse.
(^) Exception faite pour ce qui concerne les ganglions lymphatiques, les injections
ayant été faites ici directement dans les veines.
SÉANCE DU 21 JUILLET 1902. 2o5
» En résumé, la suppression de la rate n'apporte que des changements
peu considérables dans la fonction hématolytique; à tel point qu'il me
paraît inexact de dire que la rate est vicariée par d'autres organes. Ces
expériences, qui demandent évidemment à être complétées, s'interprètent
bien mieux si l'on dit : la rate est une portion relativement peu importante
d'un vaste système hématolytique. »
CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur la présence de la lécithine clans les végétaux. Note
de MM. ScHLAGDENHAUFFEN ct Reeb, présentée par M. Mûntz.
« La lécithine, qui intéresse à juste titre, depuis longtemps, la médecine
au point de vue de son origine, de sa composition et de ses applications
thérapeutiques, a été étudiée également par les savants qui s'occupent de
Chimie et de Physiologie végétales.
» Pareille à la lécithine du règne animal, celle du règne végétal se trouve
généralement dans les organes ou tissus contenant des corps gras libres
ou combinés. On la trouve dans l'extrait éthéré, chez les légumineuses, à la
dose de 0,26 à 0,61 pour 100 et, dans les céréales, de 0,10 à 0,18 pour 100
et exceptionnellement de 0,69 pour 100 dans l'avoine (*). Ces nombres
cependant ne s'accordent pas avec ceux de Stellwaag (^) et de Schuize et
Steiger (') qui sont beaucoup plus élevés, ainsi que le montre le Tableau
ci- dessous :
Lécithine dans les végétaux.
Stellwaag. Schuize et Steiger.
Nature des plantes. Lécithine. Phosphore. Lécithine. Phosphore.
Blé 2,09 0,08 o,65 0,025
Seigle 3,3i 0,127 0,57 0,022
Orge 4,20 o,i63 0,74 0,028
Avoine 2,87 0,1 14 » »
Lupins 4>5i 0,172 1,59 0,061
Colza (tourteau). . . 6,99 0,268 » »
» Ces différences peuvent résulter de diverses causes, auxquelles le mode
opératoire et la préparation de la solution titrée, employée pour le dosage
de l'acide phosphorique, ne sont pas étrangers.
(') Stellwaag, Jahrsb.f. agric. Chem., 1861-1862, p. 67.
("-) Leitfad. d. Landw. Futterungslehre, 4" édition, p. 288.
(^) Zeitsch.f. phys. Chem., L XIII, p. 365.
2o6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Le rôle physiologique de la lécithine n'est pas encore déterminé d'une
façon certaine; cependant Stoiilasa('), dans un Mémoire présenté à l'Aca-
démie des Sciences de Vienne, estime qu'on doit l'envisager comme le
véhicule le plus approprié pour le transport du phosphore dans la plante,
depuis le début de la germination jusqu'à la fin du cycle de la vie et la
maturation complète du fruit.
» Pour caractériser la lécithine on peut préparer un extrait éthéré,
éthéro-alcoolique ou pétroléique de la plante, le saponifier par la potasse
caustique et déterminer dans la solution alcaline la présence de choline,
un de ses produits de dédoublement, ou bien incinérer l'extrait en ques-
tion en présence de nitre et de carbonate de soude, reprendre la masse
fondue par l'eau, préparer convenablement cette solution et y déterminer
la quantité d'acide phosphorique d'après les méthodes classiques. Le poids
de l'acide phosphorique cionne celui du phosphore et celui-ci, à son tour,
sert à calculer la quantité de lécithine : c'est ainsi qu'ont été établis les
Tableaux cités plus haut (-).
» Cet acide ne peut provenir ni du phosphate de fer, ni de phosphates
alcalino-terreux ou alcalins, puisque ces derniers sont insolubles dans les
véhicules dont nous venons de parler; il constitue donc une partie de
l'acide phosphorique total appartenant aux cendres. C'est pour ce motif
qu'il faut lui réserver une rubrique spéciale indiquant son origine et que
nous le désignerons sous le nom à' acide phosphorique organique.
» En partant de cette idée, nous avons calculé le poids d'acide phospho-
rique total qui se trouve dans les cendres provenant de loo parties de
plante sèche, déterminé d'autre part la proportion d'acide phosphorique
correspondant à l'extrait pétroléique, existant par conséquent dans la
plante sous forme de glycérophosphate, et comparé enfin l'acide phospho-
rique organique à l'acide total.
» Les résultats obtenus sont consignés dans le Tableau ci-dessous :
Rapport
de l'acide
Noms Cendres Acide phosphorique organique
des pour — — ^ — ^^- — ib à l'acide
plantes. loo. minéral. organique. total. total.
Seigle 2,i6 o>739 Oj^gi i,o3o 28,25
Blé 2,22 0,869 o,i83 i,o4o 17,6
(') Voir Revue Se, t. LIX, 1897, p. 279.
(-) KœxiG, Metischl. Nahr. u. Genussinittel, Berlin, 1898, t. II, p. 882.
SÉANCE DU 21 JUILLET 1902. 207
Rapport
de l'acide
Noms Cendres Acide phosphorique organique
des pour — ° mimii - — ==«•»— à l'acide
plantes. 100. minéral. organique. total. total
Orge 2,42 0,557 0,878 0,980 40)0
Avoine 3, 29 0,680 0,160 o,84o 19,1
Pois 2,78 o,58i 0,2/jo 0,821 29,6
Haricots 3,i3 o,652 0,187 0,889 22, 8
Sarrasin 2,97 i,648 0,070 Ij7i8 ^,1
Coton (tOLirt.). 7,99 2,107 0,882 2,489 i5,8
» Les chiffres de la troisième colonne doivent être modifiés à leur tour,
puisque nous avons constaté qu'à la suite de l'incinération avec le nitre et
le carbonate de soude certains extraits pétroléiques, éthérés ou éthéro-
alcooliques fournissent des masses fondues souvent incolores, mais fréquem-
ment bleues ou vertes, renfermant par conséquent du manganèse, et impar-
faitement solubles. En jetant sur filtre le précipité floconneux on remarque
que la liqueur qui passe est complètement incolore. Convenablement
préparée elle fournit de l'acide phosphorique provenant de la lécithine.
» Mais, quant au précipité recueilli sur filtre, il renferme un peu de
carbonate de chaux, du bioxyde de manganèse et des phosphates de chaux
et de manganèse : les deux premiers en proportions plus ou moins consi-
dérables selon la quantité de carbonate de soude ajouté au nitre potir
opérer l'incinération.
» Ce résultat expérimental de la présence de ces deux phosphates ter-
reux et métallique, dans ces conditions, nous paraît du plus haut intérêt
au point de vue du rôle que joue la lécithine dans la plante. Il ne s'explique
à notre avis que par la substitution du calcium et du manganèse en lieu et
place de la choline et de la névrine et à la formation d'une lécithine spé-
ciale, capable de se dissoudre dans l'éther de pétrole, ou encore d'un
glycérophosphate de calcium et de manganèse soluble dans ce véhicule à
l'état naissant. Le poids du précipité, ainsi que la proportion de manganèse
qui s'y trouve, dépendent nécessairement de la nature du terrain. Les
plantes originaires du Jura qui nous ont été adressées en renfermaient
plus que celles de même espèce de provenance alsacienne ou des environs
de Nancy.
» Jusqu'à présent les expériences faites avec les végétaux les plus
divers : pavot, fenugrec, gousses et grains de pois, seigle en pleine flo-
raison, nous ont fourni des résultats identiques. Nous nous proposons de
2o8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
les étendre à d'autres familles en opérant dans des conditions diverses et
sur des organes variés avant et après la maturation complète des fruits. »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur la conservation du pouvoir germinatif
des graines. Note de M. L. Maquenne, présentée par M. Dehérain.
« Dans une précédente Communication (') j'ai montré qu'il est pos-
sible de faire disparaître toute manifestation vitale chez les graines par
dessiccation, et j'ai émis l'hypothèse que les dernières traces d'eau qui se
dégagent de ces organes sous l'action du vide peuvent provenir d'une
sorte de surmaturation, c'est-à-dire d'un nouvel état d'équilibre qui s'éta-
blirait entre les diastases présentes et les corps qu'elles ont pour office de
condenser. Si cette interprétation est exacte, on doit voir les graines perdre
plus d'eau quand on les dessèche lentement à froid que lorsqu'on les
porte brusquement à une température capable de détruire leurs éléments
diastasiques.
» C'est, en effet, ce que j'ai pu constater sur différentes espèces, séchées
comparativement dans le vide, à 40**, et dans l'étuve à 1 10^.
» On avait eu soin, au préalable, de maintenir, pendant 2 mois, les graines dans
un flacon bien bouché, à l'abri des brusques variations de température, de manière à
assurer une répartition uniforme de Feau hygrométrique dans toute leur masse; c'est
seulement à cette condition qu'il peut y avoir concordance entre les dosages efTectués
sur plusieurs échantillons différents d'une même graine.
» Six lots de 2S ou 4^ chacun étaient enfermés dans autant de tubes, étirés à l'avance
et soudés sur une lampe en verre communiquant, d'une part, avec la trompe à mer-
cure, d'autre part, avec un gros tube rempli de baryte anhydre.
» Un bain-marie, réglé par un thermostat, permettait de maintenir les graines,
jour et nuit, à une température fixe de 4o°.
» De temps en temps, on détachait l'un des tubes et l'on en pesait le contenu; la
dessiccation a été considérée comme complète lorsque, sous un vide voisin de celui des
ampoules de Rontgen, deux pesées faites à une semaine d'intervalle donnaient sensi-
blement la même perte. Dans certains cas, on a pu conserver quelques-uns de ces
tubes, qui sont ainsi restés sous vide depuis l'hiver 1899-1900, époque à laquelle ces
expériences ont été entreprises.
» La dessiccation à l'étuve a été effectuée suivant la méthode ordinaire, en s'assu-
rant que deux pesées faites à 2 heures d'intervalle concordaient à moins d'un demi-
milligramme près.
(') Comptes rendus, t. CXXXIV, p. 1243.
SÉANCE DU 21 JUILLET 1902. 209
» Le Tableau suivant donne l'ensemble des résultats que nous avons ainsi obtenus
Ricin (4s). Panais (tï). Navet (a^). Blé (as).
Pour inO. Pour 100. Pour 100. Pour 100.
Perte à l'étuve 5,78 8,97 6,65 12, 3i
!i jour 4 >oi " " "
2 jours 6,57 (*) » » »
i5 jours » 9j 19 6,76 »
Séjours » 6,5i 6,95 »
4o jours » » » 12,20
67 jours » » » 12,49
» On voit que les différences, parfois supérieures à o,5 pour 100, sont
toujours dans le même sens, ce qui nous semble donner un sérieux appui
à l'hypothèse qui nous avait servi de point de départ. Quelle que soit d'ail-
leurs l'interprétation que l'on donne de ces résultats, ils montrent d'une
façon irréfutable que, après un temps suffisammentlong, les graines arrivent
à se dessécher dans le vide d'une façon complète, sans qu'il soit besoin
d'atteindre pour cela des températures incompatibles avec la vie normale.
» Dans ces conditions, on pouvait prévoir que la faculté germinative se
conserverait mieux qu'à l'air libre : c'est ce que nous venons de vérifier
sur les graines de panais précédentes, maintenues sous vide, après dessic-
cation complète, depuis le mois de novembre 1899.
» 75 de ces graines ont fourni 37 germinations, alors que celles qui étaient restées
dans le flacon d'origine n'en donnaient plus une seule, et que, au début de l'expé-
rience, c'est-à-dire à la fin de l'année 1899, elles en avaient donné 5i pour 100.
» La conservation a donc été aussi parfaite que possible, et l'expérience vient aingi
confirmer l'exactitude des vues que nous avons précédemment émises sur les rapports
qui existent entre l'eau hygrométrique des semences et rafl"aiblissement progressif de
leur faculté germinative.
» Je me propose de répéter les mêmes essais avec d'autres espèces de
graines choisies parmi celles qui s'altèrent le plus vite, et je ne doute pas
que l'on arrive de cette manière à les conserver intactes. »
(') Pendant les deux dernières heures on a laissé monter la température
jusqu'à 91"».
G. R., 1902, a* Semestre. (T. CXXXV, N" 3.)
.2IO ACADÉMIE DES SCIENCES.
BOTANIQUE. — De la spécialisation du parasitisme chez /'Erysiphe graminis.
Note de M. Em. Marchal, présentée par M. Guignard.
« Les Erysiphées ont été considérées jusqu'ici comme des parasites
polyphages pouvant se développer sur des hôtes appartenant à des genres
distincts, voire même à des familles fort différentes.
» Tel est, par exemple, X'Erysiphe polygoni T>C qui, d'après Salmon (' ),
se rencontre sur un grand nombre de Composées, Ombellifères, Renoncu-
lacées, Rubiacées, Crucifères, Papilionacées, Polygonées, Scrophularia-
cées, etc.
» D'après le même monographe, VErysiphe graminis DC, cependant
déjà beaucoup moins ubiquiste, s'observe sur 24 genres, comprenant
55 espèces de la famille des Graminées.
» L'abondance remarquable avec laquelle s'est manifesté le bianc cette
année sur nos céréales et sur diverses Grariiinées sauvages m'a permis
d'étudier ce parasite sur un assez grand nombre d'hôtes différents et
d'exécuter des essais d'infection réciproque.
)) Voici les résultats de deux séries d'expériences similaires, effectuées
en mars et juin 1902 :
» Des plantules de Froment (de mars), d'Orge (Chevalier), de Seigle (de Zélande)
et d'Avoine (blanche de Belgique), âgées de i5 jours et développées dans une cage
vitrée stérilisée, ont été infectées respectivement avec des conidies recueillies sur ces
quatre céréales.
» C'est ainsi que deux cultures de Froment ont été inoculées à l'aide de VErysiphe
du Froment; deux autres avec VErysiphe du Seigle; deux troisièmes avec celui de
l'Orge; deux quatrièmes avec celui de l'Avoine; enfin deux cultures témoins ne furent
pas inoculées.
» Immédiatement après l'infection, afin d'éviter toute contamination par des spores
étrangères, chaque culture a été recouverte hermétiquement d'une cloche stérilisée.
» Après i5 jours, VErysiphe s'était abondamment développé uniquement dans les
cultures où les spores avaient été empruntées à la même espèce hospitalière; aucune
autre ne présentait de trace de parasite.
» L'infection du Froment par VErysiphe de l'Orge, de l'Avoine et du Seigle ; celle
de rOrge, de l'Avoine, du Seigle par VErysiphe des trois autres céréales n'ont pas
donné de résultats positifs.
( ') Salmon, A Monography of the Erysiphaceœ {Menioirs of the Torrey Bota-
nical Club, vol. IX, 1900).
SÉANCE DU 2f JUILLET 1902. 211
» Le Champignon semble donc s'être adapté à vivre sur chacune de ces céréales au
point de constituer une race physiologique, une forme spécialisée analogue à celles que
Eriksson a découvertes et si bien étudiées chez les Urédinées messicoles et notamment
chez le Puccinia graminis.
» Afin de rechercher si certaines Graminées sauvages peuvent servir de
support aux formes spécialisées de X Erysiphe des céréales, j'ai exécuté de
nombreux essais d'infection avec VErysiphe graminis de l'Orge.
» L'infection a fourni des résultats positifs sur : Hordeum disdchon,
hexastichon^ vulgare, zeocriton, trifurcatum, nudum, juhalum et murinum.
Mais elle est demeurée sans résultat sur :
» Anthoxanthurn odoratuni, Setaria viridis, Andropogon Ischaemon, Alope-
ciirus pratensis^ Phleum pratense et Bœhmeri, Agrostis alba, Miliurti effusum,
Aira caryophyllea, Deschampsia flexuosa; Avena sativa, orientalis elfatua; Tri-
setum Jlavescens, Arrhenatherum elatius, Holcus lanatus, Kœhleria cristata,
Cynosurus cristatus, Melica ciliata, Briza média; Poa anima, nemoralis, serotina,
pratensis, mutalensis, trivialis; Dactylis glomerata; Bromus sterilis, patulus,
mollis, racemosus, secalinus, arduennensis, squarrosus et maciostachys; Festuca
riihra, elatior, gigantea; Brachypodium sylvaticum, Lolium perenne, Elym-us
arenarius, Secale céréale; Triticum vulgare, Spelta et polonicum ; Agropyrum
repens, caninum et giganteiim.
» Inversement, l'infection de l'Orge a été tentée en vain avec des
conidies recueillies sur les Graminées suivantes : Poa annua et pratensis^
Agropyrum repens et giganteam, Holcus lanatus, Festuca pratensis, Bromus
sterilis et mollis.
» Des résultats donnés par les multiples inoculations croisées effectuées
dans le cours de cet été je crois pouvoir conclure à l'existence propre de
nombreuses formes spécialisées chez VErysiphe graminis et notamment des
suivantes :
» Erysiphe graminis f. spéc. Tritici, sur Triticum vulgare, Spelta, polonicum,
turgidum, non sur Triticum durum, monococcum, dicoccum.
» Erysiphe graminis f. spéc. Hordei, sur Hordeum liexastichon, vulgare, trifur-
catum, nudum, jubatum et murinum, non sur Hordeum maritimum, secalinum
et bulbosum.
» Erysiphe graminis f. spéc. Secalis, sur Secale céréale et anatolicum.
» Erysiphe graminis f. spéc. Avenue, sur Avena saliva, orientalis, falua et sur
Arrhenatherum elatius.
» Erysiphe graminis f. spéc. Poœ, sur divers Poa, notamment P, annua, tri-
vialis, pratensis, cœsia, mutalensis, nemoralis et serotina.
» Erysiphe graminis f. spéc. Agropyri, sur les Agropyrum>
212 ACADEMIE DES SCIENCES.
» Erysiphe graminis f. spec. Bromi, sur divers Bromus, notamment sur B. mollis
et sterilis.
)) Un examen approfondi a montré que ces diverses races spécialisées ne
diffèrent anatomiquement en rien, ni par la forme et les dimensions des
spores, ni par les caractères du mycélium, des suçoirs, etc. Elles sont
donc morphologiquement identiques, comme le sont les formes spécialisées
des Urédinées.
» Il convient de remarquer que tous les essais dont je viens d'exposer
les résultats ont eu comme point de départ la forme conidienne de V Ery-
siphe graminis. Comment se comportent les ascospores des diverses races
physiologiques étudiées? Contribuent-elles à fixer d'une façon plus pro-
fonde, définitive, dans la descendance, l'étroite adaptation parasitaire
acquise? Ou bien permettent-elles, ce qui est moins probable, à V Erysiphe
graminis d'étendre son aire de dispersion sur d'autres hôtes? De nouveaux
essais feront, j'espère, la lumière sur ce point. »
HYDROLOGIE. — Sur le régime hydrographique du Tidikell (archipel Touatien) ,
Sahara central. Note de M. G.-B.-3I. Flamand, présentée par M. de
Lapparent.
« On peut poser en principe qu'il n'existe pas, dans la dépression du
Tidikelt, de nappe d'eau superficielle, due aux précipitations atmosphé-
riques qui sont très rares. On sait que celte région subit de longues pé-
riodes (10-20 ans) sans pluies; seuls des trombes et des cyclones avec pluies
intenses de courte durée donnent lieu à des torrents éphémères aussi vite
épandus qu'épuisés.
» La première opinion formulée sur le régime des eaux, de cette région est celle du
célèbre explorateur G. Rohlfs; il admet une nappe souterraine étendue du nord au
sud, en relation avec le Tell, alimentant les Feggaguir (') auxquelles il attribuait
d'abord une direction méridienne, puis, plus tard, une direction NE-SW.
» Après lui, M. le capitaine Le Chatelier publiait sur le régime des eaux du Tidikelt,
d'après les renseignements des indigènes, une étude très remarquable, où se trouve
également admise l'origine septentrionale de l'alimentation des Feggaguir. D'autre
(') On appelle Feggaguir ou Foggarat, sing. Foggara, des galeries souter-
raines de drainage ou de captage, à regards ou évents, et non, comme on le dit
parfois à ton, des puils à galerie.
SÉANCE DU 21 JUILLET 1902. 21 3
part, l'auteur considère deux niveaux d'émergence de la nappe issue des assises cré-
tacées du Tadmaït et rejette l'hypothèse d'un réservoir artésien.
» Au cours de ma mission à In-Salah (i 899-1900), je repris celle élude
hydrologique pour le Tidikelt oriental ; mes observations sur la tectonique
de celle partie du Sahara central, confirmées par les documents publiés
dans mes précédentes Communications, me conduisent à l'exposé suivant :
» La dépression du Tidikelt (altitude i5o°>-3oo™; Sjo'" Hacl-Messaguem), orientée
Ef^NE-WWSW, est comprise entre la Chebkha crétacée du Tadmaït au nord et les
plateaux et massifs du Mouydir et de l'Adrar Ahenet au sud; elle se relève un peu
vers l'est. Le Tadmaït est une vaste cuvette synclinale (série crétacée et Suessonien)
dont l'axe est dirigé et plonge légèrement nord-est. Les escarpements sud de ce pla-
teau comprennent la craie moj'enne (partie centrale), la craie moyenne et supérieure
à l'est (Dj. el Akhal, Dj. el Abiodh) en couches assez fortement relevées vers le sud.
Des synclinaux secondaires, le plus souvent normaux au front du plateau, donnent nais-
sance, au contact des argiles et des calcaires ceVioma«ie«5 (premier niveau) et ^«ro-
niens (deuxième niveau), à des sources à faible débit (Aïn-Souf, Aïn-Guettara, etc.).
» Cet ensemble marno-calcaire repose sur une épaisse série de grès albiens (grès
à dragées) et néoconiieiis (grès à plaquettes calcaires jaunes) plus fortement relevée
au sud que la série précédente. Les caractères de cette zone gréseuse varient suivant
le degré d'érosion : 1° régions de Goiir ou de Gautra; 2° régions de pénéplaines et
de plateaux avec couverture partielle du sol de reg. Cette région de grès infra-cré-
tacés, d'altitude plus faible que le Crétacé supérieur, s'étend assez loin au sud des
plateaux crayeux. Du côté de l'est, c'est vers la latitude de Haci-Moungar (un peu au
nord de ce puits) que leur succèdent les grès paléozoïques amaranthes et verts. La
bande des grès crétacés est dépourvue de points d'eau.
» Les grès et arkoses paléozoïques sont disposés en plateaux à ondulations méri-
diennes; ils forment vers le sud (Haci-Moungar, Foggaret-Zoua) une falaise parfois
un peu atténuée, au pied de laquelle se montre la dépression proprement dite du
Tidikelt ; dans l'ensemble, ils paraissent se relever vers le sud ; des puits y sont creusés.
» Dans cette dépression on observe une série de chaînons oro-tectoniques paral-
lèles, à direction méridienne ou subniéridienne, c'est-à-dire à angle droit par rapport
à la direction du Tadmaït; ce sont des anticlinaux à axe cristallophyllien ou cris-
tallin et des synclinaux paléozoïques dévoniens et carbonifères (Dj. Aïn Kahla, El
Khenig, Oued Chebbi); ces chaînons relient transversalement le Tadmaït à l'avant-
pays du massif central Targui {^).
(*) Cette direction méridienne ou subméridienne paraît se manifester en dehors de
ces régions paléozoïques du Sahara, et même jusque dans la zone tellienne, et cela au
travers de formations géologiques d'âges très divers; comme si les régions où elle se
montre avaient été en quelque sorte préparées par un état de choses antérieur. Cette
direction se révèle nettement dans le Sahara, mais devient rare vers le nord, au delà
de la chaîne atlantique du sud. Exemples : vallées de l'Oued Igharghar et de l'Oued
2l4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Les terrains paléozoïques et crétacés sont en partie recouverts de terrains ter-
tiaires (plateaux tabulaires) et actuels (dunes).
Les drains souterrains des Feggaguir, seules ressources en eaux de ces
oasis, sont établis dans le socle de ces plateaux de terrains d'âge divers;
ils n'ont pas, comme on l'a autrefois admis, une direction NS, mais bien EW;
seules les oasis ont une direction méridienne, étant établies sur les dépres-
sions et chebkhas subméridiennes qui limitent à Test lesdits plateaux. La
température des eaux vives de Feggaguir est assez élevée (26°, 9 : moyenne
de 16 observations en i5 jours, au regard de la casbah Bajonda d'In-Salah,
janvier 1900) ; la composition chimique paraît voisine de celle de la cuvette
N'goussa-Ouargla.
» De ces divers faits il résulte qu'on ne peut admettre l'alimentation
souterraine des plateaux à Feggaguir par le nord, comme cela a lieu pour
le bassin artésien d'El-Goléah. Il faut ici admettre une nappe venant du
sud (Mouydir, massif Ahoggar et Taïtocq) par les synclinaux subméri-
diens, nappe assez profonde, artésienne, remontant par les fractures,
comme M. Rolland l'a montré pour les chriats de l'Oued R'ir; cette eau
imprègne à certains niveaux les plateaux supérieurs et donne naissance à
la nappe des Feggaguir.
)) li'ascension de cette , nappe se manifeste encore dans les sebkhas
(behours temporaires) qui deviennent humides à certaines époques.
» On peut donc conclure que les régions sahariennes à Feggaguir sont
nécessairement des régions à régime artésien. Nous en avons des preuves à
l'oasis d'El-Goléah et encore dans le puits récemment exécuté au Tidikelt
(Foggaret-Zoua) et dans les puits ascendants du nord du Touat.
» Dans la région qui nous occupe, la nappe artésienne (premier niveau
à 5o™) sera moins importante qu'à l'Oued R'ir; la création de puits arté-
siens, trop nombreux, poursait troubler l'équilibre actuel du régime des
Feggaguir. Ces considérations ne s'appliquent qu'au Tidikelt et non aux
autres parties de l'archipel touatien (Touat Gourara), dont les conditions
hydrographiques paraissent différentes. »
Saoura — dôme crétacé de la Ghebkha du Mzab et vallées de l'Oued Loua et de l'Oued
Zergoun, — Oued Namous. Dans le Tell : anticlinal de Tifrit, vallées de Tifrit et Saïda,
jambeau liasique de l'Oued el Abd (Tagremaret), fragments subméridiens des lam-
beaux triasiques et liasiques des chaînes atlantiques sahariennes, etc.; Djebel Kahar
(monts des Lions, auprès d'Oran) formé de schistes et poudingues permiens, etc.,
qui accusent très sensiblement cette direction.
SÉANCE DU 21 JUILLET 1902. 21 5
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur la constitution du sol sous-marin.
Note de M. J. Thoulet. (Extrait.)
« Le tube sondeur Buchanan, qui sert ordinairement aux grands son-
dages, découpe dans le sol sous-marin un boudin d'une longueur de 16*=™
à 17*^™ environ. J'avais analysé {Comptes rendus, 5 mai 1902) les deux ex-
trémités d'un certain nombre de ces boudins provenant de la campagne de
la Princesse- Alice, à S. A. S. le Prince de Monaco, dans l'archipel du Cap-
Vert, en 1881. J'avais reconnu que leur constitution était sensiblement la
même sur toute leur épaisseur.
)) Grâce à certains perfectionnements apportés à la construction des ap-
pareils, le Prince a pu, en Méditerranée, le i5 mai dernier (St. 1259, par
43°4i'N, 5°6'io"E, et 6i5™ de profondeur), découper dans le sol im-
mergé et ramener un boudin ayant 42"^™ de longueur, que j'ai, comme
les précédents, analysé à ses deux extrémités.
» ... L'analyse et l'observation microscopique sont d'accord pour mon-
trer que pendant le temps, probablement très long, nécessaire pour le
dépôt, au fond de la mer, d'une couche épaisse de 42'^'", la constitution du
sol n'a pas sensiblement changé. Cela, bien entendu, sous réserve des
changements brusques qui s'accomplissent quelquefois, dans cette consti-
tution, en certaines localités, et dont l'étude des fonds de l'Atlantique
nord m'a fourni deux exemples frappants.
» Il en résulte que la nature des couches marines dépend bien moins de
la profondeur que des conditions de tous genres et des phénomènes s'ac-
complissant dans les portions superficielles des eaux sus-jacentes.
» Ces lois peuvent s'appliquer aux couches géologiques, anciens fonds
de mer actuellement inondés.
» J'ai analysé, comme un fond marin actuel, un échantillon de craie pro-
venant des falaises d'Étretat. La constitution générale de cette craie offre
une ressemblance remarquable avec celle du fond méditerranéen. La seule
différence est que l'un est vaseux et l'autre calcaire. Il semble donc qu'on
soit en droit d'en tirer les conclusions suivantes :
» La mer au fond de laquelle s'est déposée la craie d'Etretat présentait
une grande ressemblance mécanique avec la Méditerranée actuelle. Mais
tandis que cette dernière, au moins dans le golfe de Gênes, est entourée de
hautes montagnes constituées par des roches cristallines, donnant par leur
2r6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
destruction des grains de quarlz anguleux et beaucoup d'argile, la mer cré-
tacée, au moins dans la région d'Étretat, n'était pas bordée de hautes terres
à roches cristallines et se trouvait dans des conditions climatériqiies ana-
logues à celles de la région actuelle de l'archipel du Cap-Vert, où la
richesse du fond en calcaire dépasse tout ce qu'on peut imaginer. ...»
M. FovEAU DE CouRMELLES adrcssc une Note portant pour litre : « Des
énergies photochimiques comparées de diverses sources lumineuses ».
(Renvoi à l'examen de M. H. Becquerel.)
M. EiMM. Pozzi-EscoT adresse des « Recherches sur les ferments diasta-
siques de V Eurotium Orizœ » .
A 4 heures et demie l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 5 heures.
G. D.
ERRATA.
(Séance du -7 juillet 1902.)
Note de M. W. Kilian, Sur la présence de l'étage aptien dans le sud-est
de l'Afrique.
Page 69, ligne i5 : au lieu de Appelia, lisez Oppelia.
Même page, ligne ïj : au lieu de Hilhi, lisez Hillsi.
Page 70, ligne 7 : au lieu de iJkruhil, lisez Ukrahil,
Même page, ligne 12 : au lieu de Bernhardt, lisez Bornhardt.
Même page, ligne 33 (en note) : au lieu de type colonial, lisez- type oriental.
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 28 JUILLET 1902.
PRÉSIDENCE DE M. BOUQUET DE LA GRYE.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
ANALYSE MATHÉMATIQUE . — Sur une propriété curieuse d'une classe
de surfaces algébriques. Note de M. Emile Picard.
« L'étude des iiitéorales de différentielles totales relatives à une surface
algébrique me préoccupe depuis longtemps, mais je reste encore dans
l'indécision sur la nature de ces intégrales au point de vue de leur trans-
cendance. Quoique certaines considérations conduisent à présumer que,
pour une surface arbitraire, toute intégrale de différentielle totale se
ramène à une combinaison algébrico-logarithmique, c'est-à-dire à une
expression de la forme
(i) 2A;^.logR/,(^, y, .^) -f-P(^, y, z),
P et les R étant des fonctions rationnelles de x, y et z, et les A des
constantes, le fait reste incertain. Sans rien préjuger à ce sujet, je veux
indiquer ici une propriété des surfaces dont toutes les intégrales de diffé-
rentielles totales se ramènent à une combinaison algébrico-logarithmique.
» 1. Je rappellerai d'abord un théorème général relatif aux intégrales de
troisième espèce {Annales de r Ecole Normale, .'901). Soit f une surface
algébrique à singularités ordinaires ; sur cette surface on peut tracer p courbes
algébriques irréductibles particulières
telles qu'il n'existe pas d'intégrale de différentielle totale de troisième espèce,
n'ayant d'autres courbes logarithmiques que la totalité ou une partie de ces
courbes G, mais telles quil existe une intégrale ayant seulement pour courbes
G. R., 1902, 2' Semestre. (T. CXXXV, N" 4.) ^^
21 8 ACADEMIE DES SCIENCES.
logarithmiques une (p + i )'^'"^ courbe quelconque Y de la surface, el la totalité
ou une partie des courbes C.
» J'ajouLe que le nombre p est le même pour toutes les surfaces se cor-
respondant birationnellement et n'ayant pas de courbes exceptionnelles ;
sous ce point de vue, il peut être regardé comme un invariant pour la classe
de surfaces algébriques considérées.
» 2. Soit maintenant une surface/", pour laquelle toutes les intégrales de
différentielles totales sont de la forme (i); désignons toujours par les
lettres C les p courbes du théorème précédent, et soit r une courbe irré-
ductible quelconque Iracée sur la surface. Il existe, comme nous venons
de le dire, une intégrale de différentielle totale ayant pour courbes loga-
rithmiques la courbe r et la totalité ou une partie des courbes C. Cette
intégrale est, par hypothèse, de la forme (i); on peut supposer que les
termes logarithmiques sont réduits à leur moindre nombre, c'esL-à-dire
qu'entre les A on n'a pas de relation homogène et linéaire à coefficients
entiers. Dans ces conditions, on est assuré que les fonctions rationnelles R
n'ont d'autres lignes de zéros et d'autres lignes d'infinis que la courbe r et
les courbes C.
» Ainsi, une des fonctions R, au moins, est nulle ou infinie le long de F,
et elle a comme autres lignes de zéros et d'infinis la totalité ou une partie
des courbes C, avec des degrés quelconques d'ailleurs (entiers) de multi-
plicité. Il existe donc certainement une fonction rationnelle n'ayant
d'autres lignes de zéros et d'infinis que la courbe irréductible arbitraire V
de la surflice, et la totalité ou une partie des courbes C. J'ajoute que cette
fonction sera unique, ou, plus exactement, que deux fonctions ration-
nelles possédant cette propriété ont deux de leurs puissances entières
convenables dans un rapport constant.
)) 3. Ceci posé, prenons sur notre surface p -t- i courbes irréductibles
entièrement arbitraires
1 1 , 1 2» • • • ■> Ap_^_, .
)) On peut, d'après ce qui précède, former une fonction rationnelle R,,
ayant pour ligne de zéro la courbe T, et pour lignes de zéros et d'infinis la
totalité ou une partie des courbes C. Soient de même R^, ...» Rp+i des
fonctions rationnelles analogues correspondant à Fo, ...,Fp^,; formons
le produit
J. IV, 11.2 • • • i«pH-l >
oii les ]x sont des entiers positifs ou négatifs. On peut choisir ces entiers
SÉANCE DU 28 JUILLET rgoa. 219
(non tous nuls) de manière que, pour la fonction rationnelle F, les
courbes C ne soient plus ni lignes d'infinis ni lignes de zéros. La fonction F,
ainsi obtenue, ne se réduira pas à une constante, et elle aura pour lignes
de zéros et lignes d'infinis la totalité ou une partie des courbes r.
» Nous sommes donc ainsi conduit à la conclusion suivante, qui est
assez curieuse : Étant prises sur la surface p -h i courbes algébriques irré-
ductibles arbitraires, il existe une fonction rationnelle s' annulant le long de
certaines de ces courbes, devenant infinie le long des autres (^avec des degrés
convenables de multiplicité), et ri ayant aucune autre ligne de zéros ou
d'infinis.
» Il est bien entendu qu'il s'agit ici d'une surface dont, par hypothèse,
toutes les intégrales de différentielles totales sont du type (i).
» Pour les courbes algébriques, il n'existe évidemment pas de proposi-
tion analogue, dans laquelle les courbes F seraient remplacées par des
points; pour une courbe algébrique non unicursale, on ne peut évidem-
ment pas former une fonction rationnelle des coordonnées, dont les pôles
et les racines devraient être nécessairement compris parmi des points
donnés, les degrés de multiplicilé n'étant d'ailleurs pas fixés à l'avance.
» 4. Les résultats précédents conduiraient donc plutôt à présumer que
les intégrales de différentielles totales ne se ramènent pas, en général, à
des combinaisons algébrico-logarithmiques; mais, à supposer que cela soit
possible, nous ne pouvons indiquer une surface de connexion linéaire égale
à l'unité (c'est-à-dire sans intégrale différentielle totale de seconde espèce
de nature transcendante) possédant une intégrale de troisième espèce qui
ne soit pas du type algébrico-logarithmique.
» On peut indiquer, au contraire, de nombreux exemples de surfaces
algébriques pour lesquelles oh est assuré que toutes les intégrales sont du
type précédent. Un exemple très simple est fourni par la surface de
Rummer; pour cette surface, le nombre p est égal à Funité, et, si l'on prend
sur la surface deux courbes algébriques irréductibles quelconques F, et Fg,
il existe une intégrale de troisième espèce n'ayant d'autres courbes loga-
rithmiques que ces deux courbes, et réductible à un logarithme. On peut
le voir de suite en se reportant à une proposition très élégante de M. Hum-
bert, d'après laquelle toutes les courbes algébriques tracées sur la surface
de Kummer sont de degrés pairs, et si 2m désigne le degré d'une telle
courbe, on peut le long de cette courbe circonscrire à la surface une sur-
face de degré m ne la coupant pas en dehors de la courbe considérée.
220 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Si donc
J\{x,y,z) = o et /o(^,J, s)==o
représentent les deux surfaces de degrés 7n^ et m., donnant T, et T., la
fonction loi^arithmique
peut être regardée comme une intégrale de troisième espèce possédant la
propriété demandée.
» Il suffira d'indiquer ici un autre exemple assez étendu. La surface
5^ == a{y).x'' -H b{y).x- + c{y).x + d(y),
où a, h, c, â?sont des polynômes non spéciaux en y, a toutes ses intégrales
de différentielles totales qui se ramènent à une combinaison algébrico-
logarithmique. »
OPTIQUE. — Réflexion et réfraction par un corps transparent animé d'une
translation rapide : équations du mouveînent et consépiences générales. —
Note de M. J. Boussixesq.
(c I. L'hypothèse naturelle qui s'offre à l'esprit, quand on pense à un
cor|)s animé, dans l'éther, d'une translation rapide, un peu coiiiparable
pour la vitesse à la propagation de la luinière, c'est d'assimiler l'éther à un
fluide beaucoup plus ténu que l'air, et le corps à un filet à larges mailles
qui traverserait ce fluide en le déj)laçant à peine. Si, en même temps,
l'éther vibre lumineusement, la supposition la plus simple qu'on puisse
faire, au sujet des actions exercées sur une particule d'éther par la ma-
tière pondérable qui !a rencontre, consiste à admettre que ces actions
comprennent, premièrement, une partie moyenne sensiblement de même
valeur duiant un grand nombre de vibrations successives, et employée à
produire la petite translation de la particule, c'est-cà-dire les déplacements
des situations d'équilibre ou moyennes de ses divers points; en second
lieu, une partie alternativement positive et négative, ou offrant la même
périodicité approchée que le mouvement vibratoire, et constituant la
résistance qu'oppose à ce mouvement la matière pondérable.
» Or on sait que cette résistance est analogue, dans les corps trans-
SÉANCE DU 28 JUILLET J902. 221
parents en repos, à celle que du Bnat n signalée, chez les fluides où oscille
un pendule court, comme équivalant à un accroissement d'inertie ou de
masse du corj)s oscillant, c'est-à-dire qu'elle est, entre toute molécule
pondérable et Féther ambiant, proportionnelle, suivant les divers sens,
aux excès de l'accélération vibratoire de l'élher sur celle de la molécule.
» Ce sont donc les dérivées secondes, par rapport au temps, des dépla-
cements vibratoires relatifs offerts par l'éther entourant une molécule qui
déterminent la résistance opposée au mouvement vibratoire par cette
molécule. Il faudrait, en particulier, pour annuler d'iine manière continue
la résistance au mouvement vibratoire, rendre les déplacements alterna-
tifs (^^,T,,,'C,) de la molécule constamment identiques aux déplacements
analogues (^,7i,"C) de l'éther l'entourant <2C/z<e//eme/i; ou ayant, comme
situation moyenne, sa propre situation moyenne actuelle (^,7,3). C'est
dire que, si la molécule, au lieu d'être à peu près en repos, vient sans
cesse au milieu àun nouvel élher, chaque déplacement vibratoire ^, -n
ou Z, de celui-ci devra, dans le calcul de sa dérivée seconde en t dont dé-
pend la résistance de la molécule, être considéré, à mesure que t varie,
pour la série des points de l'éther qui ont les situations moyennes mêmes
{x^y, z), sans cesse changeantes, de la molécule.
» II. Ainsi, V^, V^, V-, par exemple, désignant les trois composantes
de la vitesse V de translation de la molécule, et les déplacements vibra-
toires E,, rii, ^, de celle-ci étant généralement négligeables à côté de ^, ti, C
les dérivées secondes, en /, dont les composantes de la résistance au mou-
vement vibratoire sont des tonclions linéaires, s'obliendi-ont en taisant
croître .v, y, z de Y^.(it, Y^dt, Y^dt, chaque fois que t croîtra de dl.
L'expression symbolique d'une dérivation y sera donc
d ^r (l -XT '-^ 17 d
dl ■" dx ■' dy dz
et celle des deux dérivations à effectuer par rapport ii t sera, en y négli-
geant les carrés et produits de Y,,., Y y, V.,
d" ^r d^' -j, d"- ^j d^
dû" '^ '^dxdt '^ ydydt -dzdt
» Par suite, si l'on se borne au cas d'un milieu homogène isotrope, la
résista m-e opposée, par la matière pondérable, au mouvement vibratoire de
l'unité de volume d'èther aura pour composantes respectives suivant les
222 ACADÉMIE DES SCIENCES.
trois axes, en appelant p la densité de l'éther et A un coefficient spécifique,
^ \_ dl- cl a: dt ^ dy dt dz dt
» Jointes aux composantes de l'action élastique, dont les fornnes bien
connues, pour le mouvement vibratoire à déplacements ^, ti, C> sont
4^"(^'-^)-;7i:4^}
OÙ 0 désigne la dilatation cubique -^ — ^ TT '^ Tf-' ^^^ composantes donne-
ront les forces motrices p — ' " ? suivant les trois axes, de l'unité de vo-
lume d'éther. Transposons-les dans les mêmes membres que ces dernières,
et, divisant par [j., appelons w la vitesse de propagation i /- de la lumière
dans l'éther libre, N l'indice de réfraction y/i + A de la substance étudiée.
Nous aurons, sous leur forme la plus simple, les trois équations du mou-
vement vibratoire de l'éther :
» IIT. Rapportons le mouvement à des axes des x^, y^, z, animés des
trois composantes de vitesse ( i — iv5 ) ^x» ( ' "" n^ ) ^y ( ^ ~ n^ ) ^^' ^"'
autrement dit, adoptons les quatre variables indépendantes t,, cc^, y^, z-,
reliées à t, x, y, z par les formules
[t,=l, x,=x - (i- ^jV^z, y, =y- (i — ^k)V,7,
Celles-ci entraînent les formules de transformation
d d d d d d
. dx dx^ dy dy'i dz dz^
^ ^ ' d d / 1 \ /^j. d -\r ^ ^r ^
dt ~ dr,~ y ~ W) \ -^^ "^ ^^ '^ ^dl[
SÉANCE DU 28 JUILLET 1902. 223
et, par suite, très sensiblement,
d"' / I \ f^ d^ d- d' \ d"^
^ -f- 2 (^i -- j^ j y ^'dFdt "^ ^dfdt '^ '-'drdt)~ dt\'
» Les seconds membres des équations (i) garderont leurs formes, tandis
que les premiers membres, réduits à -^ — - ' ,'' ? se trouveront débarras-
sés des termes en Y^;, V^, V^^. Donc, conformément aux idées de Fresnel, les
vibrations se transmettent, dans Véther du corps homogène en mouvement,
comme elles le feraient si ce corps et son éther étaient animés ensemble d'une
translation égale à la fraction i — -z^^ de la translation effective du corps, cas
où il est clair que les ondes éprouveraient la même translation partielle, outre
leur mouvement propre de propagation.
» En particulier, une onde plane limitée latéralement, une fois née
quelque part, se propagera, par rapport aux axes des x^, y^, s,, suivant sa
propre normale ou, encore, suivant la droite qui, dans une onde spbérique
grandissante produite au même instant et au même endroit, joindrait le
centre de la sphère au point de contact de l'onde plane considérée, qui
lui serait constamment tangente. La construction usuelle d'Huygens et
de Fresnel, basée sur l'emploi de la surface courbe d'onde, relie donc la
direction de chaque rayon à celle des ondes planes correspondantes.
» IV. Les axes précédents des or,, j^,, 5, sont ceux qui conviennent le
mieux à l'étude du phénomène, tant qu'il s'agit d'un milieu homogène
unique. Mais, dès qu'il y a réflexion et réfraction, ou que deux milieux au
moins sont à considérer, savoir, par exemple, Téther libre et le corps
transparent animé de la vitesse translatoire V (à composantes V^, Vy, V^),
des axes des x' , y' , z' liés à ce corps deviennent indispensables, surtout si
l'observateur participe à la translation, comme il arrive justement dans la
plupart des expériences faites sur le globe terrestre et où il n'y a pas
d'autre translation à considérer que celle même du globe. Alors on a, pour
remplacer, dans (i), t, x, y, z, des variables t', x', y', z' définies par les
formules
(4) t' = t, x'= X ~Y,^t, y =zy — Yyl, z' =^ z ~Y-t.
» Or, celles-ci donnent
[±
( ^ ) \
^ ^ ^ d_
dt '
d
dx''
d
dy ~
d d d
"dy'' dz ~ dz'
d
dt'
V '^ .
^ dx'
d d
ydy' ^ dz'
224 ACADÉMIE DES SCIENCES.
et, par suite, à des termes près non linéaires en V^., V^., V., que nous
négligeons,
dt^ ^ - ^ d.r dt^ -^ ^ dy 'U ' " -dz dû dr-
» Les équations (i) du mouvement deviennent alors, en convenant
d'effacer finalement les accents de «', x' , y', z' :
]oj^-ldl' K'Y'^dxdt^^'dydt^'dzdt)]^-'"^^^
\ ^ ,',-(.r, r, .-)
)) V. Ces formules nous seront nécessaires pour établir les conditions
spéciales à la surface séj)ara!ive de deux milieux. Mais les lois qu'elles
donnent pour un pinceau latéralement limité de lumière, se propageant
dans chaque milieu en pat ticulier, s'obtiennent plus simplement en obser-
vant que, par rappoit aux nouveaux axes (liés au corps), les ondes planes
ou courbes se trou\ent emportées en sens inverse de !a translation
effective comme les axes précédents des a;, , j,, z^, c'est-à-dire avec la
vitesse ^> et qu'il suffit ainsi de composer le mouvement de ces précé-
dents axes, par rapport aux nouveaux, avec la simple propagation des
ondes.
» Imaginons, à cet effet, que la source lumineuse soit entraînée, elle
aussi, avec le corps transparent et l'observateur. Il est toujours permis de
le faire : car il s'agit surtout de suivre chaque ébranleinent dans sa propa-
gation, et rien n'emj)ôche de le concevoir produit, au moment où il a lieu,
par une source ainsi entraînée, qui s'éteindrait aiissitôt après, pour être,
au besoin, remplacée par d'autres situées de même aux points de départ
des ébranlements subséquents.
» Dans ces conditions, pour un observateur ainsi mobile placé à la
source d'une onde plaue et regardant celle-ci se propager sur son rayon,
en même temps que se propagera une onde courbe (fictive) grandissante
à laquelle elle reste constamment tangente, le centre de l'onde courbe et
le rayon lui-même qui en émane seront vus éprouver, par unité de temps,
Y
le mouvement de recul ^; et l'onde plane, qui parcourt en môme temps le
ravon, sera vue suivre la diagonale qui joiut la source, c'est-à-dire l'obser-
vateur, à l'onde plane telle qu'elle lui paraît placée après une unité de
SÉANCE DU 28 JUILLET 1902. 225
temps, ou effectivement tangente à l'onde courbe considérée après la
, , y
même unité de tempsetayant éprouve, par rapport a la source, le recul |^>
en sens inverse de la translation V.
» C'est évidemment ceîte trajectoire apparente de l'ébranlement qu'il
conviendra d'appeler le /a/o/z/wmmeMiT, pour un observateur entraîné avec
le système. On l'obtient donc en menant, comme à l'ordinaire, à une onde
courbe, ici sphérique et de rayon ^5 née depuis une unité de temps, le
plan tangent parallèle à l'onde plane donnée, puis, d'après ce qui précède,
en joignant au point de contact non pas le centre de figure, mais un point
situé à la distance ^rr^ de ce centre, du côté où se fait la translation effec-
tive V. Ce point représente la source; et son écart d'avec le centre de
figure, ou ce qu'on peut appeler V excentricité de l'onde courbe, représente,
comme on voit, le recul éprouvé par cette onde, pendant l'unité de temps
qu'elle a mise à grandir de zéro à son rayon actuel =7- L'angle que fait, au
point de contact de l'onde plane et de l'onde courbe, le rayon lumineux,
avec la normale émanée du centre de figure, constitue Vaherration du
rayon. »
CHIMIE. — Réduction des dérives nitres par la méthode d' hydrogénation
directe an contact de métaux divisés. Note de MM. Paul Sabatier et J.-B.
Sexberexs.
« Dans une Communication antérieure (^Comptes rendus, t. CXXXIII,
igor, p. 32 1), nous avons fait connaître que notre méthode générale d'hy-
drogénation directe convient très bien dans beaucoup de cas pour trans-
former les dérivés nitrés organiques en dérivés aminés correspondants : le
nitrobenzène, les nitrotoluènes, les nitronaphlalènes sont ainsi réguliè-
rement changés en aniline, loliiidines, naphtylamines. Nous avons décrit
avec détails la réaction dans le cas du nitrobenzène; nous nous occuperons
aujourd'hui du cas analogue du nitronaphtalène, puis de celui des dérivés
nitrés forméniques, nitromélhane, nitréthane.
» Nitronaphtalène a. — Le nitronaphtalène a étant solide à la température ordi-
naire (il fond à 58°), un dispositif spécial permettait de chauffer dans la vapeur d'eau
bouillante et de maintenir à l'état liquide le produit nitré, qui pouvait ainsi être
introduit régulièrement par un tube capillaire dans le tube à réduction,
G. H., 1902, 2" Semestre. (T. CXXXY, N» 4.) 29
226 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Avec le cuivre réduit, maintenu entre 33o° et 35o°, un excès d'hvdrosène donne
lieu à une transformation totale du nitronaphtalène, sans production appréciable
d'ammoniaque : on recueille un liquide noirâtre, qui se solidifie spontanément ou au
contact d'un cristal de naphtjlamine et. La masse cristalline brun rosé ainsi obtenue
est formée par de la naplitjdamine a, souillée par une très petite proportion de pro-
duits azoïques et de goudrons.
» Ainsi que dans le cas du nitrobenzéne et des nitrotoluènes, l'hydrogène peut être
remplacé par le gaz à l'eau, mélange à volumes égaux, d'hydrogène et d'oxyde de
carbone. Ce dernier corps intervient dans une certaine mesure pour effectuer la réduc-
tion : en effet les gaz dégagés contiennent une quantité notable d'anhydride carbonique
produit par la réaction.
» En opéi-ant à la même température avec du nickel réduit, la formation de naphtyl-
amine est accompagnée d'une réduction plus avancée, analogue à celle qui a été
réalisée pour l'aniline au-dessus de 25o° : il y a production d'ammoniaque et de tétra-
hydrure de naphtalène liquide C*° H'-, ainsi que de naphtalène libre provenant de la
destruction jDartielle du tétrahydrure.
» II. Nitrométhane. — Eu présence de nickel réduit maintenu à la température de
i5o° à i8o°, les vapeurs de nitrométhane, entraînées par un excès d'hydrogène, sont
facilement réduites, avec formation exclusive d'eau et de méthylaniine qui s'y dissout :
CH3.N02+3H2=:CH3.NH2+2tPO.
)) On observe une forte absorption d'hvdrogène.
» La méthylamine a été caractérisée par ses diverses réactions (notamment par
l'action de l'iode, qui fournit un précipité rougeàtre que la potasse transforme en
iodoforme), et par le dosage de son chloroplatinate :
D, ,. \ trouvé 4i ,7
Platine Tjour loo. . . , , 7
/ calcule 4^ >3
» Il n'y a pas formation sensible d'ammoniaque; les gaz qui sortent de l'appareil ne
contiennent que de la méthylamine et de l'hydrogène, sans méthane.
» Il n'en est plus ainsi quand le nickel est chauffé au-dessus de 200° et surtout
de 3oo". Ainsi à 320°, la production de méthane, corrélative de celle d'ammoniaque,
est fort importante, selon la réaction
CH3.N02+ 4H2=: CH^-f- NH^^H- 2H2O.
» Alors la méthylamine recueillie contient beaucoup d'ammoniaque.
» L'emploi du cuivre réduit conduit à une réduction moins simple.
» Au-dessous de 3oo°, on ne constate aucune action appréciable.
» Entre 3oo° et 4oo°, la réaction a lieu, accusée par la formation de vapeur d'eau
et par la contraction du volume gazeux : mais, quel que soit l'excès d'hydrogène, elle
ne conduit jamais à une transformation complète en méthylamine. On obtient un
liquide aqueux un peu brunâtre, d'odeur écœurante rappelant à la fois la pyridine et
l'acide cyanhydrique, dans lequel apparaissent des cristaux incolores peu stables,
solubles dans Teau, peu solubles dans l'éther, qui fondent au-dessous de 60° en déga-
geant de la méthylamine. Le liquide et les cristaux ne tardent pas à noircir en se
SÉANCE DU 28 JUILLET 1902. 227
décomposant peu à peu, et déposent une matière solide noire, insoluble dans l'eau,
soluble en brun dans les acides concentrés.
» Ce liquide instable peut être réalisé directement avec des propriétés identiques,
en dissolvant du nitrométhane dans une solution aqueuse de mélhylamine : il peut
être regardé comme contenant à l'état de dissolution la combinaison d'addition de
méthylamine et de nitrométhane, due à la fonction acide de ce dernier corps. Les
cristaux obsei'vés sont précisément celle combinaison, dont la destruction s'effectue
spontanément selon un mécanisme très complexe sur lequel il v aura lieu de revenir.
» in. Nitréthane. — La transformation du nitréthane en éthjîamine se produit
facilement sans complications, quand on l'effectue au moyen d'un excès d'hydrogène
en présence du nickel vers 200".
» Avec le nickel maintenu à 34o°, la production d'éthylamine se complique d'une
certaine formation d'ammoniaque, et corrélativement d'éthane et de méthane : mais
ce phénomène accessoire est moins important que dans le cas du nitrométhane.
» Le cuivre réduit^ agissant entre 3oo° et 400°, fournit une réduction analogue,
mais plus lente, sans perturbations nolables : le liquide recueilli est une solution
d'éthylamine, qui contient une certaine dose de nitréthane dissous et se conserve à peu
près incolore sans altérations appréciables. »
MEMOIRES PRESENTES.
M. E. Delatour soumet au jugement de l'Académie un Mémoire relatif
à un « Appareil de pointage ».
(Renvoi au concours du prix extraordinaire institué en vue
d'accroître l'efficacité de nos forces navales.)
M. Bréchard adresse un Travail relatif à de « nouveaux pantographes ».
(Commissaires : MM. Hatt, Laussedat.)
M. Odier adresse un complément à son précédent Mémoire sur la
théorie des consonances et des dissonances musicales.
(Commissaires précédemment nommés : MM. Mascart, VioUe.)
CORRESPONDANCE.
M. SciïiAPARELLi, nommé Associé étranger, adresse ses remercîments
à l'Académie.
228 ACADÉMIE DES SCIENCES.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, le Tome I des « Opère matemaliche di Eugenio Bel-
trami ».
ASTRONOMIE. — Méthode spectrale capable de fournir la loi de rotation encore
inconnue des planètes à faible éclat. Vérifications de la méthode. Premiers
résultats. Note de M. H. Deslandres, présentée par M. Janssen.
« J'ai indiqué en 1895 (') la méthode spectrale dite de l' inclinaison, qui
décèle avec une précision notable la rotation des planètes brillantes, telles
que Jupiter, Vénus, Saturne et ses anneaux. Je montre, dans la Note
actuelle, qu'elle peut, avec certaines modifications, être appliquée aux pla-
nètes d'éclat plus faible, telles qu'Uranus etNeplune. Ces dernières planètes,
dont la rotation n'est pas encore déterminée, ont des saL(^llites qui se
meuvent dans le sens rétrograde, alors que le Soleil, les autres planètes
et les autres satellites tournent dans le sens direct. Aussi la reconnaissance
de leur rotation a une importance manifeste.
» La mesure de l'inclinaison des raies spectrales est relativement facile
avec les planètes brillantes dont le spectre peut être obtenu avec un appareil
dispersif à fente fine. Elle donne la différence des vitesses radiales aux
extrémités d'un diamètre planétaire avec une précision beaucoup plus
grande que la mesure classique du déplacement linéaire.
)) D'ailleurs, au moins pour les planètes extérieures, la différence de
vitesse ainsi mesurée est double de la vitesse réelle. C'est même pour
vérifier cette application spéciale aux planètes du principe de Doppler-
Fizeau que j'ai, en 1895, sur le conseil de M. Poincaré, commencé ces
recherches spectrales. L'expérience vérifie nettement les indications de la
théorie. Ainsi pour Jupiter, dont la vitesse linéaire équatoriale est 12'^'" par
seconde, la différence de vitesse radiale mesurée aux deux extrémités du
diamètre équatorial est de 48'^'". Cette propriété, comme je l'ai remarqué
dès le début, favorise la reconnaissance de la rotation par le spectre ; en
effet, peu après, Reeler et moi, nous avons, par cette méthode, décelé la
rotation des anneaux de Saturne et fourni la première preuve expéri-
mentale de leur division en corpuscules. Plus tard, en 1900, Belopolski,
avec un appareil très dispersif, a reconnu la rotation de Vénus.
( 1 ) Recherches spectrales sur la rotation et les mouvements des planètes {Comptes
rendus, t. CXX, p. 417) et Recherches spectrales sur les anneaux de Saturne
{Comptes rendus, l. CXX, p. iio5).
SÉANCE DU 28 JUILLET 1902. 229
» Or, les appareils précédents sont en défaut avec les planètes Uranus
et Neptune, de grandeurs égales à 5,6 et 7,5. Le spectroscope employé à
Paris avec le grand télescope de i™, 20 pour Jupiter et Saturne, et le spec-
troscope organisé à Meudon pour les vitesses radiales des étoiles avec la
grande lunette, ne conviennent plus pour les étoiles de grandeur supé-
rieure à 4, 5. De plus, avec la grande lunette de Meudon de i6'° de distance
focale, l'image d'Uranus, au foyer, est un petit cercle de Soo^^ (microns),
alors que la fente ordinaire du spectroscope a seulement 3o^, et la plus
grande partie de la lumière de la planète ne pénètre pas dans l'appareil.
» Il faut nécessairement employer un spectroscope moins dispersif, et
une fente plus forte. Or, et c'est là le point sur lequel je veux insister,
lorsque la lumière entière du cercle planétaire entre dans l'appareil et
concourt à la formation du spectre, la méthode de l'inclinaison donne
encore des résultats très utiles, quoique inférieurs en précision.
» En effet, avec une dispersion trois fois plus faible, les principales
raies ou bandes du spectre solaire sont discernables avec une fente de 3ooî^,
et nettes avec une fente de i5o(^. De plus, si l'on applique la propriété
géométrique simple des corps en rotation indiquée dans ma Note de iSqS,
le disque circulaire de la planète [en [pointillé (Jig. 1)], a|)rès le passage
de sa lumière supposée monochromatique dans le spectroscope, est
déformé, comme l'indique le schéma ci-dessous. Le cercle est remplacé par
une ellipse inclinée [une des deux ellipses en trait plein (/ig- •)] ^^ ^ ^^
Fii
conçoit que cette inclinaison puisse donner le sens et même la vitesse de
la rotation.
» La méthode semble donc susceptible de donner encore un résultat
dans ce cas difficile. Avant de l'appliquer à Uranus, je l'ai essayée sur
23o ACADÉMIE DES SCIENCES.
Jupiter, rimnge de Jupiter étant égale ou inférieure à l'image d'Uranus
donnée par la grande lunette deMpudon. Une image de Jupiter, large de
Sgo!^', correspond à un objectif de i™,5o de distance focale; mais j'ai em-
ployé seulement une petite lunette de o™, 55, la démonstration étant, à
certains égards, plus frappante avec une très petite image de l'astre.
» Une première série d'expériences est la suivante : l'objectif de o™,55
projette une image de Jupiter sur la fente largement ouverte d'un petit
spectroscope â un prisme de 60°, dont le collimateur et la lunette ont o™, 22
et o™,32. De plus, l'ensemble peut tourner autour de l'axe commun de
l'objeclif et dn collimateur. On fait alors trois épreuves successives du
spectre sur la même plaque : une première épreuve avec la fente et l'arête
du prisme parallèles à l'équateur de Ju|:)iter, puis une deuxième et une
troisième, après avoir tourné l'appareil entier de 90*^ et de 180°. Or la pre-
mière épreuve montre les raies inclinées dans le sens déterminé par la
rotation connue de l'astre, et la troisième les donne inclinées dans le sens
opposé (voir les deux ellipses à trait plein de la figure i).
» Dans une seconde série d'expériences, les résultats sont plus nets. On
a seulement un prisme objectif de 3o" placé devant l'objectif précédent
de o™,55, l'ensemble pouvant tourner autour du rayon visuel de l'astre.
Le prisme est dans la position dite diminuante, de manière que le cercle de
la planète est remplacé dans le spectre par une ellipse aplatie dans le
sens de la longueur du spectre, ce qui favorise beaucoup le relevé des
inclinaisons (voir la figure 2 et l'ellipse centrale en pointillé). Les trois
épreuves successives obtenues comme précédemment ont encore les mêmes
particularités indiquées par les trois ellipses de la figure 2, et l'accord
entre les inclinaisons mesurées et calculées est satisfaisant (^ ).
» En résumé, l'image entière de la planète, soumise à l'analyse spec-
trale, offre des déformations qui peuvent déceler le sens et jusqu'à un cer-
tain point la vitesse de sa rotation. Même avec la petite lunette employée
pour Jupiter (3^"* d'ouverture), cette méthode spectrale donne probable-
ment un résultat plus net sur la rotation que la méthode ordinaire par le
mouvement des taches sur le disque.
» Ces essais sur Jupiter ont été faits dans l'été de 1901 avec le concours de
(') Ces deux séries d'expériences ont été faites non avec la grande lunette, mais
avec l'équatorial d'un tjjDC nouveau, que j'ai fait construire pour l'observation de
l'éclipsé totale du Soleil de 1900 (voir Bulletin astronomique, 1901, p. i5o). Cet
équatorial, qui a été remonté â l'Observatoire sous un abri roulant, a l'avantage d'être
un support commode pour toutes sortes d'instruments.
SÉANCE DU 28 JUILLET 1902. 23l
MM. Burson et Millochau. Puis, cette année, la méthode a été apjjliquée à
Uraiius, et a donné déjà le résultat suivant : la planète tourne dans le sens
rétrograde. Mais les détails de ces recherches seront présentés dans une
Note prochaine. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur le problème de Dirichlet pour des domaines
limités par plusieurs contours {ou surfaces). Note de M. A. Korn, pré-
sentée par M. Emile Picard.
« Ni pour les problèmes dans le plan, ni pour les problèmes dans l'es-
pace à trois dimensions, on n'a besoin des transformations de M. Poin-
caré pour démontrer la méthode de M. Neumann, si l'on se sert d'un
théorème de M. Zarem^ba (') ou plutôt d'une modification de ce théorème
que j'ai démontrée récemment (^); il est tout à fait indifférent pour cette
démonstration, si le domaine en question est limité par un seul contour
(une seule surface), ou par plusieurs contours (plusieurs surfaces), si le
domaine est sim])lement connexe ou non, pourvu que les contours (les
surfaces) soient de courbure continue (^).
» Quant aux problèmes dans le plan, il est facile de généraliser cette
démonstration aussi pour le cas où les contours sont composés d'un
nombre fini de lignes de courbure continue de la même manière que
pour les domaines limités par un seul contour, en démontrant d'abord
l'existence d'une transformation
X = X(^,j), Y = Y{x,y);
X'^x(X,Y), y=y(X,Y),
qui change les contours composés dans le plan des x, y, en contours de
(1) S. Zaremba, Bull, de Cracovie, igoi, p. 171.
(2) A. Korn, Abhandlungen zur Potenlialtheorie, n° 5, p. aS. Berlin, 1902.
(3) Dans un récent Mémoire {Math. Ann., t. LVI, p. 49) M. E.-R. Neumann a
appliqué la première médiode de M. C. Neumann aux domaines limités par plusieurs
contours (surfaces), et, par une heureuse modification de la démonstration originale,
il est arrivé à démontrer la méthode pour un grand nombre de cas; quoique ces résul-
tats ne soient pas aussi généraux que ceux que l'on obtient par l'application de la
méthode citée ci-dessus, ils permettent souvent de calculer assez facilement une
limite inférieure pour le rayon de convergence des séries de M. Neumann.
232 ACADÉMIE DES SCIENCES.
courbure continue dans le plan des X, Y, tout en définissant une corres-
pondance uniforme entre le plan des x, y el le plan des X, Y, et remplis-
sant les conditions que les fonctions X, Y et ^, y soient continues dans
tout le plan, et qu'elles admettent des dérivées
dX âX dY 6' Y à a: dx à y dy
Tx' ■^'' ^' ^' W ^' Jx' TN
finies et intégrables. Avec la connaiss;ince d'une telle transformation ('),
et avec la remarque que pour les domaines transformés (qui possèdent
maintenant des contours de courbure continue) le théorème fondamental
de M. Poincaié concernant le quotient
.ne
d.r) "^ \dy
i\m^m¥
découle du théorème de M. Zaremba, la démonstration ne présente plus
aucune difficulté.
)) Il faut encore ajouter une remarque sur les constantes, par lesquelles
les solutions de M. Neumann peuvent différer des valeurs limites/données
quand il s'agit d'un domaine extérieur de n contours (surfaces) ^< , s., — s^.
Comme il est à prévoir, il résulte d'une manière tout à fait rigoureuse de
ces démonstrations s'appuyant sur le Mémoire fondamental de M. Poincaré
(^Acla math., l. XX, 1896) qu'à chaque contour correspond une constante
particulière, et que l'on peut se débarrasser de ces constantes à l'aide de
potentiels de /i }3oints respectivement intérieurs à 5., .?., ..., .ç,^. »
PHYSIQUE INDUSTRIELLE. — SuT une des causes d'explosion des chaudières
à vapeur et sur le moyen de la pr évenir. INote de M. «I. Fournie», présentée
par M. Lippmann.
« La raison le plus souvent invoquée pour expliquer l'explosion des
chaudières à vapeur repose sur la formation d'un dépôt calcaire sur les
parois internes delà chaudière, par les eaux d'alimentation insuffisamment
(*) On la trouve d'une manière absolument analogue au cas d'un seul contour
(A, KoRN, Abhandlungen ziir Potentialtlieorie, w° 2, p. 19).
SÉANCE DU 28 JUILLET 1902. 233
épurées. Outre cette cause, il en est une certainement aussi vraisemblable,
due à l'inefficacité des soupapes de sûreté employées sur ces chaudières.
Réglementairement, la section du canal d'échappement doit être assez
grande pour parer à toute éventualité lorsque le clapet est ouvert en grand,
c'est-à-dire soulevé à une distance de son siège au moins égale au quart
du diamètre de l'orifice d'échappement. Or, dans les soupapes, telles qu'on
les emploie actuellement, la hauteur de soulèvement du clapet ne peut
acquérir cette valeur que moyennant une augmentation dangereuse de la
pression dans la chaudièie.
» La cause de cette augmentation parasite de la pression provient unique-
ment de ce que ces soupapes ferment en sens inverse de la pression dans la
chaudière.
» En effet, considérons (fig. i) un des deux types de ces soupapes, le
plus généralement employé. Quand le clapet est appliqué contre l'orifice
du canal d'échappement, la pression agit sur ce clapet en tous les points du
cercle déterminé par le contour de l'orifice du canal d'échappement. Dès
que cet orifice est démasqué {fig' 2), les forces qui sollicitent le clapet se
répartissent de la façon suivante :
)) D'une part, la pression qui agit sur la face interne du clapet n'est
plus la pression dans la chaudière, mais celle de la vapeur partiellement
détendue, qui est nécessairement moindre. D'autre part, la rorce nécessaire
pour produire le soulèvement du clapet augmente d'une façon continue,
puisque la tension du ressort de rappel augmente au fur et à mesure que
ce clapet est refoulé par la vapeur. Ces deux causes ajoutant leurs effets,
les accroissements successifs A,P, AoP, ... de la pression dans la chau-
dière, correspondant à des accroissements égaux de l'orifice d'échappe-
menl, augmentent rapidement suivant une loi très compliquée dépendant,
à la fois, des lois de l'écoulement et de la détente de la vapeur et de la loi
de flexibilité du ressort.
G. R., 1902, 2" Semestre. (T. GXXXV, N» 4.) ^*^
234 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» De ces accroissements anormaux de la pression dans la chaudière, il
résulte, ainsi que cela est démontré dans la pratique, que la pression né-
cessaire pour faire ouvrir en grand le clapet est souvent supérieure de
plusieurs atmosphères à la pression pour laquelle ce clapet commence à
s'ouvrir. L'équilibration de la soupape par un contrepoids ne fait qu'atté-
nuer la grandeur de l'effet parasite considéré, mais ne le supprime pas.
» Avec une soupape fermant dans le sens de la pression, c'est-à-dire
du dedans au dehors de la chaudière, comme celle que j'ai eu l'honneur
de présenter à l'Académie dans sa séance du i5 février 189^, ces inconvé-
nients n'existent pas et les accroissements de pression A, P, AoP, . . . définis
précédemment sont toujours rigoureusement égaux.
« En effet, soit une de ces soupapes actionnée par im organe extérieur
représenté par un tube manométrique ordinaire dont l'une des extrémités
est en relation avec l'intérieur de la chaudière et dont l'autre, fermée et libre,
peut, sous l'influence d'une augmentation de pression dans la chaudière,
faire ouvrir la soupape par l'intermédiaire d'un levier L. Si la soupape est
fermée, comme l'indique la figure 3, les pressions qui agissent sur le clapet
sont : d'une part, la pression dans la chaudière; d'autre part, la pression
atmosphérique en tous les points de la surface du cercle défini par le con-
tour de l'orifice d'échappement. La pression dans la chaudière augmentant
jusqu'à une valeur donnée, l'extrémité libre du tube manométrique fait
ouvrir la soupape.
» Or, il est facile de voir {fig. 4) qu*à partir de cet instant la pression
atmosphérique qui agissait précédemment sur le clapet, en tous les points
de la surface du cercle défini parle contour de l'orifice, est remplacée par
la pression de la vapeur partiellement détendue, c'est-à-dire par une pres-
sion plus grande qui tend à refouler le clapet vers l'intérieur de la chau-
SÉANCE DU 28 JUILLET 1902. 235
dière et, par suite, à augmenter la grandeur de l'orifice d'échappement de
la vapeur.
» Plus le clapet est refoulé, plus la pression de la vapeur augmente sur
la surface du cercle considéré, de sorte que la résidtante des pressions qui
tend à appliquer le clapet contre son siège diminue au fur et à mesure
que l'orifice d'échappement augmente. Il résulte de là que l'effort à
exercer sur la tige du clapet, pour démasquer l'orifice d'échappement,
devient de plus en plus petit à mesure que cet orifice grandit, contraire-
ment à ce qui a lieu avec les soupapes précédentes.
» De plus, l'élongation de l'extrémité libre du tube manométrique
chargée de refouler le clapet vers l'intérieur de la chaudière est propor-
tionnelle à l'accroissement de pression (il suffit, pour s'en convaincre, de
remarquer que les traits de la graduation d'un manomètre métallique sont
équidistants).
» Il est donc parfaitement prouvé qu'avec la soupape fermant dans le
sens de la pression et munie d'un tube manométrique comme ressort anta-
goniste, une même augmentation de pression dans la chaudière produit
toujours un même accroissement de l'orifice d'évacuation de la vapeur.
» D'ailleurs, en choisissant convenablement les dimensions du tube
manométrique, ainsi que le rapport des bras du levier, on peut rendre
sensiblement négligeable la différence des pressions qui corres])ondent
respectivement à l'ouverture en grand du clapet et à la cessation du
contact de ce clapet avec son siège. »
PHYSIQUE. — Sur le dichroïsme magnétique. Note de M. Quirixo Majorana,
présentée par M. Mascart.
« Les liquides employés pour l'étude de la biréfringence magnétique
ont un pouvoir absorbant très fort pour la lumière. Il était à prévoir que,
sous l'action du champ magnétique, ce pouvoir devait être modifié inéga-
lement dans les différentes directions et selon l'azimut de polarisation.
Dans ces expériences, la source lumineuse est toujours l'arc voltaïque.
Avec un liquide actif (fer Bravais vieux), le spectre de la lumière qui
réussit à le traverser s'étend du rouge au vert, le reste des rndiations étant
absorbé. Les bords de la région lumineuse sont assez nets, surtout celui
du vert.
» 1. Si, comme dans les expériences de biréfringence, le rayon lumineux traverse
236 ACADÉMIE DES SCIENCES.
le liquide normalement aux. lignes de force, sans interposition de nicol, la partie lumi-
neuse du spectre devient plus brillante et plus large quand on excite le champ. Cela
arrive toujours, excepté au voisinage du point d'inversion. Le phénomène est très
marqué pour le champ de 18000 unités.
» 2. Observons la lumière émise par la cuvette à travers un nicol dont la section
principale soit parallèle aux lignes de force. En excitant le champ jusqu'à 3ooo unités
(biréfringence positive maximum), la lumière diminue un peu et l'étendue du spectre
se restreint. Ce phénomène n'est pas bien marqué, car il correspond à la biréfrin-
gence [5=:o,6X. Pour des champs plus intenses que celui qui correspond au point
d'inversion (biréfringence négative), et mieux pour le champ maximum (18000 unités),
la partie lumineuse du spectre s'éclaire et s'élargit dans une mesure considérable.
» 3. On observe comme au n° 2, mais en plaçant la section principale du nicol
normalement aux lignes de force. Pour 3ooo unités, oh observe augmentation d'in-
tensité lumineuse et élargissement de la partie lumineuse du spectre. Pour 18000 unités,
on constate le contraire. Ici également le phénomène est peu visible dans le premier
cas et très net dans le second.
» i. Les expériences 1, 2, 3 font prévoir que, même parallèlement aux lignes de
force, on devra observer des changements de valeur dans l'absorption. On remplace
les expansions linéaires de l'électro-aimant par d'autres de. forme conique et perforées,
La petite cuvette est aussi remplacée par une autre de forme cubique de [•=■" d'arête.
On pourra ainsi observer soit normalement, soit parallèlement au champ.
» L'épaisseur du liquide étant moindre, on lui donne une concentration sept fois plus
grande. En étudiant ainsi l'absorption parallèlement au champ et sans nicol (inutile
pour raisons de symétrie), les phénomènes sont plus simples. Dans le cas de biréfrin-
gence positive ( 3ooo unités), on a accroissement d'intensité lumineuse et élargissement
du spectre visible; on constate le contraire dans le cas de biréfringence négative
(18000 unités). Dans les deux cas, la lumière qui sort du liquide soumis à l'action du
champ est de la lumière ordinaire.
» On conclut de l'expérience 3 que les bords du spectre de la lumière traversant un
liquide avec biréfringence positive sous l'action d'un champ, et normalement à celui-ci,
sont nettement polarisés dans le plan des lignes de force. Ce spectre, en effet,
s'élargit, et l'élargissement observé avec un nicol persiste seulement si la section prin-
cipale de celui-ci est normale au champ.
» Pour une biréfringence négative, l'expérience 2 montre que les bords sont, au
contraire, polarisés dans le plan normal aux lignes de force. En comparant l'expé-
rience k avec 2 et 3, on déduit enfin que : pour des biréfringences positives, l'ab-
sorption observée parallèlement aux lignes de force est moindre que l'absorption
subie par un rayon se propageant normalement aux lignes de force et dont le
plan de polarisation soit normal à ces lignes. Pour des biréfringences négatives,
elle est plus forte.
» En résumé, ou voit que ces liquides actifs se comportent, dans un
champ magnétique, comme les cristaux uniaxes doués de dichroïsme. Les
variations de l'absorption que l'on observe dans ces cristaux, suivant les
SÉANCE DU 28 JUILLET 1902. 237
différentes directions, correspondent parfaitement à celles que nous ve-
nons d'étudier. Il faut remarquer, en outre, que les expériences décrites
permettent d'affirmer que, tant dans la biréfringence i)ositive que dans la
négative, dans la propagation normale, Vonde la plus lente est toujours celle
qui est le plus absorbée.
» Si le liquide présente une forte biréfringence négative, sous l'action
de 1800 unités, on peut faire des mesures assez précises des phénomènes
d'absorption. On ajoute au dispositif de l'expérience 4 un photomètre Lum-
mer qui sert à déterminer le rapport tie la lumière qui traverse le liquide
normalement ou parallèlement au champ, le spectroscope étant supprimé.
La source de lumière employée comme terme de comparaison est consti-
tuée par une flamme constante, voilée par un verre rouge, de façon à éga-
liser autant que possible les teintes des deux lumières. Le liquide acquiert
une biréfringence ^^ = ii\ avec un champ de 1800 unités. En représentant
par I l'intensité lumineuse sans le champ, on a, en faisant intervenir l'ac-
tion magnétique :
Intensité.
Normalement au champ, sans nicol i ,62
» » avec nicol, section princ. parallèle au champ.. 2,74
)) » » )i normale » .. o,54
Parallèlement au ciiamp, sans nicol ... o,aD
)) De sorte que, si le plan de polaiisation des radiations est parallèle au
champ, celles qui se propagent parallèlement aux lignes de force subissent une
absorption égale à celle qui est subie nar les vibrations qui se propagent nor-
malement aux lignes de force. Ce résultat, constaté pour des biréfringences
négatives, est aussi très probablement exact pour des biréfringences po-
sitives.
» Les mesures photométriques qui précèdent confirment le fait que les
phénomènes présentés par les cristaux absorbants sont décrits de la ma-
nière la plus simple en leur donnant pour caractéristique le seul vecteur
normal au plan de polarisation. »
PHYSIQUE. — Sur l'équivalent électrochimique de V argent.
Note de M. A. Leduc, présentée par M. Lippmann(*).
(c Depuis les recherches bien connues de M. Mascart, de M. Kohlrausch
Qt de Lord Rayleigh sur l'équivalent électrochimique de l'argent, un certain
(^) Voir Comptes rendus, 7 juillet 1902.
238 ACADÉMIE DES SCIENCES.
nombre de savants en ont repris la détermination. Les résultats obtenus,
notamment {3ar MM. Potier et Pellat, d'une part, et par MM. Patterson et
Guthe, d'autre part, sont en parfait accord. L'équivalent électrochimique
de l'argent serait, d'après eux, 0,01119c?, au lieu de 0,01118, nombre
devenu classique, qui est la moyenne des résultats de M. Kohlrausch et de
Lord Rayleigh.
)) MM. Richards, Collins et Heimrod ont comparé les masses d'argent
recueillies simultanément dans trois voltamètres à azotate d'argent diver-
sement montés : l'un conformément aux indications de Lord Rayleigh, le
deuxième semblable à celui de MM. Patterson et Guthe, et le troisième
d'un modèle nouveau, comportant un vase poreux, et ils ont obtenu dans
ce dernier un dépôt un peu plus faible que dans le premier et notablement
plus faible que dans le deuxième (7^). Si l'on donnait la préférence à leur
mode opératoire, il faudrait donc abaisser l'équivalent électrochimique de
l'argent 30,01117 environ.
» Enfin, d'après divers auteurs, la corrosion du dépôt cathodique par le
bain non privé d'air amènerait un déficit que M. Myers évalue à ■^-~ envi-
ron. L'équivalent devrait donc, au contraire, être majoré d'autant, de sorte
qu'il pourrait bien dépasser 0,01 120. Mais j'ai montré que cette prétendue
corrosion n'existe pas.
)) Quant aux divergences des résultats en général, elles sont dues, pour
une bonne part, à ce que les masses d'argent pesées par les divers auteurs
ne dépassaient pas 2^. Certes, il est facile de peser une pareille masse
à T^j^ près; mais il est aussi très facile de laisser échapper, dans les déli-
cates opérations du lavage du dépôt, des parcelles d'argent formant plu-
sieurs dixièmes de milligramme. C'est, évidemment, ce qui est arrivé à
M. Kahle lorsqu'il a cru remarquer que ledit lavage à l'eau distillée chaude
faisait perdre au dépôt plusieurs dix -millièmes. Je n'ai jamais rien observé
de semblable en opérant sur So^ de matière.
» J'ai reconnu, d'ailleurs, que la masse d'argent déposée par un coulomb
dépend d'un certain nombre de circonstances. Je me contenterai de résumer
ici les résultats d'expériences qui seront décrites dans l'un des prochains
numéros du Journal de Physique.
» 1. Soit un bain d'azotate d'argent primitivement neutre, de concentration normale
et à la température ordinaire. Nous avons vu que, si la densité anodique du courant est
inférieure à 0,002 C. G. S., il ne se forme point d'acide azotique en quantité appréciable
à l'anode. Dans ces conditions, le dépôt d'argent à la cathode est normal; il ne dépend
pas de la densité cathodique, et il ne change pas si l'on sature le bain d'oxyde d'argent.
SÉANCE DU 28 JUILLET 1902. 289
» 2. Si la densité anodique est plus forte, la concentration moindre ou la tempé-
rature plus élevée, il se forme à l'anode de l'acide azotique dont la destruction à la
cathode entraîne un déficit d'argent. Il est facile de voir qu'à chaque millio-ramme
d'AzO^H détruit correspond un déficit de [^^^,87 d'argent.
» 3. Si le bain est primitivement acide, il est clair que le déficit s'exagère pour la
même raison.
» 4. La basification du bain au moyen d'oxyde d'argent (Patterson et Guthe) a pour
effet d'empêcher la formation d'acide libre et, par suite, le déficit d'argent. Cette pré-
caution semble devoir être efficace avec des courants de densité moj^enne, tant qu'il
reste de l'oxyde en dissolution ; mais celui-ci, étant peu soluble, s'épuisera avant la fin
de l'expérience si l'on recueille, comme je le conseille, une masse importante d'argent.
Je crois plus sûr de s'en tenir aux très faibles densités.
» Je compléterai ces renseignements généraux par quelques indications
numériques relatives aux cas où l'on n'a point réalisé les conditions spé-
cifiées au n° 1 pour obtenir le dépôt normal. Il se produit alors à la cathode
un déficit plus ou moins important qui peut dépasser un millième,
peut-être même 2 millièmes.
» 1. Influence de la température, entre 0° et 4o°. — En bain neutre normal, avec
anodes de iS*""', cathodes de loC^""', et un courant de 0,9 ampère, le dépôt d'argent
diminue de 3 à 4 millionièmes par degré. Avec des anodes de 4'^™% 5, les autres condi-
tions restant les mêmes, la diminution atteint 8 à 9 millionièmes.
» L'effet de la température est à peu près le même avec un bain acidulé à 2? par
litre.
» D'après Lord Rayleigh, le dépôt augmenterait, au contraire, avec la tempé-
rature.
» 2. Influence des densitéa de courant. — Avec une densité anodique o,oo5, si la
densité cathodique passe de o,ooo3 à 0,001, le dépôt ne diminue pas d'une manière
bien appréciable. Avec la densité anodique 0,02, l'écart dépasse ^qq,)^ en bain normal
neutre, et -çjîlvô ^" ^^^" acidulé à 2S par litre.
)) 3. Influence de l'acidité ei de la basicité. — Expériences avec cathodes de 100'"''
et anodes de 4*^""',^ :
» 1° Les deux bains sont normaux en azotate; l'un est centinormal en acide. Avec
un courant de i ampère, le déficit relatif sur la cathode dans ce dernier est de rô-oQ"(rô
(oS, 007 sur 3os),
» 2° Les deux bains sont demi-normaux en argent, et l'un 0,01 4 normal en acide
le déficit atteint la même valeur pour o,4 ampère.
» Remarque. — JNous avons ici la clef d'un désaccord entre JNL Kahle et MM. Pat-
terson et Guthe. Le premier trouve que le dépôt fourni par un bain frais est plus
faible que celui fourni par un bain usagé dans les mêmes conditions; MM. Patterson
et Guthe trouvent exactement le contraire. Tandis que ces derniers partaient d'une
solution basifiée qui, par l'usage, devenait légèrement acide, M. Kahle partait sans
doute d'une solution acide dont l'acidité diminuait, ainsi que je l'ai exposé.
24o ACADÉMIE DES SCIENCES.
» k. Influence de la concentration. — Les deux bains sont neutres : Tun est
normal, l'autre 0,2 normal. Avec une densité anodique de o, 02, le dépôt fourni par ce
dernier est inférieur de plus de jôIto'
» Conclusion. — En résumé, la masse d'argent déposée à la cathode par
un coulomb dépend, en général, de plusieurs circonstances. Mais il semble
que l'on puisse atteindre la précision de 7^^ dans la détermination de
l'équivalent électrochimique de ce métal en opérant sur un bain parfaite-
ment neutre ou même basique au début, et en évitant la formation d'acide
à l'anode, comme je l'ai indiqué, »
PHYSIQUE. — Argenture du verre et daguerréotype. Noie de M. Izarn,
présentée par M. J. VioUe.
« I/argenture des glaces, pratiquée aujourd'hui si couramment par le
procédé au sucre, principalement pour les miroirs télescopiques et les
réseaux de la photographie du Ciel, donne généralement des résultats
excellents, mais elle exige une liqueur relativement riche en argent et la
fabrication spéciale, pour chaque opération, de la solution réductrice, à
moins que, pour en conserver une provision, on n'y introduise une quantité
beaucoup plus grande d'aîcool, auquel cas elle se modifie graduellement
avec le temps, en devenant de plus en plus active, ce qui oblige à des essais
préliminaires chaque fois qu'il faut l'emplover.
» J'ai eu l'occasion récemment d'essayer ce procédé pour le daguerréo-
type sur verre; la méthode daguerrienne, par ses qualités spéciales, paraît
destinée à s'introduire de plus en plus dans les laboratoires de Physique,
comme suffiraient à le prouver les belles expériences exécutées dans ces
derniers temps par M. Colton sur les réseaux de diffraction et les ondes
stationnaires. Or, ici, la substitution du verre argenté aux anciennes
plaques s'impose si l'on a besoin de lames d'une planitude rigoureuse, et
présente d'ailleurs toute espèce d'avantages. Mais j'ai constaté maintes
fois que la solidité de la couche sensible est ordinairement très précaire,
que cette couche se soulève ou se déchire fréquemment dans le passage à
l'hyposulfite, les lavages et surtout le virage à l'or. Je sais bien qu'on a
indiqué divers tours de main pour y obvier, mais, pour ma part du moins,
je ne les ai pas trouvés d'une efhcacité certaine.
» Au contraire, le procédé au formol indiqué, mais d'une façon extrê-
mement sommaire, par MM. Lumière, ne m'a jamais donné jusqu'ici que
SÉANCE DU 28 JUILf^ET 1Ç)(>2. 2'il
de la satisfaction, depuis que je l'emploie modifié comme il va être dit.
Eu effet, j'ai pu m'assurer, par des essais extrêmement nombreux, que la
technique des auteurs, ou celle que l'on trouve flans divers OuArages, est
bizarrement infidèle, ce qui tient probablement à la nature différente des
divers formols que fournit le commerce, ou à leur altération graduelle. Je
commence par dire que le mieux, quand on le peut, est de n'opérer que
sur des glaces neuves, et de préférence sur les glaces argentées du com-
merce dont on enlèvera le vernis et la couche d'argent. Sinon, il faut mettre
en œuvre tous les procédés de nettoyage connus, et si, malgré cela, le résultat
persistait à être défectueux, rejeter un support dont la surface serait irré-
médiablement altérée. Voici maintenant la technique que je préconise : en
la décrivant très minutieusement, je paraîtrai peut-être trop long et trop
méticuleux à certaines personnes, mais je suis convaincu que m'en sauront
gré toutes celles — et je les crois nombreuses — qui ne comptent plus
leurs insuccès ou leurs demi-succès.
» Faire une solution de nitrate d'argent cristallisé à i pour 100 exactement préci-
pitée par Tammoniaque pure; en mettre dans un verre la quantité jugée nécessaire et
verser, au moyen d'un flacon compte-gouttes à l'émeri, dans un autre verre, le nombre
exact de gouttes de formol commercial (4o pour 100) à déterminer comme ci-dessous.
Verser le contenu du premier verre dans le second, reverser de nouveau dans le
premier et vider enfin le mélange ainsi bien effectué dans la cuvette où doit se faire
l'opération. Comme la réduction se produit très vite, — et il le faut pour la bonne
réussite, — on devra faire ces mélanges très rapidement, de façon que la teinte du
liquide ne commence à se modifier que lorsque celui-ci est définitivement dans la
cuvette. On balancera d'ailleurs celle-ci fortement et continuellement. L'opération
ne dure guère plus d'une minute.
» La détermination du nombre de gouttes de formol exige un essai préliminaire à
chaque fois : prendre, dans une petite cuvette en porcelaine blanche bien neltoj^ée et
finalement passée à l'ammoniaque ordinaire et rincée à grande eau, une certaine quan-
tité, i5'^°'', par exemple, de liqueur argentifère, et y faire tomber, en balançant conti-
nuellement, 7 gouttes de formol ('); le mélange doit prendre rapidement une teinte
rose violacé de plus en plus foncée, et brusquement il apparaît sur les parois du vase
un enduit d'abord irrégulier de couleur successivement rosée, violacée, bleue, gris
de fer, qui prend enfin l'aspect de l'argent poli en devenant blanc jaunâtre, tandis que
le liquide à peu près transparent se recouvre d'une couche de paillettes métalliques
qui lui donnent un aspect huileux.
» L'opération est terminée quand le liquide presque incolore se remplit de gru-
meaux bien visibles. Si la quantité de formol est insuffisante, le liquide devient gris
(') Le nombre de gouttes dépend évidemment du comple-gouttes employé. Le poids
du flacon que j'emploie diminue de oS lorsqu'on laisse tomber 100 gouttes.
G. H., 1902, 2» Semestre. (T. CXXXV, N" 4 ) *^
242 ACADÉMIE DES SCIENCES.
boueux ; si elle est excessive, les phénomènes précédemment décrits sont plus accélérés,
la couche ne devient pas métallique, ou, si elle le devient dans le cas où l'excès serait
très faible, elle disparaît sous le moindre frottement du doigt. Au contraire, quand
l'opération est réussie et que le rinçage final à grande eau est effectué, le frottement
le plus énergique ne l'entame pas, pourvu que la cuvette ait été bien nettoyée, passée
à l'ammoniaque, puis rincée, et que le doigt lui-même, pour plus de précautions, ait été
mouillé aussi par de l'eau ammoniacale. En se guidant sur ce que je viens de dire, il
suffit, après un peu de pratique, de deux essais au plus pour pouvoir ensuite opérer
définitivement en toute assurance. La lame de verre à argenter devra toujours avoir
été, pendant les passages à l'acide et à l'ammoniaque, frottée, et d'une main éner-
gique, avec une pince portant un tampon de ouate hydrophile imprégné d'abord
d'un peu de rouge d'Angleterre. Elle est finalement rincée à grande eau, ainsi que la
cuvette qui la contient, en ayant soin de ne pas la manipuler avec les doigts à partir
de ce moment, mais de la manœuvrer, si c'est nécessaire, avec une tige de verre.
» La concentration de la solution argentifère ne m'a pas paru influer beaucoup, à
partir de o,5 pour loo, sur la quantité de formol nécessaire, de même que sur l'épais-
seur de la couche, qui dépend en grande partie du temps qu'on laisse durer l'opéra-
tion. Pour le daguerréotype, je conseillerais la concentration de i à 2 pour 100.
» J'ajoute, en terminant, que, lorsque l'argenture est réussie, on peut,
aussitôt après rinçage à l'eau distillée et séchage, procéder au polissage
avec peau de daiin et ronge d'Angleterre, polissage desîiné à enlever le
voile, d'ailleurs très faible, qui recouvre le mêlai. Celui-ci devient rapide-
ment très dur, qualité très précieuse pour le daguerréotype et qui rend le
polissage beaucoup plus facile qu'il ne l'était pour les anciennes plaques
de doublé, dont l'argent est au contraire très mou. Il résulte de là que, si
l'on voulait enlever l'argent avec une pointe, soit pour écrire, soit pour
tracer des traits fins sans écaillures, dans le cas, par exemple, de gravure
aux vapeurs d'acide flaorhydrique ('), il faudrait opérer le plus tôt pos-
sible après la dessiccation du dépôt. »
CHIMIE. — Sur la prècipitalion des chlorures et bromures de cadmium, de
mercure et d'ètain par t acide sulfarique. Note de M. Georges Viard,
présentée par M. Georges Lemome. (Extrait.)
« Un excès d'acide sulfurique concentré précipite de leurs solutions les
chlorures et bromures de cadmium, de mercure et d'étain (au minimum).
(') L'argent protège, en eflet, le verre de l'attaque des vapeurs et remplace avec
avantage, dans la gravure sur verre, la cire habituellement emjiloyée.
SÉANCE DU 28 JUILLET I902. o/jS
On ne peut donc pns caractériser ces sels par le réactif que j'ai indiqué
précédemment {Comptes rendus, 21 juillet 1902) : le mélange de sulfate de
cuivre avec SO* IP en grand excès, qui donne, en général, un précipité
jaune avec les chlorures, noir avec les bromures, ne fournit que des pré-
cipités blancs avec les chlorures et bromures de Cd, Hg et Sn (au mini-
mum).
» Chlorure de cadmium. — La précipitation par un grand excès de SO^H^ est
encore plus sensible pour le chlorure de cadmiuna que pour celui de cuivre : une solu-
tion à jfô' donne immédiatement un précipité blanc et une solution à j^ se trouble
au bout de quelques minutes.
» Avec un excès suffisant de SO^H^, la précipitation du cadmium peut être à peu
près complète : en versant 2^°^ d'acide dans i""' de chlorure à -pô, le liquide filtré sur
du coton de verre ne contenait par gramme que o™s, i4 de cadmium, c'est-à-dire moins
de •'
"^ 7000*
» Le chlorure de cadmium est attaquable à froid par SO* H-, mais moins encore que
le chlorure cuivrique. En faisant passer de l'air dans le mélange, cet air entraîne de
petites quantités de H Cl qui, recueillies dans du nitrate d'argent, font connaître la
quantité de Gd Cl- qui a été décomposée. L'expérience comparative suivante montre
que l'attaque est d'autant plus lente que SO* H- est en moindre excès : on a fait passer
le même courant d'air (environ i bulle par seconde) pendant i\ heures dans une série
de trois mélanges, suivis chacun d'un flacon de A-zO^Aget contenant respectivement,
pour 20*^™' de chlorure de cadmium à y^, 10'^°'', 20"^™" et 40'^'°' de SO*H"-, ce qui corres-
pond, en chiffres ronds, à des teneurs de 4^, 64 et 76 pour 100 en SO^H^ Les poids
de chlorure d'argent recueillis ont été respectivement i4"s,5, i38™s,5 el4'25'"S,5, cor-
1 > 1 1 ' • • , 5,5 52,8 162,4 , 11 1 j •
respondant a la decomposUion de , et ■ du chlorure de cadmium mis
^ ' 1000 1000 1000
en expérience. Ainsi, pour une teneur de 70 pour 100 en SO*H-, l'attaque est environ
trois fois plus rapide que pour 64 pour 100 et environ trente fois plus rapide que pour
46 pour 100.
» Suivant qu'on précipite à la température ordinaire une solution de chlorure de
cadmium par un excès plus ou moins grand de SO* H'^ on obtient soit le chlorure
anhydre, soit le monohydrale (GdCl--|- H-0). Ils se distinguent nettement au micro-
scope : le chlorure anhydre forme de petits cristaux grenus; le monohydrate, de fines
aiguilles. Ces précipités ont été analysés en y dosant le chlore et le métal. Il n'est
guère possible d'avoir des analyses concordant d'une manière parfaite avec les
chiffres théoriques pour ces corps très difficiles à débarrasser de la liqueur où ils se
sont formés : les plaques poreuses n'absorbent que très lentement ces liquides très
chargés d'acide sulfurique. Comme pendant ce temps l'acide attaque peu à peu le
chlorure, il faut abréger le contact avec les plaques, et le corps à analyser retient tou-
jours une certaine quantité de liqueur acide; on en tient compte en dosant SO'H^
dans le précipité, après avoir déterminé la composition de la liqueur acide.
»... Quand l'acide sulfurique n'est pas en assez grand excès pour précipiter du chlo-
rure anhydre, on obtient donc, non pas le sel ordinaire du commerce (CdCP +- 2H^0),
244 ACADÉMIE DES SCIENCES.
mais le monohydrate (CdCP+H^O). Pickering a montré que ce monohydrate se
produit en faisant cristalliser à chaud la solution aqueuse. J'ai observé qu'il se produit
aussi quand on expose à l'air le dihydrate, qui alors s'effleurit rapidement en devenant
du monohydrate. Inversement, du chlorure anhydre abandonné à l'air absorbe de l'eau
jusqu'à ce qu'il soit devenu du monohydrate. Enfin, le monohydrate placé dans le vide
sec à la température ordinaire se transforme à la longue en chlorure anhydre.
» Bromui-e de cadmium. — Le bromure est, comme le chlorure, précipité de sa
solution par un excès de SO*H^; d'après les analyses, le précipité consiste toujours
en bromure anhydre, tandis que le sel ordinaire est (CdBr'^n- 4H"''0). L'acide sulfu-
rique à froid n'attaque pas du tout ce bromure : de l'air passant pendant plusieurs
heures dans ce mélange ne donne aucun précipité dans AzO^Ag. ...
» La précipitation par SO^H- en excès est un caractère très sensible du bromure de
cadmium. Une solution à ^ou donne encore un précipité appréciable. Cette grande
insolubilité dans une liqueur très chargée de SO*H'^ permet, comme pour le chlorure,
une précipitation presque complète du cadmium.
» Un mélange de 1^°' de sulfate de cadmium à -^^ avec 10'°' de SO*H'^ constitue
donc un réactif relativement sensible des chlorures et des bromures donnant un pré-
cipité avec KCI à -^ et KBr à ^^^ ; mais, les deux précipités étant blancs, la réaction
ne peut servir à distinguer les chlorures des bromures.
» Chlorure et bromure mercuriques. — Le chlorure mercurique est précipité de
sa solution par un excès de SO*H^ et, si cet excès est suffisant, il ne reste que fort peu
de mercure en solution : avec 2^°' d'acide pour r"' d'une solution saturée vers 20°, le
liquide clair surnageant ne contenait plus par gramme que i'"s,o3 de mercure. Quelle
que soit la proportion de SO*H^, le précipité consiste toujours en chlorure anhydre.
» Le bromure mercurique est aussi précipité de sa solution par un excès de SO^H^;
le précipité est peu abondant, le bromure mercurique étant très peu soluble dans l'eau
froide.
M Chlorure et bromure stanneux. — La i-éaction fournie par un mélange de sulfate
de cuivre et d'acide sulfurique en grand excès est encore en défaut avec les chlorure
et bromure stanneux, qui donnent avec ce réactif, au lieu d'un précipité jaune ou
noir, des précipités blanc jaunâtre ou blanc violacé, devenant presque aussitôt blancs.
Cest que, d'une part, SO*H^ précipite les chlorure et bromure stanneux de leurs solu-
tions et que, d'autre part, ceux-ci ramènent à l'état de chlorure ou bromure cuivreux
blancs le chlorure ou bromure cuivrique qui avait pu d'abord se former. »
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur iamannite, les azotates et les alcaloïdes des urines
normales. Note de iM. S. Dombrowski, présentée par M. A. Gautier.
« Dans un précédent Mémoire (') nous avons exposé une méthoile
générale qui permet de retirer, des liquides animaux et végétaux ies
(') Comptes rendus, t. CXXXV, p. 1S2.
SÉANCE DU 28 JUILLET 1902. 245
plus complexes, la plupart de leurs composés ternaires et quelques corps
basiques qui les accompagnent.
» Eti appliquant cette méthode aux urines normales de l'homme, nous
en avons séparé, entre autres, des azotates, des alcaloïdes divers et de la
mannite.
» Azotates. — L'azotate de soude existe dans toutes les urines normales, soit que ce
sel se forme directement dans l'organisme, soit qu'il nous vienne de l'alimentation.
Nous nous sommes assuré que les azotates n'existaient pas dans les réactifs employés.
Autant qu'on peut l'apprécier, on trouve ■?."-, 0 à 5s d'azotate de soude pour 100'
d'urine.
» Les azotates avaient été déjà signalés, mais non dosés dans les urines normales, par
Wulffius, Schonbein, Rohmann et d'autres auteurs (').
» Ptomaïnes des urines normales. — Cadavérine. — Elle se trouve dans l'extrait
éthéré aa-a légèrement alcoolisé avec une autre base qui l'accompagne (-).
» Les chlorhydrates de ces bases cristallisent bien, mais se liquéfient à l'air. Ils sont
solubles dans l'alcool éthéré, d'où on les précipite par addition de chlorure de pla-
tine. Les chloroplatinates sont très difficilement solubles dans l'eau. Après élimina-
lion duchloroplatinate d'ammoniaque, la solution aqueuse, suffisamment concentrée,
laisse déposer par refroidissement rapide un chloroplatinate en paillettes rhombiques
de couleur jaune clair. 11 contient 36, 16 pour 100 de platine.
» Les solutions mères retiennent un autre chloroplatinate, qui, après une longue
purification, a été obtenu sous forme de petites aiguilles prismatiques d'un jaune rou-
geâtre. L'analyse des fractions les plus pures de ce chloroplatinate a conduit à la
formule C^H'<^Az-, PtCl". C'est la cadavérine de Brieger.
» La présence de la cadavérine dans les urines n'avait été signalée que dans quel-
ques cas de cystinurie (^).
» Base en CH'^AzO'. — Cette base a été extraite par l'alcool, après enlèvement
de la cadavérine par l'éther légèrement alcoolisé. Il reste un mélange de deux bases,
bouillant vers i4o°-i5o'' à la pression ordinaire. Ces bases donnent des chlorhydrates
solubles dans l'alcool. Leur solution alcoolique traitée par le chlorure de platine donne
un précipité médiocrement soluble dans l'eau froide, qui a été soumis à une cristalli-
sation fractionnée. Il se dépose un chloroplatinate sous forme de cristaux clinorhom-
biques d'un jaune rouge, groupés en étoiles, contenant 82,57 pour 100 de platine.
» Des eaux mères de ce sel il cristallise un chloroplatinate en aiguilles affectant la
forme de feuilles de fougères. Ces cristaux sont assez difficiles à obtenir.
(^) Neubauer und Vogel, Analyse des Harns, 1898.
{'^) Mon Comptes rendus. {Loc. cit., p. 184.)
(*) Baumann et Udransky, Ber. d. d. ch. G., t. XXI, 1888, p. 2744-2938. —
Stadthagen et Brieger, Virch. Arch., t. CXV, 1889, p. 490. — J. Cam.hioge et
A. Garkod, Maly's Jahr.f. Thier-Chemie, t. XXX, 1900, p. 904.
246 ACADÉiMIE DES SCIENCES.
» L'analyse de !a fraction la plus pure conduit à la formule
(GMr3AzO-,HCl)-Pta*.
» Cette base possède une composition identique avec celle que E. et H. Salkowski (^)
ont trouvée dans les produits de la putréfaction de la chair musculaire et de la
fibrine. Elle constitue peut-être un homologue supérieur d'une base en C^H'^AzO-
qui accompagne, d'après Brieger, la cadavérine dans les cadavres abandonnés à une
longue putréfaction (-).
» Mannite des urines normales. — La mannite a été signalée par Ja(ré(") dans les
urines de chiens nourris avec une grande quantité de pain, surtout après adminis-
tration de la morphine.
» Je l'ai extraite des urines normales de l'homme en quantité approximative de as
par loo'. Elle cristallise en petites aiguilles orthorhombiques incolores. Elle possède
une saveur légèrement sucrée et fond entre i64° et i65°. [Température de fusion de
la mannite ordinaire : i65° (Favre, Landolt); point de fusion de la /.-mannite : 166";
de la f.-mannile : 170°.] Elle a toutes les propriétés de la mannite ordinaire.
» Elle n'offre aucune des réactions qui caractérisent les sucres réducteurs ou hydro-
lysables.
» L'analyse a conduit à la formule C"H**0'"'. J'ai trouvé : G =r 89, i 2 ; 11=7,92;
O = 52,96 ; au lieu de G = 39,56 ; H =: 7,69 ; O =: 02,7/4 que demande la théorie.
V L'action de la morphine observée par Jaffé semble bien établir que cette mannite
se produit directement dans les tissus. »
CHIMIE ANIMALE. — Essai d'analyse immédiate du tissu nerveux.
Note de M. N. -Alberto Barbieki, présentée par M. A. Gautier.
« Si Ton traite le tissu nerveux [phosphore, i,32 pour lOO de tissu
sec (*)] du bœuf de la manière déjà indiquée (*), on a trois groupes de
substances bien distinctes, savoir :
» I. L'ensemble des corps solubles dans l'éther (phosphore, 1,22
pour 100);
» II. L'ensemble des corps solubles dans l'eau éthérée (phosphore,
i,4o pour 100);
(1) E. et H. Salkowski, B. d.d. cli. G., t. XVla, p. 1192.
C^) A. Gautier, Toxines microbiennes et animales, p. i36.
( ') ber. d. d. ch. G., t. XVIa, p. i388.
(^) Tous les dosages de phosphore sont rapportés à la substance bien séchée à
l'étuve.
(») Comptes rendus, 5 août 190.
SÉANCE DU 28 JUILLET 1902. 247
» III. Le résidu (phosphore, 2,1 5 pour 100).
» Cette marche ne m'a pas encore permis de séparer les albumines, les
hydrates de carbone et les giaisses, c:\v les neuroalbumines sont toujours
unies à la cérébrine et à l'homocérébrine; les hydrates de carbone, sauf le
glycogène, se rencontrent sous la forme toute particulière de cérébrosides,
et les graisses sont plus ou moins unies à des principes phosphores.
» On filtre I el l'on évapore au liers Féther. Il se dépose, dans un temps variable,
un précipité blanc floconneux que l'on sépare par filtration. Ce précipité, ne conte-
nant pas de cérébrine, est complètement soluble dans le chloroforme et donne o,56
pour 100 de phosphore.
» L'éther qui reste est ensuite évaporé, et le résidu est traité par un excès d'alcool
absolu bouillant qui laisse indissous un corps visqueux très adhérent aux récipients et
qui contient 1,71 de ])hosphore pour 100 (nucléine?). L'alcool, additionné de potasse
pure, est complètement évaporé. Le résidu est dissous dans l'eau distillée. Par filtra-
tion à la trompe, on sépare la cholestérine insoluble dans l'eau. Cette cholestérine
fond à 145°; elle se colore en rouge par l'acide sulfurique.
» Les savons de potasse sont neutralisés par l'acide sulfurique. Les acides gras sont
repris par l'alcool qui, évaporé au liers, dépose, après refroidissement, une deuxième
cholestérine qui fonda i38° et cristallise en aiguilles très fines (érjthrocholestérine?).
Par cristallisation fractionnée, on sépare de l'alcool diff'érenls acides gras. Les eaux
mères des savons contiennent des acides gras volatils et un corps gras qui appartient
probablement à la série acrylique et qui, par son odeur, rappelle la saumure de poisson.
» On filtre l'eau éthérée II el l'on y ajoute 200"^' par lilre de liqueur d'une solution
au Y^ôô d'acide chlorhydrique. Il se forme à froid un précipité blanc floconneux que
l'on sépare par filtration. Ce précipité, analogue à la caséine, est lavé à l'alcool et,
après avoir été séché dans le vide, est repris par l'alcool absolu bouillant qui lui enlève
la cérébrine, l'homocérébrine elles graisses phosphorées (0,79 pour 100 de phosphore),
l^a caséine renferme o,65 pour 100 de phosphore. On ajoute à la liqueur faiblement
chlorhydrique de la potasse pure et l'on sépare un résidu d'alcali-albumine. La liqueur
alcaline filtrée (0,92 pour 100 de phosphore) contient en outre des acides gras volatils
et des corps basiques.
» Le résidu lll est séché à l'étuve et traité par un excès d'alcool absolu bouillant.
Il se sépare, par refroidissement, la cérébrine et l'homocérébrine. On réduit l'alcool
au tiers et, par refroidissement, il se dépose un corps blanc, granuleux (lécithine et
protagon?) qui conlient 1,91 pour 100 de phosphore. La séparation des cholestérines
et des graisses se fait comme dans l'extrait éthéré.
» Le résidu (phosphore, 1,22 pour 100), complètement épuisé par l'alcool, est
traité par une solution d'acide sulfurique au 77^; on fait bouillir pendant 12 heures.
On filtre ('), on neutralise par l'eau de baryte, on sépare le sulfate barylique formé et
l'on précipite de la liqueur par l'alcool un corps albuminoïde. Enfin, on fait bouillir
(' ) La liqueur sulfurique renferme 0,62 pour 100 de phosphore.
2^8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Je résidu avec une solution de soude au j^. On filtre. La liqueur au contact de l'acide
acétique, abandonne un corps albuminoïde. Ce qui reste sur le filtre est formé, en
grande partie, de kératine (•). »
PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Sur la ligature de V exLrèmitè appendi-
culaire du cœcum chez le Cercopithecus cephus Erxl. Note de M. Jean
Maumus, présentée par M. Edmond Perrier.
« Dans une première série de recherches (- ), je me suis préoccupé de
faire connaître la structure et le mode de fonctionnement des caecums des
Oiseaux. Actuellement, me basant sur mes constatations antérieures, je me
propose d'aborder l'étude de l'appendicite expérimentale chez le Singe.
» Plusieurs théories ont été imaginées, dont la plus ingénieuse assuré-
ment est celle du vase clos. Pour tous ceux qui acceptent une pareille
explication, la cavité appendiculaire i)eut, à un moment donné, s'obli-
térera un niveau quelconque de son trajet. Dès lors, la partie sous-jacente
se trouve transformée en une cavité close où les microbes, exaltant leur
virulence, pourront provoquer l'inflammation de l'oro^ane.
» Bien qu'un certain nombre de faits cliniques paraissent légitimer une
telle hypothèse, j'ai cru utile, néanmoins, de la soumettre au contrôle de
l'expérimentation. Déjà, chez les Oiseaux, j'avais pu pratiquer sans acci-
dent la ligature des cîecuriis, et je dois déclarer que dans aucun cas l'animal
ne succombait à la suite d'une pareille opération. Il est vrai que l'orga-
nisme met en œuvre un certain nombre de procédés qui assurent sa
défense et, chez les Oiseaux, je puis en signaler trois principaux :
» 1° La formation de nombreuses adhérences contractées par les cœcums
dans le but d'enkyster la péritonite;
» 2° L'hypertrophie du tissu musculaire;
» 3" L'apparition de nombreux macrophages, dont le rôle a été si bien
étudié par le professeur Metchnikoff.
» Ces mêmes moyens de défense s'observent également chez le
(') J'ai nourri deux chiens uniquement avec du tissu nerveux frais de bœuf. Ils
recevaient en tissu nerveux, chaque jour, comme nourriture exclusive, les -ç\^ de leur
poids initial. Au bout de 33 jours, ils avaient perdu environ les -^^^ de leur poids ini-
tial. Cette expérience sera décrite ultérieurement avec soin.
(2) J. Maumi's, I.es cœcums des Oiseaitjc. Thèse de la Faculté des Sciences de Paris,
1902.
SÉANCE DU 28 JUILLET I902. 249
Singe. En réalité, les Anthropoïdes seuls possèdent un appendice compa-
rable à celui de l'homme; mais déjà, chez les Cercopithèques, cet organe
commence à faire son apparition sous la forme d'un prolongement digiti-
forme terminé en pointe, qui fait suite au cœcum. Mais, en attendant de
pouvoir m'occuper des Anthropoïdes, j'ai cru intéressant de faire porter
mes recherches sur le Cercopithèque à face bleue du Congo (Cercopithecus
cephus Erxl.).
» J'ai pu pratiquer avec succès la ligature de l'extrémité appendiculaire chez cet
animal. Après une incision longitudinale de 4*^™ à 5^^"° sur le flanc droit de l'abdomen, on
recherche tout d'abord le caîcum. Cela fait, on débarrasse, par une série de pressions
légères, l'extrémité appendiculaire des matières résiduelles qui s'y trouvent et on
l'isole du Cfecum au moyen d'une ligature au fil de soie, ce qui détermine une cavité
close. On suture ensuite en bloc, on pose un pansement sec, et, pour mettre l'animal
dans l'impossibilité de l'enlever, j'ai eu recours à un appareil plâtré.
» Pendant les deux jours qui ont suivi l'opération, l'animal est abattu; mais, vers le
sixième jour, les forces reviennent et l'animal semble complètement guéri, présentant
désormais tous les signes extérieurs de la santé.
» Il était toutefois intéressant d'examiner les phénomènes qui avaient pu se pro-
duire dans la région ligaturée. Aussi, au bout de 22 jours, l'animal est sacrifié, et, à
l'autopsie, je constate que le feuillet pariétal du péritoine est absolument sain. Quant
à la portion ligaturée, elle m'a permis de faire une série d'observations que j'avais pu
déjà signaler chez les Oiseaux et qui montrent par quels moyens variés l'organisme
prépare sa défense.
» Je remarque tout d'abord que le ctecum et surtout son extrémité appendiculaire
ont contracté des adhérences avec les anses intestinales voisines. Ces tissus de néofor-
mation mettront les régions en contact avec l'organe ligaturé, à l'abri de toute poussée
inflammatoire et enkysteront la péritonite si celle-ci vient à se déclarer.
» C'est également à un procédé de défense que je crois pouvoir attribuer l'hyper-
trophie du tissu musculaire. L'examen histologique de pièces prélevées au-dessus de
la ligature et dans la région inférieure à celle-ci m'a permis d'observer que cette
hypertrophie tient surtout aux fibres circulaires qui ont envahi presque complètement
la sous-muqueuse. En comparant l'épaisseur du tissu musculaire au-dessus et au-
dessous de la ligature, on trouve habituellement, en faveur de cette dernière région,
le rapport de 10 à 6. C'est encore là une barrière opposée aux toxines microbiennes.
» Une autre constatation intéressante à signaler résulte de l'examen de certains
éléments cellulaires qu'on n'observe que dans la portion ligaturée. Ce qui frappe au
premier abord, c'est la présence de leucocytes parmi lesquels il y a une très forte pré-
dominance de cellules à noyaux polymorphes. Ces éléments, déjà abondants dans la
tunique musculaire, atteignent une densité beaucoup plus accusée dans la muqueuse,
et les capillaires qui arrosent cette couche en renferment un nombre considérable.
f> Mais le fait qui a tout spécialement retenu mon attention est l'apparition de
nombreux macrophages qui ont envahi tous les tissus, depuis la séreuse jusqu'aux
couches les plus internes. Leur répartition semble même avoir un certain rapport
G. R., 1902, 2* Semestre. (T. CXXXV, N» 4.) ^^
25o ACADÉMIE DES SCIENCES.
avec celle des vaisseaux sanguins. Dans tous les cas, ils sont toujours environnés de
leucocytes à noyaux polymorphes. Suivant les points envisagés, la muqueuse présente
une série d'altérations aboutissant finalement à la disparition de sa structure normale
et j'ai pu constater que cet ensemble de modifications paraissait être en rapport avec
le nombre et la constitution des macrophages : ceux-ci augmentant en même temps
que les lésions des tissus environnants sont plus accusées.
» Les macrophages ont un cytoplasma irrégulier, globuleux, ne dépassant guère
en longueur i5l^ à i7f^. Le noyau, unique dans la plupart des cas, est toujours pauvre
en chromatine.
» Les plus gros, qui peuvent atteindre et même dépasser 20^, sont formés de masses
granuleuses qui se fragmentent. Leur noyau est encore plus pauvre en chromatine que
dans les formes précédemment décrites et, parfois même, ce dernier élément est invi-
sible. Les macrophages ainsi constitués sont plongés dans du tissu de sclérose qui
semble tendre à se substituer à eux. J'ai pu également observer les macrophages
dans leurs divers procédés de défense de l'organisme. Occupés à détruire les bactéries
qui le menacent et les cellules qui peuvent leur donner asile, ils m'ont permis de
suivre dans mes coupes les phases diverses de leur activité. Certains commencent à
englober de leurs pseudopodes les microbes pathogènes et les cellules dont il faut
débarrasser l'organisme; d'autres, au contraire, se présentent aux derniers stades de
la phagocytose.
» Ces faits ne s'observent que dans la portion ligaturée et c'est vainement qu'on en
chercherait la moindre trace dans la région qui précède la ligature.
» De l'ensemble de mes expériences sur les Oiseaux et sur le Singe, il
résulte que la ligature d'une portion de l'appendice, bien que déterminant
un vase clos, n'a pas nécessairement une issue mortelle. La guérison est
obtenue par les processus de défense que je viens de faire connaître. »
ZOOLOGIE. — La sécrétion interne du testicule chez l'embryon et chez l'adulte.
Note de M. Gustave Loisel, présentée par M. Bouvier.
« Comme suite à nos travaux sur la spermatogenèse du Moineau, nous
avons été amené à entreprendre une nouvelle série de recherches sur la
sécrétion interne du testicule, qui n'est connue jusqu'ici que par ses effets
sur l'organisme adulte. Nous avons étudié sept types d'Oiseaux : Moineau,
Serin, Combasson {Eypochœra nitens), Fondi (^Fondia madagascariensis).
Canard, Colin de Californie et Poulet, et quatre types de Mammifères :
Cobaye, Chien, Chat, Chauve-Souris; les testicules ont été traités, pendant
8 jours au moins, par un fixatif fortement osmiqué : liquide de Flemming,
d'Hermann ou d'Altman, par exemple; les coupes ont été montées dans
de la glycérine gélatinée. Voici le résumé des résultats que nous avons
SÉANCE DU 28 JUILLET I902. 231
obtenus, en prenant comme exemple un type d'Oiseau et plus spécialement
le Fondi et le Moineau.
» Chez l'embryon, la même sécrétion, que l'on retrouve dans le testicule de
l'adulte, se montre déjà dans l'épithélium germinatif (*). Elle se présente sous la forme
de sphérules noires, contenues dans le corps cellulaire d'un très grand nombre des cel-
lules qui composent l'épithélium. Ces sphérules ne sont pas formées uniquement de
graisse, car, quand on les traite par l'éther, elles laissent à leur place une sphérule
grisâtre qui disparaît elle-même au bout de quelque temps dans le baume.
» Plus tard, quand la partie interne de l'épithélium germinatif s'organise en glande
sexuelle, dite indifférente, nous voyons ces sphérules augmenter de nombre, mais
rester toujours isolées; on les trouve dans le protoplasma des petites cellules épithé-
liales {cellules gerniinatives), mais surtout dans les gros éléments appelés ovules
primordiaux. (Peut-être y a-t-il déjà des différences sexuelles dans ces organes; en
effet, nous n'avons pas toujours retrouvé les sphérules noires dans tous les embryons
que nous avons observés.)
» La glande sexuelle embryonnaire évolue bientôt suivant le type mâle ou le type
femelle. Dans le premier cas, que nous avons seul en vue, la plus grande partie de ses
éléments forme des cordons cellulaires pleins, les futurs tubes séminipares; les autres
restent pour former les éléments conjonctifs et les cellules interstitielles. Pendant une
partie de la vie fœtale, le testicule ainsi constitué élabore les mêmes sphérules de
graisse dans l'intérieur des tubes séminipares, de même que dans les cellules intersti-
tielles, mais, pour ces dernières, beaucoup moins abondamment chez les Oiseaux que
chez les Mammifères.
» Après avoir présenté un maximum, cette sécrétion va en diminuant de plus en
plus, ou change de caractère, en approchant de la naissance. Pendant le jeune âge qui
suit cette époque (par exemple, chez un Passereau de notre pays, pendant le premier
été et l'hiver suivant), le testicule présente toujours la même structure de glande
interne, mais nous n'avons plus trouvé d'élaborations graisseuses à son intérieur. Ceci
s'explique si, comme nous le pensons, la sécrétion embryonnaire avait pour rôle d'ac-
tiver le développement en excitant le métabolisme cellulaire de l'embryon. C'est en
effet ce rôle que nous observons quand cette sécrétion réapparaît, an début de la pé-
riode des amours, sous la même forme de sphérules noires et dans les mêmes éléments
cellulaires. Mais, alors que les cellules germinatives continuent à élaborer, les ovules
primordiaux se divisent activement pour édifier le large épithélium stratifié qui
tapisse l'intérieur des tubes séminipares, pendant la durée delà spermatogenèse. C'est
sans aucun doute le produit de ces élaborations du testicule qui vont amener les chan-
gements bien connus de l'organisme mâle à cette époque, car on observe une concor-
dance absolue entre l'abondance des sphérules noires dans les cellules germinatives et
l'apparition de la parure de noces chez le Fondi, par exemple.
» Pendant le temps que dure la spermatogenèse, les cellules germinatives, placées
(') Voir les figures données dans nos Communications faites à la Société de Bio-
logie {Comptes rendus, n°' 26 et 27, juillet 1902).
252 ACADÉMIE DES SCIENCES.
à la base de l'épithélium séminifère, gardent leur caractère d'élément sécrétoire. Elles
l'exagèrent même encore à cette époque et acquièrent alors périodiquement des dimen-
sions et une forme spéciale que l'on décrit sous le nom de cellule de Sertoli. Chez les
Mammifères, ces cellules germinatives hypertrophiées continuent à élaborer encore de
la graisse, en même temps que les cellules interstitielles; chez les Oiseaux, au con-
traire, du moins chez le Moineau, nous n'avons plus trouvé de graisse pendant l'été.
Nous avons vu, par contre, dans les cellules de Sertoli, une autre substance se pré-
sentant encore sous la forme de sphérules isolées, les unes se colorant en noir par l'hé-
matoxjline au fer, les autres se colorant en bleu par le ferrocyanure de potassium (').
» A l'automne, chez les Oiseaux, le testicule rentre dans une période de repos. La
sécrétion morphologique de la spermatogenèse cesse alors complètement; l'épilhélium
spécial du printemps disparaît et les tubes séminipares reprennent la forme de cor-
dons cellulaires pleins. Au contraire, la sécrétion chimique continue à se faire dans
les cellules germinatives, mais avec beaucoup moins d'abondance et en montrant de
nouveau la propriété de réduire l'acide osmique.
» En résumé, le testicule présente deux fonctions sécrétoires distinctes :
a, une sécrétion chimique, qui est primordiale et se fait par le mode
interne; b, une sécrétion morphologique qui est secondaire et se fait par
le mode externe (-).
» Par sa sécrétion interne, le testicule est un grand destructeur de
graisse. Ainsi s'expliquent certains faits d'observation bien connus : mai-
greur plus grande chez le m.âle que chez la femelle, exagération de cette
maigreur chez le mâle à l'époque de l'amour, engraissement et inertie rela-
tive des mâles castrés. »
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Les kinases microbiennes. Leur action sur le pouvoir
digestif du suc pancréatique vis-à-vis de l'albumine. Note de M. C.
Delezenne, présentée par M. Roux.
« On sait depuis longtemps que certaines espèces microbiennes, et spé-
cialement celles qui sont anaérobies, sont capables d'attaquer lentement
les matières albuminoïdes coagulées et de leur faire subir des transforma-
tions plus ou moins analogues à celles qui se produisent sous l'influence de
(') Voir notre Mémoire au Journal de VAnatomie et de la Physiologie, 1902,
p. 1 12-177, ^vec 4 planches et 10 figures.
(2) Pour ce qui concerne les rapports existant entre ces deux fonctions, voir, dans
notre Mémoire du Journal de VAnatomie et de la Physiologie, le rôle que nous
attribuons à la cellule de Sertoli.
SÉANCE DU 28 JUILLET I902. ^ 253
la digestion tryptique. A côté des microbes, d'ailleurs en nombre assez res-
treint, qui digèrent plus ou moins énergiquement l'albumine, on en a
trouvé d'autres qui attaquent nettement la gélatine, parfois même la
caséine, mais qui sont incapables, dans les meilleures conditions d'expé-
rience, de faire subir une transformation appréciable à l'ovalbumine coa-
gulée. Les essais qui ont été tentés de divers côtés pour isoler les diastases
des uns et des autres ont permis d'obtenir, en s'adressant aux cultures
filtrées, des produits solubles liquéfiant la gélatine, mais ils n'ont jamais
permis de mettre en évidence, d'une façon indubitable, même lorsqu'on
s'adressait aux anaérobies, des ferments capables d'agir comme la pepsine
ou la trypsine sur l'ovalbumine coagulée.
» Quoi qu'il en soit, le seul fait que certains microbes sont capables de digérer len-
tement l'albumine a mis depuis longtemps les physiologistes en garde contre l'ingé-
rence des infiniment petits dans les recherches faites sur l'action protéoljtique des
différents sucs digestifs.
» Quelques-uns cependant considéraient ces précautions comme inutiles pour les
expériences de courte durée par le fait que les microorganismes, même les plus actifs,
mettent toujours un temps relativement long à digérer l'albumine.
» En reprenant l'étude de cette question à propos de nos recherches sur l'action
protéolytique du suc pancréatique, nous nous sommes assuré qu'il est absolument
indispensable, pour apprécier l'action digestive propre de cette sécrétion, de se mettre
dans tous les cas rigoureusement à l'abri des microorganismes. Si quelques-uns de ces
derniers sont capables de fausser les résultats en intervenant directement à un moment
donné, beaucoup d'autres qui ne possèdent pas de pouvoir digestif propre vis-à-vis de
l'albumine entrent cependant indirectement en jeu grâce à leur action kinasique.
)) On peut mettre ce fait en évidence par les expériences suivantes:
» Chez un chien muni d'une fistule pancréatique permanente on pratique le cathé-
térisme du canal de Wirsung en prenant toutes les précautions pour obtenir un suc
aseptique. On peut y arriver en lavant soigneusement l'orifice du canal à l'eau bouillie,
en introduisant une canule stérile mise en relation avec un récipient également stéri-
lisé et en perdant les premiers centimètres cubes qui s'écoulent. Malgré ces précau-
tions, il arrive très souvent que le suc renferme encore quelques microorganismes
venus du canal; l'addition de toluol suffit d'ordinaire à en empêcher le développe-
ment, mais il est préférable, si l'on veut avoir la certitude d'opérer dans des conditions
rigoureusement aseptiques, de filtrer le suc pancréatique sur bougie, aussitôt qu'il est
recueilli. La bougie Berkefeld, qui a l'avantage de ne pas retenir les diastases, donne
à cet égard les meilleurs résultats.
» Gomme nous l'avons montré précédemment avec M. Frouin ('), les sucs de fistule
permanente recueillis par cathétérisme du canal de Wirsung ne possèdent pas de
pouvoir digestif propre vis-à-vis de l'albumine, mais il suffit, pour leur conférer ce pou-
( ') Comptes rendus, 28 juin 1902.
254 ACADÉMIE DES SCIENCES.
voir, de les additionner d'une faible quantité de suc intestinal. On obtient générale-
ment le même résultat en les laissant se cultiver spontanément ou en les ensemençant
avec des espèces microbiennes déterminées. L'activité de ces sucs ne doit pas être
rapportée cependant aux microbes eux-mêmes, puisque les cultures faites parallèlement
dans d'autres milieux se montrent toujours incapables d'attaquer dans le même temps
un cube d'albuinine identique à celui que l'on a introduit dans le suc pancréatique.
» D'autre part, tandis que les produits filtrés des cultures sur bouillon ou sur pep-
tone n'agissent en aucune façon sur l'albumine, quels que soient le temps de la diges-
tion et la dose de filtrat employé, le suc pancréatique dans lequel les mêmes mi-
crobes se sont développés montre, après filtration sur bougie, un pouvoir protéoljtique
des plus manifestes.
» Ces faits tendaient à démontrer que les microbes sécrètent des ferments solubles
ayant les mêmes propriétés que l'entérokinase et pouvant conférera des sucs pancréa-
tiques tout à fait inactifs une action digestive évidente vis-à-vis de l'albumine.
» Pour résoudre celte question, je me suis adressé tout d'abord soit à des microbes
isolés de sucs pancréatiques qui s'étaient spontanément cultivés, soit à des espèces
banales dont les filtrats ne manifestaient aucune action sur l'ovalbumine coagulée.
Pour que les expériences puissent être répétées avec facilité, je ne m'occuperai ici que
de ces derniers et je prendrai comme type le bacillus subtilis. Ces microbes étaient
ensemencés abondamment sur du bouillon peptoné à 2 pour 100 réparti en couche
très mince dans des boîtes de Roux, Après 48 heures à 3 jours d'étuve, les cultures
étaient filtrées sur papier, puis sur bougie Berkefeld. Ces filtrats, qui, soit dit en pas-
sant, liquéfient assez facilement la gélatine, se montrent toujours impuissants à atta-
quer l'ovalbumine coagulée. Même après 5 et 6 jours d'étuve, on n'observe aucune
trace de digestion. Ajoutés à des sucs pancréatiques inactifs (sucs de fistule perma-
nente; sucs de sécrétine), les mêmes filtrats leur confèrent la propriété de digérer
très rapidement l'albumine; chauffés à 100° pendant lo minutes, ils perdent cette
propriété.
» L'activité des filtrats était loin d'être toujours la même, mais, en règle générale, il
suffisait, avec le subtilis, d'ajouter à i«'"' de suc pancréatique àQo^^\2 à 1*="' de filtrat
pour obtenir la digestion complète d'un cube d'albumine de os, 5o en l'espace de
2/4 heures à 48 heures.
» J'ai obtenu des résultats à peu près identiques en essayant les produits solubles
du bacillus mesentericus vulgatus, du vibrion de Finkler-Prior, d'un des microbes
peptonisants de Flûgge (n° 7), de plusieurs bacilles ou microcoques isolés de sucs
pancréatiques qui s'étaient spontanément cultivés. J'ajouterai que quelques espèces
pathogènes m'ont fourni des toxines ayant la même action, mais c'est là un point sur
lequel je me réserve de revenir,
» Certains microorganismes sont donc capables de sécréter des diastases
ayant les mêmes propriétés que l'entérokinase. Ce sont ces diastases qui
interviennent pour conférer un pouvoir protéolytique aux sucs pancréa-
tiques primitivement inactifs et qu'on laisse se cultiver spontanément.
)) Dans une prochaine Communication, je montrerai que le venin des
SÉANCE DU 28 JUILLET 1902. 255
serpents qui, à tant d'égards, mérite d'être rapproché des produits solubles
sécrétés par les microbes possède, lui aussi, une action kinasique des plus
manifestes. »
MÉDECINE EXPÉRIMENTALE. — Nature parasitaire (Oospora) de certaines
dégénérescences calcaires, de quelques tumeurs inflammatoires et de lésions
spéciales du squelette. Note de MM. A. Charrix et G. Delamare, pré-
sentée par M. d'Arsonval.
« Dans le tissu cellulaire de la région cervicale antérieure d'un lapin,
normal à d'autres égards, nous avons rencontré un parasite dont l'étude,
à divers points de vue, nous a paru intéressante.
» Ce parasite vivait d'une vie en quelque sorte latente dans les parois
solides assez épaisses d'une tumeur kystique contenant, dans un liquide
clair, quelques hydalides; il se présentait sous la forme de grains sphé-
riques ou ovoïdes associés à des filaments, grains et filaments reproduits
dans des cultures ensemencées avec des parcelles de cette tumeur.
» Il est, en effet, facile d'obtenir, dans les milieux usuels, la pullulation de cet orga-
nisme. Dans le bouillon, par exemple, il se développe sous l'aspect de flocons plus ou
moins volumineux, laissant entre eux un liquide transparent; sous l'huile, ce déve-
loppement est discret. Sur l'agar, il forme une couche grisâtre, sèche, qui ne tarde
pas à se recouvrir d'une poussière blanche; si on le place dans les conditions habi-
tuellement mises en œuvre pour réaliser la fructification des champignons, des conidies
prennent rapidement naissance, etc. En définitive, l'ensemble des caractères de mor-
phologie, de culture, etc., permet d'affirmer qu'on est en présence d'une variété
à''Oospora, d'une espèce vraisemblablement nouvelle, voisine de VOospora Gui-
gnardi, mais en différant un peu par la formation (^).
» En dehors de ce champignon, dans les parois conjonctives du kyste
dont nous avons pratiqué l'ablation, on décelait des éléments à couches
concentriques, de consistance ferme, dégageant CO^ au contact de l'acide
acétique, éléments en somme identiques aux calco-sphérites du professeur
Henneguy. D'autre part, si l'on cultive ce végétal sur de la gélose addi-
tionnée de carbonate de chaux, on obtient un égal dégagement de CO^,
principalement en faisant agir l'acide sur le végétal lui-même plutôt que
(^) M. le professeur Radais a bien voulu étudier en détail l'histoire naturelle de
ce parasite. Nous nous bornons, au point de vue botanique, à quelques indications,
car nous envisageons surtout le rôle de ce champignon en Médecine expérimentale.
256 ACADÉMIE DES SCIENCES.
sur cette gélose. Il semble donc que, in vitro aussi bien que dans les tissus,
cet organisme, en présence de ces matériaux calcaires, provoque la forma-
tion de carbonate de chaux. Par suite, en rapprochant ces diverses constata-
tions, on est peut-être en droit de penser que certains dépôts, que certaines
dégénérescences calcaires opérées dans nos organes sont sous la dépen-
dance de ce champignon. Cette donnée acquiert quelque importance quand
on se souvient que plusieurs autres végétaux analogues, dont différentes
espèces se rencontrent dans l'économie humaine où cette chaux ne manque
jamais, jouissent de cette propriété d'action sur ces composés calciques.
» La virulence des cultures de ce parasite s'est, en général, révélée
nulle ou faible. Introduit par toutes les portes d'entrée, notre Oospora n'a
habituellement occasionné aucun désordre appréciable et a disparu grâce
aux procédés usuels de la défense. Toutefois, en affaiblissant, en prépa-
rant le terrain, spécialement en injectant de minimes quantités d'une solu-
tion d'acides ('), quantités impuissantes à agir seules, nous avons vu se
développer des lésions assez disparates.
)) Assez souvent, le mal s'est limité à des réactions inflammatoires,
ulcératives ou suppurées, uniquement localisées aux points d'inoculation.
Dans un cas, cependant, nous avons enregistré l'évolution d'une pleu-
résie et d'une péricardite purulentes, caractérisées par l'abondance et le
volume des fausses membranes; mais il est juste de mentionner que,
dans ces exsudats, existait une véritable symbiose, constituée dans l'espèce
par l'association d'un staphylocoque.
)) Chez quelques animaux, particulièrement au niveau des pavillons
auriculaires des lapins, se sont formées des séries de nodules sous-cutanés,
fréquemment abscédés ; la structure de ces productions, que leur aspect
aurait à la rigueur pu faire prendre pour des tumeurs, était, du reste,
de nature purement inflammatoire.
» Les altérations les plus intéressantes que ce parasite nous a permis de
réaliser sont assurément celles qui ont porté sur le squelette. Nous avons,
en effet, obtenu différentes modifications, en particulier des nodosités cos-
tales rappelant de loin le chapelet thoracique du rachitisme; or, ces
nodosités renfermaient VOospora mis en évidence par les cultures.
» De l'ensemble de ces constatations on est autorisé à conclure que des
parasites de l'ordre de ce champignon sont capables de jouer un rôle dans
(') is d'acides oxalique, lactique, acétique dans 200*^""' d'eau; injections répétées,
sous la peau, de i''""' à a"^™".
SÉANCE DU 28 JUILLET 1902. 237
la production de certaines dégénérescences calcaires ('), dans l'évolulion
de quelques néoplasies inflammatoires, comme aussi dans la genèse de
dystrophies osseuses spéciales.
» Pour obtenir ces dystrophies, la préparation du terrain a paru indis-
pensable. Aussi est-on en droit de se demander s'il finit les classer dans
le groupe des maladies humorales et, dans l'espèce, des dyscrasies acides,
ou, au contraire, dans la catégorie des processus réputés infectieux. Ei
définitive, on s'aperçoit une fois de plus combien sont souvent complexes
les conditions nécessaires à la réalisation d'une affection déterminée et
combien parfois il est malaisé, quand l'évolution de cette affection est
avancée, de préciser quel a été au fond son point de départ, quelle est en
réalité sa nature, sa véritable essence, cellulaire, humorale ou parasi-
taire ("). »
PHYSIOLOGIE pathologique:. — Étude comparée de i' hématolyse par les
venins chez le chien et le lapin. Note de M. C Phisai.ix, présentée par
M. A. Chauveau.
« J'ai montré précédemment ( ^ ) que, si l'on mélange du sang au venin de
vipère, les globules rouges du chien sont plus facilement détruits que ceux
(') Bien entendu, celte pathogénie n'e\clut pas rinlervention , suivant les cir-
constances, de mécanismes multiples.
(-) Ces questions sont d'autant plus intéressantes que les modifications de terrain
effectuées dans nos expériences peuvent, au besoin, être l'œuvre des cellules d'un or-
ganisme troublé dans sa nutrition ou son fonctionnement; l'acidification des plasmas
ou, mieux, la diminution de leur alcalinité relèvent, suivant les cas, soit de nos élé-
ments anatomiques isolés, soit des bactéries agissant aussi séparément, soit encore de
ces éléments et de ces bactéries intervenant de concert.
Cette variété d'agents pathogènes aussi bien que ces dyscrasies acides jouent,
d'ailleurs, un rôle dans différents processus portant sur le squelette, en particulier
dans l'ostéomalacie. Si, en effet, cette affection dépend fréquemment des anomalies
nutritives ou fonctionnelles de nos propres cellules (ostéomalacie de la grossesse, etc.),
des recherches encore inachevées de Charrin et Moussu tendent à montrer que, chez
certains animaux (cachexie osseuse du porc, de la chèvre, etc.), ce mal est de nature
parasitaire; en dehors de l'épidémicité et de la contagiosité, du reste, complexes, par-
tiellement peut-être de cause alimentaire, ces auteurs ont établi son inoculabilité à
l'aide de la moelle osseuse et isolé des germes dont les cultures ont déjà fourni quelques
curieux résultats.
(^) Soc. de Biol., juillet 1902.
C. R., 1903, 2» Semestre. (T. GXXXV, N» 4.) ^^
258 ACADÉMIE DES SCIENCES.
du lapin. A quoi faut-il attribuer cette différence ? Est-ce à une variation de
la résistance propre de ces éléments ou à la composition chimique du
milieu dans lequel ils baignent? Ces deux facteurs interviennent dans le
phénomène, mais le second beaucoup plus que le premier; c'est ce que la
présente Note a pour but de démontrer.
» On sait, depuis les recherches de Flexner et Noguchi, de Calmette, que les glo-
bules de chien, lavés à plusieurs reprises, peuvent être mélangés à une solution de
venin sans subir la moindre hématolyse, mais dès que l'on ajoute une goutte de sérum
de chien, normal ou chaufTé à 58°-6o°, la dissolution des globules s'opère en lo à
i5 minutes. J'ai constaté qu'avec le sérum de lapin la dissolution est moins rapide;
les résultats varient suivant que le sérum a été chauffé ou non chauffé. Dans le pre-
mier cas, l'hématoh'se se fait progressivement; elle est complète en i heure, avant
que les globules aient eu le temps de se déposer, tandis que dans le deuxième cas les
globules se déposent, et c'est à peine si, au bout de 2 heures, ils commencent à être
attaqués. Il existe 4onc dans le sérum de lapin une substance antihémolytique qui est
détruite par le chauffage.
» Cette antihémolysine naturelle est une des causes qui empêchent la dissolution des
globules de lapin lavés, quand on ajoute du sérum de lapin non chauffé au mélange de
ces globules et de venin. Cependant, quand on supprime cette antihémolysine par le
chauffage, le sérum ne devient pas plus hémolytique pour les globules de lapin. Il n'en
est pas de même si Ion emploie du sérum de chien. Celui-ci, après un ou plusieurs
chauffages à 58°, possède la propriété de dissoudre les globules-de lapin. Il faut en
conclure qu'il contient un principe sensibilisateur plus actif que celui du lapin.
» Ces faits corroborent ceux que M. Calmette a découverts; ils mon-
trent, en outre, que c'est à la proportion relative d'antihémolysine et de
sensibilisatrice dans le sérum qu'il faut attribuer le rôle le plus important
dans l'action hématolytique des venins.
» Toutefois, la résistance propre des ^globules intervient aussi dans le
phénomène. Les globules de lapin sont plus résistants que ceux de chien.
L'expérience suivante le démontre directement.
» Dans deux tubes contenant, le premier une émulsion de globules de lapin, le se-
cond une émulsion de globules de chien dans le venin de vipère, on ajoute la même
quantité de sérum de lapin chauffé; or, tandis que les globules de chien sont dissous
en I heure 3o minutes environ, les globules de lapin résistent et se déposent au fond
du tube. C'est à peine si, au bout de i5 à 20 heures, on observe une légère hémohse.
» J'ai répété toutes ces expériences avec le venin de cobra et j'ai con-
staté les mêmes phénomènes, avec cette différence que l'hématolyse est
beaucoup plus rapide; avec le sérum de chien, elle est presque instanta-
née. Et cependant, quand on mélange du sang de chien avec le venin de
SÉANCE DU 28 JUILLET Tg02. 259
cobra, les globules se dissolvent et le sang se coagule en 1 5 ou 20 secondes,
alors qu'il reste incoagulable avec le venin de vipère. Le seul fait de la
dissolution des globules rouges ne suffit donc pas à expliquer une si grande
variation de coagulabilité. Il y a autre chose. En effet, tandis qu'après l'ac-
tion du venin de cobra sur le sang, ou sur les globules de chien, l'hémo-
globine ne paraît pas sensiblement modifiée, au moins pendant plusieurs
heures, avec le venin de vipère, elle se transforme très rapidement en
méthémoglobine. Quelle est donc, dans le venin de vipère, la substance
dont l'action semble si comparable à celle d'un ferment? Serait-ce l'échid-
nase? L'expérience justifie cette hypothèse.
» Après qu'on a détruit ce ferment par un chauffage à 80° ou à 100°, le venin de
vipère se comporte comme le venin de cobra : il coagule le sang et dissout les globules
lavés sans modifier sensiblement l'hémoglobine. L'échidnase agit donc comme un
ferment oxydant pour transformer l'hémoglobine en méthémoglobine, et, de fait, elle
donne avec la teinture de gaïac la réaction des oxydases, qu'on n'obtient pas avec le
venin de cobra.
M En résumé, le venin de vipère produit des effets inverses sur la coa-
gulabilité du sang suivant qu'il est inoculé au chien ou au lapin, et cette
différence tient à une variation physiologique de l'espèce. Chez le lapin,
les globules rouges sont plus résistants que les globules blancs, et le sérum
contient en excès une antihémolysine très active. Les globules rouges du
chien sont moins résistants que les globules blancs et plus fragiles que
ceux du lapin. Dans le sérum du chien, c'est la sensibilisatrice qui prédo-
mine. Enfin, c'est à l'action oxydante de l'échidnase qu'est due la transfor-
mation de l'hémoglobine en méthémoglobine. »
PHYSIOLOGIE ANIMALE. — Sur une nouvelle forme de la sensibilité tactile:
la trichesthésie. Note de MM. N. Vaschide et P. Rousseau.
« Les présentes recherches ont eu pour objet de déterminer : i°5« la
sensibilité tactile d^une région précise de la peau est en Jonction du nombre des
poils comptés dans cette région; 2^ s'il existe ou non une sensibilité périphé-
rique spéciale à la base de chaque poil.
» On provoquait à la surface de la peau des excitations (méthode Tou-
louse-Vaschide) en faisant porter sur un point déterminé, souvent à la
loupe, des aiguilles dont le poids variait entre ^^ de gramme et o^,oo5.
Les sujets, les yeux bandés, tournant le dos à l'opérateur, devaient
26o ACADÉMIE DES SCIENCES.
répondre par oui lorsque l'excitation donnait naissance à une sensation ;
pour éviter la fatigue de l'attention, et une sorte d'autosuggestion, un
intervalle de 8 à lo secondes séparait chaque excitation. Chaque région de
la peau était divisée en carrés de i""; le sujet se reposait après une série
d'expériences portant sur quatre carrés. Le membre étudié était maintenu
rigoureusement immobile. Les recherches ont été faites à deux ans de
distance, par deux observateurs différents; elles ont porté sur dix sujets
femmes et sur deux hommes, âgés en moyenne de 24 à 3o ans; on étudia
tour à tour les membres inférieurs et les membres supérieurs.
)) Nous relatons ici surtout les expériences méthodiques, qui confirment
d'ailleurs pleinement nos anciennes observations.
» 1, a. En diverses régions et sur des sujets différents., la sensibilité tactile
varie-t-elle avec le nombre de poils? — Nous avons été amenés à conclure en faveur de
l'existence d'une sensibilité tactile étroitement liée à l'existence du système pileux.
Nous avions pris comme région pilifère le dos de la main et nous avons circonscrit la
surface étudiée à un carré de 4*^*" de côté; la surface à peu près imberbe était la face
inférieure du poignet, à 2*=™ de la naissance de la main. La sensibilité d'une région
pilifère semble nettement distincte de la sensibilité tactile générale de cette même
région.
» b. Pour un même sujet et pour une même région, cette sensibilité est-elle con-
stante? — Cette sensibilité existe; mais, en raison des conditions très délicates de
l'expérience, sa constance ne s'exprime pas par des nombres absolus, mais par des
moyennes dont la formule précise serait une série de fractions ayant pour dénomina-
teur le nombre des excitations et pour numérateur le nombre des sensations : sujet L.,
18 jui"> I; 7 juillet, I; etc.
» II. Pour déterminer la sensibilité périphérique à la base d'un poil, à la loupe, la
méthode employée était la suivante : une, deux ou trois excitations étaient faites à la
base d'un poil; puis une série d'excitations périphériques qui s'éloignaient graduelle-
ment en cercles concentriques, à une distance de o'^'^jS, puis de i™™, de 2"™, etc.
Voici un exemple : Sujet M. H... (face supérieure du poignet à 4*"" de la main).
Sensi^
bilité
Sensibilité à 1
a périphérie
Carré.
à la base
-Nombre
du poil.
Nombre de
de la base
du poil.
^iiguUe.
Nombre
-Nombre de
--
—
d'excitations.
sensations.
d'excitations.
sensations.
o,oo3
V
2
2
9
4
o,oo5
VI
2
2
9
3
o,oo5
VI
2
I
8
2
» Il existe donc une sensibilité très vive à la base même de chaque poil ;
la sensibilité périphérique est infiniment moindre et diminue à mesure
qu'on s'éloigne de la base du poil choisi.
SÉANCE DU 28 JUILLET 1902. 26 1
M Réserves faites d'une distraction possible du sujet, nos recherches
semblent indiquer que cette sensibilité à la base des poils est constante
pour nne région donnée et un même sujet.
» Il résulte de nos expériences qu'on peut affirmer l'exibtence d'une
sensibilité tactiie spéciale intimement liée à l'existence du système pileux,
et que nous proposons d'appeler sensibililé trichesthësique (0pi^=poil
et aJcOr.ci? = sensibilité). Cette sensibilité est bien distincte de la sensibilité
tactile régionale et parfois en rapport inverse relatif avec celle-ci. Cette
sensibilité est constante et nous l'avons retrouvée à peu près la même chez
les mêmes sujets, à plusieurs mois d'iatervalle. Ajoutons encore qne les
conditions météorologiques semblent avoir une grande influence sur l'état
de cette sensibilité; l'état hygrométrique de l'atmosphère la modifie parti-
culièrement. Il en est de même pour les conditions physiques et surtout
mentales du sujet; à ce point de vue, les observations cliniques sur les
troubles du système pileux se trouvent confiriiiées par nos recheiches; le
cas publié par le D^y.-P. Ossipowest extrêmement instructif. Cet auteur (')
parle, dans son travail, d'une sensibilité tactile siii generis et cite des tra-
vaux deW.v. Bechterew (^) et de OssipowetK. Noiszewski, qui ont signalé
également cette sensibilité. Il semble tout indiqué qu'il faut accuser une
innervation spéciale des poils, dont l'existence est confirmée encore par
l'élude de la sensibilité des poils eux-mêmes. »
VITICULTURE. — Sur la possibilité de comballre par un même traitement
liquide le mildew et Voidium de la Vigne. Note de M. J.-M. Guillox, pré-
sentée par M. Bouvier.
« L'application des bouillies cupriques pour combattre le mildew (Plas-
mopara viticola) et celle du soufre pour lutter contre l'oïuium {Erysiphe
Tuckeri) constituent deux opérations différentes qui nécessiîent de grands
frais de main-d'œuvre. J'ai cherché à mélanger le soufre aux principales
bouillies cupriques, de façon à combattre les deux maladies avec un même
traitement liquide et à diminuer les frais de culture tout en rendant le
soufre adhérent.
( ' ) V.-P. Ossipow, Ein Fait von angeberenem partiellen Ilaarmangel in Bezie-
hung zur Haarempfindlichkeit {Neurologisches Cenlrahlatt, 1901, p. 655-60-).
(^) Von Becutekew, Bas etecktrische Trichàstesinneter und die sog. Haaremp-
findlichkeit des Kôrpers {Neurologisches Cenlralblatt, 1898, p. io32-xo35).
262 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» D'une façon générale, si l'on jette du soufre (sublimé ou trituré) dans
une bouillie bordelaise ou bourguignonne, il reste à la surface et ne se
mélange pas ; il faut, pour faire mouiller le soufre, opérer de la façon sui-
vante :
» A. Bouillie bordelaise. — La bouillie bordelaise se prépare comme d'habitude;
seulement la chaux est préalablement malaxée avec le soufre avant d'être versée dans
la dissolution de sulfate de cuivre. 2''? de chaux peuvent se mélanger à lo'^s et plus de
soufre (3''s suffisent). La bouillie bordelaise soufrée, expérimentée par les méthodes
que nous avons indiquées ('), n'est pas modifiée dans son adhérence.
» La bouillie bordelaise soufrée est un peu moins adhérente lorsqu'on lui ajoute
0,25 pour 100 de colophane ou i pour 100 de mélasse. Une addition de o,3 pour 100
de gélatine modifie peu les choses.
» B. Bouillie bourguignonne. — On procède à sa préparation comme pour la
bouillie bordelaise : le soufre est mélangé au carbonate de soude. Seulement le soufre
n'est pas entièrement mouillé: en ajoutant os, 26 de colophane (^) le mélange se fait
mieux.
» La présence du soufre ne modifie pas l'adhérence de la bouillie bourguignonne et
ne l'empêche pas de s'altérer avec le temps.
» C. Verdet. — Le verdet sec est broyé et mélangé parfaitement au soufre, puis on
ajoute par petites portions et en agitant constamment la quantité d'eau nécessaire. Le
soufre ne modifie pas non plus l'adhérence du verdet.
» D. Bouillies diverses. — Les bouillies au carbonate d'ammoniaque et au carbo-
nate de potasse n'ont pas l'adhérence modifiée par la présence du soufre, mais ce der-
nier n'est pas complètement mouillé. Il en est de même de l'eau céleste. Le soufre
peut se mélanger au savon en prenant les précautions indiquées précédemment.
» Il résulte des recherches auxquelles je me suis livré que le soufre est
simplement mélangé et n'entre pas en combinaison avec le cuivre, à la
condition toutefois de pratiquer les pulvérisations immédiatement après la
préparation des bouillies.
» Les expériences faites dans la région des Charentes, et qui peuvent
être renouvelées dans les autres vignobles, ont démontré l'efficacité pra-
tique des bouillies soufrées bien préparées pour combattre à la fois le
mildew et l'oïdium. »
(') J.-M. GuiLLON et GouiRAND, Sur V adhérence des bouillies cupriques {Comptes
rendus, 26 juillet 1898 et 12 septembre 1898).
(^) J. Perraud, L'adhérence des bouillies cupriques sur les fruits {Comptes
rendus, 1898).
SÉANCE DU 28 JUILLET 1902. 263
CHIMIE AGRICOLE. — Sur un procédé de concentration des vins. Note de
MM. Baudoin et Schribaux, présentée par M. A. Mûtilz.
« L'un des auteurs de la présente Note, qui exploitait un grand vignoble
en Algérie, recevait en 1890 une demande de vins dosant 22 pour 100
d'alcool. Dans l'impossibilité de produire des vins d'une aussi grande
richesse, et ne voulant j)as recourir au vinage, il a pensé qu'il serait peut-
être possible d'enlever, d'une façon pratique, une proportion plus ou
moins forte de l'eau contenue dans le vin de ses récoltes. C'est la solution
industrielle de ce problème, étudié en commun depuis 1892, que nous
soumettons à l'Académie (').
» Deux méthodes s'offraient à nous : la méthode de concentration par
le froid, la méthode de concentration par la chaleur.
» I. La méthode de concentration par congélation, très anciennement
connue et pratiquée couramment en Bourgogne, est celle que nous avons
d'abord étudiée; elle ne nous a pas donné satisfaction : la glace, éliminée
par un turbinage ou par une compression très énergique, renferme de o", 5
à i°,5 d'alcool, ainsi qu'une certaine quantité de matières colorantes; de
plus, le vin, fortement remonté en alcool, se dépouille assez rapidement et
prend, au bout de quelques mois, la teinte jaune caractéristique des vins
usés.
)> n. Le second procédé, celui auquel nous nous sommes arrêtés, consiste
à distiller le vin dans le vide à basse température; une réfrigération métho-
dique divise les produits volatils en deux parties : la première renferme,
avec une certaine quantité d'eau, dont on peut faire varier la proportion à
volonté, la totalité de l'alcool, les bouquets et les autres matières utiles à
conserver; elle est retenue et mélangée aux matières fixes; la seconde
partie, qui renferme l'eau, est éliminée. Cette eau possède toujours une
réaction acide ; elle entraîne avec elle de l'acide acétique en quantité assez
grande pour que, du fait seul de son élimination, les vins piqués subissent
une amélioration marquée (-).
» La dégustation de spécialistes et l'analyse chimique d'échantillons
(') Notre premier brevet remonte au 27 avril 1894.
(2) M. le D-'Garrigou a, de son côté, préconisé la concentration des vins par la dis-
tillation dans le vide {Le vin concentré, Paris, 1901).
264 ACADÉMIE DES SCIENCES.
préparés ;ui laboratoire nous ayant démontré que la concentration du vin,
par évaporation d'une partie de son eau, n'en altérait pas les qualités,
nous avons alors étudié et construit un appareil industriel, à marche
continue, où le vin reste penciant quelques secondes seulement en contact
avec les surfaces chauffées.
» Un grand nombre de vins rouges et de vins blancs ont été traités dans cet appa-
reil. Les résultats ont toujours été satisfaisants. Les analyses ont été exécutées par
M. X. Roques; nous en rapporterons une seulement, relative à un vin d'Aramon du
midi de la France.
Rapport
de la
Vin naturel. Vin concentré, concentration,
o
Alcool 9,3 T-,! 1,84
Extrait sec à ioo° i6,8o 28,09 ''^7
Extrait dans le vide 22,00 87,80 1,72
Sucre réducteur i,38 2,62 1,90
Tartre (dosage direct) 2,08 i,ii o,53
Cendres totales 2,64 3, 16 1,20
Cendres insolubles dans Teau. . o,5/i i,o4 1,92
Alcalinité des cendres en car-
bonate de potasse 0,81 0,64 0,79
Chlorure de sodium 0,06 0,11 i,83
Sulfate de potasse 0,91 i,65 1,81
/ totale 4,26 6,3i i ,48
Acidité en SOMP fixe 3,i4 5,35 1,70
(volatile.... 1,12 0,96 o,85
Coloration i , 00 i , 85 i , 8^
« Ces chiffres montrent que l'alcool, le sucre, le chlorure de sodium, le sulfate de
potasse et la matière colorante du vin naturel se retrouvent intégralement dans le vin
concentré. On constate, au contraire, que l'extrait et l'acidité volatile diminuent. La
diminution de l'extrait porte sur le tartre, comme en témoignent les chiffres relatifs à
cette dernière substance, aux acides fixes, aux cendres totales et à leur alcalinité.
» L'analyse microscopique de ce vin concentré n'y décèle rien d'anormal. Elle
montre dans le dépôt une grande quantité de cristaux du tartre qui s'est précipité par
suite de le'nrichissement du liquide en alcool.
» Enfin, un dégustateur de profession l'a caractérisé ainsi : « Vin rouge, droit de
» goût, bien fruité, Espagne ».
» De son côté, M. Mathieu, directeur de la Station œnologique de Beaune, a exa-
miné et suivi très attentivement deux vins de Beaune, concentrés dans l'appareil que
nous avons fait construire. Voici en quels termes s'exprime j\L Mathieu au sujet de
ces produits :
» Le vin concentré n'a présenté d'autre goiit anormal qu'un très léger goût de cuit
SÉANCE DU 28 JUILLET 1902. 265
» qui a totalement disparu quelques mois après, et spontanément. Le bouquet du vin
» ne nous a pas paru avoir crû avec la concentration. L'expérience faite sur ces deux
» vins, ajoute-t-il, manifeste que le procédé employé concentre le vin sans le déna-
» turer. »
» En résumé, ces vins concentrés sont sensiblement ce qu'auraient pu
être les vins naturels, si la vigne avait végété dans des conditions lui per-
mettant d'absorber moins d'eau. Ces vins naturels, plus riches en alcool
et en couleur, auraient aussi renfermé moins de tartre.
» La méthode de concentration que nous venons d'indiquer, appliquée
aux vins faibles en alcool et pauvres en couleur, en corrigera les défauts
et en assurera la conservation; avec des vins plus riches, elle permettra
d'obtenir de très bons vins de coupage, susceptibles de remplacer les vins
étrangers employés à cet usage. »
ANTHROPOLOGIE. — Les figurations préhistoriques de la grotte
de La Mouthe (^Dordogne). Note de M. Emile Rivière.
« A l'occasion de la Communication récente de MM. Breuil et Capitan,
et la présentation de peintures paléolithiques provenant de la grotte de
Font-de-Gaume (Dordogne) parues dans les Comptes rendus, je tiens à
faire remarquer que les figurations que, depuis 1895, j'ai mises successi-
vement à découvert sur les parois de la grotte de La Mouthe (Dordogne),
grotte située à une faible distance de la précédente, n'offrent qu'une
vague ressemblance avec celles de Font-de-Gaume, quoiqu'elles soient
les premières connues, ou tout au moins signalées en France comme pré-
sentant des traces de peinture préhistorique, alors même qu'elles repré-
sentent les mêmes animaux.
» Tandis que, à Font-de-Gaume, il s'agirait de véritables fresques, à
La Mouthe ce sont exclusivement ou à peu près exclusivement des gra-
vures au trait, gravures plus ou moins profondes comme les deux que je
reproduis ici {fig. i et 2), ou des gravures plus superficielles obtenues
par une sorte de raclage ou de striage de la roche. Deux d'entre ces gra-
vures seulement, du moins à la distance de i3o™ de l'entrée de la grotte
à laquelle mes fouilles sont parvenues sur 228™, présentent quelques
traces de peinture, comme j'ai eu soin de le spécifier dans mes précédentes
Communications.
G. R., 1902, 2« Semestre. (T. CXXXV, N° 4.) 34
266
ACADEMIE DES SCIENCES.
» En effet, l'un de ces dessins représente un Ruminant, assez difficile à
déterminer en toute certitude, malgré sa forte proéminence dorso-cervicale
quelque peu analogue à celle d'un Bison, la tête de l'animal faisant défaut
ou étant tellement fruste qu'elle est à peine visible.
» Mais qu'il s'agisse du Bos priscus ou plutôt, peut-être, d'une Antilope,
il est à remarquer que : i° la ligne des membres postérieurs seule est
Fig. I. — Renne.
coloriée en rouge brun noirâtre, notamment au niveau des articulations et
des sabots; i° le flanc gauche de l'animal est marqué de dix taches de
même couleur brun noirâtre s'étendant sur la même ligne de l'épaule à
la partie supérieure de la cuisse.
» L'autre dessin figure une sorte de hutte (c'est la seule habitation de
l'homme primitif connue jusqu'à présent), non pas gravée par un simple
trait en dessinant les contours comme les nombreux animaux représentés
SÉANCE DU 28 JUILLET 1902. 267
sur les parois de La Moulhe, mais par une sorte de raclage de la roche
dont une partie des stries ont été passées à l'ocre mélangée ou non de
manganèse (l'analyse chimique n'en a pas encore été faite), plus super-
ficiellement que sur la figuration précédente, de sorte que la coloration
est beaucoup moins accentuée et de façon à former une série de bandes
à peu près parallèles et alternativement claires et foncées.
Fij. 2. — Kquidc.
)) J'ajoute que cette hutte, représentée de trois quarts, est précédée
d'une sorte de dessin géométrique (trois chevrons gravés en avant et au
niveau du sommet de la hutte) colorié aussi en brun noirâtre.
» Quant à la contemporanéité ou la non-contemporanéité des gravures
de La Moulhe et des peintures de Font-de-Gaume, je ne saurais me pro-
268 ACADÉMIE DES SCIENCES.
noncer, ne connaissant cette grotte que de nom et ses peintures que par
les reproductions parues dans les Comptes rendus. Tout ce que je peux dire
et répéter, comme l'ayant annoncé dans le principe, c'est que les figura-
tions de La Mouthe sont absolument paléolithiques (magdaléniennes) et
de l'époque quaternaire, géologiquement parlant. L'artiste préhistorique
qui les grava était le contemporain du Renne et du Mammouth dont on re-
trouve l'image (du premier surtout admirablement dessinée) sur les
parois de la grotte de La Mouthe. »
M. Archambault adresse une Note sur un projet d'appareil de sûreté,
contre les tamponnements des trains de chemins de fer.
La séance est levée à 3 heures trois quarts.
M. B.
ERRATA.
(Séance du 2r juillet 1902.)
Note de M. A. Gautier, Existence, dans l'albumen de l'œuf d'oiseau,
d'une substance fibrinogène, pouvant se transformer, in vitro, en mem-
branes pseudo-organisées :
Page i35, ligne 9, au lieu de C:^ 32,90, lisez G =: 52,90.
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 4 AOUT 1902.
PRÉSIDENCE DE M. BOUQUET DE LA GRYE.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
OPTIQUE. — Réflexion et réfraction par un corps transparent animé d'une
translation rapide : ondes réfléchies et réfractées ; amplitude des vibrations.
Note de M. J. Boussixesq.
« f. Si, pour abréger ('), on appelle to^, oj^, to» les binômes diffé-
rentiels
( \ ^''■'' _ i^ i^ _ ^ ^^'^ ^''^
^ ' '' dz cl y dx dz dy de
c'est-à-dire les rotations moyennes de l'élher (au facteur près — ^), les
seconds membres des é(juations (6) du mouvement reviench^ont identi-
quement, comme on sait, à
(8)
et ces expressions égaleront les premiers membres, fonctions linéaires
des accélérations - — '—- — - et des produits des petits facteurs constants
V^» V^> ^ z par les dérivées respectives en x, y, z des vitesses ^ /"" " •
)) Cela posé, admettons qu'on ait pris pour plan des yz le feuillet
moyen de la couche de transition séparant deux milieux homogènes; de
sorte que, pour les valeurs de x voisines de zéro, l'indice N varie très vile
avec X et puisse y rendre très grands non pas les déplacements E, r,, C» ni
(') Voir le précédent Compte rendu, p. 220.
C. R., 1902, 2= Semestre. (T. CXXXV, N" 5.) -^^
diM.
dMy
d^x
dto~
doiy
dwj,
dy
dz '
dz
d.r '
dx
dy'
270 ACADÉMIE DES SCIENCES.
leurs dérivées en /, y ou ::, ni non plus, par suite, w^, mais certaines déri-
vées en X de ces diverses quantités. Dans les deuxième et troisième équa-
tions du mouvement, celles où figureront les deux dernières expressions (8),
il sera admissible, du moins à une première approximation, que les
termes en V^; , ['\ ■ n'atteignent })as de très fortes valeurs, la petitesse du
facteur V^ y compensant, au besoin, la grandeur de la dérivée en x qui y
constitue l'autre facteur, s'il arrivait que ce facteur devînt considérable;
et alors ces deux équations , résolues respectivement par rapport à
— ^ — —y assigneront visiblement, à ces deux dérivées en x de co^ et w,,
des expressions de valeur modérée.
)) C'est dire que to-, to^ varient graduellement à la traversée de la couche
de transition, ou y restent sensiblement constants et finis. Or les deux der-
nières expressions (7 ), qui sont celles de to^, co^, montrent qu'alors les
deux dérivées ■ , ' sont aussi de grandeur modérée, et que, par suite,
les déplacements tangentiels r^y '( ont, comme les rotations moyennes co^,, co^,
même valeur, très sensiblement , dans les deux milieux contigus, de part et
d'autre de leur surface séparative.
» Les deux dérivées de •/], C en x sont donc finies; et les deux termes
en V^ signalés ci-dessus restent ici négligeables, même à une approxima-
tion plus élevée que la première : ce qui assure la vérification des quatre
précédentes conditions, spéciales à la surface séparative, conditions dites
définies, nécessaires et suffisantes pour déterminer les problèmes. En effet,
la relation G = o de transversalité, impliquée, dans chacun des deux mi-
lieux contigus, en partie par la forme des équations indéfinies et en partie
par la nature du mouvement (ou propagé d'ailleurs ou périodique),
rend un des trois déplacements ç, r,, '(, solidaire des autres; et elle réduit
à quatre, seules essentielles, les six conditions définies qui, sans cela,
seraient indispensables (' ).
(') On démontre, du reste, assez facilement, par la considération de l'énergie po-
tentielle de l'étlier, exprimable au moyen des trois variables tOy., Wy, oj- (dont la pre-
mière est égale, comme les autres, sur les deux faces de la couche de transition, tj et C
l'étant), que l'égalité des déplacements tangentiels et des rotations moyennes, de part
et d'autre des surfaces séparatives, suffît bien, avec les équations indéfinies propres
aux milieux homogènes contigus, pour déterminer la suite des mouvements vibratoires,
à partir d'un élat initial donné.
SÉANCE DU 4 AOUT 1902. 271
» Ainsi se déduisent très simplement, des équations indéfinies elles-
mêmes (' ), les conditions de continuité spéciales, en optique, à toute sur-
face séparative, conditions dont les unes avaient été posées par Fresnel,
les autres entrevues et admises par Cauchy, mais que M. Henri Poincaré a
nettement établies, dans son Cours de 1888 Sur la théorie mathématique de
la himière (p. SSg).
« II. Prenons maintenant pour origine le point oîi le rayon incident
perce la couche de transition; pour axe des x la normale menée, dans le
second milieu, à la surface séparative; enfin, pour axe des r, la projection,
sur cette surface, de la normale aux ondes planes incidentes, tirée égale-
ment de l'origine vers le second milieu; et appelons, dans le plan des xy,
i, p les deux angles aigus faits, avec les x positifs, par cette normale aux
ondes incidentes et par la normale analogue aux ondes planes réfractées,
i' l'angle, aigu aussi, fait avec les x négatifs par la normale aux ondes réflé-
chies. Les vibrations étant transversales dans les deux milieux, si l'on
désigne par to, w', w, les vitesses de propagation respectives de ces ondes
planes (vitesses estimées suivant les normales correspondantes), et que
l'on pose, pour abréger,
(9) {i,m) = ^-^^^^^ (l,m)=^'''''f''''\ (l„m) = ^-^^^^^,
on pourra prendre, comme pour deux milieux transparents en repos :
i" dans le rayon incident,
(l=f(^t — lx — my),
(10) 1 ^ ^ — nnùY (^t ~ Ix — my),
[ n = loiFÇt — Ix — my),
formules où / et F seront deux fonctions arbitraires, exprimant les dépla-
ments successifs apportés par les ondes incidentes suivant les deux azimuts
principaux; 2° dans le rayon réfléchi, des déplacements corrélatifs 'Ç , l', r',
ayant comme expressions
/ l' = V/(t+-kx-7?iy),
(i j) ' E' = Qwo/ F(/ -+- A.T — 7ny),
f '/]' — Qltù' F{l +lx — my) ;
(') Comme M. Polier en avait eu le premier l'idée, en l'appliquant dès 1872, et
grâce à l'épaisseur (un peu comparable aux longueurs d'onde) des couches de tran-
sition.
272 ACADÉMIE DES SCIENCES.
3^ enfin, dans le rayon réfraclé, des déplacements '(, \, n de la forme
(12) U, = - Q,/''2w,F(^ - /,.îr — mj),
( r„ = Q,/,co,F(/'- /,a7-?^7).
En effet, les deux déplacements tangentiels, *( + "C et t) 4- /]' d'une part,
(^, et T,, d'autre part, à é£i;aler respectivement pour.r = o, n'auront aucun
autre facteur variable que le facteur alors commun /(/ — /;? /) ou F(^ — my^ ;
et, de même, les doubles rotations moyennes, —j-^^ — et —^ — -fi, —
d'une part, Jr^ ^t -^' — ^^ d'autre part, à égaler encore pour ^ = o, n'au-
ront alors de variable que leur facteur commun f\t — wj) ou V\t — my').
Par suite, les quatre conditions lie continuité, réduites à deux systèmes
séparés d'équations du premier degré en P et P,, Q etQ,, seront bien
vérifiables.
» m. Mais il aura fallu prendre égales, dans (9), les trois valeurs de7?z,
ou poser la proportion ordinaire des sinus.
(,3)
sin p
entre les trois sinus des angles faits, avec la normale Ox à la surface sépa-
rative, par les perpendiculaires co, o/, w, abaissées de l'origine sur les trois
ondes planes incidente, réfléchie, réfractée, considérées une unité de
temps après leur passage à l'origine, et ces perpendiculaires elles-mêmes.
Or, les trois ondes planes en question sont tangentes aux deux ondes courbes
fictives, ici sphériques, censées nées dans les deux milieux, à Torigine O,
lors de ce commun passage des ondes planes en O; et Tégalilé des rap-
ports (i3) exprime que ces trois j^lans tangents ont trace commune sur le
plan ^ = o de la surface séparalive.
» Eu d'autres termes, la construction d'Huvgens s'applique (étant donné
le rayon incident) à la détermination de l'onde incidente tangente, puis
des i\ei\x ondes tant réfléchie que réfractée et, par suite, à celle des rayons
réfléchi et réfracté, aboutissant aux points de contact respectifs des ondes
planes correspondantes avec les deux ondes courbes. Seulement, ces
rayons, issus de l'origine et non des centres des ondes courbes, feront,
avec les normales aux ondes planes correspondantes, qui partent des centres
mêmes, de petits angles, constituant justement V aberration des rayons.
SÉANCE DU /| AOUT 1902. 278
)* IV. Les quatre équations de condition donnent immédiatement
et
(|4)
Il en résulte
/-A
P,
L _
_Q
_-^2j
Oj
0)'
to.
). + /
À H- / 1 *
(i5) et
)' l^io-^ — ho- „ (0, Xio'^4- /co-
^* 0) loi'- -+- /i ojf
C03 i cosi cos?
len, par la substitution, a l, a, /,, de , — r~' ' P^'^^ ^ ^' ^'^ » '^'^i'
des quantités proportionnelles sim, sini', sinp, et, enfin, par la réduc-
tion h I, dans Q,, du focteur cos('/ - i), sauf erreur négligeable de l'ordre
de (i' — t)- :
/ sini' sin(p — t) ,-j sinp sin(^'+ t) ,
sint sin(p H- l'j ' sin i sin ( i' H- p ) '
sim' sin(p — i) cos(p + '.) __ p cos(
sini sin(p H- '.') cos(p — '-') cos(
sinp sin( t' + 0 cos( i' — t) Pi
{ r\ ) O — ^'"^^^'"(P ~ Ocos(p + '•) _ p cos(p + '-)
^ ^ 1^ sinisin(p + '.') cos(p - '.') cos(p — t')
0.=
^' sint sin(i'-f- p) cos('.' — p) cos(i'— p)
1) V. Par exemple, si la vibration incidente est rectiligne et fait, dans
le plan de l'onde, un angle a avec l'axe des z, trace de l'onde sur la surface
séparative, ses deux composantes dans les deux azimuts principaux res-
pectifs seront entre elles comme cosoc, sina; et les deux composantes
analogues du rayon réfracté seront entre elles, par l'introduction des fac-
teurs correspondants d'amplitude P,, Q,, comme P, cosa, Q, sina. Par
suite, l'azimut a, de polarisation du rayon réfracté aura [xnir tangente
§itanga. ; et l'on aura, pour le calculer, la formule exlrèmement simple
/ \ cota. Pi / / \
(17) ■ — T^ ^ rf = cos(i'-- p). »
^ ^ ^ cota \)i \ 1 /
274 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Démonstration expénmen laie delà décomposition
de l'acide carbonique par les feuilles insolées. Note de MM. P. -P. Dehérain
et E. Demoussy.
« Quand, dans les cours de Physiologie végétale, on veut montrer que
les feuilles éclairées émettent de l'oxygène par décomposition de l'acide
carbonique, on a généralement recours à la méthode imaginée par Cloëz
et Gratiolet, il y a plus d'un demi-siècle. Cette méthode, utilisée par Bous-
singault dans les mémorables recherches où il a démontré que le volume
d'oxygène dégagé est égal à celui de l'acide carbonique disparu, consiste à
immerger les feuilles dans une solution faible d'acide carbonique qui
remplit complètement un flacon de i' ou 2' muni d'un bouchon portant
un tube abducteur.
» Quand on emploie des plantes submergées, VElodea Canadensis, le
Potamogeton Crispas, le Ceratophyllum submersum, on réussit bien; mais
quand on introduit dans l'eau carbonique des feuilles aériennes, l'expé-
rience manque souvent; en outre, immerger des organes aériens, pour les
voir accomplir leur principale fonction, n'est pas satisfaisant pour l'esprit,
et nous avons résolu de disposer cette expérience dans l'air.
» Ici se présente cette difficulté que les feuilles plongées dans une
atmosphère très chargée d'acide carbonique le réduisent difficilement; il
fallait imaginer une méthode qui permît d'ajouter peu à peu, à l'atmosphère
l'acide carbonique à décomposer.
» Après quelques essais infructueux, nous nous sommes arrêtés au pro-
cédé suivant :
)) On place les rameaux feuillus sur lesquels on opère dans une cloche à gaz de
i5o'™' à 200'"'"', qu'on retourne sur une dissolution saturée d'acide carbonique ; en
penchant cette cloche on en fait sortir la plus grande partie de l'air, on n'en laisse
qu'une cinquantaine de centimètres cubes; la cloche est alors placée dans un grand
vase à précipité rempli de la dissolution d'acide carbonique; on immerge complè-
tement de façon à éviter l'échaufTement de l'atmosphère pendant l'exposition au soleil.
» Si Ton a pris la précaution de marquer par un trait sur la cloche le point où
s'arrête la dissolution intérieure, on ne larde pas à voir le volume du gaz augmenter.
Si l'on trouve que cette augmentation est lente, on agite le liquide de la cloche, de
façon à favoriser le dégagement de l'acide carbonique. Celui-ci est décomposé par les
feuilles, remplacé par de l'oxygène qui, étant peu soluble dans l'eau, augmente sans
cesse le volume du gaz.
SÉANCE DU 4 AOUT 1902. 273
» Quand il a doublé, on sort la cloche et, en la retournant, on rallume facilement
une allumette ou une paille ne présentant qu'un point en ignition.
» Voici la teneur en oxygène de quelques-unes des atmosplières obtenues en
employant cette méthode.
Richesse en oxygène d'atmosphères dans lesquelles ont séjourné
différentes feuilles exposées au soleil.
Matricaire [\i d'oxygène dans toc de gaz.
Menthe 43 »
Asperula odorala 4^ »
Blé 48 »
Pyrethruni inodoruni ... 53 »
Campanula pyramidalis 57 »
)) L'opération est très facile à conduire, et elle présente cet avantage que
l'augmentation de volume du gaz montre les progrés de la décomposition;
on ne met fin à l'expérience que lorsque cette augmentation est suffisante
pour qu'on soit certain de rallumer une allumette, ce qui exige au moins
ITïï d'oxygène.
» On a cru, à diverses reprises, et récemment encore, que la décompo-
sition de l'acide carbonique par les feuilles était accompagnée du dégage-
ment de gaz combustibles, oxyde de carbone, hydrogène, hvdrogènes car-
bonés; nous n'avons jamais pu constater ces dégagements; en opérant
régulièrement avec l'excellent eudiomètre de M. Schlœsing, on trouve que
le volume d'oxygène dégagé est rigoureusement égal à celui de l'acide car-
bonique disparu, et, en faisant détoner les gaz provenant de la décomposi-
tion, avec du gaz de la pile, on ne constate aucune diminution de volume. »
PATHOLOGIE VÉGÉTALE. — Les périthêces du Rosellinia necatrix.
Note de M. Ed. Prillieux.
« Le champignon parasite qui cause le plus souvent la pourriture des
racines des arbres fruitiers et des vignes a été très bien étudié par
Rob. Hartig, qui a fait connaître non seulement ses organes de végétation,
les filaments mycéliens qui envahissent les racines et les tuent, mais des
organes de reproduction qui apparaissent à la surface des plantes mortes,
sur lesquelles le parasite couLituie de vivre en saprophyte. Ce sont des
276 ACADÉMIE DES SCIENCES.
faisceaux de filaments dressés qui se ramifient au sommet en branches
conidifères. Rob, Hartig a donné au champignon ainsi caractérisé le nom
de Dematophora necatrix.
» On sait que, pour un champignon donné, à des formes conidiennes
peuvent correspondre d'autres formes de fructification et particuliè-
rement des fruits contenant des asques. Pour le Dematophora necatrix,
Rob. Hartig n'a pu, malgré de longues recherches, trouver de fruits asco-
phores, mais il a fait cette profonde remarque que \q Dematophora necatrix
ressemble, tant par ses conidies et leur mode de développement sur les
filaments fructifères que par l'organisation de ses cordons mycéliens, au
Rosellinia quercina, à tel point qu'il y a lieu de supposer qu'il n'est rien
autre chose que la forme conidienne d'un champignon appartenant au
même genre Rosellinia ou à un genre voisin.
» Plusieurs années après la publication du beau Mémoire de Rob. Hartig,
Viala observa pour la première fois, sur des racines de cerisier et des
souches de vigne tuées par le pourridié, les périlhèces du Dematophora
necatrix. Il fit, du pourridié et de l'histoire complète du Dematophora
necatrix, le sujet d'un important travail dans lequel il étudia en détail et
figura ces périthéces, dont la structure ne lui parut pas justifier la suppo-
sition de Rob. Hartig. Il les décrit comme des conccptacles entièrement
clos et indéhiscents, comparables à ceux des Tubéracees; mais recon-
naissant, d'autre part, que le Dematophora necatrix s'écarte par divers
caractères, et notamment par ses fructifications conidiennes, des Tiihéra-
cées, qui n'en présentent jamais, il a proposé de considérer le Dematophora
necatrix comme le type d'une famille spéciale, celle des Dématophorées,
intermédiaire aux Tubéracees et aux Sphériacées.
» Depuis la publication du Mémoire de Viala, il n'a été possible à aucun
observateur de voir des péritlièces de Dematophora necatrix; toutefois,
Berlèse, en étudiant le Rosellinia aquila, a été frappé de la grande analogie
de structure que présentent les périthéces des Rosellinia et ceux du Dema-
tophora, d'après les dessins mêmes et les descriptions de Viala.
» Depuis plusieurs années, j'ai tenu, dans des conditions d'humidité
convenables, dans le jardin de la Station de Pathologie végétale, des ra-
cines d'arbres fruitiers divers tués par le Dematonhora necatrix. Elles se
sont, à maintes reprises, couvertes de fructifications conidiennes; enfin,
j'ai vu s'y développer des périthéces. La première apparition de ces péri-
théces se produisit en 1898 sur un arbre mort au commencement de
SÉANCE DU 4 AOUT 1902. 277
juin 1896 dans le potager de Versailles. Je n'ai pu les observer jusqu'à com-
plète maturité, mais il s'en est produit une poussée nouvelle en 1902,
que j'ai pu étudier à loisir.
» Comme l'a observé Viala, ces périthèces sortent de la croûte stromatique qui
a déjà porté des conidiophores; ils se forment dans le feutrage des filaments mycé-
liens bruns qui couvrent les racines mortes depuis longtemps. Ils se montrent nom-
breux, pressés les uns contre les autres, entourés des débris des arbres conidiophores.
Ils ont environ i™'",5 de diamètre ou un peu plus; ils sont globuleux, un peu dé-
primés à leur sommet avec une papille saillante. Ils sont d'un gris brunâtre; la pa-
pille est noire et entourée d'une auréole noirâtre. Quand le périthèce est mûr, vers le
milieu de juillet, on voit souvent, au-dessus de la papille, une petite masse globuleuse
noire constituée par l'agglomération des spores qui sont expulsées hors du périth'èce
sous forme d'une masse pâteuse. Parfois, j'ai vu, sur des périthèces placés dans un mi-
lieu extrêmement humide, apparaître une grosse goutte de mucilage contenant les
spores. Le périthèce mûr se fendille très aisément; j'ai vu des périthèces, portant à
l'extrémité de leur papille un bouton de spores noires, se briser spontanément en se
desséchant au sortir d'un milieu très humide. Souvent, on voit apparaître, dans ces
conditions, de grandes fentes partageant la coque dure du périthèce. J'ai vainement
cherché à m'assurer de l'existence d'une osliole régulière au sommet de la papille.
J'ai parfois vu l'ouverture par où est sortie la petite masse de spores formant un trou
sensiblement rond auprès et non au sommet de la papille primitive : c'est une ouver-
ture en forme de fente. Je pense que l'orifice servant à l'expulsion des spores est pro-
duit par de petites crevasses qui se forment aisément dans le tissu de la papille.
>) Au-dessous de la couche externe dure et friable du périthèce se trouve une
couche tendre blanchâtre, bordée, du côté de l'intérieur du fruit, par une membrane
d'une couleur jaunâtre qui se sépare aisément au moment de la maturité de la coque
dure et forme un sac qui n'adhère fortement à la paroi que par son extrémité supé-
rieure. La membrane de ce sac est tapissée extérieurement par un hyménium qui porte
dans la cavité du périthèce de très longues et très fines paraphyses, au milieu des-
quelles naissent les asques, disposés comme elles en rayonnant vers le centre du fruit.
Quand la coque externe se brise, en se crevassant à la maturité, elle montre une sur-
face intérieure blanche et lisse et laisse à découvert le sac jaunâtre qui contient les
files de spores noires dans une masse mucilagineuse.
» Les paraphyses sont des filaments simples, grêles, hyalins, très longs, que Viala
a décrits comme des filaments mycéliens constituant un pseudoparenchyme qui rem-
plit la cavité du fruit.
» Les asques naissent entre ces paraphyses en direction rayonnante; ils sont fili-
formes, allongés, cylindriques, mais amincis par leur partie inférieure en un pédicelle
qui a à peu près le même diamètre que les paraphyses. Us ont de 365!^ à 38o!^ de long
sur 8!^, 5 à 9!^- de large. Dans les asques se produisent les spores, au nombre de 8, en
forme de fuseau non exactement symétrique, un peu arquées, à extrémités très aiguës.
Mûres, elles ont de 43!^ à ^n\^,5 de long sur 'jV- de large. Elles restent assez longtemps
incolores et montrent à leur intérieur des gouttelettes réfringentes; en mûrissant,
elles deviennent noires et opaques. Elles sont disposées dans l'asque obliquement en
C. R., 1902, 2« Semestre. (T. CXXXV, N» 5.) ^^
27B ACADÉMIE DES SCIENCES.
une seule série. La première spore de la série n'occupe pas la partie terminale de
l'asque, dont le sommet présente une disposition très singulière qui a été étudiée et
figurée dans le Roselliiiia quercina par Rob. Hartig et dans le Rosellinia aquila par
Berlèse. Viala l'a certainement vue dans le Dematophora necalrix, mais il a cru que
l'asque, un peu dilaté à son extrémité, est terminé par un espace vide qu'il a désigné
sous le nom de chambre à air. En réalité, on peut aisément s'assurer que cette
prétendue chambre à air est formée par une matière dense qui se colore en bleu par
l'iode et qui forme une sorte de bouchon beaucoup plus résistant que la paroi de
l'asque.
)> Quand le moment de la maturité arrive et que les spores noircissent, la paroi de
l'asque se gélifie; les paraphjses, également, deviennent peu distinctes et se fondent
dans une masse mucilagineuse où l'on voit les spores noires disposées en file, dans la
situation où elles se sont formées. Mais, alors encore, l'emploi de l'iode permet
de distinguer le bouchon qui précède la file de spores.
» Tous ces détails de la structure du jîérithèce du Dematophora necalrix
ne permettent pas de douter que ce champignon soit bien un Rosellinia. Il
devra porter le nom de Rosellinia necalrix. »
CHIMIE. — Hydrogénation direcle des oxydes de V azole par la jnéthode
de conlact. Note de MM. Paul Sabatier et J.-B. Senderens.
« On sait depuis longtemps que la mousse de platine peut servir à pro-
voquer la réduction directe des divers oxydes de l'azole par l'hydrogène.
» Il nous a paru intéressant de voir si le nickel ou le cuivre réduils, qui
servent de base à la méthode générale d'hydrogénation que nous avons
instituée pour les composés organiques volatils et paiticulièrement pour
les dérivés nitrés, pourraient être, vis-à-vis des oxydes de l'azote eux-
mêmes, substitués à la mousse de platine.
» I. Oxyde azoteux. — Dœbereiner, puis Dulong et Thénard avaient observé que
la mousse de platine, placée dans un mélange d'oxyde azoteux et d'hydrogène, s'y
échauffe jusqu'à l'incandescence, en donnant de l'eau et de l'azote.
» Au contraire, Kuhlmann {Ann. der Chem. und Pharm., t. XXIX, p. 27.2) a
trouvé que la mousse de platine n'agit pas à la température ordinaire sur le mélange
des deux gaz, mais que, si Ton chauffe, elle donne lieu à une production importante
d'ammoniaque.
M Ainsi que nous l'avons établi dans nos recherches antérieures {An?i. de Chim. et
de Phys., 'j^ série, t. VU, p. o/JS), le nickel réduit n'exerce à froid aucune action sur
l'oxyde azoteux seul. Mais il réagit immédiatement dès la température ordinaire sur
le mélange d'oxyde azoteux et d'hydrogène : il se produit un échauffement intense.
» Avec un grand excès d'hydrogène, tout l'oxyde azoteux disparaît : il y a produc-
SÉANCE DU 4 AOUT UjOI. 279
lion exclusive d'eau el d'azote, sans aucune formation d'ammoniaque ou d'hydrazine.
On a
» D'après les données thermiques qui ont été fournies par M. Berthelot, cette réac-
tion dégage + 78*^*', 9 (eau gazeuse).
» Aussi, quand on accroît dans le mélange la proportion d'oxyde azoteux, on déter-
mine une vive incandescence au début de la traînée du métal. Par suite de la haute
température ainsi atteinte, l'oxyde azoteux subit en partie une décomposition complexe,
où apparaissent des vapeurs rutilantes nitreuses : l'hydrogénation de ces dernières,
effectuée par les portions voisines et très chaudes du métal, fournit un peu d'ammo-
niaque.
» Le cuivre réduit n'exerce, à la température ordinaire, aucune action sur le mélange
d'oxyde azoteux et d'hydrogène : mais, à partir de 180", température à laquelle, d'après
nos observations anciennes [loc. cit.), l'oxydation du métal par l'oxyde azoteux n'a
pas encore lieu, la réaction se produit, et donne de l'eau et de l'azote.
» Avec une dose suffisante d'oxyde azoteux, elle peut amener, comme pour le nickel,
l'incandescence du métal et, par suite, la production de faibles quantités d'ammo-
niaque.
» II. Oxyde azotique. — Faraday, puis Kuhimann, ont indiqué que la mousse de
platine réagit vivement dès la température ordinaire sur les mélanges d'oxyde azo-
tique et d'hydrogène, pour donner de l'eau et de l'ammoniaque.
» Reiset avait trouvé que la production d'ammoniaque à partir du mélange des
deux gaz peut être réalisée au rouge par les oxydes d'étain, de zinc, de cuivre, surtout
et très aisément par l'oxyde ferrique, même dans une faible mesure par la pierre ponce
pulvérisée {Comptes rendus, t. XV, 1842, p. 162).
» Le nickel réduit n'agit pas à froid sur le mélange d'oxyde azotique et d'hydro-
gène : mais, au-dessus de 180°, on observe une forte diminution du volume gazeux,
due à la production d'eau, d'ammoniaque et d'azote libre. En présence d'un excès
d'hydrogène, l'oxyde azotique est transformé tout entier selon les deux réactions si-
multanées :
^fO + H5=NlP+IPO,
» D'après les données thermiques établies par M. Berthelot, la première de ces
réactions dégage ga*^"',!. La seconde, qui tend à devenir plus importante quand la
température s'élève, dégage 79*^^^ 9 (eau gazeuse).
» La présence de l'azote est constante dans le phénomène, et il ne peut en être
autrement; car on sait, et nous avons vérifié, que l'oxyde azotique réagit sur le gaz
ammoniac, lentement à froid, beaucoup plus vite si l'on chauffe, surtout en présence
des métaux divisés, et tend à donner de l'eau el de l'azote.
» Si l'on augmente la proportion d'oxyde azotique dans le mélange, on arrive
à provoquer l'incandescence du métal, que l'on voit alors s'oxyder partiellement auv
dépens de l'oxyde azotique.
» Le cuivre réduit se comporte exactement comme le nickel, au-dessus de 180°.
28o ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Le liquide ammoniacal, recueilli dans les deux cas, ne renferme que de l'ammo-
niaque, sans azotate, ni azotite. Il ne contient pas d'hjdroxjlamine, comme l'indique
l'absence de pouvoir réducteur vis-à-vis du bichromate ou de la liqueur de Fœhling.
» III. Peroxyde d'azote. — Kublmann avait observé que le mélange de peroxyde
d'azote et d'hydrogène produit, dès la température ordinaire, l'incandescence de la
mousse de platine avec transformation totale en ammoniaque et production assez
fréquente de redoutables explosions.
» En dirigeant à froid, sur du nickel récemment réduit, de l'hydrogène ayant bar-
boté dans du peroxyde d'azote liquide maintenu au-dessous de o", on ne constate qu'un
léger échauflfement, dû à une formation de nickel nilré (Paul Sabatier et Senderens,
Aîin. de Chim. et de Phys., 7" série, t. YII, p. 4i3). Mais si l'on élève vers 180° la
température du métal, on constate une production abondante d'ammoniaque, selon la
formule
NO-+H^=NH5 + 2H20,
réaction qui dégage -|-j36<^"',3 (eau gazeuse, NO- vers 200°).
» En augmentant la proportion des vapeurs de peroxyde d'azote, on voit apparaître
des fumées blanches d'azotate et d'azotite d'ammonium; puis l'incandescence se ma-
nifeste au début de la traînée de métal, et elle est généralement suivie d'une violente
explosion.
» Avec le cuivre réduit, le phénomène est tout à fait analogue : à froid, on observe
une faible élévation de température, due à la condensation du peroxyde d'azote par
formation de cuivre nitré {loc, cit., p. l^oi). Vers iSo°, il y a production d'ammo-
niaque, et, si la dose de peroxyde d'azote devient un peu importante, il y a incandes-
cence de cuivre, suivie fréquemment d'une explosion.
» L'action positive exercée sur le mélange de j^eroxyde d'azote et d'hydrogène a
pour conséquence nécessaire une action similaire sur la vapeur d'acide azotique.
» Quand celle-ci, entraînée par un excès d'hydrogène, arrive dans l'intérieur du
tube à métal, chauffé au-dessus de j8o°, elle se dissocie partiellement, à cette tempé-
rature, en eau, oxygène et peroxyde d'azote. Au contact du métal actif qui se trouve
dans le tube (mousse de platine, nickel, cuivre), ce peroxyde d'azote se trouve aussi-
tôt hydrogéné et changé en ammoniaque : il s'en refait, dans la vapeur, une nouvelle
proportion, qui est également transformée, et cela jusqu'à disparition complète de tout
l'acide azotique.
» En opérant a\'^c un tube où se trouve étalée une couche mince de nickel réduit
chauffée vers 200°, une partie de l'acide azotique demeure fixée à l'état d'azotate d'am-
monium, sur la partie supérieure du tube, où la température n'atteint pas 200° : le sel
fondu, encore stable à cette température, s'y accumule en certaine proportion, et par-
fois coule sur le métal, y déterminant une incandescence passagère.
» Quand le métal est chauffé à 35o°, il n'y a plus aucun dépôt de nitrate d'ammo-
nium, mais seulement formation d'eau, d'ammoniaque et d'une certaine dose d'azote
libre.
» Le cuivre conduit à des résultats tout à fait semblables.
» On voit donc que, pour effectuer la réduction des oxydes de l'azote
SÉANCE DU 4 AOUT 1902. 28 1
par l'hydrogène, le nickel et le cuivre réduits peuvent être substitués à
la mousse de platine. »
CORRESPONDANCE.
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Mesure de la limite élastique des métaux.
Note de M. Ch. Fremont, présentée par M. Maurice Levy.
« La mesure de la limite élastique des métaux, essayés à la traction ou
à la compression, s'évalue sur le diagramme tracé automatiquement pen-
dant l'opération mécanique; on l'exprime en kilogrammes par millimètre
carré de la section primitive de l'éprouvetle.
» Ou a été ainsi conduit à définir la limite élastique d'après la configu-
ralion du diagramme.
w Or, à la suite d'expériences à la compression, j'ai constaté que les
indications données par les diagrammes obtenus avec les instruments les
plus précis étaient inexactes, et que cette inexactitude n'était pas due à
l'insuffisance de précision des instruments, mais à l'impossibilité maté-
rielle d'obtenir en pratique un ajustage parfait des éprouvettes et une
direction mathématiquement rectiligne des attaches; l'éprouvette est, en
effet, toujours tirée ou comprimée pkis ou moins obliquement.
» Ainsi, dans des essais de compression j'ai trouvé que, pour un acier
dont la limite élastique réelle était de 24''^, les diagrammes indiquaient
cette limite à Si^g, 55, 11^^, ^6, 12}"^,^^, i3'^s,9o, i4'^«,ioet i5'^s,7o.
)) Jusqu'ici l'on n'a pas attaché d'importance à ces deux causes d'irré-
gularité, probablement parce qu'on supposait que sous l'effort, dès le
début de l'opération mécanique, les mordaches prenaient une direction
rectiligne, que les tètes des éprouvettes s'appuyaient normalement et que
l'éprouvette considérée comme restée homogène était enfin soumise à un
effort également réparti sur toute la section.
» Pour constater qu'il n'en est pas ainsi, il suffit de polir parfaitement
la surface de l'éprouvette (*); on voit alors, comme on le sait, au moment
(^) Je dis qu'il faut polir parfaitement, parce qu'un polissage imparfait ne laisse
apercevoir que les déformations plus grossières que les défauts du polissage lui-
même.
252 ACADEMIE DES SCIENCES.
précis où le diagramme indique la limite élastique par un changement plus
ou moins important de direction, la surface de Téprouvette se dépolir
dans certaines parties suivant des lignes discontinues.
» Il est évident que la limite élastique (par définition) n'a été dépas-
sée que dans les régions déformées, c'est-à-dire localement; le diagramme
n'a donc donné que la limite élastique de l'éprouvette avec ses imperfec-
tions, dans les conditions également imparfaites de l'essai, et nullement
la limite élastique vraie du métal. La surface interne déformée et écrouie,
résultat des irrégularités initiales, les perpétue jusqu'à la fin de l'essai et se
traduit par une suite de déformations locales et généralement obliques.
» Aucune indication ne précise, sur le diagramme, le passage à la limite
élastique réelle du métal considéré, et, dans certains cas, une éprouvette
soumise à un effort croissant ne présente pas, au passage à la limite élas-
tique du métal, la déformation caractéristique, car lorsque l'effort corres-
pondant à cette limite est atteint, dans certaines régions de l'éprouvette,
le métal est au-dessus et, dans d'autres, est au-dessous de cette limite élas-
tique.
» Partant de là, pour déterminer exactement la limite élastique il faut
commencer par tasser l'inégalité provenant du défaut d'ajustage de l'éprou-
vette, en localisant dans une partie de section plus faible que le reste de
l'éprouvette les premières déformations, jusqu'à ce que l'effort soit uni-
formément réparti.
» J'ai obtenu ce résultat en employant, pour la compression, des éprou-
vettes en forme de tronc de cône ou de pyramide tronquée et, pour la
traction, des éprouvettes en forme de tronc de cône terminé par un
cylindre à la plus faible section du cône. La déformation initiale irrégu-
lière est alors localisée dans la partie la plus faible de l'éprouvette et se
propage ensuite sur la surface, qu'elle dépolit en nappe continue.
)) L'examen au microscope du bord de cette nappe dépolie permet de
constater qu'il existe pour les métaux deux types de déformations à la limite
élastique, et cette distinction se retrouve, qu'il s'agisse de traction ou de
compression.
» Preiyiier type. — La déformation s'effectue brusquement sous un effort donné, le
dépoli est franchement limité par une ligne bien déterminée et la limite élastique est
une et se mesure exactement par un nombre. C'est le type de l'acier, dont le dia-
gramme présente un palier.
» Second type. — La déformation s'effectue graduellement sous un effort donné, le
dépoli n'est pas franchement limité par une ligne, et la limite élastique ne peut être
SÉANCE DU 4 AOUT 1902. 283
évaluée exactement; elle est soumise, dans certaines limites, à une appréciation arbi-
traire.
» L'aspect général des diagrammes ordinaires noos donne une idée de
ces deux types de déformations, mais non la représenlulion fidèle, permet-
tant d'en obtenir la mesure, comme il vient d'être dit, et tel acier à palier
pourra donner un diagramme sans palier; tel acier à déformation graduée
pourra donner un petit palier, par suite d'une coïncidence de plusieurs
affaissements ou allongements simultanés.
» En résumé, les lignes de déformations locales, signalées pour la pre-
mière fois en 1854 par Lùders, mais restées inexpliquées jusqu'ici, sontla
conséquence d'une répartition inégale de l'effort sur la section de l'éprou-
vette, résultant d'une précision insuffisante dans l'ajustage et le guidage;
ces lignes n'existent plus et sont remplacées par une nappe continue quand
la déformation s'effectue régulièrement sous un effort bien également
réparti. »
OPTIQUE. — Sur une nouvelle méthode de mesure optique des épaisseurs.
Note de MM. J. Macé de Lépi\ay et H. Buisson.
« L'un de nous a eu l'honneur, dans une précédente Communication ( ^ ),
d'exposer le principe d'une nouvelle méthode de mesure interférentielle
des épaisseurs ; nous nous proposons d'indiquer sous quelle forme nous
avons pu la réaliser et de donner les résultats de quelques expériences
d'essai.
» Vu la nécessité d'employer exclusivement des sources de lumière
monochromatiques, les phénomènes utilisés se présentent sous les aspects
suivants :
» Franges des lames parallèles
On éclaire la région étudiée de la
lame par un faisceau de lumière convergente, en y projetant l'image de la source. Les
franges se présentent sous la forme d'anneaux concentriques que l'on observe dans une
lunette réglée pour l'infini soit par réflexion, en interposant une lame de verre non
étamée entre la source et Ja lame, soit par transmission, les deux, faces de la lame étant
alors faiblement argentées (-). La partie fractionnaire A, de l'ordre d'interférence au
(') 21 avril 1902.
('^) De ces deux modes d'observation, nous préférons le premier, malgré la moindre
284 ACADÉMIE DES SCIENCES.
centre P, correspondant à l'incidence normale, est donnée en fonction du diamètre
apparent D du premier anneau (sombre dans le premier cas, brillant dans le second),
par
La lame étant placée sur la plate-forme horizontale, mobile, d'un goniomètre, le dia-
mètre apparent se mesure en faisant tourner celte plate-forme et faisant ainsi défiler
les anneaux dans la lunette fixe. Les angles de rotation sont observés par la méthode
de Poggendorfï'.
» Fran ,res des lames mixtes
(il — \)e
La moitié d'un faisceau de
À
lumière parallèle traverse la région étudiée de la lame, l'autre traverse l'air. Un écran,
placé sur la lame et la débordant, porte une ouverture rectangulaire qui permet ce
partage du faisceau. On observe les franges au moyen d'une lunette fixe, à fort grossis-
sement, réglée pour l'infini. Leur aspect, indiqué par les formules d'Airy (^), est dis-
symétrique, à moins que l'on n'ait
0= ^ (maximum central) ou 6 =: (2 ïv + i) - (minimum central),
8 étant le retard de Fonde qui a traversé la lame sur celle qui a traversé l'air. Or, si
l'on fait varier d'une manière continue l'inclinaison de la lame sur l'onde incidente, on
fait varier par cela même 0 et Ton réalise une série de maxima et de minima successifs,
faciles à saisir, surtout ces derniers. Soit alors d l'angle des deux orientations de la
lame correspondant au premier minimum central, de part et d'autre de l'incidence
normale ; la partie fractionnaire a de l'ordre d'interférence p sous incidence normale est
donnée par :
1 d^
a-=L h^ p -— T, ,
2 8n-
h ayant, selon le cas, la valeur o ou i, de façon que a soit compris entre o et i.
» Sources. — Les radiations utilisées ont été les radiations rouge (R), verte (V),
bleue (B) du cadmium et la radiation verte du mercure (Vi).
» La source, limitée à une surface éclairante de 2™'" environ de diamètre, est placée
au foyer d'une première lentille coUimatrice Cj, Le faisceau parallèle obtenu traverse
un prisme à vision directe spécial, servant en même temps de polariseur (^), formé
d'un prisme de quartz, à arêtes parallèles à l'axe, immergé dans une cuve rectangulaire
netteté des anneaux, afin d'éviter la correction, toujours incertaine, provenant du
changement de phase par réflexion sur l'argent. Cette correction peut atteindre o,[\i
de période.
(*) Mascaht, Traité d' Optique, t. I, p. 475-
(^) Les lames que nous avons étudiées jusqu'ici sont, en efTet, des lames de quartz
parallèles à l'axe. On pourrait, dans le cas de lames isotropes, remplacer le prisme
polarisant par un prisme de crown.
SÉANCE DU 4 AOUT 1902. 285
contenant un mélange de i de benzine et | de sulfure de carbone. La source et la len-
tille sont portées par une planchette qui tourne autour d'un axe vertical passant par
le prisme.
» Pour observer les anneaux, le faisceau émergent est reçu sur une lentille fixe C3,
de 4o"^ de distance focale; il va former dans un plan intérieur à la lame un spectre
présentant une série d'images de la source nettement séparées. L'une d'elles est amenée,
en orientant convenablement la source, à tomber sur la partie découverte de la lame;
les autres sont interceptées par l'écran qui la recouvre.
» Pour observer les franges des lames mixtes, il faut substituer au miroir non
étamé l'écran rectangulaire et éclairer ce dernier par un faisceau de lumière parallèle.
On y parvient en introduisant entre le prisme etla lentille C3 un collimateur renversé,
constitué par une lentille G2, tournée vers le prisme, et une fente F, placée au foyer de
la lentille C3. L'une des images de la source étant amenée à se former sur cette fente,
le faisceau correspondant devient parallèle au delà de C3. La lentille C2 et la fente F
sont liées invariablement l'une à l'autre et reposent par trois pointes sur plan, trou et
fente; le support de ces derniers est réglé une fois pour toutes, de telle sorte que si
une image donnée de la source se forme, dans ces conditions, sur la fente, elle se
forme sur la partie découverte de la lame quand on enlève le collimateur renversé C^V .
» Grâce à celte disposition, le passage d'une radiation à une autre, tout aussi bien
que celui des franges aux anneaux correspondant à une même radiation, n'entraîne
aucune perte de temps : 20 minutes suffisent pour effectuer les huit mesures corres-
pondant aux quatre radiations employées et, pendant ce temps, dans les conditions
où nous sommes placés, la température ne varie que de o^jOa.
» Résultats. — Nous nous contenterons de donner, à titre d'exemple,
les résultats suivants (lame de quartz parallèle à l'axe, rayon ordinaire),
raïuenés à une même température, 18°,. 5o :
I. II. m.
jR 99oo!\92 9900!^-, 91 99001^,94
^' |V 99001^,93 9900!^-, 93 9900!^-, 94
, iR.... 1,5426879 1,5426893 1,5426870
^^''^ ' j V.... 1,5486369 1,5486366 1,5486867
)) On voit qu'il est possible de compter sur une approximation de o!\o2
à oi\oi pour l'épaisseur, d'une unité du sixième ordre décimal pour
l'indice.
') Nous avons étudié de même, et avec le même succès, une lame de
quartz de 2^"° d'épaisseur. Nous avons pu nous assurer, d'autre part, que
la méthode serait facilement applicable à une lame de flint (indice 1,7233),
de 3*="^ d'épaisseur, donnant des jinneaux de môme ordre qu'un quartz ou
( ' ) Indices absolus.
G. H., 1903, 2' Semestre. (T. GVXXV, N" 5.)
286 ACADÉMIE DES SCIENCES.
un crown de S'^'^jS d'épaisseur. Il y a tout lieu de penser qu'il nous sera
possible d'aborder directement l'étude de lames plus épaisses encore. »
PHYSIQUE, — Réflexion de la lumière sur un miroir de fer aimanté perpen-
diculairement au. plan d'incidence. Note de M. P. Camman, présentée par
M. Mascart.
« Une théorie complète de la réflexion de la lumière sur les miroirs
métalliques aimantés a été donnée par M. C.-H. Wind dans les Archives
néerlandaises (2'' série, t. I, 1897). Dans le cas particulier où l'aimanta-
tion est perpendiculaire au plan d'incidence, la conclusion est la suivante :
Si la lumière incidente est polarisée dans le plan d^incidence, l'aimantation
n'a aucune influence sur la réflexion. Elle fait, au contraire, varier à la
fois la phase et l'amplitude de la lumière réfléchie, si le rayon incident est
polarisé perpendiculairement au plan d'incidence. Ce sont ces résultats
théoriques que j'ai vérifiés expérimentalement, en mesurant la variation de
la différence de phase entre les deux composantes principales et celle de
l'azimut rétabli.
» La source lumineuse est une lampe à arc. La lumière, rendue suffisamment mono-
chromatique pour les mesures par son passage à travers une cuve de fuchsine, est
concentrée par un condenseur en un trou de 2™™ de diamètre percé dans un écran
métallique mince; ce trou est placé au foyer d'une lentille de 3o'='^ de dislance focale.
Le faisceau qui en est issu traverse un polariseur. Le plan de polarisation faisait des
angles de 45° et de 60° avec le plan d'incidence dans les deux séries d'observations
effectuées. La lumière se réfléchit sur deux miroirs de fer plans et parallèles, de 2'='" de
longueur sur i<^'" de hauteur, taillés dans deux cadres de fer doux de Suède formant
les armatures de deux petits électro-aimants. Les faibles dimensions de ces cadres
(9'''" de longueur, b""^ de hauteur, 2*=™ de largeur et i«^™ d'épaisseur) permettent de les
placer sur une plate-forme spéciale adaptée à cet effet sur un cercle de Jamin. On
peut ainsi mesurer l'angle d'incidence, régler les miroirs et les rendre parallèles en
faisant coïncider dans la lunette les images du rayon direct et du rayon réfléchi deux
fois.
» L'étude de la lumière i^éfléchie, polarisée elliptiquement, se fait au moyen d'une
lame de mica quart d'onde et d'un analyseur; en réalité, les deux lames de mica suc-
cessivement employées n'étaient pas exactement quart d'onde, mais les relards de
l'une des vibrations principales étaient respectivement de o, 265 et o, 268 Xd de la raie
moyenne D du sodium. L'appareil analyseur est l'analyseur à pénombre Macé de
Lépinay. Grâce à la précision et à la sensibilité de cet instrument, les erreurs com-
mises ne dépassent pas les erreurs de lecture quand on opère par la méthode de l'éga-
lisation de teinte des deux plages: quand on cherche à établir l'extinction en suppri-
SÉANCE DU 4 AOUT 1902. 287
mant le quartz à deux rotations qui produit les deux plages, et en manœuvrant à la
fois l'analyseur et la lame, l'erreur est de i' en moyenne. On en déduit que la diffé-
rence de phase et l'azimut rétabli sont déterminés à 6' près environ pour la réflexion
sur un seul miroir.
» Les données des expériences sont les suivantes :
Incidence principale moyenne des deux miroirs. 7i°5'
Azimut principal moyen 26°58'
Aimantation maxima en unités G. G. S i35o
» Les résultats des expériences sont réunis dans le Tableau suivant :
Variations
49,58
5o
60,2
65
68
70
70,80
75
77 '4o
» Les chiffres précédents se rapportent à la réflexion sur un seul miroir, les varia-
lions étant observées en renversant l'aimantation de H-i35o à — i35o unités C.G.S.
La phase étalon est celle de la vibration perpendiculaire au plan d'incidence; la diffé-
rence de phase est son avance sur la vibration dans le plan d'incidence.
» Au-dessous de 5o° et au-dessus de 77°, les observations sur la différence de phase
donnent des résultats peu certains, à cause de la petitesse des quantités à mesurer.
Quant à l'azimut rétabli, sa faible valeur ne permet de l'observer avec quelque certi-
tude que dans des limites restreintes au voisinage de son minimum.
I) Le Tableau qui suit donne les mêmes variations calculées d'après la théorie
de M. Wind.Des deux constantes qui entrent dans les formules, l'une, la phase de Sis-
singh, a été prise égale à 85" suivant la valeur donnée par cet expérimentateur ; l'autre
a été tix'ée de l'expression précédemment donnée de la variation de la difterence de
phase à 70''.
de la différence
de l'azimut
de phase.
rétabli.
12
»
12,5
»
20
»
26
— 6
33
— lO
4i
— 12
45
— 1 1
34
— 1 1
25
- 6
Variations
de
la différence
de l'azimut
ncidences.
de phase.
rétabli.
0
5o
12,5
60
23
65
Si
-i3,5
68
34
-i3
70
41
— 12,5
72
45
— 1 1 ,5
75
40
-8
288 ACADÉMIE DES SCIENCES.
)) Le rapprochement de ces deux Tableaux montre que les difFérences
entre les deux séries de nombres sont de l'ordre des erreurs d'expérience.
On peut donc dire que les expériences précédentes confirment d'une ma-
nière satisfaisante la théorie de M. Wind. »
PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Moyen de régler les résonateurs de haute fréquence,
en vue de leur emploi médical . Note de M. H. Guilleminot, présentée par
* M. Bouchard.
« Les résonateurs de haute fréquence employés en médecine se com-
posent d'un circuit inducteur, ou générateur du champ : c'est le circuit de
décharge des condensateurs; et d'un circuit induit à l'extrémité duquel
se produisent les effluves, étincelles, souffles. Le circuit inducteur, com-
posé des surfaces condensatrices et du conducteur, présente une certaine
capacité c et un certain coefficient de self L desquels dépend la période
des oscillations du courant de décharge, et par conséquent leur longueur
d'onde, d'après la formule T = 2T:y/LC.
» L'induit a un rendement d'autant meilleur qu'il est mieux accordé
pour le champ considéré. Je n'ai pas à m'étendre ici sur le sens qu'il faut
donner à ces mots : accord du résonateur avec le champ oscillant. Quoi qu'il
en soit, le réglage d'un résonateur consiste à faire varier la self ou la
capacité du générateur par rapport à celles de l'induit.
» Dans le résonateur Oudin en forme d'hélice, Finducleur et l'induit sont placés à
la suite l'un de l'autre, et le réglage consiste à prendre plus ou moins de spires comme
inductrices, diminuant ou augmentant d'autant le nombre des spires induites. Dans le
résonateur d'Arsonval en forme de bobine, l'inducteur est invariable comme capacité
et comme self, mais on peut le promener le long de l'induit auquel il est extérieur,
de telle sorte que l'on modifie la longueur des deux portions droite et gauche de l'in-
duit (par rapport au plan moyen de l'inducteur), faisant varier du même coup ses
caractéristiques et, avant tout, sa self.
» Dans le type en spirale plate que j'ai décrit antérieurement (*), l'inducteur
est constitué par la spire externe de l'appareil, et l'induit est formé par toute la
partie intérieure de la spirale. Celte forme de résonateur a pour but d'utiliser
l'énorme champ développé sur chacune de ses faces, d'une part pour l'électrisation
par influence des malades, d'autre part pour la production par influence d'une charge
de même signe ou de signe contraire dans une spirale placée en regard de la première
et dont l'enroulement est de même sens ou de sens contraire. Le réglage des spirales
(') Arc/i. d'Hlectr. médicale, 1901, p. 287.
SÉANCE DU 4 AOUT 1902. 289
pouvait se faire comme celui du résonateur Oudin. Ce réglage, ici, n'est pas commode,
à cause des connexions à établir entre les deux spirales à travers l'espace utile à
l'emploi.
» J'ai été ainsi amené à chercher un autre mode de réglage. Celui que
je présente ici est applicable d'ailleurs à tous les résonateurs.
» J'ai d'abord cherché s'il était pratiquement possible d'obtenir le
réglage en prenant comme variable le facteur C dans la formule .
T=:2-vLC,
c'est-à-dire en faisant varier la surface des condensateurs. Après une série
d'essais, faits notamment avec un condensateur à feuilles d'étain formé de
4o touches de 3*^™ x ij'^^ et jumellées quatre par quatre sur les deux dié-
lectriques, de manière à obtenir une surface variant de 70'""' à 700'^'"', j'ai
renoncé à ce procédé, qui ne permet qu'imparfaitement d'arriver au résultat
cherché. Pour utiliser au mieux l'énergie d'une bobine donnée, il y a
avantage à prendre un condensateur tel que sa capacité et son étincelle de
décharge soient maxima, la décharge se produisant à chaque interruption
du trembleur. Je n'insiste pas sur ces expériences, dont le résultat négatif
m'a conduit à chercher de nouveau le réglage cii prenant comme variable
le coefficient de self dans l'expression y/LC.
)) J'ai introduit dans le circuit une bobine de self variable constituée tout simple-
ment par un fil de cuivre de grosse section formant une hélice d'une quinzaine de
spires et analogue ù l'hélice que le professeur d'Arsonval mettait en dérivation entre
les armatures externes des bouteilles de Leyde, lors de ses expériences prolongées
où il était utile d'avoir cette dérivation de garda contre les décharges à basses
fréquences.
» Cette bobine de réglage, je le répète, est, pour le cas qui nous occupe, placée en
circuit et non en dérivation. Un curseur permet de mettre plus ou moins de spires
dans ce circuit, de manière à en augmenter plus ou moins la self. Je résumerai en deux
mots les résultats des expériences quejai faites avec les divers résonateurs. Lorsque
l'on se trouve dans le voisinage des meilleures conditions de fonctionnement d'un
résonateur, par exemple lorsque, dans le résonateur Oudin, l'inducteur comprend de i
à 5 spires, le réglage de la bobine de self suffit pour assurer le rendement maximum
aussi bien que le réglage précis de l'inducteur qui donnerait le rendement maximum,
par exemple à 4)5 spires. Si l'on s'éloigne de ces conditions, que l'on n'ait qu'une
spire, une demi-spire, on arrive encore, avec la bobine de self, à avoir un rendement
appréciable. Et même, si l'on supprime toute spire dans l'inducteur et que l'on éta-
blisse seulement un contact à l'origine du résonateur, les effluves atteignent encore
gcra 5 nrm^ alors que, sans la bobine de self, on n'obtient que de maigres étincelles de
jmm (ig longueur.
290 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Ces résultais, surtout frappants avec le résonateur Oudin, prouvent
que, dans le réglage des résonateurs, c'est moins le rap|)ort des longueurs
ou du nombre des spires de l'inducteur et de l'induit qui est à considérer,
que le coefficietit de self propre du circuit inducteur.
)> Avec les spirales telles que je les ai construites, on se trouve dans le
voisinage des meilleures conditions de rendement lorsqu'on prend la
spire externe comme inductrice. Aussi la mise en circuit de la bobine de
self réglable donne-t-elle des résultats tout à fait satisfaisants et le rende-
ment de la spirale ainsi réglée est approximativement égal au maximum. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur le gentiobiose; préparation et propriétés du
gentiobiose cristallisé. Note de MM. Em. Bourquelot et H. Hérissey.
il Nos recherches antérieures (') ont établi que le gentianose est un
hexotriose, C'^H^-0*% qui, traité par l'invertine de la levure haute ou
par l'acide sulfurique très étendu bouillant (2 pour 1000), se dédouble en
donnant i"^*^^' de lévulose et i™°' d'un hexobiose que nous avons appelé
gentiobiose.
)> Il nous faut revenir aujourd'hui sur le dernier sucre, que nous avons
réussi enfin à obtenir à l'état cristallisé, ce qui nous a permis d'en faire
une étude plus approfondie. Le gentiobiose diffère d'ailleurs dans
quelques-unes de ses propriétés, suivant le dissolvant, alcool méthylique
ou alcool éthylique, dans lequel on le fait cristalliser.
« Gentiobiose cristallisé dans V alcool niétliylique. — Pour préparer le gentiobiose
on fait d'abord une solution avec lo? de gentianose et de l'acide sulfurique à 2 pour luoo
en quantité suffisante pour faire 100'^"''. On chauffe cette solution au bain-marie
bouillant pendant 3o minutes; on laisse refroidir, on neutralise par addition de car-
bonate de calcium, on fdtre et l'on distille le liquide filtré dans le vide. On reprend le
résidu à l'ébullition, une première fois par So"'"'' d'alcool absolu, puis une deuxième
et une troisième fois par So'^"''' d'alcool à gô''; on enlève ainsi complètement le lévu-
lose. Finalement, on reprend par So"^""' d'alcool méthylique pur, en laissant bouillir à
reflux pendant 20 minutes, et l'on filtre bouillant.
» Le gentiobiose cristallise dans l'espace de quelques jours, se rassemblant en
petites lentilles semi-sphériques sur les parois du vase. Le rendement est de 4*'' à 4*^,50
pour les los de gentianose. On le purifie par une nouvelle cristallisation dans l'alcool
métliylique.
(^) Sur la constitution du gentianose {Comptes rendus, t. GXXXII, 4 mars 190I;
p. 571 ).
SÉANCE DU 4 AOUT 1902. 291
» Le produit ainsi obtenu est blanc, très hygroscopique, et de saveur amère. Des-
séché dans le vide sulfurique, jusqu'à ce qu'il ne perde plus de poids, il fond à la tem-
pérature de 85°, 5 à 86" (corr.). Si l'on chauffe davantage, il se boursoufle, brunit légè-
rement, diminue de poids, redevient solide et fond de nouveau vers iSgo-igS" en
donnant un liquide jaune transparent.
» Le genliobiose cristallisé dans l'alcool méthylique est dextrogyre et présente le
phénomène de multirotation, le pouvoir rotatoire étant plus élevé au moment de la
dissolution. Les rotations suivantes, se rapportant à une solution de 4^ de gentiobiose
desséché dans le vide sulfurique pour loo"'"', montrent les variations qui se produisent
à partir du commencement de la dissolution (/= 2; t ^= 22°).
Après 6 minutes de dissolution , a =: 4 1° 18'
» 25 minutes « a=z-|-i°4'
» 2 h. 3o min. » a = -f-48
» 3 h. 3o min. » a = H- 4o'
» 19 heures » a = +4^'
ce qui donne comme pouvoir rotatoire définitif de ce gentiobiose ay — h 8", 33.
» Nous avons tout d'abord, et dans le but de vérifier la formule du gentiobiose, essayé
de déterminer son poids moléculaire par la méthode de Raoult, en employant l'eau
comme dissolvant. Au lieu d'obtenir, comme nous le pensions, des chiffres voisins
de 342 (G'-H-'^C = 342), nous avons trouvé une première fois 128, et une seconde
fois 127,2. Ces résultats singuliers nous ont amenés à faire l'analyse organique du
produit.
» L'analyse a donné en centièmes:
(l) Crrr4i,3l (2) G =r 40,98
H= 7,43 H= 7,4
chiffres qui ne correspondent point à la formule G'^H^^O" (calculé : G=: 42,10;
H:=6,44), maisbien à la formule G^^ H^^O'i 4- 2 (GFPO), c'est-à-dire à des cristaux
renfermant 2°^°^ d'alcool méthylique de cristallisation (calculé : G = 4i )37 ; H ^ 7,38).
» Il fallait, dès lors, conclure: i° que le gentiobiose donne dans l'alcool
méthylique des cristaux renfermant 2'"°^ de cet alcool; 2° que ces cristnux
sont stables dans le vide sulfurique; 3° que la fusion de ces cristaux à 85°, 5
est une fusion dans l'alcool méthylique de cristallisation. Il fallait, en outre,
supposer que, en les chauffant à une température supérieure, on pourrait
arriver à chasser complètement l'alcool méthylique.
» On a donc essayé la dessiccation jusqu'à poids constant, entre 100" et 11 5°; cette
dessiccation a donné les résultats suivants :
!•■* apération: perte de poids pour 100 i5,02
1^ opération : perle de poids pour loo.. ..... i5,o6
292 ACADÉMIE DES SCIENCES.
soit en moyenne i5,04 pour 100. Or, 2™°* d'alcool méthylique représentent i5, 7
pour 100. La concordance est donc aussi parfaite que possible.
» Au surplus, le produit ainsi desséché a été analysé et soumis à la cryoscopie. Les
résultats sont venus confirmer la formule C^^H^-0*^
» Gentiobiose cristallisé dans l'alcool éthylique, — Pour l'obtenir, on suit
d'abord la marche exposée plus haut; mais, une fois le lévulose éliminé, on reprend
le résidu par de l'alcool à 90° bouillant. On laisse refroidir et l'on décante dans un
flacon que l'on bouche. La cristallisation spontanée se fait très lentement; mais,
quand on possède du produit cristallisé, on peut l'accélérer en amorçant. Il suffit alors
de 3 ou 4 jours pour qu'elle soit terminée. Les cristaux forment une croûte adhérente
aux parois du vase. On purifie par une nouvelle cristallisation dans l'alcool à 90°.
» Le produit est blanc et de saveur amère. Desséché dans le vide sulfurique, il ne
fond pas comme le précédent au-dessous de 100°. Maintenu à 1 15° jusqu'à poids con-
stant, il n'a perdu que 1,07 pour 100. On peut donc le considérer comme un produit
anhydre, et, de fait, il ne fond que vers igoo-igS".
» Le gentiobiose_ cristallisé dans l'alcool éthylique est dextrogyre et présente aussi
le phénomène de multirotation. Mais, à l'inverse de ce qui a lieu avec le sucre cristal-
lisé dans l'alcool méthylique, la rotation est plus faible au moment de la dissolution;
elle est même gauche, tout à fait au début. Les observations suivantes, efl^ectuées sur
une solution de 3s, 1 186 de gentiobiose pour loo*''"', représentent ces variations
{1 = 2; t = '?.i°) :
Après 6 minutes de dissolution a rz: — 22
» 1 5 )) » a ^z — 12
» ■ 1 heure » a .rr -|- 20
» 4 h. 3o min. » a :z= -l- 3o
» 6 heures » a =z + 36
ce qui donne, comme pouvoir rolatoire de ce gentiobiose : a„ — -^ 9",6r.
» On remarquera la dilTérence entre ce chiffre et celui que nous avons donné plus
haut pour le gentiobiose méthylique; mais ce dernier renferme i5,o4 pour 100
d'alcool méthylique de cristallisation, et si l'on calcule le pouvoir rotatoire sur le sucre
vrai, soit sur 4? — o,6oi6 ou 3^,3984, on trouve 9°, 8. Les deux déterminations abou-
tissent donc à des chiffres identiques.
» En résumé, le gentiobiose est bien un hexobiose. Dans nos recherches,
il a cristallisé sous deux états : à l'état anhydre et à l'état de combinaison
avec l'alcool méthylique; ces deux sortes de produits se conduisant diffé-
remment à l'égard de la lumière polarisée. »
CHIMIE ORGANIQUE, — Chlorures cuivricjues ammoniacaux anhydres.
Radicaux cupro-ammoniques. Note de M. Bouzat.
« J'ai montré {Comptes rendus, t. CXXXIV, p. 12 [6) que les différents
sels cuivriques dissous, tels que les chlorures, sulfates, acétates, dégagent
SÉANCE DU 4 AOUT 1902. 2g3
des quantités de ehaleur égales en se combinant à l'ammoniaque. Cette
relation m'a permis de conclure à l'existence de radicaux complexes
formant les sels cupro-ammoniques. Il importait d'étendre cette théorie aux
sels solides. J'ai été ainsi amené à reprendre l'étude des composés résul-
tant de l'action du gaz ammoniac sur les sels de cuivre anhydres. Les
expériences ont porté sur les chlorures et les sulfates; il ne sera question
aujourd'hui que des chlorures.
» On a déjà signalé plusieurs combinaisons du chlorure cuivrique et de
l'ammoniaque. Rose a admis l'existence de Cu CP, 6 AzH^; Graham a indiqué
celle de CuCl-,2AzH^ J'ai préparé ces corps et j'ai trouvé, en outre,
qu'entre eux il y en a un troisième bien défini, CuCl-,4AzH^. Ces com-
posés sont les chlorures de radicaux cupro-ammoniques; on peut les écrire,
pour représenter leur constitution :
/AzH'^ /AzHAm) /AzAm-)
^"\ A TTo,2HCl, (-U. 2HCI, Ci\( ^ . „ 2HCI,
\AzH- ) \AzHAm) \AzAm- )
Am étant le groupement AzH". Ainsi envisagés, ils constituent une série
parallèle à celle des chlorhydrates d'aminés dérivées de l'éthylène. Je vais
résumer d'abord leur préparation; j'indiquerai ensuite leurs propriétés et
leur chaleur de formation.
» L'absorption du gaz ammoniac par le chlorure cuivrique à la température ordi-
naire est d'abord très rapide ; mais elle devient de plus en plus lente à mesure que l'on
approche de la saturation, et il faudrait prolonger très longtemps le courant de gaz
ammoniac pour obtenir le composé saturé. Rose n'a pu avoir qu'un produit de compo-
sition CuCl-, 5,76AzH^. L'emploi du gaz ammoniac liquéfié permet, au contraire, de
préparer le corps CuCi"-,6AzlI*. Après avoir distillé du gaz ammoniac exactement
privé d'eau sur du chlorure cuivrique anhydre, on laisse évaporer l'ammoniac en excès
en maintenant la température à — 3o° ; il reste un composé qui a pour formule
CuCl-,6AzH^. Ce corps est dissociable en 2AzH^ et CuCl^,4AzH*; la tension de dis-
sociation devient égale à la pression atmosphérique vers go°. CuCl-,4AzlP est disso-
ciable à son tour en 2AzH^ et CuCl-,2AzH*; la tension de dissociation devient
égale à la pression atmospliérique vers i4o°.
» CuCP,2AzH^. — C'est une poudre verte, qui donne avec l'eau un précipité
d'oxychlorure.
» Chaleur de forviation (deux procédés) :
1° CuClS2AzH3sol.4-6AzH3diss.(i2i) — CuC12,8AzlPdiss.(i2'). + S^^'^S
d'où
Cu CF sol. + 2 AzH» gaz 1= Cu CP, 2 AzH' sol -h45*^"', 5
2° CuCP,2AzH='sol.-F2HCldiss. = CuCFdis3. -t-2AzH*Cldiss.. -+- t^\^i
G. R., 1902, 2« Semestre. (T. CXXXV, N° 5.) ^^
294 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Le mélange de Gu GP diss. à AzH^Gldiss. ne produit aucun phénomène ther-
mique sensible. Par ce second procédé, on obtient :
Gu GP sol. + 2 Az H3 gaz = Gu GP, 2 Az H» sol 4-45^^1, 6
» CuCt^, [\AztP. — G'est un corps bleu, soluble dans une petite quantité d'eau. La
dissolution laisse déposer un précipité d'hydrate cuivrique quand on l'étend.
» Chaleur de formation (2 procédés) :
1° GuGP,4AzH^sol. + 8AzH3diss.(i6i) = GuGP,i2AzH^diss. (16I). —5^^1,5
d'où
Gu GP sol. + 4 Az H^ gaz = Gu GP, 4 Az H' sol +72C»',o6
2° GuGP,4AzH»sol. + 4HCldi3s.=rGuGPdiss. + 4AzH*G[diss.. 4-25C''Si8
ce qui conduit à
Gu GP sol. + 4 Az H* gaz = Gu GP, 4 Az H^ sol +72Cai, ^g
Pour faire le calcul, j'ai pris comme chaleur de neutralisation de l'ammoniaque dis-
soute par l'acide chlorhjdrique dissous 12^31^75, nombre que j'ai trouvé pour celte
réaction à la température de 24°, à laquelle ont été faites les expériences.
» CuCl^, QÂzfP. — G'est un corps bleu; contrairement aux indications de Rose,
il possède, quand il est bien exempt d'eau, une couleur bleue peu intense, très différente
de la couleur bleu sombre des sels cuivriques ammoniacaux en solution aqueuse. 11
est soluble dans l'eau; la dissolution très étendue laisse déposer un précipité d'hy-
drate cuivrique. Il n'est pas soluble dans le gaz ammoniac liquéfié.
» Chaleur de formation. — Gomme on ne peut préparer ce corps qu'en petite
quantité par l'emploi de l'ammoniac liquéfié, il est plus commode et plus exact, pour aVoir
sa chaleur de formation, de se servir du mélange de GuGP, 6AztP et de CuGP, 4AzH'
qu'on obtient par l'action du gaz ammoniac sur le chlorure cuivrique
GuGl-, 5,3AzH3 S0I.+ 6,7 AzH^ diss.(i6') r= GuGP, iiP^zW diss.(i6i) . . . — 8*^^1,20
d'où
GuGl2sol. + 5,3AzH»gaz = GuGP,5,3AzHïsol +86c«i,5
» Comme à partir de CuGP, 4AzH*, la quantité de chaleur dégagée est proportion-
uelle à la quantité d'ammoniaque fixée :
GuG12sol. + 6AzH3gaz = GuGl-, ôAzHSsol +94^^', 3
» Un autre composé, GuGP, 5,2oAzH^, a conduit au nombre 94c»', 6.
» La chaleur de fixation des deux premières molécules d'ammoniaque
sur le chlorure cuivrique est de 45*^="', 5 ; celle des deux suivantes de 26^^^, 6 ;
celle des deux dernières de 22^^', 3. Conformément à la remarque d'Isam-
bert, les dégagements de chaleur vont en diminuant, et les tensions de
dissociation des produits formés augmentent. M. Matignon a indiqué en
+ H2gaz. . ,
. + 7c«i
,4
-f- H- gaz. . ,
, + 85c«i.
( 2
-i-H2 gaz..,
. + Sac-l
.9
H- H^ gaz . . .
, + 79^»!,
,5
-t-H-gaz. . .
, +101^^1,
,8
SÉANCE DU 4 AOUT 1902. 295
outre que, pour tous les chlorures ammoniacaux étudiés, le rapport^
est compris entre o,o3i eto,o33, T étant la température absolue de disso-
ciation sous la pression atmosphérique et Q la chaleur de combinaison
d'une molécule d'ammor»iaque. En faisant le calcul, on voit que les com-
posés CuCP, 6AzH' et CuCP, 4AzH^ satisfont à cette loi.
» Les équations suivantes font connaître, pour chaque radical cupro-
ammonique, la chaleur de formation et la chaleur de substitution à l'hydro-
gène de l'acide chlorhydrique i
Cu sol. + 2 H CI gaz = Cu CP sol.
H^ gaz + 2 AzH^ gaz 4- 2HGI gaz = aAzH^Ci sol.
Cu sol. + 2 Az H3 gaz + 2 II Cl gaz =z Cu ( Az H^ )2 Cl^ sol.
Cu sol.H- 4AzH^ gaz + 2HCI gaz = Cu(AzH3)* CP sol.
Cu S0I. + 6AzH^ gaz + 2HCI gaz =r Cu(AzH^)« Cl^
CHIMIE ORGANIQUE. — Action de l'acide nitreux, en solution alcaline, sur les
éthers ^-cétoniques cf.-substitués. Note de MM. Bouveault et KenéLocquin,
présentée par M. A. Haller (*).
« En traitant les éthers p-cétoniques a-substitués par le nilriie de soude
et la quantité moléculaire correspondante d'alcali caustique, MM. Meyer
et Zûblin ont obtenu des éthers d'acides a-isonitrosés; dans les mêmes
conditions, mais avec un excès de base, ils ont obtenu des monoximes
d'a-dicétones. Ils expliquent ces résultats par le dédoublement de l'éther
nitrosé vrai :
R-CO\ /CO-C^H^
AzOX^XR'
qui prendrait d'abord naissance, mais qu'ils n'ont pas isolé. D'autre part,
M. Cérésole a montré (^) que les éthers acétylacétiques a-substitués
sont saponifiés régulièrement par agitation avec les alcalis étendus et
froids; il a pu préparer ainsi les acides acétylacétiques substitués et a con-
staté que l'acide nitreux transforme ces derniers en monoximes d'a-dicé-
tones. Il faut donc, pour obtenir ces monoximes, saponifier d'abord les
(1) Voir Comptes rendus, séance du 21 juillet 1902.
(2) Cérésole, A ch. G., t. XV, p. 1874.
296 ACADÉMIE DES SCIENCES.
éthers dans les conditions indiquées par M. Cérésole, et ajouter successive-
ment à la solution du nitrite de sodium et un acide.
» Ce procédé, qui écarte la formation préalable d'un éther nitrosé vrai,
a été employé par MM. Treadwell et Westenberger ('); plus tard,
M. von Pechmann, dans ses recherches sur les homologues du diacétyle,
a opéré d'une façon plus compliquée et moins avantageuse.
» Nous avons repris ces expériences et nous n'avons pu, dans aucun cas,
isoler l'éther nitrosé vrai. Cela est évidemment insuffisant pour démontrer
qu'd ne se forme pas; nos expériences établissent néanmoins qu'il n'est
pour rien dans l'obtention des monoximes des a-dicétones.
» En effet, en appliquant le procédé de MM. Treadwell et Westenberger à
l'isoam^lacétjlacétate d'éthjle, par exemple, on obtient, avec un rendement quasi
intégral, la nitroso-isoamylacétone (-f^s/GH — (CH^)"^ _ G — CO — CH% qui n'avait
AzOH
pas encore été décrite. Elle cristallise dans l'éther de pétrole, fond à 32°-33° et bout
à 128° sous 18'"'^. Traitée par l'hjdroxylamine, elle fournit la dioxime, fusible à 181°,
déjà préparée par Fileti et Ponzio {•).
» Mais, quand on veut étendre cette méthode aux nouveaux homologues de l'éther
acétylacétique, éthers dont nous avons récemment indiqué la préparation {^), on con-
state que, avec les radicaux substitués de poids moléculaire élevé, elle échoue tota-
lement, parce que la saponification de l'éther donne naissance à un sel extrêmement
instable, qui se décompose aussitôt suivant l'équation
R-CO-ClI-CO^Na
ji, +NaOH=rR — CO — CII^ — R' + CO^Na^
Ainsi l'octyl (secondaire) acétylacétate d'éthyle, ou caprylacétylacétate d'éthyle (*),
ne donne que Voclyl {secondaire) acétone ou 4 - méthyl décanone - 2 bouillant
à 1 15° sous 25™"^, et dont la seinicarbazone fond à 66«.
» Dans le but d'éviter la décomposition du sel de sodium par la soude
aqueuse, nous avons évité la présence d'eau, en nitrosant par un procédé
nouveau, qui nous a donné un résultat tout différent de celui que nous
attendions.
» Nous ajoutons la quantité correspondante d'éthylale de sodium, dissous dans
l'alcool absolu, à i'"°i d'isoamylacétylacétate d'éthyle; puis, nous faisons passer dans
{') Treadwell et Westenberger, D. ch. G., t. XV, p. 2786, et t. XVI, p. 2997.
(2) Fileti et Ponzio, Gaz. Ital., 28, II, 266.
{') René Locquin, Comptes rendus, t. GXXXV, 1902, p. 108.
(*) Bouveault et Locquin, Comptes rendus, séance du 21 juillet 1902.
SÉANCE DU f\ AOUT 1902. 297
ce mélange un courant de nitrite d'éthyle gazeux parfaitemenl sec; il se produit un vif
échauffement, qui cesse après le passage de 1"°' de gaz. On arrête alors l'opération,
on chasse l'alcool, on reprend par l'eau et l'on rectifie. Or, la réaction se passe, inté-
gralement, suivant l'équation
^"'^?.^^GH-CO^C^H^ + AzO^G^H^=:CIP-CO^C^H5 + C^Hii-C-CO^C^H5
AzOH;
c'est-à-dire qu'on a l'ojcime d'un homologue de pyvuvate, tout comme si l'on avait
opéré en solution acide (' ).
» Nota. — Si l'on remplace, dans cette opération, le nitrite d'éthyle par le nitrite
d'amyle, d'un emploi plus commode, les résultats sont tout à fait analogues ; mais il y a
substitution partielle du groupe amyle au groupe éthyle, de sorte que l'on obtient un
mélange des deux éthers :
G5Hii-G-CO'-C2H=^ et C^H'i- G - CO^GHP'
Il II
AzOH AzOH
» Ainsi donc, on obtient le même résultat en présence d'éthylate de
sodium ou en présence d'acide sulfurique concentré, et cela parce que,
dans aucun des deux cas, le groupement éther n'a été saponifié. Il semble
d'ailleurs que, si l'éther nitrosé vrai pouvait exister, il aurait dû prendre
naissance dans la réaction précédente.
» En résumé, selon nous, le mécanisme de l'action de l'acide nilreux
sur les éthers ^-cétoniques a-substituésdoit être énoncé ainsi :
» Si la réaction se fait dans des conditions telles que le groupe éther ne soit
pas saponifié, ou s'il est saponifié en liqueur acide, il se fait un acide et une
oxime d' éther giyoxylique substitué (^); si, vendant la réaction, le groupe
éther est saponifiié de manière à donner le sel R — CO — CH(' ., on ob-
tient un monoxime d\-dicétone et de l'acide carbonique {^).
» Nous poursuivons ces recherches, »
(*) Voir Comptes rendus, séance du 21 juillet 1902.
(^) Voir Comptes rendus, séance du 21 juillet 1902; équation (I).
(^) Voir Comptes rendus, séance du 21 juillet 1902; équation (H).
298 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur le sérum antiparamécique. Note
de M. Ledoux-Lebard, présentée par M. Roux.
« Les faits déjà acquis à la science sur les cytotoxines nous ont con-
duit à, rechercher s'il est possible d'augmenter le pouvoir toxique des
sérums de lapin et de cobaye pour les paramécies, au moyen d'injections
de ces organismes.
» Nous avons préparé des cultures de Paramœcium caudatum, ne con-
tenant pas d'autre infusoire, et nous n'avons utilisé que les cultures les
plus riches. Après cinq à six injections de ces cultures sous la peau du
lapin et du cobaye, le sérum de ces animaux acquiert un pouvoir toxique,
à l'égard des pararnécies, plus élevé que celui qu'il présente à l'étal
normal (^).
» Le sérum de lapin normal, dilué à y^, n'immobilise guère pendant plus de
24 heures les paramécies ajoutées, au nombre de vingt-cinq à cinquante par centi-
mètre cube de dilution, ou n'en tue qu'un petit nombre; dilué à y^, il est encore
moins actif.
» Le sérum de lapin traité par les paramécies, dilué à jV» immobilise ces infusoires
plus rapidement que le sérum normal, et les tue. Dilué à -^, il en tue encore le plus
grand nombre.
» Le sérum de cobaye normal est plus toxique pour les paramécies que celui de
lapin normal; néanmoins, il est fréquent de voir un certain nombre de paramécies sur-
vivre dans les dilutions à 2^; elles se remettent à nager, après immobilisation pas-
sagère dans le sérum dilué k -^ ou encore plus étendu.
» Le sérum de cobaye traité tue ou immobilise, pendant plus de 24 heures, les para-
mécies, dans les dilutions à jV» ïT' sV' rsT» âiô"- Après 24 heures, il faut un examen
attentif au microscope pour reconnaître que parmi ces infusoires, complètement im-
mobilisés, un certain nombre, malgré leur apparence de mort, l'absence d'oscillation
des cils, la paralysie et la dilatation des vésicules contractiles, offrent encore de lents
mouvements de l'endoplasma. D'autres présentent des déformations ou ont déjà subi
une désorganisation complète.
» Même la dilution à y— de sérum de cobaye traité altère, en quelques heures,
la mobilité des paramécies, qui nagent plus lentement et se tiennent dans les couches
inférieures du liquide.
» Par suite de l'action du sérum, les cils vibratiles sont immobilisés; ils se mêlent,
(*) Voir Ledoux-Lebard, Action du sérum sanguin sur les paramécies {Ann. de
l'Institut Pasteur, juillet 1902).
SÉANCE DU 4 AOUT T902. 299
s'accolent aux cils voisins, en formant des faisceaux; ils sont complèleméht détruits
ou abrasés par places ; ailleurs ils se revêtent d'une couche adhérente de microbes.
L'agglutination fait défaut ou est peu développée. Les agglomérations, si elles se pro-
duisent, sont souvent irrégulières et dues aux adhérences par l'intermédiaire des cils
altérés.
» Le sérum de lapin ou de cobaye normal, chauffé à d8°-6o° pendant une demi-heure
et dilué à j^, sl -—, a perdu sa toxicité à l'égard des paramécies. 11 n'en est pas de
même du sérum antiparamécique, chauffé pendant une demi-heure à 58" et même
à 63° (pour le chauffage à 63°, le sérum était additionné de partie égale d'eau physio-
logique); ce sérum dilué à -p^-, à j^, immobilise et tue les paramécies.
» Il s'est donc produit, chez le lapin et le cobaye traités, une substance qui reste
toxique pour les paramécies, après chauffage à 58°, à 63°. Il y aurait à rechercher,
pensons-nous, si, dans certains sérums bactéricides chauffés, réputés inactifs, la sub-
stance qui se fixe sur les microbes sensibles n'altère pas, au moins à un faible degré,
la vitalité de ces microbes.
» Le sérum antiparamécique possède une spécificité remarquable. Le
sérum si aclif de cobaye, traité par des injections de P. caudatum, ne
possède plus le même degré de toxicité à l'égard du P. aurelia, qui recom-
mence à nager, après 24 heures, dans les dilutions mortelles ou paraly-
santes pour l'espèce P. caudatum.
)) La persistance de la toxicité du sérum antiparamécique après chauf-
fage permet d'apprécier encore mieux cette spécificité. Dans les dilutions
à Y^j, à ^ (le sérum chauffé (à 58°, à 63°, pendant 3o minutes) de lapin
ou de cobaye traités par les injections de P. caudatum, cette espèce de
paramécie est bientôt immobilisée et tuée. Au contraire, des paramécies
d'espèces différentes (P. aurelia, P. bursaria) continuent à vivre et à nager
dans ces dilutions. »
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Action de la fermentation alcoolique sur le bacille
typhique et sur le Bacterium coli commune. Note de MM. E. Bodin
et F. Pailheret, présentée par M. Prilliçux.
« Dans un travail publié par l'un de nous (^) sur la conservation du
bacille typhique dans le cidre, il a été indiqué que ce problème est double
et comporte deux (juestions : 1° Le bacille d'Eberlh peut-il se développer
(') E. BoDiN, Aan. de l'Institut Pasteur, juillet il
3oo ACADÉMIE DES SCIENCES.
OU se conserver vivant dans un cidre fermenté? 2° Ce microbe, existant
dans le moût avant la fermentation, y persiste-t-il après cet acte? La
première question ayant été seule traitée dans ce travail, nous nous occu-
pons ici exclusivement de la seconde, qui revient en somme à celle de
l'influence de la fermentation alcoolique sur le bacille typhique.
» Mais, instruits comme nous le sommes de la sensibililé extrême du
bacille d'Eberth aux agents chimiques, et connaissant l'influence défavo-
rable des moûts de pommes acides sur cette bactérie, nous avons cherché
d'abord à opérer dans des conditions a^issi simples que possible et à débar-
rasser, autant que nous le pourrions, l'acte de la fermentation alcoolique
de toute complexité de milieu. Nous nous sommes donc servis de moûts
artificiels, schématiques, pour ainsi dire, formés de solutions neutres de
peptone à o^, 5o-i^,5o pour 100, additionnés de 3 à 5,5 pour 100 de glu-
cose pur, de sucre ordinaire ou de sucre candi.
» Dans plusieurs séries d'expériences faites avec ces solutions, ense-
mencées avec le bacille d'Eberth, lequel y vit aisément, nous avons déter-
miné la fermentation alcoolique à l'aide de levures pures de provenances
diverses (levure de brasserie du commerce, levures de cidre de pression
et de diffusion), qui toutes faisaient fermenter activement ces solutions en
quelques jours, donnant, suivant les cas, une proportion d'alcool de 2,6
à 3, 2 pour 100. Or, dans ces expériences, faites à la température de H- 22°,
nous avons constaté que le bacille d'Eberth restait parfaitement vivant
après la fermentation alcoolique par les levures. Il en a été de même pour
le Bacterium roli commune .
» Nos recherches démontrent donc que l'acte de la fermentation alcoo-
lique sous l'influence des levures est incapable en lui-même de détruire le
bacille typhique et le Bacterium coll.
» Mais, quand on entre dans le détail, on voit que le sujet est infiniment
plus compliqué qu'on ne pourrait le supposer au premier abord. En effet,
en outre des produits de la fermentation des sucres par les levures, on sait,
par les travaux de Brieger, Grimbert, Péré, Harden, que le Bacterium coli
et le bacille typhique ont une action fermentative sur les substances ter-
naires. Il en résulte que les produits, variables suivant les cas, de ces fer-
mentations viennent se surajouter à ceux de la fermentation par les levures
et que le tout aboutit à la production d'un milieu complexe dont l'action,
qui peut être très grande chez les bactéries, doit être distinguée de celle
de la fermentation alcoolique proprement dite.
SÉANCE DU l\ AOUT 1902. 3oi
» Aussi peut-on prévoir que la nature du milieu fermentescible dont
dépend la composition après fermentation joue un rôle considérable en
pareil cas. Notre premier travail nous avait déjà montré l'intervention
manifeste de l'acidité en semblable circonstance; nos recherches actuelles
nous en ont apporté la confirmation : ainsi, dans les milieux glucoses, où
l'acidité augmente après l'expérience, du fait de la fermentation par la
levure et du fait de l'action du bacille typhique et du bacille du côlon qui,
avec le glucose, donnent divers acides (formique, acétique, lactique, etc.),
le bacille typhique est rapidement modifié; il perd en grande partie sa mo-
bilité, se dispose en petits amas ou en chaînettes, et sa culture est alors
souvent difficile à obtenir. Si, au contraire, on a soin d'opérer dans les
mêmes milieux additionnés de carbonate de chaux pur, ces modifications
du bacille ne s'observent pas.
» Nous avons noté que la culture des bacilles typhiques modifiés dans les milieux
acides est délicate et que, si on la tente à 4o°, elle ne se produit pas, alors qu'à 36'^-37°
elle est positive.
» Ce point de technique mérite d'être retenu, car un des procédés les plus em-
ployés pour la recherche du bacille typhique dans les eaux consiste à cultiver ces eaux
dans le bouillon à 4o°; or, nous sommes convaincus, après nos expériences, que cette
température, permettant la culture d'un bacille normal, est trop élevée pour les
bacilles déjà modifiés par un milieu défavorable.
» L'acidité totale n'est toutefois pas le seul facteur qui agisse sur les bactéries, car
nous avons constaté que, dans les moûts artificiels au saccharose, le bacille typhique ne
demeurait vivant qu'en présence du carbonate de chaux; et cependant l'acidité très
faible n'était pas plus élevée que dans les milieux glucoses, où le même microbe con-
serve sa vitalité, après fermentation, avec ou sans carbonate de chaux. Pour ce qui
est de préciser ce qui se passe alors, nous n'avons pu le faire exactement jusqu'ici.
» Le même fait ne se produit pas pour le Bacteriuin coli qui se développe dans les
moûts au saccharose avec ou sans carbonate de chaux. Nous signalerons donc cette
particularité en pensant que, tout en n'ayant rien d'absolument caractéristique, elle
constitue une réaction de plus qui peut être utile pour la différenciation du bacille
typhique et du bacille du côlon dans les cas embarrassants.
» En résumé, nous pouvons conclure de nos recherches, et ce fait est
intéressant en matière d'hygiène, que la fermentation alcoolique jjar
les levures n'a pas en elle-même d'action destructive sur le bacille d'Eberth
et sur le Bacterium coli commune, mais que l'influence des moûts fermentes
sur ces bactéries provient des produits complexes de la fermentation du
moût sous la double action des levures et des bactéries qui s'y développent. »
G. R., 1902, 1- Semestre. (T. CXXXV, N» 5.) ^9
3o2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE ANIMALE . — Variation de i acide phosphorique suivant l'âge
du lait. Note de MM. F. Bordas et Sic. de Raczkowski, présentée
par M. Brouardel.
« Il résulte de nos nombreuses analyses que l'acide |)hosphoriqiie total
présente de grandes variations dans le lait, suivant son âge. On peut dire,
d'une façon générale, que l'élimination de l'acide phosphorique total va
sans cesse en décroissant depuis l'époque du vêlage,
» Cette décroissance a lieu aussi pour la lécithine. Les chiffres que nous
avons obtenus chez des animaux de même race, alimentés de la mémo
façon (^), montrent que c'est dans le premier mois qui suit le vêlage que
la production de la lécithine est maximum.
» Cette constatation est intéressante, car elle paraît prouver que le jeune
a besoin d'absorber, à cette époque, une plus grande quantité d'acide
phosphorique poui- le développement de son squelette.
» Il en résulte enfin qu'on devra rechercher, pour l'alimentation des
enfants plus ou moins débiles, des laits aussi rapprochés que possible de
l'époque du vêlage.
Composition en granimea pour ;co.
Races . . Jersiaises. Normande.
Vache Vache
Date du vêlage pleine. 4 juillet- i" juillet. 12 juin. i3 mai. non pleine.
Production quotidienne /|i. 9', 5oo. 8',5oo. 8'. 7',5oo. 8',5oo.
Extrait 16,09 ^5,49 16,47 16, 3o i4j90 i3,75 i4>ii
Cendre 0,76 0,72 Ojôg o,65 0,71 0,72 0,70
Matière grasse 6,01 5,48 6,98 6,76 5,70 5,34 5, 01
Lactose 4,67 5,38 5,28 5, 20 4,88 4, 60 4, 81
Caséine 3,86 3,17 2,90 2,89 3,o4 2,3o 2,61
A.cide phosphorique total. . 0,218 o,2o4 0,200 o,i64 0,168 o,i48 o,i56
/Vcide phosphorique organique. . . 0,0049 0,0068 o,oo44 o,oo33 o,oo33 o,oo4i o,oo3i
En acide phosphoglycérique . . . 0,0189 0,0198 0,0124 0,0100 0,0100 0,0116 0,0098
En lécilhiue (F = 7,27).. ... o,o654 0,0909 o,o582 0,0472 0,0472 o,o545 o,o436
Chlorures en chlorure de sodium. . 0,128 0,026 0,026 0,026 0,102 0,182 o,ii4
(1) Nous tenons à remercier particulièrement M. V. Hugot, Membre de la Chambre
de Commerce de Paris et propriétaire de la ferme modèle « Jersey Farm », qui s'est
gracieusement mis à notre disposition pour nous faciliter nos recherches.
SÉANCE DU 4 AOUT 1902. 3o3
Production quotidienne.
Vache
12 juin.
i3 mai.
non pleine.
540,80
427,50
453,90
4 16, 00
366 , 00
391 ,00
23l ,20
228,00
195,50
l3, T2
12,60
12,58
0,264
0,247
0,348
0,800
o,75o
0,986
3,776
3,. 540
4,632
2,44
8,64
II ,22
Vache
Date du vêlage . pleine. /| juillet. i" juillet.
Matière grasse 240, 4o 52o,6o 569, o5
Lactose . 186,80 5r2, 10 448)8o
Caséine i54,4o 3oi , i5 246, 5o
A.cide phosphoriqiie total 8,72 I9>38 17,00
Acide phosphorique organique. . . 0,196 o,646 0,374
En acide phosplioglycérique . . . o,556 i,833 i,o54
En lécilliine (F =: 7,27) 2,616 8,635 4,947
Chlorures en chlorure de sodium. . 5, 12 2,44 2,44
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Recherches sur V assimilation chlorophyllienne des
feuilles dont on éclaire soit la face supérieure, soit la face inférieure. Note
de M. Ed. Griffon, présentée par M. Gaston Bonnier.
« On admet généralement, mais surloiit pour des raisons d'Anatomie
comparée, que le parenchyme en palissade des feuilles est bien le tissu
servant par excellence à l'assimilation chlorophyllienne.
» Selon Stahl, ce tissu protégerait, grâce à la disposition de ses cellules, les chloro-
leucites contre un éclairement trop intense, en môme temps qu'il favoriserait la
pénétration de la lumière dans les couches situées au-dessous de lui. Selon Haberlandt,
il serait surtout destiné à permettre l'écoulement rapide des produits de Tassimilation.
Toutes ces actions, qui ne sont nullement contradictoires, doivent avoir pour effet, si
elles existent réellement, de favoriser la décomj^osition de l'acide carbonique dans
la feuille.
1) Si donc les hypothèses précédentes sont fondées, ou tout au moins si l'idée géné-
rale à laquelle elles conduisent est vraie, il en résulte nécessairement que les feuilles
à mésophylle hétérogène dissymétrique doivent décomposer plus activement le gaz
carbonique quand la lumière directe frappe la face supérieure au lieu de la face infé-
rieure, comme cela se produit généralement dans les conditions naturelles.
» En effet, le tissu palissadique éclairé directement absorbe et utilise les radiations
solaires alors qu'elles possèdent encore toute leur énergie; le tissu lacuneux utilise
celles qui passent et aussi celles qui proviennent delà lumière diffuse. Quand, au con-
traire, le dernier est tourné vers le soleil, il assimile davantage, mais l'augmentation
produite ne peut vraisemblablement pas compenser la diminution qui se manifeste dans
le tissu palissadique, lequel ne reçoit plus qu'une lumière atténuée.
» Déjà Ingen-Housz, dans des expériences faites à Paris en 1780, en présence de
Benjamin Franklin, croyait pouvoir remarquer que, lorsqu'elles sont plongées dans
de l'eau de source, « les feuilles fournissent un air plus pur et plus abondant, si le
3o4 ACADEMIE DES SCIENCES.
» soleil donne sur leur surface vernissée, que lorsque leur surface inférieure reçoit
» l'influence directe du soleil ».
» Boussingault, qui rappela ces résultats en 1866, fit observer, en se basant sur les
expériences de De Saussure et sur les siennes propres, que l'oxygène dégagé par une
feuille présente le même degré de pureté, quelle que soit la surface d'où il émane, et
que, quant à la différence de volume, ce n'est pas en faisant fonctionner une branche
garnie de feuilles dans de l'eau qu'on peut la déterminer.
» Cet habile physiologiste opéra alors de la façon suivante: il colla, sur une face
des feuilles, à l'aide d'empois d'amidon, une bande de papier noirci, ou bien il appliqua
deux feuilles l'une sur l'autre par leurs faces similaires enduites d'empois et exposa
le tout à la lumière dans des milieux gazeux riches en acide carbonique.
» Il vit alors qu'une feuille éclairée par la face supérieure seulement décompose
presque toujours plus activement l'acide carbonique que lorsqu'elle reçoit la lumière
par la face inférieure. Au soleil, la plus grande différence a été dans le rapport de 6 à i
{Populus alba) et la plus faible, de i,5 à i. A la lumière diffuse, le rapport de 2 à i
a été le plus élevé. En outre, les feuilles à parenchyme mince, comme celles de Platane,
de Marronnier, de Pêcher, ainsi que celles qui sont à parenchyme plus ou moins homo-
gène (Graminées) n'ont pas donné lieu à des différences sensibles.
)) Ce sont ces expériences qui, jusqu'ici, ont permis de dire que la face
supérieure des feuilles est plus active que l'autre dans l'assimilation chlo-
rophyllienne. Mais on voudra bien remarquer qu'une telle conclusion est
quelque peu prématurée. En effet, on a confondu deux phénomènes com-
plètement distincts: la décomposition de l'acide carbonique et la sortie des
gaz par les surfaces; car la feuille de papier noirci, non seulement empê-
chait la pénétration de la lumière par une face, mais encore elle s'opposait
aux échanges gazeux. Comme ces échanges ne sont pas les mêmes au tra-
vers des deux épidermes, il en résulte que le travail interne de décompo-
sition du gaz carbonique se trouve inégalement entravé quand on rend
imperméable la face supérieure ou la face inférieure.
)) J'ai précisément essayé de supprimer cette cause de trouble : je crois
y être arrivé en plaçant les feuilles dans des éprouvettes aplaties dont une
face est noircie; de cette façon, l'on peut exposera la lumière l'une ou
l'autre face des feuilles et les gaz trouvent toujours les mêmes voies d'entrée
et de sortie. Je me suis aussi servi d'éprouvettes aplaties ordinaires, per-
mettant d'éclairer une face par la lumière directe, l'autre l'étant par la
lumière diffuse comme cela a lieu dans la nature.
» Les nombreux résultats analytiques que j'ai obtenus m'ont permis de
tirer plusieurs enseignements intéressants.
» D'abord, lorsqu'une face de feuille est éclairée soit parla lumière (îîrecte, soit par
la lumière diffuse, l'autre face ne recevant pas du dehors de radiations lumineuses,
SÉANCE DU 4 AOUT 1902. 3o5
rassimilation chlorophyllienne varie avec la nature de la face considérée. Toujours,
avec une feuille à mésophylle hétérogène dissymétrique, l'assimilation baisse si c'est
la face inférieure qui reçoit la lumière, au lieu de la face supérieure. Dans aucun cas
il n'y a égalité, par exemple avec les feuilles minces de Pêcher, de Marronnier et de
Platane, comme l'avait trouvé Boussingault avec sa méthode.
» Les différences obtenues ne sont en général pas aussi grandes que celles qui
avaient été observées par cet auteur. Le maximum se trouve avec les feuilles épaisses,
à parenchyme bien hétérogène, de Troëne du Japon (100 à 54), de Laurier-cerise
(100 à 48); le minimum, avec les feuilles minces d'Érable plane (100 à 88) et avec
les feuilles à mésophylle plus ou moins homogène, comme par exemple celles des Bam-
bous (100 à 92). La moyenne se rencontre avec les feuilles de Lilas (loo à 68), de
Dahlia (100 à yS).
)) Quand la face inférieure est couverte de poils, comme dans le Framboisier, le
Tilleul argenté, les différences sont encore moyennes (100 à 68). Pourtant il y a un
écart très grand, le plus grand que j'aie obtenu, avec VEleagnus argentea, dont la
face inférieure est recouverte d'une couche dense de poils écailleux (100 à 36).
» Si les feuilles sont placées comme dans les conditions naturelles, une face recevant
la lumière directe du soleil et l'autre la lumière diffuse, les différences s'atténuent
notablement, du moins dans les conditions de mes expériences (feuilles coupées, air
humide). Le plus grand écart observé, correspondant à une insolation intense, a été
de 100 à 88. Bien entendu, plus la lumière directe se rapproche de la lumière diffuse,
plus les inégalités d'énergie assimilatrice deviennent faibles. La position normale des
feuilles de la plupart de nos végétaux est donc, en somme, favorable à l'assimilation,
mais dans une mesure assez modérée; elle paraît peut-être davantage en rapport avec
la chlorovaporisation, comme je pense pouvoir le montrer prochainement.
» Il résulte de tout ce qui précède que le parenchyme en palissade
des feuilles est réellement adapté à la fonction de décomposition du gaz
carbonique. Cette adaptation, qui n'est pas la seule et qui est établie main-
tenant d'une façon certaine par la voie expérimentale, trouve probable-
ment son explication dans les hypothèses de Stahl et Haberlandt qui ont
été rappelées au début de cette Note. »
GÉOLOGIE. — Sur la caverne du HôU-Loch {Trou cV Enfer) et la Schleichende
Brunnen {source rampante) {Suisse). Note de M. E.-A. Martel, pré-
sentée par M. Albert Gaudry.
« Le 27 juillet, j'ai visité partiellement ( ' ), sous la conduite de MM. Wid-
mer-Osterwalder et Saxer, le Hôll-Loch (Trou d'Enfer), à 16'''" est de
(*) Le parcours total de la galerie principale seule exige 24 heures, tant les obstacles
y sont grands; deux des expéditions exploratrices (juin et juillet 1902) y ont duré 46
et 89 heures consécutives.
3o6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Schwyz et à 75™ au-dessus du village de Stalden, entre les vallées de la
Muota et du Starzlen-Bach; et je puis affirmer que cette caverne, inconnue
avant 1880, est, au point de vue scientifique, l'une des plus remarquables
qui existent.
» C'est seulement depuis 1898 que l'exploration sérieuse en a été entre-
prise par MM. Beeler, Betschard, Biirgeler, Egli, Olter, Saxer, Wehrli,
Widmer-Osterw^alder, Zimmermann, etc., au prix des plus grandes diffi-
cultés (notamment l'escalade souterraine de la Bôse Wand, muraille de
52™ de haut et de 6']° à 80" d'inclinaison). On y a reconnu déjà plus de
^km jg galeries, dont 2^50™ pour la principale, d'après le plan au ■:;— fort
bien dressé par M. Widmer et joint à la présente Note. Le HoU-Loch est,
en lons^ueur, la quatrième caverne de l'Europe (après Adelsberg, Agtelek et
Planina en Autriche-Hongrie) et deviendra sans doute la première, quand
les recherches en cours y seront terminées. Ce complexe et grandiose
labvrinthe qui, à vol d'oiseau, s'étend à plus de i5oo™ de distance dans les
flancs de la montagne est, comme la plupart des cavernes, l'œuvre des
eaux souterraines agrandissant, par érosion, corrosion et pression hydro-
statique, les fissures préexistantes du calcaire : on ne saurait y voir le ré-
sultat d'une action glaciaire interne. Ce qu'on y a nommé les Glelscher-
Mûhlen (moulins de glaciers) n'est pas autre chose qu'une abondance de
marmites de géants énormes, comme celles des torrents alpestres, des
grottes de Sassenage, de Trépail (voir Comptes rendus, 16 juin i902), etc.,
atteignant jusqu'à 4™ ou 5™ de diamètre et de profondeur, et en partie
remplies du sable ou des galets roulés qui les ont creusées.
» De l'entrée, la grotte descend d'une part jusqu'à 626™ d'altitude (d'après la couj^e
de M. Egli) et monte d'autre part à goS"^ (au fond extrême atteint par M. Widmer).
La dénivellation totale serait donc de 280™. Voici ce que j'ai constaté sur l'origine
géologique et le fonctionnement hydraulique du Hôll-Loch :
» Les plateaux crétacés très fissurés (calcaire de Seewen, aptien-urgonien et néo-
comien) qui, au pied occidental des Glarnisch, descendent assez rapidement de la Sil-
beren-Alp (23i4") au confluent de la Muota et du Starzlen-Bach (altit. 625™) sont
très perméables, parliculièrement dans les Kavrenfelder ou lapiaz du Bôdmern-Wald ;
sur iS"^™' à 20''''^' les crevasses du sol y absorbent toutes les eaux météoriques, qui ont
ainsi donné naissance aux courants souterrains du HoU-Loch, exactement à l'image
des cavernes et rivières souterraines des Alpes françaises (Chartreuse, Vercors, Dévo-
luy, Vaucluse) creusées dans les mêmes terrains. Du fond de la grotte à la surface du
plateau, l'épaisseur de terrain interposé est d'environ 5oo'". Le drainage continue de
nos jours, car, en plusieurs galeries, on trouve des sources, des cascalelles et des 2:)or-
tions de rivières souterraines, d'autant plus abondantes que les plaies ou les fontes de
neige ont été plus fortes; ce sont les affluents variables (aux caprices dangereux pour
les explorateurs) du cours d'eau pérenne, enfoui" actuellement dans l'étage inférieur
SÉANCE DU [\ AOUT 1902. 807
de la caverne, auquel on n'est pas encore parvenu, mais sur lequel s'ouvrent, comme
des regards, des puits ou avens intérieurs, profonds de 85™ à 100°^ et où l'on se propose
de descendre.
» J'ai reconnu d'ailleurs, sans aucune hésitation possible, la résurgence de ce cours
d'eau dans le Bisi-Thal, à la source rampante (Schleichende Brunnen) de la scierie
Balm sur la rive droite de la M nota, par 635™ d'altitude, à 5oo™ au sud-ouest de l'en-
trée de la caverne. Cette source (du type dit vauclusien), débitant de un à plu-
sieurs mètres cubes à la température de 5", 8 C, est l'efifet de la capture des eaux-
du Hôll-Loch par l'approfondissement du thalweg de la Muota; c'est la troisième issue
de ces eaux et la seule pérenne; les deux autres étaient sur l'autre versant du plateau,
sur la rive gauche du Starzlen-Bach : la plus ancienne et la plus élevée (altitude
de 735™), complètement desséchée, forme l'entrée du Hôll-Loch dans un entonnoir d'ef-
fondrement avec deux curieux ponts naturels ; la seconde, en dessous de cet entonnoir,
sert encore de trop-plein aux crues souterraines qui paraissent s'y manifester, aussi
bien d'ailleurs que dans les galeries de la caverne, jusque vers 700™ à 710™ d'altitude.
Tout cela corrobore, sur une échelle colossale, ce que j'ai déduit des dernières explo-
rations de cavernes sur l'origine et le fonctionnement des grottes, l'absence des nappes
d'eau dans les calcaires, l'enfouissement progressif des rivières souterraines (qui
atteint ici l'énorme abaissement de 100™), l'origine tectonique des siphons des sources
et des cavernes, etc. (voir la Spéléologie et Compte rendu du VHP Congrès géolo-
gique international). Sur ce dernier point notamment, le Hôll-Loch est d'un intérêt
capital : ses galeries présentent une succession de montées et descentes plus ou moins
abruptes (20° à 80", hauteur de 20™ à 5o™), qui correspondent aux ondulations tour-
mentées du terrain, justement dans une région de dislocations, de glissements et de
charriages qui se trouve comprise entre les classiques plissements et renversements
des Glârnisch et de la Windgâllel Et il m'a paru bien curieux de retrouver, sur la
falaise même qui domine la Schleichende Brunnen et dont la direction est parallèle
à celle de la grotte, la coupe verticale naturelle de tout un jeu de plis et de petites
failles, dont le profil équivalait exactement à celui de la coupe longitudinale du
Hôll-Loch. Il est absolument certain que la rivière souterraine primitive avait frayé
sa première voie en épousant toutes les sinuosités des plis locaux et en y coulant à
conduite forcée, jusqu'à ce que les diaclases et les failles (surtout dans les charnières
des plis) lui eussent ouvert des canaux inférieurs.
» Dans là dernière galerie (Crystall-Hôhle) M. Widmer a recueilli des cristaux que
j'ai reconnus pour du gypse et non de la calcite : ils sont le produit soit d'une pseudo-
morphose comme à la Krous-Grotte en Styrie, soit de la dissolution d'un banc
gypseux par les infiltrations et d'une recristallisatioii par évaporation très lente.
» Les températures du 27 juillet 1902 étaient : air extérieur, 21°, 5; torrent de la
Muota, i4°,5; Schleichende Brunnen, 5", 8; dans le Hôll-Loch, 6°, 5 pour une infiltra-
tion près de l'entrée, 5°, 4 à 5°, 6 pour l'air intérieur et 4°; 4 pour les ilaques d'eau sta-
gnante. Le renversement des courants d'air et la variation des températures selon les
saisons mériteront d'être étudiés.
» La Paléontologie et la Zoologie fourniront aussi sans doute leur appoint.
» En résumé, le HoU-Locli constitue une des plus intéressantes syn-
3o8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
thèses connues de tous les phénomènes relatifs aux cavernes, et un champ
de fructueuses recherches qui sera long à épuiser. »
M. J. Constantin demande l'ouverture d'un pli cacheté déposé par lui
le 3o juin dernier et contenant une Note intitulée : « Contribution à l'étude
de l'aviation ».
(Renvoi à la Commission des aérostats.)
M. TiFFENEAU adresse, comme complément à ses Communications pré-
cédentes, une Note « Sur le méthoéthénylbenzène ».
M. Conrad de Liebhaber adresse, par l'entremise de M. Brouardel, une
Note « Sur le phénomène de la nuit et des étoiles changeantes ».
A 3 heures trois quarts l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 4 heures.
G. D.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 11 AOUT 1902.
PRÉSIDENCE DE M. BOUQUET DE LA GRYE.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
OPTIQUE. — Réflexion et réfraction par un corps animé d'une translation
rapide : construction des rayons, indépendante de la translation, et rotation,
paraissant au contraire en dépendre, du plan de polarisation du rayon
réfracté. Note de M. J. Boussixesq.
« I. Au degré d'approximation considéré ici ('), où nous négligeons
dans les formules les termes non linéaires en V^., V^., Yj., les rayons réfléchi-
et réfracté ont, avec la normale à la surface séparative et avec le rayon inci-
dent, les mêmes rapports de position que si les ondes participaient entièrement
à la translation V du corps et que tout le système fût en repos.
» Soient, en effet, x, y, z les coordonnées du point où le rayon inci-
dent prolongé atteint la surface d'onde relative au premier milieu. C'est
une sphère, d'un rayon R égal à ^- (w désignant ici la vitesse de la lumière
dans l'éther libre), et dont le centre, par suite de son recul ■^, à partir de
l'origine, aura acquis de petites coordonnées a, h, c. Son équation sera
donc, en négligeant les carrés de «, h, c,
(18) £«;- + j- -h ^-— 2(«J7 -h Z*/ -h c^) = R-.
» Quant à l'onde courbe relative au second milieu, ce sera une sphère
N
d'un rayon, R', produit de R par le rapport n = j^,j et dont le centre aura
pris les petites coordonnées rî-a, n'b, rrc. Son équation, si x' , y', z' y
(') Voii' le précédent Compte rendu, p. 269.
C. R., 11,02, 2« Semestre. (T. C\X\V, iN" G.) 4»
3lO ACADÉMIE DES SCIENCES.
désignent les coordonnées courantes et, en particulier, celles de l'extré-
mité du rayon réfracté, sera
(19) 0?'- -h y"' ■+■ z'- — 'i)r(^ax' ■+■ hy' ^ cz') = n'-R'-.
« Le fait que l'onde plane réfractée, tangente en (:v',y',z') à cette
seconde sphère, a même trace sur le plan des yz (surface séparative des
deux milieux) que l'onde plane incidente, tangente en (x,y,z) à la
sphère (18), s'exprime aisément, j)ar la double proportion
, . r'—n-b z'—n^c n'-{R^+ajc:'-i-by'-hcz')
( 20 ) ■ "= = — ^^ •
^ ^ y — b z — c R^H- a^-f- 6/ + es
(i Égalons chacun des deux premiers rapports au troisième, en obser-
vant que la petitesse de a, b, c permet, après avoir remplacé respective-
ment j'— n^h, y — b, R- -:- ax' -- . . . , R- H-- ax + . . ., etc. parj' ( i rj'
yy~~^y V ~' R^ '' \ "^ R^J' ■■" «eghger partout,
dans les calculs J^s parendièses, les carrés et produits des termes autres
que I. La preiiiière des deux formules obtenues donnera
[y'=ii-y\
a{x'
— x)+ b{y' — y) + c{z' -
'"■^ 1 hi
-^)]
a{jc-'
R2
-jc)+b{y' — y) + c{z'-
1 u\
'-^ R»
le troisième membre se déduisant du deuxième par la substitution à y' ,
dans le petit terme en è, de la valeur approchée n^y. Et l'on aura une for-
mule analogue en z'.
» Appelons maintenant S, §' les longueurs \/x- H- y" H- z-, \Jx'^ +JK'' + 2'-
des deux rayons, et cherchons à rattacher de même S' à c). Les équations
(18), (19) reviennent à poser, à très peu près,
^ ,, / ax -{- by -+- cz\ ^, ^[ ax'-^by'+c
h = h ( I H ôf j, ô' = /z R ( 1 H j^^
il vient donc
(22) S' =
no
■\x — x) + b{y' —j) -^ c{z' - z)
R2
» Divisons la formule (21) et son analogue en z' par celle-ci (22), et
( X Y z )
appelons (x, ii,y), {^y- » ['^ » Y ) ^^^ cosinus directeurs respectifs, ' ' v' — et
SÉANCE DU II AOUT 1902. 3il
';/'') des deux rayons incident et réfracté. Nous aurons
(23) p'=«P, ï'=«T.
Ces équations (iélerir.inent Pj , y' et, par suite, la direct ion du rayon réfracté;
car le troisième cosinus directeur, a', égal à
v/i - {^" + y'^) ou à v/i - '^'(P' H- f).
doit être de même signe c|ue a. Or, l'on Aoit rjue les petites excentricités
(«, b, c), (n-a, n^b, n'^c) des ondes courbes n'y/igurent pas.
» II. La démonstration s'étend au rayon réfléchi. Il suffit de f iren = i,
ou de prendre la deuxième onde courbe identique à la première, mais en
attribuant au cosinus af la valeur — y^i — (p- -h y^) ou — a.
» llï. Si les excentricités subies par les deux surfaces d'onde courbes
ne modifient pas sensiblement les directions des deux rayons réfléchi et ré-
fracté, elles paraissent avoir une influence un peu moins négligeable sui-
d'autres circonstances du phénomène. Telle serait, par exemple, d'après
de mémorables expériences de Fizeau ('), la rotation a, — a du plan de
polarisation par la réfraction, rotation que permettra de calculer la der-
nière formule, (17), de la Note précédente.
» Fizeau lançait à travers plusieurs piles de glaces un rayon rectiligne-
ment pokirisé, cpi'il dirigeait, tantôt, en sens inverse de la translation V
du globe terrestre, tantôt dans le même sens, et il tâchait d';îpprécier la
différence introduite par ce retournement dans l'azimut final de polarisation
du rayon. Comme on passe du premier cas au second par un simple chan-
gement de signe de V, i! nous suffira d'établir la formule convenant au
premier cas. Nous supposerons seulement, pour plus de généralité, que la
translation V fasse, dans le plan d'incidence (plan des xy^, un ang^le 9 quel-
conque (pouvant donc diflérer de l'angle i d'incidence) avec la normale
aux surfaces séparatives, tirée du côté d'où vient le rayon inciden^ ou,
par conséquent, un angle quelconque G — i avec ce rayon.
» IV. Les excentricités x;7i, y -^„ se construiront pour la première réfrac-
tion, à partir du point O où le rayon incident perce la surface séparative
correspondante, sur la dioite faisant, avec le prolongement même de ce
(^) Comptes rendus, t. XLIX, p. 717 (i4 novemlDre iSSg), et Annotes de Chimie
et de Physique, 3" série, t. LVIII, p. 129 à i63 (février 1860).
3 12 ACADÉMIE DES SCIENCES.
rayon incident, l'angle 0 — i, ou bien, avec la normale O^ tirée dans le
second milieu, l'angle G, du côté où est le rayon réfracté. Ces excentricités
feront donc l'angle t: — z — 0 avec le rayon réfléchi et l'angle 6 — r avec le
rayon réfracté.
» La première, -^j projetée sur la perpendiculaire au rayon réfléchi
émanée de l'origine, y donne Vécart d'aberration |^sin(0 -h i), entre ce
rayon et la normale R = ^ à l'onde courbe, normale menée par le point
de contact de cette onde avec l'onde plane réfléchie, qui lui est tangente à
l'extrémité du rayon réfléchi. L'aberration i' — i de celui-ci est donc
Vsin(0 + O Vsin(G + 0 ^ ,, i -, i -n • ■ i i- • i'
j^Y^T — - ou ^1^1 ; et, 1 angle i de réflexion égalant i, 1 on a
,_ . Y sin(0 + i)
co N
De même, l'excentricité, j^5 de l'onde courbe relative au second milieu
donne, pour le rayon réfracté, en la projetant sur la perpendiculaire à ce
rayon émanée de l'origine, un écart d'aberration, {r — ^)-^, (oîi r est
l'angle de réfraction), égal à ^77^ -; et l'on a
V siii(e — /■)
P = '"~^ N^
» La formule (17) devient donc, pour fournir la rotation a, — a du plan
de polarisation par la réfraction considérée :
f cotai ,, , (. Vrsin(6 + 0 sin(6 — r)!!
l — = COS ( l p ) = COS \l — r ^r; Vt
] cota "^ ' ^ ( w L 1\ ^ J )
/-xi Vrsin(6 + 0 sin(0-/-)T .. .)
I = cos(i - r) 1 1 -f. - [-^-^ V-^J ^^"^(^-0 j*
» Dans la réfraction qui a lieu sur la seconde face de la même lame
transparente, c'est-à-dire à la sortie du rayon, i et r, N et N' échangent leurs
rôles; de sorte que l'on a, en appelant ao l'azimut de polarisation du rayon
transmis extérieur,
. ^. colaj / .. \ Vrsin(6H-/-) sin(0 — /)" , . .. )
SEANCE DU II AOUT 1902.
et, en multipliant par (24),
cola., ,/. ^( V rsin(0 + 0 + sin(6 — 0 sin (0 + /•) + sin (0 — /■)
3i3
: = COS-(l — /■ ) I H
)ta ^ / ( to L
N
IN'
] tang(ï-r) j
cos^(i- — r)
Vsin6/cos? cos/'\ . /• -,
» Comme enfin, très sensiblement, N égale i et que N', indice de réfrac-
tion de la lame dans l'air, égale -^ — 5 il vient
O Cl II /•
cola.,
V sinO
/ ^ , COL a., „ , . , V Mll'J / . • . \ , / • \
(26) =:z cos-(i — r) 1 + -. — :(sin2i — s\n2r)li\n2(i — r) .
^ ^ cola ^ -^ L to siii/ " / o\ /
» \ . Comparons le second membre à ce qu'il serait si, la translation V
n'existant pas, l'indice de réfraction, que j'appellerai m avec Fizeau, rece-
vait un petit accroissement Am. On trouve alors facilement
cota, ,/. Lm \ ., , • xf Am ,. -.1
= cosM i — r -\ fangr — cas- (i — r) 1 — 2 — tane;r li\n^{i — r) \;
cota \ m ^ J L "^ ' ■ J
et une identification immédiate à (2(3) donne
. . \f)i V sinO sin2/' — sin^i V sinf) cos (/ + r) sin (/ — /•)
oj sin « 2 tane;/'
tans/-
pour l'accroissement relatif de l'indice de réfraction, qui produirait le
supplément de rotation du plan de polarisation auquel donne lieu la
translation V.
» Dans les observations de Fizeau, l'on avait i:='jo°, m = i,5i34;
d'où r=3S°23', / — r=3i"37', cos(i -+- r) = — sini8°23'. En outre,
— = 0,0601 (environ) et, le plus souvent, 0 ne différait pas sensiblement
de i. Il résulte de la formule (27), dans ces conditions,
A/?i , . .. I
— = ( environ ) 0,0000200 ou -,
m ^ ^ ^ 47900
)) Fizeau a cru pouvoir, sur la foi de quelques inductions, proposer, pour
le cas où 6 = i, la formule notablement plus forte
— = — m cos Kl — r)\
m u) \ m j ^ ^
. . A/?r
elle donnerait, ici, — =0,0000726, ou plus de trois fois autant que la
précédente. Ce résultat plus fort se trouve être, il est vrai, de l'ordre d'une
3l4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
moyenne entre ceux que lui ont fournis ses observations, fort divergents
d'ailleurs (dans le rapport de i à 4 environ). Mais de nombreuses pertur-
bations, que le génie expérimental si éminent de Fizeau avait été impuissant
à lui faire neutraliser ou évaluer toutes, y intervenaient, malgré les plus
persévérants efforts pour les éliminer ou les corriger. AussiFizeau espérait-il
avoir seulement réussi, dans ce travail, à montrer l'existence, mais non à
évaluer la gr;mdeur, d'une influence de la translation terrestre sur le phé-
nomène étudié.
» De nouvelles expériences pourraient-elles élucider la question? Les
quantités à y mettre en vue sont tellement petites, qu'on n'ose guère
l'espérer, v
BALISTIQUE. — S'fr la foi des pressions rians les houchos à feu.
Note de M. E. Valmkîî.
« Dnns deux Notes, insérées aux Comptes rendus des 2-2 juillet et
5 août 1901, j'ai étudié la représentation delà loi des pressions dans les
bouches à feu à l'aide d'un système de formules approchées.
» Pour (iourer des phénomènes tels que ces pressions, à croissance très
rapide au dél)Ut, puis à décroissance plus ou moins lente à allure asymp-
totique, j'avais recherché, exprimée en fonction du tem[)s, une forme analy-
tique à marche analogue et. nnrès divers tâtonnements, adopte \\\ fonction
qui présente effectivement l'allure en question.
)) Pour donner plus de souplesse à ce mode de représenlation, j'ai
ensuite introduit un exposant p dit exposant de lenteur, à déterminer
d'après les conditions spéciales à chaque cas, et c'est donc la fonc-
tion (pP(s) qui fut adoptée en deuxième approximation. La délermination
de cet exposant (3 a fait précisément l'objet de la Noie du 5 août 190 1.
» On y indiquait que, à défaut de données spéciales pour ladite déter-
mination, on avait, à la suite d'une série d'applications numériques, établi
entre cet exposant p et la caractéristique a spéciale à chaque tir la relation
empirique
laquelle peut être considérée comaie fournissan;, à défaut de données plus
SÉANCE DU II AOUT 1902. 3 15
précises, la valeur de fi la plus probable pour une valeur donnée de a,
lorsque ce dernier paramètre varie entre i , 4 et 3, ce qui comprend tous
les cas de la pratique.
)) De la considération de cette fonction cp (z), puis '^^^(z), on a déduit un
certain nombre de fonctions balistiques du paramètre a, se prêtant à la
solution des problèmes de toute espèce, et l'on a calculé des Tables numé-
riques de ces fonctions pour les valeurs ci-dessous de l'exposant p :
^ = I, 1,5, 2,0, 2,.), 3,0, li,o, 5,0.
(Ces fonctions sont définies analytiquement dans la Note dii22 juillet 190! .)
» Malheureusement, lorsque l'examen d'une question conduit à une
valeur de p différente de celles énoncées ci-dessus, l'on est réduit à des
interpolations compliquées, entraînant un labeur hors de proportion peut-
être avec l'approximation qu'il suffirait d'obtenir.
» On peut rétablir la continuité des formules, tout en conservant une
précision suffisante, en utilisant la relation empirique rappelée plus haut,
(l) (a-i)p = 2
qui fournit, à défaut de données plus certaines, la valeur de ^ la plus pro-
bable pour chaque valeur de a.
)) Aux valeurs de ^ pour lesquelles les Tables sont construites (soit i,
1,5, 2, 2,5, 3, 4 ^t 5) correspondent des valeurs de a données par la
relation (i); les Tables donnent donc, pour ces valeurs de a, les valeurs
correspondantes les plus probables pour les diverses fonctions balistiques.
En construisant les points figuratifs de ces valeurs et les réunissant par
un trait continu, on obtiendra les courbes des valeurs les plus probables
des diverses fonctions pour chaque valeur de a, c'est-à-dire celles qu'il
convient d'employer lorsque la détermination exacte de l'exposant [i n'est
pas possil)le.
» La Table ci-dessous donne les valeurs de ces différentes fonctions en
prenant le paramètre a pour argument, renvoyant, pour leur signification,
aux Notes précitées de 1901 :
a.
P(a).
0(a).
*(«)•
W(a).
T(a).
Q(«).
1,4
o,38o
1,44
0, i65
o,438
2,53
0,52
1,5
o,3o8
j , 16
o,i34
0,414
2,3l
0,46
1,6
0,267
0,97
0, 1 13
0,394
2, i5
o,4i
i'7
0,219
0,82
0,097
0,378
2,02
0,37
1,8
0,189
0,72
0,084
o,365
1,92
0,33
3i6
ACADEMIE DES
SCIENCES.
a.
P(a).
0(a).
*(a).
W(a). T(a).
Q(a).
1.9
0, i63
o,64
0,075
o,35r
1,84
o,3o
2,0
0,1 4o
0,57
0,067
0,340
.78
0,28
2,1
0, 128
o,5i
0,061
o,33i
r,73
0,26
2,2
0,109
o,46
o,o55
0,323
,69
0,24
2,3
0,097
0,43
o,o5o
o,3i5 1
,65
0,22s
2,4
0,086
o,4o
0,045
o,3o8
,61
0,21
2,5
0,076
0,37
o,o4i
o,3oi
1,58
0,195
2,6
0,068
0,34
o,o38
0,295 ]
,56
0,17
2,7
0,061
0,32
o,o35
0,288
t,54
0, 16
2,8
o,o54
o,3o
o,o32
0,281 1
,52
0, i5
2,9
o,o49
0,28
0,029
0,275 ]
,5o
o,i4
3,0
o,o44
0,26
0,026
0,269
,48
0, i3
CORRESPOND AN CE .
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les fonctions entières de genre fini.
Note de M. Eknst Lindelof, présentée par M. Emile Picard.
« Ayant achevé l'impression de mon Mémoire sur la théorie des fonc-
tions entières ('), que j'ai eu l'occasion d'annoncer dans une Note anté-
rieure (*), je demande la permission de signaler ici quelques résultats
nouveaux que j'y ai développés.
» Mais avant tout, je tiens à en rectifier un passage (note 2 de la page 35),
oii j'avais émis des doutes relativement à l'exactitude d'un résultat énoncé
par M. Hadamard dans sa Note Sur les fonctions entières (Tome XXIV du
Bulletin de la Soc. Math, de France). Dans cette Note, M. Hadamard, en
parlant de deux courbes qu'il a été amené à considérer, dit qu'elles vont
en se resserrant indéfiniment. Par une interprétation hâtive, j'avais cru qu'il
voulait dire par là que la différence entre les ordonnées des deux courbes
correspondantes à une même abscisse tende vers zéro lorsque cette abscisse
augmente, ce qui aurait été contraire à la réalité. Or, comme me l'a bien
voulu faire remarquer M. Hadamard, la proposition dont il s'agit est exacte
si l'on compte la distance des courbes parallèlement à l'axe des abscisses.
Ainsi, le doute que j'avais exprimé ne reposait que sur un malentendu de
ma part.
[}) Ce Mémoire fera partie du Tome XXXI des Acta Societatis Scientiarum
Fennicœ.
(^) Comptes rendus du 3o décembre 1901.
SÉANCE DU II AOUT 1902. Si']
)) Voici maintenant les résultats que je voulais signaler :
» 1, /(x) étant une fonction entière quelconque dont la valeur à l'ori-
gine est égale à un, si l'on désigne par M (r) le maximum de son module
sur la circonférence \x\ = r, et par a^, a.,, . .., a„, . .., ses zéros rangés
par ordre de modules croissants, on peut conclure du théorème de
M. Jensen (^) que l'inégalité
VV |«t,«2, ...,««| r"-
et par suite aussi, à plus forte raison, l'inégalité
est vérifiée pour toutes les valeurs de r et de l'indice n.
» Supposons en particulier qu'on ait, quelque petit que soit le nombre
positifs,
(a) M(r)<e'^^^>'-'"''^'-'",
à partir d'une valeur finie de a, A étant une constante positive. De l'inéga-
lité (2) on pourra alors tirer la suivante :
(3) \^n\>(i-^)\Ç^nOogn)-^J,
a partir d'un certain indice n. Nous avons démontré que cf:Ue limite infé-
rieure de I <2„ I est la plus précise quon puisse indiquer tant quon ne fait
d'autres hypothèses que (a), ce qui, a priori, n'était nullement évident, vu
les approximations assez grossières qui ont fourni la relation (2).
» Si les zéros de la fonction /(ic) sont assujettis à certaines restrictions,
on pourra au contraire, dans bien des cas, préciser davantage la limite (3).
Ainsi si, en dehors de («), on admet encore cette autre hypothèse :
«J<
/i(log^) ^ ,
pour n suffisamment grand, B étant une constante positive, on trouve à
l'aide de (i) :
1
(' ) Acta matheniatica, t. XXII.
C. R., 1902, 2" Semestre. (T. CXXXV, N" 6.) 4^
3l8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
à partir d'un certain indice n, co désignant la plus petite racine positive de
l'équation
07= e
Me •
On en conclut en particulier le théorème suivant :
» Pour toute fonction entière satisfaisant à V hypothèse {a), l'inégalité
\^n\> 0 - ^)[Ç n{\ogny^J
est vérifiée pour une infinité d'indices n.
» C'est là encore un résultat bien précis. En voici un autre plus parti-
culier, mais comportant cependant des applications intéressantes :
» Sifi^x^est une fonction entière de genre o qui vérifie l'hypothèse (^a^
et dont les zéros sont tous situés sur un même rayon issu de f origine, on aura,
à partir d'un certain indice n,
[^a— 1 ^1— p ~\ p
T désignant la racine positive de l'équation ^
t'-P
» La quantité — — va en croissant de - à i , lorsque p croît de o à i .
» 2. Supposons maintenant que, l'hypothèse (a) étant toujours véri-
fiée, on ait en même temps, quelque petit que soit e,
{b) M(r)>e'^-^"-'"°^"-'"
pour une infinité de valeurs r indéfiniment croissantes.
» Si p n'est pas entier, il existera alors un nombre positif" a tel qu'on
ait, quelque petit que soit e,
(4)
an\<{i -^ ^)\\n{\o^ny\^
pour une infinité d'indices n.
» Nous avons démontré que la plus petite valeur \ telle que l'inégalité (4)
ait lieu pour toute fonction entière vérifiant les hypothèses (^a) et {b), est
■x = f
pour o «<^ p <! I ♦
et
SÉANCE DU II AOUT 1902. 819
\=:^-—\—^ \ ^F(l,I,p, — l) /?0Mri<û<2,
F(a, p, y, x) désignant la série hypergéométrique de Gauss.
» St p est un nombre entier, l'inégalité (4) sera remplacée par la suivante :
\_
(5) I«„ [ ■< ( I + ê) x^C^*^?^)"* ' pour une infinité d'indices Az,
]j. désignant une constante positive dont la valeur précise est
pa-i
au moins si l'on a p := i ou p = 2, a. <[ o. »
PHYSIQUE. — Sur le mode de formation des rayons cathodiques et des rayons
de Rôntgen. Note de M. Tu. Tommasixa.
« I/étiide de la production unipolaire des rayons X avait permis à
M. Jules Semenov (') de constater c^ne l' anticathode n'émet de rayons que si
elle porte une charge électrique et que, reliée au sol, elle n'engendre presque
pas de rayons. Etant donnée l'importance théorique de ce fait j'ai voulu
essayer si, par quelques modifications expérimentales, il me serait possible
de l'établir nettement.
» Le tube focus bianodique dont je me suis servi est très puissant : il donne, avec le
dispositif ordinaire, la vision nette du squelette à plusieurs mètres de distance si l'on se
place dans le champ de dispersion du miroir plan anticathodique, mais on l'entrevoit
encore faiblement de tous les points de la salle, même derrière l'anticathode. C'est un
tube du type sphérique à trois appendices, deux, opposés axialement contenant l'un le
miroir plan anodique et l'autre le miroir concave cathodique; le troisième, qui est à
côté de l'anode, est muni d'une longue tige qui a permis de placer le miroir plan anti-
cathodique au centre du tube sur la ligne axiale des deux électrodes, en regard de la
cathode avec une inclinaison de 45°. Par ce dispositif, la fluorescence du tube est
nettement délimitée par le plan du miroir anlicalhodique qui le divise en deux parties
égales, l'une faiblement éclairée et l'autre très fortement.
» Dans le but d'éviter tout effet de self-induction et pour arrêter, comme d'habi-
tude, l'extracourant de fermeture, j'ai mis en communication le pôle positif de la
bobine d'induction avec de l'eau distillée. A i<^™,5 au-dessus de l'eau, était placée
l'extrémité d'un fil métallique relié à la cathode du tube focus. Le pôle négatif de la
(*) Comptes rendus, t. CXXXIII, p. 217, 1901.
320 ACADÉMIE DES SCIENCES.
bobine étant isolé, l'anode et l'anticathode du tube étaient reliées entre elles et avec
le sol par les conduites du gaz et de l'eau. Le fil partant du pôle positif de la bobine
était rapproché du pôle négatif de façon à permettre une décharge entre eux lorsque
la résistance du tube était trop grande, constituant en outre un court-circuit par
effluve à aigrettes, lequel annulait l'action entre le secondaire de la bobine et le sol.
» A peine l'intensité du courant était-elle suffisante pour produire des décharges
disruptives entre l'eau et le fil suspendu, que le tube commençait à manifester une
légère fluorescence, distribuée un peu partout à sa surface, mais irrégulièrement. En
augmentant le courant on arrivait à l'intensité voulue pour que l'action du miroir
anticathodique pût devenir prépondérante; alors la moitié opposée du tube acquérait
une plus grande luminosité, et l'on pouvait observer la modification produite sur le
faisceau cathodique par l'action du déplacement d'un champ magnétique. Les rayons X
étaient suffisamment intenses pour permettre de distinguer nettement des objets
métalliques dans une enveloppe en cuir épais, placée derrière l'écran fluorescent.
» Ce résultat démontrant à l'évidence l'obtention des deux types de
rayons avec l'anticathode reliée au sol et par flux anodique, il était naturel
d'éliminer les deux électrodes qui ne semblaient point nécessaires à la
production du phénomène.
» N'ayant pas à ma disposition un bon tube unipolaire, j'ai pu obtenir un résultat
également démonstratif au moyen d'un tube bipolaire commun, de forme conique.
Dans ce genre de tubes, comme l'on sait, la cathode est placée au sommet du cône,
tandis que l'anode très petite et sans miroir est dans un appendice latéral du tube, de
façon qu'elle ne gêne aucunement le passage des radiations cathodiques qui vont pro-
duire la tache de fluorescence sur la base du cône. J'ai pensé que l'anode isolée, à
cause de sa surface métallique très petite, ne pouvait donner lieu qu'à une action
minime, laquelle ne saurait empêcher la constatation du phénomène. En effet, avec le
même dispositif que précédemment, la cathode étant reliée au pôle positif de la
bobine par l'intermédiaire de la décharge sur leau distillée, l'anode du tube et le pôle
négatif de la bobine étant isolés, la fluorescence se produisit sur tout le tube, allant
en progressant d'intensité vers la base- du cône sur laquelle se formait la tache de
maximum de luminosité. J'ai pu alors constater comme précédemment les effets pro-
duits par les rayons cathodiques et les rayons X.
)) Le résultat obtenu par ce dernier dispositif montre que la transfor-
mation du flux électrique anodique en rayons cathodiques peut avoir lieu
par des réflexions multiples contre les parois intérieures du tube, comme
on l'avait constaté par le dispositif bipolaire usuel. Ainsi l'on peut établir
les conclusions suivantes :
)) 1 . La réflexion diffuse du flux anodique seul est suffisante pour donner
naissance aux rayons cathodiques et aux rayons de Rôntgen.
» 2. Le phénomène a lieu même avec V anticathode reliée au sol.
» 3. La réflexion multiple par les parois d'un tube à vide, au degré voulu
SÉANCE DU II AOUT 1902. 321
de raréfaction, suffit pour produire la transformation partielle du flux ano-
dique en rayons cathodiques et en rayons de Rôntgen.
» Ces conclusions sont en parfait accord avec la déduction qu'on peut
tirer du fait connu de l'existence de la tache d'oxydation dans la partie
centrale du miroir concave de la cathode des tubes focus en usage. En effet,
la position de cette tache démontre d'une manière irréfutable que l'agent
qui produit les rayons cathodiques ne peut pas être émis par la cathode,
et qu'il doit lui arriver d'une source qui se trouve dans le tube même,
donc de l'anode. Ainsi cet agent doit être dans le flux anodique. Que la
réflexion joue un grand rôle, sinon le rôle capital, dans la transformation
du flux électrique en radiations, c'est ce qui était déjà démontré par le
fait que les rayons cathodiques et les rayons X sont beaucoup plus intenses
lorsqu'ils sont formés dans un tube focus muni d'anticathode que lorsqu'ils
émanent directement de la cathode d'un tube simple.
)) D'après les conclusions précédentes on peut envisager le mode de
formation de ces rayons de la manière suivante : Le flux électrique qui
part de l'anode pour se propager dans Tair raréfié du tube suit les lignes
de force, formant lui-même ses propres conducteurs, qui consistent en ali-
gnements polarisés de matière radiante, comme cela a lieu dans la produc-
tion du fantôme électrique par les poudres conductrices dans les liquides
diélectriques, où l'on observe des projections ou jets de particules.
» Ce flux étant oscillant donne lieu à une destruction périodique des
contacts, laquelle produit des vibrations qui devienneut visibles sous
forme de luminescence. Dans le champ, ces alignements vont embrasser
de tous les côtés le miroir cathodique, mais leur fiùsceau plus dense frappe
la face concave en regard, laquelle se réchauffe davantage où les points
d'arrivée sont plus nombreux. Cet échauffement augmente la raréfaction
à proximité de la surface cathodique et donne lieu à l'espace obscur de
Hittorf, ce qui explique l'accroissement de cet espace de nature interfé-
rentielle lorsque l'action est plus intense.
» Ce serait dans ces conditions et par suite de la modification mécanique
de l'absorption partielle et de la réflexion diffuse, que la transformation
semblerait avoir lieu. Ceci admis, on peut appliquer à cette catégorie de
phénomènes les lois sur la propagation du flux de déplacement ou de pola-
risation dans un milieu diélectrique : ainsi les équations de Maxwell.
Comme les déplacements infiniment petits d'un corps parfaitement élas-
tique suivent les mêmes lois, on passe par l'intermédiaire du flux de dépla-
cement uniforme aux vibrations, et l'on peut établir une liaison mécanique
entre le flux électrique et les radiations. »
322 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIQUE DU GLOBE. — Phénomènes observés à Zi-Ka-Wei {Chine) lors de
l'éruption de la Martinique. Note de M. de Moidrey, présenlée par
M. Mascart.
« L'éruption principale de la Montagne Pelée s'est produite le 8 mai,
quelques minutes avant 8'\ Ce jour-là, à f^^^"^ (t. m. de la Martinique),
après une longue période de calme magnétique, notre bifilaire indique un
accroissement brusque de la composante horizontale, qui reste agitée
pendant 8 heures environ.
» De 12*^25™ à is^^SS'" la courbe de cet élément présente, sans doute possible, les
caractères d'une agitation mécanique. 11 était ici minuit; à cette heure, en pleine
campao-ne, aucune cause accidentelle ne peut influencer nos aimants. D'ailleurs, pen-
dant le même temps, la courbe du grand baromètre enregistreur, habituellement très
fine, a son épaisseur augmentée d'environ quatre fois; il ne peut être question d'une
onde atmosphérique, mais la colonne de mercure a agi en véritable séismographe ; à
ce phénomène succède immédiatement un second accroissement assez brusque de la
composante horizontale. Une troisième recrudescence, observée de iS^-S" à iS'^iS'",
est suivie d'un calme à peu près complet pendant plus de 7 heures. On remarque alors
une faible agitation, puis une nouvelle perturbation qui dure jusqu'au 9 vers 16^.
)) Nous avons donc ici des faits de deux ordres distincts : une pertur-
bation magnétique dont le début coïncide, comme à Paris et à Lyon, avec
l'explosion de la Montagne Pelée, et un ébranlement du sol qui aurait mis
4'>27™ à se propager jusqu'ici, à moins qu'il ne corresponde à un des chocs
postérieurs.
» L'observatoire de Zi-Ra-Wei est situé, à 10' près, sur le méridien
opposé à celui de la Martinique. »
PHYSIOLOGIE GÉNÉRALE. — Nouvelles contributions à la physiologie des leu-
cocytes. Note de MM. H. Stassaxo et F. Billon, présentée par M. Alfred
Giard.
« 1. Le phénomène de Sthor, à savoir la diapédèse des leucocytes à
travers les muqueuses, se manifeste d'une façon particulièrement in-
tense le long du tube digestif (Recklingausen). L'un de nous a montré,
par différents procédés expérimentaux, que cette diapédèse constitue un
des principaux mécanismes par lesquels l'économie se débarrasse des prin-
SÉANCE DU II AOUT 1902. 323
cipes qui lui sont nuisibles ou simplement inutiles (*). Le bichlorure de
mercure, indiscutablement, introduit dans la circulation s'élimine en
grande partie au niveau des voies digestives par l'intermédiaire des leuco-
cytes. On peut s'assurer, par la réaction microchimique du ferrocyanure,
qu'il en est de même pour le fer introduit dans les veines sous forme de
saccharate; et d'autres observations portent à admettre que la diapédèse
leucocytaire intervient dans chaque cas d'élimination intestinale.
)) Par la peau et le système pileux s'éliminent aussi nombre de sub-
stances, l'arsenic et l'iode en sont les exemples les mieux étudiés. Cette
élimination est trop lente pour que l'on puisse établir par l'expérience si
les leucocytes y prennent part. Pourtant, l'anatomie comparée et l'expéri-
mentation sur les animaux inférieurs nous autorisent à l'admettre. Le
transport des granules excrétoires par les cellules migratrices a été con-
staté d'une façon certaine dans les groupes animaux les plus variés, des
Échinodermes jusqu'aux Vertébrés. Depuis la démonstration donnée par
M. Hugo Eisig, en 1879, du rôle excrétoire de l'épiderme des Capitellides,
de nombreux travaux sont venus confirmer la théorie de ce savant sur la
nature excrétoire des pigments colorés des animaux.
M Bien des faits entraînent également la conviction que les leucocytes
sont aussi les agents de l'élimination qui se fait par les glandes. Les leu-
cocytes sont les porteurs exclusifs de l'iode contenu dans le sang normal
(Stassano et Bourcet); cela conduit à penser que l'iode, qui se retrouve
aussi à l'état normal dans le lait (combiné aux nucléines, Stassano et
Bourcet), est apporté parles leucocytes aux glandes mammaires. On sait,
aussi, que les glandes en activité sont le siège d'un afflux considérable de
leucocytes et l'un de nous (Stassano) a constaté que le mercure, l'arsenic,
la strychnine et la morphine, substances auxquelles se rapportent ces ob-
servations, se rencontrent dans plusieurs sécrétions, de même que dans
les excréta, à l'état de véritables combinaisons nucléiniques.
» 2. L'intensité décroissante de l'élimination du mercure dans l'intes-
tin, à partir du duodénum jusqu'au gros intestin, montre que l'activité de
la diaj)édèse leucocytaire varie dans le même rapport d'une région à
l'autre du tube digestif. Il a été établi que le pouvoir favorisant sur la di-
gestion trypsique, découvert par Pawlow^ et Schépowalnikow dans le suc
entérique et qu'ils ont appelé en/ero^ma^e, diminue pareillement à partir
(') Stassano, Sur le râle des leucocytes dans l'élimination {Comptes rendus,
8 juillet 1901).
3-24 ACADÉP^IIE DES SCIENCES.
du duodénum, devenant nul au niveau du gros intestin. Ce parallélisme et
le fait, constaté par M. Delezenne, que les macérations de leucocytes con-
tiennent un principe analogue à Y entérokinase , nous ont amenés à recher-
cher si le pouvoir activant de la sécrétion entérique ne provient pas, en
partie du moins, des leucocytes qui affluent sans cesse en grand nombre
dans la muqueuse intestinale.
» Pour éclaircir ce point nous avons exalté expérimentalement cet afflux de leu-
cocytes, par des injections intra-veineuses soit de bichlorure de mercure, soit de sac-
charate de fer, et nous avons comparé le pouvoir activant ou kinasique des nucléo-
albumines extraites des intestins sièges de ces intenses leucocytoses, avec celui des
nucléo-albumines préparées, en même temps et de la même manière (^), avec des
intestins normaux. Le résultat de ces comparaisons, plusieurs fois répétées dans les
meilleures conditions, est le suivant : les nucléo-kinases de chien mercurialisé et de
chien traité par le saccharate de fer sont sensiblement plus actives que les nucléo-
kinases de chien normal.
» De plus, comme il est certain que la stase sanguine qui accompagne la digestion
favorise la diapédèse des leucocytes à travers la muqueuse entérique hyperémiée, nous
avons comparé par le même procédé le pouvoir kinasique des nucléo-albumines de
l'intestin grêle, du duodénum en particulier, au moment de la digestion, avec celui
des nucléo-albumines de muqueuses intestinales de la même région, retirées d'ani-
maux à jeun. Nous avons trouvé également que les premières nucléo-albumines sont
plus actives que les secondes.
» Ces résultats concordants nous ont fait examiner si l'action leucocy-
taire en question est démontrable par l'addition in vitro des leucocytes à
du suc pancréatique.
f> Nous avons constaté, en premier lieu, que la partie liquide des exsudats périto-
néaux riches en leucocytes, provoqués chez le cobaye par l'injection de quelques cen-
timètres cubes d'émulsion de lécithine dans de la solution physiologique, possède un
pouvoir empêchant vis-à-vis de la digestion trypsique de beaucoup inférieur à celui
du plasma sanguin. Nous avons pu apprécier la valeur de cette action empêchante,
indépendamment de l'action particulière aux leucocytes, en faisant tomber quelques
gouttes de ces exsudats, aussitôt retirés du péritoine du cobaye, dans du suc pancréa-
tique préalablement dilué dans une solution de fluorure de sodium; cette substance,
on le sait, empêche les leucocytes de se détruire et de mettre en liberté les principes
diastasiques tels que le fibrin-ferment qu'ils contiennent. En opérant, au contraire,
l'addition des gouttes d'exsudat, après y avoir provoqué la désagrégation des leuco-
cytes, par deux ou trois congélations successives, nous avons laissé agir librement sur
(^) Stassano et BiLLON, Comptes rendus de la Société de Biologie, 3i mai et
26 juillet 1902.
SÉANCE DU II AOUT I902. 325
le suc pancréatique les produits apportés par les leucocytes. Dans ce cas, nous avons
constaté sur le suc une action kinasique très nette, quoique bien inférieure à l'action
exercée sur d'autres échantillons du même suc pancréatique par des nucléo-kinases
intestinales de différentes provenances.
» Cette différence quantitative est bien naturelle si l'on considère que les leuco-
cytes des exsudats ont subi, depuis leur sortie de la circulation, des modifications
telles qu'ils ne peuvent qu'avoir perdu, ou consommé à leur profit, une grande partie
de la kinase dont ils disposent à l'état normal.
» L'augmentation du jjouvoir favorisant de la muqueuse entérique sur
la digestion trypsique, observée par nous, soit pendant les périodes d'acti-
vité digestive chez l'organisme normal, soit à la suite d'injections de sels
de mercure et de fer, doit être attribuée à l'accroissement de la diapé-
dèse leucocytaire dont l'intestin est le siège d'une façon continue. La
signification de cette diapédèse est pourtant double : c'est un mécanisme
physiologique d'élimination, en même temps qu'un concours réel aux
actes digestifs.
» On s'accordait à considérer les leucocytes comme offrant, parmi les
nombreuses variétés de cellule des tissus, l'exemple le mieux caractérisé
de la digestion primordiale, intracellulaire. Leur participation aux pro-
cessus digestifs extracellulaires, que les observations de M. Delezenne et
nos expériences ci-dessus viennent de mettre en lumière, constitue, sans
aucun doute, un fait biologique d'une importance toute particulière. »
PATHOGÉNIE. — Hémoglohinurie (V origine musculaire.
Note de MM. Jean Camus et P. Pagniez, présentée par M. Bouchard.
« De nombreuses contradictions existent parmi les opinions émises sur
la pathogénie de l'iiémoglobinurie. Les différentes théories peuvent se
ramener à deux : la première suppose qu'il y a hémoglobinhémie avant
l'hémoglobinurie; la seconde, que la destruction des globules rouges a lieu
au niveau du rein : c'est la théorie rénale. Toutes deux s'accordent sur un
fait qui semble capital ; c'est que l'hémoglobine provient toujours des glo-
bules rouges, en quelque endroit et de quelque manière qu'ils soient lésés.
Sans une destruction, et une destruction relativement intense des héma-
ties, il n'y a pas, suivant les auteurs classiques, d'hémoglobinurie.
» Nous avons cherché si d'autres parties de l'organisme contenant de
l'hémoglobme ne peuvent jouer un rôle dans ITiémogiobinurie. Nous nous
sommes adressés au muscle.
G. R., 1902, 2« Semestre. (T. CXXXV, N" 6.) 42
326 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Sur un chien chloralosé, on incise la cuisse ou résèque un ou deux muscles
(i5s et moins pour un chien de io''n); on essuie ces muscles pour enlever la plus
grande partie du sang, puis on les coupe dans des tubes contenus dans un mélange
réfrigérant. Les muscles sont triturés et lavés à plusieurs reprises à l'eau distillée; on
filtre et l'on ajoute du NaCl pour avoir une solution isotonique au sang. On a ainsi
une solution de suc musculaire rouge ou rose d'environ 5o"='"^ à ôo"^""' qu'on injecte
dans la veine saphène du chien toujours endormi. Par une sonde vésicale, on recueille
l'urine de lo minutes en lo minutes. En lo à 3o minutes, on obtient une urine rose
ou rouge foncé, suivant la quantité injectée. Cette urine ne contient pas de globules;
elle donne au spectroscope les deux raies de l'oxyhémoglobine ; il y a hémoglobinurie.
En même temps, on fait une prise de sang dans l'artère fémorale; ce sang oxalaté et
centrifugé fournit un plasma qui, fait très surprenant, n'est pas ou est à peine teinté.
Le résviltat est le même si l'on injecte à un animal non endormi une solution prove-
nant des muscles d'un autre chien.
» Il y a ici un phénomène tout à fait différent de celui qui se passe
quand on injecte une solution d'hémoglobine provenant de la destruction
de globules ronges. Il faut, en effet, dans ce cas, injecter une quantité
beaucoup plus considérable d'hémoglobine. Ponfick estime à ~ de la
masse des hématies la destruction nécessaire pour donner de l'hémoglo-
binurie.
)) Nos expériences, pratiquées sur de nombreux chiens et lapins, nous
ont fourni des chiffres assez peu différents de celui de Ponfick.
» Nous avons également dosé au colorimètre l'hémoglobine dans le
sang oxalaté et centrifugé des chiens auxquels nous avons injecté des solu-
tions d'hémoglobine globulaire. Sans nous arrêtera des dosages très précis,
sur lesquels nous reviendrons, retenons seulement cette différence que
riiémoglobinurie, causée parla destruclion, dans le sang, des hématies, est
nécessairement précédée d'hémoglobinhémie intense et que l'hémoglo-
binurie par injection d'extrait de muscle donne à peine une teinte imper-
ceptible du plasma. 11 est évident que, le suc musculaire contenant de
l'hémoglobine, de grandes injections de ce suc coloreraient proportion-
nellement le plasma,
» Ce phénomène peut-il se produire à la suite de lésions musculaires?
» Chez un chien de 9*^^,5 chloralosé, nous injectons en 3o secondes i5os d'eau dis-
tillée à -i- 5° dans les muscles des cuisses; à la suite de ces injections un peu brutales,
les muscles se contracturent et du tremblement apparaît. Les muscles sont massés et,
3o secondes après l'injection, nous avons de l'hémoglobinurie peu marquée, mais très
nette. Le plasma est devenu, dans ce cas, de coloration rose; il est probable qu'une
partie de l'eau distillée injectée avait pénétré dans les vaisseaux et occasionné des des-
tructions globulaires; mais la quantité d'hémoglobine contenue dans ce plasma,
SÉANCE DU ir AOUT 1902. 327
estimée au colorimètre, était encore bien inférieure à la quantité minima trouvée dans
les hémoglobinuries par destruction globulaire.
» Y a-t-il clans le suc musculaire des substances qui, agissant sur le rein,
facilitent le passage de petites quantités d'hémoglobine?
» Si ces substances existent, elles ne sont pas détruites par le chauffage
à 56'', La solution musculaire portée i5 minutes à 56°, filtrée et injectée,
donne encore de l'hémoglobinurie. Bouilli et débarrassé après filtration
de son hémoglobine, le suc musculaire ne donne plus d'hémoglobinurie.
)) Si, à de l'extrait de muscle bouilli, on ajoute une solution d'hémoglo-
bine (correspondant à 5^^ de sang pour un chien de i3'"^') et qu'on injecte
ce mélange, on n'obtient pas d'hémoglobinurie, bien que le plasma soit
nettement rose. Il faut donc admettre, ou que des substances musculaires
agissant sur le rein facilitent le passage de l'hémoglobine (substances
hypothétiques non détruites à 56° et détruites à 100°), ou que l'hémoglo-
bine du muscle traverse plus facilement le rein que l'hémoglobine des
globules.
1) Disons incidemment qu'une solution de foie traité de la même ma-
nière que le muscle ne donne pas, au moins à quantité égale, d'hémoglo-
binurie.
» Ces expériences peuvent-elles avoir ime portée clinique ? Nous le
croyons, pour des raisons tirées de la pathologie humaine, et surtout de
la médecine vétérinaire : ces faits expliquent les cas où le sérum des
malades a été trouvé normal ou non modifié pendant les crises, sans ôlre
en contradiction avec ceux où il était coloré; ils expliquent les cas où les
globules des malades ont résisté m fi/ro au froid (expériences de M. Hayem)
et, à plus forte raison, devaient résister dans l'organisme. Encore faudrait-il
que des lésions musculaires certaines permettant la sortie du suc muscu-
laire vinssent confirmer la pathogénie que nous proposons; mais les
autopsies en état de crise sont rares chez l'homme. On peut au moins invo-
quer chez lui les douleurs musculaires signalées par beaucoup d'auteurs,
et le fait que l'hémoglobinurie peut survenir à la suite de fatigues. Une
preuve éclatante nous est offerte par la pathologie animale, et certains
médecins vétérinaires, M. Jobelot (1900) en particulier, affirment que des
lésions de myosite, pouvant aller jusqu'à l'impotence, existent toujours
marquées dans l'hémoglobinurie a frigore du cheval. Cet auteur, et déjà
M. Lucet (1892), ont d'ailleurs émis des hypothèses sur le rôle du muscle
dans l'hémoglobinurie. Nous ne croyons pas qu'on ait jusqu'à présent
démontré expérimentalement l'influence du muscle dans l'hémoglobi-
nurie.
328 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Pour évident que nous semble ce rôle dans l'hémoglobinurie causée
par le froid ou la fatigue, nous ne voulons pas nier l'hémoglobinurie pré-
cédée de grande hémoglobinhémie dans des infections et intoxications
globulaires intenses; nous avons décrit d'autre part une hémoglobinurie
d'origine urinaire par action nocive de l'urine sur les globules. »
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur l' existence d'une kinase dans le venin
des serpents. Note de M. C. Delezenne.
« Dans une précédente Communication (*), j'ai montré que certains
microorganismes sécrètent des diastases ayant les mêmes propriétés que
l'entérokinase. Comme le ferment du suc intestinal ou la kinase leuco-
cytaire,, ces diastases sont capables, en effet, de conférer aux sucs pancréa-
tiques, totalement inactifs vis-à-vis de l'albumine, un pouvoir protéolytique
des plus manifestes.
» J'ai observé que le venin des serpents qui, à beaucoup d'égards,
mérite d'être rapproché des toxines et des diastases microbiennes, est
doué, lui aussi, de propriétés kinasiques très énergiques. Ce fait peut être
mis facilement en évidence en s'adressant au venin de cobra, au venin de
bothrops ou à celui de la vipère.
)) Je me suis servi, pour mes expériences, de venins qui avaient été
desséchés aussitôt que la récolte en avait été faite et qui avaient été con-
servés à l'abri de l'air et de la lumière (-). Ces venins étaient redissous
dans l'eau distillée et filtrés sur bougie Berkefeld, au moment où l'on
voulait en faire usage.
)) Je me suis assuré que les solutions ainsi préparées n'exercent par elles-mêmes
aucune action digestive sur l'ovalbumine coagulée. Quelle que soit la dose employée
et quelle que soit la durée de l'expérience, les cubes d'albumine introduits asepti-
quement dans la solution de venin restent absolument intacts (^). Ajoutés, à très faible
(*) Comptes rendus, 28 juillet 1902.
{-) Ces venins ont été mis obligeamment à ma disposition par M. Calmette et
M. G. Bertrand. Je leur adresse tous mes remercîments.
(3) Nous avons constaté que les solutions de venin complètement dépourvues
d'action protéolytique vis-à-vis de l'albumine étaient cependant capables de liquéfier
la gélatine, même lorsqu'elles étaient ajoutées à cette substance à dose relativement
faible. Ce fait, rapproché de ceux que nous avons signalés précédemment à propos de
l'action de certains filtrats microbiens, montre que l'on n'est pas en droit d'identifier,
comme l'ont fait certains auteurs, les diastases liquéfiant la gélatine avec la trypsine.
J'aurai d'ailleurs l'occasion de revenir en détail sur cette question.
L I B R A nu E G A U T II I E II - V I L LA R S,
QUAI DES GUANDS-AUfiUSTlNS, 55, A l'AlîlS (6').
CtiToi franco dans toute l'Cnion postale contre mandat-poste ou valeur sur Paris.
LA CONVENTION DU MÈTRE
BUREAU INTERNATIONAL DES POIDS ET MliSURES
Ch.-Ed. GUILLAUME,
Directeur adjoint du Bureau International des Poids et Mesures.
Un volume in-4, avec nombreuses figures; igoi 7 fr. 50 c.
Depuis que fonctionne le Bureau international des Poids et Mesures,
pour l'entretien duquel les États civilisés se sont presque tous associés,
son organisation administrative, ses laboratoires et ses appareils ont été
fréquemment décrits dans de rapides articles de Revues, laissant au
lecteur le désir d'en savoir davantage. Ce n'est point qu une description
plus minutieuse des appareils et des métliodes fasse défaut; au contraire,
on a jugé utile de mettre tous les contrôles à la portée de ceux qui dési-
reraient en faire usage, et l'on a pris pour règle de ne rien négliger, dans
les publications officielles du Bureau, qui puisse être la source d'un doute;
on a même reproduit, en plus d'une occasion, toutes les observations indi-
viduelles, afin de permettre de suivre pas à pas la marche des expériences
et des calculs.
Une publication aussi détaillée, sans doute très précieuse pour le spé-
cialiste, est trop étendue pour beaucoup de lecteurs; ils hésiteraient à
parcourir les quelque trente volumes où sont consignés tous les actes
de gestion et le détail des travaux du bureau international. Le désir de
les voir résumer a été fréquemment exprimé, dans ces dernières années,
par des savants voulant reprendre en détail et à loisir bien des choses
entrevues tlans une visite rapide au Bureau, par des physiciens ou des
métrolo^istes ayant à ap[)liquer les méthodes qui y sont en usage, par des
professeurs désireux de rendre leurs élèves attentifs à tel détail d'une
expérience ou d'une mesure, à telle définition relative aux fondements
mêmes du Système mitrique, dont la classique simplicité n'exclut pas
cependant quelque subtilité lorsque, du système commercial, on veut
passer aux notions mctrologiques supérieures.
L'occasion de cette publication est venue de deux côtés à la fois; à l'is-
sue d'une conférence faite à la Société d'Encouragement pour l'Industrie
329
itéolytique vis-
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— 2 -
nationale, rhospitalité du Bulletin que publie cette Sociélé a été of-
ferte à l'auteur par son éminent président d'alors. M. Adolphe Carnot;
puis l'approche de la troisième réunion de la Conférence internationale du
Mètre, convoquée pour le i5 octobre 1901, était un moment particulière-
ment propice à une vue d'ensemble, avant la discussion du programme
nouveau donnant aux recherches du Bureau international de nouvelles
directions. L'idée de faire coïncider la publication de ce Travail avec l'ou-
verture de la Conférence reçut l'approbation de M. le professeur Foerster.
président du Comité international, qui a bien voulu le j)résenter à CPlte
Assemblée. Les délibérations de la Conférence de igui ont pu encore, dans
le présent Ouvrage, être résumées dans une Note qui le termine.
Table des Matières.
Préface. Introduction. — Création et progrès du Système métrique. — La
Convention du Mètre. — Les Laboratoires du Bureau international des Poids
et Mesures. — Eludes therœométriques. — Mesures de longueur. — Résultats
des mesures de longueur. — Détermination des masses. — Résultats généraux.
— Travaux particuliers. — Décisions du Comité international et de la Confé-
rence générale des Poids et Mesures. — Annexes : Pi'opositions et discussions
relatives au Sj'stème métrique international. Résolutions de la Commission
du Mètre. Publications scientifiques du Bureau international. Résumé de
quelques législations relatives aux Poids et Mesures. Note sur des valeurs
de quelques longueurs d'onde, etc. Note sur les travaux accomplis par la
troisième Conférence générale.
A LA MEME LIBRAIRIE.
GUILLAUME (Ch.-Éd.), Docteur es Sciences, Attaché au Bureau interna-
tional fies i*oids et Mesures. — Traité pratique de la Thermomètrie de
précision. Grand in-8, avec 45 figures et 4 planches; 1889 12 fr.
GUILLAUME (Ch.-Ed.), Docteur es Sciences, Adjoint au Bureau interna-
tional des Poids et Mesures. — Les rayons X et la Photographie à tra-
vers les corps opaques. 2" édition, ln-8 de vni-i5o pages, avec 22 figures
et 8 planches; 1897 3 fr.
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ln-8; 1 898 ,
Recherches sur le nickel et ses alliages.
2 Ir.
GUILLAUME (Ch.-Ed.), Docteur es Sr-iences, Attaché au Bureau interna-
tional des Poids et Mesures. — Unités et étalons. Petit in-8; 1893.
Broché 2 fr. 5o c. 1 Cartonné 3 fr.
31870 Pari?, — Imprimerie CAUTHIER-VILLAUS, quai des (;ranils-Auguslin s, bS.
SÉANCE DU II AOUT 1902. 829
dose, à des sucs pancréatiques dépourvus eux-mêmes de toute action protéolytique vis-
à-vis de l'albumine, les venins confèrent à ces derniers un pouvoir digestif extrême-
menl marqué.
» Avec le venin de bothrops que nous avions à notre disposition^ il suffisait généra-
lement d'ajouter à i"^"' de suc pancréatique o'^™',5 à i'™' d'une solution au yoô^j ^oit
o'^s, 5 à I '"S de venin, pour obtenir la digestion d'un cube d'albumine de os, 5o en
l'espace de 10 à 12 heures. Des doses beaucoup plus faibles, \, 3^, et parfois même
■g'^ de milligramme, donnaient encore le même résultat, avec cette seule différence que
la digestion mettait 24 heures, 4^ heures et même 72 heures pour être complète.
» Le venin de cobra s'est montré un peu moins actif que le précédent, mais son
action était habituellement encore des plus évidentes lorsqu'on l'employait à la dose
de -5- ou même de yô ^e milligramme. Quant au venin de vipère, il était souvent néces-
saire de l'employer à dose cinq à dix fois plus forte, pour obtenir le même résultat.
» Je me suis assuré, d'autre part, que ces venins perdent complètement leur pou-
voir kinasique lorsqu'ils sont portés à la température de 100" pendant i5 minutes.
)) Le venin des serpents renferme donc une diastase ayant les mêmes
propriétés que l'entérokinase, la kinase leucocytaire ou les kinases micro-
biennes ('). Cette diastase est-elle de quelque utilité dans les processus
digestifs chez l'animal qui la produit? Est-elle distincte, d'autre part, du
principe qui donne aux venins leur toxicité? C'est ce que je me propose
d'examiner ultérieurement. »
PHYSIQUE BIOLOGIQUE. — Toxine tétanique; observations de la résistance
électrique et de l'indice de réfraction. Note de MM. Dongier et Lesage,
présentée par M. Amagat.
« Nous avons déjà appliqué à l'étude de la fermentation lactique (") la
méthode de mesure de la résistance électrique. Il était naturel d'étendre
ces recherches à d'autres cultures microbiennes; les faits suivants se rap-
portent au bacille du tétanos (^).
» L Si l'on cultive en bouillon le bacille tétanique en se conformant aux règles clas-
siques (8 jours d'étuve et contrôle de la production delà toxine par l'expérimenta-
(^) Les toxines végétales, telles que la ricine et l'abrine, qu'on a l'habitude de rap-
procher des produits solubles sécrétés par les microbes ou des venins, ne possèdent
pas de propriétés kinasiques. La sécrétion buccale de la sangsue m'a donné également
des résultats négatifs.
("'') Comptea rendus, 10 mars 1902.
(^) Nous remercions vivement M. Momont, de l'Institut Pasteur, qui a bien voulu
fournir une partie de nos matériaux d'étude.
33o ACADÉMIE DES SCIENCES.
tion), on observe, comme dans le cas de la fermentation lactique, un abaissement de la
résistivité par rapport à celle du bouillon témoin placé dans les mômes conditions.
Voici quelques exemples :
Résistivité.
t = 25°. t — 25°. . t = a5°. t — 25°. t = 16°, 7.
Bouillon témoin.... 59^,6 68^^,0 68'-, 5 57'-,8 io5'-,5
Bouillon avec toxine
tétanique.
5o'-,5 58'-, 7 62", 8 5o«,2 80*-, 5
» Ce l'ésultat est intéressant, parce qu'il n'en est pas ainsi de tous les microbes. Les
uns ne modifient pas la résistivité du bouillon de culture, tandis que les autres
rélèvent. Cette propriété de ne pas modifier, d'augmenter ou de diminuer la résisti-
vité du milieu, peut servir de règle pour la différenciation des microorganismes.
» II. La valeur de la résistivité du bouillon tétanique est la même avant et après la
filtra tion. Le bacille tétanique ne modifie donc point par sa présence la conductibilité
électrique du milieu; il agit en cela à la manière des matières albuminoïdes qui, on le
sait, n'influent pas sur l'ionisation des solutions salines.
» ni. On sait que la toxine tétanique portée à l'ébullition perd ses propriétés
physiologiques. Dans ce cas, nous avons noté que la résistivité du milieu ne changeait
pas; ainsi, l'augmentation de la conductibilité du bouillon de culture sous l'inlluence
de l'évolution microbienne ne serait pas due à la toxine tétanique.
» IV. On sait d'autre part que, dans l'expérience classique de Wassermann, la
cervelle fraîche mise en présence du bouillon chargé de toxine tétanique s'empare de
cette dernière. L'observation de ce bouillon non dilué nous a montré que sa résistivité
avait augmenté après le contact de la cervelle. Celle-ci, qui retient la toxine tétanique,
paraît donc fixer également vine partie des produits qui, élaborés par le microbe,
avaient abaissé la résistivité du bouillon de culture. Ce résultat est confirmé par le
fait que le passage sur la cervelle ne modifie pas la résistivité du bouillon témoin.
Citons quelques résultats :
_, . , . i avant passage sur cervelle. 60''^ 6o''\q 5o'-,2 So'-.S ...
Toxine tétanique { . ^, . ^^ ^
( après passage » . o4'-,7 71^,0 SS'-jg 09", i
„ .,, , . ( avant passage sur cervelle. 57*-, 8 5q''\6 68'-, 5 » ...
Bouillon témoin , ^ " ^n o k \. ,.0
( après passage ^> . ob'-,o 09", o Ob'-, 9 » ...
» V. La mesure des indices de réfraction du bouillon témoin, du bouillon avec
toxine tétanique, soumis ou non à l'ébullition, avant et après le passage sur la cervelle,
n'a pas mis en évidence des différences qui fussent caractéristiques. »
ANATOMIE COMPARÉE. — Distribution des coips suprarénaux des Plagiostomes.
Noie de M. Ed. Grynfeltt, présentée par M. Alfred Giard.
« Les auteurs qui ont étudié la répartition des corps suprarénauK dans
la cavité abdoiiiinaie des Plagiostonies se sont contentés d'indiquer qu'ils
SÉANCE DU II AOUT 1902. 33 1
étaient métamériques. Pour beaucoup d'espèces, cette notion répond assez
bien à la réalité des faits, si l'on se contente d'examiner dans ses grandes
lignes le mode de distribution de ces organes. Mais, si l'on étudie avec
soin certaines espèces, et si l'on compare le nombre des corps suprarénaux
à celui des segments de la région qu'ils occupent, on est frappé de la di-
vergence qui existe entre ces deux nombres. L'explication de cette irrégu-
larité, dans la métamérie des organes en question, m'a été donnée par
l'étude de préparations où le système vasculaire sanguin a été injecté par
les méthodes histologiques. On peut ainsi obtenir des préparations d'en-
semble, facdes à étudier au microscope : la physionomie toute spéciale des
réseaux vasculaires dans ces corps, dont j'ai donné antérieurement la des-
cription, permet toujours de les reconnaître dans les préparations et de
les dénombrer. Du même coup sont mises en évidence les connexions si
étroites des corps suprarénaux avec le système artériel, connexions qui
ont une importance très grande pour faire comprendre la distribution de
ces corps. En effet, sur de telles préparations, on peut voir que, chez les
Squales, ces corps sont typiquement tnétamériques, mais que, toutefois,
leur nombre et leur position sont réglés par le nombre des artères segmen-
taires. Là où ces artères se répètent réguhèrement dans chaque segment
{Acanthias vulgaris, A. Blaimillei, Mustulus lœvis, M. vulgaris, Galeiis
canis, Sqiialina angélus, Hexanchus griseus, Echinorhinus spinosus), le
nombre des corps suprarénaux est le plus élevé; il y en a presque autant
de paires qu'il y a de segments dans la cavité abdominale. En effet, ainsi
que l'ont montré les auteurs, le corps suprarénai antérieur ou corps axil-
laire résulte toujours de la fusion d'un certain nombre de corps. Par con-
séquent, la faible différence que l'on trouve entre le nombre des segments
et celui des corps, y compris l'axillaire, compté pour un seul, s'explique
par la fusion dont un certain nombre des corps antérieurs ont été l'objet
pour donner naissance à l'axillaire.
» Lorsque les artères de deux segments consécutifs naissent d'une seule branche
aortique, les corps suprarénaux placés à leur niveau tendent à se fusionner, et se
fusionnent souvent. Ce fait s'observe surtout chez le ScylUum catulus et Se. canicula.
Ces fusions se présentent presque exclusivement dans la portion abdominale antérieure
et s'étendent en arrière beaucoup plus loin chez les ScylUum que chez les autres
espèces mentionnées plus haut. Mais, ici encore, le nombre des corps suprarénaux
n'est pas sensiblement inférieur à celui des segments, si l'on tient compte, dans leur
dénombrement, de ce que des masses suprarénales résultent de la juxtaposition de deux
ou trois de ces organes. L'indépendance relative des réseaux vasculaires dans les pièces
injectées et étudiées histologiquement permet, le plus souvent, d'évaluer exactement
332 ACADÉMIE DES SCIENCES.
le nombre de corps ayant participé à celte fusion. Il en résulte cependant une irrégu-
larité apparente, sur des pièces non injectées, et d'autant plus frappante que la dispo-
sition des artères n'est pas toujours la même à droite et à gauche de la ligne médiane,
et que, par suite, il y a une asymétrie plus ou moins marquée entre des corps de la
même paire. Chez la Centrina vulpecula, il y a une irrégularité manifeste dans la
métamérie artérielle : parallèlement à la réduction du nombre des artères segmen-
taires, nous assistons à une diminution du nombre des corps suprarénaux, si bien que,
pour 4i segments, on ne compte plus en moyenne que 27 corps. La différence est donc
de i[\ entre les deux chiffres. On ne saurait ici considérer le corps axillaire comme
la compensant; car, d'après sa taille, il n'est guère plus gros relativement que celui des
autres Squales, où il représente tout au plus 4 à 5 corps fusionnés. Par conséquent, la
Centrina offre une discordance marquée entre le nombre des corps suprarénaux et
celui des segments vertébraux. C'est un type servant de transition, à ce point de vue,
entre les Squales à métamérie suprarénale régulière et les Raies, où cette métamérie
est devenue irrégulière au point d'être méconnaissable, s'il n'y avait une série de tran-
sitions.
» Parmi ces Raies, la Torpédo marmorata est une des espèces où le nombre des
corps suprarénaux est le plus élevé par rapport au nombre des segments. On peut en
trouver jusqu'à i4 paires, plus l'axillaire, sur les 25 segments de la cavité abdoaiinale.
Ici encore, la réduction du nombre des corps suprarénaux est concomitante avec celle
du nombre des artères segmentaires. Chez diverses espèces étudiées du genre Raja
{R. clavata, R. niarginata, R. mosaïca, R. punctata), la disposition est à peu près
la même que chez la Torpille. Chez la Mjliobatis aquila, et surtout la Trigon pasti-
naca, la discordance est encore plus marquée, puisque, y compris l'axillaire, on trouve
chez cette dernière espèce tout au plus 20 corps de part et d'autre de la ligne médiane
(l'irrégularité de leur distribution est telle que l'on ne saurait parler ici de paires),
tandis que le nombre des segments s'élève à 64. Chez les Raies^ la numération des
corps suprarénaux est du reste très difficile, car on y rencontre de longues bandes de
substance suprarénale, enveloppant les branches anastomotiques jetées entre deux
intercostales consécutives, souvent séparées l'une de l'autre par la longueur de plu-
sieurs segments, et dans lesquelles il est impossible, ainsi qu'on peut le faire chez la
plupart des Squales, de compter les unités suprarénales ayant pris part à leur consti-
tution.
» Toutefois, en multipliant les observations sur des pièces injectées, on constate
que, chez les Raies, les corps suprarénaux sont, au même titre que chez les Squales,
en rapports étroits avec les branches artérielles émanées de l'aorte; ce fait a été
signalé déjà, et avec raison, par Peltit, contrairement à l'opinion précédemment émise
par Chevrel.
)) On trouvera des détails et des renseignements bibliographiques plus
étendus, relatifs à cette question, dans un Mémoire qui sera publié inces-
samment. »
SÉANCE DU II AOUT 1902. 333
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Observations sur la durée germinative
des graines. Note de M. Jules Poisson, présentée par M. Dehérain.
« Les recherches que M. Maquenne poursuit depuis déjà plusieurs
années sur l'hygrométricité des graines (' ) ont appelé de nouveau l'atten-
tion sur la question de leur durée germinative et ont montré notam-
ment c|ue l'humidité e^t préjudiciable à leur conservation. C'est là un
résultat important; cependant, il semble que l'influence funeste de l'eau
s'exerce sur certaines espèces et devienne moins sensible sur d'autres,
sans doute à la suite d'une adaptation préalable, et c'est cette vitalité
qui m'engage à faire connaître quelques nouvelles observations qui me
sont pour la plupart personnelles.
» Pour certaines graines, la germination doit s'effectuer hâtivement;
citons celles du Poivrier, du Muscadier, des Hevea, du Cacaoyer et nombre
d'espèces similaires parmi les Palmiers, les Conifères, les Amentacées, etc.
)) Pour d'autres, le pouvoir germinatif dure de longues années, lorsqu'on
a soin de les soustraire à certaines influences extérieures fâcheuses. Dans
une Note encore récente (-), j'émettais l'opinion que ces influences pré-
judiciables sont : 1° les températures extrêmes; 2° le manque de siccité de
l'air; 3*^ l'action de l'oxygène; et 4° la lumière.
» On trouve enfin des graines vis-à-vis desquelles la nature semble
n'avoir pris aucune précaution, et qui pourtant possèdent la faculté de
germer après de longues périodes de sommeil. Nous ne parlerons pas des
céréales des sépultures anciennes; les observations de De Candolle (^) et
de Gain ("*) ont clos définitivement le débat à leur sujet. Les observations
citées par Michalet (^) sont plus instructives : leur auteur a vu surgir un
(') Comptes rendus, t. CXXIX, p. 778; Ann. agron., t. XXVI, p. 821; Comptes
rendus, t. CXXXIV, p. 1243, et t. CXXXV, p. 208.
("^) Congrès de l' Association pour l'avancement des Sciences, année 1900.
(^) Ann. des Se. nat. {Botanique), S** série, t. II, p. 378. — Origine des plantes
cultivées, p. 290.
(^) Comptes rendus, t. CXXXIII, p. 1248.
(^) Bull, de la Soc. bot. de France, 1860, p. 88/4. Voir aussi les observations de
Tabbé Audierne dans la Notice de Ch. Des Moulins {Actes de la Soc. Linn. de Bor-
deaux, t. VII, p. 65) et celles antérieures de Dureau de la Malle : Sur l'alternance
de la reproduction des espèces végétales {Ann. des Se. nat., i'" série, t. V, p. 353).
C. R., 1902, 2' Semeslre. (T. CXXW, N" 6.) 4^
334 Af:ADÉMIE DES SCIENCES.
Galium absolument inconnu de la région qu'il habitait, à la snife d'un
dépôt de sable issu d'une sablonnière avoisinante, et il était convaincu
que les semences qui l'ont produit étaient dans le sol depuis de nombreux
siècles. Il mentionne encore d'autres espèces, mais celles qui nous inté-
ressent le plus sont les sortes aquatiques : Chara, Potamogeton, Naîas,
Villarsia, ISuphar, etc., qu'a constatées Michalci. Toutefois, pour les espèces
sylvicoles, nous citerons un nouvel exemple. Plusieurs observateurs ont
vu surgir, après une coupe de bois, la Digitale, les Campanules, qui
recherchent la lumière, et bien d'autres espèces encore, auxquelles nous
ajouterons la suivante :
w 1° Dans le parc du château de Combreux, en Seine-et-Marne, appartenant à
M. L. Hennecart, chaque fois que, dans une portion déterminée de ce parc on fait, la
coupe du bois, apparaît en quantité une Légumineuse annuelle, \e Lathyrus Nissolia.
La plante se ressème durant quelques années, mais, dès que les arbres repoussent et
font ombrage, le Lathyrus disparaît. 3o ans après, nouvelle coupe, et la Légumineuse
réapparaît. Le chef de la famille Hennecart, ayant vécu 92 ans, a pu, à plusieurs
reprises, constater le fait.
» Les graines des végétaux croissant habituellement près des cours
d'eau méritent une attention spéciale.
» 2° Nous avons assisté, dans notre enfance, à la prise de terre faite par le D''Boisduval
lorsqu'on creusait profondément le sol occupé jusqu'alors par les vieilles maisons de
la Cité, à Paris, en vue d'y établir les édifices qu'on y voit aujourd'hui. Revenu chez
lui, rue de l'Estrapade, Boisduval répandit cette terre sur deux vases pleins de terre
de son jardin et, 1 mois après, il avait deux superbes potées de Juncus bufonius qui
croît en lieux humides, «conditions analogues à celles qu'offrait le sol sur lequel fut
)) bâtie Lutèce », dit Duchartre dans ses Éléments de Botanique (S^édit., p. 838).
» 3° Le Coleanthus subtilis, petite Graminée observée il y a 4o ans aux bords des
étangs en Bretagne, inspira au professeur Sirodot un excellent article (*). 11 constata
qu'elle n'apparaissait que les années où les étangs découvraient exceptionnellement
leurs rives. A l'étang de Paimpont, on n'a vu cette plante que lorsque les eaux avaient
baissé comme elles ne l'avaient pas fait depuis 3o et 4o ans. « N'est-ce pas un fait
» intéressant, dit-il, qui prouve que les graines de Coleanthus peuvent se conserver
» sous l'eau pendant une longue série d'années. » Enfin, Fauteur cite d'autres espèces
(telle est V Eleocharls ovata) ne se montrant qu'après un retrait notable des eaux.
» 4° Le Carea: cyperoides est bien connu des botanistes par son habitat spécial sur
l'emplacement des étangs asséchés. Ce Carex foisonnait à l'étang d'Armanvillers
(Seine-et-Marne) quand son possesseur préférait mettre celui-ci en culture. La pro-
priété passant en d'autres mains, l'étang était à nouveau rempli ; alors le Carex
(*) Ann. des Se. nat. {Botanique), 5" série, t. X, p. 65.
SÉANCE DU Tl AOUT 1902. 335
disparaissait. Des périodes de 20 et 3o ans se sont écoulées dans l'une on l'autre de
ces conditions, et, chaque fois que l'on assèche l'étang, le Carex reparaît.
» 5° Aux environs d'Abbeville, sur des terres ayant pendant près de 2 siècles
appartenu à la famille de Brutelette, le botaniste de ce nom a fait la remarque suivante :
Des prés trop humides sont fréquemment drainés au moyeu de fossés, qui seront
comblés ultérieurement après assèchement du sol. La terre mise en ados le long des
fossés se couvre, peu de jours après la fouille, d'une multitude de germinations
d'Aulnes. Cependant, jamais, autant que le souvenir a pu reuiouter, les gens du pays
n'ont vu en cet endroit, ni dans le voisinage, les Aulnes qui ont produit ces graines.
» Si l'on rapproche ces observations de celles des savants précités, on
est frappé de voir que les plantes végétant d'habitude dans des conditions
nécessaires d'humidité ont le privilège de conserver leurs graines plus
longtemps que les autres, mais elles ne doivent pas, semble-t-il, quitter ce
milieu humide. Nous avons la conviction que les graines de maintes autres
espèces d'habitat semblable sont dans le même cas. Que ces graines aient
un albumen farineux entouré d'une couche protéiqiie (' ) comme le /m/zcm5,
le Coleanthus ou le Carex, ou sans albumen comme le Lathyrus et V Alnus,
la durée de la conservation est identique.
» Il ressort de ce qui précède que, si l'état d'étouffement et la siccité
du milieu ambiant sont nécessaires pour assurer la conservation de
quantité de graines, ces conditions paraissent indifférentes à d'autres
sortes, parmi lesquelles beaucoup de marécageuses qui possèdent ou ont
acquis par accoutumance le pouvoir de résister aux actions destructives
de l'air et de l'eau. A quoi tient cette immunité? Sur ce point, la discussion
reste ouverte et de nouvelles recherches sont nécessaires pour résoudre
d'une manière définitive la question que nous avons cru devoir soulever
dans la présente Note. »
PHVSKiUE DU GLOBE. — La vérification de la loi des hauteurs haro;n'''riques.
Note de M. W. de Foxvieï.le. (Extrait par l'auteur.)
« Le I 5 janvier 1872, une Commission de l'Académie (-) approuva les
projets d'observations de Physique et d'Astronomie que j'avais exposés dans
(*) Cette couche existe dans toutes les graines de Monocotylédones, dont l'albumen
est amylacé et se formant dans le sac embryonnaire; conséquemment, elle est absente
autour du périsperme des Scitaminées,
(^) Cette Commission était composée de MM. Becquerel père et fils, Le Verrier,
Dupuy de Lôme et Kegnault.
336 ACADÉMIE DES SCIENCES.
diverses Communications insérées aux Comptes rendus pendant l'année
1871. Cette Commission traça môme, à cette occasion, un plan de vérifi-
cations de la loi des hauteurs barométriques, dont elle signalait l'urgence.
La difficulté de ces opérations m'empêcha de les efiectuer, comme j'en
aurais eu le désir. Mais il est devenu impossible de se soustraire à ce genre
de recherches. En effet, au Congrès scientifique d'aérostation tenu à Ber-
lin, des savants autorisés ont discuté sur la comparaison d'altitudes enre-
gistrées à 12000'" et i4ooo'", c'est-à-dire dans des conditions telles que les
hauteurs enregistrées ne peuvent être évaluées qu'avec une exactitude tout
à fait problématique. Ne sont-elles pas quadruples ou quintuples de celles
dont le baron Rauioiid s'est servi pour établir la valeur numérique de son
coefficient? 11 s'e^t adresse à MM. Hermite et Besançon qui, par leurs
ascensions de ballons-sondes, exécutées en 1892, ont donné l'impulsion au
mouvement d'exploration de la haute atmosphère.
» La base de la vérification sera, comme les commissaires de 1872 l'ont
demandé, la visée trigonométrique d'une boule brillante ou d'une lampe
électrique, suspendue à une certaine distance au-dessous du ballon. Les
deux stations seront placées à deux des plates-formes de la Tour Eiffel.
Les départs, soit par ballons-sondes, soit par ballons montés, seront exé-
cutés du parc de l'Aéro-Club aux coteaux de Saint-Cloud, qui est relié lui-
même téléphoniquement avec la Tour.
w On attachera au ballon une seconde série d'enregistreurs, placés à une
distance connue, et l'on verra si les indications de cette seconde série
peuvent être déduites de la première, en appliquant à cette distance la loi
des hauteurs barométriques avec les corrections convenables.
)) Les ascensions, soit libres, soit montées, auront lieu à des hauteurs
de plus en plus grandes, au fur et à mesure des progrès faits dans l'art
d'exécuter ces difficiles opérations.
» Le ballon pourra recevoir deux nacelles dans les ascensions montées;
alors les observations seront faites comparativement avec les instruments
les plus délicats. »
La séance est levée à 3 heures et demie.
M. B.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 18 AOUT 1902.
PRÉSIDENCE DE M. BOUQUET DE LA GRYE.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Résistance à la traction du béton armé.
Note de M. Considère.
« J'ai rendu compte à l'Académie, les 12 décembre 1898 et 2 janvier 1899,
des résultats d'expériences faites sur de petits prismes de mortier armé,
pour déterminer les lois de la résistance à la traction, et, le 18 sep-
tembre 1899, d'expériences montrant les effets du retrait que le ciment
prend dans l'air et de la dilatation qu'il subit dans l'eau.
)) La Commission nommée par M. le Ministre des Travaux publics pour
étudier l'application du béton armé aux travaux publics a fait faire des
expériences destinées à vérifier l'exactitude des conclusions que j'avais
formulées. Elles ont été faites avec une compétence remarquable, sous la
direction de M. Mesnager, par ses habiles collaborateurs MM. Klein et
Mercier. Oii va rendre compte des résultats de celles de ces expériences
qui ont mis directement en lumière les lois de la déformation du béton
tendu.
» Elles ont porté sur des prismes de 2°^ de longueur dont la section
carrée avait o"\io de côté. Ils étaient armés, près des angles, de quatre
fils de fer dont la section totale était de i iS"""'. Le béton employé renfer-
mait 3oo'*^ de ciment de Portland pour ©""^Soo de gravier passant au crible
de 25™°^ et o'"',4oo de sable passant au tamis de 5™™.
» Conformément à la Communication du 18 septembre, on a constaté
que le. retrait du béton avait imposé aux armatures un raccourcissement
important. Il était de o""^, 21 par mètre et dénotait une compression de
4'**',6o par millimètre carré. En tenant compte du rapport des sections du
G. H., 1902, 2° Semestre. (T. CXXXV, N° 7.) 44
338 ACADÉMIE DES SCIENCES.
métal et du béton, on constate que le béton avait une tension antagoniste
de 5''^, 20 par centimètre carré, avant que le prisme fût soumis à un effort
extérieur.
» Expériences de traction. — On voulait déterminer séparément les
efforts que produisaient le métal, d'une part, le béton, de l'autre. On y est
arrivé par le procédé suivant :
» Les variations de l'effort des armatures, pression ou tension, étaient
calculées immédiatement en multipliant les variations mesurées de lon-
gueur du métal par son coefficient d'élasticité préalablement déterminé et
par la section des armatures.
» Pour déduire, des variations ainsi calculées de l'effort produit par les
armatures, les valeurs absolues de cet effort aux divers moments de l'expé-
rience, il suffisait de déterminer l'effort que les armatures produisaient à la
fin du déchargement. On y est arrivé en dégageant avec précaution les
armatures du béton et en mesurant le changement produit dans leur lon-
gueur par cette opération qui leur permettait de revenir à l'état d'équilibre
et à leur longueur naturelle.
)) Les résultats des expériences de traction faites sur les prismes en
question ont été graphiques par la machine d'essai elle-même, par suite de
dispositions qui rendaient les déplacements d'un style enregistreur propor-
tionnels aux allongements des prismes dans le sens des abscisses (o*^, 10 par
miUimètre d'allongement) et aux efforts de traction dans le sens des ordon-
nées (o™,ooi par loo'^s d'effort).
» Le graphique a été réduit dans la proportion de {.
» Sur chacun des graphiques ainsi dessinés par la machine, on a tracé
une ligne FF' dont les ordonnées sont égales aux efforts produits par les
armatures : tensions au-dessus de 00', pressions au-dessous. On a vu plus
haut comment ces efforts ont été calculés.
» Les tensions du béton étant évidemment les différences des efforts
totaux de traction exercés sur les prismes et des tensions des armatures,
sont représentées par les fractions d'ordonnées comprises entre la ligne FF'
et le graphique tracé par la machine.
» Cette remarque permet de lire immédiatement le sens des graphiques.
» La figure i est le calque de celui qui a été tracé par la machine dans
une expérience où la tension totale du prisme a été poussée à SSuoi^s et a
produit l'allongement considérable de i°"°,35 par mètre.
» La tension préalable du béton produite par le retrait est représentée
par OA et est égale à 52o''s.
SÉANCE DU l8 AOUT 1902. 3^9
» Dans la déformation, on remarque deux phases bien distinctes.
" Dans la première, qui est représentée par OB, le coefficient d'élasti-
cité a la valeur qu'il possède dans le béton non armé et la tension du béton
devient rapidement égale à Bb, résistance à la rupture du béton non armé.
38oof
•^^
» Dans la seconde phase, qui commence à B et s'étend jusqu'à la fin de
l'expérience, la tension reste sensiblement constante, sauf une majoration
momentanée qui se produit au début. Le coefficient d'élasticité est donc à
peu près nul dans cette période.
» Le second graphique est relatif à une expérience dans laquelle le char-
gement a été arrêté au point H lorsque la traction était égale à i'jc)o^s et
Fig. 2.
« .jS^s:»
l'allongement à o"™, 29. La charge a été alors réduite deux fois à 2oo''s et
le style est revenu au point 2. On a répété vingt-cinq fois le même charge-
ment suivi de déchargement et, dans chaque opération, le style a décrit
des lignes ayant des courbures opposées, mais sensiblement droites, dont on
ne l'a laissé marquer que les deux dernières, afin de ne pas obtenir une
figure confuse. Des chiffres indiquent les points marqués par le style au
commencement et à la fin de quelques-unes des opérations.
» Pour éviter des longueurs, on n'indiquera, dans le résumé fait plus
loin, que les caractères des courbes de déformation ainsi obtenues dans
les chargements et déchargements répétés.
» Après avoir soumis un autre prisme à une tension de 2060''^ qui lui a
fait prendre un allongement de o™™,6i , on a enlevé ses armatures métal-
34o ACADÉMIE DES SCIENCES.
liques en faisant sauter au burin le béton qui les entourait. On a ainsi
obtenu un prisme désarmé dont la section avait la forme d'une croix irré-
gulière. On a constaté qu'il ne présentait pas de fissures et que, essayé par
flexion, il donnait une résistance de 9''^ par millimètre carré. Sa résistance
véritable devait être notablement supérieure à ce chiffre, parce que la rup-
ture avait dû être hâtée par les lésions qu'avait faites le burin pendant le
descellement des armatures.
» Des expériences de flexion ont été faites sur des poutres armées de 4"
de longueur ayant 40"^™ X 20*^™ de section.
» Sans entrer dans le détail de toutes les expériences, on résumera ainsi
leurs résultats et ceux des expériences antérieures.
) Lois DE DÉFORMATION DU BÉTON TENDU DANS LA TRACTION ET LA FLEXION.
— 1° Premier chargement. — Le béton armé soumis à un allongement se
comporte comme s'il n'était pas armé tant que l'allongement et la tension
ne dépassent pas les limites que le béton non armé peut supporter sans
rupture dans la traction simple.
» Quand ces limites sont dépassées, le béton armé se différencie abso-
lument de celui qui ne l'est pas. Il supporte, sans rupture, des allonge-
ments qui, dans du mortier conservé sous l'eau, ont atteint 2™™ par mètre
et qui ont été de o'^'^.So à i"™,2o dans du béton ou du mortier conservé
à l'air.
» Quand le béton armé prend des allongements supérieurs à l'allonge-
ment élastique du béton non armé, sa tension reste sensiblement constante
et égale à la résistance du béton non armé. Par suite, son coefficient d'élas-
ticité est nul.
» 2° Déchargements et rechargements. — La loi de déformation est toute
différente dans les déchargements et les rechargements qui se succèdent
avec la même charge maximum. La nouvelle courbe de déformation peut
pratiquement être confondue avec une ligne droite dont l'inclinaison sur
l'horizontale diminue quand l'allongement augmente. Cette inclinaison est
le coefficient d'élasticité nouveau qui, par suite, est diminué d'autant plus
que l'allongement a été plus grand.
» Quand on répète indéfiniment l'application à une pièce armée et la
suppression d'une traction déterminée, l'allongement augmente avec une
vitesse décroissante qui tend vers zéro, et la part que le béton prend dans
la résistance totale diminue pendant que celle du métal augmente. Finale-
ment, la tension fournie par le béton tombe aux 0,70 environ de sa valeur
primitive.
» Si, après que la tension du béton a été ainsi réduite par l'effet des
SÉANCE DU l8 AOUT I902. S/jI
répétitions, on augmente la charge de 3o pour 100 au moins, la tension que
produit le béton reprend sa valeur primitive.
» Le coefficient d'élasticité que possède, pour résister à la compression,
le béton qui a subi de grands allongements, est diminué, mais dans une
proportion considérablement moindre que le coefficient d'élasticité de ten-
sion. La diminution a été de moitié pour un prisme soumis à des allonge-
ments quatre à six fois plus grands que ceux qui se produisent dans les
constructions.
» Les phénomènes qu'on observe dans la déformation du béton armé
sont donc la conséquence de propriétés moléculaires, et notamment de
l'altération de l'élasticité, l^a cause de ces phénomènes réguliers ne peut,
comme on pourrait le croire en lisant la Communication faite à l'Aca-
démie, le 21 avril, par M. Rabut, résider dans la production des fissures,
fait essentiellement irrégulier et qui, parfois, manque entièrement.
» Il va de soi que, au point de vue des calculs de résistance, il faut
tenir compte des fissures. Je me propose d'indiquer comment, dans une
Communication ultérieure. »
TRAVAUX SCIENTIFIQUES. — SuT' les travaux de cette année, à l' Observatoire
du sommet du mont Blanc. Note de M. J. Janssen.
(( Les travaux scientifiques, à l'Observatoire du sommet érigé par notre
Société ('), ont déjà commencé.
» L'Observatoire vient d'être remis en état et M. Vallet, juge de paix à
Chamonix, chargé de l'entretien, m'a informé que cette opération a été
heureusement terminée et qu'elle n'a donné lieu à aucun accident de per-
sonnes.
» Le terrible accident qui vient de se produire, et qui nous a tous émus
à si juste titre, est du à l'infraction de cette règle constante, dont les
voyageurs ne devraient jamais s'écarter, à savoir : de choisir de bons guides
et d'écouter scrupuleusement leurs aA'is. Les deux voyageurs qui viennent
de périr si malheureusement se sont, paraît-il, laissés emporter par leur
(') On sait que cette Société a été formée, en 1891, sous l'inripulsion du si regretté
M. Léon Say, par MM. J. Janssen, l^résident; Bischoffsheim, Secrétaire; de Roth-
schild, Trésorier; Prince i^oland Bonaparte, Greffuhle, Delessert, qui ont supporté les
frais de l'installation.
342 ACADÉMIE DES SCIENCES.
courage et ont entraîné leurs guides à continuer l'ascension dans des
conditions jugées dangereuses par ceux-ci, et l'événement n'a que trop
montré la sagesse de ces avis.
)) Je n'ai jamais cessé de donner ce conseil aux voyageurs avec lesquels
je me suis trouvé en rapport, et spécialement aux savants qui veulent bien,
avec notre concours, exécuter des travaux à notre Observatoire.
» Ces collaborateurs seront celte année :
» M. le D*" Hénocque, qui se propose de faire des études sur les modifi-
cations que subit l'hémoglobine du sang en rapport avec les efforts mus-
culaires et l'altitude;
» M. le professeur Aubert, du collège Stanislas, qui est en train d'étu-
dier les modifications que l'altitude et la rareté de Fatmosphère apportent
à la richesse des rayons violets et ultra-violets du spectre, travail qui,
comme on sait, a déjà occupé M. Cornu, de si regrettable mémoire.
» Ce travail est exécuté avec un spectroscope à prismes et lentilles de
quartz que nous avons fait construire spécialement pour cet objet et dont
l'optique est due à M. Jobin.
» M. Le Cadet, astronome attaché à l'Observatoire de Lyon (directeur :
M. André, correspondant de P Académie), doit également se livrer à d'inté-
ressantes études sur l'électricité atmosphérique.
» Enfin, M. le D^ Tissot, du laboratoire de Physiologie de notre éminent
confrère M. Chauveau, va incessamment retourner à Chamonix et monter
au mont Blanc dans le but d'y étudier les modifications que l'altitude seule
ou combinée avec le travail musculaire apporte à la composition du sang
et aux échanges respiratoires.
» Tels sont, jusqu'ici, les travaux qui doivent s'exécuter cette année au
mont Blanc.
» J'aurai soin de rendre compte en temps et lieu à l'Académie des résul-
tats obtenus.
» J'ajouterai que nous ne négligeons pas les études qui se rapportent à
la question si importante des enregistreurs et, à ce sujet, je dirai que j'étu-
die aussi la construction et la disposition à donner à des thermomètres,
baromètres, anémomètres, de dimensions permettant leur lecture de Cha-
monix avec une lunette suffisamment puissante.
)) On comprend combien la connaissance, pour ainsi dire instantanée,
de ces données météorologiques au sommet du mont Blanc présentera
d'intérêt.
» Le regretté M. Berthault, constructeur distmgué de thermomètres et
SÉANCE DU 18 AOUT 1902. 343
de baromètres, avait déjà commencé cette étude sous ma direction quand
la mort l'a enlevé à sa famille et à ses travaux; je la reprends actuelle-
ment. »
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de l'Instruction publique informe l'Académie que la
première Conférence sismologique internationale, réunie à Strasbourg du
1 1 au i3 avril 1901, a émis un vœu en faveur de la création d'une Union
internationale sismologique ; il demande à l'Académie de lui faire connaître
son avis sur la suite qu'il conviendrait de donner à ce vœu.
(Renvoi à une Commission composée du Président de l'Académie, du
Secrétaire perpétuel pour les Sciences mathématiques, et de MM. Jans-
sen, Fouqué, Mascart, Marcel Bertrand, Michel Lévy, de Lapparent.)
MÉCANIQUE. — Sur l'assemblage de deux corps. Note de M. G. Kœnigs,
présentée par M. Appell.
« Dans quelques Communications insérées aux Comptes rendus en
août, septembre, octobre 1901, j'ai résumé un premier ensemble de
notions relatives à la théorie générale des machines envisagées sous le
point de vue cinématique. J'ai émis ce principe, qui est une des idées
directrices de la doctrine que je propose, que la théorie des mécanismes
n'est pas autre chose que l'étude des liaisons dans les machines, et qu'il faut
la dégager de la considération des mouvements que les forces viennent y
provoquer. Eu conséquence, on doit reporter à l'arrière-plan l'idée
ancienne d'après laquelle on définissait un mécanisme comme un moyen
de produire un mouvement déterminé Qn partant d'un mouvement donné.
» Ma manière de voir se trouve corroborée par la remarque que de
nombreux mécanismes sont destinés à fonctionner à l'état statique, en
sorte que, dans leur définition, on ne peut faire intervenir ni un mouve-
ment donné, ni un mouvement à produire. Ces mécanismes échappent
totalement au cadre des anciennes théories, malgré qu'ils mettent en
œuvre les mêmes procédés cinématiques que les mécanismes de mouve-
ment.
» Un exemple typique est offert par les assemblages.
» Deux corps sont dits assemblés lorsque le système binaire qu'ils
344 ACADÉMIE DES SCIENCES.
forment a une liberté nulle. Les assemblages offrent les mêmes particu-
larités que le guidage de tout autre système binaire. La seule différence
tient au degré de liberté qui, nul dans le cas de l'assemblage, est égal à
I, 2, 3, 4 oii -'> dans les autres systèmes binaires.
» Ainsi, on a vu qu'un système binaire pouvait être guidé parfois au
moyen d'un couple d'éléments, et le plus souvent au moyen d'une chaîne.
Il en sera de même pour l'assemblage.
» Il est bon cependant de spécifier que, pour rester sur le terrain de la
pure Cinématique, il convient de mettre à part les assemblages réalisés par
des procédés physiques tels que soudures, rivures, emboutissage. Nous
disons mettre à part, et non pas précisément exclure, car, dans bien des
cas, ces procédés physiques se présentent comme terminaison d'un pro-
cessus cinématique, dont l'objet est de simplifier la garde contre le démon-
tage. Exemple : le rivetage d'une clavette dans un écrou de serrage.
» Dans l'assemblage par couple, il faut établir assez de points de
contact entre les deux corps pour qu'ils soient appuyés contre tout dépla-
cement relatif. Ces points de contact peuvent être répartis suivant une
surface finie, suivant une ligne ou bien être isolés.
» Dans le premier cas, on a l'assemblage par emboîtement, oîi une sur-
face pratiquée dans l'un des corps s'emboîte dans sa forme en creux prati-
quée sur l'autre corps. Toutefois, la surface qui limite ces profils ne doit
pas être capable de glisser sur elle-même, sans quoi l'on retomberait sur
les couples d'emboîtement à i, 2 ou 3 degrés de liberté.
» Dans le cas où l'assemblage est obtenu par couple au moyen de points
de contact isolés, six points de contact suffisent, pourvu que les six nor-
males en ces points aux surfaces en contact ne fassent pas partie d'un
même complexe linéaire. On peut même démontrer que les conditions les
plus avantageuses pour l'assemblage seront remplies si chacune des six nor-
males est rectangulaire avec sa conjuguée prise par rapport au complexe
linéaire qui contient les cinq autres.
)) Il est aisé de montrer que tout couple d'assemblage est nécessaire-
ment imparfait et qu'il admet des déplacements monocinétiques.
» Appelons P,, la position oi\ doit avoir lieu l'assemblage; pour en effec-
tuer le montage, on placera les deux corps en présence et, par une suite
continue de positions relatives, on aboutira à la position P^. Appelons P
celle de ces positions qui est infiniment voisine de P^,. Le dernier acte du
montage sera le passage de P à P^. Mais, comme aucun profil ne s'oppose à
ce passage, aucun profil non plus n'empêchera le retour de Po à P. Ce
SÉANCE DU l8 AOUT 1902. 345
déplacement aura pour effet de démonter l'assemblage. Ce ne peut être du
reste un déplacement dicinétique, car l'existence d'un déplacement dici-
nétique sup|)ose une liberté supérieure à zéro. Le déplacement qui ramène
de Po à I* est donc bien un déplacement monocinétique. Pour citer un
exemple, rappelons l'assemblage dit à baïonnette.
» On est souvent exposé à regarder comme cinématiquement assemblés
des corj)s reliés par un couple de liberté non nulle, mais dans lequel
aucune force n'intervient pour provoquer le mouvement. On pourrait
appeler apparents ces assemblages singuliers qui relèvent autant de la Sta-
tique que de la Cinématique. Les forces de frottement ont une part consi-
dérable dans le fonctionnement de ces sortes d'assemblages. Leur étude se
rattache étroitement à la question du démontage des chaînes cinématiques
dont nous nous occuperons dans une prochaine Communication.
» La réalisation des assemblages par le moyeu d'une chaîne est de beau-
coup la plus fréquente. Sans entrer ici dans les détails des divers types de
ces chaînes, nous en indiquerons des traits généraux.
» On place les deux corps à assembler comme membres d'une chaîne
dans laquelle leur système binaire a une liberté nulle. Les deux corps
peuvent ne pas se toucher ou bien être unis par un couple cinématique
doué d'une certaine liberté, mais restreint par la chaîne, de façon qu'en
fin de compte le système binaire ait une liberté nulle.
)) Par exem[)le : On place en contact les deux corps par une face plane
(couple plan), et on les traverse l'un et l'autre par des vis, qui forment
ainsi avec les deux corps une chaîne d'assemblage.
» De même, lorsque, pour caler une poulie ou une roue sur un arbre,
on commence par établir entre eux un couple rotoïde que l'on immobilise
ensuite avec une cheville.
» Un procédé général d'assemblage consiste à placer les deux corps à
assembler comme membres de deux chaînes différentes, de façon que les
deux systèmes binaires qu'ils forment dans chacune d'elles n'aient aucun
mouvement commun.
» Tout mécanisme présente ordinairemeiit un certain nombre d'assem-
blages par couples ou par chaînes. Le plus souvent celles-ci sont auto-
nomes, ce qui permet, dans une description schématique du mécanisme, de
les traiter comme s'il s'agissait d'un corps unique, venu (l'une seule j:>ièce.
C'est pour avoir abusé de cette licence que les ciuématiciens ont négligé
les dispositifs d'assemblage. Cet oubli a le grave inconvénient de fermer
l'accès à l'étude scientifique du montage et du démontage des machines,
A5
C. K., 1902,2» Semestre. (T. CXXXV, N" 7.) ^
346 ACADÉMIE DES SCIENCES.
question inij^orlante cependant, tant au point de vue théorique qu'an
point de vue pratique. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Siw quelques nouveaux composés organiques
d'addition. Note de M. P. Lemoult.
« On sait que le chlorbinitrobenzol-i.2.4 et les corps analogues réa-
gissent très facilement sur les aminés primaires et secondaires en donnant,
avec élimination de HCl, des aminés aromatiques. J'ai essayé de réaliser
une réaction du même genre entre le chlorbinitrobenzol, par exemple,
d'une part, et les dérivés diamidés substitués du diphénvlméthane, comme
le létraméthyldiamidodiphénylmélhane, par exemple, d'autre part; cette
réaction, qui eût donné des dérivés leucoi\\x triphénylméthane et, par suite,
des matières colorantes vertes, bleues ou violettes, ne marche pas direc-
tement dans le sens désiré, mais elle m'a conduit à l'obtention et à l'étude
de quelques composés d'addition bien cristallisés.
» 1° Clilorbinitrobenzol-\ .i.[\ et télraméthyldiamidodiphénylméthane. — Les
deux réactifs sont dissous en proportion équimoléculaire dans l'alcool bouillant et les
deux solutions sont mélangées ; il se produit immédiatement une coloi*ation brun rouge
très intense; on cliaiifïe pendant 2 heures à Tébullition et Ton fait cristalliser; il se pro-
duit une bouillie formée de fines aiguilles, qu'on sépare par essorage et qu'on sèche
dans le vide sur SO^H-. Ce corps fond à 72° sans décom])Osilion et cristallise à nouveau
par refroidissement; sa composition correspond à la formule
C^'HnAzO-^)^.iCI,,Cl-P[C«H^Az(CIP)2]2.
» Il est en eflet dédoublé par l'eau acidulée en chlorbinitrobenzol-i.a.q et dérivé
mélhanique ; ou bien, par l'aniline, en 2.4-dinitrodiphénylamine et dérivé mélhanique ;
ces deux réactions se prêtent à des déterminations quanlilalives.
» Ce composé d'addition est facilement dissocié par l'acide acétique. 12,9562 dissous
dans 20S,65 de ce solvant, en vue d'une détermination cryoscopique, ont produit un
abaissement de )°,46, ce qui correspond au poids moléculaire 253 ; ce chiffre est nota-
blement inférieur à la valeur théorique 465,5, mais n'est pas très éloigné de la moitié
de cette valeur, qu'elle atteindrait si la dissociation était complète ; il faut tenir compte
d'ailleurs de la formation possible d'acétates du dérivé méthanique basique.
» La dissociation se produit également dans le benzène et devient presque complète
quand la dilution est considérable (is dans 5o^ de solvant).
» Le corps étudié se comporte donc bien comme s'il résultait de la juxtaposition
pure et simple des molécules constituantes et se trouve être analogue au corps que
Romburgh a signalé et décrit comme formé de ;?i.-binitrobenzol et de tétramélhyldia-
midodiphénylméthane. {Rec. Irav. chim, des Pays-Bas, t. VII, p. 287.)
SÉANCE DU l8 AOUT T902. 347
» 2" Chlorbinitrobenzol et dérivé méthanique téivaèthylé. — Ces deux réactifs
donnent, comme ci-dessus, un composé d'addition très bien cristallisé, brun rouge,
formé d'aiguilles brillantes fondant à 42°, 5 et dû à la juxtaposition des deux
molécules
C«IP(Az02)t,Cl,,CH^[G^H*- Az(aP)2]^;
corps tout à fait analogue au précédent et dédoublable comme lui.
» 3° Chlortvinitrohenzol-\ .i.[\X) {chlorure de picryle et té tramé thy Idiainldo-
diphénylméthane. — Obtenu comme les précédents, il se présente sous forme de
petites paillettes cristallines noir foncé, qui verdissent peu à peu, par suite sans doute
de l'oxydation de la portion méthanique de la molécule; il fond à 71° et résulte de la
juxtaposition des deux constituants
C«H2(AzO^)^.,.eCl,CH2[G«H*Az(CH^)2]-2,
comme le montre l'analyse.
» Pour généraliser ces résultats, j'ai remplacé les dérivés chlorés polynitrés par les
composés hydroxylés correspondants : dinitrophénol-i .2.4 et acide picrique, et par un
dérivé amidé, la picramide (trinilraniline).
» 4° Dinitrophénate de tétraméthyldlamidodiphénylméthaiie
C«H3(AzO^)^ 40H,,CH2[G«H*Az(CtP)2]2.
Sous forme de gros cristaux noir brunâtre, fondant à 72°, dont l'analyse donne un poids
de dérivé méthanique correspondant à 56 pour 100 du poids total (théorie : 58 pour 100).
» 5° Picrate de tétraméthyldlamldodlpJiénylméthane. — Corps cristallisé en très
belles paillettes jaune-paille, fondant à i85°, qu'on peut obtenir soit en solution alcoo-
lique, soit de préférence en solution benzénique, et qui est facilement décomposé par
les alcalis ou les acides en solution aqueuse. Le dosage d'azote dans ce composé donne
i4,7 pour 100 au lieu de t4,49 po"i' 100 correspondant à la formule
C«H2(AzO^)^OH, CH2[C«H^\z(CH3)-]^
» 6° Picrate de tétraéthyldlamldodlphénylniéthane. — Tout à fait analogue au
précédent; petites paillettes jaunes, fondant à 190°, et facilement dédoublables.
» 7° Avec \?( picramide C*'H-(AzO-)-i 4 g OH, j'ai obtenu un seul composé d'addi-
tion avec le dérivé méthanique tétramélhylé; il ne se forme que très difficilement,
par une longue ébuUition, en solution alcoolique du mélange des composants. Pail-
lettes noir foncé très brillantes, fondant à 106°, correspondant à la formule
C«H^'(Az02)L,.6AzlP, CH2[G«H*-Az(CH3)-^]^
» J'ai essayé d'enlever après coup, à ces divers composés, i™*'' soit
de HCl, soit de H-0, soit de AzIP, en les chauffant avec une atnine ter-
tiaire, ou avec SO'H" entre 100° et 180", de manière à obtenir les dérivés
leucopolynitrés, mais je n'ai pu y parvenir. Toutefois, en chauffant le
composé n° 1 avec de l'acide nitrique concentré, j'ai obtenu un déga-
gement d'acide chlorhydrique; mais cette réaction est précétiée du dédou-
3^8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
blement du composé d'addition : le clilorbinitrobenzol est partiellement
détruit par oxydation et le dérivé méthanique est transformé en un corps
jaune cristallisé très soluhle dans l'acétone, fondant à 217° avec décom-
position : c'est l'hexanitrodiméthyldiamidodiphénvlméthane déjà décrit
par Romburgh (/oc. cit., p. 228*). »
PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — nechc.rches expérimentales sur la conser-
vation du potentiel ntusculaire clans une atmosphère d'anhydride carbo-
nique. Note de M. Lhotak de Lhota, présentée par M. Bouchard.
« Ayant fait dans le laboratoire de M. le professeur Mares, à l'Université
de Prague, une série d'exjîériences sur les modifications de la forme de
la contraction musculaire du gastrocnémien de la grenouille dans une
atmosphère d'anhydride carbonique, j'ai constaté que ces modifications
sont j)arfaitement analogues à celles qiu' sont produites par la fatigue du
muscle. Dans les deux cas, le raccourcissement se ralentit, et la courbe
myographique se trouve prolongée dans toutes ses parties. L'anhydride
carbonique ne détruit pas la fonction normale du muscle; il la modifie
seulement, et son action se manifeste surtout par une accélération du
processus de la fatigue.
)> J'ai mesuré et comparé, à l'aide de deux collecteurs de travail de
M. Fiek, la somme de travail accompli par deux muscles analogues de la
même grenouille, qui ont été excités simultanément par la même rupture
{\\i courant inducteur, jusqu'à la disparition complète de l'excitabilité;
j'ai constaté que le muscle plongé dans le gaz carbonique accomplit moins
de travail que le muscle analogue placé dans l'air et que l'action de Tanhy-
dride carbonique consiste dans l'empêchement rapide de l'activité muscu-
laire. En effet, l'expérience montre que le muscle travaillant dans le gaz
carbonique se répare plus vite et plus complètement que celui qui a été
fiitigué dans l'air; il conserve donc, en grande partie, son potentiel.
» Pour résumer les résultats de nos expériences, qui seront publiées en
détail autre part (' ), nous dirons que :
» i^ L'anhydride carbonique accélère la fatigue du muscle par arrêt du
dégagement de l'énergie;
» 2P Par suite de cet arrêt, le muscle ne peut pas s'épuiser; il y reste la
(') Journal de Physiologie et de Pathologie générales.
SÉANCE DU l8 AOUT 1902. ^/jg
provision d'énergie qui peut être dégagée après l'éloignement de l'anhy-
dride carbonique;
» 3" L'anhydride carbonique constitue un facteur favorable à la conser-
vation de la puissance musculaire.
)) Bien qu'obtenues par des moyens expérimentaux absolument diffé-
rents, nos recherches conduisent aux mêmes conclusions que celles que
M. Raphaël Dubois a tirées de ses travaux sur le mécanisme de la fatigue
et du sommeil par autonarcose carbonique. »
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Étude comparée des liquides organiques de la
sacculine et du crabe. Note de MM. Louis Bruntz et Jean Gautrelet,
transmise par M. Yves Delage.
« Des travaux antérieurs nous ont conduits à rechercher la nature du
produit excrété par la sacculine. L'étude comparée du liquide organique
de cette dernière et du sang de son hôte en a été la conséquence.
» Nous y avons dosé successivement et comparativement, ainsi que dans l'eau de
mer du bac qui les contenait, les chlorures, les phosphates et l'alcalinité.
» Étant donné que l'on ne peut se procurer que o*''"', 5 au plus de liquide par
sacculine, nous avons employé d'une manière générale la méthode de dosage sui-
vante : Dans un godet de porcelaine, il est mis 2V de centimètre cube du liquide à
analyser qu'on étend de quelques gouttes d'eau distillée et d'une trace du réactif
TV- . , ,. . , N N . ,
indicateur. Jusqua viraee on aioute la liqueur titrée — ou -^r- suivant les cas, au
^ o j 1 lo ao
moyen du compte-gouttes normal.
» Nous avons obtenu les résultats suivants :
^, , , , , l Eau de mer 35, 4o par litre
L-hlorures calcules \ ^ , „
^, .,, < Lrabe 00,00 »
en INaCI. 1 ^, ,. .,
[ sacculine.... 00,00 »
Phosphates en acide / Eau de mer o , 1 5o par litre
phosphorique. < Crabe o, i5o »
( Sacculine 0,1 5o »
mg _
Alcalinité exprimée 1 Eau de mer 28,6 par litre
en milligrammes < Crabe 66,6 »
de soude. f Sacculine 5i ,0 »
» L'analyse chimique nous conduit donc à trouver le même degré de salinité chez
35o ACADÉMIE DES SCIENCES.
le crabe et la sacculine; ce qui doit avoir lieu, étant donnée l'osmose continue entre
les deux individus, ainsi que M. Yves Delage (*) l'avait indiqué.
» L'acidité seule est plus grande chez la sacculine. N'est-ce pas une conséquence
de sa fixation?
» Nous avons, en effet, constaté, au moyen du sulfate de cuivre et de la réaction
d'UelTelmann, la présence chez elle d'une quantité très notable d'acide lactique.
» Quelle est la nature du produit excrété? Nous nous sommes convaincus, au moyen
du réactif de Nessler, de l'absence d'ammoniaque libre. Nous n'avons pas davantage
constaté la présence de produits xanthiques par les réactions de la murexide et de
Garrod.
» De même, absence d'alcaloïdes par les réactifs généraux ( Bouchardat, Acide
picrique, etc. ).
» L'acétate de cuivre à chaud ne nous a fourni aucun précipité : donc, pas de com-
posés carbopyridiques.
» Mais, par contre, le liquide de la sacculine, débarrassé des albuminoïdes, laisse per-
cevoir à l'ébullition une vive odeur de saumure; traité par la potasse à chaud, nous
avons constaté à l'odorat et au tournesol la présence d'ammoniaque. Nous en con-
cluons que le produit excrété est de la méthyiamine. »
BOTANIQUE FOSSILE. — Sur quelques pollens fossiles. Prothalles mâles. Tubes
polliniques, etc., du terrain houiller. Note de M. B. Rexault, présentée
par M. Albert Gaudry.
« Les grains de pollen conservés soit par des milieux organiques :
lignite, houille, boghead ; soit par des substances minérales : carbonate
de chaux, silice, etc., sont en nombre immense; ils datent des gisements
primaires; on les rencontre tantôt disséminés, tantôt encore en place,
dans des sacs polliniques ou à l'intérieur des chambres polliniques de
graines diverses.
» La figure i représente une coupe longitudinale passant parla chambre poUinique
d'une graine houillère à' Aetheotesta. a, surmontant le sac embryonnaire s. Elle con-
tient plusieurs grains de pollen que nous allons décrire à part, vus avec un grossis-
sement plus considérable.
» Sur la figure 2, on distingue un grain de pollen adhérent à la face interne de la
chambre pollinique d'un Stephanospermum ; les dimensions sont considérables : c'est
un ellipsoïde de révolution dont le grand axe mesure 36of^ environ et le peut 290!^.
(*) Évolution de la sacculine, p. 54o {Archives de Zoologie expérimentale,
2« série, t. II, 1895).
SÉANCE DU l8 AOUT 1902. 35 I
» Une particularité nouvelle, des plus intéressantes à signaler, c'est la présence, à
l'un des pôles du grain, d'une sorte de bourrelet c indiquant la base d'insertion d'un
tube poliinique; il est assurément étonnant que des restes d'un organe aussi délicat
aient pu être conservés jusqu'à nous; ce bourrelet correspond bien à la base d'attache
d'un tube poliinique ; cette interprétation est confirmée par la figure 3, qui montre
en TP un grain avant émis un tube d'une certaine longueur ('). Nous avons pu recon-
naître que le tube poliinique était en relation avec une grande cellule prismatique
axiale (^), communiquant elle-même avec les cellules qui l'environnaient.
» C'est la première fois que l'on signale, à létat fossile, des grains de pollen munis
de tubes polliniques. Le voisinage de ces grains et des archégones, dont le col débou-
chait tout près d'eux dans la chambre poliinique, semblait ne pas rendre nécessaire
la production d'un tube. Les grains de pollen des genres de graines Step/iano-
sperniuin, Aetheotesta, Polylophospermum, ont émis des tubes analogues.
» Tous ces pollens ont des dimensions considérables : celui àe?, Aetheotesta atteint,
suivant son T^\\i?, petit diamètre, 290!^; celui à&i Dolerophyllum, 33of^. Tous renferment
un prothalle mâle {fig. 2, 4, 5), dont on voit nettement les cellules à l'intérieur du
grain, soit en coupe {fig. 4)> soit par transparence {fig. 2, 5). Le prothalle remplit
l'intérieur du grain; les cloisons qui forment les compartiments sont simples; elles
seraient doubles si elles étaient produites par une membrane, latine, formant des
replis à l'intérieur du grain.
» Les pollens représentés par les figures 4 et 5 ont été pris dans la chambre polii-
nique delà figure i; ils sont dépourvus d'exine, ils se composent seulement de l'intine
et du prothalle mâle, qui s'est développé à l'intérieur; leur plus petit diamètre est de
227(^3 iZo^\ le diamètre intérieur du canal micropylaire {fig. i), par où s'est effectué
leur passage, n'est que de 170H-; il faut admettre, ou bien que les grains ont pris un
certain accroissement dans la chambre poliinique, ou que le prothalle, dépourvu
d'exine, a été suffisamment plastique pour pouvoir glisser dans ce canal dont le dia-
mètre était certainement plus petit que le sien.
» Cette dernière hypothèse semble confirmée par l'observation suivante :
» Les prothalles des figures 4 et 5 sont dépourvus d'exine ; les cloisons présentent des
amincissements qui, devenant des perforations, ont permis aux anthérozoïdes de se ré-
pandre dans la chambre poliinique ; les grains sont dépourvus de tubes. On peut se de-
mander ce qu'est devenue l'exine. L'examen des feuilles pollinifères des Dolerophyllum
peut jeter quelque lumière sur cette question. La figure 6 représente une loge à pollen
cylindrique, dirigée perpendiculairement au limbe d'une feuille de ces plantes aqua-
tiques renfermant des grains. L'exine est épaisse et coriace {fig. 7), mais un oper-
cule o, d {fig. 6), en se détachant, laissait une ouverture suffisante pour permettre au
prothalle mâle de s'échapper; on en rencontre quelques-uns disséminés au milieu des
grains. Dans cet état, ils pouvaient facilement pénétrer dans la chambre poliinique.
(*) Dans la séance du i3 juin 1901 de la Société d'Histoire naturelle d'Autun, nous
avons projeté les clichés reproduits par les figures de cette Note en fournissant toutes
les explications nécessaires.
(^) Bassin hou Hier d'Autun et d'Épinac, 1896, fig. 53, p. 275.
Fig. I.
Fig. 2.
»v••J^^■■/■.-::^
Chambre pollinique à'Aetheotesta. — Gr. : ■^.
Fig. 3.
Pollen de Stephanospermum.
Gr. : 1^.
Fig. 4.
TP, Grain de pollen avec son tube dans la
chambre pollinique d'une graine de Ste-
phanospermum. — Gr. : 2^0.
Pollen d'Aetheotesta en coupe transversale.
Gr. : -4^.
Fig. 5.
Pi'olhalles vus par l'extérieur. — Gr. ; ^^.
SÉANCE DU l8 AOUT I902.
353
Le pollen des Aetheotesta a dû se débarrasser de son exine d'une façon analogue,
mais elle nous est encore inconnue.
Fig. 6.
ig. 7.
Pollen de Dolerophylluni.
Gr. : -lA.
Gr.
» Conclusions : 1° Beaucoup de grains de pollen de répojue houillère
contenaient un prothalle mâle parfaitement net, dont les compartiments
renfermaient les cellules mères des anthérozoïdes : 2° ce prothalle pouvait
émettre un tube pollinique, comme chez les Stephanospermum, ou laisser
échapper les anthérozoïdes directement dans la chambre pollinique, comme
chez les Aetheotesta ; 3° dans le cas où le grain était trop volumineux pour
passera l'intérieur du canal micropylaire de la chambre pollinique, il se
dépouillait de son exine; le prothalle formé de cellules élastiques pénétrait
seul, et les perforations existant dans les parois des cellules {/ig. 5) per-
mettaient aux anthérozoïdes de se répandre dans la chambre pollinique, où
débouchait le col des archégones de l'ovule qui devaient être fécondées, m
G. R., 1902, 2^ Semestre. (T. CXXXV, N» 7.)
46
354 ACADÉMIE DES SCIENCES.
HYGIÈNE PUBLIQUE. — De l'influence de V écrèmage sur la répartition des
principaux éléments constitutifs du lait. Note de MM. F. Bordas et
SiG. DE Raczkowski, présentée par M. Brouardel.
« Afin de nous rendre compte de la façon dont se répartissent les divers
éléments du lait, et en particulier les phosphates et la lécithine, dans
l'opération de l'écrémage, nous avons soumis divers laits à l'action de
l'écrémeuse centrifuge alpha colibri. Le lait écrémé et la crème obtenus
ont été analysés, ainsi que l'échantillon sur lequel avait porté chaque
opération.
» Les résultats fournis par l'une d'elles ont été les suivants :
En grammes pour loo.
Lait type. Lait écrémé. Crème.
Extrait i5,/ii io,23 54, 20
Cendre 0,68 0,72 0,28
Matière grasse 5,86 0,09 5o,88
Lactose 4,96 5,28 2,38
Caséine 2,88 3,^4 i,i5
Acide phosphorique total 0,176 o,i84 0,096
Acide phosphorique organique. .. . o,oo44 o,ooi3 o,o252
en acide phosphogh'cérique. . . 0,0124 o,oo37 0,0691
en lécithine (F = 7,27) o,o58 0,018 o,334
» Les divers élénaents : extrait, cendre, matière grasse, lactose et caséine, ont été
dosés parles méthodes habituelles. L'acide phosphorique total a été précipité par le
molybdate d'ammoniaque, après incinération en présence de carbonate et d'azotate de
potasse, puis pesé à l'état de pyrophosphate de magnésie. Enfin le dosage de l'acide
phosphorique organique, duquel on déduit la proportion de lécithine, a été effectué
par la méthode que nous avons décrite dans une Note précédente (').
» Le volume du lait soumis à l'écrémage était de 3^,200 et ceux de lait écrémé et
de crème obtenus furent respectivement de 2', 800 et 0^,370.
» L'examen des chiffres analytiques montre que, en écrémant à 98
pour 100, nous avons enlevé, au lait sur lequel a porté notre expérience,
69 pour 100 de la lécithine qu'il contenait.
(^) Comptes rendus, t. CXXXIV, n° 26, 1902, p. 1592.
SÉANCE DU l8 AOUT 1902, 355
» Si l'on veut bien considérer que les lails consommés sont souvent
écrémés à 3o et même Zjo pour 100, on voit que, en même temps que la
matière grasse, on enlève, par cette pratique, de 20 à 3o pour 100 de
lécithine.
» Cette dernière constatation suffit à expliquer les chiffres si élevés de
décès par troubles gastro-intestinaux, que l'on constate dans les villes dont
les municipalités ont toléré la mise en vente de laits écrémés.
» Elle permet, en outre, d'expliquer le mécanisme des accidents si-
gnalés par différents médecins chez les enfants en bas âge nourris exclusi-
vement avec du lait slérilisé. >>
GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. — Sur la géographie physique de la Yaïla occi-
dentale {Crimée). Noie de M. E. Daniloff, transmise par M. de
Lapparent.
« Les montagnes Tauriques présentent un caractère qui les distingue
des chaînes proprement dites. Dans la partie la plus occidentale qui borde
la mer, entre le couvent de Saint-Georges et le cap Phoros, on reconnaît
l'existence de deux anticlinaux principaux à large courbure, qui font ap-
paraître les schistes du Jurassique moyen, à Balaclava et à Laspi, sous les
épais calcaires du Jurassique supérieur. Cette disposition se simplifie vers
l'est : sur une ligne tirée de Yalta à Kokkoz, la Yaïla est formée ])ar un
synclinal très évasé. Plus loin, la partie supérieure des montagnes, au nord
de Gourzouf etd'Alouchta, n'est formée que par un régime monoclinal des
couches du Jurassique supérieur, plongeant vers le nord.
)) I^a cause principale de la naissance de la Yaïla occidentale ne doit
donc pas être attribuée à des plissements, ainsi qu'ont voulu le voir cer-
tains auteurs (*); mais à la montée lente des couches vers le sud et sur-
tout au fait caractéristique du passage latéral, du nord au sud, des marno-
cnlcaires du Jurassique supérieur aux calcaires coralligènes résistants; ces
derniers seuls donnent lieu aux crêtes les plus élevées, sortes de plateaux
relatifs, à surface ondulée, taillée obliquement au plongement des couches.
» Le passage latéral est particulièrement visible au nord de la Babougan-
(^) LiSTOFF, Les données relatives à la tectonique des montagnes Tauriques.
Commun, prélimiji. {Matériaux pour la Géologie de la Russie, t. Xlil, p. 3-6-38-.
Saint-Pétersbourg; 1889.)
356 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Yaïla, au nord du monastère de Cosmo-Damian, etc.; il coïncide toujours
avec l'apparition des massifs élevés.
» On remarque aussi que la Yaïla est formée par des tronçons calcaires,
séparés par des cols, taillés dans les marno-calcaires. Cette disposition
s'explique par le passage latéral cité ci-dessus, mais qui s'exécute aussi dans
le sens longitudinal de la région montagneuse, soit de l'ouest à l'est. Ainsi
le Tchatir-Dag, sorte de plateau calcaire isolé, cesse à l'est et à l'ouest,
parce que les couches calcaires qui le forment se fondent dans les couches
calcaréo-vaseuses. Une seule exception nous est apparue, celle du col ou
selle de Gourzouf, qui est déterminé par un vrai synclinal transversal.
» Si les régions calcaires présentent l'aspect typique des pays karstiques
avec leurs nombreuses dolines et leurs petits bassins fermés, la partie
schisteuse est au contraire admirablement ravinée. La disposition mono-
clinaîe, de concert. avec l'effondrement de la partie sud, a déterminé la
dissymétrie très nette de la chaîne, qui s'abaisse lentement du sud vers le
nord, tandis qu'elle présente des parois souvent abruptes du côté de la
mer Noire. Il n'est donc pas surprenant de constater une activité d'érosion
plus grande sur le versant sud que sur le septentrional. Cette activité se
manifeste par des éboulements anciens et modernes de la paroi calcaire
du Jurassique supérieur, qui domine les schistes et les grès du Jurassique
moyen; d'autre pari, comme au-dessus du Darsan, sur Yalta, et au Megabi,
on constate de vrais écroulements sur place. De gigantesques éboulements
se préparent en plusieurs localités; l'un d'eux ne tardera pas à couvrir de
ses débris les territoires cultivés de Phoros.
» Une bonne partie des caps entre Phoros et Yalta sont formés par ces
écroulements; les dispositions arquées de la côte ne sont pas dues, ainsi
qu'on pourrait le supposer, à des fosses d'effondrement circulaires, sem-
blables à celles qui découpent les côtes de l'ouest de l'Italie, mais à l'avan-
cement des éboulements dans la mer.
w II y a donc un recul de la ligne de partage des eaux vers le nord et,
d'autre part, une lutte évidente entre les différents cirques torrentiels.
Des captures fraîches ne sont pas visibles, mais il en est qui se préparent et
qui méritent l'attention. Ainsi l'Aima supérieure est sur le point d'être
capturée par le Sofoun-Ouzen, tributaire supérieur de l'Oulou-Ouzen qui
s'écoule dans la mer Noire à Alouchta. Dans le versant nord, l'un des
tributaires supérieurs du Belbek sera un jour un affluent du torrent de
Rokkoz. »
SÉANCE DU l8 AOUT 1902. 3jy
M. André Poey adresse une Note relative à « l'électrolyse des sels mé-
talliques séjournant dans les tissus ».
(Commissaires : MM. Mascart, d'Arsonvai.)
M. Léon Siliiol adresse un travail portant pour titre : « Déviation de la
pesanteur sensible avec l'altitude seule )>.
La séance est levée à 3 heures trois quarts.
G. D.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 28 juin 1902.
Sur le calcul numérique des coefficients dans le développement de la fonction
perturbatrice, par M. O. Callandreau, Membre de l'Institut. (Exlr. du Journal de
V École Polytechnique, 2'' série, Cahier n° 7.) s. 1. n. d.; i fasc. in-4°. (Hommage de
l'Auteur.)
Etude scientifique sur le Linceul du Christ (^e M. Paul Vignon, par M. A.-L.
D0NNADIEU. {L' Université catholique, nouvelle série, t. XL, n° 6, année 1902, i5 juin,
p. 209.)
Bericht i'iber die Untersuchung der Gebeine Tycho Brahe's, erstattet v. D""
IIeinrich Matiegka, mit 2 Textfiguren. Prague, Fr. Rivnac, 1901 ; i fasc. in-S".
Bericht liber die astrologischen Studien des Beformators der beobachtenden
Astronomie Tycho Brahe. Weitere Beitràge zur bevorstehenden Sdcularfeier der
Erinnerung an sein vor 3oo Jahren erfolgtes Ableben, v. Prof. D'"F,-J. Studnicka.
Prague, 1901 ; i fasc. in-8°.
Bericht iiber die Sdcularfeier der Erinnerung an das vor 3oo Jahren erfolgte
Ableben des Beformators der beobachtenden Astronomie Tycho Brahe, welche die
kônigl. bôhmische Gesellschaft der Wissenschaften mit thatkràftiger Beihilfe des
Prdsidiums und des Bathes der kônigl. Hauptstadt Prag, am 2^ October rgoi,
veranstaltet hat. Prague, 1902; i fasc. in-8°.
Le rôle morphologique des yeux doubles chez les insectes, par le prof. D''E. Radl.
Prague, 1901 ; i fasc. in-S". (En serbe.)
Becherches morphologiques sur les pièces labiales des Hydrocores, par le D""
N. Léon. Jassy, 1901 ; i fasc, in-8°.
The Institution of mechanical Engineers. List of members, mardi 1902; articles
and by-laws, Londres, i vol. in-8°.
358 ACADÉMIE DES SCIENCES.
The Thompson Yates Laboratories Report, edited by Rubert Boyce and C.-S.
Shehrington, with illustrations and plates; vol. IV, part II, igo2. Londres, Longmans,
GreenetC'"'; i vol. in-4''.
Annuaire de l' Académie serbe pour 1900, t. XIV. Belgrade, 1901 ; i vol. in-ic?.
Académie serbe. Mémoires, fasc. 63-64. Belgrade, 1901-1902; 2 vol. in-8°.
Bulletin de la Société impériale des Naturalistes de Moscou, année 1902, n°« 1 et 2.
Moscou ; I fasc. in-8°.
Jahresbericht der kônigl.-bohmischen Gesellschaft der Wissenschaften, fiir das
Jahr 1901. Prague, 1902; i fasc. in-8°.
Sitzungsberichte der kÔnigl.-bôhmischen Gesellschaft der Wissenschaften,
Mathematisch-naturwissenschaftliche Classe, «901. Prague, 1902; i vol. in-8°.
Publicationendes astrophysikalischen Obserçatoriums zu Potsdam , herausgeg.
vom Director H.-C. Vogel; Bd. XII. Potsdam, 1902; i vol. in-4''.
Publications de l'Observatoire astronomique et physique de lachkent, n" .3 :
Étude sur la structure de VlJnivers, par W, Stratonoff, 2'' Partie; texte et atlas,
Tachkent, 1901 ; i vol. in-4'' 6t 1 fasc. in-4° oblong.
Ouvrages reçus dans la séance du 3o juin 1902.
La face de la Terre (Das ,\ntlitz der Erde), par Ed. Suess, Associé étranger de
l'Institut de France, traduit avec l'autorisation de l'auteur par Emmanuel de Margerie;
t. III, i''^ partie, avec 3 caries en couleur et 94 figures. Paris, Armand Colin, 1902;
I vol. in-8°. (Présenté par M. de Lapparent. Hommage de l'auteur et du traducteur.)
Association française pour l'avancement des Sciences. Compte rendu de la
3^ session, Ajaccio, 1901 : i'"'' partie : Documents officiels. Procès-verbaux ; Notes et
Mémoires. Paris, Masson et C'", 1901-1902; 2 vol. in-8°.
Le vingt-cinquième anniversaire de la locomotive Compound, 1877-1902, par A.
Mallet. Paris, L. Courtier, 1902; i fasc. in-12, (Hommage de l'auteur.)
Le dualisme dans l'infini, par Pierre Juillard. Valentigney, 1902; i feuille in-8''.
Le rythmique du combat du Cid contre les Mores : Le Cid de Pierre Corneille.
par Roger de Goeij. Paris, Fischbacher, s. d.; i fasc. in-8°.
Bulletin des séances de la Société des Sciences de Nancy et de la Réunion biolo-
gique de Nancy; série III, t. III, fasc. 1. Paris, Berger-Levrault et C'", 1902; i fasc.
in-8°.
Bulletin de la Société industrielle de Rouen; So" année, n° 1, janvier-février 1902.
Rouen, imp. J. Giriend etC'*^; i fasc. in-4°.
Reports on the results of dredging unter the supervision of Alexander Agassiz,
in the g ulf of Mexico (1877-1878), in the Caribbean 5^(2(1878-1879), and along the
Atlantic coast of the United States (1880), by the U. S. coastsurvey steamer h\si\<e\
XXXIX. Les Dromiacés et Oxystomes, par Alphonse Milne-Edwards etE.-L. Bouvier,
avec 25 planches. {Memoirs of the Muséum of comparative Zoôlogy, at Harvard
collège, vol. XXVII, n° 1.) Cambridge (Etats-Unis), 1902; i vol. in-4"'. (Hommage
de M. A. Agassiz.)
SÉANCE DU l8 AOUT 1902. Sag
The cariais in the Moon, by William-H. Pickering. (Extr, de The Century Maga-
zine de juin 1902.)
U. S. department oj Agriculture. Fielcl opérations of the division of soils, 1900;
second Report, by MitTON Whitney. Washington, 1901; x vol in-8° et 24 cartes dans
un carton in-8°.
Reichs-Marine-Amt. Bestinimung der Intensitdt der Schwerkraft auf zwanzig
Stationen an der westafricanischen Kiïste von Rio del Rey {Kamerun-Gebiet) bis
Kapstadt, ausgefuhrt im Auftrage des Reichs-Marine-Amtes : von M. Loesch. Berlin,
1902; I fasc. in-4°.
Magnetische und meteorologische Beobachtungen an der k. k. Sternwarte zu
Prag ini Jahre 190 1, auf ôffentliche Kosten herausgegeb. v. Prof. D"" L. Weinek;
62. Jalirgang. Prague, 1902; i fasc. in-4°.
Laboratorio quiniico central de Guatemala. Observaciones meteorologicas
correspondientes al ano de 1901. Guatemala, 1902; i fasc. in-8°.
American chemical Journal, edited by Ira Remsen. Vol. XXVI, n°^4-6; vol. XXVII,
n»^ 1-3. Baltimore, 1901-1902; 6 fasc. in-S".
Technology quarterly and proceedings of the Society of Arts, vol. XV, n° 1.
Boston, 1902; I fasc. in-S".
American Journal of Mathematics, edited by Frank Morley; vol. XXIV, number 1.
Baltimore, 1902; j fasc. in-4°.
Almanach de l' Académie des Sciences tchèque, t. XIÏ. Prague, 1902; i vol. in-12.
Bulletin de l' Académie des Sciences tchèque; vol. X, n"* 1-9. Prague, 1901-1902;
9 fasc. in-8°.
Mémoires de l'Académie des Sciences tchèque; Classe II : Mathématiques et Phy-
sique; vol. X, X901. Prague, 1901; i vol. in-4''.
Académie des Sciences de l'Empereur François-Joseph F'' . Bulletin international.
Résumé des travaux présentés. Médecine. 6" année, 1901. Prague, 1901; i fasc. in-4°.
Ouvrages reçus dans la séance du 7 juillet 1902.
Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences de l'Institut
de France et imprimés par son ordre; t. XXXII, 2" série. Paris, Imprimerie nationale,
J902; I vol. in-4°.
L'Institut, les cinq Académies et l'Académie de Médecine : Législation et Juris-
prudence, par Abel Flourens, Conseiller d'Etat. Paris, Paul Dupont, 1902; i fasc.
in-S".
Recherches sur l'électricité atmosphérique, i" Mémoire : Introduction historique
et bibliographique à V étude de l'électricité atmosphérique ; 2^ Mémoire : Étude de
la variation diurne de l'électricité atmosphérique ; par M. A.-B. Chauveau. Paris
Gauthier-Villars, 1902; 2 fasc. in-4''. (Hommage de l'Auteur.)
L'origine des phosphates de chaux de la Somme, par Henri Lasne. Paris, E.
Bernard et C'*, 1900; i fasc. in- 4°. (Hommage de TAuteur.)
La question des fêtes, par C.-C. Caldekon. Paris, L. Wehrel, 1902; i fasc. in-12.
36o ACADÉMIE DES SCIENCES.
Annales médico-psychologiques, journal destiné à recueillir tous les documents
relatifs à l'aliénation mentale, aux névroses et à la médecine légale des aliénés, 8« série,
t. LX, n°l. Paris, Masson et C'^, 1902; i fasc. in-8°.
The norwegian North Polar Expédition, iSgS-iSgG : Scientijîc resiilis, edited
by Fridtjof Nansen; Vol. TII. Christiania, Londres, Leipzig, 1902; i vol. in-4°.
The laws of nature, by S. -P. Langley. (Extr. de Science, n. s., vol. XV, n° 389,
p. 921-927, i3 juin 1902.) I fasc. in-8°.
Interpretacion dinàmica de lo division celular, por Angel Gallabdo. Buenos-Ayres,
1902 ; I fasc. in-4*^-
El doctor Carlos Berg, apuntes biogràficos, por Angel Gallardo. Buenos-Ayres,
1902; I fasc. in-S".
Magnetismo universal, por JosÈ Gallegos. Guatemala, 1902; ) fasc. in-8°.
Western Australia and ils resources; printed under instructions from Minister of
Lands, Perlh, s. d.; i vol. in-12.
The land selectors guide to the crown lands of Western Australia, issued by
direction of ihe lion. Charles Sommers, Minister for Lands. Perth, 1901 ; i vol. in-12.
Rechenschafts-Bericht ïiber die Thdtigkeit der Gesellschaft zur Fôrderung
deutscher Wissenschaft, Kunst und Litteratur in Bôhnien ini Jahre 1901, erstattet
in der Vollversammlung arn 7. Màrz 1902. Prague; i fasc. in-8°.
Western Australia. Department of Lands and Surveys. Report by the under
Secretary for Lands, for the year 1900; n° 19. Report by the Surveyeor gênerai,
for the year 1900; n" 20. Perth. 1901 ; 2 fasc. in-4''.
Revue météorologique. Travaux du réseau météorologique du sud-ouest de la
Russie, année 1900; 2* série, vol. V, par A. Klossovsky. Odessa, rgoi ; i fasc. in-/i".
Annales de l'Observatoire magnétique et météorologique de l' Université impé-
riale à Odessa, par A. Klossovsky, 7" année, 1900. Odessa, 1901 ; i vol. in-4°.
Royal meteorological Inslitule of the Netherlands. Comparison of the instruments
for absolute magnetic measurements at différent observatories, by Van Rijckevorsel.
Amsterdam, 1902; i fasc. in-4°.
El Instructor, publicacion mensual cientifica, literaria y de filologia. Director :
D"" Jésus Diaz de Léon; ano XIX, nùm. 1, 2. Aguascalientes, 1902; 2 fasc. in-4''.
Censo y division territorial del Estado de Mexico, verificados en 1900. Mexico,
1901 ; I vol. in-4°.
Anuario estadistico de la Republica mexicana, 1900; ano VIII, num. 8. Mexico,
1901 ; I vol. in-4°.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 2S AOUT 1902.
PRÉSIDENCE DE M. BOUQUET DE LA GRYE.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Présidext annonce à l'Académie que le Tome CXXXIIl des
Comptes rendus (2^ semestre de l'année 1901) est en distribution au Secré-
tariat.
PHYSIQUE DU GLOBE. — Variations solaires et météorologiques à courte
vériode. Note de Sir ]\or3ia\ Lockyer et William Lockyer.
« 1. Poursuivant les recherches dont il a été question dans un précédent
Mémoire, relatives à l'activité solaire en rapport avec la pluie dans l'Inde,
nous nous sommes décidés à examiner principalement les variations de la
pression sur l'aire indienne \Variatwns de la température et de la pluie
dans les régions qui entourent l'océan Indien (Proc. Roy. Soc, t. LXVII,
p. 409)].
)) On sait que, dans l'Inde, les basses pressions dominent en été (avril
à septembre) et les hautes pressions en hiver (octobre à mars). Ces der-
nières présentent des variations très remarquables et bien définies, avec
un maximum qui revient en moyenne tous les 3 ans et demi, maximum
suivi, dans les 6 mois qui viennent ensuite, par des pressions moins basses
que de coutume. Donc, tous les 3 ans et demi environ, la haute pression
s'élève et la basse pression est moins basse.
)) 2. Cette variation à courte période ressort, non seulement de la
moyenne des pressions de l'Inde entière, mais aussi de la moyenne des
observations de chaque station prise individuellement, telle que Calcutta,
Madras, Nagpur, Bombay, etc. (voir ci-après la courbe de celte dernière
station).
C. H., 1902, 2" Semestre. (T. CXXXV, N° 8.) 47
362 ACADÉMIE DES SCIENCES.
)) 3. L'opinion que la variation de la pression, sur l'Inde et le voisinage,
n'est pas due à des causes locales, mais à une action extra-terrestre, se
fortifie lorsqu'on examine la courbe de la pression d'une station très
éloignée, telle que Cordoba.
» En comparant les courbes des pressions élevées d'avril en septembre
enregistrées à Cordoba (^fig- 2, courbes F et E) et qui représentent les
moyennes de chaque année, avec les courbes qui donnent les [pressions
pour les mêmes époques obtenues à Bombay et dans l'Inde en général,
nous constatons que ces courbes sont exactement inverses.
)) Donc, la même cause qui détermine l'élévation de la valeur moyenne
des mois à basse pression dans l'aire indienne détermine l'abaissement de
la valeur moyenne des mois à pression élevée à Cordoba. Nous sommes
en présence d'une balance.
» 4. D'autres recherches indiquent non seulement que les différentes
régions indiennes présentent des variations annuelles de pression, très
similaires, mais que d'autres aires très étendues se trouvent dans le
même cas.
)) Ainsi, il a été constaté que les pressions moyennes annuelles de
Bruxelles, Brème, Oxford, Valence et Aberdeen, les seules qu'on ait exa-
minées jusqu'à présent, présentent des variations annuelles remarquable-
ment similaires; on se tromperait peu en disant que les variations de la
pression moyenne de toutes ces stations pourraient être représentées
approximativement par une seule courbe.
» L'hypothèse d'une origine extra-terrestre de ces variations à courte
période nous a induits à examiner attentivement les courbes des phéno-
mènes en rapport avec les taches solaires et les protubérances, afin d'y
découvrir, si possible, des variations analogues de l'activité solaire.
)) 5. Nous avons commencé par la réduction des observations des pro-
tubérances du limbe solaire, faites en Italie depuis 1871.
)) Il ressort de cette recherche préliminaire que, en outre des époques
moyennes des maxima et minima protubérantiels coïncidant, quant au
temps, avec les maxima et minima des époques de taches solaires, il existe
des maxima et minima protubérantiels subsidiaires, qui ont une période
similaire i^fig, i, courbe E).
» 6. Quoique ces poussées subsidiaires protubérantielles ne soient pas
distinctement visibles dans la courbe qui représente l'aire tachetée de la
surface solaire, il est à remarquer que des poussées correspondantes sont
indiquées dans les courbes qui représentent les variations de latitude
SÉANCE DU 25 AOUT 1902. 363
annuelles de l'aire [tachetée ; en tout cas, un accroissement de l'activité
protubérantielle correspond à l'abaissement de la latitude de l'aire ta-
chetée {Jig. ï, courbes C et D).
» 7. En comparant ces données solaires avec celles qui concernent les
pressions terrestres mentionnées ci-dessus, on est conduit à penser que les
éruptions de protubérances, coïncidant avec les variations de latitude'que
les taches présentent tous les 3 ans et demi environ, sont la cause véritable
TacTies .solaLr&r
Craise^nentr t^ Ta.-
+ 20.
Latitude mayeruie ^
tachjss sx>lizires -to.
Zatitude de, L aire-
Nombre, des
protuAdroTbcej-
Pression- cl^ Bonibay
( OcS.-Mam- )
PrAFsion. à- Bombay
(Aoril -SeptJ
Pr'e.ssîon, nurtfcrjjie,
txnnualie
à- jBonibciJ/
Phixe, moyenne,'
a^uiiceZZA
à' ^If cuiras.
Pluxeà^ 12 stations
de- Cc^lon.,
(Sept,. - Dde J
PUii£ à,-^Ialabar
et tr Chats.
(JUcti - Octobra.)
aso
830
sio
39.790
Fig.
^
L^V-
se 4
Jlro
120
100.
PressujrhOL Bfmtboj/
(ATiril^Sipt )
EcÂeZle- interuertie.
19 7000
100
too
CoJ.
Pressùjn à CffrdobCL,
(Avril-Scpt. )
V^
^^
l|.i<> I
i i \ i'
des variations de la pression, et que la variation de l'activité solaire dans
la période solaire de 11 ans agit sur la pression et sur la circulation de
notre atmosphère et nous affecte par conséquent météorologiquement.
» 8. Du fait que les époques de ces variations subsidiaires de la pression
correspondent exactement avec celles de la fréquence protubérantielle,
ne doit-on pas conclure, non seulement que les deux phénomènes sont
très connexes, mais aussi que la pression terrestre répond rapidement aux
variations solaires en général, puisqu'il semble résulter déjà des recherches
364 ACADÉMIE DES SCIENCES.
faites jusqu'ici que les chutes de pluie et de neige en sont les effets
subséquents (\o\r ^g. i, courbes A, B, C, D).
» 9. Il est à remarquer que nous avons déjà obtenu des preuves indi-
quant que cette variation à courte période n'est pas seule à agir, mais que
les périodes de 1 1 ans et de 35 ans influencent apparemment les variations
à courte période.
» Mais ceci même n'explique pas certaines anomalies que nous avons
rencontrées; si l'origine solaire de ces variations à courte période de la
})ression était confirmée, il faudrait néanmoins expliquer les raisons pour
lesquelles certaines de ces variations ne sont pas constantes pour toutes
les localités; nous arriverions peut-être, dans cette voie, à des connais-
sances nouvelles sur la circulation atmosphérique.
» 10. L'époque que ces recherches embrassent commence avec l'établis-
sement des observations régulières de X Indian jneteorological Department en
1875 et va jusqu'à iSgS, époque où la régularité du phénomène de la ligne
élargie fut interrompue, comme nous l'avons indiqué dans une précédente
Communication.
» En continuant ces recherches, nous avons pointillé le pourcentage de
fréquence des protubérances, déduite des observations italiennes pour
chaque intervalle de 10° de latitude solaire au nord et au sud de l'équateur.
)) Nous avons constaté que les époques de la perturbation protubéran-
tielle maxima dans les latitudes élevées diffèrent grandement des époques
près de l'équateur. Ces dernières sont associées de près aux époques du
maximum de fréquence des taches; les premières, aussi bien au nord qu'au
sud, se produisent à des temps intermédiaires.
)) Ainsi, il existe deux séries d'éruptions protubérantieîles bien mar-
quées, se produisant à intervalles de 3 à 4 ans. Les deux séries sont exac-
tement représentées dans les courbes de la pression dans l'Inde. »
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — La relation entre les protubérances solaires
et le magnétisme terrestre. Note de Sir Norman Lockyer.
« Nous nous sommes récemment occupés,^ à l'Observatoire de Physique
solaire, à élutlier la belle série d'observations foiles, depuis 1871, par les
astronomes italiens Tacchini, Rïccô et autres.
» Dernièrement, j'ai fait la comparaison de la fréquence des protubé-
SÉANCE DU 25 AOUT 1902. 365
rances visibles dans chaque latitude solaire avec la fréquence de la plus
grande intensité des orages magnétiques et la courbe générale de l'activité
magnétique.
» Le résultat indique : 1° que les époques des orages classés great par
Ellis et de la plus grande activité chromosphérique près des pôles du Soleil
sont identiques; ^° que la courbe générale d'activité magnétique ter-
restre est à peu près la même que celle des protubérances observées /7re^
de l'èqualeur solaire. »
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Étude théorique de la résistance à la compression
du béton fretté. Note de M. Considère.
« Les expériences dont il a été rendu compte dans ma Communication
du 18 août avant prouvé que le béton armé possède, au point de vue de
la tension, des propriétés que l'étude du béton non armé ne pouvait pas
faire soupçonner, il était naturel de rechercher s'il en est de même du
béton soumis à la compression et s'il est possible d'en tirer parti dans les
constructions.
)) Le béton comprimé s'écrasant toujours avec gonflement latéral, les
armatures longitudinales ne peuvent qu'ajouter leur résistance à la sienne
sans modifier celle-ci. Dès 1892, MM. Koehnen et Wayss ont exprimé
l'avis que des armatures droites ou circulaires, qu'on placerait dans des
plans perpendiculaires à la pression et suffisamment rapprochés les uns
des autres, augmenteraient la résistance propre du béton. Depuis, M. Harel
de la Noë a donné l'explication scientifique du rôle des armatures trans-
versales et rectilignes.
)) Les considérations développées plus loin m'ont conduit à penser qu'on
obtiendrait le maximum d'effet utile en frettant le béton au moyen de fils
ou de barres d'acier enroulés en spires hélicoïdales dans les membrures
comprimées, à la distance de leur surface qui serait nécessaire pour les
protéger contre la rouille. Des expériences préliminaires ont prouvé que le
métal ainsi employé produit un effet utile sensiblement double de celui
que donnent les armatures transversales rectilignes. Eu conséquence, on
ne s'occupera ici que du béton fretté.
)) La résistance des corps solides est produite par deux causes distinctes :
la cohésion et le frottement intermoléculaire.
366 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» On admet que le frottement intefmoléculaire est soumis aux mêmes
lois que le frottement à la surface des corps et que son intensité est dans
le même rapport avec la pression normale. Cette hypothèse une fois
admise, il est facile de calculer la résistance que le frettage produit en
augmentant le frottement.
» Il est possible que le frettage, en accroissant la densité, augmente
aussi les effets de la cohésion qui dépendent des variations de distance des
molécules entre elles. Mais ce supplément de résistance est incertain et,
en tout cas, de valeur inconnue, et il semble que la méthode de recherche
la plus sûre est la suivante : mesurer la résistance réelle de prismes frettés ;
calculer la résistance que le frettage leur donne par son action sur le
frottement intermoléculaire; examiner comment la différence qui est attri-
buée à la résistance propre du béton cadre avec ce qu'on sait par ailleurs
de celle-ci.
» Le supplément de résistance que le frettage d'une pièce de béton pro-
duit en agissant sur le frottement intermoléculaire est, d'après l'hypothèse
faite plus haut, égal à la résistance totale que le même frettage donnerait
à une pièce de dimensions identiques qui serait formée d'un sable sans
cohésion ayant même angle de frottement /"et même coefficient de gonfle-
ment latéral g. Or cette résistance est facile à calculer au moyen d'une
formule connue de la théorie de la poussée des terres sans cohésion.
M Si P représente la pression par centimètre carré qu'on exerce sur la
base supérieure d'un cylindre vertical formé d'une matière sans cohésion
dont l'angle de frottement est égal à/, et dont le poids est négligeable en
regard des pressions extérieures, on sait que, pour empêcher l'écrasement,
il faut appliquer sur la surface latérale une pression par centimètre carré ^ ,
K étant égal à y
tanff^Z
2
» Cette formule permet de calculer facilement reffet du frettage sur un
tel cylindre. Soit, en effet, s l'aire de chacune des deux sections symé-
triques qu'un plan méridien fait dans le frettage, la pression par unité de
surface de contact, que le frettag^e exercera sur le sable, sera égale à A
pour chaque unité de tension du métal, r et h étant le rayon de base et
la hauteur du cylindre.
)) De la formule rappelée plus haut il résulte que la base supérieure
SÉANCE DU 25 AOUT T902, 367
du cylindre pourra porter -^ par unité de surface et — - — pour la surface
Trr* de la base.
» Le volume du métal dont les frettes sont formées étant ir.rs, le rap-
port U, de la résistance que le frettage donne au sable, au volume du métal
employé est égal a -y
» Il est évident que le rapport correspondant U' a la valeur 7, = j
dans les armatures longitudinales qui supportent directement la pression,
telles qu'on les emploie couramment dans les constructions armées.
» On a donc ^yy ^^ — et l'expérience a donné, pour les bétons expéri-
mentés, R = 4>8. Il en résulte que la résistance communiquée au sable par
les frettes est 2,4 fois plus grande que la résistance propre d armatures longi-
tudinales de même poids lorsque la tension des premières est égale à la pression
des secondes.
» 2,4 est donc aussi le rapport des résistances à l'écrasement que don-
nent, à poids égal, les deux types d'armatures en question, car l'écrase-
ment se produit dans les pièces frettées comme dans celles qui ont des
armatures longitudinales, lorsqu'est atteinte la limite d'élasticité du fer ou
de l'acier, qui est sensiblement la même dans la tension et dans la com-
pression.
» L'écrasement n'est pas le seul danger dont on doive se préoccuper
pour les pièces comprimées, car elles peuvent aussi périr par flambe-
ment, et leur résistance, à ce point de vue, est proportionnelle à leur
coefficient d'élasticité, c'est-à-dire au quotient de la pression unitaire
qu'elles supportent par le raccourcissement qu'elles éprouvent. Or ^repré-
sentant le rapport du gonflement transversai au raccourcissement longi-
tudinal, les frettes ne s'allongent que de gi lorsque les armatures longitu-
dinales se raccourcissent de i. Les tensions des unes et les pressions des
autres sont donc proportionnelles à ces déformations gi et i et, par suite,
les résistances à la compression données au cylindre par les frettes et par
les armatures longitudinales, pour un même raccourcissement, sont pro-
K K
portionnelles à gi et i, c'est-à-dire à g— et i.
» Il n'a pas été fait d'expériences exactes pour déterminer la valeur
àe g pour le béton fretté. On a trouvé o,4o pour le béton non fretté, et les
368 ACADÉMIE DES SCIENCES.
chiffres relatifs aux substances les plus comparables varient de o,35 à o,4o-
» On admettra la moyenne 0,3^5 et l'on trouvera aiasi pour ^ — la valeur
0,375 X 2,4 = 0,90.
» On peut donc définir ainsi les effets du métal qui frette un cylindre
sans cohésion :
» Pour un raccourcissement du cylindre de valeur donnée, le métal des
frettes subit une déformation et, par suite, une fatigue qui ne sont que
les -f^ de celles qu éprouveraient des armatures longitudinales associées au
raccourcissement du cylindre. L'effet utile du travail du métal des frettes étant
multiplié par 2,4 en raison de leur mode d'action, la résistance qu elles
donnent au cylindre est les j~ de celle que produiraient des armatures longi-
tudinales de même poids subissant le même raccourcissement que le prisme
frette.
» Au moment où le dépassement de la limite d'élasticité dans les armatures
longitudinales produirait l'écrasement du cylindre, le métal des frettes ne
travaillerait qu'aux j^ de cette limite et, par suite, l'écrasement du béton
frette serait encore fort loin de se produire.
» Du sable sans cohésion il faut passer au béton et, pour qu'à la résis-
tance donnée au premier par le frottement on puisse légitimement ajouter
la résistance propre du second, il faut que celle-ci ne soit pas détruite par
les déformations importantes sans lesquelles le métal des frettes ne saurait
se mettre en forte tension. La remarquable ductilité donnée au béton tendu
par les armatures permettait d'espérer par analogie qu'il en serait ainsi.
L'observation des résultats d'un accident tend à le confirmer et a conduit à
entreprendre les expériences qui en ont fourni la preuve et dont il sera
rendu compte dans une prochaine Communication.
)) On avait formé une balise du département du Finistère, celle de Gorlé-
bian, d'un tube métallique de 19*^™ de diamètre rempli de pâte de ciment
pur. Les vagues l'avaient ployée suivant un rayon de 55*^™ mesuré sur l'axe.
On en a détaché un tronçon dans la plus grande courbure, et l'on a constaté
que le ciment, qui avait subi de si énormes déformations, n'était traversé,
dans la partie comprimée, que de rares fissures et avait conservé une très
grande résistance. Cet échanldloii a été présenté à l'Académie. )>
SÉANCE DU 2.5 AOUT 1902. 869
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, 1' « Atlas bathymétrique et lithologique des côtes de
France, par M. /. Thoulet. »
CHIMIE AGRICOLE . — Sur des procédés de concentration de liquides alimentaires,
et particulièrement du vin. Note de M. F. Garrigou.
« Sollicité, en 1872, de m'occuper de la question de la nourriture et
des boissons concentrées pour l'armée en campagne, j'entrepris, cette
même année, mes premières recherches sur ce sujet; bientôt après, M. le
professeur Forthorame, de Nancy, fit construire dans cette ville, sur mes
indications, mes petits appareils pour la concentration et la stérilisation
des divers liquides (vin, lait, cidre, café, infusions végétales diverses,
bouillon, etc.) dans le vide, à chaud. C'est la solution du problème relatif
à la concentration du vin, en particulier, que je soumets aujourd'hui à
l'Académie.
» Concentration et stérilisation du vin. — i^ Méthode par le glaçage.
— L'enlèvement de l'eau du vin par le glaçage a deux obstacles à sur-
monter : d'abord le coût élevé des opérations successives, puis la perte
d'une petite quantité d'alcool et de la couleur rouge. Cependant, avec
certaines précautions qu'il serait trop long d'exposer ici, j'ai pu conserver
la couleur rouge et éviter la perte d'alcool, en même temps que j'enlève
la quantité d'eau voulue.
)) qP Évaporalion à chaud dans le vide. — Cette méthode, appliquée
d'une manière rationnelle et scientifique, m'a donné, dès 1875, des résul-
tats absolument inattendus. A plus forte raison me donne-t-elle mainte-
nant, avec des appareils perfectionnés (*) et d'un prix relativement peu
élevé, des produits remarquables par leur pureté, par leurs qualités
hygiéniques et par le peu de dépense qu'ils exigent (o*^'",4o environ par
hectolitre de vin traité et, bientôt, mieux encore).
( * ) Brevet de mai 1 889 ; deuxième brevet, de décembre 1 898 ; troisième et quatrième
brevets, de décembre 1900; cinquième et sixième brevets, plus récents encore.
G. R., 1902, 2' Semestre. (T. CXXXV, N* 8.) 48
370 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Avec mes nouveaux moyens de distillation, que je me propose de
décrire prochainement, une équipe de quatre hommes peut mettre en
marche, surveiller, arrêter instantanément si c'est nécessaire, une batterie
de plusieurs appareils fort simples, permettant de traiter plusieurs centaines
d'hectolitres de vin par jour, et d'obtenir de l'alcool éthylique pouvant
être considéré comme pur, avec le bouquet de vin.
» Les résultats obtenus avec les appareils datant de l'année 1900 méri-
tent d'être signalés dans l'ordre dans lequel ils se présentent :
» 1° Départ du bouquet vers So*' (dans le vide) avec de l'alcool éthy-
lique; 2° départ de l'alcool éthylique presque pur, vers 35*^ environ;
3** arrivée de petites quantités d'alcools supérieurs, avec l'alcool éthylique,
vers 40"; 4*^ alcools supérieurs, avec mauvais goût; 5" produits nauséeux;
6*^ eau (elle accompagne en plus ou moins grande quantité les produits
précédents; elle arrive avec un goût légèrement vineux et est acide;
abandonnée à l'air, elle permet le développement de produits organisés
que je me propose de décrire prochainement); j° acide acétique (il en
passe de petites quantités avec tous les produits de la distillation); 8" il
reste dans l'appareil évaporateur une vinasse d'un beau brillant, d'un
rouge vineux remarquablement vif et beau par son intensité, absolument
pasteurisée et complètement dépourvue de goût de cuit, si l'opération a été
bien conduite.
)) La concentration à ^5 pour 100 est bien suffisante pour le grand
commerce des vins.
» Les vins concentrés que j'ai produits, et dont je possède des échantillons datant
de 22 ans, dans un état parfait de conservation, ont été dégustés : en 1889, par MM. les
intendants généraux Viguié et Rossignol, qui les ont trouvés irréprochables; en 1890
(au Congrès de Narbonne), par des dégustateurs de cette ville, qui les ont trouvés
« exquis » (Volume du Congrès, pages 4o3 ci. 4o4); de 1890 à 1902, par de nom-
breux dégustateurs (ingénieurs, propriétaires, professeurs d'œnologie et d'agriculture,
médecins, pharmaciens, dégustateurs de profession, etc.), qui les ont trouvés
remarquables; en 1902, par plusieurs autres dégustateurs, par plusieurs de mes
collègues de l'Académie des Sciences de Toulouse, par plusieurs médecins mili-
taires (') venus ad hoc dans mon laboratoire, et qui ont donné une ajjprobation
(') M. le D"" Linon, médecin en chef de l'Hôpital militaire de Toulouse, un
Cahursien, a reconnu, sans être prévenu de son origine, un vin de Cahors, concentré
à 25 pour 100, depuis 18 ans, et conservé depuis celte époque dans une bouteille
en vidange, sans la moindre altération.
M. le D'" de Santi, médecin-major de i'^ classe, a assisté à ia concentration d'un
SÉANCE DU 25 AOUT I902. 871
complète à la finesse et au bon goût de ces produits ; enfin, par M. le D"" Geschwind,
directeur du service de santé du 17^ corps d'armée, qui, après avoir vu fonctionner
mes appareils et goûté les produits, n'a pu s'empêcher de dire sa pensée et son
opinion, en prenant le fauteuil de la présidence de la Société de Géographie de
Toulouse, que j'avais l'honneur de lui céder (^).
» Je n'ai d'ailleurs jamais hésité à montrer mes procédés, mes appareils,
et à faire déguster les produits de la concentration, à tous ceux qui me
l'ont demandé.
» J'ai traité dans mes appareils un grand nombre de vins rouges et
blancs, vins analysés comparativement avant et après la concentration.
» Je me propose de donner, dans une Note ultérieure, les analyses
comparatives des vins traités, avec quelques détails sur la concentration
et la pasteurisation des liquides alimentaires.
» Nota. MM. Baudoin et Schribaux se sont également occupés de la concentration
du vin {Comptes rendus, séance du 28 juillet 1902). »
HYGIÈNE PUBLIQUE. — De la traite mécanique, dans V industrie laitière.
Note de MM. F. Bordas et Sic. de Raczkowski, présentée par
M. Brouardel.
« La traite mécanique des vaches offre une réelle sécurité au point de
vue de l'introduction accidentelle, dans le lait, de germes pathogènes.
» Les expériences que nous avons faites, grâce à l'obligeance de M. V. Hugot, à
Jersey Farm, ont consisté dans l'ensemencement, avec une pipette stérilisée, d'une
goutte de lait (représentant j\^ de centimètre cube) dans lo*^""' de gélose lactosée,
versée dans une plaque de Pétri, et dans la numération des colonies qui se sont
développées après ro jours sur ce milieu solide.
vin qu'il m'avait apporté, puis à sa reconstitution, et il a trouvé le dernier au moins
aussi bon que le vin type.
(*) Voici comment s'est exprimé M. le D'" Geschwind {Bulletin de la Société de
Géographie de Toulouse, 1902) : « Notre gratitude doit tout d'abord s'adresser à
notre cher Président, le D'' Garrigou. Nous devons lui savoir d'autant plus gré de
son infatigable coopération à la prospérité de la Société, qu'il est déjà absorbé par les
exigences de son enseignement à la Faculté de Médecine... et enfin par la grande
œuvre qu'il poursuit depuis 3o ans : cette concentration du vin, à laquelle restera
attaché son nom, cette œuvre dont la réalisation pratique sera un immense bienfait,
autant pour nos explorateurs, de l'équateur comme du pôle, que pour nos soldats en
campagne et nos marins en croisière. »
372 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Les prélèvements ont été effectués :
» I. Dans le jet au sortir du pis convenablement aseptisé.
» II. Dans la masse du lait trait sans précautions antiseptiques.
a. Traite à la main.
b. Traite à la mécanique.
» III. Dans la masse du lait trait en prenant toutes les précautions convenables
d'asepsie des mains, du pis, et après stérilisation à la vapeur des récipients.
a. Traite à la main.
b. Traite à la mécanique.
» Les ensemencements ont été faits aussitôt après la traite.
» Les numérations ont donné les résultats suivants :
» I. Dans le jet du pis aseptisé 1700 colonies au centimètre cube.
» II. Sans précautions antiseptiques :
Traite à la main 4 600 colonies au centimètre cube.
Traite à la mécanique 4o2 00o » »
» III. Avec précautions antiseptiques :
Traite à la main 49^0 colonies au centimètre cube.
Traite à la mécanique 520oo » »
» Nous avons de plus titré l'acidité des deux échantillons de lait traits par les deux
modes différents.
» Cette acidité, exprimée pour 10'^'"' de lait en centimètres cubes de potasse nor-
male décime, était respectivement :
Traite
à la main. à la mécanique,
cm' cm'
Au moment de la traite i,4 1,4
24 heures après la traite 2,1 6,4
36 heures après la traite 3,9 9,2
» Après 36 heures, le lait trait à la mécanique était caillé, tandis que celui à la main
ne l'était pas.
» Ces constatations nous permettent de coaclure qu'il faut c[ae tous les
accessoires (tuyaux, robinets, etc.) composant les appareils puissent se
nettoyer et se stériliser facilement, pour que l'opération de la traite mé-
canique fournisse des résultats satisfaisants.
» Sans cette condition expresse on risque d'obtenir un lait privé, il
est vrai, de germes pathogènes introduits accidentellement soit par les
mains du vacher, soit par toute autre cause, mais par contre abondam-
ment pourvu de ferments lactiques et autres, qui diminuent, dans une
forte proporlion, la durée de conservation du lait. »
SÉANCE DU 25 AOUT 1902. '^73
HISTOLOGIE. — Structure des corps suprarénaux des Plagias tomes.
Note de M. E. Grynfeltt, présentée par M. Alfred Giard.
« Les corps suprarénaux des Plagiostomes sont formés par une masse
épithéliale entourée d'une mince capsule et traversée seulement par des
capillaires sanguins et par des fibres nerveuses terminales. Chez vingt-
quatre espèces de Squales ou de Raies que j'ai examinées, j'ai toujours
trouvé la même structure fondamentale.
» Les dissociations ne permettent pas de diviser cette masse cellulaire en cordons
ou en nodules et les résultats fournis par cette méthode d'investigation ont été con-
firmés par l'examen de coupes très exactement sériées. Partout la substance fonda-
menlale est constituée par des cellules particulières, auxquelles Kohn a donné le nom
de chromaffine Sympathicuszellen, parce qu'il les a considérées comme des cellules
très voisines des cellules du système nerveux grand sympathique. 11 vaut mieux les
désigner tout simplement sous le nom de cellules chromaffines pour rappeler la pro-
priété qu'elles ont de se colorer fortement en brun au contact des sels de chrome.
» Ces cellules chromaf fines sont, en effet, contrairement à Topinion de Kohn, des
cellules épithéliales : elles sont toutes au contact, sans interposition d'aucune sub-
stance fondamentale appréciable, ni d'éléments autres que des capillaires sanguins ou
des terminaisons nerveuses. Souvent polyédriques, ces cellules chromaffînes deviennent
dans certains cas assez irrégulières et peuvent alors présenter des prolongements
étendus. La forme géométrique de ces prolongements ne permet pas de les confondre
avec des prolongements d'éléments nerveux, et du reste ils n'en ont aucunement la
structure.
» Le cytoplasme des cellules chromaftines renferme une substance caractérisée par
la coloration brune que lui donnent les sels de chrome. Cette substance chromaffuie
se présente sous forme de granulations fines et arrondies répandues d'une manière
régulière dans la presque totalité du corps cellulaire.
» Ces granulations existent dans des cellules n'ayant subi l'action d'aucun réactif,
ainsi que je l'ai vu sur de minces coupes de corps suprarénal, faites sur le frais et
dissociées dans la sérosité péritonéale de l'animal. En faisant arriver sous la lamelle
du bichromate de potasse en solution assez concentrée, on volt la réaction chromaffine
se faire sous les yeux de l'observateur. L'acide osmique colore, lui aussi, assez forte-
ment en noir ces granulations. En employant certains liquides fixateurs, ^tels que les
liquides de Zenker ou de Tellyesniczky, ceux de Flemming (solution forte) ou de
Laguesse (liquide J) par exemple, on peut obtenir des préparations où les granula-
tions chromaffines sont bien conservées et l'on peut alors les étudier sur des coupes.
» D'une manière générale, on peut dire que ces granulations ont une affinité très
marquée pour certaines matières colorantes, en particulier pour la safranine, le violet
de gentiane, l'hématoxyline ferrique. La safranine les colore en rouge vif; le violet de
gentiane, en violet plus ou moins foncé; l'hématoxyline au fer, tantôt en noir violacé,
tantôt en bistre, suivant le degré de différenciation recherché.
374 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Sur ces mêmes coupes on trouve, à côté des cellules absolument bourrées de
grains chromaffînes, d'autres éléments où ces grains disparaissent par places; on voit
alors une ou deux grandes vacuoles claires apparaître dans le protoplasma. Quand les
vacuoles sont très développées, le protoplasma se trouve réduit à l'état de minces
lames interposées entre elles. Le tout prend alors l'aspect d'une sorte de matière
claire cloisonnée par de minces tractus. Quand cette vacuolisation se trouve réalisée
sur un grand nombre de cellules voisines, on a de la peine à reconnaître la disposition
épithéliale primitive de l'organe, et il est vraisemblable que cette disposition a pu
induire en erreur quelques auteurs. De nombreuses formes de transition permettent
de saisir les modifications graduelles qui ont conduit de cette disposition épithéliale
à la disposition vacuolaire irrégulière. Cette vacuolisation et la disparition d'une
partie de la substance chromaffîne à laquelle elle succède indiquent une variation
régulière et phjsiologique dans la quantité de cette substance.
» Les noyaux des cellules chromaffines présentent des variations très nettes dans
leur volume ainsi que dans la disposition de leur chromatine. Après l'action de colo-
rations multiples (triple coloration de Flemming, coloration de Rabl) on peut mettre
en évidence des variations de chromaticité fort nettes. On voit aussi, sur ces mêm,es
préparations, que la chromatine dans ces noyaux subit des variations quantitatives
assez importantes. Néanmoins, il m'a été impossible, jusqu'ici, d'établir une relation
certaine entre les variations de l'appareil chromatique du noyau et celles signalées
ci-dessus dans le cytoplasme.
« J'ai mentionné plus haut la présence de fibres nerveuses terminales
dans la substance propre des corps suprarénaux. J'ai pu les mettre en
évidence, soit par la méthode de Golgi-Cajal, au chromate d'argent, soit
par la méthode d'Ehrlich-Bethe, au bleu de méthylène vital. Par conséquent,
les nerfs ne se contentent pas, ainsi que l'a vu Chevrel, d'entourer l'or-
gane d'un riche réseau; ils pénètrent au contraire dans le parenchyme,
entre les cellules chromaffines, au contact desquelles ils se terminent par
des extrémités libres comme c'est le cas pour les terminaisons glandulaires
ordinaires. »
La séance est levée à 3 heures et demie.
G. D.
SÉANCE DU 25 AOUT 1902. 370
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Outrages reçus dans la séance du i5 juillet 1902.
Ministère des Colonies. Office colonial. Ressources végétales des Colonies fran-
çaises représentées dans les collections de l'OfUce colonicd du Ministère des Colonies,
classées par Gcstavo Niederlein. Paris, imp. Paul Dupont, 1902; i fasc. in-4°.
(Hommage de l'Auteur.)
Traité général de Viticulture. Ampélographie, publiée sous la direction de P.
ViALA et V. Vermorel; t. III. Paris, Masson et C'% 1902; i vol. \n-[f. (Présenté par
M. Guignard. Hommage des auteurs.)
Emploi des fusées contre la grêle, résultats obtenus, par le D"" E. Vidal. (Exlr.
du Rapport présenté au 3^ Congrès international de défense contre la grêle à Lyon.)
Hjères, imp. Arène, 1902; i fasc. in-8°. (Hommage de l'Auteur.)
Mémoires de la Société nationale des Sciences naturelles et mathématiques de
Cherbourg ; t. XXXII, publié sous la direction de M. L. Corbièke. Paris, J.-B.
Baillière et fils, 1901-1902; i vol. in-8°.
Six feuilles nouvellement éditées, par le Service géographique de l'Armée, des
Cartes d'Algérie au 200000^, de la Tunisie au Soooo^ et au looooo*, en couleur.
Zur Vorgeschichte des deutschen Kartells und der internationalen Association
der Akademien. Im Auftrage der kon. sâchs. Gesellschaft der Wissenschaften zusam-
mengestellt und dem Kartelllage in Gôttingen (i5 mai 1902), vorgelegt von dem o.
M. Wilhelm His. (Ex.tr. des Berichte iiber die Verhandlungen der kon. sàchs.
Gesellschaft der Wissenschaften zu Leipzig. Malhemalisch-phjsische Klasse, Bd. ^h.)
Leipzig, B.-G. Teubner, 1902; i fasc. in-8°.
Abel, den store mathematikers slegt, ved S. -H. Finne-Grônn, med 55 portrseter,
silhouetter og facsimiler. Christiania, 1899-1900; 1 vol. in-4°.
Vorlesungen iiber theoretische Physik, von H. von Helmholtz; Bd. II : Dynainik
continuirlichverbreiteter Massen, lierausgegb. v. Otto Krigard-Menzel, mit 9 Figuren
im Text. Leipzig, Johann Ambrosius Barth, 1902; i vol. in-4''.
Studies in heterogenesis, by H. Cuarlton Bastian. Londres, Williams et Norgate,
190J-1902; 2 fasc. in-8''.
A rediscussion of Bailey's and Fourcade's surçeys and their réduction to the
System of the geodetic Survey, by sir David Gill. (Cape of Good Hope. Geodetic
Survey of South Africa, Vol. IL) Cap-Town, W.-A. Richards et fils, 1901; i vol. in-4°.
Expédition antarctique belge. Résultats du voyage du S. Y. Belgica en 1897-
1898-1899, sous le commandement de A. de Gerlache de Gomery. Rapports scien-
tifiques publiés aux frais du Gouvernement belge, sous la direction de la Commis-
sion de la Belgica : Étude des chronomètres (2 parties). Phénomènes optiques de
l'atmosphère. Aurores australes. Détermination de la densité de l'eau de mer. Rapport
sur la densité de l'eau de mer. Mousses et Hépatiques, Spongiaires. Echinides et
376 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ophiures, Brachiopodes. Pinnipèdes (seals). Note relative aux Rapports scientifiques.
Anvers, imp. J.-E. Buschmann, 1901-1902; n fasc. in-4°.
Atti délia R. Accademia Peloritana, anno XVI, 1901-1902. Messine, 1902; 1 vol.
in-8°.
Mémoires de l'Université de la Nouvelle-Russie, t. LXXXVI, i''*' et 2" parties.
Odessa, 1902; 2 vol. in-8°.
ERRATA.
(Séance du 11 août 1902.)
Note de MM. Jeaii Camus et P. Pagniez, Hémoglobinurie d'origine
musculaire :
Page 826, ligne 34, au lieu de 3o secondes, lisez 3o minutes.
Même page, ligne 87, au lieu de 3o secondes, lisez 3o minutes.
■ Page 827, ligne 10, au lieu de S^^s, lisez S^""'.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 1" SEPTEMBRE 1902.
PRÉSIDENCE DE M. BOUQUET DE LA GRYE.
CORRESPONDANCE.
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur l'éruption de la Martinique. Note
de MM. A. Lacroix, Rollet de l'Isle et Giraud, délégués de l'Académie.
« Au moment où nous rentrons en France, nous avons l'honneur de
présenter à l'Académie un aperçu sommaire des résultats de la première
partie de la mission qu'elle a bien voulu nous confier pour l'étude de
l'éruption volcanique de la Martinique :
» Nous avons séjourné à la Martinique du 20 juin au i^'" août, avec une
interruption de trois jours (9 au 11 juillet), consacrés, sur la demande de
M. le Ministre des Colonies, à une rapide visite à la Soufrière de la Gua-
deloupe.
» Nous avons tout d'abord travaillé en commun dans la région de la
Montagne Pelée, puis M. Lacroix a continué exclusivement l'étude du
volcan, pendant que M. Rollet de l'Isle instruisait diverses questions rela-
tives aux ports de la Martinique et que M. Giraud faisait une première
exploration géologique des parties méridionale et orientale de l'île.
)) Dans les pages qui suivent, nous nous occuperons : 1° des observa-
tions que nous avons faites sur les éruptions de la Montagne Pelée; 2° de
la catastrophe qui a anéanti Saint-Pierre le 8 mai dernier et de la recherche
de ses causes.
» Nous compléterons ces premières données au fur et à mesure de
l'étude des nombreux matériaux (gaz, minéraux, roches, fossiles, objets
divers provenant de Saint-Pierre, etc.) recueillis au cours de notre voyage.
1° Eruptions de la Montagne Pelée.
» Nous avons réuni les éléments d'un historique chronologique aussi
complet que possible de toutes les manifestations volcaniques antérieures
C. R., 1902, 2* Semestre. (T. GXXXV, N» 9.) ^9
378 . ACADÉMIE DES SCIENCES.
à notre arrivée et de celles auxquelles nous avons assisté. Les faits les plus
imjDortants en étant déjà connus de l'Académie, nous en réservons la pu-
blication pour plus tard et nous présenterons seulement ici nos observa-
tions sous une forme synthétique.
» Le cratère. — Il est impossible de donner actuellement des détails
sur la topographie intérieure du cratère; il n'est pas directement abor-
dable, d'une part, et d'une autre, pendant tout notre séjour à la Martinique,
lesnuag^es, enveloppant continuellement le sommet de la montagne, ont
beaucoup gêné nos observations.
» Le cratère est situé sur le revers occidental de la Montagne Pelée et à
une altitude de quelques centaines de mètres au-dessous de l'ancien lac
des Palmistes. Il est bordé par les crêtes du Morne-la-Croix, du Morne-
Martin et du Petit-Bonhomme. Une profonde échancrure en forme de V
s'ouvre vers le Sud-Ouest, au-dessus delà rivière Blanche. Par cette échan-
crure, on distingue un haut talus fort raide, constitué par des blocs de
projection de l'éruption actuelle; grâce à leur incandescence, on les voit
rouler pendant la nuit à sa surface.
» Nous avons, à trois reprises différentes, atteint les falaises qui dominent
le cratère; à l'Est (par l'ancien lac des Palmistes), au Sud-Est (du côté
du Morne-Rouge, par le Morne-Aileron et le Morne-Ponce), et enfin au
Sud (par le Morne-Saint-Marlin). Malheureusement, à partir de l'altitude
de 900°^, nous avons été enveloppés par le brouillard et, arrivés au terme
de nos ascensions, nous avons dû nous contenter de constater les parois
verticales vers l'intérieur, le dégagement intense d'acide sulfureux et de
vapeur d'eau, et enfin l'extrême abondance des blocs projetés, des bombes
de toutes dimensions, qui, sur ces hauteurs, recouvrent entièrement le sol.
)) Lors de l'ascension de l'ancien lac des Palmistes, effectuée le 29 juin,
nous avons trouvé ce lac entièrement comblé par une boue fine et gluante,
de laquelle émergeaient d'énormes bombes d'andésite vitreuse.
» Un violent orage ne nous a pas permis d'atteindre le sommet du
Morne-la-Croix; nous nous sommes arrêtés à une éminence constituée par
une andésite rouge, ayant une altitude de 1270°^; nous avons distingué,
dans le brouillard, un sommet un peu plus élevé constitué par le Morne-
la-Croix. Quelques jours après (6 juillet), étant mouillés en rade de
Saint-Pierre, à bord du Jouffroy, nous avons vu émerger des nuages, pen-
dant quelques minutes, le point culminant de la Montagne Pelée. Le second
du bâtiment, M. Deville, en a pris la hauteur, qu'il a trouvée de ii353™,
c'est-à-dire la hauteur normale du Morne-la-Croix, avec une légère erreur
SÉANCE DU I^^ SEPTEMBRE 1902. Snq
par excès, qui s'explique par les conditions dans lesquelles la mesure a été
faite. Le sommet de la Montagne Pelée n'était donc pas à cette date com-
plètement effondré, comme on l'a affirmé à l'origine de l'éruption. Des
modifications se sont cependant certainement opérées dans le voisinage
du cratère au cours de notre séjour. Les photographies de la grande cre-
vasse Sud-Ouest, que nous avons faites à de nombreuses reprises, nous
permettront de préciser la nature et l'importance de ces modifications.
» Formation de fissures. — L'éruption actuelle n'a été caractérisée par
l'ouverture d'aucune fente béante en dehors du cratère; mais l'existence
de fissures est mise en évidence par les nombreuses fumerolles qui seront
étudiées plus loin. liCur direction générale est Nord-Est-Sud-Ouest. Le plus
grand nombre d'entre-elles sont localisées dans une zone assez étroite,
comprise entre le lit de la rivière Sèche et celui de la rivière Blanche; il est
possible que les fumerolles situées sur le bord de la cote, entre la rivière
Sèche et la rivière de l'habitation Canonville, jalonnent une seconde direc-
tion de cassures secondaires Nord-Nord-Est, coupant la première. Nous
avons constaté que les fumerolles de la rivière Blanche ne sont pas limi-
tées à la terre ferme; elles se prolongent dans la mer, et il n'est pas sans
intérêt, à ce point de vue, de faire remarquer que c'est sensiblement
sur leur prolongement que des ruptures du câble sous-marin ont eu lieu
à 10 milles environ de la côte, le 5 et le 3o mai, le 8 juillet. Lorsque,
le II juin, on a relevé le câble rompu le 3o mai, le goudron de celui-ci
coulait en larmes, bien qu'il fût ramené d'une profondeur de 1200 brasses.
Enfin, le matin du 5 mai, avant la catastrophe de l'usine Guérin (date de
l'aoparition des fumerolles dans la vallée de la rivière Blanche), une
grande quantité de poissons morts a été recueillie à la surface de la mer
dans cette même direction; à la fin de juin, nous y avons nous-mêmes
trouvé, morts sur la côte, de petits poissons plats appartenant à des
espèces qui vivent habituellement vers 200™ de fond.
» Les produits du volcan. — D'une façon générale, les éruptions
volcaniques sont caractérisées par deux sortes de phénomènes :
» 1° Par la sortie explosive de gaz, de vapeurs et de matériaux silicates
solides ou fondus, plus ou moins volumineux, portés à une très haute tem-
pérature;
» 2° Par l'épanchement de ces mêmes silicates fondus sous forme de
coulées ou d'amas.
» Jusqu'à présent, ce second ordre de phénomènes a manqué totalement
dans Téruplion actuelle. De nombreux récits publiés parlent de coulées de
38o ACADÉMIE DES SCIENCES.
lave épanchées dans le lit de la rivière Blanche et dans celui de la rivière
Sèche : ce qui a été désigné sous ce nom par des personnes étrangères à la
Géologie n'est pas des coulées de lave, mais des torrents d'eau boueuse
chaude, roulant de gros blocs de roches.
» Comme à l'ordinaire, l'éruption actuelle se signale par des séries
nombreuses d'explosions, parmi lesquelles quelques-unes ont été d'une
très grande violence. Il y a lieu de signaler d'une façon spéciale celle du
8 mai qui a détruit Saint-Pierre et celle du 20 mai qui a parachevé cette
œuvre de destruction, celles du 6 juin et du 9 juillet qui, comme les précé-
dentes, ont donné des manifestations visibles de Fort-de-France. Ces
paroxysmes se sont, comme on le voit, produits à des intervalles inégaux;
ils ont été séparés les uns des autres par des périodes de calme relatif pen-
dant lesquelles les projections de cendre étaient de peu d'importance ou
même nulles.
» Nous allons considérer successivement les produits volatils et les pro-
duits solides rejetés,
» Produits gazeux. — Les poussées de gaz et de vapeur émanées du
cratère ont la forme classique; leur sortie est souvent accompagnée de
grondements ou de détonations. Elles s'élèvent verticalement, souvent à
une grande hauteur, et s'inclinent ensuite dans la direction du vent, qui
venait pendant notre séjour d'une façon presque constante de l'Est-Nord-
Est. Parfois, elles atteignent la région supérieure des contre-alisés, qui les
entraînent alors vers le Sud. C'est ce qui a eu lieu lors des grandes éruptions
et c est ce qui a permis aux nuages volcaniques d'arriver jusqu'au-dessus
de Fort-de-France.
w Ces poussées explosives, essentiellement constituées par de la vapeur
d eau accompagnée de gaz, sont, le jour, blanches, rousses ou noires, sui-
vant qu elles tiennent en suspension une plus ou moins grande quantité de
cendres. On observe par l'ouverture Sud-Ouest du cratère des vapeurs
ayant un aspect un peu différent des précédentes; ce sont des flots d'une
vapeur épaisse, lourde, de couleur sombre, fréquemment cuivrée, qui
roulent sur les talus extérieurs du cratère et jusqu'au fond des crevasses
aboutissant à la rivière Blanche.
» Elles sont probablement constituées par des bouffées de gaz et de
vapeur d'eau très riches en cendre.
)) Les vives lueurs qui ont été signalées par les témoins des grandes
éruptions paraissent dues aux matériaux sohdes {lapillis et blocs) incandes-
cents, projetés avec les gaz et les vapeurs. Nous avons constaté, pendant
SÉANCE DU l"" SEPTEMBRE 1902. 38 1
les nuits que nous avons passées devant le volcan, des lueurs immobiles
siégeant sur le bord du cratère et provenant sans doute de la réverbéra-
tion des matières incandescentes qui y sont accumulées. Des points lumi-
neux plus brillants et mobiles étaient dus a. la chute de blocs projetés,
roulant à la surface des talus du cratère.
)) Nous n'avons pas vu personnellement les /lammes qui ont élé signalées
par divers observateurs au cours des grandes éruptions.
» Les seules données positives sur les gaz émis par le cratère en même
temps que la vapeur d'eau concernent l'acide sulfureux, dont la grande
abondance est mise en évidence par son odeur suffocante. Il est d'ailleurs
nécessaire d'aborder les crêtes mêmes de la montagne pour les apercevoir
d'une façon absolument évidente.
)) Fumerolles. — Par contre, il nous a été possible d'étudier les nom-
breuses fumerolles plus accessibles qui se rencontrent dans la vallée de la
rivière Blanche, depuis son origine jusqu'à la mer, et dans la partie infé-
rieure du cours de la rivière Sèche; elles jalonnent la direction de frac-
tures dirigées Nord-Est-Sud-Ouest dont il a été question plus haut.
» Quelques-unes des fumerolles se rencontrent dans le lit même de ces
deux rivières, et notamment près de leur embouchure. Mais le plus grand
nombre d'entre elles sont disposées, isolées ou par groupes, sans ordre
apparent, dans toutes les parties de la vallée de la rivière Blanche, et plus
au Nord, jusqu'à la rivière située près de l'habitation Canonville. Notons
enfin qu'une fumerolle isolée a fonctionné jusqu'aux premiers jours de
juillet à l'embouchure de la rivière des Pères.
» Toutes ces fumerolles sont, on le voit, distribuées ou localisées sur le
revers Sud-Ouest de la Montagne Pelée; nous parlerons plus loin d'une
fumerolle qui a été observée aux alentours du 20 mai sur son revers Est,
près de l'Âjoupa-Bouillon, mais qui n'a pas fonctionné pendant notre
séjour.
» Les fumerolles que nous avons étudiées se comportent très différem-
ment, suivant qu'elles aboutissent à l'air libre ou qu'elles débouchent dans
le lit des rivières.
» Celles qui se font jour dans les conglomérats volcaniques, au milieu
de la cendre ou dans les fissures du sol ancien, ne donnent relativement
que peu de vapeur d'eau; celle-ci n'est souvent pas apparente au soleil;
mais il suffit d'en intercepter les rayons, en recouvrant l'orifice avec un
morceau d'étoffe, par exemple, pour qu'elle devienne immédiatement per-
ceptible. Ces fumerolles ont, en général, une température oscillant autour
382 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de ioo°C. Elles contiennent une assez grande proportion d'hydros^ène
sulfuré, dont la décomposition détermine à l'orifice de sortie des cristalli-
sations de soufre.
» Des fumerolles plus chaudes accompagnent parfois les précédentes ;
leur température, à o™, lo de profondeur à partir de la surface du sol,
est voisine de 4oo'' C. Le plomb y fond en effet facilement, alors que le
zinc reste intact; un thermomètre gradué jusqu'à 4io°C. y a été brisé à
bloc. A leur émergence, ces fumerolles donnent d'abondantes cristallisa-
tions de sel ammoniac, accompagné par un peu de soufre et plus rarement
de réalgar.
» Les fumerolles exclusivement sulfurées se rencontrent jusqu'au bord
de la mer; elles sont particulièrement abondantes entre la rivière Blanche
et la rivière Sèche, à environ mi-chemin entre la côte et le cratère. Nous
n'avons observé les fumerolles à sel ammoniac qu'à partir de 800™ environ
de la côte. Elles deviennent plus abondantes dans la haute vallée de la
rivière Blanche.
» Les fumerolles dont il vient d'être question, à l'inverse de celles dont
il nous reste à parler, ont une force ascensionnelle extrêmement faible; on
les voit ramper à la surface du sol sans s'élever; elles fonctionnent sans
interruption.
» Du 22 juin au commencement de juillet, nous avons vu des fumerolles
intermittentes fonctionner avec une grande activité dans le lit de la rivière
Blanche, de la rivière Sèche, et particulièrement à leur embouchure (mais
aussi dans le cours supérieur de la rivière Blanche), ainsi qu'à l'embou-
chure de la rivière des Pères et à celle de la rivière de l'habitation Canon-
ville.
» Ces fumerolles fournissaient une colonne de vapeur d'eau très blanche
qui s'élevait de temps en temps avec une force ascensionnelle assez grande,
donnant de nombreuses volutes qui bientôt redescendaient à la surface de
la mer ou du sol. Le phénomène se compliquait souvent par l'éboulement
des falaises de cendres, de boue et de conglomérats volcaniques encaissant
la rivière, éboulement facilité par l'existence de nombreuses petites fume-
rolles distribuées dans leur masse. La cendre et la boue ayant une tempé-
rature voisine de 100' C. étaient très fluides et facdement entraînées par
les bouffées de vapeur d'eau; celle-ci constituait alors des volutes plus
denses que les précédentes, teintées de gris ou de rosé.
» Les périodes d'activité de ces fumerolles ne nous ont pas paru liées
d'une façon constante avec les poussées émanées du cratère, car, s'il y avait
SÉANCE DU I*^ SEPTEMBRE I902. 383
parfois poussée d'ensemble aux fumerolles et au cratère, dans d'autres
cas leur maximum d'intensité ne coïncidait pas. Dans la semaine qui a
précédé l'éruption du 9 juillet, les fumerolles de la côte avaient beaucoup
diminué d'intensité; elles n'ont presque pas fonctionné jusqu'à la fin de
juillet.
» Nous avons pu, à plusieurs reprises, approcher à quelques mètres des
points de sortie des grandes fumerolles des rivières Blanche et Sèche. Ces
rivières coulaient alors étroitement encaissées entre des falaises de con-
glomérat récent, depuis lors à peu près disparues. Nous avons pu voir
la rivière (ou plutôt le petit torrent) s'engouffrer en bouillonnant
dans une cavité de peu d'étendue située au pied d'une des falaises
qui s'éboulait facilement, rendant ainsi l'eau de plus en plus boueuse. Par
intermittences, une bouffée de vapeur sortait, donnant les volutes décrites
plus haut; elle était parfois accompagnée d'un jet d'eau boueuse. Dans les
fumerolles situées à quelques mètres de la côte, nous avons constaté non
seulement l'engouffrement de l'eau du torrent dans la cavité de sortie de
la fumerolle, mais encore une aspiration de. l'eau de mer voisine, aspira-
tion rendue manifeste grâce à la présence, à la surface de la mer, de nom-
breuses épaves de bois qui venaient s'accumuler au point de sortie de la
fumerolle pour en être rejetées ensuite au moment des explosions.
» Emission d'eau boueuse. — Les crues violentes et subites de la rivière
Blanche et de la rivière Sèche produites au commencement de l'éruption,
sans rapport immédiat avec des pluies, ont fourni une grande quantité
d'eau boueuse noire; elles ont été attribuées à des éruptions boueuses
ayant eu lieu dans les hautes vallées de ces rivières. Nous n'avons pas
assisté à des phénomènes de cette ampleur, mais nous avons pu constater
de faibles irrégularités de débit et, en divers points du cours de la rivière,
des bouillonnements indiquant la réalité d'une arrivée d'eau ascendante
sans dégagement de vapeurs : des fragments de cendre jetés à l'orifice de
ces bouches de sortie en étaient immédiatement rejetés.
» Nous avons pu, en outre, étudier de petites éruptions boueuses au sud
de la rivière de l'habitation Canonville. On voyait encore, dans cette
région, à la fin de juillet, un très grand nombre de petits cônes de boue
grise, parfaitement réguliers, avec une cavité cratériforme tout à fait sché-
matique : leur hauteur atteignait i™. Nous en avons vu sortir, à plusieurs
reprises, des bouffées de vapeur d'eau.
)) Enfin, on rencontre aussi eu divers points de la région comprise entre
les deux rivières, et notamment au voisinage du groupe de fumerolles
384 ACADÉMIE DES SCIENCES.
sulfhydriques situé à mi-chemin entre la mer el le cratère, de larges flaques
de boue grise ou rosée dont la surface est parsemée de petites cavités pro-
duites par la sortie de vapeurs.
» Cause de la variation de température des rivières. — C'est à la présence
de ces fumerolles et de ces sorties d'eau boueuse, distribuées dans leur lit,
qu'il faut attribuer les variations de température de l'eau de ces rivières;
ces variations sont incessantes : c'est ainsi qu'à quelques heures de dis-
tance nous avons constaté, près de l'embouchure de la rivière Blanche, des
températures de ôg^C, puis de 35"^C. Un autre jour, à environ 2'*™, 5 de
la côte, le thermomètre, plongé au point d'émergence d'une source boueuse,
indiquait 84° C, alors que la température n'était que de 34° C. en amont
et de 65° C. en aval(').
» Cendres. — Les cendres ont été rejetées à chaque éruption, mais la
quantité totale jusqu'au i^^ août était en somme assez peu considérable.
Leur dispersion est en grande partie fonction du vent; elles ont été sur-
tout entraînées dans le secteur dévasté compris entre l'îlot de la Perle et
leCarbet; pendant notre séjour, elles étaient surtout rejetées dans la direc-
tion du Prêcheur ; il est difficile de déterminer leur épaisseur totale, mais au
Prêcheur, dans les parties qui n'ont pas été ravinées, il ne semble pas que
celle-ci ait dépassé 25*^™. Lors des fortes éruptions, les cendres ont été
disséminées sur toute l'île. Dans les premiers jours de juillet, on en obser-
vait encore des traces appréciables au nord de la rivière Pilote.
M Les phénomènes d'érosion ont entraîné très rapidement ces cendres
dans les bas-fonds ou même à la mer, et l'on peut prévoir le temps très
rapproché où il n'en restera plus trace sur les flancs de la Montagne
Pelée, si la poussée éruptive ne se poursuit pas longtemps et ne change
pas de caractère.
» Le grain de ces cendres est assez variable suivant les éruptions et
(') Le 20 mai, on a signalé dans le lit de la rivière Falaise, tout près de l'ancien
camp de Trianon (à quelques kilomètres de l'Ajoupa-Bouillon), l'apparition d'une
fumerolle qui, à diverses reprises, aurait donné de grandes quantités de boue chaude.
Lors de la crue qui a dévasté (3o mai) les usines de Vive, à l'embouchure de la rivière
Capot, dont la Falaise est un affluent, l'eau avait, paraît-il, une température plus élevée
que la normale. Notons en passant que, lors de la dernière crue de la rivière de la
Basse-Pointe, on a indiqué également une élévation de la température de l'eau, phé-
nomène qui peut être dû à la production de fumerolles ou d'émissions boueuses dans la
haute vallée de cette rivière. Pendant tout notre séjour, il ne s'est produit aucune
manifestation de ce arenre.
SÉANCE DU l" SEPTEMBRE 1902. 385
naturellement suivant la distance au cratère où on les recueille. Tantôt
elles ont été extrêmement fines : tel est le cas de celles du 3 mai, décrites
par l'un de nous; et tantôt elles ont été mélangées de lapillis. La compo-
sition minéralogique et la structure de ces cendres n'ont pas varié
jusqu'au 9 juillet, mais celles qui ont été produites à cette date étaient plus
blanches et plus ponceuses. Ces cendres extrêmement légères, ainsi que
les boues de la partie inférieure de la vallée de la rivière Blanche, étaient,
dans les parties chauffées par les fumerolles, soulevées par lèvent; elles
formaient alors des nuages secs, très épais, courant à la surface du sol;
ceux-ci ont, à plusieurs reprises, beaucoup entravé nos excursions ou même
les ont interrompues.
» Lapillis. — Tandis que les cendres ont été rejetées fréquemment lors
d'explosions peu importantes, les lapillis n'ont été constatés en dehors du
voisinage immédiat du cratère que dans les grandes explosions. Ils sont
constitués par de petits fragments anguleux d'andésite à hypersthène
(généralement très vitreux, mais riches en phénocristaux), ou par des
fragments de la même roche arrachés à la cheminée du volcan et pro-
venant d'éruptions anciennes.
» Des fragments de i*""' ne sont pas rares parmi ceux recueillis au Car-
bet, et exceptionnellement ils y atteignent des dimensions plus grandes.
Des fragments analogues sont tombés jusqu'à Fort-de-France et au Fran-
çois le 8 et le 20 mai.
)) Le 9 juillet, le caractère des lapillis a changé; ils sont devenus moins
compacts, poreux, constitués par de la ponce. Leur aire de distribution
a été beaucoup moins grande que celle des lapillis des grandes éruptions
précédentes. Par contre, les fragments d'assez grande taille sont parvenus
plus loin; des ponces anguleuses de 5*^°^ de côté ont été trouvées au Morne-
Rouge. La présence de ces ponces et de cendres blanches a donné, pen-
dant plusieurs jours, un aspect très curieux aux flancs Ouest et Sud-Ouest
de la Montagne Pelée, uniformément couverts d'une couche blanche. Le
peu d'épaisseur de ces cendres et lapillis, joint à leur densité faible,
explique pourquoi, au bout de quelques jours, ces matériaux du 9 juillet
avaient presque entièrement disparu des pentes supérieures de la mon-
tagne {').
(^) Ces ponces de l'éruption actuelle sont très analogues à celles qui constituent le
tuf ponceux ancien de la Montagne Pelée, mais la couleur de ces dernières est géné-
C. R., 1902, 2» Semestre.ZC^. CXXXV, N° 9.) 5o
386 ACADÉMIE DES SCIENCES.
)) Bombes. — Des blocs de matière fondue de dimensions variées, mais
pouvant dépasser i""', ont été projetés par le volcan. On ne les trouve
guère en place qu'à Soo"" environ des bords du cratère; ils forment sur
le sol, au voisina2:e immédiat de celui-ci, une couche continue de blocs
incohérents qui rend parfois l'ascension pénible. Ces blocs ont été souvent
entraînés sur les pentes de la montagne, soit par la simple action de la
pesanteur au moment de leur chule, soit par l'érosion postérieure.
» Les bombes que nous avons observées le 29 juin dans l'ancien lac des
Palmistes sont constituées par l'andésite à hypersthène vitreuse; elles sont
fragiles et ont souvent un volume énorme; celles, au contraire, que nous
avons recueillies avant le 9 juillet au voisinage du cratère sont d'un gris
noir; leur surface est entamée par de profondes fentes de retrait, indiquant
qu'elles ont été projetées à i'élat pâteux. Elles présentent tous les passages
possibles de l'andésite vitreuse aux blocs de ponce blanche, sans craque-
lures superficielles, qui sont très abondants au milieu d'elles.
» Conglomérats volcaniques. — Les bombes, les lapillis et les cendres
de l'éruption actuelle entraînés par les eaux dans les dépressions et dans
le lit de la rivière Blanche constituent des conglomérats, les uns essen-
tiellement formés d'andésite vitreuse compacte, les autres de ponce
blanche; nous décrirons ultérieurement les particularités qui les caracté-
risent.
)) Il existe à l'embouchure des rivières Blanche et Sèche un conglomérat
d'une autre nature, raviné par les précédents et qui s'est produit dans des
conditions différentes. On sait que le 5 mai le barrage de l'étang Sec s'est
rompu, donnant passage à une avalanche de boue et de blocs énormes
qui, renversant tout sur son passage, a détruit l'usine Guérin et les habita-
tions voisines. Les lits inférieurs des deux rivières ont été remblayés par
cet apport de matériaux qui a fait, en outre, avancer le rivage d'environ 3o™
sur la mer. Des érosions considérables ont depuis lors entamé ce conglo-
mérat et permettent d'en étudier la structure. On le voit reposant sur le
sol ancien raviné; il est constitué par une succession de lits de cendres
grossières, de bancs de gros blocs avec des lits de cendres boueuses, à
stratification torrentielle, puis de gros blocs mélangés sans ordre. La partie
ralement plus ou moins jaunâtre. La partie Sud des mines Saint-Pierre est actuelle-
ment ensevelie par des ponces jaunes anciennes que les pluies torrentielles entraînent
du Morne d'Orange.
SÉANCE DU I^'" SEPTEMBRE I902. 887
supérieure de la formation, constituée par les blocs de plus grande taille,
les uns anguleux, les autres roulés, rappelle par son aspect une moraine
glaciaire. Quelques-uns de ces blocs ont une surface polie et sont couverts
de stries ou plutôt de cannelures qui, elles, diffèrent tout à fait des stries
glaciaires et méritent d'être signalées d'une façon toute spéciale. Elles sont
constituées par des surfaces de frottement rectilignes, dans lesquelles la
roche a été écrasée tout en restant très cohérente. lia partie extérieure en
est vernissée, plus foncée et couverte de fines stries; elle rappelle les
miroirs de frottement.
» La constitution pétrographique des blocs de ce conglomérat est uni-
forme; tous ceux-ci sont formés par l'andésite poreuse grise ou rouge que
nous connaissons en place dans les parties hautes de la Montagne Pelée.
On n'y trouve aucun bloc de l'éruption actuelle.
» Phénomènes divers consécutifs a l'éruption : Modifications topogrci-
phiques. — Nous avons indiqué plus haut que quelques modifications
topographiques se sont produites au voisinage du cratère. Nous cherche-
rons à les préciser au cours de notre prochain voyage, qui sera effectué au
cours de la saison sèche.
» Par contre, on peut affirmer que, en dehors de celles-ci, la topogra-
phie des hautes vallées de la Montagne Pelée n'a pas subi de changements
sensibles. Ces vallées se présentent, il est vrai, avec un aspect totalement
différent de celui qu'elles possédaient avant l'éruption; mais cela tient sur-
tout à la disparition complète de la végétation tropicale qui les couvrait et
masquait en partie leurs ravins profonds. Aujourd'hui, la montagne appa-
raît avec la crudité d'une carte en relief, accentuée encore par des érosions
superficielles. Celles-ci ont fait disparaître sur toutes les hauteurs la terre
végétale et mis à nu le conglomérat ponceux ancien (') qui constitue les
parties superficielles de la Montagne Pelée; il n'est plus que çà et là
recouvert par les cendres de l'éruption actuelle. La zone ainsi dévastée
s'étend sur toute la périphérie du cratère, dans un rayon de 2'^™ à S'"^"", et
en outre dans un secteur compris entre le cratère, le bourg de Sainte-
Philomène et Saint-Pierre.
)) Les parties basses des vallées des rivières Sèche et Blanche, au voisi-
nage de leurs embouchures, ont eu, au contraire, leur topographie entiè-
(') Le conglomérat ponceux, dans ses parties dénudées, présente d'une façon con-
stante de profondes cannelures à surface lisse; elles sont parallèles à la ligne de plus
grande pente et ont été produites par la friction des flots qui ont raboté les pentes.
388 ACADÉMIE DES SCIENCES.
rement bouleversée par les avalanches boueuses du 5 mai. Elles ont été
alors entièrement remblayées par le conglomérat décrit plus haut. Depuis
celle date, ces rivières se creusent rapidement un lit dans ce conglomérat
et dans les boues qui l'accompagnent. L'absence d'un thalweg bien défmi
dans ces parties comblées empêche l'établissement d'un lit définitif, et nous
avons vu leur embouchure se déplacer fréquemment.
)) Modifications du rivage. — Nous n'avons constaté nulle part d'affaisse-
ment ni d'exhaussement du rivage. A Saint-Pierre, notamment, il ne s'est
produit aucun mouvement appréciable de cette espèce; la topographie et
le tracé de la côte Ouest de l'île, au voisinage du volcan, n'ont subi que
les quelques changements suivants : Le littoral entre la rivière Sèche et
la rivière Blanche, sous l'action des fumerolles, des crues et des change-
ments de lit des rivières dont il vient d'être question, enfin sous l'action de
la vague, subit des variations incessantes qui, d'ailleurs, paraissent surtout
s'exercer aux dépens des apports datant du 5 mai.
)) C'est ainsi que nous avons vu presque complètement disparaître, à la
suite du 9 juillet, les petites falaises formées par le conglomérat de l'usine
Guérin. Nous avons observé depuis lors, à leur place, de petits caps, rem-
placés en quelques jours par de petites baies et vice versa. Des fumerolles
constatées sur le bord du rivage un jour étaient, le lendemain, observées
à la même place, se dégageant sous l'eau de mer (à une profondeur de 6™
à lo™); elles en élevaient localement la température.
» Ces diverses modifications intéressantes à signaler n'ont, du reste,
qu'une minime importance; elles ne s'observent que sur quelques cen-
taines de mètres à peine. Il y a lieu de signaler encore l'élargissement de
l'embouchure de la rivière des Pères et de celle des ruisseaux situés entre
le Prêcheur et la rivière Blanche.
» Action des rivières torrentielles. — Dans toute la région entièrement dé-
vastée, le déboisement est total, toute végétation a disparu; aussi les pluies
très abondantes, n'étant plus retenues par rien, déterminent la formation
soudaine de torrents violents dont la puissance dynamique est considé-
rable. Ils entraînent tout sur leur passage, d'autant plus que la cendre de
l'éruption actuelle n'offre aucune résistance et que le substratum de la
Montagne Pelée, essentiellement constitué par des tufs et des conglo-
mérats, se prête d'une façon toute spéciale à l'érosion. C'est ainsi qu'à
diverses reprises la rivière du Prêcheur, celle de Basse-Pointe, la rivière
Falaise ont pu rouler des blocs de lo""'.
» Les effets dévastateurs de ces torrents peuvent surtout s'observer à la
SÉANCE DU l*'' SEPTEMBRE I902. 889
Basse-Pointe, où toutes les maisons des parties basses du bourg ont été
emportées et le lit inférieur de la rivière remblayé par 4'"»5o de blocs et
de débris de toutes sortes ('). Des phénomènes analogues s'observent au
Prêcheur, dont les maisons sont emportées une à une par des torrents qui
creusent des ravines profondes à travers le bourg.
» Sur la côte Est, ces torrents ont produit des atterrissements importants
à leur embouchure et ont étendu le delta; de nombreux matériaux ont été
en outre transportés par le courant littoral dans les baies situées au nord
de ces embouchures. C'est ainsi qu'à la Basse-Pointe il s'est formé une
barre de 100™ environ, obstruant entièrement la baie, où l'on avait con-
struit récemment un embarcadère et un brise-lames.
» Variations du fond de la mer. — Des sondages en mer, effectués aux
points où les anciens chiffres portés sur les cartes marines permettaient de
contrôler les nouveaux, n'ont mis en évidence aucune modification des
fonds, aussi bien au large que dans le voisinage de la côte. On a vu plus
haut que les ruptures du câble semblent indiquer la production de fissures
sous-marines; il est vraisemblable qu'elles se sont produites sans dénivel-
lation sensible, tout comme celles de la terre ferme.
» Ras de marée. — Des mouvements anormaux du niveau de la mer ont
été observés sur les côtes de l'île. Ces mouvements consistaient uniformé-
ment en cinq ou six ondulations successives, séparées par des intervalles
de 5 minutes environ et d'une amplitude décroissante.
)) Le plus important paraît s'être produit le 8 mai et a coïncidé, autant
qu'on a pu le constater, avec l'instant de l'éruption. Il a commencé à Fort-
de-France par un retrait de la mer de 1°* environ, suivi d'une montée
d'une quarantaine de centimètres au-dessus du niveau moyen. Le phéno-
mène s'est produit également à la Trinité. Il n'a pas été ressenti à la Gua-
deloupe, où des observations sérieuses ont été faites pendant toute cette
période. Il a été plus important à Saint-Pierre, où les bâtiments au mouil-
lage ont talonné plusieurs fois et ont été balayés par la lame. Au Carbet,
son amplitude semble n'avoir pas dépassé 2"^.
(*) Nous avons indiqué plus haut que des fumerolles et des sources d'eau boueuse
ont été signalées dans le lit de la Falaise et de la rivière de Basse-Pointe; il est pos-
sible qu'elles aient joué un rôle dans plusieurs de ces inondations subites survenues
avant noire arrivée à la Martinique; mais nous n'avons, à ce sujet, aucune observa-
tion personnelle.
390 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Le 5 mai, il n'a été ressenti qu'à Saint-Pierre et dans les environs
immédiats; il a été plus faible. Dés phénomènes analogues ont été con-
statés le 20 et le 26 mai, le 6 juin et le 9 juUlet; il faut signaler à part
celui du 7 mai, qui a été observé également à la Guadeloupe et qui ne
correspond pas à une éruption caractérisée : son amplitude n'a pas
dépassé 3o*^™.
» Courants.— Du 7 au 10 mai, il a été constaté sur la côte Ouest de l'île
un courant d'une vitesse anormale portant au Nord. Il a élé observé au
large par le Pouyer-Qucrlier ie 7 et le long de la côte par divers observa-
teurs. Il était assez violent pour causer des remous dans les baies et des
lignes de brisants aux: pointes.
» Observations météorologiques, — Baromètre. Chaque éruption a pro-
duit une oscillation instantanée de la colonne barométrique qui, à Fort-
de-France, s'est traduite sur l'enregislreur par un crochet de i^'^à S*"™.
Avant et après, la courbe avait sa forme normale ; le trait ainsi tracé est à
cheval sur la courbe, mais la baisse est très supérieure à la montée.
» Celte oscillation n'a été observée que clans les grandes éruptions du
8 mai (baisse de 3"^™), du 20 mai (baisse de 2"^"^, 8), du 6 juin (baisse de
i™™,5), et enfin du 9 juillet (baisse de i'°™,3). Le passage des nuages de
cendre au-dessus de Fort-de-France a donné lieu à un abaissement assez
considérable de l'état hygrométrique; l'inverse a eu lieu le 6 juin (obser-
vations de M. Mirville).
» Phénomènes électriques et magnétiques. — En dehors des éruptions
caractérisées, on a constaté dans les environs immédiats du cratère des
phénomènes électriques d'une grande intensité ; ils se manifestaient, comme
cela a lieu d'ordinaire dans des cas semblables, sous forme d'éclairs multi-
pliés. Les poussées de vapeur sortant du cratère au moment des paroxysmes
étaient également à une tension électrique très élevée; il en a été de même
pour les nuages qui sont venus passer sur Fort-de-France (notamment les
6 juin et 9 juillet) et dans lesquels les décharges étaient continues, pré-
sentant toutes les formes connues d'éclairs.
» L'appareil de télégraphie sans fil du Bruix a été impressionné par
chacune des éruptions importantes.
» Tandis que pendant les orages il donne une série de points isolés,
il a fourni, d'après les indications cjue nous devons à M. le lieutenant
de vaisseau Benoit d'Azy, un Irait presque continu lors des éruptions
caractérisées.
SÉANCE DU 1*"'" SEPTEMBRE 1902. 3g I
» On sait que des troubles magnétiques ont été constatés dans diffé-
rents observatoires éloignés de la Martinique lors de l'éruption du 8 mai.
•» Dans une prochaine Communication, nous nous occuperons spéciale-
ment de cette dernière éruption et de la destruction de Saint-Pierre. »
Cette Note et celles qui suivront seront renvoyées à l'examen de la Com-
mission des Antilles. Cette Commission comprend MM. Janssen, Bassot,
Hatt, Michel Lévy, de Lapparent, Alfred Picard et le Bureau de l'Académie.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur /es fonctions entières et quasi entières et les
équations différentielles. Note de M. Edmond Maillet, transmise par
M. Jordan.
(( M. Borel a introduit (') dans la théorie des fonctions entières d'ordre
fini la notion de fonctions à croissance régulière. Mais il n'a donné aucun
critère pour reconnaître a priori si une fonction entière donnée par son
développement taylorien est ou non à croissance régulière. De pareils cri-
tères sont pourtant indispensables au point de vue des applications; nous
avons obtenu les suivants :
» I. Soit
0
une fonction entière cV ordre fini p. On sait quil y a pour m assez- grand une
infinité de coefficients a,„, tels que
(2) "\la,,--= ~
£ inférieur à un nombre fini arbitraire aussi petit quon veut et positif.
» Si 0 est un nombre positif qui croît moins vite avec m que m(\o^my~'^ — m
(oL positif aussi petit qu'on veut, mais fini), et si, sur 6 coefficients consécutifs à
vartir de a„^, il y en a toujours un tel que ( 2 ), dès que m dépasse une limite
finie, la fonction entière est à croissance régulière.
(') Leçons sur les fo ne Lions entières, p. 107.
392 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» 5î 9 croît plus vite avec m que m}^^ — m {ï, fini positif aussi petit quon
veut) pour une infinité de valeurs de m satisfaisant à (2), dès que m dépasse
une limite finie, la fonction entière est à croissance irrégulière.
» Les dérivées des fonctions entières satisfaisant à l'un de ces deux
critères ont, en même temps que la fonction, leur croissance régulière ou
irrégulière.
» Ceci s'étend aux fonctions quasi entières. Il y a des applications dans
la théorie des équations différentielles :
» II. Les fonctions entières ou quasi entières d'ordre fini, qui satisfont à
une équation différentielle linéaire rationnelle en x, ont leur croissance régu-
lière,
» III. Soit
(3) r(a7,j,y, ,..,/*)) = o
une équation différentielle dont le premier membre est un polynôme entier en
X, y, y', ..., y^^ mais qui ne renferme qu'un seul terme en y, y', . . . , ©«y*'.
)) La fonction P( - ) +2 ^w^'S où 'P(x) est un polynôme entier, ^ 9„a?"
0 0
une fonction entière de genre fini, ne peut satisfaire à l'équation (3) que
si V ^«^" ^^i à croissance régulière.
0
» Il en est de même de la fonctionV {x) 4- 2 ~^ * "
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les équations difiérentielles du second ordre
à points critiques fixes . Note de M. R. Liouville.
« En faisant connaître toutes les équations différentielles, à points
critiques fixes, pour lesquelles -r^ est une fonction rationnelle en ^,
algébrique en y et analytique en x, M. Painlevé a signalé, comme dignes
du plus grand intérêt, trois types d'équations dont la solution générale
contient, d'une façon transcendante, les deux arbitraires, de quelque ma-
nière qu'elles soient choisies.
» M. Painlevé ajoutait que ces équations définissent des fonctions
SÉANCE DU I^^ SEPTEMBRE 1902. 3q3
mérornorphes, distinctes des transcendantes classiques et ne peuvent être
réduites aux équations différentielles linéaires à coefficients algébriques.
Mais le caractère, en quelque sorte relatif, de cette irréductibilité résulte
des explications détaillées données par M. Painlevé, et la question de
savoir s'il n'existe, au sens absolu des termes, aucun moyen de rattacher
les équations différentielles dont il s'agit aux équations linéaires, ou d'ex-
primer leurs solutions à l'aide des transcendantes classiques, est encore à
résoudre.
» En fait, les équations différentielles à points critiques fixes, de l'es-
pèce indiquée, sont réductibles à des systèmes linéaires et voici comment
la démonstration s'établit pour la plus simple d'entre elles, les deux autres
pouvant être traitées par des procédés tout semblables.
)) J'écris ainsi l'équation proposée :
i) ^^ =6^--f-p.a;^,
en désignant par [x un paramètre qui doit demeurer arbitraire, et, posant
-T-^ = x^, je joins à l'équation (i) celle-ci, qui s'en déduit,
» Le système ainsi composé est un de ceux auxquels convient la forme
générale
( 3 ) dxh' (d} ^A — 2 Pf.k d^i ^^k\ = dxh fd' 00^'-^ pfl dxi dx)
déjà rencontrée dans d'autres recherches; les indices peuvent y recevoir
les valeurs i, 2 et 3, et les coefficients pfl dépendent à volonté de a;,,
X2, x^. Les équations (3) sont associées à un système linéaire
(4) dz^^^+^p\';:z^^^hIx,= o, dz - 2 ^'''dx,= o
ih,/i) {h)
et leurs propriétés sont étroitement liées, quel que soit d'ailleurs le choix
des variables.
» Mais, quand l'équation (i), seule, est donnée, le couple d'équa-
tions (3), qu'on lui substitue, n'est pas complètement déterminé. Les rela-
tions identiques
C. R., 1902, 2» Semestre. (T. CXXXV, N° 9.) 5l
394 ACADÉMIE DES SCIENCES.
permettent, en effet, de modifier les équations (i) et (2), sans qu'elles
cessent d'être représentées par des formules semblables à (3) et, par suite,
d'être associées à un système linéaire (4); il suffit que l'ensemble
se réduise, en tenant compte de (5), à (6.rJ-+- [j.x^)dx\ pour /i = 2,
//= r, à (i2£r„.r.) + \J')dx\ pour h — - 3, /^'= i, ce qui assujettit les coeffi-
cients p\'^l à remplir deux conditions.
)> Le système (4) est d'une simplicité particulière, quand il équivaut à
un ensemble d'équations différentielles totales, c'est-à-dire quand les rela-
tions suivantes
(7) ="■.*! -h 2/>*-^«=0.
Ui)
rV-z
"A-
où z- est une fonction de rr,, x^, ^Tg et z'-^\ z^''''^ représentent -^ , . ^
sont six équations, aux dérivées partielles, ayant quatre solutions com-
munes, dont l'une est une constante.
)) Pour qu'il en soit ainsi, les coefficients p''-^^. doivent satisfaire à des
conditions bien connues, qui Inissent trois d'entre eux arbitraires. En y
joignant : 1° les deux conditions nécessaires afin que le système (4) soit
associé aux équations déduites de l'équation proposée; 2° une relation
d'après laquelle le jacobien des trois solutions non constantes du sys-
tème (7) est une fonction donnée des variables, par exemple est égal à
l'unité, on définit les coefficients /j^'^ d'une façon complète.
» L'intégration des équations (3) et, par suite, de (i) est ainsi réduilc
à celle d'un système linéaire.
« En effet, la résolution du système (7) exige uniquement celle d'une
équation diiïéreMtielle linéaire du quatrième ordre. Les relations établies
entre x^, x^, x^ par le couple associé, qui comprend l'équation pro-
posée, expriment que deux solutions quelconques de (7) s'évanouissent à
la fois.
» La possibiliié de rattacher l'étude de l'équation (2) à celle d'une
équation différentielle linéaire est ainsi manifeste; la construction effec-
tive de cette dernière équation est un problème assez complexe, auquel
conduit l'cinalyse précé dente et que j'espère traiter dans une prochaine
Communication.
SÉANCE DU l^'' SEPTEMBRE 1902. ^95
)» Au surplus, l'emploi des considérations qui viennent d'être indiquées
n'est pas limité aux équations du second ordre à points critiques fixes;
les cas dans lesquels s'applique une transformation analogue sont
étendus. »
PHYSIQUE. — Éieclrolyse de mélanges de sels. Note de M. Anatole Leduc.
« Je me suis beaucoup préoccupé, au début des expériences sur l'élec-
trolyse de l'azotate d'argent dont j'ai eu l'honneur de communiquer les
résultats à l'Académie ('), des impuretés que pouvaient contenir le bain et
l'anode destinée à le régénérer. .
)) M. Férent, directeur du laboratoire d'essais de la maison Lyon-Alle-
mand, a bien voulu préparer spécialement pour moi la quantité d'argent
pur dont j'avais besoin au départ. L'essai a montré que ce lingot renfer-
mait moins d'un dix-millième d'impuretés. Dans les expériences succes-
sives, les anodes étaient formées par le métal recueilli à la cathode dans
les opérations précédentes, affiné encore par cela môme. Mais, comme on
ne saurait prétendre à la pureté parfaite, j'ai tenu à me rendre compte de
l'influence des métaux étrangers dans le bain.
» Ainsi que j'ai eu l'occasion de le dire ailleurs (-), diverses expériences
surl'électrolyse de mélanges de sels, et notamment celles de G. Wiedemann
et de M. Bouty, laissaient supposer que les métaux inférieurs à l'argent
dans la classification de Dumas n'auraient qu'une influence très faible ou
négligeable, au moins dans certaines conditions.
» Pour être bien fixé sur ce point, j'ai réalisé deux séries d'expériences,
dans lesquelles j'ai additionné le bain d'azotate d'argent de quantités crois-
santes d'azotate de potassium ou de cuivre, de manière que la concentration
totale fût à peu près normale (une valence-gramme par litre).
» Deux voltamètres identiques, placés en série, recevaient : Tun un bain
pur, l'autre le bain impur. S'il se dépose sur la cathode de ce dernier du
potassium ou du cuivre, chaque gramme de ceux-ci prend la place de 3*^
environ d'argent : la pesée accusera donc un déficit de 2^. D'autre part,
(') Comptes rendus des 7 et 28 juillet 1902.
(^) Rapport présenté au Congrès international de Physique réuni à Paris en 1900
Sur l'équivalent éleclrocluniique de L'argent, etc.
396 ACADÉMIE DES SCIENCES.
chaque gramme de jDotassium réagissant secondairement sur l'eau donnera
lieu à un déficit de 3^ enViron.
» Voici les résultats obtenus avec des cathodes de loo*""' et des anodes de jS™' :
» 1° Addition d'azotate de potassium. — Que la concentration en azotate de po-
tassium soit o,o5 normale ou demi-normale, avec un courant voisin de i^^v, je n'ai
observé qu'un déficit insignifiant : i dix-millième tout au plus.
» Enfin, avec un bain 0,9 normal en potassium et par suite décinormal en argent,
et un courant de i»™!', le dépôt est spongieux et ne peut être pesé avec précision;
mais si l'on réduit le courant à o^^^p, 5 le dépôt redevient cristallin et le déficit est
encore inférieur à i dix-millième.
» Il faut en conclure que le potassium libéré par l'électrolyse réagit complètement
et uniquement sur l'azotate d'argent.
» 2° Addition d'azotate de cuivre. — Les résultats sont à peu près les mêmes,
tant que la concentration en cuivre ne dépasse pas la décinormale. Dans ce dernier
cas, avec un courant de i'»™?, la difTérence des dépôts n'atteint que i™s sur 27s.
» Avec un bain demi-normal en cuivre et en argent, et un courant de o^""?, 5 seule-
ment, cette difTérence n'a pas atteint 2 dix-millièmes.
» Conclusion. — On voit qu'il n'y a j3as lieu de se préoccuper outre
mesure des quelques millièmes d'impuretés que peut renferaier l'argent
considéré comme pur dans le commerce, lorsqu'elles sont constituées par
les raélaux inférieurs à l'argent dans la classification de Dumas. La pré-
sence des métaux supérieurs serait plus fâcheuse. Mais leur proportion
n'est jamais très élevée, et leurs équivalents électrochimiques ne diffèrent
généralement pas beaucoup de celui de l'argent ; enfm surtout, en raison
de ce qui précède, ces métaux seront éliminés du bain dès les premières
opérations oii ils seront employés. »
ACOUSTIQUE. — Classement des accords binaires. Consonances et dissonances
spécifiques. Note de M. A. Gcillemix, transmise par M. Violle.
« Pour tous les auteurs, la dissonance d'un accord binaire apparaît dès
qu'il commence à battre; elle s'accentue quand le nombre des battements
augmente, et alors sa fausseté augmente aussi. En sens inverse, l'accord
devient consonant lorsque les battements tendent à disparaître et de-
viennent assez lents pour qu'on ne les entende plus.
)) Dissonance spécifique :
(a) 2.AB = aU.(m -^ n).
SÉANCE DU l^^ SEPTEMBRE 1902. 897
» La formule (a), qui se déduit immédiatement des notions précé-
demment établies, nous montre que, si l'on considère divers accords de
hauteur H et de fausseté a, le nombre des battements B est :
Pour l'unisson 1:1, proportionnel à i + i = 2,
» l'octave 2:1, » 2+1 = 3,
» la quinte 8:2, » 3 + 2 =: 5,
» la quarte t\ '. '6, » 4 + 3 = 7, etc.
» Il est donc tout indiqué de prendre ces nombres 2, 3, 3,7,..., comme
caractérisant les dissonances de l'unisson, de l'octave, de la quinte, de la
quarte, etc., et nous dirons :
» La dissonance spécifique d'un accord — est m-[- n; elle est égale au
nombre de battements que donne l'accord normal *. ( ' ),
^ in 1 ni ^ ■^
quand il est faussé de 1'^ .
)) En effet, si dans (a.) on fait H = A et « = 2, et si nous appelons p la
valeur qui en résulte pour B, il reste
(p) p = m + 7z;
c'est la définition de la dissonance spécifique.
» Consonance spécifique. — Admettons que les battements d'un accord
cessent d'être entendus quand B = ^ par seconde; dans la formule (a)
faisons H = A et B = ^, et appelons c la valeur qui en résultera pour a\ il
vient
(y) ^= '
m + n
» D'où cette définition : La consonance spécifique c d'un accord — est
égale à Taitération que doit subir l'accord normal pour qu'il fasse demi-
battement par seconde (-).
(*) Dans les Comptes rendus du i5 juillet, page 100, ligne i, au lieu de : « Il y a
d'autres accords dont les centres de gravité ne ... », lire : « Il y a d'autres accords
normaux dont les M et les N ne ... ».
(^) La consonance etla dissonance spécifiques sont ainsi reliées par la relation cp := i,
comme le sont la conductibilité et la résistance électriques.
398 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Ces définitions permettent de dresser le Tableau suivant :
Classement des accords binaires.
Rangs
des Symboles
accords. ni\n. Noms.
1 1:0 »
II I : 1 unisson
III ... . l'.i octave
IV 3 : I douzième
V
\ ol '2 quinte
\ f\'.i double octave
VI ... . 5: 1 dixième redoublée .
/ 4-3 quarte
VIL... '1 5:2 dixième majeure. . .
Gli douzième redoubltîe
5l3 sixte majeure
?
VIII
Acci
jrds
Valeurs
Dissonances
normaux.
en (T.
spécifiques.
)
')
»
I
183-
■laa
0
2
11113-
-mi4
3oi
3
1-63-
-la^
477
4
fa Sa-
■Ul#4
176 1
5
ut #3-
■uL#3
602 1
Ut3-
niij
699
G
50/3-
-Llt^
125 j
mis-
-sol^
398
7
Uts-
-sol^
778 )
laa-
-rci
222 i
8
sia'
-la.
845 î
sol;
3-SI3
97 )
ré.
rsii
544 >
9o3 \
9
sio
-sij
mi h
-Sol\;i.
368 )
sig-
Ut#3
954 !
10
7:'
15:4 tierce majeure
7:2 ?
8: 1 triple oclave
7:3 ?
9: I neuvième 2 fois redoublée.
» yV. B. — Les notes en italiques difterent un peu des sons qui donneraient l'accord
normal exact.
» lleniarcjues. — I. Pour le moment, nous laissons vide la place qui correspond à
l'accord normal du premier rang. Cela nous permet de représenter par le même
nombre entier et le rang de l'accord et sa dissonance spécifique.
» IL Les musiciens et acousliciens, croyons-nous, eussent classé d'instinct, dans
les rangs II, III et IV, les accords d'unisson, cVoctaçe, de douzième; en plus, notre
classement précise leurs dissonances 2, 3 et 4.
» III. Au cinquième rang, nous classons ex cerjuo la double octave 4 ." i et la
quinte 3 : 2. C'est que, faussés de 2'^, ces deux accords donnent 5 battements par
seconde.
» IV. Rien d'extraordinaire dans les rangs VI et VIL Mais le huitième est occupé
par deux accords que l'on sera étonné de trouver réunis. C'est la sijcte majeure 5 : 3
et V accord sans nom 7 : i. Nous ne les séparons pas, puisque tous les deux donnent
8 battements par seconde quand on les altère de 2<^.
» V. Les surprises continuent dîins les rangs suivants. Les accords 7:2, 7:3
viennent se ranger tout naturellement parmi d'autres accords non discutés. Gela prouve
simplement que, au point de vue acoustique, les accords formés avec le nombre 7
ne présentent aucune tare spéciale, et ne se différencient en rien des autres accords.
» VI. Il n'est pas nécessaire, pour le moment, de pousser notre classement au delà du
dixième rang. En fait, les auteurs parlent encore, sans insister, des battements de la sixte
SÉANCE DU l"" SEPTEMBRE 1902. 899
majeure (Vllî'' rang) et de la tierce majeure (IX'' rang); mais ils sont muets sur les
accords de rangs plus élevés. C'est donc qu'ils ne battent pas, ou battent trop faible-
ment pour être entendus : alors notre classement, qui est fondé sur la fréquence des
battements, n'a plus aucune raison d'être.
» Comme il v a, malgré cela, des accords tels que 8 : 5 et 9 : 5, qui occupaient les
rangs XIII et XIV, dont l'oreille apprécie encore la justesse, ce fait devra être expliqué,
» VII. Au point de vue tliéorique, nous avons éclairci et précisé la loi des nombres
,•1 .1 "^ T
simples, et, au heu de parler du rapport ^5 nous disons :
» Sont consonanls^ c'est-à-dire susceptibles de battre quand on les fausse, les accords
pour lesquels on a
CHIMIE ORGANIQUE. — Aclion des ferments sohib'es et de la levure haute sur
le oentiohiose. Jlemarques sur la constitution du gentianose. Note de
MM. Ém. Bourquelot et M. Hérisse y.
« L'action des ferments de V Aspergillus, celle de l'invertine et celle de
l'émulsine sur le e^entianose (hexolriose) étant connues par des recherches
antérieures ('), on pensera peut-être cpi'il n'y avnit pas lieu d'étudier les
actions de ces agents sur le gentiobiose (hexobiose), celles-ci, semble-t-il,
devant pouvoir se déduire de celles-là. Nous l'avons fait cependant, esti-
mant surtout que nous avions là un moyen de contrôler l'exactitude de nos
précédentes observations. On verra, d'ailleurs, que relativement à l'un
de ces ferments, l'émulsine, toute déduction eût été prématurée.
» 1° Le liquide fermentaire de /'Aspergillus hydrolyse complètement le gentio-
biose. — Il se fait 2'"°' de glucose, comme en témoignent les pouvoirs rotatoire et
réducteur des mélanges mis en expérience.
» 2° L'invertine n'agit pas sur le gentiobôse.
» 3° L'émulsine hydrolyse le gentiobôse. — L'émulsine a été trouvée sans action sur
le gentianose : a priori, ce ferment devait donc être incapable d'agir sur le gentiobôse.
Le contraire a pourtant été constaté.
)) Ce fait nous a tout d'abord tellement surpris que nous avons jugé nécessaire de
répéter l'expérience sur le gentianose, en môme temps que nous la faisions sur le gen-
tiobiose. Voici les détails de ces essais comparatifs {t^z: 28°) :
Matière sucrée ( gentianose ou gentiobiose) 1°, 20
Solution thymolée d'émulsine (o,5o pour 100) 6o*^°''
Rotations extrêmes observées au cours de l'expérience (/zir 2) :
Gentianose. Gentiobiose.
Rotation du liquide primitif 1° 16' 0° 2:^'
Rotation au bout de 94 heures i°22' j°48'
(') Comptes rendus, t. CXXVI, 21 février 1898, et t. CXXXII, 4 mars 1901.
4oo ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Une action presque insignifiante, mais réelle cependant, car le mélange était
devenu très faiblement réducteur (réduction =i o8,o3 environ pour la totalité du sucre)
a été observée avec le gentianose. Cette action, qui n'a été manifeste qu'au bout d'un
long temps, n'a pas de rapport avec celle de l'invertine, la rotation droite ayant
augmenté. Elle ne peut s'expliquer que par un dédoublement du gentianose en glu-
cose d'une part, et en sucre de canne ou un sucre analogue d'autre part. Elle est
vraisemblablement produite par un feraient qui se trouve à l'état de trace dans l'émul-
sine des amandes, puisque le gentiobiose, au contraire, a été dédoublé rapidement.
» 4° La levure de bière hante ne provoque pas la fermentation du gentiobiose.
— L'invertine n'hydrolysant pas le gentiobiose, il semble qu'on aurait pu conclure
que la levure haute ne fait pas fermenter ce sucre. Mais nous savons que le maltose,
qui, lui non plus, n'est pas dédoublé par ce ferment, éprouve cependant la fermenta-
tion alcoolique au contact de la levure en question. L'expérience directe était donc
nécessaire.
» On a introduit dans une cloche graduée remplie de mercure et placée sur la cuve
à mercure :
g
Gentiobiose o, 20
Eau distillée 1 0'='»' à 1 1 •^'"'
Levure haute pressée os,2o
» A titre de comparaison, le même essai a été fait simultanément avec le maltose
et le gentianose ( ^ = 22° à 28°) :
Volume de CO- dégagé avec
de la fermentation. gentiobiose. maltose. gentianose.
cm' cm'
3 heures 3o minutes o 11, 5 3, 00
28 heures o 87,00 12,76
» Ces résultats montrent nettement, d'une part, que le gentiobiose ne fermente pas
au contact de la levure haute, et, d'autre part, que le gentianose ne fermente qu'in-
complètement.
» Ils conduisent, ainsi, à un procédé assez simple d'obtention du gentiobiose.
Si, en elTet, aux liquides d'hydrolyse incomplète du gentianose, on ajoute de la levure
haute, il y aura destruction du lévulose, et le gentiobiose non attaqué n'en sera que
plus facile à isoler.
» Ce procédé appliqué à des solutions résiduelles provenant de diverses opérations
hydrolytiques, solutions riches en lévulose ('), nous a donné très aisément du gen-
tiobiose pur (ai) = 4- 9°, 56).
» Conclusions : Constitution du gentianose. — Envisagés au point de
vue de la constitution du gentianose, les faits exposés conduisent à des
conséquences signalées partiellement en 1901, mais qu'il est utile d'exa-
miner dans leur ensemble.
(1) Sur le geniiohiose, préparation et propriétés du gentiobiose cristallisé
{^Comptes rendus, t. CXXXV, 1902, p. 290).
SÉANCE DU I^'' SEPTEMBRE 1902. 4oi
» i" En ce qui concerne l'action de Vinverdne. — Jusqu'à l'époque des
recherches que nous venons de rappeler on ne connaissait que deux poly-
saccharides attaqués par l'invertine : saccharose et raffinose. Le gentia-
nose en constituait un troisième et récemment M. Tanret en a signalé un
quatrième : le mannéotétrose. Dans les quatre cas, i™°* de lévulose est
décrochée. Le phénomène prend ainsi une allure générale, et il semble que
Ton puisse le définir ainsi : Seuls, les polysaccharides renfermant i™°' de
lévulose, reliée à 1™°' de glucose de la même façon que dans le saccharose^
sont attaqués par l'inçerline y et cela avec décrochement du lévulose.
» 2° En ce qui concerne l'action de l'émulsine. — Pour hydrolyser
complètement le gentianose, et cette conséquence paraît devoir s'étendre
aux polysaccharides, plusieurs ferments sont nécessaires. Ici, pour un corps
composé de 3™°^ il nous en faut deux qui sont : l'invertine et l'émulsine
ou tout au moins un ferment contenu dans l'émulsine des amandes.
» Ce n'est pas tout; nos expériences montrent que les actions fermen-
taires ne sont pas simultanées, celle de l'invertine devant précéder celle
de l'émulsine, puisque celle-ci, qui hydrolyse le biose, est sans action sur
le triose. Emile Fischer a comparé les ferments solubles à des clefs et les
composés sur lesquels ils agissent aux serrures correspondantes. La même
comparaison vaut encore pour donner une idée des phénomènes observés
avec le gentianose. Celui-ci représenterait deux serrures, les deux clefs
étant l'invertine et l'émulsine. De plus, l'une des clefs, l'invertine, enclen-
cherait la deuxième serrure de telle sorte que la seconde clef (émulsine)
ne pourrait agir que quand la première aurait rempli son office. »
PHYSIOLOGIE. — Sur l'action protéolytique des venins.
Note de M. L. Launoy, présentée par M. Edmond Perrier.
« J'ai eu ces jours-ci connaissance de la Note de M. Delezenne (^ ), et à
ce propos je crois devoir rappeler que depuis plusieurs inois je poursuis
des recherches sur l'action zymotique des venins (-).
» 1° Action protéolytique. — En ce qui concerne spécialement le venin des
Ophidiens, j'ai établi que si l'on fait agir, sur une solution de caséine dans l'eau de
(*) Delezenne, Sur l'existence d'une kinase dans le venin des serpents {Comptes
rendus, 11 août 1902).
(^) L. Launoy, De l'action aniyloly tique des glandes salivaires chez les Ophi-
diens {Bulletin du Muséum, 1902, n° 1, p. 38-42). — L. Launoy, De l'action pro-
téolytique des glandes salivaires chez les Ophidiens {Bulletin du Muséum, mai 1902,
p. SôS-Syi),
C. R., 1902, 2» Semestre. (T. CXXXV, N» 9.) P^
4o2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
chaux ou sur des dilutions de sérum de bœuf, une macération glycérinée de glandes à
venin de Vipère extirpées aseptiquement, le calcul, d'après la méthode de Beckmann,
de la quantité d'azote insolubilisè, montre qu'une légère fraction des albuminoïdes en
digestion est rendue soluble mais rarement peptonisée; j'ai de plus montré que, sur la
fibrine, l'action des venins est semblable, il peut y avoir dissolution partielle mais
jamais peptonisation. Gomme l'a fait très justement remarquer M. Delezenne, l'oval-
bumine coagulée ne subit aucune modification sous l'influence du venin des Ophidiens,
pas plus d'ailleurs, comme je l'ai constaté dans des expériences en cours, sous l'in-
fluence des sécrétions venimeuses de Scolopendre et de Scorpion.
» II. Action du venin de Cobra sur les ferments solubles. — J'ai fait connaître
antérieurement les résultats acquis en mettant en présence des solutions de venin de
Cobra, d'émulsine et d'amygdaline ('). Les conclusions auxquelles je suis arrivé sur
le mode d'action du venin de Cobra sur les ferments protéolytiques n'étant pas, dans
les conditions expérimentales où je me suis placé, exactement conformes à celles de
M. Delezenne, je donne ici les résultats obtenus avec la pancréatine.
» Dans cette étude, je me suis servi du procédé indiqué par MM. Bourquelot et
Hérissey dans leurs recherches des ferments protéohydrolytiques dans les Champi-
gnons ('^ ).
» Protocole expérimental. — On dispose les essais suivants :
A — A'. — Pancréatine 0,002 + venin 0,002 + lait dégraissé 20"™' + eau saturée
d'éther S*^""'.
B — B'. — Pancréatine 0,002 -t- venin 0,002 + lait dégraissé 20'^"^' + eau saturée
d'éther 3""'. On porte à 100° et rétablit le volume à aS'^'"' avec quantité
suffisante d'eau éthérée.
C — C. — Pancréatine 0,002 h- lait dégraissé 20^^°^' H- eau saturée d'éiher 4"°''.
D — D'. — Venin 0,002 + lait dégraissé 20<""' + eau saturée d'éther [f'^\
E — M' . — Lait dégraissé 20*^™' -i- eau saturée d'éther S'^'^'.
» Toutes ces manipulations ont été faites aseptiquement (■^). On a laissé pendant
4 jours à 25° (température du laboratoire fin juin 1902) les essais A, B, C, D et E;
et 8 jours les essais A', B', C, D', E'.
» Les dosages ont été faits sur 12"='"' du mélange, la caséine non digérée était pré-
cipitée par CH^.COOII; dans les flacons A, B, A', B', D, D' une minime quantité de
globuline provenant du venin s'ajoute au précipité.
» Dans ces conditions, la quantité de caséine digérée pour 100 a été :
A 76,49 A' 78,75
B o B' o
C 63,67 C' 66,25
D 8,65 . D' 6,25
E o E' o
(*) \j. Launoy, Action de quelques venins sur les glucosides. Action du venin de
Cobra sur l'éniulsine {Comptes rendus de la Soc. de BioU, 7 juin 1902).
(-) Bourquelot et Hérissey, Sur la présence d'un ferment soluble proléohydro-
lytique dans les Champignons {Bull. Soc. mycol. de France, t. XV, 1899, p. 60-67).
(") Le venin de Cobra employé m'avait été adressé par M. le Professeur Calmette,
à qui j'adresse à nouveau mes respectueux remercîmeuts.
SÉANCE DU ï"'' SEPTEMBRE 1902. 4o3
)) En résumé : 1° Si l'on fait agir, à des températures de 3;", /|o" on 43°,
sur des substances albuminoïdes dissoutes, des solutions de venin de Cobra
ou des extraits de glande venimeuse de Vipère et de parotide de Cou-
leuvre, le venin désintègre la molécule albuminoïde, de telle sorte que
celle-ci reste soluble après addition d'aldéhyde formique (H COH) et des-
siccation à JOD" (caséine, albuminoïdes du sérum) ou n'est plus précipi-
table par l'acide acétique (CH"*, COOH).
» 2° Cette désintégration est favorisée par une faible alcalinité du milieu
(neutre à la pliénolphtaléine); elle donne lieu à des albumoses à réac-
tion biurétique, précipitées par l'acide nitrique, le chlorure de sodium et
le sulfate d'ammoniaque. L'hydrolyse n'atteint jamais le terme : peptone.
)) 3° Si l'on fait agir simultanément, sur une substance albuminoïde en
solution alcaline, une solution de venin de Cobra et une solution de pan-
créatine active, l'action zymotique faible du venin s'additionne à l'action
propre du ferment soluble, sans que celle-ci semble notablement accé-
lérée par la présence du venin.
» 4** T-'CS venins de Vipère (Vipera aspis), de Vive {Trachinus draco),
de Scolopendre {Scolopendra morsitans), et de Guêpe commune ( Vespa
vulgaris) (') en solutions glycérinées thymolées, les venins de Cobra et de
Scorpion (Bulhus europœus) en solutions filtrées à la bougie, se montrent
dépourvus de toute action protéolytique sur les substances albuminoïdes
coagulées (ovalbumine, albuminoïdes du sérum) et sur la fibrine. »
MICROBIOLOGIE. — Sur la difficuUè d'isoler le Bacterium coli normal, dans
la dysenterie coloniale. Note de M. Lesage.
« En j)oursuivant mes études sur la dysenterie coloniale (-) j'ai dû
rechercher le Bacterium coli normal, avec ses caractères bien connus (entre
autres, la coagulation rapide du lait en 24 à 4^ heures, l'odeur des cul-
tures, etc.).
(*) Je rappelle le travail de Jos. Langer, Untersuchungen ûber das Bienengift,
2^" Mittheilung (Arch, int. de Pharmacody nantie, vol. VI, p. iSi-ig^)^
(-) Dans celle question si difficile des dysenteries, il est important de préciser les
faits que chaque auteur étudie. La dysenterie coloniale, maladie des pays chauds, est
épidémique ou sporadique; elle présente trois périodes (première période : glaires,
mucus, sang, lavure de chair; deuxième période : boursouflure des matières fécales;
troisième période : diarrhée blanche). L'évolution de la maladie est variable; elle
peut durer quelques jours, quelques semaines, quelques mois; elle est souvent accom-
pagnée d'abcès du foie.
4o4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» M. Le Dantec a signalé, le premier, la rareté de la présence de ce
microbe dans les matières fécales (ce qui est un fait exceptionnel en Patho-
logie). Cette assertion est vraie dans son sens général; cependant il est bon
de spécifier, dans cette étude, la période de la maladie.
» Ainsi, à la première période, 6 fois sur 26, j'ai constaté la présence du microbe
normal ; à la seconde période, 18 fois sur 63. Dans le reste des cas, le microbe était à
l'état de /?a/'«co/i (perte de l'odeur, absence de coagulation du lait, même après un
long temps).
» Dans la troisième période, j'ai toujours constaté la présence du B. coli normal.
» J'ai recherché les causes de la transformation du B. coli normal en paracoli. En
voici une, d'après l'étude des 20 paracoli que j'ai rencontrés à la première période de
la maladie. La culture paracolienne paraît absolument pure, mais ce n'est qu'une
apparence. En effet, après une série d'isolements très minutieux et après un ou
plusieurs passages sur les animaux, j'ai remarqué que la culture contenait deux
microbes : une pasteurellose (*) et le paracoli. La culture paracolienne, ayant une
végétabilité très grande par rapport à la première, la recouvre et la masque. En pre-
nant la culture paracolienne ainsi isolée et en lui faisant subir plusieurs passages sur
pomme de terre, j'ai noté que l'odeur colienne réapparaît et que le lait subit la coagu-
lation d'abord lente, puis rapide.
» Le paracoli devient B. coli normal. Cette transformation est plus ou moins rapide
suivant la qualité de la pomme de terre.
» Ce B. coli normal ainsi obtenu est mis de nouveau au contact de la pasteurellose,
soit sur gélose, soit dans le péritoine de cobaye : il se transforme Qn paracoli.
» Moyens d'isolement. — a. Isolement très minutieux et répété plusieurs fois sur
plaque de Pétri (gélose et gélatine). La pasteurellose a des cultures fines et petites
avec ses caractères spéciaux. Les cultures du paracoli sont plus épaisses et plus
grasses et possèdent les caractères connus.
» Il est bon de remarquer que, si la culture de la pasteurellose contient par mégarde
quelques éléments paracoliens, ceux-ci envahissent bientôt le milieu et masquent de
nouveau le cocco-bacille.
» b. Inoculation intra-péritonéale de la culture initiale à plusieurs cobayes. On tue
de deux heures en deux heures. La pasteurellose passe d'abord seule dans le sang de
l'animal, puis le paracoli passe à son tour, si bien qu'après la mort naturelle de
l'animal la culture du sang est de nouveau impure, à des degrés variables, suivant la
végétabilité Au paracoli.
» c. Inoculation de la culture initiale sous la peau du lapin. Toutes les 6 heures on
fait une prise au point d'inoculation et l'on isole.
» Une culture impure, et il est difficile de reconnaître l'impureté, reprise plusieurs
fois sur pomme de terre aura des caractères différents de ceux que présente la culture
faite de gélose en gélose. Dans le premier cas, le B. coli normal est isolé à la longue;
dans le second cas, la culture contient les deux microbes.
)) La connaissance de ces faits m'a permis de ne pas attribuer au B. coli
(*) Société de Biologie, 1/4 jui" 1902.
SÉANCE DU I^"" SEPTEMBRE 1902. 4o5
normal, passagèrement paracoli, des caractères que ce microbe ne possède
pas et qui relèvent de la pasteurellose sous-jacente. D'autre part, la
question de l'agglutination pour la pasteurellose est difficile à juger,
d'autant que, déjà dans les cultures, elle a une tendance normale à se
mettre en amas et que le sérum normal humaiu augmente cette ten-
dance. »
PATHOLOGIE ANIMALE. — Traitement préventif de la clavelée.
Sérum anticlaveleux . Note de M. F.-J. Bosc.
« Dans une Note du 26 avril 1902, à la Société de Biologie, j'ai montré
que l'on pouvait obtenir des substances immunisantes capables de permettre
un traitement préventif de la clavelée.
)) Duclert avait montré, il y a quelques années, que le sérum de moutons
guéris de la clavelée est doué, à doses élevées, de propriétés préventives;
ses résultats avaient été contestés en particulier par M. Nocard.
» Celte année même, aj^rès avoir démontré la virulence du sang du
mouton claveleux {Comptes rendus de la Société de Biologie, février 1902),
j'ai pu penser logiquement que le sang renfermait le virus claveleux figuré
et ses produits de sécrétion, et aussi que le sérum des agneaux guéris
■ devait renfermer des substances immunisantes; enfin, que ces substances
devaient être d'autant plus abondantes que l'infection avait été plus
intense.
» I. J'ai repris les expériences de Duclert, en me servant du sérum ^agneaux
hyper infectés et qui, grâce à une résistance naturelle plus considérable, avaient guéri :
elles m'ont montré que l'action préventive s'exerce toujours, et non seulement avec
des doses considérables, mais avec So'^"' et 20'^'"'. L'action de ce sérum était seulement
variable au point de vue de l'intensité de son action : parfois elle entraînait une immu-
nisation totale; le plus souvent, elle empêchait i'éruption généralisée. Et si même,
dans ce dernier cas, on sacrifiait l'animal à la fin de l'éruption locale, on pouvait con-
stater, alors qu'il n'y avait aucune trace d'éruption à la peau, la présence de plusieurs
ou d'une seule pustule pulmonaire sous-pleurale. On conçoit toute l'importance de
cette constatation, au point de vue pratique.
» Dans cette première série d'expériences, j'ai été amené à abandonner le mouton
comme sujet d'expérience; il oftVe en effet une résistance trop grande et trop variable
au virus claveleux, pour qu'on puisse mesurer l'activité d'un sérum préventif. J'cd
pris, et il est indispensable de prendre comme réactif l'agneau né de mère non
clavelisée, qui est d' une très grande sensibilité,
■» IL Dans une deuxième série d'expériences, j'ai recherché si le sérum des
animaux hyperinfectés, soignés peu de temps avant l'apparition de la période agonique,
ne possède pas de propriétés préventives. J'avais constaté, en effet, au cours de
4o6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
mes expériences sur la virulence du sang, que certaines injections sous-cutanées de
sang incoagulable d'agneau claveleux, qui avaient été insuffisantes pour déterminer
la clavelée, avaient immunisé l'animal contre cette dernière. Une étude systématique
a montré que le sérum d'un animal recueilli à une période avancée d'une clavelée
hypervirulente est préventif à la dose de 20*^™' pour l'agneau sain.
» Recherchant si les principes vaccinants étaient totalement enfermés dans le sérum,
j'ai vu que, si l'on rend le sang incoagulable et qu'on le filtre à la bougie d'amiante ou
de porcelaine, on obtient nn plasma d'un quart ou d'un tiers plus actif que le sérum.
» III. Etant donnée l'action préventive énergique du sérum ou du plasma des agneaux
hjperinfeclés et après avoir vérifié que cette action était d'autant plus énergique que
les lésions claveleuses avaient été plus intenses, j'ai procédé de la façon suivante :
» Un agneau est inoculé avec un claveau hypervirulent, par 20 scarifications sur
chaque flanc et par 4 injections sous-cutanées dans les aines elles aisselles aboutissant
à d'énormes tumeurs, puis à une éruption généralisée intense à la peau et à tous les
organes. A ce moment on recueille 4oo'^'"' de sérum, et on l'inocule à un animal neuf
en même temps qu'on lui injecte, au bout de 24 ou 48 heures, toute la substance des
lésions claveleuses recueillies sur l'agneau hyperinfecté. Il est important de ne pas lui
inoculer seulement la lymphe, mais les j^oduits de raclage, puis de broyage des
lésions [sur toile métallique), fdtrés par pression sur un linge stérilisé.
» On obtient ainsi une immunisation partielle ou totale (qui empêche la mort de
l'animal inoculé) et une saturation de celui-ci par la pulpe claveleuse. On recom-
mence à plusieurs reprises les inoculations de sérum et de claveau. Après plusieurs
traitements semblables, l'animal présente un claveau hyperpréventif. Mais, même
avec ce sérum, si l'on a soin de se servir de l'agneau comme réactif, on constate que
les résultats peuvent être variables, suivant l'animal préparé ou suivant l'agneau ino-
culé préventivement, et, au lieu d'une immunisation totale, on n'obtient qu'une hémo-
immunisalion (la pustule locale évolue le plus souvent très atténuée, mais il n'y a
pas d'éruption généralisée).
» C'est pour ce motif que j'ai commencé par indiquer, dans l'étude de l'action
préventive, la partie certaine dans tous les cas : V hémo-immunisation, me réservant
de revenir sur l'immunisation totale.
» On peut encore augmenter l'activité du sérum préventif en inoculant à un animal
neuf du sérum hyperpré^'entif et du claveau en abondance, tous les 3 jours.
» IV. Mais le sérum préventif n'est pas fourni par le mouton avec une assez grande
abondance pour rendre le procédé pratique.
» Dès janvier 1902, je me suis adressé systématiquement à Veine, animal réfrac-
taire à la clavelée, et je lui ai inoculé alternativement de hautes doses de sérum
hyperpréventif du mouton et des quantités énormes de pulpe claveleuse, jusqu'à 20'^'"''
par jour pendant i5 jours.
» J'ai obtenu un sérum préventif suffisant entre lo"""' et 20'^"'', mais je
suis arrivé, depuis ma Communication de février 1902, à la Société de
Biologie, à une méthode que je me réserve défaire connaître ultérieure-
ment et qui, appliquée encore à l'àne, donne de meilleurs résultats et
permet d'obtenir un sérum très actif et en grande quantité. »
SÉANCE DU 1^'' SEPTEMBRE I902. 407
CHIMIE INDUSTRIELLE. — Résultats physiques, chimiques et pratiques
de la concentration du vin. Note de M. F. Garrigou. (Extrait.)
« J'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie, dans sa dernière séance,
divers résultats de mes recherches sur la concentration du vin, commen-
cées en 1872, Je me propose aujourd'hui de faire connaître quelques dé-
tails qui éclairent la question, tant au point de vue scientifique qu'au
point de vue pratique.
» Afin d'obtenir des produits irréprochables, il faut choisir, pour les
concentrer, des vins absolument naturels. Le vinage, l'addition d'acide tar-
trique, de plâtre, d'acide sulfurique, etc., constituent des falsifications qui
peuvent avoir des effets déplorables, hygiéniquement et industriellement.
)) Ces additions se reconnaissent, du reste, avec facilité dans une opéra-
tion préalablement faite sur 10' du vin à concentrer :
» i'' Le vinage. — Il fournit, lorsqu'il a été fait avec des alcools défec-
tueux, une plus grande quantité d'alcools lourds que le vin parfaitement
pur.
» 2" V addition d'acide tartrique. — Dès que l'on dépasse la concentra-
tion à moitié, l'acide tartrique commence à se déposer lorsque l'on en a
ajouté au vin, et le dépôt devient très abondant lorsque la concentration
est poussée beaucoup plus loin. Cet acide tartrique et les tartrates ne se
redissolvent plus lorsque, par l'addition de la quantité voulue d'eau et
d'alcool, on cherche à rétablir le y\n type (le vin primitif). Dans certains
vins, surtout des vins d'Espagne, il se produit, dans ces conditions, une
véritable boue.
» 3" Addition de plâtre. — Si cette addition a été considérable, le vin con-
centré devient très fortement acide, et il se dépose en abondance un
mélange de sulfate de chaux et de sulfate de potasse. Le microscope les
décèle nettement. L'acidité causée par la production d'acide sulfurique est
également décelée avec certitude, ainsi que je vais le démontrer.
» 4° Addition directe d'acide sulfurique. — Il m'est arrivé, dans l'opé-
ration préparatoire pour la concentration, de trouver des vins présentant,
au sujet de l'acide sulfurique, des réactions qui n'ont jamais été indiquées
et que je dois signaler ici.
» Je commence par me procurer, clans le pays d'où vient le \n\ à
concentrer, du vin absolument naturel. Appelons ce vin : vin A, et nous
donnerons, au vin à concentrer, le nom de vin B.
» Ces deux vins sont mis dans deux capsules de platine ou de porcelaine,
4o8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
et évaporés au bain-marie; leur extrait est desséché dans le vide à une
température assez élevée (iSo*^), puis on les calcine avec précaution (').
» Extrait de A. — Cet extrait est acide. A la calcination il ne présente
pas de vapeurs blanches, et les vapeurs, reçues sur un vase refroidi, sont
légèrement acides.
» Extrait de ^. — Cet extrait est très fortement acide.
» I** A la calcination il dégage des vapeurs blanches qui, en se conden-
sant sur un vase refroidi, donnent un liquide d'une acidité énorme.
» 2*^ Si l'on concentre ce liquide, après avoir lavé à la pissette les parois
du vase refroidisseur, on obtient sur ce liquide la réaction de l'acide sulfu-
rique.
)) Ce n'est qu'après avoir ainsi étudié les vins à concentrer (^) qu'on
peut être sûr de leur pureté; et les soumettre à la concentration, alors
seulement, constitue une opération aussi correcte hygiéniquement qu'in-
dustriellement.
» La concentration du vin, opérée avec des vins naturels et choisis,
fournit des produits irréprochables, souvent meilleurs que les vins qui ont
servi à cette concentration.
» Elle peut permettre : i° de sauver des récoltes qui se perdraient par
défaut de matières toniques et d'alcool, en doublant ou en triplant ces ma-
tières; 2° de pasteuriser complètement le vin soumis à la concentration;
3** de produire d'excellents vins de coupage, ainsi que je l'ai dit dans ma
lettre ouverte, aux députés, du 20 décembre 1 901 ; 4** de diminuer la vais-
selle vinaire ; 5° de faciliter les transports de vin, en en réduisant le prix ;
6° d'alimenter plus facilement les colonies et les pays étrangers qui man-
quent de vin. Elle peut être de première utilité pour les explorateurs, pour
l'armée en campagne, pour la marine, etc. »
La séance est levée à 3 heures et demie.
G. D.
(^) Cette calcination peut s'opérer de diverses manières, pour conserver les produits
qui se volatilisent.
(^) Les procédés que je viens de donner ne sont pas les seuls à emjDloyer. J'en utilise
d'autres.
ACADÉMIE DES SCIENCES,
SÉANCE DU LUNDI 8 SEPTEMBRE 1902.
PRÉSIDENCE DE M. BOUQUET DE LA GRYE.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Président annonce à l'Académie la perte que la Science vient de
faire en la personne de M. R. Virchow, Associé étranger de l'Académie ;
il se fait l'interprète des profonds regrets de ses Confrères et prie
M. Bouchard de rappeler les traits principaux de la vie de l'illustre savant.
Allocution de M. Bouchard, à l'occasion de la mort de R. Virchow,
Membre associé.
« La mort de Rudolf Virchovv^, qui met l'Allemagne en deuil, est une
perte cruelle pour le monde savant tout entier. M. le Président a dit
combien elle est douloureusement ressentie par cette Compagnie, à
laquelle Virchow appartenait depuis 1839. Elle frappe plus particulière-
ment la Médecine. C'est que Virchow, par ses découvertes et sa direction,
a formé toutes les générations médicales qui existent encore aujourd'hui.
» En 1847, Virchow entreprenait ^^ publication de sq^ Archives d' Ana-
tomie et Physiologie pathologiques et de Médecine clinique, qui sont le plus
précieux ensemble de documents pour qui veut savoir comment s'est con-
stituée la Médecine contemporame. On y trouve, à côté des travaux qu'il
accueillait ou provoquait, les innombrables productions de son propre
labeur et l'orientation vers laquelle il poussait la Pathologie. Je n'entre-
prendrai pas devons soumettre l'énumôration de ses découvertes; ses tra-
vaux sur la leucémie, sur la thrombose et l'embolie, sur la dégénération
amyloide, qui me viennent les premiers à l'esprit, suffiraient pour faire
G. R., 1902, 2" Semestre. (T. GXXXV, N» 10.) 53
4lO ACADÉMIE DES SCIENCES.
\lyre son nom dans le souvenir des hommes. La Médecine lui doit plus
encore : le commencement d'une doctrine. Ce qui domine toute son œuvre,
c'est l'idée contenue et développée dans les vingt leçons sur la Pathologie
cellulaire. C'était, appuyée sur des faits qui semblent encore aujourd'hui
inébranlables, la notion nouvelle impatiemment attendue qui balayait les
débris des anciennes doctrines. L'Anatomie pathologique, depuis Morgagni
jusqu'à Cruveilhier et Rokitansky, avait montré que, dans les maladies,
certains organes sont lésés, et avait cru pouvoir caractériser la maladie
par la lésion. C'était un grand progrès qui exerçait une sorte de fascina-
tion. On ne voyait que la lésion; on ne se préoccupait ni de la cause, ni de
cette phase de l'acte morbide qui succède à l'application de la cause et qui
précède la lésion. C'est là ce qu'a saisi Virchow. Lui aussi, il ignorait les
causes, mais il voyait comment l'organisme réagit contre elles. Cette réac-
tion, il la cherchait dans' les parties vivantes irréductibles, dans les cellules,
et il suivait l'évolution de la vie cellulaire troublée jusqu'à la production
de la lésion.
)) Virchow n'a dit ni le pourquoi de la maladie ni le procédé suivant
lequel la cause provoque la maladie; mais il a dit, lui le premier, le com-
ment de la maladie, la succession des actes morbides provoqués par la
cause. C'est à un autre de nos Confrères qu'était réservé l'honneur de
dévoiler les causes. Comme Pasteur a fondé la Pathogénie, Virchow avait
jeté les bases de la Pathologie. C'est là le plus grand titre de gloire de Vir-
chow, et je me sens autorisé à dire que, avec lui, une lumière s'est éteinte
et une autorité a disparu.
» Virchow avait une activité infatigable qui s'est attaquée à bien
d'autres questions. Il était anthropologiste, il a voulu pénétrer les pro-
blèmes préhistoriques, il a même fait de la politique. C'est peut-être par
sa politique surtout qu'il a été connu et apprécié du public. Il arrive que
le public juge mal. Il a certainement mal jugé quand il a représenté Vir-
chow comme animé de sentiments hostiles envers notre pays. Virchow a
voulu dissiper lui-même cette légeade. J'ai présentes à la mémoire les
paroles qu'il prononça à Berlin, non sans quelque solennité, devant plus
de cent médecins français, en présence de l'ambassadeur de France : « On
)) m'attribue des paroles d'animosité contre la France que j'aurais pronon-
)) cées quand nos deux pays étaient en guerre. Il se peut que j'aie pro-
» nonce ces paroles, mais je n'en suis pas sur. Dans les périodes trou-
» blées, on dit parfois des choses dont on ne garde pas le souvenir. S'il
SÉANCE DU 8 SEPTEMBRE 1902. 4ll
» est un homme de l'une ou de l'autre nation qui, à cette époque, n'a pas
» senti son cœur bondir et est certain que sa langue a toujours obéi à la
)) froide raison, que cet homme me jette la première pierre. En tout cas,
» si j'ai prononcé ces paroles, je les désavoue. J'ai du respect et de la
)) reconnaissance pour la France, pour son génie initiateur, pour sa
» science, pour ses savants près desquels j'ai été étudier dans mes jeunes
» années. »
» Ce n'est pas sur de telles considérations que l'Académie base ses
jugements. Elles ne l'ont pas guidée quand vous avez, il y a 5 ans, con-
féré à Virchow la plus haute distinction à laquelle un savant puisse pré-
tendre. Si j'ai reproduit ces nobles paroles, c'est pour qu'il soit bien établi
qu'il n'y a pas chez nous d'arrière-pensée, que l'Académie s'associe sans
réserves au deuil du monde civilisé et qu'elle adresse de tout cœur à la
famille et aux Collègues de notre illustre Confrère l'expression de son
admiration et de ses regrets. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur l' irréductibilité des transcendantes uni-
formes définies par les équations différentielles du second ordre. Note de
M. Paul Painlevé.
« 1. Dans des travaux antérieurs, j'ai énuméré trois types d'équations
du second ordre qui définissent des transcendantes uniformes nouvelles.
Le plus simple de ces types est l'équation
(i) y" =Ç)y'^ + X.
» Dans une Note récente (^Comptes rendus, 1^^ septembre), M. R. Liou-
ville a indiqué un moyen par lequel il pense ramener l'intégration de ces
types à celle d'une équation linéaire (ordinaire) du quatrième ordre à
coefficients algébriques. Je voudrais montrer brièvement que cette réduc-
tion est illusoire.
» Considérons un système différentiel
(^) S == P (^'^'^ ê' .S)' È = Q(^'7'- ^' è)'
et regardons œ, y, z comme des coordonnées rectilignes d'un point de
l'espace. M. Liouville considère tous les systèmes (2) dont les courbe
4l2 ACADÉMIE DES SCIENCES,
intégrales se ramènent par une transformation ponctuelle
aux droites de l'espace. Convenons de dire que les systèmes (2) qui
répondent à cette condition sont de l'espèce D. Tous les systèmes (2) de
Tespèce D dépendent de trois fonctions arbitraires de x, y, z; étant donné
lin système (2) algébrique, on sait reconnaître algébi-iqiiement s'il est de
l'espèce D, et son intégration équivaut alors à celle d'une équation linéaire
(ordinaire) du quatrième ordre, à coefficients algébriques.
» Ceci posé, M. Liou ville écrit l'équation (i) sous la forme
et il cherche à déterminer un système (2) de l'espèce (D) qui soit consé-
quence de (3). Pour qu'un système (2) soit conséquence de (3), deux
conditions sont nécessaires : comme les systèmes (2) de l'espèce D dé-
pendent de trois fonctions arbitraires, M. Liouville assujettit ces fonctions
à une relation supplémentaire et arrive à cette conclusion qu'on peut
remplacer algébriquement le système (3) par un système (2) de l'espèce D;
autrement dit, l'intégration de (3) équivaut à celle d'une équation linéaire
(ordinaire) du quatrième ordre, à coefficients algébriques.
)) Pour comprendre que cette conclusion ne saurait être exacte, il suffit
de remarquer qtie le raisonnement subsiste sans modification quand on
remplace le système (3) par un système quelconque de la forme
(4) ■~=M(x,y,z), ~='S(x,y,z), (M, N algébriques en a?, j, ^).
Toute équation différentielle (^algébrique) du second ordre serait donc réduc-
tible à une équation linéaire (algébrique) du quatrième ordre : résultat
évidemment inadmissible.
» En réalité, ce que démontre M. Liouville, c'est que toute congruence
de courbes (gauches ou planes), définie par un système (4), est réduc-
tible par ime transformation ponctuelle à une congruence de droites. Mais
cette réduction est possible d'une infinité de façons, et le calcul d'une
transformation de passage équivaut à l'intégration du système (4).
» Si l'on effectuait les calculs indiqués par M. Liouville pour déterminer
les systèmes (2) de l'espèce D qui sont conséquences de (3), on trouverait
que les coefiicients de ces .systèmes dépendent d'un système d'équations
SÉANCE DU 8 SEPTEMBRE 1902. f^}3
aux dérivées partielles à trois variables indépendantes (.a?, y, z), dont la
solution générale renferme une fonction arbitraire de se, y, z, et quatre
fonctions arbitraires de deux variables. L'intégration de ces systèmes
revient à celle de l'équation (i), et réciproquement. La réduction indiquée
par M. Liouville est donc purement illusoire.
» 2. Je A'oudrais, à cette occasion, insister sur le caractère de Virrédac-
tibilité de i'équation (i) et des transcendantes uniformes ^(a?) qu'elle en-
fi^endre. J'ai montré que ces transcendantes sont essentiellement nouvelles.
Autrement dit, elles ne sauraient être des combinaisons explicites (si
compliquées soient-elles) des transcendantes uniformes classiques (fonc-
tions elliptiques, abéliennes ou dégénérescences, intégrales d'équations
linéaires à une variable, à coefficients algébriques). Par exemple, jk(^) ne
saurait être une fonction algébrique de plusieurs solutions d'équations
linéaires (ordinaires) à coefficients algébriques, non plus qu'une combi-
naison algébrique de fonctions 0, où les arguments seraient remplacés par
des fonctions elliptiques de x, ou par des solutions d'équations différen-
tielles linéaires (algébriques), etc. J'ai été conduit ainsi à une définition
de V irréductibilité des équations différentielles, définition qui s'impose
dans ce genre de recherches, mais qui est plus restreinte que celle qui
convient dans l'étude de l'intégration formelle (^^). J'ai déjà signalé cette
distinction ; mais j'indiquerai ici très explicitement comment se pose le pro-
blème de la réductibilité formelle pour l'équation (i). Des remarques ana-
logues s'appliquent aux deux autres types que j'ai énumérés.
» 3. La définition la plus générale et la plus rationnelle qu'on ait
donnée de l'irréductibilité d'une équation différentielle est celle de
M. Drach, que je rappelle en me limitant au système (4). Soient u (x, y, z),
i^(x, y, z) deux intégrales premières distinctes de (4); elles vérifient le
système
(S) !^;.'+M^-"+NÎ^=o, <^ + M'^^+N^ = o.
^ -^ ()j^ ay ôz dx ày ôz
» Le système du deuxième ordre (4) est dit réductible quand on peut
adjoindre au système (S) au moins une équation (algébrique) aux dérivées
(^) C'est ainsi que les équations du troisième ordre, qui définissent les fonctions
fucJisiennes, engendrent des transcendantes uniformes essentiellement nouvelles, bien
qu'elles se ramènent (en permutant le rôle de la fonction et de la variable) à une
équation de Riccati.
4l4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
partielles eiw/, ç^, x, y, z qui soit compatible (*) avec (S) sans être une consé-
quence de (S). Dans ce cas, il existe, non pas un seul, mais une infinité de
systèmes d'équations (algébriques) aux dérivées partielles en w, v,x,y,z
telles que chacun d'eux admette des solutions u, v de (S) sans les admettre
toutes. Mais, parmi ces systèmes 2, il en est un, soit 1^, d'ordre différen-
tiel minimum; toutes les solutions m, v de ce système se déduisent d'une
quelconque d'entre elles u^, c^, par les transformations
d'un certain groupe Y (fini ou infini). Ce systèmes, et le groupe T cor-
respondant, qui ne sont définis qu'à une transformation ponctuelle près
en u, (', caractérisent la difficulté de l'intégration formelle de (4). C'est ce
groupe r que M. Drach appelle le groupe de rationalité de (4). Étant
donné un système (4). le problème fondamental qui se pose au point de
vue de l'intégration formelle, c'est la détermination du groupe de ratio-
nalité.
)) 4. Appliquons ces généralités à une équation de la forme
(^) Tx^"" ^=^(^'->') (R algébrique en ^,j).
» Une telle équation n'est pas irréductible, au sens de M. Drach, car
elle admet comme dernier multiplicateur l'unité. Ceci revient à dire qu'on
peut substituer au système S le système
(2)
du du ^ '^^ D
dcc dj ~' ôz '
dv du di' du ^ dv du dv du
~dx dz dz dx ""' dy dz dz dy '
qui entraîne la conséquence -^ -\- -^ z -h -jz R = o . Les solutions (u, c)
de S se déduisent d'une quelconque d'entre elles (u^, ('^ ) par les transfor-
mations du groupe infini u = (p(?/,, v^), v = ^(Uf, v^), où cp, <li sont deux
fonctions quelconques dont le jacobien est égal à i. Ce groupe G est le
groupe de rationalité d'une équation (5) non exceptionnelle (- ).
(*) J'entends par là que le système 2 formé par (S) et les relations supplémentaires
admet au moins une solution u, v où u, ç sont deux fonctions distinctes de x, y, z.
(-) Il faudrait, en toute rigueur, démontrer que le groupe de rationalité d'une
équation (5) prise au hasard n'est pas un sous-groupe de G. Mais la chose ne paraît
pas douteuse ni difficile à démontrer.
SÉANCE DU 8 SEPTEMBRE 1902. 4^5
» La question qui se pose pour l'équation (i) est donc de savoir si son
groupe de rationalité F coïncide avec le groupe G ou avec un sous-groupe
de G. A priori, il n'est pas impossible que ce grouper soit fini, par exemple
soit le groupe linéaire; dans ce dernier cas, deux intégrales premières m, v
de (i) seraient données par un système d'équations aux dérivées partielles
dont l'intégration équivaudrait à celle d'une équation linéaire du deuxième
ordre, suivie de quadratures. Ce qui est certain, dans tous les cas, d'après
ce que j'ai démontré, c'est qu'aucune intégrale première u{x,y,y)
de (i) ne saurait être algébrique, soit en j', soit en j.
» La connaissance du groupe de rationalité de l'équation (1) (si tou-
tefois ce groupe ne coïncide pas avec G) serait très importante pour l'étude
des propriétés des transcendantes y{x). Malheureusement, le problème
qui consiste à trouver le groupe de rationalité d'une équation différen-
tielle donnée (algébrique) est bien loin d'être résolu. Il faudra donc, pour
déterminer le groupe de l'équation (1), ou beaucoup d'invention, ou beau-
coup de bonheur.
» Quel que soit d'ailleurs le résultat auquel on parviendra par la suite,
deux points sont dès maintenant acquis ;
)) 1° Les intégrales y{x) de l'équation (i) sont des transcendantes
uniformes essentiellement nouvelles;
» 1° Les propriétés de ces intégrales, leur caractère méromorphe, leur
représentation, etc., ont été établis directement sur l'équation même;
autrement dit, cette équation a été intégrée (au sens moderne du mot)
à Vaide de la théorie des fonctions, sans qu'on sût efTectuer d'aucune façon
son intégration formelle. »
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Étude expérimentale de la résistance
à la compression du béton f relié. Note de M. Considère.
« Pour vérifier l'exactitude des considérations développées dans la
Communication précédente, j'ai fait des expériences, à Quimper, en 190 1,
sur de petits j)rismes de mortier et, à Paris, en 1902, sur de grands prismes
de béton. Toutes ont confirmé qu'il faut multiplier par— = 2,4 le poids
d'un frettage pour déterminer le poids des armatures longitudinales qui
donneraient la même résistance à l'écrasement.
» Comme exemple de la résistance élevée que donne le frettage, on
citera un prisme de mortier dosé à 433''^ déciment par mètre cube de sable
4l6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
et armé de spires hélicoïdales dont le volume n'était que les o , o34 de celui
du prisme. Il a porté 740^^ P'^'^ centimètre carré de section initiale sans
s'écraser. A. poids égal, le fer percé de trous de rivets ne porte pas plus.
)) Pour vérifier les conclusions relatives à l'élasticité, on a représenté
graphiquement les résultats des essais des prismes énumérés ci-après qui
avaient iS*'™ de diamètre et étaient formés d'un très médiocre béton dosé
à Soo*^^ de ciment pour o""', 800 de gravier et o"', 4oo de sable avec un excès
d'eau qui en a empêché le pilonnage énergique :
» A. Prisme témoin non armé qui a porté 74"^^ par centimètre carré;
» B, C. Prismes armés de spires de 6""°, 27, 4'^"', 27 espacées de 30™"",
j 5111m.
» D, E. Prismes armés comme B, C, plus 8 barres longitudinales de
e"»»", 27;
» F. Prismes armés de 8 barres longitudinales de 9™"", réunies par des
ceintures espacées de 80°*™, conformément à un type très employé.
» Les abscisses sont les pressions par centimètre carré à l'échelle de
0°"", 4 par kilogramme et les ordonnées sont les raccourcissements par
mètre multipliés par 20.
» En examinant cette épure, on constate d'abord, sur les prismes A et F,
ce fait bien connu que le béton non armé, ou armé de barres longitudinales
réunies par des ceintures métalliques insuffisantes ou trop espacées, se
brise, sans que rien l'annonce, quand il a pris un faible raccourcissement,
qui, pour le prisme F, a été de i™°',o5. Au contraire, le béton fretté pos-
sède, comme les métaux ductiles, une limite d'élasticité qui est bien infé-
rieure à la charge de rupture et dont le dépassement est annoncé par des
fissures dans la mince couche de béton qui recouvre le frettage. Une croix
indique l'apparition des fissures pour chacun des prismes B, D, E. La croix
relative à la courbe C serait en dehors de l'épure avec une abscisse
» Les raccourcissements supportés par les prismes frettés, avant l'écra-
sement, sortiraient beaucoup du cadre de la figure. Ils ont varié entre 15°^""
et 3o"^™ par mètre.
)) On remarquera que les résistances fournies par les divers prismes
pour un même raccourcissement sont loin de varier en proportion du pour-
centage de métal (rapport du volume du métal au volume total) qui est
indiqué à coté de chaque courbe ; le premier chiffre est le pourcentage des
barres longitudinales, le deuxième celui des frettes ou, à défaut, celui des
ceintures réunissant ces barres; le troisième est le pourcentage total.
SÉANCE DU 8 SEPTEMBRE 1902. 4'7
)) Pour préciser cette apjDarenle anomalie, on se servira de la formule
établie dans la Communication précédente, dont il résuite que la résistance
donnée au béton par le frottement que produit le frettage est égale à la
résistance propre d'armatures longitudinales dont le poids serait égal à celui
des frettes multiplié par g— = 0,90. Elle permet d'établir le Tableau sui-
vant :
Prismes.
Résistance calculée due au frottement. . .
Excès de la résistance constatée sur celle
du prisme témoin
Rapport des deux chiffres 054'^
» L'explication des grandes différences que présentent les valeurs de ce
rapport m'a été fournie par l'observation des circonstances de l'cxpc-
rience. Pendant le cliargement du prisme B, les fissures ont apparu sous la
G. R., 1902, a» Semestre. (T. CXXXV, N» 10.) ^ ^
B.
c.
D.
E.
3i>^s
25'^y
So'^s
43'^
l^^S
iS-'s
se^s
SSks
0,45
0,60
0,72
0,81
4l8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
faible charge de 122*^^ et, bientôt après, on a vu le béton s'écailler d'abord
et finalement s'écouler entre les spires formant le frettage dont l'écar-
tement d'axe en axe était de 3o™™. L'écrasement du prisme, qui a eu lieu
sous la charge de 36o^s pa^ centimètre carré, a été la conséquence de cet
écoulement et rien n'a indiqué que le métal eût atteint sa limite d'élasticité.
)) Dans le prisme C, dont le frettage était formé par des spires écartées
de iS™"" seulement, les fissures ont apparu sous la charge de 174''^? l'écail-
lement aussi s'est produit tardivement et il n'y a pas eu d'écoulement du
béton sous la pression de 38o''8, maximum qu'a pu produire la presse
hydraulique de l'Ecole des Ponts et Chaussées et qui n'a pas suffi à
écraser le prisme C.
» Les prismes D, E renfermaient, outre des spires espacées de 3o'°™,
i5™™, huit armatures longitudinales appuyées contre la surface intérieure
des spires et formant avec elles un quadrillage qui opposait un obstacle
efficace au gonflement latéral du béton. L'apparition des fissures ne s'est
produite que sous les charges de 204"^^ et 238''^ et l'on n'a pas observé de
gonflement sensible et, a fortiori, d'écoulement du béton entre les arma-
tures sous les pressions réalisées qui n'ont pas produit la rupture.
» Du rapprochement de ces faits, il résulte que les spires écartées du
cinquième et même du dixième du diamètre des prismes n'ont pas suffi, à
elles seules, pour donner le maximum de solidité au béton employé dans ces
expériences et qu'elles ont fourni des résultats bien meilleurs et voisins
de ceux de la formule en question lorsqu'on y a ajoute de faibles arma-
tures longitudinales.
)) Il importe de remarquer que les tubes continus, qu'on pourrait croire
préférables aux spires, ne donneraient que de très médiocres résultats
parce que, participant aux raccourcissements du béton, ils se gonfleraient
et se fatigueraient comme lui et ne pourraient, par suite, combatU^e son
gonflement et sa fatigue.
«On doit rappeler aussi que, la tendance au retrait du béton conservé
dans l'air étant gênée dans les pièces armées, il en résulte une diminution
du coefficient d'élasticité que j'ai signalée en 1900. Elle réduit la résistance
produite par une déformation déterminée et, si l'on n'en tient pas compte,
on attribue une valeur trop faible à Taugmentation de résistance que
j^roduit le frettage. Il est donc vraisemblable que la perte de résistance
due à l'écartement des armatures a été bien intérieure, en réalité,
à 1,00 — 0,81 = o, 19 pour le prisme E.
)) La formule étant vérifiée sous cette réserve, là où elle peut l'être,
SÉANCE DU 8 SEPTEMBRE 1902. 4ip
c'est-à-dire dans la limite des déformations que le béton non armé peut
supporter sans rupture, il paraît légitime d'admettre qu'elle est exacte
au delà. Si donc, des résistances du prisme E constatées pour un certain
nombre de raccourcissements, on retranche graphiquement les résistances
correspondantes des armatures longitudinales et celles des frettes calculées
par la formule en question, on obtiendra unecourbe OMN dont les ordon-
nées seront égales ou peu inférieures aux valeurs de la résistance propre
que le béton produit dans les pièces frettées lorsqu'il subit des raccourcis-
sements supérieurs à ceux que supporte le béton non armé. On remar-
quera l'analogie de cette courbe de pression du béton fretlé avec la courbe
de traction du béton armé.
» De l'étude de la courbe OMN il résulte que, dans le prisme E, la ré-
sistance propre du béton a continué à augmenter au delà de la charge de rupture
du béton non armé, mais de moins en moins rapidement, jusqu'à ce que le
raccourcissement se fût élevé à 2™"* par mètre environ, et qu'elle a atteint alors
une valeur dépassant de près de 5o pour loo la résistance à r écrasement du
prisme témoin.
» On prépare des prismes formés de béton riche qui permettront de
vérifier si les conclusions qui semblent ressortir de ces faits peuvent être
généralisées. En cas de résultat favorable, on aurait le moyen de calculer
la résistance à l'écrasement, ainsi que la limite d'élasticité et les valeurs
successives du coefficient d'élasticité d'un prisme fretté de dosage et de
disposition quelconques, et l'on pourrait déterminer la charge de flambe-
ment.
» Le développement des conséquences pratiques qui découlent de cette
étude scientifique ne seraient point à leur place ici. »
CORRESPONDANCE.
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur C éruption de la Martinique. Note
de MM. A. Lacroix, Rollet de l'Isle et Giraud, délégués de l'Académie.
2° La catastrophe de Saint-Pierre.
« Le fait qui domine toute l'histoire de l'éruption actuelle de la Mon-
tagne Pelée est la catastrophe du 8 mai qui, en quelques minutes, a détruit
la ville de Saint-Pierre et ses 3oooo habitants, anéanti de nombreuses
habitations du voisinage, ainsi que les navires qui se trouvaient en rade.
420 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Nous nous sommes donc préoccupés de rechercher les causes de ce
phénomène; pour cette étude, nous nous sommes heurtés à des difficultés
nombreuses. Arrivés en effet à la Martinique un mois et demi après l'évé-
nement, alors qu'une nouvelle éruption, celle du 20 mai, produite dans
des conditions probablement analogues, était venue parachever l'œuvre
de destruction, nous avons dû nous contenter d'étudier les produits A^olca-
niques tombés sur la ville ou à son voisinage, de rechercher les effets
mécaniques, calorifiques ou physiologiques produits par le phénomène, de
recueillir et de discuter les récits du petit nombre de témoins qui ont
survécu, récits qui, d'ailleurs, sont loin d'avoir été toujours concordants.
« Nous avons montré antérieurement que les alentours du cratère de la
Montagne Pelée, sur un rayon de 2'"" à S*"", sont entièrement dévastés;
d'autre part, les cendres projetées par le volcan sont surtout abondantes
dans un secteur, situé sur les côtes Oaest et Sud-Ouest de la Montagne
Pelée et compris entre le cratère, l'îlot de la Perle au nord du Prêcheur et
le Carbet. Dans ce large secteur, il en existe un autre plus petit, compris à
peu près entre le bourg de wSainte-Philomène et le sud de la ville de Saint-
Pierre : la dévastation y a atteint son maximum; sauf sur ses bords, toute
végétation, toute habitation ont été plus ou moins totalement détruites,
tous les êtres vivants qui s'y trouvaient le 8 mai au matin ont été tués, à
l'exception de quelques rares blessés.
» INous ferons remarquer immédiatement la dissymétrie de cette zone
dévastée par rapport au cratère, dissymétrie qui, jusqu'au i^^aoùt, date de
notre départ de la Martinique, a persisté dans les effets des éruptions qui
ont suivi celle du 8 mai. Nous noterons, en outre, que la direction des
fissures, jalonnée par les fumerolles de la vallée de la rivière Blanche,
sert sensiblement de médiane au secteur de la dévastation.
» Ces fumerolles, actives depuis le commencement de l'éruption, sont
localisées sur le côté Sud-Ouest de la Montagne Pelée.
» ProduUs de projection. — L'étude de la nature et de la distribution des
produits de projection dans la zone dévastée permet immédiatement d'éli-
miner l'hypothèse d'une destruction, produite par un bombardement de
la ville de Saint-Pierre et de ses environs par des blocs de lave incandes-
cente ou par la seule chute d'une très grande quantité de cendres. Nous
avons montré déjà que les bombes de la grosseur du poing, si nombreuses
sur les bords du cratère, ne sont pas parvenues directement au delà de Soo"*
de celui-ci. Quant à l'apport de cendres, quoique relativement assez consi-
dérable dans le quartier du Fort, il a été insuffisant, dans la plupart des
SÉANCE DU 8 SEPTEMBRE 1902. ^21
points considérés, pour déterminer à lui seul reffondrement des mai-
sons.
» Il est donc, par suite, nécessaire d'admettre que le désastre est dû à
l'existence d'une ])Oussée de gaz et de vapeur à haute température, ayant
certainement entraîné des cendres et des lapillis, mais qui paraissent tou-
tefois n'avoir joué qu'un rôle accessoire dans le phénomène. L'existence
de cette poussée est mise en évidence à la fois par ses effets mécaniques,
calorifiques et physiologiques, qiii ont été ou qui peuvent être constatés,
et par les récits des survivants de la catastrophe.
» Effets mécaniques. — L'étude des flancs de la Montagne Pelée et celle
des ruines de Saint-Pierre permettent de préciser les effets mécaniques
produits dans la zone de dévastation. Entre le cratère, Sainte-Philomène
et Saint-Pierre, il n'existe plus rien; le sol est nu : villas, usines, bois, cul-
tures, tout a disparu. Dans Saint-Pierre même, l'emplacement du quartier
du Fort, le plus rapproché du volcan, était encore le 22 juin recouvert par
une sorte de dune de cendres à surface ondulée. Depuis lors, l'érosion,
très active pendant cette saison des pluies, met peu à peu à découvert
ruines et cadavres et montre que beaucoup de maisons de la partie haute
du quartier ont été rasées au niveau du sol; il en est de même pour le
quartier du centre, situé sur la rive gauche de la Roxelane. Quant aux
maisons placées sur la rive droite de cette dernière rivière et adossées au
coteau sur lequel se trouvait le quartier du Fort, elles ont été, en partie,
protégées et n'ont subi que la démolition partielle, si caractéristique dans
le sud de la ville. Lorsque, en effet, on s'avance dans celte direction, on
constate que la dévastation y a été moins complète : les maisons ne sont
souvent que partiellement renversées et, dans le quartier du Mouillage
notamment, où les rues principales ont une orientation oscillant autour du
Nord-vSud ou dans une direction perpendiculaire, on constate que les murs
dont le plan est dirigé Nord-Sud ou dans des directions voisines sont
presque entièrement debout, alors que les autres n'existent plus ou
presque plus.
» Dans toute la ville, les arbres sont brisés ou déracinés; dans ce der-
nier cas, ils sont renversés vers le Sud; c'est dans cette direction qu'est
tombé le phare; la vierge colossale en fonte qui se trouvait sur le Morne
d'Orange, au-dessus de la batterie Sainte-Marthe, a été renversée dans la
même direction; elle gît non brisée à quelques mètres au delà de son
socle (^).
(*) Les canons de la batterie Sainte-Marthe, placés à côté de leurs affûts renversés,
422 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Cette constance de Torientation de tout ce qui a été renversé est par-
ticulièrement frappante dans le cimetière du Mouillage. Les grilles de fer
ont été arrachées et projetées vers le Sud ; des pierres tombales de marbre
placées à plat sur les caveaux ont elles-mêmes subi un déplacement dans
la même direction. Enfin, de nombreux cadavres ont été retrouvés dans les
rues, également orientés la tête vers le Sud.
» Lorsqu'on s'éloigne de Saint-Pierre dans la direction de l'Est, sur le
Morne d'Orange ou dans le quartier des Trois-Ponts, par exemple, on con-
state l'atténuation progressive des actions mécaniques : les arbres ne sont
plus renversés, mais seulement dépourvus de leurs branches et de leurs
feuilles, les maisons sont moins atteintes, parfois même quelques-unes
d'entre elles subsistent presque intactes, puis on arrive à une zone exté-
rieure où seul le feuillage des arbres a souffert. Des observations du même
genre peuvent être faites du côté du Prêcheur, à la bordure de la zone
dévastée.
» L'existence d'une poussée gazeuse formidable, dont l'origine doit
être recherchée au nord de la ville de Saint-Pierre, est donc évidente ; mais,
d'autre part, comme la ville se trouve à l'une des extrémités du secteur
dévasté, il est, en outre, nécessaire d'admettre que cette poussée n'a pas
été rectiligne, mais s'est produite en éventail de façon à couvrir toute la
surface comprise entre Sainte-Philomène et Saint-Pierre; nous discuterons
plus loin quelle est la position probable de son point de sortie.
M Effets calorifiques et physiologiques. — Au point de vue des phéno-
mènes calorifiques et physiologiques, il y a lieu également de distinguer
un secteur central, qui est sensiblement celui dans lequel les effets méca-
niques ont atteint leur maximum, et un autre, plus étroit, extérieur, dans
lequel les effets destructeurs ont été progressivement en s'atténuant. Dans
le secteur central, on n'a plus trouvé trace de vie; les cadavres étaient
entièrement nus, méconnaissables, superficiellement carbonisés; leurs
cheveux et leurs poils étaient brûlés. La position d'un très grand nombre
d'entre eux semble indiquer qu'ils ont été surpris par une mort foudroyante ;
les symptômes d'asphyxie (langue tuméfiée pendante, contracture des
membres, etc.) étaient souvent manifestes. Les maisons ont été incendiées,
mais l'incendie n'a pas été total; on rencontre des débris de maisons
épargnées à côté d'autres partiellement ou entièrement brûlées. Il
semble que la ville ai tété soumise à une température élevée, mais pendant
n'ont pas été jetés à terre par la poussée volcanique, comme on l'a écrit; ils étaient
démontés depuis plusieurs années.
SÉANCE DU 8 SEPTEMBRE 1902. 423
un temps très court, de telle sorte que les objets peu combustibles ou pré-
servés par des causes locales ou accidentelles (') n'ont souvent pas eu le
temps de s'enflammer, quand ils n'ont pas subi l'influence de foyers d'in-
cendie voisins, particulièrement intenses dans cette ville où les usines
et notamment les rhumeries étaient nombreuses. Il est à remarquer que
la ville de Saint-Pierre était construite en pierre, avec les toitures en tuile
ou en tôle galvanisée.
M La température n'a été suffisante pour fondre aucun des objets métal-
liques ( poutres, grilles, balcons de fer, fils de cuivre du téléphone) autre-
fois exposés à l'air et que l'on rencontre en grande abondance dans les
décombres de la ville.
» Dans le secteur extérieur, et notamment dans les faubourgs ou la ban-
lieue de la ville (quartier des Trois-Ponts, Morne d'Orange, etc.), la pro-
portion des maisons non brûlées, des arbres non carbonisés (-) augmente
très rapide ment, et l'on trouve des habilalions qui, bien que construites en
bois, ne montrent pas trace d'incendie. Dans ces dernières (Carbet), les
habitants ont été rencontrés asphyxiés, conservant des positions naturelles
qui semblent indiquer une mort soudaine; leurs vêtements n'étaient pas
endommagés (^).
» Dans le voisinage, les cadavres recueillis en dehors des maisons pré-
sentaient des traces d'asphyxie, en même temps que des brûlures; leurs
vêtements ne sont que partiellement carbonisés. Enfin, à la limite de la
zone que nous étudions, se trouvaient des blessés, dont quelques-uns ont
survécu; ce sont ceux que nous avons interrogés; sur eux, on n'a plus
observé, ou presque plus, de carbonisation; leurs vêtements étaient
intacts, leurs blessures consistaient en brûlures superficielles, mais très
étendues, de toutes les parties découvertes; les cheveux et la barbe étaient
iniacts. On a constaté aussi des brûlures des lèvres, des premières voies
digestives, des voies respiratoires, enfin parfois des signes de pneumonie.
Les paupières étaient parfois tuméfiées, brûlées, mais les yeux intacts.
(*) C'est ainsi que nous avons trouvé dans le quarlier du Fort des cartouches de
revolver et des tuyaux de caoutchouc intacts. Dans le quartier du Mouillage, nous
avons rencontré, dans la cour d'une maison en partie incendiée, une femme immergée
dans un bassin et ayant ses vêtements non brûlés.
(^) Ceux-ci sont souvent carbonisés ou dépourvus de leur écorce du côté de la
montagne seulement.
(^) Des cliiens et des chats ont été trouvés vivants dans quelques-unes de ces mai-
sons closes, dont les habitants étaient asphyxiés.
424 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Beaucoup de ces blessés ont été certainement brûlés par de la vapeur
d'eau ou par un gaz à haute température, mais d'autres avaient, en outre,
absorbé une plus ou moins grande quantité de cendres chaudes. Tel a été,
en particulier, le cas de ceux qui ont péri à bord du Roraima, navire qui
était mouillé devant Saint-Pierre. Ce navire, de même que le Rocldarriy le
Teresa-Lovico, se trouvait à une plus ou moins grande distance du rivage,
près de la limite d'action de la poussée gazeuse, qui semble avoir eu, au
point de vue calorifique, une action moindre sur mer que sur la terre voisine.
» En résumé, toutes ces observations indiquent l'action rapide et per-
sistante d'une source de calorique à haule température, produisant l'as-
phyxie. Dans une zone centrale, la température a été assez élevée pour
déterminer l'incendie, carboniser superficiellement les cadavres après
avoir brûlé leurs vêtements, mais elle a été insuffisante pour fondre des
fils minces de cuivre (io54"). A l'extérieur de cette zone, les phénomènes
d'asphyxie ont persisté, mais la température s'est abaissée de telle sorte
que des vêtements même ne pouvaient plus être carbonisés; enfin, plus
extérieurement encore, la vie a été généralement possible et les êtres
vivants ont eu à souffrir soit simplement de gêne respiratoire, soit de brû-
lures analogues à celles que produit la vapeur d'eau dans des explosions
de machines à vapeur, avec parfois en outre action évidente de cendres
chaudes.
» Ces faits d'observation étant établis, passons aux récits des témoins
que nous avons interrogés ou dont les déclarations ont été publiées.
Ceux-ci sont soit des personnes qui, au moment de l'éruption, ont observé
le volcan de localités situées au dehors de la zone dévastée (^Morne Rouge,
Parnasse, haut du Morne d'Orange, etc.), soit des personnes se trouvant
sur la limite extérieure de celle-ci (à bord des navires ou sur la terre ferme) ;
ces récits ne sont malheureusement pas tous concordants, mais les faits
suivants peuvent être définitivement établis. Nous publierons d'ailleurs
plus tard, avec le compte rendu complet de notre mission, tous les témoi-
gnages que nous avons recueillis, leur longueur ne permettant pas de les
intercaler dans ce rapport préliminaire.
» Après plusieurs jours d'éruptions préliminaires, le 8 mai, un peu avant
8'' du matin, alors que le ciel élait pur et que le volcan lançait verticale-
ment, comme il le faisait depuis quelque temps, \u\ panache de vapeur,
on entendit, venant du cratère, une détonation formidable, en même temps
qu'un nuage noir, tros épais, dévalait de la montagne dans la direction
Nord-Est-Sud-Ouest, vers Saint-Pierre. Ce nuage était sillonné d'éclairs; ii
SÉANCE DU 8 SEPTEMBRE 1902. 425
était animé d'une grande vitesse, de telle sorte qu'en 2 ou 3 minutes, peut-
être moins, il avait dépassé Saint-Pierre, dont l'extrémité Sud est distante
d'environ H^"^ du cratère. Ce nuage était dense, car ses volutes, roulant les
unes sur les autres, se maintenaient à la surface du sol. Sur son passage, il
renverse habitations et monuments, brise ou déracine les arbres, soulève
horizontalement la surface de la mer, démâte les navires au ras du pont et
en coule plusieurs. Enfin, il anéantit tous les êtres vivants. Une obscurité
profonde s'étend immédiatement sur son trajet, mais à son contact tous
les objets combustibles s'enflamment : arbres, champs de cannes, la ville
entière, les navires en rade flambent en un instant. Presque aussitôt se pro-
duit une chute de petits lapillis et de cendres, bientôt transformées en
boue par une pluie diluvienne qui dure près de 3o minutes. Aussitôt après
le passage de la poussée gazeuse, un vent de retour en sens inverse s'est
produit, sauvant ainsi la vie à plusieurs personnes au sud de Saint-Pierre.
Une heure après le commencement du phénomène, le ciel redevint pur.
» Les contradictions dans les récits portent sur les deux questions que
nous devons discuter comme conclusion à cette étude : Quelle était la
constitution de la poussée gazeuse qui a détruit Saint-Pierre et d'où est-elle
partie?
» En effet, tandis que la plupart des témoins affirment que le nuage,
vu de front ou de côté, était obscur, un petit nombre disent y avoir vu des
points de feu, et l'un d'eux même a parlé de flammes partant du cratère et
se dirigeant sur Saint-Pierre. D'autre part, tandis que les témoins que
nous avons entendus, sauf un, disent avoir vu le nuage obscur partir du
haut de la montagne pour se diriger sur Saint-Pierre, deux autres, cités
par M. Robert T. Hill, l'un des géologues américains, qui vient de publier
un compte rendu de l'éruption, prétendent l'avoir vu partir d'un nouveau
cratère qui serait situé dans la vallée de la rivière Blanche, à deux milles
de la côte; un des témoins que nous avons entendus dit avoir vu le nuage
obscur occuper tout l'espace compris entre la mer et un point situé à
200™ ou 3oo'" au-dessous du cratère.
» En ce qui concerne la nature du nuage destructeur, il est un certain
nombre de faits qui sont hors de doute. Ce nuage était certainement essen-
tiellement constitué par de la vapeur d'eau et par des cendres. Les cendres
ont été constatées avec évidence d'abord à terre et aussi sur les blessés
survivants : la plupart d'entre eux étaient absolument couverts par de la
boue gluante. C'est à la présence des cendres qu'étaient dues la couleur
et la forte densité du nuage. Nous avons vu, dans les fumerolles du bord
C. R., 1902, 2' Semestre. (T. CXXXV, N" 10.) ^^
426 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de la côte, comment les bouffées de vapeur d'eau entraînant de la cendre
par éboulement des falaises roulaient lourdement à la surface de la mer,
au lieu de s'élever comme lorsqu'elles en étaient dépourvues.
» La présence d'une grande quantité de vapeur d'eau n'est pas douteuse ;
celle-ci constitue en effet la partie prédominante de toutes les émanations
volcaniques, en général, et de toutes celles de l'éruption actuelle du Mont
Pelé en particulier. Son existence est encore prouvée par l'abondante
condensation qui s'est produite au cours du phénomène et qui a déterminé
la pluie torrentielle dont il a été question plus haut. Enfin, il faut noter à
ce point de vue toutes les brûlures subies par les blessés de la zone exté-
rieure, et notamment de ceux qui ont été brûlés sans subir aucun phé-
nomène d'asphyxie.
» Tout ce que nous savons sur les émanations volcaniques et ce que
nous avons personnellement constaté sur les fumerolles de l'éruption
actuelle tend à indiquer comme vraisemblable la présence d'acide sulfu-
reux et d'hydrogène sulfuré mélangés à la vapeur d'eau, mais il semble
douteux que ces gaz aient joué un rôle bien considérable; les témoins ne
sont pas d'accord, en effet, dans leurs observations à cet égard; les uns
parlent d'une odeur de soufre qu'ils auraient sentie, les autres sont très
affirmatifs sur l'absence d'odeur au moment où ils ont été brûlés. Nous
avons recueilli un très grand nombre d'objets métalliques, dans l'espoir d'y
trouver des traces permanentes de l'action de ces gaz. Nous n'avons guère
obtenu que des résultats négatifs ('). Parmi ces objets, les uns sont intacts
(fds et plaques de cuivre, tuyaux de plomb, chromate de plomb trouvé
dans les ruines d'une maison), ou bien présentent des oxydations banales
dans un climat chaud et humide (objets de fer, de cuivre, de plomb) ; les
autres ont bien subi des transformations, mais celles-ci sont attribuables
à l'action de la chaleur à laquelle ils ont été soumis dans les maisons
incendiées : tel est le cas de beaucoup d'objets d'argent, de pièces d'or,
qui sont recouverts d'un enduit noir d'oxyde de cuivre. Il est possible
que l'étude, que nous n'avons pas achevée, d'autres objets d'argent y
indique l'existence de traces de soufre, mais cela ne nous fournirait pas
une certitude au sujet du nuage du 8 mai, car depuis plusieurs jours on
(^) On a parlé de fragments de soufre recueillis dans les ruines de Saint-Pierre; ils
n'ont rien de volcanique. Nous avons nous-mêmes trouvé, dans la zone périphérique,
des fragments de soufre au voisinage de poteaux téléphoniques renversés; ils pro-
venaient du scellement des isolateurs.
SÉANCE DU 8 SEPTEMBRE 1902. 427
avait signalé, dans les maisons, au voisinage des fumerolles la sulfuration
des objets d'argent.
» Les mêmes observations négatives peuvent être faites au sujet de la
présence possible de l'acide chlorhydrique. Il faut noter en outre que les
vêtements des blessés que nous avons pu voir ne portaient aucune trace de
corrosion, ni de décoloration pouvant indiquer la présence de gaz acides.
» Il s'agit d'interpréter les causes de l'incendie. Nous devons tout
d'abord éliminer l'hypothèse qui a été mise en avant et qui l'attribue à des
décharges électriques. La présence d'éclairs sillonnant le nuage noir a été
signalée par tous les observateurs, elle est incontestable. Des coups de
foudre expliqueraient des incendies locaux, mais non l'embrasement
général et simultané de toute la ville, ni celui de la végétation des flancs
de la Montagne Pelée. Aucun phénomène de ce genre n'a été signalé à
bord des navires, et nous n'avons recueilli aucune fulgurite dans les
décombres de la ville ; elles eussent été certainement nombreuses, si
celle-ci avait été foudroyée en grand.
» Les actions calorifiques ont donc été produites par le nuage lui-même,
et la question qui reste à résoudre est de savoir si sa température était ori-
ginellement très élevée, s'il était constitué simplement par de la vapeur
d'eau surchauffée mélangée à d'autres gaz inertes (acide carbonique, par
exemple) et tenant en suspension des cendres et des lapillis à la même
température qu'elle, ou s'il renfermait en outre des gaz combustibles s'en-
flammant au contact de l'oxygène. La présence de ceux-ci n'aurait rien
d'anormal; on connaît en effet dans les émanations volcaniques, en fait de
gaz combustibles, non seulement l'hydrogène sulfuré, mais encore l'hy-
drogène et des carbures d'hydrogène.
» Il est nécessaire d'admettre cette dernière hypothèse des gaz com-
bustibles, d'une part si les flammes observées sur la ville et la campagne,
à mesure que le nuage les touchait, ne sont pas dues à l'inflammation
instantanée des objets combustibles au contact des produits gazeux et
solides du nuage surchauffé, et d'une autre, s'il a véritablement existé
des flammes dans le nuage (si ce qui a été décrit comme tel par certains
témoins n'est pas constitué par les lapillis incandescents).
» La présence des gaz combustibles pourrait expliquer en partie les
3sphyxies, soit par raréfaction de l'oxygène de l'air, soit par action des
résidus de la combustion; pour les asphyxies de la zone centrale, on peut
facilement les expliquer, au moins en partie, par l'absorption des fines
cendres chaudes tenues en suspension dans la vapeur d'eau.
428 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Nous réservons la discussion de cette question de la nature des gaz
pour le moment oi^i nous aurons le résultat de l'analyse de ceux que nous
avons recueillis au cours de l'éruption actuelle et où nous aurons exécuté
quelques expériences sur l'action de l'air et de la vapeur d'eau surchauffés
sur les matières combustibles, expériences que nous nous proposons d'en-
treprendre.
» Il nous reste à rechercher d'où est partie l'explosion. On a vu plus
haut qu'il existe une contradiction à cet égard dans les témoignages des
personnes qui ont assisté au phénomène. M. Hill place la sortie de la
poussée dans un orifice situé à environ jooo°^ au-dessous du sommet,
dans la haute vallée de la rivière Blanche. Cette opinion est basée sur le
récit d'un officier du Roraima, qui a dit avoir vu le nuage partir de ce point.
Elle est séduisante, car le point considéré est beaucoup plus rapproché de
la ville de Saint-Pierre que le cratère, et il est situé sur la direction des fis-
sures de la rivière Blanche. Mais, d'autre part, nous n'avons jamais vu
sortir de cette région autre chose que les produits normaux des autres fume-
rolles de cette vallée (vapeur d'eau, hydrogène sulfuré), nous n'avons pas
observé de sortie de cendres en ce point, et l'on a vu que le nuage destruc-
teur était riche en ces matières. Il semble difficile d'admettre qu'une pro-
jection aussi violente que celle du 8 mai n'ait pas laissé à sa bouche de
sortie d'importantes traces ; or nous n'en avons pas observé de décisives.
Il nous semble donc préférable de nous rallier à l'hypothèse faisant partir
le nuage du cratère lui-même, bien que nous ne puissions pas en donner la
démonstration. Celle-ci ne pourrait être faite que par l'étude de l'intérieur
du cratère et par la constatation de l'existence de fissures de direction con-
venable. La plupart des témoins dont nous avons recueilli les récits
n'hésitent pas à dire qu'ils ont vu ce nuage partir du sommet de la mon-
tagne et non pas de sa base.
» Quoi qu'il en soit des incertitudes que nous devons laisser sur ces divers
sujets, il ne semble pas que l'éruption du 8 mai soit exceptionnelle par
essence; elle paraît avoir tiré sa puissance destructive de la direction
qu'ont prise les produits de projection, qui, au lieu d'être poussés verticale-
ment, comme cela est généralement le cas dans les éruptions volcaniques,
l'ont été obliquement (quelle que soit d'ailleurs l'hypothèse que l'on
admette pour le point de sortie) et précisément dans la direction de cette
malheureuse ville.
SÉANCE DU 8 SEPTEMBRE 1902. 429
3° Conclusions.
» En terminant, nous résumerons rapidement les caractéristiques de
l'éruption actuelle. Jusqu'au 3i juillet, date de notre départ de la Marti-
nique, elle a consisté exclusivement dans une phase explosive, elle n'a
produit aucune coulée de lave.
» On n'a constaté ni fente béante (en dehors du cratère), ni change-
ment de niveau du rivage, ni affaissement ou soulèvement notables dans
l'intérieur des terres, ni niociifications appréciables des fonds au voisinage
de la côte; aucune secousse importante de tremblement de terre n'a été
ressentie; les grandes explosions ont été accompagnées d'une dé[)ression
barométrique subite et de petits ras de marée, parfois meurtriers, au Carbet
et se faisant sentir jusqu'à Fort-de-France.
» Les blocs de lave incandescente n'ont été projetés qu'à quelques cen-
taines de mètres du cratère, mais l'aire de distribution des cendres et des
lapillis s'est étendue sur toute la Martinique, lors des grandes explosions.
» L'aire de dévastation complète a été, jusqu'au 3 1 juillet, limitée à une
zone périphérique de 2'''^ à 3'"" autour du cratère et à une zone comprenant
toute la côte Ouest, entre l'îlot de la Perle et les premières maisons du
Carbet.
» Une caractéristique importante de cette éruption réside dans la fré-
quence des poussées très densesde gaz et de vapeurs entraînant des cendres,
qui ont coûté la vie à tant d'infortunées victimes. Les émissions boueuses
ont été répétées et importantes, les manifestations électriques tout à fait
remarquables.
» C'est au milieu de la zone dévastée, nettement dissymétrique par rap-
port au volcan, que se trouvent une grande quantité de fumerolles sulfhy-
driques, dans la direction du Sud-Ouest et dans le prolongement de la
large brèche ouverte dans le haut de la Montagne Pelée.
» Ces fumerolles jalonnent, dans la vallée de la rivière Blanche, une
direction de fissures se trouvant vraisemblablement sur la prolongation de
la fente du cratère ; c'est sans doute à la position et à la forme de
celle-ci qu'est due la direction des poussées obliques en éventail aux-
quelles nous avons attribué la destruction de Saint-Pierre. Cette direction
de fissures se prolonge dans la mer et doit être la cause de la rupture du
câble sous-marin français.
» Des paroxysmes, séparés par des périodes de calme relatif, ont été
/,3o ACADÉMIE DES SCIENCES.
nombreux au commencement de l'éruption (8 mai, 20 mai, 26 mai, 6 juin),
puis plus éloignés (9 juillet) (*). Nous constatons que l'éruption se pour-
suit, mais il ne saurait être question de faire aucune prédiction sur V avenir.
L'histoire des volcans andésitiques du genre du Mont Pelé montre qu'ils
se comportent dans leurs éruptions de façon différente ; les grandes explo-
sions, comme celle du Rrakatoa, ou la production de coulées de laves
sont dans tous possibles, mais non nécessaires.
)) Il sera particulièrement utile, au point de vue de la sécurité de l'île
(agrandissement possible vers le Nord et vers l'Est de la zone de dévastation),
comme au point de vue scientifique, de suivre attentivement la marche
ultérieure des événements et de voir si les fissures, se manifestant par des
fumerolles, resteront localisées dans leur direction primordiale, ou bien si
elles se continueront sur les flancs nord-est de la montagne, suivant un
diamètre, ou encore se produiront en éventail dans diverses directions.
Nous n'avons recueilli aucune indication à cet égard en dehors de l'exis-
tence de la sortie boueuse de Trianon et peut-être d'une autre dans la
vallée de la Basse-Pointe; mais, comme elles n'ont pas fonctionné pendant
notre séjour, nous n'avons sur elles aucun document personnel.
» Dans le cas 011 le volcan entrerait prochainement dans une phase de
coulées, il est vraisemblable, d'après la disposition du cratère, que celles-ci
s'épancheraient dans la vallée de la rivière Blanche, c'est-à-dire vers la
mer, dans la région de dévastation maximum.
» Nous avons appelé plus haut l'attention sur les désastres produits par
les torrents dans tout le massif de la Montagne Pelée; ils ont été la consé-
quence des condensations atmosphériques particulièrement intenses sur la
Montagne Pelée pendant l'éruption, ou plus ou moins directement dus à
des émissions d'eau boueuse. Il est certain que les phénomènes torrentiels
survivront à l'éruption actuelle et seront à redouter aussi longtemps que
les flancs du volcan, formés par des matières éminemment entraînables,
seront déboisés. De toute façon, l'évacuation des habitations situées auprès
de leur cours inférieur s'impose.
)) Au moment oîi ce Rapport allait être déposé, parvient la nouvelle d'un
nouveau désastre dans la partie est et sud-est de la Montagne Pelée. Les
dépêches ne permettent pas encore de se faire une idée de leur étendue,
de leur nature et de leur origine; mais, dans tous les cas, elles indiquent
(* ) De nouvelles érupLlons graves viennent de se produire : 25, 26 et 00 août.
SÉANCE DU 8 SEPTEMBRE 1902. 43 1
une augmentation de l'activité du volcan et, ce qui est plus grave, le
déplacement ou l'extension de la région dangereuse.
» ï/d situation est donc aujourd'hui très différente de ce qu'elle était à
la fin de juillet.
)) Cet événement rend de plus en plus nécessaire une étude minutieuse
et surtout continue d'une éruption qui s'aggrave d'une façon inquiétante.
» Il n'est pas douteux que l'évacuation du massif entier de la Montagne
Pelée, que nous ne considérions pas comme indispensable il y a i mois,
doit être aujourd'hui effectuée d'une façon complète et maintenue jusqu'à
cessation des manifestations volcaniques.
» La surveillance devra désormais être des plus actives sur la limite
méridionale du massif, surtout s'il était démontré, une fois les causes de
cette dernière catastrophe déterminées, que l'éruption a été due à un
nouveau cratère produit sur une fissure latérale.
» Les parties centrale et méridionale de la Martinique sont restées à
l'abri de l'action imiî,édiate du volcan; mais, comme on l'a vu plus haut, le
littoral a eu à subir l'effet de ras de marée, chaque fois que s'est produite
une violente explosion du volcan. Bien qu'une explosion beaucouj) plus
violente encore que toutes celles qui ont été constatées jusqu'à ce jour soit
nécessaire pour déterminer par contre-coup des dommages importants à
Fort-de-France, on ne saurait prendre trop de précautions contre un ras
de marée éventuel. Du reste, lorsqu'on arrive pour la première fois à la
Martinique, on est frappé d'étonnement en voyant la plupart des villes et
des villages de la côte construits presque dans la mer ou dans des marais
au niveau de celle-ci, alors que presque toujours, et en particulier à Fort-de-
France, il eût été possible de bâtir sur les collines voisines toutes les con-
structions qui, par destination, ne réclament pas la proximité immédiate du
rivage. Cette observation est une indication des mesures à prendre d'une
façon aussi générale que possible, quand la période troublée actuelle sera
parvenue à son terme.
» Notons, en terminant, que l'accumulation d'une grande quantité de
réfugiés à Fort-de-France constitue à cet égard, ainsi qu'à beaucoup
d'autres, un danger permanent et des plus sérieux. »
432 ACADÉMIE DES SCIENCES.
MÉCANIQUE CÉLESTE. — Sur V accélération séculaire de la longitude moyenne
de la Lune. Note de M. H. Axdoyer.
« Comme application de mes recherches antérieures sur la longitude de
la Lune, j'ai l'honneur de communiquera l'Académie l'expression analy-
tique de la partie du coefficient de l'accélération séculaire de la longitude
moyenne de la Lune, qui ne dépend que du rapport m des moyens mou-
vements du Soleil et de la Lune. En désignant par n le moyen mouvement
de la Lune, par e' l'excentricité de l'orbite du Soleil, par e'^^ la perturbation
séculaire de cette excentricité, par \^nt'^ le terme en t' dans l'expression
de la longitude moyenne de la Lune, j'ai trouvé, en profitant des beaux
lliéorèmcs de M. S. Newcomb cl de M. E.-W. Brcnvn, l'expression
8rt o ^ 3771 . 84047 K 3o6865 r 5 70 [2^7 ,
■ — T-r — — ^rn- H ^ m' -\ ?^m' h r-^-m^' H '—^^m^
11719935961 8797791455 46i729oi558r3 ,
2^'.o^ 2'^o- 2'*. 3". 5
» Cette expression diffère, dans ses deux derniers termes, de celle
qui a été donnée par Delaunay aux Comptes rendus (t. LXXII, 1871);
les termes en m^ et m'** de Delaunay sont, en effet,
1873123345675 „ 5879482245683 ,„
— — -— m — — ^-^ m '
2'^3' 2'*. 3^. 3 '
on devait d'ailleurs s'attendre à cette divergence, puisque, comme je l'ai
déjà plusieurs fois fait remarquer, les termes d'ordre élevé donnés par
Delaunay dans sa Théorie de la Lune sont tous affectés de légères inexac-
titudes.
» En adoptant, comme Delaunay, les valeurs numériques 0,07480 et
— 1270" pour m et ne'e'^ (l'unité de temps étant le siècle julien), la formule
que je propose donne {^n = 5^,700, tandis que celle de Delaunay donne
i(^« = 5", 765. En partant des mêmes valeurs numériques, M. E.-W. Brown
a trouvé, par l'application d'un procédé empirique très ingénieux,
^^n = 5", 70. »
SÉANCE DU 8 SEPTEMBRE 1902.
433
ASTRONOMIE. — Comète b 1902, découverte le \^^ septembre par M. Penne
et le 2 septembre, d'une manière indépendante, par M. Borrelly, à l'Obser-
vatoire de Marseille. Observations faites par MM. Bourelly et L. Fabry
(chercheur et équalorial d'Eichens), transmises par M. Stéphan.
Temps moy.
Nombre
Ascension
Distance
de
de
droite
Log. fact.
polaire
Log. fact.
Scptemb
re. Marseille.
A en M.
A en $.
compar.
apparente.
parall.
apparente.
parall.
•k
Obs
2. . .
b D1 s
9.50.24
m s
— 1.19,84
— 1'.53,7
5:5
h m s
3. [6.38,23
— "i'>7i9
54°.48'.3i",4
— o,634
I
B.
2. . .
11.24. I
— 1.36,70
-4.i3,4
4:4
3.16.34,22
-1,711
54.47- 0,6
— o,6i3
2
F.
3...
II. 17. 34
— 3.36,99
-+-2.28,5
4:4
3.i5.35,6i
—7,714
54.22.14,5
— 0,612
3
F.
4...
10.29.23
+3.17,93
-3.i5,4
2:2
3.14.29,93
—7,726
53.56.58,2
-0,678
4
F.
5...
II. 1.33
— 0. 2,11
+0. 7,8
5:5
3.l3.l4,22
—7,725
53.28.50,2
—0,618
5
B.
Étoiles de comparaison.
Étoiles
I .
2.
3.
4.
5.
Ascension
Réduction
Distance
Réduction
droite
au
polaire
au
Grand
eur.
1902,0.
jour.
1902,0.
jour.
Autorités.
9
h m s
3.17.54,14
s
+3,93
54.50.26,0
— o',9
1 4oi3, Paris +W2, mS 3o7-3o8
9
3.18. 6,99
+3,93
54.51. i4,9
—0,9
3i4-3i5,W2, 111^
9
3.19. 8,62
+3,98
54.19-46,8
-0,8
335,W2, III^
8
3.11. 7,94
-f-4,o6
54. 0.l5,2
-1,6
170, W2, III''.
8,
5
3. i3. 12,23
+4,10
53.28.43,8
-1,4
6086 Lalande.
» Remarque. — La comète est assez brillante, elle a un noyau allongé et une queue
de 8' à 10'; le 2 vers i4'>, le noyau paraît se dédoubler par instants et former deux:
petits noyaux arrondis. Le 3, la comète ofFre sensiblement le même aspect. Le 5, le
noyau est plus diffus et l'éclat de la comète paraît diminuer sensiblement. »
ASTRONOMIE. — Observations de la comète 1902 e, faites à l'Observatoire
de Besançon. Note de M. P. Chofardet, transmise par M. Lœwy.
Temps moyen
Dates. de
1902. Étoiles. Besançon. Aa comète.
h m s m s
Septembre 3 a i5. 16.48 +1.26,02
4 b 9.29.30 +0.35,60
5 c i2.32.5o — o. 7,5o
6 d 10.33. 2 +2.49,87
C. R., I 02, 2" Semestre (T. CXXW, N° 10.)
Nombre
de
^^S comète.
compar.
+ 7'. 26" 8
12:9
— 12.17,6
12:9
— 1.20,0
9:3
- 4.28,5
9:9
56
434 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Positions moyennes des étoiles de comparaison pour 1902,0.
Ascension
Réduction
Réduction
droite
au
Distance polaire
au
;oiles.
Catalogues.
moyenne.
jour.
moyenne.
jour.
a. .
Weissej, 220, III''
Il m ^ s
3 . 13.53,78
+4,02
54. 10. 16,4
- i",3
b..
Weisse2, 226, III'*
»
+4,04
»
- 1,4
c. .
rapp. à Weissej, i45
3. I 3. 12,29
(-4,11
53.28.47,3
- 1,4
d..
Paris, 3859
3. 8.58,65
+4,17
53. 5.45,0
~ i>9
Positions apparentes de la comète.
Ascension Distance
Dates. droite Log. fact. polaire Log. fact.
1902. apparente. parallaxe. apparente. parallaxe.
h m s o , „
Septembre 3 3. 1 5. 23, 82 1,1 68,^ 54- 17. 4 ',9 0,278,,
4 3.i4-33,42 7,683/; 53.57.5^,4 0,781,,
5 3.1 3. 8,90 7,6] 6,, 53.27.25,9 o,5o4,,
6 3,11.52,69 1,699,, 53. i.i4,6 o,683„
» Le 3 septembre, la chevelure de la comète, mesurant environ 3', a un noyau de
9* grandeur. Une queue, en forme de balai et de direction S.-O., se présente sur une
longueur de 7'.
» L'observation du 5 septembre a été faite dans des interstices de nuages. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les équations différentielles et la théorie des
ensembles. Note de M. Edmond Maillet, transmise par M. Jordan.
« Nous avons antérieurement (') défini des catégories de fonctions ne
satisfaisant à aucune équation différentielle rationnelle, de même que
Liouville(-) avait défini des catégories de nombres transcendants ne satis-
faisant à aucune équation algébrique à coefficients entiers. M. Cantor (^)
a obtenu un résultat analogue, mais moins parfait à certains égards, en se
basant sur la théorie des ensembles : L'ensemble des nombres algébriques est
dénombrable, tandis que V ensemble des nombres transcendants a la puissance
du continu.
(*) Journal de Mathématiques^ '902, p. 37,
(^) Journal de Mathématiques, i85i.
(^) BoREL, Théorie des fonctions, p. 26.
SÉANCE DU 8 SEPTEMBRE I902. 435
» On peut étendre presque iinmédialement aux fonctions et aux équa-
tions différentielles rationnelles le théorème de M, Cantor. La solution
générale de l'équation différentielle rationnelle générale F = o d'ordre ^^<I
et de degré <I en x, y, /, . . ., 7'^' aux environs de a? = o dépend d'un
nombre fmi de paramètres arbitraires (théorème de Cauchy). L'ensemble
des séries convergentes pour x = o, jouissant même de certaines |)roprié-
tés particulières (par exemple, l'ensemble des fonctions entières d'ordre
fini p), dépend d'un nombre infini de paramètres arbitraires.
» Classons dans un même type les solutions ou les séries pour lesquelles
les paramètres nuls ont les mêmes indices (les paramètres des séries étant
convenablement choisis). Le nombre des types de solutions est dénom-
brable; le nombre des types de séries a la puissance du continu. Ces séries
comprennent donc une infinité de séries qui ne sont solutions d'aucune
équation F := o.
» Il en sera de même pour l'ensemble des équations différentielles ration-
nelles en X, l,, ...,li, y, y, .••, J<'^ (/limité), ^,, ••- ^/ désignant des
fonctions de x, les mêmes quel que soit x : par exemple loga;, log log.r, . . . ,
e^, 6"% ...,px, 'C^, ....
» Il V n des extensions aux séries divergentes sommables. »
ÉLECTRICITÉ. — Sur les propriétés des enceintes fermées, relatives aux ondes
électriques. Note de M. A. Turpaix, transmise par M. Mascart.
« Nous nous sommes proposé d'étudier les effets que l'emploi des
enceintes fermées permet d'obtenir tant au point de vue de la pénétration
des ondes à leur intérieur que de la concentration des ondes produites
dans ces enceintes.
» Un dispositif producteur d'ondes ou transmetteur T peut être enfermé
dans une caisse de bois tapissée d'étain, mesurant So'^'^ de longueur,
22^"° de largeur et 20^" de hauteur. Un dispositif récepteur R comprenant
un cohéreur, un relais et une sonnerie, avec les éléments de pile néces-
saires, peut être enfermé dans une enceinte métallique de même dimen-
sion que la précédente. Chaque caisse est percée d'une ouverture circulaire
de 7™™ de rayon par laquelle on peut introduire un conducteur constitué
soit par un fil nu, soit i>ar un tube, soit encore par un câble sous plomb,
de io™,5o de longueur.
436 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Les diverses expériences réalisées peuvent être ainsi résumées :
» 1° Chaque fois que T et R sont placés dans une enceinte métallique complète-
ment close, il n'y a aucune action possible de T sur R (fait signalé antérieurement
par M. Branly, Comptes rendus, 4 juillet 1898).
» 2° Si l'enceinte métallique qui contient R est munie d'une seule petite ouverture
circulaire aux bords de laquelle s'adapte un tube conducteur qui vient déboucher dans
l'enceinte contenant T, par une ouverture circulaire, sans que le tube touche les bords
de l'ouverture de T, on ne constate aucune action de T sur R. Mais il suffit de décou-
vrir l'enceinte contenant R pour que l'action ait lieu. Les ondes, qui ne pouvaient
pénétrer dans l'enceinte munie du tube, se trouvent alors concentrées par le tube
conducteur et peuvent agir sur le récepteur.
» On constate les mêmes phénomènes si, conservant les mêmes dispositions pour
les enceintes et pour le tube qui les réunit, on permute les positions des dispositifs
transmetteur et récepteur, plaçant le transmetteur dans l'enceinte qui contenait pré-
cédemment le récepteur et vice versa.
» 3° Alors que la communication entre les deux enceintes est impossible lors même
qu'un tube conducteur relie les bords des ouvertures circulaires pratiquées dans
chaque enceinte, l'action de T sur R se manifeste si le tube conducteur pénètre dans
les enceintes sans en toucher le revêtement. Mieux encore, T agit sur R si le tube con-
ducteur est muni suivant son axe d'un conducteur reliant les deux dispositifs.
» 4° Cette action de T sur R au moyen d'un câble à revêtement métallique peut
avoir heu, alors même que le câble est dénudé de son revêtement métallique sur une
petite longueur, pourvu qu'il n'y ait pas communication entre le tronçon de câble
allant vers le récepteur R et l'âme du câble. T agit sur R alors même que le tronçon
provenant du transmetteur T est en contact avec l'âme du câble.
» Ces expériences indiquent les conditions dans lesquelles devront être
placés les dispositifs producteur et récepteur d'ondes électriques pour être
utilisés dans la télégraphie hertzienne avec fd, alors que le fil conducteur
est constitué par un câble. Le revêtement métallique dont tout câble sous-
marin ou souterrain est muni devra être continué autour du conducteur
axial jusqu'au poste télégraphique. Les dispositifs de chaque poste devront
être situés dans une enceinte métallique fermée mise en relation par une
ouverture avec le revêtement du câble. Dans ces conditions, une concen-
tration très puissante des ondes électriques sera obtenue, alors qu'elle
serait impossible si les ondes passaient du conducteur axial au revêtement
métallique dii câble au point de la ligne où commence le câble. A partir de
ce point, les ondes seraient disséminées dans le sol ou dans l'eau.
» Ces expériences peuvent fournir également quelques renseignements
utiles relatifs à l'emploi des enceintes fermées en télégraphie sans fd. Il y
aurait avantage, en particulier, à renfermer les organes transmetteurs, .
SÉANCE DU 8 SEPTEMBRE 1902. 487
d'une part, les organes récepteurs d'autre part, dans des enceintes métal-
liques closes, munies chacune d'une ouverture circulaire à laquelle vien-
drait aboutir un câble sous plomb mettant en relation chaque dispositif
avec l'antenne. D'après les expériences faites, il ne doit y avoir aucun
inconvénient à relier le revêtement du câble qui vient du transmetteur au
conducteur même de l'antenne. En ce qui concerne le récepteur, la mise
en contact du revêtement du câble avec l'antenne constituera une très
efficace et très commode protection des organes récepteurs contre les
ondes issues du poste. Il suffirait, au moment de la récejUion, de supprimer
cette relation, assurée, par exemple, au moyen d'une bague mobile, tout
en maintenant les dispositifs récepteurs dans leur enceinte métallique. »
CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur un nouvel indicateur acidimétrique.
Note de M. L.-J. Simon, présentée par M. H. Moissan.
« Parmi les produits qui se forment accessoirement dans la calcination
de l'acide tartrique en présence de bisulfate de potassium on peut isoler un
produit nouveau CMPO% isomère de l'acide pyrotritarique auquel j'ai
donné le nom d'acide isopyrotritarique. Les solutions ferriques commu-
niquent à sa solution aqueuse une coloration violette intense. Cette colo-
ration est due à l'isopyrotritarate de fer, combinaison cristallisée et bien
définie (C'^H^0^)^Fe.2H^0 qui peut servir d'indicateur dans les mesures
acidimétriques (^Comptes rendus, t. CXXXI, 1900, p. 586 et 618).
» Cet indicateur a une propriété curieuse qui n'a été signalée jusqu'ici
pour aucun autre : // fournit à lui seul les indications que l'on obtient habi-
tuellement en employant successivement l' hélianthine (^orangé III Poirier) et la
phénolphtaléin e .
» Ce sel, très soluble dans l'eau, lui communique une teinte rouge brun
presque noire en solution très concentrée. Par dilution, cette teinte
devient rouge orangé puis jaune orangé.
» Les acides provoquent un virage de cette teinte vers le violet en solu-
tion concentrée, vers le rose violacé en solution étendue. Ce virage corres-
pond à celui de V hélianthine^ du jaune au rose.
» Les alcalis, à leur tour, provoquent une sorte de décoloration de la
liqueur jaune orangé ou plus exactement un virage de la teinte jaune
orangé vers le jaune-paille. Ce virage correspond à celui de la phtaléine du
blanc au rose violacé.
438 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» L'existence de ces deux virages permet à cet indicateur de jouer à lui
seul le rôle des deux autres. Pour préciser passons en revue quelques cas
particuliers.
» 1° Acide sulfurique. — La neutralisation d'une solution sulfurique au moyen d'une
solution de potasse normale exige N*^"^ de cette solution avec l'hélianthine comme indi-
cateur et généralement une goutte ou deux de plus sont nécessaires pour amener
la coloration de la phtaléine.
» Avec l'isopyrotritarate ferrique comme indicateur la coloration rose violacée due à
l'acide vire au jaune orangé lorsqu'on a ajouté N*^"'' de potasse. Une goutte de plus
détermine le virage au jaune-paille,
» 2" Un acide iiioins énergique, un acide organique par exemple, amène bien la
teinte du sel ferrique au rose violacé, mais, si l'on procède au titrage, il faut utiliser le
second virage, celui qui correspond à la phtaléine, et non le premier qui manque par-
fois de netteté, comme il arrive avec l'hélianthine.
» 3° U acide phosphorique peut être titré au moyen d'hélianthine. Le virage se pro-
duit, comme on le sait, après l'addition de la première molécule d'alcali. La phtaléine
est colorée après addition de la seconde molécule. Ce virage est généralement moins
certain que le jDremier.
» Avec l'indicateur ferrique, le premier virage se produit exacîement comme pour
l'hélianthine après l'addition d'une molécule d'alcali et le second comme pour la phta-
léine après l'addition de la seconde molécule d'alcali. Dans l'intervalle, la teinte de
l'indicateur reste invariable et identique à celle qu'il a en solution dans l'eau pure.
» 4° On sait que Vacide borique peut être dosé en présence d'un acide fort en
combinant l'emploi de l'hélianthine et de la phtaléine. On neutralise d'abord l'acide
minéral en présence d'hélianthine; puis, ceci fait, on ajoute une certaine quantité de
glycérine et l'on neutralise en présence de phtaléine l'acide borique, ce qui l'amène à
l'état de borate BO^H^M.
» Dans les mêmes conditions l'indicateur ferrique présente son premier virage
lorsque l'acide minéral est neutralisé et son second virage, toujours en présence de
glycérine, lorsque l'acide borique est entièrement passé à l'état de borate monomé-
tallique BO» H- M.
» 5" Enfin, Vacide carbonique et les carbonates alcalins se comportent avec ce
réactif comme avec les deux autres. L'acide carbonique et les bicarbonates ne modi-
fient pas la teinte jaune orangé de neutralité (de même que pour l'hélianthine), mais
le carbonate neutre provoque le virage alcalin (de même qu'avec la phtaléine). La
liqueur alcaline employée aux titrages acldimétriques ne devra donc pas être carbo-
natée si l'on ne veut pas se heurter it des incertitudes analogues à celles qui résultent
dans ce cas de l'emploi de la phtaléine.
» Remarque I. — Indépendamment des changements de teinte utilisés dans les
exemples précédents il en existe encore un autre. Si une petite quantité d'un acide
détermine l'apparition de la coloration violette, un léger excès le fait disparaître, ce
qui se comprend d'ailleurs aisément, puisque l'acide isopyrotritarique lui-même est
incolore. La teinte violette correspond à un équilibre entre cet acide et l'acide fort.
Cet équilibre est rompu à l'avantage de l'acide minéral si celui-ci est en excès ou
SÉANCE DU 8 SEPTEMBRE 1902. 489
même s'il est suffisamment concentré. Dans ce dernier cas, une simple dilution fait
reparaître la teinte violette, atténuée bien entendu dans la mesure qu'exige la dilution.
» La disparition de la teinte violette se produit avec un excès d'acide qui varie avec
sa nature; il peut même arriver que cet excès soit assez faible pour empêcher l'obser-
vation de la teinte violette. C'esl le cas de Vacicle oxalique, qu'on peut cependant
titrer avec cet indicateur comme avec la phtaléine en utilisant son second virage du
jaune orangé au jaune-paille sans percevoir à aucun moment la teinte violette.
» Remarque II. — On est actuellement d'accord pour dire qu'un milieu est neutre
quand ni l'hélianthine, ni la phtaléine n'y rougissent, ces deux conditions étant né-
cessaires. On peut dire qu'un milieu est neutre quand il ne modifie pas la teinte
propre jaune orangé de l'isopyrotritaratede fer, cette condition étant suffisante. A cet
égard encore, l'indicateur ferrique suffit non seulement pour indiquer l'acidité ou l'al-
calinité d'un milieu, mais encore pour préciser sa neutralité, ce qui exige actuelle-
ment l'emploi combiné de deux indicateurs différents.
» En résumé, les observations précédentes, jointes aux justifications
numériques dont le détail ne peut trouver place ici, nous autorisent à con-
clure que l'isojiyrotritarate de fer se comporte comme indicateur titrimé-
trique complexe capable de suppléer à l'emploi combiné de l'hélianthine
et de la phtaléine du phénol. »
ANAïOMiE COMPARÉE. — Sur le corps interrénal des Plagioslomes. Note de
M. Ed. Grynfeltt, transmise par M. Alfred Giard.
« Le corps interrénal connu depuis les travaux de Retzius (18 19) a
attiré à plusieurs reprises l'attention des anatomistes; Semper, Leydig, Bal-
four, Chevrel et, plus récemment, Pettit, Diamare, Swale, Vincent, Kohn
ont contribué à la connaissance de cet organe. Néanmoins il m'a paru néces-
saire de mettre en lumière quelques points qui ont échappé aux auteurs
précédemment cités.
» Presque toujours le corps interrénal a été considéré comme un organe impair et
médian formé chez les Squales par un cordon plus ou moins allongé de substance
jaunâtre, renflé par places, rétréci ailleurs, parfois au point de se fragmenter en îlots
distincts, et chez les Raies représenté souvent par plusieurs amas de substances dis-
posés le long du bord interne des reins, mais quelquefois par une masse ovoïde unique.
» Des nombreuses dissections que j'ai faites en vue d'étudier la disposition anato-
mique de cet organe, il résulte que le corps interrénal doit être envisagé comme un
organe pair. Cette disposition est évidente chez les Raies, et cela non seulement chez
les diverses espèces du genre Raja que j'ai étudiées (/?. mosaïca, R. punctata,
R. marginata, R. clavata), mais encore chez celles où les auteurs n'ont signalé le
plus souvent qu'une masse unique, telles que Trygon et Torpédo. Dans ces derniers
44o ACADÉMIE DES SCIENCES.
lypes^ bien que la fragmentation ne soit pas dans certains cas aussi évidente que chez
Raja et Torpédo, elle n'en existe pas moins; mais les petits fragments sont parfois
réduits au point d'être à peine visibles à la loupe. Et comme ils existent toujours
irrégulièrement disposés sur le bord interne de l'un et de l'autre rein, il en résulte que
dans presque tous les cas, sinon dans tous, le corps interrénal est une formation paire,
quoique non symétrique.
» Chez les Squales, la disposition paire de l'interrénal est beaucoup moins marquée
et est souvent même méconnaissable. Néanmoins il est des cas où le cordon unique en
apparence est interrompu, et où les deux extrémités voisines chevauchent l'une sur
l'autre, ainsi que je l'ai observé quelquefois et que Diamare l'a représenté dans une de
ses figures, si bien que, sur des coupes transversales passant à ce niveau, ce n'est plus
un seul, mais deux interrénaux que l'on trouve entre les deux reins. Du reste, cette
manière de concevoir l'interrénal comme un organe pair est en parfaite concordance
avec les données de van Wijhe sur le développement de cet organe. 11 a montré qu'à
l'origine, chez les Squales, l'ébauche de l'interrénal est paire, mais que les parties qui
en dérivent se fusionnent rapidement en une masse impaire. La disposition signalée
chez les Raies indique que, dans l'immense majorité des cas, sinon dans tous, la parité
primordiale de l'organe persiste chez elles toute la vie, tandis que chez les Squales
elle se modifie le plus souvent au cours du développement. Mais, de l'examen attentif
de certains cas, il résulte néanmoins que, dans ce groupe, l'interrénal doit aussi être
considéré comme un organe typiquement pair.
» La structure du corps interrénal est celle d'une glande vasculaire
sanguine. Ainsi que l'ont signalé les auteurs (Diamare, Swale, Vincent,
Kohn), cet organe est essentiellement constitué par des cordons cellulaires
flexueux, largement anastomosés entre eux de manière à former une sorte
de réseau dans les mailles duquel est intriqué un réseau de capillaires
sanguins volumineux. Un détail de structure de ces cordons n'a pas été
signalé par ces auteurs, à savoir la présence à leur surface d'une mince
membrane d'enveloppe absolument anhiste. Facile à apercevoir chez cer-
taines espèces où elle est plus accusée {Lenlrinà vulpecula, Myliobatis
aquila), elle se distingue, par des particularités de coloration, de la paroi
des capillaires. Chez Myliobatis, elle forme souvent des cloisons de refend
fort caractéristiques à ce point de vue.
» Dans la plupart des espèces ces cordons sont pleins. Chez Myliobatis,
cependant, on voit parfois au centre de cordons coupés transversalement
des espaces où les cellules ont été écartées les unes des autres par l'action
des réactifs, de sorte qu'il y a là une espèce de lumière, à contours irrégu-
liers. Ce fait est important à constater, car il indique une tendance à la
production d'une cavité au centre des cordons. C'est une transition vers
la structure vésiculeuse de cette glande que Pettit a décrite avec soin dans
SÉANCE DU 8 SEPTEMBRE 1902. 44 I
le corps de SLannius de V Anguille, corps que la plupart des auteurs con-
sidèrent comme l'homologue, chez les Téléostéens, de l'organe interrénal
des Élasmobranches (Diamare).
» Les cellules de l'interrénal sont remarquables par leur teneur en graisse, qui
s'accumule dans le cytoplasme sous forme de boules de grosseur très différente les
unes des autres. La nature graisseuse de ce produit a été mise en doute à plusieurs
reprises (Balfour, Chevrel). Dans le but de trancher la question, j'ai prié M. le pro-
fesseur Ville d'examiner chimiquement ces organes. Des analyses faites par M. Ville
et par M. Derrien, son préparateur, il résulte qu'il s'agit bien là d'une substance
graisseuse, qu'ils sont arrivés à caractériser chimiquement.
» En outre, je dois signaler, chez certaines espèces, notamment chez
Zygaena malleus, la présence dans le protoplasma de boules safranophiles,
parfois assez volumineuses, apparaissant sur des coupes on la graisse
a totalement disparu, après des lavages dans les essences.
» Les noyaux de ces cellules sont typiquement arrondis, mais ils se
montrent souvent déformés par la présence de dépressions et d'encoches
à leur surface : il s'agit sans doute là, ainsi qu'on l'a établi pour d'autres
cellules sécrétantes, de modifications du noyau, Héesau rôle qu'il joue dans
les phénomènes sécrétoires des cellules. La chromatine souvent très abon-
dante, présente dans certains cas des variations très grandes dans sa quan-
tité et aussi dans ses affinités pour les matières colorantes. »
BOTANIQUE COLONIALE. — Sur quelques plantes à caoutchouc de la côte
occidentale d'Afrique. Note de M. Aug. Chevalier ('), transmise par
M. Guignard.
« Comme résultat des explorations scientifiques que le Gouvernement
nous avait confiées en Afrique occidentale française, de i8g8 à 1900
(mission du général de Trentinian au Soudan et mission économique du
Sénégal), nous avons pu établir que tout le caoutchouc de ces régions était
produit par une seule espèce de LandoJphia, le Landolphia Eeudelotii k. D. G.
et qu'une espèce Aq Ficus de la côte sénégalaise, le Ficus Fo^e/?V Miq., n'en
produisait qu'une très faible quantité commerciale de qualité inférieure.
Nous avions, au contraire, attendu de nouvelles observations pour nous
(') Je remercie mes collaborateurs, MM. Courtet et Martret, de la participation
qu'ils ont apportée à ce travail.
C. R., 1902, 2^ Semestre. (T. CXXXV, K" 10.) ^7
442 ACADÉMIE DES SCIENCES.
prononcer sur les résultats des essais de plantations des essences à caout-
chouc de l'Amérique méridionale.
» La nouvelle expédition scientifique que le Gouvernement et l'Institut
nous ont chargé de diriger pour étudier les productions naturelles du
bassin du Tchad a eu pour premier résultat de nous permettre de combler
cette lacune et de commencer l'étude des espèces caoutchoutifères spé-
ciales au Congo français et à l'Afrique centrale.
» Au Sénégal, les nombreux essais de culture du Céara {Manihot Glazioivii) ont
donné de très médiocres résultats. Sans arrosages, les pieds cultivés aux jardins
d'essais de Saint-Louis (jardin de Soz) et de Ricliard-Toll sont restés nains et chétifs
après 4 ans d'existence. Dès la première année, la racine se tubérise, mais ne contient
qu'une quantité très minime de latex. Aux jardins de Tliiès (mission) et de Sédhiou
(poste), ils ont crû plus rapidement. Des pieds âgés de 4 à 7 ans mesurent de 3"* à 5"^
de hauteur, mais ils ne contiennent que très peu de latex, et ce dernier ne donne que
peu de caoutchouc de qualité secondaire. 11 est à remarquer que les Céaras de cette
région sénégalaise sont dépourvus de feuilles environ 6 mois, c'est-à-dire pendant une
grande partie de la saison sèche.
» Aux jardins d'essais de Camajen (Guinée française), de Libreville (Gabon) et de
Brazzaville (Congo), où la quantité annuelle des pluies est beaucoup plus abondante,
les Céaras ne perdent que partiellement leurs feuilles, ou les perdent complètement
durant un mois ou deux. En revanche, leur dév^eloppement est très rapide. Des Céaras
semés au jardin de Brazzaville il y a 2 ans mesurent déjà 5°^ de hauteur et ont un dia-
mètre de o™,2o à I™ au-dessus du sol. Aussi M. Luc recommande-t-il ce végétal
cbmme arbuste d'avenue à cause de son développement rapide et de son feuillage épais.
» Malgré leur vigueur extraordinaire, les Céaras de ces stations de la zone forestière
d'Afrique ne renferment, en toutes saisons, qu'une faible quantité de latex très
aqueux qui, par coagulation à l'air, produit du caoutchouc de faible valeur. De plus,
si l'on fait sécher l'écorce fraîche au soleil, ou n'y retrouve plus le caoutchouc coa-
gulé s'étirant en fds, comme dans les écorces sèches du Landolphia à caoutchouc.
D'où impossibilité d'extraire du caoutchouc de l'écorce par les procédés Arnaud, etc.
» Il semble donc c[u'il faut renoncer à la culture en Afrique du Manihot
Glaziowii comme plante à caoutchouc.
» On a tenté également, à la côte occidentale d'Afrique, la culture de
YHevea hrasiliensis et du Castilloa elastica. Au Sénégal, les jeunes pieds de
ces deux espèces sont morts très rapidement, le climat étant trop sec ;
mais, aux jardins d'essais de Camayen et de Libreville, ils ont acquis,
après 3 ans de plantation, un beau développement.
» Ces arbres sont toutefois trop jeunes et trop peu nombreux encore
pour qu'on puisse se prononcer sur leur avenir (').
(>) Les jeunes pieds d'arbre à gutta {Palaquiam longifolium) introduits en 1898
SÉANCE DU 8 SEPÏEMjgRÇ 1902. 443
» Le caoutchouc du Ficus Vogelii Miq., dont nous avions signalé l'ex-
ploitation en 1899 et 1900, n'est p!us exporté du Sénégal parle commerce.
De qualité inférieure, il ne pouvait être vendu longtemps dans des condi-
tions rémunératrices.
» Un autre Ficus du Sénégal, que noujs avions signalé sous son nom
indigène de Dob Guinée, donne un caoutchouc non commercial analogue à
celui du Ficus Vogelii; M. le Professeur O. Warburg, de Berlin, a distingué
cette espèce du Ficus laurifolia Bouché, dont elle est voisine, sous le nom
de Ficus laurifolioides O. Warb. Nous l'avons observée celte année au
Sénégal, à Conakry (Guinée française) et à Kotonou (Dahomey), toujours
plantée le long des rues et autour des cases indigènes.
» Nous signalerons enfin une troisième espèce de Ficus qui semble se
substituer, sur les bords de l'estuaire du Gabon, au Ficus Vogelii dont elle
a les principaux caractères. Comme elle n'a pas encore été signalée, du
moins à notre connaissance, nous en donnerons la descriptioii suivante :
» Ficus pseudo-Vogelii sp. nov., arbre de 8™ à 12'^ de haut; extrémité des rameaux
recouverte d'un feutrage épais de poils roux; feuilles coriaces, ovales-lancéolées,
entières, cunéiformes à la base, arrondies, obtuses au sommet, longues de i5''"^ à i^"^^,
larges de 5*^'" à 7*^™. Pétiole épais, long de 5"" à 7"", creusé en dessus d'une fossette
profonde, recouvert sur toute sa surface de petites écailles rousses apprimées et hérissé
en outre, à la base, de poils raides de même couleur.
» Nervure médiane et nervures secondaires (au nombre de cinq à sept paires)
saillantes en dessous, hérissées sur les côtés de poils blancs roussàlres. Fruits sessiles,
serrés à l'extrémité des rameaux, de la taille d'une très grosse cerise, d'un rouge orangé
à maturité, recouverts de longs poils blanchâtres apprimés. Libreville : assez commun
à travers le village. Juillet 1902.
» Cet arbre n'est pas exploité par les indigènes, mais son latex donne
un produit analogue au caoutchouc du Ficus Vogelii. »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur la durée germinative des graines exposées à
la lumière solaire. Note de M. Victor «Fodin, présentée par M. Dehérain.
« On attribue généralement à la lumière, surtout à la lumière solaire,
une influence nuisible à la durée germinative des graines. Au cours des
recherches que je poursuis sur la vie latente des graines j'ai fait quelques
expériences pouvant indiquer si les rayons lumineux ont ou n'ont pas une
au jardin d'essais de Libreville ont disparu, à l'exception d'un exemplaire de belle
venue.
4/j4 académie des sciences.
action spécifique de celte nature, en dehors de celle qu'il faut attribuer à
l'élévation de température qui les accompagne ordinairement et dont je me
suis occupé précédemment ('). Ces expériences peuvent être classées en
deux catégories :
» a. Celles où les graines placées en vase ouvert recevaient la lumière
sous des écrans colorés.
)) b. Celles où l'on opérait de même en tube scellé.
» Je ne parlerai ici que de ces dernières faites sur le cresson alénois.
» Voici la technique de ces expériences : on remplissait de graines le tiers ou la
moitié de la capacité de tubes jaugeant environ 5"™'. Quelques-uns de ces tubes étaient
enduits de vernis noir opaque ou de vernis blanc au sulfure de zinc phosphorescent.
D'autres étaient disposés suivant l'axe de tubes plus larges et l'intervalle annulaire
était rempli de différents liquides. Dans la plupart de ces tubes on faisait un vide plus
ou moins complet sur les graines introduites dans leur état naturel ou préalablement
desséchées. Dans ce dernier cas on assurait cette dessiccation en introduisant une pin-
cée d'anhydride 2">hosphorique dans l'extrémité des tubes façonnée en ampoule, com-
muniquant par un étranglement avec la partie réservée aux graines. Tous ces tubes
furent placés dans une serre, sur une tablette éclairée directement par le soleil plu-
sieurs heures par jour. Des thermomètres convenablement placés permettaient d'ob-
server les températures atteintes par les tubes au cours des expériences. Le maximum
ne dépassa pas 5o° et ne fut atteint qu'exceptionnellement.
» Dans ces conditions, toutes les graines non desséchées perdirent complètement
leur pouvoir germinalif en quelques semaines d'été. De loo il tombe à o au bout,
d'un mois ou deux. Que les tubes fussent opaques ou transparents, la résistance des
graines a paru beaucoup plus dépendre de l'action calorifique que de l'action lumi-
neuse.
» Celles qui ont résisté le plus longtemps étaient celles dont le tube les protégeait
le mieux contre la chaleur.
» Il en va autrement avec les graines desséchées. Celles-ci paraissent résister plus
longtemps, sinon indéfiniment.
» Le 27 mars 1896, un tube fut préparé avec acide phosphorique et graine sèche
d'un pouvoir germinatif, alors, de 92 pour 100. Ce tube resta exposé au soleil jusqu'au
4 août 1902. A ce moment, le pouvoir germinatif était encore de 69 pour 100, bien que
le vide n'ait pas été fait au moment du scellement.
» Cette circonstance n'a pu que nuire à la conservation du pouvoir germinatif.
» D'autres tubes préparés en même temps que le précédent pourront permettre de
prolonger l'expérience, w
La séance est levée à 4 heures.
G. D.
(') Comptes rendus, t. CXXIX, p. 898.
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 15 SEPTEMBRE 1902.
PRÉSIDENCE DE M. BOUQUET DE LA GRYE.
MEMOIRES ET COMMUiVICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
AGRONOMIE. — Culture du lupin jaune (Lu pi nus luteus).
Note de MM. P. -P. Dehérai.v et E. Demoussy.
« Nous avons déjà eu l'honneur, à diverses reprises, d'entretenir l'Aca-
démie des recherches que nous avons entreprises depuis plusieurs années
sur la culture des Légumineuses; nous lui demandons aujourd'hui la per-
mission de lui exposer nos études sur le lupin jaune, qui, dans l'est de
l'Europe, rend de tels services, sur les terres pauvres, qu'on l'a souvent
appelé la plante d'or des sables.
)> Le lupin jaune a la réputation d'être essentiellement calcifuge, et, en
effet, nous l'avons vu disparaître rapidement lorsqu'il a été semé dans des
terres très calcaires de l'Yonne, du Puy-de-Dôme et aussi dans notre jardin
du Muséum. Cependant, quand on analyse les cendres des lupins qui ont
crû dans des terres variées, même pauvres en carbonate de chaux, on y
trouve une quantité de chaux notable, de telle sorte qu'il semble que ce
soit seulement une proportion considérable de cette base dans le sol qui
empêche la réussite.
» Quand on a enrichi le sol de phosphate de potasse, le lupin jaune a
en effet vécu dans une terre de Bretagne très pauvre en chaux, mais addi-
tionnée de yI^, de -^ et même de ^^ de calcaire; il est devenu chétif
quand la proportion de calcaire est montée à ^^ ; si l'on ne donne pas de
phosphate de potasse, l'influence du calcaire est beaucoup plus fâcheuse,
la récolte beaucoup plus faible, de telle sorte qu'il semble bien que c'est
en retardant l'assimilation de l'acide phosphorique que le calcaire est sur-
tout nuisible.
C. R., 1902, 2» Semestre. (T. CXXXV, N° 11.) 58
44^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Le sol du champ d'expériences de Grignon est assez riche en acide
phosphorique pour que les engrais phosphatés n'y exercent habituellement
aucune action, et, bien qu'il renferme ~ de chaux, le lupin jaune y
croît, fleurit et mûrit ses graines, mais il ne porte pas de nodosités sur ses
racines et n'acquiert qu'un médiocre développement.
» Dans ces conditions, le lupin vit comme une Graminée en profitant
des ressources du sol, elles lui fournissent les matières azotées qui lui sont
indispensables ; si, en effet, on le sème dans un sable stérile, en lui donnant
seulement des engrais minéraux, il périt s'il n'apparaît pas de nodosités
sur les racines, mais vit, au contraire, si l'on a donné, en même temps que
les engrais minéraux, de l'humus extrait de la terre de jardin par l'action
successive du carbonate de potasse pour le dissoudre et de l'acide chlor-
hydrique pour le précipiter.
» Les Légumineuses ont donc deux modes d'existence différents : elles
vivent comme les Graminées en s'approvisionnant d'azote dans le sol,
mais elles vivent aussi et atteignent un puissant développement quand
elles portent sur leurs racines des nodosités peuplées de bactéries efficaces,
qui font entrer en combinaison l'azote atmosphérique.
)) Celles qui s'accommodent de la symbiose avec les lupins jaunes ne sont
pa'S banales; c'est en vain qu'en employant la méthode d'inoculation de
M. Bréal nous avons essayé de faire naître les nodosités, sur les racines
du lupin jaune, en les piquant avec des aiguilles trempées dans des nodo-
sités de luzerne, de vesce velue ou d'ajonc. A Grignon, deux parcelles
très voisines portent, depuis plusieurs années, des lupins blancs dont les
racines sont couvertes de nodosités et des lupins jaunes qui n'en ont pas;
les bactéries de l'une des espèces ne conviennent donc pas à l'autre.
» Nous avons vu cependant les nodosités apparaître sur les racines de
lupins jaunes ensemencés dans du sable mélangé à de la terre de bruyère,
à de la terre provenant de Bretagne, à de la terre de la station de Chimie
végétale de Meudon; mais, tandis que sur celle-ci les lupins blancs et
bleus prennent un très beau développement, les bactéries qu'elles ren-
ferment n'exercent qu'une très médiocre action sur le lupin jaune.
» Tandis que les plantes qui ont crû dans la terre de Bretagne, ou dans
le sable additionné de terre de bruyère et d'engrais minéraux, pèsent, après
dessiccation, de 2^ à 3«, il en a été tout autrement des lupins que nous avons
récoltés sur une terre provenant de l'Ecole d'Agriculture de Genouillac
dans la Creuse.
» Cette terre est très forte et paraissait ne pas convenir au lupin jaune,
SÉANCE DU l5 SEPTEMBRE 1902. 44^
la plante des sables; mais elle était très peu chargée de chaux, aussi l'avons-
nous ensemencée; elle a été très favorable, comme le montre le Tableau
ci-après :
LUPINS JAUNES RÉCOLTÉS EN JUILLET I902.
Poids
Numéros Nombre Récolte Nombre d'un
des de verte Récolte de pied moyen
vases. Engrais distribués. pieds. totale. sèche. gousses. sec.
1° Terre de Gertouillac {Creuse).
221 5s phosphate de potasse , 5 — i avorté 267 45 45 9
222 » » 5 — 2 avortés 3 10 40;5 49 8,5
223 5? phosphate de potasse, 2s sul-
fate de chaux 8 3oo 45 44 5,5
224 5s phosphate de potasse, 2s sul-
fate de chaux 8 365 54,2 5i 6,7
225 1 5s scories de déphosphoration . . 8 260 40j2 44 5
226 » » ..8 280 42 28 5,2
227 5s phosphate de potasse, 2? sul-
fate de magnésie 7 335 44j2 5i 6,3
228 5^ phosphate de potasse, 28 sul-
fate de magnésie 8 3i5 44)2 4o 5,5
229 5s phosphate de potasse, 2s sul-
fate de chaux, 2S carbonate de
magnésie 7 260 34,6 28 5
230 5s phosphate de potasse, 2s sul-
fate de chaux, 2S carbonate de
magnésie 8 33o 45, o 46 5,6
2° Terre de Bretagne, Saint-Briac {Ille-et-Vilaine).
f
56 i5s scories en 1901, i5s sulfate de
potasse en 1902 7 186 26,7 34 3,8
3° Terre de Grignon {Seine-et-Oise).
71 j^ de terre de Bretagne 7 72 10,2 16 1,7
285 y'^ de terre de la Creuse 8 55 7,5 11 1,1
» On voit que nous avons semé les lupins dans trois terres différentes;
dans la terre de Grignon, malgré le mélange avec la terre de Bretagne ou la
terre de la Creuse, les récoltes ont été misérables : un pied sec pèse en
moyenne 1^,1 ou 1^,7; dans la terre de Bretagne, les résultats sont meil-
leurs: un pied sec pèse 3^,8; ceux qui ont cru sur la terre de la Creuse
atteignent 5^, 6^, 8^ et même 9^.
448 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» On jugera des différences que présentent ces récoltes par la photo-
graphie que nous mettons sous les yeux de l'Académie (*).
)) Au point de vue physique, la terre de Genouillac est très inférieure à
la terre de Bretagne; elle est moins filtrante, plus compacte, plus lourde;
nous avons choisi, pour établir la comparaison, les lupins les meilleurs qui
aient crû sur la terre de Bretagne; elle est en expériences depuis plusieurs
années et n'a jamais donné de récoltes plus fortes que celles de 1902.
» Nous ne voyons d'autre raison à invoquer, pour expliquer la supé-
riorité des lupins de la Creuse, que la nature des bactéries fixées sur la
racine des lupins qui y ont crû. Les nodosités dont elles provoquent l'ap-
parition sont nombreuses à la partie supérieure de la racine, elles sont
assez fortes et parfois pressées les unes contre les autres; celles qui
naissent sur les racines des lupins de la terre de Bretagne sont "plus écar-
tées, de dimensions inégales; elles descendent souvent jusqu'à la partie
inférieure de la racine.
» Il importe donc de bien noter les points suivants :
» Non seulement toutes les espèces de bactéries susceptibles de donner
des nodosités sur les racines des Légumineuses ne sont pas capables de
se fixer sur les racines des lupins jaunes, mais en outre celles qui font
apparaître des nodosités sont très inégalement efficaces ; les unes, Genouil-
lac (Creuse), provoquent une végétation luxuriante; d'autres, Saint-
Briac (Ilie-et-Vilaine), ne soutiennent que médiocrement la végétation,
mais sont encore supérieures à celles qui apparaissent parfois sur les
lupins croissant dans la terre de Grignon inoculée.
M Nous avons déjà observé des faits analogues dans nos expériences sur
les lupins blancs, qui portent parfois des nodosités garnies d'espèces
favorables et parfois d'espèces parasites (^).
» En résumé, des longues études que nous avons consacrées aux lupins
jaunes découlent les conclusions suivantes :
» 1° Bien que le lupin jaune soit en général considéré comme une
plante vivant dans le sable, il prospère également dans les terres fortes;
» 2° Il supporte de faibles doses de calcaire dans les terres neutres,
mais périt si l'on introduit le calcaire dans une terre acide comme la terre
de bruyère;
(^) Elle paraîtra, avec le détail des six ans d'expériences, dans le Cahier de
septembre 1902 des Annales agronomiques, t. XXVIII, n° 9.
(2) Annales agronomiques, t. XXVI, p. 67 ; Comptes rendue, t. CXXX, p. 20 et 465.
SÉANCE DU l5 SEPTEMBRE T902. /,4q
» 3° Quelle que soit sa station nous avons toujours trouvé dans ses
cendres une forte proportion de calcaire;
» 4^ Il vit, fleurit et mûrit ses graines dans un sol renfermant 4 cen-
tièmes de chaux; dans ces conditions il n'a pas porté de nodosités sur ses
racines et n'a jamais acquis qu'un médiocre développement;
» 5*^ Sa croissance est meilleure dans des terres sans calcaire, parfois
cependant il n'y rencontre que les germes de bactéries produisant des
nodosités, mais peu efficaces et les récoltes sont encore médiocres;
» 6° Elles ne sont luxuriantes que si les terres renferment des bactéries
d'une espèce tout à fait favorable à la symbiose, comme celles que nous
avons rencontrées dans la terre de Genouillac (Creuse), C'est dans ces
conditions que le lupin jaune rend de grands services, qu'il soit employé
à la nourriture des chevaux ou des moutons ou enfoui comme engrais vert.
)) Si l'on veut tenter la culture du lupin jaune, sur des terres sans cal-
caire, il sera bon d'en semer sur de petites surfaces; si la réussite n'est que
médiocre, il n'y a guère de chance de l'améliorer par des apports de terre,
car toutes les tentatives que nous avons faites n'ont donné que de très
médiocres résultats ou même ont échoué complètement. »
ASTRONOMIE. — Sur la surface focale principale de V objectif de V équalorial
photographique de V Observatoire de Toulouse. Note de MAI. B. Baillaud
et 3I0NTANGERAND.
« Dans une Note insérée aux Comptes rendus du 2 juin, l'un de nous a
donné les premiers résultats d'une statistique concernant la distribution
des étoiles dans les clichés de la Carte photographique internationale
obtenus par M. Montangerand, à Toulouse. Des circonstances majeures
ayant retardé l'étude complète que M. Montangerand se propose de faire
de la forme de la surface focale principale de son objectif, il a paru conve-
nable de publier les résultats acquis à ce jour.
» La statistique a été faite, carré par carré de 5™™ de côté, de 108 cli-
chés et de 94 Cartes héliogravées correspondant à 94 de ces 108 clichés. La
statistique des 108 Cartes sera donnée dans une étude complète, quand
les 108 Cartes seront toutes tirées.
» En raison de la symétrie, on a superposé les carrés de la moitié infé-
rieure de chaque cliché à ceux de la nioitié supérieure, en repliant, en
45o ACADÉMIE DES SCIENCES.
quelque sorte, le cliché autour de l'axe horizontal qui passe par son centre.
On a superposé ensuite la moitié de droite sur celle de gauche, en repliant
autour du cercle horaire passant par le centre. Enfin, on a replié le carré
ainsi obtenu autour de celle de ses diagonales qui passe par le centre.
» Dans ces conditions, le nombre le plus bas du Tableau ci-dessous
indique la moyenne des nombres d'étoiles trouvés dans les carrés voisins
du centre. Les nombres de la colonne verticale de droite donnent les
moyennes concernant les deux rangées horizontales et les deux rangées
verticales qui passent par le centre. Chaque nombre de la ligne horizon-
tale supérieure est la moyenne des nombres d'étoiles de huit carrés placés
symétriquement sur le contour du cliché.
i43
i6i 179
189
191
207
227
245
242
248
265
266
270
175 195
206
2l3
225
243
264
256
271
281
287
287
2l3
227
282
263
267
296
298
298
322
32 1
322
249
255
265
287
3o5
3o6
319
338
339
332
270
288
3l2
324
33i
349
348
349
352
298
3i8
336
342
359
356
378
362
35i
357
373
370
377
382
382
367
374
388
376
387
4l2
390
4o3
387
378
387
392
890
395
370
390
379
385
394
390
390
» M. Montangerand, conformément aux décisions du Congés astropho-
tographique, s'était toujours efforcé d'obtenir la mise au point à une dis-
tance d'environ 33 minutes d'arc du centre, c'est-à-dire à égale distance
du centre et du bord. Un cercle concentrique au cliché, et ayant ce rayon,
passe à travers les carrés correspondant aux quatre nombres écrits en
chiffres anglais. On voit qu'il passe vers la région où le nombre des étoiles
est maximum. Un cercle ayant 65 minutes d'arc de rayon, et, par suite,
inscrit dans le carré limitant le cliché, s'étend vers les carrés correspon-
dant aux nombres en chiffres gras. A cette limite, la diminution du nombre
des étoiles est sensible; elle correspond à peu près à la perte d'une demi-
grandeur. Dans les angles, la perte est considérable et atteint une grandeur
et demie. Il ne faut pas oublier que l'inconvénient de cette perte est bien
atténué par ce fait que les clichés de la seconde série ont précisément
pour centres les angles de ceux de la première.
SÉANCE DU l5 SEPTEMBRE 1902. 45 1
» Il y aurait, sans doute, intérêt à faire la mise au point à 45 minutes du
centre. On gagnerait un nombre sensible d'étoiles, sans perdre beaucoup
au centre. Mais on peut penser qu'il y aurait inconvénient, pour l'objectif
de Toulouse, à faire la mise au point tout au bord. On gagnerait beaucoup
d'étoiles, mais des étoiles dont les images seraient moins bonnes, et l'on
perdrait un nombre sensible d'étoiles centrales, celles dont les images sont
les meilleures.
» M. Montangerand a fait, les 3, 4? 5 et 1 1 juin, des clichés spéciaux
pour l'étude de la forme de la surface focale principale. Regardant cette
surface comme spbérique, il lui a trouvé un rayon d'environ i™,25. Ce
nombre n'est que provisoire. La question est trop intéressante pour n'être
pas l'objet d'une étude mmutieuse. Les résultats de cette étude seront
publiés dès qu'il sera possible à M. Montangerand de la J:erminer. »
CORRESPOIVDAI\CE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, une traduction allemande d'un Ouvrage de M. Adolphe
Minet, portant pour titre : « Die Gewinnung des Aluminiums und dessen
Bedeutung fur Handel und Industrie ».
PÉTROGRAPHIE. — Sur Les roches rejetées par r éruption actuelle
de la Montagne Pelée. Note de M. A. Lacroix.
« Au cours de notre mission à la Martinique, nous avons recueilli une
très grande collection des produits de tout genre, provenant de l'éruption
actuelle; obligé de repartir immédiatement pour suivre de près la marche
de celle-ci, j'ai l'honneur de communiquer à l'Académie un aperçu som-
maire de la constitution minéralogique des roches rejetées par le volcan
depuis les premières explosions jusqu'au 3i juillet.
» On a vu dans une Communication antérieure que, jusqu'à présent, il
ne s'est produit à la Montagne Pelée aucune coulée de lave, mais que de
nombreux blocs de roches sont projetés du cratère. Pendant la nuit, grâce
à leur incandescence, on les voit rouler à la surface d'un talus qu'elles
édifient par leur accumulation en haut de l'échancrure ouverte au sud-
ouest dans le haut de la Montagne Pelée. Tandis que les cendres ont été
452 ACADÉMIE DES SCIENCES.
abondamment rejetées des côtés ouest et sud-ouest du cratère dans la plu-
part des éruptions et qu'elles ont atteint toute la surface de l'île lors des
grandes explosions, les blocs volumineux, au contraire, sont restés loca-
lisés sur les crêtes et sur les flancs de la Montagne Pelée, dans un rayon
de 800™ environ à partir du cratère. C'est là qu'ont été recueillis les échan-
tillons étudiés. J'ai éliminé pour l'instant tous les matériaux récoltés loin
du cratère, dans la vallée de la rivière Blanche, où ils sont mélangés à des
roches souvent très analogues, provenant des éruptions anciennes qui ont
édifié la^Montagne Pelée.
» Les roches produites par l'éruption actuelle (* ) offrent des]caractères
extérieurs fort variés; ce sont : 1° des roches compactes, vitreuses, d'un
gris noir, constituant des blocs fragiles parfois énormes; tels sont ceux qui
ont été projetés dans l'ancien lac des Palmistes et sur les pentes est de la
montagne, antérieurement au 29 juin, date de notre première ascension;
quelques-uns d'entre eux sont de véritables obsidiennes; 1° des bombes
de toute taille, de couleur plus claire que les précédentes; présentant de
profondes et sinueuses fentes de retrait sur toutes leurs faces (observées
par nous après le 9 juillet); 3° des blocs anguleux de ponce blanche, pou-
vant atteindre plus de i""' (éruption du 9 juillet).
» Un examen sur le terrain permet déjà de voir que ces roches, si dif-
férentes en apparence, ne constituent en réalité que des variations d'un
même typepétrographique.
)) En brisant un grand nombre de bombes à fissures de retrait, j'ai
recueilli toute une série d'échantillons dans lesquels on trouve, de la péri-
phérie au centre, tous les passages entre le verre compact qui constitue
leur croûte et la ponce la plus poreuse.
» L'examen microscopique confirme cette première impression . La
composition minéralogique de ces roches est celle que faisait prévoir
l'étude des cendres du 3 mai dont j'ai entretenu antérieurement l'Aca-
démie (-). Ce sont des andésites à hypersthène, riches en phénocristaux
et devant aux conditions rapides de leur refroidissement une pâte presque
toujours plus ou moins complètement vitreuse.
» Les phénocristaux sont constitués par des plagioclases (série des
andésines aux bytownites) très zones, à formes nettes. Ils prédominent
(*) Je ne m'occupe pas dans cette Note des blocs de roches volcaniques anciennes
(enclaves) arrachés aux. parois de la cheminée.
(^) Comptes rendus, 2 juin 1902.
SÉANCE DU ï5 SEPTEMBRE 1902. 453
sur les éléments colorés dont le principal est l'hypersthène, accompagné
de titanomagnétite avec fréquemment, en outre, une petite quantité d'au-
gite, de hornblende (parfois en partie résorbée en un mélange d'hyper-
sthène, de magnétite et de plagioclases) et d'olivine (').
» La matière vitreuse est le plus souvent incolore et limpide; elle ren-
ferme quelques cristallites aciculaires d'hyperslhène, mais souvent et
particulièrement dans le centre des bombes refroidies moins rapidement
que leur extérieur; cette matière vitreuse est Irouble, criblée de cristallites
irréguliers de feldspath et d'hypersthène, ainsi que de ponctuations de
magnétite.
» Les ponces ne se distinguent des types vitreux compacts que par
l'existence de très larges bulles aux parois étirées. La dilatation des gaz
dans cette matière visqueuse a souvent, en outre, déterminé la rupture
d'une partie des phénocristaux de la roche.
» Ces andésites compactes ou ponceuses sont fréquemment hétéro-
gènes; elles présentent alors des lits interrompus, dans lesquels la matière
vitreuse est inégalement colorée et souvent aussi irrégulièrement dévi-
trihée ; c'est particulièrement le cas pour des ponces rubanées dont tous
les éléments cristallins sont formés par des fragments brisés et anguleux
de phénocristaux réunis par du verre; il me semble probable que ces
roches résultent de l'agglutination par la chaleur de cendres retombées
dans le cratère.
» La forme anguleuse des blocs et des menus fragments des ponces du
9 juillet fait penser qu'ils ont été produits par la rupture d'une croûte
scoriacée solide formée à la surface du magma monté dans le cratère.
» Quant aux bombes à fissures de retrait, elles proviennent probable-
ment de portions plus profondes du magma projetées à une température
plus élevée. La rapidité de leur refroidissement pendant leur trajet aérien
a déterminé la consolidation brusque de leur croûte externe et l'expulsion
des gaz qui y étaient dissous. On s'explique ainsi leur structure vitreuse,
l'absence de quantité notable de bulles gazeuses, enfin la présence des
fissures de retrait creusant toutes les faces des blocs projetés.
)> Il est arrivé fréquemment que le refroidissement n'a pas été assez
rapide pour permettre la consolidation simultanée de toute la bombe;
(') La proportion du minéral magnétique est très faible; la teneur en oxyde de fer
est en moyenne de 5 à 6 pour loo, el une portion notable en est absorbée par les miné-
raux ferromagnésiens.
C. R., 1902, 2» Semestre. (T. CXXXV, N» 11.) ^9
454 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dans ce cas, après la consolidation de l'écorce externe, le centre de la
bombe restant visqueux pendant quelque temps, les gaz, mis en liberté
au cours de son refroidissement, ont pu déterminer en se détendant la
production de nombreuses bulles et donner naissance ainsi à la structure
ponceuse; c'est ainsi que peut être expliqué le mode de formation des
bombes compactes à la périphérie et ponceuses au centre.
» L'étude minéralogique et chimique des roches que nous venons de
décrire conduit à cette conclusion que si le volcan entrait dans une phase
de coulée, il produirait des andésites identiques à celles que l'on trouve
en place dans le massif de la Montagne Pelée et qui ont été formées au
cours des éruptions antérieures à la découverte de la Martinique. »
ÉLECTRICITÉ. — Sur les différences de potentiel au contact. Note
de M. Pierre Boley, transmise par M. Mascart.
« Voici une classe de piles qui semblent pouvoir fournir la valeur du
contact électrique de deux métaux. Associons les amalgames saturés des
deux métaux considérés avec deux électrolytes convenablement choisis.
Dans la chaîne amalgame M | liquide L| liquide L'] amalgame M', ainsi
constituée, la différence de potentiel totale E en circuit ouvert est la somme
des contacts électriques, ou symboliquement
E = MlL-f-LlI/ + L'|M'4-M'|M,
d'où, pour le contact des deux amalgames,
M'|M = E--[M|Î. + L|I/+U|M'].
On simplifie la mesure en rendant L|L' négligeable par le choix des élec-
trolytes L et L', de sorte qu'il reste
(i) M' I M = E - [M I L + LM M'].
Pour avoir un contact L | IJ négligeable, on forme les liquides L et L' avec
deux solutions identiques du même acide, et, à l'exemple de Rothmund
et de Meyer ('), chacune de ces solutions est additionnée d'une trace du
sel de même anion du métal adjacent, pour donner des contacts M|L bien
définis. Ainsi, on prend pour L une solution normale de SO^H^ addition-
(') Zeilsclirift, l. XV, 1894,. et Wied. Ann., t. LVl, 1895.
SÉANCE DU l5 SEPTEMBRE 1902. 4^5
née de SO*M à la concentration -^ normale ; de même, pour V, une
100 '
solution normale de SO*H^ additionnée de SO^M' à la concentration -j-^
normale. Au cas où un sulfate est presque insoluble, on en sature la solu-
tion d'acide sulfurique. La formule classique de Planck sur le contact des
mélangées d'électrolytes indique pour les différences de potentiel au contact
des liquides précédents des valeurs inférieures à un millivolt.
» E se mesure à l'électromètre, par la méthode habituelle de compensa-
tion. M I L et L' I M' se déterminent par la méthode du maximum de tension
superficielle, avec un électromètre capillaire, qui, pour les amalgames
saturés, doit être construit avec une pointe peu capillaire. J'obtiens satis-
faction avec un électromètre vertical, dont la pointe a un diamètre mini-
mum de o™*^, 25 et se rapproche de la forme hyperboloidale qui correspond
à l'équilibre indifférent du ménisque, c'est-à-dire à une sensibilité infinie (*).
Cet instrument, qui soutient seulement environ 2*=™, 7 d'amalgame, a une
sensibilité de — = volt avec le mode ordinaire d'emploi et il accuse moins
de -^ volt avec les divers amalgames, à condition de viser le ménisque
10* ^
sous un grossissement de 84o. Il est associé à un manomètre à eau, don-
nant — de millimètre.
100
» J'ai étudié provisoirement les piles formées d'amalgames de métaux
usuels associés à l'acide sulfurique; les contacts de ces amalgames entre
eux sont de quelques millivolts, valeurs qui sont de l'ordre des erreurs
d'expérience. Pour le contact argent-mercure, la disposition est plus simple
et la mesure plus nette, car la pile employée n'a qu'un liquide; la chaîne
estamalg. : Ag ISO"* H- normal -f- SCHg^ en excès | Hg. On observe que
E = -+- o^«'S 002 , M I L = + o^°i*, 926, L I M' = - o^°'S 925,
d'où, d'aprè§ (i),
M'|M=+o^°'Sooi.
» Cette valeur est inférieure aux erreurs expérimentales possibles ; donc,
si le contact de ces métaux est certainement de l'ordre du millivolt, sa
valeur absolue ne sera connue que par des mesures beaucoup plus pré-
cises que celles qu'on sait faire actuellement. »
(1) Bull. Soc. se. et niécL de l'Ouest, t. XI, 1902.
456 ACADÉMIE DES SCrE*NCES.
ÉLECTRICITÉ. — Sur la résistance électrique des corps peu conducteurs aux
très basses températures. Note de M. Edmond van Aubel, transmise par
M. G. Li}3pmann.
« La résistivité électrique des métaux et des alliages aux très basses
températures a été mesurée par Dewar et Fleming et par d'Arsonval.
Elle diminue considérablement à mesure que l'on s'approche du zéro
absolu des températures.
» Il m'a semblé utile d'examiner comment varie aux très basses tempé-
ratures la résistance électrique des corps peu conducteurs, tels que certains
sulfures et oxydes, dont la conductibilité électrique augmente par une élé-
vation de la température, entre o° et + ioo°C.
)) Un Mémoire sur la conductibilité électrique des poudres comprimées
vient d'être publié par M. Frantz Streintz; les résultats de ces recherches
ont été communiqués le 6 mars dernier à l'Académie des Sciences de
Vienne. Cette circonstance m'engage à faire connaître, dès maintenant,
les résultats que j'ai déjà obtenus, afin de prendre dale (^).
» J'ai étudié un échantillon de pyrite Fe S^ très homogène, qui m'avait été fourni
par M. le D'' Krantz, de Bonn. Ce sulfure avait été taillé sous la forme d'un prisme
ayant une section de S'^'^^gS x 3^^""', 98 environ. Celui-ci était fixé dans des pinces
en laiton; la résistance électrique était mesurée à l'aide du pont de Wheatstone.
» Four réaliser les températures + i9°C. et au-dessus, j'ai placé la tige de pyrite
dans un bain d'huile. La température — 75°, 5 était produite par le mélange d'éther
et de neige d'acide carbonique, convenablement protégé contre les absorptions de
chaleur. En agitant constamment ce liquide, on a observé également à des tempéra-
tures comprises entre — 75° et — 20°. Celles-ci étaient mesurées au moyen du thermo-
mètre à toluol étalonné à l'Institut physico-technique de Charlottenbourg-Berlin.
Enfin, les expériences ont été faites encore dans l'air liquide contenu dans un vase
argenté, à doubles jDarois et cylindrique, d'après Dewar. Un thermoraè tre au pentane
commercial, construit par C. Richter de Berlin, sur les indications de Rudolf Rolhe,
et étalonné aussi à l'Institut de Charlottenbourg, donnait la température du bain d'air
liquide (^).
» Voici les résultats des mesures des résistivités, dans l'ordre où ils ont été
obtenus :
(^) Au sujet de la résistivité des sulfures métalliques aux températures élevées,
voir J. GuiNCHANT, Comptes rendus, séance du 26 mai 1902, p. 1224.
(2) Zeitschri/L fur Instrumentenkunde, }\x\n 1902, p. 192.
SÉANCE DU l5 SEPTEMBRE 1902. 4^7
Bésistances électriques
Temf
)ératures.
oC.
du
prisme, en ohms.
-4-
20,0
10,96
+
42,75
. 9,45
+
60,3
8,48
+
3o,8
10, 18
—
75,2
23, 4i
—
61,3
21,18
—
4o,6
17^72
—
24,3
i5,6o
+
'8,9
11,27
—
181
74,20
3 jours après : 4-
20, 1
I I ,23
» La résistivilé de la pyrite est donc i,5i3 ohm-centimètre à la température
de H- 20°G. Elle augmente toujours notablement à mesure que la température devient
plus basse, mais, dans l'air liquide, la pvrite conduit encore l'électricité.
» Si l'on trace la courbe qui exprime la variation de la résistance électrique avec la
température, on trouve que la quantité — est d'autant plus grande que l'on s'approche
davantage du zéro absolu. Enfin, après avoir été refroidi dans l'air liquide, le sulfure
a repris à peu près sa résistance électrique primitive à + 20°, i (').
» Des expériences, relatives aux sulfures de plomb et d'argent fondus ,
et au sulfure de cuivre, sont actuellement en cours d'exécution. »
ÉLECTRICITÉ. — A propos de la Note de M. Th. Tommasina, Sur le mode de
formation des rayons cathodiques et des rayons de Rôntgen (-). Note
de M. Jules Semenov.
« Pour vériQer les conclusions que j'ai énoncées dans une de mes Notes
communiquées à l'Académie sur la production des rayons X, M. Tomma-
sina a entrepris une série d'expériences dont les résultats seraient en désac-
cord avec les miens.
» J'avais dit (^) que l'anticathode n'émet des rayons X que si elle porte
(*) L'air liquide qui a servi dans mes recherches m'a été obligeamment remis par
M. A. Sliefel, directeur de la Société anonyme des frigorifères d'Anvers. Qu'il me
soit permis de lui adresser ici mes remercîmenls, ainsi qu'à M. le D'' Krantz.
(-) Comptes rendus, t. GXXXV, 1902, p. 319.
(') Comptes rendus, t. GXXXIII, 1901, p. 217.
458 ACADÉMIE DES SCIENCES.
une charge électrique; que, reliée au sol, elle n'engendre presque pas de
ces ravons. J'admets donc que la présence d'une charge électrique sur la
surface exposée aux rayons cathodiques constitue une condition nécessaire
à la production des ravons X. M. Th. ïommasina trouve que la réflexion
di-ffuse du flux anodique seule est suffisante pour donner naissance aux Trayons
cathodiques et aux rayons de Rôntgen^ et que le phénomène a lieu même avec
r anticathode reliée au sol.
» Dans les expériences de M. Th. Tommasina, la cathode d'un tube
bianodique était reliée, par Tintermédiaire d'une décharge sur l'eau, au
pôle positif d'une bobine d'induction, l'anode et l'anticathode se trouvant
en communication avec le sol. Dans ces conditions, le tube fonctionne pour
ainsi dire à l'envers, la cathode faisant office d'anode et l'anticathode étant
transformée en cathode. Bien que cette dernière soit, d'une façon ou d'une
autre, reliée au sol, elle porte toujours une charge électrique suffisante
pour se manifester par une petite étincelle lorqu'on approche le doigt de la
tige émergeant du tube. Cette anticathode se comporte donc comme une
cathode ordinaire dans un tube fonctionnant dans les conditions habi-
tuelles. Aussi, est-il naturel qu'elle émette des rayons cathodiques et des
rayons X.
» Si, par contre^ le tube bianodique fonctionne comme d'habitude, c'est
l'anticathode reliée à l'anode qui émet le plus de rayons X, bien qu'elle se
trouve en dehors de l'action du flux anodique. En revanche, elle reçoit le
flux cathodique qui provoque l'émission des rayons de Rontgen. Mais, je
le répète, la condition nécessaire à la production de ce phénomène est la
présence d'une charge électrique sur la surface d'émission. En eût-il été
autrement, MM. J. Perrin et J.-J. Thomson ne se seraient pas trouvés en
mesure de constater le transport d'électricité négative par les rayons
cathodiques. En effet, si, dans leurs expériences, les rayons cathodiques,
en pénétrant à l'intérieur d'un système de cylindres isolés, avaient déter-
miné dans ce système la production de rayons X, la charge des rayons
cathodiques ne se serait pas accumulée sur le cylindre intérieur; il eût
donc été impossible de l'y déceler. »
PHYSICO-CHIMIE. — Sur la formation des gouttes liquides et les lois de Tate.
Note de MM. Ph.-A. Guye et F, -Louis Perrot.
« A la suite de leurs recherches sur la cohésion des liquides, MM. Leduc
et Sacerdote ont été amenés à rejeter le raisonnement classique par lequel
SÉANCE DU l5 SEPTEMBRE 1902. 459
on justifie la loi de Tate relative à l'écoulement des gouttes par un orifice
capillaire ('). Dans une Note plus récente (^), ces auteurs publient les
premiers résultats d'expériences instituées par eux à l'appui de cette
conclusion.
» Nous étant occupés nous-mêmes depuis plusieurs années (*) de la
mesure des tensions superficielles au moyen du poids des gouttes, nous avons
été conduits, soit par l'étude des Mémoires antérieurs, soit par nos propres
observations, à admettre que le phénomène de la formation des gouttes
est beaucoup plus complexe qu'on ne le conçoit généralement. On nous
permettra donc de rappeler quelques-unes de nos observations antérieures
et de présenter diverses remarques qui nous conduisent à rejeter aussi les
lois de Taie.
» En premier lieu, si l'on se rapporte à la bibliographie de la ques-
tion (^), il est très curieux de constater que les expérimentateurs anté-
rieurs à Tate ont observé le phénomène de la formation des gouttes avec
des caractéristiques qui paraissent avoir été oubliées depuis.
» C'est ainsi qu'il résulte clairement des observations de Franken-
heim (i835), confirmées plus tard par celles de Hagen (i845), que \e poids
des gouttes d'un même liquide, issues d'un même orifice, est fonction de leur
durée de formation. Nous l'avons nous-mêmes vérifié et nous avons en
outre constaté :
» i*' Que, dans les conditions habituelles où l'on expérimente, le poids
des gouttes issues d'un même orifice et formées rapidement est plus fort que
celui des gouttes formées lentement [voir aussi les observations de
Guthrie (i 867) ; Forch (1899), etc.] ;
» 2° Que, si la durée de formation croît, le poids de la goutte tend vers
une limite qui ne varie pratiquement plus lorsque cette durée est assez
longue. Avec un tube de 3™"", 1 7 de diamètre extérieur, le poids de la goutte
ne devient indépendant de sa durée de formation que si celle-ci est de 3o
à 4o secondes, ou, pour certains liquides, déjà de 20 à 26 secondes.
» Il résulte de là que toute vérification de la loi de Tate, effectuée sans
(^) Leduc et Sacerdote, Journal de Physique, 4" série, t. I, 1902, p. 364.
(^^) Leduc et Sacerdote, Comptes rendus, t. CXXXV, 1902, p. 96.
{^) GuYE et Perrot, Archives des Se. phys. et nal., t. VIII, 1899, p. Sgo; t. XI,
1901, p. 225 et 345; t. XllI, 1902, p. 80; Comptes rendus, t. CXXXII, 1901, p. io43.
(*) Voir le Résumé bibliographique en tête de notre Mémoire {Archives, t. XI,
p. 229).
/|6o ACADÉMIE DES SCIENCES.
avoir spécifié la durée de formation des gouttes, manquera de précision.
Le bon sens indique ensuite que la vérification devra se faire dans les con-
ditions les plus simples et de façon que le poids des gouttes soit rendu
indépendant de leur durée de formation.
)) Nous avons effectué cette vérification sur seize liquides organiques diffé-
rents, en composant pour chacun d'eux les poids des gouttes de formation
lente (c'est-à-dire formées assez lentement pour que leur poids soit indépen-
dant de leur durée de formation), issues d'un même orifice, avec leurs ten-
sions superficielles déterminées dans le vide par la méthode des ascensions
capillaires de MM. Ramsay et Shields ; la plupart des observations ont été
effectuées, dans les deux cas, sur les mêmes échantillons.
» En ce qui concerne le poids des gouttes, celui-ci a été déterminé de
deux façons : soit en pesant, [)ar la méthode de M. Ostwald, ce que nous
avons appelé la goutte complète ( c'est-à-dire toute la masse de liquide faisant
saillie sous la section droite du tube à écoulement à l'instant où se produit
la chute de la goutte), soit en pesant seulement la ^OM^/e/o/?26ee( c'est-à-dire
la masse de liquide qui se détache au moment delà chute, abstraction faite du
poids du liquide restant adhérent au tube), désignée sous le nom de ménisque
et représentant, dans nos expériences, les 17 à 29 pour 100 du poids delà
goutte complète. Dans les deux cas, les poids des gouttes complètes et des
gouttes tombées de formation lente n'ont pas été trouvés proportionnels
aux tensions superficielles : les écarts maxima se sont élevés à 12 pour 100
dans le premier cas et à 8 pour 100 dans le second. De là résulte que les
lois de Tate, qui sont résumées dans la formule unique
(i) P = 2T:Ry
(P poids de la goutte en dynes; y tension superficielle en dynes; R rayon
extérieur du tube capillaire en centimètres), ne sont pas vérifiées expéri-
mentalement (*).
» Nous avons constaté ensuite qu'il faut rejeter également la correction
(*) Un des énoncés de la loi Tate est le suivant : « Toutes choses égales d'ailleurs,
le poids de la goutte est proportionnel au diamètre du tube dans lequel elle se forme ».
On pourrait objectera nos expériences de laisser cet énoncé de côté. Nous ne le croyons
pas, car il est évident qu'à mesure que l'on opérera avec des tubes de diamètres crois-
sants, la vitesse d'écoulement se modifiera, et l'on n'aura pas de résultats précis. Tout
au plus pourrait-on se demander si l'énoncé ci-dessus est vérifié lorsque les diamètres
intérieurs (pour les liquides mouillant le tube) des divers tubes considérés seraient
tous identiques et les gouttes toujours de formation lente.
SÉANCE DU l5 SEPTEMBRE I902. 4^1
d'après laquelle la goutte se détacherait suivant un cercle de gorge de
rayon r peu différent de R, r et R étant proportionnels. Calculant en effet
au moyen de la formule (i) la valeur du rayon du prétendu cercle de
gorge, nous avons trouvé, pour les seize liquides étudiés par nous, que,
avec un tube de diamètre 2R = 3°"°, 17, le diamètre du cercle de rupture
serait compris entre ir — 2°"'', 74 et ir— 2""", 47 pour les gouttes complètes
et entre 2™°", 18 et £'"'^,95 pour les gouttes tombées.
» Ces points établis, nous ne pensons pas que la vérification de la loi
de Tate donnée par MM. Leduc et Sacerdote permette de la considérer
même comme une loi approximative, attendu que : i*^ celte vérification ne
tient pas compte de la durée de formation des gouttes et que, dans le cas
particulier du mercure qui s'égoutte beaucoup plus vite que l'eau, on doit
obtenir des valeurs trop fortes de^ (ce qui explique le relèvement de la
courbe constaté par ces auteurs, le long de l'axe des j); 1° cette vérifica-
tion a été basée sur l'hypothèse de la proportionnalité entre les tensions
superficielles et le poids des gouttes de deux liquides différents, propor-
tionnalité qui, d'après nos recherches, ne peut être considérée que comme
très approximative. »
BOTANIQUE COLONIALE. — Sur la liane à caoutchouc des forêts du Congo
français. Note de M. Aug. Chevalier ( * ), transmise par M. Guignard.
« La flore congolaise s'est enrichie, depuis quelques années, de nom-
breuses Landolphiées nouvelles, la plupart imparfaitement connues, par
suite d'une description faite sur des matériaux d'herbiers très incomplets.
De plus, l'étude de leurs latex n'ayant pas été faite sur place, les spécia-
listes n'ont pu vérifier la provenance botanique des coagulums qui leur
étaient envoyés, de sorte qu'il règne encore la plus grande incertitude sur
la valeur de ces lianes comme plantes à caoutchouc.
» Le botaniste allemand R. Schlechter, envoyé en 1899- 1900 par le
Wirtschaftliches Komitee dans l'Afrique occidentale pour y étudier la pro-
duction, la récolte et la préparation du caoutchouc, a fourni des rensei-
gnements beaucoup plus précis, mais encore très incomplets. La présente
(') Je remercie mes collaborateurs, MM. Courtet et Martret, pour la participation
qu'ils ont apportée à ce travail.
G. R., 1902, 2« Semestre. (T. CXXXV, N'= 11.) 60
402 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Note a pour but de signaler quelques faits nouveaux observés pendant la
traversée du Congo parla mission Chari-Tchad.
» Comme Schlechter, nous avons constaté que la seule liane du Congo
français qui soit exploitée par les indigènes en grand et qui fournisse du
bon caoutchouc appartient au Landolphia Klainii.
» Nous croyons toutefois que la description de cette plante donnée par
H. Hallier, de Wildeman, etc. se rapporte, non à une seule espèce, mais
à plusieurs espèces confondues sous ce nom. Nous avons observé, jusqu'à
ce jour, trois formes très distinctes, caractérisées surtout par les contours
du fruit toujours subsphérique, très gros (io*=™ à 20*^™ de diamètre).
» Dans la première, il est un peu mamelonné au sommet et présente dans le tiers
supérieur une dizaine de dépressions séparées par des côtes saillantes; la base est
légèrement, mais progressivement atténuée. Les feuilles lancéolées, pointues, ont 10'='"
de long sur 3'^'",5. Cette forme croît au jardin de Libreville et provient de graines
recueillies à proximité du Gabon.
» La deuxième a un fruit parfaitement arrondi au sommet et un peu atténué à la
base, ce qui le rend pyriforme. Les feuilles ovales, lancéolées, ordinairement arrondies
à la base, brusquement terminées en pointe obtuse au sommet, ont de 12'=°^ à i5=™ de
long sur 5"^™ de large, soit deux fois et demie ou trois fois plus longues que larges.
Nous l'avons rencontrée à Touniba (Congo belge) sur la ligne du chemin de fer de
Matadi à Léopoldville.
» La troisième forme possède un fruit presque sphérique, à peine atténué à la base.
Ses feuilles longuement lancéolées, cunéiformes à la base, insensiblement atténuées
en pointe au sommet, à bords ondulés-crispés, mesurent de ao*^*" à 22'''^, sur 5"" ou
5"™, 5 de large, et sont, par conséquent, quatre fois plus longues que larges. Elle croît
aux Stanley-Fallo sur la rive française.
» Nous avons observé ces trois formes depuis trop peu de temps pour
pouvoir nous prononcer sur leur valeur spécifique. La germination des
graines de toutes les lianes de ce groupe, L. Klainii, s'effectue constam-
ment dans des conditions biologiques très remarquables, qu'aucun obser-
vateur n'a consignées jusqu'ici.
» A maturité, le fruit de cette espèce, comme celui de tous les Eulandolphia, est
constitué par un exocarpe formé de sclérites très résistantes, serrées les unes contre
les autres et enveloppant hermétiquement les parties parenchymateuses et les graines
au nombre de 20 à 70. Cette carapace indéhiscente est seulement interrompue dans la
partie qui correspond à l'insertion du pédoncule et forme une zone circulaire. Lorsque
le fruit arrive à maturité dans la saison sèche (ordinairement dans le courant de
juillet), il se détache par son propre poids et vient tomber sur le sol de la forêt. Cette
petite zone circulaire est vite attaquée par les insectes. Par celte ouverture, les larves
des termites, qui n'ont pu attaquer le sclérenchyme trop résistant, pénètrent à Tinté-
SÉANCE DU l5 SEPTEMBRE 1902, 463
rieur du fruit et dévorent toutes les parties parenchymateuses, qu'elles remplacent
par de la terre humide. Au contraire, les graines, dont l'albumen corné protè<^e l'em-
bryon, sont épargnées. Elles se trouvent bientôt environnées dans la cavité close de
l'exocarpe d'une masse de terre humide, dans laquelle elles germeront en quelques
jours. Les jeunes plantules, se trouvant enfermées dans une chambre close, s'étiolent
et leurs tigelles, s'allongeanl démesurément, se recourbent plusieurs fois à l'intérieur
de la cavité. Parfois, l'extrémité d'une j-eune tige parvient à sortir par l'ouverture
correspondant à l'insertion du pédoncule; mais, le plus souvent, les plantules
demeurent enfermées dans la cavité exocarpique jusqu'à ce que les agents atmosphé-
riques ou les animaux aient brisé la carapace scléreuse. Alors seulement les racines
pénètrent en terre, les tigelles se redressent et développent des feuilles, et les termites
vont chercher abri ailleurs.
» Chaque buisson au. Laiidolphia Klainii est ainsi environné de nombreuses jeunes
plantes groupées par paquets; chacun de ces paquets correspond à un fruit dont les
graines ont germé sur place.
» La plupart de ces plantes meurent étouffées sous l'ombrage épais de
la forêt; seuls, les pieds les plus robustes allongent démesurément leurs
entre-nœuds, accrochent leurs vrilles aux branches qu'elles rencontrent,
et c'est seulement lorsqu'elles sont parvenues à s'étaler à la grande
lumière, sur l'extrémité des rameaux des arbres-supports, qu'elles se
développent normalement. »
M. André Poëy adresse une Noie inlilulée : « Rapport entre les érup-
tions volcaniques, les tremblements de terre, etc. et les taches solaires ».
La séance est levée à 4 heures.
G. D.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 21 juillet 1902.
Exposition universelle internationale de 1900. IV^ Congrès international de
Chimie appliquée, tenu à Paris du 28 au 2^ juillet 1900. Compte rendu in extenso,
par M. Henri Moissan, Président du Congrès, et M. François Dupont, Secrétaire
général. Paris, au siège de l'Association des Chimistes, 1902; 3 vol. in-S**. (Présenté
en hommage par M. Moissan.)
Erinnerungs-Blàtter an die Leyden-Feier im April 1902. Berlin, Otto und Emil
Klett; I vol. in-8°. (Hommage du D"" E. von Leyden.)
464 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Die Mechanik des Rimmels, Vorlesungen von Carl-Ludwig Charlier; Bd. I, mil
zahlreichen Figuren. Leipzig, Veit et C'% 1902; i vol. in-8°. (Présenté par M. H.
Poincaré.)
Spezielle algebraische und transcendente Ebene Cun>en : Théorie und
Geschichte, von D"" GiNO Loria; auiorisierte, nach dem italienischen Manuskript
bearbeitete deutscbe Ausgabe, von Fritz Schutte, mit 174 Fig. u. 17 lith. Taf.
Leipzig, B.-G. Teubner, 1902; 2 voL in-8°. (Présenté par M. Haton de laGoupillière.
Hommage de l'Auteur.)
International catalogue of scient ijlc littérature, first annual issue : Vol. I, Part L
M. Botany; Vol. IL Part L D. Chemistry; published for the International Council
by the Royal Society of London. Londres, Harrison et fils, 1902; 2 vol. in-8°.
The Danish Ingolf-Expedition; Vol. VI. Porifera, Part. I : Homorrhaphidœ
and Heterorrhaphidœ, by Will. Lundbeyk, with 19 plates and i figure in the text.
Translated by Torben Lundbeck. Copenhague, 1902; i fasc. in-4°.
Notation chimique approuvée par l' Académie des Sciences de Cracovie, 2° édit.
Cracovie, Académie des Sciences, 1902; i fasc. in-12. (En langue tchèque.)
Les doctrines chimiques dans Vétiologie des maladies, par P. Apery. Constanti-
nople, imp. A. Christidis^ 1902; i fasc. in-12.
Kansas Uniçersity science Bulletin; Vol. I, n°^ 1, 2, 3 and k. Lawrence, Kans.,
1902 ; I fasc. in-8''.
ERRATA.
Noies de MM. A. Lacroix, Rollet de l'Isle et Giraud, Sur l'éruption de la
Martinique :
(Séance du i*^"^ septembre 1902.)
Page 386, ligne 3 en remontant (note), au lieu de mines Saint-Pierre, lisez ruines
de Saint-Pierre.
Page 387, ligne i en remontant (note), au lieu de des flots, lisez des eaux et des
roches.
(Séance du 8 septembre 1902.)
Page 43o, ligne 9, au lieu de vers le Nord et vers l'Est, lisez vers le Nord, le Sud
et vers l'Est.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 22 SEPTEMBRE 1902.
PRÉSIDENCE DE M. BOUQUET DE LA GRYE.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Président, en annonçant à l'Académie la mort de M. Damour,
s'exprime comme il suit :
« Mes chers Confrères,
» J'ai le regret de vous annoncer, une fois encore, un deuil pour
l'Académie; M. Damour, qui faisait partie de notre Compagnie comme
Académicien libre depuis i^ ans, et qui était notre doyen d'âge, vient de
mourir cette nuit, à l'âge de 94 ans.
» Il était aimé et respecté de nous tous en raison de sa science et de
la dignité de son caractère. Il emporte les regrets universels de tous ses
Confrères. »
La séance sera levée, en signe de deuil, immédiatement après le dé-
pouillement de la Correspondance.
OPTIQUE. — Extension du Principe de Fermât, sur l'économie du temps,
au mouvenfient relatij de la lumière dans un corps transparent hétérogène
animé d'une translation rapide. Note de M. J. Boussinesq.
« I. J'ai démontré en octobre 1899 (^Comptes rendus, t. CXXIX, p. 794»
839 et 903), par l'intégration des équations du mouvement vibratoire de
l'éther dans un corps transparent hétérogène, composé, par exemple, de
couches parallèles au plan des yz, que le principe de Fermât avait été
légitimement étendu, des rayons brisés par la réflexion ou la réfraction,
C. R., 1902,2» Semestre. (T. CXXXV, N° 12.) ^^
466 ACADÉMIE DES SCIENCES.
mais composés de fragments rectilignes, aux rayons courbes que suit le
mouvement lumineux dans les corps dont la constitution varie graduelle-
ment d'un point à l'autre. Je me propose aujourd'hui de faire voir que le
même principe de l'économie du temps s'étend encore au mouvement
relatif àe, la lumière, dans un tel corps animé d'une vitesse V de transla-
tion un peu comparable à la vitesse même de propagation des ondes dans
l'éther libre.
» Si nous prenons celle-ci pour unité de longueur, les équations
régissant les déplacements vibratoires ^, vi, (^, en fonction de coordon-
nées ;r, j, i: d'équilibre ou moyennes rattachées au corps, seront, comme
on peut voir par une Note du 28 juillet {Comptes rendus, t. CXXXV,
p. 220),
^ dt'- ^y''dx'^^ydy'^^''dz) dt
(0
N y désigne l'indice absolu de réfraction du corps, donné en fonction
lentement variable de x, et V^., V^,, V^ les trois composantes de la vitesse
transitoire V.
» IL Le milieu s'étendant, par exemple, de a? = o à ar :== ce, le mouve-
ment sera censé communiqué à sa première couche x = o par un système
d'ondes planes, que nous supposerons d'abord latéralement indéfinies et
qui, produites au loin dans la région des x négatifs, couperont la couche
X = 0 suivant une famille de droites parallèles. Nous appellerons mj-hnz
le temps, proportionnel à la distance de celles-ci à l'origine, employé par
chaque onde à atteindre ces droites, après l'instant où la même onde
aura touché l'origine des coordonnées. Il est clair que chaque couche
X = const. se trouvera dans les mêmes conditions sur toute son étendue,
c'est-à-dire en tous les points où y aboutissent les diverses parallèles (y, 5)
à l'axe des x, au retard près my -h nz, s'y produisant par rapport au point
où la perce l'axe même (0,0) des x. Donc l, r,, ^ ne seront fonctions
que des deux variables t — my — nz et x.
)) Or on sait que, sans riiétérogénéité, c'est-à-dire si N avait partout la
même valeur qu'en {x,y,z), les ondes seraient planes à l'intérieur du
corps, et que x n'aurait à figurer dans ^, n, '( qu'à côté de t, comme yetz,
savoir par une variable unique de la forme t — Ix — my — nz, et avec
un coefficient /relié à N, en raison des équations (i), par la formule
(2) /= + m- + /r - 2(Y^l^Y^7n + Y,n) = N\
SÉANCE DU 22 SEPTEMBRE Ï902. 4^7
En outre, les vibrations seraient transversales, c'est-à-dire que l'on aurait
G = o, Il -h m-f] -+- n'C = o, ou que V élongation y/l^ -t- 'f\^ + ^^ se réduirait
à une composante S perpendiculaire à la direction (/, m, n).
» Dès que N et, par suite, / deviennent variables, quoique lentement,
avec X, il ne peut plus en être rigoureusement de même ; et 9, l\ -\- m-n + nZ,
prennent de petites valeurs de l'ordre des dérivées N', /' de N, l en x.
Mais le mouvement peut encore se faire par ondes sensiblement planes,
ou \, Y), ^ dépendre surtout de la variable principale t —fldx — my — nz,
tout en variant en outre, d'une manière beaucoup plus lente, avec l'autre
variable de la question, x.
» Et, si les ondes incidentes, au lieu d'être indéfinies, sont latéralement
limitées, ou que les déplacements ^, vi, Z, offrent sur la première couche
a; = o, outre leur variation rapide en fonction du trinôme t — my — nz,
des variations lentes, mais arbitraireSy avec j' et z, il y a lieu de voir de
même si ^, yi, X, ne pourraient pas, dans le milieu, être des fonctions rapi-
dement variables de t —fldx — my — nz et lentement variables de Xy y,Zy
ou représenter des ondes sensiblement planes limitées latéralement.
Comme le problème de la suite des mouvements résultant, dans le milieu,
du mode donné d'ébranlement de la première couche 07 = 0 est déter-
miné par les équations (i), un tel mouvement, dès qu'on le reconnaîtra
ainsi possible, sera le mouvement effectif.
» III. Nous désignerons, à la manière de Lagrange, par des accents
les dérivées de ^, 71, C» et même de 0, relatives à la variable principale
t —fldx — my — 712-, mais à la manière de Leibnitz (avec des d de ronde),
les dérivées relatives aux variables accessoires x,y, z, en observant que
les dérivées secondes de cette dernière espèce seront négligeables, à cause
de la lenteur de variation des dérivées premières (déjà petites), et que,
même pour 0 et /^ + m-i} -\- nX„ de l'ordre de N' ou de /', les dérivées pre-
mières de cette espèce se trouveront insensibles. On aura, par exemple,
— = — /?" + — , ^=_/P_i_-!^, ^ — /2^" _ o/^ _ /'P
dx "^ dx ' dx dx dx'^ ' ^ dx
d^ j
et les équations (j) deviendront, vu (2),
d / V, N à , -., X d V
0'
^^-^'^) Tx + ('^ - '^'^) h ^- 0' - ^'^) r.^^l ^^ ^' ' ^') = ^^' '''^ "^
)) Multipliées par dt et intégrées sur place, à partir d'un instant où le
468 ACADÉMIE DES SCIENCES.
-repos régnait encore en (x,y, z), elles seront
(3) [('-V.)^ + (m-V,)| + («-V,)^+j](S,-i.î:) = (/.'«. «)î-
» On peut, dans les premiers membres où figurent partout soit des déri-
vations en d, soit le petit facteur /', réduire E, yi, (^ aux projections de l'élon-
gation transversale §, c'est-à-dire négliger les projections de la petite com-
posante longitudinale, proportionnelle au trinôme II, -+- my] -h n'C.
)) IV. Multiplions d'abord les équations (3) par le double des trois
projections ^, r,, X, de \, et ajoutons. Il viendra la relation capitale
(4) (/-V.);|^+(m-V,,)^V(«-V.)!^+n» = o.
qui, en appelant (p' le produit y// — ^ J^i peut s'écrire
(5) (/ _ V,) -^ + (m - V,) -^ + (« - V,) ^ = o.
» Celle-ci exprime que, sur une même onde suivie dans son mouvement, la
quantité ^'^ se conserve le long des chemins ayant leurs cosinus directeurs pro-
portionnels à / — Va,, Jn — V^, n — V^. Ces chemins sont donc les rayons
lumineux.
» Or, chacun d'eux est contenu dans un plan normal aux couches du
corps, savoir le plan perpendiculaire à la droite dont les cosinus directeurs
sont entre eux comme (zéro, V^ — ti, m — V^ ) ; car les produits respectifs
de ceux-ci par / — V^;, m — V^,, n — V^ ont leur somme nulle. De plus, le
carré du sinus de l'angle i de ces chemins avec l'axe des x a évidemment
pour expression
{m -M yY -\- {n ~\\Y
ou, d'après (2),
(m-V,.)^+(/.-V,)'^
et l'on a
(6) N^ sin^ / = (m - V^)^ 4- {n - V,)' = const. ;
de sorte que la loi de Descartes sur la proportion des sinus se trouve éga-
lement vérifiée. Le principe de Fermât s applique donc bien, comme si le
corps était en repos.
» V. Ajoutons maintenant les équations (3), multipliées respective-
SÉANCE DU 2'ï SEPTEMBRE 1902. 469
ment par les cosinus directeurs "X, [x, v de la droite perpendiculaire tout
à la fois à S et à la normale à l'onde. Le second membre sera nul; et en
appelant d,.^, d^n, à^ les accroissements élémentaires des projections 1,-^,^
le long du rayon lumineux, obtenus en suivant une même onde dans sa
propagation, c'est-à-dire sans que la variable principale change, il viendra
( 7 ) lO,X-i-^. d,.r, + V d/C = o.
On aura donc, tout à la fois,
il H- [j.-n 4- vî; == o, >.(^ -f- àX) -h [x('/i -I- à^-n) -h v('C -f- d/C) = o.
» En d'autres termes, V élongation transversale (>, sur une même onde
suivie le long d'un même rayon, tourne sans cesse dans le plan qui contient
la normale actuelle à Vonde. Ainsi, tandis que la formule (4) détermi-
nait le changement élémentaire de l'élongation principale S en chaque
point d'une onde, la relation (7) détermine son changement d'orientation,
dont dépend le mode de polarisation du rayon lumineux. La translation V
y influe quelque peu, ou fait tourner le plan de polarisation, comme l'avait
pressenti Fizeau dans une question analogue; car elle disjoint le rayon
d'avec la normale à l'onde et empêche l'élongation S de se mouvoir dans le
plan du rayon.
» Lorsqu'il n'y a pas de translation V, l'onde, constamment perpendi-
culaire à un rayon compris dans le plan d'incidence, tourne, pour prendre
sans cesse son orientation, autour de sa droite, passant par le rayon, qui
est normale au plan d'incidence. Or l'azimut a de l'élongation S est, sur
l'onde même, l'angle de cette droite avec S. Si alors on considère deux
positions consécutives de a, la première, vu la rectangularité du mouve-
ment élémentaire de S par rapport au plan de l'onde, est la projection de la
deuxième, projection effectuée sous l'angle infiniment petit dont a tourné
l'onde et, dès lors, comme on sait, en vraie grandeur, sauf erreur du second
ordre. Donc l'azimut de polarisation se conserve.
)) VL Pour former une troisième combinaison linéaire simple des équa-
tions (3) et compléter ainsi leur interprétation géométrique, multiplions-
les, enfin, par 2/, 'im, D.n et ajoutons, en introduisant, aux premiers
membres, les dérivées --; du trinôme II, 4- mr\ + /z"C, qui s'y trouve
identiquement nul. Il vient
- 2(/- V^)E/'=(/^-hm'-f-/i-)^'
470 ACADÉMIE DES SCIENCES.
OU bien, par la substitution, à /- H- în- H- /^^ et à (/ — V^)/' de leurs valeurs
déduites de (2),
(8) e^-a|(.-.^^-^";T---^"^--)^.
» Remplaçons-y 0, c'est-à-dire -^ — ^ 'T' ~^ T-' \'^^ ^^'^ expression dé-
veloppée
dx dy dz
dans les trois derniers termes de laquelle ^, yi, ^, lîgurant par leurs déri-
vées T-, — 71 sont réductibles aux projections de S. Alors, cette équation
d{a;,y,z) ^ J ^
fera connaître, au point (^,y, :;), le trinôme II! -r- m-f] -{- nCj , c'est-à-dire
la petite composante longitudinale de la vitesse vibratoire et, par une inté-
gration sur place, le petit déplacement correspondant, ou ayant la direc-
tion (/, 771, n) de la normale aux ondes.
» On voit que les équations du mouvement laissent entièrement arbi-
traire, dans chaque onde, la manière dont varie, d'un point à l'autre, le
déplacement transversal S (seul sensible), pourvu que ce mode de varia-
tion soit bien continu, comme le suppose notre analyse ('). Si cette condi-
tion ne se trouvait pas réalisée, il se produirait des phénomènes de diffrac-
tio7i que je ne me propose nullement de considérer ici. w
CORRESPONDANCE.
PÉTROGRAPHIE. — Les enclaves des andésites de V éruption actuelle
de la Montagne Pelée. Note de M. A. Lacroix.
« Dans une Note précédente, j'ai fait remarquer que le verre de cer-
taines des bombes projetées actuellement par la Montagne Pelée présente
des traces d'hétérogénéité, se manifestant par des couleurs extrêmement
différentes (incolore à brun plus ou moins foncé).
(^) J'ai exposé, dès i885, cette manière de démontrer la délimitation latérale des
rayons lumineux, sonores, etc., dans les corps ou milieux d'une contexture élastique
quelconque, aux pages 674 à 697 d'un Volume intitulé : Application des potentiels à
V étude de l'équilibre et du mouvement des solides élastiques, avec des Notes éten-
dues sur divers points de Physique mathématique et d'Analyse.
SÉANCE DU 22 SEPTEMBRE 1902. 4-71
» Cette hétérogénéité est mise en évidence encore par l'existence d'une
grande quantité d'enclaves liomœogènes de toute taille qui se rencontrent
aussi bien dans les blocs ponceux que dans les bombes compactes.
» Le type le plus fréquent de ces enclaves est constitué par une roche
d'un gris verdàtre ou jaunâtre à grains fms; elle présente un aspect micro-
litique, elle est creusée de nombreuses bulles que tapissent des cristaux
nets d'hypersthène, de plagioclases, de titanomagnétite.
» La composition minéralogique de ces enclaves est toujours qualitati-
vement la même, mais elle varie beaucoup dans la proportion relative des
éléments. Le type le plus complet comprend des plagioclases, de l'hyper-
sthène, de la titanomagnétite, de l'augite, de la hornblende et de Tolivine,
c'est-à-dire les éléments de l'andésite à hypersthène de l'éruption actuelle,
mais les feldspaths (quelquefois zones) y sont, au moins, aussi basiques
(andésine et labrador) et souvent davantage (bytownite).
)) Les feldspaths constituent de gros microlites enchevêtrés, produisant
une structure qui rappelle celle de certaines diabases ; leurs intervalles sont
généralement remplis par un verre incolore, mais il reste toujours des vides
miarolitiques. On rencontre parfois de grands cristaux (labrador et by-
townite) donnant à la roche un aspect porphyrique.
» Les minéraux ferromagnésiens constituent généralement de grands
cristaux, souvent disposés (sur leurs bords) ophitiquement avec les
feldspaths; ils sont moins nombreux sous forme de microlites.
» Ces enclaves ne sont pas des fragments déroches solides arrachées en
protondeur; leur production en place ne saurait faire de doute. Elles
oifrent une grande ressemblance avec certains des nodules de l'andésite à
hypersthène de la dernière éruption de Santorin (nodules à labrador); on
peut les comparer aussi aux enclaves andésitiques à structure diabasique
que j'ai décrites dans les trachytes du Capucin au Mont Dore; elles par-
tagent avec celles-ci la particularité d'être riches en minéraux drusiques.
» Ces enclaves semi-cristallines représentent une étape vers la produc-
tion de roches holocristallines grenues que j'ai recueillies en enclaves,
non seulement dans les andésites de l'éruption actuelle, mais encore dans
les tufs ponceux des éruptions anciennes. Ces dernières enclaves soQ,t de
véritables gabbros à hypersthène, augite, hornblende, olivine dont le
feldspath moyen est un labrador basique; leurs éléments, de même que
ceux des enclaves semi-cristallines, sont riches en inclusions vitreuses.
» Il est à remarquer que bien peu de ces enclaves peuvent être consi-
dérées comme représentant strictement la composition de l'andésite
472 ACADÉMIE DES SCIENCES.
actuelle, elles sont nettement |)lus basiques; mais, comme la série des
enclaves des andésites à haùyne dn Mont Dore que j'ai antérieurement
décrites, leur réunion nous fournit une vue d'ensemble sur la famille pétro-
graphique à laquelle appartient cette andésite; elles sont notamment à
comparer avec les labradorites à hypersthène, hornblende, etc., qui con-
stituent des coulées anciennes dans la partie sud de l'île.
» Je ferai ressortir plus tard leur importance dans la discussion des
liens qui unissent entre elles toutes les roches volcaniques de la Martinique,
quel que soit leur âge. »
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Recherches spectrales sur la rotation
de la planète Uranus. Note de M. H. Desla\dres.
« La Note actuelle complète une Note précédente du même Tome,
page 228, intitulée : Méthode spectrale capable de fournil la loi de rotation^
encore inconnue, des planètes à faible éclat. Vérifications de la méthode. Pre-
miers résultats. Elle donne de nouveaux détails sur la méthode, et expose
son application à la planète Uranus, faite avec la grande lunette photo-
graphique de Meudon (o™,6o), en juin et juillet 1902.
» Méthodes diverses pour l'étude de la rotation. — Les premières recher-
ches sur la rotation des astres ont été faites en mesurant simplement le
mouvement de points saillants de leur image, brillants ou obscurs, par
rapport au contour apparent; et c'est ainsi que l'on a reconnu depuis
longtemps, avec précision, la rotation du Soleil, des planètes Mars, Jupiter
et Saturne. Si l'image est uniforme, sans détails, la méthode est en défaut;
tel est le cas des planètes Mercure et Vénus, des anneaux de Saturne, et
aussi des planètes Uranus et Neptune qui, de plus, ont un faible éclat et
un faible diamètre apparent.
)) Or, à ces dernières planètes, je me suis proposé d'appliquer les mé-
thodes nouvelles qui, par l'étude du spectre, peuvent déceler les vitesses
radiales différentes des différents points de l'astre. Ces méthodes exigent
seulement que la lumière soit assez intense pour supporter l'étalement par
le prisme.
» La première étude de la rotation par le spectre a été faite sur le Soleil,
de 1880 à 1889, d'abord pour vérifier le principe de Doppler-P'izeau,
ensuite pour reconnaître la rotation du Soleil dans les parties dépourvues
de taches (Duner). On juxtapose les spectres de deux points opposés du
SÉANCE DU 22 SEPTEMBRE 1902. /^'J3
bord, et l'on mesure leur déplacement relatif, qui correspond à deux fois
la vitesse au bord.
» J'ai employé les deux spectres du bord en 1893 pour mesurer la rota-
tion de la couronne solaire, dans une éclipse totale, au Sénégal.
)) J'ai essayé aussi la même disposition, en 1895, au début de mes
recherches sur Jupiter, entreprises pour vérifier l'application spéciale du
principe de Doppler-Fizeau aux planètes, annoncée par Poincaré : le dépla-
cement des deux spectres doit correspondre à quatre fois la vitesse au
bord. Mais cette disposition ne convient plus avec la petite image de l'astre
et la longue pose du spectre, les bords étant notablement moins intenses,
et deux points voisins deT image ayant des vitesses radiales très différentes.
» J'ai été conduit alors à la méthode dite de l'inclinaison des raies, qui
fait concourir à la recherche, non les deux extrémités d'un diamètre, mais
le diamètre entier, en s'appuyant sur des propriétés géométriques simples
des corps en rotation (voir la Note de 189.')) ('). Elle exige un seul spectre
de l'astre, qui est juxtaposé à un spectre terrestre de comparaison, et l'on
mesure, non plus le déplacement relatif des raies, mais leur inclinaison
relative. I^a précision est grande.
» La méthode a donné, en 1895, la loi de rotation des anneaux de
Saturne; en 1900, celle de Vénus. Je l'ai appliquée aussi, en 1900, à une
seconde mesure de la rotation de la couronne solaire.
)> Mais les dispositions précédentes ne conviennent plus avec les pla-
nètes Uranus et Neptune, qui sont trop faibles. J'ai montré, dans la der-
nière Note, que la méthode spectrale leur était encore applicable, en faisant
concourir à la recherche, non plus seulement un diamètre de l'image,
mais l'image entière de l'astre; la précision est, il est vrai, bien moindre.
» Application à la planète Uranus. — Pendant l'été de 1901, j'ai vérifié
la nouvelle méthode avec une image de Jupiter plus petite que l'image
d'Uranus de 3oof^ (microns) et l'image de Neptune de 200!* fournies par la
grande lunette. Les résultats sont encourageants; le spectre de l'image
entière décèle nettement le sens de la rotation, sinon la vitesse elle-même
(voir la dernière Note).
» Cette année, j'ai entrepris la même recherche sur Uranus, malgré des
conditions peu favorables; à la latitude de Meudon, la planète ne s'élève
(' ) Recherches spectrales sur la rotation et les mouvements des planètes ( Comptes
rendus, t. GXX, p. 417) et Recherches spectrales sur les anneaux de Saturne
{Comptes rendus, t. GXX, p. 11 55).
C. R., 1902, 2= Semestre. (T. CXXXV, N» 12.) <^^
474 ACADÉMIE DES SCIENCES.
pas au-dessus de l'horizon plus que le Soleil en décembre ; elle est obser-
vable pendant 3 mois seulement et, encore, près du méridien.
)) Le spectroscope est semblable à celui employé pour Jupiter. Collimateur : o™, 27 ;
chambre : 0^,82; un prisme de 60° en flint dans la position dite diminuante, de
manière que le cercle de l'image est aplati dans le spectre. La fente, large de i5o!^',
recevait les deux tiers seulement de l'image; mais, avec cette diminution de la fente,
les raies et les inclinaisons étaient plus nettes. Enfin le spectroscope entier était mobile
autour de l'axe commun de la grande lunette et du collimateur, de manière que la fente
pouvait prendre une orientation quelconque dans le plan focal. La pose nécessaire à
une bonne épreuve spectrale est longue : i heure et demie à 2 heures même par
temps clair; et, lorsque les épreuves sont faibles ou obtenues avec une atmosphère
agitée, les raies sont irrégulières. Au milieu delà pose, on ajoute le spectre du fer,
au-dessus et au-dessous du spectre planétaire, de telle sorte que les différences d'incli-
naison soient faciles à reconnaître.
» La planète, observée avec la grande lunette, a paru avoir une légère
élon2;ation dans l'angle de position 3o°-4o*^. Aussi la fente du spectroscope
a-t-elle élé placée d'abord dans cette direction, puis dans la direction
opposée (angle 2io*'-220°), et enfin dans la direction perpendiculaire
(angle i20°-i3o°) ( ^ ). Or, avec la première position, les raies planétaires
sont inclinées dans un sens par rapport aux raies de comparaison, et,
avec la seconde position, dans le sens contraire. Pour la troisième posi-
tion, il n'y a d'inclinaison nette ni dans un sens ni dans l'autre. De plus,
ces inclinaisons sont telles que, dans le cadran nord-est de la planète, le
bord est s'éloigne, alors que, pour les autres planètes plus voisines du
Soleil, le bord est, au contraire, se rapproche. Le sens de la rotation serait
donc inverse, ce qui confirmerait la division des planètes en deux groupes
distincts.
» Cependant, les bonnes épreuves ne sont pas nombreuses (seulement
sept) et elles ne donnent pas avec précision la projection de Taxe de rota-
tion; aussi je dirai simplement : d'après ces recherches, il est très pro-
bable que la planète Uranus tourne dans le sens rétrograde, comme ses
satellites, et il est certain que la méthode, appliquée plus longuement ou
dans des conditions meilleures, conduira à un résultat définitif.
» Cette étude spéciale est recommandée aux observatoires qui sont situés
(^) D'autres épreuves ont été obtenues dans les positions intermédiaires ; mais elles
ont peu de valeur, ayant été faites lorsque la planète était observable seulement près
de sou coucher.
SÉANCE DU 22 SEPTEMBRE I902. 4^5
plus près de l'équaleur, ou qui ont des instruments plus puissants, dans
une atmosphère plus calme.
» D'autre part, la mesure de l'inclinaison des raies, qui donne la vitesse
radiale au bord, sera publiée plus tard. Pour avoir la vitesse réelle au bord,
il faudra poursuivre la recherche pendant une période de 21 ans, égale
au quart de la durée de révolution; et, pour en déduire la durée d'une
rotation entière, il faudra choisir entre les nombreuses valeurs du diamètre
apparent récemment publiées. Mais le point le plus important de cette
étude est la constatation nette du sens de la rotation.
» La même recherche a été poursuivie aussi sur la planète Neptune, et
les résultats sont encourageants. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur les combinaisons du silicium avec le cobalt et sur
un nouveau siliciure de ce métal. Note de M. P. Lebeau, présentée par
M. Henri Moissan.
« Le premier composé défini de silicium et de cobalt connu a été décrit
par M. Vigouroux (' ). Ce siliciure répond à la formule SiCo^. Il prend
naissance lorsque l'on fond le cobalt avec 10 pour 100 de son poids de
silicium. Ses propriétés et sa préparation le rendent tout à fait comparable
au siliciure de fer SiFe^ cristallisé, préparé et étudié par M. Moissan (^).
Un autre composé cristallisé, ayant pour formule SiCo, se forme dans l'ac-
tion du siliciure de cuivre sur le cobalt à haute température. Nous avons
décrit la préparation de ce corps et nous avons fait connaître ses princi-
pales propriétés (^), qui le rapprochent du siliciure de fer SiFe. Il peut,
comme ce dernier, se dissocier en donnant du silicium libre et du siliciure
SiCo^. Cette dissociation s'observe très facilement dans l'argent en fusion.
» L'analogie existant entre les formules et les propriétés de ces deux
siliciures de cobalt et celles des siliciures de fer permettait de prévoir
l'existence d'un troisième composé, plus riche en silicium, comparable à
Si^Fe. Les essais que nous avons faits dans cette voie ont confirmé nos
prévisions. Un tel composé prend en effet naissance lorsque l'on chauffe
le cobalt en présence d'un excès de silicium fondu, ou quand on soumet
(') ViGOUROUx, Annales de Chimie et de Physique, 7^ série, l. XII, 1897, P- ^^^•
(^) H. Moissan, Comptes rendus, t. CXXI, 1896, p. 621.
(^) Lebeau, Com-ptes rendus, t. CXXXII, 1901, p. 556.
47^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
à raction du four électrique un mélange de siliciure de cuivre, de cobalt et
de silicium. Dans ce dernier cas, le composé est mieux cristallisé et plus
facile à purifier.
)) La préparation doit être effectuée de la façon suivante: On place dans un creuset
de charbon 2008 de siliciure de cuivre, 10° de cobalt et 3o5 de silicium cristallisé. Ce
creuset est ensuite porté dans le four électrique, où on le maintient 5 à 6 minutes, le
courant étant de 900 ampères sous 45 à 5o volts. Le culot métallique ainsi obtenu se
brise facilement, sa cassure est d'un gris bleu foncé. On le pulvérise grossièrement et
on le traite successivement par l'acide azotique et par la lessive de soude, en ayant
soin de laver à l'eau après l'action de chaque réactif. Ces traitements alternés sont
continués jusqu'à ce que l'acide azotique n'enlève plus de métal. Le résidu pulvérulent
et cristallin est alors additionné d'acide chlorhydrique étendu de son volume d'eau à
la température du bain-marie. Ce réactif dissout le siliciure SiCo, qui se forme tou-
jours dans cette préparation en petite quantité. Le siliciure Si-Co est à peu près inat-
taquable dans ces conditions. Le produit est enfin lavé à l'eau et séché à l'étuve.
» Les analyses (*) faites sur des échantillons provenant d'opérations
différentes montrent bien que le composé ainsi formé a pour formule Si^ Co.
Il renferme parfois, comme impureté, un peu de siliciure de carbone.
» Le siliciure de cobalt Si^Co se présente sous la forme de petits cristaux de couleur
foncée à reflets bleutés. Il paraît cristalliser dans le système cubique et présenter le
plus souvent la forme octaédrique. Nous n'avons pu faire cependant une détermination
rigoureuse. Sa densité à 0° est de 5,3. Sa dureté est comprise entre 4 et 5.
» Le fluor ne l'attaque pas à froid; mais, si l'on chauffe légèrement, l'incandescence
se produit et il se dégage du fluorure de silicium, en même temps qu'il se forme du
fluorure de cobalt rouge fondu, semblable au fluorure CoF^ décrit par M. C. Pou-
lenc (-).
» Le chlore ne réagit qu'à 3oo°, le brome au rouge sombre et l'iode à peu près à la
même température, mais sans incandescence visible.
» Dans l'oxygène pur, vers 1200°, le siliciure n'est altéré que très superficielle-
ment. Le soufre en vapeur est sans action au point du ramollissement du verre de
Bohême.
» L'acide sulfurique et l'acide azotique étendus ou concentrés n'attaquent pas ce
siliciure.
» L'acide chlorhydrique concentré réagit très lentement à sa température d'ébulii-
(*) Les analyses ont été calculées après avoir préalablement retranché du poids de
la prise d'essai le poids du siliciure de carbone.
Théorie pour Si-Co.
Silicium pour 100 48j3o 4S,o5 47)83 48)69
Cobalt » 50,92 5 1,61 5 1,77 5i,3o
('^) C. Poulenc, Comptes rendus, t. CXIV, 1892, p. 1426.
SÉANCE DU 22 SEPTEMBRE 1902. l^rjrj
lion. L'acide fluorhydrique, au contraire, donne en quelques instants une dissolution
complète.
» La potasse ou la soude en solutions étendues sont sans action sur ce composé;
mais, par concentration à chaud, l'attaque se produit peu à peu et devient très vive
avec les hydrates alcalins en fusion. Il se comporte comme le siliciure de fer Si- Fe
vis-à-vis de la plupart de ces réactifs.
M Le cobalt fournit donc avec le silicium trois combinaisons définies
cristallisées, ayant respectivement pour formules SiCo^, SiCo et Si'Co;
ces composés forment une série en tous points comparable à celle des
siliciures de fer. Leurs modes de préparation et leurs principales pro-
priétés sont identiques. »
CHIMIE INDUSTRIELLE, — Sur le pouvoir calorifique de la houille. Note de
M. GouTAL, présentée par M. Ad. Carnot.
« La détermination du pouvoir calorifique de la houille se fait, soit à
l'aide de calorimètres perfectionnés, dont le plus répandu dans la pra-
tique industrielle est l'obus Mahler ('), dérivé de la bombe calorimétrique
de M. Berthelot, soit par l'emploi de formules empiriques utilisant les
chiffres fournis par l'analyse élémentaire (") ou par des essais chimiques
spéciaux (^).
» Les mesures calorimétriques faites an moyen de l'obus Mahler nous
ont souvent montré de grands écarts entre les pouvoirs calorifiques réels
et les pouvoirs calorifiques calculés à l'aide des formules proposées jusqu'à
ce jour. Nous avons donc abandonné successivement toutes ces formules
comme inexactes ou basées sur des déterminations délicates et compli-
quées.
» Cependant la fixation, par simple calcul, du pouvoir calorifique d'un
charbon nous paraissant présenter un certain intérêt industriel, nous
avons cherché à établir une relation entre ce pouvoir calorifique et les
résultats fournis par l'essai des combustibles, tel qu'il se pratique habi-
tuellement, c'est-à-dire par calcination, incinération et dessiccation, pour
déterminer le carbone fixe, les matières volatiles, les cendres et l'humidité.
(*) Comptes rendus, 3o novembre 1891.
(-) Formules de Dulong, Scheurer-Kestner, Cornut, Ser, Gmelin, etc.
(^) Essai à la lilhargede Berthier.
478 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Après avoir étudié plus de six cents échantillons de houilles d'origines diverses,
nous avons pu nous convaincre que les résultats sont représentés d'une manière très
approchée par la formule suivante :
» Dans cette formule, P représente le pouvoir calorifique cherché, C la proportion
en centièmes du carbone fixe, V celle des matières volatiles et a un multiplicateur
variable, fonction de la teneur en matières volatiles V du combustible sujiposé pur,
/ V \
c'est-à-dire sans eau ni cendres 1 V = 100
>) Pour fixer expérimentalement la valeur du coefficient a dans le cas des difî'érents
combustibles, nous avons tracé une courbe représentative résultant de nos nombreux
essais. Cette courbe est construite en prenant pour abscisses les teneurs en matières
volatiles V et pour ordonnées les valeurs correspondantes de a, déduites des com-
bustions calorimétriques.
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5 JO 16 20 25
» Pour les teneurs en matières volatiles de
5, 10, i5, 20, 25, 3o, 35, 38 et [\o pour 100,
le coefficient a prend successivement les valeurs
i45"', iSo"^^!, ii7'='>i, io9'^='i, io3'^''\ 98"=*!, 94''''\ 85"^ et 8o''«'.
» Dans le cas des anthracites, a est représenté par une constante égale à 100"' et
la formule devient P = 82C H- 100 Y.
« En calculant ainsi le pouvoir calorifique d'une houille, l'erreur d'appréciation
dépasse rarement i pour 100 de la valeur réelle; elle est exceptionnellement supé-
rieure à 2 pour 100 pour quelques anthracites et quelques houilles ligniteuses dont le
calorimètre seul permet l'étude.
» La distillation de la houille étant représentée par une réaction com-
SÉANCE DU 22 SEPTEMBRE 1902. 4'79
plexe très peu exothermique et n'entraînant, par conséquent, qu'une
faible perte des calories disponibles (^), la courbe ci-dessus, qui donne, à
poids constant, le pouvoir calorifique a des matières volatiles Y\ permet de
constater que ce pouvoir calorifique décroît régulièrement en allant de
l'anthracite au lignite.
)) Observons encore que le pouvoir calorifique des anthracites purs est,
en moyenne, de 8230*^*^; que celui des houilles anthraciteuses(V'= 5 à 10
pour 100) est de 855o'='*^ et qu'il atteint un maximum, 8700^^^ pour les char-
bons dont V est compris entre 10 et 3o pour 100. Le pouvoir calorifique
des houilles augmente donc à mesure que décroît celui de leurs matières
volatiles, jusqu'à la teneur limite de 3o pour 100, à partir de laquelle le
pouvoir calorifique des combustibles naturels et celui de leurs matières
volatiles diminuent concurremment. »
BOTANIQUE . — Sur l'existence de formes-levures stables chez quelques moisissures.
Note de G. Odix, présentée par M. Gaston Bonnier.
« Depuis longtemps déjà la question de l'origine des levures préoccupe
le monde scientifique. On s'accorde généralement à considérer les Saccha-
romyces comme des Champignons autonomes; mais, pour les levures non
ascosporées, deux manières de voir sont en présence : certains auteurs les
considèrent comme des formes particulières de végétation de moisissures
d'ordres divers, tandis que d'autres auteurs veulent y voir de véritables
Saccharomyces dont la forme ascosporée n'aurait pas été rencontrée jus-
qu'alors. L'expérimentation seule peut permettre de trancher la question ;
aussi crois-je utile de faire connaître les résultats qu'elle m'a fournis sur
ce sujet.
» Les expériences que j'ai poursuivies ont porté sur quatre espèces
différentes de Pénicillium, dont deux se présentent normalement sous la
forme agrégée dite Coremium.
» Dans les cultures des cellules Van Tiegliem, hermétiquement closes, où j'ai suivi
le développement de ces moisissures, j'ai observé les phénomènes suivants :
» Les spores, semées sur un milieu nutritif convenable et à une tempéi-ature favo-
rai)le, germent très rapidement, et au bout de peu de temps, * 2 ou 3 jours, les
filaments mycéliens qui en proviennent portent des pinceaux sporifères normaux. Les
spores ainsi formées, que j'appellerai spores normales, présentent une membrane
épaisse q\. fortement colorée.
(^) Mahler, Comptes rendus, i4 décembre 1891.
48o ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Quelques jours après, on volt apparaître deux autres sortes de productions :
» 1° Tout d'abord, à l'extrémité Ae pinceaux plus ou moins atrophiés, des spores
que je considère comme légèrement anormales; elles sont plus petites que les pre-
mières, plus brillantes, renferment à leur intérieur un globule très réfringent et
présentent une membrane très mince et non colorée;
» 2° A l'extrémité àe filaments simples du mycélium, des spores tout à fait anor-
males et atrophiées, plus petites que les précédentes, très brillantes aussi, ayant un
globule très fin en leur centre, et disposées en longue file.
» Si l'on prend soin d'opérer de façon complètement aseptique et de
laisser vieillir les cultures, on constate que les spores normales, ainsi que les
spores légèrement anormales, acquièrent la propriété de bourgeonner en
levure sur place, tandis que les spores tout à fait anormales subissent plus
ou moins rapidement une dégénérescence complète. On a alors, dans la
cellule de cultin;e, de nombreuses colonies de formes -levures dont l'origine
est indiscutable et dont on peut suivre le développement heure par heure.
» Ce premier résultat obtenu, il est possible d'en obtenir un second, et
c'est surtout sur celui-ci que je désire appeler l'attention. Transportant
dans une nouvelle cellule Van Tieghem, renfermant un jus sucré frais,
un semis de ces formes-levures recueillies et ensemencées aseptiquement,
on constate o^n elles continuent à bourgeonner en levure. Ce bourgeonne-
ment est assez rapide : quelques heures suffisent à une cellule mère pour
donner des cellules filles. Ces formes-levures sont de forme elliptique
(4'^-5f^ sur 21^-3^) et germent par les deux pôles.
» Enfin, et c'est le second point sur lequel je crois devoir insister, si,
après un certain nombre de passages successifs en cellules Van Tieghem,
donnant lieu chaque fois à un nouveau bourgeonnement, on vient à
reporter un peu de ces formes-levures sur un substratum solide tel que
tranches de pomme de terre ou decarotte, on voit persister la forme-levure.
Ainsi donc, sur ces mêmes milieux de culture oii les spores normales des
Pénicillium étudiés fournissent uniquement la forme mycélienne et sporifère
bien connue, on peut obtenir uniquement la forme-levure bourgeonnante si
l'on opère comme je l'ai indiqué précédemment. De plus, ces colonies de
formes-levures bourgeonnantes présentent une grande stabilité : plusieurs
reports successifs sur milieu solide n'ont donné lieu qu'à la végétation
bourgeonnante, sans retour à la forme mycélienne normale.
» Il reste à savoir si les formes-levures ainsi obtenues se montreront
indéfiniment stables, et sous quelles conditions. C'est ce que les expé-
riences que j'ai entreprises me montreront plus tard. Mais, dès mainte-
nant, à la suite de nombreuses expériences portant sur quatre espèces
SÉANCE DU 22 SEPTEMBRE 1902. 48 1
différenles, je crois pouvoir conclure qu'il est possible d'obtenir, en
partant de divers Pénicillium, des formes-levures stables, qui se main-
tiennent stables pendant de longues générations et qu'il est d'ailleurs
difficile de distinguer morphologiquement des levures véritables. »
BOTANIQUE. — Sur une modification produite chez le Scopolia carniolica à la
suite de sa greffe sur Tomate. Note de M. Lucien Daniel, présentée par
M. Gaston Bonnier.
« On sait que l'on peut modifier certaines habitudes des plantes à l'aide
de procédés artificiels, en particulier avancer ou retarder leur floraison
par la chaleur.
)) De même, par semis à contre-saison, on peut faire fleurir une plante
à une époque qui ne lui est pas habituelle. Par la suppression totale des
fleurs au moment de leur apparition, on arrive à rendre bisannuelle une
plante annuelle que l'on protège contre le froid de l'hiver (Réséda).
» D'autre part, quelques plantes vivaces, à tiges aériennes herbacées
annuelles, conservent parfois, l'hiver, une partie de ces tiges qui deviennent
ainsi accidentellement vivaces pour une cause encore inconnue.
)) Enfin, par hybridation, on a obtenu dans certains végétaux la pro-
priété de remonter, c'est-à-dire de fleurir et fructifier deux fois dans la
même année (Rosier, Fraisier, etc.).
» Je me suis demandé quel rôle pouvait jouer le greffage au point de
vue des modifications des habitudes des plantes greffées, et j'ai depuis
longtemps entrepris des expériences à ce sujet. J'ai montré, dès 1892, que,
en dehors des avancements ou retards dans la floraison du greffon, on
peut, par greffage direct ou par semis consécutif à la greffe, transformer
notablement certaines habitudes du greffon. C'est ainsi que j'ai rendu
plurannuels des exemplaires de Salsifis bisannuels par leur greffe sur
Scorzonère, et des pieds de Tabac annuels sont devenus bisannuels par
leur greffe sur Tomate. Mais dans ce cas, bien entendu, la floraison du
greffon ne s'était pas effectuée dans l'année même du greffage.
» A la suite du semis des graines du Haricot noir de Belgique greffé
sur Haricot de Soissons gros, j'ai obtenu une race de Haricots remon-
tants ('), aujourd'hui presque complètement fixée.
(*) L. Daniel, Variation des races de Haricots sous V influence du greffage
{^Comptes rendus, 5 mars 1900).
C. R.T 1902, 2' Semestre, (T. CXXXV, N» 12.) "3
482 ACADÉMIE DES SCIENCES.
)) Mais, à ma connaissance du moins, on n'a signalé jusqu'ici aucun
exemple de végétal devenu directement remontant sous l'influence du
greffage, aucun exemple de plante herbacée, en voie de décrépitude
sénile, reprenant vie et vigueur à la suite d'un greffage approprié sur
une plante jeune. Cette année, j'ai observé nettement ces deux catégo-
ries de phénomènes dans la greffe de Scopolia carniolica sur jeunes plants
de Tomates.
» Le Scopolia carniolica, cultivé seulement dans les jardins botaniques, est une
plante herbacée vivace, l'une des plus précoces du printemps. Après sa fructification,
les tiges aériennes se maintiennent vertes pendant quelque temps, se fanent progres-
sivement et meurent entièrement desséchées dans le courant de mai. A ce même mo-
ment, la Tomate est au contraire aux débuts de son développement et croît active-
ment. Quoique ces deux plantes appartiennent à la famille des Solanacées, elles font
partie de deux tribus différentes : la première rentre dans la tribu des Hj^oscyamées ;
la seconde dans celle des Solanées.
» Le i'^"' mai dernier j'ai greffé, sur la Tomate jeune, les pousses aériennes, en
voie de dessiccation, du Scopolia. La greffe a réussi, grâce à de nombreux soins, et,
malgré l'état de sénilité des greffons, malgré leur floraison du printemps, ils ont
repris vie, ont donné de nouveaux bourgeons, puis des rameaux feuilles, aujourd'hui
bien verts et suffisamment vigoureux. Bien plus, l'un des greffons a donné actuelle-
ment une inflorescence qui a porté trois fleurs normales. La fructification s'est faite
comme au printemps.
» Cette expérience permet de formuler les conclusions suivantes :
« 1° La similitude des habitudes du sujet et du greffon n'est point une
condition absolue de réussite des greffes;
)) 2° On peut rajeunir des tiges aériennes de Scopolia, en voie de décré-
pitude sénile, par leur greffe sur Tomate jeune et vigoureuse;
)) 3" Le greffage modifie quelquefois profondément les habitudes d'une
plante, et, dans le Scopolia, il peut faire apparaître une seconde floraison
annuelle, c'est-à-dire faire acquérir à cette plante la propriété de re-
monter. ))
La séance est levée à 3 heures et demie.
M. B.
SÉANCE DU 22 SEPTEMBRE 1902. 483
BULLETIX BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 28 juillet 1902,
Travaux du Laboratoire de Géologie de la Faculté des Sciences de l'Université
de Grenoble, 1901-1902. Tome VI, i" fascicule. Grenoble, Allier frères, 1902;
I vol. in-8°.
Les alumines chromées et la constitution du rubis, par A. Duboin. Grenoble,
Allier frères, 1902; t brocli. in-S".
Travaux du Laboratoire de recherches scientifiques et industrielles de G.
Jacquemin. Malzéville-Nancy, Edg. Thomas; i broch. in-8°.
L' amélioration des vins, des cidres et des hydromels par les levures sélectionnées
de l'Institut La Claire, préparées par le système G. Jacquemin. Malzéville-Nancy,
E. Thomas; i broch. in-8°.
Projet d'organisation du mouvement scientifique universel en anglais, espagnol,
français, allemand, italien, par le D'' E.-M. Cavazzutti. Buenos-Aires, Cooperativa
typografica, 1902; 1 vol. in-8°. (Hommage de l'auteur.)
Bergens muséums Aarbog, 1902 : Afhandlinger og aarsberetning udgivne af
Bergens muséum, ved D'' J. Brunchorst. Bergen, John Griegs Bogtrykkeri, 1902;
I broch. in-8°.
Opère matematiche di Francesco BrioschI; Tomes I et II. Milano, Ulrico Hoepli,
1902; 2 vol. in-/i°.
Ouvrages reçus dans la séance du 4 août 1902.
Annales du Ministère de V Agriculture, n°s i et 2. Paris, Imprimerie nationale,
1902 ; 2 vol. in-8°.
Annales de la Faculté des Sciences de Marseille, t. XII. Paris, G. Masson, 1902;
I vol. in-4°.
Cape meridian : Observations, 1877, 1878-79, 1896-97, 1898-99. Edinburgh,
Neill et G''', 1901 ; 2 vol. in-8° et 2 vol. in-4°.
Greenwich : Observations, 1899. Edinburgh, Neill et C'^, 1901 ; 2 vol. in-4°.
De la fièvre bilieuse hémoglobinurique en Grèce, par le D"" Cardamatis. Syra,
Renieri Brindesi, 1901 ; i fasc. in-8°.
Recueil de l'Institut botanique, publié par L. Errera, t. V. Bruxelles, H. Lamertin,
1902; I fasc. in-8°.
Wiadomosci matematyczne, par S. Dickstein, t. VI. Warszawa, Druk Josefa Sikors-
kiego, 1902; I vol. in-8°.
Mittheilungen aus der medicinischen Facultàt der kaiserlich-japanischen Uni-
versitàt zu Tokio. Band V, n^ h. Tokio, 1902; i vol. in-8°.
484 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Icônes fungorum ad usiim sylloges saccardiaiiœ adcommodatœ auctore A.-N.
Berlese. vol. IlI.Palavii, typis seminarii, 1902; i vol. in-8°.
Ouvrages reçus dans la séance du ii août 1902.
Geologisk ôfversiktskarta, Ôfver Finland. Sektionen G. 2 : Saint-Michel. Helsing-
fors, 1902; I broch. in-8° avec Carte.
Industristyrelsen meddelanden, Finland, 11°^ 32 et 33. Helsingfors, 1902; 2 broch.
in-8°.
Mémoires de l'Université de la Nouvelle-Russie. Odessa, Typographie économique,
1902; I vol. in-8°.
Boletin demograjlco de la Republica mexicana, 1900. Mexico, 1901; i vol. in-4°.
Censo y distrito territorial del distrito fédéral ver ificados en 1900. Mexico, 1901 ;
I vol. in-4°.
Ouvrages reçus dans la séance du 18 août 1902.
Quelques notes sur l'exploitation des sources thermales dans lemidide la Gaule,
par Alfred Caraven-Cachin. Paris, Masson et G'^, J.-B. Baillière et fils, 1902; i fasc.
in-8°.
Recherches géologiques et pétrographiques sur V Oural du Nord, par Louis Duparc
et Francis Pearce; i''^ Partie. {Mémoires de la Société de Physique et Histoire
naturelle de Genève ; vol. XXXIV, fasc. 2.) Genève, Georg et G''=; Paris, G. Fischba-
cher ; i vol. in-4°.
La coltivazione del tabacco indigeno, del Dottoro Leonardo Ricciardi. Naples,
1902 ; I fasc. in-8°.
Royal Society. Report to the malaria Committee; seventh séries. Londres, 1902;
I fasc. in-8°.
Bericht ûber die Ergebnisse der Beobachtungen an den Regenstationen der
kaiserlichen livlàndischen gemeinnûtzigen und ôkonomischen Sozietât, fiir das
Jahr 1900. Dorpat, 1902; i fasc. in-4°.
Informes presentados a la Secretaria de Fomento por el Director del Observa-
torio astronomico nacional sobre los trabajos del establecimento, desde jullio
de 1899 hasta diciembre de 1901. Mexico, 1902; i fasc. in-8°.
Nachrichten von der kônigl. Gesellschaft der Wissenschaften zu Gôttingen.
Geschaftliche Mitteilungen; 1902, Heft 1. Gœttingue, 1902; i fasc. in-8°.
An nais of the Royal Observatory, Edinburgh; vol. I, edited by Ralph Copeland.
Glasgow, 1902; I vol. in-4°.
Memorie délia Reale Accademia délie Scienze di Torino ; %qv\q seconda, t. LL
Turin, Carlo Clausen, 1902 ; i vol. in-4°.
Commission géologique du Canada. Rapport annuel; nouvelle série, vol. XI,
1898. Ottawa, S.-E. Dawson, 1901 ; i vol. in-8° et 3 cartes h. t.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 29 SEPTEMBRE 1902.
PRÉSIDENCE DE M. BOUQUET DE LA GRYE.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
ÉLECTROCHIMIE. — Nouvelles expériences sur la limite d'intensité du courant
d'une pile qui correspond à la manifestation d'un débit électrolytique
extérieur, apparent dans un voltamètre; par M. Berthelot.
« J'ai poursuivi l'étude des piles fondées sur des réactions salines, sans
le concours de l'attaque des métaux ou des sels métalliques proprement
dits, étude dont les premiers résultats ont été communiqués à l'Académie;
j'ai fait un grand nombre d'observations nouvelles et inédites, et j'ai réuni
le tout dans les numéros des Annales de Chimie et de Physique (octobre et
novembre), auxquels je prends la liberté de renvoyer les personnes qui
désireraient prendre une connaissance complète de mes recherches sur
ce genre de j)iles, fort intéressantes pour la connaissance des causes
susceptibles de déterminer certaines sécrétions dans l'économie des êtres
vivants. Il serait trop long de résumer ici toutes ces nouvelles obser-
vations; mais je crois utile d'en détacher celles qui complètent la dé-
termination de la limite d'intensité correspondant à la manifestation d'un
débit électrolytique extérieur, sujet ébauché dans deux numéros des
Comptes rendus (t. CXXXIV, 23 juin 1902, p. 1462, et t. CXXXV, 7 juil-
let 1902, p. 5).
» J'ai déterminé ces limites avec deux voltamètres différents ; l'un ren-
fermant de l'acide sulfurique étendu seulement, avec électrodes à la
Wollaston, voltamètre dans lequel la production d'une réaction continue
visible (dégagement d'hydrogène et d'oxygène) exige une force électro-
motrice minima comprise entre i''^**, 5 et i^°",6; l'autre, le même acide
étendu additionné de pyrogallol, voltamètre dans lequel l'hydrogène seul
G. R., 1902, 2= Semestre. (T. CXXXV, N" 13.) ""+
486 ACADÉMIE DES SCIENCES.
se dégage d'une façon continue, sousTinfluence d'une force électromotrice
minima voisine de 0"^°'*, 8.
» J'ai fait varier successivement les conditions suivantes : pression exté-
rieure; concentration de l'acide; concentration du pyrogallol additionnel ;
excès de la force électromotrice de la pile sur la force électromotrice
minima nécessaire pour déterminer une électrolyse continue.
» La résistance extérieure employée pour atteindre la limite vers
laquelle le débit électrolytique cesse d'être manifeste a varié depuis des
valeurs très petites jusqu'à i 000000 d'ohms. Cette résistance étant mesu-
rée, ainsi que la force électromotrice, des formules connues permettent de
calculer l'intensité i et de déduire de celle-ci le poids d'hydrogène h
dégagé en i minute. Les déterminations de cette limite sont d'ailleurs
approximatives, comme toute mesure relative aux débuts d'un phénomène.
On trouvera des détails plus étendus dans le Mémoire complet; je me
bornerai à reproduire ici des Tableaux qui résument les mesures.
L — Acide sulfurique seul dans le voltamètre.
» 1. Pression extérieure variable dans le voltamètre. 2 Daniells. Tempé-
rature, 20°. — J'appellerai force électromotrice déterminante l'excès de la
force électromotrice de la pile sur celle qui détermine la réaction dans
le voltamètre : soit, pour la pile employée, 2^°'^%24 — 1^°'*, 6o=o'^°^\64.
R est la résistance extérieure. La liqueur du voltamètre renferme 106^
de SO'H^ par litre.
Electrolyse.
Pression 0,760. .
» 0,200.
» o , o5o . .
» o , oo5 . ,
R.
2000.
lOOOO,
20000 .
3oooo .
Nette.
i z= o'^'^PjOooS ( 1 )
h = o™8, 00019
i — o^™P, 00006 (^)
h =: 0™°, 000087 (')
i = o^"P,oooo3
h r= 0™S, 000019
i ^= o^™P, 000021
h z= o™s, 000014
R.
Lente.
3 000
20000 .
3oooo.
4oooo .
o»""»! 0,0002 (2)
0,0001 3
o, 000082
0,000019
0,00002
0,00001 5
o , 0000 I 3
0,000010
» La limite de pression répond à une résistance extérieure d'autant
(*) Gaz aux deux pôles (H-+ O).
(*)''Gaz surtout au pôle + (H-).
SÉANCE DU 29 SEPTEMBRE 1902. 487
plus grande que la pression est moindre. L'étendue des variations de ré-
sistance a été de i : i5; celle des variations de pression de i : i52, dix
fois plus considérable.
» 2. Acide sulfurique seul. Concentration variable. — Sous la pression
o"",76o : t = 3i°. 2 Daiiiells.
Hydrogène
Résistance
par
Éleclrolyse.
extérieure.
Intensité.
minute.
Acide renfermant par ( nette
ohms
2000 (^)
amp
o,ooo32
mg
, .0,00019
litre 307g 1 lente
3ooo
0,00021
. .0,0001 3
Acide renfermant par i ,
\ lente
litre io6s i . ,.
1 indices :
2000
3 000
o,ooo3
0,0002
. .0,00019
. .0,0001 3
7000
0,0001
. .o,oooo5
Acide renfermant par j nette
1000 (^)
0,00064
. . .o,ooo38
litre is \ lente
3ooo m
0 , 0002 I
. .0,0001 3
» On voit que la concentration entre 200^ et 100^ d'acide n'influe guère
sur les limites. Dans une liqueur très étendue cependant, le dégagement
cesse de se produire avec une résistance notablement plus faible. Ceci doit
tenir plutôt à un changement dans la cohésion du hquide que dans la con-
ductibilité. En effet, les résistances spécifiques des dissolutions d'acide
sulfurique, déduites par le calcul des conductibilités mesurées par
M. Bouty, répondraient, vers 18° à 20*^, aux valeurs suivantes :
/■ =1 2°*^"^, 48 pour la solution à i^ par litre
f. —. ^ohms^Qi^ » )) 948 »
Elles varient rapidement avec la température. Toutes ces résistances sont
d'ailleurs à peu près négligeables vis-à-vis des résistances extérieures mises
en jeu dans les présentes expériences.
» Donnons encore une expérience exécutée en électrolysant une disso-
lution de soude (2oSNaOH = i^) dans le voltamètre, sous la pression
o™, 760. On opère avec 2 Daniells.
Électrolyse
nette. lente.
Résistance Soo»'»'"^ 1000°''™^
Intensité o3™p,ooi2 0,0006
Hydrogène par minute. o™s,ooo8 o,ooo4
Indices.
5oQQ0hms
0,00012
o , 00008
(^ ) Gaz aux deux pôles (tPn- O).
('-) Gaz surtout au pôle + (H-),
4^8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» La résistance spécifique d'une solution de soude renfermant 25^ au
litre, d'après les nombres de Kohlrausch, répondrait à 9°''™% 3 à 18°. Ici
l'accroissement de résistance spécifique correspond à l'abaissement de la
limite.
» 3. Acide suljurique seul. Force électromotrice déterminante variable. —
J'ai fait varier cette force électromotrice déterminante E, depuis celle qui
répond à 6 Daniells (6^°'*%6), jusqu'à 2 Daniells (2''«'^%2); soit E, depuis
» Au cours des expériences faites avec des éléments de pile différents
des Daniells, E, a même été réduit jusqu'à une valeur voisine de 0^'''% i.
» En ce moment je donne seulement les résultats obtenus avec les élé-
ments Daniell, sous deux pressions différentes.
» 1° Sous la pression normale o™, 760 :
Résistance Intensité Hydrogène
Electrolyse. extérieure. limite. par minute.
ohms ainp m%
on 'Il (nette 2000 o,ooo3o 0,00019
TT. ^„,v a \ \ . \ 3 000 0,00020 1 0,00012
Li=:o^<"t,6 \ lente ) ) '
l \ ^ i ^ \ ^
\ 4 000 ( 0,0001 5 ( 0,00010
6 Daniells ( nette 20000 0,00026 o,oooi5
Ei = 5^'°'ts,o I lente. Soooo 0,00017 0,000x0
» 2° Sous la pression o"\oo8 :
Résistance Intensité Hydrogène
Electrolyse. extérieure. limite. par minute.
0 tira s amp m?
2 Daniells ( nette Soooo 0,000020 0,000012
Ei=ro^°'',6 ( lente Soooo 0,000012 0,000007
6 Daniells j nette 200000 0,000026 o,ooooi5
Ei = 5'°i^^,o 1 lente Sooooo 0,000010 0,000006
» On peut admettre que la limite d'intensité, sous une pression donnée,
est sensiblement la même; c'est-à-dire indépendante de la force électro-
motrice déterminante. Ce résultat est d'ailleurs conforme à la théorie.
II. — Acide sulfurique étendu avec addition de pyrogallol.
» Voici maintenant des expériences exécutées avec l'acide sulfurique
étendu additionné de pyrogallol, dans le voltamètre. On a opéré avec
I Daniell, la force électromotrice de cet élément étant suffisante pour
électrolyser l'eau.
SÉANCE DU 29 SEPTEMBRE 1902. 4^9
» 1. Pression variable. — Acide siilfurique SO^H^. 106^ par litre, ren-
fermant en outre pyrogallol ( G" H'' O^ : 108); ;=2o°.
Résistance Hydrogène
Éleclrolyse. extérieure. Intensité i'. par minute.
oliuis amp nig
( nette 2000 0,00016 0,00010
Pression 0,760 / ( 4ooo / 0,00008 i o,oooo5
( lenle.» \ ^ J '^ i ^
f 5ooo ( 0,00006 ( o,oooo4
^ ( nette 8000 o,oooo4 0,000026
» 0,200 < , o
I lente...... loooo o,ooooc52 0,000019
[ nette loooo 0,000082 0,000019
» o,o5o \ lente 20000 0,000016 0,000010
( indices. . . . 4oooo » »
, nette Soooo 0,000011 0,000006
» o,oo5 I lente Soooo 0,0000064 o,ooooo38
( indices. . . . 80000 » »
» D'après ces nombres, la limite de pression pour laquelle le dégage-
ment gazeux est net répond à une résistance extérieure d'autant plus con-
sidérable que la pression est moindre, de même qu'avec l'acide sulfurique
sans pyrogallol. Les intensités limites avec le pyrogallol sont environ la
moitié de celles que l'on observe sans pyrogallol; conformément à la rela-
tion des forces électromotrices nécessaires, soit 2,2 — 1,6 = ©'"'•Sô avec
le voltamètre à acide seul, actionné par 2 Daniells, et 1,1 — 0,8 = o^°'S3
avec le voltamètre à pyrogallol, actionné par un seul Daniell.
)) 2. Acide sulfurique et pyrogallol. Concentration variable. — Sous la
pression o™, 760 ; i Daniell ; t = 2.1°.
» i'' Acide S0*H2 : 307S par litre.
Résistance Hydrogène
Éleclrolyse. extérieure. Intensité i'. par minute.
g ohms amp m^
!5o nette 4ooo 0,00006/» o,oooo38
5o lente loooo 0,000082 0,000019
5o indices 20000 » »
iio nette 5ooo o, 000064 0,000088
10 lente 10000 0,000082 0,000019
10 indices 20000 » »
» Les résultats sont à peu près identiques; le pyrogallol n'agissant que
pour absorber l'oxygène, et se trouvant en excès.
490 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» 2** Acide SCH^ : 106» par litre.
Résistance Hydrogène
Électrolj'se. extérieure. Intensité j'. par minute.
g ohms amp mg
110... nette 2000 0,00016 0,00010
10 lente 5ooo 0,00006 o,oooo4
10 indices 8000 » »
» La sensibilité paraît moindre avec cette proportion d'acide.
» 3° Acide SO'H^ : is par litre.
Résistance Hydrogène
Électrolyse. extérieure. Intensité V. par minute.
g ohms amp mg
/ 10 nette 1000 0,00082 o,ooo49
Pyrogallol ■, 10 lente 2000 0,00016 o,ooo38
1 10 indices 6000 o,oooo5 o,oooo3
)) [f Acide : 1^ j:>ar litre.
Résistance Hydrogène
Électrolyse. extérieure. Intensité i' . par minute.
g ohms àmp mg
/ 100 nette 5oo 0,0006 o,ooo4
Pyrogallol ) 100 lente 2000 0,00016 0,00010
( 100 indices 5ooo « »
» L'électrolyse se fait de moins en moins nettement sous une résistance
donnée, lorsque l'excès de pyrogallol devient énorme : la présence de ce
composé modifie sans doute la cohésion du liquide, et par suite la facilité
du dégagement des bulles.
)) 3. Acide sulfiiriqiie et pyrogallol. Force électromotrice déterminante
variable. — J'ai fait varier cette force depuis la valeur répondant à 6 Daniells
jusqu'à I Danieil ; soit E, depuis 5'°'*% 8 jusqu'à 0^°"^, o3.
» Au cours des expériences, faites avec des éléments de pile différents,
E, a été réduit jusqu'à o^°'So3 ; les limites ont été trouvées les mêmes.
» En ce moment, je donne seulement les résultats obtenus avec les élé-
ments Danieil sous deux pressions différentes.
» i*' Sous la pression normale o™, 760 :
Elec- Résistance Intensité Hydrogène
ti'olyse. extérieure. limite. par minute.
ohms amp mg
I Danieil E, = o-it,3 i T"^'-- ^°°° °'^°°'^ ^'^^^'^
( lente... 4ooo 0,00008 o,oooo5
6 Daniells E,= 5voits, 8 T""*"' ^°''°'' ''''''''''^ '''°°^''^
( lente... Soooo 0,00012 0,00007
SÉANCE DU 29 SEPTEMBRE 1902. 4^1
1^ Sous la pression o^jOoS :
Élec-
Résistance
Intensité
Hydrogène
trolyse.
extérieure.
limite.
par minute.
nette. . .
ohms
3oooo
amp
0,000010
m g
0,000006
lente. . .
'00000
0,000006
0,000004
nette.. .
Sooooo
0,000012
0,000007
lente. . .
800000
0,000007
0, 000004
I Daniell Eirr:o^'^'S3
6DaniellsE,= 5^°i'%8
» L'intensité limite est sensiblement la même avec 1 et 6 Daniells, sons
une même pression; ce qui concorde avec le résultat obtenu sans pyro-
gallol dans le voltamètre.
» Tels sont les faits observés. Assurément, il serait fort inexact de pré-
tendre qu'au-dessous de ces limites il n'y ait plus d'électrolyse; mais c'est
le terme au-dessous duquel, dans les conditions où j'ai opéré, les gaz pro-
duits demeurent dissous. Si l'on prolonge la réaction, ils se diffusent sans
manifestation apparente dans les espaces ambiants; ou peut-être s'y recom-
binent-ils peu à peu, par l'effet de la polarisation.
» Observons ici, pour bien définir les résultats présents, que s'il est vrai
qu'un courant électrique, si faible qu'il soit, traverse toujours un liquide
conducteur, il paraît cependant, — comme je l'ai établi par mes recherches
sur la combinaison de l'hydrogène et de l'oxygène avec le platine ('),
métal susceptible d'être employé comme électrode dans les piles; — il
paraît, dis-je, que \ énergie chimique nécessaire est, en réalité, toujours pré-
sente pour commencer r action, mais non pour l'entretenir, distinction capi-
tale. En effet, l'énergie voltaïque ne saurait donner lieu à une électrolyse
extérieure continue que si elle est entretenue par une réaction intérieure,
également continue et susceptible de maintenir une force électromotrice
dont la valeur surpasse une certaine limite (-). Autrement le renouvelle-
ment d'énergie, attribuable aux phénomènes de diffusion et analogues, est
trop petit pour donner lieu à un travail électrolytique continu et mani-
feste; tandis que les actions de contact sont au contraire suffisantes pour
établir une différence de potentiel entre les deux piles.
)) Si l'on compare les poids d'hydrogène manifestés dans ces expériences
avec les poids d'argent susceptibles d'être précipités par les mêmes inten-
sités, on trouve qu'un mdlionième de milligramme par minute d'hydro-
(*) Annales de Chimie et de Physique, 5<= s., t. XXX, i883, p. 587.
(^) Annales de Chimie et de Physique, 5^ série, i. XXVII, 1882, p. gi.
492 ACADÉMIE DES SCIENCES.
gène équivaut à un dix-millième de milligramme d'argent, quantité non
pondérable et presque insensible. Au bout d'une heure, on aurait un cent-
soixantième de milligramme d'argent. Pour un dix-millième de milligramme
d'hydrogène, on n'aurait encore qu'un centième ^de miUigramme d'argent
par minute; à peine plus de j milligramme par heure. Le dégagement de
l'hydrogène est donc incomparablement plus sensible.
» L'ordre de grandeur (ou de petitesse) des réactions des piles définies
par ces expériences est celui qui est compatible avec les phénomènes
physiologiques normaux, que des réactions d'électrolyse trop énergiques
troubleraient profondément.
» Il correspond également à la faiblesse des poids de matière trans-
formés en acides en il\ heures par le fait des sécrétions, aussi bien qu'avec
les quantités presque infinitésimales produites à chaque seconde pendant
la durée de chaque onde sanguine qui traverse l'organe sécréteur. Ce sont
là des conditions que l'on ne doit pas perdre de vue.
» Pour essayer de préciser cette comparaison, envisageons la formation
de l'acide chlorhydrique contenu dans le suc gastrique. Soit 0^,100 le
poids de cet acide, HCl, renfermé dans le suc sécrété en 24 heures par les
parois de l'estomac; ce poids dérive du liquide de 86000 ondes sanguines
environ, projetées par le cœur pendant cet intervalle de temps, dans l'hypo-
thèse d'une sécrétion uniforme. Chacune de ces ondées aurait fourni à peu
près un millionième de milligramme d'acide chlorhydrique, poids dont la
mise en liberté par électrolyse répondrait à environ trois cent-millionièmes
de milligramme d'hydrogène d'après la loi de Faraday. Or, cette quantité
est produite par l'action de plusieurs millions de ces petits appareils à fonc-
tion diverse, que nous confondons sous le nom de cellules; la visibilité de
la complexité de structure corrélative de ces fonctions échappant à nos
sens. Le poids moyen d'acide, engendré par chacun de ces petits appareils
aux dépens d'une seule ondée sanguine, équivaudrait dès lors à quelques
quadrillionièmesde milligramme d'hydrogène. Cependant l'intégration de
cette production d'acide fournit le poids total qui détermine les effets
diurnes de la digestion stomacale et spécialement de celle des aliments
azotés. On conçoit par là comment la formation des composés contenus
dans les sécrétions animales — : acides, alcalis, produits d'oxydation ou de
réduction , toxines, venins, vaccins, etc. ; — serait susceptible d'être accom-
plie par certaines combinaisons de piles fondées sur des réactions salines;
la faiblesse même de ces réactions étant compatible, comme nature et
comme intensité, avec le fonctionnement normal de nos organes. »
SÉANCE DU 29 SEPTEMBRE 1902. 493
CHIMIE MINÉRALE. — Préparation et propriétés d'un nouveau siliciure
de vanadium. Noie de MM. H. Moissan et Holt.
« Dans une Note précédente (*) nous avons indiqué l'existence d'un
siliciure de vanadium VSi^, préparé par réduction de l'acide vanadique au
four électrique en présence d'un excès de silicium. Nous avons fait
remarquer à ce propos que l'équilibre qui se produisait à haute tempéra-
ture, entre l'acide vanadique et le silicium, était variable suivant que l'un
des deux corps se trouvait en excès dans le mélange fondu.
M Nous avons obtenu un autre siliciure de formule V^Si en maintenant
dans la préparation un excès de vanadium; seulement, cette expérience
est assez délicate à cause de la facile vaporisation à cette haute tempéra-
ture, soit de l'acide vanadique, soit de l'oxyde de vanadium Y'O^
» Lorsque l'on chauffe au four électrique un excès de l'oxyde V^O', en
présence de silicium, on obtient un mélange de plusieurs siliciures ren-
fermant les composés VSi^ et V-Si. Mais comme le siliciure le plus riche
en vanadium VSi^ est moins fusible que l'autre, la chauffe doit être pro-
longée. Dès lors, l'excès d'oxyde de vanadium est volatilisé et l'on retombe
dans les conditions de formation du siliciure VSi^, stable en présence d'un
excès de silicium.
» Un certain nombre d'expériences ont été poursuivies en réduisant par
le magnésium un excès d'acide vanadique en présence de silicium. Ce
mélange, au contact d'une flamme, devient explosif, mais ne fournit pas
de siliciure de vanadium.
)) Préparation du siliciure Y^Si. — 1° Nous avons pu cependant obtenir
ce siliciure en chauffant, dans un creuset, au four électrique un mélange
de V^O^ 1206, Si i4^, au moyen d'un courant de 1000 ampères sous
5o volts. La quantité d'oxyde de vanadium employée dans ce mélange est
quatre fois supérieure à celle qui serait nécessaire pour donner ce siliciure
d'après l'égalité suivante :
2V-0^ + 5Si = 2V-Si 4- 3Si02.
)) Si l'on répète cette réaction avec l'acide vanadique, il faut employer
(') Moissan et tloLT, Préparation et propriétés d'un siliciure de vanadium
{Comptes rendus, l. GXXXV, 1902, p. 78).
C. R., 1902, 2» Semestre. (T. GXXXV, N° 13.) ^^
494 ACADÉMIE DES SCIENCES.
un poids dix fois supérieur à celui qui est indiqué par l'égalité suivante :
aVHJ^ + 7Si = 2Y^Si + 5SiO\
» Pendant cette préparation, la plus grande partie du vanadium est
volatilisée, et il ne reste, si la chauffe n'a pas été trop longue, qu'un petit
lingot de siliciure V^Si. A la partie supérieure de ce lingot on trouve tou-
jours une petite quantité d'une matière noire, amorphe, non attaquable par
les acides et les alcalis, et qui se sépare facilement du siliciure blanc à
aspect métallique. On réduit ce siliciure en petits fragments, puis on le
chauffe avec de l'acide sulfurique concentré pendant 2 heures. Après lévi-
gation à l'eau, on le concasse sous forme d'une poudre grossière qui est
maintenue dans une solution bouillante de potasse à 10 pour 100. Enfin, on
traite par le bromoforme, pour séparer quelques cristaux de graphite.
» 2** Nous avons encore obtenu ce siliciure par l'action du silicium sur
le carbure de vanadium ('). Ce dernier composé, étant stable et peu volatil
à la température du four électrique^ permet de maintenir à l'état liquide
un excès de vanadium en présence du silicium liquide. A cet effet, nous
avons chauffé un mélange d'oxyde de vanadium, de sihcium et de carbone
répondant à l'égalité suivante :
2^/293 + 2Si + 3C = 2y-Si + 3C0S
en ayant soin toutefois d'augmenter de -^ le poids de l'oxyde de vanadium.
Ce mélange est chauffé dans un creuset de charbon pendant 4 minutes
avec un courant de 5oo ampères sous 5o volts. Le culot très bien fondu,
retiré du creuset, renfermait un mélange de siliciure V^Si et du carbure de
vanadium VC.
» Pour obtenir le siliciure pur, la masse concassée est chauffée plusieurs
heures avec de l'acide azotique à 5o pour 100 qui détruit tout le carbure,
puis avec une solution de potasse à 10 pour 100.
» 3** Enfin, nous avons utilisé le siliciure de cuivre, maintenu à son
point d'ébuUition, pour faire réagir un excès de vanadium sur le silicium.
)) Nous avons préparé tout d'abord le mélange suivant : oxyde de vana-
dium, V*0% i5 parties; silicium, 7; cuivre, 2. Nous avons chauffé ensuite
ce mélange au four électrique, dans un creuset de charbon, pendant
4 minutes avec un courant de 700 ampères sous 5o volts. Le bain liquide
(*) H. MoissAN^ Étude de la fonte et du carbure de vanadium {Comptes rendus,
t. CXXII, 1896, p. 1297, et Le Four électrique, p. 241.
SÉANCE DU 29 SEPTEMBRE 1902. 4q5
que l'on obtenait ainsi renfermait une solution de siliciure de vanadium
V^Si dans un mélange de siliciure de cuivre et d'un alliage cuivre-vana-
dium. Le culot métallique homogène et bien fondu était concassé en
poudre grossière, puis chauffé plusieurs heures au bam-marie avec de
l'acide azotique à 5o pour 100. Le siliciure de cuivre et l'alliage cuivre-
vanadium sont détruits. Le résidu est ensuite traité par une solution bouil-
lante de potasse à 10 pour 100. Enfin, le graphite est séparé par le bromo-
forme. Dans cette préparation, le siliciure est toujours mélangé d'une
certaine quantité de carborundum.
» Propriétés. — Ce nouveau siliciure est cristallisé en prisme et possède
une couleur blanche rappelant celle de l'argent. Les cristaux, très bril-
lants, présentent un aspect métallique; ils sont cassants et rayent le verre
avec facilité. Leur densité est de 5,48 à 17°. Ce siliciure est fusible dans le
four électrique à une température plus élevée que le siliciure VSi^.
» Ce nouveau composé est insoluble dans l'eau, l'alcool, l'éther et la
benzine.
» Le fluor n'attaque pas ce siliciure à froid, mais si l'on chauffe légère-
ment, il se produit une incandescence assez faible, avec formation d'un
résidu brun verdâtre. Le chlore l'attaque facilement au rouge, sans incan-
deicence, en produisant un liquide qui est un mélange de chlorure de
vanadium, VCl* et de chlorure de silicium SiCl\ Le brome l'attaque faci-
lement au rouge sans incandescence en donnant un sublimé noir amorphe
de bromure de vanadium VBr' et un résidu qui se trouve surtout dans la
nacelle et qui est formé de bromure de silicium Si-Br°. A la même tempé-
rature l'attaque par l'iode n'est que superficielle.
» Vers 1000'' la vapeur d'eau ne produit qu'une attaque superficielle;
les cristaux prennent une couleur bleutée, et, après cette expérience,
lorsqu'on les traite par l'acide azotique, ils produisent un liquide bleu
renfermant de l'oxyde V^0\
)) De même, la réaction n'est que superficielle à la température du
rouge, en présence de la vapeur de soufre et de l'hydrogène sulfuré.
» A la même température, le gaz ammoniac ne fournit aucune réaction
avec ce siliciure.
» Au contraire, le gaz acide chlorhydnque vers 800** l'attaque çomplè-^
tement, sans incandescence, en produisant une masse de petits cristaux
brillants de couleur brun rouge. Ces cristaux sont de suite décomposés
par l'eau, avec formation d'une solution brune qui, par addition d'acide
azotique, devient bleu verdâtre. Ces cristaux sont de même décomposés
49^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
par les acides azotique et chlorhydrique avec dégagement gazeux et pro-
duction d'une solution riche en vanadium. lise forme, dans cette réaction
de l'acide chlorhydrique sur le siliciure de vanadium, un chlorure double
de silicium et de vanadium.
» Le siliciure de vanadium, chauffé au four électrique, en présence du
carbone, est partiellement décomposé et donne naissance à un équilibre
entre le carbure et le siliciure, ainsi que nous l'avons expliqué précédem-
ment à propos de la préparation. Ce siliciure, de formule V-Si, est stable
en présence d'un excès de carbure fondu.
» Chauffé au four électrique, au contact d'un excès de silicium liquide
maintenu à son point d'ébuUition, il fond, se dissout, puis se décompose,
ne pouvant pas exister dans ces conditions : il se transforme complètement
en siliciure VSi- qui a été recueilli et analysé. Cette réaction permet donc
de passer de l'un à l'autre des deux siliciures de vanadium.
» Le siliciure de vanadium V^Si est décomposé au rouge par le sodium
en fusion. De même, en présence d'un grand excès de cuivre fondu au
four électrique, il fournit 3u siliciure de cuivre et un alliage silicium-vana-
dium. Il est peu attaqué par l'argent à sa température d'ébuUition; cepen-
dant, on reconnaît que ce métal, après solidification, abandonne une petite
quantité de silicium amorphe. Il en est de même pour l'étain. Le siliciure
de vanadium est insoluble dans l'aluminium maintenu à son point d'ébul-
lition. Enfin, il est un peu soluble dans le siliciure de cuivre en fusion.
» Les acides chlorhydrique, azotique et sulfurique sont sans action sur
ce siliciure; il en est de même d'un mélange d'acide azotique et d'acide
chlorhydrique ou d'acide azotique et d'acide sulfurique.
» Au contraire, une solution même étendue d'acide fluorhydrique l'at-
taque à froid.
» Les solutions alcalines de potasse, de soude et d'ammoniaque n'ont
aucune action sur le siliciure, mais la potasse en fusion l'attaque avec faci-
lité. Un mélange d'azotate de potassium et de carbonate de sodium le
transforme au rouge sombre en vanadate et en silicate.
» Analyse. — Les dosages du vanadium et du silicium dans ce nouveau composé
ont été faits par les méthodes décrites antérieurement à propos du siliciure VSi^,
Nous avons obtenu ainsi les chiffres suivants :
Théorie
1. 2. 3. pour V^ Si.
Vanadium 78,62 79' 12 77,60 78,46
Silicium 20,90 2i,5i 21, 83 21, 54
SÉANCE DU 29 SEPTEMBRE 1902. 4qn
» Le premier échantillon renfermait 1,90 de carborundiim, le second 4,22 et le
troisième 2,80.
«
M Conclusions. — Nous avons obtenu un nouveau sfliciure de vana-
dium Y- Si, plus difficilement fusible au four électrique que le siliciure VSi^.
Sa composition, sa densité, sa couleur, son attaque plus facile par le fluor,
le chlore, et surtout le brome, l'action de l'acide chlorhydrique, enfin sa
facile décomposition par le silicium en fusion suffisent pour le différen-
cier nettement du siliciure VSi^. Ces expériences établissent de plus que
les lois qui président aux équilibres dans les solutions, à la température
ordinaire, s'appliquent aussi aux réactions du four électrique qui se pro-
duisent entre le silicium, le siliciure de cuivre et le carbure de vanadium
à leur température d'ébullition. »
BOTANIQUE. — Sur la double fécondation chez les Crucifères.
Note de M. L. Guig.vard.
« Les recherches que j'ai publiées dans ces dernières années sur la
double fécondation s'étendent actuellement à une dizaine de familles appar-
tenant aux divers groupes des Angiospermes. Celles qui font l'objet de
cette Note se rapportent aux Crucifères, parmi lesquelles le Capsella Bursa
pastoris et le Lepidium salivum m'ont permis de suivre tous les stades du
phénomène.
» Dans cette famille, l'ovule est, comme on sait, campylotrope et bité-
gumenté. Les bords du tégument interne sont étroitement accolés; ceux
du tégument externe, au contraire, laissent entre eux un canal assez large.
En se développant, le sac embryonnaire détruit les deux tiers supérieurs
du nucelle ovulaire et vient s'appliquer directement contre le tégument
interne. Avec la partie basilaire non résorbée du nucelle, il forme une
sorte de tube en U, à branches écartées et inégales, dont il occupe la plus
grande ainsi que la courbure.
» L'appareil sexuel présente la structure normale. L'oosphère se dis-
tingue très nettement des synergides par sa plus grande dimension, son
noyau plus gros et son aspect spécial ; les antipodes ne sont représentées
que par leurs noyaux assez petits et situés dans la couche protoplasmique
qui repose, à la base du sac, sur la partie persistante du nucelle. Les deux
noyaux polaires ne se fusionnent que peu de temps avant l'époque de la
fécondation. Dans le Capsella, la fusion paraît être un peu plus tardive que
498 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dans le Lepidium; souvent même, lorsque le tube pollinique arrive sur
l'ovule, les noyaux polaires largement accolés ont encore leurs nucléoles
respectifs distincts l'un de l'autre. Dans tous les cas, le noyau secondaire
volumineux qui résulte de cette fusion, après laquelle il renferme un nu-
cléole unique, se trouve toujours très rapproché de l'oosphère et situé
à une grande distance de la base du sac.
» Le tube pollinique rampe à la surface du funicule ovulaire et son
extrémité, après avoir traversé le large canal de l'exostome, se renfle
parfois d'une façon assez marquée avant de pouvoir s'introduire entre les
bords du tégument interne pour arriver jusqu'au sac embryonnaire.
)) C'est pendant le trajet du tube dans l'exostome que l'on a le plus de
chances d'apercevoir à son intérieur les deux gamètes mâles. Déjà formés,
tout au moins dans le Lepidimn, à l'intérieur dri grain de pollen avant sa
germination sur le stigmate, ils ont la forme de petits corps ovoïdes, rap-
prochés l'un de l'autre et constitués presque entièrement par de la sub-
stance nucléaire; c'est à peine si l'on distingue autour d'eux une mince
auréole très peu colorable représentant un cytoplasme propre.
» La double fécondation s'accomplit suivant la règle déjà connue. Dès
que le tube pollinique s'est frayé passage dans l'endosLome et a atteint le
sac embryonnaire, les noyaux mâles* se portent avec une rapidité extrême
au contact des noyaux femelles avec lesquels ils doivent s'unir. L'une des
synergides est désorganisée par suite de cette pénétration; l'autre, dans
la plupart des cas, conserve encore pendant quelque temps sa structure et
son aspect primitifs avant de se résorber. Au contact du noyau de l'oosphère
et du noyau secondaire du sac qu'ils atteignent presque simultanément,
les deux noyaux mâles grossissent et deviennent granuleux. Ici encore,
c'est la fusion de l'un des cléments mâles avec le noyau secondaire du sac
qui se complète la première, de sorte que la division de la masse commune,
qui prélude à la formation de l'albuînen, précède la division de l'œuf.
Parfois cette division du noyau secondaire fécondé est terminée alors que
l'autre élément mâle est encore facilement reconnaissable au contact du
noyau de l'oosphère.
» Dans le Capsella et le Lepidium, le premier cloisonnement de l'œuf
n'a heu qu'après la formation de quatre noyaux d'albumen. Ces noyaux
s'écartent et se placent à peu près à égale distance les uns des autres dans
le protoplasme; ils continuent à se diviser contre la paroi du sac, qui
s'élargit considérablement au niveau de la courbure dont il a été question
plus haut; puis leur multiplication devient prédominante autour de l'em-
SÉANCE DU 29 SEPTEMBRE 1902. 499
bryon, sans qu'ils cessent d'abord de rester libres dans le protoplasme qui
l'entoure. Les cloisons cellulaires n'apparaissent entre eux qu'à une période
assez tardive du développement de l'ovule en graine; elles se forment à
partir de la périphérie du sac et à peu près en même temps sur tout son
pourtour.
» Au cours de son développement, l'embryon digère peu à peu ce tissu
d'albumen, dont les assises disparaissent à l'exception de celle qui est
située à la périphérie. Cette assise périphérique de l'albumen, que j'ai dé-
signé jadis sous le nom iV assise protéique et dont la plupart des auteurs
avaient méconnu l'origine, persiste dans la graine mûre chez toutes les
Crucifères, comme dans la presque totahté des familles dont la graine est
dite exalbuminée. »
CORRESPONDANCE .
Dates.
1902.
Sept.
ASTRONOMIE . — Observations de la comète Perrine-Borrelly
à l'équalorial Brunner de V Observatoire de Lyon, par M.
'Comparaisons et positions de la comète.
»-^ — •
(1902 h), faites
J. Guillaume.
Temps
moyen
de Paris.
h m g
I F. 54.47
i3. 5.i4
f 1.22.43
12.26.45
i3.i5.23
11.48.56
12.52. O
10. 3o. I
12.12.29
Aa.
m s
+0.36,27
-i-o.33,o5
+0. 5,08
— o.3o,6o
— o, 1,43
— o. 9,62
— o.i4,68
— o. 7,47
— 0.20,54
A5.
— o'.i8'',8
-h 0.55,5
— i-i4>o
— 10.34,0
4- I. 5,1
— 8.3i,i
— 7- 5,7
+ o. 4>2
— 0.20,2
Nombre
de comp.
a app.
b m s
3.15.32,76
3.15.29,54
3.1 1.48,29
3.11.44,56
3.11.41,78
3. 8.29,75
3. 8.24,69
3. 6.41,12
3. 6.32,38
Log fâct.
parall.
—9,665
—9,576
-9,686
—9,620
— 9,534
-^9.659
—9,565
-9'7i4
—9,625
8 app.
+35.38.42,8
+35.39.57,1
+37. o. 5,5
+37. 1.24,5
+37. 2.24,6
+ 38. 2.12,7
+38. 3.38,1
+38.33.32,7
+38.35.58,1
Log. fact.
parall.
+o,56o
+o,43i
+0,573
+o,45o
+0,349
+0,488
+o,35o
+0.620
+o,4i5
Positions moyennes des étoiles de comparaison pour 1902,0.
Réduction Réduction
Asc. droite au Déclinaison au
•JV-. Désignation, moyenne. jour. moyenne. jour. Autorités.
h m s s o . r/ "
a(^) Anonyme 9^,5 3. 14. 52, 49 +4, 00 +35.39» o,4 +1,2 Rapportée à 6.
b DM + 35,680 3.17.51,71 » +35.40.14,6 » AG. Lund, 1747.
c Anonyme 10*= 3. 11. 39,04 +4,17 +37. 1.18,0 +i,5 Rapportée à of.
d DM + 37,752 3.12.10,99 +4>i7 +37.11.57,1 +1,4 AG. Lund, 1704.
(^) Comparée à DM + 35,669 ^vec un grossissement de 70 fois, la position de
l'étoile u est plus faible de — 0^17 en a et de — i", 6 en 8 que celle indiquée ici.
OOO ACADEMIE DES SCIETVCES.
Réduction Réduction
Asc. droite au Déclinaison au
*. Désignation. moyenne. jour. moyenne. jour. Autorités.
h m s s o . u w
e DM + 37,734 3. 8.35,07 -+-4,3o m-38. 10.42,0 +1,8 Rapportée à/.
/ DM + 37,739 3.9.23,15 » +38.9.12,1 » AG. Lund, 1678.
g DM + 38,66i 3.6.44,24 +4,35 +38.33.26,5 +2,0 AG. Lund, i653.
h DM + 38,662 3.6.48,57 +4,35 +38.36. 16, 3 +2,0 AG. Lund, i654.
» Ces observations ont été faites au micromètre à fils fins, brillants, avec un gros-
sissement de 100 fois.
» Une comparaison est la moyenne de quatre pointés sur chaque astre.
» Remarques. — Le 3, le noyau de la comète est estimé de 9^,5 environ. Le 6, la
présence de cirrus gêne souvent et cause une interruption dans la première série; à
la deuxième série, le voisinage de l'étoile c gêne les pointés. L'aspect de la comète est
celui d'une nébulosité en éventail de 2' à 3', avec condensation autour d'un noyau
stellaire de io«-ii^ grandeur; queue naissante vers l'angle approché de 223°; l'éclat
total est celui d'une étoile de 9^ grandeur. Le 8, des cirrus gênent fréquemment. La
comète mesure une largeur moyenne de 3'; queue divisée en trois, dont l'aigrette
principale, celle du milieu, s'étend sur 5' à 6' vers l'angle de 239°. Vue avec un gros-
sissement de 25o, la nébulosité est très réduite, le noyau est nébuleux, allongé dans
l'axe principal, avec deux cornes en avant qui s'évasent; un point stellaire de 12^ au
plus se devine un peu après le milieu et donne à l'ensemble l'aspect d'une petite comète
de i" sur 2", 5 environ, dont la queue est dirigée à 180° de l'autre. Le 9, des cirrus
rendent parfois la comète très faible et les pointés sont difficiles. A la deuxième série,
le voisinage d'une étoile de 9'', 5 gêne une partie des mesures. »
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Organisation, à l'Observatoire de Meudon, des
spectre graphes aatomadques dits des vitesses, qui enregistrent les
mouvements radiaux et V épaisseur de la chromosphère solaire. Note de
M. H. Deslandres.
« Dans une Note des Comptes rendus de 1893, t. CXYII, p. 716, inti-
tulée Sur l'enregistrement des éléments variables du Soleil, j'ai réclamé l'en-
registrement continu : i*^ de la surface même du Soleil ou photosphère
avec les appareils photographiques ordinaires ; 2° de la chromosphère
entière et de ses plages brillantes, avec les spectrographes automatiques
à mouvement continu, dits spectrographes des formes; 3° des vitesses
radiales de la chromosphère entière avec d'autres spectrographes dits des
vitesses, automatiques et à mouvement discontinu, qui donnent en plus
l'épaisseur de la chromosphère au bord.
» Ces deux spectrographes, des formes et des vitesses, sont le résultat
des découvertes qui ont révélé de 1891 à 1898 la chromosphère entière
SÉANCE DU 29 SEPTEMBRE 1902. 5oi
du Soleil d'après les recherches simultanées faites par Haie à Chicago et
par moi-même à Paris. Jusqu'alors la chromosphère et les protubérances
étaient relevées seulement à l'extérieur du bord solaire, d'après la méthode
spectrale de Janssen et Lockyer, et par l'observation oculaire. Les nou-
velles méthodes photographiques la décèlent dans la partie entière qui est
projetée sur le disque, à l'intérieur du bord, et sur une surface cent fois
plus grande qu'auparavant.
» Mais le manque de ressources n'a pas permis encore de réaliser d'une
manière complète le plan précédent, qui doit fournir le relevé exact des
variations incessantes du Soleil et de son atmosphère, et élucider, en par-
ticulier, les relations supposées avec le magnétisme terrestre.
)) Cependant, j'ai organisé à Paris, en 1893, un spectrographe des
formes (*) qui, jusqu'en 1898, a fourni journellement au moins une image
de la chromosphère entière (intérieure et extérieure au bord) avec les
protubérances.
» De même, en 1894, j'ai organisé à Paris un spectrographe des vitesses,
qui a été en service pendant une année au moins (^RiiUetin astronomique,
octobre 1894).
)) Puis, en 1898, ayant été nommé astronome à l'Observatoire de Meu-
don, je me suis proposé d'y installer les mômes appareils et dans des con-
ditions encore meilleures.
» A l'aide d'un crédit spécial accordé par l'Académie, j'ai organisé
d'abord en 1899 un spectrographe automatique des formes, qui donne
une image de la chromosphère solaire deux fois plus grande que l'appareil
de Paris (Comptes rendus, t. CXXIX, p. 1222).
» Or, cette année, j'ai pu organiser un spectrographe automatique des
vitesses dont le besoin s'était fait nettement sentir à l'occasion de la per-
turbation coronale relevée par Perrine dans la dernière éclipse totale du
Soleil. L'épreuve de la couronne faite à Sumatra, le 18 mai 1901, a été
rapprochée utilement des épreuves de la chromosphère entière obtenue le
même jour à Meudon. Le rapprochement eut été complet si l'on avait eu
en même temps les vitesses radiales (Co7?2/?/e^ rendus, t. CXXXIV, p. i285).
» J^ai profité de l'expérience acquise avec l'appareil précédent de 1894,
et j'ai été conduit à organiser deux spectrographes des vitesses distincts;
à savoir : un spectrographe A, à faible dispersion et à pose courte, qui
(^) On appelle aussi parfois ces spectrographes des formes spectrographes enre-
gistreurs à deux fentes ou encore spectrohélio graphes.
C. R., 1902, 2« Semestre. (T. CXXXV, N° 13.) 66
502 ACADÉMIE DES SCIENCES.
n'est autre que le speclrographe des formes adapté rapidement à ce nou-
vel usage, pour la chromosphère extérieure au bord et les protubérances;
et un spectrographe B, à grande dispersion et à longue pose, pour la chro-
mosphère intérieure au bord.
» En effet, d'après les résultats de 1894, la vitesse radiale des protubé-
rances est notable, et d'autant plus grande que la protubérance est plus
haute; elle s'accommode d'une faible dispersion; mais avec la chromo-
sphère intérieure, dont l'image est formée surtout par les parties basses,
il faut employer une forte dispersion qui, seule, peut d'ailleurs donner
tous les détails.
» Ces spectrographes des vitesses juxtaposent, comme on sait, les
spectres de nombreuses sections équidistantes faites dans une image fixe
du Soleil, fournie par un objectif astronomique et un liéliostat polaire.
Or, la transformation du spectrographe des formes en spectrographe des
vitesses A a été réalisée d'une manière simple et rapide. La fetite du col-
limateur n'est pas changée, mais celle de la chambre est élargie jusqu'à
o™™,9, de manière à isoler non plus seulement la raie brillante R, émise
fortement par la chromosphère, mais en plus une petite portion du spectre
continu dû à la photosphère. D'autre part, la clepsydre, qui produit le mou-
vement continu du spectrographe des formes, est écartée, et Ion met en
œuvre à sa place une sorte d'horloge, dont la description ici serait trop
longue, mais qui, à des intervalles réguliers de 6 secondes, déplace brus-
quement le spectrographe entier de o™™,33 devant l'image fixe du Soleil;
en même temps, la plaque photographique se déplace de 1'^'".
» Ces déplacements ont lieu au commencement de l'intervalle, la fente
du collimateur étant masquée par un petit écran; puis, vers la troisième
seconde, l'écran s'écarte automatiquement et laisse passer la lumière so-
laire qui agit avec une pose variable de 2 à 4 secondes, suivant l'état de
l'atmosphère; à la fin de l'intervalle, l'écran masque de nouveau la fente.
Bref, l'image finale comprend 90 petits spectres qui donnent les vitesses
radiales et l'épaisseur en 180 points du bord. De plus, ces points sont
réunis sur un cercle qui a exactement le même diamètre (95™™ environ)
que l'image continue donnée par l'appareil fonctionnant comme spectro-
graphe des formes; et l'on a cet avantage important d'avoir deux images
des formes et des vitesses très aisément comparables.
» Le second spectrographe B, qui utilise le spectre de quatrième ordre
d'un grand réseau Rowland, est placé sur la même table mobile que le pré-
cédent et est déplacé par la même horloge. Mais la durée des intervalles
SÉANCE DU 29 SEPTEMBRE 902. 5o3
successifs est portée à 12 secondes, et la fente de la chambre à 2'""'.
L'image finale comprend encore 90 petites sections, réparties non plus sur
un cercle, mais sur une ellipse, ainsi que dans le spectrographe de 1894.
» Telles sont les dispositions générales adoptées pour le relevé quoti-
dien des formes et des vitesses de la chromosphère ; mais l'enregistrement
n'est pas continu, la dépense de temps et d'argent étant trop grande. Pour
le réaliser complètement, d'ailleurs, il faudrait organiser les mêmes appa-
reils en d'autres points du globe.
» Ces deux spectrographes des formes et des vitesses de Meudon sont
actuellement les seuls en service dans le monde entier; car le spectrographe
des formes, ou spectrohéliographe, réalisé par Haie à Chicago, n'a pas été
remonté lors de son transfert à l'Observatoire Yerkes en 1897. Mais j'ai
appris récemment que les Anglais, sur l'initiative de Sir Normann Lockyer,
ont commandé deux séries d'appareils similaires, qui seront placées en
Angleterre et aux Indes.
)) A ce propos, je dois signaler l'initiative prise par la Société astrono-
mique de France, qui se propose de centraliser les observations du Soleil
fiiites par tous ses membres répartis sur le globe entier. La Commission
solaire dont je suis le président a réclamé l'adoption d'images ayant les
mêmes dimensions ou des dimensions dans un rapport très simple pour
toutes les observations du Soleil et de son atmosphère. »
GÉOMÉTRIE. — Sur la déformalion continue des surfaces.
Note de M. G. Tzitzéica.
« Si les fonctions x{u, v^, /('^^ <^)» z(^u, ç^) satisfont à l'équation
(i) ^ — -=a- — ho-p,
^ ^ au av au Ov
a el b étant des fonctions de u et v, le point (^, J, z) décrit une surface
sur laquelle les courbes w^const., ^'=const. tracent un réseau conjugué.
Supposons, de plus, qu'il y ait une solution R de (i), telle que
a:- -h J^ -f- 2^ - R^
en soit aussi une solution ; on peut alors déduire un système cyclique et,
par conséquent, une surface sur laquelle on a un réseau conjugué qui reste
invariable dans une déformation (Darboux, Leçons, t. Il et IV).
5o4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Je me propose d'indiquer ici dans quel cas le dernier réseau conjugué
reste invariable dans une déformation continue.
» Il faudra d'abord étudier les différents cas qui peuvent se présenter
dans la recherche de la solution R, ce qui conduit à examiner le système
formé par (i) et
(^)
du dv
dx dx dy dv . àz âz ^ i t - i ■ j - ^y^
ouc=^; — ^ — l--T^-^ + -i — T' On est encore oblige de considérer 1 equa-
ou oi' ou ov ou OS' ° ^
tion
(3) A(|i)VB(,^y=C,
A, B, C étant certaines expressions formées à l'aide de a, b, c et de leurs
dérivées. Yoici les résultats qu'on tire des équations (i), (2) et (3) :
» 1° La solution 'K n'existe pas; 2° la solution R dépend d'une constante
arbitraire (en dehors de la constante additive) : ce cas correspond à
A = B = C =: o ; ?>° il y a une seule solution R ; If il y a deux solutions R
distinctes; 5° il y a deux solutions R confondues : dans ce cas, la solution R
satisfait aussi à l'équation
w A(£y=B(^y
et réciproquement.
» Cherchons maintenant dans quel cas on a un réseau qui reste inva-
riable dans une déformation continue. Il faudra que
ÔK dx
dR dx
dR dr
dR dy
dn dz.
dR dz
âv du
du di>'
dv du
du di'
di' du
du dv
ou, d une manière générale, -.— . ^ — r-' 9 étant une solution quel-
' ^ dv du du dv '
conque de (i), satisfasse à une équation de Laplace à invariants égaux.
Or, cette condition exige que R soit une solution de (4). Par conséquent,
ou bien A = B = o et, en vertu de (3), G = o, et alors on se trouve dans
le cas 2° ; ou bien on se trouve dans le cas 5°. Ce sont là les seuls cas qui
conduisent à des réseaux conjugués invariables dans une déformation
continue. Le cas 5° est très dilficile à étudier. Je vais donner sur le cas 2"
quelques aperçus généraux.
M J'ai déjà démontré (Bulletin- de M. Darboux, 1900) que l'équation (i),
SÉANCE DU 29 SEPTEMBRE 1902. 5o5
si A = B = C = o, conduit, à l'aide de la transformation
dv Ou du Ov
à une équation de Laplace à invariants égaux. A l'aide des résultats que
j'ai communiqués à une autre occasion (^Comptes rendus, septembre 1900),
on démontre que, pour la recherche des réseaux que nous avons en vue,
on peut prendre, à la place de l'équation générale (i) pour laquelle on a
A = B = C = o, l'équation suivante
2(u — i^)^ — r + -î :r = o.
^ ^ ou ôv au ov
» Il faudra ensuite déterminer trois solutions x'{u, v), y(ii, v),
^'(a, p) de cette équation, telles que l'on ait
const.
» On tirera de la surface décrite par Çx',y', z') un réseau jouissant des
propriétés requises. Si l'on prend
ôx'
dx'
-+-
dy'
dy'
-+-
dz'
dz'
du
dv
du
dv
du
dv
x' =^ A'\/(a -t- a) (a -+- ç).
y = B'sJ(b-{-u)(b + ç),
z' = Ç/^(c + ii){c-\-7j,
on trouve la surface
X = k{a -^ a)- (a -^ vy , y = B(è 4- /^)'(^ + c)', z = C(c -\-u)- (c-i-u)\
sur laquelle les courbes (w, t») tracent un réseau qui reste invariable dans
une déformation continue {Comptes rendus, 1901, 1902). »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur V acide nitropyromucique et son ëther éthy-
lique. Sur le dinitrofurfurane. Note de M. R. Marquis, présentée par
M. H. Moissan.
« L'emploi du mélange nitrant d'acide azotique fumant et d'anhydride
acétique (')s'étant montré avantageux dans le cas du furfurane, je l'ai
(') J'ai indiqué, il y a 2 ans environ, ce mélange, que j'ai été amené à employer à
cause de son caractère spécial de mélange nitrant anhydre. Je me propose de l'appliquera
5o6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
étendu à deux composés de la même série, le pyromncate d'élhyle et
le furfurol.
)) Je décrirai ici les résultats obtenus avec le pyromucate d'éthyle.
» La nitralion de ce composé s'effectue d'une façon en tout semblable à celle qui a
été décrite pour le furfurane (*); le produit de la réaction est un liquide jaunâtre,
insoluble dans l'eau, réduisant la liqueur de Fehiing-, tout à fait analogue à l'acétine
de l'aldéhyde nitrosuccinique qui constitue le produit de la nitralion du furfurane.
» Si l'on additionne ce composé de son volume environ de pyridine, qu'on chauffe
quelques minutes au bain-marie et qu'on verse le tout dans l'eau froide, on observe
la précipitation d'un nouveau produit cristallisé qui, après essorage et lavage, peut
être purifié par cristallisation dans l'alcool.
» Les cristaux obtenus sont des tables d'un blanc jaunâtre et' fondent à ioi°. Leur
composition (C : 45 ,48 ; H : 8,91) et leur poids moléculaire ( M = 189) sont ceux, d'un
éther nitropyromucique (C : 45, 4o; H : 8,78; M = i85).
» Cet éther est altéré profondément par les alcalis caustiques; ceux-ci
le dissolvent en donnant une solution rouge qui contient un azotite alcalin.
» On le saponifie très facilement en lé chauffant, en tubes scellés, avec
de l'eau, à 180°.
» Uacide nitropyromucique ainsi formé fond à i85° (corr.).
» Il est identique à l'acide nitropyromucique déjà obtenu par MM. Hill et Palmer (^),
Klinkhard (^) et Priebs (*).
» L'identification a été faite par la comparaison des points de fusion des deux
acides, en vérifiant que, par leur mélange, il n'y avait pas de variation dans le point
de fusion. La même opération a été faite avec les éthers éthyliques.
» Dans un Mémoire paru dans VAm.erican chemical Journal du mois de mars 1902,
et dont je n'ai eu que récemment connaissance, MM. H.-B. Hill et G.-R. White attri-
buent à l'acide nitropyromucique ( qu'ils préparent en traitant l'acide sulfopyromucique
par l'acide nitrique) la constitution d'un acide ô nitré :
GH — CH
Il II
Az02— C G — GO^H '
\ /
G
quelques cas particuliers, en dehors de la série du furfurane. Tout récemment,
MM. A. Pictet et Genequand {Bull. Soc. Cliim., t. XXVII, p. 863) ont montré que
l'action de l'acide azotique sur l'anhydride acétique donne naissance à un anhydride
mixte, l'acide diacélylorthonilrique.
(*) Comptes rendus, t. GXXXII, p. i4o.
(2) American chemical Journal, t. X, p. 38o.
C) Journal fiir praktische Chemie, t. XXV, p. 4i- .
(*) Berichte, t. XVIII, p. i363.
SÉANCE DU 29 SEPTEMBRE 1902. 607
» Or, étant donnée l'analogie complète du mécanisme des nitrations du furfurane
et du pjromucate d'élhyle, étant démontré d'autre part {^) que le nilrofurfurane
possède son groupe AzO^ en p, il est nécessaire d'admettre que l'acide nitropyromu-
cique possède le groupe AzO- en p ou en y et de modifier la formule de MM. Hill et
White selon l'une ou l'autre des formes suivantes :
AzO^- C - GH GH-C - AzO^
CH C-GO=H GH G-CO^H
\/ \ /
o o
» Dans le même Mémoire, les auteurs mentionnent un dinitrofurfurane jaune pâle,
fusible à loi", qu'ils obtiennent en traitant l'acide nitropyromucique par l'acide
nitrique; ils admettent que, dans ce corps, les deux groupes AzO- sont en a et a,.
» Il n'en saurait être ainsi, puisque nous venons de voir que l'acide nitropyromu-
cique possède le groupe AzO^ en ^.
» D'autre part, j'ai obtenu, en traitant le ^-nitrofurfurane par l'acide nitrique de
densité 1,2, à chaud, un composé jaune pâle, possédant la composition d'un dinitro-
furfurane {"-), et évidemment identique au produit de MM. Hill et White.
» Ge dérivé dinitré ayant certainement, à cause de son origine, un AzO^ en p, la
constitution donnée par les auteurs américains doit être modifiée, sans toutefois que
l'on puisse faire d'hypothèse sur la position du second groupe AzO^
» Je me propose de continuer l'étucle des composés décrits dans cette
Note. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la saponification des éthers nitriques.
Note de MM. Léo Yignon et I. Bay.
« Certains éthers nitriques, traités par la liqueur cupro-potassique,
accusent un pouvoir réducteur considérable ('). C'est le cas de la tétra-
nitroérythrite, de l'hexa- et la pentanitromannite, l'hexanitrodulcite, la
<^-aral)ite et la rhamnite pentanitrées. La liqueur cupro-potassique, à la
vérité, n'agit pas sur ces composés, seulement par oxydation; la potasse
qu'elle contient détermine la saponification plus ou moins rapide des
éthers nitriques traités. Le phénomène de réduction est sans doute corré-
(') Comptes rendus, t. GXXXIV, p. 776.
(2) Trouvé : G:3o,44; H: 1,61; Az : 17,65 ; M = i63. — Théorie : G:3o,38;
H: 1,26; Az: 17,72; M = i58.
(^) Comptes rendus, 7 octobre 190t.
5o8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
latif de cette saponification (' ). Il était dès lors indiqué d'étudier l'action
des alcalis sur les éthers nitriques et, pour généraliser la question, la sapo-
nification des éthers nitriques par l'eau, les acides et les alcalis. Nous
avons l'honneur de présenter à l'Académie les résultats de cette étude.
» Avant de procéder aux expériences de saponification, nous avons dû
rechercher un procédé de dosage exact de l'acide nitreux pouvant être
formé par la saponification.
» Dosage de l'acide nitreux. — Trois méthodes nous ont donné des résultats sen-
siblement concordants :
» a. Méthode TromsdorfF, à l'iodure d'amidon;
» b. Méthode par la métaphénylène-diamine ;
» c. Méthode à l'aniline, que nous décrirons seule, les deux premières étant connues.
» S'^™' de la solution en expérience sont refroidis à — io°; au moyen d'une burette
graduée, on verse peu à peu dans cette solution, en agitant, une solution aqueuse
de chlorhydrate d'aniline, titrée par diazotation avec AzO-Na normal, contenant un
excès d'acide chlorhydrique (6HC1 pour C^H^AzH^), jusqu'à ce que des touches
d'épreuve ne donnent plus de coloration bleue sur le papier iodo-amidonné.
» Saponification par l'eau. — Ethers nitriques des alcools méthylique, éthylique,
glycérine, érythrite, pentaérythrite, mannite, dulcite.
» On a chauffé 5? de chaque éther et 3oo*""' d'eau distillée, dans un ballon de verre
muni d'un réfrigérant à reflux; au bain-marie, la saponification est nulle après
24 heures. En opérant à l'ébullition, par chauffage à feu nu, on ne constate, après
12 heures, la présence de l'acide nitreux dans aucune saponification.
» En tube scellé, par chauffage de is d'éther avec 20s d'eau distillée pendant i heure,
à iio°-i2o°, les essais ayant porté sur l'érythrite, la mannite et la dulcite nitrée, on
constate que les éthers se sont dissous complètement, avec formation d'acide nitrique,
d'acide nitreux et d'azote libre.
» Saponification sulfurique, — 5s de chaque éther ont été traités, à l'ébullition,
par Soo*^"»' d'un mélange de 96 pour 100 d'eau et 5 pour 100 d'acide sulfurique; on a
dosé l'acide nitreux formé :
Acide nilrcux formé après
Ethers ti'aitcs. 1 heure. 2 heures. 4 heures.
g g ^
Nitrate de méthyle o o 0,1 g5
» d'éthyle o o 0,210
Nitroglycérine 0,209 0,220 o,35o
Nitroérythrite 0,210 » »
Nitropentaérylhrile o o o
Nitromannite o traces o, 200
Nitrodulcite 0,280 0,282 0,298
(') Comptes rendus, 21 octobre 1901,
SÉANCE DU 29 SEPTEMBRE 1902. 5og
» Saponification par la soude. — On a chaiifTé au bain-marie, à l'ébullition, dans
un ballon muni d'un réfrigérant ascendant : 5s d'éther, 3oo'^°'' d'eau distillée contenant
7S,'7 NaOII; l'acide nitreux a été dosé à divers intervalles de temps; on a dosé aussi
l'ammoniaque qui se forme dans certaines saponifications :
Acide nitreux formé après
Éthers traités. 1 heure. 4 heures. 8 heures. Ammoniaque.
g g ^ g g
Nitrate de mélliyle o o,o5o o,025 o
» d'éthyle o o o,o3o o
Nitroglycérine o,2C)5 o,2o5 o,2o5 o,25o
Nitroérythrite. . . . , 0,206 0,481 o,2o5 0,200
Nitropenlaérylhrile o 0,182 o.oSg o
Nitromannite o,4i3 o,4i3 0,206 o,25o
Nilrodulcite o,4i2 o,2o5 o,2o5 0,200
Nitrocellulose 0,206 0,206 » o,3io
» On constate également la formation d'une certaine quantité de bioxyde de sodium
dans toutes les saponifications, à l'exception de celles qui correspondent aux nitrates
de méthyle et d'éthyle : c'est l'indice d'une réaction réductrice, exercée par la soude
en excès sur le nitrate de sodium provenant de la saponification.
)) En résumé, la saponification des élhers nitriques s'accomplit suivant
des règles particulières. Ces règles sont complexes : elles sont déterminées,
en effet, autant par la réduction facile de l'acide nitrique, pouvant aller de
l'acide nitreux jusqu'à l'azote libre et l'ammoniaque, que par l'oxydabilité,
variable pour chaque terme, de l'alcool régénéré par la saponification. »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur l'utilisation des principes minéraux par
les plantes greffées. Note de MM. Luciex Daniel et Y. Thomas, présentée
par M. H. Moissan.
« Le rôle du bourrelet dans la nutrition des plantes greffées a été pres-
senti par Jacques Boyceau au xvii* siècle (^) et l'on sait, d'ailleurs, que la
plupart des naturalistes physiciens de cette époque considéraient cette
partie comme une sorte de glande végétale, un filtre analogue à ceux qu'ils
supposaient exister dans la queue des fruits et qui avaient pour mission de
rendre douce, dans le fruit, la sève amère fournie par les tiges et les
(') J. Boyceau, Traité du jardinage, année 1639.
C. R., 1902, 2» Semestre. (T. CXXXV, N° 13.)
67
5lO ACADÉMIE DES SCIENCES.
feuilles. Le célèbre Duhamel précisa (iv'^o) la question en étudiant la
structure anatomique du bourrelet. Il montra le premier que, à ce niveau,
les vaisseaux du bois sont moins nombreux, s'enchevêtrent et subissent un
changement de direction. Pour lui, cette espèce de ganglion joint son
action à l'altération que la sève doit subir en passant d'une espèce d'arbre
à l'autre et aux modifications produites par le mélange de sèves. Cepen-
dant, on sait aussi que l'on fait passer facilement les solutions colorées du
sujet au greffon, et Bonnet fit ainsi passer de l'encre qui n'avait pas, dit-il,
subi de modification ( ' ).
» Récemment, l'un de nous a montré théoriquement, en se fondant sur
l'Anatomie et sur les lois de la capillarité, que le régime de l'eau dans les
plantes greffées est considérablement modifié par le bourrelet : il a donné
une théorie de greffage, fondée sur la différence des capacités fonctionnelles
entre le sujet et le greffon et sur les variations de nutrition causées par le
bourrelet (=^); mais, jusqu'ici, il n'existe pas, à notre connaissance tout au
moins, d'expériences précises sur ce sujet.
» Considérant le problème dans toute sa généralité, nous avons entre-
pris une série de recherches expérimentales à l'effet de déterminer la
nature des modifications de la nutrition dans les plantes greffées, modifi-
cations que la théorie permet de prévoir et dont la pratique permet de
constater souvent les résultats. Dans cette première Note, nous donnons
les résultats d'expériences relatives : i°à la transpiration; 2° à l'absorption
des matières minérales fixes.
» Disposition des expériences et résultats. — Les plantes sur lesquelles nous avons
opéré sont les haricots des variétés Noir de Belgique et Soissons gros. Ces plantes ont
été élevées en serre, dans des conditions identiques, dans une même solution nutri-
tive, de composition chimique déterminée qui, seule, pouvait subvenir à leurs
besoins. Les unes ont été conservées comme témoins, les autres ont été greffées par
le procédé de greffage. sur germination dont la découverte est due à l'un de nous {^).
Le Tableau suivant résume ces premières expériences, dont la durée s'est étendue
depuis le i" juin jusqu'au 8 juillet.
(^) Bonnet, OEuvres d'Histoire naturelle, t. III, année 1762.
(') L. Daniel, La variation dans la greffe et Vhérédité des caractères acquis,
1899-
(*) L. Daniel, Sur la greffe des plantes en voie de germination {Comptes rendus
de l'Association française pour l'avancement des Sciences, 1892),
SÉANCE DU 29 SEPTEMBRE 1902.
Première série.
Haricots Noir
de Belgique.
Témoin.
Nombre des expériences. ... 9
Nombre moyen de feuilles
complètement développées. 2
Volume de la solution nutri-
tive employée 1 65o
Volume total de la solution
nutritive employée i4
Volume total de la solution
nutritive après l'absorption.
Moyenne de l'absorption. . . .
i^ de la solution nutritive pri-
mitive laisse après l'absorp-
tion un résidu fixe de ( ' ) . . o?, 9 1 6
Deuxième série.
Haricots
Soissons gros.
Témoin.
Troisième série.
Haricots
Soissons gros
greffés
sur haricots Noir
de Belgique.
4
5ii
Quatrième série.
Haricots Noir
de Belgique
greffés
sur haricots
Soissons gros.
1 650*"'
1 65o^"'
I eso*""'
I eso""''
i485o™^
14850^-"'
esoo^"'
8250''"''
laSie^""'
1 1 835"""'
5724*"'°'
7184'''"'
aaô^""'
SSo*-'"'
aig^"'
2l3"^'
06,895
os, 972
» Nous ferons remarquer, en outre, que les plantes en expérience sont
devenues chlorotiques ; mais, sous ce rapport, nous avons observé de
notables différences suivant les séries considérées.
» Dans la première série, les plantes sont devenues chlorotiques avant la chute des
cotylédons. Les deux feuilles opposées seules ont achevé leur complète végétation. La
troisième feuille a subi un arrêt de développement; déjeunes pousses décolorées ont
apparu à l'aisselle des premières feuilles et l'axe principal, chlorolique lui-même, n'a
donné que des pousses rudimentaires. Les feuilles nouvelles, peu développées, ont
jauni, puis, rongées par places, sont devenues plus velues et finalement recroquevillées.
A la longue, les bourgeons se sont flétris, en laissant adhérent à la tige un moignon
légèrement renflé. Dans la deuxième série, les cotylédons, plus riches en fer, ont per-
sisté plus longtemps. Les feuilles opposées ont acquis une dimension plus forte que
dans le sol et leur verdeur était remarquable. Quelque temps après la chute des coty-
lédons, la chlorose est apparue, mais avec moins d'intensité que dans les haricots de
la première série. Plusieurs feuilles nouvelles ont pu se développer à peu près norma-
lement dans la plupart des échantillons ; mais, au bout d'un certain temps, la chlorose
des jeunes pousses a été suivie de dessiccation. Dans la troisième série, les greffons
sont restés verts, quoique de petite taille. Ils ont poussé presque normalement pendant
toute la durée de la végétation, sauf au moment des chaleurs excessives de juillet qui
ont amené une chlorose légère dans plusieurs échantillons. Dans la quatrième série,
les greff'ons ont acquis à peu près la taille de témoins greffés en terre; la chlorose est
(*) Ces déterminations ont été faites sur des quantités de liquide considérables. La
quantité de résidu pesée à la balance n'a jamais été inférieure à 6s.
5l2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
apparue sur tous les échantillons plus rapidement que dans la troisième série, mais
plus tardivement que dans la deuxième.
)) Conclusions. — De l'ensemble de ces faits nous pouvons conclure que
dans nos expériences : i° la transpiration moyenne est plus grande dans
les témoins que dans les plantes greffées; i^ la quantité totale de matière
minérale absorbée est considérablement modifiée par suite du greffage;
3** le phénomène de la chlorose se trouve aussi, par le seul fait de la greffe,
profondément modifié. «
BOTANIQUE. — Sur les Landolphiées donnant le caoutchouc désherbes
au Congo français. Note de M. Auguste Chevalier ('), présentée
par M. Guignard.
« Sur les plateaux déboisés de l'Afrique intérieure, brûlés périodique-
ment par les feux de la brousse, on rencontre des Landolphiées présentant
un genre de vie très différent de celui des lianes des forêts. Leur système
souterrain (racines et rhizomes) acquiert un très grand développement;
au contraire, leur tige aérienne brûlée périodiquement est devenue annuelle
ou bisannuelle; elle reste naine, souvent herbacée et, comme elle n'a pas
besoin de s'accrocher aux arbres, elle est dépourvue de vrilles.
» Ces Landolphiées constituent les lianes des herbes fournissant le caout-
chouc des racines dont on a beaucoup parlé depuis quelque temps sans en
connaître la véritable origine botanique.
» Sur les plateaux avoisinant Brazzaville, nous avons observé trois
espèces de lianes des herbes appartenant à la tribu des Landolphiées.
M La plus répandue est le Carpodinus lanceolatus R. Schum., dont les tiges
herbacées, longues de i5*''" à 40*^°^, couvrent tous les plateaux secs avoi-
sinant le Stanley-Pool.
» Cette espèce est mélangée aux Graminées basses appartenant surtout à la tribu
des Andropogonées ; le Smilax Kraussiana et une grande asperge à tige épineuse
sont fréquents dans ce genre de station; le Pleris aguilina j îoisonne. Enfin, on y
trouve, en quantité un peu plus faible, les deux Landolphia décrits ci-après. Toutes
ces plantes ont des rhizomes vivaces enfoncés profondément en terre. A la fin de la
(') Je remercie mes collaborateurs, MM. Courtet et Martret, pour la participation
qu'ils ont apportée à ce travail. Je remercie aussi M. Luc, directeur du jardin d'essai
de Brazzaville, qui nous a fait récolter les premiers échantillons de Carpodinus.
SÉANCE DU 29 SEPTEMBRE 1902. 5l3
saison sèche, les parties aériennes de toutes ces plantes sont flambées par les feux, de
la brousse ; les graines elles-mêmes sont souvent sacrifiées ; aussi, la plupart des espèces
végétales (et les Landolphiées en particulier) portent à l'extrémité d'une tige très
grêle un ou deux gros fruits lourds qui, à maturité, font courber la tige pour venir
toucher le sol. Au moment des incendies, la cendre des herbes et les débris végétaux
les recouvrent et forment un matelas protecteur qui les empêche de brûler. Les graines
ainsi enterrées se trouvent dans d'excellentes conditions pour germer.
)) I.e Carpodinus lanceolatus R. Schum. a été déjà en partie décrit.
» Les jeunes pousses sont d'un beau vert bleuâtre; les fleurs terminales, au nombre
de I à 6 par tige, sont blanches et se développent en juillet; les fruits mûrissent en
août et septembre. Ils sont jaunes, de la taille et de la forme d'un gros citron, mame-
lonnés au sommet, parfois presque sphériques. L'exocarpe est parfois lisse, mais plus
souvent verruqueux; les graines, au nombre de 5 à 12, sont entourées d'une pulpe
comestible. Outre le type habituel, nous avons observé les deux variétés suivantes :
» Var. angustifolia var. nov. — Feuilles adultes linéaires, longues de 7<=™ à lo""*,
larges de 8""™ à 10™", longuement décurrentes à la base, pointues au sommet, 8 à 9 fois
plus longues que larges. Mélangé au type, à Brazzaville.
» Var. latifolia var. nov. — Feuilles adultes oblongues-lancéolées, longues de 9''™
à is''™, larges de s*"" à 3'='", 4 fois plus longues que larges. Mélangé au type, à
Brazzaville.
» C'est par erreur que le Carpodinus lanceolatus R. Schum. a été regardé
comme plante à caoutchouc. Le latex de ses racines et de ses tiges ne donne
par coagulation que de la résine.
» La liane des herbes du Congo la plus riche en caoutchouc est le Lan-
dolphia Tholloni, décrit par A. Dewèvre en 1890. Elle a été nommée plus
tard Clitandra gracilis. Nous avons signalé l'an dernier cette espèce comme
plante à caoutchouc (^ ).
» Le Landolphia Tholloni est un petit arbuste suffrulescent, à tige aérienne très
rameuse, haute de iS'^'" à 3o'='", et dépourvue de vrilles.
» Les feuilles pétiolées, petites, sont oblongues-lancéolées, longues de So™"" à 65""",
larges de 8™™ à 16™"°, finement velues en dessus, glabres en dessous. Les fleurs sont en
corymbes pauciflores, de i à to fleurs blanches, les ovaires jeunes subconiques velus,
surmontés d'un style glabre. Fruit presque sphérique à maturité, de 5"^°^ de diamètre,
parfois couvert de jDetites plaques de liège dues à l'action des feux des incendies.
Graines entourées d'une pulpe sucrée comestible.
)) Les rameaux aériens ayant seulement i™™ à 2™™ de diamètre sont
dépourvus de caoutchouc dans leur latex; au contraire, les parties souter-
(') Cf. BulleLiii du Muséum, 1901, p. 426.
5 [4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
raines âgées contiennent cette substance en abondance. Elles se com-
|30sent de longs rhizomes atteignant jusqu'à 6^ à lo™ de long, et courant
horizontalement dans le sol, en émettant de distance en distance des tiges
dressées aériennes. Le diamètre de ces rhizomes varie de 4™™ ^ lo""™.
Le latex existe dans l'écorce où il se coagule après dessiccation en donnant
d'excellent caoutchouc jusqu'à ce jour inexploité. L'abondance de cette
plante est telle que les rhizomes forment en certains endroits un lacis
inextricable dans le sol. Nous avons recueilli jusqu'à 4^^^ de racines fraîches
sur une surface de 6"', et une partie se sont brisées et sont restées enter-
rées. Cette plante constitue donc une richesse latente dans toutes les parties
du Congo où elle existe.
» La troisième espèce est aussi caoutchoutifcre. M. Schlechter, qui l'a
signalée le premier, l'a nommée Landolphia Aw/Tz^/fV R. Schlechter nom.
nud.
» Tige souterraine horizontale, enterrée à i5<='" ou 2o<^™ de profondeur, ayant de
^mm ^ 2o'"™ de diamètre, émettant de distance en dislance des tiges aériennes grêles
et courtes de o™,3o à o™,5o de hauteur, grisâtres, ponctuées de très nombreuses
lenticelles, presque toujours dépourvues de vrilles, tomenleuses au sommet; feuilles
pétiolées, coriaces, ovales-lancéolées, à sommet obtus, longues de 8'=™ à io<='^ sur
4*^™, 5 à 5*^™ de largeur, à pétiole long de 4""" à 6™™, toujours brièvement lomenteux,
surtout en dessus. Dessus du limbe luisant complètement glabre, dessous un peu velu,
surtout sur la moitié inférieure de la nervure médiane.
» Inflorescences subcorjmbiformes renfermant de 5 à 3o fleurs; pédoncules, bractées,
calices lomenteux, veloutés, couverts de poils roussâlres. Corolle à tube de 5"™, velu,
d'un blanc jaunâtre clair, renflé vers le milieu; lobes blanc jaunâtre, longs de 5™™,
obtus; intérieur du tube glabre jusqu'à la base des élamines, velu au-dessus, présen-
tant en son milieu cinq dépressions dans lesquelles sont logées les anthères; ovaire
ovoïde, velu, rougeâtre en dessus, surmonté d'un style glabre de 2™™ de long. Fruits
mûrs d'un jaune-orange, solitaires ou groupés par deux ou trois, subsphériques, ayant
^cm ^ 5cm jg diamètre longitudinal sur 3<^°\ 5 de diamètre transversal. Le fruit est
atténué à la base et inséré à un pédoncule accrescent, élargi en disque couronné des
cinq lobes persistants du calice. De quatre à six graines par fruit, environnées d'une
pulpe sucrée comestible. Très commun à Brazzaville, plateaux déboisés. Espèce du
groupe Eulandolphia, voisine de L. Heudelotii et L. owariensis. C'est indubitable-
ment à cette espèce qu'il faut rapporter la plante indiquée par Hallier au Stanley-Pool
sous le nom de L. Heudelotii.
» On pourrait, au contraire, confondre avec le L. owariensis la variété
suivante, qui se relie au type par divers termes de passage :
» L. humilis Schlechter var. umbrosa var. nov. — Tiges s'élevant jusqu'à 3™ de
hauteur et présentant des vrilles. Feuilles grandes, ovales-lancéolées, ayant en moyenne
SÉANCE DU 29 SEPTEMBRE 1902. 5l5
iS"™ de long sur G''™ de large (mais pouvant atteindre i7<^" sur 7^™ dans les formes
extrêmes), très coriaces et d'un vert sombre à l'état adulte. Pétiole et limbe complè-
tement glabres dans les formes extrêmes. Inflorescences les unes corymbiformes, les
autres cirriformes. Fruits ressemblant à ceux du L. owariensis, mais plus petits.
Brazzaville ; commun dans les lieux ombragés et sur la lisière des forêts.
ïi Le Landolphia humilis et ses variétés ne contiennent pas de caoutchouc
dans les parties aériennes; ils en contiennent, au contraire, dans les
parties souterraines, quoique en moins grande quantité que dans le
L. Tholloni.
» Des analyses ultérieures nous fixeront d'ailleurs sur la valeur indus-
trielle de ces plantes. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — Le tremblement de terre de Salonique.
Note de M. Christomanos, transmise par M. Fouqué.
« Ayant visité plusieurs fois les contrées métallifères de la presqu'île
Chalcidique, atteintes par le dernier tremblement de terre de Salonique,
je me permets de vous soumettre mes observations sur ce sujet.
» On sait qu'il existe deux sortes de tremblements de terre, les uns en
relation avec les éruptions volcaniques, les autres indépendants de ces
manifestations; les premiers sont désignés par l'épithète de volcaniques;
les autres, dont nous connaissons plusieurs catégories, par celle de tecto-
niques. Ces derniers sont plus fréquents et plus étendus que ceux de l'autre
type.
» A cette seconde catégorie appartiennent les tremblements de terre de
Zante du 3i janvier iSgS et de Samothrace du 9 février de la même année,
celui de Locris du mois d'avril 1894 avec ses paroxysmes du 20 et du
27 avril, et celui du 5 juillet de l'année courante, dont l'épicentre doit être
entre Salonique et Gouvesno.
)) Ce dernier tremblement de terre a eu une très grande extension, car
on en a ressenti les effets à Pola et à Laibach en Autriche, à Salonique,
Verria, Vodena, Gevgueli, Velessa, Stroumnilza, Zelahova, Nevrocôpe,
Petrovits, Rascova, Marecostinovo, Sfetibrazzi, Mélénique, Dencir-Hissar,
Serrés, Dramah et Andrinople. Il est probable d'après cela que le foyer
séismique a été situé à une grande profondeur. Non seulement le mou-
vement s'est propagé au loin, mais il a duré, avec interruptions, plusieurs
5t6 académie des sciences.
jours. On doit l'attribuer au déplacement des bords de l'une des failles qui
sillonnent les rivages de la mer Egée et aux chutes souterraines qui en ont
été la conséquence. A la suite de tels glissements et de tels effondrements,
il s'établit un certain état d'équilibre qui peut durer plus ou moins
longtemps, mais qui pourtant n'a jamais qu'une durée limitée. L'histoire
géologique du sol hellénique est donc ainsi caractérisée par une succession
indéfinie de périodes tranquilles et de périodes de trouble.
» La constitution du sol aux environs de Saionique explique du reste
la fréquence des tremblements de terre de la région. La presqu'île Chalci-
dique, si curieuse au point de vue purement géographique, n'est pas moins
intéressante sous le rapport tectonique. A 3 heures de marche de la ville
de Saionique commence la haute chaîne du mont Holomonda dont les
prolongements méridionaux croisent jusqu'à Stagyra et Isvoro toute la
presqu'île et aboutissent à ses deux promontoires orientaux, celui du mont
Athos et celui de Longos.
» La chaîne en question est composée presque exclusivement de roches
anciennes très fortement redressées, granité, gneiss et schistes cristallins,
sur le prolongement desquels se trouvent des gîtes riches métallifères (Ma-
démochoria). Quant au troisième promontoire, celui de Cassandra, qui
est le plus occidental, il a une constitution toute différente; il est formé de
roches tertiaires et quaternaires, d'alluvions de date encore plus récente
qui s'étalent presque horizontalement depuis le bourg de Polygeros jus-
qu'aux sources chaudes de Sédès, les Thermes de l'antiquité, d'où le golfe
de Saionique tire son nom ancien de golfe thermaïque.
» Il y a là par conséquent l'indication d'une discordance de stratifica-
tion et d'une faille éminemment favorables à la production des mouvements
séismiques. »
M. P. Le Goaziou demande l'ouverture d'un pli cacheté déposé le
22 septembre 1902, et inscrit sous le n° 6537.
Le contenu de ce pli, relatif à un « Anémoscope électrique », est ren-
voyé à l'examen de M. Mascart.
M. Th. Descomps adresse une Note sur le « Blak Rot atmosphérique ».
(Renvoi à l'examen de M. Prillieux.)
SÉANCE DU 29 SEPTEMBRE 1902. Sl'J
M. Odier adresse un Appendice à son précédent Travail sur les « Conso-
nances et dissonances musicales )>.
(Commissaires : MM. Mascart, VioUe.)
M. H. PoDEUR adresse un Mémoire sur la « Direction des ballons ».
(Renvoi à la Commission des Aérostats.)
I^ séance est levée à 3 heures trois quarts.
G. D.
BULLETIir BIBLIOGRAPHIQUE.
OUVUAGIÎS REÇUS DANS LA SÉANCE DU 20 AOUT IQOa.
Comptes rendus hebdomadaires des Séances de V Académie des Sciences, publiés
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Gauthier-Villars, 1901; i vol. in-4°.
Travaux géographiques autour du massif central de Madagascar, par le P. Colin.
(Extr. des Comptes rendus des Séances de l'Académie des Sciences, t. CXXXIV,
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Carte lithologique sous-marine des Côtes de France, par M. Thoulet. Paris,
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L'île de Samothrace et le tremblement de terre du 1% janvier {^février) 1898,
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Ministre de l'Instruction publique.)
Sulla velocita minima nella trajettoria d'un grave, Nota del tenente Luc[ANO
Orlando. Messine, 1902; i fasc. in-8°.
Recueil d'études paléontologiques sur la Faune crétacique du Portugal. Vol. I :
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Ergebnisse der Polhôhenbestimmungen in Berlin, ausgefiïhrt in den Jahren
1889, 1890 u, '891, am Universal-Transit der kônigl. Sternwarte, von D' Adolf
Marcuse. Berlin, 1902; i fasc. in-4''.
Zur Geschichte der Schutzmittel wider Hagelschlàge. (Publié par le « K. k.
Centralanstalt fiir Météorologie u. Erdmagnetismus », à Vienne, à l'occasion du
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ended 3i december 1899. Ottawa, 1901; i vol. in-4°.
G. R., 1902, 2" Semestre. (T. GXXXV, N° 13.) 68
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Obserçations niade at Ihe Hongkong Observatory in the year 1901, by W.
DoBERCK, Hongkong, 1902; i vol. in-4''.
Studies in the physiological funclions of antipodals and the phenoniena of
fertilization in Liliaceœ. 1. Tricyrtis hirta, by T. Ikeda. Tokyo, 1902; i fasc. in-8°.
Conférence internationale pour V unification de la formule des médicaments
héroïques, se réunissant à Bruxelles le i5 septem,bre 1902. Bruxelles, 1902; i fasc.
in-4''.
Upsala Làkareforenings Fôrhandlingar\ ny Foljd. Bd. VII. Siipplementhàfte.
Upsal, 1902; I fasc. in-8°.
The Chicago Academy of Sciences. The natural history Survey, Bulletin n" IV.
Part 1. Chicago, 1900; i fasc. in-8''.
Memoirs of the national Academy of Sciences, vol. VIII, sixth Memoir. Washing-
ton, 1902; I fasc. in-4".
Ouvrages reçus dans la séance du i*"^ septembre 1902.
Les hypothèses scientifiques émises par Zénobe Gramme en 1900. Paris, imp.
générale Lahure, 1902; i vol. in-8°. (4o exemplaires offerts en hommage par M™" A.
Gramme. )
Les deux formes larvaires de Laria obtecta (iSa/), par Gaston Darboux et Galien
MiGNAUD. (Extr. du Bulletin de la Société d'étude des Sciences naturelles de Nîmes,
1901.) Nîmes, 1901 ; i fasc. in-S". (Hommage des Auteurs.)
Actualités scientifiques, par Max de Nansouty. Paris, Félix Juven, s. d.; i vol,
in-i2.
Mémoires de l'Académie de Stanislas, 1901-1902; CLH^ année, 5"^ série, t. XIX.
Nancy, imp. Berger-Levrault et C'^, 1902; 1 vol. in-8°.
Sulla fotosintesi fuori delV or ganismo e sul suo primo prodotto. Nota preventiva
del Dott. LuiGi Macchiati. Naples, 1902; i fasc. in-8°. (Hommage de l'Auteur.)
L'assimilazione contemporanea del carbonio, delV idrogeno e delVossigeno e una
spéciale fernxentazione promossa dalV attivita vitale di una diastasi, segregata
dalle cellule contenenti pigmenti clorofdlici. Nota di L. Macchiati. (Extr. du Bull,
délia Societa botanica italiana.) s. 1. n. d.; i fasc. in-8°. (Hommage de l'Auteur.)
Archives du Musée Teyler, série II, vol. VIII, i'"^ Partie. Harlem, 1902; i fasc.
in-4''.
Natuurkundig tijdschrift voor Nederlandsch-Indië. DeelLXI. Amsterdam, 1902;
I vol. in-8°.
Twenty-first annual report of the United States geological S urvey to the Secre-
tary of the Interior, 1899-1900, Charles-D. Walcott, Director, in seven parts; partV:
Forest reserves; part VII : Texas. Washington, 1900; texte, 2 vol. in-4°, et atlas,
1 vol. in-4°.
Reconnaissances in the Cape Nome and [Norton Bay régions, Alaska, in 1900.
Washington, 1901; i vol. in-4°.
The Geology and minerai resources of a portion of the Copper River district
SÉANCE DU 29 SEPTEMBRE 1902. Sig
v4 /a^A a, by Frank-Charles Schrader and Arthur Coe Spencer. Washinglon, rgoi ;
I vol. in-4°.
Ouvrages reçus dans la séance du 8 septembre 1902.
Sur l'éruption de la Martinique, par MM. A. Lacroix, Rollet de l'Isle et Giraud,
délégués de l'Académie. (Extr. des Comptes rendus des séances de V Académie des
Sciences, t. CXXXV, p. 377.) Paris, Gauthier-Villars, 1902; 1 fasc. in-zi".
Monographie des Pectinidés néogènes de l'Europe et des régions voisines,
par Ch. Depéret el F, Roman; i''^ Partie : genre Pecten; planches I à VIII. {Mémoires
de la Soc. géologique de France : Paléontologie; t. X, fasc. 1.) Paris, 1902; i fasc.
in-4°.
Les manifestations volcaniques et sismiques dans les Antilles, par F. de Montessus.
(Reçue générale des Sciences pures et appliquées, iS" année, n° 14, 3o juillet 1902,
p. 669.) Paris; i fasc. in-/4°. (Hommage de TAuteur.)
L'Erzgebirge géologico-sismique, par F. de Montessus de Ballore. (Extr. des
Arch. des Sciences phys. et nat., 4" période, t. XIII, avril 1902, p. 875.) Genève,
1 fasc. in-S".
Erdbebenstudien des Grafen de Montessus de Ballore^ von F. -M. Bernard.
Laibach, 1902; i fasc. in-8°.
Ueber den Einjluss des Hôhenklimas auf die Zusammensetzung des Blutes,
V. Emil Abderoalden. Munich, 1902; i fasc. in-8".
Assimilation des Eisens, v. E. Abderhalden. {ZeitscJiriftfiir Biologie, Bd. XXXIX,
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Cinq opuscules sur divers sujets de Chimie physiologique, par E. Abderhalden.
Strasbourg, 1899-1902; 5 fasc. in-8°.
Mission scientifique du Katanga; Seizième Mémoire : Observations altimé-
triques, par le capitaine Lemaire Charles. Publications de l'Etat indépendant du
Congo. Bruxelles, s. d.; i fasc. in-4°.
Report of the Director of the Botanical Survey of India for the year 1901-1902,
s. I.; I fasc. in-4°.
Over het oogsten van Deli-Tabak op verschillende Tijden van den dag, door D'
E.-C.-JuLius MoHR. Batavia, G. Kolf et C'", 1902; i fasc. in-S".
Archives de l'Institut botanique de l'Université de Liège, vol. II et III. Bruxelles,
1900-1901; 2 vol. in-S".
Annales du Musée du Congo : Botanique ; série IV : Etudes sur la Flore du
Katanga, par Em. de Wildeman; fasc. 2, p. 25-8o, planches VII-XXVIII. Bruxelles,
1902 ; I fasc. in-f°.
Observations made at the Royal niagnetical and meteorological Observatory at
Batavia; vol. XIII, 1900. Batavia, 1902; i vol. in-f°.
Bulletin de la Société physico-mathématique de Kasan ; 2^ série : t. XI, n°^ i-V;
t. XII, n° 1. Kasan, 1902; 5 fasc. in-8°.
Statistiek van het koninkrijk der Nederlanden. Bescheiden betrejfende de geld-
middelen; XXVP'« stuk, i^''' gedeelte ; 1901. La Haye, 1902; i fasc. in-4".
^20 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Cemo gênerai de la Bepublica mexicana, verificado el 28 de octubre de 1900 :
Estado de Morelos; Eslado de Durango. Mexico, 1902; 2 vol. in-4°.
ERRATA.
(Séance du i5 septembre 1902.)
Note de MM. Ph.-A. Guye et F.-Loids Perrot, Sur la formation des gouttes
liquides et les lois de Tate :
Page 460, ligne G, au lieu de composant, lisez comparant.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 6 OCTOBRE 1902.
PRÉSIDENCE DE M. BOUQUET DE LA GRYE.
MEMOIRES ET COMMUJVICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. Appell, en présentant à l'Académie la fin du Tome troisième et der-
nier de son Traité de Mécanique rationnelle (fascicules II et III), s'exprime
comme il suit :
« Ces deux fascicules se rapportent à la Cinématique des milieux con-
tinus, à l'Hydrodynamique et à l'Élasticité. Dans l'étude géométrique de la
déformation d'un milieu continu, les six fonctions caractéristiques d'une
déformation sont définies en partant de la considération de l'élément
linéaire de l'espace, d'après la méthode suivie par MM. Cosserat dans leur
Mémoire des Annales de la Faculté de Toulouse, Tome X. La Cinématique des
milieux continus est traitée ensuite avec divers systèmes de variables; le
fait que Cauchy a été le précurseur de Helmholtz et de Kirchhoff dans
leurs belles découvertes sur la théorie des tourbillons se trouve mis en
évidence ('). Un paragraphe est consacré à la théorie de Hugoniot sur les
discontinuités dans les mouvements des fluides et aux recherches de
M. Hadamard sur l'extension des résultats de Hugoniot à des discontinuités
d'ordre quelconque et sur l'interprétation géométrique des conditions de
compatibilité (^).
)) En Hydrodynamique sont exposées les théories classiques, entre
(*) Maurice Lévy, L' Hydrodynamique moderne et l'hypothèse des actions à dis-
tance {Reçue générale des Sciences pures et appliquées, i5 décembre 1890).
(') Hadamard, Sur la propagation des ondes {Bulletin de la Société mathéma-
tique, i*^"" fascicule 1901).
G. R., 1902, 2' Semestre. (T. CXXXV, N° 14.) 69
522 ACADÉMIE DES SCIENCES.
autres la démonstration donnée par Cauchy du théorème de Lagrange
sur le potentiel des vitesses, la généralisation de ce théorème telle qu'elle
résulte des équations de Cauchy, les équations de Weber et celles de
Helmholtz; vient ensuite l'étude du mouvement permanent et particuliè-
rement du mouvement permanent irrotationnel.
)) Un Chapitre est consacré à la théorie des tourbillons en général. L'étude
des mouvements parallèles à un plan fait l'objet d'un Chapitre spécial :
on y étudie d'abord les mouvements irrotationnels d'un liquide et en
particulier les mouvements ondulatoires d'un liquide pesant, puis les
mouvements tourbillonnaires des liquides et comme exemple les ondes
trochoïdales de Gerstner, qui constituent le phénomène de la houle (' ).
)) Un court Chapitre renferme les éléments de la théorie de l'élasticité
pour les déformations infiniment petites, avec l'exposé des applications
classiques déjà données par Lamé; ce Chapitre contient en outre des
indications sur quelques recherches récentes, notamment sur les re-
cherches de MM. Cosserat qui, en considérant les valeurs des déplace-
ments dans l'équilibre élastique comme des fonctions du nombre
^ = --^h
et en étudiant les singularités de ces fonctions, ont été conduits à de nou-
veaux cas d'intégratioa (^Comptes rendus, 1898 et 1901). Enfin, le dernier
Chapitre renferme les équations du mouvement des fluides visqueux. »
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de deux
de ses Membres qui devront être désignés à M. le Ministre de la Guerre
pour faire partie du Conseil de perfectionnement de l'Ecole Polytechnique
pendant l'année 1902-1903.
MM. H. PoiNCARÉ, Haton de la (jroupiLLiÈRË réunisscnt la majorité des
suffrages.
(') Voi/- GvYOV, Théorie du Navire. Berger-Levrault, 1894.
SÉANCE DU 6 OCTOBRE 1902. 523
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, les « OEuvres complètes de /.-C. Gahssard de Marignacy
Tome I, 1 840-1 860 ».
ASTRONOMIE PHYSIQUE, — Observations du Soleil faites à V observatoire de
Lyon (^éqiiatorial Brunner de o™, 16), pendant le premier trimestre
de 1902. Note de M. «î. Guillaume, présentée par M. Mascart.
M Par suite de la continuation du mauvais temps qui a sévi durant le
précédent trimestre, le nombre des jours d'observation n'est que de /|2.
» Les principaux faits qui en résultent sont les suivants ;
» Taches. — Les groupes de taches observés, au nombre de 4? ont une
surface moyenne totale de , ^^ll\^^a (les 5 groupes enregistrés dans le der-
nier trimestre de 1901 avaient donné , oou ouo)> ^^ ^®"^ répartition entre les
deux hémisphères est de 2 de part et d'autre de l'équateur.
» Le nombre des jours où le Soleil a été vu sans taches est de 25, d'où
il résulte un nombre proportionnel de 0,60 au lieu de o, 70 obtenu précé-
demment (Comptes rendus, t. GXXXIV, p, 892).
« La notable augmentation de l'aire tachée est due principalement au
groupe qui a traversé le disque du 3 au i4 mars, à -+- 2^^ de latitude; ses
changements de forme et de dimension ont été très rapides, puisque 5 jours
après sa formation il était devenu visible à Tœil nu, le 8, jour de son pas-
sage au méridien central; sa surface réduite était alors de pô^^^ôô. Le der-
nier groupe observé antérieurement qui lui soit comparable est celui de
mai 1901 , à -h 9" de latitude, qui a atteint n5¥ïïTôïï-
» En janvier, on a eu, 3—8** de latitude, un groupe assez important
aussi, mais un peu moindre: son étendue superficielle a atteint nr^înrôô-
» Une particularité intéressante s'est présentée le 3 mars, jour où il y
avait trois groupes de taches à la surface du disque solaire. Le fait de la
présence simultanée de trois groupes est, actuellement, assez rare pour
mériter d'être signalé puisqu'il ne s'était pas présenté depuis 18 mois
('7 septembre 1900), mais son importance résulte surtout de la différence
de position, aux c'eux époques, de ces groupes de taches par rapport à
l'équateur du Soleil; en effet, tandis que les premiers étaient à — 4*'» ~ ^°
524 ACADÉMIE DES SCIENCES.
et -h 8°, les derniers observés étaient aux latitudes plus élevées de — 26",
+ 24** et 4- 24'', or, d'après la loi des zones, on conclut : i*" qu'ils n'appar-
tiennent pas au même cycle d'activité des taches; 2** que le groupe de
janvier, à — 8°, a été une des dernières manifestations de l'activité du der-
nier cycle; 3° que l'époque du minimum était alors passée. Nous revien-
drons plus tard sur cette époque et sur le commencement du nouveau cycle.
» Régions d'activité. — Le nombre des groupes de facules notés est
moindre que dans le précédent trimestre, 68 au lieu de 76, mais leur sur-
face totale est un peu supérieure; on a en effet f^ au lieu de =-^.
» De même que les taches, les facules sont rares au voisinage de l'équa-
teur, et elles augmentent en nombre dans les hautes latitudes.
» Leur répartition entre les deux hémisphères est de 44 ^u sud au lieu
de 34, et de 24 au nord au lieu de J\i.
Tableau I.
—
Taches.
Dates
Nombre Pass. Latitudes moyennes Surface»
Dates
Nombre Pass. Latitudes
moyennes
Surfaces
extrêmes
d'obser- au mer. - — ~. —
— —
— - moyennes
extrêmes
d'obser- au mér. "^ — •
.» ^
moyennes
d'observ.
valions, central. S.
N
réduites.
d'observ.
valions, central. S.
N.
réduites.
Janvier 1902. — 0,
5o
iMars 1902. — 0
48
6-1 5
6 9,7 - 8"
210
3- 7
2- 3
4-14
5 3,5
2 4)0 — 26"
9 8,3
+ 24"
4-24"
29
12 j. - 8>
»
8
392
Février 1902. — i,
00
21 j. — 26", 0
-+-24",0
9J- »
»
Tableau IL
—
Distribution
des taches en latitude.
Sud.
Nord.
Totaux
mensuels
I
Surfaces
mensuelles
réduites.
1»0Î.
90°. V0°. 30». 20°. 10°
0°
. Somme. Soma
I 0
e. 0°. ic
20°. 30'. 40°. 90°.
Janvier
» » » »
I
»
» » » »
210
Février.. . .
» » » »
»
0 0
»
» » » »
»
»
Mars
» » X ))
»
I 2
»
» 2 » »
3
429
Totaux..
» » I »
I
2 2
»
» 2 » »
4
639
Tableau III,
—
Distribution
des facules en latitude.
Sad.
Nord.
Totaux
Surfaces
mensuelles
1902.
90°. *0°. 30°. 20". 10°.
I » I 2 I
0°.
Somme, Somme
5 9
0°.
10°. 20°. 30°. 40°. 90°.
monsuelfi
14
réduites.
Janvier.. . .
»
» 4 I 4
4,7
Février.. . .
II » 3 1 2
18 6
3
» » I 2
24
5,6
Mars
i4 3 2 I I
21 9
I
» 5 » 3
3o
11,9
Totaux. .
26 3 6 5 4
T4
24
4
» 9 ^ 9
68
22,2
SÉANCE DU 6 OCTOBRE 1902.
525
ASTRONOMIE. — Comparaison des Tables de Vesta avec les observations méri-
diennes faites de 1890 à 1900. Note de M. Gustave Lrveau, présentée
par M. Lœwy.
« Par l'emploi de mes Tables de Vesta, publiées dans le XXIP Volume
des Annales de l'Observatoire de Paris et de la Connaissance des Temps, j'ai
calculé des éphémérides qui, comparées aux observations méridiennes,
m'ont donné pour les différences Observation — Calcul les valeurs suivantes.
J'y ai joint la comparaison des observations avec les éphémérides calculées
par le Nautical Almanac, d'après les éléments de M. Farley.
5lo— iR.- Po— P.-
1890. De janv. 8 à janv. 3i
De févr. I à févr. 19
De févr. 24 à mars 18
De mars 25 à avril 5
1891. De juin II à juill. 2
De juill. 4 à juill. 27
De août 4 à août 19
1892. De déc. 10 à déc. 3o
1894. De mars 8 à mars 22
De mars 23 à avril 7
De avril 9 à mai i
1895. De juill. 19 à juill. 24
De août 19 à sept. 4
De sept. 9 à oct. 4
De oct. 18 à nov.
1896. De nov. 3o à déc.
1897. De janv. 23 à janv. 26
De févr. 16 à févr. 26
De févr. 27 à mars 9
1898. De avril i5 à mai 18
De mai 21 à juin 22
1899. De oct. 2 à oct. 16
De nov. 6 à nov. 29
De déc. 8 à déc. 3o
Nautical
Tables
Nau
lical
Tables
Observ.
Almanac.
Leveau.
Almanac.
Leveau.
II
+ i*,i8
s
+o,o3
+
0,9
+o\^
•• 19
+ 1,17
-+-o,o3
+
0,5
+0,6
20
+ 1 ,02
+o,o3
+
0,5
+0,6
.. i5
+0,89
+0,02
+
0,3
+0,3
. . i3
+ 2,5l
+0,21
+
3,9
—0,4
.. i5
+2,38
+0,23
+
5,9
0,0
.. 6
+ 1,95
+o,i4
+
5,4
+0,5
10
+ 1 ,00
+0,01
—
5,8
+0,5
10
+ 1,73
+ 0,25
+
8,9
+2,0
10
+ 1 ,65
+0,25
+
8,2
+1,9
•• 9
-i-i,5i
+0,16
+
7>3
+1,7
.. 4
+2, i3
+0,07
—
10,9
—0,9
10
+ 2,54
+o,o5
—
'o,9
-0,7
.. 8
+2,34
+0,06
—
9>5
—1,1
.. *6
+ 1,65
— o,o3
—
5,9
+0,3
2
+ 1,71
+0,06
—
2,0
+1,5
2
+ 1 ,65
+0, 16
—
4,3
— 0,2
10
+ i,3i
+0, 1 1
—
3,9
0,0
10
+ 1,18
+0,06
—
3,6
+0,2
8
+2,91
+0,19
+ 16,3
+1,0
•• 9
+2,55
+0, 18
+ i5,3
+1,2
•• 7
+2,17
+0,06
—
i5, i
—1,0
4
+ 1,92
+0, II
—
11,5
+0,4
.. 3
+ 1,52
+o,o3
—
9.8
+0,2
526 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Les différences Observation ~ Calcul correspondant à chaque obser-
vation, ainsi que les positions normales conclues des observations, seront
publiées dans le Bulletin astronomique, »
MÉCANIQUE RATIONNELLE. — Remarque sur un problème de Clebsch sur le
mouvement d'un corps solide dans un liquide indéfini et sur le problème de
M. de Brun. Note de M. W. Stekî-off, présentée par M. Appel I.
« Le problème de M. de Brnn s'énonce comipe il suit :
)) Trouver le mouvement d'un corps solide dont les molécules sont attirées
par un plan fixe proporlionnellement à la distance, en supposant que le corps
ait un point fixe dans le plan attirant.
» Dans le problème de Clebsch, il s'agit de trouver le mouvement d'un
corps solide dans un liquide indéfini Çidéal et incompressible), en U absence de
toute force accélératrice, en supposant que la force vive T du corps ait l'expres-
sion suivante :
2T = rt, a?^ + a^x\ + a^x\-\- bfj^^ -+- b.,yl -h b^yl,
as.) b^ (s = i , 2,3) étant des constantes positives satisfaisant à la condition
( I ) — 1 i 7 1 ; = O,
\ y Oi o^ Os
Xf, y^(s= 1,2, 3) étant les variables de Clebsch (Mathemat. Annalen, Bd. TII).
)) Je (lis que ces deux problèmes ne constituent au fond qu un seul et même
problème.
)) En effet, le problème de Clebsch se ramène à 1 intégration des équa-
tions suivantes :
( 2 ) 7^' == ^'^2 ^;, 73 — -^3 ^'lï^ .
dy
(3) --^^ -{(i^- <^i)'^-iOù^-{ {h.^~b^)y.^y^, ..,
t désignant le temps. Dans ces équations, b^y^, b.^y.^, b.^y.^ désignent, les
composantes^, q, r de la rotation instantanée suivant les axes invariable-
ment liés au corps, et x^, x^, x^ sont égaux à ky^, ky^i ^Ya? X: étant une
constante arbitraire et Y,,y2»Y3 représentant les cosinus des angles que
font les axes mobiles avec l'axe fixe des ^, choisi convenablement. Substi-
tuant, dans (2) et (3), p, q, r, y,, y.,, y^ au lieu de x,, y, (s = i, 2, 3) et
SÉANCE DU 6 OCTOBRE I902, ^27
désignant par A, B, C les inverses de ^,, 60, b.^, on trouve
(4) -jï ^"^' '"<''•'
(5) .A| = (B-C)ïr+(a,-<z,)-4^Y.Ï.
» Siij^posons que
«3 — (7^ =; a(B — C), a^ — fÏ3 = a(C -— x\),
X étant une constante. Ces relations auront lieu toujours, pourvu que les
constantes a^, b^(^s = i, 2, 3) satisfassent à la condition de Clebsch (i).
» Les équations (3) [ou (5)] peuvent donc s'écrire comme il suit :
(6) A|-=--(B-C)(9r + X/ry,r3), •■••
» Ces équations, jointes aux équations (4), sont identiques aux équa-
tions différentielles du problème de M. de Brun. On peut donc énoncer la
proposition suivante :
)) Le mouvement de roLaiion autour de V origine des coordonnées, invaria-
blement liées au corps solide, dans le problème considéré de Clebsch, est le
même que le mouvement d'un corps solide autour d'un point fixe dans le pro-
blème de M. de Brun (ou inversement).
)) Le problème de Clebsch, connu dep-uis longtemps, a été déjà étudié
par divers auteurs; ii suffit de citer les recherches de Clebsch, de M. H.
Weber et de M. F. Rolter (^Mathem, Annalen, 1871, 1878; Crelle's Journal,
Bd. 109). On sait que les équations du mouvement (5) dans le problème
de Clebsch admettent, outre les trois intégrales de Kirchhoff, une quatrième
intégrale de la forme
AV + B\y^ -H C-r=^ -I- )7r (BCy^ + CAyJ -h AByJ ) = const.,
qui est identique à la quatrième intégrale du problème de M. de Brun.
D'une façon générale, tous les résultats obtenus par les géomètres que
nous venons de citer s'étendent, sans modification, au problème de M. de
Brun, xAinsi, il est connu que les variables p, q, r, y,, ya, ys dans le pro-
blème de Clebsch s'expriment en fonctions ultra-elliptiques ^ de deux ar-
guments qui dépendent linéairement du temps : les mêmes variables dans le
problème de M. de Brun ont les mêmes expressions .
» D'autre part, M.G.Robb a démontré, dans le Tome XXIII du Bulletin
de la Société mathématique de France, que la solution générale du problème
528 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de M. de Brun peut s'exprimer à l'aide de trois intégrales de différentielles
totales, attachées à une surface algébrique. Il en est de même, d'après ce
qui précède, de la solution générale du problème de Clebsch. Ici nous
avons un autre exemple, où les intégrales, introduites dans la Science par
M. E. Picard, se présentent dans l'étude d'un problème de Mécanique.
» En terminant ma Note je profite de l'occasion pour indiquer une
solution particulière du problème de Clebsch et, par conséquent, de celui
de M. de Brun. La condition (i) peut être remplacée par les suivantes :
[A et p étant des constantes arbitraires. Ces conditions étant remplies, on
peut satisfaire aux équations (2) et (3) en posant
1 - Q 1 - ^ 1 - Q
u-T-p^, ^ a -{- p bi ^ a + p^s
Q2 = (cr + p ^>, ) (^ -h p 62) (^ 4- p ^^3).
<j étant une constante arbitraire. Le problème se ramène à l'intégration de
trois équations bien connues :
-^ = f (^3— ^2)^2^3. -^ = f (^)-^3)^3^n -^ = f (^2— ^0^)^2-
» Les variables 57^,^^ (5 = i, 2, 3) ou (p, q, r; y,, ya, ya) s'expriment en
fonctions elliptiques de t. Le mouvement de rotation se réduit à un mouvement
de Poinsot. La solution contient quatre constantes arbitraires. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur un théorème de M. Frobenius.
Note de M. de Séguier, présentée par M. Jordan.
« Dans ma Note du 24 mars dernier les deux propositions suivantes sont
restées sans démonstration :
)) I. Si un g ah (0 i^ci premier àb) G a exactement a e^^^ tels que a, , a.^, ...
(*) J'écris g„i pour groupe d'ordre m, g'* pour groupe de degré n, g"^ pour
groupe d'ordre m et de degré n, e^/^) pour élément dont l'ordre divise k. Je dis
que G a un groupe A, si A divise G, que l'ensemble des symboles permutés par un
groupe de substitutions est son champ, enfin que deux groupes de substitutions (comme
SÉANCE DU 6 OCTOBRE 1902. Ssq
formant un g,^ A et h e^^^ tels que [3, , '{!>.,, . . ., G a un g^. (On sait d' ailleurs que
ix-i^j^^ ^kOLi). L'A proposition étant évidente quel que soit b pour a = i, on
peut l'admettre quel que soit b pour les valeurs de a plus petites que celle
considérée. Soit D le plus grand commun diviseur de j [3,, . . ., p^ [ = B et
de A. Si D = I, la proposition est démontrée. Si D est un ^a<i A, B conte-
nant 06(6) et a'e(„) qui forment un g„' est d'ordre ba' et a un g^. Soit donc
D = A. Si A (qui est ici abélien) a un g„'A'>> i et <^ A (a = a' a"). A' sera
normal dans G, et l'on peut admettre que G | A' d'ordre ba", qui contient un
g^j'/AjA' formé de ses e(„//, et b e,^h) (les A'p^, tous distincts puisque leur
nombre est multiple de b), a un g^ auquel répond dans G un g^^, G' = 2Apj-
contenant un g^. Soit donc A simple, donc a premier = p. Considérons la
représentation régulière Q de G et soit, dans Q, \s\=A> [^ = 11*^,,
Si= (ai^ . . .a/j,), les a^/^ étant bp symboles; le champ de Si sera désigné
par Gi] la représentation de A. (j" divisera } âo\ § j en posant ,.1,'= j 5,, . . ., ^^ {,
S = 1t, t = ll^^ t/,, tf, (formée avec «,^., .... a^^ comme t^ avec a,,, . . ., «0,)
parcourant le symétrique de champ «,/(, . . ., rt^;^. Soit ç = 2pJl,iCp où l'on
peut supposer que x^ est un ej^j. Il est facile de voir que, si /~^n^^^'7 = n^^î,
les Ej. sont une permutation des \i telle que la substitution (E^, ^'.) =t est
semblable à t\\ ^^ étant mis à la place de a^. De plus, si (tU.sfY= t^Us"^',
ni est la somme des [y. ^^ que t**, t% . . ., t^^"' substituent à ^,. Si p. est l'ordre
de ill^^^', on aura, S étant premier à x' , t~^= TLsf = i, donc 71,^^0 mod p.
Si donc t est régulière, on a l^i^o. Soit alors ^p=z'P^n5l^ (^^P' étant
dans s) et ic, ^2 = i^a^y^ t^^^->Usf t^'-^ = Us}. OnRurat^'H^'-^nsf^^-= t^^^Ilsf^ sK
donc i(')/(-)= /t3) gt ^(2)_j_ ^.= ^i3)_^ ^ Q^ l'action de g sur les c, est celle
d'un g* régulier. Donc ^'P' est régulière et de même t'^KDoncl^f^^l^i^o
et i ^ o. Donc Ixç, et It^^^ = s' sont deux groupes isomorphes. Or -2p4^' est
un gj régulier. Donc A.s' est un gj^ régulier. Z)oazc (J est semblable au produit
direct de X par un diviseur de s .
» II. Si un gab {a premier à b) G contient b é'(6)(P,, Pa, ..., p^) et
6(a — i) H- I e^a) répartis en b g^ abéliens conjugués A, = A, Ao, . . . , A^ pre-
miers entre eux deux à deux, on a G = 2;tA<P/f ^ suffit de montrer que
chaque Ai<x^(a.^::/= i dans A;^; « :^ k) contient un p. On voit d'abord que A,
n'est permutable qu'aux a,-, et que G ne contenant d'autre e^^b) que des a.
ou des p, un a n'est jiermutable qu'à nn a, un p qu'à un p. De plus, un
deux, substitutions) sont semblables, lorsqu'ils ne diffèrent que par le choix des sym-
boles.
G. R., 1902, 2« Semestre. (T. CXXXV, N° 14.) 70
53o ACADÉMIE DES SCIENCES.
0,^.^ I n'est permutable qu'à un a,; car, si oCJ^* c(.i(x./^= oc^, a^^A^ot^t ^^ serait
pas premier à A,. Enfin, a, et a| (a^' étant dans A,) ne peuvent être conju-
gués sans coïncider; car, si x~^ oc^x = v.'- , œ~^ A^x et Aj ont en commun a.'- ;
donc a.'- = i , ou ^ est dans A,. Supposons maintenant qu'il y ait un élément
commun e à Aja;t= A^e (e est donc hors de A,) et à a?~' Aj£a7(a7 :^ i). Il y
aura dans Aj deux éléments a,, a.'-, tels que £ = a?~'aj£a?, od-t = x~* zx:
d'où, en éliminant e, o-'r* = x~^ cl^x. Donc, ou bien aj= a^ = i de ^ est per-
mutable à e, ou bien x est dans A^, ce qui contredit la relation sa? s"' = xcd^ .
Si, inversement, x est permutable à e, A^s et ^"' A^êo? ont évidemment en
commun l'élément £. Aitisi kiOLj^et x~* kioij^x ont an élément commun t tou-
jours et seulement si x est permutable à e. Ils ri ont donc jamais deux cl en
commun ni un a. et un ^ sans coïncider. Si, d'ailleurs, ils coïncident, a?, per-
mutable à a;^ et à un autre élément, est l'unité. Donc A^a^^ ^ ^^ conjugués.
Supposons maintenant que A^a^^ ^^ contienne que des a. Il en sera de
même de ses ab conjugués, et chaque a/ de Aja;^ appartiendra aux seuls
œ~* Ai(X/(X, où X est dans A^. Donc chacun des a^b éléments du système S
des ab conjugués de A^a;^ ^st répété a fois, et S contient ab éléments dis-
tincts, ce qui ne se peut, G étant d'ordre ab. Donc chaque A,a;t contient
un p et un seul. Il est aisé de voir qu'il y a — : — systèmes, tels que S. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur un dérivé de l'eau oxygénée.
Note de M. R. Fosse, présentée par M. A. Haller.
« Nous avons précédemment montré qu'un pyranol, ledinaphtopyranol
C**'H*'(' yG'"H% en solution acétique, possède un certain pouvoir
oxydant. C'est ainsi que ce corps oxyde facilement l'acide iodhydrique,
transforme le diphénopyranol en diphénopyrone.
)) L'action du dinaphtopyranol sur quelques réactifs, la poudre de zinc,
Talcool, le pyrogallol, les iodures alcalins, montre nettement que ce corps
en solution acétique ne peut être considéré comme un alcool, un pyranol :
CHOH
O
SÉANCE DU 6 OCTOBRE 1902,
53 1
mais comme un dérivé de l'eau oxygénée, comme un hydrate de per-
oxyde :
CH
O -OH
» Action de la poudre de zinc. — Si Ton ajoute quelques centigrammes de ce
réactif à une solution acétique de pyranol, à l'ébullition, on voit en très peu de temps
la liqueur, primitivement rouge, se décolorer et déposer une substance blanche qui,
purifiée par cristallisation dans le toluène, paraît identique d'après son mode de for-
mation, son point de fusion élevé et sa solubilité, au bis-dinaphtopyryle (bis-dinaphto-
xanthène) (^) déjà obtenu par nous au moyen de la poudre de zinc sur le bromure de
dinaphtopyryloxonium (*).
» Action de V alcool, — Si, à une solution acétique rouge de pyranol, à l'ébullition
et au reflux, on ajoute quelques centimètres cubes d'alcool, on voit peu à peu la solu-
tion se décolorer. Les vapeurs échappées du réfrigérant, condensées, fournissent les
réactions caractéristiques de l'aldéhyde éthylique.
» La solution acétique, faiblement teintée en rouge, est traitée par l'eau.
» Le précipité formé, séché, est dissous dans le benzène chaud, d'où par refroidis-
sement cristallisent des aiguilles groupées, fondant à 201". La solution benzénique
de ce corps, additionnée d'une solution également benzénique d'acide picrique, donne
un précipité rouge orangé, qui, recristallisé et séché, fond, en tube étroit, vers 178",
en un liquide rouge foncé.
» Le corps formé dans l'action de l'alcool sur le dinaphtopyranol n'est autre chose
que le dinaphtopyrane.
» L'équation de cette curieuse réaction est la suivante :
/OOJ1«\
OH + C^H^O = G^tPO + H^O
(^) Nous désignons sous le nom de pyryle le radical dérivant du pyrane par perle
d'un atome d'hydrogène :
CH^
CH
CH
0
0
0 — Br
Pyrane.
Pyryle.
Bromure
de pyryloxonium
(-) H. FossK, Bull. Soc. c/d/u., t. XXVII, p. 526.
532 ACADÉMIE DES SCIENCES.
elle est semblable à celle de l'alcool sur nos sels de pyryloxonium
^Kô^)^ - ^' + C^H«0 = G^mO + HBr + GH^Q.„J;^)0.
» Elle rappelle l'action oxydante des quinones sur ce même réactif
/O /OH
C«H< I +G^H«Or=C«H^\ ^„ + C2mO.
\0 \0H
» Action du pyrogallol. — Quelques parcelles de ce corps décolorent une solution
acétique de pyranol. L'étude de la réaction n'a pas encore été terminée.
» Action de Viodure de potassium. — Si l'on ajoute une solution acétique d'iodure
de potassium à une solution acétique de pyranol, on voit immédiatement se former
un précipité sombre, cristallisé, à reflets verts. Tout l'iode de l'iodure se libère de
sa combinaison alcaline pour donner une combinaison organique très riche en
iode. Il paraît se former simultanément une deuxième substance, probablement
suivant une réaction semblable à celle de l'action de HI sur le pyranol.
» L'action oxydante du dinaphtopyranol sur l'acide iodhydrique, le
diphénopyranol, la poudre de zinc, l'alcool, le pyrogallol et, surtout, la
décomposition de l'iodure de potassium montrent que le dinaphtopyranol
en solution acétique ne peut être considéré comme un alcool, mais comme
un dérivé de l'eau oxygénée, dont il possède plusieurs des réactions; c'est
un hydrate de peroxyde oii un atome d'oxygène est tétravalent :
/CHv
\o( .
» On sait que le premier peroxyde connu, le peroxyde d'éthyle, a été
obtenu par M. Berthelot;. MM. Baeyer et Villiger ont préparé un grand
nombre de peroxydes et d'hydrates de ces peroxydes. La formule de notre
hydrate de peroxyde s'obtient en remplaçant X par OH dans la formule
générale :
\o(
que MM. Haller et Fosse ont attribuée aux sels de pyryloxonium. »
SÉANCE DU 6 OCTOBRE I902. 533
CHIMIE 0-"^GANIQUE. — Synthèse de quelques alcools tertiaires (II). Diphényl-
carbinols. Note de M. H. Massox, présentée par M. Haller.
« Dans une Note antérieure {Comptes rendus, t. CXXXII, p. 4^3), j'ai
étudié l'action des dérivés organomagnésiens gras sur les éthers d'acides
gras ; j'ai depuis étendu cette étude à l'action des dérivés organomagné-
siens aromatiques.
» MM. Tissier et Grignard ont montré {Comptes rendus, t. CXXXII,
p. 1182) que les dérivés organomagnésiens aromatiques fonctionnent de
la même façon que les dérivés alkylés correspondants et ont étudié entre
autres leur action sur les chlorures d'acides; dans ce cas ils obtiennent
directement les carbures diphényléthyléniques.
» Dans une récente publication sur les produits de l'action des dérivés
organomagnésiens sur la benzophénone, M. A. Rlages (i).cA. G., t. XXXV,
p. 2646) semble n'avoir pas toujours pu isoler les alcools tertiaires, mais
seulement les carbures correspondants; j'y suis parvenu dans tous les
cas.
» Dans mes recherches j'ai étudié exclusivement l'action du phényl-
bromure de magnésium sur les divers éthers; seul le formiate d'éthyle
m'adonne un alcool secondaire, le benzhydrol (C'^H^)^CHOH fondant
à 68°, les éthers des autres acides fournissent des alcools tertiaires de
forme (C«H')=^COH- R.
» Ces alcools sont pour la plupart cristallisés ; ils ne peuvent être distillés même
dans le vide sans perdre de l'eau; la distillation à la pression ordinaire conduit direc-
tement aux carbures élliyléniques correspondants. Ces carbures sont le plus souvent
cristallisés, ils fixent 2 atomes de brome en donnant des dérivés dibromés liquides;
par oxydation ils fournissent de la benzophénone et des acides ayant un carbone de
moins que les acides générateurs. L'hydrogénation par l'alcool et le sodium conduit
aux carbures saturés correspondants comme l'a montré également M. Klages pour
deux de ces carbures.
» Le diphénylméthylcarbinol (C^HS)^ = COH .CH» [décrit par M. Tiffeneau, But.
Soc. chim., (3), t. XXVII, p. 298] fond à 81°.
» Le diphényiéthylène bouta 270^-27 1° et fond vers 6'' [Redsko indique +8» (7. Soc.
ch. r., t. XXII, p. 365) et M. Klages le décrit liquide].
» Le diphényléthane bout à 137° sous 12™™.
» Le diphényléthylcarbinol (C^H^)^ rz: COH.CH^CIP fond à 9i°-92°.
» Le diphénylpropylène (G«H^)2 = C = CH.CIP fond à 5t°, bout à 28o°-28i°.
)) Le diphénylpropane i.i (CsiP)^ — CH.CH-.CIi^ bout à 142° sous lo'^».
534 ACADÉMIE DES SCIENCES.
.) Le diphénylpropylcarbinol (C/H=^)2= COH.CH^.CH^CH^ bout vers i85° sous i5'"'
» Le diphénylbutylène (^11^)*=!: G =: CPLCH-.CH* bout à 29i°-292°.
» Le diphénylbutane i.i (C«ÏP)-^= CH.CH^. CtP. GH^ bout à i5o° sous lo'"™.
.) Le diphénylpentylcarbinol (G«PP)2 — GOH. (GPP)^GH3 fond à 46«-47°.
>) Le diphénylhexylène (C«tP)''= G = GH.(GH'-)='GH3 bout à 3i4°.
» Le diphénylhexane i.i (G^H'')^— GH.(GH2)\GH3 bout à i64° sous io'"">. »
CHIMIE. — Sulfates cupro-ammoniques anhydres. Noie de M. Bouzat.
« J'ai étudié clans une ^oiQ^yrècèàenVQ (^Comptes rendus, t. CXXXY, n'^.5)
les chlorures cuproammoniques anhydres. Je me propose d'examiner
maintenant les sulfates, pour comparer leurs chaleurs de formation à celles
des chlorures. On sait, en eOet, que les différents sels cuivriques dissous
dégagent la même quantité de chaleur en se combinant à l'ammoniaque
et que cette relation permet de conclure à l'existence de radicaux com-
plexes, se transportant sans altération d'un sel cuproammonique dans i\n
autre, par exemple du chlorure dans le sulfate correspondant (^Comptes
rendus, t. CXXXIV, n*^ 21). Il importait de rechercher si \\ même théorie
peut être appliquée aux sels solides.
» On a déjà signalé plusieurs combinaisons du sulfate cuivrique et
du gaz ammoniac. Rose a fait connaître l'existence de SO^Cu 5AzH^ ;
Graham et Rane, celles de SO^Cu sAzH^ et SO'^Cu AzH^ J'ai préparé ces
corps à nouveau et j'ai trouvé qu'il y en a un autre bien défmi SO'Cu 4AzH^.
» La préparation de ces différents composés est tout à fait analogue à
celle des chlorures correspondants. Pour avoir SO'Cu 5AzH^ on liquéfie
du gaz ammoniac complètement privé d'eau sur du sulfate cuivrique
anhydre; on laisse ensuite l'ammoniac en excès se dégager pendant que
le tube revient àla température ordinaire; le produit qui reste a pour for-
mule SO^Gu 5 AzH^. C'est encore ce môme sel que l'on obtient si l'on main-
tient la température à — 3o° pendant l'évaporation de l'ammoniac non
combiné. SO'Cu 5AzH^ est dissociable en xizH'^ et SO''Cu 4AzH^; la tension
de dissociation devient égale à la pression atmosphérique vers 90°.
S0*Gu4AzH^ est dissociable à son tour en 2AzH^ et S0''Cu2AzH^; la
tension de dissociation devient égale à la pression atmosphérique vers i5o°.
Enfin, S0*Cu2AzH^ est dissociable en AzH^ etSO^CuAzH^ On prépare
SO*CuAzH^ en chauffa at SO'Cu 2AzH^ à 260*' dans le vide fourni par une
trompe à eau.
» SO'^CuAzH^. — C'est une poudre verte, qui donne avec l'eau un précipité de
sulfate basique.
SÉANCE DU 6 OCTOBRE T902. 535
» Chaleur de formation :
I" SO*GuAzH-^sol.+ 27ÂzH^'diss.(i8')=:SO^Gu28AzH3dlss.(i8M ... -f-aa'^^^oB
d'où
SO*Cu sol. + AzIP gaz = SO^CuAzH^ sol -\- iZ'-^\[^'j
2» SO*CuAzI-Psol.-f- 7AzH^diss.(8i) = SO*Gu BAzH^ diss.(8') t- 2i'^'-",75
d'où
SO*Cusol.+ AzH^gazrrSO^GuAzH^sol -+- aS-^'^SSo
» SO'' CuiAz H^ . — G'est, comme SO'GiiAzH^, une poudre verte, qui donne avec
l'eau un précipité de sulfate basique.
» Chaleur de formation :
1° SO*Gu2AzH='soI.+ 26AzH^dis?.(i8') = SO^Cu28AzH3diss.(i8').. . i-ii^*',o2
d'où
SO*Gusol.-H2AzH3gaz = SO*Gu2AzH'sol -h43'^«',3o
2° SO*Gu2AzfPsol. +6AzH3diss.(8')=:SO^Gu8AzïPdiss.(8i) +io«^»i,92
d'où
SO^Gusol.+ 2AzH='gaz = SO*Cu2AzH3sol M-43^«', i4
» SO'* Cu [\AzH'^ . — C'est une poudre d'une couleur bleu violet, très différente de
la couleur que possèdent les sels cuivriques en solution ammoniacale. Il est soluble
dans une petite quantité d'eau; la solution laisse déposer un précipité de sulfate
basique quand on l'étend.
» Chaleur de formation :
1° SO^Gu4AzH-Hol. + 24AzH»diss. (i8') = SO*Gu28AzH3(i8>) — i''«i,82
d'où
SO'*Gusol. + 4AzH3gaz=:SO*Gu4AzH3sol H-^^scai^^^
2° SO*Gu4AzH3sol.+ 4AzlPdiss. (8') = SO'Gu8AzlPdiss. (8') - 2«'", lo
d'où
SO*Gusol.+ 4AzH3gazz=SO^Gu4AzH3sol +73cai^r,o
» S0^Cu5AzfJ^. — G'est une poudre d'une couleur bleu violet analogue à celle
de SO*Gu 4AzH*. Il est soluble dans l'eau; la solution étendue laisse déposer un pré-
cipité de sulfate basique. Il n'est pas soluble dans l'ammoniac liquéfié.
» Chaleur de formation :
» L'emploi de l'ammoniac liquéfié ne permettant de préparer le corps SO^GuôA'zFP
536 ACADÉMIE DES SCIENCES.
qu'en petite quantité, on s'est servi pour déterminer sa chaleur de formation du mé-
lange de S0*Cu4AzH' et de S0*Cu5AzH=* qu'on obtient par Faction à froid du gaz
ammoniac sur le sulfate cuivrique anhydre.
SO^Gu4,8AzH'sol.+ 23,2AzIPdiss. (i8')=:SO''Gu28AzH^diss. (i8').. — 6-i,35
d'où
SO*Cu sol. 4- 4,8AzH3 gazrz: SO^Gu 4,8AzH3 gol +85'=^i,i
» Gomme à partir de S0^Gu4AzH^ la quantité de chaleur dégagée est proportion-
nelle à la quantité d'ammoniaque fixée :
SO^Gu S0I.+ 5 AzH3 gaz = SO^Gu SAzIP sol +87^»', qS
» Un autre composé, SO^Gu 4,72 AzH^, a conduit au nombre 88'^^', 3o.
» Si nous comparons les chlorures et les sulfates cupro-ammoniques
anhydres, nous voyons que les chlorures renferment 2, 4 ^t 6 molé-
cules d'ammoniaque et les sulfates i, 2, 4> 5. Les chlorures et les sulfates
qui se correspondent sont ceux qui contiennent 2 et 4 molécules d'ammo-
niaque. Or CuCPaAzH^ et SO*Cu 2AzH^ sont formés à partir de l'ammo-
niaque et du sel cuivrique avec des dégagements de chaleur respectifs
de 45*=^», 5 et 43^^1,2; CuCl-4AzH=' et S0'Cu4AzH% avec des dégagements
de 72*^^S I et 73*^*', 7. Les chaleurs de formation des deux sulfates à partir du
sel de cuivre et de l'ammoniaque sont sensiblement égales à celles des
deux chlorures. D'après les lois thermochimiques des substitutions, on
doit admettre l'existence dans ces sels de radicaux complexes qui se trans-
portent de l'un à l'autre à la façon d'un corps simple.
» De même que les chaleurs de formation sont à peu près égales, les
tensions de dissociation à la même température paraissent être très voi-
sines. Les tensions de dissociation de SO^Cu4AzH^ et de CuCP4AzH^ at-
teignent la valeur de la pression atmosphérique respectivement vers i5o"
et i4o°; celles de S0*Gu5AzH^ et CuGP6AzH% toutes deux vers 90°. »
CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur la recherche et le dosage de l'extrait de châtai-
gnier en mélange avec l'extrait de chêne. Note de M. FerdixXand Jeax,
présentée par M. Amagat.
« J'ai reconnu que si l'on agite à froid une solution d'extrait de bois de
châtaignier avec une solution d'acide iodique, une certaine quantité d'iode
est mise en liberté, tandis qu'avec l'extrait de bois de chêne on n'observe
SÉANCE DU 6 OCTOBRE 1902. 587
rien de semblable. La réaction est également négative avec les solutions
de québracho, palétuvier, mimosa, sumac, canaigre, lentisque, fustel,
épine-vinette; le campêche fait exception et met en liberté une faible
quantité d'iode.
)) Les extraits de bois de chêne, destinés à la tannerie, étant fréquem-
ment falsifiés avec de l'extrait de châtaignier, il était intéressant d'arriver
à déceler cette fraude, qui est pratiquée impunément; car on n'a pas de
procédé chimique permettant de la reconnaître.
» Nous avons appliqué la réaction de l'acide iodique à la recherche et au dosage de
l'extrait de châtaignier en mélange dans l'extrait de chêne. On procède à la recherche
qualitative en mélangeant par retournements successifs dans une boule à robinets la
solution d'extrait suspect avec une solution d'acide iodique et du sulfure de carbone;
si le sulfure de carbone présente une coloration violette, c'est l'indication de la pré-
sence de châtaignier dans l'extrait examiné. Le sulfure de carbone peut être remplacé
par le tétrachlorure de carbone, la benzine, le chloroforme, etc.
» Pour déterminer la teneur d'un extrait tannique en châtaignier on opère sur
2'^'"' ou 3^™' d'extrait dissous dans 5o'^^">' d'eau distillée, que l'on passe dans une boule
à robinets; on agite avec 5*^™' d'une solution d'acide iodique à 5 pour 100 et 4*^""' à S*^™'
de sulfure de carbone; après repos, on soutire le sulfure de carbone dans un flacon
bouché à l'émeri et l'on renouvelle l'opération dans la boule, jusqu'à ce que le sulfure
de cai'bone ne se colore plus. L'iode dissous dans le sulfure est ensuite titrée par agi-
tation dans le flacon avec une solution titrée d'hjposulfite de soude, qu'on ajoute
jusqu'à disparition complète de la coloration rose. On peut aussi faire le titrage en
ajoutant dans le flacon un peu de solution d'iodure de potassium; le point final est
indiqué par la décoloration complète du sulfure de carbone.
» Sachant que i d'iode, mis en liberté, correspond en moyenne à 6,2.5 d'extrait
sec de châtaignier, à 19 d'extrait à 20° Baume et à 16 d'extrait à 25° Baume, il est
facile de calculer très approximativement la teneur d'un extrait tannique en extrait
de châtaignier. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la fermentation pectique.
Note de M. Goyaud. (Extrait.)
« Lorsqu'on ajoute à une solution aqueuse concentrée et neutre de pec-
tine certains sucs végétaux (carottes, trèfles, luzernes, etc.), le mélange
se prend en masse gélatineuse. Ce phénomène est produit par unediastase :
\ixpectase. On admet que la pectase n'agit qu'en présence des sels de cal-
cium et en liqueur peu acide. J'ai voulu m'assurer si, en l'absence des sels
de calcium, la pectase n'avait aucune action sur la pectine.
)> ... J'ai reconnu que la pectase transforme la pectine en acide pectique,
C. R., 1902, 2« Semestre. (T. CXXXV, N" 14.) 7'
538
ACADÉMIE DES SCIENCES.
même en l'absence des sels de calcium. Ceux-ci rendent le phénomène
visible par suite de la formation de pectate de calcium insoluble. Mais, si
Ton remplace dans le jus de trèfle la chaux par la potasse (ce à quoi l'on
arrive par l'addition d'oxalate de potassium), il se produira du pectate de
potassium soluble dans l'eau.
» Ces expériences ont été reprises avec des jus de trèfle dans lesquels la
chaux a été précipitée par l'oxalate de sodium et d'ammonium. Les résul-
tats ont été de tous points semblables.
)) Il existe d'ailleurs un moyen de vérifier la conclusion précédente. Si,
en efTet, une molécule neutre de pectine fournit une ou plusieurs molé-
cules acides d'acide pectique, l'acidité du milieu va augmenter. Pour
vérifier cette hypothèse il est bon de n'employer que des proportions
de pectase assez faibles pour que les transformations ne soient pas trop
rapides....
» Les résultats obtenus sont résumés dans les Tableaux suivants; les
acidités sont comptées en o*""',! de liqueur titrée :
Pi
•oportion de
jus potassique : 20
pour
100.
Proportion de
jus potassique : 4°
pour 100.
Date
Acidité
Accroissement
Date
Acidité
Accroissement
des
mesures.
sur 5cm\
Temps
d
'acidité.
des
mesures.
sur 5cm^
Temps.
d'acidité.
h m
h m
18 juin, 9.80 m.
7,5o
0
0
20
juin, 9. 0
m.
12,25
0
0
»
10. 0 m.
8,75
0,5
I ,25
»
9.30
m.
14.25
0,5
2
»
10. 3o m.
10
I
2,5o
))
9.45
m.
i5,25
0,75
3
»
11. 0 m.
1 1
1,5
3,5o
»
10. i5
m.
17,50
I ,25
5,25
»
1 1 .3o m.
1 1 ,5o
2
4
»
10. 3o
m.
18
1 ,5o
5,75
»
12. 3o m.
12,25
3
4,75
1)
1 1 . 0
m.
.8,75
2
6,5o
»
2. os..
i3
4,5
5,5o
»
11.45
m.
19,25
2,65
7
»
4. os..
13,75
6,5
6,25
»
2. 0
s. .
21
5
8,75
))
9. os..
l4,25
9>5
6,75
4. 0
7. 0
s. .
s. .
22
23
7
10
9.75
10,75
21
juin, 10. 0
m.
24
25
11,75
» Si l'on remplace le jus potassique par du jus potassique bouilli on
n'observe aucun changement dans l'acidité du mélange.
» Conclusion : La peclase forme de l' acide pectique aux dépens de la pec-
tine. Le phénomène n'est pas influencé qualitativement par la présence ou
l'absence des sels de calcium. »
SÉANCE DU 6 OCTOBRE Ï902. SSp
PHYSIOLOGIE ANIMALE. - L'élaboration du nénogène et du venin dans la
glande parotide de la Vi}Dera Aspis. Note de M. L. Launoy, présentée par
M. Edmond Perrier.
« 1" Structure cl' une cellule à venin élaboré. — Dans une cellule venimeuse, sans
inclusions cyloplasmiques, le noyau jamais en contact avec la vitrée contient un nu-
cléole unique, généralement central, bien limité; ailleurs le nucléole offre l'aspect
d'une masse polygonale dont les limites s'estompent dans le caryoplasme ambiant; il
est, en tous les cas, réuni au réseau par de fins tractus chromatiques; souvent on trouve
le nucléole entouré d'une zone plus claire, à la périphérie et à l'intérieur même du
territoire nucléolaire, il est constant d'observer la présence de granulations à baso-
philie très accentuée; le caroyplasme clair, très finement granuleux, présente assez
fréquemment des vacuoles incolores emprisonnant un grain de chromatine. Le cyto-
plasme granuleux, uniformément coloré en violet sur des coupes fixées au Lindsay
et traitées au Magenta-Benda ou par la safranine-lichtgrûn, n'offre rien de particulier.
» 2° Cellule à granulations basophiles : cellules à vénogène. — Le noyau répond
sensiblement à la description précédente, mais le cytoplasme est ici clair, granuleux,
moins dense que dans les cellules à venin élaboré et caractérisé par la présence de
granulations spéciales, très réfringentes que l'on met en évidence par la safranine, le
Magenta, le bleu de Unna, la laque ferrique d'Heidenhain, le carmin ammoniacal (').
Sur des coupes colorées au Magenta-^ichtgrûn, ces granulations de volume et de
nombre variable dans chaque cellule sont essentiellement définies par leur forme
ronde, parfois cunéiforme, sans habitat spécial; elles peuvent, très petites, cribler le
cytoplasma d'un piqueté rouge vif ou, plus grosses, être réunies en plages; elles ne
sont ordinairement pas libres, mais enrobées dans une vacuole de substance achro-
matique ou faiblement basophile; il est probable que, dans les cellules à grosses
granulations, celles-ci proviennent de la fusion d'un plus grand nombre de petites,
comme semblent l'indiquer les aspects suivants : plusieurs inclusions peuvent
être tangentes par leurs vacuoles ou fusionner celles-ci, les granulations restant libres;
autour d'une grosse granulation centrale peuvent graviter 5, 6, 8 granulations plus
petites; sans doute ce sont là des moments dans le travail physique d'attraction molé-
culaire donnant lieu aux grosses granulations; moins fréquemment les vacuoles seules
fusionnent, les grains baSophiles étant rejetés dans le cytoplasma.
(') Meyer, dans Ueber clen Giftapparat der Schlangen (1869), ^ ^^ premier parlé
de ces granulations réfringentes dans la glande de la Viper a berus. Lindemann,
dans Ueber die Secretionserscheinungen der Gif tdrilse der Kreuzotter (Arch. f.
mikr. Anat., 1898), qui a étudié le même animal, semble avoir dédaigné ces forma-
tions, il ne les figure pas. M. le Professeur Henneguy, dans les Leçons sur la cellule
(1896), avait pourtant déjà donné une figure (p. 235) qui répond au stade des cellules
à vénogène.
54o ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Si l'on provoque des mouvements de défense chez les animaux en expérience et
fixant les glandes après i, 2, 3, ..., /* piqûres, on suit facilement la marche régressive
des inclusions safranophiles dans une glande en sécrétion normale active; alors on
les voit se transformer en produits qui perdent leurs affinités chromatiques, se confon-
dent ou se combinent avec le cytoplasma ambiant pour donner lieu au produit de
sécrétion, lequel, excrété dans la lumière du tube glandulaire, est une masse granuleuse
homogène à réactions cytoplasmiques. Aux granulations safranophiles je propose de
donner le nom de grains vénogènes. Quelle est leur origine? D'un très grand nombre
d'observations il m'apparaît que leur origine est nucléaire, le grain de vénogène
résultant de l'exode de la chromatine du noyau dans le cytoplasma; le caryoplasme, à
mon avis, participe à l'exode des grains de chromatine. Dans une cellule qui se
recharge de vénogène il faut noter en effet l'existence au pôle antérieur du noyau d'une
zone hyaline, réfringente, à très faible électivité pour les colorants nucléaires; cette
zone hyaline peut être concentrique à la sphère nucléaire. Cette formation n'est pas
un artefact; elle est visible avec le Lindsay, le HgCl-, le Bouin ; j'ai vu, de cette
zone antépérinucléaire, partir des prolongements dans l'intérieur du cytoplasme, des
gi^anulations basophiles reposaient sur ces travées- Il n'y pas lieu de penser que ce soit
une différenciation cytoplasmique ; si, au contraire, nous rapprochons les réactions
histo-chimiques et les aspects physiques de cette formation avec ceux donnés par
le caryoplasme, on conçoit que l'on puisse se trouver ici en présence de l'émission, à
travers la membrane, du caryoplasme ou d'un produit élaboré au sein du caryoplasme.
» En résumé, dans les cellules de la glande parotide de la Vipera Âspis,
l'élaboration du venin est soumise aux phases suivantes : 1° phase jiu-
cléaire : la chromatine, le caryoplasme, le nucléole y participent ; ce dernier
ne disparaît jamais totalement; elle donne lieu à l'émission, dans le cyto-
plasme, de granulations safranophiles entourées d'un halo de substance
hyaline qui parait être du caryoplasme; ces granulations constituent les
grains de vénogène; i'^ phase cytoplasmique : les grains de vénogène émigrés
dans le cytoplasme s'y accumulent; au moment de l'activité glandulaire,
les réactions cyto-chimiques transforment le vénogène en venin élaboré.
» N.B. — Il y a lieu de rapprocher ces phénomènes de ceux déjà
décrits dans les celhiles à zymogène des glandes gastriques de la Vipera
berus. »
PALÉONTOLOGIE. — Recherches paléonlologiques en Patagonie. Note de
M. André TouRNouiÏR, présentée par M. Albert Gaudry.
« Au moment de repartir en Patagonie pour achever de remplir la
mission paléontologique que le Ministère de l'Instruction publique et le
SÉANCE DU 6 OCTOBRE 1902. 54 I
Muséum d'Histoire naturelle m'ont confiée, j'ai l'honneur de donner à
l'Académie des indications sur les travaux déjà exécutés.
» Ayant acquis, pendant mon séjour de dix années dans la République
Argentine, quelques connaissances sur l'Amérique du Sud, j'ai pensé que
je pourrais rendre service à la Science française en explorant la Patagonie
où de si curieuses découvertes paléontologiques ont été faites dans ces
dernières années. Depuis les anciens travaux d'Alcide d'Orbigny, Darwin,
Richard Owen, Flower, Burmeister, de très nombreux ossements de
Mammifères de plusieurs âges géologiques ont été étudiés par MM. Flo-
rentino Ameghino, Moreno, Mercerat, Roth, Lydeliker, Smith Woodward.
La France, jusqu'à présent, ne possédait presque aucun reste de ces
animaux qui ont intéressé tout le monde savant et ont été l'objet de vives
discussions. M. Florentino Ameghino, directeur du Musée national de
Buenos-Ayres, a eu la bonté de me donner les plus précieux renseigne-
ments ; je lui en témoigne toute ma reconnaissance.
» Ma première exploration paléontologique en Patagonie a eu lieu de
novembre 1898 à mai 1899. J'ai longé les Cordillères depuis Mendoza (lati-
tude 32) jusqu'au Rio Senguerr (latitude 4^)- J'ai fait ensuite des recherches
sur les bords du Coli-Huapi (lac Rouge); c'est là que j'ai rencontré les
plus grandes difficultés, cette région étant absolument déserte et privée
de végétation, à 60'"™ de lieux habités; il a fallu tout emporter avec moi
pour ma nourriture et celle de mes gens. J'ai fait don au Muséum des échan-
tillons recueillis.
» U Aslrapotherium est le genre dominant au Coli-Huapi. Outre l'énorme
Astrapotherium magnum, j'ai rencontré un atlas, une portion distale de
fémur, une défense d'une espèce encore plus gigantesque que le Pyrothe-
rium trouvé plus tard au Rio Deseado.
» Ma seconde expédition a eu lieu de septembre 1899 à juin 1900. J'ai
visité Punta-Arenas, les bords du Rio Gallegos, fouillé au mont Leone,
près du Rio Santa-Cruz, dans les couches terrestres santacruziennes.
Comme M. Carlos Ameghino, j'ai vu ces couches très nettement reposer
sur les dépôts marins du Patagonien, Le Nesodon est le fossile le plus
caractéristique du Santacruzien; il devait vivre en troupeaux : j'en ai rap-
porté au Muséum assez de pièces pour qu'on puisse se rendre compte de la
forme des membres, aussi bien que de la tête de ce type si différent de
nos fossiles européens.
» Mon troisième voyage, fait sous les auspices du Ministère de l'Ins-
truction publique et du Muséum, a commencé en août 1901. J'ai complété
542 ACADÉMIE DES SCIENCES.
l'étude du Santacruzien par des recherches au Rio Coylet. J'ai pu ainsi
envoyer au Muséum un ensemble considérable de la faune de cet étage :
des Ongulés, tels c\i\ Astrapotherium, Nesodoji, Homalodontherium, Theoso-
don, Diadiaphorus, Hegctotherium, Protypotherium, etc.; des Edentés
comme Nematherium, Hapalops, Eutatus, Peltephilus, Propalœohoplophorus ;
des Rongeurs, comme Myopotamus, Eocardia, Acaremys, etc. ; des Car-
nassiers subdidelphes {Borhyœna) et didelphes {Prothylacynus); l'inté-
ressant Abderites, peut-être voisin des Ranguroos-rats et l'énigmatique
Epanort.hus, etc.
)) Après mes fouilles dans le Santacruzien, je me suis rendu dans la ré-
gion du Rio Deseado oii j'ai entrepris l'examen des couches à Pyrotherium
que M. Ameghino place plus bas que celles à AsLrapotherium du Coli-Huapi ;
j'ai retrouvé V Astrapotherium au Deseado comme au Coli-Huapi et au Rio
Coylet; mais je n'avais pas au Coli-Huapi trouvé le Pyrotherium du Deseado.
» J'ai interrompu mes travaux en 1902 pour rapporter moi-même des
pièces de Pyrotherium qui me paraissent avoir une grande importance.
» En résumé, les fossiles que j'ai recueillis, et que l'on peut voir dans le
laboratoire de Paléontologie du Muséum, appartiennent aux étages sui-
vants de M. Ameghino :
» Étage terrestre à Nesodon ( Santacruzien) ;
>) Étage marin (Patagonien);
)) Etage terrestre du Coli-Huapi à Astrapotherium et à Colpodon (Pata-
gonien terrestre);
» Étage terrestre du Rio Deseado à Pyrotherium.
» De nouvelles observations me semblent nécessaires pour admettre que
l'étage du Coli-Huapi est différent de celui du Rio Deseado, car j'ai rap-
porté des couches du Rio Deseado : des pièces bien conservées de V Astra-
potherium, de grandes mâchoires qui ressemblent à celles du Coli-Huapi,
se rapprochant, selon moi, soit de celles du Leontinia, soit de celles de
V Homalodontherium, de petites mâchoires qui ressemblent à celles du
Colpodon du Coli-Huapi, un morceau de métacarpe àQ Diadiaphorus , un cal-
. canéiun qui rappelle le Theosodon et des os d'Édentés, etc., toutes pièces
bien voisines de celles du Coli-Huapi.
» Les faunes tertiaires de Patagonie forment un tel contraste avec celles
de l'hémisphère boréal que l'on se demande s'il n'y aurait pas eu un con-
tinent austral où la marche de la vie aurait été, à certains moments,
différente de celle de l'hémisphère boréal. M. Ameghino croit que le Santa-
cruzien est de rÉocène; M. Albert Gaudry et moi nous pensons qu'il
SÉANCE DU 6 OCTOBRE 1902. 543
pourrait monter jusqu'à l'Oligocène; mais pour faire cette supposition,
nous sommes obligés d'admettre que l'évolution du grand ordre des Rumi-
nants aurait été plus tardive en Patagonie que dans nos contrées. »
PALÉONTOLOGIE. — Sur un Carnassier gigantesque trouvé clans l'argile
plastique de Vaugirard, près de Paris. Note de M. Marcellin Boule,
présentée par M. Albert Gaudry.
" Jusqu'à présent on ne connaissait dans l'Eocène inférieur que des
Carnassiers de petite taille. La découverte que j'ai l'honneur de communi-
quer à l'Académie nous apprend qu'à l'époque de l'argile plastique il y
avait, dans le bassin de Paris, de puissants Carnassiers.
» En 1897, les ouvriers de la carrière de Vaugirard, près d'Issy, ren-
contrèrent, vers la base de l'argile plastique, au niveau du conglomérat de
Meudon ou très peu au-dessus de ce niveau, quelques dents et de nombreux
fragments d'os. Ces débris furent recueillis par M. Eugène Elleau, rédacteur
au Ministère des Travaux publics, qui voulut bien me les remettre pour les
collections du Muséum. Deux dents intactes me frappèrent d'abord par
leur forme et leur dimension. Elles ne pouvaient avoir appartenu qu'à un
Mammifère carnassier énorme, différent de ce que nous connaissions en
Europe. Avec beaucoup de patience et de temps, j'ai rapproché les frag-
ments et obtenu des portions considérables d'une même mâchoire infé-
rieure; j'ai pu la restaurer dans son entier en complétant avec du plâtre
les parties absentes.
1) M. Munier-Chalmas, à qui j'ai montré cette reconstitution, a bien
voulu me remettre des os des membres recueillis par lui de 1894 a 1896
sur le même point de la carrière. M. Marcel Bertrand a, de son côté,
trouvé quelques fragments. Il n'est pas douteux que tous ces débris se
rapportent à une même espèce et probablement même ils proviennent
d'un même individu.
)) La mâchoire inférieure trouvée à Vaugirard mesure 47^^™ de longueur.
La mâchoire inférieure du Lion des cavernes, qui était plus grand que le
Lion actuel, ne dépasse guère 28'=™. Celle du grand Ours des cavernes,
beaucoup plus gros que les Ours actuels, atteint exceptionnellement 40*^"^.
M L'animal de Vaugirard présente les caractères de ce groupe de Mam-
mifères tertiaires que les paléontologistes américains désignent sous le nom
de Créodontes et que les paléontologistes français appellent volontiers
v^>
544 ACADÉMIE DES SCIENCES.
des Subdidelphes . Ce dernier terme est plus expressif, car il rappelle un
certain nombre de caractères rapprochant ces Carnassiers primitifs des
Marsupiaux actuels. On retrouve ces caractères sur notre mâchoire.
Comme dans les Marsupiaux carnivores actuels, par exemple dans le Thy-
lacyne, les molaires ne sont pas différenciées en carnassière et tubercu-
leuse, et l'angulaire présente une forte inversion.
» Nous n'avons pas de renseignements sur les incisives. La canine, à en
juger par l'alvéole, était grande, forte, de section ovale. Immédiatement
après, sans diastème, venait la première prémolaire à une seule racine.
Les six autres molaires avaient deux racines. Elles étaient très semblables
entre elles, toutes formées d'un lobe antérieur, d'un lobe médian plus
élevé et d'un lobe postérieur ou talon à une seule pointe. La première
arrière-molaire, c'est-à-dire la dent qui représente la carnassière des vrais
Carnivores, ne différait guère de la quatrième prémolaire qui la précédait
et des arrière-molaires qui la suivaient. Pourtant, la deuxième arrière-
molaire gauche, qui est bien conservée, offre à son lobe moyen, du côté
interne, un petit tubercule qui paraît représenter, dans un état de très
grande réduction, le denticule interne des carnassières de certains Carni-
vores actuels.
» Ces caractères ne se trouvent chez aucun autre fossile européen.
Mais, en Amérique, on connaît depuis longtemps des animaux tout à fait
semblables. Dans un grand Ouvrage sur les Vertébrés tertiaires, Cope a
figuré la mâchoire d'un Carnassier provenant de la formation de Wasatch,
c'est-à-dire à peu près de même niveau que notre argile plastique et qu'il a
nommé Pachyhyœna ossifraga. Quoique d'une taille considérable, cet
animal était plus petit que celui de Vaugirard. La mâchoire n'avait que
o™,35 de longueur.
» En 1892 MM. Osborn et Wortmann donnèrent le nom de Pachyhyœna
gigantea à quelques molaires isolées provenant également des Wasatch
et dénotant un animal beaucoup plus grand. Tout récemment M. Matthew
a fait connaître une partie de la mâchoire inférieure du Pachyhyœna
gigantea. Autant qu'on puisse en juger par des figures, ce fossile ressemble
bien à celui de Vaugirard.
» Les quelques os du squelette recueillis par M. Munier-Chalmas sont
très curieux. Ils nous apprennent d'abord que le Pachyhyœna de Vaugi-
rard, comme ses congénères d'Amérique, avait, proportionnellement, la
tête beaucoup plus grande que le corps. Ils accusent un animal de la
taille d'un Lion ou d'un Ours actuel. Nous avons un tibia, deux morceaux
SÉANCE DU 6 OCTOBRE 1902. 545
de cubitus, des fragments d'un calcanéum, d'un astragale, plusieurs
métacarpiens et phalanges.
» Ces os sont fort différents de ceux des divers groupes des Carnassiers
actuels. Les pattes du Pachyhyœna se rapprochaient plus des pattes des
Ongulés que de celles des Onguiculés ; les surfaces d'articulation des pha-
langes, moins arrondies que chez les Carnassiers actuels, ne se prêtaient pas
à des mouvements aussi étendus. Les phalanges unguéales, au lieu d'être
comprimées latéralement, sont élargies et fendues à leiu' extrémité. Ce
sont plutôt des sabots que des griffes.
» Les rapprochements que l'animal de Vaugirard nous permet de faire
sont intéressants. Si l'on se rappelle que le Coryphodon et le Palœonictîs,
décrits d'abord en Europe, ont été trouvés ensuite en Amérique sur le
même niveau géologique, on verra qu'une parenté de plus en plus étroite
s'affirme entre les formes de Mammifères de l'Europe et de l'Amérique du
Nord pendant l'Éocène inférieur. De j)areilles ressemblances sont connues
depuis longtemps pour ce qui concerne l'Oligocène. »
M. P. Le Goaziou demande l'ouverlure d'un pli cacheté, déposé le
29 septembre 1902 et inscrit sous le n*^ 6568.
Le contenu de ce r)li, relatif à l'expérience du pendule de Foucault, est
renvoyé à l'examen de MM. Appell et Violle.
M. Tsï. ToMMASiNA adresse une Noie « Sur les charges oscillantes des
surfaces radio-actives ».
(Commissaires : MM. IMascart, H. Becquerel.)
MM. Tu. SiMox et J.-Cii. Roux ach-essent une NoLe « Sur un nouvel
ergomètre ».
(Commissaires : MM. Marey, I^annelongue.)
M. Balland adresse une Note « Sur les principales plantes fourragères » .
A 4 heures, l'Académie se forme en Comité secret.
Ija séance est levée à 4 heures et demie.
M. B.
C. n., 1902, 2" Semestre. (T. CXXW, N" 14.) 7^
5^6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvhages reçus dans la séance du i5 septembre 1902.
Sur l'éruption de la MariiniquQ, par MM. A. Lacroix, Rollet de lIsle et Giraud.
(Extrait des Comptes rendus des séances de l' Académie des Sciences, t. CXXXV,
séances des i^"" et 8 septembre 1902.) Paris, Gauthier-Villars ; i fasc. 111-4".
Annales de mon Observatoire, par L. -Lucien Libert ; n°* 3, k, 6. Le Havre,
Paris, 1902; 3 fasc. in-8°.
Die Gewinnung des Aluminiums utid dessen Bedeutung fiir Handel und Indus-
trie, von Adolphe Minet, in deutsche iïberlragen von D" Émil Abel, mit 67 Figuren
und 16 Tabelien im Text. {Monographien Liber angewandte Elektrochemie,^iS.. IL)
Halle s. S., Wilhelm Ivnapp, 1902, i vol. in-8°.
Martinique und seine Vulkanismus, von D'' Emil Deckert ; mit Karte. (Extr. de
Z)'' A. Petermanns Georg. Mitteilungen, 1902, fasc. VL ) i fasc in-4°.
Die westindische V ulkankatastrophe und ihre Schauplàlze, von D' Emil Deckert.
(Extr. de Zeitschr. der Gesellschaft filr Erdkunde zu Berlin, 1902, n° 5.) i fasc. in-8°.
Die Erdbebenherde und Schilttergebiete von Nord- America in ihren Beziehungen
zu den morphologischen Verhàltnissen, von D"" Emil Deckert, liierzu Tafel 4-7.
(Extr. de Zeitschrift der Gesellschaft fur Erdkunde zu Berlin, 1902.) i fasc. in-8°.
(Hommage de l'Auteur.)
List of members of tlie « Brilish astronomical Association », September 1902.
Londres, 1902; i fasc. in-8°.
Anales de la Sociedad cientificà argentina, julio 1902. eiitrega I, tomo LIV.
Buenos-Ayres, 1902; i fasc. in-8°.
Ouvrages reçus dans la séance du 22 septembre 1902.
Les Bathynomes, par Alphonse Milne-Edwards et E.-L. Bouvier. (Memoirs of the
Muséum of comparative ZoÔlogv at Harvard collège; Vol. XVH, n° 2 : Beports on
the results of dredging, unter the supervision of Alexander Agassiz, in the gulf
of Mexico (1877-1878), in the Caribbean sea (1878-1879), and along the Atlantic
coast of the United States (1880), by the U. S. coast survey steamer Blake, XL.)
Cambridge (États-Unis), 1902; i fasc. in-4°.
L'esthétique dans les sciences de la nature, par Gii. Janet. Paris, 1900; i fasc.
in-8°.
I^es habitations à bon marché dans les villes de moyenne importance, par Charles
Janet. Limoges, 1900; i fasc. in-8°.
Essai sur la constitution morphologique de la tête de l'insecte, par Charles Janet.
Paris, 1899; X fasc. in-8°.
SÉANCE DU 6 OCTOBRE 1902. 647
Dix. opuscules sur les fourmis et les guêpes, par Charles Janet; 10 fasc. de divers
formats.
Ueber das Reciprocitâtsgesetze der L'^"- PoLentzreste algebraischen Zahlkôrpern,,
wenn / ein ungerade Primzahl bedeutet, von Pu. Furtwàngler. Berlin, 1902; i fasc.
in-4''.
Revision of Wolf's suti-spot relative iiumbers, by prof. A. Wolfer. (Exlr. de
Monthly weather Review, avril 1902.) i fasc. in-4°.
Eclipse meteorology and allied problems, Frank-II. Bigelow. (U. S. départ, of
agr.; weather bureau; Bul. 1.) Washington, 1902; i fasc. in-4°.
Zone observations with the nine-inch transit circle, 1894-1901, by Aaron-N.
Skinner assisted by Frank-B. Littell and Theo-J. Klng. {Publications of the United
States naval Observatory. second séries, Vol. II.) Washington, 1902; i vol. in-4°.
Spoglio délie osservazioni sisniiche dalV agosto 1901 al 3i luglio 1902, eseguito
dal Direttore, D.-R. Stiattesi, delT osservatorio di Quarto-Castello, Firenze, Ilalia.
I fasc. in-8°.
Die drei Kàltemaschinen-Systeme : Ammo.niak, schwejlige Sàure und Kohlen-
sdure, von Rich. Stetefeld. (Extr. de Zeitschrift flir die gesaminte Kdlte-Industrie,
1902.) Munich; i fasc. in-Zj".
Weitere Reitràge ziir Frage nach der Einwirkung des Hôhenklimas auf die
Zusammensetzung des Blutes, von Emil Abderhaldex. Munich, 1902; i fasc. in-S".
Year book of the Michigan collège of Mines, 1901-1902. Houghton, Mich., 1902;
I fasc. in-i2.
Ouvrages reçus dans la séance du 29 septembre 1902.
Notice sur la vie et les travaux d'Albert Faisan, par Ernest Chantre. Lyon,
A. Rey et C'^, 1902 ; i fasc. in-8°.
Essais sur l'organisation rationnelle de la comptabilité à parties doubles, par
P. Moutier; 2" étude. Paris, Guillaumin et C'^, 1901; i fasc. in-8°. (Hommage de
l'Auteur.)
A proposito del récente disastro délie Antille, proposta e voii, di A. Issel. (Extr.
de Atti délia Società linguistica discienze naturali e geografiche; vol. XIII, fasc. 2,
1902.) (Hommage de l'Auteur.)
// concetto délia direzione nelle montagne. Memoria del prof. Arturio Issel.
Florence, 1902; i fasc. in-8°.
Die Zersetzung stickstofffreier organischer Substanzen durch Bakterien, von
D"" O. Emmerling, mit 7 Lichtdrucktafeln. Brunswick, Friedrich Vieweg et fils, 1902;
I vol. in-i2.
Missouri botanical Garden. Thirteenth annual Report : 1° Reports for the
year 1901 ; 2° Scientific papers : The Yucceae, by William Trelease. Saint-Louis,
Mo., 1902; I vol. in-8°.
Explorations géologiques dans les régions aurifères de la Sibérie : Région
aurifère d'Iénissei, livraisons 1 et 2; Région aurifère de Lena, livraison 1; Région
aurifère de V Atnour, livraisons 1 et 2. Saint-Pétersbourg, 1900-igoi ; 5 fasc. in-8°.
54"^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
Annuario de Universidade de Coinibra ; anno lectivo de igoi-igo'î. Goïmbre,
1901 ; I vol. in-8°.
Reformas dos estudos da Universidade de Coimbra pelLo decrelo n° k de i[\ de
dezembro de igoi. Goïmbre, 1902; i fasc. in-8".
Vear Book of the Michigan Collège of Mines, 1901-1902. Houghton, Midi., 1902;
i vol. in-i2.
Proceedings of the California Academy of Sciences; ihircl séries : Zoology,
Vol. II, n-^" 7-11; vol. III, n"^ 1-3, h. Botany, vol. II, n°' 3-9. San Francisco,
1 901-1902; i5 fasc. in-8°.
Occasional Papers of the California Academy of Sciences; Vol. VIII : List of
the Coleoptera of Southern California, by H.-C. Fall. San-Francisco, 1901 ; i vol.
in-8".
Census of India, 1901 : Assam, by B.-C. Allen; Bombay, by S. -M. Edwardes.
Bombay, 190 1-1902; 5 vol. petit in-f°.
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉATsCE DU LUNDI 15 OCTOBRE 1002.
PRÉSIDENCE DE M. BOUQUET DE LA GRYE.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
HISTOIRE DES SCIENCES. — Sur les Registres de laboratoire de Lavoisier;
par M. Berthelot.
« Le Journal de laboratoire de Lavoisier a été donné par sa veuve,
M""^ de Rumford (morte en i836), à Arago, qui l'avait mis en i843 à la
disposition de la Commission chargée de publier les OEuvres de notre
illustre Confrère, à la suite d'une lettre de M. Villemain, ministre de
l'Instruction publique, qui avait consulté l'Académie sur l'intérêt qu'il y
aurait de faire cotte publication aux frais de l'Etat ('). Voici bientôt
soixante ans que le dépôt fait par Arago est conservé dans les Archives de
l'Académie.
)) Ce Journal consistait principalement en quatorze grands Registres,
dont treize seulement se sont retrouvés après la mort d'Arago, survenue
(*) On lit dans les Comptes rendus des Séances de V Académie, tome XVII, p. 421,
séance du 28 août i843 : « M. Arago annonce qu'il mettra à la disposition des per-
» sonnes que l'Académie désignera pour diriger cette publication, les papiers de
» Lavoisier, qui lui ont été donnés par la veuve de cet illustre chimiste. » La table du
Volume reproduit cette indication en la précisant par les mots : « les manuscrits de ce
» savant (Lavoisier) qui sont en sa possession ».
Dans le même Volume, on lit encore à la page 458 : « M. Arago dépose sur le bureau
» le Journal du Laboratoire de Lavoisier, afin que la Commission nommée par l'Aca-
» demie y puise ce qu'elle trouvera propre à figurer dans l'Edition projetée des
» OEuvres de ce célèbre chimiste. »
On verra d'ailleurs plus loin qu'Arago, se regardant comme possesseur régulier, a
cru pouvoir faire cadeau de l'un de ces Registres.
o
C. K., M.)02, 2'= Semestre. (T. GXXXV, N» 15.) 7"*
55o ACADÉMIE DES SCIENCES.
en i853. J'en ai publié en 1890 l'analyse, qui occupe 102 pages, dans mon
Ouvrage intitulé : La Révolution chimique : Lavoisier ( ' ).
» J'ai été chargé d'ailleurs, en 1891, par un arrêté du Ministre de l'In-
struction publique, de la publication de ces Registres. Ils n'avaient pas été
compris dans le plan des' éditeurs (Dumas, Debray, Grimaux)des OEuvres
de Lavoisier, qui ont exécuté leur travail de 1861 à 1898, en réunissant
dans six Volumes les Traités et Mémoires imprimés autrefois dans diffé-
rents Recueils et en y ajoutant un certain nombre de documents, tirés des
papiers manuscrits de Lavoisier, mis à leur disposition très libéralement
en 1846 par M. Léon de Chazelles, aussi soucieux que l'Académie de la
mémoire du grand homme, à la famille duquel il était allié (-).
» Aucun examen de ce Journal de Laboratoire ne paraît avoir été publié
avant l'époque où j'ai eu occasion de le consulter dans nos Archives, à
l'occasion de la Notice historique sur notre célèbre Confrère, que j'ai lue à
l'Académie, dans sa séance publique, en décembre 1889, pour accomplir
un devoir traditionnel, qui ne l'avait pas été jusque-là dans l'enceinte de
l'Institut. Les résultats consignés dans ces Registres sont exclusivement
d'ordre scientifique; ils ne renferment d'ailleurs rien d'essentiel, qui soit
demeuré inédit parmi les découvertes de Lavoisier : ceclair et méthodique
génie ayant pris soin de pousser à bout toutes ses recherches de quelque
importance et de les publier de son vivant, dans les Recueils de l'Académie
et dans ses propres Ouvrages. Un Journal de Laboratoire n'en offre pas
moins un intérêt notable pour les personnes curieuses de l'histoire de la
Science et qui désirent connaître l'origine et la progression des idées direc-
trices des génies inventeurs. Je me suis efforcé de les mettre en évidence
dans l'analyse que j'ai publiée du Journal de Lavoisier (^ ). Cependant, cette
analyse était demeurée incomplète. En effet, je n'ai eu en main que treize
de ces grands Registres ; le second, relatif aux expériences exécutées entre
le 28 août 1773 et le 23 mars 1774» n'ayant pas été retrouvé après la mort
d'Arago, survenue en i853. J'ai pu reconnaître seulement qu'il devait
renfermer le récit des expériences sur la combustion du diamant el sur la
calcination de l'étain dans des vases fermés.
» Or, au mois d'août dernier, M. Brocard, correspondant du Ministère
(^) Alcan, éditeur. La seconde édition a paru récemment.
(^) M'"'^ de Chazelles était la petite-fille de l'un des frères de M™« de Rumford,
veuve de Lavoisier; elle fut sa légataire universelle.
{'^) La Révolution chimique : Lavoisier, p. 210 et 2^9.
SÉANCE DU l3 OCTOBRE 1902. 55 r
de l'Instruction publique, a bien voulu m'annoncer qu'il avait trouvé
mention de ce Registre dans le Catalogue général des Monuments des
Bibliothèques publiques de France, t. XITI, édité en 1891. La note qu'il
m'a envoyée ces jours-ci sera imprimée plus loin (p. 674) dans le présent
numéro des Comptes rendus.
» Ce Registre appartient aujourd'hui à la Bibliothèque de Perpignan, à
laquelle Arago, qui le possédait, en avait fait don par écrit autographe et
signé, à une époque qu'il n'a pas été possible de préciser. Le Ministre
de l'Instruction publique a bien voulu le faire venir à Paris et je vais donner
brièvement les résultats de mon examen, afin de compléter mes analyses
antérieures.
» Ce Registre, de même que les autres (à l'exception du dernier), est
relié en veau plein, avec fleurons dorés au dos, rappelant la fleur du char-
don. Il porte au verso de la feuille de garde une inscription similaire aux
autres : « Tome second du 9 ^'^'"^ i773 nu 5 Mars 1774- » Sur la feuille
suivante on lit, de la main de Lavoisier : « Registre pour les expériences
» chimiques commencé le 9 7*'''^ ^773. » Au-dessous de ces deux titres
sont les Notices relatant le don fait par Arago, avec sa grosse et belle écri-
ture et sa signature. Observons seulement que l'indication suivante qui y
est inscrite : « De la feuille 8 à la feuille 29, les notes sont de la main de
» Macquer; il en est de même des feuilles 85, etc. » est erronée. En effet,
l'écriture de ces notes n'est pas celle de Macquer, comme je m'en suis
assuré en les coUationnant avec des lettres authentiques (') de Macquer,
qui existent à la Bibliothèque nationale (Macquer, Correspondance, t. 11,
f. 3; ms. nouv. acq. franc. 2761). I/écriture claire et nette de Macquer
n'a aucun rapport avec l'écriture grosse, lourde, un peu imparfaite, fort
lisible d'ailleurs, du Registre de Lavoisier. En fait, celte écriture est celle
de M"^^ Lavoisier, comme on peut le vérifier sur les autres Registres et
notamment sur l'Index alphabétique placé en tête du Registre n° I. Elle
avait coutume de transcrire les résultats des expériences sur ces Registres,
concurremment avec Lavoisier lui-même, auquel elle servait de secré-
(') J'avais espéré trouver quelque autre certitude à cet égard dans les Raj3ports
manuscrits, signés de Macquer, qui existent aux Archives de l'Académie des Sciences.
Mais il ne m'a pas été possible d'en tirer quelque lumière à cet égard, parce qu'ils
ont été écrits, en réalité, par cinq ou six personnes ou secrétaires distincts, dont les
écritures diffèrent entre elles et ne diffèrent pas moins de celle des lettres authen-
tiques de Macquer. Il faut beaucoup de prudence en pareille matière.
552 ACADÉMIE DES SCIENCES.
laire. M™^ Lavoisier a pris soin de se montrer en action dans une sépia,
que j'ai reproduite en lête de ma Révolution chimique. Pour compléter la
certitude à cet égard, j'ai cru utile de prendre comme terme de comparai-
son une lettre authentique de M""^ Lavoisier, adressée au Comité de sûreté
générale en novembre 1793 et qui existe aux Archives nationales, F^ 4757-
» Ce qui a causé l'erreur d'Arago, c'est l'indication suivante du Re-
gistre (f. 9) : « Rédigé par M. Macqiier ». Il est probable que la page dont
il s'agit a été copiée sur les indications d'un Rapport de Macquer, qui
collaborait aux expériences qui y sont relatées. Mais cette copie n'est pas
de son écriture et elle en diffère même beaucoup.
M A la fin du Registre actuel se trouve une table alphabétique des ma-
tières, d'une troisième écriture, fort différente du reste, et qui est l'œuvre
soignée d'un secrétaire calligraphe.
» Venons aux sujets traités dans le Journal de Lavoisier.
» Les feuilles 1, 2, 3 sont blanches.
» Feuille 4. « Du 27 septembre 1770. Effet de l'eau imprégnée d'air
» fixe (^) sur les dissolutions métalliques. »
» Ces expériences, pour la jjlupart négatives, ont été résumées dans les
Opuscules (OEUVRES, t. I, p. 636); les mots « air fixe » y sont remplacés
par « fluide électrique )>.
» 5. tt Dissolutions métalliques combinées avec une dissolution de terre
» calcaire dans l'air fixe. » Même Volume, p. 637, 638.
)) 6. « Déterminer la pesanteur spécifique de l'acide nitreux fumant. »
On appelait wlovs acide nilreux notre acide nitrique. D'après les poids indi-
qués, cette pesanteur était 1 ,26 pour l'échantillon examiné.
w 6, 7. « Acide nilreux sous une cloche, 4 septembre 1773 » (avec
addition d'esprit-de-vin). La cloche était placée sur l'eau. L'action a été
lente. Au bout de 8 jours, on a obtenu un air qui activait la flamme et tuait
sur-le-champ les animaux (-).
» 9 à 15, 57. « Vérification des expériences de M. Lavoisier sur la fixa-
» tion de l'air dans les corps et sur le fluide élastique qui s'en dégage dans
» plusieurs circonstances, en présence de MM. Trudaine, Le Roi, deMonti-
» gny, Macquer et Cadet, le samedi 24 septembre 1773. — Rédigé par
» M. iMacqner. » — C'est la reproduction des expériences décrites daus les
(') Noire acide carbonique.
(■-) Notre protoxyde d'azote, mêlé probablement de bioxydo.
SÉANCE DU l3 OCTOBRE 1902. 553
Opuscules (OEuvREs, t. I, p. SSg et suivantes), expériences entreprises
pour vérifier les observations et les théories de Black ( ' ), prélude de celles
de Lavoisier sur les mélaux.
« 17, 18. Suite : OEuvres, t. I, p. SSg.
» 15, 16, 24. « Combustion du phosphore dans un vaisseau clos »
(sur le mercure). Reproduction de l'expérience des Opuscules (OEuvres,
t. I, p. 641). L'augmentation de poids est estimée par un procédé peu
précis : OEuvres, t. I, p. 65o.
» 19. « Précipitation de l'eau de chaux par la vapeur du charbon »
(après combustion). Vérification d'une expérience de Gavendish :
OEuvres, t. I, p. 4t^i •
» 20, 21, 22, 32, 47, 48. « Dégagement du fluide élastique du
» minium (-) par suite de sa réduction en plomb et effets de ce fluide. »
(OEuvres, t. T, p. 600, 6o4, 6f3.)
)) 23. « Du mercredi 29 septembre [773. Distillation du charbon dans
» les vaisseaux clos. » (OEuvres, t. I, p. 609.) Le produit trouble l'eau de
chaux (^). « Expérience à revoir )), écrit Lavoisier.
» 25. « Expériences faites au Jardin de rinlante (') le i5 octobre 1773
» avec la lentille de l'Académie. »
« Calcination du marbre au verre ardent. »
» 26. « 16 octobre 1873. Évaporation du diamant sous une cloche
» renversée sur l'eau distillée. Réduction du diamant en ch;n'bon. » Ce
titre a été ajouté de l'écriture de Lavoisier. — La rédaction est écrite par
J\l™^ Lavoisier.
» J^es expériences qui suivent, poursuivies en partie avec le concours
de Macquer et de Cadet, sont celles qui figurent dans le Mémoire intitulé :
Destruction du diamant par le feu. (OEuvres, 1. 1, p. 38 à 88, principalement
depuis la page 64.)
» 30. « Calcination de la craye au verre ardent. »
)) 31, 45, 46, 47. « Calcination du charbon par le feu des four-
» neaux. »
(^) La Révolution chimique, p. 07.
(-) Mêlé de charbon.
(^) Ce qui s'explique par la présence d'une certaine quantité d'air ordinaire dans le
vase.
(*) Devant le Louvre.
554 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» 33. Suite. — 35, 36, 37. « Évaporation du diamant dans l'air
» fixe. « (OEuvREs, t. Il, p. 8o.)
)) 34. « Du 28 octobre 1773. Combustion de l'esprit de vin par l'acide
» phosphorique. •»
)) 38. « Charbon. Son évaporation dans l'air fixe au verre ardent. »
(OEuVRES, II, 82.)
» 40. « Malachite au verre ardent. « « Lapis lazuli au verre ardent. »
» 41, 42. « Charbon exposé au verre ardent sous une cloche ren-
» versée dans du mercure. » (OEuvres, t. II, p. 84.)
>) 43, 44, 45. « Calcination du plomb sous une cucurbite renversée
» dans du mercure » (avec le verre ardent). (OEuvres, t. I, p. 6r4, 617.)
« Les feuilles suivantes, de 48 à 56, puis 83, 83, 84, 90, 92, 93,
renferment des expériences sur l'acide phosphorique, ses combinaisons,
ainsi que le sel d'Epsum (sulfate de magnésie et les sels magnésiens);
expériences sans grande importance. Celles qui concernent l'acide phos-
phorique sont reproduites : OEuvres, t. II, p. i4i, i52; voir aussi p. 271.
)) 57. « Dégagement de Talkali volatil du sel ammoniac par la chaux
» faite par la voie humide. «
« M. de Trudaine m'ayant fait naître quelqu'inquiétude sur le dégage-
» ment de l'alkali volatil du sel ammoniac par les terres calcaires précipi-
» tées sous forme caustique et non caustique, j'ay répété de nouveau toutes
» les expériences. «
» 59, 60, 64, 65, 69. Expériences sur le « spath phosphorique )>
(fluorure de calcium) et sur son acide (appelé spathigue) — peu signifi-
catives.
» 62, 63, 68, 75. « Base du sel d'Epsum, etc. » (Ce n'est pas notre
magnésie caustique qui est désignée par ces mots, mais son carbonate.)
)) 65. « Effets de la vapeur d'eau bouillante sur les corps en flammes. »
Elle n'entretient pas la flamme, dont l'air « est un aliment nécessaire ».
C'est une vérification d'une vérité connue.
» 66. C'est la seule feuille qui renferme quelques réflexions générales :
« Projets d'expériences
» sur la pesanteur de la matière du feu. »
« M. de Bufon paraît avoir prouvé par des expériences qu'il regarde
» comme décisives que la matière du feu pèse et qu'un corps parvenu à
» l'état d'incandescence en contient entre ^ et ^ de sa masse. Cette
SÉANCE DU l3 OCTOBRE 1902. 555
» quantité est assez considérable pour pouvoir être appréciée et il est aisé
» de répéter l'expérience de M. de Bufon avec des corps très fixes qui ne
» laissent aucun doute.
» Mais si la matière du feu pèse, voilà un moyen de connaître ce qui se
» fixe de matière du feu dans un mélange, ou ce qui s'en dégage; le poids
» du corps doit être plus ou moins pesant, suivant que la quantité fixée ou
» dégagée est plus ou moins grande.
» Une première expérience à faire est la combustion du phosphore dans
» une bouteille vide. On en peut brûler quatre ou cinq grains. Mais il faut
» que la bouteille soit assez forte pour résister dans le premier moment à
» la dilatation intérieure de l'air de la bouteille. »
» Cette question de la pesanteur de la matière du feu a été l'objet d'une
multitude d'expériences au xviii* siècle : la théorie du phlogistiquey con-
duisait naturellement. Boerhave avait constaté qu'une barre de fer rougie
ne change pas de poids. Ces expériences, en Chimie surtout, étant donné
l'état des connaissances de l'époque, comportaient un grand nombre de
causes d'erreurs. C'est Lavoisier qui l'a résolue d'une façon définitive (*).
•» Cependant, il n'existe pas, à ma connaissance, dans les OEuvres
imprimées de Lavoisier, aucun endroit où il ait parlé de cette opinion
propre de Buffon, qui semblait se présenter dans sa discussion relative à la
théorie du phiogistique : ce qui s'explique d'ailleurs par une question de
courtoisie, Buffon ayant vécu jusqu'en 1 788.
» 70 à 74. « Des 25 et 26 décembre 1773. Air dégagé dans la combi-
» naison de l'acide nitreux (-) et de l'esprit de vin. » — L'auteur effectue
l'attaque de l'alcool par un acide nitrique pesant 1,26.— Il décrit assez con-
fusément la formation de l'acide carbonique, accompagné par une certaine
quantité d'un gaz inflammable (notre éther nitreux?) et celle de divers
autres produits. Le problème était trop compliqué pour être abordé à cette
époque.
>> 76-77-78, 81, 88, 89, 91. - En blanc.
» 79, 80. « Décomposition du bleu de Prusse par l'eau de chaux. »
— Peu net.
» 85 à 87. « Du 27 janvier 1774. Acide du citron. Sa préparation. »
Expériences imparfaites.
(') Voir La Révolution chimique : Lavoisier, p. i3, 84, 89, 99 et passim.
{^) Notre acide nitrique.
556 ACADÉMIE DES SCIENCES.
)) 94. « Dégagement de la vapeur du foye de soufre. Elle, est inflam-
mable. » Sulfure de calcium et acide sulfurique étendu.
» 95 à 115. « La calcination du plomb et de l'étain dans des vaisseaux
» scellés hermétiquement; du 5 février au 5 mars 1774- «
» Ces expériences offrent une importance de premier ordre. Aussi
Lavoisier les a-t-il transcrites à peu près intégralement dans son Mémoire
lu à la rentrée publique de l'Académie, à la Suint-Martin 1774 et publié
en 1777 dans les Mémoires de V Académie. Ce Mémoire figure dans les
OEUVRES, t. TI, p. io5-i2i (').
» 116àll7. « Acide nitreux destiné à faire un grand nombre d'expé-
» riences; i5 mars 1774- »
» Il était préparé par l'action de l'argile sur le salpêtre, afin d'éviter la
présence de l'acide vitriolique; il ne précipitait pas la dissolution d'argent,
et sa pesanteur spécifique, mesurée à l'aréomètre, à ii°R., était i,3i6.
» 118 à 123. « Table alphabétique. »
» Tel est le résumé du second Registre de Laboratoire de Lavoisier.
Il renferme moins de réflexions originales que le premier et le troisième.
Il offre cette importance de compléter le Journal de ses travaux, pendant
une période où le détail en faisait défaut. On y voit que cet esj^rit curieux
et pénétrant, encore au début de ses recherches (il avait 3o ans), a poussé
ses essais dans des directions multiples, ouvertes de son temps; il cher-
chait sa voie, non seulement dans l'étude des phénomènes d'oxydation, mais
aussi dans l'examen des problèmes de saturation soulevés par la multiplicité
des sels que l'acide phosphorique forme avec la chaux; par l'étude des sels
magnésiens dont la nature propre, par rapport aux autres terres, n'était
pas encore complètement définie; parcelle du bleu de Prusse, de l'acide
spathique, de l'acide citrique, composés étudiés à la même époque d'une
façon plus profonde par Scheele. Mais bientôt, au lieu de disperser ses
efforts dans des directions aussi variées que difficiles, il eut la sagesse de
les concentrer sur la question fondamentale de l'oxydation et de la conser-
(1) 11 ne contient pas les essais relatifs au plomb qui figurent au Registre. Ces
derniers essais laissent à désirer, comme Lavoisier le déclare; probablemeiit à cause
de l'altération du verre, par l'efTet de la haute température nécessaire pour fondre et
calciner le plomb, jointe à l'attaque du verre par l'oxyde de plomb, lequel ne pouvait
plus être recueilli ensuite séparément.
SÉANCE DU l3 OCTOBRE I902. 667
vation du poids de la matière, où il a trouvé le nœud du problème pon-
déral, jusque-là insoluble, et la base inébranlable de la Chimie moderne. »
ASTRONOMIE. — Sur quelques particularités de la théorie des étoiles fdantes.
Existence de points radiants stationnaires par 45° de latitude. Note de
M. O. Callandreau.
« I^a question des points radiants, dits stationnaires, sollicite toujours
l'attention des astronomes. S'il est nécessaire que les observations mettent
les faits en lumière, le besoin d'essais théoriques, pour préciser les points
en discussion, se fait aussi sentir. La difficulté tient surtout à l'igno-
rance oii l'on est sur la vitesse avec laquelle les météores entrent dans
l'atmosphère. Après les mémorables découvertes de Schiaparelli, les
astronomes furent naturellement conduits à admettre que la vitesse
des météores ne différait guère de la vitesse parabolique, en d'autres
termes, qu'il y avait un lien intime entre les météores et les comètes.
Mais la suite a montré que la dépendance entre les deux espèces de corps
n'était peut-être pas aussi évidente et aussi générale qu'on l'avait d'abord
constaté.
» En fait, il y a des exemples de corps se mouvant avec une vitesse plus
petite ou plus grande que la vitesse parabolique; il convient de distinguer
chaque hypothèse et de reprendre en particulier celle des vitesses faibles,
qui concorde avec les nombres obtenus récemment par le D^ Elkin au
moyen d'appareils photographiques enregistreurs offrant sans doute plus
de garanties que les simples évaluations de vitesse.
» Ayant formé, en partant du Catalogue de M. Rleiber, comprenant les
918 points radiants déterminés par M. Denning, le Tableau des centres de
radiation pour chaque degré de longitude entre 4o° et So** de latitude, j'ai
constaté une tendance manifeste à la condensation par groupes des points
radiants; il paraît impossible d'attribuer cette répartition entièrement au
hasard et de nier le fait expérimental d'une radiation persistante entre
les latitudes indiquées. On peut prendre, comme latitude moyenne des
radiants considérés, 45°, parce que leur nombre est maximum pour cette
latitude.
» Or il est facile de montrer qu'un faisceau d'orbites ayant une durée de
révolution peu différente de celle de la Terre donne lieu à une radiation
C. R., 1902, 2» Semestre. (T. CXXXV, N° 15.) 7^
558 ACADÉMIE DES SCIENCES.
slationnaire en longitude si les directions des périhélies de ces orbites pré-
sentent une condensation (').
)) Prenons, en effet, les intégrales du mouvement elliptique appelées
intégrales de Laplace {Mécanique céleste, t. I, p. 35o) qui s'écrivent
r k- a' cly _ dz
r k^y dx dz
-^ r > dt dt '
en posant
dz dv ^ dx dz dv dx , ,-
■' dt dt ' dt dt ' dt • dt ^'
» Pour le point de rencontre des météores avec la Terre, ^ = o,
dz „ dz
les équations ci-dessus deviennent
y A^ X ( r dz- \ dv
k-y f r dz^\ dx
^=-/ -^^y-¥dF)-^ydï'
» si on les rapproche des équations de la théorie des étoiles filantes qui
servent à déterminer la longitude L et la latitude B du point radiant d'un
essaim :
T> r dx j y
— £[■ cos B cos L = -; — \- /î- 1
^ dt r
— ff cos B si n L = -7- — k — ->
^ dt r
• T> dz
— ^^ SHlB = -r-,
^ dt
on trouve aisément que, dans l'hypothèse d'une vitesse égale à la vitesse
de translation de la Terre et d'une latitude B = 45**» et en général si
, r dz"
(') 11 convient de rappeler que Tisserand {Comptes rendus, t. CIX, p. 344) a
énoncé le résultat que, dans l'hypothèse de la radiation slationnaire, les plans des
orbites développent un cône du second degré.
SÉANCE DU l3 OCTOBRE IQOa. SSg
les équaliolis qui déterminent la longitude du point radiant ne diffèrent
pas des intégrales de Laplace, et tangL = ^ ne dépend que de la longitude
de la projection du périhélie de l'orbite sur le plan fixe.
» Le fait d'une condensation des périhélies dans une famille d'orbites
n'a rien d'inadmissible. Le point essentiel serait, il me semble, de faire
des comparaisons de vitesses, afin de voir si celles correspondant aux
radiants stationnaires sont moindres que la vitesse parabolique. »
OPTIQUE. — Démonstration générale de la construction des rayons lumineux
par les surfaces d'onde courbes. Note de M. J. Boussixesq.
« I. Huygens et Fresnel ont admis qu'un rayon lumineux, constitué
par des ondes planes limitées latéralement et se propageant dans un milieu
homogène, pouvait se construire en menant, autour d'un quelconque de
ses points, la surface enveloppe d'ondes planes de toute direction passées
simultanément par ce point, et enjoignant celui-ci au point de contact de
cette surface avec l'onde plane qui lui est tangente parmi les proposées.
Ce théorème a été, depuis longtemps, démontré dans le cas ordinaire où
les équations du mouvement expriment l'égalité des trois dérivées secondes,
en /, des déplacements vibratoires ^, rj, Z, suivant les x, y, z, à trois fonc-
tions linéaires homogènes des dérivées secondes de ^, v), ^ par rapport aux
cooràonnèe,sà'équilibre ow moyennesx, y, 2('). Mais, à l'exemple de Fresnel
dans ses vues sur la double réfraction circulaire, confirmées par ses propres
expériences, les physiciens appliquent le même théorème à des cas où les
équations du mouvement sont d'ordre supérieur au second. Il y a donc
lieu de le démontrer généralement.
» C'est ce que je me propose de faire ici pour des équations de mouve-
ment linéaires et à coefficients constants, contenant ^, t), X, avec leurs
dérivées d'ordres quelconques en x, y, z, t, du moins dans le cas d'ondes
planes courantes à vibrations périodiques pendulaires, où l'on sait, depuis
Cauchy, que les déplacements sont les parties réelles de solutions symbo-
liques de la forme
(i) (E, r,, '0 = (L, M, N)e^''-^'v/^, avec t,=^ Ix ■+- my -^ nz.
(^) Dans l'hypothèse, toutefois, que leurs coefficients vérifient les relations assu-
rant la conservation des forces vives.
56o ACADÉMIE DES SCIENCES.
» II. Dans ces formules, d'une part, le temps t^ employé par les ondes
à atteindre le point (^x,y,z)^ après leur passage à l'origine, est une fonc-
tion réelle et linéaire de ^, J, z, à coefficients /, m, n ayant entre eux des
rapports arbitraires donnés, d'autre part, les coefficients d'amplitude
L, M, N, généralement imaginaires, sont trois constantes, dans un système
d'ondes indéfinies, mais trois fonctions de x, y, z, à variations très lentes,
quand les ondes se trouvent latéralement limitées. Les dérivées deL, M, N,
que nous écrirons -^, f ? seront donc petites et, ne variant de tractions
notables de leurs valeurs que sur de longs parcours, auront leurs propres
dérivées négligeables. Dès lors, chaque différentiation en x, y, z, effectuée
sur les expressions (i) de ^, vi, X^ ou sur leurs dérivées, revient à introduire
devant l'expression différentiée (abstraction faite de l'exponentielle) le
facteur symbolique correspondant — k(l,m, n)\j— i -f- -^. -;^ ou
» Les symboles ^—r y. jr ajoutés, dans ces formules, à /, m, /i,
A" o \x , y^ z)
et que suivra finalement L, M ou N, pourront, dans les combinaisons
d'opérations, être assimilés à des accroissements très petits de /, m, n, et
désignés par dl, d/n, dn, en ce sens que leurs carrés et produits symboliques
se trouveront négligeables, chacun d'eux indiquant une dérivation très
rapetissante à effectuer sur la quantité qui suit.
» III. Cela posé, sic, y, '^, ç,, -/^j, ^^, «p^, /a» 4*2 sont, dans le cas d'ondes
planes indéfinies, les polynômes en /, m, n résultant de la substitution des
expressions (i) dans les divers termes, respectivement en l, y), "C, des équa-
tions proposées du mouvement, les équations obtenues en /, m, n et L,
M, N s'écriront, après suppression de l'exponentielle,
( oL -h yM -1- t|;N = o,
(3) I <p,Lh-x,M + <];,N = o,
( cp.L + XaM + ^^oN = o;
et elles entraîneront, outre la proportionnalité de L, M, N à trois poly-
nômes \, [X, V en /, m, n, l'équation entre /, m et n qu'exprime l'annulation
du déterminant de ce système homogène.
» Si, au contraire, les ondes étant latéralement limitées, L, M, N varient
SÉANCE DU t3 octobre 1902. 56 1
lentement d'un point à l'autre, /, m, n seront accompagnés, dans cp, y,
<)/, ç,, . . ., de leurs petits accroissements symboliques dl, àm, dn définis
ci-dessus, à traiter comme des différentielles. Appelons (?^, d/, <)•}, ()rp,, ...
les accroissements symboliques analogues -r. dl -\- ~ dm -\- — dn, ... ; et
le système (3) fera place au système plus complexe, en partie symbolique,
(4)
®, L -h . . . = o, ©aL + . . . = o.
» Or, cherchons l'enveloppe des ondes planes de toute direction,
^0 = const. ou Ix -H my -\- nz =^ const., passées simultanément à l'origine.
Son point (^, y, z) de contact avec Tonde plane enveloppée, produisant
des déplacements exprimés symboliquement par les formules (i), vérifiera,
comme on sait, quel que soit le rapport de dlk dm, l'équation
xdl-\- y dm -\- zdn = o-,
et il y a lieu, pour déterminer la direction (^, y, z), de chercher l'équa-
tion aux différentielles totales en dl, dm, dn résultant du système (3). Dif-
férentions donc complètement celui-ci. Nous aurons, en appelant mainte-
nant dl, dm, dn, d<f, . . . des différentielles effectives et non symboliques, les
équations, pareilles à (4),
(5)
d\^ + -f^d^ -\- ^ d^ -\' d<s^ .1^ + d/ . M + r/i|/ . N = o,
<p, <^L +. . .= o, cpo^L -h. . .= o.
» IV. Appelons V, \j.' , v' les trois multiplicateurs, expressions entières,
comme X, (x, v, en /, m, n, qui vérifient le système homogène
(6) (pV + 9,[^/4-92^' = o, X^' + X«!^''-l-X2^' = 0' ^X' + 4/,fj/4-^|;,v' = o,
parfaitement compatible, à raison de ce que son déterminant est celui du
système (3) et a été annulé. Alors les équations (4) et (5), multipliées
respectivement par \' , (y/, v' et ajoutées, donneront
(Vt)^ ^^! d(!^^-\-v' do^)\.-\-{\' ôy-\-. . .)M -\- (r d'\> -h . . .)N = o,
(V^/(p + [j.V/<p, -t- v' dr^^)L -f- (l'd-i + . . .)M -h (Vr4 + . . .)N = o,
ou, en développant da^, ôy, . . ., d'9, dy, ... et faisant, dans la première
(7)
562 ACADÉMIE DES SCIENCES,
équation, abstraction du facteur commun . ■>
» Mais, d'après les équations (3), les rapports mutuels de L, M, N sont,
à une première approximation, égaux à ceux de "k, p., v; et, dans les petites
dérivées premières de L, M, N, on peut, sauf erreurs négligeables de l'ordre
des dérivées secondes, supposer proportionnelles à L, M, N eux-mêmes
leurs variations simultanées; de telle sorte que, si I désigne un coefficient
quelconque d'amplitude, par exemple, le rapport commun de L, M, N àX,
u,, V, les dérivées -y—- — '-— vaudront les produits respectifs de L, M, N par
I di
I dia;,y, z)
» Si donc on appelle P, Q, R les trois quantités entre crochets, dans la
seconde équation (7), après substitution de À, [;., v à L, M, N, ces deux rela-
tions deviendront
( ^ ) 1 ^ -^ T ^ -^ T .^:- = ^ ' p .// + Q ./m 4- R r/^ = o .
)) La première montre que l'amplitude I se conserve, dans chaque onde
plane, suivant la direction (P, Q, R) ; et la seconde, rapprochée de l'équa-
tion œ cil -h y dm -i- z dn = o, fait voir que les coordonnées x,y, z du point
de contact de cette onde avec son enveloppe sont proportionnelles à P, Q, R,
ou que le rayon vecteur tiré de l'origine ati point de contact a bien
cette direction suivant laquelle le mouvement se transmet, en d'autres termes,
qu'il trace le rayon lumineux.
M V. Il suffit, on le voit, que l'équation en /, m, n soit débarrassée du
symbole V— 1, et qu'elle admette des racines réelles quand /, m, /i reçoivent
les rapports mutuels soit donnés, soit voisins de ceux-là, pour que des
ondes planes persistantes, ou d'une amplitude I se conservant à toute
à\sldinc% dans le sens des rayons, soient possibles. Elles seront, de plus, déli-
mitables latéralement d'une manière arbitraire; car, dès quel sera inva-
riable le long des rayons, ou que la première équation (8) se trouvera
vérifiée, les relations (4) se réduiront à deux distinctes; et l'on y satisfera,
quelles que soient les petites dérivées -^ — ^-y' P^^" d imperceptibles
SÉANCE DU l3 OCTOBRE 1902. 563
altérations des rapports mutuels de L,M,N, c'est-à-dire par d'insignifiants
changements des trajectoires de l'élher ou des ditTérences de phase qu'y
oflre le mouvement projeté sur les divers axes. «
CHIMIE MINÉRALE. — Étude du pentafluor lire cV iode.
Note de M. Henri Moissan.
« L'étude de l'action du fluor sur l'iode présentait un certain intérêt
pour établir la valence de l'iode. Gore avait indiqué que l'on pouvait
obtenir un pentafluorure d'iode en chauffant un mélange de fluorure d'ar-
gent et d'iode dans un tube de platine ('). Cette réaction a été étudiée
ensuite par Macivor (^). Mais les constantes physiques du composé ainsi
obtenu sont loin de répondre, comme nous le verrons plus loin, à celle du
pentafluorure d'iode.
» Préparation. — Pour obtenir ce nouveau composé, nous nous sommes
servi d'un tube horizontal en verre, au milieu duquel se trouvait une
nacelle de platine contenant de l'iode pur et sec. Un petit tube de platine
amenait le courant de fluor exempt d'acide fluorhydrique au milieu même
de la nacelle. Le tube de verre était légèrement incliné et son extrémité
étirée, puis courbée à angle droit, se rendait dans un tube en U main-
tenu à o''. A la suite de ce tube en U se trouvait une série de tubes à
ponce sulfurique pour éviter toute rentrée de l'humidité atmosphérique.
y) Aussitôt que le fluor arrivait au contact de l'iode, il se produisait une
flamme peu éclairante, et, pour éviter une trop grande élévation de tem-
pérature qui aurait volatilisé de l'iode, on avait soin d'entourer la partie
du tube de verre dans laquelle se produisait la réaction d'un petit serpen-
tin de plomb traversé par un courant d'eau froide. Tout cet appareil devait
avoir été séché avec le plus grand soin, de façon que le fluor n'agisse
pas sur le verre. Dès que la réaction se produit, on voit des stries liquides
se condenser en abondance sur les parties froides du tube.
» On recueille dans le tube en U un liquide incolore, dense, qui, aux
environs de son point de solidification, présente une consistance légère-
ment sirupeuse et qui ne tarde pas à se solidifier au contact de la paroi de
verre refroidie.
» Le courant de fluor doit être continu, sans cependant avoir une vitesse
(») Gore, Chem. News, t. XXIV, 187 1, p. 291.
(2) Mac IvoR, Chem. News, t. XXXII, 1876, p. 229.
564 ACADÉMIE DES SCIENCES.
trop grande. Lorsque la réaction est bien conduite, tout l'iode disparaît, et
le fluorure d'iode est complètement incolore.
» Propriétés. — Le composé que l'on obtient ainsi en présence d'un
excès de fluor est un pentaflnorure d'iode IF^. C'est un liquide incolore, se
solidifiant à la température de H-8° ('). Le fluorure obtenu par Mac Ivor
ne se congelait pas à — 20^.
» Ce fluorure, à l'état solide, possède l'apparence du camphre. Son
point d'ébullition est de 4- 97°. Il distille sans altération. Sa vapeur se
décompose entre 4oo° et 5oo° en fournissant de la vapeur d'iode.
» Il émet à l'air, et surtout à l'air humide, des fumées abondantes.
Il exerce une action très irritante sur les organes de la respiration.
» Le pentafluorure d'iode peut être distillé dans un courant d'hydro-
gène sans produire aucune réaction.
» Le chlore n'exerce pas d'action à froid sur ce fluorure; mais si l'on
élève la température, le liquide ne tarde pas à prendre une teinte jaune.
De même, le brome ne réagit pas à froid, il se dissout seulement dans le
fluorure; mais si l'on chauffe le mélange, la couleur du brome disparaît,
et il se produit du fluorure de brome et du bromure d'iode. Il n'y a, dans
cette réaction, aucun dégagement de vapeurs de brome. Enfin, l'iode et le
fluor sont très solubles dans ce pentafluorure.
» A la température de 100°, l'oxygène ne réagit pas sur le fluorure d'iode.
Si nous plaçons un fragment de soufre au contact de ce fluorure liquide,
l'attaque se produit en chauffant légèrement avec formation d'hexafluo-
rure de soufre gazeux, d'iodure de soufre et mise en liberté d'une petite
quantité d'iode.
» Le phosphore réagit avec énergie au contact du fluorure d'iode. En
projetant une petite quantité de phosphore rouge dans ce liquide, l'attaque
est très vive, la masse devient incandescente et de l'iode est mis en liberté
en même temps que le pentafluorure de phosphore se dégage en abon-
dance.
» L'arsenic et l'antimoine produisent des réactions identiques. Le mé-
lange devient incandescent, des vapeurs d'iode se dégagent, et il reste des
fluorures de ces métalloïdes.
» Le pentafluorure d'iode est attaqué à froid par le carbone, sans incan-
descence; il se forme du tétrafluorure de carbone et une petite quantité
(*) Ce pentafluorure d'iode peut être maintenu en surfusion à quelques degrés au-
dessous de son point de solidification.
SÉANCE DU t3 octobre 1902. 565
d'iode est mise en liberté. Le silicium cristallisé n'attaque pas le fluorure
d'iode à froid, mais une légère élévation de température suffît pour pro-
voquer la réaction, qui se poursuit bientôt avec violence. Le silicium est
porté à l'incandescence, et il se dégage du fluorure de silicium et delà
vapeur d'iode. Le bore pur et sec, projeté dans le fluorure d'iode, s'en-
flamme immédiatement, en produisant du fluorure de bore et des vapeurs
d'iode.
» Les métaux alcalins réagissent assez énergiquement sur ce pentafluo-
rure d'iode. Si l'on projette dans ce liquide un fragment brillant de métal,
la formation superficielle d'une couche de fluorure et d'iodure de sodium
limite la réaction. Mais si l'on chauffe de façon à atteindre le point de
fusion du métal alcalin, la décomposition devient tout à coup très violente
et même explosive. Au contraire, l'argent n'est pas attaqué vers la tempé-
rature de 100°, et l'on peut distiller le fluorure sur ce métal en poudre
fine sans qu'il se produise aucune décomposition. Il en est de même pour
le fer et le magnésium.
» Mac ïvor avait indiqué que le fluorure d'iode réagissait sur l'eau avec
violence. Nous avons pu faire couler du pentafluorure d'iode pur dans de
l'eau sans produire autre chose qu'un écliauffement du liquide, sans ébul-
lition. Il se fait de suite une décomposition complète en acide fluorhy-
drique et en acide iodique. Le liquide reste tout à fait transparent, et l'on
peut déceler l'acide fluorhydrique par l'attaque du verre et par son action
sur les sels de calcium. L'acide iodique peut être mis en évidence au moyen
d'une solution d'acide sulfureux qui fournit un précipité d iode volumineux.
» La réaction peut donc se représenter par l'égalité suivante :
2iF^+5H-0 = I-0^+ioHF.
» L'hydrure de potassium RH, projeté dans le pentafluorure d'iode,
devient incandescent, dégage d'abondantes fumées violettes et des vapeurs
d'acide fluorhydrique, en même temps qu'il se forme du fluorure et de
l'iodure de potassium.
» La silice est attaquée lentement à froid, par le pentafluorure d'iode;
dès que l'on chauffe, la réaction devient plus active et produit d'abon-
dantes fumées de fluorure de silicium. Du reste, tous les composés ren-
fermant du silicium sont attaqués avec énergie. Le siliciure de cobalt SiCo
brûle dans le fluorure d'iode légèrement chauffé; il en est de même du
siliciure de fer Si Fe et du siliciure de vanadium Si^ V. Le verre, même très
sec, est attaqué lentement à la température ordinaire.
C. R., 1902, 2» Semestre. (T. GXXXV, N° 15.) 7^
566 ACADÉMIE DES SCIENCES.
)) Le ca?'bure de calcium ne réagit pas à froid sur ce nouveau composé,
mais, légèrement chauffé, il devient incandescent à son contact. Au con-
traire, le carbonate et le phosphate de calcium ne fournissent aucune
réaction.
» En laissant tomber le fluorure d'iode dans l'acide sulfurique con-
centré, le fluorure se rassemble au fond du tube, puis la décomposition
se produit, assez régulièrement, avec dégagement de bulles d'acide fluor-
hydrique.
» Avec l'acide azotique hydraté, il n'y a pas de réaction immédiate. Les
deux liquides sont miscibles. Au contraire, avec l'acide chlorliydrique, la
réaction est très vive, et il se dégage d'abondantes bulles gazeuses, tandis
que le liquide se colore fortement en jaune orangé.
» Les solutions alcalines de potasse et de soude décomposent instan-
tanément le fluorure d'iode en formant du fluorure et de l'iodate de
potassium.
» Si l'on verse le pentafluorure d'iode dans du sulfure de carbone sec,
il se produit de suite une coloration violette très intense.
» Lorsque l'on fait tomber quelques gouttes de fluorure d'iode dans de
l'essence de térébenthine, l'action est violente et le liquide projeté hors
du vase qui le contenait.
» Dans la benzine, le fluorure paraît d'abord se dissoudre, mais la
décomposition se produit ensuite rapidement et le liquide prend une colo-
ration bleue.
» Analyse. — Un poids déterminé de fluorure d'iode pesé dans une petite ampoule
de verre bien desséchée a été décomposé ensuite par une solution étendue de potasse
pure.
» On obtient ainsi une solution renfermant le fluor à l'état de fluorure et l'iode à
l'état d'iodate. Dans une partie de la solution, le fluor a été dosé sous forme de
fluorure de calcium. L'autre partie de la solution a été évaporée à sec, puis légère-
ment calcinée pour transformer l'iodate en iodure. Enfin, l'iode a été pesé à l'état
d'iodure d'argent.
» Ces dosages ont fourni les chiffres suivants
Iode.
Fluor,
Théorie
1.
2.
pour IF'.
57,28
56,67
57,20
42,55
42, 2 J
42,80
); Conclusions. — En résumé, l'iode s'unit directement au fluor avec
dégagement de chaleur, en fournissant un composé penta valent IF*. Ce
fluorure possède une activité chimique très grande ; la plupart des corps
SÉANCE DU l3 OCTOBRE T902. 567
simples le décomposent, et il produit avec les corps composés un très
grand nombre de doubles réactions.
» Chauffé vers Soo'', ce pentafluorure se décompose et dégage de la
vapeur d'iode. Mais ce phénomène ne s'accentue que lentement par une
élévation de température. Nous pouvons donc nous trouver soit en pré-
sence d'une dissociation en fluor ou en iode, ou soit en présence d'une
mise en liberté d'iode avec production d'un nouveau fluorure d'iode.
Nous poursuivons ces recherches. »
ZOOLOGIE. — Sur les Hématozoaires des Poissons marins.
Note de MM. A. Laveran et F. Mesnil.
« Alors que les Hématozoaires des Poissons d'eau douce ont donné lieu à
un grand nombre de travaux, ceux des Poissons de mer ont été complète-
ment négligés. C'est pour combler cette lacune dans nos connaissances
que nous avons entrepris, durant les étés de 1901 et de 1902, une re-
cherche méthodique de ces Hématozoaires.
» Nos observations de 1901, faites sur des Poissons téléostéens péchés
dans l'anse Saint-Martin, près du cap de la Hague (Manche), nous ont mis
en possession des Hémogrégarines de la Sole et des Blennies (') et du
Trypanosome de la Sole ("). En 1902, tandis que l'un de nous poursuivait
ses recherches sur les Poissons de l'anse Saint-Martin, Pautre examinait le
sang d'un grand nombre de Poissons osseux et cartilagineux de Roscoff
(Finistère) et, tout en retrouvant les parasites de la Sole et des Blennies,
en découvrait d'autres, Hémogrégarine et Trypanosomes, chez les Raies et
les Roussettes (^).
» Nous voulons résumer ici les résultats de cet ensemble de recherches
qui portent sur plus de deux cents individus appartenant à une quarantaine
d'espèces d'à peu près toutes les familles de Poissons marins. Ce résumé
donnera une idée de la distribution et de la fréquence des Hématozoaires
chez ces Poissons, au moins en ce qui regarde la mer de la Manche.
» I. Poissons cartilagineux. — A Roscoff, nous avons trouvé à la fois
(') Laveran et Mesnil, Comptes rendus, i4 octobre 1901.
(^) Laveran et Mesnil, Comptes rendus, 28 octobre 1901.
(*) Je tiens à remercier ici mon savant Confrère, M. le professeur Delage, pour l'ex-
cellent accueil qu'il a bien voulu me faire au laboratoire de Roscoff. A. L.
568 ACADÉMIE DES SCIENCES.
des Trypanosomes et des Hémog^régarines chez les deux Raja punctata et
chez une des deux Raja mosaica que nous y avons examinées; nous avons
trouvé des Trypanosomes chez 9 Scylliam stellare (S. catulus) sur 16 exa-
minés. L'examen du sang a été négatif chez deux Raies d'une autre espèce
que celles à Hématozoaires, chez i Scylliam canicula, 1 Mustelus canis,
I Torpédo torpédo.
» Dans l'anse Saint-Martin, nous avons troL7vé des Trypanosomes chez
une Raja clavata. Une Raja mosaica et un Acanthias acanthias n'étaient pas
parasités.
» Comme on voit, les Hématozoaires ne sont pas rares chez les Poissons
cartilagineux.
» Les Trypanosomes trouvés chez les trois espèces de Raies paraissent
bien appartenir à la même espèce que nous appelons Trypanosoma rajœ ;
nous désignons ceux du Scyllium stellare sous le nom de Tr. scylliumi. Nous
les décrivons en détail dans un Mémoire des Archivfûr Protistenkunde 1902
sur les Trypanosomes des Poissons. Nous nous contentons donc de résu-
mer ici leurs caractères principaux :
» Trypanosomes de grande taille, atteignant yol-"- à SoH' de long (flagelle compris;
la longueur du flagelle est de i4^ à 20!^ ); la largeur est de 5f^ à 6!^-. Le protoplasme,
coloré par la méthode bleu Borrel-éosine-tannin, se colore en bleu d'une façon très
intense et assez uniforme; le noyau, arrondi ou ovalaire, est lilas; le centrosome,
violet foncé, est toujours très net, ainsi que la membrane ondulante. Ces deux espèces
de Trypanosomes se distinguent surtout en ce que, chez Trypanosoma scylliumi,
l'extrémité post-centrosomique est courte et obtuse, alors que chez Tryp. rajœ elle
est généralement longue et effilée, donnant parfois l'illusion d'un second flagelle.
» Ces Trypanosomes se rapprochent d'assez près de ceux des autres
Poissons (Trypanosomes de l'Anguille et de la Sole, var. magna du Trypa-
nosome du Brochet).
» Les Hémogrégarines que nous avons trouvées chez Raja punctata et
Raja mosaica nous ont paru appartenir à la même espèce. Nous dédions
cette espèce nouvelle à M. le professeur Delage.
» Hœmogregarina Delagei n. sp. — Cette espèce est toujours endoglobulaire
quand le sang est fixé rapidement; le parasite se présente sous forme d'éléments
allongés, incurvés, arrondis à l'une des extrémités, plus ou moins effilés à l'autre. La
longueur est de i3l* en moyenne; la largeur, au niveau de la partie la plus épaisse,
de 2!^. Il n'est pas rare de trouver deux parasites dans une hématie.
» Dans le sang desséché^ fixé et coloré par le procédé que nous préconisons (bleu
Borrel-éosine-tannin), on constate que /^. Delagei a un noyau ovoïde situé vers la
partie moyenne et constitué par un amas de granulations de chromatine; en dehors
SÉANCE DU 1.3 OCTOBRE 1902. 569
du noyau, on trouve dans le protoplasme, qui se colore en bleu clair, un certain nombre
de granulations chromatiques,
» Le noyau est quelquefois divisé ou en voie de division; il est probable que la
multiplication a lieu par bipartition. Nous n'avons pas vu d'autres formes de multi-
plication.
» En somme, H. Delagei est voisine, par sa forme générale, ses dimen-
sions, et probablement aussi par son mode binaire de division, de H. bi-
gemina des Bien nies.
» II. Poissons osseux. — Malgré le grand nombre d'espèces de Poissons
téléostéens dont nous avons examiné le sang, tant à Roscoff que dans
l'anse Saint-Martin, nous n'avons trouvé des Hémogrégarines que chez la
Sole et les Blennies, des Trypanosomes que chez la Sole, où ils sont d'une
extrême rareté ( ^ ).
» A Roscoff, sur 7 Solea viilgaris examinées, 4 renfermaient seulement
des Hœmogregarina Simondi nohis, 1 des Hémogrégarines et des Trypa-
nosomes, i n'était pas parasitée; 4 Blennies (sur 11 d'espèces diverses
examinées) avaient des Hœmogregarina bîgem,ma nohis.
» Dans l'anse Saint-Martin, sur 7 Soles examinées, 5 renfermaient
seulement des Hémogrégarines, 1 à la fois des Hémogrégarines et des
Trypanosomes, i n'était pas parasitée. Les très nombreux Blennius pholis
et les nombreux Bl. Montagui (^) examinés étaient, à partir de la taille
de S*'™, presque tous parasités par Hœmogregarina bigemina.
» Nous donnons ici la liste des espèces de Poissons osseux chez lesquels
l'examen du sang a été constamment négatif, avec le nombre d'individus
examinés.
» Anse Saint-Martin. — Plusieurs Nerophis lumbricoides, 1 Gunnellus vulgaris,
nombreux Gobius (sp.?), 2 Mullus surmuletus, i Cottus scorpius, i Zeusfaber,
2 Pagellus cenlrodontus, i Canlharus griseus, plusieurs Labrus, 1 Gadas luscus,
I Gadus pollachlas, i MotelLa niustela, plusieurs Pleuronectes d'espèces diverses,
nombreux Lepadogaster Goaanii, 3 Conger coiiger.
» Roscoff. — 6 Syngnathus (sp.?), 1 Orthagoriscus niola, 3 Gunnellus vulgaris,
{}') Notons en outre que sur 9 Anguilla vulgaris capturées au bord de la mer, à
Roscoff, une renfermait le Trypanosome découvert par Sabrazès et Muratet et que
nous avons retrouvé nous-mêmes chez des Anguilles pèchées en eau douce; nous le
décrivons sous le nom de Tryp. granulosum dans notre Mémoire des Archiv fUr
Protistenkunde.
(^) Dans noire Note de 1901 {loc. cit.), cette espèce a été désignée, par erreur, sous
le nom de Bl. gattorugine.
570 ACADÉMIE DES SCIENCES.
2 Lophius piscatorius, 2 Mullus surmuletus, 5 Trigla, 10 Cottiis bubalis, i Chry-
sophrys aiu^ata, 5 Lahriis, 5 Crenilabrus melops, 7 Ajnmodiles tobianus, 1 Gadus
pollachius, 4 Motella tricirrata, 7 Pleuronectes (5/>. varice), 3 Lepadogaster Goiia-
nii, 4 Conger conger.
» Modes d'infection. — Les Trypanosomes et les Hématozoaires endo-
globulaires se présentent, dans le sang des Poissons, avec des formes
analogues à celles que Ton rencontre chez les Vertébrés à sang chaud. Il y
a donc lieu de supposer que la contagion se fait, chez les premiers comme
chez les derniers, par l'intermédiaire de quelque Invertébré sanguicole.
» Nous avons trouvé sur la peau de toutes les Soles infectées, à Roscoff,
de très nombreuses sangsues {Eemibdeïla soleœ v. Ben. et Hesse) gorgées
de sang. Nous pensons d'autant plus volontiers que les Ichthyobdellides
jouent un rôle dans la transmission des Hématozoaires, qu'il y a déjà
longtemps que Leydig (*) a signalé dans le tube digestif de Piscicola et de
Pontohdella (^) des Flagellés à membrane ondulante, probablement des
Trypanosomes.
» Nous n'avons jamais remarqué de parasites sur la peau des nombreuses
Blennies que nous avons examinées. Peut-être la contagion se fait-elle,
chez ces Poissons, par l'intermédiaire des parasites des branchies; nous
n'y avons trouvé que des Trichodina. Maison sait que les Blennies hébergent
temporairement, sur leurs branchies, des Crustacés Isopodes du genre
Praniza; dans les mares à Lilhothamnion de l'anse Saint-Martin, ces Crus-
tacés sont très abondants à côté des Blennies. Il y a là tout un programme
de recherches très intéressantes que nous signalons aux Zoologistes et que
nous comptons nous-mêmes aborder à la première occasion. »
PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — L'acide carbonique comme agent de
choix de la parthénogenèse expérimentale chez les Astéries. Note de
M. Yves Del âge.
« Dans les expériences de parthénogenèse artificielle exécutées avec les
divers agents proposés par Lœb ou par moi-même, on observe toujours
une grande inconstance dans le résultat. Dans les expériences les mieux
(^) Leydig, Lehrbuch der Histologie, 1867, p. 346.
(^) Les PontobdelLa muricata ne sont pas rares sur la peau des Raies, souvent
parasitées, comme les Soles.
SÉANCE DU î3 OCTOBRE I902. 5'Jl
réussies, il reste toujours un nombre considérable d'œufs qui ne se déve-
loppent pas et qui, pourtant, ne diffèrent en rien, par l'aspect, de ceux qui
obéissent à l'action du réactif. La proportion des œufs qui se développent
est très variable dans les diverses expériences faites avec un matériel en
apparence identique. Le nombre des segmentations que j'ai obtenues
des Astéries varie de o à 5o pour joo; la proportion habituelle est de
3o pour 100 dans les expériences satisfaisantes. Lœb et Neilson déclarent
n'avoir obtenu que 20 pour 100. Une seule fois je suis arrivé à g5 pour 100.
De ces œufs segmentés, un petit nombre seulement arrivent à l'état de blas-
tule nageante. La proportion habituelle dans les expériences satisfaisantes
est de 10 à 20 pour 100 des œufs segmentés. On arrive parfois à 25 pour 100,
plus souvent on reste à 5 pour 100. El il n'y a pas proportionnalité entre
le nombre des segmentations et celui des blastules. Dans l'expérience où
j'avais obtenu g5 pour 100 des premières, je n'ai eu finalement que
3 pour 100 des dernières.
» Tout cela indique nettement que l'on est encore bien loin du but qui
serait de remplacer l'intervention du spermatozoïde par un agent physico-
chimique de même valeur; bien loin aussi d'obtenir par ces moyens des
larves en état de vivre assez longtemps pour former l'animal parfait. Il y
avait donc à chercher un agent qui donnât des résultats plus constants et
plus comparables à ceux que donne le spermatozoïde dans la fécondation
normale. C'est ce problème que j'ai cherché à résoudre cette année au
laboratoire de Roscoff.
» Guidé par certaines considérations théoriques, je me suis adressé à
l'acide carbonique, qui s'est trouvé répondre à tout ce que l'on peut
demander à un agent parfait.
» Le mode opératoire est d'une simplicité extrême et l'expérience peut
être refaite par n'importe qui. Elle réussit absolument toujours. On fabrique
de l'eau de Seltz avec de l'eau de mer et l'on dépose dans ce liquide, à la
pression de l'atmosphère, les œufs arrivés à ce stade de maturation
commencée que j'ai fait connaître dans un précédent travail sous le nom
de stade critique. Les œufs arrivent d'eux-mêmes à ce stade quand, extraits
des ovaires mûrs, ils sont déposés dans l'eau de mer. Il suffît de les sur-
veiller en en examinant, de temps à autre, quelques-uns sous le microscope.
Le meilleur moment est celui où le premier globule polaire commence à
se montrer.
» Après 1 heure de séjour dans l'eau de mer chargée de CO^, ce liquide
est remplacé par de l'eau de mer naturelle. Quelques heures après, tous
572 ACADÉMIE DES SCIENCES.
sont en segmentation; le lendemain, tous sont transformés en bkstules
ciliées qui nagent dans les cuvettes. Ce n'est plus, comme avec les autres
réactifs, 3o à 4o pour 100 de segmentation et 5 à 10 pour too deblastules
nageantes; c'est 100 pour 100 ou à peu prés. H y a toujours, comme dans
les fécondations normales, quelques rares œufs qui ne se développent
pas : des œufs malades, sans doute, ou trop mûrs, ou ayant subi quelque
altération. Il y a toujours aussi un certain nombre d'œufs qui ne se sont
pas développés parce qu'ils n'ont pas mûri et ont conservé leur vésicule
germinative. Il faut les défalquer, car, mis en présence du sperme, ils ne
se développent pas davantage. Il est naturel que, dans des œufs pris dans
l'ovaire, avant le moment où ils eussent été normalement pondus, un cer-
tain nombre ne soient pas assez avancés pour parcourir les stades de cette
maturation hâtive, précoce, que détermine le contact de l'eau de mer.
•» Ainsi CO- se montre agent de développement aussi efficace que le
spermatozoïde.
)) A ceux qui seraient tentés de croire qu'il y a dans cette formule
quelque exagération, je répondrai par les remarques suivantes.
M J'ai toujours pris des précautions extrêmes pour écarter les spermato-
zoïdes qui auraient pu s'introduire auprès des œufs en expérience et
faire croire à un développement parthénogénétique là où il y aurait eu
fécondation. Les mains sont lavées à l'eau de pluie et au savon et ne
touchent, pendant l'expérience, ni l'eau de mer naturelle ni les Astéries,
qui sont maniées par un aide; les cuvettes et instruments sont lavés à l'eau
de pluie et flambés; l'eau où sont déposés les œufs a été stérilisée par
chauffage à 60^; les Astéries sont plongées dans un grand baquet (\eau de
pluie; leurs ovaires sont saisis sous cette eau avec des pinces, transportés
dans de l'eau distillée où ils sont lavés de nouveau, puis dans l'eau de mer
stérilisée où ils sont enfin dilacérés. Eh bien, ce spermatozoïde, contre
lequel je prenais ces précautions excessives, est beaucoup moins actif
que mon acide carbonique; car, le jour où j'ai voulu avoir, pour com-
paraison, des œufs fécondés, je n'ai jamais pu en obtenir plus de 3o
à 4o pour 100. Tel est le fait.
» Il ne faudrait pas en conclure que des œufs parfaitement murs, nor-
malement pondus par la mère, ne sont pas à peu près tous fécondables et
ne donneraient pas des larves égales, sinon supérieures, à celles que fait
développer l'acide carbonique. Mais, pour les œufs que j'avais à ma dispo-
sition, incomplètement mûrs et fournis par des individus arrivés à l'arrière-
saison sans avoir pondu ou n'ayant émis qu'une partie de leur ponte, le
SÉANCE DU l3 OCTOBRE 1902. 578
fait est incontestable : CO- est deux à trois fois plus efficace que le sperma-
tozoïde.
» Ce n'est pas seulement par la quantité mais aussi par la qualité que
ces larves carboniques (qu'on me permette de les appeler ainsi pour abré-
ger) se distinguent de celles que donnent les autres agents parthénogéné-
tiques. Avec ces derniers je n'ai obtenu le plus souvent que des blastules
un peu rabougries, faibles, à paroi blastodermique épaisse, à cavité peu
développée, d'ordinaire occupée par un résidu granuleux opaque qui
gêne plus ou moins l'invagination et qui est pathologique, car il n'existe
pas chez les blastules provenant de la fécondation. Les blastules carbo-
niques au contraire sont grosses, sphériques, bien turgescentes, à paroi
mince, à cavité de segmentation vaste et parfaitement libre; en somme, ne
diffèrent en rien de celles qui proviennent d'oeufs fécondés. Ces blastules
s'invaginent avec la plus grande facilité; au bout de 36 heures elles sont
devenues gastrules. Dès le troisième jour elles ont formé leur mésenchvme
et commencent à développer leurs vésicules entérocœliennes. Le cin-
quième jour la bouche et l'hydropore sont ouverts et la forme caractéris-
tique de V Auricularia se dessine.
» Au moment où j'ai quitté Roscoff les plus vieilles étaient âgées de
32 jours et étaient des Auricularia typiques, parfaitement agiles, en tout
semblables à celles provenant de la fécondation. J'en ai laissé un bon
nombre que j'ai placées dans des conditions variées et dont je compte
surveiller l'évolution. Je n'ai guère d'espoir cependant de les conduire
jusqu'à la métamorphose, car la phase larvaire est très longue et il est
extrêmement difficile de leur procurer, pendant un temps si prolongé, les
conditions délicates qu'elles réclament. On n'y est pas arrivé non plus
pour les larves provenant d'œufs fécondés. Je n'avais même jamais réussi,
jusqu'ici, à conserver ces dernières au delà de trois semaines, et à cet âge
elles ne montraient aucune trace de la future Astérie. Je compte poursuivre
l'observation des larves en expérience tant que je pourrai les maintenir
vivantes, et, si j'arrive à quelque résultat, j'aurai l'honneur de le soumettre
à l'Académie.
)) Dans une prochaine Communication j'étudierai le mode d'action de
l'acide carbonique. »
C. R., 1902, 2' Semestre. (T. CXXXV, N° 15.) 7"
574 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, divers Ouvrages de M. A. Korn, portant pour litres :
« Lehrbuch der Potentialtheorie (2 vol.); Abhandlungen zur Potential-
theorie; Eine mechanische Théorie der Reibung; Eine Théorie der Gravi-
tation und der electrischenErscheinungen ». (Présentés par M. E. Picard.)
HISTOIRE DES SCIENCES. — Les quatorze grands Registres de laboratoire de
Lavoisier. Le Registre II signalé perdu et nouvellement retrouvé. Note de
M. H. Brocard, présentée par M. Berthelot.
« Je désire appeler la bienveillante attention de l'Académie sur un ré-
sultat inattendu et très important d'une investigation du Catalogue général
des Manuscrits des Bibliothèques publiques de France. En parcourant le
Tome XIII, édité en 1891, où se trouve le Catalogue des Manuscrits de la
Bibliothèque de Perpignan, un heureux hasard de lecture m'a fait ren-
contrer sous le n*^ 61 (p. 102) l'indication d'un Registre de laboratoire de
Lavoisier. Le souvenir d'une description des Registres de Lavoisier me
donna aussitôt l'idée de nie référer à l'Ouvrage de M. Bertlielot où je
l'avais remarquée : La Révolution chimique : Lavoisier Ç'Pdris, Alcan, 1890).
Deux paragraphes (p. 2i3-2i4 et 249-230) se rapportent au Registre II et
nous apprennent qu'il devait être considéré comme perdu depuis plus de
40 ans.
» Nous pouvons aujourd'hui indiquer la destination qu'd avait reçue.
Voici, en effet, la mention qui en est faite p. 102 du Tome XIII du Catalogue
général :
» IN° Gl (anc. 59) « Registre pour les expériences chimiques », Tome second, du
9 septembre 1778 au 5 mars 1774- « Journal d'expériences, tenu au laboratoire de
Lavoisier. »
» Le titre est de la main de Lavoisier, le sous-titre et la note qui suit
ont été écrits par François Arago.
» Ce cahier renferme les célèbres expériences sur la calcination des métaux en vases
clos, et les premières tentatives de Lavoisier sur la combustion du diamant [signé]
F. Arago. »
SÉANCE DU l3 OCTOBRE 1902. SyS
» En face, de la même main : « Journal manuscrit de Lavoisier offert respectueuse-
ment à la Bibliothèque publique de la ville de Perpignan, par F. Arago. »
» xviii" siècle. Autographe. Papier, 122 feuillets. 817"^™ sur 200™™. Rel. veau (6494).
)) En attendant un résumé de ce Registre, sa description paraît justifier
les prévisions formulées à son sujet par M. Berthelotet faire admettre qu'il
renferme les expériences sur la calcination du diamant et sur lacalcination
de l'étain dans des vases fermés, dont Lavoisier a exposé les résultats le
11 octobre 1773 et le 11 novembre 1774-
» Différentes bibliothèques de Paris et des départements possèdent
d'autres manuscrits de Lavoisier. La liste en a sans doute été dressée parla
Commission académique chargée de l'édition des Œuvres complètes de
Lavoisier; aussi me bornerai-je à indiquer très succinctement les références
bibliographiques.
» Paris. Archives nationales, n° 818. Rapport de MM. Maquet et Lavoisier, etc. —
On a imprimé Maquet, vraisemblablement pour Macquer.
» Archives nationales, n° 2279.
» Bibliothèque de l' Arsenal. — Voir au Catalogue.
» Bibliothèque nationale. — Ancien Supplément français. N° 32305-G.
» Bibliothèque nationale. — Nouvelles acquisitions françaises. N° 5153.
» Avignon. — Collection Requien.
» Clermont-Ferrand. — Collection de Chazelles.
>< Lyon. — Palais des Arts. Collection Delandine. N° 195, f. 219. Résultat de
quelques expériences faites sur le diamant, par MM. Macquer, Cadet et Lavoisier, 1772.
— On a imprimé, sans doute par erreur, MM. Macquer cadet et Lavoisier.
» Nantes. — Une lettre de 1791.
» Rouen. — Collection Duputel.
» Roden. — Collection Girardin. »
GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. — Sur l' habillage des surfaces.
Note de M. M. Servant.
» Habiller une surface consiste à ramener son élément linéaire à la
forme
( 1 ) ds- = dx^ H- d^'^ -f- 2 cos (0 c/a d^.
y> Nous nous proposons d'indiquer un rapport intéressant qui existe entre
ce problème et celui de la déformation des quadriques générales, et nous
en déduirons des éléments linéaires particuliers pour lesquels on peut
résoudre d'une façon complète le problème de l'habillage, c'est-à-dire pour
576 ACADÉMIE DES SCIENCES.
lesquels on peut, de toutes les façons possibles, ramener Télément linéaire
à la forme (i).
)) Soient u et (^ les paramètres des génératrices rectilignes d'une qua-
drique quelconque et a, ^ les paramètres des asymptotiques d'une surface
applicable sur celte quadrique. Nous avons montré (5. M., I90i-i902)que
les équations du problème de la déformation des quadriques peuvent se
mettre sous la forme
du' âv' du' dv' ^ . ,
ces équations expriment, comme on le voit de suite, que la forme quadra-
tique
/ \ du dv
rapportée aux variables oc et p, prend la forme (i). Par conséquent la défor-
mation des quadriques et l'habillage de la forme quadratique (2) sont deux
problèmes équivalents.
)) Examinons maintenant quelques cas particuliers : si la quadrique est
un paraboloïde, on aura
Q, = Y.h - F-.
» La forme quadratique (2) deviendra, pour un paraboloïde général
d'élément linéaire
{--■)
ds-~ {v^ — i)du- -h i{uv + b)dudv -^ (ir — i)dç'-,
dudv
I — M- — t^' — 2 6«(' — b^- '
or on sait que la déformation du paraboloïde général se ramène à celle de
la sphère; l'habillage de (2') se ramènera donc également à la déformation
ou, ce qui revient au même, à l'habillage de la sphère.
On sait déformer d'une façon complète les paraboloïdes d'éléments
linéaires :
ds- =. du- -t- IV dudv -\~ lu dv'- ,
ds- = V' du- 4- ■2(uv -h h) du dv + u'-dv'- (paraboloïde de révolution),
j^2 „2 ^„' , „/ , 72\ / / / -> 70X 7 0 /paraboloïde à plan di-
ds = V- du--i- 2{uv -\- â^)dudv -l- (u^ — h-)dv^ (* . ^
'^ \ recteur isotrope
2 M — V""''
du dv
2 uv -\- h"
du dv
SÉANCE DU l3 OCTOBRE 1902. 577
on saura donc habiller les formes quadratiques
/ , N du dv
(4)
(5)
^ ^ //(r'+ 1) + '2UV
Remarquons en particulier que la forme quadratique (5) est l'élément
linéaire d'une surface de révolution dont on déterminerait facilement le
méridien. »
ÉLECTRICITÉ. — La déviation magnétique et électrique des rayons Becquerel
et la masse électromagnétique des électrons. Note de M. W. Kaufmann,
présentée par M. Mascart.
« Dans une publication antérieure ( ' ) j'ai montré que le rapport - de
la charge s à la masse [a des électrons va en diminuant quand la
vitesse q s'approche de la vitesse c de la lumière. Cela veut dire qu'en
supposant constante la charge e, la masse ja augmente et devient infinie
pour ^ = c, résultat prévu par la théorie électromagnétique.
» Les considérations théoriques de M. Max Abraham (^) permettent de
comparer quantitativement les résultats de l'expérience et de la théorie.
Pour la « masse transversale » , c'est-à-dire la masse correspondant à
des accélérations qui sont perpendiculaires à la vitesse de l'électron,
M. Abraham donne l'équation suivante :
(0 \/^ = [h\h.^\
où [x„ représente la valeur de [x pour de petites vitesses, [i =: ^ et
1 — \(\a L
» La méthode que j'ai employée pour mesurer simultanément - et ^
peut être nommée méthode des spectres croisés.
(*) Nachrichten d. Ges. der Wissenschaften zu Gôttingen, T901, n" 2.
C^) Ibidem, 1902, n° 1.
578 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Une légère parcelle de matière radioactive se trouve sur le fond d'une petite
caisse de laiton. Les rayons émanant de cette parcelle passent entre deux, lames de
laiton parallèles et isolées. Ils tombent sur un diaphragme de platine pourvu d'un
trou d'un diamètre d'environ o""°,2, qui en laisse passer un faisceau étroit ; ce faisceau
impressionne la plaque photographique, enveloppée dans une feuille mince d'alumi-
nium battu. [Dislance de la source radioactive au diaphragme ainsi que celle du
diaphragme à la plaque photographique : environ 2*^'" ; distance des deux lames :
environ i''"", 2.]
» Quand tout l'appareil est placé dans un tube à vide on peut charger à 2000-
5ooo volts l'une des lames, l'autre étant à terre. Les rayons ayant traversé le champ
électrique sont dispersés en un spectre électrique sur la plaque photographique. En
superposant au champ électrique un champ magnétique provenant d'un électro-
aimant, entre les pôles duquel l'appareil est placé, on obtient un spectre magnétique
perpendiculaire au spectre électrique; l'ensemble des deux spectres forme une
courbe j' =y'(^), où j' signifie la déviation électrique et z la déviation magnétique.
Sauf quelques petites corrections (') on peut poser :
(3) »=/ùy
ou, à cause de (1) et (2),
(5) • ^-^•■.
(A'i, A'j et k étant des constantes).
» L'équation (5) est l'équation de la courbe photographique, qui peut être mesurée
directement; on cherche la valeur de k^ qui rend minimum l'expression
s(A•.-Â;)^
c'est-à-dire la somme des carrés des différences entre les A, et leur moyenne arithmé-
tique A'j.
» Si ces différences sont petites et qu'elles ne montrent pas de marche
régulière, on peut regarder la théorie comme vérifiée.
» Les épreuves photographiques qui avaient servi pour ma publication
antérieure ne permettaient que des mesures relativement peu précises,
parce que l'activité du radium que j'avais employé était trop faible.
» Je dois ma plus grande reconnaissance à M. et M'"'' Curie qui ont mis
à ma disposition quelques parcelles de leur chlorure de radium pur,
(') VoirW. Kaufmann, Naclirichlen d. Ges. der Wissenscli. zu Gott., 1902, n" 3.
SÉANCE DU l3 OCTOBRE 1902. 379
ainsi qu'à l'Académie des Sciences avec la subvention de laquelle cette
matière si rare a été préparée.
» Les plaques obtenues avec cette substance sont assez bonnes pour
permettre des mesures d'une précision très satisfaisante.
)) Les résultats des mesures de plusieurs plaques (') étaient tout à fait
conformes à la théorie de M. Abraham; les écarts moyens ne dépassent
pas I à 1,4 pour 100.
» On doit donc regarder comme prouvé que la masse de V électron est
entièrement électromagnétique; cel > veut dire que V électron n'est autre
chose qu'une charge électrique distribuée sur un volume ou une surface de
dimensions très petites (^environ io~'^ centimètre).
» Si l'on calcule — on obtient
1-^0
£
= 1,84.10^ (el. magn. un.),
résultat conforme à celui trouvé pour les rayons cathodiques par M. S.
Simon (^) :
1,865. 10^. ))
î^o
PHYSIQUE. — Sur une conséquence de la théorie cinétique de la diffusion.
Note de M. J. Thovert, présentée par M. J. VioUe.
« Le mouvement de la matière diffusante étant considéré comme pro-
portionnel à la vitesse moyenne de la molécule, l'application de la théorie
cinétique aux substances dissoutes dans un même dissolvant fait prévoir
que, à température constante, le produit MD^ doit être constant, M dési-
gnant la masse de la molécule, D la constante de diffusion.
» Nous avons obtenu, par le procédé d'observation décrit dans une Note
précédente, les constantes de diffusion d'un certain nombre de substances
non électrolytes, dissoutes dans l'eau.
» Le Tableau suivant rassemble les résultats des expériences, effectuées
à des températures voisines de 18"; les constantes de diffusion ont été
(') Les résultats seront publiés prochainement dans la Physikalische Zeitschrift.
(^) Wiedemann's Annalen, 1899, P- ^^9-
58o ACADÉMIE DES SCIENCES.
ramenées à celte température par une correction de o, o3 par degré. Dans
toutes ces expériences la concentration moyenne était de 2^,5 par litre.
Substances. M. D x io\ MD^'xio'".
Alcool méthylique 32 ïjS^ 6o
» étbylique 46 i,Ji 67
» allylique 58 o>99 ^7
» propjlique 60 OjQS 58
Urée 60 1,01 61
Alcool butjlique 74 0,88 67
» amylique 88 0,88 68
Uréthane Sg 0,87 67
Glycérine 92 0,79 67
Phénol 94 0,80 60
Hydroquinone 1 10 0,78 6g
Résorcine iio 0,76 62
Pyrogallol 126 0,66 55
Glucose 170 05^7 55
Mannite 182 o,55 55
Anlipyrine 188 0,57 61
Maltose 342 0,41 57
Lactose 342 o,4i 57
Raffinose 5oo o,355 63
» On constate une assez bonne vérification de la loi cinétique
MD- = const.
» Il en résulte alors un procédé commode pour la détermination appro-
chée des masses moléculaires, puisque la méthode d'observation que nous
avons proposée, de pratique très simple, s'applique à des dilutions suffi-
santes pour utiliser les calculs de la théorie cinétique, lorsque le corps
dissous n'est pas un électrolyte.
» Le procédé a ceci de particulier qu'il comporte seulement des me-
sures de longueur et de temps, conformément à l'équation de dimensioF?s
de la constante de diffusion, L-T~'. »
CHIMIE VÉGÉTALE. — Le méthylanthranilate de méthyle dans l'organisme
végétal. Note de M. Eugèxe Charabot, présentée par M. Haller.
« La présence d'éthers d'acides amidés, Tanthranilate de méthyle et le
méthylanthranilate de méthyle, a été signalée déjà dans un certain nombre
SÉANCE DU 3 3 OCTOBRE IO02. 58l
d'huiles essentielles. En particulier, IM. Walbaum [Journ. prakt. Chem., (2),
t. LXII, p. i35] a rencontré un peu de méthvlanthranilatedeméthyledans
l'essence extraite des zestes de mandarines. Mais jusqu'ici ces substances
n'avaient été trouvées qu'en très faible proportion. Mes études sur le chi-
misme v égétal m'ont conduit à examiner l'essence élaborée par la feuille du
mandarinier (CïVrw^ madurensis) et à constater qu'il s'agit là d'une véritable
source natureile de métliylanthranilate de mélhyle.
» CeUe essence, obtenue par distillation avec la vapeur d'eau, se présente sous la
forme d'un liquide fluorescent, doué d'une odeur forte, déviant de H- 6° [\o' le plan de
polarisation de la lumière sous une épaisseur de 100™™. Elle a comme coefficient de
saponification 160. Après ébullilion avec l'anhydride acétique, en présence d'un peu
d'acétate de sodium fondu, le coefficient de saponification s'est trouvé sensiblement
réduit. Cette constatation singulière m'a fait soupçonner la présence d'un éther d'acide
amidé.
» A i'^'"' d'un mélange renfermant 1^°^ d'acide sulfurique concentré et 5^°' d'éther,
j'ai ajouté o'^'"',5 d'huile essentielle; aussitôt des cristaux, se sont formés et finalement le
produit s'est pris en masse. Les cristaux ont été essorés rapidement, lavés à l'alcool et
à l'éther, puis décomposés par la soude; ils ont donné naissance à une huile qui s'est
concrétée par refroidissement avec de la glace.
» Pour isoler la combinaison amidée dont la présence se trouvait ainsi démontrée,
j'ai agité 6os d'huile essentielle avec 25os d'acide sulfurique à aS pour 100. La partie
insoluble pesait 3os, ce qui montre que l'essence de feuilles de mandarinier renferme
5o pour 100 environ du composé azoté dont je vais faire connaître la nature. La solu-
tion sulfurique a été filtrée, puis additionnée de soude jusqu'à réaction alcaline, en
ayant soin de refroidir avec de la glace; l'éther d'acide amidé ainsi remis en liberté a
été séparé par agitation avec de l'éther, puis purifié par cristallisation, en refroidis-
sant à — i5° sa solution dans l'éther de pétrole.
» Il se présente sous la forme d'une masse cristalline nacrée fusible à -h 19°; ses
solutions, même extrêmement diluées, possèdent une superbe fluorescence violacée.
» Soumis à l'analyse, ce corps a fourni les résultats suivants : G, 65, 88 pour 100;
H, 6,91 pour joo. Ces nombres, ainsi que le point de fusion du composé, corres-
pondent au méthylanthranilate de méthyle (calculé pour C^H"O^Az : C, 65,45
pour 100; H, 6,67 pour loo).
» Pour identifier cet éllier d'une façon plus rigoureuse, je l'ai saponifié en le chauf-
fant pendant six heures au bain-marie avec un excès de potasse alcoolique; j'ai ensuite
distillé l'alcool et, par addition d'acide acétique, mis l'acide amidé en liberté. Celui-ci
a été recueilli sur un filtre, essoré à la trompe et soumis à la cristallisation dans
l'alcool bouillant, 11 se présente sous la forme d'aiguilles subllmables, fusibles à 179°,
communiquant aux divers dissolvants une fluorescence violacée.
L'analyse permet de lui assigner la formule C^H^O^Az.
» L'Identification de cet acide avec Vacide inéthy lanthranilique a été complétée
par la détermination du point de fusion, 186°, de son dérivé acétylé, composé décrit
par.ï\L Fortnianu {Jour, piakt. Chem., 3"= série,, t. LV, p. 128).
C. W., 1902, r- Semcsire. (T. GXXXV, N" 15.) 77
582 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Ces observations permettent de conclure que l'essence de feuilles de
mandarinier renferme environ 5o pour loo de méthylanthranilate de
méthyle
COOCH»
AzH — GH^
\/
» Jusqu'ici, des proportions aussi notables d'éther d'acide amidé
n'avaient jamais été signalées dans les huiles essentielles. L'abondance du
méthylanthranilate de méthyle dans un organe, la feuille, de première
importance physiologique, permet de supposer que ce corps doit jouer,
dans le milieu assimilateur du mandarinier, un rôle des plus intéressants. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l'essence de bois de Cèdre de l'Atlas.
Note de M. Ëmilien Grimal, présentée par M. A. Haller.
« L'essence dont je me suis occupé a été retirée, par distillation avec de
l'eau, du bois de Cèdre de l'Atlas, Cedrus Atlantica, variété algérienne du
Cèdre du Liban, Cedrus Libani, tribu des Abiétinées, famille des Conifères.
» L'échantillon que j'ai soumis à l'analyse présentait les caractères suivants :
» Soluble dans 8,5 parties et plus d'alcool à 90°, dans ii5 parties d'alcool à 70°:
Poids spécifique à 1 5° d = o , gSoS
Indice de réfraction à 20° /Id =1,51191
Pouvoir rotatoire spécifique à 20° [aJui^H- 60° 82'
» Indice d'acide libre : 1,16;
» Indice de saponification : 6,92;
» Indice de saponification après acétylation : 33,84.
» L'essence refroidie à — 16°, avant comme après acétylation, ne se solidifie pas.
» Un premier essai de distillation, à la pression ordinaire, a fourni 80 pour 100 de
distillatum entre 270° et 295°.
» J'ai soumis alors 2''s,8oo d'essence primitive à la distillation fractionnée, sous
pression réduite (16™"), entre des limites de température de 5o° à 175° et j'ai ainsi
recueilli six fractions.
» La première partie, la plus volatile, a été soumise, à son tour, à une série de frac-
tionnements à la pression ordinaire. Les parties les plus volatiles, passant entre 55*^
et 78°, contenaient de l'acétone ordinaire en très faible quantité. De 180° à 21 5°, il a
été recueilli 4os d'une huile ayant une odeur très pénétrante qui rappelle exactement
celle de l'essence primitive.
SÉANCE DU l3 OCTOBRE I902. 583
» Elle contient une cétone C^H'*0, qui a été caractérisée par la formation de sa
semicarbazone et de son oxime bromée.
» La semicarbazone fond à iSg^-iôo"; les résultats analytiques conduisent à la for-
mule O''W0kz\
)) L'oxime de cette cétone n'a pu être obtenue à l'état cristallisé; mais,
en la soumettant à l'action successive du chlorhydrate d'hydroxylamine et
du brome, il se forme des cristaux d'oxime bromée, C^H'^OAzBr',
laquelle fond à i3i^-i33^.
)) Le fractionnement de la portion II, passant entre 132*^ et 136**, à la
pression de 16°^™, fournit à la distillation, sous pression ordinaire, entre
271" et 276°, un liquide de densité 0,926 à iS**, dont l'indice de réfraction
est 1,5 121 et le pouvoir rotatoire -i-58*'34', et dont l'analyse a donné des
résultats compris entre ceux que donnent un sesquiterpène et un alcool
sesquiterpénique.
» Pour obtenir le sesquiterpène je l'ai isolé à l'état de dichlorhydrate
cristallisé; pour cela, le liquide dextrogyre précédent, dissous dans
deux fois son volume d'éther et refroidi par de la glace, a été saturé
d'acide chlorhydrique pur et sec. Par évaporation spontanée de l'éther il
s'est formé de nombreux cristaux qui ont été essorés à la trompe, puis des-
séchés sur des plaques poreuses, lavés à l'alcool froid et redissous dans
l'éther acétique chaud, d'où ils se sont reformés par refroidissement.
» Ces cristaux constituent le dichlorhydrate de cadinène; ils fondent, en effet,
à 117°-! 18°; le poids moléculaire, déterminé par la cryoscopie en solution benzénique,
est 275,6 (calculé 277).
)) En chauffant ce dichlorhydrate avec un mélange d'acide acétique glacial et d'acé-
tate de sodium, j'ai régénéré le sesquiterpène, lequel bout à 274°-275° ; il possède
donc un point d'ébullition identique àcelui du cadinène isolé, parWallach, de l'huile
de cade.
» De cette même portion II j'ai obtenu un dibromhydrate cristallisé en aiguilles
fusibles à 12/4°-! 25° qui est le dibromhydrate de cadinène.
» La cinquième fraction, redistillée à la pression ordinaire, donne, entre 291° et
295°, une huile très épaisse, qui paraît contenir un ou plusieurs alcools sesquiter-
péniques dont je poursuis l'étude.
» En résumé, j'ai isolé, de l'essence de bois de Cèdre de l'Atlas, du
cadinène C'^H^', une cétone C^H'^O à laquelle l'essence doit son odeur
spéciale, et des traces d'acétone ordinaire. »
584 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur une nouvelle réaction dit formol, permettant sa
recherche dans les denrées alimentaires . Note de MM. Manget et Mariox,
présentée par M. A. Haller. (Extrait.)
« L'emploi du formol se généralisant de plus en plus pour la conserva-
tion des substances alimentaires, les efforts des chimistes se sont portés sur
la recherche de procédés susceptibles de caractériser sa présence. La plu-
part agissent sur le produit de la distillation Le procédé que nous pro-
posons a l'avantage d'agir directement et d'êlre plus sensible. Il consiste :
» Pour le lait : A saupoudrer légèrement la surface d'amidoi ou d'ami-
dophénol; observer après quelques minutes. Le lait normal, carbonate ou
borate, développe une coloration saumon. Le lait formolé, une coloration
jaune-serin, sensible au y^ô-
» Pour les gelées de viande : Prélever dans un tube un peu de bouillon
liquéfié; ajouter quelques cristaux d'amidoi; agiter. Le bouillon formolé
développe une coloration jaune, virant au jaune sale par addition d'une
goutte d'ammoniaque. Le bouillon non formolé, une coloration brun rosé,
virant au bleu dans les mêmes conditions. »
PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Les excitants et les poisons du nerf.
Note de M. N.-E. Wedensky, transmise par M. Marey.
« Dans mes premières recherches sur la narcose du nerf, j'ai trouvé
que, avant de produire cet état dans le nerf, chaque agent narcotique le
fait passer par trois stades successifs : a. Le stade de transformation du
rythme des irritations appliquées au nerf; b. Le stade paradoxal, oij la
conductibilité des excitations fortes est déjà suspendue, celle des excita-
tions faibles étant encore possible; c. Le stade inhibitoire, qui s'exprime
par une action dépriniiinte des ondes d'excitation nées dans des points
normaux du nerf sur la partie narcotisée. Pendant la restitution du nerf,
on voit ces stades se sinvre dans l'ordre inverse ( ').
» Dans mes recherches ultérieures, j'ai constaté que tous les excitants
(') Archives de Pjlager, t. LXXXII : Compte rendu du yïIII'' Congrès interna-
tional de Médecine à Paris.
SÉANCE DU l3 OCTOBRE 1902. 585
communs, appliqués avec une certaine intensité et une certaine durée,
produisent eux aussi, dans le nerf, les mêmes modifications fonctionnelles.
En effet, c'est ce qu'on peut reproduire avec l'irritation chimique usuelle,
avec les températures plus élevées, avec la faradisation intense et dans la
modification électrotonique produite parle courant constant. Tout récem-
ment, le même fait a été établi par M. Sémenoff sur le nerf soumis à une
compression mécanique.
» En raison des conditions si différentes qui amènent toutes, dans le
nerf, un état tout à fait analogue à la narcose, je l'ai désigné par une déno-
mination plus générale qui, tout en ne mentionnant pas les causes éven-
tuelles de son origine, ne signale que l'état lui-même : par l'expression de
parabiose. Au point de vue théorique, je me la représente comme un état
d'excitation singulière, locale et stabile, rappelant la contraction idio-
musculaire du muscle (').
» Dès lors, il est naturel de poser la question de savoir si tous les
agents chimiques, les poisons de toute espèce, quelle que soit leur consti-
tution, peuvent tous être ramenés au schéma indiqué par les recherches
précédentes.
» Pour étendre l'étude au plus grand nombre possible de substances
chimiques, j'ai invité plusieurs collaborateurs à prendre part à ce travail
(Bourdakoff, Chapote, Solovieff, Soudakoff, Vorembsky).
» Le résultat de nos recherches coopératives donne une réponse tout à
fait affirmative à la question posée : tous les agents chimiques soumis à
cette étude provoquent, dans le nerf, l'état de la parabiose, en le faisant
préalablement passer par les trois stades typiques.
» Toutefois, en ce qui concerne le sort ultérieur du nerf, les substances
étudiées doivent être subdivisées en deux grands groupes :
» I. Les substances produisant la parabiose révocable ;
» IL Les substances produisant la parabiose irrévocable.
» Dans le premier cas, il suffit de faire disparaître l'atmosphère d'un
gaz nuisible, ou bien de laver, avec la solution physiologique, la partie
parabiosique, pour que le nerf revienne à l'état fonctionnel normal. Dans
le deuxième cas, la parabiose passe toujours dans la mort du nerf; néan-
moins, en raison de ce que toutes les modifications fonctionnelles qui pré-
cèdent l'installation de l'état parabiosique s'observent ici avec les mêmes
(') Excitation, inhibition et narcose; Sainl-Pétersbonrg, igot {Compte rendu
du V^ Congrèfi international de Physiologie à Turin).
586 ACADÉMIE DES SCIENCES.
caractères que dans le premier cas, il est juste de le désigner aussi comme
la parabiose.
» Quant à la manière dont s'exprime l'action initiale des substances
étudiées, elles peuvent être divisées en trois catégories : a. Les substances
qui excitent le nerf, avant qu'elles commencent à provoquer l'état de la
parabiose; h. Les substances qui n'accusent au début de leur action qu'une
augmentation de l'excitabilité; c. Les substances qui débutent directe-
ment par la diminution de l'excitabilité du nerf.
» Cependant, ces catégories ne peuvent pas être rigoureusement déli-
mitées. Une substance de la catégorie a, appliquée en solution plus faible,
ae^it comme h\ ou bien, exerçant son action sur une partie très courte,
elle agit comme 6, tandis que, sur une partie beaucoup plus longue, elle
agit comme a. Pour les substances de la catégorie c, il est toujours pos-
sible d'admettre que, elles aussi, appliquées avec une certaine intensité,
laisseraient observer une phase, ici très courte, de l'excitabilité augmentée.
» Ces trois catégories se retrouvent d'ailleurs dans les deux grands
groupes. Je ne citerai que les exemples les plus caractéristiques :
» L a. Les alcalis, les sels des alcalis, les sels de Ba, St, Ni, Zn ; b. Vératrine,
éther^ chloroforme, azotate de Ca, sulfates de Fe, Ou, acétate neutre de PI; c. Am-
moniaque, acide phénique, hydrate de chloral, cocaïne.
» De tous les poisons étudiés le nerf se montre surtout impression-
nable par la vératrine, qui exerce déjà son action en solutions extrême-
ment faibles; au contraire, la strychnine, si vénéneuse pour les centres
nerveux, n'agit sur le tronc nerveux qu'en concentrations assez considé-
rables et devrait être rangée plutôt dans la catégorie c, c'est-à-dire à côté
de l'ammoniaque et du phénol. Ces deux substances ont été regardées
jusqu'ici comme tuant le nerf sans l'exciter : en réalité, leur action est
analogue à celle de la cocaïne.
» IL a. Acides organiques et inorganiques, azotate d'argent ; h. Les mêmes sub-
stances dans des solutions faibles; c. Sublimé corrosif.
» Les acides à part, les représentants du groupe II sont beaucoup moins
nombreux que ceux du groupe I.
» Or, à proprement parler, les substances II devraient seules être envi-
sagées comme vrais poisons du tronc nerveux; ce sont seulement elles
qui produisent des altérations irréparables (il s'agit toujours du nerf
extrait du corps) de sa constitution chimique et de son intégrité fonction-
SÉANCE DU l3 OCTOBRE 1902. 587
nelle. Tous les autres agents chimiques ne diffèrent en rien, dans leur
action, des excitants physiques en général, et du plus typique d'entre eux,
du courant électrique en particulier. En effet, toute la variabihté de leurs
actions se réduirait à ce que, dans certains cas («), ils exercent leur action
à la manière du courant faradique; dans les autres {b et c), à la manière
du courant constant s'insinuant très lentement. C'est là plus qu'une com-
paraison: c'est une formule générale, qui peut nous guider à travers les
manifestations si variées dont le nerf soumis à l'influence des agents chi-
miques est le siège. »
ZOOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Sur le centre nerveux qui innerve la périphérie
du manteau chez le Pecten. Note de M. Louis Boutan, présentée par
M. Yves Delage.
« On ne reconnaissait jusqu'à présent comme centres distincts chez les
Acéphales que les ganglions cérébroïdes ou sus-œsophagiens, les ganglions
pédieux et les ganglions palléo-viscéraux. Les expériences que j'ai faites,
cette année, au laboratoire de Roscoff, m'ont permis de constater l'exis-
tence d'un nouveau centre distinct des trois précédents. Ce centre nerveux
autonome a sous sa dépendance les organes sensoriels, si développés chez
le Pecten, à la périphérie du manteau. Il est en relation, avec les ganglions
cérébroïdes et les ganglions palléo-viscéraux, par des branches nerveuses,
chez les sujets normaux; mais, si on l'isole de ces centres, il conserve son
intégrité fonctionnelle: on ne peut donc pas l'assimilera un ganglion de
renforcement.
» Ce centre nerveux, qu'on désignait jusqu'ici sous le nom de nerf péri-
phérique du manteau, est constitué par un manchon de cellules nerveuses
entourant la substance fibrillaire; il représente, à lui seul, une masse au
moins dix fois plus volumineuse que tous les autres centres réunis.
)) Il est vraisemblable qu'il existe, plus ou moins développé, chez les
autres Acéphales et qu'il est homologue au cordon nerveux périphérique
que j'ai signalé chez la Fissurelle et que l'on retrouve chez d'autres Gasté-
ropodes archaïques.
» Voici par quelles expériences on peut établir que ce soi-disant
nerf phériphérique dicmanteau est un centre autonome.
» Le Pecten possédant un manteau ouvert sur toute la face ventrale,
on peut, en écartant les valves avec un coin assez épais, apercevoir à l'œil
nu les centres que j'appellerai classiques.
588 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Première expérience. — Si l'on supprime avec un fer rouge les ganglions palléo-
viscéraux, ou si l'on se contente de sectionner à droite ou à gaucbe le tronc commun
que représente l'ensemble des nerfs qui se rendent dans un des lobes du manteau, on
constate, dans l'un et l'autre cas, que les organes sensoriels de la périphérie réagissent
à l'excitation comme chez le sujet normal.
» Deuxième expérience. — Si l'on pratique la même opération sur les ganglions
cérébroïdes, le résultat est le même, mais l'animal ne survit que peu de jours à l'opé-
ration.
» Troisième expérience. — ■ Si l'on sectionne d'un côté le tronc commun des nerfs,
se rendant à l'un des lobes du manteau et si l'on isole^ en haut et en bas, ce lobe du
manteau par deux larges incisions, les organes sensoriels de la périphérie du manteau
continuent à réagir à l'excitation, et cela plus de trois semaines après que l'opération
a été effectuée.
» On doit noter que cette troisième expérience est la plus concluante, puisque, dans
ce dernier cas, le centre nerveux qui innerve la périphérie du manteau se trouve com-
plètement isolé de toute communication nerveuse avec les autres centres.
» L'élude histoiogique de ce centre, que l'on peut appeler cîrcum-pallêal,
semble confirmer ces résultats, lorsqu'on la pratique sur des animaux
opérés depuis i5 jours ou 3 semaines; tous les nerfs qui partent de ce
centre pour fee rendre aux organes périphériques sont conservés en bon
état; ceux, au contraire, qui représentent les branches d'union avec le
centre palléo-viscéral semblent en dégénérescence (^ ).
M Si les expériences rapportées plus haut démontrent l'existence d'un
centre nerveux autonome, innervant les organes sensoriels du manteau,
on ne doit pas en conclure cependant que les ganglions palléo-viscéraux
n'innervent pas, eux aussi, le manteau. Rien ne serait plus faux, ainsi que
le prouve une dernière expérience.
» Si, au lieu de détruire complètement les ganglions palléo-viscéraux,
oii supprime le centre nerveux d'un seul côté, l'animal peut survivre à
l'opération. En l'ouvrant six mois après on constate que le lobe du man-
teau correspondant au ganglion lésé est presque complètement atrophié.
Il n'est plus représenté, sur le pourtour du muscle, que par une mem-
brane de quelques millimètres, et la portion correspondant au capuchon
est seule représentée dans son intégrité.
» Cette expérience prouve que le champ d'innervation des ganglions
palléo-viscéraux situés sur le muscle adduclenr inférieur ne s'étend pas
(') Je dis semblent en dégénérescence parce que les caractères de la dégénérescence
des nerfs chez les Mollusques sont encore trop mal connus pour permettre une affir-
mation plus catégorique.
SÉANCE DU l3 OCTOBRE 1902. SSq
sur toute la surface du manteau, puisque le capuchon céphalique est con-
servé après leur suppression. Cette constatation m'a conduit à étudier, sur
des coupes, la disposition des ganglions cérébroïdes et m'a permis de con-
stater que, chez le Pecten, chacun de ces ganglions est formé de deux moi-
tiés séparées par un étranglement : la moitié supérieure fournit les nerfs
des lèvres et la commissure sous-œsophagienne, la partie inférieure donne
l'ensemble des nerfs qui innervent le capuchon.
» D'après ce que l'on sait déjà de la disposition des ganglions palléo-
viscéraux chez d'autres Acéphales, tels que Nucula, par exemple, on peut
en conclure que cette moitié inférieure, regardée jusqu'ici comme faisant
partie des ganglions cérébroïdes, représente un ganglion du système
palléo-viscéral très rapproché du ganglion cérébroïde. »
ZOOLOGIE. — L'excrétion chez les Crustacés supérieurs. Note de
M. Li. Bruntz, présentée par M. Yves Delage.
« Kovalevsky (1889), dans ses belles études sur l'excrétion par le pro-
cédé des injections physiologiques, a découvert chez les Crustacés beaucoup
de faits nouveaux et intéressants, mais il a surtout noté les résultats les plus
apparents sans beaucoup approfondir, et il a lui-même fait remarquer que
ce sujet devait être repris. Jusqu'ici le seul groupe étudié complètement
est celui des Décaj)odes, chez lesquels M. Cuénot (1895) a trouvé trois
types d'organes excréteurs : i^ le rein antennaire (snccule et labyrinthe);
2° les reins branchiaux, néphrocytes à carminate accumulés dans les
canaux branchiaux; S'' les cellules vacuolaires du foie.
» Mes recherches, faites au laboratoire de Roscoff, ont porté sur tous
les autres groupes de Crustacés; j'ai utilisé la môme méthode des injections
physiologiques de liquides colorés et j'ai pu me convaincre que tous les
Malacostracés étudiés possédaient les divers organes excréteurs indiqués
pour les Décapodes; j'y ajouterai les reins céphaliques des Edriopthalmes
et un organe péricardial chez les Amphipodes.
» 1° Rein antennaire et rein maaitlaire. — A Tétat larvaire on sait que les
Crustacés possèdent deux paires de glandes situées : l'une, dans le premier article
de la deuxième paire d'antennes; l'autre, dans le segment du corps correspondant à la
deuxième paire de mâchoires; à l'état adulte on ne retrouve que rarement les deux
glandes (Nébalie); c'est le plus souvent la première qui persiste, tandis que c'est la
seconde chez les Isopodes. Mes expériences m'ont permis de constater que, chez tous,
l'épithélium du saccule de la glande qui a persisté élimine le carminate, ainsi que le
tournesol qui, virant au rouge, indique une réaction acide. Chez la Nébalie les deux
C. R., 1902. 2» Semestre. (T. CXXXV, N" 15.) 7^
5go ACADÉMIE DES SCIENCES.
glandes sont fonctionnelles, d'après Claus. Quant au labyrinthe, canal urinaire plus ou
moins contourné dans lequel débouche le saccule et qui lui-même s'ouvre à l'extérieur,
il a bien probablement un rôle dans l'excrétion, mais il n'élimine aucune des couleurs
employées.
» 1° Reins branchiaux. — J'ai de même constaté que leur existence était géné-
rale. Ce sont des organes clos, de forme variable, constitués par de grosses cellules
conjonctives à un ou plusieurs noyaux, à réaction acide et éliminant le carminate.
» Chez les Leptostracés (Nébalie), ils sont situés à la base des lames branchiales et
sont, par conséquent, au nombre de huit paires. Les coupes montrent que ces néphro-
cytes sont localisés dans le sinus sanguin du coxopodite et lui forment un revêtement
incomplet, disposition nécessaire pour que le sang puisse avoir libre accès dans les
lames respiratoires de l'épipodite et de l'exopodite.
» Ces reins sont plus nombreux chez les Amphipodes (Talitre, Gamniarus, Pro-
tella); ils ont été signalés par Délia Valle. On les trouve à la base de chaque anneau
du corps; les plus importants sont à la partie antérieure : ils s'avancent dans les lames
épimériennes des pattes thoraciques, tandis que, dans l'abdomen, ils ont une tendance à
s'étendre en hauteur. Les coupes montrent que ces organes sont situés dans les lacunes
qui constituent les vaisseaux péricardiques.
» Les Isopodes possèdent un nombre variable de reins branchio-abdominaux.
Il y en a généralement cinq paires; on n'en rencontre que trois chez le Sphérome et
une chez l'Aselle. Les néphrocytes qui les composent peuvent être groupées, comme le
montrent les coupes, en amas à l'extrémité des lacunes qui constituent les vaisseaux
branchio-péricardiques, ou bien les remplir dans toute leur étendue et même
s'étendre dans le péricarde et le telson comme chez les Bopyres.
» Les Schizopodes (M/sis) possèdent huit paires d'organes analogues; les six der-
niers sont situés dans les articles coxaux des six pattes thoraciques ambulatoires. Les
cellules qui les constituent tapissent seulement le côté interne et un peu les bords des
canaux cruro-péricardiques. A la base des deux paires de pattes-mâchoires l'on ren-
contre deux paires d'amas semblables, plus petits.
» 3° Reins céphaliques, — Les injections de carminate d'ammoniaque m'ont révélé,
chez les Amphipodes et les Isopodes, un autre organe excréteur clos. Des coupes faites
dans la tête, montrent deux amas symétriques de grosses cellules, placées à la base
des antennes delà deuxième paire; allongés dans le sens de l'antenne chez les pre-
miers, plus arrondis et plus importants chez les seconds, ils reposent sur la calotte de
tissu conjonctif qui forme le sommet de la tête de l'animal. Ils sont bordés latérale-
ment: du côté externe, par l'épithélium articulaire; du côté interne, par le muscle
releveur de l'antenne, sur lequel ils sont à cheval. Les cellules qui les constituent ne
sont pas analogues à celles des organes précédents.
» 4° Cellules cardiaques des Amphipodes. — Chez les Crustacés de ce groupe,
des coupes transversales montrent autour du cœur, intérieurement et extérieurement,
un tissu spécial composé de grosses cellules éliminant le carminate; on en trouve
aussi sur les brides conjonctives qui soutiennent le cœur. Ces cellules excrétrices
possèdent aussi la fonction phagocy taire et capturent l'encre de Chine injectée dans
le cœlome.
» 5° Foie. — Kovalevsky a constaté chez la Squille que le foie élimine Tindigo-car-
min. J'ai reconnu la même propriété excrétrice au foie de tous les Malacostracés cités.
SÉANCE DU l3 OCTOBRE 1902. yygi
L'élimination se fait très rapidement, ce qui montre l'importance du foie en tant
qu'organe excréteur. Les cellules hépatiques excrétrices sont les plus petites, à cyto-
plasme granuleux, renferment quelques vacuoles et correspondent, si l'on peut géné-
raliser, aux Leberzellen, de Frenzel. »
ZOOLOGIE. — Sur un Cérianthaire pélagique adulte.
Note de M. Ch. Gravier, présentée par M. Edmond Perrier.
« Les pêches pélagiques pratiquées de juillet à septembre dans l'Atlan-
tique nord, dans la Manche et dans la mer du Nord, donnent fréquemment
diverses formes jeunes d'Actinies, que l'on désigne sous le nom à'Arach-
nactis et que l'on considère comme des larves de Cérianthes. La grande
expédition scientifique allemande (Plankton-Expédition) de 1889 re-
cueillit à la surface de l'océan Atlantique de nombreuses formes larvaires
nouvelles de Cérianthaires, mais aucun individu adulte. Il semble donc que
ces animaux abandonnent, à un stade plus ou moins précoce de leur déve-
loppement, la vie à la surface, pour gagner le fond de la mer où on les
drague. Or, en explorant le golfe de Californie, M. Léon Diguet a eu récem-
ment la bonne fortune de capturer des Cérianthes qui nageaient en nombre
considérable dans les couches superficielles. Ces actiniaires, qui présentent
(les caractères non signalés chez les espèces actuellement connues, con-
tiennent, pour la plupart, des éléments reproducteurs parvenus à un état
très voisin de la maturité.
» La colonne, éminemment contractile, mesure, chez les exemplaires à l'état de
complète extension, de 4o™™ à 5o™" ; translucide à l'état vivant, elle est incolore, sauf
à l'extrémité inférieure un peu renflée, terminée en pointe mousse et perforée, où l'on
observe une légère pigmentation de couleur ocre, de même qu'à la face interne des
tentacules labiaux. Les tentacules marginaux, subulés, de même longueur que la
colonne et incolores comme elle, sont sensiblement insérés sur un même cercle; ils ne
forment pas, en tout cas, des cycles nettement distincts, comme chez certains types du
même ordre. Leur nombre varie de 28 à 26; le nombre le plus fréquemment réalisé
est 25. Celui d'entre eux qui est situé dans le plan de symétrie et qui correspond au
siphonoglyphe, est toujours de dimensions réduites. Les tentacules labiaux sont dis-
posés en deux cycles, autour de l'orifice buccal allongé dans le sens du plan de symé-
trie. Dans ce plan et du côté du siphonoglyphe, le tentacule labial manque; à l'extré-
mité diamétralement opposée, cet appendice est rudimentaire. Tous les autres
tentacules sont de longueur presque uniforme, cylindriques, alternant régulièrement
d'un cycle à l'autre, beaucoup plus courts que les tentacules marginaux. Le plus sou-
vent il y a, de part et d'autre du plan de symétrie, 12 tentacules d'un côté, 11 de
l'autre, ce qui fait en tout, avec le tentacule médian, 24 tentacules labiaux correspon-
dant à 25 tentacules marginaux.
592 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Les cloisons qui s'attachent au siplionoglyphe et que Edouard van Beneden ('),
dans son magistral Mémoire sur Les Anthozoaires de la Plankton-Expeditlon,
appelle cloisons directrices, s'avancent assez loin vers le pôle aboral. Le premier
couple de cloisons latérales offre des caractères spéciaux. A Ja différence de ce qu'on
observe chez les Cérianthes les mieux connus (C membranaceus Gmelin, C. Lloydii
Gosse), elles s'approchent beaucoup moins du pôle arborai qu'un certain nombre de
cloisons des couples suivants. Elles se distinguent de toutes les autres par les carac-
tères de leur bord libre. Jusqu'au milieu environ de leur longueur, ce bord présente
deux bourrelets de teinte brun foncé, pourvus d'un grand nombre de nématocjstes et
de cellules glandulaires et séparés par une gouttière médiane; à ce niveau est un court
j^eloton formé par l'entéroïde; au-dessous de ce dernier, le bord libre est mince et
simple, comme celui des cloisons directrices et des cloisons stériles.
» Les cloisons du second couple, avec leurs gros pelotons entéroïdauv à la partie
supérieure, au-dessous du pharynx, sont plus longues que celles du couple précédent.
A partir des cloisons du second couple, les cloisons fertiles et les cloisons stériles
alternent régulièrement. Les cloisons fertiles du troisième et du cinquième couple
méritent une mention spéciale. Elles sont les plus longues de toutes; elles se distin-
guent de toutes les autres en ce qu'elles portent, un peu au-dessus de leur extrémité
inférieure, un petit renflement dépendant de l'entéroïde et en forme de saucisse. Le
double bourrelet pigmenté en brun du bord libre s'arrête au niveau de l'insertion de ce
peloton de l'entéroïde. Il s'étend sur une moindre longueur dans les autres cloisons
fertiles, qu'il permet de distinguer des stériles à première vue.
» A partir des cloisons du sixième couple, plus longues que celles du quatrième, la
décroissance de longueur se poursuit régulièrement jusqu'aux cloisons de formation
la plus récente. Les cloisons d'un même couple montrent, en général, une inégalité
frappante; cela tient à ce que ces cloisons n'apparaissent pas en même temps, celles
de droite étant toujours en avance sur celles de gauche.
» Aucune cloison ne porte de prolongements ramifiés de l'entéroïde, ni de bothruc-
nides, ni de cnidorages.
» Les caractères des cloisons et en particulier ceux des cloisons direc-
trices et de celles des premier, deuxième, troisième et cinquième couple,
différencient nettement ce Cérianthaire de tous ceux qui sont actuellement
décrits. Les cloisons ne présentent pas, à proprement parler, la disposition
quatroseptale que Faurot(-) a mise en évidence chez le Cerianthus membra-
naceus. Elles se laisseraient plutôt grouper en biseptes, simplement.
» De toutes les larves recueillies par le ISational, dans l'Atlantique, c'est
de celle décrite par Ed. van Beneden sous le nom de Dactylactis que le
Cérianthaire dont il est question ici parait s'éloigner le moins.
(*) Edouard VAN Beneden, Les AnUiozocdres de la Plankton-Eœpedition, 1898, avec
16 planches, i carte et Sg figures dans le texte.
(^) L. Faurot, Eludes sur l'anatoniie, l'histologie et le développement des Acti-
nies {Arch. de Zool. expér. et gén., 3* série, t. III, iSgS, p. 43-202, PL I-ALl),
SÉANCE DU l3 OCTOBRE 1902. SgS
M La découverte de cette forme sexuée nageante, la première qui ait
été signalée jusqu'ici ('), et dont une étude approfondie sera prochaine-
ment publiée, montre que la vie pélagique, qui est la règle dans le jeune
âge chez les Cérianlhaires, peut persister ou tout au moins réapparaître à
l'âofe adulte chez certains d'entre eux. »
CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur la composition des hydrates de carbone de réserve
de l'albumen de quelques Palmiers. Note de M. E. Liéxard, présentée par
M. L. Giiignard.
rt Sur les conseils de M. le professeur Bourquelot j'ai étudié la nature
des hydrates de carbone de réserve contenus dans les graines de plusieurs
plantes appartenant à la famille des Palmiers. J'ai choisi à dessein six graines
appartenant à des tribus différentes et les ai traitées par les méthodes d'hy-
drolyse actuellement connues.
» Ces graines proviennent des espèces suivantes :
0 Areca catechu L., Chamœrops excelsa Thunb., Asti ocary uni vulgare Mart.,
OEnocarpiis bacaba Mart., Erythea ediilis S. Wats, et Sagus Rumphii Willd.
» Nous avons d'abord recherché le saccharose par la méthode de
M. Bourquelot (^), et voici comment nous avons opéré sur les graines de
Cha,mœrops excelsa .
» i25s de poudre de graines ont été épuisés pendant une demi-heure au bain-marie
par 600'^™'' d'alcool à 80° bouillant. Après refroidissement le liquide a été ramené à son
volume primitif et filtré à la trompe. On a prélevé un volume déterminé de cette solu-
tion et, après addition de carbonate de chaux, évaporé en consistance d'extrait mou.
Le résidu a été repris à froid par 100'='"' d'eau thjmolée saturée, puis on a fait, avec le
liquide filtré, les mélanges suivants :
^ , . . ( Liquide filtré : ao*^""'.
Solution A { „/ ,
( 1 hymol en excès.
i Liquide filtré : 80""'.
Solution B I Levure de bière tuée par l'alcool et desséchée : 0^,26.
f Thymol en excès.
(') Les exemplaires sexués de 4o™™ de longueur que Cari Vogt trouva à la surface
de la mer, entre l'Ecosse et l'Islande, et qu'il rapporta au genre Arachnactis [Des
genres Arachnactis et Cerianthus )Arch. de BioL, t. VIII, 1888, p. i-43, PL I-HI)]
sont, en réalité, des Halcanipa, ainsi que l'a montré Th. Boveri [ Ueber Entwickelung
und Verwandtschaflsbeziehungen der Actinien {Zeitsch. fur wiss. ZooL, Bd. 49,
1889, p. 46i-5o2, PI. jrjri-jrA^ni)].
(^) BouuQUELOT, Comptes rendus^ t. CXXXIII, 190 1, p. 690.
594 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Ces deux solutions ont été abandonnées à la température du laboratoire (17°) pen-
dant 4 jours; examinées alors au polarimètre {l=zi) et analysées à la liqueur de
Fehling, elles ont donné les résultats suivants :
j Déviation + 44' à + 46'
( Sucre réducteur pour 100 os
Déviation — 46' à — 48'
■t5 1 (-• '1
Sucre réducteur pour 100 00,961
» Il s'est donc formé o^',96i de sucre réducteur (sucre interverti) qui représentent
à 17°, pour ai,z=: — 19°, 5 une déviation gauche de — o°,364 ou — o®2i',8; alors que
les 06,912 de saccharose dont ils proviennent représentent une déviation à droite
de -h 1°, 2i4 ou -!- i°i2' pour ax) = -i- 66°, 6.
» Or, s'il y a du sucre de canne dans la solution A, la déviation primitive a dû dimi-
nuer de la somme de ces deux déviations, soit de 98'. Et l'observation nous a donné
une diminution de 92'; nous pouvons donc conclure à la présence du sucre de canne
dans les graines de Chamœrops excelsa. D'autre part, un essai particulier nous a
montré que ces graines ne renfermaient pas de glucoside dédoublable par l'émulsine.
» Pour étudier les autres hydrates de carbone nous avons employé la
méthode d'hydrolyse fractionnée.
» Première hydrolyse. — Dans un des cas, par exemple celui du Chamœrops
excelsa, on a effectué le mélange suivant :
! Albumen séché à 100° (résidu provenant de la recherche du saccharose). 20s
Acide sulfurique 68
^ Eau distillée, quantité suffisante pour 200'='"^
» On a porté à l'autoclave à la température de 110° pendant 45 minutes à deux
reprises différentes. On a constaté qu'il s'était formé, en tout, 3?, 748 de sucre réduc-
teur (exprimé en dextrose), dont 3s,i3 de mannose et os, 166 de galactose.
» Deuxième hydrolyse. — Le résidu de l'opération précédente, après avoir été lavé
à l'eau distillée, à Talcool et séché à l'étuve, a été traité de la même façon avec aSo'^'"'
d'acide sulfurique à 4 pour 100 pendant i heure 3o minutes. Dans cette opération on
n'a obtenu que is,6ii de sucre réducteur et celui-ci renfermait is,4oo de mannose et
pas trace de galactose.
» Le résidu de la seconde opération a été mis en contact avec de l'acide sulfurique
à 75 pour 100; on a ensuite étendu d'eau de façon à avoir une liqueur renfermant
2,5 pour 100 d'acide sulfurique, et l'on a fait bouillir pendant 2 heures.
» La liqueur renfermait 7^,718 de sucre réducteur, dont 68,871 ont pu être carac-
térisés à l'état de mannose. Elle ne contenait pas trace de galactose.
» On peut donc admettre, de ce qui précède, que le mannose obtenu
provient de niannanes diversement condensées, dont les plus résistantes
ne peuvent être hydrolysées que par le procédé Braconnot-Flechsig.
)) Si l'on veut obtenir en une seule fois tout le mannose, on peut em-
ployer le procédé de MM. Bourquelot et Hérissey.
SÉANCE DU l3 OCTOBRE 1902. 5g^
» Pour cela, on prépare le mélange suivant :
Albumen sec loos
Acide sulfurique à 70 pour 100 i5os
)) Au bout de 12 heures on ajoute une quantité suffisante d'eau pour faire 2000*™'.
On chauffe ensuite à l'autoclave pendant i heure 3o minutes à 1 10°, en deux fois. Le
liquide obtenu renfermait 54^,876 de sucres réducteurs dont ^8s,'j6 de mannose.
» La liqueur ne contenait pas de galactose.
)> En résumé loo^ de graines ont fourni :
Eau II, 878
Matières grasses solubles dans l'éther 2,095
Sucre réducteur initial o
Saccharose 0)9i2
Totalité des sucres réducteurs
fournis par les trois hydrolyses,
dans trois essais comparatifs. Méthode
!■ -^ — — 1^ de MM. Bourquelot
A. B. C. et Hérissey.
Sucres réducteurs (en totalité) ) „„p kk^qk kc^
g
Areca.
Aslrocaryum.
Œ
nocarpus.
Erythea.
Sagus.
6,3i2
7,65
1,340
i,o38
II, 4o
7,25
59,52
i,3o
10, 3o
0,376
0,263
0
0
0,221
0
o,336
i,6i3
o,683
1,061
I, 102
. , , , ( 56,70 55,85 56, 02 47,85
(exprimes en dextrose) ) '
Sucres réducteurs ca- ( mannose.. 49,74 49,o8 49,48 42, 5o
ractérisés comme.. | galactose. 0,728 0,741 0,780 o
)) J'ai opéré de la même façon sur les autres graines et les résultats
fournis, comme le montrent les Tableaux suivants, sont à peu près ana-
logues :
Eau
Matières grasses
Sucre réducteur initial
Saccharose
Sucres réducteurs (totalité fournie )
parles hydrolyses successives) > 3is,45 44^)65 54s,3i 4i^,88 4o,38
(exprimés en dextrose) )
Sucres réducteurs ca- ( mannose..
ractérisés comme.. ( galactose.
« Conclusions : L'albumen des Palmiers renferme donc ;
» i" Assez souvent du sucre réducteur en petite quantité;
» 2** Du saccharose en faible proportion;
» 3° Des mannanes diversement condensées et s'hydrolysant successi-
vement ;
» 4** Une galactane. »
22S,85
3i^97
4is,77
36
33,72
08,687
os, 758
is, 007
i,oo5
os, 646
^9^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
GÉOLOGIE. — Sur la constitution géologique des environs d' Alexandrie
{Egypte). Noie de MM. H. Fourïau el D.-E. Pachundaki. présentée
par M. Albert Gaudry.
« Des recherches récentes dans cette région si peu étudiée par les géo-
logues qui se sont occupés de l'Egypte, et les déterminations de nos
récoltes par notre savant confrère M. Paul Pallary nous ont permis de
constater un certain nombre de faits nouveaux et intéressants à signaler.
» La côte alexandrine, depuis le Mariout jusqu'à Aboukir, est essentiel-
lement formée par trois couches bien distinctes: le calcaire du Mex, le
tuffeau coquillier et les sables gréseux à Hélix.
» Le calcaire de Mex forme depuis le golfe des Arabes une ligne de hauteurs lon-
geant la côte à un demi-kilomètre environ du rivage et disparaît sous le luITeau
coquillier à la hauteur du village de Gabbary, à l'ouest d'Alexandrie. Il est exploité
surtout au Mex comme pierre de construction pour la ville d'Alexandrie. Sa position
stratigraphique était incertaine jusqu'à ce jour, car on ne lui connaissait, à part
quelques Foraminifères cités par Elirenberg, aucun fossile. Nous y avons découvert une
faunule de coquilles microscopiques mêlées à des radioles d'Oursins et à des fragments
de Bryozoaires. L'élat un peu fruste de nos spécimens n'a malheureusement permis, en
généi-al, qu'une attribution générique. Voici l'énumération de nos récoltes: Rissoa
similis, Rissoa sp.,Bittia/n reticulatum, Bittium sp., Pleurotoma sp., Pyrenella sp.,
Nassa sp., Cœcum sp., Cardita trapezia, Pectunculus sp., Corbula sp., Arca sp.
» Le tuffeau coquillier, qui forme la côte et, près du Mex, les quelques rochers
connus sous le nom à' lies des Sirènes, est une formation littorale grossière, et gréseuse
par places: il forme la majeure partie du sous-sol d'Alexandrie et du faubourg de
Ramleh jusqu'au cap d'Aboukir et l'île Nelson, Il est en général absolument pétri de
débris de Bivalves qui forment par places une véritable lumachelle d'écaillés, épaisse
deo™,i5 à G'", 2.5. On n'y rencontre que très peu de fossiles en bon état et nous ne
pouvons citer qu'un Arca un peu fruste, très voisin à' Arca barbata.
» Les sables gréseux à Hélix surmontent indifféremment le calcaire du Mex et le
tuffeau coquillier, mais surtout ce dernier. Cette couche a été signalée la première
fois par Fraas qui avait attribué les fossiles récoltés par lui à Hélix candidala, d'où
il avait conclu à un changement de climat qui, depuis l'époque quaternaire, avait
obligé cette espèce des pays froids et pluvieux à émigrer vers des régions plus septen-
trionales. M. Max Blanckenhorn a contesté depuis la détermination de Fraas qui serait
pour lui//, vestalis et il aurait récolté en outre dans cette couche H . pisana ei Hélix s^.
Nous y avons récolté, pour notre part, un bien plus grand nombre de fossiles qui don-
neront une idée exacte de cette curieuse formation littorale, véritable dune fossile dont
les sables agglomérés et formant par places un grès assez résistant contiennent une
faune terrestre, vivant encore aujourd'hui aux environs d'Alexandrie, mélangée aux
espèces marines rejetées sur la côte par la tempête. Nous n'avons pas retrouvé ^. ca/«-
didula dont parle Fraas; en revanche, la liste suivante donnera une idée exacte de
SÉANCE DU l3 OCTOBRE 1902. ^97
cette formation que l'on peut admirablement étudier aux environs du casino du Mes.
Avec de très nombreux exemplaires à'Helix mexensh Bgt., nous avons récolte H. ves-
talis, H. nucula Parreys, H. Hamyi Bgt., H. Ehrenbergi, H. {Xerophila) sp.,
Rumina decollata, Papa sp., Buliminm GaiUyi Bgt., mêlés à Trochocochlea tur-
biformisv. Sal., Cerithium sp., Pyrenella conicaBWmw., Colunibella rusticah.,
Nassa Cuneri, Pectanculus pilosus, Oslrea lamellom, Parmacella alexan-
drina Ehr.
), Celte formation s'étend aussi à l'intérieur du pays où l'un de nous a
retrouvé sur les collines, au sud-ouest du lac Mariout, des grès très tendres
à Rumina decollata et Eellx sp. La dune ne semble pas avoir pu se mam-
tenir sur les collines du Mex, mais on trouve dans la patine sdiceuse
qui couvre les parties inexploitées des exemplaires à^Eelix mexensis et de
Rumina decollata.
w Nous signalerons enfin un faciès particulier de cette formation, que
l'on rencontre au bord de l'ancien rivcge du lac Mariout au sud du Karm
et Sidi Rhrer. La dune est là couverte de cristaux de gypse en fer de lance
et contient une faune où les espèces marines saumâtres et terrestres sont
mélangées, indiquant ainsi les diverses modifications qu'a subies la région;
nous y avons récolté : Donax trunculus. Venus verrucosa, Tellina incarnata,
Cardium edule, Melania tuberculata, Cleopatra bulimoides, Paludina umcolor
et Hélix luherculosa Conrad.
>, Pour nous, le calcaire du Mex représente une formation à la limite du
Pliocène supérieur et du Quaternaire inférieur. Malgré leur état un peu
fruste, les fossiles semblent différer des espèces vivant aujourd'hui sur la
côte et nous sommes plus portés à la dater du Pliocène supérieur. Le
Quaternaire inférieur nous paraît être bien suffisamment représenté par le
tuffeau coquillier. Quant à la couche h. Hélix, elle appartient sans conteste
au Quaternaire supérieur. Au Gabbary, recouverte par la terre végétale et
souvent par 3°^ à 4™ de détritus de carrière solidement agglomérés, elle
paraît, au premier abord, plus ancienne : ce qui peut expliquer l'erreur de
Fraas.
» En résumé, la barre rocheuse qui forme la côte Alexandrine et pro-
tégea la formation du Delta nilotique contre la haute mer poussée par les
11'
vents du nord-ouest est d'époque quaternaire et s'appuie sur des calcau^es
du Pliocène supérieur; de plus, les espèces fossiles et subfossiles que l'on
y rencontre n'indiquent aucunement que le climat à l'époque quaternaire
fût différent du climat actuel. «
G. r.., 1902, 2' Semestre. (T. CXXXV, N" 15.) 79
SgS ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur les causes générales d' instabilité sismique dans
Vinde. Note de F. de Montessus de Ballore, présentée par M. de Lap-
parent.
« Dans les rapides études que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie,
en attribuant l'instabilité sismique de certaines régions à tel ou tel accident
géologique d'origine plus ou moins ancienne, faille ou plissement, je ne
prétends pas dire que ces accidents jouent réellement encore lors d'un
tremblement de terre, bien que cela arrive, pour les fiiilles notamment,
mais seulement que leurs causes antérieures conservent un reste de vitalité
sous la forme atténuée de séismes. C'est qu'ils ne sont pas plus que ceux-ci
des causes, mais des effets. Aussi les épicentres sont-ils souvent placés
latéralement à la faille, c'est-à-dire du côté de l'effort antérieur de rupture
ou de plissement, suivant les cas. Et encore ne doit-on pas, pour nier
l'influence sismique d'une faille, arguer de l'absence d'augmentation
observable du rejet de ses lèvres, cette modification ne se présentant que
pour les grands séismes.
» Il faut, en résumé, considérer les tremblements de terre comme le
critérium de la survivance ou de la cessation, suivant qu'ils se présentent
ici et non là, des efforts dynamiques qui, en des temps plus ou moins
anciens, ont donné lieu aux traits géologiques auxquels on les rapporte.
» Dans l'Inde, considérée ici à l'ouest du Brahmapoutre et de l'Himalaya
au cap Comorin, l'instabilité sismique est nettement limitée à un petit
nombre de régions pour lesquelles on va donner ici les causes géologiques
générales, en réservant les détails pour un Mémoire publié par le Geological
Survey of India.
» Les environs de Caboul, de Kandahar et de Jellahabad sont très instables. Mais,
si la géologie de l'Afghanistan est encore bien imparfaitement connue, on sait cepen-
dant qu'il s'y rencontre une très importante série éruptive de l'époque secondaire, que
les roches porphyriques dont les débris ont formé la plus grande jDartie du Néocomien
ont largement percé le Jurassique, que le Crétacé a été métamorphosé en grand par des
granités syénitiques jusqu'à l'Eocène, qu'au moins depuis le Carboniférien le rivage
méridional de la mer intermédiaire entre les vieux continents boréal et austral a oscillé
au travers de l'Afghanistan, et qu'enfin les chaînes secondaires occidentales ont subi
un violent rebroussement qui a formé la muraille de l'Hindou-Kouch. On ne manque
donc pas de base pour trouver, au milieu de ces vicissitudes grandioses, l'explication
locale des centres d'instabilité.
» La chaîne béloutche du Khojak est très instable, et en 1892 une ancienne faille
s'est rouverte près d'Old Chaman, à la suite d'un grand séisme.
» La surrection de l'Himalaya a dû se continuer au moins jusqu'au Pliocène, et ce
mouvement gigantesque de l'écorce terrestre ne semble pas encore avoir dit son der-
SÉANCE DU l3 OCTOBRE I902. 5qq
nier mot. En tout cas, l'instabilité est considérable sur tout son flanc méridional du
Cachemire au Népaul, et de Rawal-Pindi à Davjeeling, tandis que son versant septen-
trional est très stable. Plissements, failles, injections plutoniques, actions dynamomé-
tamorphiques, etc., rien ne manque comme causes locales d'instabilité. On se conten-
tera de dire ici que, si la grande faille Muzafirabad-Murrec-Kohat semble avoir une
influence sismique évidente, cela est moins net pour celle de Konain-Mudhaul- enfin
le Sait Range est aussi instable que devait le faire prévoir la complexité de ses dislo-
cations tectoniques.
» Le grand synclinal, maintenant recouvert par les dépôts de l'Indus et du Gange,
et par où a passé pendant de longues périodes le rivage méridional de la mer qui bor-
dait au nord le vieux continent gondwanien, est plutôt stable, sauf en certains points où
quelques séismes décèlent des dislocations cachées sous les alluvions. En tous cas, ceux
de Delhi ne doivent pas être attribués aux plissements présiluriens trop anciens de l'Ara-
vali Range, chaîne absolument stable, ni à la grande faille entre la Chamba et la Jomna.
V D'une façon générale, le bas Indus est très instable. Le centre sismique secondaire
Shapoor-Jacobabad doit être attribué aux dislocations des Murri-Hills. C'est par le bas
Indus que la mer jurassique a entraîné le continent gondwanien, dont rabaissement se
joint ici aux plissements postcrétacés du Siudh, comme phénomènes survivant sous
formes de séismes. C'est là qu'en 1819 s'est formée sismiquement la grande faille de
l'Allah-Bund dans le Rann de Catch.
» L'instabilité disparaît dans la presqu'île de Kathyawar, pour renaître de l'autre
côté du golfe de Cambay, d'Ahmenabad à Bombay et jusque dans le Khandesb. Si de
sérieux indices de soulèvements récents se montrent sur les rivages de ce golfe, comme
ces mouvements superficiels semblent rarement liés directement à l'instabilité sis-
mique, on en est réduit à invoquer très hypothétiquement les dislocations fort
anciennes à la suite desquelles la mer vindliyenne ayant, dans les basses vallées de la
Tapti et de la Nerbudda, entamé le massif archéen, a ensuite laissé s'eff'ectuer les dépôts
gondwaniens d'origine terrestre, ou bien les dislocations de ces mêmes couches entre
les inférieures et les supérieures. Une telle suggestion doit d'ailleurs être faite sous
les plus expresses réserves.
» Il semble bien que les immenses coulées de laves du Dekkan nord-est correspondent
à une émission fort tranquille. Cette absence de paroxysmes se continue de nos jours,
par l'extrême rareté des séismes dans toute la pénéplaine archéenne de l'Indoustan, et
concorde aussi avec l'énorme durée depuis laquelle la presqu'île au sud des bouches
de l'Indus et du Gange forme une masse continentale. Cette stabilité sismique est un
fait d ordre très général, commun aux graudes coulées analogues de l'Atlantique boréal
et du nord-ouest de l'Amérique, comme aussi aux fragments du continent gondwa-
nien, Arabie et Afrique.
» Quelques rares séismes de la côte de Malabar et de Ceyian peuvent correspondre
à une survivance atténuée des eff'orts qui ont effondré une partie de l'océan Indien,
tandis que ceux, tout aussi rares, du flanc sud-est des Nilgherry et des collines de
Cardamum se rattachent peut-être à l'invasion de la mer tertiaire supérieure, tant
aux environs de Quillon que dans la basse vallée de la Cauwery.
)) Enfin, les ghates de Vellakonda sont assez instables, relativement du moins, sur
leur flanc oriental seulement. Formant un grand croissant de strates vindhyennes,
elles ont été, à l'époque carboniférienne, plissées par un effort venant de l'est et sont
tombées à l'ouest dans une grande faille de l'Archéen, ce qui les a stmvées de la dénu-
6oo ACADÉMIE DES SCIENCES.
dation. Les séismes ne se manifestant guère que sur leur flanc oriental, on peut les
attribuer à une survivance de l'eff'ort de plissement, mais non de celui de rupture.
)) Tant pour l'Himalaya que pour les chaînes afghanes et béloutches, aussi bien
pour les gathes de Vellakonda que pour la pénéplaine indoustanique, la loi de plus
grande instabilité du versant le plus raide se vérifie, car c'est le plus disloqué.
» On noiera enfin que ni les volcans éteints découverts par Mac-Mahon dans le
Béloutchistan, ni ceux des environs du grand coude du Gange, ne coïncident avec
des régions instables. »
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Sur un nouveau procédé destiné à faciliter V écri-
ture et le calcul aux aveugles ('). Note de M. Dussaud, présentée par
M. Ad. Carnot.
« J'ai l'honneur de présenter les résultats obtenus avec un nouveau
procédé destiné à faciliter l'écriture et le calcul aux aveugles. Ce procédé
consiste dans l'emploi d'une machine à écrire, simple et portative, que je
viens de réaliser de la manière suivante :
» Une plaque rectangulaire horizontale reçoit la feuille de papier qui y est fixée par
deux pointes.
» Cette plaque rectangulaire possède en dehors du papier, sur chacun de ses bords
verticaux, 22 trous équidistants et se correspondant deux par deux.
» Une règle plate, munie aux extrémités de sa partie inférieure de deux pointes
s'ajustant dans les trous des bords verticaux de la plaque rectangulaire, peut être
amenée successivement dans 22 positions horizontales correspondant à 22 lignes d'écri-
ture sur la feuille de papier. Celte règle plate, qui glisse sous le papier en le dépassant
de chaque côté, porte 182 petits cônes; de plus, elle est reliée par une charnière à une
crémaillère qui vient la recouvrir au-dessus du papier.
» Cette crémaillère a 22 dents correspondant aux 22 distances nécessaires à la for-
mation d'une lettre. Sur cette crémaillère glisse un petit chariot portant 6 leviers ter-
minés par des touches. Ces leviers abaissent à volonté 6 clefs de montre sur le papier,
lequel se trouve embouti entre lesdites clefs de montre et les petits cônes qui se
trouvent au-dessous de lui.
» A chaque lettre écrite, le chariot est avancé d'une dent sur la crémaillère.
» L'aveugle peut donc avec 6 doigts, par le choix des leviers nécessaires,
obtenir d'un seul coup et en relief tous les signes de l'écriture, du
calcul et de la musique, puisqu'ils sont formés de 6 points au plus.
» L'aveugle a toujours devant lui ce qu'il a écrit, il peut se relire et se
corriger à mesure, ainsi que calculer, w
La séance est levée à 4 heures. G. D.
(1) Voir Comptes rendus, 10 février 1902, t. CXXXIV, p. 875.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
*
SÉANCE DU LUNDI 20 OCTOBRE 1902.
PRÉSIDENCE DE M. BOUQUET DE LA GRYE.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
CHIMIE AGRICOLE. — Études sur la terre végétale.
Note de M. Th. Schlœsing.
« Dans ma Communication du 17 mars de cette année j'ai présenté les
résultats d'une étude sur la répartition de l'oxyde de fer entre les éléments
minéraux, de diverses terres végétales, classés en plusieurs lots selon
l'ordre décroissant de leurs dimensions, et j'ai montré que la proportion
de cet oxyde croît rapidement dans la série des lots, à mesure que les
dimensions des éléments diminuent, ce qui m'a conduit à supposer que
l'oxvde de fer se trouve, au moins en partie dans les terres où il abonde,
et même en totalité dans celles qui n'en renferment que quelques cen-
tièmes, à l'état d'enduit revêtant toutes les surfaces apparentes des élé-
ments.
)) L'idée qu'une même substance peut enrober tous les éléments miné-
raux d'un sol n'est pas nouvelle. Depuis longtemps M. Masure a mis ce fait
en évidence pour des matières organiques de couleur brune procédant du
terreau; il a montré que ces matières sont si bien fixées sur les surfaces
des éléments qu'elles n'en peuvent être détachées ni par des lavages avec
l'eau ou avec des acides étendus, ni par les frottements produits au cours
des séparations mécaniques.
» Les démonstrations de M. Masure remontent à une époque où les
notions sur la constitution des ari^iles, qui ont permis de perfectionner le
classement des éléments des sols par ordre de grandeur, n'étaient pas
encore acquises; aussi sont-elles très sommaires, comme la méthode de
lévigation employée par l'auteur. Après avoir séparé les cailloux et gra-
C. K., 1902, 2» Semestre. (T. CXXXV, N" 16.) ^^
6o2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
viers, et détruit le calcaire par nn acide étendu, M. Masure divisait ses
terres en deux lots, l'un sableux, l'autre argileux; après les avoir sèches et
pesés, il les calcinait en vase clos d'abord pour prouver l'existence d'une
matière organique par l'apparition d'une couleur variant du gris au noir et
due à du charbon, puis il achevait la calcination à l'air et dosait les ma-
tières organiques par les pertes de poids.
» Me proposant d'étendre à d'autres substances la faculté d'enrober les
éléments des sols, j'ai pensé qu'il serait utile de confirmer d'abord les
observations de M. Masure, par quelques expériences dans lesquelles je
mettrais à profit les progrès de l'analyse des terres. Je vais parler briève-
ment de ces expériences.
)) Au cours de mes récentes recherches sur la répartition de l'oxyde de
fer parmi les éléments des sols j'avais toujours observé que, après la disso-
lution de l'oxyde par l'acide chlorîiydrique bouillant, mes lots prenaient
des teintes grises d'autant plus foncées que les dimensions des éléments
étaient moindres.
» Ces teintes étaient dues uniquement à la matière organique, car tous
les lots devenaient blancs après leur calcination au contact de l'air. Ainsi,
la proportion de cette matière, à en juger par les colorations, allait en
croissant dans les séries des lots, à mesure que décroissaient les dimensions
des éléments. Mais des observations fondées sur une coloration ne sont
pas assez probantes, parce que les sols contiennent, outre lamatière brune
enrobant ses éléments, un grand nombre de parcelles de terreau qui se
distribuent entre les lots et peuvent se trouver en plus grande abondance
dans les éléments les plus fins.
» Je me suis donc attaché à affranchir mes lots de ces parcelles; cela
est facile pour les sables qui se déposent au cours d'une première heure de
repos : agités avec peu d'eau dans une capsule, ils se réunissent au fond
avant le terreau qui peut être dès lors entraîné par des lavages superficiels;
mais le lot qui se dépose de la première à la vingt-quatrième heure ne se
prête pas à cet entraînement, il contient beaucoup de terreau extrêmement
fin que je n'ai pu réussir à séparer du sable. Quant aux éléments qui
demeurent encore en suspension après 24 heures et qui constituent
l'argile dite rurale, ils sont à très peu près dépouillés de terreau; mais il*
faut se garder de les précipiter en les coagulant avec un sel de chaux ou un
acide étendu, sous peine d'entraîner avec eux l'humate alcalin qui les
accompagne. On doit recourir au chlorure de potassium (5^ par litre de
liquide) qui coagule l'argile sans précipiter l'humate.
SÉANCE DU 20 OCTOBRE I902. 6o3
» Il reste à sécher tous les lots et à y déterminer les proportions de
matière organique, non par les pertes de poids dues à la calcination, mais
par une méthode directe, en brûlant des poids connus de ces lots dans un
tube à oxyde de cuivre, et dosant l'acide carbonique produit. On peut
admettre, sans erreur importante, que ia matière organique consumée
contenait 5o pour 100 de carbone.
» En pratiquant les opérations que je viens de résumer sur des terres
de natures diverses, j'ai eu la satisfaction de confirmer, de la façon la plus
nette, les observations de M. Masure. A titre d'exemple, et pour fixer les
idées sur la progression de la matière organique enrobante en sens inverse
des dimensions des éléments, je citerai les résultats que m'ont fournis les
sous- sols de deux terres, celle de Boulogne-sur-Seine ti'ès riche en cal-
caire et celle de Neauph!e-le-Château, argilo-sableuse, qui en est presque
dénuée. Ces terres ont été largement fumées depuis longtemps et sont très
riches en terreau ; mais leurs sous-sols en sont beaucoup moins pourvus et,
par conséquent, se prêtaient mieux aux démonstrations que j'avais en vue.
SouS'Sol de la terre de Boulogne.
Poids Poui' 100 de matière :
pour carbonique Matière
l'analyse. trouvé. Carbone. organique.
g IDg
Sable grossier déposé en 10 secondes . . 2,917 11 0,2 o,4o
Sable fin déposé en 5 minutes i?7i8 20,7 o,33 0,66
Sable très fin déposé en I heure i,625 71,8 1,20 2,4o
Sable surfin déposé en 24 heures i,638 235,5 3,92 7,84
Argile restée 24 heures en suspension. . i,i4i ïi4;4 2,73 5,46
Sous-sol de la terre de Neauphle.
Sable grossier déposé en 10 secondes. . 3,596 9,7 0,073 o,i5
Sable fin déposé en 5 minutes 3,233 10,6 0,089 0,18
Sable très fin déposé en I heure 2,545 32,4 o,35o 0,70
Sable surfin déposé en 24 heures ï,657 216,8 3,56o 7,12
Argile restée 24 heures eii suspension.. 2,255 i7i)0 2,070 4>i4
» Comme je devais m'y atlendre les doses de matière organique ont été
considérablement exagérées par la présence du terreau dans les lots de
sable déposé en 24 heures, mais tous les autres chiffres se rangent bien en
deux progressions rapides, de o, 4 ^ 5>4 pour une terre, de o,i5 a 4.i4
pour l'autre.
6o4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Je vais maintenant essayer d'expliquer la formation sur les surfaces
des éléments des sols et la persistance d'enduits composés des substances
extrêmement peu solubles, telles que la matière organique brune, l'oxyde
de fer, et d'autres encore.
» Il semble évident que le phénomène s'est produit au sein de l'eau et
par son intermédiaire, c'est-à-dire que les matières destinées à former
les enduits ont d'abord été dissoutes, puis déposées sur les éléments des
sols.
» Je commence donc par considérer la dissolution existant dans une
terre végétale. Elle contient des composés franchement solubles, comme
les nitrates, les chlorures, et d'autres très peu solubles ou même réputés
insolubles : la matière brune qui procède du terreau, les carbonates et bi-
carbonates de chaux, de magnésie; des phosphates terreux, de la silice, de
l'alumine, de l'oxyde de fer, de l'oxyde de manganèse. Son volume varie
continuellement, sous les influences contraires de l'évaporation et des
apports d'eaux de pluie ou d'irrigation. Pendant les variations de son
volume, les composés très solubles, presque toujours en quantités
relativement faibles, demeurent dissous en totalité, sauf le cas de séche-
resse extrême; mais il en est autrement des substances très peu solubles.
» Le sol en possède des réserves qui sont considérables par rapport aux
quantités de ces substances existant à l'état dissous, et ces réserves sont
partout disséminées, en sorte que la dissolution est, pour ainsi dire, en
tout point en contact avec elles, et tend constamment à s'en charger dans
les mêmes mesures. C'est ce qu'a observé et expliqué M. Schlœsing fds, en
ce qui concerne l'acide phosphorique dissous.
» Dans de telles conditions, la dissolution, toujours à peu près saturée
des substances très peu solubles, doit en laisser déposer ou en dissoudre
davantage, selon qu'elle est en voie de diminution ou d'accroissement de
volume. On conçoit sans peine que, pendant les périodes de diminution,
les substances qu'elle abandonne se déposent sur les surfaces des corps
qu'elle baigne, c'est-à-dire sur les éléments du sol, sous la forme de couches
extrêmement minces. Mais ces couches seraient éphémères et disparaî-
traient pendant les périodes d'accroissement, si quelque cause n'interve-
nait pour les maintenir.
» Cette cause, je la vois dans une certaine attraction exercée par les élé-
ments du sol sur les substances déposées à leurs surfaces. Je n'ai pas besoin
de lui prêter l'énergie de celle qui préside aux phénomènes de teinture,
où des matières colorantes solubles perdent absolument toute solubilité
SEANCE DU 20 OCTOBRE I902, 6o5
en se fixant sur des fibres. Il suffit qu'elle agisse à la façon de la capilla-
rité, quand celle-ci, attirant les couches très minces d'eau qui enveloppent
les particules d'un corps en poudre humide, diminue leur tension de va-
peur. Que l'attraction supposée diminue, si peu que ce soit, la solubilité
des substances déposées sur les éléments d'un sol, il n'en faut pas plus
pour que l'on comprenne la formation des enduits dont il s'agit.
» Car du moment que les substances déposées sur les éléments du sol
sont devenues moins solubles, la dissolution s'est trouvée plus que sa-
turée à leur égard, et quand son volume est entré en accroissement, c'est
à leurs réserves qu'elle s'est adressée pour compléter son approvision-
nement; et ainsi, par des alternatives d'emprunts faits aux réserves et de
dépôts sur les éléments du sol, un transport s'est établi des unes aux
autres, jusqu'à ce que Tenrobage ait acquis l'épaisseur au delà de laquelle
l'attraction n'a plus agi.
» L'hypothèse sur laquelle reposent ces explications se prête à des véri-
fications expérimentales ; il est, en effet, fort possible d'enrober artificiel-
lement des sables ou les éléments d'une argile avec des quantités déter-
minées d'alumine, d'oxyde de fer, de silice, de phosphate peu soluble...
et de voir si la solubilité de ces substances dans des dissolvants appropriés
est modifiée par l'état physique qu'on leur a imposé.
» J'ai exécuté dans cette voie quelques essais qui m'encouragent à pour-
suivre ce nouveau genre d'études; j'aurai l'honneur d'en rendre compte à
l'Académie quand ils me paraîtront dignes d'être publiés. »
BIOLOGIE. — Sur le mode d' action de l'acide carbonique dans la parthéno-
genèse expérimentale. Note de M. Yves Delage.
« J'ai montré dans la Note précédente (séance du i3 octobre 1902) que
l'acide carbonique communiquait à l'eau de mer dans laquelle il. est dissous
la propriété de faire développer parthénogénétiquement les œufs vierges
<}\^ Asterias . Il y avait intérêt à déterminer par laquelle de ses propriétés
cet agent intervient pour produire les effets observés.
» CO^ est acide, anesthésique, il n'entretient pas la respiration, il
augmente la pression osmotique de l'eau dans laquelle il est dissous. Exa-
minons-le successivement sous ces divers aspects.
» 1. Acidité. — Parmi les acides, HClseul, employé à dose extrêmement
faible (i pour 5ooo à 10 000), détermine la parthénogenèse chez les Asté-
6o6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ries. Mais son action est incomparablement moins efficace que celle
de CO^. Les autres acides que j'ai essayés n'exercent aucune action de ce
genre. L'acidité seule ne suffît donc pas à déterminer la parthénogenèse.
» 2. Anesthésie. — J'ai essayé les autres anesthésiques : le chloroforme,
le chloral, la morphine, la cocaïne, même l'acide phénique. Aucun ne m'a
donné de résultats,
» Pour être sûr d'employer des doses suffisantes et non exagérées, j'ai fait des
essais gradués jusqu'à ce que j'aie trouvé la solution la plus forte qui n'altère pas les
œufs et la plus faible qui manifeste ^encore une action. La dose critique est obtenue
quand, dans une même solution, on a une partie des œufs impressionnée par le réactif
et l'autre non modifiée. Or, toujours les œufs non modifiés (en ce qui concerne l'as-
pect microscopique) ont été incapables de se développer parthénogénétiquement, et les
œufs impressionnés ont été tués.
» On pourrait objecter que ce, qui est anesthésique pour un animal peut ne pas
l'être pour d'autres et que CO- peut produire, en tant qu'anesthésique, des effets que
les autres anesthésiques ne produiraient pas parce qu'ils ne seraient pas anesthésiques
pour les œufs en expérience. Cette objection ne serait pas fondée, car le chloroforme,
le chloral, la cocaïne sont anesthésiques pour la généralité des Invertébrés à l'état
adulte; et, en ce qui concerne les œufs d'Echinodermes, Hertwig a montré que le
chloroforme les anesthésie effectivement et les met en état d'accepter la polyspermie.
» 3. Asphyxie. — Ce n'est pas simplement en contrariant la respiration
des œufs que CO^ agit, car l'eau de mer privée d'air par ébullition et
ramenée à la concentration normale par addition d'eau distillée bouillie
ne fait point développer les œufs.
)) 4. Pression osmotique. — Pour reconnaître si c'est en augmentant la
pression osmotique, comme on l'a dit pour les agents salins, que CO" fait
développer les œufs, j'ai annihilé cette augmentation de pression par addi-
tion d'eau distillée. Il en faut, au plus, i3 pour loo. Or une addition
de i5 pour loo, non seulement n'empêche pas la parthénogenèse, mais la
favorise. Le réactif fournit dans ces conditions des larves plus belles, plus
parfaites que la solution non diluée.
» Détermination de la quantité d'eau distillée nécessaire. — Dans le siphon, où
la pression est, paraît-il, de 5^'"" à 6=»^'", l'eau doit contenir, par litre, 5' à 6^ de CO^
Quand elle est versée dans le vase où sera faite l'expérience, la plus grande partie se
dégage tumultueusement, mais on sait bien qu'il en reste une notable quantité et
qu'un temps fort long est nécessaire pour que la teneur touche à la quantité insigni-
fiante correspondant à la pression de CO- dans l'air quand l'équilibre est établi. Le
calcul ne nous renseigne pas à cet égard : il faut des dosages. Ils ont été faits par mon
fils, M. Marcel Delage, par le procédé à l'eau de baryte.
» Après 3 minutes, le liquide non agité contient, par litre, 38,48; après 3o minutes
SÉANCE DU 20 OCTOBRE 1902. 607
il en contient i»,']!] après i heure, is,36. L'agitation et la filtration hâtent le déga-
gement.
» Admettons que l'eau contienne 3ë,5, chiffre supérieur au maximum observé. La
solution normale contenant li^", la concentration du liquide qui en contient 3s, 5
3 5
est -jy ■=: 0,080 ; et, comme il n'y a pas d'ionisation, ce cliifTre vaut pour la pression
osmotique. La pression de l'eau de mer naturelle étant, d'après les données de Loeb,
0,626, celle de la solution carbonique est 0,703. Pour la ramener à 0,626 il faut
■ ' 1, T- MI. 11 7o5 625 -, ,
ajouter une quantité d eau distillée ^ telle que ^ =^ — — ; dou^z=i2o.
1000 4-. r 1000
Disons r3o pour tenir compte de ce que CO^ en se dissolvant passe, peut-être, à l'état
de CO^ H^ et, pour cela,, retire à la solution i8s d'eau distillée pour 44" ^^ GO-, soit
ig,44 pour 38,5 de CO^
» On voit qu'en ajoutant iSpour 100 d'eau distillée on rend la pression du liquide
immédiatement inférieure à celle de l'eau de mer normale; et cette infériorité va en
s'accroissant rapidement jusqu'à la fin de l'expérience.
)) Augmentant la quantité relative d'eau distillée, j'ai constaté que,
jusqu'à 20 pour 100 (correspondant, par rapport à la pression de l'eau de
mer normale, à un abaissement de pression de plus de 6 pour 100) cette
addition est favorable, en ce sens que les larves mettent moins de temps
à parvenir au stade Auricularia. Pour qu'un effet nocif se fasse sentir
il faut mettre plus de 3o pour 100 d'eau distillée (produisant un abaissement
de pression de plus de i3 pour 100).
» Il est ainsi démontré que ce n'est pas en accroissant la pression osmo-
tique que CO^ détermine la parthénogenèse.
)) Comment donc agit-il?
)) Dire, comme on l'a fait pour les ions métalliques, qu'il intervient par
une action spécifique (stimulante) ou catalytique (accélératrice), c'est
répondre par un mot là où il faudrait une idée. Mieux vaudrait avouer que
nous n'en savons rien.
» Toutes les théories dans lesquelles on explique la parthénogenèse
par une action excitante ou accélératrice de l'agent qui la détermine sont
passibles d'une même objection fondée sur ce fait que l'évolution de l'œuf
ne se produit pas dans le réactif (sauf, dans quelques cas, un petit nombre
de segmentations, comme aussi d'ailleurs, à la longue, dans l'eau de mer
normale), mais seulement après qu'il a été remplacé par l'eau de mer
naturelle. Or ce n'est pas là le mode habituel des excitants ou des agents
quelconques produisant leurs effets par une action directe. Ce n'est pas
après avoir été éliminés de l'organisme que la caféine, l'alcool, la mor-
phine, la cocaïne produisent leurs effets bien connus. Ce qui se produit.
6o8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dans le cas de VAstenas tout au moins, le seul que je veuille examiner ici,
c'est une action inhibitrice, un arrêt de la division commencée.
» C'est, en effet, au moment où les œufs sont en voie de division pour
l'expulsion des globules polaires que je les place dans le réactif, et là, la
division s'arrête, par suite d'une action non excitante, accélératrice, mais,
au contraire, inhibitrice, stupéfiante : il y a suspension de l'activité caryo-
cinétique. Puis, quand l'œuf est replacé dans l'eau naturelle, CO*, qui n'a
produit aucune altération profonde, s'élimine rapidement et l'œuf reprend
son activité. Il avait commencé à se diviser, il continue à le faire ; mais,
comme il n'est plus dans l'état très spécial et très précis qui est la condi-
tion des divisions maturatives et de l'expulsion des globules polaires, il fait
une division ordinaire; au lieu d'achever une division très inégale qui four-
nirait un globule polaire, il fait une division égale suivie de toute une
série qui se poursuit et constitue la segmentation.
» En faveur de cette opinion je ferai valoir ce fait que : après traitement
par le réactif, les œufs n'ayant pas commencé à se diviser, ayant leur vési-
cule germinative intacte, ne se développent pas; ceux qui sont à une phase
quelconque des deux divisions maturatives, évoluent; ceux qui viennent
d'achever leur maturation, qui ont émis leurs deux globules mais dont
le pronucléus ne s'est pas reconstitué à l'état de repos, évoluent aussi;
enfin, ceux qui ont émis leurs deux globules depuis quelques heures, et
dont le noyau est retombé en état d'inertie, ne se développent pas.
» Les agents parthénogénétiques, quels qu'ils soient, agissent comme
des poisons temporaires ; ils sont efficaces dans la mesure où ils jouissent de
cette double qualité. Ceux qui ne sont pas assez nocifs pour arrêter la ma-
turation sont inefficaces, ceux qui sont des poisons trop forts ou dont l'ac-
tion est permanente ou simplement de trop longue durée tuent les œufs.
CO^ est un agent parfait parce qu'il empoisonne complètement les œufs,
mais que son action est absolument passagère, qu'il s'élimine complètement
et ne laisse après son élimination aucune altération du protoplasme.
» C'est une théorie basée sur l'observation des phénomènes, mais ce
n'est qu'une théorie; qu'on la prenne pour ce qu'elle vaut. En tout cas,
elle ne s'applique pas au cas où les œufs qui se développent parthénogéné-
tiquement sont complètement mûrs et à l'état de repos au moment de leur
immersion dans le réactif, comme c'est le cas pour les Oursins. Mais chez
eux, CO^ ne réussit absolument pas. J'examinerai ultérieurement le mode
d'action des solutions salines et en particulier de celles au chlorure de man-
ganèse sur les œufs de cette catégorie, m
SÉANCE DU 20 OCTOBRE 1902. 609
ZOOLOGIE. — Sur quelques Protozoaires parasites d'une Tortue d Asie
{Damonia Reevesii). Noie de MM. A. LaverAxN et F. Mesxil.
((. La Tortue d'eau qui domine de beaucoup sur le marché de Paris est
Er?iys lutaria; au mois de juillet dernier nous avons acheté, à F\iris, des
Tortues d'eau qui différaient beaucoup parleurs caractères extérieurs de
Emys lutaria et qui, au dire du marchand, provenaient de Ceylan. Une de
ces Tortues a été remise pour la détermination au laboratoire de M. le pro-
fesseur Vaillant au Muséum. D'après M. le D'' J.. Pellegrin, il s'agit de
Damonia Reevesii Grav, espèce asiatique mais plulôt originaire de Chine ou
du Japon que de Ceylan. Il se peut fort bien que le renseignement fourni
par le marchand sur la provenance des Tortues soit inexact.
» Nous avons trouvé chez ces Damonia plusieurs Protozoaires parasites :
deux Hémogrégarines, un Trypanosome parasite du sang, une Coccidie du
tube digestif, une Myxosporidie parasite des reins.
» La Myxosporidie nous a paru être identique à Myxidium Danilewskyi ,
très commun dans les reins de Emys lutaria et décrit par l'un de nous (') ;
les autres parasites appartiennent à des espèces nouvelles.
)) L'une des Hémogrégarines appartient à une espèce très voisine de
//. Stepanowi, parasite commun de Emys lutaria; nous lui donnerons le
nom de H. siepauowiana ; l'autre espèce diffère notablement des Hémogré-
garines ordinaires des Reptiles et des Chéloniens; nous lui donnerons le
nom de //. rara.
» Hœmogregaiina sLepanowiana n. sp. — Les formes jeunes, endoglobulaires,
onl la plus grande ressemblance avec les formes jeunes de //. Slepanowi. Le parasite
se présente sous l'aspect d'éléments ovalaires ou réniformes [fig. i); lorsque le para-
site augmente de volume, le noyau de l'hématie est souvent refoulé {fig. 2). Sur les
préparations colorées on distingue, à la partie moyenne de chaque élément parasi-
taire, un noyau constitué essentiellement par des granulations de chromaline de
volume variable. Le protoplasme est finement granuleux.
» En examinant des éléments parasitaires endoglobulaires ou libres, arrivéx à leur
développement complet, on arrive facilement à se convaincre que cette Hémogrégarine
diffère notablement de H. Stepanowi.
» H. Stepanowi SQ plie exactement en deux dans Thémalie qui la renferme et le
noyau, très allongé, se trouve presque toujours au niveau de la courbure. Après sa
(') A. l^AViiiîAN^ Soc. de Biologie, 8 janvier 1898.
C. R., 1902, 2» Semestre. (T. CXXXV, N" 16.) "*
6io
ACADEMIE DES SCIENCES.
sortie de l'hématie, l'Hémogrégarine a l'aspect d'un vermicide de 3oi^ à /^oi^ de long sur
3(^ci 4^^ de large. Le noyau de l'hématie hôte est refoulé, non hypertrophié, en général.
H. stepaiiowiana ne se plie pas exactement en deux; l'une des parties est toujours
plus longue et plus large que l'autre; le noyau se trouve dans la partie la plus longue,
jamais au niveau de la courbure {Jig. 3); devenu libre, le parasite a l'aspect d'un
vermicule plus large à l'une des extrémités qu'à l'autre; la longueur est de i8l^ à 20!^-,
Fig. I à 5. — H. stepanowiaiia. (Gr. i5oo D.)
Fig. 6 à 10. — H. rara. (Gr. i5oo D.)
la largeur, dans la partie la plus épaisse, de 5!^ environ. Le parasite est donc beaucoup
plus court et plus large que II. Stepanowi. Dans le sang frais, les mouvements ont
une grande analogie avec ceux de II. Slepaiiowl; il se forme des étranglements qui
semblent se déplacer d'avant en arrière. Sur les préparations colorées on dislingue,
dans le protoplasme, des granulations incolores et, dans l'intervalle, de nombreuses
granulations chromatiques. A l'extrémité arrondie il existe souvent un espace plus
clair, dépourvu de granulations. Le noyau est arrondi ou ovalaire et son grand axe est
souvent perpendiculaire à celui de l'Hémogrégarine. Le noyau de l'hématie hôte est
souvent hypertropliié (yZ^. 3).
» On ne trouve pas, dans le sang, de formes de multiplication; dans des frottis du
foie convenablement colorés, ces formes sont nombreuses; elles ont la plus grande
analogie avec les formes de multiplication endogène de//. Stepanowi qui, elles aussi,
s'observent principalement dans le foie (*). Les éléments qui vont se multiplier
prennent, dans l'intérieur des hématies, une forme ovalaire ; le noyau se divise en deux,
puis en quatre et en huit {^fig, 5); le protoplasme se divise alors et les éléments de
nouvelle formation deviennent libres; l'hématie disparaît à ce moment.
» II. stepanowiaiia a été trouvée quatre fois sur quatre chez D. Reevesii.
A. L.vvEKAN, Soc. de Biologie, i"' et 8 octobre 1898.
SÉANCE DU 20 OCTOBRE 1902. ()I r
» Hœmogregarina raia n. sp. — Celle Ilémogrc'garine a élé iroiivée liois fois
sur quatre chez D. Reevesii; elle se renconlre dans le sang tantôt à l'état libre, tantôt
à l'intérieur des hématies.
» //. 7-ara mesure en moyenne i5H- de long sur iV- à 3!^' de large; le parasite est sou-
vent recourbé en arc; l'une des extrémités est arrondie, l'autre est plus ou moins
effilée.
» L'Hémogrégarine endoglobulaire est souvent allongée dans une des moitiés de
l'hématie, à côté du noyau resté en place {fig. 6) ; d'autres fois le parasite, fortement
recourbé, se trouve à une des extrémités de l'hématie dont le noyau est refoulé {fig. 7).
La figure 8 représente un parasite en train de sortir d'une hématie.
» //. rara, dans le sang frais et à l'état libre, a l'aspect d'éléments fusiformes,
transparents, mobiles; au milieu du protoplasme légèrement granuleux, le noyau, très
allongé et transparent, se dessine en clair; le protoplasme contient souvent quelques
granulations réfringentes. Pendant les mouvements de progression qui sont assez lents,
il se forme souvent un à deux étranglements.
» C'est surtout dans le sang coloré par la méthode que nous préconisons que l'IIémo-
grégarine prend un aspect caractéristique. Le protoplasme se colore en bleu clair, il
est finement granuleux, avec quelques corpuscules plus gros, chromatiques. Le noyau,
très allongé, cylindrique, presque toujours renflé à ses extrémités, se colore d'une
façon uniforme en violet foncé; il occupe les deux tiers au moins de la longueur du
parasite {fig. 9 et 10).
» Nous avons vu quelquefois des parasites avec deux noyaux, ce qui semble indi-
quer que l'Hémogrégarine peut se multiplier par bipartition. Nous n'avons pas trouvé
d'autres formes de multiplication.
» On devait se demander si cette dernière Hémogrégarine n'était pas
une forme de la j3remière, la forme mâle par exemple, H. stepanowiana
représentant la forme femelle. Nous avons cru pouvoir écarter cette inter-
prétation. L'existence de formes sexuées n'a pas encore été démontrée
pour les Hémogrégarines. H. Stepanowi, si voisine de H. stepanowiana, n'a
pas de formes sexuées; dans le sang des Tortues infectées par ce parasite,
on ne trouve pas d'éléments qui rappellent E. rara. Simond, qui a décrit
plusieurs Hémogrégarines des Tortues, ne signale pas l'existence de formes
analogues à E. rara ('). Enfin, les deux Hémogrégarines ne sont-pas tou-
jours associées chez Damonia Ree.vesii ; une fois sur quatre nous n'avons
trouvé dans le sang que E. stepanowiana.
)) On ne possède, à notre connaissance du moins, aucun renseignement
certain concernant lesTrypanosomes des Cliéloniens ni môme des Reptiles.
De l'existence de Flagellés à membrane ondidanle dans le tube digestif
(') Annales de i Institut Pasteur , 1901, p. 019.
6l2
ACADEMIE DES SCIENCES.
à'Ixodes testuduiis, Leydig ( ' ) conclut, sans preuve positive, à leur existence
dans le sang des Tortues. Kûnstler écrit (-) : « Dans le sang de la Tortue
bourbeuse se trouve un parasite, que je crois être voisin du Trypanosoma. »
» Nous avons trouvé, deux fois sur quatre, chez D. Reevesii un Trvpa-
nosonie que nous désignerons sous le nom de Tr. damoniœ.
» Trypanosoma damoniœ n. sj3. {^fig- n). — Chez les deux. TorLues infectées.,
Tr. damoniœ était très rare dans le sang. 11 mesure 82!^ de long, flagelle compris,
sur 4^ de large environ.
)♦ Dans le sang desséché et coloré on constate facilement que Tr. damoniœ a la
structure typique des Flagellés du genre Trypanosoma. Le corps du parasite est
d'ordinaire incurvé; l'extrémité postérieure est conique, plus ou moins effilée, l'extré-
mité antérieure se termine par un flagelle (/). Vers la partie mojenne du corps, on
voit un noyau ovalaire {n) dans lequel la chromatine est à l'état de granulations de
volume variable; prés de l'extrémité postérieure, le centrosome (c) se dislingue faci-
lement; enfin, le bord convexe du parasite est garni d'une membrane ondulante fes-
tonnée [m). Le flagelle borde la membrane ondulante et aboutit au centrosome. Le
protoplasme est finement granulé, avec quelques granulations cliromatiques plus
grosses, surtout dans le tiers postérieur.
Fii;. II. — Tr, damoniœ. (Gr. 2000 U. environ.)
Fig. n, i3, i';. — Formes enkystées de Coccidiuni mitrarium. (Gr. itoo D.)
» Nous n'avons pas vu de formes de multiplication. On peut remarquer
que Tr. damoniœ a une forme relativement trapue, si on le compare aux
espèces parasites des Poissons et des Mammifères. Il est intermédiaire
entre eux et le Tr. rotatorium des Grenouilles.
(') Leydig, Lehrhuch der Histologie, 1857, p. 346.
(^) KiJNSTLEK, Comptes rendus, t. XCVII, i883, p. 7.55.
SÉANCE DU 20 OCTOBRE 1902. 61 3
)) On ne connaît jusqu'ici que deux Coccidies des Chélonieiis : Cocci-
diiim Delagei Lahbé (tube digestif à' Einys lutaria), et C. Legeri Simond
(foie de Cryptopus granosus).
» Nous avons trouvé, dans le tube digestif de Z). Reevesii, une Coccidie
qui appartient comme les deux précédentes au genre Coccidium, mais qui
en diffère notablement par la forme des kystes et surtout />ar son évolution
exlracellulaire. Nous l'appelons C. niilrarium.
» Coccidiani mitrariam, n. sp. — Dans le rectum de deux Datnonia sacrifiées en
juillet, nous avons trouvé de nombreux kystes à tous états de maturation, de forme
très spéciale, rappelant celle d'une mitre {Jig. i2-i4)- I-^a surface du kyste présente,
par une exception unique chez les Coccidies, des ornements en relief, coniques, au
nombre de 4 (rarement 5). L'un d'eux, toujours isolé, marque un pôle de la Coccidie;
l'autre pôle est tronqué et la base plane porte les 3 (ou 4) autres ornements à son pour-
tour. Les figures 12 à i4 donnent une idée de la forme des kystes et de ses variations;
il y a aussi des variations de volume, le diamètre pouvant avoir de loi^ à i5!^.
» Nous avons suivi, sur les préparations fraîches, les changements qui se pro-
duisent à l'intérieur de la membrane kystique : rétraction du protoplasme qui aban-
donne d'abord la cavité des ornements {Jîg. 12), puis devient une sphère n'ayant plus
de contact avec la paroi kystique; division de cette sphère en quatre sporoblastes,
sans reliquat (/?,?■. i3); transformation des sporoblastes en sporocystes ovoïdes, avec
deux sporozoïtes et un reliquat {fig. i4)'
» Ou trouve dans l'intestin grêle : 1° des scldzonles dont le diamètre atteint loi^
à 12!^ et qui donnent une vingtaine de mérozoïtes fusiformes de 3!^ à 5f^ de long, avec
un petit noyau central; 2° des niicrogamétoblasLes, de 10!^ à i5H- de diamètre, à la
surface desquels se forme un fin chevelu de microgamètes dont la partie chromatique
a 5i^ à 6f* de long; 3° des inicrogainèles, à tous les stades de croissance, remplis de
granules à reflet verdàtre.
» Ce qui fait l'intérêt de cette Coccidie, c'est que l'évolution de loiiles ces formes
est extracellulaire. Sur coupes de l'intestin grêle, on les voit, à tous les états de
croissance et de différenciation ('), plus ou moins intimement accolées aux cellules
épithéliales dont le plateau paraît alors manquer et qu'elles dépriment; souvent, le
parasite prend une forme allongée en s'élalant le long de la surface épilhéliale.
» 11 est probable que la Coccidie se nourrit aux dépens de la cellule épilhéliale par
l'intermédiaire de pseudopodes, et les ornements du kyste en sont peut-être les repré-
sentants chitinisés.
» La découverte d'une Coccidie à croissance extracellulaire montre une
( ' ) Nous avons cherché vainement des stades intracellulaires ; si ces stades existent,
ils doivent avoir une très courte durée.
6l4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
fois (]e ])liis qu'il n'y a, au poinL de vue du mode el du (\egrè de parasi-
tisme, aucune différence essentielle entre Coccidies et Grégarines ('). »
MÉCANIQUE. — Sur le problème des hrachistochrones.
Noie de M. Haton de la Goupillière.
« 1. J'ai montré, (\^\\s m\ ^cmo\re m^éro, ?(\i Recueil des Savants étran-
gers (^), que si un point matériel, présentant l'unité de masse, se meut
dans un plan, en supposant l'existence d'une fonction analytique T des
forces dans l'équation du travail :
l'équation différentielle de !a brachistochrone qui correspond à ce système
de forces peut toujours se mettre sous la forme suivante, avec des loga-
rithmes népériens :
d^ ^-^'^y '"-^y -dx=.ld^,
en désignant par d^ l'angle de contingence de celte courbe. Le cas au-
quel je m'attacherai ici est celui dans lequel ce premier membre prend la
forme d'une différentielle exacte. On en peut dégager quelques consé-
quences qui m'ont paru mériter d'être signalées.
» Nous ferons, pour abréger,
(2) T-To+^=U,
et l'équation deviendra
(3) --^dy--^dcr. = ^^d.>.
(') Voir, à ce propos, Caullery et Mesnil, Comptes rendus, t. CXXXII, janvier
1901.
(2) Haton de la Goupillière, Problème inverse des brachistochrones [Mémoires
présentés par divers savants à l'Académie des Sciences, t. XXVIII, Mémoire n° 5,
équation (i)].
SÉANCE DU 20 OCTOBRE I902. 6f5
» Elle donne, comme condition d'intégrabililé,
c'esL-ù-dire qu'il est nécessaire et suffisant que Log U soit ce que Lamé
appelait une fonction isotherme ('). Mais on remarquera avec soin que ce
caractère fondamental appartient à Log U et non pas à Log T, de telle
sorte que c'est spécialement Log U qui constitue {q paramètre thermo-
métrique, suivant l'expression de Lamé. La fonction des forces T est ordi-
nairement incomplètement détenninée, et l'on peut lui adjoindre une
constante quelconque dans celles de ses applications qui consistent à
faire connaître les composantes de la force par ses dérivées partielles,
ou à fournir les courbes de niveau lorsc|u'on l'égale à un paramètre arbi-
traire. Au contraire l'expression U ne renferme rien que de bien déterminé,
et la constante en question a disparu dans la soustraction T — Tq.
» !2. Intégrons l'équation (4) sous la forme
(5) LogU = 9(yo) 4- i];r<7),
en faisant, pour abréger,
p :=. X -\- iy, (j ^^ X — iy,
et représentant suivant l'usage par i le symbole imaginaire y/ — i.
Nous nous assujettirons d'ailleurs, en vue d'obtenir dans l'application
des expressions essentiellement réelles, à désigner par o et <]/ des fonctions
imaginaires conjuguées dans leur constitution môme, indépendamment des
variables que nous y faisons figurer :
en appelant /(-) et F(^) des expressions constituées d'une manière
réelle en z, symbole d'une variable quelconque.
» T/éqiiation (3) de la bracliistochrone devient parla
'icU = |o'(/0 + V'(r/;]r/x - i\i{p) - y(r/)j iU,
{}) Lamé, Laçons sur les foncLions inverses des IransceiidanLes et sur les surfaces
isothermes, p. 2.
6l6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
et l'on en lire
2.id(ù = (^dx -+- idy) 9'(/>) — {dx — idy) '^' {^l)
= r^'{p)dp-^'{q)dq.
L'intégrabilité se trouve ainsi mise en évidence, et il vient, en représen-
tant par 0. une constante arbitraire,
(7) 2i(co -ha) = (p(^) --K^)-
» Cette relation est essentiellement réelle, car la forme (6) des fonc-
tions arbitraires montre que le second membre renferme en facteur ï, qui
disparaît ici de part et d'autre.
» 3. La première intégration étant ainsi effectuée une fois pour toutes,
la seconde peut être, dans chaque cas, ramenée aux quadratures.
» On a, en effet,
fly I e-*^' — I I e?(/')-'|'(9')-2ja — j j g(f(p)-ia Q<!^(q)+ia
-r- = tane:(o = - -r—. = ; = ■ i •
da; ■ ^ i e^"' 4- I i e?(/')-4'('7)-2'a -4- j i e'-p(/j)-'a _ g^}/;7)+ia
On tire de là
c'est-à-dire
{dx —i dy ) e?t^)-'« = {dx -\- i dy ) eM'i^-^ '^ ,
on, en divisant les deux membres par f?(/')+'^'('/',
^ia g_?(/,) ^Jp ^ g-/a ^\[q) ^^^
et enfin, en intégrant et désignant par 2i^ une nouvelle constante arbi-
traire,
( 8 ) e'* Te-Ç^/" dp - e'''^ Te-^^^' dq=ii^,
équation réelle encore, puisque le premier membre est la différence de
deux expressions imaginaires conjuguées.
)) Il convient de remarquer que l'on n'a pas en réalité deux quadratures
à opérer, mais une seule, puisque la seconde n'est que l'expression conju-
guée de la première. Il suffit donc d'effectuer l'une quelconque d'entre
elles, de la multiplier par le facteur en a qui la concerne, et d'égaler à [i le
coefficient de sa partie imaginaire, pour avoir l'équation finie de la bra-
chistochrone.
SÉANCE DU 20 OCTOBRE 1902. 617
» Nous pouvons déduire de là certaines propriétés des courbes ainsi
obtenues.
» 4. Nous voyons d'abord que la relation (8) renferme deux para-
mètres arbitraires a et ^. On peut donc envisager distinctement une infinité
de groupes de brachistochrones, pour chacun desquels a conserve une
valeur fixe, tandis que ^J passe par tous les états de grandeuç, de manière
à fournir les diverses lignes qui composent le groupe en question.
» Attachons- nous par la pensée à l'un de ces groupes en particulier, et
menons à toutes les courbes qui le constituent des tangentes parallèles à
une direction fixe, caractérisée par une certaine valeur déterminée de
l'angle w. Il est facile de trouver l'équation du lieu du point de contact.
» Elle ne sera autre que la formule (7) dans laquelle, au lieu de considé-
rer co comme un angle de contingence variable, ce qui constituait l'équa-
tion différentielle de la brachistochrone d'où ^ se trouve absent, nous
l'envisagerons au contraire comme une constante absolue relative à la
direction des tangentes considérées. L'équation cherchée est donc
? (p) ~ 'y (^) — const.
» Cherchons actuellement la tangente de cette nouvelle courbe, endif-
férentiant son équation par rapport à x. Il vient ainsi :
(dx + iciy) <^'(p) - (dx — idy) '^ (q) = o,
ce qui donne (5),
dy _
^LogU
dv
d\}
dy
~ d\]
dx
d'Y
dy
dx
" f/LogU
dx
" dT
dx
La direction de cette tangente est donc précisément celle de la force en
chaque point.
)) Il s'ensuit que l'ensemble de ces lieux géométriques, pour toutes les
directions diverses o> que l'on peut successivement attribuer par la pensée
aux tangentes parallèles des brachistochrones, reproduit le système des
enveloppes de forces, trajectoires orthogonales des courbes de niveau du
système donné.
M 5. Je signalerai une seconde propriété de ces systèmes de brachisto-
chrones. Elle consiste en ce que toutes les courbes appartenant à deux
quelconques de ces groupes, caractérisés par les valeurs a,', a." de leur para-
C. R., 1902, 2» Semestre. (T. CXXXV, N° 16.) . "^
6l8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
niv iVe, se eoupeiil mutuellement en tout point du plan sous un angle inva-
riable a' — a".
)) En effet, pour un point d'intersection déterminé, x et y, et par suite
;o et çf possèdent Les mêmes valeurs dans les équations (7) des deux groupes
2î(o)"4- a") = (p(^) — i];(^),
les valeurs de co différant seules d'une équation à l'autre pour ce point. On
déduit de là
(t) + a = 0) H- a ,
co" — w'= a'~ a".
Mais 0)" — 0/ est l'angle formé par les tangentes des deux courbes, ce qui
confirme l'énoncé.
» 6. La plus simple des équations (8) correspondra à la valeur spéciale
du paramètre
a = o.
Appelons en particulier, pour ce groupe, b le paramètre des diverses lignes
qui le constituent; elles auront pour équation
(9) fe^^^P^ dp - Te-^t^J dq = lib,
» Nous citerons en second lieu l'hypothèse
2
qui donne pour équation
(10) fe-'f^P^ dp -h fe-'^^^^ dq = 2B,
en appelant B le paramètre des courbes de ce second groupe.
» Cette nouvelle famille sera formée, d'après le théorème précédent,
des trajectoires orthogonales de la première (9).
» Tout autre système pourra ensuite être représenté d'une manière fort
simple au moyen des paramètres spéciaux de ces deux groupes fondamei\-
taux. Leur équation générale (8) se met en effet sous la forme
(cosot H- isina) (B -+- ib) — (coso. — îsina) (B — ib) = 2.1^,
ou, en effectuant toutes les réductions,
Bsino. + ècosa = p. »
SÉANCE DU 20 OCTOBRE I902. 619
M. R. Zeiller, en présentant à rAcadémie un travail qu'il vient de
publier dans !a Palœontologia Indica, sous le titre : « Observations sur
quelques plantes fossiles des Lower Goudwanas », s'exprime comme il suit ;
« Ce travail est consacré à la description d'une série de fossiles végé-
taux des couches à combustible de la portion inférieure du système de
Gondwana, que le Geological Survey of India m'a fait, en 1897, ^'honneur
de me communiquer en me demandant de les étudier, à titre de complé-
ment aux travaux du regretté D'' Ottokar Feistniantel sur la flore fossile de
l'Inde. Les échantillons que j'ai eus en mains m'ont permis de compléter
la connaissance de quelques types intéressants, notiimmetit, parmi les
Fougères, les G/o,y50yy/em et leurs rhizomes les Vertehraria.le signalerai en
outre deux espèces nouvelles d'Equisétinées appartenant aux genres Sc/îZ-o-
mura el Phyllothcca, un Araucarites rappelant beaucoup certaines formes
vivantes du sous-genre Colymbea, et un très curieux type de feuille orbi-
culaire à bord denté, à long pétiole, dont les affinités me paraissent être
avec les Salisburiées et que j'ai dédié au D'' O. Feistniantel sous le nom
générique à'Otlokaria. »
M. Albert Gaudky fait hommage à l'Académie d'un Opuscule qu'il
vient de publier sous le titre « Recherches paléontologiques de M. André
Toui nouer en Patagonie ». [Extrait des Procès-verbaux de la Société d'His-
toire naturelle d'Autun (année 1902).]
MEMOIRES PRESENTES.
M. DE Saintignon adresse un travail intitulé : « Sur les tremblements de
terre; le mouvement différentiel ».
(Renvoi à la Commission des Antilles.)
M. ÎV. Tambon demande l'ouverture d'un pli cacheté, déposé le 5 mai 1902
et inscrit sous le n" 6518. Ce pli contient un Mémoire intitulé : « Nouvelles
méthodes d'anaivse pour reconnaître les falsifications des huiles d'olive
(comestibles et industrielles) et en général des huiles les unes par les
autres ».
(Commissaires : MM. Troost, Guignard.)
620 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CORRESPONDANCE.
M. le MixisTRË DE l'Ixstructiox publique transmet à l'Académie une
Lettre adressée à M. le Ministre des Affaires étrangères, concernant
l'éruption volcanique qui s'est produite à l'île Torishima, dans le groupe
des îles japonaises de l'Océan Pacifique (lies Bonin, etc.) :
« M. DuBAiL, Ministre de France à Tokyo,
à M. Delcassé, Ministre des Ajfaires étrangères.
y> Un paquebot de la Compagnie japonaise, ISippon Yusen KaisJia, qui fait le
service des îles japonaises de l'Océan Pacifique (îles Bonin, etc.), apportait l'autre
jour à Yokohama la nouvelle qu'une éruption volcanique venait de se produire dans
l'île de Torishima. Le navire n'aurait pu approcher du volcan qui était en pleine
éruption; au dire des officiers, des phénomènes extraordinaires se produisaient en
même temps dans le voisinage de la mer : des colonnes d'eau auraient été projetées
dans les airs et le paquebot dut continuer sa route sans pouvoir porter aide aux
habitants qui ont sans doute péri.
» L'île de Torishima est située entre le 3o° 2826 latitude nord et i^o" 1/402 lon-
gitude est. La circonférence de l'île est de 7'''",5oo et la superficie de S''™', 5. Elle est
séparée de Yokoliama par une distance de 3 12 milles marins.
» La population est de 78 hommes et de 62 femmes se livrant à la chasse aux
oiseaux, à la pèche, etc., tous employés au service d'un particulier japonais qui a
obtenu la concession et l'exploitation des richesses de l'île.
» La nouvelle de celte catastrophe a produit une grande impression et le Gouver-
nement a envoyé de suite un bâtiment de guerre sur les lieux. Peu après, un paquebot
spécialement afïVèté pour la circonstance emportait des vivres, des instruments de
toutes sortes et une mission chargée d'étudier ces phénomènes et leurs causes.
» Les résultats de cette expédition ne seront connus que dans quelques jours; je ne
manquerai pas d'en faire part à Votre Excellence.
» Veuillez agréer, etc.
» Sis'né : Dubail. »
M. le Secrétaire perpétuel signale une Lettre de M. Hergesell relative
aux résultats obtenus au moyen des ballons-sondes, résultats qui seront
publiés à l'aide de crédits accordés par le Gouvernement allemand.
SÉANCE DU 20 OCTOBRE 1902. 621
PHYSICO-CHIMIE. — Sur la formation des gouttes liquides et les lois de Tate.
Note de MM. Pu. -A. Guye et F. -Louis Perrot.
« Comme suite aux travaux résumés dans une Note récente ('), nous
avons cherché à mettre en évidence les pliénomènes complexes qui régis-
sent la formation des gouttes issues à l'extrémité de tubes cylindriques à
canal capillaire, en étudiant les formes successives par lesquelles elles
passent avant la chute. Dans ce but, après des observations directes, faites
à l'œil, au besoin aidé de la loupe, nous avons adopté un procédé photo-
graphique rendant nos constatations tout à fait indépendantes des illusions
rétiniennes. Des résultats partiels intéressants ont déjà été obtenus par des
procédés analogues, notamment par MM. Lenard (^), Th. Lallin (' ),
Ch. Lansiaux (* ).
» Sur nos indications, MM. A. et L. Lumière, à Lyon, ont bien voulu nous préparer
des bandes de clichés cinématographiques relatifs à la formation de gouttes à'eau, de
benzène Ql à'' aniline, issues de tubes cylindriques de diamètre extér. -<4"""' Les clichés
ont été obtenus soit dans les conditions oîi les gouttes se forment lentement {gouttes
statiques) et où, par conséquent, leur poids est indépendant de leur durée de forma-
tion, soit dans des conditions de formation de plus en plus rapide {gouttes dyna-
miques). Ces documents graphiques ont été étudiés à la loupe; puis, par projection
sur un écran, des épreuves agrandies ont pu être prises des plus caractéristiques
ligures. L'étude de ce matériel d'observation fera l'objet d'un Mémoire détaillé, en
préparation. Nous ne reproduisons donc ici que nos conclusions finales relatives aux
gouttes statiques d'abord, puis aux gouttes dynamiques.
» Les figures agrandies i à 8 représentent le processus de formation des gouttes
statiques (benzène; dlam. extér. du tube = 3™'", 17).
» La goutte apparaît sous forme d'un ménisque à courbure sphéroïdale, puis ce mé-
nisque s'allonge grâce à l'afflux de nouvelles quantités de liquide. Un étranglement se
dessine lentement entre la goutte proprement dite et le liquide adhérant au tube; on
le retrouve dans les figures de M. Worthington. Ensuite l'allongement de la goutte se
précipite de telle façon que, si la bande présentait plus de cent clichés entre la figure j
et la figure 2, les clichés 3 à 7 se succèdent par contre immédiatement. Enfin, l'étran-
glement se résout {fig. 7) en un filament qui, après avoir subi un étlrement, se ronxpl
(*) Comptes rendus, t. CXXXV, p. 459*
(2) Ph. LenarD; Wied. Ann., t. XXX, 1887, p. 209.
(') Tn. LuLLiN, Archives de Genève, t. II, i8g6, p. 201.
(*) Cn. Lansiaux, Revue suisse de Photographie, 'j^ année, 189.5, p. 86.
622 ACADÉMIE DES SCIENCES.
en donnant généi'alement une g^oulleletle qui succède à la goutte principale, goutte-
lette déjà observée par Savarl, Maguus et Lenard. Au moment où la goutte se détache,
SÉANCE DU 20 OCTOBRE 1902. 628
elle est grossièrement sphérique; mais, comme l'a constaté M. Lenard, elle est animée,
dans sa chute, d'un mouvement oscillatoire, son orand axe prenant alternativement
une position verticale puis horizontale, comme si le filament s'était rompu à la façon
d'un ressort.
» Le détachement de la goutte présente donc une grande analogie avec
la rupture des fds métalliques sous les efforts de traction : un allongement
fdiforme précède la séparation.
» La rigidité du liquide est, par conséquent, un des éléments du pro-
blème, ainsi que nous l'avions indiqué dans notre Mémoire de 1901
{Archives, t. XL p. 385 et 388). Sur ce point, nous sommes donc d'accord
avec les idées émises par MM. Leduc et Sacerdote.
» Quant aux gouttes dynamiques, leurs formes sont reproduites schématiquement
dans les figures 9 à 18.
» En remontant de la figure [5 à la figure 9, on voit que, à mesure que la durée de
formation décroît, la goutte, primitivement semblable aux gouttes statiques, apparaît
ensuite avec un appendice caudiforme à sa partie inférieure, d'autant plus prononcé
que la durée est plus courte. Le liquide affluant paraît exercer, par pression, une
déformation sur la membrane superficielle. L'affluence devenant encore plus rapide,
la goutte est comme traversée par un jet de liquide; enfin, la succession des gouttes
devient assez rapide pour donner lieu à une veine.
» Nous résumant, nous concluons une fois de plus que les relations
classiques de Tate ne correspondent pas à la réalité et doivent être aban-
données; que la rupture de la goutte ne se fait point suivant un cercle de
gorge d'un diamètre voisin de celui du tube; que la chute de la goutte,
précédée de la formation d\in filament, doit plutôt être comparée aux
phénomènes de rupture de fds métalliques sous les effets de traction, et
que, par conséquent, la rigidité des liquides doit y jouer un rôle qui reste
à étudier. »
ÉLASTICITÉ. — Sur les paramètres élastiques des fils de soie.
Note de M. F. Beaulard, présentée par M. Lippmann.
« Malgré l'emploi fréquent des fds de soie dans les suspensions bifdaires,
les paramètres élastiques de cette substance n'ont jamais été déterminés,
à ma connaissance du moins, et, comme la valeur numérique du module
d'Young est nécessaire pour effectuer la correction de rigidité, j'ai été
624 ACADÉMIE DES SCIENCES.
amené, en vue de cette correction, à effectuer la détermination des coeffi-
cients d'élasticité des fils de soie.
» Soient :
» c le moment du couple de lorsion ; [i. le coefficient de Coulomb, c'est-à-dire
l'expression numérique d'un couple capable de tordre d'un radian un cylindre de i'^"'
de diamètre et de i"^ de hauteur; a l'allongement de l'unité de longueur d'un fil de
section unité, sous l'unité de charge; E =; - le module d'élasticité de traction; o le
module d'élasticité de torsion, ou coefficient de rigidité ; p la contraction latérale, c'esl-
g
à-dire la diminution de l'unité de longueur dans le sens transversal; a =z — le coeffi-
cient de Poisson.
» Entre ces quantités on a les relations suivantes :
cl
02 I
» L'exj3érience permet de déterminer c par la méthode des oscillations,
et a parla mesure des allongements sous des charges données; et, par suite,
de calculer [j., ç, c et [i. J'ai opéré avec un fil formé de 20 brins tirés d'un
même écheveau de soie écrue et trouvé c = o,i64 et 9 = 1,288.10^";
mais la détermination de E présente quelques particularités intéressantes,
qui font l'objet de cette Note.
» On constate, en effet, qu'il n'y a pas, à proprement parler, de coeffi-
cient d'élasticité de traction E, diminuant quand la charge augmente; on
constate également que 1^ diminue très rapidement, pour atteindre une
valeur constante dès que la charge atteint quelques grammes ; cela résulte
du Tableau suivant, extrait d'un Tableau ])lus étendu :
= 4o
E ^ i3, 17.
ro*"
(T =
= 5o2
P
= 3,81.10-»
120
7,90
Soi
3,81
200
5,23
199
3,80
280
3,74
129
3,46
» On vérifie en outre que, par le retour à une charge nulle, le fd ne
reprend pas sa longueur primitive Lq ; il Y a un allongement résiduel
L'y — Lo qui peut atteindre le ~ de la longueur initiale.
M Si l'on répète une deuxième série de mesures, sur le même fil, on
constate que les variations de E sont déjà moins marquées, et que Talion-
SÉANCE DU 20 OCTOBRE I902. 6^5
gement résiduel L^ — L„ est moindre que dans le premier cas ; on trouve,
par exemple,
4o
E — 2,008.
10'»
a =1 76
^
= 3,77.10-^
.80
2,008
76
3,77
120
2,092
79
3.77
160
i,95i
73
3,73
300
1 ,626
70
3,76
» Ce résultat permet déjà de penser que le fil de soie est affecté d'hys-
térésis et susceptible par suite de déformations permanentes, conformé-
ment aux idées développées à ce sujet par M. P. Duhem ('), et vérifiées
par M. E. Lenoble (^) pour les fils métalliques. C'est ainsi que j'ai été
amené à soumettre le fîl à des variations cycliques, par charges croissantes
et décroissantes, de façon à revenir à une charge nulle, pour recommencer
ensuite un deuxième cycle, etc.
)) Si la durée d'action de la charge est courte, il arrive que le fîl continue
à s'allonger sous une charge moindre que la charge maxima, mais voisine
de celle-ci; pour éviter cette complication, dans les expériences qui
suivent, la durée d'action a toujours été suffisante pour que l'état perma-
nent correspondant à une charge donnée soit atteint (à :^ de millimètre
près) ; si l'on porte en abscisses les charges et en ordonnées les longueurs
du fd, on constate : 1° que la première courbe descendante du premier
cycle coupe en un seul point la courbe ascendante du deuxième cycle ;
2° qu'à chaque cycle l'allongement résiduel L,, — L^ diminue et tend vers
une valeur nulle; 3° que, dès le troisième ou quatrièoie cycle, ascendantes
et descendantes sont linéaires et se superposent; dans ces conditions,
et lorsque le fd a atteint cet état pseudo-limite, E a une valeur constante,
indépendante de la charge; le calcul donne les résultats suivants :
E=2,52.I0'% -7=95, [3 = 3,78.10-''.
» Après un long repos (2 mois) le même fil donne, pour le troisième
cycle :
p= 40
E=Z2,23.
lo'o
7
= 86
p
= 3,86.10-9
80
2,28
88
3,87
100
2,06
80
3,86
120
2,o3
78
3,86
(*) p. Duhem, Société des Se. phys. et nat. de Bordeaux, i8 mai 1899.
(^) E. Lenoble, Sur les déformations permanentes des fils métalliques (Thèse).
Bordeaux, 1900.
G. R , 1903, 2« Semestre. (T, CXXXY, N" 16.) 83
626 ACADÉMIE DES SCIENCES.
c'est-à-dire en moyenne
E=r:2,i5.io'% G==83, p = 3,86.io-«.
» En adoptant la valeur E = 2,52.10'" et appliquant la formule de cor-
rection de Rohlrausch, pour tenir compte de la raideur du fil, qui agit sur
le bifilaire comme si les fils étaient raccourcis de %, on trouve S = 0^^,443
pour une suspension de longueur égale à 8'7*'™. La correction atteint donc
seulement o, 5 pour 100, à peu près. »
ÉLECTRICITÉ . — Lames minces métalliques obtenues par projection cathodique.
Note de M. L. Houllevigue, présentée par M. Mascart.
« On sait que, lorsqu'on produit l'effluve dans un gaz raréfié, la sub-
stance de la cathode est projetée en tous sens dans l'espace environnant ;
cette propriété a déjà été utilisée en Amérique pour obtenir des miroirs et
des résistances de platine. J'ai constaté qu'elle permet de déposer sur un
support quelconque (verre, fibre, lame métallique, etc.) des couches
minces adhérentes des métaux suivants : platine, palladium, fer, nickel,
cobalt, cuivre, bismuth; les autres mé\aux, qui n'ont pas encore été
essayés, se prêteraient vraisemblablement à l'application du même pro-
cédé ; seul, le charbon n'a donné, après 7 jours d'essais, aucun dépôt
visible.
» Les pellicules déposées sur verre sont les plus intéressantes à étudier.
» Pour les obtenir, on place la lame de verre à métalliser, de ao"^""' environ dans
mes expériences, sur une large anode horizontale en aluminium; à 12™" ou iS™""
au-dessus se trouve une lame horizontale du métal à déposer, qui constitue la cathode,
et le tout est placé dans un récipient où le vide est fait à la trompe jusqu'à quelques
centièmes de millimètre. Le flux est fourni par le secondaire d'une bobine Rulimkorfl"
(type Ducretet à interrupteur indépendant); alors l'espace sombre de HittorfF qui
entoure la cathode vient à peu près au contact de la lame de verre à métalliser.
» Le flux électrique commence par purger la cathode des gaz occlus ; cette première
période est particulièrement longue avec le platine et surtout avec le palladium ;
lorsqu'elle est terminée, la substance propre de la cathode est projetée à son tour et
va se fixer, partie sur la lame de verre placée en regard, partie sur l'anode métallique.
Quand le dépôt est jugé d'épaisseur convenable, on arrête l'opération, on laisse
refroidir l'appareil, on fait rentrer l'air et l'on retire la lame métallisée.
» Les dépôts obtenus peuvent présenter tous les degrés de transpa-
rence ou d'opacité, suivant la durée de l'opération (quelques heures ou
SÉANCE DU 20 OCTOBRE 1902. 627
plusieurs journées); leur épaisse^ir n'est pas rigoureusement uniforme et,
avec le dispositif employé, s'est montrée plus faible au centre et suivant
les diagonales de la lame. Ils présentent (surtout les dépôts de cuivre) les
irisations des lames minces ; leur pouvoir réflecteur est considérable, et
ils sont assez adhérents pour pouvoir être essuyés avec un blaireau ou du
papier de soie.
» J'ai pu faire avec les pellicules ainsi obtenues les essais suivants :
» 1° Une lame de bismuth préparée par ce procédé, et placée normalement dans un
champ magnétique égal à 2260, n'a éprouvé aucune variation dans sa résistance élec-
trique, égale à 26^,90. M. Leduc avait observé déjà que le bismuth est d'autant plus
sensible au magnétisme, que sa texture cristalline est plus accusée. Or, il semble bien
que le bismuth obtenu par projection cathodique soit complètement amorphe; des
essais pour lui donner le grain cristallin par recuis à 35o° ont échoué, le métal ayant
été altéré par cette opération.
» 2° Les lames transparentes de fer, placées normalement au champ d'un électro-
aimant de RuhmkorfF, permettent de constater aisément l'existence du pouvoir rota-
toire magnétique: une variation de champ égale à 12260 unités a produit une rota-
tion positive égale à 1° 18', déduction faite de la rotation due à la lame de verre qui
sert de support.
)) En revanche, je n'ai pas encore réussi à observer sur le même métal,
placé parallèlement au champ magnétique, l'existence de la double réfrac-
tion signalée par Righi ; le dispositif employé pour cet essai était celui du
polariscope de Bravais à teinte sensible, avec interposition d'une lame
demi-onde sur une des moitiés du champ. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Action des combinaisons organomagnésieniies mixtes
sur les éthers d'acides cétoniques (II). Note de M. Y. Grigxard, présentée
par M. H. Moissan.
« J'ai montré précédemment (') que les éthers p-cétoniques donnent,
en général, avec les combinaisons organomagnésiennes, des réactions anor-
males dans lesquelles se manifeste surtout la j)résence de la forme éno-
lique. Il n'en est plus de même avec les autres éthers cétoniques, qui sont
susceptibles de réagir normalement par leurs deux groupements fonc-
tionnels. Mais, comme on pouvait le prévoir, ces deux groupements ne
(') Comptes rendus, t. CXXXIV, p. 8^9,
628 ACADÉMIE DES SCIENCES.
présentent pas là même vitesse de réaction, le carbonyle réagit toujours
avant le carboxyle, si bien que la méthode permet d'obtenir des acides
alcools tertiaires ou des glycols bitertiaires, suivant que l'on fait réagir i™**'
ou 3™°' de composé organomagnésien sur 1'"°' d'éther cétonique.
)) Je me suis occupé surtout de la synthèse des acides-alcools, qui pré-
sentait le plus d'intérêt. A ce point de vue, il fallait éviter à chaque instant
la présence d'un excès du composé organométallique, qui n'aurait pas
manqué, sans doute, de réagir sur le carboxalkyle, et, pour cela, il était
nécessaire de faire tomber peu à peu le composé magnésien dans l'éther
cétonique. J'y suis arrivé, sans perte ni altération de la combinaison organo-
métallique, en transvasant sa solution éthérée au moyen d'un siphon de
verre à robinet, amorcé avec de l'éther anhydre.
» Mes expériences ont porté sur le pyruvate d'isoamyle ('), le phényl-
glyoxylate d'éthyle, le lévulate d'éthyle et Facétylsuccinate d'élhyle.
Voici, brièvement (^), les résultats obtenus :
» I. Éther pyr unique, — 1° Avec CH^Mgl, l'a-oxyisobutyrale d'isoamyle, liquide
incolore, assez mobile, d'odeur âpre, peu agréable, qui bout à i95°-i98° sous ySS'"'".
d'i-^g^: 0,94o5, /4^'*=: I,4233o.
» 2° Avec i-C^H^'MgBr, l'acide méthylisoamylglycolique, insoluble dans la ligroïne
légère et cristallisant, dans l'alcool à 25 pour 100, en fines aiguilles fusibles à 'ji'^-'j'i^.
» 3° Avec a-G*°H''MgBr, l'acide a-naphtylméthylglycolique, insoluble dans la
ligroïne et dans le benzène, cristallise dans l'alcool à 5o pour loo en buissons de fines
aiguilles qui contiennent -jH^O et fondent à i43°.
» Rendement moyen dans ces trois expériences, 25 pour 100.
» IL Phénylglyoxylate d'éthyle. — 1° Avec CH^Mgl, l'atrolactate d'éthyle,
liquide jaune-paille, assez mobile, d'odeur faible, agréable, qui bout à i29°-i3o° sous
i3™'"età 258"-26o'' sous ^52™™. <ij,=: 1,100, «i' = 1,50997. Rendement, 60 pour loo.
» L'acide atrolactique (phénylméthylglycolique), qui en dérive par saponification
barytique, cristallise dans l'eau en lamelles nacrées qui contiennent yH^O et fondent
régulièrement à 67°-68° et non à gi'', comme l'ont indiqué Fillig et Wurster (^), puis
Tiemann et Kohler (^).
» 2" Avec G^H^MgBr, le phényléthylglycolate d'éthyle, liquide jaune-paille, peu
( ' ) J'ai choisi cet élher pyruvique, d'après les indications de Simon ( Thèse de Paris,
1895), comme étant le plus facile à obtenir dans les meilleures conditions de pureté et
de rendement.
(-) (^es expériences seront publiées en détail dans les Annales de Chimie et de
Physique.
(^) Liebigs Ann., 1879, p. i54.
('') Berichie, 1S81, p. 1980.
SÉANCE DU 20 OCTOBRE I902. 629
mobile, d'odeur forle, peu agréable, qui bout à i42°-i/i5° sous iS-"'". Rendement,
82 pour 100.
» L'acide phényléthylglycolique, insoluble dans la ligroïne, facilement soluble dans
l'alcool et le benzène, cristallise anhydre dans l'eau en aiguilles fusibles à 126°.
». III. Lévulate d'éthyle. — Je n'ai pu isoler dans aucun cas l'élher prévu par la
théorie, mais, directement ou par saponification, la lactone qui en dérive et, en même
temps, un peu du glycol biterliaire correspondant:
I
» 1° Avec C^H'^MgBr, la méthyl-4 hexanolide-i-/i, C^tP— C — GH^ - GH-,
0 -GO
liquide incolore, mobile, d'odeur faiblement élhérée, qui bout à io5°-io6° sous 18™™.
c?|3 7 =1 1 ,oo85; «i='''^ =1 ,44320. Rendement, 35 pour 100.
,) Le glycol ^[^^ Ng(OH)G^H*G(OH)<.^"^||'^ bouta i38°-i4o° sous i4™™ et cris-
tallise dans le benzène en aiguilles fusibles à 61°. Rendement, 63 pour 100, en le pré-
parant spécialement.
« 2° Avec i-G^H'^MgBr, la diméthyl-4-7 octanolide-i-4, liquide incolore, assez
mobile, d'odeur forte, qui bout à i33°-i34° sous iS"^". Rendement, 2,5 pour 100.
t/|,-, ,j ==0,9566; /«i^''-' = i ,44964-
)) Le glycol , /G(0H)G2IPG(0H)C j, liquide extrêmement visqueux,
bout à 2o5°-2o8° sous iS""""; son oxyde G^^H^^O est peu visqueux et bout à i75°-i78'^
sous 20™".
» 3° Avec G^H^MgBr, la phényl-4 pentanolide-i-/i, liquide jaunâtre, peu mobile,
qui bout à i68°-i70" sous 16'"". Rendement, 3o pour 100. «ij^^ -- i , 1 173 ;
«/,''* = 1,52996.
» On obtient en même temps l'oxyde du glycol correspondant
GH-\ -G«IP
"- -.0 ^-^
liquide très visqueux qui bout à 245°-25o'' sous 17™'".
» IV. Acétylsuccinate d'éthyle. — - On sait que ce composé ne présente pas les
caractères habituels des éthers p-cétoniques ; on pouvait espérer qu'il en serait de
même ici et que, en présence de GH''MgI, il se comporterait comme un élher y-céto-
nique et fournirait ainsi un procédé commode de synthèse de l'acide térébique. Mal-
heureusement, il n'en a rien été. Quel que soit le mode opératoire employé, on obtient
un produit cristallisé très abondant qui, par l'aclion de l'eau, régénère la presque
totalité de l'éther acétylsuccinique employé. Get élher a donc vraisemblablement
réagi sous sa forme énolique. On peut isoler cependant une faible portion supérieure
dont la saponification fournit une minime quantité d'acide térébique.
)) Je me propose de montrer ultérieurement que la méthode de syu-
63o ACADÉMIE DES SCIENCES.
thèse d'acicles-alcools tertiaires que je viens de décrire peut être complétée
an moyen du chlorure d'éthyloxalyle, qu'il est possible de faire réagir uni-
quement par sa fonction chlorure d'acide. )>
CHIMIE ORGANIQUE, — Sur les dérivés de l'éther pyruvylpyruvique (II).
Bydrazones stéréo-isomères. Note de M. L.-J. Simox, présentée par M. H.
Moissan.
« Les actions consécutives de l'aniline et de l'acide sulfurique concentré
sur le pyruvate d'éthyle m'ont conduit à un corps auquel j'ai assigné la
formule
CH^- C CO - CH^-CO- CO'C'H^
11
qui en fait un dérivé phényliminé de l'éther pyruvylpyruvique (^Comptes
rendus, t. CXXXIV, 1902, p. io63).
» Pour contrôler le caractère cétonique de cette combinaison, je l'ai
soumise à l'action des réactifs caractéristiques de cette fonction, et d'abord
à l'action de la phénylhydrazine.
)) I. La phénj'Ihydrazine réagit 1res facilement sur rélher cétonique; il se produit,
en quantités très inégales, deux, hydrazones isomériques qui se distinguent parles pro-
priétés suivantes :
» L'hydrazone a, qui se produit presque exclusivement, fond à igS^-igô" sans altéra-
tion apparente. Elle cristallise en petites lames hexagonales ou en cristaux, massifs,
d'un blanc jaunâtre. Elle renferme 1™°^ d'eau de cristallisation qu'elle perd à iio" et
qu'elle reprend par refroidissement à Tair humide.
» L'autre combinaison, l'hydrazone p, se produit en quantité très minime. Elle fond
à [33° sans décomposition et cristallise en fines aiguilles jaune d'or toujours anhydres,
» Les deux, corps sont insolubles dans l'eau, dans la potasse aqueuse et dans l'acide
chlorhydrique concentré. Dans les solvants organiques, alcool ou acétone, ils sont tous
deux solubles, mais l'hydrazone (3 l'est davantage et elle a été rencontrée dans les eaux
mères de cristallisation de la première.
» Passage de l'isomère a à l'isomère p. — Lorsqu'on chauffe l'hydrazone a à iio",
elle perd i"""^ d'eau, mais sans se modifier, puisqu'elle la reprend spontanément après
refroidissement. Si on la maintient pendant quelque temps à une température supé-
rieure à sa température de fusion, à 200° par exemple, on n'obtient plus, après refroi-
dissement et cristallisation dans l'alcool, qu'un mélange des deux isomères où domine
la for/ne f>.
» Cette transformation se produite une température inférieure à la température de
fusion. Dans une étuve à vapeur d'aniline, l'hydrazone a ne tarde pas à se fluidifier,
ce qui est l'indice d'une transformation que l'on prouve en isolant l'hydrazone j3.
SÉANCE DU 20 OCTOBRE I902. 63 1
» Celte isomérisation se trahit d'ailleurs déjà par des irrégularités dans la tempéra-
ture de fusion, suivant la rapidité avec laquelle on élève la température pour la déter-
miner. On sait que les osazones des sucres se comportent de même et vraisemblable-
ment pour une cause du même ordre.
» Passage de l'isomère p à l'isomère a. — On peut également passer de la forme p
à la forme a. Il suffit pour cela de la soumettre en solution alcoolique à l'action du gaz
chlorhydrique. Un second procédé consiste à saponifier par la potasse alcoolique la
fonction éther de l'hydrazone [3. Elle fournit alors un acide qui parait identique à celui
que l'on obtient en effectuant sur son isomère la même opération. Ces deux acides
cristallisent en fines aiguilles jaune clair, se décomposant à i5i"-i52° en se boursou-
flant, et, par éthérijîcation, ils régénèrent tous deux l'hydrazone a à point de
fusion élevé. S'il y avait un léger doute, il porterait sur leur teneur respective en
eau de cristallisation.
)) La production simultanée des deux Iiydrazones et leur transformation mutuelle
constituent bien les caractères d' une isomérie stéréochimique . — Cet exemple est à
rapprocher de celui que j'ai déjà signalé antérieurement ( Cow/>^e9 /"e/if/f/^, t. CXXXI,
1900, p. 682).
1) II. Action de l'acide sulfurique concentré. — J'ai été amené à étudier l'action
de l'acide sulfurique sur ces hydrazones par l'espoir d'enlever ainsi le dernier reste
phényliminé ■ — AzC^H^ et d'obtenir la monohydrazone de l'éther pyruvylpyruvique,
mais je n'ai pas atteint le but désiré.
» L'acide sulfurique concentré dissout à froid les deux hydrazones en prenant une
série de colorations successives : rouge orangé, verte et finalement bleue. Cette colo-
ration est due à la formation d'un corps qu'on peut isoler en précipitant sur de la glace
la solution sulfurique. Ce corps se présente sous forme d'une masse blanc sale peu
accessible à l'étude. Sa solution alcoolique l'abandonne sous forme d'écaillés jaunâtres
qui se présentent, lorsqu'on les examine au microscope, avec l'aspect amorphe d'un
assemblage cellulaire.
» Cette réaction colorée appartient également à l'acide qui résulte de la saponifica-
tion des deux hydrazones stéréo-isomères. Elle est très sensible et rappelle (quoique
moins fugace) la réaction de Bulow^ relative à l'action de l'acide sulfurique sur les
produits d'oxydation des osazones et des hydrazones.
» III. J'ai répété la réaction de la phénylhydrazine sur un autre éther pyi'uvylpy-
ruvique substitué CH^^ — C — CO — CH-— CO — CO^C-H^ et i'ai obtenu des résul-
Az — C«l^— CH'
tats tout à fait semblables.
» L'hydrazone a fond à i75°-i76° et cristallise avec 1™°' d'eau de cristallisation
qu'elle perd à 1 10° et qu'elle reprend spontanément à l'air humide par refroidissement.
» L'hydrazone [3 résulte de l'action de la chaleur sur la première; elle est plus so-
luble que celle-ci dans les solvants et fonda une température inférieure, 117°-! 18°. La
différence est à peu près la même pour les deux couples de stéréo-isomères. Enfin, les
deux modifications se dissolvent dans l'acide sulfurique concentré en lui communi-
quant la même série de teintes et finalement la même coloration bleue caractéris-
tique. »
632 ACADÉMIE DES SCIENCES.
BIOLOGIE. — Germination des spores de Sterigmatocystis nigra dans la
trachée de quelques oiseaux. Note de M. Pierre Lesage^ présentée par
M. Gaston Bonnier.
« Dans ma thèse de Médecine (^), j'ai envisagé les causes qui peuvent
avoir quelque influence sur la germination des spores amenées dans la
cavité respiratoire de l'homme et j'ai émis l'hypothèse que l'hygrométrie
de cette cavité était l'une de ces causes.
» J'ai été amené à cette hypothèse par des considérations théoriques et
par des expériences qui sont discutées dans cette thèse. Ne pouvant la
vérifier rigoureusement sur l'homme lui-même, j'ai cherché une vérification
en me rapprochant le plus possible des conditions réalisées chez lui.
» C'est ainsi que, par comparaison avec l'alternance des courants d'air
d'expiration et d'inspiration, j'ai cherché l'action de l'alternance de deux
courants d'air, l'un relativement sec, l'autre très humide, sur la germination
des spores de Pénicillium ( -). Cette germination est sous la dépendance de
la durée relative de chaque courant et de la tension de la vapeur d'eau dans
le courant d'air relativement sec.
)) Ces expériences étaient faites avec des spores semées sur goutte de
gélose fixée à la paroi interne d'un tube de verre. Dans d'autres expé-
riences (^), j'ai fait agir les deux courants sur des spores semées sur goutte
de gélose nageant, à l'aide d'une lamelle de mica, sur une petite nappe d'eau
contenue dans un renflement du tube de verre. La germination est restée
sous la dépendance de la vitesse relative et de l'hygrométrie de ces courants.
» Par conséquent, même sur l'eau, cette germination dépend des varia-
tions de la tension de la vapeur d'eau dans le courant d'air relativement sec.
» Depuis, j'ai cherché à vérifier cette dépendance sur le vivant, en pla-
çant des spores de Sterigmatocystis nigra dans la cavité respiratoire de deux
animaux comparables maintenus, l'un dans l'air sec, l'autre dans l'air
humide.
» J'ai semé les spores sur goutte de gélose encastrée dans une mince
cuvette de fer ou d'aluminium que j'ai fixée à la paroi interne de la
(^) Pierre Lesage, TIvèse de la Faculté de Médecine de Paris, 1899.
(-) Pierre Lesage, Comptes rendus de V Assoc. franc, pour l'av. des se, 1901.
(^) Pierre Lesage, Comptes rendus, 1901,
SÉANCE DU 20 OCTOBRE 190-2. 633
trachée ouverte à la hauteur voulue; ensuite, j'ai suturé trachée et plaie
à la manière ordinaire. La trachéotomie a été pratiquée ainsi sans incon-
vénients chez plusieurs oies et canards.
M Voici, pour quatre canards, des résultats qui suffiront à la vérification
cherchée, et dans lesquels on se rend compte de la vitesse relative de la
germination par la longueur des filaments mycéliens au moment de l'obser-
vation.
)> Dans l'air extérieur, la température a oscillé un peu autour de 20°,
l'état hygrométrique autour de o,45 (air sec) et autour de 0,90 (air hu-
mide).
» Première série. — Canard n° 5 (air sec), ii4^; canard n" 6 (air hu-
mide), 143'*; culture témoin à 39°, 5 et dans l'air saturé, 210^^.
» Seconde série, — Canard n** 8 (air sec), 19'^; canard 11° 7 (air hu-
mide), 44"^; culture témoin à 39*^,5 et dans l'air saturé, 11 7^^.
» Par conséquent, même dans la trachée, la germination des spores est
bien sous la dépendance des variations hygrométriques de l'air extérieur
inspiré.
)) On pourra m'objecter que je ne suis pas encore absolument dans les
conditions normales, puisque les spores sont sur de la gélose et non sur la
paroi vivante. Mais l'objection est sans importance, car je cherche autre
chose que l'action de la paroi. Dans l'étude des causes complexes qui inter-
viennent ici, je dois nécessairement me limiter et je me croirai satisfait si,
considérant particulièrement l'une d'elles, je puis arriver à l'isoler suffi-
samment pour mettre son influence en lumière. C'est ce que je crois avoir
réalisé avec mes cuvettes de gélose en ce qui concerne l'hygrométrie des
voies respiratoires. D'ailleurs, je pourrais rappeler certaines expériences
telles que la suivante. Quelque temps après avoir insufflé des spores dans
les bronches de deux pigeons, j'ai retrouvé plusieurs de ces spores germées
avec des filaments de : pigeon n'' 15 (air sec), i\^\ pigeon n'^ 16 (air hu-
mide), [\&-. Mais, bien que concordant avec ceux qui précèdent, je ne puis
signaler ces résultats qu'avec réserve, car les spores ont pu subir des
déplacements avant, pendant, après la germination et dans l'extraction de
l'appareil respiratoire.
)) Enfin, un autre point intéressant m'a été fourni par l'oie n° 5. Deux
cuvettes de gélose ensemencées avaient été fixées, l'une en haut, l'autre en
bas, en avant du bréchet et à une distance de 3o'='" de la première. Après
une durée de i&[\^'^, j'ai mesuré les filaments mycéliens et obtenu les
C. R., igoa, a» Semestre. (T. CXXXV, N-> 16.) ^4
634 ACADÉMIE DES SCIENCES.
chiffres suivants : en haut de la trachée, i lo!^; en bas, 146^^; culture témoin
à 39*',5 et dans l'air saturé, 223^^.
» Il ressort de tous ces faits que la germination des spores de Sterigma-
tocystis nigra placées dans les parties antérieures des voies respiratoires de
quelques oiseaux se fait plus lentement que dans les cultures placées à la
même température et dans l'air saturé; qu'elle dépend de la tension de la
vapeur d'eau dans l'air extérieur et, pour une même tension, de la pro-
fondeur à laquelle ces spores sont placées dans ces voies.
» Au total, qu'elles soient provoquées par les modifications de Tair
extérieur ou par la profondeur des points considérés, les variations hygro-
métriques de la cavité respiratoire de ces oiseaux sont suffisantes pour
déterminer des variations appréciables dans la germination des spores de
Sterigmatocystis nigra placées dans les régions voisines de l'entrée.
» Il me suffît, pour le moment, d'avoir établi cette notion générale
d'hygrométrie pour un système de tubes inertes et pour le système des
voies respiratoires vivantes. Il y a là quelque chose dont il faudra tenir
compte dans l'étude des mycoses de l'appareil respiratoire, que ces my-
coses soient primitives ou secondaires. »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Expériences sur la germination des grains de
pollen en présence des stigmates. Note de M. Pierre-Paul Richer, pré-
sentée par M. Gaston Bonnier.
« On peut faire germer artificiellement des grains de pollen, d'une espèce
déterminée, dans de l'eau légèrement sucrée, ou même assez souvent dans
l'eau pure, sans qu'ils soient en présence d'aucun stigmate ; or, très sou-
vent ces mêmes grains de pollen, mis dans l'eau en présence du stigmate
d'une plante d'une autre espèce, ne germent pas, bien qu'ils soient alors
en contact avec les substances nutritives émises par ce stigmate étranger.
On peut se demander si le stigmate d'une espèce donnée ne contient pas
des substances qui entravent la germination d'un pollen étranger.
» En appliquant la méthode de culture inaugurée par M. Van Tie-
ghem('), dans ses recherches sur le pollen, on a pu constater que les
pollens d'un certain nombre d'espèces, ne germant pas dans l'eau pure,
pouvaient germer en dehors du stigmate dans des solutions nutritives fai-
(') Van Tieguem^ Annales des Sciences naturelles : Bot., 5" série, t. XII, 1871.
SÉANCE DU 20 OCTOBRE 1902. 635
blement sucrées. Je me suis proposé de rechercher dans des cultures
artificielles de pollen quelle peut être l'influence d'un stigmate sur la
germination des grains de pollen de la même espèce ou d'une autre espèce ;
je vais résumer dans cette Note le résultat de ces recherches, entreprises
au laboratoire de Biologie végétale de Fontainebleau.
)) On admet ordinairement que, si le pollen d'une plante germe rapidement sur le
stigmate de la même plante, c'est parce qu'il y trouve des substances nutritives
appropriées.
)) M. Molisch (*) a montré, en effet, que le pollen d'Azalée, qui ne germe pas dans
une goutte d'eau pure, germe si l'on met dans cette goutte un stigmate d'Azalée.
» En répétant cette expérience sur un certain nombre de pollens, pris parmi ceux,
qui ne germent ordinairement pas dans l'eau, mais qui germent dans une solution
faible de glucose, j'ai pu constater que, chez quelques-uns d'entre eux, il suffit
d'ajouter un fragment de la calotte supérieure du stigmate à la goutte d'eau pour
provoquer immédiatement la germination du pollen.
» Les pollens de Navcissus Tazetta, Olivia nobilis, Scilla nutans, Polygonatiim
multiflorum, qui germent mal dans l'eau distillée, les pollens de Verbacum Thapsus,
V. Jloccosum, Rhododendron ponticum, Linaria vulgaris, Anthirrinuin majus,
qui germent encore plus rarement dans l'eau, y poussent très rapidement de longs
tubes en présence d'un stigmate de la même espèce.
» Ces quelques exemples prouvent bien qu'il existe, sur le stigmate, des
substances spéciales qui, en passant dans la goutte de culture, déter-
minent l'émission rapide du tube poUinique.
» Il était intéressant de voir ce qui arriverait si l'on ajoutait à la goutte
d'eau un stigmate autre que celui de l'espèce considérée. M. W. Burck(-),
en opérant sur un certain nombre de plantes tropicales, a pu constater
divers cas (Mussœnda, Paçetia) dans lesquels un pollen germait avec des
stigmates d'autres espèces du même genre, et ne germait pas avec des
stigmates d'autres genres.
» J'ai pu moi-même observer que le pollen de Scilla nutans germe aussi bien en
présence du stigmate de Scilla campanulata qu'en présence de son stigmate propre;
que le pollen àe Rhododendron ponticum germe facilement en présence des stigmates
de Kalmia augustifolia, Erica cinerea; que les pollens de Verbascum Thapsus,
V.Jloccosum, V.Lychnitis germent aussi bien en présence de leurs stigmates intervertis
qu'en présence de leurs stigmates propres, — ce qui est d'accord avec la fréquente
(*) H. MoLiscn, Zur Physiologie des Pollens {Sitzungsber. der math, natunv.
Classe der Akademie der Wissensch. Wien, Ed. Cil, Abth. I, 1898 ).
(2) D*" W. BuRCK, Preservatives on the stigma against the germination of fo-
reign pollen {Acad. des Se. d'Amsterdam, 24 octobre 1900, et suite, 28 octobre 1901).
636 ACADÉMIE DES SCIENCES.
hybridation naturelle des espèces de Verbascum; — que le pollen de Linaria viilga-
ris germe très bien avec les stigmates â'Anthirrinum înajiis, Verbascum Thapsus,
médiocrement avec les stigmates de Linaria spuria, B/iinant/ius Crista-Galli,
Viola tricolor, Con^'oh-iilus sepiiim, moins bien encore ou pas du tout avec les
stigmates de Sinapis arvensia, Lychnia dioica, Solanum jiigrum, Campajiula
Bapunculiis, Odontites rubra; enfin que le pollen à'Ânthirrinum ma/us germe en
présence d'un stigmate de Linaria vulgaris, et ne germe pas à côté d'un stigmate de
ConvolrnliiS arvensis.
)) Dans les cas où la présence d'un stigmate étranger empêche complète-
ment des grains de pollen de germer, ces grains ne perdent pas pour cela
leur pouvoir germinatif.
» En effet, le pollen de Linaria vulgaris mis en présence des stigmates de Sinapis
ou de Lychnis ne germe pas dans ces conditions ; mais si l'on substitue, dans les gouttes
de culture, aux stigmates de ces deux plantes des stigmates de Linaria vulgaris, on
constate que ces grains germent et produisent des tubes aussi longs que dans l'expé-
rience directe. Donc les stigmates étrangers ne permettaient pas au pollen de germer,
mais n'altéraient en rien son pouvoir germinatif.
» Le fait que la germination est difficile ou même impossible, quand on
rapproche des plantes de familles différentes, explique pourquoi l'hybrida-
tion est impossible entre plantes éloignées. J'ai cependant pu observer
quelques cas particulièrement intéressants, où une germination facile s'est
produite : ainsi le pollen de Rhododendron ponticum germe très bien en pré-
sence du stigmate de Tradescantia inrginica, le pollen de Linaria vulgaris
en présence du stigmate à'OEnothera hiennis, etc. Pour ces cas particuliers,
je me propose de rechercher, par des expériences directes, quelles sont
les autres causes qui, dans les conditions naturelles, pourraient empêcher
le pollen de germer sur le stigmate d'une plante étrangère.
)) En ne tenant pas compte de ces exceptions, on peut déduire de ce qui
précède les conclusions suivantes. Le pollen d'un certain nombre d'espèces,
qui ne germe pas dans l'eau pure, germe si l'on ajoute à l'eau un stigmate
de la même espèce, ou celui d'une espèce voisine. Il germe beaucoup moins
bien, ou même pas du tout, en présence du stigmate d'une plante très diffé-
rente. Il y aurait donc, dans le stigmate, des substances assez spécialisées
pour provoquer la germination du pollen de la plante et entraver celle
d'un pollen étranger. »
M. RAPiiAiiL Dubois adresse une Note « Sur le mécanisme intime de la
fonction photogénique; réponse à M. James Dewar -».
(Commissaires : MM. Lippmann, Giard, Delage.)
SÉANCE DU 20 OCTOBRE 1902. 63?
M. Max Wolf adresse une Note relative à des « photographies stéréo-
scopiques de la comète Perrine-Borrelly ».
(Commissaires : MM. Wolf, Jaiissen.)
M. Fraichet adresse, de Saint-Etienne, le résumé d'un travail « Sur la
variation de résistance magnétique d'un barreau de traction ».
(Commissaires : MM. Sebert, Mascart.)
M. Ed. Eldin adresse une Note relative aux causes de la catastrophe
survenue à l'aérostat « Le Bradsky ».
(Renvoi à la Commission des aérostats.)
A 4 heures l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 4 heures et demie.
M. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 6 octobre 1902.
Atlas photographique de la Lune, publié par V Observatoire de Paris, exécuté
par M. M. Lcewy, Directeur de l'Observatoire, et M. P. Puiskux; 6= fascicule,
planches XXX à XXXV. Paris, Imprimerie nationale, 190a; texte, 1 fasc. in-4°, et
atlas, I fasc. in-f".
Cours de Mécanique de la Faculté des Sciences. Traité de Mécanique rationnelle,
par Paul Appell, Membre de l'Institut; t. III : Equilibre et mouvement des milieux
continus; fasc. 2 et 3. Paris, Gauthier-Villars, 1900-1903; 2 fasc. in-8°. (Hommage
de l'auteur.)
Matériaux pour la minéralogie de Madagascar : Les roches alcalines caractérisant
la province pétrographique d' Ampasindava, par M. A. Lacroix; i*' fasc. (Extr.
des Nouvelles Archives du Muséum d'Histoire naturelle, 4^ série, IV.) Paris,
Masson et C'^, s. d.; i fasc. in-^". (Présenté par M. Michel Lévy. Hommage de
l'auteur.)
Chirurgie antique. Le spéculum de la matrice à travers les âges, par le D'" V.
638 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Deneffe. Paris, J.-B. Baillîère et fils; Anvers, H. Caals; 1902; i vol. in-S". (Hommage
de l'auteur.)
Invention. Tonneaux en liège, par René Mounaud. Guelma, Cyprien Nataf, 1902;
I fasc, in-i2. (Hommage de l'auteur.)
Bulletin officiel de la propriété industrielle et commerciale : Table des brevets
d'invention et des certificats d'addition, année 1901. Paris, 1902; i fasc. in-4''.
Les Fêtes, publication mensuelle, Directeur : C.-C, Calderon; n" 1, octobre 1902,
4*^ année. Paris, i feuille in-4°.
Œuvres complètes de J.-C. Galissard de Marignac; t. I : Notice biograpJnque;
travaux divers. i84o-i86o; publiées hors série sous les auspices de la Société de
Physique et d'Histoire naturelle de Genève, par E. Abor. Genève, Ch. Eggimann
et G'"; Paris, Masson et C'*; Berlin, Friediander et fils. (Hommage de la famille de
Marignac.)
PJiilosophical transactions of the Royal Society of London; séries A, vol. 197, 198 ;
séries B, vol. 19i. Londres, Harrison et fils, 1901-1902; 3 vol. in-4°.
Ouvrages reçus dans la séance du i3 octobre 1902.
M. E. Picard présente en hommage à l'Académie, au nom de M. Arthur Korn, les
cinq Ouvrages suivants :
Abhandlung iiber Dynamik, von D'Alembert, de l'Académie royale des Sciences,
1743; iibersetzt und herausgegeben von Arthur Korn, mit4Tafeln. Leipzig, Wilhelm
Engelmann, 1899; i fasc. in-i8.
Lehrbuch der Potentialtheorie : L Allgemeine Théorie des Potentlals und der
Potenlialfunktionen imRaume; H. Allgenneine Théorie des logarithmischen Potentials
und der Potentialfunktionen in der Ebene, von D"" Arthur Korn. Berlin, Perd.
Diimmler, 1899-1900; 2 vol. in-8°.
Funf Abhandlungen zur Potentialtheorie, von D"" Arthur Korn. Berlin, Ferd.
Diimmler, 1902; i vol. in-8''.
Eine Théorie der Gravitation undder elektrischen Erscheinungenauf Grundlage
der Hydrodynamik, von D"" Arthur Korn. Berlin, Ferd. Diimmler, 1898; i vol.
in-8°.
Eine niechanische Théorie der Reibung in kontinuierlichen Massensystemen,
von D"" Arthur Korn. Berlin, 1901 ; i vol. in-8°.
Instructions pour se servir de la machine à calculer perfectionnée de Tate.
Londres, C. et E. Layton, s. d.; i fasc. in-12.
Account of détermination of the coefficients of expansion of the wires of làderin
base-Une apparatus, by G.-P. LenoxConyngham. (Survey of India. Professional paper,
n" 2 of 1902.) Dehra Dun, 1902; i fasc. in-4''.
Bestimmung der Polhohe und der Intensitdt der Schwerkraft in der Nàhe der
des Berliner Meridians, von Arkona bis Elsterwerda, sovcie auf einigen anderen
Stationen nebst Aziniutmessurigen auf drei Stationen; mit zwei Tafeln. (Ver-
offentlich. der kônigl. Preus. Geodatischen Institutes; neue Folge, n" 9.) Berlin,
P. Stankiewicz, 1902; i vol. in-S*".
SÉANCE DU 20 OCTOBRE 1902. 689
Six thèses sur divers sujets adressées par l'Université de Pensylvanie. Philadelphie,
1901-1902; 5 fasc. in-8°.
Royal Institution of Great Britain. List of the Members, officers, and prof essors,
1902. Londres; i fasc. in-S".
University of Pennsylvania. Contributions from the Zoôlogical Laboratory,
1901. Boston, Mass., Ginn et C'*, 1902; i vol. in-S".
Miscellaneous scientific papers of the Allegheny Obserçatory ; new séries, n°» 5-7.
Lancaster, Fa., s. d.; 3 fasc. in-8°.
Anales del Museo nacional de Montevideo, pub. bajo la dir. del Prof. I. Arecha-
valeta; t. IV, p. 1, p. 1-28. Montevideo, 1902; i fasc. in-4°.
Boletin de la Academia nacional de Ciencias en Cordoba (Republica Argentina);
t. XVII, entr^ 1». Buenos-Ayres, 1902; i fasc. in-8°.
Bulletin of the Muséum of comparative Zoology at Harvard Collège; vol. XLI,
n* 1. Cambridge, Mass., 1902; i vol. in-8°.
Sitzungsberichteder kais. Akad. der Wissenschaften. Math.-nat. Classe; Bd. CX,
Abtheilung I, Heft V-VII ; Abih. 11«, H. VIII-X; Abth. I^, H. VIII u. XI; Abth. III,
H. I-X. Vienne, J9Ô1 ; 6 fasc. in-8°.
Denkschriften der kaiserlichen Akademie der Wissenschaften. Mathematisch-
naturwissenschaftliche Classe; Bd. LXX. Vienne, 1901; i vol. in-4°.
The American Ephemeris and Nautical Almanac, for the years i855-i857,
1859-1864, 1888. Washington, 1852-1879; 10 vol. in-4°.
Astronomical Papers, prepared for the use of the American Ephemeris and
Nautical Almanac ;\o\. y, parts 1 and 2; Vol. VI, parts 1-3; Vol. VII, part 1;
Vol. VIII. Washington, 1894-1898; 5 fasc. et i vol. in-4°.
U. S. Geological Survey. Minerai resources of the United States, calendar year
1900. Washington, 1901 ; i vol. in-8°.
Bulletin of the United States Geological Survey ; n°' 177-190, 192 and 193, 194.
Washington, 1901-1902; 6 vol. et 9 fasc. in-S".
Annals of the Astronomical Observatory of Harvard Collège, Edward-C.
PiCKERiNG, Director; Vol. XXXVIII ; Vol. XLI, n°' 8, 9. Cambridge, Mass., 1902;
1 vol. et 2 fasc. in-4°.
Proceedings of the American philosophical Society ; Vol. XLI, n" 169. Phila-
delphie, 1902; I fasc. in-8°.
Proceedings of the Academy of natural Sciences of Philadelphia; Vol. LIV,
part 1. Philadelphie, 1902 ; i fasc. in-8°.
Ouvrages reçus dans la séance du 20 octobre 1902.
Recherches paléontologiques de M. André Tournouër en Patagonie, par M. Albert
Gaudry. Autun, imp. Dejussieu, 1902; i fasc. in-8<^. (Hommage de l'auteur.)
Observations sur quelques plantes fossiles des Lower Gondwanas, par R. Zeiller,
Membre de l'Institut. ( Memoirs of the Geological Survey of India, Palœontologia
Indica. New séries ; vol. II. Planches I to VIL ) Calcutta, 1902 ; i fasc. in-4°. (Hommage
de l'auteur.)
64o ACADÉMIE DES SCIENCES.
Théorie des moLeurs à gaz : Conférences faites à rAutomobile-Club de France,
par George Moreau. Paris, Ch. Béranger, 1902; i vol. in-8°. (Présenté par M. Haton
de la Goupillière. Hommage de Tauteur.)
Société de Secours des Amis des Sciences, fondée par L.-J. Tuénard. Compte rendu
du quarante-deuxième exercice. Séance publique annuelle, tenue le 3o mai 1902,
dans ramphilhéàtre Richelieu, à la Sorbonne. Paris, Gauthier-Villars, 1902; i vol.
in-8°.
Des sources naturelles de la Musique, recherches et déductions dans la théorie
musicale et les harmoniques, par G. Paillard-Fernel. Paris, Fischbacher, igoS;
I vol. in-8°. (Hommage de l'auteur.)
De l'introduction et de la culture du maïs dans le midi de la France, par Alfred
Caraven-Cachin. Paris, Masson et C'^, J.-B. Baillière et fils, 1902; i fasc. in-8°.
Catalog der in Norwegen bis Juni 1878 beobachteten Nordlichter, zusammen-
gestelt V. SopHUS Tromholt, herausgegeb. v. J.-Fr. Schroeter. Christiania, Jacob
Djbwaa, 1902; i vol. in-4°. (-4 suivre.)
ERRATA.
(Séance du i5 septembre 1902.)
Note de M. Edmond van Aubel, Sur la résistance électrique des corps
peu conducteurs aux très basses températures :
Page 456, ligne 19, au lieu de 3•"'"^93 x 3'"">\98, lisez 3'"'", 93 x 3™°^98.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 27 OCTOBRE 1902.
PRÉSIDENCE DE M. BOUQUET DE LA GRYE.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES GORRRSPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Démonstration de V irréductibilité absolue
de V équation y" = Gj' + x. Note de M. Paul Paixlevé.
« 1. Je suis parvenu récemment à démontrer V irréductibilité absolue i\e.
l'équation
(0 ë^^^>'' + ^'
la pins simple des équations différentielles du second ordre qui définissent
dos transcendantes uniformes nouvelles.
» Précisons d'abord le problème qui se pose. Considérons une équation
quelconque de la forme
(2) ^-^=R(^, y) (R rationnel en ^, y),
que nous écrirons ainsi :
» Soient u(^x, y^ z^, v(^x,y,z) deux intégrales premières (distinctes)
de (2) ; elles vérifient les équations
/ / N du du au ^ , . Ov Ov àv ^ , v
équations compatibles avec la suivante (qui résulte de la connaissance
C. R., 1902, 2* Semestre. (T. CXXXV, N» 17.) ^^
642 ACADÉMIE DES SCIENCES.
(l'un dernier mulliplicateur) :
^ ^-^ du 0^' du âv
» Il est clair que des systèmes (Zî), (5) on peut en déduire une infinité
d'autres (algébriques) en effectuant sur u, ç une transformation ponctuelle
telle seulement que le jacobien de la transformation soit algébrique par
rapport aux nouvelles variables u, v. Plus généralement, on pourra rem-
placer l'équation (5) par la suivante :
A(u,v) vérifiant un système (compatible) arbitrairement choisi d'équa-
tions algébriques en u, ç, -— > — -^ -;-, 5 •• •• Soit z un quelconque de ces
^ ^ du ()v OU' 1 ^
systèmes : il est évident que l'intégration d'un système 1 exige, au préa-
lable, celle du système (4) et (5). T^'équation (2) n'est donc re<^wc^/^/(? que
,., • . j ' ,• 1 '1 • ^'' àv à'u
s u existe des équations ali^ebriques en x, y, z, u, ç, -— , •••, -^j —, ...,
qui soient compatibles (*) avec les équations (4) sans en résulter, et qui
forment avec (4) wn système distinct de tous les systèmes i;. Dans le cas
contraù^e, l'intégrale générale de V équation {^l) ne peut être définie par aucun
système différentiel plu^ facile à intégrer que le système (4), (5) ou d'ordre
différentiel moindre; le groupe de rationalité de l'équation (2) est alors le
groupe infini
» 2. Ceci posé, je vais montrer que l'équation (i) est irréductible. Si
l'on veut encore, au point de vue de l'intégration ybrme//e, elle appartient
à la classe d'équations (2) la plus générale. En particulier, il est impossible
qu'une intégrale première u{x,y, z) vérifie une équation algébrique en oc^ y,
du du du d'- u . , i i> > •
z, u, — j — 5 p j y7_, 5 • • •) qui ne soit pas une conséquence de l équation
du du du /,. 0 \
-.. h i-:; + -T-(oy- + a:-) — o.
dx dv dz ^ "
(*) J'entends par là que ces équations ont. avec (4), au moins une solution com-
mune u, r, où u, V sont deux, fonctions distinctes de x, y, z.
SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1902. 6^3
» LademonsLratioarepo.se essentiellement sur le théorème de M. Dracb,
sans lequel le problème serait inabordable. Ce théorème (combiné avec
l'énumération des groupes continus à deux variables qu'a donnée S. Lie)
conduit aussitôt à la conclusion suivante :
« Si une équation (2) est réductible :
» 1° Ou bien il existe un système linéaire en u(x,y, -) dont l'inlégrale
n générale est de la forme a = at<, -{- ^8mo -h y [a, p, y sont des constantes
» arbitraires; m, , Uo deux intégrales premières distinctes de (2)]. Autrement
•) dit, le groupe de rationalité de l'équation (2) est linéaire, et même
)) linéaire spécial.
« 2"" Ou bien une intégrale première u(x,yyz) vérifie le système
» rationnel
du du du
. .. dx dy _ dz
\^) h{œ,y,z) - U{a-,y,z) " ^{jc-,y,z)' "
Nous allons voir que ces deux hypothèses sont inadmissibles pour l'équa-
tion (1).
3. L'hypothèse i" peut être écartée par une discussion où intervient le
développement d'une solution quelconque j(^) de (i) autour d'un de ses
pôles x^, à savoir (') :
( -^- h{x — XqY -\- {x — x^^y{. . .), (A constante arbitraire).
» Mais une remarque intuitive, qui m'a été communiquée par M. Drach,
évite toute discussion : si le groupe de rationalité de (i) est linéaire, il en
va de même pour l'équation
-j-^ = 6y- -h- c(.x -+- [i (a, ^j constantes quelconques)
qui se déduit de l'équation (i) en changeant y en -f:, cl x en (ax- -+- y) ?
et en particulier pour l'équation j"=Gy-4-[i. Or, le groupe de cette
dernière équation est connu, et (pour [i ^ o) peut recevoir la forme
Z/, = U, (-', =rr Ç -+- a(^)^ (u) ■+- bo)._,(u) -+- C
(a, h, c paramètres du groupe; œ, et lo., périodes de l'intégrale elliptique
(') Bulletin de la Société mathématique de France, t. XXVIII, 1900, p. 28.
644 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de module ii). Comme ce groupe resle transcendant après n'importe
quelle transformation ponctuelle, il ne saurait être semblable à un groupe
linéaire.
■» 4. Etudions l'hypothèse 2". 11 est loisible d'admettre que, dans les
égalités (6), M et N sont des polynômes premiers entre eux, L étant donné
par la relation : L 4- M z h- N(6y- -f- x ) e^ o.
» La condition de compatibilité des équations (6) s'écrit aussitôt
-j — h -y-^ + -p-(bK-+.'.') + i5rN -,
àx oy oz "^ ' M
~~M d^ d^,^ ; ; 77~ — n'
\\
ou encore (la fraction ^ étant irréductible) :
I ^ + -^^ + -^-(67- + ^) -M2jN = }i{cc,y,z)M,
[d^ -^dy^-^ ^(6j-+^) + M =\\{x,y,z)^,
H désignant un polynôme; il sulTit de comparer les degrés des deux
membres des deux égalités (8) pour voir que H est au plus du premier
degré en z, et du second en y.
» Les conditions (8) expriment que M, N, H, quand on y remplace y
})ar une solution arbitraire y{x) de (t) et z par -^y deviennent des fonc-
tions M^{x), N, (^), H,(j?), qui vérifient les équations
^ + .2j(x)X, -^ H,M„ f! + M, = H,N,.
et, j)ar suite.
dx
-H; + I2j(^)]n.;
si tlonc on pose
(9) l>, = N,e-^".--'-,
il vient
SÉANCE DU l-j OCTOBRE 1902. 645
» Dans le voisinage d'un pôle x =x^ de j(ic), celte équ^ilion (10), très
analogue à une équation de Lair.é, a son intégrale générale méromorphe
[en vertu de la formule (7)], ce qui exige [d'après (9)] que H,(x) n'ait
que des pôles simples. Or, H, est de la forme
a{x)-^y'h{x) -^ y\^a,{x) ^ y'h,{x)'\+ y-\^a.,{x) +yh.,{x)\
et, si l'on remplace j et j' d'après (7), on voit que les pôles de H^ sont au
moins doubles, à moins que H ne se réduise ideutiquement à a{x). Eu
définitive, si Vcqualion (1) est réductible, il existe un polynôme en y, z,
holomorphe en x, — à savoir V{x,y, z) = N(^, 7, 5) e-^" '•*"''■, — qui satisfait
à la condition (10), où \\ désigne (a fonction de x obtenue en remplaçant
{dans V) y et z par une solution arbitraire y{x) de (i) et sa dérivée. Toute
la difficulté est de montrer qu'une telle expression P n'existe pas.
y> h. k cet effet, je change x en a.x', yen ^' - ^n ^- I^'équation (i)
devient
(1,) g = 6y+fl:r (? = -').
et l'intégrale générale de (i i) se laisse développer sous la formiî {loc. cit.,
p. 25) :
(12) U = ,P(^- + ^-^ «' - 2^0 -^ hi ^'^(^^J^' "^ ^<ï^'^ "^ 20;^^ J + [i^. . .] -f-. . .
( ==0 + p^ +. . . (A, ^' constantes arbitraires).
D'autre part, le polynôme P (niLdtiplié par une puissance convenable de a)
devient
(i3) V ~{^{x, y, z) ^ ^J K{x, y, z) ^ a^"-'(...);
Q, R désignent des polynômes en x, y, z, et Q se reproduit (multiplié
par une ])uissance convenable de a) si l'on y chang<; x en v.x, 7 en ^,
:; en 4* Quand, dans P, on remplace 7 et z par le développement (12) et
le développement dérivé, la fonction P, (a;, A, X;, a) ainsi obtenue vérifie
identiquement la condition
(i4) '^-=''^ ^^ [P(^ -^ ^' ''' - ^^0 + ^z + • • •]•
Tout d'abord, il est loisible d'admettre (comrneon le voit aisément) que a
646 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ne fig^Lire que par les puissances de a* dans l'égalité (i 3). De plus, pour
a = o, la fonction Q, (^)s^Q[,r, p(x -+- k, o, — 2A), p {x h- A, o, — 2 A)]
vérifie l'équation
(i5) ^-' = i2j)(j; + yî:, o, - 2A)Q,(^),
équation dont l'intégrale générale (/oc. cit., p. 23) s'écrit
C,(a;p'-h2j))-+-C,jy;
il suit (le là aussitôt [en tenant compte de l'homogénéité spéciale de
Q {x, y, zy^ que Q coïncide (à un facteur numérique près qu'on prend égal
à l'uniLé) avec une des deux expressions
Dans le premier cas, on a
V,{x, /^, k, x) == /i"'p'(x, o, - ih) H- {i(m + p) H- p=^(. . .).
avec
et récjuation (i4) entraîne la relation
(16) ^ - I2?j) = I2j3a + 12/r j/y^ - r7".
Le premier membre de l'équation (16) est un polynôme en x, p, p' ; le
second membre (d'après les expressions de ^ et de ny) est de la forme
>.^ + [7-, 1 et |x étant des polynômes en x, p, p\ et le coefficient); n'étant
pas identiquement nul, comme on le vérifie immédiatement. La fonction
'((^r) de Weierstrass s'exprimerait donc rationnellement en x, p, p\ résultat
absurde.
)) Le même raisonnement s'applique sans modification à la seconde
expression possible de Q. La démonstration est terminée.
» 6. L'équation (i) est donc irréductible au sens le plus absolu du terme,
quant à son intégrale générale. Mais on pourrait penser que certaines solu-
tions exceptionnelles y (x) échappent à cette conclusion. Il n'en est rien.
Imaginons, en effet, que l'on connaisse un système différentiel algébrique
(d'ailleurs quelconque) définissant certaines solutions ^(a;) de (i), mais
non l'intégrale générale : ou bien ces solutions exceptionnelles seront iso-
lées, et alors elles seront sûrement algébriques (ce que l'on sait impossible) ;
SÉANCE DU 27 OCTOBRE T902. 647
OU bien elles dépendront d'une seule constante arbitraire, et une famille
de ces solutions vérifiera une équation algébrique P(x, y, y') = o, ce que
l'on sait encore impossible (/oc. cit., p. 42). Aucun procédé d'intégration
formelle, quel qu'il soit, ne saurait donc simplifier la recherche de l'inté-
grale générale de(i), ni la recherche de solutions particulières. En défmi-
livp, l'équation (i) comporte, de par la théorie des FO^•CTIO^'s, une intégra-
tion aussi parfaite que celle Je l'équation de Jacobi par les fonctions elliptiques,
tandis qu'elle n'est attaquable par aucune méthode d'i-^itQYii^iio's formelle.
C'est le premier exemple connu d'équation différentielle qui possède cette
remarquable propriété.
» 7. Les mêmes conclusions s'appliquent à l'équation
— ^ =: 2,j^ H- .TT + a (a const. quelconque) ;
toutefois, pour des valeurs exceptionnelles de a, certaines solutions parti-
culières y{^) vérifient une équation de Riccati. Le troisième type
d'équation
y" = Ç + e-{^-y' + P^) + e^-' {yy + y) '
qui définit des transcendantes méromorphes de genre infini, est, lui aussi,
absolument irréductible. »
CHIMIE MINÉRALE. — Synthèse des hydrosu[fites alcalins et alcalino -terreux
anhydres. Note de M. Hexri Molssan.
« Schœnbein avait remarqué qu'une solution aqueuse d'acide sulfu-
reux produit, au contact du zinc, un liquide qui possède la propriété
curieuse de décolorer l'indigo et la teinture de tournesol (*). En 1869,
Schùtzenberger (^), dans un très intéressant Mémoire, a démontré qu'il
se produisait, dans ces conditions, un sel de zinc d'un nouvel acide du
soufre auquel il donna le nom d'aciV/e hydrosulfureux .
)) Schùtzenberger, en étudiant cette réaction, a préparé un sel bien
(') ScHOENBEiN, J ouviial fùr prciktlsche Chemie, t. LXI, p. ipS.
(-) ScuiJTZENBERGFJi, Sur uii iiouvcl acide du soufre {Contptes rendue, t. LXIX,
p. 196, et Annales de Cliini. et de Pliys., 4^ série, t. XX, p. 35i).
648 ACADÉMIE DES SCIENCES.
cristallisé, l'hydrosulfite de sodinrr, auquel il nssigna la formule
formule correspondant à l'acide SO-H".
» D'après ce savant, cet acide se formait suivant les réactions
SO-^H-'O-f-Zn ==SO^Zn + H-,
SO- + H-=SO^H-.
» En 1880, M. Bernthsen ('), ayant repris l'étude de cette question,
émit des doutes sur la formule de rhvdrosuliite de sodium. Schiitzen-
berger répondit par la publication de nouvelles analyses et maintint ses
conclusions (^). Après avoir poursuivi ses expériences, M. Bernthsen (^)
donna, comme formule du sel de sodium de ce nouvel acide, NaSO^, ou
plutôt, en doublant la formule, Na^S^O''.
» A propos de cette discussion, différents auteurs entreprirent des
recherches sur ce sujet. M. Grossmann ("*), puis M. Prud'homme (^)
admirent la formule de Schûlzenberger.
)) MM. Bernthsen et Bazien reprirent ensuite l'étude de la préparation
de l'hydrosulfite de sodium, et par une heureuse modification (addition
d'une quantité d'acide sulfureux libre égale à la moitié de celle que ren-
ferme le bisulfite) ils obtinrent ce sel en abondance, sous forme de très
beaux cristaux. Après en avoir fait une analyse très exacte, ils ont main-
tenu la formule indiquée précédemment par M. Bernthsen (").
» Récemment, en 1899, M. Arnold Nabi, poursuivant une idée indiquée
par Schûtzenberger dans son Mémoire publié aux Annales de Physique
et de Chimie, a préparé l'hydrosulfite de zinc par l'action de l'anhydride
sulfureux en solution dans l'alcool sur la poussière de zinc. L'analyse de
cet hydrosulfite le conduisit à la formule ZnS-0\
(') Bernthsen, Berichte, t. XIII, p. 2277, et Ann. der Chemie, t. CCVIII, p. 142,
et l. CCXI, p. 285.
(^) ScBiJTZENBERGER, Sur l' hydrosulfite de soude {Comptes rendus, t, XCII, 1881,
p. 875).
(^) Bernthsen, Sur la composition de l'hydrosulfite de soude et de l'acide Jydro-
sulfareux {Comptes rendus, t. XCIII, 1881, p. 74).
{"*) Grossmann, Journ. of the Soc. 0/ chem. indust., 1898, p. 1109, et 1899, p. 452.
{'') Prud'homme, Bul. Soc. de Mulhouse, 1899, P- ^i^-
C^) Beunthsen et Bazlkn, Berichte, t. XXXIII, 1900, p. 126.
SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1902. GZJQ
)) En résumé, celte discussion portait sur le choix à faire entre deux
formules
Na-S'O' et NaMl-S'0\
» Ce choix, du reste, est assez difficile à établir au moyen d'une analyse,
par suite du poids peu élevé d'une molécule d'hydrogène.
)) Nous avons pensé que les réactions nouvelles, présentées par les hy-
drures alcalins, pourraient nous aider à résoudre cette question, en nous
appuyant non plus sur le poids de l'hydrogène, mais sur son volume.
Toutes les réactions dans lesquelles l'hydrogène peut être mesuré en vo-
lume prennent de suite une exactitude très grande.
» Nous avons fait voir précédemment que l'acide carbonique se fixait, à
la température ordinaire, sur les hydrures alcalins pour donner un for-
miate (')
CO'+KH = IICO''K.
» Par analogie, nous avons fait réagir l'anhydride sulfureux sur l'Iiy-
drure de potassium.
» A la température de — 74°, l'anhydride sulfureux ne réagit pas sur
rhydrure de potassium ou, du moins, si la réaction commence, elle est très
vite limitée par la formation d'une couche mince de sel insoluble dans
l'acide sulfureux.
» Lorsque l'on condense de l'anhydride sulfureux liquide dans un tube
renfermant de l'hydrure de potassium à une température de — 4o°, il se
produit, après quelques instants de contact, une détonation violente. Cette
explosion est accompagnée d'une flamme.
» Pour modérer la réaction, nous avons fait arriver lentement un courant
de gaz anhydride sulfureux sur l'hydrure de potassium, dans le tube même
où ce composé avait été préparé. La combinaison se produit à la tempé-
rature ordinaire, l'hydrure s'échauffe beaucoup, souvent même devient
incandescent. Si l'élévation de température n'a [)as été trop grande, il est
facile d'établir qu'il s'est formé dans ces conditions un mélange d'hydro-
sulfite, de sulfate et de sulfure alcalin. En opérant avec lenteur, on peut
éviter la production du sulfate et du sulfure.
» Hydrosulfite de potassium. Préparation. — Pour obtenir cet bydrosuL
fite anhydre, on prend le tube de verre dans lequel l'hydrure de potassium
(') MoissAN, Sur une nouvelle synthèse de l'acide formique {Comptes rendus,
l. CXXXIV, 1902, p. 261).
8G
G. R., 1902, 2« Semestre. (T. C\XXV, N" 17.)
6oo ACADEMIE DES SCIENCES.
a été préparé par un procédé que nous avons décrit précédemment (' ), et
l'on fait arriver dans ce tnbe l'anhydride sulfureux sous pression réduite
on à la pression atmosphérique, à la condition de l'avoir dilué dans son
propre volume d'hydrogène. La réaction se poursuit alors lentement à la
température ordinaire, avec un léger dégagement de chaleur, mais sans
incandescence. La décomposition n'est complète qu'après 5o à 60 heures
environ.
» On obtient ainsi un sel blanc qui, repris par une petite quantité d'eau
exempte d'oxygène, fournit par simple évaporation à l'abri de l'air de fines
aiguilles transparentes ou de petits cristaux aciculaires groupés en étoiles.
» Propriétés. — Le sel formé par l'action de l'anhydride sulfureux sur
l'hydrure de potassium, dissous dans de l'eau bouillie saturée de gaz
azote, puis acidulé par quelques gouttes d'acide chlorhydrique, nous a
donné à l'abri de l'air les réactions suivantes :
)) 1° Réduction du sulfate de cuivre ammoniacal avec formation de
cuivre et d'hydrure de cuivre à la température de + 3o".
» 2° Décoloration de l'indigo et de la teinture de tournesol. Ces solu-
tions, par agitation avec l'air, reprennent à froid leur teinte primitive.
)) 3° Le chlorure mercurique est ramené à Tétat de chlorure mercureux
à froid, avec un faible dépôt gris de mercure métallique.
« 4° L'azotate d'argent, le chlorure d'or et le chlorure de platine sont
réduits à la température ordinaire avec dépôt instantané de métal.
» 5° Avec une solution d'acide chlorhydrique au cinquième, la liqueur
devient jaune sans dépôt de soufre;
« 6° Une solution de ce sel absorbe l'oxygène à froid avec rapidité ;
» 7** Réduction instantanée du permanganate.
» Toutes ces propriétés répondent bien à celles d'un hydrosulfite
alcalin.
» Synthèse et analyse. — Un tube de verre contenant l'hydrure de potassium et
rempli de gaz hydrogène est pesé. Puis on fait agir lentement l'acide sulfureux sous
pression réduite pendant un temps suffisant pour que la réaction soit complète (^).
(•) H. MoissAN, Préparation et propriétés de l'hydrure de potassium {Comptes
rendus, t. CXXXIV, 1902, p. 18). — Préparation et propriétés de l'hydrure de so-
dium {Comptes rendus, t. CXXXIV, 1902, p. 71).
(-) Si la réaction n'est pas complète, on peut faire le vide dans le tube en verre
après l'avoir pesé plein d'hydrogène, puis dissoudre lentement le sel dans l'eau. L'hy-
diiire non attaqué fournit alors de l'hjdrogène KII + H^O = KOII + fP, Au moyen
SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1902. 65l
Lorsque la réaction est terminée, on fait passer un courant d'hydrogène et Ton pèse
le tube. L'augmentation de poids donne la quantité d'anhydride sulfureux fixé par
l'hj^drure eu tenant compte de la perle d'hydrogène.
» On lave ensuite le tube de verre à l'eau bouillie et, après l'avoir bien desséché,
il est pesé de nouveau, plein d'hydrogène. On obtient ainsi par différence le poids de
l'hydrure mis en réaction.
» Après cette synthèse, on procède à l'analyse de la solution, qui est tout d'abord
oxydée par l'acide azotique. Le soufre est dosé à l'état de sulfate de baryum et le
potassium sous forme de sulfate neutre. Nous avons obtenu ainsi les chiffres suivants :
Théorie
pour pour
3. K'H^S^O^ K^S'O^
1.
2.
S par synthèse. . .
• 3i,i7
3i , i3
K par synthèse. .
• 37,77
37>93
S par analyse . . .
80,76
3o,85
K par analyse . . .
. 38, 5i
38,49
30,93
3o,77 3i,o7
37,50 37,86
» Ces analyses rapprochent l'hydrosulfite préparé par synthèse de
rhydrosulfite de Bernlhsen. Mais, pour qu'il ne reste aucun doute sur
l'étabHssement de cette formule, il était indispensable de recueillir
l'hydrogène qui devait se dégager dans la réaction. Pour cela, nous nous
sommes assuré, tout d'abord, que, par l'action de l'anhydride sulfureux
absolument sec sur l'hydrure de potassium, il se dégageait bien de l'hydro-
gène et que son volume était d'autant plus grand que le poids d'hydrure
mis en réaction était plus élevé.
» Pour déterminer la réaction d'une façon complète, nous avons fait
circuler, au moyeu d'une trompe à mercure, un certain volume d'acide
sulfureux au travers d'un tube de verre contenant un poids déterminé
d'hydrure de potassium. Dans ce circuit se trouvait une cloche à robinet
de 80*^™ de haut qui permettait, à un moment donné, d'isoler et de recueillir
les gaz. La durée de l'expérience était comprise entre 36 et 60 heures. Le
volume de gaz variait peu pendant la réaction. A la (in de l'expérience, le
gaz, recueilli à la trompe, était porté sur la cuve à mercure, et l'excès
d'anhydride sulfureux était absorbé par la potasse. Le gaz restant était de
l'hydrogène pur, ainsi que la combustion eudiométrique l'a établi. De cette
première partie de l'expérience nous pouvons conclure que, dans la réac-
tion lente de l'anhydride sulfureux sur l'hydrure de potassium, il se dégage
du volume d'hydrogène dégagé on peut calculer le poids d'hydrure qui n'est pas entré
en réaction.
652 ACADÉMIE DES SCIENCES.
un volume d'hydros^ène sensiblement égal au volume d'acide sulfureux
absorbé. La fo^muledp^î. Bernlhsen se trouve ainsi complètement vérifiée.
» Mais cette expérience a été exécutée d'une façon plus précise. Le tube
à hydrure, après fixation de l'acirle sulfureux, a été pesé à nouveau et
nous a donné les résultats que nous indiquons ci-dessous :
» Première expérience. — Anhydride sulfureux absorbé, os,835; hjdrogène
dégagé, i4o<='"' à o° et à 760""™; hydrure de potassium mis en réaction, 0^,622. D'après
la quantité d'hydrure, l'anhydride absorbé aurait dû être de os,8352 et l'hydrogène
dégagé 146'^™' pour satisfaire à l'égalité
S-0*-4-2KH = K2S20*+rP.
» Deuxième expérience. — Anhydride sulfureux absorbé, 0^,876; hydrogène
dégagé, ôS"^™' à 0° et à 760""™; hydrure mis en réaction, 00,2369, D'après la quantité
d'hydrure, l'anhj^dride absorbé aurait dû être 0^,3789 et rh3^drogène dégagé 66'^'"'.
» Une troisième expérience a donné des résultats identiques : anhydride sulfureux
absorbé, is, 167; hjdrogène dégagé, igg*^™^ à 0° et 3760'"™; hydrure mis en réac-
tion, 0^,7140. D'après la quantité d'hydrure, l'anhydride absorbé aurait dû être iô,i432
et l'hydrogène dégagé 201'^'"', 98.
» Hydrosuljite de sodium. — L'anhydride sulfureux réagit plus énergi-
quement sur l'hydrure de sodium que sur l'hydrure de potassium. Si l'on
n'a pas soin de diluer l'acide sulfureux dans l'hydrogène, il se produit tou-
jours une quantité notable de sulfure et de sulfate.
» Lorsque l'on reprend par une petite quantité d'eau bouillie l'hydrosul-
fite de sodium anhydre, on obtient tout d'abord des prismes bien cristal-
lisés ou des houppes soveuses assez longues. On rencontre aussi dans la
solution, lorsqu'elle est saturée, de petits prismes surmontés de pyramides,
mais le lendemain ces derniers ont disparu, et l'on ne trouve phis que des
aiguilles répondant à la formule Na-S^0*2H-0. Ce sel présente toutes les
réactions réductrices des hydrosulfites.
» L'analyse, faite par la méthode que nous avons décrite précédemment,
nous a donné les chiffres suivants :
t.
S par synthèse 36,65
]Na par synthèse 26,23
S par analyse 36,66
Na par analyse ^6,96
» Uydrosulfite de lithium. — L'hydrure de lithium réagit de même sur
l'acide sulfureux, mais celte préparation est plus délicate que celle des
Tliéorie
pour
2.
Na^H^S^O*.
Na^S^O'
36,68
36,36
36,73
26,29
26, i4
26,44
36, 61
27 ,00
SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1902. 653
hydrosulfites de potassium et de sodium. La réaction est très lente à la
température ordinaire et l'on doit chauffer légèrement. Mais vers + 5o°,
avec l'acide sulfureux, sous pression réduite, il commence déjà à se pro-
duire du sulfure de lithium.
» La solution d'hydrosulfite de lithium décolore l'indigo, réduit le per-
manganate et les sels d'argent, d'or et de platine. Elle présente toutes les
réactions des hydrosulfites. Cette synthèse de l'hydrosulfite de lithium se
fait encore avec départ d'hvdrogène.
» Hydrosulfue de calcium. — La réaction est identique avec l'hydrure de
calcium, mais, pour qu'elle soit complète, il est indispensable de faire agir
l'anhydride sulfureux, d'abord très lentement sous pression réduite, puis
finalement d'augmenter la pression jusqu'à dépasser de 200™"^ environ la
pression atmosphérique.
» L'hydrosulfite de calcium est soluble dans l'eau et possède toutes les
propriétés réductrices des hydrosulfites.
» Hydrosulfite de strontium. — Grâce à l'obligeance de M. Henri Gautier,
qui a bien voulu préparer à notre intention quelques échantillons d'hy-
drure de strontium, nous avons pu obtenir cet hydrosulfite par action de
l'anhydride sulfureux sur l'hydrure. Il est utile de porter lentement l'hy-
drure jusqu'à la température de 70° et de le maintenir longtemps dans un
courant d'anhydride sulfureux sous une pression supérieure à la pression
atmosphérique.
)< Le contenu du tube, repris par l'eau bouillie, saturé d'azote, nous a
fourni une solution très réductrice. Elle décolorait immédiatement le sulfate
d'indigo, qui reprenait ensuite sa teinte par simple oxydation à l'air. Elle
réduisait aussi le sulfate de cuivre ammoniacal avec précipitation d'hydrure
mélangé de cuivre.
» Enfin, comme les solutions précédentes, elle réduisait le chlorure mer-
curique en chlorure mercureux et précipitait les métaux des solutions
d'azotate d'argent, des sels d'or et de platine.
» Cette synthèse de l'hydrosufilte de strontium par action de l'anhydride
sulfureux sur l'hydrure se produisait aussi avec mise en liberté d'hydrogène.
» Conclusions. — L'anhydride sulfureux réagit, à la température ordinaire
et dans certaines conditions de pression, sur leshydruresalcalinset alcalino-
terreux de façon à former des hydrosulfites anhydres.
» Cette synthèse se produit avec départ d'hydrogène et d'après l'égalité
suivante :
2KH + 2SO=^ = R-S=^0' -f- H-.
654 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Tous ces hydrosulfîtes sont solubles clans l'eau, possèdent des pro-
priétés réduclrices énergiques, identiques à celles qui ont été indiquées
par Schutzenberger pour i'hydrosulfite hydraté de sodium. Tous se forment
par union directe de l'anhydride sulfureux et du métal avec départ
d'hydrogène. Les synthèses de ces composés anhydres vérifient bien la
formule indiquée par M. Bernthsen pour l'hydrosulfîte hydraté de so-
dium. »
AGRONOMIE. — Culture du blé au champ d' expériences de Grignon, en 1902.
INote de MM. P.-F. Dehérain et G. Dupont.
« Nous avons obtenu cette année, à Grignon, une récolte de blé excep-
tionnelle; c'est la plus forte qui ait été constatée depuis ïS^S, époque à
laquelle a été tracé le champ d'expériences.
)) La moyenne des 27* ensemencés est de 43*', 4 ^^ grain et de 90"! de
paille par heclare; le blé n'est pas très lourd, l'hectolitre ne pèse que
tS'^s; le volume de la récolte serait donc de 54^*, 2 par hectare.
» Ce rendement est un peu exagéré; en effet, quand on cultive des
carrés de i* séparés les uns des autres par des sentiers de oo*^"^, on recon-
naît toujours que les plantes qui occupent le pourtour du champ sont plus
hautes, plus fortes que celles du milieu ; une surface, formée de carrés
séparés, donne par suite un peu plus qu'une surface égale formée d'une
seule pièce; toutefois, si les rendements constatés cette année sont comme
toujours un peu majorés, ils sont comparables à ceux des années précé-
dentes, observés dans les mêmes conditions; or, nos rendements oscillent
habituellement entre So^ et 35^^ par hectare; ils sont bien inférieurs à ceux
de 1902 et il est intéressant d'en chercher la raison.
ù Notre terre de Grignon est plutôt légère que forte, elle est très
filtrante et les années humides lui sont particulièrement favorables; or, du
mois d'octobre 1901 à la fin de juillet 1902, nous avons recueilli 4^6""°
d'eau ; ce n'est pas là une quantité extraordinaire, elle n'expliquerait pas
l'abondance de la récolte si l'on ne remarquait que le mois de mai seul a
fourni m'"'".
» Quand elle est bien humectée, notre terre filtrante élabore une quan-
tité considérable de nitrates; la preuve de l'activité de la nitrification a été
fournie d'abord par les rendements des parcelles restées sans engrais
depuis 27 ans. En 1900, l'une d'elles n'avait donné que 'j'^,3', une autre,
SÉANCE DU 27 OCTOBRE I902. 655
Cil 1901, i3-i,8; en 1902 nous avons obrenu 23^ de la parcelle 53 et 32'i de
la parcello 5, l'une et l'autre sans engrais depuis 1875.
» La formation des nitrates dans le so! a été telle qu'elle a enlevé toute
efficacité à l'épandnge de ces engrais; les parcelles qui les ont reçus ont
à peine fourni i"' de plus que celles qui en ont été privées.
)) L'abondance de la pluie au printemps n'a pas été favorable seulement
à la nutrition azotée du blé ; elle a, en outre, maintenu longtemps actives
les cellules à chlorophylle ; la racine a fourni aux feuilles assez d'eau pour
qu'elles aient résisté aux radiations solaires, pour que la formation inces-
sante de vapeurs ait empêché leur échauffement et leur dessiccation ; elles
ont longtemps prolongé leur travail, et la formation de matière végétale
est devenue considérable.
» On en jugera par les nombres suivants, dans lesquels nous avons dis-
tingué non seulement les diverses variétés semées à l'automne de 1901,
mais encore la grosseur des grains employés aux ensemencements, pour
voir l'influence qu'elle exerce sur les rendements.
Rendements du blé à l'hectare au champ d'expériences de Grignon en i
go-
Poids
Grosseur de 100 grains Poids Poids Moyenne,
des grains dessf^chcs du grain de la ^ — -— — ^ ^^, — ^
Variétés. semés. à 110». obtenu. paille. Grain. Paille.
g qni qm
Shirefï '\ Gros ^,990 4o,5 88,1 ) ^ i"\ ji"^
(Epicarre). ( Petits 0,270 09,2 80,9 ) ^ '
r, ,,,, ^ Gros 4,i5o 4[,i 86,0 ) , .. c
Dattel. <. . ■> a r \ 40,0 89,0
( Petits v->,t6o 40,1 92,0 ) ^
Mn.sv i ^'■''' ^'^90 43,5 99,4 i
^^^''^^' î Petits 3,35o 42,8 95,8 ( ^^'' 9"^
T 1 . i Gros 4,43o 5i,7 86,9 ) .
Japhet. ', . „., o ^o>i 87^9
^ ( Petits 2,bûo 48 j 6 89,0 ) ^ -^
1 Gros....... 4,342 44,2 90,1 / ,0 ,
Moyenne. ,. .^ „ „ , ^ - 43,4 QO,i
^ { Petits 3,102 42,7 90,2 j "< '^ i^ '
» On voit que, pour toutes les variétés, les semis de gros grains ont
rendu davantage que ceux qui ont été faits avec des petits, mais que c'est
seulement quand la différence de poids des semences a été notable,
comme pour le Japhet, que les rcndeuîents des gros grains ont été nota-
blement plus forts que ceux des petits.
M Le i5 juillet, un violent orage s'est abattu sur les environs de Paris; à
656 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Grignon toute la récolte a été couchée, on n'a pu couper le blé à la machine,
et les dépenses de la moisson ont été notables.
» Nous avons voulu savoir si cette verse tardive aurait une influence
fâcheuse sur la maturation, et nous avons prélevé 4""' f^u blé droit ou versé
que portait une parcelle de Massy, le lendemain de la verse le i6 juillet;
puis nous avons fait un nouveau prélèvement en quatre autres points le
6 août; les pesées et les analyses ont montré que le blé plié, partielle-
ment couché, mais non aplati par terre avait bien mûri, qu'il présentait
une composition semblable et donnait un rendement égal à celui du blé
droit.
» Cette année, la verse tardive n'a donc causé d'autres dommages que
d'augmenter les frais de la moisson ; on cherche toujours cependant à éviter
cet accident, soit par le choix des variétés semées, soit par l'emploi des
engrais. Bien que quelques pailles soient plus rigides que d'autres, il n'existe
pas de blés inversables; tel que l'ont fait des siècles de culture, le blé est
aujourd'hui une plante mal équilibrée; l'épi, trop lourd, est porté par une
tige trop haute et trop grêle, et un vent violent en a toujours raison. La
verse est d'autant plus à craindre que la fumure a été plus abondante;
cette année, à Grignon, les parcelles restées sans engrais depuis plusieurs
années ont résisté; il en a été de même pour celles qui ont reçu comme
engrais des scories de déphosphoration ; ces engrais n'ont pas augmenté le
rendement, mais la verse ne s'est pas produite.
» Nous avons trouvé, l'an dernier, un léger avantage à concentrer le
fumier sous les poquets de pommes de terre ou sous les lignes de bette-
raves au lieu de le distribuer uniformément sur toute la surface des pièces;
toutefois, avant de récommander ce mode de fumure il fallait connaître
son action sur le blé succédant à la plante sarclée. Le semis sur des champs
ainsi préparés en 190 1 eut lieu à l'automne dernier; au cours de la végé-
tation, nous avons eu quelques inquiétudes, car le blé resta quelque temps
inégal, plus fort au-dessus des poquets et des lignes qu'aux autres places;
puis peu à peu ces différences s'effacèrent, et en juillet on ne distinguait
plus les pièces au mode de fumure qu'elles avaient reçu.
» Au battage on a obtenu les chiffres suivants ;
Blé Dattel Recueilli à V hectare.
Fumure uniforme 395o''s de grain 75io''e de paille
L\imure sous les lignes de betteraves [^026^^ » 7910''° »
» La fumure concentrée présente donc un très léger avantage.
SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1902. 657
» En résumé, et c'est là le point sur lequel nous voulons insister, le champ
d'expériences de Grignon a fourni cette année une récolte exceptionnelle,
et cela grâce à la pluie du mois de mai. Les cultivateurs qui tiennent des
terres filtrantes et qui sans de grandes dépenses peuvent y amener des
eaux d'arrosage feront bien de les répandre sur le blé au printemps, car
l'expérience de cette année montre à quelle admirable récolle conduit,
dans ces sortes de terre, l'abondance des eaux. »
MÉCANIQUE. — Quelques cas d'intégration de l'équation des brachistochrones .
Note de M. Hatox de la Goupillière.
« J'ai donné précédemment (') une méthode pour l'intégration de
l'équation de la brachistochrone, dans un cas spécial d'une assez grande
généralité. J'ai cherché depuis à en éclairer l'esprit, en l'appliquant à des
problèmes déterminés. C'est l'objet de la présente Note, dans laquelle je
conserverai les notations de la première.
» Exemple I. — Supposons, en premier lieu, que la fonction des forces
se présente sous la forme
(11) U = Ar«,
avec un exposant quelconque : entier, fractionnaire ou incommensurable,
positif ou négatif.
» On a identiquement, pour l'expression du rayon vecteur.
r = V^-+j' = si {oc -^ iy) {x — iy) = sjpq.
Nous rentrons donc dans le cas d'intégrabilité (5) en prenant
;2 n
» Il s'ensuit
y,-..w,= ^/p-i<//,= ^--^/-i^.
Mais comme on a, en coordonnées polaires,
p ~. X + iy =^ r(cos6 + tsin6) = re'®.
(') Comptes rendus, t. GXXXV, p. 6i4.
G. R., 1902, 2« Semestre. (T. GXXXV, N» 17.)
87
— n ( 2 — n ) 1 1
r 2 e 2 ;
658 ACADÉMIE DES SCIENCES
il vient
fe-'^^P^dp= -^ — J--
J '^ {2 — n)\/K
et de même
/9 2 — " ( 2 — » ) 1 9
e-^q)(lq = -r~^e i .
^ (2 — n)v/A
» L'équation (8) devient, d'après cela,
r 2 eL 2 J — g L 2 J|=:const.,
c'est-à-dire enfin
2 — n
r~^ sin I - — - 0 + a ) = const.
On obtient ainsi, comme brachistochrones, les spirales sinusoïdes d'ordre
» Il est facile d'interpréter la condition que cette formule (11) impose
aux forces.
)) Comme les courbes de niveau représentées par cette équation (11)
sont des cercles concentriques, les forces F concourent à l'origine.
» L'expression U du travail étant, dès lors, / Y dr, on a
F=:^=/^A^-^
dr
Le cas qui nous occupe est donc relatif aux forces centrales propor-
tionnelles à la puissance n — i de la distance, mais toutefois avec une
restriction spéciale qu'il est bien essentiel de ne pas perdre de vue.
» L'équation des forces vives (1) donne, en effet,
{P' = 2U = 2Ar".
Cette relation doit donc avoir lieu en particulier entre la vitesse ini-
tiale (^0 et la distance r^ pour laquelle celle-ci se trouve imprimée au
mobile. On a ainsi à la fois :
SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1902. ÔSg
d'où, en éliminant le coefficient A,
Fq/'o _ n
relation nécessaire des trois données F^, v^, r^.
» Si la force est attractive, elle entre négativement dans l'expression U
du travail, et comme r^ et ^jj sont positifs, on doit avoir /^ <^ o. La force
attractive devra donc être décroissante quand la distance augmente. Si, au
contraire, l'action est répulsive, on se trouve conduit de même à la condi-
tion 71 ^ o, et l'intensité devra croître avec l'éloignement. La limite n = o
qui sépare l'un de l'autre ces deux cas correspond à une force nulle et à
une trajectoire rectiligne.
» Exemple IL — Pour envisager une seconde application, désignons
par p et p' les distances du mobile à deux points fixes. Nous pouvons
toujours, pour plus de simplicité, placer ces foyers sur l'axe des abscisses,
à des distances égales de l'origine, que nous prendrons pour unité. Suppo-
sons, comme définition du problème que nous voulons traiter :
U = pp'.
Les courbes de niveau seront alors des lemniscates ayant pour foyers les
deux points fixes.
» On a d'ailleurs identiquement :
= (P9 -+- ^y - (p -^ 9)'
Il vient d'après cela
valeur qui satisfait à la condition d'intégrabilité (5) si l'on prend
Il suit de là, sauf le signe qui reste indifférent,
/ e~'^^P>dp =: I ^ = arccos/J,
^ J s/^ — p''
fe-^^i^dq= f-f^= =arccos^.
66o ACADÉMIE DES SCIENCES.
» On aura ainsi pour le groupe spécial (lo) de brachistochrones
arccos^ ■+- arccos^ = 2B.
Pour en discerner la nature géométrique, prenons le cosinus des deux
membres
COS2B =pq- v/(i - />-) (i - q^) =r^~ pp',
d'où
(/'- — COS2B)^ = p^ p'-,
et, d'après le théorème de Côtes,
r'* — 2r-cos2B + C0S-2B = r* — nr^ cos2Ô + i,
d'oii, en réduisant,
2r-(co326 — COS2B) = sin-2B,
/--[(cos^O — sin^Ô) - cos2B(cos-6 +■ sin^G)] =^sin22B,
r^cos^6(i — C0S2B) — /^sin^6(i + C0S2B) = 2sin^B cos^B,
et enfin
cos^B sin^B
On voit que la somme des dénominateurs est égale à l'unité, c'est-à-dire au
carré de la distance du centre à chacun des deux foyers fixes. Par suite
cette première famille de brachistochrones est formée des hyperboles
homofocales aux lemniscates.
» La seconde (9) comprendra, d'après le théorème 6, leurs trajectoires
orthogonales, c'est-à-dire les ellipses qui admettent encore les mêmes
foyers. Enfin tous les autres groupes seront formés des trajectoires de ces
coniques homofocales sous un angle constant quelconque.
» Il reste à déterminer la loi qui régit la force dans le cas que nous
venons de traiter.
» Nous connaissons déjà sa direction, qui est normale aux lemniscates,
et par suite tangente aux hyperboles équilatères concentriques qui passent
par les foyers de ces courbes.
» On a d'autre part pour son intensité
\dxj
2 /t/T\2
\dx
r-
m
l'dU
^U\2
fdU
[dp
dq)
~ \dp ' dq )
, d\]
= ^dp
d\}
pq
,.2
dq sf(T-
-P') (I
-r-)
??''
SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1902. 661
et enfin
v/pp'
La force varie donc à la fois proportionnellement à la distance au centre
et en raison inverse de la moyenne géométrique des distances aux deux
foyers.
» Elle est d'ailleurs dirigée de l'intérieur à l'extérieur des lemniscates,
puisque l'expression du travail est positive.
» Quant à la condition spéciale imposée aux données initiales, elle dérive
de l'équation (i) :
Ç^ = 2U = 2pp'.
» On a donc à la fois
F'o 2 '
0= 7=7' ^o=2poP«'
VPoPo
d'où, en éliminant popj,,
Fo<'o __ /~
» Exemple III. -- Prenons enfin, pour fonction des forces, le carré de
celle de l'exemple précédent
M La première famille (10) de brachistochrones aura pour équation
2B = ^ Loo(P--l) + 1 Logr^ ,
d'où
4B _ (/? — 0(^ — 1) ^ ^
■ (/>-h-l)(^ + l) p'^'
et enfin
P'
Elle est donc formée des cercles qui sont les lieux géométriques des
j)oints dont le rapport des distances aux deux foyers fixes reste constant.
» La seconde famille (9), qui est coiistituée par les trajectoires orthogo-
nales des précédentes, comprend d'après cela les cercles qui passent par
les deux foyers fixes.
662 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Les autres systèmes de brachistochrones seront composés des trajec-
toires sous un angle constant quelconque des lignes précédentes.
» Les courbes de niveau ayant pour équation
pp' = const.
sont encore des lemniscates homofocales. Les forces seront donc normales
à ces lemniscates comme dans le cas précédent.
» Quant à leur intensité, elle sera fournie par la formule
ï'" = 4^^ = '6;.?U = i6r=p'p-, F = 4rpp'.
Elle est en raison composée des trois distances au centre et aux deux
foyers.
» La relation paramétrique des données initiales dérive des formules
^o = 2Uo= 2p^p;% Fo=:4rop„p'o,
qui donnent, en éliminant pop,,.
^ = 2v/2. )>
NAVIGATION. — Sur la cavitation dans les navires à hélices.
Note de M. J.-A. Normand.
« L'attention des Ingénieurs maritimes s'est portée récemment sur un
phénomène qui se manifeste parfois aux vitesses extrêmes dans le fonc-
tionnement de l'hélice propulsive. Son importance, longtemps insoup-
çonnée, paraît dépasser celle de toutes les autres causes de pertes d'effi-
cacité : en effet, suivant qu'il se produit, même partiellement, ou qu'il ne
se produit pas, la puissance nécessaire pour imprimer au navire une vitesse
maxima déterminée peut varier de 3 à 2 ou même de 2 à i. S'il se pro-
duisait complètement, aucune augmentation de puissance, si grande fût-elle,
ne pourrait accroître la vitesse.
» Ce phénomène que j'appelais, il y a 9 ans, à la suite d'essais au point
fixe qui le mettaient en évidence : Rupture des cylindres d' eau actionnés, est
connu aujourd'hui sous le nom plus simple de cavitation. Voici en quoi
il consiste :
» La vitesse de l'eau dans le conduit d'aspiration d'une pompe, telle
SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1902. 663
qu'une pompe centrifuge, ne peut pas dépasser une certaine valeur, qui
dépend surtout de la hauteur d'aspiralion. Quand cette hauteur est nulle,
la vitesse maxima théorique est celle de l'eau qui s'écoule dans le vide
sous la pression génératrice de l'atmosphère, soit i4™ par seconde. Ce
chiffre n'est, du reste, jamais atteint, à cause des pertes de charge inévi-
tables. La vitesse de rotation augmente-t-elle au delà de celle pour laquelle
la pression de l'eau à l'entrée de la pompe est égale au vide, la rupture de
la colonne d'aspiration se produit et la puissance est dépensée en tour-
billons.
» De même, dans un navire, l'eau se précipite vers l'hélice, en vertu de
la pression atmosphérique augmentée de celle qui est due à la hauteur de
la flottaison au-dessus du point de l'hélice considéré.
» Le cylindre d'eau aspiré, d'une section égale à la surface du cercle
circonscrit à l'hélice, reste entier et continu tant que la vitesse absolue avec
laquelle il se dirige vers l'hélice qui l'aspire ne dépasse pas une certaine
valeur : au delà, des cavités se forment et la puissance est gaspillée en
remous et tourbillons.
» Il existe, toutefois, deux différences importantes entre la pompe et
l'hélice : d'abord, le canal d'aspiration de celle-ci n'est pas fermé et,
ensuite, l'accélération que l'hélice imprime à l'eau n'est pas égale pour
toutes les parties du cylindre actionné. Aussi la vitesse moyenne d'aspi-
ration pour laquelle des ruptures se produisent est-elle beaucoup plus
éloignée de la vitesse théorique que dans la pompe.
» Remarquons, incidemment, que les choses se passent tout autrement
dans un ventilateur et dans un propulseur aérien, à cause de la compres-
sibilité de l'air.
)) La quantité de mouvement imprimée à l'eau par l'hélice mesure la
résistance du navire. Si la vitesse qui forme l'un des facteurs de cette quan-
tité de mouvement est assez grande pour que la cavitation se produise, on
est conduit à augmenter l'autre facteur : la masse liquide, qui est propor-
tionnelle à la surlace propulsive.
» Les considérations qui précèdent m'ont conduit (') à cette règle fort
simple :
» La surface propulsive doit être proportionnelle au produit de la surface
résistante par la vitesse, ou plus exactement au quotient de la puissance par le
carré de la vitesse.
(*) Règles approximatives pour le calcul de la surface propulsive {Bulletin de
V Association technique maritime, 1899).
664 ACADÉMIE DES SCIETfCES.
» On a ainsi l'équation suivante, dont le premier membre représente
approximativement la surface propulsive :
n, le nombre d'hélices supposées identiques;
A, le diamètre des hélices en mètres;
r, le rapport de la surface totale développée des ailes d'une hélice à celle
du cercle circonscrit;
F, la puissance maxima en chevaux de yS''™;
V, la vitesse correspondante du navire en nœuds.
)) L'expérience montre que le coefficient/, qui doit être d'autant plus
grand que l'acuilé de la carène relativement à la vitesse est moindre, ne
doit jamais être inférieur à 0,60. Il peut dépasser avec avantage o, 80.
» Depuis plus de 3 ans, cette règle a reçu de nombreuses vérifications.
Elle a permis d'expliquer tantôt des chutes anormales, tantôt des valeurs
exceptionnelles d'utilisation que l'examen des formes de la carène ne jus-
tifiait pas.
» En voici un exemple : Dans une marine étrangère, trois croiseurs
identiques de i43oo^^ et de 3 1000*^''^ sont essayés avec des hélices sem-
blables, sauf le pas. Ils fournissent des vitesses maxima sensiblement
égales; en même temps, la courbe des utilisations en fonction de la vitesse
accuse une chute anormale à la vitesse maxima et montre qu'une augmen-
tation d'un nœud exigerait une augmentation de puissance de i5ooo*^''^
à 20000*^''^. Sur le dernier de ces bâtiments, on remplace les hélices primi-
tives par d'autres, d'une surface propulsive considérablement augmentée.
Un supplément de plus d'un nœad est obtenu sans augmentation de puis-
sance, et sans que la courbe d'utilisation présente de chute anormale.
Evidemment la cavitation se produisait avec les premières hélices. J'ajou-
terai qu'elle pouvait être prévue; le coefficient/ de la formule ci-dessus
ne dépassait pas, en effet, o, 43, tandis qu'il atteint 0,60 avec les hélices
agrandies.
M Ainsi, un simple remplacement d'hélices, dont le coût représente à
peine ^ de la valeur totale du bâtiment, a suffi à fournir un résultat qui
eût coûté, au minimum, trente fois davantage s'il avait du être obtenu par
augmentation de la puissance et des dimensions du navire.
» On peut trouver étrange qu'un phénomène aussi important que la
SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1902. 665
cavitation soit resté si longtemps inconnu. Les causes de ce fait sont les
suivantes :
» 1° Depuis quelques années, les vitesses ont considérablement aug-
menté, et cependant on a souvent cru pouvoir conserver, en vertu d'une
ancienne règle, les valeurs ordinaires, jusqu'alors très suffisantes, du
rapport de la surface propulsive à la surface résistante du navire, tandis
que ce rapport doit varier comme la vitesse maxima.
« Il en est résulté que la vitesse absolue de l'eau dans le canal d'aspi-
ration a augmenté dans les navires très rapides; or, c'est presque invaria-
blement sur ceux-ci que la cavitation s'observe.
» 2° Plusieurs ingénieurs éminents, en se basant sur des considérations
très exactes en apparence, mais en négligeant la question alors inconnue
de la cavitation, ont professé que les reculs habituels étaient trop faibles.
M. W. Fronde, auquel on doit des travaux si remarquables sur les roulis
et qui jouissait d'une autorité très grande et très justifiée, disait en 1878 :
ft Loin qu'il soit exact de considérer un grand recul comme une preuve
)) de perte de puissance, l'opinion contraire est juste. » Il ajoutait : « Une
» surface propulsive très réduite peut être admise sans grande perte de
» rendement. »
» A cette époque, la vitesse maxima des croiseurs était 18 nœuds; elle
dépasse aujourd'hui 24 nœuds.
» 3° C'est également à cette époque que les premiers bassins d'essais
de modèles ont été établis. Aujourd'hui, il est de règle, dans beaucoup de
marines, de n'exécuter .un navire qu'après les essais du modèle qui le
représente, essais qui se font actuellement avec addition d'hélices, afin de
se rapprocher de la réalité. On a cru que les lois de similitude étaient
presque rigoureusement applicables, à condition que les vitesses fussent
proportionnelles à la racine carrée des dimensions linéaires. Elles le sont,
en effet, sauf en ce qui concerne la cavitation, à moins toutefois que la
pression de l'atmosphère ne soit réduite dans la proportion des dimensions
linéaires. La vitesse de l'eau dans le canal d'aspiration se produit, en effet,
en vertu de la pression extérieure augmentée de celle qui est due à la hau-
teur de la flottaison au-dessus des hélices. Cette dernière hauteur est bien
proportionnelle aux dimensions linéaires du modèle et imprimerait, si elle
agissait seule, une vitesse proportionnelle à sa racine carrée, c'est-à-dire à la
vitesse homologue du modèle; mais la cause génératrice de la vitesse dans
le canal, de beaucoup la plus importante, est la pression extérieure de l'at-
mosphère, qui n'est réduite dans aucun bassin d'expérience existant. Les
G. R., 1902, 2» Semestre. (T. CXXXV, N" 17.) ^^
666
ACADÉMIE DES SCIENCES.
essais de modèles munis d'hélices, tels qu'ils sont effectués actuellement,
ne peuvent donc pas mettre en évidence le phénomène de la cavitation.
» Aussi, est-ce à tort que l'on a cru pouvoir déduire de ces essais les
résultais que donnerait le navire même. Il ne faudrait pas en conclure
qu'ils sont inutiles : ils peuvent, au contraire, fournir des renseignements
précieux, à la condition de ne pas les faire servir à la détermination des
dimensions des propulseurs; celle-ci doit être effectuée par des règles
spéciales.
» De nombreuses formules, basées sur l'expérience, ont été proposées
pour le calcul, a priori, de la vitesse des navires. Si la surface propulsive
de quelques-uns des bâtiments dont les essais ont servi à les établir est
assez faible pour que la cavitation ait pu se produire, il est probable que
les formules sont inexactes aux vitesses extrêmes. »
PHYSIQUE. -— Sur la vitesse de propagation des rayons X.
Note de M. R. Blondlot.
« Après plusieurs années consacrées à des tentatives restées infruc-
tueuses pour déterminer la vitesse de propagation des rayons X, l'idée me
vint qu'en appliquant un principe analogue à celui de la méthode de
Romer pour mesurer la vitesse de la lumière, on pourrait arriver à recon-
naître si la vitesse des rayons X est ou non comparable à celle des ondes
électromagnétiques. Je fus ainsi amené à combiner l'expérience suivante.
» Des pôles B et B' d'une bobine d'induction {/ig- t) partent deux fils
Fis. 1.
aboutissant aux électrodes H et H' d'un tube focus. Avant d'atteindre le
tube, ces fils, tendus horizontalement et parallèlement l'un à l'autre, sont
fixés respectivement aux deux moitiés d'un excitateiu' de Hertz formé de
SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1902. 667
deux cylindres de laiton, A et A', de 8*^™ de diamètre et de 6*^"* de longueur,
assujettis horizontalement dans la paroi d'un flacon contenant de l'huile
de vaseline; au-dessous de ce flacon (non représenté sur la figure), est
disposé un résonateur formé d'une boucle de fd de cuivre DD'C (on a
représenté le. résonateur à côté de l'excitateur, mais, en réalité, sa partie
rectiligne DD' est placée au-dessous même de AA'). La coupure C du résona"
teur est du côté du tube focus, de façon à en recevoir les rayons X; elle est
protégée contre toute autre radiation par des écrans en papier noirci et par
une lame d'aluminium.
» En réglant convenablement la distance explosive de l'excitateur dans
l'huile, on parvient à faire fonctionner simultanément le tube focus et
l'excitateur. Voici alors ce qui se passe : à chaque courant de rupture de
la bobine d^induction, la différence de potentiel entre H et H' atteint une
valeur suffisante pour que le tube fonctionne; puis, cette différence de
potentiel continuant à croître, l'étincelle éclate à l'excitateur : le tube,
privé subitement d'alimentation, s'éteint, tandis que la décharge oscilla-
toire de l'excitateur se poursuit et s'achève.
» Supposons d'abord que l'on ait disposé le tube tout près de l'excita-
teur, les fils AH et A'H' étant aussi courts que possible (o™,i t). Portons en
abscisses i^fig. 2) les temps, comptés à partir du moment oîi l'étin-
Fie;. 2.
celle éclate dans l'huile, et en ordonnées les différences de potentiel
entre A et A'; nous avons ainsi, comme on sait, une sinusoïde rapidement
668 ACADÉMIE DES SCIENCES.
amorlie MNPQ. . .. Une fois l'appareil réglé, le potentiel nécessaire pour
faire fonctionner le Inbe n'est inférieur que de peu au potentiel explosif
de l'excitateur: il suffit, en effet, de diminuer très peu la distance explosive
de celui-ci pour que la décharge ne traverse plus le tube, mais passe entiè-
rement par l'excitateur. Cette particularité a ici une importance capitale:
il en résulte que le tube s'éteint dès que le potentiel a diminué un peu au
début de la décharge oscillante, et, par suite, au bout d'un temps inférieur
au quart de la période de l'excitateur; la courbe représentative de l'inten-
sité des rayons X est donc formée d'une portion presque horizontale RS,
antérieure à la décharge de l'excitateur, suivie d'une portion brusquement
descendante SU. La longueur d'onde de l'excitateur ayant été trouvée
égale à i",i4, sa période est x ^ sec, et, par conséquent, OU est de
beaucoup inférieur à 7, r^ — 7 sec.
^ 3 X io"^x 4 J
)) Construisons la courbe ayant pour ordonnées la valeur de la force
électrique produite à la coupure du résonateur par la décharge de l'exci-
tateur. L'ordonnée de cette courbe est nulle tant que toute la décharge
passe par le tube focus, par conséquent jusqu'à l'origine des temps sur
le diagramme; elle n'atteint une valeur notable qu'à une époque où
l'excitateur est déjà en partie déchargé, et le maximum de cette force
électrique n'a lieu que lorsque l'excitateur s'est rechargé en sens contraire,
c'est-à-dire au bout d'une demi-période, durée représentée par l'abscisse OZ.
Il suit de là que, quand le résonateur commence à osciller, les rayons X.
sont déjà éteints : par conséquent, il ne peut y avoir d'action du tube sur
l'étincelle secondaire (^). C'est ce que l'expérience vérifie, car si l'on inter-
pose une lame de plomb entre le tube et la coupure, de manière à inter-
cepter les rayons X, l'étincelle ne change pas d'aspect.
» Laissant le tube focus à la même place, remplaçons les fils courts AH,
A'H' par des fils de 25*^™, repliés sans coudes brusques; cet allongement
des fils, en retardant l'extinction des rayons X du temps que les ondes hert-
ziennes emploient pour parcourir (23 — ii)"^= 14*^*", va avoir pour effet
de retarder d'autant la disparition des rayons X à la coupure et de laisser
ainsi à ces rayons le temps d'agir sur l'étincelle : c'est en effet ce que l'on
constate, car l'interposition d'une larne de plomb rend l'étincelle manifes-
tement moins éclatante. Cette action des rayons X augmente si l'on aug-
(') Voir, sur ceUe action, \\. Blondlot, Comptes rendus, t. CXXXIV, 1902, p. iSog.
SÉANCE DU 27 OCTOBRE I902. 669
mente la longueur des fils de transmission AH et A' H' : pour des longueurs
de 33*^™, de So^'*", de i3o^'™, elle est de plus en plus marquée.
» Ces expériences montrent que, dans mon appareil, les rayons X
s'éteignent dès que la décharge électrique a cessé dans le tube. En effet,
dans l'expérience avec les fils très courts (ii*^™), on n'a constaté aucune
action, tandis qu'il a suffi de les allonger de i4^™ pour obtenir une action
visible; si, par conséquent, il existe une prolongation de l'émission des
rayons X, ou encore une prolongation de leur action à la coupure après
leur cessation, leur somme est très petite vis-à-vis de ^ — — ^ sec. (').
» Prenons des fils de transmission repliés, que nous laisserons d'un^î
longueur invariable, o™,5o par exemple, puis éloignons peu à peu le
tube de la coupure; en vertu de cet éloignement, les rayons X éprou-
vent un retard égal au temps qu'ils mettent à franchir la distance du
tube à la coupure; leur disparition à la coupure est retardée d'autant, et,
si leur vitesse est comparable à celle des ondes hertziennes, l'effet de l'éloi-
gnement du tube va être analogue à celui d'un allongement des fils,
c'est-à-dire une amélioration dans la coïncidence de l'époque où la force
électrique existe à la coupure avec l'époque où les rayons X y sont pré-
sents, et, par suite, une augmentation de l'action de ces rayons sur l'étin-
celle. On est ainsi amené à cette prévision paradoxale : le tube devrait
agir plus de loin que de près. A ma grande surprise, cette expérience
réussit complètement : l'éclat de l'étincelle augmente à mesure que l'on
éloigne le tube ; c'est un fait certain et constant. L'augmentation est bien
due aux rayons X, car, si l'on place un petit disque de plomb contre la
lame d'aluminium interposée entre la coupure et le tube, l'effet dispa-
raît : l'étincelle devient aussitôt plus faible et demeure invariable, quelle
que soit la distance du tube. Ce fait surprenant est une première vérifica-
tion de notre supposition initiale : la vitesse de propagation des rayons X
est comparable à celle des ondes hertziennes.
(*) M. Colardeau avait déjà trouvé que la durée d'émission des rayons X est infé-
rieure à yôo^ de seconde, « et bien moindre que ne le feraient croire les expériences
réalisées de prime abord ». [Bulletin de la Société française de Physique, 1901;
2" fascicule, p. 117.) Un échange de vues sur ce sujet a eu lieu entre MM. Brunhes et
Colardeau, à la séance de la Société de Physique du i5 mars 1901 : le désaccord entre
les résultats obtenus par ces deux, physiciens tient à ce que les conditions de leurs
expériences ne sont pas les mêmes. Les miennes se rapprochent de celles de xM. Colar-
deau.
670
ACADEMIE DES SCIENCES.
» Prenons maintenant des fils de transmission d'une plus grande lon-
gueur, 80^™ jDar exemple. Quand on éloignera le tube, il arrivera, pour
une certaine distance, que les rayons X posséderont à la coupure leur
pleine intensité pendant tout le temps que la force électrique à la coupure
conserve une valeur notable {^fig- 3) : l'efficacité des rayons X sera alors
aussi grande que le permet leur intensité.
Fis. 3.
» Si l'on continue à éloigner le tube, on n'améliorera plus la coïnci-
dence entre la présence des rayons X et celle de la force électrique à la
coupure, et l'on perdra de plus en plus comme intensité des rayons X;
par conséquent, leur action aura passé par un maximum. C'est ce que l'on
constate effectivement : l'étincelle passe par un maximum lorsque le tube
est à environ 53*^'*^ de la coupure. Ce maximum est bien dû aux rayons X,
car il disparaît par l'interposition d'un petit disque de plomb.
» Ainsi, la supposition que la vitesse des rayons X et celle des ondes
hertziennes seraient de même ordre de grandeur nous a conduits à prévoir
l'existence d'un maximum ; cette prévision s'est trouvée vérifiée par l'expé-
rience. Comme, d'ailleurs, il parait impossible d'expliquer autrement ce
phénomène paradoxal, on est amené à conclure que la vitesse de propaga-
tion des rayons X est bien du même ordre de grandeur que celle des ondes
hertziennes. Je me propose d'expliquer incessamment comment l'étude de
ce maximum m'a fourni le moyen de déterminer le rapport des deux
vitesses. »
SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1902. 67 I
CORRESPONDANCE .
M. le MiMSTRE DE l'Ivstructiox publique et des Beaux-Arts transmet à
l'Académie, au nom de M. le Ministre des Affaires étrangères, un Mémoire
de M. Ryder, capitaine de frégate de la Marine danoise, résumant les études
entreprises sur les courants entre la Norvège, l'Ecosse et le Groenland.
M. le général Bassot présente à l'Académie, au nom du Bureau des
Longitudes, le Volume de la Connaissance des Temps pour Van iqod,
le 227^ d'une éphéméride qui n'a jamais souffert d'interruption depuis la
publication du premier Volume, en 1679, P^'' Picard, et dont est chargé
le Bureau des Longitudes depuis sa fondation en 1795.
u Le Volume de 1905 est en tout conforme à ceux qui le précèdent
depuis 1901 (année 01.1 l'on a adopté, pour les quatre principales éphémé-
rides astronomiques, un même système de constantes et un même Cata-
logue d'étoiles fondamentales), sauf en ce qui concerne les distances
lunaires, qui sont pour la première fois et demeureront désormais sup-
primées. Le Bureau des Longitudes, après un examen approfondi, a, en
effet, reconnu que la publication des distances lunaires ne présentait pas
une utilité suffisante et ne répondait plus aux besoins actuels de la navi-
gation. Par suite, il a été décidé, après avoir pris l'avis de M. le Ministre
de la Marine, de ne plus insérer dans la Connaissance des Temps, à partir
de 1905, l'éphéméride des distances lunaires. 0
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
1° Un Opuscule àeM. Gino Loria, intitulé : « l'OEuvre mathématique
d'Ernest de Jonquières » (Extrait de Bibliotheca malematica, 1902).
2.° Une Brochure intitulée : « Léonard de Vinci, peintre, ingénieur,
hydraulicien ; par M. A. Ronna ». (Présenté par M. Haton de la Goupil-
lière.)
3** Un Volume de M. L. Dumas, intitulé : « Recherches sur les aciers au
nickel à haute teneur ». (Présenté par M. H. Moissan.)
4° Un Volume de M. Stanislas Meunier, intitulé : « la Géologie générale ».
(Présenté par M. Albert Gaudry. )
672 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIQUE DU GLOBE. — Nouvelles observations sur les éruptions volcaniques
de la Martinique. Extrait d'une Lettre de M. A. Lackoix à M. Michel Lévy.
« Le désastre du 3o a été épouvantable à cause du nombre des victimes,
mais la région dévastée est loin d'avoir l'étendue que l'on disait.
)) Dans cette région dévastée, à part bien entendu les flancs de la Mon-
tagne Pelée, les phénomènes mécaniques correspondent en moyenne à
ceux de la zone intermédiaire de Saint-Pierre. Beaucoup de maisons au
Morne Rouge sont absolument intactes et les habitants qui y étaient
enfermés n'ont pas souffert. L'incendie n'a été que local, beaucoup d'arbres
n'ont pas été renversés; mais il y a eu, d'autre pari, des phénomènes de
transport curieux. Vous verrez dans une de mes photographies ci-jointes
un gros palmiste traversé par des poutres de bois. Sur une autre, un
fragment de toiture en tôle est accroché à un arbre. Notez d'ailleurs que
la plupart des maisons au Morne Rouge n'avaient qu'un soubassement en
pierre, tout le reste était en bois; c'est le cas notamment de la maison où
nous avions passé quelques jours en juillet et dont il ne reste plus que les
fondations. Nous avons retrouvé, dans lesdéblais, de petits verres à liqueur
à moitié fondus et qui étaient sur la commode de notre chambre.
» Il n'est pas douteux que la destruction ne soit due à l'action d'un
nuage de vapeur d'eau très riche en cendre chaude. Il n'y a pas à songer à
aucun gaz combustible ; les arbres ne sont pas brûlés et les palmiers dont les
feuilles n'ont pas été arrachées montrent que celles-ci ont été simplement
desséchées.
» Des phénomènes électriques ont, comme toujours, accompagné l'érup-
tion, mais n'ont joué qu'un rôle accessoire. J'ai examiné avec grand soin
les nombreuses grilles en fer, les poteaux téléphoniques en fer, et je n'y ai
vu nulle part la trace de coups de foudre.
)) Quant à la cause de l'agrandissement de la zone dévastée par le volcan,
elle est facile à distinguer. Dans notre Rapport précédent, nous avons
parlé d'un talus, que l'on voyait par l'échancrure sud-ouest du cratère.
Il représentait un des côtés d'un cône qui s'est très rapidement élevé dans
le cratère pendant le mois d'août et qui, actuellement, dépasse le sommet
de la montagne.
)) Dès que cela nous sera possible, nous tenterons l'ascension du sommet
de la Montagne Pelée (') et de l'un quelconque des bords du cratère que
(1) Un récent càblogramme annonce que M. Lacroix a pu faire celte ascension.
SÉANCE DU 27 OCTOBRE I902. 678
nous avions gravis en juin et juillet; nous serons extrêmement près du
sommet de ce cône. Il semble que c'est de l'intervalle situé entre les parois
du cratère et la base de ce cône, ainsi que des flancs de celui-ci, que sortent
actuellement les colonnes de gaz et de vapeurs qui, les jours de calme,
montent verticalement à une hauteur prodigieuse.
» Ce cône, vu à la lorgnette, ne me paraît pas entièrement constitué
par des blocs de projection; il est formé de dents très aiguës à parois verti-
cales paraissant s'écrouler continuellement; celles-ci me rappellent le front
des coulées des andésites de Santorin ; il est possible qu'il s'élève là une sorte
de cumulo-volcan, mais je vous donne cela sous toutes réserves, en atten-
dant que je puisse le voir de près. La question passionnante est de savoir
ce qu'il va arriver de ce cône. Quoi qu'il en soit, on comprend maintenant
pourquoi les produits de projection, au lieu de prendre comme jusqu'en
fin juillet la direction de l'ouest et du sud-ouest, retombent en gerbes sur
tous les flancs de la Montagne Pelée. Nous n'avons jusqu'à présent constaté
aucune fissure nouvelle, et, d'après les renseignements que j'ai recueillis,
la fumerolle de Trianon, au voisinage de l'Ajoupa-Bouillon, n'aurait émis
des vapeurs que d'une façon insignifiante et intermittente.
» J'ai choisi la place de l'Observatoire principal (vous la trouverez
facilement sur la Carte de Chaîlamel); c'est sur un morne situé sur la rive
droite de la rivière du Carbet, exactement au nord de la lettre F de Fond-
Saint-Denis écrit en gros caractères. Le village de Fond-Saint-Denis est
inexactement placé sur cette Carte; la mairie est, en effet, au col situé à
l'ouest du dernier lacet de la route, sur le versant de Saint-Pierre.
» Ce morne, dont l'altitude est d'environ 5 10"^, domine au nord toute la
région dévastée depuis le Prêcheur, le cratère, le Morne Rouge. Il est à
quelques centaines de mètres en arrière de la zone dévastée par la dernière
éruption. Je fais faire une petite casemate se fermant hermétiquement et
qui nous permettra de nous terrer en cas de grosse éruption. Il n'y aura
qu'une fenêtre du côté du volcan, et les dégagements auront lieu sur la
rivière du Carbet. La difficulté va consister dans le ravitaillement; il faut
en effet faire 16''™ dans la direction des pitons du Carbet pour trouver le
camp de Colson, toute la région étant actuellement évacuée.
» Nous allons partir demain à la recherche d'un autre poste, destiné à
surveiller le côté oriental du volcan. Nous le trouverons sans doute aux
alentours du kilomètre 7 sur la route des Deux-Choux au Gros Morne
(sur la Carte de Chaîlamel, vous trouverez le plan des Deux-Choux à la
C. H., 1902, 2* Semestre. (T. CXXXV, N" 17.) ^9
674 ACADÉMIE DES SCIENCES.
croisée des trois routes, exactement à la place du grand D de Fond-Saint-
Denis).
» En relisant ma lettre, je m'aperçois que j'ai oublié de vous parler du
ras de marée du 3o août. Il a été insignifiant à Fort-de-France (i™ environ),
et si la mer est venue à l'entrée de la rue Victor-Hugo, c'est par le débor-
dement d'un caniveau et non pas par la savane. Des secousses de tremble-
ment de terre très nettes ont été ressenties le 24 août, et désormais nos
appareils nous permettront, s'il s'en produit de nouvelles, de les étudier
avec soin. »
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Observations du Soleil, faites à l' Observatoire de
Lyon (^éqnatorial Brûnner de o™,i6) pendant le deuxième trimestre
de 1902. Note de M. J. Guillaume, présentée par M. Mascart.
« Il y a eu 67 jours d'observation dans ce trimestre.
» Taches. — Comparativement aux résultats du premier trimestre (pré-
sent Tome des Comptes rendus, p. 523), on a noté un nombre de groupes
plus fort (f> au lieu de l\) et une surface totale moyenne moindre (i 12 mil-
lionièmes au lieu de 689).
» La répartition de ces groupes entre les deux hémisphères est de i au
sud et de 5 au nord, au lieu de 2 de part et d'autre, notés précédemment.
» Le nombre des jours sans taches est de 53, soit un nombre propor-
tionnel pour ce trimestre de 0,79 au lieu de 0,60 dans le précédent. A cet
égard, on remarque l'absence de taches durant 49 jours consécutifs, du
i5 mars au 2 mai; la période antérieure la plus longue, du minimum actuel,
a été de 89 jours (12 mars-19 avril 1901).
» Le groupe le plus important s'est montré dans sa période de décroissance, à -f-26°
de latitude, du 28 mai au 4 j«in; de y^ol^ôi^y ^on étendue superficielle est allée en
diminuant, et elle était 12 fois moindre à la dernière date qu'à la première. Une parti-
cularité intéressante de ce groupe est qu'il appartient à la même région d'activité
(alors à son quatrième retour) que le grand groupe de taches du mois de mars. A sa
deuxième rotation (29 mars-ii avril), cette région n'a pas montré de tache propre-
ment dite, mais seulement une petite tache voilée à 4-27°, 5 de latitude, le 2 avril;
à la rotation suivante, la troisième (26 avril-7 mai), elle n'a présenté que des facules
et quelques pores gris de durée éphémère. Au cinquième retour (20 juin-i*'' juillet),
la même région n'a montré que des facules. Nous avons déjà remarqué plusieurs fois
des faits semblables, à savoir : des taches reparaissant par intermittences dans une
même région d'activité.
SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1902. 675
» Régions d'activité. — Le nombre des groupes de facules notés est de 90
avec une surface totale de 29,0 millièmes; le précédent trimestre avait
donné 68 groupes et 22,2 millièmes.
» Leur répartition entre les deux hémisphères est de 49 groupes au sud
au lieu de 44» et de 4^ au nord au lieu de 24.
Tableau L — Taches.
Dstes Nombre Pas». Latitudes moyennes Surfaces
extrêmes d'obser- au mér. — — »■" moyennes
d'observ. Talions, central. S. N. réduites.
Avril 1902. — 1,00
17 j. » »
5
5
23
Mai 1902. — 0,67
1,5
6,2
-f-20,5
4- 27
■j6,5
Dates Nombre Pass. Latitudes moyennes Surfaces
extrêmes d'obser- an mér. —- ■ »' moyennes
d'obserr. valions, central. S. N. réduites.
Mai 1902. — 0,07 (suite)
12
84
21
I 23,3 -t-23,5
23-4
II 29,6 -t-26
22j. — 16",5 -^24'',2
Juia 1902. — 0,85
23
I 28,4 +28
27 j. » -4-28'',0
Tableau II. — Distribution des taches en latitude.
Sud. Nord.
IMï. 90°. 40°. 30°. 20°. to°. 0°. Somme. Somme. 0°. 10°. 20°. 30'. 40°. 90°
Avril « )) » )j » o o » )) » » »
Mai » » )) I » 1 4 » ;; 4 » »
Juin » » » » » o I )) » I » »
Totaux.. » » « I » I 5 » » 5 » »
Surfaces
Totaux
mensuelle
mensuels.
réduites.
w
»
5
io8
I
4
—
6
112
Tableau III. — Distribution des facules en latitude.
Sud.
Nord.
Surfaces
90°.
Totaux
mensuels.
1902.
90°.
40°
30
. 20°. 10°
0°.
Somme.
Somme.
0°. 10°. 20°
30°
40°
réduites.
Avril
. 8
I
I
I
I
12
7
I 1
3
»
2
19
5,6
Mai
• 7
I
2
4
1
i6
19
2 3
G
3
5
35
'3,9
Juin
12
1
4
I
3
21
i5
2 1
6
2
4
36
9,5
_
_
— _
—
—
—
—
Totaux..
. 27
3
7
6
6
49
4i
5 5
i5
5
II
90
29,0
6n6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la théorie des fonctions algébriques.
Note de M. Ludwig Schlesixger, |3résentée par M. Poincaré.
« Le problème de déterminer une fonction algébrique y de la variable
complexe x, uniforme sur une surface R de Riemann donnée, a été
traité par Riemann lui-même à l'aide du principe de Dirichlet et, plus tard,
par MM. Schwarz et Neumann par d'autres méthodes transcendantes. Je
me propose de donner une solution purement algébrique dudit problème,
en poursuivant une méthode que j'avais indiquée autrefois {.Journal de Crelle,
t. 105) pour un cas particulier.
» Soit R une surface de Riemann à m feuillets et aux points de ramifica-
tion a^, . . ., a^j que nous supposerons tous simples ; il s'agit de déterminer
les coefficients de l'équation
m V
(i) F(^, j) -2 1]A,x^^-V"-'- o (Âa= i),
A- = 0 >. = 0
de telle façon que la fonction y de x définie par cette équation soit uni-
forme sur R. Le discriminant Q de l'équation (i) par rapport à y sera un
polynôme de degré i(in — i) des A/j et de degré iv {jn — i) en x . D'ailleurs,
on doit avoir
(2) (l={x — a^). , .{x — a„)\.',
X étant un polynôme de degré <i = (m — 1) (v — i) — y? en x, où le
nombre/?, défini par l'équation g — im = 2/? — 2, désigne le genre de la
surface R. En comparant dans les deux membres de l'équation (2) les
coefficients des mêmes puissances de x, on obtient un système de
2v(m — i) H- I équations pour les (m -h i) (v + i) — i coefficients A;tx ^t
les r/ + I coefficients de X; dans ce système, que nous désignerons
par (?vl =0), le nombre N = 2mv — p -\- 1 des inconnues surpasse donc
de 2v — /?-i- I celui des équations. Suivant le procédé indiqué par Kro-
necker au § 10 de sa Festschrift, décomposons le système (M) =: o en fac-
teurs de divers rangs (Stufe). Nous cherchons une fonction y uniforme
sur R, qui reprend m fois chaque valeur; cette fonction doit donc con-
tenir 2v— jo-hi paramètres arbitraires. Nous n'avons donc besoin de
nous occuper que du facteur de rang N — 2v ^p — i du système (M) = o,
SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1902. 677
fadeur que nous désignerons désormais par (M) = o. Dans le doinaine de
rationalité déterminé par les a,, . . ., a^, considérées comme variables
indéterminées, décomposons (M') = o en facteurs irréductibles (M'|) = o,
(M!^) = 0, . , .; chacun de ces facteurs définit les N inconnues et en parti-
culier les A/tx comme fonctions algébriques des a^, . . ., a^, contenant
encore iv — p -\- i paramètres arbitraires, que nous regarderons comme
fixées une fois pour toutes. D'après le théorème de Puiseux généralisé, les
diverses solutions k^H d'un facteur irréductible (MJ) = o proviennent l'une
de l'autre en faisant décrire aux a^, ..., «c? tous les chemins fermés pos-
sibles. En formant l'équation (i) avec les A^" '^omme coefficients, il faut
qu'au moins une de ces équations soit irréductible, car, autrement, il n'y
aurait pas d'équation irréductible de degré m et à cr points de ramification
simples quelconques, ce qui est absurde. Formons une telle équation
F„(-37, j'a) = o, en choisissant pour coefficients un système de détermina-
tions uniformes des A^x, et soit R^ la surface de Riemann appartenant à cette
équation. En faisant décrire aux a^, ..., a^ tous les chemins fermés pos-
sibles, l'équation F^= o sera changée en des équations F, = 0, ..., Fy= o,
et la surface de Riemann correspondante en B,, . . ., R^, toutes ces surfaces
provenant l'une de l'autre par monodromie des points de ramification. Si l'on
applique les résultats de mon Mémoire {Journal de Crelle, t. 124, p. 292)
aux surfaces de Riemann, résultats qui, dans ce cas particulier, sont d'ac-
cord avec ceux obtenus par M. Hurwitz dans un Mémoire antérieur
(Mathem. Annalen, t. XXXIX), on reconnaît que toutes les surfaces de
Riemann à m feuillets et ayant les points a^, . . ., a^\)ouv points de ramifi-
cation simples proviennent l'une de l'autre par monodromie des points de
ramification. Il faut donc que la surface R, donnée d'avance, se retrouve
entre les surfaces R,, . . ., R^ et, par suite, qu'une des équations F, =0, ...,
Fç= o appartienne à la surface R; le problème proposé est donc résolu.
» Mais il s'ensuit de cette résolution qu'au point de vue algébrique il
soit indispensable de considérer non une surface de Riemann R spéciale,
mais à la fois toutes les surfaces R<, .. ., R^ provenant de R par mono-
dromie des points de ramification, c'est-à-dire que, au lieu d'examiner,
comme le fait Riemann, la fonction y appartenant à une surface R donnée,
il faut envisager l'ensemble de toutes les fonctions y,, . ..,y^ appartenant
aux diverses surfaces R,, . .., R^. Cet ensemble constitue une seule fonc-
tion monogène, si on la regarde comme fonction des c -4- i variables
y., a^, . . ., «(j, car toutes les y, , . . ., y^ et ces fonctions seules proviennent
de l'une d'entre elles, en faisan t varier de toute manière possible ces cy -h i
678 ACADÉMIE DES SCIENCES.
variables. C'est surtout cette généralisation de la conception classique de
Riemann qui nous semble mériter l'attention des géomètres, généralisation
qui, d'ailleurs, s'iipprouve aussi dans les autres Chapitres de la théorie des
fonctions algébriques, par exemple dans la théorie des équations différen-
tielles linéaires auxquelles satisfont, selon Fuchs, les modules de pério-
dicité des intégrales abéliennes. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur V équation de Bessel avec second membre.
Note de M. Alexandre-S. Cuessin, présentée par M. Appell.
« On est souvent amené, dans les applications de la Physique mathé-
matique, à l'équation
/ \ d^y i dy / n^\ ., .
dx^ X dx \ X
qui se ramène à celle de Bessel quand le second membre se réduit à o. On
sait que
(2) j = AJ„(a7) -+- BK„ (^) (n = entier),
(2') j = AJ„(a;) -i- BJ_„(a7) (/z ^ entier)
donnent la solution générale de l'équation (1) sans second membre. En
appliquant la méthode de la variation des constantes arbitraires, on aura,
pour déterminer A et B, les équations
/ dk __ K„(:r)/(:c) \
d- K„(:.)%i^.-J„(.)^^''('^'
^J \ jr. ^ , s r, . ! (/i =: entier).
^ ^ d^ ^ -in{^)f{^) 1 ^ ^
/ dk ^ i_,{x)f{x)
dx .din{x) di_n{x) J
(•J ) \ ir. . / ( /2 =^ entier ).
dx ' dx \
» Or, il est aisé de s'assurer qu'on a les relations suivantes entre les
SÉANCE DU 27 OCTOBRE I902. 679
fonctions de Bessel de première et de seconde espèce :
(4) K„(:r)^-J,(x)^M£)^-i (« = entier).
(40 J-,(-)^ - U^)"-^ -- ^^ 0 i^ entier).
)) On aura donc
l A = A'- fa:K„(œ)/(x)dx
(5) I (n = entier),
iB = B'+ xJn(iv)/(a;)dx
( A ^ A' H ^ — fxJ_„{cc) f(x) dx
(5) (/z:^ entier),
B = B' ^î^- \ xZJx)f(x)dx
et il ne reste qu'à substituer ces expressions pour A et B dans les for-
mules (2) et (2') pour obtenir la solution générale de l'équation (i). »
MÉCANIQUE RATIONNELLE. — Sur un exemple de transformation corrélative
en Mécanique. Note de M. Pacl-J. Suchar, présentée par M. Appell.
« M. Painlevé a étudié des transformations générales de mouvement
qui constituent la généralisation de la transformation homographique en
Mécanique, indiquée par M. Appell. Je me propose, dans cette Note, d'in-
diquer un exemple de transformation corrélative.
)) Soient r, 0, p les coordonnées polaires et la vitesse d'un point maté-
riel M de masse i, a l'angle de la vitesse avec l'axe polaire et J une force
centrale passant par l'origine des axes, enfin M' le point correspondant
à M sur la courbe hodographe.
» Considérons un second point matériel de même masse que le premier,
sollicité par une force centrale J' passant aussi par l'origine. Je suppose
que la constante des aires due à J' est la même que celle qui est due à J.
Je cherche la relation liant J et J' et la correspondance existant entre les
temps t et t' des deux mouvements, par la condition que la trajectoire du
second mouvement soit la courbe hodographe du premier mouvement;
quant au sens de ce second mouvement, nous disposerons des conditions
initiales de manière qu'il soit le même que celui du point géométrique M'
68o
ACADÉMIE DES SCIENCES.
correspondant au point matériel M. On remarque que la vitesse du second
point matériel est égale au rayon vecteur r du point qui lui correspond
sur la première trajectoire, puisque la constante des aires est la même
dans les deux mouvements. De cette remarque et de l'hypothèse faite sur
le sens du mouvement, il résulte que l'hodographe correspondant au second
mouvement est une courbe symétrique par rapport au centre attractif de
la trajectoire du premier mouvement, ou cette trajectoire elle-même, sui-
vant que la force J est attractive ou répulsive.
» Si nous désignons par s et :y' les arcs des trajectoires dans les deux
mouvements, on aura, en se reportant à la définition de la courbe hodo-
graphe,
(0
d'où
ds' J dt ds ^, dt'
M ^ dt' ~"^' 'dt'~^ 'di ~^'
J.J' = A^
» On obtient ainsi la correspondance existant entre / et /' et la relation
liant J et J'.
)) La formule bien connue de Binet nous donne pour ces deux mouve-
ments, en ayant égard à (2),
(3)
(4)
c^
/' I
— J
^
^ do' i\
— J ,
c-
>1
r I
1
t%
»'^
do:-' ^ V
:.r= -J
» Il résulte encore de la formule
cette autre formule
» Enfin de la formule
(5) P^ = c,
où p est la distance de l'origine à la tangente à la trajectoire, il résulte la
SÉANCE DU 27 OCTOBRE I()0?. 681
formule
(6) r)'r=c,
ayant la même signification que la première et où /7'est la distance de l'ori-
gine à la tangente à l'hodographe au point M'.
» Si la loi de la force est en général de la forme
J=:CÎ)(r,0.<'),
la formule (3) est l'équation différentielle de la trajectoire, ou, en ayant
égard à (6), on obtiendra aussi l'équation différentielle de la courbe bodo-
graphe en coordonnées tangentielles. La formule (4) nous montre alors
que, si la loi de la force est de la forme
elle est l'équation différentielle de la courbe hodographe en coordonnées
polaires, qu'on pourra transformer à l'aide de (5), et l'on obtiendra
l'équation différentielle de la trajectoire elle-même en coordonnées tan-
gentielles.
» Enfin les formules (3) et (4) nous montrent que, si l'on sait déter-
miner le mouvement lorsque la loi de la force est de la forme
J=/'(î>(r,0,r).
on saura encore le déterminer lorsque la loi de la force est de la forme
*((', a, r)
)) Nous avons là un exemple de transformation cor relative. En effet, il
suffit de remarquer que l'hodographe, lorsque la force est centrale, est la
polaire réciproque de la trajectoire tournée d'un angle droit dans un sens
convenable, autour du centre attractif, qui est aussi le centre du cercle
directeur. Il en résulte alors que, si les deux lois précédentes ont le même
centre attractif, on pourra disposer des conditions initiales de façon que les
trajectoires correspondant à l'une d'elles soient les polaires réciproques
des trajectoires correspondant à l'autre.
» Considérons en particulier comme exemple les deux lois de forces
trouvées par MM. Darboux et Halphen (' ) :
T !^^^ T V-r
j — Tj j = - — — •
4 {c/jr -+- ev -hjy
{ax- -\-ibxy -\- cy-y
(*) Darboux, Halphen, Comptes rendus, t. LXXXIV.
C. R., 1902, 2« Semestre. (T. CXXXV, N" 17.) 90
68-2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Nous aurons, d'après la remarque précédente, deux lois nouvelles,
pour lesquelles le mouvement s'obtiendra par des quadratures, à savoir
J = -r[ax'^--h2bivy'-hcy-y, J = i r(dx'+ey+fy,
où X et y' sont les dérivées de ne et j par rapport à /. Les trajectoires cor-
respondant à ces dernières lois de forces seront des coniques, puisque la
transformation est corrélative. »
PHYSIQUE. — Précautions à prendre pour V emploi des fils de cocon comme fils
de torsion. Note de M. V. Crémieu, présentée par M. Lippmann.
« On sait que le fil tiré du cocon se compose de deux filaments à section
sensiblement rectangulaire, que le ver étire et accole l'un à l'autre au
moment où il les utilise.
» En môme temps que le ver fabrique ce fil double, son corps produit
des mouvements assez rapides de va-et-vient, de façon à former le feutrage
très enchevêtré qui constitue les parois du cocon.
1) Il en résulte que les deux brins qui composent chaque fil sont, au
moment où ils se collent l'un à l'autre, dans un état de tension inégal.
Chacun est dans un état comparable à celui d'un fil métallique recuit qu'on
aurait d'abord enroulé en boudiu, puis partiellement redressé.
^) Les propriétés du fil de cocon dérivent de ce qu'il est formé de deux
filaments de ce genre, collés l'un à l'autre sans qu'il y ait coïncidence
entre leurs sinuosités resj^ectives,
>> D'ailleurs, la substance qui compose chaque filament se comporte
comme un corps visqueux, incomplètement solidifié, dénué de toute élas-
ticité proprement dite et très hygroscopique.
1) Suivant les variétés de ver (et elles sont très nombreuses) la section de
chaque filament peut varier du rectangle aplati au carré. Les dimensions
du filament sont de l'ordre du -j-^ de millimètre.
)) Ces particularités bien connues permettent de comprendre la façon
dont le fil de cocon réagit contre la torsion et la traction.
)) 1° Filament simple. — On peut, par un tour de main assez facile à saisir, mais
impossible à décrire, dédoubler les fils de cocon. On observe sur le filament simple
les propriétés suivantes :
» Sa force portante maxima est d'environ 4^-
SÉANCE DU 27 OCTOBRE I<)C2. 683
» Le filament conserve les sinuosités ou plutôt les inégalités dues à son origine ;
sous Taclion de faibles poids, il subit d'abord un allongenoent de redressement qui
peut atteindre j-^ de sa longueur et devient complet pour des poids de is à is,5.
» Sous l'action de poids supérieurs, le filament subit un véritable allongement élas-
tique, mais avec toutes les particularités provenant de sa viscosité et de son hygro-
scopicité,
.» On peut remédier à ces inconvénients en laissant le fil pendant i ou 2 jours sous
traction de quelques grammes; on l'humecte alors avec un peu d'eau distillée sur du
coton ; puis on le repasse en le faisant glisser sur un morceau de fil de laiton poli et
cliaulîe à ioo°-i20''. Enfin, on le passe sur un morceau de coton imbibé de vernis
gomme laque. On diminue ainsi la viscosité et l'hygroscopicilé du fil.
» Mais, avant comme après ce traitement, le filament simple ne possède aucune
élasticité de torsion. Un système qui lui est suspendu reste en équilibre visqueux
dans un angle de près de 3o°. 11 semble que cette région d'indiiTérence diminue quand
les poids attachés augmentent.
» 2° Fil naturel double. — Le fil double du cocon peut supporter 8s et même los
pour certaines variétés de ver à soie.
» Ce fil présente à la traction les mêmes particularités que le fil simple. Il prend
deux sortes d'allongements, l'un de redressement, l'autre à allure élastique, beaucoup
plus faible que le premier. Des allongements brusques décollent partiellement les
filaments, et l'allongement de redressement devient ainsi plus fort.
» Au point de vue de la torsion, les propriétés sont ici plus compliquées. Tant que
le poids supporté n'est pas suffisant pour redresser le fil, c'est-à-dire tant que ce
poids est inférieur à environ 2S, on constate les propriétés visqueuses de la soie,
avec un équilibre indifférent dans un angle de 20° à So".
» Pour des poids supérieurs, le fil se comporte, non plus comme un unifilaire
visqueux, mais comme un véritable bifilaire. Il peut alors offrir un couple de torsion
assez élevé, du même ordre que celui d'un fil d'argent de même diamètre et de même
longueur.
» Le calcul montre, en effet, qu'un bifilaire, dont chaque brin serait dépourvu
d'élasticité de torsion propre, qui aurait 10'^™ de longueur et ~ de millimètre d'écar-
tement entre ses deux brins(dimensions qui correspondent à celles du fil de cocon),
offrirait, pour un poids de 8s et une torsion de i radian, un couple W égal à
W = 26 X 10-* erg.
» Si, expérimentant avec ce fil considéré comme unifilaire, on calculait, à partir
de cette valeur W supposée observée, le coefficient ■; de Coulomb pour la soie, on
trouverait
Y = 16 X 10*.
» Ce nombre, du même ordre que celui relatif à l'argent, serait beaucoup trop
considérable pour la soie, et sa valeur varierait, du reste, avec les poids employés
pour l'expérience.
» D'ailleurs, même lorsqu'il fonctionne comme bifilaire, le fil de cocon ne donne
pas de zéro bien net aux systèmes qu'il supporte; ceci est dû, probablement, aux
variations que chaque torsion fait subir au collage dos deux filaments.
^^4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» J^ ensemble des considérations qui précèdent suffit à montrer les
])récautions à prendre dans l'emjjloi des fils de cocon, et pour la mesure
de ce qui paraît être, au premier abord, les coefficients d'élasticité de la
soie.
» Certaines espèces de vers à soie, élevées en Chine, donnent des
cocons jumeaux dont le fil se compose de quatre filartients accolés; beau-
coup de soies écrues du commerce proviennent de ces cocons, et les consi-
dérations qui précèdent s'appliquent avec encore plus de force aux fils
que l'on tire souvent de ces soies écrues pour l'usage des laboratoires. »
OPTIQUE. — La vision à distance par V électricité. Note de M. J.-H. Coblyn,
transmise par M. Potier.
« Le problème de la transmission d'une image à distance repose sur la
variation de résistance électrique qu'éprouve une cellule à sélénium inter-
calée dans un circuit. Le courant variable ainsi produit, dépendant de
l'éclat du point exploré à l'instant considéré, doit être transformé au poste
récepteur en variations d'intensité d'une source lumineuse. L'auteur pro-
pose de laisser l'éclat de la source fixe, à l'inverse du téléphone à gaz de
M. Lnzare Weiller, qui agit directement sur la flamme; le courant transmis
obture plus ou moins le faisceau émis par cette source, d'après l'idée pro-
posée par MM. Ayrton et Perry. Il suffit, pour cela, d'employer l'oscillo-
graphe à fer doux de M. Blondel et de constituer l'équipage mobile par un
tube creux oscillant dans un champ directeur.
» Reste l'exploration de l'image; c'est ce qui constitue la raison d'être
de celte Note. Reprenant la théorie de M. Lazare Weiller, qui explore
l'image par bandes parallèles, nous faisons remarquer qu'd faut décrire le
patron d'un mouvement uniforme et ne jamais explorer un point plusieurs
fois en un dixième de seconde, afin de transmelti e chaque point avec son
éclat respectif.
M Pour arriver à ce résultat, nous employons le système suivant : un
diaphragme, percé d'un trou très petit, se trouve au foyer principal com-
mun de deux lentilles convergentes; l'une de ces lentilles est placée devant
1 image. De la sorte, on isole les rayons lumineux provenant de l'image et
parallèles à l'axe général du système.
» L'autre lentille se trouve devant un cylindre creux, percé de fentes
hélicoïdales et tournant perpendiculairement a l'axe optique du système
avec une vitesse de 5 toins à la seconde.
SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1902. 685
)) On s'arrange de manière que le diaphragme et les fentes du cy-
lindre ne laissent passer, à un instant déterminé, qu'un seul rayon prove-
nant d'un point de l'image, rayon qui sera parallèle à l'axe du système.
Si la rotation est constante, le point exploré se déplace sur une série de
bandes horizontales, et cela d'un mouvement uniforme.
» De plds, en remplaçant le diaphragme par le miroir d'un diapason
vibrant verticalement, la série de ligues horizontales est changée, par
composition optique, en un système de sinusoïdes qui, par un artifice par-
ticulier, forment une espèce de quadrillage : cette exploration est la plus
rationnelle, car elle décompose l'image en une série de mailles ayant toutes
la morne aire ('). »
MAGNÉTISME . — Variation de la résistance magnétique d'un barreau de traction.
Note de M. Fuaiciiet.
« Prenons le barreau à éprouver comme noyau d'une bobine compre-
nant deux enroulements : i'' un circuit primaire relié aux bornes d'une
pile; 2° un circuit secondaire relié aux bornes d'un galvanomètre. Toute
modification du barreau soumis à la traction produit une variation du flux
qui traverse le circuit secondaire et, par suite, une déviation du galvano-
mètre.
» La déviation est discontinue. — Toutes les fibres du barreau ne sont
pas identiques; elles se rompent donc successivement. Pendant la période
élastique, le flux varie, d'une façon continue, jusqu'à la rupture de la pre-
mière fibre; mais cette rupture produit une chute brusque du flux, et cette
diminution instantanée est d'autant plus grande que le faisceau des fibres
qui se sont rompues ensemble est plus important.
» Le flux qui circulait par ces fibres est tombé brutalement, au moment
de leur rupture; il remonte ensuite, de façon à prendre une valeur infé-
rieure à sa valeur primitive et dépendant de la perméabilité du ciment qui
est venu s'interposer dans la cassure.
» On voit donc que chaque rupture de fibres produit une oscillation
dans la variation du flux, et ce n'est que lorsque le faisceau fibreux a com-
plètement cédé que cette variation redevient continue.
(^) La description détaillée de l'appareil proposé sera faite ultérieurement dans
l'Eclairage élcctrùjuc.
686 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Le nombre et les amplitudes des oscillations sont d'autant j^kis
grands que le métal est plus fibreux : un barreau d'acier dur trempé ne
possède aucune fibre, par suite le flux qui le traverse varie, d'une façon
continue, jusqu'à la rupture du barreau. Il en est de même pour un bar-
reau d'une nuance quelconque qui a déjà subi une première traction au
delà de sa limite élastique.
» Détermination de la limite élastique. — Il y a lieu de considérer deux
limites : i** la limite élastique du ciment, qui correspond à la déviation
maximum du galvanomètre; i° la limite de résistance de la fibre la moins
résistante, qui correspond à la première oscillation du galvanomètre.
» Ces deux limites sont, en général, très rapprochées de la limite élas-
tique apparente indiquée par le manomètre de la machine à traction ; mais
on a constaté, sur certains barreaux désorganisés par un chauffage à haute
température, qu'il se produisait, parfois, quelques oscillations dès le com-
mencement de la charge; de semblables barreaux n'ont donc pas, à pro-
prement parler, de limite élastique. Il en est de même pour la plupart des
barreaux en fer puddlé ordinaire. »
ÉLECTRICITÉ. — Force électromotrice d'un élément de pile thermo-électrique.
Note de M. Fonsot, présentée par M. Lippmann.
« Aux bornes c et c' d'un élément de pile thermo-électrique on oppose
une source électrique dont la force électromotrice, de e volts, équilibre
celle de l'élément. Le déplacement réversible de i coulomb dans l'élément
thermo-électrique, et dans le sens du courant qui parcourrait cet élément
supposé seul, emprunte une énergie de e joules, fournie par :
» I** q unités de chaleur absorbées dans la soudure chaude, tandis que
q^ unités de chaleur ont été cédées à la soudure froide; 2'' par la chaleur
empruntée dans les fils aa' et hb' de l'élément.
)) On sait que l'inégalité de température entre deux tranches voisines
d'un conducteur homogène amène entre elles une différence de potentiel
et engendre ainsi une force électromotrice. La valeur du potentiel en un
point donné d'un conducteur donné est une fonction de sa température
actuelle, si son état physique, sa constitution chimique ne dépendent que
de cette température. La soudure a, b étant à la température 6, la sou-
dure a' ,b' à la température 0^ <; 0, C étant le potentiel d'un point de aa' ,
C' celui d'un point bh' , un couloinî), parcourant le chemin c b' a' abc, aura
SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1902. 687
pris sous forme de chaleur une quantité d'énergie, en joules,
'' ('IL _
^0
X''(§-^-^>-
L'unité de chaleur choisie étant équivalente à i jonjp, on a
.0
(0 '"'^"^X (^~^)'^^'"^"'
(2) o = f+/^r^4J-^Ve ^^"
0
I
Liebenow a donné l'expression suivante :
d^
db
±2,0/4^-,
R étant la résistance spécifique, L le coefficient de conductibilité calori-
fique; mais cette expression ne peut pas être utilisée ici.
» Lorsque, au moyen d'une force électromotrice compensatrice appli-
quée en ce' , on fait cesser le courant électrique, on peut dire que la force
électromotrice existant dans le fil aa\ force électromotrice que je suppo-
serai croissante de a en a' et égale à E, est équilibrée par une force élec-
tromotrice égale et de signe contraire, provenant du reste du circuit.
Je comparerai le tout à une machine de Carnot.
)) Dans le fil aa' , l'énergie à fournir pour un déplacement électrique
réversible représente celle qu'on doit céder à la machine de Carnot dai?s
un cycle complet; l'énergie que reçoit le i^este du circuit de l'élément
thermo-électrique et le circuit de la force électromotrice compensatrice
représente celle que la machine de Carnot fournit au milieu extérieur dont
les forces équilibrent la force expansive de la matière de cette machine.
» Le fil aa' est le siège d'un phénomène irréversible de conduction de
chaleur : avec une machine de Carnot on peut arrêter, en a, q unités de
chaleur et, après un cycle complet de modifications réversibles, rendre,
en a' , q' unités de chaleur; on sait qu'on a
q q'_
0 - Oo'
la force d'expansibilité de la matière de la machine ayant fourni au milieu
extérieur un travail équivalent {\ q — q' .
» Posant /lE = q — q' , on peut dire que n coulombs allant de a en a'
688 ACADÉMIE DES SCIENCES.
retiendront dans ce trajet l'énergie q — q\ qu'ils emporteront pour l'aban-
donner dans le reste du circuit : c'est comme s'ils entraînaient avec eux,
de a, q unités de chaleur, pour n'en laisser en a' que q' unités et emporter
le reste.
» Si l'on divise le fil aa' jiar des sections caractérisées par les tempéra-
tures 00, O2... et les valeurs CC^i:.^... du potentiel électrique, et si l'on
pose
V _ 7i _ £2
les n coulombs emportent dans les tranches successives du fil
d'où
^.-'72=|(^.-^0-'^(-.-^-.)'
C C=, — Ct E q
— " — ••=r^ r- = ^ : ^ = const.
0—6, Oj— O2
Cette utilisation progressive d'une partie de la chaleur de conduction,
dans toutes les tranches du fil, permet de comprendre que cette chaleur
puisse alimenter une force électromotrice dirigée en sens inverse de celle
considérée.
» Dans chaque tranche du conducteur, V unité d' électricité utilise la chute
de température d'une quantité invariable d'entropie.
» En admettant la relation de Liebenow, L étant indépendant de 0, on
aurait R : 0 = const. ; R serait nul au zéro absolu :
» Loi expérimentale approchée de quelques métaux purs.
dC dC
» Si, dans les égalités (i) et (2), on pose -^ -;t- = B, on
a
(3) e = (B-\- |-")(0 - e„)- BO(Loge - LogOo);
de
comme -jz doit être indépendant de Oo, on a
(4) I +BLogO:= const.
Il est désirable d'utiliser la relation ( î) à la mesure des températures
absolues; on écrira
«'Q = (26 -h ^G log6 -h c; ^0^=0,
SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1902. 689
a, 6, c étant des constantes, dont la dernière setde dépend deO^; on se
servira des logarithmes usuels. Pour la détermination des constantes on
devra faire deux mesures; on sera donc obligé de connaître trois tempé-
ratures absolues, la valeur de l'une d'elles étant choisie arbitrairement.
» La détermination des températures absolues au moyen de la mesure
de ^ (4) (Pellat) demanderait la détermination de deux constantes et la
connaissance de deux températures absolues, l'une d'elles ayant une valeur
donnée.
» Si, pour la détermination des constantes d'un élément thermo-élec-
trique, l'on accepte les données d'un thermomètre quelconque, dans un
intervalle déterminé de températures, je crois qu'on pourra affirmer que
ce thermomètre ne donne pas une échelle exacte de températures absolues,
si cette échelle ne coïncide pas, dans toute son étendue, avec celle de
l'élément thermo-électrique. »
CHIMIE ANALYTIQUE. — Méthode de dosage volumélrique du tannin et analyse
des bois et extraits tanniqiies. Note de M. Albert Thompson, présentée
par M. Henri Moissan.
« On sait que le tannin, en présence des solutions d'alcalis caustiques,
soude ou potasse, absorbe très rapidement l'oxvgène. Notre méthode
repose sur les considérations suivantes :
» 1° L'eau oxygénée se dissocie totalement en oxygène et en eau sous
l'influence du bioxyde de plomb chimiquement pur, en présence des alcalis
caustiques, soude ou potasse, en solution concentrée. Le bioxyde de plomb
doit être obtenu en traitant le minium pur par l'acide azotique.
» 2" L'oxygène naissant ainsi produit est rapidement absorbé par le
tannin lorsque ce dernier est ajouté dans l'eau oxygénée alcaline avant
l'addition du bioxyde de plomb.
M S*' Le tannin une fois saturé, la dissociation de l'eau oxve^énée se
continue comme si ce corps n'était pas présent, et la totalité de l'oxvs^ène
en excès est mise en liberté.
w 4° o*^, 10 de tannin chimiquement pur et anhydre absorbent 20'^'"' d'oxy-
gène mesurés à 0° et 760™™.
» 5" Enfin le tannin est soluble dans l'alcool à 90°, tandis que la plupart
des substances minérales et pectiques qui l'accompagnent sont insolubles.
» L'analyse d'un tannin comporte donc : i" la détermination^ de hi
c. R., 1903, 2« Semestre. (T. CXXXV, N- 17.) QI
690 ACADÉMIE DES SCIENCES.
quantité d'oxygène dégagée par un volume connu d'eau oxygénée; 2** la
mensuration de l'oxygène dégagé par un même volume d'eau oxygénée,
en présence d'un poids connu de tannin purifié à l'aide d'un traitement par
l'alcool à go'^. La différence entre les denx volumes obtenus donnera la
quantité d'oxygène fixé par le tannin.
» Pour réaliser ces expériences nous avons combiné un tannomètre
spécial entièrement en verre, qui permet d'introduire successivement les
réactifs au moment voulu, sans ouvrir l'appareil et sans modifier le volume
intérieur.
)) Dosage du tannin. — On pèse i^ du tannin à analyser réduit en poudre
très fine, on le met dans une fiole jaugée de 5o'^^"' et l'on ajoute de l'alcool
à 90** jusqu'au trait. On agite fréquemment et l'on filtre après une heure de
contact. On mesure 25'^"'" de la solution filtrée et l'on évapore à sec au bain-
marie. Le résidu est dissous dans de l'eau distillée pour faire 25''"' dont S*""'
contiendront 0^,10 du tannin à analyser,
» Le tannomètre étant maintenu verticalement, on introduit 5"""' de
lessive de soude dans l'ampoule B, et du bioxyde de plomb dans le tubeD.
On mesure alors S*^""' de la solution de tannin, que l'on verse dans l'am-
poule A, on ajoute 2'"°' d'eau oxygénée, préalablement titrée avec le même
appareil. Enfin, on verse de l'eau dans la cloche à gaz G jusqu'au 0° supé-
rieur. Après avoir noté la température et la pression, on fait arriver la
lessive de soude, on agite et l'on fait tomber du bioxyde de plomb après
i5 minutes de contact. Au bout de 2 heures de repos, on fait de nouveau
tomber du bioxyde, on agite et on lit le volume d'oxygène dégagé. On
note de nouveau la température et la pression. La réaction doit être
terminée et, si une variation se produisait au bout d'une heure, il faudrait
recommencer le dosage.
» Le volume d'oxygène absorbé par le tannin, divisé par 2, donne le
titre en tannin pur.
» Applications aux bois et extraits tanniques. — La marche générale est la même
que pour les tanuins, avec cette différence que l'on emploie l'alcool méthylique purifié
à 90°, qui épuise plus facilement ces matières industrielles que l'alcool ordinaire.
» Vérification de la méthode. — Pour bien nous assurer que les chiffres obtenus
se rapportaient bien à du tannin complètement assimilable par la peau, nous avons
préparé des dissolutions à i pour 100 de tannin pur et anhydre et analysé ces liqueurs
avant et après l'action de la peau. Cette précipitation a été effectuée par les procédés
connus, qui constituent, du reste, des méthodes de dosage.
SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1902. 69 1
Tannin pur (1 échantillon).
I. IL III.
Avant le traitement par la peau 99)2 9^)9 99>^
Après » » Néant Néant Néant
Extrait de châtaignier (3 échantillons).
I. II. III.
Avant le traitement par la peau 28,53 3i,i7 22,56
Après » » Néant Néant Néant
» Les résultats obtenus représentent donc bien du tannin entièrement
assimilable par la peau. «
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur une nouvelle base dérivée du galactose.
Note de M. E. Roux, présentée par M. A. Haller.
» Dans une Note précédente ('), M. Maquenne et moi avons fait con-
naître qu'en réduisant les oximes des sucres on obtient des bases polyal-
cooliques et nous avons décrit l'une d'elles, la glucamine, qui dérive du
glucose.
» La même méthode, appliquée à l'oxime du galactose, donne une autre
base, isomère de la précédente, que, par analogie, j'appellerai o-«/ac/«mme.
)) Ses propriétés générales sont semblables à celles de la glucamine déjà
décrite. D'après la notation proposée par M. Maquenne, elle représente
2 5
r amino-i-hexanepentol 0-76,
OH H H OH
I I I I
AzH'- CH--C - C-C-C-CH-OH.
I I I I
H OH OH H
» La galactamine se présente sous forme d'une masse incolore, d'aspect
cristallin, très soluble dans l'eau, peu soluble dans l'alcool bouillant, qui
fond vers 189^ et donne à l'analyse des nombres qui concordent avec la
formule C®H'^AzO\ Son pouvoir rotatoire \y\, en solution aqueuse à
10 pour 100, est de — 2°, 77, sans multirotation.
(*) Comptes rendus, t. GXXXII, p. 980.
692 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Son action sur les sels mélalliques est semblable à celle de la gluca-
mine, cependant elle ne donne pas de combinaison cristallisée avec le
sulfate de cuivre. C'est unf? base forte, qui déplace l'ammoniaque-
» Nous décrirons ici quelques-uns de ses sels et de ses dérivés ;
» Oxalate neutre : {C'WO'' P^zW-fOO'^li^^W-O. — Ce sel, très soluble dans
l'eau, cristallise, par évaporation spontanée de ce dissolvant, en fines aiguilles arbo-
rescentes. Il perd assez rapidement son eau de cristallisation à 100°. Son point de fusion
instantanée est lago-iSo". ïl est insoluble dans l'alcool à 9.5° bouillant, mais assez
soluble dans l'alcool faible. Son pouvoir rotatoire [aji, est — 1 1°,28 pour une concen-
tration de 8 pour 100.
» En ajoutant peu à peu de l'alcool fort à sa solution dans l'alcool à 60°, on préci-
pite de Voxalale anhydre, sous forme d'une poudre blanche, constituée par des amas
de cristaux aciculaires, fondant à 200°.
» Chlorhydrate : HCX.kzWCnV^O^W'O. — Il cristallise en fines aiguilles pris-
matiques, extrêmement solubles dans l'eau, insolubles dans l'alcool à 95°, assez
solubles dans l'alcool à 60°, s'eftleurissant dans l'air sec. En ajoutant de l'alcool à sa
solution aqueuse, on précipite le chlorhydrate anhydre sous forme d'une poudre
amorphe.
» C'est un isomère du chlorhydrate de dulcitamine décrit par Bouchardat (*).
» Picrate : C^H^ AzO"'')'OH,C«H>303 AzH^ — Poudre cristalline d'un beau jaune
de chrome, formée de petites aiguilles, très soluble dans l'eau, assez soluble dans l'al-
cool fort et légèrement soluble dans l'alcool éthéré.
» Chloroplatinate : (C^H'^O^AzII^HCO-^PtCF. — Cristallise en lamelles jaune
orangé ayant la forme d'un triangle dont l'un des sommets est arrondi. Très soluble
dans l'eau et, cependant, peu hygrométrique, il est très peu soluble dans l'alcool à gS"
et assez soluble dans l'alcool à 80° ainsi que dans l'alcool inéthylique. Il ne s'altère pas
sensiblement à 100°.
. » C'est un isomère du chloroplatinate de dulcitamine de Bouchardat.
» Suifate neutre : S0^( AzIPC^H'^O^)-. — Cristallise en belles aiguilles prisma-
tiques. Il est extrêmement soluble dans l'eau, insoluble dans l'alcool à 95° et assez
soluble dans l'alcool à 5o°.
» Benzalgalactarnine : C^H^CH^ AzC^H^^O^. — Obtenue en faisant réagir l'al-
déhyde benzoïque sur la galactamine. Elle cristallise en petites lamelles rectangulaires
qui se groupent en étoiles. Ce corps est décomposé rapidement par l'eau à 100°, mais
l'eau froide, dans laquelle il est presque insoluble, ne l'hydrolyse que lentement. Il
est insoluble dans l'alcool et ne se dissout que dans un mélange d'alcool et d'aldéhyde
benzoïque, dans lequel on peut le faire cristalliser. Il fond à i95°-i96° en se décom-
posant.
» Galactaniine-urée AzH- — CO — AzHC^H'^0^. — Obtenu par réaction du sul-
fate de galactamine sur le cjanate de potassium, ce corps cristallise en lamelles rec-
tangulaires. Il est très soluble dans l'eau et très peu soluble dans l'alcool. Il fonda 180°
(') Bouchardat, Comptes rendus, t. LXXIV, p. 1/406.
SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1902. 698
sans se décomposer. Son pouvoir rolatoire est — i2°,5o, sans multirolation. Il est dé-
composé par rhjpobromite de soude de la même façon que la glucamine-urée : l'azote
se dégage et des produits réducteurs se forment, tout d'abord, qui disparaissent rapi-
dement, par oxydation, en donnant notamment de l'acide oxalique.
» Galactamine-phénylurée C^H^AzII — CO — AzHC^H'^0^. — On l'obtient en
faisant réagir l'isocyanate de phényle, en quantité théorique, sur la galactamine dis-
soute dans la pyridine. Ce corps cristallise en longues et fines aiguilles prismatiques,
qui se groupent en faisceaux et forment une masse volumineuse. Il est peu soluble
dans l'eau ou dans l'alcool bouillants et presque insoluble dans ces liquides froids; il
se dissout facilement dans la pyridine. Il fond à 219° sans se décomposer.
» Galactamine-pliénylurée pentacarbamique :
C^H^AzII — CO — AzIIC«lPOs(COAznC«H«)».
Se prépare en faisant agir sur la galactamine l'isocyanate de phényle en excès. Ce
corps cristallise en petites aiguilles fusiformes. Il est insoluble dans l'eau, très peu
soluble dans l'alcool, la benzine, le toluène et assez soluble dans la pyridine. Il fond
à 325° en se décomposant.
/CH- - Cil — (CH0H)3- CH^OIi
» Mercapto- iialactoxazoline Az. i • — Dans
^ ° \^C(SH)-0
une Note précédente (*), M. Maquenne et moi avons montré que le sulfure de car-
bone attaque les pol}-^xyamines à chaud, en donnant des combinaisons cycliques à un
seul atome de soufre, qui appartiennent vraisemblablement à la famille des oxazolines.
» La galactamine ainsi traitée par le sulfure de carbone donne une mercapto-bu-
tyltétrol-oxazoline, que je désigne sous le nom de mercapto-galactoxazoline, pour la
distinguer de son isomère dérivé du glucose, lequel doit être désigné sous le nom de
mercapto-glucoxazoline.
» Ce corps cristallise en lamelles ayant la forme d'un rectangle accolé par un côté à
la base d'un triangle; ce qui leur donne Taspect d'une enveloppe ouverte. Il est très
soluble dans l'eau et peu soluble dans l'alcool. Il fond à i85°-i86°, sans décomposition.
C'est un corps très stable, comme son isomère dérivé du glucose, avec lequel il pré-
sente de grandes analogies. Cependant, il ne donne pas comme lui de combinaison
cristallisée avec le nitrate d'argent. «
CHIMIE ORGANIQUE, — Sur un nouveau composé du groupe de Chexamé-
thylène-tétramine . Note de M. Marcel Descudé, présentée par M. A.
H aller.
« Action de l'ammoniac sur le dibenzoate de méthylène. — Le dibenzoate
de méthylène se comporte, vis-à-vis dti gaz ammoniac, comme les étliers-
sels; il se forme, d'une part, de la beiizamide; d'autre part, le glycol
(^) Comptes rendus, t. CXXXIV, p. iSbg.
694 ACADÉMIE DES SCIENCES.
méthylénique : CR'(
^ \OH
C' H^ - CO - O\ç,jjo ^^^ JJ3 ^ 2/C6H5 _ CO AzH- ) -+- CH-^^
CH^-CO-O/ ^ ^ \
H
OH
» Ce gîycol instable se dédouble en eau et aldéhyde formique, ce qui
complique la réaction. L'aldéhyde formique réagit sur l'ammoniac en excès
pour donner Y hexamèthylène-tèlramine et une nouvelle quantité d'eau :
(CH=^Oy +- 4 AzH^* = 6H-0 + (CFP)« Az'.
1) Enfin, une certaine quantité de dibenzoate est saponifiée :
C« H« - CO 0\çjj2 _^ 2^^ JJ3 _^ 2H- O = 2(C«H^ - COOAzH" ) 4- Cw(^
C«H^_CO-0/ ^ ^ \
H
OH
» De sorte que, lorsque la réaction est terminée, on obtient un mélange
de benzamide, de benzoale d' ammonium et d' hexam,éthylêne-tétramine.
» J'ai réalisé Texpérience en présence d'un grand excès d'alcool absolu et, après
avoir chassé celui-ci, à froid, par distillation dans le vide, j'ai pu séparer, dans le
résidu, les trois produits précédents. Dans le cas du dibenzoate, l'hexaméthjlène-
amine ne se forme que dans de faibles proportions; mais en opérant avec le diacétale
de méthylène, il s'en forme une notable quantité; de plus, il est ici possible d'opérer
en présence d'une faible quantité d'alcool, et l'hexaméthylène-lamine se dépose,
presque eiiliè renient, sous forme de beaux cristaux, très limpides. C'est même là un
procédé très rapide pour obtenir cette base à l'état de pureté.
» Lorsque l'action de l'ammoniac sur le dibenzoate est terminée, on a une solution
alcoolique limpide, qui ne renferme que les corps indiqués plus haut.
Si, au lieu de distiller cette solution dans le vide, on chasse l'alcool par évaporation
au bain-marie, il se produit de nouvelles réactions. Au bout de 12 à i5 heures environ,
on obtient un produit à peu près sec qui, épuisé par l'eau bouillante, laisse un résidu
très notable (près d'un tiers), alors que les produits primitifs étaient tous solubles.
On le recueille sur le filtre et on le lave à l'eau h ouiWdirxle, jusqu'à ce qu'il ne se dis-
solve plus rien. On le sèche et on le reprend par l'alcool bouillant. Par refroidissement,
il se dépose sous forme de paillettes brillantes constituées par des octaèdres clino-
rhombiques.
» Propriétrs. — Ce corps, inodore, est complètement insoluble dans l'eau, même à
chaud. Il est à peu près insoluble dans l'éther, le sulfure de carbone, l'acétone, la
benzine. Il est peu soluble dans l'alcool : loos d'alcool absolu en dissolvent oS, 53i
à 18°; l'alcool bouillant en dissout environ huit fois plus. L'acétate d'élhyle se com-
porte de même. Le chloroforme et l'acide acétique le dissolvent assez bien.
» Action de la chaleur. — Il fond vers 187°, en un liquide incolore qui brunit
SÉANCE DU 27 OCTOBRE F 902. 695
rapidement pour peu qu'on dépasse celte température. Par refroidissement, il conserve
sa iransparence et présente alors Taspect d'un morceau de verre. Sous cet état, il
est cassant et très léger; D=:i,24o maintenu pendant quelque temps dans Teau, il
devient opaque, par suite d'une transformation qui s'opère de la surface au centre;
et, si Ton casse un morceau ainsi altéré, on constate qu'il n'a perdu sa transparence
que sur les bords. Si l'on cherche à le sublimer, il se décompose; il se forme de légers
ilocons vers 125° (probablement de la benzamide).
» Action des acides étendus. — L'action des acides sur ce composé est particulière-
ment intéressante, car elle va servir à établir sa formule de constitution. Tous les
acides minéraux, en solution aqueuse même très étendue, le transforment en quelques
instants, à l'ébullilion, en méthylène-dibenzamide ; à côté de ce produit, très facile à
caractériser, il y a mise en liberté d'aldéhyde formique et d'ammoniac.
') Les analyses et la cryoscopie conduisent à la formule biute
C^^H-''Az'0\
qui peut s'écrire, en mettant en relief les divers groupements,
(C«H^- COAzH)='(CH=^)'Az,
et la formule de constitution qui paraît la plus vraisemblable est
C«JP-COAzH-CH-\
(1) C«ÏP- COAzH— CtP- Az.
(:«H5~C()AzH-CHV
» Le mode de formation de ce corps s'accorde, d'ailleurs, avec cette
formule. J'ai pu, en effet, le reproduire en faisant réagir directement la ben-
zamide sur r hexaméthylène-tétraminc ou sur un mélange d' aldéhyde formique
en solution aqueuse et d'ammoniaque. Dans ce dernier cas, le mécanisme
de la réaction peut se concevoir très simplement de la façon suivante :
HO.
OH H
/ H X+ CH- + AzH - CO - C"H^
"7 /CH=-AzH-COC«H^
\z - H -h CH-(OH)- + AzH - CO - C^ 11' = GH=^0 -h Az — CH- - AzH - COC'IW
\ H -h CH^(OH)^ H- AzH - CO - CMP \ CH=^ - AzH - COCHP
» Les acides en solution diluée, agissant comme agents d'hydratation,
produisent la réaction inverse. La moitié de l'aldéhyde réagit sur la
696 ACADÉMIE DES SCIENCES.
benzamide formée pour donner naissance au méthylène-dibenzamide :
/ 42H CO C® H^
CH^O + (AzH^-- COC''H*)^= H=^0 4- CH^^'^^jj _ coC«H^
et l'autre moitié se retrouve à l'état libre.
» D'ailleurs, l'hexaméthylène-tétramine elle-même peut prendre nais-
sance par un mécanisme semblable :
/il
O
OH 11
[1 HO
Az
H
/
H
H
+ CH-
+ CH=^(OH)^
+ CH-(OHy
-Azx
-AzFP
-AzH^
;C11
H HOl
yCH2-Az = CH^
T' CH-(0H)- = i2H-0 4-Az-CH-— Az = CH2
+ CH^(OH)-^ XCH^-Az^CH^'
» On voit donc que ce nouveau composé, que j'appellerai Vazotrimé-
thyléne-tribenzaniide , peut être dérivé de l'hexaméthylène-tétramine. Et
comme, d'autre part, il semble difficile, d'après ce qui précède, de lui
attribuer d'autre formule que la formule (i), on doit voir là une preuve
nouvelle à l'appui de la formule de constitution de l'hexaméthylène-
tétramine, constitution qui fut récemment l'objet d'une très longue
discussion. »
CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur l'acide solide de r huile c^'Elfeococca vernicia.
Note de M. L. Maquenne, présentée par M. P. -P. Dehérain.
« D'après Cloez, à qui l'on doit la découverte des corps qui nous
occupent, l'huile normale A' Elœococca renferme, à l'état de glycéride, un
acide cristallisable particulier, Vsic\.àe> élœomargaiique C^"^ W^O- , qui fond
à 48° et est éminemment siccatif.
» Ce composé ne se rencontre que dans l'huile fluide, préparée par pres-
sion ou par épuisement à l'élher. L'huile concrète, que l'on obtient par le
sulfure de carbone ou qui se forme spontanément par insolation de l'huile
liquide, fournit un autre acide, également cristallisable, qui présente la
même composition que le précédent, mais n'entre en fusion qu'à 71° et se
dissout en moindre quantité dans l'alcool. Cloez a donné à ce second corps
SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1902. 697
le nom d'acide élœostéarique et a admis qu'il résulte de la polymérisation
du premier (').
» La présence, dans un corps gras naturel,* d'un acide renfermant 17"'^
de carbone paraissant a priori quelque peu anormale, il nous a semblé
utile de reprendre cette étude.
» Les recherches qui suivent ont porté sur un échantillon d'huile authentique, fraî-
chement extraite par pression des graines à'Elœococca, encore parfaitement limpide
et seulement teintée de jaune clair.
» I. Isomérisation de l'acide élœoniar gariqae . — La transformation, au contact
du sulfure de carbone, de l'acide élseomargarique fusible à l\%° en acide ékeostéarique
fusible à 71° ne doit pas, comme le pensait Cloez, être attribuée à la seule influence
de ce dissolvant, mais bien à celle du soufre libre qu'il renferme habituellement en
dissolution. Une trace de ce métalloïde, ajoutée à l'huile normale ou à l'acide élaio-
margarique fondu, suffit en effet pour la provoquer, et l'on a là un moyen excellent
pour préparer rapidement et à l'état pur l'acide fusible à 71°.
» L'iode agit de même, ce qui montre que la transformation dont il s'agit est en
rapport avec la production passagère de quelque composé d'addition indéterminé.
» L'acide nitreux, ainsi d'ailleurs que le brome, donne lieu à une attaque plus
profonde dont les produits n'ont pu être isolés; néanmoins il nous a paru logique de
rapprocher cette influence du soufre de celle bien connue qu'exercent les produits
nitreux sur l'acide oléique ou l'acide érucique. Si ce rapprochement est légitime, les
acides élœomargarique et élœostéarique doivent être isomères et non polymères; c'est
ce qui a lieu en effet, ainsi que nous avons pu nous en assurer par ébuUioscopie dans
l'élher : les poids moléculaires de ces deux corps ont été trouvés respectivement
égaux à 2g5 et 2g4, c'est-à-dire identiques (-).
» IL Composition. — L'analyse de ces produits présente de sérieuses difficultés, à
cause de la rapidité avec laquelle ils s'oxydent, même à froid; il est d'ailleurs impos-
sible d'établir leur véritable composition par voie indirecte, car ils ne fournissent
aucun dérivé défini sous l'action des réactifs usuels : l'acide sulfurique et l'acide
iodhydrique concentrés les charbonnent instantanément; le brome donne par addition
directe un dibromure qui noircit dès qu'on évapore ses dissolutions; enfin, leurs com-
binaisons métalliques et leurs phénylhydrazides, qui sont cristallisables, s'altèrent
aussi rapidement que les acides libres, sans offrir, par conséquent, de plus grandes
garanties de pureté.
» Lorsqu'on analyse un produit simplement séché dans une cloche à vide ou dans
une atmosphère d'acide carbonique, dont il est difficile d'éliminer les dernières traces
d'oxygène, on arrive à des nombres qui concordent sensiblement avec la formule de
(') Cloez, Comptes rendus, t. LXXXI, p. :^69; LXXXII, p. Soi etLXXXIII, p. 943.
(-) Cette valeur dépasse notablement celle du poids moléculaire vrai de l'acide
élteostéarique ; l'écart lient à ce que l'expérience a porté sur des acides préparés sans
précautions spéciales et qui, bien que maintenus dans une atmosphère d'acide carbo-
nique, avaient déjà subi un commencement d'oxydation.
G. R., 1902, 2» Semestre. (T. CXXXV, N» 17.) 9^
698 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Cloer, mais si Ton a soin d'effectuer la dessiccation dans le vide de la trompe à mer-
cure, en opérant sur un produit fraîchement cristallisé et assez vite pour qu'il ne
s'écoule pas plus de [\0 à 45 minutes entre le début de la dissolution dans l'alcool du
corps brut et la mise en ampoules du corps pur, on trouve régulièrement o, 5 pour 100
de carbone en plus et à peu près autant d'hj'drogène en moins (^).
» Il en résulte que la véritable formule des acides en question doit s'écrire C'^ H^^O^,
et, en conséquence, que ces corps doivent être rangés dans la série stéarique, à côté
de l'acide linolénique qui, d'après Hazura, présente la même composition.
» III. Oxydation. — L'acide élseostéarique fusible à 71° est vivement attaqué
par le permanganate de potassium; en opérant comme nous l'avons dit autrefois, à
propos de l'oxydation de l'huile de ricin (-), on voit se former à peu près uniquement
de l'acide azélaïque, fusible à io5°-io6°, et de l'acide valérianique normal, qui a été
caractérisé sous forme d'éther élhylique, bouillant à i/JS". Le reste de la molécule,
qui comprend encore 4*** de carbone, est entièrement détruit, ce qui laisse indécise
la question de savoir si l'acide élceostéarique renferme deux ou trois liaisons multiples;
en d'autres termes, s'il est éthylénique et acétylénique ou Iriéthylénique.
>) Le seul fait certain qui découle des résultats précédents c'est que Tacide élaeo-
stéarique possède deux lacunes dans les positions 5 et g.
» L'acide fusible à /^S" donne, ainsi que nous l'avons expressément vérifié, les
mêmes produits d'oxydation que son isomère.
» Conclusions. — 1° Les deux acides signalés par Cloez dans son étude
de l'huile â'Elœococca sont des stéréoisomères, présentant entre eux les
mêmes rapports qui existent entre l'acide oléique et l'acide élaïdique.
)) 2° lis appartiennent à la série stéarique et possèdent la même formule
Çt8jj30Q2 qyg l'ycide linolénique des huiles de lin et de chénevis.
» 3° Le nom d'aciV/e élœomargarique, ne répondant plus à aucun des
caractères du corps qu'il désigne, devra être désormais supprimé. Nous
proposons de le remplacer par celui diacide élœostéariqiie ol, tout en con-
servant pour son isomère fusible à 71*^ la dénomination adoptée par Cloez,
à laquelle il suffira, pour éviter toute confusion, d'ajouter le symbole [3. >>
CHIMIE ANIMALE. — 5m/' la miisculamme, hase dérivée des muscles.
Note de MM. A. Étard et A. Yila, présentée par M. Roux.
« L Depuis de nombreuses années on s'efforce de connaître la consti-
tution chimique des groupes dont l'ensemble forme pendant la vie les tissus
(*) Carbone trouvé : 77,60 et 77,67; calculé : 77,70. Hydrogène trouvé : 10,89
et 10,86; calculé : 10,79. L'analyse a porté seulement sur l'acide fusible à 71°, qui
paraît être un peu moins altérable que son isomère.
(^) Bull. Soc. chim., 3* série, t. XXI, p. io6i.
SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1902. 699
et les humeurs de l'organisme. De ces études chimiques sortira quelque
jour une connaissance pkis complète des mutations cellulaires; aussi un
intérêt particulier s'attache à l'isolement de matières nouvelles dérivées
des protoplasmides. Après avoir hydrolyse du muscle de veau et séparé les
matériaux connus tels que tyrosine , glycocoUe , leucine et acide gluta-
mique, il reste un sirop très complexe soluble dans l'alcool méthylique pur.
L'acide phosphotungstique précipite abondamment ce sirop, mais ce der-
nier peut contenir bien des principes divers . Nous avons pensé que ,
parmi les alcaloïdes pouvant exister, une différence de basicité pourrait
se manifester vis-à-vis du chlorure de benzoïle. En milieu anhydre selon
la méthode de Gerhardt, le chlorure benzoïque réagit avec trop d'intensité.
La même réaction en solution potassique (Schotten-Baumann) ne nous a
pas donné de résultats très pratiques.
» Il nous a paru préférable de mélanger une solution de notre matière
avec des cristaux d'hydrate de baryum qui, en se dissolvant en présence de
doses successives de chlorure de benzoïle, maintient le mélange froid et en
tout cas forme moins vite de l'acide benzoïque.
» Dans ces conditions il se fait rapidement par agitation une masse caséeuse légère
de dérivé benzoïle facile à séparer par fîltration des matériaux, organiques en solution
alcaline et de benzoate de baryum très soluble.
» Il est à remarquer qu'on sépare autant de produit benzoïle, sinon plus, que de
leucine. En tout cas la séparation est assurément plus aisée.
« Par Faction de l'eau bouillante alcaline on amène le dérivé benzoïle à l'état de
fines aiguilles dont la solubilité à froid n'est plus que de o, i5 pour 100.
Calculé
pour
Analyse. I. II. III. IV. C^^H^^Az^OS.
c 73,3 73,6 73,5 73,4 73,8
H 7,1 7,0 7,1 7,6 7,0
Az 8,7 8,8 8,6 8,9
» Le nouveau dérivé benzoïle est soluble dans l'alcool et les échantillons I et II n'ont
été purifiés que par ce moyen. La purification par l'eau a fourni l'analyse IV. Enfin,
propriété remarquable, ce corps bout sans décomposition notable au-dessus de 36o"
alors que le verre déjà mou teinte la flamme en jaune. C'est là un moyen de purification
rapide, car la matière distillée recristallise bientôt et se dissout dans l'eau, elle a servi
à établir l'analyse III.
» Le dérivé caractérisé par les nombres ci-dessus soumis à l'hydrolyse a donné une
quantité d'acide benzoïque compatible seulement avec la formule d'un irisubstitué, et
dès lors l'alcaloïde isolé du muscle doit avoir la formule G^Il-^Az^. Cette première
partie du travail se suffit à elle-même. Il existe une base en Az* non oxygénée. Nous
avons eu 4oo8 de son tribenzoïlé.
rjOO ACADEMIE DES SCIENCES.
» II. Une nouvelle quantité de benzoïle dérivé a été hydrolysée et la
base libre isolée par Téther d'une solulion très riche en soude.
» C'est un liquide épais, très soluble dans Feau, d'odeur spermatique, se carbonatant
énergiquement à l'air. Son chlorliydrate cristallise fort bien et correspond à la formule
C^H^^Az^, 3HC1. Le chlorure de platine en présence d'un excès de chlorhydrate a
donné des cristaux volumineux, couleur de bichromate de potasse; avec un excès de
sel de platine on a obtenu un précipité immédiat d'aiguilles mordorées. Tous deux
ont même composition :
Calculé
Analyse. pour
. ^ CIP'Az^SHCl.
C 11,3 11,7 I ^^ ' 'i
H 2,6 3, G 3, 1
Pt 37,6 36,9 37,5
)) Par une seconde voie, indépendante, on démontre que la nouvelle
base, qui peut se nommer provisoirement musculamine, est triazotée, les
trois azotes agissant de même que trois (OH) dans une glycérine. Une com-
paraison directe avec l'arginine a montré qu'il n'y avait pas identité. Il est
possible que notre base n'ait pas de relations avec le groupe guanidique ; ce
serait le premier exemple d'une triamine parmi les produits biologiques. »
PHYSIOLOGIE ANIMALE. — Sur l'origine de la coloration naturelle des soies
de Lépidoptères. Note de MM. D. Levrat et A. Conte, présentée par
M. Alfred Giard.
« Chez la plupart des chenilles de Lépidoptères, le produit de la sécré-
tion des glandes séricigènes est incolore; lorsqu'il est coloré, il l'est en
jaune ou en vert. Nous nous sommes demandé quelle pouvait être l'origine
de ces pigments jaunes et verts. Sont-ils fabriqués de toutes pièces par
l'animal ou sont-ils simplement puisés dans la feuille dont il se nourrit?
» La première de ces hypothèses est généralement admise depuis que
les travaux d'Alessandrini, Joly, R, Dubois etL. Blanc ont montré qu'il était
impossible à une matière colorante conteiuie dans l'intestin d'arriver
jusqu'à la soie. Les résultats contraires signalés par Bonafous, E. Blan-
chard, Roidiu et Villon ont été niés d'une façon absolue et seraient la
conséquence d'une souillure du fil de soie à sa sortie de la filière.
» Si les matières colorantes employées jusqu'ici ne traversent pas
facilement les parois du réservoir soyeux, en est-il de même pour tous les
principes colorés et pour tous les vers à soie? C'est pour répondre à cette
question que nous avons entrepris de nouvelles expériences.
SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1902. -yoi
» Nos essais ont porté sur une espèce sauvage, VAttacus Orizaba (West-
wood) et une domestique, le Bombyx Mori (race française à soie jaune et
racepolyvoltine de Chine à soie blanche). Les matières colorantes utilisées
étaient le rouge neutre (rouge de toluylène), le bleu de méthylène BX et
l'acide picrique.
» 1. Attacus Orizaba. — Trente chenilles, nées le 16 juin 1902, ont été divisées en
plusieurs lots et élevées sur des branches de troène dont on avait badigeonné les
feuilles avec une solution aqueuse de la matière colorante.
» Dans un lot, neuf chenilles ont reçu dès leur naissance des feuilles imprégnées de
rouge neutre; elles les ont mangées sans manifester aucune répugnance et se sont
développées normalement. La teinte générale du corps rouge foncé indiquait la pré-
sence de la matière colorante dans le sang.
» Dans le but d'éviler à la soie toute cause de souillure, les larves, au moment du
coconnage, ont été soigneusement lavées sous un filet d'eau et transportées sur des
branches fraîchement cueillies.
» La soie, au sortir de la filière, est teinte en rose et le cocon tout entier présente une
belle coloration rouge.
» Deux chenilles du lot ci-dessus ont été isolées à la quatrième mue et nourries
pendant tout le dernier âge avec des feuilles dépourvues de rouge neutre. Ces
chenilles se sont peu à j^eu décolorées, et la soie qu'elles ont filée était à peine teintée
en rose.
)) Quatre autres chenilles ayant mangé des feuilles naturelles jusqu'à la quatrième
mue reçoivent une nourriture colorée pendant le cinquième âge seulement et fournissent
des cocons aussi rouges que ceux du premier lot, dont les chenilles avaient absorbé du
rouge pendant toute la durée de la vie larvaire.
» Des chenilles élevées sur du bleu de méthylène semblent manger les feuilles avec
moins d'avidité, leur développement se trouve ralenti et elles sécrètent une soie
moins abondante et légèrement bleutée.
» Enfin un dernier loi à' Attacus Orizaba, nourri avec des feuilles de troène trempées
dans une solution d'acide picrique, donne des cocons dont la soie est blanche.
» Ainsi, nous voyons que le rouge neutre passe facilement par osmose à travers les
tissus tandis que le bleu de méthylène ne les traverse qu'avec difficulté et que l'acide
picrique est complètement arrêté.
» Pour répondre d'une façon rigoureuse aux critiques inspirées par l'hypothèse
d'une coloration superficielle du fil de soie à la suite de souillures possibles de la
filière, nous avons fait à deux chenilles prêtes à filer des injections de rouge neutre
dans l'avant-dernière fausse palle gauche; ces chenilles se sont instantanément colo-
rées en rouge, et, sans paraître le moins du monde incommodées, se sont mises à filer
une soie légèrement rosée.
» 2. Bombyx Mori. — Les mêmes expériences ont été faites sur deux races de
Bombyx Mori, l'une à soie jaune, l'autre à soie blanche. Dans les deux cas, les
chenilles se colorent en rouge violacé aussitôt après le premier repas et donnent une
y02 ACADEMIE DES SCIENCES.
soie jaune orangé vif pour les premières et d'un beau rose pur pour les vers à soie
blanche. La coloration s'accentue avec la durée de l'alimentation colorée.
n Ce fait montre que le passage de la matière colorante à travers la glande séri-
cigène se fait moins facilement que chez VA. Orizaba. Le résultat sera-t-il le même
après plusieurs générations soumises à ce régime artificiel? C'est ce dont nous nous
assurerons.
» De ces recherches il résulte la possibilité de faire passer une sub-
stance, matière colorante par exemple, du tube digestif sur la soie par
l'intermédiaire du sang.
» Cette conclusion permet de chercher l'origine de la coloration natu-
relle des soies dans la matière colorante verte des feuilles.
» Une soie est blanche parce qu'aucune matière colorante n'a pu fran-
chir les parois du réservoir. Dans les soies vertes c'est la chlorophylle des
feuilles qui intervient; nous avons, en effet, constaté que, dans une espèce
à soie verte, VAiilherœa Yama Mai (Guérin-Méneville), le sang fournit le
spectre de la chlorophylle. Le pigment jaune contenu dans le sang des
espèces à soie jaune est identique, comme l'ont déjà montré R. Dubois et
L. Blanc, à celui des feuilles de mûrier et provient directement de ces
feuilles.
)) Il n'y a pas lieu de supposer que la matière colorante des soies puisse
être fabriquée par l'animal lui-même, comme les résultats négatifs des
essais de coloration artificielle avaient conduit à l'admettre. "
ZOOLOGIE. — Sur le genre nouveau Gyrinocheilus, de la famille des
Cyprinidai. Note de M. Léon Yaii^lanï, présentée par M. Edm. Perrier.
« Ce Cyprinoïde fait partie des collections rassemblées par M. le
D'^ J. Bùtlikofer en 1898 et 1894 à Bornéo, collections dont le Musée de
Leyde a bien voulu me confier l'examen. Il a été trouvé à l'embouchure du
Raoen, cours d'eau torrentiel des parties hautes du Rapoéas, presque au
centre de l'île. Son aspect le rapproche des Disco gnathus , surtout par la
disposition des nageoires placées horizontalement à la partie inférieure du
corps pour servir d'organes d'adhérence.
w La conformation de la bouche offre certaines analogies avec celles de ces mêmes Pois-
sons, tout en présentant des particularités absolument spéciales. Les deux lèvres forment
une sorte de double voile antérieur et postérieur ; mais ce qui leur donne un caractère
tout à fait à part, c'est qu'elles sont l'une et l'autre chargées d'une quantité innom-
SÉANCE DU 27 OCTOBRE I902. ^o3
brable de papilles minuscules de o^'^jS de haut sur o°"",3 de large, disposées en
séries moniliformes sur plus d'une vingtaine de rangs. Chacune de ces papilles est
coiffée d'une gaine chitineuse. Au fond de l'infundibulum formé par ces lèvres se
trouve la bouche petite, triangulaire, peu dilatable. Par plusieurs de ces détails, cet
ensemble rappelle l'appareil buccal du têtard des Batraciens anoures.
» Le tube digestif est très étroit, d'une longueur démesurée, quatorze fois environ
celle du corps, indiquant par plusieurs caractères un régime limnopliage.
» L'appareil respiratoire n'est pas moins singulier. Le battant operculaire offre une
disposition tout à fait particulière. Son bord libre se décompose en deux parties. Dans
son tiers supérieur une échancrure concave postérieurement laisse un vide entre elle
et la ceinture scapulaire ; ce vide est occupé par une membrane dirigée obliquement
en dedans, de manière à former une valvuve qui permet l'entrée, mais s'oppose à la
sortie de l'eau. La partie inférieure du battant conserve sa structure et l'usage qu'on
lui connaît chez les Poissons en général, c'est-à-dire exactement inverse de celui de la
valvule supérieure. On comprend, d'après cette disposition anatomique, que, lors de
l'écartement de cet opercule, l'eau pénètre d'abord par l'orifice supérieur pour
arriver aux branchies, puis, lors du mouvement contraire, l'orifice supérieur se ferme
par le relèvement de la valvule et l'eau, soulevant le prolongement cutané de la partie
inférieure, s'échappe au dehors. Une circulation du fluide respiratoire peut s'établir
ainsi, sans que l'entrée par la bouche soit nécessaire; c'est ce que l'on connaît chez
divers Ganoïdes et chez certains Elasmobranches, les Raies en particulier, par le jeu
de l'évent, combiné avec celui de l'orifice ou des orifices branchiaux externes, mais une
disposition analogue n'avait jamais été signalée chez les Téléostéens.
» Cette interprétation physiologique est confirmée par l'examen de l'appareil
branchial. Chaque lame respiratoire, en outre des ratelures ou trachéaux antérieurs,
constitués ici par de fines lamelles étroitement empilées, en présente de supplémen-
taires, ceux-ci en forme de simples épines, placés à son bord supérieur, précisément
à la limite entre la chambre de l'évent et la véritable chambre branchiale. La présence
de ces trachéaux supplémentaires prouve à elle seule qu'une pénétration de l'eau a
lieu en ce point. Le Gyrinocheilus doit se fixer par sa ventouse buccale pour absorber
la vase, dont il fait sa nourriture ; cette opération plus ou moins laborieuse empêchant
la respiration normale de s'effectuer par la bouche, la disposition spéciale de l'appareil
operculaire y supplée en établissant une circulation respiratoire auxiliaire.
» Pour expliquer la présence de l'évent chez les Elasmobranches hypolrêmes, les
Raies en particulier, où il se montre avec un grand développement et peut être faci-
lement étudié, on a pensé que le mode habituel de station pour ces animaux sur le sol,
en gênant l'entrée de l'eau par la bouche, nécessitait l'existence d'une seconde voie
inspiraculaire. Le Gyrinocheilus nous montre que cette disposition anatomique peut
avoir sa raison d'être dans des nécessités biologiques, en rapport avec la préhension
des aliments et la déglutition ; ceci pourra jeter quelque jour sur l'usage de cet appa-
reil chez certains Squales pleurotrêmes ; chez certains Ganoïdes, où l'évent n'est pas
moins développé que chez les Raies et qui, essentiellement nageurs, n'ont pas le mode
de station de celles-ci.
B L'appareil pneumatophysaire, proportionnellement peu développé, mais d'une
étude facile en raison du volume de l'exemplaire, qui ne mesure pas moins de
7o4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
280™'°+ 75™™= 355'"™ de longueur, se compose, pour ce qui esl de la vessie nata-
toire proprement dite, de deux parties : l'une antérieure, à peu près sphérique, de e-""»
de long sur 10"'» de large, fixée à la région occipitale, l'autre postérieure, en forme de
cul-de-sac cylindrique, d'environ 10""" de long sur i'"'" à 2«"° de large; à leur jonction
naît le canal pneumatophore. L'ensemble de cet appareil rappelle en somme celui des
Cohitis, moins la capsule osseuse et avec un développement plus accusé àeVappendix
vesiculosa de Weber, vestige lui-même du second sac habituel chez les Cyprinoïdes
proprement dits.
» La place des Gyrinocheilus dans la section des Homalopterina, inter-
médiaire à celles des Cyprinina et des Cobitidina, paraît justifiée par ces
considérations anatomiques. «
ZOOLOGIE. — Contribution à l'étude des Anophèles de V isthme de Suez.
Note de M. Cambouliu, présentée par M. Laveran.
« Depuis la découverte capitale de l'Hématozoaire du Paludisme qui a
permis d'établir la théorie anophélienne de la propagation de ce parasite, il
est devenu indispensable, pour bien étayer la prophylaxie de la fièvre inter-
mittente, de déterminer les espèces A' Anophèles particulières à chaque
région et de connaître leurs mœurs. Les espèces que nous avons rencontrées
jusqu'ici dans l'isthme de Suez sont au nombre de trois.
)) Première espèce. — Il s'agit d'un petit Gulicide, couleur marron, long de 5™""
à 6™™, bossu comme les Culex dont il imite si bien les attitudes qu'il est difficile de
l'en distinguer, à première vue. Ses principaux caractères peuvent êlre résumés comme
il suit. Nous n'avons vu que des femelles.
» Trompe noire, à olive beige, sensiblement plus courte que les palpes; ceux-ci
portent de minces anneaux blonds sur les trois dernières articulations et un petit
bouquet de poils noirs à l'extrémité distale du dernier article.
» Ailes gris clair, transparentes, avec six petites taches noires entrecoupant le costa
et les premières nervures. Nombreuses traînées bleu et or le long des autres nervures
et des espaces intercalaires, visibles plutôt sur fond noir.
» Pattes sombres, sans dessins, taches beiges aux genoux. Ongles : 00-00-00.
» Abdomen hérissé de longs poils, sans écailles ; segments un peu plus colorés en
dehors.
» Nous avons recueilli une autre femelle à'' Anophèles très semblable à celle-ci,
mais qui avait le dernier article des palpes clair, les taches des ailes plus longues, des
anneaux blancs à cheval sur les deux premières articulations tarsiennes, et le cin-
quième article clair ; des bandes foncées encerclant la moitié externe des segments de
l'abdomen.
» Ces deux Gulicides, qui nous semblent être des variétés d'une même espèce, sont
SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1902. 70^
voisins de A. c ulcci/acies Giles, cependant ils possèdent assez de caractères spéci-
fiques pour mériter une place à part et nous proposons de les apY)e\ev Anophèles mul-
licolor a et p.
» Deuxième espèce. — Culicide très noir dans son ensemble. <\ 8™™ de long;
cf inconnu.
» Tête et ses appendices uniformément noirs.
)) Palpes un peu plus courts que la trompe, très squameux, avec un léger anneau
blanc à cheval sur la troisième ariiculation et une tache claire à l'extrémité apicale
du dernier article. Moitié externe de l'aile entièrement sombre, sauf une petite tache
jaune sur le costa, un peu en dehors de son milieu, et une autre qui coupe plus loin
le Costa et les deuxième et troisième nervures.
» Fémur de la première paire de pattes en forme de massue. Extrémités apicales
des tibias et des trois premiers articles du tarse cerclés de blanc; quatrième et cin-
quième articles des tarses des pattes postérieures entièrement blancs. Ongles : 00-00-00.
» Ce Culicide présente plusieurs caractères qui le rapprochent àe Anophèles Theo-
haldi Giles.
» Troisième espèce. — Il s'agit de A. Pliaroensis Theobald. Nous avons pu étudier
cette espèce ab ovo et compléter, sur plusieurs points, les descriptions qui en ont été
di'jà données.
» La femelle de A. Pharoensis dépose sur l'eau, en ordre éparpillé, i5o à 200 œufs
fusiformes, gris clair. Les larves se développent très bien dans un bocal d'eau claire
additionnée de limon du Nil et de végétaux frais. Elles se métamorphosent en nymphes,
après 1 1 jours, à une température minima de 20°, beaucoup plus lentement au-dessous.
Elles atteignent 5™™ à 6""" de long. Les six anneaux intermédiaires de l'abdomen des
larves sont garnis, de chaque côté de la ligne médiane, d'un bouquet qui bien étalé et
grossi ressemble à une fleur de lotus. Les nymphes évoluent en 2 ou 3 jours, les mâles
d'abord.
» A. Pharoensis ailé est un Culicide à coloration générale grisâtre, plus claire
chez cf. Il a une forme fuselée et ses appendices buccaux redressés lui donnent un air
menaçant, p 8™™ de long, cf lo"'"".
» Front large, yeux écartés en dessus.
» Palpes de la femelle moins grands que la trompe de la longueur de l'olive; ceux
du mâle de même dimension que la trompe et s'écartant à la manière d'une lyre, à
partir de leur milieu. Leurs bords latéraux sont garnis de squames perpendiculaires à
l'axe qui les font paraître plus larges.
» Thorax : gris cendré, avec trois raies longitudinales et deux taches de couleur
brune très caractéristiques.
» Pattes : anneaux clairs aux extrémités distales des trois premiers articles tarsiens
et une large bande blanche couvrant la moitié du quatrième article tarsien et tout le
cinquième, aux pattes postérieures. Ongles Q^ 00 — 00 — 00; cf 2 — 00 — 00.
» Ailes grises avec six taches noires sur le bord antérieur.
» Abdomen marron, couvert de squames qui s'accumulent en touffes sur les flancs
des six anneaux médians.
» A. Pharoensis attaque à toute heure, mais de préférence au coucher du soleil; sa
piqûre est très cuisante.
C. R., tgoa, 2* Semestre. (T. CXXXV, N° 17.) 9^
7o6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Après des recherches multipliées, nous nous croyons autorisé à
exprimer l'opinion que les A. Pharoensis peuvent être transportés en
masses, par les grands vents, à des distances de 20'''" à 3o'"", lorsque aucun
obstacle ne s'y oppose. Cette proposition heurte, nous le savons, les convic-
tions les plus autorisées et demanderait à être démontrée, mais cela nous
entraînerait à des développements qui ne peuvent pas prendre place dans
cette Note; nous reviendrons sur cette question dans un travail ultérieur. »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Conditions physiques de la tubérisation chez les
végétaux. Note de M. Noël Bernard, présentée par M. Gaston Bonnier.
« E. Laurent a signalé incidemment, dans ses Recherches expérimentales
sur la formation d'amidon dans les plantes, qu'on pouvait obtenir le déve-
loppement en tubercules des bourgeons d'une tige aérienne de pomme
de terre coupée et plongée par sa base dans une solution de saccharose
suffisamment concentrée. Les boutures ainsi traitées peuvent vivre plus
d'un mois sans développer de racines; elles absorbent directement la
solution dans laquelle elles plongent par l'ouverture de leurs vaisseaux
sectionnés. L'expérience réussit encore quand on assure par des procédés
convenables l'aseptie de la solution et de la partie de la tige qui s'y trouve
plongée.
-» La théorie parasitaire des phénomènes de tubérisation chez les végé-
taux, que j'ai antérieurement développée, et qui consiste à admettre que
« le développement des bourgeons en tubercules est le symptôme apparent
)) d'une modification générale du milieu intérieur d'une plante par l'action
» de champignons endophytes vivant dans ses organes absorbants », se
trouve en apparence contradictoire avec ce cas. J'ai repris de semblables
expériences et me propose ici de préciser, d'étendre et d'interpréter leur
résultat.
» J'ai expérimenté avec des pommes de terre de la variété précoce dite Victor ;
chacune était plongée par sa base dans un flacon contenant So*""' de la solution em-
ployée, après qu'on avait coupé le bourgeon terminal, et toutes les boutures d'une
même série d'expériences étaient mises ensemble sous une grande cloche, à la lumière
diffuse, dans une serre dont la température restait comprise entre lô" et 20°.
» Je me suis borné, pour maintenir la constance des propriétés des solutions
employées, à les renouveler fréquemment et à couper la portion immergée des
boutures pour immerger une portion nouvelle, chaque fois que des moisissures s'y
développaient en quantité appréciable. La durée des expériences est de i5 jours à
un mois.
SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1902. 707
» 1° En employant des solutions aqueuses de saccharose, de glucose, de glycérine
et de chlorure de potassium, j'ai reconnu qu'on pouvait obtenir, avec toutes ces
substances, des tubercules sur les boutures qui y sont plongées. Il existe pour chacune
une concentration critique au-dessous de laquelle on obtient régulièrement le déve-
loppement des bourgeons en rameaux feuilles et au-dessus de laquelle on obtient
toujours des tubercules. La concentration minimum nécessaire pour l'obtention des
tubercules varie avec diverses circonstances et notamment paraît diminuer quand on
prend (pour plusieurs séries d'expériences faites avec les solutions d'une même
substance) des boutures sur des pieds de plus en plus âgés.
» 2° Je me suis proposé de comparer les concentrations critiques pour différentes
solutions en opérant sur des boutures aussi exactement comparables qu'il est possible.
Pour cela j'ai récollé les tiges à mettre en expérience au même moment ( 2 juillet 1902)
sur des plantes de même âge (47 jours) provenant de la plantation d'un lot de
tubercules qui avaient été récoltés en 1901 sur un même pied. Les substances
employées ont été le glucose et le chlorure de potassium; j'ai fait de chacune une
série de solutions de concentrations graduellement croissantes. J'ai pu ainsi déter-
miner pour chacune une limite inférieure et une limite supérieure de la concentration
critique qui correspondent respectivement à la plus concentrée des solutions où l'on
obtient le développement des bourgeons en rameaux feuilles et à la moins concentrée
de celles où l'on obtient le développement des bourgeons en tubercules. Les données
relatives à ces concentrations critiques, seules utiles à reproduire, sont indiquées dans
le Tableau suivant :
Glucose. Chlorurp de potassium.
Limite Limite Limite Limite
inférieure, supérieure. inférieure, supérieure.
Poids dissous dans 1000^°' de solution.. . 1^,8 2^,7 0^,49 oSj^S
Abaissement du point de congélation de
la solution 0^,22 os,33 0^,24 os,36
» Les valeurs limites des points de congélation sont assez rapprochées pour qu'on
puisse admettre que le point de congélation de la solution critique est le même
dans les deux cas ; l'incertitude possible de un dixième de degré paraît inévitable
dans de semblables expériences.
)) Ces expériences m'amènent à conclure que l'oblention expérimentale
de tubercules, sur des boutures plongées dans ime solution à partir de
laquelle se constitue directement leur milieu intérieur, paraît dépendre
non des propriétés spécifiques de la substance dissoute, mais de la con-
centration de la solution en substances dissoutes quelles qu'elles soient.
Des solutions renfermant le même nombre d'unités physiques (molécules
ou ions), ayant le même point de congélation et, par suite, la même ten-
sion de vapeur et la même pression osmotique, agissent de la même
manière pour des boutures comparables.
» Il devient, dès lors, vraisemblable que la tubérisation des bourgeons
7o8 ^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
sur une plante, à un moment déterminé de sa vie, dépend immédiatement
de la réalisation d'un certain degré de concentration de la sève qui les
nourrit en substances dissoutes quelles qu'elles soient.
)) La présence, dans les tissus de la plante, de parasites capables de pro-
voquer par leurs sécrétions diastasiques le dé;loublement d'édifices molé-
culaires complexes et d'augmenter ainsi le nombre des unités physiques
du milieu est une des conditions qui peuvent amener cet état. Dans les
conditions naturelles de la vie cette action peut être prépondérante, et
paraît l'être au moins dans certains cas.
» Mais il devient logique de penser que d'autres conditions, en parti-
culier celles qui règlent la transpiration, puissent intervenir. L'expérience
de E. Laurent n'est pas contradictoire avec la théorie parasitaire que j'ai
proposée; elle amène, au plus, à croire qu'il peut être aussi difficile de
coordonner, par une théorie exclusivement parasitaire, les phénomènes de
prolifération et d'hypertrophie cellulaire qui aboutissent chez les végétaux
à la formation de tubercules qu'il l'a été, jusqu'à présent, d'édifier une
théorie parasitaire générale des tumeurs chez les animaux. »
BOTANIQUE. — Observations sur la germination des spores du Saccharomyces
Ludwigii. Note de M. A. Guilliermond , présentée par M. Gaston
Bonnier.
« Hansen (') a constaté, dans les spores du 5. Ludwigii, un mode de
germination très particulier qui diffère de celui de toutes les autres levures ;
les spores, au lieu de bourgeonner en des endroits quelconques à la façon
des cellules végétatives, germent en un seul point en produisant un tube
germinatif qu'il désigne sous le nom àe promycélium ; c'est de ce promycé-
lium, lorsqu'il a atteint une certaine longueur, que naissent les nouvelles
cellules par formation de cloisons médianes. En outre, presque constam-
ment les spores se fusionnent deux à deux avant de donner ce promycélium.
L'auteur, n'ayant pas étudié le noyau, n'a pas pu donner une interprétation
certaine sur la signification biologique de ce phénomène. Cependant, cette
fusion servirait, d'après lui, « à mettre les spores en état de développer un
» nombre relativement plus grand de cellules de levures; on ne saurait la
!) considérer comme un véritable acte sexuel ».
(*) Hansen, Sur la germination des spores chez les Saccharomyces {Comptes
rendus des travaux du laboratoire de Carlsberg, 3« Vol., i'''Livr.; 1891).
SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1902. 709
)> Nous avons montré dans une précédente Note (') que cette fusion
n'avait pas le caractère général que lui attribuait Hansen et qu'il existait
des variétés de S. Ludwigii qui avaient complètement perdu cette singulière pro-
priété. Nous en avons, en effet, étudié une dont les spores produisaient tou-
jours isolément leur promycélium sans jamais subir de fusion. Depuis, M. le
professeur Momsen a eu l'obligeance de nous envoyer une autre variété dans
laquelle nous avons constaté ces phénomènes de fusion. Cette dernière dif-
férait peu delà précédente; ses cellules étaient cependant plus allongées et
de formes plus irrégulières; mais, tandis que la première sporulait très dif-
ficilement, celle-ci ne fournissait que très peu de spores; il n'y iivait guère
que 10 pour 100 des cellules qui se transformaient en asques.
» Nous avons suivi la germination de cette levure. Elle s'effectue suivant le mode
décrit par Hansen; les spores, ordinairement au nombre de quatre dans chaque asque
et disposées par groupe de deux, se gonflent, puis se fusionnent deux à deux : cha-
cune produit un petit bec et les deux becs formés par deux spores d'un même groupe
se soudent; la cloison qui les sépare se résorbe, ce qui détermine ainsi un canal de
communication. Dans la suite, le canal de communication s'allonge et donne naissance
au promycélium. Le plus souvent cette fusion s'établit entre deux spores d'un même
groupe ; exceptionnellement, par suite de dégénérescence de l'une d'elles, la fusion peut
s'accomplir entre des spores non contiguës; parfois même nous avons observé des
fusions entre spores appartenant à des asques différents, voisins l'un de l'autre.
» Ces phénomènes de fusion étaient très généraux et s'effectuaient presque constam-
ment pendant la germination des spores; quelques spores cependant naissaient iso-
lément.
» Nous nous sommes attaché particulièrement à nous rendre compte de la façon
dont se comporte le noyau pendant ce phénomène. Chacune des spores, au moment
de germer, possède un nojau sous forme d'une petite masse sphérique et homogène,
accolée à la membrane, et une vacuole renfermant un certain nombre de grains rouges
de Bûtschli : au moment où elles se préparent à la fusion, le noyau se porte ordinai-
rement dans le petit bec, puis l'on trouve des stades avec deux noyaux séparés par la
cloison, et d'autres où, cette cloison étant dissoute, il n'existe plusqu'«« seul noyau.
Les vacuoles subsistent dans les deux spores et le canal de communication est ordinai-
rement rempli d'un cytoplasme très dense, qui ne se vacuolise que plus tard, lorsque
le promycélium commence à se former. Le noyau unique reste quelque temps au milieu
du canal de communication, et ce n'est que lorsque le promycélium a atteint une cer-
taine longueur qu'il s'y engage et se divise pour donner naissance aux nouvelles
cellules.
(') GuiLLiERMONi), Considérations suf la sexualité des levures {^Comptes rendus,
28 décembre 1901). Recherches cytologiques sur les levures {Thèse de Doctorat de
la Faculté des Sciences de Paris; J902).
^lO ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Les colorations présentent de sérieuses difficultés, par suite du petit nombre des
spores, de la petitesse des spores et du noyau; néanmoins, nous avons obtenu, à l'aide
de rhématoxjline de Heidenhain, des préparations très nettes, et nous avons pu con-
trôler les résultats ainsi obtenus avec l'hémalun. Ce réactif différencie bien le noyau,
qui se colore en bleu mat, des grains rouges qui prennent une teinte rouge vineux.
Il ne paraît donc y avoir aucun doute sur la fusion nucléaire; l'existence de stades à
un seul noyau après la résorption de la cloison séparatrice ne peut s'expliquer autre-
ment, et il semble bien qu'on doive considérer ces phénomènes de fusion, non comme
de simples anastomoses, telles qu'on en rencontre souvent chez certains champignons,
mais comme une véritable conjugaison par isogamie.
» Nous avons signalé antérieurement des phénomènes de conjugaison
précédant la formation de Tasque dans les Schizosaccharomycètes. Barker,
de son côté, en a constaté d^inalogues dans son Zygosaccharomyces. Le
S. Ludwigii subit un acte sexuel qui s'effectue par un procédé très voisin,
mais qui, au lieu de s'opérer avant le développement de l'asque, s'accomplit
à un slade ultérieur entre les spores.
» Quelque étranges que puissent nous paraître ces faits, ils n'ont cepen-
dant rien qui doive nous surprendre outre mesure, car des exemples de
conjugaisons, se produisant dans un même groupe à des stades différents
du développement, ont été déjà observés chez les Protozoaires. »
BOTANIQUE. — Sur le pollen des Asclépiadées. Note de M. Paul Dop,
présentée par M. Gaston Bonnier.
« J'ai étudié le développement du pollen et la formation des pollinies
dans les Asclépiadées suivantes: Asclepias mexicana Ca\ . , Vincetoxicum
nigrum Mœnch, Gomphocarpus fruticosus R. Br., Marsdenia erecta R. Br.,
Araujia abbeus L. , Stapelia variegatah. Pour toutes ces plantes, en employant
des méthodes décoloration nouvelles, j'ai obtenu des résultats comparables
à ceux que M. Cliauveaiid (*) a obtenus dans l'étude du Vincetoxicum
officinale.
» Contrairement à l'opinion de Corry (^), qui faisait dériver les cellules
(') G. Chaijveaud, De la reproduction chez les Dompte-Venin ( Thèse de Doct. en
médecine de la Faculté de Paris, 1892 ).
(■-) Corry, On the mode of development of the pollinium in Asclepias Cornuti
( 7'/ze Transac. of the Linn.Soc. of London, Vol. II, i884). — On the structure and
development of the gymnostegium, and the mode of fertilization in Asclepias
Cornuti {Transac, Vol. II).
SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1902. 7II
mères primordiales du pollen, 'dans le genre Asclepias^ du cloisonnement
d'une cellule unique Varchesporium, j'ai établi que ces cellules provenaient,
dans tous les cas étudiés, du cloisonnement de plusieurs cellules d'une
assise sous-épidermique, comme M. Chauveaud l'a déjà montré dans le
Vincetoxicum ojjicinale.
» Le Dombre des cellules mères primordiales ainsi différenciées est variable; on en
trouve, sur une section transversale, trois ou quatre dans les G. Vincetoxicum, Ascle-
pias, Gomphocarpus et Marsdenia; huit à dix. dans les G. Stapelia et Araujia. Ces
cellules se divisent directement par cloisonnements successifs, comme chez les Mono-
cotylédones, en quatre cellules filles qui deviennent les grains de pollen. Ce cloisonne-
ment se fait suivant deux modes : dans les G. Âsclepias, Vincetoxicum, Gompho-
carpus et Marsdenia, des cloisons tangentielles et radiales, par rapport à l'axe de la
fleur, découpent des grains de pollen parallélépipédiques. Dans les G. Stapelia et
Araujia il n'existe jamais de cloisons tangentielles.
» J'ai observé uniquement des cloisons radiales, les unes passant par les axes de la
fleur, les autres perpendiculaires à cet axe. Il en résulte que les grains de pollen ont
la forme de prismes allongés de la face ventrale à la face dorsale du sac pollinique et
que leurs noyaux sont tous situés dans un plan qui divise le sac pollinique en
deux parties symétriques, une dorsale et une ventrale. Dans les deux cas, les parois
mitoyennes de ces grains ne se dédoublent jamais, de telle sorte que l'ensemble de la
pollinie forme un véritable massif cellulaire dans chacun des deux sacs de l'étamine.
» La formation des parties annexes de la pollinie se fait de la façon suivante : l'en-
veloppe cireuse est sécrétée par les cellules de l'assise nourricière, qui jouent ainsi un
double rôle. Formée d'une seule couche de cellules dans les genres Vincetoxicum,
Asclepias et Stapelia, celte assise comprend trois ou quatre couches dans le genre
Marsdenia et cinq ou six dans les genres Araujia et Gomphocarpus. Ces cellules,
de forme irrégulière, présentent à l'état jeune un protoplasma épais, qui se colore
vivement par l'hématoxyline, ainsi qu'un noyau volumineux.
» Quand ces cellules ont acquis leurs dimensions définitives, l'action de certains réac-
tifs, du Sudau III en particulier, permet de reconnaître dans leur protoplasma la pré-
sence d'une matière cireuse qui n'existe jamais dans le pollen et qui se retrouve plus
tard à l'extérieur de l'assise nourricière intimement accolée contre le pollen. Cette sub-
stance est donc sécrétée par le proloplasma des cellules de l'assise nourricière; elle
traverse leur membrane et vient constituer le revêtement de la pollinie. Ce n'est ni
de la callose, ni de la pectose, car elle ne se colore ni par le bleu d'aniline, ni par le
bleu brillant, ni par le rouge de ruthénium. Par contre, la coloration rouge qu'elle
prend sous l'action du Sudau III montre qu'elle est formée par des éthers d'acides
gras, c'est-à-dire qu'elle est analogue à une cire.
» Après cette sécrétion, le contenu de la cellule s'éclaircit; il prend, sous l'action
de rhématoxyline, une teinte gris clair et son noyau se fragmente en petits grains
chromatiques épars çà et là. Finalement la cellule se détruit. C'est là d'ailleurs un
phénomène normal dans toutes les assises nourricières.
)) Les caudicules et les rétinacles sont sécrétés par des cellules épidermiques du
712 ACADÉMIE DES SCIENCES.
stigmate, dont la disposition est en rapport avec la forme des poUinies. C'est ainsi
que dans les genres à pollinies pendantes {Araujia, Gomphocarpus, Asclepias, Vince-
toxicinn) les cellules qui sécrètent les rétinacles sont placées soit sur les faces du stig-
mate, soit sur des expansions de ce dernier, mais toujours au-dessus des sacs polli-
niques. Dans les genres à pollinies dressées {Marsdenia, Stapelia) le tissu sécréteur
est placé au-dessous des sacs polliniques. Les cellules qui constituent ce tissu sont des
cellules épidermiques allongées radialement de façon à prendre l'aspect d'un paren-
chyme en palissade, La substance sécrétée par le protoplasma, colorable d'ailleurs à
l'intérieur des cellules par le Sudau III, s'accumule dans la zone externe, reléguant le
noyau à la partie basale. Ce déplacement du noyau est surtout net dans les cellules qui
sécrètent les parties les plus épaisses, c'est-à-dire les rétinacles. Après l'expulsion, au
travers de la membrane, de la matière cireuse qui est analogue à celle qui entoure les
pollinies, les cellules ne meurent pas immédiatement; elles vivent un certain temps,
mais leur noyau finit par se fragmenter. Sécrétés par des bandes de cellules analogues,
les caudicules se développent jusqu'au contact des sacs polliniques. La déhiscence de
l'étamine s'accomplit toujours dans une région où l'assise nourricière n'est séparée du
stigmate que par une ou deux assises cellulaires. Cette déliiscence poricide s'accomplit
parfois par l'intermédiaire d'une assise mécanique {Marsdenia, Vincetoxicum). Dans
tous les cas, api'ès la déhiscence, la pollinie fait saillie à l'extérieur comme si elle
subissait un accroissement et vient se coller au caudicule voisin.
» En somme, dans toutes les Asclépiadées que j'ai étudiées, j'ai observé
des cellules mères primordiales provenant, comme dans le cas normal, du
cloisonnement de cellules soiis-épidermiqiies. Ces cellules donnent direc-
tement le pollen en se divisant en quatre. Déplus, j'ai montré que la couche
nourricière, formée d'une ou plusieurs assises, sécrète la couche cireuse
qui entoure la pollinie, et que les caudicules et les rétinacles sont sécrétés
par des cellules épidermiques du stigmate. Enfin, j'ai établi qu'après la
déhiscence du sac pollinique la pollinie faisait saillie à l'extérieur du sac
et venait se souder aux caudicules. ;)
AÉRONAUTIQUE. — Nouvelles expériences d' Aéronautique maritime.
Note de M. H. Hervé, présentée par M. L. Cailletet.
« M. le comte de La Vaulx, poursuivant ses recherches destinées à
rendre la mer praticable aux aérostats et à obtenir de ceux-ci les services
spéciaux que comportera le développement de cette nouvelle branche de
la locomotion, avait transporté cette année à Palavas, près Montpellier, sa
station d'essais, dont les abords étaient ici complètement dégagés.
» Le cube de l'aérostat, légèrement augmenté, était de 3400°"'. Gonflé au
gaz hydrogène, sa force ascensionnelle totale atteignit 3740'^s, soit i"^e,ioo
SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1902. -yjS
par mètre cube, et cette bonne qualité du gaz permit d'emporter non
seulement tous les appareils à expérimenter (contrairement à ce qui avait
eu lieu dans l'ascension précédente), mais encore une réserve normale
d'environ 800''^ de lest.
» Le but de ce second voyage du Méditerranéen était la vérification des
qualités aéronautiques des engins employés et des méthodes particulières
usitées dans les expéditions antérieures du National el du Méditerranéen,
avant d'aborder l'étude d'un nouveau moyen d'action, que nous avons
appelé la déviation automobile et qui comportera l'emploi d'un moteur et
d'un propulseur. L'addition prématurée de ces derniers appareils à l'ancien
matériel eût pu donner lieu à de réels dangers résultant à la fois d'une
connaissance insuffisante des organes ou de leur manœuvre et de la com-
plexité du système.
» Le départ s'effectua le 22 septembre à 3'^ 45"" du matin. Après 36 heures
d'expériences en mer, l'aérostat atterrit à Capite, près rél;ang de Thau, à
la suite d'une ascension libre exécutée à la fin du voyage par le soulève-
ment général des engins maritimes et avec plusieurs centaines de kilo-
grammes de lest résiduel abord.
); Le déviateur aminima, bien que réduit dans cette expédition à i™',6o
et à 23''s, fournit encore, cependant, 28° à 3o° de déviation moyenne.
L'emploi du déviateur a maxima permettant, d'autre part, d'obtenir
jusqu'à 60° par beau temps, comme il a été constaté lors des essais du
National, en 1886, la supériorité considérable de ces dispositifs sur la
méthode de la voile, notamment (dont l'efficacité, d'ailleurs contestée,
n'aurait pas dépassé 8° dans les expériences de M. Strindberg, en 1896),
demeure établie.
)) Le système stabilisateur comprenait simultanément les engins du type
flexible et du type articulé. Leur puissance totale, portée à dessein à près
de 8oo''s, mit en lumière leurs propriétés respectives, grâce à la compa-
raison de leur mode d'action dans les mêmes circonstances, et procura les
plus utiles indications sur les valeurs à attribuer à leurs principales carac-
téristiques : intensité, flottabilité, flexibilité, etc. La sécurité et la durée
(comprise entre 24 et4i heures) des trois ascensions de ballons à dévia-
teurs leur sont en grande partie attribuables.
» Un certain nombre d'autres organes peuvent être considérés comme
ayant fait aujourd'hui leurs preuves; ce sont ; la suspension articulée, la
nacelle à magasin, les treuils, les compensateurs, le cône d'écoulement
C. R., 1902, 2= Semestre. (T. CXXXV. N" 17.) 94
7l4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
appliqué pour la première fois en 1886 au National, divers appareils de
mesures, etc.
» Nos études sur les rapports éventuels des navires et des aérostats nous
ont conduits à réaliser diverses manœuvres de remorquage du Méditerra-
néen par le contre-torpilleur l'Épée mis gracieusement à notre disposition
par M. le Ministre de la Marine, et qui furent pour nous la source de ren-
seignements précieux, dont nous sommes aussi redevables au concours
dévoué de M. le Comniandant MouUé et des officiers de VÉpée.
» li'équipage du Méditerranéen se composait de MM. le comte de
La Vaulx, le comte de Castillon de Saint-Victor, l'enseigne de vaisseau
Laignier, Henri Hervé, Duhanot, constructeur.
» Qu'il nous soit permis de terminer cette relation par quelques consi-
dérations sur la technique des ascensions aéromaritimes en général et sur
notre programme d'expériences en particulier.
» Les principes de l'équilibre et de la dirigeabilité sont les mêmes pour
les ballons terrestres et pour les ballons maritimes (équilibre stable à toute
altitude requise, vitesse propre horizontale supérieure à la vitesse des vents
ordinaires).
» Mais il est nécessaire d'établir, en ce qui concerne l'aéronautique
maritime, une technique spéciale en raison de la nature liquide de cette
partie du globe qui, dans le cas d'un contact, présente des avantages et
des dangers particuliers, et il est indispensable de recourir à une méthode
également spéciale d'expériences, à cause de la vaste étendue des mers et,
par conséquent, de la durée considérable exigible du voyage, durée inti-
mement liée à la solution des problèmes d'équilibre.
» Ainsi les {)roblèmes de stabilité en altitude prennent ici une impor-
tance prépondérante puisque d'eux dépend la sécurité. Nos premiers
essais furent donc relatifs à des engins stabilisateurs fonctionnant au voisi-
nage de la mer.
» Pour l'étude des problèmes de direction, nous avons éliminé provi-
soirement les difficultés relatives à la stabilité longitudinale et à l'emploi
des moteurs, par l'utilisation des aérostats sphériques et l'application d'ap-
pareils purement passifs appelés déviateurs.
» En attendant les progrès de l'industrie des moteurs légers absolument
insuffisants en 1886, nous nous sommes préoccupés de perfectionner,
depuis cette époque, toutes les parties du matériel maritime actuel,
suspension, nacelle, treuils, forme, organes de prise d'eau, etc.
» Les moteurs à pétrole étant enfin devenus simples et légers, nous
SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1902. .^iS
tenterons, dans de prochains essais, de réaliser, mais encore avec les
ballons sphériques, la déviation aulomobile, en même temps que nous
aborderons les problèmes d'équilibre dans les régions moyennes de
l'atmosphère.
» Ce n'est que plus tard, après une longue pratique des moyens précé-
dents, qu'il conviendrait de s'attaquer aux difficultés inhérentes à l'emploi
de la forme allongée et à l'obtention d'une vitesse propre suffisante pour
procurer la dirigeabilité absolue, les engins primitifs de stabilisation et de
déviation passant alors, sans disparaître, à un rôle purement auxiliaire et
éventuel.
» Alors seulement les traversées maritimes seront significatives, parce
qu'elles pourront être renouvelées dans la plupart des circonstances
atmosphériques habituelles. Mais auparavant, nous l'espérons, bien des
problèmes susceptibles d'utiles et immédiates applications auront pu être
résolus à l'aide de laboratoires aériens tels que le Méditerranéen. »
M. GoYAUD adresse une nouvelle Note « Sur la fermentation pectique ».
De nouvelles expériences, effectuées avec des réactifs privés de chaux,
conduisent l'auteur à cette conclusion que « des doses faibles d'acide
chlorliydrique ralentissent l'action de la pectase; une proportion suffisante
peut même empêcher la fermentation de s'établir ».
A 4 heures et demie l'Académie se forme en Comité secret.
COMITE SECRET.
L'Académie décide de compléter la Commission d'Aéronautique, qui se
trouve ainsi composée :
MM. Marey, Mascart, Maurice Levy, Marcel Deprez, Léauté,
Appell et les Membres composant le Bureau.
La séance est levée à 5 heures.
G. D.
7l6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
BULLETIÎtf BIBLIOGRAPHIQUE.
OUVRAGKS REÇUS DANS LA SÉANCE DU 20 OCTOBRE igoa.
(Suite.)
Tycho Brahé, esquisse biographique et compte rendu de la découverte de la
dépouille mortelle de Tycho Brahé, par Jean Hérain et Henri Matiegka, avec
i4 gravures et illustrations, dont 8 dans le texte et 6 hors texte. Prague, imp. Al.
Wiesner, 1902; i fasc. in-8°. (Hommage de la Société des Amis des antiquités
bohèmes.)
Sui fenomiai acustici dei condensatori; Memoria delprof. Augusto Righi. Bologne,
imp. Gamberini et Parmeggiani, 1902; i fasc. in-S".
Sur les réseaux à nœuds hélicotétraédriques, à propos d'études récentes sur la
constitution du quartz; Mémoire préliminaire par François de Memme. Genova
(Italie), imp. Pellas, 1902; i fasc. in-8°.
The action of copper on leaves, with spécial référence to the injurious effects of
fungicides on peach foliage; a physiological investigation, by Samuel-M. Bain.
{BuL of the agricultural experiment Station of the University of Tennesse,
vol. XV, n"? 2, avril 1902.) (Hommage de l'auteur.)
Note sur des formules d'introduction à l'Énergétique physio- et psycho-socio-
logique, par Ernest Solvay. Bruxelles, Henri Lamertin, 1902; 1 fasc. in-8°.
Fog-signal Edem, par Emile de Meulemeester, contenant 5 planches. Bruxelles,
imp. Ch. Bulens, s. d.; i fasc. in-S".
ERRATA.
(Séance du 20 octobre 1902.)
Note de MM. Laveran et Mesnil, Sur quelques Protozoaires parasites
d'une Tortue d'Asie (^Damonia Reevesii) :
Page 6x3, ligne 11 en remontant (sans compter la noie), au lieu de microgamètes,
lisez macroffamètes.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 5 NOVEMBRE 1902.
PRÉSIDENCE DE M. BOUQUET DE LA GRYE.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
ZOOLOGIE. — Au sujet de deux Trypanosomes des Bovidés du Transvaal.
Note de M. A. La ver an.
« Dans une Note communiquée à l'Académie le 3 mars dernier, j'ai
décrit, sous le nom de Tr. Theileri, un Trypanosome découvert par
M. Theiler, vétérinaire à Pretoria, chez des Bovidés provenant de différentes
régions du Transvaal. Depuis le mois de mars M. Theiler m'a envoyé, à
plusieurs reprises, des renseignements complémentaires sur ce Trypano-
some, et il m'a adressé de nouvelles préparations, dans lesquelles les para-
sites étaient plus nombreux que dans les premières. Je suis donc en mesure
de compléter, sur plusieurs points, ma Note antérieure concernant Tr.
Theileri.
» La maladie produite par ce Trypanosome est très répandue dans toute
l'Afrique du Sud, où elle est désignée sous différents noms, sous celui de
Galziekté (maladie de la bile) notamment.
M La maladie est inoculable de Bovidé à Bovidé; d'après M. Theiler,
les inoculations de sang défibiinc faites contre la peste bovine ont dû
faciliter son extension. A la suite de l'inoculation, il se produit une poussée
fébrile; les Trypanosomes apparaissent dans le sang, mais presque toujours
en petit nombre; parfois même l'examen histologique du sang ne suffît pas
à déceler leur présence.
)) Tr. Thederi a été inoculé sans succès au cheval, au mouton, à la
chèvre, au cobaye, au lapin, au rat, à la souris; il semble donc bien qu'il
soit spécial aux Bovidés. Chez quelques moutons et chez quelques chèvres
inoculés avec le sang contenant le Trypanosome, Theiler a observé une
G. R., I.J02, 2" Semestre. (T. CXXXV, N° 18.) 9'^
71 8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
réaction fébrile, mais il n'a jamais constaté l'existence de Trypanosomes
dans le sang.
» Le Trypanosome vit de 5 à 7 jours dans le sang défibriné pur ou
mélangé à du sérum de cheval ou à de l'eau physiologique; l'eau ordinaire
le détruit rapidement.
» Dans ma Note antérieure j'ai donné, comme dimensions du parasite, 5o\'- de long
sur 3h- à 4i^ de large; je n'avais mesuré qu'un petit nombre d'individus. Depuis lors,
j'ai pu mesurer un grand nombre de parasites et j'ai constaté que la longueur pouvait
varier de 3o!^ à 65!^ et la largeur de 2^- à 4'^'- Les formes les plus longues et les plus
larges sont généralement en voie de division,
» L'extrémité du Trypanosome est effilée (fig'. i), le centrosome (c) est toujours
assez éloigné du noyau (n); la membrane ondulante (m) est bordée par le flagelle
qui devient libre à la partie antérieure (/).
Fig. I et 2, Tr. Theileri. La figure 2 représente le Trypanosome en voie de division. — Fig. 3-5,
Tr. transvaaliense. La figure 4 représente un Trypanosome au dernier stade de la division ; la
figure 5, une petite forme en voie de division. Gr. : 1700 D. environ.
)» La multiplication se fait par bipartition; le centrosome et le flagelle,
à son extrémité centrosomique, se divisent en général les premiers; ie
noyau se divise ensuite en même temps que le reste du flagelle, enfin a lieu
la division du protoplasme.
)) La figure 2 représente un Trypanosome à la première phase de la
bipartition ; le centrosome est divisé ainsi que la base du flagelle.
» Il n'est pas rare de trouver dans le sang des Bovidés du Transvaal,
en même temps que Tr. Theileri, des Hématozoaires de la fièvre du Texas,
Piroplasma higeminum ; chez l'un des Bovidés dont j'ai examiné le sang il
SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 1902. 719
y avait de petits Spirilles de 7!^ à lo!^ de long; M. Theiler n'a rencontré
ces Spirilles que dans ce cas,
» Les hématies présentent des altérations déjà décrites dans ma Note
antérieure; la plus caractéristique de ces altérations est l'existence de fines
granulations basophiles dans un certain nombre d'hématies; cette altéra-
tion paraît intimement liée à la présence des Trypanosomes (Theiler).
» La manière dont la Galziekté se propage est encore douteuse. M. Thei-
ler émet des doutes sur le rôle des tiques ; il constate cependant que les
tiques étaient nombreuses sur les animaux malades; il s'agit de Rhipice-
phalus decoloratus Roch. M. Theiler m'a envoyé des tiques recueillies sur
des animaux atteints de Galziekté ; malheureusement ces tiques sont mortes
pendant le voyage et leurs œufs ne sont pas arrivés à éclosion.
» Au mois d'août 1902, M. Theiler m'a envoyé de Pretoria des prépara-
tions de sang d'un bœuf dans lesquelles on voyait des Trypanosomes assez
nombreux appartenant à une autre espèce que Tr. Theileri. Je donne à ce
nouveau Trypanosome le nom de Tr\ transvaaliense,
)) Tr. transvaaliense a des dimensions assez variables; dans une même
préparation, on peut distinguer de petites formes qui mesurent, en
moyenne, 181^ de long (flagelle compris); de grandes formes qui
atteignent 4o^ et jusqu'à So"^' de long sur ô^^ de large; enfin des formes
moyennes, les plus communes, qui ont 3o'^' de long environ sur 4^^ à 5^^ de.
large.
» L'extrémité postérieure est en général très effilée.
» Le noyau, ovalaire, est situé vers la partie moyenne du corps du Try-
panosome.
» La situation du centrosome par rapport au noyau est caractéristique.
» Dans tous les Trypanosomes connus jusqu'ici, le centrosome était
situé loin du noyau, à peu de distance en général de l'extrémité posté-
rieure; c'est même là une objection qui a été faite à l'interprétation que
nous avons donnée, M. Mesnil et moi ('), du corpuscule chromatique
auquel vient aboutir le flagelle chez les Trypanosomes.
» Chez Tr. transvaaliense, le centrosome, relativement volumineux et
par suite facile à voir, est toujours près du noyau, souvent accolé à ce
dernier comme cela est indiqué dans la figure 3. Le centrosome a, d'ordi-
naire, une forme allongée; il se colore plus fortement que le noyau par la
méthode que je préconise pour la coloration des Hématozoaires.
(') Soc. de Biologie, 28 mars 1901, et Cohiptes rendus, i5 juillet 1901,
720 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» L'objection tirée de la situation périphérique du corpuscule chroma-
tique, que nous avons assimilé à un centrosome, tombe dans ce cas ; or, il
n'est pas douteux que les corpuscules chromatiques auxquels aboutissent
les flagelles des autres Trypanosomes soient de même nature que le cen-
trosome de Tr. transvaaliense.
» Par suite du rapprochement du noyau et du centrosome, vers la partie
moyenne du corps, la membrane ondulante a, chez Tr. transvaaliense,
beaucoup moins de développement que chez les autres Trypanosomes,
Tr. Theileri notamment.
» Le protoplasme, finement granuleux, se colore moins que celui de
Tr. Theileri.
» Tr. transvaaliense se multiplie par bipartition comme Tr. Theileri, mais
les formes de division sont plus variées que dans cette dernière espèce. La
figure 4 représente un Trypanosome de dimensions moyennes à la dernière
phase de la bipartition. On distingue : deux noyaux, deux cenlrosomes,
deux flagelles, deux membranes ondulantes; le protoplasme lui-même a
commencé à se diviser. La figure 5 représente une petite forme au début
de la bipartition; la division ne porte que sur le centrosome et sur l'extré-
mité attenante du flagelle.
» Le flagelle se divise dans toute sa longueur.
» Quelques-unes des préparations avaient été faites avec du sang con-
servé depuis 2'! heures. Dans ces préparations, beaucoup de Trypano-
somes étaient agglutinés en rosaces plus ou moins régulières; l'aggluti-
nation se fait par les extrémités postérieures comme chez Tr. Lewisi et
Tr. Brucei. Le protoplasme de ces Trypanosomes, déjà altérés, contenait
de grosses granulations chromatiques.
» Les hématies ne présentaient pas, dans ce cas, les altérations qu'on
rencontre chez les animaux infectés par Tr. Theileri; on ne voyait pas de
granulations basophiles dans les hématies.
» Beaucoup de Trypanosomes étaient en mauvais état, même dans les
préparations de sang desséché aussitôt après la sortie des vaisseaux, ce
qui semble indiquer que le parasite est très fragile.
» Le Bovidé porteur de ces Trypanosomes était infecté en même temps
de Piroplasmose {P. bigeminum rares dans le sang) et de Peste bovine; on
s'explique donc qu'il ait été impossible de faire la part des différentes
infections dans les accidents observés.
» On devait se demander si les éléments parasitaires que je viens de
décrire ne correspondaient pas simplement à la phase de multiplication de
Tr. Theileri; on sait que, chez Tr. Lewisi ^SiV exemple, on observe, pendant
SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 1902. -721
la phase de multiplication, des formes très différentes de celles qui
existent dans le sang, cette phase terminée. J'ai écarté cette interprétation
parce que l'accolement du centrosome au noyau ne s'observe jamais chez
Tr. Theileri, même au moment de la division. 11 serait facile de citer
d'autres différences entre ces Trypanosomes (dimensions, variabilité des
formes chez Tr. transvaaliense, altérations des hématies constantes dans
un cas, faisant défaut dans l'autre, etc.); le caractère tiré de la situation
des centrosomes par rapport aux noyaux me paraît suffire pour justifier la
création de deux espèces.
» On a vu que Tr. Theileri était spécial aux Bovidés; il y aura lieu d'étu-
dier à ce point de vue Tr. transvaaliense et de rechercher s'il est inoculable
à d'autres animaux. »
PHYSIQUE. — Sur V égaillé de la vitesse de propagation des rayons X
et de la vitesse de la lumière dans l'air. Note de M. R. Blondlot.
» Reprenons l'appareil décrit dans une Note précédente (' ), les fils de
transmission ayant une longueur de 80*=™; comme nous l'avons vu, l'étin-
celle du résonateur présente un maximum d'éclat lorsque le tube est à 53*=™
de la coupure. Nous laisserons de côté l'analyse théorique du phénomène
pour ne retenir que le fait observé, admettant seulement, ce qui est indu-
bitable, que le maxiaium est dû à ce qu'il y a une distance du tube pour
laquelle les rayons X illuminent la coupure pendant l'existence de la force
électrique à cette coupure avec plus d'intensité que pour les autres
distances. Nous désignerons par V ^ et V - — '- les vitesses de propa-
° *- sec. sec. ^ i^
gation respectives des ondes hertziennes et des rayons X.
» Après avoir déterminé la position du tube donnant le maximum d'étin-
celle, allongeons les fils de transmission de a centimètres : la cessation
des rayons X à la coupure est ainsi retardée de ^ sec; il faudra donc, pour
rétablir la coïncidence des temps et retrouver le maximum, diminuer la
S
distance du tube à la coupure d'une longueur ^ telle que^, = rr- I/expé-
3 V
ricnce donne-; et par cela même, en vertu de l'égalité précédente, y-, •
(') Voir 1\. Blondlot, CoinpLcs rendus, t. CXXXV, 1902, p. 666.
^22 ACADEMIE DES SCIENCES.
» Des déterminations extrêmement nombreuses, dans lesquelles on a
fait varier a, dans des limites aussi étendues que cela était possible, ont
donné invariablement ^ = oc ; d'où il résulte que V = V au degré d'approxi-
mation que comporte la détermination de la position du tube qui rend
l'étincelle maximum.
)) Le Tableau ci-dessous contient les résultats d'une série d'expériences:
la première colonne donne les valeurs de oc; la seconde les valeurs corres-
pondantes de ^ déterminées par mon aide M. Virtz; la troisième les valeurs
de p déterminées par moi ; la quatrième les moyennes des valeurs précé-
dentes de p. Chacun des nombres de la seconde et de la troisième colonne
est la moyenne de cinq mesures.
a.
Virtz.
Blondlot.
Moyenne.
— 7
- 6,5
— 5,9
- 6,2
+ 9
-i- 8,9
+ 10,5
+ 9.7
-M 2 , 5
+ 12,6
+ 12
+ J2,3
4-1 5
+ i4,5
+ i5,i
+ i4,8
-f-25
+ 24,5
+25,3
+ 24,9
+3o
+3o
+3i ,0
+ 3o,5
+4o
+39,6
+39,3
+39,4
+ 25
+ 23,2
+24,6
+23,9
)) On voit que les nombres de la quatrième colonne différent assez peu
des nombres correspondants de la première pour que les différences
puissent être attribuées à l'impossibilité de déterminer d'une manière très
précise la position du tube qui rend l'étincelle maximum. La série des
expériences, au nombre de 80, résumées dans le Tableau précédent, donne
le résultat définitif suivant : en remplaçant a et [3 par les moyennes de
I 1 . ^' 161,7 „, . ' • 1'
leurs valeurs, on trouve -r^ = -^^- D autres séries d expériences ont
donné -5-? ~, Ces quotients sont très voisins de l'unité : les mesures
i39 144 ^
isolées présentent parfois des écarts assez notables, comme on peut le voir
sur le Tableau ci-dessus, mais l'influence de ces écarts a toujours disparu
dans les moyennes d'un grand nombre de déterminations. J'ai vérifié que
les valeurs de p sont indépendantes de la grandeur et de la forme du réso-
nateur.
» Voici maintenant un autre genre d'expériences : dans celles-ci, on
compense encore le temps que les rayons X emploient pour franchir un
certain espace par le temps que les ondes électromagnétiques emploient
SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 1902. ^23
pour parcourir une certaine longueur de fil; mais ici ce ne sont plus les fils
de transmission que l'on allonge ou raccourcit, c'est le fil du résonateur.
Les extrémités du résonateur étant écartées l'une de l'autre d'envi-
ron o"",3, on leur soude respectivement les deux fils d'une petite ligne de
transmission; à l'extrémité de cette ligne est adapté le micromètre à étin-
celles, la nouvelle coupure étant ramenée à la position de l'ancienne en
repliant la petite ligne sur elle-même. L'action de l'excitateur sur le réso-
nateur y produit une onde hertzienne qui doit parcourir une certaine lon-
gueur de fil pour aboutir à la coupure et y produire l'étincelle. Si donc
on a allongé chaque moitié du résonateur de a centimètres, l'étincelle
est retardée de y sec. et, pour obtenir le maximum d'étincelle, il faudra
que la distance du tube à la coupure soit augmentée d'un nombre h de
centimètres, tel que ^ = ^. La valeur observée de - donne celle de -^•
' ^ V V a V
On remplace dans ce calcul b et a par leurs valeurs moyennes dans les
différentes expériences. Celles-ci, très nombreuses et concordantes, dans
lesquelles on a fait varier a de 0*=™ à 25'"", ont donné y = 0,93. Cette valeur
s'accorde suffisamment avec les résultats de la première méthode, qui
semble d'ailleurs plus précise, parce que le retard des ondes hertziennes
y est mieux défini.
» L'ensemble des résultats expérimentaux obtenus, tant par l'une que
par l'autre méthode, peut se résumer ainsi : si à la longueur des fils de
transmission on ajoute la distance du tube à la coupure qui donne le maxi-
mum d'étincelle, et que l'on en retranche, s'il y a lieu, la longueur de la
petite ligne ajoutée au résonateur, on obtient la longueur constante i33'''".
» Remarquons que, dans l'une comme dans l'autre des méthodes décrites,
le rapport Y est obtenu sans que l'on ait besoin de connaître le détail des
phénomènes : ce sont des méthodes de substitution, analogues à la méthode
de Borda pour les pesées. Il y a toutefois une complication : la position
du tube qui donne le maximum d'étincelle est plus rapprochée de la cou-
pure que si l'intensité des rayons X ne décroissait pas avec la distance; la
décroissance de l'intensité suffit en effet pour rendre décroissante une
action qui sans cela ne croîtrait que très lentement avec la distance. Ce
rapprochement est plus grand pour les petites distances que pour les
grandes parce que la décroissance de l'intensité est plus rapide pour les
petites distances. L'augmentation de b ou de p produite par celte cause ne
724 ACADÉMIE DES SCIENCES.
peut être calculée a priori, mais la concordance finale de tous les résultats
indique qu'elle ne surpasse pas les erreurs d'expérience.
» Résumons le contenu de cette Note et de la précédente :
» En supposant «/jn'on l'égalité des vitesses de propagation des rayons X
et des ondes hertziennes, on a été conduit à prévoir que le renforcement
produit par le tube sur l'étincelle devait passer par un maximum pour une
certaine distance du tube. L'expérience a confirmé cette prévision. La même
supposition a permis de calculer d'avance les déplacements que la position
du tube correspondant à ce maximum devait éprouver, soit par l'allonge-
ment des fils de transmission, soit par l'annexion d'une petite ligne au
détonateur ; on devait, en effet, pouvoir compenser le temps que les ondes
électriques emploient pour parcourir une certaine longueur de fil par le
temps que les rayons X emploient pour franchir une distance égale. Cette
compensation s'est produite en réalité : des deux méthodes employées l'une
a donné pour le rapport des vitesses 0,97 (*), l'autre 0,93. — D'autre
part, il paraît impossible de donner une autre explication du maximum
d'éclat de l'étincelle, de ses déplacements et des autres circonstances de ces
phénomènes. L'ensemble de tous ces faits conduit donc à cette conclusion :
La vitesse de propagation des rayons X est égale à celle des ondes hertziennes
ou de la lumière dans l'air.
» Il me reste à indiquer certaines observations faites au cours de ces
recherches, et à décrire quelques expériences qui en confirment les résul-
tats. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur les lueurs crépusculaires récentes .
Note de M. Perrotin.
« Les crépuscules rouges de ces jours derniers ont été vus à Nice dès le
commencement de la semaine dernière : l'Observatoire Bischoffsheim les
a notés le 27 octobre, au soir, pour la première fois, en dépit d'un ciel très
nuageux qui ne permettait guère de distinguer le phénomène qu'à la
faveur de rares éclaircies.
» Les 28 et 29 octobre, les conditions ne furent pas plus favorables et
c'est seulement le 3o, par un ciel découvert, qu'd fut possible de l'étudier
dans ses phases successives.
(') Après une correction relative au revêtement isolant des fils de transmission.
SÉANCE DU 3 NOVEMBRE .1902. 7^5
» Ce qui frappa, tout d'abord, c'est la couleur du Soleil au moment de son coucher;
le disque en était d'un rouge vif très accentué; sans aucune déformation dans l'image,
d'ailleurs. Il en avait été de même les jours précédents.
» On vit ensuite un crépuscule extraordinairement lumineux, teinté de bleu et de
rose; suivi, enfin, vers l'ouest, d'un embrasement général de l'horizon, dont l'aspect
rappelait, d'une manière frappante, les lueurs rougeàtres d'un immense incendie qui
prend, dès le début, une extension rapide.
» A l'instant de son plus grand éclat, la nappe lumineuse rouge, de forme à peu près
circulaire (sans rayons, comme pour les aurores boréales), mais semblant plus étendue
dans l'horizon, s'élevait de 20° à 25° au-dessus du Soleil couchant ('), autant que per-
mettaient d'en juger les limites nécessairement confuses et mal définies de l'apparition
lumineuse.
» Le maximum avait lieu 45 minutes, la fin de l'^ao'^ à i^3o™ après le coucher du
Soleil.
» Ces illuminations singulières nous ont remis en mémoire celles de
novembre et décembre i883, janvier 1884, qui furent observées en divers
points du globe et donnèrent lieu à une polémique d'autant plus intéres-
sante qu'elle était très documentée.
» Les uns, et non des moins autorisés, soutenaient qu'elles avaient
pour cause des conditions météorologiques particulières de l'atmosphère ;
quelques-uns en trouvaient l'origine dans les poussières cosmiques qui
flottent en permanence, paraîL-il, dans les régions élevées de cette enve-
loppe aérienne; d'autres, plus hardis et plus téméraires, les attribuaient
aux poussières lancées, quelques mois auj)aravant, dans l'air, par la formi-
dable éruption du Krakatoa.
» Nous-même, invité par M. Dumas, alors à Cannes, à faire une
enquête détaillée sur ce sujet et à prendre parti dans la question, publiâmes,
en collaboration avec le regretté Thollon, dans les Annales de Chimie et
de Physique de 1884 (voir aussi Tome II des Annales de l'Observatoire de
Nice), le résultat d'un travail qui concluait à un phénomène de diffraction,
produit par les poussières extrêmement ténues projetées, quelques mois
auparavant, piir le trop fameux volcan du détroit de la Sonde.
» Il faut convenir que les apparitions actuelles, si elles sont générales,
rapprochées d'événements récents dont tout le monde a conservé le
pénible souvenir, semblent donner raison aux partisans des causes volca-
niques.
» D'un autre côté, il faut reconnaître que les crépuscules rouges de 190Û
(') M. Javelle estime cette hauteur un peu plus grande.
C. R., 1902, 2« Semestre. (T. CXXXV, N" 18.) 9^
726 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ont lieu dans les mêmes mois de l'année que ceux de i883, ce qui vient à
l'appui des causes exclusivement météorologiques.
» Toutefois, il existe, entre les phénomènes des deux époques, un
caractère commun qu'il importe de faire ressortir. Dans les deux cas (la
durée du crépuscule rouge du 3o octobre le montre clairement) le phéno-
mène lumineux semble intéresser des régions de l'atmosphère dont cer-
taines sont à 5o^"*, au moins, au-dessus du sol.
» Est-il possible d'admettre qu'il existe de l'eau à cette altitude, sous
une forme quelconque; à l'état vésiculaire, par exemple, comme il le
faudrait? La chose est peu probable.
» Espérons que les observations de ces jours-ci nous apporteront sur
cette question de précieux renseignements. Les particularités signalées
par les observateurs les moins prévenus ne seront pas les moins utiles;
leur publication immédiate rendra plus facile la discussion des données
qu'elles pourront contenir.
» Malheureusement, les crépuscules rouges paraissent devoir durer
moins longtem])s, cette fois, qu'en i883; car, hier au soir déjà, i^'' no-
vembre, le phénomène était, du moins à Nice, tout à fait sur son déclin
et, chose curieuse, le centre d'illumination semblait notablement reporté
au nord du point de l'horizon où le Soleil s'était couché.
» Quoi qu'il en soit, il nous a paru opportun de rapprocher, dès main-
tenant, les crépuscules étranges de 1902 de ceux de i883 et de rappeler
les circonstances tristement célèbres qui ont précédé les uns et les autres. »
S. A. le l^rince de Moxaco fait hommage à l'Académie d'un Volume
portant pour titre : « La carrière d'un navigateur, par Albert I"'^, Prince de
Monaco >>.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
CHIMIE ANALYTIQUE. — Analyse de neuf échantillons d'air recueilli
dans les galeries d'une mine de houille, par M. Nestor Gréha\t.
« En poursuivant les recherches que j'ai entreprises sur la composition
de l'air confiné, j'ai eu l'occasion d'analyser de l'air pris dans les galeries
d'une mine de charbon en exploitation.
» Voici le procédé qui a été emjDloyé, suivant mes indications, pour faire les prises
SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 1902. -727
de gaz : l'ingénieur de la mine, en divers points des galeries, du 1 5 octobre au 28 octobre,
entre 8^ et lo'' du matin, vidait un flacon numéroté plein d'eau, puis introduisait dans
col la tuyère d'un soufflet dont les manœuvres faisaient pénétrer dans le flacon de
l'air ayant exactement la composition de l'atmosphère ambiante; aussitôt des bouchons
de caoutchouc étaient enfoncés et maintenus à l'aide de fils de fer.
» Dans tous les flacons il y avait une pression positive, qui déterminait sous l'eau
l'expulsion de quelques bulles de gaz quand on enlevait le bouchon.
» Dans chaque flacon, immergé dans leau, on a introduit un bouchon de caoutchouc,
traversé par un tube de verre uni à une pompe à mercure, et l'on a recueilli, dans une
cloche pleine de mercure et dans une cloche pleine d'eau, deux échantillons de gaz.
» Le premier a été traité sur le mercure par la potasse et par l'acide pyrogallique,
pour doser l'acide carbonique et l'oxygène; le second a été introduit dans mon gri-
soumètre, qui est si sensible que i*^""' de formène donne une réduction de 22 divisions.
» Voici le Tableau des résultats que j'ai obtenus :
Acide
Flacons. carbonique.
1 1,3
2 1,1
3 1,1
4 1,2
5 1,8
G 1,0
7 1,0
8 1,1
9 1,1
» L'examen des chiffres montre, et c'est le résultat le plus important,
que la proportion de formène a varié entre 3,5 et 7, 5 ; or, le chiffre 3,5
pour 100 est déjà le double de cehii 1,87 que M. le Professeur Chesneau
regarde comme une teneur exorbitante pour un puits de retour d'air; le
chiffre 7,5 indique un véritable mélange détonant, puisque l'Inspecteur
général des Mines Mallard a montré qu'il y a inflammation quand la pro-
portion de grisou dans l'air est égale à 6 pour 100.
» L'acide carbonique a varié entre i et 1,8 pour 100 : c'est une quantité
qui diminue sensiblement l'exhalation pulmonaire de l'acide carbonique,
comme l'ont démontré mes recherches sur ce sujet.
)) Enfin, la proportion d'oxygène était notablement abaissée, puisqu'elle
était comprise entre 16,1 et 18, c'est-à-dire de .1,7 à :>,8 an-dessous de la
teneur de l'air pur, 20,8.
» Je conclus qu'il me paraît utile d'établir, dans toute m-ine de charbon,
un Laboratoire d'analyses eudioraétriques et grisoumétriques, qui permet-
Oxygcne.
l'ormènc
Azote.
17,3
3,5
77>9
17,6
6,1
75,2
17,6
4,6
76,7
16, I
7.5
75,2
17.'
4,1
77,0
17,2
6,3
75,5
18,0
4,6
76,4
i7'7
4,7
76,7
• 7,8
4,4
76,7
y28 ACADEMIE DES SCIENCES.
trait de régler la ventilation pour que l'atmosphère dans laquelle vivent
et travaillent les ouvriers mineurs soit aussi purifiée que possible. »
CORRESPONDANCE.
ASTRONOMIE. — Sur la résolution nomographique du triangle de position
pour une latitude donnée. Note de M. Maurice d'Ocagne, présentée par
M. Callandreau.
« Nous avons fait voir(^) que tous les cas de résolution des triangles
sphériques pouvaient se ramener à un abaque unique qui, par conséquent,
s'il était construit à une échelle suffisante, résumerait à lui seul toute la
Trigonométrie sphérique. Cela ne supprime pas l'intérêt de solutions spé-
ciales applicables à tel ou tel cas particulier. Nous en avons déjà signalé
quelques-unes dans notre Traité de Nomographie (^). En voici une, fort
simple (puisqu'elle repose sur le simple alignement de points à une cote),
qui s'applique à la résolution du triangle de position pour une latitude
donné ç.
» Si, posant, pour simplifier l'écriture,
sin© = A, cos''!) r= ^" ('),
on appelle, suivant l'usage, *( la distance zénithale, M l'angle horaire, (D la
déclinaison, on a, entre ces variables, l'équation
(i) coss = /« sincic) + /î: coscô cosill.
» Cette équation rentre dans un type bien connu auquel s'applique la
méthode des points alignés avec deux échelles rectilignes et une échelle
curviligne (*) (dont le support est ici une ellipse).
(1) Bulletin astronomique, t. XI, 189/4, p. 5, et Traité de Nomographie, p. 829.
(^) Voir notamment p. 56, 249, Say.
(3) Pour Paris, on a : A = 0,76278, A rr: o,65822.
(*) Traité de Nomographie, p. 182. Un abaque à droites entre-croisées, obtenu par
anamorphose, a été donné pour cette équation par M. Bigourdan dans ses Instructions
sur l'usage de l'équatorial (p. 5 et PL III). Sous peine d'ofTrir à la vue un enchevê-
IremenL inextricable, cet abaque a dû être fractionné en trois. La méthode des points
alignés écarte, dans tous les cas, la nécessité d'un tel fractionnement.
SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 1902. 729
)) L'amplitude de l'échelle (.il) étant double de celle de l'échelle (^)
(puisque M varie dans toute la circonférence, tandis que 'C ne varie que
de 0° à 90°), nous prendrons ici pour la seconde un module double de
celui /, d'ailleurs quelconque, de la première; et nons poserons donc
u = — /cos^T,
V = 2/co.SL,
ce qui, si Ton se reporte à l'endroit cité ('), montre que l'équation (i)
exprime, en appelant ^ un second module également quelconque, l'ali-
gnement des trois points à une cote :
(Ai) x = — ^, y = — ^cos^,
, . ^1 — aAcoscD il h sincO
)) Les échelles rectilignes (M) et ('C), portées sur deux droites Am et Bp
parallèles à Oy et équidistantes de cet axe, sont celles de ]a fonction
cosinus, construites avec deux modules, dont l'un est la moitié de l'autre.
Si l'on appelle A et B les points de rencontre de Au etBç avec Ox, on voit
que, ayant construit l'échelle (C) de 0° à 90", on aura l'échelle (M) entre
les mêmes limites en projetant la première à partir du point P de Ox, tel
quePB = — 2PA (^). La seconde partie de l'échelle (M) est d'ailleurs
symétrique de la première par rapport au point A, les cotes correspon-
dantes étant supplémentaires.
» L'échelle curvili£;ne (cD) pourra, suivant le procédé déjà employé
pour l'équation de Kepler (^), être engendrée au moyen de deux de ses
projections, l'une (co), faite sur Ox parallèlement à Oy, l'autre (ô^).. faite
sur Oy à partir du point A.
(1) La correspondance avec les nolalions adoptées à cet endroit s'établit ainsi :
/, = — cosJI, /,= cosC, /3=AcoscD, ^^=1, <];3 = — AsincD,
1,^1, l,^2l.
O En vue d'une bonne disposition pratique, on inclinera Taxe AB par rapport
à Oy, de façon que les échelles (M) et (^), prises entre leurs limites respectives,
forment deux côtés opposés d'un rectangle.
(^) Traite de Nomographie, p. 196 à 198.
7^0 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» La première, définie" par
^ i — 2 k coscO
ce =z à -, — ,
I + 2 k cos (y
est effectivement projective de l'échelle ((^) puisque son point cD ^ 90''
coïncide avec le point ^ =::: 90° de celle-ci, ceci en vertu d'un théorème
connu (*).
» T.a seconde est définie par
y = /Asincô,
ainsi qu'on le voit bien aisément en cherchant l'ordonnée à l'origine de la
droite unissant le point (od) au point A. Comme on peut écrire
JK=^2/C0S(90°-CÈ)),
on voit que l'échelle ((q).^ s'obtient en projetant l'échelle (Q sur Oj,
à partir du point C de Oic tel que CO = - CB, les cotes étant en même temps
remplacées par leurs compléments.
» Finalement, les échelles (cO), et ((0)2 étant obtenues, ainsi qu'on vient
de le montrer, par projection de la seule échelle ('C) [qui, déjà, avait donné
l'échelle (^H)], les parallèles à Oy menées par les points de la première et
les divergentes unissant le point A aux points de la seconde donnent, par
leur rencontre, les points (cD) cherchés.
» Nous nous proposons de construire effectivement, pour la latitude de
Paris, le nomogramme dont la théorie précède. »
(') Traité de Nomographie, p. 1 4- Le centre de projection s'obtiendra au moyen
de deux points particuliers de l'échelle ((D)i construits directement et joints aux points
de même cote de l'échelle (C) : par exemple, ceux qui correspondent à Uc) = o"
et (0 = 60°, pour lesquels on a
,v I — 2 A- ^ I — A-
^ = 0 — - et a-' = 0 r-.
14-2/1 H- A:
SÉANCE DU 3 NOVEMBRE I902. n3l
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les transrendantes uniformes de/inies
par les équations différentielles du second ordre. Note de M. î\. Liouville.
« Dans une Note présentée à l'Académie le 8 septembre dernier et qui,
par suite de circonstances particulières, n'est venue sous mes yeux que
tout récemment, M. Painlevé s'est attaché à démontrer que l'analyse que
j'avais indiquée, pour l'étude de certaines équations différentielles du
second ordre, est illusoire.
» M. Painlevé m'attribue cette conclusion : les équations
pourraient être remplacées algébriquement par un système
d'y ,j/ dz\ d-^z ^f dz\
dont les équations intégrales peuvent être mises sous forme linéaire à
l'égard des constantes arbitraires.
» Il suffit de lire ma Note du i*""" septembre pour s'apercevoir que le
mot algébriquement ne s'y trouve pas, en sorte que M. Painlevé peut, sans
me toucher en rien, regarder comme illusoire une conclusion qui n'est pas la
mienne.
» M. Painlevé insiste sur le nombre des fonctions arbitraires que com-
porte l'intégration générale du système (2), tel que je l'ai voulu construire.
Cette circonstance est tout à fait analogue à celle qu'on rencontre pour les
intégrales d'un système différentiel quelconque; elle n'a rien qui s'oppose
à la recherche d'un système (2), algébrique ou dépendant de transcen-
dantes déjà connues, s'il en existe un.
» Celte recherche, à laquelle faisait allusion la fin de ma Note du i^'" sep-
tembre dernier, n'est pas encore terminée. J'ajouterai que la question dont
je me suis occupé ne coïncide pas avec celle qui a été traitée dans une Note
récente.
» Pour préciser, il n'est ni démontré, ni vraisemblable, que toute équa-
tion irréductible, au sens de M. Drach, adopté par M. Painlevé, le soi!
aussi au point de vue que j'ai voulu étuilier.
» Il s'agit, dans le premier cas, de savoir s'il existe entre les variables,
732 ACADÉMIE DES SCIENCES.
les deux intégrales de l'équation proposée et leurs dérivées partielles, une
équation algébrique, outre celle qui se déduit de la connaissance du der-
nier multiplicateur : c'est une propriété à laquelle les intégrales de l'équa-
tion proposée sont seules intéressées.
» J'introduis, au contraire, un système différentiel, réductible par sa
construction même à la forme linéaire et dans lequel l'équation proposée
se trouve comprise. Si l'on cherche à choisir ce système de telle façon que
ses coefficients soient algébriques ou s'expriment à l'aide de transcen-
dantes déjà connues, cette condition n'intéresse pas seules les intégrales de
l'équation proposée, mais bien un ensemble de trois fondions, liées aux inté-
grales du système différentiel qui contient cette équation.
)) Une même condition est donc appliquée, dans les deux cas, à des
éléments de natures différentes. »
PHYSIQUE. — Sur la formation des gouttes liquides et la loi de Taie. Note
de MM. A. Leduc et P. Sacerdote (*). (Réponse à MM. Ph.-A. Guye
et L. Perrot.)
« MM. Guye et Perrot partagent, comme on peut le voir, nos idées sur
la formation des gouttes. Nous n'avons donc à répondre qu'à deux critiques
relatives à nos expériences :
)) 1° Comme ces auteurs, nous avons observé que la masse des gouttes
tombées augmente avec la rapidité de l'écoulement (^).
)) Des mesures faites avec des vitesses d'écoulement quelconques
n'ont aucun sens : aussi, nous sommes-nous bien gardés d'en faire de
semblables. Dans nos expériences les gouttes se formaient toujours len-
tement, aussi bien avec le mercure qu'avec l'eau; il ne faut donc pas
chercher dans l'exagération de la vitesse d'écoulement l'explication du
relèvement de notre courbe le long de l'axe des y.
» 2" Contrairement à ce que l'on pourrait penser d'après une phrase des
auteurs (p. 46 1 , lignes 8 et suiv. ), nos expériences ne constituent pas une
(*) Voir Guye et Perrot, Comptes rendus, t. CXXXV, p. 458 et 621, et Leduc
et Sacerdote, Comptes rendus, t. CXXXV, p. gS.
(2) Nous n'avons pas signalé celte influence, que nous croyions bien connue. Pour
le même motif, nous n'avons point parlé de l'influence de Félectrisation, qui est éga-
lement importante.
SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 1902. -ySS
vérification pins ou moins imparfaite de la loi de Ta te. Elles montrent, au
contraire, que cette loi ne se vérifie approximativement que dans certaines
limites assez restreintes. On verrait encore, en se reportant à notre Note,
que nous JÏ avons pas admis comme hypothèse la proportionnalité entre les
masses des gouttes tombées et les tensions superficielles : c'est V expérience
qui nous a montré qu'à égalité de diamètre d'orifice le rapport desdites
masses était, pour le mercure et l'eau, 6,3 environ.
» En raison de la variabilité bien connue des propriétés superficielles,
ce nombre 6, 3 nous a paru représenter suffisamment bien le rapport des
tensions superficielles du mercure et de l'eau, et nous n'avons, d'ailleurs,
dans tout ce travail, attaché aucune importance à des écarts de quelques
centièmes, u
ÉLECTRICITÉ. — Remarque au sujet d'une Note récente de M. Ponsot,
sur la force électromotrice d^ un élément de pde thermo-électrique, par
M. H. Pellat.
« Dans la Note dont il s'agit {Comptes rendus , 27 octobre 1902) se trouve
le passage suivant :
» La détermination des températures absolues au moyen de la mesure
)) de q (4) (Pellat) demanderait la détermination de deux constantes et
» la connaissance de deux températures absolues, l'une d'elles ayant une
)) valeur donnée. »
» Ce passage pourrait faire croire que la méthode que j'ai proposée:
Méthode permettant d'évaluer en valeur absolue les très basses températures
{Comptes rendus, t. CXXXIII, 1901, p. 291) est identique à celle qui repose
sur la relation (4) de la Note de M. Ponsot. Or, ma méthode est différente,
car elle ne nécessite pas l'emploi de deux températures connues en valeur
T
absolue. Elle donne, en effet, directement le rapport „- de deux tempéra-
^ 0
tures absolues quelconques; par conséquent, il suffit d'avoir à sa disposi-
tion une seule température fixe, connue en valeur absolue, celle de la
glace fondante, par exemple, égale à 2^3 sur l'échelle centigrade, pour
pouvoir déterminer sur cette échelle n'importe quelle autre température. »
C. R., 1902, 2« Semestre. (T. CXXXV, N" 18.) 97
^34 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ÉLECTRICITÉ. — Sur la résistance électrique du sulfure de plomb aux
très basses températures. Note de M. Ed3ioxd van Aubel, présentée
par M. Lippmann.
« Les expériences ont été faites sur une tige de sulfure de plomb,
obtenue en coulant le produit pur fondu dans une lingotière cylindrique
au préalable fortement chauffée. Cette tige était ensuite limée et usée avec
précaution, de manière à réaliser un cylindre qui avait S^'^'Sgde diamètre.
Cette petite baguette de sulfure de plomb était munie à ses deux extrémités
de pinces en laiton, qui permettaient de mesurer la résistance électrique
de la tige par la méthode de Lord Kelvin. Pour assurer un contact plus
certain encore on avait entouré, d'une étroite bandelette de feuille d'étain,
les deux extrémités de la baguette de sulfure, avant de la fixer dans les
pinces.
» Les diverses températures ont été réalisées et mesurées, comme il a
été indiqué dans ma précédente Note ( ' ).
» Voici les résultats des mesures, dans l'ordre où ils ont été obtenus :
Résistances électriques
Températures.
de la tige en ohms.
0
-h 23,3
10-^ X 474
+ 44,4
lo"*^ X 5i6
+ 61 ,55
10-^ X 55 I
4- 81, 85
10-^x588
( 20 août
1902)
+ 20,2
10-^ X 461
— 74,9
lo-^x 278,5
— 62
io~^ X 3oi
— 53, 1
io"^X 3i6
- 44,6
lo"* X 3oi
- 3i,8
]o-* X 354
— 29,6
io~^ X 358
(27 août
1902)
H- 20,21
10-^ X 469
— 187,2
lo-^x 107,5
(28 août
1902)
+ 20,7
10-^ X 472
» La résistivité du sulfure de plomb pur et coulé est donc 289,88 mi-
crohms-cenllmhlYQ à la température de H- 20°, 7 C. Cette résistivité diminue
(') Comptes rendus, i5 septembre 1902, p. /j56.
SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 1902. 7.35
toujours à mesure que la température devient plus basse, en sorte que,
dans Tafr liquide» la résistance électrique de la tige étudiée est inférieure
au j de sa valeur à la température de -\- 20", 7. Le sulfure de plomb coulé
se comporte donc, entre les limites de température considérées, comme les
métaux purs, et sa résistivité électrique est considérablement plus faible
que celle de la pyrite naturelle FeS-, dont la résistance diminue quand la
température s'élève :
Résistivilé électrique.
Pyrite naturelle i5i3 x 10^ microhms-centimètre à +20" C.
Sulfure de plomb 289,88 microhms-centimèlre à +20°, 7 C.
» Si l'on trace la courbe qui exprime la variation de la résistance élec-
trique avec la température, on constate qu'elle ne présente pas une forte
courbure et que la quantité— est d'autant plus grande que l'on s'écarte
davantage du zéro absolu. Enfin, après avoir été refroidi dans l'air liquide,
le sulfure de plomba repris sensiblement sa résistance électrique à 4- 20'*, 7.
» J. Guinchant ( * ) a étudié le sulfure de plomb pur et coulé entre — ^S**
et + 920°. D'après lui la résistivité peut être représentée de — 20**
à + 100° par la relation
p^=: 0,000298 (l -4- 0,00.50I/).
» D'après mes expériences, la constante physique que nous étudions
varie à peu près proportionnellement à la température, entre — 29*^,6
et H- 8 1*^,85. Toutefois, suivant!. Guinchant :
» L'allure delà courbe entre +900° et — 25" fait prévoir une tangente horizontale
et, par conséquent, un minimum de résistivité, mais à une température très basse,
probablement inférieure à — 100°.
)) Mes mesures n'ont pas indi(|ué l'existence d'un tel minimum.
» D'autre part, F. Streintz (") a réalisé une tige, par compression de la
poudre de galène (PbS). Entre + 3o° et 4- 200**, la conductibilité pouvait
être obtenue par la formule
R = « X T«,
dans laquelle T est la température" absolue, a et a deux constantes. La
{^) Comptes rendus, séance du 26 mai 1902. p. 1224.
(-) Sitzungsber. der Akad.der Wissens. Vienne, séance du 6 mars 1902, p. 36i.
736 ACADÉMIE DES SCIENCES.
résistivité diminuerait donc quand la température s'élève, contrairement
aux mesures faites par J. Guinchant et aux nôtres. En outre, la galène ayant
été placée par F. Streinfz dans l'air liquide, la résistance électrique est
devenue considérable. Ainsi une tige vieillie de galène ayant 2'^'" de lon-
gueur eto'''"\5 de section avait 28 ohms de résistance à + 22° et 67000 ohms
environ dans l'air liquide.
» J'ajouterai que la lige de sulfure de plomb coulé, utilisée pour mes
mesures, était absolument massive et ne présentait aucune soufflure. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur uîi chlorosulf aie (V aluminium .
Note de M. A. Recoura.
« Dans une Note précédente (Co/?2/?^e^re/irfw^, 21 juillet 1902) j'ai montré
que, lorsqu'on porte à l'ébullition une solution de sulfate de sesquioxyde
de chrome additionnée d'un grand excès d'acide chlorhydrique, la molé-
cule de sulfate abandonne une partie de son acide sulfurique, comme elle
le fait dans l'eau pure, et que ceux des hydroxyles de l'hydrate chromique,
ainsi devenus libres par la séparation de l'acide sulfurique, fixent de l'acide
chlorhydrique, de sorte que l'on obtient un sel polyacide dans lequel les
hydroxyles de la base sont saturés, les uns par de l'acide sulfurique, les
autres par de l'acide chlorhydrique. La solution abandonne en effet à la cris-
tallisation un chlorosulfaLe CrSO'^CI, 6H'^0, dont j'ai décrit les curieuses
propriétés.
» Il était intéressant de savoir si le sulfate d'aluminium se comporterait
de la même façon. J'ai obtenu dans les mômes conditions, c'est-à-dire par
cristallisation d'une solution de sulfate d'aluminium faite dans l'acide
chlorhydrique bouillant, un composé tout à fait semblable, c'est-à-dire
le chlorosulfate d'aluminium AlSO^Cl, 6H^'0 (^). Sa préparation est
calquée sur celle que j'ai décrite pour le chlorosulfate de chrome. On
obtient ainsi un sel très soluble dans l'eau et à peu près insoluble dans
l'alcool. On remarquera que Ton trouve dans ce composé les 6"**^' d'eau
qui existent dans le chlorure d'aluminium AlCl% 6H-0, de même que l'on
trouve dans le composé correspondant du chrome les 6""°' d'eau du chlo-
rure chromique.
» On peut se demander si le composé ainsi obtenu est bien un sel
(') Trouvé : Al =; I ; S0'* = 0,999; Cl = J ,002; H^O = 5,9.
SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 1902. 'j'6'J
polyacide AlSO'Cl, on bien si c'est un sel double AP3S0'*, AlCl^ pro-
venant de l'union d'une molécule de sulfate d'aluminium avec une molé-
cule de chlorure. Dans le cas du composé chromique, les propriétés du
corps et les mesures cryoscopiques ne laissent aucun doute à cet égard,
ainsi que je l'ai fait voir. Elles montrent que la solution aqueuse de ce
sel renferme bien, au début, le composé CrSO^Cl, mais que ce corps
instable est détruit peu à peu par Teau, et que, au bout de quelques jours,
elle ne renferme plus qu'un simple mélange Cr^3S0*-l- CrCP.
» Dans le cas du composé aluminique, les mesures cryoscopiques
montrent que sa dissolution dans l'eau n'est, même dès les premières minutes,
qu'un simple mélange de sulfate d'aluminium et de chlorure. En effet,
l'abaissement du point de congélation de la solution aqueuse de ce com-
posé est la somme des abaissements du sulfate et du chlorure qu'il ren-
ferme ( ^). Ainsi donc, tandis que le chlorosulfate de chrome n'est détruit
que lentement par l'eau, celui d'aluminium est détruit en quelques instants.
Par conséquent, l'étude de la dissolution ne permet pas de résoudre la
question de la constitution du composé solide.
» Mais, étant donné qu^il se produit exactement dans les mêmes condi-
tions que le composé chimique, qu'il a exactement la même composition
que lui, on peut considérer comme vi aisemblable qu'il a la même consti-
tution, c'est-à-dire que c'est un sel polyacide.
>j Cette manière de voir est d'ailleurs confirmée par le fait suivant ; si le
composé était un sel double, on l'obtiendrait vraisemblablement en faisant
cristalliser un mélange de sulfate et de chlorure dissous dans l'eau. Or,
dans la caùstallisation d'un tel mélange, il ne se forme pas trace de chloro-
sulfate d'aluminium ; les cristaux que l'on obtient sont un mélange en pro-
portions variables de sulfate et de chlorure, mélange qui, traité par l'alcool,
lui abandonne la totalité du chlorure qu'il renferme, tandis que le chloro-
sulfate est indécomposable par l'alcool dans les mêmes conditions.
» Pour toutes ces raisons, on peut donc admettre que le chlorosulfate
d'aluminium AlSO^'Cl, GH-O a la même constitution que le chlorosul-
fate de chrome CrSO'Cl, 6H-0. Or, j'ai fait voir que ce dernier corps
est un composé complexe, que le chlore y est dissimulé et que, dans le
même composé à S""*^' d'eau, l'acide sulfurique, lui aussi, est dissimulé. Il
(') En effet, une solution renfermant 4° du composé se congèle à — 0°, 5o. Or les
quantités de sulfate et de chlorure qu'ils renferment produisent, à la même dilution,
des abaissements qui sont respectivement o°,22 et o°,3o et dont la somme est o",52.
738 ACADÉMIE DES SCIENCES.
est donc probable qu'il en est de même dans le composé aluminique. Mais,
tandis qu'on peut le constater pour le composé chromique parce qu'il n'est
décomposé que lentement par l'eau, on ne peut pas le fiiire pour le com-
posé aluminique, puisqu'il est instanlanément détruit par l'eau.
» Il en est de même pour toute la série des composés complexes du
chrome que j'ai étudiés. On peut mettre en évidence leurs propriétés,
parce que, quoique fragiles, la dissolution ne les détruit pas immédiate-
ment. 11. n'est pas improbable que des composés analog^ues existent pour
l'aluminium, mais il est vraisemblable que ces composés, comme le chloro-
sulfate d'aluminium, sont très rapidement détruits par la dissolution.
)) On devait s'attendre à ce que le sulfate ferrique donnât naissance à un
composé analogue. Il n'en est rien. Dans les mêmes conditions, le sulfate
ferrique donne naissance, non pas à un chlorosulfate, mais, d'une part, à
du chlorure ferrique et, d'autre part, à un sulfate acide
Fe23SO% SOnP, 81-PO
dont je poursuis en ce moment l'étude. )>
CHIMIE MINÉRALE. — Sur un procédé général de formation des azotures
métalliques. Note de M. Guntz, présentée par M. A. Haller.
« J'ai mesuré autrefois la chaleur de formation de l'azoture de lithium,
et j'ai trouvé que
Li^ sol. -h Az gaz. =::= LiWz sol. H- f^(f-''\ 5 ( ' ).
» Si l'on fait réagir sur ce composé un chlorure métallique MCI, on a,
pour la réaction,
Li^^ Az + 3MC1 = M-' Az h- 3Li Cl + Q calories,
et ce nombre Q est en général très considérable car le chlorure de lithium
est un des chlorures formés avec le plus grand dégagement de chaleur.
Ainsi, pour la réaction suivante, si x est la chaleur de formation de l'azo-
ture ferreux, on a
2Li^\z^- '^FeCl- ^ Fe='Az- + ôLiCl 4- 241^=»', 8 -f- x.
(') GuNTZ, Comptes rendus, t. CXXIII, p. 995.
SÉANCE DU 3 NOVEMBRE I902. 789
)) Il y a donc un excès considérable de chaleur disponible permettant
la formation de Tazolure ferreux.
» J'ai donc essayé cette réaction à cause de l'intérêt que présentent ces
composés. La combinaison de l'azote avec le fer a été en effet très étudiée,
et l'on a proposé de nombreuses formules pour représenter la composi-
lion des produits obtenus; ainsi, notamment, les recherches récentes de
M. G.-J. Fowler (') semblaient donner la formule Fe^Az.
)) On obtient cependant facilement les azotures Fe^Az^,FeAz.
» Pour obtenir l'azoture ferreux j'ai chauffé, en un point, dans une nacelle en
fer, is de Li-^\z avec iqs du chlorure double aKClFeCl^ L'incandescence se produit
dans la partie chauffée et se propage dans toute la masse; je n'ai pas employé FeCl^
pur, car la réaction est trop énergique.
» On lave le produit obtenu dans une atmosphère de CO^, car il est très oxydable,
et l'on obtient de l'azoture ferreux pur. C'est une poudre noirâtre, très oxydable à
l'air et par l'eau aérée, soluble dans H Cl étendu.
)) La réaction de Li^\z sur FeCPKCl s'opère de la même manière,
mais elle est plus énergique encore; il faut pulvériser séparément les deux
produits et les mélanger doucement dans la nacelle. Si l'on ne prend pas
cette précaution, le mélange prend feu en projetant des étincelles, et le
mortier est souvent brisé par suite du grand dégagement de chaleur.
» Après refroidissement, le contenu de la nacelle est lavé à l'eau bouil-
lante, puis séché à loo"*; l'analyse montre que l'on a obtenu de l'azoture
ferrique FeAz pur, composé noir qui, chauffé sur une lame de platine,
devient incandescent en se transformant en oxyde de fer; il est beaucoup
moins oxydable que l'azoture ferreux.
» La réaction de Li^Az sur le chlorure chromique CrCP est également
très "énergique; en opérant comme pour FeCP, on obtient l'azoture de
chrome CrAz pur dont les propriétés sont celles indiquées par M.Ferée (-).
» La stabilité de l'azoture de chrome m'a engagé à remplacer Li^Az par
l'azoture de magnésium et l'expérience m'a montré que la double décom-
position se produit de la même manière et est même plus facile à opérer.
» Ce mode de formation des azotures me semble général et je compte le
vérifier pour d'autres composés.
» L'hydrure de lithium semble se comporter comme Fazoture dans ces
doubles décompositions.
(') G.-J. FowLER, Proceedings of tlie chemicaL Society, t. CCXVI, p. 209.
(-) Ferée, Bulletin de la Société chimique, 1901, p. 618.
74o ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Lorsqu'on chaufTe un chlorure avec de Fhydrure de lithium, il y a, la plupart du
temps, réaction et quelquefois avec explosion.
» En chauflTant, par exemple, LiH + MgCP, il y a réaction; mais, en même temps,
l'hydrure de magnésium se décompose presque complètement, par suite de la tempé-
rature élevée de la réaction; avec le chlorure de palladium, la réaction se produit et
le mélange prend feu, rien que par le mélange des substances.
» Je m'occupe de déterminer les conditions assez délicates permettant
d'obtenir les divers hydrures métalliques, notamment en opérant sous de
fortes pressions d'hydrogène. »
CHIMIE MINÉRALE. — Suj' le baryum- ammonium et Vamidure de baryum..
Note de M. Mentrfx, présentée par M. Haller.
« M. Guntz a montré (') que le baryum et le strontium métalliques se
dissolvent dans l'ammoniac liquide pour donner des composés mordorés
semblables aux autres ammoniums préparés par M. Joannis (^) et par
M. Moissan (').
» Nous avons étudié les conditions de formation du baryum-ammonium
et ses propriétés.
» Lorsqu'on fait passer du gaz ammoniac sur le baryum, on constate que ce métal
ne s'attaque pas au-dessus de ~\- '28°. Au-dessous de cette température il se forme un
produit solide rouge mordoré se transformant en un liquide bleu lorsque la tempéra-
ture baisse au-dessous de — 23". Vers — 5o° il se sépare un liquide huileux bleu
foncé, peu soluble dans l'ammoniac liquide qu'il colore en bleu pâle.
» Au-dessous de — 28° ces composés sont stables; à partir de — i5°, ils se trans-
forment en amidure d'autant plus rapidement que la température est plus élevée.
» Voici les tensions de dissociation du baryum-ammonium que nous avons observées
en opérant toujours en présence d'un excès de baryum :
Pensions
en 1
millimètres
Température.
de
mercure.
—63
19
-3i
38
-19
0
59
i58
-^19
-^28
5o7
78.5
(*) Guntz, Bull. Soc. des Sciences de Nancy, 1902.
(-) Joannis, Comptes rendus, t. GIX, p. 900, 966; t. CXII, p. 392; t. CXUL p. 796;
t. CXV, p. 820.
(^) MoissÀN, Comptes rendus, t. GXXVU, p. 685.
SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 1902. 'j^\
» Nous avons analysé ce composé par la méthode de M. Joannis, en cherchant à
diverses températures la composition du produit limité qui, en perdant une trace
d'ammoniac, donne du baryum libre. On trouve ainsi : à o", Ba + 6, i AzIP ; à — 28°,
Ba -h 6,3 Az IP ; à — 5o°, Ba -+- 6,97 Az H^, les tensions de ces composés étant, à tempé-
rature égale, les mêmes que les tensions de dissociation indiquées précédemment.
» A basse température, le baryum-ammonium renferme donc un léger excès d'am-
moniac provenant de la dissolution de ce gaz dans le composé solide dont la formule
semble être Ba(AzH')^. M. Moissan avait trouvé pour le composé analogue du cal-
cium la formule Ca(AzîP)\
» Il semble donc que la proportion du gaz ammoniac combiné avec
les métaux de cette famille augmente avec le poids atomique; pour le
vérifier, nous nous proposons de déterminer la formule du strontium-
ammonium.
» Les propriétés du baryum-ammonium sont semblables à celles des
autres ammoniums; il prend feu au contact de l'air, se décompose très
vivement par l'eau.
» L'oxygène à basse température est absorbé en donnant un mélange de
bioxyde de baryum et de baryte.
» Avec le bioxyde d'azote, nous avons obtenu l'hypoazotite de baryum,
solide blanc Ba (Az O)-.
» L'action de Toxyde de carbone sur la solution ammoniacale de baryum-
ammonium nous a permis de préparer un composé nouveau, le baryum-
carbonyle Ba (CO)-, corps solide, jaune, se décomposant sans explosion au
contact de l'air et par la chaleur, soluble dans l'eau avec décomposition.
» En faisant passer du gaz ammoniac sur le baryum chauffé dans une nacelle en fer,
on constate que l'attaque a lieu à 280°. 11 se forme un liquide gris devenant vert, puis
rouge lorsque la température augmente. Il se forme de l'amidure de baryum :
Ba + 2 Az H» := Ba ( Az H- f + H-.
» A 460°, l'amidure fondu bout en dégageant un mélange d'azote et d'hydrogène
dans le rapport -— - = o.
» A 65o°, il se forme un produit solide, jaune orangé, fusible seulement à 1000". En
abaissant la température et en opérant toujours dans un courant d'ammoniac, les phé-
nomènes inverses se produisent; le composé redevient liquide vers 45o°, puis se soli-
difie à 280°.
» Ces changements curieux sont dus à la transformation, par la cha-
leur, de l'amidure Ba(AzH-)- en azoture Ba'Az-, et, par refroidissemenl,
de l'azoture en amidure, comme les analyses nous l'ont montré, ces réac-
C. H., 1902, i» Semestre. (T. CXXXV, M» 18) 9"
742 ACADÉMIE DES SCIENCES.
lions étant accompagnées d'une décomposition illimitée de l'ammoniac en
ses éléments.
» En opérant dans le vide, nous avons obtenu de l'azoture de baryum
pur et exempt de fer. Il se produit donc, à chaque température, un équi-
libre entre Ba^Az^ et Ba(AzH^)-, d'après la réaction
:3Ba(AzH-)--rBa'Az^-^4AzH^
» Nous avons vérifié que l'amidure de lithium donne nettement une
transformation analogue, qui, probablement, se produit aussi pour l'ami-
dure de sodium, mais en très faible proportion, aux températures où l'on
peut opérer dans le vide sans dissocier totalement NaAzH^. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur quelques produits d'oxydation de l'aniline par
l'oxygène de l'air. Note de M. C.-I. Istrati, présentée par M. Arm.
Gautier.
« On sait depuis longtemps que l'aniline brunit à la longue au contact
de l'air et finit même par se résinifier. Quelle que soit la multiplicité des
méthodes qu'on a employées pour essayer d'oxyder l'aniline, les résultats
que nous allons faire connaître semblent prouver que la liste des corps
résultant de l'oxydation de cette substance est bien loin d'être close.
» L'air a une action très grande sur l'aniline portée à l'ébuUition ; en
même temps qu'elle s'unit à l'oxygène, elle se condense en différents
groupements nouveaux. Pendant la réaction, ou observe la production
d'eau en quantité et, chose plus curieuse, d'un peu d'ammoniaque.
» Dans un ballon surmonté d'un appareil réfrigérant, on introduit 25os d'aniline
pure. L'air préalablement séché y pénètre par un tube en verre; il est aspiré au moyen
d'une trompe, réunie au tube abducteur du réfrigérant à reflux.
» Après lo heures de chauff'age, l'aniline se colore déjà en brun. Après lo jours, le
liquide est noir et visqueux. Peu à peu il dépose, pendant la nuit, des cristaux noi-
râtres. La masse est complètement solide à partir du vingt-cinquième jour.
» Cette masse, confusément cristalline, est jetée sur un filtre et lavée à l'alcool
froid. 11 reste sur le filtre une masse rouge brunâtre (A); à travers le filtre passe un
liquide noir qui entraîne aussi l'aniline non oxydée (B).
y On reprend à froid la masse (A) par le chloroforme qui dissout facilement une
substance rouge foncé (G), et laisse sur le filtre une substance grisâtre franchement
cristallisée (D).
» Cette dernière partie est reprise dans un appareil à extraction, à chaud, d'abord
par l'alcool, qui enlève une substance plus ou moins colorée en noir, cristallisable en
SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 1902. n^^
longues aiguilles. Après plusieurs cristallisations et décolorations par le noir animal,
on l'obtient en belles aiguilles incolores longues de plusieurs centimètres et fondant
à 238"-239" :
1) L'analyse de ce corps a donné pour foo : C = 74:.43; H = 5,96; Azz=;i3,23.
A froid
(3o''-3i°). A l'ébullition.
I oos d'alcool en dissolvent os, S8 4^) ^5
loos de chloroforme en dissolvent os,o65 o^, 1/41
» L'acide azotique attaque ce corps et donne avec lui un mélange de plusieurs
dérivés nitrés.
» La partie facilement soluble dans l'alcool est extraite par le chloroforme. Après
plusieurs cristallisations dans le toluène, on obtient un corps fusible à 201°, en
petites écailles incolores, luisantes et ressemblant au carbazol.
» Le corps est indifférent, brûle difficilement pendant la combustion et paraît s'ap-
procher de la formule
O
II
CM V I
II
O
qui veut pour 100 :
C=z'-o,6o; H=4i^4) Az=:ii,7C),
nous avons obtenu à l'analyse, pour 100 : C=: 70,57; H = 5, 19; Az::r:ii,54.
A froid
(Si'-Sa"). A l'ébullition.
lOQo d'alcool en dissolvent os,oio os, 342
loos de chloroforme en dissolvent 08, i37 os, 5o8
» Le dérivé nitré fusible à 247°, soluble dans l'alcool, contient pour 100 : 0 = 39,61 ;
11 = 2,93; Az = 19,54.
» La partie soluble dans le chloroforme (G) avec une forte couleur rouge est extraite
à plusieurs reprises par l'alcool. On obtient ainsi un corps cristallisé soyeux, de cou-
leur rouge violacé, fusible entre 207" et 208°.
» L'analyse a donné pour 100 : G = 80, 24; II = 6,37 ; Az = 1 1 ,45.
» Ge corps paraît répondre à la formule
(G«H5— AzH)^=G«H'--0 — C''ll*=(AzH — G'^PI^)S .
qui veut pour 100 : G =80,37; H=r5,63; Az = 11,75, et qui explique en même
temps le caractère neutre de la substance.
A froid
(3i"-32"). A lY-buliition.
loo' d'alcool en dissolvent 0',o57 0*^,34
1008 de chloroforme en dissolvent. . o'^, 38 8^, 25
744 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Traité par le nitrite de sodium, en solution acétique, ce corps se colore immédia-
tement en rouge de sang et se dissout plus facilement. Précipité par l'eau, on isole un
composé cristallisé rouge, plus soluble dans le chloroforme que dans l'alcool. Ce dérivé
nitrosé fond à 190°-I97°; l'analyse a donné pour loo : Cz=;68,85 ; H = 4;9i ; Az-=i 1,96.
» La partie (B) est distillée d'abord directement pour extraire l'alcool, puis dans
un courant de vapeur d'eau pour chasser l'aniline. Le résidu est traité de la même
manière que le corps (A). Des restes plus solubles dans l'alcool on peut extraire, par
l'eau, un corps incolore cristallisant en belles lamelles fusibles à iiC-ua".
» L'analyse nous donne pour 100 : C=: 69,76; H =: 6,81 ; Az = 10,21.
)) Cette substance est très instable. Pendant la concentration des eaux mères au
bain-marie, elle s'oxyde et se transforme en une masse rougeâtre, insoluble dans l'eau,
qui paraît être le corps fusible à 207°-2o8°.
» Quant au rendement, le corps rouge violacé se produit en très grande
quantité; les corps fusibies à 2^1° et à 289° se prorkiisent presque en
même proportion : approximativement 5 pour loo par rapport au composé
rouge. I.e corps fusible à iio°-i 12*^ se produit en très petite quantité.
» Je me propose de présenter la suite de cette étude ilans une Commu-
nication ultérieure. »
CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur une matière albuminoïde extraite du grain de maïs.
Note de MM. E. Doxard et H. Labbé, présentée par M. A. Ditte.
« Seul, parmi les matières albuminoïdes des céréales, le gluten des
froments a fait, jusqu'à présent, l'objet d'études approfondies. Ritt-
hausen (') a considéré le gluten comme un produit complexe formé de
trois matières protéiques distinctes : la gluten-fibrine ou glulènine, la
gliadine et la mucèdine. Ces matières se différencient surtout les unes des
autres par leurs inégales solubilités dans l'alcool éthylique à diverses
concentrations. M. Fleurent (^) a tiré un heureux parti de ces propriétés
pour réaliser le dosage des proportions relatives degluténine et de gliadine
dans les diverses farines.
» Par de l'alcool convenablement dilué et à l'aide d'épuisements métho-
diques, on peut aussi, suivant Ritthausen (^), retirer du maïs un mélange
de matières albuminoïdes présentant un aspect analogue à celui des consti-
(') Les corps protéiques des céréales. Bonn, 1872,
(-) Comptes rendus, t. CXXIII, p. 827 et 754.
(*) Les corps protéiques des céréales. Bonn, 1872, p. ii5-] 17.
SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 1902. 745
tuants du gluten de blé, mais qui jouissent de propriétés chimiques les
différenciant complètement des glutens de blé.
» Ayant cherché à réaliser une méthode qui permît l'extraction des
matières protéiques du maïs, non plus sous la forme visqueuse et gluante,
plus ou moins facile à dessécher, que leur assigne Ritthausen, mais sous un
aspect physique convenable et dans un état de pureté chimique absolu,
nous avons reconnu la solubilité à chaud dans l'alcool iso-amylique d'une
partie des matières protéiques du grain de mais, parallèlement avec l'inso-
lubilité absolue du gluten de blé dans le même solvant.
» Du maïs réduit en farine est préalablement desséché et privé de son huile par un
épuisement à la benzine cristallisable; on le soumet ensuite à l'épuisement à chaud
par son poids environ d'alcool amylique anhydre. Au bout de 8 heures, la solution
amjlique estprécipitée par un ex-cès (environ trois fois son volume) de benzine cristal-
lisable. La matière albuminoïde, à peu près complètement insoluble dans ce mélange,
forme un précipité floconneux que l'on jette sur un filtre et qu'on lave à la benzine
jusqu'à ce que les liquides de lavage ne contiennent plus trace d'alcool amylique. On
sèche ensuite la matière dans le vide sec à basse température ou on l'étend sur du
papier à filtre. Par évaporation de la benzine qui l'imprègne, il reste finalement une
substance pulvérulente que l'on achève de priver de benzine dans l'étuve à ioo°.
» Si l'on extrait, par le procédé de Ritthausen, la masse impure des albuminoïdes
du maïs, et qu'on traite celle-ci par l'alcool amylique, on la sépare en deux parties :
l'une rigoureusement insoluble, l'autre soluble à chaud dans cet alcool. La dernière
s'identifie complètement avec la matière extraite du maïs lui-même par le procédé
décrit ci-dessus. Nous reviendrons ultérieurement sur les conditions de cette analyse
immédiate.
» La matière obtenue par l'une et l'autre méthode, que nous désignons
sous le nom de maïsine parce que nous ne l'avons pas encore rencontrée
dans les autres céréales ou légumineuses (sauf une minime proportion dans
le sorgho), se présente sous l'aspect d'une poudre blanche, extrêmement
fme et légère, ayant la composition centésimale suivante ;
C : 54,72; II : 7,63; Az : 15,90; S : 0,80; cendres : 0,06.
» Du poids du soufre on déduit, pour la molécule, un poids mmimum
de 4000 qui correspondrait à une composition ; C"'^H^*'"A//''0^' S. Cette
formule exige les pourcentages suivants des éléments :
C : 54,80; H : 7,5; Az : 16,00; S: 0,8.
» La maïsine est insoluble dans l'eau à froid comme à chaud, ainsi que dans les
diverses solutions salines. Cependant, par une longue ébuUitioii avec l'eau, elle s'hydro-
lyse faiblement et donne à l'évaporation un léger résidu soluble.
746 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Elle est, soluble dans les alcools méthyliquc et éthylique et dans l'acétone. Sa
solubilité est beaucoup plus grande à chaud et ses solutions dans ces divers solvants
précipitent par refroidissement. La maïsine précipite également de ces solutions par
l'éther hvdraté ou absolu, !a benzine, les hydrocarbures, mais dans un état d'hydra-
tation qui la transforme en une matière gluante se collant aux. vases et donnant, par
dessiccation, une matière jaune translucide et cornée. La maïsine est également soluble
dans l'acétate d'amyle bouillant en très petite quantité, et ce dernier la laisse déposer
à froid en poudre blanche.
w Insoluble dans les solutions aqueuses acides (acide acétique à 2 et 5 pour 100),
elle développe une odeur spéciale par ébullltion au sein de ces dernières. Elle est
soluble, au contraire, dans les solutions aqueuses de soude ou de potasse à i ou
2 pour 100 ou même plus faibles (^^P^). Les solutions alcoolo-potassiques extrêmement
étendues la dissolvent aisément.
» Dans les alcools supérieurs, prop^diqne, isobutvlique, la maïsine est soluble
comme dans l'alcool amylique. Ce dernier ne dissout, à froid, que des traces de
maïsine; à chaud, au contraire, les quantités d'albuminoïde dissoutes atteignent 11 à
11,5 pour 100 du poids de l'alcool employé.
» La teneur des maïs en maïsine est de 4 à 4,5 pour 100 environ.
» L'étude des diverses céréales, légumineuses et maïs, relativement à
leur teneur en maïsine, et, d'antre part, l'étude des propriétés chimiques
et biologiques de cette dernière feront l'objet de prochaines Communica-
tions. «
CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur le dosage de l'oxyde de carbone et de V acide
carbonique dans les airs viciés. Note de M. Ferdixaxd Jean, présentée
par M. Amagat.
« A côté d'intoxications aiguës et mortelles causées par l'oxyde de car-
bone et l'acide carbonique, dont les exemples répétés et récents ont ému
le public, les intoxications lentes, résultant d'un manque de venti-
lation, de foyers de chauffage défectueux, de fissures ou de crevasses dans
le corps des cheminées, ne sont pas moins dangereuses pour la santé; car,
ces gaz n'affectant pas l'odorat, on n'en peut déceler la présence que par
une analyse compliquée de l'air suspect, ou une expérimentation physiolo-
gique très délicate.
» Nous avons pensé que le corps médical ferait bon accueil à un appareil
simple et pratique qui permettrait de faire rapidement, au point de vue de
l'oxyde de carbone et de l'acide carbonique à dose anormale, l'examen
des airs confinés, viciés ou suspects.
SÉANCE DU 3 NOVEMBRE T902. ■74-7
» L'appareil qui fait l'objet de cette Note nous paraît répondre aux con-
ditions que comportait la solution de la question; il permet, en effet, non
seulement de déceler la présence de traces d'oxyde de carbone, mais
encore de déterminer quantitativement la dose d'oxyde de carbone et
d'acide carbonique contenus dans l'air vicié, et cela automatiquement,
sans exiger de l'opérateur des connaissances scientifiques, ni l'habitude
des manipulations.
» Notre appareil est constitué par trois flacons laveurs en verre, A, B, C, conte-
nant chacun un réactif. Ces laveurs sont raccordés par un tube de caoutchouc à un
aspirateur double, à renversement, de 10' de capacité, muni d'un niveau gradué par
demi-litres, et dont le débit est réglé de façon à faire passer lentement l'air dans les
laveurs, à raison de 10^ par heure.
» Le laveur C porte un petit tube de verre garni de ouate hydrophile, destinée à
retenir les poussières en suspension dans l'air, sur lequel on fixe le tube de caoutchouc
qui sert à puiser l'air, par aspiration, dans la pièce dont il s'agit d'étudier l'air.
» Le laveur A renferme ôo*^™' d'une solution de chlorure de palladium au millième,
aussi neutre que possible. Sous l'action d'une certaine quantité d'oxyde de carbone, il
se forme du palladium reconnaissable au dépôt noirâtre qui se produit d'abord, sur
les parois des tubes, à la partie supérieure du laveur ; on observe ensuite, si l'on pousse
l'opération, la formation d'une poudre noire, et la décoloration partielle du réactif.
» Le chlorure de palladium peut être remplacé, dans le laveur A, par une solution
de nitrate d'argent ammoniacal, au centième, que l'on prépare en ajoutant, dans la
solution ammoniacale de nitrate d'argent, du nitrate d'argent jusqu'à formation d'un
commencement de précipité d'oxyde d'argent.
» Nous avons constaté qu'une semblable solution filtrée, employée à froid, possède,
à l'égard de l'oxyde de carbone, exactement le même degré de sensibilité que le chlo-
rure de palladium. Sous l'action de l'air contenant de l'oxyde de carbone, ce réactif
prend une légère coloration violacée, puis forme un précipité noir, si l'on fait passer
un plus grand volume d'air contenant des traces d'oxyde de carbone.
» Nous avons déterminé expérimentalement la sensibilité initiale de ces deux réactifs
en faisant passer, dans le flacon laveur, de l'air mélangé avec des volumes déterminés
d'oxyde de carbone, et nous avons constaté que les réactifs indiquaient la présence de
l'oxyde de carbone lorsque S*^""' à lo"^'"' d'oxyde de carbone dilués dans l'air avaient
traversé le flacon laveur.
» Le deuxième flacon B contient 5'=°'" de soude ou de potasse demi-normale, dans
45""' d'eau, colorée assez fortement avec du bleu C4B. Expérimentalement, nous avons
reconnu que, pour faire virer au bleu franc la teinte rouge violacé de l'indicateur, il
fallait faire passer dans le laveur 88'^'"' d'acide carbonique mélangé dans n'importe
quel volume d'air,
» C'est à dessein que nous avons diminué la sensibilité du réactif, afin de ne pas
avoir à tenir compte de l'acide carbonique contenu normalement dans l'air, ou qui
peut s'y trouver à petite dose ; l'air confiné ne devenant impropre à la combustion des
748 ACADÉMIE DES SCIENCES.
bougies qu'à la dose de 4 à 5 pour loo cii volume, il était, en effet, inutile de déter-
miner des doses d'acide carbonique inférieures à i pour loo.
» Le laveur C contient de Tacide sulfurique à 66° Baume ; il est destiné à retenir les
carbures d'hydrogène et autres composés organiques volatils, que l'air vicié par la
respiration ou la combustion renferme souvent en petites quantités; la présence de
ces corps est indiquée par la coloration jaune plus ou moins foncée que prend l'acide
sulfurique au cours du barbotage de l'air dans le laveur.
» L'appareil étant monté et mis en communication d'une part avec l'aspirateur
d'air et, d'autre part, au moyen d'un tube en caoutchouc, avec la pièce dont on se
propose d'analyser l'air, il suffit d'ouvrir le robinet de l'aspirateur et de noter, d'après
le nombre de litres d'eau écoulés, le volume d'air ayant passé dans les laveurs, pour
que le réactif A indique la présence de l'oxyde de carbone et le volume d'air qui a été
nécessaire pour faire virer au bleu le réactif B.
» Sachant que S*^™' à lo'^™' d'oxyde de carbone et SS*^*"' d'acide carbonique sont
nécessaires pour influencer les réactifs A et B et connaissant les volumes d'air qui ont
traversé le système de laveurs, pour produire ces résultats, il devient très simple de
calculer la teneur en oxyde de carbone et en acide carbonique de l'air analysé.
» Si, par exemple, il a fallu, pour influencer le réactif A, faire passer 20^ d'air, on
saura que cet air renferme de yôoôU ^ ToÎtô d'oxyde de carbone. Si, pour faire virer le
réactif B, il a fallu 3' d'air, c'est que l'air analysé renferme 2,9 pour 100 d'acide car-
bonique en volume.
» Les essais qui ont permis d'établir la sensibilité initiale des réactifs ayant été faits
avec de l'air à 18° C, on peut ramener les données analytiques fournies par l'appareil
au volume d'air à o°G., ou, par application de la formule de dilatation de l'air, si
l'analyse a porté sur de l'air à une température différente de 18° C, au volume d'air
à 18° C.
» On voit que cet appareil permet de doser des quantités très faibles
d'oxyde de carbone et d'acide carbonique, dans les airs viciés, par simple
mesure du volume d'air ayant traversé l'appareil, résultats qu'on ne peut
obtenir par les méthodes d'analyse gazométrique les plus compliquées, au
moins en ce qui concerne l'oxyde de carbone. »
ZOOLOGIE. — Recherches sur le bourgeonnement de Rhabdopleura Nor-
manni AU. Note de MM. C. Vaney et A. Conte, présentée par M. Alfred
Giard.
« Le bourgeonnement de Rhabdopleura Normanni aboutit soit à l'accrois-
sement normal de la colonie, soil au remplacement d'individus dégénérés.
Dans les deux cas, l'évolution du bourgeon est identique.
SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 1902.
749
» Dans le premier cas, le pédoncule d'un individu donne latéralement un bourgeon
plein, qui se développe en dehors de l'enveloppe chitineuse et ne tarde pas à présenter
deux régions : une région ovoïde, très volumineuse, qui formera l'épistome et, à la
base de celle-ci, une masse pleine en forme de V inséré par la pointe, dont chaque
branche est le rudiment d'un des bras du lophophore. Plus tard, vers ce point d'inser-
tion, le pédoncule se renfle latéralement, pour donner une masse allongée dans laquelle
le rudiment du tube digestif apparaît sous forme d'une lumière contournée. Sur des
coupes, ce bourgeon présente un épilhélium externe chargé de granulations pigmen-
taires et entourant une masse mésenchymateuse dont les cellules forment la paroi du
tube digestif. Le pédoncule s'allonge et l'animal sécrète son tube.
» Dans le second cas, un individu adulte subit une dégénérescence analogue à une
dégénérescence adipeuse. Il se charge de globules réfringents qui restent groupés plus
ou moins longtemps. Cette dégénérescence commence par le lophophore, dont les ten-
tacules secondaires disparaissent rapidement; puis elle gagne tout l'individu. Elle
peut se limiter au lophophore, l'épistome et la masse viscérale. Alors le pédoncule
régénère à son extrémité un nouvel individu. Le plus souvent, cette dégénérescence
gagne le pédoncule et se continue jusqu'à la base de la loge dans laquelle vivait l'in-
dividu primitif. En ce point, le pédoncule forme un bourgeon plein qui se développe
à l'intérieur du tube et finit par reconstituer un nouvel individu.
» Au cours d'une dégénérescence, il arrive que le tube s'enroule plus ou moins sur
lui-même et que, dans son intérieur, les produits de la dégénérescence restent groupés
en masses sphériques ou ovoïdes. Ces masses ainsi disposées ont été regardées à tort
comme des statoblastes ou des hibernacula ; il est facile de se convaincre de leur carac-
tère résiduel.
» En résumé, une régénération des individus et un bourgeonnement
latéral de leur pédoncule concourent à la conservation et à l'accroissement
des colonies de Rhabdopleura. Dans aucun cas nos exemplaires n'ont pré-
senté d'individus blastogènes incomplètement développés et donnant sur
leur pédoncule une série de bourgeons. Ils diffèrent en cela de ceux
étudiés par Ray-Lankester.
M En ce qui concerne les affinités de l{. Nonnanni, nous pensons que
celte espèce doit être rapprochée des Bryozoaires endoproctes. La pré-
sence d'une enveloppe tubulaire chitineuse sur le pédoncule est un carac-
tère que l'on retrouve chez les endoproctes marins, tels que ceux du genre
Barensia Hincks. Comme chez ces derniers, l'espace compris entre les vis-
cères et la paroi du corps est comblé par un tissu mésenchymateux. Cer-
tains caractères divergents, tels que ceux tirés de l'absence de néphridies
et de la disposition des organes génitaux, peuvent résulter de ce fait que
R. Normanni est une espèce entièrement fixée sur un support rigide et
dont la mobilité est limitée au calice qui sort ou rentre dans sou tube.
C. R., 190a, 2' Semestre. (T. CXXXV, N" 18.) 99
7^0 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Quanta la présence d'un tube sécrété par l'épistome, c'est là un caractère
acquis secondairement, comme cela se voit dans divers groupes : Annélides,
Rotifères, etc.
» Dans les phénomènes de reproduction, l'existence d'une régénéralion
des individus rappelant la régénération périodique signalée chez Pedicellina
est encore un caractère de rapprochement entre les deux groupes. »
ANATOMIE ANIMALE. — Sur la continuité fibrillaire des cellules épithéliales
et des muscles chez les Nebalia. Note de M. Alphonse Labbé, présentée
par M. Y. Delage.
a On connaît un certain nombre d'exemples de fusions de cellules épi-
théliales et de fibres musculaires, mais diversement interprétées. Pour
certains histologistes (Rohde, Frenzel, Nicolas, Manille Ide, etc.), il n'y
a que des relations de contiguïté : les fibrilles musculaires s'épanouissent
entre les cellules épithéliales pour s'insérer sur la cuticule. Pour d'autres
auteurs (Leydig, Berlkau, Dubosq, etc.), il y a continuité de substance
entre la cellule épithéliale et la fibre musculaire. Nils Holmgren a trouvé
récemment (1902) des exemples de continuité et de contiguïté chez le
même animal.
» J'ai trouvé chez Nebalia, où, du reste, Claus (*) les avait déjà figu-
rées en les interprétant différemment, des cas de continuité directe entre
les fibrilles musculaires et les fibrilles épithéliales, de sorte que les muscles
semblent s'insérer directement sur la cuticule chitineuse : le fait, qui est
surtout net pour le gros muscle adducteur de la carapace, serait banal en
lui-même si je n'avais pu pousser plus loin cette étude, dont voici les prin-
cipaux résultats :
» Indiscutablement, chez Nebalia, la fibrille épithéliale est la continuation directe
de la mjofibrille. Chaque fibrille épithéliale se prolonge jusqu'à la cuticule chitineuse
et se termine à la limitante par une partie un peu plus élargie. Dans les cellules épi-
théliales qui sont en rapport avec de gros muscles, comme le muscle adducteur, les
(^) Claus, Vcher dcii Organismus der NebaUden und die systematische Stellung
der Leptostraken (Arb. Inst. Wien, t. VIII, PI. XI,fig. 7). Pour Claus, les fibrilles
musculaires passent entre les cellules épithéliales, ce qui n'est pas exact.
SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 1902. ^Sl
fibrilles sont résistantes, presque parallèles et ont la valeur de lono fibrilles. Je ne
crois pas qu'elles soient chitinisées; en tous cas, dans la mue, elles persistent après le
détachement de la chitine. Dans d'autres cas, les fibrilles sont plus minces, et peuvent
même se dichotomiser. La cellule épithéliale reste normale; les noyaux même per-
sistent, quoique souvent atrophiés; ils sont toujours interfilaires. La fibrillation, ici,
n'est qu'une exagération de la différenciation qu'on observe dans les autres parties de
l'épithélium non en rapport avec les muscles.
» L'épithélium cutané est limité intérieurement par une basale mince, qui n'est
qu'une simple limitante, et n'est nullement chitinisée (comme Claus l'a observé chez
Branchipas et Artejyiia). Au premier abord, la limitante basale semble se continuer
très nettement au niveau du muscle, et, cependant. On voit très nettement chaque myo-
fibrille se continuer directement par une tonofibrille.
» En examinant cette région de plus près, on voit que c'est au niveau des disques
minces que se trouve la basale ; d'une façon constante, le dernier disque obscur est
à la même distance du dernier disque mince que de la basale ; il est difficile de ne
pas admettre que la basale n'est pas formée à ce niveau par les disques minces. Quel
que soit l'état de contraction du muscle, la relation est la même. La différenciation du
complexe histologique se fait donc au niveau du disque mince qui équivaut à la
basale ; c'est là que se fait la séparation entre la tonofibrille épithéliale, non contrac-
tile, et la myofibrille, contractile, et l'épithélium entier fonctionne comme un tendon
non contractile ( ^).
» Nous retrouvons ici un cas de métamérie protoplasinique, suivant l'expression
de M. Heidenhain (il serait mieux dédire métamérie Jihrillaire)^ analogue à celui
que ce dernier auteur vient d'étudier dans les lignes cimentantes d'Eberth ou mem-
branes Z du muscle cardiaque (-). Là, comme chez Nebalia, ce sont les disques minces
qui établissent la métamérie. Seulement, pour le muscle cardiaque, la séparation se
fait sur le trajet d'une myofibrille, tandis que, dans mon observation, le disque mince
sépare la myofibrille d'une tonofibrille. En tous cas, nous trouvons ici une parenté
nouvelle entre des formations qui semblent aussi différentes que les disques minces
des myofibrilles, c'est-à-dire des microsomes, et les limitantes cellulaires.
» Nous pouvons résumer ainsi les faits précédents :
)) a. Chez Nebalia, il y a continuité de substance entre la tonofibrille
épithéliale et la myofibrille ;
(*) Je n'ai pas la prétention de donner ces faits comme une règle générale: il y a
peut-être là un cas particulier, car d'autres auteurs, Dubosq par exemple, voient la
striation musculaire commencer à une certaine distance, très variable, de l'épithé-
lium ; mais, dans ce dernier cas, il serait intéressant de voir ce que sont devenus
les derniers disques minces.
(2) M. Heidenhai\, Ueber die Struktur des menschlichen Herzmuskels {Anat.
Anz., t. XX, 1901, p. 33-78, i3 fig., 2 pi., et Ergebn. Anat.,t. X, i90i,p. n5-2i4)
732 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» b. J^a séparation se fait au niveau des derniers disques minces, ceux-ci
établissant une vraie limitation fonctionnelle sur le trajet de la fibrille ;
» c. Les derniers disques minces forment une membrane en continuité
avec la basale de l'épithélium qui n'est pas interrompue ;
)) d. L'épithélium entier fonctionne comme tendon du muscle. »
PHYSIOLOGIE ANIMALE. — Le rythme vital. Note de MM. Yaschide
et Cl. Yurpas.
« A la suite de recherches entreprises sur les modalités de l'automa-
tisme soit biologique, soit psychologique, il nous a paru que, lorsque la vie
semblait soustraite à l'action des centres supérieurs, elle se manifestait sui-
vant un rythme périodique de dynamogénie et de repos se succédant régu-
lièrement.
» Nos recherches ont porté d'abord sur le système vaso-moteur. De
courbes plétysmographiques obtenues lorsque l'action du cerveau sem-
blait inactive ou diminuée, il semble résulter que, successivement et ryth-
miquement, se font suite des périodes, caractérisées par des états de con-
striction et de dilatation vasculaires, accompagnées de modifications
concomitantes du pouls capillaire. Nos tracés ont été enregistrés dans
divers états. Les uns ont été recueillis pendant le sommeil physiologique,
d'autres ont été pris chez une hémiplégique du côté paralysé, le surlende-
main de l'ictus; les autres ont été obtenus chez une alcoolique, quelques
jours après la cessation des accidents toxiques. Nos tracés facilitent l'intel-
ligence du problème, par ce fait de la présence de modifications typiques,
survenant d'une façon exacte et contmue. Il s'ngit d'une physionomie toute
particulière de l'état des vaso-moteurs qui, indépendamment des modifi-
cations physiologiques et psychologiques, paraissent évoluer selon leur
manière d'être biologique.
)) Le type respiratoire de Cheyne-Stokes, lorsque l'action du cerveau est
suspendue, semble définitivement admis aujourd'hui. Nous l'avons d'ail-
leurs vérifié plusieurs fois, soit cliniquement à la suite de lésions trauma-
tiques de l'encéphale (écrasement d'un hémisphère par un traumatisme
crânien) et chez un anencéphale, soit expérimentalement dans des cas de
compression cérébrale provoquée par l'injection tle liquide dans la cavité
ventriculaire chez des chats.
SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 1902. ^53
» Dans un cas d'anencéphalie, qu'il nous a été donné d'observer chez
un enfant (') qui vécut 2 jours environ, le cœur battait par salves ryth-
miques périodiques.
» L'examen de l'état moteur chez certains aliénés nous a révélé, dans
les divers groupes de la pathologie mentale (paralysie générale, démence,
manie, stupeur, etc.), certains mouvements, gestes ou attitudes, certaines
expressions mimiques, certains mots, certaines phrases, revenant pério-
diquement et rvthmiquement, et traduisant le déséquilibre psychique,
l'absence d'une coordination maîtresse de l'activité mentale. Voici, sous
forme de Tableau, la périodicité observée dans la réapparition rythmique
et successive des divers états psycho-musculaires enregistrés.
» Démente. — Attitude de défense, revenant toutes les 9 minutes.
» Démente. — Claquement des lèvres et de la bouche, revenant toutes
les 3o secondes,
» Paralytique générale. — Répétition d'une même série de chiffres,
revenant toutes les 2 minutes.
» Délirante systématique. — Geste de colère avec plainte, revenant
toutes les 4 minutes.
)) Mélancolique anxieuse. — Masque du pleurer, revenant toutes les
2 minutes.
» Maniaque. — Renversement de la paupière en dehors, avec grimace
de la bouche, revenant toutes les 2 minutes.
» Le rythme et la périodicité semblent de la sorte traduire les manifes-
tations rudimentaires-de la vie biologique et mentale, lorsque les éléments
qui la composent évoluent pour leur propre compte et semblent soustraits
à l'action d'un centre coordinateur et régulateur. On peut rapprocher nos
expériences des résultats si intéressants obtenus par MM. A. Broca et
Ch. Richet sur la période réfractaire des centres nerveux (-) et de leur
conception vraiment nouvelle de la vibration nerveuse. Nous avons
d'ailleurs pu confirmer expérimentalement leurs résultats.
(^) Vaschide et VuRPAS, Contribution à l'étude psycho-physiologique des actes
vitaux en l'absence totale du cerveau chez un enfant {Comptes rendus, séance du
lundi II mars 1901, p. 64i)- ~" ^'^ ^"^ biologique d'un anencéphale {Revue géné-
rale des Sciences, 1901, p. SyS-SSi).
(^) André Broca et Ch. Richet, Période réfractaire dans les centres nerveux
{Archives de Physiologie, 1897, p. 864-880).
7^4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Le rythme et la périodicité seraient ainsi la caractéristique propre de
la vie, de cet équilibre toujours instable, et seraient la traduction exté-
rieure de ces deux qualités qui expriment la vie, à savoir la dynamo^énie
et le repos, se succédant périodiquement et rylhmiquement. Les centres
supérieurs auraient un rôle de coordinateur psycho-dynamique, réglant la
machine vitale selon un équilibre plus stable, grâce à cette propriété supé-
rieure et véritablement spécifique, réelle force active, qui est V inhibition . »
M. H.-L. Malécot adresse une Note intitulée : « De l'équilibre du ballon
libre et indépendant, réalisé à toute altitude, sans communications avec la
surface terrestre ».
(Renvoi à la Commission de l'Aéronautique.)
M. CiPRiAxi adresse une nouvelle Note relative aux volcans.
A 3 heures trois quarts l'Académie se forme en Comité secret.
COMITÉ SECRET.
L'Académie décide d'adjoindre à la Commission de l'Aéronautique
MM. Janssex, Bouquet de la Grye, Violle.
La séance est levée à 4 heures un quart.
M. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 27 octobre 1902.
Connaissance des Temps ou des mouvements célestes pour te méridien de Paris,
à l'usage des astronomes et des navigateurs, pour Van 1905, publiée par le Bureau
des Longitudes. Paris, Gauthier-Villars, 1902; i vol. in-8°. (Présenté par M. le
Général Bassot. )
SÉANCE DU 3 NOVEMBRE T902. 7^5
Annales de l'Observatoire astronomique, magnétique et météorologique de
Toulouse, t. V, publiées sous la direction de M. B. Bafllaud, Directeur de l'Observa-
toire. Toulouse, E. Privât; Paris, Gauthier-Viilars, 1902; i vol. in-i4°. (Présenté par
M. B. BaiUaud.)
Léonard de Vinci, peintre-ingénieur hydraulicien, par M. A. Ronna. Paris, Ph.
Renouard, 1902; i fasc. in-4°- (Présenté par M. Haton de la Goupillière.)
La Géologie générale, par Stanislas Meunier, avec 12 gravures dans le texte. Paris,
Félix. Alcan, igoS; i vol. in-8«. (Présenté par M. Albert Gaudry.)
Recherches sur les aciers au nickel à haute teneur, par L. Dumas. (Présenté par
M. H. Moissan.)
Les archiatres normands, par Louis Duval. Caen, iinp. E. Lanier, 1901 ; i fasc.
in-8°.
Annales de la Société d'émulation du département des Vosges, 78^ année, 1902.
Épinal, Ch. Hugenin ; Paris, Aug. Goin, 1902; i vol. in-8°.
L'œuvre mathématique d'Ernest de Jonquières, par Gino Loria. (Extrait de
Bibliotheca matematica,' Fo\ge III, Heft 3.) Leipzig, B.-G. Teubner, 1902; i fasc.
in-8°. (Hommage de l'auteur.)
Elenco délie pubblicazioni matematiche di Ernesto de Jonquières. (Extrait du
Bollettino di bibliografia e storia délie Scienze matematiche, juillet-sept. 1902).
Turin, G. Claussen; i fasc. in-8°.
Some investigations relating to the océan currents in the sea between Norway,
Scotland and Greenland, by C. Ryder. (Extrait de The nautical-meteorological
annual of the Danish meteorological Institute, 1901.) 1 fasc. in-^". (Transmis à
l'Académie par M. le Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts, au nom
de M. le Ministre des Affaires étrangères.)
Discurso leido en la Universidad central, en la solemne inauguracion del curso
academico de 1902 a 1903, por el Doctor D. Blas Lazaro e Ibiza. Madrid, 1902;
I fasc. in-8''.
Yearbook of the United States dcpartment of Agriculture, 1901. Washington,
1902 ; I vol. in-8°.
Almanaque nautico para el ano VdOk, calculado de ordende la Superioridad, en
el Instituto y Observatorio de Marina de San Fernando. San Fernando, 1902 ;
I vol. in-4°.
Anales de la Oficina meteorologica argentina, por su Director Gualtkrio G.
Davis; t. XIV. Buenos-Ayres, 1901; 1 vol. in-4°.
Report of the chief of the Weather Bureau, 1900-1901 (in two volumes), Vol. I.
Washington, 1901 ; i vol. in-4°.
Annuario publicado pelo Observatorio de Rio de Janeiro, para o auno de 1902;
anno XVIII. Rio Janeiro, 1902; i vol. in-12.
Twenty-fifth anniversary of the American chemical Society ; New-York city,
april 1901. Easton, Pa., 1902; i vol. in-8°.
^56 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ouvrages reçus dans la séance du 3 novembre 1902.
La carrière d'un navigateur, par Albert P^, Prince de Monaco. Paris, Plon-
Noiirrit et C'^ 1902; i vol. in-8°. (Hommage de l'auteur.)
La fièvre quarte, étiologie, évolution, traitement, formes dissociées de l'accès
quarte, par le D' Emile Legrain. Paris, Maloine, 1902; 1 fasc. in-8°.
Célébration du centenaire de Michel Basilevitch Ostrogradski. Pohava, 1902;
j fasc. in-8°.
On some phenomena which suggert a short period of solar and nieteorological
changes, hy Sir Norman Lockyer and William J.-S. Lockyer. (Extr. des Proceedings
of the Royal Soeiety, Vol. 70.) i fasc. in-S".
Recherches géologiques et pêtro graphiques sur l'Oural du Nord, dans la
Rastesskaya et Kizelowskaya-Datcha (Gouvernement de Perm), par Louis Dup arc et
Francis Pearce; I'" Partie, avec 3o figures, i carte, 3 planches et 16 clichés dans le
texte. Genève, W. Kiindig et fils, 1902; i fasc. in-4°. (Hommage des auteurs.)
Catalogue of Canadian plants; part VH : Lichenes and LIepaticce, by Jobn
Macoun. Ottawa, 1902; i vol. in-8°.
Die Patina, ihre. natiirliche und kûnstliche Bildung auf Kupfer und dessen
Legierungen, bearbeitet v. L. Danino u. E. Seitter. Vienne, A. Hartleben, igoS;
I fasc. in-i2.
Chronographical table for tabacco, by D"" Prof. O. Cqmes. Naples, 1900; 5 feuilles
in-f°. (Hommage de l'auteur.)
Archives italiennes de Biologie, revues, résumés, reproductions des travaux italiens,
sous la direction de A. Mosso ; t. XXXVIH, fasc. 1. Turin, 1902; i fasc. in-8°.
Quensland geographical journal, 17"' session, 1901-1902; Vol. XVH. Brisbane,
1902 ; I vol. in-8°.
Mittheilungen der naturhistorischen Gesellschaft in Colniar; neueFolge, Bd. VI,
Jahre 1901 und 1902. Colmar, Decker, 1902; i vol. in-8°.
Wiener Luftschiffer-Zeitung, herausgegeb. v. Victor Silberer; Jahrgang I,
]\um. 2,3, k, 9. Vienne, 1902; 4 fasc. in-4°. {A suivre.)
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 10 NOVEMBRE 1902.
PRÉSIDÉE PAR M. ALBERT GAUDRY.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les transcendantes uni/ormes définies par
V équation y" = 6 y^ -h x. Note de M. Paul Painlevé.
« 1. Avant de développer quelques conséquences de l'irréductibilité
absolue de l'équation
je voudrais répondre brièvement à la dernière Communication de M. R.
Liouviile.
» M. Liouviile pense que la question reste ouverte de savoir si l'équa-
tion (i) n'est pas réductible en un certain sens qu'il introduit, et il se pro-
pose de continuer ses recherches à ce sujet. Mais il se trompe : cette
question, comme toutes les questions analogues, est tranchée définitivement par
ma Note du 27 octobre. M. Liouviile peut poursuivre ses calculs dans la
voie qu'il tente ou dans toute autre voie : il ne saurait aboutir qu'à un
résultat négatif.
» Mais il ne s'agit pas des recherches que M. Liouviile compte faire. Il
s'agit de celles qu'il a faites.
» Dans sa Note du i" septembre 1902, M. Liouviile a prétendu
démontrer que l'équation (1) est réductible à une équation linéaire du qua-
trième ordre, ainsi d'ailleurs que toutes les équations nouvelles, à intégrale
uniforme, que j'ai formées.
)) Maintient-il cette affirmation?
» Si oui, qu'entend-il exactement par là?
G. R., 1902, a- Semestre. (T. CXXXV, N° 19.) lOO
758 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Quelque forme qu'il donne à sa proposition, M. Liouville na le choix
qu'entre un truisme (^évident pour n'importe quelle équation différentielle^ ou
une erreur.
» J'arrive maintenant à quelques propriétés de l'équation (i) qui
découlent de son irréductibilité.
» 2. De V intégrale de l'équation (^i) considérée comme fonction des con-
stantes. — Soient a7j,, y^, z^^ les valeurs initiales qui définissent une solu-
tion y{x) de l'équation (i). J'ai montré (') que y{x) est le quotient de
deux ïonXions entier es l:i , R de^r, -To,/,,, z^\ ces fonctions sont représen-
tables par des séries de polynômes en x, x^^, r„, z^y séries qui convergent
pour toutes les valeurs des variables et dont les coefficients s'obtiennent
par des dérivations successives effectuées sur (i). Une conséquence immé-
diate de ma dernière Communication, ceslque la fonction y regardée comme
fonction de y^ seul (^oudez^^) ne vérifie aucune équation différentielle algé-
brique. La même proposition s'applique à :;, ainsi qu'aux fonctions en-
tières H, R. Voici donc, introduites par la théorie même des équations
différentielles, des fonctions méromorphes telles que y = 9(jo)' ^^ holo-
morphes, telles que H(jKy), qui, de même que la fonction r, sont « trans-
» cendentally transcendental », j'entends ne satisfont à aucune équation
différentielle algébrique (d'ordre si élevé qu'elle soit). D'une façon plus
précise encore, soit y = çp(if, a?^, j^, x^o), z =^ ^l{x,x^^, y^, z^^) l'intégrale
générale de (i), où nous donnerons à x^ une valeur numérique a : les
fonctions^, z de x, y^, z^ vérifient le système
^=z —=6y-'-hx EL ^ -EL ʱ
^ , , ,r • dv dv dy dz dz dz à'- y
» Toute équation algébrique en x,y,z, -f-, -~ ? 3^ > 3— ' 3— > 3— ' -j-^» • ■ •>
^ * ' '-^ ' (ij; (?/o dzy, dx âvo az^ ôx-
analy tique en y^, s^, que vérifient les fonctions
j=: (p(i>7, a, jo,^o). z = ^{x,a, y^,z^)y
est une conséquence des équations (2).
» Une conclusion analogue s'applique si l'on remplace jo» -0 par des
constantes quelconques, liées analytiquement àjKo, z^^.
•» 3. De la représentation de y{x) à Caide de fonctions entières. — Une
intégrale quelconque yi^x) de (i) s'exprime (/oc. cit.) à l'aide d'une fonc-
(^) Bulletin de la Société mathématique de France, t. XXVIII, 1900, p. 48.
SÉANCE DU lO NOVEMBRE 1902. ySg
tion entière y.(^x) sous la forme :
(3) y(^x)='^-^-=--n\ ['"^^^l'
Ja fonction x(a:) vérifiant l'équation du troisième ordre :
ri"* — l\t)'^ — ixr! — 27] = o, avec Ti = -- •
» Le genre, le mode de croissance pour x = co de la fonction /. sont
aujourd'hui connus. Une solution Jk(^) étant définie par des conditions
initiales données ^0» Jo« ^0» si Ton se propose de la calculer dans un cercle
donné avec une approximation donnée, on sait limiter le nombre de termes
qu'il faut prendre dans la série entière qui représente /, pour que la for-
mule (3) fasse connaître y(^r^ avec l'exactitude imposée. L'intégration
de l'équalion (i) est donc ainsi effectuée d'une façon parfaite à l'aide de la
fonction entière ■/,. Mais il est naturel de se demander s'il n'existe pas de
représentation analogue plus simple, j'entends une représentation à Vaide
d' une fonction entière que vérifie une équation différentielle d'ordre moindre
que 3. D'une façon précise, est-il possible d'exprimer j'(^) algébrique-
ment à l'aide de x^ H(a7), H'(a;), où H(^) désigne une fonction entière
qui vérifie une équation différentielle (algébrique) du deuxième ordre
(au plus)? Je vais montrer que la chose est impossible.
» Tout d'abord on voit aisément que, si une telle représentation existe,
l'équation que vérifie H ne peut être d'ordre moindre que 2, et ensuite
Qu'une certaine expression algébrique A(.r, y, ^) devient une fonction en-
tière A, de X quand on y remplace y par une solution quelconque y(^x) de (1)
et z par sa dérii'ée. Une telle expression A ne peut être d'ailleurs qu'un
polynôme en y, z ; autrement, la relation algébrique S(x,y, s) = o, qui
définit les singularités (critiques ou polaires) de A, serait une intégrale
première particularisée de (i), ce qu'on sait impossible. Ceci posé, chan-
Y Z
geons, dans A, y en -^ et z en — ; A prend la forme
■^[Ar^ix, Y, Z) + cAn-,(x, Y, Z) -+-. . .],
A„ désignant un polynôme en Y, Z qui se reproduit multiplié par — quand
Y Z
on y change Y en — et Z en -y- Je conviens d'appeler n V ordre de A. Tous
les polynômes en y, z d'ordre n sont des combinaisons linéaires (à coeffî-
760 ACADÉMIE DES SCIENCES.
cients arbitraires en x) d'un nombre fini q d'entre eux, soit B,, Bj, ..., B^.
» Si maintenant je fais le nouveau changement de variable x = aX H- p,
l'équation (i) devient
(4) Y;,= 6Y^+a*(aX + p), Z-Yx,
et l'expression A prend la forme
^^|A„(fi,Y.Z) + a.(...)].
» Par hypothèse, A„(|^, Y, Z) doit être une fonction entière de X quand
on y remplace Y et Z par p(X, o, A) et J)'(X, o, h) et, par suite, doit se
réduire à une constante; autrement dit, A;,(p, Y, Z) est une intégrale pre-
mière de l'équation (4) pour a = o, et (en vertu de son homogénéité spé-
ciale) coïncide avec une expression de la forme
a(P)(Z*-4Y^)'« {n = Ç>m).
On voit ainsi que A(^, j, 2) peut s'écrire
k = a{x){z' - 47^~r-l- B(^, r, z),
B étant d'ordre (« — i) au plus. Si maintenant on calcule— |-^» on trouve
aussitôt
A' étant un polynôme en y, z d'ordre n au plus. Comme -j-^ est holo-
morphe en même temps que A,, on peut raisonner sur A' comme sur A, et
ainsi de suite q fois. On forme ainsi (^ 4- i) équations dont les premiers
dK di h.
membres sont A,, -7-7» •• > , ^S et dont les seconds membres sont de la
forme :a^(^x)\^^ -{-...+ a^{x)^^-h a^^f(x). En éliminant lesB, on obtient
une équation différentielle linéaire que vérifie A, (x), résultat absurde,
car il entraîne presque immédiatement cette conséquence quej'(^) ren-
fermerait algébriquement ses constantes. c. q. f. d.
» Le raisonnement, à peine modifié, conduit même à ce théorème plus
général : Jlest impossible d'exprimer T intégrale générale y(x) de (i). sous la
forme Y=^y^ix, H, -r-y où ■/ désigne une fonction algébrique de H, -j— >
SÉANCE DU lO NOVEMBRE 1902. 761
analytique en X, etlK^x) V intégrale d'une équation du second ordre, algé-
brique (?n H, H', H", analytique en x, et dont toutes les singularités (polaires
ou autres^ sont fixes.
» Parmi toutes les représentations possibles de y{x^ à l'aide de fonctions
entières y la représentation qu'effectue la formule (3) « Vaide de la fonction /.
est donc la plus simple. »
MÉCANIQUE. — Sur les quasi-ondes. Note de M. P. Duhem.
« On traite ordinairement la propagation des ondes dans un fluide par-
fait en supposant ou bien que le fluide est parfaitement conducteur de la
chaleur, cas auquel le mouvement est isothermique, ou bien que le fluide
est absolument dénué de conductibilité, cas auquel le mouvement est isen-
tropique. Dans le premier cas, la vitesse de propagation est la vitesse Vj^
donnée par la formule de Newton; dans le second cas, la vitesse de propa-
G
gation est la vitesse Vpj-? donnée par la formule de Laplace. Dans l'air et
les autres gaz qui, sans être dénués de conductibilité, sont fort peu conduc-
teurs de la chaleur, l'expérience montre que la vitesse de propagation est
C
très voisine de V^-; cette conséquence de l'observation semble aisée à
accorder avec la théorie incomplète donnée jusqu'ici.
» Des difficultés se présentent, au contraire, pour accorder les résultats
de l'expérience avec ceux de la théorie complète de la propagation des
ondes dans les fluides parfaits. Cette théorie complète, que nous avons
donnée pour la première fois ('), conduit, en effet, aux propositions que
voici ;
» Si le coefficient de conductibilité R est différent de o, quelque petite
QUE SOIT SA valeur, Ics ondcs se propagent avec la vitesse donnée par la for-
mule de Newton; c'est seulement dans le cas où le coefficient de conductibilité K
est RIGOUREUSEMENT NUL quc la vitcssc de propagation des ondes est donnée
par la formule de Laplace.
» Le coefficient de conductibilité de l'air et des autres gaz est très petit,
mais il n'est pas nul. Les ondes s'y propagent donc avec une vitesse donnée
(*) Comptes rendus, t. GXXXII, 3 juin igor, p. i3o3. — Recherches sur l'Hydro-
dynamique, 2® Partie, Chapitre IV {Annales de la Faculté des Sciences de Toulouse,
•i.^ série, t. IV; 1902).
762 ACADÉMIE DES SCIENCES.
par la formule de Newton , tandis que l'expérience semble indiquer qu'elles
s'y propagent avec une vitesse donnée par la formule de Laplace. Il y a là
une apparente contradiction qui doit être levée.
» On peut parvenir à la lever en étudiant la propagation des quasi-
ondes.
)) Considérons deux surfaces S,, 83 dont la distance s est, partout, très
petite; par un point M, de la surface S, menons à cette surface une nor-
male qui rencontre en Ma la surface S,. Supposons que les valeurs f^, /a»
prises en M,, Mj, par une fonction /(^j y, ^) aient une différence de
l'ordre de s; mais qu'en passant du point M, au point Ma, l'une au moins
des dérivées i"^' y 7^ subisse une variation finie, très grande par rapport
à e; l'ensemble des surfaces S,, 83 formera, pour la fonction^", une quasi-
onde du premier ordre.
» Une telle quasi-onde est soumise à deux lemmes analogues aux lemmes
d'Hugoniot.
)) Pour l'expérimentateur, une quasi-onde ne saurait être distinguée
d'une onde. Il n'en est pas de même pour le théoricien.
» Une méthode analogue à celle que nous avons employée pour étudier
les ondes proprement dites conduit, en effet, aux propositions suivantes :
)) Au sein d' un fluide parfait très peu conducteur, on peut observer :
)) i*' Bes quasi-ondes sensiblement transversales. Elles ne se propagent pas.
» 2° Des quasi-ondes sensiblement longitudinales. Celles-ci sont de deux
sortes :
» A. Les unes ont une épaisseur i du même ordre de grandeur que le coef-
. G
ficient de conductibilité ^', leur vitesse de propagation est la vitesse Y^ — y
donnée par la formule de Laplace;
)) B. Les autres ont une épaisseur e très petite par rapport au coefficient de
conductibilité K ; leur vitesse de propagation est la vitesse Vj,, donnée par la
formule de Newton. Ces dernières ont pour limites les ondes proprement dites.
» On voit que toute contradiction entre la théorie et l'expérience dis-
paraîtra si l'on admet que l'observateur n'a jamais affaire ni à des ondes
proprement dites, nia des quasi-ondes d'épaisseur etrès faible par rapport
au coefficient de conductibilité R. Mais il reste à expliquer pourquoi il en
est ainsi. On y parvient en tenant compte de la viscosité très faible, mais-
non pas rigoureusement nulle, de l'air et des autres gaz.
» Tout d'abord la viscosité, si faible soit-elle, rend absolument impos-
sible la propagation d'ondes proprement dites ; mais en outre, dans un
SÉANCE DU lO NOVEMBRE 1902. ^63
fluide dont les coefficients de viscosité 1 et y. sont très petits, une quasi-onde
dont l'épaisseur e est très petite par rapport à\ et [a ne peut se propager ; les
seules (juasi-ondes qui puissent se propager sont celles dont l'épaisseur z est du
même ordre que let ^..
» La considération des quasi-ondes résout donc complètement la con-
tradiction qui semblait exister entre l'expérience et la théorie.
)) Cette considération conduit à une dernière remarque :
» Beaucoup d'esprits sont enclins à croire que toute action physique
qui se propage, se propage nécessairement par ondes, avec une vitesse
déterminée; ils répugnent à admettre que la propagation puisse, dans cer-
tains cas, dépendre de fonctions entièrement analytiques de a?, y, z, t,
sans ondes ni vitesse de propagation. Tl est curieux de constater que la
propagation du son dans l'air, qui semble l'exemple le plus simple d'une
propagation par ondes, possédant une vitesse déterminée, n'est telle qu'en
apparence et par approximation; qu'en réalité cette propagation se fait
par fonctions entièrement analytiques, sans ondes et sans vitesse de pro-
pagation. »
PHYSIQUE. — Observations et expériences complémentaires relatives à la
détermination de la vitesse des rayons X. Sur la nature de ces rayons. Note
de M. R. Blondlot.
« I. Dans les expériences que j'ai décrites récemment ( ' ), il faut, pour
que l'éclat de l'étincelle soit maximum, qu'il s'écoule entre le début de la
décharge de l'excitateur et l'extinction du tube focus un temps égal
à -rp sec. Gomme la longueur d'onde de l'excitateur est égale à 1 14*^™. cet
intervalle de temps correspond à un peu plus de 3 élongations de l'excita-
teur. D'après la théorie que j'ai développée dans une Note antérieure,
cela conduit à admettre que les trois premières élongations ont seules une
amplitude notable. Il est intéressant de constater que cette conséquence
est bien d'accord avec ce que l'on sait de l'amortissement dans les excita-
teurs.
» II. Lorsque l'on rapproche progressivement le tube focus de la coupure,
à partir de la position qui donne le maximum d'étincelle jusqu'au tube lui-
(*) R. Blo."sdloi, Comptes rendus, t. CXXXV, 1902, p. 666 et p. 721.
^64 ACADÉMIE DES SCIENCES.
même, on voit l'éclat de l'étincelle diminuer, passer par un minimum, puis
augmenter. L'explication paraît être la suivante : quand le tube est très
voisin de la coupure, celle-ci reçoit des rayons X extrêmement intenses,
et alors la diminution de concordance dans le temps est compensée et au delà
par l'intensité des radiations; de là une recrudescence d'action quand le
tube est tout près et la production d'un minimum pour une distance un
peu plus grande. Je me suis assuré que cette explication est mathémati-
quement possible; cet examen se fait aisément en portant en ordonnées
les logarithmes des fonctions à étudier.
» III. Afin d'éviter les aigrettes, les fils de transmission étaient recou-
verts de gutta-percha et engainés dans des tubes de caoutchouc. Pour
reconnaître si ce revêlement ne diminuait pas notablement la vitesse de
propagation des ondes le long des fils électriques, j'ai comparé par une
méthode d'interférences la vitesse de propagation de ces ondes le long de
fils ainsi revêtus et le long de fils nus. La différence de ces vitesses s'est
trouvée presque inappréciable, et, en tout cas, la perturbation qui en
I 5
résulte ne peut causer une erreur relative de -^— sur les résultats définitifs.
^ lOO
» Je vais encore décrire quelques expériences qui, tout en étant seu-
lement qualitatives, ont cependant un certain intérêt comme variantes, et
dont les résultats, prévus grâce à la théorie que j'ai exposée précédem-
ment, en apportent une nouvelle confirmation.
)) 1° Les fils de transmission étant engainés dans des tubes de caoutchouc
à vide, on les a rapprochés et liés ensemble sur une longueur de 4o*^™; la
vitesse de la propagation des ondes devait être diminuée, puisqu'elle avait
lieu principalement dans le caoutchouc : la position du tube donnant le
maximum s'est, en effet, rapprochée de 1 1^*" ou 12*=™.
» 2° Un condensateur formé de deux plaques de clinquant d'environ
100""' de surface, séparées par une lame d'ébonile de o^™,8 d'épaisseur, fut
placé en dérivation sur la ligne de transmission; cette fois, le retard devait
être encore plus grand, et, en effet, on constata que le maximum avait
disparu et que l'étincelle diminuait constamment d'éclat à mesure que
l'on éloignait le tube.
» 3** Les fils de transmission, longs primitivement de 80*=™, ayant été
allongés de 57*^™, longueur supérieure de 4*^"" à la distance de la coupure
à la position du tube qui donne le maximum dans le cas de fils de 80*^'",
on constata que l'étincelle diminuait constamment lorsqu'on éloignait le
tube.
SÉANCE DU lO NOVEMBRE I902. n65
» If La longueur totale des fils étant réduite à Ç)[f^, l'étincelle augmen-
tait au contraire au fur et à mesure que l'on éloignait le tube, à partir de
la position donnant le minimum, jusqu'à ce que les fils fussent tendus.
Môme résultat avec des fils plus courts.
') Toutes ces observations sont bien conformes aux prévisions.
5) En terminant l'exposé de ces recherches sur la vitesse de propagation
des rayons X, j'adresse mes remercîments à M. Virtz, mécanicien à la
Faculté des Sciences de Nancy, qui a répété avec le plus grand soin toutes
les expériences, et, en particulier, les déterminations si délicates des dis-
tances du tube qui donnent à l'étincelle le maximum d'éclat (').
» Il résulte immédiatement de l'égalité des vitesses de propagation des
rayons X et de la lumière dans l'air que les rayons X doivent être ranf)ro-
chés des radiations spectrales. Des hypothèses qui ont été émises relati-
vement à leur nature, deux seulement peuvent subsister : i" celle qui les
considère comme des radiations de très petites longueurs d'onde; 2" la
théorie proposée par E. Wiechert (^) et par Sir George Stokes (^) et dont
voici le principe : les rayons Rontgen consistent en une succession de
pulsations indépendantes partant des points 011 les molécules projetées de
la cathode rencontrent l'anticathode, et commencent <à l'instant même de
cette rencontre; ces pulsations sont transversales et se propagent dans
l'élher comme les vibrations de la lumière et avec la même vitesse. Ce qui
distingue les rayons Rontgen des radiations spectrales, c'est qu'ils con-
sistent, non en vibrations continues de l'éther, mais en pulsations isolées
extrêmement brèves. Sir George Stokes a développé cette théorie dans
une Conférence à la « Manchester litterary and philosophical Society ('*) ».
De cette Conférence j'extrais le passage suivant : « Supposons qu'une pluie
» de molécules tombe sur l'anticathode et que, après avoir duré quelque
)) temps, elle cesse brusquement. Suivant les vues que je viens d'exposer
» sur la nature des rayons Rontgen, ces rayons commencent à i)rendre
)) naissance en même temps que la pluie de molécules, continuent à se
(') Je publierai ailleurs une série d'indications relatives à l'exécution de ces expé-
riences, afin d'épargner aux personnes désireuses de les répéter les longs tâtonne-
ments après lesquels seulement j'ai pu obtenir des résultats bien visibles et certains.
(^) Abli. der phys.-œkon. Gesellscliaft zu Kônigsberg et Wied. Ann., Bd. 39,
.89G.
(^) Proceedings of tJie Cambridge phil. Soc, t. IX, 1896, p. 5!i5.
(*) Memoirs and Proceedings of the Manchester lit. and philosophical Society,
t. XLI, 1897.
C. R.., 1902, 2» Semestre. (T. CXXXV, N» 19.) lOF
y66 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» produire tant que celle-ci dure et cessent en même temps qu'elle ».
Comme, d'autre part, les rayons cathodiques ont la même durée que !e
courant qui traverse le tube de Crookes, puisqu'ils forment eux-mêmes un
segment de ce courant, il s'ensuit que les rayons X doivent s'éteindre dès
que la décharge a cessé dans le tube. Or, c'est précisément ce que j'ai
constaté (^).
» Dans la même Conférence, Sir George Stokes montre que son hypo-
thèse fournit l'explication des propriétés caractéristiques des rayons X :
absence de réflexion et de réfraction, etc.
» M. A. Sommerfeld a fondé sur cette hypothèse une théorie de la
diffraction des rayons X qui rend compte des curieuses expériences de
MM. Haga etWind relatives à cette diffraction (-).
» Enfin, en partant des mêmes idées, le professeur J.-J. Thomson a relié
théoriquement les rayons cathodiques et les rayons Rontgen ( •').
» En résumé, Thypothèse de E. Wiechert et Sir George Stokes rend
compte de tous les foits connus jusqu'à présent. »
MÉTÉOROLOGIE. — Étude sur le climat de Toulouse de i863 à 1900.
Note de M. B. Baillaud.
« J'ai l'honneur de faire hommage à l'Académie du Tome V des Annales
de l'Observatoire de Toulouse, consacré à une Étude du climat de Toulouse,
que j'ai récemment terminée avec le concours de calculateurs auxiliaires, et
qui résume les observations météorologiques faites à l'Observatoire de
Toulouse de i863 à 1900. Je demande la permission de commmuniquer
ici les résultats principaux.
» Je me bornerai aux moyennes générales relatives aux divers mois de
l'année.
Baromètre.
Janv. Fév. Mars. Avril. Mai. Juin. Juill. Août. Sept. Cet. Nov. Dec. Année.
747,6 47,0 44,0 43,7 44,4 46,1 46,4 46,1 46,4 45, i 45,9 47,0 45, 81
Mai.
Juin. Juill. Août.
44,4
46,1 46,4 46,1
Thermomètre.
i5,5
19,1 2r,7 21,5
4", 9 6,6 8,5 ri, 9 i5,5 19,1 2r,7 21, 5 18,7 [3,4 8,7 5,2 12,96
(') Voir Comptes rendus, t. CXXXV, 1902, p. 669.
{-) Zeitschiift fur Math. a. Physik, Bd. 46, 1901, p. 11.
(■*) Phil. Mag.. 5« série, t. XLV, 1898, p. 172.
SÉANCE DU JO NOVEMBRE 1902. -^67
Hygromètre.
88 82 74 71 69 67 63 63 69 77 85 89 74,6
Hauteur de pluie {en miHimètres).
45 4o 48 72 70 80 4i 46 47 56 5o 45 623
Nombre de jours pluvieux.
10 9 12 i3 12 II 8 89 12 II II 125
M Les vents dominants sont : Sud-Est (vent d'autan), Ouest, Nord-Ouest.
Ces trois directions moyennes sont à peu près d'égale fréquence et chacune
d'elles se présente aussi souvent que l'ensemble des cinq autres directions
de la rose des vents.
» Il y a, sans doute, intérêt à donner ici quelques renseignements sur
la suite des observations météorologiques faites à l'Observatoire de Tou-
louse.
» Ces observations, commencées en 1889 par Frédéric Petit, correspon-
dant de l'Académie, fondatenr et premier directeur de l'Observatoire, ont
été poursuivies par lui jusqu'à sa mort, en 1866. La hauteur de la cuvette
du baromètre au-dessus du niveau de la mer a été, depuis cette époque,
194™. Jusqu'en 1880, l'abri météorologique fut établi à 6™ au nord
du bâtiment principal de l'Observatoire.
» Après 1866, les observations furent continuées pendant quelques mois
par Despeyrous, puis jusqu'au 3o novembre 1870 par Daguin. Les obser-
vations faites de i863 à 1870 n'avaient pas jusqu'ici été publiées régu-
lièrement.
)) A la suite de la démission de Daguin, l'Observatoire de Toulouse fut sans
directeur du i*' décembre 1870 au i*"" juin 1873. L'Académie sait comment,
grâce aux efforts de plusieurs de ses membres les plus illustres et de la
municipalité de Toulouse, cet Observatoire fut reconstitué sons la direction
de Félix Tisserand, auquel j'ai eu l'honneur de succéder le i"' octobre 1878.
» Les observations météorologiques réorganisées par Tisserand et
reprises le i" juin 1878 ont été, depuis, continuées sans interruption.
Le développement progressif de l'Observatoire a cependant rendu néces-
saires, à diverses dates, des changements dans les heures des observations
et des déplacements de l'abri météorologique. Les éludes minutieuses aux-
quelles je me suis livré m'ont montré que ces changements ont été sans
768 ACADÉMIE DES SCIENCES.
inconvénients sérieux. Ils ont été, au reste, inévitables. Notamment l'abri
météorologique a été transporté en 1880 dans la partie nord du jardin,
à 25'" du bâtiment principal, et, en 1895, à la suite d'un agrandissement
considérable du terrain de l'Observatoire, vers l'est, au milieu d'une pelouse
de ^o^ de côté.
)) Depuis 1880, la station météorologique a été pourvue d'instruments
enregistreurs qui ont fonctionné d'une manière à peu près satisfaisante
pendant les dix premières années et de la façon la plus régulière, depuis.
Les graphiques fournis par ces instruments, ont permis de compléter, à
l'occasion, les lacunes qu'ont pu, accidentellement, offrir les observations
trihoraires. Il m'a été impossible, en l'état du personnel et du budget de
l'Observatoire, de les utiliser plus complètement dans mon étude du climat.
)) Les observations, depuis 1873, ont été faites par les astronomes de
l'Observatoire : MM. Perrotin, Jean, Bigourdan, Saint-Blancat, Fabre, Rey,
Andoyer, Cosserat, Bourget, Montangerand, Rossard, Besson et par divers
auxiliaires. Les astronomes dont je viens de citer les noms ont été trop
absorbés par leurs travaux astronomiques pour qu'il fût j)ossible de leur
demander le relevé des graphiques des instruments enregistreurs. Ce tra-
vail sera fait dès que les ressources de l'Observatoire le permettront.
)) Petit a publié, en 1866, un volume d'Annales renfermant, avec divers
travaux astronomiques, une élude du climat, résumant les observations
laites par lui de 1889 à 1862. Cette étude et le travail dont j'ai l'honneur
d'entretenir aujourd'hui l'Académie, conduit d'après le même plan,
forment un ensemble à peu près homogène comprenant une période de
soixante années. Le même travail sera désormais continué d'année en
année, en la même forme, et publié chaque année dans le Bulletin de la
Commission météorologique de la Eaute-Garonne, dont M. Mascart m'a fait
l'honneur de présenter, au mois de juin dernier, le premier fascicule à
l'Académie. »
M. Hatox toi-: LA GoupiLLiÈiiE, à propos de la Communication faite
par M. Gré/iant dans la dernière séance, présente les observations sui-
vantes :
(( L'Académie a entendu, dans la séance du 3 novembre dernier, une
lecture de l'un des savants professeurs dont elle apprécie le talent,
M. Gréhant, sur des analyses d'échantillons d'air grisouteux recueillis dans
une mine de houille. Ce travail doit conserver aux yeux de l'Académie
SÉANCE DU 10 NOVEMBRE I902. 769
tout son mérite scientifique; mais nous croyons devoir rassurer l'auteur, en
même temps que nos Confrères, sur la portée administrative qu'il entre-
voit à l'occasion des résultats révélés par ses essais.
» Nous nous garderons bien de lui demander le nom d'une exploitation
qui semble aussi gravement en opposition avec les dispositions réglemen-
taires; car le Règlement type préparé, dès iSgS, par une Commission spé-
ciale, adopté après délibération par le Conseil général des Mines, et suc-
cessivement mis en application par des arrêtés préfectoraux dans toutes
les houillères qui paraissent le réclamer, ne tolère au maximum, par son
article 96, que i à i ^ pour 100 de grisou dans les traçages, et ^ à i pour
100 dans tous les autres courants d'air.
» En outre son article 98 va au-devant du désir exprimé in fine par l'auteur
de la Communication, car il prescrit des analyses quotidiennes dans les
mines franchement grisouteuses, et hebdomadaires dans les houillères
faiblement contaminées. Il ajoute, pour arriver à ce résultat, que toute
mine à grisou doit avoir au moins deux indicateurs grisoumétriques et un
appareil de dosage.
)) Les résultats tout à fait excessifs qui se trouvent cités dans la Note en
question n'incriminent pas du reste d'une manière absolument nécessaire
la houillère qui a été le théâtre des prises d'essai, si celles-ci n'ont pas été
faites avec tous les soins indispensables: car dans une cloche, dans le
remous du chapeau d'un boisage, il peut se trouver accidentellement de
petites poches abusivement contaminées. Mais le devoir étroit de l'exploi-
tant est de s'attacher scrupuleusement à les faire immédiatement dispa-
raître avec les précautions voulues (articles 102 et io5) dès que l'atten-
tion s'y trouve [)()rtée. »
M. Zeiller fait hommage à l'Académie, en son nom personnel et au
nom de M. Michel Lévy, directeur du Service des topographies souterraines,
de l'Atlas de la Flore fossile des gîtes de charbon du Tonkin, qu'd vient de
publier dans la série des Études préparées parce Service, et à l'exécution
duquel le Gouvernement de l'Indo-Chine a bien voulu contribuer. 11
espère pouvoir d'ici peu de mois présenter à l'Académie le texte du même
ouvrage, actuellement à l'impression.
Il ajoute qu'il a réuni dans cet Atlas, composé de 56 planches photo-
typiques in-4", les figures de toutes les espèces recueillies jusqu'ici dans
les gîtes charbonneux du ïonkin, ainsi que dans les gîtes similaires du sud
770 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de la Chine explorés par M. l'Ingénieur en chef des Mines Leclère.
L'étude de ces espèces lui a permis de classer définitivement dans l'étage
rhétien la formation des dépôts de charbon du bas Tonkin ainsi de la
plupart de ceux du sud de la Chine, notamment du gisement de Taï-Pin-
Tchang, au nord du Yun-Nan, tandis que les charbons de Yen-Bai, sur le
haut fleuve Rouge, doivent être rapportés à la période tertiaire.
M. Zeilï.er fait également hommage à l'Académie d'une Note qu'il
vient, sur la demande de M. Vidal, l'éminent géologue de Barcelone,
de faire paraître, en espagnol et en français, dans les Mémoires de l'Aca-
démie des vSciences de Barcelone sous le titre : « Sobre algunas impresio-
nes végétales del Kimeridgense de Santa Maria de Meya. — Sur quelques
empreintes végétales du Rimméridien de Santa Maria de Meya, province
de Lérida ».
M. H. PoixcARÉ fait hommage à l'Académie de son Ouvrage intitulé : La
Science et l'Hypothèse, où il a exposé ses idées sur la méthode des Sciences
mathématiques et celle des Sciences physiques.
M. le D^ Zambaco-Pacha, Correspond ml, fait hommage à l'Académie,
par l'entremise de M. Lannelongue, d'une brochure intitulée ; « Les monu-
ments mégalithiques de l'Armorique et leurs sculptures lapidaires ».
(Extrait de la Revue d'Europe.)
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts transmet
à l'Académie une Lettre adressée, de Sydnev, à M. le Ministre des Affaires
étrangères, et contenant des documents relatifs à un tremblement de terre
d'une certaine violence, qui s'est produit dans l'État de South Australia le
19 septembre dernier.
D'après la presse locale, les oscillations se seraient propagées sur une
étendue considérable; le choc aurait été ressenti dans il\ villes de cet
Etat. C'est dans la capitale, Adélaïde, et aux environs, que le phénomène
aurait atteint son maximum d'intensité; le phare do la pointe de Trou-
SÉANCE DU lO- NOVEMBRE I902. -7-7 1
bridge, en face de la ville, s'est écroulé et a dû être remplacé par un
feu provisoire.
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur V état actuel du volcan ae la Montagne. Pelée,
à la Martinique. Extrait d'une Lettre de M. A. Lacroix à M. Michel
Lévy.
«... Nous avons délimité la zone de dévastation du côté du sud-est, de
Test et du nord. En partant du Morne Rouge, elle va rejoindre la rivière
Capot, ne dépasse que fort peu sa rive droite, avec, cependant, une petite
avancée au Fond-Capot, puis s'incline vers le nord-ouest, passe à environ
200™ au sud de l'Ajoupa-Bouillon, en laissant intacte la partie principale
de ce bourg, puis enfin suit de loin la côte, en laissant sur le bord de
celle-ci une zone intacte de 2'"° à 3'"". Dans cette zone, la végétation est
restée extrêmement verte, et seules les habitations situées à l'embouchure
des rivières ont eu à souffrir des débordements. Les atterrissements ont
été assez considérables pour remblayer le long de la Basse-Pointe (bords
de la rivière) jusqu'au toit des maisons, et pour nous permettre de suivre
à cheval sur le bord de la mer, le long des falaises abruptes, la côte entre
Macouba et Grande-Rivière, où l'on ne passait pas jadis, au moins faci-
lement. Quant aux effondrements de la côte près de Basse-Pointe, quant à
la soi-disant crevasse qui se serait ouverte près de ce village et aurait tout
brûlé, quant au cratère de l'Ajoupa-Bouillon dont on a parlé au lendemain
du 3o août, rien de tout cela n'existe. Il y a en haut de la rivière Falaise
de petites fumerolles faiblement actives, et peut-être y en a-t-il eu sur la
montagne à la source de la rivière de la Basse-Pointe ; je vous parlerai de
cela dans une prochaine lettre.
» Nous avons fait l'ascension du sommet du cratère, en partant de
l'habitation Assier (côté nord-est). Pris, comme toujours, par le brouillard
à 100™ du sommet, nous avons trouvé le lac des Palmistes dans le même
état qu'au mois de juin : il est rempli de cendres avec quelques grosses
bombes. De nombreuses rigoles le sillonnent, se déversant vers toutes
les rivières de la côte est; leur coupe montre des lapillis de toute
dimension avec des enduits de soufre et des croûtes d'alunogène. La tem-
pérature n'y dépasse pas yo^'C, par places, et ce n'est qu'au moment de la
pluie que l'on voit s'en échapper un peu de vapeur d'eau.
» Nous sommes arrivés facilement jusqu'au bord du cratère; nous étions
dans un épais brouillard, nous empêchant de rien voir, mais des vapeurs
77^ ACADEMIE DES SCIENCES.
suffocantes d'acide sulfureux parvenaient, par moments, jusqu'à nous, nous
Çnrç-^ni à reculer, et un bruit vraiment infernal se produisait de tous côtés
devant nous; nous distinguions, sans pouvoir préciser, des détonations
accompagnées d'éboulements de pierres, rendant un son comparable à
celui de bris de verre. Nous commencions à nous désespérer, lorsqu'une
pluie torrentielle s'est produite; un éclair éblouissant descendant verti-
calement sur le bord du cratère, accompagné par un coup de tonnerre,
nous a pendant quelques secondes arrêtés ; nous nous demandions si ce
n'était pas une explosion du volcan ; ce n'était heureusement que de l'orage.
Le ciel s'est alors découvert et nous avons eu le spectacle le plus impres-
sionnant que l'on puisse imaginer. Le cratère était entièrement découvert
et devant nous, à loo™ à peine et nous dominant de plus de So*", se dressait
un cône, entièrement constilué par des roches solides. Celles-ci sont extra-
ordinairement fendillées, toutes les fissures laissent échapper soit tran-
quillement, soit par explosion, des bouffées de vapeurs blanches ou des
fumées bleuâtres d'acide sulfureux; ce sont ces explosions qui déter-
minent les éboulements dont le bruit nous assourdissait. Les quartiers de
rochers qui dégringolent ainsi vont peu à peu obstruer la rainure que Ton
observe entre ce cône et les parois verticales du cratère. J'estime qu'actuel-
lement cette rainure n'est pas à plus de i5o™ du sommet du cratère. Celui-ci
a probablement 600" à 800™ de grand diamètre.
» Ce cône n'a cerlainement pas de cheminée centrale; quand il v a peu
de vent, toutes les fumerolles qui sortent de ses flancs s'élèvent verticalement
et donnent l'illusion d'un panache terminal. Quant aux grosses colonnes
de vapeur qui montent parfois à plusieurs kilomètres de hauteur, celles que
nous avons vues partaient surtout de la rainure du cratère; par moments,
elles nous cachaient entièrement cône et cratère qui, de temps en temps,
apparaissaient en tout ou partie donnant à ce paysage un aspect vraiment
fantastique.
» Après 3 heures d'observation, le brouillard est devenu permanent et
nous avons eu quelque peine à retrouver notre route pour descendre;
inutile de vous dire que le nègre que nous avions amené comme porteur
avait énergiquement refusé d'avancer sur le sommet et décampé dès que
nous avons eu le dos tourné. Nous avons pu reconnaître les points où nous
étions arrivés lors des quatre ascensions de notre dernier vovage ; nous
étions arrivés au but sans en être sûrs et sans voir grand'chose. Je ne puis
donc savoir quel a été l'accroissement du cpne central qui, pendant toute
notre précédente mission, ne s'est jamais montré à nous que couvert au
SÉANCE DU lO NOVEMBRE 1902. '-^S
sommet; les habitants des revers sud et est de la montagne, que nous
avons interrogés, sont très affirmatifs pour assurer que ce cône n'était pas
visible, au commencement d'août, de la région qu'ils habitaient, alors que
maintenant, comme nous l'avons constaté nous-mêmes, il se distingue net-
tement. Ils assurent qu'ils l'ont vu changer de forme depuis cette époque.
J'ai pris mes dispositions pour entreprendre dès à présent des mesures qui
permettront de suivre toutes les variations de ce cône. Il se présente
actuellement très irrégulier, allongé dans la direction du NNO, terminé
par des aiguilles extrêmement aiguës; et à ce propos je dois faire une recti-
fication à notre premier Rapport. Nous avons dit que nous avions vu un
jour à travers les nuages apparaître un sommet déchiqueté d'une altitude
de 1353"" que nous avons pris pour un reste du Morne La Croix; cela était
inexact, et ce sommet appartenait certainement au cône en question. En
faisant le tour du cratère, nous avons constaté que, du côté nord-est, le
point le plus élevé est actuellement le petit rocher d'andésite, de 1270"
d'altitude, dont nous avons parlé dans le même rapport; si donc l'indica-
tion i35o™ portée sur la Carte pour le Morne La Croix était exacte, il s'est
écroulé en partie et n'est plus le point culminant de la montagne; celui-ci
(cône à part) serait formé par une arête dominant Macouba et dont je
déterminerai l'altitude précise à ma prochaine ascension.
» Nous avons fait ensuite une ascension de la montagne par la rivière
Blanche; l'heure du courrier me presse, je vous écrirai à ce sujet par le
courrier français qui part dans quelques jours; je me contente de vous
signaler que l'échancrure qui s'ouvrait au devant du cratère, du côté du
sud-ouest, au-dessus de la rivière Blanche, s'est agrandie d'une façon
extraordinaire le 3o août : elle permet maintenant, au talus d'éboulis qui
se trouve à la base du cône, de descendre librement dans la vallée de la
rivière Blanche. I/énorme quantité de matériaux anciens qui a ainsi sauté,
jointe aux cendres de l'éruption du 3o août et aux débris du cône, a consi-
dérablement modifié la topographie de la vallée de la rivière Blanche, dont
toute la partie inférieure a été remblayée. Presque toutes les traces des
éruptions antérieures y ont maintenant disparu jusqu'à 2'^"* de la côte; la
petite plage sur laquelle nous débarquions en fin de juillet est aujourd'hui
remplacée par une falaise d'une quinzaine de mètres de hauteur, minée
d'ailleurs par l'action de la mer. Aucune fumerolle ne fonctionnait active-
ment ces jours-ci dans la vallée de la rivière Blanche. »
C. R., 1902, 2* Semestre. (T. CXXXV, N" 19.)
102
774 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIQUE DU GLOBE. — La pesanteur le long du parallèle moyen.
Note de M. J. Collet, présentée par M. Lœwy.
« Depuis près de dix années j'ai entrepris, avec le concours de M™** Collet,
une étude méthodique de la pesanteur le long du parallèle moyen. J'ai
déjà adressé à l'Académie plusieurs Notes sur ce sujet (' ). Je me propose
actuellement de résumer, dans leur ensemble, les résultats obtenus. Cette
publication, qui aurait pu être faite plus tôt, a été retardée, d'abord par
des recherches que j'ai dû faire sur l'évaluation de Vattraction topogra-
phique, sensible en plusieurs stations; puis par des expériences de contrôle
sur l'invariabilité du pendule; enfin par une revision générale de toutes
les expériences et de tous les calculs. Comme conséquence de ces opéra-
tions multiples, j'ai dû apporter quelques très légères modifications aux
résultats antérieurement publiés.
» Je rappelle que j'ai procédé par déterminations relatives de la pesanteur,
suivant la méthode Defforges, en prenant Paris (Observatoire) comme
station de départ. J'ai ainsi relié mes opérations à celles du Service géo-
graphique de l'Armée. Marseille m'a fourni, d'autre part, une vérification
précieuse, en me permettant de retrouver une valeur de g concordante
avec celle que le commandant Defforges y avait obtenue.
» Le long du parallèle moyen qui, de l'Océan à Turin, traverse les
régions les plus diverses, avec de très grandes altitudes, j'ai choisi dix sta-
tions caractéristiques. On a donc opéré, en somme, en douze stations, et
plusieurs fois dans certaines d'entre elles.
» Je ne m'occuperai aujourd'hui que de la partie des observations qui
concerne la durée des oscillations pendulaires, et de la recherche de leur
degré de précision.
Tableau des observations de la durée d'une oscillation pendulaire (-).
T. T-r. V e.
. o
Paris 1893 0,7112112 10/+ 1 0,7118659 17,28 0,711 35 11
Paris 1901 1688 1082 8294 11,29 3535
{}) Comptes rendus, t. CXIX, p. 634; t. CXXII, p. i265; t. CXXIV, p. 1088;
t. CXXX, p. 642; t. CXXXl, p. 654 et p. 742.
(^) Dans ce Tableau : T désigne la durée moyenne, en secondes sidérales, déduite
des quatre séries d'observations faites, le poids lourd en bas, PLB; T' la durée ana-
SÉANCE DU lO NOVEMBRE 1902. 775
T. T-T'. Te. e. T„.
o
Marseille 1894 0,7113482 1082 0,7115017 12,62 0,7115172
CapFerret 1895 3858 965 5290 26,175 A629
Bordeaux 1894 8874 io54 494' 1^,28 4928
Aurillac 1895 4026 986 6491 i9'62 6191
St-Pierre-le-Chastel. 1895 365o 1062 6229 16,80 5ii2
Saint-Agrève 1898 4172 1067 6759 18, o5 556i
Saint-Agrève 1899 4f49 1066 6784 17,62 5564
Valence. 1893 8762 1018 5267 5o,59 49^3
Grenoble 1894 8474 1024 4997 ^^^^9 ^o»?
Grenoble 1897 3972 994 545o 22,26 497^
LaBérarde 1893 5o64 1082 6599 17,69 643i
LeLautaret 1899 4718 1097 6849 9,69 6701
Turin 1896 3o46 1076 4645 9,80 5oi55
)) En partant de la formule Defforges T — T' = A — ^6, on peut déter-
miner le degré de précision des résultats obtenus. En posant a = 6, b =1,
c = T — T', X =: — p, r = A, on aura i4 équations
(i) ax ■+- by -~ c = o,
qui, résolues par la méthode des moindres carrés, donneront
(2) ^
^ ^ ( J = A = ii5o;
et
(3) T-T = ii5o -6,700.
U erreur moyenne des déterminations de T — T' sera e = i[\', et, pour les
erreurs moyennes de x et de y, on aura, suivant des notations usuelles,
e^=ey/Q, e^z^ey/Q^, où Q = 0,003497 et Q',.= 1,008; d'où e^ — i ,4i 6,
^^=24,19.
» Enfin l'erreur moyenne e, de T — T sera
e, = s/a^4-4-e;= e s/O^Q + Q; > e.
Pour 0 = 20°, on a e, = e X i ,55.
» On voit par là que l'ensemble des valeurs observées pour T — T' est
logue PLH; T9 la durée d'oscillation, à 6°, du pendule simple d'une longueur égale à
la distance des couteaux; et ^,5 cette durée réduite à i5°.
77^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
nettement préférable à Tensenible des valeurs calculées. C'est pourquoi,
dans le calcul des valeurs de Te par la formule
(4) . = T + ^,(T-T'),
dans laquelle h et h' sont les distances du centre de gravité du pendule aux
arêtes des couteaux, on a conservé les valeurs de T — T' fournies par
l'observation, au lieu de faire leur nivellement à l'aide de la formule (3).
» Cette formule peut être cependant très utile dans certains cas, et nous
l'avons employée, en particulier, pour le calcul de t à f^a Bérarde. Ayant
constaté une anomalie manifeste dans une série PLH, nous n'avons retenu
de l'expérience que la valeur de T, et c'est la valeur de T — T', calculée à
l'aide de la formule (3), qui figure dans notre Tableau.
» Pour T et T', en remarquant que les poids de ces déterminations sont
5
à peu près dans le rapport de 6 à 5, on aura les valeurs probables T H e
et T e\ d'où, pour l'erreur de t,
At = (A +^^-). = 1,94^-46,56 (^ = 1,487).
L'erreur correspondante, pour la valeur de g, sera A^'^ = 0,0001 3. »
GÉOMÉTRIE. — Sur les substitutions crémoniennes dans V espace.
Note de M. Léon Autonne, présentée par M. Jordan.
« Dans la présente Communication, je me propose de continuer les
recherches commencées dans la troisième Partie (Substitutions crémo-
niennes) de mon travail Sur les formes quaternaires à deux séries de variables.
— Applications à la Géométrie et au Calcul intégral, inséré dans le Recueil
des Mémoires couronnés et Mémoires des savants étrangers publiés (T. LIX,
1901) par l'Académie royale des Sciences de Belgique.
» Ce n'est du leste que l'extension à l'espace des théories données, pour
la Géométrie plane, dans des Mémoires déjà anciens, publiés au Journal de
Mathématiques, savoir :
» 1887. Recherches sur les groupes d'ordre fini contenus dans le groupe
des substitutions linéaires de\contact.
SÉANCE DU lO NOVEMBRE 1902. -7^^
» 1888. Recherches sur les groupes d'ordre fini contenus dans le groupe
quadratique crèmonien :
» Premier Mémoire ; Etude d'une substitution crémonienne isolée.
» Deuxième Mémoire : Multiplication des crémoniennes ; groupes quadra-
tiques; groupe directeur.
» Conservons toutes les définitions et notations de mon Mémoire de
Belgique, notamment ce qui esL relatif à Vêlement, à V élément-image, aux
variétés primordiales, etc.
» Prenons s^ et MP'^(i= i, 2, 3,4) des coordonnées-points et coordonnées-
plans courantes, avec Iwz = o, et considérons une crémonienne
(V/
<ï^/ -r.i
ju m
Z IT'
n 11'
z w
p p'
z iV
q q'
z w
m ni
n II'
P P
q q'
P P
q q'
m m
n n'
les huit entiers non négatifs m, . . ., q' désignant les dimensions auxquelles
figurent les variables z^ ou Wi dans les formes biquaternaires cp, }, 6 et •(^.
» Au Mémoire, on a exposé les propriétés générales des crémoniennes.
On passera maintenant à la construction effective des crémoniennes d'un
type
' P P'
donné.
m m
Il n'
q q-
» On ne considérera bien entendu pas comme distinctes les crémoniennes obtenues
en multipliant une crémonienne donnée, devant ou derrière, par des coUinéations
quelconques, avec ou sans intervention de la dualité (transformation par polaires réci-
proques, par rapport à une quadrique).
» Reprenant et achevant une discussion entamée aux Chapitres VIII
et IX du Mémoire (troisième Partie), j'ai construit toutes les crémoniennes
qui possèdent la propriété suivante :
» Entre une série de coordonnées Xi ou Ui de l'élément {x, a) et une série de
coordonnées yi ou t^^- de Télément-image (y, v) existent deux, et seulement deux
relations distinctes, obtenues tn annulant deux formes biquaternaires bilinéaires.
778 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» On trouve la crémonienne unique
s = S'
I I
I I
I I
I I
^2
— 5,(^3
— Z,W2
.W^
^w.
"2 ^^2 1^ ^3 '^S
z,w^
w^ z, w,
» Théorème. — La crémonienne s est le seul représentant des types
1 I
I I
ou
» Une dernière observation n'est pas inopportune, quoique étrangère à
l'objet de la présente Communication. Dans la seconde Partie de mon Mé-
moire de Belgique, consacrée aux connexes dans l'espace, se trouvent
plusieurs résultats, déjà découverts depuis longtemps par M. Fouret. On
les trouvera dans les Notes que ce géomètre a insérées aux Comptes rendus
(t. LXXIX à LXXXV). Je les avais ignorées lors de la rédaction du Mé-
moire. Ils se rapportent à l'équation de Jacobi dans l'espace, au nombre
des éléments fondamentaux d'un connexe (implexe, de M. Fouret) de
classe un, .... Qu'il me soit permis d'ajouter que, le plus souvent, ma so-
lution comporte une discussion plus complète que celle de M. Fouret. »
MÉCANIQUE. — Sur la rupture et le déplacement de l'équilibre. Note de
M. JouGUET, présentée par M. G. Jordan.
« Dans une Note antérieure (^), nous avons insisté sur quelques cas
particuliers des lois de la rupture et du déplacement de l'équilibre.
(*) Comptes rendus, t. CXXXIV, 16 juin 1902, p. i4i8. Quelques erreurs d'im-
pression se sont glissées dans cette Note, s désigne l'entropie et non l'énergie. Il faut
lire, à la ligne 17,
du ^ —- ds i au lieu de du = —- ds
as \ Os
et à la ligne 27
z{a,i^,s,Y),y{a,'^,s,p) au lieu de t{ct, ^,Y), y{cc, ^,p).
SÉANCE DU TO NOVEMBRE 1902. 779
Conservant les notations de cette Note, nous allons appliquer les théorèmes
(6), (8), (9) à la Mécanique chimique.
» Pour distinguer les cas de déplacement des cas de simple rupture de
l'équilibre, étudions la stabilité des systèmes chimiques enfermés dans une
enveloppe imperméable à la chaleur. En partant de l'hypothèse de
M. Duhem « sur la stabilité physique » {Mécanique chimique, Livre VI,
Chap. I, § 6) et en profitant de l'analogie entre le volume et l'entropie
pour raisonner comme cet auteur, on montre qu'un système de phases
soumis à une pression constante et enfermé dans une enveloppe non con-
ductrice ne peut être qu'en équilibre stable ou indifférent. Les états
d'équilibre indifférent, s'ils existent, sont en général isolés et tels que la
pression y est plus grande ou plus petite qu'en tout autre état d'équilibre
voisin (propriété corrélative du théorème de Gibbs et Ronovv^alow). Ils ne
se rencontrent d'ailleurs que dans les systèmes univariants ou, pour les
systèmes plurivariants, dans le continuum formé par leurs points indiffé-
rents à température constante.
» Nous considérerons, pour fixer les idées, un système univariant. Ses
états d'équilibre sont représentés, dans le plan T^, par une ligne qui peut
avoir une tangente parallèle à Op en I et une tangente parallèle à OT en II.
Si p est maintenu constant, l'équilibre isothermique est partout indiffé-
rent, l'équilibre adiabatique est indifférent en II, stable en tout autre
point. Pour une variation infiniment petite de pression, le premier subit
partout une rupture finie, le second subit une rupture finie en II, un dépla-
cement infiniment petit partout ailleurs. Dans le cas où V est maintenu
constant, tous les équilibres sont stables, sauf l'isothermique en I qui est
indifférent.
» Application du théorème (6). — En vertu de ce théorème, une aug-
mentation adiabatique de pression provoque un phénomène caractérisé
par A^^^V <^ o. En vertu du théorème de Robin, une augmentation isother-
mique de pression provoque un phénomène tel que A^ V <^o. Les effets
peuvent être les mêmes (ainsi en II où A^pV= Aj^V). Mais ils peuvent
aussi être inverses.
» Soit, par exemple, i''^ de vapeur d'eau saturée. Imaginons qu'un
poids dm se condense, /? et T restant constants. L'entropie diminue. Pour
la ramener à sa valeur initiale, isolons le liquide de la vapeur et chauffons
le tout à p constant en profitant de la surchauffe pour maintenir l'eau
liquide. Dans la première partie de l'opération, V a diminué; il a augmenté
780 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dans la seconde. C'est le second effet qui l'emporte : le calcul donne, si
l'on est parti, par exemple, de T = 278 -J- 164, A^^ V — 0,37 fl?m ^ o. Au
contraire, A^^ V <^ o. Une diminution de pression doit donc produire une
condensation si elle est adiabatique, une vaporisation si elle est isother-
mique. C'est là un phénomène classique.
» D'une manière générale, c'est au voisinage de I et du côté convenable
qu'on a le plus de chances d'observer ces effets inverses. MM. ïammann
les a déjà recherchés dans le phénomène de la fusion. Il résulte de ses
expériences qu'on ne pourra réussir à les observer dans ce cas qu'en se
plaçant très près du point T ( ' ).
» Application des théorèmes (8) et (9). — L'effet d'une addition de cha-
leur dépend du signe de Aj.,^^ si elle est faite à pression constante, de \^yS
si elle est faite à volume constant. (Le calcul de A^ y-^ exige, en général,
comme plus haut, celui de A,^,V, qu'on fasse appel aux phénomènes de
surchauffe, surfusion, etc.) En I, ces quantités sont égales. Mais ailleurs,
notamment au voisinage de II et du côté convenable, il peut airiver que
At,^^ . àyyS<i o. Dans ce cas, si l'on chauffe le système, on observe un phé-
nomène chimique différent suivant qu'on maintient invariable le volume
ou la pression. Ce fait pourrait sans doute être observé sur certains sys-
tèmes univariants, étudiés par MM. Roozeboom et Smits, et formés de
deux composés (sel et eau) répartis en trois phases : le point II existe pour
ces systèmes.
)) Remarque. — On peut présenter un peu autrement les théorèmes de
notre précédente Note. Prenons, par exemple, (8) et (9). Imaginons qu'on
chauffe le corps assez vite pour que, d'abord, il ne se produise aucune
modification chimique; seule la température varie et s'élève. On cesse
ensuite de chauffer et on laisse le corps sans échange de chaleur avec
l'extérieur. (8) et (9) apprennent qu'il se produit alors une modification
chimique qui fait baisser la température. Si l'équilibre adiabatique est
stable, nous admettrons que cette modification amène le corps à une nou-
velle position d'équilibre.
» La température a donc d'abord crû, puis décru. On peut se rendre
compte que l'effet final est une augmentation de température si l'équilibre
isothermique est stable (pour les systèmes invariants, si l'on opère à
volume constant ailleurs qu'en I), un retour à la température initiale si
(1) Annalen der Physik, vierte Folge, Band I, p. 276.
SÉANCE DU !0 NOVEMBRE Ï902. -jSl
l'équilibre isothermique est indifférent et l'équilibre adiabatiqne stable
(pour les systèmes invariants, si l'on opère à pression constante ailleurs
qu'en II ou à volume constant en I). »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur l' équivalence des systèmes différentiels.
Note de M. E. Cartax, présentée par M. E. Picard.
« Le problème qui consiste à trouver les invariants d'un système
d'équations aux dérivées partielles ou d'un système de Pfaff par rapport à
un changement de variables quelconque, ou par rapport à un groupe de
transformations fini ou infini dont on donne les équations de définition, autre-
ment dit le problème de l'équivalence des systèmes différentiels, celui qui
consiste à reconnaître le degré d'indétermination delà transformation qui
transforme entre eux deux systèmes équivalents ou la nature du groupe
fini ou infini qui laisse invariant un système donné, tous ces problèmes
peuvent se ramener au suivant, plus général :
» Étant données n expressions de Pfaff indépendantes
à n variables
Uy f , O/o, • • • 5 "^rt»
étudier les invariants du système (co,, to^, . . ., w,, ) par rapport au groupe de
transformations (^inconnu) le plus général qui laisse invariantes un certain
nombre de fonctions données y^, . . . , y,„ des x, et, de plus, effectue sur
co, , . . ., c.j„ une substitution linéaire appartenant à un groupe linéaire donné G
dont les équations finies peuvent dépendre (^paramélriquement) des y et dont les
constantes arbitraires doivent être regardées comme des fonctions arbitraires
des X.
)) Dans tous les problèmes énoncés plus haut, les transformations infini-
tésimales de G sont connues.
» J'ai trouvé une méthode générale permettant de résoudre ce problème
et reposant sur le même principe que la méthode d'intégration que j'ai
exposée récemment dans deux Notes à l'Académie (').
(') Sur r intégration des sytènies différentiels complèlenient intégrables {{(j \mn
et 3o juin 1902).
C. R., 1902, 5' Semestre. (T. CWXV, N» 19.) Io3
782 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Si
1,2, ...,/i
(1) i2,/= 2 ""''^'''-dil (s=i,2,...,x)
sont les r transformations infinitésimales de G, les a désignant des fonc-
tions des j', la méthode consiste à introduire r expressions de Pfaff auxi-
liaires cj,, cTo, . . ., cT^ et des coefficients A^;ti définis par les co variants bili-
néaires des oj^
s = l r
(2) (o^ =2A,yA0J,Wy -t- 2 y-iks^'i^s (k = l , 2, . . . , r) .
» Les A,y;é sont alors transformés entre eux par le groupe considéré, ce qui
permet, par la considération des formes réduites, de réduire, dans certains
cas, le groupe G à l'un de ses sous-groupes et peut conduire aussi à de nou-
velles fonctions invariantes de x. Lorsque aucune de ces réductions n'est
plus possible, le problème de l'équivalence est résolu si le groupe G final
satisfait à certaines conditions numériques qui se rattachent à la théorie
des conditions d'involution d'un système de Pfaff à n variables indé-
pendantes.
M Si le groupe G ne satisfait pas à ces conditions, on raisonne sur le
système des n -\- r expressions de Pfaff
to,, to.j., ..., o>,,, cj^, cjo, ...» vj,.
dont on met les covariants bilinéaires sous une forme analogue à (2), le
groupe G étant remplacé par un nouveau groupe à r -1- r' paramètres qui
introduit f nouvelles expressions de Pfaff auxiliaires /, , . . . , ;(/, et ainsi de
suite. Ces opérations ont une fin et les formules finales indiquent le degré
d'indétermination de la transformation qui transforme l'un dans l'autre
deux systèmes équivalents.
)) Si les équations finies du groupe linéaire primitif G sont connues, le
problème général est obtenu sans intégration.
» Si le groupe final se réduit à la substitution identique et si, pour fixer
les idées, aucun invariant ne s'est présenté, chacun des systèmes étudiés
admet un groupe fini dont la structure est donnée par les constantes A^j/^ et les
constantes analogues .
)) Si le groupe final ne se réduit pas à la substitution identique, chaque
.système admet un groupe iniini et les formules (2) et analogims permettent
SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1902. 788
aussi de définir la structure de ce groupe infini; c'est un point important sur
lequel je me propose de revenir dans une prochaine Note.
» Comme conséquence importante, je signalerai le théorème suivant :
» Si un système d'équations aux dérivées partielles admet des caractéristiques
dépendant d'un nombre fini de constantes arbitraires, on peut, sans intégra-
tion, ramener la détermination de ces caractéristiques à l'intégration d'un
système d'équations différentielles de Lie associé à un groupe de structure
connue, à supposer toutefois que le système donné n admette pas de groupe
infini.
» Par exemple, les systèmes en involution de deux équations aux déri-
vées partielles du second ordre à une fonction inconnue de deux variables
indépendantes dont les caractéristiques n'admettent aucune intégrale pre-
mière de la forme
Y{x,y, z, p, q) = const.,
n'admettent jamais de groupe infmi de transformations (en x, y, z, p, q).
Le plus grand nombre fini qu'un tel système puisse admettre est le groupe
simple à i4 paramètres qui a été signalé par M, Engel et moi; sinon il
admet au plus un groupe à 7 paramètres, qui est intégrable. Dans ces
deux cas la solution générale dépend de
a, /(oc), /'(a), n^), fir'{^)-^ir\^) + mf\..)]d..,
a désignant une variable auxiliaire, /(a) une fonction arbitraire de x. Dans
le premier cas, /et m sont nuls; dans le second cas, ce sont des constantes
qui n'interviennent d'une manière essentielle que par la combinaison — • »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur certaines égalités remarquables.
Note de M. W. Stekloff, présentée par M. E. Picard.
« 1. Au début du Mémoire de M. Hurvvitz, qui vient de paraître dans le
dernier Cahier du Journal de l'École Normale (septembre 1902), j'ai trouvé
une démonstration nouvelle de la formule suivante :
(i) -rf\^)dx='ibl-r^{ai + blY
7^4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
f{x)dx,
' J{oc)s\\\nxdx,
0
/(x)cosnxclx,
0
ayant lieu, quelle que soit la fonction /(a;), bornée et intégrable dans l'in-
tervalle (O, 27c).
» Je me permets de remarquer d'abord que cette formule a été établie
pour la première fois par M. Liapounoff en 1896 ('), comme je l'ai déjà
signalé dans ma Note Sur un problème de la théorie analytique de la cha-
leur {Comptes rendus, 4 avril 1898). Voir aussi mon Mémoiv^i Sur les fonc-
tions harmoniques de M. H. Poincaré {Annales de Toulouse, 1901, p. 290).
M J'indiquerai ensuite que diverses égalités, analogues à celle de M. Lia-
pounoff, résultent immédiatement d'un théorème général que j'ai démontré
dans mon Mémoire : Problème de refroidissement d'une barre hétérogène
{Annales de Toulouse, 2^ série, t. lil, 1901).
)) 2. Soient /? et ^ deux fonctions de la variable réelle x, continues et
positives dans l'intervalle de ^ = <2 à x ^b{b^a). Supposons que/? ne
s'annule pas dans cet intervalle. Désignons par k,^{n — i, 2, 3, . . .) une
suite de constantes déterminées positives ne dépendant que de p, q et de
l'intervalle {a, b); par V„(/i = i , 2, 3, . . .) une suite de fonctions corres-
pondantes vérifiant les équations
Xi + {f^P — ^) V„ = o, a<Cx<C, b,
jointes aux conditions
C pWldx = i,
Y,fa) - hy,{a) = o, Y:Xb) -+- [iV,,{b) = o,
A et H étant des constantes positives.
» Dans le Mémoire cité (p. 3o6), j'ai énoncé la proposition suivante :
Quelle que soit la fonction f, continue dans linlers^alle {a,b), on a toujours
l Ppdx=^kl, K==fjfyn
dx.
(') Communications de la Société mathématique de Kharkow {Extrait des Procès-
verbaux, t. VI, n° 6; séances des i3 décembre 1896, 20 janvier et 7 mai 1897).
SÉANCE DU lO NOVEMBRE I902. n85
» Mais la condition de la continuité n'a rien d'essentiel.
» On peut s'affranchir de cette restriction en employant la méthode que
j'ai exposée dans mon Ouvrage : Les méthodes générales pour résoudre les
problèmes fondamentaux de la Physique mathématique (Rharkow, iqo(,
p. 255-257). ^<^i'' aussi mon Mémoire Sur les fonctions harmoniques de
M. H. Poincaré (^Annales de Toulouse, t. 11, 1900, p. 282-^84).
» Nous obtiendrons ainsi ce théorème général :
)) Théorème, — Quelle que soit la fonction f bornée et intégrable dans
l'intervalle donné (a, b), on a toujours
f pf dx = 2 a;;, a, =^f[fpv,^
dx.
» 3. Considérons maintenant deux cas particuliers
= ce.
(i) h = n
(2) h = U = o.
» En posant
/> =1 , q = o,
a = O, b ::=^ ~,
on aura respectivement
[pour(i)] V„= ^Isnmr,
[pour(2)] V«-=\/^ V„^y/^co./^,
» Posant ensuite
a = o, b = 277,
on aura
[pour (1)] y^^=J-,^,n~,
[pouï-C^)] V„=-^ cos — .
» Appliquons maintenant le théorème général à ces cas particuliers. On
786 ACADÉMIE DES SCIENCES.
trouve les formules suivantes, analogues à (i),
00
-^J /- dx = ^ -^^b'I, ^'"^-J fcosnxdx,
/'dx =^à;, <=i/ f^m'-^dx,
r2 TC I »2 ^27;
ayant lieu, quelle que soit la fonction f, bornée et intégrable dans l'intervalle
(o, 27r).
» Le théorème énoncé plus haut est susceptible des autres applications
intéressantes que j'indiquerai, si l'Académie me le permet, dans une autre
Communication. »
PHYSIQUE, — Sur le phénomène de Hall et le pouvoir thermo-électrique.
Note de M. Edmond van Aubel, présentée par M. Lippmann.
(( Suivant A. von Ettingshausen et W. Nernst ('), le phénomène de
Hall serait lié au pouvoir thermo-électrique des métaux. D'autre part,
Edmond Becquerel (^) a constaté que l'alliage renfermant 10 parties de
bismuth pour i partie d'antimoine et le mélange de bismuth et sulfure de
bismuth, fondus ensemble à poids égaux, ont un pouvoir thermo-électrique
bien supérieur à celui du bismuth pur.
» Je me suis proposé de vérifier la conclusion de A. von Ettingshausen
et W. Nernst, en étudiant l'effet Hall successivement dans le bismuth pur,
un alliage de 8^,35 d'antimoine pour 9x^,65 de bismuth et un mélange
de bismuth et sulfure de bismuth contenant 4>36 parties en poids de
soufre pour 95,64 de bismuth (').
(*) Sitzungsberichteder Akademie derWissenschaften. Vienne, vol. XCIV, 1886,
p. 56o.
(^) Annales de Chimie et de Physique, 4^ série, t. VIII, 1866, p. [\i'i.
(^) Ces compositions ont été déterminées, sur l'alliage et le mélange, par des ana-
lyses pour lesquelles je tiens à exprimer ici mes remercîments à M. Maurice Dujsk.
SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1902. 787
» Les électrodes de Hall étaient réunies aux bornes d'un galvanomètre Deprez-
d'Arsonval très sensible, dont les déviations du miroir étaient observées avec une
lunette, lorsque la plaque étudiée était placée normalement aux lignes de force du
champ magnétique. Les deux électrodes de Hall n'étant pas placées exactement sur
deux lignes équipotentielles, le miroir du galvanomètre déviait lorsque le courant
primaire traversait la plaque étudiée. Cette déviation n'a pas été annulée par compen-
sation, suivant le procédé habituel, puisqu'on ne recherchait, provisoirement, que
des comparaisons approximatives.
Résultats.
» 1. Plaque de bismuth pur. Epaisseur : i™"", 25.
» Intensité du courant traversant l'électro-aimant : 27,8 ampères.
» Intensité du courant primaire dans la plaque : i,44o ampère.
» Lectures des positions du miroir du galvanomètre :
a. Position initiale io,oo
b. Gourant primaire dans la plaque 11 ,02
c. ^ ■ ^ 1,,, . \ un sens d'aimantation (A) ... . 10,20
c. Sous 1 action de 1 electro-aimant • ,, . ■ ,r,x ot^
\ autre sens d aimantation (rJ). . 12, ôd
Effet Hall proportionnel à 12, 35 — 10,20 = 2, 1 5.
» 2. Plaque de l'alliage de bismuth et d'antimoine. Epaisseur : i'"'",55.
» Intensité du courant traversant l'électro-aimant : 26,5 ampères.
» Intensité du courant primaire dans la plaque : i,435 ampère.
» Lectures des positions du miroir du galvanomètre :
a. Position initiale 10,0
b. Courant primaire dans la plaque 10,82
_ ,, • 1 ,,,, ■ \ un sens d'aimantation (A) .. . 7,q6
f. bous 1 action de 1 electro-aimant \ ... • ^t. > o ^^
( autre sens d aimantation (B). 10,80
Effet Hall proportionnel à 1 3 , 85 — 7 , 96 = 5 , 89.
» 3. Plaque du mélange de bismuth et sulfure de bismuth. Epaisseur : i^'^jôo.
» Intensité du courant traversant l'électro-aimant : 28,2 ampères.
» Intensité du courant primaire dans la plaque : i,44o ampère.
M Lectures des positions du miroir du galvanomètre :
a. Position initiale 10,0
b. Courant primaire dans la plaque 10, 32
o ,,•,,,., . l un sens d'aimantation (A). . . 7,i5
c. bous 1 action de 1 electro-aimant ,' ... • r^x i^
{ autre sens d aimantation (B). 13,72
Effet Hall proportionnel à 13,72 — 7 , i5 r= 6,57.
» Ces résultats montrent que l'effet Hall est le plus intense dans le
mélange de bismuth et de sulfure de bismuth. Dans cette plaque, le phé-
nomène a une intensité triple de celle que donne la lame de bismuth pur,
788 ACADÉMIE DES SCIENCES.
bien que l'épaissenr soit notablement plus forte. L'alliage de bisnnuth et
d'antimoine considéré donne également lieu à un effet Hall très intense,
plus que double de celui observé avec le bismuth pur, qui est, de tous les
corps étudiés jusqu'ici, celui dont le coefficient rotatoire de Hall est négatif
et de beaucoup le plus élevé. D'ailleurs ce pouvoir rotatoire a le même
signe dans les trois expériences.
» Ces mesures confirment la conclusion de A. von Ettingshausen et
W. Nernst; elles m'engagent à étudier un mélange de bismuth et sulfure
de bismuth contenant une plus grande quantité de ce dernier, et des
sulfures dont le pouvoir thermo-électrique est très élevé.
» Les expériences doijt il a été question jusqu'ici ont été faites en pla-
çant les lames dans l'air, à la température du laboratoire. Je me suis pro-
posé ensuite de comparer les intensités de l'effet.Hall, à la température du
laboratoire et dans l'air liquide, pour la plaque formée par le mélange
bismuth et sulfure de bismuth.
» Les pôles de l'électro-aimant ont donc été écartés jusqu'à être distants de SS"*™,
afin qu'il fût possible de placer entre eux une éprouvette en verre à doubles parois
de Dewar, contenant l'air liquide. En opérant comme précédemment, j'ai trouvé que,
si l'on mesurait l'effet Hall par la déviation double observée au galvanomètre, on
obtenait 2,35 à la température du laboratoire et 8,76 lorsque la plaque était placée
dans l'air liquide. L'intensité du phénomène de Hall devenait donc, pour le mélange
considéré, plus de trois fois plus grande dans l'air liquide.
)) J'ai l'intention de continuer les recherches dont je viens d'indiquer
les premiers résultats, pour prendre date. Des expériences sur la résis-
tance électrique dans le champ magnétique et sur les phénomènes thermo-
et galvano-magnétiques, pour ces alliage et mélange, sont actuellement en
cours d'exécution, w
PHYSIQUE. > — Sur la conductibilité des dissolutions aux basses températures .
Note de M. J. Kuxz, présentée par M. J. Violle.
« L'affaiblissement considérable de la conductibilité électrolylique aux
basses températures peut provenir de deux causes. Elle peut être attribuée
soit à l'abaissement du degré de dissociation, soit à la viscosité croissante
que le milieu oppose aux ions.
» Rohlrausch (') a reconnu que les formules empiriques qui repré-
(1) KoBLRAUscH, Sitzungsberichtc Akad. d. Wiss. Berlin, t. XLH, 1901.
SÉANCE DU lO NOVEMBRE 1902, 789
sentent bien les observations de Desguine ('), faites au-dessus de zéro,
indiqueraient, si l'extrapolation était permise, une conductibilité tombant
à zéro, pour tous les électrolytes indistinctement, à la température de — 39°.
S'il en était réellement ainsi, il est clair que la cause devrait en
être cherchée dans l'état du dissolvant commun à tous les électrolytes. On
peut encore trouver un argument à l'appui de cette manière de voir dans
les valeurs numériques assez voisines du coefficient de variation ther-
mique de la conductibilité des dissolutions et de celui de la viscosité de
l'eau, mesuré directement.
)) Je me suis proposé de soumettre ces vues de Rohlrausch au contrôle
de l'expérience, par des mesures de conductibilités électrolytiques à des
températures aussi basses que possible. Après bien des essais infructueux
sur les électrolytes surfondus, j'ai dû restreindre mes recherches aux
dissolutions concentrées, à point de congélation très bas, d'acide sulfu-
rique, de soude caustique et de chlorure de calcium. J'ai pu atteindre,
avec les solutions d'acide sulfurique de 45 à jo pour 100, des températures
inférieures à — 70**.
. » Les résistances ont été déterminées par la méthode de Kohlrausch, avec un pont à
fil exactement calibré. Les températures, jusqu'à — 35°, ont été mesurées avec un ther-
momètre normal de Pernet, et, au-dessous, au moyen du couple constantan-fer,
préalablement étalonné. Les trois causes d'erreur de la méthode, la self-induction, la
capacité et la polarisation, ont été éliminées par des procédés connus. Je donne, dans
le Tableau suivant, un extrait des mesures sur l'acide sulfurique : A est la conducti-
bilité en unités C. G. S.
19, I pour 100.
Température.. 0° — 5°, 7 — 10°, 7 — i5°,2 — 18°, 4
10^ X A- 519 478 370 266 C^) 194 (')
32,66 pour 100.
Température.. o" — 9°, 4 — i4°,2 — 19°, 8 — 34°, i —44", 6
10^ xX: 5oo 398 342 3oi t68 66,0(2)
42, o5 pour 100.
Température.. 0° — 10°, 9 — 20°, 5 — 28°, 3 — 59°, 5 — 74°>3
lo^xA 447 335 261 2o3 28,0 4,7
(') Desguine, Thèse, Strasbourg, 1895.
("^) La solution était congelée.
(2) La solution se congela aussitôt après la mesure.
C. K., iyo2, 2» Semestre. (T. CXXXV, N» 19.) 1^4
79^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
5o,86 pour loo.
Température.. o" — io°,5 — 20°, 6 — 280,6 — ^9°,f — ee^jrC)
10' X A- 357 270 194 i4o 39,2 4,6
60,90 pour 100.
Température.. 0° ~ 10", 5 — 20'',3 — 33°, 4 — 5i°,9 — 69°, 9
lo^xA- 232 171 124 71,8 19,4 i,3i
63,76 pour loo-
Température.. 0° — 10", 2 — 20°, 2 — 28", 6 — 56", i — 65°, 9
10* X A- 193 143 102 71,9 5,87 0,66
» La conductibilité tracée pour les diverses solutions d'acide sulfurique
à la température de o** concorde bien avec les observations antérieures de
M. Bouty.
» Les courbes représentant la conductibilité en fonction de la tempéra-
ture ne rencontrent pas l'axe des abscisses à — 89°, comme l'avait supposé
Kohlrausch, en extrapolant. Elles semblent, au contraire, ne devoir l'at-
teindre qu'au zéro absolu. Mais la similitude d'allure de ces courbes vient
corroborer l'idée qui est à la base de cette hypothèse, à savoir que la cause
principale de la radiation thermique réside dans la viscosité du milieu pour les
ions.
» Ces expériences montrent aussi bien clairement le contraste des pro-
priétés des électrolytes et des métaux. Tandis que la résistance de ceux-ci
s'annule au zéro absolu, c'est la conductibilité des électrolytes qui semble
y tendre vers une valeur nulle. »
PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Nouvelles expériences sur la résistance électrique
du sélénium et ses applications à la transmission des images et des impres-
sions lumineuses. Note de M. Dussaud, présentée par M. L. Cailletet.
« Dans sa séance du 27 octobre dernier, M. Coblyn a présenté à l'Aca-
démie une Note sur la vision à distance par r Électricité. Depuis longtemps
je m'occupe des mêmes expériences et, pour les réaliser, je me sers de
deux postes reliés par un courant électrique.
(') La solution se congela aussitôt après la mesure.
SÉANCE DU lO NOVEMBRE 1902. 791
» Le poste transmetteur se compose d'une surface plane, non conduc-
trice, divisée par de légères cloisons en carrés égaux d'environ o*^" de
côté, dans chacun d'eux est disposée une bobine, formée d'une lame en
matière isolante, sur laquelle sont enroulés deux fds de cuivre de petit
diamètre, noyés dans une couche de sélénium préparée de manière à lui
assurer le maximum de sensibilité, en me basant sur mes expériences
antérieures. Un de ces fils est parcouru par un faible courant électrique
d'ordre téléphonique.
)) Lorsqu'on éclaire la couche de sélénium, celle-ci acquiert une conduc-
tibilité d'autant plus grande que l'éclairage est plus intense et laisse passer
une partie du courant dans le second fil.
» Ce dernier est relié à une bobine munie d'un contact, faisant l'office
d'un servo-moteur, destiné à agir sur un courant local d'une énergie suffi-
sante pour allumer des lampes à incandescence au poste récepteur, qui se
compose, ainsi que le poste transmetteur, d'une surface plane divisée aussi
par des cloisons en un même nombre de cellules carrées contenant chacune
une lampe à incandescence.
» Lorsqu'au poste transmetteur on éclaire une ou plusieurs bobines
recouvertes de sélénium, la conductibilité qui se développe permet à un
faible courant de traverser le second fil relié au servo-moteur; on voit
alors s'éclairer, au poste d'arrivée, les lampes correspondantes à celles
frappées par la lumière au poste de départ.
» Je dois conclure, en terminant, que, d'après mes expériences, il sera
possible de transmettre des impressions lumineuses et des images à de
grandes distances. »
CHIMIE MINÉRALE. — Production artificielle du rubis par fusion.
Note de M. A. Verneuil, présentée par M. H. Moissan.
« Malgré ses persévérantes recherches, A. Gaudin n*a pas obtenu l'alu-
mine fondue à l'état transparent.
» La cause de cet insuccès résidait dans l'emploi d'une température trop
élevée, car, si l'on dépasse sensiblement son point de fusion, cet oxyde
cristallise en donnant un produit opaque.
» De là résulte l'impossibilité d'affiner une masse d'alumine sur une
profondeur un peu notable, à l'aide du chalumeau oxhydrique, puisque ce
n'est qu'en surchauffant la couche supérieure que l'on peut liquéfier les
792 ACADÉMIE DES SCIENCES.
parties plus profondes. Si l'on remarque enfin que l'alumine transparente
obtenue est toujours sillonnée d'une multitude de craquelures, dues au
contact de l'enduit fondu avec l'alumine sous-jacente, il faudra conclure
de ces données que le problème posé ne peut se résoudre qu'en observant
les conditions suivantes :
» 1° Maintenir le produit fondu dans une région de la flamme toujours
identique.
» 2° Produire l'accroissement par couches superposées de bas en haut
afin de réaliser l'affinage sur une série de couches minces;
» 3^ Obtenir la fusion dans des conditions où le contact du produit
fondu avec le support soit réduit à une surface extrêmement petite.
» La première de ces conditions se trouve réalisée par l'emploi d'un chalumeau oxhy-
drique vertical dont la flamme est dirigée sur un support mobile de haut en bas et
qui peut être abaissé par le jeu d'une vis à pas très serré, permettant ainsi d'éloigner
du chalumeau le produit fondu à mesure qu'il s'élève et de le ramener dans la zone
convenable de fusion, lorsque celle-ci se sera éloignée du bout du chalumeau par
l'augmentation progressive donnée à Tintensité de la flamme.
» J'ai réalisé la formation de la masse fondue constituée par des couches minces
superposées de bas en haut, conformément à la deuxième condition énoncée, à l'aide
d'une méthode que l'on peut appeler procédé de semage et qui consiste à entraîner
la poudre d'alumine chromée ou le rubis naturel pulvérisé par le courant d'oxygène
qui alimente le chalumeau. La matière, placée dans un panier en toile métallique
suspendu dans une chambre qui surmonte le tube central du chalumeau, est lancée
dans le courant d'oxygène par l'effet des chocs d'un petit marteau actionné mécani-
quement. Les grains d'alumine (') ou de rubis, ainsi distribués dans toutes les parties
de la flamme, subiront la fusion dès qu'ils parviendront dans la zone suffisamment
chaude, coïncidant dès l'origine du travail avec le support destiné à recevoir la masse
fondue.
» Ce support, formé d'un petit cylindre d'alumine agglomérée au rouge avec
quelques centièmes de carbonate de potasse, est placé très exactement dans l'axe du
chalumeau, et sa surface est portée, par la flamme convenablement réglée, à une tem-
pérature un peu inférieure à celle de la fusion de Falumine afin d'agglomérer seule-
ment les grains qui tombent sur cette surface et forment bientôt un cône dont le sommet
parvient peu à peu dans la partie de la flamme suffisamment chaude pour en eff'ectuer
la fusion. A partir de ce moment, tous les grains qui tombent sur la pointe fondue s'y
liquéfient, et le filament obtenu, qui réduit ainsi à une très petite surface le contact
de la matière avec le support, augmente peu à peu de diamètre à mesure qu'il s'élève
et gagne une zone plus chaude et plus large de la flamme, en se transformant à son
sommet en une sphère dont il faut maintenant accroître le diamètre le plus possible,
(') L'alumine précipitée avec 2,5 pour loo d'oxyde de chrome et calcinée est la
meilleure forme sous laquelle on puisse l'employer.
SÉANCE DU lO NOVEMBRE 1902. 798
ce que Ton obtient en augmentant progi-essivement l'arrivée de l'oxygène dont le
débit est commandé par un robinet à vis d'un pas très serré.
» Le gaz d'éclairage ayant été admis en grand excès dès le début de la fusion,
l'augmentation du débit de l'oxygène entraîne le déplacement de la zone convenable
de fusion qui s'éloigne progressivement du bout du chalumeau; il faut donc, en abais-
sant le support qui porte la masse, ramener dans cette zone la partie supérieure de la
sphère fondue : le bouillonnement caractéristique qui s'opère sous l'influence de la
flamme trop chaude ou trop riche en oxygène est un indice qui permet de ramener
toujours le produit dans la région voulue.
» Pour maintenir la fixilé de la flamme et régulariser le rayonnement, l'opération
s'exécute au milieu d'un petit four cylindrique en argile portant un regard permettant
de suivre les phases de la fusion. En employant un chalumeau possédant un bout de
Il de millimètre (dimension au-dessus de laquelle il devient difficile de former à l'ori-
gine une pointe fondue suffisamment fine), il est possible d'obtenir en 2 heures une
masse ovoïde parfaitement affinée et d'une coloration bien homogène pesant 2S,5oo
à 3g, c'est-à-dire environ 12 ou i5 carats. Une telle masse présente S"-" à 6™'" de dia-
mètre lorsqu'elle est sphérique.
» Dès que l'on est parvenu à obtenir ces dimensions, vers la fin du travail, on sup-
prime brusquement l'arrivée des deux gaz afin d'obtenir une trempe énergique du
produit. A cette condition seulement et si la masse a été bien centrée et également
chauff'ée, elle se fend exactement en deux parties suivant un plan vertical. Chacune de
ces deux demi-sphères, taillées à l'aide des procédés employés par les lapidaires,
donne un rubis semblable à celui que je soumets à l'Académie.
» Ces rubis, qui possèdent une magnifique fluorescence rouge, ont pour
densité 4,01, étions les lapidaires auxquels ils ont été soumis ont trouvé
qu'ils présentaient la même dureté que le rubis naturel et pouvaient
prendre son beau poli.
» Lorsqu'ils sont parfaitement réussis, il me paraît impossible de les
distinguer des plus beaux rubis naturels, mais souvent, et surtout dans le
cas des grosses pierres, ils présentent deux défauts qui indiquent leur ori-
gine artificielle et qui tiennent à la réelle difficulté qu'on éprouve à con-
duire correctement une fusion : l'affinage imparfait en quelques points se
traduit par des groupes de petites bulles que l'on distingue avec une forte
loupe. Leur formation est due soit à un semage exagéré, soit à l'emploi
d'une flamme trop oxygénée.
» Le second défaut, plus caractéristique encore, réside dans la présence
de zones rubannées dues à la décoloration de certaines portions, par la
volatilisation du chrome, lorsque le semage a été trop ralenti. Ces défauts,
qui n'altèrent pas sensiblement, du reste, la beauté de ces pierres lors-
qu'elles sont montées, s'atténuent et peuvent même disparaître lorsque.
794 ACADÉMIE DES SCIENCES.
par un travail convenablement suivi, il est devenu possible de se rendre
tout à fait maître du sernage (' )• »
CHIMIE. — Sur les alliages de cuivre et de magnésium.
Note de M. O. Boudouard, présentée par M. Troost.
« D'après Parkinson ( - ), en fondant 200*^ de cuivre et ao^ de magnésium
pendant 7 minutes, on obtient un alliage rouge jaunâtre ou couleur or,
selon la proportion centésimale de magnésium (la perte est environ 1,75
pour 100). Cet alliage s'oxyde lentement; lorsqu'on le rompt, il a une
apparence vitreuse ; il est très cassant : i pour 100 de magnésium rend le
cuivre cassant; le métal à i5 pour 100 de magnésium, dont la densité
est 5,95, peut être pulvérisé au mortier. J'ai repris l'étude des alliages de
cuivre et de magnésium et j'ai l'honneur de présenter à l'Académie les
résultats relatifs à leur fusibilité et à leurs propriétés mécaniques.
* .
» Quoique le point de fusion du cuivre soit assez élevé (io85°), j'ai pu employer le
procédé qui m'avait servi dans les recherches sur les alliages du magnésium avec l'alu-
minium et le cadmium pour déterminer le point de solidification des mélanges conte-
nant jusqu'à 'yS pour 100 de cuivre (■*); le Tableau ci-dessous montre en effet que ces
mélanges fondent au-dessous de 600**. Ponr les teneurs supérieures à 76 pour 100, j'ai
fondu les métaux sous le sel marin, le tube en verre destiné à protéger le couple thermo-
électrique étant remplacé par nn tube semblable en porcelaine. Voici les résultats
obtenus :
Magnésium pour loo Cuivre pour loo
en poids.
90
80
70
60
5o
45
ko
(') Je suis heureux de remercier mon élève M. Marc Paquier de l'aide très active
qu'il m'a donnée pendant ce long travail.
(^) Chemical Society, 1^ série, t. V, p. 117.
(^) Comptes rendus, t. CXXXII, p. i325.
poids.
Températures,
»
0
635
10
610
20
56o
3o
475
4o
53o
5o
55o
55
5 00
60
545
SÉANCE DU lO NOVEMBRE 1902. jg5
Magnésium pour 100
Cuivre pour 100
en poids.
en poids.
Températures,
3o
70
0
27,8
72,2
585
25
75
575
20
80
915
10
90
890
»
100
io85
» Si l'on construit la courbe en portant comme abscisses les proportions en poids de
cuivre et en ordonnées les températures, on remarque que cette courbe présente trois
maxima (55o°, 585° et 916'*) et quatre minima (475°, S^o", 575° et 890°). On voit
également que le magnésium et le cuivre donnent des alliages extrêmement fusibles :
de 0 à 70 pour 100 de cuivre, le point de fusion est inférieur à celui du magnésium.
Enfin, les trois points maxima mettent en évidence l'existence de trois combinaisons
définies : CuMg^, CuMg et Cu^Mg, dont je poursuis l'étude.
» Les alliages de cuivre et de magnésium conservent leur couleur
blanche, plus ou moins brillante, jusqu'à la teneur de 70 pour 100 de
cuivre, où l'on commence à voir apparaître une légère teinte jaunâtre;
l'alliage à 80 pour 100 est jaunâtre, et celui à 90 pour 100 est franchement
jaune. Le cuivre perd donc sa couleur lorsque sa proportion est inférieure
à 80 pour 100; on peut rapprocher ces faits de ceux qui ont été observés
par Debray avec l'aluminium (') : avec ce métal, la couleur du cuivre
disparaît pour une teneur de 82 pour 100 de cuivre, qui correspond à la
combinaison Cu-Al; avec le magnésium, elle disparait pour la teneur cor-
respondant à Cu^ Mg.
» Le magnésium contenant 10 pour 100 de cuivre est encore malléable;
au delà de 10 pour 100, il devient cassant, et la fragilité augmente pro-
gressivement jusqu'à la proportion de 70 pour 100 de cuivre : l'alliage peut
alors être brisé entre les doigts. La fragilité diminue ensuite jusqu'au cuivre
pur. L'alhage à 90 pour 100 de cuivre casse sous le marteau; cette cassure
est d'apparence grenue. Si l'on compare les propriétés mécaniques des
alliages de cuivre et de magnésium à celles des alliages de cuivre et d'alu-
minium, telles qu'elles ont été indiquées par Debray, on est frappé du pa-
rallélisme qu'elles offrent; i\ n'y a de différence que pour le métal conte-
nant 90 pour 100 de cuivre qui, dans le cas de l'aluminium, a pu recevoir
des applications industrielles à cause de sa malléabilité et de sa dureté
(*) Comptes rendus, t. XLIIl, p. 925.
796 ACADÉMIE DES SCIENCES.
(bronze d'aluminium). Au point de vue de la couleur, les alliages du cuivre
avec 10 pour 100 de magnésium ou d'aluminium sont analogues : ils sont
jaunes et susceptibles d'un beau poli. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la présence de lavolémite dans quelques Primu-
lacées. Note de MM. J. BouGAULTCt G. Allard, présentée par M. A. Haller.
« En étudiant les principes immédiats des parties souterraines (racines
et rhizomes) du Primula grandijlora Lam., nous avons isolé un composé
cristallisé, j^résentant les propriétés d'un alcool polyatomique, auquel
nous avons tout d'abord donné le nom àe primulùe ; mais que nous avons
pu ensuite identifier avec la volémite, alcool heptatomique découvert par
M. Bourquelot ( * ) dans un champignon, le Laclarius volemus Fr.
» Pour isoler ce composé nous suivons le mode opératoire suivant :
» Les rhizomes et les racines desséchés el pulvérisés grossièrement sont traités à
l'ébullition pendant 2 heures par 5 parties d'alcool à 85°. Après refroidissement,
on exprime et l'on filtre. On distille pour séparer l'alcool, puis le liquide résiduel est
précipité par le sous-acétate de plomb. La liqueur filtrée est débarrassée de l'excès de
plomb par l'hydrogène sulfuré, filtrée de nouveau et évaporée en consistance siru-
peuse. La primulite cristallise par refroidissement. On purifie par cristallisations dans
l'alcool à 85° bouillant.
» Le produit ainsi obtenu possède les propriétés suivantes :
» 11 est très soluble dans l'eau, peu soluble dans l'alcool, insoluble dans l'éther.
Point de fusion i54°-i55° (volémite: \[\0°-i[\'2°, Bourquelot; iSi^-jSS", E, Fischer).
/> Le pouvoir rotatoire est légèrement dextrogjre et ne varie pas, en solution aqueuse,
avec la concentration ; nous avons trouvé ai)i= -I- 2°, 65 (volémite : -\- i°,99 et -\- 2°,4o,
Bourquelot; H-i°,92, E. Fischer). L'acide borique ne le modifie pas: i», ^^ de pri-
mulite et os,7o d'acide borique dissous dans l'eau, sous un volume de 27'^'"', 8, ont
donné ao=-i-2°,59 (volémite: -h 2°,5o, Bourquelot). Le borate de soude exalte au
contraire notablement le pouvoir rotatoire: 08,7955 de primulite et 2s de borate de
soude, dans un volume de 27"'"^ 6, ont donné aD = H-20'',83 (volémite: -1-22°, i,
Bourquelot ).
» L'analyse élémentaire s'accorde avec la formule C'H^^O''.
» La détermination cryoscopique du poids moléculaire a donné le chiffre 209,1
(théorie pour C^IP^O^, 212).
» L'acétal éthylique fond à 206° (acétal éthylique de la volémite : 190°, Bourquelot).
Il dévie à gauche la lumière polarisée; en solution chloroformique, «d^^ — 46°, 4o.
» L'éther acétique fond à 62°.
(^) Journ. de Pharm. et Chim. [6], t. II, 1895, p. 385 et 890.
SÉANCE DU îO NOVEMBRE T902. 79'^
» Si l'on compare les constantes trouvées pour la primulite et son acétal
éthyliqiie, et celles indiquées par M. Bourquelot pour la volémite, on
constate à la vérité quelques différences; mais ces différences ont pu être
expliquées facilement. Elles tiennent cà ce que la volémite de M. Bourquelot
n'était pas absolument pure, et probablement mélangée d'un peu de man-
nite. Cette explication n'a pas pu être contrôlée par la séparation de la
mannite; elle est cependant assez vraisemblable, car elle rend compte des
différences constatées et elle explique en outre que M. Bourquelot ait
obtenu, en préparant l'éther acétique de la volémite, une petite quantité
d'un étlier acétique possédant le point de fusion et le pouvoir rotatoire de
l'élher acétique de la mannite.
)) Quoi qu'il en soit, M. Bourquelot ayant eu l'obligeance de uiettre à
notre disposition une quantité suffisante de sa volémite, nous l'avons
purifiée par de nombreuses cristallisations dans l'alcool, et avons pu
obtenir un produit possédant toutes les propriétés det la primulite. Nous
avons également préparé, avec la volémite de même origine, un acétal
éthylique et un éther acétique, et avons constaté leur identité avec les
dérivés correspondants de la primulite.
)) Nous en concluons que les parties souterraines du Primida grandi-
Jloralj^m. contiennent le principe appelé volémile par M. Bourquelot, mais
qu'il y a lieu de modifier légèrement les constantes indiquées tout d'abord
pour ce corps.
)) Diverses espèces de Primida voisines de la précédente, entre autres
le Primula elatior Jacq. et le Primida officinalis Jacq., nous ont également
fourni de la volémite, ainsi qu'une variété de Primida à fleurs rouge foncé,
communément cultivée dans les jardins. La proportion contenue dans ces
diverses espèces est sensiblement la même et voisine de i5 pour 1000 de la
plante sèche. »
CHIMIE INDUSTRIELLE. — Essais sur la constilution chimique des copals.
Note de M. Marcel Guédras. (Extrait.)
« Dans ces essais, j'ai porté mes investigations sur l'huile obtenue lors
de la pyrogénation des copals en vue de les rendre solubles pour la fabri-
cation des vernis. Mes essais ont porté sur trois variétés de gommes : i" le
copal de Madagascar; 2° le copal de Zanzibar; 3" le copal de Kauri.
G. R., 1902, 2- Semestre. (T. CXXXV, N» 19.) ïo5
79^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Madagascar. — Daos une cornue lubulée, j'ai chauffé loos de copal. Le réser-
voir à mercure du thermomètre plongeait dans la matrice.
» J'ai constaté : à 5o° G. , émission de gaz ; à 1 5o°, fusion de la gomme ; à 270", com-
mencement de la distillation.
» La distillation est assez abondante jusqu'à 3oo°, elle augmente jusqu'à 35o",
puis la température monte lentement à 355% et à ce chiffre la distillation diminue
considérablement.
)) Le distillatum est formé de deux couches : la première, aqueuse et pesant lo?, 25o ;
la seconde, huileuse, de couleur jaune paille et d'un poids de i5g,75o.
» Le chiffre de l'acide de la gomme est i43;
» Le chiffre de l'acide de l'huile est de 80.
» Congo. — La distillation a eu lieu dans les mêmes conditions que ci-dessus.
» A 3o°, émission de gaz; à io5°, commencement de la fusion, etc.
» Le distillatum est formé d'une couche aqueuse pesant 68,4oo, et l'huile, de cou-
leur jaune paille, pèse 8s, 600.
» Le chiffre de l'acide est, pour la gomme, 35,55;
» Le chiffre de l'acide est, pour l'huile, 24.
» Kaari. — Le distillatum est en deux couches : la première, aqueuse, pèse 8s, 260 ;
la seconde, huileuse, de couleur jaune pâle, pèse 78,740.
» Le chiffre de l'acide est, pour la gomme, 69,70;
» Le chiffre de l'acide est, pour l'huile, 36.
» Plus un copal est dur, plus la quantité d'acide est élevée.
» Les huiles sont solubles dans l'alcool, l'éther, le benzène, le sulfure
de carbone; insolubles dans les carbures térébéniques.
» En traitant ces huiles par l'acide nitrique, on obtient une résine jaune,
sol uble dans les solvants cités ci-dessus, ainsi que dans les huiles végétales.
On n'a réussi à isoler ni les acides cinnamique ou benzoïque, ni leurs
dérivés nitrés.
» L'odeur caractéristique de la terpine dans le distillatum de l'huile
oxydée par AzO'H, et la présence de gouttelettes huileuses à odeur cam-
phrée, qui sont constituées probablement par du monochlorhydrate de
térébenthèneC^"H*'^HCl, me font supposer que les copals sont constitués
en partie par des terpines à certains degrés d'oxydation. »
MINÉRALOGIE. — Sur les groupements de cristaux d'espèces différentes. Note
de M. Fréd. Wallerant, présentée par M. de Lapparent.
« L'étude de ces groupements tire son intérêt de ce qu'elle étend le
champ de nos connaissances sur les actions que les molécules d'un corps
peuvent exercer sur les molécules d'un autre corps. Cette action réci-
SÉANCE DU ÏO NOVEMBRE 1902. -799
proque de molécules différentes, et, en particulier, l'action d'orientation,
est bien connue depuis les expériences de M. Gernez sur la cristallisation
de solutions sursaturées sous l'influence de cristaux de corps isomorphes
du corps en dissolution. Elle est encore mise en évidence par la possibilité
d'obtenir des cristaux formés de couches superposées de corps isomorphes :
il en résulte que, dans ce cas, les molécules de l'un des corps agissent sur
les molécules des autres comme elles agissent entre elles. Mais cette
influence, dans le cas de substances isomorphes, ne saurait nous étonner,
puisque la propriété de former des mélanges isomorphes implique déjà cette
action d'orientation.
» Ce qui peut surprendre, c'est de voir des cristaux n'ayant aucun rap-
port, au point de vue chimique, ni, tout au moins en apparence, au point
de vue cristallographique, s'orienter réciproquement : c'est ainsi que, si
l'on fait cristalliser de l'iodure de potassium sur une lame de mica, les
octaèdres d'iodure s'orientent de façon qu'un de leurs axes ternaires soit
parallèle à l'axe quasi-ternaire du mica et qu'un de leurs axes binaires soit
parallèle à l'axe binaire de ce dernier minéral. Les deux cristaux s'orientent
donc parallèlement, et les molécules du mica agissent sur les molécules de
l'iodure comme elles agissent entre elles. Les octaèdres peuvent d'ailleurs
prendre deux positions à 180° l'une de l'autre, comme cela a lieu dans les
groupements autour des axes ternaires. Ce mode d'association peut être
à\l parallèle im symétrique ; c'est lui que l'on retrouve le plus souvent réalisé
dans les cristaux naturels.
» Mais il est d'autres modes d'associations paraissant plus complexes et
satisfaisant tous à la même loi, facile à énoncer : si nous désignons sous le
nom <V éléments de la forme primitive ses arêtes, ses diagonales et les diago-
nales de ses faces, on peut dire que les cristaux s'associent de façon qu'au
moins deux éléments de la forme primitive de l'un coïncident avec deux
éléments de la forme primitive de l'autre. Bien entendu, dans certains cas,
la coïncidence de ces deux éléments peut entraîner la coïncidence d'autres
éléments, comme cela a lieu dans le cas du parallélisme. On voit donc,
d'après les résultats publiés dans une Note précédente, que les minéraux
s'orientent de façon que, au moins suivant deux directions, les actions
exercées par les particules complexes de l'un sur les particules de l'autre
soient des forces centrales. Mais la position des deux minéraux, dans ces
associations, n'est pas rigoureusement déterminée comme celle de deux
cristaux de même espèce dans un groupement : souvent, en effet, les élé-
ments qui tendent à se mettre en coïncidence ne font pas entre eux abso-
8oO ACADÉMIE DES SCIENCES.
lument le même angle dans les deux cristaux, de sorte que la coïncidence
complète n'est pas possible : on constate alors un léger flottement dans la
position relative des deux cristaux.
» Comme exemple, je citerai l'association de l'amphibole et de la cal-
cite : l'amphibole s'oriente de façon que son arête verticale soit parallèle
à une arête culminante de la calcite et que son axe binaire soit parallèle
à un axe binaire de ce dernier minéral. Or j'ai montré que la forme pri-
mitive de l'amphibole était un parallélépipède voisin d'un rhomboèdre
de 80*^50'; il est, par suite, facile de constater que l'arête de ce parallé-
lépipède, située dans le plan de symétrie commun, coïncide précisément
avec l'axe ternaire de la calcite; par conséquent, une arête de la forme
primitive de l'un coïncide avec une diagonale de la forme primitive de
l'autre.
» Dans l'association de calcite et d'aragonite, étudiée par G. Rose, la
microdiagonale de l'aragonite, qui est un axe binaire de sa forme primi-
tive, coïncide avec un axe binaire de la calcite, tandis que la macrodia-
gonale est parallèle à l'arête du scalénoèdre (2 i 3 i). Il en résulte, comme
le montre facilement le calcul, que l'axe vertical de l'aragonite, qui est un
axe quasi-ternaire, coïncide avec l'arête du rhomboèdre primitif de la
calcite.
» Un autre exemple, intéressant à signaler, est celui de la pegmatite
graphique. Si les cristaux de quartz, englobés dans l'orthose, ont même
orientation, cela provient simplement de ce que leur position est déter-
minée par rapport au feldspath. Cette relation de position des deux miné-
raux a pu échapper, parce qu'il y a plusieurs orientations possibles, mais
toutes satisfont à la loi énoncée plus haut. Pour ne citer que deux modes
d'association, tantôt un axe binaire du quartz coïncide avec l'axe binaire
de l'orthose et il y a parallélisme entre la diagonale de la face (i o i i) et
l'arête/?^' du feldspath, qui est un axe quasi-quaternaire; tantôt les axes
binaires coïncidant encore, la diagonale de la face (loi i) du quartz est
parallèle à l'arête h'^ g^ du feldspath, qui a un axe quasi-ternaire. »
BOTANIQUE, — Sur le développement de l'ovule des Asclépiadées .
Note de M. Paul Dop, présentée par M. Gaston Bonnier.
« L'ovule a\e.^ Asclépiadées n'a été jusqu'ici l'objet que d'un nombre
restreint de recherches. Dans son Mémoire sur la reproduction du Dompte-
SÉANCE DU lO NOVEMBRE I902. 80 1
Venin, Chauveaud (') a montré que le sac embryonnaire provenait du
développement d'une cellule sous-épidermique, qui grandissait sans
jamais se cloisonner et dont le noyau, par bipartitions successives, donnait
naissance aux deux tétrades suivant le schéma classique de Strasburger.
» Vesque (-), au contraire, pense, d'après la considération de l'ovule
adulte, que le sac embryonnaire du Cerope^ia Sandersoni se développe
comme celui des Apocynées, c'est-à-dire par fusion des trois cellules qui
proviendraient de la segmentation de la cellule mère primordiale du sac.
» D'Hubert (^) a récemment décrit le sac embryonnaire adulte du
G. Stapelia, sans étudier son développement.
» J'ai continué ces recherches et j'ai vu que le cas signalé par Chauveaud
était exceptionnel et que le sac embryonnaire des Asclépiadées avait un
développement comparable à celui que Vesque a décrit dans les Apocynées.
» J'ai employé la méthode des coupes en séries après inclusion à la paraffine. J'ai
coloré la cellulose par l'hémaloxyline de Bôhmer, le protoplasma par l'éosine, et les
noyaux par l'hémaloxyline à l'alun ammoniaco-ferrique. La safranine ne m'a jamais
donné de bons résultats, la fixation au liquide de Flemming étant rendue impossible
par la présence de globules gras dans le sac embryonnaire. Pour préciser je décrirai
le développement de l'ovule du Stapelia variegata.
» L'ovule naît comme une excroissance du placenta sans jamais offrir de tégument;
aussi dans son ensemble est-il comparable au nucelle des ovules normaux. Latérale-
ment une cellule sous-épidermique se différencie, c'est la cellule mère primordiale du
sac. Elle s'allonge et ne tarde pas à s'enfoncer dans l'épaisseur du mamelon ovulaire
grâce au mécanisme suivant : la cellule épidermique placée au-dessus d'elle se divise
par 2 cloisons radiales en 3 cellules. Ces 3 cellules s'allongent en se cloisonnant tan-
genliellement, elles forment ainsi trois bandelettes cellulaires d'origine épidermique,
qui jouent le rôle d'une calotte en séparant la cellule mère primordiale de Textérieur.
Plus tard la file moyenne de ces cellules disparait. 11 se forme ainsi un canal qui
jouera, dans la pénétration du tube pollinique, le même rôle qu'un micropyle, mais
dont l'origine est toute différente. Lorsque la cellule mère primordiale s'est ainsi
enfoncée, elle se divise en 4 cellules filles par 3 cloisons perpendiculaires à son grand
axe. La première cloison formée divise la cellule en 2 cellules égales. De ces 2 cel-
lules, celle qui est la plus rapprochée du micropyle se divise à son tour en deux. Enfin
la dernière cloison s'établit de façon à diviser en deux celle des 3 cellules ainsi formées
qui avoisine le micropyle. En résumé les 3 cloisons se forment successivement du
milieu de la cellule mère primordiale du sac, vers son extrémité micropylaire, et la
(') Chauveaud, La reproduction chez les Dompte-Venin {Thèse de la Faculté de
médecine de Paris, 1872).
(^) Vesque, Annales des Sciences naturelles, 6* série, t. VIll, p. 365.
(^) D'Hubert, Thèse de la Faculté des Sciences de Paris, 1896, p. 108.
8o2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
cellulose qui les constitue se gélifie immédiatement après leur formation. J'appelle a
la cellule qui est au contact du micropyle ; b. c, d les cellules suivantes ; «fêtant la plus
éloignée de a. Au début ces [\ cellules sont inégales : d est très grande \ c, b,a petites.
A partir de ce stade on voit que les dimensions de d et de c ne se modifient pas, tandis
que 6 et a s'allongent, cet allongement étant très grand pour la cellule a. Au début
ces 4 cellules possèdent chacune un seul noyau, mais bientôt le noyau de la cellule a
se divise en deux. J'appelle ces 2 noj^aux a«i et an-^. Ils ne restent pas côte à côte;
l'un, an^ par exemple, se place à l'extrémité micropylaire de la cellule; l'autre, an,,
au contact de la paroi basale de cette même cellule.
» Pendant que ces modifications se produisent dans la cellule a, on voit la cellule d
se diviser en 2 cellules d^ et d^, par une cloison parallèle au grand axe du sac
embryonnaire. Il en résulte que cette extrémité du sac est formée de 3 petites
cellules t/i, d.2 et c qui est restée indivise. Ce sont les 3 cellules antipodes.
» Pendant que ce groupe cellulaire se constitue;, on voit le noyau de la cellule 6,
que j'appelle bn, se déplacer de façon à venir s'accoler à la membrane devenue
concave qui sépare cette cellule de la cellule a, et comme nous avons vu que l'un des
noyaux de la cellule a, an^, s'était déjà accolé à cette cloison, il en résulte qu'à la
limite des cellules « et 6 on observe 2 noyaux accolés chacun à une des faces de la
membrane séparative. Cette membrane disparaît peu de temps après et une conti-
nuité s'établit entre les protoplasmes des 2 cellules. En même temps, dans la cel-
lule «, les 2 noyaux an^ et an, se sont divisés chacun en 2 autres. Le noyau a«|,
qui est logé à la partie basale de la cellule, se divise en 2 noyaux an\ et an'[. A ce
stade le contraste entre ces 2 noyaux et le noyau de la cellule è, qui, par suite de la
mise en continuité des protoplasmas des 2 cellules, est arrivé à leur contact, est parti-
culièrement net.
» an'^ et an'[ ont un nucléole petit, une masse chromatique peu dense et claire, un
contour sphérique; par contre le noyau de b, bn, a un nucléole volumineux, une
épaisse charpente chromatique et une forme légèrement en croissant. L'un de ces
noyaux, an\ par exemple, devient le noyau de Voosplière, et l'autre, an'[, se logeant
dans la concavité du noyau bn, s'unit à lui pour former un gros noyau à 2 nucléoles,
qui n'est autre chose que le noyau secondaire du sac. En même temps le noyau an^
s'est divisé en 2 noyaux an',^ et an"., qui ont les mêmes caractères que les noyaux an\
et an[. Us deviennent les 2 noyaux des synergides. Finalement il s'est constitué un
sac embryonnaire normal à 3 cellules antipodes, un noyau secondaire du sac,
I oosphère et 2 synergides. Mais l'ordre des cloisonnements et des bipartitions n'est
pas le même que celui qui est généralement admis.
» En résumé j'ai établi que, clans le genre Stapelia, l'ovule est réduit à son
nucelle, que la pénétration du tube pollinique est facilitée par l'existence
d'un canal creusé dans un tissu spécial d'origine épidermique. J'ai montré,
en outre, que la cellule mère primordiale donne d'abord naissance
à 4 cellules filles; que 2 de ces cellules se fusionnent en une cellule où
se forment l'oosphère, les 2 synergides et le noyau secondaire, tandis que
les 2 autres donnent naissance aux antipodes. A quelques détails près,
SÉANCE DU lO NOVEMBRE 1902. 8o3
l'étude des sacs embryonnaires à'Araujia, de Marsdenia et de Gompho-
carpus, m'a fourni des résultats analogues. »
GÉOLOGIE. — Sur le Grès nubien. Note de M. R. Fourtau,
présentée par M. Albert Gaudry.
« La question de la place stratigraphique des grès sans fossiles, connus
généralement sous le nom de grès nubiens, est une des plus importantes pour
la géologie de l'Egypte et des régions voisines. Tous les savants qui, jusqu'à
ce jour, ont traité cette question diffèrent sensiblement d'opinion. On fut
porté d'abord à les considérer comme l'équivalent du new red sandstone des
géologues anglais; puis Lartet démontra qu'en Syrie ils étaient albions;
M. Zittel, dans les oasis du désert libyque, y vit du Sénonien; en j886,
Schweinfurth découvrit dans l'ouady Arabah une bande de grès contenant
des fossiles paléozoïques que Beyrich détermina comme carbonifériens;
plus lard, J. Walther, au Sinai, trouva une faune un peu plus récente
attribuée à l'Artinskien, opinion que semble partager M. de Morgan. Enfin,
tout récemment, M. Blanckenhorn admet, pour la partie inférieure, un
âge paléozoïque, tandis que la partie supérieure de ces grès appartien-
drait, d'après lui, au Cénomanien.
» Cette dernière théorie, la plus récente en date, d'ailleurs, paraît
admettre dans la série sédimentaire de l'Egypte un hiatus considérable
qui ne s'explique pas.
« Mes excursions dans la vallée du Nil et dans le désert arabique, ainsi
que dans la partie occidentale de la presqu'île du Sinaï, m'ont bien sou-
vent mis à même d'étudier ces grès, et, de mes observations dans diffé-
rentes localités, j'ai pu dégager une conclusion intéressante, qui paraîtra
tout d'abord paradoxale : c'est que tous les auteurs précités ont raison
pour la localité qu'ils ont étudiée, mais qu'ils ont eu l'imprudence de géné-
raliser, pour une formation d'une immense étendue, des observations
exactes sur un seul point.
)) En réalité, nous devons considérer la formation gréseuse qui couvre
de si vastes espaces de terrain depuis la Palestine jusqu'au Soudan égyptien
et au désert libyque, comme un véritable désert fossile semblable au désert
actuel et dont la limite a av^ancé ou reculé suivant la transgression ou la
régression des mers primaires et secondaires. Ces grès ne furent au début
que le produit de l'érosion du bombement archéen dont les restes forment
ICO
8o\ ACADÉMIE DES SCIENCES.
aujourd'hui le massif central du Sinaï et de l'Etbaye; plus tard, à cette
érosion directe du granit est venue s'ajouter l'érosion des couches de grès
plus anciennes, remaniements qui donnèrent des bandes gréseuses au grain
de plus en plus serré. Les découvertes de Schweinfurth et de Walther
prouvent que le rivage des mers à la fin de l'époque primaire et au com-
mencement du secondaire se trouvait sous le parallèle de l'ouady Arabah,
en Egypte, et de l'ouady Chellal au Sinaï, tout comme la bande fossdifère
de l'ouady Molir nous fixe définitivement la limite de la transgression
cénomanienne en Egypte. La mer sénonienne a poussé plus an sud,
comme le prouvent les grès fossilifères de l'ouady Haouaschich et des en-
virons d'Esneh, et si Zittel a fait sénoniens les grès des oasis, c'est qu'il les
a vus disparaître sous la craie blanche la plus supérieure. Enfin, la décou-
verte de Lartet en Syrie nous indique la limite nord de ce même désert à
l'époque albienne.
)) De même, aujourd'hui, s'il se produisait une nouvelle transgression
marine dans le plateau libyque, l'immense mer de sables qui arrêta la
marche vers l'ouest de Zittel et de Rholfs donnerait, sans nul doute, nais-
sance à une nouvelle bande de grès que l'on aurait de la peine plus tard à
discerner de celles de l'ouady Keneh et du nord du désert arabique.
» Nous ne devons donc accepter les termes de grés nubien ou de grés du
désert que comme de simples expressions pétrographiques, analogues au
flysch des auteurs allemands et sans aucune valeur stratigraphique, car,
pour le géologue qui étudie l'Egypte et les régions voisines, cette formation
gréseuse comble une lacune, mais ne justifie pas un hiatus. »
PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — De la nature des courants élecLrlques du
nerf. Note de M. N.-E. Wedensky, présentée par M. Marey.
« La théorie la plus explicite des phénomènes électriques observés sur
le nerf et le muscle est sans doute celle d'Hermann. Néanmoins elle ne
fournit pas de solution satisfaisante sur quelques points assez importants.
Par exemple, pourquoi le courant démarcationnel A'wmnue progressivement
avec le temps, finit par disparaître et se change même parfois en un cou-
rant faible de direction opposée? La surface de démarcation reste donc
Hmitée dans le nerf, parce que l'altération traumatique ne va, dans les
fibres, que jusqu'au premier étranglement de Ranvier et la section nouvelle
fait immédiatement réapparaître un fort courant (Engelmann). Autre
SÉANCE DU lO NOVEMBRE 1902. 8o5
exemple : cette théorie ne nous explique point la variation positive rem-
plaçant dans certains cas la variation négative, ainsi que cela a été signalé
depuis longtemps par plusieurs auteurs. Dans mes expériences faites il y a
18 ans, lorsque, dans le but de démontrer l'infatigabilité du nerf, j'entre-
tenais la tétanisation pendant plusieurs heures de suite, j'ai eu l'occasion
de constater que ce phénomène a toujours lieu si le courant de repos
devient très faible, les conditions d'excitation étant les mêmes que pour la
variation négative. Cette observation a été pareillement faite dans mon
laboratoire à propos d'autres recherches (Cosatcheck, Rargemoff, Boïno-
Rodsevitch, Tour) et plus récemment par M. Waller.
» Les expériences dont je vais parler ont leur point de départ dans mes
recherches sur la narcose du nerf(').
» J'ai remarqué qu'un état tout à fait analogue à la narcose se produit,
dans le nerf, non seulement sous l'influence des narcotiques, mais aussi
sous l'action d'agents chimiques fort différents et d'excitants physiques
après qu'ils avaient agi sur le nerf avec une certaine intensité et durée. En
considération des conditions très variées qui aboutissent toujours au même
changement du nerf, je l'ai désigné par la dénomination plus générale de
parabiose. Aussi bien dans les phases qui précèdent l'installation de la
parabiose que dans les phases de restitution, le nerf passe infailliblement
par les trois stades caractéristiques dont une description sommaire est
reproduite dans ma dernière Note à l'Académie (i3 octobre).
» Je me suis proposé, dans mes recherches nouvelles, d'étudier les phé-
nomènes électriques par lesquels s'exprime la parabiose toute développée,
ainsi que les stades intermédiaires entre celle-ci et l'état normal.
» Dans ce but, j'ai relié avec le galvanomèli'e des points différents (les points altérés
d'une part, les points inaltérés d'une autre) de la partie inférieure du nerf, tandis que
sa partie supérieure était destinée à la tétanisation électrique, le muscle nous mani-
festant les modifications fonctionnelles éprouvées par le -nerf. Pour poursuivre ces
modifications de plus près encore, j'ai disjoint du galvanomètre, de temps en temps,
les électrodes impolarisables et je les ai transformés en électrodes excitants.
» Quelle que soit la cause d'origine de la parabiose (les narcotiques; les excitants
chimiques, électriques, thermiques), la partie parabiosique accuse toujours une néga-
tivité prononcée par rapport à des points normaux du nerf, d'où résulte le courant
parabiosique. Pour que la parabiose soit complète, ce courant doit avoir une cer-
(') Archives de PJlûger, t. LXXXII. — Eoocitation, inhibition et narcose. Saint-
Pétersbourg, 1901. — Comptes rendus, i3 octobre 1902.
C. R., 1902, 2» Semestre. (T. CXXW, N- 19.) Iû6
8o6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
taine intensité. Lorsque cette dernière baisse au-dessous d'un certain niveau, le
nerf passe par les stades intermédiaires, et, avant qu'il revienne tout à fait à l'état
fonctionnel normal, le courant éprouve le renversement [le courant prodromique, tou-
jours d'une intensité très faible).
» Tant que la parabiose (la suppression complète de l'excitabilité et de la conduc-
tibilité) persiste, le courant parabiosique éprouve la variation négative sous l'influence
de la tétanisation, ce qui est tout à fait conforme aux règles qui régissent le courant
démarcalionnel. Au contraire, dans les stades intermédiaires, la variation du courant
parabiosique peut revêtir des formes très variées. Dans certains cas, c'est la variation
positive pure qui s'observe. Dans d'autres, la variation est positive au commencement
de la tétanisation, puis elle dévient négative. Pour d'autres cas encore, c'est l'arrière-
variation {positive Nachschwankung) qui est très caractéristique, etc.
» Tous ces phénomènes paraissent bizarres et irréguliers. Ils ne le seront point si
nous les envisageons au point de vue de la théorie que j'ai formulée sur la parabiose.
D'après cette théorie, la parabiose doit être considérée comme un état d'excitation
singulière, locale et stable, analogue à la contraction idio-musculaire et, comme
celle-ci, réfractaire aux excitations extérieures. A ce point de vue, tous les phéno-
mènes signalés présentent non seulement une régularité rigoureuse, mais ils peuvent
même, jusqu'à un certain degré, être prévus d'avance.
» Les effets galvanométriques de la tétanisation doivent être toujours interprétés
comme addition algébrique de la négativité locale persistante, d'une part, et, d'autre
part, de celle des ondes d'excitation arrivant des points normaux. Pour ce qui regarde
l'arrière-variation positive, elle a un phénomène corrélatif parfait dans l'arrière-
dépression (un équivalent de l'aggravation parabiosique) que laisse la tétanisation
dans la partie du nerf prédisposée à la parabiose.
» Dès lors, il est permis de supposer que la même manière de voir pourrait être
totalement appliquée à l'interprétation du courant démarcalionnel. Celui-ci existe tant
qu'existe l'état parabiosique dû à la section du nerf. Ce courant décroît à mesure que
l'excitation parabiosique disparaît. Dans les stades intermédiaires, la tétanisation doit
ramener toutes les variations analogues à celles dont je viens de parler. J'exprime cet
espoir en m'appuyant sur mes anciennes expériences galvanométriques, de même que
sur celles des auteurs cités plus haut.
» Enfin, pour contrôler mes vues sur le courant démarcationnel comme résultant des
changements fonctionnels transitoires, j'ai proposé à M. Astvatzatouroff de faire une
étude détaillée des modifications de l'excitabilité du nerf dans le voisinage de la sec-
tion. Il a constaté en effet que la diminution, bien connue, de l'excitabilité pour les
courants ascendants, y disparaît après un certain temps et peut même se changer en
excitabilité plus grande que pour les courants descendants. C'est un parallélisme com-
plet avec ce que j'ai trouvé pour la restitution de la parabiose.
)) Je crois que le courant démarcationnel et toutes ses variations, sous
l'influence de l'irritation, ne recevront une interprétation décisive que par
l'étude approfondie de l'état parabiosique. »
SÉANCE DU lO NOVEMBRE 1902. 807
PHYSIOLOGIE ANIMALE. — Rôle de la fonction adipogénique du foie chez les
Invertébrés. Note de M"^ C. Deflandre, présentée par M. Alfred Giard.
« La fonction adipogénique du foie paraît avoir une généralité très
grande chez les Invertébrés. Dans une Communication à la Société de
Biologie, nous avons montré que, chez les Mollusques, en particulier, les
réserves adipeuses de l'hépato-pancréas étaient considérables, mais qu'elles
étaient intermittentes et sujettes à des variations saisonnières : nous avons,
depuis, vérifié cette loi pour beaucoup d'autres animaux, et avons cherché
à en déterminer la signification physiologique.
» Une première hypothèse établit un rapport entre cette fonction et
l'état delà température; c'est, en elfet, presque toujours au printemps,
lorsque la température s'élève, que la graisse est particulièrement abon-
dante. Mais, d'une part, certains animaux, tels que Mytilus edulis, Pecten
asper, ont des réserves adipeuses considérables en hiver; d'autre part, les
expériences que nous avons faites relativement à l'influence de la tempé-
rature sur la teneur en graisse du foie ne sont pas favorables à cette ma-
nière de voir : c'est ainsi que des Escargots bien alimentés, mis pendant
10 jours à l'étuve à 89° après y avoir été progressivement habitués, n'ont
plus présenté, après ce laps de temps, aucune trace de graisse hépatique.
La transformation arti6cielle de ces Mollusques en animaux à sang chaud
a donc suffi pour faire disparaître les réserves graisseuses,
» Une deuxième hypothèse consiste à établir un rapport entre l'alimen-
tation de l'animal, plus intense au printemps, et les réserves adipeuses. Il
doit y avoir une grande part de vérité dans cette hypothèse ; car, dans nos
expériences, les animaux soumis au jeûne consomment la totalité de leurs
réserves hépatiques; et, inversement, certains animaux, particulièrement
bien nourris, les Mytilus par exemple, accumulent, pendant toute l'année,
des réserves adipeuses et glycogéniques.
» Il semble donc bien que la fonction adipogénique du foie ait essen-
tiellement pour but d'accumuler des réserves nutritives, provenant de la
suralimentation, et destinées à des besoins ultérieurs. A ce point de vue,
la fonction adipogénique doit être comparée à la fonction glycogénique,
beaucoup moins développée chez les Invertébrés, et qu'elle supplée en
partie.
8o8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Néanmoins la fonction adipogénique nous a paru avoir une autre
signification plus spéciale : en effet, le foie de certains animaux n'est riche
en graisse que pendant un intervalle de temps beaucoup plus court que
celui de la suralimentation ; or, ce temps coïncide avec la période de for-
mation des œufs. C'est ainsi que VHelix pomatia ne possède une glande
hépatique riche en graisse que pendant les mois de mai et de juin, c'est-
à-dire au moment de l'ovulation; la graisse disparaît, par contre, au mois
de juillet, alors que la nutrition de l'animal est tout à fait favorable.
» Ces faits semblent démontrer que la fonction adipogénique est inti-
mement liée à la fonction génitale; on peut supposer, par exemple, que la
glande hépatique emmagasine d'abord des réserves adipeuses pour en
charger secondairement les œufs au moment de leur développement.
» En faveur de celte hypothèse, nous ferons remarquer l'inlrication très intime des
glandes hépatiques et génitales chez les Mollusques; sur une même coupe, on observe
fréquemment des ovules à différents états de développement en plein tissu hépatique;
on voit alors, à certains moments particulièrement favorables, les réserves adipeuses
du foie diminuer au fur et à mesure que la périphérie des ovules se surcharge de
graisse; les lacunes de communication entre les deux organes contiennent d'ailleurs
assez souvent des granulations adipeuses qui démontrent le passage de la graisse de la
glande hépatique à la glande génitale : nous avons constaté particulièrement ce fait
chez Donax trunculas, Tapes pullaster, Cardiuni edule, Chiton marginatus; ces
animaux ont été recueillis en septembre, au laboratoire de Wimereux.
» Chez les Astéries, on constate un phénomène du même ordre : les glandes hépa-
tiques et génitales se succèdent à la même place dans le prolongement des bras; au fur
et à mesure que la glande hépatique diminue de volume, les glandes génitales se déve-
loppent; ajoutons que les glandes hépatiques de VAsterias ruhens sont particuliè-
rement riches en graisse.
» Chez les Crustacés, et en particulier chez ÏAstacus Jluviatilis, nous avons re-
marqué que le foie était très riche en graisse avant la ponte des œufs et que la graisse
diminuait notablement aussitôt après celle-ci.
» En résumé, la glande hépatique des Invertébrés est un entrepôt de
réserves nutritives, ainsi d'ailleurs que l'organe similaire des animaux
supérieurs; mais, tandis que chez les animaux à sang froid ces réserves
sont essentiellement constituées par des graisses, chez les animaux supé-
rieurs elles sont plutôt constituées par du glycogène. Ce fait n'en établit
pas moins, malgré leur différence de structure, une analogie fonctionnelle
évidente entre ces organes.
» Les réserves adipogéniques du foie, économisées pendant la saison
SÉANCE DU lO NOVEMBRE 1902. 809
favorable à la suralimentation, servent non seulement à l'individu, mais
aussi à sa descendance; elles se transmettent, en effet, en grande partie,
au moment de l'ovulation, aux produits sexuels qui se constituent, et leur
assurent ainsi les provisions nutritives indispensables aux premiers temps
de leur développement. »
CHIMIE ANIMALE. — Sur V existence de l'arsenic dans la série animale.
Note de M. Gabriel Bertrand, présentée par M. Roux.
« A la suite des expériences que j'ai décrites concernant la recherche
de petites quantités d'arsenic et l'existence de ce métalloïde dans l'orga-
nisme de plusieurs Mammifères ('), il m'a paru nécessaire d'examiner si
l'arsenic se rencontre aussi chez d'autres animaux et même de poursuivre
cette recherche jusque chez les types les moins élevés en organisation.
» Le problème se pose, en effet, de savoir si l'arsenic est un élément
primordial de la cellule vivante, ou bien s'il répond seulement au besoin
d'une fonction particulière, apparue à un certain degré de l'échelle animale.
» Pour résoudre ce problème d'une manière satisfaisante, et pouvoir
tirer des nouvelles recherches tout l'enseignement qu'elles comportent,
il était indispensable d'opérer dans des conditions aussi rigoureuses que
possible, c'est-à-dire sur des animaux vivant dans un milieu normal, éloi-
gnés, par conséquent, de toutes ces causes de contamination qui résultent
du contact plus ou moins direct avec l'industrie moderne.
» Les Cétacés, certains Oiseaux, des Poissons et d'autres animaux qui
fréquentent les abîmes de l'Océan, présentent, à ce point de vue, les meil-
leures garanties. Ce sont eux que j'ai choisis, et, grâce à la générosité de
S. A. S. le prince de Monaco, ce sont eux que j'ai pu étudier.
» Toutes les captures, et même une partie des recherches chimiques
(destruction de la matière organique et séparation du métalloïde) ont été
effectuées au cours d'une croisière scientifique entreprise cette année, du
18 juillet au 17 septembre, à bord du yacht Princesse- Alice.
» A l'exception d'un Mouton, qui provient des pâturages du mont Pico,
et de l'Orque, harponnée par le prince en Méditerranée, les autres maté-
riaux d'études ont été recueillis en plein Atlantique, quelquefois à 1800'"
(') Comptes rendus, t. CXXXIV, 1902, p. i^S^.
8io
ACADÉMIE DES SCIENCES.
de profondeur, dans une zone comprise entre Gibraltar, les Açores et l'ou-
verture de la Manche (exactement le banc de la Petite-Sole).
» Toutes les expériences faites pendant la croisière ont été reproduites
au retour dans le laboratoire de l'Institut Pasteur. Aussi avait-on prélevé de
chaque animal, ou partie d'animal, un échantillon de poids connu, qu'on a
conservé dans une quantité à peu près égale d'alcool exempt d'arsenic.
» L'acide nitrique, employé pour la destruction des matières organiques, était
encore plus pur que celui ayant servi dans mes précédentes recherches. Il en fallait
3oos pour donner, avec 3oe d'acide sulfurique et 25« de zinc, un anneau d'un demi-
millième de milligramme, c'est-à-dire pour atteindre la limite de sensibilité de la mé-
thode, telle que je l'ai modifiée. Dans aucune expérience, d'ailleurs, on n'a employé
une aussi grande quantité de réactifs pour rechercher l'arsenic.
» Ne pouvant donner ici de détail de chaque expérience, je résumerai, en un Ta-
bleau, les principaux résultats que j'ai obtenus (') :
Organes
Noms des espèces (^). examinés.
Mouton ( Ovis aries L.) cornes
/-. y-> 7 7- T i glande
Oraue ( Orca s^laaiator L. ). . -, , ,
^ ^ ° ' \ thyroïde
» » peau
Pétrelle {Procellaria pelagica L.). plumes
Tortue {Thallassochelfs carettah.). écaille
Serran {Serranus atricaudaGiini.). peau
» » . muscles
» » . écailles
Grondin {Trigla Pini Bloch) peau
» » muscles
Germon {Thunnus alalonga Gm.). peau
Roussette {Scyllium canicula Cuv.). peau
Sauale ( Centrocynurus cœlolepis ) . ,
\, , ■^ } testicules
Boc. ) \
c • u /o • ^ ■ r T \ ( corps entier,
Seiche (oepia oihcinaLis L. ) \ . ,,
^ r M I I moins les
Poids des acides
employés
Arsenic
Matière sèche
soumise
à l'expérience.
dans l'attaque:
obtenu (^)
azot.
sulfur.
milligrammes.
s
20
5o,5
e
10,5
o,oo4
5o
à l'état frais '
I 45
10
0,0025
4o,o
86,5
19.5
0,oo35
34,0
43,0
i5,o
0,0025
20,0
4o,5
9>5
o,oo35
22,2
45,0
12,0
0,001
17»!
33,0
8,0
0,001
environ 20s
»
))
0,001
32,7
36, 0
i4,o
o,oo5
3o, I
71,0
i4,o
0,001 5
26,0
22,7
12,5
4o,8
180,0 40,0 o,oo35 à o,oo4
45,0 i5,o 0,0025 à o,oo3
16,0 7,0
i4,o
0,001 5
il ,0
(*) Pour tous les détails, voir le Mémoire publié dans les Annales de l' Institut Pasteur.
(') Presque toutes ces espèces ont été déterminées par M. le D-" J. Richard. La détermination
de l'éponge est due à M. Topsent.
(') Ces poids d'arsenic se rapportent à ceux de matières sèches mis en expérience.
SÉANCE DU lO NOVEMBRE 1902. 811
Poids des acides
emploj'és Arsenic
Matière sèche dans l'attaque: obtenu
Organes soumise ■ — -«^.~— — ^ en
Noms des espèces. examinés. à l'expérience. azot. sulfur. milligrammes.
( corDS moins 1 ^ s ç
Analiîe (Lepas anati fera h.) , •■! -^'i^ i47)0 26,0 0,002
^ ^ •' ^ les coquilles )
Holothurie (5«/cAo/?M5re^a!/«Cuv.). entière 81,8 72,0 i5,o o,oo3
Onvûxi. (Slronsylocentrotus droha- ] . 0/ qkuic /<^
\ */ [ entier -50,4 52,5 55, o o,oo45
chensis Agassiz) )
Etoile de mer (Pedicellaster sexra- ) .. / e er
. \ entière 29,0 40, c> 19,5 0,002
diatus Perner) )
Actinie (?) entière i3,i 18,0 7,0 0,002
'Èxionse (Desmacidon fruticosaMon- ) ., „„ c te n r
^ ® ^ -^ \ entière 06,7 07>5 i7;5 o,oo5
tagu) )
» Comme on le voit par ces résultats, tous les animaux examinés,
depuis les Vertébrés supérieurs jusqu'aux Spongiaires, renferment de
petites quantités d'arsenic.
» La présence de ce métalloïde n'est donc pas, comme celle d'autres
éléments, en quelque sorte caractéristique de certains groupes d'êtres.
Tandis que l'acte respiratoire, par exemple, s'accomplit avec le concours
du cuivre chez des Crustacés et des Mollusques, avec celui du fer cliez les
Vertébrés, la différenciation morphologique et fonctionnelle s'est poursui-
vie, chez les animaux, sans s'accompagner, en ce qui concerne l'arsenic,
d'aucune différenciation chimique élémentaire.
» Il ressort en outre de mes recherches qu'au lieu d'être localisé dans
certains organes, oîi il peut toutefois, dans certains cas, exister en plus
grande proportion, l'arsenic se retrouve, au contraire, dans tous les tissus.
Ce métalloïde serait donc, au même titre que le carbone, l'azote, le soufre
et le phosphore, un élément fondamental du protoplasme.
» Une telle conclusion comporte des conséquences importantes dont
l'une des plus immédiates s'applique à la médecine légale. M. A. Gautier
a montré qu'une petite quantité d'arsenic existe, chez l'homme, dans la
glande thyroïde ; qu'il y en a aussi des traces dans le cerveau, dans la peau
et ses annexes ('). Cette découverte de M. A. Gautier se trouve aujour-
d'hui non seulement appuyée par des faits d'une signification très générale,
mais encore étendue à tous les tissus de l'organisme. On peut dire que des
(1) Comptes rendus, t. CXXIX et CXXX.
8 12 ACADÉMIE DES SCIENCES.
traces d'arsenic isolées du corps de l'homme, même du tube digestif, du
foie ou des muscles, peuvent avoir une origine exclusivement normale. On
devra donc toujours, en cas d'expertise médico-légale, baser ses conclu-
sions sur des dosages et non pas, comme on l'a malheureusement fait
quelquefois, se contenter de simples recherches qualitatives. »
M. Armand Gautier, à propos de la Note de M. G. Bertrand, présente
les observations suivantes :
« Les intéressantes observations de M. G. Bertrand établissent la géné-
ralité de la présence et du rôle de l'arsenic chez les animaux sauvages et
marins, comme je l'avais déjà fait moi-même pour les domestiques et ter-
restres; mais je suis loin de croire que cet élément soit, chez eux, uni-
formément répandu. Je pense avoir démontré, au contraire, par de très
nombreuses expériences, qu'il n'existe pas, ou n'existe qu'en quantités
infinitésimales, dans beaucoup de tissus.
» Guidé par mes premières constatations que l'arsenic se localise surtout
dans les organes ectodermiques, j'ai retrouvé ce métalloïde dans la peau et
ses annexes : cheveux, cornes, barbes de plumes, etc. Je n'ai pu en trouver
dans les muscles, le tissu adipeux, le foie et la plupart des glandes des
Mammifères terrestres.
» D'ailleurs, l'arsenic n'est pas exclusivement propre au règne animal ;
je l'ai rencontré aussi dans toutes les Algues à chlorophylle, terrestres ou
marines.
» Enfin je me suis assuré que l'eau de mer elle-même est arsenicale.
» Je donnerai une Note à ce sujet dans la prochaine séance. »
TÉRATOLOGIE. — Un nouveau genre de Tératopage, les Hypo gastropages
de type opérable. Note de M. Marcel Baudouin, présentée par M. Lanne-
longue.
« Au cours d'un examen récent de la vitrine consacrée aux Monstres
doubles, au Musée d'Anatomie pathologique de la Faculté de Médecine de
Paris, nous avons trouvé, dans un bocal portant le n" 114"*^, un spécimen
de Tératopage, constituant un genre nouveau, non signalé dans les Traités
classiques de Tératologie.
SÉANCE DU lO NOVEMBRE 1902. 8l3
» a. L'étiquette du bocal porte cette seule indication : « Deux fœtus réunis par la
» partie supérieure du corps et confondus inférieurement; le cordon et le foie étaient
» uniques; il y avait deux estomacs », etc. Un procès-verbal donne des détails sur
l'accouchement (Creulher, chirurgien à Luçon, i835). Le registre du Musée (article
Tératologie, V\h^) donne une phrase en plus, après le mot accouchement. La voici :
a et une description sommaire des fœtus ». Mais cette étiquette ne nous a pas paru
correspondre au monstre qu'elle désigne actuellement.
» Nous avons mis tout en œuvre pour retrouver, à Luçon, des documents sur le
monstre correspondant à cette étiquette; mais notre correspondant, M. le docteur
Choyau, n'a- rien pu découvrir relativement à la naissance de ce sujet.
» b. En ce qui concerne le sujet, il s'agit d'un Page élémentaire et très simple dans
lequel l'union, au lieu de se faire entre l'ombilic et l'appendice xiphoïde, autrement
dit dans la région épigastrique comme dans les Xiphopages (d'où le nom proposé par
nous à'Épigastropage pour ce genre de monstruosité), se trouve correspondre à
l'hypogaslre, c'est-à-dire est étendue de l'ombilic à la région prépubienne. On peut,
par suite, donner à ce genre nouveau le nom à' Hypogastropage.
» Aj)rès avoir relu la description d'un cas publié jadis par Depaiil ('),
nous avons conclu, de la comparaison de cette pièce et de ce document,
que le bocal 114^ devait contenir le sujet décrit il y a 45 ans par l'illustre
maître.
» Nous ne donnerons donc pas ici une description nouvelle de ce type
d'Hypogastropage, renvoyant à la Note de Depaul (^). Nous nous borne-
rons à signaler que les deux fœtus sont bien de même sexe, comme de règle,
et du sexe masculin, et qu'il n'y a qu'un seul testicule descendu dans
chaque scrotum : ce qui n'avait pas été indiqué.
» Le pédicule d'union a environ 4<^'° de hauteur, et l'on voit, à la partie médiane
de son bord supérieur, une petite cicatrice de la largeur d'une lentille, correspondant
à l'insertion du cordon ombilical, qui était, bien entendu, unique.
» Dans le Mémoire que nous consacrerons ultérieurement à ce monstre, si nous
obtenons la permission de le disséquer, nous insisterons sur la disposition des organes
internes conservés, dont Depaul n'a pas parlé.
» Ce type de Tératopage est viable, puisque le sujet de Depaul a vécu
21 jours, malgré une anomalie anale, très rare, semblant devoir à brève
échéance entraîner la mort, et constituée par une imperforation anale
chez les deux composants ('').
(1) Depaul, Bulletin de la Soc. anatomique de Paris, t. XXXII, 1857, p. 283-285.
(2) Depaul a ouvert les deux sujets; mais les cavités abdominales sont aujourd hui
refermées.
(^) La mort n'a pas eu lieu au moment de l'accouchement, parce que la mère était
G. R., 1902, 2« Semestre. (T. CXXXV, i\° 19) ^^7
8l4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Qui plus est, il est opérable, même dans le cas en question, qui ne
doit pas, croyons-nous, représenter l'espèce typique. Il aurait suffi, en
effet, de faire en ces circonstances, après section du pont cutané d'union,
deux anus hypo gastriques, plus ou vaoïns provisoires (^ ).
» Les Hypogastropages, dont nous connaissons désormais au moins une
observation (^), ne sont en réalité que ô.e,s Pages unis au-dessous de l'om-
bilic, tandis que les Xiphopages (ou Épigastropages) sont des monstres
soudés au-dessus de l'ombilic. Comme chez ces Pages bien connus, qui
vivent parfaitement et qui sont opérables (^), la soutlure correspond à la
face antérieure du corps; par suite le mode de formation de ce nouveau
type de monstruosité double doit être comparable à celui des autres Téra-
topages abdomino-thoraciques.
» Il n'est pas probable qu'il y ait de l'inversion des viscères (*), mais
c'est à vérifier par l'examen des cœurs (grâce à la radiographie), par
exemple.
» C'est un genre évidemment intermédiaire entre les Xiphopages et les
Ischiopages, d'oii dérivent les Ischioxiphopages, inconnus jadis. La dé-
couverte de ce genre est une preuve de plus de ce fait que, en Tératologie
des monstres doubles, on doit trouver tous les intermédiaires possibles
entre les types éloignés les uns des autres. »
VITICULTURE. — Sur la préparation d'' un soufre pulvérulent directement
miscible aux bouillies cupriques, et sur V efficacité d'un traitement simul-
tané des vignobles contre V oïdium et le mûdew. Note de MM. M. et A.
Campagne.
« Sans contester ce que peut avoir d'original la Note du 28 juillet 1902,
de M. Guillon, relativement au traitement, par un même liquide, du mil-
diew et de l'oïdium, nous croyons devoir informer l'Académie qu'un bre-
une multipare, et parce que le pédicule d'union est tel, dans ces cas, qu'il gêne peu
le travail, comme dans la xiphopagie.
(^) Si les sujets avaient guéri on aurait pu, plus tard, transformer ces anus.
(2) 11 est probable que, en cherchant dans la littérature médicale, on trouvera
d'autres faits comparables.
(^) M. Baudouin, Les monsLres doubles autositaires opérés et opérables. {Revue
de Chirurgie, mai 190a. Tiré à part; Paris, 1902, in-8°.)
(*) Il n'est pas parlé d'inversion dans le fait de Depaul.
SÉANCE DU m NOVEMBRE 1902. 8r5
vet, en date du 24 avril 1902, établit pour nous la priorité de fabrication
du soufre moidllable direclement par l'eau, base essentielle des essais de
M. Guillon.
» Ce soufre, mélangeable à toute bouillie cuprique, est dans le com-
merce depuis avril 1902 et a, du reste, été communiqué, sur sa demande,
à M. Guillon, en date du 5 mai 1902. »
HYDROLOGIE. — Sur le fonctionnement et l'alimentation de la fontaine de
Vaucluse. Note de M. E.-A. Martel.
« Il est généralement admis que Vaucluse (voir Comptes rendus, l'j jan-
vier 1902) constitue « le trop plein d'une vaste nappe d'eau souterraine
)) (Carte géologique au ~^, feuille de Forcalquier, 1892), formant une
» réserve d'au moins looooooo""' d'eau » (Marius Bouvier, Comptes rendus
de V Assoc . franc . pour V avancement des Sciences, 1879), etc.
» Or, Vaucluse est simplement le débouché d'un fleuve souterrain, dont
l'écoulement a lieu par de longs et hauts canaux renflés au milieu, où de
considérables variations de niveau se produisent sous la double influence :
1° du jeu irrégulier des précipitations atmosphériques et des infdtrations
qui en résultent; 2° des rétrécissements, siphonnements et éboulements
intérieurs, agissant comme des vannes retardatrices et transformant ces
canaux en réservoirs temporaires étroits. Ces variations, engendrant de
grandes différences de pression hydrostatique, provoquent une mise en
charge plus ou moins considérable des veines liquides ramifiées sous terre;
et la répercussion de cette pression variable sur le dernier vase communicant
qui forme, dans une faille, l'émergence de Vaucluse amène les écarts de
niveau et de débit de la fontaine.
» Telles sont l'allure et la disposition du système hydraulique de Vau-
cluse; j'ai essayé de les schématiser sur la planche ci-contre, en y conden-
sant tous les éléments du problème. Seules quelques-unes des coupes
d'avens y correspondent à la réalité des choses matériellement constatées;
mais le surplus des profils ne fait que reproduire des formes expérimenta-
lement relevées ailleurs. Cette synthèse n'est donc théorique que pour
partie. Et, si l'on entreprend jamais le colossal travail de la désobstrnction
des avens, pour parvenir aux collecteurs de Vaucluse, on leur rencon-
trera certainement des coupes et profils analogues.
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SÉANCE DU lO NOVEMBRE 1902. 817
» Mon hypothèse d'ailleurs satisfait pleinement aux données recueilHes,
depuis 1873, parla Commission météorologique de Vnucluse.
» 1° La cavité la plus proche de C émergence n'est pas d'une grande capa-
cité, à cause des [)articulariLés météorologiques constatées : d'une part, en
effet, la température moyenne annuelle de la fontaine s'est toujours mon-
trée de 2° inférieure (exactement i°,93) à celle de l'air; d'autre part, la
température de l'eau, chaque année, varie en moyenne de i°,5. Donc,
jusqu'au voisinage immédiat de l'émergence, le courant souterrain se
manifeste, et l'arrivée des eaux froides, descendues des hauts plateaux du
Ventoux, de Lure, etc., empêche la fontaine d'équilibrer sa température
avec celle de l'extérieur et d'acquérir la stabilité thermique que devrait
lui communiquer un réservoir vaste et profond. Au surplus, il est établi
que, di;ns les années les moins pluvieuses (à inBltralions réduites au mi-
nimum), les variations de température de la fontaine sont les plus faibles.
» 2° Les caprices du â^eZ/iV (minimum, 4"°' P^»' seconde; maximum, iSo""'
par seconde) sont expliqués par les étranglements et siphonnements(^o^. 2)
qui provoquent les mises en charge, après les pluies, et ralentissent l'écou-
lement lors des sécheresses pour assurer un étiage rarement inférieur
à e-"^ ou 8"'.
)) 3° Après les pluies abondantes et longues le débit de la source ne diminue
que très lentement, grâce à ce retard dans la vidange des collecteurs.
» 4^ Les pluies des régions voisines de la source se manifestent plus rapide-
ment que celles des localités éloignées, parce que leur trajet souterrain est
moins long et entravé par moins d'obstacles.
» Les figures 3 à 5, donnant, toujours d'après des exemples empiriques,
le profil probable des collecteurs, fournissent la clef des trois dernières
lois établies par la Commission météorologique de Vaucluse, savoir :
» 5° Les pluies influent lentement sur le débit de la fontaine quand elle est
très basse, parce que la partie inférieure et très étroite (a) des collecteurs
est seule remplie à l'étiage, et qu'il faut aux infiltrations le temps de s'élever
dans le renflement {b) delà partie moyenne.
» 6° La fontaine grossit rapidement dès quelle atteint une certaine hauteur,
parce que le remplissage de {b) augmente la mise en charge et accroît
promptement le débit de l'émergence.
)) 7*^ Les pluies fortes et prolongées font croître la source, également à cause
de l'élévation du niveau et de l'augmentation de pression hydrostatique.
» Ainsi, toutes ces manifestations s'expliquent très facilement, en appli-
8l8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
quant au réseau hydrologique souterrain de Vaucluse les configurations de
courants intérieurs, dont les exemples se multiplient chaque année parmi
les régions calcaires, avec une similitud*^ de plus en plus générale.
)) Et il convient de conclure à l'abar-cion définitif, en matière d'alimen-
tation de sources, du terme incohérent et fautif de nappe vauclusienne ;
l'usage d'une association de mots aussi peu conforme à des lois naturelles
maintenant dûment établies ne peut que conduire les géologues à de
flagrantes erreurs et les hydrologues à de fâcheux mécomptes. »
A 4 heures un quart, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 4 heures trois quarts.
G. D. _
BULLETIX BIBIJOGRAPHIQIIE,
Ouvrages reçus dans la séance du 3 novembre 1902.
(Suite.)
Jahrbuch der kônigl. sàchshcheii meteorologhchen Institutes, 1899; Jahr-
gang XVII, Ablheil. 1, 3. Chemnitz, 1901-1902; 2 fasc. iii-4°.
Census of India 1901. Vol. VIII, parts 1-3; Vol. IX, j3arts 1-3; Vol. XIII, parts 1-2.
Bombay et Singapour, 1902; 8 vol. in-4°.
Account of the opérations of the Great trigonometrical Survey of India;
Vol. XVI. Dehra-Doun, 1901 ; 1 vol. in-4°.
Publications de l'Institut royal géologique de Suède : série A(7, n°'^ 115 et 117;
sér. Ac, n°« \-k, 6; sér. B«, n° 6; sér. B/v, n° 9; sér. G, n«» 172, 180, 183-192;
sér. Ca, n°^ 1, 2. Stockholm, 1901-1902; 18 fasc. in-8°, 3 fasc. in-4"; i fasc. in-f°;
i3 feuilles h. t. in-f°.
Memorie del reale Istituto lombardo di Scienze e Lettere. Classe di Scienze math,
e nat.; Vol. XIX, fasc. V-VIII. Milan, 1902; 3 fasc. in-4''.
Reale Istituto lombardo di Scienze e Lettere : Eendiconti ; série II, Vol. XXXIV.
Milan, 1901 ; 1 vol. in-S".
Memorie del reale Istituto veneto di Scienze, Lettere ed Arti ; vol. XXVI,
n"* 6-8. Venise, 1901-1902; 3 fasc. in-4°.
SÉANCE DU lO NOVEMBRE 1902. 819
Atti del reale Istituto veneto di Scienze,' Leltere ed Arti :
Anno 1899-1900; t. LIX, disp" 3-10. Venise; 7 fasc. in-S».
Anno 1900-1901 ; t. LX, disp'^ I-IO. Venise; 10 fasc. in-8°.
Anno 1901-1902; t. LXI, disp^' 1-9. Venise; 9 fasc. in-8°.
Pubblicazioni délia Specola valicana; Vol. VI. Rome, 1902; r vol. ln-8°.
R. Universita romana. Scuola d'applicazione per gl'ingeneri. Annuario per
l' anno SCO las tico 1902-1903. Rome, 1902; i vol. in-12.
OUVBAGES REÇUS DANS LA SÉANCE UL 10 NOVEMBRE I902.
Ministère des Travaux publics. Étude des gîtes minéraux, de la France. Colonies
françaises. Flore fossile des gîtes de charbon du Tonkin, par R. Zeiller, Membre
de l'Institut : Atlas. Paris, Imprimerie nationale, 1902; i vol. in-4°. (Hommage de
l'auteur.)
Sur quelques empreintes végétales du Kimméridien de Santa Maria de Meya,
province de Lérida en Catalogne {Espagne), par R. Zeiller, Membre de l'Institut.
{Memorias de la Real Academia de Ciencias y Arles; 3« série, Vol. IV, n° 26.)
Barcelone, 1902; 1 fasc. in-4°. (Hommage de l'auteur.)
La Science et V Hypothèse, par H. Poincaré. Paris, Ernest Flammarion, s. d.; i vol.
in-12. (Hommage de l'auteur.)
Glossaire médical, gSoo mots, noms ou expressions, 4^6 figures et 5 cartes, par
L. Landolzy et F. Jayle. Paris, C. Naud, 1902 ; i vol. in-8°. (Présenté par M. Bouchard.
Hommage des auteurs.)
Les monuments mégalithiques de l'Armorique et leurs sculptures lapidaires,
par le D'" Zambaco-Pacha, Correspondant de l'Institut. Paris, F.-R. de Rudeval et G'«,
s. d.; I fasc. in-8°. (Présenté par M. Lannelongue, Hommage de l'auteur.)
Ministère de l'Agriculture. Rapport sur la limitation des doses d'acide suif ureux
dans les vins, par M. S. Mathieu. Paris, Imprimerie nationale, 1902; i fasc. in-8°.
(Hommage de l'auteur.)
La tuberculose dans l'Aisne, statistique et étiologie, par Emile Loncq. Laon,
1902; I fasc. in-8°.
R^apport sur les travaux : 1° du Conseil central d'hygiène publique et de salu-
brité de la ville de Nantes et du département de la Loire-Inférieure; 2° des
Conseils d'hygiène des arrondissements; 3° des médecins des épidémies, etc. pendant
l'année 1901. Nantes, 1902; i vol. in-8°.
Rapport sur les travaux du Conseil central de salubrité et des Conseils d'arron-
dissements du département du Nord, pendant Vannée 1901; n° LX. Lille, 1902;
I vol. in-8°.
Matériaux pour la Carte géologique de la Suisse; nouvelle série, i3^ livraison :
Étude géologique de la Côte-aux-Fées et des environs de Sainte-Croix et Baulmes,
avec carte au Yli'V^^ profils et croquis, par Tu. Ritïener. Berne, 1902; i fasc. in-4°.
Geologische Karte der Schweiz, herausgegeb. v. der geologischen Kommission
der Schweizer. Naturforschenden Gesellschaft, auf Kosten der Eidgenossenschaft :
820 ACADEMIE DES SCIENCES.
Geologische Karte der Ldgernkette. Carte tectonique des enviions de Moiitier
{Jura bernois). Carte tectonique des environs de Bellay {Jura bernois). Winter-
thur, 1901 ; 3 feuilles in-f°.
Erlàuterungen zur geologischen Karte der Ldgernkette in yÛv^i ^*^" ^ • Muhlberg.
Berne, A. Francke, 1902 ; i fasc. in-8°.
The mean right ascension and proper motions of 254 stars, by H.-B. Evans.
(A thesis présentée! to the Faculty of Philosophy of the University of Pennsylvania.)
s. 1. n. d.; I fasc, in-4°.
Quelques recherches sur la couverture de neige, par MM. Jansson et J. Westman.
Upsal, s. d.; i fasc. in-8°.
Transactions of the clinical Society of London; vol. XXXV. Londres, Longmans,
Green et G'^, 1902; i vol. in-8°.
Verôffentlichung der kgl. wiirtembergischen Kommission fiir die internationale
Erdmessung. Relative Schwermessujigen, ausgefiihrt im Auftrag der kgl. Minis-
teriums der Kirchen- und Schulwesens; II. Messungen auf 10 Stationen der Pariser
Paz-a/Ze/ (Bopfingen, Aalen, etc.), v. K.-R. Koch; mit einem Anhang : Eln Hypso-
naeter mit elektrischer Temperaturmessung. Stuttgard, 1902; i fasc. in-8°.
Anzeiger der kaiserlichen Akademie der Wissenschaften. Mathematisch-natur-
wissenschaftliche Classe; Jahrgang XXXVIII, 1901 ; n°' I-XVII. Vienne, 190 1 ; i fasc.
in-S".
Department of Marine and Fisheries. Report of the meteorological Service of
Canada, by R.-F. Stupart, D'ireclor, for the year endeddecember ^i, 1900. Ottawa,
1902 ; I vol. in-4°.
Société industrielle de Mulhouse. Programme des prix proposés, en assemblée
générale les 28 mai et 2b juin 1902, à décerner en 1903. Mulhouse, 1902; i fasc.
in-8°.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 17 NOVEMBRE 1902,
PRÉSIDÉE PAR M. ALBERT GAUDRY.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
CHIMIE. — Sur les impuretés de V oxygène comprimé et sur leur rôle
dans les combustions opérées au moyen de la bombe calorimétrique ;
par M. Berthelot.
w 1. J'ai montré comment l'emploi de l'oxygène comprimé et de la
bombe calorimétrique (') constituait une méthode universelle, d'une exé-
cution facile et d'une précision très grande, dans les mesures relatives à
la chaleur de combustion, tant au point de vue de la science théorique que
des applications industrielles. Il en est ainsi à la condition que l'oxygène
soit absolument exempt de toute substance combustible, condition qui
n'est pas toujours réalisée, ainsi que je vais le rappeler. J'indiquerai
(l'abord comment on peut vérifier la pureté de l'oxygène à ce point de
vue; puis je dirai comment on doit procéder dans les cas oi^i elle est
suspecte, spécialement avec l'oxygène comprimé vers 120 atmosphères que
l'industrie fournit aujourd'hui aux laboratoires.
M 2. Observons que la présence de la vapeur d'eau et de l'acide carbo-
nique (ce dernier en petites quantités) n'offre aucun inconvénient pour
les déterminations calorimétriques des chaleurs de combustion. Il est
même utile, comme je l'ai expliqué, de saturer l'oxygène de vapeur d'eau,
dans la bombe elle-même, avant la combustion; ce qui rend négligeables
les effets calorifiques dus à la réduction en vapeur de l'eau produite par la
combustion elle-même. Si l'on opérait avec de l'oxygène sec, il faudrait,
(') Traité pratique de Calorimétrie chimique, p. 127 et suiv.
G. R., 1902, 2* Semestre. (T. CXXXV, N° 20.) ^^^
822 ACADÉMIE DES SCIENCES.
en effet, tenir compte de la chaleur absorbée par cette vaporisation. On y
obvie en plaçant à l'avance quelques grammes d'eau liquide dans l'inté-
rieur de la bombe.
» 3. Je ne parlerai pas davantage de l'existence, constante d'ailleurs,
d'un peu d'azote dans l'oxygène : ce qui fournit au cours des combustions
une trace d'acide azotique, que l'on dose chaque fois, et dont on fait
entrer la chaleur de formation comme correction dans les calculs (^).
» 4. Si l'on employait la combustion dans la bombe comme méthode
de dosage du carbone et de l'hydrogène, ainsi que je l'ai indiqué, dans
ce cas, il faudrait opérer avec de l'oxygène exempt d'acide carbonique et
de vapeur d'eau, ce qui est d'ailleurs facile, et même d'azote, ce qui est
plus délicat. Ces précautions sont inutiles pour les déterminations calori-
métriques.
)) 5. Il convient d'envisager spécialement la présence de l'hydrogène et
des gaz ou vapeurs combustibles, résultant de la préparation ou de la com-
pression de l'oxygène : la combustion de ces gaz dégage une certaine
quantité de chaleur, qui devrait être retranchée des nombres observés.
» G. Un tel accident est susceptible d'être observé lorsqu'on comprime
soi-même l'oxygène à l'aide d'une pompe; ainsi que je le faisais il v a 20
à 25 ans, lors de mes déterminations relatives à la chaleur de combustion
des gaz en particulier. En effet, j'ai signalé la formation, pendant cette
compression, de petites quantités de vapeurs combustibles, aux dépens des
matières grasses des soupapes de la pompe.
» 7. J'ai montré comment cette cause d'erreur pouvait être écartée,
en faisant passer lentement l'oxygène comprimé à travers un tube de
cuivre rouge très épais et maintenu à la température rouge. En opérant
ainsi, l'hydrogène, l'oxyde de carbone, les vapeurs hydrocarbonées, si
faible qu'en soit la proportion, sont brûlés exactement, sous les influences
simultanées de l'oxygène et de l'oxyde de cuivre. Le gaz qui sort du tube
est refroidi en traversant une spirale immergée sous l'eau, puis dirigé
dans la bombe. Ce gaz est exempt de toute matière combustible; je m'en
suis spécialement assuré.
» 8. Pour le succès de cette manipulation, il est indispensable que
toutes les jonctions, depuis la pompe jusqu'à la bombe, soient exécutées
avec des pièces de cuivre vissées, sans le moindre emploi de matières or-
ganiques, luts, etc. I^e caoutchouc spécialement doit être évité, à cause de
(') Traité de Calorimétrie chimique, p. 127.
SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1902. 823
sa perméabilité aux gaz atmosphériques et à l'eau hygrométrique, et de
son altérabilité par l'oxygène, même à la température ordinaire.
» 9. Depuis l'époque où l'oxygène comprimé a été livré couramment
par l'industrie, je m'en suis servi d'une façon à peu près exclusive. Mais
cet emploi ne va pas sans quelques risques, comme il va être dit, et je ne
sais si les précautions nécessaires ont toujours été prises par les opérateurs;
ce qui m'engage à entrer dans quelques détails à cet égard.
» 10. L'oxygène industriel a été tiré principalement, à ma connais-
sance, de trois sources : deux, le bioxyde de baryum, l'oxyde de manganèse
joint à un hydrate alcalin, permettent de l'extraire d'une façon continue
de l'air atmosphérique par un simple jeu de températures inégales.
Depuis ces dernières années, on a eu recours de préférence à l'électrolyse
de l'eau, dans des appareils munis de diaphragmes, de façon à séparer les
deux gaz composants : oxygène et hydrogène.
» 11. Lorsqu'on opère avec les premiers agents et le concours de la
chaleur, les impuretés peuvent consister dans des doses plus ou moins
notables d'oxyde de carbone et des autres gaz de la combustion, mélangés
après coup au sein des récipients. On en constate l'existence (après éli-
mination préalable de l'acide carbonique et de la vapeur d'eau) par les
moyens connus, c'est-à-dire en pesant l'acide carbonique et l'eau régé-
nérés, au sortir du gros tube de cuivre rouge.
» Le- passage lent au travers de ce tube élimine les gaz combustibles,
et l'oxygène sortant peut être mis en œuvre dans la bombe calorimétrique
pour déterminer les chaleurs de combustion des corps renfermés dans
celle-ci, par la méthode géuérale. Mais il faut recourir au tube de cuivre
rouge dans chaque expérience; ce qui la complique et la ralentit beaucoup.
» 12. Reste l'oxygène électrolytique : celui-ci est exposé à contenir de
l'hydrogène, en dose variable et qui dépend du fonctionnement plus ou
moins parfait des diaphragmes. Le procédé qui précède demeure évi-
demment applicable. Mais, quand la dose de l'hydrogène est très petite, il
est préférable de la déterminer, une fois pour toutes les expériences de com-
bustion exécutées avec le même tube à oxygène comprimé, et d'en déduire
un coefficient de correction, faible d'ailleurs, applicable à ce groupe
d'expériences.
» 13. Les essais qui suivent préciseront la marche dans les cas de ce
genre.
» I. Vérifications . — 4^ d'air, sous la pression normale, séché et privé
de CO" préalablement par le passage à travers les tubes ordinaires, puis
^24 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dirigé à travers le tube de cuivre chauffé au rouge, pendant 3 heures.
2 expériences :
Tubes à ponce sulfurique .... Perte : o,ooo5 Gain
I Tube à KOH concentrée Perte : —0,0124 »
I 2Mube à CaO sodée Gain: +0,0121 »
g
0,0006 Eau formée nulle.
-0,0118 , ,
., } L-U- lorme nul.
-0,01 10
» n. Oxygène comprimé. — Préparé par les anciennes méthodes, 8^
sous la pression o'^j^ô, en 5 heures. Ce volume de 8' représente le poids
d'oxygène comprimé que renfermerait la bombe sous la pression de 23 at-
mosphères.
Eau Gain : +o,ooo5
CO'- Nul.
» III. Oxygène électroly tique comprimé. — 8' (sous la pression 0^,76)
en 5 heures. Trois essais distincts :
1. 2. 3. Moyenne.
Eau OS, oo4i os,oo46 os,oo/i8 os,oo45
œ2 TmK^ A «i j' „ o ( I" tube à KOH lia.. — o,o554 \
, lube a chaux sodée.. +os,ooo2 4-o,ooo3 , • ^ ^^ j . ^a \ Sensible-
) 2« tube a CaO sodée. +o,o56o ^«"s^'A^'e
/ment nul.
+0,0006 ]
» II résulte de ces chiffres que la quantité d'oxygène, susceptible d'être
mtroduite dans la bombe par une combustion régulière, ne fournit qu'une
dose nulle ou négligeable d'acide carbonique pendant la combustion;
tandis qu'elle renferme os, oco5 (un demi-milligramme) d'hydrogène libre.
Ce poids est susceptible de développer 17*^^^, 2 par sa combustion, soit 2 à
3 millièmes des quantités de chaleur qui s'observent le plus communé-
ment : dose faible, mais non négligeable. Elle doit varier d'ailleurs sui-
vant les échantillons; sa détermination est donc nécessaire. »
ASTRONOMIE. — Sur les récentes publications émanant de V Observatoire de
Paris : Catalogue stellaire (IV® Partie); Catalogue photographique
(I"^ Volume); Annales, Observations de 1898; Mémoires (Tome XXIII);
Bulletin du Comité international (Tome III). Note de M. Lœwy.
« J'ai l'honneur de faire hommage à l'Académie d'un ensemble de publi-
cations émanant de l'activité de l'Observatoire de Paris et renfermant des
travaux astronomiques d'une nature très varice.
SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1902. 825
» Voici d'abord les deux derniers des huit Volumes d'un vaste Ouvrage
dont l'exécution a été décidée sous la direction de l'amiral Mouchez, il y a
une vingtaine d'années. Pour faire comprendre toute la portée de cette
œuvre, il convient de fournir quelques renseignements sommaires sur les
raisons scientifiques qui ont déterminé son exécution.
)) On sait que, sous la direction de Jérôme de Lalande, une exploration
du Ciel boréal par zones fut entreprise il y a plus d'un siècle à l'Observa-
toire de l'École militaire. Munis de faibles ressources, à l'aide d'un objectif
de petite ouverture, Lalande et ses collaborateurs parvinrent, grâce à un
labeur infatigable, à effectuer, de 1791 à 1801, 47^90 observations dont
la précision est véritablement remarquable. Elles ont été publiées telles
qu'elles figurent aux carnets-minutes, dans le Tome I de VHistoire céleste,
entachées encore des erreurs physiques et instrumentales qui font pa-
raître les astres dans une situation autre que celle qu'ils occupent réelle-
ment dans le Ciel. Mais les astronomes n'en reconnurent pas moins la très
haute importance de ces documents. Les plus illustres savants de l'Alle-
magne, Bessel, Encke, Schumacher, Hansen, se mirent les premiers à
l'œuvre en préparant des Tables destinées à faciliter les calculs de réduc-
tion à une origine commune. C'est finalement à l'Association britannique
que revint l'honneur de mener à bien cette entreprise à laquelle fut affectée
une somme d'environ 45 000*^^' et dont l'exécution fut confiée à Francis
Baily. Après la mort de ce dernier, plusieurs astronomes anglais conti-
nuèrent les travaux, et le Catalogue définitif, ramené à l'équinoxe moyen
de 1800, parut en 1847.
« Les anciennes observations, comme celles dont il vient d'être ques-
tion, constituent des témoins irrécusables de l'état du Ciel dans le passé;
leur utilité ne peut qu'augmenter avec le temps. En les comparant avec
d'autres observations obtenues à des époques ultérieures, on aura la faculté
d'aborder quelques-uns des problèmes les plus curieux de la Cosmogonie.
On parviendra à acquérir des notions plus exactes sur les mouvements
particuliers des astres ou sur les déplacements d'ensemble des constella-
tions, sur la marche de notre système planétaire à travers les espaces
célestes. Ces mouvements sidéraux auront d'autant plus d'amplitude, et
leur étude acquerra d'autant plus d'intérêt que l'intervalle écoulé entre
les séries d'observations conjuguées sera plus considérable.
» C'est pour permettre aux savants de faire servir à des investigations
d'un caractère si élevé les matériaux si précieux, légués par Jérôme et
Michel de Lalande, que Le Verrier décida la réobservation des étoiles de
826 ACADÉMIE DES SCIENCES.
VHistoire céleste. Cette recherche, inaugurée en i854, et à laquelle ont })ar-
ticipé tous les astronomes qui se sont succédé à l'Observatoire de Paris, a
été définitivement close en 1899. Mais ces nouvelles séries d'observations,
accomplies au prix de tant d'efforts, semblables à celles de VHistoire céleste,
ne se prêtaient que très difficilement aux applications scientifiques et res-
taient à moitié réduites, ensevelies dans les Annales de l'Observatoire.
» Dès son arrivée à la direction de l'Observatoire, l'amiral Mouchez fut
instruit de ce fâcheux état de choses, et, pour y remédier, conformément
à l'avis des astronomes, la construction d'un grand Catalogue reposant sur
l'ensemble des données recueillies de 1887 à 1881 fut alors décidée. Cette
entreprise, qui a sollicité durant une vingtaine d'années les efforts inin-
terrompus d'une partie du personnel du Bureau des Calculs, se trouve
aujourd'hui menée à bonne fin par la publication des deux Volumes que
je viens de mettre sous les yeux de l'Académie.
« Le plan de ce travail important est dû à M. Gaillot, sous-directeur de
l'Observatoire, qui, depuis 1882, en a poursuivi sans relâche la réalisa-
tion. Dans cette tâche si complexe, il a été secondé de la manière la plus
efficace par M. Bossert, chef du Service des Calculs.
» Les astronomes ont désormais à leur disposition deux œuvres consi-
dérables, dues à l'activité des astronomes de Paris, et se rapportant à des
séries d'observations séparées les unes des autres par un intervalle de près
d'un siècle. Le Catalogue fournit les résultats de 887 474 observations
effectuées sur 34733 étoiles; 221369 observations ont été obtenues en
ascension droite et 166 io5 en distance polaire.
» Voici maintenant le premier Volume du Catalogue photographique du
Ciel. Il ne convient pas de retracer, en cette circonstance, l'historique des
faits qui ont déterminé l'exécution dé la vaste entreprise internationale
dont cette publication fait partie. Je me bornerai seulement à rappeler que
la tâche imposée à chaque observatoire était double.
» Il s'agissait, en premier lieu, de dresser une Carte du Ciel à l'aide de
clichés à longue pose; on avait ainsi en vue d'obtenir de l'état actuel du
Ciel une représentation fidèle comprenant tous les astres jusqu'à la
i4® grandeur, c'est-à-dire les images d'objets célestes possédant à peine la
millième partie de l'éclat de la plus faible étoile visible à l'œil nu. L'Aca-
démie a déjà reçu, dans le courant de cette année, une nouvelle série de
feuilles de cette Carte. Cet Atlas du Ciel dont on peut, d'une manière cer-
taine, prévoir l'achèvement, se composera de 22o54 feuilles et offrira une
richesse de renseignements précis à laquelle rien ne saurait être comparé
SEANCE DU 17 NOVEMBRE 1902. 827
dans le passé; il en résultera un nouvel essor pour l'étude des grands pro-
blèmes relatifs à la structure de l'Univers sidéral.
» La seconde section de l'œuvre photographique, dont je mets aujour-
d'hui le commencement sous les yeux de l'Académie, est appelée à rendre
des services non moins importants pour l'étude du Ciel. Il s'agit ici de
fixer les positions d'environ trois millions de repères dans l'espace céleste
et de décupler ainsi en étendue les résultats acquis jusqu'à ce jour dans
cet ordre de recherches. C'est à ces repères qu'on rattachera les coor-
données de tous les astres de notre système solaire. En même temps, à
cause de l'extrême précision que comporte la mesure des images stellaires,
on aura bientôt la faculté de déduire les mouvements propres de ces som-
mets de la triangulation céleste par la com[)araison faite avec les travaux
similaires effectués ultérieurement.
» L'exécution du travail dévolu à l'Observatoire de Paris, et relatif à la
zone de l'espace comprise entre 4- 18° et -H ilf de déclinaison nord, a été
confiée à M. Prosper Henry, qui a été puissamment secondé dans cette
tâche par son frère, M. Paul Henry. Grâce à leur activité persévérante,
les diverses parties de l'Ouvrage se succéderont désormais très régulière-
ment. Le premier Volume, actuellement édité, renferme les coordonnées
rectilignes de 64264 étoiles comprises dans une zone de deux degrés de
largeur et dont le centre est situé par -h 24" de déclinaison boréale.
» L'Académie sera sans doute désireuse de connaître le degré de précision
que possèdent les positions de tous ces astres. J'ai entrepris toute une
série de recherches particulières consignées dans plusieurs Mémoires pour
arriver à fixer d'une manière très approchée le véritable degré d'exacti-
tude réalisé dans la construction du Catalogue photographique.
» En étudiant de très près la série des opérations de mesure et des
causes susceptibles de les altérer, nous avons trouvé que l'exactitude avec
laquelle on peut déterminer les coordonnées rectilignes des nuagf^s stel-
laires, par rapport au centre de la plaque, est considérable. L'erreur
probable, en ce cas, est de ±0", 16. D'autre part, nous avons examiné le
degré d'exactitude avec lequel on peut tirer, de l'ensemble de tous les
catalogues stellaires existants, les positions des étoiles de repère photo-
graphiées sur les clichés, positions sur lesquelles on est obligé de s'appuyer
pour calculer celle qui correspond dans l'espace au centre du cliché.
» L'ensemble de ces documents n'est pas homogène ; les positions y
sont souvent fondées sur un nombre d'observations variant d'un catalogue
à l'autre; certains d'entre eux ont une supériorité incontestable sur
828 ACADÉMIE DES SCIENCES.
d'autres, et i\ n'a été que très rarement possible de rencontrer les données
nécessaires dans les meilleurs catalogues. Pour arriver, dans ces condi-
tions, à la connaissance approchée de l'erreur probable d'une position
déduite d'un ensemble de ces documents, on a choisi 100 étoiles symétri-
quement distribuées sur les 24 heures d'ascension droite de la zone consi-
dérée, astres dont les coordonnées se sont trouvées enregistrées dans un
nombre notable de catalogues. En comparant à leur moyenne les diverses
positions relatives à un même astre, on a trouvé, à l'aide de la méthode
des moindres carrés, ±o",8o pour l'erreur probable des coordonnées
d'une étoile de repère de grandeur 8^ à 9*, empruntées à un catalogue
dont les positions sont basées sur deux ou trois observations méridiennes.
En considérant que les coordonnées de 21 étoiles de repère environ,
tirées de 6 catalogues différents, sont intervenues dans le calcul des
constantes des clichés, il a été facile d'évaluer, grosso modo, la précision
qui en résulte pour les coordonnées équatoriales des centres des clichés.
Dans ce but, le poids à attribuer à la moyenne des positions de n étoiles
de repère tirées d'un même catalogue a été calculé à l'aide de la
formule On a ainsi conclu l'erreur probable d= o", 26 affectant la
moyenne de 21 coordonnées empruntées à 6 catalogues.
» La confrontation des deux nombres ± o", i6 et di o", 26 est instruc-
tive. On remarque immédiatement que la précision avec laquelle on
parvient à rattacher les coordonnées rectilignes des images stellaires au
centre des plaques dépasse celle que l'on peut, dans l'état actuel des
choses, réaliser dans la détermination des positions absolues corres-
pondant dans l'espace aux centres choisis des clichés. Il faudrait pouvoir
disposer de 36 positions d'étoiles de repère empruntées à 18 catalogues
pour obtenir une précision équivalente entre les deux catégories d'erreurs
probables. Ce contraste si frappant entre ces deux ordres de grandeurs
s'explique aisément et ne saurait jeter un discrédit sur la valeur des cata-
logues employés. La solution du problème, que l'on réclame aux méthodes
méridiennes, est d'une nature très complexe : il s'agit de fixer les positions
absolues d'astres occupant toute l'étendue de la voûte céleste, cas où l'on
se trouve en présence d'un grand nombre d'inexactitudes redoutables. Il
n'en est pas de même en ce qui concerne la méthode photographique, qui
a pour tâche de reproduire avec fidélité les images d'astres voisins les uns
des autres et dont les situations relatives ne subissent qu'une influence
atténuée des causes d'altération.
SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1902. 829
» Bien que ces difficultés soient inhérentes à la nature des choses, il est
cependant difficile de se contenter des constantes de réduction dont la
précision n'est pas en harmonie avec la perfection du travail photogra-
phique. Pour tirer de l'œuvre entreprise tout le profit qu'elle comporte et
remédier, d'une manière efficace, au défaut d'homogénéité entre les deux
catégories de données dont dépendent les coordonnées astronomiques
tirées des clichés, nous avons décidé d'effectuer de nouvelles observations
méridiennes des étoiles de repère afin d'obtenir avec exactitude leurs posi-
tions, à l'époque moderne : ce qui nous permettra de corriger d'une ma-
nière très efficace les éléments de réduction actuellement employés. L'effet
combiné des deux inexactitudes qui viennent d'être indiquées conduit à
évaluera ±o",3i l'erreur probable totale d'une coordonnée astronomique
tirée du présent Volume. On se rendra compte d'une manière tangible de
la précision ainsi obtenue quand on saura que l'exactitude d'une telle
coordonnée équivaut à celle qu'offre la moyenne d'environ 10 positions
d'étoiles de repère empruntées à 5 catalogues. Il en ressort ainsi avec évi-
dence que la méthode photographique réalise, de la manière la plus satis-
faisante, les espérances qu'on avait fondées sur son efficacité.
» Le Volume suivant renferme les observations accomplies à l'Observa-
toire de Paris dans le courant de l'année 1898; elles sont relatives à la
revision des étoiles de Lalande, à la détermination de la latitude de notre
établissement et des positions des astres de notre système solaire, effec-
tuées à l'aide des instruments méridiens ou des instruments équatoriaux.
On y rencontre également la suite des recherches de M. Bigourdan sur
les nébuleuses. Ces travaux réguliers, exécutés avec habileté, suivant
un plan mûrement élaboré, et convergeant durant de nombreuses années
vers un même but, finissent par constituer des œuvres d'une portée con-
sidérable, comparables à celles dont je viens d'entretenir l'Académie.
» Le XXIIP Volume des Mémoires a paru en même temps que le précé-
dent. Il contient uniquement des recherches théoriques relatives en ma-
jeure partie à des questions de Mécanique céleste. Ces études sont dues
à MM. Andoyer, Bigourdan, Callandreau, Lebeuf, J. Mascart.
» Voici, en dernier lieu, le second fascicule du Tome III du Bullelin du
Comité international de la Carte du Ciel, rédigé par l'Observatoire et
publié sous les auspices de l'Académie des Sciences.
» Il renferme tout un ensemble de recherches nouvelles possédant une
importance de premier ordre pour la construction de la Carte et du Cata-
logue photographiques et pour la détermination de la parallaxe solaire
G. R., 1902, 2« Semestre. (T. CXXXV, N" 20.) ^ °9
83o ACADÉMIE DES SCIENCES.
au moyen de la planète Éros. La seule énumération des matières qui y
figurent fait voir que la publication du Bulletin a puissamment contribué
au succès des deux belles entreprises internationales auxquelles colla-
borent 55 observatoires. On y trouve une étude particulièrement intéres-
sante : elle met en lumière que la Carte conduit à des applications qu'on
n'aurait jamais osé prévoir. Il est prouvé maintenant que, malgré toutes
les déformations subies par le papier des feuilles, on pourra relever sur
la Carte les positions des astres jusqu'à la i4* grandeur avec une précision
comparable à celle des meilleures observations méridiennes.
» Voici l'objet des divers Mémoires contenus dans le présent fascicule,
et sur lesquels je me permets d'appeler l'attention de l'Académie :
» 1° Dispositions adoptées dans les Observatoires français pour la pu-
blication de la Carte et du Catalogue photographiques, par M. Lœwy;
» 2° Documents relatifs à l'organisation des travaux d'observation delà
planète Eros {Circulaires n*'^ 7, 8 et 9), renfermant en particulier :
» Des études sur l'influence des traînées produites par le mouvement
propre des astres;
M Deux Mémoires de M. Comstock sur la réduction des observations et
la précision des mesures micrométriques d'Éros ;
» Une Notice de M. Hermann Struve sur la précision des mesures micro-
métriques effectuées à l'Observatoire de Kœnigsberg;
M Les recherches de M. Prosper Henry relatives à l'influence présumée
de la dispersion atmosphérique sur la position des astres;
M Un travail de M. Hinks sur les conditions géométriques du problème
de la parallaxe ;
» Une première étude de M. Lœwy concernant la précision que com-
portent les mesures des coordonnées rectilignes et l'évaluation de la dis-
tance des traits imprimés sur les clichés; deux autres Mémoires du même
auteur sur la détermination des coordonnées astronomiques des astres
photographiés et l'exactitude des positions relatives de leurs images;
» 3^ Les recherches de M. Tréj)ied sur l'exactitude des coordonnées des
astres, tirées des feuilles de la Carte du Ciel ;
» 4° Une Note de M. André concernant les expériences faites à l'Ob-
servatoire de Lyon, sur la variation d'éclat de la planète Éros. »
SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1902. 83 I
PHYSIQUE. — Sur la insée cVune surface de mercure éclairée par un^ faisceau
de lumière horizontal. Note de M. G. Lippmaxx.
« On sait qu'il est difficile de pointer une surface de mercure. Cette sur-
face forme un miroir si parfaitement poli qu'on ne le distingue pas : on ne
voit que l'image plus ou moins surbaissée des objets placés au delà; le
contour apparent que l'on croit apercevoir n'est que la limite de cette
image réfléchie.
» Quand la surface du mercure est courbe, il ne paraît pas y avoir de
bonne méthode pour en pointer le contour. Quand une partie de la surfiice
est plane, on se sert d'un artifice connu : on A^ise successivement une pointe
voisine de la surface, et son image réfléchie : la moyenne des deux lectures
donne la position du miroir mercuriel.
» Un second arlifice, qui fournit également de bons résultats, consiste
à appliquer sur la surface du mercure un fil de verre très fin et très
flexible : il se colle sur la surface, et il peut être pointé sans difficulté.
» Mais il y a des cas où l'on ne peut (') faire usage d'aucune de ces
méthodes : notamment quand on ne peut mettre au point sur les points ni
sur le fil de verre. Il faut alors avoir recours à un nouvel artifice, que je
vais indiquer.
)) Au lieu de s'éclairer à la lumière diffuse, on éclaire le champ de l'in-
strument d'observation par un faisceau de lumière horizontal, fourni par
un collimateur placé à peu près sur le prolongement de la lunette. On voit
alors le mercure se profiler sur fond clair sous forme d'une masse noire
à contour net. Cette netteté subsiste quand on observe à travers un micro-
scope micrométrique; elle est suffisante pour donner dans ces conditions
des pointés dont les valeurs extrêmes (sur dix pointés successifs) ne dif-
(') Ce cas se présente lorsque Ton mesure la conslaiile capillaire d'un liquide par
la méthode de la large goutte, et en faisant usage d'un microscope pour trouver la
distance verticale entre Téquateur et le sommet de la goutte. Avec la lunette d'un
catliétomètre ordinaire, on peut se mettre assez loin pour être au point à la fois sur
l'équateur et le sommet. Si Ton vise avec un microscope, la tolérance de mise au
point disparaît. Dans ce cas on met au point seulement sur l'équateur, et l'on éclaire
le sommet en lumière horizontale, ce qui permet de voir nettement le niveau sans
le mettre au point, comme je le montre plus loin.
832 ACADÉMIE DES SCIENCES.
fèrentau plus que de 7^ de millimètre; l'erreur moyenne est donc voisine
de 7-L de millimètre.
)) Le contour du mercure, comme de tout autre objet visible dans le
champ, est bordé d'une série de franges de diffraction. On pourrait donc
se demander si le contour apparent n'était pas en réalité le bord d'une pre-
mière frange de diffraction, et s'il ne faudrait pas de ce chef faire une cor-
rection aux lectures.
» La théorie des franges de diffraction, produites par l'interposition
d'écrans à trois dimensions, n'a pas encore été faite. Il était donc néces-
saire de recourir à l'expérience pour résoudre cette question. Je me suis
assuré que le niveau du mercure, déterminé par la visée en lumière hori-
zontale, est bien le même que celui que l'on obtient par l'une ou l'autre
des méthodes rappelées au commencement de cette Note. La diffraction
n'intervient donc pas pour déplacer d'une manière sensible le profil du
liquide. »
PHYSIQUE. — Pendule de Foucault simplifié. Note de M. d'Arsonval.
« La réinstallation du pendule de Foucault, au Panthéon, par
MM. Berget et Flammarion, a excité l'ingéniosité des constructeurs.
Parmi ces derniers je dois citer M. Cannevel, qui a résolu le problème
d'une façon simple et précise.
)) L'appareil que j'ai l'honneur de faire fonctionner devant l'Académie
se compose d'une sphère en plomb, enveloppée de cuivre, pesant iiSo^,
pouvant fonctionner pendant 3 heures et s'accrochant au plafond par un
simple clou.
» La partie intéressante est la suspension du fil. Ce fil d'acier a -j^ de
millimètre, il est pincé à la partie supérieure dans un bloc métallique
percé d'un trou de filière à travers lequel passe le fil. Un simple coup de
balancier l'immobilise dans le bloc, que l'on fixe au plafond par une vis.
» Tout l'appareil tient dans une petite boîte de bois qu'on peut
presque mettre dans la poche. La boîte sert à contenir le tas de sable sur
lequel le pendule laisse sa trace.
» Le fil peut recevoir une longueur appropriée à la hauteur dont on
dispose.
» Un petit support en bois, mobile autour d'un axe vertical, porte un
petit pendule auxiliaire qui sert à démontrer le principe de l'appareil,
c'est-à-dire l'invariabilité du plan d'oscillation.
SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1902. 833
» Malgré sa simplicité, l'appareil de M. Cannevel fonctionne avec une
régularité qui a valu à son auteur l'entière approbation de MM. Berget
et Flammarion.
» Un autre grand avantage de ce dispositif est son bas prix (?o'''" et
au-dessous), qui le met à la portée du public et des écoles, et permet ainsi
de vulgariser la remarquable démonstration de Foucault que tout le
monde ne peut aller voir au Panthéon. A ce titre, j'ai cru intéressant de le
sigjialer à l'Académie. »
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Localisation de l' arsenic normal dans quelques organes
des animaux et des plantes. Ses origines. Note de M. Armaxd Gautier.
« Après avoir, en 1899, reconnu que l'arsenic existe normalement chez
les animaux domestiques et chez l'homme, j'essayai, autant que le per-
mettait la méthode déjà très précise et très délicate que j'ai suivie alors,
et que j'ai depuis encore perfectionnée, de déterminer les localisations de
ce métalloïde dans l'économie. J'observai qu'il se rencontre surtout dans
les organes d'origine ectodermique : la peau et ses annexes, la glande thy-
roïde, le thymus, la glande mammaire, le cerveau, ainsi que dans les os,
mais qu'on n'en trouve pas, ou des quantités inférieures au ^oppoopp du
poids de la substance examinée ( ^ ), quand on s'adresse aux autres organes :
muscles, rate, foie, pancréas, rein, tissus cellulaire et adipeux, glandes les
plus diverses y compris l'ovaire et le testicule, sang, urines, etc. (voir
Comptes rendus, t. CXXX, p. 286 et 290). En même temps j'établissais que
l'arsenic s'élimine surtout par les poils, les cheveux et les cornes (Ibid.,
p. 285), ainsi que par le sang menstruel chez la femme (Comptes rendus,
t. CXXXI, p. 36 1, et Comptes rendus du Congres international de Médecine
tenu à Paris en 1900; Section de Physiologie, p. 93).
» Arsenic chez les oiseaux et les poissons. — Je n'ai pas borné mes
recherches aux mammifères. Dès le début, j'examinai divers organes et
tissus des oiseaux et des poissons : œuf de poule, œufs et laitances de
poissons, chair de poissons, sans y trouver d'arsenic. S'il y existe, c'est en
quantité très inférieure à celle des organes moyennement arsenicaux et
inférieure au vingt-millionième du poids de l'organe frais.
» Depuis j'ai cherché l'arsenic dans les plumes de l'oiseau, qui me
(') Soit moins de o"S'-,oo5 pour 100 grammes de substance fraîche, limite de sen-
sibilité de la méthode suivie à cette époque.
834 ACADÉMIE DES SCIENCES.
semblaient correspondre aux poils et cornes des mammifères. L'arsenic
existe en effet dans les plumes, mais il y est très particulièrement localisé.
Voici d'abord le résumé de mes expériences à ce sujet :
Poids Arsenic
Quantités approximatif en milligrammes
traitées. de l'arsenic pour loo"''
(Etat frais.) en milligrammes, de matière fraîche.
gi" iiisr ni?r
Duvet ventral de l'oie . . . .' aSo o,o3o 0,12
Canons des plumes de poulet 100 nul nul
Barbes de plumes de poulet 200 nui nul
Plumes de poulet complètes 2.5o nul nul
Canons des plumes de la queue du paon. 12 nul nul
Barbes des œils des grandes plumes de
la queue du paon 22 o,o55 o,25
» Il suit de ces constatations que l'arsenic existe bien dans le duvet de
l'oiseau, qui est plus particulièrement en rapport avec le fonctionnement
de la peau et qui semble seul correspondre au poil des mammifères, tandis
qu'il est ordinairement absent des plumes banales des ailes ou de la queue,
simples organes de locomotion. Celles au contraire qui servent d'orne-
ment au mâle et font sa parure au printemps, telles que les belles plumes
de la queue du paon, contiennent de l'arsenic. Toutefois, même dans ces
plumes, l'arsenic n'existe pas dans le canon; il est entièrement localisé
dans les barbes colorées chatoyantes de l'œil qui les termine. Après la sai-
son des amours, l'arsenic s'élimine par la chute de ces plumes ornemen-
tales. Celte observation rappelle celle que j'ai déjà faite chez les mammifères
de l'accumulation de l'arsenic dans les poils et les cornes du mâle, et de
son élimination par perte de ces poils, ainsi que par les sécrétions sexuelles
de la femelle au moment du rut.
» Ce fait que l'arsenic est absent des canons de la plume du paon, et
des plumes banales des oiseaux, alors qu'on le retrouve dans les barbes
colorées qui ornent le mâle, ou dans le duvet qui recouvre leur peau,
suffirait à démontrer que ce métalloïde est bien localisé dans certains
organes ou parties d'organes et en corrélation avec leur fonctionne-
ment, et non pas uniformément répandu dans tous. Chez les animaux, il
est en corrélation étroite avec le fonctionnement de la peau, du cerveau
et des organes de la reproduction.
» Arsenic chez les végéiaux, particulièrement chez les algues. — En 1900,
j'avais inutilement cherché l'arsenic dans le pain {Cojnples rendus , t. CXXX,
SÉANCE DU 17 NOVEMBRE I902. 835
p. 16). Ces essais négatifs méritent toutefois d'être repris avec une méthode
encore plus sensible. J'y reviendrai.
» Guidé par diverses consiilérations théoriques, j'ai pensé que je
retrouverais, sans doute, l'arsenic plus particulièrement localisé chez
les végétaux riches en iode, et particulièrement dans les algues marines et
terrestres (').
» L'expérience a vérifié cette hypothèse. Voici mes dosages : ils sont
tous rapportés à 100 parties de substance telle qu'elle est après qu'on l'a
laissée quelques jours à l'air vers ij" :
Poids en mgr Poids d'arsenic
Quantités d'arsenic par looR"'
a. — Algues marines. en expérience. obtenu. de substance.
gr mgr mgr
Fucus vesiculosus 167 o,25 o, iSg
Fucus digitalus 120 o,25 0,208
Fucus se vratus 85 0,07 0,082
b. — Algues d'eau douce.
Spyrogyra 25 0,010 o,o4o
Cladophora 80 0,007 0,008
Id. 35o o,o3o 0,008 (^)
» On voit que l'arsenic, comme l'iode, abonde surtout dans les algues
de mer. Ces deux éléments semblent bien s'accompagner, comme je l'ai
déjà souvent remarqué pour les organes des animaux (thyroïde, peau,
cheveux, etc.)
» M. B. Renault, le savant paléontologiste du Muséum d'Histoire natu-
relle de Paris, a démontré que les boghead (ou charbons de houille à
longue flamme) d'Autun et d'Australie sont uniquement formés de débris,
tout particulièrement, de spores d'algues d'eau douce. J'ai eu la curiosité
de chercher l'arsenic dans ce charbon d'algues fossiles, j'ai trouvé :
Quantités Poids Arsenic
mises d'arsenic pour loo*"'
en expérience. en mgr. de substances,
gr mgr mgr
Boghead de Lorme d'Autun 10 0,20 2,00
» ]0 0,25 2,5o
» 10 0,20 2,00
» d'Australie 10 o,o3 o,3o
(1) Voir mon Mémoire Sur la présence de l'iode dans toutes les algues à chloro-
phylle et dans les suif uraires {Comptes rendus, t. CXXIX, p. 189).
(-) Cet échantillon contenait, à l'étal frais, o'"6'-,o66 d'iode pour 100 grammes.
836 ACADÉMIE DES SCIENCES.
)) On voit que l'arsenic se rencontre aussi bien dans les algues géolo-
giques que dans les algues modernes.
» Ce métalloïde peut se trouver aussi dans les algues non chlorophyl-
liennes. On sait que l'on a signalé depuis longtemps une trace de cet
élément dans les eaux sulfureuses (*). Dès que j'eus reconnu l'existence
de l'arsenic dans toutes les algues, je pensai que dans les eaux sulfureuses
l'arsenic devait, comme l'iode, se trouver plus particulièrement condensé
dans les éléments figurés de ces eaux : sulfuraires, glairine et barègine.
En effet, iSo^'' de glairine (de Luchon), pesée à l'état humide (^), m'ont
donné o^s*", oi3 d'arsenic, soit o'^^'',oo'j2 pour loo de matière humide
et o^sr, 36 pour loo de matière sèche. La majeure partie de cette matière
fixe des sulfuraires étant formée de soufre, on voit combien est riche en
arsenic la substance du protoplasma de ces algues.
» Eau de mer. Roches primitives. — Puisque l'arsenic existe dans toutes
les algues, surtout dans les marines, il doit se rencontrer dans les algues
minuscules ou microscopiques qui, avec quelques autres êtres vivants,
forment la partie principale du plankton des eaux de la mer. Il faut même
que l'arsenic existe dans ces eaux, dissous à l'état organique ou minéral,
puisque les végétaux et animaux qui y vivent ne sauraient le retirer que
de ce milieu.
» Pour m'en assurer, 1 1 ^So cent, cubes d'eau de mer, puisée en no-
vembre 1899 avec toutes les précautions nécessaires aux environs du phare
de Roche-Douvres, à l\o kilomètres des côtes de Bretagne, furent filtrées
sur biscuit à grain serré de porcelaine de Sèvres. A la surface de ce petit
filtre, il se fit un dépôt glaireux brun rougeàtre. Après lavage à l'eau dis-
tillée salée à iS^"-' de sel marin au litre, le filtre et son dépôt furent traités
par les acides nitrique et sulfurique, comme pour une recherche ordinaire.
L'arsenic trouvé pesa environ o^^^\o'5, soit o'"8'',oo25 pour l'arsenic du
plankton de i litre d'eau de pleine mer, quantité énorme relativement au
poids de la matière organisée, très inférieure à 10 milligrammes par
litre {').
» Quant à l'eau de mer privée de ses éléments figurés par filtration sur
(^) Tripier, Ann. de C/ii/ti. et Phys., 3° série, t. I, i8/ii, p. 849.
(2) Elle contenait, à l'état humide, 98 pour 100 d'eau et o^"b'',ooo5 d'iode.
(') On peut apprécier que celte quantité d'arsenic s'élève à près du 80000"= du
poids du plankton, alors qu'on n'en a trouvé que un 5ooooo° environ dans le Fucus
digitatus, l'une des algues de mer les plus iodées et les plus arsenicales.
SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1902. 837
biscuit de porcelaine, je me suis assuré qu'elle conlient aussi de l'arsenic.
M Pour le doser, je concentrai à i litre environ les 11 750 cent, cubes
d'eau de mer filtrée sur biscuit, et, après avoir refroidi dans la glace et
séparé les cristaux par essorage et lavage, j'introduisis la liqueur dans une
cornue de verre réunie à un récipient rodé, cornue où l'on avait eu le soin
de faire bouillir au préalable un mélange d'acides suHurique et nitrique.
L'eau y fut distillée et le résidu fut attaqué par les acides nitrique, puis
sulfurique, suivant la méthode ordinaire, pour détruire toute matière orga-
nique. Les vapeurs et gaz non condensés dans le récipient refroidi traver-
saient un barboteur muni dépotasse pure, étendue et chaude, pour détruire
et arrêter le chlorure d'arsenic qui pouvait s'échapper. On chercha l'ar-
senic dans l'ensemble des parties mélangées. On obtint un faible anneau
caractéristique qui ne fut pas dosé.
» Ainsi l'arsenic existe dans l'eau de mer soigneusement filtrée, aussi
bien que dans les algues et autres constituants de son plankton. Il nous a
paru, dissous dans cette eau principalement à l'état organique comme
Fiode qui l'accompagne. C'est à cette source que l'empruntent tous les
animaux et végétaux marins qui se développent donc dans un milieu
arsenical.
» Essayant de poursuivre jusques au bout le cycle suivi par l'arsenic
pour arriver aux plantes et aux animaux, j'ai pensé que cet élément ne
pourrait avoir été initialement fourni à la mer et aux terrains de sédiment
que par les roches primitives.
» Il est facile de s'assurer qu'en effet l'arsenic accompagne toujours
l'iode, l'azote et le phosphore dans ces roches, quelquefois abondamment,
et que telle est bien son origine première. Cent grammes de granit
de Vire (Bretagne) pulvérisés sur le granit et l'agate, puis additionnés
de 5o grammes de sel marin, traités par ma méthode en cornue fermée,
fournirent un anneau répondant à o'^s^^oô d'arsenic. D'autres granits
d'Auvergne et des Pyrénées ont donné des résultats semblables. On sait
du reste que toutes ces roches sont ferrugineuses, et que l'arsenic accom-
pagne généralement le fer dans les couches sédimentaires et les eaux.
» L'arsenic paraît donc jouer un rôle universel, comme l'azote et le
phosphore. Il existe en petite proportion, mais sans exception, dans les
roches primitives, les terres, la mer, les végétaux, et particulièrement les
algues, les animaux terrestres et marins. Chez ceux-c, il se localise surtout
dans les organes d'origine ectodermique qui président aux sensations et à
G. n., 1902, 2' Semestre. ( l'. CWXV, N" 20.) ' lO
8,38 ACADÉMIE DES SCIENCES.
la reproduction. Il semble jouer dans les cellules où on le trouve un rôle
analogue à celui du phosphore, mais à un degré éminent.
» Il reste maintenant à se demander, d'une part, sous quelle forme
spécifique se font ces localisations de l'arsenic; de l'autre, par quels ali-
ments cet élément s'introduit dans nos organes. Ce sont deux questions
que j'ai mises à l'étude. »
MÉDECINE. — Le ISagana et le Mal de carieras sont deux entités morbides
bien dislinctes. Note de Mi\T. A. Laveran et F. Mesnil.
« Les plus répandues des épizooties produites par des Trypanosomes
sont: aux Indes, le Surra; en Afrique, le Nagana; dans l'Amérique du Sud,
le Mal de caderas. Ces maladies ont entre elles de grandes ressemblances
et les Trypanosomes qui les prorluisent sont évidemment très voisins; on
pouvait donc se demander si les noms de Surra, de Nagana et de Mal de
caderas ne désignaient pas une même maladie, ou du moins de simples
variétés d'une même maladie.
» Nous avons réussi à nous procurer, à l'état vivant, des Trypanosomes
du Nagana (Jr. Brucei) et du Caderas (Tr. equinum) Ç*), ce qui nous a
permis de faire une étude comparée de ces parasites et des accidents qu'ils
produisent. Dans cette Note, nous nous bornerons à résumer les faits qui
démontrent que le Nagana et le Caderas sont deux maladies bien distinctes.
)) Les mêmes espèces animales sont sensibles à Tr. Brucei et à TV. equi-
num, les mêmes sont réfractaires ; c'est à tort que Voges a cité des oiseaux
parmi les animaux pouvant être infectés de Caderas.
)) L'évolution du Caderas est plus lente que celle du Nagana chez
(*) La dénomination Tr. eqiiina a été employée par 0. \oges {Berliner Thieràrztl.
Woclienschr., 3 octobre i^oi , e.\. Zeitschr.f. Hygiène, 1902, 89" vol., S^fasc). Posté-
rieurement, M. Lignières a employé, pour le même parasite, la dénomination de
Tr. Elmassiani [Revista de la Sociedad medica argentina, 1902, t. X, p. 48i). Cette
dernière dénomination rappelle, très justement, que la découverte du Trypanosome est
due à Elmassian, mais nous croyons devoir nous conformer aux règles de la nomen-
clature en adoptant le mot le plus ancien; nous transformons seulement equina en
equinuni, Trypanosoma étant du neutre. La dénomination de Caderas nous paraît
pouvoir être substituée à celle, trop longue, de Mal de caderas, et nous proposons de
créer l'adjectif cadéré pour indiquer l'infection produite par Tr. equinum.
SÉANCE DU 17 NOVEMBRE I902. 889
quelques espèces animales, chez le cobaye notamment, et, dans certains
cas, chez le chien.
» La symptomatologie des deux maladies présente quelques différences :
la paralysie du train postérieur est plus marquée d'ordinaire, chez les
Equidés, dans le Caderas que dans le Nagana; l'hémoglobinurie commune
dans la première de ces maladies est très rarement nolétî dans la deuxième.
» Ces différences dans la durée de l'évolution et dans les manifestations
morbides seraient d'ailleurs tout à fait insuffisantes pour conclure, car,
à côté des différences, on pourrait citer beaucoup d'analogies: celle-ci,
entre autres, que l'acide arsénieux et le sérum humain exercent la même
action sur les deux Trypanosomes.
» Les faits sur lesquels nous nous appuyons pour dire que le Nagana et
le Caderas sont deux entités morbides bien distinctes se résument dans
les trois propositions qui suivent: i" Il existe des différences morpholo-
giques constantes entre Tr. Brucei et Tr. eqainum; 1^ les animaux immu-
nisés contre le Nagana sont sensibles au Caderas ; 3° le sérum des ani-
maux immunisés contre le Nagana n'a pas, pour Tr. eqidnum^ l'activité
qu'il possède pour Tr. Brucei ; ces derniers faits sont d'ailleurs connexes.
» 1° Différences morphologiques. — Tr. Brucei et Tr. ecjuinuni ont, à très peu
près, les mêmes dimensions et la même forme et, lorsqu'on les examine dans le sang
frais, il n'est pas possible de les distinguer l'un de l'autre ; sur des préparations de
sang desséché et bien coloré (bleu Borrel-éosine-tannin), la distinction devient au
contraire facile.
» Le protoplasme, le noyau, la membrane ondulante^ le flagelle ont, dans les deux
Trypanosomes, la plus grande ressemblance; il n'en est pas de même des centro-
somes.
» Le centrosome de Tr. Brucei se colore facilement et fortement ; il mesure environ
Y [JL de diamètre; le centrosome de Tr. equinum ne mesure que \ ou |^ de [x de dia-
mètre; il se colore en rose, comme le flagelle, et non en violet, comme le centrosome
de Tr. Brucei ; enfin, on trouvé souvent à son voisinage des granulations chromatiques
qui gênent l'examen. On s'explique que quelques observateurs soient arrivés à con-
clure que le centrosome faisait défaut chez Tr. equinum.
» Dans des préparations colorées du sang de souris infectées simultanément de
Nagana et de Caderas, nous avons réussi à distinguer les deux espèces de Trypano-
somes, grâce à cet aspect si diff"érent des centrosomes.
» Les formes de multiplication sont les mêmes, la bipartition est la règle; on
observe parfois de grandes formes de division en trois ou en quatre qui sont un peu
plus communes pour T r. equinum que pour Tr. Brucei.
» 1° Les animaux immunisés contre le Nagana sont sensibles au Caderas. —
\. Une chèvre guérie du Nagana depuis 8 mois environ, et ayant reçu, dans cet itiler-
valle, 1 5 inoculations de lo^^^^'^à ôo*^"' de sang de chien nagané, sans contracter de nouvelle
84o ACADÉMIE DES SCIENCES.
infection, est inoculée sous la peau avec i*"*"' de sang dilué de rat cadéré. Du sang de
la chèvre, retiré 5 jours après cette dernière inoculation, est injecté dans le péritoine
d'un rat et de trois souris.
» Le rat, qui reçoit ^"""^ de sang, est pris après une incubation de 4 jours.
» Une souris, qui reçoit i'^™' de sang, est prise après une incubation de 4 jours.
» Une souris, qui reçoit o*^"', 25 de sang, est prise après une incubation de 3 jours.
)> Une souris, qui reçoit o'''"',o5 de sang, est prise après une incubation de 5 jours.
» II. Un mouton, guéri du Nagana depuis i mois environ, et qui a reçu dans ce
mois deux inoculations de lo*^""' et ao*^""' de sang de chien nagané, est inoculé sous la
peau avec o*^"', 5 de sang dilué de souris cadérée.
)) Le sang de ce mouton, retiré 5 jours après cette dernière inoculation, et injecté
dans le péritoine d'un rat (à la dose de S*^"'') et de deux souris (à la dose de o*^'"',25),
donne à ces animaux une infection à Trjpanosomes du Caderas, avec moins de 4 jours
d'incubation.
» Retiré i5 jours après l'inoculation du Caderas et inoculé dans le péritoine d'un
rat à la dose de 3*^°^' et d'une souris à la dose de |- de centimètre cube, le sang donne à
ces animaux une infection avec respectivement 4 jours et 6 jours d'incubation.
» Le sang d'un mouton n'ayant jamais reçu d'injection de Trypanosomes du Nagana,
éprouvé 5 jours et i3 jours après l'inoculation du Caderas à l'animal, a montré sensi-
blement la même virulence que le sang du mouton guéri du Nagana et infecté avec le
Caderas.
» 3° Le sérum des animaux immunisés contre le Nagana, actif sur Tr. Brucei,
est sans action sur Tr. equinum. — I. Le sérum de la chèvre immunisée contre le
Nagana, dont nous venons de parler, mélangé, à la dose de i'^'"', à des doses de sang à
Trypanosomes du Caderas, variant de { à yj de centimètre cube, n'a eu aucune action
sur l'incubation, ni sur la marche de l'infection des souris inoculées avec ce mélange.
» La même quantité de ce sérum, mélangée à des doses correspondantes de sang à
Trjqianosomes du Nagana, allongeait de 5 jours en moyenne l'incubation de la ma-
ladie des souris.
» II. Le sérum du mouton guéri du Nagana, dont nous avons déjà parlé, mélangé, à
la dose de i*^""' et même de i"^^^ , à des doses de sang dilué de chien à Trypanosomes du
Caderas, variant de ^ à :rô de centimètre cube, n'a eu aucune action sur l'incubation,
ni sur la marche de l'infection des souris inoculées avec ce mélange.
» Le même sérum, à la dose de ©'^'"'jS, mélangé à j^ de centimètre cube de sang
dilué de chien (comparable comme nombre de parasites au sang du chien cadéré),
prévenait toute infection chez les souris inoculées avec ce mélange. Il agissait de
même mélangé à la dose de i*^"'' avec o'^'°\5 du même sang dilué.
» Ces constatations expérimentales, jointes aux observations micro-
scopiques que nous avons consignées au début de cette Note, prouvent
manifestement que le Nagana et le Caderas, malgré leurs très grandes
ressemblances, sont deux maladies spécifiquement distinctes. »
SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1902. 84 1
ZOOLOGIE. — Effets de V excision du madréporile chez les Astéries.
Note de M. Y. Delage.
« L'appareil aquifère des Astéries, comme celui de la plupart des Échi-
nodermes, communique avec le dehors par le canal hydrophore et le
madréporite. Il n'y a aucun doute relativement à l'existence anatomique
de cette communication. Mais, les pores du madréporite étant microsco-
piques, on |)eut se demander si cette communication-ci a des effets physio-
logiques, si elle permet des échanges de liquide entre le système aquifère
et l'eau ambiante. Si ces échanges sont réels, ils sont si lents qu'on n'a pu
déterminer, par une expérience permanente et parfaitement démonstra-
tive, dans quel sens ils ont lieu, et l'on en est réduit à des déductions bien
incertaines, d'après la direction des cils vibratiles dans les conduits.
» J'ai cherché à jeter quelque lumière sur ces points obscurs par une
expérience décisive consistant à exciser le madréporite, seule porte par oîi
puissent s'opérer les échanges en question.
M On produit ainsi une large plaie béante au fond de laquelle le canal
hydrophore est librement ouvert. J'espérais que la plaie se cicatriserait par-
dessus le canal et interromprait toute communication entre ce dernier et
le dehors. Dès lors, si les pores du madréporite servent à introduire de
l'eau, le système aquiière étant privé de cet apport, les ambuhicres doivent
peu à peu tomber en état de flaccidité complète ; si, au contraire, ils servent
à évacuer un excès de liquide, cet excès s'accumulant dans le svstème, les
ambulacres doivent arriver peu à peu à un état d'érection permanente.
)) Les choses se sont passées d'une manière toute différente et absolu-
ment inattendue. Dès le lendemain, ou au plus au bout de 2 ou 3 jours,
le processus de cicatrisation est complet : la plaie s'est rétrécie progres-
sivement, puis refermée, mais il est resté en son centre un orifice de la
grosseur d'une épingle, conduisant dans le canal hydrophore ; en sorte que
la communication du système aquifère avec le dehors, non seulement per-
siste, mais se rétablit plus large, plus facile qu'auparavant. Dès lors,
aucune modification dans l'habitus des ambulacres ne peut se produire.
» Les connexions du système aquifère avec le dehors chez les animaux
opérés se trouvent ainsi rétablies, non telles qu'elles sont chez l'adulte,
mais telles qu'elles étaient chez les larves de tous les Échinodermes, par
le moyen d'un orifice unique, \ hydropore.
842 ACADÉMIE DFS SCIENCES.
» On pourrait être tenté devoir là un parallélisme de la régénération
avec l'ontogenèse. Mais, même si le phénomène pouvait être interjjrété
ainsi, il faudrait remarquer que ce parallélisme ne serait que partiel,
puisque cet hydropore ne se transforme pas ultérieurement en madréporite.
Mes animaux, opérés depuis plusieurs mois, se portent parfaitement et
ne portent aucune trace de régénération du madréporite,
» On pourrait être tenté aussi de faire un rapprochement esitre les
Astéries transformées expérimentalement en Échinodermes à hydropore
unique et les É( hinodermes qui n'ont, normalement, qu'un hydropore
unique, comme les Ophiuies on VEchinocyamus pusillus.
» La chose est, à mon sens, beaucoup plus simple et n'implique l'inter-
vention d'aucune des prétendues forces directrices de l'ontogenèse ou
de la phylogenèse. Il se fait une cicatrisation normale; mais, comme au
voisinage de la plaie cutanée se trouve un canal dont l'extrémité a été
excisée et doit se cicatriser, les deux épithéliums de la peau et du canal se
soudent et empêchent la cicatrisation d'obturer la lumière du canal. Il n'y
a là qu'un processus physiologique comparable à celui qui intervient dans
l'anus contre nature ou dans les fistules.
» Dans de prochaines expériences je chercherai à obturer l'hydropore
ainsi obtenu et à déterminer l'effet de celte obturation sur l'habitus des
ambulacres. »
BALlSTr)UE. — Sur la loi des pressions dans les bouches à feu.
Note de M. E. Vallier.
.( Dans la série de recherches que j'ai soumise à l'Académie au cours de
ces trois dernières années, je me suis efforcé de reproduire le régime des
bouches à feu dans le tir par des formules assez simples pour être utilisées
par les constructeurs et j'ai énoncé, sans autres explications théoriques,
que l'on pouvait pratiquement représenter la pression élémentaire P^,
appliquée au culot du projectile à l'instant t, par la formule
(i) P,= P,cpP(s),
où P, représente la pression maximum,
^ un exposant convenablement choisi
cp (s) = se' "'■ et
SÉANCE DU 17 NOVEMBRE I902. 843
0 étant la durée écoulée depuis la mise en marche jusqu'à l'instant de la
pression maximum.
)j De cette formule j'ai déduit tout un système de relations et de fonc-
tions numériques pour la résolution des problèmes de la pratique, et qui
sont réunies aujourd'hui dans une Note insérée au Mémorial des Poudres et
Salpêtres, Tome XI.
» Enfin, du rapprochement des formules ainsi établies avec des résul-
tats de tir, j'ai conclu une relation entre l'exposant ^ et le coefficient de
fatigue a qui définit chaque tir, de manière à permettre de déduire de ce
paramètre a la forme la plus probable de la courbe des efforts produits à
chaque instant dans l'âme.
» Cette relation, purement expérimentale, s'écrit
(2) (a-l)p = 2.
)) L'utilité de ces formules au point de vue des applications me con-
duit aujourd'hui à les rapprocher des indications de la théorie.
» On sait que les courbes des pressions en fonction du temps s'élèvent
très rapidement jusqu'au maximum pour décroître ensuite en prenant une
allure asymptotique à l'axe des temps.
» La forme analytique la plus simple pour représenter ce genre de
courbes m'a semblé être la fonction
<p(^) = ze^~^.
» Cela posé, de même qu'il est fait emploi de termes trigonométriques
pour figurer des lois d'allure périodique, de même il m'a semblé opportun
de représenter ces pressions par des fonctions cp ou, plus généralement, cp^,-
comme présentant la forme la plus maniable et la plus commode pour les
applications.
» Il convient maintenant de rapprocher cette fonction P^, ainsi définie
par l'équation (i), de l'équation fondamentale du mouvement, qui, pour
les premiers instants, s'écrit
/ o \ , ^d- u u — I / du \ ^ fa tdw C ^.^ ,
(3) t „„ + „)_ + __(^_j -i-_J^ Pjrf< = o,
se rapj^elant que la vitesse de combustion d'une poudre en vase clos est
proportionnelle à une puissance y delà pression, et l'on voit immédiate-
ment que, si l'on veut substituer à P^ sa valeur tirée de (1 j, on doit avoir,
844 ACADÉMIE DES SCIENCES.
par raison d'identité,
(4) P = [iT-+-i-
» Cette équation montre que la valeur y = i ne saurait être admise, ce
qui exclut rhypothèse de la vitesse de combustion proportionnelle à la
première puissance de la pression.
» Mais si, au début du mouvement, la valeur de [i est bien celle donnée
par l'équation (4), il ne semble pas qu'elle puisse rester telle pendant tout
le parcours. Les valeurs de l'exposant de pression y ont été déduites
d'essais faits en vase clos, sur des pressions croissantes, et l'on ne saurait
affirmer que ces valeurs se conservent pour des pressions allant au con-
traire en diminuant dans une capacité croissante, ce qui se produit presque
immédiatement dans !e canon.
» Ainsi, pour les poudres au fulmicoton, bien que l'exposant y ait pour
valeur initi;de |, l'expérience a montré qu'il fallait lui attribuer les valeurs
moyennes | et même parfois supérieures à o,8 pour reproduire les ré-
sultats observés dans le tir.
» On doit donc se représenter la courbe réelle comme composée d'une
suite d'arcs de la forme définie par l'équation (i), oîi (3 prendrait une série
de valeurs comprises entre 2 et 5 et se confondant, par suite, sensiblement
avec une courbe unique de la même forme, oii l'exposant ^ aurait une va-
leur moyenne, et c'est cette valeur qui est précisément fournie par l'équa-
tion (2).
» Nous conserverons toutefois l'équation (4) pour déduire, non plus
l'exposant ^ de la valeur théorique ou initiale de y, mais, tout au contraire,
pour estimer la valeur moyenne que doit prendre l'exposant y pour que la
courbe théorique se confonde sensiblement avec la courbe correspondant
à l'exposant ,8 donné par la formule expérimentale (2).
» En rapprochant les équations (2) et (4) déduites de considérations
absolument indépendantes, on arrive à la relation
(5) a + 2y = 3,
qui présente cette particularité que l'hypothèse 2 y — 3 = o correspond
théoriquement à des impossibilités balistiques, ce que fait également l'hy-
pothèse a = o. Cette relation constitue ainsi un lien et une justification
a posteriori du système des deux formules, et mérite d'être retenue.
» Nous conclurons donc en énonçant que :
» L'exposant moyen de combustion y, pour les poudres sans fumée, est
SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1902. 845
la moitié du complément à 3 du coefficient de fatigue a dans le tir consi-
déré.
» Toutefois, cette conclusion n'est valable que dans les limites oi'i la for-
mule (2) l'est elle-m.êmc, c'est-à-dire pour des valeurs de a comprises
entre 3 et fj
PHYSIQUE. -- Sur r analogie entre tes rayonsU et les oscillations hertziennes.
Note de M. P. Duhem.
a On sait que Helmholtz a donné, de la propagation des ondes dans les
milieux diélectriques, une théorie qui admet l'existence non seulement
d'ondes transversales, mais encore d'ondes longitudinales; la vitesse de
propagation de ces dernières dépend de la valeur du coefficient k.
» Dans diverses publications ( ' ), nous avons proposé une détermination
de ce coefficient k. Cette détermination conduit aux conclusions que
voici (-) :
» Les ondes électromagnétiques transversales se propagent dans les milieux
diélectriques suivant les lois de la théorie électromagnétique de la lumière.
» Les ondes électromagnétiques longitudinales se propagent dans tous les
milieux diélectriques avec une même vitesse, égale à la vitesse de la lumière
dans le vide; elles se propagent aussi avec cette même vitesse dans les con-
ducteurs parfaits.
» Dans notre enseignement, nous avons, à plusieurs reprises, fait
remarquer l'analogie qui semble exister entre les oscillations électriques
longitudinales régies par ces lois et les rayons X. Sans nous faire illusion
sur le caractère conjectural de cette analogie, nous avons cru intéressant
de la rappeler au moment de la publication des belles expériences de
M. Blondlot. ))
(*) Sur V iater prétalion théorique des expériences hertziennes {V Eclairage
électrique, t. IV, iSgo, p, 494)-
(-) Sur la théorie électrodyaamique de Helmholtz et la théorie électromagné-
tique de La lumière {Archives néerlandaises des Sciences exactes et naturelles,
série II, t. V, 1901, p. 227).
C. R., 1902, 2* Semestre. (T. CXXXV, N« 30.) ' ^^ '
846 ACADÉMIE DES SCIENCES.
M. Gastox Boxnier fait hommage à l'Académie du deuxième fascicule
(i*'* et 2^ Parties) du « Cours de Botanique )> publié par lui en collaboration
avec M. Leclerc du Sablon :
« Ce fascicule a trait, comme le premier, aux Angiospermes. On y trouve
la fin de l'étude de la racine; l'historique des recherches sur la tige, la
feuille et la racine; l'étude de la fleur, du fruit, de la graine, du dévelop-
pement de la plante; l'historique des recherches sur la fleur et le fruit.
Enfin, le fascicule se termine par l'exposé des caractères de la première
série de familles d'Angiospermes, y compris le développement, la structure
anatomique et les applications. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
M. R. Legouez adresse un Mémoire « Sur une extension de la théorie
analytique de la chaleur de Fourier au cas de la congélation ».
(Commissaires : MM. Maurice Levy, Boussinesq, Sarrau.)
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de î/Ixstructio.v publique invite l'Académie à lui pré-
senter une liste de deux candidats pour une place de Membre titulaire du
Bureau des Longitudes, devenue vacante par suite du décès de M. Cornu.
(Renvoi à une Commission composée des Sections d'Astronomie,
de Géographie et Navigation, et de Géométrie.)
M. Andoyer, m. p. Puïseux prient l'Académie de vouloir bien les com-
prendre parmi les candidats à la place devenue vacante, dans la Section
d'Astronomie, par le décès de M. Faye.
(Renvoi à la Section d'Astronomie.)
MÉTÉOROLOGIE. — Sur les récentes lueurs crépusculaires observées à Bordeaux .
Note de M. E. Esclaxgon.
( Les récentes lueurs crépusculaires ont de nouveau attiré l'attention
sur ce phénomène dont les causes restent obscures et sur lequel des opi-
SÉANCE DU 17 NOVEMBRE T902. 847
nions diverses ont été émises. Ces lueurs ont été observées régulièrement
à Borrleaux dès leur apparition. Cette apparition n'a pas été soudaine;
elle est passée inaperçue jusqu'au moment où l'intensité du phénomène
est devenue vraiment considérable.
» Dès le 23 octobre, et les jours suivants, j'avais remarqué que le ciel était forte-
ment coloré après le coucher du Soleil; mais, comme l'horizon se montrait brumeux,
je n'avais attaché au phénomène aucune importance particulière. Le ciel est resté
couvert le 26 et le 27; mais, le 28, le ciel étant redevenu beau, les lueurs ont apparu
avec une intensité extraordinaire qui, ce jour-là, a attiré l'attention générale. Le 29
et le 3o, l'intensité n'avait que peu varié. Les lueurs apparaissaient un peu avant le
coucher du Soleil. Le ciel tout entier se montrait illuminé, teinté de rose ou rouge
clair. Après le coucher du Soleil, la coloration s'accentuait; près de l'horizon, la teinte
d'abord un peu jaunâtre virait au rouge et, en se dégradant, s'étendait jusqu'au zénith.
A mesure que le jour baissait, la limite des régions illuminées s'accentuait et marchait
vers l'ouest, pour disparaître finalement sous l'horizon avec une netteté parfaite. Le 3i,
le ciel était couvert, mais le i*"" et le 2 novembre l'illumination était encore considé-
rable, quoique plus faible. Le 3 novembre, il n'y avait plus trace d'illumination, et
pourtant ce jour-là le ciel était d'une remarquable pureté. La disparition du phéno-
mène a donc été brusque, et cette circonstance est particulièrement importante, eu
égard à l'opinion qu'on peut se faire sur la cause de ces lueurs anormales. Mais il y a
plus : les lueurs crépusculaires du soir ont cessé de se montrer après le 2 novembre,
tandis qu'elles continuaient à paraître le matin. Dans les matinées du 5, du 8 et du
ri novembre, le ciel s'est montré très vivement et très richement coloré; la teinte
seulement était un peu plus jaune. A partir du 3o octobre, j'ai fait quelques observa-
tions sur la polarisation atmosphérique. Le 3o, au Soleil couchant, dans l'azimut du
Soleil et à 90° de cet astre, j'ai trouvé o,3i3 comme proportion de lumière polarisée.
Le 3 novembre, cette proportion était un peu plus grande : o,46. Ces chiffres n'ont
rien en somme d'anormal. Il eût été intéressant d'étudier les déplacements des points
neutres, mais l'appareil dont je disposais ne permettait pas de faire commodément
ces observations.
» Les circonstances les plus intéressantes du phénomène paraissent être
ici : 1° la cessation brusque des lueurs du soir; 2" leur continuation par
les lueurs du matin.
» Elles paraissent difficilement conciliables avec l'hypothèse des pous-
sières cosmiques d'origine quelconque; le phénomène devrait, dans ce
cas, se montrer indifféremment le soir et le matin. Il semblerait préfé-
rable d'adopter l'opinion d'après laquelle ces lueurs seraient dues à la
suspension, dans les régions élevées de l'atmosphère, d'une poussière de
glace. La disparition subite du phénomène s'expliquerait alors par un
réchauffement subit qui aurait anéanti ou transformé ces nuages de glace,
la température devenant le matin assez basse pour reproduire le phéno-
848 ACADÉMIE DES SCIENCES.
mène. Quoiqu'il puisse n'y avoir qu'un rapport éloigné entre les tempé-
ratures des régions élevées et les températures observées au niveau du sol,
voici un Tableau qui semble assez significatif :
Température
Dates.
moyenne.
29
octobre
8,4
3o
»
5,1
3i
»
6,4
i^'' novembre. .
6,3
2
» . .
6,3
3
»
11,3
4
» . .
16,6
5
» . .
17,1
6
»
i5, 1
7
» . .
10,2
8
» . .
12,2
Intensité maximum des lueurs.
Dernier jour de visibilité.
» On voit avec quelle netteté le saut brusque des températures coïn-
cide avec la disparition des lueurs du soir. Quant à la coïncidence des
époques d'observations de lueurs crépusculaires et des chutes d'étoiles
filantes, elle pourrait aussi s'interpréter en disant que les lueurs crépus-
culaires constituent un phénomène météorologique qui, comme les brouil-
lards, par exemple, se manifeste de préférence vers la mi-automne. *
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la représentation approchée des fonctions.
Note de M. W. Stekloff, présentée par M. E. Picard.
« Soit J; une foncLiori de ao, continue, admettant la dérivée du premier
ordre dans l'intervalle donné {a,b) et s'annulant pour x z:^ a, y -- h;
soit (p une autre fonction satisfaisant à la seule condition
f oV/^<Q-,
Q étant un nombre absignable.
» Désignons par V,^ (« — i , 2, 3, . . . les fonctions vérifiant les condi
tioiis suivantes :
K + 4/A^V ^'« = o. V«(a) = o, y„(^) =: o
(voir ma Note précédente). Quelles que soient les fonctions 6 et 's^, satisfaisant
SÉANCE DU 17 NOVEMBRE IQO'i. 849
aux conditions tout à V heure énoncées, on a toujours
(i) \ />d;cp6/a7=2A/cB/c4-v„, Aa.= / pr^Y^dx, ^k^ \ p'hY,,dx,
OÙ [ voir mon Mémoire : Problème de refroidissement, etc. (^Annales de Tou-
louse, 1901, p. 3o5 et 3o6)]
/ \ Il ^^ V
" \/>^«+i
» Il importe de remarquer que la démonstration de l'égalité (]) ne dépend
nullement du théorème de Weierstrass-Picard sur le développement des fonc-
tions en séries des polynômes.
» Posons maintenant
en désignant par / une fonction quelconque, continue dans l'inter-
valle (a, 6).
» Il est évident que (p,j satisfait à l'inégalité
9I ^^ < 77 / P^l ^^ < ~ / ^"' dx = Q-,
Po J,, Po J„
Pf et/?o désignant le maximum et le minimum de p(x) dans rintervalle
donné, Q étant un nombre ne dépendant j)as de l'indice /i.
» Désignons par a et [i (fi^a) deux nombres quelconques, compris
entre les limites a et b, et considérons l'intervalle (a, p) qu'on peut repré-
senter géométriquement par un segment a{3 de l'axe des x. Désignons
par AB le segment correspondant à l'intervalle donné (a, b). On peut
toujours construire une fonction <\i^ continue avec sa dérivée du premier
ordre en tous les points du segment AB, égale à zéro pour
< ->- < ^ (^ _
aix^iT., 'i2x
et restant positive en tous les points du segment a|i.
» Cela posé, appliquons la formule (i) aux fonctions ^]/ et -p,,. On
aura
/ P'^^n àx r^ / /JtLo,^ dx = A„,
85o ACADÉMIE DES SCIENCES.
d'où, en tenant compte du théorème de la moyenne, on tire
.3
'J n
ï, désignant un point, situé à l'intérieur du segment a(3. Désignons par m
le minimum, par N^ le maximum de toutes les valeurs des intégrales
correspondant aux diverses positions possibles du même segment a[i à l'in-
térieur du segment AB. On aura, en tenant compte de (2),
KN
Cette inégalité a lieu, quel que soit le nombre de n; en le choisissant con-
venablement, on trouve
(3) I?.(Ç)|<=.
£ étant un nombre positif, donné à l'avance. Il existe donc un point ç,
intérieur au segment oc^, quelle que soit sa position à l'intérieur du segment
donné AB, tel que le module de <p„(^) en ce point sera plus petit qu'un
nombre s, donné à l'avance. Considérons une position quelconque du
segment a^; supposons qu'il subisse un déplacement continu suivant l'axe
des X. Le point l, correspondant à chaque position du segment a(3, le
subira également, car (p^^ est une fonction continue. Lorsque le segmenta^
prendra la position ^^t, le point ^ se déplacera de ^ à un point ç, situé à
l'intérieur de ^,8,, et passera par tous les points du segment ^E,. Il s'ensuit
que le module de (i^n(^) doit rester inférieur au nombre s pour tous les
points de l'intervalle l^^, puisque l'inégalité a lieu pour toutes les positions
du segment a[3 sur l'axe des x.
» En continuant les mêmes raisonnements et en remarquant qu'ils
restent vrais quelle que soit la grandeur du segment yJi, nous nous assu-
rerons aisément que l'inégalité (3) a lieu pour tous les. points de l'inter-
valle donné AB. On obtient ainsi le théorème suivant :
» Théorème. — On peut trouver une suite finie
SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1902. 85 1
telle que la fonction donnée/, continue dans un intervalle quelconque {a, h),
puisse être représentée dans cet intervalle par <p„ avec V approximation donnée à
l'avance.
» Posant, en particulier,
^(^) = i, q = o, A = H=so,
nous obtiendrons
-a)
V;,= i/T sin — l '■
"■ \ b ~ a b — a
» On peut donc, en choisissant convenablement le nombre n, trouver une
suite finie de Fourier
b
-> sin — \ / /sin — \ -dx
a ^^ b — a J '' b — a
telle que la fonction continue f puisse être représentée dans l'intervalle (a, b)
par (p„ avec l'approximation donnée à l'avance. C'est le théorème analogue
à celui de Weierstrass-Picard. De ce théorème résulte immédiatement le
théorème connu sur la représentation approchée et sur le développement
des fonctions continues en séries de polynômes.
» Il importe de remarquer que la série ^A/.V;^. et, en particulier, la
série de Fourier seront, en générai, divergentes, mais, comme l'on voit,
nous pouvons les utiliser toujours sans scrupule, comme les séries conver-
gentes, pour le calcul approximatif des fonctions continues. Les résultats
ainsi obtenus seront toujours exacts au point de vue de la pratique. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la Structure des groupes infinis.
Note de M. E. Cartan, présentée par M. E. Picard.
« La théorie de l'équivalence des systèmes de Pfafî, qui a fait l'objet
d'une Note présentée récemment à l'Académie, m'a conduit à une théorie
delà structure des groupes qui s'applique aussi bien aux groupes infinis
(définis par des équations aux dérivées partielles) qu'aux groupes finis.
) Avant de définir ce que j'apj)ellerai groupes de même structure ou
groupes isomorphes, je conviendrai de dire, étant données m -\- n variables,
a?i , a?2> • • •» ^m'-> y K^ y-i^ •••> yn'>
852 ACADÉMIE DES SCIENCES.
que de deux groupes G et G', l'un transformant les x, l'autre les x et les y,
le second G' est le prolongernent du premier G, si G' transforme entre elles
les variables x et cela de la même manière que le groupe G. Le prolon-
gement sera dit holoèdrique si la transformation identique est la seule
transformation de G' qui laisse invariantes toutes les variables x.
» Cela étant, deux groupes G et G, seront dits isomorphes s'il existe,
dans un même nombre de A^ariables, deux groupes G' et G', semblables,
qui résultent respectivement du prolongement holoèdrique de G et de G^.
Le fi^roupe G sera dit isom,orphe m.ériédrique du groupe G, si G', seul est le
prolongement holoèdrique de G^ et si, de plus, G et G, ne sont pas iso-
morphes lioloèdriques.
» Cette définition de l'isomorphisme concorde avec la définition ordi-
naire dans le cas des groupes finis ; en particulier, tout groupe fini intransitif
est isomorphe d'un groupe fini transitif.
» Or, d'après la théorie dont il est question au début de cette Note, on
peut toujours prolonger holoédriquement un groupe fini, de manière qu'il
laisse invariantes r expressions de Pfaff, co,, w^, . . ., w^, formant un système
complet fermé (' ), et alors les covarianls de ces r expressions sont de la
forme
([) to\ = 2 (^iks^'^i^'^k (^ = 1 , 2, . . ., r),
i, k
où les Ci^j sont des constantes assujetties à certaines relations. On retrouve
la représentation ordinaire de la structure des groupes finis.
» Si le groupe est infini et, pour fixer les idées, transitif, il se passe
quelque chose d'analogue. On peut toujours le prolonger holoédriquement
de manière à le définir comme le plus grand groupe laissant invariantes
r expressions de Pfaff, co, , to^, . .. , to^., formant encore un système complet, mais
qui n'est plus fermé; ces r expressions s'obtiennent très facilement si l'on
connaît les équations de définition du groupe. Les covariants de ces
r expressions sont alors de la forme
(2) o)^=yc,vv,co,o)^+ y a),/,oi/C7x (5 = I, 2, ..., r),
(') Cela signifie que le système
est complètement intégrable et que les covariants bilinéaires des w sont des expres-
sions bilinéaires en Wj, . . ,, w,. seulement.
SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1902. 853
les CTx désignant p nouvelles expressions de PfaiT. Les ci^^ et les ax,, sont
encore des constantes. Si le groupe est intransitif, il en est de même, sauf
que les coefficients c et a peuvent être des fonctions des invariants du
groupe.
» Ces quantités c et a ne sont d'ailleurs pas arbitraires. Je n'énonce pas
les conditions nécessaires'auxquelles elles doivent satisfaire ; je me contente
de signaler ce fait important que les p transformations infinitésimales
1,2, ...,/-
2 ^•>"'''"£; (x=i, 2, ...,p)
forment un groupe linéaire G que nous disons associé au groupe infini
considéré.
» D'ailleurs le système (w,, ..., oj^) n'est pas unique; mais il est très vrai-
semblable, et cela est certain pour les groupes transitifs simples dont il
sera question plus loin, qu'il existe une valeur minima de /'et un système
unique déterminé d'où tous les autres peuvent se déduire par des procédés
simples. Ce nombre minimum r définit Vordre du groupe.
» Pour les groupes infinis il y a une différence essentielle, au point de
vue de la structure, entre les groupes transitifs et les groupes intransitifs.
Certains groupes intransitifs ne sont isomorphes à aucun groupe transitif :
par exemple le groupe
x'=x, y = y-\-f{x).
» D'une manière plus précise, considérons le système
y^^\is^i=^ (1 = I, ..., p; ^ = I, 2, ..., r) :
i
Ce système est complètement intégrable; ceux des invariants du groupe qui
sont des intégrales de ce système ne peuvent pas être éliminés; les autres
peuvent l'être sans changer la structure.
» Il se produit alors ce fait remarquable que, tandis que la structure des
groupes transitifs ne dépend que de constantes, celle des groupes intransitifs
peut dépendre, en outre, de fonctions ; je citerai les deux groupes suivants :
(3) x'^x, y=f{y), -'' = 4/(j)r+?('^'r);
(4) x' = x, y=yA^) + ^{oc\ z' = zy{x)Y+h{x).
n Les applications que l'on peut faire des groupes à la recherche des
c. R., 1902, 2* Semestre. (T. CXXXV, N« 20.) ^ ^^
854 ACADÉMIE DES SCIENCES.
caractéristiques des systèmes différentiels (lorsqu'elles ne dépendent que
de constantes arbitraires) montrent une fois de plus l'importance des
groupes simples, définis comme des groupes n admettant aucun groupe qui
leur soit isomorphe mériédrique, ce qui n'exclut pas d'ailleurs l'existence
possible de sous-groupes invariants. On est ramené à des problèmes dont
chacun est caractérisé par un groupe transitif simple, et ces différents
groupes simples sont aussi facilement déterminables d'après les for-
mules (2) que dans le cas des groupes finis.
» Comme résultats intéressants je signalerai les suivants :
» Le seul groupe transitif simple dont les équations dépendent d'une fonc-
tion arbitraire d' un ar gument est isomorphe au groupe général à une variable.
Il n'y a pas de groupes transitifs simples dont les équations dépendent de deux
fonctions arbitraires d'un argument.
» Tous les groupes infinis d'ordre i, 2, 3 se déterminent sans aucune
dilîiculté; ils ne fournissent aucun groupe transitif simple qui ne soit bien
connu. »
ÉLECTROCHIMIE. — Sur les électrodes bipolaires. Note de
MM. André Brochet et C-L. Barillet, présentée par M. Moissan.
« Nous avons été amenés à étudier comment se comporte une électrode
bipolaire lorsqu'elle ne forme pas cloison étanclie et, d'une façon géné-
rale, quelle est l'influence d'une masse métallique placée dans un élec-
trolyseur et ne communiquant pas avec les électrodes.
M Dans une première série de recherches nous avons pris comme élec-
trolyte le sulfate de cuivre, en raison de la facilité de sa décomposition et
de l'exactitude avec laquelle on peut se rendre compte qualitativement et
quantitativement de la marche de l'électrolyse.
» L'augmentation de poids de la cathode permet de déterminer la
quantité d'électricité quia traversé l'électrolyseur. Les résultats que nous
publions aujourd'hui ont été obtenus au moyen d'une électrode bipolaire
en platine, l'interélectrode, le côté de cette lame en regard de l'anode
étant l'intercathode, le côté face à la cathode, l 'interanode.
» L'augmentation de poids de la lame de platine correspondant au
cuivre déposé sur l'intercathode permet d'évaluer la quantité d'électricité
ayant traversé cette lame.
» Pour une surface déterminée de l'interélectrode en rapport avec les
SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1902. 855
consLaiiLes de i'électrolyseur, on remarque qu'il ne se forme, au-dessous
d'une certaine densité de courant, aucun dépôt sur la lame de platine,
celle-ci se comportant comme une lame non conductrice et n'ayant d'autre
résultat que d'augmenter la résistance ohmique du bain et la tension aux
bornes de I'électrolyseur. Mais à partir d'une densité de courant déter-
minée, correspondant dans tous les cas à une différence de potentiel aux
bornes supérieure à la tension de décomposition du sulfate de cuivre, une
certaine quantité d'électricité traverse la lame de platine, ce qui est
démontré par le dépôt de cuivre sur l'interanode et un dégagement gazeux
sur l'inlercathode.
» Le dépôt de cuivre affecte des contours variables suivant la déforma-
tion du flux de courant produite par l'électrode bipolaire; dans les condi-
tions des expériences présentes nous avons toujours eu un cercle au centre
de l'intercathode.
» Si nous augmentons le rapport entre la surface de la lame et la sec-
tion de I'électrolyseur, on remarque que pour une même densité de cou-
rant le dépôt sur l'intercathode et la différence de potentiel aux bornes
sont plus considérables.
)) Il ne suffit pas que la différence de potentiel aux bornes soit supé-
rieure à la tension de décomposition pour que le courant traverse la bipo-
laire, il faut encore que le rapport des surfaces soit assez élevé; d'ailleurs,
sauf le cas où ces surfaces sont presque de mêmes dimensions, le rapport
entre la quantité d'électricité traversant la bipolaire et la quantité fournie
à I'électrolyseur est toujours très faible, ce qui se conçoit aisément, les
lignes de courant passant de préférence par le conducteur liquide, en
raison de la résistance apparente présentée par l'interélectrode, du fait de
la tension de décomposition et autres phénomènes dus à la polarisation.
» Dans le Tableau ci-dessous nous avons réuni quelques résultats obtenus
pour un écart de 4*^™, 8^™ et 12*^™ entre des électrodes de lo'^'^jS de côté.
» Les valeurs j)lacées dans les colonnes U indiquent les tensions aux
bornes en volts; les valeurs des colonnes D indiquent, en millimètres, le
diamètre du cercle de cuivre. Il y a lieu de remarquer que les dépôts
obtenus avec moins de 1 volts sont insignifiants comme épaisseur.
12'=
I.
u.
D.
U.
D.
U.
D.
amp
YOUS
3,/i
mm
5o
TOltS
2,82
mm
5o
volts
1,80
mm
3o
3,5
»
»
»
»
1,66
25
856 ACADÉMIE DES SCIENCES.
I.
u.
D.
U.
D.
U.
D.
amp
3,0
volts
2>7
niD)
25
ïolls
2, iG
mm
18
volls
1,34
mm
i5
2,5
»
»
1.79
l4
»
»
2,0
1,83
17
1,45
insi
gnifiant
»
»
1,5
1,38
insigni
Ifi;
ant
»
»
»
»
» Quant à la tjuanlité d'électricité qui a traversé l'interélectrode, elle
est toujours très faible. C'est ainsi qu'avec une distance de 12^"" entre les
électrodes et pour une intensité de [\ ampères, c'est-à-dire dans les meil-
leures conditions du Tableau précédent, le dépôt pendant i heure n'est
que de 0^,11 sur l'interélectrode, alors qu'il est de 4^»46sur la cathode. Il
n'est donc passé au travers de la bipolaire que 2,5 pour 100 du courant
fourni à l'appareil. Avec un électrode n'ayant que 7^™, 5, le dépôt n'est
que 0^,02, ce qui correspond à moins de o,5o pour 100 du courant total.
» Passons brièvement en revue quelques points intéressants que nous
étudierons plus complètement dans une autre publication, en v joie^nant le
détail de nos exj)ériences.
» i" Si au lieu d'une électrode bipolaire nous en mettons deux, à den-
sité de courant égale la tension est plus élevée et le dépôt plus faible. De
plus, ce dépôt est plus important sur l'interélectrode voisine de l'anode.
» 2" Si Ton déplace un électrode bipolaire soit vers l'anode, soit vers la
cathode, on constate que la tension aux bornes diminue.
)) 3** Si l'on déplace une électrode bipolaire en maintenant l'intensité
constante, on remarque que la surface du dépôt augmente et que son
épaisseur diminue si on la rapproche de l'anode; au contraire, la surface
du dépôt diminue, mais son épaisseur augmente si on la rapproche de la
cathode.
» [f Si l'on prend comme interélectrode une lame de platine dont le
côté anode a été recouvert préalablement d'une couche de cuivre, l'inter-
anode agissant comme électrode soluble, il se forme sur l'intercathode un
dépôt sensiblement uniforme, puis, lorsque le métal anodique est complè-
tement disparu la tension aux bornes s'élève presque instantanément et le
cuivre déposé sur les bords de l'intercathode se dissout peu à peu ; finale-
ment il reste sur l'intercathode un cercle plus grand que celui obtenu
par dépôt direct. Entre le cercle ainsi rongé et le cercle formé par le dépôt
pendant la marche régulière se trouve un anneau correspondant à une
zone neutre. Ce fait s'explique également d'après ce que nous avons dit
SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1902. SSy
précédemment : une ligne de courant, pénétrant par la partie centrale de
la lame de platine par le côté intercathode, sortira plutôt par les bords de
cette face, lorsqu'il s'v trouve encore du cuivre, que par le côté interanode
insoluble.
» 5° Si l'on répète l'essai précédent dans des conditions telles que la
tension aux bornes soit inférieure à la tension de décomposition du sulfate
de cuivre, le même fait se produit, et le cuivre s'accumule au centre de
l'intercatliode, puis l'action s'arrête, le poids de la lame restant invariable
pendant la durée de l'expérience.
» Dans une. prochaine Noie nous étudierons ce qui se passe dans le cas
d'une interanode solubie. »
RADIOACTIVITÉ. — Sur la constante de temps caractéristique de la disparition
de la radioactivité induite par le radium dans une enceinte fermée. Note de
M. P. Curie, présentée par M. A. Potier.
« Dans des recherches antérieures nous avons, M. Debierne et moi,
étudié les conditions dans lesquelles se produisent les phénomènes de la
radioactivité induite ('). Dans cette Note j'examinerai la manière dont
disparait la radioactivité induite quand on a supprimé l'action du radium.
» Une enceinte fermée renferme un sel solide ou une dissolution de sel
de radium. Tous les corps ])lacés dans l'enceinte deviennent radioactifs.
Si l'on retire de l'enceinte un corps solide qui y a été activé, il perd à l'air
libre son activité suivant une loi d'allure exponentielle, l'activité radiante
diminuant de moitié pour des temps de l'ordre de grandeur d'une demi-
heure.
» Une enceinte en verre s'active intérieurement lorsqu'elle est mise en
communication par un tube avec un flacon renfermant un sel de radium.
On peut séparer l'enceinte activée du radium en fermant à la lampe le tube
de communication; l'activité des parois de l'enceinte fermée ainsi séparée
diminue aussi avec le temps, mais suivant une loi exponentielle bien moins
rapide que dans le cas de la désactivation à l'air libre. L'activité décroît
alors de moitié en 4 jours.
» Dans celte deuxième expérience, de l'air radioactif a été enfermé dans
l'enceinte ; c'est lui qui entretient l'activité des parois. On peut se rendre
(') Comptes rendus, t. CXXXIl, 1901, p. 548 et 768; t. CXXXUI, p. 276 etgSi.
858 ACADÉMIE DES SCIENCES.
compte qu'il en est bien ainsi : si l'on ouvre l'enceinte activée et que l'on
chasse l'air qu'elle renferme, les parois de l'enceinte se désactivent à partir
de ce moment suivant le mode rapide de désactiva tion, l'activité baissant
de moitié en un temps de l'ordre de grandeur d'une demi-heure. On
obtient encore h\ même loi de désactivation avec l'enceinte fermée si l'on
a retiré l'air actif en fais:int le vide. Le résultat est encore le même si, après
avoir fait le vide, on laisse rentrer l'air non actif dans l'enceinte maintenue
ensuite fermée. Donc, de toute façon, lorsqu'on a enlevé de l'intérieur du
tube l'air modifié par le radium, on obtient le mode rapide de désactivation
des j)arois.
» Je ne m'occuperai dans cette Note que de la loi de désactivation dans
le cas d'une enceinte close, renfermant des gaz activés. J'emploie le plus
souvent, comme enceinte close, un tube de verre scellé à la lampe. Ce tube
de verre est placé dans le cylindre intérieur d'un condensateur cylindrique
en aluminium. Les rayons émis par le tube traversent l'aluminium et
rendent conducteur l'air entre les armatures du condensateur. On mesure
le courant limite que l'on obtient entre les deux armatures, lorsqu'on
maintient entre elles une différence de potentiel suffisante (l\5o volts). Le
rayonnement, ainsi mesuré, est dû exclusivement à la radioactivité des
parois, car, lorsqu'on retire rapidement l'air actif du lube, le rayonnement
mesuré immédiatement après est le même qu'avant.
•» Ln loi de désactivation d'une enceinte fermée est remarquablement
simple. L'intensité du rayonnement I est exprimée en fonction dn temps /
par une loi exponentielle
If, étant l'intensité initiale, e la base des logarithmes népériens et 0 une
certaine constante qui représente un temps.
» En portant le logarithme de T en ordonnées et t en abscisses, les points
représentatifs des expériences viennent se placer sur une droite, les écarts
n'ayant pas de caractère systématique et ne dépassant pas l'erreur possible
des expériences (i pour loo sur la valeur de I).
» Certaines séries de mesures ont été poursuivies pendant 20 jours;
l'intensité du rayonnement était devenue, au bout de ce temps, vingt-sept
fois plus faible qu'au début, et la loi de désactivation s'appliquait toujours.
» J'ai fait des expériences dans des conditions extrêmement variées, et
cependant elles ont toutes donné la même valeur pour la constante de
tem])s ô. La valeur moyenne, qui résulte des déterminations concordantes
SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1902. 869
obtenues dans 24 séries d'expériences, est : 0 = 4»97t) X lo^ secondes
(5, 702 jours).
» D'après cette valeur de 0, l'intensité du rayonnement baisse de moitié
en 3 jours 23 heures l\2 minutes, soit sensiblement en 4 jours.
» La constante ô reste la même : i** en employant, pour activer les tubes,
des solutions de sels de radium d'activité très différente; 2*^ en employant,
pour activer, le chlorure de radium solide; 3** en faisant varier les dimen-
sions des enceintes activées (de 3""°' à 2000''°''), ainsi que la forme de ces
enceintes; 4" en faisant varier l'épaisseur du verre; 5° en employant des
enceintes à parois de cuivre ou d'aluminium au lieu d'enceintes en verre;
6° en activant par l'intermédiaire de tubes larges et courts ou longs et
capillaires; 7° en faisant varier le temps de l'activation par le radium entre
i5 minutes et i mois; 8° en activant sous des pressions d'air plus faibles
que la pression atmosphérique jusqu'à une pression de 2*^"^ de mercure et
en laissant le tube se désactiver scellé sous cette pression réduite; 9*^ en
opérant avec de l'hydrogène ou avec de l'acide carbonique au lieu d'air à
l'intérieur des tubes activés.
» Enfin, j'ai opéré dans des conditions bien différentes en prenant
comme mesure de l'activité l'intensité du courant électrique passant entre
deux électrodes situées dans l'intérieur des tubes activés. La loi de désac-
tivation est encore la même; cependant, dans ce cas, la conductibilité que
l'on mesure est due à la fois à la radioactivité des parois et à celle du gaz
de l'enceinte.
» Il résulte de ces nombreuses mesures que la constante de temps qui
caractérise la diminution de l'activité d'une enceinte activée fermée n'est
nullement influencée par les conditions de l'expérience, par la nature du
gaz qui remplit l'enceinte ou de la matière qui en constitue les parois.
» La constante de temps Ô est donc une constante qui ne comporte
aucun caractère spécifique, et, par suite, elle doit avoir une importance
d'ordre général. Les mesures se font dans des conditions telles que j'estime
que cette constante est susceptible d'être déterminée avec une très grande
précision.
» Dans des Notes antérieures nous avons admis, M. Debierne et moi,
que chaque atome de radium fonctionne comme une source d'énergie qui
se dissipe par rayonnement ou par conduction de proche en proche dans
des corps fluides. Les expériences actuelles montrent que dans les gaz
l'énergie est emmagasinée sous une forme spéciale qui se dissipe suivant
une loi exponentielle. On peut admettre que cette énergie s'épuise parce
qu'elle est utilisée à entretenir la radioactivité du gaz et des parois. »
86o ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIQUE. — Sur V hydrogène atmosphérique. Noie de M. Axaïole Leduc,
présentée par M. Lippinann.
« La publication récente (l'expériences de lord Rayleigh (*) sur la
présence de l'hydrogène dans l'atmosphère m'a incité à présenter une
remarque qui me semble maintenant décisive.
» Je rappellerai d'abord que j'ai déterminé par une méthode directe,
en poids, la masse d'oxygène contenue dans i^' d'air atmosphérique préa-
lablement traité par la potasse et les desséchants. J'ai dit comment je me
suis assuré de la fidéUté de la méthode et montré que l'erreur qu'elle
comporte ne peut guère dépasser ^-— 7 (").
» J'ai trouvé que i'air de Paris et des environs contient de o,23i8 à
o,2323 d'oxygène.
» D'aiitre part, on peut déduire la composition de cet air de la connais-
sance (les densités par rapport à lui de l'oxygène et de l'azote atmosphé-
rique.
» On écrit, en désignant par d et d' ces densités, et par x la teneur de
l'air en oxygène, en volume :
(1) xd -^ (^i — X^d' =z i.
M On en tire aisément la teneur en poids xd. Or, en remplaçant d et d'
par les nombres provenant de mes déterminations, on trouve
xd = o,2322 (par excès),
qui concorde parfaitement avec la moyenne des résultats obtenus par
pesées.
» Mais : i** Cette équation, dite des masses, admet implicitement la loi
du mélange des gaz de Dalton ;
» 2** Elle ne tient pas compte des gaz qui, comme l'hydrogène, existent
dans l'air et non dans l'azote atmosphérique préparé au moyen du cuivre,
avec les précautions que j'ai indiquées.
» La première cause d'erreur est ici négligeable; mais il n'en serait pas
(1) Lord Rayleigh, On the question of hydrogen in the atmosphère {Philos.
Magazine, 6" série, t. III, p. 4 '6-422).
(2) A. Leduc, Comptes rendus, t. CXI, p. 262; t. CXIII, p. 129, et l. CXXIII,
p. 8o5, et Annales de Chimie et de Phys., 7^ série, t. XV, p. 91 et suiv.
SÉANCE DU 17 .\OVEMBRE 1902. 861
de même de la deuxième si l'hydrogène était aussi abondant dans l'atmr-
sphère qne l'indiqueraient les expériences de M. A. Gautier (*) :
1*="»' dans 5*.
» En effet, soient s la proportion en volume de ce gaz et d" sa densité.
L'équation des masses devient
(2) xd -\-(j — oc ~ t)d' + id" := \ ,
d'où l'on tire
(3) ^^^^(:-^;)(, . ^'-^"
)) si l'on admet, avec M. Gautier, i = 0,0002, on trouve
xd = o,2336.
» Il faudrait donc supposer, ou bien que mes densités de gaz sont assez
fortement erronées, ainsi d'ailleurs que celles de lord Rayleigh, ou bien
que ma mélhode en poids comporte une erreur systématique quinze fois
plus forte que je ne l'ai admis : 77/;^, en moyenne.
» Il résulte bien, cependant, de la discussion de mes déterminations
que la valeur de ^c^ calculée au moyen de l'équalion (1) ne peut pas des-
cendre au-dessous de 0,2317, tandis que la valeur moyenne déterminée
directement ne peut dépasser 0,2322 (-').
» A. supposer qu'il n'y eût point de formène dans l'atmosphère, la for-
mule (3) donnerait, avec ces valeurs extrêmes, 0,00006, au lieu de
0,0002 (').
» Les expériences de lord Rayleigh tranchent la question. On sait qu'il
arrive, par des moyens variés, h. cette conclusion : que la proportion de
l'hydrogène libre dans l'air des campagnes est au moins six cà huit fois
plus faible que celle trouvée par M. Gautier.
» Or, si nous reprenons la formule (3) avec ces nouvelles valeurs de i,
nous trouvons que la proportion de l'oxygène est voisine de o,2323. Mes
conclusions relatives à l'accord des deux méthodes restent donc entières. »
(') A. Gautier, Comptes rendus, t. CXXXI, p. i3, 86 et 535.
(2) Avec les nombres de lord Rayleigh, qui diffèrent à peine des miens, on arrive
à une teneur très légèrement Inférieure. Cela tient, ainsi que je Vin moiittô, ù ce qne
l'air de Londres est un peu moins riche en oxygène que celui de Paris.
(•') On voit aisément qu'un égal volume de formène causerait une erreur plus de
deux fois moindre.
C. K., 1902, u' Semestre, (T. CXXXV, N» 30.) ' l3
862 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE MINÉRALE. — Sur les oxalomolyhdites . Note de M. Bailhache,
présentée par M. Haller.
(c Ces oxalates complexes s'obtiennent en partant du sulfate de molyb-
dène Mo-0' 2S0% que j'ai décrit dans une Note antérieure (*).
» Après avoir dissous dans l'eau le composé Mo^O^aSO^, on y ajoute 2™°' d'acide
oxalique, pour chaque molécule de sulfate en expérience; on porte à l'ébullition, et
l'on précipite tout l'acide sulfurique par une quantité calculée d'hydrate de baryum;
la liqueur filtrée est additionnée de 1™°' de carbonate de potassium, qui s'y dissout
avec effervescence, et concentrée dans un courant d'acide carbonique. Il se dépose par
refroidissement des cristaux rougeâtres d'oxalomolybdite de potassium.
» Ce sel est recueilli, lavé à l'eau distillée et mis à sécher dans le vide, où il perd
son eau d'hydratation, en même temps que sa couleur passe du rouge au jaune orangé.
» Ainsi déshydraté, il a donné à l'analyse : 65, 80 pour 100 de dimolybdate de
potassium; 24, 5o pour 100 de C-0'; 16,20 pour 100 d'oxyde de potassium K^O
et 12,27 poi^ii' 100 d'eau.
i) L'oxygène nécessaire pour l'oxydation totale tant de l'acide oxalique que du
molybdène est de 8, 22 pour 100. Celte détermination a été faite en solution sulfu-
rique, à l'aide d'une liqueur titrée de permanganate de potassium. Ces chiffres répon-
dent sensiblement pour le sel jaune à la formule
MoO(OH)3C2 0MOH)K.
)) Les cristaux rouges perdent dans le vide une quantité d'eau variable d'une pré-
paration à l'autre, par suite de la formation de plusieurs hydrates que je n'ai pas
obtenus isolés.
)) Pour comprendre la formation de ce sel à partir du sulfate Mo^O*'' 2S0%
il me fallut étudier à nouveau les réactions données par les solutions dans
l'eau de ce composé. Non seulement la potasse ou la soude, ou les carbo-
nates correspondants produisent, dans cette solution, un précipité ressem-
blant à l'hydrate ferrique, mais il en est aussi de même avec les sels les
plus divers, tels que le chlorure d'ammonium, le sulfate ou l'acétate de
sodium. J'avais cru d'abord obtenir ainsi du bioxyde de molybdène hydraté,
mais un examen j)lus attentif a infirmé cette hypothèse.
1) J'ai particulièrement examiné le précipité obtenu par l'acétate de sodium, en
opérant dans un courant d'hydrogène. On le lave avec une solution de ce sel que l'on
(*) Comptes rendus, t. CXXXII, février 1901,
SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1902. 863
élimine ensuite par l'alcool. Ce précipité, séché dans le vide, donne, il est vrai, des
proportions de métal et d'oxygène qui varient d'une expérience à l'autre; mais la
quantité d'oxygène nécessaire pour faire passer tout le molybdène qu'il renferme, à
l'état d'acide molybdique, déterminée par le bichromate de polassium, est toujours
très inférieure à celle qui serait exigée pour l'oxydation du bioxyde.
)) Ce fait s'explique aisément en admettant qu'on se trouve en présence
d'un mélange variable de bioxyde de molybdène hydraté et d'un autre
hydrate Mo-O'SH-O = 2 MoO(OH)% qui n'est autre que l'hydrate de
molybdényle de M. Peter Klason ('). C'est lui que l'on devrait obtenir
seul, s'il n'était très facilement dissocié, en cours de préparation, en
bioxyde de molybdène et en acide molybdique.
)) Les réactions données par la solution aqueuse du sulfate de molyb-
dène confirment cette manière de voir. En effet, additionnée de chlorure
d'ammonium et saturée d'acide chlorhydriquè gazeux, elle laisse déposer
des cristaux vert d'herbe du chlorure double de molybdényle et d'am-
monium.
» Cette réaction caractéristique, l'oxalomolybdite de potassium la donne également
en dissolvant à chaud un mélange de ce sel et de chlorure d'ammonium dans l'acide
chlorhydriquè concentré :
MoO(OH)5C2 0HOH)K + 2AzIi^CU-4HCl
==MoOCP2AzH*Cl + KCl -i-C-0*H'' + 3H2 0.
n Traité par l'acide azotique étendu, l'oxalomolybdite de potassium se transforme
en oxalomolybdate appartenant à la série des corps découverts par M. Péchard (^) :
2[MoO(OH)-^C2 03(OH)K] + 0=:2[Mo03C20*HKH20] + H20.
)) L'oxalomolybdite de potassium ne commence à perdre son eau de
constitution que vers + 1 15*', et il faut le porter à + 180*^ pour le déshy-
drater complètement, mais il est déjà altéré, et la décomposition s'accélère,
à mesure que la température s'élève, suivant l'équation
2[MoO(OH)«C2 0^(OH)R]
= MoO- -f- iMoO^K- + 2CO H-.2C02 + 4H«0.
» C'est en raison de cette union intime de l'eau dans ces sels, que j'ai
supposé que l'hydrate de molybdényle entrait tout entier dans la molécule.
(') D. ch. G.,, i. XXXIV, p. 148.
(-) Comptes rendus, t. CVIII, p. 10D2.
864 ACADÉMIE DES SCIENCES.
comme M. Wyrouboff ii proposé de l'admettre pour les hydrates de
sesquioxyde ( ' ).
)' L'oxalomolvbdile d'ainmoiuLini se ])répaie par le Jiiêine procédé. Ce sel forme un
liydrale rougeâtre qui ne renferme qu'une seule molécule d'eau, qu'il perd dans le
dessiccaleur, en même temps que sa nuance passe du rouge au jaune. Ce sel jaune a la
même constitution que le sel correspondant de potassium :
MoO(OH)\C20')(OH)AzH''.
» Il donne, d'une façon générale, les mêmes réactions que ce dernier sel; mais,
décomposé par la chaleur, il laisse un résidu de sesquioxyde de molybdène, qui retient
une quantité importante d'azote. Cette décomposition est accompagnée d'un phéno-
mène d'incandescence subite, qui se communique de proche en proche à toute la
masse, avec une légère déflagration.
;; Ces deux oxalomolybdites donnent, avecles sels de baryum, un préci-
pité cristallin peu soluble dans l'eau. Cet oxalomolybdite de baryum
s'obtient d'ailleurs avec 1h plus grande facilité, en suivant la méthode quia
servi pjur le sel de potassium, à cette différence près que, après avoir éli-
miné l'acide sulfuriqiie, on additionne la liqueur refroidie d'une solution
de chlorure de baryum très diluée, en petit excès et légèrement acidifiée
par l'acide chlorhydrique. En prenant ces précautions il se dépose lentement
de forls beaux cristaux d'une nuance rouge foncé tirant sur le grenat, de
la composition suivante :
MoO(Oll) C^O'H-
MoO(OH)-G20'Ba
H-O.
); Il ne perd pas d'eau dans le vide et il ne commence à se déshydrater
à l'étuve que vers la température de H- i io° à + 1 15°. On peut avec Toxa-
lomolybJite de baryum obtenir également le chlorure double de molybdé-
nyle et d'ammonium : on le dissout dans l'acide chlorhydrique, la hqueur
refroidie laisse déposer le chlorure de baryum, on la décante et l'on y ajoute
du chlorure d'ammonium en chauffant légèrement; par refroidissement, il
se forme des octaèdres vert d'herbe caractéristiques.
» Grâce à 1 iasolubililé d>3 l'oxalomolybdita de baryum on peut faire
l'expérience inverse, c'est-à-dire partir du chlorure double de molybdé-
nyle et d'ammonium pour le préparer. Vient-on, en effet, après avoir dis-
sous les octaèdres verts dans de l'eau contenant de l'acide oxalique, à
(') Bulletin de la Société chimique, juillet 1902, p. 666.
SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1902. 865
verser dans la liqueur une solution barytique, Ton obtient à nouveau un
précipité d'oxalomolybdite de baryum :
2MoOC1^2AzH^C! +2C-0*H=^ -h BaCl^ 4- 7H=0
-= [(GMoO)2(OH)''(C=^0*)-H-Ba,H=^0] + 4AzH*Cl 4- 8HGI.
» Ce sel se prête très aisément à la double décomposition, et l'on peut,
en faisant réagir sur lui les différents sulfates solubles, obtenir d'autres
oxalomolybdites. Je j)oursuis l'étude de ces composés. »
CHIMIE ANIMALE. Quelques remarques sur la musculamine, base dérivée
des muscles. Note de M. S. Posterxak.
(( Dans une des dernières séances de l'Académie, MM. Etard et Vila (')
ont décrit, comme étant inconnue jusque-là, une base qu'ils avalent isolée
des produits d'hydrolyse des muscles de veau. Cette base, pour laquelle
ils proposent le nom de musculamine, j)osséderait la composition C*H"'Az^
et serait le premier exemple d'une triamine parmi les produits biologiques.
» Je crois nécessaire de faire remarquer à ce propos que les propriétés
et les nombres d'analyse de la nouvelle base ne laissent aucun doute sur
son identité avec la cada^'érine C'^W'Az-, découverte par M. Brieger (^)
dans les muscles des cadavres et par son élève Bocklisch ( ) dans la chair
des poissons putréfiés. Cette même base fut retrouvée plus tard par
MM. Udransky et Baumann (') dans les urines d'un cystinurique et par
MM. Winterstein et ïhony (^) dans le fromage mûr d'Emmenthal.
» D'après M. Ladenburg (**), la cadavérine présente la constitution
d'une pentamélhylènediamine.
w Nous savons aujourd'hui, grâce aux recherches de M. Ellinger ( " ) que
le chaînon de la molécule albuminoïde, qui donne naissance à la pentamé-
lhylènediamine, pendant la putréfaction, est le même que celui de l'acide
(') Comptes rendus, t. CXXXV, p. 698.
(^) Weitere U ntersuckungen iiber Ploinaïne . Berlin, li
(') Ber. d. d. chem. Gesei., t. XVIIl, 1880, p. 1922.
(^) Zeitsch. f. physiol. Chem., t. XIII, 1889, p. 562.
{'") Ibidem, t. XXXVI, 1902, p. 28.
(«) Ber. d. d. chem. Gesel., t. XIX, 1886, p. 2585.
{'') Zeitsch. f. physiol. Ch., t. XXIX, 1900, p. 334.
866 ACADÉMIE DES SCIENCES.
diaminocaproïque (la lysine de Drechsel) qui se forme régulièrement lors
de la décomposition des différentes matières albuminoïdes à l'aide des
acides ou des alcalis.
;) Il semble ressortir, en outre, des travaux récents de MM. Zawrow (' )
et Langstein (-), que la pentaméthylènediamine remplace la lysine égale-
ment dans les produits résultant de la digestion pepsique très prolongée
des albuminoïdes, alors même qu'on opère dans des conditions d'asepsie
parfaite.
)) L'observation de MM. Etard et Vila pourrait donc devenir d'une cer-
taine importance, s'ils réussissaient à démontrer que leur mélange des pro-
duits de décomposition des muscles de veau n'avait subi, au cours des
manipulations, aucune modification microbienne profonde. Dans ce cas,
nous aurions eu le premier exemple de la formation directe de la cadavé-
rine par hydrolyse d'un albuminoïde au moyen des acides. »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur la variation des réserves hydrocarhonées
dans la tige et la racine des plantes ligneuses. Note de M. Leclerc du
Sablox, présentée par M. Gaston Bonnier.
« Je me suis proposé d'étudier de quelle façon les sucres et les matières
amylacées variaient, dans le courant de l'année, à l'intérieur des plantes
ligneuses. Pour cela j'ai dosé ces substances à différentes époques de
l'année dans les tiges, les racines et les feuilles de certaines espèces.
)) Afin d'avoir des résultats comparables, j'ai opéré sur des plants de même âge et
cultivés les uns à côté des autres dans les mêmes conditions. Tous les [\o jours
environ, l'un de ces plants était arraché ; les tiges, les racines et, s'il y avait lieu, les
feuilles formaient trois lots distincts qui étaient desséchés à 90°, puis réduits en
poudre. Les dosages étaient effectués sur environ 3? de la matière. Les substances
grasses, qui n'existent en quantité assez considérable que dans la feuille, étaient
extraites par l'éther; puis les sucres étaient extraits par l'alcool à 90°, ils étaient
dosés après avoir été transformés en glucose. La matière épuisée par l'éther et par
l'alcool était additionnée d'eau, chauffée pendant 2 heures à ii5° dans un autoclave,
puis traitée par l'acide chlorhydrique étendu pour transformer les matières amylacées
en glucose. Après quelques tâtonnements, j'ai reconnu que la quantité de glucose
obtenue était la plus grande lorsque le liquide renfermait 10 pour 100 d'acide du com-
(') Zeitsch. f. physiol. Ch., t. XXXIIÎ, 1901, p. 3i2.
(2) Beitrdge zur chem. Physiologie u. Pathologie, t. II, 1902, p. 228.
SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1902. 867
merce et que l'ébullition était prolongée pendant i heure. Dans ces conditions on
peut admettre que toutes les substances hydrocarbonées pouvant jouer le rôle de
réserve sont transformées en glucose.
» Ea opérant de cette façon j'ai obtenu les résultats suivants, pour la
tige et la racine du Châtaignier; je reviendrai plus tard sur la feuille :
Sucres. Mat. amylacées. Total.
Tige. Racine. Tige. Racine. Tige. Racine.
11 janvier 4>o 1,9 20,7 25,3 24,7 37,2
26 février 4^3 4;7 20,4 21,0 24,7 26,9
28 mars 2,7 3,3 18,8 2f,4 21, 5 24,7
20 mai 2,3 3,i 17,6 16,7 19,9 19.8
2 2 juin 2,1 3,6 18,3 18,2 20, 4 21.8
27 juillet 2,6 3,6 18,5 20,7 21,1 24,3
12 septembre... 2,2 1,8 23,7 28,5 25,9 3o,3
19 octobre 2,2 1,6 .24'2 27,5 26,4 29,1
22 novembre.... 3,2 1,1 21, 5 27,8 24,7 28,9
26 décembre. .. . 3,7 1,9 19,3 25,4 23, o 27,3
» Tous les nombres contenus dans le Tableau précédent se rapportent
à 100 parties de matière sèche. Ainsi, le u janvier, loo^ de matière sèche
de la tige renfermaient 4^ de sucre. Les résultats que j'ai obtenus com-
plètent et précisent les observations micrographiques, lesquelles ne se
rapportent qu'à l'amidon solide et ne sont que qualitatives. Les réserves
hjdrocarbonées varient comme dans les bulbes et les tubercules; on
observe un minimum au printemps, au moment où les réserves sont con-
sommées par une végétation rapide, et un maximum en automne à la fin
de la période d'assimilation. Il est à remarquer que pendant l'hiver, alors
que la végétation apparente est suspendue, les réserves diminuent, soit
parce qu'elles sont consommées par la plante à l'état de vie ralentie, soit
parce qu'elles sont converties en substances non transformables en glu-
cose dans les conditions de l'expérience. D'une façon générale la racine
renferme plus de réserves que la tige, mais la différence, surtout sensible
en automne et en hiver, devient nulle au printemps, La racine renferme
le plus de sucre pendant qu'elle végète d'une façon active; c'est à peu
près l'inverse pour la tige.
» Une étude semblable faite sur le Coignassier, le Poirier, le Pêcher et le
Saule m'a donné des résultats comparables. Dans tous les cas la somme
des hydrates de carbone transformables en glucose dans les conditions
indiquées passe par un minimum au mois de mai lorsque la végétation est
868 ACADÉMIE DES SCIENCES.
la plus active, augmente jusqu'au mois cFoctobre ou de novembre, passe
par un maximum et diminue ensuite jusqu'au mois de mai. Les tiges et les
racines des plantes ligneuses se conduisent donc à ce point de vue comme
de véritables organes de réserve. »
BOTANIQUE. — Le Landolphia Pierrei, espèce nouvelle du Gabon, considérée
comme pouvant four nir du caoutchouc. Note de M. Hexri Hua, présentée
par M. Gaston Bonnier.
« L'exacte spécification des lianes productrices de caoutchouc, ou consi-
dérées comme telles, préoccupe à juste titre les botanistes et les industriels.
Pour notre part, nous nous attachons à préciser aussi exactement que
possible, sur les matériaux de l'herbier du Muséum, les identifications
faites à ce sujet.
» Au cours de ces recherches nous avons reconnu au Gabon l'exis-
tence d'une espèce méconnue, qui, d'après son principal collecteur,
le R. P. Rlaine, missionnaire à Libreville, contribuerait à donner la
caoutchouc du Gabon, concurremment avec les Landolphia Klainii Pierre,
et owariensis P. de B.
» Les auteurs ont confondu à tort avec cette dernière espèce celle qui
nous occupe et à laquelle nous donnerons le nom de Landolphia Pierrei, la
dédiant à M. L. Pierre, dont l'herbier contient la majeure partie des
envois du P. Klaine et qui a spécialement étudié les Landolpliiées.
. )) Le Landolphia Pierrei se distingue du L. owariensis P. de B. par les
caractères suivants :
» Feuilles plus grandes, moins régulièrement elliptiques, arrondies et parfois
presque sinuées à la base, longuement acuminées au sommet; nervation plus accen-
tuée, moins serrée, les nervures latérales étant réduites au nombre d'une dizaine de
part et d'autre de la côte; dimensions moyennes de lo'''" à i5'='" de long sur S*^"" à ô*"'"
de large.
0 Inflorescences presque sessiles au-dessus de la dernière paire de feuilles, à élé-
ments serrés, à bractées persistantes, au lieu d'être pédonculées à bractées caduques.
Il ne s'agit pas là de la différence bien connue que peuvent présenter les inflorescences
de Landolphia chez une même espèce suivant le degré d'élongation de leur axa prin-
cipal; les nombreux échantillons que nous avons eus entre les mains nous montrent
la condensation de l'inflorescence comme un caractère habituel, et, d'ailleurs, la
persistance des bractées est à remarquer, alors que le L. owariensis a toujours les
bractées promptement caduques.
SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1902. 869
» Calice à sépales oblongs, moins serrés et ne présentant pas dans leur ensemble
l'aspect subsphérique ou courtement ellipsoïdal caractéristique chez le L. owariensis.
» Corolle à tube allongé, fusiforme, dont la partie libre au-dessus du calice, fine-
ment pubescente, est deux à trois fois plus longue que les lobes étroits, alors que
ceux-ci, plus larges, égalent la portion libre du tube chez le L. ouariensis.
» Etamines à filets velus à la base, insérés au-dessus du milieu du tube, à anthères
émarginées au sommet.
» Ovaire turbiné, glabre inférieurement, poilu sur son toit, qui est plus allongé en
cône chez le L. Pierrei, plus plat chez le L. owariensis.
» Fruit globuleux, légèrement allongé de la base au sommet (6'^'" de diamètre lon-
gitudinal sur 5"^™ de diamètre transversal) : jaune foncé, noircissant par la dessiccation
et prenant une teinte bleuâtre due à la fine couche cireuse blanche qui le revêt. La
surface est uniformément lisse, sauf de très fines lenticelles. Le L. owariensia, d'après
des échantillons très authentiques du Dahomey, dus à M. Le Testu, a des fruits à peu
près de même taille, mais dont l'hémisphère apical est côtelé grossièrement. Nous ne
saurions affirmer absolument, dans l'état de nos connaissances, si ce caractère est
essentiel : il pourrait y avoir des variétés d'une même espèce à fruits lisses ou à fruits
bossus.
» Graines, au nombre d'une quinzaine chez les fruits considérés, irrégulières, angu-
leuses, épaisses. Elles sont plus grosses que celles du L. owariensis ayant i5™'" à ao"*""
de longueur, sur lo™"^^ à 12™™ de largeur, et 7°"° à 9™"° d'épaisseur, au lieu de i2™">
à iS™" sur y"""» à 9"^°^ et 4"™ à S""".
» Les parties jeunes sont couvertes de poils assez longs, qui persistent longtemps,
au moins sur les pétioles; néanmoins, les rameaux recueillis à l'époque de la fructifi-
cation en sont ordinairement dépourvus,
» Le Landolphia Pierrei a été trouvé aux environs de Libreville, au
mont Bouet (R. P. Rlaine, n. 286! l\Sl\\ in Herb. mus. Par.; 5/(4! 926!
1357! 1890 ! 1934 ^w! 1972! in Herb. L. Pierre) et dans la forêt de Sibang
(BiJTTNER, n. 497 '• distribué par le musée de Berlin sous le nom de L. owa-
riensis P. de B.).
» La floraison est à son maximum en août; la maturation des fruits se
fait en janvier-février.
» Nous n'avons pas à attirer l'attention sur les différences qui séparent
notre espèce du L. Klainii, avec lequel, faute d'attention suffisante, on
pourrait le confondre à l'état stérile. Les énormes fruits de ce dernier,
l'allongement des ovaires et des stigmates suffisent, entre autres carac-
tères, à empêcher toute confusion.
» Ces distinctions spécifiques n'intéressent pas seulement les botanistes.
Tous ceux qui connaissent l'importance industrielle de la production des
caoutchoucs dans nos colonies peuvent y trouver la clef de certaines
divergences d'appréciation sur la valeur du produit de telle ou telle espèce.»
G. K., tgoa, a» 5emes</e.^( T. CXXXV, N" 20) ' '^
870 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Influence des matières organiques sur le dévelop-
pement et la structure anatomique de quelques Phanérogames. Note de
M. Jules Laurent, présentée par M. Gaston Bonnier.
« J'ai montré, dans plusieurs Communications antérieures ('), que cer-
taines matières organiques, glucose, saccharose, sucre interverti, consti-
tuent d'excellents aliments pour les plantes vertes; je puis étendre actuel-
lement ces résultats, non seulement à la glycérine, mais à V acide humique
qui, absorbé sous forme d'humate de potassium, modifie les échanges gazeux
de manière à activer V assimilation du carbone.
)) Les solutions étendues de ces diverses substances n'exercent guère
d'action bien appréciable sur les caractères de la plante, mais il n'en est
pas de même pour les solutions concentrées qui agissent à la fois sur la
forme extérieure et sur la structure anatomique de toutes les espèces étu-
diées ; Pois, Lentille, Maïs, Blé, Seigle.
)) Afin de mettre en évidence, d'une part, les modifications provoquées
par la concentration du milieu et, d'autre part, celles qui doivent être attri-
buées à l'action spécifique exercée par la matière organique, j'ai cultivé
Pisum sativum sur des solutions contenant; par litre, outre les sels minéraux
de la liqueur Detmer, des poids de glucose et de glycérine respectivement
isotoniques de 10, i5, 20, 25, 3o centièmes du poids moléculaire de ÂzO^R,
et, comme des expériences préliminaires m'avaient montré une certaine
analogie entre les cultures sur glycérine et les résultats obtenus par Lesage
avec le sel marin, j'ai employé également, en solutions isotoniques des pré-
cédentes, le chlorure de sodium et l'azotate de potassium.
» Je résume ci-dessous les conclusions auxquelles m'ont conduit ces
expériences :
» 1° La plante peut s'adapter à des pressions osmotiques beaucoup
plus élevées avec les substances organiques étudiées qu'avec les sels miné-
raux; alors que les liqueurs isotoniques de o,i5 AzO^K(p. m.) lui sont
déjà nuisibles lorsqu'il s'agit de salpêtre ou de sel marin, elle supporte très
bien les solutions de glucose et de glycérine isotonique de o,25 et môme
o,3o AzO'K (p. m.).
» 2° Comme l'avait montré Stauge (-), la croissance en longueur se
trouve ralentie à mesure qu'on augmente la concentration du milieu ; mais
(^) Comptes rendus, 29 noveral^re 1897, ^^ novembre 1898 et 19 novembre 1900
(-) Bot. Zeitung, 1892.
SÉANCE DU 17 NOVEMBRE Ï902. 87 1
on observe en même temps un accroissement de diamètre beaucoup plus
apparent avec le chlorure de sodium et surtout la glycérine qu'avec le glu-
cose et l'azotate de potassium.
» S*" Dans les limites de mes expériences, le poids sec des plantules
croît constamment avec la concentration des solutions de glycérine; avec
le glucose, il passe par un maximum, pour les solutions isotoniques,
de 0,20 AzO^R (p. m.); il est alors deux fois plus élevé que dans la
liqueur Detmer seule. Les résultats sont tout différents avec les sels miné-
raux et même pour des concentrations comprises entre o,o5 et o,ioAzO'R
(p. m.), le poids sec diminue constamment et d'autant plus que la pression
osmotique est plus grande.
)) 4*^ L^ proportion pour 100 de matière sèche augmente avec la con-
centration, aussi bien dans les solutions minérales que dans les solutions
organiques.
» 5° Pendant la période de germination, la consommation des réserves
de la graine est d'autant plus lente que la pression osmotique est plus
élevée.
)) 6° Van Rysselberghe (') a montré que la cellule réagit aux concen-
tratious élevées en augmentant son pouvoir osmotique normal ; cette élé-
vation du pouvoir osmotique se traduit par une augmentation dans la pro-
portion des acides libres et, en général, des substances dissoutes dans le
suc cellulaire. L'acidité atteint des valeurs plus élevées dans les cultures
sur glucose que dans les cultures sur glycérine.
M 7" Enfin, si les solutions isotoniques de glucose et de glycérine
donnent des plantes très comparables par leur mode de développement
et par leurs caractères extérieurs, la pression osmotique n'intervient pas
seule dans les modifications observées, mais chaque substance exerce une
action spécifique, de nature très différente selon qu'il s'agit de substances
organiques ou de sels minéraux.
» Quant aux différences dans la structure anatomique, elles portent à
la fois sur le diamètre des cellules et sur la différenciation des tissus.
» Quelle que soit la substance étudiée, le diamètre des cellules croît
avec la pression osmotique du milieu de culture ; mais le phénomène est
surtout apparent dans les solutions de glycérine où les cellules du paren-
chyme cortical se rapprochent progressivement de la forme sphérique,
aussi bien dans la tige que dans la racine. Si l'on remarque que le nombre
(') Vax Rysselberghe, Réaction osmotique des cellules végétales à la concentra-
tion du milieu, Bruxelles, 1899.
C
872 ACADÉMIE DES SCIENCES.
des assises cellulaires se maintient à peu près constant pour toutes les sub-
stances expérimentées, on peut conclure que les liqueurs concentrées ne
modifient pas le mode de cloisonnement des initiales de Vécorce.
)) Les solutions de glucose et de saccharose provoquent, en général, un
épaississement des membranes et une lignification plus intense ; avec le Pois
et la Lentille, les fibres ligneuses sont plus nombreuses dans le bois secon-
daire; elles ont des parois très épaisses et leur cavité est réduite; il en est
de même pour le sclérencliyme libérien de la tige et de la racine. Le glu-
cose n'est pas seulement utilisé pour la croissance en épaisseur des mem-
branes ; mais des réserves d'amidon s'accumulent dans la plupart des tissus
et on les retrouve même dans les cultures à l'obscurité.
» Ces réserves sont plus abondantes dans les cultures sur glycérine ; par
contre, la lignification est moins intense et la différenciation plus tardive;
il semble ainsi que, chez les Légumineuses tout au moins, la plus grande
partie de la glycérine absorbée soit mise en réserve avant d'être utilisée.
» Il n'en est plus de même chez le Mais, dont la racine et la tige n'accu-
mulent d'amidon que dans leur méristème terminal, et l'utilisation de la
glycérine y est immédiate; cette substance favorise l'épaississement des
membranes et la lignification, déterminant une sclérose hâtive du péricycle
et de tous les éléments conjonctifs qui avoisinent le bois primaire.
» Les substances organiques étudiées déterminent donc chez les végé-
taux des modifications de structure du même ordre que celles qui ont été
observées par Dassonville (*) en faisant varier l'aliment minéral de la
plante. »
GÉOLOGIE. — Analogie entre les Carpathes et les Alpes.
Note de M. Maurice Lugeox, présentée par M. Marcel Bertrand.
« Dans un travail récent (-) j'ai montré que le front nord de la chaîne
des Alpes, à partir de l'Arve vers l'Est, n'était pas formé par un plissement
autochtone de l'écorce terrestre, mais par les plis frontaux de grandes
nappes de recouvrement venues de l'intérieur de la chaîne.
» D'autre part, M. Suess (^) a montré que les Carpathes débordaient
(') Ch. Dasso.nville, Action des sels minéraux sur la forme et la structure des
végétaux {Reçue générale de Botanique, 1898).
(^) LuGEON, Les grandes nappes de recouvrement des Alpes, du Chablais et de la
Suisse {Bull. Soc. géol. de France, 4* série, t, I, 1901).
(*) SuEsS;, La face de la Terre, l. I, p. 286-248.
SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1902. 878
sur la plate-forme russe et les Sudètes. Dans les deux cas, l'avant-pays
s'enfonce sous la région plissée.
)) Il y a donc lieu de nous demander si de grands plis couchés super-
posés, dirigés vers l'extérieur de la chaîne, ont aussi contribué à la marche
de la vague carpathique vers le Nord.
» A la suite d'une étude très détaillée et magistrale sur le Haut-Tatra,
M. Uhlig (') est arrivé, antérieurement il est vrai à l'établissement de
notre théorie, à une démonstration inverse de celle que j'ai faite pour les
Alpes. L'auteur conclut que les plis duTatra, au nombre de quatre, sont
dirigés vers V intérieur de la chaîne, soit vers le Sud.
» Les deux anticlinaux nord forment la zone subtatrique, dont les ter-
rains présentent des faciès différents de ceux de l'anticlinal haut-tatrique
et du quatrième pli constituant la haute chaîne cristalline. Le troisième pli
contenant deux noyaux de gneiss et granit, M. Uhlig conclut que l'inten-
sité du plissement a été croissante du Nord au Sud. Enfin la haute chaîne
semble bordée au Sud par une grande faille qui limite les gneiss, et au delà
de laquelle on trouve dans le Flysch des lambeaux épars de terrains sem-
blables à ceux de la zone subtatrique.
» Ces plis, tournés vers le Sud, contrairement à ce que semblent exiger
les démonstrations de M. Suess, contrairement à l'allure générale arquée
des Carpathes, sont encore en désaccord avec l'ensemble des Alpes.
)) Je propose donc aujourd'hui, pour expliquer les chaînes calcaires du
Haut-Tatra, une théorie analogue à celle des Alpes.
» Cette nouvelle interprétation se base sur un certain nombre de faits
péremptoires.
» L'inclinaison des couches vers le Nord n'est pas une preuve en faveur
du plissement vers le Sud, puisque nous connaissions l'existence de plis
plongeants. Or, il est possible de démontrer que les trois anticlinaux de la
chaîne calcaire du Taira sont des têtes anticlinales plongeantes de grands plis
couchés vers le Nord.
» Les charnières frontales, qui devraient se fermer vers le Sud dans
l'hypothèse de M. Uhlig, sont inconnues sur le terrain, aussi bien dans les
régions supérieures que dans les parties profondes des vallées, comme par
exemple le long de la Bialka et de la Jorzebica.
» Au contraire toutes les charnières conservées indiquent régulièrement
des mouvements vers le Nord; ainsi les plissements au Tomanova-Pass qui
laissent voir des charnières anticlinales et synclinales.
(') Uhlig, Die Géologie des Tatragebirges. Wien, 1897-1899.
874 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» La démonstration péremptoirepeut être faite par l'analyse de la coupe
que montre le flanc gauche de la haute vallée de la Sucka-Woda, qui
coupe la région haut-tatrique.
» Cette région présente un grand noyau anticlinal de gneiss et de granit
reposant sur des calcaires jurassiques visibles dans les pentes, et qui, avec le
Permien et le Trias, contournent au Nord complètement le noyau de roches
primitives par une charnière anticlinale.
)) Ainsi le petit massif granitique de Goryczkowa, de même que celui de
Zamky, forment le noyau anticlinal d'un grand pli venu du Sud et consti-
tuant toute la zone haut-tatrique.
» Les petites masses granitiques et triasiques des environs de Malo-
laczniak doivent être considérées comme de petits lambeaux de recouvrement .
» Comme la région haut-tatrique est ainsi une zone sans racine et comme
elle s'enfonce sous la bande subtatrique, il s'ensuit que celle-ci forme
les deux replis frontaux, plongeants, d'ime deuxième nappe de recouvrement
venue aussi du Sud, supérieure à la précédente .
» Ainsi, grâce aux recherches de M. Uhlig, nous pouvons montrer que
le bord nord du Tatra se comporte comme le bord nord des Alpes. Il est
formé par des nappes empilées dont la plus lointaine au Nord vient de la
région la plus méridionale.
» On sait que M. Uhlig a considéré la grande zone archéenne comme un
quatrième antichnal. Nous pouvons, pour la même raison que celle invo-
quée, nous demander s'il s'agit d'une nappe inférieure aux précédentes.
Cette question ne peut pas être résolue, car la vraie nature de la ligne limite
de la grande zone gneissique au Sud n'a pu, malgré les efforts de M. Uhlig,
être, connue. S'il y a charriage de la zone ancienne, les lambeaux méso-
zoiques du Sud devraient être considérés comme des débris restés en
arrière du front égrené de la nappe subtatrique; s'il y a réellement faille,
ces lambeaux nous indiqueraient d'où provient cette nappe puisque les
faciès sont identiques. »
ÉLECTROBIOLOGIE. — Vétectrolyse des sels métalliques séjournant
dans les tissus. Note de M. André Poëy. (Extrait.)
« A la séance du 29 janvier i855, M. Dumas présentait à rAcad*émie,
en mon nom, une Note ayant trait à l'apphcation de l'Électrochimie à l'ex-
traction des métaux introduits et séjournant dans l'organisme, d'après les
expériences faites à New-York, en 1 852, en collaboration avec M. Vergnès.
On se trouvait ainsi en présence d'une vraie électrolyse humaine, et l'or-
SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1902. 8^5
ganisme pouvait être assimilé à une solution électrolytique dans ce con-
ducteur hétérogène, dont la capacité électrique est considérable.
» Ce fait était inexplicable tant que la théorie électrochimique de
Grotthuss (i8o5) subsistait, basée sur la décomposition et la recomposition
de proche en proche îles molécules électrolysées. lia fallu arriver au prin-
cipe du transport des ions, d'après les données que je demande là permission
de rappeler à l'appui.
» La première expérience de transport voltaïque au travers des diaphragmes serait
due à R. Potier (1816). Elle fut formulée en lois par Wiedemann (1862 ), puis confir-
mée par Hittorfï' (i853-i858) et reprise de nos jours par Kuschel, Boutj, Chassy,
Pavlinoff, Labatut, Leduc, Weiss, Ilermann, Destot, etc.
» D'autre part, Clausius (1857) ayant assimilé les mouvements des molécules en
solution aux mouvements des molécules gazeuses, l'action du courant voltaïque ne
serait autre que celle d'imprimer une direction commune aux mouvements irréguliers
des ions préalablement dissociés, composant l'électrolyte, ensuite à les transporter
à l'anode et à la cathode, suivant les lois de Faraday (i833).
» Enfin, Svante Arrhénius (1887) formule la nouvelle théorie de l'ionisation des
solutions chimiques et de la conductibilité des électrolytes, en s'appuyant sur l'analogie
trouvée par M. Van t' Hofif entre les lois de la pression des gaz et les lois de la pression
osmotique.
» Il résulte donc qu'un courant voltaïque, traversant le circuit humain, produit une
électrolyse interstitielle sur tout son parcours, accompagnée d'une action endosmo-
tique (Dutrochet, 1828-1873), et d'un transport mécanique [du Bois-Reymond
(1860), Munk (1873)] des ions dissociés, dans le sens du courant, qui se déposent à
la cathode, d'après les lois qui régissent l'électrolyse des solutions salines, en rapport
avec leurs poids équivalents (Faraday, Bouty, Chassy).
» Mais, dès i852, nous étions pratiquement arrivés à l'extraction des
sels métalliques de l'organisme, à l'aide du dispositif suivant :
» Une baignoire en fonte émaillée, de préférence, est isolée du sol par quatre pieds
en verre; elle contient de l'eau chaude étendue d'acide sulfurique pour l'extraction du
plomb, et d'acide azotique pour l'extraction du mercure et autres métaux. Sur un
banc pourvu d'un dossier, également isolé de la baignoire, le patient s'étend dans
toute sa longueur, plongeant dans l'eau jusqu'au cou. Il tient alternativement des
deux mains l'électrode positive terminée par un réophore en fer cylindrique et creux,
enveloppé d'un linge maintenu humide, les bras reposant sur des supports. L'élec-
trode négative est fixée à une large plaque située aux pieds de la baignoire, n'ayant
aucun contact direct avec le corps du patient.
» En vertu de ce dispositif, on force le courant positif à traverser librement l'élec-
trolyte humain dans toute la profondeur de ses tissus, lequel va se fermer sur la
plaque négative où il dépose sa charge d'ions dissociés ramassés sur son parcours,
pendant que les ions d'un plus grand poids coulent au fond de la baignoire.
)) On peut, en moyenne, employer de i5 à 24 éléments fournissant
876 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de 8 à 20 milliampères approximativement; car, par le fait de la méthode
monopolaire et de l'état pathologique de l'intoxiqué, le potentiel élec-
trique éprouve certaines variations de modalités, en désaccord avec les
prévisions théoriques. »
PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Appareil pour déterminer la durée des
impressions lumineuses sur la rétine. Note de M. Maurice Dupoxt, pré-
sentée par M. Bouchard.
« Au cours des recherches que j'ai entreprises au hiboratoire de M. le
Professeur Joffroy, à Sainte-Anne, pour l'étude du réflexe lumineux qui
joue un rôle si important dans le diagnostic des maladies du cerveau, j'ai
été amené à étudier la physiologie normale et pathologique de la rétine
au point de vue de la durée des impressions lumineuses.
» C'est une notion classique, qu'une excitation lumineuse perçue par
les centres nerveux persiste uu certain temps, et que cet ébranlement
moléculaire offre une durée, puis s'amortit, si bien que la cellule peut de
nouveau subir une nouvelle excitation vibratoire.
» Les phénomènes optiques auxquels donne lieu cette propriété des
cellules nerveuses sont trop connus pour qu'il soit nécessaire de les rap-
peler ici, mais étant donnée cette particularité physiologique, il est permis
de supposer que la durée d'une impression lumineuse doit être subor-
donnée à l'état d'intégrité des centres nerveux et que le temps peut varier
en plus ou en moins suivant l'état pathologique de la cellule, si bien que
des variations dans la durée d'une impression lumineuse d'une intensité
donnée peuvent être interprétées comme un sif^ne nouveau et rapporté à
des lésions déterminées.
)) La physiologie pathologique de la rétine n'ayant pas été étudiée à ce
point de vue, j'ai été conduit à établir un appareil et une technique que j'ai
l'honneur de présenter à l'Académie pour déterminer : 1° la durée nor-
male des impressions lumineuses sur la rétine; 2° pour rechercher les
variations pathologiques qui peuvent se produire.
» Au lieu d'employer les procédés chronométriques sujets à variations, il m'a paru
plus intéressant d'utiliser un agent physique, le diapason, pour calculer le temps
d'une façon constante. Ce diapason remplaçant le chronomètre, des curseurs con-
stituent le régulateur, et une graduation sur les branches indique le nombre de vibra-
tions par rapport à la place occupée par les curseurs.
» Afin d'obtenir un nombre de vibrations excessivement faible sans exagérer la lon-
gueur des branches, j'ai augmenté progressivement la cAa/'^e jusqu'au poids de ii''s.
SF.ANCE DU 17 NOVEMBRE iqo2. 877
» 1° L'appareil se compose d'un diapason dont Tune des branches porte un écran Kn
arrière de l'écran se trouve une lampe électrique enfermée dans une lanlerne percée
d'un orifice; en avant de l'écran, un microscope pour observer le point lumineux.
» L'écran porte sur le côté un petit prisme coloré qui, au repos, masque le foyer.
Le diapason est mis en activité par un électro-aimant. 11 est gradué en deux ocLaves-
la note la plus basse correspond à quatre vibration?, soit :
Utz=Z4 50/ =6 Ut^= 8 .sol - 19.
ré = 4)5 /« m 6 , 65 ré =9 /a — 1 3 , 3
jn i =0 si =^7,5 miz= lo si =r. t T»
fa = 5,33 yV/ = I o , 65 i/î ■=■- i (3
» En plaçant les deux curseurs au niveau de chaque graduation, on obtiendra le
nombre indiqué de vibrations.
» Au repos l'œil aperçoit une image colorée réfractée dans le prisme; le diapason
vient-il à vibrer, le prisme se déplace et démasque le foyer d'où émane une imao-e
directe non colorée. Admettons que le nombre de vibrations soit de 4, soiti de seconde.
Pendant la moitié de la vibration le foyer sera découvert; pendant l'autre moitié, caché.
L'image directe sera aperçue pendant l de seconde et l'image réfractée pendant | de
seconde. De plus une vibration verticale se produit à l'extrémité de la course. Si
l'excitation de la rétine persiste un temps inférieur à | de seconde il va se produire
que l'image réfractée, qui est aperçue encore lorsque l'image directe apparaît, \asauter
verticalement puis disparaître pendant le temps où l'image directe est vue. On voit
ainsi les images Jong'ler^ et, si le mouvement se ralentit, une disparaît et l'autre repa-
raît : le temps qui s'écoule entre le passage de chaque image est donc supérieur au
temps pendant lequel chaque image persiste sur la rétine. Mettons les curseurs sur
sol := 12.
» L'œil aperçoit deux images simultanées et fixes, il n'y a plus de sautillement :
lorsque la seconde image apparaît réfractée sur le prisme, la première, directe, n'a pas
eu le temps de disparaître sur la rétine, qui les perçoit en même temps; les images ne
jonglent plus; donc le temps qui s'écoule entre chaque vibration est inférieur au
temps pendant lequel uue impression persiste sur la rétine.
» 2° L'observation peut être faite avec l'écran seul, qui détermine des variations du
côté du foyer moins faciles à apprécier que les variations obtenues avec le prisme.
De même en employant l'orifice au centre de l'écran qui doit être placé dans l'axe
rayon du visuel.
» 3° Un autre procédé consiste à placer sur le côté de l'écran un contact d'où jaillit
une étincelle d'induction à chaque oscillation de l'écran. Tant que l'étincelle paraît
intermittente, les curseurs indiquent que le temps écoulé entre chaque vibration est
supérieur à celui de l'impression lumineuse sur la rétine. Lorsque l'étincelle paraît
continue, le temps de l'impression rétinienne égale celui de la vibration. Ici il faut noter
le temps d'une vibration entière, puisque l'étincelle n'apparaît qu'à chaque retour de
l'écran.
» 4° La même recherche peut être faite avec les couleurs complémentaires dispo-
sées sur le foyer et sur l'écran.
» Enfin la projection de l'image peut être faite sur un écran avec un fover suffisant.
C. K., 1902, 2» Semestre. (T. CWW, N- 20.) ' I '
878 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» La graduation de ce diapason ('), non exempte de difficultés, a été réalisée d'une
façon absolument exacte par la méthode de Lissajous au moyen d'un comparateur
spécial. Vu le chiffre des vibrations obtenu, je ne sache pas qu'il ait été encore construit
de diapason donnant un nombre aussi faible de vibrations.
M En résumé, j'ai entrepris, au moyen de cet appareil nouveau, une série
de recherches afin de déterminer les variations normales et pathologiques
que peut présenter la durée de la persistance des images sur la rétine
pour les rapporter à des lésions déterminées en passant en revue succes-
sivement les rayons colorés du spectre, pour attacher à chacun d'eux un
coefficient particulier. Le même procédé permet de calculer le temps mi-
nimum nécessaire pour qu'une impression lumineuse soit perçue. »
PHYSIQUE BIOLOGIQUE. — Production r/u sommeil et de l' anesthésie générale
par les courants électriques . Note de M. Stéphane Leduc, présentée par
M. d'Arsonval.
« Dans une Note précédente (^Comptes rendus, i\ juillet 1902), nous
avons indiqué comment, avec 10 à 3o volts, et des courants intei rompus
i5o à 200 fois par seconde, on pouvait réaliser, chez les animaux, l'inhibi-
tion des hémisphères cérébraux, et produire le sommeil et l'anesthésie
générale. Le procédé avait Tinconvénient d'occasionner, pour la mise en
sommeil, des contractures ou des convulsions cloniques élevant la pres-
sion sanguine, provoquant l'évacuation de la vessie et de l'intestin, et
causant un arrêt momentané de la respiration.
» Ces inconvénients sont atténués par l'emploi, dans le circuit, d'un
rhéostat sans self-induction, permettant, par une augmentation graduelle,
d'atteindre en 3 à 5 minutes l'intensité nécessaire. Cette méthode existe la
mise préalable dans le circuit d'une force éiectromotrice au moins égale à
la force maxima à atteindre, alors que les résultats sont d'autant plus par-
faits que la force électromotrice employée est moindre.
» En employant un réducteur de potentiel sans self-induction, de façon
à élever régulièrement, dans 3 à 5 minutes, la force électromotrice au
chiffre nécessaire, les animaux passent doucement, progressivement, sans
un mouvement de défense ou de fuite, sans un cri, sans changement dans
les mouvements de la respiration et du cœur, de l'état de veille à l'état de
sommeil tranquille, régulier, et d'anesthésie générale absolu(\ Le chien
fléchit d'abord la tête comme assou])i, s'assied, se couche sur le flanc,
(*) Cet appareil a été construit, sur mes indications, par M. Lancelot.
SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1902, S'jq
s'endort d'un sommeil en apparence reposant, sans avoir donné le moindre
signe de protestation ou de douleur. »
PHYSIQUE. — Reproduclion en nombre illimité des phono grammes en cire,
pour musées pho no graphiques, par le moulage galvanoplastique. Procédé
par fusion et procédé par compression et chaleur combinées. Note de M. L.
AzouLAY, présentée par M. Marey.
« Les musées phonographiques, tels que ceux de l'Académie des Sciences
de Vienne et celui de la Société d'anthropologie de Paris fondé sur mon
initiative, ne peuvent exister et se multiplier que si les documents ori-
ginaux restent indélébiles. Par le procédé mécanique du doublage par une
sorte de pantographe, le phonogramme original est tellement altéré par
les copies successives qu'il n'est plus utilisable au bout de quelques cen-
taines de copies. Dans les deux procédés que je vais décrire sommairement,
le phonogramme original demeure intact; le moulage métallique que l'on
en fait et les copies tirées ne l'allèrent que fort à la longue.
)) Le phonogramme original (dans l'espèce, un cylindre) est moulé en
cuivre rouge par la galvanoplastie. Débarrassé par fusion du cylindre
enregistré qui l'a fourni, nettoyé et nickelé le cas échéant, le moule métal-
lique, dont l'épaisseur doit atteindre 2'""* à 3'"™, est la base des opérations
des deux procédés.
» Dans le procédé par fusion, le moule métallique est centré sur un noyau ou
mandrin tronconique reposant sur sa grande base; mis à i'étuve simultanément avec
la cire qui doit v être versée, laissé là jusqu'à la température de fusion de cette cire,
environ 120°. Alors on y verse la matière en fusion très également et l'on juge, par la
consistance croissante de la cire, du moment où il faut enlever le mandrin, car si on
l'enlève pendant que la cire est encore assez malléable, le mandrin ne sort plus, retenu
par la puissance de rétraction de la matière. On essuie le mandrin et on le remet,
cette fois-ci, le petit bout en bas. On enferme le tout dans une enveloppe mauvaise
conductrice de la chaleur et à condition d'enfoncer de temps en temps le mandrin dans
le cylindre de cire, on retire après refroidissement, elle mandrin enlevé au préalable,
un cylindre bien calibré reproduisant fidèlement le texte original. Il suffit de le
polir sur le phonographe à l'aide d'une peau de chamois pour qu'il soit prêt à être
entendu.
» Second procédé par compression et chaleur combinées. — Le moule métallique
reçoit à l'intérieur, à basse température, un cylindre de cire, parfaitement raboté,
vierge, un peu plus court et plus étroit que le moule (à cause de l'allongement de la
cire sous la chaleur). On introduit ensuite, dans le cylindre de cire, un sac de caout-
chouc dévulcanisé, tronconique ou cylindrique, muni d'une valve et l'on serre le tout
dans un étui de forte tôle d'acier. On introduit l'appareil dans une étuve réglée inva-
88o ACADÉMIE DES SCIENCES.
riablement sur une température de 5° environ inférieure à celle du début de la désin-
tégration de la cire (le début est à environ la moitié de la température de fusion de
la cire, d'après mon expérience). On attend l'équilibre certain de la température et,
à l'aide d'une pompe munie d'un manomètre, on comprime dans le sac de l'air
chauffé (plutôt que froid) à une pression de S''*'" et au delà (en raison de l'épaisseur
du nioule). (La pression pourrait être mécanique ou hj'draulique avec avantage, pour
les disques surtout.) On attend i heure ou plus, et d'autant moins que la pression a
été plus forte. L'appareil maintenu toujours à la même température, on ouvre la valve,
on sort de l'étui le moule et le cylindre y adhérant; on y introduit, pour maintenir la
cylindricité, un mandrin chauffé dans la même étuve, et on les enferme dans une
enveloppe mauvaise conductrice de la chaleur jusqu'à refroidissement complet. On
opère ensuite exactement comme dans le premier procédé.
» Ces deux techniques sont a|)plicables aux phonogramines sur disques.
Jja Commission des Archives phonographiques de l'Académie des Sciences de
Vienne a publié intégralement, en juillet dernier, le procédé par fusion
qu'elle em[)loie pour ses disques. Je publie aujourd'hui le procédé pour
les cylindres, car les manipulations sont de difficulté différente. Le pro-
cédé par compression et chaleur combinées est le plus facile et le plus sûr
quand on dispose d'un matériel. »
CHIMIE INDUSTRIELLE. — Production de couleurs fixes sur tous genres de
cuirs, par l'emploi de sels de molybdène combinés à des madères tannantes
ou à des couleurs mordantes végétales. Note de M. I^mm. Pozzi-Escot.
(Extrait.)
« En résumé : L'emploi des sels de molybdène permet un nouveau
])rocédé de tannage, identique au procédé Draeher; la laque molybdène-
tannin est soluble et possède une très grande affinité pour le cuir et les fibres
animales; elle possède par elle-même une couleur jaune foncé très
agréable, que l'on peut nuancer par l'addition d'extraits de bois de tein-
ture, avec lesquels ces molybdales donnent aussi une laque, ce qui permet
d'obtenir une très grande variété de tons. »
A 5 heures l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 5 heures et demie.
M. B.
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 24 NOVEMBRE 1902,
PRÉSIDÉE PAR M. ALBERT GAUDRY.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
ASTRONOMIE. — ■ Vitesse de la lumière; parallaxe solaire.
Note de M. Perrotix.
« L'an dernier, à pareille date, à l'occasion d'une Note traitant d'un
tout autre sujet, j'avais l'honneur d'informer l'Académie que l'Observatoire
de Nice était à la veille d'entreprendre une nouvelle série de mesures de
la vitesse de la lumière, par la méthode de la roue dentée de Fizeau, et que
les stations choisies étaient la grande coupole de l'Observatoire et le mont
Vinaigre, dans l'Estérel, à 46'''° l'une de l'autre, distance qui n'avait pas
été atteinte jusqu'à ce jour-
» Les opérations que j'annonçais alors sont aujourd'hui terminées, et
c'est le résultat auquel elles conduisent qui se trouve consigné dans la pré-
sente Note.
» Les mesures n'ont pas duré moins d'une année et non moins longues
avaient été les études préliminaires auxquelles elles avaient donné lieu.
» Celles qui furent faites auparavant, à ii^"^, et dont les Comptes rendus
de la séance du 5 novembre 1900 donnent les conclusions, ne nous
avaient donné que de vagues indications sur les difficultés instrumentales
ou atmosphériques, de réfraction notamment, que l'on rencontre avec une
distance qui est presque quatre fois celle-là et une image fournie par un
faisceau de rayons lumineux qui, tout en restant à une faible hauteur
au-dessus du sol, traverse une couche d'air dont l'épaisseur, en comptant
l'aller et le retour, est, en somme, de 92'^'". Après bien des tâtonnements,
des déceptions de toute nature, nous sommes parvenu à surmonler la plu-
part des obstacles qui nous avaient longtemps tenu en échec, en mettant
G. R., igba, a» Semestre. (T. CX-XXV, N» 21.
882
ACADÉMIE DES SCIENCES.
à coîitribulion les instruments les plus puissants de l'Observatoire : l'ob-
jectif de G'", 76 de diamètre comme lunette d'émission, et celui de o'", 38
comme collimateur ( ' ).
)) Cette heureuse circonstance nous permet de soumettre aujourd'hui à
l'Académie le Tableau résumé de 1100 mesures qui, obtenues dans des
conditions très variées de l'état de l'atmosphère et du fonctionnement des
appareils, se trouvent peu affectées, dans leur moyenne définitive, par les
causes d'erreurs systématiques.
» Les mesures, qui ont porté sur dix-sept ordres différents de phéno-
mènes, sont résumées dans le Tableau ci-après :
Ordres.
XVI. . . .
XVII . . .
XVIII . .
XIX. . . .
XX . . . .
XXI. . . .
XXII . . .
XXIII . .
XXIV . .
XXV . . .
XXVI . .
XXVII .
XXVIII.
XXIX . .
XXX . . .
XXXI . .
XXXII..
Vitesse
dans le vide
en milliers
Nombre
de kilomètres.
d'observations.
Poids
3oo,52
3o
288
299'72
35
38i
299,60
32
392
3oo,3i
39
534
3oo, i3
76
ii56
299,55
66
1109
299,88
41
708
299,58
70
i5i9
299,86
86
1900
3oo,o3
i4i
3385
299^89
80
2081
3oo,24
49
1376
299)72
48
l452
3oo,38
36
1 170
3oo,52
52
1810
299'73
76
2828
299,50
rolal
i47
I lOQ obs.
5834
» On en déduit, par la moyenne pondérée, pour la vitesse exprimée en
milliers de kilomètres et dans le vide,
299,86 ± 0,08.
(')Ce qui nous donnait une supérioiùté évidente sur les expériences de 1874
(M. Cornu).
SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1902. 883
» Ce nombre diffère peu de celui que nous avions obtenu par i5oo me-
sures avec la station de la Gaude :
299,90 ±: 0,08.
)) Cette étude, qui n'a pas exigé moins de trois années d'un travail très
attachant, sans doute, mais aussi parfois très pénible, et qui n'a pas été
exempte de mécomptes, n'aurait pas abouti sans les précieux conseils de
M. Cornu, l'éminent physicien dont la Science déplore la perte et dont la
mémoire est particulièrement chère aux astronomes de Nice, ses encou-
ragements répétés, et sans l'appui bienveillant qu'il est superflu de dire que
l'on trouve toujours auprès du fondateur de notre observatoire en pareille
circonstance (' ).
» En résumé, l'ensemble des opérations précédentes conduit, pour la
valeur de la vitesse de la lumière, au nombre
299,88,
dont l'incertitude ne dépasse pas 5o^^.
» Il nous a paru opportun de rapprocher ce résultat de celui que les
observations de la planète Éros viennent de nous fournir pour la valeur de
la parallaxe solaire.
)) Le nombre
8",8o5(2)±o",oii
auquel nous conduit la résolution de quarante équations de condition,
basées sur quarante soirées de mesures faites avant et après le passage de
la planète au méridien, combiné avec celui qui précède, donne, par une
(') M. Prim a fait lui-même un certain nombre de mesures, en partie réduites, qui
l'ont conduit au nombre provisoire
299-92 ;
d'autre part, sur les données fournies par le général Basset, M. Simonin, assisté de
M. Colomas, a, par deux fois, rattaché l'observatoire au réseau géodésique delà Carte
de Fiance, et M. Javelle nous a, comme toujours, a'ssislé avec un dévouement et un
désintéressement scientifiques que nous ne saurions trop reconnaître.
(^) Ce nombre est fourni par la méthode des moindres carrés; en donnant le même
poids à chaque soirée, on aurait
8", 789,
lequel est également possible.
884 ACADÉMIE DES SCIENCES.
relation bien connue, pour la valeur du coefficient de l'aberration an-
nuelle :
20", 465.
» C'est le nombre adopté par la Conférence astronomique internationale
de 1896 sur la proposition de MM. Lœwy et Newcomb.
» Cette vérification, qui intéresse trois constantes fondamentales de
l'Astronomie ou de la Physique et sur lesquelles deux ont été déterminées
à nouveau par l'Observatoire de Nice, était utile à faire.
» C'est, peut-être, en somme, la confirmation pure et simple de résultats
récemment acquis, tout au moins en ce qui concerne la parallaxe solaire;
mais, dans l'espèce, les preuves ne sauraient être ni trop nombreuses ni
trop indépendantes; celle que nous apportons aujourd'hui repose sur un(>
opération qui a été longue, laborieuse, souvent pénible, toujours difficile,
il faut le reconnaître; mais exécutée sans idée préconçue, avec le désir de
très bien faire, à une très grande distance et à l'aide d'instruments d'une
puissance optique considérable et dont nous avons eu la rare bonne for-
tune de pouvoir disposer.
» Cette double circonstance justifiera peut-être, à elle seule, la publi-
cation actuelle. »
PALÉONTOLOGIE. ~ Sur l'origine et la dispersion géographique
du Lagomys corsicanus. Note de M. Ch. Depéret.
« La petite famille des Lagomydés ou lièvres à oreilles courtes comprend,
à l'époque actuelle, une quinzaine d'espèces qui habitent les steppes de
l'Asie et de l'Amérique du Nord; l'une d'elles, le Lagomys pusillus, étend
son habitat jusqu'à la Russie orientale.
» Pour bien comprendre l'histoire de ce groupe, il convient de le sub-
diviser en deux petits genres : 1° les vrais Lagomys Cuvier, caractérisés
par leurs deux prémolaires d'en haut de foraie transverse, avec un simple
ph d'émail en avant, et par leur première prémolaire d'en bas allongée et
relativement étroite; 2*^ les Prolagus Pomel ou Myolagus Hensel, dont les
deux prémolaires d'en haut sont en prisme triangulaire avec un double
repli d'émail en dehors, et dont la première prémolaire inférieure est éga-
lement triangulaire, très forte, et détermine une gibbosité sur la face
externe de la mandibule.
» Le genre Lagomys est un groupe essentiellement septentrional, qui ren-
SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1902. 885
ferme loutes les espèces actuelles de l'Ancien et du Nouveau Monde; à
l'époque quaternaire, l'une d'elles, le L. pusilius, poussait son habitat
jusqu'en Allemagne, dans le bassin de Paris et en Angleterre.
» Le genre Prolagus ou Myolagus est, au contraire, un groupe méridional
ou méditerranéen, qui possède des racines anciennes dans le Tertiaire de
nos contrées. A l'époque miocène, le P. Meyeri Tschudi était répandu
depuis la Bavière (Gûusburg) et le Wurtemberg (Steinheim) jusqu'aux
Pyrénées (Sansan), en passant par la Suisse (OEningen, Vermes) et la
vallée du Rhône (La Grive-Saint-Allan, Mont-Ceindre). Il est intéressant
de remarquer que cette zone d'habitat suit assez exactement le bord
septentrional de l'ancienne Méditerranée miocène, dont un bras important
contournait au nord la chaîne des Alpes.
» Le Lagomys corsicanus de Cuvier appartient au même groupe. Signalé
tout d'abord par Cuvier dans les brèches osseuses quaternaires de
Bastia ('), il a été ensuite retrouvé dans le quaternaire de Sardaigne par
Hensel qui lui a donné le nom de Lagomys sardus. La présence exclusive
de ce petit rongeur dans ces deux îles de la Méditerranée occidentale
constituait une véritable énigme au point de vue de son origine. Ce pro-
blème zoologique me semble pouvoir maintenant être éclairci par les faits
suivants :
» Dans mon Mémoire sur les Animaux pliocènes du Roussillon, j'ai décrit
dans le Pliocène moyen de ce pays un Lagomydé tellement voisin du type
(le Corse, que j'ai dû l'inscrire sous le même nom de Prolagus corsicanus,
malgré la différence assez grande de niveau géologique. Ce fait laissait
pressentir déjà l'origine continentale du Lagomys de Corse et de
Sardaigne.
» Cette hypothèse vient de recevoir une confirmation décisive, grâce à
une découverte faite par M. l'abbé Aimera. Ce savant confrère vient de
m'envoyer une série d'ossements enfouis dans une brèche rougeàtre qui
remplit une petite grotte à Gracia, aux portes de Barcelone. J'ai reconnu,
dans ces débris, de nombreux ossements et des mâchoires du L. corsicanus
parfaitement typique, associé au Rhinocéros Mercki, à une petite race du
Cerf élaphe, et à des Tortues de terre assez spéciales. Cette faune se ra[)-
porte, sans hésitation, à l'époque du Quaternaire ancien.
(*) J'ai même signalé récemment, d'après les documents que m'ont envoyés
MM. Caziot et Ferton, l'existence d'une traînée de poches à Lagomys dans le sud de
l'île de Corse, au\ environs de Bonifacio.
886 ACADÉMIE DES SCIENCES.
)> La découverte de M. Aimera ne restera sans doute pas isolée et l'on
retrouvera le Lagomys de Corse sur d'autres points du littoral méditer-
ranéen; mais il est dès maintenant facile de suivre l'émigration géologique
de ce rongeur depuis le Pliocène de Perpignan, en passant par le Quater-
naire ancien de Barcelone, jusqu'au Quaternaire récent de Corse et de
Sardaigne.
» Quant à l'époque à laquelle il a pu passer dans ces îles, je dois
renvoyer à mon travail sur Quelques Mammifères pléistocènes de l'île de Coj^se
où j'ai essayé d'établir, par des arguments à la fois géologiques et paléonto-
logiques, que cette île, unie à une partie de la Sardaigne, formait, jusqu'à
la fin des temps pliocènes, une longue péninsule, sorte d'Italie en minia-
ture, rattachée au continent provençal des Maures. C'est par cette voie
qu'a pu passer en Corse un Cerf que j'ai nommé Cervus Cazioti, qui diffère
entièrement du Cerf actuel de Corse et dont j'ai montré les affinités avec
les espèces du Pliocène supérieur d'Angleterre et d'Italie.
)) C'est ce même pont qu'a emprunté le Lagomys corsicanus pour
prendre possession de ces contrées, aujourd'hui insulaires, où son aire de
dispersion a été dissociée, grâce à des effondrements survenus sur la fin du
Pliocène ou au début du Quaternaire. Il est curieux de noter que ce rou-
geur semble, dans l'état de nos connaissances, s'être éteint dans le conti-
nent après la première partie des temps quaternaires, tandis qu'il a pu se
maintenir dans les îles jusqu'à une époque assez récente, contemporaine
de l'homme néolithique. »
3IEMOIRES PRESENTES.
M. Cailletet est adjoint à la Commission de TAéronautique.
M. L. Fraichet adresse un Mémoire portant pour titre : n Méthode
d'essai des métaux, basée sur la variation de la réluctance d'un barreau de
traction ».
(Commissaires : MM. Maurice Levy, Sarrau, Potier.)
M. GuERDKR adresse un Mémoire intitulé: « Etude clinique sur une anti-
toxine tuberculeuse. Résultats thérapeutiques dans les tuberculoses
localisées ».
(Renvoi à l'examen de M. Roux.)
SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1902. 887
CORRESPOND AIVCE .
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
1° Un Volume de M. V. Bjerknes, de Stockholm, portant pour titre :
« Vorlesungen ûber hydrodynamische Fernkràfte ». (Présenté par M. H.
Poincaré.)
2° La deuxième livraison du « Répertoire graphique des repères du nou-
veau réseau fondamental du Nivellement général de la France », adressée
par M. Ch. Lallemand.
3*" Les premiers numéros du « Bulletin mensuel de l'Observatoire de
Belgrade », adressés par M. Milan Nedelkovilch , directeur de l'Observatoire.
(Présenté par M. Mascart.)
40 Un Volume intitulé : « La faune momifiée de l'ancienne Egypte,
!*■« série » ; par MM. Lortet et C. Gaillard. (Présenté par M. Chauveau.)
M. Lœwy fait hommage à l'Académie au nom de M. Cruls, Directeur
de l'Observatoire de Rio-de-Janeiro, d'un Rapport sur les travaux accomplis
en 1901 par la Commission brésilienne chargée, sous la direction de
M. Cruls, de procéder à l'exploration des sources principales du Javary et
à la détermination des coordonnées géographiques de divers points de cette
région située aux limites communes du Brésil, du Pérou et de la Bolivie.
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Observations du Soleil, faites à l'Observatoire de
Lyon {èquatorial BriXnner de o'", 16), pendant le troisième trimestre
de 1902. Note de M. J. Guillaume, présentée par M. Mascart.
(( Nous avons, pendant ce trimestre ('), 79 jours d'observation, dont les
principaux résultats sont les suivants :
» Taches. — Le nombre des groupes de taches, de même que leur sur-
face moyenne totale, a augmenté : on a noté 1 1 groupes mesurant ensemble
une aire de 32i millionièmes, contre 6 groupes et 112 millionièmes dans
le trimestre précédent (voir présent Tome des Comptes rendus, p. 674)-
(') Les observations de la deuxième quinzaine de septembre, au nombre de 11, ont
été faites par M. Luizet.
888
ACADÉMIE DES SCIENCES.
» La répartition de ces groupes entre les deux hémisphères est de 3 au
sud au lieu de i, et de 8 au nord au lieu de 5.
)) Le nombre des jours où le Soleil a été vu sans taches est de 62, d'où
il résulte un nombre proportionnel de 0,78, sensiblement le même que
celui du trimestre précédent (0,79).
» Régions cV activité. — Le nombre des groupes de facules a continué à
augmenter : on a eu i48 groupes au lieu de 90; mais leur surface totale
(27, o millièmes) est un peu moindre que dans le deuxième trimestre (29, o).
On en compte d'ailleurs dans l'hémisphère sud 37 au lieu de 49» et 91 au
lieu de [\\ dans l'hémisphère nord.
Tableau L — Taches.
Dates Nombre Pass. Latitudes moyennes Surfaces
extrêmes d'obscr- au mér.
d'obser?. Talions, central.
moyennes
réduites.
Juillet 1902. — o,g3
4
I
1,7
+ 23
4
7
I
6,6
— 3o
5
7
I
6,7
-f-28
3
27 j. — 30", o +25", 5
Août 1902. — 0,74
7- 8 1
1 5 I
17-18 2 21,3
2,4 I 23,0
4,6 -32
0,3
+25
+ 21 ,5
+17,5
Dates Nombre Pass. Latitudes moyennes Surfaces
extrêmes d'obser- au mér. — — "~- — — "- — - moyennes
d'observ. vations. central. S. N. réduites.
29
18-22
22-1 <='
22-23
Aoiit 1902. — 0,74 (suite)
I 23,5 +23,5 6
9.7 j. — 32",o +2l'',9
Septembre 1902. — 0,68
4 19,9
<j '-i? ; 9
2 28,0
■'9
25 j.
-22°, o +20°, 5
65
Juillet
Aoiît
Septembre .
Totaux..
Tableau IL
Sud.
V0°. 30°. 20°,
» I
I
»
Distribution des taches en latitude.
Nord.
Somme.
Somme. 0°
2
4
2
10°
20°. 30'
Totaux
40". 90°. mensuels,
) » 3
I » 5
> » 3
Surfaces
mensuelles
réduites.
12
23
286
021
Tableau 111, — Distribution des facules en latitude.
Sud.
90°. 40°. 30°. 20". 10°. 0°. Somme.
Juillet
Août
Septembre .
Totaux.. . 14
4 4
2 3
8 i9 9
21
20
16
57
N
ord.
Totaux
mensuels.
Surfaces
nme.
0». 10
20°.
30°
40°
90°.
réduites.
3o
I
5
5
4
i5
5l
8,4
36
4
2
7
3
20
56
9,8
23
3
'.i
4
4
T-2
4i
8,8
91
9 "6 II 47
o.j,o
SÉANCE DU 24 NOVEMBRE l()02. 889
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur ks fonctions monodromes à point singulier
essentiel isolé. Note de M. Edmond Maillet, présentée par M. Jordan.
« On peut toujours, grâce à un changement de variables, faire en sorte
que ce point critique soit co.
)) Soit donc F(:;) une fonction monodrome dans une région R compre-
nant tous les points du plan des z à l'extérieur d'une courbe fermée F con-
tenant l'origine ( ' ). On a dans R, d'après la série de Laurent,
<p( - I restant fini dans R, ainsi que ses dérivées et tendant même vers o,
avec -j <Po(^) étant une fonction entière.
» Il est naturel de classer la croissance de F(^) comme celle de 9o(^)-
F et çp seront en même temps d'ordre fini ou infmi pour ;s = oc. Nous dirons
que F(::) est une fonction quasi-enlière dans Kpour z = cci.
» On obtient alors, en appliquant à F (z) des raisonnements semblables
à ceux de la théorie des fonctions entières, les résultats suivants :
» I. On a dans R
F(^) = <?{^ + <?o(^) = :^,Q(^)^^'
où k est un entier nul ou positif, Q(z) une fonction entière, 'l)(z) une
fonclioii monodrome et finie d;ms R.
M F, (po, Q sont simultanément d'ordre fini ou infini.
» II. La condition nécessaire et suffisante pour que la croissance
de F(:;), supposé d'ordre fini j)our z = co, soit régidière, pour s = oo, est
que la distribution de ses zéros soit roguhère aux environs de ce point; il
en est alors de même pour Ço(^)'
» III. Supposons que F{z) oit réelle, d'ordre <2 pour 5 = ^o, et n'ait
dans R qu'un nombre limité de racines imaginaires.
)) Si F(z) a une infinité de racines réelles, il en est de même de sa
dérivée, et, dès que (z) dépasse une limite déterminée, entre deux racines
(^) On peut également le supposer grâce à un changement de variables.
C, R., 1902, 2' Semestre. (T. CXXXV, N" 21.) II7
890 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de F(^) il y a une et une seule racine réelle de F'(^) : de plus F'(-) \\'i\
qu'un nombre limité de racines imaginaires.
» Si la fonction F (5) n'a qu'un nombre limité de racines, la dérivée a un
nombre limité de racines.
» IV. Si F est d'ordre p et donné, parmi toutes les fonctions F(p — <p, où
o et <p, sont des fonctions quelconques de même nature mais d'ordre -< p,
il y en a une au plus d'ordre rée! inférieur à p.
» Parmi les équations F — — == o il y en a une au plus telle que l'expo-
sant de convergence de la suite de ses racines soit inférieur à p.
)) V. Si F est donné "et tel que
F < /' ""
(m constante) pourr= l^:;], et si o, o,, t]^, ^J;, sont des fonctions d'ordre
fini dans R telles que
9h — (Lcp, ^ o,
les deux fonctions cpF — <p,, ^^F — ^j^, ne peuvent être toutes deux d'ordre
réel fini que si F est d'ordre fini.
)) Parmi les équations F = -^, où F est donné et d'ordre infini, il y en a au
plus une telle que la suite de ses racines ait un exposant de convergence
fini.
)) On retrouve ainsi, dans les deux cas particuliers que l'on peut consi-
dérercomme les plus importants, un théorème remarquable deM.Picard('),
sur les raciues d'une fonction monodrome aux environs d'un point essentiel.
» VI. Une fonction quasi-raéromorphe $ dans R pour z = co (c'est-à-dire
qui n'y a que des zéros et des pôles en dehors de co) est le quotient de
deux fonctions quasi-enlières dans R pour 2 = co.
» L'ordre de O sera le plus grand tus ordres de ces deux fonctions.
)) VII. Parmi toutes les fonctions <ï> — o d'ordre fini p, cp étant une quel-
conque des fondions analogues à <ï>, mais d ordre <] l'ordre p de <ï>, il
y en a une au plus d'ojdres réels tous inférieurs à ceux de 0, deux au
plus telles que les exposants de convergence des suites des modules i^le
leurs racines soient inférieurs à p (-).
(i ) Traité d'Analyse, t. III, p. 346.
(-) Comp., pour tout ce qui précède, BouEL, Leçons sur les fonctions entières
(Paris, 1900) et Annales de l'Ecole Nonnale, 1901, p. 21 j, et noire Cominunicalion
du 17 février 1902,
SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1902. 89 1
» En résumé, beaucoup des j3ropriétés des fonctions entières et quasi-
entières s'étendent, souvent avec des démonstrations semblables, aux fonc-
tions monodromes à point singulier essentiel, aux environs de ce point,
principalement les propriétés asymptotiques. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur une extension de la notion de périodicité.
Note de M. E, Esclangox, présentée par M. Painlevé.
« On rencontre dans un certain nombre de problèmes des fonctions qui
peuvent se mettre sous la forme de fonctions de fonctions périodiques de
périodes différentes. Il est possible de faire parmi ces fonctions une classi-
fication spéciale, en montrr.nt qu'elles appartiennent à une classe plus
générale de fonctions, dont les propriétés tiennent à une extension nou-
velle de la notion de périodicité. Ces fonctions peuvent se rencontrer dans
des problèmes divers où se mêlent en quelque sorte des éléments pério-
diques différents et semblent y jouer un rôle important. Je me bornerai
dans celte Note au seul cas des fonctions de variables réelles; et je me ser-
virai de quelques propriétés très simples et faciles à établir.
» Soit F(,r,, iTo, ..., £r„) une fonction continue des variables a?,, ^2» •••^
x^. On dit que les nombres réels a,, a,, . . ., a„ sont les éléments d'une
période w si l'on a identiquement
Y{x^ H-a,,a72-|-y.,,, . . .,a7„-4-a„) =^¥{x^,X.^, .. . , .^„),
le nombre ya^ -h a^ H-. . .+ y^ est le module de la période considérée.
)) La fonction F(^,, x^, • • . , x^,') est dite linéairement irréductible si, par
toute substitution linéaire sur a?,, x.,^ ..., a7„ il est impossible de la ramener
à une fonction d'un nombre moindre île variables; si elle est réductible,
on peut la ramener à une fonction <ï>( v,, y^, . • . , r^ ) {p<in), fonction
irréductible de /,, J^2» • • • » Yj,-
» Une fonction irréductible ne peut admettre des périodes dont le mo-
dule soit inférieur à tout nombre donné. L'ensemble des périodes est dans
ce cas un ensemble dénombrable. On peut choisir p périodes ^M^ , Wo, ..., Wp,
de telle façon que toute période m soit une somme géométrique de la
forme 7n(o}^ ) h- m((ù.,) -+-...-•- m(w^), m,, m.., .... nip étant des nombres
rationnels et même des entiers positifs ou négatifs. Le nombre/?, toujours
inférieur ou au plus égal à n, est l'ordre périodique de la fonction F.
» Si la fonction F est réfhictible, l'ordre périodique est celui des fonc-
tions irréductibles qu'on déduit de F par des substitutions linéaires conve-
892 ACADÉMIE DES SCIENCES.
nables. L'ordre périodique reste inaltéré par toute substitution linéaire à
déterminant différent de o.
» Soient maintenant at,, «o, . . ., a«, n nombres réels non nuls que j'ap-
pellerai des périodes; les périodes seront dites indépendantes s'il n'existe
aucune relation de la forme
Al An A ,,
— + — -h. . .+ — = O,
dans laquelle >,, "Xo» • • •» ^-« désignent des coefficients rationnels positifs ou
négatifs.
» Si a,, «2' • • •> (^n sont des périodes indépendantes, je dirai que la pé-
riode a appartient au corps de ces périodes, quand elle est dépendante
avec a,, a^, ..., a^. L'ensemble des périodes <2 définit un corps périodique
d'ordre n.
» Si a,, «2, . . ., a^ sont des périodes dépendantes, on peut toujours les
considérer comme des éléments d'un corps d'ordre/? <^ n.
n Soient ât,, «2, . . ., <2„, n périodes indépendantes ou non, je dirai que
a?,, œ^, . . ., cc,i définissent un élément du champ absolu des périodes, s'il
existe un nombre x et des entiers m,, m^, . , ., m„ vérifiant
X H- m, « , = ^, , X -h m^ «2 = ^2» • • • » x -h m,^ a^ = cr„.
» Le champ absolu est un ensemble d'éléments dont les éléments
limites constituent le champ total, et j'établis le théorème suivant : 6V les
périodes a, , «2» • • •» ^« ^^^^ indépendantes , le champ total se compose de tous
les points de l'espace à n dimensions; en d'autres termes, a?<, ^o» • • •» ^n
étant arbitrairement choisis, on peut trouver x et des entiers Tn^, m.,, . . .,
m„, tels que les différences
a: -h w , a, — x, , x -{- ni.^a^— x^^ x -\- m^a,, — x„
soient aussi petites que l'on veut. Si «,, «2» • • • ? ^« sont dépendantes, ces
différences ne peuvent être rendues infiniment petites que s'il existe entre
Xf, x.^, ..., x,i certaines relations linéaires qui se déduisent aisément de
celles existant entre les périodes. Dans tous les cas, le nombre des variables
x^yXç^, ..., Xn qui pcuvcnt être arbitrairement choisies est égal à l'ordre du
corps des périodes «j , a^, . . . , «^.
» Ceci posé, soienl/(a;) une fonction continue pour toute valeui* .r ; a,,
«2» ..., «7» des périodes indépendantes ou non ; x^, x^, . . . , a7„ un élément
SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1902. 898
quelconque du champ total. Par hypothèse même, les différences
a; 4- m, a, — £r, , . . . , x ^ m,ian — x^
peuvent être rendues infiniment petites,
» Nous dirons quef(x) est une fonction quasi-périodique si, étant donné
£ aussi petit que l'on veut, on peut trouver S tel que, sous les conditions
on ait
I / {^X j iJi^X^ , X2, - • ' , X,^ j I _ £,
et cela pour tous les éléments du champ total. Le nombre L, s'il existe, est
donc une fonction de l'élément du champ total : c'est une fonction de
p variables indépendantes si le corps des périodes a est d'ordre p, elle est
d'ailleurs périodique j)ar rapport à chacune des variables x,, x^, . . ., x^et
vérifie l'identité /(x) --= L (x, x, .. . , x). Un problème qui se pose immé-
diatement est celui de la recherche de tous les systèmes de périodes a, qui
peuvent jouer vis-à-vis de /{x) le même rôle que a,, «3, . . . , «„. On voit
aisément que, parmi les périodes a,, «2. ■■■, an, on peut se borner à celles
d'entre elles qui sont indépendantes : si p est leur nombre, on obtient ainsi
une certaine fonction L{x^, x.,, . . . , Xp).
» J'appellerai ordre périodique de la fonction /(x), l'ordre périodique q
delà fonction des p variables indépendantes L (07,, a^o, ...,x^,). Le nombre ^
est un entier caractérisant essentiellement la fonction /(ic) au point de vue
de la périodicité. Si ^ = i on retombe sur la périodicité ordinaire. On dé-
finit enfin l'existence d'un corps de périodes, corps d'ordre q, tel que q pé-
riodes indépendantes, arbitrairement choisies dans ce corps P, peuvent
jouer vis-à-vis de y^(^) le rôle que j'ai attribué à a^, tZo, . . ., f^ni^q est tou-
jours inférieur ou au plus égal à n). A chaque système a,, y.^, . . . , a^ de
périodes ainsi choisies correspond une fonction L(a;,,^2, . . . , x^), que
j'appelleraiyb/2c//o/i associée nécessairement irréductible, périodique sépa-
rément par rapport à chacune des variables.
)) On passe d'une fonction associée à une autre fonction associée par
des formules de substitutions linéaires très simples. Le corps des pé-
riodes P est le corps des périodes de la fonction /(x).
» Une classe importante de fonctions quasi-périodiques est celle des
fonctions de fonctions périodiques. Si u^(x), u<y{x), . . . , u^{x) sont des
fonctions continues simplement périodiques, toute fonction continue
uniforme ¥[u^{x), u.^^x), . . ., u,i(x)] est une fonction quasi-périodique
894 ACADÉMIE DES SCIENCES.
d'ordre au plus égal à n. Plus généralement toute fonction de fonctions
quasi-périodiques est elle-même quasi-périodique. J'ai obtenu, dans ces
divers cas, des théorèmes précis qui seront publiés dans un travail en
cours sur ces fonctions. J'ai pu obtenir également divers développements
en séries des fonctions quasi-périodiques, notamment la généralisation du
développement de Fourier, développement unique, représentant la fonc-
tion pour toute valeur de œ. »
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Sur un carburateur automatique pour moteurs
à explosions. Note de M. A. Krebs, présentée par M. Maurice Lévy.
« Si, dans un moteur à explosions employant un combustible liquide,
la pression motrice de l'écoulement est désignée par H pour l'air, elle est
(H — A) pour le liquide, h représentant la différence de niveau entre
l'orifice du gicleur et le niveau du liquide au repos, plus l'effort nécessaire
pour vaincre la force capillaire qui retient le liquide. Le rapport des poids
d'air et de liquide écoulés devant rester constant, on peut poser, en appe-
lant : D la densité de l'eau; ^ celle de l'air; d celle du combustible; S la
section d'entrée d'air; s la section d'entrée du combustible,
» L'orifice s étant constant, la section S devra varier en même temps
que H.
» La courbe des valeurs de S {fig. i), montre que la section d'entrée
d'air croît très rapidement à partir de H = A pour croître ensuite de moins
en moins vite.
» J^a vitesse minima du moteur à la puissance minima correspond à la
valeur H,„; on composera donc S de deux parties : l'une, constante, cor-
respondant à H„,; l'autre variable, z, telle que S — cr 4- z. En prenant la
dérivée de S par rapport à H, on obtient une courbe dont la partie de l'aire
comprise entre l'ordonnée H,„, la ligne des abscisses, la courbe et l'ordon-
née H„ représente la section, pour la pression H„, de l'ouverture addition-
nelle z, tandis que l'aire comprise de la même façon entre H„ et H,„ repré-
sente la section c
SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1902. S^D
» L'ouverture additionnelle peut donc être réalisée pratiquement en
disposant sur l'aire de la section z un tiroir se déplaçant proportionnelle-
ment aux valeurs de IL
» Mécaniquement, cette solution est obtenue en faisant mouvoir ce
tiroir par un piston sans frottement soumis à l'action delà pression H d'une
part et à celle d'un ressort convenablement calculé d'autre part.
Fis
» On constate, dans la pratique, que la section additionnelle d'entrée
d'air, telle qu'elle vient d'être déterminée, est insuffisante. Il y a, en effet,
une cause perturbatrice due à ce que l'écoulemeut du liquide ne se fait
pas exactement comme celui de l'air. Ce dernier est, à chaque instant, pro-
portionnel à la vitesse du piston, c'est-à-dire possède des variations de
formes sinusoïdales, tandis que l'écoulement du liquide ne suit [las la
même loi lorsque les battements de l'aspiration sont très rapides, ce qui
est le cas pour les moteurs qui nous occupent. Le rapport des quantités
écoulées, qui devrait être ^ — > tend à devenir On introduira dans
Si> -
1
l'équation (i) un terme de correction de la forme ;=■
^ \ ■' 2 y/H
896 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» a est déterminé par la condition que le coefficient soit égal à l'unité
pour H,„. On a alors
/d f T. Ci \ /il — h
S ^= sL
dont la dérivée est
V 0 [2 "v/h)V h
_ a(2A — H)
» Ces deux courbes sont représentées en pointillé.
» Ce terme de correction n'est pas absolu, il n'est qu'approché; car la
pression H n'est pas toujours proportionnelle au nombre de tours. En
outre, tel qu'il est constitué, ce ternie de correction ne peut être employé
que pour des moteurs dont la vitesse minima ne tombe pas au-dessous de
i5o tours environ par minute.
» Il serait trop long d'exposer ici les considérations ayant trait à l'éta-
blissement du terme de correction applicable à des moteurs à allures
lentes. Pour le moment, nous n'avons en vue que des machines dont le
nombre de tours varie de i5o à 1200 et au delà. Dans ce cas, la solution
indiquée est pratiquement exacte, parce que le rapport C, que nous avons
supposé constant, peut varier entre des limites qui permettent un écart
de carburation plus grand que cekii résultant de l'erreur commise par le
terme de correction introduit.
)> D'après la figure 2, la vitesse du moteur est réglée par la position du
piston F venant obturer plus ou moins la lumière du conduit J. La
chambre C est soumise à une dépression qui détermine l'écoulement de
l'air par A, et celui du liquitle par D. Le piston P supporte cette même
dé(>ression par le conduit L; il appuie donc sur le ressort R et force le
tiroir R à découvrir les orifices M proportionnellement à celte (iéj)ression.
L'ouverture additionnelle ainsi créée laisse entrer la quantité d'air néces-
saire pour mainlenir consîant le ra|)port des poids d'air et de liquide qui
se rendent aux cylindres par la lumière du conduit J.
» L'exactitude piatique des coiisidérations qui ont servi de base à cette
étude d'un carburateur automatique a été vérifiée par l'expérience. L^n
appareil, construit d'après les formules ci-dessus et appliqué à un moteur,
a permis immédiatement de faire varier la vitesse de ce moteur dans de très
grandes limites en conservant, au besoin, la même puissance au coup
SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1902. 897
moteur. Ce résultat prouve que !a constance du mélange g; zoux est obte-
nue par notre dispositif. »
Fig. 2.
A, Entrée d'air de section constante.
C, Chambre de pulvérisation.
D, Gicleur pour le liquide; ce dernier est maintenu au moyen d'un vase à niveau constant à S"""
environ au-dessous de l'orifice supérieur.
F, Registre d'admission du mélange se rendant aux cylindres.
J, Lumière et conduit allant aux cylindres.
K, Tiroir d'entrée d'air additionnelle.
L, Cylindre mettant en communication, avec la chambre C. le piston V et les orifices M, lorsqu'ils
sont découverts.
M, Orifices d'entrée additionnelle d'air.
P, Piston sans frottement, logé dans le cylindre G.
Q, Membrane élastique formant joint à déroulement.
R, Ressort équilibrant la dépression d'aspiration et assurant les déplacements du tiroir Is. propor-
tionnellement à cette dépression.
S, Orifice de communication avec l'atmosphère de la partie supérieure du piston P, formant, par
sa petite dimension, amortisseur de vibrations.
C. R., 1902, a» Semestre. (T. CXXXV, N" 21
IlH
8q(S ACADÉMIE DES SCIENCES.
ÉLASTICITÉ. — Sur la construction d' électrodiapasons à longues périodes
variables. Note de M. E. Mercadier.
« Dans le numéro du 17 novembre des Comptes rendus, M. Maurice
Dupont décrit un diapason susceptible de donner, à l'aide de curseurs,
des nombres de variations variant de 4 à 16 par seconde, et il dit à ce sujet
(p. 878) : « ... vu le chiffre des vibrations obtenu, je ne sache pas qu'il ait
» été encore construit de diapason donnant un nombre aussi faible de
» vibrations ».
» J'ai fait construire, il y a déjà 23 ans, un diapason de ce genre, pour le
laboratoire de l'École supérieure de Télégraphie. Il a environ So*^"" de
longueur, 5"^™ d'épaisseur, et il est en fonte malléable, ce qui facilite
beaucoup la construction. Son mouvement était entretenu électriquement
par le procédé que j'ai indiqué en 1873. A l'aide de deux curseurs pesant
environ 2.^^ chacun, glissant le long des branches, on pouvait faire varier
les nombres de vibrations de 4 à 10 ou 12. La graduation d'un appareil de
cette espèce se fait aisément en enregistrant les oscillations sur un cylindre
recouvert de papier enfumé, en même temps que celles d'un pendule
battant la seconde.
» Je n'ai rien publié à ce sujet, les expériences pour lesquelles cet in-
strument devait être utilisé n'ayant pas été faites. »
PHYSIQUE. — Sur r ionisation d' une flamme salée .
Note de M. Georges Moreau, présentée par M. Mascart.
a A température constante, la conductibilité d'une flamme salée, par
vaporisation d'une solution alcaline, dépend de la force électromotrice E,
de la distance des électrodes plongées dans la flamme et de la concentration
de la solution. Si E seule varie, la conductibilité, d'abord proportionnelle
à E, tend vers une valeur limite dite de saturation.
» D'après Arrhénius, la conductibilité serait due à l'ionisation des mo-
lécules salines par la chaleur. D'après Wilson (* ), l'ionisation serait loca-
(*) WiLSON, Philos. Trans., 1899.
SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1902. 899
lisée avec deux électrodes. Les expériences suivantes m'ont permis de
préciser le mécanisme de la conduction des flammes.
» I. Deux petits condensateurs plans en platine sont superposés dans une flamme
salée. On charge le condensateur inférieur à une forte différence de potentiel, et l'on
observe avec un galvanomètre la conductibilité du second. Elle ne varie pas, que le
premier soit ou non chargé. Donc, la dissociation n'existe pas dans la vapeur saline
avant l'Introduction des condensateurs, car le condensateur inférieur chargé absorbe-
rait tous les ions.
» II. De part et d'autre d'une flamme salée B brûlent, en contact avec elle, deux
flammes non salées de mêmes dimensions, A et C. L'une des armatures d'un conden-
sateur est fixée dans C, l'autre a est, à la même hauteur, mobde à travers les trois
flammes. L'armature a étant positive ou négative, on détermine, pour chacune de ses
positions et avec un champ électrique constant, la conductibilité du système. Aussitôt
que a touche la flamme salée, la conductibilité s'accroît brusquement : considérable-
ment si a est négative et faiblement si elle est positive. La conductibilité d'une flamme
salée est donc nettement unipolaire, et l'ionisation surtout active autour de l'armature
négative. ,
,) III. Pour connaître l'ionisation autour de l'armature négative, on étudiera la
variation de la conductibilité d'une flamme salée avec la distance des armatures d'un
condensateur plongé dans la flamme, la température des deux lames restant constante.
On opérera avec un champ électrique Invariable, assez élevé pour produire a peu près
le courant limite. Alors presque tous les ions formés concourent à la décharge et 1 on
n'a pas à se préoccuper de ceux qui disparaissent par recombinaison ou entraînement
de la flamme.
„ Si .V est la distance des électrodes, on trouve que le courant est très exactement
représenté par la formule
(,) I = ïo(l-e-'-),
e base des logarithmes népériens, L fonction croissante du champ, de la température
des électrodes et de la nature du métal du sel; k est indépendant du sel et du champ
et varie lentement avec la température. Enfin l, et k ne dépendent pas de la nature
des armatures du condensateur.
,) La formule (i) donne, pour rionisation dans une tranche-unité à la distance ^ de
l'armature négative,
"^^ —kl e-'^'^
» L'ionisation décroît donc suivant une exponentielle de la distance oc.
)) Conclusion. - D'après l'expérience II, la conductibilité unipolaire
d'une vapeur saline est analogue à celle d'une masse d'hydrogène qui
entoure un filament de carbone incandescent ou à celle d'une masse
gazeuse qui touche un métal illuminé par des radiations ultra-violettes.
900 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Dans ces deux cas, les expériences de Thomson ont établi la pro-
duction de corpuscules négatifs à la surface de contact du métal et du
gaz. Pour une flamme salée, il semble naturel d'admettre que ces
corpuscules se forment aussi au contact d'une électrode négative incan-
descente. Ils seront détachés des molécules salines probablement grâce
à l'énere^ie cinétique que celles-ci reçoivent de la surface du métal. Une
charge négative activera leur séparation, une charge positive la retar-
dera. Ces corpuscules lancés dans la flamme ionisent la vapeur du sel
à la façon des radiations uraniques (' ), d'où la formule (2).
» Une des conséquences de cette interprétation a été observée par
Arrhénius : la conductibilité est proportionnelle à la dissociation corpus-
culaire négative, c'est-à-dire à l'énergie absorbée par la couche gazeuse
superficielle; elle sera donc proportionnelle à l'intensité des radiations
émises par la vapeur saline et, par suite des expériences de M. Gouy (-),
à la racine carrée de la concentration de la solution vaporisée. »
CHIMIE MINÉRALE. — Quelques observations sur V oxyde uraneux . Note
de M. OEcHSNER de Coninck, présentée par M. H. Moissan.
« Si l'on calcine à l'air le chlorure d'uranyle, il perd son chlore et se
transforme en oxyde vert
U0^CI- = U0=^+2G1
3UO='^-20 = U«0^
» J'ai répété cette expérience avec du bromure d'uranyle et j'ai constaté
que, même en prolongeant la calcination, les choses ne se passaient pas de
la même manière.
» Le bromure d'uranyle perd tout son brome et le radical UO^ restant
se transforme en une masse rouge brique, qui demeure stable à haute tem-
pérature. Pensant que j'avais peut-être affaire à un oxyde nouveau, j'ai
essayé de faire la réduction à chaud, dans un courant d'hydrogène pur et
sec. Dans ces conditions, l'oxyde rouge brique ne perd que des traces
d'eau (0^,0026 et of'',oo23) et se transforme peu à peu en une motlification
noire. On voit donc : i*^ que l'oxyde uraneux, engagé dans la combinaison
(1) RUTHERFORD, Plltlos. Mag., 1899.
(^) Gouy, Annales de Chimie et de Physique, 1879.
SÉANCE DU 2\ NOVEMBRE 1902. • goi
avec le brome, se transforme d'abord en une modification rouge brique,
puis en une modification noire; 2° que l'oxyde uraneux, qui existe dans le
chlorure d'uranyle à l'état de radical, est différent en ce qu'il est moins
stable et se transforme en oxyde vert par l'action de la chaleur.
» Dans la calcination cki bromure d'ur myle, le départ du brome est très
net; cette réaction permet donc de vérifier expérimentalement le poids
moléculaire de l'oxyde uraneux et le poids atomique du brome :
1. Poids de UO^Br- = 0^5,000 / . .
. , , • • ri rapport : 1 ,.>i.);
Apres calcinatiori r:z o", ooo 1
UO- 272
IT. Poids de U02Br2 = os, 8180 j
Après calcination =r os, 5179 \
rapport : i,579-
III. Poids de UO^Br^^ os,6544 )
UO^Br^-UO^ = os,24i3 î ^«PP-^ = ^'7M
or,
UO^Br^ _ 432 _
U0'-Br2— UO2 ~ 160 ~ ^^'^°'
IV. Poids de U02Br2 = 08,8180 )
U0'-Br^-U0^=os,3ooi j ^'«PP^^^'^ ^ ^'7^-
» L'expérience (III) donne, pour Br, 79,6; l'expérience (TV) donne
79,2. Moyenne = 79»4- L'approximation est suffisante. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les combinaisons des cyanures complexes avec
les aminés de la série grasse. Note de M. P. Chrétiex, présentée par
M. A. Ditte.
« Quelques-unes de ces combinaisons ont été décrites. M. L. Barth (')
a obtenu le ferrocyanure de tétraméthylammonium en paillettes jaunes
hexagonales ayant pour composition FeCy*^ [Az(CH^)'']'' H- i3H-0. M. Fis-
cher (^) a reconnu le premier que les aminés tertiaires donnent des ferro-
cyanures acides peu solubles dont il a préconisé l'emploi pour la séparation
de ces bases. La triéthylamine donne, d'après ce savant, une combinaison
(•) Berichle, t. VIIÏ, p. i484.
(2) Berichte, l. XXXI, p. 4i4.
902 ACADÉMIE DES SCIENCES.
facilement altérable à l'air, dont la composition, établie à l'aide du
dosage du fer, répond à la formule FeCy''H% 2 [(G^H')^' Az]. Ce sel ainsi
que quelques autres sont obtenus par la réaction du ferrocyanure de
DOtassium sur des solutions très acides des sels d'aminés. Le même procédé
a permis à MM. C. Wursterch, L. Roser (') de préparer quelques sels
acides avec les dérivés nitrosés des aminés, sels qui ont une composition
analogue à la précédente; il en est de même des sels préparés par
M. Eisenberg (").
» La saturation méthodique des acides ferrocyanliydrique et ferricyan-
hydrique par les isoamy lamines primaire, secondaire et tertiaire m'a permis
d'obtenir une série de sels bien cristallisés. L'acide ferrocyanliydrique
préparé par la méthode connue, en passant par la combinaison élhérée,
était employé soit en solution aqueuse, soit en solution alcoolique; l'acide
ferricyanhydrique, préparé par action de l'acide sulfurique sur le sel de
baryum, était employé en solution aqueuse. J'ai fait agir successivement
I, 2, 3 et 4 molécules d'aminés sur i molécule du premier de ces acides;
I, 2 et 3 molécules sur i molécule (FeCy'^H^) du second.
» Tous les sels obtenus ont été desséchés sur l'acide sulfurique avant
l'analvse.
» Yi'isoamy lamine primaire a donné un seul sel acide très bien cristallisé, souvent
en très gros cristaux, à peine teintés de jaune, qui verdissent rapidement au contact
de l'air; leur composition est représentée par la formule FeCy'^H^ 2 G^H^^ AzH-, H^O.
Ge sel est soluble dans l'eau et l'alcool.
» Le sel saturé est également très soluble; il s'obtient facilement en lamelles
presque blanches et répond à la formule FeGy^H'', 4G'*H" AzH-.
» L'acide ferricyanhydrique donne également deux sels : le premier est un sel
acide de formule FeGy^H^, 2G^H^^AzH- donnant des cristaux d'une couleur jaune
rougeàtre; le second est le sel saturé, il cristallise également bien, est jaune et a pour
formule FeGy«H%3G^H»i AzH^
» \^ isoamy lamine secondaire donne immédiatement, avec l'acide ferrocjanique,
un précipité blanc cristallin. Ge sel est extrêmement peu soluble dans l'eau et dans
l'alcool; il se dissout un peu mieux dans l'alcool méthylique où il donne de très beaux
cristaux d'apparence cubique, presque incolores, mais se ternissant et prenant rapide-
ment une teinte verte au contact de l'air. G'est un sel acide dont la formule est
FeG3/8HS(G5H")=AzII.
L'action de 2. ou 3 molécules de la base sur i molécule de l'acide donne également un
(•) Berichte, t. XXXIV, p. 896.
(-) Liebig's Annalen, t. GGV.
SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1902. 90 -^
précipité blanc semblable au précédent, moins abondant toutefois, et une liqueur
jaune; cette dernière se produit seule quand on fait agir 4 molécules de base. Elle
constitue probablement une solution du sel saturé; mais, soumise à l'évaporation dans
le vide sur l'acide sulfurique, elle se réduit à une sorte de gomme qui ne cristallise
jamais, quels que soient les moyens employés à cet effet. Toutefois, après plusieurs
dissolutions et évaporations, au cours desquelles on voit apparaître un précipité vert,
indice de décomposition partielle, on finit par obtenir de beaux cristaux prismatiques
jaunes qui ne sont plus formés par un ferrocyanure, mais bien par le ferricyanure
saturé.
» Quant au ferrocyanure saturé il paraît être incristallisable.
» La saturation de Facide ferricyanhydrique donne deux sels : l'un est le sel saturé
dont il vient d'être question, il se dépose en très beaux cristaux jaunes qui sont quel-
quefois des aiguilles et souvent d'assez gros prismes répondant à la formule
FeCy«H%3(G^H")2AzH; ce sel est soluble dans l'eau et l'alcool.
» L'autre ferricyanure, le sel acide FeCy^H*, 2(C^H")^AzH, se présente sous la
forme de très petites aiguilles jaunes groupées en houppes, solubles également dans
l'eau et l'alcool.
» La triisoaniy lamine donne avec l'acide ferrocyanhydrique un précipité blanc
cristallin qui paraît encore plus insoluble que le sel correspondant de la base secon-
daire; l'alcool méihylique n'a pas permis de le faire cristalliser. Ce sel acide, qui
verdit à l'air, a pour formule FeCy''H*(C^H'^)^ Az.
» Il m'a été impossible d'obtenir d'autres ferrocyanures cristallisés. L'acide ferri-
cyanhydrique a donné deux sels solubles, qui sont jaunes l'un et l'autre. L'un est le
sel saturé FeCy^H^, 3 (C^H")^Az, l'autre est un sel acide dont la composition peut
être représentée par la formule FeCy'''H^, (C^H'^)^Az, H-0.
» Les ferric} anures acides de ces bases sont peu stables; pendant la cristallisation
ils subissent une décomposition plus ou moins avancée qui se traduit par l'odeur de
l'acide cyanhydrique et la formation d'un dépôt bleu; ils tendent à redonner le sel
saturé.
» L'existence de ces sels semble montrer une diff'érence bien nette dans l'action des
aminés secondaires et tertiaires sur les acides ferrocyanhydrique et ferricyanhydrique.
Pour le premier, les sels acides, très peu solubles, s'obtiennent facilement; pour
le second c'est, au contraire, le sel saturé qui tend toujours à se produire par suite de
la décomposition des sels acides qui sont solubles.
» Les lacunes qui existent dans cette série de sels seront comblées, je
l'espère, par l'étude que j'ai entreprise des sels formés par les propyl-
amines. »
CHIMIE INDUSTRIELLE. — Procède de dosage de La glycérine dans le vin.
Note de M. A. Trillat, présentée par M. Arnj. Gautier.
« Ce procédé repose sur la propriété que possède l'éther acétique, dé-
barrassé de ses impuretés, de dissoudre la glycérine dans une proportion
9o4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
d'environ 9 pour 100 à la température ordinaire, à l'exclusion des autres
éléments contenus dans l'extrait sec d'un vin.
» Parmi les nombreuses méthodes préconisées pour le dosage de la
glycérine, basées les unes sur l'extraction directe du produit par divers
dissolvants, les autres sur l'entraînement de la glycérine et son évaluation
par voie colorimélrique, celle qui donne les résultats les plus constants
consiste dans l'extraction par le mélange éthéro-alcoolique que tous les
chimistes connaissent. Mais la glycérine extraite par ce procédé est très
impure : c'est ainsi qu'un vin, traité avec tous les perfectionnements
apportés à cette méthode, a donné une glycérine qui, à l'analyse, a fourni
les chiffres suivants :
Glycérine extraiLe. Théorie.
Carbone 4^ ^9, i3
Hydrogène 9? 10 8,70
Oxygène (par diff.). .. . 48,90 ^2,17
100,00 100,00
» Ce n'est pas tout : la glycérine ainsi extraite laisse un résidu minéral
relativement considérable, qu'on peut évaluer de 5 à 12 pour 100 de son
poids.
» Il est facile de se rendre compte, par expérience, de la cause de ces
résultats. L'alcool, même absolu, dissout, à la faveur d'une très petite
quantité de glycérine, certaines matières extractives et une notable pro-
portion de sels minéraux : la présence de l'éther ne fait qu'amoindrir ces
inconvénients sans les supprimer. Il en résulte que, quelles que soient les
proportions du mélange éthéro-alcoolique, on obtient toujours un produit
impur, d'aspect jaunâtre, à peine édulcoré, et dont la composition est très
éloignée de celle de la glycérine. L'emploi de l'éther acétique dans cer-
taines conditions déterminées supprime ces inconvénients.
» Description de la méthode. — On mesure So*^'"' de vin et on Jes verse dans une
petite capsule en argent placée au bain-marie. On évapore avec précaution, à une tem-
pérature d'environ 70°, les | à peu près du liquide. A ce moment, on ajoute dans la
capsule 5ë de noir animal pulvérisé, on mélange intimement avec le résidu et l'on con-
tinue d'évaporer jusqu'à siccité complète. Le résidu, après refroidissement, est broyé
dans un mortier avec 5s de chaux vive. Le mélange se présente alors sous forme d'une
poudre grise ne s'agglutinant pas et n'adhérant pas aux doigts. Cette poudre est
placée dans un flacon et fortement agitée pendant quelques minutes avec So*^""' d'éther
acétique desséché et débarrassé d'alcool. On filtre en décantant et en ayant soin de
repasser les premières portions du liquide qui entraîne un peu de chaux au début et
l'on recommence une deuxième fois le même traitement. On obtient ainsi un liquide
SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1902. Ç)o5
absolument clair (•) contenant en dissolution la totalité de la glycérine qu'il s'agit
maintenant de séparer. Dans ce but, l'éther acétique est évaporé en plusieurs fois
dans une capsule tarée semblable à celle dont on se sert pour les extraits de vin,
d'abord au bain-marie pour chasser la plus grande partie de l'éther acétique, puis à
l'étuve à 60° jusqu'à poids constant (i''3o™ environ).
» Il reste à peser la capsule munie de son couvercle et à évaluer par différence le
poids de la glycérine en prenant des précautions que nécessite la grande hygroscopicité
du résidu.
» La glycérine ainsi obtenue est à peine colorée en jaune paille, elle a un goût
franchement sucré : ce résultat n'est donné par aucune autre méthode.
» La combustion d'une glycérine extraite d'un vin traité par la méthode précédente
a donné les chiffres suivants :
Carbone 38,86
Hydrogène 8,62
Oxygène (par différence) 52,52
» Le résidu minéral n'atteint pas i pour 100 du poids de la glycérine : on peut le
négliger dans les cas ordinaires.
» L'éther acétique doit être soigneusement déshydraté et débarrassé par distillation
de l'alcool qu'il contient presque toujours comme impureté.
» La chaux en poudre a pour but d'enlever les dernières portions d'iiumidité et de
neutraliser l'acidité de l'extrait. Dans des essais à part, j'ai constaté que la chaux
vive (^), dans les conditions où elle est employée, n'avait aucune action chimique sur
la glycérine. 11 est nécessaire d'opérer en l'absence complète d'humidité.
» Si l'on a plusieurs dosages de glycérine à effectuer, on peut récupérer facilement
par distillation les | de l'éther acétique employé.
» Je me sers depuis plusieurs années de cette méthode pour évaluer la
glycérine dans les vins et même dans le cas de vins glucoses à 3o^ par litre.
Elle présente l'avantage sur les autres procédés d'être d'une exécution
rapide en permettant d'isoler le produit à doser à un degré suffisant de
pureté. »
(^) L'addition d'éther ordinaire dans la solution de glycérine la précipite immédia-
tement et complètement. J'ai utilisé pendant quelque temps cette propriété pour
doser volumétriquement la glycérine. Mais, pour le vin, j'ai reconnu que cette méthode
n'offrait aucun avantage sur la méthode pondérale.
(^) Divers autres déshydratants, tels que le chlorure de calcium, le carbonate de
potasse, la baryte, le sulfate de chaux, ont été essayés. Ces produits ont donné de
moins bons résultats que la chaux vive.
G. R., 1902, 2« Semestre. (T. CXXXV, N" 21.) *'9
9o6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ANATOMIE COMPARÉE. — Sur la Structure des muscles de l'Anomia ephippium.
Note de M. Jobert, présentée par M. A.lfred Giard.
« Une fois fixée par son byssus lamellaire qui, plus tard, deviendra
l'ossicule, l'Anomie paraît condamnée, sauf accident, à l'immobilité; mais,
si elle ne peut exécuter de mouvements de translation, elle s'ouvre cepen-
dant et reste même, le plus souvent, ouverte, comme on peut s'en assurer
quand on l'observe dans une eau tranquille. Les bords du manteau
s'avancent jusqu'au bord de la coquille et le pied si grêle s'allonge, se
meut, dans tous les sens, explorant l'extérieur comme le ferait un organe
tactile volontaire. A la moindre agitation, vite le pied se rétracte et la
valve inférieure plate vient brusquement s'appliquer sur la supérieure;
l'animal se ferme mais ne tarde pas cependant à s'ouvrir de nouveau. Mais,
outre ce mouvement de défense, la valve en exécute d'autres semblables
à des intervalles presque réguliers, et si, après avoir détaché l'Anomie, on
la place soit dans l'eau, soit même à l'air libre, on constate l'ouverture lente
et la fermeture toujours brusque de la valve plate. Cette manœuvre persiste
pendant longtemps. Nous avons dit que la fermeture était toujours rapide
et brusque; si l'on dégage le muscle adducteur des valves du manteau qui
l'entoure, on peut, en l'excitant, constater sa contraction brusque qui
entraîne la valve plate et opère la fermeture.
» La structure de ce muscle est intéressante a connaître.
» Comme tous les muscles analogues des Acéphales, il est formé d'une partie
franchement musculaire accolée à un faisceau blanc nacré formé de tissu élastique
fibrillaire; la partie musculaire offre à considérer deux ordres d'éléments.
» 1° Des faisceaux de fibres striées formés de fines fibrilles peu adhérentes entre
elles; les disques obscurs et clairs y sont admirablement définis, le disque mince est
fort difficile à voir; cependant il existe. Ces faisceaux de fibrilles, entre lesquelles on
ne voit pas de noyaux, ne paraissent pas avoir de sarcolemme, mais autour d'un
certain nombre d'entre eux se trouve une membrane, et l'on constate à ce niveau la
présence de noyaux qui se colorent vivement par le carmin.
» 2° A côté des faisceaux de fibres striées se trouvent des faisceaux de longues
fibres lisses fusiformes à double contour, offrant sur leur trajet une série de renfle-
ments et d'étranglements, véritables muscles lisses polygastriques composés de fibrilles
parallèles très nettement visibles après l'action du carmin ou du picrocarmin qui
colore vivement les renflements en rouge.
» Le muscle de l'ossicule qui, chez les Anomies adultes, est un vrai digaslrique,
possède également une structure particulière. A l'œil nu on voit à sa périphérie des
SÉANCE DU 2.4 NOVEMBRE 1902. 907
bandes blanches nacrées alternant avec des bandes sombres; les premières sont for-
mées de tissu élastique et conjonctif ; les autres, de faisceaux striés à fibrilles comme
dans l'adducteur des valves, et de fibres lisses sans renflements.
» Les grosses fibres conjonctives sont constituées par la réunion de fibrilles extrême-
ment fines; elles sont repliées sur elles-mêmes; les replis sont tellement appliqués les
uns sur les autres qu'au premier abord on les prendrait pour des fibres musculaires
striées : hypothèse qui ne résiste pas à l'examen, car on peut voir ces faisceaux de
fibrilles absolument dépliés dans une partie de leur trajet.
» Telles sont les dispositions anatomiques constatées clans le muscle
adducteur et ceux de Tossicule. Aux fibres striées paraît dévolue la ferme-
ture brusque de la valve ; au tissu élastique, aux fibres lisses, à contraction
lente, la fermeture permanente. Les malacologistes ne sont pas encore
aujourd'hui bien d'accord sur la place que doit occuper l'Anomie dans le
cadre zoologique. Quelques auteurs l'ont rattachée aux Pectinidés. Or il
est à remarquer que chez les Pectinidés, le fait est depuis longtemps connu,
les muscles adducteurs des valves ont une striation absolument identique
à celle que j'ai rencontrée chez l'Anomie. Le Pecten varias offre à cet égard
un excellent sujet d'étude. »
ZOOLOGIE. — Sur des formes nouvelles oit peu connues de Rhabditis.
Note de M. Aug. Michel, présentée par M. Alfred Giard.
« En faisant des cultures pures de certains Rhabditis, je fus amené par
un caractère remarquable à distinguer deux types, que j'avais d'abord con-
fondus à l'aspect : l'un ne présentait que des femelles hermaphrodites,
c'est-à-dire des individus, femelles par la forme, mais produisant avant les
ovules des spermatozoïdes destinés à une autogamie; l'autre était dioique,
les mâles et les femelles étant complètement unisexués, s'accouplant ou,
par isolement, restant stériles, d'ailleurs avec une forte proportion de
mâles (i-3 pour 2 femelles).
)) La plupart des caractères de ces deux types sont semblables. La taille
des individus tout à fait adultes varie ordinairement autour de 2"™;
quelques femelles peuvent atteindre 3™°". Les lobes buccaux sont peu sail-
lants, chacun avec une très petite papille (peut-être avec moins de con-
stance dans le type dioique) ; la cavité buccale est longue d'environ 20!^, et
l'œsophage a en moyenne 25o!^ à Sgo!^; l'intestin, par ses granules et sphé-
rules, apparaît noirâtre à la lumière diaphragmée; ses cellules sont bien
distinctes grâce à leur limite claire. Le pore excréteur a sa position moyenne
goS ACADÉMIE DES SCIENCES.
au niveau du milieu du bulbe postérieur, mais peut se déplacer soit un peu
en avant, soit davantage (notamment par compression) en arrière de ce
bulbe. La queue se rétrécit assez rapidement et se termine par un filament
plus ou moins court; vers la base de la queue, là où le rétrécissement
s'accentue, on voit de chaque côté un prolongement de la substance gra-
nuleuse du corps s'étendre à travers la cuticule claire jusqu'à la surface
du corps. Les femelles, chargées d'œufs nombreux, sont ovovivipares,
et, à la fin des pontes ou par insuffisance de nourriture, vivipares et matri-
cidées.
)> Cependant, malgré la similitude générale de ces deux types, j'ai
pu découvrir, à côté du caractère important du mode de sexualité, quelques
caractères distinctifs tirés de la forme du bulbe antérieur, de la longueur
relative du rectum, et de la disposition des cellules dans \ ovaire. Dans le
type hermaphrodite : le bulbe extérieur est toujours en renflement pro-
noncé, court et assez limité; le rectum est court; l'ovaire est composé de
cellules qui, pendant leur accroissement, restent d'abord en massif et
polyédriques pour ne prendre que vers le coude de cet organe la disposi-
tion en série unique de cellules cubiques, puis allongées. Dans le type
dioïque : le bulbe antérieur est en fuseau allongé et peu accentué; le rec-
tum dépasse notablement en longueur la largeur de l'intestin; les cellules
de l'ovaire, qui, à son extrémité, contournent une sorte de rachis granuleux,
sont déjà, loin du coude et sur le bord externe de l'organe, disposées en
une série de cellules, d'ailleurs plates à noyau élargi, avant de prendre au
coude la forme cubique, puis allongée.
» Enfin, à défaut du mâle de la forme hermaphrodite, encore inconnu,
mais sans doute seulement rarissime, comme chez la plupart des Rhab-
ditis hermaphrodites (Maupas), j'indiquerai pour la forme dioïque les
caractères spéciaux du mâle, si employés pour la spécification. Le type en
est leptodérien; la bursa assez développée présente ordinairement neuf
papilles de chaque côté, disposées en trois groupes ternaires, parfois dix
par l'existence de quatre papilles en avant; elles sont écartées entre elles
dans le groupe antérieur (la première étant souvent très petite), rappro-
chées entre elles dans les autres groupes situés, le moyen immédiatement
après l'orifice mâle, le postérieur près de la queue. Les spicules ordinaire-
ment de 5oi^ à Ç)0^ sont jaunâtres. J'ajoute que j'ai retrouvé dans le sperme
de certains mâles les aiguilles problématiques déjà signalées dans trois
autres espèces par Glaus, Bûtschli et Maupas; de taille diverse, elles me
parurent brisées, comme l'avait observé Maupas, caractère qui rend plus
SÉANCE DU lf\ NOVEMBRE 1902. 909
invraisemblable l'assimilation, faite par les deux premiers auteurs, à des
spermatozoïdes, dont cependant la forme ordinaire chez les Nématodes
est si différente.
» Ainsi, la ressemblance des deux formes est telle que, en dehors de la
présence de nombreux mâles (facilement reconnaissables) dans les cul-
tures du second type, il me paraît difficile de les distinguer au seul aspect;
mais un examen attentif des animaux au repos permet, en outre du mode
de sexualité, de fixer les caractères spécifiques pour chacune de ces deux
formes.
)) L'espèce hermaphrodite me paraît identique à celle qui a été bien
figurée par Vernet (^/i/z. Se. phys. nat. de Genève, 1872) sous le nom de
Rhabdilis terricola donné par Dujardin {Suites à Buffon : Helminthes, i845);
l'espèce de Vernet étant hermaphrodite, celle de Dujardin dioïque, c'est
avec raison que Maupas a remplacé le nom de R. terricola par celui de
R. Verneti.
» Quant à l'espèce dioïque, il est difficile de dire si elle est le vrai Rh.
terricola de Dujardin, la vieille description de cet auteur étant très insuffi-
sante : certains des caractères donnés par lui conviennent à la plupart des
Rhabditis ; son minimum de taille (5oo'') est beaucoup trop petit pour un
adulte, et trop grand pour un jeune à l'éclosion; ses maxima(2™™ pour les
femelles, i™™,o5 pour les mâles) sont notablement trop petits; ses autres
nombres n'ont avec les miens qu'une coïncidence trop vague pour servir
de preuve pour l'identification; enfin, pour la bursa, Dujardin indique seu-
lement la présence de 7-8 « côtes », au lieu de 9-10. Il est donc difficile
d'identifier avec certitude mon espèce dioïque au Rh. terricola, type pri-
mitif sous lequel on a, d'ailleurs, dû confondre même plus de deux espèces.
Le Rh. dolichura présenterait aussi quelque rapport avec l'espèce en ques-
tion, notamment par son bulbe antérieur presque indistinct et son long
rectum; mais il s'en distingue nettement surtout par sa taille beaucoup plus
petite (i™™) et son oviparité.
» L'une des formes rencontrées dans mes cultures me paraît répondre
au Rh. elegans Maupas, trouvé deux fois par Maupas aux environs d'Alger;
or je l'ai souvent rencontré aux environs de Paris en appâtant avec de la
viande des échantillons de terre provenant de diverses localités. Cette
forme est très agile et très envahissante : dans les cultures, elle supplantait
les autres espèces; plus encore, dans la même chambre humide, elle ne
tardait pas par ses migrations à infester d'autres cultures.
» Enfin, vu l'importance du Rh. Schneideri en tant qu'espèce parthéno-
QIO ACADÉMIE DES SCIENCES.
génétique (pas de mâles, et femelles sans spermatozoïdes), je signalerai
l'existence, aux environs de Paris, de cette espèce déjà observée par
Schneider, puis par Bûtschli en Allemagne et par Maupas en Algérie. »
BOTANIQUE. — La théorie des phytons chez les Gymnospermes.
Note de M. G. Chauveaud, présentée par M. Van Tieghem.
« Dans ces dernières années, un certain nombre de botanistes ont
essayé de remettre en honneur la vieille théorie des phytons, en prenant
comme point de départ la structure de la feuille pour expliquer la structure
de la tige et celle de la racine.
)) En suivant le développement de l'appareil conducteur, nous avons
constaté qu'il s'accomplit précisément en sens inverse, sa première phase
étant caractérisée par l'alternance de ces deux sortes d'éléments, telle
qu'on l'observe dans la racine.
)) Depuis, nous avons fait connaître, en détail, la marche de ce déve-
loppement, dans plusieurs exemples particuliers, choisis tous parmi les
Angiospermes ('). Or, c'est surtout aux Gymnospermes que la théorie des
phytons paraît le mieux s'appliquer, d'après l'un de ses partisans, qui
s'exprime ainsi : « La notion du phyton est si évidente chez les Conifères,
» au point de vue morphologique, qu'd serait oiseux d'y insister Au
» point de vue anatomique, notre travail n'est que le développement,
» sous toutes ses formes, de ce que nous considérons comme la base de
» l'Anatomie végétale.... En résumé, la notation anatomique a été étabhe
n en considérant d'abord la tige; on a ensuite donné le même nom aux
» parties qui se retrouvaient dans la feuille. Nous pensons que la marche
» inverse seule est rationnelle. . . « (").
» Dans la présente Note, nous nous proposons de montrer que cette
théorie ne s'applique pas davantage aux Gymnospermes, le développement
de l'appareil conducteur ayant toujours ici son point de départ dans la
racine. Pour cela, nous choisirons comme exemple le Pin maritime (Piiius
(') G. Chauveaud, Passage de la position alterne à la position superposée de l'ap-
pareil conducteur, avec destruction des vaisseaux centripètes primitifs dans le coty-
lédon de l'Oignon {Alliurn Cepa) {Bulletin du Muséum d'Hist. nat., 1902, p. Sa).
(2) Dangeard, Recherches sur les plantâtes des Conifères {Le Botaniste, 3« série,
p. 197 et 199).
SÉANCE DU 24 NOVEMBRE I902. gil
maritima), où la structure de la racine persiste dans la ligelle, ainsi que
cela a été déjà signalé, dans plusieurs espèces voisines, par mon excellent
maître M. Van Tieghem (^).
» Dans cette plante, le faisceau ligneux primitif, au lieu de se modifier brusque-
ment, au-dessous des cotylédons, comme on le croyait, se continue directement, ainsi
que son canal sécréteur externe, à l'intérieur du cotylédon, où on le voit en alternance
avec deux faisceaux libériens fournis chacun par l'un des faisceaux libériens voisins
de la radicule. Au début de la plantule, la même structure alterne se continue donc
dans la radicule, la tigelle et le cotylédon.
» A mesure qu'on s'élève au-dessus de la radicule, on constate une réduction du
faisceau ligneux primitif, en même temps qu'une apparition plus hâtive des formations
intermédiaires et secondaires. Plus tard, dans sa partie supérieure ainsi réduite, ce
faisceau prtmitif subit une atrophie progressive, ses vaisseaux sont résorbés peu à peu,
puis disparaissent; les vaisseaux intermédiaires qui leur font suite, de part et d'autre,
disparaissent à leur tour. Désormais, on ne retrouve plus, à la base du cotylédon, que
les derniers vaisseaux formés, qui, de chaque côté, sont opposés au liber avec lequel
ils forment un faisceau libéro-ligneux. On a donc, à la fin du développement, deux
faisceaux libéro-ligneux séparés, sur la ligne médiane, par le canal sécréteur qui per-
siste après le faisceau primitif. Telle est la manière dont se fait le passage de la dis-
position alterne à la disposition opposée à l'intérieur du cotylédon.
» On s'assure facilement que ce ne sont point les vaisseaux externes, dans la portion
inférieure du faisceau primitif, qui se déplacent vers l'intérieur, à mesure qu'on s'élève,
car on les voit disparaître après résorption sur place. Il s'agit bien là d'une succes-
sion de phases, dont la dernière subsiste seule dans le cotylédon complètement déve-
loppé.
» Quand le nombre des cotylédons est égal à celui des faisceaux de la radicule,
chaque cotylédon reçoit un de ces faisceaux primitifs, comme nous venons de l'indi-
quer, et tous les cotylédons ont même structure. Mais, dans la plupart des cas, le
nombre des cotylédons est supérieur à celui des faisceaux radiculaires; alors, les coty-
lédons qui ne correspondent pas à ces faisceaux en reçoivent d'autres qui prennent
forcément naissance au-dessus de la radicule. D'après notre manière de voir, les fai-
sceaux nés en dehors de la radicule sont plus récents que les précédents ; ils ne possèdent
pas par conséquent la disposition alterne primitive. Si notre interprétation est exacte,
il doit donc exister une différence de structure entre les cotylédons de la même
plantule.
» Cette difTérence est, en effet, facile à constater; ces derniers cotylédons présentent
à leur base, dès le début, des éléments conducteurs opposés formant ensemble un
unique faisceau libéro-ligneux dépourvu de canal sécréteur. Cela confirme, d'une
façon remarquable, l'interprétation qui nous conduit à attribuer à ces derniers coty-
lédons une origine plus récente.
(') Pe. Van Tieghem, Sur la structure primaire et les affinités des Pins {Journ.
de Bot., 1891, p. 282).
912 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Nous avons déjà signalé une différence tout à fait comparable entre le cotylédon
et la première feuille de l'Oignon ('). Les cotylédons à double faisceau du Pin cor-
respondent seuls au cotylédon de l'Oignon, les autres à faisceau unique correspondent
à sa première feuille; or, il est évident, pour tous, que la première feuille de l'Oignon
est de formation plus récente que son cotylédon,
» Le canal sécréteur, qui accompagne le faisceau primitif, a une origine très
ancienne, puisqu'il naît avant les premiers vaisseaux. Cela explique pourquoi on ne le
trouve pas au dos des faisceaux nés au-dessus de la radicule et, en particulier, dans
les nouveaux cotylédons. Ce canal sécréteur dans la tigelle a été regardé par M. Van
Tieghem comme une continuation, vers le haut, du système sécréteur de la radicule (-).
Cette opinion a été critiquée par les partisans de la théorie des phylons, mais nous
voyons, par ce qui précède, combien sa justesse se trouve confirmée.
» Si nous avons choisi pour exemple le Pin maritime, c'est parce que,
dans cette espèce, le développement se fait lentement, ce qui nous a per-
mis de suivre, à l'intérieur du cotylédon, le passage de la disposition alterne
à la disposition opposée. Dans la plupart des autres Gymnospermes, l'ac-
célération du développement est plus rapide, les premières phases sont
supprimées plus ou moins tôt, au-dessus de la radicule, de telle sorte que
les cotylédons, quel que soit leur nombre, ont tous la même structure
opposée.
» En résumé, chez les Gymnospermes, aussi bien que dans les Angio-
spermes, la théorie des phytons est inexacte et la feuille ne représente que
la dernière phase du développement de l'appareil conducteur, dont le point
de départ se trouve dans la racine. »
BOTANIQUE. — Sur le mode de végétation et de reproduction de /'Amylomyces
Rouxii, champignon de la levure chinoise. Note de M. J. Turquet, pré-
sentée par M. Van Tieghem.
« \1 Amylomyces Rouxii, Champignon qui saccharifie l'amidon, a été
isolé en 1892 par M. Calmette, de la levure chinoise, préparation complexe
utilisé comme ferment. Il sécrète une diastase identique à celle de l'orge
germé, l'amylase, transformant l'amidon en sucre, et une autre diastase, la
zymase, qui transforme ce dernier en alcool et en acide carbonique.
)) Grâce à ces propriétés, la levure chinoise, dont ce Champignon est le
(*) Ph. Van Tieghem, Sur la structure primaire et les ajfinités des Pins {Journ.
de Bot., 1891, p. 282).
(^) Loc. cit., p. 281.
SÉANCE DU 24 NOVEMBRE I902. giS
principe le plus actif, sert à la fabrication des vins et alcools de riz dans les
pays d'Extrême-Orient et notamment en Indo-Chine et en Chine. L'étude
que M. Calmette (') a faite de 1'^. Rouxii, en le cultivant sur des milieux
de culture Hquides et solides, peut se résumer de la manière suivante :
» 1° Sur les milieux liquides et solides, le Champignon forme « un mycélium aérien
» qui ne se termine jamais par des zygospores, comme chez les Mucorinées, ni par
» les capitules chargés d'ascospores, comme chez les Aspergillus ou EuroLium ».
» 2° Dans les cultures en cellule, sur du moût de bière « au contact de Tair, sur
» les bords de la gouttelette pendante, le tube mycélien se divise en cloisons trans-
» versâtes au niveau desquelles le protoplasma très réfringent s'amasse pour former
» des conidies. Au début, ces conidies ont une forme cubique, puis elles s'arron-
» dissent mais ne s'isolent pas du rameau qui les a fait naître, et qui se prolonge
» au-dessus d'elles pour former un peu plus loin une ou plusieurs conidies sem-
» blables ».
» 3° Quel que soit le substratum sur lequel on cultive la moisissure, on n'observe
aucune sporulation à l'extrémité des filaments mycéliens; c'est toujours dans leur
continuité que se montrent les conidies.
» 4° « Dans les liquides sucrés ou amylacés, la plante ne produit pas de cellules
» ovales ou sphériques en forme de levures ».
» 5° « Le mode de reproduction est exclusivement asexué par spores endogènes ».
» Les idées de M. Calmette sur le mode de végétation et de multiplication du
Champignon sont adoptées plus tard par M. Sanguineti (-), puis par M. Fernbach (^).
» Plus récemment, M. Duclaux (^) accepte et décrit pour V Amyloniyces Rouxii
le seul mode de reproduction asexué par spores d'origine endogène, admis par les
auteurs précités. Plus récemment encore, M. Neuville (^) n'attribue à cette espèce
que des spores mycéliennes.
» Ainsi, d'après les auteurs précédents, dont l'opinion est conforme à
celle de M. Calmette, V Amyiomyces ne possède qu'un seul mode de repro-
duction asexuée : la foruiatiou de spores endogènes ou coni lies dans la
continuité des fdaments mycéliens,
» Or les recherches que j'ai entreprises m'ont montré que, contraire-
ment à l'interprétation adoptée par ces savants, la reproduction asexuée
s'effectue, chez cette plante, par des éléments de deux sortes :
» i** Par des spores nées dans des sporanges, ceux-ci étant portés à
(') Ann. Inst. Past., 1892.
(-) A an. Inst. Pasteur, 1897..
(^) Ann. de la Brass. et de la Dist., 1898.
('*) Traité de Microbiologie, t. III, 1900.
(^) Bull, de la Soc. d'Acclini. de Fr., 1902.
G. R., 1902, 2« Semestre. (T. CXXXV, N° 31.) ï 20
qi] ACADÉMIE DES SCIENCES.
l'extrémité de pédicelles issus des filaments mycéliens. C'est là le mode
normal de reproduction asexuée des espèces du genre Muco/\
» 2° Dans la continuité des filaments se forment des chlamydospores,
qui ne sont que des éléments accessoires de reproduction asexuée de
l'espèce et constituent un deuxième mode démultiplication; ce sont là
les conidies ou spores endogènes de M. Calmetle.
» Sur les milieux de culture solides ou liquides très favorables au déve-
loppement de l'appareil sporangifère des Mucors, carotte, riz cuit, jus
d'oran^^e, macération de crottin, bouillon mannité, etc., V AmyloTïiyces
développe abondamment des pédicelles ramifiés en cymes sympodiques et
terminés par des sporanges. Sur pomme de terre, il forme un fin gazon
qui s'affaisse bientôt et où les sporanges sont très rares ou même peuvent
manquer. Sur moût de bière gélose, la partie aérienne du thalle est encore
moius apparente, et sur ce substratum on n'observe peu ou pas de spo-
ranges, tandis que la formation des chlamydospores y est très active.
» Cultivée sur moût de bière, en goutte pendante, la spore issue du
sporange germe en augmentant de volume et devient sphérique en même
temps qu'elle émet un ou plusieurs bourgeons qui s'allongent en filaments
ramifiés et forment un thalle où les pédicelles sporangifères sont rares, ce
qui explique qu'ils aient échappé à une observation même très attentive.
Sur les branches du thalle et surtout sur les fins rameaux, il se forme, par
contre, beaifcoup de chlamydospores.
» Sur les autres milieux liquides ou solides ci-dessus indiqués, celles-ci
deviennent plus rares, tandis que l'appareil sporangifère est au contraire
plus développé.
» Sur les milieux les plus favorables, carotte, jus d'orange, macération
de crottin, l'appareil sporangial comprend :
» i°Des pédicelles incolores ou blanchâtres dressés, fins, ramifiés en
cyme symj)odique à deux ou trois branches, dont chjicune est terminée
par un sporange : la hauteur des pédicelles varie de o'^", 5 à 3*^™.
» 2° Des sporanges de forme ordinairement sphérique dont le diamètre *
varie de lo^- à Bo^. Leur membrane, d'abord incolore, devient d'un blanc
pâle, puis brunâtre à surface rugueuse, parfois bosselée parla saillie des
spores, mais on n'y voit point de spicules calcaires; la déhiscence de cette
membrane a lieu par diffhience.
M 3° A l'intérieur du sporange est une columelle claire, à surface lisse,
ordinairement sphérique, parfois ovoïde ou presque hémisphérique. Après
la déhiscence, elle présente à sa base une collerette très peu apparente.
SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1902. 916
» 4" Les spores, d'ordinaire très nombreuses dans le sporange, sont très
petites, claires, de forme ovale, parfois sphèriques. Leurs dimensions
varient de 2.^ à 3^ sur 3^^ à 4^'-
)) Cultivée dans les liquides sucrés ou amylacés, à surface bien aérée,
la plante forme un thalle à filaments très ramifiés, où l'on ne distingue que
de rares rameaux présentant un bourgeonnement en levure.
» Je dois ajouter que, dans mes cultures, je n'ai pas observé la formation
de zygospores.
» Ainsi, par son mode de végétation et de reproduction asexuée, VAmy-
lomyces Roiixii doit rentrer dans le genre Mucor'el prendre place à côté des
Mucor racemosas Qi circinelloides . Ce sera donc désormais \e,Mucor Rouxii.
Ces résultats de mes recherches viennent donc confirmer ceux déjà obtenus
par M. Wehmer(') en 1900. »
GÉOLOGIE. — - Production actuelle de soufre natif dans le sous-sol de la place
de la République, à Paris. Note de M. Stanislas Meunier. (^Extrait.)
(' Le tunnel du chemin de fer métropolitain, dans sa partie située place
de la République, au droit de la rue Meslay, traverse, à 8™ environ sous le
pavé, une terre noire très argileuse renfermant des débris de bois et pré-
sentant des veinules, de petits amas et des géodes de soufre cristallisé.
» Pour comprendre l'origine de ce soufre cristallisé, il faut considérer
la situation relative des masses constitutives du sol.
» La voie dans le tunnel sera établie sur des couches sableuses et caillouteuses,
recoupées sur 6™ environ d'épaisseur, et renfermant des fossiles roulés du Calcaire
grossier. On doit les regarder comme quaternaires; elles représentent d'anciens
dépôts de la Seine, dont elles ont le niveau (22'" à 28'").
» Sur ces sables et dans une dépression qui atteint son maximum de profondeur en
face de la rue Béranger, sont disposées les argiles sulfuriféres. Les substructions qu'on
y a rencontrées et spécialement celles qui soutenaient la « Porte du Temple » au
xiv^ siècle, montrent que ces argiles constituaient, au temps de Charles V, un marais
qui a donné son nom au quartier. On rencontre en abondance, dans ces argiles, des
coquilles lacustres, Ijmnées, planorbes, phjses et avec elles des coquilles terrestres,
telles que des hélices. A divers niveaux, les débris végétaux à peine altérés sont si
abondants que la masse prend l'aspect tourbeux. Les fouilles ont montré qu'à l'époque
dont il s'agit les terres noires étaient traversées,- en face de la rue du Temple, jjar
un égout.
» Les argiles palustres sont séparées de la surface actuelle du sol par des remblais
(^) Centralblatt fnr Bakleiiologie^ 00 mai 1900.
r)i6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dans la composition desquels sont inter\ enus les matériaux les plus hétérogènes. Les
plâtras y dominent, avec des débris calcaires et des terres plus ou moins sableuses, et
dans le tout sont disséminés des restes d'animaux, comme des cornes et des os de ru-
minants, des fragments de cuir et d'autres résidus.
» On sait qu'en 1670 on a comblé les anciens fossés établis le long des remparts,
qui sont devenus le boulevard Saint-Martin, à l'aide des matériaux de démolition
provenant du voisinage. C'est aux plâtras qu'il faut attribuer l'origine du soufre
mis au jour en ce moment, et à ce sujet, il convient de rappeler que M. Daubrée a
signalé eu 1881 (*) la trouvaille de soufre cristallisé au sein des vieux plâtras enfouis
dans la rue Meslay et sur la place de la République.
» Le fait actuel se rattache évidemment à celui-là; mais concernant des roches plus
profondes, il vient y ajouter des particularités nouvelles. En effet, ce n'est plus dans
la substance artificielle des plâtras que le soufre s'est constitué, mais dans des couches
normales déposées au fond d'une pièce d'eau où vivaient toute une faune et toute une
flore. Jusqu'à la fin du xYii*^ siècle, ces dépôts n'avaient rien qui pût les distinguer des
formations lacustres ordinaires. C'est à partir de cette époque que les eaux d'infiltra-
tion, se chargeant de sulfate de chaux dans les régions superficielles du sol, ont
imprégné les vases sous-jacentes d'une matière saline sur laquelle les substances
organiques ont exercé leur influence réductrice. 11 a suffi de deux siècles de cette
action pour que les géodes de soufre aient acquis les dimensions que nous observons.
» C'est un exemple de l'activité avec laquelle des changements peuvent
se déclarer au sein d'une formation déjà constituée et lui donner des
caractères à la production desquels les conditions du milieu générateur
initial ont été étrangères. «
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Théorie générale de l'action de quelques diastases.
Note de M. Yictor Hexri, présentée par M. Roux.
« Les actions diastasiques diffèrent par beaucoup de points des actions
produites par les acides; plusieurs auteurs, MM. Duclaux, Tammann,
Brown, etc., en ont déduit que les lois de la Chimie générale et avant tout la
loi cie l'action des masses de Berthollet, Guldberg et Waage n'étaient pas
applicables aux réactions diastasiques. J'ai repris l'étude de cette question
pour l'irivertine, l'émulsine et l'amylase.
î Voici d'abord les principaux résultats expérimentaux qui doivent
servir de point de départ :
» 1" Lorsque l'on étudie la vitesse d'inversion du saccharose (c'est-à-dire le
nombre de grammes intervertis par minute), produite par une même quantité d'in-
verline dans des solutions de concentrations croissantes en saccharose, on trouve que
(^) Comptes rendus, t. XCII, p. 101 et i44o-
SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1902. gjrj
cette vitesse augmente d'abord avec la concentration pour les solutions diluées (au-
dessous de 0,1 normale), mais qu'à partir d'une certaine concentration moyenne
(environ 0,1 normale) la vitesse d'inversion est presque indépendante de la concen-
tration en sucre;
» 2° Le l'ésultat est exactement le même pour l'action de l'émulsine sur la salicine
et pour l'action de l'amylase sur l'amidon ou sur la dextrine;
» 3" La vitesse de la réaction est, pour l'invertine, l'émulsine et l'amylase, propor-
tionnelle à la quantité de ferment;
)) 4" L'addition de sucre inlerverti à un mélange de saccharose et d'invertine
ralentit la réaction. Pour l'addition d'une même quantité de sucre interverti, le ralen-
tissement est d'autant plus faible que la concentration en saccharose est plus grande.
Ce ralentissement est produit presque uniquement par le lévulose contenu dans le
sucre interverti ; ce résultat est à rapprocher du fait que l'invertine agit sur les sucres
qui donnent par hydrolyse le lévulose.
» 5° Lorsqu'on ajoute une certaine quantité de saligénine + glucose à un mélange
de salicine et d'émulsine, la vitesse de la réaction est diminuée, et cette diminution
est d'autant plus forte que la quantité de salicine est plus faible.
» Le résultat est le môme si, à un mélange d'amidon -+- amylase, on ajoute les pro-
duits de l'hydrolyse de l'amidon.
» 6° Si l'on étudie la marche de l'inversion d'une certaine quantité de saccharose
par l'invertine depuis le début jusqu'à la fin, on trouve que la réaction se produit
suivant une loi plus rapide que dans le cas des acides.
» 7° La vitesse d'hydrolyse de la salicine par l'émulsine se produit plus lentement
que d'après la loi des acides.
» 8° La vitesse d'hydrolyse de l'amidon par l'amylase du malt et par l'amylase du
suc pancréatique se produit suivant une loi très voisine de la loi logarithmique des
acides.
» En étudiant les résultats de mes expériences sur l'invertine ('), M. Bodenstein,
auquel je dois un grand nombre de conseils précieux, proposa une première interpré-
tation de l'action de l'invertine. D'après lui, l'activité du ferment est influencée par le
saccharose et par le sucre interverti; l'action inhibitrice produite par le saccharose
est plus forte que celle du sucre interverti. Si, à un moment donné, on a dans la so-
lution a — a: saccharose et a; sucre interverti, l'activité du ferment F est diminuée
dans la proportion m(a — u.-) -\~ nx, où m et a sont deux constantes.
» La vitesse de la réaction étant proportionnelle à la quantité de saccharose, c'est-
F
à-dire à la valeur a — x^ et à l'activité du ferment, laquelle est égale à
on obtient, pour l'expression de la vitesse,
clx F
— p^ = K. — r (a X),
dt m {a — x) -\- nx
ni [a — x) -\- n x '
(') V. Henri, fJeber das Gesetz der Wirkung des l/nerUns {Zeit. physik.
C hernie, 1901).
()l8 ACADÉMIE DES SCIENCES,
d'où Ton déduit pour la constante K, l'expression
î)i — n ,
X -i- n lo£
» Dans le cas de l'invertine, en posant m =z 2 et ii^=.i, on trouve pour Kj des
valeurs qui restent constantes, d'une part, depuis le début jusqu'à la fin d'une réaction
et, d'autre part, lorsque l'on compare les réactions pour des solutions de différentes
concentrations en saccharose, qui sont comprises entre 0,1 normale et o,5 normale.
» Mais, pour les solutions diluées, pour lesquelles les lois de la Chimie physique
s'appliquent le mieux, la formule de M. Bodenstein fait défaut.
» Théorie. — Supposons que nous ayons un mélange d'une quan-
tité a — ^ du corps à transformer (saccharose ou salicine) et d'une quan-
tité ^ des produits de l'hydrolyse; à ce mélange nous ajoutons la quantité <î>
de diastase.
» Je suppose qu'une partie z de ce ferment se combine avec une partie
du corps à dédoubler ; qu'une autre partie y du ferment se combine avec
une partie des produits de l'hydrolyse; et enfin qu'il reste une portion X
du ferment qui reste libre. Je suppose, en plus, que ces combinaisons se
produisent suivant la loi de l'action des masses. On obtient ainsi les trois
équations suivantes :
(a — x)'\ =■ — z, £t?X = - r, $ — X -h y H- 5.
» De ces équations on déduit les valeurs de X et de z.
n Deux hypothèses différentes peuvent être faites :
» I*' On peut supposer que c'est la partie du ferment non combiné X
qui agit sur les corps à dédoubler; dans ce cas la vitesse de la réaction est
proportionnelle kXel k a — 00; donc on a
( î ) — = ^ — .
^ '^ c/t \ -\- m{a — .c ) + n j:
» 2^ On peut supposer, au contraire, que la combinaisons entre le corps
à dédoubler et le ferment est une combinaison intermédiaire instable,
qui se décompose en régénérant une partie du ferment. Dans ce cas la
vitesse de la réaction sera proportionnelle à la quantité de cette combi-
naison z; donc on aura
dx K*(<z — x)
(^)
dt Ti ■+■ jn{ a — œ) -h ncc
Il est remarquable que ces deux hypothèses différentes conduisent à la
même loi.
SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1902. 919
)> L'expression (i) contient deux constantes m et n caractéristiques du
ferment et des conditions de température et de milieu; une fois les valeurs
de ces constantes choisies on devra obtenir pour R la môme valeur
pendant toute la durée d'une réaction et quelles que soient les concentra-
tions des corps à dédoubler et des produits de l'hydrolyse.
» L'étude des résultats expérimentaux de plusieurs centaines de séries donne des
résultats très satisfaisants pour i'invertine et Témulsine.
» Exemples :
I'"' mai iQOî. — Inversion du saccharose par I'invertine.
Concentrations de saccharose. 0,01 n. o,025n. o,o5n. 0,1 n. o,25n. o,5n. in.
V^aleiirs de K, ( Bodenstein ).. 100 2^3 358 5i3 65o 65o 545
Valeurs de K 852 910 055 1026 1073 1004 829
Il janvier 1901. — Action de I'invertine sur le saccharose plus sucre interverti.
Concentration?. o,in. 0,1 n.-+-o,i n.s.i. o,2n. o,3n. o,2n. + o,3n.s.i. o,3 n. +o,2n,s.i. o,5n.
Valeurs de K.. . 9^8 992 996 931 923 960 gSo
8 mai 1902. — Inversion du saccharose par I'invertine.
Concentrations 0,020 n. o,o5 n. 0,1 n. 0,211. o,5n.
Valeurs de K 107 119 1 1 1 101 95
10 octobre 1902. — Hydrolyse de la salicine par l'émulsine.
Concentrations de salicine o, i4 n. o, io5 n. 0,07 n. o,o35 n.
Valeurs de K 23 1 245 245 269
M L. GossuiN adresse, par l'entremise de M. Mascart, une Note annon-
çant qu'une secousse de tremblement de terre s'est produite à Busselino
le 21 novembre à 9'' du matin (heure d'Italie), et a duré l\{\ 3 secondes.
M. R. Sberra adresse, de Montevideo, une Note écrite en espagnol et
relative à la Navigation aérienne.
(Renvoi à la Commission d'Aéronautique.)
M. A. DuBoi.v adresse une Note « Sur la production du rubis par fusion » .
M. AuG. CoRET adresse deux Notes, sur un mode de suspension du
pendule, et sur un projet de pendule de Foucault « à force vive ».
(Renvoi à l'examen de M. Léauté.)
A 4 heures T Académie se forme en Comité secret.
920
ACADÉMIE DES SCIENCES.
COMITÉ SECRET,
La Section d'Astronomie |Drésente la liste suivante de candidats, pour
la place laissée vacante par le décès de M. Faye :
En première ligne M. Bigourdan.
j MM. Andoyer,
, . I Deslandres,
En seconde ligne, par ordre alphabétique - • -{ t,
[ P. PUISEUX.
Les titres de ces candidats sont discutés.
L'élection aura lieu dans la prochaine séance.
La séance est levée à 6 heures un quart.
G. D.
ERRATA.
(Séance du 27 octobre 1902.)
Note de M. Rlondlot, Sur la vitesse de propagation des rayons X :
Page 667, ligne 1, au lieu de 8"° de diamètre, lisez 8"'" de diamètre.
Note de M. A. Guilliermond, Observations sur la germination des spores
du Saccharomyces Ludwigii :
Page 709, lignes 5 et 6, au lieu de M. le professeur Momsen, lisez M. le professeur
Hansen.
Même page, lignes 9 et 10, au lieu de sporulait très difficilement, lisez sporulait
très facilement.
(Séance du 3 novembre 1902.)
Note de M. BlondloL, Sur l'égtiité de la vitesse de propagation des
rayons X et de la vitesse de la lumière dans l'air :
Page 724, ligne 1 1, au lieu de détonateur, lisez résonateur.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI V' DÉCEMBRE 1902,
PRÉSIDENCE DE M. BOUQUET DE LA GRYE.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
CHIMIE GÉNÉRALE. — Sur la température d' inflammation et sur la combus-
tion, dans l'oxygène, des trois variétés de carbone. Note de M. Henri
Moi s SAN.
(( La destruction régulière et continue des matières organiques, c'est-à-
dire des matières carbonées qui nous entourent, a depuis longtemps frappé
l'attention des savants. L'action microbienne est une cause permanente de
cette destruction, mais, d'après certains faits, il semble aussi que cette
transformation puisse se produire grâce à un simple phénomène chimique
d'oxydation lente. Nous avons pensé que, pour aborder l'étude de cette
question, il fallait tout d'abord envisager quelle était l'action de l'oxygène
sur les trois variétés de carbone.
» Dans des expériences entreprises en 1898 sur la combustion du dia-
mant dans l'oxygène ('), nous avons remarqué que le dégagement d'acide
carbonique précédait le phénomène de l'inflammation du carbone.
» Ces expériences touchent à l'importante question des relations entre
les vitesses de réaction et la température.
» Depuis longtemps, les chimistes ont reconnu que les réactions, pos-
sibles à la température ordinaire, s'arrêtent lorsque cette température
s'abaisse. Les travaux de Dumas, de M. Pictet, de MM. Dorn et WoUmer
établissent ce fait avec netteté. Nous avons démontré en collaboration
avec M. Dewar que le plus actif de tous les corps simples, le fluor, n'atta-
(') H. MoissÀN, Sur quelques propriétés nouvelles du diamanC {Comptes ren-
dus, t. CXVt, 1893, p. 460).
G. R., 1902, 2« Semestre. (T. CXXXV, N» 22.) '^'
()22 ACADEMIE DES SCIENCES.
quait pins le siiicinm, le phosphore, le carbone et le mercure, à la tempé-
rature de —210" ('). Si l'on s'élève au-dessus de cette température,
les corps entrent en réaction, et, dans un certain nombre de cas, il se
produit une inflammation dont la température exacte est assez difficile à
déterminer.
» En effet, pour étudier celle question d'une façon aussi complète que
possible à une pression constante, il faut tdtiir comj)te de l'état jJiysique
des corps réagissants et du rôle si grand des impuretés. Nous rappellerons,
à ce propos, les importantes recherches de M. Van'tHotï', de MM. Mallard
et Le Clialelier, de Vicîor Meyer, de MM. Armand Gautier et Hélier et
enfin de M. Berthelot. Celte question de la température d'inflammation a
éié indiquée d'une façon magistrale dans les éludes de Bunsen (^) sur les
phénomènes de combustion des gaz, et l'importance de la pression sur la
combustion lente a été mise en évidence par les belles expériences de
M. Joubert sur la phosphorescence (^). Dans toutes nos recherches il
n'est question que de la température d'inflammation et jamais de la tem-
pérature de combustion.
» Combusliori du diamant dans l'oxygène. — Le diamant était placé au
milieu d'un tube de porcelaine de Berlin traversé par un courant d'oxygène
pur et sec. Une j)ince thermo-électrique de Le Chatelier était en contact
avec le diamant sur un petit supj)ort de porcelaine fixé au milieu du tube.
L'appareil, dont nous donnerons la description complète aux Annales de
Chimie et de Physique, était chauffé sur une grille à gaz. Le volume de ce
tube de porcelaine était d'environ loo*""'. Il était fermé par deux ajutages
cylindriques de verre qui portaient perpendiculairement à l'axe une
lamelle à faces parallèles permettant de voir nettement le diamant au
milieu de l'appareil. Enfin, un tube de verre latéral amenait le courant
gazeux dans un petit barboteur à eau de baryte. Le débit du courant
d'oxygène sec était d'environ 1' en 10 minutes. L'oxygène employé dans
cette expérience renfermait de i,5 à 1,8 d'azole. Il était séché par son
passage dans une série de tubes en U remplis les uns de potasse, les autres
de baryte caustique. Au préalable, il traversait un petit barboteur à eau de
baryte qui servait de témoin et devait rester limpide pendant toute la
durée de l'opération.
(') MoissAN el Dewar, Sur la liquéfaction du Jlnor {Comptes rendus, t. CXXIV,
p. 1202; et t. GXXV, 1897, P- 5o5).
("-) BujjsKX, Méthodes gazoniétriques . Phénomènes de combustion des gciz.
(^) Joubert, Annales de l'École Normale^ t. III, 1874, p- 209.
SÉANCE DU I^»" DÉCEMBRE 1902. 923
' Un diamant Iransnarent du Cap, du poids de 162™^^ a été chauffé dans
ces conditions. La température s'élevait lentement, et, après i5 minutes
de chauffe à 710°, l'eau de baryte ne s'était pas troulDlée. En continuant à
élever la température, on reconnut nettement qu'à 720° il se produisait
un très léger louche indiquant la formation d'unp petite quantité d'acide
carbonique. Ce louche conliniie à augmenter, mais avec lenteur, à 730*^,
puisa 740° et 75o°, sans que le diamant ait commencé à brûîer. Ce diamant
était de la môme couleur que le tube chauffé et n'était entouré d'aucune
flamme. En continuant à élever progressivement la température donnée
par la pince thermo-électrique, d est facile d'arriver jusqu'à 790*^, où, dès
lors, le dégagement de l'acide carbonique est assez îdjondant sans que le
carbone présente le phénomène de l'incandescence. En continuant encore
à éiever la température, on voit tout d'un coup, à 800°, le diamant s'en-
tourer d'une flimme, devenir incandescent, atteindre avec rapidité le blanc
éblouissant, et, dès lors, le dégagement de l'acide carbonique est beau-
coup plus rapide.
» A partir de ce moment, même si l'on éteint la grille, le dégagement
de chaleur produit par la combustion rapide du diamant dans l'oxygène
est suffisant pour que l'opération se continue jusqu'à la destruction com-
plète du carbone.
» Cette expérience a été répétée un grand nombre de fois, et les résul-
tats ont été toujours les mêmes. En faisant varier les échantillons, la tem-
pérature d'inflammation jieut s'élever plus ou moins, atteindre 820°
à 85o^, indiquant par là l'existence de plusieurs variétés de diamant, mais
la réaction vive est toujours précédée d'une réaction lente qui se produit
à 100 ou iSo** avant la température d'incandescence.
» Nous avons pu encore démontrer cette réaction lente en maintenant,
pendant 4 heures, un diamant du poids de 0^,1096 dans un courant d'oxy-
gène à 780°, c'est-à-dire à une température inférieure de 20° à sa tempé-
rature d'inflammation. Dans ces conditions, ce diamant a |)erdu, sous
forme d'un lent dégagement d'acide carbonique, ^1,2./^ pour 100 de son
poids, sans devenir incandescent.
» Nous avons cherché, de ])lns, si, dans la réaction lente ou dans la
réaction vive de l'oxygène sur le diamant, il se formait, au moment delà
combustion, une dépolymérisation, et si le diamant présentait des plages
noires d'une autre variété de carbone. Nous n'avons jamais pu saisir la
transformation du diamant en une autre variété de carbone, soit en |)ro-
duisant une combustion incomplète, soit en laissant tomber brusquement
Q24 ACADEMIE DES SCIENCES.
un diamant incandescent dans de l'eau froide. Du reste, dans les condi-
tions où nous opérions, nous maintenions toujours le diamant en présence
d'un grand excès d'oxygène, et il nous paraît difficile que la production
d'une autre variété de carbone, plus facilement combustible que le dia-
mant, pût être décelée dans cette expérience.
» Combustion du graphite. — Cette combustion a été reproduite dans les
mêmes conditions que la précédente. Le premier échantillon que nous
avons étudié était un graphite de synthèse très bien cristallisé, produit par
l'action du silicium en fragments sur une fonte de fer riche en carbone
maintenue liquide dans notre four électrique (').
» Par une élévation graduelle de température, ce graphite a com-
mencé à produire un louche très faible dans l'eau de baryte à la tem-
pérature de 5;0". La quantité d'acide carbonique produit est devenue
plus abondante à 600", et le graphite est devenu subitement incandescent
à 690°. A cette température, l'incandescence est très vive et la combustion
violente.
» L'expérience a été répétée quatre fois sur cet échantillon, et les résul-
tats sont concordants. Ici encore, combustion lente s'accusant par un
dégagement très faible d'acide carbonique à une température inférieure
de 120° au point d'inflammation.
)) Une autre expérience a été faite avec un échantillon de graphite pré-
paré de la façon suivante : Un diamant de 3 10™^ a été chauffé dans un
petit creuset de graphite pur, muni de son couvercle, au moyen d'un cou-
rant de 1000 ampères sous 60 volts. Dans ces conditions, le diamant se
transforme entièrement en graphite. Ce dernier avait une densité de 2,26;
par sa combustion dans un courant d'oxygène sec, il a commencé à donner
des traces d'acide carbonique à la température de 5 10°. Sa température
d'incandescence a été trouvée égale à 690".
» L'mcandescence, c'est-à-dire la réaction vive, est donc précédée d'une
réaction lente qui se produit au moins à 180'' du point d'inflammation.
)) Combustion du carbone amorphe. — Nous avons choisi comme échan-
tillon de carbone amorphe une braise de boulanger obtenue au moyen de
bois de bouleau. Cette variété de carbone est produite par une combustion
aussi complète que possible; de plus, la température à laquelle elle a été
formée n'a pas été trop élevée. Nous évitons ainsi une trop grande poly-
(^) H. MoissAN, Déplacement du carbone par le bore et le silicium dans la fonte
en fusion {Comptes rendus, t. CXIX, 1894, p. 1172).
SÉANCE DU 1*"^ DÉCEMBRE 1902. 925
mérisation du carbone mise en évidence dans les importantes recherches
de M. Berthelot sur ce sujet.
)) Si l'on chauffe celte braise, telle quelle, dans un courant d'oxygène sec
ou humide, dès la température de 100° à no**, on recueille de l'acide car-
bonique. Mais, selon nous, l'expérience n'est pas concluante, parce que
cette variété de carbone est poreuse et retient physiquement un assez
grand volume d'oxyde de carbone et d'acide carbonique.
» Nous avons donc commencé par chauffer cette braise dans une étuve
à huile pendant 12 heures à la température de 160". On l'a laissée ensuite
refroidir sous une cloche pleine d'air en présence d'anhydride phospho-
rique. La braise, placée alors dans un tube de verre, a été soumise à
l'action du vide, pendant plusieurs heures, au moyen d'une bonne trompe
deBerlemont à trois chutes. On recueille, dans ces conditions, un mélange
gazeux contenant de l'acide carbonique.
» La braise était portée ensuite à la température de 400" et l'on
obtenait, en faisant le vide, une nouvelle quantité de gaz qui, pour 100,
avait la composition suivante : acide carbonique 62,60, oxyde de car-
bone 3i,43, oxygène 2,85, azote 2,90. Nous nous sommes assuré, par
l'analyse eudiométrique, que cet azote ne renfermait que des traces d'hy-
drogène. Cette expérience était poursuivie jusqu'à ce que le charbon ne
dégage plus aucun gaz.
» Ainsi préparée, cette braise était placée dans un tube en U en verre
qui pouvait être chauffé extérieurement par un bain-marie à température
constante ('). Pour être bien certain que la braise n'avait entraîné
aucun gaz, on faisait le vide dans l'appareil à la température de 200°, puis
on laissait refroidir le carbone dans le vide. Ce tube en U était rempli
d'oxygène pur et sec, et mis ensuite en communication avec un barboteur
renfermant de l'eau de baryte. Nous faisions enfm passer dans l'appareil
un courant d'oxygène sec.
» Si l'on élève lentement la température, l'eau de baryte reste absolu-
ment limpide à 200°, et l'on ne voit se produire un léger trouble que
lorsque la braise est portée à 23o°. Ici encore la réaction lente se manifeste
bien avant l'incandescence. Par des élévations de température lentes et
successives, le dégagement d'acide carbonique augmente et l'inflamma-
tion se produit à 345°. L'expérience a été répétée plusieurs fois.
(*) Nous avons employé dans ces expériences un bain d'huile et des bains de
nitrates.
926 ACADÉMIE DES SCIENCES.
. » Nous avons aussi, de même que pour le diamant, brûlé 0,00^5 de
i)raise dans J'oxygène sec à une température de 33o" sans qu'il y eût le
moindre phénomène d'incandescence. Mais la formation d'acide carbo-
nique est, dans ce cas, très faible et cette réaction lente a exigé 44 bt^ures.
)) Toutes ces expériences établissent donc que la combinaison des diffé-
rentes variétés de carbone, avec l'oxygène, se produit d'une façon lente
bien avant la température d'inflanimation.
» Il était vraisemblable que le temps devait intervenir dans la réaction,
ainsi que MM. Bcrthelot et Péan de Sni.nt-Gilles l'ont démontré dans leurs
beaux travaux sur l'éthérification (*). Nous avons donné alors à nos expé-
riences une autre forme.
)) Nous avons placé cette braise de boulanger, chauffée dans le vide avec
les précautions que nous avons indiquées précédemment, dans un tube
de verre scellé en présence d'oxygène sec ou humide. Nous disposions
de 0^,4 à 0^,5 de braise en présence de 25''"' à 35'""' d'oxygène. Au
moment où le tube était scellé, on prenait la tension du gaz, de façon à
déterminer approximativement la pression pour la température à laquelle
le tube scellé devait être porté.
» Nous avons ainsi préparé une série de soixante tubes qui ont été main-
tenus à des températures différentes pendant des temps variables. Nous
avions dans ces tubes un système hétérogène formé de gaz et d'un solide
poreux, et nos expériences ne [)ouvaient avoir d'autre prétention que de
déterminer la température inférieure à laquelle l'acide carbonique peut se
])ro(luire dans ces conditions. Un certain nombre de ces tubes ont été
maintenus à la température ordinaire, à l'obscurité, et, en recueillant les
gaz à la trompe après une année, nous n'avons pas rencontré d'acide car-
bonique pouvant être décelé j)ar l'eau de baryte.
» Une série de tubes maintenus à la lumière solaire, pondant le mois de
septembre et à la tem{)érature ordinaire, ne nous a pas donné trace de
réaction lente.
» Il en a été de même pour les tubes maintenus, pendant 3oo heures, à
la température de 5o°. Mais, au contraire, les tubes qui contenaient de la
braise en présence d'oxygène, soit sec, soit bumide, maintenus à la tempé-
rature de 100" pendant i4o heures, nous ont donné un louche net avec
(') Berïhelot et Péan de Saint-Gilles, Recherdies sur les affinitcs : De la forma-
tion et du la décomposition des étlœrs {An.n. de Ch. et de Ph., 3" série, t. LXV.
1862, p. 385, el t. LXVl, x863, p. 5).
SÉANCE DU I'^ DÉCEMBRE 1902. 927
l'eau (le baryle indiquant la formation d'une petite quantité d'acide carbo-
nique. El, si nous élevons légèrement la température au-dessus de 100°,
nous voyons, entre 104*^ et iio*', l'acide carbonique augmenter lentement,
mais nous fournir déjà, après 200 heures, une proportion de 10 pour 100
d'acide carboniq-.ie par rapport au volume; total. Cette combustion lente se
poursuit de même à des temjiératures plus élevées, et à 198° après 24 heures
il s'est formé une proportion de 5o pour 100 d'acide carbonique.
» Les résultats sont identiques pour la braise de boulanger et l'air
atmosphérique. A une température de 104*^, après 264 heures, nous avons
trouvé une quantité d'acide carbonique de 4» 44 pouï" 100.
» Si nous employons une autre variété de carbone tel que le noir d'acé-
tylène que nous avons étudié précédemment dans nos recherches sur les
carbones amorphes, nous reconnaissons que cette variété, déjà plus poly-
mérisée, ne fournit lentement des traces d'acide carbonique en présence
de l'oxygène humide en tube scellé qu'à une température de i5o°.
» Ce noir d'acétylène, chauffé dans un courant d'oxygène sec au moyen
de l'appnreil décrit précédemment, donnait visiblement des traces d'acide
carbonique à 240° et ne devenait incandescent qu'à 635°.
» L'eau intervient dans nos expériences d'une façon très nette pour
aidera l'oxydation. La surface du charbon intervient aussi, et l'oxydation
est d'autant plus prononcée que le charbon est en poudre plus fine.
» A la température de 100° et à une pression voisine de la pression atmo-
sphérique, la braise de boulanger sèche ou humide commence à brûler
lentement dans l'oxygène en donnant des traces d'acide carbonique. Cette
production d'acide carbonique, d'une excessive lenteur au début, augmente
avec le temps sans que nous puissions dire d'après nos expériences si elle
atteint une limite. Dès que la quantité d'acide carbonique augmente et
devient égale à 2 ou 3 pour 100, nous avons pu établir que ce gaz est tou-
jours accompagné d'une petite quantité d'oxyde de carbone. Ce dernier
composé semble bien se produire par combustion lente, car, à 200°,
après 72 heures de contact avec de l'acide carbonique, notre braise n'a
pas fourni trace d'oxyde de carbone.
» Ces recherches établissent aussi que les combustions lentes des diffé-
rentes variétés de carbone amorphe impures peuvent s'expliquer par une
simple oxydation à l'air. M. Berthelot a déjà appelé l'attention sur ce
phénomène à propos des charbons employés dans la fabrication de la
poudre ( ' ).
(^) Berthelot, Sur la force des matières explosives, 3^ édition, t. II, p. 282.
928 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» En résumé, dans toutes ces expériences, la combustion vive des diffé-
rentes variétés de carbone dans l'oxygène se produit à des températures
qui vont en augmentant avec le degré de polymérisation du carbone.
» Les diamants deviennent incandescents dans l'oxygène de 800° à 873°,
les graphites aux environs de 65o° à 700°, les carbones amorphes entre
3oo'^ et 5oo*^ ('); mais chacune de ces réactions vives est précédée d'une
réaction d'autant plus lente que la température s'éloigne davantage du
point d'inflammation. La braise de boulanger, en particulier, peut brûler
très lentement dans l'oxygène sec ou humide sous une tension voisine de
la pression atmosphérique à la température de 100°. »
THÉRAPEUTIQUE. — Recherches expérimentales sur l'adrénaline.
Note de MM. Ch. Bouchard et Henri Claude.
« Les remarquables propriétés de l'adrénaline, comme agent de vaso-
constriction, assurent à ce corps une place au premier rang des substances
de notre arsenal thérapeutique dont l'efficacité est incontestée. A côté des
applications qui ont été faites de l'adrénaline dans l'hémostase, on tend de
plus en plus à l'utiliser dans la médication interne, et, à ce point de vue, il
était utile de connaître les effets de l'absorption d'un produit dont l'acti-
vité est vraiment remarquable. Voici, brièvement résumées, quelques-
unes des expériences que nous avons faites pour étudier la toxicité de
l'adrénaline :
» Expérience I. — Lapin de i''s,88o, reçoit à /i^Sg"^, dans la veine de l'oreille,
!<=■"' 85 d'une solution d'adrénaline ^yoVô'i paralysie des membres postérieurs à 4^44""»
convulsions cloniques et opisthotonos à 4'' 46"", dilatation pupillaire, écume sanguino-
lente, mort à 4''49™' Autopsie : poumons remplis d'une sérosité sanguinolente,
infarctus; cœur dilaté; les ventricules cessent de battre seulement à 5''8™, et les oreil-
lettes à ô^'So'". Ecchymoses sous le péricarde et dans la capsule surrénale droite.
Viscères anémiés.
» Expérience II. — Lapin de i''s,83o, reçoit^ à 5'^i3°*, dans la veine, 4'^'^' de solu-
tion à yô^Fô d'adrénaline, mort à 5''i8", après avoir présenté les mêmes accidents et, à
l'autopsie, les mêmes lésions.
» Expérience III. — Lapin de i''s,770, reçoit o'^s^i par kilogramme sous la peau,
le 29 octobre. Accidents parésiques légers, se remet et reçoit le 6 novembre o'"e,5 par
kilogramme. Il ne meurt que dans la nuit. A l'autopsie, cœur en diastole, infarctus
et œdème pulmonaire, ischémie viscérale.
(') Dans des recherches antérieures nous avons déterminé la température d'inflam-
mation du noir de fumée {Le four électrique : Étude du carbone amorphe, p. 58).
SÉANCE DU I^'' DÉCEMBRE 1902. Q2q
» Expérience IV. — Lapin de 2'^s,65o, reçoit o"s, 2 d'adrénaline par kilo«Tamme
dans la veine. Mort au bout de 10 minutes avec les mêmes accidents.
» Expérience V. — i5 novembre. Un lapin A de l'^s, 65o reçoit o^s, i par kilo-
gramme dans la veine. Légère parésie des membres postérieurs, se rétablit bien.
Lapin B, poids -2^^, reçoit o™s,i par kilogramme sous la peau. Lapin C, poids i''s,8-o
reçoit o"?,! par kilogramme dans le péritoine. Ces deux derniers ne présentent aucun
accident immédiat.
» Le 16 novembre, les lapins A et B sont bien portants, le lapin C également, mais
son urine contient du sucre.
» Le 18 novembre, le lapin A supporte bien l'injection intra-veineuse de o™s, 2
par kilogramme; après une parésie passagère, il reprend son état normal. Les
lapins B et C, auxquels on a injecté de même o'^SjS par kilogramme sous la peau et
dans le péritoine, ne présentent aucun accident; le lendemain Je lapin C a de nou-
veau du sucre. Cette glycosurie n'est plus constatée dans les urines du 19.
» Le 22, nouvelles injections de o™s, 3 par kilogramme dans les mêmes condi-
tions aux trois animaux. Mais, le lendemain, B et C ont beaucoup de sucre dans
leurs urines; le if\ le sucre a disparu.
» Le 25 on injecte o"(!,4 au lapin A, qui offre une légère parésie et se remet, et à B
etCo"'s,5 par kilogramme. Le lendemain, le lapin B (voie sous-cutanée) présente
seul de la glycosurie.
» Expérience VI. — Le 22 novembre on fixe à la paroi abdominale la vessie d'un
lapin de 2''s, 18. On l'ouvre pour recueillir les urines complètement; puis on injecte
dans le péritoine o""s, 2 par kilogramme; on prélève quelques gouttes d'urine dans la
vessie toutes les 10 minutes, A la troisième prise, c'est-à-dire moins d'une demi-
heure après l'injection, la présence de sucre est constatée dans l'urine. Le glycose
apparaît donc entre 20 minutes et une demi-heure après l'injection intra-péritonéale.
» Plusieurs faits se dégagent de ces expériences :
» 1° Dose mortelle pour le lapin de l'adrénaline injectée en solution dans
les veines. — Si l'on se reporte aux cinq expériences dans lesquelles la so-
lution d'adrénaline a été injectée directement dans la veine, on voit que
l'on a déterminé rapidement la mort de l'animal avec o^^,5 d'adrénaline
(expér. II) par kilogramme, et même o'"s,2 (expér. 1). D'autre part nous
avons vu l'animal survivre après l'injection de o™°,i par kilogramme
(expér. V). La dose mortelle paraît donc être intermédiaire entre o'"^',i
et o™s, 2 par kilogramme.
» 1° Causes de la mort dans F intoxication adrénalique. — La mort paraît
due à deux ordres de causes : troubles nerveux dont l'expression la plus
simple est la parésie des membres postérieurs qu'on observe pendant
quelques minutes chez les animaux qui survivent, et dont l'expression la
plus élevée est représentée par ces convulsions cloniques et toniques avec
opisthotonos et mydriase que nous avons notées dans l'expérience I ; troubles
c. R., 1902, 2' Semestre. (T. CXXW, N" 22.) ^22
93o ACADÉMIE DES SCIENCES.
cardio-pulmonaires caractérisés par une respiration accélérée tout d'abord,
puis très ralentie aux approches de la mort ; la production d'un œdème pul-
monaire signalé par un peu d'écume et de bave, dans les cas où les symp-
tômes sont seulement ébauchés, par le rejet d'une quantité considérable
d'écume rosée sanguinolente dans les cas rapidement mortels. A l'autopsie,
les poumons sont roses, distendus par cette mousse sanguinolente et cou-
verts d'infarctus; les plèvres contiennent souvent du sang. Le cœur est
dilaté et reste en diastole animé de contractions longtemps persistantes.
)) Les autres lésions de moindre importance sont les ecchymoses péri-
cardiques, diaphragmatiques et des capsules surrénales; enfin l'état
d'anémie très prononcé des différents viscères (estomac et intestin sur-
tout) et la turgescence des gros vaisseaux veineux.
» 3*^ Accoutumance au poison. — Il est possible de diminuer la suscepti-
bilité des animaux à l'adrénaline et de créer une accoutumance qui permet
de supporter- les doses toxiques. Dans l'expérience III, l'animal qui reçut
le 29 octobre un peu moins de o™s,io d'adrénaline sous la peau par kilo-
gramme survécut sans présenter de symptômes, et huit jours plus tard on
put lui injecter o™^,5 d'adrénaline par kilogramme dans la veine sans
déterminer la mort immédiate comme dans l'expérience II. Il présenta la
paralysie des quatre membres, mais n'eut pas de phénomènes d'œdème
aigu du poumon et ne succomba que dans la nuit.
» L'expérience V est plus concluante. Le lapin A a reçu successivement
à quelques jours d'intervalle o™s,io, puis 0^2,20, puis o™s,3o et même
o"^^, 4o par kilogramme sans présenter d'autres accidents qu'une parésie
passagère, alors que la dose mortelle est entre 0^^,10 et o™s,2o.
)) 4° Différences d'action suivant la voie d'introduction du poison. — Si l'on
injecte sous la peau et dans le péritoine les mêmes quantités qui ont déter-
miné les accidents que nous connaissons après injection intra-veineuse,
on n'observe ni troubles nerveux, ni troubles respiratoires, même à la dose
de o™^,5 par kilogramme. Toutefois l'injection intra-péritonéale est suivie
d'une glycosurie des plus manifestes, même après introduction de faibles
doses, o™^, 10 par kilogramme. Cette glycosurie semble apparaître, d'après
l'expérience YI, dans laquelle l'urine a été recueillie de 10 minutes en
10 minutes, entre 20 minutes et 3o minutes après l'injection intra-périto-
néale. La durée est plus difficile à préciser : d'après l'expérience VT, il n'y
aurait plus de sucre 24 heures après, mais dans ce cas l'animal était dans
des conditions pathologiques; d'après l'expérience V, le lapin C n'aurait
plus eu de sucre dans ses urines que le surlendemain de l'injection.
SÉANCE DU 1^'' DÉCEMBRE I902. q3l
» Enfin, l'introduction de l'adrénaline sous la peau, qui n'avait pas pro-
duit de glycosurie après l'injection de o^'s, i, o'"g,2, a déterminé une gly-
cosurie manifeste après l'absorption de o°'s,5 par kilogramme. Ajoutons
encore que, dans la région où a été faite l'injection sous-cutanée, on voit
apparaître une escharre sèche.
» L'apparition de la glycosurie après l'injection sous-cutanée d'adréna-
line est favorisée par l'introduction antérieure de l'adrénaline par la voie
péritonéale, intervention qui a déterminé une glycosurie transitoire.
» Deux lapins reçoivent la même quantité d'adrénaline par kilogramme;
chez l'un, l'injection est faite sous le péritoine; chez l'autre, elle est prati-
quée sous la peau ; on observe pendant 24 heures une glycosurie marquée
chez le premier, rien chez le second. Au bout de 2 jours, il n'y a plus de
glycosurie ni chez l'un ni chez l'autre. On injecte alors une dose plus
élevée, o"s,25 par kilogramme, par exemple, chez les deux lapins et sous
la peau. Le lapin qui a déjà eu de la glycosurie antérieurement présente
seul du sucre dans ses urines.
» D'autres expériences en cours nous ont montré que les animaux
qui ont eu cette glycosurie après l'injection intra-péritonéale répétée à
doses croissantes pendant quelques jours, n'ont plus de sucre dans les
urines lorsqu'on injecte plusieurs fois de suite la même quantité d'adré-
naline.
» Tels sont les premiers résultats des recherches que nous poursuivons
sur les propriétés de l'adrénaline. »
PHYSIOLOGIE. — Le cœur à l'état normal et au cours de la grossesse;
par MM. Ch. Bouchard et Balthazard.
« Le procédé de Guilleminot (') permet d'obtenir sur l'écran fluorescent
un tracé exact de la projection orthogonale du cœur à l'aide des rayons X.
Ce tracé est reporté à l'aide d'un papier calque sur une feuille de papier,
et l'aire est évaluée en centimètres carrés à l'aide du planiraètre d'Amsler.
» 49 sujets normaux ont été examinés : ï3 hommes, 36 femmes dont
9 encemtes. La moyenne de la surface du cœur chez ces sujets est de
8 1 '■"', 5 ; le plus petit cœur a une surface de 66''°' ; le plus grand, de i o4'^'"', 5.
» Réservant les femmes enceintes, la moyenne de la surface du cœur
(') Comptes rendus, 28 juin 1902.
932 ACADÉMIE DES SCIENCES.
cliez l'homme est de 89*^"', 5 avec des écarts de yS'""' à io4'="\5; de 76*""'
chez la femme avec des écarts de 66'""' à 96*""'.
» La petitesse du cœur chez la femme pourrait être rapportée à une
influence de sexe; en réalité, elle dépend de la taille plus petite, de la
complexion plus grêle, de la musculature plus faible chez la femme que
chez l'homme.
S S S S
» Pour le démontrer, il suffit d'envisager les rapports yï' ip' p' -r- de
la surface du cœur à la taille, à la surface de section du thorax (*), au
poids et à l'albumine fixe normale. Les moyennes de ces valeurs ont été
les suivantes :
s
h'
s
s
p*
S
A/
5,34
0.199
1,53
9 M
4,92
0,2l3
r,48
9>49
Chez l'homme 89,6
Chez la femme 76
» Comme on le voit, il est alloué pour chaque décimètre de taille une
surface cardiaque moindre chez la femme que chez l'homme, 4*^'"', 92 au
lieu de 5*^"'°', 34- Mais les femmes examinées étaient, à taille égale, plus grêles
S S
que les hommes, et les différences disparaissent pour les rapports p?^»
qui sont sensiblement égaux chez l'homme et chez la femme.
S
» L'examen du ra j)port p^ montre qu'il est plus élevé chez la femme ; c'est
que chez elle le développement du thorax est relativement moindre que
celui des organes abdominaux et du bassin. Une femme, comparée à un
homme de même taille et de même poids, doit avoir la même surface
cardiaque, bien que la surface thoracique soit plus faible et que le rap-
port =; soit plus élevé.
)) Quant aux variations individuelles, elles portent également, et dans
les mêmes limites relatives, sur S et sur les coefficients tv? ?r;> 7;' t-', elles
' H 1 P A^
peuvent atteindre, pour chacune de ces valeurs, le quart de la valeur
moyenne, et dans des cas exceptionnels la moitié de ces mêmes valeurs.
» La pression artérielle a été mesurée à l'aide de l'appareil de del Riva-
(^) La surface de section frontale thoracique est représentée par le produit delà
largeur du thorax au niveau de la pointe du cœur, mesurée sur l'écran radioscopique,
par la distance de la fourchette sternale au diaphragme.
SÉANCE DU l^'' DÉCElvrBRE 1902. pSS
Rocci modifié, qui donne des valeurs un peu inférieures à celles que fournit
le sphygmomanomètre de Potain. Celle pression a été en moyenne de i6*"°, 3
chez l'homme comme chez la femme.
)) Chez les femmes enceintes, les mêmes déterminations ont fourni les
résultats suivants :
s s s s
s. h' t' p' â;"
86<"°',6 5,5o 0,225 i,45 10,00
» Ces nombres doivent être comparés à ceux qui ont été obtenus chez
les femmes normales. La comparaison montre que la surface cardiaque est
accrue en valeur absolue pendant la grossesse, qu'il en de même des rap-
S S , S . ,
ports Tï et Tp- Il n'en est plus de même du rapport p? qui n'a guère changé,
et qui a même un peu diminué; c'est qu'en effet le poids de la femme a
augmenté du poids du fœtus et de ses enveloppes, à peu près dans les
mêmes proportions que la surface cardiaque, et même un peu plus vite.
Par contre, l'albumine fixe correspondant au poids normal, A^, n'a pas
S
varié, aussi le rapport j- est-il nettement accru.
» L'examen des tracés chez les femmes enceintes montre au niveau du
ventricule gauche une dépression ou encoche qui se substitue à la saillie
habituellement observée; cette dépression paraît liée au relèvement de la
pointe par l'abdomen distendu ; elle est constante pendant la grossesse et
ne se rencontre qu'exceptionnellement en dehors d'elle.
)) La moyenne des pressions artérielles pendant la grossesse est de 16*^™,
chiffre inférieur à la valeur trouvée chez les individus normaux.
» En résumé, chez les individus normaux, la surface de projection ortho-
gonale du cœur est indépendante du sexe; elle s'accroît avec la taille, mais
non proportionnellement. Elle dépend surtout du poids de l'albumine fixe
des tissus, ou, ce qui chez les sujets normalement conformés est sensible-
ment la même chose, du poids du corps. Mais ces conclusions ne sont
vraies que pour les valeurs extrêmes, et souffrent de nombreuses excep-
tions pour les valeurs rapprochées. Des sujets normaux de même taille,
de même poids, peuvent présenter des surfaces cardiaques assez diffé-
rentes; ce fait n'est pas indifférent au point de vue des prédispositions
morbides.
» Il faut également tenir compte de la phase de croissance; chez les
934 ACADÉMIE DES SCIENCES.
enfants, le cœur est relativement beaucoup plus développé que chez les
adultes. Cet organe semble avoir atteint son entier développement vers
l'âge de 20 à 22 ans, tandis que le reste de l'organisme continue de
s'accroître jusqu'à 3o ans.
» Chez les femmes enceintes, enfin, se manifeste une hypertrophie que
l'on était en droit de suspecter, puisqu'en dehors de l'investigation clinique,
jusqu'ici imparfaite, elle n'avait pu être étudiée qu'à l'autopsie; c'est seu-
lement, par suite, dans des cas pathologiques qu'elle avait été constatée.
Hommes normaux : i3.
S
S
s
s
S.
h'
t"
p'
â;'
Pam C)
io4,5
6,o4
0,200
1,44
9'73
18
92
6,01
0,189
2,35
i3,23
i5
80,7
4,48
0, i85
1 ,22
8,10
16
78
5,
0,212
1,75
10,75
i3
84
5,i5
0,194
1,55
10,62
16
io4
5,58
0,198
1 ,62
9,28
17
80
5,63
o,3oo
1,84
l5,22
i4
Enfant i5 ans
82
4,66
0, i56
I ,32
7,45
16
82,7
5,07
0, 161
i,i4
8,32
18
90,5
5,i5
0,170
1,06
8,72
18
Enfant i5 ans.
93
5,43
0,221
1,55
8,10
16,5
99
5,02
0,204
1,59
10, o3
17
93
5,4i
0,195
2,585
i,5o
8,46
17
ri63,4
69,43
19^93
128,01
211,5
89,5
5,34
0,199
1,53
9>84
16,3
T., , .p 11 » 1 S 2,35 — 1,06 -,
» L écart relatif entre les valeurs extrêmes de — est ^r?: =: 0,842,
P I ,30
S 5,78 .Q^
A 9,84
si Ton néglige la valeur i5,22 relative à un enfant de i5 ans.
T). iT S 6,o4 — 4i48 o
» L écart reiatii sur t^^ est ^r— tt; ^0,287.
H 0,43
» Taille moyenne : 16,8.
(') Pam, pression artérielle maxima.
SÉANCE DU l" DÉCEMBRE I902.
935
Femmes normales : 27.
S
S
s
S
S.
H*
t'
p"
T-. Pa„.
An
72
4,80
0,2l5
1,53
8,96
18
96
6,27
0,2l4
t,68
I I ,80
17
94
5,98
0,202
t,44
9,58
22
87
5,40
0,217
[,45
8,48
16
87
5,65
0,243
>72
10, 5o
i3
85,5
5,37
o,236
1,49
9,20
18,5
83
5,42
0,219
[,38
9,85
16
79
5,o3
o,238
[,79
II ,62
i5
76
5,00
0,204
[ ,52
9,32
17
75
ô,o6
o,236
1 ,60
1 0 , 80
i3
75
4,83
0,228 ]
,34
8,89
9
74,5
4,90
0, 180
r,52
9,75
18
73
4,42
0, i54
1,29
7,34
i4
72
4,93
0,226
[ ,62
10, j8
16
72
4,68
0,179 1
,33
9,24
16
70,5
4,73
0,210 1
,46
10, 3o
i5
70,5
4,4i
0,188 )
,47
7,80
i5
70
4,57
0,171 1
,64
8,32
20
69
4,3i
0, i83
,21
8,3o
i4
69
4,45
0,243
,64
9,86
i5
69
4,48
0,190 1
,44
9,10
r6
67
4,53
0,246 j
,45
9,38
[8,5
66
4,28
0,173 ]
,37
7,87
[6
66
4,48
0,252 1
,52
9,72
[8
86
5,58
0,261 ]
,5i
II ,5o
[6
70
4,43
0,248 1
,43
9,49
'4
76
4,81
0,199 I
5,755 4c
,29
), i3
9,20
r6
)5o,o
i32,8o
256,36 4/
42,0
76
4,92
0,2l3 1
,48
9,49
6,3
relatif
sur — donne
S
1,79 — 1,21
1,48
1 1 ,80 — 7 ,34
=ro,393.
»
 "
9>49
= 0,472.
S
6,27—4,28
/ f^
»
H "
4,1)2
= o,4oo.
» Taille moyenne : i5,5.
936
ACADÉMIE DES SCIENCES.
Femmes enceintes non tuberculeuses : 9.
S.
S
H*
S
t"
S
p*
s
Pah.
Époque
de la grossesse
83,5
5,09
0,188
^'9
8,95
16
2 mois.
83,5
5,45
0,219
[ ,5o
9>92
16
4 mois.
92,5
5,85
0,245
,74
10, i5
18
4 mois |.
77
5, 10
0,233
,85
9'45
i5
5 mois \.
92
5,86
0,192
,48
10,22
16
6 mois.
97.5
6,25
0,286 1
,54
1 1 ,3o
i5
8 mois.
81,5
4,91
0,2l3
,16
10,19
16
8 mois.
95
5,78
0,243 . 1
,32
10,04
17
à terme.
77.5
5,20
49^49
0,208 ]
,25
9,80
i4
143
à terme.
780,0
2,027 t3,o3
90,02
86,6
5,5o
0,2
,45
10,00
16
» Taille moyenne : i5,7.
PHYSIOLOGIE. — Observations à propos des injections physiologiques;
par M. Yves Dëlage.
« Heidenhain, en 1874, a eu le premier l'idée d'injecter dans l'orga-
nisme des substances colorantes et d'observer le lieu où elles sont éliminées
pour localiser avec plus de précision la fonction excrétrice. Cette idée a
été reprise, quelques années plus tard, par Kovalevsky qui l'a appliquée
à beaucoup d'Invertébrés, et, dans tous les pays, un grand nombre de
travailleurs, imitant son exemple, ont soumis à ce genre d'expériences la
plupart des types du règne animal.
» Le procédé consiste à injecter des substances colorantes, généra-
lement le carminate d'ammoniaque et le carmin d'indigo : là oîi ces sub-
stances se localisent, on déclare qu'il y a excrétion ; là oii elles n'appa-
raissent pas, on affirme que la fonction excrétrice fait défaut.
» Il y a là, à mon sens, un vice de raisonnement qui n'attire pas l'at-
tention parce que, dans la plupart des Mémoires, l'induction fautive reste
implicite, n'est pas formulée, mais qui apparaît nettement dès que l'on va
au fond des choses.
» Le carminate d'ammoniaque, le carmin d'indigo et les autres sub-
SÉANCE DU !*"■ DÉCEMBRE 1902. 937
stances usitées pour ces expériences ne sont pas des produits de l'excrétion
normale. De ce que l'on a constaté chez bon nombre d'animaux que les
unes ou les autres sont éliminées par des organes de l'excrétion normale,
on n'a pas le droit de conclure qu'il en sera partout de même. Le fait que
divers organes excrètent soit le carminate d'ammoniaque, soit le carmin
d'indigo à l'exclusion l'un de l'autre, montre que tel parenchyme qui
excrète une substance est sans action sur une autre. Dès lors, de quel droit
admet-on a priori que telles cellules, parce qu'elles éliminent telles sub-
stances étrangères à l'organisme, artificiellement introduites, élimineront
aussi des produits normaux très différents des précédents ; et, inversement,
que, parce qu'elles n'éliminent pas les premières, elles seront sans
action sur les derniers?
» On est arrivé à un tel abus que l'on considère aujourd'hui,* sans autre
vérification, comme organes excréteurs des parenchymes dépourvus de
canal excréteur et ne faisant pas partie d'une surface libre, (\\n fixent sim-
plement les matières colorantes injectées, sans les éliminer, en les compa-
rant à un rein d'accumulation. Or toute la pratique des colorations vitales,
pour ne rien dire des colorations histologiques sur tissus morts, prouve que
l'affinité des divers protoplasmes et substances de l'organisme pour les
diverses matières colorantes est surtout spécifique, que tel protoplasme qui
fixe telle matière colorante ne fixe pas telle autre : dès lors, de quel droit
conclure de ce qu'il fixe la première qu'il fixera aussi des substances excré-
mentitielles d'une nature toute différente? A ce compte, il faudrait dire que
le système nerveux est excréteur parce qu'il fixe le bleu de méthylène!
» Ces réflexions m'ont paru utiles, non pour condamner la méthode pré-
cieuse des injections physiologiques, mais pour attirer l'attention sur l'abus
que l'on commet en donnant, sans vérification, à ses résultats une extension
qu'ils ne comportent pas. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur l'intégrale de Laplace-Abel.
Note de M. G. Mittag-Leffler.
« Soit
F C(^) = Cu 4- 6', a? H- C2^" -f- . . .
une série de puissances admettant le cercle de convergence G. La série
Y (x) = C^, -\- ^ X ^ ~ X- ^ . . .
G. R., 1902, 2- Semestre. (T. CXXXV, N» 22.) 1^3
938 ACADÉMIE DES SCIENCES.
est alors toujours convergente et l'égalité
FB
a lieu partout dans l'intérieur d'une certaine étoile B qui a été déterminée
par M. Borel. M. Phragmén a montré que cette étoile est en même temps
une étoile de convergence pour l'intégrale de Laplace-Abel
M Dans un Mémoire que je viens de publier [5«/ fa /représentation ana-
lytique d'une branche uniforme d' une Jonction monogène. Quatrième Note
(yAcia math., t. XXVI)] j'ai montré qu'en s'aidant d'un paramètre positif a
remplissant la condition o <^a5i, on peut remplacer la fonction entière
F(coa7) par une autre fonction entière plus générale F(^, co, a) telle que
B'(ir, o), i) = F(w^), et qu'on obtient en même temps
FA(a;) = lim / fi-"F(i>:-, co, y.)diù.
Cette égalité a lieu partout à l'intérieur de Tétoile A, qui est encore une
étoile de convergence pour l'intégrale de Laplace-Abel modifiée
lim / e '"F (a:, oj, y.^doi.
» Au moment de terminer mon travail, j'ai eu connaissance d'un beau
résultat de M. Le Roy \^Sur les séries divergentes et les fonctions définies par
un développemement de Taylor (^Annales de la Faculté des Sciences de Toulouse,
t. II, année 1900, p. 3:22-328)], à savoir que l'égalité
FA(it;) = liiî^y^ -p7 r <?rt^" (^ positif, réel, plus petit que i)
0
a lieu partout à l'intérieur de l'étoile principale A. En s'aidant de cette
expression, on peut modifier (d'une autre manière que celle que j'ai em-
ployée dans ma Note 4) l'intégrale de Laplace-Abel, de manière à repré-
senter la totalité de la branche fonctionnelle FA(^). On obtient en réalité
FA(^) = lim f e'^¥{i^'x) doj,
égalité valable partout à l'intérieur de A.
SÉANCE DU l^'" DÉCEMBRE 1902. qSq
» L'étoile A est-elle encore une étoile de convergence pour les deux
expressions
lim y ^^/^^^ c„^« et limr%-"F(co^^)r/o>?
0 "
Cette question me paraît être d'un grand intérêt. Je termine en remar-
quant que les expressions que je viens d'écrire sont évidemment, toutes
les deux, des expressions limites triples. »
MÉCANIQUE. — Sur les conditions nécessaires pour la stabilité de V équilibre
d'un système visqueux. Note de M. P. Ddhem.
« Un système matériel admet une énergie utilisable A toutes les fois que
des modifications réelles du système vérifient l'égalité
^G^H- dîB^, = dX + r/0,
oii 0 est la force vive, ^s^ le travail externe, d^^ le travail des actions de
viscosité. Cette énergie utilisable n'existe identiquement qu'en certains
systèmes particuliers que nous avons nommés systèmes isothermo-adiaba-
tiques; mais elle peut exister en vertu des relations supplémentaires
imposées au système; cela a lieu, notamment, si tous les mouvements du
système sont isothermiques (A est alors identique au potentiel interne) ou
isentropiques (A est alors le produit de Vénergie interne par l'équivalent mé-
canique de la chaleur).
» Supposons qu'il existe une énergie utilisable A et que les actions exté-
rieures admettent un potentiel P; posons P + A = i2. La démonstration
classique de Lejeune-Dirichlet nous enseigne que, dans un état où Q. a une
valeur minimum, le système est assurément en équilibre stable.
» Dans un état où la variation première de Q. est nulle sans que 9. soit
minimum, l'équilibre du système est-il instable?
» Par un choix convenable des variables ^,,;2' •••. -« qui définissent
l'état du système, on peut toujours faire :
» 1° Que l'état d'équilibre corresponde à ^, = o E„ =: o;
)) 2° Qu'en cet état i2 = o;
» S** Que l'on ait
^1
4- E;; H-. . .-H ^;; 4- etc., o = s, E; 4- S,;J +. . . -I- S J; + etc..
g/jO ACADÉMIE DES SCIENCES.
les etc. désignant des infiniment petits du troisième ordre lorsque l'état
du système est voisin de l'état d'équilibre.
» M. Liapounoff ('), en 1892, et M. Hadamard (^),en 1897, ont prouvé
que, si l'un au moins des coefficients S,, . . ., S„ était négatif, le système
était en équilibre instable; mais leur démonstration suppose l'absence de
viscosité. Or, on peut se demander si la résistance au mouvement opposée
par la viscosité ne pourrait pas rendre stables certains états d'équilibre qui
seraient instables en l'absence de viscosité.
» Lorsque le système est affecté de viscosité, nous n'avons pu démon-
trer dans toute sa généralité le théorème, qui serait analogue à la propo-
sition de M. Liapounoff et de M. Hadamard; nous avons pu seulement
établir le théorème suivant :
» Si Viin au moins des coefficients S, , . . . , SnCSt négatif, et si aucun d'eux
n est positif, Vèquidhre eU instable.
» Avec Sir Stokes et lord Rayleigh, nous admettons l'existence d'une
fonction dissipative
avec
» Les équations du mouvement sont alors du type
2^^ + 2S^Ep-h r^.E; -^ V pJC-\- . . . ^ Vpjç^^ H- etc. = o.
Dans cette égalité, comme dans celles qui vont suivre, etc. désigne un terme
qui, au voisinage de l'état d'équilibre, est infiniment petit par rapport aux
termes explicitement écrits.
» Formons l'expression
(1) V = 2(Ç-S,$=).
où le signe 1 s'étend de/> = i -à p = n.
» Nous aurons
(^) Liapounoff, Journal de Mathématiques, ^^ série, t. III, 1897, p. 8.
(*) Hadamard, Journal de Mathématiques, S** série, t. III, 1897, p. 33i.
SÉANCE DU I^' DÉCEMBRE 1902. g^l
OU bien
(.) ^ = _4.W„-F + elc.
Nous aurons ensuite
'''^ — - /. ES ^'- - 4iS„E„E' — ^- + etc.
ou bien
(3) ^^=-4SS,Ç-2(2S^E^+.,,E', + ... + v':j^+etc.
» Aux valeurs absolues des l, l' , on peut assigner des limites supérieures
\ V telles que ^ ait le signe des termes explicitement écrits en l'éga-
lité (3), c'est-à-dire le signe +.
), D'autre part, on peut prendre les valeurs initiales des E, l' assez voi-
sines de O pour que le signe initial de ^ soit le signe des termes explici-
tement écrits en l'égalité (2); on peut en outre prendre les valeurs ini-
tiales des rapports % assez voisines de O pour que F soit négligeable par
rapport à 2S/,/,;. Le signe initial de ^ sera alors le signe +. Quant à V,
sa définition (i) le montre essentiellement positif.
)) Dès lors, l'une au moins des valeurs absolues des E, l' surpassera
celle des limites \, V qui lui correspond.
,) En effet, si la valeur absolue d'aucune des quantités ^, l' ne surpas-
sait sa limite, on pourrait assigner à la quantité essentiellement positive V
une limite supérieure; mais, d'autre part, on aurait sans cesse -^>^
et, comme la valeur initiale de ^ est positive, V croîtrait au delà de toute
limite avec le temps /; on aboutirait donc à une contradiction.
» Le théorème énoncé est donc démontré. On remarquera que la
démonstration ne fait aucun usage du signe de la fonction dissipative, que
l'on sait être une forme définie positive. »
942 ACADÉMIE DES SCIENCES.
BALISTIQUE. — Tracé des courbes de pressions . Note de M. E. Vallier.
« Je donne aujourd'hui les éléments nécessaires au tracé de la courbe
des pressions.
» En fonction des temps, la courbe pour p ^ i est tangente à l'origine
à l'axe des temps, passe par un maximum pour s = i, et s'abaisse ensuite
vers l'axe des temps. Elle présente deux points d'inflexion pour les va-
leurs de
v/|
» Le calcul des ordonnées se fait immédiatement par la formule
P = P,P(..) = P,çP(^),
et celui des inclinaisons par
tange = pi^^P(=).
» Les tracés en fonction des espaces sont d'un calcul un peu plus com-
pliqué, mais d'une exécution tout aussi facile.
» Il suffit d'indiquer que la courbe, tangente à l'origine à l'axe des
pressions, passe par son maximum en un point donné par
w, = U(ï),(a),
et par un point d'inflexion où l'on a
U.J, = -—■ Ut = U<î>o (a),
H'
^2 étant donné par l'équation
[^{z, - ly - :] Y{z,) + z,(z, ^ i) P(.^,) = o
et
P3-P,P(:^,).
Enfin, à la bouche de la pièce, on aura
P3-P,P(a)
SÉANCE DU I*'' DÉCEMBRE 1902.
943
et
SP, I — s P(a)
tange3=^X-^^^
» Ces relations seront utilisées lorsque a. et [S auront été déterminés
séparément, et en se reportant aux Tables des fonctions construites avec
l'argument p.
» Lorsque l'on admettra la relation probable entre les deux caracté-
ristiques
(x— i)^ = 2,
on fera usage du Tableau ci-dessous dans lequel on suppose les échelles
des pressions et des espaces choisies de telle sorte que les unités respec-
tives P, et U soient représentées par la même longueur.
» S'il n'en était pas ainsi, les valeurs numériques indiquées pour les
F
tangentes seraient à multiplier par le rapport métrique des unités -^j-
Sommet.
Inflexion.
Bouche.
a.
P,. *,. tange,.
P.-
*r
tangOj.
p,. <ï>
3. tange,.
1,3
I 0,200
0
0,798
— 0,545
— 0,82
0,454
— 0,60
1,4
1 0, i65
0
o,8o3
0,452
0,92
o,38o 1
0,57
1,5
i o,i34
0
0,808
0,375
I ,o3
o,3o8
[ 0,53
1,6
I 0, ii3
0
0,818
o,325
i,i4
0,257
0,49
1,7-
1 0,097
0
0,827
0,279
I ,25
0,229
0,45
1,8
I 0,084
0
o,835
0,245
1,36
0,189
o,4o
1,9
I 0,075
0
0,842
0,218
',47
0, i63
o,36
2,0
I 0,067
0
o,85o
0,196
1 ,58
0,1 4o
0,33
2,1
I 0,061
0
o,856
0,174
1,69
0,I23 1
0,32
2,2
1 o,o55
0
0,862
0, i58
i,8j
0,109
o,3o
2,3
I o,o5o
0
0,867
0, 145
1,93
0,097
0,28
2,4
1 0,045
0
0,871
0, i35
2,25
0,086
i 0,27
2,5
I o,o4j
0
0,874
0, 128
2,18
0,076
0,25
3,0
I 0,026
0
0,880
0,081
2,74
o,o44
[ o,i4
g44 ACADÉMIE DES SCIENCES.
NOaiINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la formation d'une liste
de deux candidats qui doit être présentée à M. le Ministre de l'Instruc-
tion publique pour la place laissée vacante au Bureau des Longitudes
par le décès de M. Cornu.
Au premier tour de scrutin, destiné à la désignation du premier can-
didat,
M. Darboux obtient 52 suffrages
M. Hatt » 4 «
M. Maurice Levy » i »
Il y a 2 bulletins blancs.
Au second tour de scrutin, destiné à la désignation du second candidat,
M. Hatt obtient 52 suffrages
M. Appell » I ))
Il y a 6 bulletins blancs.
En conséquence, la liste présentée par l'Académie à M. le Ministre de
l'Instruction publique comprendra :
En première ligne M. Darboux.
En seconde ligne M. Hatt.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à l'élection d'un Membre
de la Section d'Astronomie, pour remplir la place laissée vacante par le
décès de M. Paye.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 59,
M. Deslandres obtient 82 suffrages
M. Bigourdan « 25 »
M. Andoyer » 1 »
M. Puiseux )) 1 ))
SÉANCE DU l^"" DÉCEMBRE 1902. 94^
M. Deslandres, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est pro-
clamé élu.
Sa nomination sera soumise à l'approbation du Président de la Répu-
blique.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
M. J. Balondrade adresse une Note relative à des « Bombes et fusées
paragrêles ».
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
M. J. Valetox adresse une Note sur « la Locomotion aérienne par les
aéroplanes ».
(Renvoi à la Commission de l'Aéronautique.)
M. BoucAUD adresse une Note relative à l'Aérostation.
(Renvoi à la Commission de l'Aéronautique.)
M. Hexri Villard soumet au jugement de l'Académie les résultats
d'expériences qu'il a effectuées avec de grandes hélices à très petit pas.
(Commissaires : MM. Maurice Lévy, de Bussy.)
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspon, lance, une brochure de M. Icilio Guareschi, ayant pour titre :
« Fauslino Malaguti e le sue opère ».
M. Lœwy fait hommage à l'Académie, au nom de M. Replies, Direc-
teur de l'Institut météorologique de Bucarest, d'un Essai historique
sur les travaux astronomiques exécutés en Roumanie jusqu'à la fin du
XIX* siècle, et fournit quelques renseignements sur le contenu de cette
intéressante Notice. Elle fait connaître que les premières observations
C. R., 1902, 2- Semestre. (T. CXXXV, N" 22.) 1^4
946 ACADÉMIE DES SCIENCES.
astronomiques ont été faites avant 1716 par Christantie Novara, un élève
de Cassini, à qui l'on doit les positions géographiques de Bucarest et de
Targovistea. M. Hepitesy rend compte de toutes les études astronomiques
et géodésiques accomplies dans son pays depuis cette époque lointaine, et
il signale que c'est également un astronome, ancien élève de l'Observa-
toire de Paris, le colonel Capitaneanu, qui, le premier, a introduit en Rou-
manie les méthodes de haute exactitude de l'Astronomie moderne. Il a
joint, à cette esquisse historique très instructive, une biographie de cet
éminent officier auquel ce pays est redevable de la plus belle partie de sa
triangulation.
En terminant, M. Hepites fait ressortir avec raison certains travaux de
théorie pure, effectués en Roumanie dans ces derniers temps par deux
savants de grande valeur sortis de nos hautes Écoles, Gogou et Haretu,
qui ont traité quelques-uns des problèmes les plus intéressants de la Mé-
canique céleste.
Ce tableau de l'activité astronomique en Roumanie met en lumière
d'une manière incontestable que ce pays est, à l'époque actuelle, le théâtre
d'un remarquable essor scientifique.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur quelques conséquences de certains dévelop-
pements en séries analogues aux développements trigonométriques . Note
de M. W. Stekloff, présentée par M. Picard.
« 1. Nous allons indiquer, dans cette Note, les applications nouvelles
du théorème général énoncé dans ma Note précédente.
» Désignons par V„ (« = r, 2, 3, . . .) les fonctions, assujetties aux
conditions
^. + 4V, = o, V„(«) = o, \,{b)=o.
On a évidemment
sin
b — a
» Soit /une fonction continue avec sa dérivée du premier ordre dans
l'intervalle {a, h) et s'annulant pour les limites de cet intervalle. Posons
(2) /.:=.A,V, H-A,V, + ...H-A„,V„ + R„, A, = f'/Y,dx.
SÉANCE DU l*"" DÉCEMBRE T902. 947
On trouve, en tenant compte du théorème de ma Note précédente,
b
, 'f K^^djc f pdx
(3) T,.^/R;;^.<V- = /-<^<^^^i^^
M, désignant le maximum de module/'(a?) dans l'intervalle («, ^).
» L'égalité (2) montre que R^ est une fonction de x, continue avec sa
dérivée à l'intérieur de l'intervalle («, h) et s'annulant pour les limites de
cet intervalle. On a donc
d'oii, en vertu de (i) et de (3),
» On obtient donc le théorème suivant :
» Théorème. — Toute fonction f, continue, admettant la dérivée du pre-
mier ordre dans l'intervalle donné (a, b) et s'annulant pour les limites de cet
intervalle y se développe en série uniformément convergente de la forme suivante :
' '-■" -ax.
a , v^ • n-{x — «) r r .
-/-2i^"^ b-a -J ^''"
» La valeur absolue du reste de cette série ne surpasse pas la quantité
{b — a)\l^ M,
\Jt, \Jn-\-i
M, désignant le maximum du module de f(x) dans l'intervalle donné.
)) Ce théorème n'est qu'un cas particulier d'un théorème plus général
qui s'énonce comme il suit :
» Théorème. — Toute Jonction f, satisfaisant aux conditions du théorème
précédent, se développe en série uniformément convergente de la forme suivante :
(4) /=i;A,V,, K = jpfV,dx,
948 ACADÉMIE DES SCIENCES.
où V^ sont les fondions définies par les conditions
p étant une Jonction positive ne s' annulant pas dans V intervalle («, 6).
» La valeur absolue du reste de la série (^[\) ne surpasse pas le nombre
\j2{b — a)M,
S/Po 'yi<n+x
P(, étant le minimum de p.
» 2. Supposons que /admette les dérivées de deux premiers ordres
dans l'intervalle (a, b). On trouve
c'est-à-dire
''n + 1 J„
Ma désignant le maximum de /"{x) dans l'intervalle donné.
» On a donc, par exemple dans le cas /?(^) = f ,
b — aV M,
R„(^)|<V2-(^)
(« + ir
» 3. Supposons enfin que f{x) admette les dérivées de ik -\- i pre-
miers ordres et que les dérivées de 2^ premiers ordres s'annulent pour
X =^ a, X =-b. Désignons par M/^ le maximum de \f^^^{x')\^ par T)f^ l'inté-
grale
'\KYdx.
L
aux inégalités suivantes :
» L'application successive des raisonnements précédents nous conduit
suivantes :
'J'(2A-+2) .'J'(2A-+2)
n + \
T«<^^Wr' n<^Wr' Tf^"<(6-«)MS.,,
^Jx)\<sJ^.{t^)'
{n 4- i)2A+2
» Les considérations que nous venons de développer peuvent nous
conduire à une méthode particulière pour résoudre divers problèmes inté-
SÉANCE DU l"' DÉCEMBRE 1902. 949
ressants, mais je ne puis ici que les indiquer sommairement. Voici l'énoncé
des problèmes dont il s'agit.
» Supposant que les fonctions en question admettent les dérivées de
divers ordres :
» i^ Calculer les coefficients de la série de Foarier avec l'approximation
donnée à l'avance.
» 2" Calculer la valeur de l'intégrale I (pi dx avec une approximatior
donnée.
)) 3 ' Les valeurs des intégrales
I fsinkxdx (/{,== i , 2, ..., n)
étant données, trouver la valeur de l'intégrale j /dx, a, [i étant deux
nombres quelconques compris entre o et -rz, avec l'approximation donnée à
l'avance.
» 4° Trouver un polynôme P„ (x) tel que V écart de la fonction donnée J de
ce polynôme soit plus petit quun nombre donné à l'avance e pour toutes les
valeurs de x comprises dans l' intervalle donné. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les congruences à plusieurs inconnues
relativement à un nombre premier impair. Note tle M. R. Levavasseur,
présentée par M. Painlevé.
« J'envisage la congruence i\x^,x.,, ...,a7„j)^o (mod^), p étant un
nombre premier impair, /"étant une fonction entière et rationnelle de a?,,
iTo, . . ., x,n, à coefficients entiers, pris suivant le module o. Je me suis pro-
posé de trouver le produit
le produit s'étendant à toutes les congruences dont le degré ne dépasse pas
un nombre donné r. J'ai commencé par résoudre le problème dans le cas
où r =:^ I .
9^0 ACADÉMIE DES SCIENCES.
)) Je trouve comme résultat la congruence que voici :
ce'
^P'" rf^P"
X
,/'"'-
X':
— x''
xP"
X'
X'. — X,
^o (mod/j).
» On en déduit la solution du cas général. Expliquons-le sur un exemple
simple.
» Soit à résoudre le problème dans le cas de deux inconnues x, y,
pour r = 2.
» On fera, dans le déterminant qui précède, m — 5, x^
X-, X.,
xy.
y,x^ = x,x^ = y.
» On
trouve
x'P'
— x'^P'
xP'-yP'
— xpyp'
f'
— y'^P'
x-P'
— x-P"
xpyp'
- xpyp'
f
-f''
x^-P'
— x'^P'-
xpyp"
— xpyp"
y"-?'
-f-''
x'^P'-
-X-P
xpyp'
— xPyP
y^p-
~r'
x-P
-x-"
xPyP
— xy
y^P
— y-
yP _ yl
yP'
r
xP' — xP'
xP' — xP"
xP" — xP" yP' — yP^
xP" — xP yP''—yP
xP — X y^ — y
o (mod/)).
» On peut ensuite se proposer de trouver le produit des congruences
irréductibles d'ordre r. Soit P^^o (mod/?) la congruence obtenue en
faisant le produit de toutes les congruences dont le degré ne dépasse pasr.
On fera d'abord le quotient de P^ par P^_, (mod/?) et l'on n'aura plus
qu'à chercher l'ensemble des facteurs simples du quotient obtenu par les
méthodes connues.
» Ainsi, en divisant le premier membre de la congruence précédente par
xP' — xP yP^ — y^
p^+p+'2
xP — X yP — y
on aura le produit des congruences irréductibles de degré 2 en x, y. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la généralisation des fractions continues.
Note de M. Auric, présentée par M. Jordan.
« Considérons k -+- 1 quantités réelles ou complexes
a^, <2,, «2» <^3» '•■■> ^A-i» ^^k*
SÉANCE DU 1^'" DÉCEMBRE 1902. gSi
que nous supposons rangées par ordre décroissant des modules.
» Posons
l/f étant l'entier le plus rapproché du quotient — •
» On aura
^^- <' - si les nombres considérés sont réels et <C ■^- s'ils
^A 2 2
sont complexes.
» On posera également
^i = ^A-t-i^A+i ■+" (~ ï) ^A-i-2'
puis
«o = X;,^2 «A-+2 + (— O^'^A+3,
et ainsi de suite.
» Il est clair que les quantités «a+i? %+2» <^a+3» • •• diminuent indéfini-
ment en valeur absolue et ont pour limite zéro, limite qui est effectivement
atteinte lorsque les quantités considérées sont réductibles dans le domaine
des nombres entiers.
» On établit aisément la relation
«/ = Q>n + QL, ««+1 -f-. . . -f- QL,._, «„+A-, + (- O^'^Ql-, ««+A
avec les formules récurrenes
» On peut établir que, lorsque i étant fixe et n augmentant au delà de
toute limite, les expressions
et
restent finies et comprises entre deux limites fixes | R«^| et | R'a^ |, en
valeur absolue.
« Il en résulte que le vecteur Q", Q", Q", ..-, Ql' a une limite bien
déterminée et que ce vecteur limite est normal au vecteur
» Le théorème de Lagrange a pour corrélatif le suivant :
)) Considérons k formes quadratiques des k -\- i variables Uo/a^, a.,, ..., «/^;
932 ACADÉMIE DES SCIENCES.
au moyen des substitutions étudiées ci-dessus ces formes peuvent s'exprimer en
fonction des variables a, i, «„+,, ««+0, ..., ««+/(•
» Le théorème fondamental consiste en ce que les coefficients de ces
formes successives restent tons inférieurs en valeur absolue à des nombres
fixes, de sorte qu'au bout d'un certain nombre d'opérations on retombe
sur les formes dont on est parti ou sur des formes déjà envisagées; en
d'autres termes, la suite des \ est périodique simple ou mixte suivant le
cas.
» La méthode décrite permet donc de se rendre compte si un vecteur
quelconque donné O!,,, «,, a.^, ..., aj^ est une solution d'un système de formes
quadratiques àe k -+- 1 variables à coefficients entiers.
» Elle permet, en outre, de généraliser la notion d'équivalence de
Dedekind, ainsi que les recherches de Dirichîet. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE, — Sur les transcendantes uniformes, définies par
des équations différentielles du second ordre. Note de M. R. Liouville,
présentée par M. Jordan.
« J'ai quelques mots à répondre aux nouvelles observations de M. Pain-
levé : Je n'aurais, paraît-il, que le choix entre une erreur et un truisme.
)) L'erreur qui m'a été reprochée n'est pas de moi et ma Note citée ne
laisse ni doute possible, ni choix à faire.
» Quant à la proposition que M. Painlevé semble aujourd'hui regarder
comme un truisme, c'est celle qu'il énonçait, dans sa Note du 8 septembre,
comme étant la seule, en réalité, démontrée par mon analyse. L'énoncé
qu'il en a donné, en croyant me rectifier, ne diffère en aucun point essen-
tiel de celui que j'avais indiqué moi-même.
» Pour l'établir comme je l'ai fait, on ne rencontre aucune difficulté.
S'ensuit-il que ce soit un truisme? Il importe peu que mon raisonnement
puisse être étendu à toutes les équations différentielles du second ordre,
car il n'y a en ceci aucune absurdité, lorsqu'on ne modifie pas mon
énoncé, et ma première Note a d'ailleurs mentionné que je n'avançais
rien encore de spécial aux équations à points critiques fixes.
» L'analyse très brève que j'ai présentée introduit les véritables élé-
ments de la question que j'avais en vue, et l'on n'arriverait guère, en
cherchant à lui substituer une prétendue évidence, qu'à sous-entendre des
restrictions importantes.
SÉANCE DU s^'" DÉCEMBRE 1902. C)53
» L'appréciation de M. Painlevé sur tous ces points se ressent, je le
crains, de l'erreur qu'il m'attribuait d'abord.
» Au lieu du couple d'intégrales de l'équation différentielle dont il
s'agit, je considère trois solutions d'un système d'équations aux dérivées
partielles. Ces solutions, dont la connaissance permettrait d'intégrer
l'équation proposée, n'en sont nullement des intégrales, bien qu'elles
jouent un rôle analogue.
» En disant que la question ainsi posée se trouve résolue par sa Note du
27 octobre, voici en définitive le théorème que M. Painlevé donne indi-
rectement comme démontré :
» Soient
djr.-, d'^x, d- X
X.. = -7— -> X.. = , "? X
dx^ ' dx\ ' "• dx\
de sorte que x^^, x- sont des fonctions de Xf, x.,, x.^, données en vertu de
l'équation différentielle qu'il s'agit d'étudier.
» Si l'on désigne par h, h', h" les indices i, 2, 3 placés dans un ordre
quelconque et que l'on pose
en représeut-Mit par z^, z.^, z^ trois fonctions inconnues de x^, x.^, x^\
par z''*'\ 2 1''^ , ... leurs dérivées partielles des deux premiers ordres, les
équations
2 ("^'sP/' — ^2/>S)^.V<^^A.-l + -r, = O,
U./c)
l'A)
définissent les s et, comme conséquence, les pfj..
» Quand l'équation différentielle proposée est irréductible, au sens
adopté par M. Painlevé, c'est-à-dire quand il n'existe, entre deux intégrales
distinctes et leurs dérivées partielles d'ordre fini, aucune relation algé-
brique différente de celle qui se déduit de la connaissance du dernier
multiplicateur, il arriverait toujours que, parmi les fonctions pfl, l'une au
moins fût transcendante.
>i Cette proposition, supposée exacte, traduirait une propriété des fonc-
tions s, qui n'étant, pour l'équation proposée, ni des intégrales, ni des
C. R., 1902, 2" Semestre. (T. CXXW, >> 22.) ^ ^^
954 ACADÉMIE DES SCIENCES.
solutions particulières, échappent entièrement à l'analyse employée par
M. Painlevé dans sa Note du 27 octobre.
» Mais M. Painlevé va plus loin encore ; dans cette voie, ni dans aucune
autre, on ne pourrait aboutir à un résultat positif.
» En d'autres termes, on ne saurait concevoir aucun mode de réducti-
bilité qui ne soit compris dans celui dont M. Painlevé a fait l'étude.
» Je n'ai pu découvrir les bases mathématiques de cette opinion, un
peu isolée, de sorte que je me vois obligé d'abandonner là, et d'ailleurs
d'une façon définitive, toute cette discussion, devenue sans objet précis. »
THERMODYNAMIQUE. — Méthode pour évaluer les températures dans
l'échelle thermodynamique centigrade. Note de M. Poxsot, présentée
par M. Lippmann.
« Dans une Note récente (^Comptes rendus du 27 octobre 1902) sur la
force électromotrice d'un élément de pile thermo-électrique, j'ai indiqué
les conditions nécessaires pour pouvoir calculer les températures dans une
échelle thermodynamique, soit avec la valeur de cette force électromotrice,
e, mesurée par les procédés ordinaires, soit avecla valeur de ^, c'est-à-dire
du phénomène de Peltier, mesurée par le procédé donné par M. Pellat
{Comptes rendus, t. CXXXIII, 1901, p. 921).
» M. Pellat (^Comptes rendus du 3 novembre 1902) a fait remarquer que
la méthode qu'il a proposée pour évaluer en valeur absolue les basses tem-
pératures n'est pas identique à celle qui repose sur la mesure de q, et no-
tamment qu'elle n'exige pas l'emploi de deux températures connues en
valeur absolue.
» La méthode de M. Pellat repose, en effet, sur la mesure simultanée de
trois grandeurs : la force électromotrice, e, d'un élément, le phénomène
de Peltier, q, à l'une de ses soudures, et la température t de cette soudure
dans une échelle thermométrique ordinaire.
)) En tenant compte des résultats théoriques que j'ai établis dans ma
Note précédente, je vais décrire succinctement une méthode plus simple et
plus précise que celle de M. Pellat, puisqu'elle n'exige que la mesure de
deux grandeurs e et q, et qu'on n'y emploie aucune relation empirique.
» -jR^^ -jt étant constants, on a, pour la force électromotrice d'un élé-
ment,
SÉANCE DU l/' DÉCEMBRE 1902. gSS
» Si la température 6 reste fixe, q est invariable,
d{e + q')
d^.
= — B.
» Mode opératoire. — La soudure chaude sera portée à une température inva-
riable 8, supérieure à la température d'ébullition de l'eau. L'autre soudure sera d'abord
portée à la température de 100° centigrades; on mesurera e' et g', dont la somme S'
correspondra à la température absolue 6'.
» Cette soudure sera ensuite portée à la température du zéro centigrade, on me-
surera e" et q" , dont la somme S", correspondra à la température absolue 6".
» L'échelle qu'on a choisie pour les températures absolues étant celle où l'intervalle
fondamental est également de 100°, on a
S" S'
100
La soudure froide étant portée à une autre température inférieure à 8, si l'on trouve
comme mesures e et ^, dont la somme est S, cette température, repérée dans l'échelle
centigrade, sera
S -S"
^ = --B—
Celte température, évaluée dans l'échelle thermodynamique dont l'échelle centigrade
fait partie, est t + 8".
» Pour déterminer 8", on résoudra par tâtonnements l'équation suivante, en posant
6'= 6"+ 100,
^ + BLog8" = |;+-BLog6'.
» Ayant ainsi simultanément mesuré la foixe électromotrice de l'élément thermo-
électrique et évalué la température de l'une des soudures dans l'échelle thermodynamique
adoptée, puis répété ces mesures et évaluations dans des limites de température aussi
étendues que possible, on pourra déterminer les constantes de la relation que j'ai
donnée entre la force électromolrice et la température absolue.
)) Il suffira alors de mesurer cette force électromotrice pour la détermination des
températures absolues, dans les limites de température dépendant de la nature des
métaux foraiant l'élément thermo-électrique. Cet élément servira de thermomètre
étalon.
» On pourrait également, après avoir obtenu dans le calcul de 8" la deuxième con-
stante de la relation entre q et la température absolue, utiliser seulement la mesure de q.
» Le critérium de l'exactitude de la méthode sera que les valeurs de e et de ^, utili-
sées séparément, devront donner des indications de température concordantes et
indépendantes de la composition de Télément thermo-électrique.
» M. Pellat a décrit un procédé pour mesurer ^, du phénomène de
Peltier : il a calculé et indiqué l'erreur maximum de sa méthode. L'expé-
rience justifiera sans doute ses prévisions, et il est à espérer que, par la
pratique, ce savant pourra beaucoup diminuer les erreurs méthodiques.
9^^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
« Quelle sera la précision de la méthode que je propose? Quels écarts
présenLeront les résultats de cette méthode et ceux qu'on obtient avec le
thermomètre à gaz? L'expérience seule permettra de répondre à ces
questions.
« C'est pour des considérations de précision que je m'abstiens de déve-
lopper une autre méthode de déterminaiion des températures dans l'échelle
thermodynamique centigrade : cette méthode leposerait sur la mesure de e
ou de ses variations dans les points d'un conducteur métalhque a des tem-
pératures (hfférentes, et dans des conditions plus faciles à concevoir qu'à
réaliser. »
PHYSIQUE DU GLOBE. - La pesanieur le long du parallèle moyen.
Noie de JM. J. Collet, jiré.^entée j)ar M. Lœwy.
^ « Aj^rès avoir exposé, dans une Note précédente, la partie de mes
observations qui conc( rne les durées des oscillations du pendule, je vais
maintenant considérer les déterminations correspondantes de la pesanteur.
» ].e Talileau suivant donne, en mètres, les valeurs de ^^ aux diverses
stations, déduites delà valeur déterminée au rez-de-chaussée de l'Obser-
vatoire de Paris, par le commandant Defforges, dans la salle des exjx-
riences pendulaires. Pour les valeurs de t/, qui ont servi à ce calcul,
lorsque plusieurs expériences ont eu lieu dans une même station, on a
pris la moyenne des résultats obtenus. Le Tableau renferme, en outre, les
cléments du calcul de la gravité g, au niveau de la mer, ainsi que les ano-
malies go — gi que fait apparaître la comparaison de g^ avec la valeur
théorique normale g,.
Tableau des pesanteurs observées et réduites au niveau de la mer.
ft (!•
&0
^^'■^^•; o,7ii3523 9,81000 9,8ioi3 9,81080 —0,00017
^^'^''''''^'^ Siy"! 9,80545 9,8o556 9,8o536 -ho, 00020
CapFerrete 4629 9,80695 9,80696 9,80656 +o,ooo4o
^°''^^^"^ 4923 9,80614 9,8o63i 9,80673 --0,00042
^"''''^^- 5191 9,80940 9,80664 9,80682 -0,00018
Sanu-Pierre-Ie-Chastei.. 5n2 9,80962 9,80708 9,80752 - o,ooo44
Samt-Agrève 5553 9,80488 9,8o643 9,80689 ~o,ooo46
^'^^'^"^^ 4903 9,80619 9,80646 9,80682 -o, 00086
^'^^''^^'•^ 4998 9,80593 9,8o635 9,80705 -0,00070
La Bérarde 643i 9,80200 9,80587 9,80682 -o,ooi45
LeLautaret 6701 9,80124 9,8o524 9,80688 -0,00164
'^^"'"' o,7ii5io55 9,8o588 9,80640 9,80694 — o,ooo54
SÉANCE DU 1*='' DÉCEMBRE 1902. cpy
Eléments de la réduction au niveau de la mer.
Allilude h. f^atitude À". Densité S.
m o ( Il
Paris 60 48 • 5o • I ' 2
Marseille 6i 43. 18-17 ^'^
Cap FerreL 6 44-38.49 2
Bordeaux ^4 44 • 5o • ' 8 'i
Aurillac T.. 64o 44.56.46 2.-3
Saint-Pierre-le-Ghaste! jSS 45.48 2,78
Saint-Agrève io58 45- 0-36 2,7
Valence i25 44-56 1,9
Grenoble 210 4-^. 11.22 2,6
La Bérarde j 788 44-56 2,7
Le Laiitarel 2o58 45. 2.5 2,7
Turin 233 45. 4-8 2
» Pour la réduction au nweau de la mer, on a eîiipioyé la ioruiale de
Bougner
dans laquelle 0 est la densilé moyenne du sous-solde la station; A, celle
de la Terre, soit 5,5; h, l'akitude de la station ; et, enfm, R le rayon de la
Terre.
» I^es valeurs de S résultent des intlications autorisées des géologues les
plus conijjétents. Elles sont justifiées par les coupes géologiques qui ren-
ferment mes Notes antérieures insérées dans les Comptes rendus.
)) Le calcul des valeurs normales g^ de la gravité a été fait à l'aide de la
formule Defforges
S\ — 9»7^i24(i H- 0,005243 sin-).).
» En dehors même de tout examen critique des diverses formules em-
ployées en Géodésie, pour le calcul de o,, le choix de la formule précé-
dente s'imposait ici, en raison de la coordination de mes observations avec
celles dîi Service géographique (').
» TiCS valeurs ^0 ~ Sk ^^^ anomalies exigent encore, dans certaines sta-
tions, une dernière correction, celle <\q.\ attraction topo graphique (^). Cette
correction, (jui deujaude de 1res laborieux calculs, vient diminuer If déucil
(1) Voir, sur ce point, le Mémorial du Dépôt de la Guerre, t. XV, p. 16.
(-) Comptes rendus, t. CXXXI, p. 654 et 742.
gSS ACADÉMIE DES SCIENCES.
apparent fie la pesanteur. Sa valeur est 0,00018 à la Bérarde, et 0,00006
au Lautaret, ce qui réduit le déficit aux valeurs suivantes :
» 0,00127 ^ '^ Bérarde, o,ooi58 au Lautaret. Quanta \a flexion du pen-
dule, signalée par M. Helmert, et calculée par lui, elle est sans influence
sur les déterminations relatives de la pesanteur.
)) En examinant la suite des valeurs de g^ — gf, on voit qu'on n'a
observé des excédents de pesanteur que dans deux stations, l'une près du
bord de la mer (Observatoire de Marseille), l'autre (Phare du cap Ferret)
dans une situation insulaire, l'excédent, dans ce dernier cas, étant double
du premier. Partout ailleurs on a constaté un déficil croissant en même
temps que le relief du sol devient plus considérable .
» Ce défaut de pesanteur, au niveau de la mer, sous les massifs monta-
gneux, est l'indice d'une constitution spéciale de la croûte terrestre qui,
sous les masses en relief, doit avoir une densité moyenne plus faible que
sous les plaines, au même niveau, et surtout que sous les mers et les océans.
■5»
CapFerret' \
PJamb du Cantal
jSSff
StFlour
Jhraniczcr normale^
-!t2 Couriez des anomalies-
-18
Ecrias
t^;K^'^ X ^ ^'^ AIber§ian
leMezenc l 2%: ^■'f\ | U,
Anomalies de la Pesanteur le lonô du PariJlèle mojen.
£ûielle' <les Zonffzteurs
ISxutezirs dcztX'^ns déaipléej'.
» La fii^ure précédente rend sensible aux yeux la corrélation existant
entre le relief du sol et les anomalies de la pesanteur. Elle fait apparaître
SÉANCE DU I^' DÉCEMBRE 1902. qSq
quelques particularités remarquables sur lesquelles je me propose de
revenir dans le Mémoire que je compte rédiger sur l'ensemble de mes
expériences pendulaires. »
CHIMIE. - Sur la composition des hydrates de gaz. Note de M. de Forcradn.
« J'ai indiqué (' ) comment on peut, au moyen de ma relation générale
% = 3o,
déterminer la composition des hydrates de gaz qu'il est presque toujours
impossible de fixer exactement par l'analyse directe, et j'ai donné deux
méthodes pour obtenir ce résultat. J'ai déjàapphqué ces règles (^) à l'hy-
drate de chlore, qui a pour composition : CP 4- 7 H'O.
M Dans la plupart des autres cas, la première méthode seule est appli-
cable, parce qu'on ne connaît pas la chaleur de solidificalion totale (L + S)
de la molécule gazeuse. Mais la précision de cette méthode est toujours
suffisante pour savoir si l'hydrate est à 6, 7 ou 8H^O.
)) J'ai fait les calculs de Q', de T^ et de n pour tous les hydrates dont on
a déterminé les courbes de dissociation, en me reportant aux travaux
de M. Villard, M. Roozeboom, MM. Caiiletet et Bordet, et à ceux que j'ai
faits moi-même.
« Le Tableau suivant donne les résultats obtenus. Les valeurs de Q'
sont souvent des moyennes de quinze ou vingt résultats donnés par la for-
mule de Clapeyron appliquée aux courbes.
Formule Formule
rp X'. Q'- Q- calculée. probable.
Az...
CH*.
Az^O
PH".
Cal Cal
-is/ou 86;bs. -43:8 ou .29,2 i3,3o 6,87 Az + 4,5H^O 4ou5H^O
-,64 logabs. -29 ^44 16, 35 7,82 CH^+6,3iH^O 6H^0
-78,2 194,8 -21,2 25i,8 16,16 7,55 CO-^ + 6,o2H^O 6H^0
-88 i85 -19,3 253,7 ^6, 29 7,61 Az'^O + 6,o6H^O 6IP0
-85 188 -i5,8 257,2 17,71 7,71 C-H«+6,99H^O 7H^0
-85 188 -i5,4 257,6 i5,92 7,73 C^H^+5,73H^O 6H^0
-io4 169 -i3,4 259,6 18,34 7w6 C^H^+7,37H^O 7H;0
-85 188 -6,4 266,6 16,44 8,00 PH' + 5,9oIPO 6H-0
(») Comptes rendus, t. CXXXTV, p. 836.
(2) Comptes rendus, t. CXXXIV, p. 991.
960
ACADÉMIE DES SCIENCES.
Formule
Formule
T.
T'
Q'-
Q-
calculée.
probable.
c
. - 62
ou
0
21 1
0
+ 0,35
ou 2-3,35
Cal
16,34
Cal
8,20
lPS + 5,69Îr-0
6H2
. - 32
241
+ 3,7
276,7
20,12
8,3o
C^H»FH-8,27lPO
8IP
— 10
263
~i~ 7
280
19,83
8,40
SO^+S,o6H20
8H2
. - 23
200
+ 7.5
280,5
18, 83
s,4i
aPCl+7,28IPO
7H^
. - 4-2
23l
+ 8
281
16,82
8,43
H^Se + 5,87^^0
6H-
. - H,
6
238,4
+ 9.6
282,6
18, 36
8,48
CI2+7 IPO
7H^
. + 59
332
> 9>6
>282,6
•/
•>
B 1-2 -MO H'O
lOtP
» Dans cette liste, le.s divers hydrates étudiés figurent dans l'ordre de
stabilité croissante (T augmente). On remarquera que cet ordre est à peu
prés le même que celui de la volatilité décroissante des gaz anhydres.
» Pour l'hydrate d'argon, les doî^nées sontau nombre de deux seulement
et un peu incertaines, M. Villard, qui l'a décrit, disant {*) que la tension
est de loS^^"" vers o**, et de 210^*"^ à H- 8"C.
» Il suffirait d'admettre -f- 0°, 5 pour io5'''"\ au lieu de 0°, pour trouver
Az+5,27H^O.
» Pour l'hydrate de brome, aucun calcul de Q', Q ou T' n'a pu être
fait; le brome étant liquide à la température des expériences, et ordinai-
rement en excès, ne permet plus de raisonner comme pour les autres
hydrates. Le système n'est plus monovariant (^).
)) A part ces deux cas extrêmes, les courbes sont ^tss'. 2 régulières pour
permettre le calcul. Il arrive cependant que pour plusieurs des ces hydrates
les valeurs données pour les tensions aux deux ou trois températures les
plus élevées doivent être écartées, car elles fourniraient pour Q' des
nombres manifestement trop élevés et qui ne concordcfit plus du tout avec
les autres.
» On remarquera que, dans la moitié des cas, la formule probable
déduite de ces calculs est :
M-h6H^O.
)) M. Villard a précisément vérifié que c'est bien la composition des
hydrates de (.0-, de Az^O, deC-R-. Il avait même proposé d'étendre cette
règle à tous les hydrates (•*). Mais cette règle n'est pas aussi générale
(') Comples rendus, l. CXXlIt, p. 077.
(-) Aussi la formule que j'ai insciile dans le Tableau : Br''^-|- loH'^O, esl celle qui
a élé obtenue par M. Roozeboom au moyen de Tanalyse directe des cristaux.
(^) Elude expérimentale des hydrates de ^ac. (Thèse de Doctorat es sciences.)
Paris, 1896, p. 96.
SÉANCE DU 1*' DÉCEMBRE 1902. 961
qu'il le pensait, et, en réalité, dans l'autre moitié des cas, le nombre des
molécules d'eau fixées est ou inférieur (argon?), ou certainement supé-
rieur à 6 H=^0 (C^'HS C^H\ C^H^F, SO-, CH^Cl, Cl^ Br^).
» Malgré quelques irrégularités, il semble que les hydrates contiennent
d'autant plus d'eau qu'ils sont plus stables.
» La différence qui existe entre T' et T est toujours du même signe
(T' >• T), mais varie beaucoup comme valeur absolue, et diminue à mesure-
que le gaz devient plus facilement liquéfiable. Elle est de 142°, 6 pour
l'argon, et de 17** seulement pour SO^,de sorte que le point de décomposi-
tion de l'hydrate T' varie peu (de —43^,8 pour l'argon à +9°, 6 pour Cl") :
» Ce qui porte à penser que les gaz les plus volatils, tels que l'azote,
l'oxygène, l'hydrogène, l'hélium, doivent s'hydrater aussi et donner des
hydrates cristallisés d'une stabilité à peine inférieure à celle de l'hydrate
d'argon. En fait M. Villard a signalé des hydrates d'azote et d'oxygène (' ).
» Enfin, puisque T' varie peu, et que la composition même des
hydrates est assez voisine, leur chaleur de formation Q' ou Q doit être
presque la même, ainsi qu'on le remarquera sur le Tableau précédent.
Les valeurs de Q' varient seulement de 2^*' du formène au chlore. »
CHIMIE MINÉRALE. — Transformation de l'acide pyrophosphorique
en acide orthophosphorique. Note de M. H. Giran.
« J'ai publié, dans une précédente Note {Comptes rendus , t. CXXXIV,
p. i5oo), les résultats thermiques suivants :
P-0"'H^ liq.H- aq. = P^O^H* diss -h ioC»i,22
P^O^H* sol. + aq. = P-O^H* diss + 7C>i,78
M L'acide pyrophosphorique solide employé pour cette dernière déter-
mination était mélangé à une graude quantité de chlorure d'argent, d'où
des corrections et quelque incertitude dans la mesure.
» Depuis lors, j'ai obtenu de l'acide pyrophosphorique pur, cristallisé,
en soumettant, pendant trois mois, de l'acide sirupeux, possédant exacte-
ment la composition théorique P'O^H*, à l'action continue d'une tempé-
rature d'environ — lo''. Dans ces conditions, cet acide cristallise en petits
grains blancs, opaques, d'aspect sphéroïdal, sans forme cristalline déter-
(*) Comptes rendus, l. GXXIII, p. 877.
C. R., 1902, 2* Semestre. (T. CXXXV, N° 22.) Ï^Ô
962 ACADÉMIE DES SCIENCES.
minable. Cependant j'ai pu constater qu'une partie, qui était restée adhé-
rente aux parois du flacon, y avait cristallisé très nettement sous la forme
de fines aiguilles, plus ou moins contournées sur leurs bords, et offrant, en
ces points, l'aspect de très belles barbes de plume.
)) La mesure directe de la chaleur de dissolution de cet acide cristallisé
m'a donné
P2 0^H*crist.-t-aq. = P-O^H*diss +7^"', 93
nombre peu différent de celui que j'ai donné précédemment ('j^'^\']8).
» Cet acide cristallisé ne fond })lu.s qu'à la température de +61°. Revenu
à la température ordinaire, il conserve l'état liquide et ne se solidifie de
nouveau qu'au contact d'un cristal. Cette solidification est très lente; on
la facilite en agitant fréquemment.
» Je me suis proposé de rechercher quelle est la chaleur dégagée dans
la transformation de l'acide pyrophosphorique solide, liquide ou dissous,
en acide orthophosphorique.
» Pour y arriver, je plaçais uu poids connu d'acide pyrophosphorique solide ou
liquide (surfondu) dans un petit ballon en verre mince avec lo*^™^ d'acide sulfurique
à 71 pour 100 de SO*H''. Une expérience préliminaire m'avait montré que, dans ces
conditions, l'acide pyrophosphorique se transforme, en quelques minutes, en acide
orthophosphorique. Le ballon, bien bouché, était placé dans l'eau du calorimètre.
J'agitais le tout jusqu'à ce qu'il ne se produisît plus de dégagement de chaleur. Je
brisais alors le ballon dans le calorimètre; la température s'élevait aussitôt par suite
de la dissolution de l'acide sulfurique et de l'acide orthophosphorique formé pendant
la première partie de l'expérience. Une expérience supplémentaire, faite avec 10*^'"' du
même acide sulfurique, m'indiquait quel était le dégagement de chaleur produit par
cet acide seul.
)) J'ai ainsi obtenu les résultats suivants :
P^O^HMiq. H-H^Oliq. + aq. — 2P0*H^diss... + 14^*1,4^
P^CH^sol. H-H^Oliq. + aq.=r2P0^H*diss... 4-i2C''S35
La différence de ces deux nombres nous donne la chaleur de fusion de
l'acide pyrophosphorique, soit — 2^'*^i2; on peut aussi l'obtenir en faisant
la différence des chaleurs de dissolution des acides solide et liquide, ce
qui donne — 2.^^^,2.g. Ces deux valeurs de la chaleur de fusion, obtenues
par deux méthodes différentes, sont sensiblement concordantes.
» On déduit aisément des résultats ci-dessus, en tenant compte de
PO^H^sol. 4-aq. = P0*H3diss... + 2^^S69 (Thomsen)
P4-0*-l-H*=PO*H3sol +3o4c»i, I* (Thomsen)
SÉANCE DU l*"" DÉCEMBRE 1902. 96.3
les conséquences suivantes :
Cal
P^O^H^sol. + H^O liq. = 2PO*H3sol +6,97
P^^O"'HMiq. + n^O liq. = 2PO*H3sol +9,09
P^O^H^diss. + HH) liq. = aPO^H^diss 4-4,25
p2_|_ O' + H^^zP-CH^crisl. : +532^^', 28; liq. : -^- 52g(^^\gfi; diss. : +54oCai,i6.
» Pour le calcul de la chaleur de formation de l'acide pyrophospho-
rique à partir de ses éléments, j'ai dû faire intervenir celle de l'acide
orthophosphorique, déterminée par Thomsen. Or, comme le fait remar-
quer M. Berthelot dans sa Thermochimie (t. Il, p. ii5), la complication et
l'incertitude des réactions utilisées par le chimiste danois jie permettent
de regarder son résultat que comme approximatif. Il y a donc lieu de faire
les mêmes réserves sur la chaleur de formation de l'acide pyrophospho-
rique. »
CHIMIE MINÉRALE. — Aluminate de manganèse : APO^Mn.
Note de M. Esi. Dufau, présentée par M. H. Moissan.
« En 1847, Ebelmen réalisait la combinaison de l'alumine et de l'oxyde
de manganèse en chauffant, dans un four à porcelaine, un mélange des
deux oxydes additionné d'anhvdride borique.
» Après plusieurs heures de chauffe, il obtint une matière u brun-noir,
» huileuse, présentant dans les cavités de larges lames brunes triangulaires
» paraissant appartenir au système régulier (') w.
» L'analyse de ce produit ne fut pas faite, et c'est sur la seule considé-
ration des proportions d'oxydes mis en présence qu'Ebelmen lui attribua
la formule (APOMVInO).
» L'emploi du four électrique de M. Moissan nous a permis de repro-
duire facilement cette combinaison et d'en faire une étude détaillée.
» Nous avons chauffé, pendant 3 minutes, avec un arc de rooo ampères sous
60 volts, un mélange intime de 100 parties d'alumine et 280 parties d'oxyde salin de
manganèse.
» On obtient ainsi une masse boursouflée, d'un brun noir, à reflet métallique. La
cassure, très irrégulière, est d'un beau vert clair et montre de nombreuses géodes
brunes tapissées de cristaux brillants à pointements octaédriques.
» Pour purifier ce produit, on le concasse, puis on le traite par l'acide chlorbv-
(*) Ebelmen, Ann. de Phys. et de Chim., Z" série, t. XXII, 1847, p. 225,
9^4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
drique à chaud ; il se dégage des gaz carbures et du chlore en même temps que l'acide
prend une teinte brune. En prolongeant les traitements à l'acide chlorhydrique bouil-
lant, la teinte primitive du composé s'atténue progressivement faisant place à une
le'mle définiiive Jaune clair. La poudre cristalline ainsi obtenue retient encore des
parcelles de graphite que l'on sépare facilement, grâce à la différence de densité des
deux corps, en projetant la poudre dans l'iodure de méthylène.
» Analyse. — Pour en déterminer la composition, le produit finement pulvérisé
est attaqué, dans un creuset de platine, par un mélange de carbonate de potassium et
de carbonate de sodium en fusion ; l'attaque est lente et donne lieu à la formation
d'aluminate et de manganate alcalins.
» En reprenant par l'eau et faisant bouillir quelques instants en présence d'une
petite quantité d'alcool, tout le manganèse se trouve précipité. Après lavages, l'oxyde
dissous dans H Cl est précipité à l'état de carbonate et pesé en oxyde salin.
» Enfin, l'aluminate alcalin est décomposé par le chlorhydrate d'ammoniaque, l'alu-
mine précipitée, lavée et pesée.
» L'analyse ainsi conduite a donné les chiffres suivants :
Théorie
I. II. m. pourAl^O^Mn.
APO' 58, i8 58,02 58,78 58,98
MnO » 40,62 4i,o3 4i,o2
» L'aluminate de manganèse se présente sous la forme de petits cris-
taux jaune clair et transparents, ayant l'aspect d'octaèdres, modifiés sur
les arêtes et sur lès angles; sa densité est de 4, 12 (20°), il est plus dur que
le quartz, sa poudre est d'un jaune très clair.
» Parfaitement stable dans les conditions normales de température, cet
aluminate s'oxyde avec facilité lorsqu'on le chauffe au contact de l'air;
c'est ainsi qu'au rouge il se colore progressivement en brun foncé, s'éclair-
cissant légèrement par refroidissement, reprenant ainsi l'apparence du
produit primitif non encore traité par l'acide chlorhydrique; dans l'oxy-
gène cette oxydation, qui n'est que superficielle, est plus rapide et se
produit bien au-dessous du rouge. Le soufre n'agit pas sur ce composé à
la température de fusion du verre.
» Le fluor l'attaque avec incandescence au rouge, mais le brome et
l'iode sont sans action marquée à la température de fusion du verre.
» Insoluble dans l'acide chlorhydrique, l'aluminate de manganèse se
laisse attaquer par les acides nitrique et fluorhydrique et plus facilement
par l'acide sulfurique. Enfin, les oxydants : chlorate, nitrates alcalins en
fusion et surtout les oxydes et carbonates alcalins, le désagrègent sans
difficulté. »
SÉANCE DU I*»" DÉCEMBRE 1902. 96$
CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur le dosage du manganèse. Noie de iM. il. Baubigny,
présentée par M. Troost.
« Hugh Marshall avait indiqué notamment la transformation des sels de
protoxyde de manganèse en peroxyde insoluble, par l'action de ces com-
posés. Ayant eu à opérer dans ces dernières années quelques dosages de
ce métal, j'avais reconnu que la réaction pouvait être totale, mais je ne
signalai pas le fait, croyant que Hugh Marshall l'avait entendu ainsi en re-
latant ce phénomène d'oxydation. Ce n'est que lors de sa dernière publi-
cation ('), en iqoi, que je connus ma méprise. En toute équité, la prio-
rité reste cependant acquise à ce savant et les indications données sur ce
même sujet (^) peu de temps après par G. v. Knorre n'en demeurent
aussi que la confirmation.
» Seulement, à l'époque de ces publications, j'avais déjà constaté que
l'oxydation des sels de manganèse par les persulfates pouvait se produire
en un milieu même très fortement acide, et je poursuivis quand même mon
étude en comparant ce procédé à ceux déjà connus.
» Mes recherches ne sont pas encore terminées, et, si je donne aujour-
d'hui quelques-uns de mes résultats, c'est par suite de la publication toute
récente d'un premier travail de Dittrich et Hassel (^) qui se rapproche du
mien. Je le fais d'autant plus librement que leurs observations et les
miennes ne marchent pas absolument d'accord.
» On sait que le peroxyde de manganèse se comporte comme un acide
faible (*) et que si, dans la solution où il se forme, il existe des sels
d'autres métaux, on retrouve dans le précipité de manganèse une partie
de ces métaux, en quantité plus ou moins importante, suivant la nature et
les proportions de ces métaux et les conditions de l'expérience.
» C'est là, au point de vue des déterminations gravimétriques, le grave
défaut de ce mode de séparation du manganèse. Les procédés de précipi-
tation en liqueur acide tirent donc leur importance de ce qu'on peut
(') Chem. News, l. LXXXIIl, p. 7Ô.
(') Centr. BL, t. II, 1902, p. 1278.
(') Ber. deuts. ch. Ges., t. XXXV, p. 3266.
(*) GoRGEU, Sur l'acide manganeux {Rép. C/iim. pure, 1863, }>. 4i5).
966 ACADÉMIE DES SCIENCES.
espérer éviter cet écueil et, quand on ne veut que la teneur en nnanganèse
d'un alliage, s'affranchir de la marche usuelle.
)) Pourtant, même en milieu acide, jusqu'à ce jour l'opération n'a pas
encore été couronnée d'un plein succès.
)) Vohlard a, en effet, montré (*) en 1879 que, dans la réaction décou-
verte par Guyard,
2Mn O^ R + 3 Mn SO'"^ = n MnO^ + SO^ K^ + 2 SO ' R\
le peroxyde qu'on obtient contient toujours du protoxyde à l'état de com-
posé salin, bien que la quantité d'acide libre (sulfurique, dans l'exemple
choisi) augmente progressivement au fur et à mesure que la réaction s'ac-
centue, et montre qu'il en est encore de même pour tout autre métal en
présence.
)) Il n'est pas jusqu'au procédé d'Hannay, où le solvant est de l'acide ni-
trique concentré pur (d= i,4)> qui ne donne des mécomptes à ce point de
vue. Très souvent, l'oxyde MnO- qu'il fournit renferme des quantités
appréciables d'autres métaux, notamment du peroxyde de fer, s'il s'agit
d'analyses d'acier ou de fer manganésifère, et d'autant plus que la teneur
de la liqueur en ces métaux étrangers est elle-même plus élevée.
» Il n'était donc pas vraisemblable que le procédé au persulfate, même
en solution acide, fût lui-même plus indemne que les autres. C'est ce que
je me propose de montrer en commençant avec les sels alcalins, dont, au-
jourd'hui encore, la séparation avec le bioxyde de manganèse est consi-
dérée comme presque impossible.
» Je le ferai pour prouver que cet entraînement des alcalis a lieu même
en liqueur acide et aussi pour donner, dès le début, un procédé simple
permettant de purger le peroxyde de manganèse de toute trace d'alcali
fixe ; j'en profiterai pour établir que, même en opérant avec un excès d'acide
libre, sulfurique ou nitrique, ce ne sont pas les sels alcalins, comme le
disent Dittrich et Hassel, mais seulement les alcalis qui sont retenus par le
bioxyde de manganèse.
» Avant toute relation d'expériences appuyant ma critique, je dois en quelques mots
indiquer mon mode opératoire. Le sel de manganèse dissous, on acidulé, puis on
ajoute la solution de persulfate (^) préalablement filtrée des quelques impuretés inso-
(') Ann. der Chem. u. Ph., t. CXGVUI, p. 3 18.
(^) Celui d'ammonium de préférence à celui de potassium, à cause de sa plus grande
solubilité et de son action plus rapide.
SÉANCE DU l^^ DÉCEMBRE 1902. 967
lubies qui y sont contenues. Quant à la quantité, elle varie, comme nous le verrons,
suivant les conditions. On porte alors à 100° au bain-marie. Le persulfate se décom-
pose et se transforme en bisulfate; la liqueur a donc toujours une réaction acide après
l'oxydation. On cesse de chauffer quand le dégagement d'oxygène (ozonisé) se ralen-
tit, et l'on refroidit en plongeant, si l'on veut, le vase dans l'eau froide. S'il y a trace
de permanganate formé, on ajoute à froid (j'en donnerai plus tard les raisons) 4 à
5 gouttes d'alcool, on agite et l'on abandonne jusqu'à décoloration. On filtre, on lave,
on sèche et l'on calcine, puis on pèse l'oxyde salin Mn^O*.
» L'oxydation s'effectue dans une fiole conique de Bohême, de capacité double du
volume liquide et fermée par un simple verre de montre pour parer à toute projection.
La chauffe peut ainsi se faire assez rapidement par immersion dans le bain-marie,
condition qui me paraît plus simple que Temploi d'une grande capsule de platine,
selon la pratique de Diltrich et Hassel. En 20 à 26 minutes l'oxj^dation est terminée,
sans qu'il y ait avantage à chauffer 2 heures pour décomposer complètement le reste
du persulfate, comme le recommandent ces auteurs.
» J'ai pu, en opérant ainsi, ajouLer préalablement jusqu'à 2"^'"' d'acide
sulfuriqiie concentré SO^H^ (^d = i ,8) par loo*^"' de liqueur de manganèse,
sans que la précipitation de ce métal cesse d'être totale, du moins à o"*^', i
ou o™s, 2 près, car on en retrouve toujours des traces de cet ordre de gran-
deur dans les eaux mères, même dans le cas de liquides peu acides. Il y a
donc un écart sensible avec les proportions indiquées par Dittrich et Hassel,
qui n'emploient que 5'^°'' d'une solution d'acide sulfurique au -^ par ido*""'
à 200""', soit 6 à 8 fois moins. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Action du chlore et du brome sur les vèratrols mono-
nitrés. Note de M. H. Gousm, présentée par M. Moissan.
« Dans une Note insérée aux Comptes rendus (^^) j'ai décrit un vératrol
mononitré tricliloré et un vératrol mononitré tribromé obtenus dans
l'action de l'acide nitrique fumant sur les vèratrols trihalogénés corres-
pondants; dans le but de déterminer la formule de constitution de ces
corps, j'ai étudié l'action du brome et du chlore sur les vèratrols mono-
nitrés. Ceux-ci sont au nombre de deux : le véiatrol mononitré a ayant
pour formule C«H' - OCH=^ — OCH' - AzO=^ et le dérivé p
1 2 3
C«H^- OCH^-OCH^- AzO^
1 2 4
j'ai fait réagir le brome et le chlore sur chacun de ces corps,
(') Comptes rendus, t. CXXXIV, 1902, p. 290.
968 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Action du brome sur le vératrol mononitré a. — Dans un travail antérieur (*)
j'ai obtenu, dans l'action du brome sur le vératrol nitré a, un dérivé mononitré
dibromé de formule
C«H — OCH3_OGH3— AzO» — Br— Br;
12 3
dans le but d'arriver à un dérivé trisubstitué j'ai traité ce corps par le brome en pré-
sence d'acide sulfurique.
» iqs de vératrol mononitré dibromé sont mis en contact avec 20*""' d'acide sulfu-
rique pur; au bout de 24 heures j'ajoute ô*^"' de brome et je chauffe 10 heures au
bain-marie, puis le produit de la réaction est versé dans une solution étendue de
bisulfite de soude: il se dépose une masse cristalline qui, après dessiccation, est traitée
par l'alcool absolu; le vératrol mononitré dibromé, peu soluble, reste comme résidu, et
l'alcool évaporé laisse un corps qui est purifié par cristallisation dans l'alcool à 90°.
J'obtiens finalement des aiguilles blanches à ])eine colorées en jaune, formées de
prismes allongés et aplatis, insolubles dans l'eau, solubles dans l'alcool, l'éther, le
chloroforme. Leur point de fusion est ii6°-i 17°. 11 résulte des analyses que ce corps
est un vératrol mononitré tribromé de formule
C« — OGH' — OGH' — Az02 — Br — Br — Br.
1 2 3 4 3 6
» J'ai comparé ce corps au vératrol tribromé mononitré obtenu dans l'action de
l'acide nitrique fumant sur le vératrol tribromé. L'aspect microscopique, les propriétés
sont exactement les mêmes pour les deux corps, les points de fusion sont identiques;
il en résulte qu'on arrive au même dérivé soit dans l'action du brome sur le vératrol
nitré a, soit dans l'action de l'acide nitrique fumant sur le vératrol tribromé.
» Cette réaction fixe la formule de constitution du vératrol tribromé qui est
C« H - 0CH3 — OGH=» - Br - Br - Br.
1 2 4 5 6
» Le gaïacol tribromé qui, traité par l'iodure de méthyle et la potasse, donne le véra-
trol tribromé, possède une des deux formules suivantes :
C«H — OH — 0GH3— Br — Br — Br ou G«H — OGH^- OH — Br — Br — Br.
124S6 1 2436
» Action du brome sur le vératrol nitré-^. — J'ai décrit antérieurement (*) un
dérivé monobromé mononitré obtenu dans l'action du brome à froid sur le vératrol
nitré p. L'action de l'halogène à chaud, soit seul, soit en présence d'acide sulfurique,
m'a donné un mélange de vératrol mononitré monobromé et de vératrol tétrabromé :
somme toute peu de résultats intéressants.
» Action du chlore sur le vératrol nitré a. — Le chlore ne réagit pas sur ce
vératrol nitré en solution acétique même à la température de 60°; il n'en est pas de
même en présence d'acide sulfurique. 2S de vératrol nitré-3 sont mis en contact
(') Annales de Chimie et de Physique, 7' série, t. XIII, p. 5o5.
(') Ibid., 7« série, t. XIII, p. 5o4.
SÉANCE DU I^'" DÉCEMBRE T902. 969
avec 10""' d'acide sulfurique et ao*^"' d'acide acétique pur, puis la solution est traitée
par un excès de chlore; le produit de la réaction versé dans du bisulfite de soude
étendu donne une masse cristalline qui est purifiée par cristallisation dans l'alcool.
» Le produit obtenu est un mélange de deux corps qu'il est facile de séparer
au moyen de l'éther de pétrole. Le premier, insoluble dans ce dissolvant et purifié par
cristallisation dans l'alcool, est formé de prismes ou de lames aplaties de couleur
blanc jaunâtre, insolubles dans l'eau, solubles dans l'alcool, l'éther, la benzine, inso-
lubles dans l'éther de pétrole; le point de fusion est iio^-iii". Les analyses montrent
que ce corps est un vératrol mononitré dichloré ayant par conséquent pour formule
C«H — OCH^— OCH^ - AzO'-— Cl — Cl.
1 2 3
» Le deuxième corps, soluble dans l'éther de pétrole, est en aiguilles blanches,
fusibles à 88". Il est exempt d'azote et n'est autre chose que du vératrol tétrachloré.
» Action du chlore sur le vératrol nitré-[\. — 20? de vératrol nitré sont triturés
avec ao"^"' d'acide sulfurique; le mélange coloré en rouge est dissous dans ^o*^"' d'acide
acétique, et cette dissolution est traitée par un courant de chlore en excès jusqu'à
décoloration ; le produit de la réaction, versé dans du bisulfite de soude étendu, donne
un corps huileux qui se solidifie peu à peu; pour purifier le produit, on le met en
dissolution dans l'alcool à 90°, et cette dissolution, évaporée lentement sur l'acide
sulfurique, laisse une masse cristalline jaune pâle, formée de longues aiguilles
aplaties. Ce corps est insoluble dans l'eau, soluble dans l'alcool, l'éther, d'où il
cristallise difficilement; il en est de même pour le chloroforme, la benzine, etc. Son
point de fusion est [\6°-[^']°. Les analyses montrent que ce corps est un vératrol mono-
nitré dichloré de formule C«H — OCH^ — OCIF — AzO^— Cl — Cl.
1 2 i
» L'action du chlore sur les vératrols nitrés ne m'a pas donné de vératrol mononitré
trichloré que j'aurais pu comparer au corps obtenu dans l'action de l'acide nitrique
fumant sur le vératrol trichloré. Étant donné, toutefois, que les vératrols trichloré et
tribromé sont obtenus dans des conditions identiques (méthylation des gaïacols trisub-
stitués préparés par l'action directe des halogènes sur le gaïacol); étant donné,
d'autre part, que les produits chlorés et bromes, obtenus dans des conditions ana-
logues, possèdent des formules de constitution identiques, il est extrêmement probable
que la formule de constitution du vératrol trichloré est analogue à celle du dérivé
brome, c'est-à-dire C«H — OCH^— OCH'— Cl — Cl — Cl.
1 2 4 5 6
» J'ai décrit une pyrocatéchine trichlorée (') qui, traitée par l'iodure de méthyleet
la potasse, donne le vératrol trichloré. La formule de ce corps est très vraisemblable-
ment C«H — OH — OH - Cl — Cl — Cl.
1 2 V 5 6
1) En résumé, dans ce travail, j'ai déterminé la formule de constitution
d'un certain nombre de dérivés trisubstitués de la pyrocatéchine ou de ses
éthers méthyliques, et j'ai décrit deux corps nouveaux : un vératrol
dichloré nitré-3 et un vératrol dichloré nitré-4. "
(*) Annales de Chimie et de Physique, 7" série, t. XHI, p. 483.
C. K., 1902, 2' Semestre. (T. CXXXV, N" 22 ) '2^
970 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l'hydrogénation de Vacétol.
Noie (le M. André Kling, présentée par M. ïroost.
« L'acétol, encore appelé alcool pyruvique, découvert par M. Louis
Henry, n'a été longtemps connu qu'à l'état de solution aqueuse. Les solu-
tions d'acétol étaient obtenues par hydratation de l'alcool propargylique,
ou par la saponification des chloracétone, bromacétone, ou acétate
d'acétol.
» Perkin junior, le premier, parvint à l'isoler en nature ; il en donna les
constantes physiques ainsi que quelques propriétés.
» Ultérieurement, M. Louis Henry obtint de nouveau cet alcool en dé-
composant le formiate d'acétol par l'alcool méthylique, alcool fort, qui
déplace l'acétol, dXcooX faible.
)) Enfin je l'ai préparé par l'oxydation du propylglycol (i, 2), à l'aide
des ferments oxydants ou des hypobromites.
» Comme dérivés de l'acétol, on n'a guère décrit que quelques éthers
sels ou oxydes, l'hydrazone, l'osazone, l'oxime, enfin les produits d'oxyda-
tion et de réduction.
» L'oxydation de l'acétol, effectuée à l'aide d'oxydants énergiques, tels
que le mélange chromique, donne les acides carbonique et acétique.
L'oxyde de cuivre, en solution alcaline, conduit à l'acide lactique. Cette
dernière réaction est inexplicable si l'on attribue à l'acétol la formule
CH^'COCH^^OH,
ainsi que l'ont fait jusqu'ici tous les auteurs qui se sont occupés de ce com-
/H
posé. La formation d'acide lactique CH^C COOH, en effet, implique
\0H
H
I
dans la molécule d'acétol la préexistence d'un groupement R — C — R' ou
OH
d'un radical susceptible de lui donner naissance et dont on ne voit nulle
part la représentation dans la formule adoptée jusqu'ici pour l'alcool
pyruvique.
» J'ai donc recherché si, tout au moins dans certaines conditions,
l'acétol, qui peut être considéré comme l'un des sucres les plus simples, ne
pouvait pas exister sous diverses formes tautomériques.
SÉANCE DU l" DÉCEMBRE I902. 97 1
)) Je ne m'occuperai ici que de Ja réduction de l'acétol, me réservant de
compléter ultérieurement l'étude de cet alcool, de ses homologues et de
leurs isomères.
» Perkin junior, en réduisant l'acétate en solution aqueuse (10 pour 100)
par l'amalgame de sodium (2,5 pour 100), montra que, dans cette
hydrogénation, il se fait du propylglycol, CH^CHOH — CH^OH, et pro-
posa, pour rendre compte de cette réaction, la formule
(2) CH'CO — CH-OH-hH- = CH^CHOH — CH^OH.
)) Dans l'idée de cet auteur, le propylglycol devait être le seul produit de
la réaction. Or, si l'acétol existe sous plusieurs formes tautomériques, il
en résulte que la réaction ne doit plus se faire suivant l'équation (2), mais
suivant une autre plus compliquée, dans laquelle interviennent d'autres
termes que le propylglycol.
» J'ai recherché si des produits volatils n'avaient pas échappé à Perkin.
)) J'ai suivi, pour la réduction, les indications données par cet auteur,
mais l'hydrogénation a été effectuée dans une fiole munie d'un réfrigérant
ascendant. Lorsque le liquide à réduire cesse d'agir sur la liqueur de
Fehlmg, on neutralise, s'il y a lieu, le liquide réduit par H Cl, puis on le
distille à la colonne en recueillant à part les diverses fractions.
)) J'ai opéré la réduction :
» 1° k froid, en milieux alcalins, neutres ou acides; 2° à chaud, en
milieu alcalin.
» iP Hydrogénation par HgNa {à 1,^ pour 100) en milieu alcalin froid. — Opé-
rant comme il a été dit, j'ai obtenu à la distillation :
» a. Produits de tête (environ jq du produit total);
» b. Produits de cœur (environ jô ^^ produit total);
» c. Produits résiduels (environ -f^ du produit total).
» La portion b ne contient à peu près que de l'eau. La portion résiduelle c, traitée
par l'alcool et l'éther, abandonne à ces solvants du propylglycol qu'on a isolé par
distillation.
» Quant aux produits de tête «, si on les sursature par GO^K-, ils laissent monter
à leur surface un liquide à odeur alcoolique^ représentant environ | à | du poids de
l'acétol mis en œuvre. Ce liquide, desséché et distillé, bout à 81°; il a été identifié
avec l'flf/coo^ isopropylique CH^CHOH — CIP par un dosage de C, de H et par la
réaction de Meyer.
» 2° Hydrogénation par HgNa en solution HGl à froid. — Elle est plus difficile
qu'en milieu alcalin; elle fournit du propylglycol et de Vacélone CH^ — COCH*.
» 3° Hydrogénation par V amalgame d'aluminium, en solution neutre, à froid.
U']1 ACADÉMIE DES SCIENCES.
— La réduction terminée, on sépare A|2(0H)* et l'on termine l'opération comme
ci-dessus. Les produits de réduction ont été le propy/fflycoi et Vacélone .
» 4° Hydrogénation par Na Jlg en solution alcaline. — A Vébullition, cette réduc-
tion, opérée dans les conditions de milieu où se trouvaient, pour Voxydation, Breuer et
Zincke lorsqu'ils transformèrent l'acétol en acide lactique, devait montrer si l'acétol
subissait une taulomérisation et fournissait d'autres produits de réduction. Il n'en est
rien ; ici encore on a obtenu : propylglycol et alcool isopropylique.
» Tous ces résultats, fournis par l'acétol obtenu par le procédé Henry,
ont été contrôlés par ceux auxquels conduit l'emploi de l'acétol de saponi-
fication.
w Conclusions. — L'acétol libre, en solutions alcaline, neutre ou acide,
froides ou chaudes, existe, au moins partiellement, sous un état qui n'a pas
la constitution représentée par la formule CH^CO CH^ OH, mais plutôt
celle qui en ferait un alcool secondaire élher oxyde interne :
CH3G(OH) GH^
L'hydrogénation de cet alcool éther oxyde se ferait alors de la façon
suivante :
CH^ C ( OH ) - CH=^ OH propylglycol,
CH='C(OH)- CH^ ^H
^"^^O^ ^ CH^'C-^^^^^^^ CH^ hydrate d'acétone :
"^OH
» L'hydrate d'acétone conduisant à l'acétone ou à son produit d'hydro-
génation, l'alcool isopropylique. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Action des aminés grasses sur le dibenzoale
de méthylène. Note de M. Marcel Desciidé, présentée par M. A. Haller.
« J'ai montré (') que l'ammoniaque réagit sur le dibenzoate de méthy-
lène en donnant de la benz -.mide
(JCJJ5 COO\ O
^CH=^-h2AzH=^=2C«H^- COAzH^+CH^'C^
H
OH
(') Comptes rendus, 2G octobre 1902.
SÉANCE DU l^'" DÉCEMBRE 1902. 978
» Cette réaction principale est accompagnée de deux réactions secon-
daires du fait de la mise en liberté à' eau et à" aldéhyde formique. Il en ré-
sulte du benzoate d'ammonium et de l'hexaméthylène-tétramiue; de sorte
(L\ud n'y a pas d' aldéhyde formique à Vétat libre.
» En substituant à l'ammoniac les aminés grasses, la réaction s'effectue
dans le même sens; les aminés secondaires réagissent beaucoup moins
facilement que les aminés primaires; quant aux aminés tertiaires, elles ne
réagissent plus du tout, ce qui était à prévoir puisqu'elles ne renferment
plus d'hydrogène ammoniacal.
» Les réactions qui se produisent sont les suivantes :
)) Aminés primaires .'
» Aminés secondaires :
o
OH
)) Il se forme en même temps du benzoate de l'aminé employée. Quant
à l'aldéhyde formique, on la retrouve à l'état de liberté.
» On obtient ainsi les dérivés mono et dialkylés de la benzamide. Ceux de
ces corps qui correspondent aux méthylamines et aux éthylamines ont
déjà été préparés, soit par M. Hallmann(*), soit par M. Van Romburgh(-),
et il m'a été facile de les identifier avec les produits résultant des réac-
tions précédentes. J'ai ensuite étendu la réaction à d'autres aminés
grasses, pour en montrer la généralité. Je me suis borné, d'ailleurs, au
cas des aminés primaires, qui conduisent à des composés très bien cristal-
lisés, tandis que les dialkylbenzamides sont des liquides à points d'ébulli-
tion élevés et dont la séparation à l'état de pureté est difficile.
» Propylamine. — On opère en présence d'alcool et l'on met un excès d'aminé :
jmoi (Je dibenzoate pour 3™°' d'aminé. A froid et en agitant fréquemment, le diben-
zoate finit par disparaître au bout de 3 ou 4 heures. A chaud, la réaction s'efïectueen
quelques minutes, et l'on reconnaît qu'elle est complète à ce que, par refroidissement,
il ne se dépose pas de cristaux. On a alors une solution incolore, limpide, dont une
goutte réduit énergiquement l'azotate d'argent ammoniacal, à chaud. Elle ren-
ferme de l'aldéhyde formique en même temps qu un excès d'aminé. Cette solution
(1) Berichte, t. IX, p. 846.
(^) Recueil des Travaux chimiques des Pays-Bas, t. IV, p. 387 et 390.
974 ACADÉMIE DES SCIENCES.
est évaporée à siccité, dans le vide, et le résidu solide est repris par l'eau froide qui
dissout le benzoate de propylamine et laisse \a propylbenzamide. Celle-ci est dissoute
dans l'éther anhydre, qui l'abandonne, par évaporation très lente, sous forme de ma-
gnifiques octaèdres quadratiques. La propylbenzamide fond à 83°. Elle est très soluble
dans l'alcool; assez soluble dans les divers dissolvants organiques; presque pas dans la
ligroïne et dans l'eau.
» Isobutylhenzamine. — On opère exactement comme dans le cas précédent, et
l'on observe les mêmes particularités. Lorsque la réaction est terminée, on évapore à
une douce chaleur jusqu'à ce que la presque totalité de l'alcool ait été chassée. On
reprend alors par un excès d'eau froide et il se sépare un liquide lourd qu'on décante.
On le place dans le vide sur l'acide sulfurique et, après quelques jours, il se développe
des cristaux très durs constitués par de Visobutylbenzamide. Ces cristaux sont puri-
fiés par cristallisation dans la ligroïne, qui en dissout beaucoup à chaud et très peu à
froid. L'isobutylbenzamide se présente sous forme d'aiguilles brillantes fondant à 54"-
Il est extrêmement soluble dans l'alcool et l'éther, presque insoluble dans l'eau.
» Betizy lamine. — - Même mode opératoire; la réaction terminée, on verse la solu-
tion dans l'eau froide. Il se sépare de la benzylbenzamide qu'on fait cristalliser soit
dans la ligroïne, soit dans l'éther ou dans l'eau. Ces corps la dissolvent un peu à chaud
et presque pas à froid. La benzylbenzamide est en fines aiguilles ou en paillettes, fon-
dant à io4°-io5°. Elle est très soluble dans l'alcool, l'acide acétique, etc.
» Les benzoates d'aminés qui se forment en même temps que les alkyl-
benzamides ne semblent pas avoir été décrits et sont, pour la plupart, des
corps bien cristallisés. Je les ai reproduits directement, et plusieurs d'entre
eux peuvent s'obtenir aisément sous forme de gros prismes limpides appar-
tenant au système monoclinique. Tels sont, en particulier, le benzoate
neutre de dipropylamine [C^H'^ — COOAzH^(C^H^)^] et le benzoate acide
de dibenzylamine,
C«H^ - COOAzH2(CH2 - C^R^f -+- C^H* - COOH.
» Ces composés, qui présentent certaines particularités intéressantes,
seront décrits ultérieurement. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Action des éthers halogènes sur le thiosulfocarbamate
d'ammonium. Note de M. Marcel Deliépixe.
M J'ai étudié antérieurement l'action des éthers halogènes sur les com-
binaisons sulfocarboniques des aminés secondaires et primaires ('). J'ar-
(*) Comptes rendus, t. CXXXII, p. 1/416; t. GXXXiV, p. 108, 714 et 1121.
SÉANCE DU l" DÉCEMBRE I902. 9-^5
rive enfin à Taction de ces mêmes éthers sur la combinaison sulfocarbo-
nique de l'ammoniaque ou thiosulfocarbamate d'ammonium
AzH^CS.SAzH^
» Une seule molécule de ces éthers conduit aux élhers thiosulfocarba-
miques ou dithio-uréthanes non substitués à l'azote; une deuxième, aux
sels des éthers imidodithiocarboniques également non substitués. Les
réactions sont de tout point parallèles à celles décrites pour les aminés
primaires :
I. AzH^CS.SAzH' + RX = AzH-.CS. SR +AzH\X;
II. AzH^CS.SR +R'X = AzH:C(SR)(SR'),HX.
» Jusqu'ici on n'avait préparé que deux des premières combinaisons en
fixant l'hydrogène sulfuré sur les éthers sulfocyaniques, suivant une réac-
tion effectuée, en i863, par Jeanjean, de Montpellier :
H^S 4- Az = CS.R=: AzH-.CS.SR.
» Le même auteur avait signalé l'existence de la deuxième réaction,
mais sans établir la formule des produits, n'ayant émis que l'opinion qu'ils
étaient sans doute de la nature des sulfines (').
» 1° J'ai préparé .par mon procédé les dithio-uréthanes :
AzIP.CS.SGH^ fus. à4o°-42° AzH='GS.SGH(CH3)^ fus. à 97»
» C^Hs ,, 42° » C1P.G«H5 „ 900
» GH-.G-H5. ,, 58" » GH2.G«H*(Az02)(p,. „ i35°
» Ge sont des substances bien cristallisées, insolubles dans l'eau, mais très solubles
dans l'éther, l'alcool, le benzène, le chloroforme, moins dans l'éther de pétrole. Elles
ne distillent pas, mais se décomposent en donnant un peu d'hydrogène sulfuré et
d'éther sulfocyanique, davantage de sulfure de carbone et surtout de mercaptan.
» Gomme l'a indiqué Jeanjean, les alcalis les dédoublent en mercaptan et sulfocya-
nate; il en est de même des aminés.
» Les anhydrides et les chlorures d'acides les transforment en dérivés acidylés iden-
tiques à ceux que l'on obtient en fixant les acides thioliques sur les éthers sulfocya-
niques d'après une réaction découverte par GhanlarofT (*). Exemple :
AzH2,GS.SGH3+(GFPGO)20 = GH3GO.AzH.GS.SGH5-i-GH3GOMi;
Az = GS GH^-i- GH^GO.SH = GH^GO. Az H.GS.S GH^
(^) Acad. de Montpellier, t. XII, p. 26.
{"-) D. cheni. G., t. XV, p. 1987.
976 ACADÉMIE DES SCIENCES.
C2H'0.Az:C(SH)(SCH').
» Ces dérivés acidvlés ne s'unissent pas à l'iodure de méthyle.
» 2° Les sels des éthers imidodithiocarboniqnes s'obtiennent facilement en opposant
un éther halogène à la dithio-uréthane dissoute dans un liquide indifférent. J'ai préparé
lesiodhydraiesdeAzH:C(SCH^)^ AzH:C(SC2H'^r;ÂzH:C(SCIF)(SCH^C''H^).
Ce sont des sels incolores, jaunissant à Fair, fondant mal, présentant vis-à-vis du tour-
nesol et delà phtaléine une acidité égale à celle de tout Thydracide qu'ils contiennent.
» Les alcalis fixes et l'ammoniaque séparent de ces sels des bases liquides, incolores,
d'une odeur indéfinissable, désagréable, tenant du mercaptan, de l'acide cyanhydrique
et du chloroforme; ces bases sont insolubles dans l'eau, solubles dansl'éther, l'alcool, le
chloroforme. Elles sont instables et sous ce rapport diffèrent beaucoup des élhers
imidodithiocarboniques substitués à l'azote.
» Chauffées, elles se scindent en mercaptan et éther sulfocyanique,
AzH:C(SR)(SR') = Az = C(SR) + HS.R'.
)) Avec le premier terme, l'éther sulfocyanique se trimérise en éther sulfocyanurique;
avec le dérivé méthylbenzylique, on constate que c'est le sulfocyanate de benzyle qui
se forme et non celui de mélhyle.
» Si, lors de la séparation de la base par un alcali fixe, on laisse le contact se pro-
longer avec un excès d'alcali, le sulfocyanure subit la décomposition bien connue en
bisulfure, cyanure, cyanate et mercaptan, de sorte que les dérivés diméthyl- et diéthy-
lique fournissent des liquides exempts d'azote, bouillant à i 10° et à i54°. Cette réaction
explique pourquoi l'on observe une coloration rouge intense si l'on ajoute un alcali aux
picrates de ces éthers; il y a, en effet, coexistence d'un cyanure et d'acide picrique.
» Les solutions aqueuses des sels, chauffées à 100° et même moins, se troublent rapi-
dement ; il y a une décomposition d'une remarquable netteté en iodure d'ammonium
et éther dithiocarbonique ; exemple :
AzH:C(SC2HS)S HI+H20 = AzH*I+ C0(SC^H«)2.
» (Cette réaction, entre parenthèses, se produit avec la même netteté avec les
sels des éthers alkylimidodithiocarboniques ; toutefois, un peu plus lentement. )
» L'anhydride acétique attaque aussi ces sels ; il en chasse l'iodure alcoolique
de poids moléculaire le plus élevé et laisse une acidyldithio-uréthane :
Az H : C (SR) (SR'), HI + {CHH:oyO = CH^CO. AzH.CS.SR + R'I + CH^CO^H.
» Cela explique pourquoi les iodures alcooliques ne réagissent pas sur les acidyl-
dithio-uréthanes ; c'est la réaction inverse qui a lieu.
» Enfin, la nature base secondaire des éthers imidodithiocarboniques dérivés de
l'ammoniaque se révèle facilement en faisant réagir l'azotile de sodium sur une solu-
tion chlorhydrique de ces éthers ; il se forme un dérivé nitrosé de couleur bleue
intense, soluble dans divers véhicules qu'il colore fortement. Ces dérivés nitrosés sont
malheureusement très instables.
SÉANCE DU I^^ DÉCEMBRE 1902. 977
» Tous les faits ci-dessus concordent avec les formules adoptées et
montrent ainsi la généralisation des réactions qui ont été exposées dans les
Notes antérieures rappelées au début. Les détails expérimentaux seront
publiés plus longuement au Bulletin de la Société chimique (' ) »
ZOOLOGIE. — Sur la faune ichthyologique des eaux douces de Bornéo.
Note de M. Léon Vaillant, présentée par M. Edmond Perrier.
« Les travaux de MM. Max Weber, Boulenger, Steindachner, ont beau-
coup étendu nos connaissances en ce qui concerne les Poissons dulça-
quicoles de Bornéo, depuis l'époque à laquelle je présentais quelques
considérations sur ce sujet à l'Académie (-). C'est toutefois dans ces derniers
temps que les matériaux d'étude ont été accumulés dans des pro|)ortions
considérables à la suite des recherches faites par MM. Biittikofer,
Nieuwenhuis et Moret, membres de la Mission envoyée dans la grande île
par la Société pour l'encouragement à l'exploration scientifique des
Colonies néerlandaises, et spécialement chargés de ce qui concernait les
recherches zoologiques.
» Ces voyageurs ont exploré le cours entier du Kapoeas, puis, passant
la ligne de faîte, l'un deux gagna sur le versant opposé le Bloeoe, affluent
du haut Mahakam, fleuve qu'il descendit dans toute son étendue, tra-
versant ainsi Bornéo de l'ouest à l'est.
» Les collections ichthyologiques rapportées au Musée de Leyde et que
j'ai pu étudier grâce à l'obligeance de M. le professeur Jentink, com-
prennent plus de sept cents individus, représentant environ cent-cinquante
espèces. Vingt et une de celles-ci seraient nouvelles, dont quatre types de
genres spéciaux : Pseudolais tetranema, Sosia chamœleon, Gyrinocheilus
pustulosus, Parhomaloptera obscura; les deux premières appartiennent à
la famille des Siluridce^ les deux autres à celles des Cyprinidœ.
» Parmi les résultats zoologiques que nous fournissent ces collections.
(*) Pendant que j'achevais ces recherches, M. Braun a publié un article sur les
dithio-uréthanes dans les Berichte du 20 octobre 1902. Pour ce qui est des divers
types de dithio-uréthanes, je rappellerai que j'ai exposé verbalement leur préparation
et leurs propriétés fondamentales dans une Communication à la Société chimique, le
23 février 1902 (Cf. Bull. Soc. chim., 1902, t. XXVII, p. 228).
(^) Comptes rendus, l. CXVIII, 22 janvier i8g4, p. 202.
G. R., 1902, 2« Semestre. (T. CXXXV, N° 22.) ' ^^
978 ACADÉMIE DES SCIENCES.
je crois devoir ciler la découverte d'une seconde espèce du genre critique
Aperioptus, très imparfaitement décrit en 1848 par Richardson et dorit les
rapports, quoique exactement entrevus par M. Gùnther, étaient restés
douteux. V Aperioptus megalomycter nous montre qije l'orifice buccal
n'est pas entouré de lambeaux cutanés, comme l'indiquait le dessin, seul
document qui fût resté de l'espèce typique, mais constitue une véritable
trompe protactile en cône tronqué, qu'on peut com[)arer à celle de
l'Esturgeon.
» En ayant égard aux espèces découvertes ou décrites depuis 1898,
comme habitant les eaux douces du Bornéo, et y joignant ce que nous
apportent ces nouvelles collections, aux trois cent vingt-deux espèces
relevées à cette époque dans le Mémoire paru aux Nouvelles Archives du
Muséum, s'en ajoutent soixante-trois réparties en dix familles. Deux de
celles-ci seulement méritent d'être citées comme importantes : ce sont, on
pouvait s'y attendre, celle des Siluridœ avec vingt et une, celle des Cyprinidœ
avec trente-deux espèces.
» L'intérêt de ces nouvelles acquisitions est surtout de nous faire
connaître la faune dulçaquicole de points sur lesquels les renseignements
étaient très peu complets. Il suffira, pour s'en convaincre, de jeter les yeux
sur le Tableau ci-dessous. Reprenant la division purement topographique
proposée dans le précédent travail et établie d'après les principaux bassins,
l'île y est partagée en cinq régions; pour chacune, le nombre des espèces
qui nous était connu en 1898 et celui qui nous est connu aujourd'hui sont
les suivants :
Résfions
1893.
1902.
)uest.
sud-est.
est.
nord.
nord-ouest.
280
179
2
7
29
263
179
33
18
63
» Les conclusions données précédemment se trouvent d'ailleurs plei-
nement confirmées. La faune dulçaquicole de Bornéo, en premier lieu,
se montre dans son ensemble essentiellement homogène, les recherches
faites par M. Nieuwenhuis dans le haut Mahakam, jusqu'ici complètement
inexploré, justifient cette proposition, aussi bien que les travaux de
M. Boulenger et de M. Steindachner portant sur les parties nord et nord-
ouest. Cette faune dulçaquicole d'un autre côté offre les plus grandes ana-
logies avec la faune indo-chinoise. Ces deux points peuvent être regardés
comme définitivement acquis.
SÉANCE DU l^^ DÉCEMBRE 1902. 979
» La richesse des collections rapportées par l'Expédition néerlandaise, le
soin avec lequel ont été prises les localités m'ont permis de tenter l'étude
de la répartition des espèces de Poissons suivant la hauteur de leur habitat
dans les cours d'eau. Pour ces recherches potamhypsologiques il est rare
en effet de réunir des éléments de telle valeur dans des fleuves aussi
importants que le Rapoeas et le Mahakam, encore voisins de l'état de
nature, au moins dans leurs parties hautes. Dans celui-là des pèches ont
été faites en des points variés sur toute la hauteur du fleuve; pour le
Mahakam, seulement dans les parties hautes et le cours moyen, ce qui
présentait d'ailleurs le plus d'intérêt, les recherches anciennes de Bleeker
nous fournissant quelques données sur la faune de son embouchure.
» Toutes réserves faites sur ce que des recherches ultérieures pourront
ajouter à nos connaissances évidemment encore très incomplètes, la répar-
tition des espèces indique une grande homogénéité, que trouble seulement
dans le bas fleuve la présence de quelques espèces marines, dans le haut
fleuve la prépondérance relative de certains groupes. La famille des
Cyprinidœ, de beaucoup la plus importante, puisqu'elle ne comprend pas
moins de 4o à 5o pour 100 du nombre total des espèces, donne sur ce
dernier point des indications démonstratives. A l'embouchure du Rapoeas
on en rencontre neuf espèces, dont sept Cyprinina et deux Cohitidina. Ces
deux sections sont représentées dans le cours moyen par vingt-deux espèces
pour la première, six pour la seconde. Dans le haut fleuve les chiffres
respectifs sont trente-deux et quatre, mais là s'ajoutent quatre espèces de
la section des Homalopterina. L'organisation de ces derniers Cyprinides,
munis de nageoires paires disposées, d'habitude avec la bouche et les
parties inférieures du corps, de manière à constituer un puissant organe
d'adhérence, qui leur permet de se fixer au sol, parfois d'y ramper à la
manière des Limaces (Gastromyzon), explique leur présence dans ces
parties souvent torrentielles du cours d'eau. Les observations faites sur
le Mahakam concordent avec les précédentes; pour le haut fleuve les trois
sections se trouvent représentées par six Cyprinina, quatre Homalopterina
et quatre Cobitidina; pour le cours moyen la section intermédiaire fait défaut,
les deux autres comptent celle-là six, celle-ci deux espèces, dans les
collections recueillies.
» L'étude de quelques-uns de ces Poissons confirme d'une manière
frappante et dans des conditions spéciales les rapports reconnus avec la
faune indienne. Parmi les espèces indiquées comme nouvelles dans les
collections du Musée de Leyde, trois entre autres : Glyptosternon Nieu-
gSo ACADÉMIE DES SCIENCES.
wenhuisi, Homaloptera orthogoniata, Nemachilus obesus, nous offrent des
types remarquablement voisins des Glyptosternon dorsalis Vinciguerra,
Homaloptera bilineata Blyth, Nemachilus Evezardi Day, de l'Inde et de
Birmanie. Trouvées dans les parties élevées des fleuves, on doit les consi-
dérer comme espèces représentatives d'une faune d'altitude alpine ('). »
ZOOLOGIE. — Sur les Poissons du genre Chondrostome dans les eaux douces
de la France. Note de M. Louis Roule, présentée par M. Edmond
Perrier.
« Les Chondrostomes, parmi les Cyprinides de nos pays, sont dignes de
remarque à plusieurs titres. Le caractère principal du genre, qui lui a
valu son nom, lui est donné d'après la nature des lèvres buccales, résis-
tantes et dures au lieu d'êtres molles. On les trouve dans la plupart des
cours d'eau, et les auteurs les signalent souvent, mais ils ne s'entendent
point sur le nombre des espèces qu'ils leur attribuent. Les uns, à l'exemple
de Blanchard (^Les Poissons des eaux douces de France) distinguent en eux
trois et même quatre espèces; d'autres n'en signalent qu'une. Cette
dernière opinion semble prédominer aujourd'hui. Un travail récent
(Belloc, Bulletin de la Société centrale d' Aquiculture et de Pêche, 1898) ne
mentionne qu'une seule espèce, Chondrostoma nasus L. dite Nase ou Holu.
Pareil avis ne concorde guère, cependant, avec les assertions des pêcheurs
et des anciens auteurs. Les premiers estiment que le Nase est en France
d'importation récente. Venu d'Allemagne, voici un demi-siècle au plus, il
gagne tous les bassins de proche en proche, grâce aux canaux de commu-
nication, et il étend progressivement son aire de distribution géographique
à notre pays entier. D'autre part les seconds, à en juger d'après leurs
descriptions, connaissaient le Chondrostome. Ce Poisson serait donc
indigène, et non j)as récemment importé. Du reste, plusieurs des termes
locaux qui servent à le désigner dans le Midi appartiennent à de vieux
patois; à moins d'admettre un changement d'acception, ce fait contribue à
rendre la seconde assertion plus plausible,
» La difficulté de se prononcer d'après les données acquises m'a engagé
à étudier directement la question. Mes observations conduisent à admettre
la coexistence, dans notre pays, de deux types principaux, appartenant à
(>) Le travail doit être publié dans les Notes front the Leyden Muséum.
SÉANCE DU 1*" DÉCEMBRE I902. 981
ce genre. L'un est indigène, l'autre est importé. Les auteurs se sont basés
souvent, pour distinguer entre les espèces des Chondrostomes, sur des
caractères qui ne sauraient être invoqués désormais, car ils manquent de
précision.
» La forme du corps, et surtout le nombre des dents pharyngiennes, sont sujets à
trop de variations. Les difTérences essentielles doivent se déduire, à mon avis de la
forme de la bouche, et des dimensions de l'espace prébuccal. Dans le type importé, la
bouche est presque rectiligne, ou à peine arquée; si l'on joint les deux commissures
buccales par une ligne droite représentant la corde de l'arc que décrit la bouche, la
flèche de cet arc mesure à peine le septième ou le huitième de la corde; de plus
l'espace prébuccal compte plus du tiers de l'espace préorbitaire. Dans le type indio^ène,
la bouche est franchement arquée; la flèche égale plus du tiers et moins de la moitié
de la corde; quant à l'espace prébuccal, plus petit, il mesure le quart en moyenne de
l'espace préorbitaire.
» La forme importée correspond vraiment au Chondrostoma nasus L. des
auteurs allemands. Il a pénétré, en France, par le bassin du Rhin, dans
ceux de la Seine et du Rhône; il commence, depuis plusieurs années, à
entrer dans celui de la Loire; il ne va pas encore plus loin. Tous les indi-
vidus que j'ai eu l'occasion d'étudier, venus de diverses localités, se res-
semblaient et ressemblaient également au type de l'Europe centrale. Tel
n'est point le cas de la forme indigène. Limitée au midi de la France, aux
deux seuls bassins de la Garonne et du Rhône, car elle manque à celui de
l'Adour, elle se différencie en plusieurs variétés, deux au moins, dont
Blanchard (/oc. cit.) avait fait des espèces distinctes. Dans la réalité, celte
forme doit être rapportée au Chondrostoma Ge/î« Bonaparte, comme plu-
sieurs naturalistes, Siebold et Gûnther notamment, l'ont déjà reconnu par
l'une de ses variétés, le Ch. rhodanensis de Blanchard.
» L'étude comparative de ces deux espèces m'a permis de faire quelques
observations complémentaires qui intéressent la Biologie générale. L'une
réside dans l'opposition curieuse qui s'établit entre ces deux types au sujet
de leur habitat. Les conditions extérieures étant identiques, le Ch. nasus
progresse sans arrêt, alors que le Ch. Genei demeure dans ses anciennes
limites et ne les franchit point. La première espèce, introduite chez nous
depuis peu de temps, conserve encore son unité, alors que la seconde,
établie depuis une époque plus reculée, s'est subdivisée, suivant les bas-
sins, en variétés que l'on peut considérer comme autant d'espèces
commençantes. Enfin, l'extension progressive du Nase entraîne des consé-
quences dignes de remarques. Ce Poisson, dès son arrivée dans une rivière.
gSct ACADÉMIE DES SCIENCES.
pullule, souvent de façon telle, en peu d'années, que les autres espèces de
Cyprinidées, ayant les mêmes habitudes que lui, diminuent fortement et
lui laissent prendre la prépondérance. Plus tard, elles regagnent une part
du terrain perdu, le Nase diminuant à son tour; mais elles ne reviennent
point à leur ancienne abondance, du moins dans la plupart des cas. En
somme, le nouveau venu s'établit, non pas en supplément, mais au détri-
ment des Poissons indigènes. Comme les qualités de sa chair ne valent
point celle de ces derniers, le rendement des cours d'eau où ce fait se pro-
duit, et ils sont nombreux, subit une dépréciation notable. La chose est à
retenir, car elle n'est point particulière au Nase et se manifeste toutes les
fois qu'une nouvelle espèce, importée naturellement ou acclimatée par
l'homme, s'inslalle dans les eaux douces. L'acclimatation s'accomplit
presque toujours aux dépens des anciennes espèces; aussi faut-il examiner
au préalable, dans chaque cas, si son avantage est supérieur à ses inconvé-
nients. Souvent la réponse seîVi-t-elle négative. Mieux vaut améliorer les
poissons indigènes et veiller à leur conservation qu'introduire des espèces
exotiques. Les conditions biologiques, propres au milieu des eaux, donnent
à l'acclimatation un caractère spécial, dont le milieu terrestre, plus aisé-
ment surveillé par l'homme, est dépourvu. »
ZOOLOGIE. — Variations morphologiques et anatomiques présentées par le
gésier chez quelques Coléoptères ('). Note de M. L. Bordas, présentée
par M. Edmond Perrier.
« Le gésier ?ii\.e,m\. un développement considérable chez les Carahides et
les Dytiscides. La présence de bourrelets triangulaires, de denticules cou-
verts de plaques chitineuses portant de longues soies cornées, indique
qu'il a pour fonction d'aider à la trituration des substances alimentaires et
aussi de les filtrer avant leur passage dans l'intestin moyen. Les descrip-
tions relatées dans la présente Note se rapportent à divers Carabes (Cara-
bus purpurescens Fabr., C. auratuslj., C. nemoralis JlWg.), au Calosoma syco-
phanta L. et au Procrustes coriaceus L.
» Le gésier des Carahus auratus el C. nemoralis présente une forme à peu près
cylindrique ou légèrement ovoïde. II se continue directement en avant avec l'œso-
phage, et se rattactie en arrière, par un court pédoncule, à l'intestin moyen.
(*) Extrait d'un travail, actuellement en préparation, intitulé : Recherches anato-
miques et physiologiques sur l'appareil digestif des Coléoptères.
SÉAiNCE DU i^'' DÉCEMBRE ly02. C)83
» La face antérieure de l'organe est à peu près plane et présente, en son milieu, une
ouverture en forme de croix de Malte, très caractéristique. Aux quatre extrémités des
bras de la croix existent de petits bourrelets, à pointe dirigée intérieurement, que nous
avons désignés sous le nom de denticules. Entre ces derniers se trouvent de larges
plaques chitineuses de forme triangulaire se prolongeant dans l'intérieur du gésier et
appelées dents. La musculature du gésier est puissante.
» La face supérieure de chaque dent est légèrement convexe et son bord externe
recourbé. Ce dernier se continue avec la membrane du jabot, après avoir effectué une
petite inflexion en arrière. L'ensemble de ces courbures constitue un petit repli annu-
laire postérieur, entourant l'origine du gésier. Le bord interne des dents et celui des
denticules sont garnis de longues soies cornées, à pointe recourbée en arrière. Ces
soies, s'entrecroisanl en tous sens, jouent le rôle de filtre et arrêtent, au passage, les
corps trop volumineux ou incomplètement broyés. De plus, les dents constituent un
appareil broyeur très compliqué, d'où le nom d'organe masticateur sous lequel on
peut encore désigner le gésier. L'épaisse couche de muscles circulaires qui l'entoure,
par ses contractions énergiques, rapproche ou écarte les dents et les denticules, de
façon à rétrécir ou élargir ainsi sa cavité.
» Les dents et les denticules ne sont pas uniquement constituées par une masse
compacte de substance chitineuse, mais bien par un petit épaississement lamelleux,
de couleur brunâtre, sur lequel sont implantées d'innombrables soies cornées, de
taille et de forme diverses.
» Les dents, au nombre de quatre, alternent avec les denticules. Elles affectent la
forme d'une pyramide triangulaire dont la base, légèrement bombée, est tournée vers
la cavité du jabot, et les faces latérales, plus ou moins inclinées, forment un angle
dièdre interne, placé un peu en dehors de l'axe du gésier. Quant à la face externe,
légèrement convexe, elle est directement appliquée contre la puissante musculature
de l'organe. A l'état de repos, les bords internes des dents et des denticules sont paral-
lèles et ont une direction à peu près rectiligne ne laissant entre eux qu'une fente,
irrégulière et étroite, en forme de croix. Un peu en arrière, la cavité du gésier s'élargit
et présente un orifice, à bords sinueux, établissant une communication avec l'intestin
moyen.
» Chaque dent est recouverte d'une lamelle chitineuse qui tapisse les deux parois
latérales du prisme, constitue la plaque basilaire et se continue avec l'intima interne
du jabot. C'est sur le bord de cette plaque que sont implantées d'innombrables soies
chitineuses, formant d'abord une couronne supérieure qui se continue, sur les faces
latérales, en une toison compacte. La dent se termine, vers le tiers postérieur du
gésier, par une pointe conique mousse, suivie d'un repli interne, continué par un
bourrelet plissé aboutissant à l'orifice antérieur de l'intestin moveu.
» Toute la masse comprise entre les faces latérales des dents est occupée par un
massif musculaire que nous avons étudié au point de vue histologique.
» Les denticules, au nombre de quatre, sont situées aux extrémités des bras de la
fente cruciale, constituant l'orifice du gésier. Elles sont moins longues et plus aplaties
que les dents et affectent, comme ces dernières, une forme de prisme triangulaire. La
lamelle chitineuse recouvrante présente la même disposition que celle des dents et est
également recouverte d'une abondante touffe de soies cornées. Ces soies forment, vers
q84 ACADÉMIE DES SCIENCES.
le milieu de l'organe, deux bandelettes transversales de teinte noirâtre. En arrière,
sont disposés de puissants faisceaux musculaires longitudinaux.
» L'orifice postérieur du gésier est muni d'une valvule à bords frangés.
» Observations physiologiques. — Il nous a été donné, maintes fois, au
cours de nombreuses vivisections, faites sur des Procrustes ou de gros
Carabes, d'observer certaines fonctions physiologiques du gésier, fonctions
qui s'exercent concurremment avec celles du jabot.
» Fréquemment l'intestin antérieur est rempli d'une matière noirâtre,
plus ou moins liquide, provenant des substances alimentaires ingérées.
Quand l'animal est récemment ouvert, on voit parfois le gésier animé de
contractions rythmiques, s'effectuant à intervalles à peu près égaux.
» Les gros muscles circulaires du gésier se contractent, d'arrière en
avant, à partir de l'intestin moyen. Le contenu de l'organe est brassé éner-
giquement et poussé dans le jabot, qui se dilate sous l'afflux du courant
semi-liquide. Le jabot se contracte à son tour par une série d'ondulations
vermiformes qui se poursuivent fort en avant, jusqu'au miheu de l'œso-
phage. Le contenu intestinal, chassé incomplètement du gésier, y revient
iDrusquement, par suite de la dilatation de ce dernier, et le retour est même
si rapide que l'organe paraît toujours en partie gonflé.
» Les mêmes contractions réapparaissent et se poursuivent vers l'avant,
rapprochant les dents et les denticules et soumettant ainsi la bouillie intes-
tinale à une trituration complémentaire. Elles durent parfois plusieurs
heures. Mais, peu à peu, ces contractions deviennent plus lentes, moins
énergiques et, quand les matières sont suffisamment triturées et malaxées,
on voit, de temps à autre, de petites contractions se produire en sens
inverse des premières et certaines portions de la bouillie alimentaire fran-
chir la valvule postérieure du gésier et passer par saccades dans l'intestin
moyen. »
ZOOLOGIE. — Sur les Annélides polychè tes d'eau douce.
Note de M. Ch. Gravier, présentée par M. Edmond Perrier.
« C'est dans les mers qui ont couvert autrefois toute la surface de la terre
que se sont développés les premiers êtres vivants. Certains groupes zoolo-
giques sont restés localisés dans leur milieu d'origine, mais la plupart
d'entre eux ont fourni des formes qui se sont acclimatées à l'eau douce ou
à la vie terrestre. Jusqu'à une époque relativement récente, les Annélides
SÉANCE DU l'" DÉCEMBRE lf)02. gS5
polychètes ont été considérées comme faisant partie de la première caté-
gorie, c'est-à-dire comme des animaux essentiellement marins. On con-
naît maintenant un certain nombre de Polychètes adaptés complètement
à l'existence dans l'eau douce; ces Annélides se rapportent à quatre
familles distinctes, celles des Néréidiens, des Euniciens, des Capitelliens
et des Serpuliens.
» Pai-mi les A'éréidiens, c'est le genre Lycastis Audouin et M. Edwards qui paraît
le mieux s'accommoder des degrés de salure les plus divers. C'est ainsi qu'une espèce
de la Guyane que j'ai fait connaître récemment (^), le Lycastis ouanaryensis Gravier,
vit à la fois en milieu saumâtre, en compagnie de tarets, dans la mer, sur les côtes
(Guyane française), où l'on peut la recueillir sous les pierres, à marée basse, et dans
l'eau complètement douce, dans les criques du haut Ouanary (petit fleuve qui se jette
dans la Laie de l'Oyapok), ou dans les ruisseaux: des marais de la région. J'ai pu exa-
miner deux femelles remplies d'ovules voisins de l'état de maturité; elles ne présen-
taient aucune transformation ni dans le prostomium, ni dans les parapodes tout gon-
flés par les éléments sexuels ; il ne paraît donc pas y avoir de phénomènes d'épigamie.
» La présence de ces formes sexuées en eau douce indique d'ailleurs que l'espèce
est parfaitement acclimatée dans ce milieu. On sait, en efl"et, que lorsque des animaux
marins, qui peuvent s'adapter à l'eau douce, sont trop brusquement amenés dans ce
liquide, ils ne forment ni œufs ni spermatozoïdes, et même résorbent ceux qu'ils
possédaient avant l'expérience. Il serait désirable d'observer un grand nombre d'in-
dividus, avec des éléments génitaux à divers degrés de développement, pour voir si
les deux sexes sont absolument séparés. Il y aurait également intérêt à étudier l'in-
fluence du changement de milieu sur le développement de ces animaux. Le passage
de la vie marine à l'existence dans l'eau douce ou sur la terre s'accompagne toujours
d'une tachygenèse ou accélération embryogénique plus ou moins intense. En tout cas,
la transformation épigamique paraît ici supprimée.
» On ne connaît actuellement qu'un Eunicien d'eau douce : c'est un Luinbri-
conereis (sp.?) qui a été trouvé par J. Kennel dans le lleuve Orloire, à la Trinité,
» Le seul CapitelUen d'eau douce qui ait été mentionné jusqu'ici est VEisigella
ouanaryensis Gravier, qui a été recueilli dans les ruisseaux d'eau douce des marais
du Ouanary. G. Ferronnière, en plongeant directement dans l'eau douce le Capitella
capitata Fabricius, constata que ces animaux mouraieiit au bout de quelques minutes.
Or, H. Eisig a réussi à faire vivre la même espèce dans de l'eau de mer de plus en
plus diluée, à les conserver pendant 4 mois, dans un mélange contenant finalement
^oo""^ d'eau de mer pour looo^"' d'eau douce, le poids spécifique s'abaissant de 1,084
à 1 ,0088.
» Parmi les Serpuliens, la tribu des Sabellides ne compte pas moins de quatre espèces
réparties en trois genres, adaptées à l'eau douce : Manayunkia speciosa Leidy,
(') Ch. Gravier, Sur trois nou^^eaux Polychètes d'eau douce de la Guyane
française {Bull, de la Soc. d'Hist. natur. d'Auiun, t. XIV, 1901, p. 353-372).
G. R., 1902, 2* Semestre. (T. CXXXV, N' 22.) ' ^9
986 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Caobangia Billeti Giard, Dybowscella Godlewskii et Dyhowscella baicalensis
J. Nusbaum.
» Les Polychèles d'eau douce, relativement très rares, présentent un
intérêt exceptionnel, au point de vue de l'étude du mécanisme du passag^e
de la vie en milieu salin à la vie dans l'eau douce, et du retentissement de
ce changement d'ambiance sur tout l'organisme (développement avec ou
sans métamorphoses, sexualité, etc.).
» Un grand nombre de naturalistes ont recherché la cause de la mort et
observé les phénomènes qui la précèdent chez les animaux marins que l'on
immerge dans l'eau douce et réciproquement; ils ont montré l'influence,
à ce [)oint de vue, de la température du milieu, de la taille et de l'état phy-
siologique des individus soumis à l'expérience. Les phénomènes osmotiques
auxquels donnent lieu les changements de milieu exercent une action
directe sur le sang, tant sur le plasma que sur les éléments figurés;
lorsque cette action est brusque et violente, la nutrition générale est
arrêtée soudainement et la mort est presque immédiate. Mais si les modifi-
cations sont réalisées peu à peu, les hématies peuvent acquérir une certaine
résistance; il se produit une accoutumance qui permet à l'animal de vivre
dans un milieu défavorable à l'origine, et l'immunité ainsi acquise n'est
peut-être pas sans analogie avec celles que peuvent conférer des inocula-
tions appropriées contre les toxines microbieimes.
» J. Gogorza y Gonzalez observant, comme ses devanciers et notamment
comme Paul Bert, que la résistance d'un animal marin plongé dans l'eau
douce est. plus grande quand la température s'abaisse, pense qu'il est vrai-
semblable d'admettre que l'adaptation des animaux marins à l'eau
douce s'est faite de préférence aux époques de refroidissement du globe
terrestre. Cette hypothèse ne paraît guère plausible, d'après ce que nous
voyons se produire actuellement dans l'Amérique tropicale, 011 la tempéra-
ture est constamment élevée et oïi une même espèce, le Lycastîs ouana-
ryensis Gravier, s'accommode aussi bien de l'eau de mer que de l'eau douce
et de tous les intermédiaires.
» L'histoire de ces Annélides polychètes d'eau douce peut jeter quelque
lumière surll'origine des Oligochèles qui se relient probablement aux Poly-
chètes par plusieurs phylums distincts. H. Eisig a d'ailleurs montré que la
séparation des deux groupes de GhéLopodes n'est rien moins qu'absolue. »
SÉANCE DU l" DÉCEMBRE 1902. 087
ZOOLOGIE. — L' excrétion chez les Cîrrîpèdes.
Note de M. L. Bruxtz, présentée par M. Y. Delae^e.
« La méthode des injections physiologiques m'a donné, sur les organes
excréteurs des Crustacés supérieurs, quelques résultats intéressants rap-
portés dans une Note précédente ('). J'ai appliqué la même méthode au
groupe des Cirripèdes pendant mon séjour au laboratoire de Roscoff, où j'ai
étudié les formes :
)) Thoraciques : 1° Pédoncules : Lepas analifera L., Pollicipes cornucopiœ
Leach; 2° Operculés : Balanus tinfinabulum chenu;
» Bhizocéphales : Sacculina CarciniT\\ovn^s.
» Chez les premiers, j'ai reconnu trois organes excréteurs :
» 1° Le rein maxillaire;
» 2° Un organe céphalique clos;
» 3° Une des glandes annexes du tube digestif (glande brune de Nus-
baum).
» 1° Rein maxillaire. — Connu déjà par Darwin et Iloeck, c'est seulement Nus-
baum qui lui donne son nom. Les descriptions que nous eu possédons sont de Koehler
et Gruvel. Tous s'accordent à reconnaître dans l'organe rénal un sac clos; les deux
derniers auteurs concluent même à la présence d'un rein d'accumulation. Tous aussi
ont considéré les deux grandes lacunes qui bordent intérieurement le rein comme des
parties de la cavité générale; chacune communiquant, ce qui est vrai, directement avec
l'extérieur jiar un fin canal débouchant sur la dernière des pièces buccales. Ma méthode
m'a facilité l'étude de cet organe, le carminate d'ammoniaque est éliminé par l'épithé-
lium rénal; de ce fait il a une belle teinte rose qui en délimite nettement les contours
sur les coupes et permet d'en étudier facilement les relations. Ces cellules sécrètent
des boules qui tombent dans la cavité du sac rénal, ce qui prouve qu'il ne peut être
question de rein d'accumulation.
» Ces boules sont naturellement colorées en rouge par le carmin éliminé. Nous les
retrouvons dans les lacunes que les auteurs appelaient cavité générale et que désor-
mais j'appellerai labyrinthe par analogie avec les reins antennaires et maxillaires des
Crustacés supérieurs. C'était donc la meilleure preuve qu'une communication existait
entre le rein, qui devenait comparable à un saccule, et le labyrinthe. Sur des coupes
rigoureusement sériées, nous avons constaté la présence de cet orifice du côté interne
de la grande corne dorsale. Tout autour, les cellules épithéliales sont plus petites et
n'éliminent plus le carmin. J'ai eu la chance de trouver dans mes préparations une
boule excrétée qui traversait l'orifice.
(^) L. Bruntz, L'excrétion chez les Crustacés supérieurs {Comptes rendus,
i3 octobre 1902).
988 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» 2° Organe céphalique clos. — Cet organe élimine le carminate. Il est composé
de deux amas de cellules situés symétriquement dans la partie céphalique, au-dessus
du niveau des pièces buccales, à l'endroit même où le manteau se rattache au corps.
Ils ont une forme lenticulaire, sont placés dans le tissu conjonctif entre Tépithélinm
cuticulaire et de gros diverticules de la glande blanche de Nusbaum. Les cellules qui
le constituent sont nombreuses, très grosses, plus ou moins régulières, munies d'une
membrane et possédant toutes de trois à cinq petits noyaux, sphériques. Le cytoplasme
granuleux contient le carmin précipité uniformément dans sa masse. Je n'ai pas trouvé
mention de cet organe dans la littérature.
» 3^ Glande hépatique. — Après injection de couleurs d'aniline dans le pédoncule
de Lepas, on retrouve après élimination la matière colorante dans le tube digestif, où
elle colore les matières qu'il contient. La même couleur se retrouve aussi dans beau-
coup de cellules de la glande brune de Nusbaum, glande hépatique de Gruvel, ce qui
semblerait indiquer qu'elles ne sont fonctionnelles que par groupes. Le pigment
qu'elles contiennent est peut-être le produit d'excrétion normal.
» Quant aux Rizocéphales, Aï. Y. Delage ('), dans sa belle étude anaîo-
mique et physiologique de la Sacculine, dit qu'il n'existe pas d'organe
excréteur différencié, mais il pense que les parties légèrement différenciées
de Textrémité des racines, les follicules lagéniformes, peuvent jouir de
cette fonction. Mes expériences ne confirment pas cette supposition. Les
matières colorantes semblent s'éliminer par osmose à travers la surface
entière des racines, car jamais nous n'avons pu constater que les follicules
l-:)géniformes soient devenus plus colorés que d'autres parties, et cela
même après élimination presque totale, ce qui cependant n'eût pas manqué
d'avoir lieu si ces parties avaient eu pour rôle de soutirer, pour les éli-
miner, les matières colorantes injectées. J'ai eu l'occasion de montrer que
le produit éliminé était une base analogue à la méthylamine (-). »
BIOLOGIE GÉNÉRALE. — Application d'un caractère d'ordre éthologique à
la classification naturelle. Note de M. L. Matruchot, présentée par
M. Gaston Bonnier.
« On sait, depuis les recherches de Brefeld et de Van Tieghem, que les
Piptocephalis (qu'on rencontre dans la nature, vivant en parasites sur des
(') Y. Delage, Evolution de la Sacculine (Arc/i. de Zoologie expérimentale,
2^ série, t. Il, iSgS).
(^) L. Bruntz et J. Gautrelet, Étude comparée des liquides organiques de la
Sacculine et du Crabe {Comptes rendus, 18 août 1902).
SÉANCE DU l" DÉCEMBRE 1902. 989
Mucorinées) soûl nécessairement parasites; que, de pins, leur parasitisme
ne s'exerce qu'anx dépens de certaines Mucorinées, à savoir les Muco-
racées (Pilobolées et Mucorces); enfin, que toutes les Mucorncées sont
susceptibles d'être parasitées par les Piplocephalis .
)) I. S'il était démontré que les Pipfocephalis ne peuvent vivre sur
aucune espèce de Champignon hors du groupe des Mncoracées, le fait de
pouvoir servir d'hôte à un Piplocephalis devrait dès lors être considéré
comme une caractéristique absolue des Mucoracées.
» C'est ce premier point que j'ai cherché d'abord à établir :
» A la vérité, pour faire cette démonstration, il ne saurait être question de tenter
la culture des Piplocephalis successivement sur toutes les espèces de Champignons
connues. Mais j'ai opéré sur un tel nombre d'espèces fongiques, appartenant aux
groupes les plus divers, que la conclusion s'impose avec toute la rigueur désirable.
» J'ai cherché, en effet, à faire vivre en parasite un Piplocephalis déterminé
(P. Tieghemiana Matr.) sur près de cent espèces, appartenant aux divers ordres de
Champignons, depuis les Myxomycètes jusqu'aux Basidiomycètes les plus élevés en
organisation (*). Tous les essais ont été effectués par la méthode des cultures pures
simultanées, et, comme l'essai de chaque espèce a porté sur quatre à cinq cultures au
moins, tout résultat, même négatif, doit être considéré comme concluant.
(*) La liste des espèces sur lesquelles j'ai opéré est trop longue pour pouvoir être
donnée ici. Je ne citerai que les genres ou espèces les plus typiques :
Myxomycètks. — Dictyoslelium mucoioides, vivant lui-même en symbiose avec
une Bactérie (culture pure).
OoMYCÈTES. — a. Mucoracées : Pilaiva, Mucor, Rhizopus, Absidia, Sporodinia,
Phyconiyces, Chœtocladium, Thamnidium, Helicoslylum, Chœlostylum. — 6. Autres
Mucorinées : Morlierella (quatre espèces). — c. Entomophthorées : Boiidierella
coronala et une Entomophlhorée non déterminée. — d. Péronosporées : Phyto-
phthora infeslans.
AscoMYCÈTES. — a. Discomycètes : Pyronema conjluens, Morchella esculenla et
rimosipes, Geoglossum, Bidgario, Spalhularia flavida, Nectria, Mollisia, etc. —
b. Pyrénomycètes : Sordaria, Chœlomium, Claviceps purpurea, Hypocrea alu-
tacea, etc. — c. Périsporiacées : Eurolium repens, Gliocladium penicillioides, etc.
Basidiomycètes : Lepiola procera, Armillaria mellea, Tricholoma nudum,
Collybia sp., Psalliola canipeslris, Pleurotus oslrealus, Coprinus comalus et epJie-
merus, Malruchotia varians, etc.
FuNGi iMPERFECTi : Amblyospoiium umbellalum, Gliocladium. viride; Slerig-
matocyslis, Aspergillus, Pénicillium et Coremium variés ; Arthrobolrys, Cephalo-
Ihecium; Cladosporium, Allcrnaria, Macrosporium; Verticillium, Dactylium.
Acrostalagmus, Diplocladium, Fusarium, Volutella; Isaria, Cordyceps sp., Spo-
rotrichum globuliferum; Bolrylis cinerea, Polyaclis, Trichophyton divers, etc.
ggo ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Or les résultats de cette série d'expériences sont particulièrement frappants :
1° toutes les cultures de P. Tieghemiana sur Mucoracées ont réussi; 2° toutes les
cultures sur Champignons autres que les Mucoracées ont échoué.
)) En conséquence, Piptocephalis Tieghemiana doit être considéré
comme pouvant caractériser, d'une façon précise, les Mucoracées par
raî>port à tous les autres Champignons. Il constitue, en quelque sorte, un
réactif des Mucoracées, et il permet de les définir élhologiqiiement par cette
propriété qu'elles ont de lui pouvoir servir d'hôte, et qu'elles sont seules
à posséder.
» II. Ayant à ma disposition un instrument de contrôle d'une si rigou-
reuse précision, j'ai cherché à en faire l'application à une moisissure
d'origine africaine, Cunninghamella africana Matr., non encore décrite et
classée. Cette moisissure ne présente aucuQ des organes de reproduction
(œufs ou sporanges) caractéristiques des Mucoracées; elle possède, au
contraire, d'abondantes spores exogènes, lesquelles sont inconnues chez
les Mucoracées. Mais son appareil végétatif me paraissant offrir d'étroites
affinités avec le mycélium des Mucoracées, j'estimai être en présence
d'une Mucoracée aberrante.
» CiinninghameUa africana s'est développée spontanément et en saprophyte sur
du crottin de chameau recueilli à l'état sec dans le Soudan français, expédié à cet
état en France, et placé aseptiquement dans une enceinte humide.
» C'est un Champignon à mycélium non cloisonné, comme les Mucoracées; mais,
pas plus à l'état spontané que dans les conditions de culture les plus variées, il n'a
jamais donné ni sporanges ni œufs, mais bien uniquement des conidies.
» Ces conidies naissent solitaires sur des têtes sphériques terminant les branches
d'un arbuscule assez ramifié. L'aspect général est celui d'une fructification à'OEdoce-
phalum à pied ramifié, et c'est sans nul doute parmi ce genre de Mucédinées qu'on
rangerait C. africana si l'on ne faisait appel qu'à des caractères tirés de la morpho-
logie et du développement.
» Mais (et à mes yeux c'est ici un point capital) C. africana se montre propre à
servir d'hôte à PlpLocephalls Tieghemiana.
•» En conséquence, malgré l'absence d'œufs et de sporanges, Cunning-
hamella a/ricana doit être classé parmi les Mucorinées, au voisinage ou
dans le groupe des Mucoracées ('). Il constitue le premier type connu de
Mucorinée à végétation uniquement conidienne.
(^) 11 convient d'ailleurs de remarquer que par son appareil végétatif, son mycélium
à structure continue et à courants protoplasmiques très nets, ses rhizoïdes différen-
ciés, etc., C. africana se rapproche effectivement des Mucoracées.
SÉANCE DU 1^'" DÉCEMBRE 1902. 99 1
» III. Le caractère d'ordre éthologique dont il vient d'être fait usage
doit être considéré comme un caractère taxonomique de premier ordre. Il
suppose, chez les êtres qui le présentent en commun, les affinités les plus
étroites. Non seulement la structure et les propriétés de la membrane sur
laquelle s'implante le parasite doivent être les mêmes; mais la structure,
les propriétés, la vie mêm.e du protoplasma doivent être bien semblables
chez des plantes hospitalières qui fournissent à un être aussi étroitement
exigeant qu'un Piptocephalis les conditions nécessaires à son existence.
» A ma connaissance, il n'a jamais été fait usage, pour la classification
des Végétaux, de caractères étliologiques de cette nature. Il semble que,
dans des cas aussi précis que celui-ci, il y ait toute sécurité à y taire appel.
Peut-être même faudrait-il voir là une méthode assez générale, susceptible
de fournir, dans certains cas, de nouvelles indications utiles à la recherche
de la classification naturelle des êtres vivants. »
BOTANIQUE. — De la répartition des sphéridins dans les familles végétales.
Note de M. Louis Petit, présentée par M. Gaston Bonnier.
« Dans une précédente Communication ( * ) j'ai montré qu'il existe, dans
les cellules chlorophylliennes de certaines feuilles, un petit globule (rare-
ment deux ou plus) se colorant fortement parla teinture d'alkanna comme
les graisses, les cires, les résines, et auquel j'ai donné le nom de sphérulin.
Mes premières recherches, qui avaient porté sur les Gamopétales et les
Dialypétales, en me montrant la disparition graduelle des sphérulins, au
fur et à mesure que l'on s'abaisse dans l'échelle végétale, m'avaient fait
peuser que ces petits corps devaient être fort rares dans les familles infé-
rieures, c'est-à-dire appartenant aux Apétales et aux Monocotylédones.
L'étude de ces groupes a justifié mes prévisions.
» Voici la liste des familles examinées et le nom des rares espèces oîi
j'ai rencontré des sphérulins. Le chiffre entre parenthèses, qui suit chaque
nom, indique le nombre des genres étudiés.
» Apétales inférovariées. — Cupulifères (7). Juglandées (2).
» Apétales supérovariées. — Chénopodiacées (7). Poljgonées (5). Urlicacées (6).
l'ipcracées (3) : Piper, Peperoinia, pas de sphérulins. Saururus cernuus, sphérulins.
Salicinées (2). Platanées (i). Mjricacées (i).
(') Comptes rendus, 28 décembre 1901.
99^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
» MONOGOTYLÉDONES, Iridinées. — Orchidées (3). Scitaminées (7). Bromé-
liacées (2). Hémodoracées (i). Iridées (4) : Gladiolus psittacinus, sphérulins-
Schizostylis coccinea, petits sphérulins. Dioscoréacées (3). Amaryllidées (5).
» LiLiiNÉKS. — Liliacées (8) : Astelia Banksii, sphérulins. Pontédériacées (i). Com-
mélinacées (2). Alismacées (i).
» JoPiCiNÉES. — Joncacées (3) : Juncus glaucus, J. ejfusus, petits sphérulins. Pal-
miers (3).
» Graminidées. — Pandanées (i). Typhacées (2) : Sparganium ramosum, petits
sphérulins. Aroïdées (6). Naïadacées (i). Gjpéracées (3). Graminées (8) : Arundo
Donax, Melica pyramidalis, sphérulins.
)) On voit que, d'une manière générale, les sphérulins manquent dans
les Apétales et les Monocotylédones. Parmi les Pipéracées, il est possible
que les Saururées en possèdent et que les Pipérées en soient dépourvues.
Les Iridées en renferment peut-être aussi dans un certain nombre de genres.
Mais, malgré les deux réserves précédentes, je ne crois pas qu'une seule
famille d'Apétales ou de Monocotylédones renferme une majorité de genres
à sphérulins.
» N'étant pas encore bien fixé sur la substance des sphérulins (qui est
peut-être variable), je me bornerai à faire connaître une réaction qu'ils
présentent communément. Si l'on traite successivement les coupes, qui les
renferment, par de l'eau de Javel, de la teinture d'iode et finalement par
de la glycérine, ils se colorent en marron. »
GÉOLOGIE. — État actuel du volcan de la Martinique. Note de M. Lacroix,
présentée par M. Fouqué.
« J'ai envoyé déjà à l'Académie quelques renseignements préliminaires
sur le cratère de la Montagne Pelée. A la suite d'une nouvelle ascension,
effectuée le 8 novembre, dans de meilleures conditions que les précédentes,
e me propose aujourd'hui de compléter ces premières données et de pré-
ciser la nature du cône central formé au milieu du cratère; ce n'est pas un
cône de débris, édifié par projections, c'est un cumulo-volcan, constitué par
des roches cohérentes, s'éboulant sans cesse, mais continuant à s'élever
tranquillement, presque à vue d'œil, sous l'influence de la poussée interne.
» Le cratère. — L'éruption actuelle a sensiblement modifié la topogra-
phie du sommet de la Montagne Pelée. Le point culminant de celui-ci était
en effet autrefois constitué par le morne La Croix, dominant au Sud-Est
SÉANCE DU l**" DÉCEMBRE 1902. 998
un petit plateau, creusé d'une cavité peu profonde (le lac des Palmistes).
Ce lac était, du côté du Nord-Ouest, dominé par un morne (reste d'une
ancienne coulée d'andésite), que l'éruption n'a pas entamé et qui, le cône
mis à part, forme maintenant le point le plus élevé de la montagne.
» Au pied Sud-Ouest du morne La Croix s'ouvrait une large cuvette
de 800™ environ de diamètre, au fond rétréci de laquelle (3oo™ environ
de diamètre) se trouvait à 700™ d'altitude environ l'Étang Sec (200"^ de
diamètre). Les crêtes qui le dominaient étaient constituées parle morne
Paillasse au Nord, le Petit Bonhomme à l'Ouest, la Petite Savane au Sud.
Du côté du Sud-Ouest, entre le Petit Bonhomme et la Petite Savane, s'ou-
vrait une déchirure douiinant la haute vallée de la rivière Blanche. C'est
cette cuvette profonde qui constitue le cratère actuel. La déchirure Sud-
Ouest a été en s'agrandissant depuis le 5 mai, date de l'effondrement du
barrage de l'Etang Sec, et forme maintenant la prolongation, sans escarpe-
ment, de la haute vallée de la rivière Blanche.
» J'ai pu faire le tour de près des trois quarts de la crête du cratère;
celle-ci est d'altitude irrégulière; sa partie Nord-Ouest est la moins élevée,
sa partie culminante est constituée par ce qui reste du morne La Croix.
Depuis notre précédente ascension, il semble que celui-ci se soit encore
éboulé; son altitude, mesurée à l'aide d'un baromètre holostérique, est en
effet (9 novembre) de 1220™ (i5™ seulement plus élevé que l'emplacement
occupé jadis par le lac des Palmistes). La partie éboulée représente donc
environ i3o™ depuis le commencement des éruptions. Le sommet qui sur-
plombe le bord du cratère est extrêmement fendillé et parcouru par un
courant d'air chaud ; le thermomètre, placé dans une fente de ce rocher,
indique H- 62° C.
» Les bords du cratère, saut ceux du côté Est et dans les parties rocheuses
(morne La Croix, Petit Bonhomme), sont formés par une arête vive dont
la pente extérieure est, par places, suffisamment raide pour qu'il soit diffi-
cile d'y circuler. Le bord Est, au contraire, est en partie constitué par un
petit plateau, prolongation vers le sud du lac des Palmistes aujourd'hui
remblayé.
» Les parois intérieures sont presque partout absolument verticales :
c'est le cas, notamment du côté Nord, où cette paroi semble avoir été
taillée dans le tuf, comme avec un couteau. Ilrésulte de cette disposition
que toutes les eaux qui tombent sur le sommet de la montagne s'écoulent
extérieurement au cratère, à l'exception de celles qui tombent sur le pla-
teau Est et qui sont en partie déversées dans le cratère lui-même, déter-
C. R., 1902, a« Semestre. (T. CXXXV, N" 22.) l3o
994 ACADÉMIE DES SCIENCES.
minant des érosions assez intenses sur la paroi de celui-ci. Des fissures
nombreuses, disposées parallèlement aux bords du cratère, montrent que
ceux-ci s'élargissent peu à peu par effondrement, mais cet élargissement
me semble avoir été peu important depuis la fin de juin.
» La surface des bords du cratère est uniformément recouverte d'une
couche de cendres très fines; grâce à l'absence de grandes explosions
depuis le commencement de septembre, la surface de celle-ci est rougie par
oxydation, mais il suffit de la gratter pour faire apparaître la couleur gris
verdâtre de la cendre humide. Cette cendre est stratifiée et constituée par
des alternances de lits compacts et d'autres, uniquement formés par de
petits pisolàes de cendres qu'il est facile, par le moindre choc, de détacher
les uns des autres. Cette structure me paraît due à l'action combinée de la
pluie et d'une rajnde dessiccation sur des cendres fines; je l'ai observée non
seulement sur les cendres du sommet de la montagne, mais encore sur
toute la côte, entre le Prêcheur et Saint-Pierre; elle se produit aussi aux
dépens des parties les plus fines des tufs ponceux anciens, désagrégés par
les eaux, et s'accumulant dans les anfractuosités du sol.
» La cendre du sommet de la Montagne Pelée, grâce à la finesse de ses
éléments, se délave avec la plus grande facilité et une rapidité non moins
grande. Quelques minutes de pluie suffisent pour transformer en boue le
sol, sur lequel on circule facilement après quelques instants de soleil. On
comprend aisément, lorsqu'on a assisté à quelques-unes de ces averses sur
la montagne, quelle est l'origine des torrents d'eaux boueuses noires ou
jaunes qui sont si caractéristiques des périodes d'éruption (le Prêcheur,
Basse-Pointe, rivière Blanche, etc.).
» Toutes les rigoles creusées par les eaux dans ces cendres mettent à
découvert au-dessous d'elles un cailloutis de petits fragments anguleux de
projection (andésite compacte, vitreuse ou ponceuse), mélangés à des
bombes.
)) Quant aux grosses bombes, elles sont relativement peu abondantes
au Nord et à l'Est, elles deviennent plus nombreuses au Sud-Est et au Sud,
et, dans cette partie, les fragments d'andésite ancienne arrachés au sous-
sol ont paru y être en plus grand nombre qu'ailleurs. Cette observation
est conforme d'ailleurs à celles que j'ai faites dans la vallée de la rivière
Blanche et qui montrent que c'est dans le secteur Sud-Ouest que s'est, sans
exception, produit le maximum d'intensité de toutes les éruptions .
» Je n'ai observé, sur les crêtes, aucune fumerolle localisée, mais le sol
est tiède; il suffit de creuser un trou de quelques centimètres pour que le
SÉANCE DU I^'^ DÉCEMBRE 1902. 995
thermomètre y atteigne jusqu'à 82** C. Les petits fragments déroche y sont
recouverts de cristaux de soufre et de gypse imprégnés de pyrite ou recou-
verts de concrétions d'alunoe^ène.
» Le fond du cratère est actuellement à 1 5o™ environ au pied du sommet
du morne La Croix; il paraît plus bas du côté du Sud, plus élevé du côté
du Nord. La cavité cratériforme est réduite à un étroit couloir circulaire
qni entoure de toutes parts le cône central ; cette sorte de rainure commu-
nique librement avec la vallée de la rivière Blanche par la déchirure
Sud-Ouest du cratère.
» Le cône. — Le cône central est constitué par de la lave compacte, for-
mant des falaises à parois verticales, qui, en un point du côté Est, sont
visibles jusqu'au fond même du cratère; partout ailleurs, la base du cône
est formée par un talus d'éboidis qui, par l'échancrure Sud-Ouest du cra-
tère, descend jusqu'à la rivière Blanche, alors que, dans toutes les autres
directions, il va, comblant peu à peu ce qui reste de la cavité cratéri-
forme.
» Toutes les observations que nous avons pu faire sur ce cône montrent
que celui-ci est en voie d'accroissement assez rapide, malgré les éboule-
ments incessants qui s'y produisent. Cet accroissement peut être étudié
facilement du Sud et de l'Est de la montagne ; c'est vers le 1 1 août que, du
Morne-Rouge, on l'a vu pour la première fois émerger du profil de la mon-
tagne. C'est à peu près à la même époque qu'on a pu l'apercevoir d'Assier
011 est installé l'un de nos postes, d'où nous l'observons jour et nuit.
» Le 10 octobre, on le voyait d'Assier sous la forme d'un petit bourrelet,
semblant avoir la même élévation que le morne La Croix auprès duquel il
émergeait. Pendant les jours suivants, il s'est accru rapidement, s'étalant
vers le Nord et le Sud et atteignant 90™ d'élévation environ au-dessus du
bord du cratère; c'est à peu près la dimension qu'il a actuellement
(10 novembre), bien que sa pointe la plus aiguë se soit écroulée il y a
quelques jours.
» Lors de notre ascension du i5 octobre, le sommet, vu des bords du
cratère, se présentait sous la forme d'une crête dentelée, dirigée à peu près
Nord-Sud, son piton notablement plus élevé que les autres; cette crête
dépassait d'environ So"" le bord du cratère. Aujourd'hui, au milieu de
celle-ci, se dresse, d'un seul jet, un énorme piton, à paroi verticale, à sur-
face lisse du côté de l'Est par suite du décollement; il a une centaine de
mètres de hauteur, il n'est pas placé au milieu du cône, mais sur son bord
996 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Nord-Est, à une centaine de mètres seulement du morne La Croix et
vis-à-vis de celui-ci.
» Ce cône est fissuré dans tous les sens; des bouffées de gaz or de vapeurs
s'en échappent sans interruption, soit verticalement, soit horizontalement.
Elles sont accompagnées d'éboulements considérables produisant un très
grand fracas ; les blocs tombant les uns sur les autres rerident généralement
un son comparable à celui de bris de verre, ce qui est du reste conforme
avec la structure très vitreuse des blocs que l'on trouve éboulés dans la
vallée de la rivière Blanche ou projetés sur le sommet de la montagne.
» Il n'existe pas de cheminée centrale ; il semble parfois, lorsqu'on
examine le volcan de loin, qu'un panache de vapeurs se dégage du piton
le plus élevé, mais l'examen attentif que nous en avons fait depuis 1 5 jours,
du poste d'Assier, permet d'assurer qu'il s'agit là, ou bien de la réunion
des vapeurs des fissures superficielles du cône, ou bien de bouffées parlant
de la rainure, en avant ou en arrière du piton central et montant lente-
ment le long de celui-ci. C'est d'ailleurs principalement de cette rainure
du cratère, et en particulier au voisinage de V èchancriire Sud-Ouest, que
partent les grandes poussées de vapeurs qui, les jours où il y a peu de
vent, montent verticalement à plusieurs kilomètres de hauteur.
» La structure de ce cône ne laisse aucun doute sur son mode de for-
mation. On ne peut s'arrêter un instant à Thypothèse d'un cône de débris;
la quantité de blocs projetés sur les bords du cratère, à loo*" seulement du
cône, est d'ailleurs négligeable, comparée à la masse de celui-ci; il n'en
serait pas de même si l'on avait affaire à un cône de débris. Il n'est pas
douteux, à mon avis, qu'il s'agit là d'un cumulo-volcan, d'un énorme bour-
relet de lave andésitique qui s'édifie à la bouche d'une ouverture souter-
raine. Celui-ci, grâce à la lenteur de la poussée, à sa continuité et à la faible
fusibilité du magma, se consolidant dès son arrivée à la surface, peut con-
server sa forme actuelle, au lieu de donner naissance à une coulée, comme
cela arriverait vraisemblablement si l'afflux de matière profonde se faisait
beaucoup plus rapidement.
» Les éboulements continuels se produisant dans toutes les parties du
cône me paraissent hors de proportion avec les bouffées gazeuses qui les
accompagnent et dont la sortie ne peut en être seule la cause. J'y vois
plutôt un effet de l'action continue de la matière fondue ascendante, dislo-
quant des roches fendillées par un refroidissement brusque.
» Cette opinion est légitimée par les phénomènes lumineux visibles la
SÉANCE DU l"" DÉCEMBRE 1902. 997
nuit chaque fois que la montagne n'est pas couverte de nuages. Le cône
est alors irrégulièrement éclairé : il ne s'agit pas là de flammes, mais de
lueurs très vives, très bien délimitées, d'un rouge comparable à celui d'un
feu de forge.
» Elles apparaissent d'abord, très brillantes, puis perdent progressive-
ment leur intensité. Dans la nuit du 9 au 10 novembre, j'ai vu nettement
cette lueur partir de la base du cône (visible d'Assier), monter suivant
une ligne sinueuse, avec localement de brusques augmentations d'intensité,
atteindre le sommet et envoyer des branches latérales. Au bout d'une
demi-heure environ, ce phénomène avait (\\spa.vi^ prof^resswement. Il ne me
paraît guère possible d'expliquer ce qui vient d'être décrit, autrement que
par la montée, puis le refroidissement progressif, du magma andésitique
fondu dans les fentes de retrait de parties déjà consolidées de la même lave.
Ou peut expliquer également, par la brusque mise à découvert d'une por-
tion incandescente du cône, une vive illumination d'une large surface de
celui-ci, survenue quelques nuits auparavant, peu d'heures avant que je
ne constate, à la même place, la chute d'une des aiguilles terminales du
cône.
» Nos deux postes d'observation, dont le second va incessamment fonc-
tionner d'une façon régulière, vont me permettre de coordonner des obser-
vations faites heure par heure des deux côtés opposés du cône; je ferai
connaître à l'Académie toutes les particularités qui paraîtront dignes de
son attention.
» Comme conclusion, je ferai remarquer que, bien que, depuis prés de
deux mois et demi, il ne se soit produit à la Montagne Pelée aucune grande
explosion, les manifestations de l'activité volcanique ne s'en poursuivent
pas moins silencieusement et d'une façon continue ; aussi ai-je engagé vive-
ment l'administration de la colonie à maintenir intégralement toutes les
mesures d'évacuation préventive du voisinage du volcan, qui me paraissent
toujours indispensables. »
EMBRYOGÉNIE. — S uf^ résolution de la spermatide chez le Notonecta glauca.
Note de MM. J. Pantel et R. de Sinéty, présentée par M. Alfred
Giard.
« Les stades que nous distinguerons ne sont pas définis par une
discontinuité de l'évolution, et beaucoup d'entre eux ont un caractère très
99^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
artificiel; nous ne les adoptons provisoirement que pour la rapidité de la
description.
» I. Etat initial de la spermatide {fig. 2). — Le noyau est petit, la chromatine
peu abondante et en granules isolés. Le corps cytopjasmique, à trame réticulée, est
rendu très hétérogène par la présence de nombreuses enclaves, savoir :
» a. Le matériel nebenkernien c.mi, déjà observable dans le spermatocyte de
1, spermatocyte de deuxième ordre; 2-11, spermatide; Vl, spermatozoïde presque mùr.— A, acrosome;
I, idiozome; N, noyau; Nk, Nebenkern; Q, queue; b, blépharoplaste; ca, calotte; c.chr, cor-
puscules chromatinifères; c.mi, condensations mitochondriennes; es, caryosome; di, différencia-
tions idiozomiques; e.hy, excrescences hyalines; i', i", corpuscules idiozomiques principaux et
secondaires; ps, plasmosomes.
premier ordre en prophase sous la forme de condensations qui peuvent constituer une
zone périnucléaire plus ou moins complète; aux télophases des divisions maturatives
cette zone s'ouvre largement du côté du pôle, expulse, pour ainsi parler, le noyau
et se masse derrière lui autour du reste fusoriel ;
» b. Les corpuscules idiozomiques secondaires i" : nous désignons ainsi une
catégorie d'enclaves arrondies ou cuboïdes, d'abord très petites, arrivant par croissance
à une taille médiocre uniforme, homogènes, avec une zone membraniforme plus
dense à la périphérie ; on peut les suivre au travers des cinèses maturatives jusque dans
les spermatocytes de premier ordre en prophase;
» c. Les corpuscules chromatinifères c.cAr., autre sorte d'inclusions de même
SÉANCE DU !*■ DÉCEMBRE 1902. 999
ancienneté, petites, ayant la forme d'écaillés, de lentilles, de masses arrondies; on y
distingue généralement une partie très chromatophile et une autre, non ou à peine
colorable ;
» d. Des plasmosomes émigrés ps, en nombre variable; il s'en trouve d'ailleurs
dans les spermatocytes au cours des divisions maturatives, soit dans le corps cellu-
laire, soit dans ses expansions pseudopodiques {excrescences hyalines de Platner,
fig. I, e.hy).
» II. Apparition des corpuscules idiozomiques principaux {Jlg. 3, i'). — Les élé-
ments qui doivent former la masse fondamentale de l'idiozome ne tardent pas à se
montrer sous la forme de globules hyalins, achromatophiles, homogènes, d'abord
petits et nombreux, successivement plus rares et plus volumineux, vraisemblablement
par suite de coalescences; ils paraissent exercer sur les corpuscules secondaires men-
tionnés plus haut une sorte d'attraction (chimiotactique?), par suite de laquelle ils en
sont fréquemment environnés; le JSebenkern, NA", a pris une structure lamellaire; les
petites formations chromatinifères se portent les unes sur les autres et se soudent en
masses d'apparence spongieuse.
» m. Constitution de l'idiozome définitif {fig. 4 6t 5, I). — La confluence directe
ou indirecte de la substance hyaline précédemment distribuée en sphérules donne un
corps unique, globuleux, qui s'accole au noyau du côté opposé au Nebenkern. Les
corpuscules idiozomiques secondaires demeurent assez longtemps groupés autour de
cette masse en une zone concentrique régulière qui apparaît dans les coupes comme
une guirlande moniliforme, puis se fusionnent graduellement et individuellement
avec elle. Des différenciations ne tardent pas à se montrer à l'intérieur. Outre une
constellation de très petites granules, outre des inclusions vacuoliformes de substance
sidérophiie, de nombre, de grandeur et de rapports variables, il y a une formation
jusqu'ici énigmatique, peut-être en relation avec le développement de l'acrosome, en
tout cas remarquable d'allure et de constance. Elle est périphérique. A sa première
apparition l'on voit un petit disque chromatophile, accolé par son plat interne à une
masse ovalaire ou sphérique, bien limitée mais à peine distincte du fond général
comme colorabilité, tandis qu'il s'applique par son plat externe sur la surface de con-
tact de l'idiozome avec le noyau {Jig. 5, di). Plus tard une nouvelle masse chromato-
phile, en forme de lentille biconcave (étranglée eu biscuit sur les vues de profil),
s'interpose entre les deux corps précédents {fig. 6).
» Les corps chromatinifères, en nombre réduit et de dimensions corrélativement
accrues, sont venus s'appliquer sur le noyau sous la forme de calottes, ca\ leur ma-
tière chromatique émigré manifestement de l'extérieur vers L'intérieur et passe dans
le noyau, où l'on ne tarde pas à la retrouver sous la forme d'amas plus ou moins
denses, estompés dans leurs contours. Les calottes disparaîtront un peu plus tard
(par résorption?).
» L'élément nucléinien, devenu successivement plus insensible aux colorants ordi-
naires, tend à se condenser en un volumineux caryosome C5. Les plasmosomes /)5 émi-
grent dans le cytoplasme, où ils se dissolvent {corps chromatoïde de Benda); il n'est
pas rare de les saisir sur le fait de leur passage au travers de la membrane, laquelle
les retient quelque temps comme enchâssés {fig. 4)*
lOOO ACADEMIE DES SCIENCES.
» Le Nebeîikern est partagé en deux moitiés accolées et engrenées formant un tout
à contour arrondi.
» IV. Natation de la spermatide. — Un premier mouvement, dans lequel tout se
passe comme si le noyau tournait sur lui-même en entraînant l'idiozome qui se trouve
ainsi temporairement rapproché du Nebenkern {fig. 6 et 7), est bientôt suivi du
redressement de la spermatide. Celte sorte d'oscillation marque un stade très carac-
téristique peut-être en relation avec l'allongement du Nebenkern.
» Le blépharoplaste, assez généralement, se voit déjà à la base du Nehenkevn
{fig' 7, b). La surface de contact du Nebenkern et du noyau montre une tendance
marquée à fixer l'hématoxyline ferrique. »
ANATOMIE. — Sur la présence des corpuscules acidophilcs paranucléolaires
dans les cellules du locus niger et du locus cœrLilens. Note de M. G.
Marinesco, présentée par M. Bouchard.
» En examinant les cellules du locus niger et du locus cœruleus avec
différents procédés de coloration, tels que la méthode de Romanowski,
les liquides de Biondi, d'Erlich, ou des couleurs combinées, acides et
basiques, j'ai trouvé constamment chez l'adulte, à l'intérieur du noyau des
cellules du locus niger et fréquemment dans celles du locus cœruleus,
des corpuscules en nombre variable, situés au voisinage du nucléole.
Ces corpuscules prennent toujours la couletir acide.
» C'est ainsi que par la méthode de Romanowski ils se colorent habituellement en
rouge brique, quelquefois en rouge vénitien, d'autres fois encore en rouge orange. Si on
emploie une couleur acide simple, non composée, telle que la fuchsine, la francéine
ou l'érythrosine, on constate ce fait remarquable que le nucléole et les corpuscules
paranucléolaires ne se teignent pas de la même manière, la fuchsine colore le nucléole
en rouge pourpre, tandis que les corpuscules paranucléolaires, plus compacts, se
colorent en violet. Il en est de même pour la francéine ('), laquelle donne une teinte
rouge pourpre au nucléole pendant que les corpuscules sont colorés en rouge brique.
On observe le même phénomène dans les pièces traitées par l'érythrosine. Dans les
pièces traitées par la méthode de Nissl, les corpuscules apparaissent avec une teinte
jaunâtre plus ou moins visible.
» Le nombre de ces corpuscules varie depuis un jusqu'à six et généralement ils
sont un, deux et souvent trois. Lorsqu'ils sont nombreux, nous les retrouvons
ramassés en groupe dans le suc nucléaire et la place qu'ils occupent par rapport au
nucléole est également variable. Tantôt ils sont situés au voisinage de ce dernier;
(•) Cette couleur acide a été découverte, il y a déjà i5 ans, par le professeur Istrati,
de Rucarest, qui a bien voulu en mettre un échantillon à ma disposition.
SÉANCE DU T^'" DÉCEMBRE 1902. lOOI
tantôt ils s'en écartent et peuvent même siéger aux deux pôles du no^'au. En ce qui
concerne leurs dimensions relatives, ils dépassent rarement le volume du nucléole
parfois ils peuvent avoir des dimensions presque égales, généralement ils sont plus
petits que ce dernier, surtout lorsqu'ils sont nombreux. Le grand diamètre des cor-
puscules paranucléolaires peut atteindre j^.
» Le volume de ces corpuscules ne paraît pas être en rapport avec l'âge, car le plus
grand diamètre que nous ayons trouvé a été chez un homme âgé de 3o ans. D'une
manière générale, ils sont plus nombreux chez l'adulte et chez le vieillard que chez
les jeunes personnes. Chez ces dernières, en effet, on les rencontre pins rarement et
ils font défaut chez les enfants. Nous les avons encore retrouvés chez une femme
âgée de 117 ans, tandis qu'ils n'existaient pas chez une jeune fille âgée de i3 ans.
» La méthode de Pal ne colore pas les corpuscules paranucléolaires ; l'acide osmique
simple, ou bien associé au bichromate de potasse, n'a pas d'affinité pour ces corpus-
cules. J'ai pu faire la même remarque pour le Sudan. En tenant compte de ces
réactions, on peut éliminer la nature graisseuse et lécithinique de ces corpuscules; de
plus, nous avons vu qu'ils siègent habituellement à l'intérieur du noyau. Cependant,
j'ai rencontré quelquefois des corpuscules acidophiles en dehors du noyau, mais
comme ils présentent quelques caractères différentiels, je me suis demandé s'il était
possible de les assimiler aux corpuscules intranucléaires. C'est ainsi que parfois j'ai
pu voir dans la masse du pigment noir des corpuscules colorés en rouge brique ou en
rouge vénitien par la méthode de Romanowski, corpuscules qui, cependant, sont
plus volumineux que ceux que l'on voit à l'intérieur du noyau. En outre, ils sont
entourés d'une large auréole. Les corpuscules paranucléolaires sont d'aspect homogène,
ils offrent néanmoins parfois des vacuoles ou bien l'apparence d'un autre corpuscule
beaucoup plus petit, coloré d'une façon plus intensive.
» Quelle est la signification des corpuscules paranucléolaires? — [.a pre-
mière idée qui s'est présentée à mon esprit a été de les considérer comme
des granulations acidophiles analogues à celles que l'on rencontre en
nombre plus ou moins considérable à l'intérieur du noyau de beaucoup de
cellules. Mais l'aspect morphologique et les réactions chimiques ne parlent
pas en faveur de cette opinion. En effel, je n'ai jamais rencontré dans les
autres cellules du système nerveux central des corpuscules si e^ros, si con-
sidérables, dépassant en grosseur, ainsi que je l'ai dit, le volume du nucléole.
On pourrait su[)poser, d'autre part, que les corpuscules paranucléolaires
représentent des noyaux accessoires, mais alors leur réaction ne déviait
pas être différente de celle du noyau principal et l'on devrait les retrouver
également chez l'enfant, tandis qu'ils semblent n'apparaître qu'à un cer-
tain moment de la vie. Il est vrai qu'un élève de von I.enhossek, ÏM. Tume-
feerr, a conslalé, dans les ganglions s|)inaux et sympathiques des oiseaux,
la présence de deux nucléoles dont l'un à réaction basophile et l'autre à
G. R., 1902, 2* Semestre. (T. CXXXV, N° 22.) l3[
I002 ACADEMIE DES SCIENCES.
réaction aciHophile. Le nucléole acidophile siège tout près de l'autre et
même le touche. Ils ont fous deux le même volume.
» Au contraire, nos corpuscules paranucléolaires sont nombreux, ils
diffèrent du nucléole basophile par leur volume; ils sont plus éloij^nés de
ce dernier et ils ne se retrouvent, tout au moins jusqu'à plus ample
informé, que dans des cellules spéciales, pigmentées, c'est-à-dire dans
celles du locus niger et celles du lociis cœndeus. Etant donné que ces cor-
puscules siègent précisément dans les cellules qui sont pré()Osées à la
création du pigment, et, d'autre part, qu'ils pré^entent certaines propriétés
physico-chimiques analogues à celles du pigment de ces cellules, je serais
tenté (l'admettre qu'il existe une relation entre la formation du pigment et
la présence de ces corpuscules paranucléolaires. Si je ne donne ct^tte opi-
nion qu'à titre d'hypothèse c'est que le pigment préexiste à ra[)parilion
des corpuscules paranucléolaires.
» Dans le cytoplasma des cellules pigmentées du locus niger yM trouvé,
en dehors du pigment, des granulations colorables analogues à celles qui
ont été décrites par Oimer sous le nom de granulations amphophiles dans
les cellules du locus cœndeus. Oliner les avait vainement cherchées dans le
locus niger. J'ai pn les déceler, non seidement chez l'enfant, mais encore
chez l'adulte et même chez le vieillard. J'ai de même pu colorer ces granu-
lations à l'aide de la méthode de Romanowski, avec Biondi simple, et
Biondi acidifié, avec la fuchsine acide et la francéine. Cette dernière colore
ces granulations en rouge pourpre. »
PHYSIOLOGIE. — Rapport du poids du foie au poids total de ranimai.
Note de M. li. Maurel, présentée par M. Bouchard.
» Les recherches utilisées dans ce travail comprennent : des recherches
personnelles faites sur \q poulet et le pigeon (^); celles faites en collabora-
tion avec le D"" Lagriffe sur le hérisson (^) ei sur le lapin ('); celles du
D^ Baylac sur ce dernier animal ("); celles (iu D"" Alezais sur lecoèaje(^);
et enfin celles sur le chien publiées MM. Athanasiu et Carvallo C^).
(*) Société d'Histoire naturelle de Toulouse (juillet 1900).
(^) Ibid. (7 mars 1900).
(*) Ibid. (2 mai 1900).
(*) Ibid. (17 mai 1900).
(^) Article cobaye du Dictionnaire de Physiologie de Richet.
(*) Article chien » »
SÉANCE DU l" DÉCEMBRE 1902. IOo3
» Je résume ces différentes recherches dans le Tableau suivant qui
contient les moyennes de ces diverses pesées.
Rapport du poids du foie au poids total de V animal.
Animaux.
Poids total
moyen
de l'animal.
Poids
total
du foie.
Animaux jeunes.
Cobayes.
Lapins . .
de 35o8 )
à 45os. j
Au-dessous I
de i^oos. \
i6s, 5o
55s, 33
i Au-dessous ) ^
Hérissons , ^ „ 178,50
( de ooos. )
^ , \ Au-dessous ) „ „
Poulets j o „ 258,62
\ de 800S. )
Pigeons
Au-dessous | „
de35o8. \ "^''^^
Poids
du foie
par kil.
d'animal.
/41S
675,22
34s
35^,90
Poids total
moyen
de l'animai.
Poids
total
du foie.
Animaux adultes,
de 600S I
a 900g. \
Au-dessus )
de 1800S. i
Au-dessus \
de 5oo8. i
Au-dessus I
de I joos. i
Au-dessus )
de 400?. \
79^39
39s
35s, 12
i3s, II
Poids
du foie
par kil.
d'animal.
37S, 3o
38s, 07
55g
28s, 80
3is
Chiens de petites tailles.
de 4'^g I
cà loi^s. i
de 4''^ 2iis,oo 52S,1
2598,00 408,47
Chiens de grosses tailles,
de 4o''S I 5,
de 4o''g 836s 208,90
» Or, de l'examen de ce Tal>ieau me paraissent se dég.iger les princi-
paux faits snivanls :
)! i« D'une manière constante les adultes ont, par kilogramme de leur
poids, une quantité de foie moindre que les jeunes.
» Le cobaye adulte a 3-8,30 de foie par kilogramme, et le jeune en a 45R; le lapin
adulte en a 38^07, et le jeune 478; le hérisson adulte en a 558, et le jeune 678,22; le
poulet adulte en a 288,80, et le jeune 34»; le pigeon adulte en a 3i« et le jeune 35e, 90.
» 2" Pour la même espèce animale, quand elle présente des différences de
volume dépendant des variétés, comme pour le chien, la quannié de foie par
kilogramme d animal est d'autant plus élevée que l'animal est plus petit.
» Les chiens de 4o'^8 à 3o''8 n'ont que 21e, 18 de foie par kilogramme, tandis que
ceux entre lo'^s et 4''=, en ont 4o^. Comme on le voit aussi sur le Tableau, pour des
poids dix fois supérieurs, de 4o''^ à 4''^', 1^ proportion de foie peut varier de 2 à 5 :
528,8 pour celui de 4''^ ^^ seulement 20^,90 pour celui de lo'^ï^'.
IOo4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» 3° La proportion du foie par kilogramme varie avec la nature de l'ali-
mentation. Cest à l'alimentation animale que correspond la plus grande pro-
portion et à r alimentation par les graines que correspond la proportion la
plusjaible.
» En nous en tenant à la période adulte de ces divers animaux, nous voyons que le
hérisson, qui a une alimentation presque exclusivement animale, a 55s de foie par
kilogramme, tandis que le cobaye et le lapin n'en ont que 37s et 38». Enfin le pigeon
et le poulet, qui vivent surtout de graines, n'en ont que 3is et 282,80.
» Quant aux chiens, qui sont également surtout carnivores, même en descendant à
ceux de 4'*^^, leur poids est encore trop supérieur à ceux des autres animaux pour qu'on
puisse les comparer avec eux. La proportion de 52S,8o, déjà élevée, serait encore aug-
mentée pour ceux de 3''s, 2''S et 1^0. Celte loi de l'influence de l'alimentation sur le
volume du foie se vérifie donc pour le cliien comme pour les animaux précédents.
» 4° L'augmentation de la proportion du foie chez le hérisson et chez le
chien paraît bien tenir à V alimentation animale. — Dans deux séries d'expé-
riences de 10 mois et de 6 mois de durée, les proportions du foie par
kdogramme d'animal ont alteint [\'è^,l\o et 34^ chez des laj)ins nourris
avec du fromage, tandis qu'elles sont restées à 3os et iS^ chez les lapins
témoins ayant été nourris avec de l'herbe ( ').
» 5" La nature animale de l'alimentation me paraît agir plus que la com-
position azotée. — Les deux granivores, le poulet et le pigeon, n'ont que
28^,80 et 3i&de foie par kilogramme d'animal, tandis que le lapin et le
cobaye, qui sont herbivores, en ont 38^,07 et 3^^,39.
» Il se pourrait donc que l'hygiène et la thérapeutique trouvent un
sérieux avantage à employer FalimentaLion par les graines, quand la fonc-
tion hépatique est diminuée.
» 6** Enfin la proportion plus grande du foie chez le hérisson ne me paraît
pas tenir à des dépenses plus considérables .
» A volume égal, le cobaye a sensiblement les mêmes dépenses que le
hérisson. C'est, en effet, ce qui résulte des chiffres suivants que je prends
dans mes recherches sur l'influence des saisons sur les dépenses de l'orga-
nisme (").
(*) Influence d'un régime fortement azolé sur le volume du foie des Herbivores
{Société de Biologie, novembre i884).
(2) Influence des saisons sur les dépenses de l'organisme [Expériences faites sur le
hérisson {Languedoc médico-chirurgical, janvier et février 1900)].
SÉANCE DU l" DÉCEMBRE 1902. IOo5
Cobayes.
Dépenses
Poids
par kilogramme
total.
en calories.
g
Cal
714
i3q
705
116
779
98,5
H
érissons.
Dépenses
Poiils
par kilogramme
total.
en calories.
737
Cal
i44
128
720
101
Températures.
o o
16 à 17
20 à 22
20 à 26
)) Comme on le voir, poîir des poids compris entre 700^ et 8oo«, le kilo-
gramme de cobaye a dépensé iSq^*' et celui de hérisson i44^^> anx tempé-
ratures de 16** à 17*'. Aux fempéraliires de 20** à 22°, ces dépenses se sont
élevées à 116^^' pour le premier et à 128^^^ pour le second; et enfin, aux
températures de 25« à 26°, le premier a dépensé 98^^1,5 et le second 10 1^^»,
c'est-à-dire toujours des quantités aussi rapprochées l'une de l'autre que
possible. »
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur les variations du phosphore minéral, conjugué et
organique, des tissus animaux. Note de M. A.-L. Percival, présentée
par M. A. Gautier.
« C'est aujourd'hui une notion définitivement acquise que le phosphore
qui existe dans l'organisme animal y est sous trois formes, savoir: phos-
phore complètement oxydé ou phosphore minéral, phosphore conjugué
(lécithines, nucléines, etc.) et phosphore organique.
» Je viens de terminer à la Faculté de Médecine de Paris, dans le labo-
ratoire de M. le Professeur A. Gautier et avec ses conseils, une série de
recherches sur les proportions relatives tle ces trois combinaisons tlu
phosj)hore dans les org.ines des animaux.
» La méthode employée à été la suivante :
» L'organe frais, privé autant que possible de sang, était finement broyé. On oxydait
une première portion A (los à 20?) par la méthode de Marie ( ' ) et l'on dosait le phos-
phore total. Une deuxième portion (25s-5oS) était épuisée à froid par l'eau chlorhy-
drique à o,5 pour 1000; après 2^ heures on filtrait à la trompe, ou mieux, on centrifu-
geait en ayant soin de bien laver plusieurs fois le résidu : le liquide B ainsi obtenu
contenait le phosphore minéral. La pulpe résiduelle était ensuite attaquée à l'ébuUilion,
pendant 2 heures, avec une solution d'acide chlorhydrique à 5 pour 100 pour dédou-
bler les lécithines et nucléines, etc. On filtrait, on lavait abondamment et l'on obtenait
ainsi une troisième liqueur C contenant le phosphore conjugué. Les liquides B et G
étaient évaporés, et le résidu, ainsi que celui de la filtration précédente qui contenait
(*) Comptes rendus, t. CXXIX, 1899, p. 766.
ioo6
ACADÉMIE DES SCIENCES.
le phosphore organique, était ensuite séparément traités par les oxydants pour faire
passer le phosphore à l'étal de P-0^.
» Les liqueurs nitriques, filtrées à froid pour éliminer les graisses et l'oxyde de
manganèse, étaient traitées par la solution nitromolybdique et le précipité redissous
dans l'ammoniaque, précipité par la mixture magnésienne.
« Les résnlinls (jue j'ai obtemis sont consignés dans les Tableaux sui-
vants : j'v donne ies moyennes de plnsieurs déterminations bien concor-
dantes. Les nombres sont tous rajiportés à looo^ de substance fraîche et
sont calculés en P'^O*.
P-O^ du phosphore
Organes.
H' G
pour 1000.
Muscles (bœuf) 729,7
Cœur (mouton) 77^ î^
Intestin de porc (raclure). »
Rate (bœuf). . 75o,3
Foie (i(l.) 689,9
Pancréas ( mouton) 692 , i
765,6
716,6
Thvmus
(id.)
Thyroïde
(id.)
Poumon
(id.)
Cerveau
(id.)
Rein
(id.)
767,5
791.1
Testicules (veau) 860,7
Testicules (taureau) 863,9
Ovaire (vache) »
Corps jaunes (vache) »
Mamelle (id.) 667,8
total
pour 1000.
g
5,067
10, I I
2,98
5,70
5,6i
7.49
12,28
8,69
7,45
6,38
4,58
5,17
4,70
4,29
8,42
4,i4
minéral
pour 1000.
g
2,17
3,80
1,08
1 ,76
2,64
3,66
4.54
2, l5
3,47
1,48
2,82
2,08
2,80
1,38
2,78
i>99
conjugue
pour 1000.
0,95
3,o5
1,46
3,o4
2,35
3,69
7,33
0,87
3,28
3,70
1 ,92
2,8i
1,59
1,59
2,86
1,58
organique
pour 1000.
g
1,93
2,68
o,38
o,56
0,62
G, 18
0,25
0,66
0,70
I , i5
o,3o
0,27
0,79
1 , 2
2,82
o,4o
» La diffrretite richesse en |)ho'-j)hore des organes ex;(mip,és est assez
grande et ressort bieis plus clairement « ncoî e du Tiibleaii suivant où ces
organes sont inscrits suivant l'augmentation du pliosj'hore :
du phosphore total.
g
Intestin (raclure). 2,98
Thyroïde 8,69
4,i4
4,29
4,54
4,70
5 , 06
5,17
Mamelle
Ovaire
Rein
Te-ticules ( taur.).
Muscles
Testicules (veau).
p205
du phosphore minéral.
g
Intestin (raclure). 1,08
Ovaire i ,38
Cerveau i ,43
Rate 1 ,76
Mamelle i ,99
Foie 2 ,o3
Testicules (veau). 2,08
Thyroïde 2, i5
du phosphore conjugué.
g
Thyroïde o, 87
Muscles 0,95
Intestin (raclure). i,46
Mamelle i,58
Testicules (taur.). ijSg
Ovaire • ,59
Rein. i ,92
Foie 2,85
piQ-
du phosphore organique.
Pancréas o, i3
Thj'mus 0,25
Testicules (veau ). 0,27
Rein o, 29
Intestin (rnclure). 0,88
Mamelle o,4o
Rate 0,55
Foie 0,62
SÉANCE DU l" DÉCEMBRE 1902.
du phosphore total.
Foie 5,6f
Raie 5,70
Cerveau 6,35
Poumon . 7,45
Pancréas 7^49
Corps jaunes .... 8,4^
Cœur 10, 1 1
Thjmus 12,28
P=05
du phospore minéral.
g
Muscles ?■ , 17
Testicules (laur.). 2,3o
Rein 2,82
Corps jaunes 2,78
Poumon 3 ,^7
Pancréas 8,66
Cœur 3,80
Tlivmus 4)54
p205
du phosphore conjugué.
Testicules (veau ). 2.17
Corps jaune 2,86
Cœur 3,o5
Rate 3,o5
Poumon 3 ,28
Pancréas 3, 69
Cerveau 3, 70
Thymus 7)33
1007
du phosphore ora
Thvroï{^e
Poumon
Testicules (laur.
Cerveau
Ovaire
Muscles
Cœur
Corps jaunes. . .
0,66
• 0,70
)• 0,79
. i,.5
I ,32
• i»93
, . 2,68
,. 2,82
» Ces nombi'es monlrent cjii'on ne peiif p^s (Mal-lir de rapports con-
stants entre le |)hosj)hoie total et les autres combinaisons du phosphore.
» Laissant de côté le phosphore minéral qui, étant déjà sous une forme
totalement oxydée, a une importance moins £;raiide que le phosphore orga-
nique, on voit que le phosphore corijugué abonde dans les tissus jeunes en
voie d'évolution (testicules de veau, thymus, ovaire), et dans les tissus qui
ont à accom[)lir un travail notable (cerveau, poumon, cœur), tandis que
pour la raie, sa richesse en phosphore conjugué pourrait être en rapport
avec sa fonction hémolytique. La pauvreté au contraire de la thyroïde en
phosphore cot)ju£^tié nous aiilori^e, peut-être, à croire à l'exislence de
nucléines combinées à d'autres éléments dont le i ôle, tel que celui de l'ar-
senic, pourrait n'être pas moins iuqiorlant que celui du phosphore.
» La raclure d'intestin, le pancréas, la mamelle, sans doute à cause de
leurs fonctions physiologiques si importantes, contiennent aussi de
grandes quantités de phosphore conjugué, la moitié presque du poids du
phosphore total.
)) Les variations du phosphore organique sont bien plus fortes que
celles du phos|)hore conjugué, soit comme quantité absolue, soit relative-
ment au [)hosphore tot;il.
)) Le thymus et les testicules de veau, très riches en phosphore con-
jugué, contiennent respectivement en phosphore organique le jj et le ^ du
phosphore total.
)) Très peu riches aussi sont les organes de la digestion dans lesquels le
phosphore organique est, par rapport au phosphore total, le jj dans le
pancréas et le -j^ dans la rate, le foie et l'intestin. Les plus grandes (pian-
tités de phosphore organique, soit absolument, soit relativement au f)hos-
phore total, existent dans les muscles, l'ovaire, le cerveau et le cœur. »
IOo8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. — Recherches physiologiques sur les effets
de la sympathicectomie cervicale. Note de MM. ^Moussu et Charriv,
présentée par M. Bouchard.
« Dans ces dernières années, on s'est beaucoup occupé d'une interven-
tion chirurgicale dirigée soit contre certains accidents de la m:i!;ulio de
Basedow, soit contre l'épilepsie : la sympathicectomie . Les uns lui ont
attribué des effets merveilleux, des résultais inespérés; d'autres, sans tou-
tefois préciser leurs griefs, l'ont accusée des plus grands méfaits.
» Il nous a semblé, avant de choisir entre des opinions si différent(;s,
qu'il y avait là une question de Physiologie pathologique à élucider;
abstraction faite de sa non-efficacité possible, le plus grave re[)roche
adressé à la sympathicectomie a été de provoquer des troubles trophiques
variés, troubles d'autant plus manifestes qu'ils portaient sur la région
céphalique, la face ou le crâne (^). Pour juger dans quelles mesures ces
reproches étaient fondés, nous avons expérimenté sur des animaux tout
jeunes, en voie de développement ou de croissance, par conséquent j)ar-
faitement aptes, s'il devait s'en produire, à permettre d'enregistrer ces
troubles trophiques; chez les adultes, dont l'architecture est définitive,
ces désordres se réalisent, en effet, plus difficilement.
)) Le i4 octobre 1900, chez des chiens âgés de 2 mois, nous avons réséqué, à l'un
2'='" du sympathique gauche, à l'autre 2*=™ du sympathique droit. Le même jour, sur
une chevrette de 5 mois, nous avons également pratiqué des résections de 2<^"" du sym-
pathique et du pneumogastrique gauches, pendant que, chez une agnelle de 4 mois,
ces résections portaient sur ces mêmes nerfs, mais du côté droit.— Dès le 20 octobre,
les chiens ont présenté des différences dans la physionomie; chez l'un et l'autre, l'œil
correspondant à la section paraissait plus petit et plus enfoncé dans la cavité orbilairé;
la fente palpébrale était moins grande, les paupières moins ouvertes; le myosis était
incontestable.
» Avec des signes aussi nets et des désordres aussi rapides, on aurait pu s'attendre
(1) Bien souvent, on a pratiqué des sections du sympathique, mais on a surtout eu
pour but l'étude des modilications vasculaires ou des dégénérescences des fibres; plus
rarement, comme dans les faits publiés par Arloing, Morat et Doyon, etc., on a signalé
quelques troubles trophiques discrets, de préférence oculaires. Un élève de Do^on,
Bevne, tenant compte des âges, du développement, se plaçant au même point de vue
que nous, aboutit, dans des recherches inédites, à des conclusions analogues aux
nôtres.
SÉANCE DU I^' DÉCEMBRE 1902. IOO9
à des troubles trophiques consécutifs assez marqués, aboutissant à l'asymétrie cépha-
lique. En réalité, ces troubles n'ont jamais acquis d'importance et lorsque, en avril igoi,
les deux chiens furent sacrifiés, pas plus sur la région crânienne que sur la région
faciale il n'y avait d'hémiatrophie bien marquée. Les modifications extérieures elles-
mêmes n'avaient pas la valeur que tout d'abord on aurait pu leur attribuer; l'œil, qui
semblait plus petit du côté opéré, avait, en réalité, à quelques millimètres près, les
mêmes diamètres que l'œil opposé; sa rétraction au fond de l'orbite était la cause de
son aspect extérieur.
» Chez la chevrette et chez le mouton, nous avons enregistré des changements de
tous points identiques à ceux de nos chiens, mais moins accusés. A l'autopsie, égale-
ment pratiquée en avril igoi, il nous sembla cependant qu'il y avait une légère asy-
métrie céphalique, à la vérité peu appréciable; comme le montre la photographie,
cette asymétrie, pour être aperçue, réclamait un examen attentif; pourtant, chez un
mouton, la moitié droite de la voûte palatine était nettement plus étroite et l'hémi-
sphère cérébral du même côté plus aplati.
» Le 7 janvier 1901, sur deux lapins âgés de i mois, nous avons réséqué, à l'un o'='",5
du sympathique droit, à l'autre 0"=™, 5 du sympathique gauche. Les résultats ont été
identiques à ceux que nous ont offerts les chiens : mêmes modifications de l'aspect
extérieur de l'œil, des paupières, de l'ouverture pupillalre. Cet aspect extérieur per-
mettait facilement de reconnaître le côté de la section ; mais, à l'autopsie, sur le sque-
lette ou le cerveau on n'a relevé aucun trouble trophique de quelque Importance.
» Tous ces opérés avaient rlonc présenté des résultats absolument com-
parables; cependant, malgré leur jeune âge, à l'époque de ces diverses
interventions leur développement était en partie effectué; aussi nous avons
fait porter nos expériences sur une seconde série d'animaux très voisins
de leur naissance.
» Le 9 juin 1902, nous avons soumis à la même opération un jeune bouc né depuis
j5 jours et une cl^evrette du môme âge, puis, le 18 juin, une chienne et un chien
respectivement âgés de 10 jours. Or, chez deux de ces sujets il est actuellement aisé
de relever toutes les modifications extérieures précédemment signalées : du côté de la
résection, œil plus petit, du moins en apparence, fenle palpébrale moins grande,
paupières moins ouvertes, pupille contractée. Peut-être pourrait-on mentionner éga-
lement un semblant d'asymétrie céphalique? Néanmoins, ces modifications ne sont
certainement pas plus accentuées chez ces animaux tout jeunes que chez les premiers.
» Tout faisait prévoir qu'à l'autopsie de ces sujets, dont à 6 mois la croissance
est déjà avancée, on ne trouverait pas d'asymétrie évidente; c'est ce que cette autopsie
a confirmé.
» Il nous semble donc que, dès aujourd'hui, nous sommes autorisés à
dire :
» i" Que la sympathicectomie provoque, chez les opérés, une modifi-
cation indéniable, mais minime, de la physionomie;
G. R., 190a, 2* Semestre. (T. CXXXV, N° 22.) l32
lOIO ACADEMIE DES SCIENCES.
» 2° Que cette modification de l'aspect extérieur ne comporte pas de
troubles trophiques constants et importants.
» Sans vouloir établir un étroit rapprochement entre ce qui a été enre-
gistré chez nos animaux et ce qui peut se passer dans l'espèce humaine, il
est évident que les changements relevés à litre expérimerjtal doivent être
plus sensibles et peut-être plus gênants cliez l'homme, dont la face est
plus complexe. Toutefois, comme les désordres sont relativement de peu
de valeur, nous estimons que, si dans certains étals pathologiques la
sympalhicectomie devait donner de très grandes améliorations, la crainte
des troubles trophiques ne constituerait peut-être pas un motif suffisant
d'abstention. »
MÉDECINE. — HéTnoglohinurie musculaire. Noie de \1M. Jean Camus
et F. Pagmez, présentée par M. Bouchard.
« Dans la séance de l'Académie des Sciences du j i août 1902 nous
avons apporlé une nouvelle explication de i'hémoglobinurie appuyée sur
des faits tirés de l'expérimentation, de la médecine vétérinaire et de la
pathologie humaine. Nos recherches montraient que des injections de suc
musculaire dans les veines et des lésions musculaires provoquées occasion-
naient de i'hémog!o})inurie sans modifications appréciables de la couleur
du plasma sanguin. On sait que, dans les hémoglobinuries causées par la
destruction de globules rouges dans le sang circulant, le plasma est teinté
en rouge.
» Les expériences suivantes nous montrent que c'est bien l'hémoglo-
bine du nuiscle qui passe sans addition d'hémoglobine globulaire :
» )° Le suc démuselés de chien, dél)arrassés de leur sang par le passage de plusieurs
litres d'eau salée dans l'aorte abdominale, donne de I'hémoglobinurie par injection
intraveineuse de quantité minime (l'extrait de muscle cardiaque ne se comporte pas
diliéremment de celui des autres muscles).
» 2° Le suc musculaire, débarrassé de son hémoglobine par l'ébullition ou par le
noir animal, ne donne plus d'hémoglobinurie.
» 3° Ce même suc, décoloré et additionné de quantité notable d'hémoglobine glo-
bulaire, ne donne pas d'hémoglobinurie,
» 4" ^" sait que le lapin possède des muscles rouges chargés d'hémoglobine et des
muscles blancs qui n'en contiennent pas :
)> a. Le suc de muscles rouges de lapin injecté au chien donne de I'hémoglobinurie ;
» b. Le suc des muscles blancs n'en donne pas;
SÉANCE DU I*'' DÉCEMBRE 1902. lOl I
» c. I-e suc de muscles blancs, additionné d'hémoglobine globulaire, n'occasionne
pas d'hémoglobinurie.
» 5° La démonstration peut en être faite par dosage :
» a. On fait une injection intra-veineu?e d'une petite quantité de suc musculaire
pur; riiémoglobinurie apparaît, puis après i heure environ l'urine est redevenue
normale. On dose au colorimètre la quantité d'hémoglobine qui a passé dans l'urine
par rapport à la quantité injectée.
» b. Sachant la quantité d'hémoglobine qui a passé en a, on injecte exactement la
même quantité de suc musculaire que la première fois, mais additionnée d'une forte
proportion d'hémoglobine globulaire ; on dose de nouveau au coloriraètre l'hémoglo-
bine totale qui a traversé le rein, et Ton voit que cette quantité est à peu près iden-
tique à celle de a.
» L'addition d'hémoglobine globulaire n'a modifié en rien l'intensité de l'hémoglo-
binurie; c'est donc l'hémoglobine du muscle qui a passé seule dans les deux. cas.
» Si l'on sujjpose que le passage de l'hémoglobine musculaire est favorisé
p;ir une autre substance, il finit admettre que celte dernière est spéciale
au muscle et intimement unie à l'hémoglobine du muscle.
)) Les injections d'extrait de rate, de foie, ne nous ont pas donné d'hémo-
globinurie à des doses beaucoup plus fortes que celles du suc musculaire.
» Les solutions d'hémos^lobine elobulaire n'ont occasionné d'hémoglo-
binurie qu'à de hautes doses (^ du poids du sang environ : chiffre de
Poulie k), tandis que des doses comparativement insignifiantes d'hémoglo-
bine musculaire nous ont toujours donné de l'hémoglobinurie.
» Nous avons obtenu de l'hémoglobinurie par injection d'eau distillée
dans les masses musculaires, alors que des quantités plus considérables
injectées dans les veines donnent de l'hémoi^lobinémie sans hémoglo-
binurie. Les mêmes résultats comparatifs ont été fournis par des injections
de glvcérine.
» Depuis notre Note du mois d'août, M. Lucet, qui depuis plus de
lOitns (') a constaté chez le cheval des lésions musculaires dans l'hémoglo-
binurie, nous a envoyé avec une grande obligeance des détails qui con-
cordent absolument avec nos expériences. Il a observé et décrit des lésions
musculaires macroscopiques et microscopiques, survenant d'une façon
constante, accompagnées d'impotence plus ou moins accentuée et suivies
souvent d'atrophie. Dans ses dernières recherches, il a vu que le sérum,
pendant la crise, n'était pas teinté par l'hémoglobine ; que ce sérum n'était
(M Lucet, Rec. Méd. vétér,, 1889. — Bull. Soc. cent. Méd. véter., 1892.
I012 ACADEMIE DES SCIENCES.
pas g^lobulicide pour les globules normaux et que le nombre des globules
rouges était peu modifié pendant la crise.
» Ces faits réunis à nos ex[)ériences semblent prouver jusqu'à l'évi-
dence l'existence d'une hémoglobiniirie musculaire.
» Une telle explication ne peut d'ailleurs convenir à tous les cas d'hémo-
globinurie, et nous pensons qu'il faut les diviser en trois groupes : i°hémo-
globinuiie musculaire par lésion des musc'es; 2° hémoglobinurie globu-
laire par destruction massive de globules rouges dans le sang circulant;
3** hémoglobinurie urinaire (') par action globulicide (toxique ou osmo-
nocive) de l'urine.
)) La plupart des cliniciens signalent de l'albuminurie accompagnant
rhémoglobinurie ; on a observé aussi des crises larvées caractérisées seu-
lement par de l'albuminurie passagère, et Rolfe a vu chez les mêmes indi-
vidus, tantôt des crises d'hémoglobinurie, tantôt des crises d'albuminurie.
Dans nos expériences, nous avons vu non seulement l'urine pendant
rhémoglobinurie musculaire présenter les caractères des urines albumi-
neuses, mais nous avons encore constaté parfois l'apparition isolée d'al-
bumine avant celle d'hémoglobine; ce fait cadre assez bien avec les obser-
vations cliniques et avec les cas d'albuminurie consécutive à la fatigue
musculaire ; il fait supposer l'existence d'une albuminurie musculaire.
» Mais si l'on conçoit assez facilement que la fatigue puisse, par alté-
ration mu>culaire, faire passer dans la circulation des parties conslituantes
des muscles, on voit moins bien comment agit le froid, l'une des princi-
pales causes des accès d'hémoglobinurie. Or, dans tous les cas où nous
avons produit de rhémoglobinurie par action directe sur le muscle, nous
avons vu non seulement de la contracture, mais aussi un tremblement
fibrillaire intense. Le tremblement muscuLiire, constant dans tous les cas
d'hémoglobinurie paroxystique, voilà, nous le croyons, le lien entre la
sensation de froid et l'apparition de l'hémoglobine dans l'urine, en tenant
compte, bien entendu, comme dans toutes les maladies, des prédisposi-
tions individuelles.
M. Chauffard ('-), dans une expérience intéressante, a reproduit une
crise larvée d'hémoglobinurie avec frissons, tremblement et albuminurie,
en plongeant simplement la main d'un malade dans l'eau glacée. La main
(') Jean Camus et Pagniez, Journ. de Physiol. et Path. gén., juillet 190 1.
(^) Chauffard, Soc, Méd., i4 juin 1890.
SÉANCE DU I**" DÉCEMBRE 1902. IOl3
était isolée du reste du corps par une ligature, et M. Chauffard conclut de
son expérience à l'influence du système nerveux sur l'hémoglobinurie,
sans cependant expliquer le mode d'action. Nous pensons pouvoir ajouter
aujourd'hui la seconde partie de l'arc réflexe dont la première a été vue
par M. Chauffard, et l'arc complet serait le suivant : 1° excitation par le
froid transmise aux centres; 2.^ transmission de l'excitation des centres
aux groupes musculaires et production du tremblement qui, lui-même,
occasionne l'hémoglobinurie. »
PATHOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Sur la formation des anticorps dans le
sérum des animaux vaccinés. Note de iMM. A. Calmette et E. Bijeton,
présentée par M. Roux.
« On sait que les injections de toxines, de corps microbiens, d'extraits
cellulaires, etc., effectuées chez les animaux en vue de produire un sérum
antitoxique, antimicrobien, cytolylique ou précipitant, doivent être répétées
et espacées. On a remarqué, d'autre part, que la valeur du sérum obtenu
ne dépassait pas une certaine limite, variable pour chaque animal, et que
cette limite ne dépendait nullement du nombre d'injections reçues ni de la
quantité de substances injectées. Des animaux qui reçoivent de grandes
quantités de corps microbiens, par exemple, ou de toxine diphtérique ou
tétanique, fréquemment renouvelées pendant plusieurs mois, produisentdes
sérums de moins en moins actifs. Nous nous sommes demandé s'd était
possible, en variant les méthodes d'mimunisation des animaux, de fixer les
conditions qui permettent d'obtenir les sérums les plus actifs.
» Dans une première série de recherches, nous avons expérimenté avec un sérum
de lapin hémolj tique pour les hématies de poules. Après quatre injections, réparties
sur un espace de i mois, nous avons obtenu un sérum très nettement hémolytique
dont nous avons mesuré les elFets. En continuant les injections d'hématies de poules
aux mêmes lapins, nous avons constaté que le sérum de ceux-ci devenait moins hémo-
lytique jusqu'à une moyenne d'activité relativement faible. Nous avons alors suspendu
les injections pendant 6 mois. Au bout de ce temps le pouvoir hémolytique persistait
encore, mais il était très faible. A ce moment, il a suffi de deux injections pour rendre
au sérum un pouvoir hémolytique trois fois plus intense que celui qui avait été atteint
après quatre injections chez les mêmes animaux et chez les animaux neufs pris comme
témoins.
» Dans une seconde série d'expériences, nous avons éprouvé le pouvoir immunisant
du sérum de cobaye vis-à-vis du bacille typhique. Après quatre injections sous-cutanées
de bacilles atténués par le chauffage à 56°, le sérum de nos cobayes était nettement
IOl/| ACADEMIE DES SCIENCES.
sensibilisateur. En continuant les injections de microbes^ le pouvoir sensibilisateur du
sérum est resté sensiblement égal. Lorsque les injections ont été suspendues, ce pou-
voir a progressivement augmenté pour di-paraîlre en 2 ou 3 mois. Après 6 mois de
repos, les cobayes ont reçu deux nouvelles injections de corps microbiens, et 8 jours
après le sérum s'est montré beaucoup plus actif qu'il ne l'était autrefois. Pour
rechercher cette sensibilisatrice antimicrobienne, nous avons employé la méthode
décrite par Bordet et Gengou (' ).
» Voici un résumé de nos expériences :
» Pour les recherches de sensibilisatrices hémolytiques, chaque expé-
rience a porté sur deux animaux (lapins). Les injections étaient f;iites dans
le péritoine, de i""' à 2'"'"' de globules de poules lavés à plusieurs reprises à
l'eau physiologique. La dose d'alexine (sérum normal frais de lapin) était
jfixe : i3 gouttes. Nous avons cherché la dose de sensibilisatrice suffisante
pour hémolyser complètement trois gouttes d'une émulsion de globules de
poules lavés. Dans tous les cas le volume était rendu égal par l'addition
d'eau physiologique.
Nombre
de jours
entre chaque
Date
de
Pouvoir
hémolytique.
Nombre
de
de
d'injections.
injection.
la première.
la dernière.
la saignée.
complet.
4..
7 jours
27 févr. 1902
25 mars
6 avril
4 gouttes de sé-
rum sensibi-
lisateur.
8..
7 jours
Id.
28 avril
5 mai
8 gouttes.
8..
7 jours
Id.
Id.
10 sept.
20 gouttes.
10. .
6 i.'iois entre
Id.
28 ocl.
6 nov.
j goutte.
la 8'ème
et
la 9'«"<'
» Pour la recherche des sensibilisntrices antimicrobiennes, nous avons
employé le procédé de Bordet et Gengou :
Nombre
de jours
entre chaque
Date
Nombre
de
de
de
d'injections.
injection.
la première.
la dernière.
la saignée.
Sensibilisatrices.
4..
5 jours
28 mars
29 avril
7 mai
Traces de sensi-
bilisatrices
(hémolyse
tardive).
(*) Annales de l Institut Pasteur, aS octobre J902.
SEANCE DU I
"'■ DECEMBRE
1902.
10 r 5
Nombre
de jours
entre chaque
Date
Nombre
de
de
de
d'injections.
injection.
la première.
la dernière.
la saignée.
Sensibilisatrices.
6..
.5 jours
28 mars
I '2 mai
20 mai
Sensibilisatrice
(hémolyse
rapide).
6. .
Id.
Id.
18 mai
20 oct.
Absence de sen-
sibilisatrice.
8..
6 mois entre
Id.
6 iiov.
j4 nov.
Sensibilisatrice
la 7'«'"«
et
(hémolyse
la 8'è"'«
rapide).
» En résumé, nous avons observé que la répélitioa ries injectious immu-
nisantes, loin d'augmenter l'activité des anticorps (immunisines ou hémo-
lysines), diminue celle-ci assez rapidement. Par contre, les animaux immu-
nisés, que l'on a laissés au repos pendant plusieurs mois, fournissent des
sérums beaucoup plus actifs après deux injections succédant à une période
de repos prolongé.
» Ces constatations présentent une certaine importance, parce qu'elles
trouvent leur application dans la préparation des sérums thérapeutiques
antitoxiques et antimicrobiens. »
A 4 heures et Je. nie lAcatlémie se loinie en Comité secrel.
La séance est levée à 5 heures.
VI. W.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 17 novembre 1902.
M. LœwY, Directeur de l'Observatoire de Paris, présente en hommage à l'Académie
les publications suivantes :
CaLalogue de l'Observatoire de Paris : Etoiles observées aux instruments méri-
diens de 1887 à 1881 . Positions observées des étoiles de 1887 à 1881. T. IV (.vvni'' à x.viv'').
Paris, Gauthier-Villars, igoa-igoS; 2 vol. in-4°.
Observatoire de Paris. Catalogue photographique du Ciel : Coordonnées recti-
lignes. T. I : Zone -+-23" à -t-aS". Paris, Gaulliier-Villars, 1902; i vol. in-4''.
Institut de France. Académie des Sciences. Bulletin du Comité international
IOl6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
permanent pour l'exécution photographique de la Carte du Ciel. T. III, a« fasc.
Paris, Gaulhier-Villars, 1902; i voJ. in-4°.
Annales de l'Observatoire de Paris, publiées sous la direction de M. Maurice
LoEwy, Directeur de l'Observatoire : Mémoires, t. XXIII; Observations, 1898. Paris,
Gauthier-Villars, 1902; 2 vol. iu-4°.
Institut de France. Science et Poésie, par M. Janssen, délégué de rAcadémie des
Sciences : Lu dans la séance publique annuelle des Cinq Académies du 2.5 octobre 1903.
Paris, Firrain-Didot et G'®, 1902 ; i fasc. in-4°. (Hommage de l'auteur.)
{A suivre.)
ERRATA.
(Séance du 10 novembre 1902.)
Noie de M. E. van Aabel, Sur ies jdiénomcnes de Hall et le pouvoir
thermo-électrique :
Page 786, ligne \ en remontant [note (^)], au lieu de M. Maurice Duysk, lisez
M. Maurice Dujk.
(Séance du 17 novembre 1902.)
Note de M. Azoulay, Reproduction en nombre illimité des phono-
grammes en cire, etc. :
Page 879, lignes 25 et 26, au lieu de si on l'enlève, lisez si on ne l'enlève pas.
Page 880, ligne 10, après un mandrin cliaulTé dans la même étuve, ajoutez (pas
oujours nécessaire).
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 8 DÉCEMBRE 1902,
PRÉSIDENCE DE M. BOUQUET DE LA GRYE.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
En annonçant à l'Académie les pertes douloureuses qu'elle vient de faire
dans la personne de M. Dehérain, Membre de la Section d'Économie
rurale, et dans la personne de M. Hautefeuille , Membre de la Section de
Minéralogie, M. le Président s'exprime en ces termes ;
« Mes chers Confrères,
i) La mort avait déjà frappé cinq fois cette année à la porte de l'Aca-
démie, et j'espérais bien, à cette date du 8 décembre, que d'autres deuils
nous seraient épargnés, lorsque j'ai appris ce matin la mort de M. Dehérain
et, en entrant en séance, celle de M. Hautefeuille.
» M. Dehérain passait à juste titre pour une des lumières de la science
agronomique; il était des nôtres depuis l'année 1887, et tout le monde se
souvient de la clarté de ses Communications, du soin avec lequel ses
expériences étaient conçues et exécutées, et des profits qu'en tiraient les
agriculteurs.
» M. Dehérain n'avait ici que des amis et, lorsqu'il tomba malade, il y a
i5 jours, nous faisions tous des vœux ardents pour son rétablissement.
» L'Académie s'associe pleinement au deuil de sa famille.
» M. Hautefeuille a été frappé ce matin en pleine santé; lundi dernier
il était encore des nôtres, et personne ne pouvait penser à une fin aussi
proche.
» En sortant de l'École Centrale, il était entré dans le laboratoire de
M. Sainte-Claire Deville, dont il était devenu l'un des plus brillants élèves
et l'ami.
G. R., 1902, 1' Semestre. T. CXXXV, N" 23.) 1 33
ini8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Ses recherches l'avaient amené à pouvoir reconstituer des cristaux
mesurables des pierres rares, et les minéralogistes, lors de la dernière
Exposition, regardaient avec admiration la belle collection qu'il avait
présentée.
)) Notre Confrère meurt jeune, en pleine possession de toutes ses
facultés; l'Académie s'associe à la douleur de sa famille et de ses amis. »
La séance est levée en signe de deuil immédiatement après le dépouille-
ment de la Correspondance.
CHIMIE, — Sur la transformation du diamant en carbone noir (^charbon^ pen-
dant son oxydation, et sur les changements isomériques des corps simples
pendant les décompositions et combinaisons ; par M. Berthelot.
« Les très intéressantes expériences publiées par M. Moissan, dans la
dernière séance de l'Académie, sur la combustion du diamant, m'engagent
à rappeler les phénomènes suivants, qu'il ne paraît pas avoir eu l'occasion
de rencontrer.
)) Dans le cours de ses expériences sur la combustion du diamant dans
l'air, provoquée au moyen du verre ardent (lentille concentrant la chaleur
solaire), Lavoisier en a décrit plusieurs, dans lesquelles la combustion du
diamant, avant qu'elle fût complète, avait été accompagnée par la for-
mation d'une substance charbonneuse superficielle, qui subsistait après
refroidissement des fragments non brûlés; d'où il a conclu que le diamant
est susceptible de se réduire en charbon dans quelques circonstances
{Œuvres, t. H, p. 72 (^)].
» Au cours de mes propres expériences, faites il y a quelques années
pour déterminer la chaleur de combustion du carbone pris sous différents
états, et notamment celle du diamant, j'ai eu occasion de reproduire ces
observations, en brûlant incomplètement dans l'oxygène sec et pur le dia-
mant déposé dans une nacelle, au sein de tubes de porcelaine et même
de tubes de verre dur. La dose de carbone amorphe ainsi régénéré était
d'ailleurs extrêmement faible; ce qui ne m'a pas permis d'en étudier l'état
isomérique. Cependant il paraît probable que ce carbone renferme du
(') Dans ma Notice récente Sur le second registre de laboratoire de Lavoisier,
une faute d'impression indique à cet égard le Tome I, au lieu du Tome II de ses OE livres.
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE I902. 1019
graphite : le graphite se produit en effet pendant la combustion vive du
carbone amorphe dans l'oxygène, d'après mes observations (').
» Cette transformation résulle-t-elle de l'action seule de la haute tem-
pérature développée pendant les combustions, ou bien d'un changement
d'état isomérique, opéré au moment de la combinaison, par le fait même de
cette combinaison ; tel que je l'ai observé, notamment pour le soufre ordi-
naire attaqué par l'acide azotique bouillant (^) et en sens inverse, pour le
soufre insoluble attaqué par les sulfures alcalins (^) ou l'hydrogène sulfuré,
ainsi que pour l'argent pur, mis en présence de l'oxygène ( ') vers 5oo°?
Le contact même de certains corps électronégatifs, au moment de la
décomposition d'un composé carboné, suffit pour déterminer (au moins
partiellement) l'état du carbone qui se sépare; ainsi que je l'ai constaté
en observant la production du graphite dans la décomposition pyrogénée,
à la température rouge, du chlorure de carbone C^) et des composés iodés
et spécialement dans la dissociation C') du sulfure de carbone.
» Je rappellerai que les diversités si nettes, reconnues par M. Moissan
dans la combustion par l'oxygène libre des différentes variétés de carbone,
se manifestent également lorsqu'on oxyde par voie humide ces mêmes
variétés C). Par exemple, en les traitant par l'acide azotique pur, ou associé
au chlorate de potasse : ce qui fournit, suivant les états du carbone, dif-
férents oxydes graphitiques; ou bien certains composés, de l'ordre des
acides humiques, transformables ensuite en carbures d'hydrogène diver-
sement condensés par l'acide iodhydrique (*); tandis que le diamant n'est
nullement attaqué par les mêmes voies humides.
(') Annales de Chimie et de Physique, 4" séfie, t. XIX, p. 418; 1870.
(-) Le soiilVe ordinaire fond ainsi et s'attaque; si on laisse refroidir le tout lente-
ment, le globule de soufre solidifié se trouve recouverl d'une couche de soufre inso-
luble que la simple fusion du soufre à celte température ne produit jamais. — On
observe aussi la transformation de la variété de soufi e insoluble, isolée j)ar refroidis-
sement brusque, en variété plus stable par son contact prolongé, même à froid, avec
l'acide azotique, ou avec l'acide sulfureux.. — Annales de Chimie et de Physique,
Z^ série, t. XLIX, p. 485; 1857. — Même Recueil, 4"" série, t. I, p. 898 et 894; 1864.
(^) Même Recueil, 3® série, t. XLIX, p. 436, 489, 443; 1857.
(*) Même Recueil, 7** série, t. XXII, p. 289 et 3io; 1901.
(^) Même Recueil, 4" série, t. XIX, p. 4^2, 4'^3 ; 1870. — Le formène n'en donne pas.
(^) Même Mémoire, p. 428, et t. XVllI, p. 168.
C) Même Mémoire, p. [\ov qI passim.
(*) Même .Mémoire, p. 4<->J d 4i5.
I020 ACADEMIE DES SCIENCES.
» De même le carbone amorphe pur, exempt de cendres et d'hydrogène,
tel qu'il est obtenu en traitant le charbon de bois au rouge vif par un cou-
rant prolongé de chlore, ce carbone pur, dis-je, traité ensuite à froid par
une dissolution d'acide chromique, fournit de l'acide carbonique et de
l'acide oxalique (*). »
ANALYSE MATHÉMATIQME. — Sur l'irréductibilité de l' équation :
Note de M. Paul Painlevé.
« 1. Dans les Comptes rendus du i" septembre, M. R. Liouville a
publié, sur l'équation
(■) ^=6v- + ^.
une Note dont voici la conclusion textuelle :
)) L'intégration de l'équation (i) est ainsi réduite \ à celle d'un système
linéaire (du quatrième ordre) (loc. cit., p. 394» lignes 11 et 12 à partir
du bas).
» Dans une Note du 8 septembre, j'ai répondu que M. Liouville n'avait
rien démontré sur l' équation (i) qui ne fût évident pour toute équation diffé-
rentielle du second ordre.
» Dans ses Notes récentes, M. Liouville déclare qu'iV n'a ni énoncé ni
démontré sur l'équation (1) aucun résultat qui ne s'applique, en effet, à une
équation quelconque du second ordre.
» Par conséquent, M. Liouville aurait aussi bien pu donner à sa con-
clusion cette forme :
» ^intégration d'une équation différentielle quelconque du second ordre
est ainsi réduite à celle d'un système linéaire du quatrième ordre.
» Ce dernier énoncé suffit, je crois, à décider si j'ai eu raison de quali-
fier d'illusoire la réduction imaginée par M. Liouville. Toutefois, comme il
m'importe beaucoup de ne laisser aucun crédit à l'opinion d'après laquelle
l'équation (i) serait ramenée à une équation linéaire, j'insisterai une der-
nière fois sur l'énoncé précis des résultats de M. Liouville.
(*) Annales de Chimie et de Physique, 4* série, t. XXIII, p. 218; 1871.
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1902. I02I
M 2. Ecrivons l'équation (i) SOUS la forme
et soit u{x,y,z) une intégrale première de (2). Appelons, d'autre part,
système 1, tout système d'équations aux dérivées partielles en Mp(a7,j, 5)
dont la solution générale est de la forme
\ (âf|, «o, «3, rt,, constantes arbitraires).
Un tel système est linéaire par rapport kwelk ses dérivées premières, et
ses coefficients sont des coefficients analytiques àex,y, z. Ceci posé, le
résultat démontré par M. Liouville s'énonce ainsi :
» // existe des systèmes 1 tels que le quotient u= — de deux solutions arbi-
traires MP",, w.^ del soit une intégrale première de (^2.).
» Cette proposition est évidente pour n importe quelle équation du second
ordre. Ecrivons, en effet, une telle équation sous la forme
^^^ '£0^^' ^==^(^'^'^) (R algébrique en a;, r, s),
et appelons système S tout système 2 tel que le quotient de deux solutions
quelconques de ^ soit une intégrale première de (4)- Pour obtenir un
système S, il suffit de choisir arbitrairement une fonction /"(^Pjjy, 5) et
quatre intégrales premières w,, m,, «3, u,^ de (4); si l'on pose
w ^ (a^Uf -h a^Uo-i- a^ u^ -+- a^, u., )/,
la fonction w vérifie un système différentiel 2 qui est un système S, et
tous les systèmes S peuvent s'obtenir de cette manière.
» Un système S une fois connu, son intégration revient (d'après la mé-
thode de Meyer, par exemple) à celle à'une équation linéaire ordinaire du
quatrième ordre. Mais, quand l'équation proposée (4) est quelconque, il est
impossible, en général, de construire effectivement un système S. En effet,
les coefficients d'un quelconque de ces systèmes sont des fonctions analy-
tiques de X, y, z qui vérifient certaines équations (algébriques) aux déri-
vées partielles ( ^ ), soit T. Or l'intégration de ces équations T revient à celle
(*) Ces équalions T sont les conditions nécessaires et suffisantes : 1° pour que les
I022 ACADEMIE DES SCIENCES.
d'une certaine équation différentielle ordinaire, du deuxième ordre, qui
est de l'espèce la plus générale en même temps que la proposée. D'une façon
plus précise, cette équation auxiliaire du deuxième ordre est, en général,
exactement équivalente à la proposée (4) : autrement dit, l'intégration
d'une de ces deux équations entraîne celle de l'autre, sans intégrations
nouvelles. Il n'en est autrement que pour des équations (4) exception-
nelles; par exemple, si l'équation (4) est convenablement choisie, il
existera un système S algébrique en x, y, z.
» 3. Ces remarques faites, je reviens aux propositions de M. Liouville.
Ayant établi pour l'équation (i) l'existence des systèmes S (évidente pour
toute équation du deuxième ordre), M. Liouville en conclut immédiate-
ment :
» L'intégration de l'équation (i)est ainsi réduite à celle d' un système linéaire
du quatrième ordre (système S).
» Qui ne voit que la conclusion exacte est la suivante :
« L'intégration de (i) est ainsi ramenée : i** à la formation effective
» d'un système S ; 2° à l'intégration de ce système linéaire » ?
» Cet énoncé est vrai pour toute équation (4). Mais l'opération i° est
impossible à effectuer si l'équation (4) n'est pas exceptionnelle, et
M. Liouville ne montrait nullement (') que l'équation (i) fût (à ce point
de vue) exceptionnelle.
» C'est là ce que j'ai expliqué en substance dans ma réponse du 8 sep-
tembre. M. Liouville objecte que cette réponse ne lui a rien appris. Par
conséquent, lorsqu'il a rédigé sa Note du i"' septembre, M. Liouville
savait qu'il ramenait en réalité l'intégration de (i) à deux opérations suc-
cessives: 1° formation effective d'un système S ; 2** intégration de ce sys-
tème linéaire. Il savait que la première de ces opérations dépend d'une équa-
tion différentielle ordinaire du deuxième ordre (équivalente en général à
la proposée) qu'il n'avait aucun moyen d'intégrer. Et, sachant cela, il a
écrit : « L'intégration de l'équation (i) est ainsi réduite à celle d'un sys-
» tème linéaire du quatrième ordre » (en réservant les calculs pour une
équations S soient compatibles [j'entends: aient une solution générale de la forme (3)];
2° pour que le quotient — de deux solutions arbitraires de S soit une intégrale pre-
mière de (4)-
(*) Et ne pouvait le montrer, puisque la chose n'est pas exacte (comme je l'ai établi
par la suite).
SÉANCE DU tS DÉCEMBRE 1902. I023
Communication prochaine). Cette terminologie me semble inadmissible.
A quels résultats extraordinaires n'arriveniit-on pas si on l'admettait?
A celui-ci, p;ir exemple ; Toute équation du deuxième ordre (ou d'ordre n)
est intégrât le par quadratures. Eu effet, soient m, (a:", y, z), u.,(x, y, :;)
deux intégrales premières de (4); il existe évidemment des systèmes de la
forme
(5)
du du ^ du
(7, [î, . . . , y, fonctions analytiques de jc, y, z), dont la solution générale
est z^ = w, -f- const., c = Wo H- const. Un tel système (5) s'intégrant par
quadratures, l'intégration de (4) est réduite aux quadratures. Tel est
exactement le mode de raisonnement de M. I^iouville dans sa Note du
i^^" septembre.
» 4. Il est une chose encore que je m'explique mal. La Note en question
se termine par cette phrase (loc. cit., p. 3()5) :
« Au surplus, l'emploi des considérations qui viennent d'être indiquées
» n'est pas limité aux équations du second ordre à points critiques fixes :
» les cas dans lesquels s'applique une transformation analogue sont étendus » .
)) Pourquoi M. Liouville n'a-t-il pas écrit (puisqu'il le savait) que sa
transformation s'appliquait, sans la moindre modification, à toutes les
équations du second ordre? Autrement dit, qu'il réduisait n'importe quelle
équation du deuxième ordre à une équation linéaire du quatrième ordre?
Tous les lecteurs eussent compris, du coup, le sens inusité dans lequel
M. Liouville employait le mot réduction.
» Mais je ne veux pas épiloguer davantage sur ces détails. Ce qui im-
porte, c'est que nous soyons maintenant d'accord, M. J^iouville et moi,
sur les résidtats par lui établis. Il est donc bien entendu que tout ce qua
démontré M. Liouville sur l'équation Çi) est vrai pour n'importe quelle équation
du second ordre. Par conséquent, l'assertion d'après laquelle l'intégration
de l'équation (i) serait réduite à celle d'un système linéaire du quatrième
ordre est nulle et non avenue.
» 5. De l'irréductibilité absolue de l'équation (i). — Je dirai maintenant
quelques mots d'un sujet qu'a touché M. Liouville dans ses deux der-
nières Notes. J'ai montré, dans ma Communication du 27 octobre, que
l'équation (i) est irréductible au sens de M. Drach, par suite absolument
irréductible. M. Liouville ne pense pas que l'irréductibilité ainsi entendue
1024 ACADÉMIE DES SCIENCES.
soit vraiment absolue, et il pose la question suivante qui ne lui semble pas
tranchée par ma Note du 27 octobre :
» Parmi les^ systèmes linéaires S qui correspondent à l'équation (i), en
existe-t-il un qui soit algébrique en x, y, z, ou dont les coefficients soient des
fonctions de x, y, z qui s'expriment à l'aide des transcendantes connues?
» Je vais montrer brièvement que cette question se trouve résolue dans
le sens négatif '^d.v les résultats que j'ai publiés. Il est exact, en effet, qu'une
solution w(x,yy z) d'un système S [attaché à (i)] n'est pas, en général,
une intégrale première de (i), mais le quotient
^^ _ yv,+ a,^. + a,^.+ a,^, . ^ constantes arbitraires)
de deux solutions arbitraires de S est une telle intégrale et, d'autre part,
vérifie un certain système différentiel de forme connue, soit S', dont les
coefficients sont des combinaisons algébriques des coefficients de S et de
leurs dérivées. La question posée par M. Liouville équivaut donc à la sui-
vante : « Parmi les systèmes S' correspondant à l'équation (i), en existe-t-il
» dont les coefficients soient des fonctions algébriques ou des transcen-
» dantes connues en x,y,z^ »
» Admettons, pour un instant, qu'un des systèmes S' attachés à l'équa-
tion (i) soit algébrique. L'équation (i) est alors réductible au sens de
M. Drach, et le théorème de M. Drach conduit, dans ce cas particulier, à ce
résultat singulièrement précis : il existe nécessairement — soit un système
linéaire (algébrique) du troisième ordre, dont la solution générale est de la
forme u(x, y, z) = n^Ut -{- a.,u.,-h a^, [f/,, //. désignant deux intégrales
premières de (i), et <?,, a.^, «3 des constantes], — soit un système linéaire,
homogène (algébrique), du second ordre qui donne une intégrale première
de (1) par le quotient de deux de ses solutions.
» La même conclusion subsiste dans l'hypothèse où les coefficients
d'un des systèmes S' sont définis par des conditions différentielles telles que
leur solution générale ne dépende que d'un nombre fini de constantes.
C'est ce qui se présenterait notamment si les coefficients d'un système S'
étaient des combinaisons de transcendantes classiques en x,y, z.
» Comme l'équation (i) est irréductible au sens de M. Drach, aucune des
hypothèses précédentes n'est admissible. L'équation linéaire du quatrième
• ordre que M. Liouville pensait, le i^'" septembre, construire effectivement
dans une Communication prochaine est, en réalité, impossible à former.
» Mais je vais plus loin, comme le dit avec raison M. Liouville. Non
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 190-2. I025
seulement la question particulière que je viens de traiter, mais toutes les
questions analogues, relatives à la réductibilité de l'équation (1), sont tran-
chées, dès maintenant, dans le sens négatif. Autrement dit, une équation
irréductible, au sens de M. Drach^ n'est attaquable par aucun procédé d'inté-
gration formelle.
» Je n'ignore pas ce qu'une telle affirmation semble avoir de hardi et de
paradoxal. C'est une vérité pourtant, et c'est là ce qui fait justement la
puissance et la généralité du théorème de M. Drach. Si M. LiouviUe croit
posséder un exemple d'équation différentielle (algébrique) qui soit réduc-
tible et qui échappe au théorème de M. Drach, il serait intéressant qu'il le
fît connaître.
» Il est possible que mou opinion à ce sujet soit encore « un peu isolée »,
comme dit M. Liouville. Mais ce sera bientôt l'opinion unanime quand le
théorème de M. Drach, ayant reçu un exposé didactique et définitif, sera
devenu familier aux géomètres. »
CHIMIE. — Sur la quantité d'hydrogène libre de l'air et la densité de l'azote
atmosphérique. Note de M. Armand Gautier.
« En 1898, j'ai montré que l'hydrogène libre est un des constituants de
l'air qui, à l'état de pureté, en contient environ 19 cent-millièmes de son
volume. A la surface du sol, il s'y ajoute un peu de méthane; dans les
grandes villes, ce dernier gaz peut atteindre les deux tiers du volume
de l'hydrogène (*).
» Lord Rayleigh, en 1900, a fait des réserves, non sur l'existence, mais
sur la proportion d'hydrogène libre de l'atmosphère, et M. A. Leduc, dans
une Note insérée dans un des derniers cahiers des Comptes rendus Ç'), a
cru pouvoir appuyer, par d'autres considérations, tirées de la valeur des
densités des gaz de l'air, les remarques de Lord Rayleigh.
» Je crois nécessaire de répondre à ces objections. Tout ce qui touche
à la constitution de notre atmosphère a son intérêt propre. Bien plus, ainsi
qu'on va le voir, l'existence et la proportion des gaz combustibles de l'air
remet en question la vraie valeur des poids et densités de ses principaux
(») Voir Comptes rendus, t. CXXVII, 1898, p. 698; t. CXXVUi, p. 487; l- CXXKl,
p. I 353 ; et Annales de Chimie et de Physique, 7"* série, t. XXII, p. 5 et 96.
(*) Séance du 17 novembre dernier, p. 860.
G. R., .yo2. a* Semeatre. (T. CXAW, N» 33.) '^4
I026 ACADÉMIE DES SCIENCES.
gaz constituants et de l'air lui-même, données importantes sur lesquelles
reposent en partie nos théories chimiques fondamentales.
» Pour la clarté du sujet, nous examinerons d'abord l'objection de
M. A. Leduc.
» Remarque de M. A. Leduc. — Si, dit-il, nous représentons par oc\q
volume d'oxygène contenu en i oo volumes d'air et par d et d' les densités de
l'oxygène et de l'azote atmosphérique, nous aurons, pour un poids loo d'air,
xd -\- (lOO — 07) </= lOO,
d'où nous tirons pour la proportion en poids de l'oxygène de i oo parties d'air :
(a) xd=ioo-j-^.
Si dans l'équation (a) on remplace d et d' par les valeurs d = i, io56i et
d'= 0,97137 de V. Regnault, on obtient xd = 23,58. Or, dans leur cé-
lèbre analyse de l'air en poids, Dumas et Boussingault, en absorbant la
totalité de l'oxygène par une colonne de cuivre portée au rouge, n'ont
trouvé que 23, o pour 100 d'oxygène (*).
» Il s'ensuit qu'il faut qu'il y ait erreur ou dans les déterminations de
Dumas ou dans celles de V. Regnault ; peut-être dans les deux. M. A. Leduc
a donc repris la mesure de la quantité pondérale d'oxygène de l'air, mais en
l'absorbant par le phosphore; d a trouvé dans l'air de Paris: 0 = 23,2i (-).
)) Il attribue l'infériorité du chiffre 23, o donné par Dumas et Boussin-
gault à ce que, dans leurs expériences, le cuivre ayant été réduit au préa-
lable de son oxyde par de l'hydrogène, ce métal aurait conservé occluse
une petite quantité de ce gaz; durant le passage de l'air au rouge, cet
hydrogène aurait fait passer à l'état de vapeur d'eau une partie de l'oxy-
gène à doser. De là, dit M. Leduc, diminution du poids de l'oxygène
retenu par le cuivre, et augmentation du poids de l'azote de toute la vapeur
d'eau formée, en même temps que diminution de la densité apparente de
l'azote ainsi produit (').
» Mais Dumas et Boussingault n'ont pas commis cette sorte d'erreur;
leur cuivre ne contenait pas d'hydrogène, car ils disent (loc. cit., p. 262) :
« Parmi les causes d'erreur, la plus grave à la fois et la plus facile à éviter est celle
qui proviendrait de la présence de l'eau dans le cuivre employé. . .. On a fait passer
(1) Ann. de Chimie et de Physique, 3« série, t. III, p. 3o4.
(-) Comptes rendus, t. CXIII, p. 182, et Recherches sur les gaz, Paris, 1898, p. 19.
(3) Comptes rendus, t. GXIII, p. 71.
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1902. IO27
d'abord dans le tube contenant le cuivre quelques litres d'air, le cuivre étant
chauffé au rouge. On oxyde ainsi et l'on perd un peu de cuivre, maison enlève toute
humidité. On fait ensuite le vide dans le tube refroidi et l'on pèse celui-ci, etc.. . . »
» On voit qu'avant d'absorber l'oxygène de l'air à analyser, Dumas et
Boussingault chassaient au rouge par de l'air sec, non seulement toute
humidité, mais, sans s'en être rendu compte, l'hydrogène qui reste occlus
dans le cuivre réduit et que signalait quelques années après leur élève
Melsens (').
» Quoi qu'il en soit, M. A. Leduc, après avoir dosé l'oxygène de l'air
par une autre méthode que Dumas et Boussingault, a repris avec si^rand
soin les densités des gaz de l'air, en particulier celle de Vazote atmosphé-
rique (-). Voici ses densités, comparées à celles de V. Regnault (^) ;
A. Leduc. V. Regnault.
Oxygène ^=:i,io5 23 i,io5 6i
Azote atmosphérique. . <i'=o,9'^2o3 0,97187
Hydrogène c?"z=: 0,006 948 0,006949
» Si l'on porte les nouvelles densités de M. Leduc dans la formule («)
ci-dessus, on trouve pour le poids centésimal de l'oxygène de l'air :
xd = 23,2 2 ('').
Or, on a vu que M. Leduc a directement obtenu, par absorption de
l'oxygène de l'air au moyen de phosphore, 28,21 (*). Cette concordance
semble non seulement satisfaisante, mais démonstrative delà nécessité des
corrections des densités et données classiques de V. Regnault et de Dumas.
)> Mais, dit M. A. Leduc ("), si, comme le pense M. A. Gautier, l'air
contenait o'^^'^oooa d'hydrogène de densité d" , cette concordance n'aurait
plus lieu. Si nous représentons par m la proportion d'hydrogène en volume
de I d'air, l'équation ci-dessus (p. 1026) xd 4- (100 — x)d' =^ 100 devient
xd + (100 — X — ioom)d' -h ioomd"= 100,
(*) Comptes rendus, t. XLVIII, p. iio3.
(^) L'azote de l'air avec son argon et ses compagnons.
(*) Comptes rendus, t. CXIII, p. 188, et Recherches sur les gaz, Paris, 1898, p. 89.
(*) Comptes rendus, t. CXXXV, p. i35 et 860.
(") Comptes rendus, t. CXIII, p. i32.
(«) Comptes rendus, t. CXXXV, p. 860.
I028 ACADÉMIE DES SCIENCES.
d'où
(b) .W=ioo^l'£^,
qui ponr m := 0,0002 donnerait, suivant M. Leduc,
xd = 23 ,36,
au lieu de 28,21 trouve par lui pour 100 parties d'air en poids.
» Mais il faut remarquer que, dans les deux équations (a) et (6),
M. Leduc confond sous le même sii^ne d' deux sortes de densités de l'azote :
Dans l'équation (a), le signe d' représente la densité de Tazote de l'air de
l'atmosphère avec ses impuretés, telle que l'ont donnée les expériences
directes de Dumas, de V. Regnault et les siennes, azote obtenu en faisant
passer l'air sur une colonne de cuivre au rouge, tandis que, dans l'équa-
tion (^), le d' représente la densité de l'azote atmosphérique (avec son
argon, etc.), telle qu'elle serait si l'on avait retiré de ce gaz les ^-^^
d'hydrogène, représentés ici par m, que M. Leduc fait intervenir dans son
équation (b). C'est donc par inadvertance qu'il a identifié ses deux d'.
» Pour refaire le calcul de M. Leduc il faut, dans l'équation (b), rem-
placer d' par la vraie valeur § de ce terme, c'est-à-dire par la densité de
l'azote atmosphérique pur telle que serait cette densité si l'on enlevait à
cet azote les gaz combustibles qui peuvent l'accompagner dans l'air. Pour
calculer la valeur de S, rappelons que j'ai trouvé dans l'air de Paris, où
ont été faites les expériences de Dumas, puis de V. Regnault, environ
19 cent, cubes d'hydrogène et i3 cent, cubes de gaz méthane CH* par
100 litres. Dans l'analyse de l'air en poids de Dumas et Boussingault, on
conçoit qu'en passant sur le cuivre porté au rouge, ces gaz combustibles
ont dû réduire en quelque mesure l'oxyde de cuivre qui se forme, et
envoyer dans l'azote recueilli un peu de vapeur d'eau et d'acide carbo-
nique, accompagnés de l'excès d'hydrogène pur et de gaz formène non
comburés. Dans leur détermination de la densité de l'azote extrait de
l'air par le cuivre, J.-B. Dumas ni V. Regnault ne se sont pas préoccupés
de cette cause d'erreur. M. Leduc, dans ses recherches postérieures (' ),
a retenu, il est vrai, la vapeur d'eau formée, mais non les autres impuretés
gazeuses. De là, dans les expériences de Dumas et Boussingault, mais pour
une raison aufre que celle invoquée par M. Leduc, un poids d'oxygène un
(*) Recherches sur les gaz, p, 3o.
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1902. IO29
peu faible et d'azote un peu fort, et, pour tous ces expérimentateurs, une
densité de l'azote faussée par la présence d'un ensemble de gaz presque
tous plus légers que lui.
» L'erreur commise est petite, et l'on peut la calculer avec une assez
grande approximation. En effet, il résulte des expériences de J. Boussin-
gault (*) rapprochées des miennes (-) que, lorsqu'on fait passer l'air des
villes dans un tube plein de cuivre métallique porté au rouge, grâce à
la dilution extrême des gaz combustibles existant dans cet air, le sixième
environ de son hydrogène total (H et CH*) est brûlé, les | échappant à la
combustion. J'ai, d'autre part, établi que pour i cent, cube d'hydrogène
ainsi transformé en eau il se fait, dans ces conditions, o'''"',57 de CO^
provenant du gaz des marais qui ne brûle que partiellement (^).
)) L'air contenant à Paris en moyenne 19 cent, cubes d'hydrogène libre
et i3 cent, cubes de gaz CH* par 100 litres (loc. cit., p. 94), après le
pass-ige de ce volum<^ d'air dans un tube ph^n de cuivre au rouge, on
recueillera 79 200 cent, cubes d'azote impur, composé comme il suit d'après
ce qu'on vient de dire :
En vapeur.
ce.
Combustion du sixième de l'hydrogène total de looooo cent. cub. H-Oi=r 6,6
CO^ formé répondant au CH^ brûlé CO^ nr 3,76
I de l'hydrogène libre de l'air primitif H := 16, 1 5
CH* restant (12^'"'— 3^">', 76) CH* = 8,24
Azote atmosphérique Az zz: 79 i65, 25
Total 79200,00
» C'est la densité de ce mélange que Dumas a trouvé égale à 0,9720.
» Il est facile d'en déduire la vraie densité de l'azote atmosphérique S;
nous avons, en effet,
â X 79 i6j + o,(3j3 X 6,6-1- 1 ,5^9 x 0,76 + 0,00603 xi6, i5 -i-o,.556x 8,2^
^ _ ; ____ _Q Q„2o,
79200 ^^
d'oîi
S = 0,9723 (densité de l'azote atmosphérique corrigée)
au lieu de 0,9720 et 0,97203 trouvé par Dumas et par M. A. Leduc pour
la densité de l'azote mélangé des impuretés précédentes.
(*) Annales de Chimie et de Physique, 2* série, t. LVII, p. 171.
C) Annales de Chimie et de Physique, 7* série, t. XXII, p. 96.
(*) Annales de Chimie et de Physique, 7' série, t. XXII, p. 68 et suivantes.
Io3o ACADÉMIE D^S SCIENCES.
» Soient m et n les volumes d'hydrogène et de formène contenus dans
I volume d'air, nous aurons, comme dans les équations («) et ( è ) ci-dessus,
en représentant par £P, d,d" les mêmes valeurs, remplaçant c^' par sa valeur
corrigée l (densité de l'azote atmosphérique), par d" la densité du CH%
et sachant que m — 0,00019 et n = o,oooi3, l'équation
xd-{-(ioo — X — ïoo?n —ioon)l -hioomd" -hioond" = 100,
d'où, pour la valeur centésimale en poids de l'oxygène de l'air :
(c) ood=ioo-^ ^(i-{-m ~ -h n
\/ a — o\ I — 0 I —
En remplaçant d et d" par les nombres donnés par M. A. Leduc et d" par la
densité o, 556 du formène, on trouve, pour le poids d'oxygène contenu
en joo parties d'air à Paris calculé d'après les densités de Leduc,
œd = 23,22.
» Le même calcul, fait avec les densités de V. Regnault, donne :
xd = 23,17.
» MM. Ch. Sainte-Claire Deville et Grandeau(* ) ont trouvé directement
23,09 et M. Leduc (-) 23,21, chacun par deux méthodes différentes.
)) On voit combien est peu fondée l'objection que, si l'air contenait
— ?— d'hydrogène, le calcul précédent donnerait 23,36 d'oxygène pour 100
d'air en poids, résultat qui infirmerait, en effet, mes chiffres. Je viens de
montrer au contraire que la considération de l'hydrogène de l'air et du
méthane qui l'accompagne permet d'expliquer la contradiction apparente
relevée par M. Leduc entre la composition de l'air en poids, obtenue di-
rectement par tous les expérimentateurs depuis Dumas et Boussingault,
et celle qui résulte de la considération des densités de ses gaz compo-
sants.
» Il reste, de plus, établi que la densité de Vazote atmosphérique trouvée
égaie à 0,9720 par Dumas et par M. Leduc, et à 0,97137 par V. Regnault
est sensiblement trop faible à cause des gaz plus légers que contenait cet
azotCj et qu'elle doit être portée environ à 0,9723.
(*) Comptes rendus,, t. XLVIII, p. iio3.
(^) Recherches sur les gaz. Paris, 1898, p. 19.
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1902. Io3l
)) Objection de Lord Rayleigh. — Ce savant pense que la quantité
d'hydrogène libre de l'air excéderait peu le j—^ du volume total {Philos.
Magaz., janvier 1901 et octobre 1902); il se fonde sur deux ordres de
considérations.
» 1° La spectroscopie de l'air ne donnerait que faiblement la raie C de
l'hydrogène, alors que cette raie devient très apparente quand on ajoute
<oooo d'hydrogène libre soit à l'air lui-même, soit à de l'air qui a circulé sur
de l'oxyde de cuivre incandescent.
)) Mais j'ai fait voir que de l'air qui passe sur de l'oxyde de cuivre au
rouge ne lui cède que très difficilement son hydrogène, même en pas-
sant sur une colonne de o™,5o de CuO. Par conséquent, cet air,
auquel on ajoute T^yf^ d'hydrogène nouveau, doit en contenir bien près
^® <uooo ^ TôTôô' ^^ ^'^"^ ^^^^ 4^^ la visibilité des raies, nulle ou presque
nulle au-dessous d'une certaine limite, croît ensuite très rapidement avec
les proportions des gaz qui les provoquent. La visibilité ou l'éclat des
raies n'est donc pas proportionnelle aux quantités des gaz actifs. Lord
Rayleigh reconnaît d'ailleurs que la visibilité de cette Hgne C variait
beaucoup, dans ses essais, avec la matière des électrodes, condition qui
rend encore plus difficile toute conclusion relative aux proportions d'hydro-
gène présent.
» 2" Lord Rayleigh s'est donc déterminé à recourir à l'épreuve chi-
mique ; il a fait passer 10 litres d'air de la campagne, bien desséché, sur
de l'oxyde de cuivre au rouge. L'eau ainsi formée ne correspondit qu'à \
environ de la quantité d'hydrogène que j'ai trouvée dans l'air.
» Quand on opère à la campagne avec une colonne de o™,3o de CuO
au rouge, celte quantité répond, d'après mes expériences, à i'"s,54
d'hydrogène pour 100 litres, soit i™s,386 d'eau formée pour 10 litres
d'air ('). Lord Rayleigh a obtenu en moyenne un peu plus du septième
de cette quantité, soit o™^, 21. Mais comment pouvoir fonder des con-
clusions sur la mesure de variations de poids si faibles et que les moindres
causes d'erreur doivent grandement influencer? Parmi ses expériences,
Lord Rayleigh en cite plusieurs où le tube à anhydride phosphorique
destiné à recueillir l'eau formée, au lieu d'augmenter, avait, au contraire,
perdu du poids. Il y avait donc bien, dans ses expériences, une cause
notoire d'erreur dans le sens d'une diminution de poids du tube à eau (').
(') Ann. de Chimie et de Physique, 7® série, t. XXII, p. 69 et 80.
(^) Le P^O^ peut perdre des composés moins oxygénés du phosphore et même
du Ph et du PH*, s'il n'a pas été suffisamment chauffé à 260° dans l'oxygène sec.
lo32 ACADEMIE DES SCIENCES.
Portant sur les quelques décimilligrammes d'eau qui jDOuvaient se pro-
duire, l'erreur devenait donc énorme relativenment au petit poids d'eau
à recueillir. J'espère que Lord Rayleigh reconnaîtra que ses expériences,
d'ailieurs très habilement faites, l'ont été certainement sur une trop petite
échelle.
» L'extraction directe de l'hydrogène libre de l'atmosphère a été
exécutée en 1900 parE.-D. Liveing et J. Dewar ('). En recueillant, dans
une enceinte à —210°, les parties les plus volatiles de l'air liquide, ils
obtinrent un résidu gazeux, inflammable, qui analysé fut reconnu conte-
nir, pour 100 volumes, 43 vol. d'hydrogène libre, 6 vol. d'oxygène et
5i vol. de divers autres gaz (Az, Ar, Ne, He, . . .). Remarquons que i litre
d'air liquide ou 2200 grammes (répondant à 2000 litres d'air environ) ne
contiennent que oS,o33 d'hydrogène et qu'on ne saurait espérer retirer
ainsi, par distillation fractionnée, la totalité de ces 33 milligrammes d'hy-
drogène en partie dissous dans plus de 2 kilogrammes d'air liquéfié.
» La présence de l'hydrogène libre dans l'atmosphère est une notion
importante au point de vue de l'origine de l'air, de sa constitution, de la
composition de ses couches supérieures, du rôle qu'y joue ce gaz dans les
phénomènes chimiques et météoriques qui s'y produisent. Je viens de
montrer aussi qu'il convient de tenir compte de cet hydrogène, et des gaz
combustibles accessoires qui l'accompagnent, dans les déterminations fon-
damentales des densités de l'azote et de la densité de l'air lui-même.
w II est certain que sa composition est légèrement variable, et qu'à
égalité de pression le poids de son unité de volume n'est pas le même à la
campagne, dans les villes populeuses, en mer et dans les hautes régions
de l'atmosphère. Je m'associe donc à l'opinion de V. Regnault qui, déjà
en 1845, déplorait qu'on rapportât les densités des gaz à celle de l'air prise
comme unité (^). « Cette convention fâcheuse, dit-il, suppose que la com-
position de l'air est absolument invariable .» Il serait plus simple, croyons-
nous, et pour bien d'autres raisons encore, de rapporter les densités des
gaz à celle de l'hydrogène prise pour unité. »
(1) Procced. Roy. Soc, t. LXVII, p. 4^8.
(^) Comptes rendus, t. XX, p. 987.
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1902. Io33
ZOOLOGIE. — Sur le développement des Péripatidés de l'Afrique australe.
Note de M. E.-L. Bouvier.
« On sait que le développement embryonnaire des Péripatidés peut
s'effectuer suivant quatre modes différents : 1° chez les Peripatus du Nou-
veau Monde et de l'Afrique, où les œufs n'ont que 40^^ à 5o^ de diamètre,
les jeunes embryons puisent leur nourriture dans les parois utérines au
moyen d'un vaste placenta qui se rattache à la nuque: 2" chez les Parape-
ripatus Noçœ Britanniœ (M. Willey), où les œufs n'ont qu'un diamètre
double, la nutrition des jeunes embryons s'effectue au moyen d'une énorme
vésicule antéro-dorsale qui plonge dans le liquide utérin; 3° chez la plu-
part des Peripatopsis (espèces du Chili et de l'Afrique australe) elle se pro-
duit sans aucune annexe embryonnaire, encore que les œufs soient réduits,
dépourvus de jaune et ne mesurent pas plus de 5ooS* de diamètre; 4" enfin
chez \qs Peripatus indo-malais et chez les Peripatoïdes{(\w'\h soient ovipares
ou vivipares), l'embryon se nourrit directement aux dépens de l'œuf, qui
renferme un jaune volumineux et qui peut atteindre un diamètre de i'"'",5
à 2'°™.
)) Ce sont les recherches de Balfour et celles, beaucoup plus complètes,
de M. Sedgwick qui nous ont fait connaître le troisième mode de déve-
loppement, celui des Peripatopsis. Ces recherches s'appliquaient à deux
espèces seulement : le P. capensis Grube et le P. Balfouri Sedgw., mais les
représentants du genre sont tellement voisins les uns des autres par leur
morphologie et leurs caractères anatomiques qu'on crut pouvoir étendre à
tous les conclusions de Balfour et de M. Sedgwick. L'objet de cette Note sera
de montrer que pareille généralisation ne laisse pas d'être trop hâtive et
qu'en réalité le développement embryonnaire des Peripatopsis se rattache
par tous les degrés à celui du Paraperipatus Novœ Britanniœ.
» I. Dans le Peripatopsis SedgwickiV m cA\, espèce qui habite le Natal,
le développement embryonnaire ressemble totalement à celui tlu P. Novœ
Britanniœ. Les œufs utérins de cet Onychophore sont moitié plus petits que
ceux des autres Peripatopsis et, comme dans le P. Novœ Britanniœ, se trans-
forment en une vésicule ovoïde où l'aire embryonnaire se trouve localisée
à l'extrémité postérieure. Ce stade doit être suivi de plusieurs autres que je
n'ai pas étudiés, et dans lesquels l'aire embryonnaire se déplace en avant
sur la face ventrale de la vésicule.
C. R., 1902, 2« Semestre. (T. CXXXV, N" 33.) '^J
I034 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» On arrive ainsi à un embryon enroulé en spirale et qui présente sur la
nuque une vésicule turgescente. Cette vésicule ressemble de tous points à
celle du P. Novœ Britanniœ et acquiert, comme elle, des dimensions déme-
surées; elle est très large, quatre ou cinq fois aussi longue que la longueur
de l'embryon, et revêt, en partie, le corps de ce dernier; son caractère
propre est de ne pas présenter le prolongement postérieur qu'on observe
dans la vésicule du P. Novœ Britanniœ.
» Les embryons d'une même femelle ne sont pas tous exactement
au même stade; certains d'entre eux ont une vésicule fort réduite et
quelques-uns même en sont dépourvus. Ces derniers sont d'ailleurs bien
loin d'avoir achevé leur croissance, et ressemblent en cela aux embryons
du P. Novœ Britanniœ oii la vésicule vient de disparaître.
» J'ai signalé il y a deux ans les embryons à vésicule réduite et, plus
récemment, des embryons à vésicule très développée.
» II. Une espèce très voisine de la précédente, le P. Moseleyi Wood-
Mason, qui habite le Natal et la colonie du Cap, m'a permis de constater
un passage très net aux Peripatopsis dépourvus d'annexés embryon-
naires.
)) Les très jeunes de cette espèce se présentent sous la forme de vési-
cules ovoïdes ayant i™'",75 de longueur et i™™,5o de largeur. Formée par
une paroi ectodermique richement pourvue de noyaux, la vésicule s'épais-
sit du côté ventral, à quelque distance de l'extrémité postérieure et forme
en ce point une aire embryonnaire des plus distinctes. Cette aire n'occupe
qu'une étendue fort restreinte à la surface de la vésicule : elle a un demi-
millimètre de largeur et une longueur un peu plus faible; sur le tiers
médian de son axe longitudinal s'étend le blastopore entouré d'un bour-
relet où l'on entrevoit à peine un commencement de constriclion latérale.
Dans la moitié antérieure de l'aire se trouvent de chaque côté sept épais-
sissements symétriques qui correspondent aux sept premiers somites; en
arrière les somites sont remplacés par un épaississement continu qui
s'exagère sur la ligne médiane et forme en ce point un centre proliférateur
caudal.
» A un slade un peu plus avancé la vésicule mesure 2™"" de diamètre;
son aire embryonnaire a conservé la même longueur, mais sa largeur est
beaucoup plus grande et atteint o""°, 70. Le blastopore s'est divisé en deux
orifices étroits qui représentent la bouche et l'anus; l'extrémité caudale,
011 se trouve le centre proliférateur, s'avance du côté de la bouche, rame-
nant avec lui en avant les somites 7 et 8 et les deux épaississements ter-
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1902. Io35
minaiix où se produiront ultérieurement d'autres somites. D'ailleurs l'aire
embryonnaire tout entière s'est très sensiblement éloie^née de l'extré-
mité postérieure de la vésicule. Dans le Paraperipatus Novœ Britanniœ
M. Willey a observé un stade (stade VI) absolument intermédiaire entre
les deux précédents; la seule différence, c'est que la vésicule du P. Mose-
leyi est un peu plus large et beaucoup moins longue. On peut affirmer
sans aucun doute qu'une différence de même ordre doit exister entre le
P. Moseleyi et le P. Sedgwicki.
» A un stade encore plus avancé on observe déjà tous les appendices,
et le corps de l'embryon présente deux inflexions qui le divisent en trois
parties bien distinctes : l'une antérieure, qui s'étend jusqu'aux pattes de
la troisième paire; l'autre postérieure, qui correspond à peu près aux dix
derniers somites, et une portion intermédiaire contre la face ventrale de
laquelle viennent s'appliquer les faces ventrales des deux autres. La région
intermédiaire se distingue au premier abord par son volume considérable,
par ses parois minces et par l'aspect de sa surface, qui présente bien
quelques papilles mais n'offre pas encore de plis ; elle représente en somme
une vésicule embryonnaire qui ne mesure pas moins de 3™™ de longueur
sur i™*", 5 de largeur. D'ailleurs, cette vésicule ne se pédonculisera jamais
vers la région nuquale comme on l'observe dans le Paraperipatus Novce
Britanniœ et dans le Peripatopsis Sedgwicki; dans une même femelle, en
effet, j'ai trouvé des embryons au stade que je viens de décrire et d'autres
où la vésicule se réduit de plus en plus et quelques-uns même où celle-ci
a disparu. En fait les parois de la vésicule constituent tout simplement, à
ces stades très voisins, les parois de la région moyenne du corps, et lorsque
le liquide vésiculaire a été complètement résorbé, cette région a pris,
comme les deux autres, la forme grêle et les plissements caractéristiques
des embryons avancés.
» III. D'après ce qui précède on doit se représenter de la manière sui-
vante les modifications évolutives du développement embryonnaire depuis
le Paraperipatus Novœ Britanniœ et le Peripatopsis Sedgwicki jusqu'au Peri-
patopsis capensis : 1^ dans les deux premières espèces, la segmentation con-
duit à une grosse vésicule ectodermique où l'aube embryonnaire, toujours
fortement transversale, n'occupe qu'une très faible étendue; cette vésicule
s'allonge beaucoup, se pédonculise dans la région antérieure et se réduit
peu à peu jusqu'à disparaître à mesure que s'effectue le développement de
l'embryon ; 1° dans le Peripatopsis Moseleyi il y a également formation d'une
grosse vésicule et d'une petite aire embryonnaire transversale, mais la
Io36 ACADÉMIE DES SCIENCES.
vésicule ne s'allonge pas beaucoup, elle ne se pédonculise jamais et, par
résorption de son contenu, forme simplement les parois de la région
moyenne du corps; 3° dans le P. capensis, la segmentation conduit à une
petite vésicule ovoïde dont le grand diamètre n'a pas plus de o™'",7; l'aire
embryonnaire, beaucoup plus longue que large, occupe toute la face ven-
trale de la vésicule, et la face dorsale de cette dernière constitue le dos de
l'embryon, sans former jamais la volumineuse proéminence qu'on observe
dans le P. Moseleyi. Il est probable que l'étude des autres PeripaLopsis de
l'Afrique australe permettra de constater tous les passages entre les deux
dernières formes, c'est-à-dire des états oii la vésicule primitive est plus
réduite que celle du P. Moseleyi, plus grande que celle du P. capensis.
)) J'ajouterai que l'observation des organes internes permet de recon-
naître une évolution dans le même sens parmi les Peripatopsis de l'Afrique
australe; ainsi le P. Sedgwicki présente encore des glandes crurales très
développées à la base des trois paires de pattes prégénitales, tandis que
dans le P. Moseleyi ei le P. capensis les glandes crurales de la paire posté-
rieure débordent seules dans le sinus latéral. »
ZOOLOGIE. ~ Sur quelques Hémo gré garines des Ophidiens. Note
de M. A. Laverax.
« Il n'est pas rare de trouver des Hémogrégarines chez les Ophidiens;
ces parasites ont été observés par Billet (*) chez 3 Ophidiens du Haut-
ïonkin, par HagenmuUer chez une couleuvre d'Algérie (-), par Lang-
mann ('') et Lutz (') chez 22 espèces d'Ophidiens d'Amérique, par Simond
chez 4 espèces d'Ophidiens de l'Inde ou de Cochinchine (^), par Cari
Borner chez une couleuvre (").
» J'ai eu l'occasion d'étudier ces Hémogrégarines dans des préparations
de sang de ISaja tripudians qui m'ont été envoyées de Pondichéry par
M. le D^'Gouzien, médecin des colonies, dans des préparations de sang
d'une couleuvre d'Algérie, Zamenis hippocrepis, qui m'ont été remises par
(') Billet, Soc. de Biologie, 19 janvier iSgS.
{') Hagenmuller, Arch. de ZooL expérim., n° 4, 1898.
(3) Langmann, New-York med. Journ., 7 janvier 1899.
(^) Lutz, Centralbl. f. Bakter., E. Abt., t. XXIX, 1901, n° 9.
(^) Simond, Ann. dei'lnst. Pasteur, 1901, p. 819.
{^) G. Borner, Zeitschr. f. wissenschaftl. Zoologie, t. LXIX, 19 mars 1901.
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1902. 10^7
M. le D'' Soulié, professeur à l'Ecole de Médecine d'Alger, enfin dans des
préparations de sang de Crotalus confluentus et de Ancistrodon piscivorus
que je dois à M. le D"" Langmann, de New-York.
)) Naja tripudians figure parmi les Ophidiens signalés comme infectés
d'Hémogrégarines (Simond); l'existence de ces parasites chez Zameniship-
pocrepis n'avait pas encore été notée.
» Le nombre des espèces d'Ophidiens chez lesquels l'existence d'Hé-
mogrégarines a été reconnue s'élève aujourd'hui à 32.
Fig. 1-3, Hémogiég. de Naja tripudians. — Fig. 4-6, Ilémogtég. de Zamenis hippocrepis. —
Fig. 7-9, Hémogrég. de Crotalus confluentus. n, n, noyaux hypertrophiés des hématies. —
Fig. io-i3, Hémogrég. de Ancistrodon piscivorus. Gross. i4oo D. environ.
» Les préparations de sang de Naja tripudians dans lesquelles j'ai trouvé des
Hémogrégarlnes provenaient de deux de ces Ophidiens ; elles contenaient des parasites,
en petit nombre. Je donnerai à cette Hémogrégarine le nom de H. najae.
» Le parasite se présente d'ordinaire, comme cela est indiqué dans la figure i, sous
l'aspect d'un vermicule endoglobulaire; l'une des extrémités est arrondie, l'autre est
effilée, et repliée quand l'Hémogiégarine a atteint son développement complet. Dans
les préparations colorées, on distingue, vers la partie moyenne du corps du parasite,
un noyau ovalaire plus ou moins allongé.
» L'Hémogrégarine repliée mesure \l\V- de long environ; dépliée, elle a 21!^ à 22!^ de
long sur 3!^ de large, à l'extrémité arrondie.
» La figure 2 représente une Hémogrégarine en train de se déplier; la figure 3, une
Hémogrégarine qui est devenue libre.
» A la première phase de développement de l'Hémogrégarine, l'hématie-hôte n'est
pas altérée, le noyau reste en place; lorsque le parasite grandit, le noyau de l'hématie
Io38 ACADÉMIE DES SCIENCES.
est souvent refoulé {fig. 2); ce noyau a, en général, son volume normal; il est rare
qu'il soit augmenté de volume, et, dans ce cas, l'hypertrophie est toujours légère. Les
hématies parasitées ont souvent des dimensions plus grandes que les hématies nor-
males, iSP^ à 19!^^ par exemple, dans leur grand diamètre, au lieu de 17^^, chiffre normal.
» Je désignerai, sous le nom de H.zamenis l'Hémogrégarine trouvée par M. Soulié
chez Zamenis hippocrepis.
» Dans les préparations de sang desséché que j'ai examinées, l'Hémogrégarine était
toujours endoglobulaire.
» A son premier stade de développement, H. zamenis a l'aspect d'un élément ova-
laire d'un volume égal ou à peine supérieur à celui du noyau de l'hématie {fig. 4).
Dans les préparations colorées on distingue, au centre de ces petits éléments, un noyau
constitué essentiellement par des granulations chromatiques.
» A ce stade, l'hématie-hôte a généralement son aspect normal, le noyau est à sa
place ou bien il est légèrement refoulé.
» Le parasite, à une phase plus avancée de sa croissance, s'allonge en forme de
boudin recourbé et arrondi à ses extrémités. L'une des extrémités s'effile ensuite et
se replie, comme cela est indiqué dans les figures 5 et 6.
» Le parasite replié à l'intérieur d'une hématie mesure, lorsqu'il est arrivé à son
développement complet, 18!^ de long (ce qui représente 25!^ à 26!^ pour le parasite
déplié) sur l^V- de large environ.
» Le grand axe de l'Hémogrégarine est, en général, parallèle au grand axe de l'hé-
matie, mais le parasite peut se développer aussi dans des positions obliques ou même
perpendiculaires par rapport à cet axe.
» Le noyau de l'Hémogrégarine reste toujours dans la moitié la plus épaisse du
parasite. Le protoplasme ne contient que très peu de granulations chromatiques.
» Les hématies qui contiennent des parasites arrivés à leur développement complet
s'allongent, comme cela est indiqué dans la figure 6; le noyau de l'hématie est refoulé
et assez souvent hypertrophié ; le noyau s'allonge parfois de telle façon qu'il a la même
longueur que le parasite, les noyaux hypertrophiés se colorent plus fortement que les
noyaux des hématies normales.
» L'Hémogrégarine de Crotalus confluentas est endoglobulaire comme les Hémo-
grégarines décrites ci-dessus, mais elle s'en dislingue par plusieurs caractères. Les plu,
grandes formes ont i5!^ à i6f^ de long sur 5!^ à 6l* de large et le parasite ne paraît pas
se replier dans l'hématie. H. crotali est donc à la fois plus courte et plus large que les
Hémogrégarines qui précèdent; de plus elle exerce une action constante sur le noyau
de l'hématie-hôte qni est toujours hypertrophié et souvent dans des proportions consi-
dérables, comme l'indiquent les figures 7, 8 et 9. Il n'est pas rare de voir des noyaux
d'hématies qui atteignent ou dépassent même la longueur des parasites endoglobu-
laires arrivés à leur développement complet, soit 16!^ à iSi^ de long. Après destruction
des hématies, les noyaux hypertrophiés {fig. 8 et 9 «, n) restent adhérents aux parasites.
Les noyaux des hématies parasitées se colorent plus fortement que les noyaux des
hématies normales.
» Les figures 10 à i3 se rapportent à l'Hémogrégarine du Mocassin d'eau, Ancis-
trodon piscù'orus. Je désignerai cette Hémogrégarine sous le nom de H. mocassini.
Les formes jeunes {fig. 10 ) sont étroites, non repliées sur elles-mêmes; les formes plus
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1902. Io3q
avancées dans leur développement sont repliées comme l'indiquent les figures 11 et 12.
Le noyau de l'hématie-hôte est refoulé et aplati, il est rarement hypertrophié ; l'hématie
parasitée s'allonge souvent. Il n'est pas rare de trouver deux parasites dans une hématie.
Les Hémogrégarines repliées dans les hématies mesurent de 12!^ à 17^- de long; libres
et dépliées, elles mesurent de 20V- à i5^.
» Ces Hémogrégarines ont évidemment de grandes ressemblances entre
elles; faut-il admettre avec Langmann et Lutz qu'elles appartiennent toutes
à une même espèce, Drepanidium serpentium Lutz? Je ne le crois pas. Il
est très probable que H. crotali, par exemple, est d'une autre espèce que
H. najae; ce dernier parasite est plus long et plus grêle que le premier et
il n'agit pas comme lui sur les noyaux des hématies-hôtes (*).
» Nous sommes, malheureusement, très peu renseignés sur l'évolution
des Hémogrégarines des Ophidiens, ce qui rend la différenciation des es-
pèces très difficile.
» Dans aucune des préparations de sang d'Ophidiens infectés d'Hémo-
grégarines que j'ai examinées, je n'ai vu de formes démultiplication de ces
parasites. Il en est de même pour les Hémogrégarines des Chéloniens. Chez
Emys lutaria, c'est dans les viscères et, en particulier, dans le foie qu'il
faut rechercher les formes de reproduction endogène de H . Stepanowi (^^ y,
de même pour H. stepanowiana de Damonia Reevesii (^).
» Lutz a trouvé dans les poumons de plusieurs Ophidiens ayant des Hé-
mogrégarines et, en particulier, chez Eunectesmurinus, des éléments para-
sitaires en voie de multiplication qu'il a décrits sous les noms de kystes à
inacrosporozoïtes et à microsporozoïtes. Sur des coupes d'un morceau de
poumon d' Eunecles murinus que M. Lutz a bien voulu m'envoyer, j'ai re-
trouvé les formes de multiplication décrites par ce savant confrère; l'exis-
tence de ces formes n'est donc pas douteuse, l'interprétation des faits est
seule discutable.
)) Les Hémogrégarines qui vont se multiplier augmentent de volume,
elles deviennent en outre moins flexibles ; on comprend donc qu'elles
s'arrêtent dans les capillaires : c'est probablement pour cela que les formes
(') J'ai déjà appelé l'attention sur ce fait que certains Protozoaires endoglobu-
laires déterminent l'hypertrophie du noyau de la cellule-hôte, tandis que des parasites
d'espèces voisines sont sans action sur ce noyau. {Soc. de Biologie, 28 avril 1900 et
i8 octobre 1902.)
(^) Lavkran, Soc. de Biologie, i" et 8 octobre 1898.
(') Laveran et MTi.^mL,' Comptes rendus, 20 octobre 1902.
.*.*
Io4o ACADÉMIE DES SCIENCES.
de multiplication ne se rencontrent pas, en général, dans le sang de la
grande circulation.
» L'étude des Hémogrégarines ne doit pas être faite seulement dans le
sang, il faut la poursuivre dans les organes internes : dans le foie, dans les
reins et dans les poumons, sur des frottis ou sur des coupes histologiques
de ces viscères.
» Il y aura lieu aussi de rechercher comment se fait l'infection. Lang-
mann, quiconstate que les espèces aquatiques d'Ophidiens sont plus souvent
infectées que les autres ('), suppose que ces serpents s'infectent en man-
geant des grenouilles. Cette supposition paraît inadmissible; d'une part,
les Hémogrégarines des Batraciens appartiennent à d'autres espèces que
les Hémogrégarines des Ophidiens; d'autre part, il n'y a pas d'exemple
d'une maladie due à des Protozoaires parasites du sang se transmettant par
les voies digestives. Tons les faits connus sont favorables à une transmis-
sion par des ectoparasites se nourrissant de sang. On trouve, chez les
Lézards et les Tortues, des Ixodes qui très probablement servent à la pro-
pagation des Hémogrégarines; il est probable que, chez les Ophidiens, il
existe également des ectoparasites. »
PATHOLOGIE VÉGÉTALE. — De l'action interne du sulfate de cuivre dans la
résistance de la pomme de terre au Phytophlhora infestans. Note de
M. Emile Laurent.
« Tels qu'ils sont employés dans la pratique, les sels de cuivre agissent
soit en tuant les spores des champignons parasites, soit en paralysant leur
développement.
)) On peut se demander si les matières antiseptiques ne peuvent pas
être absorbées par les plantes parasitées elles-mêmes et exercer dans les
sucs cellulaires une influence immunisante contre les ennemis crypto-
gamiques. Il faut pour cela que ces substances soient utilisées à des doses
qui ne nuisent pas à la végétation et qu'elles puissent diffuser dans les
tissus.
» Par leur sensibilité extrême à l'égard des sels de cuivre, les Péro-
nosporacées étaient tout indiquées pour des essais de cette nature.
(*) Billet avait déjà constaté que, au Tonkin, les Hémogrégarines se rencontrent
principalement chez les Ophidiens qui vivent dans la boue des rizières {^Soc. de Bio-
logie, 19 janvier iSgS).
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE [902. Io4l
» Une expérience commencée en mai 1901 sur la pomme de terre n'a
pas fourni de résultats probants parce que cette année la maladie ne s'est
pas montrée dans nos cultures. Répété en mai 1902, le même essai a donné
lieu à des observations intéressantes.
» A 6o^s (le terre de jardin on a mélangé 6os de sulfate de cuivre dis-
sous dans l'eau. Le tout a été réparti entre douze pots qui n'étaient rem-
plis qu'à moitié afin de permettre de butter plus tard les tiges aériennes.
» Six ont reçu des tubercules de la variété Marjolin; dans les six autres
on a planté la variété blanchard. Toutes les deux sont très sensibles à la
maladie.
» Parmi les tubercules employés, la moitié provenait de cultures faites
en 1901 dans une terre analogue additionnée de la même dose de sulfate
de cuivre. Je me proposais d'examiner si la pomme de terre est susceptible
de s'adapter aux sols cuprifères. Aucune observation ultérieure n'a con-
firmé cette supposition.
» A côté des douze pots contenant du sulfate de cuivre, il y en avait six,
trois pour chaque variété étudiée, dans lesquels se trouvait la même terre,
mais privée de ce sel.
» En juin, on a butté les tiges de pomme en remplissant les pots avec
de la terre qui, sauf pour les témoins, avait été additionnée de i pour 1000
de sulfate de cuivre.
» Le développement des tiges dans les 18 pots n'a point présenté de
différence que l'on puisse attribuer à l'action du sel de cuivre ou à l'ori-
gine différente des tubercules.
» Quand, vers la mi-août, la maladie a sévi dans nos environs, elle a
attaqué avec la même intensité les feuillages de toute la série. Le 21 du
même mois, on a récolté les tubercules, dont le développement était assez
avancé chez la variété Marjolin. Plusieurs furent coupés en deux ; sur
chaque moitié on a déposé, la face inférieure tournée vers le bas, une
foliole de pomme de terre atteinte par le Phylophthora. Les moitiés de
tubercules ainsi traitées provenaient des pots avec cuivre et sans cuivre;
toutes furent maintenues en chambre humide. Après 4 jours, l'infection
n'avait respecté aucun des tubercules mis en expérience, mais elle était
nettement plus accentuée chez ceux qui avaient été récoltés dans les pots
privés de sulfate de cuivre.
» Les tubercules qui n'avaient pas été coupés ont été conservés dans
des bocaux ouverts; il en restait dix de chaque catégorie. Deux seulement
des cultures sans cuivre n'ont pas pourri à la suite de l'infection provoquée
G R., 1902, 2* Semestre. (T. CXXXV, N° 33.) l36
1042 ACADÉMIE DES SCIENCES.
par le Phytophthora. Par contre, il y en avait encore huit bien sains à la fin
de novembre parmi les dix récoltés dans les pots avec sulfate de cuivre.
)) Ce métal a été recherché par la méthode électrolytique dans les
tubercules ainsi conservés. (>eux qui provenaient de la terre additionnée
de cuivre en contenaient ^ J^^,, tandis qu'on n'en a pas trouvé de traces
dans les témoins.
» A la suite de ces résultats, on pourrait supposer que l'on puisse immu-
niser des tubercules de pomme de terre en les plongeant pendant un cer-
tain temps dans une solution de sulfate de cuivre. Un essai a été fait avec
des tubercules de Marjolin cultivés en plein jardin, coupés en deux et
immergés pendant 20 heures dans des solutions de ce sel à 2 et 5 pour 1000.
On a ensuite lavé les sections à grande eau, puis on y a déposé des folioles
atteintes de Phytophlhora. Le parasite s'est développé aussi vigoureu-
sement que sur des tubercules témoins. »
MEMOIRES PRESENTES.
M. AuG. Berthier soumet au jugement de l'Académie une Note inti-
tulée : « Photographie électrolytique; nouveau procédé physique pour
obtenir des images photographiques ».
(Renvoi à l'examen de M. Lippmann.)
Les héritiers de M. Chapoteaut demandent l'ouverture d'un pli cacheté
déposé par M. Chapoteaut le 26 juin 1893, et dont le dépôt a été accepté.
Ce pli, inscrit sous le n° 4924, est ouvert en séance par M. le Secrétaire
perpétuel.
Il contient une Note « Sur la préparation du gaïacol et du créosol
purs au moyen de la créosote de hêtre », par MM. Chapoteaut et Giraud
(Extrait) :
.... Les dérivés sodiques de ces phénols possèdent des solubilités très différentes
dans la lessive de soude concentrée.
Ils sont d'autant moins solubles que la complexité de leur molécule est plus grande;
ainsi, le phénate de sodium est très soluble, les dérivés sodiques de Fortho- et du
paracrésol le sont moins, surtout le dérivé para-; enfin, les composés sodiques du
gaïacol et du créosol sont presque entièrement insolubles dans les mêmes condi-
tions. . . .
(Commissaires : MM. Gautier, Haller.)
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1902.
1043
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
1° Un Ouvrage de MM. Retzius et Fûrst ayant pour titre : « Beilrâge zur
Anthropologie der Schweden » .
2° Deux brochures de M. Vandeuren intitulées : « La stabilité des murs
de barrage » et « Étude sur la tension du fîl téléphonique ». (Présentées
par M. Maurice Lévy. )
ASTRONOMIE. — Observations de la nouvelle comète Giacobini {digo-2),
faites à l' Observatoire de Paris à l'équatorial de la tour de l'Ouest, par
MM. G. RiGocRDAN et G. Fayet; et à V équatorial de la tour de l'Est,
par M. P. Salet. Communiquées par M. Lœwy.
»-^. — >f.
Dates.
1902.
Dec. 4.
4.
4-
6.
6.
Étoiles.
a
a
a
h
b
Temps sidéral
de Paris.
A31.
A(D.
46. 8
3.27
26.35
26.18
42.57
— o. 6,10
— o. 7,00
— o. 7,3o
H-o. 4>42
-T-o. 4,04
— 2.57,2
—2.27,9
—2. 17,2
— 8.45,3
—8.38,4
Positions des étoiles.
Asc. droite Réduction Déclinaison
Dates.
1902.
Dec. 4-
6.
Étoiles.
a 1677 ^^ — '
Z^i673BD— I
Gr.
9'2
moyenne
1902,0.
h m s
7.17.15,12
7. 16.27,8
au
jour.
+4,27
+ 4,32
mo J'en ne
1902,0.
— [ .41 . 6,3
— 1.17.42
Nombre
de
compar.
4:4
4:4
12:4
4:4
4:4
Réduction
au
jour.
— 12,6
— 12,9
Observ
G.B.
G. F.
P. S.
G.B.
G. F.
Autorités.
2142 Nicolaïew
B.D.
Positions apparentes de la comète.
Dates.
1902.
Dec. 4.
4-
4.
6.
6.
Temps
moyen
de Paris.
h Dl s
10.54.55
12.12. I
12 .35. 5
II .27 . 6
I I .43.42
Ascension
droite
apparente.
Il m s
7.17.13,29
7.17.12,39
7.17.12,09
7.16.36,5
7. 16. 36, 2
Log. fact.
parallaxe.
7j49I«
T,33i„
'î",257„
T,42I„
ï,384„
Déclinaison
apparente.
- I .44- 16, I
- 1.43.46,8
- 1.43.36,1
- I. 26.41
- 1.26.33
Log. fact.
parallaxe.
0,828
o,83o
o,83i
0,829
0,829
I044 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Le 6 décembre la comète était une nébulosité de grandeur i3,2, diflfuse, vague-
ment arrondie, et de 3o" de diamètre. Au centre se trouve une condensation demi-
slellaire, demi-diflfuse, un peu granuleuse et qui ressort légèrement (G. B.). »
ASTRONOMIE. — Éléments provisoires de la comète Giacobini (2 déc. 1902),
calculés par M. G. Fayet. Note présentée par M. Lœwy.
« Ces éléments ont été calculés au moyen des observations faites à
Paris, le 8 décembre, par M. Fayet, et à l'aide des observations des
3 et 5 décembre, faites à Nice, et que M. Perrotin a bien voulu nous com-
muniquer.
» Yoici les résultats obtenus :
Tz=:i9o3 mars 18,98,
t: = 1 19.52.40
0=117.80.21 ^ écliptique et équinoxe moyens de 1902,0,
i = 43.53. 9 j
log^ z=^ 0,45401.
cos p SX riz o",
Représentation du lieu moyen : O ^ — C
3^ = 4-3"
» En outre, une quatrième observation, faite à Paris, le 4 décembre, par
MM. Bigourdan et Fayet, a été représentée par les éléments précédents
de la manière suivante :
( cosp^X =+ 7",
^3 = - 6",
O
» Ces éléments sont naturellement très incertains, étant donné le petit
arc embrassé par les observations.
» Si l'on excepte la comète 1729, la comète actuelle semble celle pour
laquelle q (o,454o) est le plus grand. »
GÉOMÉTRIE. — Sur les propriétés du plan au point de vue de /'Analysis situs.
Note de M. Combebi.4c, présentée par M. Poincaré.
« M. Klein a montré, dans ses Vorlesungen ïihcr die nicht-euklidische
Géométrie, que, dans la Géométrie non euclidienne qui prend pour base
l'expression riemannienne de la distance, deux hypothèses, en particulier,
sont admissibles pour la convexité du plan, savoir :
» 1° Deux lignes droites ne peuvent avoir qu'un point commun, et alors
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1902. Io45
le plan est une surface doublement convexe et, en outre, est une surface
double;
y> 1^ Deux lignes droites qui ont un point commun en ont toujours un
second, et alors le plan est une surface à simple convexité.
w Mais il est évident que ces propriétés sont projectives et par suite
indépendantes de toute idée de distance. On doit donc les rencontrer
également, par exemple, dans la conception euclidienne.
M En effet, dans ce cas, si nous faisons mouvoir un point P sur une
droite D, dans un même sens, lorsque ce point franchit le point à l'infini
sur la droite, la droite OP, joignant ce point à un point fixe O exlérieur à la
droite, coïncide avec la parallèle MN mené à la droite D parle point O.
» La continuité exige que le segment OP, qui était compris entre le
point O et la droite D, passe de l'autre côté de la parallèle MN, de sorte
que ce segment reste infini, lorsque le point P continue son mouvement
vers sa position verticale.
» Un point de OP passe ainsi d'un côté à l'autre de la droite D sans fran-
chir celte droite, et, comme l'on peut supposer que ce point reste aussi
voisin que l'on voudra de la droite, on doit conclure de là que le plan est
une surface double et à plus juste raison doublement convexe.
» Comme l'idée de l'infini, tout comme l'idée parente de l'infiniment
petit, ne constitue qu'un procédé d'analyse ne correspondant directement
à aucune réalité géométrique, la conclusion doit être simplement que les
deux conceptions envisagées s'accordent également avec les propriétés
géométriques à distance finie.
)) Dans la seconde de ces conceptions, les points à l'infini de l'espace,
c'est-à-dire les points inaccessibles au moyen d'un déplacement euclidien,
forment non plus un plan, mais une région à trois dimensions, dans
laquelle tout point à distance finie a son correspondant par lequel passent
toutes les droites passant par le premier. Les deux régions sont séparées
par le plan de l'infini euclidien. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur une formule sommatoire dans la théorie des
fonctions à deux variables. Note de M. Marti.v Krausk, présentée par
M. Appel l.
« L Soit /(^j y) une fonction entière algébrique
( 1 ) /(^i y) = ^^drs^' j% '' -•- S = ^^-
Io46 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» On peut donner à l'expression
(2) F (^, y) =/(a; -h,y-/c) -/(x - h, y) ~ /{x, y-k) +/(a?, y)
la forme suivante :
n = in
n = l
» D'une façon analogue on peut développer les premiers, deuxièmes, etc.
quotients différentiels d'après les puissances de h et k, d'oîi
H = l
n^^m — 1
^F_ ^ (-irr d_ (jdf jdfy j.d'^^\f _,„ç^t!/|
Id^- 2d n\ l dy y dx'^^dy] dx- dy ^ ôy'^^' y
n =1
1 n = m — 2
(4; ( ^ — Zà '~^iT-l dx^- \ àx ^ dy) dx--^' "^ dx^- dy'' j'
n = l
')xdy ^ «! Vàxdy\ dx dy J dx"^^ dy dx dy''^^ ]
n = ï
n = m — 2
à'^ _ V (-i)'T il [Là/ . .à/y z» ^"-^V ..^"+V1
^-2- «! [ ^j-^ V d^"^ (^j; dx^dy^' ^ dy"-^^y
n = 1
» Définissons les nombres de BernouUi par l'équation
o ,
dv-F
puis multiplions les expressions (4) et, en général, l'expression de ^^^^ ^^_v>
successivement par
I, —hji, h^k, 7^^2/i% 7^26;M, ^<^2^'
et faisons la somme des produits obtenus. Alors, à droite, il subsistera le
seul terme hk , , ? et nous obtiendrons la formule
d.r dy
J^ f^j' ^ /i ! Y ^-^ ^.,>''
n-d
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1902. Io47
dans laquelle il faudra développer l'expression
(«'i-^-'''|:)'"'
d'après les règles ordinaires et, après cela, écrire, à la place des puissances
et des prodints de y- et -j-, les quotients diflPérentiels correspondants, et,
à la place de b^resp. b'^', les grandeurs b^ resp. b^.
» Dans cette formule (5) nous écrirons, en place de x el de y, x ■+- rh
et y + sk, et ferons rresp. s prendre successivement les valeurs 1,2, . ., p,
resp. I, 2, ..., q. On additionnera toutes les formules correspondantes ;
alors oti obtiendra à gauche la somme
o
r — p s — q
fj^ ^ à'fi^v + f'h, y -+- sk)
2^ ^ dx ôy
» Pour être à même de simplifier le côté droit, nous introduirons la
fonction
j F,(^-,j)= f{x-^ph,y^qk)-f{x+ph,y)
(6)
et nous arriverons à la relation
r= p s = il n:=tn
r=l 5=1 n=0
» En appliquant cette formule au cas spécial où f{oc,y) est égal
à (;r + 7)"^^ puis, donnant à £c et j les valeurs spéciales x-= y — o, on
obtient la somme que M. Appell traite, dans une Note qui paraîtra sous
peu, dans X Archiv der Mathematik und Physik et qui m'a amené à établir la
formule (7).
» II. Comprend-on ^ous f{x,y) une fonction quelconque, la somme
hh y y à^fi^ + rh, y-hsk)
JU^mk dx dy
peut être poursuivie d'après la même méthode. Ce qui différencie, dans
ce cas, les formules (3), (5), (7) des formules données jusqu'à présent,
c'est qu'un reste s'y produit à droite. Dans l'équation (3), celui-ci a la
Io48 ACADÉMIE DES SCIENCES.
forme
ml J^ ^ -^ W àx dy )
» Pour simplifier le reste à droite dans l'équation (5), nous introdui-
rons les fonctions
(.o-.o=r/»''-^'^-:^''-^"o-'-^^)+^'^'-^"t"'"v--'+^-)r>
» Le reste s'écrira alors :
(m)
{m)
(-0" fWl^à'f , z.^î /^?t A^?.
ml J^ \ dx dy ôx dy J
» Le reste de l'équation (7) sera facile à établir par simple addition. »
PHOTOGRAPHIE. — Sur une chambre noire pour la photographie trichrome.
Note de M. Prieur, présentée par M. Lippmann.
« Cet appareil est une chambre du type connu sous le nom iV appareil à
main, instantané, et par conséquent très facilement transportable. Il est
chargé de douze plaques, c'est-à-dire de quatre trios chromatiques; chaque
plaque doublée de l'écran convenable est amenée au foyer de l'objectif
dans le minimum de temps.
» Le j)roblème à résoudre était celui-ci : Trouver un mécanisme qui, à la
fermeture de l'obturateur, amenât la chute concomitante de la plaque impres-
sionnée et en même temps son remplacement au foyer de l' objectif par la plaque
suivante, et ainsi de suite.
» L'adaptation à la chambre noire d'un mouvement d'horlogerie qui
commande ces diverses opérations a })ermis de trancher la difficulté. La
pression d'une poire pneumatique déclenche ce mouvement d'horlogerie
qui détermine la chute de chaque plaque et l'avancée de la suivante. Ces
mouvements s'accomplissent sans déplacement de l'appareil. Par une belle
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1902. 10.49
journée de juiller, de 11^ à 3*" de l'après-midi, l'exécution de chaque trio
chromatique n'a demandé que 2 secondes. »
ÉLECTROCHIMIE. — Sur les électrodes bipolaires à anode soluble. Note
de MM. André Brochet et C.-L. Barillet, présentée par M. H.
Moissan.
« Dans une Note précédente (^Comptes rendus, t. CXXXV, p. 854) nous
avons indiqué comment se comporte une électrode bipolaire à anode inso-
luble placée dans un électrolyseur à sulfate de cuivre. Voyons maintenant
quelle est l'action d'une électrode bipolaire en cuivre placée dans le même
appareil.
» A priori, il est à présumer, en supposant, d'une part, que le cuivre n'a
pas d'action spéciale, d'autre part, que le flux de courant est uniforme,
c'est-à-dire que l'anode et la cathode ont la même surface que la section
de l'électrolyseur, que le rapport du poids du cuivre déposé sur l'inter-
cathode au poids du cuivre déposé sur la cathode doit être égal au rapport
de la surface de l'interélectrode à la section de l'électrolyseur.
» En réalité, les chiffres obtenus sont beaucoup plus faibles.
» Dans un tel système, le poids du cuivre déposé sur l'intercathode étant
sensiblement égal au poids de métal dissous à l'interanode, l'électrode bi-
polaire ne change pas de poids et il n'est pas possible, par pesée directe,
de savoir ce qui s'est passé.
» Nous avons tourné la difficulté en constituant notre bipolaire par deux
lames de cuivre de io*=™ de côté, réunies dos à dos par des bagues de caout-
chouc. La cuve employée avait i3'^'^,5 de côté. La hauteur du liquide était
également de i3^™,5.
)) En supposant le flux de courant régulier, le cuivre déposé sur l'inter-
cathode aurait dû élre égal à ^y-^» soit 55 pour 100 du cuivre déposé sur
la cathode.
» Les résultats que nous avons obtenus, pendant i heure, avec des
électrodes distantes de deux fois 3^™, sont consignés dans le Tableau ci-
dessous :
Cuivre déposé sur
(B).
D
Rapport — •
10, 1 pour 100
23,8 »
Intensité corrigée.
amp
0,2J
0,47
la cathode (A).
o%48
0,555
lintercathode
g
0,025
0, 182
G. R., 1902,
2' Semestre. (T,
CXXXV, N» 23.)
.37
ÏOOO ACADEMIE DES SCIENCES.
Cuivre déposé sur
i,,m ,1, D
Intensité corrigée. la cathode ( A). l'intercathode (B ). *^P ' a'
* amp g g
1,12 1,322 0,427 32,3 pour 100
1,34 1,582 o,53o 33,5 ))
1,85 2,181 0,817 37,4 »
2,80 3,3o9 1,499 45,4 »
» Les électrodes bipolaires de cuivre, comme celles de platine, tendent
donc à s'opposer au passage du courant et déforment le flux dans un élec-
trolyseur à sulfate de cuivre.
» Sans chercher pour le moment la cause exacte du phénomène, nous sommes
naturellement conduits à admettre l'existence d'une résistance apparente due à un
phénomène de polarisation.
» Un autre fait A'ient d'ailleurs confirmer celte manière de voir. Si l'on examine
l'interélectrode et l'intercathode, on remarque que le bord des lames n'agit pas du
tout, c'est-à-dire qu'il n'y a pas de dépôt sur l'intercathode et que l'intéranode ne se
dissout pas. On obtient ainsi une marge variable avec l'intensité du courant. Dans les
conditions précédentes, avec une intensité de c''™?, i, cette marge est de 1'='" environ.
» On est donc en droit d'admettre qu'il y a là une force contre-électromotrice de
polarisation. D'ailleurs lorsque l'on coupe le circuit d'un voltamètre à cuivre, on
constate entre les deux électrodes une légère différence de potentiel due à une force
contre-électromotrice de polarisation, donnant naissance à un courant secondaire,
inverse du courant primaire.
» Récemïîient, M. Leduc {Comptes rendus, t. CXXXV, p. 23) a établi qu'un fil
d'argent placé dans un voltamètre à argent ne subissait aucune action et attribuait ce
fait à une force contre-électromotrice de o''"'',o3. Dans le cas du voltamètre cuivre-
sulfate de cuivre, cette force éleclromotrice de polarisation est de l'ordre des milli-
volts.
» Cette force peut suffire pour expliquer qu'il ne passe rien au travers d'une
électrode isolée occupant une portion très minime de l'électrolyseur, elle devient
insuffisante pour expliquer des faits de l'ordre de grandeur de ceux que nous signalons.
» Pour étudier ce phénomène, considérons une électrode bipolaire parfaite, c'est-
à-dire séparant la cuve électrolytique en deux parties, sans aucune communication
par l'électrolyte, et considérons, d'autre part, un système anode-cathode bien fixe.
» Ce sj^stème étant placé dans la cuve, nous mesurons la différence de potentiel cor-
respondant à une intensité donnée ; le même système étant placé dans une cuve exac-
tement semblable mais sans électrode bipolaire, donnera pour la même intensité une
nouvelle valeur plus faible. La différence entre les deux correspond à la chute de
potentiel occasionnée par l'électrode bipolaire.
» On obtient ainsi une série de valeurs, variables avec l'intensité.
» Les phénomènes de polarisation qui se produisent au contact d'une électrode
bipolaire parfaite sont évidemment les mêmes que ceux qui se passent pour l'ensemble
des deux électrodes, anode et cathode, placées dans les mêmes conditions. La méthode
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1902. Io5l
que nous avons indiquée précédemment permet donc de mesurer ces phénomènes aussi
bien dans le cas d'anode insoluble que d'anode soluble.
» Poggendorf, Lecliner, Lenz, etc., remarquèrent aux électrodes un phénomène ana-
logue et lui donnèrent le nom de résistance de passage. Rappelons également qu'en
1887 M. Bary signala dans les piles une action de même nature, mais agissant alors
comme force pour-électromotrice.
» Ce que nous tenons à faire remarquer, c'est l'importance de ce phénomène dans le
cas d'anodes solubles, puisque les valeurs que nous avons trouvées atteignent, pour les
conditions ordinaires de la pratique, 10 pour 100 de la difFérence de potenliel aux
bornes.
)) De l'ensemble de nos recherches sur les électrodes bipolaires, nous
nous avons tiré les conclusions suivantes :
» 1° Les électrodes bipolaires à anode soluble, à la question d'intensité
près, déforment le flux de courant delà même façon que celles à anode
soluble, en vertu de phénomènes importants de polarisation.
)) 1° La bonne utilisation des électrodes bipolaires exige que celles-ci
forment cloison étanche, les espaces réservés à la circulation du hquide
devant être aussi restreints que possible pour éviter les pertes par dériva-
tion, considérables même avec les anodes solubles.
)) 3° Si l'appareil nécessite une agitation énergique que l'on ne peut
obtenir qu'en faisant circuler l'électrolyte transversalement entre les élec-
trodes dans tous les compartiments à la fois, les électrodes devront être
enchâssées dans des cadres de grandes dimensions pour que leur utilisation
soit rationnelle.
» 4** Dans un électrolyseur on pourra employer des pièces métalliques
ne communiquant pas avec les électrodes, non seulement si le métal agit
comme anode insoluble, mais également s'il agit comme anode insoluble.
Aucune règle précise ne peut être donnée à ce sujet; l'essai seulfîxera. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur le chlorure thallique. Note de M. V. Thomas,
présentée par M. Moissan.
« Dans une Note que j'ai publiée dans les Comptes rendus du 3 mars 1 902,
j'ai décrit d'une façon générale les composés halogènes du tliallium du
type Tl X^ J'ai montré, entre autres, la formation facile des composés cor-
respondant aux formules
TlCl%4H^O, rlCPBr,4H-0, TIClBrS4H^O et TlBr%4H=^0,
1032 ACADEMIE DES SCIENCES.
composés qui sont tous caractérisés par la facilité avec laquelle ils peuvent
se combiner avec i™°' d'hydracide. Si les deux termes extrêmes de la série
représentent, sans contestation aucune, des|individualités chimiques bien
nettes, il n'en est plus de même des composés [intermédiaires qu'on pour-
rait envisager, comme des mélanges de chlorure et de bromure :
3T1 CPBr, 4H20 = 2TI GP, 4H-^0 + Tl Br\ /jH^O,
3Ti Cl Br% 4H20 = 2TI Br', /^R^O + Tl Cl% liR^O.
» L'étude du trichlorure qui fait l'objet de cette Note m'a permis de
décider entre les deux interprétations.
» Propriétés du trichlorure Tl CF, 4 H^O. — Le trichlorure de thallium, tel qu'on
l'obtient en refroidissant ses solutions concentrées, se présente en longues aiguilles
transparentes. Lorsqu'on les écrase, elles donnent une poudre blanche qui fond faci-
lement en la projetant sur le bloc de Maquenne chauffé à 36°-37°. Ce point de fusion
est différent du reste de celui donné par R. Meyer (^), Ce savant a donné successive-
ment comme point de fusion 45° et 43°, comme point de solidification 33°.
» Abandonné au contact de l'air, le chlorure thallique est hygrométrique, d'après
R. Meyer, et inaltérable d'après Cushmann (^). En réalité, il se comporte comme un
hydrate facilement dissociable à la façon du phosphate de soude et qui, suivant l'état
hygrométrique de l'air, absorbe ou non de la vapeur d'eau. Il n'est déliquescent, aux
environs de 17°, que lorsque l'état hygrométrique de l'air est supérieur à -j^, ce qui
correspond à une tension de dissociation très voisine de 23™™ de mercure.
» A 17°, la solubilité dans l'eau est de 86,2 pour 100, et la solution saturée à cette
même température a une densité de i,85.
» Si, au lieu de laisser le chlorure thallique au contact de l'air humide, on l'aban-
donne dans une atmosphère desséchée, on observe un phénomène intéressant. Le chlo-
rure subit une sorte de fusion aqueuse, puis peu à peu dans la masse liquide se séparent
à nouveau de gros cristaux formés dhexagones réguliers. L'expérience peut être faite
facilement en abandonnant côte à côte dans un tube de verre scellé à la lampe deux
nacelles renfermant, l'une un poids déterminé de soude caustique, l'autre un poids
déterminé de chlorure tétrahydraté. Dans de telles conditions, j'ai trouvé qu'après
17 semaines le chlorure thallique avait perdu la majeure partie de son eau sans
qu'il soit possible de déceler la plus petite perte en chlore :
» 0^,595 de TICP, 4H^0 ont perdu io4™s, soit 17,47 pour 100 d'eau. La transfor-
mation deTlGP, 4H^0 en TlCl', H^O correspond à une perte de i4>09 pour 100; la
transformation en sel anhydre à 18,82 pour 100.
» Que cette transformation en sel anhydre soit possible, cela ne peut être mis en
doute. Si, dans l'expérience que je viens de mentionner, la perte en eau est trop faible,
(') Zeit. anorg. Ch., t. XXIV, 1900, p. 32i, et t. XXXII, 1902, p. 72.
(*) Amer, ch. Journal, t. XXVI, 1901, p. 5o5.
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1902. Io53
la raison en est bien simple : après fusion, Je chlorure commence à se solidifier à la
surface, et la croûte qui prend naissance forme un véritable écran qui isole plus ou
moins complètement la couche liquide sous-jacente du milieu extérieur desséchant.
» En opérant dans le vide, la déshydratation est rendue plus rapide. On observe
d'ailleurs les mêmes phénomènes, mais la solidification du chlorure liquéfié se fait ici
moins lentement; au lieu de fournir de gros cristaux hexagonaux, la liqueur se prend
en une masse de petites lamelles d'apparence hexagonale qui finit bientôt par se des-
sécher complètement. On peut du reste vérifier facilement que, même dans le vide
fourni par une trompe à mercure, la déshydratation se fait totalement sans perte
de chlore.
Trouvé : Perte en eau. . . 18,66 pour 100. Calculé : 18,82 pour 100.
» D'autre part l'analyse directe du chlorure thalliquea fourni :
Cl 34,08 Calculé: 84,29
» Propriétés du chlorure thallique anhydre. — Lamelles hexagonales facilement
solubles dans l'eau et la plupart des solvants usuels. A l'air humide, il se liquéfie
rapidement en donnant une solution sursaturée de chlorure hydraté, solution qui,
sous la moindre influence, se prend immédiatement en masse. La transformation en
chlorure hydraté est parfois si rapide qu'il est souvent impossible d'obsei'ver la liqué-
faction. Soumis à l'action de la chaleur, le chlorure anhydre fond au voisinage de 20°.
A température plus élevée il se décompose facilement.
» La déshydratation totale du chlorure hydraté à 4H^0 dans une atmosphère des-
séchée aussi bien à pression ordinaire que sous pression réduite ne permet pas de
considérer les deux chlorobromures TlCl-Br,4H20 et TlCIBr^, 411^0 comme des
mélanges, de tels mélanges devant, dans le vide, entre autres, se comporter comme il
suit :
2T1CP,4H20 4- TBrS4H^0 = 2TICP H- TlBr^ m- Br + laH^^O,
Tici2Br,4JrMj Tpci^bT^"'
2TIBrS4H-0 -h TlCP,4H-0 = 2TlBr2H- TICP -}- 2Br -h iiWO.
~' T1CIBi^h"Ô t^bT^cÎ^^
» Or, j'ai montré précédemment que le chlorobromure TlCIBr^,4H'0 perd, dans
le vide, en même temps du brome et du chlore pour donner Tl^Gl-Br*. D'autre part
le chlorobromure TlCl-Br, 4H2O se comporte d'une façon analogue et conduit à un
autre chlorobromure, TPCl*Br-, déjà signalé par Wiegand (*).
» Si Ton compare les résultats de cette Note avec les travaux publiés
récemment par M. R. Meyer (^), on en pourra conclure dès maintenant
que deux points paraissent acquis indubitablement à la Science.
(') Inaugural dissertation; BevVm, 1899.
(') Zeit. anorg. Chem., 1902, t. XXXII, p. 72.
Io54 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» 1° L'existence du trichlorure de thallium anhydre;
» 2° L'existence de chlorobromures thalliqnes caractérisés par ce fait
qu'ils perdent dans le vide en même temps du chlore et du brome. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur le métaphosphate manganique violet de Gmelîn.
Note de M. Ph. Barbier, présentée par M. H. Moissan.
« Gmelin (') étudiant l'action de l'acide phosphorique concentré et for-
tement chauffé, sur lebioxyde de manganèse, signale la formation de deux
phosphates manganiques : l'un soluble dans l'eau avec une belle coloration
violette, analogue à celle du permanganate de potassium, l'autre insoluble,
couleur fleur de pêcher, sans en donner l'analyse; il considère ce dernier
comme un métaphosphate manganique.
» D'après Herrmann (^) la dissolution violette mentionnée ci-dessus
contient un métaphosphate manganique hydraté répondant à la formule
(P0^/Mn^H-2H^0.
M. Laspeyre(^), reprenant l'expérience de Gmelin, obtint une masse si-
rupeuse violet foncé, soluble dans l'eau avec une coloration rouge rubis;
la solution se décolore lorsqu'on la chauffe, en laissant déposer une poudre
cristalline gris verdâtre insoluble. Il ne paraît pas avoir observé la formation
du phosphate rose violacé insoluble de Gmelin.
» C'est une nouvelle élude de cette réaction qui fait l'objet de cette Note.
» J'ai réalisé très aisément la production du phosphate de Gmelin en chauffant dans
une capsule en platine une partie de bioxyde de manganèse précipité avec 4,5 parties
d'une solution d'acide phosphorique de densité 1,70. On agite constamment jusqu'à ce
que la masse devienne presque sèche et prenne la couleur violette; on laisse refroidir
et l'on ajoute deux parties d'acide phosphorique. On continue à chauffer; l'opération
est terminée lorsque la masse pâteuse a pris la couleur fleur de pêcher.
» On traite par l'eau froide le produit delà réaction et Ton obtient, comme l'indique
Gmelin, une dissolution violette et une poudre rose violacé insoluble que l'on achève
de purifier par des lavages prolongés à l'eau distillée froide.
» En ce qui concerne la dissolution violette, j'ai vérifié les observations de II.
Laspeyre, c'est-à-dire que j'ai constaté que cette dissolution prend, après quelques
(*) Gmelin, Handb. de?- Chem., 4® édition, t. II, p. 645.
('-) Herrmann, Ann. der Chem. u. Pharm., t. LXXIV, p. 3o3.
(^) Laspeyre, Journ. prakt. Chem., 2* série, t. XV, p. 020.
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1902. Io55
jours, une coloration rubis et que, sous l'influence de l'ébuUitiOn, elle se décolore en
laissant déposer une poudre gris verdàtre.
» J'ai laissé provisoirement de côté l'examen de cette dernière substance pour
étudier de préférence le corps rose violacé de Gmelin.
» Le dosage du phosphore et du manganèse dans ce sel m'a donné les résultats
suivants :
P pour 100 3i,6 3i,7
Mn pour 100 18,9 18,6
Ces chifl'res conduisent à la formule (P^O®)^Mn^ qui exige :
P pour 100 3i ,8
Mn pour 100 18,8
» Cette combinaison est donc bien un métaphosphate ainsi que le prévoyait Gmelin,
mais ce métaphosphate ne saurait être confondu avec le métaphosphate hydraté en
cristaux rouges signalé par Herrmann : on doit le considérer comme un hexaméta-
phosphate manganique.
» Il se présente sous la forme d'une poudre couleur fleur de pêcher, insoluble dans
l'eau, soluble dans l'acide chlorhydrique avec dégagement de chlore; les dissolutions
alcalines le détruisent en mettant en liberté du sesquioxyde de manganèse.
» Chaufl'é au rouge dans un creuset de platine, il perd sa couleur et se transforme
en métaphosphate manganeux; fondu en présence de phosphate diammonique, il se
dissout entièrement et donne une masse d'une belle couleur violette soluble dans l'eau. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Dérivés d'addition du cyclohexéne. Note de M. Léox
Bruxel, présentée par M. A. Haller.
» En partant du cyclohexéne, obtenu du monochlorocyclohexane
comme l'a indiqué Markownikoff(* ), j'ai préparé plusieurs dérivés nou-
veaux: l'éther monoiodhydrique d'un glycol hydroaromatique, l'orthocy-
clohexanediol, les éthers méthylique et éthylique de cette iodhydrine et
l'orthochloroiodocyclohexane.
» I. Iodhydrine de V orthocyclohexanediol : I(i) — C^H*" — 0H(2). — Celui de
ces composés qui m'a servi de point de départ a été obtenu par une méthode employée
par Lippmann (^) pour fixer les éléments de l'acide hypoiodeux sur l'amylène.
» I^orsque, à 2™"' de cyclohexéne dissous dans l'éther ouïe chloroforme, en présence
de 1™°^ d'eau et de 1™°^ d'oxyde jaune de mercure, on ajoute peu à peu et en agitant de
l'iode, celui-ci disparaît aussitôt. Quand on a employé 4*' d'halogène la liqueur ne se
(^) Liebig's Annalen, t. CCCII, p. 27.
(^) Comptes rendus, t. LXIII, p. 968.
I056 ACADÉMIE DES SCIENCES.
décolore plus après une nouvelle addition ;un excès d'oxyde jaune ne modifie pas la réac-
tion. Celle-ci donne naissance à l'iodhydrinede rorlhocyclohexanediol qu'on prépare dès
lors de la façon suivante : 4os de cyclohexéne sont dissous dans i 50*^"' d'éther exempt
d'alcool, on ajoute 7s à 8s d'eau et 55s d'oxyde jaune de mercure, puis, par petites por-
tions, 124s d'iode, en agitant après chaque addition d'halogène. La réaction développe de
la chaleur et il est nécessaire de refroidir. On filtre à la trompe après décoloration delà
liqueur et le biiodure séparé est lavé à l'éther. La dissolution éthérée est agitée avec
une solution concentrée d'iodure de potassium contenant une petite quantité de sulfite
acide de sodium pour enlever l'iodure mercurique et les traces d'iode qui restent. Le
liquide est séché sur le sulfate de sodium anhydre; le chlorure de calcium fondu,
décomposant le produit, ne doit pas être employé. Le dissolvant étant retiré par
distillation, il reste dans le ballon une matière huileuse. Celle-ci cristallise après
refroidissement, par agitation ou amorçage. Les cristaux, séparés par essorage d'une
petite quantité de liquide huileux qui les imprègne, sont purifiés par cristallisation
dans la benzine ou l'éther a;ihydre.
j> La réaction qui donne naissance à ce corps semble être la suivante :
aC^Hio-i- HgO + P-h H-0 = 2(1 — C«Hi«— OH) + HgP.
» Les analyses concordent avec la formule OH — C^H^" — I, c'est-à-dire la compo-
sition de l'éther monoiodhydrique d'un orthocyclohexanediol. D'ailleurs, les réactions
de ce corps, sur lesquelles je reviendrai, établissent nettement sa nature.
» Celte iodhydrine cristallise en gros prismes orthorhombiques, incolores, inalté-
rables à la lumière et très stables à la température ordinaire; elle est insoluble dans
l'eau, très soluble dans la plupart des solvants organiques; elle fond à ^i", 5-42° et se
sublime dans le vide dès la température ordinaire. Elle se décompose lorsqu'on la
chauffe au-dessus de 100° et est entraînée par la vapeur d'eau avec légère décompo-
sition.
» IL Éthers oxydes de l'iodhydrine. — Lorsque, dans la réaction précédente, au
lieu de se servir d'éther comme solvant, on emploie un alcool tel que l'alcool méthy-
llque ou l'alcool éthylique, le produit obtenu est différent du précédent.
• » On opère comme il a été dit ci-dessus, et la liqueur alcoolique résultant de la
réaction est versée dans une solution d'iodure de potassium additionnée d'une trace
de sulfite pour éliminer le biiodure de mercure. Le produit réuni au fond du vase est
séparé et desséché sur le sulfate de sodium anhydre.
» Dans ce cas, c'est-à-dire en présence d'un alcool, la réaction se passe comme si
le carbure fixait les éléments de l'éther hypoiodeux de l'alcool employé. Par exemple,
avec l'alcool méthylique, la réaction serait la suivante :
2C«H^« -h 2CH30H -^ P-H HgO = 2 [CH^O — C«Hi«— I] -\- HgP--^ H^O.
» Éther oxyde méthylique : \^^~^ — C^H'»*— OGH;\). — On obtient ainsi, avec
l'alcool méthylique, l'éther oxyde méthylique de la monoiodhydrine de l'orthocyclo-
hexanediol. Il constitue un liquide huileux, mobile, à peu près incolore, de densité
1,565 à i4°, très stable à la température ordinaire, ne se colorant pas à la lumière.
11 ne peut être distillé à la pression normale sans décomposition ; sous pression
réduite, il bout inaltéré à ii4° sous 49™'"-
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1902. Io57
» Éther oxyde éthylique : \^^^ — CH''^ — OG'^Hf,). — En opéranide tnême avec une
solution de cjciohexène dans l'alcool éthylique, on obtient l'éther oxyde éthylique
de l'iodhydrine du cyclohexanediol. C'est un liquide huileux, incolore, de densité
1,484 à i5°, ne se colorant pas à la lumière, bouillant à 118° sous 47°"° sans décom-
position,
» III. Orthochlovoiodocyclohexane : I^j^C^H'^GI;,,. — Toutes les réactions pré-
cédentes ont été effectuées avec l'oxyde jaune de mercure. Si l'on remplace dans la
préparation de l'iodhydrine l'oxyde de mercure par le bichlorure, la réaction s'opère
dans un sens différent et l'on obtient un dérivé chloré et iodé.
» 2™°i de cyclohexène étant dissoutes dans l'éther, on ajoute 1™°' de bichlorure de
mercure puis, en agitant et par petites portions, 4*' d'iode, la préparation étant d'ail-
leurs conduite comme celle de l'iodhydrine. Le produit brut reste comme résidu
après séparation de l'éther. On le purifie par distillation sous pression réduite. Le
composé obtenu est Torthochloroiodocyclobexane. Dans la réaction qui lui donne
naissance il y a fixation d'une molécule de protochlorure d'iode sur chaque molécule
de carbure. La réaction peut être formulée :
2C«H'9+ HgCl"- ^ I* = 2 [Cl — C«Hio— I] + HgP.
» La présence d'une petite quantité d'eau ne change pas le résultat. Le même
corps peut d'ailleurs être obtenu par action directe du protochlorure d'iode sur le
cyclohexène.
» Pour préparer le chloroiodocyclohexane 1.2 par ce procédé, 4'° de cyclo-
hexène sont dissous dans 100*^™' d'acide acétique cristallisable. On ajoute à cette
solution, par petites portions, 8iS, 5 de protochlorure d'iode dissous dans 200'^'"' d'acide
acétique. La réaction se fait avec dégagement de chaleur, et il est nécessaire de
refroidir. La liqueur résultant de la réaction est versée dans un grand excès d'eau
contenant une trace de bisulfite. Le composé réuni au fond du vase est séparé et
desséché.
» Quel que soit son mode d'obtention, le corps obtenu est un liquide huileux,
presque incolore, d'odeur camphrée, soluble dans l'éther et dans l'alcool, de den-
sité 1,7608 à 14°, ti'ès rapidement entraînable à la vapeur d'eau, avec légère décom-
position. Il ne peut être distillé à la pression ordinaire, mais bout sans décomposition
à 117° n8° sous i4""°. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur un dic/ilorhydrate et un dibromhydrate de
cadinène, et un cadinène régénéré dextrogyres. Note de M. ëaiiliex
Grimal, présentée par M, A. Haller.
« Dans une Note précédente, que j'ai eu l'honneur de communiquer à
l'Académie ('), j'ai montré que l'essence de bois de Cèdre de l'Atlas,
(') Comptes rendus, séance du i3 octobre 1902.
C. H., 1902, 2« Semestre. (T. CXXXV, N» 23.) ^^^
Io58 ACADÉMIE DES SCIENCES.
retirée du Cedrus atlantica, renfermait du cadinène, fournissant un
dichlorliydrate et un dibromhydrale cristallisés.
» Comme, jusqu'ici, les dérivés halogènes du cadinène, droit ou gauche,
ainsi que le cadinène régénéré, n'étaient connus que sous la seule forme
lévogyre, la présente Note a pour but de faire connaître nos résultats sur
ce sujet.
» De cette essence de Gèdi-e, j'ai pu extraire directement par distillation, grâce à
de très nombreux fractionnements, un cadinène dextrogyre dont les caractères sont
les suivants :
Poids sj)écifique à i5" d = 0,9224
Indice de réfraction à 20" /<i, = i ,5i07
Pouvoir rotatoire spécilique à 20° [a]i,z=i-i-48"7'
» Point d'ébullition, 2^3° à 275°, à la pression ordinaire.
» Poids moléculaire en solution benzénique, 202,8; calculé pour C'^H-*, 20^.
» L'analyse donne :
Calculé
pour C'^H-'.
Carbone ^'] ^9^ 88 , 2^
Hydrogène 11,62 ii;76
» Ces caractères et ces résultats analytiques correspondent bien à un cadinène
droit.
» Ce dernier, en solution dans l'élher bien desséché, sous l'influence d'un courant
très lent d'acide chlorhydrique pur et sec, donne des cristaux de dichlorhydrate, ainsi
qu'il a été indiqué.
» Ces cristaux, purifiés par plusieurs cristallisations dans l'éther acétique chaud,
présentent les constantes suivantes :
Point de fusion 117°-! 18° Poids moléculaire 276,8
« Ils sont identiques, parla, au dichlorhydrate de cadinène de Wallach. Cependant,
ils en diffèrent par leur pouvoir rotatoire.
» Trois déterminations, en solution chloroformique, ont donné :
I. II. III.
[a]f,o +8°54' H-8°5i' +8«59'
» Ce dichlorhydrate de cadinène, contrairement à tous ceux qui ont été obtenus
jusqu'ici, est donc dextrogyre.
» Plusieurs déterminations, en solution dans l'éther acétique, ont donné, en
moyenne :
[a]6«=:+ 25°, 4o'.
» Pour cette raison, j'ai cherché à régénérer le cadinène.
» A cet effet, le cf-dichlorhydrate précédent a été chauffé pendant une demi-heure
avec un mélange d'acétate de sodium fondu et d'acide acétique glacial ; après refroi-
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1902. Io5q
dissement, la masse a été additionnée d'eau, sur laquelle est venue surna<^er une
couche huileuse; celle-ci, décantée, a été alors dissoute dans l'élher. Après addition
de carbonate de soude pour la saturation de l'acide acétique, la solution éthérée a été
desséchée sur du sulfate de soude anhydre. Par évaporation spontanée de l'éther il
reste un liquide qui distille entre 272° et 27/4°, sous la pression ordinaire.
» Par une deuxième distillation, a été obtenu un cadinène régénéré droit dont les
propriétés suivent :
Poids spécifique ài5" <i:=o,92i2
Indice de réfraction à 20" «d = i ,5og^
» Point d'ébullition, 2j^''-'2'jo° (à la pression ordinaire).
)) Pouvoir rotaloire spécifique à 20° [aj^** z= + 47° 55'.
» Les propriétés de ce corps sont, en général, assez voisines de celles du cadinène
régénéré gauche de Wallach, sauf en ce qui concerne le pouvoir rotatoire.
» En résumé, j'ai isolé le <^-dichlorhv(lrate de «f-cadinène, le r/-dibrom-
hydrate de rZ-cadinène et le c?-cadinène régénéré inconnus jusqu'à ce
jour. »
CHIMIE INDUSTRIELLE. — Sur T essence de vétyçer. ^ote de MM. P. Ge.wresse
et G. Langlois.
« Malgré le travail intéressant et consciencieux de M. Theulier (liuli.
de la Soc. chim., 3' série, t. XXV, p. 4^4)» on ne connaissait encore rien
sur les constituants de l'essence de vétyver, lorsque nous avons entrepris
ce travail; nous pensons avoir résolu en partie la question.
» Nous avons opéré sur l'essence de Bourbon qui nous a été fournie par
M. Roure Bertrand fils, et sur une essence distillée à Grasse par MM. Tom-
barel.
» Nous avons rencontré les mêmes substances dans les deux essences,
mais en proportions différentes, l'essence de Bourbon contenant plus de
sesquiterpène que celle de Grasse.
» L'essence de Bourbon avait une densité de o ,993 à 20", et un pouvoir
rotatoire de + :i'^^ [{i' en solution alcoolique; celle de Grasse une densité
de 1,012 3 20", et un pouvoir rotatoire de 4- 27'' 9' à la même température.
» L'essence de Bourbon était neutre aux réactifs ; celle de Grasse, acide.
» Voici la marche qui nous a donné les meilleurs résultats : Nous
entraînons l'essence par la vapeur d'eau. L'entraînement est très lent.
loGo ACADÉMIE DES SCIENCES.
Il passe d'abord une substance moins dense que l'eau, que nous mettons à
part, et une plus dense. Nous entraînons ainsi à peu près le tiers du liquide.
Ce qui reste dans le ballon n'a plus d'odeur; nous y reviendrons.
» Vétyvène C^'^H-^. — Ce qui est plus léger que l'eau est un mélange de sesquiler-
pène, d'un alcool sesquiterpénique et de son éther, le sesquiterpène dominant de
beaucoup. Nous isolons ce dernier par la distillation fractionnée; il passe d'abord, et
nous le purifions en le distillant trois fois sur du sodium; les résultats de sa combus-
tion concordent avec la formule C'^H^*. La détermination de son poids moléculaire
par la méthode de Raoult en solution acétique nous a donné le nombre 197; la théorie
pourC'^H^* exigerait 2o4 ; nous sommes donc en présence d'un sesquiterpène; nous
l'avons nommé vétyvène.
» Ce corps est un liquide mobile incolore, n'ayant sensiblement aucune odeur; sa
densité à 20° est de 0,982, et son pouvoir rolatoire à iS" de +18° 19'. Il bout à i35°
sous une pression de iS"™ et à 262*'-263'' sous une pression de 'j^o^^^.
» 11 absorbe 4"* de brome, sans dégager d'acide bromhjdrique; dès les premières
gouttes de brome, le liquide se colore en bleu.
» Nous avons essayé en vain de l'identifier avec un des sesquiterpènes connus;
l'hydratation nous a donné un liquide plus lourd que l'eau, paraissant ressembler à
l'alcool sesquiterpénique dont nous allons parler.
» Vétyvénol : C"^H-^0. — Ce corps s'obtient en saponifiant par la potasse alcoo-
lique le liquide entraîné plus lourd que l'eau. Nous en avons fait plusieurs analyses
qui correspondent toutes à la formule C'H^^O,
» Il se présente sous la forme d'un liquide jaune très clair, visqueux, n'ayant au-
cune odeur; sa densité à 20° est 1,011; son pouvoir rotatoire en solution alcoolique et
à la même température est + 53°43'. II bout à i69°-i70° sous une pression de i5""".
» Ce corps est un alcool; en effet, traité par l'anhydride acétique en présence de
l'acétate de sodium fondu, il nous a donné, quoique un peu impur, un éther acétique.
Sous l'influence des déshydratants, il perd de l'eau et donne un sesquiterpène qui
nous a présenté les caractères du sesquiterpène contenu dans l'essence; il ne faut pas
employer l'anhydride phosphorique qui donne surtout des résines, mais bien l'acide
oxalique desséché à 100°.
» Ce qui reste dans le ballon est un mélange de l'alcool précédent et d'un acide;
il n'a aucune odeur.
» Nous retrouvons ce même acide dans la potasse alcoolique qui nous a servi à sa-
ponifier le vétyver entraîné par l'eau et plus lourd que cette dernière.
» L'acide n'a pu être obtenu à l'état cristallisé; il est blanc, visqueux, brunissant à
l'air, très peu soluble dans l'eau, à laquelle il communique la réaction acide, très peu
entraînable par l'eau; son sel de potasse est soluble; son sel d'argent l'est peu. L'ana-
lyse du sel d'argent nous a conduits à la formule C^^H--0*Ag-; mais nous ne la
donnons que sous toutes réserves, n'ayant point obtenu avec cet acide de composé
cristallisé; nous pourrions aussi avoir afl"aire à un mélange d'acides.
» Quant à la substance qui communique à l'essence de vétyver son odeur particu-
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1902. I061
Hère, il résulte de ce qui précède que c'est un étlier résultant de la combinaison de
l'acide précédent avec le vétyvénol ; il existe en petite quantité dans l'essence, au plus
un dixième, et il se saponifie très facilement, même par l'eau, comme le démontre le
résidu du ballon où a eu lieu l'entraînement.
)) Conclusion. — Il résulte de ce travail que l'essence de vétyver contient,
outre l'éther qui lui donne son odeur, un sesquiterpène et un alcool
sesquiterpénique. »
ZOOLOGIE. — Sur la mue, r excrétion et la variation du rein chez des
Poules carnivores de seconde génération. Note de M. Frédéric
HOUSSAY.
« Les Poules dont je viens de terminer l'étude anatomique ont été
exclusivement nourries depuis leur naissance avec des déchets frais de
viande de boucherie (albuminoïdes et graisses crues) et proviennent d'ani-
maux nourris dans les mêmes conditions pendant une année entière à
partir de l'âge de 4 oli 5 mois. Pour exprimer en poids ou en longueurs
la variation organique de ces derniers, je n'avais publié l'an passé (')
que des valeurs absolues, ce qui suffisait parfaitement, vu que les écarts
étaient très considérables et les poids des animaux observés peu différents.
Sur la seconde génération, que j'étudie cette année, les variations sont
d'importance bien moindre; j'ai dû alors examiner les rapports de chaque
organe soit au poids total de l'animal auquel il appartient, soit au poids
actif du même animal.
Le poids actif se calcule sans peine à l'aide du poids total, pris le jour de la mort,
diminué du poids, directement obtenu, des plumes, de la graisse et du squelette
minéral. Quant au poids total, si l'on se bornait à prendre celui du jour de la mort,
on s'exposerait à de graves mécomptes en raison du moment choisi pour la lin de
chaque expérience annuelle : savoir, un mois ou six semaines après la cessation de la
ponte, c'est-à-dire à la fin d'une manifestation complète de l'état adulte.
» Or, après la ponte, les Poules subissent, comme il est bien connu, une mue avec
perte de plumes et amaigrissement; les mâles perdent les plumes de la queue, mais
ne maigrissent pas. La mue est bien plus importante chez les Poules carnivores que
chez les granivores, ainsi qu'en témoigne le tableau suivant :
(^) Voir Comptes rendus des 9 et 24 décembre 1901.
Io62 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Pourcentage
du poids lolal
Perle à la mue. des femelles.
e
Granivores 191 ,5o 1 1 ,71 "/o
Carnivores de première génération 3o4,33 1-^574 »
Carnivores de deuxième génération 376,33 19,36 »
» En outre, les Poules carnivores de deuxième génération se dépouillent presque
entièrement et ne conservent qu'une partie de leurs grandes plumes aux ailes et à la
queue.
» Ce résultat est en lui-même fort curieux. La santé générale des animaux en expé-
rience semble ne rien laisser à désirer et les poids moyens croissent à chaque généra-
tion de la façon suivante :
1938s, 2 1 iSî^', '2307S.
» Cependant les carnivores sont de plus en plus éprouvés par un état physiologique
critique : dans l'espèce une crise génitale, car la mue n'est pas autre chose.
» On voit ensuite comme conséquence que le poids total, auquel on se propose de
rapporter les poids des organes, doit être pris pour les diverses femelles au môme mo-
ment de la mue. J'ai choisi le poids qui précède juste la décroissance due à ce phéno-
mène. On obtient de la sorte des résultats qui sont tous comparables entre eux, ce qui
est la première condition d'une étude sérieuse.
» Parmi les organes qui continuent à varier d'une façon sensible, le rein tient le
premier rang. Voici réunies en un tableau les variations de son poids moyen dans les
trois générations déjà étudiées : la première granivore, et les deux suivantes carni-
vores. Les animaux sacrifiés ayant été saignés, les poids d'organes doivent s'entendre
vides de sang :
Nombres absolus 9)9^
Rapports à joos du poids total. o,5?.
Hapports à 100" du poids actif . 0,69,
» Dans le même temps, la quantité moyenne d'urée excrétée par poule et par jour
croît de la façon suivante :
os, loS oR,3i5 o",365
» Elle est donc aussi en progression, mais d'une façon bien moindre que le rein. Il
est vraisemblable que celui-ci éprouve une excitation morphogène par le surcroît de
travail dû non seulement à l'excrétion de l'urée, mais encore à celle de produits plus
toxiques, dont on pourrait peut-être déceler la présence par le dosage de l'azote total.
Mais les conditions peu rigoureuses dans lesquelles il est permis de recueillir, mêlée
aux excréments, l'urine des oiseaux rendraient illusoire une précision de cet ordre;
aussi n'avons-nous pas essayé de l'atteindre.
» Une troisième génération Carnivore maintenant amenée à la taille
12,91
1 6 , 1 5
o,63
0,73
0,88
1 ,06
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1902. Io63
adulte, dans des conditions de sanlé qui semblent bonnes, montre une
plasticité physiologique et morphologique assez étendue chez la Poule. La
réaction énergique du rein nous paraît un des facteurs de celte adaptation
relativement facile à un régime tout à fait nouveau; et des comparaisons
instructives seront à établir à cet égard avec d'autres expériences entre-
prises par divers auteurs et par moi-même sur différents Mammifères. »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Formation de la chlorophylle, dans l'air raréfié
et dans l'oxygène raréfié. Note de M. Jean Frieoel, présentée par
M. Gaston Bonnier.
« M. Palladine a montré que, dans des feuilles étiolées, détachées de la
plante, reportées à la lumière, la chlorophylle ne se forme que si l'aération
est assez considérable. Il en a tiré la conclusion suivante : « Pour que les
» plantes verdissent, il faut qu'elles reçoivent plus d'oxygène qu'il n'en
M ftuit pour la respiration » (*)..Te me suis proposé d'étudier l'action de l'oxy-
gène sur le verdissement, en opérant avec des plantes entières et dans
des conditions où l'on peut mesurer la pression des gaz. J'ai fait, aux labo-
ratoires de Paris et de Fontainebleau, un grand nombre d'expériences sur
le Lepidiuin saiivum.
» Deux lots de graines sont mis en germination à l'obscurité. Quand les jeunes
plantes sont suffisamment développées, on les porte à la lumière : un lot à la pression
atmosphérique, l'autre à une pression inférieure qui, dans la plupart des expériences,
a été de -. d'atmosphère environ. Les plantes maintenues à la pression normale pren-
nent rapidement une teinte verte très nette. Celles qui sont dans l'air raréfié sont
toujours beaucoup moins vertes; elles restent souvent complètement étiolées.
» Exemple. — Le 21 février 1901, trois lots de plantes ont été mis en expérience,
le premier à la pression normale, le second à \ atmosphère, le troisième à | d'atmo-
sphère environ. Le i""" mars, les deux premiers lois étaient verts ; le second, beaucoup
moins foncé que le premier; le troisième était resté complètement étiolé.
» J'ai fait une série d'expériences basées sur le même principe, en remplaçant l'air
raréfié par de l'oxygène raréfié. La pression totale était de ! ou j d'atmosphère, la
pression relative de l'oxygène à peu près la même que dans l'air atmosphérique. Le
verdissement a été sensiblement égal à celui du lot témoin, maintenu dans l'air
normal.
» Des résultats semblables ont été obtenus avec le Phaseolus niuUiJlorus sur lequel
i'ai opéré dans des conditions d'asepsie pour éviter les moisissures qui introduisent
(') Revue générale de Botanique, t, IX, p. 385.
Io64 ACADÉMIE DES SCIENCES.
des causes de perturbation dans les expériences. Dans l'air raréfié à -^ d'atmosphère,
les feuilles de Phaseolus sont restées presque étiolées avec une tendance à verdir à
peine perceptible; les tiges étaient blanches, les cotylédons jaunes.
» Dans l'oxygène pur, à la même pression, les feuilles, les cotylédons et les liges ont
verdi comme dans l'air normal (juillet 1902).
» Ainsi, dans l'air raréfié, la formation de la chlorophylle est très dimi-
nuée, la pression relative de l^ oxygène a une action prépondérante, la pression
totale ri a pas d"" influence sensible.
» Des expériences un peu différentes, faites également avec des germinations de
Phaseolus multijlôriis, en milieu stérilisé, ont montré que c'est bien l'absence d'oxy-
gène qui empêche le verdissement et non l'accumulation de gaz carbonique. Un
Phaseolus étiolé a été placé sous une cloche hermétiquement close à la lumière, avec
quelques cultures de Sterigmatocystis nigra qui avaient pour but d'absorber l'oxy-
gène sans produire d'oxyde de carbone et un récipient contenant une solution
concentrée de potasse. La cloche était munie d'un tube recourbé deux fois, retourné
sur du mercure de manière à former un manomètre à air libre. La respiration du
Phaseolus et surtout celle des champignons, enlève rapidement l'oxygène de la cloche;
la potasse absorbe le gaz carbonique au fur et à mesure de sa production, l'ascension
du mercure dans le tube indique la" proportion d'oxygène qui reste dans la cloche.
L'oxygène disparaît rapidement. Dans une expérience, au bout de 48 heures, le
mercure s'est élevé dans le tube de 12'=™. (Si tout l'oxygène avait été absorbé, le
mercure serait monté de 16'='" environ.) Dans ces conditions, la plante verdit à peine,
tandis que, chez les plantes témoins maintenues à l'air libre, la chlorophylle se forme
en abondance. La plante en expérience continue à vivre; mais la petite quantité
d'oxygène qui reste est insuffisante pour le verdissement (novembre 1902).
» C'est donc bien l'insuffisance d'oxygène et non l'accumulalion de gaz
carbonique qui entrave la formation de la chlorophylle. »
PALÉONTOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur quelques nouveaux Infusoires fossiles.
Note de M. B. Renault, présentée par M. E. Bornet.
« Nous avons signalé l'existence, à l'état fossile, d'Infusoires ('), dans
les lignites éocènes de l'Hérault. Ils étaient assez bien conservés pour que
nous ayons pu les classer dans la famille des Keronina marcheurs et na-
geurs, pourvus de cuirasse; nous avons admis que la cuirasse qui les proté-
(*) B. Renault et A. Roche, Sur la constitution des lignites {Bulletin de la Société
d'Histoire naturelle d'Autun, ii'^ Bulletin, 1898).
Fig. I.
Cliambre poUinique de Stephanospernuim contenant des
grains de pollen cloisonnés P et des groupes d'Infu-
soires O, C. Gross. : ^. Le microscope montre des détails
non rendus parla photographie dans les groupes d'Infu-
soires avec un grossissement de -, .
Fif
Grain de pollen O muni d'une exci'ois-
sance cellulaire P; gross. ^. _^^^
. Grains de pollen cloisonnes de SUphanospermum, 0.
Groupe d'Infusoires difflués en partie, R; gross. : H^ •
Les cirres et les cils sont visibles au microscope sous
un grossissement de ^.
C. R., 1902, 2' Semestre. (T. CXXXV, N» 23.)
] 3c)
To66 ACADÉMIE DES SCIENCES.
geait était la cause de leur conservation à l'état fossile, émettant quelques
doutes sur la conservation des Microzoaires nus.
» Les Infusoires dont nous nous occupons aujourd'hui sont bien plus
anciens; ils datent de l'époque houillère, ils sont silicifîés et dépourvus
d'enveloppe coriace protectrice.
» Nous les avons rencontrés à l'intérieur de la chambre pollinique de graines de
Stephanospermum {/ig' i, O, C), au milieu des grains de pollen. Nous en avons éga-
lement rencontré accompagnant des spores de Fougères; il semble que ces Micro-
zoaires se soient nourris de spores et de grains de pollen.
» Ce qui donnerait quelque créance à cette remarque, c'est l'aspect que présentent
certains des grains contenus dans la chambre pollinique.
« Le grain de pollen 0 {fig- 2) porte une excroissance P en forme d'haltère; on
ne peut attribuer cette disposition à une espèce particulière de grain de pollen, encore
moins à l'émission d'un tube pollinique. Le pollen des Stephanospermum et celui des
Cordaïtes sont bien connus. On peut se demander si la présence d'Infusoires ne serait
pa^ la cause accidentelle de cette production anormale. Les grains de pollen des Stepha-
nospermum ont des dimensions considérables, leur forme est celle d'un ellipsoïde de
révolution dont le grand axe mesure i5!^ à 17!^, et le petit lot^ à l'àv-. Les Infusoires qui
les accompagnent ont un diamètre de 4'^ à St'-; ils ont donc pu pénétrer facilement
avec eux. Les Infusoires {fig. 3) que nous avons observés sont dépourvus de cuirasse,
de cornicules, de styles; ils portent quelques cirres; ils sont munis de cils disséminés
sur leur tégument membraneux et à l'extrémité de bras locomoteurs. Ces cils, longs à
peine de if* à iV-^ sont raides, acérés, de couleur foncée, chitinisés sans doute, capables
d'exercer un léger effort mécanique; nous croyons qu'ils ont pu trouer l'enveloppe de
quelques grains de pollen et déterminer la sortie de gouttelettes de protoplasma ayant
pris des formes variées et arrondies de la figure 2 et capables peut-être de se cloi-
sonner ou de recevoir des enclaves.
» De ce qui précède il résulte :
» i" Que les Infusoires, cuirassés ou non, ont pu être conservés à l'état
fossile soit au moyen des ligniles, soit par la silice, depuis l'époque de la
houille ; ;
» 2° Que, rencontrés au milieu de spores de Fougères ou de grains de
pollen, ils ont dû se nourrir de ces délicats organes végétaux.
)) 3*^ Que, sous l'influence de leurs atlaques répétées, ils ont déterminé,
dans renvelop[)e des grains, des ouvertures ou des fissures permettant au
plasma du grain de sortir et modifier plus ou moins sa forme extérieure ;
» ff Que les Infusoires ci-dessus appartiennent à la famille des Keronina
sans cuirasse, l'absence de styles et de cornicules les rapprocherait du
genre Cinetoconia Ren. »
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1902. 1067
PATHOLOGIE VÉGÉTALE. — De l'immunisation delà Laitue contre le Meunier .
Note de M. E. Marchal, présentée par M. Guignard.
« On sait que les Péronosporacées sont extrêmement sensibles à l'ac-
tion des poisons métalliques et que les zoospores du Plasmopara viticola,
par exemple, ne germent plus en présence de .ooo'oooo ^ ,ooo'oooo ^^ sulfate
de cuivre. Dans ces conditions, on peut se demander s'il ne serait pas pos-
sible d'introduire, dans l'organisme végétal, des quantités de ce sel ou
d'autres analogues, telles que les tissus deviennent réfractaires au déve-
loppement des Péronosporacées.
» Les recherches que j'ai poursuivies dans cette direction ont porté sur
le Meunier de la Laitue (Bremia Lactucœ Reg.).
» A la'surface de cristallisoirs Je 5oo"°' contenant le liquide minéral nutritif de Sachs
additionné de doses croissantes de sel fongicide, on a semé un poids identique de
graines de Laitue de la variété Gotte.
» Lorsque les jeunes planiules eurent deux ou trois feuilles, on les pulvérisa de
spores de Bremia, dont la bonne faculté germinative avait été démontrée par des
essais préliminaires. Chaque culture fut ensuite recouverte d'une cloche tapissée de
papier buvard humide.
» Pendant l'été, dans les cultures non immunisées, l'évolution de la maladie a été,
dans ces conditions, très rapide. Dès le troisième jour, on pouvait trouver dans les
feuilles le mycélium du parasite, et, à partir du cinquième jour, les fructifications
apparaissent en abondance, suivies bientôt du flétrissement et de la mort des parties
atteintes.
» Voici l'action spécifique de quelques sels métalliques étudiés d'une
part, sur la vitalité de la Laitue et, d'autre part, sur son parasite.
» Sulfate de cuivre. — Cultivée dans le liquide de Sachs, la Laitue supporte des
doses de i-ôoTô" ^ IToTô ^^ sulfate de cuivre. Cette dose limite varie, pour un même
liquide nutritif, suivant la rapidité de croissance, la température, l'état hygromé-
trique de l'air et l'intengité de la lumière.
» Toutefois, à cette concentration, le développement est sensiblement retardé, et il
faut descendre à yÛtô ^" TôoTo pou'' obtenir une végétation normale.
» Les plantules développées avec 75^00 ^ rôoyô ^^ sulfate de cuivre résistent victo-
rieusement à l'infection par le Bremia ('). Parfois, cependant, les cotylédons se
laissent envahir, mais les feuilles proprement dites paraissent complètement immu-
(') L'analyse a montré que ces plantules renfermaient yj^oo ^^ cuivre.
IoG8 ACADÉMIE DES SCIET^CES.
nisées contre le parasite. Les jeunes Laitues cultivées avec yooô~o ^ iTooo ^^^^ même sei
présentent encore une résistance marquée à l'infection, comparativement au témoin.
Cette résistance disparaît totalement à la dose de fij^^.
» Sulfate de fer. — Les cultures avec yôooo ^ tFoôô '^^ sulfate ferreux sont encore
très florissantes, mais ne manifestent pas une immunité notable vis-à-vis du parasite.
Avec jô^ô- les plantes languissent et ne prennent aucun accroissement.
» Sels divers. — La Laitue supporte des doses considérables (jusqu'à i pour loo) de
sulfate de manganèse. Des cultures soumises à l'action de ce sel, sans être complète-
ment immunisées montrent une résistance très notable à l'infection.
» L'étude, par la même méthode, de l'action des sels nutritifs sur la prédisposition
de la Laitue à l'attaque du Meunier m'a montré que les combinaisons azotées et,
chose inattendue, les phosphates en favorisent l'invasion. Les sels potassiques, au
contraire, dont la Laitue supporte de très fortes doses (jusqu'à 2 pour 100); dans le
milieu nutritif, augmentent notablement sa force de résistance.
)) Il réstilte de ces essais qu'il est possible, par voie d'absorption de
substances fongicides et, tout particulièrement, de sulfate de cuivre, de
conférer aux jeunes Laitues une véritable immunité contre le Bremia
Lactucœ.
M Malheureusement, si l'on veut appliquer cette théorie dans la culture,
pour lutter contre ce terrible ennemi, on se heurte à de grandes difficultés
pratiques.
» Ces difficultés résultent surtout du faible écart qui existe entre la dose
immunisante minimum de sulfate de cuivre et la dose maximum compatible
avec le développement normal de la Laitue.
» De plus, les conditions de culture (culture sous verre et culture à l'air
libre) et, surtout, la composition chimique du sol, notamment en ce qui
concerne la chaux, font varier, dans des proportions considérables, la
quantité de sel à employer pour arriver au but désiré.
» Néanmoins, il n'est pas impossible que, par une étude très attentive
des conditions précises de l'action toxique des sels de cuivre, on n'arrive
à baser sur leur emploi, par voie d'absorption radiculaire, un véritable
traitement du Bremia et, peut-être, d'autres Péronosporacées. »
MINÉRALOGIE. — Quelques observations minéralogiques faites sur les produits
de l'incendie de Saint-Pierre (^Martinique). Note de M. A. Lacroix, pré-
sentée par M. Michel Lévy.
Cl Au cours de mes visites aux ruines de Saint-Pierre, je me suis attaché
à recueillir les documents de toute sorte présentant quelque intérêt scien-
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1902. 1069
tifique, même indépendant des causes de la catastrophe volcanique du
8 mai. Les plus importants sont ceux qui résultent de l'incendie de la
ville.
» L'action de l'incendie qui a contribué à la destruction de Saint-Pierre
a produit des résultats très inégaux, ainsi que nous l'avons fait déjà remar-
quer. On rencontre fréquemment à côté l'une de l'autre des maisons
entièrement brûlées, et d'autres qui ont été à peine léchées par le feu ou
même ont été com[)lètement épargnées par lui. Dans quelques édifices
brûlés, grâce à des conditions physiques spéciales, grâce à la nature et à la
quantité des produits combustibles qu'ils renfermaient, l'incendie s'est pro-
longé pendant plusieurs jours, pendant plusieurs semaines ou même pen-
dant plusieurs mois. Tel a été le cas de trois dépôts de charbon qui brû-
laient encore le 3o juillet, près de trois mois après la catastrophe; c'est
l'un d'eux, situé sur le bord de la mer, à l'extrémité sud de la ville, qui
m'a fourni les documents ayant servi à cette étude.
» Ce dépôt de charbon était, comme la plupart des maisons de Saint-
Pierre ('), construit en pierre avec des andésites du voisinage. Ces pierres
étaient réunies par du mortier, fabriqué avec un mélange de chaux, pro-
venant généralement de la calcination de polypiers et de sable de la mer,
résultant de la désagrégation des andésites et de leurs tufs; ce sable est
constitué par des fragments ou des cristaux nets de titanomitgnétite, d'hy-
persthène, d'augite, de plagioclases (andésines et labradors en moyenne),
avec en outre de petits fragments d'andésite compacte, de ponce andési-
tique et quelques grains de quartz de dacites.
» Les pierres du dépôt de charbon en question ont été modifiées par la
chaleur, et près des ouvertures le tirage a été suffisant pour déterminer la
fusion complète du mortier des pierres voisines et donner ainsi naissance
à une sorte de lave noire, qui a coulé en masses cordées ou en longues
stalactites. Les blocs d'andésite ont été, par places, ramollis au point de
s'affaisser sur eux-mêmes, mais leur pâte microlitique seule a fondu entière-
ment, lesphénocristaux (andésines et labradors, augite, hypersthène, etc.)
ont été plus ou moins complètement conservés.
» Suivant la vitesse du refroidissement, le verre noir huileux est resté
entièrement colloïde ou bien a partiellement cristallisé; L' incendie a donc
(') On trouve cependant dans les ruines d'assez nombreux moellons de roches
étrangères au sol de la Martinique (granité, gneiss, calcaire cristallin, serpentine, etc.).
Ils ont sans doute été apportés comme lest et utilisés plus tard pour les constructions.
lO^O ACADEMIE DES SCIENCES.
eu pour résultat de remettre ces andésites dans V état physique et rninéralogique
où elles se trouvaient au moment de leur émission; elles sont par suite com-
parables aux laves rejetées par les explosions actuelles de la Montao;ne
Pelée et qui sont constituées par les mêmes phénocristaux englobés dans
un verre cristallitique de même composition.
» Sous l'influence de ce réchauffement accidentel, les phénocristaux
ont subi des transformations du même ordre que celles que l'on observe
dans les enclaves des roches basaltiques : fusion et recristallisation péri-
phériques des feldspaths, transformation périphérique de l'hypersthène en
augite, généralité du développement des inclusions vitreuses, etc.
» Lorsque le verre a recristallisé, il s'y est développé des plagioclases
acides, avec quelques grains d'augite et de magnétite; la roche nouvelle est
donc revenue alors complètement à l'état rninéralogique qu elle possédait avant
l'incendie. Mais lorsque, localement, des phénocristaux ont totalement
fondu, ils donnent par leur mélange avec le verre ambiant une recrislalli-
sation microlitique, généralement constituée par de longues baguettes de
labrador enchevêtrées, associées à de l'augite, à un peu d'olivine et de
verre.
» La roche, considérée dans son ensemble, présente alors l'aspect hété-
rogène d'une andésite, renfermant de petits nodules plus basiques de
basalte doléritique. Ceux-ci simulent donc des ségrégations ou des enclaves
énallogènes. Cette observation n'est pas sans intérêt, en suggérant une
explication possible de l'origine des petites enclaves (pseudo-enclaves)
basiques, que l'on rencontre si souvent dans certaines roches volcaniques
et en montrant une fois de plus comment des compositions minéralogiques
différentes peuvent naître d'un même magma, suivant les conditions de
consolidation de celui-ci (*).
» Quant aux parties stalactiformes ou cordées, douées d'une fusibilité
plus grande que les andésites et résultant de la fusion du mortier seul ou
mélangé aux produits de la fusion de l'andésite au contact des pierres du
mur, elles ont une composition plus complexe.
» Les plus fluides d'entre elles ont été celles dans lesquelles la totalité
des éléments anciens ont été détruits par fusion : la roche néogène résul-
(') A. beaucoup d'égards, ces phénomènes rappellent ceux que j'ai observés dans
les roches constituant les forts vitrifiés des environs de Saint-Brieuc, On y voit aussi
des cristallisations d'olivine néogène au milieu de roches dépourvues de ce minéral
{Bull. Mus. Hisl. nai., 1899).
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1902. IO71
tante est un véritable basalte, à structure intersectale, avec tendance ophi-
tique et fréquente présence d'un verre noir. L'abondance de l'olivine est
surtout la conséquence de la coexistence d'une grande quantité d'hyper-
stliène et de magnétite dans le mortier.
» Les produits, ayant été doués d'une fluidité moindre, ne diffèrent des
précédents que parce qu'il y reste en plus ou moins grande quantité des
fragments corrodés ou des cristaux encore nets de plagioclases et de
pyroxènes.
» L'hvpersthène, qui est parfois extrêmement abondant, n'est jamais
absolument intact, sans avoir perdu sa forme géométrique; il est d'ordi-
naire en totalité ou en partie transformé en grains d'augite, sans orienta-
tion définie, ou en baguettes du même minéral, groupées avec lui suivant
la loi ordinaire, les aiguilles d'augite gagnant de la périphérie au centre du
cristal. Enfin, j'ai fréquemment observé aussi des paramorphoses de l'hy-
persLhène en ce type de pyroxène monoclinique peu biréfringent, à très
fines lamelles hémitropes, qui est fréquent dans les météorites pierreuses
et qui semble être une forme dimorphe du pyroxène rhombique. L'extrême
abondance de ces cristaux d'hypersthène, transformés en augite et distribués
dans un magma basaltique, font de cette roche néogène un type différent
de celui des roches normales connues.
)) Dans une prochaine Note, je m'occuperai des phénomènes endo-
morphes très intenses qu'ont subis les andésites constituant les murs des
maisons qui contenaient une grande quantité d'objets en fer. »
GÉOLOGIE. — Sur les terrains paléozoïques de V Oued Saoura et du Gourara.
Note de M. E.-F. Gautier, présentée par M. de T^apparent.
« Dans les mois d'août, septembre et octobre 1902, avec l'autorisation
de M. le Gouverneur de l'Algérie, j'ai pu visiter, dans le Sahara oranais,
les oasis des Oued Zousfana et Saoura, et celles du Gourara.
» Toute la région est extrêmement riche en fossiles carbonifériens et
dévoniens. Nombre d'entre eux, rapportés par des officiers du Corps d'occu-
pation, ont déjà fait l'objet de Communications à l'Académie des Sciences
et à diverses Sociétés savantes (' ),
(*) E. FiCHEUR, Comptes rendus, 28 juillet 1900. — Bull. Soc. géol. de France,
t. XXVIII, 3« série, p. 91 5. — Joleaud, Méni. Acad. de Vaucluse, 1900. — Gollot,
Comptes rendus, 5 août 1901. —Flamand, Comptes rendus, i*^"" juillet 1901.
1072 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Terrain carhoniférien. — Tous les fossiles connus jusqu'ici ont été
trouvés dans un même banc calcaire, le lon^; d'une faille gigantesque,
dont le rejet diminue progressivement du Nord au Sud, et qui commence
au Djebel Sidi Monmen, pour finir aux environs d'Igli. L'Oued Zoiisfana
suit cette faille sur la plus grande partie de son cours; la lèvre inférieure,
d'abord cachée sous des couches pliocènes ou pléistocènes, apparaît à
fleur de sol à partir de Tar'it, et c'est à la proximité de ce banc calcaire
imperméable que la basse Zousfana doit son humidité, et par suite son
habitabilité relative. J'ai trouvé un nouveau gisement de fossiles carboni-
fériens, mal conservés, à une centaine de kilomètres au sud d'Igli, à la
hauteur du ksar d'Ouarta. C'est une bande calcaire, longue de plusieurs
kilomètres et large à peine de i5", qui représente la tranche d'une
couche redressée; ce long ruban de roche gris bleu, à peine en saillie sur
un plateau de reg horizontal, et se prolongeant jusqu'au bout de l'horizon
comme une route nationale, frappe par son étrangeté les indigènes eux-
mêmes, car il est couvert d'inscriptions rupestres. L'aspect de la roche
rappelle le calcaire d'Igli d'une façon si frappante que M. Ficheur croit
pouvoir conclure à leur identité.
» Terrain dévonien. — Les seuls fossiles dévoniens du Gourara signalés et
étudiés jusqu'ici (calcaires à Calceola sandalina) l'ont été par M. Flamand,
d'après des échantillons rapportés par M. le commandant Laquière. Ils
proviennent de la route de Charouïn aux Ouled Cached.
» J'ai eu la bonne fortune de découvrir six autres gisements entre
Beni-Abbès et Timmimoun : la plupart sont très riches en fossiles assez
bien conservés, appartenant au dévonien moyen et au dévonien supérieur.
» Voici l'indication des gisements par ordre de succession du Nord
au Sud :
» 1° Beni-Abbès. — Au sud du poste de Beni-Abbès, schistes argileux rouge vio-
lacé, peu consistants à Ja base, très durs à la partie supérieure. Plongée au sud-est
de 40° (gisement indiqué par le capitaine d'Ustan).
» Dans les couches de la base, j'ai recueilli : un moule à." Orthocère, montrant plu-
sieurs fragments de petits trilobites que M. Ficheur rapporte au genre Pliacops, et
dans les couches du sommet : Goniatites du groupe du bidens (indiquant le sommet
du dévonien moyen), Eiiomphalus, Ovlhoceras indéterminables (').
» 2° Ksar d'Ouarta. — Schistes argileux gris bleu, en bancs épais, très durs,
plongée au nord-est de 42°; fossiles mal conservés.
(') Ces échantillons et une partie des suivants ont été examinés par MM. Douvillé
et Haug.
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1902. lO-^S
» Orthocères à siphon central et très petit, Goniatite indéterminable, bivalves
rappelant le genre Panenka.
» 3° Fgagira. — Calcaires gris bleu, en couches assez minces, avec argiles rouges,
plongeant au nord-est de lo" : les calcaires sont pétris d'innombrables coquilles con-
servées avec leur test.
» Orthocères \xk?> allongés et très minces (ou Bactrites?), Goniatites du groupe
du hidens, Tornoceras, Goniatites sp., Cardiola cf. retrostriata Kayser (d'après
M. Ficheur).
» 4° Dans la direction de Charouïn, on rencontre d'abord des schistes argileux noirs,
très fissiles, sous lesquels disparaissent les calcaires; puis, à 10'"" environ, des
couches de calcaire amarante, plongeant 70° sud-ouest, forment l'épaulement du syn-
clinal, dans lequel sont coincés les schistes et les calcaires de Fgagira. Ces calcaires
amarantes me paraissent identiques à ceux où l'on trouve plus loin Calceola sanda-
lina; ici, je n'y ai trouvé que des Orthocères indéterminables et des Zaphrentis. Ils
reposent sur des quartzites identiques à ceux qui, à Foum, à Kheneg et à Kerzaz,
semblent passer sous les couches de Fgagira.
» 5° Le gisement découvert par le commandant Laquière à i5''°'ausud de Charouïn
est beaucoup plus important qu'on ne supposait; il présente trois niveaux fossilifères,
en couches plissées formant un synclinal analogue à celui du n° 4. La couche inférieure
est de calcaire amarante avec Calceola sandalina, Cyathophyllum, Favosites,
Zaphrentis, Cystiphyllum vesicutosum, Atrypa reticnlaris (?). Au-dessus sont des
calcaires bleuâtres avec Clymenia sp. et Orthocères.
» La couche supérieure est formée de schistes argileux avec Clymenia et Gonia-
tites retrorsus.
» 6° Ouest de Timmimoun. — Des schistes argileux, gris noirs, très fissiles, très
redressés, occupent une superficie considérable autour de la sebkha de Timmimoun.
Ils renferment, sur la route de Charouïn à Timmimoun, Goniatites retrorsus.
y> 7° Sud de Timmimoun. — Les mêmes schistes, sur la rive orientale 'de la seb-
kha, passent à des grès en plaquettes couvertes de Leptœna (recueillis par le com-
mandant Deleuze).
» L'importance des roches paléozoïques est donc considérable tout le
long de l'Oued Sahoura et au Gourara, La série dévonienne y est plus
complète qu'on ne supposait, puisqu'elle comporte non seulement du dé-
vonien moyen, mais aussi du dévonien supérieur. Enfin toutes les couches
paléozoïques de la région, plissées ou arasées, semblent être les cicatrices
d'une chaîne hercynienne. Au contraire, dans le Sahara occidental, d'après
les observations de Lenz, et même, autant qu'on en peut juger, dans
l'Oued Zousfana, les mêmes terrains ont conservé une horizontalité re-
lative. »
G. R., »9oa, 2* Semestre. (T. CXXXV, N" 23 ) ' 4^
I074 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ÉCONOMIE RURALE. — Sur l'appréciation économique des améliorations cultu-
rales. Note de M. E. Rabaté, présentée par M. Mùntz.
« La traduction numérique des résultats donnés par les améliorations
culturales est l'objet de nombreuses divergences. En particulier, dans
l'emploi des engrais, l'effet utile observé est exprimé tantôt par le prix
de revient d'un quintal de la récolte, tantôt par le bénéfice brut pour un
quintal d'engrais, par le bénéfice net pour un quintal d'excédent de récolte,
par le bénéfice net pour loo^'^ d'engrais, elc.
Pour mieux faire ressortir le caractère de ces divers modes d'appréciation, choisis-
sons un exemple simple, celui de deux cultures identiques ne fournissant qu'un produit
utile : l'une, sans engrais, donnant une récolte Rg, l'autre, avec engrais, donnant une
récolte R^. Tous les résultats étant rapportés à l'hectare, désignons par/» le prix constant
d'un quintal de la récolte, par Q le nombre de quintaux d'engrais, par /le prix d'un
quintal d'engrais, par Ç)f la dépense d'engrais, par s le poids constant de semence
employé; enfin, admettons que la récolte sans engrais se solde sans perte ni gain.
» Nous pouvons dès lors grouper dans un Tableau les divers modes d'appréciation
de l'effet utile dû à l'amélioration envisagée.
Bases d'appréciation d'une amélioration culturale {fumure).
1. Poids total de la récolte *, Re.
2. Poids de l'excédent de récolte E=: R^ — R,,.
3. Valeur de l'excédent de récolte ou bénéfice brut . . E/>.
k. Coefficient de multiplication de la semence — -.
s
E»
5. Bénéfice brut par quintal d'engrais —i- •
Qf
6. Prix de revient du quintal d'excédent de récolte . . ^7 '
7. Prix de revient du quintal de la récolte entière. . . " — -^^— .
8. Bénéfice net par hectare cultivé 6 := E/j — Q/.
r\T>''/» fi, • 100^
9. Reneuce net par loo^'" d engrais TTT" ' •
10. Bénéfice net par quintal d'engrais -^ •
11. Bénéfice net par quintal d'excédent de récolte. ... -=:•
E
12. Bénéfice net par quintal de la récolte entière -^-•
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1902. IO75
» Les valeurs de Rq, p, s étant fixes, les appréciations basées sur les formules 1, 2.
3 et 4 ne font intervenir, comme variable, que la production totale Rg, sans tenir
compte de la notion de bénéfice net. Or, dans notre régime individualiste, la récolte
qui donne la plus grande quantité de produits utiles à la Société n'est pas forcément
la plus avantageuse. Entre la récolte maxima et la récolte sans fumure, il existe,
ordinairement, une récolte optima qui laisse au cultivateur le maximum de bénéfice.
» Les modes d'appréciation 5, 6, 7, 9, 10, 11, 12, basés sur le bénéfice obtenu pour
une unité de la récolte ou de la fumure, peuvent tous conduire à des conclusions en
opposition avec les intérêts bien compris du cultivateur. En efi'et, le bénéfice relatif,
pour une unité, ne laisse pas entrevoir le bénéfice total, le seul indispensable
à connaître. Soit [u] l'unité choisie pour base de l'appréciation relative. Deux cas
étant à comparer, désignons par b et b' les bénéfices par unité et par n et n' les
nombres d'unités correspondants. Si l'on se base sur les bénéfices relatifs, on peut
avoir b >> b', alors que, pour les bénéfices totaux, on peut avoir, en même temps,
bn < b' n'.
» Nous adopterons donc, pour seule base de l'apprécialion économique
des diverses améliorations culturales, le bénéfice net par unité de surface,
unité complètement indépendante des conditions et des résultais de
l'expérience.
» D'une façon générale, pour les récoltes donnant deux produits utiles, paille et
grain, on peut écrire : bénéfice net par hectare := excédent de produit en grain
-+- excédent de produit en paille — dépenses provoquées par l'amélioration — sur-
croît de dépenses causé par l'augmentation de la récolte.
» Lorsque l'accroissement de production porte à la fois sur la quantité et sur
la qualité du produit, de façon à faire passer de p à. p' le prix du quintal de récolte,
l'excédent de valeur, pour le produit considéré, devient A zzz R^p' — Ro/?-
» Désignons par d la dépense initiale engagée pour une amélioration, par i l'in-
térêt de i^"" pendant un an et par a la valeur de l'excédent de produit réalisée
la première année. Au bout d'un an, le capital engagé devient 0 r=: d{i -h i)- L'excé-
dent a, diminué des dépenses causées par l'augmentation de la récolte, devient a. Le
bénéfice net est donc
6 rr a — 0.
» Si a =3 0, le résultat de l'amélioration est nul.
» Si a >> ô, la dépense engagée est complètement récupérée, et l'opération laisse,
en outre, un bénéfice.
» Si a<o, la dépense est incomplètement recouvrée, et le nouveau capital engagé..
0 — a, devient, à la fin de la deuxième année, o'=(o — 7.){i-\-i). Le bénéfice de
deuxième année peut donc s'écrire
b'=. a' -S'.
1076 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» La somme de ces bénéfices annuels, b -\- b' -+- b" ~\- . .., exprime la valeur cultu-
rale totale de l'amélioration poursuivie.
» L'effet utile d'une amélioration ne doit pas être accidentel, mais confirmé par une
série de résultats de même sens. Le bénéfice enregistré doit donc présenter un carac-
tère de permanence.
» De deux améliorations similaires donnant le même bénéfice net total, la meilleure
est celle qui conduit à la réalisation de ce bénéfice total dans le temps le plus court.
» En nous appuyant sur ces notions de bénéfice, d'espace, de perma-
nence et de temps nous pouvons établir une base rationnelle du contrôle
des améliorations culturales (nature et poids des semences, nature et poids
des engrais, irrigations, drainage, etc.), en disant que :
)) Les améliorations les plus avantageuses et les meilleures méthodes de
culture sont celles qui peuvent donner, d'une façon durable et dans le
moindre temps, le bénéfice net total le plus élevé par hectare cultivé. »
ÉCONOMIE RURALE. — Sur ï application des engrais chimiques à la culture de
la Vigne dans les terrains calcaires des Charentes. Note de MM. J.-M.
GuiLLON et G. GouiRAND, présentée par M. A. Muntz.
« Depuis cinq années nous poursuivons aux environs de Cognac, dans
le champ d'expériences de Mazotte, des recherches sur l'application des
engrais chimiques à la [culture de la Vigne dans les terrains calcaires. Ce
champ est situé dans un sol dosant de 2.5 à 3o pour 100 de carbonate de
chaux. Il est complanté en Folle blanche, greffée sur Chasselas x Berlan-
dieri N*' l\i B. La partie du vignoble expérimentée a été divisée en lots
comprenant quatre rangées de vignes ayant reçu les mêmes engrais, mais
dont les [deux rangées du milieu seules entrent en ligne de compte dans
la pesée des récoltes, afin d'éviter Tinfluence des carrés voisins. Les
engrais employés ont été : le nitrate de soude, le sulfate de potasse, le
superphosphate de chaux et le fumier de ferme. Jusqu'à l'année 1901 on
les avait employés aux doses suivantes : nitrate de soude Soo**^ à l'hectare,
sulfate de potasse Soo'^, superphosphate 700"^. L'hiver dernier, pour la
première fois, nous n'avons mis qu'une demi-dose. Le fumier de ferme
n'a été appliqué que deux années consécutives, en 1898 et 1899.
» Voici les résultats des pesées pour les cinq années, en donnant les
poids de vendange par hectare :
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1902. IO77
Numéros Rendement à l'hectare en
carrés. Engrais reçu. 1898. 1899. 1900. 1901. 1902.
kg kg kg ^ kg kç
A. Témoin 1062 2700 ioi38 ii55o 8950
B. Sulfate de potasse ii5o 2826 ii25o 11700 io45o
C. Nitrate de soude 1276 2^00 io5oo 11900 9100
D. Superphosphate de chaux.. 1200 2480 io3oo 12926 9260
E. Témoin i55o 2900 99^0 io85o 885o
_, [ Sulfate de potasse et nitrate i ^^ „ „ ^ ^ „
F. ^ , , ( i55o ooDo loooo 11070 odoo
( de soude 1
^ 1 Nitrate de soude et super- ) ,„^ ^ k r n r
G. } , , * } illôo 2900 loioo 9025 8700
( phosphate ] ^ ^ '
,. [ Sulfate de potasse et super- ) „ „ „^ o r
H. { , , '^ * / ii37 2700 loooo 12020 10200
( phosphate ) ' '
I. Témoin . . . , 1262 2600 755o 10800 8760
I Nitrate de soude J
Sulfate de potasse et super- / ii25 2860 9800 loSoo 9800
phosphate /
K. Fumier de ferme i436 3ooo 9226 11020 9800
L. Témoin 1260 2175 lOiSo 10926 8900
y> En consultant le Tableau ci-dessus on constate qu'en 1898 et 1899 il n'y a eu
aucun résultat. En 1900 et en 1901 les premiers effets ont commencé à se faire
sentir; en 1902 surtout, ils se sont accentués, quoique la récolte ait été, dans le
champ d'expériences, comme dans les Charentes en général, bien inférieure à celle
des années précédentes.
» Pour mieux faire ressortir l'influence de chacun des éléments employés, nous
avons pris la moyenne des témoins et celle des différents carrés fumés. En ne tenant
compte que de l'excédent de récolte dû aux fumures on arrive aux résultats
suivants :
Années 1900-1901. Année 1902. Excédents de vendange,
kg kg
568 960 d'excédent de vendange dû aux engrais potassiques
462 5i3 » » phosphatés
2o5 263 » » azotés
287 988 » au fumier de ferme
» La potasse a donc donné les meilleurs résultats; puis viennent l'acide phospho-
rique et l'azote. Enfin le fumier de ferme, qui était en 1900-1901 au troisième rang,
occupe en 1902 le second rang, très près du premier.
» Il est intéressant de mettre en parallèle les résultats obtenus et l'analyse chimique
du sol.
1078 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Analyse chimique du sol de Mazotte.
NM. N» 2. N" 3. N» 4. Moyenne.
Pour 1000. Pour 1000. Pour 1000. Pour 1000. Pour looo.
Potasse ijQ^o 1,812 1,760 1,980 1,875
Acide phosphorique 0,6/40 0,728 0,600 0,7^1 0,677
Azote 1,107 1,281 i,3i6 1,184 1,209
Calcaire total 2j5,7 249,0 222,5 248,0 233,8
» On constate donc que le sol de Mazotte est plutôt riche en potasse, et cependant
les éléments potassiques sont ceux qui ont donné les meilleurs résultats. Il en résulte
que l'analyse chimique n'a fourni aucun renseignement intéressant pour indiquer les
engrais à expérimenter.
» Si, au lieu de se préoccuper de ce qui manque au sol, on étudie ce que la vigne
lui enlève, on trouve des observations qui corroborent parfaitement nos résultats. En
efTet, M. Muntz, dans ses Recherches sur les exigences de la vigne, démontre que, si
dans le Midi l'azote est la dominante de la vigne, dans le Sud-Ouest, l'Est et le Nord-
Est c'est la potasse, au contraire, qui est absorbée en plus forte quantité. On sait en
effet que dans le Midi les engrais azotés sont ceux qui réussissent le mieux. Nous
venons de voir que, dans les terrains calcaires du Sud-Ouest, c'était la potasse.
» Nous n'avons encore rien constaté en ce qui concerne la richesse saccharine des
raisins dans les différents carrés. Par contre, le poids des sarments, pris après la chute
des feuilles, est proportionnel à la quantité de récolte pour chacun des lots.
» Conclusions. — De ces observations on peut tirer, pour les terrains
calcaires des Charentes, les conclusions suivantes :
» 1° Les engrais chimiques, appliqués à la culture de la Vigne, ne
produisent pas d'effets immédiats ; on peut donc les répandre à une époque
quelconque ;
» 2° Les engrais potassiques donnent, dans les terrains calcaires des
Charentes, les meilleurs résultats; les engrais phosphatés viennent ensuite
et, en dernier lieu, les engrais azotés ;
» Z° Le fumier de ferme s'y montre comme un engrais de premier
ordre ;
» 4° L'analyse chimique du sol ne donne pas d'indications suffisantes
pour la nature des engrais à appliquer; une expérience poursuivie pendant
plusieurs aniiées est seule capable de guider le choix des viticulteurs. »
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1902. 1079
ÉCONOMIE RURALE. — Sur quelques Graminées exotiques employées à
r alimentation (^Eleusine, Paspale, Pénicillaire, Sorgho, Tef^. Note de
M. Balland,
« UEleusine {Eleusine stricto) est une Graminée de culture facile dont les graines
servent à l'alimentation des Hindous, qui en font des galettes. Les graines sont rondes,
brunes et très petites (38o dans is). La farine est obtenue à l'aide de petits moulins
prinfiitifs à la main.
» Les graines d» Paspale sont également consommées dans les Indes et surtout en
Guinée. On en cong^ît plusieurs variétés {Paspaluni frunientaceum, P. longi-
Jlorum, P. scrobiculatuin) qui se rapprochent, par leurs caractères botaniques et
chimiques, des panics et des pénicillaires. Le poids des grains est très variable suivant
les variétés (170 à 2000 dans is). Les graines dépouillées de leur enveloppe extérieure
et désignées en Guinée sous le nom de fonio ont Taspect d'une semoule grossière;
on les mange à défaut de riz.
» Le millet à chandelle, petit-mil, Pénicillaire {Penicillaria spicata) appartient à la
tribu des Graminées-panicées. Il n'a d'importance que dans certaines régions de
l'Afrique et dans l'Inde où il est employé aux mêmes usages alimentaires que le sorgho.
On en connaît de nombreuses variétés qui portent des noms indigènes particuliers.
Les grains affectent différentes formes ( longue, ovoïde, pyriforme, etc.), avec des
nuances plus ou moins vertes. Leur poids moyen pour 1000 grains oscille entre 3°, 20
et ios,8o.
» Les analyses prouvent que la composition des pénicillaires du Congo, de la Guinée,
des Indes, du Sénégal et de la Tunisie ne diffère pas sensiblement de celle des millets
que nous avons examinés antérieurement {Comptes rendus, 1898)
» Le Sorgho {Holcus sorghum) paraît originaire de l'Afrique équatoriale avec trans-
mission préhistorique en Egypte, dans l'Inde et finalement en Chine, où la culture ne
paraît pas très ancienne, car le premier Ouvrage qui en parle date du iv*^ siècle de notre
ère (A. de Candolle). On utilise pour l'alimentation de nombreuses variétés de sorgho
dont aucune n'a été trouvée à l'état sauvage {Holcus saccharatus, H. cernus,
H. hicolor, H. niger, H. riibens, etc.). Toutes ces variétés se retrouvent notamment
dans les plaines chaudes et sablonneuses de l'Afrique où le riz ne peut être cultivé.
On mange les graines de sorgho crues, cuites à l'eau ou grillées; la farine sert à pré-
parer des bouillies, des couscous et des galettes.
» Les analyses effectuées sur 33 échantillons de nos colonies (Algérie et Tunisie,
Congo, Dahomey, Guadeloupe, Guinée, Indes, Madagascar, Nouvelle-Calédonie,
Sénégal et Soudan) montrent que le sorgho, désigné parfois improprement sous le
nom de gros millet, se rapproche beaucoup des millets bien que ses caractères bota-
niques le rattachent à une autre tribu des Graminées. Les écarts pour la cellulose
tiennent à ce que les graines, dans certaines variétés, sont accompagnées de petites
écailles qui se détachent difficilement.
io8o
ACADEMIE DES SCIENCES.
» Le Tef paturin d'Abyssinie {Poa abyssinica) donne trois à quatre récolles par an
et produit à foison de toutes petites graines brunes ou blanches (il y a en après
de 3ooo dans is) que les Abyssins apprécient beaucoup et avec lesquelles ils font
Je tavieta, sorte de galette de luxe. Ils les mangent aussi, non moulues, à la façon
du riz. D'après les analyses rapportées plus loin, le tef et Téleusine présentent, à peu
près, la même teneur en azote et en graisse que le seigle et, comme lui, ne donnent
pas de gluten à la lévigation.
Analyses de produits provenant de l'Exposition universelle de Paris de 1900.
Pnspnliun
Eau
Matières azotées. . .
Id. grasses . . .
Id. amylacées.
Cellulose
Cendres
Poids moyen de 1000 grains.
Élensinc.
fiumentnceum.
scfobiculatutn.
longiflorum.
Fonio
décortique.
Ter.
1 3 , 5o
1 1 ,3o
10, 5o
I I ,20
i3,4o
12,00
9,20
6,76
6,75
•^.99
8>99
7,00
8,4o
8,36
I , i5
2,98
2,65
2,45
1,90
2,00
1,85
70 '94
66,97
67,76
67'9ï
76,60
76,55
75,49
4,35
8,85
9,5o
7>i5
o,4o
0.35
1,90
3,3o
3,i5
3,60
2,3o
0,70
100,00
0,70
I 00 , 00
3,20
100,00
100,00
100,00
100,00
I 00 , 00
2g,64
2S,95
5g,88
08,57
»
»
oe,34
PeniciUaria spicata.
Minimum. Maximum.
Eau 1 1 , 00 1 4 , 00
Matières azotées 8,78 16, 10
Id. grasses 2,35 6,25
Id. amylacées 66,07 71,17
Cellulose i,35 3,85
Cendres 0,80 2,10
Poids moyen de 1000 grains 3s, 20 108,80
Holciis sorghum.
Minimum. Maximum.
ro,7o
14,70
9,10
12,18
2,25
3,85
62,71
72,77
1,35
6,5o
0,80
2,90
18,21
38,96
MÉTÉOROLOGIE. — Sur les crépuscules rouges absentes à Athènes dans les
mois d'octobre et de novembre 1902. Note de M. D. Eginitis, présentée
par M. Lœwy.
» Le 25 octobre au soir, par un beau ciel, nous avons observé, pour la
première fois, à Athènes, quelques minutes après le coucher du soleil,
dans la partie occidentale du ciel, un crépuscule rouge, extraordinairement
lumineux; le phénomène a attiré vivement l'attention d'un grand nombre
de personnes.
SÉANCE DU 8 DECEMBRE 1902. 1081
)) La partie éclairée du ciel ofFrait, en général, une vive lumière rouge, mais elle
était teintée aussi de rose assez intense et de bleu. Cette lumière colorée arrivait
jusqu'à la hauteur de 4o° environ à partir de l'horizon et s'étendait du sud-ouest
au nord-ouest. Elle n'avait pas de scintillation et avait l'éclat d'une magnifique lueur
qui faisait croire à un grand incendie.
» Le phénomène crépusculaire s'est affaibli peu à peu et a complètement cessé
i^ 43°* après le coucher du soleil.
» Depuis, nous l'avons observé un grand nombre de fois, mais beaucoup plus
faible, soit à cause de l'état nuageux du ciel, soit aussi parce qu'il s'est affaibli très
vite. Il a été vu le 26 et le 29 octobre (par un ciel nuageux), le 2 novembre (ciel beau),
le 3, le 5, le 6, le 28, le 24 (ciel beau), le 26, le 27 et le 29 (ciel beau). Pendant les
autres jours, le mauvais temps ne permettait pas, malheureusement, l'observation.
» Les dernières observations, faites le 29 novembre, avec un beau temps, font croire
que le phénomène se trouve probablement vers sa fin.
» Quant à la catise de ce crépuscule extraordinaire, nous avons à
remarquer que sa coïncidence, trois fois de suite, en i83i, i883 et 1902,
avec les fameuses éruptions de la mer de Sicile, du Rrakatoa et de la
Martinique, semble venir à l'appui de l'hypothèse volcanique. »
A 3 heures et demie l'Académie se forme en Comité secret.
COMITE SECRET.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un de ses
Membres qui devra faire partie de la Commission de contrôle de la circu-
lation monétaire au Ministère des Finances.
M. TuoosT, qui représentait l'Académie des Sciences dans cette Com-
mission et dont les pouvoirs étaient expirés, est réélu à l'unanimité.
La séance est levée à 4 heures.
G. D.
G. R., 1902, 2' Semestre. (T. CXXXV, N° 23. ^ ^^
Io82 ACADÉMIE DES SCIENCES.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 17 novembre 1902.
(Suite.)
Cours de Botanique : Anatomie; Physiologie; Classification; Applications agri-
coles, industrielles-, médicales; Morphologie expérimentale; Géographie botanique;
Paléontologie; Historique; par MM. Gaston Bonnier, Membre de l'Institut, et Leclerc
BU Sablon; à l'usage des Elèves des Universités, des Ecoles de Médecine et de Phar-
macie, et des Écoles d'Agriculture. T. I, fasc. 2, i""* et 2'' partie. Paris, Paul Dupont,
1901-1902; 2 fasc. in-8°. (Hommage des auteurs.)
Sur la loi des pressions dans les bouches à feu, par M. E. Vallier, Correspondant
de l'Institut. Paris, Gauthier-Villars, s. d.; i fasc. in-8°. (Hommage de l'auteur.)
Notice sur les travaux\scientijiques de M. H. Andoyer. Paris, C. Naud, 1902;
1 fasc. in-4°.
Société protectrice de la vie humaine sur la voie publique, pour aider à la
répression de l'abus de la vitesse des automobiles, vélocipèdes et autres véhicules.
(Circulaire.) Paris, Paul Dupont, 1902; 2 feuillets in-8°.
Das Uniçersum als Perpetuum Mobile, die Swer- und Wiederstandskraft sind
die Ur- und triebenden Kràfte seiner Bewegungen. jWandsbek, C. Boberz, 1902.
I fasc. in-8°, (Transmis par les soins de l'Ambassade d'Allemagne.)
Bericht der Senckenber gischen naturforschenden Gesellschaft in Frankfurt-
am-Main, 1902. Francfort-sur-le-Mein, Knauer frères; i vol. in-8°.
Astronomisch-geodàtischen Arbeiten des k. und k. Militàr-geographischen
Institutes in Wien; Bd. XVIII. Vienne, 1902; i vol. in-4°.
Memorie délia Regia Accademia di Scienze, Lettere ed Arti in Modena; ser. II,
Vol. XII; ser. III, Vol. III. Modène, 1902; 2 vol. in-/i°.
Mémoires de l'Université de la Nouvelle Russie; t. 89. Odessa, 1902; 1 vol. in-8°.
(En langue russe.)
Ouvrages reçus dans la séance du 24 novembre 1902.
Où était l'embouchure du Jourdain à l'époque de Josué? par M. Ch. Clermont-
Ganneau, Membre de l'Institut. {Annuaire de l'École pratique des Hautes Études,
1908, Section des Sciences historiques et philosophiques; p. 5-2i.) Paris, Imprimerie
nationale, 1902. (Hommage de l'auteur.)
La faune momifiée de V ancienne Egypte, par le D"" Lortet, Correspondant de
l'Institut, et M. C. Gaillard; 1" série. Lyon, Henri Georg, 1908; i vol. in-f°. (Pré-
senté par M. Chauveau. Hommage des auteurs.)
Ministère des Travaux publics. Nivellement général de la France. Réseau fonda--
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1902. Io83
mental. Répertoire graphique : Opérations ejffectuées pendant les campagnes de
1887, ^^^^ ^^ 1889. Nantes, Imprimerie du Commerce, 190T ; i vol. in-4°. (Adressé
par M. Cil, Lallemand.)
Commission française des Glaciers. Rapport sur les variations des glaciers fran-
çais de 1900 a 1901, présenté à la Commission française des Glaciers par M. W.
KiLiAN. Revue de Glaciologie, par M. Ch. Rabot. Màcon, Protat frères, 1902; i fasc.
in-8°. (Hommage de la Commission.)
Table alphabétique des publications de l'Académie de Stanislas (1750-1900),
rédigée par les soins de M. I. Favier, précédée de l'Histoire de l'Académie, par
Chr. Pfister. Nancy, Berger-Levrault et G'«, 1902; i vol. in-8°.
Acide chlorophyllique , sa grande profusion et son rôle dans la création : Réponse
à la question posée par M. le Docteur Wurtz, l'illustre Dojen de la Faculté de Méde-
cine de Paris, Membre de l'Institut. Académie des Sciences, par M. A. Guillemare.
Brive, imp. Roche, 1902; i fasc. in-4°.
Limites entre o Brazil e a Bolivia; relatorio apresentado ao Exm. Sr. Dr.
Olyntho de Magalhaes, Ministro das Relacoes exteriores, pelo Dr. Lliz Cruls.
Rio-Janeiro, 1902; i fasc. in-8°. (Présenté par M. Lœwy.)
Vorlesungen iïber hydrodynamische Fernkrdfte nach C.-A. Bjerknes' Théorie,
von V. Bjerknes, Bd. II, mit 60 Figuren im Text und auf Tafeln. Leipzig, Johann
Ambrosius Barth, 1902 ; i vol. in-4°. (Présenté par M. Poincaré. Hommage de l'auteur.)
Untersuchungen aus dem hygienischen Institut in Groningen. Versuch einer neuen
Bakterienlehre, von D"" A. -P. Fokker. La Haye, H.-L. Smits, 1902.
Geological Survey of Canada. Geologicalmap of the Dominion of Canada {Western
Sheet, n° 783); Edition of 1901. i feuille grand in-f".
Report on the total Solar éclipse of january 21-22, 1898, as observed at Jeur in
Western India, by Kavasji Dadabhai Naegamvala, Director of the Observa tory. (Publi-
cations of the Maharaja Takhtasingji Observatory, Poona; Vol. I.) Bombay, 1902.
(Offert par le Gouvernement de Bombay.)
Bulletin mensuel de l'Observatoire central de Belgrade, Vol. I, année 1902,
janvier-mai, par Milan Nedelkovitch. Belgrade, Imprimerie royale, 1902; 5 fasc.
in-4°. (Présenté par M. Mascart.)
Prace matematyczno-fizyczne, t. XHI. Varsovie, 1902; i vol. in-4°.
Annalen der k. k. Universitàts-Sternwarle in Wien, herausgegeb. v. Edmund
Weiss ; Bd. XIV. XVII. Vienne, 1900, 1902; 2 vol. in-4°.
Annuaire géologique et minéralogique de la Russie, rédigé par N. Krischtafo-
WITSCh; Vol. V, livr. 6, 7. Novo-Ale\andria, 1902; i fasc. in-4°.
The S un' s spotted area, 1832-1900 : a statement of the mean daily area in each
synodic rotation of the Sun, based upon data collected at the Solar physics Obser-
vatory, South Kensington, under the direction of sir Norman Lockyer. Londres,
1902; I fasc. in-4°.
Censo de los estados de Tlaxcala y de Queretaro, del ano 1900. Mexico, 1902;
2 fasc. in-4°.
I084 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ERRATA,
(Séance du 27 octobre 1902.)
Note de M. Moissan, Synthèse des hydrosulfites alcalins et alcalino-
terreiix anhydres :
Page 652, ligne i, au lieu de : un volume d'hydrogène sensiblement égal au
volume d'acide sulfureux, lisez : un volume d'hydrogène sensiblement égal à la
moitié du volume d'acide sulfureux.
(Séance du 17 novembre 1902.)
Note de M. Bailhache, Sur les oxalomolybdites :
Page 865, ligne 4, au lieu de —[{CMoOf . . . , lisez — {{MoOy . ..
(Séance du i"" décembre 1902.)
Note de M. H". Bauhigny, Sur le dosage du manganèse :
Page 965, ligne 3, au lieu de Hugh Marshall avait indiqué, lisez Hugh Marshall,
à propos de l'emploi des persulfates, avait indiqué....
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 15 DÉCEMBRE 1902,
PRÉSIDENCE DE M. BOUQUET DE LA GRYE.
ME3I0IRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Ministre de l'Instruction publique adresse une ampliation du
Décret par lequel le Président de la République approuve l'élection que
l'Académie a faite de M. Deslandres pour remplir, dans la Section d'Astro-
nomie, la place laissée vacante par le décès de M. Paye,
Il est donné lecture de ce Décret.
Sur l'invitation de M. le Président, M. Deslandres prend place parmi ses
Confrères.
GÉOLOGIE. — Sur la présence de l'argon, de l'oxyde de carbone et des car-
bures d'hydrogène dans les gaz des fumerolles du Mont Pelé à la Marti-
nique. Note de M. Henri Moissan.
« M. Lacroix ayant eu l'obligeance de nous remettre des échantillons
de gaz des fumerolles du Mont Pelé, nous en avons fait une analyse aussi
complète que possible.
» Ces gaz avaient été recueillis avec beaucoup de soin dans une fume-
rolle de la rivière Blanche après la terrible éruption du 8 mai 1902 et
avant l'éruption- du 3o aoiU de la même année. CetLe fumerolle laissait
échapper d'abondantes émanations à température élevée. M. Lacroix nous
a rapporté que des fragments de plomb placés à l'entrée de cette fumerolle
fondaient avec rapidité, tandis que le zinc restait à l'état solide. Nous pou-
vons donc évaluer à environ 4oo° la température de celte fumerolle a son
C. K., 1902, 2' Semestre. (T. CXXXY, N" 24.) '4-
Io86 ACADÉMIE DES SCIENCES.
point d'émergence dans l'air. Le gaz était recueilli grâce à une aspiration
déterminée par un écoulement d'eau, et au moyen d'un tube de porcelaine
qui plongeait au milieu de la fumerolle. Les gaz étaient noyés dans une
grande quantité de vapeur d'eau, et, sur les bords de l'ouverture de la
fumerolle qui s'était produite au milieu d'un conglomérat, se trouvaient
en abondance du soufre et du chlorhydrate d'ammoniaque.
» Lorsque les flacons ont été remplis, on les a fermés rapidement au
moyen d'un bouchon de verre très bien rodé enduit de cire blanche,
procédé commode indiqué par M. Berthelot pour la conservation des gaz.
M. Lacroix avait eu soin de couler de la cire liquide dans l'espace annu-
laire du goulot et de recouvrir le tout d'un mastic fondu qui en se solidi-
fiant devenait très résistant.
» Les flacons ont été ouverts sur la cuve à mercure avec facilité et se
sont remplis à moitié ou au tiers par suite de la diminution de pression
provenant de la condensation d'un grand excès de vapeur d'eau. Les quatre
échantillons d'un litre que nous avons étudiés se sont conduits de même,
et, par suite de cette forte diminution de pression, nous pouvons être à
peu près certains de la bonne fermeture de ces flacons.
» L'analyse qualitative de ces gaz nous a démontré qu'ils renfermaient
de la vapeur d'eau, des traces de vapeur de soufre, une très petite quantité
d'acide chlorhydrique, des gaz absorbables par la potasse sans hydrogène
sulfuré et formés surtout d'acide carbonique, de l'oxygène, de l'azote, de
l'argon et enfin des gaz combustibles ne contenant pas d'acétylène, mais
riches en oxyde de carbone, en hvdrogène et en méthane.
» Les quatre échantillons de gaz nous ont fourni les chiffres suivants :
9
i3
,58
i6,
,4'2
i5,38
1 1 ,
1 1 1
12
,i4
13,6;
64,
, lO
6o,
,53
55,65
1 1 ,
oo
10.
,64
i5,3o
Gaz absorbable par KOLÏ . . . i6,8o
Oxygène i i ,6o
Azole el argon ^g , 20
Gaz combustibles 11 ,60
» Ces quatre échantillons renferment des gaz combustibles en quantité
assez notable. Si l'on fait une étude plus approfondie de ce mélange, après
l'avoir traité par la potasse pour absorber l'acide carbonique, puis par le
phosphore à froid pour absorber l'oxygène, il est facile de démontrer, au
moven d'une goutte de sous-chlorure de cuivre ammoniacal, qu'il ne con-
tient pas trace d'acétylène. M. Fouqué a déjà mentionné que, dans les
éruptions des volcans de Santorin, les gaz dégagés ne lenfermaieiit pas
d'acétylène.
SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE 1902. • 1087
» Ces gaz ne contiennent pas non plus de carbures éthyléniques, car,
traités par le brome avec précaution, au moyen du procédé de M. Ber-
thelot, le volume n'a pas diminué. Il en a été de même en présence de
l'acide sulfurique concentré. Enfin, la quantité d'acide carbonique fournie
par la combustion dans l'eudiomètre en présence d'oxygène était, par
exemple, dans une de nos analyses, de 0,2 et l'oxygèae brûlé 0,8, ce qui
nous indique que le méthane était accompagné d'hydrogène.
» Ces gaz combustibles renferment aussi de l'oxyde de carbone, dont
nous avons démontré nettement la présence grâce à l'action exercée par ce
composé sur l'hémoglobine.
» Une solution étendue de sang, agitée en effet avec un échantillon de
gaz, a donné des bandes caractéristiques et n'a pas fourni la bande de
Stockes par l'addition d'une petite quantité de sulfhydrate d'ammoniaque.
L'oxyde de carbone a été dosé au moyen du sous-chlorure de cuivre en
solution chlorhvdrique après séparation des gaz absorbables par la potasse
et après séparation de l'oxygène.
» Nous avons rencontré dans cet échantillon de gaz une quantité d'ar-
gon de o"'"', 71 pour 100 et, après la séparation de cet argon, qui ne ren-
fermait pas d'hydrogène, d'après son analyse eudiométrique, nous en avons
fait un tube de Plucker, qui nous a donné le spectre caractéristique de ce
corps simple. Cette teneur, élevée par rapport à la quantité d'oxygène ou
d'azote qui se trouve dans ce gaz, éloigne complètement l'idée d'une
absorption accidentelle d'air au moment de la prise d'échantillon. Ce
résidu gazeux ne nous a pas fourni le spectre de l'hélium.
» D'après ces analyses nous pouvons établir, de la façon suivante, la
composition de l'échantillon de gaz n° 4 :
Eau , ga^ saturé
Acide chlorhydrique traces
Vapeur de soufre traces
Hydrogène^sulfuré néant
Acide carbonique 1 5 , 38
Oxygène ■ 1 3 , 67
Azote 54,94
Argon 0,71
Acétylène néant
Éthylène néant
Oxyde de carbone i ,60
Méthane 5 , 46
Hydrogène 8,12
Io88 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» En résumé, les émanations gazeuses recueillies dans les fumerolles
du volcan du Mont Pelé renferment, à côté des gaz que l'on a mentionnés
déjà dans d'autres éruptions volcaniques ('), une quantité notable de gaz
combustibles, hydrogène, oxyde de carbone et méthane, et de plus une
certaine quantité d'argon. La teneur élevée de ces gaz en oxyde de car-
bone les rend très toxiques. Il n'est que trop certain que cet oxyde de
carbone a dû faire un grand nombre de victimes lorsque les éruptions
gazeuses du Mont Pelé ont été entraînées à la surface du sol. »
MÉCANIQUE. — Su7^ la stabilité de r équilibre et les variables sans inertie.
Note de M. P. Duhem.
« Dans une précédente Communication (^) nous nous sommes proposé
de démontrer, dans une certaine mesure, la réciproque du théorème de
Lejeune-Dirichlet sur la stabilité de l'équilibre, en admettant que le
système étudié soit affecté de viscosité. Mais notre démonstration suppose
une restriction implicite : nous avons admis que l'expression de la force
vive contenait les dérivées par rapport au temps de toutes les variables
qui déterminent l'état du système et qui figurent dans l'énergie utilisable.
» Il en est sûrement ainsi dans la Mécanique classique, où toute
variable sert à fixer la figure ou la position de quelqu'une des masses qui
composent le système. Mais il n'en est plus de même dans le domaine de
la Mécanique générale fondée sur la Thermodynamique; ici, la définition
d'une variable qui sert à fix:er l'état du système peut fort bien être indé-
pendante de la position et de la configuration du système; alors, la dérivée
par rapport au temps de cette variable ne figure pas dans l'expression de
la force vive, et il en est de même de la variable; on a affaire à une
variable sans inertie; l'action d'inertie relative à cette variable est identi-
quement nulle.
» Par exemple, dans une foule de questions de Mécanique chimique,
on étudie les changements de densité et de composition des divers
éléments de volume qui composent le système en faisant complètement
abstraction de la position de ces divers éléments, soit dans l'espace, soit
(') FouQUÉ, Santorin et ses éruptions. Massoii. Paris, 1879.
(2) Sur les conditions nécessaires pour la stabilité de l'équilibre d'un système
visqueux {Comptes rendus, t. CXXXV, p. 989, séance du i'^'" décembre 1902).
SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE 1902. 1089
les uns par rapport aux autres; toutes les variables qui définissent le
système sont alors des variables sans inertie.
» Si une variable sans inertie était en même temps sans viscosité, celle
des équations d'équilibre qui correspond à cette variable serait à chaque
instant vérifiée, ce qui permettrait d'éliminer cette variable des équations
du mouvement; ce cas peut donc être omis ; dans ce qui va suivre, nous
supposerons que toute variable sans inertie est affectée de viscosité.
» L'exemple, tiré delà Mécanique chimique, que nous avons mentionné
tout à l'heure conduirait à étudier le mouvement d'un système défini par des
variables qui sont toutes sans inertie et affectées de i^iscosité ; ce problème est
ce que nous nommerons le cas de la Mécanique chimique. On peut défmir
un problème plus général, qui réunit le cas de la Mécanique chimique et
le cas de la Mécanique classique; dans ce dernier problème, Vétat du système
est défini par des variables à inertie dénuées de viscosité et par des variables
sans inertie douées de viscosité; en outre, l'énergie utilisable est la somme
d' une fonction des premières variables et d' une fonction des secondes.
» L'étude du mouvement d'un tel système se scinde en deux autres : les
variations dans le temps des variables à inertie dépendent d'équations dif-
férentielles du second ordre qui sont celles de la Dynamique classique;
les variations des variables sans inertie dépendent d'équations du premier
ordre; pour ce qui va suivre, il n'est pas utile de faire cette scission.
» I^a force vive est une forme définie positive des vitesses relatives aux
variables à inertie; la fonction dissipative est une forme définie positive
des vitesses relatives aux variables sans inertie.
» On peut choisir les variables à inertie l,^,'i,,, . . ., l,„ et les variables
sans inertie r,,, y,^, . . ., r„j de telle sor te :
» 1° Que l'état d'équilibre corresponde à ^, = o, . . ., H,„=: 9, yi, = o, ...,
» 2° Que l'on ait d'), en cet état, i2 = o;
» 3*^ Que l'on ait
)) Les équations du mouvement sont alors, pour les varidjles ^, de la
(») Nous conservons les notations de notre Note Sur les coniilion^ nécessaires
pour la stabilité de l'équilibre des systèmes visqueux.
lOgo ACADÉMIE DES SCIENCES,
forme
(t) s,E,-f-E; = oH-...,
et, pour les variables v), de la forme
(2) 2cr^r„/-|-r/^= G +. . ..
» Cela posé, je dis que, pour peu quhin seul des coefficients Si, ...,S^,
Q^, . . ., n^ soit négatif, l'équilibre est instable.
» Considérons l'expression
(3) V=2(Ç-S/4)-2v<.
la première V s'étendant à tous les indices/) pour lesquels S^^ est négatif,
la seconde à tous les indices q pour lesquels 17^ est négatif. Nous aurons
p n
ou bien, en vertu de (i) et (2),
^V
(4) ^ = -42:s,;,E>42;-^? + ---
Nous aurons ensuite
5? =- - 42 SAV + ^-i^p) + ^H <V<
ou bien, selon (i) et (2),
. dP-y
» La partie explicitement écrite de —j-^ est essentiellement positive; la
démonstration du théorème énoncé s'achève comme en notre précédente
Note.
» Ce théorème renferme comme cas particulier la proposition de
M. Liapounoff et de M. Hadamard, dont la démonstration est ainsi rendue
très simple.
» On pourrait chercher par la méthode classique des petits mouvements
SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE 1902. lOQI
les conditions nécessaires pour qu'un système visqueux soit en équilibre
stable; cette méthode, d'ailleurs illégitime en princij3e, redonnerait préci-
sément les résultats énoncés dans cette Note et dans la précédente. »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Expériences sur la durée du pouvoir germinatif
des graines conservées dans le vide. Note de M. Emile Laurent.
<' Divers auteurs, M. Muntz (^), MM. Van Tieghem et Bonnier (-),
M. V. Jodin (^) et M. L. Maquenne C) ont étudié la durée du pouvoir
germinatif des graines conservées en vases clos ou dans le vide. Ces deux
derniers auteurs, après M. Muntz, ont insisté avec raison sur la faible
production d'anhydride carbonique ])ar les graines suffisamment dessé-
chées et sur la conservation de la vie chez les semences ainsi traitées.
» L'eau contenue dans les graines est-elle le seul facteur qui agisse sur
leur vitalité? Ne convient-il pas d'attribuer, ce qui a été pressenti depuis
longtemps, un rôle actif à l'oxygène?
» Les expériences dont je présente aujourd'hui les résultats ont élé
entreprises en septembre 1894 dans le but de répondre à cette dernière
question. Elles portaient sur vingt-sept espèces et variétés apparlenant à
des familles diverses et dont les graines furent introduites dans des
ampoules de verre, à l'intérieur desquelles on fit le vide avec soin au
moyen de la trompe à mercure.
» Voici les espèces soumises à ces essais avec l'indication de l'année de
la récolte des semences :
» Froment {Trilicuin vulgare), 1894. Seigle {Secale céréale), 1894. Orge à six
rangs {/Jordeuni hexastichon), 1894. Avoine {Avena sativa), 1894. Maïs {Zea
Mais), 1898. Poireau {AUium Ampeloprasum var. Porrum), 1892. Betterave à
sucre {Beta viilgaris), 1894. Sarrasin argenté {Fagopyrum esculentum), 1893.
Epinard {Spinacia oleracea), 1893. Spergule {Spergula arçensis), 1893. Pavot
{Papaver somiiiferuni), 1894. C^meVmQ {Camelina sativa), 1893. Colza {Brassica
A'^apus var. oleifera), 1894. Moutarde noire {Brassica nigra), 1893. Moutarde
blanche {Sinapis alba), 1893. Cresson alénois {Lepidium satiiuni), 1893. Navet de
(') Comptes rendus, t. XCII, 1881, p. 97 et 137.
(^) Bull, de la Soc. bolaniqae de France, 1882.
(^) Comptes rendus, t. CXXIl, 1896, p. i349, et t. CXXIX, 1899, p. 898.
(^) Annales agronomiques, t. XXVI, 1900, p. 32i, et Comptes rendus, t. C'VXXIV,
1902, p. 1243.
1092 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Berlin {Brassica canipestris var. napifera), iSgS. Chou-rave blanc {Brassica oie-
racea var.), 1891. Chou de Milan {Brassica oleracea var.), 1898. Haricot princesse
{Phaseolus valgaris), 1898. Haricot nain d'Etampes {Phaseolus vulgaris)! Trèfle
blanc {Trifolium repens), 1898. Lupin blanc {Lupinus albus), 1898. Cumin {Ciimi-
num cyminum), 1894. Cerfeuil cultivé {Anthriscus CerefoUum'). Mâche ( Valeria-
nella olitoiia), J892, 1898 et 1894. Concombre {Cucumis sativus), 1898.
» De chaque espèce de graines, un échantillon est gardé dans un tube à
essai bouché avec un tampon de coton peu serré. Tous les tubes témoins
sont conservés dans une boîte dont le fond est percé de trous pour per-
mettre le dégagement d'anhydride carbonique émis par les graines.
» Ces tubes et les ampoules contenant les semences dans le vide sont
conservés côte à côte à l'obscurilé.
» Des essais de germination des graines des deux séries ont été faits en
mars 1897, après 2 ans et demi, en septembre 1B99, après 5 ans, et enfin,
en janvier 1902, après 7 ans et 4 mois.
» En voici les résultats généraux :
» Au mois de mars 1897, les graines des espèces suivantes ont mieux
germé après conservation dans le vide qu'à l'air : Poireau, Epinard, Colza,
Chou-rave, Chou de Mdan, Moutarde blanche, Moutarde noire, Lupin,
Trèfle, Cumin, Cerfeuil, Mâche et Courge.
» La germination a été semblable dans les deux catégories, pour ces
espèces : Cresson alénois. Navet, Spergule, Pavot et Haricot.
w Au contraire, les graines des espèces ci-dessous germaient mieux
après conservation dans Tair : Froment, Seigle, Orge, Avoine, Maïs, Sar-
rasin.
)) Au bout de 5 ans de conservation, le vide se montrait avantageux
pour : Épinard, Colza, Chou-rave, Chou de Milan, Navet, Moutarde
blanche. Moutarde noire, Cresson alénois, Lupin, Trèfle, Haricot, Mâche
et Courge.
)) L'absence d'air avait nui aux semences de Froment, Seigle, Orge,
Avoine, Maïs, Sarrasin, Spergule et Pavot.
» Les graines de Poireau, de Cumin et de Cerfeuil étaient mortes dans
l'air comme dans le vide.
» Parmi les graines qui furent mises en germination au mois de janvier
dernier, après 7 ans et 4 mois, on a constaté que celles de Haricot et sur-
tout de Chou-rave et de Trèfle germaient mieux quand elles avaient été
soustraites à l'action de l'air. Toutes les semences de ces deux dernières
espèces étaient mortes dans les tubes ouverts.
SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 1902. lOqS
)) Le résultat le plus net de ces essais est la preuve que les graines oléa-
gineuses se conservent mieux dans le vide qu'au contact de l'air. C'est
évident pour le Colza, le Chou, les Moutardes, le Cumin, le Cerfeuil et la
Courge. Le Pavot seul fait exception : après cinq ans, ses semences avaient
mieux résisté à l'air que dans le vide.
» La pratique a du reste appris depuis longtemps l'influence nuisible de
l'air sur la conservation des graines à réserves huileuses, et on l'attribue,
sans doute avec raison, à la rapide altération des corps gras en présence de
l'oxygène.
» Parmi les graines amylacées, les unes se sont mieux gardées à l'abri
de l'air: Epinard, Mâche, Trèfle, Lupin, Haricot, tandis que celles de
Froment, de Seigle, d'Orge, d'Avoine, de Mais et de Sarrasin se sont
altérées plus rapidement à Tabri de l'air.
» Tout au moins pour certaines de ces espèces, ce résultat doit être
attribué à l'influence toxique de l'anhydride carbonique, qui, dans les vases
clos, s'exerce sur les embryons. Ce gaz se dégage en quantité d'autant plus
grande que les graines sont, au moment où on les enferme, plus riches en
eau, ce qui favorise l'activité respiratoire.
» Les semences des diverses céréales étudiée^ en septembre iSg\ pro-
venaient de la récolte de la mêine année et possédaient donc beaucoup
d'eau. Les ampoules qui contenaient ces graines renfermaient de l'anhy-
dride carbonique; chez celles avec Fronaent, la tension de ce gaz était net-
tement supérieure à la pression atmosphérique.
» Au contraire, dans les ampoules ou. l'on aviit enfermé les graines
restées vivantes, il n'y avait, au moment d3 l'ouverture, que des traces
d'anhydride carbonique. C'est donc celui-ci qui a causé la mort des
embryons chez les graines amylacées en question .
» Des essais faits depuis avec des graines de Froment suffisamment sèches
m'ont montré que cette explication est correcte, au moins pour cette
espèce.
» Les expériences de M. Maquenne sur les graines de Froment soumises
à une dessiccation très forte prouvent aussi que c'est l'anhydride carbonique
qui menace le plus la vitalité des embryons de C3tte espèce. De mâms, les
cellules des levures conservées en ampoules de verre dans le liquide de
culture y meurent beaucoup plus vite que dans les matra^ où elles ont été
cultivées.
» Il convient donc de distinguer, dans la conservation da pouvoir germi-
natif des graines en atmosphère confmée, une action propre à l'oxygène et
G. K., 1902, 2-» Semestre. (T. CX.X.X.V, N- 24.) l43
lOg/j ACADÉMIE DES SCIENCES.
une autre spéciale à l'anhydride carbonique. La cessation presque complète
des phénomènes respiratoires chez les graines à la suite d'une dessiccation
intense doit donc favoriser doublement la conservation du pouvoir germi-
natif.
» Un essai sur la conservation du pouvoir germinatif dans le vide a été
fait en août 1895 avec des graines de Goffea arabica, si sensibles à l'action
de l'air. J'en avais reçu 228 de M. Delpino, Directeur du Jardin botanique
de Naples; 23 furent aussitôt semées en terre et germèrent sans exception.
De deux lots de 100 graines, l'un fut maintenu dans des tubes à essais bou-
chés avec du coton ; l'autre fut mis dans quatre tubes où l'on fit ensuite le
vide avec soin.
» Après quatre mois de conservation, toutes les graines soustraites à l'air
ont germé, tandis que les autres étaient mortes. »
M. le Général Bassot présente à l'Académie, au nom du Bureau des
\uÇiVi^\\MàQ,SyX Annuaire pour l'an 1908 :
« Dans ce Volume, le Tableau des monnaies étrangères a été complété
par l'introduction de celles en usage au Pérou et dans l'Indo-Chine, les ren-
seignements géographiques et statistiques contiennent les données fournies
par le recensement de 1901, les éléments magnétiques ont été ramenés au
i^"* janvier 1903.
)) Parmi les Notices, il y a lieu de signaler celle de M. Radau sur les
étoiles filantes et les comètes, ainsi que celle de M. Janssen sur les travaux
exécutés à l'observatoire du sommet du mont Blanc.
)) Une réforme importante sera introduite dans la publication de \ An
nuairedu Bureau des Longitudes à partir de 1904. Nous croyons nécessaire
de l'annoncer et de la justifier :
» 'V Annuaire a pris un tel développement dans ces dernières années par l'introduc-
tion de renseignements nouveaux qu'il ne paraît plus possible d'augmenter l'Ouvrage,
dont le nombre de pages dépasse aujourd'hui le chiffre de 800, sans en rendre le ma-
niement incommode et surtout sans entraîner des frais que le Bureau ne peut sup-
porter.
» D'autre part, on ne peut songera s'interdire de nouveaux progrès. Pourrait-on,
pour faire aux données nouvelles la place qu'elles réclament, pratiquer de larges
suppressions? On l'a tenté, quoiqu'à regret, mais non sans soulever de nombreuses
réclamations, de sorte que, loin de pouvoir songer à des réductions nouvelles, nous
devons plutôt chercher à rétablir ce que nous avions été forcés de supprimer.
» En présence de cette silLiaLiou, le Bureau des Longitudes a dû adopter une
SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE I902. lOgS
solution qui paraît devoir concilier tous les intérêts. Parmi les renseignements qu'il
publie, les uns ont un caractère variable et doivent nécessairement être réimprimés
chaque année; les autres ont, au contraire, un caractère permanent, et il n'y aurait
aucun inconvénient à ne les insérer que tous les 2 ans.
» Le principe du roulement une fois admis, il restait à en régler l'application : le
Bureau a cherché à s'inspirer de l'intérêt du lecteur et à conserver le plus possible
au recueil son ancien caractère. Il a voulu d'abord que le lecteur fût certain de
trouver le renseignement qu'il cherche, pourvu qu'il eût sous la main deux Annuaires
consécutifs, et ensuite qu'il ne pût jamais hésiter pour savoir quel est celui des deux
Volumes qu'il doit consulter.
» Pour cela, il fallait que le roulement fût régulier et que la loi en fût simple et
facile à énoncer. Toutes les considérations de détail devaient céder devant cette
nécessité.
» La nature des données facilitait d'ailleurs cette répartition.
» L'Annuaire (en laissant toujours de côté les Notices) se divise en trois Parties.
Partie astronomique, Partie physique. Partie géographique et statistique.
» La première est la seule qui contienne des données d'un caractère rapidement
variable; d'un autre côté, c'est la plus importante, et elle doit conserver chaque
année dans l'Annuaire la place qu'elle occupait jusqu'ici. Elle comprendra 212 pages
de renseignements qui seront réimprimés chaque année, soit à cause de leur impor-
tance, soit à cause de leur caractère variable, et 118 pages de Tableaux soumis à un
roulement bisannuel. Ainsi la Partie astronomique sera chaque année de 33o pages
environ comme par le passé, et cependant le lecteur, en consultant deux Annuaires
consécutifs, disposera de 448 pages de renseignements distincts.
» Pour les deux autres Parties, le Bureau a décidé de les faire alterner en impri-
mant la Partie physique (constantes physiques et chimiques) les années paires, et la
Partie statistique (géographie, statistique, poids et mesures, monnaies, amortissement,
mortalité, etc.) les années impaires. Cette loi étant simple et facile à retenir, le lec-
leur saura toujours, sans hésitation, quel est le Volume qu'il doit ouvrir.
» Grâce à ce roulement, ces deux Parties pourront être considérablement dévelop-
pées et portées de i56 ou 172 pages à 280 ou 3oo. Ainsi, sans que le Volume annuel
ait augmenté, le lecteur disposera de 1028 pages de renseignements au lieu de 656.
» En résumé :
)) i*' A partir de Y Annuaire de 1904 inclusivement, les renseignements
fournis par l' « Annuaire du Bureau des Longitudes » seront publiés, les uns
tous les ans, les autres tous les deux ans, de telle sorte qu'un lecteur possé-
dant deux Volumes consécutifs soit certain d'y trouver le renseignement
qu'il cherche.
)) 2° Chaque Annuaire contiendra environ 33o pages de données astro-
nomiques qui seront publiées, les unes tous les ans, les autres tous les deux
ans.
1096 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» 3** Les données physiques seront imprimées dans les Annuaires de millé-
sime pair.
» 4*^ Les données statistiques et géographiques seront imprimées dans les
Annuaires de millésime impair. »
MEMOIRES PRESENTES.
M. Delaurier adresse une Note ayant pour titre : « Recherches sur la
navigation aérienne m.
(Renvoi à la Commission d'Aéronautique.)
MM. R. Bruxues et P. David soumettent au jugement de l'Académie
un Mémoire intitulé : « Etude des anomalies du champ magnétique ter-
restre sur le Puy de Dôme ».
(Commissaires : MM. Bouquet de la Grye, Mascart.)
M. GiKOD adresse un Mémoire « Sur une méthode de transposition en
musique ».
(Commissaires : MM. Mascart, Lippmann.)
CORRESPONDANCE.
M. le Secrsîtaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
i*^ Un Ouvrage, en trois Volumes, ayant pour titre : « La Mécanique à
l'Exposition de 1900 ». (Présenté par M. Haton de la Goupillière.)
1° Les Cahiers 16 et 17 du Service géographique de l'armée intitulés :
« Matériaux d'étude topologique pour l'Algérie et la Tunisie (3^ série) et
Rapport sur les travaux exécutés en 1901 ». (Présentés par M. le général
Bassot.)
SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE 1902. IO97
MÉCANIQUE CÉLESTE. — Perturbations indépendantes de V excentricité ,
Note de M. Jean Mascart, présentée par M. Lœwy.
« Nous avons montré, précédemment ('), sous quelle forme se pré-
sentent les perturbations des petites planètes par Jupiter, lorsqu'on effectue
des approximations successives dans les équations différentielles des coor-
données elles-mêmes. Alors, si a el r sont le demi-grand axe et la distance
au Soleil de la planète, il est commode d'introduire dans les équations la
quantité p, définie par la relation p = — — ■, et d'étudier la quantité p,
définie en fonction de G, élongation de la planète troublée par rapport à
Jupiter, planète troublante. I^a quantité p est de l'ordre de l'excentricité de
l'orbite, et le calcul de p — p^ 4- p', en se bornant aux termes du troisième
degré par rapport à l'excentricité, permet d'obtenir la courbe décrite par
la planète dans un système d'axes mobiles dont l'origine décrit uniformé-
ment un cercle de rayon a.
» La connaissance de ces courbes est du plus baut intérêt pour la nature
des perturbations : ici nous allons nous borner à indiquer les valeurs
numériques des premiers termes
p- f-^f= 2 M,;cos/?e,
/i=0
qui ont été calculés, à 6 chiffres, pour cinquante-trois valeurs réparties tout
le long de l'anneau. Ces perturbations sont celles qui sont indépendantes
de l'excentricité, ou valables principalement pour une très faible valeur de
l'excentricité.
» Nous n'insisterons pas davantage pour le moment : nous donnons seu-
lement les huit premiers coefficients, et l'on peut voir combien ils varient
peu, près de Jupiter, et d'une façon très rapide sitôt que l'on a dépassé
la grande lacune de commensurabilité 2. Ainsi, pour a = 4.2, on a
Mo= — 0,004 6t la valeur de M^^. est encore sensible, 0,000 oo5, tandis
que pour a = 2,1 1 on a Mo = 0,001 , mais déjà M5 = 0,000 001. Ces coef-
ficients permettent d'indiquer les perturbations par les courbes décrites
(') Comptes rendus, 17 février 1902.
1098
ACADEMIE DES SCIENCES.
1
ï.
a.
ioeM„.
108 M,.
106 Mj.
10SM3.
106 M<.
lûS.Mj.
106 Me.
106 M,.
io«M,.
II
: 3 =
3,667...
4,206
—3912
-4ii5
—
8689
i3838
17415
2889
2743
0984
—
1057,6
7
: 2 =
3,5oo.. .
. 4,i56
—4666
—8817
—
8537
15788
12532
1994
1824
2870
—
325,4
10
: 3 =
3,333...
4,100
-4524
—2910
—
8082
19759
5896
1266
806,6
1681
+
180,6
i3
: 4 =
3,25o.. .
• 4,070
—3575
— 2689
—
7718
28998
48 i8
853,7
110,6
i548
+
25o,x
3
• 3,969
Disconlinuiti^.
lonie.
1 1
: 4 =
2,750...
. 3,845
—47^9
— 2i85
—
7080
12220
1496
799,5
32,49
92,20
—
65ii6
8
: 3 =
2,667.. •
. 3,802
-4397
— 1967
—
7062
8062
1494
125,4
iS8,6i
" 112,97
—
29884
i3
: 5 =
2; 600.. .
. 3,763
-4340
— 1690
—
7124
5996
997,0
l48,2
212,09
112,09
—
15626
3
: 2 =
2,5oo.. .
3,700
— 4i36
— 1612
—
7885
4062
746,4
146,8
.89,69
98,34
—
43o8
12
: 5 =
2,400.. .
. 3,63i
—3872
— 1129
—
7805
28.6
742,9
126,6
165,76
80, 85
-t-
2069
i
: 3 =
2,333...
3,58i
—3671
— i3i5
—
8852
2228
424,4
109,6
143, 3i
68,56
+
4208
9
:' 4 =
2,25o.. .
3,5i5
-3339
— 1181
—
957 i
2166 '
282,4
71,64
111,47
53,93
+
5o36
11
: 5 =
2,200.. .
3,472
—3178
— I ii3
—
0878
1893
i85,5
71,86
102,62
49, i4
+
6843
i3
6 =
2,167...
3,442
— 3oo5
— 1066
—
2222
I23l
io5,8
61,81
94,56
45,16
H-
7602
i5
7 ^^
2, 142.. .
3,420
—2841
— io4o
—
8698
1x84
26, i3
52,19
89,53
43,12
4-
8892
2
3,276
Discontinuité.
IO«M4.
lonij.
.o'Ms.
loniy.
o'SMe.
'7
9 =
1,889...
3,i46
— 2225
— 63r,3
-+-
.2891
475,7
— i 1 5o6
15444
17688
582X»'
—,
5706000
i5
8 =
[,875...
3,129
— 2382
-621,4
+
8592
447,0
— i63,2
22290
i58oo
6677
— 2553ooo
i3
/
,858...
3,106
-2394
— 608,9
H-
7004
4i5,i
-h 2934,2
28759
i5882
6464
—
970000
II
6 =
,833...
3,075
— 2872
— 579,6
-t-
568o
376,8
+ 4326,8
2881X
14418
6068
—
452000
9
5 =
,800.. .
3,029
-23i3
- 544,6
-(-
4278
327,4
+ 5548,3
22542
12768
5359
—
97o5oo
16-
9 =
,778"--
^,997
— 2266
— 5i8,9
+
8609
297,6
+ 5617,1
21253
X1659
4860
—
746800
/
4 =
,750.. . .
2,956
— 2200
- 492,4
+
2959
264,0
+ 5424,6
19898
xo6x8
4243
—
535900
'9
II =
,728...
2,922
—2143
— 669,1
+
2525
238,7
-f- 5x20,2
17799
9070
8762
—
4l5200
2
7 ^^
,714...
2,901
— 2100
— 455,9
-t-
23x5
225,2
-f- 5i53,5
16889
8491
3987
—
359000
7
10= ]
,700....
2,879
— 2073
- 441,6
+
2106
2XX,0
-1- 4698,0
15910
7977
8222
—
808900
5
3 =
,667....
2,823
-1986
— 4o8,3
H-
1698
180,6
-t- 4188, 1
18684
6614
2627
—
205900
8
l l :=
,637...
2,771
—1905
— 379,0
+
i4oi
i65,9
-+- 8627,7
II 694
5473
2l54
—
143 100
3:
8 = 1
,625.. . .
2,751
—1875
— 868,1
-4-
1807
147,4
H- 844i,8
11019
5i28
I99I
—
i25ooo
H :
i3 =
,6i5...
2,733
— i85i
— 359,0
+
1280
i4o,4
-i- 8286,4
10461
48.6
1988
—
m 100
8:
5 = 1
,600.. . .
2,704
— 1807
- 344,4
H-
1118
129,9
+ 3o45,i
9600
4352
i665
—
91540
9:
12 = 1
,583....
2,673
-1763
— 829,8
-h
1108
119,8
+ 2795,0
8724
8888
1470
—
74560
I :
7 = 1
,571....
2,65o
— 1781
— 3i8,6
+
935,7
111,8
+ 2628,1
8099
358i
1342
—
68000
4.
9='
,555. . . .
2,618
-1689
- 804,4
+
847,6
102,5
+ 2414,1
7868
8182
1182
—
52120
7
1 1 =
1,545...
2,597
— 1661
— 295,4
+
795,6
97,08
-t- 2269,5
6905
2894
1067
—
45020
20
i3 = i
,539....
2,583
-1643
- 289,8
+
761,5
93,28
+ 2179,0
6601
2799
1099
—
41460
^3.
i5 = ]
,533. . . .
2,572
— 1629
— 285,1
H-
737,1
90,56
-h 2114,8
638i
2690
988,1
—
38690
0
2 = ]
,5oo
2 , 5oo
— 1539
— 256,7
+
596,8
74,88
+ 1724,2
5o8o
1935
783,1
—
24870
35
17 =
,470...
2,433
— 1460
- 232,7
-+-
493,1
62,80
-f- 1421, 1
4089
1598
592,2
—
i585o
22
i5 = ]
,467....
2,434
— 1449
— 229,6
-h
480,6
60,78
+ i383,6
4162
i548
538,6
—
i5ooo
'9
i3 =
,461....
2,4ll
-1430
— 225,8
+
464,6
58,88
-f- i835,4
8817
1472
507,2
—
i883o
16
11 =
.,454...
2,395
— 1417
— 220,0
+
443,5
56,48
-h 1271,8
3717
1882
472,6
—
12480
i3
9 =
,444.--
2,370
—1890
— 212,0
+
4i4,5
52,62
+ ii83,i
383i
1257
445,2
—
xo65o
23
16 =
,438...
2,353
— 1871
— 206,7
+
395,6
5o,25
+ 1124,8
3i47
1x76
895,6
—
9506
10
7 =
[,429...
2,33i
-.847
— 199.9
+
872,2
47,28
+ io52';6
2920
1078
359,3
—
8281
17
12 =
.,4.7--
2,3oo
— 13.5
— 191,0
-4-
342,9
43,57
+ 961,1
2687
956,7
3x5,0
—
6767
1
5 =
t ,400. . .
2,256
-1270
- 178,7
-1-
3o5,2
38,17
+ 842,6
2845
804, 1
260,0
—
5098
18
53 =
.,384...
2,2l4
— 1229
— 167,7
+
278,1
84,58
+ 74i,4
1970
680,7
216,1
—
3889
1 1
8 =
.,375...
2,187
-I203
— 160,9
+
254,5
82,08
+ 684,0
1795
6x0,8
192,1
—
8246
i5
11 =
1,363...
2, i55
— 1172
— i58,o
+
233,1
29,38
-t- 619,0
i525
535,5
i65,7
—
2634
•9
.14 =
1,358...
2,i36
— ii55
-- i48,7
-+-
222,8
27,92
-+- 586,9
iSoi
468,9
l52,0
—
2819
23
:i7 =
1,352...
2,123
-ii44
- 145,9
+
2i5,7
26,97
-(- 562 , 1
1437
471,2
'43.7
—
2i5j
3i
:23 =
1,347...
2,108
— ii3o
- 142,3
+
207,3
25,85
-j- 536,2
1287
442,5
140,7
—
1943
SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE 1902. 1^99
autour de l'origine : près de Jupiter on a une courbe à G boucles; bientôt
entre les deux grandes lacunes 3 et 2, une courbe à 4 boucles; bientôt
après la lacune une courbe à 2 boucles, puis, assez loin, une courbe ellip-
tique qui entoure l'origine. Ces transitions et les points d'inflexion possibles
seront ultérieurement indiqués.
)) En se reportant à nos précédentes notations, on reconnaît que
le terme Mo, indépendant de p, q et 0, s'introduit comme facteur de
cos^ô -t- sin" 6 et provient des formes suivantes :
Spcos^9 + S^sin^O,
op-—r,q-
op'- — r>q^
cosik^ -h ^p%q sin2^9.
La forme de tp et ^q indique assez que les termes M, à Mo, proviennent
des mêmes formes et de celles-là seules. Si n et n' sont les moyens mouve-
ments de la planète et de Jupiter, la première colonne de notre Tableau
donne le rapport de commensurabilité _^ , = k, et sa valeur numérique,
la seconde la valeur correspondante de l'axe a.
» Nous compléterons ailleurs par les termes moins essentiels, et nous
montrerons l'importance relative de ces perturbations dont on peut ainsi
suivre les variations d'un bord à l'autre de l'anneau. »
ASTRONOMIE. — Observations de la comète Giacobini (1902 r/), faites
à l' Observatoire de Besançon avec l'éqaatorial coudé. Note de M. P.
Chofardet, présentée par m. Lœwy.
Temps moyen , Nombre
Dates. de de
1902. Étoiles. Besançon. A en ai- A en ^. compar.
h m s ras , »
Décembre 9 a i G. 20.27 —0.11,39 — 4-47 '^ 9'^
9 a 16.01.57 —0.11,87 — 5. 0,0 9:6
10 b 16. 0.12 —I. 8,84 — 0.37,8 12:9
II c 17. 9.21 +1.39,50 — 4-4o,9 12:9
Positions moyennes des étoiles de comparaison pour 1902,0.
Ascension Réduction Réduction
droite au Distance polaire au
Étoiles. Catalogue. moyenne. jour. moyenne. jour.
h m s s o f • •
a Munich.,, 1821 7.15. 36, 39 4-4,4o 91. 1.26,8 +i3,5
b Munichi, 2482 7.16.10,62 +4>43 90.47.25,6 -t-i3,8
c Munichsi, i8oG 7.12.56,35 +4,46 90.40.46,9 4-i3,7
ilOO ACADÉMIE DES SCIENCES;
Positions apparentes de la comète.
Ascension Dislance
Dates. droite I^og. fact. polaire Log. fact.
1902. apparente. parallaxe. apparente. parallaxe,
h m s _ o . „
Décembre 9 7.15.29,40 i,353 90.56.53,3 o,8i6„
9 7.15,28,92 7,429 90.56.40,3 o,8i6„
10 V- 7.i5. 6,21 T,3o4 90.47- 1,6 o,8i5„
II 7.14.40,31 T,478 90.36.19,7 o,8i4„
» La comète a l'aspect d'une petite nébuleuse, ronde, de 12" grandeur; son dia-
mètre apparent est d'environ 45". »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur V intégration d'une équation aux dérivées
partielles du second ordre, du type hyperbolique, à plus de deux variables
indépendantes. Note de M. 11. d'Adhémar, présentée par M. Emile
Picard.
Soit
» 1. Il se pose rt?^M.r problèmes d'intégration suivant que les données,
z^ et sa dérivée conormale ('), sont portées par une variété à/? dimension s
inténeure ou extérieure à un cône
p
(Ao) ^{oo-oc,y=.{t-t,)\
1
» Nous les appellerons Pr. I et Pr. E.
» M. Volterra a donné la solution (-) du Pr. E pour A"»' = F.
» Généralisant la méthode du savant professeur de l'Université de
Rome, M. Tedone a donné la solution ( ^) du Pr. E pour A^"»' = F, mais
rien n'a été fait pour le Pr. E pour A"""^''' = F.
» J'ai obtenu l'intégrale pour le Pr. E pour A''' = F, ou
(') Comptes rendus, 11 février 1901. Note de l'auteur.
(^) Acta mathematica, t. XVIII, 1894.
(^) Annali di Materaatica, série 111, t. 1, p. 19. Milan, 1898 .
SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE 1902. IIOI
par un procédé assez nettement différent de celui de M. Volterra.
» Je résume ici ma méthode.
» Pour obtenir u{X(^, y^, z^, t^), je considère le cône A" et le plan T"
t -~ Iq = o.
» La surface des données S est analogue, au point de vue de Y Analysis
situs, à un cylindre à génératrices parallèles à l'axe O^. S est coupée
par A suivant une courbe supérieure C" (variété à deux dimensions) et
une courbe inférieure C; et par T suivant une courbe C. Soit (T) la por-
tion de T intérieure à C; soient (A") et (A') les portions supérieure et
inférieure de l'aire de A (variété à trois dimensions); soient (S") et (S')
les portions supérieure et inférieure de l'aire de S; soient W" et W les
volumes supérieur et inférieur (variétés à quatre dimensions).
» On a, d'après \dL formule modifiée de Green ('), ayant posé
V = 1 1
(0
1 f V"Vd--\- f Y'Ydr- f Y"^di^- f Y^di
X: ^; ^,s^ ^^ ^s'o ^N
\ .
1 ^—2 1 -udxdydz.
» Dérivant deux fois par rapport à /„,
If 1 1^ 7 » ; /' I du dl
f -i" dx dy dz — l — j^ -. — t^t
/ V 1 f i / à- a ô'u d^ u\ j j j
\ r • r I du , /NT .\ <^'
— 2/ - • ,rvi ,v -TxT -i-COl(\, t)-
M Or, a, p, y, ô étant les cosinus de la normale extérieure à S, puisque
cos(N, /) r= — G, on a, dans la dernière intégrale,
du ,, du ôu\ I du
( du , du Ou
\ dx ^ ôy ' az
r ^\n{N, t)\' dx ^ dy ^ dz J r dj *
(') Pour ceci et la nolation -7^5 voir ma iNote citée.
afVI
C. R., 1902, 2« Semestre. (T, CXXXV, N° 24.) ^44
II02 ACADÉMIE DES SCIENCES.
V étant l'intersection avec T de la variété à deux dimensions, normale à C.
Nous avons alors, dans le plan T, c'est-à-dire dans l'espace ordinaire,
à appliquer Informulé classique de Green, et l'on voit que le second membre
de (2) est :
» J'ai supposé que l'on a, sur S, m = o, pour simplifier l'exposition.
)) 2. Il faut bien remarquer que les données qui figurent dans l'expres-
sion de u (it^oO'o' ^0» ^0) 116 sont pas toutes indépendantes. Ainsi, revenons
au Problème extérieur pour A"''; M. Volterra a montré l'existence d'une
condition relative à tous les points du volume d'intégration.
» J'établis l'existence d'une autre condition relative seulement à tous les
points de la surface d'intégration.
» Supposons que S soit un cylindre vertical, et que l'on ait F^o et
M = o sur S et, en plus, que l'on donne, sur S,
a étant l'angle polaire de la section droite Y de S.
» La condition de M. Volterra devient
r/(a)./a. = o.
» Ma condition devient
f [/(x + h) +/(27T - X + h)] log COS^r/a = O
(quel que soit h entre o et iiz) avec la précédente, en plus.
» La présence de ces conditions, qui ont leurs analogues pour A''',
entraîne les plus grandes difficultés pour la discussion complète du Pro-
blème extérieur.
)) J'aurai à y revenir comme sur certaines questions de convergence des
intégrales à la frontière dans le Problème intérieur. On doit exclure cer-
taines formes pour la surface portant les données, »
SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE 1902. 1 Io3
ÉLECTRICITÉ. — Procédé de séparation électrique de la partie métallique
d'un minerai de sa gangue. Note de M. D. Negreano, présentée par
M. Lippmann.
« I. L'expérience suivante m'a conduit à l'étude d'un procédé de sépa-
ration de la partie métallique d'un minerai de sa gangue.
» Ou coupe dans une plaque métallique un disque central, et l'on réunit, à l'aide
des fils métalliques, la plaque et le disque aux deux pôles d'une machine VVhimshurst.
Si l'on projette ensuite sur le système, à l'aide d'un soufflet, un mélange pulvérulent
de soufre et minium, de façon que le mélange traverse avec frottement les trous très
fins d'un disque en bois, ou constate que, si le soufre, par exemple, se dépose sur la
plaque métallique, le minium sera déposé sur le disque central. Les colorations jaune
du soufre et rouge du minium permettent d'observer facilement cette séparation.
» La cause de cette séparation est l'électrisation différente du soufre et
du minium et le dépôt de ces substances sur les parties métalliques élec-
trisées en sens inverse par la machine.
» IL Des expériences analogues ont été faites avec des minerais métal-
lifères réduits en poudre. Je donnerai quelques exemples :
» Réduisant en poudre fine une roche siliceuse avec des imprégnations de mala-
chite et d'oxydes de fer et de cuivre, on constate la séparation de la partie métal-
lique de la gangue siliceuse.
» Avec une roche quartzeuse contenant de la limonite, on observe facilement
d'un côté la gangue, de l'autre côté la limonite reconnaissable à sa couleur jaune brun.
» Opérant sur un minerai de lignite avec riches imprégnations de pyrite, on
peut, de même, séparer la lignite de la partie métallique.
» UL Ce procédé de séparation serait peut-être applicable à l'extraction
de l'or de sa gangue. Je n'ai pas eu malheureusement à ma disposition des
quantités suffisantes de sable aurifère pour essayer l'expérience. »
THERMOCHIMIE. Sur le fluorure d'aluminium. Note de M. E. Baud.
« Les dérivés fluorés de l'aluminium ont été assez peu étudiés depuis
Sainte-Glaire Deville, ce qui doit être attribué sans doute aux difficultés de
leur analyse.
IlO/i ACADÉMIE DES SCIENCES.
)) Je me suis proposé d'apporter quelques nouvelles données relatives à
ces corps, et principalement de déterminer la chaleur de formation du
fluorure d'aluminium et de la cryolithe ordinaire.
» Fluorure d'aluminium hydraté. — En suivant le procédé indiqué par Sainte-
Claire Deville, c'est-à-dire en dissolvant l'alumine dans l'acide fluorhydrique ou dans
l'acide fluosilicique et évaporant au bain-marie, je n'ai pu obtenir que du fluorure
hydraté insoluble ou très incomplètement soluble.
» Il en a été de même en concentrant la solution à froid, sous cloche, en présence
d'anhydride phosphorique.
» Mais, lorsqu'on ajoute à une solution concentrée et neutre d'alumine dans l'acide
fluorhydrique deux fois son volume d'alcool absolu, il se précipite une masse gom-
meuse d'abord très fluide, puis épaississant rapidement et prenant enfin, au bout de
quelques minutes, une texture cristalline.
» Ce produit séché sur plaque poreuse a pour composition APF^ yH^O, et il est
facilement soluble ( * ). C'est le meilleur procédé pour avoir ce composé pur et soluble.
Sa chaleur de dissolution dans l'eau vers -t-iS" est égale à -t-S*-^'.
» La dissolution est acide au tournesol et neutre à l'hélianthine. On peut donc, au
moyen de cet indicateur, doser l'acide fluorhydrique libre en présence du fluorure
d'aluminium. Le fluorure hydraté insoluble dans l'eau a la même composition
APF^, ^H-O. Il est un peu soluble dans l'acide fluorhydrique à 19 pour joo.
» Sa chaleur de dissolution dans cet acide est de 4- 9^*', 88, tandis que le fluorure
soluble en se dissolvant dans le même acide dégage + 9*^^', 88. La diff"érence -\- i'^*',oo
correspond à la transformation du fluorure soluble en fluorure insoluble, due à une
polymérisation ou une modification isomérique.
» Déshydratation du fluorure hydraté. — La stabilité de cet hydrate, soluble ou
non, est comparable à celle du chlorure Al-Cl^ 12 H^O.
» Maintenu sous cloche en présence d'anhydride phosphorique, il est resté inaltéré.
Je l'ai alors chauffé au bain d'huile dans un courant d'hydrogène.
» Il ne se produit rien avant 100°; il se dégage environ 4H^0 entre 110° et 120°,
iH^O entre i5o° et 170°, iH^O entre 210° et 25o°.
» Ceci montre déjà que ces difl^érentes molécules d'eau ne sont pas fixées avec la
même énergie et qu'il existe, par conséquent, plusieurs hydrates.
» Le produit restant a pour composition Al-F'^jH^O; il ne se décompose qu'au
rouge vif.
» Lorsqu'on le chauff"e dans un courant d'hydrogène, il se sublime du fluorure
anhydre très bien cristallisé; mais le rendement est très mauvais, car il y a dégage-
ment d'acide fluorhydrique et formation d'un oxyfluorure.
» Ce fluorure anhydre, décrit par Sainte-Claire Deville, est insoluble
dans tous les dissolvants et même dans l'acide fluorhydrique concentré.
(') J'ai dosé l'alumine en chaufl"ant un poids connu de ce corps, dans une capsule
de platine, avec un excès d'acide sulfurique jusqu'à départ complet de l'acide fluorhy-
drique, reprenant par l'eau et précipitant par l'ammoniaque.
SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE 1902. iio")
). Pour déterminer la chaleur de formation de ce corps avec les données
thermiques connues, il manque un nombre essentiel : la chaleur de disso-
lution du florure anhydre ou sa chaleur d'hydratation, quantités impos-
sibles à mesurer rigoureusement.
» J'ai pu cependant évaluer d'une façon approchée la chaleur d'hydratation, en par-
tant du composé Al- F'', H^O.
» Celui-ci est insoluble dans l'eau, mais un peu soluble dans l'acide fluorhydrique
à 19 pour 100.
» Sa chaleur de dissolution dans ce véhicule est de -j-St'^^'',! 5 vers i5°, tandis que
dans les mêmes conditions l'hydrate insoluble APF«, jH'O dégage seulement +8C'»i,88,
comme je l'ai dit précédemment.
» Si l'on admet que ces deux corps, insolubles dans l'eau, sont dans un même état
de condensation moléculaire, la différence : 42*^''', 27, représente la chaleur de fixation
de 6H-0 sur Al-F^ H-0, soit -^-n'^''\\5 pour chaque H"0 en moyenne.
APF^, H-O-f ôH'Oliq.t :APF^ 7H'-0 insoluble +42^^1,27
APFS H^O -^ÔH^Oliq.r^Al^FS yWO soluble +4iC='i.27
» La fixation de la première molécule d'eau est celle qui doit dégager le plus de
chaleur.
» Étant données, d'une part, les analogies thermiques entre les hydrates et les com-
posés ammoniés et particulièrement entre APC1% 12H-O et Al-Cl^ laAzH^; d'autre
part, la stabilité de l'hydrate APF», jH^O, comparable à celle de APCF, 12H2O, on
peut admettre, sans risquer de commettre une grosse erreur, que la chaleur de fixation
de la première molécule d'eau gazeuse sur Al-F'' est la même que celle des premières
molécules d'ammoniac sur Al-Cl*^, c'est-à-dire 4-33*^*', 33 :
Al-F6sol.4-H^Ogaz.=:Ar-FS H'-Osol -^-33^^1,33
APF^sol.+ H^Oliq. i=APF«, Hî^Osol -h23c='i,68
» Connaissant déjà la chaleur de fixation de 6H"^0 liq., qui est de -f- 42*^*', 27 ou
4-4i^''')27, celle de7H'-01iq. sera égale à -h 65*'^^i,95 ou -f- 64*^"'^S 9-5 :
Al'F.sol. + 7H'01iq, = APF',;H=0,o:. j '"f"^^" j^^I'!^
' ^ ^ ( soluble -+-54*'* ,93
)) Avec celle donnée nouvelle et la chaleur de dissolulion de Ai- F", 7 H-0
jointes aux nombres déjà connus, on peut calculer la chaleur de formation
du fluorure d'aluminium anhydre au moyen des deux cycles suivants :
Cal
1° H"+03=3H-20liq +207,00
Al2+F«=:APF«sol ^
APFSsol.4-7H20liq.=rAPF«,7rPO solide (soluble). -f- 64,95
APFS7H20sol.+ nH20=APFS7H20 dissous — 3,33
2° AI2+ 03+ nH^O = APO^nH^O -h395,6o
F6 4-lI6-i-«H2 0 = 6HFdissous -}-3oi,8o
Al-0»,nH20 -h 6HF dissous :=APF«,7H20 dissous... + 70,20
IIo6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
d'où
.:rr= 498*^^1, 98.
» c'est le nombre le plus élevé obtenu avec l'aluminium et les halo-
gènes :
' Cal
(F* I99.0
...J Cl« 323,6
^^ "^ Br« 265,9
f P 181,4
w H est vrai qu'il existe une incertitude pour le nombre 23,68 corres-
pondant à la première molécule d'eau fixée sur le fluorure, mais il est cer-
tainement assez approché à quelques unités près et, par suit(% il n'y a à
redouter, pour le nombre 499, qu'une incertitude de quelques centièmes. »
CHIMIE MINÉRALE. -- Action du chlorure de bore sur le gaz ammoniac.
Note de M. A. Joaxnis.
« L'action du chlorure de bore sur le gaz ammoniac a été l'objet de
diverses recherches : Berzélius indique qu'il se forme le composé
2BoCl%3AzH';
Martius, en chauffant fortement le produit obtenu, a constaté qu'il se
transforme en azoture de bore; M. Besson, en opérant à 8°, a constaté
que 2°*°* de chlorure de bore absorbaient 9™°^ d'ammoniac et en a conclu
qu'il se formait le composé 2B0CP, 9AzH^
)) Devant ces divergences, j'ai repris la question et constaté que la ma-
tière n'a pas une composition constante, sans doute à cause de la chaleur
dégagée qui altère, plus ou moins, le produit formé d'abord. Pour éviter cette
complication j'ai diiigé, dans de l'ammoniac liquéfié et maintenu entre — So'*
et —70°, un courant lent d'hydrogène sec passant sur du chlorure de bore,
maintenu lui-même vers 0°. Dans ces conditions, l'hydrogène n'entraîne
que peu de vapeurs de chlorure de bore et, grâce à la présence du gaz
ammoniac liquéfié et froid, la température reste très basse. Quand tout le
chlorure de bore a disparu, on met le tube qui contient le produit blanc et
l'excès d'ammoniac liquide dans un bain de chlorure de méthyle à —23*',
puis on le relie à un manomètre et à un tube de dégagement fermé par un
robinet; on laisse alors partir tout l'ammoniac qui peut se dégager sous la
pression atmosphérique à cette température. On se débarrasse ainsi de
SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE T902. II07
l'excès d'ammoniac liquide qu'on a dû employer. A ce moment, 1"°' de
chlorure de bore a fixé iS™**^ d'ammoniac. Quand aucune bulle de gaz ne
se dégage plus à —23", on place l'appareil dans la glace, à 0°, et on laisse
sortir de l'ammoniac en déterminant, après chaque expulsion de gaz, la
tension fixe qui s'établit après quelques minutes; cette tension est de
104 i"™ à 0° et se maintient à cette valeur jusqu'à ce que l'on ait enlevé,
pour 1™°^ de chlorure de bore, 9'°°^ d'ammoniac (trouvé dans une expé-
rience : 8™"', 985 au lieu de 9™^'). Celte tension constante est la tension de
dissociation du chlorure d'ammonium ammoniacal AzH'^Cl, 3AzH', dé-
couvert par M. Troost. Les 9™°* (Tammoniac qui se dégagent entre —23°
et 0° montrent qu'il s'est formé 3™°' de ce chlorure ammoniacal. Tout le
chlore du chlorure de bore se trouve donc à l'état de chlorure d'ammonium.
» Pendant l'action du chlorure de bore sur l'ammoniac, on constate qu'il ne se
dégage aucun gaz, ni hydrogène, ni azote, en faisant deux expériences, l'une dans un
courant d'air sec pour entraîner les vapeurs de chlorure de bore, l'autre dans un cou-
rant d'hydrogène. Par conséquent, aux trois groupes AzH* qui se sont unis aux 3''
de chlore correspondent, par compensation, trois groupes amidogènes ÂzH^ qui se
sont unis à l'atome de bore. C'est d'ailleurs ce que confirment : 1° l'augmentation de
poids de la matière; 2» l'action de l'eau sur la matière, qui se transforme lentement,
sans dégagement de gaz, en 1""°^ d'acide borique et 3"^°' d'ammoniaque comme l'in-
dique l'analyse du liquide.
» Il s'est donc formé du chlorure d'ammonium et de l'amidure de bore.
On a à — 23*^ :
BoCl^ + i5AzH^ = 3(AzH*Cl, 3AzH^) h-Bo(AzH2)%
et à 0° :
BoCP4- 6AzH«=:3AzH^ClH-Bo(AzIi-)^
» On n'obtient, d'ailleurs, ce résultat que quand on a évité avec soin toute élévation
de température. Une fois ce but atteint, si on laisse la température s'élever, de l'am-
moniac se dégage lentement sans que l'on ait pu mettre en évidence de tension fixe,
soit qu'il n'y en ait pas, soit que la tension de dissociation soit trop longue à s'établir.
Entre 0° et 440°, il sort i°^°^, 5 d'ammoniac pour 1^°^ d'amidure de bore, de sorte
que l'on peut représenter ainsi la réaction
2Bo(ÂzH2)3r= Bo2(AzH)*-r 3AzH^
M Cette décomposition est lente. C'est à la présence de cet imidure de
bore dans les produits de la réaction, lorsqu'on n'a pas évité toute éléva-
tion de température, que sont dus les résultats irréguliers que l'on trouve
II08 ACADÉMIE DES SCIENCES.
pour le poids d'ammoniac absorbé par un poids donné de chlorure de bore,
quand on laisse la température s'élever pendant la réaction.
» Dans ce cas, on peut trouver une quantité d'ammoniac fixé, très
voisine de 9"°' pour 2™°' de chlorure de bore (M. Besson). On a alors
2B0CP + gAzH» -= 6 AzH*Cl -1- Bo= (AzH)\
» D'ailleurs, lorsqu'on ne refroidit pas suffisamment, ou lorsque intentionnellement
on chaufTe, le chlorure d'ammonium formé ne réagit pas sur l'amidure ou l'imidure
de bore; je l'ai vérifié ainsi : ayant chauffé vers 35o° le produit brut de l'action du
chlorure de bore sur l'ammoniac et l'ayant laissé refroidir, on y a envoyé de nouveau
de l'ammoniaque liquide et l'on a détermfhé la quantité de gaz ammoniac sortant
entre - 28° et 0° et représentant, par suite, l'ammoniac combiné au chlorhydrate; on
a trouvé sensiblement le même nombre qu'avant d'avoir chauffé ( 1274"'°', 5, par exemple,
au lieu de lagS'^'^'jO dans une expérience; l'écart observé paraît dû à la vaporisation
d'une petite quantité de chlorure d'ammonium).
» Quel que soit d'ailleurs le produit que l'on obtienne, Bo(AzH^)^
ou Bo^(AzH)^ ou un mélange de ces deux corps, on trouve toujours, à
l'aide de la méthode décrite plus haut, que la même quantité de chlorure
d'ammonium a été formée.
» Ces expériences constituent, comme on le voit, une nouvelle applica-
tion de la méthode que j'ai indiquée autrefois (') pour étudier l'état des
corps qui forment des mélanges complexes dont on ne peut retirer les con-
stituants. Cette méthode, qui a depuis été appliquée par d'autres chimistes
et par moi-même, n'est d'ailleurs qu'une application immédiate des belles
expériences de H. Sainte-Claire Deville et de Debray sur la dissociation.
» Je n'ai pu jusqu'à présent séparer l'amidure de bore du chlorure
d'ammonium formé simultanément qu'en en perdant la majeure partie;
pour cela, on lave le mélange, obtenu comme il a été dit, avec du gaz
ammoniac liquéfié qui dissout le chlorhydrate d'ammoniaque beaucoup
plus que l'amidure de bore.
)) Au contraire, l'imidure de bore peut être facilement séparé du chlo-
rure d'ammonium à l'aide de l'ammoniac liquéfié; il est en effet très peu
soluble dans ce dissolvant.
» Cet imidure de bore a d'ailleurs été décrit par MM. Stockes et Blick
(Z). ch. G., t. XXXIV, p. 3o39), qui l'ont obtenu en chauffant à 120° un
sulfure de bore ammoniacal Bo^S^ 6AzH'^; on obtient ainsi du sulfure
(') Comptes rendus, t. CXII, p. 892.
SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE 1902. " II 09
d'ammonium et de la borimide. On peut se demander, à la suite de cette
étude, si le sulfure de bore ammoniacal n'est pas un mélange de sulfure
d'ammonium et d'amidure de bore; si, de même, le bromm^e de bore et
l'iodure de bore ammoniacaux BBr% 4 A.zH^ ou 2BBi\9AzPP etBP,5AzH'
ainsi que BP, i5AzH* ne sont pas aussi des mélanges d'amidure de bore et
de bromure ou d'iodure d'ammonium. C'est ce que je vérifie en ce
moment. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur un phosphate ammoniaco-manganique violet.
Noie de M. Ph. Barbier, présentée par M. H. Moissan.
« Dans le cours de mon travail sur le phosphate rose violacé de
Gmelin, j'ai réussi à préparer un nouveau phosphate manganique de
nuance beaucoup plus bleue. J'indique dans cette Note le mode de prépa-
ration, la composition et les propriétés de ce nouveau sel.
» Pour obtenir ce phosphate, on procède de la manière suivante :
» Dans une capsule de platine on introduit i partie de bioxyde de manganèse
précipité et 4 parties de phosphate diammonique avec la quantité d'eau nécessaire
pour former une pâte épaisse. On chauffe d'abord modérément en agitant pour chasser
l'eau, puis plus fortement pour fondre le sel ammonique. Les deux corps réagissent
avec dégagement d'ammoniaque; le mélange, d'abord pâteux, se dessèche et devient
solide en même temps que l'on observe une coloration violette. On ajoute alors une
quantité d'acide phosphorique sirupeux suffisante pour imprégner toute la masse,
et l'on continue à chauffer en agitant constamment jusqu'à ce que la substance ait
pris une belle coloration violette.
» Après refroidissement, on traite la matière par l'eau pour dissoudre l'acide phos-
phorique et le phosphate diammonique qui pourraient subsister; on lave à l'eau
distillée froide jusqu'à ce que l'eau de lavage ne renferme plus d'acide phosphorique.
Il reste une substance pulvérulente qui constitue le nouveau phosphate manganique.
» Après dessiccation à 1 10°, il donne à l'analyse les chiffres ci-dessous :
P pour 100 25,3
Mn pour 100 22
Am pour 100 7
» Ces nombres correspondent assez bien à la composition exprimée par
la formule P^O'^Mn-, Am'' qui exige :
P pour 100 25, 1
Mn pour 100 22, 2
Am pour 100 7,2
G. R., 1902, 2« Semestre. (T. CXXXV, K» 24.) ^'^5
IIIO ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Le nouveau sel peut donc être envisagé soit comme un dipyrophos-
phate ammoniaco-manganique
P2 03
P^O'
OAm
O— Mn
0/
On
O— Mn
o/
OAm
soit comme un diortho-dimétaphosphate ammoniaco-manganique
OAm
PO ^ 0\
^Mn — O — P = 0
0\ ^ ^
, ^\Mn — O — P = 0
PO I 0/
( OAm
isomère du précédent.
)) Quoi qu'il en soit, la combinaison précédente, que je désignerai sous
le nom de dipyrophosphate ammoniaco-manganique, se présente sous forme
d'une poudre violette insoluble dans l'eau, soiubie dans l'acide chlorhy-
drique avec dégagement de chlore. Les alcalis décomposent ce phosphate
en mettant en liberté de l'ammoniaque et du sesquioxyde de manganèse.
» Chauffé au rouge dans un creuset de platine, il donne un méta-
phosphate manganeux. »
CHIMIE ANALYTIQUE. — Séparation des alcalis et du peroxyde de manganèse.
Note de M. H. Baubigny, présentée par M. Troost.
« Si la présence d'acide sulfurique libre dans le milieu oîi se forme le
peroxyde de manganèse par l'action des persulfates (^) n'empêche pas
l'entraînement des oxydes basiques, du moins il est en partie atténué.
Aussi, lors des essais effectués en présence des sels alcalins, ai-je eu soin
(') Comptes rendus, t. CXXXV, p. gôS, et aux errata, toc. cit., p. 1084.
SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE I902. II lî
d'ajouter de faibles proportions d'acide pour favoriser la surcharge et
mieux faire ressortir la rigueur du procédé qui permet d'enlever au
peroxyde la totalité des alcalis qui y sont combinés.
» Ce point établi, et m'en référant aux indications déjà fournies sur le
mode opératoire, il me suffira, pour l'exposé des expériences, de donner
pour chacun un simple schéma, en résumant seulement les données
variables : la valeur du manganèse étant exprimée en oxyde salin Mn^O*
pour permettre une comparaison rapide avec le résultat. Si, pour la commo-
dité pratique, j'ai employé de l'acide sulfurique dilué (i: 10 en volume), il
reste cependant entendu que l'indication expérimeiitale se rapporte tou-
jours à l'acide SO'H- (^=1,84).
» Les essais (a) et (b) montrent de suite le degré d'erreur possible en présence de
sels alcalins, même en lavant Mn O* à l'eau bouillante. Mais si l'on emploie une solution
même mojennement concentrée d'un sel ammoniacal (le nitrate, par exemple) en
terminant avec un peu d'eau, on obtient exactement le poids de manganèse mis en
expérience, comme l'établissent les essais (c) et (d).
Volume SO^H= (AzH*)2S=08 (')
initial en richesse: K-SO* Mn»0< Mn'O*
en cm-'. volume. 84 pour 100. pur. initial. trouvé.
g e e s
(a) 200 3 pour 100 2 12,5 o,20o3 0,2862
(b) 200 i » 2 18 o,2oo3 0,2871
(c) 200 A » 2 12,5 0,2003 0,200I
(d) 200 1 » 2 18 o,20o3 0,2000
» Le lavage à chaud avec le sel ammoniacal n'est pas nécessaire, puisque
dans le dernier cas (d) on a opéré à froid.
» La solution du problème est donc une simple mise en jeu de la loi des
échanges entre un manganite alcalin et un sel ammoniacal à acide fort,
procédé bien supérieur au lavage avec de l'eau acidulée, qui toujours re-
dissout du manganèse, si l'on prolonge l'action en dehors du persulfate.
» Je dis, en outre, que dans les essais (a) et (b) les excès de poids sont
dus seulement à la présence de l'alcali et non de son sulfate.
» Si l'on dissout, en effet, le produit de (a) dans HClaq, qu'on évapore presque à
sec pour chasser l'excès d'acide, et qu'on redissolve dans un peu d'eau, on n'obtient
sensiblement rien par l'addition de i à 2 gouttes d'une solution ^ N. de BaCP, tandis
(» ) Les impuretés solubles de ce persulfate sont du (AzH*)2S0* et de petites traces
de K^SOS d'oxyde de fer et de silice ; ces deux dernières, les seules pouvant être pré-
judiciables, n'excédant paso,oo5 pour 100.
II 12 ACADÉMIE DES SCIENCES.
que dans la solution de l'oxyde de (b) on retrouve une quantité très appréciable de
potassium. Cela se vérifie en précipitant d'abord le manganèse, après addition d'am-
moniaque, par de l'eau oxygénée distillée, filtrant, lavant avec du Az H^ Cl ammoniacal
et évaporant les eaux à siccité dans une petite capsule de platine, jusqu'à élimination
complète des sels ammoniacaux. Le résidu (o^jOSg) soluble dans l'eau colore la flamme
en violet; sa solution donne à froid un dépôt cristallin par le perchlorate d'ammoniaque,
ainsi qu'un précipité abondant par le cobaltinitrite de sodium, réactif (') par excel-
lence du potassium,
» Ce poids de o^joSgRCl correspondant à o^,o246K-0 n'est pas en
rapport avec la surcharge 0^,0868 de l'essai (b). Mais il n'y a là aucune
contradiction. On sait, en effet, d'après Rousseau (^), que les polymanga-
nites sont stables à haute température et que ce n'est qu'au delà d'environ
i3oo** qu'ils se résolvent en Mn^O'et potasse volatile. Partie de la surcharge
est donc due à de l'oxygène.
» L'aspect du produit est d'ailleurs un renseignement pour l'opérateur.
Tandis que Mn^O"* doit être très poreux et possède une teinte brun clair, le
peroxyde chargé d'alcali donne, après calcination, des grains noirs à
texture compacte comme les polymanganites formés au rouge.
» Une seconde série de recherches, portant sur des poids plus forts de manganèse,
m'a conduit aux mêmes conclusions; car de deux lots de MnO^(Mn^O*=: 08,4674)
préparés avec les mêmes solutions, dans des conditions identiques, l'un, qui a servi au
dosage de l'acide sulfurique, m'a donné os,oo29BaSO*, soit os,ooioSO* et le second,
par le mode déjà indiqué, os,0927KCl ne pouvant renfermer comme impuretés que
les minimes traces de fer et de silice apportées par le persulfate. Or, entre ces deux
poids, os,ooioSO' et os,o585K^O, correspondant à os,o927KCl, il n'existe aucune
proportionnalité permettant d'attribuer la surcharge au sulfate alcalin.
» Après la calcination de l'oxyde, la solution du sel ammoniacal n'agit plus
qu'imparfaitement, même en opérant à chaud; la raison en est dans l'état
physique du produit, dont les grains compacts se laissent mal pénétrer par
le liquide, alors qu'avant la dessiccation l'oxyde forme une poudre extrê-
mement fine. Au cas où l'on suspecterait une surcharge alcaline d'après
l'aspect du produit, il n'y aurait qu'à le redissoudre et à recommencer
l'opération.
» J'ajouterai cjue les sels alcalins semblent agir surtout au moment de
(') Ce n'est, en somme, que la réversion de la réaction bien connue du cobalt, ap-
pliquée au potassium et sur laquelle de Koninck^ le premier, a appelé l'attention.
(■^) Comptes rendus, t. CIV, 1887, P- 7^6 et 1796.
SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE 1902. IIl3
la formation du MnO% car, si on les ajoute après la précipitation, la sur-
charge est sensiblement inférieure.
» Dans tontes les recherches ultérieures, après avoir d'abord débarrassé
le peroxyde des eaux mères acides par quelques lavages à l'eau, nous le
traiterons donc toujours par un sel ammoniacal (le nitrate de préférence)
pour le purger de toute trace d'alcali; d'autaut plus que ce procédé permet
un lavage méthodique de l'oxyde, qui, dans ces conditions et malgré sa
ténuité, ne traverse jamais le papier du filtre.
» Cette méthode de purification n'est applicable qu'aux alcalis ^ew/^ et ne
réussit pas avec les oxydes métalliques. »
CHIMIE MINÉRALE. — La diffusion de V arsenic dans la nature.
Note de M. F. Garrigou, présentée par M. A. Gautier.
« Les belles et pratiques découvertes de M. A. Gautier, sur l'iode et sur
l'arsenic chez les animaux et les plantes, m'ont décidé à faire connaître à
l'xAcadémie les résultats de mes j)ropres investigations commencées depuis
plus de 3o ans. Elles m'ont convaincu de la dissémination de l'arsenic dans
les trois règnes.
» La méthode de recherche qualitative que j'ai employée, dès 1869,
est la méthode des flammes, des perles et des émaux^ de Bunsen, avec l'aide
précieuse du speclroscope ou du microscope et des réactifs ordinaires.
» On peut, avec les perfectionnements pratiques que j'ai apportés à
cette méthode, arriver à déceler dans une substance ^Q^^^^ „• de milligramme
d'arsenic. De plus, après avoir répété toutes les réactions, ou peut
reprendre encore cet arsenic, par un traitement direct sur la capsule à
cupules, et recommencer toutes les opérations (').
rt Voici de quelle manière je fais cet examen des flammes :
» La substance est réduite en poudre, on la traite à chaud par l'eau régale pure,
presque à siccité. On recommence ce traitement trois fois. On évapore à sec au bain-
marie, et l'on traite à cliaud trois à quatre fois par l'acide chlorhydrique pur, pour
chasser l'acide azotique et rendre la silice insoluble.
» On reprend par l'acide chlorhydrique étendu. On fdtre et fait passer un courant
d'acide sulfureux pendant i heure, à 3o° environ. On enlève alors l'acide sulfureux en
(') Il en est de même pour tous les métalloïdes et métaux volatils, tels que le tel-
lure, le sélénium, l'antimoine, le bismuth, le cadmium, le plomb, le mercure, le zinc,
rétain, l'iridium, lethallium, etc.
Ill4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
excès, à chaud et au moyen du vide, en recevant les gaz dégagés dans une solution de
potasse, pour en surveiller la connposition. On fait alors passer à chaud, pendant
5o heures au moins, un courant d'acide sulfhydrique. On laisse digérer le tout à 4o°
pendant 5o heures. On recommence à faire passer le courant d'acide sulfhydrique
pendant 12 heures.
» On laisse alors tous les sulfures se déposer, on décante soigneusement le liquide
limpide, et l'on jette le précipité sur un filtre pour le laver avec une solution d'acide
sulfhydrique d'abord, puis d'eau distillée bouillie et privée ainsi d'ammoniaque.
» Après avoir soigneusement séparé la partie claire, on traite alors directement les
sulfures sur le filtre par de l'ammoniaque qui dissout le sulfure As^S^. On évapore
le liquide ammoniacal à siccité, et le sulfure d'arsenic restant est directement examiné
par le procédé des flammes de Bunsen, sur la capsule de porcelaine à petites cupules.
» On peut ainsi déceler la présence de quantités infinitésimales d'arsenic.
» Il est aisé, en faisant des expériences comparatives sur une seconde capsule de
porcelaine, avec du sulfure d'arsenic titré, d'établir une échelle d'étendue et d'inten-
sité de dépôt qui permet de juger a/?/>ro^ima^fVe/?ze/i^ la quantité d'arsenic trouvée (').
» Voici maintenant les résultats que j'ai obtenus depuis 1868 dans
25o examens divers.
») 1° Roches. — Toutes les roches, depuis le granit jusqu'aux terrains sédimentaires
les plus récents, contiennent de l'arsenic.
» 2° Minéraux crisLallisés. — Le spath d'Islande, le quartz, les agates, les fluo-
rines, les gypses, les barytines ne m'ont pas paru en contenir.
» 3" Filons métallifères. — Ceux dont j'ai le mieux étudié la composition sont les
amas de fer, les filons de minerais de zinc, de cuivre, de plomb, de mercure. Tous
étaient plus ou moins arsénifères.
» 4° Eaux minérales. — Il n'y a pas une seule eau minérale, parmi celles que j'ai
eu à examiner chimiquement, d'une manière complète, qui ne m'ait fourni de l'ar-
senic.
» Dans celle de Luchon, j'ai retrouvé jusqu'à os, 0002 d'arsenic. L'un des résidus de
cette eau, provenant de l'évaporation de 100', m'a même fourni de l'acide cacodylique
parfaitement reconnaissable à son odeur (2).
» 5° Eaux potables. — En évaporant des quantités suffisantes d'eau potable, on y
retrouve toujours de petites traces d'arsenic, supérieures à o™s,oooooi.
» Les eaux granitiques sont celles qui m'en ont fourni le moins. Les eaux des nappes
phréatiques, celles qui m'en ont donné le plus (^).
(^) Pour des essais du genre de ceux que j'ai poursuivis, une approximation sem-
blable est parfaitement suffisante.
(-) Filhol avait signalé, avant moi, l'arsenic dans les eaux de Luchon, et Tripier,
dans une eau minérale d'Algérie, dès i84o.
(^) Ces évaporations doivent se faire dans la porcelaine, le verre contenant presque
toujours de l'arsenic.
SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE 1902. Ill5
» 6° Cendres des végétaux. — Les cendres des végétaux obtenues par calcination
soit en vase clos, soit en plein air, contiennent de l'arsenic en quantité notable. Dans
mon analyse des cendres des herbages de la Frèche, près de Luchon, j'avais signalé
des traces d'arsenic {Journal de Thérapeutique, 10 décembre 1875, p. 909). Dans
une nouvelle analyse, faite quelques années plus tard,j'ai pu constater dans ces mêmes
cendres, au moyen d'un dosage direct à l'état d'arséniate ammoniaco-magnésien,
0,02 pour 100 d'arsenic.
» Le vin en contient aussi, et les quantités varieraient de os, 000 000 5 à o?, 000 002
suivant les régions et les terrains.
» 7° Dans l'organisme animal. — Comme expert des tribunaux, j'ai, dans les or-
ganes (^) de 12 empoisonnés par divers métaux, cherché aussi l'arsenic. Je l'y ai
rencontré à des doses qui variaient de os, 000 002 à os, 000 008. Les composés métal-
liques qui avaient été ingérés criminellement étaient les combinaisons du cuivre, du
zinc, du mercure, le cyanure de potassium. Je l'ai trouvé également dans un cas d'em-
poisonnement par la sabine, tout en me gardant de conclure, dans ces cas, à Fintro-
duction criminelle de l'arsenic.
» Les conclusions que je crois pouvoir tirer de cette Note sont les sui-
vantes ; l'arsenic est un des métalloïdes les plus répandus dans la Nature.
Il est souvent absorbé par l'homme, à son insu, avec ses aliments et ses
boissons. »
Observations de M. Armand Gautier présentées à la suite
de la Note précédente.
« A propos de ces constatations de la présence de l'arsenic dans l'orga-
nisme humain, je crois devoir faire des réserves. Il serait très regrettable
de laisser croire que l'arsenic se retrouve dans tous nos organes, et que
les milliers de recherches négatives, faites à ce sujet par les chimistes
experts, sont erronées. Chez l'animal, l'arsenic se localise dans la peau
et ses glandes annexes. La plupart des organes que M. Garrigou cite en
note n'en contiennent pas ou des traces inférieures au vingt-millionième
de leur poids. Dans ces recherches, il faut vérifier avant tout la pureté de
ses réactifs en opérant sur des quantités doubles ou triples de celles qui
serviront aux expériences. Il faut aussi se tenir en garde contre l'existence
de l'arsenic dans le verre : celui d'Iéna peut en contenir jusqu'à i mil-
lième. »
(*) Mélange du foie, des poumons, des reins et du cerveau.
IIl6 ACADEMIE DES SCIENCES.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur L'aldéhyde p-benzène-azobenzoïque et ses dérivés.
Note de MM. P. Freundler et de Laborderie, présentée par M. H.
Moissan.
« L'un de nous a décrit dans une précédente Note (') la préparation et
les propriétés de l'aldéhyde /?-benzène-azobenzoïque,
C«H'.Az = Az.C«H\CHO.
» Nous avons cherché depuis lors un mode d'obtention de cette aldéhyde
qui permît d'éviter la séparation des deux acétals mixte et symétrique, et
nous avons essayé de condenser le nitrosobenzène avec l'aldéhyde /?-ami-
nobenzoïque, suivant la méthode de Mills et de Bamberger (^) :
C^H^AzO + H^Az.C^H^CHO^CH^Azrr:: AzC^H'.CHO + H^O.
» L'aldéhyde /)-aminobenzoïque étant difficile à manier à cause de sa
facile polymérisation, nous avons cherché à lui substituer un de ses dérivés
immédiats tels que l'oxime ou l'acétal.
» Ce dernier n'a pas encore été décrit; toutes les tentatives que nous
avons faites pour l'obtenir ont échoué jusqu'à présent.
» D'une part, la réduction de l'acétal /j)-nitrobenzoïque au moyen du sulfure d'am-
monium alcoolique ne nous a fourni que des matières résineuses se décomposant à la
distillation, qui constituent un produit de polymérisation de l'aldéhyde aminée. Le
groupement acélal est donc saponifié par le sulfure d'ammonium.
» D'autre part, il ne nous a pas été possible de transformer l'oxime aminée en acétal
au moyen de l'alcool méthylique et de l'acide chlorhydrique, suivant le procédé de
Harriès (^). La presque totalité de l'oxime reste inaltérée.
•» Enfin, la réduction de l'acétal p-miré. par l'amalgame d'aluminium, en solution
éthérée, ne nous a donné qu'un mélange de dérivés hydroxylaminé et azoxyque sur
lesquels nous reviendrons prochainement.
)) L'oxime /?-aminobenzoïque peut au contraire être préparé très faci-
lement par le procédé de M. Gabriel (*). Toutefois, la condensation de
(*) Comptes rendus, t. CXXXIV, p. iSSg.
(^) Mills, Chem. Soc., t. LXVll, p. 929. — Bambergek, D. cliem. G., t. XXIX, p. io3.
(')/>. chem. G., t. XXXI V.
(*) Z). chem. G., t. XVI, p. 2001.
SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE 1902. Iliy
cette oxime et du nitrosobenzène se fait avec un assez mauvais rende-
ment.
» 36' de nitrosobenzène et 45^ d'oxime aminée sont' chaufTés avec loos d'alcool
à 96 pour 100 et 20s d'acide acétique, pendant 5 à 6 heures, au bain-marie. Après
refroidissement, la benzène-benzaldoxime se dépose sous la forme de paillettes
bronzées qu'on essore et qu'on lave avec un peu d'alcool froid. On obtient ainsi 288
de produit pur (au lieu de 74S). Les eaux mères en contiennent une petite quantité
que l'on peut isoler par l'intermédiaire des sels de sodium ou de potassium; ceux-ci
sont en effet très peu solubles dans l'eau froide.
» La p -benzène-benzaldoxime, CtPAz = Az C'H' CH = AzOH, fond
à 143°; elle est peu soluble dans l'alcool froid, très soluble dans l'acétone.
Les acides dilués ne la saponifient que très difficilement et incomplète-
ment, même à 100°. Lorsqu'on traite par de l'acide chlorhydrique une
émulsion du sel de sodium dans l'eau, additionnée de la quantité théo-
rique d'azotite de soude, on réussit à détruire partiellement le groupe-
ment oximiné; mais il se forme en même temps des produits secondaires
que nous étudions actuellement et qui rendent très difficile la purification
de l'aldéhvde.
» Il résulte de là que la préparation de cette dernière s'effectue plus
commodément par le procédé indiqué antérieurement (/oc. cit.).
» L'aldéhy(le/>-benzène-azobenzoïque fournit par oxydation l'acide cor-
respondant, qui fond à 238° et qui a déjà été décrit ('). Chauffée à 180**
au bain d'huile avec de l'anhydride acétique et de l'acétate de sodium
fondu, elle donne naissance à une petite quantité d'acide p-benzène-azo-
cinnamique C''H\ Az = Az.CHP .CH = CH .CO-H. Ce dernier acide s'ob-
tient plus aisément en chauffant pendant quelques heures au bain-marie
une solution alcoolique de nitrosobenzène et d'acide jo-aminocinnamique
additionnée diacide acétique. Mais, dans ce cas encore, les rendements sont
loin d'être théoriques.
» L'acide benzène-azocinnamique cristallise dans le benzène bouillant en paillettes
rosées, très peu solubles dans l'alcool et dans l'acide acétique. Il fond en se décompo-
sant vers 245". Traité par le perchlorure de phosphore en solution benzénique, il
fournit un chlorure cristallisé en aiguilles rougeâtres. Ce chlorure a été transformé
en amide (lamelles d'un rouge orangé, fusibles à 228°-229°, solubles dans l'acétone),
en éther méthylique (aiguilles rouges, fusibles à i45°; peu solubles dans i'alcool et le
(*) Mentha, Heumann, D. chetn G., t. XIX, p. 3o23. — Jacobson, Ann. Chenu,
t. CCCllI, p. 385.
G. R., 1902, 1" Semestre. (T. CXXXV, N° 24.) ï4t>
IIl8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
benzène) et en étiier èlhyUque (aiguilles prismatiques rouges, fusibles à loi^-ioa").
Il est à remarquer que l'ammoniaque alcoolique n'attaque pas l'éther méthylique à loo",
en vase clos.
» Nous avons préparé également, à partir de l'acide précédent, le hen-
zène-azostyrolène et Y acide benzène-hydrazocinnamique dont nous complé-
tons actuellement l'étude. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur V acide oxyhenzy Iphosphinique .
Note de ?.î. C. Marie, présentée par M. H. Moissan.
« Cet acide a été découvert par Fossek (il/o/z. /. Ch., t. V, p. 121) qui
le préparait en faisant réagir le trichlorure de phosphore sur l'aldéhyde
benzoïque; en traitant par l'eau après réaction il obtenait l'acide
fusible à 178°. Mes recherches sur les acides dérivés de l'acétone et des
acides phosphoreux et hvpophosphoreux m'ont amené à deux nouvelles
méthodes de préparation de cet acide.
» 1° J'ai montré {Comptes rendus, t. CXXXIV, p. 286) que l'acide PO^H^^G^HfiO
s'oxydait facilement en donnant l'acide oxyphosphinique correspondant PO^H^C^ H^O.
Or, Ville {Comptes rendus, t. CX, p. 348) a décrit un acide oxybenzylhypophos-
phoreux PO-H'CH^CHO qu'il obtenait en faisant réagir PO-H^ en solution aqueuse
concentrée sur Taldéhyde benzoïque. Gel acide réduisait HgCl"^, mais le produit de la
réaction n'a pas été étudié. J'ai pensé que ce produit d'oxydation ne pouvait être que
l'acide PO"*H'*C^H^CHO et c'est en effet ce qui a lieu. Pour réaliser cette préparation
par ce procédé voici comment il convient d'opérer :
» On prépare d'abord l'acide PO-fPG^H^CHO (je reviendrai d'ailleurs plus tard
sur cette préparation) et l'on traite sa solution aqueuse tiède par le brome (') jusqu'à
ce que celui-ci soit en léger excès. On évapore à sec la solution pour chasser HBr et
l'acide brut obtenu, sensiblement pur d'ailleurs, est recristallisé soit, comme Fossek
l'indique, dans un mélange de benzène et d'acide acétique, soit plus simplement dans
l'acétone.
» 2° Dans la Note citée plus haut, j'ai fait voir que l'acide PO^H^G^H'^0 était sus-
ceptible de fixer une molécule d'aldéhyde benzoïque pour fournir un acide mixte
PO-H^G^H'^OG^H^GHO. La facilité de cette réaction comparée avec la difficulté de
fixation d'une nouvelle molécule d'acétone m'a amené à penser que l'hydrogène
(•) Le brome remplace avantageusement HgGl-, l'oxydation est immédiate et
l'extraction du produit simplifiée autant que possible.
SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE 1902. III9
réducteur de l'acide phosphoreux incapable de fixer l'acétone pourrait être plus actif
vis-à-vis de l'aldéhyde benzoïque et donner directement l'acide PO^H^C'^H^CHO.
C'est en effet ce qui a lieu, et pour effectuer cette réaction il suffît de chauffer ensemble
l'acide PO^H' et un excès d'aldéhyde à ioo°-iio° pendant une vingtaine d'heures.
Peu à peu la condensation a lieu en même temps que le mélange se colore en rouge.
Si on laisse refroidir au bout du temps indiqué, le produit se prend en masse. On
élimine l'excès d'aldéhyde par le benzène, qui laisse l'acide sensiblement pur.
» L'acide obtenu par ces deux procédés a été comparé et identifié avec
celui préparé avec PCP. Il a le même point de fusion ig5°. La valeur ijS^
indiquée par Fossek correspond à un point de décomposition et non à un
point de fusion. Pour avoir celui-ci, il faut opérer au bloc Maquenne, en
prenant comme température celle à laquelle la substance projetée fond
immédiatement. Le chauffage progressif en petit tube donne bien 173°;
mais la fusion est accompagnée d'un départ d'aldéhyde. Cette décompo-
sition n'est d'ailleurs pas complète et la perte de poids, même par un
chauffage prolongé à 3oo°, ne dépasse pas 12 pour 100, alors que la réac-
tion totale exigerait 56,38. Il reste une substance résineuse jaunâtre, so-
luble dans l'eau avec une fluorescence bleue. Son étude n'a pas été poussée
plus loin.
M Pour déterminer plus complètement la constitution et les propriétés
de l'acide oxybenzylphosphinique j'ai préparé quelques nouveaux dérivés
de cet acide : son sel d'argent, son éther méthylique et son dérivé benzoïlé.
» Sel d''argent. — L'acide pur ne réduit plus du tout l'azotate d'argent et le sel
obtenu en mélangeant la solution légèrement acide du sel de soude avec un excès
d'AzO'Ag est parfaitement blanc et stable. Séché il correspond à la formule
P0»HAg2C«H»CH0.
Ce sel m'a servi à identifier plus complètement l'acide obtenu par les trois procédés
indiqués précédemment.
» Ether méthylique. — J'ai préparé cet éther par le sel d'argent et CH^I ou par
l'action de Ag-0 sur l'acide en présence d'un excès d'iodure. Dans les deux cas, par
évaporation de l'iodure en excès, on obtient un sirop qui ne cristallise que partielle-
ment. Par essorage et cristallisation dans l'élher on obtient des cristaux fusibles à 99°.
Ceux-ci, d'après leur analyse et leurs propriétés, constituent l'éther
PO=^H(CH3)2C^H^CHO.
Ils sont très solubles dans l'eau, l'alcool, l'acétone; peu solubles dans le sulfure de
carbone et l'éther. Leur saponification s'effectue nettement en deux phases : une seule
molécule d'alcool part d'abord puis il faut de longues heures d'ébulliiion en présence
d'un excès d'alcali pour avoir la saponification complète. Celle-ci est accompagnée
I120 ACADEMIE DES SCIENCES.
d'une décomposition en aldéhyde benzoïque et phosphite facilement caractérisable
dans la liqueur.
» Dérivé benzoïlé. — On traite l'acide par un petit excès de chlorure de benzoïle
à ioo°. Après départ de l'HCl théorique on reprend par l'eau et l'on élimine l'acide
benzoïque qui se forme toujours en petite quantité par quelques dissolutions et éva-
porations à sec successives.
» Finalement on obtient le dérivé benzoïlé qui cristallise à froid de sa solution
aqueuse en aiguilles fusibles à gS" et répondant à la formule
P0'IP(OH^CH0)(C«H«C0).
Ce corps est presque insoluble dans l'eau froide; il est soluble dans l'alcool, l'éther,
l'acétone; peu soluble à froid dans le benzène. Comme l'acide PO^H'C^H^CHO mo-
noacide à l'hélianthine, il est nettement biacide à la phtaléine. Par ébullition avec un
excès d'alcali il est facilement saponifié.
» J'espère pouvoir montrer, clans une prochaine Note, que les deux mé-
thodes indiquées s'appliquent également aux aldéhydes grasses et consti-
tuent par suite deux méthodes générales de synthèse des acides oxyphos-
phiniques dérivés des aldéhydes. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur une nouvelle méthode de chloruralion des
carbures aromatiques. Note de MM. Seyewetz et Biot, présentée par
M. A. Haller.
« Le chlorure plombico-amoniacal se décompose facilement, comme on
le sait, sous l'action de la chaleur ou des composés réducteurs, en donnant
du chlorure de plomb, du chlore et du chlorure d'ammonium.
» Nous avons utilisé le chlore naissant dégagé dans cette réaction à la
chloruration des carbures aromatiques.
» Préparation du chlorure plombico-ammoniacal . — Nous avons préparé ce
corps en faisant passer un courant de chlore dans du chlorure de plomb en suspension
dans l'acide chlorhydrique (') jusqu'à ce que la dissolution soit complète. Le liquide
rouge orangé ainsi obtenu est additionné de la quantité théorique de chlorure d'am-
monium dissous dans dix fois son poids d'eau (aAzH^Cl pour iPbCl"). Il se forme
aussitôt un précipité jaune cristallin qui est le chlorure plombico-ammoniacal
PbCl*+ 2AzH^Cl; on l'essore et on le sèche vers 70°-8o°.
» Chloruration du benzène. — A la pression ordinaire, le benzène chauffé plu-
sieurs heures à sa température d'ébuUition avec le chlorure plombico-ammoniacal ne
(') Frikdehicii, Berichte cler ileutsch. chcniisch. GtselhchaJÏ, l. XXVI, p. i434-
SEANCE DU ID DÉCEMBRE I902. II2I
donne Heu à aucune réaction. En tubes scellés le composé plombique réagit sur le
benzène vers i5o°. A l'ouverture des tubes on constate, outre la décoloration com-
plète du dérivé plombique, une forte pression avec dégagement d'acide chlorhydrique.
» Le contenu du tube est lavé au benzène pour séparer le chlorure de plomb. La
solution benzénique est rectifiée. La portion principale est recueillie vers iSi^-iSs".
Ses propriétés et le dosage du chlore permettent de l'identifier avec le chlorobenzène :
Calculé
Trouvé. pour C^U^C].
Cl pour 100 3i,32 3l,55
» Chloruration du toluène. — Le chlorure plombico-ammoniacal réagit facilement
sur le toluène à la température d'ébullition de ce carbure. On maintient au réfrigérant
à reflux le toluène avec \ seulement de la quantité théorique de composé plombique,
afin que la masse ne soit pas trop pâteuse. Il se dégage peu à peu de l'acide chlor-
hydrique et le chlorure plombique se décolore lentement. Au bout de quelques heures,
cette décoloration étant complète, on essore le chlorure de plomb, on le lave avec un
peu de toluène, puis on ajoute la deuxième portion de chlorure plombico-ammoniacal.
La réaction se continue alors comme dans la première phase, bien qu'un peu plus
lentement. Lorsque tout le composé plombique est décoloré, on l'essore et on le lave
comme le premier, puis on rajoute au liquide la dernière portion de composé plom-
bique et l'on arrête l'opération dès qu'on a obtenu la décoloration complète de ce
dernier.
» Le résidu solide est essoré, lavé avec un peu de toluène, et le liquide est rectifié.
On sépare d'abord une petite quantité de toluène non chloré, puis on recueille la
portion principale vers i56°-i58°. Les propriétés de cette portion et le dosage du
chlore permettent de l'identifier avec l'orlhochlorololuène. Oxydée par le permanganate
de potassium étendu, elle donne l'acide orthochlorobenzoïque fondant à iSô^-iS^"».
» Dosage du chlore :
Calculé
pour
CH'' ^^^
Trouvé. \CH3 '
Cl pour 100 27,6 28,06
» Chloruration du paraxylène. — La chloruration du paraxylène a lieu plus rapi-
dement que celle du toluène, probablement parce que sa température d'ébullition,
plus élevée que celle du toluène, favorise la décomposition du composé plombique.
On opère dans des conditions identiques à celles que nous avons indiquées pour le
toluène. Le produit final de la réaction est lavé à l'eau jusqu'à élimination totale de
l'acide chlorhydrique dissous, puis il est séché et rectifié. La fraction principale est
constituée par un liquide bouillant à 186° qui a pu être identifié par ses propriétés et
/CH3(i)
le dosage de son chlore avec le paraxylène orthochloré C^ll^ — Cl (2):
\CIP(4)
II 22 ACADEMIE DES SCIENCES.
Calculé
pour
/-CH»
C^H' -CI .
Trouvé. \CH3
Cl pour loo 24; 92 25, 'i6
On a recueilli également une petite quantité d'un mélange des autres isomères mono-
chlorés.
» Chloruration du naphtalène. — On mélange intimement le naphtalène avec le
double de la quantité théorique de chlorure plombico-ammoniacal. Cet excès de chlo-
rurant est nécessaire pour former le dérivé monochloré, car une partie du chlore
échappe à la réaction. Le mélange est chauffé dans un ballon et maintenu au bain de
paraffine vers i4o°-i5o° (température extérieure) : il se produit un abondant dégage-
ment d'acide chlorhydrique dont la cessation indique la fin de la réaction. Le résidu
solide est épuisé par un mélange à volumes égaux d'alcool et d'éther qui laisse inso-
luble le chlorure de plomb.
» Le dissolvant est alors distillé, puis on rectifie le résidu. On recueille d'abord une
petite quantité de naphtalène non attaqué, puis, vers 286°, il distille un composé chloré
qui constitue la fraction principale et peut être identifié par ses propriétés et le dosage
de son chlore avec l'a-monochloronaphtalène :
Calculé
Trouvé. pour C" H' Cl.
Chlore pour 100 21,67 21,8
» Chloruration de l'anthracène. — On chauffe vers 200", au bain de paraffine
(température extérieure), un mélange intime de chlorure plombico-ammoniacal et
d'anthracène employés en quantités équimoléculaires jusqu'à cessation de dégagement
d'acide chlorhydrique. Le résidu est épuisé par le benzène bouillant qui sépare le
chlorure de plomb. En distillant le benzène, il reste un résidu brun qui, soumis à la
sublimation, donne, en chauffant peu, d'abord de l'anthracène en paillettes blanches,
puis, en élevant la température, des aiguilles jaunes fondant à i63°.
» Les propriétés de cette substance et le dosage de son chlore permettent de l'iden-
tifier avec l'a-tétrachloroanthracène C'*H^CF :
Calculé
Trouvé. pour C'^HSCl^
Chlore pour 100 44j5 4439
» Conclusions. — Le chlorure plombico-ammoniacal paraît donc consti-
Luer une source de chlore naissant permettant de substituer cet halogène
d'une façon générale dans les noyaux aromatiques des hydrocarbures
benzéniques. »
SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE 1902. i l 23
ZOOT.OGIE. — Gré^arine cœlomique chez un Coleoptère.
Note (le M. L.-F. Blanchard, présentée par M. Alfred Giard.
« Tandis que des Grégarines cœlomiques ont été observées et étudiées
dans certains groupes d'Insectes, tels que les Orthoptères, les Névroptères,
les Hémiptères et les Diptères, ces parasites semblent beaucoup plus rares
chez les Coléoptères. Les seuls cas qui aient été relatés à notre connais-
sance sont ceux que L. Léger nousa fait connaître chez les larves à'Oryctes
nasicornis L. et de Geotrupes stercorarius L. (*), déjà infestés d'ailleurs
par une Grégarine intestinale et montrant des kystes cœlomiques saillants
à la surface de l'intestin et renfermant de nombreux sporocystes.
» Nous ferons connaître ici un autre cas de Grégarine cœlomique bien
plus caractéristique que les précédents, car les parasites se montrent libres
dans le cœlome non seulement à l'état enkysté, mais même pendant leur
vie végétative.
» Nous avons observé fréquemment celte Grégarine l'été dernier dans
des Carabus aiiratus L. provenant des environs immédiats de Grenoble.
« C'est sous la forme de kystes mûrs que le parasite s'observe le plus souvent. Ces
kystes peuvent atteindre des dimensions considérables (jusqu'à l'^'^jS), au point de
comprimer les organes. Ils sont complètement libres dans la cavité générale. Leur
couleur est d'un blanc mat et leur forme est ovoïde ou subsphérique. A l'intérieur de
ces kystes, dont la paroi est constituée par une membrane propre à la surface de
laquelle se voient quelques débris nucléaires aplatis (représentant sans doute des
amibocyles dégénérés), se trouvent les sporocystes en quantité innombrable, avec
quelques amas de granulations résiduelles.
» Les sporocystes sont ovoïdes, biconiques, comme ceux des Actinocéphalides
typiques. Ils sont lisses, sans aucun appendice, et montrent une enveloppe interne
épaisse recouverte par une enveloppe externe. Les dimensions de ces sporocystes sont
iii^X 7!^. Chaque sporocyste renferme huit sporozoïtes disposés suivant des méri-
diens et étroitement tassés. Les sporozoïtes sont des vermicules de gf^ à 10!^ de long,
montrant un noyau allongé suivant le grand axe du sporozoïte et remplissant à peu
près toute la largeur de celui-ci sur une longueur de ii^,6.
» Les états végétatifs, qu'on rencontre également dans le cœlome, sont représentés
par des Grégarines monocystidées en forme de toupie, c'est-à-dire avec un pôle un
peu plus pointu que l'autre. Nous n'avons pu orienter la Grégarine, car elle nous a
toujours paru immobile. Ces formes monocystidées, qui existent parfois en très grand
(') Léger, dans Tabl. Zool., v. lll, p. 106, t. 7.
ïl2\ ACADÉMIE DES SCIENCES.
nombre dans le même Carabe, sont toujours plus petites que les kystes. Nous en
concluons que ceux-ci résultent, comme chez les autres Grégarines, de l'accolement
de deux individus, mais nous ne pouvons l'affirmer, car nous n'avons pas encore
observé les premiers stades de l'enkystement.
» En raison de ce que nous savons aujourd'hui sur le développement
des Grégarines cœlomiques du Grillon domestique, et nous basant sur la
présence de stades végétatifs nionocvstidés libres dans le cœlome du
Carabe, il nous paraît probable que la forme que nous venons de décrire
est une forme cœlomique pure. Mais comme, d'autre part, il existait dans
l'intestin des Carabes infestés par la Grégarine cœlomique une Grégarine
intestinale, ^/îcjro^Aor« ^/•ac//<',s Léger, nous pensons qu'il est nécessaire
de vérifier cette assertion au moyen d'infections expérimentales que nous
poursuivons en ce moment.
» Par les caractères morphologiques de ses états végétatifs, notre Gré-
garine cœlomique doit rentrer dans le genre Monocystis. Nous la désigne-
rons donc sous le nom de Monocystis Legeri, la dédiant à notre maître et
ami le professeur Louis Léger. »
EMBRYOGÉNIE. — Sur l'évolulion de Vacrosome dans la spermatide du
Notonecte. Note de MM. J. Pantel et R. de 8inéty, présentée par
M. Alfred Giard.
« Développement de Vacrosome. — Après la nutation, quand la presque totalité
du cytoplasme est résorbée, on trouve des cellules où l'idiozome est tout à fait
terminal, homogène, simple ou bilobé {fig. 8) ('). Sur la figure 9, relative à un
stade légèrement plus avancé, on voit qu'il tend à envelopper le noyau par sa base,
tandis qu'il émet par son extrémité apicale un prolongement conique. D'autres
cellules, encore plus avancées et plus favorables pour suivre la marche des phéno-
mènes {fig. 10), laissent distinguer une masse très chromatophile, de forme irrégulière,
enveloppant le noyau sur une grande étendue et le plus souvent d'une manière asy-
métrique, tandis que le reste de l'idiozome, sous l'action d'une sorte de caryotropisme
négatif, s'allonge et s'atténue. L'ensemble présente durant quelque temps un contraste
de parties plus colorables et de parties moins colorables, puis la substance chroma-
tophile se répartit uniformément et l'acrosome constitué apparaît comme un long
cône homogène, fixant énergiquement les colorants nucléaires [fig. n ).
» Pendant ces transformations le noyau a subi à son pôle inférieur d'importantes
(*) Le lecteur est prié de se reporter, pour les figures, à notre Communication sur
la spermatide du Notonecte {Comptes rendus, i*'" décembre 1902, p. 997).
SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE 1902. II2D
modifications. Pour traduire les images on dirait volontiers que, à la suite d'une
dépression survenue autour du point d'insertion du filament axile, la région sidéro-
phile de la membrane nucléaire, plane à l'origine {fig. 8), se trouve transformée
en un entonnoir très évasé dont la douille constitue un court manchon autour du
filament {fig. 9). On a là l'ébauche du segment intermédiaire.
» Dffiérenciation de la tête du spermatozoïde {fig- 11 et 12). — L'acrosome
formé, le noyau s'allonge rapidement, tandis que l'élément nucléinien, représenté
presque tout entier par un volumineux caryosome, semble subir ime sorte de réso-
lution granuleuse. Bientôt après commence la condensation définitive. Le phénomène
débute de préférence par la région postérieure; il se constitue une sorte de colonne
axiale de chromatine homogène qui demeure quelque temps isolée de la membrane
par une auréole claire, puis grandit de manière à remplir toute la cavité nucléaire.
Il est tout à fait digne de remarque que l'acrosome perd corrélativement sa chroma-
tophilie en même temps qu'il s'allonge et s'atténue de plus en plus {fig. 12).
» Le segment intermédiaire apparaît dans son ensemble comme une pièce tronc-
conique dont l'enveloppe, épaisse et très chromatophile, représente l'entonnoir
mentionné au stade précédent; dont le contenu, homogène et fort peu colorable,
laisse voir suivant l'axe, à la partie inférieure, le bout proximal du filament axile.
» Jusqu'ici nous avons énoncé les faits sans autre préoccupation que
d'en donner la suite à peu près chronologique; nous croyons devoir isoler
maintenant, pour nous y arrêter quelque peu, un certain nombre de
points qui paraissent avoir plus d'importance ou qui demandent à être
rapprochés fies résultats publiés dans des travaux récents (^).
» Origine et manière d'être de L'acrosome. — Les auteurs qui se sont
appliqués à préciser la provenance de l'acrosome se partagent en deux
groupes : ceux dont les recherches ont porté sur les Vertébrés en font un
dérivé idiozomique [Meves (iSq'^, 1899, Salamandre, Cobave), Me Gregor
(1899, yl/?2/;Az«wa), Von Korff( 1902, Vhalangista^\ tandis que les entomo-
tomistes le rattachent au Nebenkeî'n [Paulmier (1899, Anasa)\, ou recon-
naissent qu'ils n'ont pu remonter jusqu'à son origine [Baumgartner
(1902, Gryllus)\.
» Nous considérons comme l'un des résultats principaux de notre étude
d'avoir pu constater la nature idiozomique de l'acrosome chez le Notonecta.
Par ce trait, la réduction des processus spermatogéniques des Insectes à
ceux des Vertébrés, observée déjà par l'un de nous (-) pour les cinèses
maturatives, se poursuit dans les métamorphoses de la spermatide.
(') Une revision bibliographique générale, même réduite aux publications récentes,
est incompatible avec le caractère de cette Note préliminaire; nous nous bornerons à
mentionner les Mémoires qui intéressent plus directement nos résultats.
(-) H. DE SiNÉTY, Recherches sur les P h as /nés {Thèse de la Sorboune), Lierre, 1901.
C. R., iyo2, >• Semestre. (T. CXXXV, N» 24.) l47
1126 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» L'identification de notre idiozome avec celui de Meves repose sur un
ensemble de caractères dont deux fondamentaux : la structure générale et
la polarité. Il faut y ajouter certaines particularités qui, pour n'avoir pas
une signification jusqu'ici assignable, n'en sont pas moins des indices très
nets d'identité morphologique. Telles sont, par exemple, les minuscules
granulations visibles dans notre figure 4» évidemment identiques à celles
que INiessing et Meves ont rencontrées dans la sphère des Mammifères.
» Ce fond commun ne permet pas de douter que nous n'ayons affaire à
la formation décrite par Meves; nous devons pourtant nous séparer de cet
auteur sur un certain nombre de points.
» Nous concevons autrement que lui la première origine de l'idiozome,
Chez le Notonecta il se constitue, graduellement et en deux temps, de deux
sortes de corpuscules, dont une peut être suivie jusque dans la cellule
mère (^corpuscules iodozomiques secondaires^. Rien, dans le processus, n'im-
plique une origine sphèrienne du premier matériel, tout semble indiquer
une différenciation graduelle du cytoplasme, comme chez les Vertébrés
supérieurs (Lenhossék).
)) Nous nous séparons encore de Meves dans l'appréciation des rapports
qui s'établissent plus tard entre le noyau et l'acrosome, n'ayant jamais
rencontré dans nos préparations une véritable fusion des deux corps, et la
membrane nucléaire nous ayant paru persistante.
» Enfin, les inclusions chromatophiles très spéciales que nous avons
signalées dans l'idiozome de Notonecla paraissent constituer un trait d'or-
ganisation jusqu'ici particulier. »
HISTOLOGIE. — La téléomitose chez /'Amœba Gleichenii Dujard,
Note de M. P. -A. Dangeard, présentée par M.L. Guignard.
« Il résulte de certaines observations, pour la plupart incomplètes il
est vrai, que la division nucléaire dans le genre Amœba présente des diffé-
rences marquées chez plusieurs espèces; cette constatation a une grande
importance si l'on considère que les Amibes occupent l'un des derniers
échelons de la série animale.
» Nous avons été conduit à entreprendre une étude d'ensemble de ce
genre et nous indiquerons les résultats obtenus avec V Amœba Gleichenii.
» On sait que la détermination des Amibes a été presque impossible jus-
qu'ici ; les études histologiques auront ce premier avantage de permettre
SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE 1902. I 1 27
l'établissement de sections dans le genre en s'appuyant sur le mode de di-
vision nucléaire : ainsi, parmi les espèces qui possèdent la téléomitose,
on pourra distinguer un premier groupe caractérisé par la disparition du
nucléole à la prophase; dans un second groupe, le nucléole se sépare en
deux et chaque moitié persiste aux pôles du fuseau jusqu'à l'anaphase.
» VAmœba Gleichenii pourra être choisie comme type du premier groupe; elle se
développe dans diverses infusions; ses dimensions ordinaires sont àe Zd^ k [^o^- \ le sar-
code est hyalin et la distinction en ectoplasme et endoplasme très visible sur le vivant;
l'endoplasme renferme des granulations nombreuses : il n'existe qu'une vacuole con-
tractile. Cette espèce se présente avec plusieurs aspects; sous la forme arrondie, la
surface est couverte de nombreux pseudopodes courts, épais et obtus à leur extré-
mité : souvent aussi le corps s'aplatit, et il n'existe alors qu'un ou deux larges pseu-
dopodes.
» Le développement comprend une bipartition ordinaire et un enkystement;
contrairement à ce que nous avons observé chez d'autres espèces, il se produit une
division de noyau dans le jeune kyste, si bien que tous les kystes 5ans exception
possèdent finalement des noyaux.
» Nous avons suivi la division nucléaire pendant la bipartition du corps et lors de
l'enkystement; les choses se passent exactement de la même façon dans les deux cas.
» Le noyau au stade de repos est muni d'une membrane nucléaire et d'un gros
nucléole central; l'intervalle compris entre les deux est rempli par du nucléoplasme
sensiblement homogène.
» Le nucléole, à la prophase, se vacuolise, devient spongieux; le noyau augmente
beaucoup en diamètre; dans le nucléoplasme se différencie un cordon nucléaire
enroulé ou spirème. Après disparition complète du nucléole, il y a segmentation du
spirème en petits rubans entremêlés dans une substance homogène, achromatique,
qui va former le fuseau; la membrane nucléaire cesse d'être visible à ce moment, il
n'existe pas de centrosomes.
» Les chromosomes, à ce stade de la plaque équatoriale, £e groupent sur le plan
médian du fuseau en devenant globuleux; nous en avons compté environ vingt-cinq
sur la plaque vue de face.
» La métaphase représente des modifications en sens inverse de celles qui viennent
de se produire; les chromosomes se séparent en deux groupes qui s'éloignent l'un de
l'autre; le tonnelet s'allonge beaucoup; dans le kyste, ses deux extrémités viennent
toucher à la paroi cellulaire. Les chromosomes se disposent finalement en une masse
arrondie qui s'entoure d'une membrane; de granuleux, ils deviennent fibrillaires; le
spirème se reforme et le nucléole ne tarde pas à se montrer au centre de chaque
nouveau noyau; ceux-ci ont repris la structure du stade de repos.
» En résumé^ la division du noyau chez VAmœba Gleichenii est une téléo-
mitose ne présentant aucune différence sensible avec celle que nous
observons dans la cellule des organismes supérieurs; cette espèce nous
II 28 ACADÉMIE DES SCIENCES.
conduit aux Téléomonadiens; elle est le prototype de la série des Méta-
phytes et des Métazoaires.
)) Les résultats que nous avons obtenus avec d'autres espèces d'Amibes
et de Flagellés nous permettent d'affirmer qu'il existe d'autres prototypes
se rattachant directement aux Haplomonadiens et Haplozoïdes (*). »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur la photosynthèse en dehors de l'organisme.
Note de M. Luigi Macchiati, présentée par M. Gaston Bonnier.
(c Plusieurs auteurs, parmi lesquels M. Baranetsky, ont pensé que
l'assimilaLion chlorophyllienne était produite par un ferment chimique
(enzyme).
» M. Jean Friedel a annoncé (^) qu'il avait obtenu ce phénomène en
dehors de l'organisme, sans l'intervention du protoplasma vivant, par
l'action d'une diastase qui utilise l'énergie des rayons solaires. J'ai été le
premier à donner une confirmation de cette très importante découverte (^).
Peu après parurent les Communications de M. Harroy et de M. le D'^ Her-
zog, mais les résultats furent négatifs comme ceux de quelques nouvelles
expériences faites un peu auparavant par M. Friedel à une époque tardive
de la végétation.
» Mes recherches ultérieures ont donné des résultats très nets que j'ai
communiqués à la Société des Naturalistes de Naples (^), à la séance du
20 juillet 1902, et à la Société botanique italienne à la séance du 9 no-
vembre.
» Je prépare, avec des feuilles lavées à Feau distillée, un extrait glycérine contenant
de l'eau et de la glycérine mêlées à volumes égaux. Suivant la plante la couleur de
l'extrait varie du jaune pâle au jaune orange. Avec du benzène on peut retirer de cet
extrait l'agent de l'assimilation photosynthétique; par évapora tion du benzène le fer-
ment précipite sous forme d'une substance blanche floconneuse et amorphe, finement
réticulée.
(') Cf. P. -A. Dangeard : Recherches sur les Eugléniens {Le Botaniste, 8'' série,
juin 1902).
(-) Comptes rendus, t. CXXXII, n° 18 (6 mai 1901).
(^) Bulletino delta Societa bolanica itatiana. Séance tenue à Florence le i3 oc-
tobre 1901.
(*) Anno XVI, Vol. XVI (1902, p. i65).
SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 1902. 11:^9
» Avec d'autres feuilles de la même plante, maintenues 3 heures dans une étuve à
sec à 100°, j'ai préparé une poudre verte très fine. Celte poudre contient les pigments
chlorophylliens qui n'ont pas été altérés, et le même ferment que la feuille vivante
(plusieurs diastases supportent longtemps la température de 100°).
» On peut extraire l'enzyme de cette poudre, comme de la feuille fraîche, au moyen
de glycérine. On peut débarrasser complètement la poudre de son ferment par une
série de lavages successifs, à la glycérine, puis à l'eau distillée.
» L'appareil dont je me sers est très simple; il est constitué par un vase de verre
que je remplis, suivantlescas, d'eau distillée et de poudre de feuille desséchée à 100°,
avec ou sans ferment, ou bien d'extrait glycérine seul ou additionné de poudre. J'y
plonge un entonnoir renversé sur lequel je retourne une éprouvette graduée remplie
du même liquide que le vase. J'expose ensuite l'appareil aux rayons solaires.
» L'extrait glycérine seul est incapable d'accomplir la photosynthèse;
la poudre seule, mise dans l'eau distillée, donne toujours un dégagement
d'oxygène avec formation corrélative d'aldéhyde formique. Ce dernier
corps est mis facilement en évidence au moyen de codéine dissoute dans
l'acide sulfurique (coloration rose violet).
» La photosynthèse n'a jamais lieu avec la poudre débarrassée de
ferment, mais elle se manifeste immédiatement si l'on ajoute une petite
quantité de ferment.
» Dans mes expériences, le dégagement gazeux a toujours été propor-
tionnel à l'intensité des rayons lumineux. La photosynthèse n'a lieu que
si la feuille est récoltée en une saison favorable.
» Voici un résultat numérique, au milieu des résultats très nombreux que j'ai
obtenus. Le 3 septembre 1902, à 3'^3o™, j'ai employé 2^ de poudre à'' Acanthus mollis
dans i25s d'eau distillée; au bout de i[\ heures, j'avais recueilli i^*^"*' de gaz dans
l'éprouvetle,
» Dans toutes mes expériences, après avoir absorbé l'oxygène récolté dans l'éprou-
vette par de l'acide pyrogallique en solution alcaline, il reste toujours une petite
quantité de gaz qui contient le matin des traces d'anhydride carbonique, et qui n'en
contient pas dans la journée, après une courte exposition aux rayons solaires.
» Mes recherches confirment indubitablement que l'agent principal de
l'assimilation chlorophyllienne dans la plante verte, et de la proLosynthèse
en dehors de l'organisme est un ferment soluble (enzyme), et que le
pigment chlorophyllien semble fonctionner comme un sensibilisateur
chimique. »
Il3o ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — La maturation des graines et l'apparition delà
faculté germinative. Note de M. P. Mazé, présentée par M. Roux.
« La maturation des graines, considérée au point de vue de l'acquisition
du pouvoir germinatif, a fait l'objet d'un grand nombre de travaux. La
science possède sur cette question des renseignements variés. L'impression
qui s'en dégage c'est que la faculté de germer est acquise, le plus souvent,
bien avant que la graine ait atteint son volume définitif.
» J'ai repris l'étude de cette question dans le but de fixer les causes
auxquelles on doit attribuer les particularités observées, en me plaçant
exclusivement sur le terrain de la Physiologie.
» Mes premiers essais ont porté sur le pois et le maïs; les graines prises
dans la gousse ou sur l'épi, au moment où elles sont encore laiteuses, sont
réparties immédiatement, une à une, dans des tubes à essai munis de deux
tampons de coton, l'un servant de support à la graine à la surface de l'eau
distillée qu'ils renferment, l'autre destiné à intercepter l'accès des germes
de l'air, toutes les précautions avant été préalablement prises pour éviter
la présence des microbes.
» Dans ces conditions, les graines germent après un séjour plusou moins
long à l'étuve à 3o°. Le maïs donne toujours naissance à des plantules
normales qui se développent vigoureusement; le pois ne fournit, le plus
souvent, que des plantules chétives dont la racine, incapable de rompre
les enveloppes de la graine, pousse entre le testa et les cotylédons. Un
grand nombre de pois ne germent pas.
» Si, au lieu de faire germer immédiatement les graines, on les dessèche
au contact de l'air, sur de l'acide sulfurique concentré, pendant vingt-
quatre ou quarante-huit heures à "ào^, la germination s'accomplit chez le
maïs comme chez les graines parfaitement mûres; les pois germent aussi
en donnant des plantules normales; quelques-uns seulement ne se déve-
loppent pas.
» Je donnerai ici quelques essais effectués avec le maïs :
» On détache de l'épi deux, rangées longitudinales de graines; celles-ci renferment
45,6 pour 100 d'eau, du poids humide; le premier lot, constitué par une rangée,
comprend 20 graines qui sont mises immédiatement à germer, après avoir été débar-
rassées des microbes qu'elles pouvaient porter à leur surface. Le deuxième lot a été
séché sur l'acide sulfurique concentré pendant 48 heures à 3o°; celui-ci comprenait
dix-neuf graines.
SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE 1902. Il3l
» Les observations faites sur ces deux lots sont réunies dans le Tableau suivant qui
s'explique de lui-même:
Tableau I.
Lot n" 1. Lot n" 2.
Nombre
de
graines germées.
3
4
6
7
8
1 1
i5
17
18
19
20
» Un deuxième essai a été fait avec les lots suivants :
» Premier lot. — Une rangée longitudinale comprenant 20 graines. Humidité :
53, 1 pour 100 du poids humide.
» Deuxième lot. — Une rangée longitudinale comprenant 20 graines. Humidité :
39,58 pour 100 du poids humide.
)) Troisième lot. — Une rangée longitudinale comprenant i5 graines. Humidité :
87,41 pour 100 du poids humide.
)> Ces trois lots provenaient du même épi ; le premier avait été réparti dans les tubes
immédiatement après la cueillette; le deuxième avait été conservé pendant 8 jours au
laboratoire et avait perdu, de ce fait, une partie de son eau; le troisième fut desséché
modérément à l'étuve à 3o° sur de Facide sulfurique de faible concentration pendant
8 jours. Les résultats qu'ils ont fournis sont réunis dans le Tableau H.
Te
mps
Nombre
Temps
après
;erininati
lequel
on a dt
^butc.
grai
de
ines germées.
après lequel
la germination a débuté.
7,
jours
16
I jour '/^
10
'9
2
i4
'7
'9
22
23
24
26
28
3o
Tableau
H.
Pre
mier lot.
Deu
xiéme lot.
Troi
isième lot.
Nombre
Temps
Nombre
Temps
Nombre
Temps
de
après lequel
de
ap
rès lequel
de
après lequel
graines
la germination
graines
la g
ermination
graines
la germination
germées.
a débuté,
jours
germées.
a
débuté,
jours
germées.
a débuté,
jours
r
10
5
2
9
2
2
i4
9
3
1 5
3
2
34
12
i5
16
17
18
20
4
5
6
10
12
i4
Il32 ACADÉMIE DES SCIENCES.
)) Les graines, qui germent très mal au moment où elles sont cueillies,
acquièrent rapidement la faculté de germer lorsqu'on les dessèche plus ou
moins rapidement. On voit également que la température de dessiccation
agit, dans une certaine mesure, dans le même sens que la dessiccation;
ceci résulte de l'examen des lots n°^ 2 et 3 du Tableau IT. »
GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. — Sur le rôle des tourbillons dans l'érosion éolienne.
Note de M. Jeax Brunhes, présentée par M. de Lapparent.
« J'ai montré précédemment (') quel rôle doit être attribué aux tour-
billons dans l'action érosive des eaux courantes. C'est encore par le moyen
des mouvements tourbillonnaires que doivent être expliqués un grand
nombre des faits d'érosion produits par le vent {érosion éolienne).
» Les mouvements tourbillonnaires du vent sont encore moins fixes et constants que
ceux des eaux courantes; et leurs effets sont en général plus rares et plus souvent
oblitérés. Aux points où ils rencontrent le sol et les roches, les courants atmosphériques
se heurtent et se déplacent, trouvant dans ce manque de fixité et ces incessantes varia-
tions de direction et d'intensité des causes de faiblesse; d'autre part, ils ont l'avantage
de rencontrer pour ainsi dire partout à leur portée, dans la plupart des régions déser-
tiques, les instruments d'attaque dont ils ont besoin, é'est-à-dire les grains ou la
poussière de sable sec; et leurs moindres petits tourbillons, quoique incessamment
interrompus, peuvent en tous points se mettre instantanément à l'œuvre. Ainsi la
copieuse dispersion et distribution de l'instrument nécessaire compense l'inconstance
de la force qui le manie.
» En outre, il faut le remarquer, une cavité même minuscule, une fois amorcée, est
une poche qui retient et garde les particules de sable; dès que le courant agissant
s'évanouit ou émigré, les grains de sable cessent d'user; mais, immobiles, ils restent
toujours là; et, dès qu'un nouveau courant éphémère survient, le travail reprend.
Bien mieux, la cavité rigide impose souvent aux courants inconstants qui l'abordent
un mouvement de giration analogue à celui des tourbillons antérieurs : en vertu de
leur propre instabilité et variabilité, les courants qui viennent aboutir à la cavité
s'adaptent vite et aisément aux conditions imposées par cet atelier en miniature. En
fin de compte, la succession multipliée de petits courants, se pliant aux exigences du
travail déjà effectué et coopérant ainsi à la poursuite du même travail, équivaut à
l'action longtemps poursuivie d'un même courant qui serait égal et constant ; et le
total de ces petits effets coordonnés équivaut à un effet beaucoup plus un et beaucoup
(') Voir Comptes rendus, \[\ février 1898, 7 août 1899, 20 mai 1902. Voir aussi:
Le trai'ail des eaux courantes: la tactique des tourbillons {Mémoires de la Soc.
fribourgeoise des Se. nat., géol. et géog., t. II, fasc. 4, 1902, 72 p., i4 fig. et 2 cartons).
SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE 1902. il 33
plus continu que la nature même de l'énergie éolienne n'aurait permis de le
supposer.
» Ainsi s'expliquent des phénomènes d'érosion tourbillonnaire sem-
blables à ceux que représente un échantillon de calcaire très compact et
très dur, par moi recueilli dans le désert de Nubie, aux environs de la
deuxième cataracte du Nil. Cette roche est traversée de part en part par des
trous allongés semblables à des tuyaux d'orgue, de 12*=™ de longueur et d'un
diamètre à peu près constant variant de i^'^^'^à 20™°*; les parois extérieures
portent des cannelures régulières qui ne sont autre chose que des trous du
même ordre aux parois partiellement usées ou brisées. ('), Les uns et les
autres résultent en toute évidence de la perforation exécutée par des tour-
billons de l'air manœuvrant des grains de sable : toutes les parois de ces
divers accidents d'érosion ont, en effet, le poli luisant qui caractérise
l'usure produite par le sable sec. Ces parfaites marmites tourbillonnaires
doivent être portées sans conteste au compte du vent.
» Il est assez rare, comme nous le disions au début, que les actions du
vent se traduisent par des effets aussi caractérisés que ceux de l'échantillon ;
mais à voir de pareils spécimens de l'usure par les tourbillons éoliens, on
est en droit d'invoquer leur rôle pour expliquer la plupart des grandes
actions destructives produites par le vent. Comme pour les eaux courantes,
les tourbillons provoquent à titre d'agents exceptionnels beaucoup de
faits dont l'aspect actuel ne révèle môms plus leur directe intervention.
Tous les curieux phénomènes que Johannes W alther a groupés sous le nom
de Déflation, et qu'il a décrits dans ses deux Livres, Die Denudation in der
Wiiste et Das Gesetz der Wiïstenbildung (^Pilzfelsen, Sdulengdnge ou Sàulen-
galierie, Steingilter, Verwillerungsglôchern, etc),soiit les résultais du travail
du vent qui attaque les roches, soit pour les démolir, soit pour les scu Ipter ;
mais les effets énormes de ce travail ne sauraient se comprendre que par
l'intervention indéfuiimeat renouvelée et multipliée des tourbillons. Parla
même tactique tourbillonnaire, le vent détermine les phénomènes les plus
considérables d'évidement et de creusement : ainsi doit être expliqué par
exemple, de la manière la plus simple et la plus naturelle, le fait qui était
signalé ici même il y a i3 ans par le géologue Contejean, je veux dire : ce
« singulier tunnel », voisin de l'ancienne Corinthe, et creusé dans le grès
(') Des photograpliies de cet échantillon seront publiées prochainement dans les
Acta de la Poiitijlcia Accadcniia dei lSuo\?i Lincei.
C. R., !902, 2» Semestre. (T. GXXXV, N° 24) ^i^
II 34 ACADÉMIE DES SCIENCES.
au-dessous d'une couche de calcaire très dur, par les souffles répétés et
coutumiers du vent du Nord (*). »
GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. — Sur le courant et le littoral des Landes.
Note de M. L.-A. Fabre, présentée par M. de Lapparent.
« Un courant marin, constant et collé à la côte, longe du nord au sud
le littoral landais. On l'attribue à une composante, vers le sud, du courant
superficiel du nord-ouest qui, sous l'action des vents dominants, porte à
la côte : j'attribue sa permanence à une autre cause.
» L'onde des marées atteint simultanément notre littoral océanique, du Socoa à
Audierne. Mais, tandis que les variations d'amplitude de la pleine mer sont sensible-
ment les mêmes au nord et au centre (Lorient : 4™» 5, Royan : 4"*, 7), elles atteignent
leur minimum au sud, vers Bayonne (2™, 8).
» La ligne cotidale dessine donc, de Gordouan au fond du golfe, et à l'instant de la
pleine mer, une pente sensible qui explique la constance et l'intensité du courant
observées depuis longtemps pendant le jusant. Aujourd'hui, les sables qu'entraîne ce
courant s'alignent en flèches, obstruant les passes et boucaux du littoral. Une fois
atterris, ils sont chassés vers l'est par les vents du large qui les dressent en dunes.
» Lors du Pliocène, les torrents fluvio-glaciaires pyrénéens, issus du Plateau de
Ger, évacuaient directement dans l'Océan, par une suite d'estuaires dont certains
étangs côtiers sont les restes, leurs sables argilo-caillouteux étalés sur un substratum
à' argiles bigarrées et de sables fauves helvétiens. On trouve le cailloutis du Dec-
kenschotter à la base du sable des Landes, sur le plafond de divers étangs côtiers,
dans tous les sondages de la région. Les galets sont mélangés aux sables de plage sur
tout le littoral, à l'ouest duquel les cartes lithologiques sous-marines mentionnent
d'importants gisements caillouteux. Les dragages ont fait retrouver des cailloux pyré-
néens très au large du golfe sur la plate-forme préconlinentale.
» Le phénomène du déjjlacement des thalwegs vers l'est et celui des captures,
étudiés en haute Gascogne, expliquent la formation de la Pénéplaine landaise : les
buttes ai' argiles bigarrées, qui surgissent ça et là au milieu des sables pléistocènes,
sont les témoins de cette abrasion. La capture des réseaux fluvio-glaciaires de Ger et
d'Orignac par le Gave de Pau isola la Pénéplaine de toute attache hydrographique
pyrénéenne au fur et à mesure qu'elle s'alluvionnait par le retour éolien des sables
littoraux et que se constituait son réseau hydrographique conséquent (^).
)) Parallèlement à l'érosion continentale, et sous l'influence combinée de
(*) Érosions éoliennes {Comptes rendus, t. CVIII, 1889, p. 1208-1209).
(2) L,-A. Fabke, L'Adour et le Plateau landais {Bull, de Géographie histor. et
descript., n° 2, 1901).
SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE 1902. Il35
l'érosion marine et du courant des Landes, les indentations du rivage plio-
cène tendaient à s'aligner; les sables y édifiaient une première formation
de dunes àiiQ?, anciennes, orientées suivant les sinuosités de la côte pri-
mitive.
» Peu à peu, les progrès de l'alignement et la réduction des apports aré-
nacés girondins, consécutive à l'atténuation des pluies pléistocènes et à
l'action de la végétation continentale, ralentirent les ensablements et per-
mirent la fixation spontanée des dunes anciennes par le boisement.
» Dans la suite, après le peuplement du bassin, la dénudation culturale
ouvrit une ère nouvelle de charriages arénacés, d'ensablem ents littoraux.
Les aunes modernes s'édifièrent du nord au sud le long de la côte désormais
rectiligne sur près de 250*"°.
» Cet alignement se maintient tel aujourd'hui par deux causes essen-
tielles : le courant permanent du littoral des Landes et l'évacuation solide
croissante de la Gironde.
» Le triage des troubles du fleuve et leur orientation par les courants littoraux, qui
en atterrissent une grande partie, s'opère sur les hauts fonds voisins de l'estuaire. Au
nord, les vases légères, dites Terre de Bri. vont aligner l'ancien persiliage des côtes
saintongeoise et poitevine. La masse des sables lourds dirigée au sud, vers les Landes,
prolonge les flèches et exhausse les fonds précontinentaux; les travaux de défense et
de boisement littoraux ne permettent plus à ceux qui s'atterrissent de cheminer vers
l'est (').
)) Le littoral d'Aquitaine perd actuellement moius par l'érosion marine
qu'il ne gagne par le fait des progrès de l'érosion continentale. »
GÉOLOGIE. — Sur V origine de la coupure transversale de la Kosva {Oural
du Nord). Note de M. Louis Ddparc, présentée par M. Michel Lévy.
« La K.osva, en amont du village de Verkh-Rosva, coule sur une
longueur de plusieurs kilomètres dans une vallée transversale, profondé-
ment encaissée, plus ou moins analogue à tirie cluse du Jura, mais beau-
coup plus étendue. La rivière, si calme d'habitude, présente à cet endroit
des rapides appelés, par les gens du pays, touloum, qui sont disposés selon
deux barres distinctes, distantes l'une de l'autre de 3""° à 4'"" environ. Le
cours de la rivière, entre ces deux lignes de rapides, est relativement peu
(') L.-A. Fabre, La niagnéiite pyrénéenne dans les sables gascons {/h/Il. de Géo-
graphie hist. et descript.. n" 1, 1902).
II 36 ACADÉMIE DES SCIENCES.
accidenté. Celte coupure transversale de la Kosva est entièrement com-
prise dans la grande zone des quarlzites et conglomérats qui, sur la Carte
géologique de Russie (feuille Solikamsk-Tscherdyn) a été séparée des
formations du dévonien inférieur. D'après Krolow, cette zone forme une
grande voûte unique, dont le cœur est constitué par des quarlzites
compactes et des conglomérats siliceux, et les flancs par des variétés
schisteuses représentées par des quarlzites schisteuses et micacées, voire
même des schistes chloriteux ou séricitiques d'origine détritique.
)) Les travaux que je poursuis depuis 3 années sur le bassin supérieur
de la Kosva ont démontré que cette zone des quarlzites et conglomérats
était plus compliquée que je ne l'avais supposé tout d'abord, et forme, en
réalité, plusieurs anticlinaux distincts, qui sont généralement déjetés vers
l'Ouest, présentent une grande régularité et se poursuivent souvent sur
une assez grande longueur.
» Les anticlinaux sont généralement formés par les quartziles et par les conglo-
mérats compacts, les synclinaux par les horizons schisteux représentés par des
quartziles micacées et chloriteuses, des schistes détritiques, voire même des schistes
aro^ileux noirâtres, qui ne se distinguent en rien de ceux du Dévonien inférieur. Sur la
rive droite de la Kosva, les quartzites et les conglomérats forment deux anticlinaux
distincts, celui de FOstry vers l'Ouest et celui du Tscherdynsky vers l'Est; ce dernier
se complique d'un petit repli secondaire qui, vers le Nord, prend une importance
plus grande et forme la montagne du Soukhoï qui paraît terminer ladite zone de ce
côté. Ces deux anticlinaux se retrouvent sur la rive gauche de la Kosva avec des
caractères identiques. L'Ostry se continue par l'anliclinal du Diknr, et le Tscherdynsky
par celui du Sloudkv; le synclinal, assez resserré entre l'Ostry et le Dikar, s'élargit
considérablement sur la rive gauche de la Kosva, il est occupé par les formations
schisteuses du niveau supérieur aux quartzites et conglomérats, lesquels forment le
cœur des anticlinaux. Les deux lignes de rapides indiquées, formées par des bancs
disloqués de quartzites et conglomérats, s'alignent selon les axes des deux anticlinaux,
la région du cours de la Kosva, comprise entre ces deux lignes, y est peu accidentée
et coïncide avec celle du développement du synclinal dont les formations érodées par
la rivière sont moins résistantes. L'étude de ces plis montre clairement que leurs
axes s'abaissent rapidement aux approches de la Kosva. En effet, sur les éperons
rocheux qui terminent l'Ostry et le Dikar vers le Sud et vers le Nord, on voit que les
plis plongent en profondeur de part et d'autre de la Kosva. Cette disposition explique
pourquoi celte rivière, dont le niveau en cet endroit est à peu près de 700™ au-dessous
du sommet du Tscherdinsky, n'érode cependant pas des formations inférieures à
celles qui forment les anticlinaux de l'Ostry et du Tscherdinsky.
» Il résulte de ces observations que la coupure transversale de la
Kosva n'est autre chose qu'un ancien synclinal plus ou moins orthogonal
SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE I902. iiS^
sur la direction des plis. Ce phénomène est analogue à celui qui a été
observé dans certaines vallées alpines (vallées de l'Arve, du Borne, etc.)
et il n'est pas impossible que les coupures transversales analogues, ren-
contrées sur d'autres cours d'eau de l'Oural, aient une même oriiïine. »
GÉOLOGIE. — Sur des gUes de phosphate de chaux de la Craie à Bélemnites,
formés avant le soulèvement du Bray. Note de M. N. de Mercey, présentée
par M. Michel Lévy.
« Des gîtes de phosphate de chaux, qui viennent d'être reconnus dans
la Craie à Bélemnites, sur le bord même de la grande faille du Bray, à la
hauteur d'Haiivoile, près de Songeons (Oise), fournissent une preuve évi-
dente du dépôt de cette craie sur le Bray à une époque antérieure à son
soulèvement.
» Déjà M, de Lapparent (/) avait admis avec moi que la limite actuelle de la Craie
à Bélemnites, prolongée du Vexin jusqu'aux environs de Péronne, résultait évidem-
ment de l'ablation d'un dépôt qui s'étendait plus loin vers l'Ouest. La Craie à Bélem-
nites n'avait offert un aspect littoral que sur trois points situés très en dehors de celte
limite, à Hardivillers, près de Breteuil ; à Beauval, près de DouUens et à Dreuil-Hamel,
près d'Abbeville où j'avais découvert des gisements du même étage dans lesquels la
craie était grise, grenue, et n'avait plus les caractères typiques d'un dépôt de haute
mer. Il était impossible de dire si des dépôts de ce genre s'étaient également formés
en Normandie d'où l'érosion les aurait fait ensuite disparaître.
» Cette craie grise, indépendamment de ses caractères littoraux, possédait, comme
je l'avais indiqué, une teneur en phosphate de chaux susceptible d'amener son exploi-
tation comme matière d'engrais.
» On sait quelle a été, depuis une quinzaine d'années, l'importance des
recherches visant en Picardie la découveile de cette craie phosphatée et
des sables riches qui en dérivent.
» Il semblait possible d'établir, au moyen de ces découvertes, deux
lignes de rivages de la mer de la Craie à Bélemnites.
» h^. première, bien jalonnée sur une longueur de 168'''", du Nord-Ouest au Sud-Est,
par de nombreuses exploitations, partait du nord d'Auxy-Chàteau pour passer notam-
ment par les gîtes de Beauval, Ribemont-sur-l'Ancre, Éclusier-Yaux, Hardécourt,
Templeux-la-Fosse, Hargicourt, Étaves, Ribemont-sur-l'Oise, etc., pour aboutir à
Villers-devant-le-Thour, au nord dWsfeld, aux confins de la Champagne.
» La seconde ligne, formant le littoral sud-ouest de cette mer de la Craie à Bé-
lemnites sur une longueur de 75''"S n'était déterminée que d'une façon incomplète;
(') Le Pays de Bray, 1879, p. [52.
I i38 ACADÉMIE DES SCIENCES.
car, partant de Crécy-en-Ponthieu et Marcheville pour passer par Gorenflos et le
groupe des gîtes de Sorel, Wanel, Hallencourt et Dreuil-Harael, sa trace, après une
lacune de 4o'''°, disparaissait complètement au delà des gîtes d'Hardivillers.
)) Les gisements, qui viennent d'être reconnus à Hanvoile et aux envi-
rons, constituent donc, à une distance de 27'^™, au sud-ouest du dernier
ffisement connu, un nouveau jalon qui, en raison de son emplacement sur
le bord même du Bray, vient confirmer les prévisions géologiques anté-
rieurement formulées.
» Il a, de plus, l'avantage, tout en conduisant à compléter les recherches
dans cette partie de la Picardie, d'ouvrir, au delà du Bray, un nouveau
champ d'explorations pénétrant en Normandie.
» Et même il ne semble pas impossible d'espérer que le contour de ce
littoral ne puisse être poursuivi, un jour, à travers la Champagne, pour
venir rejoindre Asfeld, en fermant le tracé de ce golfe de la Craie à Bélem-
nites.
» Il est donc bien démontré que le Bray a été recouvert par la mer de
la Craie à Bélemnites, tout au moins dans sa partie orientale. Il n'est pas
possible de dire s'il existait déjà un dôme; mais, ce qui est certain, c'est
que l'épaisseur des couches de Craie à Micraster C or-an guinum et à Micraster
Cor-testudinarium est très faible.
» C'est au voisinage des affleurements de la Craie à Micraster breviporus
qu'ont été effectuées des recherches ayant fait reconnaître divers gîtes
composés de craie et de sables phosphatés tout à fait analogues à ceux
antérieurement connus. »
HYDROLOGIE. — Sur Vorig'n? des lapiaz et leur rsladoi a<-^ec les abîmes et
l'hydrologie souterraine des calcaires. Note de M. E. -A. Martel, présentée
par M. Albert Gaudry.
« Les lapiaz, rascles, karren, schratten, etc., des calcaires, que l'on
rencontre aussi dans les schistes, le gypse, le grès (de Martonne, Comptes
rendus Soc. géologique, 2,3 janvier 1899) et le granité (chérats du mont
Piiat) sont généralement attribués à l'action chimique ou corrosion des
pluies et neiges, chargées d'acide carbonique (V. Heim, Tietze, Neumayr,
Becker, Ratzel, Van den Broeck, Bougert, Chaix, Eckert, Duparc, etc.).
» Sans nier l'importance du facteur chimique, je pense, après avoir,
depuis 1882, examiné les principaux lapiaz des Alpes et de la France, qu'ils
ne doivent pas leur origine entièrement à la corrosion, mais que le rôle
mécanique de l'eau courante, même contemporaine, est très influent.
SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE 1902. I iSq
» En effet, on n'a jusqu'ici étudié les lapiaz que dans les régions alpestres
élevées.
» Or, il en existe de véritables dans des plaines, plateaux et fonds de
vallées de faible altitude.
» Comme lapiaz de rivières, ou des fonds de vallées, il faut citer ceux du pont
des Ouïes près Bellegarde (Ain), de la sortie des gorges du Fier (Haute-Savoie), des
gorges de l'Ardèche près Saint-Marcel (Ardèche), des cataractes du Sautadet près
Bagnols (Gard) (voir F. Mazalric, Spelunca, 1900, p. 3i), de Bétharram et d'Orthez
(Basses-Pyrénées), etc., qui montrent clairement comment la V'alserine, le Fier, l'Ar-
dèche, la Gèze, le gave de Pau sont, de nos jours encore, activement occupés à creuser
mécaniquement, dans les calcaires du crétacé inférieur, les détails de ciselure des
karren alpestres, avec des gouffres plus ou moins remplis d'eau, atteignant jusqu'à
So"' et 4o™ de profondeur. Dans le granit, M. J. Brunhes a trouvé des manifestations
analogues, à la première cataracte du Nil, à Assouan (voir Comptes rendus, 7 avril
1899, et Société fribourgeoise des Sciences naturelles, t. II, 4^ série, T902).
» La mer, elle-même, a érodé des reliefs lapiazés dans les schistes ardoisiers de
Kilkee (Irlande); les porphyres de l'Estérel (Var); les schistes de Saint-Jean-de-Luz
(Basses-Pyrénées); les calcaires miocènes de la côte sud-est de l'île Majorque
(Baléares), etc., etc. Enfin les rascles à^érosion abondent dans toutes les rivières sou-
terraines.
» On ne peut donc pas soutenir que la force vive et le frottement des
eaux courantes et des matériaux qu'elles entraînent soient moins destruc-
tifs que l'usure lente produite par la morsure des pluies et des ruisselle-
ments acidulés.
« D'ailleurs, les trois grands chaos rocheux de Mourèze (Hérault)
(altitude 200™), du bois de Païolive (Ardèche) (altitude 200™), de Mont-
pellier-le-Vieux (Aveyron) (altitude 760™), sont aussi d'immenses lapiaz
exagérément développés.
» Les dolomies jurassiques y ont été rasclées de So"* à 100™ de profon-
deur par les rivières, jadis beaucoup plus puissantes, de la Dourbie (Mou-
rèze) et du Chassezac (Païolive) et par le grand courant, sans doute
tertiaire qui a jadis traversé le Causse Noir et affouillé Montpellier-le-Vieux.
» Similairement j'ai constaté que les classiques lapiaz de sommets du
Parmelan et du désert de Plate (Haute-Savoie), des Silberu et Karren Alp
(Glarnisch, Suisse), du Steinernes Meer et du Dachstein (Autriche),
représentent topo graphiquement des portions nettement dessinées d'anciens
thalwegs desséchés, avec une pente souvent très accentuée vers des vallées
actuelles plus profondes.
)) Les mouvements tectoniques tertiaires et même pléistocènes qui ont
provoqué la surreclion des Alpes et, selon les théories de MM. Marcel
Il4o ACADÉMIE DES SCIENCES.
Bertrand, Schardt, Lugeon, les plissements et le charriage des Préalpes
calcaires, permettent de comprendre comment ces tronçons de thalwegs
se trouvent maintenant suspendus sur leur socle à plusieurs centaines de
mètres en l'air, tandis que leurs portions disparues ont été détruites par
les effets des dislocations ou par des dénudations postérieures.
» Au Parmelan même il y a eu douîjle intersection de la vallée primi-
tive, à looo™ environ plus haut que les torrents actuels de la Fillière au
nord et du Fier, au sud, et ce lapiaz occupe aujourd'hui un large berceau
ou gouttière fortement penché vers le nord et représentant la partie
médiane du thalweg, où de puissants courants ont dû circuler avant la
présente période géologique.
» Au surplus, j'ai, sans exception aucune, trouvé, parmi tous les lapiaz
suivants, ces puits naturels et points d'absorption des eaux superficielles,
qui ont progressivement, et dans toutes les formations calcaires, substitué
une circulation souterraine au primitif ruissellement exlérieur, et créé les
résurgences, dites à tort fontaines vauclusiennes, savoir :
» Lapiaz de la forêt des Arbaiiles (Basses-Pyrénées), avec les lestas (goufTres)
d'Âhusquy, etc., elles sources de laBidouse, d'Aussurucq, etc.; rascles des Gras, avec
les avens, goules et sources de l'Ardèche, de la Braunhie (Lot) avec les igues du Causse
de Gramat, et les sources de lOuysse ; du Ventoux avec les avens et la fontaine de Vau-
cluse ; du Dévoluy (atrophiés par les glaciations quaternaires) avec les chouruns et la
fontaine des Glliardes, etc. ; de Fondurle, de Lente, de Vassleux, etc. (Drônie), avec
les scialets et sources du Vercors ; lapiaz du Parmelan, avec leurs puits à neige qui
refroidissent les sources tout autour de la base du massif; du désert de Plate, avec les
gouffres des Verts, etc., et les sources de Magland ; burrens de Galway avec leurs
sluggas et turloughs (Irlande) ; raîcles de l'île Majorque (Baléares) à Porto-Crlsto
(Miocène) avec la Gueva dal' Drach et à VaUdemosa (Jurassique) avec de profonds
abîmes Inexplorés et la Fuente de la Cova, etc. ; Montpellier-le-Vleux et Païolive
aussi sont percés d'avens et distillent des sources, et je viens d'établir l'étroit rapport
entre leskarren fissurés des Glârnisch [Voir Hiîim, Aa n. Club alpin suisse, 1877-1878,
p. 421, et Atlas Siegfried, f. 899 et 4oo) et l'alimentation de la source du Hôll-Locli
ou schlelchende Brunneii {Comptes re:idus, 4 août 1902); déjà Simony avait reconnu
que le massif du Daclisteln a des glaciers (Sohladmlng et Karls-Eisfeld ) sans émissaire
aérien, et toute une circulation souterraine (caverne de Koppenbrûll ) {voir Dach-
stein-Gebiet, Vienne, 1891).
» Il est indubitable que l'on constatera les mêmes faits auv karren de l'Ifen
(Bavière) {voir Eckert, Peterni's MitltieiL, 1898, et Der Gottesactcer-Plateau, Inns-
bruck, 1902), et du Stelnernes Meer {voir H. Grammer, Peterni's MittlieiL, 1897,
p. 42 ; et 1902, p. 9).
» Cette relation absolue et générale entre les abîmes ou points d'absorp-
tion du calcaire et les lapiaz est (donc une véritable loi géologique et hydro-
logique. Elle ne semble pas avoir encore été formulée et, en tous cas, elle
SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE 1902. Il4l
justifierait à elle seule la nouvelle explication que je propose pour la for-
mation originaire sinon de tous, du moins d'une grande partie des lapiaz
ou karren, tant de rivières que de sommets ; sous cette réserve d'ailleurs
qu actuellement ce n'est plus guère que l'action chimique des eaux météo-
riques (pluies et neiges acidulées) qui trouve à s'exercer, avec un faciès
différent et sur une échelle bien plus faible, parmi les lapiaz de sommets. »
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Influence des agents de catalyse sur le fonctionne-
ment de l'organisme : spermine, cérébrine et chloradrénal. Note de
M. Alexandre de Poehl, présentée par M. A. Gautier.
« D'après Ostwald les agents catalytiques n'influent que sur la durée des
processus chimiques, non sur leur nature. Il propose de nommer les corps
qui les accélèrent catalyseurs positifs et les corps qui les retardent cataly-
seurs négatifs.
» Les catalyseurs d'oxydation dans l'organisme sont les oxydases. Parmi
elles, la spermine (C^H'^Az'^, d'après mes recherches), produit de désinté-
gration des leucocytes, joue le principal rôle.
» J'ai démontré son influence sur les processus d'oxydation par diverses
expériences de laboratoire : transformation du magnésium en magnésie,
des aldéhydes benzoïque et salicylique en acides correspondants, etc.
)) Physiologiquement, cette influence a été établie par le Prince Tark-
hanofl, les professeurs Senator, Lœw^y, Richter, etc., sur des animaux
dont l'énergie d'oxydation était abaissée par section de la moelle, infec-
tions, intoxications avec le chloroforme, l'oxyde de carbone, le gaz d'éclai-
rage, le cyanure de potassium, etc. Ces poisons plasmatiques retardent les
oxydations; ils agissent comme catalyseurs négatifs. Leur effet nuisible est
neutralisé par l'influence des catalyseurs positifs, la spermine en particulier.
» Dans les cas d'intoxications, par suite d'abaissement de la respiration tissulaire,
dans la neurasthénie, le tabès, etc., la spermine possède aussi une action très
favorable.
» D'ailleurs, son influence sur le coefficient d'oxydation azotée qu'elle élève a été
démontrée par de nombreuses analyses d'urine.
» La spermine est bien un catalyseur, car déjà une quantité de 06,00026 par kilo-
gramme de poids corporel possède un efl'et thérapeutique très net.
» Dans la respiration tissulaire, en même temps que la spermine, intervient une
autre série de ferments constituée par le groupe des leucomaïnes du tissu nerveux.
Je lui ai donné le nom de cérébrine par suite de la terminologie que j'ai adoptée.
» La cérébrine paraît agir sur l'excrétion des produits de déchets par hydrolyse.
» En effet, l'excrétion des déchets du tissu nerveux, que je mesure avec Zuelzer par
G. R., 1902, a« Semestre. (T. CXXXV, N» 24.) l49
Il42 ACADÉMIE DES SCIENCES.
lerapport de l'azote total à l'acide phosphorique, ne dépend pas seulement de l'énergie
des processus d'oxydation. Dans certains cas de neurasthénie, d'alcoolisme, certaines
phases de l'épilepsie, il se produit une rétention des leucomaïnes, sans que les pro-
cessus d'oxydation aient sensiblement diminué.
)) La cérébrine, donnée par voie buccale ou sous-cutanée, favorise l'excrétion des
leucomaïnes et augmente le rapport de Zuelzer.
» . Krainsky, Slange, Lion, Pantschenko, Tshetshott ont observé cliniquement les
effets favorables de la cérébrine dans l'alcoolisme, la neurasthénie, certaines épi-
lepsies, etc.
» Les observations de Babès, Constantin-Paul, Dufournier, Hammond, Robertson,
Romanoff et d'autres, montrent les résultats favorables obtenus en employant opothé-
rapiquement la substance cérébrale dans les maladies nerveuses.
)) On peut en dire autant des effets de destruction du poison tétanique qu'ont ob-
servé Wassermann et Takaki.
» Depuis 1895, je donne à l'ensemble des agents actifs extraits d'un organe le nom
de cet organe suivi du suffixe ine. J'ai isolé des capsules surrénales la suprarénaline,
qui contient, outre V adrénaline, les autres leucomaïnes de la glande surrénale.
L'adrénaline ne contenant pas l'ensemble des bases actives de la glande et étant inso-
luble, je propose le nom de chloiadrénal à ce principe uni à l'acide chlorhydrique.
)) Vadrénaline (G'"H'^AzO*) de Takamine, produite en 1901, est la base àuclilo-
radré na l {C^^W^ KzO'*\{C\) que j'ai isolé et obtenu très pur.
» D'après mes recherches, le chloiadrénal est un catalyseur de réduction par excel-
lence. 11 accélère les processus de réduction, même à la dilution de un millionième.
Cet effet peut se constater in vitro sur les sels ferriques, ceux d'or, d'argent, l'acide
iodique étendu, etc., qui sont tous réduits.
» On sait que l'influence du chloradrénal sur la vasoconstriction est très considé-
rable : elle se fait sentir même en employant des solutions à tôwô-
» L'action toxique du chloradrénal est une conséquence de ses propriétés réduc-
tives. Chez le lapin, 6™e par voie sous-cutanée produisent une forte glycosurie
(2 pour 100) avec un grand abaissement du coefficient d'oxydation azotée. Le professeur
Prince Tarkhanoff a constaté qu'une dose de os, 02 à o^, o4 de chloradrénal par voie
sous-cutanée provoque la mort du lapin en 20 ou 3o minutes par asphyxie et avec un
rapide abaissement de température. Tous ces faits montrent que le chloradrénal est
bien un catalyseur de réduction. Ce qui le montre encore, c'est que la spermine,
catalyseur d'oxydation, en détruit les effets : on peut prolonger la vie des animaux
intoxiqués par le chloradrénal en leur injectant la spermine par voie sous-cutanée
(Prince Tarkhanoft).
» Dans l'organisme il existe des régulateurs des réactions catalytiques ; c'est ainsi
que les processus d'oxydation de la spermine se trouvent en relation avec l'alcalinité
du sang. Darrs tous les états de fatigue il se fait une accumulation de produits orga-
niques acides, tels que l'acide lactique, qui diminuent l'alcalinité du sang et en même
temps, comme je l'ai démontré, les effets catalytiques d'oxydation de la spermine.
Mais l'alcalinité du sang ne peut jamais dépasser une certaine limite, car, par suite
de l'oxydation des acides organiques, la pression de l'acide carbonique dans les tissus
se trouve augmentée et l'alcalinité s'abaisse, ce qui constitue un des mécanismes de
régularisation des processus d'oxydation.
SÉANCE DU l5 DÉCEMBRE 1902. II 43
» Je pense que l'influence téléologique du chloradrénal se manifeste dans la vie
cellulaire surtout par son action dans le noyau. Les remarquables travaux du profes-
seur Armand Gautier ayant montré que les phénomènes de réduction se passent sans
cesse dans le noyau et dans les parties profondes du protoplasme, j'ai cherché le
chloradrénal non seulement dans les glandes surrénales, mais aussi dans les autres
organes, et j'y ai trouvé des substances réductrices qui en sont très voisines. Presque
identiques au chloradrénal, ces substances sont évidemment les catalyseurs de ré-
duction.
» Les capsules surrénales sont-elles chargées d'accumuler seulement le chloradré-
nal formé ailleurs, comme le veut Battelli? C'est là un point sur lequel mes travaux
ne me permettent pas encore de me prononcer.
» Je pense que la plupart des toxines sont des catalyseurs négatifs des processus
d'oxydation. La cérébrine et la spermine combattent utilement leurs effets. »
MÉDECINE. — Les maladies de la déminéralisation organique. Anémie
plasmatique . Note de M. Albert Robix, présentée par M. Arm.
Gautier.
« Il existe un groupe d'états morbides qui reconnaissent comme l'une
de leurs conditions, sinon de leurs causes, soit une déminéralisation de
l'organisme, soit une inaptitude des plasmes et des tissus à fixer les prin-
cipes inorganiques de l'alimentation.
» Parmi ces maladies, mes recherches permettent d'individualiser déjà
les types suivants comme premiers termes de la série :
» a. La phtisie pulmonaire ;
j» b. Le phosphorisme;
» c. Une variété particulière d'hémoglobinurie ;
» d. Diverses albuminuries qui, d'abord fonctionnelles, peuvent abou-
tir à la maladie de Bright, comme les albuminuries phospliaturiques et les
albuminuries dyspeptiques;
» e. Un groupe important d'anémies, parmi lesquelles certaines pré-
sentent toutes les allures cliniques de la chlorose.
» La chlorose n'est pas une entité morbide, mais bien un ensemble symptomatique
qui relève de conditions morbides fort dissemblables réclamant des traitements diffé-
rents, puisque ce qu'il faut traiter, ce n'est pas l'expression symptomatique dénom-
mée chlorose ou anémie, mais bien les procédés morbides qui aboutissent à cette
expression.
» La déminéralisation organique est l'un de ces procédés. Les chloroses et les
anémies qui en relèvent offrent certaines particularités cliniques qui permettent de
les soupçonner et sur lesquelles je reviendrai plus lard. Mais, pour les reconnaître à
coup sûr, il faut pratiquer l'analyse comparative de l'urine et du sang. La déminéra-
lisation est prouvée par l'augmentation du résidu minéral de l'urine et du coefficient
II 44 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de déminéralisation et par la diminution corrélative de la minéralisation du sang.
)♦ C'est ainsi que, d'une part, le coefficient de déminéralisation urinaire s'élève
à 48 pour loo, au lieu de 3o pour loo, avec os,4i4 de résidu inorganique par kilo-
gramme de poids et par 24 heures^ au lieu de 05,270, tandis que, d'autre part, le ré-
sidu inorganique du sang s'abaisse à 5s, 6 au lieu de la normale de gs.
» L'analyse démontre que cette déminéralisation porte sur le plasma sanguin dont
l'équilibre salin est ainsi rompu, ce qui comporte, comme résultante immédiate, ou
une altération des globules rouges, ou un retard dans leur renouvellement, ou une
diminution de leur activité. De fait, dans le cas qui m'a servi de tj'pe, le nombre des
globules rouges est tombé à 2829000, avec une valeur globulaire de 0,72, la nor-
male étant l'unité.
)) Celte variété d'anémie mérite donc le nom à^ anémie plasmatique.
» Pour la traiter et la guérir d'une façon pour ainsi dire mathématique, il faut
reconstituer l'équilibre salin du plasma sanguin. On y arrive assez rapidement par
l'emploi d'une association de sels minéraux à divers principes organiques dont l'en-
semble représente une sorte de thériaque minérale.
» Cette reconstitution minérale du plasma sanguin demande de i5 à 5o jours, sui-
vant les cas. Elle se traduit par une augmentation de la minéralisation du sang et par
une diminution du résidu inorganique de l'urine, malgré l'ingestion journalière des
sels minéraux médicamenteux.
» Après traitement, le résidu inorganique de l'urine s'abaisse à os, 36 1 par 24 heures
et par kilogramme de poids; le coefficient de déminéralisation urinaire tombe à 35,97
et les matières inorganiques du sang reviennent à la normale avec le chiffre de 88,85.
» En même temps, la densité du sang monte de io45 à io5o et ses matières orga-
niques passent de 191^,6 à 2o4^ par litre.
» Quand l'équilibre salin du plasma sanguin est rétabli, il convient, dans une se-
conde étape thérapeutique, d'instituer la médication ferrugineuse, qui agit alors avec
une surprenante rapidité sur les signes extérieurs de la chlorose. Mais on peut éviter
aussi ce second traitement en associant directement, et dès l'abord, les ferrugineux à
la médication saline.
» Le diagnostic et le traitement de l'anémie plasmatique fournissent une preuve de
la certitude qu'acquiert la thérapeutique quand elle est fondée sur les procédés exacts
de la Chimie pathologique. »
M. P. DE ViviÈs adresse une Note ayant pour titre : « Théorème du point
symétrique et quelques-unes de ses conséquences ».
A 4 heures et demie l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 5 heures.
M. B.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE PUBLIQUE ANNUELLE DU LUNDI 22 DÉCEMBRE 1902,
PRÉSIDÉE PAR M. BOUQUET DE LA GRYE.
M. Bouquet de la Grye prononce l'alloculion suivante :
« Messieurs,
» Il est dans la vie civile, en dehors de la naissance et de la mort, des
circonstances qui peuvent se répéter, le Code y pourvoit, l'Es^lise catho-
lique admet que certains sacrements soient administrés phisieurs fois; on
peut être nommé à deux reprises, nous l'avons vu, membre de la même
Académie, mais jamais, au grand jamais si la coutume avait été observée,
la din^nité de Président n'aurait été conférée deux fois à l'un de nos
Confrères.
» Aucune règle ne porte pourtant pareille interdiction, mais elle se base
sur une loi de mortalité qui paraît sérieusement établie, et l'un de nos
savanls Confrères pourrait seul supputer la probabilité qu'un dernier élu
arrivât à la présidence, landis que le plus âgé des Membres, pour le moins
centenaire, deviendrait vice-président.
» Messieurs, cet honneur unique rend très fier son titulaire : il lui est
donné, quelle que soit son humilité, de parler au nom de l'Académie
lorsqu'elle applaudit à des succès et aussi hélas lorsqu'elle pleure la mort
de Confrères estimés et aimés.
» Messieurs, lorsqu'on arrive à la fin de celte présidence et pour mieux
dire des deux années que l'on a passées au Bureau, on voit mieux qu'étant
assis au milieu de vous, le rôle important que joue dans notre état social
l'Académie des Sciences. On a vite dit, au dehors : les séances n'ont pour
trame qu'une énumération rapide de faits rarement suivis d'une discussion,
mais cette collection ininterrompue de découvertes répandues par les
Comptes rendus est le plus puissant des stimulants que l'on puisse donner
à la Science. Aussi nos volumes vont-ils en grossissant et la Commission
administrative a-t-elle souvent quelque peine à en solder l'impression.
G. R., 1902, 2« Semestre. (T. CXXXV, N» 25.) l5»0
Il46 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» C'est pendant les deux années passées dans cette Commission, oîi le
pouvoir exécutif est si bien rempli par les deux Secrétaires perpétuels, que
j'ai pu juger du soin avec lequel sont gérés les intérêts de la Science et de
l'Académie.
» Nous pourrons bientôt, Messieurs, saluer le moment oîi, grâce à deux
grosses donations non affectées à des prix, la gêne actuelle va disparaître
et l'Académie pourra alors, d'une façon plus efficace, venir en aide à des
savants.
)) Je dis ceci. Messieurs, parce qu'à regarder l'ensemble des prix que
nous décernons, on peut nous croire très riche. Leur total s'accroît, en
effet, très rapidement: de iioooo*^^, en 1874. il a passé, cette année,
à 317000*^^. Mais, à la vérité, dans ce chiffre sont compris deux sommes
de 100 ooo^'', dout on ne distribue guère que le revenu, le capital devant
être donné, d'une part, à l'astronome qui conversera avec les habitants
d'un astre autre que Mars et à celui qui aura trouvé un remède contre le
choléra. Si les candidats se sont présentés, ils n'ont pas été agréés.
» Messieurs, dans cet ensemble de prix dont on va donner la liste, les
Mémoires couronnés pourraient tous attirer votre attention, mais l'analyse
en a été faite dans de savants rapports et je ne puis qu'y renvoyer.
» Vous m'excuserez pourtant si je vous demande de faire une exception
pour ceux qui touchent à la Section de Géographie et de Navigation, ne
pouvant me détacher de ce qui a été l'objet des occupations d'une bonne
partie de ma vie.
» La Géographie était assez oubliée au milieu du siècle dernier; le pu-
blic ne s'intéressait que peu aux entreprises coloniales, et les testaments
des personnes amies de la Science contenaient plutôt des legs en faveur
des progrès de la Médecine qu'à des découvertes dans des pays inconnus.
» Aujourd'hui, en revanche, être explorateur est un titre qui conduit
souvent à un emploi; si quelques voyageurs ont payé leurs découvertes de
leur vie, d'autres sont devenus célèbres et, l'an dernier, l'Académie a très
justement décerné le grand prix à la Mission Foureau.
» Cette année-ci, elle est très heureuse de donner une partie du prix
Binoux à M. Marcel Moanier, explorateur en Chine, ayant parcouru
3oooo''", dont 12000'''° levés à la boussole. 28 Cartes contiennent ce remar-
quable levé.
» Le prix Gay a été attribué au colonel Berthaut.
» La France, oublieuse de ses gloires, ne connaissait guère les travaux
des ingénieurs des camps et armées et le rôle rempli, pendant la première
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. 114-7
moitié du siècle dernier, par les ingénieurs géographes. M. Berthaut a ré-
habilité les uns et les autres et fait surtout connaître que c'est à ces der-
niers que l'on doit ia triangulation de la France et la mise en train de la
Carte au yût^- L'T suppression du Corps de géographes en i832 a été un
gros malheur et une lourde faute, et il a faHu 20 ans d'efforts pour les
réparer. Nos officiers mesurent à nouveau, à l'heure actuelle, sous le
patronage de l'Académie, le méridien de Quito.
» Le prix Tcliihatchef doit être décerné à des naturalistes qui auront
fait des explorations dans le continent asiatique. M. Sven Hedin a rempli
ces conditions en parcourant pendant 3 années les plateaux neigeux du
Pamir et, pendant 3 autres années, le Turkestan chinois et le Thibet.
A deux reprises différentes, il essaya d'atteindre Lhassa, mais fut arrêté
par des détachements armés. L'itinéraire de M. Sven Hedin s'étend sur
une longueur de 10000'"° et ses collections forment un ensemble rare de
choses inédites.
)) J'ai placé en dernier lieu le prix extraordinaire de la Marine parce
qu'une partie revient seule à la Géographie. Il s'agit du levé de la côte
ouest de Madagascar, fait, avec les méthodes les plus précises, par M. Drien-
court, ingénieur hydrographe, La portion la plus importante du prix est
donnée à M. Romazotti et n'a été l'objet d'aucun rapport. L'Académie
récompense ici un ensemble de travaux qui ont permis à notre pays de
construire des submersibles ayant rempli toutes les conditions imposées
aux ingénieurs.
» Messieurs, après la navigation sous la mer, il en est une autre qui
passionne à l'heure actuelle les inventeurs de tous les pays, et des catas-
trophes successives ne les arrêtent pas. Nombre de Mémoires sur ce sujet
arrivent chaque année à l'Académie, et sont renvoyés à une Commission
spéciale qui, après avoir été réorganisée, vient de commencer ses travaux.
Un Rapport a déjà été publié dans les Comptes j^endus , d'autres suivront
montrant l'intérêt que porte l'Académie à une science nouvelle. Elle le
prouve en donnant, cette année, un prix aux frères Renard.
» Vous savez que des initiatives privées ont déjà fourni et promis des
subventions pour certaines réalisations dans la marche des ballons, nous
crovons personnellement que le [)roblème plus général de l'aviation ne
peut manquer d'être bientôt résolu, puisque l'on construit des machines
puissantes extra-légères avec lesquelles on obtient des rotations attei-
gnant 20000 tours par minute. Dans ces conditions l'air peut être un point
d'appui.
Il48 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Messieurs, l'an dernier nous avions assisté dans l'amphithéâtre de la
Sorbonne à une cérémonie où les Savants du monde entier étaient venus
apporter des médailles, des diplômes et des adresses à notre illustre Secré-
taire perpétuel, M. Berthelot, à l'occasion du cinquantenaire de ses travaux.
» Cette année une cérémonie plus intime, mais très touchante, a eu
lieu au Muséum. Il s'agissait du cinquantenaire du professorat cie notre
Vice-Président et ses élèves, ses collègues et ses amis étaient venus lui
dire toute l'estime qu'il leur avait inspirée et combien avait été fructueuse
pour la Science sa vie tout entière.
» 11 est encore d'autres faits qui ne peuvent être passés sous silence
dans nos annales de 1902. Un sinistre effroyable, tel que l'histoire d'aucun
pays n'en contient de semblable, est venu frapper une de nos vieilles
colonies, faisant en quelques minutes 3oooo victimes, puis quelques jours
après de nouvelles hécatombes.
)) L'Académie, sur la demande du Ministre des Colonies, a envoyé à la
Martinique une mission de trois savants; des rapports ont été remis par
eux, expliquant du mieux possible, d'après un ensemble de témoignages,
la marche de ce cyclone de feu. M. Lacroix est retourné depuis dans l'île
pour organiser des stations autour du volcan, afm de suivre, s'd était pos-
sible, la marche du phénomène et de déceler les signes prémonitoires des
éruptions.
» Hélas! à considérer le passé cela semble bien difficile. La terre que
nous foulons est bien peu solide, les géologues nous affirment qu'elle a été
autrefois le siège de cataclysmes effroyables et ne répondent nullement que
la stabilité du sol soit désormais assurée. Les études faites aux obser-
vatoires du Vésuve et de l'Etna n'ont pu donner, jusqu'à présent, de
prévisions à longue échéance; pourra-t-on faire mieux a la Martinique?
Espérons-le; quoi qu'il en soit, un travail interne paraît se faire, puisque
des éruptions sont signalées tout autour du globe, et l'opinion publique
en Allemagne et ailleurs s'en préoccupe.
» Nous avons reçu, en effet, par voie diplomatique, le vœu formé dans
un Congrès, de confier à une institution internationale le soin d'étudier les
mouvements du soi d'ordre séismique , ils font d'adleurs l'objet de
recherches spéciales dans certains pays.
» La Commission de l'Académie qui a été chargée d'examiner cette
question, tout en pensant que de pareilles études rentrent dans le cadre
de celles auxquelles se livre l'Association internationale géodésique, a
demandé sur ce sujet l'avis ilu bureau international des Académies, organe
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. II49
dont la création est récente. La question avait, en effet, été portée devant
plusieurs Académies; il était naturel que leur Association s'en occupât.
» Je terminerai, Messieurs, l'exposé de nos travaux en rappelant que
M. Doumer, gouverneur général de l'Indo-Chme, nous a proposé d'en-
voyer au Tonkin une mission scientifique permanente dont la colonie
ferait tous les frais, Les statuts de cette organisation sont presque copiés
sur ceux d'une institution analogue placée sous le patronage de l'Académie
des Inscriptions et Belles-Lettres, et qui fonctionne régulièrement; notre
Compagnie les a discutés, et ils ont été approuvés par le Ministre. Nous
avons, le mois dernier, proposé au nouveau Gouverneur la nomination du
Directeur de la Mission, et, ces jours-ci, celle de ses subordonnés; tout
nous fait espérer que, comme son aînée, cette création aura des résultats
heureux pour la Science française.
» Messieurs, me voici arrivé à un point douloureux de ma tâche, je dois
rappeler ici le souvenir de ceux de nos Confrères qui nous ont été enlevés
cette année, et malheureusement le nombre en est grand. Sept d'entre eux
ont disparu en 1902, et c'est un chiffre bien rarement atteint.
M. Cornu figure le premier sur celte liste nécrologique; il était entré,
en 1860, à l'École Polytechnique et, grâce à son rang de sortie, avait pu
choisir la carrière très disputée des Mines. On sait que nombre d'ingé-
nieurs de cette Administration sont devenus Membres de notre Académie,
la tradition et la nature de leurs travaux les poussent à s'occuper des
recherches scientifiques; Cornu avait une véritable passion pour la Phy-
sique, il s'v adonna entièrement. La vie de laboratoire était sa vie : doué
d'une habileté maiHielle étoTinante, il imaginait et construisait constam-
ment de nouveaux instruments pour déceler tels phénomènes compliqués
de l'Optique.
» Puis ce lurent des expériences pour donner un chiffre plus exact de
la densité de la Terre.
» On sait qu'en utilisant un |)r()cédé imrginé par M. Fizeau dont il était
l'élève et l'ami, il s'occupa des recherches sur la vitesse de la lumière. Le
chitïre qu'il donna, à la suite des belles expériences faites entre l'Observa-
toire et la tour de Montlhéry, est aujourd'hui adopté par les physiciens;
mais il ne le satisfaisait pas entièrement, il voulait partir de distances
énormes et rêvait de mesurer les temps employés par la lumicre pour
aller du mont Mounier en Corse et en revenir.
» Mais pour réussir, il fallait opérer par étapes successives, et vous avez
lIDO ACADÉMIE DES SCIENCES.
entendii, ces jours-ci, l'habile Directeur de l'Observatoire de Nice donner
des premiers résultats qui auraient enchanté M. Cornu.
» Notre Confrère, Membre de l'Institut dès 1878, avait été nommé au
Bureau des Longitudes en 1886. Sa collaboration était précieuse, il lui avait
donné des Notices sur l'électricité et les dynamos, du plus haut intérêt.
» M. Cornu est mort en pleine activité scientifique, sa perte est cruelle
pour l'Académie et pour sa famille qu'il adorait.
» Après M. Cornu, l'Académie a appris avec un douloureux étonnement
la mort d'Henri Filhol ; il n'était des nôtres que depuis 5 ans, mais il y en
avait 3o que l'Académie le connaissait. En 1876, elle lui avait décerné le
prix Delalande-Guérineau, en 1879 le grand prix des Sciences physiques,
et en i883 le prix Petit d'Hormoy, toutes récompenses justement méritées,
car Filhol sacrifiait tout à la science qu'il cultivait, jusqu'à une partie de
sa fortune.
» Messieurs, j^ai perdu en Filhol un véritable ami, mais l'éloge que j'en
puis faire, je l'ai trouvé dans toutes les bouches et partout ou il a passé il
n'a trouvé que des sympathies.
)) Je n'énumérerai pas ici ses travaux, la nomenclature a été faite par le
savant Directeur du Muséum ; elle seule non seulement sauverait son nom
de l'oubli, mais le placerait à la suite de ceux des Cuvier, des Blainville et
des Geoffroy Saint-Hilaire.
)) Le public peu savant pourra, de son côté, mesurer la reconnaissance
que l'on doit à l'organisation de la belle galerie du nouveau bâtiment du
Muséum. Filhol est mort d'un excès de travail, fait qui n'est pas rare
parmi ceux qui se sont assis dans cette enceinte, et il emporte tous nos
regrets.
)) Messieurs, après avoir frappé deux jeunes Confrères, la mort est
venue nous enlever nos deux doyens, MM. Faye et Damour.
)) Le premier était Membre de l'Institut depuis 1847 et avait, à deux
générations de savants, présenté des Mémoires sur les parties les plus
élevées de la Science astronomique. En sortant de l'École Polytechnique
où il était entré en )832, il n'avait pns pris une carrière gouvernementale,
mais, son père, ingénieur des Ponts et Chaussées, l'avait attaché à une
société qui lui fit faire des nivellements et des études dans les landes de
Gascogne et dans des terres de même formation en Hollande.
» Ces occupations n'allaient qu'à moitié à la nature de son esj)rit et il
fut heuieux d'entrer en 1842 à l'Observatoire dirigé alors par Arago.
SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1902. Il5l
» M. Faye voyait l'année suivante son nom déjà entouré d'une auréole
de bon aloi. Il avait eu la chance de découvrir une comète et le talent
d'en calculer tous les éléments. L'année suivante il donnait ceux de la
comète de Vico.
» Après des travaux sur les mouvements propres des étoiles, M. Faye
aborda la détermination de leur parallaxe et trouva pour une étoile de la
Grande Ourse le chiffre le plus grand que l'on ait encore obtenu. Celte
étoile, si voisine de notre Terre, met pourtant 3 années pour lui envoyer sa
lumière.
» C'est à MM. Faye et Laugier qus l'on doit d'avoir inauguré, à l'Obser-
vatoire, l'Astronomie de précision en étudiant chacune des parties des
observations à la lunette méridienne et en réduisant au minimum les
chances des erreurs commises.
» Une autre question devait alors occuper l'esprit de notre Confrère; la
loi de Newton paraissait être en défaut pour certaines comètes à leur
passage au périhélie. M. Faye supposa que la chaleur solaire pourrait être
répulsive, et cette hypothèse paraît se confirmer.
» Nous n'énumérerons pas la longue série des Mémoires qu'il a publiés;
mais il est impossible de:ne pas dire que pendant 20 ans il a été professeur
à l'Ecole Polytechnique et que ses leçons publiées forment un Ouvrage
classique.
« M. Faye a eu une longue, glorieuse et heureuse existence; devenu le
doyen des astronomes de l'Europe, tous s'étaient unis pour le féliciter lors
du cinquantenaire de sa nomination à l'Institut.
» La plus haute distinction de l'ordre de la Légion d'honneur lui fut
accordée par le Président de la République, au milieu d'un bal de la
Société amicale de l'Ecole Polytechnique.
» A un moment donné, M. Félix Faure, entouré de quatre Ministres,
me pria d'aller chercher M. Faye et lui annonça la distinction qui, le
matin, avait été arrêtée en Conseil des Ministres. Il ajouta qu'il était
heureux de le complimenter au milieu de ceux qui, la plupart, avaient été
ses élèves et lui donner une juste récompense de ses travaux.
)) Il dit ensuite les choses les plus aimables à M™'' Faye qui, eu vérité,
était plus que la doublure de l'àme de son mari. Elle n'a pu, du reste, lui
survivre.
» Messieurs la mort d'un Associé étranger, M. Virchow a suivi de prés
celle de M. Faye. M. Virchow avait été élu Correspondant de notre Aca-
démie en 1859, et sa réputation allait croissant en Allemagne et en France,
It52 ACADEMIE DES SCIENCES.
lorsque arrivèrent les événements de 1870. Son patriotisme fnt-il l\ ce
moment trop démonstratif, le fait est qu'on oublia un instant sa grande
valeur scientifique, et ce ne fut qu'en 1897 que l'Académie lui décerna le
plus grand honneur qu'elle pût accorder à un étranger. Virchow a été
chef d'école, il a cherché dans l'altération de la cellule la première cause
de sa maladie, et, en étudiant cette vie cellulaire, il a posé les premières
bases de la Science pathologique.
» Dans un Congrès tenu l'an dernier à Berlin, Virchow avait pu voir avec
quelle unanimité les médecins de tous les pays avaient acclamé son nom.
Il est mort très âgé et son pays lui a fait de pompeuses funérailles. L'Aca-
démie avait envoyé à sa famille et à ses collègues l'expression de son
admiration et de ses regrets.
» Messieurs, nous avons perdu M. Damour le 22 septembre dernier ; il
s'est éteint à l'âge de 98 ans. Il avait été élu Correspondant en 1862 et Aca-
démicien libre en 1878, Cette nomination était une consécration de 5o ans
de travaux, et dans le rapport fait par M. Boussingault sur ses œuvres on
peut voir combien il était digne ^d'être notre Confrère. M. Damour s'était
spécialisé dans la recherche et dans l'analyse des minéraux. Il trouvait des
espèces nouvelles là 011 des minéralogistes de talent avaient passé, et a
supprimé aussi nombre de doubles emplois. La justesse de ses conclusions
était tellement reconnue que son opinion faisait absolument foi.
» M. Damour a analysé à plusieurs reprises les eaux des geysers d'Islande
et montré comment elles pouvaient se charger d'éléments minéralogiques.
Repoussant d'ailleurs toute idée de pouvoir créer de toutes pièces des
eaux minérales naturelles, il prévoyait l'action de substances à doses infi-
niment petites, hypothèse pleinement confirmée à l'heure actuelle.
M. Damour n'a voulu à son enterrement ni honneurs, ni fleurs, ni discours
rappelant ses titres à notre reconnaissance. Il laisse pourtant un nom dans
la Science et l'exemple de la vie d'un sage.
» Je croyais, il v a quelques jours, être arrivé au bout de ma tâche,
lorsque nous apprîmes la mort de deux de nos Confrères, MiM. Dehérain
et Hautefeuille, arrivée à quelques heures d'intervalle.
» M. Dehérain avait succédé à M. Boussingault dans la Section d'Eco-
nomie rurale. Vous avez eu connaissance des nombreux discours pro-
noncés sur sa tombe au Père-Lachaise, car, en dehors de l'Institut, notre
Confrère était membre de la Société nationale d'Agriculture, professeur au
Muséum, à Grignon, etc., et chaque établissement avait tenu à rendre
hommage au savant qui, pendant de longues années les avait fait profiter
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. ii53
de ses travaux. Ce qui les caractérise, c'est leur utilité pratique. Il avait
vite compris que la véritable richesse de notre pays tient à sa production
agricole et que pour le blé par exemple, dont la récolte par hectare varie
entre iSoo'^set 3ooo''^, il suffit d'un accroissement de loo''^ pour augmenter
le revenu agricole de 100 millions de francs.
)) Les expériences de M. Dehérain ont porté sur les céréales, les racines
et les tubercules, cherchant pour les uns et les antres les meilleurs asso-
lements, les fumures qui doivent les accompagner et les variétés dont on
doit encourager la culture.
» On ne peut oublier la part considérable qu'il a prise dans l'élucidation
de la formation de l'azote dans les terrains couverts de légumineuses aussi
bien que dans l'emploi qu'il préconisait des phosphates naturels.
» Messieurs, pendant i5 ans, nous avons entendu M. Dehérain montrer
avec une surabondance de preuves les résultats qu'il annonçait. Son nom
restera honoré de tous les agriculteurs; pour nous, nous regrettons à la
fois le savant et l'ami.
» M. Hautefeuille clôt la liste nécrologique de nos Confrères.
» Les premiers travaux qu'il a communiqués à l'Académie datent
de i863, mais il ne fut élu Membre qu'en 1897.
M En sortant de l'École Centrale, il était entré dans le laboratoire de
M. Sainte-Claire Deville et, dans un pareil milieu, sa vocation s'était vite
décelée.
» Il voulait suivre les traces d'Ebelmen et de Sénarmont, en recher-
chant la genèse de la production des minéraux, et leur réalisation par des
procédés de laboratoire.
» Les résultats qu'il obtint dépassèrent toute attente; il produisit des
minéraux en cristaux mesurables, et son triomphe fut la jjrésentation, à
l'Exposition de 1900, d'une nombreuse série de pierres rares qu'il avait pu
faire sortir de ses fourneaux.
» M. Hautefeuille est mort jeune; il avait été le collaborateur de
MM. Fremy, Troost et Cailletet, et il laisse le souvenir d'un Confrère de
relations charmantes.
» Sa modestie a demandé qu'on ne fît pas de discours sur sa tombe,
mais M. Sainte-Claire Deville a écrit autrefois sur ses travaux le Rapport
le plus élogieux et les minéralogistes conserveront sa mémoire.
)) Messieurs, en dehors de nos Confrères, l'Académie a perdu un de ses
Correspondants, M. Fuchs; parler d'un analyste avec compétence ne
saurait appartenir qu'à un Membre de la Section de Géométrie, et je me
C. K., 1902, 2* Semestre. (T. CXXXV, N" 25.) l5l
II 54 ACADÉMIE DES SCIENCES.
couvre du nom et de la science de M. Jordan en disant que sa mémoire
vivra surtout parce qu'il a été le précurseur de M. Poincaré. Notre Confrère
a appelé fonctions fuchsiennes les transcendantes nouvelles dont la décou-
verte a commencé sa réputation.
» Messieurs, j'ai terminé, l'âme quelque peu assombrie par tant de
deuils, par le départ de tant d'amis dont je ne pourrai plus serrer la main.
Mais, toute proportion gardée, ne devrait-il pas toujours en être ainsi? On
arrive souvent à l'Académie à un âge avancé, portant un bagage scienti-
fique qui donne presque la mesure de nos années. Par suite, nous pou-
vons ne faire ici qu'un stage; mais, ce qui nous rassure, nous qui aimions
l'Académie avant d'en taire partie, et plus encore aujourd'hui, c'est que,
grâce à des choix toujours guidés par de hautes considérations scienti-
fiques, ceux qui partent sont sûrs d'être bien remplacés; aux maîtres qui
s'en vont succéderont des savants devenant maîtres à leur tour.
» Ici on n'intrigue point pour avoir un gros traitement, on recherche
seulement l'honneur, et c'est pour cela que l'Institut, après loo ans écou-
lés, est encore toujours jeune, malgré l'âge de ses Membres. L'avenir lui
est assuré par les travaux de ceux qui viendront après nous. »
PRIX DÉCERNÉS.
ANNÉE 1902.
GEOMETRIE.
GRAND PRIX DES SCIENCES MATHÉMATIQUES.
(Commissaires : MM. Jordan; E. Picard, Poincaré, Appell,
Painlevé, rapporteurs.)
L'Académie avait proposé la question s>\n\2.xi\.e'. Perfectionner enun point
important V application de la théorie des groupes continus à la théorie des
équations aux dérivées partielles .
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. I I 55
Cinq Mémoires ont été présentés au concours.
L'auteur du Mémoire n° 1, portant pour devise Araok hepred, aborde
l'étude des systèmes d'équations aux dérivées partielles d'une façon ori-
ginale. Considérons une fonction dépendant de n variables indépendantes
et d'une infinité de paramètres arbitraires. Il pourra se faire que cette
fonction satisfasse à un système d'équations aux dérivées partielles indé-
pendantes de ces paramètres et que l'on obtiendra par l'élimination de ces
paramètres. Réciproquement, l'intégrale générale d'un pareil système se
présentera sous la même forme et dépendra d'une infinité de constantes
arbitraires qui seront, par exemple, les valeurs initiales de certaines des
dérivées dites fondamentales. Soient Ui l'une de ces dérivées et x^ l'une
des variables indépendantes; prenons pour valeurs initiales aj/^ = ^'^ et
soit u] la valeur de m, pour 0?^ = oc\. Alors z et, par conséquent, les Ui seront
des fonctions des x,^, des x\ et des u\ :
Si l'on change x\ en x\ 4- h^ et u. en ^i{x^ 4- h, x\ 11° ) ~ u\ il est clair
que l'on aura une transformation qui conservera chacune des intégrales
du système; l'ensemble de ces transformations forme un groupe que
l'auteur appelle G. Il en forme les transformations infinitésimales et il en
étudie les invariants qui sont en nombre infini. Ce n'est pas le seul groupe
qu'il considère; il envisage le groupe général R qui, portant sur les x^ et
les w", transforme les intégrales les unes dans les autres, et le groupe de
Darboux, qui transforme également les intégrales les unes dans les autres,
mais en conservant les variables indépendantes. Les rapports de ces divers
groupes sont analysés, mais pour en faire comprendre l'intérêt nous
devons parler d'une autre notion. Considérons une ou plusieurs fonctions
(!^{x, u) dépendant des variables indépendantes x et d'un nombre fini de
dérivées fondamentales u. En général, ce domaine de fonctions présentera
la même généralité que le domaine proposé lui-même, c'est-à-dire que le
domaine des m, de sorte que la connaissance des fondions ^{x, u) pour
toutes les valeurs de x entraînera celle de tous les u. Il peut arriver cepen-
dant qu'il n'en soit pas ainsi, et alors le système proposé d'équations aux
dérivées partielles est réductible. Or il se trouve que l'existence d'un pareil
domaine de fonctions ç, entraînant la réductibilité des équations aux
dérivées partielles, est liée à celle d'un sous-groupe du groupe de Darboux,
II 56 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de telle sorte qu'il n'y a pas de pareil domaine sans sous-groupe. La réci-
proque n'est malheureusement pas vraie.
Jusque-là, l'auteur était resté dans ces régions où l'on perd en précision
ce qu'on gagne en généralité. Il se restreint ensuite aux fonctions de deux
variables x ety et aux systèiues d'équations linéaires. A un pareil système
doit correspondre une infinité de fonctions intégrales dépendant d'une
infinité de constantes «,; soit
s = laïUi.
Les ai sont les valeurs des dérivées fondamentales pour x = Xo,y =yo;
les M^ sont donc des fonctions de ^,j,^o et j^. Le choix des dérivées fonda-
mentales peut d'ailleurs être fait de façon que les m^- se répartissent en suites
ascendantes, et que chacune d'elles soit la dérivée par rapport à oc^ de celle
qui vient après elle dans la même suite.
L'auteur cherche ensuite si parmi les intégrales il y en a qui corres-
pondent à un sous-groupe du groupe deDarbouxou à un sous-groupe de K
et dont la présence, par conséquent, puisse faire espérer que le système pro-
posé est réductible. Soit U,j une pareille intégrale s'annulant pour x = Xq,
y = jç^, ainsi que ses dérivées des n — î premiers ordres.
. , dU,, , dU,i •• 1 t -- I. •
Alors, -^ et -r-^ appartiendront au même sous-groupe, et, si ce sous-
cIcCq cLy ^
groupe est de première classe, pour employer la terminologie de l'auteur,
on aura
et / Q CtîX/ A CCoC Q CtJi-Q
où nous supposons
^ dxQ
Or, il arrive que le premier coefficient 7^^ ^st donné par une équation
algébrique tout à fait analogue à V équation déterminante de Fuchs; cette
équation peut en même temps servir à définir les caractéristiques de
Monge.
Toute racine simple de cette équation nous donnera ainsi un sous-groupe
de première classe; malheureusement, nous avons vu que l'existence d'un
sous-groupe est une condition nécessaire, mais non suffisante de la réduc-
tibilité.
Les intégrales U^ forment alors ce que l'auteur appelle un cycle de
première classe ; k chaque racine simple de l'équation en 1^, ou à chaque
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE I902. I 1 Sy
caractéristique simple de Monge correspond donc un de ces cycles ; aux
racines multiples correspondraient alors des cycles de classe supérieure.
La fin du Mémoire est consacrée à l'étude de ces cycles.
Il faut maintenant porter un jugement d'ensemble sur ce travail. Pas de
résultat complet, quelques incorrections dues aune rédaction hâtive, mais
beaucoup de vues originales ; peut-être quelques-uns des faits énoncés
ne sont-ils pas essentiellement nouveaux, mais ils sont rajeunis au point
d'être parfois méconnaissables, ils se groupent d'une façon inattendue et
par là s'éclairent mutuellement. Bien que rien ne puisse encore faire prévoir
si ces vues ingénieuses seront fécondes, la Commission estime qu'il y a lieu
de récompenser les remarquables qualités d'esprit dont l'auteur a fait
preuve en lui accordant une mention très honorable.
Passons au Mémoire n° 2, qui porte pour titre : Sur les invariants d'un
système des équations linéaires aux dérivées partielles, par 418727. L'auteur
considère un système de deux équations linéaires entre deux fonctions y
et z de deux variables ic, et 0^2 et leurs dérivées de premier ordre. Ce
système conserve sa forme quand on change de variables indépendantes ou
quand on fait subir k y ei z, ou aux deux équations, une substitution
linéaire. L'auteur forme les invariants correspondant à ces transformations
et en donne une interprétation géométrique ingénieuse. Ces résultats sont
importants, mais ils ne présentent pas cependant le même intérêt général
que ceux qui sont énoncés dans plusieurs autres Mémoires présentés au
Concours.
Le Mémoire inscrit sous le n° 3 a paru à la Commission digne d'être
signalé. L'auteur étudie les équations linéaires aux dérivées partielles du
second ordre avec n variables à deux points de vue principaux : il donne
d'abord une classification de ces équations, puis il cherche des méthodes
permettant de déduire d'une solution connue une autre solution. Pour
classer les équations, il met leur premier membre sous forme d'une
somme de carrés symboliques 1X'^(/) suivie de termes du premier
ordre, X^(/) étant un opérateur de la forme
y àf_ y d£ -r Ôf
^' dx, '^^'^ ôx^'^'- '^^-'dx^'
il dit alors que l'équation est régularisée. Le nombre des carrés symbo-
liques donne la classe de l'équation. L'exposé de la niéthoûe est simplifié
Il58 ACADÉMIE DES SCIENCES.
par la considération de n vecteurs issus d'un même point dans l'espace
à n dimensions : suivant que ces vecteurs sont contenus dans un espace
à n, n — \^ n — 2, . . . , 2, i dimensions, l'équation comprend n, n — i,
n — 2, . . . , 2, I carrés. Cette décom])osition donne un moyen de trouver
un opérateur qui permute les solutions. Si tous les opérateurs qui régula-
risent l'équation sont des transformations infinitésimales permutables
entre elles, celles-ci définissent un groupe de translation, et l'équation
peut être ramenée à avoir ses coefficients constants. Dans un supplément,
l'auteur s'occupe en particulier des équations à coefficients constants dont
il donne certaines solutions sous forme de séries déduites, par la méthode
de Cauchy, de la formule de Fourier et contenant une fonction arbitraire.
Ce Mémoire trahit de l'inexpérience et un manque d'érudition : mais
il renferme des vues ingénieuses et nouvelles, et la Commission lui aurait
volontiers accordé une mention, s'il ne s'écartait pas par trop du sujet pro-
posé pour le prix.
L'extension des idées de Galois à la théorie des équations aux dérivées
partielles a vivement préoccupé les géomètres dans ces vingt dernières
années. Pour les équations linéaires ordinaires, cette extension résulte,
comme on sait, des travaux de M. Picard et de M. Vessiot. En ce qui con-
cerne les équations différentielles ordinaires quelconques ou, ce qui re-
vient au même, les équations linéaires aux dérivées partielles, des idées
très importantes ont été émises, il y a quelques années, par M. Drach, qui
a montré dans quelle voie devait s'orienter la théorie; toutefois, à cause
de certaines lacunes dans les énoncés et les démonstrations, il était né-
cessaire de reprendre la question. Les deux derniers Mémoires dont il
nous reste à parler ont consacré de nombreuses pages à cet important
problème.
Le Mémoire n** 4 a dû être écarté par la Commission comme inachevé,
bien qu'il fût loin d'être dépourvu d'imagination et de vues nouvelles.
Mais le temps a fait évidemment défaut à l'auteur pour terminer son travail,
et la plupart des démonstrations se réfèrent à une suite du Mémoire qui ne
figure pas dans le manuscrit.
L'objet du Mémoire inscrit sous le n*^ 5 est la nature des intégrations aux-
quelles conduit l'application de la théorie des groupes aux systèmes diffé-
rentiels quelconques. On reconnaît de suite chez l'auteur une connaissance
approfondie des travaux de Sophus Lie et des géomètres qui se sont occupés
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. IlSg
de la théorie des groupes. Une partie étendue du Mémoire est consacrée à
un problème au sujet duquel l'illustre géomètre norvégien avait déjà
développé quelques idées générales. Quelle est la nature des intégrations
auxquelles on sera ramené pour résoudre un système différentiel admettant
un groupe continu G de transformations et qui est le plus général parmi
ceux qui satisfont à cette condition (système non spécial)? L'auteur montre
que le problème peut toujours se décomposer en deux : i" intégration d'un
système auxiliaire ne présentant, au point de vue de la théorie des groupes,
aucune particularité; i"" intégration d'un système automorphe, c'est-à-dire
d'un système dont la solution générale se déduit d'une solution particu-
lière quelconque au moyen de la transformation générale de G. En der-
nière analyse, on doit trouver un représentant de chaque type de groupes
primitifs simples, et discuter l'intégration des systèmes aulomorphes ayant
pour groupes associés les divers groupes types obtenus. Si maintenant on
passe à des systèmes spéciaux, on doit se demander quelles sont les simpli-
fications que peut présenter l'intégration d'un système automorphe particu-
lier. On est alors naturellement conduit à chercher à établir, pour de tels
systèmes, une théorie analogue à la théorie des équations algébriques dues
à Galois; ici, en effet, le domaine de rationalité dans lequel on veut se
mouvoir joue un rôle essentiel, et c'est un point de vue laissé entièrement
de côté par Sophus Lie.
Avant de s'occuper des équations aux dérivées partielles, l'auteur du
Mémoire n° 5 revient d'abord longuement sur la théorie même de Galois
relative aux équations algébriques; la notion de système automorphe lui
parait jeter une lumière nouvelle sur la théorie de Galois, en mettant en
évidence le lien qui unit le point de vue de l'invariance formelle et celui
de l'invariance numérique. Etant donnée une équation algébrique
d'ordre n, que l'on regarde comme un système (S) de n équations entre
les racines, quel parti peut-on tirer de la connaissance de certaines autres
relations (A) entre ces racines, en supposant que l'on reste dans un
domaine déterminé de rationalité? La discussion de cette question amène
à la considération d'un système de même nature que le système (S, A).
mais automorphe. La théorie de Galois se présente alors sous la forme
suivante : il existe un système automorphe rationnel, tel que tout sys-
tème (S, A) également rationnel admet toutes les solutions du premier dès
qu'il en admet une; le groupe de ce système automorphe est le groupe de
Galois.
Ceci va s'étendre aux équations linéaires et homogènes aux dérivées
Il6o ACADÉMIE DES SCIENCES.
partielles à n -h i variables indépendantes ^ ?,,...,/„. On la considérera
comme un système aiitomorphe (S) de /^ équations entre n fonctions indé-
pendantes a^,, ^2. "-y ^n (le groupe de ce système automorphe étant le
groupe ponctuel général); pour simplifier, nous supposons que le domaine
de rationalité est le domaine naturel . La question fondamentale, pour notre
auteur, est de savoir quel parti l'on peut tirer, pour l'intégration de (S), de
la connaissance de certaines relations (A), entre les fonctions, leurs déri-
vées et les variables indépendantes qui sont satisfaites pour quelque solu-
tion de (S). Il est ainsi conduit à la considération d'une série de systèmes
automorphes dont les groupes associés sont du même type, ces groupes
étant en général infinis. On peut d'ailleurs déterminer un système auto-
morphe de la série précédente, de telle sorte que ce système admette une
solution donnée de (S), ce qui n'exigera que des opérations rationnelles,
si les valeurs des £p, pour une valeur particulière t =:t^ de t, se réduisent à
des fonctions rationnelles de, t^,t^, . . ., f„ et, en particulier, a t^, t^, . . ., ?„,
ce que l'auteur appelle la solution principale c^. Après ces préliminaires, il
est possible de discuter et de préciser la théorie esquissée par M. Drach,
pour le cas où l'équation donnée est spéciale, c'est-à-dire où il existe
quelque système de relations (A) rationnelles par rapport aux t, aux ^ et
leurs dérivées, qui soit compatible avec (S). L'auteur montre qu'on peut
se limiter aux systèmes (S, A) admettant comme solution une même solu-
tion principale g^ de (S) et, parmi ceux-ci, à ceux qui sont automorphes.
On établit ensuite que, parmi ces derniers, il y en a un dont tous les autres
admettent les solutions; à ce système est associé un groupe G, gui est le
groupe de rationalité de V équation proposée. Le groupe associé à l'un quel-
conque des autres systèmes contient G : c'est un théorème analogue au
théorème célèbre de Galois. Le groupe G est relatif à la solution princi-
pale (7(,. Le point qui, pour Fauteur, constitue une différence essentielle
entre la solution principale n^ (ou celles qui s'en déduisent par transfor-
mations rationnelles) et les autres est que, pour une solution résultant d'une
transformation T que nous pouvons appeler Tir^, il n'existe pas, en général,
de système rationnel admettant seulement pour solution Tcr^ et ses trans-
formées par les transformations du groupe T~'GT. L'auteur attache une
grande importance à la considération des solutions principales {ou leurs
transformées rationnelles) et écrit même que la théorie peut se faire seule-
ment avec ces solutions. On peut émettre quelque doute à ce sujet, et !a
théorie pourrait probablement être présentée d'une manière plus large ; la
notion de groupe de rationalité de l'équation ne s'en trouverait d'ailleurs
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. Il6[
pas modifiée. Toute cette partie du Mémoire forme un ensemble 1res cohé-
rent et très complet; il comble entièrement les lacunes qui subsistaient
dans l'importante question ouverte par M. Drach pour les équations
linéaires aux dérivées partielles.
)) Avec une équation linéaire aux dérivées partielles, nous avions
affaire, en définitive, à un système automorphe dont le groupe était le
groupe général. Pour d'autres systèmes automorphes, l'extension de la
théorie de Galois présente certaines difficultés signalées par l'auteur.
Nous n'avons insisté que sur les grandes lignes du Mémoire très étendu
inscrit sous le n** 5. C'est un travail extrêmement soigné, s'attaquant à des
questions d'un caractère général, où l'auteur tire un très heureux parti de
son érudition considérable dans la théorie des groupes et apporte une
importante contribution à cette théorie si fondamentale dans la Science
mathématique à notre époque. La Commission est unanime à lui accorder
le grand prix des Sciences mathématiques.
En résumé, nous proposons d'accorder le grand prix des Sciences
mathématiques à l'auteur du Mémoire inscrit sous le n*^ 5 et portant pour
devise :
Es liegt in cler Nalur der Sache (Sophus Lie),
et une mention très honorable au Mémoire inscrit sous le n° 1 et portant
pour devise :
Araok bepred.
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées.
M. le Président ouvre en séance le pli cacheté annexé au Mémoire n** 5
qui porte la devise :
Es liegt in der l^atar der Sache (Sophus Lie).
L'auteur du Mémoire couronné est M. Erxest Vessiot, professeur à
l'Université de Lyon.
Sur la demande de l'auteur du Mémoire inscrit sous le n° 1, il est pro-
cédé à l'ouverture du pli cacheté qui s'y trouve annexé.
L'auteur de ce Mémoire, qui a obtenu une mention très honorable, est
M. Jean Le Roux, Chargé de cours à la Faculté des Sciences de Rennes.
C. R., 1902, 2« Semestre. (T. CXXXV, N° 25.) 1^2
1 l62 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PRIX BORDIN.
(Commissaires : MM. Poincaré, Painlevé, Emile Picard, Jordan;
Darboux, rapporteur.)
L'Académie avait mis au concours, pour le prix Bordin de 1902, la
question suivante :
Développer et perfectionner la théorie des surfaces applicables sur le paraho-
loïde de révolution.
Un seul Mémoire a été envoyé au concours. Il porte la devise suivante :
Pour vous parler franchement de la Géométrie, je la trouve le plus haut exercice de
l'esprit.
L'auteur y rattache de la manière la plus ingénieuse et la plus élégante
la détermination des surfaces applicables sur le paraboloïde à la considé-
ration de certains systèmes orthogonaux dans le plan dont l'étude paraît
offrir un réel intérêt. Mais il se contente de déterminer par ce procédé nou-
veau l'équation en termes fmis des surfaces dont l'Académie proposait
l'étude aux géomètres. Il retrouve en particulier les formules qui ont déjà
été données par l'un de nous; mais il n'aborde la solution d'aucune des
questions dont l'Académie espérait la solution : détermination de celles
des surfaces qui passent par un contour donné, recherche de celles qui
sont algébriques, etc. Pour ces motifs votre Commission ne peut vous
proposer de décerner le prix Bordin. Mais, tenant compte de l'élégance et
de la symétrie de ses calculs, elle vous propose d'accorder à l'auteur une
mention honorable et de maintenir au concours pour 1904 la question qui
avait été proposée cette année.
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées par l'Académie.
Sur la demande de l'auteur, le pli cacheté annexé au Mémoire est ouvert
en séance par M. le Président.
L'auteur du Mémoire est M. de Tannenberg, professeur à la Faculté
des Sciences de Bordeaux.
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. Il63
PRIX FRANCOEUR.
(Commissaires : MM. Poincaré, Emile Picard, Appell, Jordan;
Darboux, rapporteur.)
L'Académie décerne le prix Francœur â M. Emile Lemoixe, pour l'en-
semble de ses travaux de Géométrie.
PRIX PONCELET.
(Commissaires : MM. Poincaré, Emile Picard, Jordan, Appell;
Darboux, rapporteur.)
L'Académie décerne le prix Poncelet à M. Maurice d'Ocagne, pour ses
travaux Sur la Nomo graphie.
MECANIQUE.
PRIX EXTRAORDINAIRE DE SIX MILLE FRANCS.
(Commissaires : MM. Guyou, Maurice Levy, de Russy, Sebert,
Rouquet de la Grye.)
La Commission propose de donner un prix de quatre mille francs à
M. RoMAzoTTi pour l'ensemble de ses travaux relatifs aux bateaux sous-
marins, et un prix de deux mille francs à M. Driencourt.
Rapport sur les travaux de M. Driencourt, par M. Guyou.
Les travaux hydrographiques les plus importants effectués par
M. Driencourt ont eu pour objet le levé d'une partie de la côte nord-
ouest et (le la côte ouest de Madagascar.
Les campagnes de 1891 et 1892 ont été consacrées au levé de la partie
de la côte nord-ouest qui s'étend de Nosy Lava (à l'entrée de la baie de
IIÔ! ACADÉMIE DES SCIENCES.
Narendry) jusqu'au cap Tanjona, sur une longueur de i4o milles marins;
en y comprenant les deux grandes baies de Bombétoke et de Mahajamba,
le développement total du rivage exploré n'est pas inférieur à 820 milles.
Le résultat de ce travail a été la publication de 5 Cartes, dont 3 Cartes
d'atterrissage, et d'une Notice hydrographique contenant des rensei-
gnements sur la climatologie et la navigation. C'est grâce à ces Cartes que
l'expédition de Madagascar a pu être entreprise par Majunga, dont la rade
n'avait été jusque-là visitée par aucun grand bâtiment.
Tout le levé s'appuie sur une triangulation continue comportant une
mesure de base, et des observations d'azimut, de latitudes et, à titre de
vérification, de longitudes par le transport du temps. Cette triangulation
se rattache, à son extrémité nord, à celle que M. l'ingénieur hydrographe
Favé avait exécutée antérieurement en partant de Diego-Suarez. Les opé-
rations ont présenté des difficultés exceptionnelles résultant de la nature
de la côte, souvent bordée de palétuviers, en arrière de laquelle s'élèvent
progressivement des plateaux couverts d'épaisses forêts qui rendent très
laborieuse la recherche des points culminants.
Mais ces difficultés n'étaient rien en comparaison de celles que réservait
l'exploration du plateau des sondes, Madagascar est entourée d'une sorte
de mer intérieure, limitée au large par un récif noyé, en quelques points
duquel il ne reste que 3™ d'eau à basse mer, et dont les coupures consti-
tuent des passes dont il était indispensable de déterminer, avec précision,
les limites et la profondeur. Eu face des baies de Bombétoke et de Maha-
iaml)a, où débouchent les plus grands fleuves de Madagascar, le récif est
repoussé au large par les eaux douces et s'écarte jusqu'à 22 milles du
rivage. On se rend compte aisément des difficultés que présentait la liaison
trigonométrique de points aussi éloignés avec une côte de faible élévation,
où l'on pouvait à peine discerner un petit nombre de points saillants. Ces
obstacles ont été surmontés avec plein succès; il n'a pas été nécessaire de
recourir aux observations astronomiques à la mer, et les Cartes de
M. Driencourt présentent toute la précision des levés faits en vue de terre
dans les conditions normales. La surface sondée est de 2000 milles carrés;
l'espacement moyen des profils est d'un demi-mille.
La reconnaissance des côtes de Madagascar, interrompue par l'expédi-
tion militaire, fut reprise en 1899 sur la demande du général Galliéni.
En abordant le levé de la côte ouest, on allait se trouver en présence
de difricukôs analogues à celles qu'avait présentées la côte nord-ouest,
mais singulièrement accrues par le plus grand éloignemient du récif bar-
SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1902. II 65
rière, qui s'écarte jusqu'à 80 milles du rivage, et par la nature de la côte,
basse et marécageuse, qui avoisine le cap Saint-André. C'est à M. Drien-
court que fut confiée la mission de commencer ce nouveau travail, qui se
présentait dans des conditions si défavorables. Un bâtiment, la Rance,
fut armé spécialement pour cette campagne; M. Driencourt s'occupa acti-
vement de son installation pour en faire un bâtiment hydrographe offrant
tous les moyens de travail les plus perfectionnés. Un matériel considérable
de balises flottantes destinées à former, sur les immenses étendues du banc
de Pracel, un véritable réseau permettant de prolonger la triangulation
bien au delà de la vue des terres, avait été construit sur les indications de
M. Hanusse; M. Driencourt étudia avec soin, dans tous ses détails, le fonc-
tionnement de ces fragiles engins, sur lesquels allait reposer la plus grande
partie du travail à la mer.
En attendant l'époque favorable pour attaquer la cote ouest, la nouvelle
mission fit un levé très détaillé de la côte sud deNossi-Bé et de ses abords,
et entreprit la reconnaissance de la grande baie d'Ampasindava, qui fut
achevée aux deux tiers. Ce travail fut relié à la triangulation de M. Favé.
Avant d'entreprendre les sondes au large du cap Saint-André, il fallait
d'abord prolonger la triangulation de 1891-1892, qui s'arrêtait à la baie
de Baly. Déjà M. Driencourt avait parcouru toute la région basse et insa-
lubre du cap Saint-André, de Baly à Nosy-Volavo, placé les signaux et fait
les stations provisoires, lorsque, au moment d'entreprendre les observa-
tions définitives, il fut terrassé par un accès pernicieux qui mit ses jours
en danger, et l'obligea à rentrer en France sans avoir recueilli le fruit des
fatigues exceptionnelles qu'il venait de subir.
Dans l'exécution de ces importants travaux, M. Driencourt avait pour
collaborateurs de jeunes officiers de marine animés de la meilleure volonté,
mais manquant d'expérience dans ce genre d'opérations. C'est ainsi qu'il a
été conduit à modifier les méthodes classiques en Hydrographie pour leur
donner le plus d'analogie possible avec les procédés familiers aux naviga-
teurs. L'emploi simultané du calcul et de la construction graphique, que
M. Hatt avait inauguré pour la détermination des coordonnées linéaires, a
été développé par M. Driencourt, et des abaques destinés à simplifier ou
à contrôler les calculs ont été mis en service. D'autre part, la précision
des constructions graphiques a été notablement accrue par le perfection-
nement de l'abaque en usage pour la construction des segments capables
sur laquelle repose la rédaction de tout le travail à la mer.
Sur le terrain, l'action de M. Driencourt n'a pas été moins heureuse. Il
Il66 ACADÉMIE DES SCIENCES.
a perfectionné et systématisé les procédés employés pour l'exploration du
relief sous-marin, notamment pour la recherche des têtes de roche dans
les régions à courants et dans les eaux troubles, et l'étude des chenaux
dans les fonds rocheux.
De ses campagnes à Madagascar M. Driencourt a rapporté de nom-
breuses observations de marée. Le premier, en France, il a appliqué les
méthodes indiquées par M. Darwin pour le calcul des constantes harmo-
niques au moyen de courtes périodes d'observations. Les résultats qu'il a
obtenus ont permis au Service hydrographique d'entreprendre la publica-
tion d'un Annuaire des marées de l'océan Indien.
Outre ses campagnes de Madagascar, M. Driencourt a pris part à un
£[rand nombre de missions hydrographiques sur toutes les côtes de France,
et en Tunisie. Sur la côte sud de France en particulier, où, pour la pre-
mière fois, s'est posé le problème de plans hydrographiques à très grande
échelle, il a montré comment les méthodes habituelles permettent, moyen-
nant quelques précautions, d'obtenir toute la précision désirable.
Enfin, M. Driencourt, en dehors de ses travaux hydrographiques pro-
prement dits, a pris part à deux importantes missions entreprises sous les
auspices du Bureau des Longitudes. La première, dirigée par M. Bouquet
delà Grye, en i885, avait pour but la détermination des différences de
longitude de Dakar, Saint-Louis, Santa-Cruz de Ténériffe et Cadix, ainsi
que des latitudes des deux premiers points ; les résultats en ont été insérés
dans les Annales du Bureau des Longitudes. La seconde mission, où
M. Driencourt collaborait avec MM. Hatt et Perrotin, a déterminé les
différences de longitude d'Ajaccio, l'Ile-Rousse et Nice. Les résultats ont
été publiés dans les Annales de l' Observatoire de Nice.
Votre Commission estime que, par cet ensemble d'importants travaux
exécutés avec un talent remarquable, M. Driencourt a rendu de grands
services à la navigation en général et en particulier à la marine militaire.
Elle vous propose, pour cette raison, de lui décerner un prix sur les fonds
mis à la disposition de l'Académie pour récompenser les travaux de nature
à accroître l'efficacité de nos forces navales.
Les propositions de la Commission sont adoptées par l'Académie.
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. n6'
PRIX MONTYON.
(Commissaires : MM. I^éauté, Sarrau, Boussinesq, Sebert;
Maurice Levy, rapporteur.)
La Commission décerne le prix à M. le commandant Hartmann, pour
les expériences à l'aide desquelles il a su faire apparaître à la surface
des corps élastiques les lignes de glissement produites dans leurs défor-
mations.
Les anciennes expériences deTresca, sur ce qu'il a appelé V écoulement
des corps solides, ne fournissaient pas directement ces lignes. La méthode
de Tresca consistait, en effet, à tracer à la surface du corps soumis à
l'épreuve deux réseaux de droites rectangulaires et à observer leurs trans-
formées après déformation. Ce sont donc deux séries de lignes choisies
arbitrairement qu'il observait. Il a cru pouvoir conclure de l'ensemble de
ses observations que les lignes de rupture se produisent lorsque la rési-
stance au cisaillement est atteinte ou légèrement dépassée sur tous les
points du corps.
Cette hypothèse a été développée sous forme mathématique, en 1869,
par M. de Saint-Venant, dans le cas des déformations planes, et par deux
d'entre nous, dans le cas le plus général et, plus particulièrement, dans
celui d'une déformation symétrique autour d'un axe.
En i883, M. le capitaine Duguet, dans un Ouvrage remarquable à plus
d'un titre, exprime la pensée qu'outre le cisaillement intervient un frotte-
ment moléculaire. Mais cette pensée, bien qu'appuyée de considérations
plausibles, restait à l'état d'hypothèse. Ce sont les expériences de M. Hart-
mann qui ont tranché la question par l'affirmative.
En effet, la théorie du cisaillement pur aurait pour conséquence que les
deux systèmes de lignes de rupture seraient partout inclinées à 4^° i>ur
une force principale supposée unique. Or, il résulte des observations de
M. Hartmann que ces deux systèmes de lignes ont : celles de l'un des sys-
tèmes, une inclinaison un peu supérieure et celles de l'autre, une incli-
naison un peu inférieure à l\^^. Et ceci ne peut s'expliquer que par l'inter-
vention du'n frottement intérieur.
Depuis, ce frottement s'est montré dans beaucoup de phénomènes élas-
tiques, et tout récemment il a été invoqué comme un facteur important et
Il68 ACADÉMIE DES SCIENCES.
souvent essentiel dans les belles recherches théoriques et expérimentales
de notre Correspondant, M. Considère, sur la résistance du ciment armé.
Les conclusions de ce Raj)port sont adoptées.
PRIX PLUMEY.
(Commissaires : MM. Guyou, Sarrau, Léauté, Sebert;
Maurice Levy, rapporteur.)
L'Académie décerne le prix Plumey à M. le colonel Rexard, pour
l'ensemble de ses travaux.
ASTRONOMIE.
PRIX PIERRE GUZMAN.
(Commissaires : MM. Janssen, Lœwy, Callandreau, Wolf, Radau.)
Le prix n'est pas décerné.
PRIX LALANDE.
(Commissaires : MM. Wolf, Janssen, Callandreau, Radau;
Lœwy, rapporteur.)
L'Académie connaît depuis longtemps les titres scientifiques élevés de
M. Trépied, Directeur de l'Observatoire d'Alger. Elle sait qu'il est, parmi
les Astronomes français, l'un des plus savants et des plus actifs; elle se
souvient d'avoir été à même d'apprécier, en maintes circonstances, la
valeur et la portée de ses travaux concernant diverses branches de
l'Astronomie.
Dans ces dernières années surtout, les services rendus par M. Trépied
à la Science française ont été considérables. Une collaboration directe et
des plus fructueuses à des œuvres de première importance, telles que la
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. j i6q
Carte photographique du Ciel et la recherche d'une valeur définitive de la
parallaxe solaire au moyen de la planète Eros, lui a fourni l'occasion
d'études personnelles poursuivies avec une persévérante habileté sur des
questions délicates et difficiles, par exemple sur la détermination des
grandeurs photographiques des étoiles et les méthodes à employer dans le
but de tirer d'un cliché stellaire tout ce qu'il renferme d'utilisable pour
l'Astronomie.
Nous ne saurions trop insister sur le rôle si important joué par M. Tré-
pied, en qualité de Secrétaire général, dans les Conférences oii furent
posées les bases et discutées les conditions d'accomplissement des deux
grandes entreprises que nous venons de rappeler. Par son initiative, par
son action incessante et souvent décisive, il a contribué puissamment à
réaliser l'entente mémorable qui s'est établie, vers la fin du xix^ siècle,
entre les savants de toutes les nations, dans le dessein d'étendre et d'enri-
chir, avec le secours de la Photographie, le domaine de l'Astronomie
stellaire.
Enfin, tout récemment encore, M. Trépied a terminé de belles études
qui achèvent de mettre en lumière les services que la science du Ciel doit
recevoir de la Carte photographique, en montrant les applications nou-
velles, inattendues et fécondes, qui en sortiront.
La Commission, désirant honorer par un témoignage de haute estime
l'ensemble de tous les travaux distingués accomplis par M. Trépied, vous
propose de décerner à cet astronome le prix fondé par Jérôme de Lalande.
L'Académie adopte les conclusions de ce Rapport.
PRIX VALZ.
(Commissaires : MM. Janssen, Callandreaîi, Wolf, Radau;
Lœwy, rapporteur.)
M. Hartwig, Directeur de l'Observatoire de Bamberg, a effectué de
nombreux travaux scientifiques d'une grande valeur auxquels il convient
d'ajouter la découverte de deux comètes, découverte qu'il a eu la bonne
fortune de taire au début de sa carrière.
M. Hartwig est l'un des plus habiles observateurs à l'héliomètre, instru-
ment d'une nature complexe, aussi précieux que difficile à employer. A
l'aide de cet appareil, il a obtenu une détermination très exacte des dia-
C. K., 1902, 2* Semestre. (T. CXXXV, N" 25.) '•'^3
II70 ACADÉMIE DES SCIENCES.
mètres de Vénus et de Mars. Tout récemment, à l'occasion de l'entreprise
internationale ayant pour but une nouvelle détermination de la parallaxe
solaire, M. Hartwig est parvenu, grâce à la puissance particulière de son
héliomètre et à sa grande expérience, à réaliser une belle série de posi-
tions précises de la planète Eros, alors que, avec les instruments ana-
logues, en raison du faible éclat de la planète, aucune autre tentative n'a
été couronnée de succès.
L'étude des étoiles variables acquiert de jour en jour une plus haute
importance dans la Science astronomique, et M. Hartwig est un des plus
assidus et des plus renommés observateurs de ces objets célestes. Il a
enrichi ce domaine scientifique de longues séries d'observations, accom-
plies dans d'excellentes conditions et qui l'ont conduit à de nombreux
résultats intéressants. Dans cet ordre d'idées, il a fourni un contingent
notable d'estimations soigneuses de la grandeur de la planète Eros, astre
dont l'éclat a présenté des variations très surprenantes.
Ce savant publie annuellement, depuis 1892, dans la revue trimestrielle
de V Astronomische Gesellschaft, les éphémérides des étoiles variables d'après
les éléments basés, en majeure partie, sur ses propres observations, élé-
ments qui ont rendu souvent de sérieux services dans la rédaction du Cha-
pitre consacré aux étoiles variables dans V Annuaire du Bureau des
Longitudes.
La Commission propose de décerner le prix Valz à M. Hartwig, l'émi-
nent auteur de ces beaux travaux.
L'Académie adopte les conclusions de ce Rapport.
PRIX DAMOISEAU.
(Commissaires : MM. Callandreau, Radau, Wolf, Janssen;
Lœwy, rapporteur. J
Le souvenir des recherches si brillantes et si fécondes de Le Verrier,
dans le domaine de la Mécanique céleste, subsiste encore dans la mémoire
de tous les savants. Les théories planétaires de l'illustre astronome ont été,
pendant de longues années, la base unique des éphémérides astrono-
miques du inonde entier. Aujourd'hui encore, les calculs de la Connais-
sance des Temps sont fondés sur ces travaux célèbres qui permettent de
calculer, pour une époque donnée, les lieux occupés dans l'espace par les
grosses planètes du système solaire.
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. II71
Malheureusement une difficulté sérieuse a surgi, menaçant de détruire
l'unité de l'œuvre qui nous a été léguée. La théorie du mouvement de
Saturne, achevée dans les dernières années de la vie de Le Verrier, accu-
sait certaines imperfections qui ont beaucoup préoccupé les astronomes :
les positions calculées différaient sensiblement des positions réelles de
l'astre. On se demandait si ce désaccord devait être attribué à une erreur
théorique ou à une cause physique qu'il fallait découvrir.
Après la mort de Le Verrier, M. Gaillot, actuellement Sous-Directeur
de l'Observatoire de Paris, entreprit de rechercher les causes des ano-
malies constatées. Pour atteindre ce but il fallait non seulement refaire
complètement la théorie de Saturne, mais encore l'aborder par une
méthode plus efficace, dont Le Verrier n'avait fait malheureusement
qu'une application trop sommaire, et qui donne la faculté d'atteindre un
degré d'approximation plus élevé.
Dans le calcul des perturbations périodiques de Saturne par Jupiter,
Le Verrier s'était arrêté aux termes qui sont de second ordre par rapport
aux masses, ce qui était insuffisant dans le cas donné. Il était donc néces-
saire de pousser l'approximation plus loin. L'emploi de la méthode d'inter-
polation a fourni à M. Gaillot le moyen d'arriver à ce résultat.
Par une application rigoureuse et complète de cette méthode, il a obtenu ,
sans aucune omission, l'ensemble de tous les termes du premier, du
deuxième et du troisième ordre par rapport aux masses et, en outre, tous
ceux d'ordre supérieur au troisième qui dépendent directement du premier
et du second. Enfin, par une nouvelle approximation, il a fait entrer en
ligne de compte un certain nombre de termes encore sensibles du qua-
trième ordre par rapport aux masses.
Les Tables des perturbations, basées sur l'ensemble des résultats obtenus
par ces deux calculs successifs, lui ont permis de représenter le mouve-
ment de Saturne d'une manière complètement satisfaisante : les valeurs
moyennes des écarts entre les positions calculées et les positions observées
de lySi à 1899 ne dépassent guère les limites des erreurs moyennes des
observations.
Actuellement, toute la partie théorique du travail est complètement
terminée et imprimée.
liC sujet mis au concours pour le prix Damoiseau se trouve donc traité
d'une manière magistrale par M. Gaillot, et le progrès scientifique que
l'Académie avait en vue a été réalisé dans des conditions qui font le plus
grand honneur à l'Astronomie française. Pour couronner des efforts aussi
II 72 ACADÉMIE DES SCIENCES.
méritants la Commission propose de décerner à M. Gaillot le prix
Damoiseau.
L'Académie adopte les conclusions de ce Rapport.
PRIX JANSSEN (Médaille d'or).
(Commissaires : MM. Lœwy, Wolf, Callandreau, Radau ;
Janssen, rapporteur.)
Ce prix est accordé à M. le Comte Aymar de la Baume-Pluvinel pour
ses travaux en Astronomie physique et les importantes missions qu'il a
exécutées à ses frais, à la demande et avec les instructions de M. Janssen.
La carrière scientifique de M. le Comte de la Baume-Pluvinel est déjà
longue.
Dès 1 882, nous le voyons attaché à la mission de notre regretté Confrère
d'Abbadie pour l'observation, à l'île de Haïti, du passage de la planète
Vénus de i 882.
D'Abbadie s'est grandement loué de l'assistance précieuse qu'il reçut en
cette circonstance de M. de la Baume-Pluvinel.
En 1887, M. de la Baume-Pluvinel ne craignit pas de faire un long et
coûteux voyage en Russie, à Tver près de Moscou, pour y observer une
éclipse totale. Malheureusement l'état du ciel, au moment du phénomène,
ne favorisa pas le dévoué et zélé observateur.
En 1889, M. de la Baume-Pluvinel recevait du Bureau des Longitudes
la mission d'aller observer aux îles du Salut l'éclipsé totale du 22 dé-
cembre 1889.
M. de la Baume-Pluvinel fit alors l'importante constatation que la struc-
ture de la couronne rappelait celles de 1867 et 1878, ce qui établissait
une relation entre les phénomènes extra-solaires et la fréquence des taches,
relation que j'avais eu l'occasion de signaler à propos de l'éclipsé de 1871,
observée aux Indes.
M. de la Baume-Pluvinel signale à cette occasion la forme curviligne des
aigrettes dans la couronne, qu'il considère avec raison comme due à
l'existence d'une force de projection combinée avec la rotation du Soleil.
Pendant l'éclipsé annulaire du 17 juin 1890, M. de la Baume-Pluvinel
nous rapportait un spectre de l'extrême bord du Soleil, lequel, comparé à
celui du centre, ne montrait aucune accentuation des bandes d'absorption
SÉANCE 2U 22 DÉCEMBRE 1902. II73
de l'oxygène, ce qui démontre une fois de plus que, si l'oxygène existe dans
le Soleil, il ne s'y trouve pas dans Vétat où il existe dans notre atmosphère.
En 1893, le 16 avril, une éclipse totale avait lieu au Sénégal. M. de la
Baume-Pluvinel, empêché par des affaires de famille d'aller lui-même
observer cette éclipse, voulut faire les frais d'une mission que nous con-
fiâmes à M. Pasteur, Chef de la Photographie à l'Observatoire de Meudon.
M. Pasteur rapporta de cette mission des photographies du spectre de la
couronne qui montrent que celle-ci contient incontestablement de la
lumière solaire réfléchie par elle et qu'en conséquence elle est bien un
objet réel.
Le 5 septembre 1898, M. de la Baume-Pluvinel voulait bien, à ma
demande, monter au mont Blanc et y obtenait, vers midi, des spectres
solaires qui, rapprochés de ceux pris dans les mêmes circonstances à Paris,
à Chamonix, montrent incontestablement l'origine tellurique des raies et
bandes de l'oxygène.
Ajoutons qu'en 1900 et 1902 eurent lieu d'importantes éclipses en
Espagne, à Sumatra et en Egypte, qui toutes furent observées par M. de la
Baume-Pluvinel. Celle d'Egypte, notamment, donna un très intéressant
résultat en confirmant ce que nous savions sur l'extrême rareté de l'atmo-
sphère lunaire, s'il en existe une.
A la suite de son observation, M. de la Baume-Pluvinel partit pour la
haute Egypte, où il fit d'importantes observations d'analyse spectrale.
Tous ces travaux, toutes ces missions suffiraient surabondamment pour
mériter la médaille que nous prions l'Académie d'accorder à M. de la
Baume-Pluvinel, mais nous devons ajouter que l'on doit encore à M. delà
Baume-Pluvinel de très intéressants Ouvrages de Photographie théorique
et pratique qui ont été grandement appréciés.
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées.
Encouragement et une médaille Janssen accordés au D"^ Jean Binot.
M. le D*^ Jean Binot, chef de laboratoire à l'Institut Pasteur, a accompli,
dans le massif du mont Blanc et au sommet même de cette montagne, des
travaux très intéressants de Bactériologie.
Des fouilles méthodiques et habilement distribuées dans le massif du
mont Blanc lui ont permis de recueillir des échantillons de colonies en-
tières de microbes appartenant à des espèces variées.
Ces échantillons placés dans des bouillons de culture sont revenus à la
II 74 ACADÉMIE DES SCIENCES.
vie, ce qui démontre la vitalité extraordinaire de ces êtres. Il sera d'un
haut intérêt de continuer ces études relativement à des colonies existant
dans des parties encore plus anciennes du glacier.
L'année dernière, une grande éclipse totale avait lieu, comme on sait,
en Asie.
A ma demande, M. le D*^ Binot, muni d'un bon appareil photographique
et après s'être exercé à l'Observatoire de Meudon, partit, muni d'une
mission gratuite du Ministre de l'Instruction publique, pour l'île de France,
où les chances de beau temps étaient les plus grandes, et nous rapporta
une belle photographie de la couronne qui a été présentée à l'Académie
et figure dans nos Comptes rendus.
Ces travaux et ces services rendus à la Science justifient pleinement
l'encouragement que l'Académie accorde au D'" Jean Binot.
Je demande à l'Académie d'y joindre ma médaille en vermeil.
Ces conclusions sont adoptées.
GEOGRAPHIE ET NAVIGATION.
PRIX BINOUX.
(Commissaires : MM. Guyou, Bouquet de la Grye, Grandidier, de Bussy,
Bassot.)
La Commission partage le prix entre MM. Claude, Marcel Monnier,
Delpeuch.
Rapport sur les travaux de M. Claude, par M. Guyou.
Les instruments dont disposent les voyageurs et les géographes pour
la détermination des coordonnées du zénith sur la sphère céleste, théodo-
lite et instruments à réflexion, sont loin d'offrir toute la précision dési-
rable. Pour les opérations qui demandent une grande exactitude, on est
forcé de recourir aux instruments, tels que le cercle méridien, qui exigent
la construction d'un petit observatoire, opération souvent impraticable. lî
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE I902. II^S
manquait un instrument à la fois portatif et facile à installer comme les
premiers et susceptible, comme les seconds, de donner une grande préci-
sion. L'astrolabe à prisme de M. Claude vient combler cette lacune.
La méthode à laquelle cet instrument est destiné est celle des hauteurs
égales. Cette méthode a été, comme l'on sait, imaginée par Gauss pour
s'affranchir, dans les observations au sextant, des erreurs instrumentales.
Généralisée par Anger et Rnorr, elle constitue encore actuellement le moyen
théoriquement le plus exact de déterminer à la fois l'heure et la latitude.
Mais il s'en faut que le sextant remplisse toutes les conditions imposées
par elle pour donner les meilleurs résultats.
Le faible grossissement de la lunette et les difficultés que présente l'opé-
ration ne permettent pas d'obtenir des observations suffisamment pré-
cises, ni en assez grand nombre pour atténuer l'influence des erreurs.
Aussi cette méthode a-t-elle été presque complètement abandonnée, malgré
les louables efforts tentés par quelques observateurs et notamment en
France par le commandant Perrin.
L'astrolabe de M. Claude est affranchi de tous ces inconvénients. Il est
aussi transportable el facile à installer que le petit théodolite de campagne.
L'usage en est assez simple pour qu'une séance suffise pour exercer un
observateur.
Enfin le grossissement de la lunette, qui peut aller jusqu'à 65 fois, per-
met de saisir avec une très grande précision le contact des images d'une
même étoile, directe et réfléchie dans un bain de mercure.
L'instrument ne peut mesurer, il est vrai, qu'une hauteur déterminée
(environ 60°); mais, comme on peut y apercevoir par temps clair jus-
qu'aux étoiles de la 'j^ grandeur, le nombre des étoiles observables dans
une séance de i heure est considérable.
Il résulte de là que, dans une seule séance relativement courte, l'obser-
vateur peut recueillir des observations déjà très précises, individuellement,
et dont le grand nombre permet en outre d'atténuer, dans une grande pro-
portion, les erreurs accidentelles.
Les expériences déjà nombreuses qui ont été faites avec cet instrument,
par différents observateurs, montrent qu'il permet de déterminer la posi-
tion du zénith sur la sphère céleste à moins de i seconde d'arc, abstrac-
tion faite, bien entendu, de l'erreur personnelle.
L'astrolabe de M. Claude consiste en un prisme droit de flint, à base
triangulaire équilatérale, dont deux faces renvoient horizontalement dans
une lunette les rayons émanant d'une étoile et de son image réfléchie dans
11-76 ACADÉMIE DES SCIENCES.
un bain de mercure. L'observation consiste à noter l'instant précis où les
deux images passent en coïncidence; grâce au grossissement, le mouvement
relatif des deux images est rendu i3o fois plus rapide que celui de l'étoile.
L'ensemble du prisme avec la lunette pivote autour d'un axe vertical
monté sur un plateau horizontal en aluminium, mobile lui-même autour
d'un axe vertical, et qui peut être orienté dans un azimut quelconque à
l'aide d'un index et d'un cercle divisé.
Le bain de mercure repose sur le plateau horizontal ; cette disposition,
qui a beaucoup facilité l'emploi de l'astrolabe, a été suggérée à l'inventeur
par M. l'Ingénieur hydrographe Driencourt.
L'instrument exige une optique très soignée pour que les images soient
bien nettes. Ce résultat est aujourd'hui atteint couramment par M. Vion.
Les avantages que nous avons énumérés plus haut font, de l'astrolabe à
prisme de M. Glande, l'instrument de voyage par excellence. Les deux plus
importants Établissements géographiques de France, le Service géogra-
phique de l'Armée et le Service hydrographique de la Marine, l'ont adopté.
Son usage ne peut manquer de se généraliser rapidement à l'étranger.
M. Claude a donc rendu à la Géographie le très grand service de la
doter d'un instrument nouveau qui, tout en étant aussi m^aniable que ceux
dont disposaient les voyageurs, atteint une précision comparable à celle
des grands instruments astronomiques.
Votre Commission propose de lui donner un prix sur les fonds du prix
Binoux.
Rapport sur les travaux de M. Marcel Monnier, par M. Alfred Graxdidier.
Déjà connu par ses voyages en Amérique et en Afrique, M. Marcel
3I0NNIER est parti en novembre 1894 pour l'Asie, oîi il a successivement
exploré rindo-Chine, la province chinoise de Rouang-Si, le Japon et la
Chine, allant de l'est à l'ouest jusqu'au Tonkin, puis du sud-ouest au nord-
est jusqu'en Corée oi!i il a suivi un itinéraire nouveau. Remontant alors le
fleuve Amour et traversant le massif de l'Altaï, la steppe Rirghise, le Fer-
»hanat, la Perse, le Caucase et la Russie, il est rentré en France en
juillet 1898, ayant parcouru sur le continent asiatique plus de Soooo'^™,
dont loooo'^"^ à cheval. Il a levé à la boussole i358i''™ : le Yang-tsé
(d'I-tchang à Tchoung-Ring) et la route jusqu'au fleuve Rouge, soit 2700^";
5oo^™ en Corée, de la mer Jaune à la mer du Japon; 8937''™ de Ourga à
Babylone, et i444'''" ^^ golfe Persique à la mer Caspienne.
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. I177
C'est la série de levers faits pendant ce long et intéressant voyage que
la Commission du prix Binoux propose à l'Académie de récompenser. Ces
levers ont été publiés sous le patronage de la Société de Géographie, dans
un Atlas qui contient 28 cartes, 7 à -^j^, 1 à ^^^ et 19 à -^^^. Ce
sont principalement les feuilles 18 et 19, où est reporté l'itinéraire de
M. Marcel Monnier en Corée, et les feuilles 25 à 28 où est tracé son itiné-
raire en Perse, qui ont le plus d'mtérêt géographique. Cet Atlas est accom-
pagné d'un petit Volume où l'auteur a condensé les notes et renseignements
qu'il a recueillis au cours de ses voyages et a mis une série intéressante
d'images photographiques. Dans un Ouvrage publié antérieurement, il a
raconté en détail ses pérégrinations.
Votre Commission a jugé que ces publications forment un ensemble
d'une valeur géographique réelle et propose à l'Académie d'attribuer à
M. Marcel Monniek un prix sur les fonds du prix Binoux.
Rapport sur les travaux de M. Delpeuch, par M. de Bussy.
M. le Lieutenant de vaisseau Delpeuch a publié, sous le titre de La Navi-
gation sous-marine à travers les Siècles, une histoire très complète de la
navigation sous-marine. Son Ouvrage, fruit de recherches laborieuses,
ne constitue pas seulement un livre d'une lecture attachante, d renferme
un ensemble de documents dont la connaissance est utile à quiconque veut
s'occuper de perfectionner la navigation sous-marine.
Les conclusions de ces Rapports sont adoptées par l'Académie.
PHYSIQUE
PRIX HEBERT.
(Commissaires : MM. Lippmann, Becquerel, Violle, Potier;
Mascart, rapporteur.)
Le prix est décerné à M. C.-F. Guilbeiu', pour son Ouvrage intitulé
« liCS générateurs d'électricité à l'Exposition de 1900. »
C. H., 1902, 2" Semestre. (T. CXXXV, N" 25.) l54
II 78 ACADÉMIE DES SCIENCES.
STATISTIQUE.
PRIX MONTYON.
(Commissaires : MM. Alfred Picard, Rouché, de Freycinet, Laussedat,
Brouardel; Haton de la Goupillière, rapporteur.)
Le concours pour le prix Montyon de Statistique a reçu, en 1902, douze
envois. Deux d'entre eux ont été écartés par votre Commission, l'un
comme insuffisant, l'autre parce qu'il ne rentre pas dans la formule
du prix.
Sur les dix qui ont été retenus, cinq ont immédiatement frappé notre
attention comme des œuvres d'une grande valeur, s'élevant dans la sphère
ordinaire de la récompense supérieure. Toutefois, une discussion appro-
fondie nous a permis d'établir, parmi ces Ouvrages, les distinctions sui-
vantes :
Deux de ces productions ont été mises en première ligne; et la Com-
mission partage entre elles, par égalité, le prix Montyon de Statistique
pour 1902, à savoir :
ï° « Étude statistique de la mortalité par gastro-entérite chez les enfants
du premier âge en France », par le D"^ F. Bordas;
2° « Observations météorologiques de Victor et Camille Chandon de
Montdidier », par le professeur H. Duchaussoy.
La Commission accorde, en outre, trois mentions exceptionnellement
honorables :
3° Elle a d'abord distingué le travail de M. le D^" Liétard intitulé :
« La population des Vosges ». Elle engage expressément cet auteur, qui
n'a encore publié qu'un premier Volume, à représenter au même concours
l'Ouvrage complet, après l'apparition du Tome second, actuellement en
préparation;
4° M. Paul Dislère a présenté un important « Mémoiresur la colonisa-
tion », d'une forme moins directement statistique que les œuvres précé-
dentes, mais rempli de vues élevées et de documents utiles présentés
avec le grand talent de l'auteur ;
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. II79
5° M. le D*" Peyroux a soumis à l'Académie une « Étude sur les causes
de la dépopulation d'Elbeuf et sur TOEuvre des gouttes de lait ». Ce tra-
vail reçoit, comme les deux précédents, une mention exceptionnellement
honorable.
La Commission décerne enfin cinq mentions aux Ouvrages suivants :
6° « Contribution à l'étude de l'alcoolisme en Normandie », par le
D^^ R. Leroy ;
7** « Répartition du goitre en France; statistique de l'alcoolisme », par
leD^ L. Mayet;
8° « Coup d'œii sur l'état sanitaire du pays d'étangs pendant les vingt-
cinq dernières années, mouvement de la population dans quarante com-
munes de la Dombes pendant le xix* siècle », par le D*" Passerat;
9** « La cécité en France, statistique, répartition géographique », par
le D*^ Trousseau;
10° « De l'entraînement et de ses effets sur l'artilleur », par un Ano-
nyme qui a pris comme devise : Primo non nocere.
Les Rapports spéciaux qui suivent font connaître avec détails les motifs
de ces décisions.
Étude statistique de la mortalité par gastro-entérite chez les enfants
du premier âge en France, par M. le D^ Bordas.
Rapport de M. Brouardel.
M. le D^ Bordas adresse à l'Académie un Rapport très intéressant sur la
statistique de la mortalité par gastro-etérnite chez les enfants du premier
âge en France.
Ce travail comprend deux Parties. Dans la première, accompagnée de
neuf Tableaux graphiques soigneusement tracés, M. Bordas établit que la
tuberculose et l'atrepsie des enfants représente 3o pour 100 de la morta-
lité totale, que chacune d'elles se partage à peu près exactement ce chiffre,
si bien que, même dans les quelques villes où la natalité dépasse la morta-
lité, comme à Lille, la natalité survivante à la fin de l'année est inférieure
à la mortalité de l'année.
M. Bordas montre que les villes de la région du nord dé la France ont une
mortalité par gastro-entérite qui dépasse le double de celle des villes
du Midi, que cette gastro-enlérite atteint plus de la moitié de la mortalité
ll8o ACADEMIE DES SCIENCES.
infantile dans le Nord, et à peine un tiers dans la région située au-dessous
de la Loire.
Des Tableaux montrent l'influence prédominante des chaleurs pendant
les mois de juin, juillet, août et septembre; ils dénotent la sévérité de cette
affection dans les arrondissements pauvres de Lille, Paris, Le Havre.
Quelle est la cause de cette mortalité prédominante dans le Nord et dans
l'Ouest?
M. Bordas montre par ses statistiques que ce sont les villes placées dans
les régions agricoles qui fournissent les laits les plus renommés qui accusent
une mortalité infantile excessive. Il constate que, à Lille, le lait est écrémé
de telle façon que la moitié des analyses (694) démontre que le lait ne
contient plus 2^ de beurre, que la lécithine passe presque totalement dans
la crème enlevée. Il reste un produit dont la valeur alimentaire est bien
diminuée.
M. Bordas a constaté que ces laits écrémés sont des bouillons de cul-
ture parfaits pour tous les microbes; que, à ce point de vue, leur valeur
augmente pendant l'été, de sorte que 4 heures en été équivalent à 24 heures
en hiver.
M. Bordas s'élève donc avec énergie contre cet écrémage, dont l'inten-
sité concorde avec la mortalité des enfants âs^és de moins de i an.
Il critique les mesures prises dans différentes villes, autorisant la vente
de ces laits dans des conditions qui ne répondent pas aux intentions des
autorités qui les ont soumises aune réglementation et qui leur donnent une
existence presque légale, et il conclut que ces laits écrémés doivent être
poursuivis, comme à Paris, et considérés comme des falsification'^ alimen-
taires.
Ce travail, qui a demandé des recherches statistiques et des analyses
extrêmement multiples et longues, mérite une récompense élevée et votre
Commission a décidé de p;irtager j)ar égalité le prix Montyon entre son
auteur, M. Bordas, et M. le professeur Duchaussoy.
Observations météorologiques de Victor et Camille Chandon, de Montdidier,
par M. H. Duchaussoy.
Rapport de M. Hato\ de la Goupilliêre.
M. H. Duchaussoy, professeur de Physique au lycée d'Amiens, a pré-
senté à l'Académie, pour le prix Montyon de Statistique, un Volume
SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1902. I181
in-octavo, d'environ 600 pages, imprimé dans les Mémoires de la Société
linnéenne du nord de la France, sous le titre : « Observations météoro-
logiques de Victor et Camille Chandon, de Montdidier ».
Ces deux modestes, savants, et l'on pourrait dire héroïques obser-
vateurs, ont, l'un après l'autre, enchaîné leur existence dans un étroit
esclavage pour laisser à la postérité et aux édifîcateurs de la Science
météorologique un admirable monument scientifique. Il embrasse, de 1783
à 1869, une série de 86 années à laquelle ne manque pas une seule journée,
avec la triple observation effectuée à 6'' du matin, à 2'' et à 10^' du soir. On
y trouve à la fois la pression atmosphérique, la température, la pluie, le
vent, l'état des nuages, les maladies régnantes (^) et les phénomènes
d'histoire naturelle les plus variés. Lorsque Victor Chandon, le père, et
après lui son fils Camille, se trouvaient empêchés, la mère ou la fille les
suppléaient avec un soin extrême et une grande habileté.
Camille Chandon a légué à la Bibliothèque nationale ses 86 registres
annuels. Ils sont encore inédits. A peine quelques emj)runts détachés et
sans connexion les uns avec les autres ont paru dans diverses revues. Les
météorologistes sont unanimes à désirer une publication intégrale de
ce précieux recueil. A défaut de cette opération colossale, M. le
professeur Duchaussoy apporte aujourd'hui un résumé très utile établi par
lui dans les conditions suivantes :
Après un intéressant historique, on trouve d'abord dans ce Volume
86 doubles Tableaux, dressés sur recto et verso et permettant d'embrasser
d'un seul coup d'œil les résultats de chaque année. On v lit successi-
vement la pression, maxima, minima ou moyenne; la température,
maxima, minima ou moyenne, pour chacun des trois instants précités'; les
nombres de jours de gelée, de pluie, neige ou grêle ; la hauteur de pluie ;
huit colonnes désignant l'état du ciel, huit autres colonnes pour les direc-
tions principales du vent, et une dernière pour le vent dominant. Ces
nombreux éléments se trouvent répétés sur douze lignes horizontales
présentant la moyenne des divers mois, et une treizième pour celle de
l'année entière.
Ces 172 Tableaux ne comprennent pas moins de 32^22 nombres,
dont II 180 ont dû être transformés par l'auteur pour les ramener au
système métrique.
A cette première partie succède un journal météorologique, résumant en
(') Victor Cliandon était médecin ,
irl52 ACADEMIE DES SCIENCES.
langage ordinaire, pour chacune des 86 années, les indications fournies
par les Tableaux précédents, et y ajoutant une foule d'éléments des plus
divers : orages de grêle, dégâts causés par les mulots ou les hannetons,
épizooties, sécheresses, maladies des végétaux, apparitions de comètes,
bolides, aurores boréales, arrivée des hirondelles, premier chant du
coucou et du rossignol, épiage du seigle, etc., etc., d'après 94283 obser-
vations.
Des Tableaux récapitulatifs sous la forme décennale s'ajoutent encore à
cet ensemble.
S'il s'agissait en ce moment d'honorer les premiers auteurs, l'Académie
n'aurait, en vérité, pas de récompense trop grande pour l'importance de
l'œuvre accomplie par eux. Mais les deux Chandon sont morts, et depuis
trop longtemps pour qu'un hommage posthume, sous la forme des prix
qu'elle décerne, puisse atteindre leur mémoire, l'avantage matériel reve-
nant à leurs ayants droit.
Nous avons uniquement devant nous le labeur considérable, intelligent
et utile effectué sur ces données par M. Duchaussoy. C'est, du reste, pour
nous, un cas très fréquent d'avoir à récompenser l'élaboration effectuée,
après coup, par un auteur, d'après des documents primordiaux légués par
des observateurs originaux ayant, dans des conditions variables, recueilli
des matériaux qui ne peuvent que gagner beaucoup à être ainsi remaniés,
groupés, transformés.
Dans ces conditions, nous n'hésitons pas à reconnaître au travail du
professeur Duchaussoy un grand mérite et une véritable utilité, en raison
desquels votre Commission a décidé de partager par égalité le prix
Montyon entre son auteur et M. le D^ Bordas.
La Population des Vosges, par M. le W Liétard.
Rapport de M. Laussedat.
Le Volume soumis à l'examen de la Commission du prix de Statistique
par M. le D"^ Liétard est la première partie d'une importante Monographie
comme il serait à souhaiter qu'on en publiât sur les diverses contrées de
la France et des autres pays.
Ce premier Volume est consacré à Y Anthropologie et le second, qui est en
préparation, le sera à la Démographie.
Dans une première section du présent Volume, l'auteur étudie les ori-
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. II 83
ginesde la population vosgienne depuis les époques préhistorique et histo-
rique et son développement jusqu'à nos jours. Il y analyse d'abord, en
s'appuyant sur les travaux des anthropologistes les plus réputés, qu'il ne
craint pas de soumettre à la discussion, les probabilités de l'importance
relative des races qui ont les premières peuplé nos provinces de l'Est.
Arrivant à Tépoque où l'histoire commence à mieux éclairer son tableau,
après avoir mentionné la présence des Ligures refoulés un peu plus tard
par les Celtes, l'apparition des différentes tribus désignées en bloc sous le
nom de Gaulois, il cherche à apprécier l'influence de l'occupation romaine
et successivement celle des barbares, en particulier, l'invasion germa-
nique. Enfin, il signale ce qu'il appelle les éléments secondaires de la
population, c'est-à-dire les Juifs (souvent d'origine germanique ou slave,
convertis au judaïsme), les Anabaptistes, qui forment un petit groupe très
distinct, et les Tsiganes.
Chemin faisant, il donne des renseignements intéressants sur l'échelon-
nement des classes, le culte, les croyances, la langue des différentes races
et leurs vicissitudes.
Toute celte section est une œuvre d'érudition sérieuse, mais ne com-
porte que des ébauches de statistique.
La seconde, qualifiée Anthropologie synthétique (la première avait été
désignée sous le nom d'Ethno génie analytique), comprend quatre Chapitres
intitulés : Le crâne vosgien, la taille dans les Vosges, la santé et la maladie,
enfin les dialectes et les patois.
La statistique v joue un grand rôle et si l'auteur a eu recours, pour le
premier et le dernier, aux recherches de spécialistes éminents, en faisant
preuve encore une fois de la plus saine et la plus vaste érudition ; pour le
deuxième et le troisième, il a dû remonter lui-même aux sources souvent
difficiles à découvrir, soumettre les chiffres qu'il réunissait à une critique
sévère, en un mot, entreprendre un travail à la fois considérable et délicat
qu'il me semble avoir accompli avec beaucoup de sagacité et de succès.
Les nombreux diagrammes etcartogrammes qui condensent et éclairent
à la fois les faits exposés dans ce Volume en rendent la lecture plus facile
et aussi attachante que peut l'être un travail de cette nature. Encore une
fois, il serait à souhaiter que l'on eût des renseignements aussi précis,
aussi complets sur toutes les parties de la France.
Dans ces conditions la Commission accorde à l'auteur une mention
exceptionnellement honorable, en l'engageant à représenter au même
II 84 ACADÉMIE DES SCIENCES.
concours, pour une autre année, son Ouvrage, quand il l'aura complété
par la publication du second Volume.
Exposition universelle de. n^oo. — Rapport du Jury international. — Colo-
nisation, par M. Paul Dislère, Président de Section au Conseil d'État.
I vol. grand format, 190 p^'ges; plus 17 annexes, dont 4 Cartes et
i3 Tableaux statistiques.
Rapport de M. de Freycinet.
Ce remarquable travail n'est pas le résultat d'une enquête personnelle,
faite en vue de conclusions déterminées. C'est plutôt une synthèse de ren-
seignements, dont les uns sont déjà livrés au public, et dont les autres ont
dû être communiqués à l'auteur par les nombreux personnages avec les-
quels sa mission l'a mis en contact. Mais cette synthèse n'en présente pas
moins un haut intérêt à raison de la compétence de l'auteur, ancien
Directeur au Ministère de la Marine et des Colonies, et de l'art avec
lequel il a su composer un tableau saisissant, quoique en raccourci, du
mouvement colonial pendant le xix^ siècle.
Les matières examinées dans cette revue rapide sont choisies avec
beaucoup de discernement et suffisent à donner une idée complète du
sujet. Ce sont :
Les moyens de communication soit à l'intérieur des colonies, soit entre
elles et la métropole;
Le régime de la propriété, la main-d'œuvre, Témigration;
Les compagnies de colonisation ;
L'instruction à ses divers degrés;
Les produits agricoles, les denrées coloniales, l'élevage, la pêche; les
richesses forestières et minérales ;
Le régime économique, les banques et autres moyens de crédit;
La balance commerciale entre les colonies et la métropole;
Enfin, le régime politique qui prévaut selon la nature des colonies et
selon le gouvernement métropolitain.
Chacun des objets est accompagné de chiffres empruntés aux meilleures
sources et aux documents authentiques les plus récents. L'exposition, qui est
un modèle de clarté et de sobriété, emprunte à ces chiffres mêlés au texte
un caractère de rigueur qui impressionne et charme l'esprit. On est amené
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE I902. Il85
à des comparaisons entre les méthodes des différents peuples et l'on saisit
sur le vif la part du génie de chacun d'eux.
On ne peut s'empêcher de regretter, en terminant cette attachante lec-
ture, que l'auteur n'ait pas cru devoir en faire ressortir lui-même les
enseignements. Nul n'était en meilleure situation que lui pour déduire
certaines règles utiles à connaître. Sans doute son titre de rapporteur
international l'a gêné pour celte sorte d'appréciations. On doit souhaiter
qu'il les produise dans un Ouvrage plus étendu, où il aurait toute sa
liberté.
Nous proposons en faveur de ce Livre une mention exceptionnellement
honorable. Nous n'aurions pas hésité à réclamer un prix si la Commission
ne s'était pas trouvé en présence de certains travaux rentrant peut-être
plus directement dans le cadre des prix Montyon, décernés par l'Aca-
démie des Sciences.
Élude sur les causes de la dépopulation rapide d'Elbeuf. — L'œuvre des gouttes
de lait, par M. le D*" Peyroux.
Rapport de M. A. Picard.
M. le D"" Peyroux, médecin-major du 74^ régiment d'infanterie, soumet
au jugement de l'Académie des Sciences, pour le Concours du prix Mon-
tyon de Statistique (1902) : 1° une brochure intitulée « Etude sur les
causes delà dépopulation rapide d'Elbeuf pendant ces dix dernières années
(1881-1900); moyens d'y remédier » ; 2*^ un manuscrit: « L'œuvre des
gouttes de lait; étude du groupe normand (Elbeuf, Fécamp, Havre) ».
La brochure et le manuscrit sont présentés sous la devise « Fais ce que
dois; advienne que pourra ».
1. Étude sur les causes de la dépopulation d'Elbeuf. — Depuis 1891 , sans
qu'aucune épidémie se soit manifestée, Elbeuf a perdu 2276 habitants. Sa
population s'est réduite de 2i'-J26 à i9o5o. Le nombre annuel des décès
(6i5) dépasse de 128 unités celui des naissances (487). Comparée à la na-
talité générale de la France, celle d'Elbeuf est sufdsante; mais la mortalité
a un caractère tout à fait excessif.
M. le D'' Peyroux a recherché les causes du mal et les moyens d'y
remédier.
Bien que les mort-nés n'entrent ni dans la statistique des naissances, ni
dans celle des décès, il signale avant tout leur proportion exagérée : un
G. R., 1902, 2« Semestre. (T. CXXXV, N" 25.) ^^^
II 86 ACADÉMIE DES SCIENCES.
treizième des naissances. Suivant lui, les avortements et les accouchements
prématurés sont imputables, d'abord à la syphilis, surtout à la syphilis
paternelle, puis à l'alcoolisme et aux traumatismes industriels. L'influence
de la syphilis et de l'alcoolisme est bien connue; aussi l'auteur n'insiste-t-il
que sur les accidents dus à l'incbistrie. Il explique comment les ren-
trayeuses, les épinceteuses et les débarreuses employées à la fabrication du
drap sont obligées parfois de monter des pièces très lourdes aux ateliers
des étages supérieurs, dans tous les cas de manier ces pièces et d'accom-
plir ainsi un laideur néfaste pour l'évolution de la grossesse. Il montre
encore les tisseuses sur métier léger contraintes de se pencher en avant
pour passer dans les mailles de la laine le fil qui a pu s'en échapper et
d'appuyer à cet effet l'abdomen sur la barre rigide du métier; ces ouvrières
restent d'ailleurs debout pendant ii heures en moyenne par jour.
Passant aux décès, M. le D*" Peyroux constate que la mortalité frappe
les enfiints au-dessous d'un an dans une proportion inusitée: 298 pour 1000
des naissances, au lieu de la normale 200; 236 pour 1000 des décès, au lieu
de 167. Cette mortalité résulte, pour les deux tiers, d'atteintes de diarrhée
infantile. L'alcoolisme des parents prédispose les enfants à la gastro-enté-
rite, leur imprime une faiblesse congénitale qui les met hors d'état de
résister. Puis vient la cause déterminante, qu'il faut chercher dans les
conditions de leur allaitement. Ne pouvant nourrir ni faire nourrir au sein,
l'ouvrière confie le nouveau-né, soit à une gardeuse médiocre, soit même
aux frères ou sœurs, sous la vague surveillance d'une voisine, et le fait
nourrir au moyen d'une provision de lait achetée et laissée au lo^is le
matin. Ce lait est le plus fréquemment altéré ou souillé de microbes pa-
thogènes; les ingestions, faites à l'aide d'un biberon à tube, sont fatale-
ment irrégulières, souvent trop copieuses. L'œuvre philanthropique des
gouttes de lait s'est efforcée de prévenir le danger, mais sans y réussir, car
le lait stérilisé qu'elle fournit ne tarde pas à être pollué ou même mélangé
d'eau au domicile des éleveuses; la crèche fondée par cette œuvre est,
d'ailleurs, insuffisante.
L'élévation de la mortalité au-dessous d'un an a j^our conséquence né-
cessaire la réduction de la mortalité aux autres âges. Du reste, la situation
naturelle et le climat d'Elbeiif sont particulièrement favorables. Néan-
moins, des efforts doivent être tentés pour diminuer les décès d'adolescents
et d'adultes. Un septième de ces décès provient d'affections des voies
respiratoires et un autre septième de la tuberculose. L'alcoolisme et la
syphilis préparent un excellent terrain de culture à la tuberculose, que
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. II 87
provoquent ensuite Tinsalubrité des logements ouvriers, l'insuffisance de
la nourriture et la falsification des aliments.
Toutes les déductions de M. le D*" Peyroiix sont corroborées par des
rapprochements entre les statistiques d'Elbeuf et celles d'autres villes,
judicieusement choisies.
Il propose les mesures suivantes :
i*^ Favoriser et appuyer la ligue antialcoolique locale;
2° Créer une ligue antisyphilitique;
3° Entourer de soins particuliers les ouvrières enceintes; installer des
monte-charges dans les usines qui n'en seraient pas encore pourvues;
arrêter le travail au huitième mois de la grossesse et assurer anx futures
mères un salaire compensateur qui leur permette de rester chez elles pen-
dant le neuvième mois;
4° Provoquer l'institution par l'Etat d'une nouvelle crèche de cin-
quante lits, avec obligation pour les mères d'y apporter le matin leurs
nouveau-nés, si elles ne justifient d'une garde sérieuse;
5° Remettre, lors des déclarations de naissances, aux déclarants non
ouvriers, des instructions concernant l'allaitement et l'élevage du nou-
veau-né;
6° Poursuivre la répression sévère de l'alcoolisme des parents;
7" Appliquer rigoureusement la loi Roussel ;
8° Lutter contre l'encombrement et l'insalubrité des logements ouvriers ;
subventionner les comités locaux des habitations à bon marché.
2. L'œiwre des gouttes de lait. Étude du groupe normand. — M. le D*" Pey-
roux, qui avait effleuré dans sa brochure la question tie l'œuvre des gouttes
de lait, y revient spécialement dans son Mémoire manuscrit.
En principe, il reconnaît le but généreux et rationnel de cette œuvre,
basée sur la stérilisation du lait animal et sur la modification de ce lait,
toujours très différent du lait de femme, c'est-à-dire sur des opérations
propres à combattre la cause principale de la diarrhée infantile.
Mais, contrairement aux assertions des médecins qui la dirigent dans
plusieurs villes, il la considère comme inefficace et comme vouée en fait à
l'impuissance.
Des statistiques détaillées et minutieuses l'ont amené aux constatations
que voici, pour Elbeuf, Fécamp et Le Havre :
i** Loin de diminuer depuis la fondation de l'œuvre, le pourcentage des
décès au-dessous d'un an imputables à la 'diarrhée par rapporta l'ensemble
II 88 ACADÉMIE DES SCIENCES.
des décès dans la même limite d'âge, celui des mêmes décès par rapport aux
naissances, enfin celui des décès de loule origine au-dessous d'un an par
rapport aux décès à tout âge, se sont accrus, sauf une légère exception à
Fécamp en ce qui concerne le dernier pourcentage;
1^ Malgré la diminution des naissances à Elbeuf, le nombre total des
décès d'enfants au-dessous d'un an et celui des cas mortels de diarrhée
ayant frappé ces enfants ont augmenté.
A Fécamp, où les naissances sont restées à peu près stationnaires, il y a
eu légère diminution i\\\ nombre total des décès au-dessous d'un an, mais
augmentation de la part de ces décès dus à la diarrhée.
Au Havre, où les naissances ont progressé, il s'est produit un accroisse-
ment plus rapide des décès au-Jessous d'un an et une énorme augmenta-
tion de la part imputable à la gastro-entérile.
L'inefficacité de l'œuvre s'explique sans peine.
C'est le plus souvent un enfant qui vient chercher le lait à l'office de
distribution. Bien des fois, il cède à la tentation (Fy goûter en cours de
route et de combler le vide par de l'eau prise à la borne-fontaine.
Au domicile, le lait subit un transvasement funeste.
Le biberon à simple téterelle, qui seul devrait être employé, mais qu'il
faudrait tenir à la main, est remplacé par un biberon à long tube.
En déj)it des recommandations du médecin de la goutte, si le nourrisson
pleure, une bouillie indigeste lui est administrée.
La malpropreté des parents rend, en outre, parfois difficile le nettoyage
des flacons.
A tout cela s'ajoute l'irrégularité avec laquelle les enfants sont présentés
au médecin de l'OEuvre.
Rien n'<\st malheureusement possible contre de telles pratiques.
L'auteur- conclut donc à supprimer les gouttes de lait qui ont été inca-
pables de faire le bien et qui sont susceptibles de faire le mai, en inspirant
une fausse confiance et en détoiirnant les mères de nourrir au sein.
Un seul parti s'impose, favoriser l'alluitcment mixte et, a fortiori, l'allai-
tement maternel. C'est runique solution du problème, l'unique sauvegarde
du nouveau-né.
Les sommes dépensées pour l'achat et la préparation du lait pourraient
être consacrées à des bons de viande et à des primes aux mères dont les
bons soins seraient constatés. A cet égard, Kouen vient de donner un
exemple remarquable et d'obtenir des résultats merveilleux.
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. I I 89
Des consultations de nourrissons surveilleraient l'allaitement maternel . Une
fois par semaine, la mère présenterait son enfant au médecin et lui deman-
derait, au besoin, conseil pour mener à bien sa noble tâche.
Les questions traitées par l'auteur sont de celles qui intéressent au plus
haut jjoint l'avenir du pays.
Des causes multiples et diverses ont enrayé l'accroissement de la popu-
lation française. La puissance et la richesse nationales risquent d'en subir
une cruelle atteinte. A défaut d'augmentation de la natalité, il faut au moins
prolonger par tous les moyens possibles la vie moyenne. C'est presque un
devoir sacré, pour quiconque le peut, de lutter contre les causes d'affai-
blissement et de mort prématurée, notamment contre la mortalité infantile,
dont les ravages sont si redoutables dans certaines villes.
M. le D"" Pevroux a fait œuvre de science et de bien, en consacrant son
savoir et son labeur à la cause patriotique qui laisse encore trop d'indiffé-
rents.
Ses Mémoires sont empreints d'un esprit d'analyse, d'une habileté d'ob-
servation et d'un amour de la vérité, auxquels on ne saurait trop rendre
hommage.
La Commission lui accorde une mention exceptionnellement honorable.
Contribution à L'étude de r alcoolisme en Normandie ;
par M. le D^ Leroy.
Rapport de M. E. Rouché.
La brochure de M. le D'' Raoul Leroy est relative à V Étude de V alcoo-
lisme en Normandie et particulièrement dans le département de l'Eure.
Elle débute |)ar un avant-propos fort intéressant sur l'abus de l'eau-
de-vie et des diverses boissons alcooliques. Contractées d'abord dans les
foires et les marchés, ces habitudes déj)lorables ont passé du cabaret au
sein même de la famille où elles ont pénétré si profondément qu'on peut
affirmer aujourd'hui que tout Normand, à quelque classe de la Société
qu'il appartienne, s'alcoolise à domicile.
Cette introduction est suivie de plusieurs paragraphes ayant successive-
ment pour titres :
« Le développement de la consommation alcoolique et les débits de
boissons » ;
Iigo ACADÉMIE DES SCIENCES.
« L'alcool et le cidre ou le vin » ;
« L'alcool et la population, l'aliénation et la criminalité » ;
« L'alcool et les suicides ou les morts acciilenlelles ».
Les assertions contenues dans ces divers paragraphes sont confirmées
par de nombreux renseignements numériques et surtout par des Tableaux
graphiques exécutés avec grand soin et remarquables par leur clarté.
Médecin de l'Asile des aliénés d'Évreux, M. le D'" Leroy a été, par sa situa-
tion, à même de voir le péril alcoolique dans toute son étendue. Il a con-
signé dans cet Ouvrage de très nombreux documents permettant d'établir
le bilan de l'alcoolisme dans l'Eure pendant le xix® siècle. INous croyons,
en terminant l'analyse sommaire de son excellent travail, devoir citer ses
conclusions : « L'alcoolisme est un mal qui anéantit les forces vives d'une
nation. Il tue l'individu et, avant de le tuer, le déprave et l'avilit. En
accroissant par la voie héréditaire la foule des faibles esprits, des criminels
et des aliénés, le poison contribue, pour une large part, à la déchéance de
la race. Ainsi, perte du capital humain par la multiplication des morts
prématurées, perte du capital intellectuel par l'accentuation de la dégéné-
rescence, tel est le bilan de ce fléau. » M. Leroy vient de signaler le danger
qui menace un pays qui lui est cher; mais il espère que la saine raison du
Normand saura conjurer ce péril redoutable.
La Commission accorde une mention au travail de M. Raoul Leroy.
Répartition géographique du goitre en France. Statistiques de V alcoolisme ;
par M. le D'" Mayet (Lucien).
Rapport de M. Brouardel.
M. L. Mayet, interne des hôpitaux à Lyon, adresse à l'Académie :
i** Une étude sur la répartition géographique du goitre en France.
De ce travail, dans lequel les recherches de ses prédécesseurs ont servi
de points de comparaison, il résulte que la fréquence du goitre semble
avoir notablement diminué, que l'endémie reste assez intense dans une
série d'îlots situés dans les Alpes, les Pyrénées, le plateau Central, le Jura
et les Vosges.
Malheureusement les causes de cette persistance dans les régions mon-
tagneuses, et de leur disparition dans les autres régions restent encore
inconnues.
2*^ Des statistiques de l'alcoolisme très étudiées dans lesquelles il relève
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. II91
la production et la consommation des alcools en France, la forme sous
laquelle ils sont ingérés, la répartition géogrMphi]ue depuis 1870, le nombre
toujours croissant des débits de boissons, et, dans un second Mémoire, il
compare l'alcoolisme et la dépopulation, ralcoolisme et la tuberculose,
l'alcoolisme et le suicide.
C'est une œuvre très consciencieuse, donnant des indications précieuses
sur les questions qui passionnent à jusle titre les personnes qui s'inté-
ressent à l'avenir de la France.
La Commission décerne une mention à son auteur.
Coup d'œil sur l'état sanitaire du pays d'étangs pendant les 26 dernières
années. — Mouvement de la population dans [\o communes de la Bombes
pendant le xix** siècle, par M. le D*" Passerat.
Rapport de M. A. Picard.
M. le D'' Passerat, de Bourg (Ain), présente, pour le prix Montyon de
Statistique (concours de 1902), deux brochures extraites des « Annales
de la Société d'émulation de l'Ain » et intitulées : l'une, « Coup d'œil sur
l'état sanitaire du pavs d'étangs pendant les 23 dernières années » ; l'autre,
« Mouvement de la population dans 4o communes de la Bombes pendant
le xix^ siècle ».
Ces deux opuscules ont trait, l'un et l'autre, à ^o communes rurales de
l'arrondissement de Trévoux, dont le territoire est partiellement recouvert
d'étangs. Le second ne constitue, en quelque sorte, que le développement
du premier.
Les étangs dombistes sont, on le sait, des réservoirs artificiels alterna-
tivement remplis d'eau, puis mis à sec et cultivés. Des drainages super-
ficiels en assurent l'assainissement pendant les périodes amassée ai d'eVo-
lage. Beaucoup d'entre eux ont disparu au cours de la seconde moitié du
xix*^ siècle.
Après avoir constaté que l'état sanitaire de la Dombes est en progrès
depuis 25 ans, que tout en gardant un caractère endémique le jjaludisme
a notablement diminué dans la région et que les accès ont pris le plus sou-
vent une allure bénigne, M. le D^ Passerat s'est demandé si cette amélio-
ration devait être attribuée à la disparition progressive des étangs. H a
entrepris une série d'éludés l-iborieuses et intéressantes, non seulement
sur l'évolution et la distribution du paludisme à diverses époques du
1192 ACADÉMIE DES SCIENCES.
XIX* siècle, mais aussi sur la démographie de la Dombes ; naissances,
décès, immigration, émifi^ralion, mouvement de ia population.
Les recherclies de l'auteur l'ont amené aux conclusions suivantes :
i" La population du pnys d'étangs a augmenté d'une façon continue
jusqu'en i89r ; depuis, elle est en forte décroissance.
Très considérable quand les étangs étaient nombreux, l'accroissement
a diminué dès qu'ont été entreprises les opérations de dessèchement, puis
a fait place à une réduction quand ces opérations se sont étendues.
Durant la jiremière moitié du xix^ siècle, l'accroissement de la popu-
lation dombiste était trois fois plus forte dans les communes possédant
beaucoup d'étangs que dans les communes qui en avaient très peu.
La diminution actuelle est plus marquée dans les communes ayant peu
d'étangs.
2° Le nombre des naissances en Dombes a crû du commencement au
milieu du siècle. Depuis, la natalité est en décroissance.
Exception faite de la première décade, le nombre des naissances a tou-
jours dépassé celui des décès. L'excédent est plus accentué dans les com-
munes couvertes d'étangs que dans celles qui n'en ont presque plus.
3^ Alors que les étangs occupaient une vaste superficie, la Dombes béné-
ficiait d'une importante immigration. Le fait inverse a succédé au dessè-
chement et, de 1891 à 1901, il s'est produit une énorme émigration.
4° La mortalité dans le pays dombiste s'est graduellement abaissée
depuis le commencement du xix® siècle. De 3,83 par 100 habitants pen-
dant les trente premières années, elle s'est réduite à 2 en i89i,età i,52
en 1901.
En même temps, l'âge moyen des décédés suivait une progression con-
tinue. De 25 ans il montait à 34 pour 1892 et à 4o pour l'année 1901.
Ce relèvement est indépendant de la surface desséchée. Il l'est aussi de
la proportion entre la surface en eau et la surface totale du territoire des
diverses communes.
L'auteur considère, en résumé, l'amélioration de l'état sanitaire de la
Dombes comme dû aux changements survenus dans la nourriture, le vête-
ment et l'habitation, ainsi qu'à la multiplication des voies de transport et
à la diffusion de l'instruction.
Suivant lui, les résultats de ses recherches répondent victorieusement
aux accusations portées contre la salubrité du pays et fournissent une
solide défense du système des eaux jadis en faveur.
Au premier abord, la thèse de M. le D'" Passerat peut paraître quelque
-SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. I 193
peu paradoxale. En effet, l'un des objets principaux du dessèchement de
la Dombes a été de combattre le paludisme, et le résultat semble avoir été
atteint.
Cependant une étude pins attentive des faits ne tarde pas à montrer que
la doctrine de l'auteur s'ap[)uie sur des bases solides.
Les fièvres paludéennes se sont atténuées ou ont même entièrement dis-
paru, dans nombre de régions du territoire couvertes d'étangs, sans que
ces étangs aient élé desséchés. Il y a là un effet général des modifications
heureuses apportées au régime de la vie : les progrès réalisés en ce qui
concerne l'habitation, la nourriture et le vêtement ont constitué la meil-
leure prophylaxie contre le paludisme.
D'autre part, le dessèchement de la Dombes n'a pas porté les fruits
qu'on en attendait, au jiointde vue de la fécondation du sol. L'ancien sys-
tème d'évolages et d'assecs périodiques était particulièrement approprié à
la terre, dont les produits ont diminué dej)uis l'abandon de ce système.
En présence de l'appauvrissement manifeste du pays, plusieurs députés
ont dû proposer et les Chambres ont voté des dispositions tendant à la
remise, au moins partielle, en eau des anciens étangs.
Ainsi, l'amélioration de la santé publique ne saurait être comptée avec
certitude à l'actif du dessèchement, et l'opération a eu, sans aucun doute,
des conséquences fâcheuses pour le rendement du sol.
Les longues et attentives observations de M. le D'" Passerat, le discer-
nement dont il a fait preuve, le courage avec lequel il a combattu des idées
jadis admises comme un dogme, sont autant de litres à la bienveillance de
l'Académie; votre Commission lui accorde une mention.
La Cécité en France. — Statistiques. — Répartition géographique,
par M. le D^ Trousseau.
Rapport de M. Bhouardel.
Ce travail est très intéressant. M. Trousseau relève qu'en France il y
a 8 aveugles pour loooo habitants.
Une Carte établit leur répartition. Plus de 20 dans le département de la
Corse, moins de 4 dans la Gironde, le Puy-de-Dôme, etc.
Je ne j)uis exposer la statistique des causes si nombreuses qui déter-
minent la cécité. M. Trousseau les résume ainsi :
La vue est menacée :
Chez les enfants, par la conjonctivite purulente;
G. R., 1902, 2' Semestre. (T. CXXW, N° 25.) l56
11^4 ACADÉMIE DES SCIENCES. .
Chez les adultes, par l'atrophie des nerfs optiques;
Chez les vieillards, par le glaucome.
M. Trousseau compare ensuite la cécité binoculaire à la cécité mono-
culaire. Dans cette dernière, les traumatismes comptent pour 20 pour 100.
M. Trousseau établit la fréquence des différentes causes dans les diverses
régions de la France, puis arrive aux conclusions, c'est-à-dire à la pré-
vention.
Il estime à 35 pour 100 le chiffre des cécités évitables.
Il signale notamment :
i** L'ophtalmie purulente des nouveau-nés, la méthode de traitement
de Crédé qui, à la Maternité de Leipzig, a fait tomber le chiffre des
ophtalmies purulentes de 10, 8 pour 100 à | pour 100 ;
2° La conjonctivite granuleuse;
3° Les traumatismes, etc.
Pour ces différents groupes, le médecin et l'administration peuvent
intervenir utilement.
La Commission décerne une mention à l'Ouvrage de M. le D'' Trousseau.
De r entraînement et de ses effets chez l'artilleur, par un Anonyme.
Rapport de M. Laussedat.
Le Mémoire manuscrit, présenté sous ce titre au Concours pour le prix
Montyon (Statistique), sans nom d'auteur et avec la devise : Primo non
nocere, doit être considéré comme un excellent Rapport de Médecine
militaire.
L'auteur a procédé à toutes les mensurations de nature à faire connaître
les effets de l'entraînement dans l'artillerie, sur un contingent de
479 recrues, d'abord au moment de l'incorporation et 6 mois après
environ, c'est-à-dire à la fin des exercices d'entraînement et avant les fortes
chaleurs qui troublent les résultats.
lia examiné séparément les trois catégories de recrues, dans l'état actuel
de la loi militaire : dispensés, appelés et ajournés, réparties dans ces trois
autres : peloton d'instruction composé des aspirants au grade de brigadier
et à l'avancement ultérieur, des conducteurs ou canonniers à cheval et
des servants à pied.
Il a constaté, par la comparaison et la discussion de ses mensurations, que
l'entraînement avait été généralement favorable aux servants à pied et à
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. I lyS
cheval, mais beaucoup moins aux aspirants brigadiers soumis à un véri-
table surmenage. Il a aussi donné une explication des différences révélées
principalement par la balance, avant et après l'entraînement pour les
diverses catégories, et essayé d'en discuter les causes en tenant compte
des origines des recrues, c'est-à-dire de leurs professions et des climats
différents auxquels elles appartenaient. Ces différentes recherches et les
nombreux Tableaux numériques que renferme le Mémoire ont paru à
votre Commission mériter, pour l'auteur, une mention dans le Concours
pour le prix Monlyon de Statistique.
Les conclusions de ces divers Rapports ont été adoptées.
CHIMIE.
PRIX JECRER.
(Commissaires : MM. Troost, Armand Gautier, Moissan, Ditte,
Lemoine; Haller, rapporteur.)
L'Académie, sur la proposition qui lui a été faite à l'unanimité j)ar la
Section de Chimie, décerne cette année le prix Jecker à M. Rosenstiehl.
Rapport sur les travaux de M. Rosenstiehl, par M. Haller.
Bien que M. A. Rosenstiehl ait mis son savoir au service de l'Industrie
pendant la période la plus féconde de sa carrière, l'œuvre purement
scientifique qu'il a produite n'en est pas moins remarquable tant par l'ori-
ginalité qu'elle revêt que parla continuité avec laquelle elle a été pour-
suivie.
Il n'est pas de région de ce vaste domaine de la Science chimique où
M. Rosenstiehl n'ait porté ses investigations et 011 il n'ait montré ses
brillantes qualités d'esprit ingénieux et d'observateur sagace. Mais c'est
surtout la Chimie organique qui fut l'objet de ses nombreuses recherches.
Son premier Mémoire date de 1860 et a trait à la préparation des dérivés
acétylés et chlorés de l'hexachlorobenzène.
II96 ACADÉMIE DES SCIENCES.
A ce Mémoire succéda un travail sur le noir d'aniline, travail qui fut
continué dans la suite et amena l'auteur à élucider cette question si
complexe et si discutée de la formation de ce noir et du rôle que jouent les
quantités infiniment petites de certains sels métalliques nécessaires à la
production delà couleur.
Des recherches d'un autre ordre, recherches d'une portée plus étendue,
et non moins fécondes en résultats théoriques et pratiques que celles qui
précèdent, n'ont pas tardé à captiver l'attention de M. Rosenstiehl et
l'ont conduit à ce bel ensemble de découvertes dans la série des dérivés
du triphénylméthone, découvertes qu'il couronna par une théorie aussi
simple que séduisante de la fonction des colorants basiques dont lediphé-
nylméthane et le triphénylméthane sont les carbures fondamentaux.
Reprenant l'étude de la toluidine, il commença par démontrer que ce
composé n'était pas un corps unique, mais que, outre la toluidine solide ou
paratoluidine, elle renfermait un isomère, la pseudo-toluidine ou ortho-
toluidine comme on l'appela depuis. Cette découverte l'amena à préparer
un grand nombre de dérivés de cet isomère et en particulier le pseudo-
ou orthonitrotoluène qu'il isola du nitrotoluène de Deville pour le diffé-
rencier du paranitrotoluène deJaworsky.
La synthèse de la parafuchsine, celle de quelques rosanilines isomères
ou appartenant à d'autres séries, la préparation de carbures homologues
du diphényltolylméthane, terminèrent ses premières études sur ce groupe
important de dérivés du triphénylméthane.
Il les reprit quinze ans plus tard dans l'unique but d'étayer par des
expériences et des synthèses nouvelles les conceptions qu'il se faisait de la
constitution et de la fonction des colorants basiques dont la fuchsine est le
type fondamental, conceptions auxquelles i\I. de Bœyer, l'éminent chi-
miste de Munich, vient de se rallier.
Entre temps, M. Rosenstiehl avait porté son attention sur les matières
colorantes de la garance et déterminé la part qui revient à chacune dans
le phénomène de la teinture. Ses recherches eurent comme conséquence
l'étude des rapports qui existent entre la pseudo-purpurine et la purpurine,
la synthèse de la purpurine, celle de la nitroalizarine et de divers autres
dérivés qui se rattachent au grou[)e de l'anthracène.
Ses nombreuses études sur les composés azoïques n'ont pas été moins
fertiles en résultats. Sa découverte du noir phénylène, celle non moins
importante des multiples dérivés d'azoxyaminos, qu'il lit en collaboration
avec M. Nœlting, et qui devait aboutir à la série des couleurs connues
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. II97
SOUS le nom de rouges de Saint-Denis, les généralisations et les déductions
auxquelles ses nouvelles recherches donnèrent lien, ont montré que tous
les chapitres de la Chimie organique lui sont familiers et qu'à tous ceux
qu'il a abordés M. Rosenstiehl a réussi à apporter sa contribution person-
nelle.
A cette longue énumération de titres il nous faudrait encore ajouter ses
travaux sur la Chimie minérale et sur la Chimie j^hysique, ses recherches
sur la vision des couleurs, celles plus récentes sur la solubilité de la matière
colorante rouge du raisin, sur la stérilité et les conditions de fermentation
du jus des fruits, et l'ensemble des innovations et des perfectionnements de
toute nature qu'il a introduits dans la pratique si délicate de la teinture et
de l'impression.
Aussi votre Commission a-t-elle jugé à l'unanimité que l'œuvre, utile et
féconde pour la Science, poursuivie pendant plus de quarante ans par
M. Rosenstiehl, méritait une des plus hautes récompenses dont dispose
l'Académie et elle vous propose en conséquence de lui accorder le prix
Jecker.
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées par l'Académie.
MIi\ERALOGIE ET GEOLOGIE
PRIX FONTANNES.
(Commissaires : MM. Albert Gaudry, Marcel Bertrand, Zeiller,
Michel Lévy; die Lapparent, rapporteur.)
M. DE Grossouvre, Ingénieur en chef des Mines et l'un des plus actifs
collaborateurs du Service de la Carte géologique de France, vient
d'achever la publication d'un magistral Mémoire sur « Les Ammonites
de la Craie supérieure ». Cette formation, ([ui a couvert, en France, de si
vastes espaces, s'y fait remarquer, en général, par l'uniformité de ses ca-
ractères, qui rend très difficile l'établissement des subdivisions et impose,
plus étroitement qu'ailleurs, le judicieux emploi de l'argument paléonto-
IigS ACADÉMIE DES SCIENCES.
logique. Mais la valeur des conclusions qu'on en tire dépend beaucoup du
genre d'animaux fossiles auquel on l'applique; et l'expérience a prouvé,
d'une part, que la consiciéralion des faunes dans leur ensemble donnait
des résultats beaucoup moins nets que les comparaisons basées sur un
groupe très restreint d'animaux, d'autre part que rien n'égalait, à ce point
de vue, la sûreté des informations fournies par l'étude de l'évolution des
Ammonites.
Malheureusement, dans la craie de notre pays, les restes d'Ammonites
sont aussi rares que mal conservés, et l'on a pu croire longtemps qu'à
l'époque de la craie supérieure ces animaux, relativement abondants en
Westphalie, en Bohème, en Galicie, au Texas, en Inde, avaient évité de
fréquenter les mers de la région française. C'est un des mérites de M. de
Grossouvre d'avoir établi par de patientes recherches qu'il n'en est rien,
et qu'en réalité presque tous les types décrits à l'étranger peuvent être
retrouvés dans nos gisements.
Après avoir démontré que la craie de Villedieu en Touraine, jusqu'alors
considérée comme une unité homogène, abritait en réalité trois zones dis-
tinctes d'Ammonites, M. de Grossouvre a entrepris une étude approfondie
de tous les gisements crétacés connus, non seulement en Europe, mais
aussi en Inde et en Amérique. Il en a tiré, d'abord, les éléments d'une
stratigraphie systématique de la craie supérieure, uniquement fondée sur
les zones d'Ammonites, ensuite ceux d'une revision paléonlologique dé-
taillée de cette famille d'animaux. Il a été ainsi conduit à créer plusieurs
genres nouveaux, dont chacun caractérise une époque, ainsi qu'un certain
nombre d'espèces et de variétés, ces distinctions étant fondées, tant sur
le mode d'enroulement, la forme extérieure et l'ornementation, que sur
la considération si délicate de l'allure des cloisons. Trente-neuf planches
en phototypie, d'une exécution parfaite, accompagnent cette description,
qui ne comprend pas moins de 255 pages in-4"^.
L'auteur ne s'en est pas tenu là, et son Ouvrage renferme, sous le titre
de « Essai sur l'histoire de la Terre », un important Chapitre d'aperçus
généraux, où se révèlent la pleine compétence du savant ingénieur et sa
remarquable érudition dans tout ce qui touche à la succession des terrains
stratifiés sur le globe entier.
Le travail de M. de Grossouvre est considérable; on peut presque dire
qu'il épuise la matière; et il a paru à la Commission que l'œuvre, romar-
quableà la fois sous le rapport de la Paléontologie pure et au point de vue
des conclusions qui en rejaillissent sur l'histoire des formations sédimen-
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. II 99
taires, réunissait à un haut degré les conditions indiquées par les termes
delà fondation du prix Fontannes. La Commission est donc d'avis d'attri-
buer cette récompense à M. de Grossouvre.
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées par l'Académie.
GEOGRAPHIE PHYSIQUE
PRIX GAY.
(Commissaires : MM. Bouquet de la Grye, Bassot, Laussedat,
Grandidier; de Lapparent, rapporteur.)
La magistrale série d'Ouvrages publiéje sous les auspices du Service
géographique de l'Armée, et où le colonel Berthaut a relracé l'histoire de
la Carte de France, ainsi que celle du Corps des Ingénieurs géographes,
répond entièrement à la question posée en vue du prix Gay pour 1902.
En effet, il n'est pas un seul des progrès, réalisés au xix* siècle dans
l'étude et la représentation du terrain, qui ne soit analysé à son heure, et
même étudié dans ses plus lointaines origines, au cours de l'un de ces
deux Ouvrages, où le grand nombre et le bon choix des cartes et dessins
ajoutent encore à l'intérêt du texte.
On y peut suivre tour à tour les divers développements de la Géodésie
qui, selon l'expression de l'auteur, s'est créée de toutes pièces entre les
mains des Ingénieurs géographes, depuis l'emploi du théodolite et du cercle
répétiteur jusqu'à l'application courante de la méthode de réitération et
aux progrès des observations à grandes distances, si brillamment affirmés
en 1879 parla jonction géodésique de l'Algérie avec l'Espagne.
L'auteur nous fait assister à l'éciosion de la Topographie, qui au
commencement du siècle ne disposait encore que de la planchette et de
l'alidade à pinnules, tandis qu'à partir de 1810 apparaissent les éclimètres
et les boussoles nivelantes, sans cesse perfectionnés par nos officiers
jusqu'au jour où l'alidade et la règle à éclimètre les remplacent. Enfin
l'emploi du tachéomètre vient affranchir de la mesure préalable d'une base
I200 ACADÉMIE DES SCIENCES.
l'appréciation rapide des distances, tandis que le y^rocédé du filage des
courbes imprime une j)récision nouvelle à hi représentation du terrain,
encore facilitée par l'application des méthodes photographicpies.
En ce qui concerne le figuré du sol, l'histoire de la Carte de France
enregistre, à partir de 1802, la disparition des derniers restes de la perspec-
tive cavalière ; la première application systématique des courbes de niveau;
l'établissement, dû au colonel Clerc, entre 1809 et 181 1, d'une véritable
méthode pour la définition géométrique du terrain; les longues délibé-
rations qui ont abouti à l'emploi des hachures, avec combinaison des deux
modes d'éclairage, zénithal et oblique; enfin les ressources qu'offre de nos
jours l'emploi simultané des courbes de niveau et des teintes estompées
avec la représentation en plusieurs couleurs des particularités de la Carte.
En matière de Cartographie, le colonel Berthaut expose les progrès
réalisés par la gravure sur cuivre, notamment en ce qui concerne la
conservation des planches-mères, si bien ménagées aujourd'hui par l'acié-
rage et la reproduction galvanoplastique; le perfectionnement des reports
sur pierre; l'heureuse invention de la zincographie, à la foissiéconomi(]ue
et si favorable à la manipulation des planches; enfin les fticilitésque l'em-
ploi des procédés électriques est venu donner pour la correction des
cartes.
Tout cela est exposé en détail, avec documents à l'appui, dans les
Ouvrages du colonel Berthaut; et ce n'est pas une mince satisfaction d'y
pouvoir constater quelle part, tout à fait prépondérante, revient à la
France dans cette série de conquêtes de l'Art et de la Science. L'auteur met
bien en lumière les services rendus, au milieu de difficultés et de déboires
de toute nature, par les Ingénieurs géographes, dignes successeurs des
Ingénieurs des camps et armées, et si fertiles en ressources devant les
exigences à chaque instant suscitées par les guerres du Consulat et de
l'Empire.
Ajoutons que, par le seul exposé des choses accomplies, cette dernière
partie de l'œuvre du colonel Berthaut est bien faite pour raviver, chez
les hommes de science, le regret de la mesure désastreuse par laquelle, en
i832, la suppression du Corps des Ingénieurs géographes a été décidée. Par
là notre pays a perdu la grande avance que, depuis Cassini, il avait prise
sur toutes les autres nations dans cet ordre de travaux.
Du moins il n'en a pas perdu la tradition, et l'on sait que le Service
géographique de l'armée est en mesure de procéder à la rapide exécution
d'une Carte de détail, qui de nouveau ferait honneur à la France. L'Aca-
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. r20l
demie des Sciences a déjà marqué, par son intervention près des Pouvoirs
publics, l'intérêt qu'elle portait à cette oeuvre malheureusement encore
ajournée. Elle jugera bon d'affirmer une fois de plus ses sympathies, en
décernant le prix Gay au colonel Berthaut, membre distingué du Service
dont elle a prisa tâche de seconder les efforts.
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées.
BOTANIQUE.
PRIX DESMAZIERES.
(Commissaires : MM. Van Tieghem, Guignard, Bonnier, Prillieux;
Bornet, rapporteur.)
M. Roland Thaxter, professeur de Cryptogamie à l'Université de Har-
vard, à Cambridge, Mass., Etats-Unis d'Amérique, était encore élève au
laboratoire de M. W.-G. Farlow, lorsque, sur le conseil de son maître, il
prit pour sujet d'étude les Champignons parasites des insectes en Amé-
rique. Un premier Mémoire sur les Entomophthorées des États-Unis parut
en 1888 et plaça son auteur au rang des meilleurs observateurs. Le second
Mémoire, qui est consacré aux Laboulbéniacées, fait époque dans l'histoire
de la Botanique.
Quand Montagne et Robin, en i855, établirent le genre Lahoulbenia
pour une production hétéroclite découverte 5 ans auparavant par Rouget,
sur les antennes et les élytres de divers Coléoptères, ils ne se doutaient
pas que ce Champignon était le premier représentant d'une famille des
plus extraordinaires qui a pris subitement, entre les mains habiles de
M. Thaxter, une extension imprévue.
Comme les Laboulbéniacées n'infligent aux insectes sur lesquels elles
vivent aucune de ces maladies épidémiques que déterminent d'autres
Champignons, les Entomophlhorées, par exemple; que leur habitat et leur
dimension exiguë n'attiraient pas l'attention des botanistes, leur connais-
sance a progressé lentement. En 1878, 16 ans après la publication faite
par Robin, Peyritsch, dans une revue d'ensemble de la famille, en énu-
C, n., 1902, 2» Semestre. (T. CXXXV, N» 25.) 1^7
I202 ACADÉMIE DES SCIENCES.
mère 12 espèces; 16 ans plus tard encore, dans une revision nouvelle,
M. Berlese n'en cite que i3. Deux espèces seulement avaient été ajou-
tées à ce chiffre lorsque, en iSgS, parut la Monographie des Laboulbé-
niacées. Le nombre des espèces qui y sont décrites est devenu dix fois
plus grand et celui des genres a passé de 6 à 28. Depuis lors, M. Thaxter
ayant visité les collections entomologiques de plusieurs musées d'Europe,
et notamment celles du Jardin des Plantes de Paris, a commencé l'énu-
mération des espèces nouvelles qu'il a découvertes. Elles se montent à 289,
dont iSg pour le seul genre Laboulbenia. Le chiffre précédemment acquis
est donc presque doublé. 17 genres nouveaux s'ajoutent aux 28 déjà
connus.
Mais cet énorme accroissement du nombre des espèces n'est pas le seul
ni le principal mérite de l'œuvre de M. Thaxter. Il a utilisé ces riches
matériaux pour étudier, sous tous les aspects, la structure et la biologie
des Laboulbéniacées. En parcourant les figures, dessinées par l'auteur,
qui remplissent les 26 planches de la partie de la Monographie déjà
publiée, on est frappé de la diversité de modifications de détail que pré-
sente le type d'organisation si particulier des Laboulbéniacées. Toutes, en
effet, se composent d'un réceptacle bicellulaire le plus souvent fixé à
l'enveloppe chitineuse des insectes par une pointe conique, d'appendices
filiformes sur lesquels se développent les anthéridies, et d'un ou plusieurs
périlhèces contenant des thèques. Parce dernier caractère, elles se placent
parmi les Champignons Ascomycètes. Mais, ainsi que H. Rarsten l'a
indiqué le premier, et comme le démontre M. Thaxter, ces thèques se
développent dans des conditions qui présentent une étroite analogie avec
les phénomènes observés chez les Algues de l'ordre des Floridées. En effet,
leur appareil femelle, très dillérencié, est constitué par un procarpe formé
de trois cellules superposées : une inférieure carpogène, une médiane
trichophorique, une supérieure prolongée en trichogyne. Celui-ci peut
être simple ou ramifié, rester indivis ou se cloisonner, suivant les genres
011 on l'examine. Les anthérozoïdes, immobiles, se fixent sur ce tricho-
gyne et s'y soudent. Bientôt après, il se flétrit et disparaît. Alors la cellule
carpogène commence à subir une série de divisions ayant pour résultat de
donner naissance aux cellules ascogènes dont le bourgeonnement produit
les thèques. La corrélation entre la disparition du trichogyne et les modi-
fications de la cellule carpogène est constante, comme chez les Floridées.
Le mode de développement du périthèce des Laboulbéniacées montre
aussi beaucoup de ressemblance avec celui du péricarpe de ces Algues. On
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE I902. I2o3
ne saurait méconnaître la grande importance de la double parenté des
Laboulbéniacées avec les Floridées et les Champignons pour la solution
des problèmes que soulève l'origine des divers groupes des Thallophytes.
Les phénomènes relatifs à la production des anthéridies et des anthéro-
zoïdes, à la fécondation, aux états successifs de la formation du fruil sont
exposés dans le texte avec une grande lucidité. Ils sont en outre repré-
sentés par des figures très claires qui laissent peu de doute sur la réalité
de la reproduction sexuelle chez ces végétaux. Toutefois, la difficulté de
se procurer une quantité suffisante de matériaux favorables, l'imperméa-
bilité presque absolue de la membrane des cellules aux réactifs colorants
n'ont pas permis à l'auteur de suivre les noyaux au moment de la fécon-
dation, d'en observer les modifications et de compléter la démonstration
jusqu'au bout, ainsi qu'on a pu le faire chez les Algues rouges.
La morphologie générale et le développement des Laboulbéniacées,
depuis la spore jusqu'à l'état parfait, n'ont pas été étudiés par M. Thaxter
avec moins de soin que la rej)roduction. Les détails qu'il donne sur les
variations normales des espèces et sur les causes qui les déterminent, sur
le temps nécessaire pour que les jeunes individus atteignent leur croissance,
sur les limites de leur existence se lisent avec beaucoup d'intérêt. Des
Chapitres sont consacrés à la distribution géographique des Laboulbé-
niacées, à la statistique des hôtes sur lesquels elles vivent, à l'énumération
des parasites qu'elles hébergent.
Dans la partie systématique de sa Monographie, M. Thaxter discute la
place des Laboulbéniacées dans la classification et fait connaître les raisons
qui l'ont conduit à prendre les organes mâles comme base de l'arrange-
ment qu'il adopte. Suivent la morphologie spéciale et la description des
genres et des espèces. La méthode, l'ordre et la clarté avec lesquels ce
travail a été exécuté font de la Monographie des Laboulbéniacées un
Ouvrage fondamental.
Il faut ajouter que l'on doit à M. Thaxter des recherches non moins
précieuses sur divers Champignons aquatiques nouveaux, mal connus ou
critiques, de la famille des Saprolégniées.
Sous le nom de Myxobactériacées, il a créé une curieuse famille de
Schizomycètes dont les cellules bacillaires ont la propriété de s'agréger à
la manière des plasmodes des Myxomycètes Acrasiés et de produire des
colonies plus ou moins compliquées, de formes définies, terminées par des
kystes où sont contenus, soit des bâtonnets semblables à ceux qui consti-
tuent la niasse végétative, soit des spores. La similitude de formes résul-
I2o4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
tant d'un même processus qui existe chez les colonies de deux groupes de
plantes dont les éléments primaires, myxamibes et bacilles, sont si diffé-
rents, est aussi intéressante qu'instructive.
Afin de manifester la haute estime en laquelle elle tient les remarquables
travaux de M. Roland Thaxter, la Commission lui décerne le prix Des-
mazières pour 1902.
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées par l'Académie.
PRIX MONTAGNE.
(Commissaires ; MM. Van Tieghem, Bornet, Guignard, Bonnier, Zeiller;
Prillieux, rapporteur. )
M. VuiLLEMiiv, professeur à l'Université de Nancy, a présenté à l'Académie
un ensemble considérable de travaux publiés par lui depuis i 5 ans sur la
Morphologie et la Biologie des Champignons des types les plus variés,
depuis les Mucorinées et les Entomophthorées jusqu'aux Pézizes.
L'auteur y a fait preuve des plus remarquables qualités d'observateur;
familiarisé avec les méthodes les plus perfectionnées de la Science moderne,
il a su faire croître en culture pure les petits êtres dont il a suivi le déve-
loppement et utiliser les meilleurs procédés de coloration pour étudier la
structure intime des noyaux dont il a observé, dans les Entomophthorées,
les multiplications et les fusions successives, si remarquables dans la for-
mation des Azygospores. Fort érudit et très au courant des opinions diverses
émises sur les plus hautes questions de Biologie végétale, il profite toujours
de l'étude des faits de détail qu'il observe pour en tirer quelques consé-
quences se rapportant aux grandes questions d'ordre général et particu-
lièrement à celles qui touchent à la sexualité et à la fécondation dans la
classe des Champignons.
Les Mémoires et Notes présentés par M. Vuillemin sont trop nombreux
pour qu'il soit possible d'en donner ici une analyse, même sommaire.
Un nombre important de ces travaux portent sur des Champignons qui
sont causes de maladies de plantes : tumeurs de la Betterave, maladie des
Peupliers, chancres des Conifères, etc. En étudiant les Champignons arbo-
ricoles, M. Ynillemin a découvert beaucoup de faits nouveaux et fait con-
naître des organismes si particuliers qu'U en a pu faire les types d'une
famille nouvelle, celle des Hypostomacées. Comme à son ordinaire,
SÉANCE DU 2 2 DÉCEMBRE 1902. I2o5
M. Vuillemin a étendu ces études spéciales à des considérations générales
en abordant la discussion des conditions relatives du parasitisme et de la
symbiose.
Toutes ces recherches, très précises, très délicates et éclairées par un
esprit large et généralisateur, ont paru à votre Section de Botanique justi-
fier l'attribution du prix Montagne à M. Vuillemin.
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées par l'Académie.
ANATOMIE ET ZOOLOGIE.
PRIX SA VIGNY.
(Commissaires : MM. Perrier, Giard, Chatin, Delage, Grandidier.)
Le prix n'est pas décerné.
PRIX THORE.
(Commissaires : MM. Chatin, Delage, Perrier, Bonnier;
Giard, rapporteur.)
Sous le titre : Recherches sur la biologie et Vanatomie des Phasmes,
M. R. DE SixÉTY a présenté au concours, pour le prix Thore, un beau
Mémoire (164 pages, 4 planches doubles et une excellente planche en
photographie d'après des préparations microscopiques de cellules géni-
tales en cinèses maturatives). Ce travail tient plus que son titre ne promet,
car l'auteur y a publié de précieuses données sur la spermatogenèse des
principales familles d'Orthoptères. Il répond aussi d'une façon très large
au programme du prix Thore, puisque, à côté de résultats fort importants
obtenus en France par l'éducation et l'observation en captivité de Phas-
mides exotiques, M. de SinéLy nous apporte une foule de faits intéressants
relatifs à des Insectes d'Europe : Bacillus Rossii et gallicus, LepLynia atte-
iiuala, etc.
l2o6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
La parthénogenèse est connue depuis quelques années déjà chez divers
Orthoptères et particulièrement chez les Bacillus. On avait même observé
que cette parthénogenèse est généralement thélytoke, c'est-à-dire que les
produits nés sans fécondation appartiennent au sexe femelle. M. de Sinéty
est allé plus loin. Par des expériences délicates poursuivies pendant
3 années, il a montré que chez Leptynia attenuata le spermatozoïde est le
déterminant du sexe mâle. C'est là un résultat bien surprenant et tout à fait
opposé à ce que nous connaissons de la parthénogenèse chez les Abeilles.
Chez les Phasmides, oii les mâles sont normalement nombreux, la non-
fécondation entraîne comme conséquences secondaires une réduction de
la ponte globale et un abaissement du laux des éclosions.
Dans un autre ordre d'idées, M. de Sinéty nous signale un fait biologique
non moins inattendu : un mélanisme prononcé peut être provoqué chez
Dixippus morosus par le séjour à l'obscurité. On sait que, en général, les
animaux élevés à l'abri de la lumière présentent, au contraire, une ten-
dance plus ou moins grande à la disparition des pigments.
Jusque dans ces dernières années l'anatomie interne des Phasmes était
peu connue; nos espèces indigènes, par leur petite taille, se prêtent mal à
la dissection, et l'étude par coupes d'animaux à revêtement chitineux très
épais est aussi fort difficile. M. de Sinéty ne s'est pas laissé décourager par
ces obstacles : il a d'ailleurs confirmé les résultats qu'il avait obtenus chez
Bacillus et Leptynia par l'examen d'espèces exotiques de plus grandes
dimensions et nous a révélé beaucoup de détails curieux sur l'organisation
de ces animaux.
L'épithélium du jabot, impropre à l'absorption, sert à l'accumulation
de graisse de réserve. Les tubes de Malpighi sont de deux espèces qui se
distinguent l'une de l'autre par des caractères embryogéniques, anato-
miques et physiologiques. Des carbonates calcaires se trouvent parmi les
concrétions d'une espèce de tubes, et chez les femelles seulement.
Les formations massives paires, connues sous le nom de ganglions pha-
ryngiens antérieures et décrites par les auteurs comme des centres nerveux,
sont un appareil de soutien et un intermédiaire d'innervation pour l'aorte,
qui se termine, comme chez les Diptères, par une sorte de lame voûtée.
Je passe sur les constatations nouvelles de M. de Sinéty relativement
aux membranes trachéolaires et aux organes génitaux pour signaler plus
spécialement les conclusions tout à fait remarquables que lui a fournies
l'étude de la spermatogenèse des Orthoptères.
Contrairement aux idées admises par la plupart des embryologistes, les
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE I902. 1207
processus des divisions réductrices se sont montrés de tout point semblables
à ceux que Guignard et Strassburger ont décrits pour les végétaux. Il n'y
a pas de division réductionnelle au sens de Weismann, mais les groupes
quaternes doivent leur origine à une double division longitudinale des
chromosomes dans les spermatocytes de premier ordre. L'insertion des
groupes quaternes sur le fuseau achromatique peut affecter plusieurs
modalités qui dépendent de leur forme et de leur longueur; les différences
d'interprétation qui séparent les auteurs tiennent à ce qu'ils ont négligé ce
fait fondamental. Gallardo a déjà insisté, d'ailleurs, sur les erreurs qui
résultent de la tendance de beaucoup de cytologistes à ne pas cherchera
construire dans l'espace les figures cinétiques que le microscope leur fournit
en projections.
Enfin M. de Sinéty a retrouvé, dans les cellules sexuelles de divers
Orthoptères (Acridiens, Locustiens, Grylloniens, Phasmes), le chromosome
spécial découvert par Wallace (1900) chez une Araignée et par Montgo-
mery (1901) chez de nombreux Hémiptères. Il a démontré que chez un
Locnstien (Orphania) ce chromosome ne se divise pas à la première cinèse
sexuelle, mais passe intégralement dans un des spermatocvtes de second
ordre, de sorte que, sur quatre spermatides formant la descendance d'un
spermatocyte, deux se trouvent privilégiés. Il en résulte que, malgré la
forme extérieure en apparence identique, il y a chez ces animaux des sper-
matozoïdes de deux espèces ddférentes.
La découverte de M. de Sinéty prend, ce nous semble, une signification
nouvelle, si on la rapproche des belles recherches toutes récentes de Mewes
et si l'on songe au double rôle que le spermatozoïde doit jouer dans la
fécondation : i** comme agent cinétique déterminant la division de l'œuf;
2° comme élément destiné à l'apport des plasmas ancestraux. N'est-il pas
permis de supposer que ce double rôle peut, dans certains cas, par division
du travail, être partagé entre des éléments spermatiques de constitution
différente?
Cette rapide énumération des résultats d'ordres si divers présentés par
M. R. DE Sinéty nous paraît suffisante pour justifier la proposition que
vous fait la Commission d'attribuer le prix Thore à ce jeune zoologiste.
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées par l'Académie.
2o8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PRIX VAILLANT.
(Commissaires : MM. Chatin, Perrier, Giard, Delage, Grandidier,
de Lapparent.)
Le prix n'est pas décerné.
MEDECINE ET CHIRURGIE.
PRIX MONTYON.
( Commissaires : MM. Marey, Guyon, d'Arsonval, Lannelongue, Laveran,
Roux, Chauveau, Brouardel; Bouchard, rapporteur.)
La Commission accorde les trois prix Montyon à MM. J. Dejerlve,
G. -H. Roger et P. Ravaut.
Sémiologie du système nerveux, par M, J. Dejerine.
La sémiologie du système nerveux que M. Dejerine présente, dans un
fort Volume de 700 pages, est une œuvre essentiellement originale. Un
pareil sujet aurait pu n'être qu'une compilation documentée; il a été traité
par l'auteur avec le souci non seulement d'être complet, mais d'apporter
partout la note personnelle qui fixe les idées au milieu des opinions par-
fois contradictoires. Cette préoccupation était justifiée par la complexité
de certaines questions que l'auteur devait aborder en passant en revue les
diverses manifestations de la pathologie du système nerveux.
Le plan de l'auteur est des plus simples : il étudie successivement les
£:rands symptômes, expression de la perturbation des grandes fonctions
des organes de la vie de relation. Tout d'abord les troubles de l'intelligence
et du langage, dans lesquels la plus grande place est faite aux diverses formes
d'aphasie, sujet des plus délicats et que l'auteur a rendu particulièrement
clair grâce à un grand nombre d'observations résumées; les troubles de
SÉANCE DU 2 2 DÉCEMBRE 1902. I 209
l'écriture, que Dejerine rend solidaires de l'aphasie, sont l'objet d'une
description spéciale.
Un long Chapitre est consacré aux troubles de la motilité, dont les mani-
festations diverses sont soigneusement analysées et extériorisées par de
nombreuses photographies qui donnent une vie intense aux descriptions
théoriques. C'est d'ailleurs la caractéristique de l'Ouvrage : toutes les fois
que l'occasion s'en est présentée, l'auteur a joint à son exposé didactique
une photographie, un schéma, un dessin tirés de ses collections person-
nelles (3oo figures) et qui gravent dans l'esprit du lecteur les particularités
des troubles pathologiques relatés, de sorte que ce Traité de sémiologie
nerveuse théorique, qu'on aurait pu croire d'une monotonie et d'une ari-
dité un peu rebutantes, devient, en quelque sorte, une œuvre de clinique
animée.
Enfin la sémiologie des troubles de la sensibilité, les topographies ner-
veuses, radiculaires, médullaires, segmentaires, la sémiologie des troubles
visuels sont étudiés, dans des Chapitres spéciaux, avec une clarté remar-
quable et une originalité de vues justifiée par les travaux personnels de
l'auteur sur ce sujet, ou les recherches entreprises sous sa direction.
En somme, livre de vulgarisation remarquable par la clarté de l'expo-
sition et œuvre scientifique en même temps, pleine d'aperçus nouveaux,
intéressant également les psychologues, les neurologues, comme les méde-
cins praticiens.
L'Ouvrage de M. Roger sur les tnaladies infectieuses ne constitue pas
un Traité didactique de ces maladies infectieuses. C'est une étude de Patho-
logie générale dans laquelle l'auteur, tout en exposant avec les détails
nécessaires les travaux faits par les autres, a essayé de mettre en évidence
les résultats de ses recherches personnelles.
La première partie du Livre est consacrée à l'histoire et au mode d'ac-
tion des causes pathogènes. Nous y signalerons des expériences sur les
modifications et l'abolition des fonctions chromogènes des bactéries sous
l'influence des agents physiques et chimiques, et surtout des recherches sur
l'influence des hautes pressions : l'auteur a pu établir la résistance des
microbes à des pressions atteignant 3oo'^^ par centimètre carré. C'est sur-
tout à mettre en évidence l'action exercée par les causes favorisant l'infec-
tion que M. Roger s'est attaché. Au moyen de dispositifs spéciaux, il étudie
le rôle du surmenage, des émotions, de l'inhalation des gaz délétères. Puis
il aborde l'histoire des infections combinées et des associations micro-
C. R., 1902, 2' Semestre. (T. CXXXV, N» 25.) l58
I2IO ACADEMIE DES SCIENCES.
biennes : il démontre que deux microbes qui, pris isolément, sont inoffen-
sifs pour un animal, peuvent provoquer une maladie mortelle quand on les
inocule simultanément. Dans cette expérience, reprise et confirmée par
un grand nombre de baclériologistes, un des deux microbes sert d'auxi-
liaire à l'autre, et il agit par les substances solubles qu'il sécrète. Poussant
plus loin l'analyse, l'auteur établit qu'il s'agit d'un produit qu'on peut
extraire au moyen de la glycérine et précipiter par l'alcool; il se différencie
des ferments par sa résistance â la chaleur.
Passant à l'étude des moyens de protection de l'organisme, M. Roger a
reconnu que différents organes sont capables d'arrêter et de détruire les
microbes. Le poumon et surtout le foie jouent, sous ce rapport, un rôle
capital. Des doses de culture charbonneuse vingt fois supérieures à celles
qui sont mortelles, quand l'injection est poussée par une veine périphé-
phérique, restent sans effet quand on les introduit par un rameau de la
veine porte, c'est-à-dire quand on leur fait traverser le réseau capillaire du
foie. Cette action protectrice, dévolue à la glande hépatique, peut être
rapprochée de l'action que le foie exerce sur les poisons. Mais il est à
remarquer que les poisons bactériens ne sont pas, pour la plupart, modifiés
parle foie. C'est sur l'élément vivant que la glande agit: son rôle peut être
accru ou diminué dans une foule de circonstances mises en évidence par
l'auteur.
Les Chapitres suivants, consacrés aux réactions de l'organisme, con-
tiennent quelques faits nouveaux. C'est ainsi que M. Roger démontre
expérimentalement que les fausses membranes et la diphtérie sont dues
non au bacille vivant, comme on l'avait cru jusqu'alors, mais à ses toxines.
Dans le Chapitre consacré à la suppuration, nous trouvons relatées les
premières recherches expérimentales entreprises sur l'appendicite; dans
le Chapitre consacré à la gangrène, on relève une étude sur la gangrène
des paupières et la mannite gangreneuse, deux types cliniques qui sont net-
tement différenciés et semblent dus à des microbes découverts par l'auteur;
dans l'histoire des septicémies, nous citerons une septicémie nouvelle con-
sécutive au choléra. Enfin le Chapitre sur les infections modulaires ren-
ferme l'histoire d'une pseudo-tuberculose découverte avec M. Charrin, et de
nombreuses expériences sur la tuberculose des oiseaux, expériences qui
tendent à prouver que la tuberculose des gallinacés est identique à celle
des mammifères. Cette conclusion, vivement attaquée à l'époque où elle
fut émise, est généralement acceptée aujourd'hui.
La deuxième partie de l'Ouvrage comprend une étude systématique des
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 19^2. 121 I
modifications que l'infection provoque dans les divers organes ou tissus.
Avec l'aide de ses élèves, l'auteur étudie successivement la moelle osseuse,
le thymus, la glande thyroïde, le poumon, le foie, le cœur. Il donne les
résultats de ses recherches sur le fonctionnement de ces diverses parties,
sur leur structure histologique et, ce qui n'avait pas encore été entrepris
jusqu'alors, sur leur constitution chimique. Il a pu établir ainsi que, dans
les infections où l'organisme est sidéré par les toxines microbiennes, l'eau
des tissus diminue, tandis que la graisse augmente. Quand l'organisme
réagit, le résultat est inverse. Les variations dans la teneur en eau per-
mettent de juger très exactement de l'état fonctionnel de la partie qu'on
étudie.
Nous signalerons encore, dans le même ordre d'idées, des recherches
poursuivies au moyen de la méthode graphique sur le fonctionnement du
cœur, sur la pression sanguine, sur la contractilité musculaire, enfin sur
l'état de la moelle épinière. M. Roger est le premier qui ait réussi à pro-
voquer, chez les animaux, des myélites d'origine infectieuse.
Le Livre se termine par des considérations sur l'immunité et sur la thé-
rapeutique des infections. Dans cette dernière partie, nous trouvons des
recherches, faites pour la plupart avec M. Charrin, sur lesmodi6cations du
sang au cours ou à la suite des maladies infectieuses. Les expériences pour-
suivies sur ce sujet établissent que les microbes se développent mal dans
le sérum des animaux vaccinés, que leurs formes sont altérées, leurs fonc-
tions troublées; enfin, au lieu de nager librement dans le milieu de culture,
les microbes se réunissent en petits amas : c'est le phénomène de l'agglu-
tinement dont on trouve ici la première mention et dont l'étude devait
conduire, plus tard, à d'importantes applications pratiques.
L'Ouvrage de M. P. Ravaut Sur le Cytodiagnostic des èpanchements
de la plèvre porte sur quelques caractères analomiques bien étudiés de la
plèvre enflammée sous l'influence de causes diverses et sur les caractères
des éléments cellulaires en suspension dans le liquide épanché. Les faits
signalés par l'auteur sont peu nombreux, mais ils sont nouveaux et ont une
importance considérable pour la détermination toujours si délicate et si
difficile de la nature des pleurésies. Ces faits peuvent être ainsi résumés :
Dans les pleurésies tuberculeuses primitives ou secondaires séro-fibri-
neuses ou purulentes, toujours la plèvre est recouverte d'une néomem-
brane.
Cette néomembrane manque dans les autres pleurésies.
1212 ACADEMIE DES SCIENCES.
Les pleurésies à néomembranes (tuberculeuses) ne renferment jamais
de lambeaux d'endothélium en suspension dans leur liquide.
Dans les pleurésies non tuberculeuses, on trouve au contraire ces lam-
beaux d'endothélium.
Dans les pleurésies tuberculeuses, le liquide ne renferme que des leuco-
cytes uninucléés.
Dans les autres pleurésies, les leucocytes polynucléaires prédominent.
Des mentions ont été accordées à MM. Comimenge, Comby et Guillemoxat.
Le livre de M. Commenge, Sur la Prostitution clandestine, est le résumé
des observations faites par l'auteur pendant les longues années où ses
fonctions sanitaires lui ont permis d'observer les effets pernicieux de la
prostitution clandestine.
Dans une étude sur l'état de santé de plus de 12000 fdles mineures de
12 à 20 ans qui se livraient à la prostitution, il a rencontré la syphilis dans
près des deux tiers des cas.
Il signale la prostitution des domestiques, son extension extraordinaire
et les dangers qui en résultent pour la famille et plus particulièrement
pour les jeunes enfants.
Il termine par un examen comparatif de la syphilis dans les différentes
armées et trouve dans les enseignements de la statistique des arguments
en faveur de la réglementation et de la surveillance de la prostitution.
M. CoMBY a publié sur les maladies des enfants des Mémoires très
nombreux et des Livres très importants, tous marqués au coin d'une
observation fidèle et judicieuse, et d'une lecture très instructive. Il est
impossible d'énumerer tous ces travaux. Ceux qui ont paru à votîe
Commission présenter un plus grand caractère d'originalité ont trait à la
tuberculose des très jeunes enfants, à l'nricéaiie, à la lithiase rénale, au
rein mobile, au scorbut, aux complications péritonéales de la vulvo-
vaginile, au rachitisme.
M. Guillemoxat a fait une série de recherches expérimentales fort inté-
ressantes qui portent principalement sur les détériorations organiques que
les maladies maternelles produisent sur l'entant né au cours de ces mala-
dies; sur son poids, sur sa taille, sur la rapidité de sa croissance, sur la
composition de ses humeurs, sur la structure de ses tissus et même la
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. 121 3
malformation de ses organes. Ces études, commencées chez les enfants de
femmes malades, ontété poursuivies par rexjDérimentation chez les animaux.
D'autres Mémoires ont trait à la physiologie pathologique de la grossesse.
Des citations sont accordées à MM. E. Bodix, Y. Griffon, E. Fourxier,
C GuÉRIX, CaSSAËT.
Les conclusions du Rapport sont adoptées par l'Académie.
PRIX BARBIER.
(Commissaires : MM. Bouchard, Guyon, Lannelongue, Guignard;
Marey, rapporteur.)
Ce prix est partagé entre MM. Grimbert et Le Dextu.
Rapport sur les travaux de M. !.. Grimbert.
M. Lèox Grimbert, Abrégé à l'Ecole supérieure de Pharmacie de Paris,
a publié, dans ces dix dernières années, une série d'excellents travaux
relatifs à la Chimie biologique et à la Bactériologie.
Apres avoir déterminé d'abord certaines propriétés encore mal définies
des sucres les plus importants, il a été amené à rechercher les transfor-
mations que ces hydrates de carbone, ainsi que d'autres corps de même
nature, subissent sous l'action fermentaire des microorganismes.
En étudiant la fermentation anaérobie produite par le bacille orthobuty-
lique et ses variations sous certaines influences biologiques, il a montré,
un des premiers, que la durée de la fermentation, la réaction du milieu,
l'âge et l'éducation de la semence amènent des changements profonds
dans le rapport et la nature des produits formés. Il en résulte qu'il est
illusoire de vouloir représenter le phénomène par une formule unicie et
simple.
Une conclusion analogue se dégage de l'étude des produits de décompo-
sition qui prennent naissance par l'action du pneuniobacille de Friedliinder
sur les hydrates de carbone. Les nombreuses recherches tie M. Grimbert
sur ce microbe ont eu en outre pour résultat de montrer tout le parti que
l'on peut tirer de la connaissance des fonctions biologiques d'une bactérie
pour établir la notion d'espèce et de race. Il a montré, en effet, qu'il existe
i2t4 académie des sciences.
diverses variétés du pneumobacille de Friedlânder morphologiquement
semblal^les, mais se différenciant parla nature des produits auxquels elles
donnent naissance. Plus tard, en s'appuyant sur le même ordre de
recherches, il est arrivé à identifier complètement le Bacillus laclis aerogenes
avec le pneumobacille de Friedlânder.
La fermentation du tartrate de chaux, déjà étudiée par Pasteur, a fourni
â M. Grimbert l'occasion d'isoler une bactérie nouvelle, le Bacillus
tartricus, point de départ d'une série d'observations sur la biologie de la
cellule vivante. Il a découvert ainsi, parmi les produits des fermentations
provoquées par cet organisme, un corps que l'on était loin de s'attendre à
rencontrera cette place, l'acétylméthylcarbinol, obtenu seulement jusqu'ici
par synthèse au moyen des méthodes si délicates de la Chimie organique.
La décomposition des nitrates par les êtres vivants est un point de
Physiologie générale que l'on ne peut analyser qu'en s'adressant à des
cellules de même nature et pour ainsi dire isolées. Ces conditions se
trouvent réalisées en pratique par l'emploi des bactéries. En faisant agir
sur le nitrate de potasse, soit le bacille coli, soit le bacille d'Eberth,
M. Grimbert a montré, le premier, qu'il fallait distinguer deux sortes de
ferments dénitrifiants : les uns, ferments directs, attaquent directement
les nitrates en mettant leur azote en liberté; les autres, ferments indirects,
n'arrivent à ce résultat qu'en présence des matériaux amidés contenus
dans les milieux de culture.
Parmi les autres travaux les plus intéressants du même auteur, nous
remarquons en particulier les suivants : un Mémoire, devenu classique,
sur la recherche du bacille typhique en présence du bacille coli; une élude
critique sur la préparation du milieu d'EIsner; une série d'expériences
sur l'abolition ou la persistance de certaines fonctions biologiques chez un
coli-bacille soumis à des conditions dysgénétiques; une étude d'ensemble,
très documentée, sur les sérums thérapeutiques; un travail très remarqué
dans lequel M, Grimbert a jeté les bases d'une entente entre les bactério-
logistes pour unifier les méthodes de culture et a tracé du même coup le
plan d'une marche méthodique pour l'étude des fonctions biochimiques des
bactéries, marche qui commence à être suivie dans les laboratoires en
France et à l'étranger.
En résumé, par leur originalité et leur précision, comme par leurs impor-
tantes applications en Chimie biologique, en Bactériologie et en Hygiène,
l'ensemble des travaux de M. Grimbert présente un haut intérêt.
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE iqo2. I2l5
Le cancer du sein, étude clinique statistique, par M. Le Dentu.
Rapport de M. Guyo\.
Ce travail est basé sur l'analyse de 53 observations de cancer du sein
opéré par ce chirurgien. Sur l'ensemble de ces 53 cas, la survie moyenne
est de 4 ans 4 mois et i5 jours; il y a 26 cas de survie au delà de 3 ans
représentées par le rapport 49» o5 pour 100, presque 5o pour 100.
36 opérées sont mortes, elles donnent une moyenne de survie de 3 ans
6 mois et i5 jours; sur les 17 opérées vivantes, 10 ont dépassé 3 ans
de survie; les chiffres oscillent de 4 à i3 ans, dans 3 cas le chiffre de
10 ans a été dépassé; sur les l'j opérées, 3 seulement ont eu des récidives.
M. Le Denlu compare sa statistique à celles des chirurgiens qui ont
préconisé et pratiqué les ablations les plus larges, et discute la question
des conditions qui donnent à l'intervention les chances les plus grandes
de succès.
De l'analyse des faits il résulte que les grandes interventions tardives, si
loin qu'elles soient conduites, demeurent sans bon résultat, quand elles
ne sont pas nuisibles; la démonstration de l'action préservatrice de l'inter-
vention précoce est, par contre, établie.
Il est permis d'espérer qu'en opérant aussitôt qu'il a été possible de
poser le diagnostic, les succès deviendront plus nombreux encore, et que
les survies prolongées pourront augmenter de nombre, si l'ablation est
largement faite. Cependant M. Le Denlu doute de la nécessité de très
grands sacrifices dans les cas simples, et ne croit pas que, dans les cas
compliqués, la lutte à outrance offre des chances réelles de succès.
Pareille élude provenant d'uîi chirurgien d'une expérience aussi étendue,
d'un opérateur très confiant dans les interventions hardies, a un grand
intérêt. A l'heure actuelle, nous ignorons la nature du cancer et nous
n'avons d'autre ressource sérieuse que son enlèvement. Le cancer du sein
est de ceux sur lesquels nous sommes le plus souvent appelés à agir et
pour lequel nous pouvons faire un diagnostic précoce et des ablations
étendues. L'élude très documentée de M. Le Dextu aidera à déterminer
la voie qui peut conduire aux guérisons durables.
I2l6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PRIX BREANT.
(Commissaires : MM. Guyon, d'Arsonval, Lannelongue, Laveran,
Marey; Bouchard, rapporteur.)
M. le D"" Ed. Imbeaux, Ingénieur des Ponts et Chaussées, directeur du
Service municipal de Nancy, envoie deux Volumes sur l'alimentation en
eau et l'assainissement des villes.
Les connaissances techniques de M. Imbeaux lui ont permis d'étudier
les problèmes que soulèvent les adductions d'eaux potables, avec une com-
pétence spéciale. Il a, avec une patience et une clarté parfaites, exposé les
procédés d'adduction, de filtration des eaux; ceux d'épuration des eaux
usées.
C'est un Ouvrage très remarquable, indispensable à tous ceux qui s'oc-
cupent de ces diverses questions.
Le prix Bréant (arrérages) est décerné à M. le D'" Ed. Imbeaux.
PRIX GODARD.
(Commissaires: MM. Guyon, Lannelongue, Bouchard, Laveran, Marey;
Giard, rapporteur.)
M. G. LoisEL a présenté à l'Académie plusieurs Notes et Mémoires rela-
tifs à l'histogenèse et à la physiologie des éléments sexuels mâles chez les
Oiseaux.
De l'ensemble de ces recherches, poursuivies pendant quatre ans avec
une remarquable ténacité, l'auteur a dégagé beaucoup de résultats intéres-
sants. Il a, en outre, formulé des conclusions générales dont la discussion
ne pourra qu'être utile pour élucider les questions encore si obscures de
la physiologie des produits génitaux.
D'après M. Loisel, les éléments primordiaux du testicule peuvent être
assimilés à des cellules glandulaires non seulement au point de vue de
leur aspect général et de leur mode de formation, mais aussi en raison du
rôle qui leur est dévolu et qui consiste en une élaboration graisseuse par-
ticulière destinée à activer le métabolisme des plastides génitales.
En outre, la poussée rythmique qui se manifeste chaque printemps dans
SÉANCE DU >2 DÉCEMBRE T902. T217
la glande mâle des Oiseaux présente deux périodes et deîix ordres de phé-
nomènes dont M. Loisel a montré l'importance.
A côté des processus morphologiques très complexes qui accompagnent
la formation du spermatozoïde, dernier terme de l'évolution de la lie^née
cellulaire niàle, on observe des phénomènes chimiques sur lesquels on
n'avait jusqu'à présent que des données fort insuffisantes et qui préparent
la cellule sperma tique à l'acte fondameutal de la fécondation. Peu à peu,
privé d'eau par l'action qu'exercent sur lui les sécrétions de certains élé-
ments testiculaires (cellules interstitielles et cellules de Sertoli), le sper-
matozoïde devient apte à aller chercher l'œuf et à pénétrer dans le cyto-
plasme ovulaire. Puis, retrouvant dans l'élément femelle le suc nucléaire
et le protoplasme qu'il avait perdus en se formant, il entrera en cinèse et
pourra terminer le cycle évolutif interrompu par sa déshydratation mo-
mentanée.
D'autre part, en se continuant chez l'adulte, la sécrétion embryonnaire
et fœlale du testicule, localisée désormais dans les cellules de Sertoli, qui
ne sont que des cellules germinatives hypertrophiées, peut être homo-
loguée aux sécrétions folliculaires ou vitellogènes de la glande génitale
femelle.
Cette sécrétion, en effet, exerce une action trophique sur l'élément mâle.
Mais cette action nourricière est accompagnée de faits très curieux de
chimiot^xie positive : les spermatozoïdes, d'abord orientés de toutes façons
dans les culs-de-sac glandulaires, se réunissent en faisceaux bien coor-
donnés au sommet de chaque cellule de Sertoli.
Outre ces points essentiels, les travaux de M. Loisel renferment beau-
coup de faits nouveaux sur la spermatogenèse des Oiseaux; ils tendent à
établir notamment que la tête du spermatozoïde pourrait être considérée
comme un noyau en cinèse arrêté au stade synapsis.
Sans entrer dans le détail de ces phénomènes, l'Académie approuvera,
pensons-nous, l'opinion de la Commission du prix Godard, qui propose
d'attribuer ce })rix à M. G. Loisel.
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées par l'Académie.
C. R., 1902, i« Semestre. {'V . CXXW. N» 25.) ' ^Q
I2l<S ACADÉMIE DES SCIENCES.
PRIX BELLION
(Commissaires : MM. BouciiarLl, Laveran, Marey, Guyon, Lannelongae;
BroLiardel, rapporteur. )
Le prix est décerné à M. le D*' Pikrre Lereboullet, pour son Livre sur
« les cirrhoses du foie ».
PRIX MÈGE.
(Commissaires : MM. Bouchard, Marey, Guyon, Laveran;
Lannelongue, rapporteur.)
L'Académie décerne le prix Mège (arrérages) à M. le D'' A. Clerc, pour
son étude nouvelle sur quelques ferments solubles du sérum sanguin.
PRIX LALLEMAND.
(Commissaires : MM. Bouchard, Perrier, Ranvier, d'Arsoaval ;
Marey, rapporteur.)
Le prix est partagé entre :
jo jyjiie PoMPiLiAN, doctcur en médecine.
Les travaux les plus méritants en Physiologie sont ceux qui synthétisent
les faits épars et les expliquent par une théorie simple, théorie qui, à son
tour, permet des prévisions que l'expérience confirme.
A ce titre, le travail de M"^ Porapilian se recommande d'une façon parti-
culière. L'auteur explique, de la façon la plus simple, des faits en appa-
rence inconciliables : Pourquoi une petite partie de substance nerveuse
séparée du reste de l'organe central pro luit-elle dans les muscles qui en
dépendent des mouvements spontanés régulièrement intermittents? Pour-
quoi des excitations de fore égale tantôt provoquent des mouvements et
tantôt restent sans effet? Pourquoi des excitations faibles successives s'ajou-
tent-elles parfois pour provoquer une contraction, tandis que, d'autres
fois, elles produisent l'arrêt d'une contraction qui existe? (C'est ce que
Brown-Séquard appelait V inhibition.)
SÉANCE DU 2 2 DÉCEMBRE 1902. 1219
Tous ces faits qui semblent contradictoires s'expliquent fort simplement
par une théorie où l'on n'admet, pour ainsi dire, rien qui ne soit démon-
trable directement. Elle apparaît clairement et s'impose à l'esprit dès que
l'on considère, uon plus seulement l'acte musculaire spontané ou provo-
qué dans les muscles, mais l'état des cellules nerveuses qui commandent à
ce mouvement; cellules qui sont le siège de deux influences contraires :
la production d'influx nerveux à potentiel croissant et la décharge spon-
tanée ou provoquée des cellules.
Suivant la façon dont se combinent ces deux influences de sens contraire,
se produisent tous les phénomènes observés par les expérimentateurs.
Des Tableaux graphiques montrent clairement la façon dont l'auteur
conçoit le jeu varié de la production et de la dépense d'agent nerveux. Les
courbes de ces phénomènes physiologiques concordent de tous points
avec celles qu'on obtient dans certaines expériences de Physique sur !a
chaleur, l'électricité, la force mécanique.
Celte importante étude témoigne d'un esprit pénétrant et d'une grande
puissance de travail; votre Commission propose d'accorder à ]VP^ Pom-
piLiAX une part du prix Lallemand.
2" M. Hauser.
Le travail de M. Hauser, Etudes sur la Syringomyélie, comprend trois
parties :
Les deux premières, consacrées à l'étude des troubles de la sensibilité
dans la Syringomyélie, fournissent à l'auteur de discuter quelques-uns des
plus importants problèmes de Physiologie et de Pathologie médullaire.
C'est ainsi que, étudiant la conduction de la sensibilité, il critique l'opinion
de Schifl et repousse également l'existence d'un faisceau sensitif croisé,
admise ti'une façon presque générale. Il faut, selon lui, en revenir aux
idées de Vulpian qu'il développe et appuie à l'aide d'une série d'arguments
nouveaux.
Dans son étude de la répartition topographique de l'anesthésie, étude
basée sur l'examen de nombreux malades, M. Hauser adopte l'opinion de
Max Laehr et de Dejerine, en faveur de laquelle il apporte de nouvelles
observations. [I combat la ihéorie des centres sensitifs de Head et de Bris-
saud, dans une discussion serrée et convaincante, et montre que les notions
anatomiques reçues suffisent adonner la clef de la distribution radiculaire
de l'anesthésie.
La dernière partie, consacrée à l'élude microscopique, essaie de dégager
I220 ACADEMIE DES SCIENCES.
les caractères fondamentaux de la lésion et d'en préciser les rapports avec
les autres cavités médullaires. C'est là encore une partie très originale de
son travail et qui repose sur plusieurs autopsies.
La Commission demande qu'il soit accordé à M. Hauser une part du prix
Lallemand.
L'Académie adopte les conclusions de ces Rapports.
PRIX DU BARON LARREY.
(Commissaires : MM. Guyon, Lannelongue, Bouchard, Marey;
Laveran, rapporteur.)
La Commission décerne le prix Larrey à M. le D"^ Triaire, ancien
médecin de l'armée, pour son Ouvrage intitulé : « Dominique Larrey et
les campagnes de la Révolution et de l'Empire ».
Pour la rédaction de cet Ouvrage l'auteur a eu à sa disposition un grand
nombre de documents inédits, ce qui lui a permis de donner une biographie
très complète et très précise de l'illustre chirurgien du premier Empire.
La tâche n'était pas aisée car D. Larrey a pris part à toutes les guerres de
la Révolution et de l'Empire et son biographe a dû le suivre sur tous les
champs de bataille, en Egypte, en Allemagne, en Espagne, en Russie.
Ajoutons que chez D. Larrey le chirurgien militaire ne faisait pas tort à
l'homme de science et que son œuvre scientifique est considérable.
M. Triaire a retracé avec beaucoup de bonheur les nombreuses péripéties
de la carrière de D. Larrey et il a réussi a faire revivre pour ses lecteurs
cette grande et noble figure.
En donnant le prix Larrey à M. Triaire, votre Commission à été heu-
reuse de récompenser à la fois un auteur de grand mérite et une œuvre
consacrée à la glorification du père de notre regretté Confrère, le fonda-
teur de ce prix.
Une mention très honorable est accordée à M, le D^' Romary, pour son
travail intitulé : «. Une colonne au Sahara ».
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées par l'Académie.
SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1902. I22I
PHYSIOLOGIE
PRIX MONTYON (PHYSIOLOGIE EXPERIMENTALE).
(Commissaires : MM. d'Arsonval, Bouchard, Chauveaii, Delage, Bouvier;
Marey, rapporteur.)
Le prix n'est pas décerné.
PRIX PHILIPEAUX.
(Commissaires : MM. Marey, d'Arsonval, Chauveau, Bouchard;
Perrier, rapporteur. )
Le prix Phih'peaux est décerné à M. Pierre Box.vier, pour ses deux
Ouvrages : l'Orientation et le Sens de V altitude.
Dans le premier, l'auteur distingue l'orientation de !a localisation et les
rapports que ces deux notions affectent entre elles; l'orientation définit
non le lieu de chaque chose dans l'espace, mais la direction dans laquelle
se présente ce lieu par rapport à nous. M. Bonnier passe ensuite à la défi-
nition de la notion d'espace. Le but de toute cette élude est de montrer
que nous ne connaissons pas le quelque chose sans le quelque part, et que la
faculté d'orientation est la propriété fondamentale de toute noire senso-
rialité et de notre intellectualité. Sous la dénomination CC orientation sub-
jective ?,on\. étudiés le sens des attitudes et celui des altitudes. Le sens des
altitudes définit le lieu de chaque partie de nous-mêmes et nous permet,
sous la forme segmentaire, de savoir à tout instant localiser une partie
de nous-même par rapport à toutes les autres. Cette faculté est une
aptitude primordiale de la taclilité qui localise en même temps qu'elle
analyse. Le sens des attitudes segmentaires ne doit pas être confondu
avec le sens dit musculaire.
Le sens de l'attitude totale est étudié dans un examen comparatif du fonc-
tionnement des organes marginaux des Méduses, de l'organe central des
Turbellariés et des CténoplK)res, des appareils otocystiques en général, des
organes latéraux des Amphibiens et des Poissons, et des divers appareils
lahyrinthiques des Céphalopodes et des Vertébrés.
1222 ACADEMIE DES SCIENCES.
M. Bonnier examine ensuileles rapports de l'orientation subjective avec
la motricité (coordinatior), appropriation et destination motrices) et la
sensibilité (orientation tactiie, visuelle, auditive; notions stéréogno-
stiques). Il cherche à expliquer l'orientation lointaine des animaux migra-
teurs et autres.
Il montre enfin comment de toutes ces conditions se dégagent les notions
d'espace, de forme, d'étendue, de dimension, de distance, de mouvement,
de force, de temps, d'objectivité et de subjectivité, de personnalité, d'iden-
tité, de concret et d'abstrait. '
Cet Ouvrage résume en outre un certain nombre de vues indiquées dans
des Livres antérieurs sur le Vertige, V Oreille, le Tube labyrinthiqiie, etc.
Dans le Sens de l'altitude, M. Bonnier recherche la valeur statographique
de l'oreille, au cours li'une ascension.
L'oreille est, dans son dispositif comme dans son fonctionnement, abso-
lument comparable aux baromètres enregistreurs et fonctionne comme le
statoscope. Elle est d'une grande sensibilité que l'auteur a mesurée à dif-
férentes altitudes jusqu'à [\\oç>^.
L'aptitude statographique de l'oreille, peu exploitée par l'homme et les
animaux qui se déplacent dans le sens horizontal, doit être très développée
chez les animaux qui, par leurs déplacements dans le sens vertical, ont à
subir de fortes variations de pression, comme les Poissons, les Oiseaux, et
surtout les Amphibies, qui ont à s'équilibrer instantanément avec de
grandes variations de pression, en passant d'un milieu liquide à un milieu
aérien et inversement.
L'ensemble du travail de M. Eonmier coordonne et éclaire les notions
que nous possédons sur une des questions les plus obscures de la Physio-
logie ; il a semblé à votre Commission qu'un tel résultat méritait l'attribu-
tion du prix Philipeaux à ce travail.
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées par l'Académie.
PRIX SERRES.
(Commissaires : MM. Giard, Delage, Ranvier, Chatin;
Perrier, rapporteur.)
La Commission du prix Serres a décerné la totalité de ce prix à M. Paul
Marchal, pour ses Recherches sur le développement des Hyménoptères
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. 122.3
parasites, auxquelles il a joint, [)Our le concours, un Mémoire sur les Céci-
domyies des céréales et leurs parasites. Quelque intéressant que soit ce der-
nier travail, nous le laissons de côté dans cette analyse, les découvertes
de M. Marchai sur le développement des Hyménoptères parasites suffisanf
à elles seules pour justifier la haute récompense que la Commission propose
de lui attribuer dans son intégralité, malgré la valeur des travaux impor-
tants présentés par ses concurrents. Le nombre des parasites étudiés n'est
pas à la vérité très considérable, mais chaque forme a donné lieu à des
constatations d'un intérêt général considérable, faites dans des condi-
tions particulièrement difficiles en raison de l'extrême petitesse des para-
sites, qui comptent parmi les plus minuscules insectes, et de celle de leurs
hôtes; les Hyménoptères qui ont fait l'objet des études de M. Marchai
appartiennent aux familles des Proctotrupides (^Synopeas, Tricliacis, Poly-
gnolus) ei des Chalcidiens (£'/îqyr/M^). Les premiers déposent leurs œufs
dans les œufs ou les jeunes larves des Cécidomyies, petites mouches para-
sites des végétaux et dont les larves vivent dans des galles; les secondes
pondent dans les œufs de petits papillons du genre Hyponomeuta dont les
chenilles mangent, suivant leurs espèces, les feuilles des pommiers, des
pruniers, des fusains et autres plantes.
Le Synopeas j'hanis pond dans les très jeunes larves de la Cecidomyia
(Perrisia) ulmariœ, avant que ces larves ne soient encore entourées de
leurs galles qui se développent sur les feuillesde la Rei ne-des-prés (5/?ïrce<z
ulmaria). L'œuf, au moment de la ponte, est entouré d'un follicule qui ne
tarde pas à disparaître; il contient comme d'habitude une vésicule germi-
native qui se divise bientôt en deux noyaux. Ces deux noyaux s'éloi-
gnent l'un de l'autre, puis se divisent à leur tour chacun en deux autr-es.
Les quatre noyaux ainsi formés auront un sort bien différent. On ne
tarde pas à distinguer autour de l'un d'eux une sphère protoplasniique
claire, isolée dans une sorte d'alvéole creusée dans le corps vitellin
de l'œuf, tandis que les trois autres noyaux demeurent plongés dans la
masse granuleuse commune. Le premier noyau servira seul à former
l'embryon, qui demi urera lui-même enfermé dans l'alvéole agrandie qui
contenait le noyau; les autres noyaux se multiplieront au point d'at-
teindre le nombre d'une quinzaine demeurant dans la couche de pro-
toplasme ovuliire qui entoure l'alvéole et qui persiste jusqu'à ce que la
larve soit complètement formée. A ce moment les noyaux contenus dans
cette couche se sont agrandis en longues plaques et distribués à peu près
également autour de l'embryon. Plus tard cette enveloppe pi^otoplasmiqiie
122.4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de l'embryon se dissocie en masses séparées, contenant les noyaux, eux-
mêmes en pleine dée^énérescence; ces masses tombent avec la larve d'Hv-
ménoptère dans la cavité générale de la larve de Cécidomyie, au moment
où se rompent les enveloppes de la larve parasite.
Que signifient ces novaux qui n'évoluent pas? Au point de vue phvsio-
logique, il est évident qu'ils président aux transformations grâce aux-
quelles le protoplasme vitellin est gradueliement absorbé par la larve et
qu'ils s'usent à ce travail. C'est là une intéressante contribution apportée
à ce que, nous savions déjà du rôle des noyaux. Au point de vue morpho
logique, il semble, au premier abord, que leur homologation soit facile.
On sait que les embryons des Insectes ne se constituent qu'aux dépens
d'une petite région du blastoderme, qui s'invagiue, par des procédés variés,
à l'intérieur de celte membrane. La calotte blastodermique opposée à
l'embryon demeure en contact avec le vitellus, qu'elle contribue sans
doute à digérer; la calotte péri-embryonnaire et la partie invaginée du bla-
stoderme contribuent à former à l'embryon une double enveloppe qui
finit par mettre tout le blastoderme à contribution et qu'on nomme
Vamnios. M. Marchai assimile l'enveloppe protoplasmique des embrvons
de Synopeas k cet amnios. Elle en remplit, en effet, les fonctions et il est
bien possible qu'elle en dérive généalogiquement; mais ce serait alors
un amnios profo'ndém(mt modifié et dont le mode de formation mérite
toute l'attention. Cet amnios ne s'achève pas; il n'enveloppe pas le vitel-
lus, c'est le vitellus lui-même, abstraction faite de la partie qui entoure le
noyau unique, véritable œul de seconde formation d'où procédera l'em-
bryon du Synopeas; l'embryon, au lieu de se caractériser tardivement à
la surface du biasto ierme, s'en sépare d'emblée; et de même que dans
certains animaux [Cladocères, Rotifères, divers Vertébrés, les Raies notam-
ment ('), etc.], les cellules germinatives s'isolent dès les premiers stades de
segmentation, ce qui a donné lieu à la fameuse théorie de la continuité du
plasma germinalif, les éléments blastodermiques s'isolent ici dès la seconde,
peut-être dès la première segmentation. Il y a là une accélération des plus
intenses des phénomènes de l'embryogénie, un effet des plus remarquables
de cette faculté accélératrice de l'hérédité, qui a joué un si grand rôle non
seulement dans les modifications des processus embryogéniques, mais aussi
dans les transformations des organismes et à laquelle le nom de tachy genèse
(*) Beard, The germ cells in Raja bâtis {Anotomischen Anzeiger, Bd. XVIII,
igoo). — Id. , The gerni cells of Pristiurus {Ibid., Bd. XXÏ, «902).
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. 12 25
OU accélération embryogénique a été donné ('). N'est-il pas possible d'aller
plus loin dans l'interprétation des noyaux qui caractérisent cet amnios si
éminemment tachygénétique ? N'y aurait-il pas lieu de rechercher si leur
formation est, comme d'habitude, précédée de celle des globules polaires;
si dans ces œufs minuscules, plongés dès la ponte dans un milieu nutritif
et qui n'ont pas eu, en conséquence, à accumuler d'importantes réserves,
le premier noyau •« amniotique » ne correspondrait pas à un globule po-
laire dont le noyau n'ayant subi qu'une faible usure serait demeuré apte
à se diviser dans le vitellus périphérique de l'œuf et à présider aux chan-
gements dont il est le siège? Ce serait là encore un simple fait de tachy-
genèse, mais qui serait une intéressante confirmation, a posteriori, de l'ori-
gine que l'on tend à attribuer aujourd'hui aux globules polaires.
Il est probable que chez les Trichacis remuais, parasites des larves de la
Cécidomyie destructrice et de celle des Céréales, les choses se passent
comme chez le Synopeas rhanis, quoique M. Marchai n'ait pu observer ici
l'origine des noyaux amniotiques, car il n'y avait encore que deux de ces
noyaux dans les plus jeunes œufs qu'il ait eus à sa disposition et où l'em-
bryon avait déjà la forme d'une niorula.
L'Hyménoptère choisit ici, pour déposer sa ponte, non plus un point
quelconque de la jeune larve de Cécidomyie, mais l'ébauche de la chaîne
nerveuse de cette larve soit avant, soit immédiatement après son éclo-
sion ; l'œuf et l'embryon des parasites sont ensuite refoulés latéralement
jusque sous la gaine conjonctive de la chaîne nerveuse ou longitudina-
lement jusqu'à l'extrémité postérieure de la chaîne. Dans tous les cas
l'embryon de l'Hyménoptère distend cette gaine, qui constitue autour de
lui une sorte de kyste suspendu à la chaîne nerveuse et remarquable par
les cellules colossales dont il est entouré. Ces cellules ne sont manifes-
tement que des cellules conjonctives de la Cécidomyie, modifiées par
quelque sécrétion de son parasite, mais qui peuvent de ce chef avoir
acquis quelques propriétés profitables à ce dernier. C'est un exemple de
ces adaptations réciproques des organismes dont l'auteur de ce Rapport
signalait l'importance et tirait parti en 1881 (-) pour expliquer toute une
série de faits importants en Morphologie, et dont M. Giard a fait une si
(') E. Perrier, Les colonies animales, 1881; Comptes rendus de la Société de
Biologie, 1898; Comptes rendus du Congrès zoologique international de Berlin,
1902.
(-) E. Perrier, Les colonies animales et la formation des organismes, p. 7/0.
G. R., 1902, 2» Semestre. (T. CXXXV, N- 25.) ï^<^
1226 ACADÉMIE DES SCIENCES.
brillante application dans ses études sur la castralioii parasitaire . M. Mar-
chai compare à une galle ce kyste à cellules géantes. De tels rappro-
chements entre les productions animales et les productions végétales
séduisent par ce qu'ils ont d'inattendu et parce qu'ils semblent ajouter
une unité à ces phénomènes de la vie communs aux animaux et aux végé-
taux dont Claude Bernard fit autrefois le sujet d'un cours du Muséum
demeuré célèbre. Mais on ne saurait trop se méfier de ces assimilations
de mots, si souvent trompeuses quand il s'agit d'êtres aussi éloignés qu'une
Mouche et une Rosacée et, en tous cas, stériles. Comparer un kyste
entouré de cellules géantes à une galle n'ajoute rien à ce que nous savons
de ce kyste.
Le Poly gnotus minutas est aussi un Proctotrupide parasite de la Cécido-
myie destructrice et de la Cécidomyie de l'Avoine. Les embryons sont tou-
jours contenus dans l'estomac de la jeune larve ; l'œuf y est introduit tout
près du moment de l'éclosion, mais on ignore si c'est avant ou après. Dans
les œufs des Polygnotus le noyau se divise comme dans les œufs dont nous
venons de parler, et leur division répétée conduit à la formation d'une ving-
taine de noyaux qui se rassemblent en une masse muriforme dont tous les
éléments sont encore strictement semblables entre eux. C'est seulement à
ce moment que les noyaux qui occupent la périphérie de cette masse gran-
dissent plus que les autres et se caractérisent comme des noyaux amnio-
tiques dont le nombre ne dépasse pas 12 ou i5; ces derniers grandissent
rapidement et finissent par devenir cinq fois plus gros que les noyaux em-
bryonnaires qui occupent la partie centrale de la masse et dont la multipli-
cation est, au contraire, rapide. La différenciation de l'amnios est donc ici
plus tardive que dans les genres précédents, la tachygenèse a agi moins
énergiquement sur le développement de cette enveloppe; elle prend sa
revanche en ce qui concerne les embryons, et de la façon la plus remar-
quable; la masse embryonnaire ne s'organise pas, comme c'est la règle
chez presque tous les animaux, en un embryon unique; elle se divise en
quatre ou cinq sphères creuses, véritables blastula circonscrites par un seul
rang de cellules. Ces sphères grandissent par la multiplication de leurs cel-
lules, se divisent à nouveau, et il se forme finalement 10 à 12 blastules qui
deviennent chacune un embryon complet.
Chaque œuf d'un Polygnotus donne ainsi naissance à une douzaine
d'embryons. Il y a là une combinaison de faits unique jusqu'ici dans le
règne animal. Un assez grand nombre d'animaux bourgeonnent dans
l'œuf, de sorte que celui-ci donne naissance également et d'un seul coup à
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. 1227
plusieurs individus {Lophopus, Cristatella, Pyrosomaf etc.); mais il n'en a,
en réalité, produit qu'un seul qui a bourgeonne à son tour d'une façon très
précoce, si précoce même que, dans certains cas, il paraît à un examen
superficiel s'être dédoublé (^Diplosoma). Il v a très loin de ces organismes
bourgeonnants aux Polygnotus. Le cas des embryons de certains Lombrics
qui se divisent chacun dans l'œuf en deux on plusieurs embryons s'en
rapproche davantage, mais c'est ici un embryon déjà avancé qui se divise.
Expérimentalement, on est arrivé plus près du cas des /*o/y^/?o^M5 lorsqu'on
dissociant les biastomères d'un œuf en voie de segmentation on a obtenu de
chacun d'eux un embrvon. C'est bien cette faculté des biastomères d'évo-
luer séparément, chacun pour son compte, et de former un embryon par-
fait qui est ici mise en jeu, mais elle est mise en jeu spontanément, favorisée
sans doute parles facilités de nutrition que le parasitisme accumule autour
des biastomères isolés. La formation des Cercaires ou des Rédies des Dis-
tomes présente des phénomènes analogues de dissociation, mais les élé-
ments initiaux ne sont pas ici des œufs proprement dits, quoiqu'ils pro-
viennent peut-être directement, comme les cellules- germes de beaucoup
d'animaux, de Tune des premières segmentations de l'œuf fécondé et qu'ils
puissent être, dans ce cas, considérés comme des biastomères ; en tous cas,
ces éléments se développent non pas dans une simple enveloppe amnio-
tique, mais dans un organisme complexe qui peut passer pour leur pro-
géniteur, et ils demeurent à l'intérieur de celui-ci. Le développement
polyembryonnaire, s'il n'est pas un phénomène tout à fait à part et qu'on
ne puisse grouper en série avec d'autres, est donc bien un phénomène
embryogénique nouveau et propre à nous édifier sur l'équivalence des
éléments issus des premières segmentations de l'œuf.
Toute la série des phénomènes que nous venons de résumer s'exagère,
en quelque sorte, dans le développement de VEncyrtus fuscicollis, le pre-
mier justement que M. Marchai ait étudié et qui a causé une si vive sur-
prise, lorsqu'il fut exposé devant l'Académie, bien que M. Marchai n'eût
pas encore réussi à en saisir, dans tous ses détails, l'exacte signification.
V Encyrl us fuscicollis pond dans l'œuf même des papillons du s^enre Hypo-
nomeula (Hyponomeuta cagna délia, H. mahalehella, H. padella, H.malinella).
On le retrouve, plus tard, dans la cavité générale de la Chenille, soit tout
contre le tube digestif, soit dans le tissu adipeux. Il grandit énormément
et prend l'aspect d'un cylindre, toujours enveloppé d'une membrane épi-
théliale, ayant tout l'aspect d'un épilhélium pavimenteux. Cet étui mem-
braneux, tubulaire, avait d'abord été pris par M. Brugnion, qui l'a décou-
1228 ACADÉMIE DES SCIENCES.
vert, puis par M. Marchai lui-même, pour l'amnios de l'embryon parasite.
Mais M. Marchai a plus tard reconnu que c'était là une membrane adven-
tive fournie par la Chenille parasitée, exactement comme le kyste des
Synopeas, nouvel exemple de X adaptation rècwroque du parasite et de son
hôte(').
Pendant que l'œuf prend ainsi un développement énorme, il se pro-
duit, dans son vitellus, des phénomènes tout à fait extraordinaires. Très
vraisemblablement, la vésicule vitellinese divise d'abord par bipartition en
deux noyaux; mais M. Marchai n'a pu saisir cette phase de division. Les
plus jeunes œufs qu'il ait examinés contenaient déjà cinq ou six noyaux ; mais
l'un de ces noyaux, et un seul, présentait un aspect tout différent des autres ;
il était beaucoup plus gros, lobé, d'apparence amiboïde. C'était manifes-
tement un noyau amniotique; ici ce noyau demeure unique pendant la
plus grande partie de la durée de l'évolution, prend des proportions
gigantesques, envoie des ramifications dans toutes les parties de l'œuf
lui-même très agrandi, et ne se désagrège que tardivement en fragments
qui n'ont plus qu'une courte période d'activité. La tachygenèse a donc
déterminé chez XEncyrlus une différenciation des plus précoces d'un élé-
ment d'où devrait dériver l'amnios, mais l'amnios lui-même ne se forme
pas; mais par tachygenèse la phase du développement qui lui correspond
et qui précède la formalion de l'embryon est presque entièrement sautée.
Il y a là quelque chose d'analogue à ce qu'on observe dans le développe-
(') Sous la dénomination de castration parasitaire, on comprend souvent implici-
tement deux catégories de phénomèmes qu'il importe de distinguer bien nettement :
1° la suppression des organes génitaux par le développement du parasite, qui peut se
substituer à eux complètement, et les conséquences que cette suppression entraîne avec
elle et qu'elle entraînerait alors même qu'elle serait chirurgicale; i" les conséquences
qu'entraîne la présence d'un parasiteprovoquant, dans les tissus de son hôte, des excita-
tions nouvelles, déversant dans son organisme des excrétions spéciales ou détournant à
son profit une part de ses aliments. Ceci n'est plus de la castration parasitaire; c'est de
l'adaptation réciproque pouvant coïncider ou non avec cette castration. L'importance de
cette distinction apparaîtra nettement dans le fait suivant : chez un grand nombre de
Polypes, la présence de certains parasites, qui rendent les Polypes stériles, et le déve-
loppement des organes génitaux produisent les mêmes phénomènes d'avortement des
tentacules. Cet avortement, dans la phraséologie courante, devrait être considéré, dans
le premier cas, comme un phénomène de castration parasitaire; mais alors il faudrait
dire, dans le second, que l'animal est châtré par le développement de ses propres
organes génitaux, ce qui est absurde. En fait, l'avortement des tentacules est un phéno-
mène, non de castration parasitaire, mais ^'adaptation réciproque.
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE I902. 1229
ment des Trématodes et des Cestoïdes ; la larve ciliée dans laquelle se déve-
loppe, par exemple, la rédie de Monostomiim mutabile fait place, chez les
Bothriocéphales, à une simple enveloppe ciliée, l'embryophore, réduite à
quelques cellules qui s'isolent de l'embryon dans l'œuf même chez les
Ténias. Ce qui se passe chez les Vers plats laisse même planer quelque
doute sur la signification de l'enveloppe au sein de laquelle se développent
les œufs de nos Hyménoptères. Cette enveloppe correspond-elle vraiment
à un amnios? N'est-elle pas, comme le sporocyste des Trématodes, l'équi-
valent d'un embryon dans lequel se seraient multipliées des cellules ger-
minatives? Il faudrait, pour le décider, connaître un plus grand nombre de
cas convenablement placés dans la série généalogique.
L'accroissement de l'œuf et du noyau amniotique est accompagné d'une
multiplication des noyaux embryogènes qui fournit en se multipliant de
petites'morules susceptibles elles-mêmes de se diviser, au point de s'élever
au-dessus de la centaine. Chacune de ces morules devient un embryon
distinct. Ce n'est plus une quinzaine d'£'/zcyr/w*, c'est plus de cent qui sont
produits par un même œuf.
Un tel résultat n'échappe pas, sans doute, aux lois générales de la re-
production, et nous avons essayé de montrer dans ce Rapport comment il
avait été graduellement réalisé; mais il dépasse les prévisions les plus
hardies, lia fallu à M. Marchal, pour le mettre hors de doute, la plus grande
patience, comme la plus grande sagacité. Nous ne doutons pas qu'il ne
fasse tous ses efforts pour découvrir tous les anneaux d'une chaîne dont
les plus brillants sont, sans doute, entre ses mains, et la haute récompense
que l'Académie lui décerne sera considérée par lui comme un encourage-
ment à achever, par la coordination méthodique d'un grand nombre de
faits formant série avec ceux qu'il a découverts, une œuvre qui est déjà fort
belle.
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées par l'Académie.
PRIX POURAT.
(Commissaires : MM. Marey, Perrier, Giard, d'Arsonval;
A. Chauveau, rapporteur.)
La question mise au concours était V Elude comparative du mécanisme de
la respiration chez les Mammifères.
Cette question présentait plusieurs aspects. Par exemple, on pouvait
I23o ACADÉMIE DES SCIENCES.
comparer entre elles les diverses familles de Mammifères, en recherchant
les différences qu'elles présentent an point de vue des phénomènes méca-
niques de la respiration. Cette recherche était tout au plus propre à
apporter quelque précision dans des détails déjà connus.
On pouvait, d'autre part, comparer le mécanisme respiratoire avec lui-
même, chez un même sujet, dans des conditions différentes capables de
faire varier ce mécanisme. C'est ce qu'a fait M. J. Tissot, et il a su en
tirer profit.
Bien nombreuses sont les modifications qu'on peut imprimer aux condi-
tions de l'acte respiratoire et dont l'étude présente un haut intérêt.
M. J. Tissot s'est borné à étudier celles qui tiennent à la valeur de la pres-
sion de l'air dans lequel cet acte s'accomplit. Il a voulu voir comment
l'organisme s'adapte à ces conditions, en instituant deux séries d'expé-
riences, savoir :
A. Des expériences dans lesquelles le sujet, au repos, respire : i'' dans
l'air à la pression ordinaire; 2° dans l'air raréfié des hautes altitudes
atteintes par ascension en ballon; 3*^ dans l'air raréfié d'une enceinte fer-
mée où une pompe aspirante fait de la décompression.
B. Des expériences absolument symétriques aux précédentes, mais
portant sur le sujet soumis à un travail musculaire d'une certaine activité.
Les expériences de M. J. Tissot ont été exécutées avec un soin tout par-
ticulier soit sur lui-même, soit sur des aides ou assistants. Il serait oiseux
de rappeler toutes les garanties de succès dont il a dû s'entourer. Bornons-
nous à indiquer très brièvement les résultats obtenus, tant dans les expé-
riences en ballon jusqu'à l'altitude de /j3oo™ que dans les expériences en
enceinte fermée, où la dépression atteinte correspondait à l'altitude
de 35oo™.
A. Chez le sujet au repos.
1° Le débit respiratoire, c'est-à-dire le volume d'air expiré, mesuré à la
température et à la pression actuelles, paraît subir une légère diminution
au début de l'ascension ou de la décompression. Puis la valeur de ce débit
se maintient presque sans changement jusqu'au bout.
2** Mais, si l'on calcule ce débit en ramenant le volume de l'air à ce qu'il
serait à la température o°età la pression 760™™, on constate qu'il diminue
à peu près comme la pression barométrique elle-même.
3° Néanmoins, la valeur absolue des échanges respiratoires ne varie
pas. Elle ne subit que les légères oscillations que l'on rencontre d'ordi-
naire dans les expériences sur la respiration.
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. 123l
4** Cette fixité des échanges résulte d'une augmentation des altérations
subies par l'air dans le poumon. Les courbes de O- absorbé et de CO"
exhalé suivent, en effet, une marche inverse à celle du débit respiratoire
réel.
B. Chez le sujet qui travaille.
1° Les échanges respiratoires, pendant le travail musculaire, subissent
le même accroissement si le travail est identique, qu'il soit effectué en
ballon à de hautes altitudes, ou dans une enceinte à air raréfié, ou enfin
à la pression normale au niveau du sol.
2" Le travail entraîne donc un excès de dépense identique dans les trois
cas : pression atmosphérique ordinaire, dépression de 28*^"^ dans une
enceinte au niveau du sol, dépression existant à l'altitude de 4300*".
Ce sont là des faits dont la précision ne laisse rien à désirer. M. J. Tissot
a exécuté le premier les expériences en ballon qui ont permis l'acquisition
de ces faits et des conclusions qui en découlent.
La Commission lui décerne le prix Pourat.
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées par l'Académie.
PRIX MARTIN-DAMOURETTE.
(Commissaires : MM. Bouchard, d'Arsonval, Guyon, Laveran;
Marey, rapporteur.)
M. H. Bloxdel de JoiGNY, Médecin aide-major de i'^ classe, envoie
deux travaux au Concours :
1° Un Mémoire imprimé sous ce titre : « Pathogénie et prophylaxie de
la Myopie m. C'est un travail d'érudition où les théories les plus contradic-
toires sur la nature de cette affection sont exposées. Il semble que l'auteur
se soit complu à montrer combien les avis sont partagés sur cette question
et combien il est nécessaire de trouver une théorie nouvelle mieux en
accord avec les expériences des physiologistes et les observations des pra-
ticiens. C'est en effet ce qu'il fera dans un second Mémoire dont nous
allons parler. Toutefois le travail imprimé de M. de Joigny se termine par
un remarquable Chapitre sur l'emploi des « verres sphériques prisma-
tiques » dans le traitement de la myopie.
On sent que l'auteur possède à fond les questions physiques de l'emploi
des verres correcteurs de la myopie; ceux dont il préconise l'emploi ont le
Ï232 ACADÉMIE DES SCIENCES.
double effet de supprimer les efforts d'accommodation et ceux de conver-
gence.
2"^ Le Mémoire manuscrit de M. de Joigny a pour titre : « Hypothèse
nouvelle sur le mécanisme de l'accommodation cristallinienne ». Dans ce
travail, tout à fait original, l'auteur expose les théories régnantes sur
le mécanisme de l'accommodation rétinienne; il prouve que nulle de
ces théories ne satisfait à toutes les conditions du problème et n'explique
les faits physiologiques et chimiques si nombreux dans la bibliographie
spéciale.
Par d'ingénieuses expériences il montre que des efforts de traction
exercés sur la zonule peuvent, suivant qu'ils sont faibles ou forts, rendre
le cristallin plus épais et moins convexe, ou plus mince et plus convexe.
Résultat paradoxal en apparence, mais qu'il explique très bien par la com-
pressibilité moindre du noyau cristallinien.
Des études d'anatomie humaine et comparée l'auteur arrive à cette con-
clusion que deux appareils distincts président à l'accommodation : la zonule
agissant comme un spliyncter, animée par le nerf grand sympathique, et le
muscle ciliaire rayonné, qui par les nerfs ciliaires dépend du moteur ocu-
laire commun.
Ces deux forces antagonistes expliquent pour l'auteur tous les faits d'ac-
commodation augmentée ou diminuée, et pour lui cette théorie s'accorde
avec les circonstances connues où les excitations survenues, l'action des
médicaments ou les conditions pathologiques modifient l'accommodation
dans un sens ou dans l'autre.
Dans une question aussi complexe et sur laquelle s'est exercée la saga-
cité d'illustres savants, il serait périlleux de prendre parti pour la théorie
de M. de Joigny et de la considérer comme établie. Mais il est incontes-
table qu'elle est déduite avec une grande sagacité des faits connus et des
expériences très ingénieuses de l'auteur, et votre rapporteur pense que le
travail de M. de Joigny peut être récompensé par le prix Martin-Damou-
rette, en invitant l'auteur à chercher dans l'expérimentation un nouveau
renfort de preuves à l'appui de son ingénieuse théorie.
La Commission accorde le prix à M. H. Bloxdel de Joigny.
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées par l'Académie.
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902,
1233
PRIX GENERAUX.
MEDAILLE LAVOISIER.
L'Académie décide d^attribuer la médaille Lavoisier à M. S. Caxnizzaro,
professeur de Chimie à Rome, pour l'ensemble des belles recherches qu'il
a publiées depuis un demi-siècle.
MÉDAILLE BERTHELOT (').
(M. Darboux, rapporteur.)
La Médaille Berthelot est décernée à :
M. RosExsTiEHL (pHx Jeckcr) : Travaux de Chimie organique;
M. Adolphe Mixet (prix Saintour) ; Recherches sur l'aluminium;
M. le D'" A. Clerc (prix Mège) : Recherches sur les sérums;
M. le D'" Imbeaux (prix Bréant) : Études sur les eaux potables;
M. le D'" F. Bordas (prix Montyon) : Etude sur le lait employé dans
l'alimentation des enfants;
M. DisLÈRE (mention Montyon) : Étude sur les produits coloniaux et
la colonisation;
M. le D'' Peyroux (mention Montyon) : Études sur le lait;
M. L. Grmibert (prix Barbier) : Études de Chimie biologique;
M"* Curie (prix Gegner) : Recherches sur le radium ;
M. Grigxard (prix Cahours);
M. Fosse (prix Cahours);
M. 31arquis (prix Cahours) ;
L'Académie approuve ces propositions.
(') L'Académie, dans sa séance du 3 novembre 190?., a décidé la fondation de celte
Médaille.
Chaque année, sur la proposition de son Bureau, l'Académie décernera un certain
nombre de « Médailles Berthelot » aux savants qui auront obtenu cette année-là des
prix de Chimie ou de Physique; à chaque Médaille sera joint un exemplaire de
l'Ouvrage intitulée La synthèse chimique.
C. R., 1902, 2* Semestre. (T. CXXXV, N° 25.) 161
I23/i ACADÉMIE DES SCIENCES.
PRIX MONTYON (ARTS INSALUBRES).
(Commissaires : MM. Schlœsing, Moissan, Gautier, Haller;
Troost, rapporteur.)
La Commission a attribué le prix à M. Claude Boucher.
Rapport sur les procèdes de fabrication mécanique des bouteilles,
de M. Claude Boucher; par M. Troost.
La fabrication des bouteilles était, jusque dans ces dernières années,
considérée comme une des industries les plus meurtrières. Lorsqu'on visi-
tait une verrerie à bouteilles, on était frappé par l'agglomération d'ouvriers
souffleurs, grands garçons et cueilleurs, entassés sur la plate-forme de
travail, à côté du four de fusion, dans une atmosphère suffocante. Ils
avaient à peine l'espace pour se mouvoir.
Les ouvriers chargés de la confection des bouteilles étaient soumis à un
véritable surmenage, dû non seulement à la grande rapidité avec laquelle
les bouteilles doivent être façonnées, à la fatigue du soufflage, et au
poids du verre, auquel s'ajoutait celui de la canne maniée d'une manière
continue, mais aussi aux conditions dans lesquelles ils travaillaient, obligés
de se tenir en permanence à proximité du four contenant le verre en
fusion, dont le rayonnement leur causait à la longue une grave affection
de la vue.
Il en résultait que, dans les fabriques de bouteilles, les ouvriers ne pou-
A^aient exercer leur profession que jusqu'à un âge peu avancé.
A 45 ans, la plupart se trouvaient usés et incapables de continuer le
travail.
Le recrutement de cette catégorie d'ouvriers était de plus en plus
difficile.
Frappés de ces inconvénients, un grand nombre d'inventeurs se sont
ingéniés à trouver des procédés permettant de remédier à ce qu'a d'épui-
sant ce travail de la préparation et du soufflage de la bouteille.
Mais les procédés mécaniques imaginés pour éviter aux ouvriers la
fatigue du soufflage à la bouche, et les dangers des graves maladies conta-
gieuses auxquelles il expose, ne dispensaient pas d'un long apprentissage,
pouvant durer -7 à 8 ans; ils exigeaient toujours une habileté manuelle
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. 1235
s' exerçant dans des conditions particulièrement pénibles; aussi n'ont-ils
qu'imparfaitement répondu au but qu'on se proposait d'atteindre.
Il en a été de même de nombreuses inventions destinées à substituer com-
plètement les moyens mécaniques au travail manuel.
Le problème a été pour la première fois résolu, d'une manière com-
plète, par M. Claude Boucher, maître verrier à Cognac (Charente).
Il avait commencé à travailler, à l'âge de 10 ans, dans une verrerie;
mettant à profit les observations journalières qu'il avait pu faire dans sa
longue pratique, il a cherché très judicieusement, et c'est là une des causes
de son succès, à se rapprocher le plus possible, par les dispositions méca-
niques qu'il adoptait, de la succession des opérations manuelles par les-
quelles l'ouvrier façonnait jusqu'alors les bouteilles.
A la suite de 5 années d'essais et de tâtonnements, il est parvenu à
créer une machine de construction simple et robuste, avec laquelle les
ouvriers arrivent, au bout de quelques jours, à être capables de fabriquer
les bouteilles, les carafes, les flacons et bocaux les plus divers.
M. Boucher a réalisé ainsi la suppression du long apprentissage, jus-
que-là indispensable.
De plus, les manipulations pénibles et dangereuses ont été supprimées.
L'ouvrier chargé de puiser le verre n'a plus maintenant une lourde canne,
mais une simple tige de fer très légère; il ne demeure plus pendant de
longues heures dans le voisinage immédiat du four, il va porter à la
machine le verre qu'il a cueilli, et l'y laisse couler dans un moule mesureur
préalablement porté à une température convenable.
Le mouleur, assis devant sa machine éloignée du four, n'est ni fatigué
par une atmosphère surchauffée, ni exposé à perdre la vue par la réver-
bération du verre en fusion. Après avoir coupé le verre qui dépasse le
moule mesureur, il n'a plus qu'à agir sur des pédales ou des manivelles,
pour la manœuvre des différents moules où passe successivement la matière,
et pour le réglage de l'air comprimé qu'il emploie, sous deux pressions
différentes, suivant les phases de la fabrication de la bouteille.
L'ouvrier verrier, faisant dorénavant un travail beaucoup noins fatigant
que par le passé, pourra exercer sa profession jusqu'à un âge plus avancé.
Son salaire n'est d'ailleurs pas diminué grâce à ce que dans le même temps
on fabrique un plus grand nombre de bouteilles.
Le patron y trouve, de son côté, une sécurité plus grande pour l'organi-
sation de son travail, et, en particulier, au point de vue des grèves, par
suite de la suppression du long apprentissage.
12'66 ACADÉMIE DES SCIENCES.
La machine inventée j3ar M. Boucher fonctionne déjà industriellement
non seulement en France, mais en Belgique, en Espagne, en Italie et en
Amérique.
Des licences ont été concédées qui permettront son emploi prochain en
Angleterre, en Russie, en Hongrie et au Japon.
La Société d'encouragement pour l'Industrie nationale a consacré la
valeur de cette invention, au double point de vue de l'industrie et de
l'hygiène des ouvriers, en décernant une médaille d'or à son auteur.
Le Jury international de la Classe 78 de l'Exposition universelle de 1900,
« reconnaissant à l'unanimité que M. Claude Boucher a, le premier, résolu
le difficile problème de la fabrication mécanique des bouteilles, recon-
naissant également l'immense service rendu par cet inventeur à l'industrie
verrière et à l'hygiène des ouvriers verriers, lui a décerné un Grand Prix ».
Votre Commission est assurée d'entrer dans les vues du fondateur du
prix des Arts insalubres, en vous proposant de décerner le prix Montyon
à M. Claude Bouchek.
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées par l'Académie.
PRIX H. WILDE.
(Commissaires : MM. Berthelot, Maurice Levy, Marcel Bertrand, Fouqué;
Lœwy, rapporteur.)
Depuis les mémorables travaux de l'astronome milanais Scliiaparelli,
qui a montré la connexion intime qui existe entre les comètes et les étoiles
filantes, l'étude de tous les phénomènes se rattachant à ces deux caté-
gories d'astres nomades a acquis une importance de premier ordre pour
l'Astronomie moderne. Ces études, de nature très diverse, ont pour objet
de nous fournir des renseignements sur l'origine de ces corps célestes, sur
leur constitution intime, sur le rôle qui leur est assigné dans notre Univers,
sur l'influence qu'ils peuvent exercer sur notre globe terrestre, sur tous les
faits multiples et si curieux qui accompagnent leur marche à travers
l'espace. Ces derniers problèmes relatifs à leur mouvement ont un intérêt
tout spécial pour la philosophie naturelle.
Nous savons déjà que, lorsque à la suite de leurs conditions de genèse
les masses cométaires sont obligées de passer au voisinage du Soleil, les
forces répulsives et de toute autre nature qui émanent de ce foyer gigan-
SÉANCE DU '11 DÉCEMBRE 1902. 1287
tesque désagrègent ces matières, les séparent quelquefois en plusieurs
fragments distincts. On se trouve dès lors en présence de toute une famille
de comètes sorties d'un seul noyau cométaire.
Ces formations nouvelles, au début, circulent à peu près dans des trajec-
toires identiques autour de notre astre central, mais lorsque, dans leurs
révolutions successives, elles passent dans le voisinage d'une grosse pla-
nète, elles s'en trouvent inégalement attirées et déviées de leur trajectoire
primitive.
Les divers membres de la famille sont ainsi amenés à suivre des routes
tellement différentes, qu'il devient très difficile de reconnaître leur com-
munauté d'origine. C'est un problème des plus importants que de recon-
stituer l'histoire de ces corps célestes, d'établir leur parenté et d'assigner
les circonstances réelles de leur séparation.
L'étude de certaines comètes périodiques et des perturbations qu'elles
pourront subir s'impose encore à d'autres points de vue. Elle permet de
prévoir avec certitude les pluies exceptionnelles de météores en vertu de
la corrélation qui existe entre ces essaims et les comètes. Tous ces astres
sont sujets à se rapprocher très notablement de l'une ou de l'autre des
grosses planètes de notre système, et les perturbations intenses qu'ils
éprouvent en pareil cas fournissent un moyen précis pour évaluer la masse
de l'astre troublant; d'autre part, des anomalies que l'expérience révèle
et qui ne s'expliquent pas par l'action d'une grosse planète, fournissent la
démonstration de l'existence soit d'un milieu résistant, soit d'essaims de
corpuscules répandus dans l'espace et trop ténus pour pouvoir être aperçus
dans nos plus puissants instruments.
M. ScHCLHOF s'est passionnément attaché à l'étude de ces belles ques-
tions; durant près de 3o années les comètes et les étoiles filantes ont
été l'objet de ses incessantes et fécondes recherches.
Pour reconstituer l'histoire de ces astres, toutes les vicissitudes qu'ils
ont subies durant des siècles, il faut à la fois être un érudit, posséder les
connaissances théoriques les plus élevées, déployer une sagacité particu-
lière et une grande énergie.
Aussi, à cause des immenses labeurs que ces études nécessitent, ne con-
naissons-nous actuellement que trois ou quatre comètes périodiques dont
la théorie se trouve dans un état d'avancement satisfaisant.
La Science est redevable, dans ce domaine, à M. Schulhof de nombreux
travaux de théorie et de calculs exécutés avec un très grand esprit de suite
et une puissante logique. Les efforts de M. Schulhof ont été surtout con-
1238 ACADÉMIE DES SCIENCES.
sacrés aux trois ordres de recherches suivants : reconnaître les comètes
dont les mouvements périodiques étaient ignorés; déterminer, à l'aide
d'une discussion approfondie des observations obtenues lors de la décou-
verte d'une comète, les éléments de son orbite avec une précision suffi-
sante pour permettre de retrouver l'astre dans ses apparitions ultérieures;
calculer, enfin, la masse de Jupiter, une des grandeurs fondamentales du
Système planétaire, au moyen des perturbations qu'il a provoquées dans le
mouvement d'une comète dans l'intervalle de plusieurs révolutions.
En ce qui concerne la première série de problèmes, M. Schulhof a
calculé les éléments définitifs de 7 ou 8 comètes, et il a eu la bonne for-
tune de reconnaître la courte durée de révolution de la comète i858 III.
Il a, de plus, déterminé les orbites de tous les astres nouvellement
découverts qui lui paraissaient, par certains indices, devoir être elli])tiques.
Il a mis ainsi hors de doute, d'une manière indépendante des conclu-
sions publiées par d'autres astronomes, le caractère elliptique des éléments
des 7 comètes suivantes : Tempel 1878 II, Denning 1881 V, Barnard
1892 V, Holmes 1892 III, Denning 1894 I, E. Swift 1894 IV, et L. Swift
1895 II.
Les efforts relatifs à la seconde catégorie des recherches ont été égale-
ment couronnés de succès. Grâce à ses travaux, on a pu retrouver à leur
retour les comètes Tempel 1878 II, Finley t886 VII et Pons 181 2. I^es
calculs relatifs à ce dernier astre ont été faits en commun avec M. Bossert.
Il convient d'insister particulièrement sur la théorie remarquable de
M. Schulhof, concernant la comète Tempel 1878 II, en cours de publica-
tion; on y trouve à la suite de longs et laborieux travaux, calculées avec
rigueur, les perturbations subies depuis 1873 par la comète de la part de
toutes les autres planètes. Cette étude a pour but d'obtenir une nouvelle
valeur delà masse de Jupiter, astre qui, après le Soleil, joue le plus grand
rôle dans notre monde planétaire.
Dans trois Mémoires, d'une valeur classique, M. Schulhof résume
d'après l'état actuel de la Science l'historique des étoiles filantes et des
comètes périodiques. Dans ces Ouvrages on rencontre les résultats de ses
recherches propres et des conclusions nouvelles sur les groupes de
comètes ayant une origine commune.
M. Schulhof a publié en outre une histoire très détaillée et très instruc-
tive de toutes les comètes en général qui ont paru depuis 1800, quelle que
soit la nature de leur mouvement autour du Soleil, ouvrage qui renferme
tout'ce que l'on sait à l'heure actuelle de ces corps célestes.
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE T902. 12.39
Pour témoigner sa haute estime pour le vaste ensemble de beaux tra-
vaux dont M. SciiULHOF a enrichi l'Astronomie, la Commission propose de
décerner à cet astronome le prix Wilde.
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées par l'Académie.
PRIX CAHOURS.
(Commissaires : MM. Moissan, Troost, Gautier, Haller, Berthelot.)
Le prix Cahours, pour l'année 1902, est partagé entre MM. Fosse,
Grigxard et Marquis.
PRIX TCHIHATCHEF.
(Commissaires : MM. Perrier, Bouquet de la Grye, de Lapparent,
Van Tieghem; Grandidier, rapporteur.)
Le D' SvEN Hedin a fait, dans l'Asie centrale, deux voyages qui comptent
parmi les plus difficiles et les plus dangereux qui aient été exécutés dans
ces régions, théâtre cependant de tant de hardies explorations. Dans le
premier, quia duré 3 années, du 23 février 1894 au 2 mars 1897, il a
parcouru les plateaux neigeux de Pamir, franchi les monts Alaï, tenté
l'ascension du Mous-tag-ata, le « Père des monts déglace », dont l'altitude
est de 7800™ et qu'il a gravi jusqu'à une hauteur de près de 6000™; se
lançant ensuite en plein inconnu, il a traversé la partie occidentale du
désert de Takla-Makane, « qui ressemble à une mer gelée, couverte d'im-
menses vagues », oii il n'y a nulle part de trace de vie, où il n'y a pas la
moindre eau et où des vents violents soulevaient des montagnes de sable
prêtes à ensevelir les voyageurs. Ce ne fut qu'après 25 jours de grandes
souffrances et de fatigues considérables que le D"" Sven Hedin est arrivé au
Rhotan-Darya, où il a enfin trouvé l'eau qui lui faisait complètement défaut
depuis 5 jours. Il avait perdu tous ses bagages, tous ses instruments, tous
ses chameaux et deux de ses compagnons; c'est à son énergie qu'il a du
d'échapper et de faire échapper son escorte à la plus terrible des morts.
Après quelques mois de repos à Racligar, il a exploré le sud-est du
Pamir et FHindou-Kouch et a suivi la route parcourue 600 ans auparavant
par Marco Polo. En 189G, il a traversé dans sa plus grande largeur le
désert qui s'étend à l'est du Takla-Makane et où il découvrit les ruines de
124o ACADÉMIE DES SCIENCES.
quelques villes que les sables, qui ne cessent de s'avancer vers le Sud-
Ouest sous la poussée continue des vents, ont enfouies dans les premiers
siècles de l'ère chrétienne; ce voyage, dur et pénible, a duré 4 mois et
demi. Ses études, fort importantes au point de vue géographique, ont
porté principalement sur le cours du Kerya-Darya, qui finit par se perdre
dans les sables, sur le bassin du Tarim et sur le Lop-Nor. Il s'est rendu à
Pékin en traversant de l'Ouest à l'Est, dans le Tibet septentrional et dans
la Chine, une contrée en grande partie inconnue.
Le second voyage du D"" Sven Hedin a, comme le premier, duré 3 ans,
du i8 septembre 1899 au j4 mai 1902, et a aussi été exécuté dans le Tibet.
Il a commencé par relever avec beaucoup de soin et en grand détail le
cours du Yarkand-Darya, puis il a traversé l'extrémité orientale du désert
de Takla-Makane, dont il avait, en avril 1895, exploré la partie orientale
au milieu de souffrances inouïes, et il a étudié à nouveau le bassin du
Tarim, le grand fleuve du Turkestan chinois, et exécuté un nivellement
de précision entre l'ancien Lop-Nor, qui est aujourd'hui desséché, et le
Kara-Rochun. Il a ensuite exploré le nord-est du Tibet, traversant des
régions absolument désertes et inconnues où il a fait d'importantes
découvertes géographiques, et il s'est acheminé vers Lhassa, déguisé en
Mongol; après 9 jours de marche, il a été arrêté par un corps armé de
Tibétains qui l'ont contraint à battre en retraite. Une seconde tentative
ne réussit pas davantage, et il dut se résigner à gagner le Ladak; le 20 dé-
cembre 1901, à bout de forces et de ressources, ayant perdu presque
toute sa caravane, il a atteint Leh, d'où il est allé à Kachgar, fermant le
polygone de ses itinéraires.
Les levés que le D^ Sven Hedin a exécutés pendant ce second voyage
remplissent 1149 feuilles, représentant un itinéraire de plus de loooo**"",
dont les neuf dixièmes en pays inconnu ; ils s'appuient sur 1 1 4 points déter-
minés astronomiquement. Ses études sur le Tarim et les causes des varia-
tions annuelles de son débit, sur les déserts du centre de l'Asie, sur les
déplacements du Lop-Nor, etc., présentent aussi un grand intérêt pour la
Géographie. Ses observations météorologiques embrassent une période
beaucoup plus longue que toutes celles faites précédemment dans ces
régions. Le D'" Sven Hedin a, en outre, rapporté de ses voyages quelques
collections zoologiques et botaniques et surtout une série nombreuse
d'échantillons géologiques précieux pour la connaissance de la constitution
du sol du Tibet.
Ce court et très incomplet résumé des belles et difficiles explorations
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. I24l
du D'" Sven Hedin dans l'Asie centrale suffit pour montrer tout l'intérêt
scientifique qui s'y attache, et l'Académie ne peut qu'approuver l'attribution
que la Commission, à l'unanimité, a faite au D^" Svex Medix du prix fondé
par M. de Tchihatchef.
L'Académie adopte les conclusions de ce Rapport.
PRIX DELALANDE-GUERINEAU.
(Commissaires : MM. Grandidier, Gaudry, Bouquet de la Grye,
Perrier; Bassot, rapporteur.)
La Commission décerne le prix à M. Gonxessiat, astronome français,
Directeur de l'observatoire de Quito, pour sa collaboration à l'œuvre entre-
prise par la Mission géodésique de l'Equateur, dans les opérations astro-
nomiques relatives à la mesure d'un arc de méridien dont cette Mission
est chargée.
Cette proposition est adoptée par l'Académie.
PRIX JEROME PONTL
(Commissaires : MM. Berthelot, Darboux, Maurice Levy,
Bouquet de la Grye; Albert Gaudry, rapporteur.)
M. André Tourxouër est actuellement en Patagonie, entreprenant |)our
la quatrième fois des explorations paléontologiques. MM. Ameg^hino,
IMorenoet d'autres savants de la République argentine ont découvert dans le
sud et le centre de la Patagonie d'admirables gisements de fossiles tertiaires.
La France n'en possédait jusqu'à présent aucun débris. M. AndréToin-nouër,
qui a séjourné dans la République argentine, a voulu que notre pays eût
sa part des richesses scientifiques cachées dans les terrains de la Patagonie,
et il s'est livré à ses frais, avec de grandes fatigues, à des reclierches qui
ont eu les plus heureux résultats. Pour ses derniers voyages, il a rrçu une
Mission du Ministère de l'Instruction publique et du Muséum d'Histoire
naturelle. Il a tour à tour fouillé à Coli Huapi, au Monte-Leone, sur les
bords du Rio Coyle et enfin au Deseado.
Les bêtes fossiles de Patagonie sont si étonnantes par leur physionomie
G. R., 1902, 2» Semestre. (T. CXXXV, N» 25.) 1^2
I2^[2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
particulière que l'on commence à se demander s'il n'y aurait pas eu un
vaste continent austral sur lequel la marche de la vie aurait été différente
de ce qu'elle a été dans l'hémisphère boréal. Les Mammifèresnerenlrentpas
dans nos classifications. Par exemple, les zoologisLes avaient rangé les
Mammifères en Marsupiaux et en Placentaires; mais nous ne pouvons plus,
avec les liorhyœna et les Prothylacynus de Patagonie, dire où les Marsu-
piaux finissent, où les Placentaires commcDceiit. On avait partagé les Pla-
centaires terrestres en Onguiculés et en Ongulés, eux-mêmes séparés en
Paridigités et Imparidigités; or Nesodon de Patagonie par ses dents se rat-
tache aux Imparidigités, par ses jambes ressemble aux Paridigités, par ses
avant-bras rappelle les Lions. Parmi les Onguiculés, on avait réuni sous le
nom d'Edentés ceux qui n'ont pas de dents en avant, et voici que Peltephiliis
de Patagonie a une rangée de dents ininterrompue en avant de sa mâ-
choire supérieure comme de sa mâchoire inférieure. Le fameux Pyro-
therium, d'après ce que nous en connaissons, ne s'intercale pas dans nos
classifications; bien qu'il ait certaines apparences des Proboscidiens, des
Pachydermes, des Marsurpiaiix, nous ne savons dans quel ordre le placer.
Ainsi la paléontologie de la Patagonie soulève de curieuses questions.
M. TouRxouER nous aide à les aborder. Votre Commission, à l'unanimité,
a pensé qu'un si courageux et si désintéressé explorateur mérite de rece-
voir le prix Jérôme Ponti.
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées par l'Académie.
PRIX HOULLEVIGUE.
Commissaires : MM. Berthelot, Darboux, Bouquet de la Grye, Sarrau ;
Mascart, rapporteur.)
Le prix est décerné à M. Teisserexc de Bort, pour ses recherches sur
l'état de l'atmosphère aux grandes altitudes au moyen des cerfs-volants et
des ballons-sondes.
PRIX SAINTOUR.
(Commissaires : MM. Berthelot, Poincaré, Gaudry, Lippmann;
Darboux, rapporteur.)
Le prix est partagé entre M. Riquier, pour ses travaux sur l'intégration
des systèmes d'équations aux dérivées partielles, et M. Adolphe Mixet,
pour ses recherches sur la préparation électrolytique de l'aluminium.
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE I902. 12^|3
PRIX GEGNER.
(Commissaires : MM. Berthelot, Bassot, Michel I^évy ;
Mascart, rapporteur.)
La Commission décerne le prix à M™® Curie, pour la continuation de
ses recherches sur les corps radio-actifs.
L'Académie adopte les conclusions de ce Rapport.
PRIX TRÉMONT.
(Commissaires : MM. Brouardel, Lannelongue, Berthelot, Maurice Levy;
Mascart, rapporteur.)
Le prix est décerné à M. Frémoxt.
PRIX FONDÉ PAR M'"^ la Marquise DE LAPLACE.
Une Ordonnance royale a autorisé l'Académie des Sciences à accepter
la donation, qui lui a été faite par M™* la Marquise de Laplace, d'une rente
pour la fondation à perpétuité d'un prix consistant dans la collection com-
plète des Ouvrages de Laplace, qui devra être décerné chaque année au
premier élève sortant de l'Ecole Polytechnique.
Le Président remet les cinq Volumes de \!a. Mécanique céleste , V Exposition
du Système du monde et le Traité des Probabilités à M. Aurrux, entré, en
qualité d'Élève Ingénieur, à l'École nationale des Mines.
PRIX FONDÉ PAR M. FÉLIX RIVOT.
Conformément aux termes de la donation, le prix Félix Rivot est décerné
à MM. AuBRUN et IXiewenglowski, entrés les deux premiers en qualité
d'Élèves Ingénieurs à l'École nationale des Mines; et à MM. Barrillox
et Bêisézit, entrés les deux premiers au même titre à l'École nationale
des Ponts et Chaussées.
1244 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PROGRAMME DES PRIX PROPOSÉS
POUR LES ANNÉES 1903, 1904, 1905 ET 1906.
GEOMETRIE.
PRIX FRANCOEUR (tooo'»).
Ce prix annuel ser^i décerné à l'auteur de découvertes ou de travaux
utiles au progrès des Sciences mathématiques pures et appliquées.
PRIX PONCELET (2000'').
Ce prix annuel, fondé par M"^^ Poncelel, est destiné à récompenser
l'Ouvrage le plus utile aux progrès des Sciences mathématiques pures ou
appliquées, publié dans le cours des dix années qui auront précédé le
jugement de l'Académie.
Une donation spéciale de M°^^ Poncelet permet à l'Académie d'ajouter
au prix qu'elle a primitivement fondé un exemplaire des OEuvres complètes
du Général Poncelet.
GRAND PRIX DES SCIENCES MATHEMATIQUES.
(Prix du Budget : Sooo^"'. )
L'Académie a mis au concours, pour le grand prix des Sciences mathé-
matiques de 1904, la question suivante :
Perfectionner, en quelque point important, F étude de la convergence des
fractions continues algébriques.
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. 1245
PRIX BORDIN (3ooo'0.
L'Académie a mis de nouveau au Concours, pour le prix Bordin de 1904,
la question suivante :
Développer et perfectionner la théorie des surfaces applicables sur le para-
boloide de révolution .
PRIX VAILLANT (4 000*').
L'Académie a décidé que le prix fondé par M. le Maréchal Vaillant
serait décerné tous les deux ans. Elle a mis au concours, pour l'année 1904,
la question suivante :
Déterminer et étudier tous les déplacements d' une figure invariable dans les-
quels les différents points de la figure décrivent des courbes sphériques.
MECAIVIQUE
PRIX EXTRAORDINAIRE DE SIX MILLE FRANCS,
DESTINÉ A RÉCOMPENSER TOUT PROGRÈS DE NATURE A ACCROITRE l'eFFICACITÉ
DE NOS FORCES NAVALES.
L'Académie décernera ce prix, s'il y a lieu, dans la prochaine séance
publique annuelle.
PRIX MONTYON (MÉCANIQUE) (700^').
Ce prix annuel est fondé en faveur de « celui qui, au jugement de l'Aca-
» demie des Sciences, s'en sera rendu le plus digne, en inventant ou en
)) perfectionnant des instruments utiles aux progrès de l'Agriculture, des
M Arts mécaniques ou des Sciences >) .
1246 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PRIX PLUMEY (2 5oo").
Ce prix annuel est destiné à récompenser « l'auteur du perfectionne-
» ment des machines à vapeur ou de toute autre invention qui aura le
» plus contribué au progrès de la navigation à vapeur ».
PRIX FOURNEYRON (looo").
L'Académie rappelle qu'elle a mis de nouveau au concours pour sujet
du prix Fourneyron, qu'elle décernera, s'il y a lieu, dans sa séance pu-
blique de 1903, la question suivante :
Etude théorique ou expérimentale des turbines à vapeur.
ASTRONOMIE.
PRIX PIERRE GUZMAN (100000^»).
jy/jme yeuve Guzman a légué à l'Académie des Sciences une somme de
cent mille francs pour la fondation d'un prix qui portera le nom de prix
Pierre Guzman, en souvenir de son fds, et sera décerné à celui qui aura
trouvé le moyen de communiquer avec un astre autre que la planète
Mars.
Prévoyant que le prix de cent mille francs ne serait pas décerné tout de
suite, la fondatrice a voulu, jusqu'à ce que ce prix fût gagné, que les inté-
rêts du capital, cumulés pendant cinq années, formassent un prix, toujours
sous le nom de Pierre Guzman, qui serait décerné à un savant français, ou
étranger, qui aurait fait faire un progrès important à l'Astronomie.
he prix quinquennal, représenté parles intérêts du capital, sera décerné,
s'il y a lieu, pour la première fois en igoS.
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. 1 247
PRIX LALANDE (54o").
Ce prix doit être attribué annuellement à la personne qui, en France ou
ailleurs, aura fait l'observation la plus intéressante, le Mémoire ou le
travail le plus utile aux progrès de l'Astronomie.
PRIX YALZ (46o'^').
Ce prix annuel est décerné à l'auteur de l'observation astronomique la
plus intéressante qui aura été faite dans le courant de l'année.
PRIX G. DE PONTÉCOULATST (700").
Ce prix biennal, destiné à encourager les recherches de Mécanique
céleste, sera décerné pour la première fois dans la séance publique
annuelle de 1903.
PRIX JANSSEN.
Ce prix biennal, qui consiste en une médaille d'or destinée à récom-
penser la découverte ou le travail faisant faire un progrès important à
l'Astronomie physique, sera décerné en 1904.
M. Janssen, dont la carrière a été presque entièrement consacrée aux
progrès de l'Astronomie physique, considérant que cette science n'a pas
à l'Académie de prix qui lui soit spécialement affecté, a voulu combler
cette lacune.
PRIX DAMOISEAU (aooo"^"^).
Ce prix est triennal.
'I/Académie a mis au concours, pour l'année 1905, la question suivante :
Il existe une dizaine dé comètes dont l'orbite, pendant la période de visibi-
lité, s'est montrée de nature hyperbolique. Rechercher, en remontant dans le
passé et tenant compte des perturbations des planètes, s'il en était ainsi avant
l'arrivée de ces comètes dans le système solaire.
1248 ACADÉMIE DES SCIENCES.
GEOGRAPHIE ET MAYÎGATÏON.
PRIX BINOUX (2000").
Ce prix annuel est atlribué alternativement à des recherches sur la
Géographie ou la Navigation et à des recherches sur V Histoire des Sciences.
Ce prix sera décerné, en 1904, à l'auteur de travaux sur la Géographie
ou la Navigation.
PHYSIQUE.
PRIX HÉBERT (1000^^).
Ce prix annuel est destiné à récompenser l'auteur du meilleur Traité ou
de la plus utile découverte pour la vulgarisation et l'emploi pratique de
l'Électricité.
PRIX HUGHES (2500'^'^).
Ce prix annuel, dû à la libéralité du physicien Hughes, sera décerné
pour la première fois dans la séance publique de 1903. Il est destiné à
récompenser l'auteur d'une découverte ou de travaux qui auront le plus
contribué au progrès de la Physique.
PRIX GASTON PLANTÉ (SgooI^^.
Ce prix biennal est attribué, d'après le jugement de l'Académie, à
l'auteur français d'une découverte, d'une invention ou d'un travail im-
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. 12/19
portant dans le domaine de rÉlectricité. L'Académie décernera ce prix,
s'il y a lieu, dans sa séance annuelle de igoS.
PRIX KASTNER-BOURSAULT (2000*').
Ce prix triennal sera décerné, s'il y a lieu, en 1904, à l'auteur du
meilleur travail sur les applications diverses de l'Électricité dans les Arts,
l'Industrie et le Commerce.
PRIX L. LA CAZE (ioogo^O.
M. Louis La Caze a légué à l'Académie des Sciences trois rentes de cinq
mille francs chacune, dont il a réglé l'emploi de la manière suivante :
« Dans l'intime persuasion où je suis que la Médecine n'avancera réel-
lement qu'autant qu'on saura la Physiologie, je laisse cinq mille francs
de rente perpétuelle à f Académie des Sciences, en priant ce corps savant
de vouloir bien distribuer de deux ans en deux ans, à dater de mon
décès, un prix de dix mille francs (10000 fr.) à l'auteur de l'Ouvrage
qui aura le plus contribué aux progrès de la Physiologie. Les étrangers
pourront concourir
)) Je confirme toutes les dispositions qui précèdent; mais, outre la
somme de cinq mille francs de rente perpétuelle que j'ai laissée à V Aca-
démie des Sciences de Paris pour fonder un prix de Physiologie, que je
maintiens ainsi qu'il est dit ci-dessus, je laisse encore à la même Acadé-
mie des Sciences deux sommes de cinq mille francs de rente perpétuelle,
libres de tous frais d'enregistrement ou autres, destinées à fonder deux
autres prix, l'un pour le meilleur travail sur la Physique, l'autre pour
le meilleur travail sur la Chimie. Ces deux prix seront, comme celui de
Physiologie, distribués tous les deux ans, à perpétuité, à dater de mon
décès, et seront aussi de dix mille francs chacun. Les étrangers pourront
concourir. Ces sommes ne seront pas partageables et seront données en
totalité aux auteurs qui en auront été jugés dignes. Je provoque ainsi,
par la fondation assez importante de ces trois prix, en Europe et peut-
être ailleurs, une série continue de recherches sur les Sciences naturelles,
qui sont la base la moins équivoque de tout savoir humain; et, en
même temps, je pense que le jugement et la distribution de ces récom-
C. R, 1903, a» Semestre. (T. CXXXV, N« 25.) l63
I25o ACADÉMIE DES SCIENCES.
» penses par V Académie des Sciences de Paris sera un titre de plus, pour
» ce corps illustre, au respect et à l'estime dont il jouit dans le monde
» entier. Si ces prix ne sont pas obtenus par des Français, au moins ils
» seront distribués par des Français, et par le premier corps savant de
» France. »
L'Académie décernera, dans sa séance publique de l'année igoS, deux
prix de dix mille francs chacun aux Ouvra^^es ou Mémoires qui auront le
plus contribué aux progrès de la Physiologie et de la Chimie.
L'Académie décernera le prix relatif à la Physique dans sa séance
publique de l'année igoS.
STATISTIQUE.
PRIX MONTYON (Soo*'^).
L'Académie annonce que, parmi les Ouvrages qui auront pour objet une
ou plusieurs questions relatives à la Statistique de la France, celui qui, à son
jugement, contiendra les recherches les plus utiles, sera couronné dans la
prochaine séance publique. Elle considère comme admis à ce concours
annuel les Mémoires envoyés en manuscrit, et ceux qui, ayant été imprimés
et publiés, arrivent à sa connaissance.
CHIMIE.
PRIX JECRER (loooo'^r).
Ce prix annuel est destiné à récompenser les travaux les plus propres
à hâter les progrès de la Chimie organique.
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. I25l
PRIX L. LA GAZE (10 000'').
Voir page 1249.
MINERALOGIE ET GEOLOGIE
PRIX DELESSE (i4oof>).
jYjme yve Dgigssg 3 fj^jj- j^Iqj^ ^ l'Académie d'une somme de vingt mille francs,
destinée par elle à la fondation d'un prix qui sera décerné tous les deux
ans, s'il y a lieu, à l'auteur, français ou étranger, d'un travail concernant
les Sciences géologiques, ou, à défaut, d'un travail concernant les Sciences
minéralogiques.
Le prix Delesse sera décerné dans la séance publique de l'année igoS.
PRIX FONTANNES (2000^'').
Ce prix triennal est attribué à V auteur de la meilleure publication palëon-
tologique. Il sera décerné, s'il y a lieu, dans la séance publique de igoS.
PRIX ALHUMBERT (1000^^).
L'Académie a mis au concours, pour sujet de ce prix quinquennal à
décerner en 1905, la question suivante :
Etude sur rage des dernières éruptions volcaniques de la France.
1252 ACADÉMIE DES SCIENCES.
GEOGRAPHIE PHYSIQUE.
PRIX GAY (2 5oof^).
L'Académie rappelle que le prix Gay, qu'elle doit décerner dans sa
séance publique de l'année igoS, sera attribué à l'auteur d'un travail
ayant pour but la détermination, aussi précise que possible, d'une série de
positions géographiques dans une colonie française .
PRIX GAY (i 500^0.
L'Académie a mis au concours pour sujet du prix Gay, qu'elle doit
décerner dans sa séance publique de l'année 1904, la question suivante :
Etudier les variations actuelles du niveau relatif de la terre ferme et de la
mer, à l'aide d' observations précises, poursuivies sur une portion déterminée
des côtes de l'Europe ou de l' Amérique du Nord.
F^OTANIQUE.
GRAND PRIX DES SCIENCES PHYSIQUES.
(Prix du Budget : 3ooo^''.)
L'Académie rappelle qu'elle a mis au concours, pour l'année igoS, la
question suivante :
Rechercher et démontrer les divers modes de formation et de développement
de r œuf chez les Ascomycétes et les B asidiomj cèles .
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. 1253
PRIX BORDIN (3 000'''-).
L'Académie rappelle qu'elle a mis^au concours, pour l'année igoS, la
question suivante :
Démontrer, s'il y a lieu, par l'étude de types nombreux et variés, la géné-
ralité du phénomène de la double fécondation, ou digamie, c'est-à-dire de
la formation simultanée d'un œuf et d'un trophime, chez les An gios pennes .
PRIX DESMAZIÈRES (iGoo").
Ce prix annuel e?X SiXXr'ihné « à \'ix\i\.e\iv, français ou étranger, du meil-
» leur ou du plus utile écrit, publié dans le courant de l'année précédente,
» sur tout ou partie de la Cryptogamie ».
PRIX MONTAGNE (iSoof»-).
Par testament en date du 11 octobre 1862, M. Jean-François-Camille
Montagne, Membre de l'Institut, a légué à l'Académie des Sciences la tota-
lité de ses biens, à charge par elle de distribuer chaque année, sur les
arrérages de la fondation, un prix de iSoo^"" ou deux prix : l'un de looo*"'",
l'autre de Soo*^"", au choix de la Section de Botanique, aux auteurs de tra-
vaux importants ayant pour objet l'anatomie, la physiologie, le dévelop-
pement ou la description des Cryptogames inférieures (Thallophytes et
Muscinées).
Les concurrents devront être Français ou naturalisés Français.
PRIX THORE (200^').
Ce prix annuel est attribué alternativement aux travaux sur les Crypto-
games cellulaires d'Europe et aux recherches sur les mœurs ou l'ana-
tomie d'une espèce d'Insecte d'Europe. (Voir page i255.)
Ce prix sera décerné, s'il y a lieu, dans la séance annuelle de jgoS,
au meilleur travail sur les Cryptogames cellulaires d'Europe.
1254 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PRIX DE LA FONS-MÉLICOCQ (900^'),
Ce prix sera décerné « tous les trois ans au meilleur Ombrage de Botanique,
» manuscrit ou imprimé, sur le nord de la France, c'est-à-dire sur les
» départements du Nord, du Pas-de-Calais, des Ardennes, de la Somme, de
» V Oise et de r Aisne w.
Ce prix sera décerné, s'il y a lieu, dans la séance annuelle de 190^^.
ECOIVOMIE RURALE.
PRIX BIGOT DE MOROGUES (1700'^'^).
Ce prix décennal sera décerné, dans la séance annuelle de igoS, à l'Ou-
Tage qui aura fait faire le plus de progrès à l'Agriculture de France.
ANATOMIE ET ZOOLOGIE.
PRIX SAVIGNY, FONDÉ PAR M"** LETELLIER (iSgo^').
« Voulant, dit la testatrice, perpétuer, autant qu'il est en mon pouvoir
» de le faire, le souvenir d'un martyr de la science et de l'honneur, je
)) lègue à l'Institut de France, Académie des Sciences, Section de Zoologie,
» 7)ingt mille francs, au nom de Marie-Jules-César Le Lorgne de Savigny,
)) ancien Membre de l'Institut d'Egypte et de l'Institut de France, pour
» l'intérêt de cette somme de vingt mille francs être employé à aider les
» jeunes zoologistes voyageurs qui ne recevront pas de subvention du
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE I902. 1255
» Gouvernement et qui s'occuperont plus spécialement des animaux sans
» vertèbres de l'Egypte et de la Syrie. »
PRIX DA GAMA MACHADO (i2oo'>).
L'Académie décernera, tous les trois ans, le prix da Gama Machado aux
meilleurs Mémoires qu'elle aura reçus sur les parties colorées du système
té^umentaire des animaux ou sur la matière fécondante des êti"es animés.
Il sera décerné, s'il y a lieu, en iqoS.
PRIX THORE (200").
Voir page i253.
Ce prix alternatif sera décerné, s'il y a lieu, dans la séance annuelle
de 1904, au meilleur travail sur les mœurs et l'anatomie d'une espèce
d'Insectes d'Europe.
MÉDECINE ET CHIRURGIE.
PRIX MONTYON
(Trois prix de 2 5oo'^% trois mentions de i Soo'^'').
Conformément au testament de M. Auget de Montyon, il sera décerné,
tous les ans, un ou plusieurs prix aux auteurs des Ouvrages ou des décou-
vertes qui seront jugés les plus utiles à Vart de guérir.
L'Académie juge nécessaire de faire remarquer que les prix dont il
s'agit ont expressément pour objet des découvertes et inventions propres à
perfectionner la Médecine ou la Chirurgie.
Les pièces admises au Concours n'auront droit au prix qu'autant qu'elles
contiendront une découverte parfaitement déterminée.
1256 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Si la pièce a été produite par l'auteur, il devra indiquer la partie de son
travail où cette découverte se trouve exprimée; dans tous les cas, la Com-
mission chargée de l'examen du concours fera connaître que c'est à la dé-
couverte dont il s'agit que le prix est donné.
PRIX BARBIER (2000'"^).
Ce prix annuel est attribué à « l'auteur d'une découverte précieuse dans
» les Sciences chirurgicale, médicale, pharmaceutique, et dans la Botanique
» ayant rapport à l'art de guérir » .
PRIX BRÉANT (100000^').
M. Bréant a légué à l'Académie des Sciences une somme de cent mille
francs pour la fondation d'un prix à décerner « à celui qui aura trouvé
» le moyen de guérir du choléra asiatique ou qui aura découvert les causes
» de ce terrible fléau ».
Prévoyant que le prix de cent mille francs ne sera pas décerné tout de
suite, le fondateur a voulu, jusqu'à ce que ce prix fût gagné, que Vintérêt
du capital fût donné à la personne qui aura fait avancer la Science sur la
question du choléra ou de toute autre maladie épidémique, ou enfin que ce
prix pût être gagné par celui qui indiquera le moyen de guérir radicale-
ment les dartres ou ce qui les occasionne.
Les concurrents devront satisfaire aux conditions suivantes :
i** Pour remporter le prix de cent mille francs, il faudra : « Trouver une
» médication qui guérisse le choléra asiatique dans V immense majorité des cas » ;
Ou : « Indiquer d'une m.aniére incontestable les causes du choléra asiatique, de
» façon qu'en amenant la suppression de ces causes on fasse cesser l' épidémie » ;
Ou enfin : « Découvrir une prophylaxie certaine et aussi évidente que l'est,
» par exemple, celle de la vaccine pour la variole » .
2** Pour obtenir le prix annuel, représenté par l'intérêt du capital, il
faudra, par des procédés rigoureux, avoir démontré dans l'atmosphère
l'existence de matières pouvant jouer un rôle dans la production ou la
propagation des maladies épidémiques.
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. 10.5-]
Dans le cas où les conditions précédentes n'auraient pas été remplies, le
prix annuel pourra., aux termes du testament, être accordé à celui qui aura
trouvé le moyen de guérir radicalement les dartres, ou qui aura éclairé leur
étioloffie.
PRIX GODARD (ioog*"^).
Ce pria: annuel sera donné au meilleur Mémoire sur l'anatomie, la phy-
siologie et la pathologie des organes génito-urinaires. Aucun sujet de
prix ne sera proposé.
PRIX LALLEMAND (i 800^»^).
Ce prix annuel est destiné à « récompenser ou encourager les travaux
relatifs au système nerveux, dans la plus large acception des mots ».
PRIX DU BARON LARREY (750'^^).
Ce prix sera décerné annuellement à un médecin ou à un chirurgien
des armées de terre ou de mer pour le meilleur Ouvrage présenté à l'Aca-
démie et traitant un sujet de Médecine, de Chirurgie ou d'Hygiène mili-
taire.
PRIX BELLION, FONDÉ PAR M"« FOEHR (1400^0.
Ce pri.r annuel sera décerné aux savants « qui auront écrit des Ouvrages
» ou fait des découvertes surtout profitables à la santé de l'homme ou à l'amé-
» lioration de V espèce humaine ».
PRIX MÈGE (loooof').
Le D"* Jean-Baptiste Mège a légué à l'Académie « dix mille francs à donner
» en prix à V auteur qui aura continué et complété son Essai sur les causes qui
» ont retardé ou favorisé les progrès de la Médecine, depuis la plus haute anli-
» quité jusquà nos jours.
» L'Académie des Sciences pourra disposer en encouragements des inté-
» rets de cette somme jusqu'à ce qu'elle pense devoir décerner le prix. »
C. R., 190a, a* Semestre. (T. CXXXV, N" 25.) l64
1258 ACADÉMIE DES SCIENCES.
L'Académie des Sciences décernera le prix Mège, s'il y a lieu, dans sa
séance publique annuelle de iqoS.
PRIX CHAUSSIER (10000^^).
Ce prix sera décerné tous les quatre ans au meilleur Livre ou Mémoire
qui aura paru pendant ce temps, et fait avancer, soit la Médecine légale,
soit la Médecine pratique.
L'Académie décernera ce prix dans la séance annuelle de igoS, au meil-
leur Ouvrage paru dans les quatre années qui auront précédé son juge-
ment.
PRIX SERRES (7500^^).
Ce prix triennal « sur V Embryologie générale appliquée autant que possible
» à la Physiologie et à la Médecine » sera décerné en igoS par l'Académie
au meilleur Ouvrage qu'elle aura reçu sur cette importante question.
PRIX DUSGATE (2 5oo''').
Ce prix quinquennal serai décerné, s'il y a lieu, en 1903, à l'auteur du
meilleur Ouvrage sur les signes diagnostiques de la mort et sur les moyens
de prévenir les inhumations précipitées.
PHYSIOLOGIE.
PRIX MONTYON (750^^).
L'Académie décernera annuellement ce prix de Physiologie expérimen-
tale à l'Ouvrage, imprimé ou manuscrit, qui lui paraîtra répondre le mieux
aux vues du fondateur.
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. I sSq
PRIX PHILIPEAUX (900*^0-
Ce prix annuel de Physiologie expérimentale sera décerné dans la pro-
chaine séance publique.
PRIX L. LA GAZE (loooof-^).
Voir page 1249.
PRIX POURAT (1000'^^).
L'Académie rappelle qu'elle a mis au concours, pour Tannée 1903, la
question suivante :
Action des courants de haute fréquence sur les phénomènes de la vie.
PRIX POURAT (looo'O-
(Question proposée pour l'année 1904.)
Les phénomènes physiques et chimiques de la respiration aux grandes alti-
tudes.
PRIX MARTIN-DAMOURETTE (i4oo").
CQprix biennal sera décerné, s'il y a lieu, dans la séance publique an
nuelle de 1904.
HISTOIRE DES SCIENCES.
PRIX RINOUX (2000^»').
Ce prix alternatif sera décerné, en 1903, à l'auteur de travaux sur
'Histoire des Sciences.
Voir page 1248.
26o ACADÉMIE DES SCIENCES.
1>R1X GENERAUX.
MEDAILLE ARAGO.
L'Académie, dans sa séance du i4 novembre 1887, a décidé la fondation
d'une médaille d'or à l'effigie d'Arago.
Cette médaille sera décernée par l'Académie chaque fois qu'une décou-
verte, un travail ou un service rendu à la Science lui paraîtront dignes de
ce témoignage de haute estime.
MEDAILLE LAVOISÏER.
L'Académie, dans sa séance du 26 novembre 1900, a décidé la fonda-
tion d'une médaille d'or à l'effigie de Lavoisier.
Cette médaille sera décernée par l'Académie, aux époques que son
Bureau jugera opportunes et sur sa proposition, aux savants qui auront
rendu à la Chimie des services éminents, sans distinction de nationalité.
Dans le cas où les arrérages accumulés dépasseraient le revenu de deux
années, le surplus pouri ait être attribué, par la Commission administrative,
à des recherches ou à des publications originales relatives à la Chimie.
MEDAILLE BERTHELOT.
Chaque année, sur la proposition de son Bureau, l'Académie décernera
un certain nombre de « Médailles Berthelot » aux savants qui auront
obtenu, cette année-là, des prix de Chimie ou de Physique; à chaque
Médaille sera joint un exemplaire de l'Ouvrage intitulé : La Synthèse
chimique.
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902. 1261
PRIX MONTYON (ARTS INSALUBRES).
(Les prix sont de 2 Soo'^'" et les mentions de 1 5oo''^)
Il sera décerné chaque année un ou plusieurs prix aux auteurs qui
auront trouvé les moyens de rendre un art ou un métier moins insalubre.
L'Académie juge nécessaire de faire remarquer que les prix dont il
s'agit ont expressément pour objet des découvertes et inventions qui dimi-
nueraient les dangers des diverses professions ou arts mécaniques.
Les pièces admises au concours n'auront droit au prix qu'autant qu'elles
contiendront une découverte parfaitement déterminée.
Si la pièce a été produite par l'auteur, il devra indiquer la partie de son
travail où cette découverte se trouve exprimée; dans tous les cas, la Com-
mission chargée de l'examen du concours fera connaître que c'est à la dé-
couverte dont il s'agit que le prix est donné.
PRIX WILDE (4ooo'^'-).
M. Henry Wilde a fait donation à l'Académie desSciences d'une somme
de cent trente-sept mille cinq cents francs^ qui a été convertie en rente
3 pour 100 sur l'État français. Les arrérages de ladite rente sont consa-
crés à la fondation à perpétuité à\\n prix annuel qui porte le nom de
Prix Wilde.
L'Académie, aux termes de cette donation, a la faculté de décerner au
lieu d'un seul prix de quatre mille francs, deux prix de deux mille francs
chacun.
Ce prix est décerné chaque année par l'Académie des Sciences, sans
distinction de nationalité, à la personne dont la découverte ou l'Ouvrage
sur V Astronomie^ la Physique, la Chimie, la Minéralogie, la Géologie ou la
Mécanique expérimentale aura été jugé par l'Académie le plus digne de
récompense, soit que cette découverte ou cet Ouvrage ait été fait dans
l'année même, soit qu'il remonte à une autre année antérieure ou posté-
rieure à la donation.
1202 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PRIX TCHIHATCHEF (3ooo*').
M. Pierre de Tchihatchef a légué à l'Académie des Sciences la somme
de cent mille francs .
Dans son testament, M. de Tchihatchef stipule ce qui suit :
« Les intérêts de cette somme sont destinés à offrir annuellement une
» récompense ou un encouru g^ement aux naturalistes de toute nationalité qui
» se seront le j31lis distingués dans l'exploration du continent asiatique
» (ou îles limitrophes), notamment des régions les moins connues et, en
» conséquence, à l'exclusion des contrées suivantes : Indes britanniques,
» Sibérie proprement dite, Asie Mineure et Syrie, contrées déjà plus ou
» moins explorées.
» Les explorations devront avoir pour objet une branche quelconque
» des Sciences naturelles, physiques ou mathématiques .
» Seront exclus les travaux ayant rapport aux autres sciences, telles
» que : Archéologie, Histoire, Ethnographie, Philologie, etc.
» Il est bien entendu que les travaux récompensés ou encouraoés
» devront être le fruit d'observations faites sur les lieux mêmes et non des
n œuvres de simple érudition. »
PRIX GUVIER (.5oo").
Ce prix est attribué tous les trois ans à l'Ouvrage le plus remarquable
sur l'étude des ossements fossiles, l'Anatomie comparée on la Zoologie.
L'Académie décernera, s'il y a lieu, le prix Cuvier, dans sa séance pu-
blique annuelle de 1908, à l'Ouvrage qui remplira les conditions du
concours, et qui aura paru depuis le i*' janvier 1901.
PRIX PARRIN (3400^0-
Cid prix triennal e?>i àQsXxnéi à récompenser des recherches sur les sujets
Suivants :
« 1° Sur les effets curatifs du carbone sous ses diverses formes et plus
SÉANCE DU 0.1 DÉCEMBRE I902. 1203
» particulièrement sous la forme gazeuse ou gaz acide carbonique, dans
» le choléra, les différentes formes de fièvre et autres maladies;
)) 2° Sur les effets de l'action volcanique dans la production de maladies
» épidémiques dans le monde animal et le monde végétal, et dans celle des
» ouragans et des perturbations atmosphériques anormales, »
Le testateur stipule :
« 1° Que les recherches devront être écrites en français, en allemand
» ou en italien ;
» 2° Que l'auteur du meilleur travail publiera ses recherches à ses pro-
» près frais et en présentera un exemplaire à l'Académie dans les trois
» mois qui suivront l'attribution du prix;
)) 3° Chaque troisième et sixième année le prix sera décerné à un tra-
)) vail relatif au premier desdits sujets, et chaque neuvième année à un
» travail sur le dernier desdits sujets. »
T/Académie ayant décerné pour la première fois ce prix dans sa séance
publique de 1897, attribuera ce prix triennal, en l'année 1908, à un tra-
vail sur le dernier desdits sujets, conformément au vœu du testateur.
PRIX PETIT D'ORMOY.
(Deux prix de loooo'^'". )
L'Académie a décidé que, sur les fonds produits par le legs Petit d'Or-
moy, elle décernera tous les deux ans un prix de dix mille francs pour les
Sciences mathématiques pures ou appliquées, et un prix de dix mille francs
pour les Sciences naturelles.
L'Académie décernera les prix Petit d'Ormoy, s'il y a lieu, dans sa
séance publique annuelle de [908.
PRIX BOILEAU (i3oo'^).
Ce prix triennal e?>l àesXÀné à récompenser les recherches sur les mou-
vements des fluides, jugées suffisantes pour contribuer au progrès de
l'Hydraulique.
1264 ACADÉMIE DES SCIENCES.
A défaut, la rente triennale échue sera donnée, à titre d'encouragement,
à un savant estimé de l'Académie et choisi parmi ceux qui sont notoire-
ment sans fortune.
L'Académie décernera le prix Boileau dans sa séance annuelle de igoS.
PRIX ESTRADE-DELCROS (SGoof^.
M. Estrade-Delcros, par son testament en date du 8 février 1876, a
légué toute sa fortune à l'Institut. Conformément à la volonté du testateur
ce legs a été partagé, par portions égales, entre les cinq classes de l'Institut,
pour servir à décerner, tous les cinq ans, un prix sur le sujet que choisira
chaque Académie.
Ce prix ne peut être partagé. Il sera décerné par l'Académie des
Sciences, dans sa séance publique de 1903.
PRIX CAHOURS (Sooof^.
M. Auguste Cahours a légué à l'Académie des Sciences la somme de
cent mille francs.
Conformément aux vœux du testateur, les intérêts de cette somme se-
ront distribués chaque année, à titre d'encouragement, à des jeunes gens
qui se seront déjà fait connaître par quelques travaux intéressants et plus
particulièrement par des recherches sur la Chimie.
PRIX SAINTOUR (3ooof»).
Ce prix annuel est décerné par l'Académie dans l'intérêt des Sciences.
PRIX TRÉMONT (1100^').
Ce prix annuel est destiné « à aider dans ses travaux coût savant, ingé-
nieur, artiste ou mécanicien, auquel une assistance sera nécessaire pour
atteindre un but utile et glorieux pour la France ».
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE I902. 1265
PRIX GEGNER (3 800'^).
Ce prix annuel est destiné « à soutenir un savant qui se sera signalé par
des travaux sérieux, et qui dès lors pourra continuer plus fructueusement
ses recherches en faveur des progrès des Sciences positives ».
PRIX FONDE PAR M°^« la Marquise DE LAPLACE.
Ce prix, qui consiste dans la collection complète des Ouvrages de
Laplace, est décerné, chaque année, au premier élève sortant de l'Ecole
Polytechnique.
PRIX FÉLIX RIVOT (iSoo^'-).
Ce prix annuel sera partagé entre les quatre élèves sortant chaque
année de l'Ecole Polytechnique avec les n^^ 1 et 2 dans les corps des
Mines et des Ponts et Chaussées.
PRIX LECONTE ( joooo*' ).
Ce prix doit être donné, en un seul prix, tous les trois ans, sans préférence
de nationalité :
i^ Aux auteurs de découvertes nouvelles et capitales en Mathématiques,
Physique, Chimie, Histoire naturelle. Sciences médicales;
2° Aux auteurs d'applications nouv^elles de ces sciences, applications qui
devront donner des résultats de beaucoup supérieurs à ceux obtenus
jusque-là.
L'Académie décernera le prix Leconte, s'il y a lieu, dans sa séance
annuelle de 1904.
G. R., 1902, 2' Semestre. (T. CXXXV, N° 25.) 1 <î:>
1266 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PRIX JEAN-JACQUES BERGER (iSooo^').
Le prix Jean-Jacques Berger est décerné successivement par les cinq
Académies à l'OEuvre la plus méritante concernant la Ville de Paris; il
sera décerné, par l'Académie des Sciences, en 1904.
PRIX DELALANDE-GUÉRINEAU (1000*'^).
Ce prix biennal sera décerné en 1904 « au voyageur français ou au savant
» qui, l'un ou Vautre, aura rendu le plus de services à la France ou à la
» Science » .
PRIX JEROME PONTI (SSoo*').
Ce prix biennal sera accordé à l'auteur d'un travail scientifique dont la
continuation ou le développement seront jugés importants pour la Science.
L'Académie décernera ce prix, s'il y a lieu, dans sa séance publique
de 1904.
PRIX HOULLEVIGUE (Sooo'O-
Ce prix est décerné à tour de rôle par l'Académie des Sciences et par
l'Académie des Beaux-Arts.
L'Académie des Sciences décernera ce prix, dans l'intérêt des Sciences,
dans la séance publique annuelle de 1904.
PRIX JEAN REYNAUD (10 000").
]y[me yve j^an Rcjuaud, « voulant honorer la mémoire de son mari
et perpétuer son zèle pour tout ce qui touche aux gloires de la France » ,
a fait donation à l'Institut de France d'une rente sur l'État français, de la
somme de dix mille francs , destinée à fonder un prix annuel qui sera suc-
cessivement décerné par les cinq Académies « au travail le plus méritant,
SÉANCE DU 2 2 DÉCEMBRE 1902. I 267
relevant de chaque classe de l'Institut, qui se sera produit pendant une
période de cinq ans » .
« Le prix J. Reynaud, dit la fondatrice, ira toujours à une œuvre origi-
n nale, élevée et ayant un caractère d'invention et de nouveauté.
» Les Membres de l'Institut ne seront pas écartés du concours.
» Le prix sera toujours décerné intégralement; dans le cas où aucun
)) Ouvrage ne semblerait digne de le mériter entièrement, sa valeur sera
)) délivrée à quelque grande infortune scientifique, littéraire, ou artistique. »
L'Académie des Sciences décernera le prix Jean Reynaud dans sa séance
publique de l'année 1906.
PRIX DU BARON DE JOEST (2000^').
Ce prix, décerné successivement par les cinq Académies, est attribué
à celui qui, dans l'année, aura fait la découverte ou écrit l'Ouvrage le plus
utile au bien public. Il sera décerné par l'Académie des Sciences dans sa
séance publique de 1906.
^•^>Oi^^^^^»-
I2:'H ACADÉMIE DES SCIENCES.
CONDITIONS COMMUNES A TOUS LES CONCOURS.
Les pièces manuscrites ou imprimées destinées aux divers concours de
l'Académie doivent être directement adressées par les auteurs au Secré-
tariat de l'Institut, avec une lettre constatant l'envoi et indiquant le
concours pour lequel elles sont présentées.
Les Ouvrages imprimés doivent être envoyés au nombre de deux
exemplaires.
Les concurrents doivent indiquer, par une analyse succincte, la partie
de leur travail où se trouve exprimée la découverte sur laquelle ils appellent
le jugement de l'Académie.
Les concurrents sont prévenus que l'Académie ne rendra aucun des
Ouvrages ou Mémoires envoyés aux concours; les auteurs auront la liberté
d'en faire prendre des copies au Secrétariat de l'Institut.
Par une mesure générale, l'Académie a décidé que la clôture de chaque
concours serait fixée au premier juin de l'année dans laquelle doit être
jugé ce concours.
Le montant des sommes annoncées pour les prix n'est donné qu'à titre
d'indication subordonnée aux variations du revenu des fondations.
Nul n'est autorisé à prendre le titre de Lauréat de l'Académie, s'il n'a
été jugé digne de recevoir un Prix. Les personnes qui ont obtenu des ré-
compenses, des encouragements ou des mentions, n'ont pas droit à ce titre.
LECTURES.
M. Berthelot, Secrétaire perpétuel, lit une Notice historique sur la vie
et les travaux de M. Chevri';ul, Membre de l'Institut.
M. B. et G. D.
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE I902.
1269
TABLEAUX
DES PRIX DÉCERNÉS ET DES PRIX PROPOSÉS
DANS LA SÉANCE DU LUNDI 22 DÉCEMBRE 1902.
TABLEAU DES PRIX DECERIVÉS.
ANNÉE 1902.
GÉOMÉTRIE.
Grand Prix des Sciences mathématiques.
— Le prix est décerné à M. Ernest Vessiot.
Une mention très honorable est accordée
à M. Jean Le Roux 1 1 54
Prix Bordin. — Le prix n'est pas décerné.
Une mention honorable est accordée à
M. de Tannenberg 1 16;!
Prix Francœur. — Le prix est décerné à
M. Emile Lemoine .... i iG3
Prix Poncelet. — Le prix est décerné à
M. Maurice cl 'Ocagne 1 1 63
MÉCANIQUE.
Prix extraordinaire de six mille francs.
— Un prix de quatre mille francs est
décerné à M. Romazotti. Un prix de deux
mille francs à M . Driencourt 1 16>
Prix Montyon. — Le prix est décerné à
M. le Commandant Hartmann n6-
Prix Plumey. — Le prix est décerné à
M. le Colonel Renard 11G8
ASTRONOMIE.
Prix Pierre Guzman. — Le prix n'est pas
décerné 1168
Prix Lalande. — Le prix est décerné à
M. Trépied i i(i8
Prix Valz. — Le prix est décerné à M. E.
Hartwig 1 169
17a
Prix Damoiseau. — Le prix est décerné à
M. Gaillot
Prix Janssen. — Le prix est décerné à
M. le Comte Aymar de La Raume-Plu-
vinel. Un encouragement et une médaille
de vermeil sont accordés à M./ea/i Binot..
GÉOGRAPHIE ET NAVIGATION.
Prix Binoux. — Le prix est partagé entre
MM. Claude, Marcel Monnier, Delpeuch.
PHYSIQUE.
Prix Hébert. — Le prix est décerné à
M. CF. Guilberl
STATISTIQUE.
Prix Montyon. — Le prix est partagé
entre M. F. Bordas et M. Duchaussoy.
Trois mentions exceptionnellement hono-
rables sont accordées à MM. Liétard,
Dislère, Peyroux;- cinq mentions sont
accordées à MM. R. Leroy, Lucien Mayet,
Passerai, Trousseau, et au Manuscrit
anonyme ayant pour devise Primo non
nocere 1158
Prix Jecker. — Le prix est décerné à
M. Rosenstiehl 1195
1270 ACADÉMIE DES SCIENCES.
MINÉRALOGIE ET GÉOLOGIE. 1 PHYSIOLOGIE.
Prix Fontannes. — Le prix est décei'né à
M. de Grossouvre 1 197
GÉOGRAPHIE PHYSIQUE.
Prix Gay. — Le prix est décerné à M. le
Colonel Berthaut 1 199
BOTANIQUE.
Prix Desmazières. — Le prix est décerné à
M. Roland Thaxter 1201
Prix Montagne. — Le prix est décerné à
M. Vuillemin i ■204
ANATOMIE ET ZOOLOGIE.
Prix Savigny. — Le prix n'est pas décerné. i2o5
Prix Thore. — Le prix est décerné à
M. R. de Sinéty , 1 2o5
Prix Vaillant. — Le prix n'est pas décerné. 1208
MÉDECINE ET CHIRURGIE.
Prix Montyon. — Les prix sont décernés à
MM. Dejerine, Roger, Ravaut. Les men-
tions sont attribuées à MM. Commenge.
Comby, GuUlenionat. Des citations sont
accordées à MM. Bodin, Griffon, Four-
nier, Guérin, Cassaët 1208
Pri.x: Barbier. — Le prix est partagé entre
MM. L. Grinibert, A. Le Dentu i2i3
Prix Bréant. — Les arrérages du prix
Bréant sont attribués à M.iEd. Imbeaux. 1216
Prix Godard. — Le prix est décerné à
M. G. Loisel 1216
Prix Bellion. — Le prix est décerné à
M. Pierre Lereboullet 1218
Prix Mège. — Les arrérages du prix Mège
sont attribués à M. A. Clerc 1218
Prix Lallemand. — Le prix est partagé
entre M'i» Pompilian et M. Hauser 1218
Prix du baron Larrey. — Le prix est dé-
cerné à M. Triaire. Une mention très ho-
norable est attribuée à M. Romary 1220
Prix Montyon (Physiologie expérimentale).
— Le prix n'est pas décerné 1221
Prix Philipeaux. — Le prix est décerné
à M. Pierre Bonnier 1 2 1 1
Prix Serres. — Le prix est décerné à
M. Paul Marchai «222
Prix Pourat. — Le prix est décerné à
M . /. Tissot 1229
Prix Martin-Damourette. — Le prix est
décerné à M. H. Blondel de Joigny 1281
PRIX GÉNÉRAUX.
MÉDAILLE Lavoisier. — Cette médaille est
décernée à M. Stanislas Cannizzaro. . . . i233
Médaille Berthelot. — Des médailles Ber-
thelot sont accordées à MM. Rosenstiehl,
Minet, Clerc, Inibeaux, Bordas, Dislère,
Peyroux, Grinibert, à M""' Curie, à
MM. Grignard, Fosse, Marquis i233
Prix Montyon (Arts insalubres). — Le prix
est décerné à M. Claude Boucher 1284
Prix Wilde. — Le prix est décerné à
M. Schulhof 12 36
Prix Cahours. — Le prix est partagé entre
MM. Fosse, Grignard, Marquis 1289
Prix Tchihatchef. — Le prix est décerné
à M. Sven Hedin 1 289
Prix Delalande-Guérineau. — Le prix est
décerné à M. Gonnessiat 1 241
Prix Jérôme Ponti — Le prix est décerné
à M. André Tournouër 1241
Prix Houlleyigue. — Le prix est décerné
à M. Teisserenc de Bort 1 242
Prix Saintour. — Le prix est partagé entre
M. Riquier et M. Adolphe Minet 1242
Prix Gegner. — Le prix est décerné à
M"° Curie 1248
Prix Tremont. — Le prix est décerné à
M. Fréniont 1 243
Prix Laplace. — Le prix est attribué à
M. Aubrun 1243
Prix Rivot. — Le prix est partagé entre
MM. Aubrun, Niewenglowski, Barrillon,
Bénézit "43
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902.
127
PRIX PROPOSES
pour les années igoS, 1904, 190 5 et 1906.
GÉOMÉTRIE.
1903. Prix Frangœur i244
1903. Prix Poncelet 1^44
1904. Grand prix des Sciences mathéma-
tiques. — Perfectionner, en quelque point
important, l'étude de la convergence des
fractions continues algébriques 1244
1904. Prix Bordin. — Développer et per-
fectionner la théorie des surfaces appli-
cables sur le paraboloïde de révolution.. i245
1904. Prix Vaillant. — Déterminer et étu-
dier tous les déplacements d'une figure
invariable dans lesquels les différents
points de la figure décrivent des courbes
sphériques 1245
mécanique.
1903. Prix extraordinaire de six mille
FRANCS. — Destiné à récompenser tout pro-
grès de nature à accroître l'efficacité de
nos forces navales 1 245
1903. Prix Montyon 1245
1903. Prix Plumey 1246
1903. Prix Fourneyron. — Étude théorique
ou expérimentale sur les turbines à vapeur. 1246
ASTRONOMIE.
1903. Prix Pierre Guzman 1246
1903. Prix Lalande 1247
1903. Prix Valz 12^7
1903. Prix G. de Pontecoulant 1247
1904. Prix Janssen. — Médaille d'or des-
tinée à récompenser la découverte ou le
Travail faisant faire un progrès important
à l'Astronomie physique 1247
1905. Prix Damoiseau. — Il existe une di-
zaine de comètes dont l'orbite, pendant
la période de visibilité, s'est montrée de
nature hyperbolique. Rechercher, en re-
montant dans le passé et tenant compte
des perturbations des planètes, s'il en
était ainsi avant l'arrivée de ces comètes
dans le système solaire 1247
GÉOGRAPHIE ET NAVIGATION.
1904. Prix Binoux 124^
physique.
1903. Prix Hébert 1248
1903. Prix Hughes 1248
1903. Prix Gaston Planté 1248
190i. Prix Kastner-Boursault 1249
1905. Prix L. La Gaze 1249
STATISTIQUE.
1903. Prix Montyon 1 25o
CHIMIE.
1903. Prix Jecker i aSo
1903. Prix L. La Gaze i25i
MINÉRALOGIE ET GÉOLOGIE.
1903. Prix Delesse i25i
1905. Prix Fontannes 1261
1905. Prix Alhumbert. — Étude sur l'âge
des dernières éruptions volcaniques de la
France laSi
GÉOGRAPHIE PHYSIQUE.
1903. Prix Gay. — Le prix sera attribué à
l'auteur d'un Travail ayant pour but la
détermination, aussi précise que possible,
d'une série de positions géographiques
dans une des Colonies françaises 1262
1904. Prix Gay. — Étudier les variations
actuelles du niveau relatif de la terre
ferme et de la mer, à l'aide d'observations
précises, poursuivies sur une portion dé-
terminée des côtes de l'Europe ou de
l'Amérique du Nord r252
botanique.
1903. Grand prix des Sciences physiques.
— Rechercher et démontrer les divers
modes de formation et de développement
de l'œuf chez les Ascomycètes et les Basi-
diomycètes
1903. Prix Bordin. — Démontrer, s'il y a
lieu, par l'étude de types nombreux et
i25a
I2']2
ACADÉMIE DES SCIENCES.
variés, la généralité du phénomène de la
double fécondation, c'est-à-dire de la for-
mation simultanée d'un œuf et d'un tro-
phime, chez les Angiospermes i253
1903. Prix Desmazières i253
1903. Prix Montagne i253
1903. Prix Thore i253
1904. Prix de la Fons-Melicocq 1254
économie rurale.
1903. Prix Bigot de Morocues 1254
AnAtomie et zoologie.
1903. Prix Savigny 1264
1903. Prix da Gama Machado i255
1904. Prix Thore i255
médecine et chirurgie.
1903. Prix Montyon 1 255
1903. Prix Barbier 1 256
1903. Prix Bréant i256
1903. Prix Godard 1257
1903. Prix Lallemand 1267
1903. Prix du baron Larrey 1257
1903. Prix Bellion 1257
1903. Prix Mège 1267
1903. Prix Chaussier i258
1905. Prix Serres i258
1905. Prix Dusgate 1 258
PHYSIOLOGIE,
1903. Prix Montyon i258
1903. Prix Philipeaux 1259
1903. Prix L. La Gaze 1259
1903. Prix Pourat. — Action des courants
de haute fréquence sur les phénomènes de
la vie J25g
1904. Prix Pourat. — Les phénomènes phy-
siques et chimiques de la respiration aux
grandes altitudes 1259
1904. Prix Martin-Damourette 1259
histoire des sciences.
1903. Prix Binoux 1259
PRIX GÉNÉRAUX.
MÉDAILLE ArAGO 1260
MÉDAILLE LaVOISIER 1260
1903.
1903.
1903.
1903.
1903.
1903.
1903.
1903.
1903.
1903.
1903.
1903.
1903.
1903.
1903.
1904.
Médaille Berthelot 1260
Prix Montyon, Arts insalubres .... 1261
Prix Wilde 1261
Prix Tchihatchef 1262
Prix Cuvier 1262
Prix Parkin 1 262
Prix Petit d'Ormoy 1263
Prix Boileau 1263
Prix Estrade-Delcros 1264
Prix Cahours 1264
Prix Saintour 1264
Prix Trémont 1264
Prix Gegner 1 265
Prix Laplace 1265
Prix Bivot 1265
Prix Leconte 1265
1904. Prix Jean-Jacques Berger 1266
1904. Prix Delalande-Guérineau 1266
1904. Prix Jérôme Ponti 1266
1904. Prix Houllevigue 1266
1906. Prix Jean Reynaud 1266
1906. Prix du Baron de Joest 1267
Conditions communes à tous les concours
Avis relatif au titre de Lauréat de l'Académie
1268
1268
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1902.
1273
TABLEAU PAR ANNÉE
DES PRIX PROPOSÉS POUR 1903, 1904, 1905 ET 1906.
1905
GÉOMÉTRIE.
Prix Francœur. — Découvertes ou travaux
utiles au progrès des Sciences mathématiques
pures et appliquées.
Prix Poncelet. — Décerné à l'auteur de l'Ou-
vrage le plus utile au progrès des Sciences ma-
thématiques pures ou appliquées.
MÉCANIQUE.
Prix extraordinaire de six mille francs. —
Progrès de nature à accroître l'efficacité de nos
forces navales.
Prix Montyon. — Mécanique.
Prix Plumey. — Décerné à l'auteur du per-
fectionnement des machines à vapeur ou de toute
autre invention qui aura le plus contribué aux
progrès de la navigation à vapeur.
Prix Fourneyron. — Etude théorique ou expé-
rimentale sur les turbines à vapeur.
ASTRONOMIE.
Prix Pierre Guzman. — Décerné à celui qui
aura trouvé le moyen de communiquer avec un
astre autre que Mars.
A défaut de ce prix, les intérêts cumulés pen-
dant cinq ans seront attribués, en igoS, à un sa-
vant qui aura fait faire un progrès important à
l'Astronomie.
Prix Lalande. — Astronomie.
Prix Valz. — Astronomie.
Prix G. de Pontécoulant. — Mécanique cé-
leste.
PHYSIQUE.
Prix Hébert. — Décerné à l'auteur du meil-
leur traité ou de la plus utile découverte pour
la vulgarisation et l'emploi pratique de l'Élec-
tricité.
Prix Hughes. — Décerné à l'auteur d'une dé-
C. R., 1902, 2" Semestre. (T. CXXXV, N» 25.)
couverte ou de travaux qui auront le plus con-
tribué aux progrès de la Physique.
Prix Gaston Planté. — Destiné à l'auteur fran-
çais d'une découverte, d'une invenlion ou d"un
travail important dans le domaine de l'Électricité.
STATISTIQUE.
Prix Montyon. — Statistique.
CHIMIE.
Prix Jecker. — Chimie organique.
Prix La Gaze. — Décerné aux Ouvrages ou
Mémoires qui auront le plus contribué aux pro-
grès de la Chimie.
MINÉRALOGIE ET GÉOLOGIE.
Prix Delesse. — Décerné à l'auteur, français
ou étranger, d'un travail concernant les Sciences
géologiques ou, à défaut, d'un travail concernant
les Sciences minéralogiques.
GÉOGRAPHIE PHYSIQUE.
Prix Gay. — Le prix sera attribué à l'auteur
d'un Travail ayant pour but la détermination,
aussi précise que possible, d'une série de posi-
tions géographiques dans une des Colonies fran-
çaises.
BOTANIQUE.
Grand prix des Sciences physiques. — Re-
chercher et démontrer les divers modes de for-
mation et de développement de l'œuf chez les
Ascomycètes et les Basidiomycètes.
Prix Bordin. — Démontrer, s'il 3' a lieu, par
l'étude de types nombreux et variés, la généra-
lité du phénomène de la double fécondation, c'est-
à-dire de la formation simullanée d'un œuf et
d'un trophime, chez les Angiospermes.
166
1274
ACADEMIE DES SCIENCES.
Prix Desmazières. — Décerné à l'auteur de
l'Ouvrage le plus utile sur tout ou partie de la
Cryptogamie.
Prix Montagne. — Décerné aux auteurs de
travaux importants ayant pour objet l'Anatoinie,
la Physiologie, le développement ou la descrip-
tion des Cryptogames inférieures.
Prix Thore. — Botanique.
ÉCONOMIE RURALE.
Prix Bigot de Morogues. — Agriculture.
anAtomie et zoologie.
Prix Savigny, fondé par M"° Letellier. — Dé-
cerné à de jeunes zoologistes voj^ageurs.
Prix Da Gama Maciiado. — Décerné aux meil-
leurs Mémoires sur les parties colorées du sys-
tème tégumentaire des animaux ou sur la matière
fécondante des êtres animés.
MÉDECINE ET CHIRURGIE.
Prix Montyon. — Médecine et Chirurgie.
Prix Barbier. — Décerné à celui qui fera une
découverte précieuse dans les Sciences chirurgi-
cale, médicale, pharmaceutique, et dans la Bo-
tanique ayant rapport à l'art de guérir.
Prix Bréant. — Décerné à celui qui aura
trouvé le moyen de guérir le choléra asiatique.
Prix Godard. — Sur l'anatomie, la ph3'siologie
et la pathologie des organes génito-urinaires.
Prix Lallemand. — Destiné à récompenser ou
encourager les travaux relatifs au système ner-
veux, dans la plus large acception des mots.
Prix du baron Larrey. — Sera décerné à un
médecin ou à un chirurgien des armées de terre
ou de mer pour le meilleur Ouvrage présenté à
l'Académie et traitant un sujet de Médecine, âe
Chirurgie ou d'Hygiène militaire.
Prix Bellion, fondé par M"" Foehr. — Dé-
cerné à celui qui aura écrit des Ouvrages ou fait
des découvertes surtout profitables à la santé
de l'homme ou à l'amélioration de l'espèce hu-
maine.
Prix Mège. — Décerné à celui qui aura con-
tinué et complété l'essai du D' Mège sur les
causes qui ont retardé ou favorisé les progrès de
la Médecine.
Prix Chaussier. — Décerné à l'auteur du meil-
leur Ouvrage, soit sur la Médecine légale, soit sur
la Médecine pratique, qui aura paru pendant les
quatre années qui auront précédé le jugement de
l'Académie.
PHYSIOLOGIE.
Prix Montyon. — Physiologie expérimentale.
Prix Piiiupeaux. — Physiologie expérimentale.
Prix La Gaze. — Décerné aux Ouvrages ou
Mémoires qui auront le plus contribué aux pro-
grès de la Physiologie.
Prix Pourat. — Action des courants de haute
fréquence sur les phénomènes de la vie.
HISTOIRE DES SCIENCES.
Prix Binoux. — Histoire des Sciences.
PRIX GÉNÉRAUX.
MÉDAILLE Arago. — Cette médaille sera dé-
cernée par l'Académie chaque fois qu'une décou-
verte, un travail ou un service rendu à la Science
lui paraîtront dignes de ce témoignage de haute
estime.
MÉDAILLE Lavoisier. — Cette médaille sera dé-
cernée par l'Académie tout entière, aux époques
que son Bureau jugera opportunes et sur sa pro-
position, aux savants qui auront rendu à la Chi-
mie des services éminents, sans distinction de
nationalité.
MÉDAILLE Bbrthelot. — Décernée, sur la pro-
position du Bureau de l'Académie, à des lauréats
de prix de Chimie et de Physique.
Prix Montyon. — Arts insalubres.
Prix H. Wilde.
Prix Tchihatchef.— Destiné aux naturalistes
de toute nationalité qui auront fait, sur le conti-
nent asiatique (ou îles limitrophes), des explo-
rations ayant pour objet une branche quelconque
des Sciences naturelles, physiques ou mathéma-
tiques.
Prix Cuvier. ~ Destiné à l'Ouvrage le plus
remarquable soit sur le règne animal, soit sur la
Géologie.
Prix Parkin. — Destiné à récompenser des re-
cherches sur les effets de l'action volcanique dans
la production de maladies épidémiques dans le
monde animal et le monde végétal et dans celle
des ouragans et des perturbations atmosphé-
riques anormales.
Prix Petit d'Ormoy. — Sciences mathéma-
tiques pures ou appliquées et Sciences naturelles.
Prix Boileau. — Hydraulique.
Prix Estrade-Delcros.
Prix Cahours. — Décerné, à titre d'encoura-
gement, à des jeunes gens qui se seront déjà fait
connaître par quelques travaux intéressants et
plus particulièrement par des recherches sur la
Chimie.
Prix Saintour.
Prix Trémont. — Destiné à tout savant, artiste
ou mécanicien auquel une assistance sera néces-
saire pour atteindre un but utile et glorieux pour
la France.
PrixGegner. — Destiné à soutenir un savant
qui se sera distingué par des travaux sérieux
poursuivis en faveur du progrès des Sciences
positives.
Prix Laplace. — Décerné au premier élève
sortant de l'École Polytechnique.
Prix Rivot. — Partagé entre les quatre élèves
sortant chaque année de l'École Polytechnique
avec les n°' 1 et 2 dans les corps des Mines et
des Ponts et Chaussées.
SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE
1902.
127;
1904
Grand prix des Sciences mathématiques. —
Perfectionner, en quelque point important, l'étude
de la convergence des fractions continues algé-
briques.
Prix Bordin. — Développer et perfectionner
la théorie des surfaces applicables sur le parabo-
loïde de révolution.
Prix Vaillant. — Déterminer et étudier tous
les déplacements d'une figure invariable dans
lesquels les différents points de la figure dé-
crivent des courbes sphériques.
Prix Janssen. — Astronomie physique.
Prix Binoux. — Géographie ou Navigation.
Prix Kastner-Boursault. — Décerné à l'au-
teur du meilleur travail sur les applications
diverses de l'Électricité dans les A.rts, l'Industrie
et le Commerce.
Prix Gay. — Étudier les variations actuelles
du niveau relatif de la terre ferme et de la mer,
à l'aide d'observations précises, poursuivies sur
une portion déterminée des côtes de l'Europe ou
de l'Amérique du Nord.
Prix de la Fons-Mélicocq. — Décerné au
meilleur Ouvrage de Botanique sur le nord de
la France, c'est-à-dire sur les départements du
Nord, du Pas-de-Calais, des Ardennes, de la
Somme, de l'Oise et de l'Aisne.
Prix Thore. — Décerné aux recherches sur
les mœurs ou Tanatomie d'une espèce d'Insectes
d'Europe.
Prix Pourat. — Les phénomènes physiques et
chimiques de la respiration aux grandes altitudes.
Prix Martin-Damourette. — Physiologie thé-
rapeutique.
Prix Leconte. — Décerné : 1° aux auteurs de
découvertes nouvelles et capitales en Mathéma-
tiques, Physique, Chimie, Histoire naturelle,
Sciences médicales ; 2° aux auteurs d'applications
nouvelles de ces sciences, applications qui devront
donner des résultats de beaucoup supérieurs à
ceux obtenus jusque-là.
Prix J.-J. Berger. — Décerné à l'œuvie la plus
méritante concernant la Ville de Paris.
Prix Delalande-Guérineau.
Prix Jérôme Ponti.
Prix Houllevigue.
1905
Prix Damoiseau. — Il existe une dizaine de
comètes dont l'orbite, pendant la période de
visibilité, s'est montrée de nature hyperbolique.
Rechercher, en remontant dans le passé et tenant
compte des perturbations des planètes, s'il en
était ainsi avant l'arrivée de ces comètes dans le
système solaire.
Prix Fontannes. — Ce prix sera décerné à
l'auteur de la meilleure publication paléontolo-
gique.
Prix Alhumbert. — Élude sur l'âge des der-
nières éruptions volcaniques de la France.
Prix Dusgate. — Décerné au meilleur Ouvrage
sur les signes diagnostiques de la mort et sur
les moyens de prévenir les inhumations préci-
pitées.
Prix Serres. — Décerné au meilleur Ouvrage
sur l'Embryologie générale appliquée autant que
possible à la Physiologie et à la Médecine.
1906
Prix Jean Reynaud. — Décerné à l'auteur du 1 Prix du Baron de Joest. — Décerné à celui
Travail le plus méritant qui se sera produit pen- qui, dans l'année, aura fait la découverte ou écrit
dant une période decinq ans. ! l'Ouvrage le plus utile au bien public.
1276 ACADÉMIE DES SCIENCES.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du i" décembre 1902.
Faustino Malaguti e le sue opère, di Icilio Guareschi. {Storia délia Chimica, II.)
Turin, 1902; I fasc. in-8°. (Hommage de l'auteur.)
Metallurgical laboratory notes, by Henry M. Howe. Boston, Mass., 1902; i vol.
in-8°.
Observations de l'éclipsé totale du Soleil du 28 mai 1900, à E Iche près d' Alicante
{Espagne), par M. N. Donitch; avec 3 figures et 3 phototypies. Saint-Pétersbourg,
1901 ; I fasc. in-4°. (Hommage de l'auteur.)
Rapporta annuale dello I. fi. Observatorio astronomico-meteorologico di Trieste,
per l'anno 1899, redatto da Edoardo Mazelle; vol. XVI. Trieste, 1902; i vol.
in-4°.
From the Washington observations for 1891. Meteorological observations results.
United States naval observatory, 1891. Washington, 1902; i fasc. in-4°.
Kaiserliche Akademie der Wissenschaften in Wien. II. Bericht iiber den Stand
der Arbeiten der Phonogramm. Archivis-Commission, erstattet in der Sitzung
der Gesammt- Akademie vom 1 1. Juli 1902, von M. Sigm. Exner. Vienne, 1902 ; i fasc.
in-80.
O prima incercare asupra lu crarilor astronomice din fiomânia pana la finele
secolului al A^IJT-I ea, de Stefan C. Hepites. Bucharest, 1902; i fasc. in-4°. (Hom-
mage de l'auteur.)
Astronomul Capitaneanu, de St. C, Refîtes. Bucharest, 1902; i fasc. in-12.
(Hommage de l'auteur.)
{A suivre.)
ERRATA.
(Séance du 8 décembre 1902.)
Noie de M. Thomas, Sur le chlorure thalHque :
Page io52, ligne 21, au lieu de 23°^'", lisez 9°"", 5.
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 29 DECEMBRE 1902,
PRÉSIDENCE DE M. BOUQUET DE LA GRYE.
REIVOUVELLEMEIVT ANNUEL
DU BUREAU ET DE LA COMMISSION CENTRALE ADMINISTRATIVE.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nominatioa d'un Vice-
Président pour l'année igo3, lequel doit être choisi dans l'une des Sections
des Sciences mathématiques.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 5o,
M. Mascart obtient 4^ suffrages.
Il y a 2 bulletins blancs.
M. Mascart, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est pro-
clamé élu.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de deux de
ses Membres qui devront faire partie de la Commission centrale admi-
nistrative pendant l'année igoS.
MM. BoRNET et Maurhce Levy sont réélus par l'unanimité des suffrages.
G. R., 1902, 2* Semestre. ( J. GXXXV, N" 26.) ^ 67
1278 ACADÉMIE DES SCIENCES.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
CHIMIE MINÉRALE. — Sur la présence de l'argon dans les gaz de la source
Bordeu à Luchon, et sur la présence du soufre libre dans l 'eau sulfureuse de
la grotte et dans les vapeurs de humage. Note de M. Henri Moissan.
« Nous rappellerons que les eaux sulfureuses de Luchon ont fait le sujet
de nombreux travaux parmi lesquels nous citerons ceux de Bayen, d'An-
fiflada, de Boullay et Henry, de Fontan, de Filhol, et enfm les recherches
du D^ Garrigou, qui a fait remarquer, avec beaucoup de raison, que les
sources d'un même groupe d'eaux sulfureuses peuvent être très diffé-
rentes.
» M. le D"" de Lavarenne ayant appelé notre attention sur certaines pro-
priétés des eaux sulfureuses de Luchon, nous avons visité les galeries où
se trouvaient les griffons de ces sources, et nous avons entrepris quelques
expériences dont nous donnerons le résumé dans cette Note.
» Source Bordeu. — La source Bordeu, n° 1, possède un véritable
griffon, présentant plusieurs fissures longitudinales par lesquelles on voit
arriver l'eau sulfureuse chaude et se dégager quelques bulles de gaz. L'eau
sort de la roche à une température de 44" ^^"^ milieu de couches schisteuses,
plus ou moins attaquées. La température de l'eau augmente de un degré
lorsque l'on enfonce le thermomètre dans la faille traversée par l'eau.
Le griffon se trouvait au fond d'une vasque naturelle, il nous a été
facile de disposer sur des entonnoirs retournés des flacons remplis d'eau
sulfureuse prise au fond même de cette vasque de façon à éviter l'action et
le contact des gaz de l'air. L'eau produite en notable quantité par cette
source est conduite par un caniveau dans un grand réservoir réunissant
le débit de plusieurs sources.
» Les gaz que nous avons recueillis n'étaient pas très abondants et les
différentes fissures du griffon en dégageaient des quantités variables, bien
que toujours assez faibles.
» Lorsque nos flacons de 250*^™^ étaient remplis de gaz, ce qui deman-
dait deux à trois jours, on les fermait au moyen d'un bouchon de verre
rodé enduit de paraffine, puis on coulait de la paraffine fondue dans
l'espace annulaire du goulot de la bouteille.
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. ^^19
» Ce gaz transvasé sur la cuve à mercure attaquait très légèrement la
surface de ce métal. Il ne renfermait pas trace d'hydrogène sulfuré, car un
papier à l'acétate de plomb n'a pas noirci à son contact. Ce fait semble
indiquer que l'eau sulfureuse de la source Bordeu ne renferme pas de
sulfhydrate de sulfure au moment de l'émergence, sans quoi, ce composé,
par simple dissociation, devrait fournir de l'hydrogène sulfuré. Nous ferons
remarquer que cet échantillon de gaz a été recueilli absolument à l'abri de
l'air. Dès que l'eau de la source Bordeu est en présence de l'acide carbo-
nique de l'air, de l'hydrogène sulfuré se produit et peut être décelé avec
facilité. Pour cette source, la formation de l'hydrogène sulfuré est due à
l'action secondaire de l'acide carbonique de l'air sur le sulfure de sodium.
)) Ce gaz ne renfermait pas d'acide carbonique, il ne contenait pas trace
d'oxygène, car il ne colorait même pas la solution de pyrogallate de potas-
sium. Il était entièrement formé d'une petite quantité de méthane, de
beaucoup d'azote et d'un peu d'argon.
» Son analyse quantitative nous a fourni les chiffres suivants :
Formène 1,22
Argon 2 , 56
Azote 96 , 22
» L'étude spectrale de cet argon ne nous a pas indiqué la présence de
l'hélium.
» Ce gaz renferme donc une petite quantité d'argon, et l'on sait que la
présence de ce corps simple a été déjà indiquée, en 189.5, dans l'eau de
Bath par lord Rayleigh et sir William Ramsay ('), dans une eau chlorurée
par MM. Bedson et Shaw (-), dans les eaux de Cauterets par M. Bou-
chard (^), dans les eaux de Maizières par M. Moureu ('), et dans les eaux
de Wildbad, dans la Forêt-Noire, par H. Rayser (*). Le dégagement d'azote
par les eaux minérales avait été indiqué dès 1784 parle D^" Pearson, et
(') Lord Rayleigh et sir William HAmsxY, Zeitschri/t fiir p/tysikalische C hernie,
t. XVI, 189.5, et t. XIX, J896, p. 371.
(2) Bedson et Shaw, Chem. News, t. LXXII, juin iSgS, p. 48.
(^) BoucHAKD, Sui- la présence de l'argon et de l'hélium dans certaines eaux
minérales {Comptes rendus, t. CXXI, p. 892). — Voir aussi Troost et Ouvrakd,
Comptes rendus, t. CXXI, iSgS, p. 392-895.
(*) Moureu, Sur la présence de l'argon et de l'hélium dans une source d'eau
naturelle {Comptes rendus, t. CXXI, 1895, p. 819).
(5) H. Kayser, Note sur l'hélium et l'argon {Chem. News, n" 1865, 1895, p. 89).
I28o ACADÉMIE DES SCIENCES.
Anglada l'avait mis en évidence en particulier pour les sources thermales
des Pyrénées.
M Source de la grotte. — Cette source est une des plus anciennes parmi
les eaux sulfureuses de Luchon ; sa température prise au griffon est de 39*^.
Elle présente un intérêt particulier, parce qu'elle est utilisée pour le
humage. Au moyen d'appareils installés en 1890 par le D'' Frébault ('),
on fait passer sur une surface de cette eau thermale un courant d'air qui
monte dans les appareils de humage et qui possède, au point de vue thé-
rapeutique, des propriétés particulières. Les médecins ne sont point d'ac-
cord sur les causes de cette action. Mais, sans vouloir nous prononcer sur
le rôle de la vapeur d'eau chaude ou des composés variés qui peuvent se
produire dans ces circonstances, nous avons pensé faire œuvre utile en
poursuivant quelques expériences sur ce sujet.
)) Lorsque l'on hume ce mélange de gaz et de vapeurs d'eau, on ne
perçoit nullement l'odeur d'hydrogène sulfuré, odeur si caractéristique
même lorsque ce gaz n'existe qu'en très petite quantité. De plus, un hu-
mage prolongé, excessif, n'a jamais amené les phénomènes toxiques de
l'empoisonnement par l'hydrogène sulfuré. Enfin, nous ferons remarquer
que les garçons de salle qui, pendant quatre mois, passent toutes leurs
journées dans cette atmos|)hère, à odeur spéciale, ne présentent jamais
trace d'intoxication par l'hydrogène sulfuré.
(c Cependant des objets en argent laissés dans les salles de humage se
recouvrent, en 24 heures, d'une patine noire de sulfure d'argent. Dans le
cas particulier que nous envisageons, cette sulfuration rapide de l'argent
doit être attribuée à une autre cause que celle de l'hydrogène sulfuré.
» Si nous })laçons, en effet, du papier à l'acétate de plomb devant l'un
de ces tubes à humage, il est facile de reconnaître qu'il ne se colore en
marron très clair qu'avec une extrême lenteur, et, chose assez curieuse, ce
ne sont pas les émanations qui donnent les l^coloraLions les plus mtenses
au papier à l'acétate de plomb qui sont les plus actives au point de vue
thérapeutique.
» Pour rechercher les composés qui pouvaient prendre naissance dans
ces conditions, nous avons condensé sur un récipient en verre rempli de
glace, la vapeur qui sortait des tubes de humage. On obtient ainsi un
liquide incolore qui fournit un très léger dépôt. Ce liquide possè le une faible
, (') A. Frébault, Le Humage à Bagiières-de-Luchon, Imprimerie Sarihe, Luchon ;
1890.
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. I'28l
odeur d'acide sulfureux, et présente les réactions d'une solution très
étendue de ce gaz : décoloration instantanée à froid d'une solution étendue
de permanganate de potassium et décoloration d'empois d'amidon bleui par
une petite quantité d'eau iodée. Il contient aussi une très petite quantité
d'hydrogène sulfuré et des traces d'acide sulfurique.
» Les belles recherches de notre confrère M. Armand Gautier sur l'exi-
stence de l'arsenic normal pouvaient laisser croire que ce métalloïde inter-
venait à l'état de traces dans cet entraînement de vapeurs des eaux sulfu-
reuses.
» M. Bertrand a bien voulu rechercher si notre liquide de condensation
ne renfermait pas une petite quantité d'arsenic par la méthode délicate
qu'il vient de publier ('). Il n'a pas rencontré d'arsenic dans ce liquide, et,
comme sa méthode peut déceler nettement des traces d'arsenic, on ne peut
attribuer à une impureté arsenicale l'action thérapeutique produite dans
le humage des eaux de la grotte.
» Le dépôt provenant de la condensation des vapeurs d'un appareil de
humage a été étudié au microscope. Il était formé de quelques filaments
et poussières provenant de l'air atmosphérique, et, en plus, de fragments
irréguliers, faiblement colorés, de couleur jaune, à indice de réfraction
différent de celui de l'eau. Nous v avons rencontré aussi quelques petites
masses agglomérées ayant l'apparence de l'ambre claire, et quelques fila-
ments recouverts par place de très petits cristaux jaunes. Ces poussières
sèches, placées entre deux lames de verre et portées à une température
de i5o**, laissent voir la fusion d'un grand nombre de ces petites particules
en un liquide jaune, et, si l'on chauffe davantage, on reconnaît que les
parcelles fondues se vaporisent. Ce sont là les caractères du soufre.
)) En chauffant ce résidu à 100°, on perçoit nettement l'odeur camphrée
de la vapeur de soufre.
» Si nous rencontrons une petite quantité de soufre en nature dans les
vapeurs qui sortent des appareils de humage, nous devons en trouver une
quantité beaucoup plus grande condensée dans les tubes de porcelaine en
col de cygne qui terminent ces appareils. En effet, il suffit de recueillir la
poussière qui tapisse l'intérieur de ces tul)es pour voir qu'elle est entière-
ment formée d'une poudi-e d'un blanc jaunâtre formée de petits octaèdres
(^) Berthand, Sur l'existence de l'arsenic dans l'organisme {lialletin de la So-
ciété chimique, 3* série, t. XXVIl, 1902, p. 847).
1282 ACADÉMIE DES SCIENCES.
possédant tous les caractères du soufre. Si la vapeur de soufre ne s'oxyde
que faiblement dans ces conditions, cela tient à ce qu'elle est noyée dans
un grand excès de vapeur d'eau.
» Une notable partie de ce soufre peut provenir de l'oxydation par
l'oxygène en présence de la vapeur d'eau du gaz hydrogène sulfuré (')
dégagé du monosulfure de sodium sous l'action de l'acide carbonique de
l'air. Et cette oxydation est assez complète pour qu'il ne se dégage que des
traces d'hydrogène sulfuré aux appareils de humage. Mais une autre partie
provient de la vaporisation du soufre qui se trouve en solution dans l'eau
sulfureuse.
» Le soufre, en effet, est légèrement soluble dans ce liquide, il est même
un peu soluble dans l'eau distillée à la température de 5o**.
» Nous avons été conduit alors à faire quelques expériences synthé-
tiques pour bien démontrer cet entraînement d'une petite quantité de
soufre soit par de l'eau distillée à 60°, soit par une solution étendue de
monosulfure de sodium à la même température.
» Si l'on place dans un tube scellé un fragment solide de soufre et une
petite quantité d'eau, puis si l'on maintient le bas du tube à une tempéra-
ture constante de 60° pendant plusieurs jours, on voit se former de petits
cristaux blancs de soufre à la partie supérieure, c'est-à-dire dans la partie
froide du tube.
w De même, si l'on fait passer d'une façon continue un courant d'eau
distillée privé d'air, dans un tube horizontal contenant des fragments de
soufre solide maintenu à -H 60°, puis que l'on dirige cette eau dans un
récipient refroidi, on voit se condenser dans la partie froide de l'appareil
un léger dépôt de soufre de couleur ambrée.
» Du reste, il suffît de prendre de l'eau exempte d'oxygène et de la
maintenir à l'ébullition en contact avec quelques morceaux de soufre solide,
puis de la filtrer rapidement pour voir se former, par refroidissement,
dans un verre conique, un dépôt de petits cristaux microscopiques jaunes
qui possèdent les propriétés du soufre.
» Bunsen (*) avait déjà mentionné que, en distillant de l'eau contenant
(^) Dumas, Su/' la conversion de l'hydrogène suif iiré en acide suif urique {Annales
de Ch. et de Phys., 3« série, t. XVllI, 1846, p. 5o6).
(^) Bunsen, Recherches sur les rapports intrinsèques des pliénoniènes pseudoçol-
caniques de l'Islande {Ann. de Ch. et de Phys., 3" série, t. XXXVIII, i853, p. 385).
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE igo2. 1283
de la fleur de soufre, les vapeurs entraînaient toujours une petite quantité
de ce corps simple.
» Dans toutes nos expériences, nous avons employé du soufre octaé-
drique. Nous n'avons pas abordé l'étude de la solubilité des différentes
variétés de soufre et, en particulier, du soufre soluble mentionné par
M. Engel (').
)) Enfin, si l'on répète les expériences précédentes avec une solution
aqueuse à i pour 1000 de monosulfure de sodium, la solubilité du soufre
devient plus grande.
» Ces expériences de synthèse viennent confirmer l'examen microsco-
pique du résidu d'un échantillon d'eau de la grotte pris au griffon à
l'abri de l'air, examen qui nous a indiqué un faible dépôt de cristaux de
soufre produit par le refroidissement de cette eau sulfureuse dans un fla-
con plein et bien fermé (- ).
)) Nos expériences établissent donc que l'eau de la grotte renferme du
soufre en solution. Elles démontrent de plus que la vapeur sortant des
tubes de humage contient une très petite quantité d'hydrogène sulfuré et
d'acide sulfureux, ainsi que de la vapeur de soufre. Cette dernière pro-
vient de trois sources différentes : i*' combustion lente de l'hydrogène
sulfuré; 2° réaction d'une petite quantité d'acide sulfureux sur l'hydrogène
sulfuré; enfin S** vaporisation du soufre en solution dans l'eau.
» Cette vapeur de soufre peut jouer un rôle dans l'action thérapeutique
du humage soit comme antiseptique, soit par la facilité de son assimilation.
» Nos remarques pourraient faire comprendre pourquoi le humage ne
peut se faire qu'à une petite distance du griffon, lorsque la température
de l'eau est aussi élevée que possible, c'est-à-dire lorsqu'elle est très
chargée de vapeurs de soufre. »
(*) Engel, Sur deux nouveaux états du soufre {Comptes rendus, t. CXII, 1891,
p. 866).
(2) L'eau de la grotte prise au griffon, à l'abri de l'acide carbonique de l'air, ne
fournit pas la réaction des sulfhydrates de sulfures par le nitroprussiate de sodium.
1284 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE MINÉRALE. — Sur une nouvelle préparation de l'hydrure
de silicium Si" H*. Noie de M. Henri Moissan.
« Dans un Mémoire (^) publié aux Annales de Chimie et de Physique
en collaboration avec M. Smiles, nous avons indiqué l'existence d'un
nouvel hydrure de silicium Si'^H^ que nous obtenions par la condensation
partielle à — 200** d'un hydrogène silicié impur préparé par l'action de
l'acide chlorhydrique sur un siliciure de magnésium non défmi. D'autre
part, nous avons indiqué que, par l'action du silicium sur le lithium en
fusion, il était facile de préparer un siliciure de lithium (-) répondant à la
formule Si^Li*.
» Nous avons repris l'étude de quelques propriétés de ce dernier com-
posé, et nous avons pu passer du siliciure métallique Si^Li*^ à l'hydrure de
silicium correspondant Si^H^.
» Lorsque ce siliciure de lithium est légèrement chauffé dans un cou-
rant de gaz acide chlorhydrique sec, on obtient de l'hydrogène et des
chlorures de lithium et de silicium. Si, au contraire, on emploie une solu-
tion étendue d'acide chlorhydrique dans l'eau, pour attaquer ce siliciure
de lithium, il ne se dégage, ainsi que nous l'avons indiqué précédemment,
que de l'hydrogène pur. Cela tient à ce que chaque parcelle de siliciure de
lithium au contact de la solution étendue d'acide décompose et l'acide
chlorhydrique et l'eau. Elle produit, en même temps que du chlorure de
lithium, de la lithine qui rend le liquide alcalin et qui détruit l'hydrure de
silicium au moment même de sa formation.
)) Il en est tout autrement, si nous laissons tomber lentement du sili-
ciure de lithium dans une solution concentrée d'acide chlorhydrique con-
tenant, par suite de la dissociation de l'hydrate HCI4- 2H^0, de l'acide
gazeux en solution dans le liquide, ainsi que l'a démontré M. Berthelot.
Dès lors, l'hydrogène sihcié Si^ H^ se forme en abondance, et il suffît pour le
condenser de faire passer le mélange gazeux dans de l'air liquide à — 200°.
On utilise, pour celte préparation, l'appareil que nous avons décrit dans
nos premières recherches. »
(») H. Moissan et S. Smiles, Ann. de Cliim. et de Phys., 7^ série, t. XXVII, p. 5;
1902.
(^) H. Moissan, Étude du siliciure de lithium {Comptes rendus, t. GXXXIV,
p. io83 ; 1902).
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902.
BOTANIQUE. — Cultures expérimentales dans la région méditerranéenne :
modifications de la structure anatomique. Note de M. Gaston Boxxier.
« Dans une précédente Communication (^) j'ai rendu compte à l'Aca-
démie des modifications que présente l'aspect extérieur des mêmes plantes
cultivées dans un sol identique, les unes à Fontainebleau, dans la ré-
gion parisienne, les autres à La Garde-près-Toulon, dans la région médi-
terranéenne; je vais résumer dans cette présente Note les résultats relatifs
aux modifications de structure qui se produisent dans les organes compa-
rables.
» Je rappellerai que j'ai établi en 1898 ces cultures expérimentales qui
portent, sur une cinquantaine d'espèces vivaces, de la manière suivante :
La terre de La Garde-près-Toulon a été transportée à Fontainebleau ; chaque
pied initial provenait de Fontainebleau; chaque individu a été divisé en
deux parties égales, dont l'une a été plantée à Fontainebleau dans la terre
de La Garde et l'autre à La Garde dans un sol identique.
)) Les modifications de morphologie extérieure que j'avais signalées
dès 1899, après une seule saison de végétation, n ont fait que s'accentuer;
et au bout de trois ans, tous les plants cultivés près de Toulon avaient déjà
pris l'aspect que possèdent les individus de même espèce croissant natu-
rellement dans la région méditerranéenne.
» T** Comparaison des deux climats. — Pour comprendre quelle signifi-
cation l'on peut attribuer aux modifications anatomiques obtenues, il est
essentiel de comparer les conditions climatériques des deux régions où ont
été établies les cultures.
» La moyenne de la température pendant une période de 20 années
(1877-1896) dans la région parisienne est de 9°, 3; cette moyenne, à Tou-
lon, est égale à i4°»3.
» Mais si l'on considère les parties des végétaux qui vivent seulement
pendant toute une saison, la comparaison de ces deux noujbres n'est pas
celle qui nous intéresse. S'il s'agit des feuilles des arbres ou arbustes à
feuilles caduques, par exemple, il faut faire intervenir la durée de la végéta-
(*) Gaston Bonnier, Cultures expérimentales sur l'adaptation des plantes au
climat méditerranéen {Comptes rendus, t. GXXIX, 1899, p. 1207).
C. R., 1902, 2' Semestre. (T. CXXXV, N» 26.) 1^8
r286 ACADÉMIE DES SCIENCES.
tion; or, en moyenne, l'apparition des feuilles se produit vers le i5 mars à
Toulon, et la chute des feuilles vers le i" décembre; tandis qu'en moyenne
l'apparition des feuilles a lieu à Paris vers le 20 avril, et la chute des feuilles
vers le i5 octobre. En fait, pour les espèces ligneuses mises en culture, la
durée de la végétation des pousses feuillées a été de 260 jours à Toulon,
tandis qu'à Paris elle n'a été que de i ;;8 jours. Il en résulte que la somme
des températures pendant la vie d'une feuille est représentée environ par
le nombre 4600 pour Toulon et par le nombre 2750 pour la région pari-
sienne. On peut presque dire que, dans la région méditerranéenne, la
feuille a reçu deux fois plus <îe chaleur et que cette chaleur a été répartie
pendant une saison végétative d'un tiers plus longue que celle de Paris.
On conçoit que ces conditions soient favorables à une plus grande assimi-
lation, à une plus grande transpiration, et aussi à une formation plus con-
sidérable des tissus secondaires.
» Il faut noter encore que les différences journalières de températures
entre le maximum et le minimum sont moins grandes à Toulon qu'à Paris;
la différence entre le maximum absolu et le minimum absolu y est aussi
moins forte; cette dernière différence est de 64" pour Paris pendant une
période de 20 ans, et seulement de 42°, 2 pour Toulon pendant la même
période. On voit donc que, d'une manière générale, les tissus ont à subir
des variations de température beaucoup plus grandes dans la région
parisienne que dans la région méditerranéenne qui est, à cet égard,
une région extrêmement tempérée.
)) Mais les différences climatériques les plus importantes sont celles re-
latives à la distribution des pluies. Si l'on ne considérait que la quantité
d'eau tombée pendant toute l'année, en moyenne, on pourrait croire que
la région de Toulon est beaucoup jilus humide que celle de Paris. En
effet, cette quantité deau est représentée par les nombres joS pour Toulon
et 627 })our Paris; or, ce qui nous importe le plus au point de vue de
l'effet produit sur la végétation, ce n'est pas le total de la quantité d'eau
tombée pendant l'année, mais la répartition des pluies depuis le premier
printemps jusqu'à la Un de l'automne. On voit alors que, tandis que la
quantité d'eau tombée varie très peu dans la région parisienne, la courbe
mensuelle qui représente cette quantité d'eau tombée à Toulon s'élève
à 65 en mars, avril et mai, s'abaisse brusquement en juin et juillet, tombe
à 8 en août et se relève ensuite pour atteindre des ordonnées beaucoup
plus hautes, en octobre (70) et novembre (100). Ainsi, le climat méditer-
ranéen présente deux saisons de pluies bien déterminées : l'une au prin-
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE I902. 1287
temps, l'autre à la fin de l'automne, séparées par une assez longue période
de sécheresse pendant laquelle la végétation subit une sorte de ralentisse-
ment.
» Au point de vue de l'action de la lumière, la considération du nombre
des jours pluvieux est également intéressante. Pendant les mois de juin,
juillet, août et septembre, il n'y a que 3 à 5 jours pluvieux par mois
à Toulon, et durant tous les autres jours le ciel est presque complètement
découvert. Pendant les mêmes mois à Paris, il y a de i3 à i4 jours plu-
vieux par mois, et pendant les autres jours le ciel est tantôt nuageux et
tantôt découvert. C'est là encore une nouvelle condition qui favorise les
fonctions de la plante dans la région méditerranéenne.
» 2° Modifications anatomiques obtenues. — Si l'on considère d'abord
les arbres ou arbustes (Hêtre, Marronnier, Robmier, Tdleul, Frêne, Lilas,
Fusain, etc.) mis en culture expérimentale dans les deux régions, on
constate, dans leurs divers tissus, les principdes différences suivantes:
M D'une manière générale, dans la tige, le bois de printemps, formé en
mars, avril et mai, est bien développé dans la région méditerranéenne et
renferme de nombreux vaisseaux, souvent d'un calibre plus grand que
ceux qui leur correspondent dans le plant de la même espèce, cultivé à
Fontainebleau.
» Cette formation du tissu ligneux semble en rapport avec les pluies du
printemps plus abondantes à Toulon qu'à Paris. La partie du bois qui fait
suite à ces vaisseaux et qui se développe de juin à septembre renferme
beaucoup plus de fibres dans les cultures de Toulon. Souvent même, tout
l'anneau ligneux n'est composé que de fibres dans le bois qui correspond
à cette période, tandis que le tissu formé à la même époque dans la région
parisienne continue à produire de nombreux vaisseaux, çà et là entremêlés
de fibres. Ce grand développement du tissu fibreux, dans toutes les espèces
ligneuses cultivées à Toulon, coïncide nettement avec la période de séche-
resse qui se produit dans la région méditerranéenne. En outre, dans
presque tous les cas, chez les plants méditerranéens, on voit réapparaître
quelques gros vaisseaux, formés tout à fait à la fin de la saison, en octobre
et novembre, et qui paraissent correspondre à la seconde période de pluie.
Il ne faut pas confondre cette formation avec la zone de vaisseaux plus
gros qui se produit quelquefois en juillet et août, chez les plants cultivés à
Fontainebleau, et qui dépend des pousses feuillées supplémentaires (sève
d'août). En effet, pendant ces mêmes mois de juillet et d'août, les plants
1288 ACADÉMIE DES SCIENCES.
médiLerraiiéeiis ne produisent presque exclusivement que des fibres. De
plus, en général, le tissu parenchymateux qui entoure le bois primaire est
lignifié dans les plants de Toulon, tandis qu'il ne l'est pas dans les plants
de Fontainebleau. Cette lignification du parenchyme s'effectue pendant
la période de sécheresse.
» Il faut remarquer, d'autre part, que l'anneau ligneux de première année
ainsi que les suivants sont devenus beaucoup plus épais dans les tiges de
la région méditerranéenne; ce caractère correspond surtout à la plus
longue période de végétation qui est, comme nous l'avons vu, de 260 jours
à Toulon au lieu de 178 dans la région parisienne.
» Le plus souvent, le nombre des assises du péricycle est plus grand
dans le plant de Toulon, tandis que le nombre des assises de l'écorce
est au contraire plus faible; l'épiderme, lorsqu'il existe encore, a des
cellules à cuticule plus épaisse et qui sont plus allongées perpendiculaire-
ment à l'axe de la tige.
» Quant aux feuilles de ces mêmes espèces arborescentes, elles sont
devenues à Toulon d'un tiers ou de moitié plus épaisses qu'à Fontaine-
bleau; le tissu en palissade y a acquis des cellules beaucoup plus allongées
ou dans d'autres cas, il s'est produit deux ou trois assises en palissade au
lieu d'une seule ; en outre, les stomates sont plus nombreux et les nervures
tertiaires ou même quaternaires sont plus saillantes et ordinairement en-
tourées d'un anneau complet de sclérenchyme. Dans les nervures princi-
pales et dans le pétiole, on observe des différences analogues à celles que
présente la tige. Ces modifications paraissent être évidemment en rapport
avec la plus longue durée de la végétation ainsi qu'avec l'éclairement plus
intense et surtout plus fréquent.
)) D'autres adaptations peuvent être rapportées à la résistance qui se
produit dans la feuille contre une transpiration trop active pendant la
période de sécheresse. C'est, en effet, pendant cette période que l'on voit
la cuticule s'épaissir beaucoup plus à Toulon qu'à Fontainebleau; il en
résulte que les stomates nombreux, qui ont servi à une transpiration
nécessaire pendant la période de pluie au printemps, se trouvent plus
enfoncés au-dessous de la surface de la feuille, et souvent même presque
complètement fermés. D'ailleurs, les jeunes branches présentent une
adaptation analogue, avec un développement plus marqué du coUenchyme
sous-épidermique et une réduction du nombre des assises de l'écorce.
» Si l'on considère maintenant les nombreuses espèces vivaces herba-
cées dont les parties aériennes persistent pendant toute la saison, on
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE I902. ^289
constate qu'il s'y produit toutes les modifications de structure qui ont été
signalées par M. W. Russell (') en examinant des échantillons croissant
naturellement dans la région méditerranéenne. J'ai donc obtenu expéri-
mentalement, en moins de trois années, la production de ces caractères
d'adaptation qui se manifestent sur des plantes spontanées végétant depuis
un temps très long dans la région considérée. De plus, par la manière
dont j'ai opéré, j'ai éliminé toute erreur pouvant provenir d'espèces affmes,
puisque j'ai toujours comparé deux plants issus d'un même pied initial.
» D'ailleurs, j'ai vérifié que toutes les modifications obtenues avaient
acquis la même intensité que chez les échantillons des mêmes espèces,
croissant spontanément dans la région méditerranéenne.
» C'est ainsi qu'aux différences précédentes on peut encore ajouter les
suivantes dans toutes ces espèces herbacées, pour les plants cultivés à
Toulon : stomates plus nombreux sur la face supérieure des feuilles,
cellules épidermiques engrenées entre elles, collenchyme plus abondant,
poils plus développés; autant de caractères qui semblent se rapporter aux
différences signalées plus haut dans les conditions climatériques.
» Les espèces annuelles ou, d'une manière plus générale, celles dont
les tiges aériennes meurent pendant la période de sécheresse, ne pré-
sentent pas toutes ces modifications de structure; elles ont seulement des
vaisseaux plus grands, des tissus chlorophylliens plus développés et des
stomates plus nombreux, offrant ainsi pour leurs organes aériens tous les
caractères d'une vie intense et rapide, qui évolue du i5 mars au 1^^ juin.
» D'autre part, j'ai installé soit dans des armoires vitrées inégalement
chauffées, soit à des éclairements variés, soit dans de l'air plus ou moins
sec, des expériences oîi l'une des conditions seule se trouvait modifiée.
Les changements de structure obtenus ainsi, dans chacun des cas, sont
venus confirmer les conclusions précédentes.
)) Or, les plantes appartenant à des espèces exclusivement spéciales à la
région méditerranéenne présentent en général, d'une manière exagérée,
tous les caractères qui viennent d'être signalés.
» Il est très intéressant de remarquer que les modifications obtenues en
transportant des plantes dans la région méditerranéenne se produisent
toutes dans le même sens et avec les mêmes adaptations. »
(*) Influence du climat méditerranéen sur la structure des plantes communes en
France. {Annales Se. nat.: Bot., 8" série, l. 1, 1896, p. 323).
1290 ACADÉMIE DES SCIENCES.
MÉCANIQUE. — Des conditions nécessaÎT es pour qu un fluide soit en équilibre
stable. Note de M. P. Duhem.
« Les méthodes imaginées par M. Liapounorf et par M. Hadamard, et
appliquées par ces géomètres à des systèmes qui dépendent d'un nombre
limité de variables, peuvent s'étendre à certains systèmes fluides et indi-
quer que certaines conditions sont indispensables à la stabilité de ces
svstèmes.
» Comme exemple, nous traiterons ici le cas d'un fluide homogène et
incompressible, dont les éléments sont soumis à des forces qui dérivent
d'une fonction potentielle V et dont la surface terminale So est soumise à
une pression uniforme et constante.
. âS
» Soit n la normale à la surface Sq, vers l'intérieur du fluide. Si ^
n'est négatif en aucun point de la surface S^ et est positif en tout point d'une
aire d'étendue finie appartenant à cette surface, r équilibre du fluide ne peut
être stable.
» Prenons le fluide en équiUbre et, sans déranger aucun des points
matériels qui le forment, imprimons à ces points des vitesses initiales.
A l'instant t, le point matériel dont les coordonnées, en l'état d'équilibre,
étaient œ, y, z a pour coordonnées
X -^ a(^x,y,z,t), y -^ b{x,y,z,t), z + c{x,y, z, t).
» Si l'équilibre du système était stable, on pourrait limiter supérieure-
ment les vitesses initiales de telle sorte que l'on ait, quels que soient x,
(i) \a\<k, \b\<:k, |6-|<A,
A étant une constante positive arbitrairement choisie d'avance.
» D'autre part, la théorie des petits mouvements des fluides incompres-
sibles nous enseigne que, si Ane surpasse pas une certaine valeur, on peut
écrire
(2) a=-g(i+>A), è = -0(i + p,B), c = -^(. + vC),
"ky [;., V étant trois fonctions de x, y^ z, t dont la valeur absolue ne surpasse
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. I291
pas une certaine limite F :
(3) IM<F, 1[^-|<F, |vl<F,
et '\i{sc, y,z, t) étant une fonction qui vérifie les conditions suivantes :
M 1° En tout point de la surface S^ qui limite le fluide en équilibre,
on a
(4)
d^ dY d^
dt^ On an
o;
» 2° En tout point de la paroi immobile 2, on a
(5)
TT = ^'^
on
)) 3° En tout point du volume cj, limité par les surfaces S^ et 1, on a
(6) A^ = o;
» 4" En tout point du volume cr, à l'instant / = o, on a
(7)
àt\U
= o.
» De (i), (2) et (3) on tire sans peine la proposition suivante :
)) Quelle que soit la quantité posiiiçe W, on peut toujours limiter supérieu-
rement les vitesses initiales de telle sorte que l'on ait, quels que soient oc, y, 5, t.
(8)
<^,
ày
<^,
âz
<T.
» Considérons l'expression, relative à la surface S^ qui termine le fluide
en équilibre,
(9) -=/^(^)^''^o
qui n'est jamais positive; elle ne peut surpasser W- j y-â?So. Si donc
l'équilibre du système est stable, on peut limiter supérieurement les
vitesses initiales de telle sorte que l'on ait, quel que soit /,
(10) £2<M,
M étant une quantité positive arbitrairement choisie d'avance.
)) L'égalité (9) donne
00
li
"J dn dn ânât ">'
1292 ACADÉMIE DES SCIENCES.
puis
» Mais l'égalité (4) donne
J dn an dn ^^^ «^0 — J ^^.> ^,^ "^2 «^o»
tandis que les égalités (5) et (6) permettent d'rcrire
J dr- Jn dr- ^" ~ J ât' dn âf' ^^^» "^ J dt'- dn dt' ^
Wdx dt^J ^
\0y Of^J ^
(.3)
» I/égalité (12) devient donc
) dt' ~ ^J dn \dndtj ^"
j , r\[ d â^y fd (T'^y fd d^^y\ ,
» Les égalités (4) ^t (?) montrent que, pour t = o, -y- = o ; donc, selon
les égalités (9) et (j i), pour ; = o,
^ dQ
^ = o, -;- = o.
' dt
d^Q.
» Selon l'égalité (i3), -j-^ n'est jamais négatif; selon l'égalité (7), le
second terme de cette expression de -j-^ est nul pour / = o; mais nous
pouvons prendre . ^ différent de o, à l'instant / = o, en tous les points
, dY ^ .-r J, , d-Q. , , . .^
ou -T- est positif; des lors, pour / = o, -jr est sûrement positif.
» Ces renseignements nous prouvent que ii croît au delà de toute limite
en même temps que t, ce qui est impossible, selon l'inégalité (10), lorsque
l'équilibre est stable. Le théorème énoncé est donc démontré.
» La même méthode s'applique aux deux cas suivants :
» i'* Le fluide est homogène, compressible, de température uniforme et
constante; ses éléments sont soumis à des actions extérieures newtoniennes
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. 1298
OU non-newtoniennes, qui dérivent d'une fonction potentielle; sa surface
terminale est soumise à une pression uniforme et constante;
» 2** Le fluide est homogène, compressible, soumis à une pression uni-
forme et constante, et soustrait à toute autre action extérieure; à partir de
l'état d'équilibre, il se meut de telle sorte que l'entropie spécifique soit une
fonction de la température ou une constante, la même en tous les points de
la masse Jluide.
» Ces cas sont précisément ceux où la méthode de Lagrange et de
Lejeune-Dirichlet permet de fixer complètement les conditions qui assurent
la stabiHlé de l'équilibre; ces conditions suffisantes ne sont pas les condi-
tions reconnues nécessaires par la méthode que nous venons d'esquisser. La
détermination des conditions à la fois nécessaires et suffisantes es\.\om à' q\.yq
achevée. »
ÉLECTRICITÉ. — Sur la vitesse avec laquelle les différentes variétés de rayons X
se propagent dans l'air et dans différents milieux. Note de M. R. Blondlot.
« Les rayons X sont, comme on sait, plus ou moins pénétrants, selon
qu'ils sont émis par des tubes où le vide est pins ou moins avancé. Je me
suis proposé de rechercher si ces différentes variétés de rayons X se pro-
pagent dans l'air avec la même vitesse.
» Ayant pris d'abord un tube très mou, donnant sur l'écran une ombre
de la main où l'on ne pouvait aucunement distinguer les os, je déterminai
par la méthode que j'ai décrite précédemment (*) le rapport de la vitesse
des rayons X émis par ce tube à celle des ondes électriques; l'allongement
donné aux fds de transmission étant de 3o^"S ce rapport fut trouvé égal
à -^ = i,o/|. Antérieurement, avec un tube de dureté moyenne, dont
les rayons, non seulement faisaient voir les os dans l'ombre de la main, mais
même traversaient tant soit peu ces os, j'avais, en donnant aux fils de
transmission les mêmes longueurs, obtenu pour le rapport des vitesses le
1 3o,6
nombre -rr— = 1,02.
00
» J'interposai ensuite sur le trajet des rayons X une plaque d'aluminium
épaisse de 2^™ : à peine pouvait-on alors apercevoir sur l'écran une ftùble
Cj Comptes rendus, t. CXXXV, p. 666 et 721.
G. R., 1902, 2* Semestre. (T. CXXXV, N' 36)
169
\.'
1294 ACADÉMIE DES SCIENCES.
fluorescence, et, de cette façon, il ne passait que des rayons extrêmement
pénétrants. L'action sur l'étincelle était très faible, mais encore visible, et
je parvins à déterminer, sans beaucoup de précision toutefois, la position
du lube correspondant au minimum d'étincelle pour une longueur des fds
de transmission égale à iio''"' : la distance du tube à la coupure était alors
ein^imn 23^*^,7. Sans l'interposition de l'aluminium, elle était de 21^"», 3.
» Avec le plus dur de tous les tubes pouvant fonctionner dans mon
appareil sans donner d'étincelles latérales, tube dont les rayons traver-
saient manifestement les os de la mam, j'ai obtenu la di^tance 22*^"', 3.
» Toutes ces observations montrent que, au degré d'approximation des
mesures, les vitesses de propagation des rayons émis par tous mes tubes
sont les mêmes.
)) Déjà, d'après mes expériences antérieures, on pouvait s'attendre à
cette égalité de vitesse des fliflérentes variétés de rayons X : dans ces expé-
riences, en effet, j'avais employé un tube de dureté moyenne, émettant par
conséquent des rayons K de pénétrations diverses; or, il est clair que si
ces rayons avaient des vitesses de propagation tliffiîrenles, il n'y aurait pas
eu de maximum de l'étincelle, puisque, chacune des radiations tendant à
en faire naître un à une distance différente, la superposition n'eût donné
qu'un résultat confus.
» L'absence de réfraction des rayons X indique que leur vitesse est
indépendante des milieux où ils se propagent. Il m'a, néanmoiiis, paru
intéressant de comparer directement ces vitesses. Pour cela, ayant donné
aux fils de transmission une longueur arbitraire mais constante, j'ai déter-
mmé la position du tube correspondant au minimum détincelle; puis,
après avoir interposé entre le tube et l'étincelle la substance dans laquelle
je voulais étudier la propagation, je répétais la détermination. Toujotirs la
position du tube s'est retrouvée la niême, aux erreurs d"exj)érience près.
Voici quelques valeurs de la distance du tube (de dureté moyenne), cor-
respondant au maximum d'étincelle.
)) Propagation à travers :
L'air ai, 3
Un bloc de hêtre de 6'^'" 20
» paraffine de 5/^ 21, 3
yne colpDne d'essence de térébenthine de ô*'",^. . . • 22,4
» d'huile de vaseline de 6'='", 5 21,7
5) Avec le plus dur de mes tubes, la di§t£»nce correspondant au mi-
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE Ï902. 129^
nimum 22*^™, 3, resta exactement la même après l'interposition d'un bloc
de paraffine épais de 9*^™, 5.
» La conclusion définitive des observations rapportées dans la présente
Note est qtie, dans les litnites des conditions et des erreurs des expériences
décrites, la vitesse de propagation des différentes variétés de rayons X
dans les différents milieux est égale à celle de la lumière dans l'air. »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur le pouvoir germinatif des graines exposées
à la lumière solaire. Note de M. £i»ile JLAunENT.
« Les rayons solaires, surtout les plus réfrangibles, ont une action
nuisible, souvent mortelle, sur les cellules vivantes des organismes infé-
rieurs : les cellules végétatives des Bactéries et des Levures ainsi que les
spores des Bactéries, des moisissures et du charbon des céréales, exposées
au soleil en présence d'oxygène, sont tuées au bout de quelques heures.
» Cette action paraît être en relation avec les phénomènes d'oxydation
de diverses substances organiques étudiés par M. Duclaux.
» Il y a déjà longtemps que je me suis demandé si les graines des
plantes su})érieures, à l'état de repos, sont également sensibles aux rayons
solaires. Les expériences actuelles remontent à l'année 1895. Depuis lors
M. Tine Tammes (') a fait des essais analogues aux miens, mais qui ont
donné des résultats négatifs. Plus récemment encore, M. V. Jodin (^) a
repris cette étude et a conclu que, pour les graines non desséchées de
Cresson alénois, la résistance à la radiation paraît dépendre beaucotq) plus
de l'action calorifique que de l'action lumineuse.
» Mes expériences ont été faites pendant une période de vive insolation
(fin mai à commencement de juillet 1895) sous un ciel presque toujours
très cl.iir et par un soleil ardent.
» Le 29 mai de cette année, des graines de diverses espèces furent expo-
sées en couche mince au soleil dans des tubes à es>ais soigneusement net-
toyés. Ceux-ci sont disposés en plein soleil, presque horizontalement sur
une planchette recouverte d'un papier blanc et sont fermés par un tampon
de coton.
(*) Landwirt. Jahrbiicher, Bd. XXIX, 1900, p. 467.
(-) Comptes rendus, t. CXXXV, 1902, p. 443.
1296 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Voici les espèces mises en observation :
» Tritlcum vulgare (Froment Dattel), de 189/4. Secale céréale (Seigle de Zélande),
de 1894. Brassica /«'^/«(Moutarde noire d'Alsace), de i^^'è. Sinapis alba (Moutarde
blanche). Lepidiiun salivum (Cresson alénois). Trifolium tepens (Trèfle blanc).
Taiaxacum officinale (Pissenlit), de 189/4. Hieracium murorum, de 1894. Hieva-
cium petrœum, de 1894. Hieracium tridentatum, de 1894. Sonchus oleraceus, de
1894. Senecio vulgaris. de 1894.
» Il y avait quatre tubes de graines de chacune des six premières espèces
et un seul des autres.
» Les akènes de Taraxacum, Hieracium, Sonchus et Senecio avaient été
choisis à cause de leur petitesse et de leur couleur plus ou moins foncée,
conditions favorables à la pénétration de la radiation.
» Les journées des 29 et 3o mai, i^'', 2, 3 et 4 juin furent favorisées par
un soleil ardent; néanmoins la température ne dépassa pas 43°, 5 à l'inté-
rieur des tubes. Le 3i mai et le 5 juin, le ciel fut couvert tout le temps.
» Le 5 juin, on retira un tube des espèces suivantes : Froment, Seigle,
Moutarde blanche et noire. Cresson alénois et Trèfle blanc. Les graines
furent mises en germination sur du papier humide au fond de cristallisoirs,
comparativement avec des graines de même origine, mais non insolées.
» Aucune différence n'a été constatée dans la rapidité de la germination
ni dans le pouvoir germinatif des semences des deux catégories.
» Le temps fut couvert le 6 juin et les tubes ne furent remis au soleil que
le 7 au matin.
» Les 7, 8, 9, 10, 12, i3, 17 et 18 juin, la radiation fut très vive; mais il
lien fut pas ainsi les 6, 1 1, 14, 1 5 et 16 juin, jours de temps couvert ou
pluvieux.
» Le 19 juin au matin, on retira un tube des espèces examinées le 5 du
même mois et l'on mit les graines germer à côté des graines témoins non
exposées au soleil.
» Le 21, après 48 heures, aucune différence ne fut constatée dans les
semences de Cresson alénois, de Seigle et de Froment. Les graines de
Moutarde blanche et de Trèfle insolées sont nettement en retard; la plu-
part de celles de Moutarde noire ne germent pas, tandis que beaucoup des
témoins de cette espèce sont développés.
» Les 19 et 20 juin furent pluvieux et les tubes à essais furent gardés au
laboratoire; le 21 au matin, ils furent remis en plein soleil. Ce jour-là et le
suivant furent bien clairs.
SÉANCE. DU 29 DÉCEMBRE 1902. 1297
» Le 22, on a mis en germination une partie des akènes insolésde Tara-
xacum, des trois espèces cVHieracium, de Sonchus et de Senecio, à côté de
semences non insolées de même origine. Aucune différence ne fut observée
chez le Senecio et le Sonchus mais bien chez les Hieracium et le Taraxacum.
» Ainsi le 26 juin, les graines insolées à' Hieracium tridentatum avaient un
léger retard. Sur 12 akènes de Taraxacum insolés, un seul germe, et il en
est 10 sur 3i parmi ceux qui ne furent pas exposés au soleil qui se déve-
loppent. Chez le H. murorum, 2 akènes insolés sur 36 germent et 7 sur 4o
dans les témoins.
y Enfin pour 1'^. petrœum, i semence sur 4o insolées est en germina-
tion et parmi les témoins 6 sur 5o.
» Les expériences ont été continuées jusqu'au 2 juillet. Les 28, 24, 23,
26, 27, 28, 29 et 3o juin et le i^^" juillet le ciel fut très clair et le soleil
assez ardent.
» Les derniers tubes furent retirés le 2 juillet au matin et les graines de
toutes les espèces furent mises en germination, en même temps que des
graines de même origine conservées à l'obscurité.
» Après 24 heures, il y avait un léger retard dans la germination du
Cresson et de la Moutarde blanche, mais non chez le Seigle. Cette diffé-
rence n'est plus sensible après deux jours. Le retard est plus manifeste
chez le Froment, le Trèfle et la Moutarde noire. Cependant la proportion
de graines germées chez le Cresson, la Moutarde blanche et le Froment
était la même dans les deux catégories. Au contraire, au cinquième jour,
sur 100 graines de Moutarde noire insolées, 4^ ont germé, tandis que sur
100 graines témoins 67 se sont développées.
» Pour le Trèfle, 36 pour 100 des graines insolées sont restées inertes
et 12 pour 100 seulement parmi celles qui n'avaient pas subi l'influence
du soleil.
» Enfin le 10 juillet, on a mis fin à l'expérience en comptant les akènes
des composés qui avaient germé :
Akènes Akènes
au soleil témoins
pour 100. pour 100.
Taraxacum officinale o 66
Hieracium petrœum 12 64
Hieracium tridentatum 8 36
Senecio vulgaris 7 5 92
» Il n'y avait plus de semences de Sonchus oleraceus ni de Hieracium
murorum .
I:jiq8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» La lumière solaire exerce donc sur les semences des plantes supé-
rieure, à l'état de graines nues ou de fruits secs, une action nuisible, qui
se manifeste d'abord par un retard dans la germination, puis par la mort
des embryons.
» En fifénéral, les graines assez volumineuses (Seigle, Froment) ou
à téguments clairs (Moutarde blanche) sont moins sensibles à la radiation
que les plus petites, surtout que celles pourvues d'enveloppes foncées. »
Notice sur M. Millardet, par M. Bor^îet.
« La Section de Botanique a perdu, le i.5 décembre, un de ses Corres-
pondants nationaux dont le nom est attaché, d'une manière indissoluble,
à la recoristitution du vignoble français.
» Né à Montmirey-la-Vdle (Jura), le 3 décembre i838, Pierre-Marie-
Alexis Millardet fit ses premières études à Dole et à Besançon. Il vint
ensuite à Paris où il fut reçu, en 1861, licencié es sciences naturelles.
Désireux de s'initier à d'autres méthodes de recherches et d'enseignement
que les nôtres, il alla passer f\ années dans les Universités de Heidelberg
et de Fribourg-en-Brisgau, oii il eut pour maîtres les savants illustres qui
se nommaient Hofmeister, Sachs et de Bary.
» Ses premières publications montrent qu'il était capable d'entreprendre
et de mener à bien des études très diverses. En peu d'années il donna ses
recherches sur l'accroissement du corps ligneux dans les Yucca et les
Dracœna; sur le développement en épaisseur des membranes cellulaires ;
des Notes sur divers Cryptogames; une étude sur la matière colorante des
Algues bleues et des Diatomées; des recherches sur les mouvements des
feuilles de la Sensitive. Du Mémoire classique intitulé : « Le prothallium
mâle des Cryptogames vasculaires » résulte (pie la différence considérable
qu'on admettait alors entre ces plantes et les Phanérogames est moins
profonde en réalité. M. Millardet prouve qu'il existe entre les deux
groupes un plan de structure commun et qu'ds s'enchaînent par une série
de gradations. Les observations ultérieures ont confirmé la justesse de
ces conclusions.
» Après avoir été professeur suppléant à Strasbourg, puis chargé de
cours à Nancy, il fut nommé, en i8y6, professeur titulaii e de Botanique à
la Faculté des Sciences de Bordeaux. Il arrivait en pleine crise phvlloxé-
rique. Chargé par la Commission du Phylloxéra d'étudier les Vignes sau-
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. 1299
vages des Etats-Unis au point de vue de leur résistance à l'insecte, il s'ac-
quitta de sa lâche avec la rigueur scientifique et les qualités d'observateur
et d'expérimentateur qu'il avait acquises au laboratoire.
» On savait, depuis les travaux d'Ein. Planchon, que les Viennes amé-
ricaines résistent au Phylloxéra. Mais on n'avait que des données insuffi-
santes sur les degrés de résistance. M. Millardet les détermina avec
précision et fit connaître les détails des variations des espèces sauvages et
leur valeur comme porte-greOes.
» Un (les premiers il préconisa l'hybridation de la Vigne européenne
avec les Vignes américaines. Pour sa part, avec l'aide de M. Grasset, il ne
créa pas moins de 12000 hybrides. Si aucun d'eux n'a donné, comme les
créateurs l'espéraient d abord, un producteur dirrct capable de remplacer
les anciens cépages français, quelques-uns, surtout parmi les hybrides
provenant du croisement des Vignes sauvages entre elles, ont fourni des
porte-greffes de première valeur. La plantation des espèces ou des
hybrides résistants fut d'abord essayée un peu à l'aventure parce qu'on
ignorait dans quelles comlilions croissent chez elles les Vignes améri-
CHines. Mais lorsque M. Viala eut rapporté de sa mission aux Eiat^-Unis
des renseignements précis sur les milieux où elles vivent, on sut quelles
combinaisons devaient être réalisées pour que le produit fût à la fois résis-
tant aux maladies et adapté aux exigences variables du sol où ou le plante.
» Les viticulteurs doivent encore à M. Millardet des Études sur diverses
maladies de la Vigne causées par les Champignons et en particulier par
le Peronospora du Mildiou, mais, ce qui leur importait davantage, le
moyen de les combattre avec efficacité. C'est ce qu'ils font depuis i883
grâce à la découverte des bouillies cupriques dont l'emploi et les méthodes
d'application leur furent indiqués pour la première fois par MM. Millar-
det et Gayon.
» En terminant, je rappellerai ses recherches sur les faux-hybrides de
Fraisiers qui reproduisent le type du père ou de la mère sans jamais réunir
à la fois aucun des caractères distinctifs des deux espèces composantes.
Ces curieux résultats, que l'auteur a aussi rencontrés dans les Vignes et
dans les Ronces, ont fourni l'explication de faits que les producteurs
d'hybrides avaient parfois observés et dont ils ne se rendaient pas compte.
» M. Millardet était Correspondant de l'Académie depuis i888. Il avait
remplacé Edmond Boissier. »
l3oo ACADÉMIE DES SCIENCES.
RAPPORTS.
PHYSIQUE DU GLOBE. — Anomalies du champ magnétique terrestre sur
le Puy de Dôme. Mémoire présenté par MM. B. Brunhes et David.
Rapport de M. Rouquet de la Guye.
a M. Moureaux nousa donné il y a quelques années des Cartes du Magné-
tisme en France sous ses trois formes, déclinaison, inclinaison, intensité,
en utilisant les résultats obtenus dans 617 stations, et il avait vérifié qu'en
divers points de notre territoire il existait des anomalies magnétiques
extraordinaires. La région despuys, c'est-à-dire l'Auvergne, avait été soup-
çonnée par lui d'en renfermer, mais elle était restée en blanc sur ses Cartes.
MM. Brunhes et David ont étudié l'été dernier un point particulier de cette
région, le sommet du Puy de Dôme, et ils ont fait pour cela 58 stations dans
une zone de iSo"* autour de l'observatoire. Ils ont trouvé que la décli-
naison est minimum à l'ouest où elle descend à 12** et maximum à l'est où
elle remonte à 19".
» La composante horizontale est minimum au nord de la Tour et maxi-
mum au sud et l'écart de deux points distants de 25o™ est de o,o32. Le
sommet du puy n'agit pas comme un centre de perturbation défini, c'est
la montagne entière qui agit comme un pôle boréal.
» Une Carte accompagne le Mémoire de MM. Brunhes et David; elle
donne les lignes isogones et de même composante horizontale. Nous ne
pouvons qu'engager ces messieurs à poursuivre cette étude en l'étendant
sur toute la région, ils y trouveront nombre d'anomalies analogues non
seulement au voisinage des volcans mais aussi dans la plaine où l'on
trouve des affleurements de roches volcaniques, et l'Académie ne peut
qu'encourager une pareille recherche. »
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces uiiprimées de la
Correspondance :
Un Ouvrage de M. Emmanuel de Martonne ayant pour titre : « La Vala-
chie, essai de monographie géographique. (Présenté par M. de Lapparent.)
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. r3oi
M. Caxnizzaro, m™* Curie, MM. Commenge, Driencourt, Gaillot, Gri-
GÎÎARD, Gri>IBERT, DE GrOSSOUVRE, GuILBERT, HaRTWIG, ImBEAUX, DE LA
BaUxME-Puvixel, Lemoixe, Le Roux, Loisel, Marquis, M. Mo.nxier,
d'Ocagxe, Peyroux, Ravaut, Romazotti, Rosexstiehl, Schulhof, Svex
Hedix, de Taxnenberg, Teisserenc de Bort, Tourxouer, Trépied, Vessiot,
VuiLLEMiN adressent des remercîments à l'Académie pour les distinctions
dont leurs travaux ont été l'objet dans la dernière séance publique.
Sur la demande de l'auteur du Mémoire intitulé : k De l'entraînement
et de ses effets sur l'artilleur », présenté au concours Montyon de Sta-
tistique pour 1902, avec la devise : Primo non nocere, et qui a obtenu une
mention honorable, le pli annexé au Mémoire est ouvert en séance par
M. le Président.
L'auteur du Mémoire est M. Cassedebat, médecin-major au 29* d'artil-
lerie, à Toulouse.
PHYSIQUE DU GLOBE. — Nouvelles observations sur les éruptions volcaniques de
la Martinique. Extraits de Lettres adressées par M. Lacroix à MM. Dar-
boux et Michel Lévy.
« Fort-de-France, 23 novembre.
» Le 18, à 9^ précises du matin, nous avons vu subitement sortir de
l'échancrure sud-ouest du cratère, dont les bords étaient cachés dans les
nuages, une véritable cataracte de volutes de vapeurs très denses, d'un
brun roux foncé; elles sont descendues dans le fond de la vallée de la
rivière Blanche, puis, lorsqu'elles ont eu touché celle-ci, elles ont continué
leur marche en rampant sur le sol jusqu'à la mer, tout en étant animées
en même temps d'un mouvement plus lent d'ascension verticale. Ce
nuage, formant des volutes qui ressemblaient à des balles de coton très
serrées, marchait dans la direction horizontale avec la vitesse d'environ
jkin ^^ Ij^ minute (6 minutes pour aller du cratère à la mer); il s'est élevé
à environ 2000 mètres.
» Arrivé sur le bord de la mer, il s'est lentement diffusé à la surface de
celle-ci, obscurcissant l'horizon pendant près de 2 heures.
» Je ne doute pas que nous n'ayons assisté à un phénomène comparable,
quoique beaucoup moins intense, à celui qui a détruit Saint-Pierre.
» Quoi qu'il en soit, la vue de la sortie et de la marche de ce nuage était
C. R., 1902, 2» Semestre. (T. CXXXV, N° 26.) I 70
j3o2 ACADEMIE DES SCIENCES.
un speciacle inoubliable, et surtout intéressant pour nous qui avons passé
un si grand nombre de journées entières dans la vallée de la rivière
Blanche et qui avons encore tant d'observations à y faire. Il y a là évidem-
ment un nouveau et désaj^réable facteur, dont nous aurons à tenir compte
désormais. Une éruption similaire avait eu lieu le 6, c'esl-à-dire deux
jours auparavant.
» Depuis quelques jours, les fumerolles des embouchures des rivières
Blanche, Sèche, et des Pères ont repris par intermittence leur activité de
la fin du mois de juin. »
« Fonds-Saint-Denis, 29 novembre.
» Hier, à l'^So™, nous avons assisté à la plus grosse éruption; elle était
du même type que celle du i8, décrite dans ma dernière lettre. En 9 mi-
nutes, l'espace de 6''™ compris entre le cratère et la mer a été otcuj)é par
un épais nuage à contours nets se prolongeant à perte de vue sur la mer et
montant à 320o™. Les lourdes volutes grises rousses rouhinl les unes sur
les autres comme des solides étaient des plus imposantes. Quand ie nuage
s'est dissipé, nous avons vu tout l'espace compris entre la rivière Blanche
et Sainte-Philomène couvert de cendres blanches comme la neige avec
beaucouj) d'énormes blocs sur /<?.? talus horânnl la rivière Blanche. Ces pro-
jections plongeantes parlant du cratère paraissent devenir caractéristiques
des éruptions; je comple aller étuflier de près ce qui est tombé, mais c'est
trop dangereux par terre; j'attendrai mardi soir, jour où j'ai un bateau à
ma disposition.
» Un moi ceau du cône ayant environ 90°" de hauteur s'est délaché cette
nuit, grâce à une fis^ure longitudinale |)r()duite au sommet, mais celui-ci
reste à très peu de chose près à la même hauteur voisine de iSoo"^.
>* Fort-rle-France, lo décemlji'e.
» Les communications, par télégraphie sans fd, avec la Guadeloupe,
viennent d'êire inaugurées. M. le capitaine Ferrie, qui avait été mis pour
cela à ma disposition par M. le Ministre des Colonies, s'est acquitté avec le
plus grand succès de sa lâche, ainsi que M. Magne, inspecteur des Télé-
graphes, (pua organisé le poste de la Guadeloupe.
)) Jtisqu'à présent, le volcan n'a introduit aucune perturbation constante
dans les transmissions, bien que plusieurs éruptions se soient produites
depuis le commencement des expériences. Des observations régulières
vont du reste être faites à ce sujet et j'ai demandé au capitaine Ferrie de
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE I902. l3o3
vouloir bien rédiger, sur l'ensemble de ses opérations, une Note que TAca-
démie jugera probablement à propos de publier avec les autres résultats de
la mission.
» J'envoie à M. Michel Lévy une Note sur les dernières éruptions qui
sont extrêmement intéressantes, mais qui ne sont pas sans me gêner dans
mes explorations; la rivière Blanche, où se trouve la clef de beaucoup de
problèmes intéressants, étant devenue presque inabordable.
» Dans les ruines de Saint-Pierre, j'ai recueilli beaucoup de documents
qui, pour n'avoir qu'un rapport indirect avec le volcan, n'en sont pas
moins pleins d'intérêt au point de vue minéralogique.
Lettre de M. Lacroix à M. Michel Lévy.
« 10 décembre 1902.
» Depuis ma dernière Communication à l'Académie, les manifestations
éruptives de la Montagne Pelée se poursuivent avec les mêmes caractères,
c'est-à-dire sans grandes explosions, mais avec modifications incessantes
du cône, production discontinue de blocs de lave et de nuages denses, char-
riant à la fois des cendres, des fragments et des blocs de lave. J'ai pu suivre
ces diverses manifestations volcaniques d'assez près pour pouvoir en pré-
ciser les différents caractères.
)) Le cône s'est très rapidement accru pendant la fin du mois de novembre
et cet accroissement a été surtout caractérisé par la production d'une
aiguille terminale, en forme d'obélisque à faces plus ou moins planes, qui
a atteint environ 1 Soo"" d'altitude. Au cours des éruptions du commence-
ment de décembre, le sommet s'est peu à peu écroulé et a perdu ainsi
environ 60™ de hauteur, mais au moment où sont écrites ces lignes
(10 décembre), il reprend son mouvement ascendant.
» Les observations de nuit, faites, soit de l'observatoire, soit de la mer,
à bord du Joiiffroy ^ m'ont permis de suivre le mécanisme de la production
du cône. Lorsque le temps est clair, on voit que la masse rocheuse formant
le sommet du cône est parcourue de fentes, généralement verticales; elles
sont lumineuses; la variété d'intensité lumineuse tient à l'afflux intermittent
de matière fondue, dont on peut suivre la marche ascendante. De temps
en temps, on voit, en outre, comme si la fente n'était pas assez large pour
contenir la lave qui y circule, celle-ci s'échapper sous forme de blocs in-
candescents. C'est un magnifique spectacle que celui fourni par la vue de
ces blocs lumineux tombant, au milieu de la nuit, des parois de l'aiguille,
l3o4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
et traversant les vapeurs ascendantes, sorties d'ouvertures plus basses et
rendues elles-mêmes incandescentes par leur passage vis-à-vis des
fissures.
)) Mais ce n'est point par ces fissures du sommet du cône que sort la plus
grande quantité de matière fondue: c'est de la jonction de l'aiguille et de
son soubassement plus large (sur les flancs ouest et sud-ouest). Dans cette
région du cône, on voit parfois subitement apparaître un ou plusieurs
points, extrêmement brillants, qui se détachent brusquement et roulent
sur un talus d'éboulis ; après avoir été dirigé d'abord Est-Ouest, il contourne
le piton du Petit-Bonhomme et aboutit à la rivière Blanche. Ces blocs,
laissant derrière eux un sillage incandescent, se brisent peu à peu, four-
nissant ainsi un grand nombre de blocs plus petits qui se comportent
chacun comme le bloc principal. Ces émiettements successifs de blocs in-
candescents peuvent être comparés à autant de gerbes terminant une fusée.
Lorsqu'il y a à la fois plusieurs poussées de ce genre, les pentes du cône,
dressées sur cet énorme piédestal qu'est la Montagne Pelée, semble cou-
vertes par une cascade de feu.
» Cette production de blocs incandescents est à certains moments
presque continue, mais plus souvent elle est masquée par une épaisse
calotte de nuages ; elle est due à l'arrivée lente de matière fondue en quan-
tité trop peu considérable pour former une véritable coulée; le magma
peu fusible se solidifie dès son arrivée à proximité de l'extérieur; l'andé-
site ainsi produite est poussée au dehors sous l'influence de la pression
interne qui est continue. Ces blocs sont souvent énormes et ils peuvent
parvenir jusqu'à la mer (c'est-à-dire à ô''™ du cratère) avec des dimen-
sions dépassant loo""'. Dans la nuit du 9 au lo décembre, nous avons vu
brusquement apparaître près de la côte un semblable bloc non loin de
l'ancienne embouchure de la rivière Blanche. Il est resté vivement lumi-
neux pendant plusieurs minutes, puis s'est refroidi lentement.
)) Je m'étais demandé antérieurement si le cône s'accroissait uniquement
par afflux de lave à son sommet ou si son aiguille terminale n'était pas en
même temps soulevée par sa base; mes récentes observations me font élimi-
ner cette dernière hypothèse ; nous avons des preuves pour montrer que
l'accroissement se fait en hauteur et en largeur, la base restant absolument
stable. De plus, la base même du cône s'accroît aussi latéralement; le talus
d'éboulis qui, au milieu de novembre, se voyait encore par l'échancrure
sud-ouest du cratère, a été poussé en avant et s'est effondré dans le haut
ravin de la rivière Blancbe; il est remplacé maintenant par une paro*i ro-
SÉANCE DU 2g DÉCEMBRE I902. l3o5
cheuse qui domine celui-ci ; on y distingue quelques points lumineux, et il
est probable que, s'il se produit à un moment donné une coulée, c'est là
que sera son origine.
)) Tous les phénomènes qui viennent d'être décrits se produisent d'une
fatçon lente et presque continue, sans projection et sans dégagement consi-
dérable de vapeurs.
)) Il me reste à m'occuper des nuages denses ou nuées ardentes, dont
j'ai déjà signalé l'existence à l'Académie, et qui constituent, eux, un phé-
nomène violent, discontinu.
» Ils sont généralement précédés par des grondements sourds s'enten-
dant jusqu'à iS"^™ du volcan et peut-être même davantage sans qu'ils soient
accompagnés de trépidation du sol.
» En mesurant l'intervalle de temps qui s'écoule entre la chute de gros
blocs incandescents et la perception de ces grondements, j'ai acquis la
certitude que ces bruits sont dus à des éboulements produits dans le
cratère.
)) Ces nuages lourds sont formés par une grande quantité de vapeur
d'eau, entraînant à la fois de la cendre, des iapillis et des blocs de lave;
ils ont comme origine les points de sortie des blocs incandescents, dont
j'ai parlé plus haut, on les voit descendre le long du cône, s'engager dans
la vallée de la rivière Blanche et rouler jusqu'à la mer. A partir du moment
où ils ont atteint le fond de la vallée, ils sont en outre animés d'un mouve-
ment ascensionnel, beaucoup plus lent; parfois cependant, au moment de
la sortie du nuage, il se produit en outre une poussée verticale moins forte
qui d'ordinaire monte le long de l'aiguille terminale.
» Ces nuages lourds sortent donc obliquement du cratère et sont animés
d'un mouvement plongeant de haut en bas. Ils semblent en outre couler
comme un liquide dans le lit de la rivière Blanche; c'est en effet dans
celui-ci qu'après leur passage j'ai observé le maximum d'épaisseur de la
cendre et la presque totalité des gros blocs. Arrivés au point de la vallée
où celle-ci cesse d'être encaissée, les cendres et les blocs s'étalent pour
former une sorte de delta.
» La vitesse de translation dans le sens de la vallée est en moyenne
de i*"" à la minute, et il ne semble pas possible d'admettre que ces nuages
soient dus au simple écroulement de parties importantes du cône, il me
semble nécessaire d'admettre une force de projection assez considérable.
Ils contiennent, en outre, une grande quantité de vapeur d'eau, car,
l3o6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
lorsque la majeure partie de la cendre qu'ils renferment est tombée, ils se
transforment en nuages atmosphériques.
» Les plus gros de ces nu;iges, une fois arrivés au contact de la mer,
deviennent plus épais encore, leurs volutes roulent les unes sur les autres
avec plus de rapidité, ce qui paraît dû à une condensation rapide, produite
par une différence de température. La proportion de cendres tombéeainsi
sur le littoral est toujours considérable, comme nous avons pu nous en
assurer peu de temps après le passage de ces nuages, avant que la pluie ou
le vent ait pu modifier cet apport : les modifications de cet ordre sont très
rapides et très variées.
» La quantité de cendres et de blocs charriés par ces nuages est énorme;
ils ont comblé les ravins du haut de la vallée de la rivière Blanche,
encaissés par des falaises de plus de loo™ et que j'ai encore parcourus au
commencement de novembre. La basse vallée est aujourd'hui nivelée,
comme par une chute abondante de neige. Ces cendres sont extrêmement
mobiles, le moindre vent y soulève des tourbillons de poussière, on y
enfonce comme dans un liquide ; leur température, 7 jours après le passage
d'un de ces nuages, était encore à !0''i*^C. à o™,io de la surface et à 6*^™ tlu
cratère. On s'explique dès lors pourquoi, après la moindre pluie, l'ancien
trajet de la rivière est marqué par une traînée continue de vapeurs.
» La rivière elle-même a disparu et aucune de ses fumerolles ne fonc-
tionne depuis quelques jours. Il est probable d'ailleurs qu'à la première
série de pluies torrentielles, un nouveau lit va se creuser, comme nous
l'avons déjà vu à plusieurs reprises au cours de notre précédente mission.
» La chute des cendres n'est pas loccdibée à la seule vallée de la rivière
Blanche, eile a couvert d'une couche uniforme tout l'espace compris entre
celle-ci et le Prêcheur. Elle est extrêmement fine et j'ai pu suivre par elle
le mécanisme de cette curieuse structure globulaire que j'ai signalée dans
une de mes précédentes lettres à l'Académie, comme très caractéristique
des cendres actuelles de la Montagne Pelée. Cette structure se produit
toutes les fois qu'une pluie de très courte durée (insuffisante pour humecter
entièrement le sol) tombe sur une cendre fine et chaude, avec des alter-
nances de soleil, permettant une dessiccation rapide. Le 8 décembre, nous
avons vu ainsi, sur près de 5^™, la couche de cendres entièrement trans-
formée en petits granules de la grosseur d'un grain de millet qu'il était
facile d'isoler.
» Les cendres des éruptions qui nous occupent sont extrêmement
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. 1 3o7
blanches, les lapillis et les blocs qu'elles contiennent sont tous de même
composition, sans aucun mélange avec ces fragments arrachés aux |)arois
de la cheminée, qui sont si fréquents dans les grandes explosions précé-
dentes.
» La lave produite actuellement est une andésite à hypersthène d'un
gris clair, riche en verre, tantôt compacte et tantôt âpre au loucher; les
types très vitreux sont moins abondants que le mois dernier, la ponce est
relativement peu fréquente, alors qu'elle a été le principal produit rejeté,
dans celte même région, le 9 juillet et le 3o août.
» Je noterai en terminant l'absence complète, dans les nuages denses,
de bombes à périphérie vitreuse fendillée, ce qui indique bien nettement
que les blocs qu'ds renferment sont partis entièrement solides du cratère,
à l'inverse de ce qui s'est passé dans les grandes explosions verticales. »
ASTRONOMIE. — Observations de la comète d (^\€)Oi), faites à L'Observatoire
d'Alger {équatonal coudé de o'°,3i8 d'ouverture), par MM, RAiMBAUD et
Sy, présentées par M. Lœwy.
Comète. — Étoile.
Étoiles ■ — — ^ Nombre
Dates. de Ascension de
1902. compar. Grandeur. droite. Déclinaison. compai'. Observ.
m s / .,
Dec. 3.. a 9,2 — i.i5,o3 + 3. 14,7 i5:io S
3 a 9,2 — 1.15,71 + 3.32,8 i.5:io R
6 b 8,1 +o.56,35 — 2.19,7 i5:io S
6 b 8,1 +0.55,89 — 2.10,0 i5;io R
Positions apparentes, des étoiles de comparaison.
Asc. droite Réduclion Déclinaison Réduction
Dates, moyenne au moyenne au
19U2. Étoiles. 19U2,0. jour. 1902,0. jour. Autorités.
h m s s . , „ »
Dec. 3 a 7.18.40,18 +4)23 — 1.55.19,7 —12,4 AG Nicolajewi)°2I48
6 b 7.13.37,70 +4,32 — 1.24.49,1 —12,8 AG. Nlcolajewn°2132
Positions apparentes de la comète.
Temps Ascension
Dales. moyen droite Log. fact. Déclinaison Log.fact.
1902. d'Alger. apparente. parallaxe, apparente. parallaxe,
hms bus .>«
Dec. 3.... 10. 46-53 7,17.29,38 ï,593„ — 1. 5a, 17, 4 0,732
3.... 11.48.46 7.17.28,70 ï,486„ — i.5i.59,3 0,736
6..., 9.44-26 7.16.38,37 ï,643;j — 1.27,21,6 0,727
6,... 10.14.36 7.16.37,91 T,6i6„ — 1.27.11,9 0,729
:3o8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ASTRONOMIE. — Observations des Perséides, Léonides et Biélides, faites à
Athènes en 1902. Note de M. D. Égixitis, présentée par M. T.œwy.
« Les Perséides ont été observées, cette année, à Athènes pendant
6 jours de suite, du 8 au i3 août, par un ciel très beau. Le maximum de
leur chute a eu heu le 11 août, de iS*" à 16''; en général, elles ont été
moins nombreuses que dans les cinq dernières années.
» Voici les résultats de nos observations :
Nombre
Dates. 1902. Heure. de météores. horaire. Radiants.
Il m 11 ni
8 août 8.80-12.45 18 4
9 » 10. o-i4-3o 28 6
10 » 9.80-16. o 68 10
11 » 9.0-16.0 1 5o 21
12 » 9. 0-16. o 99 i4
1 3 » 9.0-18.0 1 5 4
a z= 45> 43.
8 = 55, 42.
a = 48, 4o, 44, 4o.
0 = 57, 59, 54, 54,5.
a rz: 45, 4o«
8 = 53, 55,5.
a = 44, 54, 58.
0 := 56, [\o, 45.
arzz42, [\0, 45.
8r=53, 56, 58.
a = 4o«
8 — 55.
» Le grand nombre des radiants, que nous donne régulièrement,
depuis plusieurs années, le tracé sur les cartes spéciales des météores
observés avec précision, et l'impression produite en général chez l'observa-
teur par l'ensemble des Perséides relatives, qu'on voit tomber pendant les
soirées d'observation, font croire que le radiant de cet essaim, qui est
situé près de i\ Persée, n'est pas un point, mais toute une aire, ayant une
étendue assez grande.
» Les météores, appartenant au radiant situé près de a Persée,
étaient rouges et brillants, tandis que ceux de ti Persée avaient en général
un éclat faible et une couleur jaune rougeâtre.
» Pendant les mêmes soirées, on a vu tomber quelques étoiles filantes
des constellations du Bélier, de la Girafe, de Gassiopée, du Triangle et
d'Andromède.
» A cause du mauvais temps on n'a pu observer les Léonides que le
i5 novembre, par un ciel beau. On n'a vu que 17 météores, de 12*"
à 18^; la lumière de la pleine Lune entravait beaucoup les observations;
SEANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. i3oq
on ne voyait que les étoiles jusqu'à la S»"* grandeur. Les radiants observés
sont :
a= i52° 149»,
» Les Biélides, par suite du mauvais temps aussi, n'ont été observées
que le 24 novembre, par un beau ciel; la Lune était âgée de 24 jours.
De 7*» à 17'' on a vu seulement 9 météores, qui ont émané du radiant
suivant :
Cf.— 24°, 5 22°,
^ = +42« +45«.
» En outre, on a observé quelques météores, qui sont tombés de Persée
et du Triangle.
» Ces observations ont été faites avec l'aide de MM. Ferzakis, Maris et
Nicolaou. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. ~ Sur les fonctions entières.
Note de M. Hadamard, présentée par M. Poincaré.
« Une fonction entière F(^) étant donnée, on peut souvent, si elle
est de genre fini, reconnaître a />nbrï qu'elle ne se trouve pas dans le cas
d'exception réservé par le théorème de M. Picard, c'est-à-dire qu'il ne
peut pas exister de constante a [ou même de polynôme /?(^)], tels que
l'équation
Y{x) = a ou Ç{x) =p{x)
n'admette qu'un nombre fini de racines.
» C'est, en effet, ce qui arrive toutes les fois que le mode de croissance
de F (a;) n'est pas celui de e''', où h est un entier.
» Il m'a paru intéressant de rechercher si l'on ne pourrait pas trouver,
même pour les fonctions de genre infini, une pareille règle d'exclusion, en
se fondant sur une remarque bien connue et qui vient d'être appliquée par
M. Fabry (') à la distribution des zéros d'une fonction entière. Cette
remarque est la suivante : si l'on a, sur le contour où les fonctions/(x)
et <s^{x) sont régulières.
/(^)
<i,
(') Bull. Soc. math. Fr., t. XXX, 1902, p. 172.
G. K., 1902, 2« Semestre. (T, CXXXV, N° 26.) 17
l3lO ACADÉMIE DES SCIENCES.
les deux fonctions /(:r) et /(^) -t- <p(^'), ont, dans cette aire, le naênae
nombre de racines.
» Une telle règle existe effectivement, et cela non seulement pour les
fonctions entières, mais aussi pour les fonctions de la forme
[F(^) étant une fonction entière et F^ une série entière à rayon de con-
vergence non nul], de sorte qu'elle est applicable à l'étude d'une fonction
analytique au voisinage d'un point essentiel.
» Pour l'obtenir, soient [comme dans un précédent article (')]
(2) ^a^x-^
la fonction donnée [w variant de 0 à -h oo s'il s'agit d'qne fonction entière,
de — ce à 4- GO dans le cas de la fonction (i)] ; [x = L — ; P, le polygone
de Newton circonscrit aux points (7/2, p:,). Considérons un sommet de ce
polygone, le côté qui arrive en ce somnfiet îiyant pour éi^uation
[7- = P — ma,
et le côté qui (en part
» Soient p = e*~"' \ u =^\x\ e~"' ; ç^ = - — - e", de sorte que, pour un choix
convenable de \x\, les nombres p, «, v sont plus petits que i et que l'pp ^
(3) uv = ^.
» Nous appliquerons la reniarque précédemment rappelée en prenant
poury"(a;) la quantité a^x"' et pour <p(^) l'ensemble des autres termes,
tant précédents que suivants, de la série (2), Ou a alors aisément
^i^)
<
» Or, on peut rendre le second membre de cette inégalité inférieur à i ,
tout en satisfaisant à l'équation (3), si l'on a
(4) P<^.
(») Bull. Soc. math. Fr., t. XXIV, i8q6, p. i!
SÉANCE t>V ^9 DÉCEMBRE 1902. l3ll
y) Si cette dernière inégalité est vérifiée par une infinité de sommets du
polygone, la loi de condensation des racines de la fonction (2) est aussi
rapide que le comporte la loi de décroissance des coefficients. Comme
d'ailleurs, en ajoutant une constante ou un polynôme, on ne change qu'un
nombre fini de côtés du polygone P, on voit bien que cette fonction ne
rentre pas dans le cas d'exception que comporte le théorème de M. Picard.
» Au reste, le seul fait que, sur le cercle de rayon \x\, le rapport du
rtïodule maximum de la fotiction à son niiodule hiinimum reste fini suffît
poitr montrer qu'if en est ainsi, et cela même pour le cas ou l'on ajoute
à F(x) non plus un polynôme, mais une fonction entière quelconc^ùe.
Croissant moins rapidement que la première.
» Si nous changeons le sens du mot angle, en convenant de désigner
comme l'angle de deux directions de coefficients angulaires a et a,, la
différence de ces coefficients angulaires, il résulte de ce qui précède que,
pour une /onction appartenant au cas d'exception, les angles du polygone
de Neççton sont, à partir d'un certain rang, tous inférieurs à Lg.
» Comme nous l'avons dit en commençant, il existe manifestement des
fonctions à croissance aussi élevée qu'on le veut, pour lesquelles cette
condition n'est pas remplie.
» Il semble d'ailleurs à peu près évident que cette limite Lj, n'est pas la
véritable (*) et que les angles en question doivent tendre vers zéro. C'est
Ce que l'on peut espérer établir pai*" l'emploi d'artifices connus : mais je
n'entreprendrai pas aujourd'hui cette démonstration. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Bemarque relative à ma Note Sur la représen-
tation approchée des fonctions. Note de M. W. Stekloff, présentée par
M. Emile Picard.
« Dans les recherches de ma Note du 17 novembre 1902 j'ai introduit,
par une inadvertance, une restriction inexacte qui m'a empêché de déduire
les conséquences intéressantes de la méthode proposée. Je crois devoir
corriger mon inexactitude et étudier la question dans toute sa généralité.
(*) Il est clair que l'on peut arrÏA'er à des résultats plus pi*écis s'il existe des coeffi-
cients nuls.
i^^I2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Considérons l'intégrale / p^(^ndcc de ma Note citée. On aura, pour
chaque position de l'intervalle (a, p) à l'intérieur de (a, [3o) =âp7»
2 étant un nombre donné, à l'avance. On peut démontrer que la valeur
moyenne 9,, (E) varie d'une façon continue de <p„(^, ) à ^«(Ha), lorsque le
segment a[i se déplace de ap à p^^ suivant l'axe des ^, mais nous ne pouvons
pas affirmer qu'il en sera de même du point ^ et quil passera par tous les
points du segment Itl^. C'est là l'assertion inexacte de ma Note du 17 no-
vembre 1902. Mais on peut affirmer qu'il existe, en général, une infinité
de points l à l'intérieur de x^^ tels qu'on a
\9n(l)\<^,
et cela quelle que soit la position du segment a^a et quel que petit qu'il
soit.
» On en déduit le théorème suivant, en posant, pour plus de simplicité,
p(x) = i :
» // existe, en général, une infinité de points dans tout intervalle c, si petit
qu'il soit, situé à r intérieur de l'interçalle donné (a, b), où la série de Lagrange
{Fourier)
co
/,\ V" A • k'K{œ — a) "^ C /•/ \ • k-!z(œ — a) ,
k=l
converge versf{x), si cette fonction reste continue dans l'intervalle («, b).
M Posons, pour plus de simplicité, a = o, b ^=t.. Soit x un point quel-
conque dans l'intervalle (o, x). Prenons l'intervalle {x, x -\- ^) et dési-
gnons par ^ le point intérieur à cet intervalle, où la série (i) converge.
Considérons les sommes
n n
S«'(^)=2AAsin>î;^.e-^\ S\l\x) =^kj,s\nkx .e''^'^, ^>o.
*=1 k=i
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. 3ll3
» On trouve, en choisissant convenablement le nombre ^,
n
» D'autre part, en choisissant n = v assez grand, on aura
(4) l/(ï)-S;,"(ï)|<e.
» Les nombres ^ et n ainsi fixés, posons
£ or
^ v2(v + i)
» On aura
(5) lS-(0 -S„(^)|<3,
(^) |s;;>(^)-s,(a;)|<£.
)) Les inégalités (2), (3), (4) et (5) donnent
l/(x)-s;;'(a;)|<4e,
ce qui exprime le théorème de Weierstrass-Picard. En tenant compte de
l'inégalité (6), on trouve encore
|/(^)-S„(^)|<5e.
On peut donc toujours construire une suite finie S;j(a?) de Fourier telle que
la fonction continue f(^x^ puisse être représentée en tous les points de l'inter-
valle donné par S^^x) o.vec l'approximation donnée à V avance. Cest précisé-
ment le théorème énoncé à la fin de ma Note du 1 7 novembre 1 902 .
)) Si J\x) admet une dérivée continue, le point l, varie, en effet, d'une
manière continue, lorsque le segment a[i se déplace suivant l'axe des x.
Dans ce cas, la série de Fourier converge uniformément en tous les points
de l'intervalle donné.
» Il importe de remarquer que la méthode indiquée est très générale :
qWq s' applique plus spécialement aux séries trigonométriques, mais aussi aux
cas beaucoup plus généraux et, en particulier, aux séries procédant suivant
les polynômes de Tchébiche(f\ »
l3ï4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur Id formule fondamentale de Dùichlet qui
sert à déterminer le nombre de§ blasses de formes quadratiques binaires
définies. Note de M. 3Iathias Leech, présentée par M. Emile Picard.
« J'ai remarqué depi^i's longteiïïps qtie piifSïerifg résultats de Kronecker
s'obtiennent avec très peu de calcul, si l'on envisage les quantités
v = o
(■i) ¥s.(a, b,c; s) = ^ - — ~, , --
(jn, 72 = o, ± I, ± 2, . . ., excepté m=^ n = o),
où (a,b,c) est une forme positive du discriminant — A = b^ — ^ac,
aux coefficients réels quelconques. En effet, on sait que la différence
R(to, s) — -- est une fonction entière de s et j'ai démontré la même
chose au sujet de la quantité
E.(à,biôis}
\/^ s — i
dans mon Mémoire : « Sur les séries malmsténiennes » (Académie de
Prague, 1891). Cela étant, la formule fondamentale de Dirichlet fournit la
relation
A-i
(3) 2 M^,b\cis) = rA-'n(i,s)^(^~^R(^'^,s
qui subsiste dans tout le plan de la variable complexées; ici (a, b, c) par-
court un système complet des représentants des différentes classes primi-
tives et positives du discriminant négatif — A supposé fondamental, puis
on a T = 2 à l'exception de A = 3 où t = 6, et de A = 4 où t = 4-
» D'après un théorème donné, en 1867, par Ernest Schroeder, on
connaît les deux premiers termes dans le développement de Maclaurin
(4) R(a„,)=Q-.»)+logî^'.+...,
SÉANCE pu 29 DÉCEMBRE 1902. l3l5
puis j'ai troqyé, dfins le Mémoire cité plus haut, le développement analogue
(5) m«,...) = _,_.„og[i;i,(.-:i_hiv5)H(^)'
en désignant par H(co) le produit infini
UITZt
e'' JJ(i - e^"'^'"')-
» Au moyen de ces préliminaires on trouve aisément les deux premiers
coefficients dans les développements par la série de Maclaurin des deux
membres de l'équation (3). En comparant les termes constants, il s'ensuit
immédiatement la formule connue
(A) Cl(-â) = ^-^2(^)'-.
le premier membre désignant le nombre des classes. La comparaisprj des
termes en s fourpit la relation
A-i
(P)
2
j'avais annoncé en iSg'j (^Bulletin de M. Darboux) qu'on peut l'obtenir
d'une manière directe qui vient d'être exposée, Elle contient, pour A = 3
et A = 4» les résultats obtenus par M. Bigler au sujet des quantités r( ^)
» J'ai obtenu de^ résultats analogues pour les formes de discriminants
positifs. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Une application de la théorie des résidus au
prolongement analytique des séries de Taylor. Note de M. Erxst
LixDELOF, présentée par M. E. Picard.
« l. Soit F (ic) une fonction analytique holomorphe à l'origine, et
a^-+- a^x -{- a,;^x- -v- .. .-\- a^x'^ -r- ...
3fl6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
son développement de Taylor en ce point, et désignons d'autre part, avec
M. Mittag^-Leffler, par A Tétoile principale relative aux constantes a et
par FA(ic) la branche correspondante de F(£c). On peut se proposer de
trouver une fonction 9(5, a), dépendant d'un paramètre ol et vérifiant la
condition lim | cp(/i, a.)]" = o, telle que, a. tendant vers zéro, la fonction entière
(1) ao<p(o, a)-h«,<p(i,a)^-h...-f- a„(ij)(n, cc)x'^ -+-. . .
tende uniformément vers ¥A(œ) dans tout domaine intérieur à A.
» On sait, d'après une remarque due à M. Borel, qu'il suffit de déter-
miner la fonction 9(2, a,) de telle sorte que l'égalité
00
(2) lim^ ?(^. a)^'^= — ^
0
ait lieu uniformément dans tout domaine fini T n'ayant aucun point
commun avec le segment 4- i hoc de l'axe réel. Or, pour résoudre
ce dernier problème, on est conduit tout naturellement à faire usage de la
théorie des résidus de Cauchy.
» 2. Considérant d'abord un cas particulier, nous montrerons que,
a tendant vers zéro par des valeurs positives, on a uniformément, dans
tout domaine tel que T,
0
Le théorème de Cauchy permet d'écrire
(''0 hjjï^^ ^ ^^ = 2 (^) '
le contour ai. étant par exemple un rectangle aux côtés parallèles aux axes
des coordonnées, symétrique par rapport à l'axe réel, de hauteur 2/1, et
dont les côtés verticaux passent respectivement par les points z = - et
I
z = V -\
2
» Posons z = ^ -h it et œ = re^^'^'^^\ de sorte que 9 désigne l'angle formé
par le rayon vecteur du point x avec l'axe réel négatif; on trouve
,r\ g~'^''" ^^ I r^ /aarctang;^-?')
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE T902. t3i7
» En supposant <p = o, r<i, o<a<i, on en conclut d'abord que les
parties de l'intégrale (4) qui se rapportent aux côtés horizontaux du
rectangle Si. s'évanouissent pour lira h = ce, et d'autre part que l'intégrale
/'
dz
tend vers zéro lorsque l'entier ç^ croît indéfiniment. De l'égalité (4) on pourra
donc tirer la suivante (en supposant toujours — i <^cc <^o, o^a<^i):
(6)
21J1
d_=\ ^
sin-iTS z'^- ^
» Pour T = -j l'égalité (5) nous donne
<2
2 ^2 e
■('
liî
■)
1 1 1
» Fixons un angle g aussi petit et une longueur X aussi grande qu'on
voudra, et faisons o^a,<^ -; on aura, dans tout le domaine
(7)
■t: — G,
<2
r<X,
l'e
et l'on en conclut que le premier membre de l'égalité (6) définit une
fonction analytique holomorphe dans le domaine (7) et que, par suite,
l'égalité en question subsiste dans tout ce domaine, pourvu que o ^ <^ :;^'
» Or, pour a = o, l'égalité (6) devient
(8)
2< Ji
■ce-
dz
et l'on s'assure immédiatement que, a tendant vers o, la différence entre
les premiers membres des égalités (6) et (8), et par suite aussi la
différence
tend uniformément vers zéro, dans tout le domaine (7). Cette dernière
C. R., 1902, 2» Semestre. (T. CXXXV, N" 26.)j
72
l3l8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
circonstance se présenlant également dans le cercle /" !£ i — £, quelque
petit que soit £, notre assertion relative à l'égalité (3) se trouve donc
justifiée.
» 3. Nous arrivons ainsi au résultat suivant, qui ne laisse rien à désirer
en fait de simplicité :
» Lorsque a tend vers zéro, la fonction entière 2<^«(-^) ^e/^^ unifor-
0
mément vers FA (a?) dans tout domaine fini intérieur à A.
» Si on le préfère, on pourra donner à ce résultat la forme suivante :
» a tendant vers zéro, le polynôme 2!^"(~â) tendra uniformément
0
vers FA (a?) dans tout domaine fini intérieur à A, si l'on choisit constamment
Va ^ e^ °^\ la fonction w ( - ] allant en croissant indéfiniment, d'ailleurs aussi
lentement qu'on le voudra, lorsque a tend vers zéro.
» Le résultat précédent, comme nous l'avons déjà dit, rentre comme
cas particulier dans un théorème plus général, dont voici l'énoncé :
» Soit o(js, oc) une fonction analytique de j^iEEET-hii dépendant d'un
paramétre positif a, et supposons
1
» 1'^ Qwe lim I (p (>?, a)|" = o,joow/' a.^ o;
)) 2'' Que (p(z, a) soit holomorphe dans le demi-plan t!: o ;
)> 3^ Que, en tout domaine fini faisant partie de ce demi-plan, o(z, a)
tende uniformément vers l'unité lorsque a tend vers zéro ;
» 4° Que, en posant z = pe"^, on ait | -p (z, a. ; | <^ e^^^^^ pour \'\)\-^-, 'a quan-
tité K(^a.) tendant vers zéro en même temps que se.
» Dans ces conditions , la fonction entière ( i ) tendra uniformément vers
FA ( ^ ) dans tout domaine fini intérieur à A, lorsque le paramètre a tend vers o.
c\ U • • I I r[^(i— a)-M]
)) Un pourra choisir par exemple cp = t^t-zt^-t^? ou encore ^ = ', r — ->
et l'on a alors une solution donnée par M. I.e Roy. »
GÉOMÉTRIE . — Sur une représentation plane de l'espace et son application à
la Statique graphique. INote de M. B. Mayor, présentée par M. Maurice
Levy.
« Les théories de la Géométrie réglée permettent de résoudre, à l'aide
de procédés simples et uniformes, les problèmes relatifs à l'équilibre des
SÉANCE DU 59 DÉCEMBRE IfjOK l3iy
solides. Il paraît dès lors nécessaire, si l'on désire étendre, d'une manière
quelque peu systématique, les méthodes de la Statique graphique à l'étude
des systèmes de trois dimensions, de rechercher un mode de représen-
tation plane de l'espace approprié à la nature spéciale des figures réglées
et qui, avant tonte autre chose, respecte le caractère dualistique que pré-
sente la ligne droite dans l'espace.
)) A cet effet, remarquons que l'ensemble d'une droite^ et d'un point g-',
quelconques l'un et l'autre dans le plan n où l'on se propose de représenter
j'espace, constitue le plus simple des éléments dualistiques dans la géo
métrie du plan et susceptible, en outre, puisqu'il dépend de quatre para-
mètres, de représenter une droite quelconque de l'espace. Si donc on
convient de désigner par la notation (g, g') un pareil élément et par (^)
la droite de l'espace qu'il représente, il suffira, pour atteindre le but pro-
posé, de déterminer la plus simple de toutes les correspondances linéaires
qu'il est possible d'établir entre les éléments {g, g') et les droites (j^'). I^es
considérations suivantes permettent de résoudre ce problème.
i) Lorsque la droite g de Tensemble quelconque (g, g') demeure fixe,
le point ^' étant, au contraire, variable, la droite correspondante engendre
dans l'espace une congruence dont l'ordre sera désigné par m, et la classe,
parrt; de même, g' étant supposé fixe, et g variable, (g) engendre une
deuxième congruence d'ordre m' et de classe n'. A tout élément (g, g')
correspondent ainsi deux congruences ayant en commun la seule droite (g),
puisque la correspondance cherchée est assujettie à la condition d'être
linéaire. On aura donc
mm' H- nn' = i ,
et cette relation ne peut être satisfaite que par Tune ou l'autre des solu-
tions
(d) n=±n'=^i, mm'===o;
(b) m==fn'r==ï, nn'==o.
» Considérant tout d'abord la solution (a) et supposant, pour simplifier
le mode de représentation et par raison de symétrie, que l'on ait séparé-
ment m = m'=o, on démontre immédiatement que la correspondance
cherchée s'obtient en établissant deux corrélations homographiques quel-
conques, d'une part entre les plans d'une première gerbe de centre quel-
conque S et les droites g de n* et, d'autre part, entre les points g' de n et
les plans d'une deuxième gerbe dont le centre S', également quelconque,
. l320 ACADÉMIE DES SCIENCES.
doit, cependant, être supposé différent de S. L'élément représentatif d'une
droite {g) est alors constitué par la droite et le point de II qui correspon-
dent aux plans des deux gerbes qui passent par {g); de cette manière à
toute droite de l'espace correspond bien, en général, un élément repré-
sentatif unique et réciproquement.
» Le mode de représentation ainsi obtenu est susceptible d'une première
simplification fondamentale. On l'obtient en assujettissant les deux corré-
lations homographiques à des relations telles que la condition de rencontre
de deux droites définies par leurs éléments représentatifs, condition dont
on connaît le rôle essentiel en géométrie réglée, se présente sous la forme
la plus simple. Sans entrer dans le détail d'une discussion très élémentaire,
il suffit d'indiquer ici qu'on obtient ce résultat lorsque la droite et le point
de n qui correspondent à un même plan quelconque du faisceau commun
aux deux gerbes sont unis. Si l'on désigne alors par O le point commun
à toutes les droites qui correspondent aux plans de ce faisceau, par E la
droite engendrée par les points qui correspondent à ces mêmes plans ; si
l'on convient, de plus, pour faciliter le langage, d'appeler ligne de fuite
d'un point de n la droite qui joint ce point à O et point défaite d'une droite
de n son point de rencontre avec E, on peut alors énoncer la proposition
fondamentale qui suit :
» Pour que deux droites définies par leurs éléments représentatifs (g^ , g\ )
^^ (^2 5 ë'S)se coupent, il faut et il suffit que la ligne de fuite du point d'inter-
section de g^ et de g^ passe par le point de fuite de la droite qui joint g\ et g'^.
)) On démontre encore facilement les propriétés suivantes qui mettent
en évidence un nouvel élément géométrique dont le rôle est essentiel :
» Lorsque les deux éléments représentatifs d'une même droite sont unis,
cette droite appartient à un complexe linéaire que nous appellerons le complexe
directeur. Il faut toutefois excepter de cet énoncé le cas où la droite repré-
sentative passe par O, le point représentatif étant, en outre, situé sur E.
Les droites correspondantes de l'espace, qui sont d'ailleurs incomplètement
représentées, forment un complexe linéaire spécial dont le rôle est secon-
daire.
» Lorsque deux droites de l'espace sont conjuguées par rapport au com-
plexe directeur, leur s points représentatifs sont alignés sur O, leurs droites re-
présentatives se coupent sur E et, enfin, le point représentatif de l'une quel-
conque d'entre elfes et la droite représentative de l'autre sont unis.
» Considérant, à présent, toutes les droites qui passent par un même
point (P) de l'espace, on voit que leurs droites représentatives passent
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. t32I
par la projection P de ce point sur le plan H, tandis que leurs points re-
présentatifs sont alignés sur une même droite P'. De plus, la ligne de fuite
de P et le point de fuite de P' sont unis et à tout élément de II constitué
par la réunion d'un point et d'une droite jouissant de cette propriété, élé-
ment que nous désignerons par la notation (P, P'), correspond, en géné-
ral, un point (P) de l'espace, et un seul.
» En considérant de même un plan quelconque (a) comme formé par
l'ensemble des droites qu'il renferme, on est conduit à le représenter par
sa trace a et par la projection a' de son foyer sur II, c'est-à-dire par les élé-
ments qui définissent son foyer. D'après cela, un point et un plan de
l'espace sont représentés de la même manière, ce qui ne peut donner lieu
à aucune ambiguïté si l'on réserve, comme nous l'avons fait, les majus-
cules latines pour les points et les minuscules grecques pour les plans.
» Ajoutons que la solution (è) ci-dessus, que nous n'avons pas dévelop-
pée, conduirait à une représentation identique à celle qui précède en rem-
plaçant chaque droite par sa conjuguée relativement au complexe direc-
teur. »
ÉLECTRICITÉ. — Étude de la magnéto friction du faisceau anodique. Note de
M. H. Pellat, présentée par M. Lippmann.
« Dans plusieurs Notes antérieures ('), j'ai eu l'honneur de signaler
à l'Académie une série de phénomènes qui se produisent quand on fait
agir un champ magnétique intense sur le flux cathodique ou sur le flux
anodique des tubes à gaz raréfiés et qui sont inexplicables par les lois de
l'électromagnétisme. Ils s'expliquent parfaitement par un frottement ani-
sotrope que subiraient les particules en mouvement, très grand dans le
sens perpendiculaire aux lignes de forces du champ magnétique et beau-
coup plus faible ou nul dans le sens des lignes de forces. Pour rappeler
celte propriété, je propose de donner à ces phénomènes le nom général de
magnéto friction du faisceau cathodique ou anodique.
» L'objet de cette Note est de résumer l'étude que j'ai faite de la manière
(') Tubes de forces d'un champ magnétique rendus visibles par les rayons
cathodiques {Comptes rendus, t. GXXXIV, 1902, p. 352). — Des forces qui agissent
sur le flux cathodique placé dans un champ magnétique (Ibid., p. 697). — Action
d'un champ magnétique intense sur le flux anodique {Ibid., p. io46).
l322 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dont varie la magnétofriction d'un faisceau anodique suivant la pression et
là nature du gaz.
» Les gaz étaient étudiés dans un tube cylindrique ayant environ i™ delong^ et ji^™"'
de diamètre dont le milieu était placé entre les pièces polaires planes d'un fort électro-
aimant Weiss distantes de o"\02 et donnant un champ à peu près uniforme sur une
longueur de 0^,07; les trous pratiqués dans l'axe des pièces polaires permettaient
d'examiner le tube de côté. De cette façon, le faisceau anodique coupait à angle droit
les lignes de forces du champ magnétique. Les gaz étudiés ont été l'hydrogène, l'oxy-
gène, un mélange d'oxygène et d'hydrogène et enfin l'air sec. L'ox} gène et l'hydro-
gène étaient préparés par l'électrolyse d'une solution de potasse; ils étaient desséchés
par un séjour prolongé sur de la potasse en morceau, qui avait longtemps été main-
tenue à l'état de fusion.
)) D'une façon générale, voici quels sont les phénomènes que l'on observe
quel que soit le gaz.
» Si l'on augmente progressivement l'intensité du champ magnétique à partir de
zéro, le faisceau anodique se resserre de plus en plus le long de la paroi du verre
conformément aux lois de l'éleclromagnétisme, et forme en avant ou en arrière, sui-
vant le sens du champ ou de la décharge, un filet d'autant plus mince que le champ
est plus intense. Mais à partir d'une certaine intensité du champ, que je désignerai
par H, le faisceau anodique se diffuse autour du filet, d'abord sous forme d'un nuage
qui ne s'écarte pas beaucoup du filet, puis la diffusion augmente de plus en plus
jusqu'à envahir toute la section du tube, quand le champ augmente d'intensité. Enfin
le filet lui-même disparaît dans les dhanips très intenses et l'effet des forces électro-
magnétiques ne se manifeste plus que par une intensité lumineuse un peu plus grande
sur le bord où était le filet, quand on regarde le tube de côlé. Cette différence d'inten-
sité diminue, du reste, et tend à s'eflacer lorsque le champ continue à croître. La
partie diffusée ne présente jamais de stratifications; le filet ne peut en présenter que
lorsqu'il est très large, dans les champs très peu intenses, par conséquent.
» Mais il y a une très grande différence entre les valeurs du champ qui donnent un
des aspects qui viennent d'être indiqués suivant la pression et la nature du gaz. On
en jugera par le Tableau suivant, qui indique pour l'hydrogène et pour l'oxygène les
valeurs de H suivant la pression.
Valeur du champ à pdrtir de laquelle la diffusion du faiscèdil
due à la tnâgnétofi'iction commence à appàVâitrei.
Oxygène!.
\ supérieure
( 7000 C.G. S.
Id.
Hydrog
ène.
Pression ('
')•
H.
Pression.
20
1740 C.G. S.
1,3
16
i34o
0,97
H.
Pression.
890 C. G. S.
mm
1,5
890
0,7
(') Les pressions inféfieiJres à a""" de mercure étaient bien évaluées au moyen de
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. l3l3
Hydrogène. Oxygène.
Pression.
mm
2
1090
0
1000
7
4,6
3
920
84o
570
2
390
Pression.
H.
mm
0,70
390
o,38
390
o,i4
390
o,o3
390
0,0078
3oo
Pression.
H.
mm
0,54
2430 C.G.S
0, i3
i58o
o,o3
3oo
M Ainsi, à mesure que la pression diminue, l'intensité H du champ à
partir de laquelle la diffusion commence à apparaître diminue aussi. Mais
il y a une énorme différence entre les nombres correspondant à une même
pression pour l'hydrogène et pour l'oxygène (si l'on excepte toutefois les
pressions très faibles). J'ajouterai, pour mieux montrer la dissemblance
des deux gaz, qu'avec une pression de i™"^, 3 de mercure et un champ
de 7000 C.G.S., pour l'hydrogène la diffusion du faisceau anodique
est complète, le filet n'étant plus visible, tandis que pour l'oxygène le
faisceau est resserré en un mince filet très brillant sans diffusion appréciable.
Pour qu'avec un champ de 7000 G. G. S. l'oxygène donne une diffusion
complète, comme celle qui vient d'être indiquée pour l'hydrogène, il faut,
au lieu de i™°^,3, descendre jusqu'à une pression voisine de o™™, t3.
)) On voit par là que l'oxygène subit beaucoup plus difficilement les effets
de la magnétofriclion que l'hydrogène.
» Il était intéressant de voir si, dans un mélange, les effets sur les deux
gaz se manifesteraient séparément. L'expérience a été faite sur un mélange
à volumes grossièrement égaux d'oxygène et d'hydrogène; elles a montré
qu'au point de vue de la magnélofriction un mélange se comportait comme
un gaz unique jouissant de propriétés intermédiaires entre celles des com-
posants : le spectroscope décelait les raies brillantes de l'hydrogène et les
raies ou bandes beaucoup plus pâles de l'oxygène, aussi bien dans le filet
que dans la partie diffusée qui l'entourait ; pour les pressions totales
o™'",94 et o™™,46, H fut trouvé respectivement égal à 3ooo et 1 100 G. G. S.
L'air s'est comporté d'une façon analogue.
la jauge Mac Lead; mais les pressions égales ou supérieures à 2™'" n'étaient que gros-
sièrement évaluées. Cela n'a aucun inconvénient, puisque le phénomène ne change que
lentement avec la pression. D'autre part, le phénomène de l'apparition de la diirusion
étant délicat à observer, les valeurs indiquées pour H ne sont déterminées qu'à plu-
sieurs dizaines d'unités près.
l324 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Dans cette Note, je n'ai exposé que des faits. Dans une prochaine
Communication, j'indiquerai quelques conclusions qu'il me paraît légitime
de tirer de ces expériences. »
ÉLECTRICITÉ. — Sur l'émanation du phosphore. Note de
M. Eugène Bloch, présentée par M. Mascart.
« On sait depuis fort longtemps que l'air placé au voisinage d'un bâton
de phosphore devient conducteur de l'électricité. Mais ce phénomène n'a
commencé à attirer l'attention des physiciens que dans ces dernières années,
en même temps que les autres cas de conductibilité des gaz. Barus (Phil.
Mag., 1899- 1902, passirn) établit que \' émanation du phosphore est non
seulement conductrice, mais^possède la propriété de condenser la vapeur
d'eau même non saturante; ses expériences sembleraient d'ailleurs prou-
ver l'indépendance des deux phénomènes; de plus elles laissent sans
réponse toutes les questions que l'on peut se poser sur la nature de la
conductibilité. G. C. Schmidt (^Phys. Zeitschr., t. III, juillet 1902, p. 47^)
nie que l'on soit en présence d'une véritable ionisation et attribue la con-
ductibilité à la convection de l'électricité par les produits d'oxydation du
phosphore qui formeraient les nuages observés. Hd^rvas (^Phy s. Zeitschr.,
t. IV, p. III, novembre 1902) combat cette opinion par quelques expé-
riences presque purement qualitatives.
» En présence de ces contradictions sur les points les plus essentiels, il
m'a paru utile de faire connaître les premiers résultats des recherches que
je poursuis sur ce sujet,
» Je me suis efforcé d'abord d'obtenir des phénomènes réguliers et par suite de
rendre les mesures possibles. J'y suis parvenu en faisant passer, avec une vitesse
constante sur du phosphore desséché et maintenu à la température ordinaire, un cou-
rant d'air rigoureusement sec. Cet air devient conducteur sans qu'il soit possible
d'apercevoir dans le gaz vivement éclairé aucune poussière ou fumée; une pareille
fumée ne se produit qu'à la sortie de l'appareil, au moment où l'émanation arrive au
contact de l'air extérieur; il se forme alors un nuage de vapeur d'eau.
» En ce qui concerne la conductibilité électrique, j'ai établi d'abord, en envoyant
le courant gazeux dans le champ d'un simple condensateur cylindrique, et en utilisant
pour les mesures un électromètre à quadrants sensible, que le courant que l'on peut
faire passer dans le gaz n'est pas proportionnel à la force électromolrice, mais qu'il
tend vers un maximum (courant de saturation) quand la force électromotrice est
suffisamment élevée. D'autre part, si l'on envoie l'émanation dans un tube cylin-
drique chargé à un potentiel élevé, et suivant l'axe duquel sont placées deux électrodes
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902, 1^25
isolées identiques, on constate que l'électromètre ne décèle plus aucun courant à la
seconde électrode quand la première est reliée au sol. L'ensemble de ces faits justifie
l'hypothèse d'une ionisation du gaz.
» La conductibilité, supprimée dans la dernière expérience par l'établissement d'un
champ sur la première électrode, est supprimée déjinitivement, c'est-à-dire qu'elle ne
reparaît pas plus loin dans le gaz par suite d'une prolongation possible de l'oxjdation.
Il est dès lors légitime d'appliquer au cas actuel une méthode telle que celle des
courants gazeux (Zeleny) pour mesurer les mobilités des ions. Les mobilités obtenues,
à peu près égales pour les deux espèces d'ions, sont extrêmement faibles, de l'ordre
de -jyg- de millimètre par seconde dans un champ de un volt par centimètre. Les ions
actuels diffèrent donc beaucoup à cet égard des ions que l'on rencontre d'ordinaire
dans les gaz; ils sont au contraire à rapprocher de ceux que Townsend a le premier
signalés dans les gaz récemment préparés par voie électrolytique et qui possèdent
justement des mobilités du même ordre que les précédentes (Townsend, Phil. Mag.,
t. XLV, 1898, p. X25).
» Cette analogie est confirmée par l'étude des phénomènes de condensation. Gomme
ceux des gaz électrolytiques, les ions du phosphore condensent la vapeur d'eau même
non saturante (contrairement aux ions ordinaires). Le nuage produit disparaît presque
complètement si l'émanation a passé au préalable dans un long condensateur cylin-
drique à l'intérieur duquel on a créé un champ intense. Il est donc extrêmement vrai-
semblable que la vapeur d'eau se condense, au moins en grande partie, sur les ions.
La même expérience réussit tout aussi bien avec l'hydrogène électrolytique, et ce fait
confirme les idées de Townsend sur le rôle joué dans la condensation par les ions con-
tenus dans les gaz, rôle qu'il n'avait mis en évidence que d'une manière assez indi-
recte, et qui avait été contesté parH.-A. Wilson {Phil. Mag., t. XLV, 1898, p. 454).
J'ai pu, dans le cas du phosphore, démontrer rigoureusement qu'une bonne partie du
nuage se condense sur les ions, en plaçant, à l'exemple de C.-T.-R. Wilson, trois
plateaux parallèles identiques au sein de l'émanation et en créant un champ intense
et uniforme entre le plateau central et un latéral : le nuage disparaît seulement du
côté où existe le champ.
» Signalons encore que les phénomènes de conductibilité électrique sont simple-
ment affaiblis sans perdre aucun de leurs caractères par le passage de l'émanation au
travers d'un tampon de coton de verre, d'une éprouvette à potasse solide, d'une solu-
tion de potasse, d'un barboteur à acide sulfurique pur, d'une solution concentrée
d'iodure de potassium.
» E71 résumé, la conductibilité de l'air sec qui a passé sur le phosphore
est due à des ions de très faible mobilité qui servent de noyaux de conden-
sation à la vapeur d'eau même non saturante. Il faut réserver pour l'instant
la question de savoir par quel mécanisme chimique ces ions sont produits,
et si leur formation est lice à celle d'un composé défini tel que l'ozone ou
un oxyde du phosphore, ou bien s'il s'agit d'une simple modification de
l'oxygène. Cette question est évidemment liée à l'étude chimique précise
C. R., 1902, 1" Semestre. (T. CXXXV, N° 26.) ly^
l326 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de l'oxydation du phosphore, sur laquelle nous n'avons actuellement que
des données insuffisantes. »
ÉLECTRICITÉ. — Sur V effet Hall et les mobilités des ions cVune vapeur salée.
Note de M. Georges Moreau, présentée par M. Mascart.
« Mobilité des ions. — Dans une IN^ote récente (^) j'ai indiqué le méca-
nisme de l'ionisation d'une flamme, chargée d'un sel alcalin par vaporisa-
tion d'une solution de concentration connue.
» On peut se proposer de déterminer les mobilités des ions produits.
Une méthode indiquée précédemment (*) m'a fourni, pour les ions néga-
tifs, une mobilité diminuant quand la concentration croît et uniquement
fonction de la nature du métal. Pour les sels de R et de Na, dont la concen-
tration est comprise entre i*""* et ^ de molécule par litre de solution
c m cm
vaporisée, elle varie de 660 — à i32o — pour une chute de i"*""** par cen-
timètre. La limite i35o — est la mobilité des ions nés^atifs de la flamme
sec °
pure et chaude d'un bec Bunsen.
cm
» La même méthode, appliquée aux ions positifs, donne 80 — -, quell
sec
que soit la nature du sel ou la concentration. Pour la flamme pure, ce
sera donc aussi 80 Les ions négatifs sont notablement plus rapides que
les ions positifs; ils ont donc une masse plus faible qui s'accroît avec la
concentration. L'inégalité des mobilités est un fait général déjà observé
chez les gaz ionisés par d'autres procédés ; elle est seulement plus accentuée
pour les vapeurs salines où les mobilités sont aussi plus considérables à
cause de la haute température du milieu.
» Effet Bail. — Soit, dans une flamme, un champ électrique X paral-
lèle à Oicet, suivant Oy, un champ magnétique H. Parallèlement à O:;, se
produit, sous l'action de H, un champ électrique Z qui définit l'effet Hall.
Z
Le coefficient de rotation R= tj^ a été mesuré par Marx (^) pour les
flammes chargées de KCl à différentes concentrations et pour NaCl.
(*) Comptes rendus, i(\ novembre 1902.
(-) Ibid., Sojuin 1902.
(^) Marx, Wied. Ann., 1900.
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. l'52'J
» Avec la notion des ions, l'interprétation de R est simple. En admettant
que le champ H exerce sur chaque ion chargé qui se déplace suivant Ox
une action pondéromotrice électromagnétique, on établit (') la formule
(I) R = K,-K,,
Kg et K^ étant les mobilités des ions positifs et négatifs.
» Cette formule n'est cependant qu'approximative, car on néglige les
chutes de pression des ions qui s'établissent suivant 0:ï et qui diminuent
légèrement R.
» Avec les valeurs que j'ai mesurées pour Kg et R,, on peut calculer R
d'après (I) et le comparer aux nombres de Marx. Dans le Tableau suivant,
R est évalué en C.G.S. :
KCl. NaCI.
Concentr.
FI. pure.
M
64'
M
8 ■
M
4'
M
2
2 M.
2M.
— lO^R cale. .
.. i2,7
II
8,2
7
6,2
5,2
6,4
— io®R obs . . .
IO,2
non obs.
8,3
5,4
4,3
3,8
5,1
» Les valeurs calculées sont plus élevées que les valeurs observées, ce
qu'on pouvait prévoir. Telle quelle, la formule (I) représente suffisam-
ment bien l'allure du phénomène, si l'on tient compte des différences de
température dans lesquelles les observations des mobilités et de R ont été
faites, puisqu'on expérimente sur des flammes, c'est-à-dire sur des milieux
facilement modifiables.
» Marx a étudié différents sels alcalins et a trouvé qu'à concentration
égale le coefficient R dépend uniquement du métal, d'après la formule
(II) Rv/M = const.,
011 M est le poids moléculaire du métal. Puisque Kg est notablement plus
petit que K,, on peut écrire
(III) R, v^M = const.
» Cette formule III est bien vérifiée par mes observations sur les mobi-
lités du R et du Na. Elle est d'ailleurs une conséquence de la théorie de la
diffusion des gaz, si la masse de l'ion négatif est égale ou supérieure à
celle des molécules du milieu enflammé.
(') DoNNAN, Phil. Mag., 1898.
l32S ACADÉMIE DES SCIENCES.
Conclusion. — La formule (I) fournit une interprétation cinématique de
l'effet Hall que l'expérience vérifie : c'est la première fois qu'à ma connais-
sance cette preuve directe a été faite. La formule (II) ne fait que confirmer
ce que mes propres observations ont établi, à savoir que l'ion négatif ne
dépend que du métal de la vapeur. Il me paraît constitué d'un noyau pro-
venant de la dislocation de l'atome métallique, qui groupe autour de lui
d'autres atomes non ionisés, en nombre croissant avec la concentration.
L'ion positif sera le reste de l'atome avec des molécules du milieu enflammé.
Ainsi s'explique l'influence prépondérante du métal qu'Arrhénius a ob-
servée dans la conductibilité des vapeurs salines. »
ÉLECTRICITÉ. — Sur Un nouçel accumulateur électrique.
Note de M. D. Tommasi, présentée par M. H. Moissan.
« Les plaques de cet accumulateur se composent d'un cadre en plomb
contenant un très grand nombre de lamelles également en plomb, très
rapprochées les unes des autres, destinées à retenir la matière active et
à y amener le courant dans ses différents points.
» Ces lamelles, par groupe de sept, sont disposées alternativement sui-
vant deux directions rectangulaires ; les unes sont verticales, les autres
horizontales.
» Par ces dispositions, la dilatation de la plaque se fait à la fois dans les deux sen s
et, par suite, elle est beaucoup moins sensible.
» Chaque plaque renferme 8i cases de iS'"'^^ contenant, ainsi qu'il a été dit,
7 lamelles.
» Au centre de chaque case, la lamelle correspondante porte une petite bague de
plomb destinée à permettre le passage de l'électrolyte et sa diffusion dans la matière
active.
» La plaque est munie sur ses deux faces d'une lame diagonale en plomb, permet-
tant au courant de se rendre directement dans tous les points de la plaque, assurant
ainsi une répartition uniforme du courant.
» La matière active est introduite dans tous les espaces vides que présente la plaque
et est retenue par les différentes lamelles qui traversent ces espaces vides.
» La matière active qui obstrue les petites baguas placées au milieu de chaque case
est ensuite enlevée de façon que l'électrolyte puisse venir facilement en contact avec
tous les points de la matière active.
» Cette disposition évite ainsi la formation de courants de concentration , par suite
de la diffusion parfaite de l'électrolyte dans les différentes parties de la masse active.
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. 1829
)) Les constantes de cet accumulateur peuvent se résumer ainsi :
Nombre de plaques 5
» positives 2
Longueur des plaques en millimètres 1^0
Largeur » i4o
Epaisseur » 3
Poids total en grammes 2000
» de deux positives et de deux négatives 1600
Durée de la décharge en heures 5
Différence de potentiel moyenne utile en volts - . . . i ,9
Débit en ampères 6
» par kilogramme de plaques utiles (^) 3,8
Capacité en ampères-heure 2,8
» par kilogramme de plaques 17 ,75
Puissance en watts 1 1 , 4
» par kilogramme de plaques 7,1
Énergie en watts-heure ol^,io
» par kilogramme de plaques 33,7
» Au régime d'un ampère par kilogramme de plaques, on arrive cou-
ramment à une capacité de 34 à 38 ampères-heure, soit 22 à 24 ampères-
heure utilisables, toujours par kilogramme de plaques. »
SPECTROSCOPIE. — Sur les spectres de flammes.
Note de M. C de Watteville, présentée par M. Lippmann.
« On peut ranger en deux catégories principales les spectres que nous
savons produire: ceux quisontd'originepurementcalorifique(flammes, etc.),
et ceux qui sont d'origine électrique en même temps que calorifique (arc,
étincelle). L'étude des premiers, seuls connus au début delà spectroscopie,
a été, depuis, négligée comparativement à celle des seconds; elle laisse à
désirer, en particulier, au point de vue des différences que présentent les
spectres des parties constitutives de la flamme. On sait, en effet, qu'on
trouve dans une flamme deux régions principales, le cône intérieur ou
noyau, et la flamme proprement dite, qui, extérieure au précédent, l'enve-
loppe et s'y raccorde à l'orifice du brûleur. C'est à M . Gouy qu'est due la
découverte de raies spectrales dans le noyau de la fl imiia produite par la
(*) Deux positives et deux négatives.
l33o ACADÉMIE DES SCIENCES.
combustion d'un mélange de gaz d'éclairage et d'air chargé de poussières
d'un sel métallique. Ces raies, qui appartiennent au spectre du métal con-
sidéré, peuvent ne pas être visibles dans la flamme proprement dite et
n'apparaissent pas lorsqu'un sel est simplement introduit dans la flamme
depuis l'extérieur. M. Gouy a d'ailleurs borné ses observations aux quelques
raies existant dans la partie visible du spectre des différents métaux ( *).
)) D'après les conseils de M. le Professeur Schuster, qui a bien voulu
me diriger au cours de ce travail, et m'accorder dans son magnifique labo-
ratoire d'Owens Collège (Manchester) une hospitalité dont je lui garde la
plus grande reconnaissance, j'ai repris cette étude pour la prolonger dans
l'ultra-violet du spectre et, aussi, pour rechercher si certaines raies, trop
faibles pour être observées à l'œil nu, seraient enregistrées par la photo-
graphie.
» Mes résultats, tout en confirmant ceux qui ont été obtenus avant moi
par d'éminents expérimentateurs, tels que MM. Eder et Valenta et
M. Hartley, les étendent très notablement, puisque, d'après leur mode
même d'observation, les données de ces savants ne s'appliquent qu'à la
partie externe de la flamme. En effet, un nombre considérable de raies,
invisibles même quand on se sert du chalumeau à oxygène et gaz d'éclai-
rage, apparaissent par le simple emploi de lait auquel le sel est préalable-
ment mêlé.
» La méthode employée est essentiellement celle de M. Gouy, avec
quelques très légères modifications, inutiles à décrire ici, et qui n'avaient
d'autre but que de rendre le fonctionnement de l'appareil suffisamment
automatique, pour ne pas exiger une attention trop constante de la part
de l'opérateur pendant les 8 heures qui étaient nécessaires à la prise des
photographies.
» M. Schuster a bien voulu me confier un beau réseau concave de Row-
land, comprenant i5ooo traits au pouce anglais et ayant une longueur
utile de 3 pouces et demi. Grâce au rayon exceptionnellement court (i™)
de cet appareil et malgré sa forte dispersion, les raies ont une intensité
lumineuse très notable. Sur les pellicules employées, une longueur de i™"^
correspond à une différence de longueur d'onde d'environ i6,8 unités
d'Angstrom.
» Sans entrer dans les détails particuliers à chacun des 19 spectres des métaux
étudiés (Li, Na, K, Cu, Ag, Mg, Ca, Zn, Sr, Cd, Ba, Sn, Pb, Bi, Cr, Mn, Fe, Go, Ni)
(') Gouy, Annales de Chimie et de Physique, 5» série, t. XVIII, 1870.
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. l33l
détails qui seront publiés prochainement, je me bornerai à l'énoncé des quelques
conclusions suivantes :
» 1° Dans les conditions où je me suis placé, le spectre de flamme peut s'étendre
assez loin dans l'ultra-violet. Ainsi, la raie 2269 de l'élain y est encore visible;
» 2° Toutes les raies observées dans la flamme sont communes aux. spectres de
l'étincelleet de l'arc; les raies caractéristiques de l'étincelle, dans laquelle elles sont
parfois très fortes, ne se trouvent pas dans le spectre de la flamme;
» 3° Ce sont les raies les plus fortes de l'arc qui existent dans la flamme et il n'y a
pas de changement relatif d'intensité entre des raies faisant partie des deux spectres
d'arc et de flamme, quand on passe de l'un de ces spectres à l'autre;
» 4* Toutes les raies, sans exception, de la flamme sont celles qui subsistent dans
l'étincelle rendue oscillante et étudiée par M. Hemsalech. Mais la réciproque n'est pas
exacte, quoique celles des raies de l'étincelle oscillante qui manquent dans la flamme
aient dans la première une intensité très faible et qu'il ne soit pas impossible qu'une
prolongation du temps de pose pourrait les faire apparaîti'e dans la photographie du
spectre de la flamme;
» 5° Enfin, le spectre du noyau de la flamme des métaux du groupe du fer
(Fe,Ni, Co, Mn) est identique à celui de l'étincelle oscillante, tant au point de vue de
la présence des raies qu'à celui de leurs intensités relatives, si bien que le spectre de
comparaison (étincelle oscillante), pris au milieu de chaque spectre de flamme, semble
par endroits se confondre avec ce dernier.
» La température est-elle le seul facteur qui influe sur la constitution
des spectres, ou leur caractère peut-il être modifié par des causes particu-
lières, de nature électrique? On sait que la question est très discutée. La
seconde hypothèse est la plus généralement adoptée; elle l'est, en parti-
culier, par des autorités telles que MM. Kayser, Liveing et Dewar (*).
Mes expériences semblent montrer cependant que c'est la température seule
qui joue un rôle actif.
» En effet, on peut se demander à quoi est due, dans la flamme, la diffé-
rence entre les spectres de ses deux parties, si elle provient d'un
écart de la température de ces deux régions, ou si, peut-être, la transfor-
mation de la combinaison saline, dans son passage du milieu réducteur au
milieu oxydant, ne libère pas, pendant un instant très court, à la surface
du cône, de la vapeur métallique à une température plus basse que celle à
laquelle elle existe ordinairement; mais, quoi qu'il en soit, le phénomène
spectral dans la flamme est d'origine calorifique, et, vu la similitude des
deux spectres, il en est probablement de même dans l'étincelle oscillante.
C'est d'ailleurs à une simple différence de température que M. Hemsalech,
(•) Kayser, Handbuch der Spectroscopie, t. II, p. 235.
l332 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dont l'ojDinion a été combattue depuis, attribuait la différence des spectres
de l'étincelle oscillante et de l'étincelle condensée. »
CHIMIE. — Sur la proportion de l'hydrogène dans l' air atmosphérique ,
Note de M. AxATOLE Leduc,
« M. A. Gautier m'a fait l'honneur de discuter avec détails mes obser-
vations relatives à la proportion de l'hydrogène dans l'air atmosphé-
rique (*). Je demande la permission d'examiner les deux prémisses sur
lesquelles repose son argumentation.
» I. D'après ce savant (p. 1028), j'aurais confondu sous le même
signe d' deux densités, savoir : 1° celle de l'azote atmosphérique, c'est-
à-dire renfermant tons les gaz non absorbables par la potasse et les dessé-
chants, y compris par conséquent l'hydrogène et le formè.ne, et 2° celle de
ce même azote atmosphérique dépouillé de ces derniers gaz.
» Or j'ai insisté à diverses reprises (^) sur ce qu'il fallait avoir soin,
dans la préparation de l'azote atmosphérique, au moyen du cuivre au
rouge, à' oxyder préalablement ce dernier sur une longueur de 10^^ près de
la sortie du gaz. De cette manière l'hydrogène et ses carbures, d'où qu'ils
viennent, sont entièrement transformés en eau et anhydride carbonique,
que l'on absorbe ensuite comme chacun sait.
» Ce n'est donc point par inadvertance que j'ai employé le même
symbole dans les deux équations reproduites par M. Gautier; d' y repré-
sente bien une seule et même chose : la densité de l'azote atmosphérique
exempt d'hydrogène et de carbures.
» II. M. A. Gautier pense que, contrairement à ce que j'ai affirmé
autrefois, le cuivre employé par Dumas et Boussingault dans leur célèbre
analyse de l'air ne renfermait pas d'hydrogène. Or, j'ai démontré (/oc.
cit.^ qu'il en contenait nécessairement.
» La précaution prise par eux de faire passer d'abord quelques litres
d'air dans le tube à cuivre porté au rouge n'avait d'autre but, comme le
prouve la citation de M. Gautier, que d'enlever toute humidité, et elle
ne pouvait avoir d'autre effet appréciable.
)) En effet, l'hydrogène forme avec le cuivre, ainsi que je l'ai montré,
(^) A. Gautier, Comptes rendus, t. CXXXV, p. 1026 et A. Leduc, Ibid., p. 860.
(2) A. Leduc, Comptes rendus, CXIII, 1891, p. 71.
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. l333
une combinaison 1res stable au-dessous du rouge ('); la tension de disso-
ciation de cet hydrure ne devient importante qu' au-dessus du rouge sombre,
qui suffit à l'absorption coraplète de l'oxygène par le cuivre. Dans l'expé-
rience préliminaire de Dumas et Boussingauit, cet hydrogène n'était donc
pas sensiblement éliminé, si ce n'est dans la partie oxydée. J'insiste sur ce
que, pour se débarrasser entièrement de l'hydrogène, il faudrait, ou bien
oxyder à peu près complètement le cuivre, ou bien faire passer un courant
de gaz inerte pendant fort longtemps et à une température très élevée.
» En résumé, je n'ai donc rien à changer à mes précédentes conclu-
sions (^). »
THERMOCHIMIE . — Étude thermique de l'acide mètaphosphorique.
Note de M. H. Girax.
« J'ai mesuré :
» 1° La quantité de chaleur dégagée dans la transformation de l'acide
mètaphosphorique en acide orthophosphorique par une méthode identique
à celle qui m'a déjà servi pour étudier la transformation de l'acide pyro-
phosphorique en acide orthophosphorique, c'est-à-dire par l'action de
Wc'vAei snMuTiç^OiQ (Comptes rendus, t. CKX.X.V, p. 961);
» 2*^ La chaleur de dissolution de l'acide mètaphosphorique solide pré-
paré par calcination de PO'tP ;
» 3*^ La chaleur de dissolution du métaphospha te de soude fondu (méta-
phosphate soluble de Graham);
» 4° La chaleur de neutralisation de l'acide mètaphosphorique par la
soude.
(^) Divers auteurs ont signalé, après Melsens, la présence d'hydrogène occlus ou
condensé dans le cuivre réduit (voir Comptes rendus, t. XLVIÏI, p. iio3). Ce
sont sans doute ces termes un peu vagues qui ont fait croire qu'on pourrait déplacer
l'hydrogène aussi facilement que l'humidité condensée dans le cuivre. M. Gautier
écrit ailleurs {Annales de Chimie et de Physique, 7*^ série, t. XXII, note de la
page 25) que l'hydrogène est faiblement combiné, et se dégage totalement au-dessous
du rouge. Je crois avoir nettement prouvé le contraire.
(-) J'ai montré qu'il convenait de rapporter les densités des gaz à l'oxygène et non
à l'hydrogène, le choix, de ce dernier gaz comme terme de comparaison excluant la
précision du dix-millième. Notons que la densité par rapport à l'air de l'azote atmo-
sphérique exempt d'hydrogène et de carbures est bien 0,97208, et non 0,9723. Celle
du formène est o,5545, et non o, 556. Enfin, la densité de l'hydrogène donnée par
Regnault est 0,06926, et non 0,06949.
G. R., 1902, 2» Semestre. (T. GXXXV, N» 26.) ^1^
[334 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» J'ai obtenu les résultats suivants (^) :
Cal
PO^H sol. + H-^O liq. + aq. = PO^HMiss +12 ,91
PO'Hsol. + aq = P03Hdiss + 9,7^
PO^Na sol. + aq. = PO^Na diss +3,97
PO^ H diss. 4- Na OH diss. = PO^ Na diss + 1 4 , 84
» Thomsen avait déjà déterminé cette chaleur de neutralisation; il avait
trouvé +i4^*\5i.
» Si l'on ajoute à ces résultats ceux que j'ai donnés récemment à propos
de l'acide pyrophosphorique ; à savoir :
P^O^H^sol. + H^Oliq. = 2PO^H3sol +6^^1,97
p-^O'HMiss. + H^O liq. = 2 PO^H^diss +4t«i, 25
et si l'on tient compte de
PO^H^sol. 4-aq. = PO^H3diss + 2^^', 69 (Thomsen)
Nasol. -i-aq. = NaOHdiss. +H. +42^*1,40 (M. Joannis)
on en déduit aisément les résultats thermiques suivants :
Cal
PO^Hsol. +H2 01iq. z=:PO^H*sol.. +10,22
PO^Hdiss. H-H^Oliq. = PO^H^diss + 3,i5
2PO^Hsol. +H2 0ilq. — .P^O^H^sol -i-i3,47
2P03Hdiss.4-H-01iq. = P2 0'H*diss + 2,o5
PO» H sol. + Nasol. ^PO^Nasol. H-H -i-63,o3 (-)
» Ce dernier résultat, se rapportant à des corps tous solides, mesure la
véritable acidité de l'acide métaphosphorique; il est de l'ordre de ceux
qui sont fournis par les acides forts. J'ai trouvé d'autre part (^Comptes
rendus, t. C XXXIV, p. i499) ^_^^ l'acidité moyenne de l'acide pyrophos-
(^) Vers 4-1 5".
(-) Pour calculer ce résultat, j'admets que, quand on neutralise par la soude une
dissolution d'acide inétaphosphorique, on obtient la même dissolution qu'en dissol-
vant du mélapliospliate de soude fondu. Cette hypothèse me paraît seule admissible
puisque le sel de soude fondu est le seul métaphosphate soluble, et que la neutralisa-
tion de l'acide ne donne aucun précipité. Elle est, d'ailleurs, conforme aux idées de
Fleitmann qui considère l'acide métaphosphorique provenant de la calcination
dePO^H^ comme de l'acide hexamétaphosphorique et le sel fondu de Grahâm comme
de l'hexamétapliosphate de soude. De plus, j'ai constaté que, si Ton précipite par
Fazotale d'argent une dissolution de métaphosphate fondu, ou bien Une dissolution
d'acide métaphosphorique neutralisée par la soude, on obtient dans les deux cas le
même phénomène thermique.
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. l335
phorique était mesurée par le nombre -h 54^^\ 11, et M. de Forcrand a
trouvé (^Comptes rendus, t. CXV, p. 610), pour celle de l'acide orthophos-
phorique, -+- 49^^', 38. Les trois acides phosphoriques sont donc troisacides
torts, dont l'acidité décroît régulièrement quand l'hydratation augmente.
» Les résultats précédents permettent encore de cilculer la chaleur de
formation de l'acide métaphosphoriqiie à partir de ses éléme nts. On trouve :
P + O^+HnrPO^Hsol ^224^^^ 88; diss H-234«"i,64.
Dans ce calcul, j'ai dû faire intervenir Li chaleur de formation de l'acide
orthophosphorique mesurée par Thomsen :
P + O^+H^':
A cause de l'incertitude de ce résultat, il v a lieu de faire, sur la chaleur
de formation de l'acide métaphosphorique à partir de ses éléments, les
mêmes réserves que j'ai déjà formulées à propos de celle de l'acide pyro-
phosphorique. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur quelques so'irces de gxz minérales.
Note de M. Ch. Mocrec, présentée par M. H. Moissan .
« Depuis la brillante découverte de l'argon par lord Ravleigh et Ramsav
en 1894, l'attention des physiciens et des chimistes s'est portée, un peu
partout, sur les nombreuses sources gazeuses qu'on rencontre dans la
nature. Bornons-nous à rappeler, à cet égard, les recherches de M. Bou-
chard sur les eaux de Cauterets (1895) (^), nos propres expériences pra-
tiquées la môme année sur le gaz de Maizières (Côte-d'Or) (-), celles qui
furent effectuées en 1896 par MM. Bouchard et Desgrez sur la source de
Bagnoles-de-l'Orne (^) et par M. Schlœsing fils sur le grisou (''), et les
recherches toutes récentes de M. Moissan sur les gaz volcaniques de la
Martinique (^). Ces études restaient, à différents points de vue, inté-
ressantes à poursuivre.
(*) Comptes rendus, t. CXXI, p. 892.
(^) Ibid., t. CXXI.
(3) Ibid., t. GXXIII, p. 969.
(■►) Ibid., t. CXXIII, p. 233.
(^) Ibid., Séance du i5 décembre 1902.
l356 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Nous avons l'honneur de communiquer à l'Académie les analyses de
cinq sources de gaz minérales de la région pyrénéenne. Quatre sont du
versant français : ce sont les sources Peyré, d'Ogeu (Basses-Pyrénées);
Nehe ou Fontaine-Chaude, de Dax (Landes); Trou des Pauvres, de Dax
Landes); et Vieille, d'Eaux-Bonnes (Basses-Pyrénées). La cinquième est
la source Saint-Augustin, delà célèbre station de Panticosa, située sur le
versant espagnol, en Aragon.
» Dans toutes, le gaz est très riche en azote et s'échappe spontanément, au griffon
de la source, par bulles plus ou moins volumineuses.
» Les échantillons ayant été recueillis et transportés avec toutes les précautions
nécessaires pour éviter leur mélange avec l'air, nous avons étudié les divers gaz, dans
le laboratoire de M. Moissan, d'après la marche suivante :
» Une analyse ordinaire est d'abord faite sur ia cuve à mercure. On absorbe l'acide
carbonique par la potasse et l'oxygène par le pyrogallate de potasse. Ces deux gaz
sont toujours en faible proportion, et le résidu présente les caractères généraux de
Tazote.
» L'argon et ses congénères ne peuvent se trouver que dans l'azote résiduel. On com-
bine l'azote au calcium, et le nouveau résidu est soumis à l'analyse spectrale. En pra-
tique, le gaz naturel brut était d'abord laissé en contact prolongé successivement avec
de la potasse hj'dralée et de la potasse fondue; ainsi débarrassé d'acide carbonique et
parfaitement desséché, il était ensuite chauffé au rouge sombre, conformément à la
méthode de M. Maquenue, en présence d'un mélange intime de chaux anhydre ( 5 par
ties) et de magnésium bien sec (3 parties), mélange qui fixait à la fois l'azote et
l'oxygène. On faisait enfin l'examen spectroscopique dans des tubes de Plucker à élec-
trodes d'aluminium, sous une pression de a^""" à 3'""^ de mercure (').
» Les cinq gaz naturels examinés nous ont tous donné des résidus non ab-orbables.
Pour ioo^°^ de gaz sec, la source Peyré a laissé o^'°'',9 de résidu ; la source Nehe, i'*'''\6;
la source Trou des Pauvres, P^^a; la source Vieille, i'''\8:la source Saint-Augustin,
i"^°\2. Chaque résidu nous a montré, au spectroscope, les raies caractéristiques de
l'argon.
» M. Deslandres a bien voulu compléter cette étude spectrale. En dehors de l'argon,
dont la présence y a été confirmée, les sources Peyré, Nehe, Trou des Pauvres et Saint-
Augustin, n'ont rien offert de particulier. Dans la source Vieille, par co!itre, M. Des-
landres a mis en évidence, outre l'argon, une certaine proportion d'hélium. Nous
ajouterons, relativement à cette même source, que diverses raies ont été vues qui ne
paraissent appartenir ni à l'argon, ni à l'hélium ; elles seront identifiées ultérieure-
ment.
(') Les détails opératoires paraîtront prochainement dans le Bulletin de la Société
chimique.
Nous avons été habilement secondé, au cours de ces délicates manipulations, par
M. Rigaut, préparateur à la Sorbonne, à qui nous adressons nos plus vifs remercî-
nients.
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. i33t
» On voit, en résumé, que les diverses sources examinées, très riches en
azoLe, renferment de l'argon, et que la source d'Eaux-Bonnes contient en
outre, de l'hélium.
» Il €st intéressant de comparer ces analyses avec celles qui ont été déjà
faites de divers gaz naturels. Ce rapprochement met immédiatement en
reîiefla source de Maizières (Côle-d'Or), étudiée par nous en 1893 : le ^az
qui s'en échappe par grosses bulles au griffon renferme, en effet, une
énorme proportion (environ 8 pour 100) d'un mélange d'aigon et d'hé-
lium; il se trouve être actuellement la source d'hélium la plus riche qui
soit connue.
M La voie d'introduction de l'argon et de l'hélium dans les eaux miné-
raies a déjà élé discutée par M. Bouchard et par MM. ïroost et Ouvrard (M,
qui ont écarté la possibilité d'une origine souterraine. C( tte opinion s'im-
pose pour l'hélium, qui n'existe pas dans l'air, et que l'on obtient facile-
ment pnr le traitement de la clévéite et de quelques autres minéraux. Quant
à l'argon, l'idée de sa provenance souterraine nous semble toute naturelle,
après les récentes et belles expériences de M. Armand Gautier sur les
roches ignées, d'où il a pu retirer de l'argon par la seule action de l'eau
à température j-eu élevée (-). Il est probable que l'argon et l'hélium
existent dans le sous-sol sous forme de composés métalliques peu stables,
qui seraient facilement destructibles par l'action combinée de l'eau et de
la chaleur.
» L'intérêt de ces recherches est loin d'êlre épuisé. Le crypton, le néon
et le xénon, trois nouveaux gaz que M. Ramsay vient de découvrir dans
l'air, doivent se rencontrer ailleurs, ei^, ne fût-ce qu'à ce point de vue,
il y aura Heu, à l'avenir, de soumettre tous les gaz naturels au plus minu-
tieux examen. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur les cryolithes.
Note de M. E. Baud.
« L Cryolithe sadique hydraiée. — A «ne solution neutre de fluorure d'aluminium
(i'"o' dans 2/4"'^) placée dans le calorimètre, j'ai ajouté une dissolution de fluorure de
sodium (6NaF dans 24'''). 11 se produit un précipité gélatineux et translucide, à peine
visible. Séché sur plaque poreuse, il a pour composition Al-F''', 6NaF, 7H-O.
(*) Comptes rendus, t GXXI, p. 798.
("-) Bulletin de la Société chimique, 3*^ série, t. XXV, p. 4o3.
l338 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» II est un peu soluble, loos"" d'eau en dissolvent og"", 352 à ■+- 16°. Sa chaleur de dis-
solution vers +i6° est de — 25*^-''', 87. En faisant les corrections nécessaires pour tenir
compte de cette solubilité, on trouve pour la chaleur de précipitation :
APF" dissous 4- 6NaF dissous ^Al^F^, 6Na F, 7H2O précipité +26^^', 22
» Connaissant les chaleurs de dissolution de APF% 7H2O et de 6NaF on trouve
APF«,7H2 0solide(soluble)+6NaFsolide=r A12F«, 6NaF, 7H2 0solide. +i9C-'i,29
» II. CryoUthe potassique hydratée. — Avec le fluorure de potassium la réaction
est identique. Le précipité est gélatineux, blanc et opaque, mais non translucide
comme le précédent. II est un peu soluble : looS'' d'eau en dissolvent oS'",3S5 à +16";
sa chaleur de dissolution vers H- 16" est de — 4o*^^',64. Toutes corrections faites, on
trouve pour la précipitation :
APF6 dissous + 6KF dissous = AI' F«, 6KF, 7 H^O précipité +37C''i,62
d'où l'on déduit :
APF%7H-0 solide (soluble) -I- 6 KF solide rrAl^F^, 6KF, 7H2O solide. . +55^^', 89
» III. Fluorure double ammonique. — En opérant comme pour les précédentes
précipitations, c'est-à-dire en versant 6AzH^F dissous dans Al-F^ dissous, on n'ob-
tient pas une véritable cryolithe ammonique, mais un fluorure double hydraté
APFS /iAzH^F, 3H2 0.
» Ce composé provient du remplacement de 4H^0 de l'hydrate APF^7H- O par
4AzH*CI, ou, ce qui revient au même, de l'union de 4 AztPCl avec un hydrate infé-
rieur Al- F*', 3H^0. Ceci concorde bien avec les résultats que j'ai obtenus dans l'action
de la chaleur sur l'hydrate à 7H-O (dégagement de 4H^0 entre 110° et 120°).
» La combinaison est assez soluble dans l'eau et, par suite, sa précipitation est in-
complète. Il s'en dissout 18 dans loos d'eau à -+- 16".
» Au moment où l'on fait le mélange, il se produit une élévation de température
qui cesse au bout de 2 minutes, puis, 2 ou 3 minutes après, une nouvelle élévation se
produit, qui dure i5 minutes environ.
» Le précipité, qui était d'abord gélatineux, est devenu plus dense et se rassemble
rapidement au fond du calorimètre.
» Il y a là un changement d'état, probablement une polymérisation, qui se produit
avec un dégagement de chaleur de + 3*^^\7.
» La chaleur de dissolution dans l'eau, vers 4- 16°, de ce fluorure double est de
— I7Cal^09.
» IV. CryoUthes anhydres. — La cryolithe sodique naturelle est à peu près
anhydre. J'ai trouvé dans deux échantillons o, 2 à 0,311-0. Elle est un peu soluble
dans l'eau : il s'en dissout os,o34 dans loo? d'eau à i5°.
» La cryolithe hydratée sodique ne perd complètement son eau qu'à la tempéra-
ture de fusion, c'est-à-dire au rouge vif.
» Pour déterminer la chaleur d'hydratation, j'ai dissous comparativement dans
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. l339
l'acide fluorhydiique à 19 pour 100 : 1° la cryolithe naturelle, 2° la crjollthe sodique
déshydratée, 3° la cx-jolithe hydratée.
» J'ai trouvé, pour la chaleur de dissolution dans l'acide fluorhydrique, sensible-
ment le même nombre pour la cryolithe naturelle et pour la cryolithe anhydre artifi-
cielle, soit : 4-58*^^', Sa; pour la cryolithe hydratée : +13*^*^,98.
» La différence +44^''^, 54 représente la chaleur de fixation de 7H'-0 liq. sur
Al^ps, 6NaF.
» Avec les données qui précèdent on peut déduire, au moyen des cycles suivants,
la chaleur de formation de la cryolithe anhydre :
1" A12F« sol. + 7H2O liq. = APF«, 7 H^ G solide (soluble) +64,95
APF«, 7H'- O + 6NaF = AP FS 6NaF, 7 H^O +19, 29
2° Al^F-^sol.+ÔNaFsol. --^APF«, ôNaFsol +y
APF6, 6NaFsol. + 7H201iq. = APF«,6NaF, 7H-^0 +44,54
d'où
J=z 39^^1,70;
Al2F«sol. + 6NaFsol. = APF6, ÔNaFsol + 39^^1,70.
» J'ai opéré de même pour la cryolithe potassique, j'ai trouvé pour chaleur d'hy-
dratation + 33*^*', o4 et, au moyen de deux cycles de réactions parallèles aux précédents,
on obtient :
A1'F<5+ 6KF = APFS 6KF + 87<^''',8o.
» De même que pour les dérivés chlorés correspondants AP Cl'', 6 M Cl, on voit que
la combinaison potassique est beaucoup plus stable que la combinaison sodique, et la
différence des chaleurs de formation est du même ordre.
)) La connaissance de la chaleur de formation de la cryolithe sodique et
de celle du fluorure d'aluminium anhydre est indispensable lorsqu'on
veut, dans la métallurgie de l'aluminium, calculer la quantité d'énergie
électrique nécessaire pour décomposer la cryolithe. »
CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur une nouvelle méthode de dosage volumé-
trique de V hydroxylainiae. Note de M. M.-L.-J. Simon, présentée
par M. H. Moissan.
» Si Ton se reporte à la littérature scientifique et en particulier à cer-
tains Mémoires récents (Maxwell, Adams, Amer. ch. /. , t. XXVllI,
sept. 1902, p. 198), on en garde l'impression qu'il n'existe pas de
méthode satisfaisante propre au dosage de l'hydroxylamine. L'objet de
cette Note est d'en indiquer une que je soumets à l'appréciation des
chimistes.
l3/|0 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Cette méthode est fondée sur i'aclion particulière exercée par le
permanganate de potassium sur l'oxalale d'hydroxylamine, sel bien cris-
tallisé et anhydre que l'on peut obtenir très facilement à l'état de pureté,
grâce à sa faible solubilité dans l'eau (i4^, 56 par litre à iS").
» I. L'action du permanganate sur l'oxalate d'hydroxylamine s'effectue
en deux phases bien distinctes :
» 1° Dans la première phase, en l'absence d'acide sulfurique, Thydroxy-
lamine seule est oxvdée; l'azote qu'elle renferme se dégage, partie à
l'état élémentaire (3^°^), partie à l'état d'oxyde azoteux (i^**'); l'acide
oxalique n'intervient donc que pour salifier la potasse et l'oxyde man-
ganeux provenant de la réduction du permanganate. Cependant c'est cette
intervention qui, en maintenant la neutralité de la liqueur, donne au
titrage toute son exactitude.
)) La réaction s'exprime par l'équation :
2Mn02R + 4[G=^O^H=^ 2(AzH^pH)]
= 2C^0"Mn + 2C20''KH +Az-Oh-6Az + i5H=^0
» 1"^°^ de permanganate oxyde donc 2™"' d'oxalate d'h^alroxylamine ou, si Ton
préfère, 4"°' d'hydroxylamine. La décoloration est immédiate et l'apparition de la
teinte rose persistante s'enregistre très nettement pour des liqueurs décimoléculaires,
sans que l'on soit gêné par la précipitation d'oxalate manganeux. La liqueur est
neutre, en ce sens qu'elle laisse à l'hélianthine et à la phtaléine leur teinte propre;
mais on peut ajouter i™°^ de potasse pour i™*^^ de permanganate employé avant
d'atteindre le virage rose à la phtaléine : ceci s'accorde pleiuement avec la présence
de l'oxalate mônopotassique que traduit la formule écrite plus haut.
» Remarque. — On pourrait très bien utiliser Toxalale d'hydroxylamine à fixer le
titre du permanganate. Si l'on emploie une solution d'oxalate à lospar litre, 5o'"^^ d'une
telle solution décolorent lô*^""' d'une solution décimoléculaire de caméléon.
)) 2° Dans la seconde phase, en présence d'acide sulfurique, l'acide
oxalique est oxydé à la manière habituelle avec dégagement de gaz
carbonique.
» Comme chacun sait, 2™°^ de permanganate oxydent 5'"°^ d'acide oxalique : pour
gmol
les 4™°' d'oxalate qui entrent en jeu dans la première phase, il faudra donc ajouter -— —
jmjl
de permanganate ou —^ par molécule d'hydroxylamine tandis que la première phase
5
I mol
en exigeait — —
4
)) IL L'oxydation du sulfate d'hydroxylamine peut être réalisée de la
même manière en deux phases distinctes.
SÉANCE DU 29 décembrp: 1902. i34i
» i** Dans la première pliase, en l'absence d'acide sulfurique, l'hy-
(ii'oxvlamine est oxvdée; l'azote qu'elle renferme se dégage en partie sous
forme d'azote libre et d'oxyde azoteux à volumes égaux; une autre partie,
le cinquième exactement, passe à l'état d'azotite de potassium qui ne se
modifie pas dans ces conditions.
» La réaction s^exprime par i'équation
4]VTnO''R + 5[SO''ir-:>(AzR=^OÎI)]
= 4S0'Mn + SOMi- +2Az02R -+- 2AZ-O +4Az + 2OH-O.
/ mol
» 1'"°' de sulfate décolore donc '—p~ de })ermanganate. La fin de cette
réaction est indiquée assez nettement par l'apparition d'une teinte jaune
brun due à une trace d'oxvde de manganèse.
)) 2° Si, à ce moment, on acidulé franchement on peut alors décolorer
une nouvelle quantité de permanganate, le cinquième de la quantité précé-
demment emplovée. Les apparences sont tout à fait celles que l'on observe
dans le dosage des azotites par le caméléon. Qualitativement et quantitati-
vement le phénomène est donc bien traduit par la formule indiquée plus
haut. Les choses se passent de même lorsqu'on étudie au même point de
vue le chlorhydrate d'hydroxylamine.
» IIL Arrivons maintenant au dosage proposé [)Our l'hydroxylaminc.
Pour cela ajoutons à une solution de sulfate, ou de chlorhydrate, d'hydroxy-
lamine une quantité d'oxalate disodique quelconque, mais nolahlement
supérieure à 1^°^ pour 1"*'' de sulfate.
» Dans les conditions de dilution ou l'on opère rien ne se précipite;
mais, quant à l'oxydation, tout se passe comme si, dans la solution,
rhydroxylamine se trouvait tout entière à l'état d'oxalate.
» i" Dans la phase neutre la quantité de permanganate décolorée est
absolument indépendante de l'oxalale ajouté et ne dépend que de l'hy-
I mol
droxylamine ])résente, 1'""' de celle-ci décolorant —7- de permanganate en
sorte que le poids d'hydroxylamine qui décolore n""^^ d'une solution de
caméléon de titre G™"^' est donné par la formule
/> = 4 X 33 = —
* 1000 1000
» 2^ Dans la phase acide, qui est d'ailleurs secondaire au point de vue
qui nous occupe, la quantité de permanganate décoloré est indépendante
C. R., 1902, 2- Semestre. (T. CXXXV, N° 26.) ^1^
l342 ACADÉMIE DES SCIENCES.
du sulfate d'hydroxylamiiie et est rigoureusement proportionnelle au
poids d'oxaiate ajouté.
» Pratiqiiemenl, la liqueur à do ser étant neutre, c' est-à-dire ne colorant
en rose ni l' hélianthine, ni la phtaléine, on ajoutera un excès arbitraire , mais
suffisant, d' oxalale disodique et l'on versera le caméléon jusqu'à coloration
rose persistante. Le poids d' hydroxy lamine se déduira du volume de caméléon
à l'aide de la formule précédente . »
MÉTALLURGIE. — Sur les procédés de fabrication des armes à l'époque
du bronze. Note de M. F. Ossioxd, ])résentée par M. Moissan.
« M. le D*^ Capitan a eu l'obligeance de me donner un fragment d'épée
de l'époque du bronze, en vue de rechercher si un examen microscopique
pourrait fournir des renseignements sur les procédés primitifs de fabri-
cation.
» Ce fragment était assez profondément oxydé. La teneur en étaln, indiquée par la
proportion d'eutectique, n'est pas éloignée de lo pour loo; le plomb, dosé au labora-
toire des Aciéries de Denain, atteint 3, 12 pour 100; le zinc n'est présent qu'à l'état de
traces. La faible proportion d'alliage dont on disposait ne permettait pas une analyse
chimique bien complète.
» Une coupe parallèle au plat de l'épée, polie, puis frottée sur un drap saupoudré
d'alumine et imbibé d'eau ammoniacale, montre, en brun, les cristallites rectangulaires
connus, généralement considérés comme un dépôt de première consolidation, plus riche
en cuivM-e que la moyenne de l'alliage et restés reconnaissables, bien que l'étain se soit
ultérieurement réparti uniformément dans toute la masse de la solution solide. Ces
cristallites ont ici leurs axes pratiquement rectilignes et réguliers, ce qui ferait penser
tout d'abord que le bronze considéré est demeuré brut de coulée; mais sur une coupe
transversale, ces axes de cristallites s'incurvent et tendent à devenir parallèles entre
eux et aux surfaces à mesure que l'on se rapproche des tranchants. Il résulte de là que
les tranchants ont été obtenus par forgeage, le corroyage étant beaucoup plus accentué
sur les bords qu'au milieu de la lame.
» Ou sait que le bronze possède, outre le réseau cristallitique primitif, un réseau
cristallin révélé, après attaque convenable, par des stries parallèles et rectilignes con-
stantes dans le domaine de chaque grain (H. Le Chatelier, Bulletin de la Société
d'Encouragement, avril 1896). Dans les échantillons industriels que j'ai eu l'occa-
sion d'étudier, ces deux réseaux, cristallitique et cristallin, sont concordants. Au con-
traire; dans l'épée antique, le réseau cristallin n'est plus défini par les stries ordi-
naires ; il est remplacé par des grains non striés, mais recoupés de macles relativement
épaisses. Ces grains niaclés, qui apparaissent quand on laisse agir pendant quelques
minutes uwq goutte d'ammoniaque déposée sur la coupe, n'ont pas plus de j-|f„ de mil-
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. l3/i3
limètre de diamèlre, alors que les cristallites sont déjà visibles à la loupe ; il y a discor-
dance absolue entre les deux réseaux qui se coupent d'ailleurs au hasard. Ces faits
sont caractéristiques d'un recuit après forgeage. Mais comme le recuit comporte deux
facteurs indépendants et qu'on ne peut déterminer deux inconnues avec une seule
équation, il est difficile de préciser les conditions de temps et de température. On
peut dire seulement, en raison de la petitesse extrême du grain, que le recuit a été
très peu poussé.
» Le forgeage a causé quelques criques superficielles qui se sont remplies de scorie.
Dans la suite des temps, ces veines de scorie ont été l'un des chemins suivis par l'oxy-
dation : elles se montrent actuellement entourées de couches parallèles hétérogènes
dont certaines, d'une couleur gris verdàlre, correspondent au vert-de-gris. A leur
contact, le métal peut avoir subi un commencement d'oxydation et prendre une patine
brune par simple polissage plan. A l'intérieur, on retrouve nombre de petites taches
présentant ce même aspect, et ces taches se trouvent être les points d'intersection des
branches de cristallites. C'est donc là, vraisemblablement, un deuxième chemin ouvert
à l'oxydation, et le fait peut être utile à noter comme se rattachant à la porosité de
certains bronzes.
» Les résultats de mon examen micrographique étaient imprévus de moi. J'ai donc
tenu à reproduire par synthèse, sur des bronzes de même composition préparés au
laboratoire, les caractères micrographiques particuliers à l'épée antique. Et j'y ai
réussi sans difficultés, sauf pour la grosseur des grains maclés que mon recuit, au
rouge cerise pendant une heure, m'a donnés beaucoup plus gros que ceux de l'original ;
mais la dilTérence ne portait que sur les conditions et non sur le principe du traite-
ment. Enfin, pour plus de sûreté, ne me trouvant pas suffisamment familier avec
l'industrie du bronze, j'ai eu recours à M. Guillemin, qui conduit sa fabrication à
l'aide des procédés scientifiques de la micrographie, et mes conclusions ont été plei-
nement confirmées par son avis.
» On voit que les métallurgistes de l'antiquité mettaient en œuvre, dans
le traitement du bronze, des procédés qui se sont perdus ultérieurement,
lorsque les arts de la guerre et de la paix eurent trouvé dans le fer ou ses
dérivés, devenus communs, le métaux les mieux appropriés à leurs besoins.
Par le forgeage suivi d'un recuit à température assez basse, on arrivait
certainement à diminuer la fragilité du bronze coulé et à conserver aux
épées une partie de la rigidité due à l'écroliissage.
» On n'a dû arriver que lentement à des procédés aussi savants. Il est
donc probable que des études méthodiques dans la voie que je viens d'in-
diquer permettraient d'établir des divisions dans l'époque du bronze et de
classer, dans une certaine mesure, les objets qu'elle nous a légués. Le plus
petit fragment d'un alliage porte son histoire écrite dans sa structure et
TexaDuen microscopique permet de reconstituer cette histoire. »
l341 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la composition et la constitution
des hydrates sulj hydres. Note de M. de Forcraxd.
« J'ai lait connaître en 1882 (') toute une série d'hydrates mixtes aux-
quels, d'après mes analyses, j'attribuais uniformément la composition
M 4- 2H^S-t-23H-0,
M étant un composé organique halogène assez volatil, analogue aux éthers
simples de la série grasse. On peut aussi remplacer 2H^S par 2H^Se.
» Ces corps, parfaitement cristallisés dans le système cubique, et d'une
stabilité plus grande que l'hydrate d'hydrogène sulfuré, sont certainement
analogues à d'autres hydrates mixtes qui ont été signalés (^).
)) L'idée la plus naturelle ({ui vient à l'esprit est que tous ces composés
sont formés par l'union de deux hydrates simples
(M 4- mH-O) 4- 2(ir-^S + m'H^O),
7n' étant probablement égal à 6, puisque la formule de l'hydrate simple
d'hydrogène sulfuré est
ir^s + Gii-o (^).
» Je crois que, par un raisonnement analogue à celui qui m'a permis
d'établir la composition des hydrates simples, on peut arriver à connaître
la formule des hydrates suifhydrés plus exactement que par l'analyse
directe, laquelle laisse toujours quelques doutesj sur le nombre de molé-
cules d'eau fixées.
» Dans l'étude que j'en avais faite il y a 20 ans, j'avais déterminé les tensions de
dissociation d'un assez grand nombre de ces hydrates mixtes. On sait aujourd'hui que
ces mesures peuvent avoir une signification précise, car il s'agit de véritables systèmes
univariants, c'est-à-dire possédant bien une tension fixe à une température déter-
minée (') ; on peut donc raisonner ici comme avec les hydrates simples des gaz.
(^) Ann. de Chiin. et de Pliys., 5^ série, t. XXVIII, p. 5.
C^) Aiin. der Cliem. u. Pharm., t. XXXIII, p. iio. — Bult. Soc. cliiin., t. XXV,
p. i46. — Comptes rendus, t. XGV, p. 61 et t. GXXV, p. 109.
(^) Comptes rendus, t. CXXXV, p. 909.
(*) Trois conslituanls et qu ;Uo nhasss : cristaux, composé liquide halogène, eau
et vapeur.
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE I902. l345
» J'avais aussi mesuré direclement la chaleur de formation de deux d'entre eux, et
trouvé, en paa'tlculier, pour l'hydrate sulfhydré du chloroforme, -1-47^31 pour CHCl^
[à partir de CH Gl^ liq., de 2 11- S gaz et de {/u -+■ ini') Il-O liq.].
» On en déduit pour H" S :
Q' :^ + ^ ^ + 23Cal^ 5^^
» D'autre part, pour le même hydrate sulfhydré, la formule de Clapeyron, appliquée
aux nombres que j'ai donnés pour les tensions (*), conduit à
La moyenne serait
» J'ai constaté aussi, il y a 20 ans, que la tension de dissociation de ce même
corps est de ^60™"^ à -t- 17"; donc
ï'zz: 290° absolus;
par conséquent on aura
28, 89 :r.- 290 X 00 -h /i X 1 ,43 H- J S
n étant égal a ^^ et b représentant la chaleur de solidification d'une molécule
de chloroforme liquide.
» 11 est vrai que l'on ne connaît pas S, mais on peut le calculer de la manière sui-
vante :
» La courbe des tensions de vapeurs du chloroforme (d'après Regnault) fournit vers
60° G. (soit aSS-abs.): L= 7876'^^»'.
» En outre
L + S =1 3o X 883 — 9990'^='' ;
donc
S = 9990 — 7876 = 2620''^>.
» On peut alors écrire
28 , 89 ^r 290 X 80 + /< X 1,43 + 0,5 X 2,62,
ce qui donne :
n =9,70
et
2 /^ = /;t + 2 m' =: 19 , 4o.
)) La formule brute est donc :
CHCP-)-2H-^S + i9 ou 20H2O (2)
(*) En ayant soin de retrancher de chaque tension observée la tension minima du
chloroforme.
(*) Si l'on part du nombre expérimental (^'=z+ 47'^"', on trouve 2/i = 18,86, soit
sensiblement i9H'^0; si l'on fait le calcul au moyen du nombre déduit de la courbe
. . O'
de dissociation : -^ =24,27, on obtient : in =z 19,94, soit à peu près 20H-O.
t'^^6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
et, comme l'hydrate simple d'hydrogène sulfuré est : H^SH-6H^0, ou doit admettre
la constitution suivante :
(CHGP+7H20) + 2(H«S + 6H20)
(GHCl^+SH20) + 2(H2S + 6H-0).
» On peut conclure de là :
» i" Que le chlorofoime doit lui-même donner un hydrate simple à 7
ou 8H^0. En fait, MM. Chancel et Parmentier ont décrit un corps de ce
genre pour lequel ils ont trouvé gtPO; il est probable que, comme dans
tous les cas analogues, leur hydrate était un peu humide.
)) 2° Que les analyses que j'ai publiées en 1882 (23H^O) attribuaient
aux hydrates sulfhydrés 3™''' ou 4™°^ d'eau en trop, et toujours pour la
même raison (eaux mères retenues par les cristaux), soit pour chaque hy-
drate simple, 1™°' d'eau en trop.
M 3° Que puisque j'ai trouvé cette composition uniforme :
M-f-2H^S-+-23H20,
pour tous les hydrates sulfhydrés étudiés, il est très probable qu'ils ont
tous pour composition :
(M + 7 ou 8H^O)-f- 2(H-S + 6H-0).
» 4** Q^ie l'on doit prévoir l'existence d'hydrates simples à 7 ou 8 H^O
pour les trente dérivés organiques halogènes, dont j'ai décrit les hydrates
sulfhydrés. D'ailleurs, j'ai montré précédemment que le chlorure de mé-
thyle (qui, précisément, fournit un hydrate sulfhydré) donne un hydrate
simple de formule CH^ Cl + 7 H'O. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur le dibromure de métho-éthénylbenzcne.
Note de M. M. Tiffëneau, présentée par M. Haller.
« Ledibromométhoéthénylphène C*^H^ — CBr(CH^) — CH^Br, soumis à
l'action de KOH alcoolique, perd un HBr en donnant le composé C^H^Br
qui répond à l'une des deux formules
(I) C/îP-C(CïPBr)=CH^'
ou
(H) C«H» -C(CH*) = CHBr.
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. l347
Toutefois, comme ce dérivé brome ne fournit à l'oxydation manganique que
de l'acétopliénone et pas debromacètophénone; comme, d'autre part, il se
conduit vis-à-vis de Mg et tle Na de la même façon que Tto-hromostyrolène,
il faut attribuera ce corps la formule (II) qui en fait un a-méthyboi-bromo-
styrolène. C'est un liquide (r/,, = i,366) bouillant vers loS'^-ioô^ sous 9""",
et distillant sans décomposition à la pression ordinaire vers 225°-228*'.
» La potasse fondue vers 180*^ lui enlève HBr et le transforme en phé-
nylallylène bouillant à i8i*'-i85*', précipitant HgCl^ aqueux et caractérisé
j)ar son hydratation en propiophénone C*H^ — CO — CH^ — CH'. Cette
transformation curieuse d'une chaîne ramifiée en chaîne linéaire s'effectue
très probablement par formation intermédiaire de {)hénylcyclopropène :
C«H^-Ct ": ., -^ C'iV-Cf I -^ C«H^ — C = C-CH\
XCH^» \CH-
Avant d'aborber l'étude de l'action de Mg sur l'a-méthyl-w-bromostyrolène,
j'ai voulu tout d'abord examiner comment se conduit ce métal vis-à-vis de
i'cL)-bromostyrolène.
1. Action du magnésium sur iia-bronioslyiolène dans l'étlier absolu. — Dans cette
réaction complexe Mg agit de trois façons différentes :
» 1° Il donne un composé magnésien vrai CH^ — CH=:CHMgBr; 2° il s'empare
de 2Br et fournit le i .^-diphénylbutadiène fusible à 149°; 3" il élimine HBr sans dé-
gagement de il en donnant du phénylacétylène et du styrolène d'après l'équation
2 a- IP — CH = Cil Br + Mg = CMi»— G E= CH + C^H^ - GH = CW- + MgBr%
en outre (^) le phénylacétylène formé réagit sur le dérivé magnésien ci-dessus pour
donner naissance à du styrolène et au dérivé magnésien C^ H^ — C ^ C — Mg Br.
» Il en résulte que si l'on décompose par Teati on obtient, outre le i .4-diphényl-
butadiène, du pliénylacétylène et du styrolène dans la proportion 1:2; mais si, aupa-
ravant, on fait agir CO*, les dérivés magnésiens fournissent les acides correspondants,
c'est-à-dire les acides pliénylpropiolique et cinnamique.
» Avec le sodium, l'action sur C^H* — CH=rCiiBr est beaucoup plus simple;
Na joue alors, comme l'a montré Nef {Lieb. Ann., t. CCGVIII, p. 267), le rôle d'éli-
minateur de HBr, et le phénylacétylène formé passe à l'étal de dérivé sodé.
» J'ai observé que i\lg et Na agissent d'une façon analogue non seulement sur
(*) JoTSircH (/. Soc. cil. russe, t. XXXIV, 1902, p. loo) a en effet montré que les
carbures acétyléniques vrais déj)lacent JMgBr des combinaisons orgauomagnésiennes
BMgBr en donnant BH et un composé magnésien acétylénique.
l348 ACADÉMIE DES SCIENCES.
G^H^CHBr — CH^Br, mais aussi sur C^H^ — CBr = CH- ; avec le dérivé magnésien
de ce dernier, CO^ donne comme produits acides un liquide non encore étudié.
» II. Action du magnésium sur l'a-méthyl-hi-bromostyrolène dans l'étlier absolu.
— On obtient également : i" un dérivé magnésien vrai G" H^ — G (GH^) = GHMgBr ;
2° élimination de aBr et formation du 2.5-diphényl-2 . 4-butadiène fusible à iSS" ;
3° élimination de HBr sans dégagement de II avec formation de carbures G^H^ (à odeur
forte de phénylallylène et précipitant HgGl*) mélangés des carbures G'H*^ provenant
de leur hydrogénation. Il ne m'a pas été possible jusqu'ici de caractériser le phényl-
cyclopropène parmi ces carbures [le cyclopropène de Freundier précipite également
par HgG|2 {BuL Soc. chim., 3« série, t. XVII, p. 6i4).
» Ge qu'il importe de remarquer c'est que les carbures G^H^ ainsi formés ne con-
tiennent pas de carbures acétyléniques vrais, de sorte qu'ils ne peuvent comme en (I),
réagir sur le dérivé magnésien primitif, pour former un composé magnésien acétylé-
nique. II s'ensuit que l'action ultérieure de GO^ ne s'effectue que sur
G«H5 _ G(GIP) -^ GHMgBr;
on obtient alors deux acides non acétyléniques fusibles Fun vers 80°, l'autre vers iSo";
ce sont probablement les deux acides p-méthylcinnamiques stéréoisomères; j'en pour-
suis l'étude. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la synthèse d'un carbure aromatique dérivé
du camphre. Noie de M. C. Charrié, présentée par M. H. Moissan.
« .l'ai pensé qu'il pouvait y avoir des faits curieux à observer en faisant
réagjir le monochlorure de camphre sur le benzène en présence du chlo-
rure d'aluminium. Il fallait, en effet, prévoir que le chlorure de camphre
ne donnerait pas simplement un produit de condensation par substitution
d'un groupe phénvle à l'atome de chlore, comme cela a lieu ordinaire-
ment dans les réactions produites par la méthode de MM. Friedel et Crafts,
mais qu'il y aurait, sous l'action déshydratante du chlorure d'aluminium,
élimination d'eau dans la molécule de camphre en plus de la substitution
du phényle au chlore. On pouvait espérer, par suite, la formation d'un ou
de plusieurs composés intéressants.
» J'ai chaufTé loos de chlorure de camphre avec 65os de benzène au réfrigérant à
reflux, et j'ai ajouté, par petites portions, du chlorure d'aluminium jusqu'à ce qu'une
nouvelle addition de ce composé ne provoquât plus de dégagement de gaz chlorhy-
drique. La totalité du chlorure d'aluminium a été de oi'j'i.
» Il est à remarquer qu'à chaque quantité nouvelle de ce composé introduite, il se
produisait une très vive eflTervescence qui n'augmentait pas si l'on continuait à en
jeter dans la solution benzénique; seules, les premières portions de chaque dose de
chlorure d'aluminium déterminaient une réaction manifeste.
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. 1849
« II est encore à noter que la couleur du benzène, qui n'avait pas beaucoup changé
pendant les premières heures, est devenue tout à coup, après 4 heures de chauffe
environ, d'un rouge grenat foncé caractéristique. Ce changement à la fois tardif et
brusque de couleur n'est pas habituel dans ce genre de réaction et il n'était pas fortuit
dans l'opération précédente, car il s'est reproduit chaque fois que les mêmes composés
ont été mis de nouveau en présence dans les mêmes conditions.
» La réaction a exigé ^o heures avec les proportions indiquées, mais son activité
a décru rapidement après la vingt-deuxième heure.
M La quantité de gaz chlorhydrique dégagé ne correspondait pas au
départ d'une molécule de gaz chlorhydrique comme cela aurait eu lieu s'il y
avait eu substitution simple d'un groupe phényle à l'atome de chlore du
chlorure de camphre, mais cette quantité était presque triple, ce qui était
nécessaire si, en plus de cette substitution, il y avait eu départ d'une molé-
cule d'eau qui, réagissant sur le chlorure d'aluminium, devait donner deux
molécules de gaz chlorhydrique.
» Dans le premier cas on aurait eu :
C'^H'^CIO -l-C*'IP = C'''H'^C''H\0+ HCl;
dans le second, on avait :
C'H'^CIO -H C»H«= C"'H'\C"H»+ H-O + H Cl
avec :
APC1« -f- 3 (H^O) = Al-O^ + 3 (2H Cl).
Le résultat de la réaction a été traité par l'eau additionnée d'acide chlorhy-
drique, le liquide huileux surnageant a été séparé de l'eau, puis séché et
distillé.
» II a donné, après distillation du benzène en excès :
» 1. Un liquide prenant rapidement une coloration violet foncé et pas-
sant de 160° à 25o°.
M IL Un liquide jaune clair de 2 jo" à SoS".
» IIL Un liquide limpide peu coloré en jaune passant de 3o5" à 325''.
» IV. Un liquide rougeâtie passant de 325° k 5^i°.
» V. Un liquide limpide, mais fortement coloré en rouge foncé, passant
de 342° à 362° et laissant déposer une petite quantité de cristaux jaunes.
» VI. Un corps se prenant par refroidissement en cristaux jaunes
solubles dans l'alcool et fondant au-dessus de 100", passant au-dessus
de 36o«.
Après, il y avait décomposition et le résidu brun rougeâlre resté dans le
C. R., 1902, 2' Semestre. (T. CXXXV, N» 26) I76
t35o ACADÉMIE DES SCIENCES.
ballon était en partie soluble dans l'alcool qui le laissait déposer sous
forme de goudron.
» Pal-mi les composés constituant ces liquides^ j'ai isoléj par distillation
fractionnée de la partie passant à 305^-325", un liquide à peine Coloré pas-
sant vers 3i5° et dont la composition (') répond à la formule C'^ H ^^. C'est
Ini qni correspond à la réaction
C'^îi'^cio -[- c•'iï'' = (:'n^'^c^•n^ + IP0 4-HCl.
» L'étude de ce nouveau carbure aromatique dérivé du camphre et des
autres produits qui se forment en môme temps que lui fera l'objet de nou-
velles i^ublications. )i
CHIMIE ORGANIQUE, — Sur une méthode de transformation des dérivés mono-
chlorés et monobromés des hydrocarbures en dérivés monoiodés . Note de
M. F. îloDROux, présentée par M. Troost.
« Lorsqu'on ajoute par petites portions de l'iode à une solution éthérée
d'un chlorure ou d'un bromure d'alcoylmagnésium, j'iode disparaît rapi-
demment et la liqueur s'échauffe. La réaction se passe entre une molécule
du composé organo-métallique et une molécule d'iode, elle donne nais-
sance à un sel double de magnésium et à un dérivé iodé :
)> Le bromure de j)ropyle et le chlorure d'isoamyle ont fourni ainsi les
iodures correspondants, avec un rendement de 80 pour 100 environ.
» Il était intéressant devoir si cette même réaction pouvait s'appliquer
avec succès à la série aromatique, car les méthodes employées polir la
préparation |des dérivés iodés, dans le noyau des hydrocarbures, sont
pénibles, ou ne donnent que de mauvais rendëmenls. J'ai opéré sur les
bromures de jjhénylemagriésium et dé pàratolylemàgnésium et j'ai obtenu
fiiCilenient, avec un rendement de 80 pour lOo, l'iodure de phényle et le
paraiddololuèné.
(1) L'analyse a donné : C = 91 ,87; H = 8,53, Théorie pour G'°H'^ : C =: gt ,43 ;
H = 8,57.
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE ig02. l35l
» Le mode opér^loire, dans tous les cas, est le suivant :
» La solution du composé organomélallique est placée dans un ballon à long col,
refroidi par un courant d'pau froide. On y ajoute par petites portions l'iode préala-
blement pulvérisé et l'on agite constamment. Tant qu'il v a du composé organoma-
gnésien en liberté la liqueur reste limpide; l'opération est terminée lorsqu'une petite
addition d'iode la colore eu brun.
» Le contenu du ballon est versé dans une solution étendue d'acide chlorydrique et
i'éther qui surnage, décanté, séché sur du chlorure de calcium est ensuite agité avec
du mercure pour enlever l'iode libre qu'il contient. Après fillration, on chasse I'éther
et l'on distille le résidu.
» A la fin de la distillation il j a un abondant dégagement de vapeurs d'iode, et le
liquide obtenu est plus ou moins coloré. Après agitation avec du mercure, on le rectifie
et l'on obtient alors à l'état de pureté l'iodure cherché.
» La moitié de l'iode employé sert à la préi)aration de ces composés organiques, le
reste se trouve dans les eaux de lavage d'où il est facile de le précipiter.
» La réaction précédente permet d'obtenir, avec de bons rendements et
en qiielrpu's heures, les dérivés monoioilés des carbures benzéniques à
partir des dérivés monobromés. Elle est générale, et dans une prochaine
Communication je ferai connaître quelques nouveaux composés que j'étudie
en ce moment. »
CHLMIE ORGANIQUE. — Sur la décomposition de quelques acides organiques
di- et tribasiques. Note de MM. C^cïisxs.r de Coxixck et ï\aynaud, pré-
sentée par M. IL Moissan.
« Nos expériences ont porté sur les acides maloniqne, succinique, tar-
Irique, malique et citrique; nous les avons décomposés méthodiquement
en les chauffant avec chi glyco!, ou avec de la glycérine, ou avec de l'acide
sidfuriqnc.
» Acide malonique et glycol. — La réaction du gljcol sur l'acide oxalique signalée
par Loureriço et étudiée par Lorin, nous a engagés à remplacer l'acide oxalique par
l'acide malonique. Si l'on chauffe ce dernier acide avec un léger excès de glycol, il se
dégage CO"^ et il distille de l'acide acétique étendu. Nous avons obtenu ainsi un acide
acétique à \ pour 100 et à 5 pour 100. En desséchant l'acide malonique vers 100° et en
rectifiant le glycol, nous avons obtenu un acide à 8 pour 100.
» Acide malonique et glycérine. — Dans d'autres expériences, nous avons chaulTé
l'acide malonique avec de la glycérine (>), la décomposition se fait régulièrement avec
(') L'un de nous a fait cette expérience, en 1894- Voyez Cours de Chimie orga-
nique, par OEchsner de Coninck, 1894, t. I, p. i-JQ-
l352 ACADÉMIE DES SCIENCES.
départ de CO'^ el il distille un acide acétique à 3 pour loo, à 6 pour loo, à 7,5 pour loo
et à 9 pour loo, suivant les conditions de rexpérience.
» Acide succinique el glycérine. — L'acide, pur et cristallisé, a été chauffé avec un
excès de glycérine officinale; nous avons observé les conditions réalisées dans les expé-
riences précédentes. Aucun gaz ne s'est dégagé; par contre, il s'est formé une notable
quantité d'acroléine et un peu d'acide acrylique que nous avons caractérisé par son sel
de plomb.
» Acide tartrique droit et glycérine. — Dans les mêmes conditions, l'acide tar-
trique droit, bien cristallisé, a fourni une grande quantité de CO" et, en plus faible
proportion, un gaz brûlant avec une flamme peu éclairante et non absorbable par le
brome à la température ordinaire. Il s'est produit aussi de l'acroléine.
» Acide malique et glycérine. — Il s'est dégagé du gaz carbonique et, dans la
distillation, il y a eu production d'acroléine.
» Acide citrique et glycérine. — Cet acide nous a fourni surtout CO-, une très
faible proportion de CO et un gaz brûlant avec une flamme peu éclairante, que le
brome n'absorbait pas à la température ordinaire. Il nous paraît probable que la réac-
tion doit s'exprimer ainsi :
CH^- COni - C<^^JJ,^^- CIP- CO'-H = 3C0^ + CO + ^Cli*.
» Acide tartrique droit et glycol. — L'acide tartrique se dissout facilement^ à
chaud, dans un excès de glycol. Si l'on chaufl'e jusqu'à l'ébullilion, il y a dépari d'une
petite quantité de CO'.
)) Acide malonique et acide sulfurique. — Yient-on à chaufTer l'acide malonique
avec un excès de SO^IP, il se dégage tout d'abord CO- et un peu d'acide acétique. Si
l'on continue à chaufl"er, il ne se dégage que du gaz carbonique, jusqu'au moment où
Tanhydrique sulfureux apparaît.
» Acide succinique. — Cet acide se dissout, à chaud, dans SO^H-, sans décomposi-
tion ; nous n'avons pas essayé l'action de la surchauffe.
» Acide malique. — Dégagement de CO^ et de beaucoup d'oxyde de carbone, puis
la masse noircit el l'anhydride sulfureux apparaît. Si Ton chaufl'e fortement les acides
malique el sulfurique en tubes scellés, il se dégage un peu de formène, outre CC et
CO. Ce résultat est conforme à celui de Weith qui a obtenu de l'aldéhyde en faisant
bouillir, sous la pression atmosphérique, une solution d'acide malique dans l'acide
sulfurique:
CO . OH - CtP — CH . OH - CO . OH = CO^ + CO + H^ O + CH^ - CHO.
» Le formène résulte sans doute du dédoublement de l'aldéhyde en CH*H- CO.
» Acide tartrique droit. — Dégageaient de CO"^, CO et d'un gaz brûlant avec une
flamme peu éclairante et non absorbable par le brome à la température ordinaire, nous
recherchons si la réaction ne correspond pas à l'équation suivante :
CO.OH — CH.OH-CH.OH — CO.OH ^ 2C0^+ CO + ll-O + CH\ »
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. l353
CHIMIE AGRICOLE. — Sur la nature des composés azotés qui existent dans le sol
à différentes hauteurs. Noie de M. G. Andké.
« L'étude de la transformation de la matière azotée dans le sol présente
le plus grand inlérôt : c'est, en effet, par suite du travail incessamment
renouvelé des microorganismes que l'azote organique se métamorphose
[)eu à peu (suivant les conditions essentiellement variables d'humidilé,
d'aération, de température, d'alcalinité) en azote ammoniacal d'existence
transitoire, puis en azote nitrique.
M J'ai continué l'étude de la constitution de la matière azotée (') en
clA^rchant, sur des échantillons de terre, prélevés à différentes hauteurs,
comment variait la nature de cet azote.
» A cet effet, j'ai découpé des prismes de quelques décimètres carrés de surface,
dans des sols qui n'avaient pas reçu de fumure depuis de longues années, jusqu'à une
profondeur d'environ 60'"' à 65'^"', comprenant ainsi une partie du sous-sol. On admet
souvent que, plus on s'enfonce dans le sol, plus les composés azotés se simplifient;
l'azote, beaucoup moins abondant dans les profondeurs qu'à la surface, ne pénétrerait
peu à peu que parce que les transformations qu'il a subies à la surface lui donneraient
une forme plus simple et, conséquemment, plus diffusible. D'ailleurs, il est à supposer
qu'il existe à cet égard des variations notables quand on s'adresse à des terres d'ori-
gines différentes et à des moments différents de l'année.
» J'ai soumis 200s de terre, rapidement séchée à l'air et tamisée; i" à l'action de
l'acide chlorhvdrique employé d'une manière uniforme à raison de Sc^'"" d'acide
chlorhjdrique pur (à 36 pour 100 IICl réel) dans SoC""' d'eau ; 2« à l'action d'une
solution de potasse qui, dans 500"=°'' de liqueur, contenait 20 fois autant de cet
alcali (K^O) qu'il y avait d'azote dans l'échantillon considéré. J'ai chauffé pendant
i5 heures au bain-marie à 100°, en faisant passer au travers du ballon, dans le cas
de l'emploi de la potasse, un courant d'hydrogène destiné à entraîner l'ammoniaque
qui a été recueillie dans un acide étendu, puis dosée.
» Dans cet ensemble complexe qui constitue la matière azotée du sol, l'acide chlor-
hydrique et la potasse ne portent pas leur action sur les mêmes matières, caries résul-
tats que fournissent ces deux agents ne sont pas toujours comparables, principalement
quand ce traitement est effectué sur des terres prises à différents moments de l'année.
La potasse, dans tous les cas, solubilise toujours une plus grande quantité d'azote.
)) l. Le premier échantillon dont je me suis servi a été prélevé le
23 octobre 1901. La teneur en azote total était la suivante dans i^s de terre
(1) Voir Comptes rendus, t. CXXVII, p. 4i4 et 446, t. CXXVill, p. 5i3.
l354 ACADÉMIE DES SCIENCES.
supposée séchée à loo" : i° surface =i^,6Gi, 2° à 3o"" de j^rofondeur
=: 0^9319, 3° à 65^'" = oîî,/f88o.
» Action de l'acide chlorhydrique. — Apres 1 5 heures de chauffage, exécuté
comme je l'ai dit plus haut, on a filtré et lavé hi masse demeurée insoluble.
Le liquide filtré, neutralisé exactement par la potasse et additionné de
magnésie calcinée, a été soumis à l'ébullition pour en dégager l'ammo-
nia(}ue ayant {)ris naissance dans le traitemepL L'azote ammoniacal, ainsi
dégagé, s'élevait, dans les trois prises précédentes, à ^ environ de l'azote
total initial, soit i°= 1/^,37, 2°= i/}, 10, 3°= 14,87. La matière azotée esj:
donc, à cet égard, comparable à elle-même aux trois hauteurs.
» Action de la potasse. — A{)iès iS heures de traitement, l'azote ammo-
niacal dégagé, recueilli dans un acide dilué, s'élevait à : i°=i3,Gi,
2°r=i3,4i, 3^=12,04 (pour loo de l'azote total initial). Ces chiffres,
voisins les uns des autres, s'écartent peu de ceux qu'a fournis l'acide chlor-
hydrique.
» ri. Un autre échantillon de terre avait été prélevé le 20 octobre 1900
dans un endroit ^ssez éloigné du premier. Il contenait en azote total et par
kilogramme de matière sèche : 1° à la siu^face = i^',43pG, 2° à 30^"'" = 1^,3434,
3** a 65*"*^ =0?, 74o3. A la suite du traitement chlorhydrique, on a obtenu :
azote ammoniacal i*" = 17,^7, 2" = 18,74, 3*^ = 18,87 (po'^i' 100 ^'e l'azote
total). L'action de la potasse a fourni respectivement i5,34, i5,G3,
i3,3o (azote ammoniacal pour cent de l'azote initial). Ces chiffres sont un
peu plus faibles que ceux (|ue donnent le traitement chlorhydrique.
» IIL Un troisième échanfillon, prélevé le i*"" avrd 1902, dans un
endroit voisin du premier, contenait en azote total par kilogramme :
surface =1,9019, à 3o''"'= i,3664, ^ G5"^°* =o,34ji. L'action de l'acide
chlorhvdrique a fourm", en azote ammoniacal : 14,87, iG,32, 18,29. Ici,
l'azote rendu ammoniacal par le traitement acide est d'autant plus abondant
que l'on s'adresse à une couche de terre plus éloignée de la surface. Cette
différence se traduit mieux encore lorsqu'oti prolonge le chauffage de
cet échantidon.
» Ainsi, après un chauflTage de 28 heures avec l'acide chlorhydrique, on a divisé en
trois parties le liquide filtré. La première, neutralisée immédiatement et additionnée
de magnésie a fourni, aux trois hauteurs: azote ammoniacal 19,52, 28,77, 28,62. La
secondç, chaull'ée en plus pendant 12 heures au réfrigérant ascendant, a donné . •'21 ,44»
27,97, 34,20; la troisième, chaulîée comme la seconde, mais pendant 24 heures, a
donné : 22,^8, 28,20, 34,20.
» Le résidu terreux, demeuré insoluble après 28 heures de chaulTage, une fois lavé,
a été repris par l'acide chlorhydrique à la même concentration qu'au début, puis
SÉANCE DU 2() DÉCEMBRE 1902. 1^55
chauffé encore pendant 28 heures à 100°. Le liquide filtré â été divisé en deux portions.
La première, neutralisée exactement et additionnée de magnésie, a donné eh azote
ammoniacal : 3, 1 1, 3,83, i i ,4i ; la seconde, chaufTée au réfrigérant ascendant pendant
12 lieureSj puis traitée coiiime la seconde, a donné : 3,67, 4)53, 14,69;
» Doncj en chiffres ronds, les prises d'essai faites à la surface, à 3o''™, à 65*'"* de
profondeur ont fourni respectivement, au bout de ce long temps de chauffage, comme
azote transformable en azote ammoniacal : 26,82 et 49 pour 100 de l'azote total initial,
» La potasse, au contraire, après i5 heures de chauffage à 100", a transformé en
azote ammoniacal une quantité de l'azolé total qui décroît à mesuré que l'bn s'fenfohcë
dans le sol, soit i5,7î ; i4, 18; 10, 56.
)) IV. On peut conclure de l'inspection des chiffres qu'a fotirnis le trai-
tement chlorhydrique que, à ce moment de l'année (avril), la matière
azotée de la surftice du sol (sur laquelle de nombreuses espèces micro-
biennes ont exercé leur action, favorisée par la température de l'été pré-
cédent) est devenue plus diffusible et a pénétré lentement pendant l'hiver
dans les couches profondes du sol, où on la retrouve, au début du
printemps, sous une forme plus attaquable par l'acide chlorhydrique que
celle des couches supérieures. A la fin de l'été, au contraire, il y a, ainsi
que la chose ressort de l'examen des deux premiers échantillons, sensi-
blement égalité entre les différentes couches de terre au point de vue de
l'azote rendu ammoniacal par l'action de l'acide ou celle de l'alcali.
» J'examinerai prochainement, dans les différentes couches de terre,
la répartition de l'azole qui, à la suite des traitements acide et alcalin,
demeure sous forme soluble non ammoniacale, ainsi que celle de l'azote
qui, indépendamment de tout contact de la terre avec des réactifs puis-
sants tels qiie ceux que j'ai employés, existe dans le sol sOLis forme ammo-
niacale. »
EMBRYOGÉNIE; — L' hermaphrodisme normal des Poissons.
TS^ote de M. Lnuis Koule, présentée par M. Alfred Giard.
« Les anciens auteurs ont souvent signalé, chez divers Poissons, la
présence tie cas d'hermaphrodisme. Plusieurs ont remarqué, en sus, hi
fréquente différence de taille des mâles et des femelles, les premiers étant
plus petits, et les secondes plus grosses. Ces données se sont à la fois
précisées et étendues au cours de ces dernières années. Certaines espèces
ont vrainjent un hermaphrodisme complet et simultané, car leurs glandes
sexuelles produisent à la fois des spermatozoïdes et des ovules, mùis en
l356 ACADÉMIE DES SCIENCES.
même temps. D'autres ont un hermaphrodisme protandrique; les individus
encore jeunes commencent par être mâles, puis deviennent femelles en
acquérant leurs dimensions définitives. Enfin quelques observations isolées
dénotent bien une apparition précoce de la sexualité mâle et tardive de la
femelle chez des espèces considérées encore comme unisexuées, mais elles
n'indiquent pas davantage. Ces notions sont résumées et augmentées sur
nombre de points, dans un excellent travail de Stéphan ( De Vherma-
nhrodisme chez les Vertébrés; thèse de Montpellier, 1901).
» L'importance d'une telle question m'a conduit à tâcher de l'élucider
au complet sur une famille déterminée, et j'ai choisi, à cause de la com-
modité des recherches, celles des Cyprinides de nos eaux douces. Mes
premières études ont porté sur une statistique préliminaire : établir, à
l'époque du frai, la relation entre la nature de la sexualité et les dimensions
du corps. Une telle statistique doit porter, pour avoir de la valeur, sur le
plus grand nombre possible d'individus, et c'est elle seule que je mentionne
en ce moment. Elle se base sur l'examen de plus de i5oo échantillons,
péchés en 1901 et 1902. Je ne saurais trop remercier plusieurs de mes
élèves, MM. Andigé père et fils, M. de Cardaillac, qui m'ont aidé dans ce
travail.
» Je ne puis songer à fournir ici tous les résultats. Je me bornerai,
comme exemple, à citer le cas d'un lot de Rotengles (Scardinius erytroph-
thalmus L.), pris dans un étang que l'on avait vidé. Ce lot comprenait
170 individus, de tailles différentes, en état de maturité sexuelle. Il se
décompose de la manière suivante :
» 1° 91 échantillons mesurant 2'=™ à 'j'^'^ de longueur, comptés du bord postérieur
de foeil à la base de la queue : tous sont mâles.
» 2° 25 mesurant 8*=™ et g*^™ de longueur : i3 sont mâles et 12 femelles.
» 3° 54 mesurant lo'^"^ à 19'='° de longueur : tous sont femelles.
)) Cette liste démontre non seulement que le nombre des mâles, dans un lot pris au
hasard, dépasse celui des femelles, et que la sexualité mâle est d'apparition plus
précoce, mais encore elle dénote ce fait intéressant que tous les individus de petite
taille, ayant une sexualité affirmée, sont des mâles, et que ceux de grandes dimensions
sont exclusivement des femelles. Des résultats similaires sont fournis par les autres
espèces des Cyprinides de nos eaux douces. Chacune d'elles possède, en chaque loca-
lité, une longueur moyenne où les individus des deux sexes sont en nombre égal ou
peu différent; au-dessous de cette longueur, tous les individus sont mâles; et au-dessus,
tous sont femelles.
)) On peut, d'après cette seule statistique, proposer deux opinions.
L'une consiste à admettre l'unisexualité stricte de ces espèces, avec nanisme
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. ï^Sy
des mâles et précocité dans l'apparition de leur sexualité. Seulement, si
elle est exacte, on devrait rencontrer, parmi les individus dont la taille
se tient au-dessous de la moyenne, et à côté des mâles, de jeunes femelles
dont les glandes sexuelles ne seraient point développées encore. La pro-
portion numérique de ces dernières devrait concorder avec celle des
femelles adultes. Or, cela n'est pas. Aussi la seconde opinion, relative à
l'hermaphrodisme protandrique de ces animaux, paraît plus plausible.
Du reste, autant que je puis en juger jusqu'ici, elle s'accorde avec l'étude
histologique, sur laquelle j'insisterai dans une prochaine Communication. »
ZOOLOGIE. — Variations organiques chez des Poules carnivores
de seconde génération. Note de M. Frédéric Houssay.
« Les différents organes dont je vais indiquer la variation sont rappor-
tés soit au poids actif, soit au poids total de chaque animal en expé-
rience ('). Les deux catégories de rapports sont ordinairement concor-
dantes, sauf dans les cas de variation faible que je signalerai. Je me borne
aujourd'hui à publier les valeurs moyennes des rapports au poids actif dans
chaque génération : la première granivore, les deux suivantes carnivores.
Pour simplifier, je réunis ces données en un graphique composé en comp-
tant sur les abscisses 20™™ pour la durée d'une génération, et sur les
ordonnées i™™ par M/îi/e d'organe pour i*"^ acti^f d'animal. L'unité est, sui-
vant le cas, le gramme, le millimètre ou le centimètre. La figure ci-après
est un graphique réduit de un quart.
» Les organes se rangent en trois séries : ceux qui ne varient pas, ceux
qui décroissent et ceux qui croissent.
» I. La quantité de sang (courbe D) est restée sensiblement constante; il en est de
même pour le cœur (K) qui, après une légère hausse, a diminué d'autant. Enfin, le
foie (F) n'a pas varié. Si notre graphique accuse en grammes une très légère ascen-
sion, les rapports au poids total donnent une légère baisse, au résumé, pas de modifi-
cation appréciable. Ce résultat ne concorde pas, au moins pour les Oiseaux, avec une
des conclusions de Maurel (-).
» II. Les organes qui ont décru ou qui décroissent encore sont :
» 1° Le jabot, jaugé en centimètres cubes, à l'eau (E) ou au mercure (C); ces deux
courbes montrent que si la capacité moyenne ne diminue plus, du moins l'extensibilité
(') Voir Comptes rendus, 8 décembre 1902.
(2) Voir Comptes rendus, i*" décembre 1902.
C. R., 1902, 2' Semestre. (ï. CXXXV, N" 26.) '77
i358
ACADEMIE DES SCIENCES.
se réduit encore; 2° Tintestin exprimé en centimètres (A) : le rapport au poids total
accuse une légère descente au lieu de l'arrêt marqué ici ; 3° les cœcums exprimés en
millimètres (B) ; 4" l'estomac entier (G); 5° le gésier (H); 6° enfin, le pancréas, qui
ne peut être représenté utilement à cette échelle, et dont la décroissance est marquée
par les nombres
2,2 1,9 1,8
» III. Les organes qui croissent sont les reins, dont nous avons parlé déjà, le pou-
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE I902. iSSq
mon et la rate. Tous sont de trop faible poids pour notre échelle; leur variation est
représentée dans le Tableau suivant :
Rein 6,2 8,8 10,6
Poumon 3,9 5 5,1
Rate 0,9 1)3 i ,4
» L'accroissement de la rate ne nous paraît que très indirectement dû à l'alimen-
tation, et seulement par l'intermédiaire de l'accroissement de la mue. Après l'his-
toljse des ovules et des graisses la rate est simplement de plus en plus encombrée par
les leucocytes, ce qui influe sur son poids.
» En examinant ces données, on voit facilement que toutes les varia-
tions croissantes ou décroissantes sont beaucoup moins rapides en passant
de la deuxième génération à la troisième que de la première à la deuxième.
On serait assez porté à croire que les animaux ç,' adaptent à leur nouveau
régime et ne varient plus guère sous son influence. Mais l'on pourrait
tout aussi bien dire que la première génération Carnivore, brusquement
changée de régime, a subi une sorte de révolution organique ou de coup de
fouet et qu'elle a varié plus que ne comportait le régime nouveau. Des
phénomènes que nous ferons prochainement connaître montrent en tous
cas que le problème est complexe, et la solution certaine n'en sera donnée
que par la suite de l'expérience. On voit aussi de là que toute variation
organique obtenue par un changement de régime de quelques mois ou
même d'une année n'est guère, malgré son intérêt physiologique ou
médical, immédiatement susceptible d'application précise en Anatomie
comparée. »
EMBRYOGÉNIE. — Sur l'origine du ISehenkern et les mouvements nuclèiniens
dans la spermatide de Notonecta glauca. Note de MM. J. Pantel et R.
DE SiNÉTY ('), présentée par M. Alfred Giard.
« Origine du Nebenkern. — Comme l'idiozome, nous croyons devoir
définir le Nebenkern par sa manière d'être une fois qu'il est constitué, c'est-
à-dire par sa structure très spéciale et par sa polarité. Ce sont là des carac-
tères sûrs et immédiatement saisissables chez les Insectes, où d'ailleurs
cette inclusion atteint ses plus grandes dimensions et son plus haut degré
(*) Comptes rendus, t. CXXXV, p. 997 et 11 24.
l36o ACADÉMIE DES SCIENCES.
de complication structurale. S'ils ne sont pas applicables aux formations
de même nom que l'on a décrites dans d'autres groupes, c'est peut-être
que leur homologation à celle-ci exigerait de nouvelles études.
» Même à ne considérer que le Nebenkern des Insectes, on se trouve en
présence de trois opinions, relativement à l'origine de ses constituants :
» a. Pour Meves (^), dont les recherches ont porté sur un Lépidoptère (Pygaera),
le premier matériel est représenté par des corpuscules jnitochoiidriens, différenciés
de très bonne heure au sein du cytoplasme et déjà observables dans les spermatocytes.
C'est, au fond, l'opinion formulée un peu auparavant, d'après un Hémiptère {Anasa),
par Paulmier (-), bien que cet auteur ait admis l'intervention possible du reste fuso-
rial, à titre de constituant secondaire (^).
» b. L'opinion d'une origine purement fusoriale, proposée pour la Blatte par
La Valette, successivement adoptée, pour les Lépidoptères {Pygaera, Sphinx) par
Plalner et pour un Acridien {Calop tenus) par Wilcox, vient d'êlre reprise d'après un
Grillon par Baumgartner (*).
» b. Une opinion mixte a été émise par Henking (^) au sujet d'un Hémiptère
{Pyrrhocoris).
)) Les figures que nous avons données montrent suffisamment que
l'opinion de Meves s'accorde le mieux avec les résultats fournis par notre
objet. Le matériel formateur du Nebenkern est le produit d'une différen-
ciation très précoce, se laissant poursuivre jusque dans le spermatocyte de
premier ordre et ayant toutes les allures du corps mitochondrien . Ce corps,
il est vrai, se condense autour du reste fusorial (partie équatoriale) ; de ce
chef, on peut dire que la substance de la dernière figure achromatique
intervient, mais comme centre d'orientation, non comme constituant
matériel, proprement, sa quantité étant minime par rapport à celle des
condensations mitochondriennes ; peut-être le Nebenkern lui doit-il sa
(^) Fr. Meves, Ueber den von La Valette Saint-George entdekten Nebenkern
(Mitochondrienkorper) der Samenzellen {Arch. f. Mikr. Anat,, 1900).
(^) F. -G. Paulmier, The Spermatogenesis 0/ Anasa tristis {Journ. of Morph.,
1899).
(3) 11 nous paraît que Baumgartner ne lient pas suffisamment compte de cette res-
triction de Paulmier quand il le compte simplement parmi les partisans de l'origine
mixte.
(*) W.-J. Baumgartner, Spermatid transformations in Gryllus assimilis {Kans .
Univ. Se. Bull., febr. 1902).
{'") H. Henking^ Ueber Sperniatogenese und deren Beziehung zur Entwicke-
lung Z^ei Pyrrhocoris apterus {ZeitscJir. f. wiss. ZooL, 1891).
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. l36l
polarité, il ne lui doit pas en tout cas sa constitution. Quant à dériver les
condensations mitochondriennes elles-mêmes des anciennes figures achro-
matiques desspermatocytes et des spermatogonies, nous ne le pourrions
jusqu'ici sans outrepasser les faits (' ).
» Échanges de nucléine ou de facteurs nucléiniens entre le noyau elle corps
cellulaire. — L'un des traits les plus frappants duchimisme nucléaire, dans
la spermatide, c'est un mouvement à peu près continu, alternatif, qui
entraîne hors du noyau, pour l'y ramener plus tard, soit la substance
chromatique, soit plutôt quelqu'un de ses constituants plus mobiles. Un tel
échange a lieu tout d'abord entre le noyau et le cytoplasme. Du côté du
noyau l'appauvrissement chromatique se dénonce par une décroissance
très sensible de l'élément nucléinien figuré, tandis que l'enrichissement du
cytoplasme est rendu manifeste par l'apparition des corpuscules chromati-
niféres; c'est la phase de sortie. La phase de retour présente cette circon-
stance inattendue que le transport est effectué par des corps figures spé-
ciaux auxquels nous avons donné le nom de calottes. Nous ferons remarquer,
au sujet de ces formations, que Broman (') en a probablement vu les élé-
ments formateurs, sans que son matériel lui ait permis de saisir leur desti-
nation. Cet auteur parle en effet de corpuscules structurés, hétérogènes,
inégalement colorables dans leurs diverses parties : autant de caractères
qui conviennent à nos corpuscules chromatophiles. Il n'a pas observé leur
mode de formation et se montre disposé à les rattacher à une fonction
sécrétoire.
(1) L'étude du Nebenkern appellerait celle du corpuscule sldérophile qui apparaît»
à un moment donné, entre cette inclusion et le noyau, et duquel pousse le filament
axile. Nous nous bornerons ici à rendre compte du terme de blé pharo plante, par
lequel nous l'avons désigné.
C'est actuellement une opinion très généralement acceptée que ce corpuscule n'est
autre que- le centrosome de la précédente cinèse. Quant à nous, nous avons toujours
vu le centrosome disparaître avant la régression de l'aster, dans le spermatocyte de
deuxième ordre, comme dans celui de premier ordre. Sans nier qu'il puisse passer
par une période de non-visibilité, tandis que s'accontiplirait sa migration et reparaître
ensuite entre le noyau et le Nebenkern, nous ne croyons pas avoir des raisons suffi-
santes d'admettre une continuité substantielle entre ces états. Il nous a paru préférable
de faire abstraction de cette hypothèse et d'appliquer au corpuscule formateur du
filament axile une désignation empruntée aux botanistes, qui a l'avantage d'en rappeler
la fonction actuelle sans préjuger en rien sa genèse.
(-) I. Broman, Ueber gesetzmàssige Bewegungs- und Wachslungserscheinungen
{Taxis- und Tropisnienfornien ) der Spcrniatiden, etc. {Arch.f. mikr. Anat., 1901 .)
l362 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Échanges entre le noyau et l'acrosome. — Malgré l'apport des calottes,
le noyau ne s'enrichit, semble-t-il, que temporairement de substance Colo-
mbie; le volumineux caryosome qui représente à cette époque la plus
grande partie de l'élément nucléinien perd en effet bientôt sa chromato-
philie. Par contre, une quantité considérable de matière chromatophile
apparaît dans l'acrosome, d'abord sous la forme de masses discrètes, plus
tarda l'état diffus; sans vouloir lui attribuer une origine exclusivement
et immédiatement nucléaire, il nous paraît difficile que le noyau ne con-
tribue pas à cette accumulation par une nouvelle migration de facteurs
nucléiniens. Enfin, les derniers stades de la transformation de la sperma-
tide sont marqués par une condensation et une chromatophilie croissantes
de l'élément nucléinien, corrélatives de la diminution graduelle et de la
disparition définitive de la colorabilité dïins l'acrosome, double phénomène
qui pourrait correspondre à une dernière récupération de matière chroma-
tique par le noyau.
M Pris dans leur ensemble, les mouvements nucléiniens qui s'accom-
plissent dans la cellule mâle, au cours de ses métamorphoses, ne peuvent
manquer de rappeler ceux de l'ovocyte. Il s'agit, de part et d'autre, d'une
des manifestations les plus sensibles de ce travail intime qu'est la différen-
ciation sexuelle. Seulement la période la plus active de ce travail semble
pouvoir se placer à une époque un peu variable, avant ( 9) ou après (cf)
les divisions maturatives. »
ZOOLOGIE. — Les otocystes des Annélides Polychètes.
Note de M. F'ierre Fauvel.
« Quelques espèces seulement d'Annélides Polychètes possèdent des
otocystes; elles appartiennent presque toutes à la famille des Sabelliens.
En dehors de cette famille, ces organes ne se rencontrent que chez
quelques Térébelliens, les Arénicoliens, deux ou trois Anciens et quelques
Alciopiens.
» Laissant de côté les Ariciens dont je n'ai pu me procurer de spécimens porteurs
d'otocystes et les Alciopiens chez lesquels ces organes difTèrent complètement de ceux
des autres Annélides, j'ai étudié à ce point de vue: 6 Sabelliens: Braiichioimna
vesiculosum Mont., Jasmineira elegans Saint-J., Oria Arniandi C\p., Amphiglena
Medilerranea Leyd., Myxicola œsthetica 0\^., M, infundibulam Monl.; ^ Aréni-
coliens : Arenicola marina L., A. ecaudata Johnst., A. Gruhi Glp.,yl. cristata
Stimps. ; 2 Térébelliens : Lanice conchilega Pall., Amphitrile Edwardsi Qtf.
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE I902. l363
» Chez VA. Edwardsi les otocystes décrits sur le cerveau et figurés par M. de
Saint-Joseph n'existent pas, ainsi qu'il est facile de s'en assurer en pratiquant des
coupes. On rencontre souvent, enkystés dans les muscles de cette espèce, de petits
Distomes. Quand ces kystes se trouvent au voisinage du cerveau ils peuvent induire en
erreur, lors d'un examen superficiel, fait par transparence. Le kyste simule une vési«
cule auditive et l'aspect granuleux de son contenu rappelle vaguement un amas
d'otolithes. Sur des coupes l'erreur n'est plus possible et l'on retrouve très nettement
les deux ventouses caractéristiques du Distome. Ces kystes se rencontrent un peu
partout dans le tissu musculaire.
» Les otocystes de Lanice conchilega n'ont été signalés jusqu'ici, chez l'adulte,
que par Meyer qui les a seulement figurés à petite échelle et sans description. Ces
deux organes sont situés immédiatement au-dessous de l'épais bourrelet glandulaire;
épidermique du premier segment branchial. Leur cavité, tapissée de cils vibratiles
renferme de nombreux otolithes de 31^ à 9!^, réfringents, irréguliers, anguleux, ne se
colorant pas par les réactifs et paraissant formés de petits grains de quartz. Chez
l'adulte, ils sont relativement moins développés que chez les jeunes et ils présentent
les traces d'un canal atrophié, qui, chez la larve, devait faire communiquer leur cavité
avec l'extérieur.
» Chez le Branchiomma vesiculosum adulte, les deux otocystes communiquent en-
core avec l'extérieur par un long canal, très nettement cilié, qui a cependant échappé
à Brunotte, ainsi que les cils vibratiles de l'otocyste. Les otolithes nombreux, réfrin-
gents, irréguliers, anguleux, insensibles aux réactifs, paraissent être aussi des grains
de quartz.
» ChezVArenicola marina, nous retrouvons également la même structure; oto-
cystes communiquant avec l'extérieur par un canal cilié et renfermant des otolithes
constitués par de petits grains de quartz.
» Chez toutes les autres Annélides à otocystes clos, nous rencontrons, au contraire,
des otocystes sphériques, de nature organique, sécrétés par l'organe. Chez Oria
Arinandi, Arenicola cristata, Jasmineira elegans, Myscicola infundihulum et
M. œsthetica, l'otolithe est unique. Chez Amphiglena mediterranea, Arenicola
ecaudata et A. Grubii, les otolithes sont très nombreux.
» Sauf chez ces deux dernières espèces, les otolithes sont mis en mouvement par
le Jeu des cils vibratiles, ainsi qu'il est facile de s'en assurer en examinant par trans-
parence, sous le compresseur, des individus de taille convenable. Les mouvements des
cils, d'abord très vifs, se ralentissent peu à peu et l'on peut voir nettement et compter
leurs battements, ceux-ci durant encore quelque temps après la mort de l'animal en
expérience.
» Chez VA. ecaudata et VA. Grubii, les otocystes ne renferment pas trace de cils
vibratiles; néanmoins, le mouvement des otolithes est très vif, et il existe toujours
chez l'animal vivant, ainsi qu'il est facile de s'en assurer : i° en examinant par trans-
parence, dans un verre dq montre, les stades post-larvaires nageant librement dans
l'eau de mer sans compression aucune; 2* en étalant sur une lame de verre une bande
des téguments enlevée à la partie antérieure d'un adulte bien vivant et débarrassée en
partie de la couche musculaire interne. Les otocystes sont alors bien visibles par trans-
parence. Or, soit qu'on les examine ainsi sans autre préparation, soit qu'on les place
l364 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dans le liquide cœloniique ou dans l'eau de mer et que l'on recouvre, ou non, d'une
lamelle, on constatera toujours le mouvement des otolilhes, sauf le cas de lésion de
Tolocyste ou de pression trop considérable de la lamelle. J'ai répété cette expérience
plus de quarante fois. Ces mouvements peuvent parfois continuer pendant plusieurs
heures. On les fait cesser rapidement en crevant l'otocyste avec une aiguille ou en
ajoutant des liquides de densité différente ou des réactifs.
» Ces mouvements ne sont donc pas dus à des courants de diffusion produits par la
dissection sous l'eau de mer, comme le prétendent Gamble et Ashworth. Contrairement
à ces auteurs, j'ai toujours observé ce mouvement dans les otocvstes, intacts, montés
dans le liquide cœlomique.
» En réalité, cette trépidation des otolitlies est due au mouvement brownien.
» Un otocyste renferme habituellement un ou plusieurs gros otolithes (de i5!^ à Sol-"),
un assez grand nombre de taille moyenne, puis une multitude de plus petits, dont
beaucoup ont à peine de iH- à 3i^.
» La masse centrale formée des plus gros otolithes est simplement ébranlée et tré-
pide lentement, tandis que l'espace qui la sépare des parois de l'otocyste est remplie
par une multitude innombrable d'otolithes de plus en plus petits, animés d'un mou-
vement extrêmement vif, et venant jusqu'au contact de la cuticule, ce qui prouve
encore l'absence de cils vibraliles sur celle-ci.
» Ce sont ces petits otolilhes, animés d'un mouvement brownien très vif, vu leur
petite taille (il^ à 3!^), qui ébranlent, par leurs chocs répétés, la masse centrale des
otolithes trop gros pour être sujets au mouvement brownien.
» Dans un Mémoire détaillé sur cette question je reviendrai sur la structure et les
réactions de ces otolithes.
« Sur les Ai-enicola marina, A. Grubii et A. ecaudata, j'ai réussi à colorer par le
bleu de méthylène les cellules sensorielles de l'otocyste. Ces cellules bipolaires, fusi-
formes, à noyau occupant le centre du renflement, sont disposées radialement. Leur
prolongement périphérique à pointe courte et effilée, ou parfois au contraire presque
cylindrique, s'étend jusqu'à la limite interne de l'otocyste, tandis que leur extrémité
centrale, mince, filiforme, un peu sinueuse, va se perdre dans le nei-f de l'organe.
>) Les connectifs œsophagiens donnent naissance à trois paires de nerfs, avant leur
réunion ; la paire la plus antérieure innerve l'otocyste.
» En résumé, chez les Polychèles, comme chez les Crustacés et les
Mollusques, on rencontre deux sortes d'otocystes :
» 1° Les uns restant en communication avec l'extérieur par un canal
cilié et renfermant, dans ce cas, des otolithes formés de corps étrangers
(petits grains de quartz);
» 2° Les autres, complètement clos, à otolithes sphériques, à couches
concentriques, de nature organique et sécrétés par Torgane.
)) Les otocystes clos renferment un ou plusieurs otolithes. Les otolithes
sont mis en mouvement par le jeu des cils vibratiles, sauf chez 1'^. Grubii
et r^. ecaudata où ces cils font complètement défaut. Dans ce dernier cas,
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE I902. l365
le mouvement des otolithes existe néanmoins toujours chez l'animal
vivant, mais il est du au mouvement brownien et non aux courants de
diffusion .
» JJ Amphitrite Edwardsi ne possède pas d'otocystes : ce sont de petits
Distomes enkystés qui ont été pris pour ces organes. »
ZOOLOGIE. — Sur des émissions nucléaires observées chez les Protozoaires.
Note de MM. A. Coxte et C. Vaney, présentée par M. Alfred Giard.
« Nous avons rencontré en abondance, dans l'intestin de Triton tœniatus
Schn., des Infusoires que nous rapportons à Opalina intestinalis Ehrbg. Sur
des coupes, cette espèce montre à l'intérieur de son cytoplasme de nom-
breux granules dont la plupart, tant par leurs formes que par leurs affi-
nités pour certains colorants, ressemblent tout à fait aux noyaux multiples
décrits chez Opalina ranarum Ehrbg. Il nous a été facile, par un examen
plus attentif de déceler l'origine de ces granulations.
« Le noyau de cette Opaline est primitivement unique, très volumineux, de forme
ovalaire et limité par une membrane nucléaire bien nette. Ce noyau est très riche en
chromatine. Chez quelques individus, il se dédouble et l'on pourrait croire alors qu'il
existe un micro et un macronucleus; cette forme a été figurée par ZelUer; elle est en
réalité exceptionnelle.
» Chez la plupart de ces Protozoaires, on voit la membrane nucléaire disparaître sur
une étendue plus ou moins grande et, par cette ouverture, s'échapper de nombreuses
granulations chromatiques qui se disséminent dans le cytoplasme. Cette émission se
fait irrégulièrement aux dépens d*une portion plus ou moins importante du noyau et
en un point quelconque de ce noyau.
» 11 est facile de suivre l'évolution de ces granules dans le cytoplasme. Tout d'abord
compacts, ils ne tardent pas à se transformer en sphérules où l'on distingue ordinaire-
ment un point central. Ces sphérules ont la même chromaticité que le noyau et elles
ont été probablement prises souvent pour de véritables noyaux. La première transfor-
mation que montrent ces sphérules est un changement de chromaticité. Par l'héma-
téine et le bleu de méthylène, elles prennent une teinte rougeâtre de plus en plus
accentuée. En même temps, ces sphérules rouges se gonflent, deviennent très volumi-
neuses et prennent une forme discoïdale. Leurs contours s'atténuent et elles finissent
par former des membranelles éparses qui paraissent achever de se dissoudre graduel-
lement.
» La formation de ces grains rouges est identique à ce que l'on observe dans les
cellules sécrétantes de l'intestin du Triton où l'on voit le noyau changer de chroma-
ticité et se résoudre en granules rouges qui sont émis dans la cavité intestinale. La
présence de ces grains est bien connue de tous les hislologisles qui les ont décrits
C. R., 1902, a» Semestre. (T. GXXW, N» 26.) 17^
l366 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dans les cellules sécrétantes où ils constituent les grains de zjmogène. L'origine de
ces grains est seule contestée; pour certains auteurs ce sont des formations cytoplas-
miques, pour d'autres des dérivés nucléaires. Nos observations établissent nettement
leur formation aux dépens de la chromatine. Elles établissent en outre des rapports
entre ces grains et les formations ergatoplasmiques des éléments glandulaires.
» Les grains rouges ont été déjà signalés chez des Protozoaires; ils ont été depuis
homologués aux corpuscules métachromatiques des levures. Ces corpuscules ont été
considérés comme des produits de réserve; en étudiant sur coupes des levures de
bière, nous avons pu constater que les corps métachromatiques offrent toutes les
réactions bien connues comme caractéristiques des grains de zymogène.
» Les faits que nous avons observés sont importants en ce qu'ils per-
mettent d'interpréter la formation des noyaux vitellins dans les œufs
d'Insectes, de Myriapodes, de Vertébrés, etc. Ces noyaux sont des pseudo-
noyaux, simples émissions nucléaires, comme l'ont constaté beaucoup
d'auteurs et en rapport avec la digestion du vitellus par l'embryon.
» En résumé, nous concluons, tant de nos recherches que de l'interpré-
tation qu'elles permettent de faits bien connus, que le noyau participe
directement à la formation des grains de zymogène et des productions
ergatoplasmiques et que, par suite, il a un rôle d'une haute importance
dans les phénomènes de digestion aussi bien intra-cellulaires qu'extra-
cellulaires. »
ZOOLOGIE. — L' organisation du Trepomonas agilis Dujardin.
Note de M. P. -A. Dangeard, présentée par M. Guignard.
« Dans le cours de nos observations sur les Protozoaires et les Proto-
phytes, nous avons eu l'occasion d'élucider la structure du Trepomonas
agilis déjà étudié par un grand nomjbre d'auteurs parmi lesquels il faut
citer Stein, Butschli et Klebs.
» Le Trepomonas agilis, contrairement à la description qui en a été donnée, ne
répond pas au schéma ordinaire des Flagellés ; il est constitué par une cellule double ;
c'est le premier exemple dûment établi d'une telle organisation dans ce groupe; mais
il est à prévoir que cette particularité se retrouvera chez les genres voisins de la
famille des DisLomatineœ.
» L'espèce se développe dans les infusions; le corps est aplati; son contour est
ovale ou elliptique; il existe deux groupes de flagellums opposés l'un à l'autre dans la
partie équatoriale; sous chacun d'eux se trouve une ouverture pour l'entrée des ali-
ments.
» Nous laisserons de côté les détails de nature purement morphologique pour
insister sur la disposition de l'appareil nucléaire.
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE I902. 1367
» Sur les exemplaires fixés et colorés, on remarque à l'avant du corps une forma-
tion chromatique recourbée en croissant : les deux extrémités amincies de l'arc se
prolongent jusqu'au point d'insertion des flagellums. Cette apparence nous avait forte-
ment intrigué au début et nous avons cherché pendant longtemps un novau en dehors
de cet appareil chromatophile. L'arc se compose de deux parties réunies au contact à
l'avant du corps par leur extrémité renflée : chacune a la valeur d'un noyau et com-
prend une membrane nucléaire très nette et un nucléoplasme peu chromatique.
» L'étude de la division nucléaire pouvait seule justifier cette interprétation.
» Le Trepomonas, au moment où il se prépare à une bipartition, augmente d'épais-
seur; chaque noyau forme son fuseau suivant cette direction; les deux tonnelets à la
métaphase sont parallèles et très distincts l'un de l'autre quoique se touchant presque.
L'échancrure, qui sépare suivant un plan médian vertical les nouveaux individus, con-
serve donc à chaque organisme deux éléments nucléaires d'origine cUjfférente ; ceux-
ci en passant à l'état de repos reprennent leur disposition en croissant.
» En résuméy la cellule du Trepomonas renferme deux énergides : elle
représente un organisme double comparable aux deux frères siamois,
avec cette différence toutefois qu'il s'agit ici d'une organisation normale
se transmettant à travers toutes les générations.
» Nous proposons de désigner sous le nom de Diplomonadiens les Fia-
gellés possédant cette structure et sous le nom plus général de Diplozoides,
les animaux ainsi constitués.
» Chez le Trepomonas^ l'origine de cette anomalie provient soit d'un
dédoublement primitif, soit de la fusion incomplète de deux individus ; en
tout cas, elle s'est transmise à la descendance; nous retrouvons dans
Y Am,œba binucleata un phénomène analogue : d'autres Diplozoides pour-
raient devoir leur organisation à un dédoublement s'efifectuant à chaque
génération.
» L'existence des Diplozoides soulève une foule de questions intéres-
santes ; nous nous proposons d'en développer quelques-unes dans un pro-
chain Mémoire. »
BOTANIQUE. — Le bois intermédiaire. Note de M. Paul Vuillewiv,
présentée par M. Guignard.
« I^a distribution des vaisseaux de la racine peut être envisagée à trois
points de vue différents, suivant : 1° leur origine, 2° leur position, 3° leur
succession.
)> On admet une concordance entre les trois caractères d'origine, de
position et de succession. De cette façon, le bois primaire serait défini par
l368 ACADÉMIE DES SCIENCES.
sa formation : i*' aux dépens du méristème primitif, 2° en bandes rayon-
nantes, 3** en direction centripète; le bois secondaire par sa formation :
I** aux dépens du méristème secondaire, 2° dans le péricycle extra-
!i»neux et le conjonctif intra-libérien, 3° en direction centrifuge.
» Si fréquente que soit cette concordance, elle n'est pas nécessaire.
Déjà M. Van Tieghem a signalé, sous le nom de mètaxylème, des vaisseaux
situés entre les rayons ligneux et les îlots libériens, dans le conjonctif non
recloisonné. Au point de vue génétique, le mètaxylème appartiendrait au
bois primaire, tandis qu'il concorde avec le bois secondaire pour la posi-
tion et l'ordre de succession.
» Dans la racine de Gentiana ciliata, nous avons vu, au voisinage du
vaisseau primitif, des cellules du péricycle encore simples se différencier
en vaisseaux en même temps que des cellules du conjonctif intra-libérien.
Tous les éléments qui, par leur situation topographique, sont appelés à
évoluer en bois secondaire, sont donc susceptibles de s'organiser directe-
ment en vaisseaux sans s'être constitués en méristème secondaire.
» L'étude des racines de la même plante nous a offert, en outre, des
transitions : 1° entre le méristème primitif et le méristème secondaire,
1^ entre les vaisseaux disposés en séries rayonnantes et les vaisseaux dis-
posés en îlots ou en nappes entre les rayons ligneux et les groupes libé-
riens, 3° entre l'ordre centripète et l'ordre centrifuge.
» 1° Quand on parle de méristème secondaire, on tient compte uniquement des
cloisonnements qui affectent simultanément plusieurs cellules contiguës et qui se
répètent plusieurs fois en donnant, dans chaque cellule-mère, une série de cloisons
parallèles. Ce sont les plus faciles à vérifier, puisque la marche des divisions cellulaires
reste inscrite sur le tissu adulte.
» On néglige à tort les cloisonnements moins réguliers qui se produisent dans le
plérome en voie d'accroissement. Leur intervention dans la production du mètaxylème
n'est pas exclue par les observations antérieures; en sorte qu'on n'est pas en droit de
rattacher ce groupe de vaisseaux au bois primaire plutôt qu'au bois secondaire auquel
le rattache sa topographie.
» Si nous envisageons, dans les racines de Gentiana ciliata, les vaisseaux péri-
cycliques extra-ligneux, nous verrons, tantôt une série répondant au type classique
du bois secondaire, tantôt un vaisseau touchant en dedans le vaisseau primitif, en
dehors l'endoderme, tantôt enfin un vaisseau formé dans un segment de cellule péri-
cyclique taillée en biseau, de telle sorte que sur une coupe, il louche l'endoderme,
tandis que, sur la suivante, il en est séparé par la moitié non différenciée de la cellule
péricyclique.
» 2° Dans les plus fortes racines de Gentiana ciliata, deux bandes ligneuses de trois
vaisseaux chacune occupent un plan diamétral et restent séparées par une ou deux
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. l36g
cellules parenchymateuses; dans les racines plus grêles, le troisième vaisseau, parfois
déjà celui qui suit le vaisseau primitif, est dévié en sens inverse pour chaque bande,
en sorte que les bandes vasculaires planes sont remplacées par des surfaces à coupe
spiralée chevauchant l'une sur l'autre.
» 3° Dans l'exemple précédent, les premiers vaisseaux ne se succèdent pas en direc-
tion centripète, mais s'écartent de plus en plus du rayon. Il est alors impossible
d'établir une limite entre le bois centripète et le bois centrifuge, puisque tous les
vaisseaux organisés avant l'apparition du recloisonnement régulier se succèdent
suivant un ordre intermédiaire entre l'ordre centripète et l'ordre centrifuge et con-
duisent progressivement du vaisseau primitif aux vaisseaux issus d'un méristème
secondaire.
» Nous proposons de réunir, sous le nom de bois intermédiaire, une
série indéterminée de formations ligneuses qui, comme les précédentes
(v compris le métaxylème), s'écartent de la notion classique de bois pri-
maire et de bois secondaire, soit par leur origine, soit par leur position,
soit par leur ordre de succession. Loin de créer une nouvelle catégorie
fermée entre les deux catégories classiques, nous voyons, dans le bois
intermédiaire, une manifestation de la loi de continuité qui relie, dans le
temps et dans l'espace, les divers éléments du bois de la racine. Des inter-
ruptions topographiques et chronologiques, produites secondairement,
avaient fait méconnaître cette loi. »
PHYSIOLOGIE VÉGÉLALE. — Injluence de l'aldéhyde formique sur la i)égé-
tation de quelques Algues d'eau douce. Note de M. Raoul Bocilhac, pré-
sentée par M. Duclaux.
« J'ai montré que le Nosloc Punctifornie et V Anabœna cultivés ensemble
dans un endroit assez obscur pour perdre la propriété de décomposer
l'acide carbonique, végétaient encore et donnaient des récoltes abondantes
lorsque.j^ajoutais du méthylal à leurs solutions nutritives.
)) Je me suis proposé de rechercher si une plante verte pouvait être
alimentée avec de l'aldéhyde formique. La toxicité de cette aldéhyde étant
connue depuis longtemps je devais m'assurer en premier lieu qu'il y avait
moyen d'obtenir des cultures en sa présence. Des expériences préliminaires
m'apprirent bientôt que plusieurs Algues et notamment V Anabœna et des
Nostocs supportaient une trace d'aldéhyde. Ce résultat acquis j'ai disposé
plusieurs essais de culture dans les conditions suivantes :
» 1° Au mois de juillet 1901^ j'ai préparé une solution nutritive dont j'ai déjà donné
I^yo ACADÉMIE DES SCIENCES.
la formule et j'ai versé 2^,5 de cette solution dans deux grands raatras de 3' qui
furent ensemencés avec un voile mince de Nostoc et à'Anabœna. Ces raatras furent
placés dans une terre voisine du laboratoire et dans un endroit où la lumière arrive
si faible que les plantes ne se développent qu'à la condition d'être alimentées avec
une matière organique. En ajoutant des gouttes d'aldéhyde à leurs solutions nutri-
tives et en renouvelant plusieurs fois cette addition, les plantes végétèrent normale-
ment.
» 2° Au cours de cette année, j'ai repris ces essais. Toutefois, j'ai tenu à me servir
d'une aldéhyde rigoureusement pure, ne contenant aucune trace de méthylal ou d'al-
cool méthylique. Cette aldéhyde a été préparée dans ce but par M Trillat, chef de
service à l'Institut Pasteur, que je suis heureux de remercier ici.
» Le 1/4 avril 1902, j'ai placé trois grands matras préparés comme dans l'expérience
n° 1 dans l'endroit peu éclairé que j'utilise habituellement. Ces matras furent ense-
mencés avec un mélange de Nostoc et d'Anabœna pris dans des cultures antérieures et
reçurent en même temps trois gouttes de la solution d'aldéhyde de M. Trillat; cette
solution était à 2.5 pour 100. Mes matras furent entourés de huit autres matras qui
restèrent dépourvus de toute matière organique et constituèrent ainsi des témoins.
» Dans mes grands matras contenant de l'aldéhyde formique les plantes ayant com-
mencé à végéter dès que la température atteignait 20°, je continuais à verser régu-
lièrement des gouttes d'aldéhyde, et au 3i juillet, j'étais en possession de récoltes
suffisantes. La culture fut poursuivie jusqu'au i"'' octobre, date à laquelle j'ai mis fin
à l'expérience.
» Ces résultats sont consignés dans le Tableau suivant :
Poids Aldéhyde
des récoltes i-etrouvée
Numéros pesés dans ôoocm'
des à de la
matras. l'état sec. solution nutritive.
Matras témoins Néant. »
Matras n° 1 02,078 Traces.
» n° 2 08, 335 Traces.
0 n° 3 ig,6oi Néant.
» Toutefois, dans le matras n° 3, une algue nouvelle non semée s'était développée
à côté des deux premières, et cette circonstance m'engagea à soumettre un échan-
tillon de cette culture à M. Bornet, qui a bien voulu me transmettre la Note suivante :
» La majeure partie du voile que vous m'avez apporté est composée d'un Nostoc qui
» n'est pas le punctiforme et qui était en bel état de végétation. La manière dont les
» filaments s'agglomèrent, la couleur ardoisée de la chromule indiquent une autre
» espèce. Le Nostoc est mélangé d' Anabœna et d'une assez grande quantité de Chlo-
» relia vulgar'is. »
» Des cellules de Chlorella vulgaris se sont introduites dans le matras n" 3 au
cours de l'expérience, et je me propose de faire bientôt des cultures de cette Algue en
présence de la formaldéhyde.
» En répétant ces essais dans un endroit sensiblement moins éclairé que le précé-
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. 187 I
dent, je n'ai obtenu que quelques colonies de Nostoc et d'Anabœna qui se sont déve-
loppés péniblement à la surface des solutions nutritives. A l'obscurité complète les
cultures ont totalement échoué.
» Conclusions.— 1° L'aldéhyde formique peut servir d'aliment au Nostoc
et à y Anabœna cultivés dans une solution nutritive assez peu éclairée pour
que ces plantes, ne conservant plus la propriété de décomposer l'acide
carbonique, soient obligées de vivre aux dépens d'une matière organique.
» 2° Une certaine quantité de lumière est nécessaire pour permettre
au Nostoc et à Y Anabœna de polymériser l'aldéhyde formique et le minimum
de cette quantité de lumière est très voisin de celui qui est nécessaire à ces
plantes pour décomposer l'acide carbonique aérien. »
BOTANIQUE. — Sur la végétation du lac Pavin. Note de M. C. Bruyant,
présentée par M. Perrier.
« Dans ses Recherches sur la végétation des lacs du Jura, M. le professeur
Magnin a déterminé d'une façon précise le mode de distribution des végé-
taux dans les lacs de cette région. Les zones s'échelonnent régulièrement
sur la grève, la beine, le mont et le talus du lac, jusqu'à une profondeur
maximale de 12"^ à i3™, au delà de laquelle on ne rencontre plus de végé-
tation macrophytique.
» Les études poursuivies au lac Pavin montrent que cette stratification
y existe d'une façon très nette. Elles amènent en outre à reculer d'une
façon sensible la limite inférieure de la zone littorale occupée par la végé-
tation macrophytique.
» La rive du lac présente une inclinaison considérable; par suite, la beine est très
étroite. Les végétaux ne trouvent donc qu'un champ restreint pour se développer; le
nombre des espèces est réduit; mais si la flore est pauvre, le tapis végétal n'en est pas
moins fourni.
» Les plantes de la première zone (Phragmitrie) sont très disséminées. Elles
appartiennent aux espèces suivantes : Phalaris arundinacea, Equisetuni limosum,
Equisetum palustre.
» La zone des Myriophilles s'étend depuis le bord jusqu'à la profondeur maximale
de 4""- C'est en réalité la première zone littorale. L'espèce prédominante est le yj/y/-ib-
phyllum spicatum, à laquelle se joignent çà et là les Ranunculus aquatlUs, Calli-
triche hamulala, Potainogeton natans.
» La Potamogetonaie est très nettement caractérisée. Elle forme une ceinture
presque continue entre les courbes isobathes de 4"^ et de 7"% empiétant par endroits
sur les zones voisines (minimum, 2°*; maximum, 8"). Elle est exclusivement occupée
l372 ACADÉMIE DES SCIENCES.
par Potamogeton prœlongus Wulf. Cette forme intéressante, connue des lacs alle-
mands et de certains lacs suisses, est nouvelle pour notre région. M. Magnin avait
signalé le premier sa présence en France dans les lacs de Val-Dessous (ait., 5i8™), de
Saint-Point (ait., S^g™), des Taillères (ait., 1037""), de Bellefontaine (ait., 1088"") et
du Boulu (ait. ii52") (Jura oriental et central).
» Enfin, la zone des Cliara succède à la précédente jusqu'à la profondeur de 17".
Les sondages effectués au lac Chauvet indiquent la même limite inférieure.
» D'autre part, le F. Héribaud a signalé la présence, dans la zone de la grève, d'un
certain nombre de mousses parmi lesquelles : Aniblystegium irriguuni var. hetero-
phylla, découverte par Thériot en septembre 1898, Fontinalis squamosa, F. antipy-
retica et F. arvernica. Cette dernière, décrite par Renaud en 1886, a été trouvée
également à Lugano (Italie) et à Pola (Istrie), ainsi que Cardot Ta constaté dans
l'herbier de Bottini ('). La Fontinalis arvernica est une forme très voisine de la
F. antipyretica dont elle semble une race adaptée, non seulement à la vie lacustre,
comme l'ont indiqué déjà certains bryologues (Cardot, Limpricht, Héribaud), mais
encore à la vie profonde. Nous l'avons, en effet, rencontrée dans différents sondages
et elle atteint au moins la profondeur de aS"*, à laquelle elle est encore abondante
dans quelques points du lac (^).
» Ces faits démontrent que, dans les lacs d'Auvergne ou du moins dans
certains d'entre eux, la végétation s'étend jusqu'à une profondeur bien
plus considérable que dans les lacs du Jura. Des deux facteurs, radiation
et température, qui régissent la répartition des végétaux dans la zone
profonde, on ne peut guère retenir que le premier. C'est ce qu'indiquent,
en effet, la comparaison des altitudes auxquelles se trouvent situés les
différents lacs étudiés et celle des chiffres fournies par les observations
faites à l'aide du disque de Secchi. Ces observations accusent une transpa-
rence bien plus marquée en faveur de nos lacs, en particulier Pavin et
Chauvet (8™ à lo"" au lieu de 3'" à 5™ en moyenne). »
PATHOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur une forme conidienne du Champignon
du Black-rot. Note de M. G. Delacroix, présentée par M. Prillieux.
« J'ai signalé en avril 1901 (^) une forme conidienne du Champignon
du Black-rot [Guignardia B idwellii (Ellis) Viala etRavaz], forme déjà vue
(*) YitMSkxiii, Les M uscinées d'Auvergne, 1899.
(^) Forel a signalé l'existence du Thamniiun Lemani Schnetzler par Go'" de pro-
fondeur, sur la moraine sous-lacustre d'Yvoire, dans le lac de Genève. C'est là « un
cas unique et encore inexpliqué ». Forel, Handbiich der Seekunde, p. 188.
Stuttgart, 1901.
(^ ) Comptes rendus, i'^'' avril (901.
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. iSyS
aux États-Unis et figurée par Lamson Scribner en 1887, mais qui n'avait
|)as été vue en France, où elle ne semble pas d'ailleurs fort répandue.
» MM. Viala et Ravaz avaient décrit en 1886 une forme toute différente
qu'ils considéraient comme se rapportant au Champignon du Black-rot et
M. Viala l'a figurée comme forme conidienne du Guignardia Bidwellu,
dans son Ouvrage sur les maladies de la Vigne. Il a décrit dans la Revue de
Viticulture (T. VI, p. 3i\) les infections de raisins faites par lui avec
ces sortes de conidies, qui, telles qu'il les a figurées se rapportent sans
doute à un Verticillium ou à un Acrocylindrium .
» M. Viala a contesté que la forme conidienne que j'ai décrite appar-
tienne au cycle de développement du Guignardia Bidwellii; il y verrait
plutôt un saprophyte venu par hasard sur les sclérotes, les pycnides ou les
spermogomies de ce Champignon.
» J'ai pu faire cette année (1902) la preuve des faits que j'avais précé-
demment avancés.
» J'ai rencontré à Brives, en août dernier, des grains de raisin, chargés des pustules
noires du Black-rot, sur lesquelles je reconnus la forme conidienne que j'avais observée
précédemment. Un nouvel envoi que me fit dès mon retour à Paris M. Labounoux,
professeur d'agriculture à Brives, me permit de faire toutes les recherches nécessaires
sur le caractère infectant de cette forme conidienne. Plusieurs de ces grains ne por-
taient que des sclérotes avec forme conidienne, sans aucune pycnide, ni spermogonie
fructifîée. C'est de ces derniers que je me suis servi pour mes essais d'infection.
» Cette forme conidienne, telle que je l'ai décrite, présente les caractères d'un Scoleco-
trichuni; les conidies sont toujours isolées à l'extrémité d'un fdament fructifère dressé,
ou parfois d'une courte ramification latérale divariquée et insérée près du sommet.
» A la germination faite en chambre humide, dans l'eau distillée, on voit générale-
ment un seul filament germinalif hyalin se produire à une extrémité de la conidie.
A une certaine distance de son point d'origine, il s'y forme des cloisons; le filament
se colore à peine, et je n'ai pu y observer de production de conidies secondaires ou de
chlamydospores. Les germinations se comportent à peu près de même dans les milieux
nutritifs.
» J'ai tenté l'infection de grappes laissées sur le cep, mais placées dans un milieu
saturé d'humidité avec des conidies prélevées directement sur des sclérotes.
» Parmi les essais effectués, quatre infections ont été faites en déposant ces conidies
sur la surface intacte des raisins. J'ai constaté au bout de 12 jours trois infections.
Deux d'entre elles ont donné abondamment à la fois des sclérotes et des pj^cnides, et
plusieurs de celles-ci montraient la forme conidienne.
» Bien que cette expérience parût très démonstrative, on pouvait craindre cepen-
dant que le mycélium de Guignardia contenu dans la portion du grain ayant servi à
l'infection ait pu pénétrer dans le raisin et y produire ainsi l'infection. Pour répondre
G. R., 1902, 2" Semestre. (T. CXXXV, N" 26.) 179
l374 ACADÉMIE DES SCIENCES.
à cette objection, dans une seconde série d'essais d'infection, je me suis servi exclusi-
vement de germinations de conidies brunes prises sur les grains choisis dépourvus de
tout conceptacle fructifié. Sur cinq grains infectés avec les conidies germées, trois ont
montré l'atteinte du Black-rot au bout de 12 jours, et ils portèrent des sclérotes et des
pycnides en voie de sporulation, quelques-uns avec forme conidienne.
» Ces expériences me paraissent fournir la preuve incontestable de
l'exactitude des faits que j'ai avancés dans ma première Communication.
Les observations sont encore trop peu nombreuses pour déterminer
l'importance de cette forme au point de vue de l'extension du Black-rot
en France. Mais il semble bien prouvé, en tout cas, comme l'a dit en Amé-
rique M. Lamson Scribner, que la persistance de l'humidité est la condi-
tion indispensable de son évolution, comme de celle des autres formes de
fructification du Guignardia Bidwellii. »
GÉOLOGIE. — Sur quelques rapprochements entre la genèse des Gîtes Métallifères
et la Géologie générale. Note de M. L. De Laujïay, présentée par
M. Michel Lévy.
« La cristallisation des minerais dans leurs gisements accessibles à
nos efforts présente un caractère accidentel, qui, joint à leur valeur indus-
trielle toute spéciale, a contribué à faire envisager leur genèse comme un
sujet d'études distinct et à l'isoler de la Géologie générale. Cet accident se
rattache pourtant, d'une façon très intime, au phénomène d'ensemble, qui
constitue la formation de notre globe et je voudrais indiquer sommaire-
ment comment il est permis d'étendre aux gîtes métallifères, pour mettre
de l'ordre dans leur classification et dans leur histoire, certains résultats
récemment acquis par la science géologique.
» L'idée toute naturelle qui m'a guidé a été de considérer les formations
métallifères comme un corollaire des formations de roches cristallines,
celles-ci étant elles-mêmes un contre-coup des mouvements tectoniques :
ce qui met en évidence le lien intime, par lequel se rattachent l'une à
l'autre les trois sciences de la tectonique, de la pétrographie et des gîtes
métallifères.
» La relation originelle des minerais avec les roches éruplives implique,
pour s'accorder avec leur isolement actuel, un processus, où les actions de
simple différenciation, de liquation, de ségrégation proprement dite ont pu
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE I902. 1373
intervenir (' ), mais où j'ai étéconduità attribuer, presque partout, suivant
l'exemple d'Elie de Beaumont, un rôle important aux fumerolles, dont j'ai
essayé autrefois de préciser et de classifier le rôle (^).
» On arrive à un groupement rationnel des gîtes métallifères et, par
suite, à une idée tout à fait générale sur leur mode de formation en consi-
dérant : 1° ce qui a dû se produire dans une région déterminée, pendant
une période de plissement déterminée, en raison des déplacements de
magmas éruptifs provoqués par ce plissement et des localisations métalli-
fères qui en ont été la conséquence ; 2° en comparant les unes aux autres
les diverses régions métallifères situées sur une même chaîne de plissement
ou dans des conditions comparables par rapporta cette chaîne et montrant
ainsi l'unité fondamentale de ces longues zones métallifères, directement
reliées à la disposition tectonique du continent envisagé ; 3" en établis-
sant, au contraire, les différences entre les diverses zones métallifères que
présente un continent : zones dont l'âge de formation et, par suite, la
profondeur initiale (résultant des érosions plus ou moins avancées) sont
très dissemblables; ce qui permet, en résumé, de retracer l'histoire métal-
lifère du continent, comme on l'a fait pour l'histoire tectonique et l'histoire
pétrographique, et de relier les unes aux autres les phases principales
de ces trois histoires.
» Le résultat général de cette étude est — sans nier la possibilité d'une
évolution progressive dans les conditions d'ensemble qu'a présentées
notre globe au fur et à mesure de son refroidissement ; en admettant éga-
lement l'existence de conditions locales, manifestées par les types chi-
miques de groupes rocheux, sur lesquels on a beaucoup insisté dans ces
dernières années, — de mettre en relief des récurrences très nettes, qui,
à chaque plissement, ont provoqué des successions de phénomènes métalli-
fères analogues.
» Ainsi, pour le premier point : [i°] dans une région déterminée, la suc-
cession ordinaire des fumerolles, d'abord chlorurées, puis sulfurées, puis
carburées, que Sainte-Claire Deville et M. Fouqué ont observées dans les
phénomènes volcaniques, paraît s'être traduite par des ^cristallisations
successives de minerais, où ont dominé tour à tour les influences de ces
trois réactifs (chlore, soufre, carbone) à des distances différentes du
(') Voir: Contribution à l'étude des gUes métallifères. I: [Sur l'importance des
gîtes dHnclusions et de sègrégration ( Annales des Mines, 1897).
(^) Formation des gites métallifères, i vol., 1898, p. 3o, 129, etc.
1.376 ACADÉMIE DES SCIENCES.
magma érupliC fondamental, ou à des étapes distincLes de sa montée et de
son refroidissement. C'est quelque chose d'analogue à la relation que l'on
peut observer, en pétrographie, entre les granités, microgranulites, por-
phyrites, etc., d'une même formation.
» [2*^] Sur toute la longueur d'une même chaîne de plissement, ces phé-
nomènes sont comparables et à peu près contemporains. Quand on passe, au
contraire, d'une chaîne à une autre, on trouve, pour les minerais comme
pour les roches, des récurrences de séries analogues à des âges divers. Sui-
vant l'âge de la chaîne, la richesse, l'abondance des types représentés ne
sont, il est vrai, pas les mêmes; on rencontrera, par exemple, moins
d'étain et plus de mercure dans une chaîne tertiaire que dans une chaîne
primaire, de même qu'on y observe plus de roches d'épanchement et
moins de magmas cristallisés en profondeur, à type granitique ou basique ;
mais, comme pour les roches, plus les études se multiplient, plus les séries
se complètent, plus aussi on est conduit à s'écarter des idées anciennes,
qui attribuaient un ou deux âges uniques à chaque métal comme à chaque
roche.
« [3°] Les différences que l'on observe en passant d'une zone à l'autre
entre les types régionaux (suivis, d'autre part, sur toute la longueur d'une
même chaîne) peuvent s'expliquer, ainsi que j'ai essayé de le montrer
précédemment ('), par la profondeur plus ou moins grande mise à nu
par les érosions sur la chaîne considérée.
)) J'ajoute que l'on peut observer encore cette relation générale des ge-
nèses métallifères avec la Géologie en passant des minerais d'inclusions etde
ségrégation, ou des minerais filoniens, aux minerais sédîmentaires. Ceux-ci
également obéissent à des lois, que l'on retrouve toujours les mêmes sur
la longueur de certaines zones en rapport direct avec les mouvements oro-
géniques; ils sont, en effet, le produit de concentrations, qui se sont effec-
tuées, soit dans une série de lagunes isolées et évaporées sur le bord d'une
chaîne, comme c'est le fait pour le cuivre et le plomb le long de la chaîne
hercynienne en Europe, soit sur un rivage ancien, comme cela arrive pour
le fer et le phosphore. »
(') Comptes rendus : Sur les types régionaux de gites métallifères {11 mars 1900).
Sur la notion de profondeur appliquée aux- gisements métallifères africains
(20 juin 1902). — Les richesses minérales de l' Afrique ( i vol., 1902). — La répar-
tition et les caractères de la richesse minérale en Afrique {Revue générale des
Sciences, ^onow, 1902).
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. 1877
GÉOLOGIE . — Sur l'âge des formations volcaniques anciennes de la Martinique.
Note de M. J. Giraud, présentée par M. Michel Lé\ y.
« Pendant la dernière semaine du séjour que j'ai fait à la Martinique
avec la mission désignée par l'Académie des Sciences, j'ai pu parcourir
rapidement la partie orientale et méridionale de l'île, c'est-à-dire la région
comprise entre Fort-de-France, Bourg-Sainte-Marie et l'extrémité méri-
dionale vers Bourg-Sainte-Anne. Bien que mes observations soient encore
bien incomplètes, je crois intéressant d'en faire connaître les résultats
relatifs à làge des premières éruptions anciennes.
» La région que j'ai parcourue est entièrement formée par des tufs volcaniques avec
dykes et coulées de labradorites. Ces roches sont profondément altérées aux. affleu-
rements, d'ailleurs assez rares, et transformées en une argile brune ou rougeâtre dont
l'épaisseur dépasse souvent plusieurs mètres. Dans les tranchées de routes récentes et
assez profondes, on peut s'assurer que les tufs qui forment la plus grande partie de la
masse sont le plus souvent dépourvus de stratification. Leur épaisseur est considérable
et certainement supérieure à 200™. On ne possédait jusqu'ici aucune donnée précise
sur leur âge. Un seul fossile : Turritella tornata du Miocène des Antilles y avait été
signalé (') sans indication de gisement. Au moment de mon départ, M. Cossmann avait
eu l'obligeance de m'indiquer que ce fossile, ainsi que des Olives, des Bivalves et des
Foraminifères, provenait d'une terre noire, mélangée de glaise rougeâtre, aux environs
de la rivière du Galion, près de la Trinité. Les relations de cette terre noire avec les
formations volcaniques de l'île étaient ignorées.
» En plusieurs points j'ai observé une stratification nette dans ces tufs volcaniques
et, en même temps, le mélange en proportions plus ou moins grandes d'éléments cal-
caires. C'est ainsi que près du Marin, dans les tufs stratifiés, il existe des lits marneux
et des couches d'un calcaire impur, noduleux, mélangé de débris volcaniques; sur la
route du Vauclin, ces couches supportent des bancs irréguliers d'un calcaire parfois
oolitique, d'autres fois marmoréen et très dur, dans lequel l'infiltration de l'eau a
creusé des cavités sinueuses (comme dans le calcaire à ravets étudié par Duchassaing
à la Guadeloupe). J'ai observé les mêmes Intercalations de calcaire sur la route du
Marin au Vauclin, près de l'habitation Puyferrat et, plus au nord, dans la presqu'île
de la Caravelle, à l'ouest de l'habitation Spoultourne. Ces calcaires renferment des
restes indéterminables et très clairsemés de Gastéropodes avec des Foraminifères.
L'examen des coupes minces de ces roches a montré à M. Douvillé qu'elles étaient
formées par une agglomération de débris de Zt7/<o^A«/n«««m associés à des Orbitoïdes
(') Douvillé, Sur V âge des couches traversées par le canal de Panama {Bull.
Soc. Géol. de France, 3* série, t. XXVI, 1898, p. 587).
1878 ACADÉMIE DES SCIENCES.
{Lepidocyclina) et à des Aniphistegina. Les algues calcaires sont particulièrement
abondantes dans les calcaires de la Caravelle, tandis que les débris volcaniques (verre
avec labrador et labrador-bytownite) sont si nombreux dans les roches du Marin
qu'elles apparaissent parfois comme des tufs calcaires. La présence des Lepidocyclina
permet d'affirmer que ces calcaires ainsi que les tufs encaissants appartiennent à
l'Aquitanien.
» A l'ouest du bourg de la Trinité^ près de l'habitation Bassignac, au-dessus des
formations calcaires, j'ai découvert un gisement fossilifère dans des tufs labradori-
tiques très altérés, paraissant dépourvus de stratification. Ce gisement^ d'après les
renseignements de M. Bailly, de la Trinité, est à quelques centaines de mètres de celui
qui avait fourni les fossiles de M. Cossmann et qui est aujourd'hui oblitéré et couvert
de végétation. Je n'ai pu encore dégager et étudier les nombreux fossiles engagés
dans le tuf; parmi les échantillons recueillis à la surface du gisement, j'ai déterminé
les espèces suivantes :
» Turritella tornala Guppy, excessivement abondante. T. Gatunensis Conr.,
Terehra duplicata Lin., Conus granozonatus Gup., C. marginatus Sow., Coluni-
hella ambigua Gup,, Phos cf Guadaliipensis Petit, Natica {Stigmaulax) sulcata
Born, TV. Millevi Gabb, Oliva hispidula Lam., Bulla cf plicatula Grat., Pecteii
scabrellus Lam., P. oxygonum Sow., Chaîna {Echinochama) arcinella Lam.,
Cytherea {CaUista) planivieta Gup., Venus Woodwardi Gup., Crassntella cî niac-
tropsis Conr., Cardium haitense Sow., Cardita sp.; Clypeaster ellipticus Mich.
Scutella, Flabelluni cî acutum M. E. et H., Orbitolites (Amphisorus) (*).
» L'âge de cette faune, caractérisée surtout par Turritella tornata, Natica sulcata,
Clypeaster ellipticus et les Orbitolites, est bien connu : la plupart des espèces
existent dans les couches de Gatun (isthme de Panama) qui appartiennent^ comme l'a
montré M. Douvillé, au Miocène inférieur.
» Il est intéressant de noter les grandes analogies que présentent les
formations de la Martinique et celles de l'isthme de Panama : les calcaires
inférieurs du Marin et de la Caravelle doivent être rapprochés du système
inférieur de Panama (couches de San Juan et de Peûa Blanca), tandis que
les tufs des environs de la Trinité renferment une faune identique à celle
du système supérieur de l'isthme, tel qu'il a été établi par M. Douvillé.
Ces analogies se retrouvent d'ailleurs pour les terrains de cette époque
compris dans la Mésogée; les ressemblances des faunes néogènes martini-
quaises avec celles de l'Aquitaine et du bassin méditerranéen sont nom-
breuses. M. Schlumberger a été frappé par la ressemblance des tufs cal-
caires à Orbitoïdes du Marin avec ceux du même âge qui existent à l'île
Christmas, dans l'océan Indien.
(') Ces déterminations ont été faites à l'Ecole des Mines, dans le laboratoire de
M. Douvillé, que je tiens à remercier de ses conseils et de ses renseignements.
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE I902. 1879
» De ces observations il résulte donc que les tufs labradoritiques des
parties centrale et méridionale de la Martinique, correspondant aux érup-
tions qui paraissent les plus anciennes, ont pris naissance pendant l'Oligo-
cène et le Miocène inférieur. Ils ont, ensuite, continué à se former pendant
une longue période, si l'on en juge par la masse de ces formations qui
surmonte les couches fossilifères.
)) De nouvelles recherches seront nécessaires pour fixer l'âge des der-
nières éruptions labradoritiques ainsi que celui des rhyolites de la partie
méridionale (Diamant, les Islets) et occidentale de l'île (région du Carbet),
en même temps que le début des éruptions andésitiques de la Montagne
Pelée. Des études plus détaillées permettraient, en outre, de préciser l'âge
et la nature des mouvements du sol qui ont affecté l'île jusqu'à une époque
relativement récente, comme le montrent la forme particulière des vallées
près de la mer et l'existence de calcaires coralligènes à faune récente,
émergés sur la côte orientale. Ces calcaires, ceux des anses de Macabou,
au sud du Vauclin notamment, sont probablement l'équivalent des for-
mations quaternaires signalées à la Guadeloupe et dans quelques autres
îles de l'archipel antillien. »
GÉOLOGIE. — Sur la découverte d'un nouveau massif granitique dans la vallée
de l' Arve, entre Servez et les Mouches. Note de MM. E. Haug, M. Lugeon
et P. CoRBiN, présentée par M. Michel Lévy.
« La haute vallée de l'Arve, avec les massifs cristallins qui l'entourent,
pouvait passer pour une des mieux connues des Alpes françaises, grâce
surtout aux travaux classiques d'Alphonse Favre et de M. Michel Lévy et à la
publication récente de la Carte géologique du Mont-Blanc de MM. Duparc
etMrazec. Sur cette Carte, de même que sur la feuille d'Annecy de la Carte
géologique détaillée de la France, figure, dans la coupure transversale de
l'Arve, entre Servoz et les Houches, au milieu d'une grande étendue de
terrain houiller, un lambeau de Trias inférieur. Les quartzites qui consti-
tuent cet étage affleurent en effet, comme nous le verrons plus loin, en
plusieuts endroits, tout en occupant une surface beaucoup plus restreinte
que celle qui leur avait été attribuée. C'est dans cet espace même que des
circonstances particulièrement favorables nous ont permis de reconnaître
la présence d'un affleurement granitique, qui avait jusqu'ici échappé à tous
les observateurs, quoiqu'il s'étende sur une longueur de S''^™ avec une
largeur variable.
l38o ACADÉMIE DES SCIENCES.
» Les tranchées du nouveau chemin de fer électrique du Fayet à Chamonîx ont mis
à nu des roches très fraîches et nous ont permis de relever, à travers cet affleurement,
une coupe détaillée, en prélevant de nombreux échantillons, dont M. Michel Lévy a
bien voulu entreprendre l'étude.
» La roche dominante est « un très beau granité du type de Vallorcine, à mica noir
» abondant, quelquefois intact, le plus souvent chloritisé, à orthose moulant tous les
» autres éléments excepté le quartz, à quartz écrasé et recristallisé en forme déciment
» à grain grossier; enfin, à oligoclase-albite (') ».
» A^ l'endroit où l'ancienne route de Ghamonix par les Houches coupe la voie ferrée,
la masse granitique est traversée par plusieurs superbes dykes de kersantite et de por-
phyrite, de 5"^ à 2'" d'épaisseur.
)) Nous avons pu suivre le granité vers le nord jusqu'à la lour Saint-Michel, vers le
sud jusqu'au hameau des Ghavans, au-dessus de la prise d'eau de l'usine électrique.
Il forme, en général, un bande d'une largeur moyenne de 200"% plus ou moins paral-
lèle à l'Arve, mais, à partir du Jour d'en Haut, l'affleurement s'élargit considérable-
ment vers le sud, car le granité se couche de plus en plus sur les schistes encaissants,
pour les recouvrir, aux Bochards, en nappe horizontale, épaisse de quelques mètres
seulement, comme l'avait très bien reconnu M. Michel-Lévy (^), en attribuant, il est
vrai, cette allure tectonique à la « bésimaudite ». D'ailleurs, le granité est lui-même
recouvert par des quartzites triasiques, qu'un esprit non prévenu ne pourrait pas dis-
tinguer des granités sous-jacents, ici particulièrement chloriLeux.
» Un second pointement granitique, beaucoup moins étendu, existe à l'ouest de
l'affleurement principal, entre le Rozier et Rajis. La roche, fortement écrasée et
altérée, est pauvre en mica et peut être qualifiée de protogine.
)> Dans toute la coupure transversale de l'Arve, de Servoz aux Houches,
les Cartes existantes n'indiquaient, outre le Trias inférieur, que du
Houilier. En réalité, la masse schisteuse, dans laquelle on voit pointer le
granité, est beaucoup plus complexe. Nous y avons reconnu plusieurs
bandes très développées de schistes à séricite et de cornes vertes plus ou
moins cristallines, qui nous ont paru identiques aux roches attribuées au
Précambrien par M. Michel Lévy, dans les massifs du Mon.t-Blanc, des
Aiguilles Rouges et du Prarion. L'un de nous (P. G.) y a observé, au pied
de l'escarpement qui porte la tour Saint-Michel, et sous le granité, un banc
de cipolin gris-perle, bien stratifié. La cristallinité de ces schistes verts est
probablement due en grande partie au dynamométamorphisme ; nous
avons cependant recueilli, à loo"^ au-dessus de l'hôtel des Montées, sur la
(') Les mots entre guillemets sont empruntés aux diagnoses que M. Michel Lévy a
eu l'amabilité de nous communiquer.
(^) /Vote sur la prolongation vers le Sud de la chaîne des Aiguilles Rouges
{Bull. Serv. Carte géoL, n° 27, p. i4, fig. 5).
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. l38l
route départementale, tout près du granité, une véritable roche de
contact que M. Michel Lévy qualifie de « schiste micacé feldspathisé, du
type Saint-Léon, ayant subi sans conteste l'action du granité ».
» Il est presque toujours extrêmement difficile de séparer d'une manière
précise les schistes cristallins et cornes vertes des schistes ardoisiers noirs
et des grès, que Ton attribue au Rouiller, en raison de la présence de
fossiles végétaux dans plusieurs localités voisines. Il semble même exister
des passages insensibles entre les schistes cristallins et les roches nette-
ment détritiques. Nous avons observé, d'autre part, au-dessus de la
chambre de décantation de la prise d'eau du P.-L.-M., des argilolithes
rouges et vertes, qui représentent peut-être le Permien.
» Si les cornes vertes et les schistes sériciteux étaient véritablement
houillers, comme pourrait le faire supposer leur liaison intime avec les
schistes et les grès de cet âge, on serait conduit à les envisager comme du
Houiller métamorphisé au contact du granité et l'on devrait considérer le
granité lui-même comme postcarbonifère. Mais nous ne pouvons donner
cette conclusion qu'à titre purement hypothétique, d'autant plus que les
recherches d'Alphonse Favre et de M. Michel Lévy ont démontré l'âge
antéhoullier du granité de Vallorcine et de la protogine, et que d'ailleurs
la pénétration du Houiller et des schistes sériciteux pourrait être due
uniquement à des actions mécaniques.
» Quoi qu'il en soit, le pointement granitique principal que nous avons
décrit et les affleurements de houiller franc et de schistes métamorphiques
forment des bandes orientées à peu près nord-sud, parallèlement au cours
de l'Arve. Les plans de stratification des schistes plongent assez régulière-
ment vers l'est, avec des angles variant de So** à la verticale. Nous sommes
évidemment en présence d'un faisceau très serré de plis isoclinaux déversés
vers l'ouest et grossièrement parallèles aux plis des massifs du Prarion et
des Aiguilles Rouges, tandis que leur direction est coupée à 45° par celle
des plis du Mont-Blanc.
)> Il convient d'ajouter que, dans toute la région, les surfaces de e^lisse-
ment parallèles aux couches, de même que les nombreuses fissures transver-
sa les, sont presque partout minéralisées, comme l'attestent les anciennes
galeries d'exploitation de pyrite cuivreuse et de galène.
» Nous pensons être bientôt à même de publier sur cette partie de la
vallée de l'Arve, qui nous a fourni tant de faits nouveaux, un Mémoire
détaillé, accompagné de levés au 7^^ et d'une étude pétrographique, pour
G. R., 1902, 2' Semestre. (T. CXXXV, N« 26.) 180
l382 ACADÉMIE DES SCIENCES.
laquelle nous sommes heureux depouvoir compter sur le précieux concours
de M. Michel Lévy. »
THÉRAPEUTIQUE. — La cryogénine dans les fièvres. Note de M. Carrière,
présentée par M. Marey.
« Il y a quelques mois, MM. Lumière et Chevrotier ont découvert, isolé
et préparé une semicarbazide aromatique, la métabenzaminosemicarbazide
à laquelle ils ont donné le nom de cryogénine.
» Ces auteurs ont établi que ce produit n'étoit pas toxique, qu'il n'avait
aucune action fâcheuse sur ses fonctions, et qu'il possédait une action
antithermique des plus nettes.
» MM. Lumière ont bien voulu me faire parvenir une certaine quantité de
cryogénine pour en étudier l'action thérapeutique. Mes recherches étaient
avancées lorsque M. Dumarest publia, dans le Lyon médical, une étude
sur l'action de la cryogénine dans la fièvre des tuberculeux.
» M. Gelibert a aussi apporté devant la Société des Sciences médicales
de Lyon le résultat de ses recherches.
» La publication de ces divers travaux m'a décidé à publier le fruit de
mes investigations.
» \. Chez des sujets, adultes ou enfants, sains, on constate que la cryogénine n'est
nullement toxique aux doses de :
os, lo de la naissance à i5 mois
os, i5 à os, 25 de i5 mois à 3 ans
os,25 à os,4-0 de 3 ans à 5 »
os,4o à 08,76 de 5 )' à i5 »
oS, ^5 à 1^,20 à partir de i5 »
» Ces doses peuvent être données en cachets, en solution ou dissoutes extempora-
nément dans du lait.
» Sous l'influence de ce médicament pris en une ou deux doses par voie buccale, la
température s'abaisse de -j^jj à -^j^ de degré. L'abaissement commence i'^3o™ après
l'absorption, dure 5 à 6 heures puis revient à la normale.
» Le lendemain la température évolue suivant le mode ordinaire.
» Sous l'influence de la médication immédiate ou prolongée je n'ai noté aucune
modification dans la composition des urines, la quantité seule augmente légèrement.
Il n'y a pas de sudation, et l'on ne constate aucune modification du sang, sauf une
leucocytose légère. Le pouls n'est pas sensiblement modifié, la tension artérielle est
légèrement diminuée.
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. I 383
» II. Examinons maintenant l'action de la cryogénine dans les fièvres. En général,
et d'une manière quasi-constante, la température baisse sous l'influence de cette
médication.
» Je dois me hâter d'ajouter que dans les infections aiguës la chute est générale-
ment peu accentuée (^ à ^ de degré). C'est ce que j'ai observé dans les angines,
dans la diphtérie, dans les bronchites, les broncho-pneumonies, les pneumonies, les
pleurésies. C'est ce que j'ai encore constaté dans la rougeole, la scarlatine, la variole,
la varicelle.
» Dans tous ces cas, chute de 0",^ à o°,8 survenant i ou 2 heures après l'ingestion
et persistant 5 à 6 heures, pouvant persister 48 heures à 3 jours après une adminis-
tration prolongée.
» Dans la fièvre typhoïde, la cryogénine abaisse la température de i°,5 à 2°, les
autres symptômes restant les mêmes, de telle sorte que des fièvres typhoïdes traitées
dès le 4* ou S*' jour avec la cryogénine peuvent évoluer sans fièvre pendant toute leur
durée. J'ai commencé dans ces cas par des doses fortes, continuées 1 ou 2 jours puis
diminuées et enfin espacées. Dans la grippe de toutes formes, bons résultats. Dans le
rhumatisme les résultats ont été variables, tantôt peu accusés (0°, 3 à 0°, 8 de chute),
tantôt très accusés (i'',6 à 2°, 3 de chute).
» Dans la fièvre nerveuse, la chute thermique a été très marquée. 11 en fut de
même dans nw^ fièvre chlorotiqae.
» Dans les fièvres de suppurations (consécutives à des abcès ou des collections puru-
lentes ouvertes), la cryogénine absorbée avant le moment où la température monte,
abaisse cette dernière et supprime la poussée fébrile.
» Dans quelques cas à^ impaludisme les résultats ont été satisfaisants et comparables
à ceux qu'on obtient à l'aide de la quinine.
» Enfin il semble que la cryogénine ait surtout une action élective sur la fièvre des
tuberculeux. Chez ces malades la cryogénine n'a qu'une action peu intense lorsqu'il
s'agit de formes aiguës (granulie, méningite, péritonites aiguës, bronchopneumonie,
pneumonie caséeuse; mais l'action est extrêmement intense dans la fièvre des formes
chroniques. A doses moyennes la cryogénine ramène la température à la normale, si
élevée qu'elle soit primitivement. Cette chute dure 24 heures en général. Si l'adminis-
tration est continuée plusieurs jours on peut voir son action se prolonger pendant
longtemps et quelquefois même la température ne s'élève plus.
» J'ai en ce moment des tuberculeux qui, en septembre, avaient Sg" à 39", 5 chaque
soir et qui, depuis qu'ils ont pris ou qu'ils prennent de la cryogénine, ne montent pas
à plus de 37", 8.
)) Dans tous ces cas j'ai commencé par donner la dose forte, je la continue pen-
dant deux jours, je diminue ensuite de os,io par jour jusqu'à moitié de la dose primi-
tive. Si la fièvre ne reparaît pas j'interromps i jour, puis 2, 3, etc. Si elle reparaît,
je redonne la cryogénine à une dose de os,io plus élevée.
» Je n'ai jamais noté d'accidents, de frissons, de diarrhée, de céphalée, d'insomnie,
de troubles digestifs, d'anorexie à la suite de l'administration courte ou prolongée de
ce médicament.
» J'ai souvent noté des sueurs plus ou moins abondantes et, dans un cas de dolhié-
nentérie, une éruption miliaire respectant la face et la partie moyenne des membres,
l384 ACADÉMIE DES SCIENCES.
mais confluente en tous les autres points. Dans ce cas il y eut en même temps hémo-
globinhémie et hémo^lobinurie, mais je dois dire que la dose un peu forte de is, 5o
par jour chez un enfant de i4 ans et demi avait été prolongée 5 jours,
)/ Dans les états fébriles comme chez les sujets sains on note seulement une légère
augmentation de la quantité des urines, une leucocjtose légère^ une légère diminution
de la tension artérielle.
» Dans tous ces cas la crjogénine était donnée en cachets ou en potions, en une ou
deux prises avant que la température ne commençât à monter, c'est à-dire vers i^ ou
2^ de l'après-midi.
» En résumé il s'agit là d'un antithermique à action variable, mais dont
il convient de retenir la puissance dans la fièvre des tuberculeux et dans
celle des dothiénentériques. w
M. Mascart, en communiquant à l'Académie des observations qu'il a
reçues sur l'abandon, par les oiseaux, des pays atteints par le choléra,
s'exprime comme il suit :
« Le P. Victor, trappiste au monastère de El Athroun, par Gaffa (Pales-
tine), me signale dans une longue lettre un grand nombre d'observations
qui semblent démontrer que certains oiseaux, en particulier les hirondelles
et les moineaux, disparaissent des localités atteintes par la peste ou par le
choléra. On peut se demander si le même phénomène a lieu pour la fièvre
jaune, dont la propagation par les moustiques paraît aujourd'hui établie,
ou pour d'autres maladies contagieuses. En tous cas, l'observation du
P. Victor offre un grand intérêt et il serait utile d'appeler sur ce point
l'attention des observateurs dans les pays contaminés. »
M. Marcel Guédras adresse une Note « Sur le lithopone ».
A 3 heures trois quarts l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 5 heures.
G. D.
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. l385
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du i**" décembre 1902.
(Suite.)
Buletinul Societatiide Sciinte clin Bucuresci, România; an XI, n°^ 1 si 2. Bucharest,
1902 ; I fasc. in-8°.
Akademia Uraiejetnosci W. Krakowie. Sprawozdanie komisyi fizyograficznej ;
t. XXXVI. Cracovie, 1902; t vol. in-8°.
Boletin de la Real Sociedad geografica; t. XLIV, primero e segundo trimestres
de 1902. Madrid, 1902; i vol. in-8°.
Upsala Làkarefôrenings Fôrhandlingar ; B. VIII, Hâft I, 1902-1908. Upsal,
1902; i fasc. in-8°.
The Journal of the British astronomical Association ; vol. XIII, num. 1. Londres,
1902 ; 1 fasc. in-8°.
Journal and proceedîngs of the Royal Society of New South Wales; vol. XXXV,
1901. Sydney, 1902; i vol. in-8°.
Mededeelingen uit' s Lands Plantentuin; LVIII. De landbouw der Inlandsche
bevolking op Java, door H.-C.-H. De Bie; ged. LVIII. Batavia, G. KolfFet 0% 1902;
I fasc. in-8°.
The University of Nebraska. Fifteenth annual Report of the agricuUural
E X périment station of Nebraska. Lincoln, Nebraska, 1902; i fasc. in-8°.
Memorias y revista de la Sociedad cientifica « Antonio Alzate»; t. XVII (1902),
num. 1, 2, 3. Mexico, 1902; 2 fasc. in-8°.
Proceedings of the American Academy of Arts and Sciences; vol. XXXVIII,
n°» 1-3. Boston, Mass., 1902; 3 fasc. in-8°.
Transactions of the Academy of Sciences of Saint-Louis; vol. XI, n°^ 6-8;
vol. XII, n°s 1-11. Saint-Louis (États-Unis), 1901-1902; i4 fasc. in-8°.
The Aeronautical World; vol. I, n° k. Glenville, Ohio, 1902; i fasc. in-B».
Ouvrages reçus dans la séance du 8 décembre 1902.
Anthropoligia Suecica; Beitrdge zur Anthropologie der Schweden nach den auf
Verstaltung der schwedischen Gesellschaft fiir Anthropologie und Géographie in
den Jahren 1897 und 1898, ausgefùhrten Erhebungen, ausgearbeitet und zusam-
mengestellt von GusTAF Retzius und Carl-M. Fijrst; mit i3o Tafeln, i4 Karlen und
7 Proportionstafeln in Farbendruck, vielen Kurven und anderen Illustrationen.
Stockholm, 1902; I vol. in-f°. (Hommage des auteurs.)
Petit traité d'Agriculture tropicale, par H.-A. Alford Nicholls; traduit de
l'anglais par E. Raoul. Paris, Augustin Challamel, 1901 ; i vol. in-8°.
l386 ACADÉMIE DES SCIENCES.
La stabilité des murs de barrage; détermination des profils rationnels dans
l'hypothèse de Vintervention des sous-pressions, par Pierre Vandeuren. Bruxelles,
1902; I fasc. in-8°. (Présenté, ainsi que l'Opuscule suivant, par M. Maurice Levy.
Hommage de Fauteur.)
Etude sur la tension du fil téléphonique ; calcul des poteaux métalliques en
treillis soutenant les grands faisceaux aériens, par Pierre Vandeuren. Bruxelles,
1902; I fasc. in-8°.
Bericht ïiber die internationale Experten-Conferenz flir Wetterschiessen in
Graz. Vienne, 1902; i fasc. in-4°.
Die Staatsquellen von Vichy, herausgegeb. v. der Verwaltung des Bades Vichy;
mit einem einleitenden Bericht des Geh. Medicinalraths Prof. D"" Liebreich.
Strassburg, 1902; i fasc. in-12.
Census ofindia, 1901 ; vol. II, II a, V, V«, XVIIa, XXI, XXIa. Bombay, Lahore,...,
1902; 6 vol. petit in-f°.
OCVRAGES REÇUS DANS LA SÉANCE DU lô DÉCEMBRE I9O2.
Annuaire pour l'an 1903, publié par le Bureau des Longitudes, avec Notices
scientifiques. Paris, Gauthier-Villars; i vol. in-12. (Présenté par M. le général Bassot.)
Cahiers du Service géographique de l'Armée : n° 16. Matériaux d'étude topolo-
gique pour l'Algérie et la Tunisie (3" série); n° 17. Rapport sur les travaux
exécutés en 1901. Paris, Imprimerie du Service géographique de l'Armée, 1902;
2 fasc. in-8°. (Présenté par M. le général Bassot.)
La Mécanique à l'Exposition de 1900, publié sous la direction de M. Haton de la
GoupiLLiÈRE, Membre de l'Institut; t. I-III. Paris, V^" Ch. Dunod, 1902; 3 vol. in-4°*
(Présenté par M. Haton de la Goupillière.)
M. Jean Brunhes, Professeur à l'Université de Fribourg, fait hommage à l'Académie
des trois Ouvrages suivants :
Étude de Géographie humaine. L'irrigation, ses conditions géographiques, ses
modes et son organisation dans la Péninsule ibérique et dans V Afrique du Nord,
par Jean Brunhes. Paris, C. Naud, 1902; 1 vol. in-8''.
Le travail des eaux courantes : la tactique des tourbillons; par Jean Brunhes.
Fribourg (Suisse), 1902; i fasc. in-8''.
De vorticum opéra seu quo modo et quatenus aquœ currentes per vortices
circumlatœ ad terram exedendam operam navent^ Jean Brunhes. Fribourg (Suisse),
1902; I fasc. in-8°.
U. S. Department of Agriculture. Seventeenth annual Report of the Bureau of
animal industrie for the year 1900. Washington, 1901 ; i vol. in-8°.
Proceedings and transactions of the Royal Society of Canada; ser. II, vol. VII.
Ottawa, 1901 ; i vol. in-S".
Transactions of the American Society of mechanical Engineers; vol. XIII. New-
York, 1902; I vol. in-8°.
Lotabweichungen. Heft II : Geoddtische Linien siidlich der europàischen Làngen-
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1902. î387
gradmessung in 52 Grad breite, von A. Bôrsch und L. Kruger. Berlin, 1902; 1 fasc.
in-4°.
Ouvrages reçus dans la séance du 29 décembre 1902.
Le cône de la Montagne Pelée le 8 novembre 1902. (Observations de M. Lacroix.)
s. 1. n. d, I feuille héliogravure et i feuille texte, in-8°. (Présenté par M. Michel
Lévy.)
La Valachie, essais de Monographie géographique, ^dirM.. Emmanuel de Martonne ;
avec 5 cartes, 12 planches h. t. et 48 figures. Paris, Armand Colin, 1902; i vol. in-8°,
(Présenté par M. de Lapparent.)
Note sur une espèce nouvelle de¥\sch.Qve\\di] par M. Maurice Gomont ; avec i planche
h. t. (Extrait du Journal de Botanique, t. XVI, n" 9, 1902.) Paris, impr. J. Mersch ;
I fasc. in-S". (Hommage de l'auteur.)
Recherche sur V orbite de la comète périodique de Holmes et sur les perturbations
de son mouvement elliptique, par le D"" H.-J. Zwiers ; 2« Mémoire. Leyde, 1902;
I fasc. in-4''. (De la part de l'Observatoire de Leyde.)
Untersuchungen iïber den Lichtwechsel Algols, von Ant. Pannekoek. Leyde,
L. Van Nifterik, 1902; i vol. in-4°.
Annalen der Sternwarte in Leiden, herausgeg. von D'' H. -G. Van de Sande
Bakhuyzen; Bd. VIIL Leyde, 1902; i vol. in-4°.
Catalogus van de boeken aanweizig in de Bibliotheek der Sterrenwacht te Leiden,
uitgegeven door H. -G. v. D. Sande Bakhuyzen. Leyde, 1902; i vol. in-8°.
A Balaton kovamoszatai vagi bacillariai, D'' Pantocsek Jozsef. Budapest, 1901;
1 vol. in-4°. (Hommage de l'auteur.)
Regenwaarnemingen in Nederlandsch-Indië, 1901. Batavia, 1902; i vol. in-8°.
Statistiek van den Handel, de Scheepvaart en de in- en uitvoerrechten in
Nederlandsch-Indië over hetjaar 190L Batavia, 1902; i vol. in-4''.
ERRATA.
Table des matières du Tome CXXXIV.
Page i655, 2" colonne, ligne 26, au lieu de Leduc (S.). — Sur la cohésion des
liquides. (En commun avec M. Sacerdote.) lire Leduc (A.). — Sur la cohésion des
liquides. (En commun avec M. Sacerdote.)
l388 ACADÉMIE DES SCIENCES.
(Séance du i5 décembre 1902.)
Note de M. Garrigou, La diffusion de l'arsenic dans la nature
Page iii3, dernière ligne, an lieu de iridium, lisez indium.
FIN DU TOME CENT TRENTE-CINQUIEME.
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES DE UÀCÂDEMIE DES SCIENCES
TABLES ALPHABÉTIQUES
JUILLET — DECEMBRE 1902.
TABLK DES MATIERES DU TOME CXXXV.
Pages.
Académie. — M. le Président annonce
que la séance du lundi f4 juillet sera
remise au mardi i5 ii
— M. Mascari est élu Vice-Président de
l'Académie pour l'année igoS i"277
— MM. Bornet et Maurice Lévy sont
réélus Membres de la Commission
centrale administrative pendant l'an-
née 1903 (277
— Allocution de M. Boiuiuet de Ui Grye,
dans la séance publique annuelle du
22 décembre 1902 1 145
AciDtMÉTRiE. — Sur un nouvel indicateur
acidimétrique; par M. L.-J . Simon. 437
Accumulateurs. — Sur un nouvel accu-
mulateur électrique; par M. D. Tom-
tnasi r 828
Acoustique. — Sur les accords binaires;
par M. A. Guillemin 98
— Classement des accords binaires. Con-
sonances et dissonances spécifiques;
par M. J. Giàllemin 896
— Sur la construction d'électrodiapasons
C. R., 1902, 2' Semestre. (T. CXXXV.)
Pages,
à longues périodes variables; par
M. E. Mercddier 898
— M. 0(^^/fr adresse un « Essai d'une théo-
rie mathématique des consonances et
des dissonances musicales». 146, 2-27 et 5 17
— M. Girod adresse un Mémoire « Sur
une méthode de transposition en mu-
sique » 1 096
Adrénaline. — Recherches expérimen-
tales sur l'adrénaline; par MM. Ch.
Bouchard et Henri Claude 928
AÉRONAUTIQUE. — Rapport de M. Appell
sur un Mémoire de M. Tnrres, con-
cernant un avant-projet de ballon di-
rigeable , I :j I
— Ouverture de deux plis cachetés, et Note
complémentaire, concernant la stabi-
lité des appareils aviateurs, plus lourds
que l'air; par M. Senemaud 146
— Ouverture d'un pli cacheté contenant
une Note intitulée : « Contribution à
l'étude de l'aviation » ; par M. /. Cons-
tantin 3o8
181
cSJo?/^
i39o
TABLE DES
Vaç[OB.
— M. H. Podcnr adresse un Mémoire sur
la « Direction des ballons » 617
— M. Ed. Eldin adresse une Note rela-
tive aux causes de la catastrophe
survenue à l'aérostat « Le Bradsky ». 63-
— Nouvelles expériences d'Aéronautique
maritime; par M. //. Hervé 71a
— M. H.-L. Malécot adresse une Note
intitulée : « De l'équilibre du ballon
libre et indépendant, réalisé à toute
altitude, sans communications avec la
surface terrestre » 754
— M. R. Sherra adresse une Note relative
à la Navigation aérienne 919
— M. /. Faleion adresse une Note sur
« la locomotion aérienne par les aéro-
planes » 945
— M. Jinifcdiid adresse une Note relative
à l'Aérostation g^ô
— M. Delmiricr adresse une Note ayant
pour titre ; « Recherches sur la navi-
gation aérienne » rogO
— Liste des membres de la Commission
d'Aéronautique : MM. Mnrey, Mas-
cnrt, Maurice Le'vy, Marcel Deprez,
Le'auté, Appell et les Membres com-
posant le Bureau 715
— Membres adjoints à la Commission de
l'Aéronautique : MM. Janssen, Bou-
quet de la Grye, Violle 754
— M. Cailletet est adjoint à la Commis-
sion de l'Aéronautique 88G
AiB ATMOSPHÉRIQUE. — Rapport sur des
expériences faites à l'Observatoire de
Montsouris, relatives à la composition
de l'air atmosphérique; par lAL Jd.
Carnot ,Sg
— Sur une nouvelle vapeur organique de
l'air atmosphérique; par M. H. Hcn-
riet ,01
— Sur le dosage de l'oxyde de carbone et
de l'acide carbonique dans les airs
viciés; par M. Ferdinand Jean 746
— Sur l'hydrogène atmosphérique; par.
M. Anatole Leduc 860
— Sur la quantité d'hydrogène libre de
l'air et la densité de l'azote atmosphé-
rique ; par M. Armand Gautier io25
— Sur la proportion de l'hydrogène dans
l'air atmosphérique; par M. Anatole
Leduc ,33.^
Alcalis. — Préparation des alcalis et du
peroxyde de manganèse; par M. ti.
Baubignj , , 10
MATIERES.
Pages.
Alcools. — Action des alcools sur les
dérivés sodés d'autres alcools; par
M. Marcel Guerbet 172
— Synthèse de quelques alcools tertiaires
(II). Diphénylcarbinols: par M. H.
Masson 533
Aldéhvdes. — Condensation du nitromé-
thane avec les aldéhydes aromati-
ques; par MM. L. Bowcauh el A .
IVahl 4i
— Sur l'aldéhyde /)-benzène-azobenzoïque
et ses dérivés ; par MM. P. Freun-
dler et de Laborderie 1 1 1 6
Alimentaires (surstances). — Sur une
nouvelle réaction du formol, permet-
tant sa recherche dans les denrées
alimentaires; par MM. Manget et
Marion 584
— M. Balland adresse une Note « Sur
les principales plantes fourragères ». 545
— Sur quelques Graminées exotiques
employées à l'alimentation (Eleusine,
Paspale, Pénicillaire, Sorgho, Tef);
par M. Balland 1079
— M. iV. Tamhon demande l'ouverture
d'un pli cacheté contenant de « Nou-
velles méthodes d'analyse pour re-
connaître les falsifications des huiles
d'olivp, et en général des huiles les
unes par les autres « Grg
Voir aussi Lait, Vins.
x\lumimum et ses composés. -- M. le Se-
crt'taire perpétuel signale une tra-
duction allemande d'un Ouvrage de
M. Adolphe Minel, portant pour
titre : « Die Gewinnung des Alumi-
niums und dessen Bedeulung fiir Han-
del und Industrie » 45i
— Sur un chlorosulfate d'aluminium; par
M. A. Recnura 736
— Aluminate de manganèse : Al^O^Mn ;
par M. Ein. Dufau g63
— Sur le fluorure d'aluminium; par
M. E. Baud i io3
Aminés. — Sur les combinaisons des cya-
nures complexes avec les aminés de
la série grasse; par M. P. Chrétien. 901
— Action des aminés grasses sur le diben-
zoate de méthylène; par M. Marcel
Descudé 972
— Sur une nouvelle méthode de dosage
volumétrique de l'hydroxylamine ; par
M. M.-L.-J . Simon. . .:'. 1389
Ammoniaque. — Action du chlorure do
TABLE DES
Pa(;es.
bore sur le gaz iimmoniac; par M. A.
Joannis 1 1 oG
Analyse mathématique. — Sur le déve-
loppement des fonctions analytiques
en série de polynômes: par M. Paul
Pdinlevé 1 1
— Sur un groupe nouveau, d'ordre fini,
linéaire à quatre variables; par M.
Léon Aulonnc l'i
— Application de la méllioùe de la
moyenne arithmétique aux surfaces
de Riemann ; par M. J. Korn 94
— Sur la généralisation du prolongement
analytique ; par M. Emile Bord. ... i Jo
— Observations sur cette Communication
de M. Borel; par M. l\ Painlcvé.. . . xbj.
— Sur les fonctions entières de genre fini ;
par M. hrnsl Litidelôf. 3 iG
— Sur les fonctions entières et quasi
entières et les équations difféien-
tielles; par M. Ednwiid Maillet 891
— Sur les équations différentielles et la
lliéorie des ensembles; par j\l. Ed-
mond Maillet 434
— Sur les équations différentielles du
second ordre à points critiques fixes;
par M. /{. LiounUe 892
— Sur l'irréductibilité des transcenduntes
uniformes définies par les équations
différentielles du second ordre; par
M. Paul Painlevé 4 1 1
— Démonstration de l'irréductibilité abso-
lue de l'équation j"= 6/- -H jc; par
M. P. Painlevé 64 i
— Sur les transcendantes uniformes défi-
nies par les équations dilférentielles
du second ordre ; par M. R. Liouville. 781
— Sur les transcendantes uniformes défi-
nies par l'équation y" — i')y^-\- x; par
M. P. Painlevé 7>7
— Sur un théorème de M. Fiobenius ; par
M. de Ségider 5iS
— Sur la théorie des fonctions algébriciues,
par M. Liuhv'ig Sc/desi/t^cr 67(1
— Sur l'équation de Bessel avec second
membre; par M. Jlejaiulre-S. Chcs-
sin 678
— Sur certaines égalités remarquables;
par M. IV. Steklnjf' -. . . . 788
— Sur la rcpréseiilation approchée des
fonctions ; pur M. \\ . Stekhff. 848
— Sur la structure des groupes infinis;
par M. E. Citrtan 83 1
— Sur les fonctions monodromes à point
MATIÈRES. 1391
Pages.
singulier essentiel isolé; par M. Ed-
mond Maillet 8S9
— Sur une extension de la notion de pé-
riodicité; par M. E. Esclangon 891
— Sur l'intégrale de Laplace-Abel ; par
M. G. MUtag-Lefflcr 987
— Sur quelques conséquences de certains
développements en séries analogues
aux développements Irigonométri-
ques; par M. f^F . Ste/du(J'. 946
— Sur les congruences à plusieurs incon-
nues relativement à un nombre pre-
mier imjjair; par M. R. Levavasseur. 949
— Sur la généralisation des fractions con-
tinues; par M. Aiiric 95o
— Sur les transcendantes uniformes, dé-
finies par des équations différentielles
du second ordre; par M. R. Liouville. 95-2
— Sur l'irréductibilité de l'équation
par M. P. Painlevé 1020
— Sur une formule sommaloire dans la
théorie des fonctions à deux variables;
par M. Martin Krause 1045
— Sur l'intégration d'une équation aux
dérivées partielles du second ordre,
du type hyperbolique, à plus de deux
variables indépendantes; par M. R.
d'Adhémnr 1 100
— Sur les fonctions entières; par M. Ha-
daniard 1 809
— Remarque relative à sa Note « Sur la
représentation approchée des fonc-
tions » ; par M. fV. Sleklojf 181 1
— Sur la formule fondamentale de Diri-
chletqui sert à déterminer le nombre
des classes de formes quadratiques
binaires définies; par M. Mathias
Ltrch i3 14
— Une application de la théorie des rési-
dus au prolongement analytique des
séries de Taylor; par M. Ernst Lin-
delôf. 1 3 1 5
— Rapport sur le concours du grand prix
des sciences mathématiques en 1902;
par .M. Paul Painhvé 1 154
Voir aussi Géométrie, Mécaiûiiae, Phy-
sique mathématique.
Anvtomie animale. — Contribution à l'é-
tude anatomique du Rabdopleura
Normani Allm ; par MM. A. Conte et
C. Vanry 63
— Distribution des corps suprarénaux
l392 TABLE DES
Pages.
des Plagiostomes ; par M. Ed. Gryn-
fellt 33o
— Structure des corps siiprarénaux des
Plagiostomes; par M. E. Grynfelti.. SjS
— Sur le corps interrénal des Plagiosto-
mes ; par M. Ed. Grynfelu 4^9
— Sur la continuité fibrillaire des cellules
épithéliales et des muscles chez les
Nehalla\ par M. Alplionse I.fd)bé.. . . jjo
— Sur la structure des muscles de X Ano-
nnn rpliippimir. par J\]. Jnbert 906
— Variations morphologiques et anato-
miques présentées par le gésier chez
quelques Coléoptères; par M. L. Bor-
das ()8'2
— Sur la présence des corpuscules acido-
philes paranucléolaires dans les cel-
lules du lociis niger et du Incus cœ-
ruleus\ par M. G. Mnrincscq iood
Voir aussi Embryngénie et Zonlogu-.
Anatomie végétale. — Le byis intermé-
diaire ; par M. Paul Vitilleniin 1 3()7
Voir aussi Botanique.
Anii.ixr. — Sur quelques produits d'oxy-
dation de l'aniline par l'oxygène de
l'air; par M. C.-l. Istrati -\>.
Arsenic. — Sur l'existence de l'arsenic
dans la série animale; par M. Gabrid
Bertrand So<)
— Observations de M. Armand Gautier,
à propos de celte Note 812
— Localisation de l'arsenic normal dans
quelques organes des animaux et des
plantes. Ses origines ; parRL Armand
Gautier j^33
— La ditïusion de l'arsenic dans la nature,
par M. F. Gnrrignu 1 1 1 3
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication i38,S
— Observations au sujet de la Note de
M. Garrigou; par M. Armand Gau-
t'f^r iii5
AsTnoNOMiE. — Méthode spectrale capable
de fournir la loi de rotation encore
inconnue des planètes à faible éclat.
Vérifications de la méthode. Premiers
résultats; par M. H. Deslandres 'ri^
— Recherches spectrales sur la rotation
de la planète Uranus; par M. H. Des-
MATIÈRES.
Pages.
Inndres 47*
— Organisation, à l'Observatoire de Meu-
don, des spectrographes automatiques
dits des vitesses, qui enregistrent les
mouvemenîs radiaux et l'épaisseur de
la chromosphère solaire; par M. H.
Deslandres 5oo
— Sur la surface focaln principale de
l'objectif de l'cquatorial phologra-
[)hique de l'Observatoire de Toulouse ;
par MM. B. Bnillaud et Montange-
rand 449
— Comparaison des Tables de Vesta avec
les observations méridiennes faites
de 1890 à 1900; par M. Gustave Lc-
veau 525
— Sur la visée d'une surface de mercure
éclairée par un faisceau de lumière
horizontal; par M. G. Lippmann . . . 83 1
— Vitesse de la lumière; parallaxe so-
laire ; par M. Permtin 881
— M. Conrad de Liebhabcr adresse une
Note « Sur le phénomène de la nuit
et des étoiles changeantes » 3o8
— Rapport de M. Lœwy, concluant à dé-
cerner le prix Lalande pour 1902 à
M. Trépied 1 168
— Rapport de M. Lœwy, concluant à dé-
cerner le prix Valz pour 1902 à
M. Hartwig 1 1 69
— Rapport de M. Lœwy, concluant à dé-
cerner le prix Damoiseau pour 1902
à M. Gaillot 1 1 70
— Rapport de M. Janssen, sur le con-
cours du prix Janssen en 1902 1 172
— Rapport de M. Lœwy, concluant a dé-
cerner le prix H. Wilde pour 1902 à
M. Schulhof 1236
— Rapport de M. Bnssnt, concluant à dé-
cerner le prix Delalande-Guérineau
pour 1902 à M. Gonessint 124'
Voir aussi Comètes, Étoiles filantes,
Lune, Planètes, Soleil.
Aveugles. — Sur un nouveau procédé
destiné à faciliter l'écriture et le cal-
cul aux aveugles; par M. Dussaud.. . 600
AzoTiiRES. — Sur un procédé général de
formation des azotures métalliques;
par M. Guntz 738
TABLE DES MATIERES
1:^93
B
Page». I
Balistique. — Sur la loi des pressions
dans les bouches à feu, par M. E.
VnUier 3i4 cl %'\-i
— Tracé des courbes de pressions: par
M. E. Fallier 94 <
Baryum. — Sur le baryum-ammonium cl
l'amidure de baryum ; par M. Mentrei. 740
Benzènes. — M. Tiffenenu adresse une
Note «Sur le mélhoélhénylbenzène». . 3o8
Bétons. — Résistance à la traction du
béton armé ; par M. Considère 33;
— Étude théorique de la résistance à la
compression du béton iretté ; par
M . Considère 363
— Etude expérimentale de la résistance à
la compression du béton fretté ; par M.
Considère 4 ' ^
Bioi.OGiii. — Sur rauloréi^ulation par
l'acide carbonique du fonction-
nement énergétique des organismes;
par ]\l. Raphaël Dubois ")8
— Transmission expérimentale aux des-
cendants, fies lésions développées chez
les ascendants; par MM. A. Cliarrin.
G. Dp /a mare el Moussu 1 S<)
— Germination des spores àe Stcrii^nia-
tocysiis nip;ra dans la trachée de
quelques oiseaux ; par M. Pierre
Lesage * 63'.
— Le rythme vital; par MM. Vaschide el
Fitrpas ~^i
— ipplication d'un caractère d'ordre
élhologique à la classification natu-
relle; par L. Matruchot 988
Voir aussi Chimie blolo^uiue .
Bore. — Action du chlorure de bore sur
le gaz ammoniac; par M. A. Joannis. 1 inC)
Botanique. — Sur quelques plantes à
caoutchouc delà côte occidentale d'A-
frique; par M. Aug. Chevalier 44'
— Sur la liane à caoutchouc des forêts du
Congo français; par i\L Aug. Che-
Kxdier 4*"
— Sur les Landolphiées donnant le caout-
chouc des herbes au Congo français;
par M. Aug. Chevalier j r^
— Le Landolphia Pierrei, espèce nouvelle
du Gabon, considérée comme pouvant
fournir du caoutchouc; par M. Henri
Hua 868
Pages.
— Sur l'existence déformes levures stables
chez quelques moisissures; par M.
G. Odin 479
— Sur une modification produite chez
\q Sropolia rarninlica à la suite de sa
greffe sur Tomate; par M. Lucien
Daniel.. . 4^1
— Sur le pollmi des Asclépiadées; par
M. PaulD'p 710
— Sur le (iéveloppemenl de l'ovule drs
Asclépiadées; par M. Paul D<>p 800
— Recherches sur le bourgeonnement de
Rh(d)dopleura Normanni Ali; })ar
MM. C. Vanej et .-/. Conte 74 S
— La théorie des phytons chez les Gym-
nospeiines; par M. G. Chniiveaud. . . y 10
— Sur le mode de végétation et de repro-
duclion de VA/ny^lomyces Rouxii.
champignon Ai^Và levure rhi/ioise: par
M. y. Tunpiet 91-2
— De la répartition des sphérulins dans
les familles végétales; par M. Louis
Petit 991
— Cultures ex|)érimentales dans la région
méditerranéenne, modifications de la
structure an;itomique; par M. Gaston
Bonnier i '-85
— Sur la végétation du lac Pavin; par
M . C. Bru y ant 1871
— M. Gaston Bonnier fait hommage à
l'Académie du deuxième fascicule du
n Cours de Botanique» publié par lui
en collaboration avec M. Lcclerc du
S.thlon 846
— Rapport de M. Bomet, concluant à dé-
ceiner le prix Desm;izières pour igo?.
à M. Roland Tha.rter 1201
— Rapport de M. Pnllieuj:, conchianl à
décerner le prix Montagne pour igoi
à M. P. Vuiltemin i'2o3
Voir aussi Physiologie végétale. Ana-
tomie végétale^ Pathologie ve'gétale,
Biologie .
UoTANiQUE FOSSILE. — Sur quelques pol-
lens fossiles. Prothalles mâles. Tubes
polliniques, etc. du terrain huuiller;
par M. B. Renault 35o
— M. R. Zeiller présente un travail :
« Observations sur quelques plantes
fossiles des Lower Gondwanas ».. . . 610
i394
Pages.
— M. Zeiller fait hommage de son Allas
de la « Flore fossile des gîtes de char-
bon du Tonkin » 7C9
— M. Zcillcr fait hommage d'une Note,
^juijliée en espagnol et en français,
« Sur quelques empreintes végétales
du Kimmériilien de Santa Maria de
^leya, province de Lérida (Espa-
gne) » 770
Bulletins biblioghaphiques, 126, 307,
375, 463, 483, 517, 546, 607, 716,
754, 818, xoi5, io8-2, 1276, i335.
Bureau des lo.ngitudks. — M. Bassoi
présente à l'Académie le Volume de
TABLE DES MATIERES.
Pages,
la « Connaissance des Temps, pour
l'année igoS » 671
— M. le Ministre de l'Instruction publi-
que invile l'Académie à lui présenter
une liste de deux candidats pour la
place de Membre titulaire du Bureau
des Longitudes, vacante par le décès
de M. Cornu 84G
— Liste de candidats pré.-enlée à M. le
Ministre pour cette place : 1° M. Dar-
boux; 2° M. Hait 944
— M. le Général Bassni présente à l'Aca-
démie, au nom du Bureau des Longi-
tudes, \ Annuaire pour l'an igo3. . . 1094
c
Candidatuues. — M. Andoycr, .\i. F.
Puiseux prient l'Académie de les
comprendre parmi les candidats à la
place vacante, dans la Section d'As-
tronomie, par le décès de M. Fave. . 846
Carbone. — Sur la température d'inflam-
mation, et sur la combustion, dans
l'oxygène, des trois variétés de car-
bone ; i)ar M. Henri Mnissan 921
— Sur la Iransl'ormalion du diamant en
carbone noir (charbon) pendant son
oxydation, et sur les changemenls
isomériques des corps simples pen-
dant les décompositions et combinai-
sons ; par M . Bcrilielot 1018
Carburateurs. — Sur un carburateur
automatique pour moteurs à explo-
sions; par M. A. Krebs 89 ^
CÉRiuM. — Étude du siliciure de ceriiiui;
pa r M. Slerbri 170
Chaudières. — Sur une des causes d'ex-
plosion des ciiaudières à vapeur et
sur le moyen delà prévenir; par M. J.
Fouriner -ïy).
Chemins de fer. — M. Archambaull
adresse une Note sur un projet d'ap-
pareil de sûreté contre les tamponne-
ments des trains de chemins de fer. . •i^S'^
Chirurgie. — Rapport de M. Ldvrran,
concluant à décerner le prix du
baron Larrey pour igoi à M. le
D'' Tridire 1 27.0
Chimie agricole. — Ét'.ides sur la tenu
végétale; par M. Th. Selilœsiug 601
— Sur la nature des composés azotés qui
existent dans le sol à différentes hau-
teurs; par M. G. André i353
Chimie animale. — Sur la nature de la
bufonine ; par M. Gabriel Bertrand. 49
— Existence, dans l'albumen de l'œuf
d'oiseau, d'une substance fibrinogène
pouvant se transformer, in vitro, en
membranes pseudo-organisées; par
M. Armand Gautier i33
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication 'i68
— Sur l'acide lycuronique dans le sang
du chien; par MM. l.-B. Lépi/ie et
Boulud 1 39
— Sur la mannite, les azotates et les alca-
loïdes des urines normales; par M. S.
Donibroivshi 244
— Essai d'analyse immédiate du tissu
nerveux; par M. Z\^.-/i//;tWo Barbieri. 246
— • Sur la muso:d.anine, base dérivée des
muscles; par MM. A. Etard et A.
nia 698
— Sur l'origine de la coloration naturelle
des soies de Lépidoptères; par
^L\L D. Levrat et A. Conte 700
— Sur l'existence de l'arsenic dans la série
animale; par M. Gabriel Bertrand.. 809
— Observations de M. Armand Gauiitr à
propos de celle Note 812
— Localisation de l'arsenic normal dans
quelques organes des animaux et des
plantes; par M. Arm. Gautier 833
-- Quelques remarques sur la muscula-
mine, base dérivée des muscles; par
M. S. Pasternak S(J5
-- Sur les varialions du phosphore miné-
ral, conjugué et organique, dans les
TABLE DES
Pages.
tissus animaux; par M. A.-L. Pcr-
cii'nl I oo5
Voir aussi Diaslnscs, Seing, Urologie,
Venins .
Chimie biologique. — La zymase do Y Ea-
rotiopsis Gayoni, par M. Mnzé i i 3
— Méthode perineltant de séparer, des
liquides animaux et végétaux com-
plexes, la plupart de leurs matières
ternaires et plusieurs des bases qui
peuvent les accompagner; par M. .S'.
Donibrowsky 1 8>.
— Sur le sérum antiparamécique; par
M. Ledoux-Le.bnrd .^98
— Action de la fermentation alcoolique
sur le bacille typhique et sur le Bac-
terium coli commune ; par MM. E. Ba-
din et F. Paillierct 299
— Elude comparée des liquides organi-
ques de la sacculine et du crabe; i)ar
MM. Louis Bruntz elJcan Gautrelet . 349
— Induence des agents de caialyse sur le
fonctionnement de l'organisme : sper-
mine, cérébrine et chloradrénal; par
M. Alexandre de. PoeJd i 1 4 1
Voir aussi Arsenic.
Chimie indistrieli.e. — Sur une nou-
velle preuve de la résistance cellu-
laire des saccharomyces, et sur une
nouvelleapplicalionde celte propriété
à l'industrie de la distillerie; par
M. Henri Alliot 4-^
— Sur le pouvoir calorifique de la houille;
par M. Goûtai 477
— Sur la recherche et le dosage de l'ex-
trait de châtaignier en mélange avec
l'extrait de chêne; par M. Ferdinand
Jean 536
— Essais sur la constitution chimique des
copals; par M. Marcel Guédras. . . . 797
— Production de couleurs fixes sur tous
genres de cuirs, par l'emploi de sels
de molybdène combinés à des matiè-
res tannantes ou à des couleurs mor-
dantes végétales; par M. Emni. Pozzi-
Escol 880
— Ouvertuie d'un pli cacheté renfermant
une Note « Sur la préparation du gaïa-
col et du créosol purs au moyen de la
créosote de hêtre »; par MM. Chapo-
teaut et Ciraud 1042
— M. le Secréinire perpe'lucl signale les
trois Volumes du Compte rendu du
quatrième Congrès international de
MATIÈRES. 1395
Pages.
Chimie appliquée, tenu en 1900 146
Voir aussi AUmcnlaires {Substances),
Fins, Carburateurs.
Chimie MiNiiRALE. — Action de l'acide
chlorhydrique sur les sulfates de ses-
quioxyde d'aluminium, de chrome et
de fer ; par M. A. Becoura i63
— Sur les mixtes formés par le soufre et
le phosphore au-dessous de 100"; par
M. A'. Boulouch ifi5
— Sur la précipitation des chlorures et
bromures de cadmium, de mercure et
d'étain par l'acide sulfurique; par
M. Georges Viard 242
— Sur quelques sources de gaz minérales;
par M. Ch. Moureu 1 335
— Sur les cryoiithes; par M. E. Baud. . 1337
Voir aussi les Articles spéciaux : Alu-
niinium, Azoturrs, Baryum, Carbone,
Cériuin, Cobalt, Cuivre, Fluor, Ma-
gnésium, Phosphates, Radium, Sili-
cium, Thidlium, Uranium, Vanadium,
Zinc, et Thernwchimie.
Chimie ouganique. — Propriétés oxydan-
tes d'un pyranol ; par M. R. Fosse. . . 39
— De l'action des sels diazoïques sur la
desmotroposanlonine et l'acide des-
motroposantoneux; par MM. E. fFe-
dc/>i/id et Oscar Schnndt 43
— Hydrogénation directe de carbures acé-
tyléniques par la méthode de contact;
par MM. Paul Sabatier et J.-B. Sen-
drrens 87
— Réduction des dérivés nitrés parla mé-
thode d'hydrogénation directe au con-
tact de métaux divisés; par MM. Paul
Sabatier et J.-B. Scnderens 225
— Hydrogénation directe des oxydes de
l'azote par la méthode de contact;
par MM. Paid Sabatier et J.-B. Sen-
dcrens 278
— Sur l'acide oxyi.sopropylphosphinique;
|)ar M. C. Marie 106
— Propriétés pharmacodynamiques de
certaines semicarbazides aromati-
ques; par MM. Auguste Lumière,
Louis Lumière et J . Chevrottier 187
— Sur quelques nouveaux composés orga-
niques d'addition ; [lar M. P. Lemoult. 346
— Sur l'acide nitropyromucique et son
élher éthylique. Sur le diiiitrol'urfu-
rane; par M. R- Marqids 5o5
— Sur un nouveau composé du groupe
de l'hexamélhylènetétramine; par
1396
TABLE DES
Pages.
M. Marcel Dcscudé 69 'i
— Action du chlore cl du bronv sur Ifs
véralrols moiionilrés; par M. H. Cou-
sin 967
— Sur rhydro.m'iiatiori de l'acélol; par
M. Aiiclrc Klirii:; (jjo
— Action des éttiers lialui;énés ?ur le
thiosiilfocorbamale d'ammonium; par
M. Marcel Dele'plne 97 j
— Dérivés d'addition du cycloiiexeiie ; par
M. Léon Britnel loV)
— Sur un dichiorhydrale et un dibrom-
hydrate de cadinène et un cadinène
régénéré dextrogyres; par M. Emile
Grimai 1 067
— Sur l'acide oxybenzylphosphinitpie ;
par M. C. Marie 1 n S
— Sur le dibromure de métho-étlienyl-
benzène; par M. M. Ti[lcneau \'i\ii
— Sur la synthèse d'un carbure ai orna-
tique dérivé du camphre; par M. C.
Chabrié 1 348
— Sur une méthode de transformation
des dérivés monochlorés et monobro-
més des hydrocarbures en dérivés
monoiodés; par iM. F. Bodroux ia5o
— Sur la décomposition de quelques aci-
des organiques di- et tribasiques;
par MM. OEc/isncr de Coninck et
Raynatid 1 35 1
— Rapport de M. Haller, concluant à dé-
cerner le prix Jt'tker pour 1902 à
M. Rnsenslècht 1193
Voir aussi Alr(dis, Aldéhydes, Alcools^
■ Aminés, Aniline, Benzènes^ Cyanu-
res, Etiiers, Fermentations^ Phénols,
Sucres.
Chimie végétale. — Sur la présence de
la lécithine dans les végétaux; par
MM. Schla^deniiaujfen et Reeb s>,o5
— Le méthylanthranilale de méthyle dans
l'organisme végétal; par M. Eugène
Charabot 5So
— Sur l'essence de bois de Cèdre de
l'Atlas; par M. Émilien Grimai 582
— Sur la composition des hydrates de
carbone de réserve de l'albumen de
quelques Palmiers; par M. E. Lié-
niird 593
— Méthode de dosage volumétrique du
tannin et analyse des bois et extraits
tanniques; \)^r}ti. Albert Thompson . 689
— Sur l'acide solide de l'huile d'Elceo-
cocca vernicia; par M. L. Maquenn^. (j()6
MATIERES.
Pages.
— Sur une matière albuminoïde extraite
du grain de maïs; par MM. /.'. Do-
nard et H. Lahbé 744
— Sur la présence do la volémite dans
quelques Frimulacées; par MM. /.
Bougault et G. AUard 796
— Sur l'essence de vétsver; par MM. P.
Genvresse et G. Langlnis 1059
Chlorures. — Action du chlorure de
bore sur le gaz ammoniac; par M. A.
Joannrs 1 1 oG
— Sur une nouvelle méthode de chlorura-
lion des carbures aromatiques; par
MM. Seyewetz et Biot 1 120
Choléra. — M. Mascart communique à
l'Académie des observations qu'il a
reçues sur l'abandon, par les oiseaux,
des pays allemts par le choléra i384
Clavelée. — Traitement préventif de la .
clavelée. Sérum anticlaveleux; par
M. F.-J. Base... 4o5
Cobalt. — Sur les combinaisons du sili-
cium avec le cobalt et sur un nouveau
siliciure de ce métal; par M. P. Le-
beau \-/i
CoHÉREURS. — Sur la nature du cohéreur,;
par M. y. Fenyi 3o
Comètes. — Observations de la comète h
1902, découverte le i'"' septembre par
M. Perrine et le 2 septembre, d'une
manière indépendante, par M. Bor-
relly, à l'Observatoire de Marseille ;
parMM. Borelly et L. Fabry 433
— Observations de la comète 1902 /;, à
l'Observatoire de Besançon; par M. P.
Chofardet 4^3
— Observations de la comète Perrine-
Burrelly (1902 Z»), à l'Observatoire de
Lyon ; par M. 7. Gudlaume 499
— M. Max rF«// adresse une Note rela-
tive à des « photographies stéréo-
scopiques de la comète Perrine-
Borelly » G37
— Observations de la nouvelle comète
Giacobini {d 1902), faites à l'Obser-
toirede Paris; par MM. J. Bigourdan,
G. Fayet et P. Salet io43
— Éléments provisoires de la comète Gia-
cobini (2 décembre 1902); par M. G.
Fayet .1 044
— Observations de la comète Giacobini
(1902 d), faites à l'Observatoire de
Besançon; par M. P. Chojiadet 1099
— Observations de la comète d (1902),
TABLE DES
Pages.
faites à l'Observatoire d'Alger; par
^[M. Enmbaucl et Sj 1 3o7
Cristallographie. — Sur les groupements
de cristaux d'espèces différentes; par
M. Fréci. fVnllerant 798
CuivRK ET SES COMPOSÉS. — Sur la préci-
pitation du clilorure et du bromure
cuivriques par l'acide sulfurique; par
M. Georges Viard 168
MATIERES.
•^97
Pages.
— Chlorures cuivriques ammoniacaux
anhydres. Radicaux cupro-ammo-
niques par M. Bmizat 292
— Sulfates cupro-ammoniques anhydres;
par M. Boiizat 534
Cyanures. — Sur les combinaisons des
cyanures complexes avec les aminés de
la série grasse; par M. P. Chrétien. . 901
1)
DÉCÈS DE Membres et Correspondants de
l'Académie. — M. le Président rap-
pelle à l'Académie la perte qu'elle
vient de faire dans la [lersonne de
M. Faye, Membre de la Section
d'Astronomie 0
— M. le Présiilcnt annonce à TAcadémie
la mort de M. H. Virclunw Associé
étranger 409
— Allocution à l'occasion de la mort de
R. Firchoiv ; par M. Bouchard 409
— M. le Président annonce à l'Académie
la mort de M. Damour, Académicien
libre 4^'^
— M. le Président, annonce à l'Académie
les décès de MM. Dehérain et Enute-
fe aille 1017
— Notice sur M. MllUirdet ; par M. Bor-
net [ 29S
Décrets. — Décret approuvant l'élection
de M. Schiaporelli^ comme Associé
étranger 7'!
— Décret approuvant l'élection de M. Bou-
vier, dans la Section d'Anatomie et
Zoologie 73
— Décret approuvant l'élection de M. Des-
landres, dans la Section d'Astrono-
mie I o85
DusTASES. — La zymase de \ Eumiiopsis
Gnjoni ; par M. Mnzé 1 1 5
— ^L Emni. Pozzi-Escot adresse des « Re-
cherches sur les ferments diastasiques
de VEurotium Orizœ » 216
— Les kinases microbiennes. Leur action
sur le pouvoir digestif du suc pan-
créatique vis-à-vis de l'albumine;
par M. C Delezenne 'l'n.
— Théorie générale de l'action de quelques
diastases; par M. Victor Henri 916
Diffusion. — Sur une conséquence de la
théorie cinétique de la dillusion ; par
M. J . Thovert 679
Distillation. — Étude sur la distillation
simultanée de deux substances misci-
bles: par MM. Eugène Chcirnbot Qi
J . RocheroUes 175
Eau oxygénée. — Sur un dérivé de l'eau
oxygénée : par M. R. Fosse 53o
ÉCOLE polytechnique. — xMM. H. Poin-
c(tré et Hdton de la Goupillière sont
désignés à M. le Ministre de la Guerre
pour faire partie du Conseil de perfec-
tionnement de l'École Polytechnique
pendant l'année 1 902-1903 5^2
Économie rurale. — Culture du lupin
jaune {Lupinus lutcus) ; par MM. P.-P
Dehérain et E. De mous s j 44^
— Culture du blé au ch.imp d'expériences
de Grignon, en 1902; par MM. P.-P.
Dehérain et C. Dupont G64
C. 1;., uj,n 1'- <Li<.i-tr<. (T. GXXXV
— Sur l'appréciation économique des amé-
liorations culturales; par M. E. Ra-
bat é 1 074
Voir aussi Viticulture., Chimie n^ncole.
Élasticité.— Mesure de la limite élastique
des métaux; par M. Ch. Fremont... uSi
— Sur les paramètres élastiques des fds
de soie; par M. F. Beaidard 6i3
— Précautions à prendre jiour l'emploi
des Qls decocon comme iils de torsion ;
par M. V. Crémieu 682
ÉLEc.iiciTÉ. — Nouvelles recherches sur
iiS courants ouverts; par M. V. Cre-
mi( u 27
182
iSqS table des
Pages.
— Anomalies présentées par la charge de
conducteurs isolés sur des diélectriques
solides. Phénomènes magnétiques
particuliers constatés au voisinage de
nœuds d'oscillations électriques; par
M. V. Crémieu 1 53
— La lumière noire et les phénomènes
actino-électriques; par M. Gustave Le
Bon 35
— Sur les phénomènes mécaniques de la
décharge disruptive; par M. Jules
Sernenni' j55
— Photographie d'un éclair mulliple; par
M. Pilischikojf. i58
— Moyen de régler, les résonateurs de
haute fréquence, en vue de leur em-
ploi médcal; par M. H. Guilleimmt. 288
— Sur les différences de potentiel au con-
tact; par M. Pierre Boley 454
— Sur la résistance électrique des corps
peu conducteurs aux très basses tem-
pératures; par M. Edmond van Au-
tel 45G
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication 640
— Sur la résistance électrique du sulfure
de plomb aux très basses températu-
res; par M. Edmond van Aubel. . . . 784
— Sur la conductibilité des dissolutions
aux basses températures; pai- M. /.
Kunz 788
— Lames minces métalliques obtenues par
projection cathodique; par M. L.
Houllevigue 626
— La vision à distance par l'électricité;
par M. J.~H. Coblyn 684
— Nouvelles expériences sur la résistance
électrique du sélénium et ses applica-
tions à la transmission des images
et des impressions lumineuses ; par
M. Dussaud 790
— Étude de la magnélofriction du faisceau
anodique; par M. //. Pcllat 1821
— Sur l'émanation du phosphore; par
M. Eugène Bloch 1 324
Voir aussi Electrochimle, Hertziennes
{Ondes), Cohércurs, Accumulateurs,
Rayons X, Thermo-électricité .
Electrochimie. — Sur la relation entre
l'intensité du courant voltaïque et la
manifestation du débit électrolytique ;
par M. Berthtdot 6
— Actions électrolyliques manifestes,
développées par les piles constituées
MATIÈRES.
Pages,
par la réaction de deux liquides ren-
fermant l'un un acide, l'autre un
alcali ; par M. Bertheloi 129
— Nouvelles expériences sur la limite d'in-
tensité du courant d'une pile qui cor-
respond à la manifestation d'un débit
électrolytique extérieur, apparent dans
un voltamètre; par M. BertheUu . . . 485
— Sur l'électrolyse de l'azotate d'argent;
par M. Anatole Leduc 28
— Sur l'équivalent électrochiuiique de
l'argent; par M. Anatole Leduc 287
— Élecirolyse de mélanges de sels; par
M. Anatole Leduc SgS
— Sur les électrodes bipolaires; par
MM . André Brochet et C.-L. Barillet. 854
— L'électrolyse des sels métalliques
séjournant dans les tissus; par M. An-
dré Poëy. . . ._ 874
— Sur l'ionisation d'une flamme salée;
par M. Georges Moreau 898
— Sur les électrodes bipolaires à anode
soluble; par MM. André Brochet cl
C.-L. Barillet 1049
— Procédé de séparation électrique de la
partie métallique d'un minerai et de sa
gangue; par M. D. Ncgreano 1 108
— Sur reiïet Hall et les mobilités des ions
d'une vapeur salée; par M. Georges
Moreau 1 826
— M. André /"oé/ adresse une Note rela-
tive à « l'électrolyse des sels métalli-
ques séjournant dans les tissus ».. . . 867
Embryogénie. — Sur l'évolution de la
spermatide chez le Notonccta glauca]
piir MM. J. Pantel et R. de Sinéty. 997
— L'herma|ihrodisme normal des Pois-
sons; par M. Louis Roule i855
— Sur l'origine du Nebenkern et les mou-
vements nucléiniens dans la sperma-
tide de Notonccta glauca ; par MM. /.
Pantel et R. de Sinétj 1 SSq
Eruata, 128, 216, 268, 876, 4G4, ^'^o,
640, 716, 920, 1016, 1084, 1276,
i388.
Éthers. — Nouvelle méthode de prépa-
ration des éthers p-cétoniques a sub-
stitués; par M. René Locijuin 108
— Action de l'acide nilreux, en solution
acide, sur les éthers p-cétoniques
a substitués; synthèse des homo-
logues de l'acide pyruvique; par
MM. L. BoiH'eault et R. Locquin ... 179
— Action d» l'acide nitreux, en solution
TABLE DES
Pages.
alcaline, sur les étiiers j3-cétoniqiies
a substitués; par MM. £ou(>ea{tit et
René Locquin agS
— Sur la saponification des élhers nitri-
ques; parMM. Léo Vfgno/? el I. B(iy. 507
— Action des combinaisons organo-mao:né-
siennes mixtes sur les élliers d'acides
cétoniques (II); par M. V. Gn^nant. ^27
— Sur les dérivés de l'éllier pyriivyljiy-
ruvique (II). Hydrazones stéréo-iso-
mères ; par M. L.-J. Simon 63o
Étoiles filantes. — Sur quelques parti-
MATIÈRES. 1399
Pages,
cularités de la théorie des étoiles
filantes. Existence de points radiants
stalionnaires par 45° de latitude; par
M. O. Callandrenu 557
— Observations des Perséides, Léonides
et Biélides, faites à Athènes en 1902;
par M. D. Egnniis i3o8
Expéditions scientifiques. — M. le .9"-
crétaire perpétuel signale un Volume
intilulé : « The norwei^ian north po-
lar Expédition, 1893-1896. Scientific
results. Volume III » 22
Ferme.ntations. — Sur la fermentation
peclique ; par M. Goyntul 53;
— M. Goyaud adresse une nouvelle Note
« Sur la fermentation pectique » . . . . 713
Fluor et ses composés. — Étude du pen-
tafluorure d'iode, par M. Henri Mois-
san , 563
G
GÉOGRAPHIE. — Sur la géographie physi-
que de la Yaïla occidentale (Crimée);
par M. E. Daniloff. 355
— 1\!. le Secrétaire perpétuel signale les
cahiers 16 et 17 du Service géogra-
phiqu(> de l'armée 1096
— M. le Secrétaire perpétuel sign.nle un
Ouvrage de JM. Enunanuel de Mnr-
tonne intitulé : a La Valachie, essai
de monographie géogr.iphique ». . . . i3oo
— Rapports sur le concours du prix Binoux
en 1902. 1 174
— Rapport de M. de Lapparent^ con-
cluante décerner leprixGay pourt902
à M. le colonel Berilutttt 1 199
— Rapport de M. Grnndidier. concluant
à décerner le prix Tchihalclief pour
1902 à M. le D'^ Scen Hedtn 1239
Géologie. — Sur la présence de l'étage
aplien dans le sud-est de rAfri{|ue;
par M. W. Kilinn 68
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication 21G
— Sur le Gothlandien inférieur du massif
armoricain; par M. F. Kerfnme . . . . \ïi
— Faits nouveaux ou peu connus, relatifs
à la période glaciaire; par M. David
Martin 1 24
— Sur la caverne du HiJll-Loch (Trou
d'Enfer) et la Schleichende Brunncn
(source rampante) (Suisse); par
M. E.-A. Martel 3o5
Sur la constitution géologique des en-
virons d'Alexandrie (Egypte); par
MM. R. Fuurtau et D.-É. Pachun-
dahi 59G
Sur le Grès nubien; par M. R. Four-
tau 8o3
Analogie entre les Carpalhes et les
Alpes; par M. Maurice Lugeon 872
Production actuelle de soufre natif dans
le sous-sol de la place de la République
à Paris; par M. Stanislas Meunier.. 915
Sur les terrains paléozoïquesde l'Oued
Saoura et du Gourara, par .M. E.~F.
Gautier 1 07 r
Sur l'origine de la coupure transver-
sale de la Kosva (Oural du Nord);
par M. Louis Duparc 1 1 35
Sur des gîtes de phosphate de chaux
de lii Craie à Bélemnites, formés avant
le soulèvement du Bray; par M. iV.
de Mercey 1137
Sur quelques rapjirochemenls entre la
genèse des Gîtes Métallifères et la
Géologie générale; par M. L. de Lau-
'ioy i374
Sur la découverte d'un nouveau massif
granitique dans la vallée de l'Arve,
entre Servez et les Bouches; par
1 4oo
TABLE DES MATIERES.
Pages.
MM. E. Houg, M. Lugeon et P.
Corhin 1 379
— Rapport de M. de Lappareni , con-
cluant à décerner le prix Fontanes
pour 1902 à M. Grossouvre 1 197
Voir aussi Botanique fossile. Paléonto-
logie^ Pétrographie, Hydrologie , Phy-
siipie du globe.
GÉOMÉTRIE. — Sur une propriété curieuse
d'une classe de surfaces algébriques;
par M. Emile Picard -217
— Sur le problème de Dirichlet pour des
domaines limités par plusieurs con-
tours (ou surfaces); par M. A. Korn. 28 1
— Sur la déformation continue des sur-
faces; par M. G. Tzitzéica 5o3
— Sur l'habillage des surfaces; par M. Af.
Servant jtS
Pages.
— Sur la résolution nomographique du
triangle de position pour une latitude
donnée ; par M. Maurice d'Ocagne. . 728
— Sur les substitutions crémoniennes
dans l'espace; par M. Léon Autonite. 776
— Sur les propriétés du plan au point de
vue de VAnulysis situs ; par M. Coni-
bebiac 1044
— Sur une représentation plane de l'es-
pace et son application à la Statique
graphique; par M. B. Mayor i3i8
— M. P. de V'n'iès adresse une Note inti-
tulée : « Théorème du point, symé-
trique et quelques-unes de ses consé-
quences » 1 1 44
— Rapport sur le concours du prix Bor-
din en 1902 ; par M. Darboux 1 162
Voir aussi Analyse mathématique.
H
Hertziennes (Ondes). — Sur les proprié-
tés des enceintes fermées, relatives
aux ondes électriques; par M. A.
Turpain 435
— Sur l'analogie entre les rayons X et
les oscillations hertziennes; par M. P.
Duhem 845
Histoire des sciences. — M. le Secré-
taire perpétuel annonce que le To-
me XXXII (2' série) des « Mémoires
présentés par divers savants à l'Aca-
démie des Sciences « est en distri-
bution au Secrétariat 22
— M. le Secrétaire perpétuel signale un
Volume de M. S.-H. Finne-Gronn,
intitulé : « Abel, den store malhe-
matikers siegt, Christiania, 1899-
1 900 » 93
— M. le Secrétaire perpétuel présente
deux Volumes de 1' « International
Catalogue of scientific literature, first
annual issue; D, Chemistry, Part I, et
M, Botany, Part I » " 1 46
— M. le Secrétaire perpétuel signale le
Tome I des « Opère matematiche di
Eugenio Bellranti » 228
• — M. le Secrétaire perpétuel signale le
Tome I des « Œuvres complètes de
J .-C. Galissard de Marignac, 1840-
1860 » 523
— Sur les registres de laboratoire de
Lavoisier; par M. Berthelot 54g
— Les quatorze grands Registres de labo-
ratoire de Lavoisier. l>e Registre II,
signalé perdu, et nouvellement re-
trouvé; par M. H. Brocard 523
— M. le Secrétaire perpétuel signale une
brochure de M. Icdio Guareschi,
ayant pour titre : « Faustino Mala-
guti e le sue opère » 945
— M. Lœay fait hommage à l'Académie,
au nom de M. Hepites, d'un « Essai
historique sur les travaux astronomi-
ques exécutés en Roumanie jusqu'à
la fin du xix" siècle » 945
— M. H. Poincaré fait hommage de son
Ouvrage intitulé : « La Science et
l'Hypothèse » 770
— Sur les procédés de fabrication des
arraps à l'époque du bronze; par
M. Osmond 1842
Hydrates. — Sur la composition des hy-
drates de gaz; par M. de Forcrand. 959
— Sur la composition et la constitution
des hydrates sulfhydrés; par M. de
Forcrand • 1 344
Hydrographie. — Sur le régime hydro-
graphique du Tidikelt (archipel
Toualien ), Sahara central ; par M. G.-
B.M. Flamand 212
— Rapport sur les travaux de M. Drien-
court (concours du prix extraordi-
naire de six mille francs); par
M • Guyou 1 1 63
TABLE DES
Pages.
Hydrologie. — Sur le fonctionnement et
l'alimentation de la fontaine de V;ui-
cluse ; par M. E.-A. Martel 8 1 5
— Sur l'origine des lapiaz el leur relation
avec les abîmes et l'hydrologie sou-
terraine des calcaires; par M. E.-J.
Martel i i 38
— Sur la présence de l'argon dans le gaz
de la source Bordeu à Ludion, et sur
la présence du soufre libre dans l'eau
sulfureuse de la grotte el dans les
vapeurs de humage; par M. Henri
Moissnn i •>.';%
— Sur quelques sources de gaz minérales;
par M . Cil. Moureu i 'î3 j
— M. Lœwy^^\\, hommage à l'Académie,
au nom de M. Cnds, d'un Rapjjort
sur les travaux accomplis eu 1901
par la Commission brésilienne chiir-
gée de procéder à l'exploration des
sources principales du Javary 887
Hydrostatiqle. — Sur la formation des
gouttes liquides et la loi de Taie; par
MM. Â. Leduc el Sac er dote 9 5
MATIÈRES. i4oi
Pages.
— Sur la formation des gouttes liquides et
les lois de Taie; par xMiM. Ph.-J.
Giiret el F. -Louis Perrot 459
— Errata se rapportant à celle Commu-
nication 0510
— Sur la formation des gouttes liquides
et les lois de Taie; par MM. Ph.-A.
Guje el F. -Louis Perrot 6ii
— Sur la formation des gouttes liquides
el la loi de Taie; par MM. A. Leduc
et P. Sacerdote 73^
Hydrosulfites. — Synthèse des hydrosul-
files alcalins et alcalino-terreux anhy-
dres ; par M. H. Moissan 647
— Errata se rapportant à cette Commii-
niration 1084
Hygiène publique. — Sur le dosage de
l'oxyde de carbone et l'acide carbo-
nique dans les airs viciés; par M. Fer-
dinand Jean 746
— Rapport de M. Troost, concluant à dé-
cerner le prix Montyon (Arts insalu-
bles) pour 1902 à M. Claude Bou-
cher 1 234
I
Lnfectieuses (maladies). — Recherches
sur les Culicides de r.4lgérie ; par
M. H. Soulié u8
— Les moustiques el la lièvre jaune à la
Havane; par M. And'é Poey 193
— Traitement préventif de la clavelée;
sérum auticlaveleux; par M. F. -S.
Bosc !\o'i
— Contribution à l'élude des Anophèles
de l'isthme de Suez; par M. Cani-
boulin 704
Voir aussi Toxines, Vcinns.
Lait. — Variation de l'acide phosphoricpie
suivant l'âge du lait ; par MM. F. Bor-
das et Sis;, de Racikowski 3o>.
— De l'influence de l'écrémage sur la ré-
partition des principaux éléments
constitutifs du lait; par MM. F. Bor-
das el Sig. de Rnczkowskl 35 '1
— De la traite mécanique, dans l'iiuliis-
trie laitière; par M.>L F. bordas el
Si°. de Kaczkowski 371
LÉciTHiNE. — Sur la présence de la
lécilhine dans les végétaux; par
MM. Sihlagdenhaujfrn et Reeh -205
LuNK. — Sur la structure el l'histoire de
l'écorce lunaire : observations suggé-
rées par le cinquième et le sixième
fascicule de l'Atlas photographique de
la Lune, publié par l'Observatoire de
Paris; par MM. Lœ^vy el P. Pui-
seux 73
— Sur l'accéléralion séculaire de la lon-
gitude moyenne de la Lune; par
M. H. Andorer 432
l402
TABLE DES MATIÈRES.
M
Pa[;es.
Magnésium. — Sur les alliao;es de cuivre
et de magnésium; par J\l. O. Bnu-
clnunrd -q /
Magnétisme. — La déviation ma.i,'nélique
et électrique des rayons Becquerel et
la masse électromagni'tique des élec-
trons ; par M. (F. Knufnmnn 077
— M. Fraichet adresse le résumé d'un
travail « Sur la variation de résis-
tance magnétique d'un barreau de
traction » 53^
— Variation de la résistance magnétique
d'un barreau de traction ; par M. Frni-
<'het 685
Magnétisme terrestre. — La relaiion
entre les protubérances solaires et le
magnétisme terrestre; par Sir Nor-
man Lorkyer 3g/
— MM. B. Brunhcs et P. David soumet-
tent au jugement de l'Académie un
Mémoire intitulé : « Étude des ano-
malies du champ magnétique terres-
tre sur le Puy de Dôme » 1096
— Rapport sur ce Mémoire de MM. B.
Brunhes et David; par M. Bouquet
de la Grye 1 3oo
Manganèse et ses composés. — Alumi-
nato de manganèse Al^O'^Mn; par
M. Dufau ç)63
— Sur le dosage du manganèse; par
M. H. Baubig/iy q55
— Errata se rapportant à celte Commu-
nication 10S4
— Préparation des alcalis et du peroxyde
de manganèse; par M. H. Baubignr. 11 10
— Sur le métaphosphatemanganique vio-
let de Gmelin; par M. Ph. Barbier.. io54
— Sur un phosphate ammoniaco-mary-
conigraphe violet; par M. Ph. Bar-
bier 1,09
MÉCANIQUE. — Présentation d'un « Traité
de Mécanique rationnelle »; par M. P.
Appell 521
— Sur l'assemblage de deux corps; par
M. G. Kœnicrs 343
— Remarque sur un problème de Clebsch
sur le mouvement d'un corps solide
dans un liquide indéfini et sur le pro-
blème de M. de Brun; par M. fV.
Siekloff. 526
Pages.
— Sur le problème des brachisfochrones;
par M. H a ton de la Gnupillirre 61 4
— Quelques cas d'intégration de l'équation
des brachistochrones ; par M. Haton
de la GoiiplUière 6^7
— Sur un exemple de transformalion cor-
rélative en Mécanique; par M. Paid-
J. Suehar 679
— Sur la rupture et le déplacement de
l'équilibre ; par M. Jouguet 778
— Sur l'équivalence des systèmes diffé-
rentiels ; par M. E. Cartan 781
— Sur les quasi-ondes; par M. P. Du-
hem 761
— Sur les conditions nécessaires pour la
stabilité de Tcquilibre d'un système
visqueux; par M. P. Dulicm 939
— Sur la stabilité de l'équilibre et les
variables sans inertie; par M. P.
Duiteni 1 088
— Des conditions nécessaires pour qu'un
fluide soit en équilibre stable; par
M. P. Duhent 1 290
Voir aussi Balistique, Hydrostatiijur,
PJiy.siqite iiialliénialique.
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — U. L. FrcHcket
adresse im Mémoire portant pour litre:
« Méthode d'essai des métaux, basée
sur la variation de la réluclanre d'un
barreau de traction » 886
— M. Henri Fillard soumet au jugement
de l'Académie les résultats d'expé-
riences qu'il a effectuées avec de
grandes hélices à très iietiis pas.... 9î5
— M. le Secrétaire perpétuel signale un
Ouvrage intitulé : « La Mécanique à
l'Exposition de 1900 » 109G
— Rapport sur les travaux de M. Hart-
mann (concours du prix Montyon,
Mécanique, en 1902); par M. Mau-
rice Lévy 1 j 67
Voir aussi Carburateurs, Chaudières^
Elasticité, Bétons.
MÉCANIQUE CÉLESTE. — Propriétés d'une
certaine anomalie pouvant remplacer
les anomalies déjà connues dans le
calcul des perturbations des petites
planètes; par M. O. Callandreau. . . S
— Perturbations indépendantes de l'ex-
centricité; par M. Jean Mascart. . . . 1097
TABLE DES
Pages.
MÉDECINE. — Rapport de M. Bouchard
sur le concours des [>rix Monlyoïi
(Médecine et Cliirurgie) en 1902 .... 1208
— Rapports de M. Marey fit de M. Guron
sur le concours du prix Barbier on
1 902 1 2 1 3
— Rapport de M. Bonc/iard sur io con-
cours du prix Brc^ant en 1902 i2i3
Voir aussi P/iysio/ogie pat/iu/n<.^if/i/e,
T/ie'rt/pt'utique.
MÉTÉOROLOGIE. — Variations solaires et
météorologiques à courte période; par
Sir Norman Lockyer et fViUiain
Lockyer . 36 1
— Étude sur le climat de Toulouse, de
i863 à 1900; par M. B. Balllaud... 766
— Ouverture d'un pli cacheté, relatif à un
« Anémoscope électrique » ; par M. P.
Le Goaziou 5 1 6
Minéralogie. — Production artificielle du
rubis par fusion; par M A. Vcrnsuil. 791
— M. A, Dnhoin adresse une Note « Sur
MATIÈRES. i4o3
Pages,
la production du rubis par fusion » . 919
— Quelques observations minéralogiques,
faites sur les produits de l'incendie de
Saint-Pierre (Martinique); par M. A.
Lacroix j 068
Voir aussi Pétrographie, Cristallo-
graphie.
Mines. — Analyse de neuf échantillons
d'air recueilli dans les galeries d'une
mine de houille; par M. Nestor
Gréhant -726
— Remarques au sujet de cette Communi-
cation de M. Gréhant; par M. Haton
de la Gotipillièrr 768
MOLYBDÈNK ET SES COMPOSÉS ^ — Sur les
oxalomolybdites; par M. Bailhache.. 86'.
— Errata se rapportant à cette Communi-
cation 108 4
Mo.VNAiES. — M. Troost est réélu membre
de la Commission de contrôle de la
circulation monétaire au Ministère
dos Finances 1081
N
Navigation. — Sur la cavilation dans les
navires à hélices; par M. J.-A. Nor-
man 6G2
— S. A. le Prince de Monaco fait hom-
mage à l'Acailémie d'un Volume ayant
pour titre : « La carrière d'un navi-
gateur, par Albert P"", Prince de Mo-
naco » 726
— Rap[>orlsur le concours «lu prix extra-
ordinaire de six mille francs; par M.
Bouquet de la Grye " 1 16 3
o
Observatoires. — Sur les travaux de
cette année, à l'Observatoire du som-
met du mont Blanc; par M. 7. Jans-
sen 34 I
— Sur les récentes publications émanant
de l'Observatoire de Paris : Catalogue
stellaire (IV Part.); Catalogue pho-
tographique (I*^' Vol.); Annales^ Ob-
servations de 1898; Mémoires
(T. XXIII); Bulletin du Comité inter-
national (T. lil): par M. Lœwy 824
Optique. — La lumière noire et les phé-
nomènes aclino-électriques; par M. G.
— Rapports sur le concours du prix Di-
noux 1 1 74
Navigation aérienne. — Voir Aéronau-
tique.
Nominations. — M. Bouvier csi élu Mem-
bre de la Section d'Anatomie et Zoo-
logie, en remplacement de M. Fil-
hol. 21
— M. Deslaiidrcs est élu Membre de la
- Section d'Astronomie, en romplace-
meîit de M. Faye 945
Le Bon 35
— Sur la biréfringence magnétique; par
M. Qui ri/10 ÏMajorana 1 59
— Sur le dichroïsme magnétique; par
M. Quirino Majnrana 235
— Sur une nouvelle méthode de mesure
optique des épaisseurs; par MM. /.
Macé de Lépinay et H. Buisson. ... a83
— Réflexion de la lumière sur un miroir
de fer aimanté perpendiculairement
au plan d'incidence; par M. P. Cnin-
man 28G
— M. Foveau de Courniclles adresse une
i4o4
TABLE DES MATIERES.
Pages.
Note sur « Les énergies pholochimi-
ques comparées de diverses sources
lumineu;;es » 216
— M. E. Deldtour adresse un Mémoire
relatif à un « Appareil de poin-
tage » 25-7
Voir aussi Photogrnpliw, Sjiectroscnpie,
Rayo/is X, Vision, Physique mathé-
matique.
Oxygène. — Sur les impuretés de l'oxy-
gène comprimé et sur leur rôle dans
les combustions opérées au moyen
de la bombe calorimétrique ; par
M. Berthflot
Pages.
821
Paléontologie. — Les figurations préhis-
toriques de la grotte de La Moulhe
(Dordogne); par AL Emile Rivière. . -^.65
— Sur un Carnassier gigantes(iue trouvé
dans l'argile plastique d(3 Vaugirard,
près de Paris; par M. MarcelUn Boule. 543
— Recherches paléonlologiques en Pata-
gonie; par M. An Iré Tournowr . . . . 540
— M. Albert Griurlry fa\l hommage à l'A-
cadémie d'un Opuscule intitulé :
« Recherches paléonlologiques de
M. André Tournouër qi\ Palagonie ». 619
— Sur l'origine et la dispersion géogra-
phique du Lngomys corsicanus ; p.ir
M. Ch. Depérel 884
— Sur quelques nouveaux infusoir(\s lus-
siles; par M. B. Renault 1064
— M. Zanihdco-Pat ha fait hommage
d'une brochure intitulée : « Les mo-
numents mégalithiques de l'Atmori-
que et leurs sculptures lapidaiies ». . 770
— Rapport de IM. Albert Gaudr) , con-
cluant à décerner le prix Jérôme Ponti
pour 1902 à IM. André Tmirnoucr.. ii\i
Voir aussi Botanique fossUe.
ParthÉinogenése. — Influence de la tem-
pérature sur le développement parthé-
nogénétique; par M. C. Viguier. . . . 60
— Sur la parthénogenèse artificielle; par
M. C. Viguier 197
— L'acide carbonique comme agent de
choix de la parthénogenèse expé-
rimentale chez les Astéries; par
M. y ces Delage 670
— Sur le mode d'action de l'acide c.irbu-
nique dans la parthénogenèse expéri-
mentale ; par M. Yves Delage 6o5
Pathologie animale. — Traitement local
des localisations du rhumatisme; par
M. Ch. Bouchard r6
— Hémoglobinurie d'origine musculaire ;
par MAL Jean Camus et P. Pagnirz.
325 et 1010
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication 076
' — Sur la difficulté d'isoler le Bacteriuni
coli normal dans la dysenterie colo-
niale; par M. Lcsagc jo3
— Le Nagana et le Mal de caderas sont
deux entités morbides bien distinctes;
par MM. A. Lavemn et F. Mesnit . . 838
Voir aussi Physiolagie pathologique.
Toxines, Infectieuses {m/dadies).
Pathologie végétale. — Les périthèces
du Rosellirda nccn(rix\ par M. Ed.
PrilUeux 1-^
— De l'immunisation de la Laitue contre
le Meunier; par M. E. Marchai 1067
— Sur une forme conidienne du Champi-
gnon du Black-rot; par M. G. Dela-
cioix 1 372
Voir aussi Viticulture.
Pendule. — Ouverture d'un pli cacheté
relatif à l'expérience du pendule de
Foucault; par M. P. Le Gonziou.. .. 545
— Pendule de Foucault simplifié; Note de
M. (ïArsonvnl 832
— M. Aug. Corel adresse deux Notes,
SHr un mode de suspension du pen-
dule, et sur un projet de pendule de
Foucault « à force vive » 919
Pesanteur. — La pesanteur le long du
parallèle moyen; par M. J. Collet. . . 774
et 956
— M. Le'on Silhol adresse un travail por-
tant pour litre : « Déviation de la pe-
santeur sensible avec l'altitude seule ». 357
Phénols. — Sur un nouveau phénol
diiodé; par M. P. Brenans 177
Phonographes. — Reproduction, en nom-
bre illimité, de phonogrammes en
cire, pour musées phonographiques,
par le moulage galvanoplaslique. Pro-
cédé par fusion et procédé par com-
pression et chaleur combinées; par
M. L. Azoulay 879
TABLE DES MATIERES.
i4o5
Pages.
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication 10 '6
Phosphates. — Sur le métaphosphate man-
ganique violet de Gmelin ; par M. Ph.
Barbier io54
— Sur un phosphate ammoiiiaco-manga-
nique violet; par M. Pli. Barbier... 1109
Phosphore. — Sur l'émanation du phos-
phore ; par M. Eugène Bloch 1 324
PnospnoRîQUES (acides). — Transforma-
tion de l'acide pyrophosphorique en
acide orthophosphorique; par M. H.
Giran 9^"
— Étude thermique de l'acide métaphos-
phorique ; par M. H. Giran i333
Photographie. — Argenture du verre et
daguerréotype ; par M. Izarn ■i\o
— M. ^iig. Berthier adresse une Note
intitulée : « Photogra|)hie électroly-
tique; nouveau procédé physique
pour obtenir des images photogra-
phiques » 1042
— Sur une chambre noire pour la photo-
graphie trichtome; par M. Prieur. . . 1048
Physiologie animale. — Sur la cause des
colorations changeantes des tégu-
ments ; par M. H. Mandoul 65
— L'élaboration du zymogène dans les
glandes gastriques de la s'x'^kx^ Berus ;
par M. L. Luunoj igS
— La spermatogenèse chez le Cybisier
Rosellii; par M. D.-N. Voïnnv 201
— La sécrétion interne du testicule chez
l'embryon et chez l'adulte; par
M. Gustave Loixel 25o
— Sur une nouvelle forme de la sensibi-
lité tactile : la trichesthésie; par
MM. N. Fascliide et P. llnusseau . . . aSg
— Nouvelles contributions à la physiolo-
gie des leucocytes; par M\L H. Stas-
sano et F. BilLon 822
— Sur le centre nerveux qui innerve la
périphérie du manteau chez K^Pecten;
par M. Louis Bnutan 587
— L'excrétion chez les crustacés supé-
rieurs ; par M. L. Bruntz 589
— De la nature des courants électriques
du nerf; par M. N.-E. [Vedensky.. . 804
— Rôle de la fonction adipogénique du
foie chez les Invertébrés; par M"'' C.
Deflandre 807
— Le cœur à l'état normal et au cours de
la grossesse; par MM. Cit. Bouchard
et Balthuzard gS i
C. H., 1902, a» Semestre. ( T. CXXXVO
Pages.
— L'excrétion chez les Cirripèdes; par
M. L. Bruntz 987
— Rapport du poids du foie au poids total
de l'animal ; par M. E. Maurel 1002
— Sur l'évolution de l'acrosome dans la
spermatide du Nolonecle; par MM./.
Pantel et R. de Sinéty 1 124
— La téléomitose chez VAmœbn Gleiche-
nii Dujard; par M. P. -A. Dangeard. 11 2G
— M. Raphaël Dubois adresse une Note
« Sur le mécanisme intime de la fonc-
tion photogénique; réponse à M. Ja-
mex Dcivar » 636
— Rapport de M. Giard, concluant à dé-
cerner le prix Godard pour 1902 à
M. G. Loisel 1216
— Rapport de M. Morey sur le concours
du prix Lallemand en 1902 1216
— Rapport de M. fi. Perrier, concluant
à décerner le prix Philipeaux pour 1 902
à M. Pierre Ronnier 1221
~ Rapport de M. E. Perrier^ concluant
à décerner le prix Serres pour 1902
à M. Paul Marchai 1222
— Rapport de M. Chameau., concluant à
décerner le prix Pourat pour 1902 à
M. J. Tissot i23i
— Rapport de M. Marey., concluant à dé-
cerner le prix Martin-Damouretîe
pour 1902 à M. //^. Blondel de Joi-
gny 1 23 1
Voir aussi Biologie, Parthénogenèse,
Sang, Vision.
Physiologie expérimentale. — De l'in-
fluence de la choline sur les sécrétions
glandulaires; par M. A. Desgrez 'Si
— Sur l'évolution delà rondelle crânienne
détachée par le trépan et immédiate-
ment réimplantée; par MM. F. Cor-
nil et Paul Coudray 191
— Production du sommeil et de Fanes-
thésie générale et locale par les cou-
rants électriques; par M. Stéphane
Leduc 199
— Sur le rôle de la rate dans la fonction
hématolytique; par M. Louis Lapic-
que io3
— Sur la ligature de l'extrémité appendi-
culaire du cœcum chez le Cercopithc-
cus cephus Erxl; par M. Jean Mau-
mus 248
— Recherches expérimentales sur la con-
servation du potentiel musculaire dans
une atmosphère d'anhydride carbo-
i83
i4o6
TABLE DES MATIERES.
Pages,
nique; par M. Lhotak de Lhnta 348
— Les excitants et les [toisons du nerf;
par M. N.-E. fVedenshy 584
— Effets de l'excision du madréporile
chez les Astéries; par W. Y. Délasse. 841
— Observations à propos des injections
physiologiques; par M. Yves Délace. 936
— Production du sommeil et de l'anesthé-
sie générale par les courants électri-
ques; par M. Stéphane Leduc 878
— Sur la formation des anticorps dans le
sérum des animaux vaccinés; par
MM. J. Calmette et E. Breton ici 3
— Sur la mue, l'excrétion et la variation
du rein chez des Poules carnivores de
seconde génération; par M. Frédéric
Houssay 1061
— Variations organiques chez les Poules
carnivores de seconde génération; par
M. Frédéric Houssay 1357
— MM. Th. Simon et J.-Ch. Roux adres-
sent une Note « Sur un nouvel ergo-
mètre « 545
Physiologie pathologique. — Sur la coc-
cidie trouvée dans les reins de la Ra-
na esculenta et sur l'infection géné-
rale qu'elle produit; par MM. A. La-
veran et F. Mesnil 82
— Nature parasitaire (Oo,v/7om) de cer-
taines dégénérescences calcaires, de
quelques tumeurs inflammatoires et
de lésions spéciales du squelette; par
MM. A. Charria et G. Delamare . . . 255
— Recherches physiologiques sur les
effets de la smypathicectomie cervi-
cale; par MM. Moussu et Chatrin. . . 1008
— Les maladies de la déminéralisation
organique. Anémie plasmatique; par
M. Albert Robin 1 143
Voir aussi Fenins, Infectieuses {main'
dies), Urologie.
Physiologie végétale. — Influence de
l'acide sulfocyanique sur la végétation
de VAspergillus niger; par AI. A.
Fernbach 5 1
— Sur la conservation du pouvoir ger-
minatif des graines; par M. L. Ma-
quenne 208
— Observations sur la durée germinative
des graines; par M. Jules Poisson. . . 333
— Sur la durée germinative des graines
exposées à la lumière solaire; par
M. yictnr Jodin 4^3
— De la spécialisation du parasitisme
Pages,
chez V Erysiphe graminis ; par M. Em.
Marchai 210
— Démonstration expérimentale de la dé-
composition de l'acide carbonique
par les feuilles insolées; par MM. P.-
P. Dehérain et E. Demomsy a74
— Recherches sur l'assimilation chloro-
phyllienne des feuilles dont on éclaire
soit la face supérieure, soit la face
inférieure; par M. Ed. Griffon 3oS
— Sur la double fécondation chez les Cru-
cifères ; par M. L. Guignard 497
— Sur l'utilisation des principes minéraux
par les plantes greflees; par MM.Z,«-
cien Daniel et P. Thomas 5 09
— Expériences sur la germination des
grains de pollen en présence des
stigmates; par M. Pierre-Paul Ri-
cher 634
— Observations sur la germination des
spores du Saccharomyces Lud^'igii;
par M. A. Guilliermond 708
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication 920
— Conditions physiques de la tubérisalion
chez les végétaux; par M. Noël Ber-
nard 706
— Sur la variation des réserves hydrocar-
bonées dans la tige et la racine des
plantes ligneuses; par M. Leclerc du
Sablon 866
— Influence des matières organiques sur
le développement et la structure ana-
tomique de- quelques Phanérogames;
par M. Jules Laurent 870
— De l'action interne du sulfate de cuivre
dans la résistance de la pomme de
terre au Phytophthora infestnns; par
M. Emile Laurent 1040
— Formation de la chlorophylle, dans
l'air raréfié et dans l'oxygène raréfié;
par M. Jean Frirdel io63
— Expériences sur la durée du pouvoir
germinatif des graines conservées dans
le vide; par M. Emile Laurent 1091
— Sur le pouvoir germinatif des graines
exposées à la lumière solaire; par
M. Emile Laurent 1296
— La maturation des graines et l'appari-
tion de la faculté germinative; par
M. P. Mazé ii3o
— Sur la photosynthèse en dehors de l'or-
ganisme; par M. Luigi Macrhiati . . . 1128
— Influence de l'aldéhyde formique sur la
TABLE DES
Pages.
végétation de quelques Algues d'eau
douce; par M. Raoul Bouilhac 1869
Voir aussi Biolngie, Chimie vef^etnle.
Pathologie 'végétale.
Physique du globe. — Le tir des fusées
paragrôles; par M. E. Vidal g-i
— M. J. Bulnndiade adresse une Note
relative à des « Bombes et fusées pa-
grôles » 943
— Sur la consUlution du sol sous-marin;
par AL /. Thoidet 2i5
— M. le Secrétaire perpétuel signale
r « Allas bathymétrique et lithologi-
que des côtes de Fiance, par M. /.
Thoulet » 369
— La vérification do la loi des hauteurs
barométriques; par M. fV. de Fou-
vielle 335
— M. le Secrétaire perpétuel signale une
Lettre de M. Hergesell relative aux
résultats obtenus au moyen des bal-
lons-sondes 6'2o
— M. le Ministre de l'Instruction publi-
que transmet à l'Académie un Mé-
moire de i\L Ryder, résumant les
études entreprises sur les courants
entre la Norvège, l'Éco.sse et le Gro-
enland 67 1
— Sur le courant et le littoral des Landes ;
par M. L.-A. Fabre 1 134
— Sur les lueurs crépusculaires récentes;
par M. Perrotin 724
— Sur les récentes lueurs crépusculaires
observées à Bordeaux; par M. E. Es-
clangon 846
— Sur les crépuscules rouges observés à
Athènes dans les mois d'octobre et do
novembre 1902; par M. D. Eginiiis. 1080
— Sur le rôle des tourbillons dans réro-
sion éolienne ; par M. Jea/i Brunhes . 11 82
Voir aussi Magnétisme terrestre, Mé^
téorulogie, Tremblements de terre,
MATIÈRES. 1407
Pages.
Volcaniques (^Phénomènes), Hydro-
logie.
Physique mathématique. — Réflexion et
réfraction par un corps transparent
animé d'une translation rapide : équa-
tions du mouvement et conséiiuences
générales; par M. J . Boussinesq . . . . 220
— Réflexion et réfraction par un corps
transparent animé d'une translation
rapide : ondes réfléchies et réfractées;
amplitude des vibrations; par M. /.
Boussinesq ^69
— Réflexion et translation par un corps
animé d'une translation rapide : con-
struction des rayons, indépendante de
la translation, et rotation, paraissant
au contraire en dépendre, du plan de
polarisation du rayon réfracté; par
M. J. Boussinesq Sog
— Extension du Principe de Fermât, sur
l'économie du temps, au mouvement
relatif de la lumière dans un corps
transparent hétérogène, animé d'une
translation rapide; par M. /. Bous-
sinesq 465
— Démonstration générale de la construc-
tion des rayons lumineux par les sur-
faces d'onde courbes; par M. J. Bous-
sinesq 559
— Sur une conséquence de la théorie
cinétique de la diffusion; par M. /.
Thoverl ". . . 579
— iM. R. Legouez adresse un Mémoire
« Sur une extension de la théorie ana-
lytique de la chaleur de Fourier au
cas de la congélation » 846
Prix décernés par l'Académie. — Tableau
des prix décernés en 1902 1269
— Rapports snr les prix décernés • . 1 154
Prix proposés par l'Académie. — Tableau
des prix proposés en 1902 1271
— Tableau, par année, des prix proposés. 1273
R
Radioactifs (Corps). — M. Th. Tomma-
sina adresse une Note « Sur les
charges oscillantes des surfaces radio-
actives » 545
— La déviation magnétique et électrique
des rayons Becijuerel et la majse élec-
tromagnétique des électrons; par
M. W. Kauffniann 677
— Sur la constante de temps caractéris-
tique de la disparition de la radioac-
tivité induite par le radium dans une
enceinte fermée; par M. P. Curie. . . 85 j
Radium. — Sur le poids atomique du
radium ; par M'"* Curie 161
Rayons X, ou Rayons Rontgen. — Sur le
mode de formation des rayons calho-
i4o8
TABLE DES MATIERES.
Pages.
diques et des rayons de Rontgen ; par
M. Th. Tonimnsina Sig
A propos de la Note précédente de
M, Th. Toramasina; par M. JuUs
Semcnnv 457
Sur la vitesse de propagation des
rayons X; par M. R. Blondlnt 666
Sur l'égalité de la vitesse de propagation
des rayons X et de la vitessi; de la
lumière dans l'air; [)ar M. R. Blon-
dlot 72 1
Errata se rapportant à ces Communi-
cations 920
Pages.
Observations et expériences complé-
mentaires, relatives à la détermina-
tion de la vitesse des rayons X. Sur
la nature de ces rayons; par M. R.
Blondlot 763
Sur la vitesse avec laquelle les diffé-
rentes variétés de rayons X se pro-
pagent dans l'air et dans différents
milieux; par M. B. Blondlot 1293
Sur l'analogie entre les rayons X et
les oscillations hertziennes; par M. P.
Diihcm 845
S
Sang. — Disparition des éihers dans le sang
in vitro; par MM. Maurice Doyon et
Albert Morel. 54
— Résislivités électriques de sérums san-
guins pathologiques etd'é[)anchemenls
séreux chez l'homme ; par MM. Lesnge
et Dongier 111
— Sur l'.fcide glycuroniqiie dans le sang du
chien; par MM. R. Lépine ei Bouli/d. 139
— Variations de l'iode du sang; par
MM. £. Glej et P. Bourcet i85
Sections DE l'Académie. — Liste de can-
didats présentés pour la place vacante
par le décès de M. Faye, dans la
Section d'Astronomie : i" M. Bigour-
dan; 1° MM. Andoyer, Deslandres,
Hamy, Puiséux 920
Silicium et ses composés. — Préparations
et propriétés d'un siliciure de
vanadium; MM. Moissan et Holt. ... 78
— Étude du siliciure de cérium; par
M. Sterba 1 70
— Sur les combinaisons du silicium avec
le cobalt, et sur un nouveau siliciure
de ce métal ; par M. P. Lebeau 475
— Préparations et propriétés d'un nou-
veau siliciure de vanadium; [tar
MM. H. Moissan et Holt 493
— Sur une nouvelle préparation de l'hy-
drure de silicium Si^ 11"^ ; par M. Henri
Moissan 1 284
Soleil. — Variations solaires et météoro-
logiques à courte période; par Sir
Norman Lockyer e t William Lockj er. 36 1
— La relation entre les protubérances
solaires et le magnétisme terrestre;
par Sir Norman Lockyer 364
— Observations du Soleil faites à l'Obser-
vatoire de Lyon pendant le premier
trimestre de 1902; par M. /. Guil-
laume 523
— Observations du Soleil pendant le
deuxième trimestre de 1902; par
M. /. Guillaume 674
— Observations du Soleil, pendant le
troisième trimestre de 1902: par
M. /. Guillaume 887
Solennités scientifiques. — MM. G.
Darboux %\, E. Picard sont désignés
par l'Académie pour la représenter
aux fêtes du centenaire du mathé-
maticien N.-H. A bel 146
Spectroscopie. — Sur l'action de la self-
induction dans la partie ultra-violette
des spectres d'étincelles; par M. Eu-
gène Néculcéa 25
— Action dissociante des diverses régions
du spectre sur la matière; par
M. Gustave le Bon 32
— Sur les spectres de flammes ; par
M. C. de ff'attevilte 1 329
Statistique. — Rapports sur le concours
du prix Montyon (Statistique) en 1902. 1 178
— Ouverture d'un pli cacheté indiquant
M. Cassedebat comme l'auteur d'un
Mémoire qui a obtenu une Mention
honorable à ce concours 1 3oi
Sucres. — Sur le gentiobiose : prépara-
tion et propriétés du gentiobiose
cristallisé; par MM. Em. Bourquelot
et H. Hérissey 290
— Action des ferments solubles et de la
levure haute sur le gentiobiose. Re-
marques sur la constitution du gen-
TABLE DES MATIERES.
Pages.
1409
Pages.
lianose; par MM. Eni. Bourquclot et
H. Hérissf.y 099
— Sur une nouvelle base dérivée du ga-
lactose •, par M. E. Roux 691
Tanin. — Méthode de dosage voluiné-
trique du tanin el analyse des bois
et extraits tanniques; par M. Albert
Thnmj)snn G89
TÉRATOLOGIE. — Un nouveau genre de
Téralopage, les Hypogaslropages de
type opérable; par M Marcel Bau-
douin 812
Thallium et ses composés. — Sur le
chlorure thallique; par M. V. Tho-
mas I o5 1
— Errata se rapj;oriatit à cette Coiiiinii-
nication i-ij^'
Thérapeutiqi'E. — Traitement l'Cal des
locali-ations du rliinnatisinc ; par
M. Ch. Bouchard iG
— Recherches expérimentales sur l'adré-
naline; par MM. Ch. Bouchard et
Henri Claude 928
— La cryogénine dans les fièvres; par
M. Carrière i 382
Voir aussi Infectieuses {Maladies).
Ther.mochi.mie. — Sur l'hydratation de
l'oxyde de zinc; par M. de Forrraad. 36
Thermoélectricité. — Force élerlromo-
trice d'un élément de pile thermo-
électrique; par M. P"«.vo/ 68G
— Remarque au sujrt de cette Note de
M. Ponsot; [)ar M. H. Pellat 733
— Sur le phénomène de Hall et le pou-
voir thermo-électrique; par M. Ed-
mond van Aubel 786
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication 1016
Thermométrie. — Méthode pour évaluer
les temj)ératures dans Téchelie ther-
modynamique centigrade ; par Vi.Pon-
soi 954
Toxines. — Toxine tétanique; observa-
tions de la résistance électrique et de
l'indice de réfraction; par MM. Don-
gier et Lesage 3v9
Tremblements de terre. — M. le Minis-
tre de r Instruction publifjue invile
l'Académie à lui faire connaître son
avis, au sujet de la création d'une "
Union internationale sismo!o,uique. . 343
— Le tremblement de terre de Salinnpie;
par M. Christomanos 5 1 5
— Sur les causes générales d'insla!41ilc
sismique dans l'Inde; par -M. b\ de
Montessus de Batlore 698
— M. de Saintis^non adresse un travail
intitulé : « Sur les tremblements de
terre; le mouvement difterentit-l »... 619
— M. le Ministre de P Instruction publi-
qiie transmet une Lettre relative à un
tremblement de terre dans l'ÉLat de
Soiith Australia 770
— M. L. Qnssuin adresse une Note sur
un tremblement de terre à Busselino
(Italie) 9'9
Tuberculose. — M. Guerder adresse un
Mémoire inlilnlé : « Étude clinique
sur une antitoxine tuberculeuse. Ré-
sultats thérapeutiques dans les tuber-
culoses localisées » 886
u
Uranium et ses composés. — Quehiues
observations sur l'oxyde uraneux: par
M. OEchsner de Coninck 900
Urologie. — Sur la mannite, les azotates
et les alcaloïdes des urines normales;
par M. S. Dombrowshy 244
— Hémoglobinurie musculaire; par MM.
Jean Camus el P. Pagniez. 325 et 1010
— Errata se rapportant à la première
Communication 3^6
i4i o
TABLE DES MATIERES.
Pages.
Vanadium. — Préparation et propriétés
d'un siliciure de vanadium; par
MxM. H. Muissan et H oit 78
— Préparation et propriétés d'un nou-
veau siliciure de vanadium; par
MM. H. Moissan et Holi 490
Venins. — Sur les principes actifs du
venin de crapaud commun (Bufo
vulgaris L. ); par MM. C, Phisalix et
Gab. Bertrand 4^^
— Étude comparée de l'hématolyse par
les venins chez le chien et le lapin;
par M. C. PhisdUx 9.57
— Sur l'existence d'une kinase dans le
venin des serpents; par M. C. Dcle-
zrnne 328
— Sur raclion proléoly tique des venins;
par M. L. Launoy 4of
— L'élaboration du vénogène et fin venin
dans la glande parotide de la T'ipera
Aspis; par M. L. Launoy 53ç)
Vins. — Sur la guérison de la casse des
vins i)ar l'addition d'acide sulfureux;
par M. y. [.aborde 116
— Sur un procédé de concentration des
vins; par MM. Baudoin et Schri-
baux 263
— Sur des procédés de concentration de
liquides alimentaires, et particulière-
ment du vin; par M. F. Garrigou. .. 369
— Résultats physiques, chimi(iues et pra^
tiques cie la concentration du vin; par
M . F. Garrif^ou ^07
— Procédé de dosage de la glycérine dans
le vin; par M. J. Trlllai goS
Vision. — Inhibition produite par voie
d'interférence, sur la rétine; par
M. Aug. Charpe/itier 56
— Appareil pour déterminer la durée des
impressions lumineuses sur la rétine;
par M. Maurice Dupont 876
ViTicuLTURrî. — Sur un nouveau procédé
pour la destruction de la pyrale et
d'autres insectes nuisibles; par
MM. Fer mord et Gastine 66
— Sur le traitement du Black-rot; par
M. J. Prunrt 1 20
— Sur la possibilité de combattre par un
même traitement liquide le mihJew et
l'oïdium de la Vigne; par M. J.-M.
Pages,
Guillon 261
— M. Th. Drsconips adresse une Note
sur le « Black-rot atmosphérique » . . 5 16
— Sur la préparation d'un soufre pulvéru-
lent directement miscible aux bouil-
lies cu[)riques. et sur l'efficacité d'un
traitement simultané des vignobles
contre l'oïdium et le mildew; par
MM. M. et J. Campa^rne 8 14
— Sur rap[)lication des engrais chimiques
à la cultuie de la Vigne dans les
terrains calcaires des Charcutes; par
MM. J.-M. Guidon et G. Gouirand . 1076
Volcaniques (phénomènes). — Sur l'é-
rupiion volcanique du 8 mai à la
Martinique ; par M. Thierry 71
— Extrait d'une lettre relative à la Mission
de la Martinique; par M. A, Lacroix. 147
— Phénomènes observés à Zi-Ka-Wei
(Chine) lors de l'éruption de la Mar-
tinique ; par M. de Moidrey 822
— Sur l'éruption de la Martinique; par
MM. A. Lacroix, Rollet de l'Isieei
Giraud 377 et 419
— Errata se rapportant à ces Connnuni^
cations 464
— Sur les roches rejelées par l'éruption
actuelle de la Montagne Pelée; par
^\. A. Lacroix 4^1
— Les enclaves des andésites de l'éruption
actuelle de la Montagne Pelée; par
M. A . Lacroix 470
— M. le Ministre de r Instruction publi-
que transmet à l'Académie une Lettre
concernant l'éruption volcanicpie sur-
venue à l'île Torishinia (Japon).... 620
— Nouvelles observations sur les érup-
tions volcaniques de la Martinique ;
par M. A. Lacroix 672
— Sur l'état actuel du volcan de la Mon-
tagne Pelée à la Martinique; par
M. A. Lacroix 771
— État actuel du volcan de la Martinique;
par M. A. Lacroix 992
— Nouvelles observations sur les érup-
tions volcaniques de la Martinique;
par M. A . Lacroix i3oi
— Sur la présence de l'argon, de l'oxyde
de carbone et des carbures d'hydro-
gène dans les gaz des fumerolles
TABLE DES MATIERES.
l4l 1
Pages.
du Mont Pelé à la Martinique; par
M. Henri Moissan io85
— Sur l'âge des formations volcaniques
anciennes de la Martinique; par M. J.
Giraud 1 377
— M. Cipriani adresse une nouvelle Noie
relative aux volcans
M. André Poey adresse une Note inti-
tulée : « Rapport entre les érup-
tions volcaniques, les tremblements de
terre, etc. et les taches solaires » . .
Pages.
463
Zinc et ses composés. — Sur les proprié-
tés et la constitution des peroxydes
de zinc; par M. de Forcrrind io3
Zoologie. — Sur l'évolution des forma-
tions branchiales chez le Lézard et
l'Orvet; par MM. Prenant et Soint-
Rémy 62
— Sur la coccidie trouvée dans les reins
de la Rann esndentn et sur l'infection
générale qu'elle produit; par MM. J.
Laveran et F. Mesnil 82
— Sur les Hématozoaires des Poissons
marins; par MM. A. Laveran et F.
Mesnil 567
— Sur un Cérianthaire pélagique adulte;
par M. Ch. Gravier Sgi
— Sur quelques Protozoaires parasites
d'une Tortue d' Asie (Damonia Rrc-
f>esii)\ par MM. ^. Lacer an et /'.
Mesnil 609
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication 716
— Contribution à l'Étude des Anophtlcs
de l'isthme de Suez; par M. Cambou-
liii 70 4
— Au sujet de deux Trypanosomes des
Bovidés du Transvaal; par M. J. La-
veran 717
— Sur des formes nouvelles ou peu con-
nues de Rhabditis ; par M. An};-
Michel 907
— Sur le genre nouveau Gyrinocheilas,
de la famille des Cyprinldœ ; par
M. Léon Vaillant 702
Sur la faune ichthyologique des eaux
douces de Bornéo; par M. Lénn
Vaillant 977
Sur les Poissons du genre Chondros-
tome, dans les eaux douces de la
France ; par M. Louis Roule 980
- Sur les Annélides polychètes d'i^au
douce; par .M. Ch. Gravier 984
- Sur le dévelot)pement des Péripatidés
de l'Afrique australe; par M. E.-L.
Bouvier io33
- Sur quelques Ilémogrégarines des
Ophidiens; par M. A. Laveran io36
• Grégarine cœlomique chez un Coléop-
tère; par M. L.-F. Blanchard 1 123
■ Les otocystes des Annélides PolyChè-
tes ; par M. Pierre Fauvel 1 362
- Sur des émissions nucléaires obser-
vées chez les Protozoaires; par
MM. J. Conte et C. Vaacy i365
- L'organisation du Treponionas agilis
Dujardin; par M. P.- A. Dangeard.. i366
- Rapport de M. Giard, concluant à dé-
cerner le prix Thore pour 1902 à M.
R. de Sinéty, pour ses « Recherches
sur les Phasmes » i2o5
Voir aussi Anatomie animale. Biologie,
Embryogénie, Parthénogenèse) Phy-
siolosie animale.
TABLE DES AUTEURS.
A
MM. Pages.
ADUÉMAR (R. I)'). — Sur l'inlégralidii
d'une éqiialion aux dérivées partielles
du second ordre, du type liy[)erbo-
lique, à plus de deux variables indé-
pendantes 1 lOO
ALBERT P'', Prince de Monaco, l'ail hom-
mage à l'Acadéaiie d'un Volume ayant
pour titre : « La carrière d'un navi-
gateur » 72G
ALLARD (G.)- — Sur la présence de la
volémiie dans quelques Primuiacées.
(lin commun avec M. Bou^i^auli?). . . . 796
ALLIOT (Henri). — Sur une nouvelle
preuve de la résistance cellulaire des
saccliaromyces, et sur une nouvelle
application de cette propriété à l'in-
dustrie de la distillerie 4 >
ANDOYERiH.). — Sur l'accélération sécu-
laire de la longitude moyenne de la
Lune 4^2
— Prie l'Académie de le comprendre
parmi les candidats à la place vacame,
dans la Section d'Astronomie, p.u- le
décès de M. Ftiye 8_i()
— Est porté sur la liste des candidats pré-
sentés par la Section 920
ANDRÉ (G.). — Sur la nature des com-
posés azotés qui existent dans le sol
à différentes hauteurs i353
APPELL (P.). — Rapport sur un Mémoire
de M. Torres, concernant un avant-
projet de ballon dirigeable 141
— Présentation de la lin de son Tidité de
Méccirtiquc nilionnclle 5ii
— Est élu membre de la Commission
d'aéronautique 715
MM. Pages.
ARCHAMBAULT adre^^e ime Note sur un
projet d'appareil de sûreté contre les
tamponnements des trains de chemins
de fer 268
ARSONVAL (d'). — Pendule de Foucault
simiilifié 83^
AU15EL ( Edmond van ). — Surla résislam e
électrique des corps peu conducteurs,
aux très basses températures 4^6
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication 640
— Sur la résistance électi'ique du sulfure
de plombaux très basses températures. 784
-- Sur le phénomène de Hall et le pouvoir
thermo-électrique 786
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication 1016
AUBRUN. — Un prix Laplace lui est
attribué i ii43
— Un prix Rivot lui est attribué r245
AUlUC. — Sur la généralisation des frac-
lions continues gn)
AUTONNE (Léon). — Sur un groupe
nouveau, d'ordre fini, linéaireàquatre
variables .ix
— Sur les substitutions crémoniennes
dans l'espace 776
AZOULAY (L.). — Reproduction en
nombre illimité des phonogrammes en
cire, pour musées phonograpliiques,
par le moulage galvanoplastique. Pro-
cédé par fusion et procédé |>ar com-
pression et chaleur combinées 879
— /:>/v//c/ se rappoi tant à cette Commu-
nication 1016
C. H., 1902, 2» Semestre. ('!'. CVWN.)
l^^l
i4i4
TABLE DES AUTEURS.
B
MM. Pages,
BAILHACHE. — Sur les oxalomolybdiles. 86^
— Errata se rapportant à cette Com mu-
cation 1084
BAILLAUD (B.). — Sur la surface focale
principale de l'objectif de l'équatorial
photographique de l'Observatoire de
Touluuse. (En commun avec M. Mon-
tan^erancl.) 449
— Étude sur le climat de Toulouse, de
i8G3 à 1900 766
BALLAND adresse une Note « Sur les prin-
cipales plantes fourragères » 54^
— Sur quelques Graminées exotiques
employées à ralim(>nlation {Elensine
paspale, Pénicilliairc, Sorglio, Tfj).. 1079
BALOiNDRADE (J.) adresse une Note rela-
tive à des « Bombes et fusées para-
grêles » 945
BALTHAZARD. — Le cœur à l'état normal
et au cours de la grossesse. (En com-
mun avec M. Ch. Bouchard.) 93 i
BARBIER (Ph.). — Sur le métaphosphale
manganique violet de Gmelin io54
— Sur un phosphate ammoniaco-manga-
nique violet 1 109
BARBIERI (N. -Alberto). — Essai d'ana-
lyse immédiate du tissu nerveux 246
BARILLÉ (A.). — Errata se rapportant à
une Communication du 28 juin 1902,
sur l'analyse du poivre de Kissi 128
BARILLET (C-L.). — Sur les électrodes
bipolaires. (En commun avec M. J.
Brochet . ) 834
— Sur les électrodes bipolaires à anode
soluble. (En commun avec M. André
Brochet.) 1049
BARBILLON. — Un prix Rivot lui est
attribué 1243
BASSOT présente à l'Académie le Volume
de la « Connaissance des Temps, pour
l'année i goS » (J7 1
— Présente à l'Académie, au nom du Bu-
reau des Longitudes, X Annuaire pour
Van igo3 1094
BAUBIGNÏ (H.). — Sur le dosagedu manga-
nèse 963
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication 1 084
— Préparation des alcalis et du peroxyde
de manganèse 1 1 10
MM. Pages.
RAUD (E.). — Sur le fluorure d'iduminium. 1 iu3
BAUi)01N. — Sur un procédé de couieii-
tration des vins. (En commun avec .M.
Schribaux. ) . . ,{63
BAUDOIN (Marckl). — Un nouveau genre
de Tératopage, les Hypogastropages
lie type opérable 812
BAUME-PLUVINEL (delà). - Le prix
Janssen lui est décerné 1 1 72
— Adressedes remercîmentsàl'Aca'Jémie. i3oi
3AY(I.). — Sur la saponification deséthers
nitriques. (En commun avec M. Léon
Vignon .) 507
BEAULARD (F.). -- Sur les paramètres
élastiques des fils de soie ()23
BÉNÉZIT. — Un prix Hivotlui estaltribué. 1243
BERNARD(Noel). — Conditions physiijues
de la tubérisation chez les végétaux. 706
BERTHAUT. — Le prix Gay (Géographie
physique) lui est décerné 1204
DERTHELOT. — Sur ia relation de l'inten-
sité du courant vollaïque et la mani-
festation du débit électrolytique. . . . (i
— Actions électrolytiques manifestes, dé-
veloppées par les piles constituées
par la réaction de deux liquides ren-
fermant l'un un acide, l'autre un alcali. 129
— Nouvelles expériences sur la limite
d'intensité du courant d'une pile qui
correspond à la manifestation d'un
débit électrolytique extérieur, appa-
rent dans un voltamètre 485
— Sur les registres de laboratoire de
Lavoisier 549
— Sur les impuretés de l'oxygène com-
primé et sur leur rôle dans les com-
bustions opérées au moyen de la bombe
calorimétrique 8i i
— Sur la transformation du diamant en
carbone noir (charbon) pendant son
oxydation, et sur les changements iso-
mériques des corps simples pendant
les décôm|)Ositions et combinaisons.. 1018
— M. le Secrétaire perpétuel signale un
Volume de i\l. S.-H. Finne-Gronn,
intitulé : « Abel, den store mathema-
tikers slegt. Christiania, 1899-1900 »,
93. — Le Tome I des « 0|)ere mate-
matiche di Eugenio Beltra'ui ». 228.
— Les « Œuvres complètes de/.-'^.
TABLE DES
MM. Paires.
Gnlispartl de Miirignnc, Tomel, 1840-
18G0 », 5a3. — Une Lettre de M.
HrrgescU relalivo nux résultats obte-
nus au moyen des balIons-soiides,
G20. — Une brochure de M. Trilio
Gunrrschi, ayant pour titre : « Faus-
tino Malaguti e le sue opère », 945. —
Un Ouvrage intitulé : « La Mécanique
à l'Exposition de 1900 »; et les Cahiers
16 et 17 du Service géographique de
l'armée 109^
BlîRTHILR (AuG.) souniot au jugement
de l'Académie une Note intitulée :
« Phologra[)hie électrolylique: nou-
veau procéda physique pour uhlenir
des images pliologra|ihi([ues » 1042
BERTRAND (Gab.). — ^ur les principes
actifs du venin de crapaud commun
{Bitfo vidgdris L.) (En commun avec.
M . C. Pliisnlix) 4(i
— Sur la nature de ia bufonine ,9
— Sur l'existence de l'arsenic dans la série
animale 809
BIGOURDAN. — Est porté sur la liste des
candidats présentés par la Section
d'Astronomie pour remplacer M. Fm r. gjio
— Observations de la nouvelle comète
Giacobini {d 1900,), faites à l'Obser-
valoire de Paris io43
BILLON (F.)- — Nouvelles contributions
à la physiologie des leucocytes. (\l\\
commun avec M. 11. Stnssnnn.) 3-.?.u
BINOT (Juan). — Un encouragement et
une médaille lui sont accordés dans le
concours du prix •kins.'^en \i-.>.
BLANCHARD (L.-F.). — Grégarine cœlo-
mique chez un Coléoplère 1123
BLOCll (Eugè.ne). — Sur l'émanation du
phosphore 13^4
BLONDLL DE .lOlGNY. — Le prix Martin-
Damourette lui est décerné ii3[
BLONDLOT (R.). — Sur la vitesse av<<c
laquelle les différentes variétés de
rayons X se propagent dans l'air et
dans différents milieux 1293
— Sur ht-vitessede [)ropagation des rayons
X ." Gfit;
— Errata se rapportant à cette Commii-
nicalion 9'i()
— Sur l'égalité de la vitesse de propaga-
tion des rayons X et de la vitesse de
la lumière dans l'air 711
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication 9-20
AUTEURS. TZiin
MM. Pages.
— Observations et expériences com|)lé-
menlaires, relatives à la détermination
de la vitesse des rayons X. Sur la
nature de ces rayons 763
BODIN (E.). — Action de la fermentation
alcoolique sur le bacille typhique et
sur le Bacteriuni coli cnmmime. (En
commun avec M. F. Pail/icret) 299
— Une citation lui est accordée dans le
concours du prix Montyon (Médecine
et Chirurgie) [208
BODROUX (F.). - Sur une méthodi^ de
lran^f(l^mation des dérivés mono-
chlorés et monobromés des hydrocar-
bures en dérivés monoiodés i35o
BOLEY (Pikrre). — Sur les différences de
potentiel au contact 454
BONNIER (Gaston) fait hommage à l'Aca-
démie (lu deuxième fascicule du
« Cours de Botanique » publié par
lui en collaboration avec M. Lcclcrc
du Sabton 846
— Cultures expérimentales dans la région
méditerranéerme; modifications de la
structure anatomique raSS
BONNIER (Pierre). —Le prix Phiiippeaux
lui est décerné 1211
BORDAS (F.). — Variation de l'acide
phosphorique suivant l'âge du lait,
(En commun avec M. Sig. de Rnrz-
/lOiws'ki .) 3o2
— De l'influence de l'écrémage sur la
répartition des principaux éléments
constitutifs du lait. (En commun avec
I\L S/g. de- RaczkoivshL) 354
— De la traite mécanique, dans l'industrie
laitière. (En commun avec M. Sig. de
RdczIiOivski.) 371
— Un prix Montyon (Statistique) lui est
décerné 1 1 78
— Une médaille Berthelot lui est accordée. i23J
BORDAS (L.). — Variations morpholo-
giques et anatomiques présentées par
le gésier cliez quelques Coléoptères. . 982
BOREL ( É.MILE). — Sur la généralisation
du prolongement analytique i5o
BORNET. — Rapport sur le concours du
prix Desmazières (Botanique.) 1201
— Est réélu membre de la Commission
centrale administrative pendant l'an-
née igoS 1-277
— Notice sur M. Mdlardet 1298
BORRELLY. — Observations de la comète
h igo.i, découverte le i*'' septembre
I4I^
TABLE DES AUTEURS.
MM. Pages.
par M. Périne et le 2 septembre, d'une
manière indépendante, par M. B'>r-
relly 433
BOSC (F.-.!.). — Traitement préventif de
la clavelée. Sérum anticlaveleux .... 4o5
BOUCAUD- adresse une Note relative à
l'Aéroslalion 945
BOUCHARD (Ch.). — Traitement local des
localisations du rhumatisme iG
— Allocution à l'occasion de la mort de
R. Virclinw 409
— Recherches expérimentales sur l'adré-
naline. (En commun avec M. Henri
Clnude. ) g^y
— Le cœur à l'état normal et au cours
de la grossesse. (En commun avec
M. BahliazanL) 93 r
— Rapport sur le concours du prix Mon-
lyon (Médecine et Chirurgie.) 1208
BOUCHER (Claudiî). — Le prix Montyon
(Arts insalubres) lui est décerné. . . . 1234
BOUDOUARI) (0.). - Sur les alliages de
cuivre et de magnésium 794
BOUGAULT (J.). _ Sur la présence de la
volémite dans quelques Primulacées.
(En commun avec M. G. Allord.). . . 796
BOUILHAC (Raoul). — Influence de l'aldé-
hyde formique snr la végétation de
quelques Algues d'eau douce i36
BOULE (Marcei.lin). — Sur un Carnassier
gigantesque trouvé dans l'argile plas-
tique de Vaugirard, près de Paris. . . 543
BOULOUCH (R.). - Sur les mixtes formés
par le soufre et le phosphore au-
dessous de 100" i65
BOULUD. — Sur l'acide glycuronique dans
le sang du chien. (En commun avec
M. /?. Lépine.) , 3g
BOUQUET DE LA GRYE, Président, rap-
pellp à l'Académie la perte douloureuse
qu'elle vient de faire dans la personne
de M. F<i)c, Membre de la Section
d'Astronomie C,
— Annonce à l'Académie la mort de R.
Virchow^ Associé étranger 409
— Annonce à l'Académie la mort de
M. Damour, Académicien libre.... 465
— Annonce à l'Académie les décès de
MM. Dehérain et Hnutefeuillc 10 17
— Allocution de M. le Président à la
séance publique annuelle du 22 dé-
cembre 1902 ,,54
— Rapport sur un Mémoire de MM. B.
Brunhes et Dmnd, relatif aux « Ano-
1.S5
90
IVIM. PaRes.
malies du champ magnétique sur le
Puy de 1 )ôme » 1 3oo
— Est élu membre adjoint de la Commis-
sion de l'Aéionautique 754
BOURCKT. — Variations de l'iode du
sang. (En commun avec M. E. Glcy.).
BOURQÙELOT (Em.). — Sur le gentio-
biose : préparation et propriétés du
gentiobiose cristallisé. (En commun
avec M. H. Hcrissry .)
— Action des ferments solubles et de la
levure haute sur le gentiobiose. Re-
marques sur la constitution du gen-
tianose. (En commun avec M. H.
Hérisser, ) 399
BOUSSINESQ. — Réilexion et réfraction
par un corps transparent animé d'tme
translation rapide : équations du
mouvement et conséquences géné-
rales 220
— Réflexion et réfraction par un corps
transparent animé d'une translation
rapide : ondes réfléchies et réfractées;
amplitude des vibrations 2G9
— Réflexion et réfraction par un corps
animé d'une translation rapide : cons-
truction des rayons, indépendante de
la translation, et rotation, paraissant
au contraire en dépendre, du plan de
polarisation du rayon réfracté 809
— Extension du Principe de Fermât, sur
l'économie du temps, au mouvement
relatif de la lumière dans un corps
transparent hétérogène, animé d'une
translation rapide
— Démonstration générale de la construc-
tion des rayons lumineux par les sur-
faces d'onde courbes
BOUTAN (Louis). — Sur le centre ner-
veux qui énerve la périphérie du
manteau chez le Pecten 587
BOUVEAULT (L.). - Condensation du
nitrométhane avec les aldéhydes aro-
matiques. (En commun avec M. J.
ÏVrdd.) 4,
— Action de l'acide nitreux, en solution
acide, sur les étiiers ^-cétoniques
a substitués; synthèse des homolo-
gues de l'acide pyruvique. (En com-
mun avec M. René Lnrquin.) 179
— Action de l'acide nitreux, en solution
alcaline, sur les élhers ^-cétoniques
a-substitués. (En commun avec
M. René Lnrcjidn.) 295
465
559
TABLE DES
MM. Paires.
BOUVIER ost élu Membre de la Section
d"An>itomie et Zoologie, en rempla-
cement (ie M . Filknl ? i
— Sur le développement des PéripiUidé.s
de l'Afrique australe io33
BOUZAT. — Chlorures cuivriques ammo-
niacaux anhydres. Radicaux cupro-
ammoniques -isyi
— Sulfates cupro-ammoniques anlndres. Wl\
BRÉCHARO adresse un Travail relalif à de
« nouveaux panlographes » r}-
BRENANS (P.). — Sur un nouveau phé-
nol diiodé 1-7
BREÏON (E.). — Sur la formation des
(inticorps dans le sérum des animaux
vaccines. (Eu couimun avec M. .-/.
Calniettc.) 1 o 1 1
BROCARD (H.). — Les quatorze grands
Registres de laboratoire de Lavoisier.
Le Registre H signalé perdu et nou-
vellement retrouvé 574
BROCHET (André). - Sur les électrodes
bipolaires. (En commun avec M. C.-L.
Barillet.) 854
— Sur les électrodes bipolaires à anode
soluble. (Eu couunun avec ,M. C-L.
liarillft. ) 1 04 q
AUTEURS. 141-7
MM. Pages.
BRUNEL (LÉON ). — Dérivés d'addition du
cyclohexène io55
BRUNHES (ii.) adresse un Mémoire inti-
tulé : « Etude des anomalies du champ
magnéli(]ue terrestre sur le Puy de
Dôme ». (En commun avec M. P.
David. ) , o()G
— Ra[)port sur ce Mémoire par M. liou-
(jiiet lie la Go e 1 3oo
BRUNHES (.Ikan). — Sur le rôle des
tourbillons dans l'érosion éolienne.. 11 'ia
BBUNTZ (Louis). — Étude comparée des
liquides organiques de la sacculine et
du crabe. (En commun avec M. Jean
Gaiitrclct . ) 349
— L'excrétion rlnv, les Crustacés supé-
rieurs 589
— L'excrétion chez les Cinipèdes (J87
BRUYANT (C). - Sur la végétation du
lac Paviti 1071
BUISSON (H.). — Sur une nouvelle mé-
thode de misure 0[)tique des épais-
seurs. ( l']ti commun avec M. Mace. de
Lépinaj .) 9^8 i
BUSSV (DR). — Kapport sur la part prise
par M. Deipei cil dans le concours du
prix Binoux 1174
C
CAH^LETET est adjoint à la Commission
de l'Aéronautiiiue 88G
CALLANDREAU (0.). — Propiiétés d'une
certaine anomalie pouvant remplacer
les anomalies déjà connues dans le
calcul des |)erturbations des petites
planètes 8
— Sur quelques parliculaiités de la théo-
rie des étoiles (ilanles. Existence de
points radiants staiiomiaiies par 4^"
de latitude iiJJ
CALMETTE (A.). — Sur l.i formation des
(inticorps dans le sérum des animaux
vaccines. (En commun avec M. E.
Breton .) ioi3
CAMBOULIU. — Contribution à l'étude
des Anophèles de i'isthme de Suez.. 704
CAMMAN (P.). — Réilexion de la lumière
sur un miroir de fer aimanté perpen-
diculairement au plan u'iiicidence. . . ■^8()
CAMPAGNE (A.). — Sur la préparation
d'un soufre puKérulent directement
miscible aux bouillies cupriques, et
sur l'efficacité d'un traitement simul-
tané des vignobles contre l'oïdiurn et
le inildew. (En commun avec M. M.
Cantpaj^iic . ) 814
CAMPAGNE (M.). — Sur la |)réparali()a
d'un soufre pulvérulent directement
miscible aux bouillies cupricjues, et
sur l'efficacité d'un traitement simul-
tané des vignobles contre l'oïdium et
le mildew. (En commun avec M. A.
Canipai^ne . ) 814
CAMUS (Jea.n). — Hémoglobinurie d'ori-
gine musculaire. (En commun avec
M. F. Pogniez.) 325
— Errata se rapportant à cette commu-
nication 376
— Hémoglobinurie musculaire. (En com-
mun avec M. P . Fagniez.) loio
CANNIZARO (STANISLAS). — La médaille
Lavoisier lui est décernée r233
— Adresse des nmercîments à l'Acadé-
mie IJOI
CARNuT (Ao.j. — Rapport sur des expé-
i4i8
TABLE DES
MM. Pafjps.
riences faites à l'Observatoire deMonl-
souris, relatives à la composition de
l'air atmosphérique 89
CARRIÈRE. — La cryogénine dans les
fièvres 1 382
CARTAN (E.). — Sur Téqui valence des
systèmes différentiels 781
— Sur la structure des groupes infinis.. . 85 1
CASSAÈT. — Une Citation lui est accor-
dée dans le Concours du prix Montyon
(Médecine et Chirurgie) 1208
CASSEDEBAT. — Ouverture d'un pli ca-
cheté indiquant i\L Cnsscdehat comme
l'auteur d'un Mémoire qui a obtenu
une Mention honorable au concours
Montyon de Statistique pour 1902... i3or
CHARRIÉ (C). — Sur la synthèse d'un
carbure aromatique dérivé du cam-
phre i348
CHAPOTEAUT. — Ouverture d'un pli
cacheté renfermant une Note « Sur la
préparation du gaïacol et du créosol
purs au moyen de la créosote de
hêtre ». (En commun avec M. G/-
rand.) 10:1 2
CHARABOT (Eugène). -- Élude sur la
distillation simultanée de deux subs-
tances misciblei.5. (En commun avec
M . /. Rocheroilps . ) 175
— Le méthylanthranilale de méthyle dans
l'organisme végétal "180
CllARPÈiNTIIiR(Ai:G.). —Inhibition pro-
duite par voie d'interférence sur la
rétine 56
CHARRIN(A.). — Transmission expéri-
mentale aux descendants des lésions
développées chez les ascendants. (En
commun avec MM . G. Dclamare et
Moussu.) .- 189
— Nature parisilaire {Ocspnm) de cer-
taines dégénérescences calcaires, de
quelques tumeurs inflammatoires et
de lésions spéciales du squelette. (En
commun avec M. G. Dclamare.).. , . 255
— Recherches physiologiques sur les effets
de la sympathicectouiie cervicale. ( En
commun avec M. Moussu.) 1008
CHAUVEAU (A.). — Rapport sur le con-
cours du prix Pourat { Physiologie). . . 1229
CIIAUVEAUD (G.). — La 'théorie des
phytons chez les Gymnospermes. . . . 920
CHESSIN ( Ai,EX\NDRE-S. ). — Sur l'équa-
tion de Bessel avec second membre. 678
CHEVALIER (Aug.). — Sur quelques
AUTEURS.
MM. Paf[es.
plantes à caoutchouc de la côte occi-
dentale d'Afrique 44 i
— Sur les Landolphiées donnant le caout-
chouc des herbes au Congo français. 5 12
CHEVROTTiER (J.). - PropViétés phar-
maco-dynamiques de certaines .«emi-
carbazides aromatiques. (En commun
avec MM. Aiii^ustc Lumière et Louis
Lumière . ) 1 87
CHOFARDET (P.). — Observations de la
comète 1902 A, faites à l'Observatoire
de Besançon , 433
— Observations de la comète Giacobini
(1902 c/), faites à l'Observatoire de
Besançon 1099
CHRÉTIEN (P.). — Sur les combinaisons
des cyanures complexes avec les
aminés de la série grasse 901
CHIUSTOMANOS. — Le tremblement de
terre de Salonique 5r5
CIPRIANI adresse une nouvelle Note rela-
tive aux volcans 754
CLAUDE.- — Une [)art lui est attribuée
dans le concours du prix Binoux
(Géographie et Navigation.) 11-4
CLAUDE (Henri). — Recherches expé-_
rimentales sur l'adrénaline. (En com-
mun avec J\I. Cil. Boacluird.) 928
CLERC (A.), — Les arrérages du prix
Mège lui sont attribués 1218
— Une médaille Berlhelot lui est accor-
dée 1233
COBLYN (J.-H. ). — La vision à distance
par l'électricité 684
COLLET (J.). — La pesanteur le long du
parallèle moyen 774 et 956
COMBEBLAC. — Sur les propriétés du plan
au point de vue de VAnalysis silus. . lo4^
COMBY. — Une mention lui est attribuée
dans le concours du prix Mont} on
(Médecine et Chirurgie) 1208
COM.MENGE. — Une mention lui est attri-
buée dans le concours du prix Mon-
tyon (Médecine et Chirurgie) 1208
— Adresse ses remercîmenls à l'Acadé-
mie i3oi
CONSIDÈRE. — Résistance à la traction
du béton armé 337
— Étude théorique de la résistance à la
compression du béton fretté 365
— Étude expérimentale de la résistance à
la compression du béton fretté 4 1 5
CONSTANTIN (J.). - Ouverture d'un pli
cacheté contenant une Note intitulée :
TABLE DES
MM. Pages.
« CoiUributioii à l'élude de l'avia-
tion » 3o8
CONTE (A.). - Contributions à l'étude
anatoniique du Rlinhdopleitra Nor-
rmitii Allm. ( En commun avec M. C.
Vaney.) 63
— Sur l'origine de la coloration naïu-
relle des soies de Lépidoptères. (Ru
commun avec M. C Fancf.) 700
— Rocherches sur le bourgeonnement de
Rhabdoplcura Nornifirini Ali. (En
commun avec M. C. Vw/cy.) 74S
— Sur des émissions nucléaires observées
chez les protozoaires. (En commun
avec M. C. Vaney .) i365
CORBIN (P.). — Sur la découverte d'un
nouveau massif granitique dans la
vallée de l'Arve, entre Servez et les
Bouches. (Eu commun avec MM. E.
Hnri!^ et M. Ltigeon. ) i 3/9
GORET (AuG.) adresse deux Notes, sur
un mode de suspension du pendule,
et sur un projet de pendule de Fou-
cault « à force vive » 919
CORML (V.). — Sur l'évolution de la
rondelle crânienne détachée par le tré-
pan el immédiatement réimplantée.
(En commmun avec M. P. Coiidray.). 191
AUTEURS. 1419
MM. Pages.
COUDRAY (Paul). — Sur l'évolution de
la rondelle crânienne détachée par
le trépan et immédiatement réimplan-
tée. (En commun avec M. F. Cortnl.). 191
COUSIN (H.). - Action du chlore et du
brome sur les vératrols mononitrés.. 967
CRÉiMlEU (V.). — Nouvelles recherches
sur les courants ouverts -27
— Anomalies i>résenléi'S par la charge de
conducteurs isolés sur fies diélectri-
ques solides. Phénomènes magnéti-
ques particuliers constatés au voisi-
nage de nœuds d'oscillations élec-
triques 1 33
— Précautions à prendre pour l'emploi
des Gis de cocon comme (ils de tor-
sion G8-2
(>URIE (P.). — Sur la constante de temps
caractéristique de la disparition de la
radioactivité induite par le radium
dans une enceinte fermée 857
CURIE (M'""). — Sur le poids atomique du
radium 161
— Le prix Gegner lui est décerné r243
— Une médaille Beithelot lui est accor-
dée i'233
— Adresse des remercîmeuts à l'Acddé-
mie i3oi
D
DA.MOUR. — Sa mort est annoncée à
l'Académie 4<>5
DANGEARD (P. -A.). — La téléomitose
chez \ Ainœba Glcichenii Diijard. ... 1 liG
— L'organisation du Trcjjoino/uis agilis
Dujardiu 1 3GG
DANIliL (Lucien ). — Sur une modification
produite chez le Scopolin ccirniolicn à
la suite de sa grelTc sur Tomate 481
— Sur l'utilisation dos principes minéraux
|iar les plantes greilées. (En commun
avec M. V . Thnmns.) 009
DANILOFF (E.). — Sur la géographie phy-
sique de la Yaïla occidentale (Crimée) . 35ï
DARBOUX (G.) est désigné par l'Acadé-
mie pour la représenter aux fêtes du
centenaire du grand mathématicien
N.-H. Jhrl...'. 14G
— Est présenté à M. le iMuii?tre de l'ins-
truction publique pour la |ilace laissée
vacante, au Bureau des longitudes,
par le décès de M. Cornu 944
Ra()porl sur le coucour.-? du pri.x Fran-
cœur (Géométrie) 1 163
Rapport sur le concours du prix Pon-
celet (Géométrie) i iG3
Rapport sur le concours du prix Sain-
tour 1242
M. le Secrétaire prrpctiicl. signale un
Volume intitulé : « The norwegian
nortli polar Expédition, [893-1896.
Scientific resutts. Volume 111 », 22. —
Les trois Volumes du Compte rendu
du quatrième Congrès international de
Chimie appliquée, tenu en 1900, et
divers Ouvrages de M. Gino Loria et
et de M.Carl-Ludwiij; Charlier, i46.
— L' « Atlas bathymélrique et litho-
logique des côtes de France, par
M. /. Thnidet ». 369. — Une traduc-
tion allemande d'un Ouvrage de
M. Jdolp/ie Minet, portant pour
titre : « Die Gewinnung dos Alumi-
niums und dcssen Bedoulung fiir Han-
MM.
TABLE DES
l'ages.
fiel uiid liKiustrie », 45 1- — Divers
Ouvrages en allemand, de M. J.
Korn. 574. — Divers Ouvrages de
M. Glno Loria^ de M. A. Konna, de
M. L. Dumas et de M. S ta /lis las
Meunier, 67 [. — Un Ouvrage de
MM. Retzius et F'àrst, deux brochures
de M. Vandeuren, io43. — Un Ou-
vrage de M. Eininaimel de Marianne
intitulé : « La Valachie, essai de
monographie géographique », i3oo.
— Deux Volumes portant pour titres :
« Inleraatioiial Catalogue of scienti-
fic literature, first annual issue; D,
Chemistry, Part I, et M, Bulany,
Part I », 146. — Divers Ouvrages
adressés i)ar V. Bje.rknes, M. Ch.
Lalleniand, M. Nedelkm'i te h ,
MM. Lortet et C. Gaillard ........ 8.S7
— Annonce que le Tome XXXII (^x" série)
des « Mémoires présentés par divers
savants à l'Académie des Sciences »
est en distribution au Secrétariat.. . . 22
DAVID (P.) soumet au jugement d'> i'A-
radémie un iMémoire intitulé: « Étude
des anomalies du chaiiip magnétique
terrestre sui' le Puy de Dôme. (En
commun avec M . B. Brulines .) i ocjG
— Rapport sut' ce Mémoire p;ir M. Bou-
quet de 1(1 Grye l'jucj
DEFLANDllE (C.j. — Rôle de la fonction
adipogénique du loie chez les Inver-
tébrés 807
DEHKUAIN (P.-P.). — Démonstration
expérimentale de la dé( om[)Ositiori de
l'acide carbonique par les feuilles
insolées (En cominun avec M. E.
Denwussy.) 274
— Cultui'e du lupin jaune {Lupinus lu-
teus. (En commun avec M. E. De-
moussy .) G.'>4
— Culture du blé au champ d'expériences
de Grignon, en 1902. (En commun
avec M. C. Dupo'/t.) (J54
— Sa mort est annoncée à l'Académie. . . 1017
DEJEUINE. — Un prix Montyon lui est
déceriu^ (Médecine et Chirurgie). . . . 1208
DELACROIX (G.). — Sur une forme coni-
dienne du Champignon du 13lack-rot. 1872
DELAGE (Yves). — L'acide carbonique
comme agent de choix de la parthéno-
genèse expérimentale chez les Astéries. 070
— Sur le mode d'action de l'acide carbo-
nique dans la parthénogenèse expé-
AUTEURS.
MM. Patres
rimentale 6o5
— Efï'eis de l'excision du madréporite chez
les Astéries 84 1
— Observations à propos des injections
|>hysiologi(iues gBG
DELAMARE (G.). — Transmijsion expé-
rimentale aux descendants des lésions
développées chez les ascendants. (En
commun avec MM. J. Charria et
Moussu .) 189
— Nature parasitaire ( Oosjtnra) de cer-
taines dégénérescences calcaires, de
quelques tumeurs inflamnuitoires et
de lésions spéciales du squelette. (En
commun avec M. A. Charria.) 255
DEI.ATOUR (E.) adresse un Mémoire rela-
tif à un « Appareil de [)ointage ».. . . 227
DELALIRIEH adresse une Note avant iiour
Mire : « Recherches sur la navigation
aérienne » 1096
DELÉi^lNE (Maucel). — Action deséthers
halogènes sur le thiosulfucarbumate
d'ammonium 974
DELEZENNE (C). — Les kinase» micro-
biennes. Leur action sur le pouvoir
dige.stif du suc pancréc.'tique vis-à-vis
(le l'albumine irx
— Sur l'existence d'une kmase dans le
venin des serpents 828
DELPEUCIl. — Une part lui e.-t attribuée
dans le concours du prix Binoux
(Géographie et Navigation j 1174
DEMOLISSY ( E.). — Démonstration expé-
périmentale de la décomposition de
l'acide carbonique par les feuilles
insolées. (En commun avec M. P. -P.
J)e/iérai//.) 274
— Culture du lupinjaune ( Liz/ji/u/s l/z/tas).
(En commun avec M. P. -P. Dché-
raiii.) 44 J
DEPËUET ( Cil. ). — Sur l'origine et la dis-
persion géographique du Logonijs
corsicaniis 884
DESCOMP.S (Tu.) adresse une Noie sur le
« Black-rot atmosphérique » 5i6
DESCUDE (Maucel). — Sur un nouveau
composé du groupe de l'hexamethy-
lènetétramine 698
— x\clion des aminés grasses sur le diben-
zoate de méthylène 972
DESGREZ(A.). — De i'inlluence de la
choline sur les sécrétions glandu-
laires 02
DESLANDRES (II.). — Méthode spectrale
TABLE DES AUTEURS.
r/l2I
MM. Pages,
capable de fournir !a loi de rotation
encore inconnue des planètes à faible
éclat. Vérifications de la méthode.
Premiers résultats riS
— Recherches spectrales sur la rotation
de la planète Uranns 472
— Organisation, à l'Observatoire de Meu-
don, des spectrographes automatiques
dits det vitesses, qui enregistrent les
mouvements radiaux et l'épaisseur de
la chromosphère solaire. )oo
— Est porté sur la liste des candidats
présentés par la Section d'Astronomie
pour remplacer M. Faye 99.0
— Est élu Membre de la Section d'Astro-
nomie, en remplacement de M. Faye. 9|5
DISLÈRE. —Une médaille Berthelot" lui
est accordée 1233
DOMBROWSKY (S.). - Méthode per-
mettant de séparer, des liquides ani-
maux et végétaux complexes, la plu-
part de leurs matières ternaires et
plusieurs des bases qui peuvent les
accompagner 1 82
— Sur la mannite, les azotates et les
alcaloïdes des urines normales 244
DONARD (E.). — Sur une matière albu-
minoïde extraite du grain do maïs.
(En commun avec M. //. Labbé,). , . ^44
DONGIER. — Résistivités électriques de
sérums sanguins pathologiques et
d'épanchements séreux chez l'homme.
(En commun avec M. Lesnge.) m
— Toxine tétanique; observations de la
résistance électrique et de l'indice
de réfraction. (En commun avec
M. Lesnge.) 029
DOP (Paul). — Sur le pollen des Asclé-
piadées 710
— Sur le développement de l'ovule des
Asclépiadées 800
DOYON (Maurice). — Disparition des
éthers dans le sang in vitro. (En
commun avec M. Jlbert MnreL). ... 54
DRIENCOURT. — Un prix de deux mille
i5oi
9<9
58
636
MM. Pages.
francs sur le prix extraordinaire de
six mille francs (Mécanique) lui est
attribué 1 163
— Adresse des remercîments à l'Acadé-
mie
DUBOIN (A.) adresse une Note « Sur la
production du rubis par fusion ». . . .
DUBOIS (Raphaël). — Sur l'autorégula-
tion, par l'acide carbonique, du fonc-
tionnement énergétique des organis-
mes
— Adresse une Note « Sur le mécanisme
intime de la fonction photogénique;
réponse à M. James Dewnr »
DUCHAUSSOY. — Un prix Montyon (Statis-
tique) lui est décerné 1 178
DUFAU(Em.). — Aluminate de manga-
nèse : Al^O^Mn 9^3
DUHEM (P. ). — Sur les quasi-ondes 761
— Sur l'analogie entre les rayons X et
les oscillations hertziennes 845
— Sur les conditions nécessaires pour la
stabilité de l'équilibre d'un système
visqueux 9-^9
— Sur la stabilité de l'équilibre et les
variables sans inertie 1088
— Des conditions nécessaires pour qu'un
fluide soit en équilibre stable 1290
DUPARC (Louis). — Sur l'origine de la
coupure transversale de la Kosva
(Oural du Nord) ii35
DUPONT (C. ). — Culture du blé au champ
d'expériences de Grignon, en 1902.
(En commun avec M. P. -P. Dché-
rnin) 6j4
DUPONT (Maurice). — Appareil pour
déterminer la durée des impressions
lumineuses sur la rétine 876
DUSSAUD. — Sur un nouveau procédé
destiné à faciliter l'écriture et le cal-
cul aux aveugles 600
— Nouvelles expériences sur la résistance
électrique du sélénium et ses appli-
cations à la transmission des images
et des impressions lumineuses 790
E
EGINITIS (M.-D.). — Sur les crépuscules
rouges observés à Athènes dans les
mois d'octobre et de novembre 1902.
— Observations des Perséides, Léonides et
Biélides, faites à Athènes en 1902. . .
1080
i3o8
C. R., 1902. 2" Semestre. (T. CXXXV. )
ELDIN (Ed.) adresse une Note relative
aux causes de la catastrophe survenue
à l'aérostat « Le Bradsky » 637
ESCLANGON (E.). — Sur les récentes
lueurs crépusculaires observées à
i85
l422
MM.
TABLE DES AUTEURS.
Pafjes.
Bordeaux , 846
Sur une extension de la notion de
périodicité 891
MM. Pages.
ETARD (A.). — Sur la musculamine,
base dérivée des muscles. (En com-
mun avec M. J. Fila.) 698
FABRE (L.-A.). — Sur le courant et le
littoral des Landes 1 134
FABRY(L.). — Observations de la co-
mète b 1902, découverte le i^' sep-
tembre par M. Péri ne y et le 2 sep-
tembre, d'une manière indépendante,
par M. Borrellf, à l'Observatoire de
Marseille 433
FAU'V^EL (Pierre). — Les otocystes des
Annélides Polvchèles i362
FAYET (G.). — Observations de la nou-
velle comète Giacobini {d 1902),
faites à l'Observatoire de Paris io43
— Éléments provisoires de la comète Gia-
cobini (2 décembre 1902) io44
FENYI ( J. ). — Sur la nature du cohéreur. 3o
FERNBACH (A.). — Influence de l'acide
sulfocyanique sur la végétation de
V Aspergillus /li^er 5 1
FLAMAND (G.-B.-M.). — Sur le régime
hydrographique du Tidikelt (archipel
Touatien), Sahara central 212
FON VIELLE (W, de). — La vérification
de la loi des hauteurs barométriques. 335
FORCRAND (de). — Sur l'hydratation do
l'oxyde de zinc 36
— Sur les propriétés et la constitution des
peroxydes de zinc io3
— Sur la composition dos hydrates de gaz. 959
— Sur la composition et la coiibtitution
des hydrates sulfhydrés 1344
FOSSE (R.)- — Propriétés oxydantes d'un
pyranol 39
— Sur un dérivé de l'eau oxygénée 53o
— Une médaille Berthelot lui est accor-
dée 1233
— Un prix Cahours lui est attribué 1289
FOURNIER. — Une citation lui estaccordée
dans le concours du prix Montyon
(Médecine et Chirurgie) 1208
FOUIUMER(J.). — Sur une des causes
d'explosion des chaudières à vapeur et
sur le moyen de la prévenir 282
FOURTAU (R.). — Sur la constitution
géologique des environs d'Alexandrie
(Egypte). (En commun avec M. D.-E.
Pûcliu/idaki. ) 596
— Sur le Grès nubien 8o3
FOVEAU DE COUR.MELLES adresse une
Note portant pour titre : « Des éner-
gies photochimiques comparées de
diverses sources lumineuses » 216
FRAKIHET adresse le résumé d'un travail
« Sur la variation de résistance ma-
gnétique d'un barreau de traction ». 687
— Variation de la résistance magnétique
dun barreau de traction 685
— Adresse un Mémoire portant pour
titre : « Méthode d'essai des métaux,
basée sur la variation de réluctance
d'un barreau de traction )> 886
FREMONT (Ch.). — Mesure de la limite
élastique des métaux 281
— Un prix Trémont lui est décerné 1243
FREUNDLER (P.). - Sur l'aldéhyde/^ben-
zène-azobenzoïque et ses dérivés. (En
commun avec M. de Lnbonleric .). . . 1 1 iG
FRIEDEL (Jean). — Formation de la
chlorophylle, dans l'air raréfié et dans
l'oxygène raréfié io63
GAILLOT. — Le prix Damoiseau lui est
décerné
— Adresse des remercîments à l'Acadé-
mie
GARRIGOU (F.)- — Sur des procédés de
concentration de liquides alimen-
taires, et particulièrement du vin. . . .
— Résultats physiques, chimiques et
1 170
i3oi
369
pratiques de la concentration du vin. 407
— La diffusion de l'arsenic dans la na-
ture 1 1 13
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication i388
GASTINE. — Sur un nouveau procédé
pour la destruction de la pyra^e et
d'autres insectes nuisibles. (En com-
TABLE DES AUTEURS.
1^26
MM. Pages,
miin avec M. Fermorel.) 66
GAUDRY (Albert) fait hommage à l'Aca-
démie d'un Opuscule intitulé : « Re-
cherches paléontoloi^iques de M. An-
dré Tnurnnnër en Patagonie » 619
— Rapport sur le concours du prix Jérôme
Ponti 124'
GAUTIER (Armaxd). — Existence, dans
l'albumen de l'œuf d'oiseau, d'une
substance fibrinogène, pouvant se
transformer, in vitro, en membranes
pseudo- organisées i33
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication ■>.^'^
" Observations à propos d'une Note de
M. G. Bertrand^ sur l'existence de
l'arsenic dans la série animale <Siî
— Localisation de l'arsenic normal dans
quelques organes des animaux et des
plantes. Ses origines 833
— Sur la quantité d'hydrogène libre de
l'air et la densité de l'azote atmosphé-
rique I025
— Observations au sujet d'une Noie de
M. GaîTignu, sur la diffusion de l'ar-
senic dans la nature 1 1 15
GAUTIER (E.-F.). — Sur les terrains pa-
léozoïques de l'Oued Saoura et du
Gourara 1071
GAUTRELET (Jean). -Étude comparée
des liquides organiques de la saccuiine
et du crabe. (Eu commun avec M. Louis
Bruntz .) 3 {9
GENVRESSE (P.). — Sur l'essence de
vétyver. (En commun M. G. Lan-
f^l'^i''-) 1059
GlARD. — Rapport sur le conrours du
prix Thore (Analomie et Zoologie).. (■?.9;'i
— Rapport sur le concours du prix Godard
(Médecine et Chirurgie) f2i6
GIRAN (H.). — Transformation de l'acide
pyrophosphorique en acide orthophos-
phorique 96 1
— Étude thermique de l'acide métaphos-
phorique i333
GIRÂUD. — Ouverture d'nn pli cacheté
renfermant une Note « Sur la prépa'
ration du gaïacol et du créosol purs
au moyen de !a créosote de hêtre ».
(En commun avec M. Chajmtcuut.). \o\-i
GIRAUD (J.). — Surl'érupliondela Marti-
nique. (En commun avec MM. A. La-
croix et Rnllet de Vlsle.) , , 877 et 4 '9
— Errata se rapportant à ces deux Com-
MM. Pages.
munications 464
— Sur l'âge des formations volcaniques
anciennes de la Martinique 1877
GIROD adresse un Mémoire « Sur une
méthode de transposition en musi-
que » 1096
GLEY (E.). —Variations de l'iode du sang.
(En commun avec M. P. Bmircet). . . i85
GONNESSIAT. — Le prix Dclalande-Guéri-
neau lui est décerné 1241
GOSSUIN (L.) adresse une Note sur un
tremblementde (erre à Busselino (Ita-
lie) 919
GOUTAL. — Sur le pouvoir calorifique de
la houille 477
GOYAUD. — Sur la fermentation pectique. 537
— Adresse une nouvelle Note « Sur la
fermentation pectique » 71 5
GRANDIDIER. — Rapport sur la part priae
par M. Marcel Monnier dans le con-
cours du prix Binoux 1 174
— Rapport sur le concours du prix Tchi-
hatchef 239
GRAVIER (C}i.). — Sur un Cérianthaire
pélagique adulte 591
— Sur les Annclides polychètes d'eau
douce 984
GRÉHANT (Nestor). — Analyse de neuf
échantillons d'air recueilli dans les
galeries d'une mine de houille 726
GRIFFON (Ed). — Recherches sur l'assi-
milation chlorophyllienne des feuilles
dont on éclaire soit la face supérieure,
soit la face inférieure 3o3
GRIFFON (V.). — Une citation lui est
accordée dans le concours du prix
Montyon (Médecine et Chirurgie) . . . 120S
GRIGNARD (V.). — Action des combi-
naisons organo-magnésiennes mixtes
sur les éthers d'acides cétoniques
(II) 627
— Une médaille Berthelot lui est accor-
dée 1^33
— Un prix Cahours lui est attribué i^Sg
— Adresse des remercîmcnts à à l'Acadé-
mie ' 3o t
GRIMAL (ÉMiLiEN). — Sur l'essence de
bois de Cèdre de l'Atlas 582
— Sur un dichlorhydrate et un dibrom-
hydrate de cadinène, et un cadinène
régénéré dexlrogyres 1037
GRLMBERT (L.). — Un prix Barbier lui
est décerné i2i3
— Une médaille Berthelot lui est accordée. i233
'424
TABLE DES AUTEURS.
MM. Pages.
— Adresse des remercîmcnts à l'Académie. 1 5o i
GROSSOUVRE (de). — Le prix Fon-
tanes lui est décerné 1197
— Adresse des remercîmcnts à l'Acadé-
mie i5oi
GRYNFELTT (Ed.). — Distribution des
corps suprarénaux Plagiostomes 33o
— Structure des corps suprarénaux des
Plagiostomes 373
— Sur le corps interrénal des Plagios-
tomes 439
GUÉDRAS (Marcel). — Essai sur la
constitution chimique des copals. . . . 797
— Adresse une Note « Sur le iithopone ». i384
GUERBET (Maucel).— Action des alcools
sur les dérivés sodés d'autres alcools. ^■^J^l
GUERDER adresse une « Elude clinique sur
une antitoxine tuberculeuse. Résultats
thérapeutiques dans les tuberculoses
localisées » 886
GUÉKIN. - Une citation lui est accordée
dans le concours du prix Monijon
(Médecine et Chirurgie) i-io'è
GUIGNARD (L.). — Sur la double fécon-
dation chez les Crucifères 497
GUILLAUME (J.). — Observations de la
comète Perrine-Borrelly (1902 b),
à l'Observatoire de Lyon 49g
— Observations du Soleil, faites à l'Obser-
vatoire de Lyon pendant le premier
trimestre de 1902 59.3
— Observations du Soleil, faites à l'Obser-
vatoire de Lyon pendant le deuxième
trimestre de 1902 674
— Oservations du Soleil, faites à l'Obser-
vatoire de Lyon pendant le troisième
trimestre de 1 902 887
GUILBERT (C.-F.). - Le prix Hébert
lui est décerné (Physique) 1 177
— Adresse des remercîments à l'Acadé-
mie j3oi
MM. Pages.
GUILLEMIN (A.). — Sur les accords
binaires 98
— Classement des accords binaires. Con-
sonances et dissonances spécifiques. . 396
GUILLEMLNOT (H.). — Moyen de régler
les résonateurs de haute fréquence, en
vue de leur emploi médical 288
GUILLEMONAT. — Une mention lui est
accordée dans le concours du prix
Montyon (Médecine et Chirurgie). . . 1208
GUlLLIERMOiND (A.). — Observations
sur la germination des spores du .Sac-
cluirotnyces Liichvigii 708
— Ernitci se rapportant à cette Commu-
nication 920
GUILLON (J.-M.). — Sur la possibilité
de combattre par un même traitement
liquide le niildew et l'oïdium de la
Vigne 261
— Sur l'applicaliou des engrais chimiques
à la culture de la Vigne dans les ter-
rains (alcaires des Charcutes. (En
commun avec M. G. Gouiran.) 1076
GUNTZ. — Sur un procédé général de
formation desazolures métalliques... 738
GAILLOT. — Le prix Damoiseau lui est
décerné (Astronomie) 1 170
GUYE. — Sur la formation des gouttes
liquides et les lois de Tate. (En com-
mun avec M. Louis Perrot.) 45g
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication 5>.o
— Sur la formation des gouttes liquides
et les lois de Tate. (En commun avec
M. Louis Perrot.) 621
GUYOU. — Rapport sur le concours du
prix extraordinaire de six mille francs
(Mécani(|ue) 1166
— Rapport sur la part attribuée à
M. Claude dans le concours du [)rix
Binoux 1 174
H
HAt)AMARD. — Sur les fonctions entières. 1 309
HALLER. — Rapport sur le concours du
prix Jecker (Chimie) 1295
HAMY. — Est porté sur la liste des
candidats présentés par la Section
d'Astronomie pour remplacerM. Paye. 920
HARTMANN. — Le prix Montyon (Méca-
nique) lui est décerné 1 167
HARTWIG (E.). - Le prix Walz (Astro-
nomie) lui est décerné 1 iGg
— Adresse des remercîments à l'Acadé-
mie 1 3o I
IIATON DE LA GOUPILLIÈRE est désigné
à M. le Ministre de la Guerre pour
faire partie du Conseil de perfection-
nement de l'École Polytechnique pen-
dant l'année 1902- 1903 5i2
— Sur le problème des brachistochrones. 614
TABLE DES
MM. Pages.
— Quelques cas d'intégration de l'équa-
tion des bracliistochrones 6^7
— Remarques au sujet d'une Communi-
cation de M. Gréhant sur l'air recueilli
dans les galeries d'une mine de houille. 768
— Rapport sur le concours du prix Mon-
tyon (Statistique) 1 178
HATT est présenté à M. le Ministre de
l'Instruction publique pour la place
laissée vacante, au Bureau des Longi-
tudes, par le décès de i\I. Coma. . . . 944
HAUG (E.)- — Sur la découverte d'un
nouveau massif granitique dans la
vallée de l'Arve, entre Servez et les
Houches. (En commun avec MM. Lu-
geon et P. Corbin .) 1 379
HAUSER. — Un prix Lallemand lui est
attribué 1218
HAUTEFEUILLE. — Sa mort est annoncée
à l'Académie 1017
HENRI (Victor). — Théorie générale de
l'action de quelques diastases 91 G
HENRIET. — Sur une nouvelle vapeur
organique de l'air atmosphérique. ... 10 1
HÉRISSEY (H.). — Sur le gentiobiose :
préparation et propriétés du gentio-
biose cristallisé. (En commun avec
AUTEURS. 1425
MM. P.iges.
M . Eni. Bnunjiiclot. ) ugo
— Action des ferments îrolubles et de la
levure haute sur le getiliobiose. Re-
marques sur la couïtiiulion du gen-
tiobiose. (En commun avec M. Em.
Bourquelot . ) 399
HEUVÉ (H.). — Nouvelles expériences
d'Aéronautique maritime 71'^
IIOLT. — Préparation et propriétés d'un
siliciure de vanadium. (En commun
avec M. Moissnn .) 78
— Préparation et |)ro[)riétés d'un nouveau
siliciure de vanadium. (En commun
avec M. Moissan . ) 493
HOULLEVIGUE (L.). — Lames minces
métalliiiues obtenues par projection
cathodique fv.>.G
IIOUSSAY (FiiÉDKRic). — Sur la mue,
l'excrétion et la variation du rein, chez
des Poules carnivores de seconde
généra tion 1 06 1
— Variations organiques chez les Poules
carnivores de seconde génération... i357
HUA (Henri). — Le Landolpltia Fier/ci,
espèce nouvelle du Gabon, considérée
comme pouvant fournir du caoui-
chouc 868
IMBEÂUX (Ed.). — Les arrérages du prix
Bréant lui sont attribués r^iô
— Une médaille Berthelot lui est accordée. r>.33
— Adresse ses remerciments à l'Acadé-
mie i5oi
ISTRATI (G.-L). — Sur quelques produits
d'oxydation de l'aniline par l'oxygène
de l'air 742
IZARN. — Argenture du verre et daguer-
réotype '240
JANSSEN (J.). — Sur les travaux de celte
année, à l'Observatoire du sommet du
mont Blanc 34 '
— Est élu membre adjoint de la Commis-
sion de l'Aéronautique 754
— Rapport sur le concours du prix Jans-
sen, décerné à M. Aymar de la
Biiume-Phivinel (Astronomie) 117'/
— Rapport sur les travaux du D"' Jean Bi-
riot, auquel un encouragement et une
médaille Janssen sont accordés 1 172
JEAN (Ferdinand). — Sur la recherche
et le dosage de l'extrait de chàtaigtiier
en mélange avec l'extrait de chêne. . 53G
— Sur le dosage de l'oxyde de carborie et
de l'acide carbonique dans les airs
viciés 74G
JOANNIS (A.). — Action du chlorure de
bore sur le gaz ammoniac 1 loG
.lOBERT. — Sur la structure des muscles
de V Anoinia eijlii/>piit/n 90G
JODIN (Victor). — Sur la durée germi-
nativedesgrainesexposéesà la lumière
solaire 443
JOUGUET. — Sur la rupture et le dépla-
cement de l'équilibre 778
l/|26
TABLE DES AUTEURS.
K
MM. Pafjes.
KAUFiMANN (W.)- — La déviation ma-
gnétique et électrique des rayons Bec-
<juerel, et la masse éleclromagnélique
des élecl rons 577
KERFORNE (F.). — Sur le Gothiandien
inférieur du massif armoricain i?.3
KILIAN (W.). — Sur la présence de
l'étage aptien dans le sud-est de
l'Afrique 6<S
— Errata se rapportant à celte Commu-
nication 216
KLING (André). — Sur l'hydrogénalion
de l'acétol 970
KOENIGS (G.). - Sur l'assemblage de
MM. l'ages.
deux corps 343
KORN (A.). — Application de la méthode
de la moyenne aritlmiétique aux
surfaces de Riemann g4
— Sur le problème de Dirichlet pour des
domaines limités par plusieurs con-
tours (ou surfaces) 23i
KRAUSE (Martin). — Sur une formule
sommatoire dans la théorie des fonc-
tions à deux variables 10 (5
KREBS (A.). — Sur un carburateur auto-
matique pour moteurs à explosions. . 894
KUNZ (J.). — Sur la conductibilité des
dissolutions aux basses températures. 788
LABBÉ (Alphonse). — Sur la continuité
fibrillaire des cellules épithéliales et
des muscles chez les NdniUa
LABBÉ (H.). — Sur une matière albumi-
noïile extraite du grain de maïs. (En
commun avec I\I. E. Dnnanl.)
LABORDfi (J.). — Sur la guérison de la
casse des vins par l'addition d'acide
sulfureux ^
L.4CR0IX (A.). — Extrait d'une lettre rela-
tive à la Mission de la Martinique. . .
— Sur l'éruption de la Martinique. (En
commun avec MM. Roi le t de rislc et
Giraiul. ) 877 et
— Errata se rapportant à ces deux Com-
munications
— Sur les roches rejetées par l'éruption
actuelle de la Montaizne Pelée
— Les enclaves des andésites de réru[)tion
actuelle de la Montagne Pelée
— Nouvelles observations sur les éruptions
volcaniques de la Martinique
— Sur l'état actuel du volcan de la Mon--
tagne Pelée à la Martinique
— Étal actuel du volcan de la Martini-
que
— Quelques observations minéralogiques
faites sur les produits de l'incendie de
Saint-Pierre (Martinique)
— Nouvelles observations sur les érup-
tions volcaniques de la Martinique..
LANGLOIS(G.). -Sur l'essence de véty-
700
744
116
147
419
4G4
45i
4^0
672
771
99'^
1068
i3oi
ver. (En commun avec M. P. Gen-
vressc.) lojg
LAPICQUE (Louis). — Sur le rôle de la
rate dans la fonction hémalolylitpie. . 2o3
LAPPARENT (de). — Rapport sur ie con-
cours du prix Fontannes (Minéralogie
et Géologie) 1197
— Rapport sur le concours du prix Gay
(Géographie physique) i rgg
LAUNAY (L. de). — Sur quelques rap-
prochements entre la genèse des
Gîtes Métallifères et la Géologie géné-
rale i374
LAUNOY (L.). — L'élaboration du zymo-
gène dans les glandes gastriques de la
vipère Bents 193
— Sur l'action proléolytique des venins. 401
— L'élaboration du vénogène et du venin
dans la glande parotide de la Vipera
Aspis 539
LAURENT (Emile). — De l'action interne
du sulfate de cuivre dans la résistance
de la pomme de terre au Pliyto-
plitkora infestans io4o
— Expériences sur la durée du pouvoir
germina tif des graines conservées dans
le vide 1091
— Sur le pouvoir germinaiif des graines
exposées à la lumière solaire 1295
LAURENT (Jules). — Influence des ma-
tières organiques sur le développe-
ment et la structure anatomique de
82
56;
6o9
7 ' 7
838
io36
TABLE DES
1..1* Pages.
quelques Phanérogames o,c
LAVERAN (A.)- — Sur la coccidie trou-
vée dans les reins de la Rann escii-
lenta et sur l'infection générale qu'elle
produit. (En commun avec M. F.
Mesnil.)
— Sur les Hématozoaires des Poissons
marins. (En commun avec M. F. Mes-
nil.)
— Sur quelques Protozoaires parasites
d'une Tortue d'Asie {Damnnia Reroc-
sit). (Eu commun avec M. F. Mes-
nil.) •
— Errata se rapportant à cette Commu-
nication • • '
— Au sujet de deux Irypanosomes des
Bovidés du Transvaal
— Le îsagana et le Mal de caderas sont
deux entités morbides bien distinctes.
(En commun avec M. F. Mesnil.). ._.
— Sur quelques Hémogrégarines des Ophi-
diens ■ * ■ ■
LÉAUTÉ. — Est élu membre de la Com-
mission d' Aéronautique 7'^
LEBEAU (P.)- •"" S"'' ^^* combinaisons du
silicium avec le cobalt et sur un nou-
veau siliciure de ce métal i7^
LE BON (Gustwe). — Action dissociante
des diverses régions du spectre sur
la matière ^^'
— La lumière noire et les pliénomènes
actino-éleclriques
LECLERC DU SABLON. — Sur la variation
des réserves hydrocarbonées dans la
tige et la racine des plantes ligueuses.
LEDENTU(A.). - Un prix Barbier lui
est décerné
LEDOUX-LEBARD. — Sur le sérum anti-
paramécique
LEDUC (Anatole). —Sur l'électrolyse de
l'azotate d'argent
— Sur l'équivalent électrochimique de
l'argent
— Électrolyse de mélanges de sels
— Sur l'hydrogène atmosphériqne
— Sur la proportion de l'hydrogène dans
l'air atmosphérique • • •
— Sur la formation des gouttes liquides
et la loi de Taie. (En commun avec
M. Sacerdntc.) <è'^ ^^
LEDUC (Stéphane). — Production du
sommeil et de l'anesthésie générale et
locale par les courants électriques. . .
— Production du sommeil et de l'aneslhé-
AUTEURS.
MM.
1427
Pages.
sie générale par les courants électri-
ques ; •.
LE GOAZIOU (P.). — Ouverture d un pli
cacheté, relatif à un « Anémoscope
électrique » • • •
— Ouverture d'un pli cacheté, relatif à
l'expérience du pendule de Foucault.
LEGOUEZ (R.) adresse un Mémoire « Sur
une extension de la théorie analytique
de la chaleur do Fouricr au cas de la
congélation y^ . . ,
LEMOINE (Ernest). - Le prix l" rancœur
lui est décerné • • -^ •
— Adresse des remercîmenis à l' Acadé-
mie
545
846
ii63
i3oi
3j
8G6
104
i3ot
LEMOULT (P.). — Sur quelques nouveaux
composés organiques d'addition 346
LÉPINE (R.). — Sur l'acide glycuroni(iue
dans le sang du chien. (En commun
avec M. Butilud. ) 1^9
LERCH (Mathias). — Sur la formule
fondamentale de Dirichlet, qui sert à
déterminer le nombre des classes de
formes quadratiques binaires définies. i3i4
LEREBOULLET ( Pierre). - Le prix Bel-
lion lui est décerné l'^iS
LE ROUX (Jean). — Une mention très
honorable lui est accordée dans le
concours du grand prix des Sciences
mathématiques ■• • • •
— Adresse des remercîments à l'Acadé-
mie .' ■ ■ ■
LEROY (R.). — Une mention lui e^t
acrorilée dans le concours du prix
Montyon ( Statistique) '■
LESAGE. — Résistivités électriques de
sérums sanguins pathologiipies et d'é-
panchements séreux chez l'homme.
(En commun avec M. Dongier.)
— Toxine tétanique; observations de la
résistance électrique et de l'indice de
réfraction. (En commun avec M. Le-
sage . )
— Sur la difficulté d'isoler le Bactcnum
coli normal dans la dysenterie colo-
niale
— Germination des spores de Slcnginat»-
cystis riigra dans la trachée de quel-
ques oi>eaux
3., LEVAVASSEUR ( R- )• - Sur les congruen-
ces à plusieurs inconnues relative-
ment à un nombre premier impair.. .
Li'VEAU (Gustave). — Comparaison des
Tables de Vesta avec les observations
•,>,37
391
8 Go
i33?.
329
4o3
632
949
' y.»
r428
MM. Pages,
méridiennes faites de 1890 à 1900. . 59.5
LEVRAT (D. )• - Sur i'ori.^ine de h colo-
ratinn naturelle des soies de Lépidop-
tères.(En commun avec M. ^. Ciifiit'.) 700
LÉVY (Maurice). — Rapport sur le con-
cours du prix Monlyon (Mécanique). 1 1G8
— Est élu membre de la Commission
d'aéronautique 71 5
— Rapport sur le concours du prix PIu-
mey (Mécanique) 1 168
— Est réélu Membre de la Commission
Centrale administrative pendant l'an-
née 1903 1977
LHOTAK DE LHOTA. — Recherches expé-
rimentales sur la conservation du po-
tentiel musculaire dans une atmo-
sphère d'anhydride carbonique 348
LIEBHABER ((Conrad de) adresse une
Note « Sur le phénomène de la nuit
et des étoiles changeantes » 3o8
LIÉNARD (E.). — Sur la composition des
hydrates de carbone de réserve de
l'albumen de quelques Palmiers 693
LIÉTARD. — Une mention exceptionnel-
lement honorable lui est accordée dans
le concours du prix Montyon (Statis-
tique) II 78
LINDELÔF (Ernst). — Sur les fonctions
entières de genre fini 3 16
— Une application de la théorie îles rési-
dus au prolongement analytique des
séries de Tavlor i3i5
LIOUVILLE (R.). — Sur les équations
différentielles du second ordre à points
critiques fixes 392
— Sur les transcendantes uniformes défi-
nies par les équations dilîérentielles
du second ordre 73 1 et 952
LIPPMANN (G.). — Sur la visée d'une
surface de mercure éclairée par un
faisceau de lumière horizontal 83 1
LOCKYER (Norman). — Variations so-
laires et météorologiques à courte
période. (En commun avec M. Wil-
liam Lnckyrr. ) 36 1
— La relation entre les protubérances solai-
res et le magnétisme terrestre 364
LOCKYER (William). — Variations solai-
res et météorologiques à courte pé-
riode. (En commun avec M. Norman
Lnrkyer.) 36 1
LOCQUIN (René). — Nouvelle méthode
de préparation des éthers ^-cétoniques
«-substitués 108
TABLE DES AUTEURS.
■^ni. Pages.
— Action de l'acide nitreux, en solution
acide, sur les éthers p-cétoniques
a-substitués; synthèse des homologues
de l'acide pyruvique. (En commun
avec M. L. Bomenult . ) 1 79
— Action de l'acide nitreux, en solution
alcaline, sur les éthers p-cétoniques
«-substitués (En commun avec
M. Bouvcai(lt.) 295
LCEWY. — Sur la structure et l'histoire
de Técorce lunaire : observations sug-
gérées par le cinquième et le sixième
fascicule de l'Atlas photographique de
la Lune, publié par l'Observatoire de
Paris. (En commun avec P. Puiieux). 73
— Sur les récentes publications émanant
de l'Observatoire de Paris : Catalo-
gue stellaire (IV" Part.); Catalogue
photographique (?'' Vol.); Annales,
Observations de 1898; Mémoires
(T. XXllI); Bulletin du Comité inter-
national (T. III) 824
— Fait hommage à l'Académie, au nom de
M. Cruls, d'un Rapport sur les tra-
vaux accomplis en 1901 par la Com-
mission brésilienne chargée de procé-
der à l'evploration des sources princi-
pales du Javary 887
— Fait hommage à l'Académie, au nom de
M. HrpKcs, d'un Essai historique sur
les travaux astronomiques exécutés
en Roumanie jusqu'à la fin du xix*
siècle 9(5
— Rapport sur le concours du prix La-
lande (Astronomie) 1 168
— Rapport sur le concours du prix Valz
(Astronomie) 1 169
— Rapport sur le concours du prix Damoi-
seau (Astronomie) 1 172
— Rapport sur le concours du prix W^ilde
(Prix généraux) i236
LOISFL (Gustave). — La sécrétion
interne du lesiicule chez l'embryon et
chez l'adulte a5o
— Le prix Godard lui est décerné 1216
— Adresse des remercîments à l'Acadé-
mie i3oi
LUGEON ( Maurice). — Analogie entre les
Carpathes et les Alpes 872
— Sur la découverte d'un nouveau mas-
sif granitique dans la vallée de l'Arve.
entre Servoz et les Houches. ( En com-
mun avec MM. E. Hau^ et P. Corbin.) 1 379
LUMIÈRE (Auguste). — Propriétés phar-
TABLE DES AUTEURS.
MM. Pages,
inaco-dynamiqiie.s de certaines semi-
carbazides aronniliques. (En commun
avec MM. Louis Lumière et G. Chf-
vrottier . ) '87
F.UMTÈRE (Louis). — Propriétés pliar-
\1M.
1429
Paffcs.
maco-dynamiqiies de certaines semi-
carbazides aromatiques. (En commun
avec iMM. Auguste Lumière et J.
ChevroClier.) 1 87
M
MACCHIATI (LuiGi)- — Sur la plioiosyn-
thèse en dehors de l'organisme 1128
MACÉ DE LÉPINAY. — Sur une nouvelle
méthode de mesure optique des épais-
seurs. (En commun avec M. Buis-
son.) 2^3
MAILLET (Edmond). — Sur les fonctions
entières et quasi entières et les équa-
tions différentielles Sgi
— Sur les fonctions monodromes à point
singulier essentiel isolé 889
MAJORÂNA(QuiRiNO). — Sur la biréfrin-
gence mai;nétique 1Ï9
— Sur le dichroïsme magnétique 235
MALÉCOT (H.-L.) adresse une Note inti-
tulée : « De l'équilibre du ballon libre
et indépendant, réalisé à toute alti-
tude, sans communications avec la
surface terrestre » 7^) i
MANDOUL (H.). — Sur la cause des colo-
rations changeantes des téguments.. 65
MANGET. — Sur une nouvelle réaction du
formol, permettant sa recherche dans
les denrées alimentaires. (En com-
mun avec M . Mnrion . ) 584
MAQUENNE (L.). — Sur l'acide solide de
l'huile dUEIœococcn verntcin 69G
— Sur la conservation du pouvoir germi-
natif des graines 208
MARCHAL (ÉM.). — De la spécialisation
du parasitisme chez \ Ery^lphe gra-
minis 210
— De l'immunisation de la Laitue contre
le Meunier 1 067
MÂRCHAL (Paul). — Le pri.\ Serres lui
est décerné i ni
MAREY. — Est élu membre de la Com-
mission d'aéronautique 715
— Rapport sur le concours du prix Bar-
bier (Médecine et Chirurgie) i2i3
— Rapport sur le concours du prix Martin
Damouretle i l'i 1
MARIE (G.). — Sur l'acide oxyisopropyl-
phosphinique io6
— Sur l'acide oxybenzylphosphinique. . . 1118
C. R., 1902, 2« Semestre. (T. CXXXV.)
iMARINESCO (G. ). — Sur la présence des
corpuscules acidophiles paranucléo-
laires dans les cellules du locus niger
et du Incus cœruleus 1000
MARION. — Sur une nouvelle réaction
du formol, permettant sa recherche
dans les denrées alimentaires. (En
commun avec M. Mnnget.) 584
M.iRQUIS (R.). - Sur l'acide nitropyro-
mucique et son éther éthylique. Sur
le dinitrofurfurane 5o5
— Un prix Cahours lui est attribué 1239
— Une médaille Beriheinliui est accordée. i233
— Adiesse des remerciments à l'Acadé-
mie iSoi
MARTEL (E.-A.). — Sur la caverne du
Holl-Loch (Trou d'Enfer) et la Schlei-
chende Brunnen (source rampante)
(Suisse) 3o5
— Sur le fonctionnement et l'alimentation
de la fontaine de Vaucluse 8i5
— Sur l'origine des lapias et leur relation
avec les abîmes et l'hydrologie sou-
terraine des calcaires 1 138
MARTIN (David). — Faits nouveaux ou
peu connus, relatifs à la période gla-
ciaire I ■.>4
MASCART. - E>t élu Vice-Président de
l'Académie pour l'année igo3 1277
— Communique à l'Académie des obser-
vations qu'il a reçues sur l'abandon,
par les oiseaux, des pays atteints par
le choléra 1384
— Est élu membre de la Commission
d'Aéronautique 715
— Rapport sur le concours du prix Hé-
bert I,--
— Rapport sur le concours du prix Houlle-
vigue 124,1
— Rapport sur le concours du [uix
Gegner 1-243
MASCART (Jean). — Perturbations indé-
pendantes de l'excentricité 1097
MASSON (H.). — Synthèse de quelques
alcools tertiaires (II). Diphénylcarbi-
186
i43o
TABLE DES AUTEURS.
MM. Pages.
nols 533
MATRUCHOT (L.)- — Application d'un
caractère d'ordre éthologique à la
classification naturelle 98S
MAUMUS (Jean). — Sur la ligature de
l'extrémité appendiculaire du caecum
chez le Cercopithcciis ce-plitts Erxl.. . 248
MAUREL(E.)- — Rapport du poids du
foie au poids total de l'animal 1002
MAYET (Lucien), — Une mention lui est
accordée dans le concours du prix
Montyon ( Statistique ) 1 1 7.S
MAYOR (B.). — Sur une représentation
plane de l'espace et son application à
la Statique graphique i3i8
MAZÉ. — La zymase de VI{(i/otin/>.sis
Gay oui 1 1 3
— La maturation des graines et l'appari-
tion de la faculté germinative i i3o
MENTREL. — Sur le haryum-ammonium
et l'amidure de baryum 740
MERCADIER (E.). — Sur la construction
d'électrodiapasons à longues périodes
variables 89S
MERCEY (N. DK). — Sur des gîtes de
phosphate de chaux de la Craie à
Bélemnites, formés a\anl le soulève-
ment du Bray , 1 i3-
MESNIL (F.). -- Sur la corcidie trouvée
dans les reins de la Raria esndenta et
sur l'infection générale qu'elle pro-
duit. ( En commun avec M. Le^'cran). 85
— Sur les Hématozoaires des Poissons
marins. (En commun avec M. Lcn'c-
ran . )
— Sur quehjues Protozoaires parasites
d'une tortue d'Asie (Damonia Reevesii)
(En commun avec i\L Lavera/i .) ....
— Errata se rap[)orlant à cette Commu-
cation
— Le Nagana et le Mal de caderas sont
deux entités morbides bien distinctes.
(En commun avec M. A. Lavcran.).
MEUNIER (Stanislas). — Production
actuelle de soufre natif dans le sous-
sol de la place de la République, à
Paris
MICHEL (AuG. ). — Sur des formes nou-
velles ou peu Connues de Rliabdltls. .
MINET. — Une médaille Berthelot lui est
accordée i23 3
— Un prix Sainlour lui est décerné 124 >.
MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLI-
QUE (M. le) adresse l'ampliation
3(3-
G09
71G
838
9^7
MM. Puijes.
du Décret approuvant l'élection de
M. SchiaparclU^ comme Associé étran-
ger -]?>
— Adresse l'ampliation du Décret approu-
vant l'élection de M. Bouvier 73
— Invite l'Académie à lui faire connaître
son avis, au sujet d'un vœu émis par
la première Conférence sismologique
internationale, en faveur de la créa-
tion d'une Union internationale sismo-
logique 343
— Transmet à l'Académie une Lettre con-
cernant l'éruption \olcanique surve-
nue à l'île Torishima (.Japon) 6510
— Transmet à l'Académie une Lettre
relative à un tremblement de terrg
dans l'État de South Australia 770
— Invite l'Académie à lui présenter une
liste de deu.ç candidats pour la place
de Membre titulaire du Bureau des
Longitudes, vacante par le décès de
M. Cornu 846
— Adresse une ampliation du Décret ap-
prouvant l'élection de M. Deslamlres . io85
MITTAG-LEFFLER(G.). — Sur l'intégrale
de Laplace-Abel 937
MOIDREY (de). — Phénomènes observés
à Zi-Ka-Wei (Chine) lors de l'érup-
tion de la Martinique 322
.MOISSAN (H.). — Préparation et proprié-
tés d'un siliciure de vanadium. (En
commun avec M. H. Holt.) 78
— ['réparation et propriétés d'un nouveau
siliciure de vanadium. (En commun
avec M. Holt.) 498
— Élude du pentalluorure d'iode 563
— Ernita se rapportant à cette Commu-
nication 1084
— Synthèse des hydrosulfites alcalins et
alcalino-terreux anhydres 647
— Sur la température d'inflammation et
sur la combustion, dans l'oxygène,
des trois variétés de carbone 921
— Sur la présence de l'argon, de l'oxyde
de carbone et des carbures d'hydro
gène, dans les gaz des fumerolles du
Mont Pelé à la Martinique io85
— Sur la présence de l'argon dans le gaz
delà source Bordeu à Luchon, et sur
la présence du soufre libte dans l'eau
sulfureuse de la grotte et dans les
vapeurs de hnmage 1278
— Sur une nouvelle préparation de l'hy-
drure de silicium Si- H'' 1284
TABLE DES AUTEURS.
l43[
MM. PaR«»-
MONNIER (Marcel). — Un prix lui est
attribué dans le concours du prix
Bilieux (Géographie et Navigation). . 1174
— Adresse des remercîmenls à l'Acadé-
mie i3oi
MONTANGERAND. — Sur la surface focale
principale de l'objectif de l'équatorial
photographique de l'Observatoire de
Toulouse. (En commun avec M. B.
Bnill'iad.) 449
IMONTESSUS DE BALLOKE (F. de). -
Sur les causes générales d'instabilité
sismique dans l'Inde SgS
MOREAU (Georges). — Sur l'ionisation
d'une flamme salée 898
— Sur l'effet Hall et les mobilités des ions
MM. Pages.
d'une vapeur salée i3'i6
iMOREL (Albert). — Disparition des
étliers dans le sang in vitm. (En
commun avec M. Maurice Doyon.). 54
MOUIŒU (Ch.). — Sur quelques sources
de gaz minérales 1 335
MOUSSU. — Transmission expérimen-
tale aux descendants, des lésions dé-
veloppées chez les ascendants. (En
commun avec MM. A. Cliarrin et G.
Delomarre. ) 1 89
— Recherches physiologiques sur les
effets de la sympathicectomie cer-
vicale. (En commun avec M. J.
Charrin.) • 008
NÉCULCÉÂ (Eugène). — Sur l'action de
la self-induction dans la partie ultra-
violette des spectres d'étincelles
NEGREANO (D.). — Procédé de sépara-
lion électrique de la partie métallique
N
d'un minerai de sa gangue no3
NIEVVENGLOWSKI. — Un prix Rivot lui
est atti ibué • '^43
NORMAND (J.-A.). — Sur la cavilation
dans les navires à hélices tiba
o
OCAGNE (Maurice u). — Sur la résolu-
tion nomographique du triangle de
position puur une latitude donnée. .
— Le prix Poncelet lui est décerné (Géo-
métrie) •
— Adresse des remercîments à l'Acadé-
mie
ODIER adresse un « Essai d'une théorie
mathématique des consonances et des
dissonances musicales ». 146, 227 et
728
ii63
i3oi
5i7
ODIN. — Sur l'existence déformes-levures
stables chez quelques moisissures. . . 4/9
CëCHSNER DE CONINCK. — Quelques
observations sur l'oxyde uraneux.. . . yoo
— Sur la décomposition de quelques
acides organiques di- et Iribasiques.
(En commun avec Œchsner de Co-
ninck.) l35i
OSMOND. — Sur les procédés de fabri-
cation des armes à l'époque du bronze. i34 •
PACIIUNDAKI (D.-E.). — Sur la constitu-
tion géologique des environs d'Alexan-
drie (Egypte). (En commun avec
M. R. Fourtau.) 59G
PAGNIEZ (P.). — Hémoglobimirie d'ori-
gine musculaire. (En commun avec
M. Jcnn C/imus.) 325
PAIL11ERET( F.) — Action de la fermenta-
tion alcoolique sur le bacille typhicpie
et sur le Bacteriui» roli coniinune.
(En commun avec M. E. Bo.lin. ). . . 29<)
PAINLEVÉ (Paul). — Sur le développement
des fonctions analytiques en série de
polynômes ' '
— Observations sur la Communication de
M. Borel : « Observaiions sur la gé-
néralisation du prolongement analy-
tique. » '^^
— Sur l'irréduclibililédes iranscendantea
uniformes définies par les équations
différentielles du second ordre 4i'
— Démonstration de l'irréductibilité ab-
i432
TABLE DES AUTEURS.
MM. l»a-< .
solue de l'équalion
y" = Or'' -\- X 64 i
— Sur les transcendantes uniformes défi-
nies par l'équation
y' = 6jî + x 757
— Sur rirréductibililé de l'équation
/'= Gr'^ + .r 1020
— Rapport sur le concours du grand prix
des Sciences mathémaliques 1161
PANTEL (J.). — Sur l'évolution de la
spermatidechez le Notonccta glanca.
(En commun avec M. de Sinéty.) . . . 997
— Sur l'évolution de l'acrosome dans la
spermatide du Notonecte, (En commun
avec M. de Sinéty.) 1 1 24
— Sur l'origine du Nebpiikern et les mou-
vements nurléniens ddns la spermatide
de Notonccta glaucn. (En commun
avec M. de Sinéty.) 1 359
PASSERAI. — Une mention lui est ac-
cordée dans le concours du prix
Montyon (statistique) 1 1 78
PELLAT (H.).— Remarque au sujet d'une
Note de M. Pansot, sur la force élec-
tromotrice d'un élément de pile
thermo-électrique -33
— Étude de la magnétofriction du faisceau
anodique 1821
PERCIVAL (A.-L.). — Sur les variations du
phosphore minéral, conjugué et or-
ganique, dans les tissus animaux.. . . ioo5
PERRIER (Edmond). — Rapport sur le
concours du prix Serres (Physio-
logie) vr.ij.
PERROT (F.-Louis). — Sur la formation
des gouttes liquides et les lois de Taie.
(En commun avec M. P//.-^. Guye.). 459
— Errata se rapportant à celte Communi-
cation y^O
— Sur la formation des gouttes liquides
et les lois deTate. (En commun avec
M. Ph.-J. Guye.) 6ii
PERROTIN.— Sur les lueurs créiMisculaires
récentes "3,4
— Vitesse de la lumière; pyrallaxe so-
laire 881
PETIT (Louis). — De la répartition des
sphérulinsdans les familles végétales. 991
PEYROUX. — Une mention exceptionnel-
lement honorable lui est accordée dans
le concours du prix Montyon (Statisti-
que) " 1,-8
>1iV- Pages.
— Une médaille Berthelot lui est accordée. i233
— Adresse des remerctments à l'Acadé-
mie i3oi
PHISALIX (C). — Sur les principes
actifs du venin de crapaud commun
{Bitfo vulgaris L. ) (En commun avec
M. Gab. Bertrand.) 4^
— Étude comparée de l'hématolyse parles
venins chez le chien et le lapin •157
PICARD (E.). — Est désigné par l'Acadé-
mie pour la représenter aux fêtes du
centenaire du grand mathématicien
N.-H. Ai)el i4(j
— Sur une propriété curieuse d'une
classe de surfaces algébriques 217
PILTSCHIKOFF. - Photographie d'un
éclair multiple i58
PODRUR (H.) adresse un Mémoire sur la
« Direction des ballons » 517
POEY (André). — Les moustiques et la
fièvre jaune à la Havane 193
— Adresse une Note relative à « l'élec-
trolyse des sels mélalli(|ues séjournant
dans les tissus » 357
— L'électrolyse des sels métalliques
séjournant dans les tissus 874
POEHL (Alexandre de). — Inllucnce des
agents de catalyse sur le fonction-
nement de l'organisme : spermine,
cérébrine et chloradrénal 1 14 r
POINCARÉ (H.) est désigné à AL le Minis-
tre de la Guerre pour faire partie du
Conseil de perfecliuimement de l'É-
cole Polytechnique pour l'année 1902-
1903 522
— Fait hommage de son Ouvrage intitulé :
« La Science et l'Hypothèse » 770
POISSON (Jules). — Observations sur la
durée germinative des graines 333
POMPILIAN f M'"^). — Un j.rix Lallemand
lui est attribué 1218
PONSOT. — Force électromotrice d'un
élément de pile thermo-électrique. . . 686
— Méthode pour évaluer les températures
dans l'échelle thermodynamique cen-
tigrade 954
POSTERNAK(S.). — Quelques remarques
sur la musculamine, base dérivée des
muscles 86'>
POZZI-ESCOT (Emm.) adresse des « Re-
cherches sur les ferments diastasi-
ques de V Eurutium Orizœ » 216
— Production de couleurs fixes sur tous
genres de cuirs, par l'emploi de sels
TABLE DES
MM, Pages,
de molybdène combinés à des matières
mordantes véiiétales 880
PRENANT. — Sur l'évol'ition des forma-
lions branchiales cliez le lézard et
l'orvet. (En commun avec M. Sninr-
Réniy.) 62
PRIEUR. — Sur une chiinibre noiie [lour
la photographie Irichrome, 10 JS
PRILLIEUX (Ed.). — Les périthèces du
Rnsellinici iiecntrix lyS
— Rapport sur le roncours du prix .Mon-
tvon (Botanique) \>o\
PRUNET (A.). — Sur le Irailement du
RABÂTÉ (E.). — Sur l'appréciation éco-
nomique des améliorations cullurales. 1074
RACZKOWSKI (SiG. de). — Variation de
l'acide phosphorique suivant l'â.^e du
lait. (En commun avec M. Bordas.). 3o'2
— De l'influence de l'écrémage sur la
répartition des principaux éléments
constitutifs du lait. (En commun avec
W. Bordas.) 354
— De la traite mécanique, dans l'in-
dustrie laitière. (En commun avec
M . Bordas .) 371
RAMBAUD. — Observations de la comète
d (1902), faites à l'Observatoire d'Al-
ger 1 307
R.AVAUT(P.). - Un prix Montyon lui e.>t
décerné (Médecine et Chirurgie) .... 1208
RECOUR A (A.). — Action de l'Acide
chlorhydrique sur les sulfates de
sesquioxyde d'aluminium, de chrome
et de fer i63
— Sur un chlorosulfate d'aluminium. . . . 736
REEB. — Sur la présence de la lécilhine
dans les végétaux. (En commun avec
M. Sclil(tgdfrili(Ui(frn.) ao5
RENARD. — Le prix PInmey lui est dé-
cerné (Mécanique) 1 168
RENAULT (Bernard). — Sur quelques
pollens fossiles. Prolhalles mâles.
Tubes polliniques, etc. du terrain
houiller 35o
— Sur quelques nouveaux Infusoires fos-
siles 1064
RICHER (Pierre-Paul). — Expériences
sur la germination des grains de pol-
len en présence des stigmates (i34
RIQUIER. — Un prix Saintour lui est ac-
R
AUTEURS. 14^3
MM. P.iges,
Black-rot 1 20
PUISEUX. — Sur la structure et l'histoire
de l'écorce lunaire": observations sug-
gérées par le cin(juième et le sixième
fascicule de l'Atlas photographi(iiie de
la Lune, publié par l'Observatoire de
Paris. (En commun avec M. L'iëa-y.) y'i
— Prie l'Académie de le comprendre parmi
les candidats à la place vacante, dans
la Section d'Astronomie, par le décès
de M. Faye 846
— Est porté sur la liste des candidats
présentés par la Section 920
cordé 1 242
RIVIÈRE (É.MILE). — Les figurations pré-
historiques de la grotte de La i\Iou-
the ( Dordogne) 265
ROBIN (Albert). — Les maladies de la
déminéralisation organique. Anémie
plasmatique 1 143
ROCHEROLLES. — Étude sur la distilla-
lion simultanée de deux substances
miscib'es. (En commun avec M. Eu-
gène Cliarabot.) 175
ROGER (C.-H.). — Un prix Monlyon lui
est décerné (Médecine et Chirurgie). 19.08
ROLLET DE L'ISLE. — Sur l'éruption de
la JMartinique. (En commun avec
MM. A. Lacroix et Gintiid.). 377, 4 '9
— Errata se rapportant à celle Commu-
nication 4^4
ROMARY. — Une mention très honorable
lui est attribuée i2).o
ROMAZOTTI. — Un prix de quatre mille
francs lui e.^l accordé sur le prix extra-
ordinaire de six mille francs ( Méca-
nique ) 1 iG3
— Adresse des remercîmenls à l'Acadé-
mie i3oi
ROSENSTIEHL. — Le prix Jecker lui est
décerné 1 19J
— Une médadie Berlhelol lui est accor-
dée 1233
— Adresse des remercîmenls à l'Acadé-
mie i3oi
ROULE (Loris). — Sur les Poissons du
genre Chondrostome dans les eaux
douces de la France 980
— L'hermaphrodisme normal des Pois-
sons , 1 355
i434
TABLE DES AUTEURS.
MM. Piifres.
ROUSSEAU (P.). — Sur une nouvelle
forme de la sensibilité tactile : la tri-
chestliésie. (En commun avec M. f'as-
chidc. ) 9.^9
ROUX (E.)- —Sur une nouvelle base dô-
MM.
rivée du galactose 691
ROUX (J.-Cn.). — Adresse une Noie
« Sur un nouvel ergomètre w. (Rn
commun avec M. Th. Simin.) 545
SABATIER (Paul). - Hydrogénation di-
recte de carbures iicétyléniqucs par
la méthode de contact. (En commun
avec J.-B. Scnderens.) 87
— Réduction des dérivés nitrés par la
méthode d'hydrogénation directe au
contact de métaux divisés. (En com-
mun avec M. J.-B. Senderens.). . . . i)/j
— Hydrogénation directe des oxydes de
l'azote par la méthode de contact.
(En commun avec M. J.-B. Sende-
rens .) 278
SACERDOTE. — Sur la formation des
gouttes liquides et la loi de Taie. ( En
commun avec xM. J, Leduc). g5 et 73-2
SAINTIGNON (de) adresse un travail
intitulé : « Sur les tremblements de
terre, le mouvement différentiel »., 619
SAINT-RÉMY. — Sur l'évolution des for-
mations branchiales chez le lézard et
l'orvet. (En commun avec M. Pre-
nant.) Qj,
SALET. — Observations de la nouvelle
comète Giacobini (<■/ 1902), faites à
rObservaloire de Paris io45
SBERRA (R.) adresse une Note relative ti
la Navigation aérieniie 919
SCHIAPAllELLI, nommé Associé étranger,
adresse ses remercîments à l'Acadé-
mie 227
SCHLAGDENHAUFEN. ~ Sur la pré-
sence de la lécithine dans les végé-
taux. (En commun avec M. Rreb.). . 2o5
SCHLESINGER (LunwiG), — Sur la théo-
rie des fonctions algébriques 676
SCHLOES]NG(Tn.). —Études sur la terre
végétale 601
SCHMIDT (Oscar). — De l'action des sels
diazoïques sur la desmotroposanto-
nine et l'acide desmotro[)osanloneux.
(En commun avec M. jÇ". Wedriând). 43
SCHllIB\UX. — Sur un procédé de con-
centration des vins. (En commun avec
M. Baudoin.) ■^63
SCHULHOF. - Le prix Wilde lui est dé-
cei né 1236
— Adresse des remercîmenis à lAcadé-
mie i3oi
SÉGUIER (de). — Sur un théorènie de
M. Frobenius . 52
SEMENOV (Jules). - Sur les phéno-
mènes mécaniques de la décharge
disruptive i55
— A propos de la Note de M. Th. Toni-
masiu'i^ sur le mode de formation des
rayons cathodiques et des rayons de
Rontgen 457
SENDERENS (J.-B.). — Hydrogénation
directe de caibures acétyléniques par
la méthode de contact. (En commun
avec M. Paul Sahader .) 87
— Réduction des dérivés nitrés par la mé-
thode d'hydrogénation directe au con-
tact de métaux divisés. (En commun
avec M. Paul Sabatier.) 225
— Hydrogénation directe des oxydes de
l'azote par la méthode de contact. (En
commun avec M. Paid Saha/ier.). . . 278
SENEMAUD. — Ouverture de deux plis
cachetés et Note complémentaire con-
cernant la stabilité des ap[)areils avia-
teurs, plus lourds qne l'air i jG
SERVANT (M.). — Sur l'habillage des
surfaces 576
SEYEWETZ. — Sur une nouvelle méthode
de chloruration des carbures aroma-
tiques. (En commun avec M. Biot.). 1120
SILHOL (LÉoxjadres'^e un travail portant
pour titre : « Déviation de la pesan-
teur sensible avec l'altitude seule ».. 3^7
SIMON (L.-J.). — Sur un nouvel indica-
teur acidimétrique 4^7
— Sur les dérivés de réllier pyruvylpy-
ruvique (H). Hydrazones stéréo-iso-
mères G3o
— - Sur une nouvelle méthode de dosage
volumétrique de l'hydroxylamine. ... 1 339
SIMON (Th.) adresse une Note « Sur uu
nouvel ergomètre » 545
SINÉTY (R. DE). — Sur l'évolution de la
TABLE DES AUTEURS.
1435
MM. Pa-ges.
spermaliiie chez le Notonccta ^laiicii.
(En commun avec .M. /. Pantel. ). . . 997
— Le prix Thore lui est décerné (An;Uo-
niie et Zoologie) laoS
SOULIÉ (IL). — Recherches sur les Cu-
licides de l'Algérie 118
STASSANO (H.). — Nouvelles contribu-
tions à la physiologie des leucocytes.
(En commun avec AL F. liillon . ). . . oij.
STEKLOFF (VV.). — Remarque sur un
problème de Clebsch sur le mouve-
ment d'un corps solide dans un liquide
indéfini et sur lo problème de M. de
Brun 026
— Sur certaines égalités remarquables.. 7H3
— Sur la représentation approchée des
fonctions S48
M\l. Pages.
— Sur quelques conséquences de certains
développements en séries analogues
aux développements trigonomélrique.«i. 94(3
— Remarque relative à sa Note « Sur la
représentation approchée des fonc-
tions » i3ii
STFIIBA. — Étude du siliciure decérium. 170
SVRN IIEDIN. — Le prix Tchdialchef lui
est décerné 1 269
— Adresse des remerrîmeuls à l'Acadé-
mie 1 3o 1
SUCHAR (Paul.!.). — Sur un exemple de
transformation corrélative en Méca-
nique 679
SY. — Observations de la c )mète d { i90'i),
faites à l'Observatoire d'Alger i3o7
TAMBON (N.) demande l'ouverture d'un
pli cacheté contenant un Alémoire
intitulé : «Nouvelles méthodes d'ana-
lyse pour reconnaître les falsifications
des huiles d'olive, et en général des
huiles les unes par les autres » 619
TANNENBERG (de). — Une mention
honorable lui est accordée dans le
concours du pri.x Bordin 1 i6i
— Adresse des remercîments à l'Acadé-
mie i3oi
TEISSERENC DE BORT. — L(! prix Houl-
levigne lui est décerné \'i!\i
— Adresse des remercîments à l'Acadé-
mie i3or
THAXTER (RoL\xD). - Le prix Desma-
zières lui est décerné (Botanique). . . 1201
THIERRY. — Sur l'éruption volcanique du
8 mai à la iMarlinique 71
THOMAS (V.). — Sur l'utilisation des
principes minéraux par les [)laiiles
greffées. (En commun avec M. Lucien
Daniel.) Sog
— Sur le chlorure thallique loji
THOxMPSON (Albekt). — Méthode de
dosage volumélriiiue du tannin et
analyse des bois et extraits tanniques. (389
TIIOULET (J.). — Sur la constitution du
sol sous-marin 21 3
THOVEIIT (.1.). — Sur une conséquence
de la théorie cinétique de la dilfiisioii. 579
TIFFEiNEAU adresse une Note « Sur le
métho-élhénvlbenzène 3o8
~ Sur le dibromure de mélho-élhényl-
benzène i346
TISSOT(J.). — Le prix Pourat lui est
décerné 1 219
TOM.MASI (D.). - Sur un nouvel accu-
midaleur électrique i3'i8
TOMMASINA (Tii.). - Sur le mode de
formation des rayons cathodiijues et
des rayons de Rontgen 319
— Adresse une Note « Sur les charges
oijcillanles des surfaces radioactives ». 5(5
TODRNOUËR (André). — Recherches
paléontologiques en Patagonie 540
— Le prix Jérôme Ponti lui est décerné. . ii\\
— Adresse des remercîments à l'Acadé-
mie i3oi
TUÉPIED. — Le prix Lalande lui est dé-
cerné (Astronomie) 1 1O8
— Adresse des remercîments à l'Acadé-
mie 1 îoi
TRIAiUE. — Le prix du Baron Larrey lui
est décerné iim
TIULLÂT (A.). — Procédé de dosage de
la glycérine dans le vin 90,3
TIlOOST ( L.) est réélu membre de la Com-
mission de contrôle de la circulation
monétaire au Ministère des finances . 1081
— Rapport sur le concours du prix .Mnn-
lyon (.4rts insalubres) 1234
TIIOUSSEAU. — Une mention lui est
accordée dans le concours du piix
Montyon (Slalisticpie) 1178
TURPAIN (A.,). — Sur les pro[)riétés des
i436
M M . Pages
enceintes fermées, relatives aux ondes
éler- triqups 43:
TURQUET (J.). — Sur le mode de végé-
tation et de reproduction de VAinjlo-
TABLE DES AUTEURS.
MM. Pajjes.
myces Rotixii, champignon de la
Irvnre clnnnise gia
TZITZEICA (G.)- — Sur la déformation
continue des surfaces 5o3
VAILLANT (Léon). — Sur le genre nou-
veau GyrinoccJieilus^ delà f;imilledes
Cjprinidœ j02
— Sur hi fiiune ichtliyologique dt^s c;uix
doures de Bornéo 977
VALETON (J.) adresse une Note sur « La
locomotion aérienne par les aéropla-
nes » 94 5
VALLIER (E.). — Sur la loi des pressions
dans les bouches à feu 3r/i et 842
— Tracé des courbes de pressions 942
VANEY (C). — Contributions à l'élude
analomique du Rliabilnplcura Norma-
rii Allm. (En commun avec M. A.
Conte.) 63
— Recherches sur le bourgeonnement de
RJuibdopleura Nornianni AH. (En
commun avec M. J. Conte.) 748
VASCHIDE (N.). — Sur une nouvelle
forme de la sensibilité tactile : la
trichesthésie. (En commun avec
M. Rousseau .) aSg
— Le rythme vital. (En commun avec
M. Cl. Vurpas .) 762
VERMOREL. — Sur un nouveau procédé
pour la destruction de la pyrnle et
d'autres insectes nuisibles. (En com-
mun avec M. Gastine.) 66
VERNEUIL(A.). — Production artificielle
du rubis par fusion 791
VESSIOT (Erxest). —Le grand j.rix des
Sciences mathématiques lui est dé-
cerné 1154
— Adresse des remeicîments à l'Acadé-
mie i3oi
VIARD (GiioncES). — Sur la précipitation
du chlorure et du bromure cuivriques
par l'acide sulfurique t68
— Sur la précipitation des chlorures et
bromures de cadmium, de mercure et
d'étain par l'acide sulfurique -242
VIDAL (E.). — Le tir des fusées païa-
giêle 92
VIGNON(LÉo). — Sur la saponification
des éthers nitriques. (En commun
avec iM. 1. Buy.), 607
VIGUIEU (C). - Innuence de la tempé-
rature sur le dé\el{)ppement parlho-
génétique 60
— Sur la parthénogenèse artifitielle 197
VILA (A.). — Sur la musculaniine, base
dérivée des muscles. (En commun
avec M. A. Etanl.) 698
VILLARD (Henki) soumet au jugement de
l'Académie les ré.-,uliats d'expériences
qu'il a effectuées avec de grandes
hélices à très petits pas 9^5
VIOLLE. — Est élu membre adjoint de la
Commission de l'Aéronautique 754
VIRCHOW (R. ). _ Sa mort est annoncée
à l'Académie 409
VIVIES (P. DE) adresse une Note intitu-
lée : « Théorème du point symétrique
et quelques-unes de ses conséquen-
ces » 1144
VOÏNOV (D.-N.). — La siiermalogenèse
chez le Cybistrr Rocselii 201
VUILLEMIN (Paul). — Le bois intermé-
diaire 1367
— Le piix Montagne lui est décerné (Bo-
tanique) 1204
— Adresse des remercîments à l'Acadé-
mie i3oi
VURPAS — Le rythme vital. (En commun
avec M. Voschide.) 762
WAHL (A.) — Condensation du nitromé-
thane avec les aldéhydes aromatiques.
(En commun avec M. L. BouvcaaU.).
WALLERANT ( Fréu.). —Sur les groupe-
w
4'
ments de cristaux d'espèces diffé-
rentes 798
WATTEVILLE (C. de). — Sur les spectres
de flammes 1 329
TABLE DES AUTEURS.
MM . Pages, .
WEDEKIND (E.). — De l'action des sels
diazoïques sur la desmolroposantonine
et l'acide desmotroposanloneux. (En
commun avec M. Oscar SchmicU.) . . 43
WEDENSKY(N.-E.). — Les excitants et
les poisons du nerf 584
1437
MM. Pages.
— De la nature des courants électriques
du nerf 804
WOLF (Max) adresse une Note relative à
des «photographies stéréoscopiques de
la comète Perrine-Borrelly » 63;
ZAMBACO-PACHA fait hommage d'une
brochure intitulée : « Les monuments
mégalithiques de i'Armorique et leurs
sculptures lapidaires » 770
ZEILLER (H.) présente un travail intitulé:
« Observations sur quelques plantes
fossiles des Lower Gondwanas »... G19
— Fait hommage de son Allas de la « Flore
fossile des gîtes de charbon du
Tonkin » 769
Fait hommage d'une Note, publiée en
espagnol et en français, « Sur quelques
empreintes végétales du Kimméridien
de Santa Maria de Meya, province de
Lérida (Espagne) > 770
GAUTHIER-VILLARS, XMPBIMEUR-LIBRAIRE DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'aCADÉMIE DES SCIENCES.
32146 Paris. — Quai des Grands-Augusliiis, 55.
187
C. R., 1902, 2= Semestre. (T. CXXXV.)
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